7. Les agents

Les lyoko-guerriers venaient d’arriver dans une tour du monde virtuel de Xana. Ils sortirent et regardèrent tout autour d’eux avec prudence. La mission n’était pas des plus faciles et il était fondamental de ne pas faire la moindre erreur. Ils se trouvaient sur un territoire qui n’était pas sans rappeler le désert de Lyoko. C’était la première fois que William se retrouvait virtualisé depuis un long moment. Il s’en était douté, il avait retrouvé sa tenue blanche qu’il portait lors de sa première virtualisation sur le cinquième territoire.

— Dommage j’aimais bien le noir, avoua William. Mais dis moi Jérémie, est ce que tu m’as laissé les pouvoirs que j’avais du temps où j’étais contrôlé par Xana ?
— Je n’ai pas touché à ton avatar alors si tu es dans ta tenue blanche c’est que tu n’as certainement plus les pouvoirs qu’il t’avait donné.
— La poisse, grogna William. Avec Supersmoke la mission aurait été pliée en un instant !
— Fais attention William, tu sais où peut mener un excès de confiance, répondit sèchement Yumi.

William fronça les sourcils en regardant Yumi. Cette dernière ne lui avait peut être pas entièrement pardonné les nombreux affrontements qu’ils avaient eu. Il décida de l’ignorer et s’éloigna de la tour avec Aelita alors que Jérémie leur indiquait le chemin à suivre. La mission venait à peine de commencer qu’un souci faisait son apparition. Jérémie vit sur ses caméras que deux adultes en costume approchaient de l’usine par le pont. Il pensa immédiatement que c’était Xana qui les avait envoyés. Cependant pour une fois il se trompait.

Aelita et William progressaient rapidement sur le territoire et ne virent aucun obstacle ralentir leur mission. Après une longue course ils arrivèrent à l’extrémité du territoire et virent à une centaine de mètres de l’autre côté de la mer numérique un autre territoire complètement différent. Aelita activa ses ailes et rejoignit rapidement la nouvelle zone.

— Désolée William mais je ne pense pas pouvoir te transporter sur une si longue distance, dit Aelita. Jérémie tu peux lui envoyer un véhicule ?
— Non je n’en veux pas, grogna William. Je vais faire le tour pour chercher un passage. Il est hors de question que j’utilise le véhicule des autres.
— William ce n’est pas le moment de faire des caprices ! s’exclama Jérémie tout en bloquant l’accès de l’ascenseur. Xana m’a envoyé 2 spectres alors dépêchez vous de récupérer les sources, ensuite il faudra certainement désactiver une tour.

William ignora Jérémie et commença à longer l’extrémité du territoire à la recherche d’un passage. Ce dernier avait encore en tête les nombreux reproches des autres lyoko-guerriers et il décida qu’il ferait ses preuves sans l’aide de ces derniers. Perdu dans ses pensées alors qu’il courait à toute vitesse, il ne remarqua pas qu’une créature le suivait.
De son côté Jérémie était de plus en plus embarrassé. Aelita et William s’étaient séparés et étaient encore loin de l’interface qu’il avait localisé. La jeune fille se trouvait sur un territoire étrange composé d’immenses plateaux mécaniques et d’imposant piliers qui montaient jusqu’à perte de vue. À l’aide de ses ailes elle progressa très vite tout en prenant soin de ne pas s’approcher du sol, ni des piliers. Après quelques minutes de vol elle vit qu’elle avait eu raison de rester à distance des imposantes colonnes car des dizaines d’araignées mécaniques s’y déplaçaient verticalement. Malgré la courte distance entre les monstres et Aelita, ces derniers ne semblaient pas d’humeur à l’attaquer.
Yumi et Elisabeth quant à elles s’ennuyaient royalement. Garder une tour qui ne subissait aucune attaque n’était pas la façon la plus intéressante de passer le temps, surtout que les deux filles bouillaient d’impatience. Elles n’avaient pas oublié le mauvais tour que leur avait joué Taelia. Sissi qui s’amusait à jeter des pierres dans la mer numérique fut surprise de sentir le sol trembler alors qu’elle ramassait un nouveau caillou. La jeune fille lança des regards rapide à droite et à gauche puis vit soudainement une sorte de taupinière apparaître d’où sortit une longue créature semblable à un mille pattes. Le monstre bondit en direction de Yumi mais Sissi réussi à s’interposer en bousculant sa camarade. La créature entoura rapidement Elisabeth et lui planta deux imposants crochets dans le cou. Totalement paralysée par la créature qui était en fait une scolopendre, la lyoko-guerrière perdit la plupart de ses points de vie. Yumi qui s’était relevée désintégra le monstre en lui lançant ses deux éventails simultanément. Sissi se releva difficilement et vacilla avant d’être dévirtualisé quelques secondes plus tard.

— Jérémie y s’passe quoi ? demanda Yumi interloquée par la disparition de Sissi.
— Je pense que le monstre lui a injecté un virus capable d’enlever des points de vie dans le temps, une sorte de poison, répondit Jérémie paniqué. Fais attention Yumi, je n’ai pas pu détecter le monstre avant qu’il n’apparaisse hors du sol.

Yumi sentit à son tour le sol trembler et vit une vingtaine de taupinières apparaître autour d’elle dans un rayon de cinquante mètres. La lyoko-guerrière allait devoir faire face à toute une colonie…

— Jérémie, murmura Yumi. La tour est perdue.

William avait également à sa disposition toute une colonie de scolopendres pour s’entrainer. À l’aide de son arme imposante il réussissait à les vaincre avant qu’elles ne s’approchent de trop. Les créatures hautes de deux mètres ne s’avouaient pas vaincues pour autant. Dépourvu d’attaque laser, ces dernières restaient tout de même extrêmement dangereuse en colonie, et leur poison était promesse de dévirtualisation après quelques secondes. Jérémie n’avait pas le choix, il devait ordonner à William de se replier en direction de la tour pour prêter main forte à Yumi. Ses armes de jet n’étant pas du tout adéquates pour affronter ce type de monstre, elle ne pourrait pas tenir longtemps et si la tour était sans protection la mission se solderait par un échec.
Sur le territoire source Ulrich n’en pouvait plus d’attendre. Ses amis se trouvaient dans une mission particulièrement dangereuse et lui était coincé dans une tour à attendre. Sa frustration était aussi grande que l’état de choc de Jérémie. Ce dernier voyait de près les deux agents qui discutaient devant l’ascenseur et l’un d’eux avait non seulement les cheveux roses mais il avait également quelque-chose dans le regard qui n’était pas sans rappeler Aelita. Les deux hommes ne semblaient pas être possédés et cela n’était certainement pas une bonne nouvelle. S’ils ne l’étaient pas, qui étaient-ils ?
Jérémie ne dit rien à personne et chercha le moyen de résoudre tous les problèmes auxquels ils avaient à faire face mais pour la première fois depuis longtemps il se sentait perdu, il sentait que la situation lui échappait de plus en plus.
Aelita qui ne se doutait de rien continuait de progresser sur le territoire mécanique cependant le paysage devant ses yeux restait toujours le même. L’immense plateau gris semblait ne pas s’arrêter et les nombreuses colonnes où se trouvait un nombre incalculable d’araignées n’étaient pas pour la rassurer. Mais pourquoi s’en faire ? Après tout elle ne risquait rien tant qu’elle restait en l’air. Après quelques minutes elle vit au loin un nouveau plateau apparaître à une vingtaine de mètres au dessus de celui qu’elle survolait. De nombreuses araignées étaient sur ce nouveau plateau. Alors qu’elle s’approchait de plus en plus elle vit que les araignées étaient immobiles et que leurs pattes semblaient planté dans le sol. Aelita décida de passer par-dessus la seconde plateforme plutôt qu’entre les deux car elle n’y vit que le noir.
La lyoko-guerrière prit de l’altitude et au moment de passer au dessus du plateau elle se rendit compte qu’elle prenait de l’altitude beaucoup plus vite et que le ciel avait cédé sa place à la mer numérique. Aussitôt elle pivota et vola en direction du sol. La gravité s’était inversée et Aelita compris pourquoi les araignées avaient leurs pattes plantées dans le sol, ainsi elles ne pouvaient pas tomber. Les araignées qui étaient jusqu’alors inoffensives se décidèrent à attaquer Aelita et crachèrent de nombreux laser pour l’empêcher de progresser entre le plateau et la mer numérique. Elle fit demi-tour et passa entre les deux plateaux.

— Jérémie où est ce que je dois aller ? questionna Aelita perplexe. Les araignées semblaient vouloir que je passe par ici. C’est certainement un piège.
— Oui très certainement, répliqua Jérémie la gorge nouée. Je suis désolé mais je n’ai aucun détail de l’architecture entre les deux structures mais je vois une très grande quantité de monstres sur mes écrans. Si tu avances entre les deux structures tu seras encerclée et certainement très vite dévirtualisée. De son côté William ne peut pas te rejoindre, il doit aller défendre la tour avec Yumi. Et le comble c’est que deux agents se promènent dans l’usine. Ils ne semblent pas possédés par Xana mais je suis certains qu’ils ont un rapport avec lui ou avec ton père.
— Qu’est ce qui te fait dire ça ? demanda Aelita.
— Euh c’est… c’est une intuition, mentit Jérémie.
— Dans ce cas tu sais ce qu’il te reste à faire, répliqua la jeune fille. Tu ne peux pas envoyer Sissi, c’est trop dangereux, mais je suis certaine que quelqu’un d’autre est prêt à passer à l’action.
— Je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée Aelita, avoua Jérémie. Après tout nous ne savons rien d’eux. Ils vont peut-être partir.
— Tu sais très bien que non. On ne sait pas ce qu’ils veulent, mais il ne faut surtout pas leur laisser la possibilité de faire ce qu’ils ont en tête. Le temps presse, je vais continuer d’avancer, après tout nous devons absolument trouver le moyen de dévirtualiser Ulrich.

Jérémie ne répondit pas, il savait qu’elle avait raison. Aelita avança et se retrouva très vite dans le noir absolu. Les monstres immobiles ouvrirent leurs yeux et éclairèrent l’endroit d’une lumière rouge écarlate. Les araignées s’écartèrent pour ouvrir un passage à Aelita et éclairèrent de leurs yeux le chemin. Après l’avoir forcé à passer entre les deux plates formes les créatures décidaient du chemin qu’elle allait prendre. La jeune fille avança docilement car elle savait qu’il ne servirait à rien de tenter de rebrousser chemin. Elle devait obéir ou être dévirtualisée. Le chemin déboucha sur un minuscule passage qu’une araignée emprunta. Une fois de l’autre côté la créature poussa un cri aigu semblable à un ultrason, ce qui semblait signifier qu’Aelita devait la suivre.
Jérémie quant à lui décida d’appliquer le conseil de la jeune lyoko-guerrière et il contacta Ulrich :

— Ulrich ?
— Oui Jérémie ? Y’a quoi de neuf ? demanda Ulrich d’un air las.
— Des problèmes, avoua Jérémie. Il y a deux agents qui trainent dans l’usine et ils ne semblent pas contrôlés par Xana.
— Tu n’as qu’à bloquer l’ascenseur, répliqua Ulrich.
— C’est déjà fait, mais le souci c’est que l’un d’eux a des airs de famille avec Aelita. Il se pourrait que ces personnes fassent parti de l’organisation qui a obligé Hopper à fuir sur Lyoko.
— Mais si tu viens m’en parler c’est que tu as une idée, je me trompe ?
— Non tu as vu juste, répondit Jérémie. Que dirais-tu d’être translaté à l’usine ?