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 Auteur Message
Icer MessagePosté le: Lun 16 Juin 2014 15:59   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
GummyBear a écrit:
ton écriture reste vraiment plaisante ! Je crois que j'ai lu tous tes chapitres sans faire plus d'une pause à chaque fois, et tu es la seule écrivaine pour laquelle ça me l'a fait, donc bravo pour ton style !


Suis-je le seul à me demander si ce plaisir provient vraiment du style d'écriture ? Rolling Eyes

Edit plus ou moins anonyme : Tu dis tout haut ce que nous, anonymes, pensons tout bas Mr. Green.

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Ellana MessagePosté le: Mer 15 Oct 2014 17:10   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Petite réponse aux commentaires (petite, hein, désolée mais bon, les concernés savent que ce n'est pas contre eux et leurs commentaires m'ont d'ailleurs fait très plaisir même si j'ai mis du temps à me manifester ♥ !)
Spoiler


Vous n'y croyiez plus. Et bien si.
Voilà le chapitre 4.
Autant vous avertir tout de suite, je ne l'aime pas. C'est un vieux chapitre de transition bien bêta, sans trop d'action, et où les références glissées ne sont compréhensibles que plus tard. Bonne chance !


Chapitre 4 : La chaleur de la lune


Il était trois heures du matin. Allongée sur son lit, les yeux grands ouverts, Aelita regardait le plafond. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle se retrouvait ainsi, chassée par le sommeil et moquée par la nuit. Au début, elle s'était demandé si l'insomnie n'était pas préférable aux cauchemars. Elle avait réussi à se consoler avec cette pensée pendant cinq jours. Puis, Anthéa avait commencé à la hanter dans ses périodes de veille et elle avait compris qu'on pouvait cumuler cauchemars et insomnie.
Cette nuit était un peu différente. Cette nuit, si Aelita ne dormait pas, ce n'était pas la faute de sa mère mais celle de Mathilde.
La semaine avait été longue, désagréable. Ils avaient cumulé les fiascos. Lundi, ils avaient dû abandonner l'idée d'un nouveau Lyoko-Guerrier. Persuadé que Mathilde changerait d'avis, Jérémie avait subitement décidé qu'il fallait lui laisser du temps et s'était enfermé tout le week-end avec son ordinateur pour mettre en place de nouveaux programmes. Consciente que personne ne partagerait son point de vue, Aelita n'avait pas dévoilé le fond de sa pensée. Ce qui ne l'empêchait pas de croire dur comme fer que le revirement de son ami provenait de Laura.
Laura. Encore un point à ajouter sur la liste des choses qui commençaient à lui peser.
Là encore, par peur de se voir catégoriser comme paranoïaque, Aelita gardait ses pensées pour elle, mais elle était persuadée que la jeune blonde leur cachait quelque chose. A l'instar de Jérémie, elle s'isolait de plus en plus et Aelita n'était pas assez naïve pour croire qu'il ne s'agissait que de ce stupide exposé sur la nanotechnologie. La preuve, alors que le problème XANA préoccupait Jérémie chaque jour davantage, Laura ne posait pas la moindre question sur Lyoko. Elle aussi était restée dans sa chambre tout le week-end et pour Aelita, cela ne signifiait qu'une seule chose : la blondinette manigançait. Or, les manigances n'étaient jamais une bonne chose.
Laura n'étant pas une bonne chose non plus, il y avait de quoi s'inquiéter.
Aelita avait failli parler de ses soupçons à Yumi mais la japonaise était dans une période de morosité que tous connaissaient trop bien. Il suffisait de voir la mine renfrognée d'Ulrich pour comprendre que quelque chose s'était encore passé entre eux - ou pas, justement. Une nouvelle occasion manquée, une nouvelle crise de jalousie ? Aelita n'en savait rien et pour la première fois de sa vie, elle se sentait d'ailleurs bien incapable de relativiser la situation auprès de Yumi.
Parce qu'elle commençait elle-même à vraiment comprendre le sens du mot jalousie.
C'était une sensation nouvelle. Bien sûr, comme pour beaucoup d'autres sentiments, elle avait déjà cru l'avoir vécu avant. Mais, comme toujours, elle ne s’en rendait compte que maintenant qu'elle en goûtait la véritable amertume.
Jusqu'alors, Jérémie n'avait que rarement remis sa parole en doute. Pourtant, quand elle l'avait averti du possible retour de XANA, il lui avait presque ri au nez. Il n'avait jamais fait passer quelqu'un avant elle. Et là, pour la première fois depuis trois ans, elle avait le sentiment de ne plus être sa priorité. Elle se sentait délaissée, elle ne passait plus au premier plan et cela faisait naître un drôle de froid dans son cœur. Était-elle si égoïste, si narcissique pour vouloir qu'on la considère comme une sorte de messie à écouter et admirer ? Non, certainement pas, elle n'avait pas encore atteint ce stade que désormais, elle attribuait d'ailleurs à Laura.
Aelita soupira. Elle n'en pouvait plus d'être allongée à ne rien faire. Quelques semaines plus tôt, elle serait allée dans la chambre de Jérémie pour se blottir sur son lit, apaisée par sa simple présence. Et qu'importe si elle ne s'était réveillée que trois fois contre lui, qu'importe si les autres nuits, il restait à pianoter sur son ordinateur. Elle aimait l'amour qui la reliait à Jérémie, cette sorte de relation platonique qu'il y avait entre eux, ces câlins timides qui étaient leur seule forme de contact physique et ces sourires, rares, qui en disaient pourtant long sur ce que ressentaient leurs cœurs.
Mais quelque chose clochait, Aelita commençait à s'en rendre compte.
Elle aimait l'amour qui la reliait à Jérémie.
Pourquoi n'arrivait-elle plus à dire qu'elle aimait Jérémie, tout simplement ?
Parce que la jalousie l'aveuglait. Si Jérémie avait besoin d'une autre fille, si Jérémie pouvait ne pas la croire sur parole, si Jérémie pouvait raisonner sans la consulter, alors Aelita n'était plus certaine d'aimer Jérémie.
C'était un de ces soirs où elle n'aimait rien, ni personne. Pas même elle.
Ses pieds nus vinrent frissonner sur le sol froid. Elle avança jusqu'à son bureau, grimpa dessus et ouvrit la fenêtre. La nuit était fraîche mais pas désagréable. Et là-haut, aussi brillante que son frère solaire, la lune offrait au monde sa douce chaleur. Une chaleur qui caressait le cœur plutôt que le corps.
Aelita sourit alors que ses jambes basculaient dans le vide. Assise sur le rebord de la fenêtre, elle leva les yeux vers ce visage rond et doux. Une seule fois, elle avait confié sa vision de la nuit à Jérémie. Lors d'une soirée unique et magique où ils s'étaient promenés tard dans le parc, elle avait murmuré que, davantage que le soleil, c'était la lune qui savait réchauffer les êtres, qui les éclairait vraiment. En plein jour, la lumière et la chaleur régnaient. La nuit, seule la lune apportait la clarté et l'espoir.
Jérémie n'avait pas répondu. Qu'avait-il ressenti ? Avait-il eu envie de se moquer ou partageait-il son avis ? Aelita s'en fichait. Elle avait laissé les mots vivre sans chercher à les retenir, pourquoi aurait-elle dû chercher à les expliquer ensuite ?
Elle respira à plein poumons. La lune réchauffait. Elle n'avait pas la force du soleil mais elle réchauffait de l'intérieur, ce qui comptait bien plus.
Sauf que ce soir, même la lune ne scintillait pas assez fort.
Les pensées d'Aelita se mirent à flotter au milieu des étoiles alors qu'elle posait sa tête contre le mur. Mardi, XANA avait attaqué. Un spectre rien de plus ordinaire qu'ils avaient eu tôt fait d'éliminer en désactivant la tour. Si Jérémie voyait dans cette faiblesse la proximité entre les deux dernières attaques, Aelita était moins optimiste. A ces yeux, XANA ne faisait que s'amuser. Il jouait au chat et à la souris, leur laissait prendre espoir pour que leur chute soit plus douloureuse ensuite. Il endormait leur méfiance et les confortait dans leur faux sentiment de domination.
Mercredi, Jérémie avait daigné les rejoindre pour le petit-déjeuner. Il avait annoncé que désormais, Odd aurait de nouveau la téléportation. Avant que le chat n'ait pu se targuer d'être unique, Jérémie lui avait rappelé qu'il était le deuxième à avoir perdu le plus de codes et qu'à défaut d'être efficace sur Terre, il ferait mieux de s'activer sur Lyoko. Yumi avait fait remarquer à Jérémie qu'il était injuste. Aelita serait également intervenue si elle n'avait pas pris de plein fouet le fait qu'elle était celle à disposer du moins de codes.
A la jalousie s'était ajoutée l'inutilité.
Depuis jeudi, elle souffrait du dos.C’était un détail mais elle n'en brûlait que davantage d'aller sur Lyoko. Elle réalisait que jamais elle ne supporterait de ne plus y retourner. Elle avait besoin de s'y rendre, même peu de temps, même rarement. C'était une sorte de drogue dont elle ne se passait plus. Alors quand en plus, Lyoko incarnait un lieu sans souffrance physique et sans Laura... Même un désert plein de Krabes prenait des airs de paradis.
Au-delà de tout ça, Aelita ressentait le refus de Mathilde comme un échec personnel. C'était elle qui avait poussé les autres à l'envisager comme nouvelle Lyoko-Guerrière en ne contre-argumentant pas. Elle était déçue, vexée, blessée. Pour elle, refuser Lyoko était inimaginable. C'était sa maison, un endroit dangereux mais formidable. Le sentiment d'appartenir à une équipe, de lutter contre une réelle menace, de se sentir utile pour le monde. Toutes ces choses qui faisaient qu'aucun du groupe n'avait encore renoncé à se battre.
Alors, vendredi, elle était retournée parler à Mathilde. Seule. Elle l'avait suivie après les cours et elles avaient discuté tout en se dirigeant vers le centre-ville. Elle avait décrit les territoires, les tenues de ses compagnons, leurs combats contre les monstres.

- Tu sais, sur Lyoko, Yumi est télékinésiste. Ulrich possède une vitesse incroyable, j'ai des ailes et des champs de force. Quant à William, il se déplace dans une sorte de fumée qui lui permet de se jouer de la gravité, c'est assez impressionnant.
- D'où tiens-tu que j'adore la magie et tout ce qui touche au surnaturel ?
- Ce n'est pas trop compliqué à remarquer. Mais, arrête-moi si je me trompe, je ne crois pas que ce soit le genre d'Heidi.

Mathilde n'avait pas répondu. Ce ne fut que sous le regard insistant d'Aelita qu'elle avait fini par avouer :

- On se connait depuis qu'on est toutes petites. On a grandi ensemble. Enfin... Elle a plus grandi que moi. Dans tous les sens du terme d'ailleurs.
- Il n'y a aucun mal à croire ce que d'autres refusent. On t'offre la possibilité de te rendre compte que le fantastique n'est parfois qu'un simple changement de point de vue, tout aussi réel que le reste.
- Tu parles vraiment bien, tu sais ?

Aelita avait souri et Mathilde lui avait rendu son sourire. Mais elles étaient reparties chacune de leur côté, sans avancée.
Peut-être que j'aurais dû mettre Ulrich dans la balance. Elle avait l'air de le trouver mignon...
Ce ne fut que quand elle sentit une morsure sur sa joue qu'Aelita sursauta. La brique du mur venait de lui râper la peau. Elle avait dû s'endormir, or, ce n'était pas le lieu idéal pour le faire.
Un léger frisson courut le long de son épiderme. Si elle commençait à tant ressentir le froid, c'était que la fatigue avait bien gagné du terrain.
Elle fit rebasculer ses jambes vers l'intérieur et retourna s'allonger dans son lit. Comme tous les soirs, elle essaya de fixer sous ses paupières une image agréable qui éloignerait les cauchemars de sa mère. Ce soir, à son grand étonnement, ce fut un loup. Pas un des monstres qui lui couraient après pendant ses périodes de sommeil agité mais un animal calme, à l'œil sage. Il la regarda plusieurs secondes et elle resta figée. Elle n'avait pas peur, non, elle se sentait sereine, et la lune ronronnait dans sa poitrine comme une douce boule de lumière. Le loup finit par basculer la tête en arrière pour offrir aux étoiles son chant modulé. La lune quitta alors la poitrine d'Aelita pour venir les illuminer.
En se réveillant le lendemain matin, Aelita réalisa deux choses. La première, c'était qu'elle n'avait pas fait de cauchemar. La seconde, c'était qu'elle avait eu tort d'être si dure dans ses pensées envers Jérémie. Il ne fallait pas qu'elle doute de lui. Elle ne pouvait pas remettre en cause leurs sentiments au premier obstacle. Elle lui devait tant.
Elle remarqua une troisième chose en entrant en cours.
Sur sa tunique noire, Mathilde portait un pendentif en forme de loup.

***


- Comment comptez-vous vous y prendre ?

La question avait fusé en anglais.
Sandra fit tourner son siège de manière à faire face à l'Américain. Elle détestait ces réunions où elle avait le sentiment d'être la bouteille au milieu d'un cercle d'ados mais aucun Etat ne voulant paraître diminué, le système de table ronde avait été adopté. Une table ronde qui faisait penser à un donut avec son trou au milieu, un trou où Sandra se retrouvait à volter au gré de ses interlocuteurs. Quand les discussions s'éternisaient, elle ressortait de la salle avec une nausée des plus déplaisantes.

- Comment comptez-vous vous y prendre ? répéta l'Américain, plus lentement, comme si elle avait pu ne pas comprendre sa question.
- J'appliquerai le plan mis en place par mes supérieurs, répondit-elle sans une once d'accent.
- En cas de complications, comment improviserez-vous ?

Le Chinois cette fois.
Sandra pivota et s'exprima dans un mandarin tout aussi clair que son anglais :

- J'ai été entraînée pour ne jamais être prise au dépourvu. Je crois que, parmi toutes les recrues, vous m'avez choisie pour mon adaptabilité. Sans compter qu'en cas d'une improbable difficulté, je ne doute pas des capacités de mon contact français.

Seul son boss perçut le mépris dans la voix de Sandra. Ledit contact français hocha la tête avant de prendre la parole :

- La mission s'annonce sans difficulté. La petite sera bientôt de retour parmi nous.
- C'est dans votre intérêt. Nous vous rappelons que c'est de votre institut qu'elle s'est enfuie.

Sandra sourit intérieurement. De toute évidence, la représentante allemande détestait ce Français autant qu'elle.

- J'ai toute confiance en mon agent, mesdames, messieurs. La liste de ses succès serait trop longue à énumérer et je sais que vous la connaissez aussi bien que moi.

Tous hochèrent la tête. De nouveau, Sandra se retint de sourire. Son boss avait parlé avec une tranquille assurance, pourtant, il était plus qu'évident que les autres le craignaient. Chine, Etats-Unis, Allemagne, France, Japon, Canada. Six pays qui gouvernaient en secret le monde aux côtés du septième, la Russie. Six candidats qui avaient échoué face à Sandra. Six représentants qui courbaient l'échine en espérant qu'elle n'y plante pas un poignard.
Elle adorait son métier.

- Il y a un point sur lequel j'aimerais insister malgré tout, les prévint le Chinois. Quelles que soient les, comment avez-vous dit, "improbables difficultés", je tiens à vous rappeler, mademoiselle Ambrasie, que nous voulons cette adolescente vivante.
- Vous êtes décidément très sage pour soulever si facilement le seul point qui risque d'être un problème, répondit Sandra avec un sourire à glacer le sang. Mais ne vous en faîtes pas, j'ai déjà eu des rôles plus compliqués à jouer. Ce n'est qu'une gamine.
- Nous savons tous ici qu'elle est un peu plus que ça, corrigea le Japonais.
- Sans aucun doute mais elle reste une jeune fille. Elle ne sera armée de rien d'autre que de son cerveau et le cerveau se laisse si aisément corrompre par le coeur qu'il ne sera pas difficile à duper. Je resterai patiente, cantonnée sous mon masque, et je vous fais le serment de ne pas la blesser.
- Jurez-nous également de ne pas la tuer, ironisa la Canadienne. Cela pourrait nous être utile.
- Vous avez ma parole.
- Des mesures ont été prises, intervint le Russe. Si Sandra sent à un moment qu'elle va perdre patience et recourir à des méthodes que nous devrions regretter, elle a pour ordre de me prévenir immédiatement. Nous nous passerons alors de la confiance de la fille et utiliserons la manière forte.
- Puis-je vous rappeler que c'est, à mes yeux, la solution la plus sensée ? Celle que nous devrions adopter dès maintenant ?
- Nous avons déjà voté, Monsieur Tsui. Nous nous sommes mis d'accord sur le fait qu'une chose brisée ne peut pas forcément être réparée. Je vous assure que Sandra sera toute aussi disposée à appliquer d'autres méthodes si jamais notre plan initial ne marche pas mais pour l'heure, n'envisageons pas cette extrémité.

Sandra imita les autres et garda le silence. Pourtant, une pulsion de dire qu'elle soutenait le Japonais lui avait brûlé la langue. Elle réalisa alors que depuis qu'elle s'était vue investie de sa nouvelle mission, le contrôle de ses émotions lui échappait de plus en plus souvent. Ce n'était pas une mauvaise chose quand on y réfléchissait, ses sentiments (ou plutôt le spectre de ses sentiments) allaient lui être utiles pour mener à bien sa tâche. Mais elle préférait régler les problèmes avec ses armes, virtuelles ou pas. Elle se sentait presque démunie pour les mois qui allaient suivre et si elle serait morte pour ne pas le laisser paraître, elle n'en restait pas moins légèrement décontenancée.
La conversation s'orienta vers les préoccupations matérielles. Budget, gadgets, horaires, délais, autant de détails qui n'intéressaient pas Sandra. Elle resta immobile, tournée vers les représentantes allemande et canadienne, jusqu'à ce que la discussion s'achève.

- Vous partez donc ce soir ? demanda le Japonais.

Sandra confirma d'un hochement de tête.

- Je prends l'avion avec Monsieur Lowell puisque nous sommes amenés à vivre un peu ensemble, le temps que j'achève mes démarches préliminaires sur place.
- Bon courage ! lança l'Allemande avant de quitter la pièce.

Sandra comprit qu'elle ne parlait pas de la mission. Tyron Lowell le comprit aussi et ses poings se serrèrent. Il haïssait Ambrasie mais était trop intelligent pour se voiler la face. Sa haine venait de la peur. Une peur incommensurable.
Il ignorait combien de temps l'espionne russe allait rester chez lui mais pendant chacune de ces minutes, il aurait l'impression d'héberger le diable.

- J'ai encore plusieurs affaires à régler ici avant de partir, annonça-t-il d'une voix qui se voulait neutre. Je...
- Ne vous en faîtes pas, nous aurons tout le loisir de faire plus amplement connaissance pendant le vol, ironisa Sandra, inutile de déjà rester ensemble.
- Surtout que j'ai encore besoin d'elle.
- Comme il vous plaira, céda Tyron avec un plaisir évident. Je vous laisse.
- Avez-vous quelque chose à me dire maintenant que nous sommes hors d'ouïe du conseil, patron ? demanda Sandra quand elle fut seule avec son boss.
- Pas encore. Peut-être plus tard. Mais puisque tu as manifesté ton intérêt pour cette mission et que tu as tout donné pour être celle choisie, je ne vais pas te rappeler que cela nous met dans une situation délicate vis-à-vis de l'exploration de Caldin.
- Sauf votre respect, Monsieur, c'est généralement vous qui m'empêchez d'avancer en m'envoyant de nouveaux combattants.
- C'est vrai. Mais aujourd'hui, tes pulsions de guerrière ne pourraient que t'handicaper. Tu vas devoir oublier celle que tu as été pendant des années si tu veux la ramener.

Un frisson courut sur la peau de Sandra. Dégoût ou haine ? Elle l'ignorait mais une chose était certaine. Malgré son assurance de réussir, cette mission serait sans nul doute la plus dure de sa vie.

- Revenons à Caldin. Vous allez m'envoyer uniquement pour de l'exploration cette fois-ci ?
- Exactement. On te virtualise normalement mais personne ne t'attendra à l'arrivée. A part ton cheval.
- Pourquoi ne pas me virtualiser plus près des montagnes ?
- Je t'en prie, tu connais les scientifiques, pas trop de bouleversements à la fois.

Sandra sourit. Il était rare que son boss fasse preuve d'humour. Elle ne comprenait pas pourquoi il était d'aussi bonne humeur et elle ne put se retenir de l'interroger.

- Pourquoi ne serais-je pas de bonne humeur ? C'est ma pupille qui a été choisie pour la mission la plus capitale depuis les débuts de notre organisation. Tu fais ma fierté, Sandra. Tu es ma plus belle création et je suis très heureux de voir ce que tu es devenue.
- Merci patron.

Sandra et son boss sortirent. Ils devaient traverser la cour intérieure pour rejoindre l’ascenseur qui les amènerait à la salle du scanner. Il faisait nuit et la neige tombait. Pourtant, par un phénomène météorologique rare, on voyait la pleine lune scintiller derrière le voile blanc. Sandra sentit sa chaleur lui gonfler le cœur autant que les mots de son boss. Elle n'avait jamais aspiré à de la reconnaissance mais c'était tout de même agréable.

***


- Mathilde ?

La jeune fille baissa la tête.

- Qu'est-ce que tu fiches là-haut ?
- Salut, Mickey.
- Tu as oublié que tu avais un lit ?
- Et toi, t'as oublié que j'adorais me prendre pour une panthère et passer ma vie allongée sur une branche d'arbre ?
- D'habitude, tu fais ça sur un banc. Et pas la nuit.

Mathilde regarda une dernière fois la lune. Elle se sentait en sécurité, en hauteur, l'oeil dans celui de l'astre lumineux. Mais il était temps qu'elle revienne sur Terre.
Elle enlaça le bois et se laissa rouler sur le côté. Ses bras se raidirent lorsqu'elle se retrouva serrée sous la branche, puis se tendirent pour lui donner l'allure d'un paresseux géant.

- Tu pourrais juste être humaine de temps en temps ?
- C'est toi qui dis ça ? Je ne passe pas ma vie à vouloir voler, moi !
- Sale gamine !
- Laisse mes cheveux, grogna Mathilde.

Elle n'était toutefois pas en mesure de se défendre. Ses jambes se détachèrent de la branche pour venir heurter le sol et elle s'exclama :

- Voilà ! Content ?
- Je le serai quand tu m'auras dit ce qui ne va pas.
- Pourquoi tu penses que ça ne va pas ?
- Parce que tu n'as pas franchement rayonné cette semaine.

Mathilde sourit. Il y avait sur cette Terre des gens étranges, de ceux qui pouvaient vous exaspérer au point de déclencher des bouffées d'amour incontrôlables.

- Je t'aime.
- Moi aussi et c'est pour ça que je m'inquiète. Tu es ce que j'ai de plus précieux au monde, tu sais ?
- Je sais.
- Alors imagine ma déception quand mon trésor ne brille plus ! Je ne veux pas d'or de pacotille !

Mathilde sourit à nouveau.

- Mickey, t'es génial.
- Alors, tu vas me dire ce qui ne va pas ?
- Si on t'offrait une chance de sauver le monde, tu ferais quoi ?
- J'irais dormir pour écouter mes rêves, quelle question !
- Sérieusement.
- J'irais dormir en me disant que demain, quelle que soit ma réponse, j'en serai certain.
- Et ça marche ?
- Je ne sais pas. On ne m'a jamais offert une chance de sauver le monde.

***


Pour la première fois depuis qu'elle avançait sur le plateau gelé, Sandra conservait sa monture. Cependant, et là encore c'était une première, le cheval avait besoin d'être guidé. Les scientifiques ne sachant pas exactement à quoi s'attendre, ils n'avaient indiqué aucune direction précise au programme.
Sandra savait déjà que le terrain descendait en pente assez raide. Des pics glacés s'élevaient comme des drapeaux sur une piste de ski, en plus mortels. La chose la plus étrange, c'était que malgré la vue dégagée, rien n'était visible. Il n'y avait que de la neige à l'horizon, une neige en chute continue qui masquait le décor.
Par chance, le blizzard ne tombait que sur une dizaine de mètres. Ensuite, le paysage redevenait d'un blanc immaculé mais posé sur le sol. Une gigantesque cascade coulait pour former une rivière à moitié gelée qui venait se perdre jusqu'au rebord du plateau avant de tomber dans la mer en contrebas. Des collines enneigées vallonnaient l'arrière-plan et Sandra était déçue. Il n'y avait pas grand-chose de plus que dans la partie de Caldin qu'elle connaissait déjà.
C'est alors qu'elle la vit. Une large tâche pourpre salissant la pureté du blanc. Une tâche reconnaissable entre mille.
Du sang sur la neige.
Avant que Sandra ait pu comprendre tout ce que cela signifiait, le cheval disparut sous elle. Une fraction de secondes plus tard, c'était son propre corps qui partait en flocons.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Mer 29 Avr 2020 20:26; édité 3 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 06 Nov 2014 01:00   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Bon, comme c'est un chapitre de transition, mon commentaire sera aussi de transition Razz.

Il ne ressort pas grand-chose qu'on puisse dire sur la longue séquence aelitesque. Des tourments d'adolescente j'ai envie de dire. La jalousie est un élément plutôt logique, mais on peut sentir un probable remplacement de Yumi par Mathilde dans le rôle de confidente.

Citation:
A la jalousie s'était ajoutée l'inutilité.


Not sad, but true.

Néanmoins, pour rester sur ce début de lien entre Mathilde et Aelita, j'ai trouvé le coup du pendentif loup plus le rêve de bonbon rose, hum, disons un poil cliché et gnangnan. En plus, ça contribue à entretenir une image de « recrue idéale » venant de Mathilde, et c'est le chemin le plus court vers la Mary Sue. Je me permets donc de te conseiller d'être prudente avec ta gestion de tes personnages personnalisés et/ou OC.
Le retour de la Téléportation ne sera pas sans rappeler une fanfiction en L'E (a).
Je me demande si le fait que Mathilde ait un copain était prévu depuis le début ou si c'était pour faire taire Icer Mr. Green.
Par contre, sa dicussion avec Mickey donne le sentiment qu'elle va changer d'avis, et ce serait franchement bête je pense. Enfin, peut-être suis en train d'appliquer un peu trop ma manière de penser sur les décisions prises et qu'on doit tenir un minimum afin de conserver un minimum de crédibilité. Bref, j'espère que mon sentiment est faussé.

Côté Sandra, c'est tout de même plus intéressant, et pour un chapitre de transition, on a quand même pas mal d'éléments sur lesquels formuler des hypothèses. Sur Laura en particulier. Les premiers mots que je retiens sont « institut » et « fuite », et qui laissent clairement entendre que notre blonde était dans une sorte de Goulag (double-kassdédi). Ça reste à préciser, mais j'attends de voir le développement autour, parce qu'il faut ensuite justifier son arrivée en France, l'identité de son « père », et un tas d'autres détails que je ne manquerai pas de relever o/. Le fait qu'il soit souhaité de la récupérer et le sous-entendu sur la spécificité de Laura fait également s'interroger sur les « Quoi » de cette affaire.
Tiens, mister Tyron est présent :

Citation:
Monsieur Lowell


Ainsi ce sera mieux je pense.

Sa présence nous fait mettre en lien cette affaire avec le Cortex… ou pas, puisque Caldin existe. Ici aussi on manque d'éléments donc je me passerai d'hypothèses (et puis, il est une heure du mat' o/). Mais les histoires virtuelles avec l'intervention de Sandra aiguisent plus ma curiosité que les petits soucis des LG.
Je m'arrête quelques secondes sur la relation entre Tyron et Sandra, qui est étrange (et je m'y connais, c'est le substantif qu'on utilise pour me qualifier o/). Il est clairement dit que Sandra est la pupille de Tyron, mais son indépendance est clairement exprimée. Et ce qu'on ne eut contrôler est dangereux pour soi. Mais ce qui fait vraiment ouvrir grand les yeux, c'est ceci : « Tu es ma plus belle création et je suis très heureux de voir ce que tu es devenue. ». Tyron définit Sandra comme sa chose, mais en a paradoxalement peur. Je planche pour du conditionnement à la Bataille pour l'Espoir (peut-être même fait dans le sorte de Goulag Mr. Green). Bien entendu, il y aussi cette question de la haine vicérale de Sandra envers Laura et la ressemblance constatée entre les deux dans le chapitre deux (oui j'ai vu la répétition o/). Ce point, lié au fait que Tyron ait « créé » Sandra peut aussi faire penser à des manipulations génétiques. Sandra et Laura seraient basées sur un même modèle génétique, d'où la ressemblance, et leur création aurait pour but de former des espions et des bras armés. Si c'est le cas, le procédé semble avoir des failles, puisque Tyron craint une rébellion de sa création, et que Laura s'est enfuie, ce qui est une marque d'indépendance (chose qu'elle montre avec les LG aussi).
Aurait-on droit à un remake de L'attaque des clones avec des blondes Mr. Green ?

Plus sérieusement, j'ai hâte de voir ce que tu as prévu de ce côté-là, parce que, comme l'a dit Icer plus tôt, il y a un excellent potentiel.

Pour finir vite fait, on note que Caldin est assez particulier comme monde virtuel. D'ailleurs, la présence de sang nous fait nous interroger sur sa nature numérique. Ne serait-ce pas plutôt un Autre-monde parallèle au notre et accessible via scanner, un peu à la VioletBottle ?

En somme, content de voir que tu n'as pas lâché l'affaire. Bon courage pour la suite !
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« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Willismine MessagePosté le: Lun 10 Nov 2014 21:56   Sujet du message: Répondre en citant  
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Alors alors alors... on commence sur des scènes d'action décoiffantes. Un premier chapitre saisissant, avec des personnages très justes. Tout mon intérêt pour la Laura antipathique des débuts, vu comme on voit, avec du recul, que ce n'est que pour mieux préparer un personnage nettement moins plat que la moyenne de Lyoko... enfin, c'est ce qu'on attend. La haine d'Aelita pour Laura rend le tout encore plus délicieux. J'aime donc, cette façon dont tu n'hésites pas à ne pas montrer les personnages sous leur plus beau jour.

Ce qui rend triste le contraste avec... Mathilde. Oui, Mathilde est un peu trop Miss OC Parfaite et c'est dommage parce que je l'aime bien, la petite. Tristesse également pour le nom que tu lui as choisi. Pourquoi, hein ? Je suis certaine que tu sais que si tu n'as pas l'intention de faire de self-insert, pour éviter la Mary Sue, il est toujours mieux de s'éloigner au maximum de ce qui nous caractérise nous-mêmes... Mathilde, puisque je suis sur le sujet. Mais qui est cette charmante créature qui nous fait le plaisir de ne pas se jeter la tête la première dans le danger (enfin quelqu'un de censé pour contrer les têtes brûlées systématiques, ça fait du bien [Edit de Zéphyr : De rien Mr. Green]). Néanmoins, je trouve que comparée aux autres, elle manque de caractère. Ca s'explique.

Mais ça m'attriste. Parce que ta fic est quand même superclasse o/ Et puis en plus, elle est partie pour accepter... C'est dommage. Une implication ailleurs aurait pu être cool. Contrairement à d'autres, je trouve que son arrivée chez les LG, et la nécessité qu'y trouvent les autres avec, n'est pas cheatée. Les LG, de base, sont un peu cons de s'enfermer à si peu avec leurs emmerdes, alors... En plus, tu argumentes et à la lecture, ça passe crème. Sinon, Mathilde est trop gentille et parfaite. C'est peut-être ce qui me gêne. En matière de personnages, j'aime bien les emmerdeurs Mr. Green. Et puis elle a un vague coté gnangnan, c'est dommage. J'ai une petite relecture à faire aussi, parce que je n'avais pas compris qu'elle avait un petit copain. J'étais même persuadée qu'elle parlait à un ami imaginaire *<<<lectrice en or (a)*

Sinon, je me souviens bien des monstres trop nombreux et tout et tout, c'est noté. Et l'intrigue sur l'autre monde virtuel-à-un-degré-pas-déterminé me parait super cool. Ca et la miss qui veut avoir Laura aux fléchettes. Ou à la hache. Du danger **. Par contre, il y a moins d'enjeux côté LG, mais je me doute que ça va venir. Cela dit. Ulrich jaloux, c'est cool aussi. Je veux tout plein de personnages exécrables Smile

Ce commentaire est si nul qu'il est temps pour moi d'aller me cacher.
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Ellana MessagePosté le: Lun 08 Déc 2014 17:37   Sujet du message: Répondre en citant  
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Alors ma grandeur d'âme me pousse à vous donner quelques éclaircissements :
- 1, il n'est mentionné nulle part que Mickey est le copain de Mathilde... =) [arrete de te sous-estimer Louise, tu avais mieux compris que ton VDD]
- 2, qui a dit que Tyron était le patron de Sandra ? Il est le représentant français, or, Sandra est russe. Dans cette phrase notamment :
Citation:
Seul son boss perçut le mépris dans la voix de Sandra. Ledit contact français hocha la tête avant de prendre la parole
, on voit que le boss et le contact français sont différents, or le contact français est Tyron. Désolée si ça manquait de clarté ^^'

Sur ce... Nouveau chapitre, avec un titre hommage à GummyBear.

Chapitre 5 : Requiem for a dream



Aelita évita de justesse un laser et reprit sa course.
Ne pas tomber.
Surtout ne pas tomber.
La situation avait des airs et des accents d'apocalypse. C'était, d'une façon tristement banale, courir ou mourir. Leurs adversaires étaient tout simplement supérieurs. En nombre, en vitesse, en habileté, en volonté.
A part accélérer en espérant un miracle, elle ne pouvait rien faire. Son dernier espoir résidait dans une brutale et inexpliquée disparition de XANA.
Autant dire que la situation était réellement désespérée.
Elle jeta un regard en arrière et sentit Odd lui attraper le bras.

- Fais gaffe !

Aelita déploya ses ailes juste à temps pour éviter le banc. Elle envisagea pendant une seconde de filer par la voie des airs mais cela signifiait abandonner Odd. Elle ne pouvait pas s'y résoudre.
Yumi était déjà morte, Aelita voyait encore la moitié de son crâne arraché et son unique œil restant ensanglanté. William ne tarderait sans doute pas. Ulrich n'était pas dans les parages mais Odd la suivait de près. Ils savaient tous deux comment cela se terminerait. On pouvait le lire dans l'angoisse peinte sur leur visage. Ils contournèrent le bâtiment de sciences, se retrouvèrent face à un monstre hideux. Sa peau de craie semblait striée de sang et il n'avait d'humain que son allure bipède. Il ouvrit grand sa bouche, trou béant où des dents acérées étaient placées de manière aléatoire. Aelita tendit la main devant elle. Un champ de force en jaillit mais le monstre l'évita.

- On court ! hurla Odd.

Ils firent volte-face, conscients qu'ils ne distanceraient pas leur ennemi. Ils devaient essayer de le semer. De se protéger au mieux.
Ils entrèrent en courant dans le bâtiment de sciences. Dans un geste vain, Odd poussa le verrou. Cela n'empêcha aucunement la porte d'éclater quand le monstre, accompagné de deux de ses frères, se rua dessus.

- Monte !

Aelita fonça vers les escaliers. Son sang se glaça en remarquant l'enfant qui attendait en haut des marches, un sourire inhumain sur les lèvres. Odd bondit, conscient que s'il réfléchissait, il prendrait ses jambes à son cou. Mais William fut plus rapide. Avec sa tenue tâchée de pourpre, déchirée et noircie par les flammes, il faisait peine à voir. Cela ne l'empêcha pas de surgir de nulle part pour abattre une énorme épée sur la tête du gamin. Puis, comme s'il avait accompli sa dernière mission, il s'écroula et ne bougea plus.

- William !
- Aelita, on ne peut plus rien pour lui.

Odd prit la main de son amie et l’entraîna à l'étage suivant. Il savait bien que cela ne rimait à rien de monter. Au mieux, Aelita pourrait s'enfuir en volant mais lui, quoi qu'il arrive, allait mourir, ce n'était plus qu'une question de secondes.
Deux secondes en fait.
Dans un horrible bruit de succion, un des monstres sauta sur le dos d'Odd et enfonça ses doigts dans ses yeux.

- Odd !

Le garçon s'écroula dans un cri d'agonie. Déjà, son assassin entreprenait de le dévorer, accompagnant son festin d’écœurants déglutissements. Les deux autres avançaient déjà. Au moment où des griffes fusaient vers la gorge d'Aelita, un corps s'interposa. Un hurlement déchira l'air.

- Ulrich !

Le samouraï s'effondra, la jugulaire tranchée nette. De nouveaux hurlements retentirent quand la bouche entière d'un monstre se referma sur la tête d'Aelita.


Mathilde se réveilla en sueur. L'image d'une gueule ignoble autour du visage angélique d'Aelita mit un certain temps à s'effacer.
La chambre était plongée dans une obscurité complète. Cela n'avait rien d'étonnant puisque la moindre source de lumière perturbait Mathilde dans son sommeil. L'ennui, c'était qu'elle avait peur du noir. En temps normal, elle allumait sa lampe à peine réveillée mais là, elle ne pouvait pas. Pendant près d'une minute, elle fut incapable de bouger, littéralement pétrifiée par une angoisse sans nom. Elle osait à peine respirer. Ce n'était pas la première fois qu'elle se retrouvait dans cet état mais cela durait rarement si longtemps.

Concentre-toi sur des choses apaisantes. Ce n'est qu'un cauchemar. La bande de Belpois va bien. Tu n'as jamais mis les pieds sur Lyoko, Aelita t'a décrit les territoires, ils ne ressemblent pas au collège, arrête tes films. Allez, bouge !

Son imagination, généralement bonne alliée, devenait aujourd'hui cruelle ennemie. Devant les yeux de Mathilde continuaient de défiler des monstres sans visage, un lycée en flammes, des masques de souffrance. Elle finit par bouger les doigts puis le bras et parvint à atteindre l'interrupteur de sa lampe de chevet. Sa chambre apparut, rassurante. Mathilde aimait la nuit mais pas l'obscurité. Elle adorait le calme mais le silence lui pesait. En fait, elle avait peur de tout et ne savait jamais quand et contre quoi son courage se manifesterait. Un sourire amer se dessina sur son visage.
Les "Lyoko-Guerriers" avaient-ils conscience de proposer une place à un être instable, empli de contrastes et de craintes ? Ne serait-elle pas plutôt un boulet qu'autre chose ?
La question ne se posait pas en cet instant.
En cet instant, elle se sentait courageuse.
Elle pianota sur son portable jusqu'au répertoire. Elle ignorait si Jérémie dormait. Probablement. Elle ne savait pas qu'il n'éteignait jamais son téléphone. Elle ne savait pas qu'il craignait nuit et jour une attaque de XANA. Et qu'en général il ne dormait que quelques heures au petit matin.
Mathilde ne connaissait pas Jérémie mais elle se connaissait.
Si elle n'appelait pas maintenant, elle risquait de changer d'avis.
D'ailleurs, elle se sentait déjà beaucoup moins sûre d'elle. Pouvait-on mourir sur Lyoko ? Réussirait-elle à rester la même face à sa famille en sachant qu'elle entrait dans une aventure où elle risquait sa vie ? Arriverait-elle vraiment à mentir à Michael ?
Et qui lui garantissait qu'Aelita et les autres n'avaient pas trouvé quelqu'un depuis ? Elle ne s'était pas intéressée de nouveau à eux, même si leur proposition la hantait parfois au milieu d'une heure de cours ou sous l'eau brûlante de la douche. Qu'allaient-ils dire si elle revenait comme une fleur ? Sans aucun argument valable ?

Hey salut, j'ai fait un cauchemar où je vous voyais tous mourir alors j'ai décidé que vous ne pouviez pas vous passer de moi et je viens vous aider ! Oui, mes chevilles vont bien. Non, je ne fume pas.

Ils allaient la prendre pour une fille nonchalante, indécise, voire folle, et elle n'avait aucune preuve du contraire à leur apporter. Comment pouvait-on être pris au sérieux quand on basait ses choix sur ses rêves, quand on changeait d'avis toutes les deux semaines ?
Mais étrangement, c'était la première fois en deux semaines que Mathilde se sentait vraiment déterminée à accepter une virée sur Lyoko.

Après tout, Jérémie a dit que je ne pouvais faire qu'un essai. Je ne suis engagée à rien. Et au beau milieu de la nuit, il s'étonnera peut-être moins de ce que je vais lui dire. D'ailleurs, je ne suis même pas obligée de me justifier sur mon revirement ! Ouais, c'est bien ça.

Au moment où son doigt allait appuyer sur la touche du téléphone vert, Mathilde eut une dernière hésitation. Le visage de Michael envahit son esprit mais très vite, la gueule béante autour de la tête d'Aelita revint.
Elle appuya.

***


- William ?

Le jeune homme leva la tête. Yumi se tenait devant lui, son sac sur l'épaule. Ses yeux s'agitaient furtivement de gauche à droite, revenaient se poser un instant sur le visage de William et fuyaient aussitôt.

- Je peux te parler ?

On sentait dans la voix de Yumi la même hésitation fébrile que dans son regard. A la fois maladroit et empressé, son ton indiquait nettement qu'elle avait quelque chose d'important à dire.

- Que se passe-t-il ? s'inquiéta William en refermant son livre. Il y a un problème ?

Yumi secoua la tête mais tout son corps se mit à trembler. Elle passa nerveusement une main dans ses cheveux, jeta un nouveau coup d’œil autour d'elle et sourit, un sourire faux, stressé et pourtant tendre.

- Hey ! Tu es certaine que ça va ? insista William.

Cette fois, Yumi hocha la tête. Cela n'empêcha pas le garçon de se lever pour venir poser une main sur son bras.

- Yumi, qu'est-ce qui t'arrive ? C'est XANA ? C'est Ulrich ?
- Ne me parle pas de cet abruti.
- Mais...
- William, c'est toi, murmura Yumi, fixant enfin ses yeux sur ceux de son ami. C'est toi que j'ai choisi.

Le jeune homme ne prit pas la peine de réfléchir. Sa main glissa du bras de la japonaise à sa hanche et il l'embrassa avec la passion de ceux qui ont attendu très longtemps. Après un instant de flottement, Yumi l'enlaça, lui rendant son baiser sans hésitation.

- Tu en as mis du temps, sourit-elle quand ils se lâchèrent.
- Je préfère toujours être sûr de mon coup. Bye-bye, Yumi.
- Quoi ?

William sourit. Il ne prit pas la peine de répondre et se contenta de poser les doigts sur la gorge de la jeune fille. De la fumée noire en sortie, formant un cercle serré autour du cou de Yumi. Elle y porta les mains pour tenter d'aspirer de l'air mais ne réussit qu'à suffoquer davantage. Elle ne tarda pas à s'écrouler sous un rire sinistre.


William se redressa brutalement sur son lit. Son cauchemar s'évaporait déjà, à la manière d'écharpes de brumes qui ne parviennent pas totalement à masquer la réalité. Mais où se trouvait la réalité ?
Dans le baiser de Yumi, songea-t-il, déjà à moitié rendormi. Dans...
Il replongea dans un sommeil agité.
Il ne dormait plus très bien depuis qu'il avait appris ce qui lui était réellement arrivé sur Lyoko.

***


Elle avançait dans un couloir. Un couloir vide, évidemment. Pourquoi fallait-il toujours que ce couloir soit vide ? Ne pouvait-il pas y avoir quelqu'un, n'importe qui, juste une fois ?

- Maman ? appela-t-elle.

Seule sa propre voix lui répondit.
Elle continua à avancer. Elle tenait quelque chose serré au creux de son poing mais refusait de l'ouvrir. Personne ne devait voir ce qu'elle amenait avec elle.
Sa jupe flottait, comme soulevée par un vent léger. Elle en venait presque à abandonner toute logique et à se laisser convaincre qu'en réalité, c'était l'esprit de sa mère qui se glissait contre elle. Pour la guider.

- Maman ?

Pas de réponse. Encore et toujours.
Il y avait des fenêtres sur sa gauche, à intervalles réguliers. Derrière chaque fenêtre, on trouvait un lit aux draps blancs. Vide. Une rangée de lits vides semblant s'étendre à l'infini. Du linge immaculé, reflet des murs trop éclatants de propreté. Elle se sentait oppressée dans cet endroit si tranquille.

- Maman ?

Elle ne supportait pas l'écho de sa voix mais elle supportait encore moins le silence.
Un numéro de chambre attira son attention. 23. Elle sentit son coeur se serrer et s'arrêta. Ses doigts tremblèrent, avec une telle violence qu'elle baissa les yeux vers sa main. Il ne s'y trouvait qu'un bracelet, un simple bracelet bleu et blanc. Terriblement banal. Pourtant, elle y tenait. Beaucoup.
Avec une profonde inspiration, elle ouvrit la porte.
Une femme, très belle, était allongée sur le lit. Pâle, de sa peau à ses cheveux, en passant par ses yeux, elle paraissait fragile, frêle, aussi figée que le couloir. Son regard doux et fatigué se posa sur la jeune fille qui venait d'entrer.

- Trop tard mon ange, murmura-t-elle. Je t'aime.

Ses yeux se fermèrent alors que la fille courait vers le lit. Elle devait lui donner ce bracelet avant que...

- Maman ! Maman !


Laura ouvrit les yeux.
Le réveil en face d'elle indiquait 4 : 32. En général, elle marmonnait lorsque la nuit se terminait si tôt, elle qui peinait tant à se rendormir. Pourtant, ce matin, elle rapprocha seulement ses genoux de son ventre, adoptant une position presque fœtale. Elle se sentait triste, juste triste.
Aujourd'hui, cela faisait dix ans que sa mère était morte. Dix ans et elle continuait à rêver de ce stupide bracelet. A croire qu'elle n'avait pas assez d'imagination pour rêver d'autre chose et pas assez de rationalité pour dormir d'un sommeil tranquille.
En fait, elle aimait presque ces cauchemars. Ils lui permettaient de ne pas oublier le visage de sa mère, elle qui n'en conservait presque aucun souvenir. A l'époque, elle était trop jeune pour garder une image nette de ses traits. Il y avait sans doute des différences mais son père n'avait jamais voulu lui dire où étaient rangées les photos de famille. Il ne s'en remettait pas non plus.
Laura attrapa la bouteille d'eau sur sa table de chevet, but quelques gorgées et alluma la lampe. Tous les ans, elle regrettait d'avoir perdu son bracelet. Mais surtout, tous les ans, son cœur saignait de n'avoir personne à qui parler. Pas un seul ami pour la consoler, partager sa douleur et son passé. Enfin, si. Un. Une plutôt. Une amie qui ne lui avait jamais fait défaut.
Elle regarda sa tablette.
Un peu silencieuse comme amie.
Avec un sourire ironique, elle se leva, alluma son ordinateur et commença à programmer.

***


- William ?

Le jeune homme leva la tête. Yumi se tenait devant lui, son sac sur l'épaule.

- Je peux te parler ?
- Que se passe-t-il ? s'inquiéta William en refermant son livre. Il y a un problème ?

Yumi secoua la tête mais tout son corps se mit à trembler.

- Hey ! Tu es certaine que ça va ?

Cette fois, Yumi hocha la tête. Cela n'empêcha pas le garçon de se lever pour venir poser une main sur son bras.

- Yumi, qu'est-ce qui t'arrive ? C'est XANA ? C'est Ulrich ?
- Ne me parle pas de cet abruti.
- Mais...
- William, c'est toi, murmura Yumi, fixant enfin ses yeux sur ceux de son ami. C'est toi que j'ai choisi.

Le jeune homme ne prit pas la peine de réfléchir. Sa main glissa du bras de la japonaise à sa hanche et il l'embrassa avec la passion de ceux qui ont attendu très longtemps.


Ulrich se réveilla en sursaut. Il avait l'impression d'être tombé pendant un court instant et la sensation de vide lui pesait encore sur le coeur.
Les ronflements de Odd le rassurèrent. Ce n'était qu'un stupide cauchemar. Il se retourna, les yeux fermés.
Au bout d'une heure, il comprit qu'il ne se rendormirait pas.
Avec un soupir, il repassa sur le dos, les bras croisés derrière la nuque, fixant le plafond, invisible dans l'obscurité.

"D'ailleurs, William aussi a changé".

Cette phrase, cela faisait des semaines que Yumi l'avait dite. Poutant, il continuait à y songer encore et encore. Lorsqu'ils avaient éteint le Supercalculateur, Yumi avait repoussé William sans équivoque et laissé tous les espoirs à Ulrich. Mais ils n'avaient pas vraiment réussi à se voir pendant les vacances scolaires. Ni elle ni lui n'étaient vraiment à l'aise au téléphone et leurs cartes postales, tendres mais rares, avaient en filigrane des accents d'incertitude.
Et à la rentrée, voilà qu'il la retrouvait souriante et plus proche de William que jamais. Il y avait de quoi être soupçonneux. Avaient-ils eu tant de contacts durant l'été ? Ulrich supposait que leur ancien ennemi avait dû s'interroger sur ce qui s'était vraiment passé sur Lyoko, il avait dû poser énormément de questions à Yumi et celle-ci, poussée par sa gentillesse ou sa culpabilité, s'était sentie obligée de lui apporter des explications. Avec un sujet comme celui-ci, il y avait de quoi tenir des heures au téléphone. Alors que lui et ses cours particuliers...
Ulrich fut tenté de réveiller Odd. Mais il savait trop bien ce que son ami dirait. "Bouge-toi, Ulrich, elle n'attend que ça !". C'était tellement facile à dire. Arriver au lycée n'avait pas changé Odd : il continuait à croire que chaque fille était une admiratrice potentielle et ne concevait pas qu'une seule puisse ne pas s'intéresser à une histoire de coeur.
Il ne serait d'aucun secours.
Quant à parler d'amour avec Jérémie, cela s'apparentait à discuter empathie avec Laura.
Ulrich réalisa soudain que celui avec qui il avait envie de parler, c'était William. Au fond de lui, il était jaloux et admiratif à la fois. Comment parvenait-il à avoir tant d'aisance avec Yumi ? Si quelqu'un avait pu lui donner un conseil, c'était bien son rival ! Après tout, ils vivaient presque la même chose.

"Sans toi, Yumi, elle va pas s'en sortir".

C'était William qui lui avait dit cette phrase. Il ne cachait pas ses sentiments pour Yumi mais il n'avait pas hésité à venir voir Ulrich pour le pousser vers elle. Au fond, c'était celui qui agissait le plus en ami envers lui.

Mon pauvre vieux, si tu en arrives à penser ça, tape-toi la tête dans le mur pour t'aider à te rendormir !

***


Aelita était assise, non pas sur le rebord de sa fenêtre mais sur une colline. Cela avait de quoi surprendre puisqu'il faisait nuit. Elle aurait dû être dans sa chambre, à l'internat. Pourtant, elle restait tranquille, sereine, les yeux tournés vers les étoiles, sans se poser la moindre question. Rien ne la troublait. Ni le paysage magnifique qui l'entourait, baigné dans une douce lueur argentée, ni les lucioles voletant près de son visage, ni le chant d'une eau invisible.
Ni l'énorme loup allongé à sa gauche.
Aelita ne réfléchissait pas. Elle avait posé sa main sur le pelage de l'animal mais n'en sentait pas la douceur. Elle fixait le ciel sans voir sa lumière. Elle entendait des bruits qu'elle ne comprenait pas, ne sentait rien. Elle attendait. Quelque chose devait se passer, elle le savait.
Il lui sembla que les étoiles bougeaient. Mais le mouvement vint en fait du loup qui, soudain, fit face à Aelita. Une Aelita qui ne le craignait pas, ne le craignait plus. Elle tendit même la main vers son museau pour une caresse assurée.
Elle ne comprit pas lorsque des crocs luisants se refermèrent sur son poignet. Elle ne ressentit aucune douleur mais la peur vint la frapper de plein fouet, vicieuse et étouffante. D'abord sentiment, elle devint physique quand le loup se jeta sur Aelita.


La jeune fille se réveilla en hurlant. Elle se débattit pour chasser le poids qui pesait sur sa gorge, jusqu'à entendre son oreiller tomber par terre. L'air entra enfin librement dans ses poumons et elle s'assit, le dos collé au mur. Quelques jours plus tôt, son rêve avec un loup l'avait rassurée. Elle y avait vu le signe qu'on pouvait faire confiance à Mathilde. Elle y avait trouvé la certitude que ses peurs n'étaient pas immuables.
Elle se sentait idiote d'avoir tant cru en un simple rêve. Cette fois, elle ne résista pas.
Elle attrapa la robe de chambre posée au pied de son lit, plus par pudeur que pour lutter contre le froid, et sortit. Elle n'avait même pas regardé l'heure mais il était peu probable que Jérémie dorme. Se faufilant dans les couloirs et l'escalier, elle entra sans frapper dans la chambre de son ami.
Il était assoupi sur son clavier.
Aelita retint un soupir de déception. Elle prit la seconde chaise et la mit devant l'ordinateur, juste à côté de la première où dormait Jérémie. Les yeux tournés vers son visage serein, Aelita croisa les bras sur le bureau avant d'y poser la tête. Elle avait dans le regard comme dans le coeur une tendresse teintée de nostalgie. Depuis quand n'avait-elle pas passé un moment seule avec son petit ami, sans personne, sans matériel informatique ? Etait-ce normal de ne pas réussir à s'en souvenir ? Un couple n'était-il pas censé passer du temps en tête-à-tête pour parler de tout et de rien ou pour simplement se regarder l'un l'autre comme elle le faisait actuellement ?

C'est la première fois que je suis amoureuse, ça n'a rien d'une science exacte, on ne peut pas généraliser. Il doit y avoir différents types d'amour. Jérémie et moi n'avons pas besoin de nous montrer sans cesse notre affection pour nous aimer. Je me heurte à de bêtes problèmes adolescents et ils passeront sûrement plus vite que notre lutte contre XANA. Alors, je devrais faire comme Jérémie et me concentrer sur ça. Vaincre XANA. Le reste ira forcément mieux ensuite.

Aelita réussit à sourire et laissa le temps s'écouler, sans quitter Jérémie des yeux.

On se retrouvera bientôt, Jérémie. Parce qu'on s'aime.

Elle faillit tomber de sa chaise lorsque Jérémie se réveilla en sursaut. Elle avait dû s'endormir, finalement. Avant qu'elle ait pu ouvrir la bouche, elle entendit son ami parler.

- Allo ?

Le silence de la nuit permit à Aelita d'entendre la réponse de l'interlocuteur. Elle ne reconnut pas tout de suite la voix mais les mots lui indiquèrent sans mal de qui il s'agissait.

- Jérémie ? C'est Mathilde. Je suis partante pour aller sur Lyoko.
- Quoi, maintenant ?
- Quand tu veux.
- Euh... Demain plutôt.
- OK. Les autres vont bien ?

Jérémie se tourna vers Aelita et la regarda comme s'il venait seulement de la voir.

- Qu'est-ce que tu fais là ? lui chuchota-t-il. Il y a un problème ?
- Non, pas que je sache. Tu serais sûrement déjà au courant.

Jérémie hocha la tête.

- Oui, Mathilde, les autres vont bien.
- D'accord. A demain.
- A demain.

Aelita entendit Mathilde raccrocher. Jérémie garda encore quelques secondes son portable en main. Son esprit embrumé par la fatigue avait du mal à se connecter à la réalité.

- Je suis vraiment réveillé ? demanda-t-il à Aelita.
- Oui. Si j'ai bien compris, Mathilde a changé d'avis ?
- Il semblerait. Mais... Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- J'ai fait un cauchemar. J'avais besoin de compagnie. Je... Je vais retourner dans ma chambre.
- Non, attends, je ne disais pas ça pour ça !

Aelita se leva, gênée sans savoir pourquoi. Jérémie jeta un coup d'oeil à l'heure. 4 heures 32. Mathilde était-elle insomniaque ?

- Aelita, attends.

La jeune fille avait déjà la main sur la poignée de la porte. Elle se retourna vers Jérémie.

- Tu devrais dormir encore un peu, conseilla-t-elle.
- Mais... Tu veux rester ?

La question prit Aelita au dépourvu.

- Rester ?
- Bah oui. Pour dormir avec moi. Tu... Tu ne feras peut-être plus de cauchemars comme ça. Et ça t'évitera de croiser Jim.
- S'il nous trouve dans le même lit, on sera renvoyé.
- Jim nous aime bien et on ne fait rien de mal.

Aelita n'en croyait pas ses oreilles. Elle devait encore rêver. Pourtant, quand Jérémie vint la prendre dans ses bras, elle perçut sa chaleur et sa douceur. Il lui embrassa la joue et alla se coucher sur son lit. Allongé sur le côté, il garda la couverture levée.

- Tu viens ?

Aelita n'hésita plus. Elle s'allongea à son tour et les bras de Jérémie se refermèrent sur elle.

- Aelita ?
- Oui ?
- Je t'adore.

Un frisson courut dans le ventre d'Aelita, aussitôt noyé par une pensée sournoise. Est-ce que cela voulait vraiment dire qu'il était amoureux d'elle ? Ne la voyait-il pas plutôt comme l'ange de Lyoko, à préserver ? Dans ses bras, elle était bien, elle se sentait protégée.
Pas désirée.
Alors que la respiration de Jérémie s'approfondissait, le coeur d'Aelita se serra. Arriverait-elle un jour à lui parler de ce qu'elle ressentait ? Oserait-elle aborder un sujet qui pouvait paraître banal par rapport aux dangers affrontés par leur groupe ? XANA lui volait sa vie et sa jeunesse. Son amour aussi ? Soudain, Aelita repensa au changement d'avis de Mathilde. Avait-elle conscience de tout ce que son choix impliquait ?
Dans un élan d'égoïsme, Aelita pensa qu'elle s'en fichait. Plus ils seraient nombreux, plus vite XANA serait vaincu. Et plus vite elle pourrait vivre normalement.
Mais même cette pensée ne la rassura pas. Car l'intégration d'une nouvelle recrue ne signifiait pas que de bonnes choses. En réalité, l'ange de Lyoko n'était plus. Maintenant que ses amis pouvaient désactiver les tours, Aelita se sentait rabaissée, inutile. Elle n'avait pas l'affrontement dans les veines, son intelligence était de moins en moins exposée depuis que Laura avait fait surface. Ni combattante, ni géniale, elle n'avait que son lien avec Lyoko pour se sentir exceptionnelle.
Elle avait besoin de ça pour garder son fragile équilibre. Il fallait qu'elle se débarrasse de son sentiment d'inutilité.
Parce que malgré les bras de Jérémie autour d'elle, elle allait vraiment finir par croire qu'elle ne comptait pour rien.
Ni personne.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Mer 29 Avr 2020 20:41; édité 3 fois
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Silius Italicus MessagePosté le: Ven 20 Fév 2015 18:45   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonsoir Chère Ellana,
Votre récit est agréable à lire, et surtout mystérieux.

Le début parait relativement classique avec des Lyokoguerriers, enfin surtout Jérémie, qui se sentent débordés, et des histoires d'amour en suspend.

Cela nourrit la partie romance de votre récit.
Et permet l'introduction d'un nouveau personnage, Mathilde. D'elle on ne sait que trop penser. Elle se démarque de la plupart des postulants au poste de Lyokoguerriers par le fait qu'elle refuse. Ce qui est incontestablement un joli signe de maturité, alors même que tout ne lui a pas été dit sur William.

Puis viennent Caldin et Sandra. Il est toujours plaisant de découvrir un nouveau monde virtuel, et de nouveaux monstres. Ce qui est intéressant, c'est que ce monde semble suivre des règles très similaires à Lyoko. Les monstres meurent si on atteint une cible particulière et ceux qui ont été virtualisé via un scanner ont des pouvoirs spéciaux.

Plus intriguant encore ce G7 visiblement à la recherche de Laura. Ou d'une autre d'ailleurs pour ce que l'on en sait. Le personnage de Sandra, moins professionnelle et conditionnée qu'on ne pouvait le croire à sa première appparition est intéressant. Vous savez créer le suspend.

Laura justement, il semble qu'elle cache quelque chose. Au vu de son caractère c'est assez normal. Par contre elle sous-estime visiblement la bande qui a bien compris qu'elle avait un secret.

Ulrich, Yumi, William, Odd et Jérémie sont égaux à eux-même.
Aelita par contre à droit à un traitement plus détaillé. Analyse qui permet de bien comprendre ces petites crises de nerfs dans Code Lyokô évolution.

La scène finale du dernier chapitre, avec nos deux amoureux s'endormant ensemble est des plus jolie et offre un bel aperçu de la relation qui les lie. Chapeau !

Que dire d'autre, si ce n'est qu'après avoir susciter de tels mystères, autant d'attente, c'est avec impatience que l'on attend d'en savoir plus.
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AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 21 Fév 2015 00:11   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1329
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assez intéressante l'histoire.
donc Laura semble s’être échappé d'un institut appartenant à une organisation criminelle lié à Carthage et la recherche quantique. Je me demande pourquoi Sandra méprise une simple ado 20ans plus jeune.

Le rêve de Mathilde était plutôt gore, maintenant elle décide de faire un test.

aussi a propos de lyoko, prévois tu de donner un super pouvoir et un rôle important à odd depuis qu'il n'a que ses flèches (et un petit bouclier pas très résistant) ou le blond ne sera là que pour détendre l'atmosphère?

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Ellana MessagePosté le: Jeu 05 Mar 2015 19:09   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Messages: 251
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Réponse aux commentaires, oui, j'ai la flemme de faire un joli post élaboré Mr. Green

Silius => Et bien, merci pour tes compliments et pour le résumé ^^ A toi de voir si les réponses apportées petit à petit te conviendront !
hon
*Odd Della Robbia* => Le passé de Laura va être éclairci petit à petit. Quant à Odd, si tu lis attentivement le chapitre 4 , il est précisé que Jérémie lui a reprogrammé la téléportation Wink

Sur ce, voici le chapitre 6. Je vais faire une demande assez inhabituelle : n'hésitez pas à me donner d'autres propositions de titres s'il vous plait XD De longs pourparlers avec un charmant ourson ont abouti à Mirages Mi-rages qui ne me satisfait qu'à 84 %...
Sur ce ² :


Chapitre 6 : Mirages Mi-rages



Le réveil fit réaliser à Mathilde qu'elle n'avait pas refermé l'œil. Des dizaines de questions avaient tournoyé dans son esprit. Est-ce que la bande de Belpois allait vraiment l'accepter ? Arriverait-elle à faire ses preuves sur Lyoko ? À quoi ressemblerait-elle ? Yumi continuerait-elle à lui jeter des regards meurtriers ?
Malgré la sonnerie lancinante, Mathilde resta sous sa couverture, réalisant soudain qu'elle avait peur. Non, la peur, c'était ce qu'elle avait ressenti cette nuit. Là, elle ressentait une légère appréhension, rien de plus. À défaut d'en être certaine, elle pouvait au moins s'en convaincre.
Sa main tâtonna sur la table de nuit pour trouver ses lunettes. Elle enfila des vêtements noirs et commença à descendre l'escalier avant de réaliser qu'elle n'avait ni faim, ni envie de croiser quelqu'un.
Par contre, il fallait qu'elle passe un coup de fil.

- Heidi ? Je ne te réveille pas ?
- Tu rigoles, je sors de la douche ! Qu'est-ce qui se passe, t'es malade ?
- Non, rien de grave, je voulais juste te dire qu'aujourd'hui j'allais devoir passer du temps avec Jérémie.
- Belpois ?
- Bah oui, Belpois ! Je n'ai pas très bien compris le dernier exo du DM de maths.
- Je croyais qu'on le faisait toutes les deux ?
- Oui mais sans vouloir te vexer, si je ne l'ai pas compris, tu ne le comprendras pas non plus.
- Merci... Bon, c'est pas grave, je mangerai avec quelqu'un d'autre. On se voit quand même avant les cours ?
- Je pense que non, je vais partir le rejoindre tout de suite.
- Pas de souci. Fais-moi signe quand je pourrai venir te dire bonjour !

Mathilde hocha la tête, geste stupide étant donné la situation. Elle raccrocha ensuite sans savoir si Heidi l'avait bien pris ou non. Elle descendit les marches qui la séparaient encore du rez-de-chaussée et entra dans la cuisine. Sa mère était déjà partie travailler, Marc aussi, et Michael devait dormir. Elle avait de la chance, personne ne lui poserait de questions sur son départ trop matinal.
Dans une série de gestes familiers, elle enfila son manteau, ses boots et démêla ses écouteurs. Une fois devant la porte, elle hésita comme toujours sur la musique à écouter. Elle restait troublée par son manque de sommeil mais également curieuse de voir ce qu’allait être sa journée.
Son premier sourire apparut quand elle appuya sur play et sortit.

- J’te propose une trêve de bavardage.
- D’accord… Alors, j’vais chanter !


Entrainée par le rythme joyeux de la chanson et émue par la voix de Phil Collins, Mathilde avança d’un pas vif jusqu’à Kadic. Elle eut le temps d’écouter trois fois « Je m’en vais » avant de passer le portail.

- Ta musique, jeune fille ! lui signala Jim quand elle lui sourit.
- Bonjour, Monsieur Morales.
- Bonjour, bonjour.

Mathilde sourit de plus belle. Elle aimait bien le surveillant. Sous ses allures bourrues, il gardait un cœur d’or. Aussi rangea-t-elle ses écouteurs sans attendre. Puis elle se dirigea directement vers la cantine. Vue l’heure, les internes devaient encore y être.
Mathilde balaya le self du regard. L’ambiance était bien plus silencieuse que le midi, peu d’élèves ayant déjà les idées assez claires pour discuter. Comme prévu, Belpois et sa bande, à l’exception de Yumi et Laura, étaient installés devant des plateaux plus ou moins remplis. Jérémie n’avait quasiment rien sur le sien alors que Odd alternait entre un croissant et une demie-baguette beurrée.
Aelita était en train de parler lorsque Mathilde se porta à leur hauteur. Le silence tomba immédiatement. De toute évidence, Jérémie avait prévenu les autres de son coup de fil nocturne. La petite brune se sentit soudain intimidée.

- Bonjour.
- T’es matinale ! s’étonna Jérémie.
- Croi’ant ? proposa Odd, la bouche pleine.
- Non merci, je n’ai pas faim.

Le silence s’installa à nouveau. Une fois encore, Jérémie avait l’air de ne pas savoir par où commencer.

- Tu n’étais pas obligée de venir aussi tôt. On n’ira sûrement qu’après les cours.
- Peut-être que vous pouvez déjà m’apprendre davantage de choses sur Lyoko.
- Mieux vaut attendre que tu sois virtualisée, ce sera plus simple, les questions les plus importantes te viendront sûrement à ce moment-là.
- D’accord. Mais sur la partie réelle, quel genre d’attaques peut faire XANA ?
- Sa spécialité en ce moment, ce sont les spectres.
- Des spectres ?

Mathilde fronçait les sourcils. Elle se sentait presque rassurée. Après les monstres que son imagination lui avait montré, ce n’étaient pas des fantômes qui allaient l’inquiéter.

- En fait, ils n’ont pas grand-chose à voir avec des êtres immatériels, avoua Jérémie. Enfin, à une époque, ils traversaient les murs mais aujourd’hui, ils ressemblent davantage à des humains polymorphes. Tu les reconnais à leur air d’automate et à leurs yeux qui font des espèces de scintillements bleus.
- Ils ne seront pas un danger pour toi, intervint Aelita. Si XANA nous les envoie, c’est uniquement pour récupérer des codes qu’il a injecté en Ulrich, Odd, Yumi et moi.
- Pourquoi pas William ?
- On ne sait pas, mentit Jérémie avant que les autres aient pu répondre. En tout cas, pour William comme pour toi, les spectres ne seront pas un problème.

William eut un sourire amer. Jérémie semblait avoir oublié la petite rousse qui leur avait tout bonnement infligé la correction de leur vie…

- Enfin, il n’est pas exclu que tu prennes quelques coups, relativisa Ulrich.
- Je vois. Et sinon, les autres attaques ?

Aelita aurait préféré ne pas détailler mais c’était sans compter Odd qui, la plupart du temps la bouche pleine, s’empressa de raconter à Mathilde les nombreuses fois où ils avaient frôlé la mort.

- Et je te raconte même pas quand j’ai dû combattre Yolande en étant sur-vitaminé ! se vanta-t-il alors qu’ils quittaient le self. Un truc incroyable, si tu avais vu ça !
- Yolande, l’infirmière ?
- Oui, XANA adore contrôler ou prendre l’apparence des gens de Kadic.

Mathilde sourit, contrairement à Yumi. La japonaise venait de franchir le portail et ses sourcils s’étaient froncés. Jérémie ayant donné la nouvelle au petit-déjeuner, elle ne savait pas encore que Mathilde avait changé d’avis.
Comme si cette journée n’était pas déjà assez déprimante… Yumi avait fait un cauchemar dont elle ne se rappelait plus mais qui l’avait réveillée en pleine nuit. Elle avait manqué son réveil, était partie en retard sous les remontrances de sa mère et voilà qu’elle trouvait Mathilde avec ses amis.
Elle avait une violente envie d’aller se recoucher.

- Salut.
- Salut, Yumi ! Comment tu vas ?

La sonnerie recouvrit la voix de William et permit à Yumi de partir en faisant semblant de ne pas avoir entendu. Forcément, Ulrich ne lui avait pas accordé un regard. Coïncidence ou volonté de la rendre jalouse ? Elle ne savait pas et préférait ne pas y penser.
William la suivit sans faire de commentaire. Jérémie et les autres se dirigèrent vers leur salle de cours, Odd continuant à raconter leurs aventures – ou plutôt ses exploits – à Mathilde. Ce ne fut qu’une fois l’heure de mathématiques bien entamée qu’Aelita réalisa quelque chose.

- Dis, Jérémie, ce n’est pas que la réponse m’intéresse vraiment mais…
- Quoi ?
- Où est Laura ?


***



- Écoute, jeune fille, j'en ai marre qu'on essaye de me faire prendre des estomacs pour des lampions !
- Monsieur Morales, je vous assure, je ne me sens pas bien du tout.
- C’est cela oui ! Ne m’oblige pas à appeler le proviseur ! Enfile ton pyjama et va en cours ! Euh… je veux dire, enfile des vêtements autres que ton pyjama et va en cours !
- Monsieur, je vous jure que…
- Jim, ça fait un quart d’heure que je vous cherche partout ! Qu’est-ce qui se passe ?
- Miss Gauthier refuse d’aller en cours.
- Je me sens vraiment mal, Monsieur Delmas. Est-ce que je pourrais rester dans ma chambre, juste pour la matinée ?
- Hum…. Il serait préférable que vous alliez faire un tour à l’infirmerie.
- Je réagis mal aux médicaments, j’ai juste besoin de sommeil.
- Monsieur le proviseur, je vous rappelle que Yolande est absente jusque demain.
- Ah oui, c’est vrai. Hum… Vous auriez été Della Robbia, j’aurais eu des soupçons, mais étant donné votre dossier… Vous avez l’autorisation de rester ici ce matin. Jim, vous viendrez jeter un coup d’œil de temps en temps pour vous assurer que tout va bien. Mademoiselle Gauthier, laissez la porte ouverte.
- Comme vous voudrez, Monsieur.
- Reposez-vous bien, Monsieur Belpois vous donnera les cours de la matinée.

Laura hocha la tête. Jim et Delmas quittèrent la pièce et elle attendit d’entendre leurs pas dans l’escalier pour sortir de son lit. Elle s’assit devant son ordinateur, l’oreille tendue.
Se reposer ?
Les adultes avaient décidément des idées singulières.


***



- Pas trop nerveuse ? demanda Aelita.
- Si, un peu, avoua Mathilde alors qu’elles entraient dans l’usine.
- T’inquiète, je suis certain que tu vas assurer !

La brunette rougit face au clin d’œil d’Ulrich. Il attrapa un câble et imita Yumi qui venait d’atterrir devant le monte-charge. Il adressa au passage un sourire innocent à la japonaise, réponse ironique à son visage froid.
Non sans un mouvement d’hésitation, Mathilde attrapa à son tour un câble. Elle trébucha à l'atterrissage et ne dut qu'aux réflexes de Odd de ne pas finir le nez pas terre.

- D’après vous, quelle forme je vais avoir sur Lyoko ? demanda-t-elle pour détourner l'attention.
- Normalement, le scanner se base sur ton inconscient pour déterminer ton apparence mais le résultat peut être inattendu. Demande à Odd !
- Très drôle, Einstein. Tu veux vraiment que je dévoile à quoi toi, tu ressemblais ?

Les joues de Jérémie se colorèrent et Aelita s’empressa d'appeler le monte-charge. Mathilde y jeta un regard suspicieux, comme si elle doutait de sa fiabilité. Cependant, elle n’osa pas faire de réflexion et suivit les autres à l’intérieur.
La journée lui avait paru incroyablement longue et étrangement rapide. Pour la première fois de sa vie, elle avait peiné à rester concentrée sur les cours, l’esprit trop envahi par ce qui pouvait l’attendre sur Lyoko. Ulrich avait pris le relais de Odd pour lui expliquer, dans une optique plus pratique, les différents monstres et leurs faiblesses. Ainsi, elle savait que les Megatanks étaient difficiles à combattre par leur capacité à protéger le symbole de XANA permettant leur destruction mais moins que les Tarentules et leur feu nourri. À ce stade, Odd était intervenu pour dire que cela dépendait du style de chacun et avait recommencé à décrire la manière dont il s’en sortait à chaque fois. Il avait fallu un rappel d’Ulrich sur le fait que Mathilde lui avait déjà mis un râteau pour qu’il adopte un peu plus d’humilité.
Alors que le monte-charge s’arrêtait, la potentielle nouvelle réalisa soudain une chose. On lui avait beaucoup parlé de Lyoko à l’heure actuelle mais d’où sortait cet étrange monde ? Pourquoi une solution définitive n’avait-elle pas déjà été trouvée ? Quels liens les Lyoko-Guerriers entretenaient-ils vraiment ? Laura par exemple. Bien sûr, même de l’extérieur, on voyait bien qu’elle n’était pas vraiment la plus intégrée dans le groupe mais pourquoi l’avoir choisie alors ? Personne n’avait pris la peine d’aller voir si elle allait bien. Jim avait dit à Jérémie de lui donner les cours ce soir, sans que cela inquiète quiconque sur son état de santé. Et cette distance que semblait conserver William vis-à-vis des autres…
Rien que pour satisfaire sa curiosité, Mathilde espérait aimer Lyoko.
Elle battit plusieurs fois des paupières en découvrant le laboratoire mais Jérémie ne lui laissa pas le temps de poser des questions dont elle n’aurait d’ailleurs pas compris les réponses.

- Tu vas partir avec ceux qui ont le plus de codes. Comme ça, en cas d’attaque de spectre, nous aurons moins à perdre. Yumi, Ulrich, William, vous êtes d’accord ?

Si les deux garçons hochèrent la tête, Yumi se contenta d’un vague haussement d’épaules et Odd poussa un hurlement d’indignation.

- Depuis quand William a plus de codes que moi ?
- Pardon Odd, je me suis trompé. Tu plonges avec Ulrich et Yumi.
- On échange, proposa Aelita en remarquant que la japonaise faisait la moue.
- Mais…
- Jérémie, ici, on a le temps de voir arriver un spectre. Ulrich est doué côté vitesse, on saura réagir rapidement si une tour est activée.
- Je suis pour, signala Yumi. Relax, Jérémie, je préfère rester. Ce sera plus judicieux de me rendre sur Lyoko quand on sera certains que XANA nous a envoyé un spectre. Si j’y vais maintenant et qu’il attaque dans douze heures, on prend plus de risques.
- Ok. Aelita, tu descends avec les autres.

Yumi eut un sourire victorieux. Son regard se planta sur Ulrich comme pour dire « Vas-y, moi je reste avec William, oui, William ».
Pour une fois, le samouraï fit preuve de lucidité et comprit très bien le message. Il avança avec une mine sombre vers le monte-charge. Les autres le suivirent dans un silence qui régna jusqu’à la salle des scanners.
Mathilde avait l’impression de ne plus respirer. Elle observa les trois colonnes et leurs épais câbles, se demandant enfin si elle ne faisait pas une bêtise. Tout à coup, les discours de Jérémie et Aelita lui paraissaient surréalistes. Qu’allait-il vraiment lui arriver lorsqu’elle entrerait dans ce cylindre ? Et si tout cela n’était qu’une mauvaise blague ? Et si sa crédulité se retrouvait à la une dans "Les Échos de Kadic" ?
Ou pire, si tout cela était réel ? Si elle plongeait dans un monde virtuel sans pouvoir en revenir ? Ou si la virtualisation se passait mal et qu’elle y laissait sa peau ?
Aelita lui serra brièvement la main.

- Tu peux encore faire demi-tour, tu sais.

Mathilde secoua la tête.

- Honneur aux dames, résonna la voix de Jérémie.

La gorge nouée, Mathilde imita Aelita et entra dans un des cylindres.

- Transfert Mathilde.

La jeune fille frissonna alors que les portes se fermaient devant elle. La lumière s’accentua, l’obligeant à fermer les yeux, et elle se mordit la lèvre en sentant ses pieds quitter le sol.

- Transfert Aelita.

Alors que la lumière brillait davantage dans le cylindre, Jérémie observa l’image qui apparaissait sur son écran. Ses yeux s’écarquillèrent derrière ses lunettes.

- Alors ça…
- Jolie ! s’exclama William, plus expressif.

Yumi ne daigna pas s’approcher pour regarder par-dessus son épaule. Si même lui s’y mettait…

- Jérémie ? Il y a un problème ?
- Non, j’arrive. Scanner Mathilde, scanner Aelita. Virtualisation.

Mathilde eut l’impression qu’une multitude de fourmis couraient sur son corps. Pas désagréable, la sensation la fit frissonner à nouveau. Ses cheveux se soulevèrent sur son crâne et une décharge sembla la traverser des pieds à la tête.
Son cœur remonta dans sa gorge lorsqu’elle se sentit tomber. Elle heurta le sol sans souffrir et se redressa, légèrement désorientée.

- Comment tu te sens ? demanda une voix.

Mathilde tourna la tête et aperçut Aelita. Toutefois, ce n’était pas l’Aelita qu’elle connaissait. Des oreilles pointues dépassaient sous ses mèches et elle était vêtue d’une combinaison rose et violette.

- Je vais bien, répondit Mathilde avec un petit sourire. Sympa ta tenue !
- La tienne n’est pas mal non plus. Je ne pensais pas du tout que tu ressemblerais à ça !
- Pourquoi ? s’inquiéta Mathilde.

Sans attendre de réponse, elle baissa les yeux et ne put retenir un cri de surprise. Elle était vêtue de noir, ce qui ne la choquait guère. En revanche, jamais elle n’aurait acheté ces hautes bottes à talons et ce pantalon moulant. Bien que finalement, pantalon soit peut-être un terme inapproprié. En effet, il était recouvert d’une sorte de mini-jupe plissée mais aucune séparation n’apparaissait entre le haut et le bas. Le haut, d’ailleurs, plaisait davantage à Mathilde. Les longues manches, rattachées à mi-bras par une épingle à nourrice, se terminaient en mitaines qui, comme le reste de la tenue, semblaient faites en cuir.

- Ce n’est pas un peu vulgaire ? murmura-t-elle d’une voix hésitante.
- Non, juste sexy !

Sur Terre, les joues de Mathilde seraient devenues écarlates, bien plus que celles de Yumi, roses de colère. Odd et Ulrich venaient d’apparaître. Si la tenue du second était plus sobre que celle d’Aelita, l’énorme chat violet qu’était devenu le premier attirait l’œil.

- Merci.
- De rien.

Mathilde crut qu’elle allait mourir de honte. Ulrich alla jusqu’à lui adresser un clin d’œil avant de se rendre compte que son manège était inutile, Yumi ne pouvant pas le voir.

- Alors, comment tu te trouves ?
- Pas trop mal. Enfin, un peu… euh…
- Je vois.
- Bienvenue sur le Territoire Désert, Mathilde !

La jeune fille regarda autour d’elle. Le nom n’avait rien de très original. À perte de vue, il n’y avait que du sable, parsemé parfois de blocs rocheux et de dunes plus hautes que sa maison.

- Dommage que la banquise n’existe plus, je pense que ça t’aurait davantage plu, s’excusa Aelita.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Trop longue histoire, intervint Jérémie. On t’expliquera plus tard. Tu te sens bien, ça va, prête à bouger ?
- Oui mais attendez… Je n'ai pas d'arme ? demanda Mathilde en remarquant les deux sabres qui dépassaient derrière les épaules d’Ulrich.
- Je crois que si.

Mathilde baissa de nouveau les yeux. Un bâton d'une vingtaine de centimètres battait contre sa cuisse, attaché à une ceinture invisible.

- C'est ça mon arme ? s'exclama-t-elle, déçue. Je m'en sers pour quoi ? Je le lance en demandant aux monstres de me le rapporter avant de leur donner un susucre ?

Yumi leva les yeux au ciel. Plus aimable, Aelita conseilla à Mathilde de prendre le bâton en main afin d'observer une éventuelle réaction. Et son instinct vit juste.
Une fois serré fermement dans la paume de sa propriétaire, l'arme passa de bâton à fouet. Un fouet étrange, fascinant, où la lanière de cuir était remplacée par un courant d'énergie crépitant, en perpétuel mouvement, qui projetait sur l'ocre du désert une lueur bleutée.

- Trop classe ! se réjouirent simultanément Odd et Mathilde.

Toute déception oubliée, la jeune fille inclina le poignet. Le courant d'énergie tourbillonna en une spirale scintillante. Un mouvement plus vif et le fouet frappa le sol dans un claquement sec.

- Finalement, ça me va, sourit Mathilde.

Elle approcha le manche de sa cuisse et il s'y accrocha de lui-même, faisant disparaître le flux énergétique.

- Tu vas avoir du mal contre les Mégatanks et les Krabes mais tu vas faire un malheur avec les Kankrelats !
- On les dévirtualise simplement en touchant leur signe, c’est bien ça ?
- « Simplement », si on veut…
- Vous allez commencer par un petit tour rapide. Ensuite, vous ferez quelques combats entre vous, annonça Jérémie. Je vous programme vos véhicules.

Alors qu’Aelita s’envolait, l’overbike et l’overboard apparurent. Ulrich échangea un regard avec Odd. Qui allait prendre Mathilde derrière lui ?

- Ne rêve même pas, mon pote, avertit Odd.

Pourtant, la jeune fille ne leur prêtait pas la moindre attention. Elle fixait la finesse des ailes d’Aelita, leur contour délicatement ciselé, leur transparence rosée, la légèreté avec laquelle elles maintenaient leur propriétaire en l’air.
Aelita était un ange. Doux et sublime.

- Tu es magnifique.
- Merci.
- Mon surf est à vous, princesse ! lança Odd en s’inclinant.
- Tiens, ce n’est plus moi ta princesse ? se moqua Aelita.

Mathilde n’eut pas le temps de répondre. Un cri d’Ulrich la devança.

- Jérémie ! Je crois que XANA a créé une nouvelle sorte de monstre !

Les Lyoko-guerriers se retournèrent et Aelita poussa un cri.
Un loup noir était debout face à eux, si énorme qu’il dépassait d’une bonne tête Mathilde, la plus proche de lui. Ses babines retroussées laissaient apparaître des crocs acérés et lorsqu’Aelita envoya un champ de force dans sa direction, il n’eut besoin que d’une légère impulsion pour que ses énormes pattes le propulsent à trois mètres du sol. Il effectua une pirouette en plein saut et atterrit hors de portée des adolescents.

- Mathilde ! Reste derrière moi ! ordonna Ulrich.

Odd tira une volée de flèches lasers. À la stupeur générale, le loup se faufila entre chacune d’elles sans aucune difficulté. Alors qu’Ulrich dégainait ses sabres, la voix de Jérémie s’éleva, moqueuse.

- Voyons, ce n’est pas comme ça qu’on accueille un ami ! Mathilde, je te présente ton « véhicule ». Petit cadeau de bienvenue.

Les regards allèrent de la brunette au loup, sans comprendre. Inconscient du trouble qu’il générait, l’animal avança pour se poster de profil face à Mathilde qui n’hésita pas. Elle attrapa une touffe de poil et se hissa sur le dos du loup comme si elle l’avait fait toute sa vie. Une fois juchée sur sa monture, son visage s’illumina.

- Merci, Jérémie !
- Y a pas de quoi ! Alors, niveau fonctionnement, c'est simple. Il est sensible à la voix et aux mouvements.
- Euh… D’accord.
- Tu ne crois pas que trouver un moyen de vaincre XANA est plus utile que de programmer ce genre de chose ? soupira Yumi.
- Je ne pense pas, non. Je comptais l’utiliser pour convaincre Mathilde de nous rejoindre, je suis presque déçu. Et ne me regarde pas comme ça, dans tous les cas, c’est un allié supplémentaire.
- Pourquoi ne pas en créer une armée entière alors ?
- Parce que je cherche quand même un nouveau programme contre XANA.

Yumi ne fut pas la seule à froncer les sourcils face à l’argument. Aelita avait beau rester muette, elle se sentit étreinte par la jalousie. Jérémie savait combien elle craignait les loups. Pourtant, il en virtualisait un sur Lyoko ! Juste pour faire plaisir à Mathilde !
Mais le bonheur qui transfigurait le visage de la nouvelle interdisait des pensées aussi mesquines. Penchée sur sa monture, à moitié invisible dans ses poils, Mathilde avait un sourire rayonnant.

- On fait la course ? lança-t-elle à Aelita, toute timidité oubliée.

L’ange lui sourit et, pour toute réponse, fendit le ciel droit devant elle.

- Allez, cours ! ordonna Mathilde au loup.

Il bondit en avant. La puissance du mouvement faillit désarçonner sa cavalière mais très vite, elle apprécia sa foulée souple et rapide.
Un bruit de moteur résonna derrière elle. Certainement Ulrich qui les suivait. D’un bref regard en arrière, Mathilde remarqua que le loup gardait une bonne avance. Aelita avait parlé d’une vitesse incroyable que possédait Ulrich. Peut-être qu’en contrepartie, son véhicule n’avait pas besoin d’être rapide.

- Alors ? lui lança Odd en se portant à sa hauteur, debout sur son surf volant.
- Pour l’instant, je n’ai rien à redire !
- Nickel ! Le dernier arrivé paye son croissant !
- Ce sera forcément toi, je n’ai pas de croissant moi le matin !

Sans attendre de réponse, Mathilde se pencha davantage. Le loup accéléra. Bien que ce soit le but recherché, la jeune fille s’étonna. Comment un simple programme informatique pouvait-il réagir aussi bien ? Quelles lignes de code avait exécuté Jérémie ? Elle ne sentait même pas la douceur des poils sous ses doigts, comment le loup pouvait-il, lui, ressentir les mouvements de son corps ?
Elle secoua la tête.
Tout fonctionnait. Peu lui importait de savoir d’où cela venait.
Odd n’eut aucun mal à la doubler. Il s’amusa même à surfer contre des roches, enchaînant les acrobaties. Mathilde eut presque envie de lui dire qu’Ulrich avait raison et qu’elle avait déjà repoussé ses avances. Cette simple pensée la surprit. Elle se sentait tellement sûre d’elle ici.
Pour une fois, elle n’avait pas peur.
Aelita s’était immobilisée pour l’attendre tandis que Odd faisait demi-tour et rejoignait Ulrich.

- Viens, je vais te montrer la Mer Numérique.

Les deux filles virèrent à gauche et parcoururent encore plusieurs mètres avant que le plateau ne s’arrête. Sans descendre du dos de son loup, Mathilde regarda en contrebas. Était-ce simplement le ciel doré qui se reflétait dans l’eau ou celle-ci avait-elle naturellement cette teinte jaune ? Elle n’aurait su le dire mais l’océan n’avait rien d’effrayant.

- C’est joli.
- Si tu tombes dedans, tu es virtualisée définitivement.

Mathilde frissonna. Rien d’effrayant…

- Concrètement, ça veut dire qu’on… qu’on meurt ?
- Oui.
- Super encourageant.
- Ne t’inquiète pas, en général, Jérémie nous dévirtualise avant.
- En général ? s’étrangla Mathilde, ses doigts serrant un peu plus fort les poils du loup.
- Il n’y a qu’une fois où il n’a pas eu le temps et c’était il y a plusieurs années. On a quand même réussi à s’en sortir.
- Pourquoi s’il a réussi à s’en sortir une fois, vous ne vous en sortez plus maintenant ?

Aelita n’eut pas le temps de répondre.
Une volée de flèches laser venait de s’écraser dans son dos.
Mathilde resta quelques secondes les yeux ronds, la bouche ouverte, regardant l’avatar d’Aelita disparaître dans une nuée de pixels blancs. Avant de se retourner, elle eut le réflexe de faire bouger son loup. Il se déplaça de plusieurs mètres en un seul bond, ce qui lui permit d’éviter d’être frappé par une seconde volée de projectiles.

- Cours ! cria Mathilde.

Le loup détala. Accrochée de toutes ses forces à son dos, sa cavalière jeta un bref regard derrière eux. Odd les suivait sur sa planche ou plutôt, il les chassait, aucun doute là-dessus.

- Jérémie, qu’est-ce qui se passe ? hurla-t-elle.
- XANA a envoyé un virus qui a fait planter mon radar. Je ne vois plus la carte et surtout, je ne vous vois plus toi et les autres, pas plus que les monstres.
- Je m’en moque de ça ! Dis-moi plutôt pourquoi Odd me tire dessus !
- Hein ?

La voix d’Odd répondit avant celle de Mathilde, résonnant dans sa tête.

- Jérémie ! Ulrich vient d’essayer de me balancer un sabre !
- Qu’est-ce que tu racontes, je ne sais même pas où t’es !

- Des clones ? devina Mathilde, toujours penchée sur son loup au galop.
- Vraisemblablement. Essayez de vous rejoindre tous les trois. Ulrich, Odd, vous pouvez faire confiance à Mathilde, XANA ne pouvait pas prévoir qu’elle serait là et n’a certainement pas eu le temps de créer un avatar à son effigie.
- Bouge !

Cette fois, Mathilde entendit la voix par ses oreilles. Elle releva la tête et aperçut Ulrich qui se dirigeait vers elle, sa moto lancée à pleine vitesse.

- Bouge ! répéta-t-il.

Mathilde appuya de toutes ses forces contre la joue gauche du loup. Celui-ci se déporta vers la droite, croisant d’un poil Ulrich. Le samouraï sortit ses sabres, se mit debout sur sa moto, et effectua un saut périlleux, tranchant en plein vol Odd. Au lieu de disparaître dans des flocons blancs semblables à ceux d’Aelita, il éclata en pixels rouges.

- Tu vas bien ? lança Ulrich à Mathilde, arrêtée un peu plus loin.
- Oui, je crois.
- Super. Techniquement, il reste un faux Ulrich dans les parages. On se le fait à deux ?

Mathilde porta la main à sa cuisse pour attraper son fouet mais préféra demander avant :

- Jérémie ?
- Allez-y, ce sera un entrainement un peu plus stimulant qu’entre vous.
- D’accord.
- Tu me laisses une place ? demanda Ulrich. Ma moto a fini dans la Mer Numérique.
- J’ai vu. Je t’en prie, grimpe !

Yumi serra les poings. Pourquoi était-elle restée là ?
Sans se rendre compte de la jalousie qu’elle générait, Mathilde saisit son arme. La lanière énergétique se déploya, ondulant indépendamment de la course du loup.

- C’est vraiment joli, complimenta Ulrich.
- Merci.

Les bras du jeune homme serrés autour de sa taille firent rougir Mathilde. Si on lui avait décrit une telle situation deux semaines plus tôt ! Elle n’était pas vraiment amoureuse d’Ulrich mais elle faisait partie de la multitude de lycéennes à craquer pour le charme ténébreux qu’il dégageait.
Quoiqu’entre être enlacée par Ulrich et chevaucher un loup, elle préférait de loin la deuxième nouveauté.

- Va vers la droite, j’ai entendu du bruit, lui signala-t-il.
- Bien joué ! confirma-t-elle en voyant une autre moto filer vers eux.
- Vas-y. Je te le laisse.

Mathilde eut alors une très étrange sensation. Elle ressentait la même adrénaline que lorsque son cœur s’accélérait, sauf que son cœur ne battait pas.
Cela ne l’empêcha pas de lever le bras, prête à frapper. Ulrich était rapide mais le fouet avait l'avantage de la longueur.
Les choses se passèrent comme Mathilde l’avait prévu.
Au moment où la moto arrivait à sa portée, elle donna le premier coup. Le flux d’énergie bleuté frappa Ulrich en pleine poitrine, l’éjectant de son véhicule sans le dévirtualiser. Il glissa sur une dizaine de mètres avant de lever la tête. Le loup était déjà à sa hauteur.

- Mathilde, c’est moi !

Mais le fouet avait déjà frappé à nouveau.
Sauf que cette fois, ce furent bien des pixels blancs qui remplacèrent l’avatar.
Mathilde comprit trop tard. Autour de sa taille, les bras d’Ulrich avaient été remplacés par des lames.


***



Ce fut Odd qui accueillit Mathilde quand elle réapparut dans le scanner. Le corps tremblant, elle trébucha sur le rebord du cylindre avant de s’écrouler contre le jeune homme.

- Viens, assis-toi, conseilla-t-il.

Mathilde le suivit sans protester, les larmes aux yeux.
Elle avait été lamentable.

- Allez, ça peut arriver à tout le monde ! tenta de relativiser Ulrich qui n’avait pas pris la peine de retourner au labo. Jérémie ne pourra pas t’en vouloir, il ne t’a pas incitée à vérifier que tu étais avec le bon moi.
- J’aurais dû y penser toute seule, lui poser des questions.
- Il y a beaucoup à assimiler du premier coup. Les prochaines fois seront mieux.

Mathilde ne répondit pas. La tête baissée, elle ne sentait pas les petites tapes amicales de Odd dans son dos, elle ne regardait pas Ulrich debout devant elle. Ses pensées allèrent vers ce que lui annoncerait Jérémie puis furent effacées par un pincement au cœur.
Son loup avait dû également être dévirtualisé. Mais lui ne la suivrait jamais ici. C’était un programme, de bêtes lignes de code au sein d’un ordinateur.
Pouvait-elle mettre tant d’espoir et de bonheur dans une chose aussi irréelle que Lyoko ?

- Allez, faut rejoindre les autres, finit par lui signaler Odd.

Avec un vague haussement d’épaules, furieuse contre elle-même, Mathilde rejoignit le monte-charge. Aelita, Yumi et William entouraient Jérémie qui pianotait fébrilement sur son clavier.

- Bon, le problème du radar n’était pas super compliqué à réparer, annonça-t-il. On dirait que XANA ne cherchait pas à impacter réellement le système.
- Il nous méprise, marmonna William. Il se fout littéralement de nous.
- C’est une bonne manière de traduire les choses, oui. Aucune tour activée, il voulait simplement nous faire partir.
- Peut-être qu’il effectue des tests lui aussi, supposa Aelita avec une grimace. Le bug a été facile à résoudre mais il en annonce sûrement un plus coriace.
- Et moi ?

Les têtes se tournèrent vers Mathilde. Elle était pâle, plus pâle qu’en arrivant. Jamais l’opinion des autres n’avait vraiment compté pour elle. Alors pourquoi avait-elle l’impression de vivre les plus importantes minutes de sa vie ?
Parce que je me suis sentie bien sur Lyoko. Vraiment bien. Parce que c’est une esquisse de ce dont j’ai toujours rêvé, parce qu’il y a enfin de la magie dans ma vie. Parce qu’il y a enfin quelque chose dans ma vie.

- On ne peut pas dire que tu as eu le temps de briller, répondit honnêtement Jérémie. D’un autre côté, Odd et Aelita se sont faire avoir facilement aussi donc… Je serais pour te faire faire un second essai.
- On vote ? devina Odd. Qui est contre ?

La main de Yumi se leva immédiatement, évitant à Mathilde la souffrance d’en voir d’autres suivre. Elle s’attendait à cette réaction et doutait que cela soit uniquement dû à sa performance sur Lyoko.

- Tu es trop impulsive et on a eu l’occasion de voir où ça menait par le passé. Tu n’arrives pas à prendre une décision seule, tu ne te méfies pas assez, tu manques de rapidité. Tu ne seras pas utile sur Lyoko, c’est évident.
- Yumi, tu es injuste.

Mathilde sourit à Aelita qui tentait de la défendre. Jérémie eut l’air d’hésiter, puis il secoua finalement la tête.

- Désolée Mathilde, on a toujours été d’accord sur le fait qu’un seul non signifiait un refus de la part de toute l’équipe.
- Je comprends…

Elle n’avait même pas le courage de protester.
Bouge-toi ! hurla une voix dans sa tête. Pourquoi tu laisses une telle chance te passer sous le nez sans rien dire ? Pourquoi ?

- Qu’est-ce que… Qu’est-ce qu’on fait du coup ?
- Je vais lancer un retour vers le passé. Tu vas oublier que tu es venue sur Lyoko et quand tu m’appelleras en pleine nuit, je te dirai que nous ne pouvons pas te prendre dans l’équipe.
- Attends, depuis quand c’est possible d’être touché par le retour vers le passé une fois qu’on est enregistré dans la mémoire du Supercalculateur ? s’étonna Yumi.
- J’ai un programme expérimental, j’y travaille depuis quelque temps au cas où… Enfin, au cas où.
- Je ne veux pas oublier ! S’il te plaît, Jérémie, je ne dirai rien à personne !
- De toute façon, on est coincé, signala Aelita. Remonter le temps sur deux semaines serait prendre un risque et que ce soit hier ou aujourd’hui, nous n’avons pas plus de certitude qu’elle garde le secret. Personnellement, je lui fais confiance.
- Moi aussi, répondirent spontanément Ulrich et Odd.

William ne se prononça pas, son visage affichant une totale neutralité. Seule Yumi restait méfiante.

- D’accord, céda Jérémie. Pas de retour vers le passé. Mais tu es sûre que tu ne veux pas oublier ?

Mathilde comprit la question. Serait-elle assez forte pour vivre avec le souvenir d’un bonheur qui ne se renouvellerait jamais ?

- Oui.
- Comme tu veux.

Je veux retourner sur Lyoko. Je veux vous aider. Je ne veux pas retrouver mon rôle de fille intelligente et trop sage. Je veux rester avec vous.
Les mots se bousculèrent dans la tête de Mathilde.
Aucun ne franchit ses lèvres.


***



Penchée sur l’encolure du cheval virtuel, Christelle galopait vers les montagnes. Le calcul de coordonnées pouvant être aléatoire sur Caldin, le boss avait préféré la faire apparaître au même endroit que Sandra habituellement. Elle en avait pour quelques minutes de chevauchée.
Quelques minutes où on ne s’intéresserait pas à elle et où elle pouvait rester concentrée sur sa mauvaise humeur.
La découverte de sang sur Caldin avait bouleversé l’équipe. Pas dans un sens émotionnel bien sûr. Tout le monde se fichait éperdument de savoir si la chose blessée allait bien. Ce qui préoccupait les scientifiques autant que le boss, c’était de savoir comment et pourquoi ce sang était présent. Que ce soient pour les monstres ou Sandra, les blessures ne causaient pas de dommages physiques puisque ni eux, ni elle, n’existaient vraiment, ils n’étaient que des programmes ou un avatar. La dévirtualisation finissait par intervenir mais elle laissait le corps intact. Saigner sur Caldin était tout simplement inimaginable. Pour le boss, cela ne signifiait qu’une chose.
Une personne ou créature étrangère se trouvait dans son précieux monde virtuel.
Sandra devant partir pour la France, Christelle avait été promue « exploratrice ». Ou plutôt cobaye. Pas du tout le job qu’elle recherchait.
Avec un soupir inaudible, elle descendit de sa monture. Évidemment, les boutonneux à lunettes n’avaient pas été capables de trouver une réponse sur leurs écrans. À quoi servaient leurs radars, elle se le demandait.
Allez, concentre-toi sur les points positifs. Vas-y.
Christelle balaya les environs du regard. La neige ne lui faisait ressentir ni froid, ni humidité, c’était déjà ça.
Le paysage était joli.
La…
Qu’est-ce…
Pour rapide que soient les connexions nerveuses, elles ne suffirent pas à Christelle pour terminer sa pensée. Son corps fut coupé en deux et tomba très gracieusement sur la neige. Aucun flocon n’apparut autour de sa peau et elle resta là, morte, abreuvant le sol glacé d’un sang écarlate.

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Dernière édition par Ellana le Mer 29 Avr 2020 21:00; édité 7 fois
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Ikorih MessagePosté le: Jeu 05 Mar 2015 22:36   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Localisation: Sûrement quelque part.
Hey! Parce que faudrait que je reprenne le boulot, je saute sur l'occasion de commencer par ici. Parce que voilà. Et parce que c'est toi, ceci sera fait avec un peu de Deathstars dans les oreilles.

Du coup, ce chapitre est centré sur Mathilde. Sans blague? *meurt*
Et je trouve que c'était pas trop mal mené. A certains moments sur Lyoko ça rappelle atrocement les Mary Sue de base. En plus, les réactions de jalousie de toutes les nanas du groupe renforçaient ça, mais après c'est des connasses en même temps donc tu peux utiliser ça comme bouclier. Ou alors, j'ai failli émettre un WTF à la fin du virtuel, mais le twist du clone ou pas clone a bien rectifié tout ça. Alors on s'en remettra. Et puis ensuite, sa réaction d'effondrement psychologique alors qu'on la vire de la bande était bien décrite. Franchement, j'ai aimé. Elle se trouve face à l'échec désarmant et ne peut rien faire pour ça, le fait qu'elle manque de se mettre à pleurer (avec les autres incapables de faire quoi que ce soit d'utile) est tout à fait justifié. Bon et encore une fois, Yumi est une salope mais....oh wait c'était un pléonasme!
J'ajoute sinon pour le passage de Lyoko qu'elle aurait peut-être pu être plus surprise par l'absence de sensation, ou par l'environnement.

Bon sinon le loup virtuel ne surprend personne. Par contre, la tenue cuir moulante avec le fouet....Ellana, tu nous caches des choses?

On a quelques pistes de lancées avec Caldin où la dénommée Christelle se fait trouer à la Dark Maul, et puis Laura qui simule la maladie aussi bien que Willismine la tristesse (souvenons-nous de la réaction désarmée de Zéphyr devant ses pleurs factices)...Mh, c'est fourbe tout ça. Mais j'ai la flemme de faire des hypothèses ce soir. Faut pas trop en demander pour un com' de reprise (a)!

Dans la liste des commentaires inutiles, j'aime le titre. Même si le chapitre ne traite pas tout à fait de rage, je trouve, la réaction de Mathilde s'apparente plus à de la frustration face à l'échec et à un peu de désespoir. Mais osef, pour la gloire des sonorités...(et puis merde quoi, appeler un chapitre "Totally Spies"?!)
Le caméo d'Heidi est salué pour sa connexion avec la série et l'augmentation du réalisme.

Sur ce, la pleine lune brille, et je me dois d'aller jouer au loup-garou. Tu apprécieras sans doute, du coup tu me feras pas la gueule pour ce bout de com' (a) *fuit*
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"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Jeu 05 Mar 2015 23:55   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 14 Sep 2008
Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
bon chapitre.
la fin est plutot étrange est glauque.
mathilde en LG est interessante.
Ellana a peut être des passe temps plutôt hot (impliquant des fouets et des accessoires en cuir noir bien moulant Mr. Green) *fuit à toute jambes pour éviter le fouet de la dominatrice*

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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 16 Mar 2015 17:59   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour chère Ellana,
Votre nouveau chapitre s'ouvre sur un titre des plus étranges, qui outre un mauvais jeux de mots annonce bien les deux points les plus importants de ce qui va suivre.

Bon, Mathilde étant votre nouvelle venue, un chapitre consacré à ses premiers pas sur Lyokô est un passage obligé. En fait dans une certaine mesure c'est un exercice de style, comparer les différents auteurs de ce royaume sur ce seul point serait tout à fait possible. Je garde cet idée en tête.

Quitte à me répéter quant à mon commentaire précédent, la gestion des relations humaines au quotidien est vraiment un des points fort de ce récit. Mathilde en donne une parfaite illustration: coup de fil avec une de ses amies, famille, son arrivée au collège,... On a un aperçu de sa vie de tout les jours.
En même temps, les nuages de la malédiction des lyokoguerriers s'amoncelent. déjà elle est obligé de mentir à tout le monde. Ce qui est intéressant c'est que l'on voit ici se constituer graduellement ce qui dans la série avait toujours été donné comme une évidence. Il y a un pan de relation trop rarement mis en scène qui se dévoile à nos yeux.

Laura est égale à elle-même, à savoir cachottière et irresponsable. Bref, elle n'a pas encore vraiment compris dans quoi elle évolue.

Bien, après ces hors d'oeuvre passons au plat principal, Lyokô. Tout d'abord la tenue de Mathilde est assez étonnante ; cela dit le fouet promet d'être une arme des plus intéressante. Tout cela est dans la lignée du dessin animé au fond. les tenues des autres guerriers sont tout aussi étonnante si on y réfléchit. Franchement, seul William n'avait pas l'air trop étrange; Il était même plutôt épuré.

Pour le loup, Jérémie s'est quand même cassé la tête à créer un artefact diablement complexe. Le fait qu'il n'ait prévenu personne est assez surprenant.

Les pointes de jalousie féminines chez Yumi et Aelita sont assez surprenante. Autant chez Aelita le naturel conciliant reprend vite le dessus, autant Yumi se montre solidement cabocharde.

L'étonnement de Mathilde face à Lyokô est rafraîchissant et nous rappelle ce que nous avions nous-même éprouvé à la découverte de cet univers.

Je ne partage pas l'avis du Prince de glace lorsqu'il dit que Mathilde penche un peu vers la mary sue: nos héros aussi ont eu des coups de chance et des éclairs de génie sur Lyokô au départ. C'est la chance du débutant.

L'attaque de Xana été rondement menée, et puis cela fait plaisir de le voir réussir quelquechose de temps à autre.

En guise de fromage, nous avons la délibération sur l'intégration définitive de Mathilde; outre que l'on peut se demander si cela est bien nécessaire et utile de le faire maintenant que Mathilde a été virtualisé, les arguments de Yumi sont assez faible, pour ne pas dire faux. Elle reproche de l'impulsivité ? Mathilde ne l'a été qu'à la hauteur de ce que ses mentors lui ont demandé. En plus à ce tarif-là, Odd et Ulrich ne devrait plus faire partie de la bande...

Enfin, le dessert. Caldin continue à nous intriguer. Il faut dire qu'avec le sang, vous nous poser une très jolie énigme, vu qu'il paraissait acté que l'on ne saigne pas dans les univers virtuels.

Au final, c'est un chapitre plaisant de mise en place de l'histoire. A ce titre ce n'est pas l'un des plus palpitant, il apporte peu de réponse et ne vous donne pas l'occasion de faire briller votre style. Néanmoins il continue de lancer l'intérêt du lecteur.

Au plaisir de vous lire encore.
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Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Ellana MessagePosté le: Mer 25 Mar 2015 19:09   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
*Ellana valide le choix musical mentionné par Ikorih*

Contente que ça t'ait plu. Je ne voulais pas que Mathilde ait l'air trop badass sur Lyoko, justement pour éviter le Mary Sue dont Zéphyr avait déjà parlé avant. En même temps, c'est difficile de diminuer encore son niveau quand on voit la manière dont se démerdait les autres LG dans leur premier combat ! Razz

L'absence de surprise face à l'univers différent est lié au choc de Mathilde face à sa tenue, car NON, ni elle (ni moi !) ne sommes SM... Elle est perturbée d'abord, puis émerveillée par le loup et finalement prise dans l'action.
Des éclaircissements sur la tenue seront bien sûr apportés plus tard (et j'en profiterai pour ajouter aussi un passage sur le manque de sensation, effectivement, ça peut être intéressant à montrer =) Merci pour cette remarque ! )

Le « Totally Spies » était justifié à la base, vraiment mais ensuite, je m'en suis trop éloignée. Sauf que, c'est certain : il reviendra (devil)

Merci à Silius pour avoir dénoter autre chose que de la perversité dans l'apparition du fouet. Dois-je vous rappeler que c'est quand même un accessoire fétiche d'Indiana Jones ?! [ouais ça servait à rien de le rappeler... Mais quand même, Harrison Ford était là avant 50 Nuances de Grey...].
Effectivement, le point du loup m'a posé pas mal de problèmes, j'ai dû engager un conseiller technique pour cette histoire d'informatique trop complexe. Mais j'imagine que même les génies ont besoin de se détendre et que la programmation d'une chose nouvelle aère l'esprit. En plus, étant donné que Mathilde avait à la base, refusé l'offre, c'était une manière de l'acheter. Qu'il n'en parle à personne ne me paraît pas choquant, qu'est-ce que cela aurait apporté que les autres sachent avant ?

La jalousie n'est pas choquante chez Yumi à mes yeux mais cela reste une question de point de vue. En tout cas, c'est dans le niveau habituel d'Ulumi Razz

Votre réflexion sur la délibération finale m'a poussée à ajouter une page dans le chapitre 7. Je ne suis pas tout à fait moi-même convaincue, j'ai essayé d'être plus argumentative que lors du premier vote pour William, tout en montrant que Yumi faisait simplement sa chieuse, pardonnez l'expression !


En parlant du chapitre 7... Il aurait dû sortir demain, sauf qu'à force de cogiter et remodeler les prochains passages, le chapitre 8 a un peu changé. Il se termine notamment par une scène dans un endroit que j'ai toujours eu envie de visiter et que je visiterai du coup prochainement Razz Mais afin d'éviter (pour une fois) un trop grand écart entre les chapitres, la publication du 7 patientera ! Jusqu'au 7 avril, tiens, ce sera joli ♥ Et suffisant pour que je prépare mentalement Léana à ce qui va arriver...

A bientôt donc ! ♥

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JCVgamer MessagePosté le: Jeu 23 Avr 2015 13:27   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
[Blok]


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Messages: 170
Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
Bonjour Ellana,

Tout comme la fic de Dyssery en début de semaine, je viens de lire la tienne d'une traite.
Je pense qu'il faut vraiment que je me mette à lire toutes les fic de ce sous-forum, car j'en loupe sûrement des excellentes telle que celle-ci.

Bien, alors une fois de plus mon commentaire sera sur le texte (ah bon ?) dans sa globalité.

Alors que dire ?

Alors l'histoire prends place après l'épisode 13 de CLE, je crois pas avoir lu beaucoup de fic commençant à ce niveau de l'histoire mais j'aime bien le concept. (Il y a juste Laura qui me pose problème mais bref passons ce n'est pas le sujet).
Donc nous avons un X.A.N.A. au meilleurs de sa forme, qui envoie une quantité de monstres assez élevé pour une simple attaque de base, et en plus des spectres qui sont dix fois plus dangereux qu'avant au vue des dégâts qu'ils infligent. Effectivement ça craint.
Donc, Jérémy demande une nouvelle recrue, j'ai trouvé que la proposition était assez soudaine de la part de notre blondinet.
Donc cette proposition est accueilli de manière peu enthousiaste de la part de tout le monde sauf Laura mais fort heureusement pour nous elle ne vas pas aller sur Lyoko (ouf il manquerait plus que ça).
Donc au final c'est Mathilde qui est retenue. (Attends 2 secondes...Mathilde=Ellana, n'y aurait-il pas une sorte de self-insert ? ).
Après des moments d'hésitations celle-ci se décide à accepter une proposition qu'elle avait auparavant refusé. D'ailleurs au passage j'ai trouvé que la réaction Yumi ,par rapport à ce refus, est assez excessive.
Alors si la description de Mathilde sur Lyoko à susciter bien des réactions assez perverses ^^. Moi personnellement elle ne m'a pas posé problème. Un loup en guise de véhicule sur Lyoko ? Ok pourquoi pas ?

Ensuite on a un nouveau personnage dont on ignore beaucoup de chose : Sandra. N'ayant pas beaucoup d'éléments dur son sujet je ne vais pas trop m'étendre sur le sujet. On sait juste que elle veut éliminer Laura (bonne nouvelle ^^). Et que les moyens qu'elle met en oeuvre pour cela semble conséquent, ça promet.
Parlons en de la Laura. Alors, elle n'a pas changé en tout cas, toujours aussi prétentieuse et j'en passe... En tout cas on se demande ce qu'elle trafique, tout ceci ne me dit rien qui vaille. Mais en tout cas cela semble confirmer qu'elle n'a jamais mérité sa place, enfin bon.

Enfin pour ce qui est des personnages secondaires ben je peux pas en dire grand chose pour le moment.

Sinon pour l'instant j'aime bien ta fic et donc j'attend la suite avec impatience.

Au plaisir de lire la suite Ellana.

Bonne journée.
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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MotmotK MessagePosté le: Sam 25 Avr 2015 11:16   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bon, étant donné que je n'ai pas beaucoup de temps et que je suis absolument d'accord avec absolument tous les points du commentaire précédent, je vais faire dans le simple.

J'adore ton style, c'est vraiment super agréable à lire, les descriptions sont précises et concises, le caractère des personnages bien respectés, même si d'après moi, celui de certains ressemble plus au leur dans Code Lyoko. Peut-être que le comportement de Ulrich et Yumi est légèrement exagéré, mais ça passe plutôt bien. On sent en tout cas qu'il va se passer quelque chose au niveaux des couples dans le groupe (enfin, c'est mon impression).

Tous les événements sont logiques, et on garde du suspens avec les manigances de Laura, qui ont peut-être un lien avec les envies meurtrières de Sandra. Je trouve juste le choix de Mathilde un peu rapide et son rejet pas assez contesté, car Yumi agit uniquement par jalousie, et tout le monde le sait.

Il y a un dernier truc que je n'ai pas compris : c'est quoi cette histoire de Mickey qui viens dire à Mathilde de descendre d'un arbre en plein milieu de la nuit ?

Donc voici un texte très agréable don la suite est attendue avec impatience !
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Ellana MessagePosté le: Lun 27 Avr 2015 19:21   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Jerem a écrit:
Mathilde=Ellana, n'y aurait-il pas une sorte de self-insert ?

Nope. Suffit de relire le passage où elle est attentive en cours (a)

Motmok a écrit:
 c'est quoi cette histoire de Mickey qui viens dire à Mathilde de descendre d'un arbre en plein milieu de la nuit ?

Haha. Réponse dans le chapitre 8 (a)

Bon, il est un peu plus tard que le 7 avril, certes. Mais bon, suite à des évènements indépendants de ma volonté, je n'ai pas pu aller au Jardin des plantes et du coup mon chapitre 8 se traine un peu Crying or Very sad Enfin bref, j'ai eu en plus du boulot au boulot et j'ai dû me battre contre l'administration française et son goût de la paperasse... Mais avec un peu de chance, cette fic se terminera dans un cocon douillet partagé avec un ourson (inlove) Bah oui, j'aime raconter ma vie Mr. Green

Bref. Chapitre 7. Je n'ai pas eu le temps de préparer psychologiquement Léana... Pardon, mon chou. Puisses-tu me pardonner.

Chapitre 7 : Déjà-vu


- Tu la vois ?
- Nan. Je crois qu’on l’a semée.

Yumi jeta un œil derrière sa colonne. Elle avait l’impression d’avoir déjà vécu ce moment. Une fois de plus, elle faisait joujou avec un spectre, encore la fille rousse, et William tandis que les autres allaient sur Lyoko.
Elle commençait à en avoir assez de cette routine.
En fait, chaque élément de sa vie l’exaspérait. Elle pensait qu’en éloignant Mathilde du groupe, elle se sentirait mieux. Mais Yumi avait bon fond. Agir avec mauvaise foi, par pur égoïsme, ne lui ressemblait pas (enfin, pas trop), et elle en avait été perturbée toute la nuit. Ulrich la boudait davantage, Aelita avait également un peu de mal à l’accepter. Du coup, elle culpabilisait encore plus. Mathilde avait l’air gentille après tout. Ce n’était pas sa faute si Ulrich semblait lui plaire et encore moins sa faute si le jeune homme la trouvait éventuellement à son goût.
Yumi se secoua intérieurement. Ses pensées regorgeaient d’incertitudes, de bêtes suppositions. « Semblait », « éventuellement ». Elle n’avait rien de concret. Enfin si, un sentiment. Ce même sentiment désagréable qui l'avait empêchée d'intégrer William au début.
Elle ne faisait pas confiance à Mathilde.
Pas exactement pour les mêmes raisons que pour William : lui, c'était son assurance, voire son arrogance, qui l'avait incitée à se méfier. Son air bravache, son regard distrait quand on le conseillait, cette confiance qu'il exhalait comme s'il voulait crier au monde “Je sais ce que je fais, je gère, baby”.
Avec Mathilde, c'était plus subtil.
Dans un premier temps, Yumi se trouvait incapable de la comprendre. Elle la connaissait mal mais le peu qu'elle en savait avait de quoi désarçonner. Elle leur tournait le dos pour ensuite revenir vers eux de façon complètement désinvolte, sans justification. Elle rougissait dès qu'on lui adressait la parole mais débordait de confiance sur Lyoko. Elle avait de toute évidence rayonné de bonheur dans le désert mais ne s'était pas battue pour rester dans le groupe.
En fait, ce qui dérangeait Yumi, c'était cette intuition tenace qu'on ne pouvait pas compter sur Mathilde. Et si en plein milieu d'une attaque de XANA, elle décidait qu'elle n'avait plus envie de se battre et partait faire autre chose ?
À coup sûr, elle en serait capable !
Instable.
C'était le mot que Yumi cherchait, instable. Lorsque Mathilde serait en vague descendante, lorsque l'enthousiasme de la nouveauté et l'attrait de la curiosité se seraient dissipés, continuerait-elle à s'accrocher ?
Yumi était certaine que non.
Mieux valait ne pas laisser le groupe trouver un nouvel équilibre et de nouvelles forces si c'était pour ensuite les voir voler en éclats.
Mais elle devait s'assurer d'un point.

- William, qu'est-ce que tu penses de Mathilde ?
- Pas grand-chose, répondit franchement le garçon sans cesser de surveiller les alentours. Elle avait l'air pleine de bonne volonté mais en même temps, je ne suis pas certain que ce soit le genre de personne fiable. Et puis, ce n'est jamais bon de commencer un jeu sans en connaître toutes les règles. À mon avis, on aurait dû lui donner plus d'informations.

Yumi sourit. Elle se sentait déjà mieux. Avec la vision de William, elle pouvait davantage se convaincre qu'elle n'était pas plus coupable que les autres.

- On dirait quand même que tu as agi par pure jalousie.

Le sourire de Yumi s'envola. Outre le fait que la culpabilité revenait avec un rire sadique, c'était William qui osait lui parler de jalousie ?
En même temps, il n'avait pas tort. Elle était incapable d'avouer ses sentiments, même la peur d'une rivale ne la décidait pas...
Maintenant, ça suffisait.
Aujourd’hui, elle irait parler à Ulrich. Ils s’expliqueraient clairement une fois pour toute. L’entreprise s’avérait ardue : Yumi savait que leurs plans étaient toujours contrecarrés mais elle en avait plus qu’assez de leur situation.

- A quoi tu penses ? lui demanda William, inquiété par son air soucieux.
- Il faut qu’on aille à l’usine le plus vite possible.
- Ce n’est qu’un spectre, tu n’as pas…
- Il ne s’agit pas du spectre. On y va.

William se renfrogna. Lui aussi en avait assez. Jouer le chevalier servant n’était décidément gratifiant que dans les contes de fée. Dans la réalité, la princesse se moquait pas mal du fait que le chevalier en question avait un cœur. Elle n’était pas du genre à offrir un baiser à celui qui l’aidait, elle préférait lui voler son cheval pour galoper vers un autre.
Alors qu’ils avançaient dans la cour, une voix s’éleva derrière eux.

- Yumi, hey Yumi !
- Ben voyons, il ne manquait plus que ça, soupira la japonaise.

Elle se retourna pour faire face à deux garçons de cinquième. L’un la regardait avec adoration, les joues écarlates, l’autre fixait ses pieds.

- Qu’est-ce que tu me veux, Hiroki ? demanda-t-elle au second.
- Euh, j’ai quelque chose à te demander…
- Quoi ?

Avant qu’il ait répondu, deux filles de quatrième arrivèrent à leur tour. L’une, rousse et souriante, tenait un carnet tandis que l’autre, regard vif et attitude concentrée, brandissait fièrement une caméra.

- Milly, Tamiya… Qu’est-ce que vous fichez ? demanda Yumi, sourcils froncés.

Décidément, ce n’était pas sa journée !

- On voulait savoir si vous pouviez nous accorder une interview, toi et William ! expliqua la plus petite avec un sourire candide. On a remarqué que vous trainiez de nouveau ensemble tous les deux. Nos lecteurs aimeraient savoir pourquoi vous vous étiez éloignés et ce qui vous a permis de vous rapprocher.
- Mêlez-vous de vos affaires ! rétorqua aussitôt la japonaise.
- Yumi, je peux te parler deux secondes ? intervint Hiroki en éloignant sa sœur du groupe.
- Je suis pressée !
- S’il te plaît, insista son frère à voix basse. Milly accepte de venir au ciné avec moi vendredi soir si tu lui accordes une interview !
- Papa et Maman ne te laisseront pas sortir vendredi soir.
- Si tu viens avec moi, si.
- Hiroki, le secret d’une bonne entente fraternelle, c’est de demander AVANT de promettre.
- S’il te plait, grande sœur ! T’es même pas obligée de dire la vérité ! Raconte-lui ce que tu veux, William ne viendra pas te contredire !
- Bravo, belle mentalité, ça devrait plaire à Milly…
- S’il te plait ! Je ferai la vaisselle pendant un mois !
- Ce n'est pas la question, assura Yumi en secouant la tête. Tu ne t’es jamais dit qu’il y avait autre chose que le chantage dans la vie ? Si Milly ne t’accompagne au cinéma que parce que tu lui donnes un scoop, c’est qu’elle ne te mérite pas ! Tu vaux mieux que ça. Tu ne sauras jamais ce qu’elle ressent pour toi si tu n’as aucune preuve d’une attention désintéressée de sa part.

Hiroki resta muet quelques secondes, visiblement touché par la justesse de l’argument. Il finit par demander :

- Ulrich t’a déjà invitée au ciné ?
- Mais quel crétin ce frère ! ronchonna Yumi en revenant vers William. Allez, on y va.
- Attends, Yumi, ce ne sera pas long !
- Justement, la réponse nécessite beaucoup d’explications et nous sommes pressés. On en reparle lundi, promis !
- Tu n’as pas l’impression de promettre un peu vite ? signala William alors qu’ils s’éloignaient. Qu’est-ce que tu comptes leur raconter ? Que vue votre incapacité à combattre une intelligence artificielle seuls, vous avez dû me recontacter mais que ça vous a bien gênés parce que vous m’aviez abandonné comme une vieille chaussette ?

Yumi fronça les sourcils. William semblait soudain furieux, sans qu’elle en comprenne la raison.

- Qu’est-ce qui ne va pas ?

William soupira. Il avait perdu son sourire pour prendre un air maussade que Odd aurait défini « à la Ulrich ».

- Milly et Tamiya ont raison. On ne se parlait plus quand vous avez éteint le Supercalculateur. Il a fallu que vous soyez dépassés par XANA pour revenir me chercher. Si ça n’avait pas été le cas, vous m’auriez complètement effacé, toi comprise. On s’est parlé normalement à la fin de l’année, on s’est écrit quasiment tous les jours cet été, mais une fois que tu as retrouvé les autres à la rentrée, tu as suivi leur mouvement et j’ai dû batailler pour réussir à manger avec toi un ou deux midi par semaine !
- Ce…
- Tais-toi, tu vas encore dire des trucs débiles. Tu vois, ce qui me surprend, c’est que même Ulrich a l’air de plus apprécier mon retour que toi à présent.

Yumi ne put s’empêcher de sourire. Nul doute qu’Ulrich, s’il ne s’était pas étouffé dans un rire méprisant, aurait trouvé quelque chose à répondre, quelque chose de vif et de piquant.
Mais elle, que pouvait-elle dire ?

- Tu me reproches quoi exactement ?
- Si tu es capable de poser la question, ma réponse ne changera rien, ricana William.
- Tu as encore des sentiments pour moi ?

Une question à la fois si simple et si complexe. William l’avait tournée des heures entières dans sa tête, avec l’impression de vivre un mauvais épisode des Feux de l’Amour. Il aimait Yumi. Son apparence forte qui pouvait laisser place à une grande sensibilité. Sa beauté, subtile, cachée au quotidien, éblouissante lorsqu’elle se battait sur Lyoko. Sa maturité, sa présence rassurante, son instinct maternel envers ses amis. Cette manière qu’elle avait de le repousser sans jamais s’éloigner complètement.
Malgré cela, William restait lucide. Même si le jeu de chat et de souris entre Yumi et Ulrich ne semblait pas prêt de s’arrêter, ils s’aimaient. Tout le monde, à part eux peut-être, le savait et personne, toujours à part eux, n’y changerait quelque chose.
Or, on ne pouvait pas rester amoureux d’une personne dont le cœur était déjà pris. Du moins, c’était ce que l’on disait…
Parce que dans les faits…

- Alors ?

William allait répondre lorsque le spectre apparut dans la cour, sur leur gauche. Conscient qu’avec un peu de chance, il ne les avait pas vus, William attrapa le poignet de Yumi, la colla contre lui en se retournant et l’embrassa.
Il s’agissait d’un pur réflexe de protection : William offrait son dos au regard du spectre, dissimulant Yumi. Il avait agi sans réfléchir, sans préméditation. Toutefois, il oublia vite le danger pour savourer l’instant.
Il embrassait Yumi.
Surprise, la japonaise ne réagit pas tout de suite. Pendant de longues secondes, elle essaya d’intégrer ce qui se passait. William n’était pas laid, ses lèvres étaient douces, son geste tendre. Elle se surprit à lui rendre son baiser, soulagée malgré elle qu’il ne se détourne pas. Peut-être n’était-elle pas mauvaise, même si elle embrassait pour la première fois. Ce fut cette réflexion qui la fit rougir.
Elle n’avait jamais imaginé cette scène avec un autre qu’Ulrich.
Les joues en feu, elle repoussa William et s’exclama :

- A quoi tu joues ?
- Chut, c’est pour que le spectre ne te voit pas ! tenta de se défendre le jeune homme. Mais là, il t’a bien entendue, bravo ! ajouta-t-il en voyant la jeune rousse se diriger vers eux.

Yumi resta les bras ballants, les yeux écarquillés, incapable de réagir. William dut la secouer en lui hurlant « Bouge ! » pour qu’elle se décide enfin à courir vers l’usine.
Malgré la menace que représentait le spectre et l’inquiétude qu’elle aurait dû ressentir pour William, une seule pensée l’obsédait.
Il ne fallait surtout pas qu’Ulrich apprenne ce qui venait de se passer. Ce qui allait être compliqué étant donné qu’un bon nombre d’élèves avait dû assister à la scène.
Il ne restait qu’à croiser les doigts pour que personne n’en parle.

***


La voiture avalait la route, faisant défiler véhicules, badauds et immeubles derrière la fenêtre passager contre laquelle Sandra gardait le visage appuyé. Elle finit par étirer ses longs membres fins dans un soupir.
Elle n’aimait pas la France.
Elle y avait pourtant passé de nombreuses années, presque toute sa vie en fait. Et qu’en gardait-elle ? Pas grand-chose. Alors qu’une décennie en Russie avait suffi à pleinement l’épanouir.
Et maintenant qu’elle retrouvait sa terre natale, que devait-elle faire ? Cette mission, la plus importante de sa carrière, s’annonçait difficile mais ennuyante, si ennuyante ! Son physique, qui lui avait tant de fois servi pour ses assassinats, lui paraissait aujourd’hui source de dégoût et de regrets. Si elle avait été brune, on ne l’aurait pas choisi pour cette mission ! Elle aurait dû se teindre les cheveux, mettre des lentilles.
Ses réflexions se stoppèrent brutalement.
Le boss avait raison : elle n’avait pas eu trop de mal à retrouver une sensibilité humaine, elle qui s’était entrainée durant des années pour forger son image froide et intouchable. Depuis combien de temps n’avait-elle pas regretté quelque chose ?
Elle jeta un coup d’œil au GPS. Il restait encore une bonne demi-heure de route. Elle aurait préféré prendre l’avion mais Tyron avait insisté pour lui laisser une voiture et un chauffeur. Sandra avait eu une fugace envie de lui faire manger ledit chauffeur puisque c’était davantage un gardien, voire un surveillant, que lui imposait le scientifique.
Seulement, le boss n’aurait pas apprécié et Sandra ne voulait pas qu’on la remplace. Elle n’aspirait pas à la reconnaissance mais aimait faire personnellement les choses.
Une demi-heure.
Elle avait encore le temps de réfléchir. À Christelle et à cet étrange sang sur la neige.
Si elle ne lui avait pas tant inspiré de mépris et d’indifférence, Sandra aurait pu détester Christelle. Elle n’avait aucun scrupule à dire et penser du mal des morts. De toute façon, ils n’étaient plus là pour s’en plaindre. Quoique d’une certaine manière, Christelle n’avait jamais été là. Inutile et stupide, faisant perdre du temps aux autres, elle n’apportait rien à l’équipe et Sandra avait presque ressenti du soulagement en apprenant sa disparition.
Presque mais pas totalement, puisque cela engendrait quand même problèmes et questions.
Le boss l’avait appelée alors qu’elle n’avait pas encore défait sa valise. Au début, Sandra avait cru qu’il souhaitait son retour. Mais les autres représentants du G7 n’étant pas au courant des activités de la Russie, le boss ne pouvait pas ramener Sandra de mission sans attirer les soupçons. Retrouver Laura restait donc la priorité.
La deuxième préoccupation du boss devenait : qui envoyer sur Caldin ? Sandra n’avait pas de remplaçant ou d’assistant, elle était la seule à connaître le terrain. Envoyer un débutant n’était plus envisageable. Le boss se moquait des pertes de vies humaines mais il détestait les contretemps et préférait garder son équipe intacte. Il avait donc informé Sandra que jusqu’à son retour, les scientifiques travailleraient sur de nouveaux programmes de défense et de détection ainsi que sur des améliorations des radars. La blonde avait très bien compris ce qu’il ordonnait à demi-mot : elle devait remplir rapidement sa mission et revenir au centre le plus vite possible.
La troisième préoccupation, à l’arrière-plan aux yeux du boss, était celle qui intriguait le plus Sandra. Elle n’avait pas vu ce qui l’avait dévirtualisée lors de son dernier voyage sur Caldin. La chose l’avait attaquée soit de loin, soit par derrière, impossible de le savoir vraiment, l’épisode restait flou dans l’esprit de Sandra. En tout cas, un seul coup avait suffi à la dévirtualiser, cela, elle en était certaine. Elle avait été surprise, vexée et interloquée mais à présent la question qui se posait était toute autre.
Pourquoi Christelle avait perdu la vie là où Sandra avait survécu ?
Le boss manifestant peu d’intérêt pour la question, Sandra devait y réfléchir seule. Pour l’instant, l’hypothèse qu’elle retenait était la tolérance de la première fois. Une créature avait dû prendre possession de Caldin (quoi et comment, elle n’en savait rien et laissait la question aux scientifiques). En croisant Sandra, elle avait émis une sorte d’avertissement, exposant sa puissance sans être mortelle. Face à Christelle, elle avait fait preuve de moins de patience et l’avait tuée.
Mais cela laissait supposer que la créature en question pouvait doser sa force, ce qui semblait discutable aux yeux de Sandra. Elle-même causait différents dégâts selon si elle utilisait ses armes ou ses poings, si elle tirait depuis des hauteurs ou à bout portant mais jamais elle ne pourrait changer un de ses coups en one-shot.
Et surtout, elle ne pouvait pas tuer physiquement sur Caldin.
Quelle sorte de créature avait le pouvoir de s’en prendre à un avatar virtuel ? Quelle sorte de créature pouvait tuer un esprit ? Car le boss avait été formel : le corps de Christelle était ressorti du scanner intact. Mais mort. Aucune trace de crise cardiaque, pas la moindre blessure interne ou externe. Inexplicable selon le légiste, impensable pour les scientifiques, le décès de la jeune femme restait un mystère.
Mystère sur lequel Sandra ne pouvait pas enquêter. D’abord parce qu’on ne lui en avait pas donné l’ordre, ensuite parce qu’elle ne regrettait pas Christelle et enfin parce qu’elle avait plus urgent à faire.
Elle descendit le pare-soleil et s’observa dans le petit miroir. Elle aimait l’éclat glacial de ses yeux, exceptionnellement soulignés d’un trait de crayon noir. Elle détestait le maquillage, elle n’aimait pas perdre son temps à se rendre plus belle, mais le boss avait insisté. Le premier contact avec leur ancien agent devait être engageant. « Une fois Laura sous ta coupe, évidemment, tu pourras le tuer » avait-il ajouté ensuite pour le plus grand bonheur de Sandra.
Elle ne gardait pas beaucoup de souvenirs de cet homme. Elle savait principalement qu’il avait disparu en même temps que Laura et que pendant plusieurs années, il avait maintenu tous les espions du G7 en échec. En vérité, il était diaboliquement intelligent : alors qu’on l’avait recherché dans le monde entier, il s’était contenté de déménager à deux heures de l’institut de Tyron. Brillant. Cependant, Sandra ne l’admirait pas comme le boss. Une sensation désagréable la faisait frissonner dès qu’elle pensait à cet ancien agent. Elle ne saurait expliquer pourquoi mais elle le détestait. Presque autant que Laura.
Ce qui n’était pas peu dire.

***


- C’est bon Aelita, tu as le champ libre jusqu’à la tour.

Jérémie passa une main dans ses cheveux avec un sourire satisfait.

- Tu vois, tu n’avais pas besoin de venir, lança-t-il à Laura. Le comité d’accueil était moins impressionnant que la dernière fois.
- On ne sait jamais, mieux valait être prudent. Et puis, on pourra travailler sur le virus après. Sauf si tu as quelque chose de plus urgent à faire.
- Et ton exposé ?
- Il avance bien.

Jérémie hocha la tête et la tourna aussitôt, attiré par le bruit du monte-charge. Les portes s’ouvrirent devant Yumi.
Laura nota qu’elle semblait nerveuse. En revanche, Jérémie attribua la rougeur de ses joues à la rapidité de sa marche, sans s’en préoccuper davantage.
En vérité, Yumi brûlait de rage. Une fois le souci de préserver Ulrich dispersé par l’impuissance, elle avait senti une haine phénoménale l’envahir. Mais contre qui était-elle en colère ? William ou elle-même ? Qu’est-ce qui l’énervait le plus ? Que William l’ait embrassée ou qu’elle y ait pris autant de plaisir ? Et pourquoi se posait-elle toutes ces questions ?

- William se charge du spectre ? demanda Jérémie, insensible à son trouble.
- Bravo Einstein !

Cette fois, Jérémie ne put ignorer le comportement de son amie. Il fixa quelques secondes Yumi, surpris par l’agressivité de sa réponse.

- Il t’a touchée ?
- Comment tu le sais ? s’étonna Yumi.

Relevant la tête de sa tablette, Laura fronça les sourcils mais avant que Jérémie ait répondu, la japonaise poursuivait :

- Il ne m’a pas vraiment touchée, juste embrassée, soi-disant pour faire diversion, relativisa-t-elle, davantage pour se convaincre que pour répondre. Mais je t’avoue que ça m’a fait bizarre, ce n’était pas si désagréable et il…
- Je parlais du spectre.

Laura retint difficilement un sourire tandis que Yumi sentait ses joues la brûler à nouveau.

- Jérémie, je veux mourir.
- Ce ne sera pas aujourd’hui, Aelita vient de désactiver la tour. Plus de spectre et plus de raison d’aller sur Lyoko.
- Retour vers le passé ! s’écria Yumi.
- Ta mémoire ne sera pas impactée, tu continueras de te souvenir que William t’a embrassée.
- Moi oui, mais les autres ne le sauront pas et avec un peu de chance, Ulrich ne l’apprendra jamais !
- C’est vrai que s’il l’apprend, on n’a pas fini d’en entendre parler…
- Allez, Jérémie, retour vers le passé !
- Non.
- Non ? s’étrangla Yumi.
- On ne va pas prendre le risque. Tu te rappelles de l’époque où ça faisait gagner de la puissance à XANA ? Mieux vaut éviter de…
- Et si jamais William a eu un problème avec le spectre ?

Comme par hasard, le portable de Jérémie sonna.

- Allo, William ? Pas trop de bobo ? Non ? Super.
- Jérémie s’il te plait !
- Yumi, ça ne sert à rien de lancer un retour vers le passé ! Arrête un peu d’être égoïste !

La japonaise ouvrit la bouche mais Jérémie ne l’écoutait déjà plus.
Quelques minutes plus tard, Odd, Aelita et Ulrich les rejoignaient. Lorsque son regard croisa celui du samouraï, Yumi ne put s’empêcher de rougir.
Calme-toi, il ne sait rien, il ne peut pas être au courant.

- Tu vas bien, Yumi ? s’inquiéta Odd. T’as l’air bizarre.
- Des petits dommages collatéraux liés au spectre, répondit Laura avec un sourire ironique.

Cette fois, ce fut au tour d’Ulrich de s’inquiéter. Il avait beau avoir mal pris le rejet de Mathilde, Yumi restait Yumi. Il avait besoin qu’elle aille bien.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?
- Rien.
- Tu es sûre.
- Oui, oui.

Les joues de Yumi la brûlaient et leur couleur écarlate avait de quoi intriguer. Cependant, personne ne lui posa davantage de questions.

- Vous voulez un coup de main ? demanda Aelita en voyant que Jérémie et Laura travaillaient sur le virus.
- Ce ne sera sans doute pas nécessaire mais je serais très heureux que tu restes, répondit timidement le jeune homme.

Aelita sourit. L’apparition expresse de Mathilde au sein du groupe avait occupé les esprits mais elle n’oubliait pas que la veille, elle s’était réveillée dans les bras de Jérémie. Un Jérémie qui lui avait même embrassé doucement la joue avant qu’elle ne quitte sa chambre. Pas très démonstratif mais exceptionnel venant de lui.
Jérémie rendit son sourire à Aelita et jeta un coup d’œil à Ulrich, occupé à regarder Yumi avec un air à la fois inquiet et suspicieux.
Lui qui n’avait pas ce genre de problèmes ne comprenait pas comment ils pouvaient autant se compliquer la vie.
Aussi, alors qu’Ulrich restait méfiant, que Yumi n’arrivait pas à retrouver une contenance et que les trois Einstein se mettaient au travail, il n’y eut que Odd pour penser à William. Mais après tout, celui-ci allait peut-être les rejoindre.
Alors il pensa à Mathilde.
Elle avait fui son regard en arrivant en cours. En fait, elle n’avait regardé personne et était allée s’asseoir à sa place habituelle, accompagnée d’Heidi qui jacassait sans se rendre compte de la tristesse de sa camarade. Se contentant de hocher la tête par moments, elle avait ensuite pris les cours en note sans manifester son intérêt habituel. À la récréation, elle avait répondu un vague « Salut » à Aelita mais n’avait pas quitté l’ombre d’Heidi.
Odd n’était pas doué en psychologie. Il n’aurait pas pu dire ce que pensait exactement Mathilde, il ne comprenait pas pourquoi elle baissait les bras si vite sans chercher à se battre davantage.
Mais même lui voyait à quel point elle était mal.
Son âme de chevalier servant se réveilla. Samantha allait sans doute mal le prendre mais depuis l’affaire des roses, elle ne le lui avait pas beaucoup parlé, elle n’avait rien à lui dire.
Il était libre de voler au secours de Mathilde.
Lui qui aimait tant Lyoko allait devoir apprendre à une autre qu’on pouvait bien vivre sans.

***


Philippe Gauthier était plongé dans un article de magazine assez complexe lorsqu’on frappa à sa porte. Pestant contre le facteur qui ne savait pas utiliser une sonnette, il se leva.

- Bonj…

Sa salutation resta coincée dans sa gorge. Ce n’était pas le facteur qui lui adressait un sourire glacial.

- Bonjour, Philippe. Vous n’avez pas l’air très heureux de me revoir. Cela fait longtemps pourtant.

Pendant quelques secondes, le père de Laura resta la bouche entrouverte, ce qui le faisait ressembler à un gros poisson hors de l’eau. Cela faisait une éternité qu’il n’avait pas eu aussi peur. Mais s’il était encore en vie au bout de cinq secondes, il ne mourrait pas aujourd’hui.
Cinq.
Quatre.
Trois.
Deux.
Un.
Il était sauvé. Elle ne venait pas le tuer.
Au prix d’un laborieux effort, il parvint à articuler :

- Sandra…
- Vous vous rappelez de moi ? Très flattée ! Vous aviez pourtant l’air pressé de nous quitter, je pensais que vous nous oublieriez vite !
- Qu’est-ce que tu veux ?

Le sourire factice de Sandra disparut. Son regard s’assombrit et sa main se posa instinctivement sur son arme. Elle mourrait d’envie de dégainer, d’abattre cet homme vieux et pitoyable. Mais elle devait se contrôler, le boss ne lui pardonnerait jamais.

- Je ne me souvenais pas que vous me tutoyiez et si je trouve ça extrêmement désagréable, il va effectivement falloir que je m’y habitue. Ne vous donnez pas la peine de répéter votre question, je l’ai très bien comprise, railla-t-elle en voyant Gauthier ouvrir la bouche. Je veux Laura. Avant que vous ne gaspilliez encore votre salive, je vous rassure. Le G7 ne s’est pas prononcé pour l’enlèvement pur et simple, nous avons des méthodes plus délicates que les vôtres. Maintenant, puisque vous ne m’avez pas invitée à entrer, je vais prendre la liberté d’aller m’asseoir dans votre salon. Vous allez m’y suivre et me parler de Laura. Nous avons cru comprendre qu’elle était en internat, nous avons donc le loisir de discuter sans être dérangés. Des questions ?
- Je… euh… tu veux boire quelque chose ?
- Bonne question. J’espère que ce sera la seule.
- J’en ai juste une deuxième. Tu es accompagnée ?
- Mon chauffeur m’attend devant la maison et mon Beretta n’est pas bavard. Nous ne serons pas dérangés, répéta Sandra en s’asseyant sur le canapé.

En temps normal, elle aurait croisé ses longues jambes pour se mettre en valeur mais elle n’avait aucune envie de jouer la séductrice aujourd’hui.
Sans savoir comment l’expliquer et malgré l’assurance de sa voix, elle se sentait mal à l’aise.
Cet homme, s’il ne lui faisait pas non plus tout à fait peur, déclenchait en elle un désagréable sentiment d’insécurité. Quelque chose s’agitait dans son esprit, comme un murmure l’avertissant d’un danger.

- Je vous écoute, lança-t-elle néanmoins, le visage neutre. Je veux tout savoir d’elle, ses goûts, ses passions, ses projets, ses notes, son vécu, tout. Absolument tout. Et quand vous aurez fini de me parler d’elle, vous me parlerez de sa mère.
- Sa mère ? répéta Gauthier, la gorge nouée.
- Principalement des souvenirs qu’elle peut en garder.


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Voilà, personnellement, j'aime assez ce chapitre Mr. Green Le prochain aussi d'ailleurs et promis, celui-là arrivera vite !

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Jeu 30 Avr 2020 13:57; édité 4 fois
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