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[Nouvelle] L'homme de fer {politique/débat}

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 Auteur Message
Pikamaniaque MessagePosté le: Sam 06 Oct 2012 00:22   Sujet du message: [Nouvelle] L'homme de fer {politique/débat} Répondre en citant  
Référent Pikamaniaque


Inscrit le: 30 Jan 2011
Messages: 491
Localisation: Norende.
Voici une petite nouvelle que j'ai écrite sur la semaine. Elle est très politisée. N'hésitez pas à réagir sur certains points que vous voudriez développer, cela peut également conduire à des débats intéressants. C'est très inspiré du film la dame de fer, même un peu trop. Mais j'ai fait au mieux. Je voulais juste absolument faire un truc politique. J'espère que mon style est fluide. Mr. Green


L’homme de fer



    Un mois plus tôt.

    L’ambiance était extrêmement tendue dans l’hémicycle. On pouvait difficilement ressentir l’intensité de ce qui se passait. Les députés de l’opposition se perdaient un à un dans leurs théories absconses tandis que le peuple hurlait sa faim dans les rues. La grève générale provoquée par les syndicats durait maintenant depuis cinq mois, et le gouvernement se montrait inflexible. Il ne fléchirait pas.

    Sa côte de popularité était au plus bas. L’actuel premier ministre entretenait une politique d’austérité basée sur le libéralisme économique, et décidait de coupes drastiques avec le ministre des finances pour redresser un pays en faillite. À l’instar de la politique inhumaine de Thatcher, Alexandre d’Arians marquait sa gouvernance avec fermeté et intransigeance.

    « On a faim ! On a faim ! On a faim ! » Scandaient des groupes de manifestants. D’autres demeuraient beaucoup plus virulents. « Au bûcher ces sales bourgeois ! Crevez bande de rats ! On paiera pas ! ». Les poubelles envahissaient les rues de Paris et des autres grandes villes de France. Les ouvriers appelaient l’armée à se mutiner. Le pays sombrait dans les abysses. Les manifestations prenaient une tournure violente. On déclarait quelques morts par semaine à la suite de violents affrontements contre les forces de l’ordre. Au conseil des ministres, seul le Président de la République et le premier ministre persistaient. Les autres pensaient qu’il était temps d’abandonner. Cette situation ne pouvait plus durer. Cela faisait maintenant huit ans que la majorité de droite dominait le pouvoir. On pouvait lire l’usure du temps, mais la détermination toujours intacte des dirigeants. « Nous mènerons nos réformes jusqu’au bout, que cela plaise ou non ! » Déclara Alexandre, le ton sévère. Il avait sur son nez des lunettes d’instituteur, cela lui donnait un air austère. « Nous ne sommes pas les simples gestionnaires d’un état en faillite, je ne ferai aucun consensus. » On voyait l’embarras et le malaise. Il scruta la pièce et fit un grand geste de ses mains. « Je n’ai jamais rien vu de plus stupide que le consensus. Soit vous me suivez, soit vous abandonnez. Vous n’êtes pas irremplaçable. » En huit ans, la dette publique diminuait chaque année de quelques pourcents. Les réformes allaient des retraites jusqu’aux impôts, et provoquaient souvent la fureur du peuple. Cependant, en huit ans, il n’y avait eu aucun retour en arrière.

    « Le ministre des finances et de l’intérieur ont, ce matin, remis leur démission au premier ministre. Il s’agit d’un vrai coup de poignard dans l’exécutif, donc les syndicats espèrent beaucoup. Cependant, une normalisation de la situation devrait bientôt être décidée de force par le gouvernement, suite à la décision de faire intervenir l’armée pour calmer les émeutes ». Le journaliste de France Télévisions ne savait que penser. Tout le monde se trouvait décontenancé par la rigidité du pouvoir, mais cette même rigidité offrait ses solutions, à l’aube où la plupart des pays affrontaient une récession inégalée.

    Neuf ans plus tôt.

    « Pourquoi est-ce que, pourquoi est-ce que ce gouvernement de droite est un fiasco ?! » Protesta l’un des leaders de l’opposition, le député Léopold de Launay. Depuis quelques mois, la majorité ne savait plus comment faire pour résorber les déficits abyssaux. La France sortait d’un exécutif marginal et le premier ministre actuel ne savait pas montrer son autorité. Le président était effacé de la vie politique, aucun homme fort n’arrivait à prendre de décisions par peur de froisser les partenaires sociaux. Nous étions un mercredi, à l’occasion des séances hebdomadaires des questions au gouvernement. Le ministre de l’économie et des finances se leva, sur l’invitation du président de l’assemblée nationale. Il s’avança vers le parloir. Alexandre d’Arians se faisait beaucoup remarquer dans la politique nationale. « Monsieur l’honorable député de Launay. J’eus espéré que vous sachiez quelque chose avant d’ergoter inutilement. Mais je vois que piailler est dans vos habitudes, que vous ne savez faire autre chose de votre vie. Alors je ne prendrai pas la peine de vous répondre. Nos solutions sont les bonnes, certainement pas celles d’un ancien exécutif qui a doublé la dette, triplé les déficits et causé la bérézina de notre industrie. Oui, monsieur, je n’ai pas à répondre à votre ignorance, tant elle me dégoûte par sa mauvaise foi. Mais je vais le faire, pour l’opposition constructive. La fermeture des usines sidérurgiques du nord était inévitable. Mais vos chers amis, les syndicalistes, ont appelé à la grève délibérément, dans le but de paralyser notre économie ! » L’intervention était cinglante, mais elle démontrait le caractère intransigeant du personnage. Il s’agissait du futur président ou du futur premier ministre. Il toisa son adversaire. Celui-ci se releva, et s’approcha du micro qui lui était destiné. « Je remercie monsieur l’honorable ministre des finances de nous montrer ô combien il est méprisant. La vérité, c’est que nous accusons le gouvernement d’avoir délibérément fermés les services de première nécessité, rajoutant la pauvreté à l’instabilité. Nous accusons des décisions irresponsables prises par le chef de l’état mais également le chef du gouvernement. Nous accusons une austérité insupportable et nous accusons également une hypocrisie comme jamais un gouvernement de droite n’en aura été capable. » Léopold de Launay pointait du doigt le serviteur de la nation. Le parlementaire vociférait tel un lion que l’on faisait tourner sur soi-même, et n’eut droit qu’à l’indifférence de son adversaire.

    « Le gouvernement a décidé d’abandonner les réformes du code du travail et de rouvrir par conséquent les usines sidérurgiques fermées par le ministère du travail. » C’était une grande victoire pour le parti socialiste. Le Premier Ministre ne tarderait pas à sauter. Il fallait seulement le malmener encore un peu. De son côté, Alexandre d’Arians se trouvait isolé dans son propre camp. Dans la filiation libérale du parti majoritaire, il ne trouvait pas l’écoute nécessaire et ne supportait pas l’échec. Au conseil des ministres, le chef du gouvernement faisait son tour de table : une motion de censure allait être votée par les députés le lendemain. Une solution devait être trouvée. « Vous le savez, nous ne sommes pas l’ennemi des prolétaires. En cela, nous avons toujours recherché le plus large accord pour satisfaire tout le monde, et cela doit continuer. Nous ne faisons pas cavalier-seul, nous devons agir en respect de notre majorité et faire des concessions. » Expliqua calmement le vieillard d’une soixantaine d’année. François Lambert exerçait la politique depuis sa jeunesse, et il demeurait toujours timoré. Il voulait contenter un maximum de monde, et n’osait donc pas entreprendre les réformes vitales pour le pays. Cela désolait le ministre de l’économie. « Au risque de vous contredire, monsieur Lambert, aucune concession ne peut être faite à la vue de l’état de la France aujourd’hui. Il ne faut pas craindre les réformes. » Le dirigeant prit un air navré. « Nous devons ménager la population… monsieur le ministre de l’économie. Vous le savez. » Son interlocuteur prit une moue affirmative, et n’hésita pas à le confronter du regard. « Alors, demain, vous serez battu. » Un silence de mort plomba le salon Murat. « Je vais dissoudre l’Assemblée. » Annonça le chef de l’état. Il fallait légitimer une situation très disparate.

    Après un faux-suspens, la droite dut trouver définitivement le bon leader. Elle ne pouvait être représentée que par un seul homme, le même qui voulait tenir tête à la pressions sociale : Alexandre d’Arians. La campagne battait de l’aile du côté socialiste. On n’arrivait pas à surfer sur la vague d’impopularité de l’ancien gouvernement. Les sondages donnaient vainqueur l’homme fort pourfendeur du protectionnisme qui consacra sa victoire au soir du vingt-neuf février. Tout au long de la soirée, les responsables politiques se succédèrent pour tenter d’expliquer ce renouvellement de majorité présidentielle, et d’esquisser un bref dessein de l’avenir du pays. Comme on s’en doutait, le nouvel exécutif ne serait composé que d’hommes aux tempéraments forts, dont la fidélité restait certes à prouver, mais demeurait beaucoup plus certaine qu’auparavant. « Nous sommes aujourd’hui à la veille d’un grand changement ! » Reprendre le slogan de François Hollande dans un discours d’investiture pouvait être mal vu par son propre camp, mais le nouveau premier ministre s’en contrefichait. Il estimait que l’on pouvait s’inspirer de tout même de notre pire ennemi. « Nous sommes aujourd’hui à l’heure des solutions ! Et rien, non, rien ne pourra nous détourner de notre route dans notre volonté inébranlable à restaurer la grandeur de ce pays ! » Disait-il avec de grands gestes. Il parlait de la France. « Aujourd’hui vous m’aimez, demain vous me détesterez. Mais la semaine prochaine, vous ne m’oublierez pas. Et dans un an, vous reconnaîtrez que c’était la seule solution pour sauver notre patrie. » Ce discours à l’hémicycle n’avait rien de commun. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’il changerait la face du monde.

    Sept ans plus tôt.

    « Le chômage a augmenté de trois pourcent en deux ans. C’est une honte, une honte monsieur le premier ministre ! Vos coupes dans le budget ont des conséquences absolument catastrophiques et vous semblez totalement l’ignorer. Vous n’êtes plus en phase avec les réalités de la nation ! » Cette fosse aux lions dans laquelle se battait les grands tigres politiques témoignaient à moindre échelle du mécontentement de la population française. Encore plus détesté que Nicolas Sarkozy, Alexandre d’Arians se faisait craindre à quelques dix-huit pourcent d’opinions positives. Son austérité inégalée sauf peut-être par Margaret Thatcher provoquait de grandes manifestations qui tournaient parfois dans certaines cités à l’émeute. Dans ces mêmes cités, le chef du gouvernement entreprit le démantèlement des ghettos et l’intervention de l’armée dans plusieurs ZPS (zones prioritaires de sécurité). Sa guerre à la délinquance portait ses fruits aux prix de nombreuses contestations car le peuple désapprouvait totalement des méthodes brutales et déshumanisées. Son ministre de la justice passait outre l’avis des citadins pour contraindre la construction d’une dizaine de prisons d’ici dix ans pour tripler la capacité d’accueil des détenus français. Sa personnalisation à outrance du pouvoir le faisait passer pour un despote mais également un énarque quelque peu égoïste et égocentrique. Il menait également une politique eurosceptique et se retira des accords de Schengen en conséquence. Il imposa beaucoup plus de restriction à l’intégration européenne ; il préférait une Europe des nations à une Europe fédérale à deux vitesses.

    Les jambes croisées, le premier ministre écoutait son opposant ergoter et se fatiguer dans des conjectures qu’il considérait douteuses. Il se mordait les lèvres pour garder son calme. À la fin de son intervention, le néo-thatchérien se leva et s’avança vers la tribune. Sa dignité égalait sa détermination. Tout dans sa démarche était parfait, il faisait constamment preuve d’autorité. Il maniait son gouvernement d’une main de fer, si bien que plusieurs membres de son cabinet présentèrent leur démission. Ni la rue, ni son propre camp ne le faisait abandonner. « Monsieur l’honorable député de l’opposition, où voulez-vous en venir ? » Commença-t-il, le ton grave. « Vous voudriez que j’abandonne aux premiers signes de difficultés ? Non. Le remède a un goût âcre, mais si le patient veut survivre, il faudra lui administrer. N’attendez de moi aucun retour en arrière, car l’abandon est le synonyme de la lâcheté ! La même lâcheté avec laquelle votre gouvernement socialiste nous a conduit dans la boue ! Nous ne ferons de concessions à personne, et nous ne fléchirons jamais ne serait-ce qu’un instant. Je serai extrêmement ferme… » On ne le laissa pas continuer. Les députés de gauche se mirent à piailler des joutes verbales sans intérêts. De toute façon, on ne les comprenait pas. Le président de l’Assemblée Nationale appela au calme. Le deuxième personnage de l’état ne s’empêcha pas un petit rire. « Messieurs ! Si nous ne réduisons pas les dépenses, c’est la faillite ! » Le message n’arrivait de toute façon pas à passer dans cette agitation. Le premier ministre mit fin lui-même à la séance de questions au gouvernement et repartit vers l’hôtel de Matignon, où devait se conduire un conseil des ministres exceptionnel.

    À l’extérieur, des manifestants poursuivirent sa voiture, et une marée humaine bloqua considérablement la circulation. Les grévistes tentaient le maximum pour décrocher un sentiment, une réaction d’Alexandre d’Arians. Mais celui-ci se montra totalement indifférent ; il les ignorait et naviguait sur son PDA sans accorder un seul regard à ses détracteurs malgré leurs messages haineux et insultants. « Vous n’obtiendrez rien comme ça. » Une grève de la faim débuta pour faire plier le gouvernement. Elle dura une trentaine de jours avant de conduire à la mort de son principal instigateur. On comprit dès à présent que la lutte devenait veine. Les mois passaient et ne se ressemblaient pas. Le chômage augmentait fortement, mais les dépenses baissaient et la dette se purgeait. Au niveau de l’insécurité, le garde des sceaux félicitait une baisse impressionnante de la délinquance. La politique migratoire tout aussi ferme que la politique économique ramenait l’expulsion systématique des immigrés clandestins. La France, tu l’aimes, ou tu la quittes. Au ministère de l’intérieur, on raisonnait ainsi. On ne voulait savoir, ni le pourquoi, ni le comment. Perte de temps, bagatelles !

    « Quand on pense que certaines villes entières ont tout perdu à cause de la volonté d’un seul homme ! C’est inacceptable. Alexandre d’Arians a affamé des milliers de gens sans broncher, et il a même tué. Oui, tué. Il n’a rien voulu savoir des motivations des grévistes de la faim. Faute, grosse faute. Il le paiera. Nous le chasserons peu à peu. » Les socialistes faisaient de lui l’homme à abattre, à la veille d’une victoire transcendante de l’opposition aux élections territoriales.

    Cinq ans plus tôt.

    « Nous y revoilà, et pourquoi ? » Demanda le premier ministre, le ton visiblement cynique. Face à lui, le ministre de l’intérieur tentait de lui faire face. « Car la majorité dans son ensemble… refuse de voter cette loi sur le mariage homosexuel. » Son interlocuteur prit un air exaspéré. Il détestait qu’on lui tienne tête, surtout sur un tel sujet. Les questions sociétales le désintéressaient au plus haut point, mais il voulait faire de la France un modèle pour les autres nations. Réélu de justesse, le président français tentait de concilier les avis de chacun, mais n’arrivait pas du tout à s’imposer face à son premier ministre. Il le gardait car c’était l’homme de la situation, mais il était en soi incontrôlable. « Et pourquoi ? Je ne demande pas la lune, seulement une avancée sociale en terme d’exemplarité mondiale. » Le chef de la diplomatie française toussota. « Alexandre, nous parlons ici de procréation médicalement assistée. L’auriez-vous oublié ? Cette idée crée une très forte opposition dans notre majorité. » D’Arians se mordit les lèvres et lia ses mains. Il prit une moue dubitative. « Mais je n’en ai rien à faire. Cette loi passera et c’est bien là le but. Je commence à en avoir assez d’argumenter sur un sujet d’une telle évidence. Vous êtes irresponsables. Tout vous est tombé du ciel, et vous en jouez aujourd’hui. » On pouvait remarquer ses mains trembler. Plus aucun ministre n’osa parler. Quand le chef du gouvernement commençait ses sermons, il pouvait parfois s’inscrire dans la durée de tout le conseil des ministres. « Eh bien sûr, vous ne répondez plus. » Il fit un geste surjoué de stupéfaction. « Ah, il est beau le courage des ministres de la République. J’attends à tous vos démissions sur mon bureau, sauf peut-être à ceux qui auront le courage de parler ici et maintenant pour m’expliquer en quoi je devrais me plier à des comportements réactionnaires ! » Insista le premier ministre. Quelques-unes des autres personnes présentes dans la pièce se rangèrent du côté d’Alexandre par peur de perdre leur poste. Il venait de remporter une première victoire.

    Dans son ensemble, la population demeurait plutôt favorable à cette nouvelle loi. L’homme fort de la droite libérale avait pour lui les voix de la gauche. Il ne lui suffisait que d’une petite majorité de son camp pour remporter ce vote décisif, qui pouvait conduire à sa chute. Depuis quelques mois, la tension s’était calmée. Le peuple ne l’aimait toujours pas mais le taux de chômage baissait enfin. Les premiers résultats de sa politique ultra rigoureuse pointaient leur nez. La machine se relançait. Par exemple, rien que la croissance tablait autour de trois pourcent par an, de quoi sortir le pays de son déclin annoncé. Quand on comparait l’Hexagone au reste des pays d’Europe, on croyait à un champ de bataille duquel la France était la seule survivante avec quelques pays comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, mais beaucoup plus affaiblis.

    Dans les couloirs de l’Assemblée, l’ambiance était pesante. Le bruit courait que le parti socialiste ferait blocus à Alexandre d’Arians pour le faire chuter. Cette journée s’annonçait décisive. Dans l’hémicycle, la plupart des députés de la nation se trouvaient exceptionnellement là. Il ne manquait plus que l’instigateur de cette comédie. Occupé à préparer son discours, il arriva avec plus d’une heure de retard sous l’applaudissement des rangs de gauche comme de droite. Son entrée fut remarquable. Il marcha le pas convaincu vers le micro sans s’y faire inviter et enchaîna immédiatement son discours programmé au mot près. « Messieurs les honorables députés, merci de m’honorer de votre présence. J’appelle à votre esprit de responsabilité en adéquation avec vos idées. Vous êtes l’épine dorsale de notre nation, la tête du pasteur. C’est à vous que doit revenir la décision des choix qui modèleront notre nation. J’appelle à la raison mais aussi à la maturité nécessaire pour ce choix qui nous élèvera à l’exemplarité dont le monde a besoin. » Il continua un bon temps son allocution. Certains écoutaient attentivement, d’autres s’endormaient. Quoi qu’il en soit, son discours ne pouvait qu’avoir de la portée. « Un score tout à fait surprenant ! Le premier ministre a en effet réalisé un tour de force à l’aide du parti socialiste qui a voté massivement pour le projet de loi à plus de deux cents vingt-deux voix pour contre deux abstentions. Se rajoute à ces voix favorables celles de l’UDI au nombre de vingt-deux, mais aussi d’EELV – huit – ainsi que d’une cinquantaine en provenance de l’UMP. Malgré tout, la majorité du gouvernement Arians en ressort fragilisée, puisqu’une grosse partie s’est opposée au projet de loi. ». Seul le résultat comptait. Maintenant, plus rien ne pouvait empêcher chaque idée de trouver sa majorité. Le premier ministre se pensait maître du pays, sans que plus rien ne puisse l’arrêter.

    « C’est ici, dans un hôtel berlinois, qu’une bombe a explosé tuant une vingtaine de personnes dont le ministre des affaires étrangères françaises. Pour le moment, nous ne savons pas ce qu’il advient d’Alexandre d’Arians mais il semblerait qu’il soit piégé dans les décombres du bâtiment. L’attentat aurait été revendiqué par l’AQMI et nos informations sont pour le moment très confuses. » Cela devait bien arriver un jour. On ne pouvait cependant rêver meilleur prétexte pour renforcer une politique sécuritaire. Après plusieurs heures enfouies dans les débris du complexe, les pompiers retrouvèrent le chef du gouvernement sans aucune blessure, totalement valide. Les bombes avaient explosé dans les salons principaux, mais pas dans les chambres adjacentes plus ou moins protégées lors du souffle. En tous cas, le premier ministre impressionna le monde entier par son sang-froid durant cette douloureuse épreuve. Il resta flegmatique et évita l’hystérie collective. Il ordonna des obsèques nationales à son collègue pour qui il vouait une grande admiration, et termina son voyage berlinois dès le lendemain pour rentrer au plus vite à Paris. Les politiques de sécurité devaient se renforcer et se montrer encore plus rigide. La montée en puissance de l’islamisme radical effrayait les occidentaux et il voulait y apporter les réponses adéquates.

    Deux ans plus tôt.

    Certains spécialistes s’interrogeaient sur les raisons d’une telle victoire. L’exécutif renouvelé depuis deux ans disposait d’une majorité très confortable, adoptée aux besoins centristes du premier ministre. Le travail redoublait d’intensité, et les réformes allaient en crescendo. Il manquait encore des résultats et les dépenses demeuraient encore trop élevées. La réforme des retraites prévues par le gouvernement attentait à la plupart des travailleurs qui sortaient de nouveau dans la rue pour s’opposer à leur leadership. Cette manifestation, comme les autres, serait assortie d’un échec. On ne pouvait pas les faire plier, mais la volonté de tenir tête était là. La plupart des syndicats votèrent l’arrêt total de travail pendant une durée indéterminée, une première grève de ce type en France depuis des décennies. À chaque fois, le cabinet d’état avait du reculer et prendre en compte les revendications des grévistes, mais ces derniers demeuraient loin de se douter que la situation s’éterniserait. La première semaine, on se doutait bien qu’on n’obtiendrait rien. La seconde, on riait au nez de tout ce que devez dépenser l’état français pour payer les jours de grève, mais au bout de la troisième semaine, l’incertitude parsemait l’esprit des travailleurs. Allaient-ils continuer encore longtemps ? Vraisemblablement oui. Rien ne ferait reculer Alexandre d’Arians dans sa volonté de mener à bout les grandes réformes du pays. Au cours d’une conférence de presse, il réaffirma son désir inébranlable de redresser la France malgré les risques, sans forcément citer cette grande contestation qui devenait de plus en plus violente. Après un mois, l’exécutif sortit enfin de son silence. On eut l’espoir d’une avancée quelconque dans les droits des prolétaires, mais bien au contraire. « Dès aujourd’hui, les affaires doivent reprendre. Nous avons pris la décision de fermer définitivement les usines sidérurgiques du nord de la France dans une recherche évidente de compétitivité. Il nous faut payer l’irresponsabilité de chacun, et tout le monde apportera sa pierre à l’édifice. Les manifestations seront dissoutes de gré ou de force par l’armée, car le temps de l’opposition est fini, il est maintenant venu le temps du travail ! » Cette réponse conduisit à de violentes émeutes sans intervention militaire.

    Cette fois-ci, le peuple tenait vraiment tête à Alexandre d’Arians. Ils le talonneraient jusqu’au bout. Les attentats se succédèrent mais aussi les heurts entre les policiers et les grévistes devinrent beaucoup plus violents. On dénombrait quelques dizaines de morts par semaine. Dans la majorité présidentielle, beaucoup de voix dissonantes de celles du premier ministre se firent entendre. « Méprisables, et lâches ! » Chaque semaine, un ministre démissionnait. L’étau se resserrait autour du libéral extrême. Sa rigueur et son intransigeance donnèrent droit à des caricatures immondes et une contestation internationale. Tout allait en crescendo, il fallait reculer, on devait reculer. On vota une motion de censure contre le gouvernement d’Arians qui échoua à quelques voix près. Cette fois-ci, il fallait prendre un choix responsable et digne de ce nom. Mais le premier ministre refusait le dialogue et ne voulait pas reculer à une bande « d’incompétents » dans le domaine économique. « Nos solutions sont les bonnes ! » Au conseil des ministres, on développa l’idée d’une taxe au même montant payée par tous. « Monsieur, si vous l’appliquez, nous sommes foutus. On nous conduira à la démission. » Le dirigeant ne voulait rien entendre. Il ne céderait à rien ni personne.

    « Est-ce lui, est-ce lui qui souhaitait apporter l’harmonie dans une nation divisée ? Est-ce également lui qui disait comprendre le peuple et vouloir arranger la situation du pays ? » Deux mois. Tout durait depuis deux mois. Cela commençait à s’inscrire dans la durée. Tout coûtait trop cher, l’état était sur le point de céder, mais Alexandre s’y refusait. Son bras de fer, il le remporterait, comme les autres. Ni l’exécution des otages français en Afrique, ni les représailles au Mali ne lui firent peur. Ce n’était certainement pas des ouvriers qui causeraient la chute de ce si grand homme. « Oui, c’est cet homme qui a affamé des villes entières ! Il y a désormais un véritable gouffre entre les travailleurs et les chômeurs. Et tout ça, voulez-vous que je vous dise ? C’est de sa faute ! De sa faute ! » L’opposition tirait à boulets rouges sur la majorité. Ils surfaient sur la vague d’impopularité de leur leader pour remporter les prochaines élections partielles. « Vous mentez ! Vous mentez ! L’honorable représentant du peuple aurait-il peur de l’affrontement ? » Le ton montait entre chaque déclaration. « Là où les questions de principe sont en jeu, il n’est pas permis d’abandonner ! » Faire preuve d’autorité mais également de crédibilité relevait d’un véritable exercice de style. « Démission ! Démission ! Démission ! Démission ! Démission ! » Même dans son propre camp, on se posait la question. « Quand on a fait son temps, il faut passer le flambeau ! » Rien ne devait le faire bisquer de sa route. Il ne voulait pas perdre la face.

    Après quatre mois de violentes agitations, la situation se normalisa d’elle-même. Là encore, les travailleurs n’obtinrent absolument rien, sauf de nouveaux impôts en raison des quatre mois de paralysie. « On y était presque… » Se lamentait un des salariés d’une usine Acelor-Mittal. « La prochaine fois, on l’aura. »

    Aujourd’hui.

    « On paiera pas ! On paiera pas ! On paiera pas ! » Le premier ministre voulait imposer une dernière taxe pour responsabiliser les grévistes de longue durée. L’idée était très simple. Chaque citoyen français devait payer une petite somme d’un à deux euros pour faire comprendre la valeur de l’argent. Malheureusement, cette idée similaire à celle de Margaret Thatcher causait beaucoup de remous au sein de la droite elle-même. Cette fois-ci, beaucoup eurent le sentiment que tout allait sauter et qu’on méprisait leur avis. « Je me porte candidat à la présidence du parti. » Un premier cas de dissidence apparut. Rapidement exclu, d’autres députés se joignirent au mouvement et mirent dans une impasse son actuel secrétaire. Une nouvelle branche de l’UMP se fondait. Beaucoup d’anciens ministres s’y joignirent, et à part quelques fidèles, Alexandre d’Arians resta extrêmement isolé. Il resta une énième fois sourd aux cris du peuple, mais sa place était désormais au zénith de son danger. Il s’affaiblissait. L’usure du pouvoir l’empêchait d’innover, et il devait maintenant faire campagne pour garder la tête de l’union pour un mouvement populaire. « Nous nous battrons jusqu’au bout. En avant toute ! » Ses apparitions se faisaient plus sporadiques mais elles demeuraient toujours poignantes. Il feintait la confrontation et restait extrêmement ferme.

    « Alors que la majorité présidentielle vote depuis ce matin au palais bourbon, le premier ministre déclare qu'il ne se laissera pas distraire des épineux dossiers internationaux. » Le week-end du vote, le premier ministre était en déplacement à Moscou, où il rencontrait le président russe pour le grand sommet eurasien du dimanche. « Alexandre, tu aurais du rester à Paris pour te défendre ! La campagne de ton opposant est féroce ! » Il restait sourd aux recommandations de son ami. « Je pense que mon temps est bien mieux employé ici à créer l’union eurasienne, ne crois-tu pas ? Et puis, depuis tout ce temps… ils connaissent mes positions. » Durant toute la soirée, le comité stratégique du chef du gouvernement s’activa pour suivre avec attention l’évolution de la situation. Depuis ce matin, les députés de la majorité votaient en masse pour le conserver ou non. « Ici, on pense que monsieur d’Arians a toutes les chances de l’emporter dès le premier tour. Selon une expression d’un membre du premier cercle, toute cette affaire sera pliée dès demain soir. » L’homme avançait dans une démarche de vainqueur. Il participa à la soirée avec les représentants des grandes nations, une boule au ventre en l’attente des résultats. « Monsieur d’Arians n’a pas pu s’assurer dès le premier tour de conserver la direction du parti, il lui reste donc à décider s’il maintient ou non sa candidature pour le second tour. » Mis en ballotage, il devait maintenant prendre une décision. Cette fois-ci, on ne voulait plus de lui. « À l’heure où le premier ministre regagne Paris pour le plus grand défi de sa carrière, il est peut-être déjà trop tard. » Le lundi, il lui fallait s’exprimer sur la décision d’un second tour ou non à ce vote de défiance. « Je me battrai jusqu’au bout. » Annonça-t-il, le regard déterminé à la presse. Cette idée s’effrita bien vite.

    Seul dans le parlement, l’homme se remémora tous les moments forts de son mandat. Il se souvenait de ces manifestations meurtrières, de ces grévistes de la faim, de ses résultats économiques, sociétaux et militaires. « On te fera la peau ! Crève sale chien ! Va en enfer pourriture ! » Mais il se souvenait par dessus tout de la détestation qu’on éprouvait pour lui. Il ne ressentait aucun remords. Certains d’avoir fait ce qu’il fallait pour la nation française. Toutes ces histoires de patriotisme montaient à la tête. Il était temps d’abandonner. Il sortit une lettre de laquelle il se mit à écrire quelque chose. Il remarqua que ses mains tremblaient. Ils le réduiront en miette s'il persiste. Cette fois-ci, il allait échouer. Il ne laisserait pas à ces salauds le plaisir de le voir humilier.

    Le vieux président désormais septuagénaire écrivait quelque chose sur son bureau lorsque son subordonné rentra dans la pièce. Surpris de cette visite informelle, il sursauta. Alexandre d’Arians lui tendit la lettre. « Qu’est-ce ? » Demanda-t-il d’une faible voix. Son interlocuteur lui répondit d’une manière très digne. « Ma lettre de démission, je raccroche. » Le vieillard n’en revint pas. Il se leva alors que l’ancien premier ministre détournait son chemin vers la sortie. « Monsieur le premier ministre, attendez. Êtes-vous sûr de vouloir… ? » Celui-ci ne se retourna pas. « Désormais, ce sera monsieur d’Arians. ».

    Communiqué de l’AFP. « Je quitte mes fonctions de premier ministre. Cette décision prend effet aujourd’hui-même à midi. ». Liesse.

_________________
« Il ne faut jamais perdre espoir ! » Alors qu’Alexandre était sur le point de tout abandonner, une voix familière résonna au plus profond de lui-même. « C’est ce que tu dirais, n’est-ce pas ? ».
Chapitre 26, Le Héros Légendaire.
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