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 Auteur Message
Ellana MessagePosté le: Lun 08 Jan 2018 20:39   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !

Spoiler


Après un chapitre physiquement violent, renouons avec le psychologique, sans pour autant délaisser le physique !

Bonne lecture !


-------------------------------------------------------------------------------------------------------


Chapitre 10 : La mort de l’innocence


Aelita, Jérémie, Ulrich et Yumi se tenaient devant la porte de la chambre d’amis. La première était la seule à avoir un visage serein.

- On se le fait à pierre / feuille / ciseaux ? proposa Yumi.
- Honneur aux dames.
- Jérémie ! Dans ce cas-là, la galanterie voudrait que tu te sacrifies !
- Ce n’est pas très moderne, surtout pour moi qui suis un fervent défenseur de l’égalité des seeeeeee...

La phrase de Jérémie se termina dans un petit cri plaintif lorsque Aelita ouvrit la porte et le poussa dans la pièce. Elle eut juste le temps de s’y glisser avant que la porte ne se referme, barricadée par un champ de force.

- Bon au moins, on a notre réponse, soupira Ulrich. Allons voir ce que nous réserve le bureau.

Yumi hocha la tête, de plus en plus nerveuse.

- Qu’est-ce que c’est ton cauchemar ?
- Ma famille morte. Je ne sais pas trop comment je suis censée en triompher. Je ne peux pas franchement les ressusciter. S’il y a bien un truc définitif, c’est la mort.
- Personne n’a jamais réussi à le prouver.
- Ulrich, je t’en prie… Tu crois vraiment que c’est le moment de s’engager dans un débat théologique ? Surtout face à un adversaire qui est une intelligence artificielle ?
- Peut-être pas.

Une fois à l’étage, Yumi se dirigea vers la chambre. Ulrich resta devant le bureau, conscient qu’il valait mieux la laisser seule pour l’instant.

- Sissi ?
- Elle dort, chuchota Odd en réponse.

Yumi entra dans la pièce. La poitrine de William se soulevait à peine mais Sissi, allongée contre lui, ne cessait de s’agiter dans son sommeil.

- Je ne sais pas comment elle fait pour dormir autant.
- Elle s’en voudra à mort quand elle se réveillera, elle voulait veiller sur William.
- T’inquiète, je suis là pour ça !

Odd avait perdu son ton enthousiaste. Yumi ne savait pas si elle devait se réjouir ou s’inquiéter. D'une certaine manière, cela éloignait les soupçons qui pesaient sur lui mais s'il perdait espoir à son tour, quel optimisme leur restait-il ?

- Jérémie et Aelita sont dans la chambre d’amis. Du coup, le bureau est pour moi.
- Tu vas t’en sortir comme une chef et dans vingt minutes max, on est dehors en train d’appeler les secours pour William.
- Croisons les doigts.
- Yumi, attends.

Cette fois, la japonaise s’inquiéta. Odd avait un air grave et lorsqu’il se redressa, elle vit qu’il tenait dans sa main une feuille couverte de dessins d’araignées noires.

- Quoi ?
- Je t’assure que la feuille qui était dans la cuisine, c’était celle de William. Je n’ai pas conduit Ulrich dans un piège, je n’ai voulu mettre personne en danger. Je te le jure sur ce que j’ai de plus cher. Je ne sais pas comment les dessins ont pu s’inverser.
- Je te crois, Odd.
- Tu pourras le dire à Ulrich, s’il te plaît ?
- Compte sur moi.
- Merci. Bon courage pour ton cauchemar.

Yumi hocha la tête en guise de remerciement et rejoignit Ulrich qui lui demanda timidement :

- Alors ?
- Toujours vivant. Rassure-moi, pour toi, qui surveille qui ?
- Sissi surveille Odd. Je ne lui fais plus confiance.
- C’est bien ce qui me semblait. Tu devrais lui laisser le bénéfice du doute.
- J’aimerais bien, Yumi. Ce serait plus facile pour moi d’accuser Sissi ou William, il n’empêche que ce n’est pas Odd qui est en train de mourir sur ce lit !

Yumi se tut. Elle avait peur qu’insister ne la rend suspecte aux yeux d’Ulrich. Elle connaissait assez son absence de limite quand il s’agissait d’être borné. Elle préféra changer de sujet.

- Ulrich ?
- Oui ?
- Dans le jeu, c’était moi le zombie.

Le garçon haussa un sourcil.

- Tu trouves que ça a encore de l’importance ?
- Je voulais que tu saches que tu aurais été le premier que j’aurais essayé de contaminer. Parce qu’avec toi à mes côtés, je me sens plus forte.

Ulrich observa son amie. Ses yeux timidement baissés, son sourire en coin, ses joues rosies. La lueur de la bougie ne la mettait pas à son avantage mais elle restait tellement belle.
Les doigts d’Ulrich se serrèrent un peu plus sur ceux de Yumi.

- Je serai toujours à tes côtés.
- Je sais. Moi aussi.
- Forcément. Prête ?

La japonaise hocha la tête et ouvrit la porte. Un souffle éteignit sa bougie tandis qu'ils avançaient dans la pièce. La première chose qui la saisit fut l’obscurité. Elle demanda aussitôt :

- Il n’y a pas de champs de force ici ? On aurait pu sortir par là depuis le début ?
- Ne nous réjouissons pas trop vite. J’ai l’impression que XANA ne veut juste pas qu’on voit trop vite ce qui se passe.
- C’est stupide, il doit y avoir trois spectres jouant le rôle de ma famille. Pourquoi il veut maintenir le suspense ?

Par acquis de conscience, Ulrich essaya de rouvrir la porte. Il n’y parvint pas, comme si celle-ci était fermée de l’extérieur.

- On va dire que c’est normal, soupira-t-il.
- Ulrich, j’ai peur.
- Je te rappelle que c’est le but.
- Oui mais là, ce qui me fait peur, c’est de ne justement pas savoir à quoi m’attendre. Si j’avais vu tout de suite les cadavres de mes parents et de mon frère, j’aurais été fixée mais là… Je ne comprends pas ce qui se passe. Qu’est-ce qu’on doit faire ?

Ulrich ne sut quoi répondre. Pendant de longues minutes, ils ne perçurent que leur propre souffle. Ils ne voyaient rien. L’obscurité complète et le silence pesant faisaient monter de plus en plus d’angoisse en Yumi.

- Ulrich, qu’est-ce qu’on doit faire ? répéta-t-elle.
- Je n’en sais rien, c’est ton cauchemar. Qu’est-ce qui te fait peur à part voir mourir ta famille ?
- Les mêmes choses que tout le monde j’imagine : me noyer, brûler vive, souffrir, étouffer, perdre quelqu’un, les psychopathes. Je n’aime pas trop les araignées, les serpents, les scorpions, les requins, les insectes. Et je déteste ne pas comprendre. Je crois… Je crois que j’ai peur de l’inconnu.
- Bon, on va attendre et éviter de faire une psychanalyse, XANA nous montrera sans doute ce qu’il veut.

Comme pour confirmer, un grésillement retentit, les faisant sursauter. Un écran s’alluma soudain.

Sûrement un ordinateur, songea Ulrich.

Personne ne savait vraiment à quoi ressemblait le bureau de Hopper. Avec un peu de chance, il s’agissait d’un bureau ordinaire. Un meuble soutenant un ordinateur et couvert de paperasses, peut-être une bibliothèque et des bibelots.
Loin de ces préoccupations, Yumi fixait l’écran. Il ne montrait qu’une porte mais la jeune fille la reconnut aussitôt. Elle avait l’impression de se tenir devant, comme si la scène avait été filmée à travers les yeux de quelqu’un. Ou de quelque chose.
Une main se leva pour frapper. Quelques secondes s’écoulèrent avant que la porte ne s’ouvre. Yumi eut le souffle coupé en voyant Hiroki apparaître devant elle. Il fronça les sourcils, mimique qu’elle ne connaissait que trop bien, et demanda :

- Vous êtes qui, vous ?

La caméra se tourna vers la rue. Déserte. Elle revint sur Hiroki et cette fois, les deux mains apparurent dans le champ de vision, repoussant le garçon à l’intérieur de la maison.

- Hey !

Le cri du garçon fut à moitié couvert par le claquement de la porte.

- Hiroki, qui est-ce ?

Yumi sentit son cœur s’accélérer. Tout était bien trop réel. La voix de son père venant du bureau, sa mère sortant de la cuisine, adoptant le même froncement de sourcils que son fils.

- Vous désirez, Monsieur ?

Le cri de Yumi fit écho à celui d’Akiko lorsqu’un éclair traversa Hiroki. Le garçon tomba sur le sol, les bras serrés sur la poitrine. Takeho arriva en courant.

- Qui êtes-vous ?

Pour toute réponse, un chuintement retentit et un katana apparut sur l’écran.

- Non !
- Calme-toi, c’est un montage, assura Ulrich en souhaitant de tout son cœur avoir raison.

Cramponnée à son bras, Yumi n’arrivait pas à détourner les yeux. Le premier coup fut pour Hiroki, qui avait péniblement réussi à se relever. À nouveau, les hurlements de Yumi et Akiko se mêlèrent. Le garçon regarda quelques secondes le bras tombé au sol. Il n’eut pas le temps de tourner la tête vers son épaule ouverte sur un flot de sang. Son corps s’effondra et il avait à peine cessé de bouger que la lame du katana s’enfonçait dans le ventre de Takeho.
Ulrich réussit enfin à réagir, attirant Yumi contre lui, enfouissant son visage dans son t-shirt.

- Ne regarde pas. Ne regarde pas. C’est un montage, tout ça n’est pas réel.
- Dans ce cas, pourquoi ne pas regarder ? susurra XANA alors que la vidéo se mettait sur pause. Si ce n’est pas réel, quel risque y-a-t-il ? N’est-ce pas, Ulrich ? Tu sais mieux que quiconque à quel point des choses irréelles sont sans impact sur la situation.

Yumi serra un peu plus ses doigts contre les hanches d’Ulrich. Le jeune homme ne sut quoi répondre à XANA qui poursuivit :

- De toute façon, vous ne pourrez sortir qu’une fois la vidéo finie. Vous n’êtes pas les maîtres du jeu.
- Yumi, plus vite on aura fini cette vidéo, mieux ce sera. Je sais que ce n’est pas agréable mais dis-toi que ce n’est qu’un film d’horreur. Un film d’horreur de très mauvais goût, d’accord ?

La jeune fille hocha la tête, les paupières serrées à se faire mal. Elle inspira profondément et défia l’écran du regard.
La caméra zooma sur le visage incrédule de Takeho. Il posa bêtement ses mains sur la lame qui s’enfonça un peu plus. Yumi eut un haut-le-cœur en la voyant ressortir dans le dos. Akiko hurla encore et Ulrich sut qu’il n’oublierait jamais ce son déchirant.
Lent et sadique, le katana remonta jusqu’à la gorge de Takeho, tranchant les chairs sans aucune difficulté. Il ressortit violemment, accompagné par un torrent de sang. La caméra se tourna vers Akiko et Yumi comprit que le pire était à venir.
Sa mère le sentit aussi. Profitant du fait que l’agresseur secouait son katana pour en enlever le sang, elle se rua vers la porte. Un éclair, bien plus puissant que celui adressé à Hiroki, lui arracha une main. Elle tomba à genoux, le visage baigné de larmes, n’ayant même pas la force de hurler. Elle leva les yeux vers son tortionnaire et Yumi prit de plein fouet son regard. Un regard où incompréhension, douleur et peur se mêlaient.

- Qu’est-ce que vous voulez ?

Il n’y eut pas de réponse. Un second éclair réduit en cendres la main restante d’Akiko qui perdit connaissance. Ses pieds brûlèrent à leur tour. L’inconnu sortir une fiole de sa main et versa méticuleusement son contenu sur le visage de sa victime. En quelques secondes, il n’en restait rien. L’acide rongea la chair à une vitesse surprenante, ce qui n’empêcha pas Yumi d’en voir assez pour vomir.
Par pure gratuité, l’agresseur donna quelques coups de pieds dans le visage d’Hiroki. Ulrich sentit Yumi se recroqueviller un peu plus à chaque craquement. Il était à deux doigts d’être mal mais il ne pouvait pas laisser son amie affronter seule cette vidéo d’horreur.

- Tu triches, petite, tu ne regardes plus, susurra XANA.

Secouée par les sanglots, Yumi n’avait même pas eu conscience de fermer les yeux. Elle n’en pouvait plus. Elle ne voulait pas croire à la réalité de ce qu’elle voyait mais quelque chose lui soufflait qu’il n’y avait aucun trucage.

- Allez, ne pleure pas, ma chérie. Je te mets la fin de la vidéo ?

Malgré elle, Yumi releva la tête vers l’ordinateur. L’image se remit à bouger et soudain, le spectre se mit devant un miroir. L’image d’un homme ne resta que quelques secondes avant de se métamorphoser.
Yumi regardait désormais son clone sourire à l’écran.

- Tout ça c’est ta faute. Sans toi, ils seraient encore vivants. Dommage.

Avant que Yumi ait pu réagir, la lumière s’alluma. L’ordinateur était posé sur un bureau, à côté duquel reposaient trois cadavres. Seul Takeho était nettement reconnaissable mais Ulrich ne doutait pas de l’identité des deux autres corps.
Les nerfs de Yumi n’encaissèrent pas le choc. Avec un hurlement terrorisé, elle se précipita vers la porte qu’elle tenta d’ouvrir sans succès. Elle secoua la poignée, frappa le bois de la main et de l’épaule mais rien ne bougea.

- Yumi, calme-toi.
- Je veux sortir ! Je veux sortir, putain !
- Ce ne sont que des spectres. Cette vidéo est fausse, ta famille va bien. XANA a attendu pour que tu te retrouves dans un état d’esprit angoissé, pour que tu te mettes à croire à une chose qui n’est pas réelle.
- Va donc demander à William si vos cauchemars ne sont pas réels, se moqua la voix. Tu crois que je me donnerais tant de mal pour au final vous ménager ? Bande d’idiots.
- Ne le crois pas. Je t’en prie, ne le crois pas.

Mais Yumi n’entendait plus Ulrich. Il y avait trop de détails réalistes pour qu’elle puisse croire à une mise en scène. À commencer par le fait que sa mère n’avait pas cherché à savoir si elle était bien arrivée.

- Ils sont morts à cause de moi… Parce que j’ai combattu XANA. Pourquoi ça tombe sur moi ? Pourquoi Aelita a eu un pauvre loup alors que moi, ma famille est morte ? Pourquoi Odd va s’en sortir tranquillement sans rien dessiner ? Pourquoi c’est moi qui dois payer autant alors que j’étais la première à vouloir éteindre le Supercalculateur ?

Malgré les larmes sur ses joues, Yumi ne ressentait plus aucune tristesse. Sa voix était soudain devenue un concentré de colère, à un tel point qu’Ulrich ne la reconnut pas et prit peur à son tour. Et si c’était elle le spectre ?

- Yumi, il faut d’abord que tu te calmes. Dans le meilleur des cas, cette vidéo n’était qu’un montage et ces corps sont des spectres. Dans le pire des cas… Dans le pire des cas, on ne peut plus rien faire, si ce n’est essayer d’éviter un autre drame de ce genre.
- C’est facile pour toi de dire ça ! Qu’est-ce que tu as vu dans cette cuisine ? Moi en train de rouler des pelles à William ou à quelqu’un d’autre ? Tu réalises un peu le gouffre qu’il y a entre ça et tes parents morts à tes pieds ?
- Yumi, ce n’est pas ma faute.
- Si ! Bien sûr que si, c’est ta faute, c’est entièrement ta faute ! Si tu n’avais pas existé, je n’aurais jamais été liée à Lyoko, je n’aurais jamais affronté XANA, je ne vous aurais jamais connu, je ne serais pas dans cette foutue maison à cette heure, je serais avec ma famille, chez moi, à l’abri de tout ça ! Loin de vous, loin de toute cette merde !
- Yumi, ce n’est pas ma faute !

Ulrich avait haussé le ton à son tour. Il puisait sa force dans l’espoir que tout ce qu’il voyait n’était qu’un leurre. Il arrivait à se convaincre et à croire en ce qu’il disait, il fallait juste qu’il aide Yumi à y croire aussi.

- Quel intérêt XANA avait-il à détruire ta famille ? C’est nous qu’il veut. Il n’a jamais réussi à tuer quelqu’un du temps où il était puissant, pourquoi ça aurait changé aujourd’hui ? Il ne pouvait pas entrer dans la maison sans qu’on s’en rende compte, il aurait déclenché les alarmes. Même avec plusieurs spectres, monter les corps à l’étage aurait fait du bruit, quelqu’un l’aurait entendu, Kiwi aurait aboyé. Ça ne peut pas être réel, tu m’entends. Et dans tous les cas, ce n’est pas ma faute !

Les pleurs de Yumi s’estompèrent puis se turent. Ulrich crut qu’il avait réussi à la toucher et ne remarqua pas la lueur inquiétante dans ses yeux.

- Tu as raison. Je dois rester calme, c’est comme ça que je m’en sortirai le mieux.

Approuvant d’un hochement de tête, Ulrich serra son amie dans ses bras.

- A la bonne heure, Yumi, susurra la voix. Tu as toujours été plus futée que les autres. Alors pour toi, je suis prêt à faire un geste. Offre-moi ce que je veux et tu seras libre.
- Cause toujours, marmonna Ulrich.

L’ordinateur s’éteignit sans que XANA ne rajoute quoi que ce soit. Constatant que Yumi ne bougeait pas, Ulrich en profita pour récupérer le dessin posé sur le bureau et le chiffonna.

- Tu crois que le fait d’accepter sans devenir folle équivaut à avoir battu ce cauchemar ? finit par demander la japonaise.
- J’en suis sûr.
- Alors, dégageons de là.
- Attends Yumi, il faut qu’on parle de Odd.
- Ulrich…

La voix de la japonaise comportait un avertissement que son ami ne prit pas en compte.

- Tu ne peux pas te voiler la face.
- Ne recommence pas… S’il te plait, je n’ai pas la force de plonger dans les suppositions et accusations.
- Il n’y a plus de doute.
- Je ne veux pas rendre Odd responsable de tout ça.
- Mais ouvre les yeux, bon sang ! Il avait choisi de mettre un cauchemar dans le bureau plutôt que dans la salle de bain. Pourquoi ? Pour qu’on ne découvre pas les corps avant ! D’ailleurs, c’est impossible qu’il ne les ait pas vus en mettant la feuille.
- La pièce était plongée dans l’obscurité, nous avons aussi mis du temps à les voir.
- C’était dans le contexte de ton cauchemar ! Lui devait avoir toute la luminosité nécessaire ! Nous n’avions pas commencé à jouer, il faisait encore beau dehors, la lumière devait passer à travers les volets. Pourquoi tu refuses d’admettre la vérité ?
- Arrête, je vais finir par croire que c’est toi le spectre. D’ailleurs, si comme tu le répètes depuis tout à l’heure, ce n’est pas réel, les corps ont dû apparaître quand nous sommes entrés. Ils ne devaient pas être déjà là quand Odd a mis les dessins, sinon, il se serait fait tuer par le loup ou l’araignée.

Ulrich hésita. Il avait l’intime conviction que Odd n’était pas innocent mais continuer à l’accuser serait effectivement se rendre suspect aux yeux d’une Yumi encore déstabilisée, malgré son air décidé. Il ne pouvait pas se permettre une telle manœuvre, elle était la seule en qui il avait vraiment confiance.

- Tu as raison. Excuse-moi, je pète un peu les plombs. J’aimerais bien sortir de là.
- On le veut tous. Je ne suis pas certaine qu’il y ait un spectre parmi nous finalement. Avec un peu de chance, on est tous nous.

Sans savoir si elle croyait à ce qu’elle venait de dire, Yumi saisit la poignée qui n’opposa aucune résistance. Elle se retrouva dans le couloir et vit aussitôt Odd assis contre le mur d’en face, le visage entre les mains. La porte de la chambre était fermée, ne laissant aucun doute sur ce qui se passait. Ulrich le comprit lorsque Odd leva vers eux un visage perdu, effrayé, un visage qu’il ne lui avait jamais vu et qui le fit douter de ses certitudes quant à l’identité du spectre.
De son côté, Yumi secoua la tête. Elle ne voulait pas savoir, elle ne voulait pas entendre. Elle avait eu sa dose pour la journée. Mais Odd ne comprit pas son geste.

- William est mort.

Les émotions que Yumi avaient brièvement réussi à museler jaillirent. Elle dévala les escaliers sans qu’il vienne à Ulrich l’envie de la suivre. Au lieu de ça, il se laissa tomber sur le sol aux côtés de Odd.

- Comment va Sissi ?
- Elle ne s’est pas encore réveillée. C’est pour ça que je suis sorti. Je… je ne voulais pas être là quand… Je suis tellement lâche. Je vais y retourner.
- Non. Ça ne sert à rien. Qu’on soit là ou pas, elle va le vivre mal. Mieux vaut attendre qu’elle vienne vers nous.
- Ulrich, comment tu réagirais si tu te réveillais à côté du cadavre de Yumi ?
- Je crois que je deviendrais fou.
- On ne peut pas laisser Sissi seule.
- Ok, t’as raison.

Les deux amis se levèrent, échangeant au passage un regard gêné. Alors qu’ils entraient dans la chambre, Ulrich murmura :

- Odd, je suis désolé pour ce que je t’ai dit tout à l’heure. Je… J’ai été affreusement blessant.
- C’est pas grave mon pote, on est tous sur les nerfs. D’ailleurs, j’ai une théorie si ça t’intéresse.
- Au point où on en est.
- Et si on était tous en train de faire un cauchemar ? Une sorte d’hallucination collective ?
- On n’a pas touché à des substances illicites que je sache, je vois mal les filles mettre de l’herbe dans leurs pâtes carbo. Et on n’a même pas bu.
- Je n’exclue pas une intervention de XANA. Jérémie pourrait sans doute juger la faisabilité de la chose mais imagine que XANA soit effectivement revenu et qu’il se serve des appareils électriques de la maison pour diffuser des ondes capables d’influer sur notre cerveau pour qu’on imagine vivre des choses ? Si ça se trouve, on dort encore et ce qu’on voit n’est que le fruit de… Quoi ?

Ulrich ne répondit pas mais Odd eut un sourire triste.

- Tu penses que ce genre de théorie est digne d’Aelita ou Jérémie et que je me rends suspect en disant ça ?
- Disons que tu es loin du mec insouciant qui s’extasiait sur « Paraplegik zombie 6, le jeu » ce matin.
- Je viens de voir un pote mourir devant mes yeux. Mon meilleur ami m’a accusé de vouloir lui faire du mal et je suis enfermé dans une maison dont je ne suis pas sûr de sortir un jour. Je t’avoue que mon éternel optimisme morfle un peu trop aujourd’hui pour rester convaincant. Et je suis vraiment désolé pour ton cauchemar, je me sens coupable.
- Tu ne dois pas l’être, c’est moi qui ai manqué de prudence.
- On a tous manqué de prudence. Sérieusement, on n’aurait jamais dû laisser Jérémie avec William. Je ne peux pas m’empêcher de me dire que s’il avait été avec toi, les choses se seraient passées différemment.
- Ouais, je serais peut-être mort aussi.

Odd frissonna.

- Ne dis pas ce genre d’horreurs.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Sam 13 Jan 2018 23:01; édité 1 fois
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a8s MessagePosté le: Sam 13 Jan 2018 22:59   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Messages: 84
Bonsoir !
Well, comme tu le sais peut-être, la rédaction de commentaires c'est loin d'être mon trip. D'autant que d'habitude je préfère largement attendre qu'une fiction soit finie pour venir la lire.
M'enfin, je suis quand même là. [T'es trop forte meuf !] J'avoue, c'est peut-être un peu pour que tu puisses mettre la suite (a)

Bon, comme d'hab, je ne sais pas du tout par quoi commencer, et encore moins quoi dire...

Pour quelqu'un qui n'est pas fan du genre horrifique, tu t'en sors très bien pour ce qui est de l'écrire ! [Même si, j'avoue, j'ai pas beaucoup de base de comparaison dans ma culture personnelle xD]
Je crois que le truc qui m'a le plus marqué, et qui me fait dire ça d'ailleurs, c'est le cauchemar de William ; J'en suis clairement pas fan.
Il est beaucoup trop bien écrit, en fait. Parce que malgré le fait que ces bestioles-là ne me dérangent pas, ce ne sont pas mes copines non plus. Mais là j'avoue, j'ai pas aimé ce passage, c'est très malaisant, pour pas dire angoissant Dx. (GG quoi)

Ce que je trouve fou, c'est que ton récit me parait affreusement réaliste. Notamment avec l'évolution psychologique des personnages. Certaines réactions aussi. Genre, William qui n'hésite pas à s'attaquer à son cauchemar, pourtant en grand format, tandis que Jérémie est en PLS. Il est vrai que Jérémie n'est pas des plus courageux, mais j'aurai bien vu William faire de même, en mode paralysie totale. Sauf que ça collerait pas au personnage, contrairement à la réaction qu'il a eu.
Le côté angoissant aussi, on sent bien un crescendo de ce sentiment chez les perso.
Bref, un récit horrifique qui parait réaliste, c'est du bon taff o/
En vrai, j'ajouterais quand même que le XANA qui fait joujou avec les LG à la sauce Jumanji, c'est pas particulièrement réaliste xD

Pour en revenir au côté horreur, tu sais que j'affectionne particulièrement les films de ce genre-là, n'est-ce pas ? Mr. Green
De fait, je te trouve dans l'excès des clichés là ; Une bande de pote, qui se retrouve dans une maison encore un peu délabrée en plein milieu d'une forêt, pour y passer Halloween, alors qu'aucun de leurs proches ne le sait.
D'autant que la bande de pote comprend :
- un couple incluant une meuf assez superficielle disons et un sportif légèrement vaniteux.
- le mec qui kiffe les trucs d'horreur, bien lourd, qui s'amuse à faire peur aux autres.
- le presque couple, qui se forme en général au pire moment. (bon d'ordinaire c'est plus un intello le mec, mais bon xD)
Bon, j'abuse, c'est les personnages qui font que ça fait un peu cliché.
Mais, en vrai, j'étais presque étonnée que ce soit pas Sissi qui meurt la première, d'autant que dans évolution elle est blonde ! xDD. Puis William serait mort juste après, en mode chevalier servant quoi xD
Bon j'accorde, un récit horrifique sans les éléments classiques de l'horreur, ça serait pas très horreur non plus xD

Euh, bon, je sais pas quoi dire de plus, si ce n'est que du coup j'attends la suite, donc je m'arrête là, voilà.
Je repasserais peut-être, j'ai bien dit peut-être, une prochaine fois.

_________________

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Ellana MessagePosté le: Sam 13 Jan 2018 23:28   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !

Spoiler


Ce chapitre est dédié à Ikorih, même si ça n'atténuera pas la douleur du chapitre précédent, n'est-ce pas ? Allez, sans rancune (LACHE CE POMPE TOUT DE SUITE !).
LANCE-GRENADE!
Et puisqu'A8s en parle, allez voir Jumanji, il est grave bien !

Bonne lecture !

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Chapitre 11 : L’éclat froid du métal


- Tu as peur ?
- Je crois que c’est le but. Mais je suis surpris qu’il ne se passe rien.
- Attends un peu.

Aelita se voulait méfiante mais la situation ne l’aidait pas. Elle avait posé sa bougie et celle de Jérémie sur la commode de la chambre d’amis et la petite taille de la pièce permettait à la lumière de se répandre partout. Il n’y avait rien d’autre qu’un lit, un fauteuil et un placard intégré dont la porte coulissante était fermée.

- On devrait peut-être vérifier les étagères ?
- Aelita, mon cauchemar consiste en une attaque de robots. Tu crois vraiment qu’ils se cachent dans le placard en attendant de nous sauter dessus ?

Jérémie alla s’asseoir sur le fauteuil et son amie le dévisagea. Il ne ressemblait soudainement plus à l’adolescent effrayé qu’elle avait vu à plusieurs reprises. Il était serein, bien trop serein.

- Tu n’as pas l’air d’avoir peur, insista-t-elle.
- Bah, après avoir vu l’araignée de William, je t’avoue que des robots me semblent soudain moins effrayants.

Aelita hocha la tête et son cœur se serra en repensant à William. XANA avait mis hors-jeu la seule personne en qui elle avait confiance.

***


Recroquevillée dans un coin de la cuisine, Yumi n’arrivait toujours pas à calmer ses émotions. Ses membres tremblaient, de rage, de peur, elle n’aurait su le dire. Elle avait conscience d’être en état de choc et de devoir rester calme mais l’instant d’après, elle voulait hurler. Dès qu’une pensée rationnelle lui venait à l’esprit, elle était soufflée par les théories de son cœur terrifié.

Ça ne peut pas être mes parents, XANA aurait dû ouvrir une porte pour les faire entrer, ça aurait fait sonner l’alarme. Oui mais l’alarme de Jérémie peut être mal faite. Et un spectre a pu la désactiver n’importe quand pendant la nuit. XANA aussi d’ailleurs, l’électricité c’est son truc. De toute façon, tout est de la faute de Jérémie. C’est lui qui a rallumé le Supercalculateur. C’est lui qui l’a gardé actif pour sauver Aelita. Non, c’est la faute d’Aelita du coup ! De son crétin de père !

Yumi étouffait, elle n’arrivait plus à faire le tri dans ses pensées, sa rationalité n’effectuait plus aucun filtre.

Lyoko ne m’a apporté que des emmerdes. L’aventure, l’amitié, tu parles ! Je me serais fait plus d’amis si je n’avais pas été étouffée dans mon groupe. Jérémie a gâché mon existence le jour où il a abaissé cette manette. Il peut roucouler tranquille avec sa copine et faire joujou avec son gros cerveau sans jamais risquer sa vie de trop près, sans jamais trop se salir les mains. Pourriture.

Perdue dans son combat intérieur, Yumi eut l’impression de s’entendre de l’extérieur.

Cauchemars : un jeu de frissons où vous affronterez vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes. Chaque pièce se transforme en lieu d’effroi. Combattez vos angoisses pour gagner.

En lisant ces trois phrases, elle s’attendait à un jeu débile, pas à une réalité si prenante. Pourquoi avait-elle accepté de participer ? Elle n’était qu’un mouton. Toujours un pauvre et faible mouton, harcelé sournoisement par le loup. Un loup à qui elle n’avait rien fait, un loup qui n’avait jamais voulu la manger elle. Elle qui concrètement ne pouvait rien contre lui…

Vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes.

Aelita n’avait pas choisi son père. Aelita n’avait pas choisi d’être envoyée sur Lyoko. Aelita n’avait pas demandé à ce qu’on se batte pour elle. Elle n’était pas responsable finalement. Elle aurait pu continuer son sommeil éternellement sans que personne n’en souffre, s’il n’y avait pas eu Jérémie…

Vos pires fantasmes.

Yumi sentit son souffle s’accélérer. Ses yeux furent attirés par un tiroir, un tiroir qu’elle avait elle-même rempli. Elle savait ce qu’il y avait à l’intérieur et c’était tentant, si tentant…
Ses doigts agrippèrent nerveusement la poignée. Le champ de force de la fenêtre se refléta sur la lame d’un couteau. Un éclat froid, sans vie.

Offre-moi ce que je veux et tu seras libre.

***


- On peut pas la laisser là.

Odd suivit le regard d’Ulrich et frémit, jugulant à grande peine une envie de vomir. Sissi dormait, la tête encore posée sur la poitrine de William qui ne se soulèverait plus jamais.

- On ne peut pas la laisser se réveiller et voir ça, c’est trop…

Ulrich ne trouvait pas le mot adéquat mais Odd avait saisi l’idée. Il s’approcha de Sissi et lui secoua doucement l’épaule. Elle se réveilla en sursaut.

- Qu’est-ce qui se passe ?
- Il faut laisser William se reposer. Viens, va t’allonger dans la chambre d’Aelita, tu seras mieux.

Sissi ne savait plus où elle était et suivi docilement Odd et Ulrich. Elle se sentait fatiguée, tellement fatiguée, elle voulait juste se recroqueviller pour dormir plusieurs jours.
Elle s’écroula sur le matelas d’Aelita. Odd s’assit à côté du lit alors qu’Ulrich restait debout près de la porte, les yeux rivés vers l’escalier. Il n’osait pas rejoindre Yumi. Il ne savait pas quoi dire pour la rassurer et elle n’avait pas besoin d’entendre des futilités qui n’arriveraient pas à la convaincre. Après avoir jeté un coup d’œil à Sissi pour s’assurer qu’elle dormait, il demanda :

- Si William est vraiment mort, tu crois que les parents de Yumi… Qu’Hiroki…
- Je sais pas. On peut seulement espérer qu’Einstein nous trouve une solution et qu’on se rende compte que tout ça n’est qu’un cauchemar.
- Super espoir…

Odd parut hésiter. Ce fut au moment où il ouvrait la bouche que les premiers sons déchirèrent le silence.

- C’est quoi ce délire ?

Ils se précipitèrent en même temps dans l’escalier. Les bruits venaient de la chambre d’amis. Ulrich secoua la poignée mais elle refusa de s’ouvrir.

- On dirait les tirs de lasers dans Star Wars.
- Tu crois que c’est le cauchemar de Jérémie ?
- Arrête, il a quand même pas peur des Stormtroopers !

Le robot qui affrontait Aelita et Jérémie n’était effectivement pas un soldat de l’Empire. D’un gris sombre, il avait une énorme tête ovale, un corps si large qu’il cachait presque un mur entier et deux bras terminés par des pistolets. Ceux-ci crachaient des tirs bleutés, laissant des traces de brûlés sur ce qu’ils touchaient.
Recroquevillée derrière le fauteuil, Aelita observait Jérémie. Il commençait à paniquer, pourtant, inversion des rôles, elle restait calme. Un détail la perturbait.

- On dirait qu’il attend quelque chose.

Jérémie jeta un coup d’œil derrière le fauteuil. Un tir laser lui frôla aussitôt la joue mais Aelita avait raison : le robot aurait eu mille fois le temps de démolir leur protection improvisée pour les exterminer. Quel était son rôle ?
Avant qu’elle ne trouve une réponse, le fauteuil explosa. Un éclat la heurta à la tête et elle sentit la pièce tourner autour d’elle. Les champs de force lui brûlaient la vue, se reflétant à l’infini sur le robot qui pointait un pistolet sur elle.

- Aelita !

Jérémie se précipita devant son amie, offrant son dos au tir qui n’allait pas tarder à suivre. Ses yeux croisèrent ceux de la jeune fille. Elle n’y vit qu’une angoisse profonde et une affection certaine.

- Pardon, murmura-t-elle.
- De quoi ?
- D’avoir douté de toi.

Jérémie ne répondit pas mais il la serra contre lui, la tête instinctivement rentrée dans les épaules.

- Pardon.
- De quoi ?
- D’avoir dessiné ce fichu robot.

Aelita eut une faible envie de sourire, elle ne réussit qu’à pleurer. Pourtant, ce ne fut pas un tir qui résonna dans la pièce mais une voix sournoise.

- Regardez-vous. Intellectuels, brillants… et si ignorants. Vous avez fait la même erreur stupide, celle de croire que vos peurs résidaient sur des choses purement physiques, des choses fragiles, cassables. Bande de naïfs.

Aelita fronça les sourcils. Que sous-entendait XANA ?
Avant qu’elle ait pu envisager une réponse satisfaisante, le champ de force leur barrant la sortie disparut et la porte s’ouvrit.

- On a gagné ? s’étonna Jérémie, n’osant croire à sa chance.

Comme pour confirmer, le robot disparut. La pénombre reprit ses droits mais Aelita discerna clairement Yumi dans l’encadrement de la porte. Elle allait se réjouir quand elle aperçut le couteau.

- Jérémie.

La voix de la japonaise était glaciale mais le garçon ne sembla pas s’en rendre compte. Il se précipita vers elle alors qu’Aelita était toujours recroquevillée sur le sol.

- Les autres vont bien ?
- Oui.
- Tu as vu le robot ?
- Non.
- Il n’a rien eu le temps de nous faire, il a disparu sans nous tuer ! Aelita a été légèrement touchée mais elle est consciente.
- Et toi tu n’as rien ?
- Non, ça va.
- Tant mieux.

Le pied de Yumi cueillit Jérémie au creux du ventre, l’envoyant s’écrouler contre le mur.

- Qu’est-ce que tu fais ? s’étrangla Aelita. Arrête !

Yumi la repoussa d’un simple revers de la main et s’accroupit à côté de Jérémie qui hoquetait. Il écarquilla les yeux quand son amie l’attrapa par le col. Son visage fermé ne montrait rien d’autre qu’une profonde résolution et sa voix ne tremblait pas quand elle chuchota à son oreille.

- D’abord, je peux te jurer solennellement que je ne suis pas un spectre. Je suis bien moi, Yumi. La Yumi qui a eu le tort de suivre Ulrich quand tu l’as entraîné vers Lyoko. La Yumi qui n’aurait jamais rien dû avoir à faire avec vous.
- Mais…
- Tu as saisi, Jérémie, tu as bien saisi ? Je ne suis pas un pion de XANA comme tu l’as été toutes ces années. Je suis moi et c’est moi qui vais te tuer. Moi, pas XANA. Tu l’as bien intégré ?
- Yumi, tu délires.

Pour toute réponse, la japonaise leva son couteau.

- Yumi, non !

Aelita n’eut pas le temps de bouger mais Jérémie ne sentit pas le coup. Odd et Ulrich venaient de se précipiter dans la pièce et tiraient Yumi en arrière.

- Non mais ça va pas bien dans ta tête, tu crois vraiment que c’est le moment de péter un câble ?
- Lâchez-moi.
- Yumi, calme-toi, la supplia Ulrich en la forçant à le regarder dans les yeux.

Ce qu’il vit le fit frémir. Le regard de la japonaise dégageait une violence inouïe, un concentré de haine et d’hostilité.

- Je suis encore dans mon cauchemar, c’est ça ? demanda Jérémie avec un rire nerveux. Vous êtes tous des spectres et je suis dans mon cauchemar.
- Jérémie, ne craque pas non plus.

Le garçon grimaça en se relevant avec difficulté. Aelita se précipita pour le soutenir pendant que Yumi continuait de se débattre.

- Vous croyez que c’est elle le spectre ?

Personne n’osa répondre. Ulrich maintenait du mieux qu’il pouvait les bras de la japonaise serrés contre son corps tandis que Odd s’efforçait de lui faire lâcher son couteau. Finalement, ce fut Yumi elle-même qui répondit dans un ricanement froid.

- Si j’étais le spectre, j’utiliserais mes pouvoirs et vous seriez tous par terre sans pouvoir faire autre chose que me regarder massacrer Jérémie.
- Arrête de dire ça, t’es pas bien ou quoi ?
- Ulrich, tu étais là.

La voix de Yumi avait brusquement changé. De la colère persistait dans ses yeux mais on y lisait soudain un profond désespoir et des sanglots pointaient dans chacun de ses mots.

- Tu étais là, tu as entendu XANA. Si je lui offre ce qu’il veut, je serai libre.
- Et tu crois que c’est ça que XANA veut ? Pourquoi Jérémie plutôt qu’Aelita ? Pourquoi lui plutôt que nous tous ? Qui te dit qu’une fois Jérémie mort, XANA ne te demandera pas de nous égorger un par un ? De m’égorger moi ? Réfléchis un peu !
- Je… ça paraissait tellement évident, je… je…

Le couteau heurta le sol. Kiwi, jamais loin de son maître, s’avança, le museau aux aguets, mais Odd claqua de la langue pour l’arrêter. Il desserra doucement son emprise sur Yumi qui se laissa tomber contre Ulrich, les épaules secouées par ses pleurs. Pendant plusieurs minutes, rien d’autre ne bougea.
Quand elle réussit à retrouver une respiration normale, Yumi se tourna vers Aelita et Jérémie qui eurent un même mouvement de recul.

- Je ne suis pas le spectre.
- Je ne sais pas si c’est censé nous rassurer, avoua Aelita. Tu as vu dans quel état tu es ? Tu te rends compte de ce que tu voulais faire ? De ce que tu veux peut-être toujours faire ?
- Je suis désolée, je pète complètement les plombs...
- Elle ne l'aurait pas fait, intervint Ulrich. Tu n'es pas comme ça, Yumi, et on le sait.
- Je… Mon cauchemar, c’était ma famille morte dans le bureau. Je n’ai aucun moyen de savoir si leurs cadavres n’étaient que des spectres ou s’ils sont réels. Je veux… je veux juste sortir d’ici et les revoir. Serrer ma mère dans mes bras et dire à mon frère que je l’aime. C’est tout ce que je demande.

Les larmes roulèrent à nouveau sur les joues de Yumi.

***


Sissi ouvrit les yeux. Elle n’était pas dans sa chambre. Son cerveau avait beau tourné au ralenti, elle sentait qu’elle n’était pas dans sa chambre.
Un frisson parcourut ses bras alors qu’une peur reptilienne la saisissait. Où était-elle ?

- William ?

Personne ne lui répondit. Elle porta la main à sa poche sans y trouver son portable. Elle réalisa au passage qu’elle était habillée. Au lit mais habillée ? Que lui était-il arrivé ?
Ses yeux n’arrivaient pas à s’habituer à la pénombre. Elle ignorait si un interrupteur se trouvait à portée de main.
Sa tête tourna lorsqu’elle s’assit sur le lit. Une fois debout, elle eut besoin de rester appuyée contre le mur avant de pouvoir marcher. Aidée par un rai de lumière au ras-du-sol, elle discerna la porte et tâtonna pour l’ouvrir. Le palier était éclairé. Il lui était familier mais elle se sentait pourtant toujours aussi perdue.

- William ? appela-t-elle à nouveau.

Le silence l’oppressait. Elle descendit l’escalier et se dirigea vers la porte d’entrée. Celle-ci s’ouvrit.
Sur un mur de briques.
Sissi sentit son souffle s’accélérer. Elle entra dans la première pièce ouverte qu’elle vit. Une salle à manger, à peine meublée, qu’elle traversa pour ouvrir une autre porte.
Elle se retrouva à l’entrée d’un couloir, désert. Il n’y avait que quelques néons accrochés au plafond à intervalles réguliers. Pas de portraits sur les murs, pas de photos, pas même du papier peint. Juste un crépis grisâtre, partout.
Elle eut l’impression de marcher des heures, peu à peu terrorisée à l’idée que ce couloir ne finisse jamais. Comment diable une maison pouvait-elle être aussi longue ?
L’angoisse hurlait qu’elle allait mourir. L’abattement insinuait que de toute façon, faire demi-tour serait rallonger le chemin et qu’il valait mieux marcher. L’espoir, pour une fois, le soutenait car il n’y avait rien derrière elle. La solitude surtout pesait de tout son poids, rendant chaque pas plus difficile. Le calme se fixait aux souvenirs et réussissait à puiser sa force dans leur simplicité. Elle savait qui elle était, ce qu’elle aimait, qui elle aimait. Elle savait qu’elle n’avait rien fait de mal, qu’il y avait forcément une explication.
La méconnaissance de son environnement et de sa situation la rendaient vulnérable, la mettaient en danger. Son ouïe le lui rappela en captant un long sifflement derrière elle. Proche, loin ? Comment savoir ?
La naïveté voulut croire à un ami, la prudence la fit taire et ordonna aux jambes de courir. Elle ressentit les pulsations d’un corps lourd lancé à sa poursuite. Une odeur forte lui parvint. On se rapprochait. Et à perte de vue, il n’y avait toujours que ce couloir maudit.
La raison lui souffla de s’arrêter, c’était peine perdue, autant garder des forces pour faire face. Mais la peur décupla l’activité des jambes et elle courut, encore.
La première porte surgit sur sa gauche.
Elle n’osa pas s’arrêter pour l'examiner, de peur qu’on la rattrape, et grand bien lui en prit. Un mur fit éclater le bois, bloquant le couloir sur ses talons. Le soulagement voulut hurler de joie mais la peur resta plus forte. Des portes recouvraient désormais les murs et des briques en surgissaient. Il fallait courir, ne pas se laisser piéger entre deux remparts et surtout, ne pas les prendre de plein fouet. L’image d’une cloison jaillissant de sa gauche pour l’écraser sur la paroi de droite lui donna des ailes. La douleur mordait ses mollets mais la volonté gardait le cap. Courir, plus loin.
Et soudain, les yeux pleurèrent. Ils voyaient le bout du couloir. Une nouvelle porte, seule face à eux. Les parois du couloir redevinrent lisses et elle s’arrêta. La peur hurla qu’un mur allait peut-être surgir de cette issue providentielle, la percuter comme un train. Elle n’écouta pas. Ses doigts se posèrent sur la poignée qui tourna dans le vide. Elle hurla de frustration.
Quelqu’un frappa à la porte. Elle frappa en retour, de toutes ses forces.

- William ?

La porte manqua lui casser le nez. Décontenancée par la lumière du jour, elle fit face à un homme en uniforme militaire qui la regarda, les yeux écarquillés.

- Mais qu’est-ce que tu fous là ?

Une violente décharge électrique parcourut le corps de Sissi qui se réveilla en sursaut.
Cette fois, elle reconnut la chambre d’Aelita, illuminée par la bougie qu’Ulrich, debout à côté du lit, tenait à la main.
Cette fois, elle avait les idées claires et son instinct lui souffla qu’Ulrich avait quelque chose d’étrange.
Elle n’eut pas le temps de partager l’angoisse de son cauchemar. La main du garçon se posa sur sa poitrine. Elle voulut s’indigner de ce geste déplacé mais déjà, elle était morte.

***


Assise sur le lit de la chambre d’amis entre Odd et Jérémie, Aelita regardait à tour de rôle Yumi, prostrée contre le placard, et le champ de force sur la fenêtre.

- William s'est réveillé ? finit-elle par demander.

Le silence lui fit tourner la tête vers Odd qui se contenta de baisser les yeux.

- C'est pas possible...
- On ne pouvait rien faire. Sissi est dans ta chambre, elle dort à nouveau.
- Si on arrive à rejoindre l'usine, je lancerai un Retour Vers le Passé, promit Jérémie. Qui sait, ça peut peut-être marcher ?

Aelita avait la gorge trop nouée pour répondre. Tout ce qui se passait n'était pas réel, cela ne pouvait pas être réel. Pourquoi devaient-ils vivre ça maintenant ? Ce n'était pas juste !

- Qu’est-ce qu’on fait ? On a affronté nos cauchemars et on ne peut toujours pas sortir.
- On n’a pas vérifié la porte d’entrée, ne put s’empêcher de souligner Odd.

Ulrich, le plus près du couloir, tendit le cou et grimaça.

- Le champ de force est toujours là.
- Et l’un d’entre vous sait très bien pourquoi.

Les adolescents se regardèrent mais n’eurent pas le temps de s’interroger.

- Allez, Odd. Viens jouer. Viens jouer avec moi, chaton.

Le silence ne plana que quelques instants.

- Le salon, devina Odd.
- Je t'accompagne.
- Non Aelita. Je n’ai pas dessiné de cauchemar, je ne risque rien.
- Dans ce cas, pourquoi XANA te réclame ?

Odd haussa les épaules, affichant plus d’assurance qu’il n’en ressentait.

- Restez ici ensemble, ce sera plus sûr. C’est moi qui ai voulu joué, c’est moi qui vais pouvoir crier « Game over ». Fermez la porte, je viendrai vous l’ouvrir quand on pourra partir.
- Il est hors de question que tu y ailles seul.
- Relaxez-vous, j’ai rien dessiné, y a pas de soucis. Gardez juste Kiwi avec vous au cas où.

Il quitta la pièce en fermant la porte derrière lui. Aelita se raidit lorsque Yumi prit la place qu’il venait de laisser.

- Tu ne me feras plus jamais confiance ? soupira la japonaise.
- Ne sois pas si excessive. Je ne te ferai plus confiance jusqu’à ce qu’on sorte d’ici, c’est différent.
- On ne sortira jamais d’ici, alors ça revient au même.

Personne n’eut le courage de la contredire.

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Dim 14 Jan 2018 16:15   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Bon chapitre.
le cauchemar de Jérémie a été résolu un peu facilement je trouve.
Donc Yumi a pété les plombs, Jérémie a failli y passé sans l'intervention d'ulrich et Odd.
Par contre je m'attendais pas a la mort de Sissi surtout en silence et sans témoins.
Donc XANA est un vicieux. Sauf si tout les ulrich sont des spectres, il se peut que certain spectres aient prit l'apparence de LGs vraiment présent dans la maison.

Et enfin, tu va finalement te concentrer sur Odd, j'espere que tu prévois plus d'un chapitre car tout les autres ont eu chacun droit à au moins trois pavé minimum les concernant alors qu'Odd est toujours a zéro.

J'ai hate de voir le prochain chapitre, espérons que soit pas un cauchemar débile style film de série B que regarde Odd ou montagne de nourriture l'attaquant.

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Sorrow MessagePosté le: Dim 14 Jan 2018 19:40   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 04 Nov 2017
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Localisation: Sur un arbre perché
Bonsoir Ellana !
Nous ne nous connaissons pas, j'en ai peur, mais je vais me permettre de déposer un avis sur ton écrit, qui est à coup sûr le plus dynamique de la section à cette heure-ci. Le rythme est d'ailleurs probablement ce qui m'a découragé de venir commenter régulièrement, mais il serait déplacé de ne pas poster un seul avis sur ce texte.

Je n'ai pas eu l'heur de lire le One-shot qui sert de terreau à tout ceci, mais je sens que le format de la fanfiction courte te donne toute latitude pour exploiter le sujet au mieux, sans qu'il y ait non plus de quoi en faire trente chapitres.
L'ambiance du début de la fiction m'évoque sa cousine, Pas Maintenant, au niveau de la focalisation sur les relations dans la bande. On sent que tu maîtrises bien le sujet et que tu sais ficeler l'ensemble, de façon à ce que chaque personnage arrive à se démarquer des autres sans sombrer dans le cliché. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est celui d'Ulrich et Yumi, traditionnellement considérés comme le couple le plus brossé de tout le fandom, qui pourtant parvient à être vu avec un angle plus mature et plus original.
Le développement apporté à William et Sissi, d'autre part, est très bien pensé, et ce traitement gris de la princesse de Kadic fait plaisir à voir. J'ai personnellement trouvé la réaction de William pendant le cauchemar de la jeune fille très belle et très courageuse, et je trouve ça très amusant de voir qu'une ancienne membre de la Meute cerne aussi bien à quel point il est têtu et loyal.

Petit bémol que j'aimerais formuler : en dehors des cauchemars, la tension est moins présente. La cohésion du groupe des Lyokoguerriers, même maintenant, semble les empêcher d'angoisser ou de faire des crise de panique dans la maison. Bien sûr, il y a le cas Yumi, mais il se résout relativement vite, et tous les autres restent calmes. Moi qui espérais une hystérie collective...mais l'histoire n'est pas encore terminée, gardons espoir !
Sinon, cela a déjà été dit, l'ambiance des cauchemars en eux-mêmes est bien pensée, et leur diversité évite la redondance. Le psychologique cède la place aux monstres en brut, et à côté de cela, il y a le cauchemar de Jérémie, bizarrement court. Evidemment, tout donne envie de l'accuser, lui comme Odd d'ailleurs (après tout, il y a plusieurs spectres), mais n'est-ce pas un peu trop facile ? Ce sont de plus les deux personnages derrière lesquels il y a le moins de focalisation, je trouve, contrairement à, au hasard, Ulrich. En fait, j'ai l'impression de sentir une zone d'ombre autour d'une partie du groupe, qui fait qu'on connaît peu leurs impressions et leurs soupçons, mais peut-être ne suis-je qu'une tête de linotte qui oublie la moitié du texte. Ce fait, si c'en est bien un, renforce la sensation de pugilat envers les deux blonds, qui n'ont pas toujours les moyens de se défendre.

En l'état, on a des faits, mais tellement éparpillés et contradictoires qu'ils ne permettent pas de dégager un suspect global. On sait que le spectre qui a tué Sissi avait l'image d'Ulrich, et que c'est ce dernier (ainsi qu'Odd) qui a envoyé Sissi se coucher dans la chambre isolée. Odd est également pointé du doigt par cette histoire de cauchemars mal placés. Jérémie n'a finalement pas beaucoup plus de faits à son encontre que d'habitude.
Alors un duo de spectres Odd/Ulrich ? Le fait que l'un accuse l'autre ne me semble pas gênant, on a vu beaucoup de joueurs de loup-garou balancer des membres de leur équipe en pâture au village pour s'innocenter. Si Ulrich a lancé les hostilités sur Odd, cela ne prouve pas pour autant qu'il n'est pas de mèche avec lui. Sinon, il y a toujours la théorie "William n'est pas mort et était en fait le spectre", mais le ressort serait facile et, je dois dire, décevant.

En attendant le dénouement avec attention,

Votre lecteur aviaire, à défaut d'être avisé,

Sorrow
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Ellana MessagePosté le: Ven 19 Jan 2018 21:47   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

Spoiler


Bon. Comme dit en spoil à ODR, Odd est un personnage avec lequel j'ai un peu de mal. Si son cauchemar n'est pas une attaque de nourriture, je suis malheureusement tombée dans la facilité et les bas-fonds du cliché. Je m'auto-trolle un peu là-dessus parce que franchement, y aurait pu avoir mieux, clairement. Mais comme après plusieurs semaines à le laisser mijoter, je n'ai pas trouvé comment remodeler ce chapitre, vous aurez le cliché, tant pis ! Coeur sur vous quand même !
Ce chapitre étant court, je vous glisse le dernier avec (bah oui, y en a 13, forcément !)

Bonne lecture !


Chapitre 12 : Le vide


Odd fixait le salon sans oser y entrer. Debout dans le hall, il se sentait presque en sécurité, ce qui n’avait pas de sens. Il avait finalement envie de chercher Kiwi pour ne pas affronter ses démons seuls mais il ne voulait pas mêler son chien à ça. Et d’ailleurs, il n’avait rien dessiné. XANA ne saurait peut-être pas ce qui lui faisait réellement peur. Il ne saurait peut-être pas comment l’impressionner.
Un peu plus sûr de lui, il fit un pas en avant.

- Je suis là, XANA. Pas de bol, je n’ai pas dessiné de cauchemar !
- Tu en es sûr, mon chaton ? Moi je crois que tu te trompes.

La voix sortait des haut-parleurs mais à la grande surprise de Odd, elle était suave. Caressante et amicale, elle fit envisager pour la première fois au garçon que si XANA mettait autant de temps à tous les tuer, c’était parce qu’il voulait les laisser en vie

- Je n’ai pas dessiné de cauchemar, répéta-t-il, moins agressif.
- J’en conviens, mon chaton. Mais qui te dit que ce n’est pas le vide ton plus grand cauchemar ? Pas besoin de dessiner le néant. Tu crois n’avoir peur de rien mais tu as peur du rien. Tu as besoin de vie autour de toi, de bruit et d’animation. Que ferais-tu si soudain tout cessait ?
- Et tu comptes faire quoi ? Me donner l'illusion d'être seul dans cette maison ? Tu ne me fais pas peur. On ne peut pas avoir peur du rien, ça n’existe pas !
- Parce que tu crois exister, toi ?

La question frappa Odd. Il n’eut pas le temps d’y répondre.

- Tu n’es rien. Ce vide dont tu as si peur, c’est celui qui te caractérise. Tu fais des blagues idiotes pour te donner une place dans un groupe de minables, tu es un cancre pour que des adultes indifférents te portent de l’attention, tu alignes les conquêtes pour espérer laisser une empreinte dans le cœur de filles dont tu te moques, tu te goinfres à outrance pour masquer le vide qui te remplit. Tu n’es rien, Odd.
- C’est ça, cause toujours, tu ne m’impressionnes pas.

Mais la voix du garçon tremblait et XANA n’en devint que plus suave.

- Pauvre chaton. Depuis que tes amis ont décidé d’abandonner Lyoko, qui s’intéresse encore vraiment à toi ? Pas eux en tout cas. La preuve, pourquoi m'affrontes-tu seul ?
- Aelita voulait venir.
- Et si Jérémie lui avait demandé de rester, tu crois qu'elle t'aurait choisi ? Je ne fais que constater, mon petit chat. Tu es seul face à moi. Et aucun de tes amis n'a subi ça. Aelita pouvait quand même compter sur vous, vous étiez prêts à la secourir. Mais je ne vois personne t'attendre à la porte. Le savent-ils, tes chers amis, qu'ils ne font qu'alimenter ton cauchemar ?
- Ils ne le font pas.
- Arrête donc. Pourquoi se soucieraient-ils de toi ? Tu n’as aucune utilité. Ton humour n’amuse que toi, ton héroïsme n’existe plus, tes parents t’ignorent toujours, ton attitude en classe n‘attire ni reproche, ni sympathie, les filles ne te prêtent pas la moindre attention, tes amis ont d'autres chats à fouetter et le seul que tu regardes différemment s’en moque bien.

Cette fois, Odd eut l’impression que son sang se glaçait. Il eut envie de faire demi-tour, de quitter cette pièce pour faire cesser le cauchemar mais les autres avaient réussi à triompher du leur. Il ne pouvait pas faiblir maintenant.
Mais comment XANA pouvait-il connaître tout cela de lui ?

- Voyons mon chaton, tu crois vraiment que cela passe inaperçu ? Tout le monde n’est pas aussi stupide que tes amis, tu sais. Je l’ai bien vu moi, la manière dont tu regardais Ulrich. Toutes ces fois où tu n’arrivais pas à dormir en le sachant presque nu dans son lit, à quelques mètres seulement de toi.
- La ferme.
- Qu’est-ce qu’il y a, mon chaton ? J'aimerais me tromper, tu sais. Tomber amoureux de son meilleur ami, c'est tellement cliché. Surtout quand on essaye de passer sur toutes les filles pour se cacher la vérité. Tu es pathétique. Vous formeriez un couple pathétique. Si ça ne tenait qu'à moi, je préférerais le voir avec Yumi, tu sais.
- La ferme...
- Ne me dis pas que tu essayais encore de te persuader du contraire ? Je sais moi, ce qui te fais vraiment peur, outre ce vide dont je t'ai déjà parlé. Tu tentes de maîtriser le regard des autres pour ne pas être jugé. Tu amènes les projecteurs où tu veux pour qu'ils n'éclairent pas l'ombre qui te ronge. Mais moi je sais, mon chaton. Toutes ces fois où en embrassant une potiche, tu imaginais quelqu’un d’autre… Toutes ces fois où tu as souhaité en secret du mal à Yumi… Toutes ces fois où tu t’es laissé aller, seul, à penser à lui…
- LA FERME !

La peur avait laissé place à la honte et à la colère. Dans un mouvement rageur, Odd attrapa une chaussure qui traînait près du canapé et la jeta de toutes ses forces en direction d’une des enceintes. Elle grésilla avant de pendre lamentablement au bout de quelques fils.

- Odd ?

Sans se retourner, le garçon s’écroula sur le canapé. La tête entre les mains, il ne réagit pas quand Ulrich s’assit à côté de lui.

- Odd, ça va ?

Plusieurs minutes s’écoulèrent sans que Odd puisse bouger, ses doigts couvrant son visage. Ulrich attendit sans rien dire, jusqu’à ce que son ami demande :

- Tu as entendu ?
- La fin seulement.
- Je suis désolé.
- Pourquoi ? Ce n’est pas grave, tu n’as pas à avoir honte.
- Je me sens sale, j’aurais voulu par-dessus tout que tu ne l’apprennes pas comme ça, j’aurais voulu que tu ne l’apprennes jamais, je…
- Hey, vieux, chuchota Ulrich. Ça va aller. Arrête de culpabiliser, s’il te plaît. Je te dis que ce n’est pas grave.

Odd tourna la tête vers son ami. Celui-ci lui souriait, un peu gêné, mais sans la moindre once d’agressivité ou pire, de dégoût.

- Je voudrais que tu n’en parles pas aux autres. Je… j’ai pas très envie qu’ils me regardent différemment.
- Ne t’inquiète pas, j’ai cru comprendre que c’était une affaire entre toi et moi.

Odd rougit légèrement mais il n’y avait plus que du rire dans les yeux d’Ulrich.

- Allez viens, maintenant qu’on a tous surmonté nos cauchemars, XANA devrait nous laisser sortir ou nous dire au moins ce qu’il mijote pour la suite. C’était une bonne idée de ne rien dessiner, ça nous a raccourci le calvaire.

Odd hocha la tête sans répondre et s’avança vers le hall. Il ne fit que quelques pas avant de se retourner vers Ulrich.

- Tu ne m’en veux pas ?
- Qu’est-ce que c’est que cette question débile, Odd ? Pourquoi je t’en voudrais ?
- Bah je… j’ai pas été honnête envers toi. J’aurais voulu être plus que ton ami, je ne t’en ai jamais parlé malgré toutes ces fois où…
- Toutes ces fois où tu t’es laissé aller, seul, à penser à moi ? répéta Ulrich en prenant une voix suave censée imiter XANA.
- Arrête, ce n’est pas drôle !

Ulrich sourit et caressa la joue de Odd qui sentit tout son corps s’enflammer.

- Ce n’est pas drôle mais c’est plutôt excitant.
- Attends, qu’est-ce que tu racontes ?
- Odd, si j’avais voulu sortir avec Yumi, ce serait fait depuis longtemps. Il n’y a pas que toi qui avais du mal à dormir certains soirs.

Les doigts d’Ulrich glissèrent sur la nuque de Odd.

- Viens là, chuchota-t-il.

Alors que le visage d’Ulrich se rapprochait du sien, Odd ne put retenir un mouvement de recul.

- Quoi, qu’est-ce qu’il y a ? lui demanda son ami sans retirer sa main de sa nuque.
- Je suis peut-être encore dans mon cauchemar. Qu’est-ce qui me prouve que tu n’es pas un spectre ?
- Ravi d’apprendre que je suis un cauchemar pour toi ! soupira Ulrich en le lâchant. Je ne pensais pas t’être si désagréable. Mais bon, je comprends. Allons rejoindre les autres si tu veux.

Odd se sentit étouffer par les images et les émotions, les sons et les sensations. Il revit tous les combats sur Lyoko où il avait trouvé Ulrich sexy mais la honte lui étreignit aussitôt le cœur. Comment pouvait-il penser à ça alors que William était mort, alors que Yumi avait voulu tuer Jérémie ? Il devait se concentrer sur ça et pas sur les papillons qui dansaient encore dans son bas-ventre.

- On y va ou pas ? insista Ulrich.
- Allez, saisis ta chance. Qui sait s’il sera aussi conciliant une fois dehors, lorsque Yumi sera revenu dans le secteur ?

Odd sursauta. Le manque de réaction d’Ulrich lui laissait penser qu’il n’avait pas entendu XANA.
Il se prit la tête dans les mains. Il voulait juste que tout ça s’arrête. Lui qui était si heureux de fêter Halloween ne comprenait pas comment les choses avaient pu autant mal tourner.
Un champ de force attira soudain son attention. Il clignotait par endroits, comme s’il s’apprêtait à disparaître. Lorsque Odd se leva pour aller l’examiner de plus près, il retrouva son aspect impénétrable.

- Qu’est-ce qui t’arrive ?

De nouveau, le garçon sentit quelque chose remuer sous son nombril. Ulrich l’avait rejoint et se tenait derrière lui, si près qu’il pouvait sentir son souffle sur son oreille.

- Tout va bien ?
- J’ai cru que ces machins faiblissaient. Tiens, regarde, ils recommencent !
- Tu penses que c’est lié à quoi ?
- Aucune idée. Il faut qu’on en parle à Jérémie.

Mais à peine Odd s’était-il éloigné qu’Ulrich le hélait. Les champs de force avaient retrouvé toute leur intensité.

- On dirait qu’ils s’épuisent quand on est près d’eux mais qu’ils se renforcent si on s’en écarte.
- Génial qu’on se rende compte de ça alors qu’on est que tous les deux, nos QI cumulés doivent faire le quart de celui d’Aelita…
- Odd, comment peut-on vaincre un cauchemar ?

Ulrich semblait soudain avoir compris quelque chose.

- De quoi ?
- Comment peut-on vaincre un cauchemar ? C’est vrai ça, normalement, on n’a aucun impact dessus, on ne peut pas en triompher soi-même et on ne s’est jamais intéressé à ce que signifiait réellement affronter nos peurs… Embrasse-moi.

Odd fronça les sourcils. Décidément, il ne comprenait rien au charabia de son ami.

- Ce n’est pas l’envie qui m’en manque mais en quoi ça va nous aider ?
- Regarde.

Sans se soucier de son incompréhension, Ulrich attrapa la main d'Odd et l’éloigna de la fenêtre. Celui-ci remarqua que le champ de force faiblissait.

- Donc, c’est définitif, je ne pige que dalle.
- Les failles semblent apparaître lorsqu’on s’écarte l’un de l’autre. Or, plus on est proches, plus tu affrontes ta peur qui est qu’on découvre que tu m’aimes, c’est ça ?

Odd rougit et bafouilla :

- C’est plus compliqué.
- Essayons de rester simple. Si tu affrontes cette peur, si tu arrives à la vaincre, le dernier cauchemar sera traité et les champs de force disparaîtront ! Tu n’as rien à craindre, Odd. Je ne peux pas te garantir que je suis amoureux de toi mais je ne peux pas nier que tu m’attires, d’une manière certaine. Est-ce que tu peux l’accepter ? Est-ce que tu peux t’en contenter ?
- Je… je crois.
- Alors, embrasse-moi. Tu ne dois pas redouter ma réaction et le regard des autres, tu t’en fous. Tu t’en fous complètement, qui sont-ils pour te juger ?

Ce fut à cet instant qu'Odd acquit la certitude qu'il était face à un spectre. Jamais Ulrich n'aurait été si franc, quand bien même il aurait partagé ses sentiments. L'Ulrich qu'il avait en face de lui n'était pas le vrai Ulrich.
Ce fut également à ce instant qu'il décida qu'il n'en avait plus rien à faire. Parce qu'il ne ressortirait jamais d'ici et que cet Ulrich lui plaisait.
Ses bras se nouèrent autour du cou du spectre et il se serra contre lui, se moquant bien de son corps qu'il ne contrôlait plus. Doucement, il fut guidé sur le canapé où il se laissa cajoler. La situation ne ressemblait en rien à celle dont il rêvait et ce n'était pas plus mal au fond.
Qui aurait cru que les spectres embrassaient si bien ?
Il grogna quand Ulrich s'éloigna mais ses lèvres se détendirent sur un soupir de bien-être lorsqu'une bouche caressa son cou.

- T'es vraiment trop sexe, tu sais ?

Il ne reçut qu'un clin d’œil en réponse, une langue déjà trop occupée à revenir jouer avec la sienne.

- Odd ?

La voix choquée d’Ulrich résonna dans la salle à manger. Odd mit quelques secondes à réaliser que ce n’était pas possible qu’Ulrich puisse parler alors qu’ils s’embrassaient à pleine bouche.
Il tourna la tête et resta figé. Ulrich se tenait à l’entrée de la pièce, les yeux écarquillés, accompagné par une Aelita qui ne savait plus où regarder.

- C’est une blague ?

Sans savoir quoi répondre, Odd n'eut que le réflexe de se jeter sur le tapis. L’Ulrich du canapé lui jeta un dernier regard de braise avant de disparaître.
Le silence s'installa, pour le moins pesant. Odd n'osait pas relever la tête. Il ne voulait pas se sentir jugé. Il n'était pas prêt.

- Hum, est-ce que ça va ? finit par demander Aelita.
- J’ai pas honte, je me suis dit que même si c’était un spectre, je m’en foutais. Je voulais juste… Je voulais juste oublier tout ça. William est mort, bordel, et on ne sortira jamais d'ici, il faut arrêter de se leurrer !

Odd leva les yeux. Comme il s'y attendait, Ulrich détourna aussitôt le regard vers ses chaussures mais Aelita avança vers lui. Elle tomba à genoux sur le tapis et le serra contre elle.

- On va sortir d'ici, Odd. Quand ce sera fait, on ira à l'internat, on se fera chopper par Jim et on jouera avec lui à Paraplegik Zombie 6.
- Arrête ! Arrête d'être naïve ! Même si on sort d'ici, comment tu peux croire que ce sera aussi facile ? Ce qu'on vit est réel. William est mort. Sissi va sûrement avoir besoin d'une armée de psychologues et regarde à quel point Ulrich voudrait disparaître sous terre.

Le concerné passa nerveusement sa main dans ses cheveux, toujours sans oser lever les yeux.

- Je suis le plus mal placé pour juger mais ouais, c’est bizarre. Il m’est arrivé grosso modo la même chose mais… la vache, Odd !
- Désolé.
- Tu n’as pas à t’excuser, intervient Aelita. On aura tout le loisir d’en parler une fois dehors, c’est pas le moment de craquer, on a déjà assez de Yumi.
- Désolé, répéta Odd. Tu peux venir avec moi, je dois vérifier un truc.

Ulrich ne put dissimuler son air gêné mais il suivit Odd jusqu'à la fenêtre.

- Je m'en doutais.
- Tu m'expliques ?
- Pendant mon cauchemar, XANA a essayé de me faire croire qu'en affrontant ma peur, je les ferai disparaître. Je préférais vérifier mais il y avait peu de chances que ce soit vrai.
- C'est dégueulasse ! s'emporta Ulrich. On a tous subi notre cauchemar, pourquoi ça ne s'arrête pas ?
- Allons chercher les autres.
- Attendez, vous avez laisser Yumi et Jérémie seuls ? réalisa Odd. Vous n'avez pas peur de ce qu'elle pourrait faire ?
- Jérémie pense que c'est au contraire le meilleur moyen de la garder calme : montrez qu'on lui fait toujours confiance.

Odd haussa vaguement les épaules. Cette fois, il se sentait vraiment vide. Il suivit des yeux Aelita qui se dirigea vers la chambre d'amis, non sans grimacer en regardant vers la porte d'entrée. De toute évidence, ils étaient toujours prisonniers.

- Je vais chercher Sissi ? demanda Yumi une fois qu'ils furent réunis dans le salon.
- A quoi bon ? C'est nous que XANA veut.
- Alors mes Kankrelats, on ne joue plus ?

La voix les fit trembler. Instinctivement, les regards se tournèrent vers le haut-parleur survivant.

- Nous n'avons fini que le premier jeu. Tirez les cartes, qu’on rigole un peu.
- L'ancien XANA me manque, soupira Jérémie.

Sans se laisser démonter, Odd s’approcha de la table basse et attrapa la première carte.

- « L’orage a fini d’approcher. Les éclairs jaillissent, la pluie vous frappe ».

Personne ne fit de commentaire. Des trombes d’eau tombaient soudain dehors.

- Il nous avait déjà fait la neige, après tout, la pluie, c’est sympa, railla Odd. S’il croit nous faire peeeeeeeur !
- Odd !

Un rayon électrique avait jailli d’un haut-parleur pour venir frapper Odd. Ulrich se leva aussitôt mais avant qu’il ait pu faire deux mètres, un second éclair brilla dans la pièce.

- Tirez-vous ! hurla Jérémie.

Il attrapa la main d’Aelita et se rua dans le couloir éclairé par des flashs aussi lumineux que mortels.

- On ne peut pas abandonner Odd ! cria la jeune fille.
- Et on ne peut pas rester ici à se faire tuer !

Trop effrayée pour résister, Aelita laissa Jérémie la guider jusqu’à sa chambre. A tâtons, il la conduisit jusqu’à son lit.

- Reste là.
- Mais les autres…
- Je retourne les aider. Il faut que tu restes cacher. Réussir à sortir d’ici ne nous servira à rien si tu es blessée.
- Jérémie…

Aelita se tut. Son petit ami venait de lui déposer un furtif baiser sur les lèvres.

- Je t’aime.
- Jérémie !

Aelita sentit une bouffée d’angoisse l’étouffer.
Elle était seule dans la pièce et il lui fallut quelques secondes pour comprendre à quel point c'était plus effrayant que ce qu'elle croyait. Yumi lui avait annoncé la mort de William et Ulrich avait précisé que Sissi dormait dans sa chambre.
Où était-elle passée ?
Comme si tout son corps avait décidé de paniquer, ses narines s'écartèrent. Une odeur écœurante flottait dans l'air.
De l'essence.

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Chapitre 13 : Game over


- Odd, mon pote, tu m’entends ?
- Ulrich, il faut qu’on sorte de là !
- Pas sans Odd.

Avec un grognement, Ulrich hissa son ami sur son épaule. Guidé par Yumi qui avait eu le réflexe de saisir une bougie, il atteignit le hall au moment où l’orage cessait.

- Merci, XANA, soupira Yumi en se laissant tomber sur le sol. On a perdu Jérémie et Aelita dans la bataille.
- Bonne stratégie. Maintenant, le spectre a le champ libre.
- Au moins, les éclairs ont détruit les champs de force.
- Si tu veux mon avis, c’est encore un piège, soupira Ulrich.

Il s’approcha de son ami inconscient et lui tapota les joues.

- Odd, dis quelque chose mais pas quelque chose.
- Quelque chose mais pas quelque chose.
- Super. Au moins, nous trois, on sait qu’on est les vrais.
- Sauf que sans Jérémie, on ne peut pas sortir d’ici.
- Théoriquement, la bombe est encore dans le salon. Or, Ulrich, tu es le seul à en avoir déjà utilisé une.

Odd et Ulrich échangèrent un regard suspicieux.

- Tu suggères qu’on s’échappe en abandonnant les autres ?
- L'assemblage que tu appelles bombe n'y ressemble clairement pas et sans Aelita, ça ne servira à rien de sortir pour aller sur Lyoko.
- Bon alors on va chercher Aelita.
- Et si c’est elle le spectre ?
- Dans les deux cas, on est perdus.

Les trois amis se relevèrent. Ils avaient à peine fait trois pas qu’ils trébuchaient sur un corps.

- Sissi !

Yumi s'accroupit et grimaça.

- Je ne sens pas son pouls.
- Non, je refuse de croire qu'elle est morte, s'emporta aussitôt Odd. Elle a dû descendre nous rejoindre et a fait un malaise, c'est tout.
- Odd...
- On n'est pas infirmiers. On devrait rester avec elle le temps qu’elle reprenne connaissance.
- Elle n’intéresse pas XANA. Elle ne risque rien.
- On ne sait jamais !

Alors que Yumi allait protester, Ulrich déclara :

- D’accord. Veille sur elle, on revient le plus vite possible avec Aelita. Appelle les pompiers aussi, tant pis pour les remarques qu'ils feront.

Sa main se glissa dans celle de Yumi et il plongea son regard dans le sien. La flamme qui y brûlait interdit toute question à la japonaise. La bougie levée à hauteur de son visage, elle jeta un coup d’œil dans la cuisine.

- Personne.
- J’ai cru entendre du bruit dans l’escalier.
- C’est parti.

À peine avaient-ils atteint le premier étage que Yumi demanda :

- Pourquoi tu cherches à te débarrasser de Odd ?
- D’abord, il insiste avec son jeu, puis il insiste à nouveau pour qu’on mette les cauchemars en même temps, ensuite il réagit à la provocation de XANA, déclenchant la foudre, maintenant il veut absolument protéger Sissi. Y a quelque chose de louche.
- Mais il a été sacrément touché par l’éclair.
- Technique primaire de diversion. Une attaque sérieuse sans être mortelle commanditée par l’assassin qui veut passer pour une victime.
- Et si c’était Sissi le spectre ?
- Dans ce cas, on doit se dépêcher de retrouver Aelita pendant que Odd la surveille.

***


- Rien dans la salle de bain. Super, il ne reste plus que la chambre d’Aelita.
- Ce serait logique qu’elle y soit.
- La logique, c’est l’affaire des programmes informatiques pas la mienne, désolé.
- Ce n’était pas un reproche.

Yumi et Ulrich avaient tous deux conscience qu’ils parlaient pour ne rien dire, simplement pour dissiper leur peur. Ils n’avaient croisé personne, ni entendu le moindre bruit et l’Ermitage n’était pas assez grand pour qu’on puisse croire à un simple éloignement physique. Ils avaient sciemment commencé par la salle de bain, animé par un espoir vain, mais ils n'avaient plus ce luxe. Quelque chose leur soufflait que XANA entamait sa dernière manche.
Ils avancèrent en silence jusqu’à la chambre d’Aelita mais Yumi s’arrêta avant d’y arriver.

- Ulrich ?
- Oui ?
- Tu sais, cette histoire de copains et c’est tout…

Ulrich la regarda sans comprendre.

- Tu veux vraiment qu'on en parle maintenant ? Tu me fais penser à cet abruti de Turner qui demande Elisabeth en mariage en pleine bataille finale !
- C'est vrai que c'est la chose la plus idiote qu'il ait faite.
- Yumi, ça va aller, OK ?

La japonaise hocha la tête.

- Je suis désolée. J’aurais dû me douter que je n’arriverais pas à t’oublier, même avec l’extinction du Supercalculateur.

Dans d'autres circonstances, Ulrich aurait été fou de joie. Mais conscient que Yumi n'était pas dans son état normal, il se contenta d'un sourire forcé.

- Je suis ravi de ton échec. On en reparle plus tard ?

Yumi hocha à nouveau la tête et ouvrit la porte de la chambre d’Aelita. Ulrich entra devant elle, prêt à frapper.

- Y a quelqu’un ?
- Yumi ?

La voix s’élevait du couloir qu’ils venaient de quitter. La japonaise se retourna avec un soupir de soulagement.

- Aelita ! On avait peur que…

Les mots se perdirent dans un horrible gargouillement. La bougie roula sur le parquet et s’arrêta contre une étagère qui prit aussitôt feu.
Assise sur son lit, Aelita hurla.
Le spectre avait pris son apparence. Un couteau tâché de sang à la main, il regarda avec cruauté le corps de Yumi tomber sur le sol.
La japonaise mourut persuadée que c’était son amie qui l’avait tuée.

- YUMI !

Le hurlement d’Ulrich couvrit à peine le grondement des flammes qui se répandaient. Les bras autour du corps de celle qu’il aimait, il hurla encore son prénom, comme si cela avait eu le pouvoir de la ramener à la vie. Les yeux écarquillés, Aelita le regardait sans réussir à bouger.
Son cauchemar, son vrai cauchemar, se réalisait.

- Salut, Aelita, lança le spectre sans se préoccuper d’Ulrich. Je suis tellement content de te voir.

Folle de panique, Aelita n’hésita pas. Elle fit la première chose qui lui passait par la tête pour éviter à la fois les flammes et le spectre.
Elle sauta par la fenêtre.
Le choc lui coupa le souffle et elle crut l’espace d’une seconde que sa cheville s’était cassée. Elle se releva en tout hâte, voulut s’élancer, heurta quelqu’un.

- Aelita ?
- Jérémie !

La jeune fille fondit en larmes.

- Il a eu Yumi ! Le spectre ! Il a…

Aelita s’interrompit et plutôt que de se jeter dans les bras de son petit ami comme elle en avait l’intention, elle le toisa avec suspicion.

- Qui me prouve que c’est bien toi ?

Jérémie manqua s’étouffer. Il avait une lèvre gonflée, un œil au beurre noir et boitillait.

- Aelita, XANA a créé deux spectres polymorphes. Ils me sont tombés dessus cette nuit alors que tu buvais dans la cuisine. Ils m’ont enfermé dans la remise, je viens juste de m’échapper. Je crois que c’est toi qu’ils veulent.
- Et bien sûr, ils ne t’ont pas tué ? railla Aelita avec un rire hystérique. William est mort, Yumi est morte, mais toi, ils t'ont juste enfermé dans la remise. Tu crois que je vais avaler ça ?

Déchaînée par la peur, elle repoussa Jérémie et partit en courant.
Les premiers hurlements ne tardèrent pas à se faire entendre. Lorsqu’Aelita fit irruption dans une clairière, les loups étaient déjà là.
Et ils n’étaient pas seuls.
Jérémie, boitillant du mieux qu’il pouvait derrière sa belle, eut le souffle coupé en arrivant à son tour à la clairière. Son premier réflexe fut de grimper à un arbre mais les loups ne s’intéressaient pas à lui.
Ils regardaient avec passion leur nouvelle maîtresse revenir sur le sol.

XANA a réussi à matérialiser la Méduse. Non, c’est impossible.

Jérémie n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Aelita, sa douce Aelita, avait le regard déformé par le signe de XANA. Entourée par les loups, elle partit en direction de l’usine, la Méduse sur les talons.

***


- Sissi, réveille-toi, bon sang. Réveille-toi !

Sans se soucier de Kiwi qui aboyait comme un dément, sans se soucier des flammes qui léchaient le plafond au-dessus de sa tête, Odd tirait du mieux qu'il pouvait le corps de Sissi.

- Ils avaient tous raison, je ne suis qu'un maigrichon. Mais merde, Ulrich, Yumi, qu'est-ce que vous foutez ? hurla-t-il en direction de l'escalier.

La seule réponse qu'il obtint fut une planche en feu s'écroulant sur les marches. Il sut que si un jour, il devait à nouveau dessiner un cauchemar, il n'hésiterait pas. L'incendie se propageait vite, tellement vite. Le bois craquait de toute part, les braises pleuvaient, la chaleur l'étouffait.
Et aucun de ses amis ne revenait.
Dans un dernier glapissement, Kiwi courut à l'extérieur de la maison. Une nouvelle angoisse serra la gorge d'Odd. Et si XANA décidait de rétablir ses champs de force ?
Se mordant les lèvres à en saigner, il ne lutta pas contre les larmes qui venaient flouter sa vision.

- Désolé, Sissi.

La gorge nouée, l'estomac au bord des lèvres, il lâcha le corps et courut rejoindre Kiwi. Il ouvrit le portail à la volée, chercha son portable dans sa poche, réalisa qu'il l'avait donné à Jérémie pour sa « bombe ». Il courut entre les arbres, son souffle résonnant dans ses oreilles. Il se concentra sur Kiwi qui détalait devant lui. Il essayait tant de ne penser à rien d'autre qu'il ne vit pas la racine.
Le choc avec le sol lui coupa la respiration. Dans un réflexe, il hurla :

- Kiwi !

Le chien revint vers lui mais se figea à un mètre. Son poil se hérissa alors qu'il fixait un point derrière Odd. Celui-ci se retourna, terrifié, déjà convaincu qu'il allait mourir.
Yumi se tenait devant lui. Glaciale, ténébreuse, belle et repoussante. Elle s'agenouilla et siffla, la main tendue vers Kiwi. Le chien hésita. Déjà, Yumi se matérialisait près de lui. Elle le prit dans ses bras sans se soucier de ses aboiements et sourit à Odd. Celui-ci comprit aussitôt.

- Nan, laisse-le...

Le sourire du spectre s'élargit. Ses doigts se refermèrent autour du cou de Kiwi qui glapit, gémit, pleura. L'emprise se raffermit, les doigts serrèrent encore, plus fort, jusqu'à ce que la tête de l'animal soit séparée de son corps, sautant dans l'air comme un bouchon de champagne.

- NON !
- Tu avais moins de considération pour moi, murmura une voix toute proche.

Odd se tourna sur le côté et manqua vomir. William le regardait mais ce n'était plus William. C'était un cadavre au visage boursoufflé, aux yeux injectés de sang, à la peau en lambeaux. Il était allongé près de lui et laissait apercevoir des crocs acérés. Il ne tarda pas à lever une main griffue vers Odd.

- Alors, il paraît que tu aimes les zombies ?

***


Debout devant le portail de l’Ermitage, Jérémie regardait les restes de la maison brûler. À sa grande surprise, aucun camion de pompier n’était venu. A croire qu’une fois de plus, il était seul. Malgré l’intensité des flammes, il avait l’impression de mourir de froid. Il aurait tout donné pour être effectivement mort.
Il avait retrouvé le cadavre de Odd, déchiqueté, et n'avait pas eu le courage de continuer ses recherches. A quoi bon ?
William mort. Yumi morte. Aelita xanatifiée. Ulrich et Sissi introuvables.
Que lui restait-il, au pauvre Einstein ?
Un cerveau pour se souvenir et des yeux pour pleurer.
Une main se posa sur l’épaule de Jérémie. Il espéra un instant que ce soit un spectre envoyé pour l’achever mais il savait qu’il se trompait. XANA comptait sûrement l’éliminer avec davantage de panache.

- Qu’est-ce qu’on fait ? soupira-t-il.
- J’en sais rien.

Ulrich avança à côté de son ami. Son visage à moitié brûlé n’exprimait plus aucune émotion.

- On a perdu ? insista Jérémie.
- De toute évidence. Tu as trouvé Odd ou Sissi ?
- Odd est mort.
- Donc Sissi était morte avant ou alors, c'était un spectre.
- Je pense qu'elle est morte.

Jérémie marqua une pause. Ulrich l’avait sauvé lors de la toute première attaque de XANA. Il avait été le premier à ses côtés.
Et il serait le dernier.

- Qu’est-ce qu’on fait ? demanda à son tour Ulrich.
- Aelita est xanatifiée.
- Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- Ce qu’on a toujours fait.

***


- Comment se fait-il que le Supercalculateur soit rallumé ?
- J’imagine que XANA est passé par un autre réseau pour créer un ou plusieurs spectres qu’il a envoyés ici.

Ulrich n’insista pas. Face à la mort de leurs amis, ce n’était qu’un détail.
Il n’eut pas besoin que Jérémie lui explique l’image qui apparut d’un coup sur l’écran. Aelita les regardait avec un air narquois qui ne pouvait avoir plusieurs significations. En revanche, quand son ami eut un rictus, il demanda :

- Quoi, qu’est-ce qu’il y a ?
- Tu vois ces lignes ? XANA contrôle Lyoko, le Supercalculateur, les scanners. Dans l’hypothèse où on arrive à se virtualiser, il ne nous laissera sûrement pas revenir.
- Tu veux dire qu’on va rentrer dans les scanners sans savoir si on sera virtualisé ou désintégré et sans savoir où on arrivera si tout se passe bien ?
- Je vais utiliser les dernières coordonnées, ce sont sûrement celles de l’endroit où se trouve Aelita. Mais j’ignore effectivement ce qui va marcher ou pas.
- Un retour vers le passé est exclu j’imagine ?
- Le programme a l’air d’avoir disparu et de toute façon, XANA ne me laissera pas l’utiliser.

Jérémie hésita avant d’ajouter, sans grande conviction :

- Ulrich, on peut encore aller chercher la police.
- Pour faire quoi ? On a une maison en feu et trois cadavres, peut-être quatre, sur les bras. Qu’est-ce que tu veux avancer comme justification ? Au mieux, on finira à l’asile en attendant que XANA trouve un moyen de nous achever. De toute façon, tu veux vraiment vivre avec ça ?
- Mais nous sommes les seuls qui restent. Si on se précipite dans la gueule du loup, XANA aura gagné.
- Jérémie. XANA a déjà gagné.

Le blondinet remonta ses lunettes sur le haut de son nez.
Quelques minutes plus tard, il effectuait le même geste, dans le décor aveuglant du Désert. Il avait conscience d’être ridicule mais il s’en moquait.
Toujours à ses côtés, Ulrich sortit un de ses sabres.
Face à eux, debout sur un Krabe, Aelita les regardait avec mépris et amusement. Une horde de monstres s’agitait derrière elle.
Jérémie attrapa son arme dérisoire, grimpa sur l’overwing et attendit que le moteur de l’overbike rugisse.
Pouvait-on appeler ça un sacrifice quand il n’avait aucune utilité ?
Jérémie regarda Aelita. Elle n’avait jamais été si laide. Ses traits avaient perdu toute leur douceur, son sourire n’était plus que sadisme.
Ce fut ce sourire qui lui fit comprendre qu’il avait tout perdu.
Il se lança dans son unique bataille sur Lyoko.

***


- Intéressant, n’est-ce pas ?
- Plutôt.

Les deux scientifiques échangèrent un regard. Sur un écran, ils pouvaient contempler le désert de Lyoko tandis qu’un autre affichait le Supercalculateur.

- Tu penses que les chefs seront satisfaits ?
- Sachant le nombre d’effectifs qu’ils ont mis sur le coup et le nombre d’heures passées à observer ces enfants pour les manipuler au mieux, il y a intérêt.
- Justement, tu es sûr que ça leur ira ?
- On vient de se débarrasser de la pire de leurs plaies, évidemment qu’ils seront satisfaits. Ils voulaient qu’ils souffrent, je pense qu’ils ont souffert. À mon avis, ils regarderont plusieurs fois les enregistrements des visuels.
- Quand même, ce sens macabre du spectacle…
- C’était plus amusant que de les aligner contre un mur, non ?
- Effectivement. N'empêche... On travaille pour de sacrés pervers.
- Évite de faire cette remarque devant eux si tu ne veux pas finir comme ces gosses.

Le silence s'installa, jusqu'à ce que l’un des hommes désigne l’écran du désert, sur lequel une silhouette attendait.

- Qu’est-ce qu’on va faire d’elle maintenant ?
- Ce n’est plus de notre ressort. Aelita Stones est détruite, comme le souhaitait les patrons. Ils ont sa vie, sa mémoire, son enveloppe corporelle. Ce n’est plus notre boulot. À eux de voir ce qu'ils veulent en faire.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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Icer MessagePosté le: Dim 28 Jan 2018 13:45   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


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Hello ! Quand j'ai vu que ta fanfic était terminée, je me suis dis qu'il fallait quand même s'y mettre. Et puis ouais, finalement, c'était un jeu d'enfant Mr. Green

Je tiens à dire en premier lieu que je ne me souviens pas du tout de ton OS, seulement de ta victoire héhé. J'ai hésité à le lire en amont au début et puis je me suis dit que c'était limite mieux comme ça.

Déjà, je dois dire qu'en général, je n'aime pas trop les textes qui n'utilisent pas la couleur blanche de base (J'ai encore mal aux yeux à cause de Tyker) mais finalement ça passe plutôt bien chez toi, surtout que ça va avec le thème du récit ! Je me suis d'ailleurs permis d'éditer les chapitres 5 à 7 qui, à cause des citations qui font bug la couleur par défaut si tu ne remets pas le code, étaient écrits en blanc. Mais je n'ai pas touché au chapitre 11 parce que ça avait l'air d'être voulu de ta part.

Au début du récit, j'ai été plutôt emballé par l'argumentaire vis-à-vis de l'agrandissement de la bande. Nelbsia nous avait fait le même coup mais de mémoire c'était davantage cliché. Là où hélas tu retombes un peu dans ses travers, c'est le WilliamxSissi qui pour le coup est encore plus automatique, pour éliminer la menace contre Ulrich. Mouais.
Enfin, ça c'est ce que j'avais écrit sur le brouillon. Et puis là, j'ai vu que tu attaquais les doutes par Sissi. Et j'ai adoré l'idée. Et au fur et à mesure de l'avancement du récit, alors que pourtant le contexte ne s'y prêtait pas nécessairement, tu as continué tes coups de théâtre, avec le Odd amoureux d'Ulrich en guise de final, et le bilan est finalement globalement positif à ce niveau là.

Énorme big up à la fin du chapitre 1 :

Citation:
S’il avait su que ce seraient ses derniers mots, il les aurait peut-être mieux choisis.


J'ai pas pu m'empêcher d'y rendre hommage dans mes écrits, le contexte est parfait.

Le concept du jeu de société est juste du pur génie. Que ce soit les règles ou la façon dont tu joues avec les exceptions (Odd qui n'a rien dessiné...), j'étais vraiment fan. C'est donc le cœur de ton histoire et en général, quand le cœur est bien choisi, c'est plutôt bon signe. Ton histoire le confirme.

Coté suspense, tout a été prévu avec l'épée de Damoclès du zombie, qui pour le coup est extrêmement difficile à déterminer en amont (et je suis toujours pas certain de moi à la fin, même si je pense qu'au final il n'y en avait pas), et n'est pas du tout à classer dans le cliché des leurres type la scène de la cuisine avec Ulrich/Sissi/Yumi/William où il faut vraiment ne pas avoir suivi pour ne pas comprendre que Stern est en plein dans son cauchemar.

L'aspect psychologique - et tu sais pourtant que c'est loin d'être ma tasse de thé - est mené d'une façon absolument remarquable, avec une forte de montée en puissance parfaitement maîtrisée, notamment avec les cas de Yumi puis Odd.

La barre a été mise tellement haut qu'ironiquement, le final en est presque décevant. Oh attention il est très bon hein, mais quand tu compares à l'excellence du corps du texte, on se demande presque s'il est au niveau. D'ailleurs j'aimerai bien avoir l'explication de l'auteur sur les dernières lignes, enfin si c'est légal que tu le révèles évidemment !


Alors finalement, c'est purement subjectif mais j'ai beau avoir 5 ans de Pôle derrière moi, je crois que rares sont les textes m'ayant laissé une impression aussi positive que le tien. Je déteste les textes d'Halloween, je n'aime pas la romance, je ne suis pas fan des introspections psychologiques, bref, en gros tout ce que contient ton texte et pourtant tu assembles ça tellement bien que j'ai réussi à accrocher quand même. J'ai très peu de temps pour lire en ce moment, ma vie IRL est un bordel monumental, j'avais mille raisons de juste pouvoir me fier à l'avis d'Ikorih sur son texte, et pourtant, je ne regrette pas d'avoir utilisé une partie de mon week-end pour prendre le temps de l'avoir lu moi-même. Alors, comment conclure autrement que de la façon suivante ? Félicitations. Et merci.

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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Minho MessagePosté le: Ven 23 Mar 2018 17:01   Sujet du message: Répondre en citant  
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Messages: 109
Bien le bonjour Ellana. Après avoir commenté épisodiquement de manière humoristique ta fiction, celle-ci a fini par se clôturer et il est donc temps pour moi de rédiger un commentaire nettement plus sérieux que les précédents. Pour changer (lol), je vais faire un point sur chaque personnage présent, cela sera plus ou moins rapide en fonction des cas je te préviens. J’espère ne pas être trop pompeux, si c’est le cas rien ne t’oblige à en lire l’entièreté.

Je ne vais pas manquer de compliments ici parce que ton texte est celui que j’ai le plus apprécié ces deux dernières années, avec quelques défauts minimes mais que j’évoquerai quand même. Jeux d’enfants est à mes yeux la fiction emblématique du fantastique au sein de ce sous-forum très diversifié. Le Pôle a reconnu ton talent à sa juste valeur et c’est tant mieux car ton histoire est extrêmement riche du côté de la signification. J’y ai personnellement rattaché un concept vu lors de mon cours de philosophie : Unheimliche (le négatif de heimliche). Ce mot, derrière lequel se planque une réalité complexe, résume parfaitement ta fiction, en ce sens que le caractère de l’intrigue relève de ce qui est à la fois familier et étranger. On peut traduire le terme en français par l’inquiétante étrangeté qui est devenu un concept psychanalytique, apparu sous la plume de FREUD en 1919. C’est une sensation un peu désagréable qui relève d’un retour du refoulé. Je l’ai personnellement déjà expérimenté (comme beaucoup d’autres tortures intérieures d’ailleurs) et, le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas toujours agréable. Cela se produit lorsque quelque chose que l’on a refoulé remonte à la surface, quelque chose qui est à la fois étranger puisque refoulé et à la fois familier puisqu’il y a une impression de déjà-vu (une trace douloureuse ancrée dans un méandre de la conscience, avant le refoulement donc). C’est le retour du refoulé, on le voit bien chez Odd, qui produit un grand sentiment d’angoisse. L’homme refoule en permanence certains sentiments, infantiles ou non, pour se protéger. Quelque chose est mis au jour alors que ça aurait dû rester enfoui et du coup cela provoque un sentiment d’angoisse.

Pour Aelita, la phase Lyoko était enterrée mais le retour de Xana l’a évidemment replongée dans toutes ses tourmentes. L’angoisse de Schaeffer junior se porte ici sur l’ablation des proches, la peur classique mais efficace de perdre les amis qui au départ sont le seul lien avec cette terre qu’elle a apprivoisée peu à peu. Par ailleurs, les racines œdipiennes de cette peur sont mises en évidence par l’ambivalence de la figure paternelle, l’ombre de Franz Hopper plane sur tout le récit même s’il n’est que rarement cité. D’une part, il y a la représentation du bon père mais aussi du scientifique, d’autre part il y a la figure du mauvais père avec Xana, l’entité avec qui elle entretient le plus de liens. C’est triste à dire mais le programme multi-agents lui est plus familier que de nombreuses réalités humaines, ses propres parents en tête. C’est évidemment la figure du mauvais père, Xana donc, qui va émettre la menace, il va interdire à Aelita la possession de tout instant heureux. Dans l’animé comme dans ton récit, elle n’aura de cesse de se battre pour garder une place qu’elle ne pense pas mériter.

« Paraplegik zombie 6, le jeu » et « Cauchemars : un jeu de frissons où vous affronterez vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes » plongent immédiatement ton lecteur dans cette inquiétante étrangeté qu’est l’ambiance de ton récit, subtil mélange de visuel troublant, curiosité malsaine et démons anxiogènes propres à rendre fou l’homme le plus sain d’esprit. Ces deux supports, le zombie et les dessins, permettent de passer du monde de la réalité au monde des fantasmes. Le réel n’est plus vraiment tel qu’on le connait, il est modifié, fantasmatique à souhait, parfois trop pour certains sans doute… mais cela ne l’est pas pour moi.
L’œil de Xana dans l’animé a pour fonction de faire comprendre aux spectateurs et aux protagonistes qu’il observe tout en tout temps et lieu mais le regard dans cette histoire est quelque chose de beaucoup plus vaste. Tout ce qui arrive à Jérémie a finalement un rapport avec ce qu’il fait de ses yeux, l’usage de son regard. Le personnage apparait comme un voyeur impénitent, il essaie de voir ce qui devrait lui rester caché : les sombres secrets que renferme le Supercalculateur. C’est une critique que je pourrais t’adresser : je n’ai pas retrouvé cet aspect viscéralement ancré de Belpois dans ta fanfic. Ok, vu que c’est écrit en Post-Lyoko, on pourrait justifier son manque de curiosité scientifique dans ton histoire mais on ne m’ôtera néanmoins pas de l’idée que c’est le personnage que tu exploites le moins bien. A côté du portrait complexe de tous les autres, Einstein m’a paru bien fade. Mais je me sers de lui pour prendre le contre-pied et parler brièvement des autres. A mon humble avis, tu as grandement rendu justice à Aelita, Ulrich et Yumi car, contrairement à la plupart des autres fictions, il est impossible ici de résumer leur caractère à un simple mot péjoratif. Tu les as finalement brillement esquissé tels qu’ils sont, c’est-à-dire : humains. Avec des aspects négatifs autant que positifs, c’est toujours plus intéressant que de balancer les trois dans un grand sac poubelle flanqué du sceau « bêtes à manger du foin ». Je te félicite car tu as réussi à les rendre aussi attachants que détestables, ce qui n’est pas si évident vu que le deuxième sentiment prime chez beaucoup avant même de commencer une lecture ou un épisode. C’est ceux qui m’ont le plus intéressé ici et, bien que je sois un de leurs grands défenseurs, je suis plus souvent concentré sur d’autres (en particulier sur Sissi pour ne pas la citer, je ne l’évoquerai pas ici mais on peut en parler en mp si tu le souhaites). Si ça devait tenir en une phrase, tu as parfaitement géré le Ulumi tout en faisant d’Aelita un personnage complet sur tous les points, et ce beau combo est chose rare en ces lieux. C’est tellement plus simple de les démonter en exhibant leurs défauts à chaque chapitre, facilité dans laquelle tu n’es pas tombée donc bravo ! Pour conclure ce point, je tiens à dire que le cauchemar de Stern est d’ailleurs à mon sens le plus réussi de tous, celui qui m’a le plus perturbé à la lecture, même s’il est certain que mon vécu personnel influence ce constat subjectif.

Pour ce qui est d’Odd, la question de l’interdit est posée, en espionnant son colocataire dans des moments troubles et il y a aussi bien entendu le principe même de deux hommes ensemble qui représente le fameux désir inaccessible aux yeux de Della Robbia. Comment pourraient-ils essayer de créer un être eux-mêmes, le regard des autres, l’absence de la figure maternelle dans le couple, cela amène beaucoup de questions sur le long terme mais ils n’auront pas le temps de se les poser vu le bain de sang final… good job ! Le débat sur l’origine de la vie, en tant que conçue dans un univers entièrement masculin, sans la participation du principe d’altérité que constitue l’autre sexe, aurait pu être intéressant dans le cadre de son cauchemar qui se finit un peu trop rapidement à mon goût. Dommage.
Pour ce qui est de William, je vais faire vite puisque je n’ai plus beaucoup de temps avant mon train : eh bien, il m’a gavé presque autant que dans l’animé, good job car je ne le vois pas autrement. Contrairement aux détracteurs d’autres persos, je ne vais pas commencer à énumérer tout ce qui m’agace chez lui mais je pense que le terme self-centered résume bien le bordel Mr. Green
Petit mot de la fin, le fantastique est surtout intérieur chez toi. A peu de moments, le surnaturel est véritablement affirmé… En d’autres termes, il n’y a pas besoin de revenants pour avoir accès à une autre sphère. Tu ne vas pas dire qu’ils ont vu le démon de manière concrète, mais tu le suggères dans l’esprit de tes personnages. Xana n’affirme pas la matérialité des faits surnaturels qui sont racontés et, pour moi, tout pourrait très bien se jouer dans leur tête. Il s’agit ici d’un glissement remarquable de l’esprit vers le fantastique, de la part d’héros souffrant d’une sensibilité très impressionnable. Encore une fois, félicitations !
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