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[Fiction] Courir à travers la brume

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 Auteur Message
Oddye MessagePosté le: Dim 04 Avr 2010 14:25   Sujet du message: [Fiction] Courir à travers la brume Répondre en citant  
Fleur immonde


Inscrit le: 27 Fév 2008
Messages: 1945
Localisation: Dans un autre horizon
Bonjour la populace, j'espère que vous vous portiez bien.
Bien, je ne suis pas ici pour faire un gros pavé pour parler sur ma vie, ou sur la vôtre, mais plutôt vous présenter une petite fic, elle ne sera pas longue.
Avant toute chose, je vous explique: je suis sur un forum où il est organisé un concours d'écriture. Voici le sujet:
Spoiler


Nous pouvons changer quelque peu l'introduction. Quand vous lirez, vous verrez peut-être que ça ne commence pas exactement pareil. Bien, je poste donc une première partie de l'histoire. J'espère qu'elle vous plaira, et que vous ne vous ennuirez pas.

--


Et tu cries, et tu hurles
Mais personne ne te prête attention
Tu n'avances plus, tu recules
Mais tu t'es fait une raison


Émile avait toujours été ce garçon un peu trop à part, un peu trop solitaire, un peu trop effacé. Personne ne lui parlait, et il ne parlait à personne. Sa vie avait toujours été désespérément vide, dénuée d'adrénaline, de passion... Elle était juste futile, sans aucune saveur, sans aucune odeur...

Et pourtant, aujourd'hui, alors qu'il ouvrait les yeux, Émile sut tout de suite que sa vie venait d'être bouleversé, et qu'elle allait prendre un tournant très important, sans possibilité de retourner en arrière. Ce serait comme une marque indélébile, ancrée à l'intérieur de son âme...

Émile, qui était allongé sur le côté, se releva, le corps mou et sans énergie. Immédiatement, il fut interpellé par deux choses aussi distinctes qu'étranges. Il sentait quelque chose autour de son cou, et il restait en émoi face à l'environnement qui l'entourait. Il baissa les yeux sur son cou, et aperçut alors une montre pendentif pour le moins étrange: les aiguilles tournaient à contresens et l'idée farfelue que ce n'était ni plus ni moins qu'un compte à rebours effleura son esprit déjà bien malmené. Il releva son regard sur le monde autour de lui, et déglutit, perdu et indécis. Des centaines de questions tournoyaient dans sa tête, faisant marcher son cerveau à toute allure, mais il n'y avait aucune réponse, comme s'il essayait d'atteindre quelque chose qui se trouvait hors de portée.

Partout autour de lui, de son corps un brin tremblant, des milliers de couleurs s'étalaient sous ses yeux ébahis. Il put remarquer que le violet était tout de même la couleur prédominante. Il s'avança, lentement, comme s'il avait l'impression de souiller le sol, cet endroit. Ce monde? Il continua à marcher, s'avançant, regardant. Essayant de comprendre, de déchiffrer. Il n'y avait pas de bâtiments, ici, juste des maisons. Certaines étaient toutes carrées, mais d'autres étaient triangulaires, et Émile resta quelques instants interpellé par ces constructions. A l'endroit où il avait ouvert les yeux, se dessinait sur le sol un large cercle. Son regard fut attrapé par les roches qui se trouvaient ici et là. Elles étaient légèrement arrondies, et devant et derrière chacune d'elles, il lui semblait qu'il y avait quelque chose qui s'apparentait à un chemin.

Un bruit assourdissant retentit, et Émile dut se boucher les oreilles tant le bruit était atroce. N'y tenant plus, il courut jusqu'à l'origine de ce bruit, courant dans cette rue, qui semblait vide, déserte. En courant, il aperçut des arbres de couleur rouge, et durant un instant, la pensée que c'était du sang, que l'arbre saignait traversa l'esprit déboussolé d'Émile.

Il tourna à gauche, à la première intersection, et retint un cri lorsqu'il vit un... animal qu'il n'avait jamais vu. L'animal était blanc, d'un blanc éblouissant, presque aveuglant, mais possédait deux longues et belles queues. La bête semblait agonisante, et il s'approcha d'elle. Son visage perdit des couleurs, quand il vit avec choc que les yeux de l'animal étaient rouges. Mais pas un simple rouge, non, un rouge éclatant, trop éclatant, et pendant quelques secondes, rien n'existait plus, à part ces yeux, ce rouge...

L'animal poussa un cri, horrible, déchirant, et Émile sentit ses entrailles se tordre, le libérant de la transe dans laquelle il avait été plongé. Il baissa son regard sur la bête, et ses yeux s'écarquillèrent, lorsqu'il vit que les yeux rouges étaient devenus ternes, gris, que la pupille avait disparu, et que le blanc éclatant avait laissé place au noir, un noir désespérant, tragique, blessant...

Et Émile comprit que la petite bête était morte, que ses souffrances étaient terminées. Une indescriptible douleur le prit, mais il secoua la tête. Tout cela était incohérent, sans queue ni tête. Où était-il? Était-ce un rêve?

La détonation qui avait retentit il y a de cela quelques minutes, revint à nouveau frapper les oreilles d'Émile, et ce dernier se releva, s'élançant vers cet endroit qui semblait étrangement l'appeler, ... comme s'il allait trouver toutes les réponses à ses questions en se rendant là-bas.

Il tourna une dernière fois, et ce qu'il vit le laissa inerte, pantois. De part et d'autre se trouvait deux groupes, constitués d'enfants, de femmes, d'hommes, d'autres bêtes étranges: certaines possédaient dix pattes, d'autres trois queues, ...

Et la conclusion frappa sa conscience. C'était une guerre. Ces deux groupes n'étaient rien d'autres que deux camps, armés, prêts à se battre. Une vingtaine de mètres les séparait, et entre eux se trouvaient des corps. Des tas de corps. Émile voulut vomir, arracher ses yeux, déchirer son coeur... Tout ce rouge, tout ce sang... Tout ces corps... Trop de mort, trop de trop...

Certains avaient des membres arrachés, d'autres avaient une épée plantée dans la poitrine. Et Émile détourna la tête lorsqu'il vit des têtes, sans leurs corps. Subitement, l'image qu'ils devaient tous donner apparut dans son cerveau. Lui, dans un endroit inconnu, étrange, et devant lui, à sa droite, à sa gauche, des gens, debouts, prêts. Prêts à tuer, détruire, briser, mutiler...

Un vent nauséabond s'éleva, et simultanément, chaque tête encore vivante se retourna vers lui. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant, chaque bête... Ils étaient là, à le regarder, et brusquement, des cris retentirent. Pour le camp à sa gauche, c'étaient des cris de purs haines, il entendit même des injures. Et à sa droite, les gens l'acclamaient, et il put percevoir dans toute cette mélopée de sons une phrase qui attira son attention:

"-Il est de retour!"

La phrase contenait tellement de joie, elle transpirait tellement le soulagement, qu'Emile s'en retrouva déstabilisé.

"-Tu n'aurais pas dû revenir, sale bâtard!"

Emile sentit ses mains trembler, et sa vision devenir floue. Pourquoi, à chaque fois qu'il marchait, quelqu'un l'insultait? La femme qui venait de lancer cette phrase, il ne la connaissait même pas, ils étaient étrangers l'un à l'autre, et elle l'injuriait.

Et partout où tu passes
Les gens te regardent mal
Alors ton sang se glace
Mais ça devient normal


Oui, cela faisait parti de la vie d'Emile, toute cette haine qui lui était adressée. Certains n'étaient peut-être pas fait pour être aimé, et avoir des amis, des amours, ...

D'un même accord, d'un même souffle, chaque personne cria, et Emile sut que ça y est, ils allaient se battre. Chacun s'élança, se ruant sur l'adversaire, avide de tuer, avide de faire mal. Emile déglutit lorsqu'il vit venir vers lui un petit groupe de personnes, brandissant leurs armes. L'image de son corps mutilé brûla sa rétine, et il se mit à courir, comme un fou, un dératé, un perdu, un peureux.

Plus rien n'existait, à part courir, courir le plus vite et le plus loin possible. Et il hoqueta quand il sentit des larmes dévaler ses joues, sa vue se brouilla, mais il continua. Il ne voulait pas mourir, alors qu'il ne comprenait rien. Il espérait que c'était un mauvais rêve, un horrible cauchemar, qu'il se réveillerait dans son lit, qu'il prendrait une bonne douche, et que la vie continuerait.

Mais il ne pouvait pas prendre de risques, alors il continua sa course. Un instant, il se dit qu'il n'avait jamais autant courru de toute sa vie. Il courrait à travers la brume, une brume épaisse, dure, cassante, une brume de questions, de doutes. Mais ne voyant plus rien, aveuglé par sa peur et sa douleur, il trébucha, tombant en avant. Il sentit son corps percuter le sol avec violence, et il se dit que c'était la fin, parce qu'il n'avait plus la force de se relever. Les autres s'approchaient, leurs cris de joie brûlaient le coeur d'Emile, mais ce fut à son tour de crier lorsqu'il les vit si proche, si près de lui. Un homme brandit son épée, et le soleil se refléta dessus, éblouissant un instant la vue d'Emile. Puis, lorsqu'il put à nouveau voir, l'homme était là, dans les airs, tombant vers lui, l'épée tendu.

Emile ne bougea plus, acceptant l'inacceptable. Mais un cri se fit entendre derrière lui, et il n'eut même pas le temps de tourner la tête, que la personne qui venait de crier sauta en avant, son corps passant juste au-dessus d'Emile. Et ce dernier trembla, lorsqu'il vit la lame traverser le corps de l'homme qui venait de se jeter devant lui pour le sauver, se sacrifiant pour lui. L'épée avait traversé le ventre de l'homme, et le bout de la lame était là, devant ses yeux remplis de larme. Un homme venait de mourir pour lui, ...

-Courrez, chef! S'il vous plaît...

Et l'homme s'effondra. Le bruit qui retentit lorsque le corps s'écroula au sol glaça les sens d'Emile, mais il se releva. Il ne savait pas d'où il trouvait cette force de se remettre debout, mais cet homme venait de mourir pour lui, il n'avait pas le droit de mourir à son tour, l'homme serait mort pour rien, et Emile ne pouvait permettre cela. Car pour la première fois de sa vie, pour la toute première fois, quelqu'un l'avait protégé, acceptant d'y laisser la vie, de perdre ses rêves, ses espoirs, ses envies pour lui. Pour lui...

Cette pensée tourna et retourna dans sa tête, et un mal de tête atroce le fit chanceler, mais il parvint à rester debout.

-Là-bas, la pierre ronde! Montez dessus! s'exclama une voix.

Emile tourna la tête, et aperçut alors une jeune femme, qui courrait non loin de lui, et il sut dès lors que cette femme allait mourir à son tour, qu'elle était venue jusqu'à lui pour ça, pour le protéger, pour l'aider. Pour le sauver. Et lorsqu'elle tomba sur le sol, terrassée par une flèche en plein coeur, Emile voulut à nouveau pleurer, mais il retint tant bien que mal ses larmes, et décida finalement de sauter sur la pierre ronde que la femme avait désigné. Il saurait au moins à quoi cela servait, si cela servait effectivement bien à quelque chose.

Il sauta, et lorsqu'il atterrit sur la fameuse pierre, il vit apparaître avec une rapidité qui le surprit, des rails, et la roche semblait en être le point de départ. Le déclic se fit aussitôt dans l'esprit d'Emile, et avant qu'il ait pu exclamer sa surprise, la pierre avait déjà commencé à avancer sur les rails, étrange substitut d'un train. Emile tourna la tête, et vit avec une joie sans bornes ses assaillants rester derrière, alors que lui avançait à toute vitesse vers une destination inconnue.

Rapidement cependant, la pierre s'arrêta brusquement, étant arrivée à la fin de son parcours, et Emile se fit projeter en avant, tombant maladroitement sur le sol. Il se releva rapidement, terrifié en pensant que ses adversaires pouvaient surgir à tout moment, quand il aperçut la porte ouverte d'une des maisons de forme carrée. Intrigué, son instinct lui criant que c'était la meilleure chose à faire, Emile s'avança vers la porte ouverte, et arrivé devant, une main sortit de la maison, empoigna son cou, et le tira à l'intérieur. Il entendit plus qu'il ne vit la porte se fermer, puis être verrouillée. Il était donc impossible de sortir.

Brusquement, cette constatation atteignit son cerveau, et toute la dure réalité de la chose le fit frissonner. Il était dans un endroit inconnu, avec une personne inconnue, et il n'y avait aucune chance de sortir.

-N'ayez pas peur, je suis un de vos plus fidèles partisans. Mais je ne pense pas me tromper en affirmant qu'il y a un problème.

Emile put enfin voir cet inconnu, le détaillant tout à loisir. C'était un homme vieux, de par ses rides, ses mains fripées. Il n'avait pas une longue barbe blanche, ni une épaisse moustache.

-Vous pensez bien! railla Emile.

Alors que l'ambiance guerrière et meurtrière était retombée, que la douleur s'était quelque peu effacée, enfouie sous des tas d'autres sentiments, Emile se sentait transpercé de tous côtés par une frustration et une colère coupantes, déchirantes, aussi déchirantes qu'il ne l'était lui-même, perdu entre des milliers, des millions de questions, des corps qui tombent devant ses yeux, du sang partout...

-Je veux qu'on m'explique ce qu'il se passe! Et je veux retourner dans mon monde!

Il avait crié, mais il avait l'impression que ce n'était pas assez. Il lui semblait même que rien ne serait jamais assez.

-Alors tout était vrai! murmura l'homme.

Emile allait répliquer, lui criant qu'il ne voulait plus d'énigmes, juste la vérité, mais le vieillard ne lui en laissa pas le temps, et parla.

-Savez-vous que les vies antérieures existent?
_________________
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Je n'étais pas anciennement odd-4-ever.
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Julrose MessagePosté le: Dim 04 Avr 2010 14:36   Sujet du message: Répondre en citant  
[Gardien ancien]


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Messages: 1752
Localisation: Quelque part dans l'Allier...
C'est super comme fic tout ça. Smile

J'adore la façon que tu as de décrire le nouveau monde qu'Émile traverse. Tu sais utiliser les bons mots et tes phrases sont bien tournées. =)

Vraiment Oddye, continue comme ça, c'est super bien écrit Smile
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Oddye MessagePosté le: Sam 10 Avr 2010 17:58   Sujet du message: Répondre en citant  
Fleur immonde


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Messages: 1945
Localisation: Dans un autre horizon
Merci Julrose16 pour ton commentaire (accessoirement le seul, mais bon, je force personne à lire (Encore heureux, n'est-ce pas?). Voici la dernière partie, qui est un peu longue, je pense.

Pour Emile, quelque chose semblait se casser. Sa colère, mais surtout lui-même. Ce qui allait suivre allait être horrible, il le pressentait, le sentait au plus profond de son âme déjà bien mutilé.

Tu souffres, encore et toujours
Ça revient, ça reste collé à toi
Tu voudrais être aveugle, être sourd
Mais les miracles n'existent pas


-Il y a 30 ans, un jeune homme qui avait alors 15 ans et qui s'appelait Ryan Normé, commença à faire parler de lui, pour sa beauté que certains prétendaient qu’elle avait été façonnée par La Bête Suprême et...

-La Bête Suprême? le coupa Emile.

-Ah oui, pardonnez-moi, il est vrai que vous ne connaissiez rien à cet endroit. La Bête Suprême est notre emblème, il est considéré comme notre dieu. Je pense que vous avez dû rencontrer un de ces représentants, un de ces fils dans notre monde. Son pelage est blanc, et il possède deux queues.

Emile était soufflé. Le dieu de ce monde était une bête à deux queues, et au poil blanc. Il n’aurait jamais pu imaginer une telle chose, mais il préféra se taire, par peur de vexer l’homme par son étonnement démesuré.

-Je disais donc que Ryan Normé devenait de plus en plus connu dans notre monde. Les jeunes femmes étaient fascinées par tant de beauté, tant de prestance lorsqu’il marchait dans les rues. Il dégageait une telle assurance, elle semblait presque surnaturelle. Elle l’était. Ryan Normé était également très puissant, il possédait une force surhumaine, un maniement de l’épée qui frisait la perfection si ce n’est plus alors qu’il était encore très jeune, un corps robuste et pourtant son corps était fin, trop fin pour qu’il puisse être aussi fort physiquement. Ici, ceux qui font appliquer la loi, ceux qui s’occupent de cet endroit sont les hommes les plus âgés, les plus sages et les plus spirituels, posés et sensés. Si la population était subjuguée, ces hommes, dont j’en fis partie quelques années après, ont été intrigués. Ryan Normé était un mystère.

Le vieillard et Emile s’étaient assis dans des fauteuils tellement doux et confortables, Emile n’en avait jamais connu de tels. Mais pour l’heure, il était bien trop captivé et surpris par l’histoire que lui racontait son interlocuteur pour vraiment être intéressé par des fauteuils. L’homme repris, d’une voix calme et reposée, mais Emile voyait bien que ses mains étaient crispées. En contant ce passé que le vieillard avait essayé d’enfouir au plus profond de son cœur, il revivait ses souvenirs, goûtait encore l’amère souffrance qui avait déchiré ce monde.

-Un jour, alors que la nuit était tombée, un forfait a été commis. Celui le plus grave, le plus important: un des représentants de la Bête Suprême avait été tuée. C’est moi qui ai trouvé la petite bête, allongée devant ma porte, le pelage ensanglanté. Lorsqu’un animal, un arbre, ou tout espèce autre qu’humaine est en train de mourir, ses yeux ou sa peau deviennent rouges. Vous l’avez peut-être remarqué.

Emile se rappela de l’arbre rouge, de la petite bête touffue, fils de la Bête Suprême. Il se rappela combien cela l’avait secoué, de voir tout ce rouge…

-Immédiatement, j’ai su qui l’avait tué. Il n’y avait que lui pour commettre cette abomination, ce sacrilège. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant, tous sont bien trop respectueux envers notre Dieu pour oser tuer l’un de ses fils. Mais Ryan Normé était arrogant, beaucoup trop prétentieux, pour se soucier de l’importance d’un tel acte. Il ne connaissait pas la peur, il me l’inspirait. Il faisait peur aux sages, à nous qui étions et sommes vieux, inaptes à nous battre, à nous défendre.

Emile vit une ombre apparaître sur le visage de l’homme. Sa haine s’affichait dans ses yeux, sur ses traits, et il voulut dire quelque chose pour l’apaiser, pour calmer sa rage, mais il ne trouva rien, et il préféra se taire, au lieu de dire une quelconque bêtise.

-Rapidement, la nouvelle de ce crime fit le tour des rues, et chaque personne apprit la douloureuse vérité. Des accusations apparaissaient de partout, les gens voulaient trouver un coupable, et vite. Il leur fallait un exutoire, une personne sur qui déverser leur haine et leur peine. C’était primordiale pour eux, presque… vitale. Désespéré, je suis allé voir Ryan Normé. Je voulais le pousser à avouer son forfait, à se confesser, pour apaiser le tourment de mon cœur. Vous ne vous en rendez peut-être pas compte, mais nous vivons avec la nature, avec chaque arbre, chaque plante, avec chaque animal. Et les fils de la Bête Suprême sont considérés comme nos frères. Tuer l’un d’entre eux, c’est blesser l’un d’entre nous.

L’homme s’arrêta, comme essoufflé, son cœur battant à tout rompre, et il se passa une main lasse dans ses cheveux. Il inspira une grande bouffée d’oxygène, puis reprit.

-Je suis donc allé le voir, l’esprit mutilé. Et lorsque je lui ai demandé d’accéder à ma requête, le visage qu’il me laissa voir me glaça d’effroi. Son sourire… C’était le sourire du démon, de la plus abjecte personne. Il a rit, s’est moqué de moi, de mon impertinence, de ma stupidité. Et il m’a alors avoué que les représentants de notre Dieu étaient une insulte à son encontre. Mon regard a clairement exprimé mon incompréhension, et il m’a alors presque jeté à la figure qu’il était le descendant de la Bête Suprême, son Héritier et que chaque fois qu’il voyait ces « sales petites bêtes », il ressentait une haine dévastatrice envers son ascendant et son Dieu.

Emile était clairement choqué. Il ne s’attendait pas à cela, mais il préférait ne pas demander des détails, car il voulait enfin savoir quel était le rapport avec lui, et les vies antérieures.

-J’étais si bouleversé, mais je savais immédiatement qu’il disait la vérité. Tout concordait. Sa puissance, sa beauté. Il était le fils direct, l’héritier de la Bête Suprême. Je lui ai demandé pourquoi il ne l’avait dit à personne, pourquoi il avait terré ce secret. Il aurait pu être vénéré, bien plus que les animaux dont il était jaloux. Et le rire dément qui sortit de sa bouche me fit frissonner. Il répondit alors d’une voix glaciale que ses frères animaux n’auraient jamais dû exister, et qu’ils lui auraient toujours fait de l’ombre -étrangement, j’étais d’accord avec lui sur ce point- que de par leurs présences, ils l’insultaient, lui, l’héritier. Il était presque en concurrence avec des animaux, c’était une injure pour lui. Ne dire à personne qui il était réellement le permettait ainsi d’agir dans l’ombre, d’être moins soupçonné pour ce crime, d’être plus tranquille pour commettre ces immondices. Un instant pourtant, je me suis surpris à le comprendre, à comprendre sa haine, cette injustice. Mais ça n’expliquait pas, ça ne pardonnait pas ces actes. Ensuite, il a fermé la porte. Je suis resté quelques secondes hébété sur le palier, à me demander pourquoi il ne m’avait pas tué, quand l’évidence a surgi devant mes yeux. Il voulait que j’informe le monde de la vérité. Je me suis demandé si c’était la bonne marche à suivre, mais je suis vite allé révéler ce secret qui me brûlait les lèvres. C’était trop lourd à porter sur mes épaules: c’était l’Héritier, celui que nous devons vénérer, celui à qui nous devons baiser les pieds.

Emile avait pitié pour cet homme. Il avait l’impression qu’il était en proie à des démons intérieurs, et bien qu’il ne comprenait pas tous les sentiments qui traversaient le vieillard, il ne dit rien et respecta son désarroi.

-Lorsque la nouvelle fut annoncée, tous les secrets ainsi mis à jour, immédiatement deux camps se détachèrent. Ceux qui étaient horrifiés de l’acte de Ryan Normé, et qui se mirent à le haïr, même s’il était l’Héritier, pour certains, cela alourdissait encore plus l’importance du crime. Et enfin ceux qui adoraient Ryan Normé, ceux qui l’adulaient, qu’importe le sang qu’il avait fait couler, ceux qui voulaient suivre l’Héritier, et enfin ceux -et jamais je n’aurai cru qu’il existait de tels gens- qui ne croyaient pas en la Bête Suprême, et donc en ses fils, mais qui avaient plutôt confiance absolu en cet homme presque parfait. Lorsque la guerre commença, Ryan Normé avait 20 ans, et toute une troupe derrière lui. Il voulait se débarrasser de l’autre camp, pour ainsi devenir le chef incontesté de ce monde. L’autre camp n’était bien sûr pas d’accord avec cette idée, et voulait venger la Bête Suprême de l’affront qu’on lui avait fait.

Emile se rappela alors que l’homme, tout au début de leur rencontre, avait affirmé être l’un de ses plus fidèles partisans.
-Pour quel camp êtes-vous, sérieusement? demanda-t-il.

L’homme le regarda, et Emile déglutit en voyant ce regard si sombre, si perdu.

-Honnêtement, … je ne sais pas. Depuis mon plus jeune âge, j’étais élevé dans le seul but de devenir l’un des sages de ce monde. Mon père en était un, mon grand-père également, et ainsi de suite, et ce durant des générations. C’était une coutume, une tradition. Un devoir. Dès l’âge de 8 ans, on m’a enseigné la philosophie, la sagesse… Je n’avais aucun autre but que de devenir un de ces penseurs, de ces intellectuels qui doivent apporter stabilité aux habitants. Nous étions tous au courant de l’existence de l’Héritier Suprême, même si nous ne savions pas de quelle manière et quand il allait apparaître devant nos yeux. Et nous, les sages, l’un de nos devoirs était de suivre et de servir cet Héritier. Toute ma vie, mon père m’a rappelé combien ce devoir était important, c’était même une mission. Quand toute cette tragédie est arrivée, bouleversant les habitudes, les croyances et la raison, je ne savais plus quoi faire, j’étais perdu. Tout mon être me criait de devenir l’un de ses opposants, de suivre les autres penseurs, de suivre ma mère et ma sœur, mais toute ma raison me poussait à rester près de l’Héritier, ce pour quoi on m’avait éduqué. Être le parfait sage, accomplir tous les devoirs et les obligations que ce statut exigeait. Je ne pouvais marcher sur toutes ces années, cela m’était impossible. Alors je l’ai suivi, j’ai exécuté ses ordres. Oh, bien sûr, je ne suis jamais allé me battre, je ne devais que le conseiller, l’aider dans ses choix, et ce sont mes conseils qui ont provoqué la mort de dizaines de personnes.

Emile sentit un instant une compassion immense serrer son cœur, et il voulut désespérément faire quelque chose, aider ce vieil homme qui semblait en proie à une terrible détresse, troublé, incertain…

-Lorsque je me retrouvais près de lui, sur le champ de bataille, en retrait, et qu’ils me voyaient, leurs yeux exprimaient un tel mépris que j’ai cru un jour que la meilleure solution était de mourir, de partir loin de toute cette guerre, de toute cette douleur qui m’étreignait un peu plus chaque jour. J’ai été hué, insulté. Les gens crachaient sur mon passage. Mais j’ai continué, j’ai suivi les ordres de feu mon père, pour lui faire honneur, parce que je savais très bien qu’il aurait suivi l’Héritier, en dépit de tous les crimes immondes que ce dernier avait commis. Et un jour, tout a basculé en avant, j’ai cru que je ne m’en remettrais jamais et, même après toutes ces années, mes nuits sont peuplées de toutes ces horribles images.

Il s’arrêta un instant, troublé à son paroxysme, cherchant à arrêter les battements de son cœur effréné.

-Il était venu, avec toute sa splendeur et sa magnificence, et il m’a annoncé, avec un ton tellement lugubre que cela en était choquant, que ma sœur était morte. Il l’avait tué par inadvertance, et tout n’avait été qu’une question de hasard. Cependant, aujourd’hui encore, je me demande si ce n’était pas lui qui l’avait assassiné, dans le seul but de détruire chaque lien qui pouvait me faire changer de camp. Lorsqu’il m’a annoncé cela, j’ai cru durant quelques secondes que tout s’était arrêté, que mon cœur allait exploser sous ce trop plein de douleurs. Et puis, rapidement, un autre sentiment avait prôné dans mon âme. La haine. J’étais envahi d’une rage sans bornes et sans limites, et alors qu’il se retournait, laissant dans son sillage un parfum de victoire, j’ai avisé non loin de là un poignard que mon père m’avais transmis. Il avait semblé m’appeler, me crier de venir le prendre dans ma main, et je n’ai pu résister à son appel. Je me suis approché de lui, j’ai pris cette arme si tranchante, et alors qu’il allait sortir, lâchant un « toutes mes condoléances » qui sonnait terriblement faux, j’ai planté le poignard dans son dos, plusieurs fois, le meurtrissant de sa pointe mortelle. Lorsqu’il est tombé sur le sol, son regard exprimait toute son incompréhension, son incrédulité. Même moi je ne pouvais croire que je venais de poignarder l’Héritier Suprême. Mais Ryan Normé m’avait toujours sous-estimé. Pour lui, je n’étais qu’un vieillard plein de sagesse, mais sans aucun courage. D’ailleurs, il m’appelait toujours « mon très cher peureux », surtout quand il me saluait: « Bonjour, mon très cher peureux »…
Mais à ce moment-là, j’ai tout de suite que je n’avais pas non plus fait preuve de courage, cela avait juste été de l’insouciance, de l’inconscience… Et quand ses yeux se fermèrent, quand le sang avait beaucoup trop coulé pour que cela soit réparable, j’ai su que je venais de marquer un tournant décisif de ma vie. Je venais de tuer l’homme que je devais servir. Je ne pouvais me résoudre à ce que cette nouvelle se propage, car le camp de l’Héritier aurait alors vite perdu toute espoir de victoire. Il fallait brûler son corps, car si je l’avais caché, quelqu’un serait parvenu à le trouver. J’ai rassemblé tout mon courage, et j’ai brûlé le corps de l’Héritier Suprême.

Un son étranglé, comme un sanglot, s’échappa de ses lèvres tremblantes, et Emile sentit toute sa souffrance à avouer cette histoire si déchirante pour lui. Mais il comprit que l’homme avait besoin de parler, pour vider ce trop plein d’émotions, ainsi que pour lui apprendre la vérité, toute la vérité.

-J’ai tué Ryan Normé cinq ans après son ascension, et aujourd’hui encore, personne ne sait qu’il est mort. J’ai menti à ses partisans, j’ai affirmé qu’il se retirait, pour revenir avec une arme extrêmement puissante, dévastatrice. Notre monde est bien plus grand que vous ne pouvez le penser, il est donc facile de s’en aller, sans être retrouvé. Depuis deux ans, beaucoup de signes apparaissent, et seul un sage très attentif peut les voir. Les autres sages sont bien trop occupés pour pouvoir les voir, ce qui n’est pas mon cas. J’ai vu des choses qui ne trompaient pas: Ryan Normé allait revenir. Mais profondément changé. Si je vous ai parlé des vies antérieures, c’était parce que vous étiez Ryan Normé dans votre vie antérieure.

Emile crut que quelque chose venait de tomber, et que le monde s’écroulait. Un bruit semblable à du verre qui se casse frappa avec force son esprit, et il jeta un regard troublé sur son vis-à-vis.

-Si certains vous acclament pendant que d’autres vous insultent, c’est parce que votre physique est semblable à celui de l’Héritier. Vous étiez l’Héritier. Vous êtes bien plus jeunes, et je suis certain que vos alliés croiront que vous étiez partis pour rajeunir, retrouver votre jeunesse d’antan, et par la même occasion, un esprit neuf, une force plus impressionnante. Mais je savais bien que vous ne comprendrez rien à tout ce qui se passerait, parce que vous n’êtes plus l’Héritier, vous ne vous souvenez en rien de votre vie d’avant.

Emile comprenait à présent beaucoup de choses, mais durant un instant, il aurait préféré ne rien comprendre, rester dans le doute, parce que la vérité faisait mal, très mal.

-Mais pourquoi suis-je ici? Comment… je… je ne comprends pas…
-Je pense que votre venue était une erreur, un malheureux hasard. Mais à présent, vous êtes bien là, et il faut que vous retourniez dans votre monde.

Emile acquiesça, une boule dans le ventre, et il retint un gémissement de pur terreur. Pourquoi sa vie ressemblait à un cauchemar? Pourquoi chaque jour de sa vie virait au drame? Était-il maudit? Peut-être que quelqu’un lui avait jeté un sort. Il ne comprenait plus rien, il était perdu dans une tempête, et il lui semblait que toute chance d’en sortir venait d’exploser devant lui.

-Comment pourrais-je retourner chez moi?
-Je ne sais pas, avoua l’homme, mal à l’aise.

La réponse avait fusé aussi rapide qu’un coup de poing, et Emile en ressentit la douleur. Allait-il rester ici, pour le restant de sa vie, à se battre contre quelque chose qui le dépassait. Il n’était pas Ryan Normé, ou en tout cas, il ne l’était plus. Subitement, son cou devint lourd, et il crut qu’il allait s’écrouler sur le sol. Il se souvint alors de la montre pendentif, et la toucha du bout des doigts. Le regard de l’homme suivit le mouvement, et alors que son visage se transformait, traversé par un sentiment qu’Emile n’aurait pu décrire, des horloges apparurent sur tous les murs de la maison, en particulier dans la pièce où il se trouvait, à savoir le salon. Il vit que l’aiguille des heures était sur 10, et celle des minutes sur 15.

-Oh mon Dieu! Vite, il n’y a plus une minute à perdre! s’écria le vieillard.

Emile ne comprenait pas, et son regard parla de lui-même.

-La montre que vous portez autour du cou est un compte à rebours, et bien que je ne sais pas ce qu’il arrivera quand il sera fini, je suis sûr d’une chose, c’est que vous devez retourner dans votre monde avant qu’il se termine.
-Mais comment savez-vous cela?
-Comme je vous l’ai dit, beaucoup de signes sont apparues depuis quelques années, dont l’un qui représentait le dessin d’une horloge. Il est apparu sur le sol, au début il n’était pas très conséquent, mais au fur et à mesure que le temps, il devenait plus grand, plus large. C’était un compte à rebours, et un jour, j’ai trouvé des phrases inscrites en lettres de feu sur l’horloge.
« Avant que ne s’arrête le temps, trouvez l’issue. Avant que l’aiguille ne tombe sur le 12, trouvez le chemin. » Le lendemain, ces phrases avaient disparus. Bien, ce dont nous pouvons être sûrs, c’est que, quand la grande aiguille atteindra le 12, il sera trop tard, et je n’ose imaginer ce qu’il adviendra de vous, et quelles seront les conséquences.

Emile sentit une rage intense l’envahir. Il en avait assez, et l’envie de tout casser s’insinua dans ses veines. Il ferma les yeux, respira un bon coup, pour se calmer, et y parvint, bien que difficilement.

-Je suppose que le chemin est celui qui vous ramènera chez vous, mais je ne sais pas quel est ce chemin. Mais quoiqu’il en soit, nous devons nous risquer à sortir dehors, car il est fort probable que l’issue est dehors.

Emile hocha la tête, et ils se levèrent d’un même ensemble.

-Et au fait, je ne me suis même pas présenté, s’indigna l’homme. Je m’appelle Sir Londock.
-Je m’appelle Emile.

Sir Londock ouvrit la porte, jeta un regard autour d’eux, et ils sortirent de la maison sûre et sécurisée, pour se rendre dans ce monde déchiré par la guerre. Subitement, une question surgit dans l’esprit d’Emile.

-Comment s’appelle votre monde?

Le vieillard le regarda, et répondit d’une voix calme, comme s’il avait retrouvé sa sérénité, après avoir dévoilé sa douleur, mis son cœur à nu devant lui.

-Notre monde n’a pas de nom. Pourquoi nommer quelque chose qui n’a pas besoin d’être nommé? Nous savons où nous sommes, mais seuls les sages connaissaient l’existence d’un autre monde. Nous n’en parlons, pour ainsi dire, très peu, voire même jamais, car la plupart en ont peur. Ils ont peur de l’inconnu, de ce potentiel danger, pour ma part, je n’ai jamais été effrayé par cela, j’ai toujours voulu en savoir plus.

Emile aurait bien voulu lui décrire la Terre, mais il avait bien trop peur de ce qui se passait, et gardait encore en mémoire qu’il avait été Ryan Normé.

-Allons-y! dit l’homme.

Ils se mirent à marcher, et Emile sut qu’ils cherchaient sans indices précis, mais ils ne pouvaient faire autrement.

-Vous rappelez-vous de l’endroit où vous êtes apparus?

Emile acquiesça.

-Je suis apparu sur le dessin de l’horloge.

Ils s’y rendirent rapidement, marchant prudemment, faisant bien attention. Ils arrivèrent très vite là-bas, et Sir Londock se rendit compte d’une chose troublante. Emile fronça les sourcils.

-Qu’y a-t-il? demanda ce dernier.
-Voyez-vous, ici, les maisons de forme triangulaire sont des boutiques, les autres sont des habitations. Regardez la boutique juste en face de vous. C’est un magasin de vêtement. Vous voyez la flèche qui pointe à droite? D’habitude, elle pointe toujours vers le bas, donc vers l’entrée du magasin. Hier encore, elle était dirigée vers le bas.

Emile ne comprenait pas, et se frotta le front.

-Le chemin… murmura le vieillard.

Le jeune homme comprit immédiatement. C’était l’issue, le chemin pour retourner chez lui.

-Vite, allons-y!

Emile était si excité, il allait retrouver son monde, sa vraie vie, il pensait déjà au moment où il s’allongerait dans son canapé, où il dormirait pendant des heures, avant de sortir se promener et redécouvrir avec un bonheur ces lieux où il vivait. Sir Londock voulut lui conseiller de tempérer sa joie, car s’il ne pouvait rentrer chez lui, il tomberait de très haut, et l’homme savait très bien à quel point la chute faisait mal. Ils avancèrent, et rapidement, ils arrivèrent devant un nouvel indice, le même qu’il y a quelques minutes: une flèche qui indiquait une direction. Pendant de longues minutes, ils marchèrent ainsi, et à chaque fois, Emile sentait la joie revenir bercer son cœur. Et alors qu’il trouvait une nouvelle flèche, un cri retentit.

-Il est là-bas!

Le jeune homme se retourna, et ses yeux s’écarquillèrent en voyant les nombreux opposants de Ryan Normé qui le fusillaient du regard. La peur prit place dans son âme, effaçant la joie qu’il avait pu éprouver.

-Vite, sur les pierres, informa Sir Londock.

Emile avisa les deux pierres qui se faisaient faces, séparées de deux mètres environ, et chacun se dirigea vers l’une des deux pierres, s’asseyant dessus, et ils se mirent à avancer à toute vitesse sur leur moyen de locomotion. Ils ne savaient pas s’ils se rapprochaient ou, au contraire, s’éloignaient du chemin, mais ils ne pouvaient faire autrement.

Le jeune homme de 15 ans regarda la montre, et vit qu’il restait moins d’une heure avant la fin. Un frisson de terreur parcourut son corps, et il se força à rester calme. Rapidement, la fin du trajet arriva, mais cette fois-ci, Emile anticipa, et sauta avant l’impact.

Alors qu’il posait les pieds, plusieurs horloges prirent vie sur le sol, comme si une main invisible les avait dessiné à une vitesse hors du commun. Cela ressemblait étrangement à un trajet.

-Suivez ce chemin.

Emile s’exécuta, et vit du coin de l’œil que le vieillard s’était caché, pour se reposer, incapable de courir plus longtemps. Il aperçut néanmoins que ses alliés venaient d’arriver à leur tour, le protégeant. Il aperçut cependant que certains le regardaient d’un air étonné. C’était légitime. Ryan Normé était fort, puissant, capable de se défendre tout seul, alors que lui ne faisait que fuir. Mais c’était son destin qui était en jeu, alors il ne ferait pas autrement.

Il suivit le chemin qui avait été dessiné, et arriva devant une longue rue qui semblait s’étendre sur plusieurs mètres. Et lorsque un homme armé jusqu’aux dents surgit non loin de lui, il sut que cela allait beaucoup le retarder, et il n’avait pas le temps.

-Eh bien, te voilà dans une bien mauvaise posture, Normé!

Celui qui était désigné comme Ryan Normé recula de quelques pas.

-Te voilà devenu bien trouillard. Oh oui, un lâche. Je ne sais pas ce que tu as fait pendant toutes ces années, ni comment tu as retrouvé un corps aussi jeune, mais tu as fait une grossière erreur. Et je vais faire en sorte qu’elle te soit fatale.

Il se rua vers le jeune homme, qui ne savait pas quoi faire. Il n’eut rien le temps de faire, de penser ou de dire quoi que ce soit, que déjà l’homme était devant lui, brandissant son épée. Emile, alerté devant la mort qui paraissait si proche, eut un sursaut sous l’instinct de protection qui se manifesta dans son esprit. Il sauta en arrière, mais l’épée frappa durement son bras, néanmoins il était en vie. Il grimaça devant la profonde blessure, et eut peur lorsqu’il vit son opposant revenir à la charge. Un bruissement se fit entendre, un sifflement, et une flèche arriva du côté droit à toute allure, se plantant dans la tête de l’homme, qui s’écroula face contre terre. Du sang gicla sur le visage de l’adolescent, et ce dernier trembla. Il n’avait jamais vu autant de sang, et il aurait aimé ne jamais en voir. Tout ces corps tombés, tout ce sang versé. Une femme arriva, un arc dans la main, et s’approcha de lui.

-Vous êtes blessé!

Elle était visiblement inquiète, mais Emile n’avait pas le temps de la rassurer. D’autres horloges venaient d’apparaître sur le sol, formant un nouveau chemin, et il se mit à courir, la douleur de son bras le ralentissant.

-Merci! cria-t-il tout de même.
-Mais…
-Aidez le Sir Londock, plutôt. Il a sûrement besoin d’aide.

La femme était indécise, mais obéit néanmoins, et se retira, le laissant courir, le plus vite possible, forçant sur la douleur de son bras. Tant qu’il avait ses jambes intactes, il pouvait continuer à courir, et il fut heureux de cela.

Alors qu’il tournait à droite, il s’arrêta, puis poussa un cri de joie retentissant car, au loin, tout au bout de la rue, Emile vit une petite boule lumineuse. Elle flottait dans les airs, semblait l’appeler, lui crier de venir, et il se laissa bercer par cette douce musique, chuchotée à son oreille. Rapidement cependant, il sortit de sa transe, lorsqu’il entendit un cri aigu, comme un cri de guerre, et il se retourna sur l’un de ceux qui voulaient le tuer, lui arracher la tête. La peur prit place dans son esprit, mais quand il vit à nouveau cette petite boule, l’espoir étreignit son cœur, et il se mit à courir, le bras valide tendu, la main ouverte, prêt à attraper son salut, sa porte de sortie. Il fallait qu’il y arrive, et ses yeux se remplirent de larmes, sous le trop plein d’émotions qui l’avaient pris pour cible. Il suffoquait, perdait ses sens, tant son regard était fixé sur la boule, comme s’il essayait de l’attraper avec ses yeux. Subitement, un corps tomba sur le sien, une main attrapa sa jambe et la tira vers le haut, forçant sur les muscles, faisant fi du cri de douleur que la personne maltraitée poussa. Au contraire, il aimait cela. Il se pencha sur ce qu’il prenait pour Ryan Normé, et murmura à son oreille:

-Je vais te tuer, petit con. Tu vas payer pour tout tes crimes.

Emile voulut crier, et il se rendit rapidement compte que c’était ce qu’il était en train de faire. Les secondes s’écoulaient, le temps passer, s’effriter, tomber en poussières, et avec lui, sa porte de sortie. La boule n’était plus très loin, et il tendit désespérément la main, cherchant à l’attraper, ne se souciant guère plus de l’arme que son assaillant brandissait au-dessus de lui. Il devait fermer ses doigts sur ce petit cercle lumineux. Il força, força, encore et encore, et alors que son adversaire poussait un cri de victoire, car il allait enfin venger ses frères tombés au combat, celui-ci sentit quelque chose traverser sa poitrine, et plus particulièrement son cœur. Il ne put rien faire d’autre que tomber sur le sol, mort, assassiné pour sauver Emile. Ce dernier, la jambe en feu, endolorie, n’arrivait pas à se relever, fatigué, blessé. Il rassembla toutes ses forces, tout son courage, et parvint difficilement à se relever et, ne cherchant même pas à savoir qui l’avait sauvé, ni pourquoi quelqu’un criait un « Non » retentissant, il se rua sur la boule. Il fonça presque dessus, et alors qu’il venait de l’enserrer dans son poing, Sir Londock courait vers lui du mieux qu’il pouvait pour son âge déjà bien avancé. Son visage semblait ravagé, et brusquement, la boule devint poussière, perdant sa consistance, et glissa entre ses doigts, tel du sable.

Emile déglutit, soudain très horrifié. Et il comprit immédiatement que c’était le vieillard qui avait poussé ce cri.

-Non…

Soudain, l’air paraissait lui manquer. Il faisait une crise d’hyperventilation.

-Non!

Et il cria, hurla. Sa vision devenait floue, les contours s’effaçaient. Il ne pourrait plus jamais rentrer chez lui, son âme et son cœur se déchiraient, hurlaient à l’agonie. Sa place n’était pas ici, sa vie ne faisait pas partie de ce monde, où les gens le prenaient pour un meurtrier.

-Je… rentrer chez moi… peux pas…
-Je suis désolé, je suis désolé, répéta tel une litanie le vieillard.

Et tout devint noir.

Et ça te fait mal, ça te déchire
Ça te lance dans la poitrine
Tu souffres le martyr
Cette douleur t’assassine


Quand Emile ouvrit les yeux, il était allongé dans un lit moelleux, les draps étaient soyeux, doux, mais aucune douceur ne pourrait éradiquer la souffrance qui ravageait son cœur. Peut-être qu’au final, il était destiné à souffrir…

-Bonjour, Emile.

La voix était rassurante, compatissante, et Emile voulut sourire à cet homme qui l’avait tant aidé, pour le rassurer, mais cela ne le surprit pas lorsqu’il se rendit compte qu’il n’y arrivait pas. Plus aucun mot ne fut prononcé, et un silence lourd et pesant s’installa. Finalement, le vieillard se leva, s’approcha de lui, posa sa main sur son épaule dans une caresse réconfortante.

-Tu n’es pas seul, ici, surtout n’oublie pas cela, Emile.

Il se dirigea vers la porte, pour que le jeune homme puisse se reposer, quand une voix tremblante retentit dans la pièce.

-Merci.

Sir Londock lui sourit gentiment.

-Repose-toi.

Et il sortit, laissant Emile avec son cœur qui battait si fort qu’il crut qu’il allait se briser. Il n’en fut rien, et il se surprit lorsqu’il sentit une déception l’envahir: il aurait aimé mourir, là, maintenant. C’était peut-être au final, la meilleure chose à faire. Il n’y avait plus d’avenir pour lui.

En bas, le vieillard s’était assis sur une chaise, lisant quelques signes qui étaient apparues, et qu’il avait retranscrit sur ses feuilles. Mais tout son esprit ne cessait de revenir sans cesse sur le jeune homme en haut, qui s’était sûrement rendormi. Ils n’avaient pas été assez rapide, pas assez prudents, et leurs ennemis les avaient ralenti, sans savoir qu’ils condamnaient un innocent à souffrir.

Pour se changer les idées, il lut quelques feuilles, et il espérait secrètement trouver un moyen pour renvoyer Emile dans son monde à lui.

-Oh mon Dieu!

Un cri presque inhumain venait de sortir de sa bouche, tant l’horreur qu’il venait de lire sautait devant ses yeux. Il secoua la tête, priant la Bête Suprême qu’il n’avait pas vraiment lu cela, qu’il s’était trompé, qu’il y avait une erreur, même s’il savait qu’il n’en était rien.

Et si le temps est dépassé,
L’esprit qui a trépassé,
De ses cendres renaîtra,
Et sur le corps jeune se fixera

L’homme comprit immédiatement ce que cela voulait dire, et monta le plus vite possible les marches qui le séparait de la chambre où se reposait Emile. Il ouvrit la porte, la peur bien inscrite sur son visage, et il avisa le jeune homme, debout près de la fenêtre.

-Emile… ? appela-t-il, inquiet.

L’interpellé se retourna et un sourire étira ses lèvres. Il pencha la tête sur le côté, et se mit à parler.

-Bonjour, mon très cher peureux.

Edit de Yuukia : Hum hum, Oddye j'sais pas ce que tu as foutue mais tu triple postée xD Bref, je supprime les deux autres. Je viendrais lire cette petite merveille juste après. Wink
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Je n'étais pas anciennement odd-4-ever.
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Shice MessagePosté le: Ven 07 Mai 2010 21:09   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 28 Fév 2010
Messages: 52
Localisation: Sur un iceberg salé du territoire de la Banquise
Cette fic est très bien : bien construite, avec de bonne idée, et pas de fautes (à part 1 ou 2)
_________________
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Mraptor MessagePosté le: Dim 06 Juin 2010 09:54   Sujet du message: Répondre en citant  
[Gardien ancien]


Inscrit le: 27 Jan 2009
Messages: 245
Localisation: Devant mon PC
Hé bien moi qui ne lis pas beaucoup de fics je suis agréablement surpris de la qualité du texte. L'histoire est poignante le monde imaginaire très bien mis en place ainsi que l'intrigue. Par contre je n'ai pas tout à fait compris l'enchaînement des actions pour qu'il atteigne la boule lumineuse c'est un peu confus pour moi, je vais relire plus tard. Chose remarquable tu as pris le temps de soigner ton texte et sa présentation ce qui la rend plus agréable à lire. Seul point négatif à mon avis, lorsque tu emploies des adjectifs à suivre par exemple "cassant, déchirant" cela rend le texte un peu trop chargé à mon goût car tu le réitères de façon trop fréquente.

Sinon je te dis bravo, tu as vraiment su tirer profit de l'introduction pour donner un récit structuré. Bonne chance pour ton concours d'écriture =).

_________________
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Un grand merci à Sido pour ce magnifique pack.
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