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[Fanfic] Mondes Alternés

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 Auteur Message
JCVgamer MessagePosté le: Lun 04 Mai 2015 19:30   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Aoû 2012
Messages: 170
Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
*Assis sur sa chaise devant son bureau à l'internat, Jerem avait passé son après-midi à lire la fic de VioletBottle. Après avoir fait une pause bien mérité, et englouti un bon repas, il se mit devant son ordinateur. Il décida d'écouter en boucle la même musique, pour commenter ce texte. Il fit donc appelle à sa magie de la lumière, et une aura blanche enveloppa son corps et se mit à briller fortement avant de disparaître avec le jeune homme. Celui-ci réapparu dans un des mondes de VioletBottle. Par souci de précaution, il décida de maintenir son aura pour la totalité de ce commentaire.*


Et donc sur cette introduction, je te dis bonsoir VB.
Un texte que je savais fortement recommandé et fortement récompensé, ce qui avait permis à son auteure un passage en classe supérieur.
Et effectivement je dois avouer que tout ceci est plus que logique.

Bon, ayant lu tout en intégralité, ce commentaire se contentera de mon avis personnel sur le texte, en essayant de découpé cela en un avis par monde.
Et on commence avec le monde 0.

Alors c'était donc le monde que l'on connaît, basique et qui permettait d'introduire les personnages et l'intrigue de l'histoire avec cette mystérieuse voix.
Alors je vais t'avouer que j'avais déjà lu les deux-trois premiers chapitres il y a quelques mois (1 ou 2, ce n'est plus très net), et bizarrement je n'avais pas vraiment accroché. Or, après relecture aujourd'hui il s'est avéré que...ben...cette intro est assez accrocheuse en fait ^^.
Donc oui j'ai bien aimé cette partie là, pour sa capacité à poser les bases de manière claire et précise.

Le monde 1

Alors, que dire sur Solar Building ?
On est plongé dans un monde assez lugubre en fait, qui est donc la représentation de l'esprit de Jérémy.
Alors ce monde est pour l'instant mon préféré. J'ai trouvé sympa les alters ego "maléfiques" des LG. Ceux-ci étaient très bien réalisé avec une personnalité cohérente de par leur nature.
Les favoris de ceux-ci m'ont fait penser au roman Tara Duncan avec le principe des familiers (Jérém a des références littéraires assez simpliste).
Au fur et à mesure de l'avancé de l'histoire dans ce monde, j'ai trouvé les scènes de combat de mieux en mieux, jusqu'au combat final qui était juste épique (je conseil d'ailleurs une musique de fond adéquate lorsqu'on lit le passage ^^).
Les personnages secondaires comme Sissi et Nicolas, réincarné en tant que combattant pour la liberté (enfin Sissi c'est surtout de la vengeance à la base) m'est apparu comme assez...inattendu mais grâce aux différents flashbacks proposés cela devient logique.
La confrontation entre les deux Belpois, nous a permis d'assister à un véritable combat psychologique de grande qualité.
Je terminerai par dire que le comportement de Jérémy envers ses amis est assez étrange, mais pas forcément dérangeant en soi.

Le monde 2

Donc finissons avec le monde en cours : Verso.
Déjà, première remarque : il n'y a que des femmes. Le concept est assez sympa et permet de d'avoir le sourire lorsque Aelita essaye tant bien que mal d'expliquer l'existence des garçons dans son monde.
De plus, j'attendais de voir comment toi, tu allais expliquer cet état de fait et tu t'en es très bien sortie.
Ce monde c'est donc celui d'Aelita (oui je raccourcis un peu). Pour l'instant, je suis pas trop fan de ce monde en tant que tel.
Le scénario lui reste excellent, mais c'est le monde dans lequel ils évoluent qui ne me passionnent pas vraiment, question de goût j'imagine.
Ce que j'ai apprécié en revanche, c'est l'apparition de William, qui pour le coup était aux abonnés absents jusqu'ici.
Par contre le fait que Belpois N°2, revienne pour parler à Aelita, m'a rendu perplexe. Même si l'explication donnée était valable, j'ai trouvé ça un peu gros quand même mais bon passons.
Yumi qui s'entraîne à devenir "guerrière", est plutôt pas mal.
Dernier point, Ulrich est resté prisonnier à l'intérieur de cette sorte de tombeau ("Ce tombeau sera votre tombeau." Hum). Est-il prévu qu'il ne soit que spectateur ou aurons-nous le plaisir de le voir à l'oeuvre ? (Que ce soit en temps que LG ou personne contrôlé par XANA).

Bon j'aurais aimé en dire plus mais j'ai rattrapé tout depuis le début donc je vais avoir du mal à en dire plus (car sinon le commentaire va faire un chapitre à lui tout seul pour commencer et je n'ai pas forcément le temps d'en écrire autant ^^).
Alors globalement je ressors avec quelle impression ?
Eh bien je suis tout simplement conquis par ce récit excellent. Logique quand on voit les récompenses qu'il a eût. (mais il vrai que ce n'est pas parce que un texte a eu beaucoup de récompense, qu'il va plaire à tout le monde).
En attendant, c'est un lecteur très attentif qui va attendre le prochain chapitre de ce récit.

Au plaisir de voir les choses se dénouer à Verso.

Bonne soirée.

*Après ce commentaire court sur cette Fanfiction, Jérem profita de son aura pour disparaître à nouveau et quitter ce monde. Il revint dans le monde réel et arrêta de se servir de sa magie. Il retourna travailler en se disant que ce texte pouvait fort bien finir au Panthéon.*
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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StellaeArrente MessagePosté le: Lun 04 Mai 2015 20:29   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 08 Aoû 2009
Messages: 146
Localisation: Around Paris
Alors j'ai été tellement emballé par ta fiction que j'ai réussi à sauter toute la page 3 et continuer l'histoire sans connaître la conclusion de Solar Building Razz Je me suis rattrapé hier soir et aujourd'hui !
Piou ça faisait longtemps que j'avais plus relu de fanfiction et c'est ton titre "Mondes Alternés" qui ma intéressé. Pour tout dire j'apprécie pas mal le thème de "monde des possibles" que ce soit l'univers Cyberpumk avec son ambiance très sombre et les descriptions des combats que tu fais, ou les couleurs que tu apportes avec le monde de Verso.
Du coup je me demandes combien y aura t-il de mondes à explorer ? La quête du style Harry Poter est plutôt original (et tu y a ajouté ton petit plus avec le fait qu'il faut garder les *objets uniques* je les appellerais comme ça).
Alors nous sommes passés par le côté obscure de la force chez Jérémy, nous sommes maintenant dans le pays des fées et de la magie d'Aelita. Question encore les autres personnages auront aussi droit à leurs mondes ? Et est-ce qu'il arrivera un moment qu'ils soient dans un monde qui ne dépendent d'aucuns d'eux ? Je veux dire même pas de la Voix ou de Xana encore. (Ah par ailleurs sympas d'avoir choisi le personnage de William, je m'y attendais pas trop mais je n'attendais pas que ce soit Franz ou Xana).
Sinon William n'est pas encore trop présent ce que je peux comprendre mais Odd depuis le début de ta fiction a vraiment été mis en retrait, c'est le perso' dans lequel on a le moins été dans ses pensés. Ou alors cela va venir pour plus tard ?
Est-ce que c'était un choix de rendre les héros un peu plus faible ? Exemple avec Aelita même si elle resté figé comme un arbre quand elle voit la méduse on a bien vu que dans la saison 3 et 4 elle prenait plus d'initiatives pour se battre contre les héros...
Aussiiiiiiii !! (oui oui je n'ai que des questions Evil or Very Mad ) Est-ce que on aura un good William vs un dark William ? Very Happy Very Happy
Bref bonnes révisions et bonne merde pour tes partiels et vivement la suite !
_________________
The urge To feel
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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 18 Mai 2015 13:26   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour très chère Violet Bottle,
Ce chapitre est étrangement paradoxal.

En effet son titre semble une référence au film forest Gump, dont la réplique la plus célèbre est : « cours, Forest, cours ! » Cette réplique agit sur le héro comme une clé libératrice, un révélateur qui débloque son potentiel pour la course. Ainsi, au vu du titre de ce chapitre, de l’épreuve anticipée par le lecteur et des motivations de Yumi, il serait logique de s’attendre à une révélation intérieure, ou au déblocage du potentiel de la jeune japonaise.

Mais loin s’en faut, et c’est le premier élément de paradoxe. En fait il s’agit là d’une épreuve à la fois dans le sens étymologique, il s’agit de faire ses preuves, de donner les preuves de son aptitude, et dans le sens de ce qui est éprouvant, demande beaucoup au corps ou à l’esprit. Yumi n’y apparaît d’ailleurs pas sous son meilleur jour. Eli lui fait prendre conscience de la faiblesse de sa motivation, qui est à la fois une faiblesse du désir de rédemption et une faiblesse des raisons fondant ce désir.

La nature même de cette épreuve laisse perplexe. Il paraît en effet peu logique dans le contexte d’un monde virtuel d’évaluer des qualités physiques. Quant à l’évaluation psychique, elle paraît bien faible ici. En effet qu’a appris Yumi ? qu’à force de volonté et de concentration on peut surmonter des obstacles. Toutes choses qu’en tant que lyokôguerriére elle savait déjà. Elle s’est déjà battu, durant des années, dans des situations désespérées. Elle a déjà fait montre d’une grande ténacité, d’une puissance mentale à toute épreuve. Même en supposant qu’elle était fragilisée par son meurtre, cette épreuve ne lui a pas permit de surmonter son traumatisme, et ne lui a rien apporté qu’elle ne sut déjà. Alors certes, Eli a pu tester ces étrangers qui dérangent son utopie. Mais elle-même n’ayant pas l’intention d’envoyer les siens à l’assaut de la Question, car elle est d’ailleurs loin d’être convaincue que cela soit nécessaire, la raison de ce test apparaît comme difficile à saisir.

Cela mène au deuxième élément de paradoxe. Eli fait la démonstration, pour la première fois du point de vue de la bande, de pouvoirs proprement divin. Elle est capable de distordre et modifier la réalité. Pourtant la démonstration même de ce pouvoir à ce moment est preuve d’une faiblesse, d’un manque : Eli révèle en fait son impuissance. C’est un paradoxe classique de la divinité, qui s’appuie ici sur tout ce qui fut constaté et dit à propos de l’utopie. Dieu ne peut être tout-puissant qu, à la seule condition qu’il n’y ait aucun élément extérieur qui ne viennent dans son monde. Mais si ces conditions sont respectées dieu n’a pas à faire usage de ses pouvoirs puisque tout est déjà prévu et règlé en vertu même de ces pouvoirs. Par conséquent la démonstration de l’omnipotence est en fait démonstration de l’impuissance. Cette réflexion amène à se demander si la véritable nature de l’épreuve n’est pas cela. S’agissait-il pour Yumi d’apprendre que tout comme Elli la question ne peut être un dieu tout puissant et que Yumi échappe à cette puissance ?

De manière intéressante cette épreuve est en fait une mise en texte du problème de la théodicée.


Comme souvent dans Mondes Alternés, le questionnement philosophique est présent, semblable à un affleurement qui invite à aller plus loin dans le texte et en accroît les enjeux. Dans ce chapitre il est question dans le fond de la nature de la réalité. Yumi est mise à l’épreuve dans son rapport au réel et doit défier les conceptions qu’elle tenait pour acquises. Et l’on atteint là un troisième paradoxe. Eli voulait évaluer la présence d’esprit de Yumi, sa capacité à faire face, à s’accorder à son environnement et à maintenir sa vision. Autrement dit à gagner en assurance et à maîtriser les réflexes de son corps. C’était donc une épreuve éminemment spirituel, ainsi que le prouve la nature même de l’aspidia qui obéit à la volonté de son porteur et lui permet de tirer juste. Il s’agissait donc d’apprendre le contrôle et la conservation de soi. Or Yumi l’emporte avant tout sur ses prouesses physiques et sa capacité à modifier dans l’instant la règle du jeu.

Cette série de paradoxe explique pourquoi ce chapitre laisse un sentiment ambigu, pourquoi les actions d’Eli paraissent si discutable. Les cartes ont été presque systématiquement brouillés, et l’intention initiale corrompue par le flot, toujours aussi élégant, de l’écriture. Cette tension de la forme et du fond compose le dernier point de ce chapitre. En effet, si l’un des thèmes centraux ici est la question du réel, alors ce thème peut s’étendre au texte lui-même. Dans la brouille du fond et de la forme, quelle vérité ?

En fait Mondes Alternés dans son ensemble pose cette réflexion du rapport au réel, en la parant de la forme mythique. Chaque monde est en effet en rapport avec l’un des héros, reflets des possibles, miroir distordu du sujet. Quelle est alors la réalité ? Que peut le sujet ? Où se trouve sa vérité ? L’interrogation se prolonge lorsque l’on songe que Xana est installé dans chacun de ces mondes. En effet nos héros évoluent à chaque monde, du moins peut-on le penser. Et ne pas le penser revient à poser un début de définitions des questions ci-dessus, ainsi qu’une esquisse de réponse. Si nos héros changent, mais que les mondes choisis par Xana précédent ce changement, alors qu’elle est la valeur de ce qu’y apprendront les Lyokôguerriers ? Quels sont la force et l’intérêt d’un avertissement destiné au passé ?

L’heure approche de l’ultime confrontation versalienne, et nul n’aura manqué de constater que c’est Yumi qui va affronter la Question, et non Aelita. Il est loisible de se confondre en interprétations, mais la sagesse commande d’attendre.

Au plaisir de connaître enfin la Question qui agita Verso.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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VioletBottle MessagePosté le: Lun 18 Mai 2015 19:58   Sujet du message: Répondre en citant  
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Inscrit le: 08 Sep 2013
Messages: 101
Bonjour bonjour ! Enfin, j'ai réussi à écrire une réponse à vos commentaires ! Et comme ça commence à devenir une habitude, en RP. Et en spoiler.

Spoiler


Sur ce, je vous retrouve donc pour la première partie du Final de la saison 2 de Mondes Alternés ! Comme j'ai sans doute déjà pu le dire à droite à gauche, ce final se fera en trois parties, une fois n'est pas coutume, avec le rythme habituel, c'est-à-dire toutes les deux semaines (en essayant à peu près de se tenir au Vendredi soir/Samedi matin très tôt).

Bonne lecture à vous, j'espère que vous apprécierez ! o/

_____________

Monde 2 Verso
Chapitre 10.1
The Apsidia - 1st




Les yeux clos, il pouvait sentir une tornade balayer le creux de son corps. Pas d'organes, pas de muscles, pas de veines, pas d'os, rien. Juste un récipient fait de la chair d'un autre, une peau qui pulsait sous l'effet d'un vent continu et grandissant. Il pencha la tête en arrière, savourant le carnage qui naissait en lui, laissant chaque microseconde de colère monter crescendo, lui sciant l'esprit comme l'archer sur les cordes d'un violon. L'envolée lyrique le transperçait, dévoilait le vide de son être et offrait toujours plus d'ouverture au souffle glacial. Il fallait que ce sentiment restât vivace. Il fallait qu'il l'enserrât, qu'il l'étreignît, qu'il devînt du lierre envahissant sa structure. Il fallait qu'il eût au moins quelque chose à lui. Quelque chose qui pût signer son existence.

Il lui fallait une colère pour ne plus être qu'un cerveau qui bout d'un orgueil malsain. Il lui fallait l'inhumain, le bestial, le viscéral.

Aussitôt il le sentit. Son ombre, son âme, sa voix et sa foutue existence. Une chance qu'un miroir ne fût pas présenté devant lui. Il l'aurait réduit à néant dans l'instant pour avoir osé lui renvoyer son apparence prêtée. Son cou tendu, sa gorge déployée, il était à deux doigts de rugir, d'émettre le cri le plus menaçant que l'Univers ne pourrait jamais entendre. Il préféra le laisser se déployer en lui et le remplir, comblant les espaces vides et compensant tout ce que l'autre, en étant humain et réel, lui avait pris. La tension grimpait avec les degrés...

Puis tout se stabilisa. Fût-ce une accalmie ou une accoutumance, il n'avait ni l'énergie ni la volonté de le déterminer. Il se contenta de l'immobilité statique, de la sensation d'être paralysé à jamais, proie futile d'un sentiment grandiose. Et il serait resté ainsi s'il ne s'était remémoré la présence de l'autre, sur son autel, une supplicié attendant la libération. Une force inerte perdue entre deux eaux mais que l'on privait de l'asphyxie. Il semblait ne vivre que pour lui, pendu à ses lèvres et attendant une parole qui le libérerait. Pauvre fou... Il venait d'entrer dans une spirale infernale. Et si cette dernière n'autorisait que peu de fois qu'on en prît congé, lui n'allait sûrement pas l'aider à être une exception. Au contraire... La statue de vent saurait bien façonner l'être inerte à l'image de ses ambitions.

Ce fut sa dernière pensée avant que ses yeux ne l'aperçurent, elle.

_____________________________________________________________


L'Apsidia, de retour dans sa forme sphérique, alternait vigoureusement ses couleurs tandis qu'Aelita le tenait dans ses mains en souriant doucement. Un véritable kaléidoscope de teintes se donnait en spectacle entre ses doigts, courant le long des lignes comme des reflets de verre sur une piste de course, se fondant ou se confondant en sifflotant un air languissant et flottant à la fois. Pendant un instant, la jeune femme se prit au jeu et ferma les yeux pour se laisser glisser dans l'ambiance. Pour un peu, elle aurait cru l'objet vivant et sensible à son angoisse. Sans doute aurait-il des raisons de s'inquiéter de l'état de sa porteuse... Adossée à une sorte de clocher paré d'une enveloppe rouge bismarck, elle passa la relique d'une main à l'autre et leva une énième fois les yeux au ciel. Malgré les efforts vigoureux de l'objet, elle n'arrivait pas à ordonner ses idées, ou au moins les changer. Et le silence régnait tant entre elle, Eli, Jérémie et Yumi qu'il ne fallait pas compter là-dessus pour se distraire. Elle se résigna donc à l'observation du paysage devant elle, bien qu'elle le connût déjà par coeur. C'était, au fond, mieux que rien.

Au dehors, une foule s'amassait dans un territoire encore méconnu d'elle. Des fanions aux reflets et à la transparence de glaciers sous le froid soleil d'hiver étaient suspendus dans l'air et tournoyaient en se tordant au-dessus de plusieurs rangées d'arcades gigantesque et lumineuses, dénuées d'allées derrière elles, telles des ruines d'un autre temps. Le principe d'une telle chose avait surpris Aelita au début, jusqu'à ce qu'elle remarquât que des femmes y évoluaient dans un monde uniquement visible des personnes faisant parfaitement face à l'édifice. On aurait dit une exposition de tableaux vivants mettant en scène des salons, des décors, des bibliothèques, le tout avec une impressionnante profondeur. Intriguée, la jeune femme avait flâné dans les allées et remarqué que la foule était surtout constituée d'adultes accompagnant des enfants émerveillées. Aelita elle-même avait eu du mal à cacher les étoiles dans ses yeux : une variété fantastique de spectacles étaient donnés, des démonstrations sur l'art de créer un arbre, une montagne, une maison, une reproduction du rite de l'Ayesee, de l'Histoire de la Déesse... Toute la connaissance de Verso s'exposait pour son peuple. Du moins celle que la Souveraine voulait bien dévoiler...

- Certaines ont passé des dizaines de milliers de secondes devant ces spectacles; il y en a même que je n'ai jamais vues ailleurs qu'ici" Avait commenté la Reine lors de leur retour au pied du clocher "Apprendre aux suivantes ce que les précédentes ont enseigné... Globalement, c'est une des seules occupations de Verso. Empêcher la mort du savoir en provoquant celle de l'ennui, en somme"

Malgré le ton léger de la conversation, Eli ne parvenait cependant pas à cacher une pointe étrange dans sa voix. Certes, depuis sa sortie de la Tour Proelys, elle guettait chaque élément autour d'elle, gardant un réflexe de repli, comme si Asali était toujours là, prête à la défendre... Sans doute cela expliquait la tension qui émanait d'elle avec force, mais ça ne semblait pour autant pas justifier une telle anxiété. Après tout, l'issue du duel avec Yumi n'était pas celui escompté par la souveraine, et les Sages étaient à présent réunies dans le plus grand secret - même le lieu avait été tu -, ne permettant donc aucune forme de soulagement pour le petit groupe. Ce dernier avait purement et simplement été poussé vers ce monde inconnu et sommé de se détendre en s'adonnant au tourisme. Et même si Aelita aurait sans doute apprécié cette occupation dans un autre contexte, l'angoisse et les questionnements qui dansaient en elle ne lui permettait pas même de profiter pleinement de l'accalmie dans la mission. Elle se contentait de ressasser, de repenser à tout ce qui avait été accompli, examinant la moindre microseconde de chaque souvenir, en extrayait tous les scénarios possibles, surtout les pires, puis les rejetait pour mieux les laisser revenir. Au pied d'une Tour de passage, elle n'écoutait que d'une oreille distraite les commentaires d'Eli, qui elle-même ne paraissait que lointainement présente et concernée. Mais Aelita ne pouvait lui en tenir rigueur. Si les Sages parvenaient à se décider, Yumi plongerait dans le Coeur de Verso et y détruirait quelque chose qui en ces lieux n'était pas maléfique... Ca avait quelque chose d'absurde, dans le fond... A se demander comment le triumvirat avait pu accéder à la requête aussi facilement...

- Alors vous ne faites qu'enseigner dans ce monde, c'est ça ?" Tenta Jérémie dans l'espoir de relancer un semblant de conversation. Il n'avait jamais été doué pour les attentes silencieuses s'il ne pouvait songer aux prochaines manoeuvres, et le moins que l'on pouvait dire était que la situation lui échappait depuis son arrivée à Verso.

Eli ne daigna même pas le regarder et haussa les épaules.

- Faites-vous mieux, chez vous?"

- Eh bien, oui, nous avons plus de possibilités; nous pouvons modifier des choses, en créer, en découvrir..."

- Donc vous courrez après un accomplissement qui ne pourra qu'être incomplet..." Conclut Eli avec un semblant de mépris dans la voix. Bien qu'il ne parût pas exactement naturel, Jérémie en parut piqué et se redressa imperceptiblement.

- Au moins, l'ennui ne nous guettera jamais"

Le mot dut être de trop, car la Reine fit trembler ses poings, le regard soudain brûlant. Jérémie quant à lui avorta là-dessus ses précisions d'invectives et retourna à la contemplation de l'exposition. Aelita soupira. Comment pourrait-elle jamais concilier sa fille et son sauveur ? Une Reine désabusée et un Homme sans scrupules ? Et comme elle ne voulait pas songer à son ami en ces termes... Pourtant la nouvelle Aelita qui naissait en elle n'avait aucun remords à utiliser ses termes... Que devenait-elle ?

- Qu'attendons-nous ?" Finit par demander Yumi, d'une voix encore calme pour la situation, dans une évidente tentative de détourner l'attention d'une éventuelle dispute.

- L'avis des Sages sur la manière de mener votre mission" Soupira Eli. "Le Coeur est, vous vous en doutez, une chose sensible. Y entrer ne sera déjà pas une mince affaire, et votre réussite est loin d'être assurée. Je préfère être claire là-dessus"

- Mais, le combat..."

- Son principal intérêt était de voir si vous pouviez supporter l'Apsidia. Dans quel monde pensez-vous que battre un souverain équivaut à mettre son royaume à genoux ?"

- Ce n'est pas notre intention..."

- EH BIEN QUAND MEME !"

Le cri soudain fit sursauter tout le groupe, alertant au passage quelques Versaliennes, qui toutefois reconnurent vite les Sages et détournèrent le regard sans le moindre naturel. Jenny sortit la première avec l'air d'un chien que l'on libère de sa chaîne, et clamant encore son soulagement d'une voix exceptionnellement enjouée. Juste derrière, Biggy tenait ses pattes croisées contre son ventre, moins enthousiaste que sa consoeur mais s'autorisant un léger sourire. Seule Dancy ne dépassa pas le pied du clocher et se contenta d'observer intensément Yumi, comme cherchant en elle une bonne raison de reprendre la réunion. Quelque chose avait dû la contrarier, ses fils légèrement moins ordonnés qu'à l'accoutumée en témoignait, mais...

- Nous sommes enfin arrivées à quelque chose. Vous allez nous suivre séance tenante. Pas le temps de paniquer, de douter, de se rétracter, d'avoir envie de faire de l'ordre dans ses données ou que sais-je encore, il est l'heure pour vous de briller, jeune fille !" S'exclama joyeusement Jenny d'une traite en tapotant l'épaule de la japonaise.

- Avons-nous besoin d'Asali ?" Tenta Eli. Les yeux de Dancy se durcirent, mais la poupée la devança en s'élançant à nouveau vers la Tour.

- Pas le temps. Et puis il n'y a pas grand chose à redouter, et je doute que votre autre ami nous soit utile. Nous n'avons besoin que de la volontaire. En route !"

_____________________________________________________________


- Je n'ai eu qu'un désir durant mon règne. Qu'une seule aspiration, conforme au but de ma naissance. Je voulais que ce monde soit un havre de paix, si magnifique et tranquille que même le sommeil des Hommes paraisse l'Enfer en comparaison. J'ai revêtu ce souhait, j'en ai fait mon plus chatoyant manteau, mais à chaque fois que je tentais de réaliser mon désir, il se réduisait, encore et encore. Finalement, j'ai usé l'habit jusqu'à la fin, le temps de comprendre que Verso était mon souhait, et que lorsque mon désir ne me couvrirait plus, alors le Royaume mourrait".

_____________________________________________________________


- Vous entrerez dans la Tour. Sa forme et son entrée sont particulières, mais vous ne devrez surtout pas vous en formaliser. Elle restera active et ouverte tant qu'Eli le voudra. Elle ouvrira l'accès, et à son signal, vous y plongerez. A partir de là... Que votre force et votre volonté soient vaillantes, car vous n'aurez aucune autre arme pour vous défendre"

Dancy avait parlé très vite, sans interrompre sa marche ne fût-ce qu'une seconde, ses jambes manquant plusieurs fois de s'emmêler dans les fils valsant autour d'elle. Le petit groupe avait tenté de rester à son niveau, mais il semblait que dès qu'il y arrivait, elle accélérait davantage, se mettant presque à courir. En rythme avec ses envolées, une excitation fébrile montait et montait, jetant la confusion entre l'appréhension, la curiosité et l'envie de ne pas songer au pire. Autour d'eux, le ciel était rouge braise et le sol carbonisé. L'horizon était nu, sans vies ni ruines. Jamais le territoire du Désert n'avait revêtu une apparence inhospitalière aussi picturale.

Soudain, les Sages s'arrêtèrent. Biggy s'écarta de la troupe d'un grand pas. Tandis que tous s'arrêtaient et l'observaient, elle jeta la tête en arrière et frappa la terre de ses pattes. Un écho semblable à celui d'une pierre lâchée dans un puits résonna, alourdissant l'ambiance et le vide dans les corps. Aelita frissonna; à quel point leur support était-il fin ? Certes, le monde virtuel ne pouvait avoir la structure rocheuse de la Terre, mais l'idée qu'elle ne marchait que sur du sable soutenu par rien angoissa soudain la jeune femme. Et s'ils tombaient tous sous l'effet des assauts pédestres de la Sage ? Elle allait finir par briser le sol, c'était sûr...

Par chance cependant, rien de tel ne se produisit. L'oursonne se contenta de sourire après quelques secondes de percussions minutieuses et déclara avec solennité :

- Nous y sommes. Ma Reine..."

Aelita remarqua l'air incrédule de Jérémie et Yumi. Arrivés... Alors qu'il n'y avait à perte de vue que des reliefs désertiques ? La Tour était-elle sous terre, derrière un rocher ? Etait-ce un leurre comme ils avaient déjà pu en déjouer ? Cependant la Gardienne de Lyoko sourit. Elle sentit une bouffée de confiance en sa fille gonfler son orgueil... Elle avait bien compris que Verso cachait de nombreux secrets, et même si sa mémoire récente peinait à lui dévoiler celui-là, elle ne put que se sentir fière face à la complexité de son monde. Toute angoisse la quittait doucement, remplacée par de l'amusement pour les réactions de ses amis, comme si elle était responsable, au moins un peu, de la construction de Verso. Elle-même s'étonna légèrement d'un tel lunatisme, mais... Sans doute l'effet de ses deux "elle".

Pendant ce temps, Eli s'avança et frôla le sol, jouant doucement avec les grains artificiels, les faisant tournoyer entre ses doigts. Etrangement, ils suivirent l'intention et se mirent à encercler la main de la souveraine dans une fluide danse aérienne. On eût dit des pixels de Soleil tant leur éclat illuminait le visage de la jeune femme. Puis soudain, elle en prit une pleine poignée et la jeta au loin.

Brutalement, au premier contact du premier grain sur le sol, celui-ci se déroba. Une tombe se creusa, avalant tout ce qui se trouvait dans son sillage, ne s'arrêtant devant rien. Le groupe recula, surpris par le grondement du gouffre grandissant. Un monstre semblait essayer de sortir de sous terre... Mais malgré l'abysse qui s'approchait d'elle, Eli ne s'éloigna pas, continuant de jeter des grains comme on jette des miettes à un cygne. Un fort courant d'air s'échappa du vide et fit valser des mèches de cheveux de la Reine, barrant son visage tranquille. Pourtant, le vent qui se levait avait de quoi retourner un désert... Seules Aelita et Eli parvenaient à lui tenir tête aisément. Jérémie par contre trébucha violemment, tout juste récupéré par une Biggy qui luttait pour ne pas s'effondrer. La tempête se mit alors à chanter, des milliards de voix déchirantes s'élevant et attaquant les témoins; ils purent même sentir chaque décibel, chaque note les transpercer et les repousser... Le cauchemar se prolongea quelques secondes encore, jusqu'à ce que le précipice parvînt aux pieds de la Reine. Aussitôt, elle cessa de le nourrir et tendit la paume de sa main vers lui, toute son autorité jaillissant de son simple mouvement. La terre cessa aussitôt de s'avaler elle-même, les voix aériennes se suspendirent en un faible soupir. L'apsidia, maintenu dans sa forme sphérique et accroché à la ceinture d'Eli, s'éveilla brutalement et commença à clignoter, répondant à la puissance de sa porteuse. Tout doucement, chaque geste pesant et impressionnant, Eli se pencha au-dessus du vide comme pour murmurer à l'oreille du monstre autophage, puis du bout des lèvres, souffla.

Progressivement, alors que l'expiration se répandait dans le vide, des poussières aux couleurs de l'aube volèrent en scintillant et tintant, illuminant le territoire sur leur passage. Elles restèrent en suspension dans l'air, flottant tranquillement comme des lucioles polychromes perdues dans un champ d'étoiles versicolores. Fascinés, les Lyoko-Guerriers ne parvinrent à quitter la Reine des yeux alors que le ballet la contournait, la frôlait, l'entourait, l'étreignait. On eut dit de microscopiques créatures reconnaissant leur maîtresse et se réjouissant de sa venue...

Puis soudain, une sorte d'écho emplit le territoire, comme une pierre tombant en eau troubles et profondes. En retournant leur attention vers le précipice, le groupe aperçut une surface aquatique, d'un bleu minéral translucide et statique. En s'approchant, on pouvait remarquer l'absence de fond, la couleur se fonçant petit à petit mais sans jamais devenir totalement noire. Aelita en s'y penchant sentit naître un vertige. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait des choses sans fond dans ce monde, mais là... Elle s'imagina une éternelle noyade. Pour autant, elle ne s'écarta pas. Une part d'elle ne redoutait pas le petit lac, au contraire... Elle semblait bien le connaître, et était persuadé qu'il ne lui ferait rien de mal. Alors elle resta accroupie au bord, prise entre l'assurance et la crainte.

Les trois Sage firent signe à Yumi de s'approcher. Celle-ci, hésitante, osa prendre l'Apsidia que la Reine lui tendit. Dancy reprit alors son exposé du plan :

- Ne redoutez pas votre chute, rien ne vous arrivera. Ce passage sait lire vos pensées, et si vous le craignez, si vous pensez avoir à vous défendre contre lui, alors il vous rejettera"

- Comme l'Apsidia ?"

- En quelque sorte, mais imaginez-vous qu'en plus de l'intérieur, elle vous attaque de l'extérieur. Ce que vous avez expérimenté n'était qu'un avant-goût"

Yumi serra la sphère avec plus de vigueur, comme si l'image de mille Apsidia lui arrachant son énergie venait de la frapper. Elle s'accroupit en espérant vaguement cacher son trouble, puis passa son doigt sur la surface. Elle ne put retenir un hoquet de surprise.

- Mais il n'y a rien..."

- Faux. Vous croyez effectivement ne pas sentir de matière, mais il y a bien quelque chose. Une simple versalienne n'oserait approcher, pour une raison simple : ce passage est un paradoxe. Vous voyez ce qui n'existe pas. C'est une illusion qui tend à faire de vos pensées une réalité. Lorsque ce système a été créé, nous avons tenté de le complexifier au maximum, afin que l'incompréhension éloigne les curieuses qui surprendraient éventuellement notre Souveraine si d'aventure elle avait à ouvrir l'accès. Il n'y a guère que la Reine qui puisse manipuler ce passage, le trouver et l'activer. Un des petits avantages de son... Anomalie de pensée"

Eli grimaça et se releva. Elle passa ses doigts le long du dos de Yumi et lui jeta un coup d'oeil. Elle se pencha sur elle et lui murmura, suffisamment bas pour que ses paroles restassent dans le secret :

- Vous allez être la première à pouvoir pénétrer notre Coeur en espérant en sortir. Sachez qu'une fois à l'intérieur, nous ne viendrons pas vous secourir ou vous assister. Nous ne prendrons pas ce risque. Mais il y a une chose que je peux vous dire. Le Coeur est une conscience à part, autrefois liée à sa première Reine, ma mère. Honneur dont je n'ai pas hérité, par sécurité"

- Comment cela ?" S'enquit la guerrière, tâchant de ne pas parler plus fort que la Reine.

- Je vous l'ai dit, un bon royaume est un royaume qui ne s'effondre pas lorsque sa souveraine tombe. Après le Teletamera, il a été décidé très rapidement de ne pas me lier à la source de vie de Verso. Nous ignorons déjà comment ma mère a pu disparaitre sans l'emporter..."

- Donc qu'est-ce que cela veut dire ?"

- Que même une fois à l'intérieur, vous jouerez quitte ou double. Espérons qu'il ne vous prenne pas pour une ennemie à son intégrité, le cas échéant je ne pourrais rien pour l'apaiser... Bien qu'il n'entraînerait pas votre destruction de lui-même, il ne vous guiderait pas, et croyez-moi, vous aurez besoin de ses conseils pour ne pas vous y perdre, du moins jusqu'au Gardien"

- Et le Gardien..."

- Vous verrez de vous-même. N'y voyez pas là de la mauvaise volonté... Nous ignorons vraiment tout de sa forme et de sa puissance"

L'information ne fut pas pour rassurer la jeune femme, mais elle décida de la prendre comme telle; un appel à la prudence. Il n'était pas question de compter sur une aide extérieure, et quelle que fut sa préparation, elle ne pourrait y croire totalement. Pendant qu'elle rassemblait ses pensées pour mieux tenter de les repousser, Eli toucha l'Apsidia, ui redonna sa forme d'arc et la fixa au dos de Yumi avec sa propre ceinture.

- Bien. Tout est dit. Ne perdez pas l'esprit, et advienne que pourra"

Sur cette dernière bénédiction de la Reine, la guerrière salua ses camarades et, en essayant de ne pas trop réfléchir, sauta dans le précipice.

Ce fut comme se perdre entre éveil et sommeil, au début. Ses yeux voulaient se fermer et l'éloigner de ce qu'elle vivait, mais dans le même temps ils voulaient rester grands ouverts et alertes à ce qui pourrait arriver. Yumi eut l'impression d'être prise dans une tornade sous-marine : ses membres flottaient lourdement, mais étaient ballotés dans un mouvement constant, quasi pulvérisés par la puissance qui les animait. Elle sentit de l'eau glisser entre ses lèvres et ressortir immédiatement par les pores de sa peau, comme une éponge que l'oeil d'un cyclone essorerait. Pourtant, cela ne la dérangea pas. Il n'y avait en elle ni bonne, ni mauvaise impression, juste la certitude d'être ordonnée, reposée, protégée par un cycle immuable et inoffensif. Comme si les minutes passants la gardait de la souffrance et de la mort. Et ce bleu autour d'elle... A perte de vue, mais l'immensité n'était pas angoissante. Elle était rassurante. Il n'y avait qu'elle, et elle seule dans les environs, pas d'ennemis à combattre alors qu'elle se sentait tout juste la capacité et l'envie de se laisser aller...

Soudain, sans préavis, des tambours résonnèrent en elle. Ils envahirent son esprit, pulsant dans son corps et déréglant son système. Elle pouvait sentir toutes les fibres de sa conscience tenter de rejeter le son assourdissant d'un autre monde. Elle voyait mille images sans sens, entendait mille sons dénués de logique, elle comprenait tout mais n'arrivait à déterminer comment... Elle sentait le froid, le chaud, la douleur, le soulagement, le contact, l'absence, l'aisance et le trouble, tous les opposés se confronter en elle comme la bataille finale des sentiments humains. Toutes les images du monde se bousculaient, les lumières et les couleurs l'avalaient alors qu'elle se sentait ingurgiter tout ce qui pouvait exister. Elle n'était qu'un corps en contradiction qui se déchirait et se détruisait pour mieux tendre vers la perfection. Elle tenta de bouger pour essayer d'encaisser le choc et sa somatisation, et se rendit compte qu'elle n'était plus rien de physique. Comment pouvait-elle alors ressentir la douleur ? Y avait-il seulement une logique derrière ce qu'elle vivait ?

Soudain, un silence de mort pesa sur elle et la plaqua au sol. Un froid immense l'asphyxia l'espace d'une seconde, puis toute sensation la quitta, comme si les avoir appréhendées une fois suffisait pour une vie. Le petit cri de surprise qu'elle laissa échapper vibra dans tout son corps, chaque onde redonnant naissance à une partie de son corps au fil de leur progression. Elle avait l'impression d'être faite de pixels courant sur une page au chargement excessivement difficile. Mais emportée dans un élan brutal, elle se retrouva debout, solidement campée sur ses pieds, l'insensibilité virtuelle retrouvée. Elle dût même passer sa main dans son dos pour s'assurer que l'Apsidia se trouvait toujours dans son fourreau. Aussitôt que ses doigts frôlèrent l'arme, elle sentit une vague de puissance l'envahir, l'exhorter à aller plus en avant. Ce fut à cet instant qu'elle comprit. Elle venait de passer la barrière. Elle était dans le Coeur. Elle ferma les yeux et tenta de renouer le contact avec Aelita, conformément au plan. La voix de cette dernière ne tarda pas à la rejoindre, soupirant à son oreille avec la grâce d'une Reine commandant à son armée. Avec la présence de son amie, Yumi devait reconnaître être rassurée. Après s'être accordée quelques instants de plénitude avant la bataille, elle rouvrit les paupières et scruta les environs.

Elle était entourée d'un vaste décor teint de sépia, dont l'image sautait parfois telle le film d'une vieille VHS. A chaque sursaut un petit grésillement se déclarait, l'ensemble donnant une étrange mélodie désaccordée. Mais le plus intriguant étaient les édifices et la végétation, poussant ou se bâtissant en accéléré pour ensuite se détruire et se reconstruire en boucle. La jeune femme eut même une petite frayeur alors qu'une tour crachait soudain ses débris dans sa direction, mais ceux-ci se désagrégèrent avant de l'atteindre. En y regardant de plus près, Yumi reconnut Verso, à un détail près : tout semblait plus luxuriant, plus baroque, presque étouffant et exagérément rempli, comme si le créateur du lieu avait redouté des vides. Par chance, l'anéantissement permanent du décor permettait à la combattante d'évoluer en profitant de la disparition temporaire des éléments. L'oeil alerte, les jambes souples, elle ne perdait aucune occasion et repérait les courts vides pour avancer. La voix en elle lui disait d'aller toujours plus avant, de ne pas se détourner ou reculer. Elle avait été mise face à son objectif, et rien sur son chemin ne devait l'arrêter.

Soudain, un arbre poussa violemment sans préavis. Surprise, Yumi n'eut pas le temps de l'éviter et trébucha. Mais alors qu'elle ferma les yeux, en attendant le choc avec le sol, elle sentit le vide sous son visage. Un coup d'oeil lui apprit qu'elle était la tête en bas... Et un autre que son pied la maintenait pendue à une branche en perpétuel allongement. Non ! Elle ne pouvait être bloquée de la sorte, pas maintenant ! Mais avant qu'elle n'eut le temps de tenter de se dégager, l'arbre arriva au bout de son évolution et se désagrégea, comme réduit doucement en cendres. Yumi tomba alors lourdement sur le sol, le crâne pour seul réception. Elle sentit le contenu de son cerveau virtuel se secouer sous le choc, et une voix atrocement clinique lui annonça "10 points". Le combat n'avait pas commencé que déjà elle s'affaiblissait... Elle prit un temps de récupération, puis releva la tête, non sans frustration. Mais encore une fois, les évènements ne l'autorisèrent à s'appesantir sur son sort. Un Krabe avançait vers elle d'un pas tranquille, l'oeil lancé devant lui, ignorant presque la jeune femme à terre. Aussitôt, cette dernière se saisit de son poignard, prêt à attaquer, guettant le moindre signe d'hostilité pour pouvoir y répliquer. Sauf que...

Sauf que le monstre ne lui accorda aucune attention et continua sa route paisiblement. Quoi, ne l'avait-il donc réellement pas remarquée... ?

Yumi commença à reculer, méfiante, et se tint en joue. L'autre allait finir par réagir, voir l'étrangère, l'attaquer, faire son devoir, ce pour quoi il était programmé...

Et pourtant, non. Il ne dévia même pas. Et ce fut à nouveau une chose étrange qui arriva. Il passa littéralement... Au travers de Yumi. Il la transperça sans ciller, comme si elle n'était faite que de fumée, comme si elle n'était qu'un fantôme... Surprise, elle se redressa davantage et remarqua qu'elle était entourée de monstres ou de versaliennes, marchant simplement, sans accorder la moindre importance à ce qui les entouraient. Tout juste, de temps à autre, un Frelion s'arrêtait pour butiner une fleur virtuelle avant qu'elle ne fane prématurément, tout juste une Méduse prenait le temps d'étirer ses tentacules comme pour profiter d'un soleil absent... Mais quoi qu'elle fît, Yumi ne pouvait qu'être traversée par la population du Coeur...

Puis elle comprit. Tous ces êtres... Etaient les disparus du Teletamera. Tout ce qui avait été emporté par la guerre, avalé dans la gueule de la désolation... Tout était là. Le Coeur était le Royaume des Morts, en somme, un sorte d'Enfer, et les esprits - le passé - une sorte de source... Et elle, créature encore vivante, qu'aucune blessure n'avait anéantie, était bel et bien un fantôme...

Perdue dans ses pensées, elle ne sentit pas la Méduse qui fonçait vers elle. Ce ne fut que lorsque le monstre tira l'Apsidia qu'elle parvint à revenir à sa mission. Entraînée par la tentacule et la surprise, elle se rattrapa de justesse et frappa la Méduse. Bien que sa main passa au travers, la voleuse parut prendre conscience de la présence de la guerrière et stoppa tout mouvement. Elle se tint immobile un moment, comme interdite, puis soudain s'écarta. Si elle avait eu des yeux, sans doute aurait-elle exprimé une brutale stupéfaction. Yumi eut un geste défensif vers son arme, toute son attention dirigée vers la créature, oubliant la relique qui étincelait de plus belle dans son dos. La guerrière ignorait comment battre un fantôme, mais elle ne se laisserait pas prendre son unique arme !

Plusieurs secondes, d'une tension cassante, défilèrent, les deux adversaires s'analysant dans l'indifférence des autres habitants du Coeur. Plus le temps passait, plus Yumi se tendait, ses genoux cambrés dans une posture d'attente, son ennemie toujours repliée mais attentive, les tentacules ondulant autour d'elle, cherchant une ouverture, une manoeuvre à tenter. Mais, inexplicablement, soudainement, la Méduse se raidit et s'effondra.

Yumi se redressa, surprise. Comment... ? Qu'était-il arrivé ? Avait-elle fait quelque chose sans le savoir, l'Apsidia avait-il attaqué à distance sans qu'elle le sût ? Avait-il seulement ce pouvoir ? Ou alors... Une aide extérieure ? La voix qu'elle entendait ? Non, ce n'était qu'une voix... Enfin, il lui semblait...

Elle n'eut pas le temps de prolonger sa réflexion qu'un coup de tonnerre explosa sous terre. Sa dernière vision avant de perdre toute notion de calme fut celle d'un main de marionnette de bois jaillit violemment.

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- Le propre d'une arme de destruction, c'est d'être l'artisan de sa perte. Lorsqu'elle accomplit sa raison d'être, elle n'a d'autre choix que d'être emportée par sa folie"

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Voila donc pour cette première partie ! J'annonce d'ailleurs au passage l'ouverture de la galerie graphisme, du nom de Bottle's Ink, si vous voulez y faire un tour, il y a des illustrations (deux, pour le moment, en fait) de Mondes Alternés ! (de deux personnages de Verso, en fait). De plus, j'ai potentiellement un one-shot qui sortira dans la semaine (avec un mois de retard), mais je ne donnerai pas de dates précise étant donné que, pour le moment, je n'ai pas la moindre idée précise de quand j'en viendrai à bout !

Quoi qu'il en soit, j'espère que ce chapitre vous a plu, et je vous dis à dans deux semaines pour la suite, d'ici là portez-vous bien, tchaô o/
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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 25 Mai 2015 14:50   Sujet du message: au fait, M, 20 : 16. Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
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Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour chère Violet Bottle,
« Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois » dit le proverbe.

Une fois rendu au point final de ce chapitre, la question de la véracité de ce proverbe se pose. En effet, Yumi s’aventure physiquement dans un royaume de spectres. Au vu de ce que sont les abords du cœur, l’épreuve imposée par la souveraine de Verso devient bien plus compréhensible. Yumi a littéralement changé de monde. Elle n’a pas seulement bougée dans l’espace, passant d’un lieu à un autre, mais elle a aussi changé d’univers physique. Les règles ne sont plus les mêmes.

Ce nouvel environnement est servi par une plume toujours aussi riche et agréable, ce qui en fait une découverte enthousiasmante et pose pour le final un cadre des plus flamboyant.

Le cœur tel qu’il nous est présenté est au confluent de trois topiques différents, le monde des morts, le monde inversé, et la source.

Le cœur apparaît tout d’abord comme l’inverse du monde d’en haut. Verso est un monde de stabilité, presque immobile. D’ailleurs la discussion entre Jérémie et Eli est assez claire sur ce point. Jérémie met en avant la créativité, la possibilité de tout recommencé, de reconstruire et d’améliorer. Et il appelle cela la vie, par opposition à l’ennui. Eli est profondément choqué, non seulement par l’insultante muflerie de l’homme, mais aussi par cette précipitation qui abandonne la perfection. Verso a été conçu, et ses habitantes y adhérent toutes, même si elles savent que ce n’est pas ou plus vrai, comme une perfection. Certes la perfection peut avoir de nombreuse définitions, mais il est clair que dans le cadre versalien il s’agit d’un état stable et achaotique. Le cœur lui est en perpétuel chantier, renouvellement constant ; l’instabilité règne en maître. Il est donc un reflet inverse de Verso. D’ailleurs ce sont des monstres et non des versaliennes qui y habitent.

Yumi perçoit alors le cœur comme les enfers locaux. Outre la symbolique évidente du monde souterrain, il semble que le cœur soit un cœur battant d’archives, trace de ce qui fut, même brièvement. La japonaise est donc une vivante parmi les morts. Et de même qu’Énée elle vient chercher des réponses à une Question. C’est là un motif très ancien et très puissant. L’avertissement qui lui fut donné sur la difficulté du retour devient alors très compréhensible. Normalement la mort est un voyage définitif. Dès lors, le voyage de Yumi semble aller à l’encontre des lois de la nature. Et bien qu’il y ait un passage pour accéder au monde inférieur, la pertinence de cette quête se trouve remise en question. En effet, si la question est dans le cœur, n’est-ce pas à dire qu’elle est morte ? L’antithèse de Verso, l’interrogation, n’aurait-elle pas déjà échoué lors du Teletamera ? Il faut dire que les versaliennes se sont montrées assez vagues sur la question, et Xana encore plus invisible que dans la série. Au point que la question de sa survie, de son activisme en ce monde devient un problème. Il est alors loisible de se demander si les héros n’ont pas tort. Rien ne leur prouve que Xana est encore ici, $’il soit en vie, ou même que le tuer ne soit pas dangereux pour Verso.

Enfin, le cœur est la source. Il est le cœur d’un monde informatique, celui par qui tout est. Il est donc la source de vie, ainsi que l’exprime son style : l’horreur du vide. Il remplit et crée sans cesse, génère sans cesse. Il est donc la source d’un fleuve inépuisable. C’est bien là que se niche tous les paradoxes. Le cœur est à la fois le pourvoyeur de vie et le théâtre des morts, il crée, mais est à l’opposé de ce qui advient en réalité. En somme ce lieu est la proie de fortes pressions contraires. Cela pourrait-il menacer Verso ?

Les intermèdes au mystérieux narrateur sont très agréables, marqués par un certain sens de la formule, et éclairent certains points de Verso et de ses secrets.

Au plaisir de voir l’oracle répondre, et les regrets se soigner.

_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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JCVgamer MessagePosté le: Lun 25 Mai 2015 16:48   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
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Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
*Tandis que la fatigue commencer à se profiler pour le jeune apprenti mage de lumière. Une créature robotique apparut devant le jeune homme. Elle tenait un parchemin en main et dit d'une voix métallique: "Suite de la Fanfiction Mondes Alternés de la part de Madame VioletBottle, Monsieur." Jerem répondit : "Merci bien, je vais le lire de ce pas et je ferais un commentaire que je renverrai en main propre, vous pouvez disposer". Sur ces mots la créature robotique disparut. Le jeune homme décida de rester fidèle à ses habitudes et mis cette musique de fond. Il se mit à écrire.

Bonjour VioletBottle.

Nous arrivons donc au final de Verso, et il était intéressant de voir ce que ce prélude nous réserve.

Bien commentaire qui sera court car il s'agira d'un com sur le global.

La première partie laisse perplexe car on ignore quel personnage est décrit ici. Par déduction je dirais que c'est Ulrich au vu de son comportement au fur et à mesure de l'avancée de la fiction.

Ensuite un débat sur la façon de fonctionner su monde de Verso avec un parallèle sur le monde réel où vivent nos héros. Au final les deux mondes ont leurs qualités et leurs défauts. Ceci dit il y en a un qui est géré par une IA et l'autre par les humains eux-mêmes. Partant de ce principe lequel est le meilleur ? Eh bien aucun des deux, car il existe des manques pour tout le monde.
Néanmoins n'oublions pas que ce monde est la représentation d'Aelita, donc il y a une part humaine également, ce qui rend ce monde plus complexe à mon sens que le monde réel, pourquoi ? Tout simplement car tout être humain dispose d'un sanctuaire mental dans lequel il peut se réfugier afin de faire le vide ou se recueillir, etc... Ce qui implique aussi que ces sanctuaires sont tous différents pour chaque humain et donc la notion de complexité prends son sens ici.

*Jerem se rend compte qu'il est parti loin dans ses remarques ^^*

Les Sages se sont décidés, il est temps que commencent la phase finale.

Une autre partie assez étonnante vient s'introduire dans le récit. Ne sachant pas vraiment quoi en dire je vais donc ne pas m'avancer dans des hypothèses douteuses.

Nous avons ensuite en quelques sorte le rite de passage afin que l'épreuve de Yumi puisse commencé. la mise en place de cette épreuve et sa description sont très bonnes. Le lecteur arrive très bien à imaginer la scène qui se déroule. Magistrale !
Après avoir franchi en quelque sorte "la porte", la japonaise se retrouve dans le monde du Cœur. L'épreuve finale va pouvoir commencer.
Mais elle s'aperçoit que das ce monde elle est un être immatérielle. Au début elle se fait piéger par un arbre (sans doute assimilable à une muraille défensive comme pour la citadelle d'un château du Moyen-Age). Après elle se considère comme un fantôme mais la description du lieu tel que tu veux nous le faire entendre signifie plutôt l'inverse. Ceci me fait penser d'ailleurs a Pirates des Caraïbes avec l'antre de Jones où d'autres film où le sujet est traité.
Quoi qu'il en soit, il semblerait que si Yumi n'est pas forcément repérable, ce soit le contraire de l'Apsidia. Ce qui me paraît logique puisque ça à l'air d'une arme intemporelle.
Le bref "combat" entre Yumi et la méduse semble être un leurre dans le sens où la suite va s'avérer bien plus difficile. Serait-ce un moyen d'endormir la défense de Yumi ?

Et on termine une nouvelle fois par une phrase mystérieuse. Pas de commentaire dessus j'attends la suite ^^.

Bien un chapitre d'introduction au grand final, qui est doté d'une description très immersive (ce qui fait la grande force de ta fic depuis le début en fait ^^) Un chapitre qui se lit néanmoins très rapidement mais qui reste de qualité et très plaisant.

Au plaisir d'assister à un final épique.

*Jerem referma le parchemin. Faible il essaya néanmoins de se téléporter dans un des mondes de VioletBottle. Mais son sortilège se dérégla. Il apparut sur le ventre, complètement épuisé. Sa force vitale était extrêmement faible. Le jeune homme essaya de relever la tête, il vit une sorte d'inscription sur une sorte de mur: "Bott..." Il ne put lire la suite. Sa vue se brouilla. La dernière chose qu'il vit fut une créature de métal s'approcher de lui tandis qu'une sorte d'alarme résonnait. L'apprenti mage de lumière s'évanouit le bras tendu avec un parchemin dans sa main droite.
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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Robin2553 MessagePosté le: Ven 29 Mai 2015 20:35   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Sur une hyper-surface que l'on appelle présent.
I’m back bitches ! Cool



Fervent défenseur de l’expression « jamais deux sans trois » dans le contexte putassier de l’excuse à deux franc cinquante me revoilà donc pour la troisième fois sur le topic après une absence de plus de trois mois Mr. Green.
Et le moindre constat après cette période, c’est que tu n’as pas chômer Laughing. Me voilà donc à te livrer mon plus gros pavé sur ta fiction à ce jour.


From the multiverse, with love <3 :


Alors on va commencer avec le plus prévisible :

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William était donc la voix. J’aurais dû m’en douter de celle-là, surtout après que tu nous ais dit plus ou moins explicitement que le fieffé coquin étais là depuis le début. Faudrait vraiment que je mette à jour mon appli « omniscience » Mr. Green.
Cependant, si je peux me permettre une petite extrapolation sur le pourquoi que personne l’a vue venir celle-là. Je dirais que le dédoublement des avatars de William n’est pas quelque chose à laquelle on s’attend forcément.

Encore plus choquant par contre est le fait qu’aucun membre de la MANTA n’est encore essayé de faire un parallèle douteux avec le Christ. Franchement, vous me décevez là. Moi qui vous prenez pour des adorateurs fanatiques de personnage de fiction respectables tel que moi. Voilà qu’il faut que je me tape votre boulot, c’est vraiment pas sérieux tout ça Mr. Green :

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Sinon, pour rester sur les révélations d’interlude et honorer ton nouveau titre d’empereur. Si Napoléon était surnommé le « petit caporal », je pense que personnellement je vais me mettre à surnommé Belpois le « petit major » :

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Parallèle douteux à part cependant, je rejoins l’avis générale en affirmant que nous avons du méchant du qualité en sa mégalomane de personne, et il me tarde de voir quelle genre de surprise il réserve à nos héros et/ou à Xana. A n’en pas douter, avec les fusils de Tcheckhov qui trainent dans Solar Building se sera quelque chose de pyrotechnique ^^

Spoiler





En ce qui concerne la suite des aventures Versaliennes, je me souviens avoir dit dans l’un de mes coms que Verso était intéressement opposé à XANA de par le fait que la déesse Aelita y a introduit l’évolution sous la forme de l’Ayesee.
Et par Lain que j’étais à côté de la plaque ! Voici donc que Verso se transforme en une déconstruction de l’utopie que le manque d’évolution a rendue vulnérable. Un changement qui n’est certainement pas pour me déplaire. Car combiner la dystopie avec des dynamiques évolutionnistes réalistes, c’est une fusion qui déchire tout autant sur le plan esthétique qui philosophique de mon point de vue. Cependant, si mes premières impressions sur Verso étaient fausses sont traitement reste intéressement opposé à l’idéologie de méchant de DA prêtée à XANA. En effet, l’utopie est ici mise en échec pour les mêmes raisons que les plans de domination de l’humanité par l’IA mégalo sont illusoire : une centralisation extrême du système, synonyme de vulnérabilité, et une croyance en une perfection jugée subjectivement.
Et devant ce constat je serais tenté de dire que cela à un rapport avec la fameuse question « qu’est-ce que Verso pour XANA » posé par Belpois. Même si au final, on n’a clairement pas assez d’élément pour le deviner et que je sens que je vais être horriblement à côté de la plaque (encore Mr. Green).

J’en profite aussi pour dire que la back story de Verso avec le Teletamera est ma foi très intéressante, car pleine de mystère bien amené. Un peu comme celle cachée de Solar Building quoi Wink. Cela me fait d’ailleurs pensé que mes instincts de lecteur sentent la présence tenue d’un fils rouge interuniversel depuis un certain temps déjà, bien que je manque d’éléments pour corroborer son existence…



Les autres commentateurs ayant fournis des analyses chapitre par chapitre bien plus détaillées que je ne pourrais jamais rêver d’offrir en un seul commentaire, je me contenterais donc de rapidement commenter sur le cœur du nouveau chapitre… Le cœur !

Le cœur donc, que j’aurais bien envie d’appeler « Recto » pour le coup tellement ça aurait de sens au vue de la narration. Étant bien évidemment complétement biaisé par mes propres écrits (entropie infosphérique FTW !). Je ne peux m’empêcher de voir en cette étrange partie de Verso comme un réservoir de « l’entropie » (chaos si vous préférez) générée par l’existence et l’activité du reste du monde virtuelle. Chaque erreurs/bugs provoquées par ce qui existe ou ce qui est créé dans Verso y seraient envoyer par l’utopie afin d’y être traiter sans menacer la « perfection » du monde virtuelle. Cela expliquerait son apparence si proche de Verso et pourtant si chaotique, et irait bien avec l’inefficacité qu’à Verso à effacer les données « définitivement » que nous avait si bien exposé Belpois. Alternativement, il se pourrait aussi que l’utopie absorbe les données en constant renouvellement du cœur pour ensuite les ordonnées afin de lui-même créé. Dans les deux cas cela promet d’intéressantes visuelles et je n’aurais pas pu penser à meilleur endroit pour une confrontation finale.
Le dénouement que je verrais bien arriver à l’heure actuelle est une fusion de Verso et de « Recto » en un Lyoko imparfait mais dynamique et à l’abri de l’ennui.


Enfin, comme la plupart d’entre vous le savent certainement, malgré ma total incapacité à fournir des relevés orthographiques digne de ce nom j’aime nitpicker, et je suis plutôt bon à ça Mr. Green. Malheureusement, la plupart de ceux-ci présente un intérêt limité vu mon niveau de sensibilité plus bas que les vôtres et je me retrouve ainsi souvent à me demander si il est pertinent de commenter sur tel ou tel détails. Aussi plutôt que de me casser la tête, j’ai décidé de donner à mes nitpicks leur propre section dans mes commentaires afin de les trivialiser et de laisser à l’auteur et aux lecteurs le loisir de juger de leur importance.
Mais cesse de blabla, veuillez accueillir le seigneur et maître de l’inutile produit de mon égo !

J’ai nommé, le netpecker ! *insert dramatic sound here* :


Spoiler

_________________
"In memory of those fallen in the defense of Earth and her colonies. March 3, 2553"
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Ikorih MessagePosté le: Sam 30 Mai 2015 08:40   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Citation:
Chaque erreurs/bugs provoquées par ce qui existe ou ce qui est créé dans Verso y seraient envoyer par l’utopie afin d’y être traiter sans menacer la « perfection » du monde virtuelle.


...

Spoiler

_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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VioletBottle MessagePosté le: Mar 16 Juin 2015 17:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 08 Sep 2013
Messages: 101
Bonjour bonjour ! Avec deux. Semaines. Et. Demi. De retard, je vous viens avec la deuxième partie du Final de la saison 2 ! (Sur trois parties. La troisième viendra dans une semaine. A tout prix. Sinon je la poste mi-Juillet, et ça va me faire râler. Donc voila)

Réponse en commentaires, en RP (j'ai eu le temps Jerem =3) et en spoiler. Yaaaaay.

Spoiler


Sur ce, je vous laisse en compagnie de ce nouveau chapitre, bonne lecture à vous o/

_____________

Monde 2 Verso
Chapitre 10.2
The Apsidia - 2nd


Fin du Temps Zéro

Asali courait dans Peerasinisma, le Médaillon de la Déesse ancré dans sa paume, s'incrustant toujours plus dans sa main. Tel un fauve menacé par une astéroïde, elle guettait la moindre présence, la moindre ombre, le moindre frôlement. Autour d'elle, la végétation encore debout répondait au son de ses pas, excitant ses mécanismes de défense dès que ses pieds touchaient le sol, et ses yeux, scrutant le plus petit pixel manquaient de la rendre paranoïaque. Déjà le rassemblement sonnait et tonnait dans tout Verso, réclamant que chaque créature rejoignît le Désert d'Aremos pour "relancer le Temps". La Gardienne pouvait encore l'ignorer tant que l'assemblée n'était pas complète, mais cela n'était qu'un maigre avantage; elle ne sera jamais assez rapide... Maudits furent les ponts entre les territoires... Maudite fût la facilitation de l'existence !

Mais déjà, entre les sombres branches des arbres, le sommet de la Tour Proelys se profilait. Il fallait espérer que les Sages n'avaient pas verrouillé le bâtiment... Le paysage devint invisible sous la vitesse de la course, Asali volait presque en évitant les racines et les troncs, toute son énergie de combattante gagnée pendant le Teletamera dédiée à sa mission solitaire...

Alors qu'elle sortait de la forêt, elle bondit et dérapa, se rattrapant de justesse et sans grâce sur son bras, son genou se repliant dans un angle étrange mais insignifiant pour la tête qui guidait les membres. Les pieds pressés engloutirent sans respirer la petite plaine entre la forêt et la Tour et propulsèrent tout l'organisme dans la surface sans prendre la peine de tester l'accessibilité de l'entrée. Par chance, Asali s'enfonça dans le portail invisible au son familier et distordu. Elle avait atteint son premier objectif. Mais toujours pas le temps de s'arrêter.

Dans l'allée principale, le gouffre béant de l'Ayesee était encore grand ouvert, témoin de la croissance programmée d'Eli, avalant invariablement le vide. Mais tout juste jetée au sol, la jeune femme cibla autre chose : la petite porte en fond, représentée par un simple voile immobile et droit, sans relief ni reflet. Tout en se maintenant dans son pilote automatique, la Gardienne contourna le précipice étincelant, se jeta vers le voile et passa de l'autre côté. Pendant ce temps, au dehors, la voix de Biggy résonnait, puissante et en écho comme une prophétie millénaire :

" L'ère à venir effacera les instants perdus à jamais; ce que nous n'avons encore, nous ne pouvons l'égarer. L'avenir de Verso courra toujours en avant, les regards naturellement ne se retournent jamais sous peine de ne plus pouvoir discerner le chemin"

Non, non, non, ne commencez pas tout de suite, pas si tôt, pas si vite... Asali y était presque... Pourvu que personne n'eût remarqué son absence...

Rapidement, elle sauta sur l'interface centrale de la salle des commandes de Verso. La Déesse, dans sa grande confiance envers les Versaliennes, n'avait jamais limité son accès. Ce qui était une véritable chance en cet instant. Des câbles et des écrans s'allumèrent tandis que la pièce plongea dans l'obscurité, tout juste altérée par les serpents fluorescent et immaculés.

"Le progrès est la seule réponse à l'échec, l'isolement la seule garantie contre la trahison, et l'ordre la seule barrière contre l'égarement. Si nous ignorons tout de ce qui nous a mis à genoux, l'infante de la Déesse l'a mis à terre. Mais il convient, pour que personne jamais ne puisse nous attaquer, de nous prémunir. A ce titre, l'ennemi d'hier doit être le gardien d'aujourd'hui"

Ignorant le non-sens des paroles de Jenny, Asali tendit le Médaillon vers l'interface. Elle crut sentir le poids du monde s'envoler de sa paume quand la surface répondit à l'objet. Mais la réaction obtenue, elle, se révéla plus inattendue encore. L'interface s'enroula autour du Médaillon, l'emprisonnant dans un globe azur translucide. Il resta un long moment vide et incolore, flottant dans l'espace sans bruit ni spasme. La jeune femme, fascinée, ne bougea pas. Ses yeux ne semblaient capable que d'observer l'inattendu spectacle...

"Notre système est le seul à n'avoir pour ambition qu'une paix simple et garantie, aussi bien dans les actions que dans les pensées. Le processus naturel de notre évolution s'arrêtera de lui-même pour nous ouvrir les portes de la stabilité pacifique, vrai but de notre société et inatteignable si nous stimulons des conflits par la recherche perpétuelle de l'imprévisible..."

D'un coup, l'objet commença à descendre, très lentement, comme contrôlé par un invisible marionnettiste. Au fil de sa descente, il commença à s'obscurcir, passant de l'amarante au bistre dans un tranquille tourbillon de teintes projetant sa lumière dans la pièce sombre.

"Notre monde sera parfait, et l'immobilité sera notre garantie"

Soudain, Asali sentit quelque chose foncer vers elle en sifflant. De justesse, elle évita un globe enflammé, irradiant de rayons solaires, filant comme une étoile en perdition. Brutalement, il s'effondra sous le petit globe et explosa.

La déflagration éblouit la jeune femme alors qu'elle chuta de surprise. Le bras tendu devant elle, elle n'eut que le temps de se rattraper. Sa paume heurta le sol sans douceur tandis qu'au travers de sa peau virtuelle, la lumière lui brûlait les rétines. L'incendie l'attaquait aussi de l'intérieur... ? Elle n'osa bouger pendant quelques secondes, vacillant dans sa position précaire. Jusqu'à ce qu'une impression étrange la traversa. Littéralement. Comme si elle passait au travers du portail d'une Tour...

Asali rouvrit les yeux d'un coup et les baissa vers ses doigts. C'était... De la terre ? Que... Comment ? Et ce qui arrivait devant elle... ? Une sorte de créature, petite et ailée, la survola avec entrain, suivi d'une nuée de semblables, dans une chorale légère et sifflante. Bousculée d'étonnement, la guerrière tenta de se redresser. Un cri de surprise la secoua quand soudain sa main ne parvint à retrouver de surface... Elle était nichée dans une sorte de masse blanche, telle une fumée opaque, en permanent mouvement vers une direction inconnue. Alors qu'elle réprima sa voix, quelque chose d'étrange, de froid et d'immatériel s'engouffra dans sa gorge, remplit sa poitrine de vide et ses yeux d'eau. Elle ne reconnaissait plus son propre corps, tout son fonctionnement bousculé et chamboulé... Sa tête devint lourde, comme si l'on y avait introduit une planète, ses articulations la tiraient, son dos la lançait... Prise d'une sursaut sans douceur, elle finit par glisser de son fin support et tomba. Des lames invisibles et glacées lui vrillèrent la peau dans sa dégringolade, faisant siffler ses oreilles et intensifier l'inondation oculaire, l'angoissant davantage que l'inconnu de sa chute...

Soudain, quelque chose la heurta. Un sourd claquement pulvérisa sa colonne tandis qu'une puissante paralysie priva tous les membres de réaction. Une fois le choc passé, Asali tenta de bouger. Même si elle pouvait étendre bras et jambes, quelque chose l'entravait, quelque chose de lourd qui pesait sur elle... Et toujours pas de sol... A présent elle flottait dans une sorte d'espace intermédiaire, sombre et paralysant, faisant onduler tout ce qui s'y trouvait, y compris des êtres sans membres, dotés de gros yeux et bouches grands ouverts. Ils circulaient avec une hypnotisante fluidité, accélérant ou ralentissant, sans raison, expirant de petites bulles à chaque mouvement. Tout leur être était couverts de lumière, étincelant dans les ténèbres inquiétantes. Mais soudain, une créature plus grosse que les autres apparut. Une gueule gigantesque, béante et aspirante, entraînant dans son gouffre sans fin les éclats de lumière. Prise de panique, Asali tenta de lui échapper en battant des bras et des jambes. Mais derrière elle, tout la tirait en arrière par une force irrésistible. Elle avait l'impression de transpercer une tempête solide, de plus en plus brouillée...

Puis un doux silence s'abattit sur elle. Le contraste étonna la Gardienne, à tel point qu'elle mit quelques secondes à retrouver ses esprits. Elle sentait littéralement ses données se réordonner en elle, la privant de concentration. Les étranges sensations avaient disparu... Ce fut ce qui la ramena à la conscience.

Elle n'était plus dans l'étrange espace. Mais dans une sorte d'endroit réduit. Si réduit qu'il lui collait à la peau. Gênée, elle leva sa main et tenta de se dégager... Avant de constater qu'elle n'y parvenait pas. Elle s'acharna, tirant un peu plus fort. Mais aucun mouvement, rien ne répondait. Pourquoi... Que se passait-il encore ?

Ses yeux s'ouvrirent, la faisant sursauter. Que... Elle ne voulait pas ! Pourquoi, que... Un écran, devant elle ? Il affichait une page sombre, et un rai de lumière se posait sur la pièce, changeant l'interface en miroir coloré. Asali remarqua alors une étrange créature. Plus carré qu'elle, le visage déformé par des lignes affaissées, les yeux remplacés par de grands cercles immaculés, une étrange chevelure au bout du menton, tandis que celle du crâne était courte et usée... Qui était cet autre ? Que lui voulait-il ? Et pourquoi la fixait-il avec une expression si exsangue ?

Soudain, il leva la main et la passa sur sa tête. Aussitôt, la guerrière sentit sa propre main se redresser en parfaite synchronisation et imiter le mouvement de l'être. Elle eut soudain peur de comprendre. Non... Pourtant, la seconde suivante, l'autre baissa la tête et soupira... Alors que les lèvres d'Asali laissèrent échapper, en même temps, un léger souffle identique. Alors... Ce n'était pas une seconde personne ? Mais son reflet ? Mais.. Qu'était-elle devenue ? Etait-elle encore elle ?

... Hantait-elle l'esprit d'un autre ?

Alors qu'elle comprit sa situation, un flot de données nouvelles la submergea, tels des souvenirs d'une autre mémoire. Elle voyait défiler un monde qu'elle ne connaissait pas, des informations que Verso n'avait jamais appliqué... Des êtres différents, sortant des entrailles d'un autre pour un jour se pénétrer et ressortir peut-être un autre être ou au moins l'impression de brûler... Des choses de formes et textures variées entrant dans la bouche et glissant dans le corps... Des marteaux détruisant la tête, ou des torches enflammées dansant dans la poitrine... Et les moments d'absence, quand les yeux se ferment alors que le corps s'immobilise... Rien de tout cela ne lui était inconnu, et pourtant, quelques instants auparavant, elle n'en aurait jamais soupçonné l'existence...

Soudain, une voix lui échappa. Pa la sienne. Celle-là remuait dans sa gorge, basse, grave et épuisée. Elle se contenta d'un souffle pour commencer, profond et long, puis lâcha des syllabes sans cohérence. Comme si l'être voulait parler mais avait oublié sa propre langue. Plusieurs secondes de balbutiements gênants passèrent. La main continua de labourer la courte chevelure et le dos se raidit. Mais finalement, une phrase parvint à naître.

- Hm... Ceci sera, sans doute, la dernière entrée de mon journal. Aelita... Ma chère Aelita..."

Aelita ? Comme la Déesse ? Que... L'autre la connaissait ? L'être dans le journal, alors ?

- Il y a tant à dire... Mais le temps presse, et l'humanité ne semble décidé à le ralentir, au moins pour quelques minutes. Tu ne rateras rien, crois-moi, à ne pas connaître l'ivresse de mes semblables, la course qu'ils veulent toujours gagner... Oubliant qu'il y a une ligne d'arrivée pour tout... Sens-toi heureuse de n'avoir jamais été humaine, Aelita. Toi tu es différente. Toi tu as... Une mission. Tu es la porteuse de toutes nos informations, et je sais que toi, toi ma plus pure création, tu sauras en faire quelque chose de magnifique. Tu es notre seconde chance... Et pour m'assurer que jamais tu ne te détourneras, je t'ai implanté des souvenirs humains. Des images de la vie que tu aurais pu vivre. Je t'offre un passé, factice certes, mais qui t'aidera à t'y retrouver... On dit qu'enfant, tout est beau. C'est pourquoi, ma chère, tu n'auras que cette période enfouie en toi. Et ne t'en fais pas pour le reste, ça ne vaut pas le coup. Je t'enverrai tout ça sur ton petit paradis... Puisses-tu ne lire ma dernière confession que tardivement. Une partie de moi me murmure que tu devrais savoir, mais une autre, lancinante, mauvaise mais tentante, me susurre que pour m'aimer et chérir tes souvenirs, tu dois les prendre pour authentiques"

... Asali n'en revenait pas. Aelita, la Reine, la Déesse, créée par un de ces monstres qui avait failli avoir la peau de son peuple ? Une invention de toute pièce, basée sur du faux et drapée de mensonges ? Juste le bricolage d'une créature tout juste capable de refuser la paix par inconscience ? ... Etait-ce seulement concevable ?

Mais alors, les Versaliennes, elle-même... Eli... Toutes enfants d'un délire d'un monde en plein naufrage ? Toutes, quelque part, originaires de cette terre perdue ? Fruits de son délire fou ?

- Tout sera emmagasiné dans une même base... Un petit Coeur, une symbole de mémoire... Tu n'auras droit qu'à un visionnage, je l'ai programmé pour n'être lisible que d'une seule personne, et s'autodétruire après lecture... Personne d'autre ne le lira... Et je ne te vois pas perdre un tel objet... Alors... Tâche de ne pas trop nous haïr..."

L'être alla ajouter quelque chose, mais le mot mourut contre la langue. Quelque chose qui sonnait comme "ton père" parvint à l'esprit d'Asali, bien qu'elle n'en comprit le sens. Mais un soupir plus tard, et la dernière parole fut finalement :

- Franz Hopper. Terminé"

_____________________________________________________________


Yumi se figea, malgré le sol secoué de spasmes monstrueux, projetant comme des comètes les fantômes des entrailles de Verso. Dans un réflexe étrange, elle agrippa l'Apsidia, les yeux concentrés sur l'immense main sans doigts jaillissant du sol. Elle avait la teinte mélancolique du vieux bois, noirci par les incendies du temps. Des fêlures apparaissaient par endroits, témoignant d'une zone qui aurait pu être éprouvée si elle n'était pas virtuelle. Au bout de la paume, une entaille encerclant le poignet géant laissait échapper de foudroyants éclairs couleur nuit, poussant un cri terrible de tambour funèbre à chaque explosion. Alors que la forme s'abattait sur le rebord du cratère, un cône bleu pétrole perça à son tour, courbé et rabougri comme une plante desséchée, et pourtant étincelant comme une armure de glace. Il était pris de soubresauts, faisant voler dans toutes les directions sa pointe anormalement aiguisée vu la décrépitude du reste du support. Alors que le tremblement de terre s'intensifiait, l'objet dévoila sous lui quelques poils, à la teinte évoquant les restes d'une maison brûlée. Sous eux, des pupilles cauchemardesques, assez immenses pour concurrencer des trous noirs, balayaient la zone comme un ouragan, scannant tout ce qui s'y trouvait avec une rage hyperactive. Les immenses globes oculaires, dans leur mouvements, parvenaient même à provoquer des ouragans fugaces, ajoutant encore au chaos ambiant. Un nez, semblant avoir été creusé par l'assaut d'un canon, révélait un gouffre astronomique et terrifiant. Enfin, le visage fut complété par une gueule béante, avalant le menton et une partie de la mâchoire, donnant au monstre un air de marionnette incomplète. Son buste suivit, emballé dans une sorte de peau écorchée, recouvrant elle-même ce qui ressemblait à plusieurs os rassemblés ensemble. Pour terminer, de longues jambes courbées comme des branches mortes firent se dresser le monstre. Mais à la place des pieds se tenaient des sabots d'argent enroulés dans ce qui paraissaient être une mue de serpent. La tête, trop imposante, entraînait le corps tout entier en arrière, tordant lourdement l'échine de la créature, qui n'en fit que peu cas et fusillait toujours le monde du regard, sa nuque se tournant dans des angles impossibles. Il ne paraissait pas avoir encore remarqué l'intruse...

Cette dernière resta coite, incapable de décider de la marche à suivre. L'onde de choc continuait à se répandre, pesant contre la stabilité et le calme, s'acharnant à repousser les errants indifférents. Yumi luttait pour ne pas se laisser entraîner, tandis que son esprit, tout accaparé à cette tâche, ne parvenait à produire une pensée cohérente... Devait-elle attaquer ? Etait-ce le Gardien qu'elle devait affronter ? Qu'est-ce qui l'avait attiré à la surface, était-ce l'Apsidia, avait-il senti la jeune guerrière ? Mais si oui, il l'aurait déjà repérée... Ou alors la Méduse ? Elle l'aurait alerté ? Ce monstre voyait-il à travers les yeux des habitants des entrailles ? Mais...

Bouge !

Prise dans sa réflexion, elle ne vit pas l'immense tentacule se ruer vers elle tel un avion tombant du ciel. Seule l'image rémanente couleur chair qu'elle laissait derrière elle dans la vitesse put l'alerter. Le signal visuel frappa sans pitié ses réflexes, et elle se surprit à bondir en arrière sans en avoir avisé ses jambes. Entraînée par le souffle continu des mouvements du monstre, la guerrière glissa pendant un long moment avant de heurter un tas inerte de fantômes renversés. Elle tâcha de ne pas prêter attention à la patte décharnée et crochue qui lui servit de canne de fortune et se redressa. L'instant suivant, un sifflement suraigu tenta de la frapper. Yumi se jeta contre la terre en pleine convulsion. La force des spasmes contredit les membres de la jeune femme et la surprit brutalement, faisant crier ses oreilles. L'acouphène insista et s'installa, privant Yumi de tout équilibre, rendant ses bras et ses jambes aussi faibles qu'un maigre bout de tissu. Une lumière agressive et aveuglante lui parvint sur sa gauche et altéra sa vision. Elle lutta pour garder ses yeux ouverts et se traîna du mieux qu'elle put contre le monceaux de corps sans vie. Il fallait qu'elle se mît à l'abri, et vite...

Elle n'eut que le temps de voir la fissure se former que son support disparut. Le ciel remplaça le paysage devant elle. Son cri se noya dans le fracas infernal, mais ses doigts refusèrent de lâcher l'Apsidia. Son flottement sembla durer le temps d'une nuit d'insomnie. Une sorte de craquement, comme une poupée de porcelaine que l'on démembrait, se mit à chantonner un air léger et lointain, en choeur avec le son d'une roue de petite voiture tournant désespérément dans le vide. Puis soudain, le hurlement d'une avalanche s'approchant de Yumi recouvrit tout. A moins que ce ne fut le son de sa propre déchéance ? Quelques secondes passèrent, où elle ne savait plus si ses yeux étaient sur son front ou ses chevilles, si elle entendait par les oreilles ou le ventre ou hurlait par la voix ou la colonne. Mais elle put voir une chose : les pupilles du monstre, dirigées vers elle, et sa gueule béante l'observant comme un puits sans fond... Eclairé par une bulle électrique... XANA ?

Soudain, une douceur charnelle la frappa sans tendresse sur le torse et accéléra sa chute. Le poids mort la plaqua brutalement au sol. Yumi sentit littéralement ses yeux rouler dans leurs orbites alors qu'un peu de vitalité s'échappait d'elle. Sa tête bascula sur le côté. Le morceau de peau la maintint allongée, le choc garantit son immobilité. Derrière elle, le sol se mouvait à nouveau, explosant et rugissant, jetant des morceaux de pixels tel un feu d'artifice menaçant. Mais un éclair de lucidité la frappa... Et elle parvint, en un clin d'oeil, à suivre jusqu'à la source le serpent rose... Derrière le Gardien...

Yumi se jeta sur le côté dans le dixième de secondes où son assaillant la libéra. Son corps prit un angle anormal alors qu'elle se redressait maladroitement. Le violent nivellement parvint à la faire trébucher, mais elle s'écarta à temps pour ne pas être touchée. Aussitôt, elle se plaqua contre la joue du monstre. Il n'oserait l'attaquer à nouveau s'il risquait de se détruire au passage... Les yeux des deux adversaires se rencontrèrent. La marionnette géante n'avait plus pour iris qu'une boule d'éclair de colère. Il abattit ses mains contre terre, essayant de se dégager de l'intruse, mais celle-ci planta la relique entre ses pieds et s'y agrippa de toutes ses forces. Il fallait qu'elle atteignit le Coeur de Verso au plus vite... Mais comment entrer dans la gueule du monstre ? Le buste n'avait de cesse de bouger de bas en haut, trop rapidement pour qu'essayer d'escalader fût une option... Quant à y sauter... Non, inatteignable. Du moins, pas aussi facilement...

Respire, Yumi. Une solution, une solution...

Imitant son ennemi, elle sonda la zone d'affrontement. Il lui fallait un moyen de s'élever... Un support pour pouvoir se jeter dans la gueule... Elle pourrait utiliser l'amas de corps au bord de l'arène improvisée... Non, le Gardien ne pouvait se mouvoir... Et surtout, elle redevenait une cible facile, si elle s'éloignait de son poste... Tenter un tir direct ? Elle ne voyait même pas la boule de lumière, et quand bien même, elle n'aurait pas assez d'angle... Et de toute façon, les deux bandeaux de chair stationnaient devant le gouffre, comme s'ils prévoyaient les intentions de l'intruse...

Les bandeaux... Mais oui ! Si elle se débrouillait pour y grimper... Ils pourraient servir de rampe... Mais il faudrait faire vite, avant qu'ils ne la dégagèrent...

Doucement, en mesurant chacun de ses pas, elle contourna la tête du monstre, qui tenta tant bien que mal de la suivre du regard. Sa main alla heurter le sol quand elle s'extirpa de son champ de vision. Essayant de rester le plus proche possible de lui, Yumi parvint contre son crâne. Les deux serpents sortaient de deux différents cratères, juste à côté des omoplates du Gardien. Il y avait tout juste assez d'espace entre les deux pour que la jeune femme pût s'y faufiler. Mais les deux armes étaient trop verticales pour espérer y monter... Il fallait les pousser à se recroqueviller... En attaquant la seconde ? L'autre viendrait et serait obligée de se mettre au niveau de Yumi pour l'arrêter... Jouable... Il ne faudrait surtout pas rater son coup !

Tâchant de s'encourager, elle brandit l'Apsidia et le banda, ignorant la puissance de la relique qui s'employait déjà à l'envahir. Aussitôt, une flèche se dessina contre la corde et entre ses doigts, pointe ciblant déjà la tentacule. Il ne fallait surtout pas qu'elle déviât... Ne pas trembler... Et ne pas laisser l'Apsidia la dévorer...

Elle ferma les yeux, se verrouilla autant que possible, et avant d'avoir fini le décompte qu'elle avait entamé dans son esprit, releva les doigts.

L'effet fut foudroyant. La tentacule, atteinte, se dressa comme un animal blessé et claqua l'air. Le monstre redressa l'échine, Les paumes vers le ciel tandis qu'il crachait sa surprise. La réplique ne se fit pas attendre. La seconde arme se précipita sur Yumi, menaçante et colérique, et s'enfonça dans le sol. Yumi se serra contre son ennemi. Allez, replie-toi, tentacule... Encore un peu, juste de quoi remonter... Juste de quoi prendre appui...

Le serpent de chair sortit doucement du sol. Le bout énervé se profila, étincelant d'espoir pour Yumi. C'était le moment ! Elle serra ses bras autour de l'arme et se laissa hisser. Ses bras devinrent faibles alors que le mouvement, violent et imposant, s'opposait à elle, mais elle tint bon. Le monde défila et la secoua sévèrement, devenant un manège à sensations menaçant. Elle se blottit davantage sur le morceau de chair et essaya de tourner la tête en quête de son objectif. Lequel apparut rapidement sous elle. Sauter? Non... Attendre un peu... Il va se rapprocher encore...

D'un mouvement supersonique, la tentacule se confondit en convulsions en essayant de se débarrasser de sa parasite. Les jambes de Yumi valsèrent au bout de son corps, entraîné dans la danse furieuse. Il lui fallait déployer toute son énergie pour ne pas être éjectée de son support. A cette vitesse, elle aurait pu se retrouver terriblement loin du champ de bataille...

Puis l'objectif arriva en vue. Le Coeur ! Une lumière incroyablement belle, d'un blanc perçant et rassurant à la fois. Mais partant de son centre, une racine pourpre enserrait le globe stellaire. L'emprise parut si forte que le noyau de Verso semblait à deux doigts de se réduire en cendres. Une poussée d'adrénaline traversa la jeune femme. Elle ne voulait pas perdre plus de temps !

La seconde suivante, elle lâcha le bandeau et se laissa tomber. L'atterrissage se fit sans douceur sur un sol visqueux et glissant. Ses coudes lui servirent de ralentisseur alors qu'elle traversait la gueule du Gardien, emportée dans l'élan. Elle se retrouva face contre terre, l'Apsidia à ses côtés qu'elle avait dû laisser tomber dans la chute. Par chance, il l'avait apparemment suivie. A ses côtés, la lumière du noyau était presque rassurante et mélancolique, comme attendant patiemment qu'on la délivrât, sans méfiance ni crainte. Yumi ne put s'empêcher de se sentir rassurée dans sa mission. Elle faisait ce qu'il fallait... Les Sages avaient raison, il fallait se débarrasser de XANA !

Elle bandit son arc, tout son bras droit, fait de pierre et de volonté. Le manche de sa flèche était planté entre ses doigts, son oeil ne voyait plus que le centre, le noyau carmin...

Puis la pointe s'envola, tel un aigle sur sa proie, pour embraser le Coeur malade de son reflet d'argent azur. Le baiser provoqua un éclatant râle, le son allant crescendo à une vitesse impossible. Une lumière se propagea, comme si une étoile naissait en face de la jeune femme, luttant contre les ténèbres pour ne pas se laisser engloutir. Un sifflement envahit l'espace et aspira tous les autres sons qui vibraient. Tout s'intensifia, augmenta, brisa les limites du possible, sans jamais sembler à l'extrême...

Puis d'un seul coup, plus rien. Le silence revint. L'étoile s'apaisa. Le noyau parasite n'était plus.

Et tout devint immobile et gris de mort.

Yumi, plantée dans le vide laissé par XANA, mit un temps avant de comprendre. Ses doigts se mirent à trembler alors que ses idées se mettaient en place.

Gagné. Elle avait gagné. Elle avait réussi. Elle avait sauvé des vies, personne n'était mort, elle ne pouvait rien se reprocher, elle...

Last Process Activated. Ending of the Destruction Activated. Start to count now.

La voix froide et virtuelle, aux intonations proches de Hopper, glaça la jeune femme. Elle espéra avoir mal compris. Last process ? Ending ?

Un coup de tonnerre éclata derrière elle. Son esprit se figea. Son corps ne répondait plus. Tout ce qu'elle percevait était une ombre avalant la sienne.

Non... Non...

Elle se retourna, son cou presque élastique. Pour constater avec horreur que les errants s'étaient tous levés et hurlaient à en tuer l'Univers. Que la végétation se déchirait dans des sons à rendre fous. Que le sol et le ciel se brouillaient comme un mauvais signal. Que la gueule du monstre se refermait en crachant des éclairs et des étincelles.

Et l'Apsidia se désintégra entre ses doigts. Laissant la guerrière sans aucune défense.

Non !

D'un geste désespéré, propulsant en avant toute sa vie et ses instincts, elle se jeta vers la seule issue. Elle sentit la lumière baigner son visage alors que le couperet labial approchait d'elle...

_____________________________________________________________


- Eli !"

Il avait suffi d'un cri. D'un clin d'oeil. D'une seconde et tout avait basculé dans le Désert.

Biggy recueillit la Reine alors qu'elle s'effondrait à terre, transpercée par un râle inouï. On eut dit qu'une planète se mourait dans sa gorge. Les yeux écarquillés à l'extrême, les traits crispés et les mains serrant la patte de l'oursonne, elle avait en un instant perdu toute conscience de ce qui se déroulait. Aelita la suivit rapidement. Elle serra ses tempes comme si elle voulût les briser et leva le visage vers le ciel. Jérémie passa une main sur son dos, terrifié. Mais soudain, un ouragan noir d'encre, à l'épaisseur du sang, s'échappa de sa bouche en hurlant de mille voix à l'agonie. Sa colonne se tordit dans un angle droit, ses jambes quittèrent le sol, tout son équilibre reposait sur ses orteils raidis et au bord de la rupture. Ses spasmes prenaient l'allure d'un bug. Le génie s'écarta, repoussé par la peur et l'incompréhension.

- Que se passe-t-il ? Biggy, Jenny, Dancy... Que se passe-t-il ?!"

- Je... Je ne sais pas, je..." Balbutia Dancy, démunie. Elle se pencha sur le Passage, tournant autour à genoux, s'accrochant au bord du précipice. "La réponse doit être là, elle doit être là !"

Soudain, le Désert fut secoué par une tempête brutale. Des grains de sable volèrent en tout sens tandis que des colonnes de feu jaillirent de la terre et que le ciel se noircit, tout juste illuminés par une foule de mots chaotiques et désordonnés. On pouvait distinguer dans le bal infernal "Panic", "Attack", "Last Process" "Destruction"...

Jérémie cessa de bouger alors qu'une crainte, sourde et imposante, le changea en statue de papier. Ses yeux se figèrent sur le Passage. Pourvu que...

- Attention !"

Il n'eut pas le temps de le voir. L'instant suivant, il fut projeté en arrière. Le sol le rattrapa avant qu'il ne le comprît. Il sentit le choc le déchirer de part en part. Ses sens l'avaient quitté en un battement de coeur. Un monstre brûlant et humide s'engouffra dans son corps et s'y colla, serrant toujours plus sa peau et l'étirant.

Le génie se replia, la main inutilement serrée contre son ventre. Il se crispa, sentant pour toutes larmes de douleur la sécheresse de son être virtuel, lui refusant ne fut-ce qu'un faible soulagement. Les images s'assombrissaient dans son esprit. Il crut être dans un couloir de ténèbres. Chaque virage, chaque porte constituaient la pire des menaces. Des craquements dont il ne voulait surtout pas connaître l'origine riaient autour de lui. Des bruits de pas battaient un rythme incompréhensible, se rapprochant sans jamais l'atteindre. Le décor sautait, il passait d'une allée à une autre, se perdait dans l'endroit halluciné. Il retint un gémissement, son corps voulait évacuer le stress mais ne parvenait qu'à constater son impuissance. Quelque chose... Ou quelqu'un le piratait. Comment... Pourquoi...

Il essaya d'y voir plus clair. Les paupières froncées, il tenta de se concentrer sur un élément près de lui, mais il y voyait autant que s'il n'avait qu'un briquet pour unique lanterne. Et, de toute façon, les lieux changeaient sans arrêt, troublant le jeune homme au point qu'il dût se laisser glisser au sol pour ne pas tomber trop lourdement. Mais il avait beau insister, il ne sentait rien sous ses genoux ou ses mains... La panique le serra dans ses ailes de plomb. Il se mit à trembler, pulvérisé par l'illogisme de sa situation. Il voulait baisser les yeux pour élucider le mystère, mais il était terrifié par ce qu'il pourrait constater... Il ne pouvait se résoudre à se voir perdu dans l'inconnu et l'irrécupérable le plus total. Il redoutait trop ça, il n'osait pas, il...

Un grand coup l'extirpa de son délire. Jérémie se raidit, visage bas et expectant, arrondi comme une arche antique face à un bulldozer. Cependant il ne sentit pas d'os se briser ou de muscle se déchirer... Mais ses cellules se détruire. Il sentait ses propres cellules. Des milliards de petites billes explosant sous sa chair factice, dispersant leurs débris de part et d'autre du membre atteint... L'esprit du génie tourna aussitôt au ralenti, comme flottant dans l'air, détaché de la frénésie ambiante. Quelque chose en lui, de violent mais de familier, résonna en écho agréable mais dérangeant. Il sentait une nouvelle vie pousser contre sa peau, mais il n'était pas certain d'apprécier... Ou même de détester. Il était juste de plus en plus vide alors que cet autre être le remplaçait...

- Hypersensible, hein ?"

Cette voix... Jérémie n'eut même pas besoin de la vérifier. Il la reconnaîtrait entre mille... Et pour cause, il l'entendait dès qu'il ouvrait la bouche...

- ... Tu étais mort" Murmura-t-il, perdu mais résigné. La preuve que Solar Building et son attaque finale n'avaient mené à rien pour la mission venait de parvenir à ses oreilles. Il était vivant. Il avait survécu. Et il revenait.

- L'immobilité, ce n'est pas trop mon truc. Enfin, tu devrais le savoir. L'ennui commun... Ni toi ni moi ne parvenons à y survivre" La voix n'était ni hautaine, ni triste, ni quoi que ce fût. Juste neutre, comme s'il constatait sa blondeur. C'était un fait, rien d'autre.

Jérémie haussa les épaules, essayant faiblement de garder sa concentration sur le décor lunatique. Quoi que ce diable voulût, il ne pouvait le lui accorder. Il ne croirait aucune de ses paroles, ni même un seul de ses souffles ! Ce serait comme donner du crédit à la rage...

Un long silence s'installa, durant lequel le jeune homme refusa de se tourner vers son alter. Ce dernier ne semblait cependant pas s'en formaliser et ne tentait rien, se contentant lui aussi de rester en recul, sans un geste ni un mot. Jérémie en oubliait presque Verso, la mission dans le Coeur, la panique, l'incompréhension, la douleur... Tout ce qui l'entourait l'hypnotisait sans relâche, et ses instincts de survie étaient tout entiers dédiés à ce qui pourrait l'attaquer... Comment sortir, comment comprendre ce monde, comment...

Et pourquoi n'était-il paniqué que pour lui-même, soudain ? Et l'alerte ?

- Oui, c'est assez inquiétant. A bien des niveaux" Reprit Belpois en s'avançant tranquillement, indifférent à tout ce qui se passait autour de lui. Et force était de constater que c'était contagieux. Jérémie se sentait de moins en moins concerné par son hallucination... Elle devenait normale...

- Tu le savais..."

- Moi ? Non, du tout. J'avais d'autres préoccupations que de me soucier de l'inéluctable. A vrai dire, je m'inquiétais de ta sécurité"

Lentement, l'échine conquérante, Belpois s'accroupit devant Jérémie. Les deux faces du miroir s'observèrent. Tous les sentiments du monde passèrent dans leurs yeux, mais ni l'un ni l'autre n'amorça un mouvement. Le monde mouvant n'avait définitivement plus d'importance pour le jeune homme. Il pouvait toujours voir le décor évoluer dans les verres des lunettes de son alter, mais ça ne l'intéressait plus.

Soudain, Belpois joignit ses mains dans son dos avec un calme mesuré et se pencha en avant. Les deux fronts se jumelèrent. Jérémie pouvait presque sentir les cils de l'autre contre les siens. Un étrange sentiment de complétude malsaine l'envahit. Toute la puissance de l'univers s'entassait en lui, il était le Dieu des Dieux, marionnettiste des lois de l'Infini, pourfendeur du Bien et du Mal, Source de tous les sangs et Lumière de tous les esprits. Une Entité invincible et incontestable. Au-delà du Tout. Et rien dans sa vie ne serait jamais aussi grisant. Il entendit tout juste la voix de l'ancien maître de Solar Building quand il lui murmura avec la voix d'un colosse légendaire :

- Mes poings sont-ils fermés ou ouverts ?"

Le visage légèrement incliné, Belpois leva les pupilles vers son vis-à-vis. Il comprenait la question il avait la réponse. Elle était si évidente qu'il n'eut besoin d'y songer. Elle était aussi facile à résoudre que l'équation de tous les Mystères... Mais alors que ses lèvres s'entrouvrirent, prêtes à donner la solution de l'énigme, Belpois s'éloigna. Le monde aléatoire et ses limites remplacèrent la vision de force absolue, laissant Jérémie désemparé et vide. La douleur revint, vindicative et jalouse, plus puissante encore. Sous la pression, le génie put presque sentir le magnifique don qu'il avait entrevu s'échapper. Il ne parvenait à fermer la bouche, maintenue ouverte par le flot d'énergie qui évacuait. Mais le pire fut quand il essaya de se raccrocher à la devinette. La réponse avait disparu. Il ne la saisissait plus. Elle n'était plus.

Non, non... Pourquoi, pourquoi ? Il ne pouvait pas l'oublier, elle était le fruit de sa fugace puissance, le symbole des quelques secondes où tout lui appartenait...

Et pourquoi cela lui semblait-il si capital, d'un coup ? Pourquoi avait-il l'impression que tout reposait sur la devinette d'un ennemi juré et joueur ? Pourquoi, pourquoi lui donnait-il tant d'importance ?

Frustré et impuissant, Jérémie ne repoussa pas Belpois quand il posa sa main sur sa gorge. Il ne protesta pas quand les doigts se resserrèrent et le poussèrent à terre. Il ne se défendit pas quand il sentit sa vitalité, son intelligence et sa volonté lui échapper par les yeux, la bouche, les oreille, le nez, les pores même de ses joues... Il n'y eut que la voix de son alter, si assurée et conquérante, qui put percer le voile de perdition quand elle glissa, tel un post-it laissé sur le coussin du lit californien pour un amant lève-tard :

- Je reviendrai plus tard. N'oublie pas la question. Et la survie"

L'instant d'après, les phalanges du double saisirent la pomme d'Adam de Jérémie, creusant à même sa peau, et s'en servirent pour le soulever du sol. Dès que le crâne reposa dans le vide, il le rejeta violemment.

Tout se mit à tourner. L'avant, l'arrière, les côtés, le haut, le bas... Il crut même sentir sa propre peau graviter autour de lui. Qu'était-il devenu, n'était-il plus qu'un tas de données confuses ? Qu'est-ce que Belpois lui avait fait ?

Mes poings sont-ils ouverts ou fermés ?

Sa vue se brouilla. Les sons se distordirent. Seule l'énigme tournait, dispersant aux quatre vents tout ce qui constituait encore la pauvre victime. Pourquoi, comment était-il sensé avoir la réponse ? Sans voir Belpois ? Dépendait-il réellement et entièrement de la réponse ? Quel sens cela avait, là, en ce moment ?

Ouverts ou fermés ?

Ne pouvait-elle se faire oublier ? Ne pouvait-elle se perdre dans le brouillard de sable qui se dessinait devant les yeux de l'égaré ? Il devenait déjà assez fou comme ça...

Ouverts...

Deux coeurs à l'agonie avaient remplacé ses yeux... Il aurait voulu se les arracher... Que ça s'arrête...

Fermés...

- Yumi !"

Au travers du brouillard qui le noyait dans sa souffrance, tout ce qu'il put distinguer était une colonne de sable enflammée, remplaçant le Passage.

__________________________________________________________


Voila pour ce nouveau chapitre, j'espère qu'il vous a plu !

Je vous retrouve après le HellFest pour la conclusion de la Saison 2, d'ici là je souhaite de bonnes vacances à ceux qui en ont et du courage à ceux qui à l'inverse foncent vers les examens ! Passez une bonne semaine, bisous <3
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JCVgamer MessagePosté le: Mer 17 Juin 2015 14:44   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
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Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
*Le jeune homme se réveilla en sursaut. Ses esprits étaient encore assez flous suite à sa mésaventure, mais après quelques minutes, il pouvait observé son environnement. Il se trouvait dans une étrange demeure, composé principalement d'oreillers en tout genre. Une étrange créature était à ses côtés, et lui dit d'une voix endormie :
- Ah ravi de voir que vous allez mieux.
- Ou suis-je ?
- Sur la planète Somna, réputée pour sa capacité à régénérer les individus par le sommeil. Un vaisseau vous a déposé ici alors que vous étiez inconscient, avant de repartir. Nous vous avons transporté jusque dans ce lit. Seulement après vous y avoir déposer, votre corps s'est enveloppé dans une sorte de bulle de lumière et a électrocuté quiconque a voulu y touché.
- Je vois, il s'agissait de mon pouvoir de régénération. Il s'active lorsque mon énergie vitale a atteint un seuil critique. Mais je vais mieux maintenant et il me faut rentrer.
- Déjà ? Vous venez à peine de vous réveillé.
- Je sais, mais je suis attendu à une cérémonie et il me faut reprendre mes activités. Je reviendrai peut-être sur cette planète afin d'avoir des discussions constructives et étudier vos modes de vie? En attendant vous avez toute ma gratitude pour avoir veiller sur moi.
- Un plaisir cher monsieur, mais comment compter vous rentrer chez vous ?
- Voyez vous-mêmes. répondit-il avec le sourire.
L'apprentie-mage écarta les bras, une intense lumière blanche l'enveloppa et il disparut.

(On passe le passage cérémonie).

Assis à son bureau, en train d'étudier le dernier grimoire sur les analyses d'environnements, lorsqu'une faille temporelle s'ouvrit devant lui, et un parchemin en sortit.
Un chapitre de Mondes Alternés, Jerem le lût et donc prépara un parchemin avec pour son commentaire mais avant, il lui fallait remercier VioletBottle et son équipage. Il rédigea la lettre.

"Chère VioletBottle,

Pour commencer je suis navré que votre équipage m'est retrouvé dans un tel état il y a 2 semaines. Il semblerait que j'eu surestimé mes capacités.
Mon évanouissement était dû à un sortilège de téléportation qui à mal tourné. Celui-ci a fini par puiser dans mon énergie vitale qui était déjà trop faible pour ce genre de sortilège.
La faute est donc mienne, il faut que j'apprenne à gérer mes capacités. Après tout je ne suis qu'apprenti.
Vous et votre équipage avez donc toute ma gratitude pour m'avoir remis sur cette planète assez étrange et isotérique ^^.
Sur ce je passe maintenant à votre chapitre et je joins le commentaire ci-dessous.

Au plaisir chère Madame et bon rétablissement."

Bien il était maintenant temps de passer au commentaire, fidèle a ses habitudes il y joignit cette musique*

Bonjour VioletBottle

Ta réponse RP fut difficile à comprendre par moment (car tu était malade toussa ^^) mais c'était très sympa. J'espère avoir été à la hauteur plus haut...ouais.

Donc je vais y aller partie par partie.

Déjà on commence fort avec la révélation sur Aelita. J'avoue être perplexe.
Car tout ceci ressemble à un piège made in X.A.N.A. afin de faire en sorte qu'Aelita soit détruit psychologiquement ou autre chose du même genre.
Nous verrons bien si ma théorie est la bonne.
Sinon à part ça je sais pas trop quoi dire du reste de ce début.

Passons par contre à la partie suivante.
La scène de combat est juste superbement bien décrite (comme d'habitude maintenant j'ai envie de dire).
J'ai cependant trouvé le combat contre le Cœur très expéditif au début. Mais la suite m'a donné tort puisque apparemment ce n'est pas terminé ^^.
Pour ce qui est de la performance de Yumi, cela m'a semblé équilibré donc très bien.

Pour la dernière partie. Je dois avoué qu'elle ne m'a que moyennement plus. Non pas que ce soit mauvais, car ce n'est pas le cas.
Mais on a encore une fois le retour de Belpois 2. Qui sort de nul part, et qui...je sais pas, tout cela me semble tiré par les cheveux voilà.
Mais je te fais confiance pour l'explication qui arrivera sûrement plus tard.

Malheureusement je manque clairement d'inspiration en ce moment et c'est très malheureux Sad
j'en suis fortement désolé.

Bref en conclusion, j'ai adoré ce chapitre et attends la dernière partie de Verso.

Je te souhaite une excellente journée.

Au plaisir de voir les questions obtenir des réponses à Verso.

*Jerem replia le parchemin, se rendit à son balcon et siffla. Un griffon royal descendit du ciel et se stabilisa devant l'apprenti mage. Celui-ci fixa le parchemin à sa patte et lui demanda de transmettre ça à VioletBottle*
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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Silius Italicus MessagePosté le: Lun 20 Juil 2015 15:44   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Localisation: à l'Est d'Eden
Bonsoir chère Violet Bottle,
Ce chapitre met en place, dans tout les sens du terme une « apocalypse » digne de la fin d’un arc aussi enthousiasmant.

En effet ce chapitre se termine sur un bouleversement majeur. Verso semble au bord du précipice et de la destruction. La déesse a vacillé, la trame se défait maille après maille. En fait cela relance les interrogations sur la geste de Yumi Il était, dans les chapitres précédents, loin d’être sûr que son action soit la bonne, même en laissant de côté la justice ou la morale. Et il semble bien maintenant qu’elle se soit lourdement trompée, quand bien même Verso survivrait à cette épreuve.

C’est aussi une apocalypse au sens littéral du terme, une révélation. De lourds secrets sont en effet révélés. Tout d’abord sur la nature d’Aelita, mais aussi sur le temps zéro. En un sens le verso qui s’est offert à la lecture n’était déjà plus que le rêve d’un rêve. À l’intérieur du rêve de Franz Hopper les Sages avaient crée un rêve qui niait le passé de Verso et l’engonçait dans une prétendue perfection. Ce qui change pour le lecteur, c’est de découvrir que cet immobilisme tant décrié précédemment n’est pas l’œuvre de Hopper ou d’Aelita, mais bien de leurs successeurs. Mais qu’importe dans le fond. Ce monde était déjà basé sur la tromperie et le mensonge et il s’y est enfoncé.

Le discours des Sages sur la fin du passé et la société parfaite qui s’ensuivra use d’ailleurs d’un vocabulaire typique des totalitarismes et de certaines dictatures : l’ordre et le progrès comme voies d’accès à l’utopie. Et celles qui prononcent se discours ne semblent pas beaucoup y croire. Mais l’intention est simple et se résume ainsi : « He who controls the past commands the future. He who commands the future, conquers the past. ». De manière amusante, il s’agit d’une réaction puérile. Plutôt que de faire face ou comprendre, le problème est caché, enfoui, dissimulé et enfin ignoré. Ce qui explique le manque d’arguments face aux projets des lyokôguerriers. In fine il s’agit de tout effacer ou presque, pour créer un monde meilleur. Un thème très puissant pour l’amateur de Code Lyokô dans la mesure où nombres d’épisodes jouent sur ce ressort. Si le passé modifie l’avenir, alors mettre fin au passé supprime l’avenir. En tout cas c’est ce que l’on constate dans le cas de Verso.

La révélation sur la nature d’Aelita est un plaisir renouvelé. Cette idée n’est pas neuve, mais donnera probablement naissance à des développements intéressants. Enfin, si l’apocalypse ne consume pas tout de suite. Elle pose cependant d’ores et déjà une question. Est-ce vrai de la seule Aelita de cette réalité-ci, ou pour toutes les Aelita de toutes les réalités parallèles—du moins toutes celles ou il y a eu une Aelita enfermée dans lyokô ? Quelle que soit la réponse, cette question a déjà de quoi troubler fortement celle qui vient du monde zéro.

Enfin une dernière question devient bien plus importante désormais : Si nos héros avaient un accident sur Verso, seraient-ils renvoyés dans la réalité du monde deux, ou mourraient-ils ? La question ne se posait pas vraiment dans le premier monde, mais ici
elle devient pertinente.


Au plaisir de voir à nouveau en pleine lumière, avant que tout ne soit englouti par les ténèbres.

_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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VioletBottle MessagePosté le: Jeu 20 Aoû 2015 14:33   Sujet du message: Répondre en citant  
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Inscrit le: 08 Sep 2013
Messages: 101
Bonjour !

Eh bien, alors que les vacances touchent à leur fin pour certains (pour moi je n’en sais rien, HAHA), la conclusion de la saison 2 de Mondes Alternés arrive !
Pas de RP en réponse cette fois-ci, pour cause de flemme prononcée, mais je répondrai rapidement aux commentaires !

Jerem : Haha, Belpois 2 (qui est Belpois tout court d’ailleurs) a surtout encore quelques tours dans sa manche… Mais si cela me semblait clair, il n’est pas sur Verso à ce moment-là, il est juste « dans la tête » de Jérémie. Mais c’est clairement une scène qui appellera une explication… En clair, je tease un peu avec cette scène Razz
Merci du commentaire en tout cas o/

Silius : Comme de juste, je n’ai que peu à redire à votre intervention, si ce n’est que vos analyses sont toujours surprenantes et agréables à lire. Personnellement, j’ai envisagé Verso comme le monde le plus enfantin de tous les Mondes Alternés que l’on verra. Sa morale est proche de celle d’un enfant, ou d’un idéal un peu trop simple et pas assez humain… Quant à ce qui adviendrait des héros en cas d’accident… Le monde 0 l’annonçait déjà un peu, mais la question va en effet prendre de l’importance dès le chapitre à venir, ce qui me permet une transition vers le chapitre !

Je vous laisse donc avec la conclusion de la saison 2 Verso, en vous souhaitant une bonne lecture !

_____________

Monde 2 Verso
Chapitre 10.3
The Apsidia - Final



L'air s'agitait autour de l'homme-vigie, alors qu'il appuyait ses mains au bord de l'autel soutenant le corps immobile. Un grondement sourd, comme le souffle d'un colosse épuisé, balaya la voix de l'être, jusqu'alors occupée à tenir compagnie au silence de l'autre. Pour beaucoup, cela aurait été source de panique et de questionnement. Et sans doute que celui qui, devant lui, ne pouvait ni voir, ni parler ni se mouvoir, était terrorisé. Mais lui savait. Lui s'y attendait, avec la patience d'un prédateur affamé et camouflé dans les hautes herbes. Il l'avait prédit, avait tenté de prévenir, mais ses paroles, écrasées aux yeux des autres par son visage et son nom, n'avaient eu que peu de portée. Ou tout du moins pas celle qui aurait pu changer les choses. Peu importait, c'était bien ainsi. Pour la réussite de son plan, les évènements ne pouvaient avoir mieux tourné. Et il venait de se prouver à lui-même que peu importait les conséquences de ses désirs, il n'en verserait pas une larme. Ses lèvres n'avaient même pas eu l'altruisme déplacé de trembler.

Satisfait, il posa ses mains de chaque côté du visage fermé, tout juste troublé par de subtiles rides et des sourcils châtains froncés. Un petit sourire étira lentement ses traits. Il le sentait bien, tant de sentiments négatifs se bousculaient dans ce corps adolescent sans vie, à tel point que son incapacité à se contrôler était une bénédiction pour lui. Il aurait assez à faire avec tout ce qui le traverserait, quand il reprendrait le plein usage de sa personne. Il ferait tomber des trombes de haine sur ses anciens alliés quand son heure viendrait. Et lui n'aurait qu'à observer la déchéance de ceux qui avaient tenté de le déstabiliser. Etre simplement l'ombre qui empêcheraient les yeux agonisants d'apercevoir le soleil.

Sans un mot d'adieu, il se détourna de l'autel et abandonna le corps perdu entre deux mondes. Campé sur deux pieds conquérants, ses mains dans son dos il se dressa devant une porte immense, clignotant d'un rouge vermillon désespéré en lançant des cris distordus. Mais cette fois-ci, il n'y plongerait pas. Il ne serait pas même spectateur. Il était attendu ailleurs. Dans son ancien Royaume.

Ca n'allait plus être très long.

_____________________________________________________________


Dès l'instant où il l'entendit, Odd crut qu'un paquebot venait de s'encastrer dans la surface du monde. Un son assourdissant, faisant tout vibrer, du visible à l'invisible, secouant des parties de son corps dont il ne soupçonnait l'existence auparavant, produisant un râle qu'il n'avait jamais entendu et que sans doute il n'aurait plus jamais l'occasion d'entendre à nouveau. La déflagration le fit voler dans les airs, si vite et violemment qu'il en oublia les lois de la gravité. Devant lui, un kaléidoscope de couleurs agressives et rapides. Tout autour, le vide, poignant et pulvérisant, crachant sa vanité contre la peau virtuelle. Trop d'informations et surtout, pas les capacités de les comprendre. Tout allait trop vite.

La seconde suivante, il frappa durement le sol de ses jambes. Ses bras désarticulés tombèrent en désordre près de ses pupilles. Sa vue encombrée n'essaya même pas de surmonter l'obstacle. Figé à terre. Immobilisé. Paralysé. Statufié.

Soudain, une poigne violente le saisit par la nuque et le sépara de la surface. La panique palpable entre les doigts le fit décoller si vite qu'il crut que ses yeux n'avaient pu suivre. Un petit cri étranglé malaxa sa gorge. Et contre la plante de ses pieds, le sol vibrait toujours.

Mais la chose la plus intrigante était que la chose qui le tenait tremblait et déviait sans cesse.

- Bon sang, mais ressaisis-toi, faut pas rester là !"

Un peu secoué par la forte voix, Odd tenta tant bien que mal de reprendre ses esprits. Les yeux encore incertains, il vit une forme familière couvrir des dizaines d'éclats argentés. Ils étaient tous repoussés avec vigueur et précision, mais plus les secondes s'égrenaient, plus ils s'approchaient.

Il paniqua à son tour. Incapable de saisir ce qui se déroulait, il s'écarta brutalement et atterrit sur ses coudes. Il fut aussitôt attaqué par la vision d'une Asali accroupie et tendue, agitant sa lance en guise de bouclier contre des armes de toute sorte jaillissant d'un mur évanescent. Celles des murs de la Tour. Le sol quant à lui était pris de soubresauts tels qu'il gondolait à vue d'oeil. Enfin, le plafond montait et descendait dans un rythme irrégulier. On eut dit que le lieu se retournait contre ses visiteurs. Qu'il devenait fou.

- Qu'est-ce qui se passe ?" S'écria Odd sans oser quitter des yeux le ballet menaçant.

- Il faut qu'on quitte la Tour..."

BLAM !

Avant de pouvoir le comprendre, Asali et Odd se trouvèrent projetés dans les airs. Ils filèrent, au beau milieu d'un tas de débris virtuels et de lumière enflammée, avant de déraper au sol sur une distance interminable. Le garçon roula, roula, roula, le sol heurtant ses côtes, ses bras, son crâne, ses jambes, dans un ordre chaotique, brouillant ses sens et l'empêchant de s'y retrouver... Il en sentait presque son esprit se cogner contre sa peau...

Un soudain crissement lui tordit les tympans. L'instant d'après, quelque chose l'agrippa et arrêta net sa course incontrôlée. Son poignet le lança atrocement, attiré par le mouvement mais retenu par son providentiel sauveur. Il retomba lourdement face contre terre et lâcha un cri étouffé. Sa paume à côté des tempes s'accrochait désespérément au sol virtuel, comme par crainte de repartir. Mais un vague coup d'oeil vers son autre main révéla la raison de son arrêt : Asali le tenait fermement, à demi-accroupie et sa lance plantée devant elle. Elle... Avait réussi à s'en servir pour se ralentir ? Odd ne put s'empêcher de se sentir impressionné... Même dans la panique, cette femme était d'une logique... Martiale. Autour d'eux, les armes autrefois dangereuses s'écrasèrent alentours, sans grâce ni légèreté, telles des enclumes de plomb. Une nuée de coups de tonnerre en résultèrent. Mais ce n'était pas pire que le paysage nouveau de Verso.

Devant lui, la Tour où ils se trouvaient quelques instants auparavant n'était plus qu'un tourbillon de flammes, crachant des braises partout alentours, les plus lointains se perdant dans l'horizon. Le ciel était noir, des lettres et des chiffres bleu électriques défilaient frénétiquement, incompréhensibles, désordonnés, dénués de langage ou de cohérence. Le sol quand à lui se para d'un rouge perçant et se mit à clignoter frénétiquement, projetant une lumière de panique contre les jambes déjà tremblantes des deux êtres.

- Par la Reine Eli..." Murmura Asali en se redressant.

- Ce serait une attaque de XANA ?"

- Non... Ca... Ca c'est un dysfonctionnement général... C'est le Coeur qui panique !"

- Le Coeur ? Mais... Mais les autres... Ils voulaient y aller..."

- Oh, qu'ont-ils fait ?"

D'un coup, la Gardienne se précipita en avant, esquivant un immense débris fonçant à sa rencontre. Electrocuté par la soudaine activité, Odd la suivit sans réfléchir.

- Où on va ?" Tenta-t-il, davantage par réflexe que par réel intérêt. N'importe où était meilleur qu'au milieu du chaos.

- A Proelys ! Il nous faut une interface de contrôle tout de suite !"

- Et les autres ?"

- Si jamais ils sont au niveau du Coeur, on prend le risque d'arriver sur une zone sinistrée. Nous n'aiderons personne en nous autodétruisant !"

Asali évita de justesse un arbre. Ils ne devaient pas être loin de Peerasinisma... Au fil de l'avancée, la combattante accéléra encore et encore. Toute sa puissance était propulsée en avant. Plus le duo progressait, plus les projectiles se faisaient agités et massifs... Les lèvres d'Asali dessinèrent dans l'air une parole inaudible. Elle avait peur, c'était évident.

Odd ne put que la rejoindre quand il dût se jeter au sol. Une masse informe allait violemment à sa rencontre, secouant frénétiquement d'étranges branches. Mais... La chose gémissait. Le jeune homme refusa d'en tirer des conclusions, ça ne pouvait être ce qu'il croyait... Tout comme la petite cité, ravagée par une tornade trouant le sol et envoyant voler des corps terrifiés dans un infernal spectacle. Il fallait aller en avant. Il fallait rejoindre Proelys. Et surtout ignorer l'horreur grandissante qui l'emprisonnait dans ses ronces.

La course continua, enfonçant davantage dans le déni le fuyard, jusqu'à ce qu'il perdît de vue Asali. Cette dernière venait de fusionner avec une sorte de tuyau vermillon fumant et bouillonnant, ballonné en tout sens comme si d'énormes poings s'acharnaient de l'intérieur contre les parois. Il fallut un temps à Odd pour qu'il comprit qu'il s'agissait bien d'une Tour. Il eut un mouvement de recul. Comment avait fait la Gardienne pour ne pas être effrayée... ?

Essayant tant bien que mal de calmer sa répulsion, le jeune homme força ses jambes à avancer et il se laissa littéralement tomber en avant, la matière étrange du phare l'enveloppant. Une lumière éblouissante l'envahit, mais il n'eut la force de fermer les yeux. Dans la précipitation, il n'anticipa même pas son atterrissage et chuta face contre terre sur la plateforme d'accueil. Il sursauta de peur alors qu'un vertige le prit : il n'y avait pas de plateforme ! Ou tout du moins était-elle invisible. Non... Elle sautait. Comme un film sur une VHS exsangue. Des barres blanches ébruitées barraient un support sombre et glauque. Un crissement lancinant faisait vibrer l'air et griffaient l'audition à vif du jeune homme. Il tenta de se relever, malgré le vertige qui toquait à la porte de sa folie. Ses jambes parvinrent à se redresser, mais son buste fut plié sur la droite et prit un angle droit. Il avait déjà vu ça avant... Lorsqu'un bug troublait un de ses jeux... Il ne savait plus ce qui était un mur ou un sol, son bras gauche se colla à ses côtés et se raidit. Le droit pendit inutilement, à la parallèle des jambes. Quant à son corps tout entier... Son image sautait, envoyant et extirpant l'adolescent dans d'éphémères ténèbres. Il aurait voulu gémir, mais jamais la vivacité du phénomène ne lui en laissa le temps... Il fallait qu'il avançât, qu'il trouvât Asali...

Péniblement, il posa un pied devant l'autre. Un vertige le prit et il tourna sur le côté au lieu d'aller en avant. Pour autant il ne trébuchait pas... C'était tout juste s'il avait encore le sens de l'orientation le plus basique... Dès qu'il tentait une direction, il était envoyé vers une autre... Comme si les commandes avaient été corrompues... Comment faire confiance à la logique, alors...

- Oh, j'espère qu'il n'est pas trop tard..." Lança une voix devant lui. Entre deux soubresauts oculaires, Odd parvint à repérer le visage inquiet de la Gardienne, elle-même noyée dans d'étranges rectangles rouges. Il n'y avait plus de profondeur dans la Tour... Juste deux dimensions confuses et unicolores, faisant sursauter l'image de la jeune femme, animée d'involontaires mouvements. Et en fond, une sorte d'alerte commença à sonner, stridente et suraiguë. On eut dit l'ultime râle d'un coeur agonisant...

- On... On fait quoi ? Où est le panneau de contrôle ?"

- Je... Je n'ai pas la moindre idée de sa localisation, je ne vois plus rien..."

Soudain, une distorsion troubla la sonnerie. Juste devant les deux êtres, brisant le voile rouge du décor aplati, les Thalaam venaient d'apparaitre.

- Qu'est-ce que...

La seconde suivante, un choc, violent comme un éclair, traversa Odd. Avant de fermer les yeux, il crut qu'une force mystérieuse le traînait vers sa tombe.

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Aelita n'agonisait pas. Ce n'était pas la mort qui s'accrochait à elle pour la disputer à l'étreinte de la vie. Ce n'était pas le néant qui s'approchait pour l'avaler. Son corps ne lâchait pas, son esprit ne s'effaçait pas. Au contraire. Tout était démultiplié. Et troublé par ce tonitruant son d'orgue résonnant dans sa bouche. Quelque chose qui ressemblait fort à du sang salé en échappait, gémissant comme mille cités de génocide. Tout Verso hurlait entre ses lèvres. Son enveloppe se déchargeait complètement de leur présence, non sans l'égratigner au passage. Si elle n'était pas aussi assaillie par son propre Enfer, sans doute serait-elle terrifiée à cette idée.

Dans sa tête, un chant berçait sa folie ascendante. Mais elle n'en saisit que de vagues murmures enfantins, sortis d'un siècle lointain et insouciant, parasité par des crissements de violons hystériques. Elle ne comprenait pas. Mais n'avait pas les moyens d'essayer de comprendre.

- Aelita !"

Quelque chose la frappa soudain. Une masse, droit dans son ventre. La faisant chuter en avant. Son buste se cogna contre le sol, lançant une impulsion d'énergie en elle, la forçant à cracher encore plus d'hurlements. Mais cela eut le mérite de transpercer sa transe. Le choc fut si inattendu, et sa position si peu naturelle, que ses chevilles tentèrent d'y résister et furent prises de microspasmes pendant quelques secondes. Mais très vite, la force la prit par les aisselles et la souleva.

- Reine Eli, il faut que nous quittions le désert, ou on va finir aspirés..."

- Aelita, tu m'entends ? Jérémie, que s'est-il passé ?"

- Que faites-vous là ?"

- Pas le temps, il faut passer par le portail, allez !"

Les appels atteignirent la conscience d'Aelita, sans qu'elle put cependant mettre un nom sur chacun d'eux. Brutalement, elle fut entraînée sur le côté alors que ses pieds glissaient au sol. La dernière chose qu'elle vit avant de quitter le sanguin désert fut les jambes de Dancy, alors que le reste de son corps était avalé par le cyclone sortant de l'ancienne entrée vers le Coeur...

Puis le calme. Le silence. L'impression que le souffle de la souffrance avait été repoussé. Ne laissant qu'un épuisant vide. Oh, le sol tremblait toujours, et une sonnerie étrange sonnait dans les airs, mais rien de comparable... Quelque chose en elle s'était apaisé, pourtant ses esprits n'étaient toujours pas revenus... Elle sentit les fantômes de perles de sueur contre ses tempes, souvenirs de réactions humaines impossibles à Verso... Tentative de sa conscience de se libérer, fût-ce par l'illusion... A moins qu'elle devînt folle...

- Déesse, si vous pouvez répondre, faites-le sans attendre. Nous n'avons pas le temps de nous réinitialiser.

- Euh... Je...

- Bon, très bien, vous m'entendez et êtes consciente. Continuez comme ça"

Suivant le conseil, Aelita s'appliqua à ignorer les sensations inexplicables qui subsistaient et s'attela à la description interne de son environnement. Distraction fort courte, car dès que se vue revint à la normale, elle ne vit qu'un tressautant ensemble monochrome, rouge carmin exactement. Et aucune indication spatiale pour l'aider. Aucun élément, artefact, meuble ou quoi que ce fût d'autre, à part ses camarades. Jérémie à ses côtés, guettant le moindre tremblement et aidant une Biggy secouée à se redresser. Et Jenny, équilibrant son immense tête sur son trop maigre cou. Mais le plus remarquable fut Eli, déjà debout comme une colonne, lançant des regards paniqués autour d'elle.

- Où...

- Bon sang, n'y a-t-il personne ? S'écria Jenny. Où sont les Gardiennes ?

- Pourvu que rien ne leur soit arrivé... balbutia Eli en se précipitant vers le couloir. Le groupe s'empressa de la suivre, sans trop comprendre.

- Où sommes nous ? Tenta Jérémie en soutenant tant bien que mal un Aelita encore sonnée et incapable de marcher.

- A Proelys. C'est là que mène mon portail d'urgence... répondit Biggy. Dancy gardait le portail vers le Coeur, et Jenny vers Staam. Mais Majesté...

- Il nous faut l'Interface centrale ! Elle enregistre tout ! On doit pouvoir trouver Asali, ou même d'autres ! Et si on comprend ce qui se passe, on devrait pouvoir entrevoir une solution !

- Vous croyez que la mémoire marche encore ? s'étonna Jérémie en avançant à sans regarder.

- Tant que la mienne fonctionne encore comme avant, sa source n'est pas atteinte !"

Dans un roulement de tambours pédestres, le groupe bascula dans la salle des Interfaces. Aelita la reconnut immédiatement : identique à celle qui l'a vue faire ses premiers pas dans Verso... Les tuyaux grimpaient partout tel du lierre artificiel et irradié, les murs étaient étouffés derrière des écrans fins comme des lames de boucher, les images transmises étincelaient comme des marques sur le marbre. Tout respirait l'absence de vie. Visuellement, c'était bien l'endroit qui avait débarqué la jeune femme... Mais c'aurait été pour elle comme voir un amour lors d'une veillée funèbre. La seule chose qui clignotait avec vigueur, comme des bougies de feu azur, c'était un ensemble de cinq Thalaam, toujours aussi inattendues et pourtant étrangement à leur place... Deux d'entre elles étaient encore ouvertes. Les autres avaient revêtu leur couvercle opaque sur lequel couraient des données à la chaîne. L'une d'elle était dotée de l'image d'une silhouette se remplissant d'une lumière violette... Comme un écran de chargement. Et cette forme ressemblait trop à celle d'Odd au goût d'Aelita. Un électrochoc la secoua

- Il est dedans, Jérémie ! s'écria-t-elle en se précipitant sur la tombe. Elle essaya tant bien que mal de l'ouvrir, parcourant le cylindre à la recherche d'un cadenas, d'une aspérité, de quoi que ce fut qui lui permit de libérer son ami, mais tout était si lisse que c'était à se demander si le couvercle s'était un jour soulevé. Jérémie, paralysé, la regarda faire, tentant de rassembler les dernières informations et d'en tirer un début de conclusion. Les Thalaam venaient de se mettre sur leur chemin sans qu'on ne les avaient appelées... Odd était déjà dans l'une d'elle, et elle lisait ses informations comme le faisaient les machines dans l'Usine avant virtualisation... Etait-il seulement encore à Verso ? Qui l'avait mis là ? Et pourquoi ? A moins que...

Non. On ne pouvait leur dire de faire ça, pas alors qu'on avait encore besoin d'eux, que tout n'était pas encore sur une bonne fin, que...

- Qu'est-ce que... Que font-elles là... ? balbutia Aelita, une pique d'agacement pointant dans sa voix alors qu'elle avait cessé ses recherches.

- Elles ont dû percevoir la détresse de Verso et ont voulu se mettre à l'abri, s'avança Biggy en s'approchant des cylindres."

Eli, prise dans l'adrénaline de l'urgence, ignora superbement les Thalaam et se dirigea vers l'interface centrale. Ses mains et ses yeux fouillèrent dans les données, s'accordant avec une croissante frustration. Sa chevelure volait, entraînée par ses mouvements, et sa nuque parut s'étirer.

- Je... Je ne trouve pas Asali ! Et je perd de plus en plus d'informations avec le temps... OH NON !"

Jérémie se précipita aux côtés de la Reine. S'il n'avait pas été encore sonné, il s'en serait évanoui.

Tout allait trop vite, beaucoup trop vite. Les codes s'effaçaient à une vitesse vertigineuse, et dès qu'Eli essayait de prendre le contrôle manuel, l'interface affichait une erreur, refusant de stopper sa funeste entreprise. Comme si quelqu'un d'autre était passé Maître... Avec une sorte d'ironie sombre, les deux seules applications encore accessibles étaient "CONSCIENCE" et "THALAAM"

... Eli ne pouvait désormais qu'endormir ses administrées ? Etait-ce un dernier message de la part du Coeur, un dernier cadeau visant à rendre les choses plus faciles ? Mais alors... C'était vraiment irrécupérable ? Eli s'immobilisa, sa bouche vibra alors qu'elle semblait fouiller les moindres recoins de son esprit à la recherche d'une idée salvatrice. La tension monta encore d'un cran alors qu'elle redressa sa tête, manquant de la basculer en arrière.

- Les Thalaam... Si elles peuvent encore se maîtriser, elles peuvent peut-être nous apprendre des choses ! S'exclama Eli.

Aussitôt, les Sages foncèrent vers les tombes. Jérémie arrêta Aelita avant qu'elle n'arrivât à lire l'Interface. La situation n'était pas à la diplomatie, mais il ne voulait pas être troublé par le chagrin qui allait envahir sa princesse. Il devait garder les idées claires. Du moins, il essaya de le voir ainsi. Il singea une grimace confiante et suivit le mouvement, espérant qu'Aelita en ferait autant. Par chance, elle ne se méfia pas.

Mais quand l'activité des Thalaam fut à portée des yeux de l'oursonne, cette dernière réprima un cri de surprise.

- Ces données... Je ne les ai jamais vues ! Je ne comprend pas...

Aussitôt, Jérémie et Aelita s'approchèrent et se penchèrent sur les couvercles. A leur propre étonnement, ils comprenaient cette langue... Bien que depuis tout ce temps dans le monde virtuel, ils ne l'avaient pas encore entendue ou lue.

Au beau milieu des lignes de code, brillant par sa présence et possédant l'éclat des pupilles d'une sirène, des "TRANSFERT", "ASSIMILATION", "MATERIALISATION" et un intriguant "CODE : ANTEMEN". Même si le nom n'évoquait rien aux deux adolescents, le sens les frappa soudainement, comme un instinct, une logique incontestable.

C'était une destination. Leur prochaine étape. Mais... Non, pas maintenant, pas alors qu'un monde avait besoin d'eux...

Mais pouvaient-ils encore quelque chose ? Aelita avait encore une étoile d'espoir dans ses yeux, trahie par la chance qu'on lui offrait. Mais le ciel de Jérémie était celui d'un jour où tout apparait trop clair. Pas la place d'avoir un astre ou quoi que ce fût.

Au-dehors, un sifflement brutal perça les murs et les tympans du petit groupe abrité. Eli sursauta et observa la surface protectrice, comme si elle pouvait voir au travers son monde s'effondrer. Son esprit continuait à courir, mais il semblait être parvenu à un désert sans fin car une expression de pure terreur grandit au coin de ses yeux. Jenny avait dû sentir son désarroi, car elle posa une main sur son bras, forçant à l'immobilité sans oser regarder sa souveraine. Elle cherchait nettement moins à réfléchir, mais s'efforçait à contenir l'évidente panique qui l'empêchait de parler. Biggy quant à elle avait le regard vitreux, déjà un peu lointain, mais elle semblait s'accrocher pour rester alerte. Elle attendait une réponse de Jérémie ou Aelita. Ses oreilles, tremblantes, étaient dédiées à tout ce qui n'était pas le reste du monde.

- Je... On dirait une localisation. La Voix a dû nous ouvrir le passage...

- La Voix ? coupa Biggy rapidement, sautant presque à la gorge du génie.

- Le commanditaire de notre mission... Au fond, votre XANA doit être détruit, alors...

- Mais nous n'avons pas l'Apsidia ! Objecta Aelita, comme si cet élément était le plus déterminant de l'Univers à ce moment-là. Nous n'avons pas totalement réussi !

- Mais le plus important est fait. Et... Elle l'a peut-être..."

Jérémie passa sa main sur une des Thalaam. Il aurait voulu prendre son temps pour évaluer toutes les options, mais les hurlements de Verso sonnaient de plus en plus comme un chronomètre implacable. La solution lui paraissait évidente, mais... Mais il ne voulait pas qu'elle fût aussi simple. Ils n'avaient pas réussi, ils n'avaient aucune assurance que la relique n'était pas tombée en de mauvaises mains, et si une solution ne leur venait pas rapidement, ils allaient se retrouver avec l'extinction d'un monde sur le dos...

... Mais en restant sur place, ne risquaient-ils pas la destruction de toutes les vies ? N'était-ce pas leur mission, d'éviter ça ? S'ils restaient à Verso et rataient, pourrait-il supporter d'avoir comme dernière pensée celle d'un Univers anéanti par sa faute ?

- On ne sait même pas ce que c'est, "Antemen"... Et pourquoi La Voix n'essaie pas de joindre, hein ? Pourquoi elle nous laisse comme ça ? Insista Aelita. On doit faire confiance à un mot, c'est ça ?

- Ulrich..."

L'assistance tourna le regard vers Jérémie. L'air hébété, il semblait se retenir d'exulter, et pourtant ses mains tremblaient contre ses cuisses tandis que ses sourcils maintenaient ses paupières grandes ouvertes dans une expression de pure nervosité.

- Quoi, Ulrich ?

- Il n'est jamais venu sur Verso... Il n'est même pas là... De ce que j'ai compris, le processus a bloqué pour lui, c'est ça ?

- Oui, une anomalie m'a empêché de le mener à nous, rappela Eli sans comprendre.

- Non, attend, ça ne veut rien dire, c'est peut-être Belpois qui a créé ça... lança Aelita, peu encline à encourager Jérémie. Mais ce dernier reprit le fil de sa pensée :

- S'il avait eu le pouvoir de manipuler les Thalaam, pourquoi ne pas nous avoir tous bloqués, ou les avoir rendues hors-service ? Il est ma part sombre, Aelita, et je... Je ne me vois pas mettre au point un plan dans la demi-mesure pour me débarrasser d'ennemis. L'autre solution, c'est que ça soit une porte qu'on nous a laissée ouverte... Que ce soit la Voix... Au fond, elle n'est même pas là pour nous guider, tu l'as dit toi-même... Et s'il était arrivé quelque chose et qu'elle n'ait pas eu le temps de nous prévenir, juste de nous éviter de mourir ? Elle nous indique le chemin vers le monde suivant ! Là où se trouve Ulrich depuis le début ! Dans ce qui se trouve entre un monde et un autre quand on les rallie !

- C'est complètement dingue... Qu'est-ce qui te dit qu'un tel lieu existe ?

- On ne peut pas être nulle part... Comme une transmission de données, il y a peut-être une sorte de serveur où La Voix nous dépose, et ensuite le monde nous récupère, ou que sais-je, un monde qui assure le relais entre tous les autres, comme un boulevard ou un chemin.. Ulrich est peut-être dans cet espace intermédiaire depuis le début, vu qu'il a bien quitté Solar Building mais n'est pas pour autant dans Verso !

- Attend, tu me dis qu'il est perdu dans une sorte de Mer Numérique ? Et tu voudrais qu'on y fonce aussi ? Et comment se fait-il qu'on ne soit pas happés dans plusieurs mondes à la fois, qu'est-ce qui détermine notre destination ? C'est insensé comme fonctionnement !

- Je n'en sais rien, mais... Il doit y avoir moyen de vérifier si Ulrich est bien quelque part...

Comme un fou se jette sur l'ombre de sa terreur, Jérémie se précipita sur la Thalaam encore close. Parcourant des doigts et des yeux la surface couverte de données, il tenta tant bien que mal d'en déchiffrer les moindres secrets. Son agitation était si pitoyable et désespérée qu'elle convainquit Eli de se tenir coite, les yeux pratiquement éjectés de leurs orbites. Aelita était pendue à ses lèvres, espérant qu'il trouvât la solution pour préserver leurs proches et les inconnus de la fin. Il était doué pour ça, avait-elle toujours pensé. Il allait y arriver. Il fallait qu'il y arrivât.

Mais ce qu'il annonça, au fond d'elle, ne put que la glacer.

- La dernière activité de la Thalaam indique "CODE : ANTEMEN" et c'est tout, quand les nôtres ont continué par "RECHERCHE", "TRANSLATION", "CODE : VERSO", et "ASSIMILATION"... On est bien passé par ce monde, mais ensuite on est arrivés ici... Et Ulrich, donc... Il y est bien... Il est ailleurs... Et Odd est déjà lancé, il est déjà dans l'autre portail, il est déjà à l'étape "TRANSLATION", il est en train de partir... ... Il avait compris, Aelita ! Il n'aurait pas plongé là-dedans sans être sûr que ça ne le condamnerait pas ! Ca prouve bien que nous devons aller vers cet autre monde ! Si je réussis à trouver ses coordonnées, on peut le rejoindre et fuir avant que...

- Avant que quoi ?

Jérémie, pris dans son élan, se jeta sur Aelita et la prit par les épaules.

- Avant qu'on ne meure ! On peut se sauver, Aelita !

- Ca ne va pas ?"

Coup de lame net. Les yeux du génie se fixèrent sur ceux de la jeune femme, son corps se paralysa. Il sembla un temps chercher dans les pupilles roses ce qu'elle n'avait pas compris.

- On... On est pas perdus, et peut-être qu'ailleurs, on trouvera une solution...

- Non. On a pas le temps, tu l'as dis de toi-même. Si on sauve Verso, et on va le sauver, c'est maintenant ! Et Yumi, elle n'est pas sortie du Coeur !

- Oui, Aelita, on a pas le temps, on...

- Ca n'a jamais été un argument pour toi avant.. Tu as toujours voulu essayé, et je suis sûre qu'on peut...

- Tu as vu toutes les données perdues ? Celles qui se perdent ? Ce n'est pas le Supercalculateur, ici, Aelita, il faudrait que je prenne le contrôle du Coeur, et il est...

- On ne peut pas les abandonner !

- On ne peut pas rester non plus. Si on meurt ici, XANA gagne. Un moyen nous attend peut-être quelque part...

- Mais..."

Soudain, la jeune femme s'immobilisa. Raide comme une porte sortie de ses gonds, elle s'effondra dans les bras du chef. Toute vie lui avait échappée, et ses membres ne semblaient pouvoir se diriger encore. Hébété, Jérémie eut tout juste le temps de la récupérer, tout en dévisageant la Reine Eli et sa main tendue vers Aelita. Derrière elle, Biggy et Jenny rendaient son regard au jeune homme telle une partie de tennis avec une balle enflammée.

- Pourquoi...

- Allez vous-en. Vous en avez assez fait.

- Mais... Et vous ?

- Nous n'aurions pas dû vous faire confiance, c'est un fait. Nous allons devoir assumer, à présent. Mais vous, vous avez une mission. Faites en sorte que ce qui vient ne soit pas en vain, au moins pour vous."

Jérémie aurait juré sentir une boule se former dans sa gorge. Incapable d'avoir une pensée plus claire que celle d'une fuite, et ne voulant surtout pas juger avec son surmoi dans un tel instant, il hocha la tête et porta Aelita jusqu'à une Thalaam. Délicatement, il l'y déposa, attardant une main dans sas cheveux. Il n'en sentit pas même un seul.

- Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui dire... soupira-t-il en serrant davantage le bord de la tombe.

- La vérité. N'encombrez pas son esprit avec de faux espoirs, ça vous a déjà assez coûté."

Sur ces paroles, Biggy referma la Thalaam. Elle resta un moment immobile, ses grosses pattes immaculées soutenant tout le poids de son sombre regard.

- Mais je vous en supplie, ne nous oubliez pas, et saisissez la moindre occasion de nous sauver. Ramenez-nous."

- Je... Je ne veux pas abandonner, promit le génie en essayant de toutes ses forces d'y croire."

Il voulait y croire, honnêtement, plus que tout. Il voulait qu'une solution existât, quelque part, dans un autre monde. Pour Verso. Pour Yumi.

Au dehors, les cris des Versaliennes se faisaient de plus en plus entendre. La barrière séparant la Tour et son monde s'affaiblissait alors que l'aiguille du temps de Verso attaquait son dernier cercle.

- Ne... Ne les laissez pas souffrir. Effacez leur conscience aussi vite que possible... supplia Jérémie.

- Faites-nous confiance, nous n'allons pas offrir à ce monde une fin d'agonie. Mais partez, plus vous restez, plus nous perdons du temps."

La lumière apocalyptique raya la surface tremblante de la Tour. Le sol grondait du plus profond de ses entrailles. Inconscient de ses jambes qui vacillaient, Jérémie fit valser ses doigts sur l'écran de la Thalaam d'Aelita. Il tenta de percer le brouillard de sa vision pour reconnaître les chiffres et les lettres, et de contrôler les spasmes de sa main pour ne pas confondre les manoeuvres. Il était dans un état étrange, un pilote automatique qui s'évertuait à le mener vers une transe vide. Ne pas penser à ce qu'il faisait, ne pas raisonner, utiliser juste les connexions nerveuses pour diriger son corps. Tu es une machine, Jérémie, si tu penses être autre chose en cet instant, tu hésiteras et tu mourras.

Un vrombissement s'éleva faiblement entre les coups de tonnerre d'une Verso en chute libre. La dernière tombe disponible, grande ouverte, se parait déjà d'une lumière puissante. Toujours sans réfléchir, poussé par une vitesse qu'il ne se connaissait pas, le génie se dirigea vers le portail cylindrique. Le temps d'y basculer, et il aperçut la Reine Eli, tournée vers lui dans une vertigineuse contre-plongée, sa silhouette se découpant dans l'ombre, sa voix chantant une mélodie déchirante dans un écho mystique, presser la commande d'effacement de conscience de Verso. Sur son visage, il crut voir le même regard qu'avait Aelita quand ils avaient évoqué, un jour, la possibilité d'éteindre Lyoko. Une autre lumière, plus étincelante et tranchante, envahit l'espace et l'étouffa. Même à la dernière seconde, Jérémie ne put déterminer laquelle l'avait étreint.

A la place, il sentit une parodie d'oeil démoniaque l'observer en riant.

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Belpois marchait dans les ruines de la Seconde Aile du Royaume de XANA, la désolation sifflant contre les surfaces autrefois baignées de couleurs et de luxe. Les toits n'étaient qu'un vague souvenir et laissaient à ciel ouvert les restes agonisants de l'ancien monde. Si les bases subsistaient telles des mains de cadavres sortant de leur tombe à la lumière d'acier jauni de la pleine Lune, rien ne laissait supposer une future reconstruction. Pas une âme n'errait dans le territoire hormis l'ancien dictateur. Les yeux fermés et la tête en arrière, il savourait le silence. Loin de la course et de la mission. Loin de ses ennemis. Loin de lui-même. Loin de XANA, occupé en d'autres latitudes et désormais désintéressé par sa propre victoire. Ne restait que le goût de la future victoire dans la bouche, aux notes de poussière et de fer.

Furtivement, l'image de Solar Building décapitée lui vint, avec moins d'amertume qu'autrefois. Mis à terre et abattu sans procès ni jugement qu'il n'aurait de toute façon jamais accepté, le maître de la Cité Grise voyait déjà se dessiner les contours de son trône. Il se l'est promis, il l'a juste quitté pour un temps, celui d'écraser les prétentieux d'un autre monde qui pensaient valoir mieux que lui et d'imposer à l'humanité sa propre vanité. Ils pouvaient bien rire, ses anciens administrés, ou pleurer leurs morts en maudissant celui qui avait régné sans partage sur eux. Il reviendrait et saurait encore plus durcir le ton. Personne ne lui prendrait plus jamais sa superbe. Il parcourrait tous les Mondes Alternés de l'Infini pour exterminer chaque alter de sa personne s'il le fallait. Mais jamais plus on ne l'humilierait. Jamais plus. Et le jour où il pourrait le murmurer à l'oreille de ce petit Jérémie, avant de le mettre à genoux pour toujours, se rapprochait toujours plus. Il lui frôlait les doigts avec timidité, mais il n'était plus qu'un rêve sans visage.

Soudain, quelque chose devant Belpois l'interrompit. Une sorte de souffle, balayant celui de la mort, tranchant sa présence opaque. Un coup de couteau dans la rêverie et le coeur. Il chercha d'abord à l'ignorer, songeant à une hallucination ou un jeu d'optique, mais reprit son chemin légèrement moins assuré.

Ce ne fut que lorsque la chose se précisa qu'il s'arrêta pour de bon. Une forme avec deux jambes bien ancrées au sol, droite comme un i et entière, hurlant d'existence malgré son apparence vaporeuse. Devant lui, barrant sa route sans bouger. Une seule certitude : le poids de son regard pesait sur Belpois. Il pouvait le sentir, appuyant sur sa face et le forçant à l'immobilité. Crispé, les bras tendus et l'esprit interrompu, il plissa les yeux et tenta de mieux discerner l'intrus dans l'ombre. Qui que ce fut, il ne le provoquerait pas très longtemps...

Sauf qu'en un instant, l'explosion dans son ventre lui dit comprendre que ce n'était pas n'importe quel intrus. Il l'avait déjà vue, par dessus l'autel. Elle était déjà là, pendant une seconde. Il n'avait pas pensé la revoir. Il n'aurait pas pensé qu'elle était vraiment. Qu'elle reviendrait. Qu'elle insisterait à s'incruster dans sa vie.

Et pourtant.

Elle était là, devant lui. Encore. Son image brouillée, elle le fixait avec son regard polaire, son corps émanant une aura glaciale. Tout le reste de son corps était trop vague pour qu'il pût la décrire. Elle était comme le souvenir d'un rêve... Ou un fantôme perdu dans la poussière...

- Tu me suis depuis quelques temps. Que me veux-tu ?" Lança Belpois, encore à peu près sûr de lui. Mais pour toute réponse, la jeune femme redressa l'échine et le toisa. Un stress soudain monta dans l'esprit de l'alter. Pour qui se prenait-elle ? Elle voulait l'impressionner ?

- Répond, bon sang ! Tu viens à moi, tu dois vouloir quelque chose, non ? Alors parle !"

- Qui es-tu ?" Demanda-t-elle alors, d'une voix calme et ferme, légère et tranchante comme le vent du Nord. Elle venait pour savoir qui il était ? Belpois ricana. Il allait la remettre à sa place, cette impudente...

- On me nomme Belpois, ancien Maître incontesté et incontestable de mon monde. J'ai en moi le pouvoir de vaincre la mort, et j'aspire à retrouver mon trône. Par tous les moyens. Rien ne me fera reculer"

Il attendit, guettant sur le visage de la femme un signe de surprise ou de respect. Mais elle ne broncha pas, gardant ses billes de glace rivées sur son vis-à-vis.

- Tu es sourde ? Quelqu'un se présente à toi de cette façon, et ça ne t'inspire rien ? Peux-tu prétendre à mieux ?"

La jeune femme laissa encore passer quelques secondes, puis s'avança enfin, l'échine haute et les bras se balançant légèrement. A chacun de ses pas, Belpois pouvait presque entendre des mailloches frapper de toutes leurs forces sur des caisses, maniées par la Fatalité elle-même. A moins que ce ne fut les palpitations qui secouaient sa cage thoracique... Mais il n'aimait pas ce qu'elle provoquait en lui. Cette curiosité maladive, cette envie de l'approcher, de la réduire en poussière pour disséquer tous ses secrets, des mystères dont il se savait concerné mais qu'on s'échinait à conserver éloigné de lui... Mais il savait qu'il la pleurerait. Comme on pleure la chute d'une statue historique. Elle le faisait flancher, le rendait hésitant et incertain. Pour un peu, elle serait à même de le battre définitivement.

Et pourtant, il ne savait rien d'elle. Il n'avait même pas son visage à redessiner dans sa tête, encore et encore, en espérant pouvoir y comprendre quelque chose. Et jamais son aura n'avait effleuré son être avant. Il ne savait rien d'elle, c'était la seule certitude qu'il possédait.

Tandis que lui, s'offrait tout entier à elle, sans le vouloir ni pouvoir l'empêcher.

Le temps de retenir un feulement de frustration et de surprise, il sentit son menton se poser sur son épaule. Il était toujours incapable de bouger tandis qu'elle se collait à lui, prenant ses bras dans ses mains et l'approchant.

- Non. Tu te trompes. Tu n'es rien de tout ça. Mais aucune des réponses que tu aurais pu me donner n'aurait été exacte"

Belpois retroussa ses narines, comme réellement frappé. Que...

- Tu aurais cherché à te définir, et j'aurais tout refusé. Car vois-tu, on ne peut réellement être que ce qu'on a gagné. On ne peut se vanter que de ce qui nous appartient. Et toi, tu n'as jamais rien obtenu de toi-même. Ce n'est pas toi qui a choisi d'être un maître sans pitié. Et tu ne peux mourir parce que tu n'es pas vivant. Tu existes, certes, mais tu n'es pas vivant. Tu renais quand celui qui vit et te sert de source t'appelle. Tant qu'il a besoin de toi, tu seras. Tant qu'il aura besoin qu'un autre que lui soit cruel, tu seras la chose la plus terrible qu'il puisse imaginer. Tu es parce que lui doit évoluer. Mais toi, toi, jamais tu ne seras autre chose. En cela tu n'es rien"

Non... Non, elle essayait de le déstabiliser, elle... Elle avait tort, elle se trompait, elle se moquait de lui, quelque chose, mais...

Et pourtant... Pourtant, cette colère constante, cette sensation de ne devoir arriver qu'à cette finalité... Cette impression tenace de destinée... Et même son immortalité... Le fait que même après sa renaissance, il était revenu à ses ennemis... Et si... Non... Et si...

Mais sans se soucier du trouble qu'elle semait en lui, la jeune femme prit sa main et glissa le bout de son index le long des lignes. Un petit soupir traversa ses lèvres. Tremblant, Belpois suivit son regard et regarda sa propre paume. Pour la première fois, il crut regarder la main d'un autre. Lointaine, étrangère, méconnaissable. Tout juste la sentait-il encore.

Et, avec la voix exsangue des fantômes qui se lassent de leur errance, elle conclut:

- Tu n'es rien d'autre qu'un désir inventé par l'esprit trop faible d'un adolescent en danger. Tu crois réellement que tu viens à lui par ta volonté ? Tu te trompes. Ton vouloir obéit à ses besoins. Ton libre arbitre est un leurre"

Rien au monde n'aurait pu davantage heurter Belpois. Le souffle court, les pupilles presque éjectées des yeux, il cessa définitivement de sentir sa main. Mais un vide soudain l'avala, et il ne put comprendre plus sur lui-même. Il était un gouffre sans fin. Sans un mot pour le définir. Plus mort que la Mort elle-même.

Balbutiant, râlant, il parvint à prononcer, sans savoir vraiment ce qu'il cherchait par là :

- ... Je veux savoir qui tu es. Tout de suite. Dis-le moi"

Elle releva les yeux vers lui. Il parvint enfin à distinguer ses iris perçantes et magnifiques, baignées de tristesse et d'usure. Elle touchait au délire pur et précieux. Et aussitôt, tout ce qu'elle venait de dire prit une valeur de vérité absolue. Elle ne mentait pas. En quelques phrases, elle avait arraché à Belpois tout ce qu'il croyait posséder, et pourtant il ne lui en voulait pas. Non, il la voulait, elle.

Mais juste avant qu'elle ne s'éloigne et retourne à l'invisibilité, protégée par la poussière, elle répondit :

- Plus personne ne pourra à nouveau dormir"

_____________________________________________________________


Voila donc pour la fin de la saison 2 de Mondes Alternés, j’espère qu’elle vous a plu !

Merci à vous d'être encore présents après plus de deux ans d'écriture, alors que nous allons aborder le Monde 3, qui s'annonce comme le plus sombre de toute la fanfiction, et dans laquelle j'espère à nouveau vous retrouver !

En attendant, passez une bonne fin de vacances et, disons, une rentrée pas trop rude, et on se revoit très bientôt pour un petit interlude entre Mondes, histoire de reprendre en douceur les publications !

Bonne journée à vous tous, et bisous !
_________________
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Icer MessagePosté le: Dim 23 Aoû 2015 15:42   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
Chose promise, chose due ! 10 mois (et non 10 ans comme tu le disais huhu) après ma dernière intervention, tu as finalement achevé le monde 2. Alors me voici pour le lire.

Les premières lignes suffisent à deviner que celui-ci va être centré sur Aelita... Conséquence logique du fait que chaque monde est basé sur la psychologie des individus, celui de bonbon rose me casse les couilles comparé au premier (Un monde où elle se prend pour une Déesse... génial) ... Cela étant, il y a des éléments intéressants, notamment l'emploi du mot Question pour désigner les ennemis, dans un monde où tout doit être connu... J'aime bien. En tout cas le délais de publication est compréhensible, il a fallu le bosser !

D'une manière générale, j'ai eu énormément de mal à venir à bout de cette séquence, les morceaux les plus intéressants à mes yeux devenant tout ce qui avait un lien de près ou de loin avec Solar Building, dont notamment Belpois. C'est le coté... Verso de ton écrit, qui en variant les mondes, varie les plaisirs certes, mais dans un sens comme dans l'autre. Cependant comme je l'ai dit, ce n'est qu'une question de goût personnel, et Verso au final est sûrement objectivement bien plus travaillé et réussi que son ainé. C'est l'impression que j'ai. Alors félicitations.

Je laisse les analyses de conclusion détaillées à des gens plus doués que moi (et qui ont davantage accroché à Verso, ça ne peut qu'aider). On se revoit pour la fin du monde 3, bon courage pour la suite !

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Maxwillirick MessagePosté le: Dim 23 Aoû 2015 19:18   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 19 Aoû 2015
Messages: 8
Localisation: En France,dans un petit coin d'Amérique,pas loin d'un supercalculateur
Bonjour,
Cette fanfiction est tout simplement extraordinaire, je n'ai jamais une aussi bonne fanfiction, aussi détaillée,avec beaucoup de talent.
On est embarqué dans l'histoire.
Code Lyoko evolution aurait de vous prendre comme scénariste, là cela aurait été une réussite.

Bon courage pour la suite
_________________
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JCVgamer MessagePosté le: Jeu 10 Sep 2015 15:35   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Aoû 2012
Messages: 170
Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
*Dans son sanctuaire de lumière, un grand soupir retentit dans le bureau de l'apprenti mage de lumière lorsqu'il regarda dans un coin de son bureau la pile de parchemin qui s'était entassé. Il faut dire en même temps qu'il n'avait que peu de temps, entre les cours de plus en plus intensif que son maître lui donnais (avec les devoirs en plus), ses loisirs, etc...
Bref il décida de prendre un parchemin au hasard pour commenter, il prit un stylo et se mit au travail.*

Et le sort à décidé que je commenterai VB en premier, bonjour. (Au passage j'ai réellement fait un tirage au sort ^^)

Le début nous donne tout de suite l'indication du personnage sur lequel sera centrée le monde 3. Personnellement je mise sur Ulrich à ce moment là du texte.
Ensuite, nous avons l'apocalypse qui régie sur Verso, un monde se détruisant, provoquant une panique générale. Etat de panique des divers personnages est une fois de plus très bien retranscrit permettant une immersion encore très forte, je dirais que tu est passé maître dans ce domaine depuis pas mal de temps maintenant.

Pour ce qui est d'Aelita et le reste du groupe qui est séparé d'Odd (si j'ai bien compris) ben c'est assez identique avec ce que j'ai dit précédemment, l'état de panique, la qualité des descriptions des scènes avec l'immersion etc...
Alors c'est d'autant plus plaisant pour moi qui, quand je lis un texte, si j'arrive à me représenté l'histoire et à vivre les scènes comme si j'y était ben je le considère comme extrêmement réussi, c'est le cas ici, comme ce fût le cas avant aussi.

La fin de cette partie semble confirmer que le prochain monde sera "celui" d'Ulrich. Tu nous l'as promis comme étant le plus sombre, nous verrons si cela est réellement le cas.

On finit par Belpois et la mystérieuse personne. J'avoue, sur ce point c'est assez intriguant. Je ne vois pas qui peut-être cette personne, mais j'adore comment elle le snobe au début (Un peu comme le fait Draynes avec moi en ce moment PAF ^^), Mais au vu des propos qu'elle a sur lui, on est bien parti pour un long passage psychologique sur Belpois. Reste à savoir où tu voudras nous emmener.

Chapitre de clôture ma foi très plaisant, et qui permet un court temps de calme avant le prochain monde qui s'annonce palpitant si j'en crois tes propos.

Au plaisir de retrouver Ulrich au prochain monde.
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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