Lectrice à plein temps
Inscrit le: 05 Nov 2006 Messages: 798 Localisation: Au Jal'Dara <3 |
Coucou tout le monde !!
Ca faisait longtemps que j'avais pas posté ( c'est marrant, je crois que c'est pas la première fois que je dis ça ! )
M'enfin, bref.
Je suis là, vous l'aurez deviné, pour poster un pitit One-shot.
Je sais pas vraiment comment je le qualifierais. Noël est passé, je suis mélancolique, j'ai pas eu ma dose de série policière, alors ça donne ça !
Mais je vais pas en dire plus, je risquerais de gâcher l'effet de surprise !
Bonne lecture les gens !
Regretterons-nous un Noël neigeux ?
C’était un beau soir de décembre. Les lumières de Noël éclairaient les rues. Le froid ne semblait pas embarrasser la multitude de gens, marchant lentement le long de la chaussée et portant avec affection de gros paquets, promesses de beaux cadeaux. Le temps était à la fête, partout la bonne humeur et la détente régnaient. Pourtant, peu importait la période de l’année, les ruelles sombres cachaient toujours bien des mystères …
Une impasse, sans éclairage, isolée, silencieuse, d’où s’échappait une odeur nauséabonde de détritus en décomposition, à moins que ce ne soit une charogne… Soudain, une porte s’ouvrit violemment, laissant sortir la silhouette élancée d’une femme, aux cheveux aussi dorés qu’était noir son manteau. L’espace d’une seconde, elle lutta contre l’air glacé lui giflant les joues. Puis, elle se mit à marcher aussi vite qu’elle le pouvait sans pour autant courir. Elle s’éloigna de la ruelle comme une souris s’échapperait du domaine d’un chat. Elle se retournait fréquemment derrière elle, comme si elle craignait un poursuivant. Pourtant, tout était désert. Il n’y avait qu’elle, que le bruit de ses talons pointus cognant contre le sol à chaque pas, que son souffle se condensant en une fumée blanche devant ses lèvres. Ses yeux étaient cachés derrière une frange fournie, impossible de déterminer ce qu’elle pensait à travers ce miroir bleuté.
Au bout d’une dizaine de minutes de marche décidée, elle s’arrêta, et appuya sa main gantée contre la paroi glacée d’un lampadaire. Elle reprenait doucement sa respiration. Son regard se perdait dans la contemplation de la ville éclairée de mille couleurs, jusqu’à se stopper brutalement sur son gant de cuir, noir comme de la suie. elle retira soudainement sa main comme si le métal l’avait brûlée. Elle chancela une seconde, puis reprit la marche, avec nettement moins d’aplomb. Ses jambes effectuaient des pas de plus en plus désordonnés, elle tournait à toutes les rues, jusqu’à se retrouver de nouveau devant le lampadaire qui lui avait fait si peur. D’un geste peu sûr, elle extirpa un mouchoir immaculé de sa poche et commença à astiquer nerveusement le long cylindre. Son souffle était moins régulier, sa main tremblait. Elle s’arrêta aussi brusquement qu’elle avait commencé et poussa un petit gémissement plaintif. Elle frappa du plat de la main le pauvre représentant de l’éclairage public, avant de poser son front contre le métal froid, les épaules basses et secouées de soubresauts impulsifs. Le mouchoir lui échappa des mains, mais elle ne tenta pas de le ramasser. Il fila au gré du vent, et vint se plaquer contre la vitrine d’une boutique le temps d’une seconde avant de reprendre sa course. Personne dans la boutique n’avait tourné la tête à ce moment-là. Si cela avait été le cas, ils auraient sans doute remarqué que le bout de papier autrefois blanc comme neige, était souillé d’une couleur rougeâtre.
La femme aux cheveux blonds et au manteau noir n’avait pas bougé. Elle gardait cette position de détresse, quand un passant plus altruiste que les autres vint à sa rencontre et posa sa main sur son épaule. A son inquiétude courtoise, elle répondit par un regard apeuré et trempé de larmes. Elle s’enfuit sans prononcer la moindre parole. Elle marcha et marcha encore, pendant de nombreuses minutes, en regardant droit devant elle, malgré ses yeux embués et sa respiration haletante. Au bout d’un moment, elle jeta un œil autour d’elle, et serra son manteau plus fort contre elle. Pourtant, ce n’était pas le froid qui s’était montrer plus glaçant. Elle venait de pénétrer dans une autre ruelle sombre, vide, ressemblant en tout point à celle qu’elle avait quittée si précipitamment. Elle s’immobilisa et ne quitta pas un point fixe devant ses yeux. C’était une porte, de secours sans doute. Peu à peu, ses yeux se perdirent dans le vague. Son esprit devait être trop occupé à ressasser une réminiscence douloureuse pour contrôler son regard. Quand la porte s’ouvrit à la volée, elle n’esquissa pas un geste. L’homme, emmitouflé dans une grosse doudoune, se contenta de lever un sourcil, puis de faire ce pour quoi il avait affronté le vent glacé : jeter une poubelle énorme, dans son conteneur extérieur. Il se dépêcha de retourner dans la chaleur de l’intérieur, sans se préoccuper le moins du monde de l’âme perdue devant lui. Le bruit sec du pêne contre l’embrasure de la porte sortit la demoiselle de sa torpeur. Instantanément, des larmes quittèrent ses yeux. Elle fit encore quelques pas, puis s’assit dans un coin du cul-de-sac, en remontant ses genoux contre sa poitrine. Après quelques secondes d’inertie totale, elle arracha rageusement l’un de ses gants et le projeta aussi loin que possible. Sa peau blanche ne tarda pas à devenir vermeil, mais la femme aux cheveux dorés ne fit rien pour l’éviter. Elle attendit, immobile. Le col du manteau couleur ébène se couvrit en quelques secondes de blanc humide. Son propriétaire releva la tête, et découvrit des flocons minuscules tomber du ciel. Il neigeait. Pourtant, la demoiselle ne bougea pas, elle laissa la neige parfaitement immaculée la recouvrir, comme un homme ayant péché se laisserait asperger d’eau bénite par un religieux. Mais la neige pouvait-elle effacer les tâches écarlates sur le gant et le mouchoir ? Pouvait-elle effacer ce qui s’était produit cette nuit-là ? En tout cas, la neige pouvait tuer, c’était une certitude. Plus le temps passait, plus le rideau de flocons à peine solides s’épaississait, plus le vent glacé les faisait tourner et tourner dans cette ruelle sombre.
La femme aux cheveux dorés et au manteau noir grelotta. Elle était recroquevillée sur elle-même, en une ultime manifestation de son instinct de survie. La cascade de ses cheveux était maintenant parsemée de points blancs, comme si elle avait vieilli d’un seul coup. Lorsqu’elle releva la tête, on pouvait voir deux longues traînées mouillées sur ses joues, trahissant ses larmes silencieuses. Elle regarda le ciel, noir, nuageux, pollué. Peut-être cherchait-elle un signe dans le firmament qui lui permettrait de se relever. Mais, rien ne vint, pas une étoile, pas une lumière. Tout était sombre dans l’immensité bleu marine. La demoiselle baissa la tête, peut-être déçue, peut-être soulagée. Elle laissa son regard vagabonder autour d’elle, en semblant chercher à retenir la disposition de tout ce qui se trouvait à portée de sa vision trouble. Puis, elle ferma les yeux. L’espace d’une seconde, son visage se crispa, ses larmes redoublèrent leur débit fiévreux. Enfin, elle se calma. Sa figure afficha une expression sereine, incroyablement sereine, malgré sa peau teintée de rouge et la neige qui recouvrait les lieux.
Il avait beaucoup neigé cette nuit-là. La circulation était alors devenue difficile, et les gens préféraient ne pas s’aventurer dehors plus que nécessaire. Eh bien, oui ! C’était dimanche ! Qui, alors, aurait pu s’attarder dans une ruelle couverte de neige, coincée entre deux immeubles ? Une impasse parmi tant d’autres… Qui aurait imaginé que cette belle couverture blanche pouvait protéger des regards, des atrocités et des horreurs ? Qui aurait imaginé qu’elle puisse cacher un tombeau ?
A vos claviers ! _________________
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