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[Fanfic] Bouffon du Roi

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Minho MessagePosté le: Ven 07 Avr 2017 11:15   Sujet du message: Répondre en citant  
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Chapitre 4 : Vol 714 pour Sydney


Dimanche 7 janvier 2001, 09:56
 
Cela fait des années que je me questionne sur ce que signifie vraiment réussir sa vie.
Pour la plupart d'entre vous, il s'agit certainement de réussir ses études, trouver un CDI, se marier, acheter un bien immobilier et avoir des enfants… bien que la nouvelle génération préférera certainement à l'avenir commencer directement par avoir des enfants mais il s'agit là d'un autre débat. Or, j'entends sans cesse les salariés qui m'entourent se plaindre et aller au boulot avec des pieds de plomb car ils ne sont pas épanouis dans ce qu'ils font.
 
Je me pose donc une série de questions : est-ce que cela vaut la peine de se presser et de sacrifier des années de sa vie à faire quelque chose qu'on aime pas pour financer une maison, une voiture pour finalement peut-être finir par divorcer en ayant l'impression de voir une partie de sa vie s'envoler ? Ne vaut-il pas mieux profiter de sa jeunesse et découvrir le monde plutôt que d'acheter une maison qui entraîne de nombreux frais et dont il est possible de se passer ? Pourquoi les gens ne savent-ils pas se focaliser sur eux et ce qu'ils veulent vraiment afin de s'épanouir avant de penser à fonder une famille ? Beaucoup de couples se brisent car un des conjoints passe son temps au travail ou n'est pas épanoui et est constamment de mauvaise humeur à cause d'un boulot qui ne lui plaît pas. Sans oublier les collègues peu scrupuleux qui ne pensent qu’à raconter leurs dernières vacances qu’ils se sont offerts avec des sous qu’ils n’avaient pas pour impressionner des gens qu’ils n’aimaient pas et qu’ils n’aimeront jamais.
 
Bon nombre de jeunes souhaitent fonder une famille et avoir leur petite routine assez rapidement après leurs études et oublient de penser à leur bonheur à eux, quitte à le regretter quelques années après. Je pense que nous sommes formatés par la société et que dès que quelqu'un sort du lot, il se fait généralement casser par des personnes peu ambitieuses qui n'aiment pas leur vie et leur travail dans la plupart des cas. Par exemple, quand certains jeunes relativement prometteurs veulent lancer leurs projets dans le but d’obtenir une vie différente du "métro - boulot - dodo", j'ai constaté que bon nombre de personnes préfèrent les démotiver en répétant à tort et à travers qu'ils n'y arriveront jamais plutôt que de les tirer vers le haut. Et le plus triste dans tout ça, c'est qu'il s'agit souvent de leurs proches. Mon meilleur ami voulait devenir acteur, son père lui a coupé les vivres jusqu’à ce qu’il « revienne à la raison » et tout ça pour son bien évidemment... Il n’a eu de cesse d’énumérer le nombre de comédiens de seconde zone qui s’étaient retrouvés sans emploi après une très brève carrière. C’est comme ça qu’on vit aujourd’hui : on s’accroche ou on crève. Mais dans la plupart des cas, on a beau s’efforcer de continuer, ce genre de discours va finir par nous atteindre d’une manière ou d’une autre tout en faisant un maximum de ravages sur son passage.
 
Pour moi, réussir dans la vie, c'est avant tout être heureux dans ce qu'on fait et profiter de chaque moment de notre passage sur Terre. À quoi bon fonder une famille si on passe à côté d'une partie de sa vie en allant travailler avec des pieds de plomb et en attendant impatiemment la fin de la journée ? Qui que vous soyez, si vous avez des projets ou des idées, n'hésitez surtout pas et lancez-vous avant que quelqu'un de plus ambitieux ne le fasse à votre place. Ne vous laissez pas influencer par les pressions extérieures et faites ce que vous souhaitez vraiment sinon vous risquez de ne jamais être heur...

 
En pressant sans grande conviction le bouton rouge de sa télécommande, Jim éteignit la télévision qui passait en boucle le même DVD… celui qui était censé bouleverser le destin de celui qui était prêt à prendre les choses en main et à mettre de l’ordre dans son existence. Il soupira avant de se lever de ce fameux canapé jaune qu’il n’aimait vraiment pas quitter. Depuis quelques années, à commencer par ce samedi pluvieux de mai 97 en passant par le Nouvel An 2000 jusqu’à aujourd’hui, tous les week-ends et congés de Jim Moralès s’étaient déroulées de la même manière. Levé à sept heures précises, passant d’abord dix minutes aux toilettes en compagnie de n’importe quel magazine volé dans une salle d’attente quelconque, il s’accordait ensuite du temps pour jouer avec son teckel nain qui prenait un malin plaisir à mordiller ses pantoufles avant de se préparer un petit déjeuner digne de ce nom : bacon et œufs à volonté pour le plus grand plaisir de son estomac. Il s’obligeait alors à respecter scrupuleusement ses trente-cinq minutes d’exercices physiques, principalement constitué d’abdominaux et autres torsions douloureuses. Cela fait, il aérait la maison et balayait le sol du salon, généralement recouvert des miettes de son repas-canapé de la veille. Une fois propre, il en profitait pour se blottir à nouveau dans ce même canapé pour regarder le DVD prêté par la thérapeute qui lui avait été assignée d’office tout en se débarrassant du peignoir de la veille pour opter pour d’autres vêtements amples et confortables qui ne le mettaient pas forcément en valeur mais il n’en avait cure : plus personne n’avait posé les yeux sur lui depuis Sybille... et il ne voulait pas que cette situation change dans l’immédiat.
 
Au moment où la matinée se rapprochait de la dixième heure de la journée, il décida enfin de poursuivre le petit rituel du dimanche matin : le café bien noir… ou presque. En public, il refusait toujours toute addition au breuvage afin de se donner cette fameuse contenance d’homme viril mais dans l’intimité de sa modeste demeure, il craquait généralement pour deux morceaux de sucre et un nuage de lait, voire plus si affinités. Quitte à renforcer son diabète, autant y aller à fond. Au moment où il traversa une nouvelle fois le hall d’entrée pour se rendre dans la cuisine, il observa un fait hautement inhabituel : une enveloppe avait été glissée sous sa porte d’entrée. On était dimanche pourtant… Et même si c’était un jour de semaine, la factrice savait pertinemment qu’elle devait glisser le courrier dans la boîte aux lettres à l’entrée de l’allée. Bizarre… D’un pas lourd et peu assuré, il se dirigea vers le rectangle clair qui contrastait avec les dalles noires et, sans perdre plus de temps, ouvrit la lettre qui lui avait été adressée. À l’intérieur, il trouva un billet d’avion… sur lequel était fixé un petit post-it souillé à l’encre noire : Sympa la nouvelle déco extérieure ! Inquiet, il sortit immédiatement de son antre de célibataire notoire. Il lui fallut exactement deux secondes et demie pour comprendre que la nuit avait été productive pour certains : sa façade était désormais recouverte d’affiches menaçantes. Sur le trottoir extérieur était tagué une injonction d’un jaune criard : Profite bien de l’Acte II Au moment où il reconnut cette écriture si particulière qu’il avait lue pendant des années, Jim comprit qu’il était grand temps de refaire sa valise.
 
Spoiler


 
Jour 52 avant l'Apogée
 
« Alexia Hébron. C’est elle qui t’intimide, n’est-ce pas ? »
 
Odd ne répondit pas tout de suite. Il était obnubilé par la longue chevelure rousse, la détermination bien ancrée sur le visage et surtout par l’étrange éclat qui se dégageait de son regard… de la même teinte que son avatar virtuel qui lui manquait déjà cruellement. Un sentiment de nostalgie l’envahit, se pourrait-il que tout cela appartienne définitivement au passé ? Lyoko, la longue queue violette, les griffes acérées et les flèches lasers, ça ne pouvait pas être fini. Bientôt, il passerait à nouveau l’étape du scanner, il dégommerait encore quelques monstres et, plus que tout, il assurerait le show si on lui donnait une deuxième chance. C’était une évidence, on allait bien finir par lui accorder cette petite faveur… ou il se battrait pour l’obtenir. L’espoir d’un retour à Kadic, c’est tout ce qui lui restait. Sans ça, qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir devenir ?
 
« La seule chose qui dépasse sa beauté, c’est son étrangeté… C’est la commandante en chef des armées. Les adjectifs ne manquent pas pour la décrire : intransigeante, torturée et monstrueusement cinglée. C’est sûrement sa position qui lui a bouffé le cerveau. Aucune femme n’est censée se trouver à un poste si élevé mais le destin en a voulu autrement…
— C’est elle qui dirige tout ?
— Non. Toutes les différentes sphères du pouvoir sont réparties entre les quatre princes marchands.
— Trois hommes, une femme donc ?
— Exact. Jette plutôt un coup d’œil à l’écran, on a un nouvel ami… »
 
Odd s’exécuta et resta pétrifié devant l’homme qui venait d’apparaître à l’écran : un grand blond à la mâchoire carrée et pourvu d’une carrure extrêmement imposante. Della Robbia n’aimait pas juger au premier coup d’œil… mais il avait vraiment la tête typique de l’enculé avec son regard mauvais et son rictus qui laissait présager de nombreux ennuis en perspective.
 
« Berlioz Robertson. Aussi musclé que cruel… Tout ce que tu peux voir par la vitre du wagon est à lui. Il possède pratiquement tous les territoires de Jadawin, seuls les palais de ses compères ne lui appartiennent pas. Par conséquent, il peut obtenir la moindre semence qu’il désire et revendiquer le plus infime lopin de terre occupé par un paysan quelconque à tout moment même s’il est plus intéressé par les richesses renfermées au plus profond des entrailles souterraines. L’or, les minerais et surtout… le Zlag.
— C’est quoi ça encore ?
— Trop long à expliquer… Tu comprendras bien assez tôt de toute façon. Regarde plutôt Melchior, c’est sans hésiter le plus intéressant de tous… 
— Mais… c’est un jouet ?! »
 
En effet, Melchior avait le physique d’un… pantin, la peau du visage cireuse et les yeux ronds comme des billes qui semblent fixer quiconque osant le regarder. Odd, se sentant mal à l’aise face à cette marionnette démoniaque, préféra reporter son attention sur son interlocutrice pour éviter de dévisager le petit bonhomme plus longtemps.
 
« Détrompe-toi, marmonna Lana après un long silence. Ce n'est pas un jouet, ni un enfant... D'ailleurs, il est bien plus vieux qu’il en a l’air. Même si on combinait l’âge de toutes les personnes présentes ici, on ne le dépasserait pas. Il dirige Jadawin depuis si longtemps ! Ma grand-mère était à son service et sa grand-mère l’était aussi. J’ai suivi la tradition.
— Toi aussi tu…
— Oui, répondit la jolie blonde qui avait déjà anticipé la question du blondinet. C’était ma destinée et je l’ai accueillie à bras ouverts.
— En quoi consiste ton… travail ?
— Réclamer l’Impôt bien sûr ! Vois-tu, si Alexia et Berlioz gèrent les terres chacun à leur façon, il faut bien quelqu’un pour s’enrichir encore et encore. C’est le commerce qui a propulsé Melchior à la tête du pays. La vente… d’épices, d’humains et surtout du Zlag.
— D’humains ? s’étouffa Odd
— Ne t’inquiète pas, il n’est pas intéressé par les blonds.
— Je suis curieux… Tantôt, tu as bien dit qu’il y avait quatre princes marchands. Qui est le dernier ?
— Le tyran. C’est à lui qu’appartient ce train. C’est tout ce qu’il a : les lignes ferroviaires. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut sous-estimer son influence. C’est lui qui recrute et entraîne les meilleurs soldats du pays, il remplit les troupes de Hébron avec des éléments… surhumains. Si tu veux mon avis, c’est le pire des enculés. Tu m’étonnes que ça soit le meilleur pote de Berlioz, c’est le sang qui les excite ces deux-là…
— Pourquoi on n’a pas droit à sa photo ?
— Parce que l’on est dans un de ses trains. S’il fait de la promotion pour ses trois collègues, c’est parce que notre prochain Empereur se trouve parmi eux… plus lui évidemment mais il n’aime pas se mettre en avant dans ces stupides campagnes publicitaires qui ne servent à rien puisque ce n’est pas la population qui va décider de quoi que ce soit. Nous, on doit juste attendre, il n’y a que ça à faire… Dans cinquante-deux jours, on saura enfin qui nous dirigera de manière permanente.
— Mais je pensais que c’était les princes marchands qui vous dirig…
— Oui… jusqu’à l’Apogée. Ce jour-là, il n’en restera qu’un… et les autres devront impérativement se soumettre à sa volonté. »
 
Odd ouvrit les yeux. Le gaz verdâtre s’était dissipé. Lana avait disparu. Il avait retrouvé sa place sur la banquette inconfortable… en face de la femme trop maquillée qui lui adressait un sourire carnassier tout en pointant une lame beaucoup trop aiguisée à son goût à quelques centimètres de son torse envahi par l’angoisse.
 
 
Samedi 17 février 2007, 22:37
 
À l'intérieur de l’Ermitage, la musique était en train d'anéantir littéralement les tympans de tous les fêtards présents. Seuls Maïtena Lecuyer et Théo Gauthier avaient un rythme différent dans la peau, calme, lent et apaisant alors que le tube endiablé de Gorillaz résonnait pourtant dans leurs oreilles. Vu de cet angle, les deux adolescents semblaient entamer un slow collé serré, qui commençait d'ailleurs à en embarrasser plus d’un tandis que d'autres s'amusaient plutôt à prendre des photos qui finiraient sans doute dans la poche de Milly et Tamiya sous réserve d'une bonne rétribution ou simplement pour le plaisir d'afficher ses petits camarades dans le feu de l'action... ou presque puisque le "couple" se gardait bien de se chatouiller mutuellement les amygdales pour une raison qui demeurait étrangement inconnue. Alors qu’ils progressaient en spirale vers le centre de la pièce, une fumée grise s’éleva entre eux, sinueuse, presque translucide mais pour le moins indolore, puis disparaissait à nouveau au fur et à mesure que leurs pas de danse frôlaient tel ou tel endroit du sol. « XANA » pensa subitement un jeune blondinet qui les observait. Mais non. Un nuage de poussière, voilà ce que c'était. Malgré tous les efforts déployés par l'équipe organisatrice, le bâtiment n'avait pas totalement été débarrassé de cette couche de souvenirs cendrés au possible, cette fine poudre qui envahissait chaque recoin de la maison. Malgré le bordel ambiant évacué au sous-sol et qui avait donc fait face à un espace assez vaste au rez-de-chaussée, les quelques guirlandes, la boule à facette et les divers gadgets aux couleurs éclatantes ne parvenaient pas à éradiquer complètement le côté hanté de la demeure. Impossible d'effacer ça : les murs étaient rongés par les notes de musique qui s'y étaient entrechoquées autrefois et la joie limpide avait fait place à l'oubli le plus total. Néanmoins, ça n'empêchait pas les étudiants de Kadic de s'y amuser au possible. Faut dire qu'un habile cocktail amaretto-jus de pomme en apéritif a le pouvoir de mettre n'importe qui dans l'ambiance... ou presque.

Jérémie était prostré dans un coin, assis sur une chaise, les bras croisés comme ultime rempart envers ces jeunes qu'il ne comprenait pas. Il n'aimait pas la musique, trop électronique et commerciale à son goût. À vrai dire, il avait du mal à comprendre l'intérêt de mettre le volume aussi fort... et à se trémousser sur un son si désagréable. Il n'était pas dans son élément. Les conversations – rendues difficiles par les décibels – étaient embrumées par l'alcool et ça ne faisait qu'abaisser encore plus le niveau pitoyable des collégiens présents en termes d'intérêt et de pertinence dans leurs choix de discussions. Thomas Jolivet lui tendit une bière, sans doute pour plaisanter, mais Belpois refusa d'un signe de la tête. Il était hors de question qu'il fléchisse face à cet abrutissement programmé, ce poison qui s'insinuait peu à peu dans les veines de ses camarades. Comment avaient-ils pu en arriver là ? C'est simple : la veillée feu de camp avait tourné au cauchemar... savamment programmé par Sissi et ses sbires. Jim avait pourtant tout prévu pour que la soirée se passe bien : le feu, les couvertures autour – à bonne distance des flammes vu que Big J est loin d'être débile –, les chansonniers et les jus de fruits. Ils avaient juste oublié un détail : ne jamais compter sur Priscilla Blaise pour faire l'impasse sur son anniversaire. C'est son copain qui s'était occupé d'amener toutes les bouteilles et l'Ermitage lui avait été offert sur un plateau par ceux qui l'avaient découvert récemment. L'endroit idéal pour une soirée de contrebande. Quant à Jim qui avait finalement tenu à accompagner les élèves pour cette pseudo-veillée funéraire, il s'était pitoyablement endormi auprès du feu... à l'aide d'un cocktail soporifique préparée par Priscilla elle-même. Elle se foutait éperdument de l'autorité. Elle en avait marre de Kadic de toute façon, une envie de changement lui dévorait le ventre de plus en plus. Sissi l'avait bien aidée, il faut le reconnaître. Mais les deux pestes avaient fait un pacte. S'ils se faisaient griller, Sissi feinterait de s'être fait avoir jusqu'au bout des ongles et Priscilla prendrait entière responsabilité de ses actes. Peu lui importait la sentence, que ce soit des heures et des heures de retenue ou même une exclusion définitive, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Si Blaise se faisait renvoyer, elle aurait eu le mérite d'organiser dans l'ombre cette putain de soirée de déchéance que tous les internes réclamaient depuis bien longtemps. En somme, Priscilla partirait la tête haute, comme toujours. Tout ce qu'elle voulait, c'était profiter du moment. Comme elle l'avait si élégamment dit : « On s'en branle du long terme, l'important c'est de s'éclater à court terme. » Une vraie philosophe... qui n'était pas si bête. Elle savait que Sissi avait accepté d'être son alliée en programmant les invitations et l'évènement pour une seule bonne raison : éloigner définitivement l'une des plus belles filles de Kadic.

« Eh bien, qu'il en soit ainsi ! » Belpois sursauta au moment où Priscilla prononça cette phrase qu'elle était la seule à comprendre. Il fut un des seuls fêtards véritablement surpris, les autres étaient trop amorphes pour réagir. Thomas Jolivet lui tendit à nouveau une bière. Jérémie refusa une nouvelle fois en employant un ton plus agacé qu'auparavant. Le petit génie se retrouvait au milieu de gens qui n'arrêtaient pas de le pousser à la tentation ultime : l'alcool... mais il n'était pas prêt d'accepter une seule de ces boissons du Diable. Ce refus bien ancré dans son esprit et sur son visage qui apparaissait encore plus froid qu'à l'ordinaire, ça créait bien évidemment une barrière avec les autres. Leurs haleines alcoolisées dégageaient un brouillard euphorisant et il n'osait tendre la main vers cette brume malicieuse de peur de perdre la clarté de ses sens à tout jamais. Il regrettait amèrement d'avoir participé à ce prétendu hommage à Odd et il aurait donné n'importe quoi pour être en train de programmer une extraordinaire nouveauté mais il savait qu'il devait rester, même si son instinct lui hurlait de s'enfuir. Car il savait, tout au fond de lui, que XANA ne laisserait pas passer une occasion en or comme celle-ci. Si quelque chose de maléfique devait arriver ce soir, c'est bien ici que ça se passerait...

Aelita, qui s'était réfugiée au sous-sol pour fuir le bruit et les invités peu délicats envers la bâtisse qui les accueillait, était allongée sur le dos, les genoux légèrement relevés et les mains jointes sur son ventre. Elle ferma les yeux un instant tout en essayant de garder cette dernière image d'Odd, fièrement dressé au milieu du goal de foot et bien déterminé à représenter son équipe, dans un coin de sa tête pour s’en souvenir aussi longtemps qu’elle le pourrait. Elle prit délicatement la cigarette qui était posée sur le bord de ses lèvres, fit tomber quelques cendres et la remit doucement à sa place. Ce n'était pas si désagréable. Elle se dit qu'Odd aurait aimé... mais il n'était lui plus là pour essayer avec elle. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle remarqua qu'un garçon avait profité de cet instant d'inattention pour s'asseoir à côté d'elle. Cheveux noirs coupés très court, regard argenté et pommettes creusées malgré un corps bien fourni. Elle n'eut aucun de mal à reconnaître celui qu'elle avait affronté sur le terrain : Kieran Duval... qu'Aelita n'avait pas revu depuis le jour du match et elle s'étonna un petit peu de sa présence : qui donc pouvait bien l'avoir invité à cette soirée ?

De nature peu méfiante, la jeune fille chassa cette question de son esprit et commença à observer attentivement le nouveau venu qu'elle trouvait assez atypique. Vu de plus près, il avait lui aussi des petites particularités qui pouvaient s'apparenter à des défauts pour les humains mais qu'Aelita trouvait plutôt attachantes depuis son retour sur Terre. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir grandi sous le joug de contraintes esthétiques visant à uniformiser la société et Stones avait donc plus de facilité à passer au-dessus de petites "imperfections" impardonnables pour certaines filles de son âge. Le filleul de Jim se mit à lui parler mais elle ne l'écoutait pas vraiment, trop occupée à analyser ce physique qui changeait du quotidien de Kadic. Le regard orienté vers ses lèvres qu'elle devinait charnues et assez sèches, elle observa sa dentition au fur et à mesure que la bouche de son interlocuteur s'entrouvrait. Il n'avait pas les dents très blanches mais elles n'étaient pas jaunes non plus, on aurait dit plutôt qu'elles étaient faites d'une teinte... grisée. Ce n'était même pas une question de tartre, du moins elle avait l'impression que c'était plus permanent que ça. Aelita avait entendu dire que certains médicaments, qui avaient été retirés du marché depuis, avaient affecté la couleur de la dentition des patients de manière irréversible. Son attention se tourna rapidement sur la mâchoire carrée qui contrastait quelque peu avec les pommettes creusées et elle constata avec amusement qu'il lui faisait penser à un acteur d'un film vu récemment mais dont elle avait déjà oublié le titre. Elle perçut aussi quelques taches de rousseur sur les ailes du nez et un subtil grain de beauté placé pile entre les deux sourcils qui lui conférait un petit air oriental.

Après cet examen en bonne et due forme, Aelita finit par constater que son interlocuteur avait cessé de parler et il attendait visiblement une réponse... Gênée, elle esquissa un « Je n'entends rien avec la musique » qui n'était pas très crédible vu leur localisation plutôt éloignée des appareils responsables de l'émission des décibels ambiants. Kieran lui proposa alors d'aller à l'extérieur – ce qu'elle entendit distinctement – et Aelita se retrouva quelque peu embêtée. Était-ce raisonnable de sortir avec un inconnu à l'extérieur alors qu'il faisait un froid de canard ? Elle déclina la proposition en secouant la tête et fut fière de ce nouveau sens de responsabilité qui semblait prendre forme. Après le facteur climatique venait en effet le facteur XANA et il n'était pas sûr de vaquer dans les bois avec le premier venu à une heure si tardive. Si Jérémie avait vu ça, il aurait sans aucun doute été fier d'elle... Néanmoins, ce Duval l'intriguait et elle avait envie d'en savoir plus sur le ténébreux jeune homme qui ne semblait pas sourire beaucoup. D'un regard, elle invita Kieran à lui accorder sa confiance et celui-ci commença à la suivre dans l'enfilade de pièces. Il ne pouvait évidemment pas savoir qu'il était avec la meilleure guide possible, celle qui connaissait tous les recoins de la demeure. Ils arrivèrent bien vite aux escaliers menant à la partie supérieure de la bâtisse et Aelita posa son index sur ses lèvres en gravissant quelques marches comme si elle était sur le point de révéler un secret de la plus haute importance si le calme venait à faire son apparition dans la vétuste maison qui n'avait jamais vécu un tel vacarme. Duval suivit le mouvement, il avait hâte de découvrir à quoi pouvait bien ressembler l'étage de cette curieuse habitation.

« Qu'est-ce que vous pensez faire là-bas ? Redescendez tout de suite les abrutis ! »

Ce ton autoritaire et cette voix si harmonieuse. Aelita n'eut pas besoin de se retourner pour savoir qui était la responsable de cette injonction musclée. Ça ne pouvait être qu'Élisabeth Delmas... La fille du proviseur se prenait, une fois de plus, pour la commandante en chef et ça évoqua un joyeux souvenir à Aelita. Peu de temps avant sa mort, Odd avait trouvé un nouveau surnom pour Sissi l'Impératrice. Et celui-ci tenait en trois mots : « Casque à pointe ». Au moment où les deux adolescents aperçurent le visage rougeaud de la belle brune, ils comprirent qu'elle avait un petit peu trop... abusé de son cocktail préféré. Son maquillage avait coulé, elle semblait avoir pleuré, bouillonnant de fureur comme jamais, et Kieran se demanda instinctivement si ça pouvait avoir un lien avec Ulrich. Il avait bien remarqué que ce duo était fusionnel, plus en haine qu'en amour d'ailleurs...
 
« Il est strictement interdit de se rendre à l'étage si on n'est pas munis de préservatifs, poursuivit Sissi qui voulait évidemment profiter de la situation pour écharper Aelita qui se mit à rougir comme une pivoine. Je n'ai pas envie qu'un bébé soit conçu lors d'un tel évènement, c'est censé être tragique je te rappelle ! Toi qui étais la grande amie d'Odd, c'est vraiment... honteux !
— On ne faisait rien de mal, protesta Duval qui tentait tant bien que mal de calmer le jeu après avoir constaté que les cris de Delmas avaient centré l'attention générale sur eux.
— C'est ce qu'on dit... et puis ça finit en cloque ! Je te pensais plus respectueuse que ça Aelita.
— Mais je...
— Ose dire que tes intentions étaient pures comme d'habitude ! Tout le monde sait que le haut de chaque lieu de soirée est strictement réservé aux chauds lapins, affirma Sissi en prenant l'assemblée de curieux comme témoins. T'es vraiment la pire des hypocrites ! Tu joues la sainte nitouche à longueur de journée mais tu sautes sur la première occasion pour te faire trouer le c... »
 
Une très jeune fille de Kadic interrompit cette mise au point virulente. Amusés par la dispute, les convives présents sursautèrent face à cette intruse qui venait de débarquer dans la pièce comme un diable qui jaillit de sa boîte. Les membres tremblants, les vêtements déchirés, le visage en sueur et les joues rougies par l'effort, Milly Solovieff semblait plus terrifiée que jamais. Mais, plus que tout, c'est les bras écorchés de la cinquième qui effrayèrent les fêtards. Des lacérations. Sanglantes et profondes. Ils comprirent immédiatement que ça ne pouvait pas être une plaisanterie. Pas cette fois. Au moment où Milly allait se mettre à parler, un autre invité surprise surgit à son tour : Hiroki Ishiyama.

« Il y a quelqu'un qui hurle à la mort dehors ! s'exclama le jeune asiatique qui était plus pâle que jaune à cet instant précis. Faut qu'on aille voir, on dirait qu'il est... qu'il est en train d'agoniser ! J'ai entendu sa voix, je... je pense que c'est Odd. Il n'y a que lui pour crier comme ça ! »
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Ikorih MessagePosté le: Ven 07 Avr 2017 19:14   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Localisation: Sûrement quelque part.
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J'suis en vacances, je fais pas d'intro. 8D
Je trouve que le DVD que Jim se regarde sur la notion de bonheur (qui au début me semblait parti pour être un extrait du bouquin de Lilian d'ailleurs XD) est très rigolo, dans le sens où il remet en question le fait que le bonheur soit la maison + le foyer et tout...et Jim, qui le regarde, semble suivre ces conseils à la lettre : il aime bien déménager et il a tué sa femme avant de se barrer (y). Dans les menues informations, on apprend qu'il est arrivé là un samedi de mai 97, et du coup on devine (si on est assez subtil et intelligent) qu'il repart en Australie...
Pour revenir sur une précédente hypothèse au sujet de Jim, ce n'est visiblement pas un élève qui lui affichait les points de sa vie mais quelqu'un qui a bien plus de moyens et qui lui en veut manifestement...

Citation:
le Nouvel An 2000

Le deuil d'un millénaire...

Sur la vie de Jim justement, qu'a-t-on appris de plus? Eh bien, déjà, il a détourné des sous. Beaucoup de sous xD Et ensuite, la façon dont il parle de sa femme avant de probablement la tuer au soir dénote un clair manque d'humanité qui est très différent du Jim auquel on nous a habitués...c'est sa femme quand même!

Revenons sur Jadawin. Odd m'a l'air bien naïf en repensant encore qu'il peut revenir sur Lyoko et tout...enfin, au vu de ce cliffhanger, la fic serait foutue de me donner tort (comme souvent :c)...mais, comme mon commentaire est ordonné (hum), on reviendra audit cliffhanger plus tard. Pour la petite présentation des quatre princes, déjà, on peut noter que les trois qu'on voit dégagent cette impression surhumaine, Melchior en tête. J'avoue que ça m'a surprise que le tyran soit au même niveau qu'eux, et il reste bien énigmatique quand même ce salaud...(bizarre d'ailleurs que la personne qui entraîne les soldats ne soit pas celle qui commande l'armée x)). Berlioz a l'air, en l'état, d'être celui des quatre qui a le plus de pouvoir (quand même, posséder tout le pays c'est assez stylé x)) mais je pense que ce n'est qu'une impression et que tout ceci est à peu près équilibré. Ils ont tous l'air d'être des connards sauf Melchior qui a juste l'air friqué.
Bon par contre la "jolie blonde" qui briefe Odd reste un personnage inconnu au bataillon, reste à voir pourquoi elle fait ce speech et dans quel camp elle se situe. A priori je la rangerais avec Céleste et Seth en raison de leur "rôle" de "protecteurs"...(si si j'y crois Crying or Very sad)
Je te trouve bien prodigue en infos : on sait même à quoi correspond l'Apogée! Décidément, t'as bien changé... *PAN*
Quant au Zlag, eh bien on attendra d'avoir plus d'infos mais je ne doute pas que la storyline côté Céleste nous en dise plus sur les mines et j'ai donc bon espoir qu'elle nous touche un mot du Zlag...

Terminons sur cette soirée entre adolescents. Le descriptif sur Jérémie en soirée est bien mené, très cohérent avec le personnage. J'avoue m'être demandé pourquoi il ne sortait pas mais tu as répondu à la question toi-même dans le chapitre : il stresse comme un malade à cause de XANA en fait. Forcément. J'aime bien comme son libre-arbitre passe après son sens du devoir à cause de ça, ça donne un air très adulte au personnage...enfin, le connaissant, c'est pas surprenant...
Par contre je saisis moins pourquoi Sissi a décidé d'inviter la bande des LG à l'anniversaire de Priscilla du coup, puisque la soirée n'a vraiment rien d'un hommage à Odd. Les LG n'étant pas les stars de Kadic d'un point de vue popularité et vie sociale...
« On s'en branle du long terme, l'important c'est de s'éclater à court terme. » Je note un parallèle curieux à faire avec un DVD de début de chapitre...tu fais des thématiques philosophiques dans les chapitres maintenant? (a)
Bon par contre ensuite on ne change pas une équipe qui gagne : tu recases subtilement Aelita et tu fais de Sissi la reine des tepu. Entre l'aveu en transparence du fait qu'elle va aller dénoncer Priscilla pour la faire virer, et son avalanche de remarques sur Aelita, on peut dire qu'elle est en forme! (et très probablement dans le vrai, Aelita n'avait aucune raison logique d'entraîner Kieran à l'étage avec elle à part ça (a))
Notons qu'elle s'est peut-être engueulée avec Ulrich. Surprenant, c'est lui qui avait accepté de venir...le vrai motif de la fête lui a pas plu? Razz

Je soulève les écorchures de Milly. Ok ils étaient en forêt (et j'ai déjà vu des gens perdre un duel contre un buisson de ronces, héhé) mais Hiroki semble en être exempté!
Et donc, ce cliffhanger de fin... Je pense que ce n'est pas Odd. Déjà parce que il a fait un arrêt cardiaque y a plusieurs semaines, et ensuite parce que je te vois mal déjà le renvoyer de Jadawin alors qu'il y a tellement de choses rigolotes à y traiter (a) Tu me diras, il peut faire des allers-retours, mais les gens finiraient par se poser des questions à force de le voir faire trois morts par mois...
Cependant, dans le cas où ce serait Odd, notons que son corps est probablement, au mieux, enterré (s'il avait disparu pendant son passage dans le train, je pense que ça se serait remarqué avant l'enterrement). Du coup, à moins d'être ressorti de sa tombe en mode zombie, s'il est vraiment revenu, il a récupéré un duplicata de corps. Point comme ça, ce sera sûrement pas utile parce que c'est pas lui. Hein? (a)

Bon ce com' était un peu léger mais tu n'as pas donné d'indication de distance dans ce chapitre alors je pouvais pas faire de déduction lumineuse...on se contentera donc de ça (a)
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Fenrir MessagePosté le: Dim 09 Avr 2017 17:57   Sujet du message: Yeah ! Tous mes neurones sont là ! Répondre en citant  
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Bonne nouvelle ! Mon cerveau n'a pas surchauffé !

Bien, pour commencer ce com', intéressons nous d'abord à la véritable nature du Zlag (pourquoi y'a une majuscule à ce truc, on dit pas du Charbon, si ?), parce que oui, je m'ennuie au point de vouloir définir cette nouvelle ressource inconnue au bataillon - alors que tu vas probablement l'expliquer dans les chapitres à venir. Pour savoir ce qu'est le zlag, il suffit d'enlever le L, de lire le mot à l'envers et tadam ! On sait enfin ce que c'est ! Ce n'était pas si compliqué finalement. Laughing
Pour illustrer ce (court) paragraphe, je vais reprendre une de tes phrases, qui me semble parfaitement adapté à la situation.Very Happy
Citation:
Tu vas trop loin dans l'interprétation


Citation:
Profite bien de l’Acte II…

T'inquiète pas pour ça ! Même si je m'attendais à quelque chose d'un peu plus mouvementé, je dois dire que je ne suis pas déçu par cette pièce de théâtre !

Citation:
Personnages apparaissant dans la scène :
Jim, Jean-Pierre

Delmas ?



Citation:
ils étaient plutôt devant une macabre découverte, celle de la chute du plus blagueur de tous.
[...]
en face de la femme trop maquillée qui lui adressait un sourire carnassier tout en pointant une lame beaucoup trop aiguisée à son goût à quelques centimètres de son torse
[...]
on dirait qu'il est... qu'il est en train d'agoniser ! J'ai entendu sa voix, je... je pense que c'est Odd.

À ce rythme là, je vais finir par croire que la légende des neuf vies des chats est réelle...

Citation:
La vente… d’épices, d’humains

Dit comme ça, on a plus l'impression que Melchior vend non pas des esclaves, mais plus de la viande d'humain (un peu comme dans Soleil Vert si tu vois de quoi je veux parler)...

Citation:
Odd avait trouvé un nouveau surnom pour Sissi l'Impératrice. Et celui-ci tenait en trois mots : « Casque à pointe ».

... Comment dire... La première chose qu'il m'est venu à l'esprit quand j'ai lu ce surnom me semble un peu perchée (tu me diras, on ne peut pas faire pire que pour le zlag^^). Je ne vois pas trop le rapport entre Sissi et le casque auquel je pense. C'est pour ça que j'ai un doute, est-ce que le casque que j'ai en tête est le bon ? Au cas où, je laisse une image du casque en question en spoiler :

Spoiler


Citation:
Ma grand-mère était à son service et sa grand-mère l’était aussi. J’ai suivi la tradition.

Je ne sais pas si tu connais, mais cette phrase m'a fais pensé à ce personnage d'un jeu :

Spoiler


Fin du commentaire !
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« L'âme d'un loup se dissimule souvent sous la laine d'un mouton. » Proverbe danois.
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Minho MessagePosté le: Dim 07 Mai 2017 17:38   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à Fenrir
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Chapitre 5 : Fusion


Lundi 8 janvier 2001, 12:15

J'ai craqué. Évidemment que ça n'allait pas se faire... Une fugue à l'autre bout du monde, ça ne dure qu'un temps, une fraction de seconde où l'on croit que ces visages qui nous grimacent au quotidien vont disparaître de notre champ de vision pour toujours. Au moment où j'ai voulu faire mon sac, mes sœurs ont débarqué... et c'était le début des emmerdes, comme tous les six janvier d'ailleurs. Cette horrible tradition me bouffe littéralement un peu plus chaque année... et je sais que je ne serai pas capable de supporter une humiliation de plus. C'est sûr, clair, net, décidé et approuvé par toutes mes neurones en état de fonctionnement : je ne serai pas le dindon de la farce pour l'Épiphanie de 2002. Cette résolution prise, il ne me reste plus qu'à mijoter une stratégie bien salée d'ici-là mais ça va, il me reste encore un peu moins de douze mois... c'est bien plus qu'il ne m'en faut.

« Je suppose que tu es venu pour voir Lisa ? »

La voix de Nisrine, cantinière attitrée de l’Institut, me ramène à la réalité. Encore une fois, je me suis machinalement retrouvé devant la porte du réfectoire des Lionceaux, les plus jeunes résidents de l'Institut. Comme chaque lundi midi, ils se retrouvent pour passer du temps ensemble. Enfin... officiellement. C'est surtout l'occasion pour les grandes instances de les voir évoluer en dehors du canevas habituel : les prédateurs déjà plus impressionnants, comme les Jaguars par exemple.

« Entre. Elle est assise en bout de table comme toujours. »

Je sais. Et c'est ça le pire. Elle ne bouge pas. Elle ne bougera jamais. Lisa est cloisonnée dans ses habitudes. Elle se lève, elle pisse, elle ingurgite un yaourt sans sucre avant de se brosser les dents jusqu'à l'hémorragie... et c'est le seul moment de la journée où elle daigne écarter les mâchoires.

« Salut Lyl's, ça boume aujourd'hui ? »

Elle grimace, sans doute à cause du surnom auquel elle n'est pas encore totalement habituée. Anoa, attablé à ses côtés, m’adresse un mince sourire… avant de durcir le regard, brusque rappel de mon incapacité à le défendre face à Lilian. Une nouvelle fois, il commence à murmurer entre ses dents des paroles acérées que personne n’entend. Reportant mon attention sur Lisa, je tente une deuxième tentative de contact.

« Tes parents vont venir te voir demain… Tu t’en rappelles ? »

Pas une once de joie dans l’éclat de ses yeux sombres, juste le silence, ce même silence… sournois et persistant.

« Tu pourrais au moins lui répondre, pouffa l’autre voisin de table de Lisa, un Guépard qui avait autant de cheveux sur le crâne qu'un caillou au milieu du désert.
— C'est pas drôle Victor, grinçai-je en le dévisageant du regard. Il serait grand temps de renouveler tes blagues.
— C'est sûr que c'est pas elle qui va le faire à ma place. »

Instantanément, ma vision se trouble et la fureur m'envahit. Je serre le poing droit, le pointe vers lui en un mouvement vengeur et... Nisrine m'a déjà attrapé par le col avant que je ne puisse faire quoi que ce soit. Sans même avoir tenté de m'extirper de son étreinte peu impressionnante, je la suis à l'extérieur pour recevoir la correction que je mérite. Après tout, c'est plus pour elle que pour Lisa que je suis venu. Mais ça, elle ne le sait pas...

« T'es complètement cinglé ?! T'as déjà des problèmes avec La Chancelière et tu te permets encore de faire l'abruti avec des résidents plus jeunes que toi ?
— Maintenant qu’on est seuls, chuchotai-je en effaçant ses propos d’un geste de la main, tu peux me dire merci d’avoir arraché toutes ces affiches avant que tu ne sois obligée de fuir comme ce pauvre Jim.
— Quelles affiches ?
— Une page de ton cher journal intime placardée sur tous les murs de la salle de détente des Panthères. Heureusement que j’ai mes entrées partout… Tu devrais faire gaffe à l’avenir, quelqu’un veut tout exposer et si nos vies respectives sont dévoilées, on peut aussitôt faire nos valises.
— Comme Jim, assura-t-elle, une ombre passant rapidement sur son visage basané.
— Alors veille à ce que ça n’arrive plus. C’est toujours comme ça que ça commence, ils révèlent les détails "innocents" de l’histoire avant de nous mettre KO et de griller notre couverture.
— En parlant de couverture, vous allez bientôt partir en expédition interclans… Garde ça pour toi mais le départ est imminent.
— Et où est-ce que ce cher Tommy va nous emmener cette fois ?
— Prépare ton pic à glace, c’est tout ce que je peux te dire…
— Merci. T’as bien mérité de récupérer ce qui t’appartient… »

Après une réflexion courte mais intense, je sors de ma poche un petit feuillet plié à la perfection. Je tourne les talons tout en sachant pertinemment qu’elle m’en voudra quand elle réalisera que j’étais le seul et unique responsable derrière cette fameuse page arrachée au sein de son journal intime...

Année 1999, Samedi 6 mars
Dans la nuit de vendredi à samedi, le petit garçon dont j'avais la garde s'est fait agresser par trois sous-merdes au Mont des Arts. Il avait un peu d'avance sur moi alors qu'on rentrait de l’internat, et quand je suis arrivée en haut des escaliers, je l'ai vu par terre en train de se faire rouer de coups par ces lâches, la tête ensanglantée. L'horreur. Je ne sais pas comment ça se fait qu'ils se sont arrêtés, mais c'est peut-être grâce à l'arrivée de trois personnes, en tout cas étant totalement incapable de me battre, ce n'est sûrement pas moi qui leur ai fait peur. Je sais qu’ils ne verront jamais ce message, mais je tiens à les remercier de leur présence et gentillesse jusqu'à l'arrivée de l'ambulance, heureusement que les gens sympas existent.

Nous visualisons toujours le peu d'êtres aimés tels qu'ils sont physiquement au moment même où nous les côtoyons, avec leurs rides et leurs soucis du moment. On les cantonne à un âge, six ans dans ce cas, alors que leur existence ne peut évidemment pas se réduire à cela. Quand la figure encapuchonnée de la mort s'approche, toutes les autres facettes du visage adulé remontent à la surface. Les différentes bouilles qui ont caractérisé cet être de chair et d'os reviennent en force, ainsi que tous les souvenirs plus ou moins agréables qui y sont liés. Ce n'est pas la gueule en sang et le nez cassé que je vais garder en mémoire au cas où il ne serait plus parmi nous dans les heures qui viennent. Non, ce liquide rouge et gluant ne ternira jamais son portrait. Ce qui va m'accompagner pour toujours s'il devait m'abandonner aujourd'hui, c'est évidemment ses plus beaux trophées, les sourires à n'en plus finir et la magnifique petite fille qui attend impatiemment son retour à la maison, elle a besoin de son petit frère c'est le seul capable de la faire rire... S'il n'est plus là, qui étalera le nutella sur les murs ? Qui courra après les insectes pour tenter de les avaler ? Qui chantera la Marseillaise lors des rencontres sportives ? Qui éclairera le visage de ce père si accaparé par sa fonction de proviseur ? Maintenant, il ne nous reste plus qu'à attendre. Il s'en sortira, j'ai prié pour. C'est tout ce que je suis en mesure de vous dire.



Samedi 17 février 2007, 22:50

Au cœur des ombres de la nuit, la seule Lyoko-guerrière absente de la soirée fut brutalement sortie de son sommeil par un appel qui enclencha la sonnerie bien bruyante qu'elle avait programmée depuis peu... au cas où XANA ressentait une envie pressante. En fin de compte, c'était un peu comme un babyphone... Il faut bien se réveiller quand le petit chieur fait des caprices nocturnes.

« Allô ?
— Yumi, faut que tu rappliques. Clone polymorphe. On est en route vers le labo mais il ne nous a pas suivis. C'est très bizarre, j'ai peur qu'il s'en prenne aux élèves de l'Ermitage... Hiroki est avec eux.
— Quoi ?! C'est pas possible Jérémie. Il dort là, je l'entends ronfler d'ici !
— Va vérifier... »

Inquiète, la japonaise traversa d'une traite la distance qui la séparait de la chambre de son frère. Une fois à l'intérieur, elle ne mit pas longtemps à comprendre que la masse sous la couverture n'était qu'un amas de peluches amputées pour la plupart et que Ishiyama junior avait même eu l'intelligence de passer en boucle un bruit de ronflement préalablement enregistré.

« Le petit con, pesta Yumi au téléphone. Il a fait le mur... il est pire que moi ce gosse !
— Fonce là-bas, on va faire de notre mi... »

Einstein finit sa phrase dans le vide, la conversation avait déjà été coupée par l'adolescente survoltée. Un clone ? Malheureusement pour lui, elle avait gardé un petit gadget bien utile pour ce genre d'occasions...

La soirée avait tourné au cauchemar... et ce n'était que le début. Au moment où le nom d'Odd avait été prononcé, chacun avait réagi différemment. Aelita, pleine d'espoir, se voyait déjà serrer le blondinet dans ses bras... contrairement à Jérémie, cloisonné dans son angoissante rationalité, qui sentait déjà le piège se refermer sur eux. Ulrich, quant à lui, était plutôt adepte du credo de Saint Thomas : « Faut le voir pour y croire. » À partir du moment où les principaux intéressés s'étaient divisés pour partir à la recherche d'Odd dans les bois obscurs, la règle numéro un des films d'épouvante avait déjà été enfreinte. À l'instant où ils quittèrent l'Ermitage, ils ignoraient encore que c'était la dernière fois que leurs pupilles remplies de crainte se croiseraient. « Au fait Aelita... Ravi de te revoir. » promettait d’ores et déjà d’être la meilleure réplique de cette nuit mouvementée. Mais avant ça, une autre poignée d’adolescents connurent quelques… soucis.

« On a un problème. »

Théo Gauthier venait de briser le silence que les trois complices s'étaient efforcés de préserver jusque-là. Tous savaient pourtant que le problème était là, bien présent, juste sur le pas de la porte et prêt à s'engouffrer comme un vilain courant d'air. Maïtena fit la moue, elle détestait quand quelqu'un d'autre prenait l'initiative de (re)lancer une conversation. Quant à Yannick Piranet, il se trouva un intérêt soudain pour l'extrémité de ses baskets boueuses qui avaient l'avantage de ne pas présenter de pupilles inquisitrices, contrairement à ses deux acolytes qui feraient tout pour qu'ils crachent le morceau.

« Yannick... tu ne peux pas le protéger éternellement.
— Maïtena, murmura l'intéressé qui continuait à fixer obstinément le bout de ses chaussures, c'est pas dans mes habitudes de balancer ce qu'on me dit.
— Alors il fallait te taire dès le début, s'énerva Théo. À partir du moment où tu nous jures qu'Alexandre est toujours dans le coup mais qu'il est distrait par "autre chose", tu te doutes bien qu'on va te questionner jusqu'à avoir le fin mot de l'histoire !
— Surtout qu'on ne peut pas le laisser partir maintenant, renchérit la blonde, c'est trop tard... beaucoup trop tard.
— Vous savez déjà pourquoi il est distant, grogna Yannick. Il en pince pour Yumi... mais c'est plus profond que ça, je pense qu'il se sent seul car pas assez intégré, ni dans notre groupe ni à Kadic, et du coup il veut se rabattre sur une fille aussi froide que lui. On sait tous que la jaune ne lâchera jamais Ulrich d'une semelle donc il déprime... Dommage que Dunbar n'est plus là, ils auraient eu plein de choses à se dire !
— T'as qu'à chauffer une fille de ta classe, glissa Théo à l'attention de Maïtena. Il serait très reconnaissant si on lui organisait un rencard avec Émilie Leduc par exemple. En plus, elle a toujours l'air partante pour faire de nouvelles rencontres... La course aux dépucelages est lancée !
— Faudrait déjà qu'Alex s’achète une gueule, répliqua la seconde. Je suis très douée pour jouer à Cupidon mais là, c'est carrément mission impossible ce que vous me demandez
— Vous vous rendez compte qu'on est en train de se méfier d'un pote alors même qu'Odd est peut-être toujours en vie, s'énerva Yannick. C'est ça notre priorité, faut pas l'oublier ! S'il y a un groupe qui a tout intérêt à le trouver en premier, c'est bien nous...
— Arrête avec ça, répliqua aussitôt Théo. Hiroki délire totalement... Si ses yeux sont fermés de cette façon à longueur de journée, c'est pas à cause de ses origines je peux te l'assurer ! Ça ne m'étonnerait pas qu'il aille se fournir régulièrement chez Christophe comme la moitié du bahut...
— Et si jamais il avait raison ? s'inquiéta Lecuyer. Si c'est Della Robbia qu'il a entendu dans ce putain de bois, on est foutus.
— Odd est mort, assura le beau brun. Mort et enterré. Vous l'avez vu comme moi, il s'est effondré comme une merde sur le terrain. Y a pas à s'inquiéter de ce côté-là. »

Un nouveau silence, froid et sinistre, s'abattit sur le petit groupe. La seule fille de la bande regretta de s'être habillée si légèrement, Théo but la dernière gorgée d'une bouteille de bière destinée à être jetée sans ménagement au fond d'un buisson et Yannick marcha malencontreusement dans une flaque vaseuse qui poissa immédiatement ses baskets si contemplées.

« Merde, lâcha Piranet. C'est vraiment pas mon jour...
— Tu sais pas ouvrir ta gueule pour être utile ? siffla Maïtena qui essayait de dissimuler l'angoisse de cette promenade nocturne avec une colère à peine simulée qu'elle maîtrisait à la perfection.
— Tu connais l'histoire du pendu de Kadic ? lança Théo qui avait parfaitement cerné la frousse de la belle blonde.
— Ta gueule. Je déteste ce genre d'âneries racontées par tous ces prépubères boutonneux qui n'ont que ça à faire de leur vie.
— Ne généralise pas, tu es bien placée pour savoir que ma puberté est passée depuis longtemps...
— Wow les gars, s'indigna Yannick, prenez une chambre si vous voulez mais là je suis entre vous donc calmos. Hormones et alcool n'ont jamais fait bon ménage... »

Il s’interrompit à la vue d’une masse informe et jointe en un centre curieusement mobile qui se trouvait un peu plus loin sur le sentier. Maïtena comprit aussitôt la nature de la scène qui s’offrait à eux. Odd ? Non, encore mieux. À quelques mètres se trouvait cette fameuse souche desséchée… sur laquelle s’embrassaient goulûment Ulrich Stern et Sissi Delmas. Le scoop de l’année.


Samedi 17 février 2007, 23:20

« Pour la seule fois de ta vie, je t'en supplie : tu dois faire ce que je te dis. Écoute-moi bien. Tu vas courir. Sans te retourner. Laisse-moi gérer ça. J'y arriverai. Pars... et fonce avertir ton père. Sprinte. Je compte sur toi. »

Le souffle coupé, Élisabeth Delmas s'arrêta à l'orée d'une clairière faiblement éclairée par l'astre lumineux fortement dissimulé par les nuages. Se remémorant sans repos les dernières paroles qui lui avaient été adressées, elle s'efforça de reprendre un rythme plus élevé, au moins trottiner en direction de Kadic... de son père, de la police. Tout ce qu'il faudra pour arrêter le carnage qu'avait été cette soirée. Elle regrettait amèrement de ne pas avoir fait preuve de plus de rigueur face au programme minceur qu'elle s'était pourtant engagée de respecter. L’endurance n’était pas son point fort... elle avait la détermination, la hargne d'aller jusqu'au bout des choses mais son corps fragilisé ne suivait pas. Au fond d'elle-même, Sissi ne pouvait s'empêcher de blâmer l'Institut pour ce séjour douloureux qui avait endommagé son organisme à jamais. Heureusement, c'était de l'histoire ancienne. Elle avait échappé au cauchemar, l'établissement avait définitivement fermé ses portes après un scandale de plus étouffé par les autorités gouvernementales... mais son esprit tordu ne pouvait s'empêcher d'y retourner quand elle sentait que l'énergie manquait. Là où tout semblait parfait. Là où tout n'était qu'illusions. Là où on lui avait enlevé son frère.

Le ciel semblait absent, à sa place se tenait cet infini céleste, cette masse de teintes blanchâtres qui évoquait vaguement le coton le plus épais. Ciel et terre, pour une fois, ne faisaient qu’un, même couleur... pour la saison la plus délicieusement froide de l'année. Ils tombaient par centaines, ces petits bouts de froid, que le petit Anoa tentait tant bien que mal d'avaler. Ce spectacle était inlassable. Un homme élégamment habillé, l'œil bienveillant, l'accompagna jusqu'à la grille. Jean-Pierre Delmas était heureux d'avoir enfin trouvé un endroit où son fils allait pouvoir s'épanouir en toute sérénité après l’agression dont il avait été victime. Un jeune adolescent attendait le duo devant le portique en trépignant impatiemment du pied droit.

« C'est toi... toi tu es vrai... vraiment là ! se réjouit Anoa en apercevant la silhouette imposante du garçon qui semblait bien plus âgé que lui alors que la différence n'était pas si grande en réalité.
— Comme promis. Je n'allais pas manquer l'occasion de te faire visiter le bahut, glissa Lilian en adressant un clin d'œil malicieux à Delmas qui l'avait prévenu par texto de leur arrivée imminente.
— Content que tu sois là, dit le proviseur de Kadic. J'appréhendais un peu cette rentrée du second semestre et j'ai encore la mienne à gérer, je ne vais pas avoir beaucoup de temps pour l'installer dans sa chambre. Toutes ses affaires sont dans cette valise, je compte sur toi pour l'aider à s'intégrer.
— Bien sûr mon oncle, assura Lilian avec son plus beau sourire avant de reporter son attention sur Anoa. Tu verras cousin, tu vas te plaire ici comme jamais auparavant ! »

Le jeune handicapé adressa un dernier regard à son père, comme pour lui prouver qu'il était capable de se débrouiller seul, prit la lanière de l'imposant bagage entre ses doigts frêles et pénétra au sein de l'Institut sans même prendre la peine d'effacer ses pas dans la neige comme il en avait l'habitude, précaution indispensable pour que le loup de ses songes nocturnes ne le suive pas.



Jour 4380 avant l'Apogée

« Berlioz, c'est à toi de jouer. »

J'ai beau dévisager mon jeu, je n'ai pas une bonne main. Une stupide dame, un inutile sept et un cinq tout aussi dérisoire.

« Je me couche.
— Déjà ? Tu es plutôt du genre à bluffer d'habitude...
— Pas ce soir. D'ailleurs, on ne peut pas dire que tu aies particulièrement bien joué non plus.
— Cette musique me rend dingue. »

Lassé de ce jeu débile, je m'empare des cartes et les range méticuleusement dans le petit carton approprié. Ces notes, toujours et toujours les mêmes. C'est vrai que le vacarme ambiant était plus qu'assourdissant, et ce, depuis le début de la soirée. Ça ne semblait pourtant pas déranger les quelques clients présents. Le tour de la taverne était vite fait. Deux vieux loubards adossés au bar avec qui il ne vaut mieux pas chercher bagarre, un trio de gosses de notre âge... et deux jeunes gens plutôt agréables à regarder, seul véritable intérêt actuel en réalité. Planqués dans un coin de l'établissement, ils se faisaient face sur une petite table qui ne les séparait que d'une cinquantaine de centimètres l'un de l'autre, ce qui était déjà considérable en fin de compte. La fille racontait sa vie, ou du moins était-elle occupée à déverser un flot de paroles continu, tandis que le garçon écoutait ça d'une oreille plus ou moins attentive. Cliché mais vrai. Étincelles dans les yeux chez les deux, plus probablement liées à l'abus de substances alcoolisées qu'à l'amour naissant.

« L'élément masculin. Prévisible à souhait. Il veut lui imposer le serpent qu'il a entre les jambes, voilà tout. Tous les mêmes... mais toi, tu seras différent mon petit Berlioz.
— Je ne suis pas ton petit Berlioz, répondis-je en grimaçant. Maman, je n'ai plus quatre ans. Il va être temps de me laisser partir, évoluer, tu sais très bien que je vais bientôt me barrer loin d'ici de toute façon. »

Natalya hocha la tête, la face légèrement humidifiée par une sueur latente mais bien présente, et se contenta de m'indiquer la sortie du regard. Pour la première fois, ses cheveux semblaient grisonnants par endroits, quelques mèches blanches commençant à voir le jour dans un ensemble châtain bien affirmé depuis des décennies pourtant. Elle ne l'a sans doute pas encore remarqué... sinon elle aurait déjà éradiqué cette marque de faiblesse évidente, cette infamie qui n'attend qu'une chose : se répandre sur les humains qui baissent leur garde face au poids des années.

« Tu aurais été un excellent mari. »

Discours classique mais qui perd en efficacité par sa redondance. Le jour où elle comprendra que j'ai déjà trouvé cette âme parfaite, elle aura déjà un pied dans la tombe... si pas deux. Pourtant, je pense qu'elle a raison. C'est sans doute pas ici que tout se joue mais ailleurs... Pas au ciel en tout cas, ça j'en doute grandement.

« Je suppose que tu as dit exactement la même chose à Bran...
— Non. Vous êtes différents, les priorités le sont aussi.
— Mouais... J'ai plutôt l'impression que c'est toi qui a voulu nous convaincre de cette pseudo-divergence de caractères. Pour ma part, j'ai toujours eu l'impression qu'il n'était qu'un prolongement de moi-même...
— Raisonnement aussi égoïste qu'illogique. Bref, il va être temps d'y aller.
— Aller où ?
— Ne fais pas l'innocent, répondit-elle en se frottant impatiemment le menton. Tu sais très bien quel genre de test tu t'apprêtes à passer... même si tu ignores encore le plaisir intense que cette saloperie procure. »

D'un regard, elle m'invite à la suivre dehors. Contrairement aux virées que j'ai pu faire avec mes potes, je pars d'ici sans payer. Ça n'a pas l'air de déranger l'aubergiste, homme gras au possible, qui nous adresse même un geste de la main prétendument amical au moment où nous nous levons pour nous diriger précipitamment vers la sortie. Enfin, c'est surtout moi qui me hâte, Natalya est plus réfléchie, assurant mes arrières à en croire ses pas feutrés qui suivent lentement mais sûrement les miens. Pris d'une intuition soudaine, je me mets à courir, les talons claquant sur le plancher vermoulu, et, comme dans un songe, ferme un maximum les yeux pour réduire mon champ de vision à un minimum flouté et imprécis. La porte, je l'ai franchie. Les cailloux, je les ai dépassés. L'herbe, je l'ai foulée. Les sapins, c'est mon objectif. Il me faut moins de deux minutes et dix secondes pour y arriver. Là où Bran nous attendait pendant l'entrevue. Là où j'avais galéré pour nous procurer un feu digne de ce nom pendant que Natalya briefait mon frère à cette même taverne. Là où j'avais attendu comme un con pendant plus d'une heure que ce soit enfin mon tour.

« J'ai entretenu le feu, commença Bran, j'ai fait une réserve de bois et...
— On peut encore se barrer d'ici, coupai-je en regardant furtivement derrière moi. Toi, moi, sans Natalya.
— Berlioz... c'est notre mère. Tu sais qu'elle ne veut que notre bien à tous... et ça commence par cette initiation.
— T'as beau être un optimiste de nature, tu ne peux quand même pas croire qu'elle nous gardera tous les deux, murmurai-je, plus dépité que jamais par la tournure que prenaient les évènements. Si on plaque tout aujourd'hui, on peut encore s'en tirer. Tous les deux. Bran et Berlioz en vadrouille, comme on l'a toujours fait...
— C'est du passé tout ça, siffla Natalya qui avait fini par arriver elle aussi sur le lieu de notre campement de fortune. Vous n'êtes pas jumeaux pour rien vous deux... L'un est couard au possible tandis que l'autre a hérité de tous mes neurones, c'est donc ça la sélection naturelle !
— Arrête de dire des conneries, grognai-je en la dévisageant de plus belle. Contrairement à ce que tu avances, il n'y en a pas un plus intelligent que l'autre et il n'y a d'ailleurs jamais eu de rivalité entre nous.
— Jusqu'à aujourd'hui, ajouta-t-elle d'un air mauvais. Si tu penses vraiment être sur le même pied d'égalité que ton frère, tu ne devrais pas hésiter une seule seconde à passer mon petit test... »

La stratégie de la provoc' a encore de beaux jours devant elle. Malgré tout, je sais qu'elle a raison. Je ne peux pas fuir ce jour indéfiniment, quoiqu'il arrive elle finirait bien par me rattraper assez vite si je prenais la fuite. Autant en finir... le plus vite possible puisque c'est moi qui vais y passer de toute façon, c'est écrit depuis bien longtemps dans l'histoire familiale. Je baisse la tête, signe de soumission totale.

« Tu commences à devenir raisonnable... Assieds-toi à côté de ton frère, j'ai quelque chose à vous montrer. »

En traînant les pieds, je me dirige vers Bran pour me placer à ses côtés. Je m'agenouille de mauvaise grâce et reporte mon attention sur Natalya, la lueur des flammes éclairant faiblement son visage plus lissé que jamais.

« Je suppose que vous savez ce que c'est, ironisa-t-elle en sortant de sa poche un petit cube noir aux reflets rosâtres.
— Un morceau de Zlag, répondit aussitôt Bran dont les traits paraissaient soudainement moins fiers et détendus qu'à l'accoutumée. C'est donc ça qui va nous départager...
— On aurait dû s'en douter, grommelai-je d'une voix sourde, plus pour moi-même que pour mes interlocuteurs. Ça explique toutes ces virées interminables à la mine... soi-disant pour contrôler les troupes. Avec toi, il y a toujours un versant caché à chaque excursion foireuse que t'as pu faire.
— Tais-toi maintenant... et écoute-moi, ça évitera à ton esprit étriqué de se poser des questions inutiles au moment ultime.
— Ok, lâcha Bran en volant ma réponse tout en me faisant taire du regard, j'en profite pour constater qu'il commence sérieusement à avoir l'air plus impatient que véritablement inquiet en fin de compte, je pourrais presque entendre ses battements de cœur vriller dans l'espace tellement son excitation semble palpable.
— Le Zlag, comme vous le savez, peut être utilisé de différentes manières. L'une des propriétés qui fait de lui le matériau le plus recherché du pays est atrocement simple : c'est un combustible extrêmement efficace, en particulier quand il s'agit de révéler d'éventuels dons cachés chez les adolescents. La règle est simple : si la fumée reste noire quand vous la regardez, alors vous n'avez absolument rien d'extraordinaire... mais si elle se teinte d'une couleur moins habituelle, il y a de fortes chances que ce soit le début d'une grande histoire. Bien évidemment, ces facultés ne sont éparpillés qu'au sein des jeunes membres des plus anciennes familles. Pas besoin de vous répéter qu'il y en a trois, avec un descendant légitime destiné à devenir le prince marchand qui défendra corps et âme les intérêts de ses ancêtres et de sa tribu actuelle. Le statut étant logiquement attribué au fils ainé de chaque clan, l'affaire est assez vite réglée au moment de la passation. Mais dans votre cas...
— On est deux ainés, soupira Bran.
— Exact. L'un d'entre vous a forcément développé plus de pouvoirs que l'autre, c'est inévitable... et le Zlag est le seul moyen de nous indiquer l'identité du digne successeur de votre père.
— Et qu'en est-il du proc... »

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase que Natalya a déjà jeté le cube au centre du brasier et une intense onde d'énergie se dégage soudainement des braises incandescentes. À travers la nuée d'étincelles voletant au gré du vent, je croise le regard de mon frère jumeau et je comprends instantanément ce qu'il est en train de vivre... pire, je le ressens aussi. C'est d'abord des tremblements... légers avant de se transformer en véritables convulsions. Il suffoque, chaque pore de sa peau semble désespérément manquer d'oxygène, comme s'ils s'étaient subitement rebouchés. Un goût de pourriture envahit sa bouche et en profite pour s'insinuer dans sa gorge, son œsophage et ses poumons. Ses doigts craquent, ses poignets suivent, tout son être est saturé par une souffrance et une intuition implacable de mort imminente, celle à laquelle personne ne peut réchapper. Une toux acre lui déchire la cage thoracique et une énième brûlure irradie son corps au moment où il voit le sol se rapprocher à vitesse grand V, il est déjà trop tard pour une dernière pensée, occasion perdue pour l'éternité. Les flammes adoptent alors une teinte encore plus rougeâtre tandis que la fumée noire laisse place à un vert bouteille encore plus oppressant et hautement inhabituel pour le moindre quidam éventuel, égaré dans l'immensité de la sapinière obscure.

« Vert, c'est bon signe, déclara Natalya d'un ton lugubre. Ça me fait mal de le dire Berlioz mais... tu es l'Élu. »
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Dim 07 Mai 2017 20:40   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
nouveau chapitre.
donc encore quelque backstory dans cet internat bizarre.
Et on dirait qu'il y a des problèmes du côté des LG.est ce vraiment XANA ou autre chose?
Et interessant la backstory dans "l'autre monde".
mais pas d'odd Sad, j'espere qu'il va réapparaitre bientôt et qu'il sera un élu spécial et vital comme berlioz et les dirigeants (voir encore plus important) et non un gars banal parmi les milliers qui prennent (ou ont prit) ce train des limbes.

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Fenrir MessagePosté le: Lun 08 Mai 2017 03:05   Sujet du message: Encor et toujours le même... Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 05 Jan 2017
Messages: 14
Localisation: Sur les traces de Wotan.
Citation:

Je vous assure pourtant que mon but n'est pas de vous éliminer via une surchauffe cérébrale habilement programmée Mr. Green

Y'a intérêt... Parce que sinon, je connais un auteur de fanfic qui va se retrouver manchot. Enfin, je dis ça je dis rien hein... Wink

Citation:
Peut-être parce que... ce n'est pas du charbon ?

Évidement, je viens juste de dire que c'était du gaz... Faut écouter tu sais ?

Citation:
Nouveau Reich pour fêter ça ?

Ouais deux secondes, juste le temps de prendre une douche...


(je le reconnais, celle-là était limite...)


Citation:
Je vais encore le tuer quelques fois pour respecter la tradition alors (a)

Le pauvre... Quelque chose me dit qu'il va morfler (en même temps quand on voit qui est l'auteur de la fic Shocked ).

Citation:
Pas con le ptit Fenrir ! Pour répondre à ta question, je n'avais jamais entendu parler de Soleil Vert avant mais ça donne envie

Mais oui je sais, je suis le meilleur ! Laughing
Sinon, pour Soleil vert, si tu as toujours rêver de voir un film mélangeant dystopie et cannibalisme, je pense que celui-ci va te plaire...

(Réflexion faite, ce n'était peut-être pas une bonne idée de te dire de le regarder tu pourrais t'en inspirer pour une prochaine fic...)

Donc c'était bel et bien le bon casque ! Curieux surnom en effet...

Sans véritable transition, je passe au commentaire de ton nouveau chapitre. À commencé par une phrase de Delmas qui m'a bien fait rire :
Citation:
Jean-Pierre Delmas était heureux d'avoir enfin trouvé un endroit où son fils allait pouvoir s'épanouir en toute sérénité après l’agression dont il avait été victime.
Le cynisme dont tu fais parfois preuve dans ta fic me laisse pantois... Shocked
C'est dans ce genre de moment que je suis bien content de ne pas être un personnage de ton histoire ! Smile
Notons au passage que la personne qui gardait Anoa lors de son agression le côtoient désormais tous les jours à l'Institut. Je me demande si ce dernier en a conscience...
Tant que j'y suis, il est curieux de constater le changement de comportement de Lilian vis à vis d'Anoa, entre le moment où l'adepte de la théorie de l'évolution accueil Anoa à l'entrée de l'Institut, et le moment ou il le ridiculise devant toute sa classe.
De plus, il y a de grandes chances pour que ce soit Lilian qui ai fait partie du trio qui est venu à son secours, à en juger par la réaction de la victime lorsqu'il aperçoit le futur écrivain à l'entrée de l'établissement :
Citation:
« C'est toi... toi tu es vrai... vraiment là ! se réjouit Anoa en apercevant la silhouette imposante du garçon qui semblait bien plus âgé que lui alors que la différence n'était pas si grande en réalité.
— Comme promis. Je n'allais pas manquer l'occasion de te faire visiter le bahut, glissa Lilian[...]


Citation:
« Je suppose que vous savez ce que c'est, ironisa-t-elle en sortant de sa poche un petit cube noir aux reflets rosâtres.
— Un morceau de Zlag[...]

Bon ! Faut que je remette ma définition du zlag (sans majuscule, na !) à jour. Or, il se trouve que je ne suis pas du genre à m'avouer vaincu, donc on va dire que c'est un gaz semblable au schiste. Seulement, comme c'est un monde distinct du notre, disons que les habitants de l'Empire ne s'emmerdent pas à l'extraire sous forme de gaz, mais plus sous forme solide, à l'image du charbon (qui est un nom commun, d'où ma question, "Zlag" est-il un nom propre ou un commun ?).

Après avoir lu le com' d'Ikorih, je vais encore devoir mettre à jour ma def du zlag (ça va finir par devenir un habitude à ce rythme là... Neutral ). Disons donc que les habitants de l'Empire extraient le zlag sous une forme "solide". En gros, à l'image du schiste, la ressource-que-je-n'arrive-pas-à-définir est prisonnière de la roche dans laquelle elle se trouve, et les habitants ne se fatiguent pas à fracturer la pierre, ce qui fait qu'ils la récolte sous forme "solide".

Citation:
un Guépard qui avait autant de cheveux sur le crâne qu'un caillou au milieu du désert.

Plus la savane que le désert, là...

Citation:
Ce n'est pas la gueule en sang et le nez cassé

Jolie référence habilement placée ! Chapeau bas !

Citation:
À partir du moment où les principaux intéressés s'étaient divisés pour partir à la recherche d'Odd dans les bois obscurs, la règle numéro un des films d'épouvante avait déjà été enfreinte. À l'instant où ils quittèrent l'Ermitage, ils ignoraient encore que c'était la dernière fois que leurs pupilles remplies de crainte se croiseraient. « Au fait Aelita... Ravi de te revoir. » promettait d’ores et déjà d’être la meilleure réplique de cette nuit mouvementée.

Je prie pour le salut de leurs âmes, parce que j'ai comme qui dirait l'impression qu'ils vont en avoir besoin, donc : In nomine Loki, et Fenrir et spiritus exsecrari. Laughing

Citation:
Tu es l'Élu.

Et vaincre le mal tu devras, jeune padawan...
Ah non ? On m'annonce à l'instant que je me suis trompé ! Je disais donc :
*respiration sifflante*
Et devenir le mal tu devras, mon jeune apprenti... Very Happy


... Mais avant cela, te coucher tu dois aller !

Postscriptum (dédié à Ikorih) :
Citation:
Puisque Fenrir me passe sous le nez

Les absents ont toujours tort, n'est-ce pas ? Mr. Green
_________________
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« L'âme d'un loup se dissimule souvent sous la laine d'un mouton. » Proverbe danois.


Dernière édition par Fenrir le Mer 10 Mai 2017 00:26; édité 1 fois
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Ikorih MessagePosté le: Lun 08 Mai 2017 09:45   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
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Localisation: Sûrement quelque part.
Spoiler


Je te l'ai déjà fait savoir sur Skype, mais ce chapitre a été d'une frustration sans nom puisque les premiers éléments que j'ai réussis à déduire assez rapidement ont été révélé à peu près trois lignes après le début de ma réflexion. Moi qui voulait une occasion de me la péter...
Bon, cette fois plus de toute possible, notre narrateur à l'Institut est bien Odd. Entre les rapports avec les cantinières et les soeurs, on a deux indices en forme de confirmations.
Cependant, je vais ressortir une vieille interrogation : Odd fait son sac pour fuguer à 4:46 le samedi 1er janvier 2001, estimant visiblement que "ça y est, c'est le jour J". Et pourtant, le samedi 1er janvier 2001, à minuit et quelques, il courait dans la forêt avec son matos de fugueur. Fuguer deux fois dans la même soirée? Peu probable vu comme le passage de 4h46 est tourné. Et le passage de minuit est en gris, et on a toujours pas vu d'autre passage en une telle couleur. Timeline alternative? Mon dieu il en serait capable le salaud...

Dans la foulée des confirmations toujours : l'Institut est en effet étroitement lié à la Chancelière (je l'avais dit d'abord), Anoa est le petit frère de Sissi (et le cousin de Lilian? Le monde n'est qu'une vaste famille...et ça doit bien faire chier Lilian). Et il n'y a PAS de second colleur d'affiche vu qu'Odd est juste un connard.
D'ailleurs, Odd semble être posé en taupe dans cet Institut, ce qui collerait avec ce côté fuyant/"acteur" de ses parents. Mais un peu moins avec l'idée qu'ils soient en fuite. Une famille d'espions? On verra bien, j'ai pas la masse de trucs là dessus...mais ils ont visiblement la cantinière comme complice (sans blague?)...

Sur le focus de Yumi, j'aime beaucoup le parallèle avec le baby phone et Hiroki est un putain de génie (le ronflement enregistré quoi!). Mais revenons plutôt du côté de la soirée :
Citation:
À l'instant où ils quittèrent l'Ermitage, ils ignoraient encore que c'était la dernière fois que leurs pupilles remplies de crainte se croiseraient.

Eh allez, des morts! o/
Bon après les potinages de la bande de Théo me font penser à une fic d'Icer transposée au lycée, mais passons. Le plus important a l'air d'être qu'ils tiennent à ce qu'Odd reste mort. Il était au courant d'un truc pour leurs magouilles peut-être, vu son côté fouine?
Citation:
À quelques mètres se trouvait cette fameuse souche desséchée… sur laquelle s’embrassaient goulûment Ulrich Stern et Sissi Delmas. Le scoop de l’année.

Bon eh bien ça a le mérite d'être clair... On pourrait crier au clone polymorphe, mais Sissi s'enfuit peu de temps après pour trouver son père, sur les conseils de quelqu'un qui a l'air d'avoir la tête plutôt froide...Ulrich donc, habitué à gérer les situations de crise? En revanche, si clone polymorphe il y a, j'ai envie de dire qu'il s'agit du Odd mort-vivant...oh ça va hein, CLE a prouvé que les spectres pouvaient se générer dans les bois!
Je m'interroge sur le point qui a l'air de dire que Sissi a été à l'Institut personnellement (son organisme fragilisé etc). Est-ce juste de la paranoïa ou leurs pilules bizarres font-elles des dégâts? Et surtout, quand a-t-elle été là-bas, puisqu'il a l'air d'être sous-entendu par la série qu'elle a été toute sa scolarité dans la classe d'Ulrich, ou en tout cas pas trop loin?

On va finir avec le focus sur Berlioz! Berlioz qui a eu une enfance parfaitement normale, avec une maman aimante et équilibrée, qui n'est sûrement pas responsable de ce qu'il est devenu aujourd'hui.
Spoiler


Sérieux, cette maman pue la merde. Mise en compétition, manipulation, mesquinerie et flatterie alternées, bonjour le bon développement psychologique! Namé elle sous-entend même qu'elle aurait pu l'épouser, dans le malsain on est pas mal là... Et puisqu'il avait l'air plutôt proche de son frère, j'imagine qu'une disparition accidentelle de frère (qui n'est pas l'élu alors qu'est-ce qu'on s'en fout!) ne viendrait en aucun cas noircir le tableau, si? D'ailleurs, je suis sûre que l'expérience du test au Zlag ne laissera aucune séquelle psychologique non plus. Smile
« Le jour où elle comprendra que j'ai déjà trouvé cette âme parfaite » Sa femme qui s'est fait éventrer peut-être? :3
Du coup en fait j'ai fini sur Berlioz. Là il a l'air encore à peu près équilibré et normal, mais il existe tellement de pistes évoquées dans cette scène qui ont pu le mener à péter un câble que bon...ça m'étonne même pas qu'il en soit arrivé à son statut actuel de fdp (et effectivement, sa maman est une pute).
(Ajout tardif : un cinéphile m'informe que "faire des références aussi voyantes à "Only God Forgives", c'est mal " et que "ce serait encore plus confirmé si on apprenait plus tard que la mère se tapait ses deux gosses o/" XD)

Point maths :
Il s'est écoulé 11,8 ans (soit 11 ans et 10 mois à peu près) entre le moment où Berlioz a subi le test et celui où il a été à deux doigts de se faire Alexia. Si jamais ça intéressait quelqu'un. Et en supposant que les années s'écoulent au même rythme...
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Minho MessagePosté le: Jeu 22 Juin 2017 18:07   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à *Odd Della Robbia*
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Chapitre 6 :
La mastication des morts



Jour 4372 avant l'Apogée

« Bonjour Cécile. »

La jeune fille resta paralysée quelques secondes, la poignée de la porte entrouverte tremblant légèrement sous l'impulsion de ses doigts fins. C'est vrai que l'évènement était de taille : ce n'est pas tous les jours que Natalya Robertson se présente en personne au domicile familial. Inquiète, Cécile se demanda instantanément ce que son père avait bien pu faire comme connerie lors de la confection des bijoux qui lui étaient plus que probablement destinés.

« Papa est sorti, je ne sais pas précisément quand il rentrera... mais je ne vais pas vous faire l'affront de vous laisser à l'extérieur, entrez donc... »

Elle marqua un temps d'arrêt. Elle était mal à l'aise. « Parfait, cette petite dinde me respecte un minimum » se dit Natalya qui jugeait cette hospitalité dérisoire, elle voulait aller droit au but, pas de temps à perdre avec la populace.

« Enfin, seulement si vous n'êtes pas effrayée par la poussière, continua Cécile. Notre maison est très modeste et...
— Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse à l'intérieur ? s'impatienta la quadragénaire.
— Euh... on pourrait prendre le thé en attendant que mon père rentre ? Je suis certaine qu'il ne sera pas long, il ne s'absente jamais plus d'une heure et ça fait bien une vingtaine de minutes qu'il est parti.
— En fait, c'est toi que je viens voir, rétorqua Natalya avec une mièvrerie certaine dans la voix. Mon fils Berlioz m'a tant parlé de toi... »

L'expression faciale de Cécile changea du tout au tout. La jovialité laissa place à la pâleur la plus extrême et le sourire se décomposa en petite moue étrange, celle de la fille qui a quelque chose à se faire pardonner mais qui sait inexorablement que c'est déjà trop tard, alors cette même petite moue se transforme en expression de terreur intense. Terreur. Intense. Ces deux mots semblaient résonner dans l'esprit des deux femmes qui se faisaient face, l'une essayait de ne pas le montrer, l'autre se réjouissait allègrement que sa victime puisse penser aussi fort à ce doublé lexical inquiétant.

« Je...
— Pas la peine de me mentir Cécile, je suis déjà au courant de tout, assura Natalya qui prêchait le faux pour obtenir le vrai, un de ses nombreux passe-temps favoris.
— Je ne comptais pas vous mentir, je suis juste...
— Terrifiée ?
— Exactement, murmura Cécile qui imaginait déjà les restes de son corps brûler sur le bûcher autour d'une population gueularde, revancharde et surtout assoiffée de sang. Je ne savais pas qu'il était de votre lignée, je le jure, je ne savais même pas qu'il était noble.
— Mais voyons ma petite, il ne faut pas avoir peur comme ça, assura Natalya en se retenant d'arborer un rictus mauvais comme à son habitude. Du moment que tu me traites avec tout le respect que je mérite, tu ne crains rien.
— Je ne savais pas, répéta Cécile en tremblotant alors qu'une nuée de larmes salées commençait à envahir ses joues roses. Je vais l'oublier, je ne le verrai plus, c'est promis. »

Natalya s'amusait intérieurement de cette situation. Décidément, elle avait bien fait d'exhiber à la vue de tous les corps des trois pétasses qui s'étaient approchés de Bran l'hiver passé. Tout le monde ici savait qu'elle les avait fait empaler pour faire passer un message aux pucelles en chaleur : interdiction d'approcher ses fils... sous peine de souffrir pendant de longues journées jusqu'au moment ultime. Les dépouilles des trois malheureuses, placées bien en évidence à l'entrée du village, étaient dans un sale état. Les plus attentifs auront remarqué que tous leurs ongles avaient été arrachés avant la sentence finale... au même titre que leurs tétons d'ailleurs. Ce qui compliquait cette interdiction d'approcher les héritiers princiers, c'est que seuls les serviteurs du palais avaient déjà aperçu le visage des enfants de Gregor Robertson. Bran et Berlioz pouvaient donc aller et venir où bon leur semble sans que personne ne les reconnaisse, surtout qu'ils avaient pris le nom de leur mère pour rester incognito. Quand ils étaient de sortie, ils se présentaient comme les enfants Perkins, un nom lambda dans le coin. En effet, si tout le monde connaissait le nom de Natalya Robertson, personne ne la connaissait sous son nom de jeune fille, Perkins, puisque Grégor Robertson l'avait rencontrée et épousée dans des contrées lointaines, interdites d'accès, au-delà des mers entourant Jadawin. Désormais, Natalya n'avait plus qu'un seul fils. Mais ça, seuls peu de gens le savaient, la nouvelle ne s'était pas encore beaucoup propagée. Il était temps, cependant, que le peuple soit au courant.

« Je ne le verrai plus, répéta Cécile, je peux même partir très loin d'ici si vous le désirez. J'accepterais la marque des bannis, tout ce que vous voudrez, du moment que vous ne me punissez pas ma famille...
— Au contraire, tu es vouée à une grande existence, susurra la quadragénaire. Les hommes, du moins les personnes ordinaires qui n'ont pas d'existence publique, disparaissent de l'Histoire. Le simple paysan émerge comme une luciole pour s'évaporer aussitôt, plus vite qu'un chagrin d'enfant, en n'ayant joué qu'un rôle mineur, de figurant, tel le chauffeur de salle qu'on oublie bien vite une fois que le vrai spectacle a commencé. Alors que les gens de notre caste, même morts, on s'en souvient. Le passage du temps les a certes rendus plus fantomatiques mais pas moins inquiétants, charismatiques, légendaires !
— Je ne suis pas sûre de vouloir sortir de l'ombre, murmura Cécile.
— Les plus grandes femmes sont pourtant restées dans l'ombre de leur mari... mais crois-moi, c'est elles qui dirigent ! Et puis, regarde-moi. Je suis aux commandes depuis la mort de mon époux !
— Je pensais qu'il ne pouvait pas y avoir de princesse marchande, que le titre était uniquement réservé aux souverains.
— Eh bien, officiellement je ne suis que la veuve déplorée... Mais en réalité, c'est moi qui décide jusqu'à majorité de Berlioz.
— Et Bran ?
— Il nous a quittés, répondit tristement Natalya. Un tragique accident. Mais qui a au moins le mérite de résoudre les problèmes de succession. »

Cécile s'arrêta un instant. Elle comprit que, derrière ce cynisme apparent, se cachait une douleur profonde et bien réelle. Elle imagina un instant la vie de cette femme, partie de rien, son seul mérite étant d'avoir fait tourner la tête d'un prétendant au trône. Désormais, elle se retrouvait à la tête de nombreux territoires, pratiquement l'entièreté de Jadawin, terres aussi riches que souillées par la rébellion qui s'organisait clandestinement. Ce petit groupe de parias qui attendaient la venue d'un leader, un autre que l'Empereur alors que tous devaient impérativement s'agenouiller devant le prince marchand élu. Personne d'autre ne pouvait mieux représenter la population qu'un leader né, un homme qui a consacré toute sa vie à l'Empire et qui est venu au monde pour diriger le peuple.

« Des porteurs vont arriver d'ici peu pour t'aider à transporter tes affaires... tu viens avec moi au palais.
— Je suppose que je n'ai pas le choix ?
— Tu supposes bien. »

Natalya disparut dans un nuage de fumée émeraude, effet du Zlag qui se propageait peu à peu dans son corps après que Berlioz en ait dissous un morceau dans son verre de vin quotidien. Cécile regarda l'horizon, elle hésita pendant de longues secondes alors que les deux soleils se couchaient progressivement derrière la colline boisée qui surplombait le petit village d'Aloué qui regroupait les orfèvres et les menuisiers. Après avoir pris une grande inspiration pour oxygéner son cerveau étriqué, elle tourna les talons et rentra à l'intérieur. Sa décision était prise.


Samedi 17 février 2007, 23:01

Yannick s’interrompit à la vue d’une masse informe et jointe en un centre curieusement mobile qui se trouvait un peu plus loin sur le sentier. Maïtena comprit aussitôt la nature de la scène qui s’offrait à eux. Odd ? Non, encore mieux. À quelques mètres se trouvait cette fameuse souche desséchée… sur laquelle s’embrassaient goulûment Ulrich Stern et Sissi Delmas. Le scoop de l’année.

« Ce n'est pas ce que vous croyez. »

Classique. Étonnamment, ce fut Sissi qui rompit l'étreinte la première et qui prononça cette réplique si lourde de sens. Contrairement à elle, Ulrich semblait peu gêné, à peine embarrassé par la situation. Au contraire, il avait l'air plutôt... énervé. D'avoir été coupé en plein élan ? C'est que Maïtena pensait. Et elle comptait bien répéter ce qu'elle avait vu à tout le monde, elle se ferait même un plaisir d'accorder une interview à Milly et Tamiya, à défaut de leur apporter cette fameuse photo compromettante que toutes les sales langues de Kadic attendaient.

« Au fait Stern, j'ai un truc qui t'appartient. J'ai trouvé ton portable à terre. »

Ulrich sembla étonné, fouilla rapidement ses poches mais il dut bien constater que Théo Gauthier disait la vérité quand ce dernier lui tendit le précieux téléphone.

« Il faut que je dise, chuchota-t-il en lui tendant l'objet, je pense que tes amis sont en danger... »


Quelques heures plus tôt...

« Action ou vérité ? »

Affalée sur le vieux canapé jaune apporté pour l'occasion par le copain de Priscilla qui avait organisé la soirée, Maïtena Lecuyer susurra cette question au creux de l'oreille de Théo Gauthier alors que le volume de la musique avait pourtant été légèrement baissé depuis peu, de telle sorte que les élèves qui les regardaient d'un air envieux imaginèrent pendant un court instant que la parole prononcée était une remarque acidulée à souhait que seuls les tourtereaux pouvaient comprendre. Ils ne pouvaient pas se douter que ce chuchotement allait marquer le début d'un jeu que tous détestaient... ou presque.

« Action, grommela Théo en haussant les épaules en signe de dépit. Le timbre de sa voix était plus élevé que celui de sa partenaire, ce qui permit aux trois personnes les plus proches du canapé de comprendre ce qui se tramait entre eux.
— On va commencer par quelque chose de simple, sourit Maïtena. Tu vas juste devoir rapporter quelques bière bien fraiches à tout ce petit groupe d'assoiffés ! Et puis, ce sera à ton tour de me poser la fameuse question...
— Mais moi aussi je veux jouer, protesta Romain Le Goff qui ne voulait pas manquer cette occasion en or de se rapprocher de sa proie qui se trouvait aussi à proximité. Claire, tu veux jouer ? »

Claire Girard, élégamment vêtue d'un chemisier brodé qui mettait en valeur ses yeux argentés, hésita quelques secondes avant de hocher la tête, acceptant à son tour d'être une victime consentante des questions gênantes qu'on allait pas manquer de lui poser.

« À la base on était juste deux à jouer, protesta Théo en jetant un regard de défi à Romain qu'il n'avait jamais pu blairer.
— Et alors ? Plus on est de fous, plus on rit non ?
— Bien dit Maïtena ! C'est toujours mieux de jouer à plusieurs, assura Yannick qui venait ainsi compléter le pentagone de jouteurs.
— Alexandre je suppose que ça t'intéresse pas ?
— J'ai une tête à participer à ce genre de débilités ?
— Quelle mauvaise ambi ce mec, lâcha Claire alors qu'Alex s'éloignait justement pour aller discuter avec Thomas Jolivet. Comment vous arrivez à être potes avec ?
— À vrai dire, il n'est pas vraiment notre... pote, précisa Lecuyer.
— Ne me dites pas que vous trainez avec juste parce que vous avez pitié de lui...
— C'est plus compliqué que ça, rétorqua Théo. Bon, il est temps que j'accomplisse mon premier défi !
— Ça va être dur, ironisa Romain. Bonne chance champion ! »

L'attaquant phare de Kadic – qui avait d'ailleurs détrôné Ulrich en entraînements ces derniers temps – se leva du canapé pour se diriger vers la cuisine, qui avait été apprêtée de plusieurs glacières pour l'occasion. En chemin, une remarque sonore le surprit et l'arrêta dans sa course vers ce premier pari réussi d'avance.

« Tu ne peux pas faire ça ailleurs non ??? »

Tous se retournèrent face à ce son désagréable caractéristique de l'adolescente en colère. Aelita Stones – ou Hopper pour ceux qui étaient dans la confidence – venait d'apostropher Emilio Rodriguez qui avait eu le malheur de vider le contenu de sa vessie sur le mur adjacent au salon, qui était déjà dans un sale état après un concours de crachats organisé par Burrel et Ducroc... mais ça elle ne le savait pas.

« C'est ignoble de souiller les lieux de cette façon. Pense un peu à ceux qui vont devoir nettoyer après !
— Calmos Aelita, c'est pas ton problème après tout, c'est l'annif de Priscilla pas le tien !
— Te mêle pas de ça Théo, grogna Stones en toisant du regard le jeune homme avant de reporter son attention sur Emilio. T'as débarqué ici juste pour pisser sur les murs ?
— Qu'est-ce qu'on s'en branle, cette baraque est complètement pourrie de toute faç... »

Aelita serra le poing avant d'étendre ses longs doigts le long de sa jupe, elle savait pertinemment qu'ils n'allaient pas rester bien longtemps en place. De fait, la gifle partit toute seule. Emilio, voulant l'éviter, chuta lamentablement sur le sol après avoir glissé sur la substance jaunâtre qu'il venait lui-même de produire. Une marque rouge sur la joue exposée, due à la honte ou au coup, apparut et Emilio se releva sous les ricanements de ses camarades de quatrième qui n'avaient rien manqué de la scène.

« Pov' tarée, lâcha-t-il pour préserver le peu de contenance qu'il lui restait. J'vais te faire regretter ça. »

Aelita s'approcha une nouvelle fois de lui pour bien montrer qu'elle n'était pas intimidée le moins du monde par ce petit con mais Jérémie s'interposa. Héroïque... Même le rideau décrépi rigola.

« Désolé, je pense qu'elle a un peu abusé... de l'apéro. Je la connais, elle va s'en vouloir atrocement dans moins de deux minutes.
— Même pas vrai, grinça-t-elle en le regardant d'un œil mauvais malgré ses pupilles légèrement dilatées qui n'aidaient pas à renforcer sa prétendue crédibilité.
— Qu'est-ce que vous faites là les mioches ? Je ne crois pas vous avoir invités... Attendez que mon père apprenne ça ! »

Lassé par les sempiternelles remarques de Sissi, Théo Gauthier s'éloigna et pénétra dans la cuisine... qui n'en portait plus que le nom. L'ampoule, pourvue d'une batterie autonome et achetée spécialement pour l'occasion, éclairait faiblement la cuisine qui restait pourvue d'une noirceur éparse qui semblait se mouvoir dans les coins de la pièce délabrée. Le plan de travail était sali, souillé par des tâches de sauce tomate qui provenaient probablement d'une pizza bolognaise dévorée avidement par les organisateurs de l'évènement avant que les convives n'arrivent. La vieille hotte, destinée à avaler la vapeur créée par les marmitons, était assiégée par la poussière et les trous semblaient avoir été comblés avec une cire jaunâtre qui indiquait clairement que l'engin n'était plus utilisable. Des taches d'humidité apparaissaient ici et là, généralement recouvertes d'un tissu de moisissures peu attrayant. Les murs, fissurés par endroits, s'unissaient en un gris tristounet qui s'accordait assez bien avec l'ensemble de la demeure. Reportant son attention sur la table de camping où reposaient les différents élixirs, Théo hésita un instant entre l'attrait du cocktail amaretto-jus de pomme et le goût amer des bières mais, puisque c'est ces dernières qui avaient été réclamées, il regarda avec dépit le jerrican à robinet contenant le précieux liquide fortement alcoolisé avant de se rabattre sur la première glacière venue qui reposait dans un coin de la pièce... et sur laquelle était assis un des convives, en pleine litanie, qui transpirait la "sobriété" à des kilomètres.

« Pendant la nuit, durant leur sommeil, les hommes ont plusieurs érections. C'est un fait, c'est prouvé depuis des lustres et on en constate d'ailleurs les effets au lever. Donc, quand on y pense, il est possible de lier ce phénomène avec la rotation de la terre et du soleil, les hommes s'endormant tout autour de la terre à différents moments en fonction des fuseaux horaires. Du coup, on peut en déduire que la terre est continuellement traversée par des vagues d'érections de pénis depuis des millénaires. Je te laisse imaginer les tsunamis nocturnes en Afrique...
— Putain Christophe, répliqua Azra qui avait l'air assez préoccupée par l'état de son ami, t'as l'air encore plus perché que d'habitude. Je pense que je vais te ramener à l'internat.
— Bonne idée, affirma Théo. Prenez-vous une chambre et laissez les honnêtes gens festoyer en paix. »

Azra le dévisagea d'un air surpris, Christophe resta impassible, le regard perdu au loin et les mâchoires claquant dans le vide, comme le crapaud qui cherche à happer une mouche que personne n'est en mesure de percevoir. Théo remarqua qu'il s'était vraiment exprimé bizarrement, ce n'était pas dans ses habitudes d'utiliser le verbe « festoyer » surtout qu'il ne se considérait pas lui-même comme quelqu'un de très « honnête » comme il avait pu le dire...

« C'est la crainte de ce qui se passe après la mort qui nous maintient en vie.
— Pardon ?
— Je me serais déjà foutu en l'air depuis longtemps si j'étais plus téméraire, reprit Christophe d'une voix blanche. Depuis qu'Odd est parti... ce qui n'est pas normal à son âge... je me demande où il est, ce qu'il peut être en train de faire en ce moment. J'arrête pas de me demander... Est-ce que c'est pire que notre quotidien ?
— Il est surtout en train de se faire bouffer par les asticots, ironisa Théo sans laisser transparaître la moindre compassion. Faut arrêter d'être parano à un moment, il est dans une boîte qui se délabre jour après jour à six pieds sous terre... et crois-moi, il n'est pas prêt d'en sortir !
— T'es vraiment un connard.
— Juste réaliste. Il n'y a rien après la mort. Rien. Aucune muse, aucun démon et surtout pas Dieu.
— Tu te trompes. Il est là, tous les jours avec nous. Il nous observe, scrute chacun de nos mouvements et il attend le moment propice pour se manifester, pour sauver les brebis égarées...
— C'est donc pas une légende que tous les blacks sont cathos... Alors dis-moi, s'il existe ton Dieu, il était où quand toutes ces atrocités humaines se sont produites ? Il était où quand un décérébré a décidé de flinguer des dizaines de gamins qui bossaient tranquillement dans leur classe comme chaque jour ? Il était où ce fameux 11 septembre où les employés du World Trade Center se sont pris un avion – même deux ! – en pleine gueule ? Il était où quand les populations africaines ont commencé à crever de faim, quand ceux du Congo ont pris les armes, quand ceux du Rwanda ont été massacrés à coups de machettes ? Il était où quand Staline a accédé au pouvoir ? Quand, un peu partout dans le monde, on a commencé à se monter les uns contre les autres ? Il était où lors des périodes d'esclavage, quand certains étaient considérés comme des bêtes et non des êtres humains ? Il était où quand ils ont balancé du napalm sur des gosses sans défense ? Il était où quand, depuis des milliers d’années, des hommes, des femmes et des enfants l'ont appelé à l’aide parce qu’ils étaient en détresse, qu’ils ne savaient plus vers qui se tourner, qu’ils étaient au bout et que Dieu représentait leur seul espoir ? Il était où pour la peste, le sida, la variole ? Et puis, il était où au match de foot quand c’est arrivé ? Odd avait quatorze ans bordel ! Tu trouves ça normal que des vies soient rasées, comme ça, d’un trait ? D’enlever un fils à une famille qui attendait avec impatience son retour de Kadic après des mois d'absence ?
Il était où ? Tu ne me réponds pas hein. C’est parce que je sais que tu penses comme moi au final : il n'était nulle part. J’avais encore, parfois, des doutes. Je me disais de temps à autre : "Peut-être qu'au fond, si mon frère a survécu à sa leucémie, c'est grâce à lui." Mais depuis l'infar' d'Odd... Maintenant, je le sais : il n'existe même pas. »

Un long silence suivit cette tirade passionnée. Théo s'en voulut instantanément. Il avait montré, malgré toutes les paroles obscènes prononcées auparavant pour brouiller les cartes, qu'il était réellement attristé par la mort de Della Robbia. En même temps, ils avaient quand même vécu quelques aventures ensemble... Mais ça, c'est une autre histoire.

« C'est plus simple que ça... Dieu nous aime mais pas tous.
— Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— Qu'il a assez bu pour aujourd'hui ! coupa Ezra en arrachant des mains la canette que Christophe venait subtilement d'attraper. Allez hop, on s'en va ! »

L'adolescente attrapa son ami par le bras et l'entraîna vers la sortie. Heureusement pour elle, Christophe était encore en état de marcher et elle n'avait donc pas à le porter, chose qu'elle aurait de toute façon été incapable de faire.

Théo se retrouva seul, les larmes aux yeux en repensant à ce qu'il avait vécu avec Odd ces derniers mois. À la base, ils étaient cinq. Puis quatre. Et maintenant Alexandre était sur le point de les lâcher lui aussi ? Il ne le supporterait pas, il voulait juste retrouver cette petite bande clandestine de plaisantins qui lui manquait énormément. En trio avec Maïtena et Yannick, ce n'était pas pareil. Ce ne serait jamais plus pareil de toute façon, il était trop tard pour ça. Après une vingtaine de minutes assis sur la glacière à se morfondre dans ses pensées, il décida de se lever et d'ouvrir le fameux frigidaire qui contenait les sésames attendus. Au moment où il allait quitter la pièce, bières en main, pour finalement valider son défi, il entendit un grésillement suivi d'un claquement sourd accompagné d'une série de gémissements intrusifs. Inquiet, il repéra vite l'origine de ce remue-ménage. Un téléphone portable, abandonné sur le sol, qu'il n'eut aucune peine à reconnaître grâce au coin supérieur gauche complètement éclaté par un tir de balle de foot qu'il avait lui-même provoqué. Curieux, il y colla son oreille pour entendre un bruit confus, imprécis... comme si le mode haut-parleur du fameux interlocuteur avait été activé.

Évidemment, il ne pouvait pas savoir que deux adolescents étaient sur le point de disparaître dans le deuxième sous-sol d'une usine désaffectée. D'abord, il entendit distinctement trois cris de terreur qui s'accordèrent en une longue plainte douloureuse... qui cessa rapidement, pour laisser place à la respiration sifflante d'une ultime personne présente sur les lieux. Respiration qui se rapprochait de plus en plus, menaçante et étrangement contrôlée à la fois, jusqu'à ce que le fameux interlocuteur se décide à attraper le portable pour articuler directement à travers celui-ci une phrase aussi simple qu'inquiétante : « Ulrich... on a un problème. »

Mais le plus surprenant dans tout ça, c'était le visage de Théo qui reconnut instantanément la voix de cet élève de Kadic. Ou plutôt ancien élève vu que celui-ci avait disparu de la circulation depuis de nombreuses semaines... Sans aucun doute, ce ton guttural appartenait à William Dunbar.
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Ven 23 Juin 2017 13:11   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
chapitre intéressant.
wow la mère de berlioz, une mère protectrice et affectueuse que tout le monde rêve d'avoir. heureusement que le père est crevé, sinon je doute qu'il y aurai encore un ado en vit dans le foutu village.

Intéressante sa discussion avec la Cécile terrifié (faut dire qu'après sa preuve d'amour envers les potentiel petites amies des ses garçons on la comprend).
Yep derrière chaque grand homme il y a une femme qui tire les ficelles dans l'ombre (surtout les grand homme qui ont commis des atrocités).
Et il semble que Natalya dise vrai à propos de Cecile si la fumée émeraude de zlag est une indication, elle serait une élue.

Et retour a kadic.
yep sissi et ulrich, c'est vrai un scoop.
La scène avec aelita était intéressante (foutre un baffe, à quelqu'un c'est aussi un scoop) et Emilio agit comme un mafioso avec ses menaces (et avec un tel prénom sa m'étonnerai pas qu'il y soit lié). Va t'il demander a son père de s'en débarrasser mode dalle de béton dans jeté dans la seine?

Finalement il semble que Théo n'est pas un bâtard froid sans coeur. Et part sa violente tirade sur dieu et les tragédies de l'histoire, on dirait qu'il est quasiment brisé par la mort du félin, bien plus touché que ne le sont les LG (voir même peut être plus que tout monde, incluant la famille d'Odd).
Je voudrais vraiment connaitre sa relation passé avec Odd.

Vivement le prochain chapitre (espérons centré sur Odd)

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Dernière édition par *Odd Della Robbia* le Sam 24 Juin 2017 18:27; édité 1 fois
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Ikorih MessagePosté le: Sam 24 Juin 2017 09:05   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Oh mon dieu, mais tu es vivant?
Bref, passons aux choses sérieuses...

Spoiler


Ceci étant fait, on va pouvoir attaquer vraiment le chapitre. Dedans nous apprenons que la maman de Berlioz est toujours aussi adorable et vraiment pas traumatisante, et on s'attend à ce qu'elle vienne effectivement tyranniser Cécile. Au moins tu as eu la bonté de ne pas nous faire mijoter des semaines (enfin si mais chut) au niveau de l'identité de la meuf de Berlioz. Bon, visiblement, belle-maman a l'air d'être d'accord pour que la belle-fille vienne vivre au palais avec eux et tout, donc épouse son fils j'imagine...et pourtant ça sent tellement le traquenard! Rappelons-nous que Cécile finit éventrée si mes souvenirs sont bons, n'est-ce pas Berlioz? A mon avis, c'est juste une vieille manoeuvre de merde genre "Oh regarde fiston tout va bien se pass..NON."
Bon, on apprend aussi que Bran est mort. Vraisemblablement dans le chapitre précédent d'ailleurs (ou du moins lié à ça), puisque la mère mentionne que ça "résoud les problèmes de succession". A mon avis elle aurait préféré que ce soit Bran qui vive...car après tout quoi de mieux pour continuer à traumatiser Berlioz que "Ton frère est mort et j'aurais préféré que ce soit toi"?
Je note le fait que Berlioz mette du Zlag dans le verre de Natalya, et ça semble lui donner des pouvoirs. D'un côté j'ai envie de dire que c'est donc plus ou moins supposé se faire, mais en même temps le Zlag n'a pas l'air d'être une substance très sympathique, cf Bran. Comme apparemment seuls les élus peuvent en sniffer sans problème, comment se fait-il que Natalya soit en si bonne forme? Alors peut-être qu'inversement, Berlioz tente discrètement de la tuer...mais elle a l'air assez au courant pour utiliser ses pouvoirs sans se poser trop de questions sur d'où ça vient, donc c'est en connaissance de cause XD

Ah alors dernier truc ici : ce village semble être important. Je dis ça parce que visiblement Natalya et sa famille y sont souvent, il est donc probable que leur palais s'y trouve. Ce ne peut pas être leur seul domaine puisqu'ils possèdent quasiment tout Jadawin mais alors...pourquoi s'installer ici et pas dans une putain de grande ville?

Retournons chez nos ados. C'est intéressant de noter que Sissi est la plus gênée alors que depuis le début c'est elle qui veut s'afficher avec Ulrich. A l'inverse, lui n'en a rien à foutre : volonté de faire chier Yumi ou juste qu'il assume que Sissi est la femme de sa vie?
Le action ou vérité n'a pas été aussi croustillant que prévu, dommage :c Mais le fun a été trouvé dans la scène où Aelita s'insurge qu'on pisse sur le mur (excellent XD) et dans cette phrase « Même le rideau décrépi rigola. ». Sissi fait une fois de plus sa biatch, sans surprise. A première vue elle semble parler d'Aelita et Jérémie, qu'elle a effectivement invités mais ferait mine de ne pas s'en souvenir. Mais la remarque peut aussi aller s'adresser à Emilio et tout, au vu du terme "les mioches"..donc je suis pas certaine de ce passage. Au pire c'est pas très grave.

Les vrais points importants :
1) Odd était dans la bande de Théo et compagnie. Notons que, comme dit, ils voulaient qu'Odd reste mort même s'il semble manquer à Théo. C'est que vraiment il doit être au courant d'un truc grave qui ne doit pas être diffusé...
2) Jérémie et Aelita visiblement acculés dans les égouts...par William? Qu'est-ce que tu fais avec Willy, salaud? :c Gna c'est toujours lui le méchant de toute façon grmbl toujours pareil gneuh. *PAF* Ah oui et sinon : comment Ulrich a-t-il perdu son portable? C'est un fait qui mérite d'être éclairci.
(Petite mention à la tirade anti-religieuse : serais-tu en train de faire du pied à quelqu'un?...)
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Fenrir MessagePosté le: Mer 28 Juin 2017 02:22   Sujet du message: Minho : Le Retour de l'auteur, épisode V. Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Messages: 14
Localisation: Sur les traces de Wotan.
C'est bon ? Ikorih a posté son commentaire ? Je peux laisser le miens du coup ? Bon, bah alors, pour commencer :
Citation:
Oh mon dieu, mais tu es vivant? (citation d'Ikorih dans son dernier commentaire)

Mais bien sûr que oui qu'il est vivant ! Je ne l'ai pas encore bouffé - ni lui, ni sa main - tout du moins, pour le moment... Mais je peux tout de même remarquer qu'après avoir tenter, habilement, il faut bien le reconnaître, de je cite : "vous éliminer via une surchauffe cérébrale habilement programmée", Minho désir désormais nous faire mourir de vieillesse en attendant la sortie du prochains chapitre de Bouffon Du roi, et ce, malgré le risque de se voir devenir manchot. Mr. Green

Cela, c'était pour le retard ! xp

Maintenant, la suite du commentaire, avec une petite remarque :

Mais tu va les chercher où, tes titres ?! Non parce qu'entre La Compagnie des spectres, et La Mastication des morts, on ne peut difficilement faire plus classe (sauf si on prend Fenrir comme pseudo, évidement Wink ). J'en profite pour poser une petite question, un acte trois est-il prévu - simple question en passant hein... ?

Citation:
Nom propre car c'est plus qu'un simple combustible qui dégage une fumée bizarre au contact des flammes, c'est une entité à part entière mais n'allons pas trop vite en besogne


>_< ...
C'est bon, j'abandonne... J'en ai marre de tenter de définir un truc que, de toute les façon, tu risque très probablement de décrire en détail plus loin dans ta fic (ce que tu fais déjà dans ton dernier chapitre dans la scène avec l'autre foldingue). --'

Malheureusement, Minho, étant donné que je viens d'abandonner la description du zlag (m'en fous, nom commun ;p), j'ai une très mauvaise nouvelle à t'annoncer :

Spoiler


Ou pas en fait... Par simple curiosité, même si le titre a une certaine classe, il y a t-il un quelconque rapport entre ce le chapitre et son nom ? Parce que, mis à part un passage en particulier, on en croise pas beaucoup, des morts...

Citation:
Christophe resta impassible, le regard perdu au loin et les mâchoires claquant dans le vide

Faut bien reconnaître que là, Christophe fait plus mort-vivant que mort tout court, mais bon. :/

Tant que j'en suis aux citations :
Citation:
Même le rideau décrépi rigola.

Odd n'est pas le seul à posséder plusieurs vies, mais si possible, j'aimerai bien pouvoir les économiser, plutôt que de m'étrangler de rire avec Gleipnir... Neutral

Au fait, aurais-tu quelques problèmes avec Dieu, à l'image d'une certaine personne ? A moins que, au contraire, tu ne fasse qu'exposer un point de vue que tu ne partage pas ? Enfin bon, toujours est-il que la tirade de Théo reflète plutôt bien ce que je pense de ce dieu de pacotille. Loki a nettement plus de prestance que lui !

Je crois que je vais arrêter mon commentaire ici, je commence à fatigué... Et puis, je n'ai pas grand chose à rajouter, puisque Ikorih a déjà tout développer, notamment en ce qui concerne l'appartenance d'Odd au groupe de Théo. Je vais seulement parler d'une dernière chose avant de conclure ce court commentaire : Cécile, est-elle l'épouse de Berlioz ? Parce que si oui, je ne donne pas cher de sa peau...


Citation:
Il [Berlioz] avait déjà vu ça... le jour où sa femme s’était fait déchiqueter devant ses yeux.


Bon, c'est sur cette question que se fini mon commentaire. Je vais donc me coucher !


Postscriptum :
Citation:
Jour 4372 avant l'Apogée

Tient ? Pas de calcul de la date par Ikorih cette fois-ci ? Razz

Citation:
Certains auteurs placent des membres du forum dans leurs intrigues pour leur offrir une mort atroce... Ça pourrait venir, qui sait

Essaie juste pour voir, monsieur-l'auteur-de-fic-futur-manchot... ;-;

Citation:
[...]In nomine Loki, et Fenrir et spiritus exsecrari.
Ça va être chaud effectivement...

T'as pu traduire ? C'était pas trop compliqué ? *rictus sadique de Fenrir*


N'empêche, je me permet de faire une remarque sur la sortie en retard du chapitre, mais mon com' n'est pas mieux... XD

_________________
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« L'âme d'un loup se dissimule souvent sous la laine d'un mouton. » Proverbe danois.
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Minho MessagePosté le: Ven 04 Aoû 2017 08:55   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à *Odd Della Robbia*
Spoiler

Réponse à Ikorih
Spoiler

Réponse à Fenrir
Spoiler



Chapitre 7 : Un Oiseau pour le Chat



Mardi 9 janvier 2001, 12:15

Après avoir tiré sa petite valise qui allait l'accompagner en cabine, Jim se réjouit de pouvoir enfin la placer dans le box qui surplombait la rangée où se trouvait son siège. Manque de bol, il occupait la pire place possible dans un avion : le siège central. Ce qui signifiait qu'il aurait deux voisins. Après une courte escale à Manchester, il était en route pour la meilleure destination possible : Sydney. La compagnie aérienne qui était chargée de l'emmener là-bas, Virgin Australia, avait le mérite d'offrir un certain standing sans pour autant tomber ni dans le kitsch ni dans le style abattoir. Au moins ici, et contrairement à Ryanair, Jim savait que les passagers ne seraient pas traités comme de vulgaires bestiaux. Il finit par s'asseoir, après avoir ramassé la mince couverture et le package standard du parfait voyageur déposés contre le dossier de son siège. Curieux et en manque de passe-temps puisqu'il avait laissé son magazine à l'intérêt culturel douteux dans son imposante valise fluo qui était en route vers la soute, il décida de fermer les yeux et de lancer son mp3 le temps du décollage. Par chance, le DVD qu'il regardait chez lui existait aussi en version audio et c'était le moment idéal pour une leçon improvisée de gestion du stress post-traumatique. Autrement appelée, comment reprendre sa vie en main après une tragédie ?

△▼ Aujourd’hui, on voudrait vous dire … △▼

... de prendre soin de VOUS.
Pas de votre voisin, même s'il en aurait sûrement grand besoin, pas de votre voiture, pas de votre linge, pas de votre maison, ni de quoi que ce soit d'autre de matériel... mais bien de VOUS. On dit qu'il faut prendre son mal en patience... et si l'on prenait notre bien en urgence ? N'êtes-vous pas la SEULE et UNIQUE personne avec qui vous passez chaque seconde de votre vie ? Où que vous alliez, quoi que vous fassiez, vous êtes toujours là, avec vous-même, dans ce corps et cet esprit qui vous ont été donnés comme de magnifiques trésors.

Il est temps de vous aimer, de vous cajoler, de vous faire du bien, de vous écouter, d'être bienveillant avec vous-même et de vous faire passer avant tout le reste... parce que personne ne le fera à votre place. Parce que si vous ne le faites pas, vous ne pourrez pas être 100% là, qualitativement présent pour les gens que vous aimez.
Remplissez-vous des différentes énergies qui vous entourent, d'amour, de bienveillance... Offrez-vous le meilleur, pour être capable de le donner aux autres ensuite. Tout part de vous... et ce n'est pas égoïste que de se faire passer avant tout le monde... c'est juste logique. Vous avez tous en tête l'histoire du masque qu'on devrait se mettre en premier si jamais la cabine de l'avion se dépressurisait ? Eh bien c'est pareil quand il s'agit de prendre soin des autres. On prend d'abord soin de soi !

Alors, prenez un papier, un stylo et listez toutes les choses que vous aimez et que vous ne faites jamais ou trop peu ! Et puis, prenez rendez-vous avec vous-même, une heure, pour commencer, puis une demie-journée, puis une journée... et soyons fous ! Une semaine ? Un mois ?? Pour ne faire que ce que vous aimez ! Pour vibrer ! Pour profiter de la Vie magique que vous avez entre les mains.

Alors ? Vous êtes prêts les Allumés ???
Prenez soin de vous, take care parce que c'est l'unique...


Ce fut les derniers mots qu'il entendit avant de sombrer dans les bras de Morphée. Quand il se réveilla, l'avion était déjà loin de son point de départ puisqu'ils étaient déjà en train de survoler l'océan Indien. Il coupa le son de son mp3 – chose qu'il n'avait pas pris la peine de faire auparavant puisqu'il s'était endormi sur le fait – avant d'inspecter le contenu de la petite trousse que chaque client voyageant avec la compagnie recevait. Dedans, tout allait lui être utile... ou presque puisque le package et les poches intérieures de celui-ci contenaient respectivement une brosse à dent manuelle de la taille de son pouce, le tube de dentifrice enfantin minuscule lui aussi, des boules quies, un masque de nuit dont il n'aurait pas l'utilité, des chaussettes jetables, un petit flacon rempli d'un liquide turquoise nommé mouthwash, un feutre de la compagnie et même un pot d'huile d'olive d'une quinzaine de millilitres. Véridique. Alors qu'il était toujours occupé à farfouiller dans les poches de la pochette noire estampée Virgin, une ravissante créature mit le cap dans sa direction, dans le but évident de communiquer brièvement avec lui. Et, dans un avion, qui est mieux placé qu'une hôtesse de l'air pour remplir le rôle ingrat du messager ?

« Excusez-moi Monsieur... Moralès, c'est bien ça ? »

L'ancien surveillant de l'Institut sursauta au son de cette voix délicieusement féminine, timbre sexué qu'il n'avait plus entendu depuis de nombreux mois. D'un regard vertical rapide, il scanna l'employée de son radar intérieur. Ce qui le frappa en premier, ce fut la fine couche de cheveux blonds soigneusement repliés sur eux-mêmes à l'aide d'un chignon sévère mais toutefois agréable à regarder. Comme toute hôtesse de l'air qui se respecte, celle-ci était particulièrement bien foutue avec son teint de porcelaine qui lui prodiguait une face à peine ridée malgré la cinquante d'années qui la séparaient du jour de sa naissance. Ses jambes, étrangement bronzées ce qui contrastait énormément avec son visage, valaient bien l'arrière-train d'une jeunette. Sincèrement, Jim aurait pu se trouver dans une situation beaucoup plus déplaisante au moment où la muse se pencha vers lui, tout en dévoilant au passage deux atouts de taille qui ne passaient pas vraiment inaperçus.

« On m'a demandé de vous transmettre ceci... Bon voyage monsieur ! »

Elle s'éloigna, aussi vite qu'elle était arrivée. Un cri de nourrisson ramena Moralès à la réalité, son esprit ayant déjà divagué vers de meilleurs horizons, et il reporta son regard sur l'étrange colis qu'il venait de recevoir. Ça, c'était bizarre. Le corbeau qui distillait sa relation passée avec Sybille avait changé de méthode pour l'acte final. Auparavant, les feuilles dactylographiées qu'il recevait étaient ordonnées, réunies en un tas parfois lâche mais toujours existant. Aujourd'hui, il avait franchement l'impression qu'on venait de lui confier les dernières volontés d'un ressortissant français retenu captif au fin fond de la jungle birmane puisque les lignes étaient écrites à l'encre foncée sur de larges feuilles de bananier. Mais le sinistre Acte III écrit en lettres d'or infirmait la théorie de l'otage captif. Il détenait bien entre ses mains le dernier chapitre de l'histoire. De son histoire, pour être exact.

Jim aurait peut-être dû se jeter à corps perdu dans les dernières lignes de sa vie passée, celle qui attribuait un point final à l'existence de Sybille. Mais quelque chose l'en empêcha... ou plutôt quelqu'un.

« Vous êtes en état d'arrestation. »

Le cœur de Jim loupa un battement. Devant lui venait d'apparaître un vieux blond vêtu en noir de la tête aux pieds. Son regard, à moitié masqué par des lunettes de soleil imposantes, semblait pourtant fureter dans tout l'habitacle.

« Désolé mon vieux, siffla le nouvel arrivant, je fais cette blague à tout le monde. Ça me permet de constater très vite si mon compagnon de galère d'un jour a quelque chose à se reprocher.
— C'est to-totalement débile, bredouilla Jim qui peinait à se remettre de ses émotions. N'importe qui flipperait en entendant ça...
— C'est peut-être vrai... mais les plus grandes ordures ont craqué quand j'ai prononcé cette phrase. C'est le principal, non ?
— Et que faites-vous de l'innocent qui se montre un peu trop émotif ?
— Rassurez-vous, répondit-il en lui offrant un rictus légèrement macabre, généralement je sais à qui j'ai affaire avant même de faire mon petit numéro.
— Allez trouver votre siège et cessez de m'importuner, répliqua Jim qui se sentait mal à l'aise en si étrange compagnie.
— 25C, c'est bien ici... Je m'étais malencontreusement installé en cabine Business durant toute la première partie du voyage ! »

Pour preuve, il lui montra son billet. Jim mordilla légèrement sa lèvre inférieure. C'était donc Mister allée, qui allait se trouver à sa droite... Il ne pouvait évidemment pas savoir que Mister Hublot, supposément installé à la gauche de Jim mais qui n'avait jamais embarqué à bord de l'avion, avait tout simplement été... empêché par une balle dans la tête. Mais le plus choquant dans tout ça, Jim le comprit en regardant l'identité inscrite sur le billet du passager qui venait d'arriver. C'était un homme que Jim n'avait jamais rencontré. Un homme que Jim connaissait pourtant de réputation. Mais surtout, un homme que Jim pensait mort.

« C'est donc vrai ce que La Chancelière disait, murmura-t-il en dévisageant Minho. Les vrais héros ne meurent jamais... »


Jour 7674 avant l'Apogée

La glace étincelait comme des milliers de diamants tout en illuminant la large caverne. Seth n'avait jamais eu aussi froid de sa vie. Faut dire que c'était bien la première fois qu'il se trouvait six pieds sous terre, complètement nu au centre de la calotte glacière qui bordait le royaume de Jadawin. Ce qu'il faut savoir à propos de ce territoire, c'est que la température avoisinait rarement les dix degrés, et se trouver en dessous de zéro relevait de l'exceptionnel. Les habitants devaient généralement supporter une trentaine de degrés, ce qui était encore préférable au soleil acéré qui pouvait les brûler atrocement d'un seul de ses rayons.

« Je suppose que vous savez qui je suis. »

La question ne se posait même pas, il n'y avait qu'une réponse possible : « Oui, on te connaît tous sale garce. » Celle qui venait de prononcer cette phrase, tout le monde la redoutait dans le coin. Natalya Robertson. La chef de la famille, depuis la mort de son mari qui ne valait pas vraiment mieux qu'elle. Vêtue d'un manteau d'hermine qui recouvrait une sorte de tissu noir qui parcourait son corps de manière à conserver sa chaleur corporelle, elle arborait un sourire radieux, comme à son habitude. Contrairement à la trentaine de garçons effrayés qui se tenaient en ligne devant elle, dépourvus de vêtements et les cœurs battant la chamade plus efficacement qu'une série de tambourins bien accordés. Seth avait été arraché à sa famille le matin-même, à peine sorti du lit, l'écume de salive séchée reposant encore au coin de sa bouche.

« Tous les garçons âgés de treize ans sont attendus au palais. Ordre de la famille Robertson. »

Personne au sein de sa famille n'avait osé émettre la moindre contestation, à l'exception de Céleste, sa demi-sœur. Faut dire que le nom Robertson ouvrait toutes les portes. Les habitants d'Aloué savaient pertinemment que le village serait rasé s'ils avaient osé exprimer la moindre objection. Femmes égorgées au point culminant du viol, hommes torturés avant d'être jetés en pâture aux chiens du palais et enfants noyés un à un dans la baie de Cryptos, bien que l'on soupçonnait Natalya de s'occuper personnellement de certains gosses. Ses supplices n'étaient pas une simple légende. Il y a quelques années, trois villages se dressaient fièrement le long de la baie de Cryptos : Leugnié, Grangié et Aloué. Aujourd'hui, il ne restait plus que ce dernier. Les autres ayant connu les foudres de la veuve Roberston. Seuls quelques "rescapés" avaient été épargnés pour qu'ils puissent témoigner de leur martyre... avant d'être lâchement pendus sur la place du village voisin, en guise d'avertissement. Ils auraient peut-être dû se révolter avant, lorsqu'il y avait encore trois villages, des hommes en suffisance et une motivation inébranlable. Le problème, c'est que les habitants de la baie étaient sous-équipés, sans parler du fait qu'aucun villageois ne savait vraiment se battre. En face d'eux, les troupes de la famille Hébron et un palais surprotégé constituaient une force surpuissante, à la limite de l'invincibilité. La famille Robertson ne possédait qu'une dizaine de soldats expérimentés, ils dépendaient totalement de la famille Hébron qui leur avait prodigué une cargaison entière de guerriers entraînés dès la naissance. Depuis longtemps, c'était comme ça. La classe sociale supérieure dirigeait – les puissants s'entraidant entre eux – tandis que les habitants souffraient. Et pourquoi ? Dans la baie, c'était essentiellement pour récupérer ce foutu Zlag dans les mines creusées à des centaines de mètres en dessous du niveau de la mer, là où on pouvait trouver le minerai le plus convoité de Jadawin. Convoité pour ses mystérieuses propriétés que seuls certains privilégiés étaient en mesure d'utiliser. Comme si ça ne suffisait pas, voilà encore une raison supplémentaire – les pouvoirs de Natalya – qui venait s'ajouter au reste et qui empêchait tout mineur agité de se révolter contre le dictat de la famille Robertson.

« J'ai besoin de deux volontaires, minauda Natalya en parcourant son assistance de ses yeux de braise.
— Précipitez-vous sur l'occasion hihi, il n'y en aura pas pour tout le monde. »

Seth resta pétrifié au son de cette voix qui venait de résonner dans la caverne. Un nouvel arrivant venait de faire son apparition. Ses talons claquèrent sur le sol gelé et son visage subsista dans l'ombre quelques instants avant d'être dévoilé au grand jour. Des murmures parcoururent l'assemblée et Seth put intercepter quelques échanges de regards inquiets. Devant eux se trouvait l'être le plus dément de Jadawin.

« Content de me voir les enfants ? demanda l'ennemi public numéro un. Vous m'aviez manqué, j'aime tellement vos petites têtes... surtout lorsqu'elles tombent l'une après l'autre hihi. »

Natalya se crispa. Ce fut presque imperceptible mais Seth le remarqua. Visiblement, cette visite n'était pas prévue au programme.

« Je ne voudrais surtout pas interrompre les festivités, déclara-t-il d'un ton faussement désolé en reportant son attention sur Robertson. Fais ton petit jeu si ça t'amuse, j'attendrai pour lancer le mien. Qui promet d'être très amusant, vous avez l'air si motivés les enfants ! Souvenez-vous bien de ma leçon et tout se passera bien. L'important est de garder un minimum d'obscurité dans un monde rongé par la lumière. »

Le garçon qui se trouvait à la gauche de Seth s'effondra. Son corps, rendu violacé par le froid, n'avait pas supporté le choc, la transition entre un soleil brûlant et une température glaciale à peine supportable pour tout être humain normalement constitué. Son frère jumeau, qui se trouvait à l'autre bout de la grotte, voulut se précipiter aux côtés de l'inconscient mais il fut stoppé dans son élan par une force incommensurable. Ses muscles se paralysèrent, son masque d'inquiétude se figea en une expression de terreur et il resta sur place, stoppé en plein élan, comme un oiseau fraîchement amputé de ses ailes, condamné à agoniser sur place jusqu'aux prochaines gelées qui viendront mettre un terme à ses souffrances.

« Je pense que j'ai trouvé ton premier volontaire ma chère Natalya, s'esclaffa Melchior de sa voix si caractéristique, aussi irritante qu'une paire d'ongles qui prendrait un malin plaisir à grincer sur un tableau noir mal lavé. Qui sera le deuxième ? J'ai déjà ma petite idée hihi.
— Ce n'est pas à toi de décider, répliqua sèchement la veuve qui commençait sérieusement à perdre patience. »

Seth, comme tous les autres, ne pouvaient rester de marbre face à ce pantin diabolique. Melchior. Le prince marchand le plus prospère de Jadawin, celui qui gère la trésorerie depuis la nuit des temps. Chaque fois qu'il était décrit, dans des contes ou autres histoires à dormir debout, son apparence physique était différente. Et aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Alors que c'était un garçon (du moins c'est ce que son prénom laissait supposer), il arborait une coiffure plutôt féminine, constituée de cheveux rougeoyants tressés et enroulés autour de son crâne. Sur celui-ci (le crâne, pas Melchior) reposait un chapeau si caractéristique, uni à la base mais qui se divisait bien vite en plusieurs branches, chacune d'elles étant surmontée par un grelot qui produisait un bruit affligeant à chaque mouvement de la poupée vivante. Contrairement à la version populaire qui lui attribuait un regard sanguinolent, Melchior se contentait de prunelles vertes bien cachées derrière d'épais cils noirs. Étranges pupilles émeraude qui semblaient regarder tout et rien à la fois, tout interlocuteur semblait être fixé à chaque instant par ce regard qui semblait suivre le moindre mouvement, à la manière des vieux portraits exposés dans les manoirs, hantés ou pas. Pour compléter ce faciès peu avenant, sa mâchoire inférieure semblait totalement désarticulée, sa bouche ressemblant à une sorte de gouffre fétide, orifice buccal dépourvu de langue qui donnait l'impression d'être actionné par un ventriloque des environs. Seule une dent jaunâtre, située au centre de la rangée du bas, émergeait de ce trou des enfers. Il était vêtu de guenilles, trouées aux extrémités, comme rongées par les nombreux rats qui grouillaient dans les coins sombres de son palais à la recherche de chair fraîche que leur maître ne rechignait pas à leur fournir en abondance selon les rumeurs les plus folles. Une cape sombre recouvrait le tout, en particulier l'arrière de son corps. Le look général n'était déjà pas très réjouissant et on était bien tenté de détourner le regard pour contempler les milliers de diamants qui scintillaient dans l'atmosphère. Pourtant, n'importe quelle seconde passée à observer le prince marchand apportait son nouveau lot de surprises. Un des aspects les plus terrifiants de la marionnette sautait moins aux yeux, il fallait l'avoir remarqué... pour ensuite être condamné à y perdre son attention, tellement ce détail était inhabituel. Sur chaque côté du visage de Melchior, on pouvait observer des pommettes saillantes. Jusque-là, rien d'anormal. Sauf que ces pommettes étaient si acérées qu'elles menaçaient de percer ses joues à chaque fois que ses lèvres s'entrouvraient, une goutte de sang verdâtre s'échappant d'ailleurs régulièrement de ces bajoues effroyablement maigres qui s'enfonçaient toujours un peu plus au sein de son visage au teint cireux. Le pantin se tenait aussi droit, très droit, il avait l'assurance d'un être conscient d'appartenir à une classe supérieure. En sa présence, même Natalya semblait mal à l'aise. Ou peut-être qu'elle jouait bien la comédie, comme toujours... Mais était-ce vraiment pertinent de simuler la gêne face à un adversaire de cette trempe ?

« Finalement je n'ai pas très envie d'attendre, annonça solennellement Melchior tout en toisant Natalya de son regard empoisonné, je préfère lancer mon jeu maintenant. On cherchera ton deuxième volontaire après. J'étais le Bouffon du Roi, il y a bien longtemps hihi, mais aujourd'hui je pouvais bien ressortir ma tenue pour l'occasion ! »

Il sortit du dessous de sa cape un ample sac en toile orange qu'il agita sous le nez du garçon le plus proche. « Prends un morceau » proposa-t-il au gamin qui semblait assez terrifié par le personnage. Victor, puisque que c'est comme ça que s'appelait l'enfant grassouillet que Seth reconnut comme étant le fils cadet du boucher, plongea sa main droite dans le sac. Il se mordit la lèvre inférieure et récita mentalement la prière qu'on lui avait appris tout au long de son enfance. Victor s'attendait sans doute à se faire mordre par une vipère affamée ou à plonger sa main dans un tas d'araignées poilues mais il n'en fut rien. À la place, il sortit du sac surprise un petit cube noir qu'il reconnut aussitôt puisque ce petit carré représentait à lui seul la principale préoccupation de ses parents depuis qu'ils avaient vu le jour à Jadawin. En sautillant tout au long de la rangée humaine que les jeunes garçons formaient, Melchior distribua bien vite toutes les gemmes de Zlag qu'il possédait, fragments éparpillés qui avaient coûté de longues heures de travail pénible de la part des mineurs d'Aloué. L'or noir. Celui qui ravageait tout sur son passage. Quand le prince marchand eut fini de se débarrasser totalement de son chargement, chaque gosse avait reçu au moins deux morceaux de minerai qui attendaient avec avidité un propriétaire...

« Mettez-les en bouche, ordonna-t-il en les dévisageant un par un de ses yeux de reptile. Et surtout, mâchez bien... »

Seth s'exécuta. Autant en finir le plus rapidement possible. Alors que les premiers hurlements résonnèrent déjà dans la caverne, Seth eut le temps de voir un dernier geste ambigu du Bouffon. Le pantin souleva sa cape et un petit garçon d'une huitaine d'années en sortit. Plein d'attention, Melchior le prit à bras pour qu'il puisse lui aussi savourer le spectacle à sa guise.

« C'est ta première purge ? demanda Melchior d'un air innocent en fixant délibérément le visage horrifié de Natalya. Comme c'est excitant ! »

Cet enfant qui sortait de nulle part, c'était Berlioz Robertson.


Mardi 9 janvier 2001, 14:18

Anoa dévisagea quelques instants l'immonde reflet que projetait son visage dans la glace. Réfugié dans les toilettes peu fréquentées du deuxième étage. Dans cet endroit, il était tranquille. L'étage avait entièrement été vidé, d'importants travaux de rénovations devaient être effectués dès le week-end suivant. Dans ce refuge provisoire, le jeune garçon se remettait tout doucement de ses émotions. Quelques gouttes de sueur perlaient sur son front cabossé et son teint avait viré au rouge tomate, faute à l'heure de sport qu'il venait d'effectuer. Une odeur d'humidité flottait dans l'air. Agréable selon lui, alors que la plupart des gens auraient rechigné à entrer dans la pièce face à ce parfum peu engageant.

« La course procure un sentiment de liberté, puis un sentiment de plaisir quand les endorphines s'en mêlent avec leur effet anesthésiant et euphorisant. »

Du moins, c'est ce que Madame Hertz leur avait dit... Lui, il cherchait toujours le plaisir dans cette torture communément appelée « course à pied ». Il avait beau essayé d'endurcir son corps mais l'épreuve qu'il subissait presque quotidiennement en compagnie de son cousin ne faisait que diminuer ses capacités physiques, minute après minute, heure après heure, jour après jour. Pourtant, il avait beau souhaiter que son corps récupère tout à coup, comme avant l'accident, son esprit tordu par le temps lui insufflait que la mort serait plus douce et, surtout, plus rapide. À quoi bon s'acharner quand la descente aux enfers est là ? Il n'était même plus capable de trottiner plus de trois minutes et vingt secondes. Une fois ce délai écoulé, son corps lui imposait une marche forcée de cinq bonnes minutes avant de pouvoir espérer fournir le moindre effort à nouveau. La déchéance qu'il observait dans la glace le répugnait, il en arrivait à être dégoûté de lui-même. Quand il était plus jeune, il était pourtant considéré comme un beau garçon, canon pour son âge et le digne successeur de sa sœur. Les compliments de son entourage ne manquaient pas, sa tante disait toujours à son père : « Hé ben, ton fils, il va en briser des cœurs quand il sera ado. » Le problème, c'est qu'il se sentait ado depuis longtemps et que la prédiction ne s'était pas accomplie, loin de là... En même temps, il ne pouvait blâmer personne : qui aurait pu vouloir de son visage défiguré ? Il n'y a que dans les fictions débiles que la victime trouve le grand amour et ça il le savait depuis bien longtemps. On le prenait pour un imbécile mais il avait encore plus ou moins toute sa tête. Sauf au moment où il devait s'exprimer. À chaque fois ça foirait. Les sons se mélangeaient dès qu'il tentait de prononcer un mot... et c'était plus ou moins la même sensation quand il lisait, les lettres s'enchevêtrant de manière toute aussi inédite qu'incontrôlée. En tant que fils de proviseur, du collège-lycée le plus réputé de banlieue parisienne selon ses dires, pas la peine de dire que c'était la honte totale. Son père avait trouvé une parade à toutes ces critiques plus ou moins murmurées à son égard. Handicapé. C'était le mot magique, celui que Jean-Pierre Delmas utilisait le plus au quotidien depuis l'agression. À chaque nouvelle rencontre, il se sentait presque obligé de se justifier de l'état pitoyable de son cadet et le fameux handicapé résolvait bien des problèmes. Mais bien vite, ça n'avait plus suffi. Un nouveau mot avait alors permis d'éloigner définitivement un parasite diminué. Institut.

Saisi par la chaleur et étourdi par l'effort fourni, Anoa commença à se sentir mal. À nouveau. L'air conditionné était vraiment mal réparti dans la pièce et il ne pouvait s'empêcher de penser que c'était un terrible endroit pour installer pareille ventilation qui colportait toutes les odeurs, même les plus ignobles. Il décida de se rafraîchir à l'aide des robinets mis à la disposition des étudiants. Il tritura rapidement le mitigeur de l'évier pour arriver à l'eau la plus glaciale qui soit et laissa le précieux liquide s'écouler, le temps d'enlever sa montre cyan qui n'était pas waterproof pour un sou. Il s'éloigna rapidement de l'évier, le temps d'aller chercher un peu de papier toilette dans la cabine la plus proche. Une fois l'opération effectuée, il retourna près des sanitaires pour humidifier le papier tout en le faisant pivoter dans sa paume pour former une sorte de boule de coton mouillé, bien que ce n'en était pas vraiment une. Le vrai coton étant plus propice à ce genre de manipulation. Il s'essuya les joues pour se rafraîchir un minimum. Ces temps-ci, les bouffées de chaleur qui accablaient son petit corps de quarante-sept kilos revenaient en force. Il se trouvait dans un état de sueur permanente, qui commençait vraiment à lui peser sur le système. Néanmoins, le moral était là. Contrairement aux jours précédents, il se sentait bien, presque heureux, bien qu'il ne savait pas vraiment ce que cet adjectif qualificatif signifiait. Heureux, ça ne s'attribuait pas aux gens comme lui. Rien que le regard des adultes lui confirmaient ce sentiment. Un handicapé ne pourrait jamais atteindre le vrai bonheur, c'est bien connu. Surtout quand l'handicapé en question ne l'était pas quelques années plus tôt...

Il sourit à son reflet dans la glace et crut pendant quelques instants que celui-ci ne lui rendait pas sa pose mais, bien vite, un mince plissement se creusa au coin des lèvres. Mouais, pas encore très convaincant. Il passa alors son éponge improvisée sur son nez qui commençait à peler, puis son front, en massant délicatement les zones plus sensibles. Sans doute pour tenter d'effacer, une fois de plus, les cicatrices qu'il avait à la tempe. Alors que tout son esprit était focalisé sur la tâche à accomplir, une douleur au niveau du bas-ventre le força à s'agenouiller sur le carrelage froid qui composait le sol des toilettes du deuxième étage. Il avait le brûlant, encore une fois, au niveau de sa vessie. S'il avait pu se l'arracher pour que la douleur cesse, il l'aurait fait. Sa respiration s'emballa, ainsi que le rythme de son cœur. Il se coucha carrément sur le flanc gauche, sa poitrine se soulevant à un rythme effréné. Il se demanda un bref instant si c'était à ça que ressemblait un infarctus, cet éclair sournois qui s'abattait sans prévenir sur une multitude de gens qui n'avaient pourtant rien demandé. Comme toujours dans ces cas-là – car ce n'était pas sa première attaque, il le sentait au fond de ses tripes à défaut de s'en souvenir véritablement –, il ferma les yeux et tenta de se calmer. Il s'efforça de penser à un bon souvenir, en compagnie de ses proches, mais sa mémoire ne lui apporta pas de moment particulièrement agréable... À croire qu'il lui était impossible de visualiser un endroit qui l'avait marqué positivement. Tous les synapses de son cerveau commencèrent à entrer en éruption pour trouver quelque chose de passionnant à regarder. N'importe quel décor serait plus sympa que ce plafond à la peinture écaillée, qui présentait des fissures aussi vieilles que l'Institut. Il construisit mentalement une petite plage bien sympa, celle de ses rêves, puisqu'il n'avait pas encore eu la chance de voir la mer en vrai. La texture de l'eau, avec ses flots déchainés et bavants, était différente de la surface le plus souvent plane et lisse qui caractérisait le petit ruisseau qui s'écoulait paisiblement au fond de son jardin. Un vieux panneau routier criblé de plomb indiquait « Gold Coast 5 ». Le ciel azur ne présentait aucun amas moutonneux à l'horizon. Aucun défaut. La perfection du bleu à l'état pur. Le chant des cigales commença à chatouiller ses tympans, avant de laisser placer à une vrai fanfare de cris d'insectes en pleine démonstration de leurs vocalises impressionnantes.

Le visage d'Anoa s'empourpra légèrement, avant de devenir plus livide que le mouchoir qu'il enserrait bien fort entre ses mains qui présentaient des phalanges particulièrement pointues. Ses narines arrêtèrent de remuer pendant quelques instants, signe évident qu'il avait coupé sa respiration mais il ne parvenait pas à comprendre si ce manque d'oxygène était délibéré ou non. Les vagues remplies d'écume s'effacèrent alors, marée basse pour laisser place à une chevelure noire d'encre et un joli minois qui appartenait à la plus belle fille qu'il avait eu l'occasion de croiser sur Terre : sa sœur. Malheureusement, Élisabeth disparut bien vite et Anoa émergea, bien trop rapidement à son goût. Des anguilles électriques parcouraient toujours son bas-ventre mais celles-ci hurlaient moins, la douleur s'atténuant progressivement au gré des respirations bruyantes qui auraient inquiété n'importe quel secouriste formé. Avec peine, il se releva sur ses genoux qui tremblaient sévèrement mais, bientôt, il reprit appui en s'élevant à la force des poignets à l'aide de l'évier. Ses doigts serrèrent l'étain et cela lui permit de retrouver son équilibre, il était maintenant bien ancré au sol. Heureusement que la gravité existait car il n'aurait jamais pu vivre en apesanteur. Il avait besoin de se sentir stable, les deux pieds bien cloués sur une surface plane. Il prit quelques grandes inspirations, afin de se détendre à nouveau. Il rêvait d'une cigarette. La seule fois où il avait goûté en cachette à ce poison, un jeudi pluvieux où son oncle était censé le garder, le tabac l'avait incontestablement relaxé. Contrairement à ce qu'on lui avait dit, la première taffe n'était pas si désagréable. Il n'avait pas toussé, ni trouvé le goût désagréable. Il avait juste l'impression de franchir une étape, une délicieuse barrière, celle du tabou qui était si agréable à briser. Il en avait même fumé deux d'affilée, une Camel et une Marlboro, pour vérifier si la différence était flagrante. Contrairement à ce qu'il pensait, les similitudes étaient plus nombreuses que les points d'opposition, même s'il avait eu une préférence pour la Camel.

Il entendit un léger craquement derrière lui mais le jeune garçon n'eut pas le temps de se retourner. Anoa Delmas hurla intérieurement quand une main poisseuse se plaqua sur sa bouche, les longs doigts griffant la moitié de sa joue gauche. Il se sentit prisonnier, encerclé entre ces bras puissants qu'il ne reconnaissait pas. En un instant, il était passé d'homme libre à otage de son bourreau.

« Relax cousin, murmura une voix familière au creux de son oreille, c'est juste une blague. »

Le capitaine de toutes les équipes de sports qui pouvaient exister à l'Institut relâcha son étreinte et Anoa reconnut avec soulagement Lilian, qui affichait comme à son habitude un sourire enjôleur. Il le dominait d'une tête mais aussi de sa beauté rayonnante, qui contrastait grandement avec le visage rabougri d'Anoa. Avec sa chevelure châtain qui descendait jusqu'aux épaules et ses yeux vairons – le droit luisant d'un bleu glacial et le gauche qui ressemblait au symbole de la terre verte prônée par les écolos –, Lilian avait tout pour plaire. Seule une cicatrice venait faire tâche sur sa peau parfaite, une grosse marque beige qui lui barrait son menton basané. Mais ses muscles au niveau de la poitrine et des biceps compensaient largement ce défaut aux yeux des filles. Il était étonnamment souple pour un garçon et les longues heures de gymnastique pratiquées avaient peu à peu sculpté son corps bien proportionné. Il semblait revenir de l'entraînement de foot, du moins si on en croyait sa tenue. Malgré le sac Adidas noir qu'il portait en bandoulière, Lilian n'avait pas encore eu le temps de se changer. Il était vêtu du traditionnel short lavande – la couleur officielle de l'Institut –, teinte délicate qui ne portait pourtant pas atteinte à sa virilité.

« Co-comment es-tu en-entré i... ici ? bredouilla Anoa qui avait toujours autant de mal à s'exprimer.
— Je suis là depuis un moment, répliqua son cousin en esquivant sournoisement la question. »

Anoa souffrait de sérieux troubles de la mémoire depuis son agression. Et ça, Lilian le savait mieux que quiconque. C'est pour ça que le cadet de la famille Delmas était généralement content de revoir son cousin. Tout visage familier devait apporter de bonnes nouvelles, non ?

Au moment où Lilian Knops sortit de son sac son jouet préféré et le tendit à son cousin, Anoa eut un étrange sentiment de déjà-vu. Quand il attrapa la dague et que le contact fut établi avec sa petite paume striée de lignes de vie, le jeune frère de Sissi acquit la certitude que cette scène s'était produite plusieurs fois par le passé. Que ce soit dans sa chambre ou à l'intérieur même de ces toilettes. Lilian farfouilla à l'intérieur de son sac de sport et en sortit un shot Mickey Mouse. Anoa sut pertinemment ce qu'il lui restait à faire, il avait déjà répété cette manœuvre une dizaine de fois. Empoignant la dague de sa main droite, il s'ouvrit lentement les veines du poignet gauche, en veillant à ce que chaque goutte s'évadant de la plaie se retrouve dans le verre Mickey.

« Comme d'habitude, ordonna Lilian en pointant le haut du verre, tu dois le remplir jusqu'à l'extrémité des oreilles. »

Anoa acquiesça et continua son dur labeur. Il ne broncha pas quand la lame se planta une nouvelle fois dans la peau fine pour créer une ligne de sang supplémentaire. En relevant la manche, il dévoila une multitude de petites cicatrices perpendiculaires aux veines de l'avant-bras. Marques infâmes dont Lilian Knops était lui-même responsable... même s'il avait la perversité de laisser son cousin faire le sale boulot puisque c'est Anoa en personne qui tenait la dague, comme à chaque fois.

Il suffirait qu'il me plante, c'est lui qui tient l'arme après tout...

Cette pensée traversa un instant, et comme à chaque fois, l'esprit du jeune sportif. Mais il se rassurait en se répétant que son cousin, aussi handicapé soit-il, était incapable de la moindre action malveillante. Il était même très probable qu'Anoa n'ait jamais tué la moindre créature vivante, que ce soit une mouche ou un agneau.

« C'est trop long, grogna Lilian, en voyant que le verre ne se remplissait pas assez vite à sa guise, accélère le mouvement ! »

Malgré la consigne, Anoa se contenta de continuer à regarder les gouttes rougeâtres qui s'écoulaient lentement, créant une ombre macabre à ce brave Mickey Mouse. Pris d'une fureur soudaine, Lilian s'empara du verre en veillant bien à ne rien renverser, le posa au sol, avant d'arracher la dague des mains de son cousin. Anoa tenta de protester mais Lilian lui jeta un virulent coup de poing dans la trachée, qui coupa aussitôt la respiration du pauvre garçon qui s'adossa au mur dans l'espoir futile de pouvoir passer à travers pour retomber dans la pièce d'à côté. Souriant à pleines dents, Lilian saisit fermement le poignard de ses longs doigts avant de l'enfoncer lentement dans le corps d'Anoa. Entre le nombril et le pubis. Anoa s'affaissa contre le mur en sanglotant.

« Ne t'inquiète pas, chuchota Lilian d'une voix fiévreuse qui se voulait pourtant rassurante, tout va bien se passer... »

Comme s'il avait fait ça toute sa vie, il enleva délicatement le tee-shirt de son cousin pour mieux observer la blessure. Un rond sanguinolent. Ce qui était logique puisque Lilian avait fait pivoter le couteau de manière circulaire, une fois bien implanté dans la chair de sa victime. Le neveu du proviseur de Kadic rapprocha le verre Mickey de la plaie et le remplit rapidement, notamment en plantant son majeur dans la bulle sanguinolente pour en sortir un maximum de liquide. Une fois le shot rempli, il l'avala d'une traite. Les paupières d'Anoa commençaient à papillonner. Comme toujours, il était ébahi devant ce spectacle, bien que ce n'était pas la première fois qu'il y assistait.

« Ce sang, ce n'est pas à toi, justifia Lilian en s'essuyant les lèvres avec sa manche. Du moins, ce n'est plus le tien. Tu ne fais plus partie de la famille depuis que tu es devenu un être inférieur. À ce titre, il est tout à fait normal que je récupère chaque millilitre du sang Delmas qui coule en toi... car tu ne le mérites pas.
— Tu-tu n'as pas-pas peur de boire le sa-sang d'un inférieur ? bredouilla Anoa qui tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits malgré la douleur. Tu-tu pou-pourrais devenir co-comme moi. »

C'était la dernière chose qu'il fallait suggérer à Lilian Knops. Fou de rage, il attrapa son cousin par le col en hurlant des « Je ne serai jamais comme toi ! » à profusion. Le beau gosse balança Anoa dans la cabine la plus proche et lui plongea aussitôt la tête dans la cuvette. De larges traces brunâtres souillaient la pureté blanche du trône et Lilian écarta ce problème d'une injonction aussi terrifiante que répugnante : « Lèche sale crevard, ou je te jure bien que je te saigne sur place. Et pas juste les tripes, je me ferai un plaisir de t'émasculer avant de te faire bouffer ta sale petite bite molle. » Mort de peur, Anoa s'exécuta. Sa langue émergea d'entre ses dents avant d'atterrir sur les traces de merde qui dégageaient une odeur atroce. Devant la soumission totale de son cousin, Lilian sembla s'exciter peu à peu. Serrant toujours le cou de sa proie en plantant avidement ses griffes dans la peau tendre, il attendit que « la souillon finisse de faire le ménage » selon ses propres dires avant de fracasser le crâne d'Anoa contre le fond du WC. Un bruit sinistre résonna dans la cabine, comme un œuf pourri qui se brise après une longue agonie. Toujours en pleine transe, Lilian abaissa lentement sa braguette avant d'uriner sur les longues boucles brunes de son cousin. Le liquide jaunâtre se mêla au sang qui commençait à s'écouler le long de la cuvette, à l'endroit où le terrible impact avait eu lieu. Lilan sourit, le ventre rempli de spasmes qui allaient bientôt le forcer à rire à gorge déployée face à ce chef d'œuvre qui se trouvait à ses pieds. La première partie de son plan était enclenchée, il fallait maintenant passer à la vitesse supérieure.

Le sportif sortit son téléphone portable de sa poche et s'empressa de composer un numéro qu'il avait mémorisé depuis bien longtemps. Il alla aussi récupérer la dague, qu'il avait abandonnée devant le miroir, seul spectateur du drame qui venait de se jouer, avant de presser la touche « appel » de son mobile. Lilian se réfugia dans la cabine sans prendre la peine de verrouiller celle-ci. Première sonnerie, son interlocutrice n'allait pas tarder à répondre. D'un geste expert, Lilian Knops se trancha la gorge à l'aube de la deuxième sonnerie. À l'autre bout du fil, Élisabeth Delmas décrocha au bout de la troisième sonnerie. C'est le moment qu'Odd Della Robbia choisit pour pénétrer dans les toilettes du deuxième étage. Celles qui étaient censées être infréquentables.
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Ven 04 Aoû 2017 13:24   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
wow!!!! wow!!! wow!!!
Là l'histoire a viré complétement au macabre (tu devrais mettre le rating "fortement déconseillé aux mineurs", ce chapitre arrive facilement dans le top des fics les plus gores et dérangeant écrite sur ce site avec cette scène de knifeplay, vampirisme, scato et watersport).

donc, jim a prit la tangente après les tragédies de kadic, et tente de se remettre avec les fameuses vidéos "comment prendre soin de son bien être en X leçons" (50€ les DVDs), mais il semble que malheureusement pour lui personne n'échappe à sybille et la chancelière (cumulé aux scènes gores, on se croirait dans un épisode de psycho pass).

Et Natalya, toujours aussi soucieuse que jamais avec les jeunes. Mais c'est sa façon à elle d'appliquer la sélection naturelle. trainer de force une bande de garçons nu dans le froid et voir qui résiste. pauvres gosses.
Et finalement, le personnage ayant inspiré le nom de la fic est apparu, tout droit sorti d'un film d'horreur à la dead silence ou batman pour mettre plus de chaos avec son slag (et encore la sélection naturelle), amenant Berlioz dans la foulé (et on dirait que Natalya ne voulait pas que son fils soit au courant de ce genre de purge).
Pas étonnant qu'Aloué semble une si importante place dans l'histoire, c'est parce que tout le reste autour a été rasé par notre famille de sadiques.
Je me demande si Seth et mort ou va survivre.

Et enfin la scène la plus plus marquante (et dérangeante) de la fic, jusqu'à là.
le gars éventrant et buvant le sang de son cousin.
Pauvre Anoa, c'est la descente aux enfers pour lui, Lilian a vraiment atteint le sommet de la cruauté et psychose.
Je me demande ce qu'il a en tête, surtout avec son "suicide" juste après.
Et ce que son plan est centré sur Odd? Dans ce monde difficile de croire que son arrivé pile a la fin du désastre soit une simple coïncidence.

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Ikorih MessagePosté le: Dim 13 Aoû 2017 17:17   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Bon, ma lecture de ce chapitre date un peu mais on va tenter de faire un commentaire quand même, après tout j'avais pris des notes 8D

Citation:
On verra bien avec qui ce cher Berlioz se mariera

En exclusivité la suite du Bouffon du Roi :
Spoiler


Bon, en ce qui concerne Jim qui part en Australie...à la base je me disais que l'internat de fous devait s'y trouver à cause des messages reçus par Odd de sa "2000" (ma plus belle trouvaille 8D), pourtant c'est précisément ce que Jim a plaqué en partant après l'acte 1, donc quel intérêt d'y retourner?
("Les Allumés" c'est bien un nom de merde Mr. Green)
Je retiens la gestion du stress post traumatique : quel traumatisme? M'étonnerait que ce soit la mort de sa femme, a priori il l'a tuée lui-même de sang-froid. Il y a donc autre chose...les castors quand il était garde-chasse au Canada?
Je relève le fait qu'on ait a priori que trois actes : on est pas dans la construction classique de la pièce de théâtre, et ça semble même plutôt court...enfin, puisqu'on ne sait pas précisément ce qui s'y trouve, on va avoir du mal à évaluer o/
En ce qui concerne le comeback de Minho...déjà, le fait de le qualifier de "vrai héros" trahit sans aucun doute une trop longue fréquentation des personnalités les plus égocentriques de ce sous-forum. Ensuite, finalement, qu'est-ce qui prouve qu'il ne s'agit pas d'un nom d'emprunt que divers agents se refilent? Mais vu que sa mort avait été relativement floue, le doute est permis.

Passons à tout ce merdier dans notre monde parallèle (où Odd n'est toujours pas apparu d'ailleurs putain xD)! Visiblement, Seth a été en contact avec Natalya et Melchior quand il était jeune...sachant qu'il a aussi été mentionné comme ayant été au service du tyran, il bouffe vraiment à tous les râteliers! Au moins peut-on être sûrs qu'il a survécu à cette sympathique purge o/
En ce qui concerne Melchior, les descriptions qui en avaient été faites me le renvoyaient plutôt comme quelqu'un de froid et calculateur. Ici, il a l'air beaucoup plus instable. Mais surtout ce que je théorise, c'est que entre son changement d'apparence et le fait qu'il soit là depuis suuuuper longtemps, il a de fortes chances d'être un pantin (le terme est utilisé je crois), ou plutôt une série de pantins manipulés par quelqu'un d'autre : le vrai Melchior?
(Je n'en reviens pas qu'on ait eu une justification du titre dans la fic omg, Melchior est-il si important que ça ou est-ce juste un bon vieux piège à cons?...)
En fait je pense que cette fic sera plutôt "Qui veut traumatiser mon fils" : Berlioz en prend plein la gueule de partout! Point notable cependant : Natalya n'a pas l'air extrêmement content que quelqu'un d'autre lui prenne le monopole du traumatisme infantile. Un soupçon de considération pour son héritier?!

Allez, finissons avec la dernière partie si controversée XD
Le fait que l'activité physique régulière ne fasse qu'affaiblir Anoa est-il lié aux traitements douteux que subissent les enfants à l'institut? Ou c'est juste lui qui est une merde comme son cousin nous l'explique?
Citation:
Il n'y a que dans les fictions débiles que la victime trouve le grand amour et ça il le savait depuis bien longtemps.

Bah...on est au bon endroit non? *se barre*
Sans alimenter la polémique naissante autour de ce chapitre, je trouve Lilian extrêmement décalé par rapport à son âge supposé. Un tel épisode psychotique au collège, c'est pas banal...et je ne saisis pas encore l'intérêt de son geste final, je vois très mal une personnalité aussi égocentrique que lui se suicider et priver le monde de son existence supérieure. Sinon bahh...traumatiser Sissi?
(Sinon le trou rouge sur le ventre d'Anoa m'a évoqué cette chère Alexia, coïncidence? (a))

J'ai pas de conclusion mais tu ne t'en formaliseras pas. Mr. Green
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Minho MessagePosté le: Lun 16 Oct 2017 14:37   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à Ikorih
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Chapitre 8 : Le cœur des hommes



Mardi 9 janvier 2001, 00:30

« Excusez-moi Monsieur... Moralès, c'est bien ça ? »

L'ancien surveillant de l'Institut sursauta au son de cette voix délicieusement féminine, timbre sexué qu'il n'avait plus entendu depuis de nombreux mois. D'un regard vertical rapide, il scanna l'employée de son radar intérieur. Ce qui le frappa en premier, ce fut la fine couche de cheveux blonds soigneusement repliés sur eux-mêmes à l'aide d'un chignon sévère mais toutefois agréable à regarder. Comme toute hôtesse de l'air qui se respecte, celle-ci était particulièrement bien foutue avec son teint de porcelaine qui lui prodiguait une face à peine ridée malgré la cinquantaine d'années qui la séparaient du jour de sa naissance. Ses jambes, étrangement bronzées ce qui contrastait énormément avec son visage, valaient bien l'arrière-train d'une jeunette. Sincèrement, Jim aurait pu se trouver dans une situation beaucoup plus déplaisante au moment où la muse se pencha vers lui, tout en dévoilant au passage deux atouts de taille qui ne passaient pas vraiment inaperçus.

« On m'a demandé de vous transmettre ceci... Bon voyage monsieur ! »

Elle s'éloigna, aussi vite qu'elle était arrivée. Un cri de nourrisson ramena Moralès à la réalité, son esprit ayant déjà divagué vers de meilleurs horizons, et il reporta son regard sur l'étrange colis qu'il venait de recevoir. Ça, c'était bizarre. Le corbeau qui distillait sa relation passée avec Sybille avait changé de méthode pour l'acte final. Auparavant, les feuilles dactylographiées qu'il recevait étaient ordonnées, réunies en un tas parfois lâche mais toujours existant. Aujourd'hui, il avait franchement l'impression qu'on venait de lui confier les dernières volontés d'un ressortissant français retenu captif au fin fond de la jungle birmane puisque les lignes étaient écrites à l'encre foncée sur de larges feuilles de bananier. Mais le sinistre Acte III écrit en lettres d'or infirmait la théorie de l'otage captif. Il détenait bien entre ses mains le dernier chapitre de l'histoire. De son histoire, pour être exact.

Jim aurait peut-être dû se jeter à corps perdu dans les dernières lignes de sa vie passée, celle qui attribuait un point final à l'existence de Sybille. Mais quelque chose l'en empêcha... ou plutôt quelqu'un.

« Vous êtes en état d'arrestation. »

Le cœur de Jim loupa un battement. Devant lui venait d'apparaître un vieux blond vêtu en noir de la tête aux pieds. Son regard, à moitié masqué par des lunettes de soleil imposantes, semblait pourtant fureter dans tout l'habitacle.

« Désolé mon vieux, siffla le nouvel arrivant, je fais cette blague à tout le monde. Ça me permet de constater très vite si mon compagnon de galère d'un jour a quelque chose à se reprocher.
— C'est to-totalement débile, bredouilla Jim qui peinait à se remettre de ses émotions. N'importe qui flipperait en entendant ça...
— C'est peut-être vrai... mais les plus grandes ordures ont craqué quand j'ai prononcé cette phrase. C'est le principal, non ?
— Et que faites-vous de l'innocent qui se montre un peu trop émotif ?
— Rassurez-vous, répondit-il en lui offrant un rictus légèrement macabre, généralement je sais à qui j'ai affaire avant même de faire mon petit numéro.
— Allez trouver votre siège et cessez de m'importuner, répliqua Jim qui se sentait mal à l'aise en si étrange compagnie.
— 25C, c'est bien ici... Je m'étais malencontreusement installé en cabine Business durant toute la première partie du voyage ! »

Pour preuve, il lui montra son billet. Jim mordilla légèrement sa lèvre inférieure. C'était donc Mister allée, qui allait se trouver à sa droite... Il ne pouvait évidemment pas savoir que Mister Hublot, supposément installé à la gauche de Jim mais qui n'avait jamais embarqué à bord de l'avion, avait tout simplement été... empêché par une balle dans la tête. Mais le plus choquant dans tout ça, Jim le comprit en regardant l'identité inscrite sur le billet du passager qui venait d'arriver. C'était un homme que Jim n'avait jamais rencontré. Un homme que Jim connaissait pourtant de réputation. Mais surtout, un homme que Jim pensait mort.

« C'est donc vrai ce que La Chancelière disait, murmura-t-il en dévisageant Minho. Les vrais héros ne meurent jamais...
— Oh, rétorqua le quinquagénaire avec un petit sourire en coin, ai-je oublié de préciser que je ne suis pas un héros ? C'est même plutôt le contraire, je suis né pour buter et non pas pour sauver qui que ce soit. Écoute-moi bien mon gros, tu vas me raconter tout ce que t'as pu voir à l'Institut sinon je me ferais un plaisir de publier la petite pièce qui raconte en détails ta vie passée.
— Je pense que j'ai encore plus peur de La Chancelière que de toi... À choisir, je préfère encore souffrir le moins possible.
— Mauvaise réponse, murmura Minho en lui décochant un regard glacial.
— J'en ai juste marre de ce quotidien de merde. Tu veux me planter ? Très bien, ça me libérera de tout ça, ma mort ne peut qu'être positive pour tout le monde, pas vrai ?
— Je t'ai connu moins dramatique, soupira le quinquagénaire.
— Justement, tu ne me connais pas ! Tout ce que tu sais de moi, c'est les putains de rumeurs qui sont véhiculées, cracha Jim avant de se reprendre et de se remettre à parler plus calmement. Même si t'as quand même l'air d'avoir une idée précise de ce qui est arrivé à ma femme vu ta plume minable si c'est bien toi qui a écrit les deux premiers actes...
— Tu sais quoi ? Lis l'acte final, suggéra Minho en pointant du menton le tas de feuilles verdâtres. On en discute après... »

En soupirant une dernière fois, l'ancien éducateur de Kadic saisit le fameux Acte III et commença sa lecture.

Spoiler


Au moment où Jim lut le dernier mot (ou plutôt l'ultime signe de ponctuation), les lumières de l'avion s'éteignirent simultanément, plongeant l'appareil dans le noir le plus total. Même les traditionnelles lueurs de sécurité semblaient avoir cessé de fonctionner... C'était bien simple, on n'y voyait rien. Quelques cris retentirent, tous imaginaient la panne, cette fameuse panne qui clouerait l'avion au sol provoquant au mieux un retard considérable et au pire une centaine de morts. Jim inspira calmement, son estomac n'était pas encore remonté au niveau de sa gorge donc ça voulait bien dire que tous les passagers ne se trouvaient pas encore en chute libre. Espérons que cela n'arrive pas... Il tenta de se rassurer en se répétant que l'équipage trouverait vite une solution ou bien que ses yeux finiraient tôt ou tard par s'habituer à l'obscurité. Au bout de quelques minutes, alors qu'il sentit un mouvement furtif près de lui, la lumière jaillit à nouveau dans toute la cabine, illuminant les passagers de cette lueur jaunâtre qui les faisait ressembler quelque peu à des Simpson. Il se tourna aussitôt vers Minho – à qui il avait essayé de parler mais silence radio de son côté – et ce qu'il vit à la place du quinquagénaire le terrifia au plus profond de son âme. Un corps. Qu'il identifia aussitôt. Une jeune femme rousse, qui aurait pu être ravissante... si son nez n'avait pas été entièrement arraché. Le travail avait dû être fait au cutter ou au rasoir et ses paupières étaient aussi cousues entre elles. Des lacérations profondes avaient laissé des croûtes sur le front, le menton, particulièrement sur les joues. Ses lèvres avaient été taillées, avec un fameux couteau à vue de nez, pour lui offrir un sourire digne des plus grandes stars... mais dépourvu de dents, seule une incisive pourrie subsistait à l'intérieur de la mâchoire. Hormis ces quelques détails, Sybille n'avait pas vraiment changé. Cette salope avait dû être conservée au frais pendant toutes ces années. Jim voulut laisser échapper un cri de rage face à ces mutilations dont il n'était pas responsable mais c'est à ce moment précis que le pilote lui adressa un petit message personnel via les haut-parleurs de l'appareil.

« Alors Monsieur Moralès, c'est toujours La Chancelière qui vous fait le plus peur ? »

Tous les passagers applaudirent... à l'exception de Jim.



Jour 51 avant l'Apogée

Un jour plus tôt...

Via écran interposé, Melchior avait le physique d’un… pantin, la peau du visage cireuse et les yeux ronds comme des billes qui semblent fixer quiconque osant le regarder. Odd, se sentant mal à l’aise face à cette marionnette démoniaque, préféra reporter son attention sur son interlocutrice pour éviter de dévisager le petit bonhomme plus longtemps.
 
« Détrompe-toi, marmonna Lana après un long silence. Ce n'est pas un jouet, ni un enfant... D'ailleurs, il est bien plus vieux qu’il en a l’air. Même si on combinait l’âge de toutes les personnes présentes ici, on ne le dépasserait pas. Il dirige Jadawin depuis si longtemps ! Ma grand-mère était à son service et sa grand-mère l’était aussi. J’ai suivi la tradition.
— Toi aussi tu…
— Oui, répondit la jolie blonde qui avait déjà anticipé la question du blondinet. C’était ma destinée et je l’ai accueillie à bras ouverts.
— En quoi consiste ton… travail ?
— Réclamer l’Impôt bien sûr ! Vois-tu, si Alexia et Berlioz gèrent les terres chacun à leur façon, il faut bien quelqu’un pour s’enrichir encore et encore. C’est le commerce qui a propulsé Melchior à la tête du pays. La vente… d’épices, d’humains et surtout du Zlag.
— D’humains ? s’étouffa Odd
— Ne t’inquiète pas, il n’est pas intéressé par les blonds.
— Je suis curieux… Tantôt, tu as bien dit qu’il y avait quatre princes marchands. Qui est le dernier ?
— Le tyran. C’est à lui qu’appartient ce train. C’est tout ce qu’il a : les lignes ferroviaires. Mais ce n’est pas pour ça qu’il faut sous-estimer son influence. C’est lui qui recrute et entraîne les meilleurs soldats du pays, il remplit les troupes de Hébron avec des éléments… surhumains. Si tu veux mon avis, c’est le pire des enculés. Tu m’étonnes que ça soit le meilleur pote de Berlioz, c’est le sang qui les excite ces deux-là…
— Pourquoi on n’a pas droit à sa photo ?
— Parce que l’on est dans un de ses trains. S’il fait de la promotion pour ses trois collègues, c’est parce que notre prochain Empereur se trouve parmi eux… plus lui évidemment mais il n’aime pas se mettre en avant dans ces stupides campagnes publicitaires qui ne servent à rien puisque ce n’est pas la population qui va décider de quoi que ce soit. Nous, on doit juste attendre, il n’y a que ça à faire… Dans cinquante-deux jours, on saura enfin qui nous dirigera de manière permanente.
— Mais je pensais que c’était les princes marchands qui vous dirig…
— Oui… jusqu’à l’Apogée. Ce jour-là, il n’en restera qu’un… et les autres devront impérativement se soumettre à sa volonté. »
 
Odd ouvrit les yeux. Le gaz verdâtre s’était dissipé. Lana avait disparu. Il avait retrouvé sa place sur la banquette inconfortable… en face de la femme trop maquillée qui lui adressait un sourire carnassier tout en pointant une lame beaucoup trop aiguisée à son goût à quelques centimètres de son torse envahi par l’angoisse.



Moment présent, toujours sur Jadawin

La tarée avait fini par me faire sortir du train. Overdose de rimmel, raide comme un piquet, maquillée, trop maquillée pour cacher son âge avancé, peau souillée... Tous ces éléments tournaient dans ma tête. Céleste, puisque c'était son prénom comme j'avais fini par l'apprendre, n'avait rien de commode. Ma seule faute, c'était de m'être réveillé en face d'elle dans ce wagon rempli de passagers plus zarbis les uns que les autres. Pourquoi s'en prendre à moi ? Tout en me menaçant avec son espèce de lance extrêmement aiguisée, Céleste avait soudainement décidé de tirer la sonnette d'alarme du train. Cette fois, plus aucune porte n'était verrouillée, comme par hasard, et on s'était rendus dans le petit habitacle qui séparait les wagons pour presser un petit bouton rouge habilement dissimulé derrière une petite trappe peu visible, ce qui est vachement bizarre pour un système d'urgence... La locomotive s'était aussitôt arrêtée et nous avons quitté notre bon vieux wagon pour un paysage aride à souhait. Une sorte de désert de sable rouge, assez flippant en réalité. Ça faisait environ quinze heures qu'on marchait sous une chaleur de plomb. On avait même continué pendant la nuit alors que la température n'était pas retombée mais la folle dingue qui était avec moi continuait de me menacer. Apparement, elle savait tout de ce qui avait pu se passer à l'Institut. Comment Céleste avait-elle pu m'observer depuis Jadawin ? Je l'ignorais... mais elle me torturait avec toutes ses questions auxquelles elle semblait déjà posséder les réponses.

« Non. C’est non. Arrête d’insister. Je n’ai pas envie de te raconter ça. C’est du passé. Rien n’est arrivé. Rien ne s’est passé. Rien. Ma vie est parfaite. Laisse-moi oublier. Laisse-moi…
— C'est du passé Odd, mais il te hante toujours. Et tant que tu ne lui feras pas face, tu resteras coincé ici, sur Jadawin, entre la vie et la mort, comme un connard qui ne peut plus faire la différence entre ce qui est juste ou pas. »

Céleste, pour le peu que j'en avais vu, se tenait toujours très droite et son cou était raide. Lorsqu'elle regardait dans une direction, elle faisait pivoter tout son corps. Étrange démarche... Malgré mon refus de témoigner, la voix inquisitrice de la vieille femme continua d’insister, répétant sans relâche que je dois raconter ce qui avait fini par arriver, que j'aurais dû prévenir mes proches. Mais c’était chose impossible pour moi. Pendant quelques mois après ce fameux soir, ma conscience a continué à me murmurer que je devais agir. Puis, au bout d’un moment, elle s’est tue. Et, bien que je ne l’entende plus et qu’il m’était dès lors facile de l’ignorer, je savais qu’elle était toujours là.
Elle s’est soudain réveillée, depuis que Céleste me parle, m'envahit à chaque interrogation un peu plus dans mon intimité pour me dire que j'aurai pu alerter tout le quartier, la police, les médias. C’est fou ce qu’un coup de fil peut faire… ou détruire d'ailleurs, ça va dans les deux sens.

« Ce n’est pas parce que tu tentes d’oublier que ce genre d’histoire n’arrivera plus. »

Elle avait raison. Voilà pourquoi je me trouve ici, à vous raconter ce qui m’est arrivé entre ma sortie de l'Institut et mon arrivée à Kadic. Je vous en prie, ne me jugez pas trop vite.

Lorsque j’avais douze ans, j’étais en passe de devenir un adolescent normal, peut-être un peu plus fragile que les autres, un peu plus timide et craintif aussi. L'agression d'Anoa sur Lilian m'a finalement poussé à faire plus ample connaissance avec Knops, un élève un peu plus âgé que moi que je détestais mais avec qui je me suis finalement lié d’amitié. Je n’avais jamais eu de « meilleur ami » faute à ma vie de vadrouilleur, contraint de jouer des rôles en permanence, et Lilian fut le premier à remplir ce rôle de bon pote, celui à qui on confie tout et qui partage joie comme peine. Sincèrement, c'est lui qui m'a grand ouvert les portes de l'adolescence perturbée qui m'attendait de pied ferme. Au début, il m’a appris à avoir confiance en moi, à ne plus baisser le regard et à relever les épaules. Un mâle, un vrai, comment devenir un homme en quelques étapes faciles à suivre, la recette miracle que beaucoup cherchent. Et cette voie vers la fin définitive de l'enfance, c'est clairement Lilian qui me l'a montré.

Faut dire qu'après mon opération, j'étais vraiment déstabilisé et je ne savais plus vers qui me tourner. Comme chaque résident de l'Institut, il fallait que je subisse cette foutue incision qui allait me déterminer en tant qu'être humain, en tant que futur citoyen prêt à défendre corps et âme les valeurs de notre établissement au quotidien. Peu de temps après l'accident des toilettes du troisième étage, La Chancelière, intransigeante directrice de l'Institut, m'a demandé de faire mon choix. Elle avait bien évidemment remarqué, via nos éducateurs Jim et Tommy ainsi que nos divers professeurs, que mes capacités intellectuelles se trouvaient largement au-dessus de la moyenne. Pour l'incision, je mettais donc mon futur en balance. L'omniscience ou la normalité. La Chancelière avait cette obsession de modeler le cerveau parfait, qu'elle avait d'abord cru trouver en Lilian, mais son appétit de scientifique avait rapidement jeté son dévolu sur moi. Seulement, après quelques tests, sa satisfaction avait pris pas mal de plomb dans l'aile. J'étais trop faible, selon elle, pour résister à une augmentation neuronale de cette ampleur. Et, comme toujours, elle laissa le dernier mot à l'opéré en question. Aussi dure et butée soit-elle, La Chancelière ne prenait jamais de décision sans le consentement explicite et officiel de son patient.

J'avais donc le choix entre un cerveau encore plus brillant ou l'opportunité de développer un autre aspect de ma personnalité. Je me prenais déjà bien trop la tête à cette époque. Tout ce que je voulais, c'était obtenir ce talent rare de pouvoir vivre dans l'instant et s'abandonner sans souci du regard des autres. Avoir cette désinvolture que tout le monde admirerait et cette facilité de plaisanter en toutes circonstances, cette capacité à supporter le moindre revers de fortune sans broncher. Entre l'intelligence autodestructrice et la possibilité de relativiser avec humour à tout instant, le choix m'est apparu comme une évidence. Je ne voulais plus entendre tous ces mots qui s'échouaient en moi au cours de français, ces chiffres qui s'entrechoquaient sans se concerter en mathématiques, cette grammaire qui s'ancrait instantanément dans ma mémoire en langue étrangère. Être surdoué n'est pas un cadeau, bien au contraire. Plutôt qu'une bonne fée, c'est le diable qui s'est penché sur le berceau à ma naissance. Pouvoir définir son caractère, le choisir entre un milliard de possibilités et de paramètres alambiqués, c'était ça la vraie Innovation de La Chancelière ! Après avoir été mis dans la confidence pour l'incision, j'ai aussitôt compris le changement brutal de Nicolas Poliakoff prétendument dû à une "chute en skate". Il avait juste passé le cap lui aussi. De l'ancien vers le nouveau. Du look cool au négligé. Le surdoué qui s'efface pour faire place au débile. J'avais bien prévenu que je ne voulais pas être aussi attardé que lui, bien que je doute qu'il désirait vraiment cela pour lui-même... Imprévu lors de son opération ? Nul ne le saura jamais.

L'Institut, c'est un peu comme les vacances au soleil. Le bronzage à la surface disparaîtra avec le temps mais les souvenirs resteront gravés à jamais. Quoique, dans mon cas, j'avais peur que cette cicatrice morbide ne soit trop visible, une coquille d'œuf fissurée que beaucoup d'opportunistes s'empresseraient de casser définitivement. Six centimètres de chair labourée sur le crâne, ça se remarque quand même... D'où les cheveux longs, qu'ils tombent en cascade sur mes épaules ou qu'ils soient relevés en pointe d'ailleurs, je dois reconnaître que la deuxième méthode est bien plus efficace. Avec une coupe courte, ma cicatrice aurait sans aucun doute été bien plus visible, ce qui aurait entrainé tout un tas de questions gênantes auxquelles je n'aurais pas forcément eu envie de répondre. Mais une chevelure, même originale et cool comme la mienne, ne masque pas tout. Après chaque douche, une fois mes cheveux blonds mouillés entièrement, il me suffisait d'écarter quelques mèches pour entrevoir la marque d'infamie qui a pourtant fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Les chats n'aiment pas l'eau, ça doit être pour ça. Si j'apprécie encore faire quelques cascades à la piscine de temps à autre, c'est plus pour l'adrénaline de la chute que pour l'impact réel avec cette surface liquide qui m'attire autant qu'elle me répugne. Sincèrement, se retrouver entièrement trempé de la tête aux pieds me procure à la fois la pire et la meilleure sensation que mon organisme puisse ressentir, si l'on exclut tout ce qui est sexuel bien entendu.

Je m'égare mais je parlais de la période post-opération à la base. Au début, j'ai eu peur. Vraiment. Déjà, je ne percevais plus vraiment les couleurs. Pendant quelques jours, tout me semblait divisé en deux, noir, blanc... voire gris mais n'est-ce pas juste un savant mélange des deux teintes précédentes ? Pour le coup, je pensais me rapprocher de l'œil relativement vif de Kiwi mais il paraît que leur vision "digne des plus vieilles pellicules de films" n'est qu'une vaste légende à laquelle beaucoup adhèrent sans se poser plus de question. J'ai fini par apprendre que le spectre de vision du chien est juste beaucoup plus étroit que le nôtre. Il se limite au jaune et au bleu pour un résultat qui est plus proche d'une vision monochromatique que d'une vision colorée. Du coup, j'avais juste l'air d'un abruti qui avait du mal à distinguer une pomme d'une orange de loin. Heureusement, les très chères couleurs qui titillent les sens ont finir par revenir, progressivement, d'une teinte moins grisée vers une autre plus brunâtre. Côté audition, c'était pas top non plus. Des acouphènes permanents et extrêmement aigus me hantaient à chaque endroit, à tout moment de la journée ou de la nuit. Le seul remède que j'ai pu trouver ? De la bonne musique commerciale à plein volume, en boucle, les écouteurs bien enfoncés, ce qui me convenait parfaitement moi qui avais vraiment besoin d'être coupé du monde à cette période. Mais on ne peut pas rester isolé éternellement quand on est au plus bas, et c'est là que Lilian est intervenu.

Au bout de quelques mois, il m'a présenté à ses trois demi-frères. Tous plus âgés : 15, 17 et 19 ans. Tous m’ont accueilli comme le nouveau petit frère, j’étais de loin le plus jeune, et je me sentis très vite à l’aise parmi eux. Petit à petit, je me mis à les fréquenter constamment. La sensation d’appartenir à ce genre de groupe était fantastique, je me sentais fort et fier.
Lorsque nous étions ensemble, nous aimions bousculer et charrier d’autres personnes. Je découvris que je n’étais plus du côté de ceux qui s’effacent et cela me plaisait.
Au fil des mois, nos moqueries devinrent plus physiques voire plus violentes. Nous aimions surtout suivre et parler à des jeunes filles. Elles se sentaient terriblement gênées à la moindre petite remarque. Cela nous faisait rire. Parfois, l’un d’entre nous osait se montrer plus tactile. Cependant, tout cela ne restait qu’un jeu… jusqu’à ce fameux soir.

Ce jour-là, nous avions tous bu plus que coutume et je rentrais avec Lilian, Léo, Robin et Max (Knops pas Stones hein) par les petites rues du quartier Nord de la ville. Il n’y avait personne. Tout était calme. C’est en arrivant Rue de la Chapelle Exquise que nous l’avons croisée. Elle pressait le pas, ayant surement hâte de rentrer au chaud chez elle. Comme d’habitude, nous lui avons lancé quelques remarques auxquelles elle n’a pas répondu. Pour faire le malin, Max l’a suivie, essayant de lui soutirer son numéro. C’est vrai qu’elle était belle avec ses grands yeux bleus et ses cheveux auburn. Je ne me souviens plus très bien mais nous avons fini par la coincer. Je revois son air effrayée qui nous a fait tant rire. Et c’est là que tout a dégénéré. D’un seul coup, nous n’étions plus des hommes, mais des animaux. Je ne sais plus qui a eu l’idée mais nous l’avons attrapée et enfermée dans la voiture de Max. Puis, nous sommes allés dans son appartement… Je ne suis pas encore prêt à raconter ce qui s’y est passé. Nous avons fini par la relâcher deux jours plus tard.
Les jours suivants, nous nous ne sommes pas revus. Jamais. Nous avions honte... enfin, surtout moi je pense. L'opération chirurgicale nous avait transformés en monstres, en pantins totalement incapables de retenir les pulsions terrifiantes qui naissaient au sein de nos organismes affaiblis. Si j'ai préféré éviter les garçons, la fille par contre je l'ai recroisée... Toutes les excuses au monde n'auraient pas suffi, du coup j'ai soutiré de l'argent à mes parents pour lui envoyer. Pas vraiment pour qu'elle garde le silence... plus pour me faire pardonner, même si l'argent achète tout sauf une nouvelle virginité. Au final, on était presque amis, c'est pas vraiment à moi qu'elle en voulait... Enfin si, mais bon, j'étais quand même le seul à avoir fait un pas vers elle. Même quand on ne se voyait plus, on continuait de chatter sur Internet. Elle avait un pseudo marrant, Malicia2000, qui combinait à la fois son surnom et sa prétendue date de naissance.

Malgré cet échange peu conventionnel, j'ai quand même vraiment tenté d’oublier cette affaire. Je me suis repris en main, j’ai entamé des études dans une prestigieuse école privée de la banlieue parisienne, j’ai bossé dur pour sauver le monde, je ne suis pas retourné dans le passé, enfin si à cause de Belpois mais pas jusqu'à ce passé si obscur. Je me suis finalement persuadé que j'avais définitivement tourné la page. Et pourtant, j’entends encore ses cris dans mon sommeil.

« Tout ça, c'est parce que t'étais en mal d'amour mon p'tit Odd ! »

Ça y est, au son de sa voix, j'entendais déjà que Céleste retombait dans un de ses délires mystiques. Elle passait son temps à réciter des monologues les plus flippants les uns que les autres ! Voulez un exemple ? Suffit de demander !

« L'amour ? Pourquoi tu le cherches autant ? Pourquoi tu n'essayes pas de tomber amoureux de... toi-même pour commencer ? Ça te rendra moins con et t'empêchera de courir après une illusion dans laquelle tu penses que tout ira mieux alors que tu n'as encore rien compris. En avoir "marre du célibat"... Regarde-toi dans le miroir, accepte-toi et sois toi-même ? Qui es-tu derrière ce masque d'humour permanent ? Oh dis donc c'est pas mieux ce que tu vois en dessous de cette surface polie par les blagues débiles que tu peux faire ? Tu comptes plaire à quelqu'un alors que tu ne sais même pas qui tu es et que tu joues un rôle dès que quelqu'un se trouve dans la même pièce que toi ? Moi je ne pense pas que l'amour te rendra plus complet, l'amour ne te permettra pas d’assouvir tes fantasmes, l'amour ne te rendra pas moins seul. La vérité mon frère, c'est que tu es né seul, tu vivras seul et tu mourras seul. L'amour ne sert pas à tromper ta solitude, désolé, ouvre les yeux.
Deux personnes qui s'aiment ? ... Tu penses avoir une bonne complicité avec la première fille que tu croises, tu te moques des autres couples, tu penses que dans ton futur solide couple vous agirez d'une manière différente, responsable, tu penses être intouchable, tu penses vraiment aimer sans en souffrir ? L'homme est radicalement corrompu et rien de bon ne peut sortir de lui, en particulier lorsqu'il s'avise de tomber amoureux. Ouvre les yeux. À la recherche du premier ou de la première venue qui te correspond. "Te correspond". Tu penses vraiment que tu vas pouvoir choisir désormais ? Ouvre les yeux. À la recherche du premier ou de la première venu(e) qui va te servir à combler le trou dans ton petit cœur à défaut de combler le sien ? On ne réclame pas l'amour. On ne compte pas les jours de célibat en se disant que le temps presse. Ouvre les yeux.
À lâcher des pleurs ou des moqueries quand quelqu'un te dit non. Commence par te dire oui à toi-même. Et quand bien même, réfléchis à qui tu as en face de toi, on ne cherche pas tous à répondre à un caprice, on cherche peut-être juste la personne qui en vaut la peine. Ouvre les yeux.
J'ai été en couple, n'en doute pas. Mais quel genre de couple ? Je pensais tout avoir, bien plus que certains quand je vous observe. Mais quel couple ? Il y a un classement ? Une échelle qualitative ? Qui juge ... ?
L'amour me fatigue, être en couple me fatigue... Observer le jeu des célibataires et les évolutions de discussions entre eux me fatigue... Je me demande pourquoi je me fais prendre au jeu parfois... Peut-être pour me moquer... Ou peut-être qu'on est tous pareils au fond et qu'aujourd'hui je suis juste frustrée, seule dans ces cieux en train de manger des chips tout en vous observant.
Observer en silence... l'amour aujourd'hui, une nécessité, une mode... Ce monde me fatigue, et toi aussi. Malgré tout, j'avoue que j'ai un peu craqué sur ta mèche rebelle. Je suis actuellement dans mon lit, et toi tu es aussi dans ton lit Odd, le problème c'est que l'un de nous deux n'est pas à la bonne place. »

Putain mais elle est tarée ou quoi cette bonne femme ?! Déjà elle n'est pas du tout dans son lit, elle est derrière moi à me menacer avec cette saloperie de lame depuis des heures ! J'aurais pu tenter quelque chose, la désarmer, mais j'avais en quelque sorte besoin d'elle. Après tout, elle m'avait quand même tiré du train. Si je m'en débarrassais maintenant, où aller ? Il n'y a que du sable à perte de vue... Au moins, Céleste saura où passer la nuit. Enfin, j'espère... Elle doit bien m'emmener quelque part même si elle est cinglée, non ? Perdu dans mes pensées, ce fut assez simple de revenir sur terre (ou sur Jadawin plutôt) quand une pression assez violente s'exerça dans le haut de mon dos.

« Allez, accélère un peu la cadence ! ordonna une voix qui me semblait familière. On est presque arrivés, ça serait con d'être en retard ! »

En retard ? On avait donc rendez-vous avec quelqu'un... ou peut-être qu'on a juste un autre train à prendre, je suis perdu avec tout ça moi.

« Je t'autorise à te retourner, déclara Céleste, il est temps que tu rencontres en personne notre tyran... »

C'est sans doute le mouvement que je n'aurais jamais dû faire dans ma vie. En me retournant, j'aperçus la personne qui me répugnait le plus au monde. La seule que je serais prêt à tuer. Et aussi fou que cela puisse sembler, je n'étais qu'à moitié étonné. C'est comme si j'avais senti sa présence, cette odeur de cendres qu'il trimballe toujours avec lui. Premier élément visuel qui me marqua : cheveux autrefois châtains et maintenant complètement blondis par le soleil tout en restant formés de longues boucles soyeuses qui descendaient jusqu'aux épaules. Deuxième chose marquante : les yeux vairons, la caractéristique immanquable. Le droit luisant d'un bleu glacial et le gauche qui représentait la seule touche de vert du paysage. Même s'il semblait avoir vieilli, il n'avait en réalité presque pas changé. Après cette semi-stupéfaction, je réussis enfin à ouvrir la bouche pour poser la question qui me brûlait les lèvres.

« Lilian ?! Mais que... que fais-tu ici ?
— Tu pensais vraiment être le seul de notre monde à atterrir dans les limbes ? ironisa-t-il en m'adressant un sourire détestable. On est à cinq dans cette histoire mon pote, ne l'oublie jamais. »

Pourquoi lui ?! Putain mais c'est pas vrai, c'est vraiment un cauchemar cet endroit !

« Tu n'as pas idée à quel point, murmura Lilian Knops en me dévisageant. Eh oui, je sais tout de tes pensées mon cher Odd... Tu es mal barré, c'est moi qui te le dis ! Va falloir se mettre rapidement au boulot Della Robbia, on a pas mal de bons moments en tête-à-tête à rattraper... »
_________________
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Dernière édition par Minho le Ven 27 Oct 2017 07:01; édité 1 fois
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