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[Fanfic] L'Engrenage [Terminée]

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 Auteur Message
Zéphyr MessagePosté le: Lun 07 Oct 2013 23:00   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Spoiler


Spoiler



https://i.imgur.com/bwBTpZh.png




Piste 14 : (28/02/2013)


Le vendredi qui suivit ma possession par Xana, je reçus un appel provenant d'un numéro inconnu. Poussé par la curiosité, je décrochai tout de même :
- Ouais ?
- Salut Léo ! Ça va comme tu veux ?
Je n'avais même pas besoin de demander qui était à l'appareil. Il s'agissait de Sally. Celle-ci ne me laissa d'ailleurs aucun délai pour lui répondre puisqu'elle enchaîna directement :
- On aurait besoin de toi dans les prochains jours. Ce serait possible que tu viennes au complexe tous les après-midi ?
J'y étais. L'occasion de démarrer mes investigations m'était donnée. Cependant, je ne pouvais pas accéder à la requête de la fille de Tyron à cause de l'étroite surveillance dont j'étais victime à Kadic. Il me fallait trouver une excuse valable. Heureusement pour moi, je me remémorai certains mots prononcés par le professeur Hope la semaine passée, au sujet du vrai Léo Chevalier :
- Non, je ne pourrai pas. Depuis l'autre fois où je me suis absenté toute la nuit, ma famille d'accueil m'impose des horaires de sortie. Je serai dispo ce week-end et mercredi prochain, mais je devrai être de retour en ville à dix-sept heures grand max.
- C'est noté. L'information sera transmise.
- Juste pour savoir, pourquoi avez-vous besoin de moi ?
Il y eut un instant de silence, synonyme d'hésitation. Finalement, mon interlocutrice se lança :
- Nous allons passer à l'attaque contre ces avatars qui s'introduisent régulièrement sur Tron. Le plan, c'est d'attendre qu'ils reviennent et activent à nouveau notre pare-feu. Après cela, il nous suffira de leur donner le change au combat et de les laisser nous prendre des données – que l'on rendra inexploitables. À partir de là, l'un des nôtres va les suivre jusqu'à leur monde virtuel. Une fois chez eux, il suffira à cette personne de placer un dispositif confectionné par mon père. Il nous permettra d'obtenir la position du supercalculateur adverse.
Ça n'augurait rien de bon pour mes camarades de Kadic ce plan. Une question me traversa alors l'esprit, que je fis partager :
- Et donc, ce sera à moi de les poursuivre ?
- Bien sûr que non ! répondit Sally. C'est un boulot trop important pour le confier à un novice comme toi. Mon père a d'ailleurs refusé que je le fasse. Il a préféré demander ça à Puck.
Je la sentis un poil vexée à la fin de sa réplique. Elle aurait voulu s'occuper de cette partie-là apparemment. Cependant, je n'ajoutai rien d'autre, encore un peu renfrogné par le terme « novice ».
- Bon, tu as tout compris ? me demanda-t-elle.
- Ouais. Mais à quoi sert ma présence dans ce cas-là ?
- Aucune idée. Tu le sauras certainement en temps voulu. Je vais devoir te laisser. Pour info : le chauffeur t'attendra à l'endroit habituel à treize heures tous les jours où tu t'es engagé à venir.
Elle raccrocha sans attendre. Décidément, elle était du genre speed.

Tout en rangeant mon portable, une pensée me traversa :
« S'ils savaient à quel point cette opération et cette balise gps étaient inutiles... » .


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Le lendemain, je fus accueilli au complexe souterrain par le professeur Hope. Celle-ci ne perdit pas une minute pour me dire suite à ma descente de limousine :
- Tu as donc décidé de continuer.
Il s'agissait d'une constatation, pas d'un reproche. La femme aux cheveux blonds enchaîna en me tendant un morceau de papier, de la taille d'une carte de visite. En m'en emparant, je constatai la présence d'un numéro de téléphone griffonné à la va-vite.
- Préviens-moi du moindre éternuement suspect, de la moindre nausée que tu subiras, m'expliqua-t-elle. Au moindre signe de maladie ou autre chose, tu m'appelles afin que je prévoie le coup pour tes prochains transferts. Tu n'auras peut-être pas la même chance que la dernière fois.
Elle venait subtilement de me rappeler mon arrêt cardiaque, faisant crier à ma raison : « Barre-toi ! Ça en vaut pas la peine ! ». Cependant, je la fis taire rapidement, me concentrant sur mes nouveaux objectifs. Je rangeai la carte dans la poche de mon pantalon et suivis la collaboratrice de Tyron jusqu'à l'ascenseur.
Cette fois-ci, elle ne m'emmena pas dans la salle d'expérimentation habituelle, mais dans une pièce remplie de machines. Sur la gauche après la porte, des appareils émettant de multiples lumières et possédant de nombreux câbles était placés. À droite, des bureaux à disposition en U prenaient place, sur lesquels trois ordinateurs étaient placés. Celui situé « au centre » était allumé et affichait une fenêtre vidéo, laquelle révélait un lieu que j'avais eu l'occasion de voir par deux fois : le noyau de Tron.
- La surveillance se fera par le biais de cette caméra, m'expliqua la femme aux cheveux blonds.
Suite à cela, elle m'invita à m'installer sur l'une des chaises et à attendre. Quant à elle, elle s'assit devant le poste montrant ce qu'il se passait sur le monde virtuel. Il ne nous restait qu'à attendre que nos adversaires daignent montrer le bout de leur nez.
Malheureusement, il ne se passa rien de tout l'après-midi. La scientifique passa le temps en faisant de la programmation tandis que pour moi, l'ennui total m'envahit, aussi implacable que lourd. Je préférais ne pas imaginer ce que devaient endurer les ninjas durant leurs tours de garde. Ça devait être encore pire que pour moi.

Finalement, cette première journée se conclut par l'absence de résultat pour l'opération. Ne restait plus qu'à espérer que Belpois et ses potes ne traînent pas trop, sinon je risquais bien de mourir de lassitude.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Durant le reste du week-end et le début de la semaine, le plan de Tyron n'offrit aucun résultat. Aucune intrusion sur Tron n'avait été décelée.
Au cours de cette même période, mon sommeil continua à se dégrader. Les temps durant lesquels je pouvais dormir diminuaient, m'obligeant à prendre de plus en plus de somnifères. Amanda avait raison : je ne pouvais plus supporter de rester éveillé durant des heures. C'était oppressant. Je préférais encore dépendre de médicaments plutôt que sombrer dans la folie. Malgré tout, cela ne m'aidait pas à être en forme, notamment à cause de mes rêves, lesquels s'étaient diversifiés. Le cauchemar ne revenait plus que rarement, mais il laissa la place à des morceaux de mes virtualisations sur Tron, diffusés par flashs intermittents. Je revoyais régulièrement des séquences de mon combat contre William ou de ma chute vers la mer numérique. Il m'arrivait même d'apercevoir des passages dont je n'avais pas le souvenir, tels que ma lance embrochant Yumi ou bien la vue d'une espèce de pilier à dominante noire possédant des morceaux flottants. Ces derniers révélaient « l'intérieur » de l'édifice, qui arborait une couleur rouge.
Cependant, le pire n'était pas là. Le songe qui avait suivi ma première virtualisation fit son grand retour : je revis l'autre pilier – celui aussi obscur que l'ébène – dans le lieu souterrain du monde virtuel de Tyron. À chaque fois que je le faisais, sa durée augmentait, me faisant me rapprocher toujours plus près de la structure.
Mes nuits agitées se répercutèrent également sur mes journées. Ma concentration en cours diminua, celle-ci restant fixée sur les diverses interrogations qui me tourmentaient l'esprit. De même, ma fatigue se combina à une perte d'appétit. Mon corps en paya le prix, car il perdit son énergie, me transformant « en grosse loque » comme disait GI-Jim lors du dernier cours d'EPS.
En conclusion, je devenais un vrai zombie.

Puis le mercredi arriva, promesse d'un après-midi de libre pour les élèves de Kadic.

Suite à un cours de français durant lequel je décrochai un quatorze sur vingt pour mon texte sur l'insomniaque, la pause-déjeuner prit place. Décidant de m'installer dans un coin de la cour pour tenter de travailler un peu mes cours de physique, je fus témoin d'un événement qui paraissait complètement anodin : Yumi et le reste de sa bande – mis à part Laura – se dirigeaient vers le parc. Quelque chose me disait qu'ils n'allaient pas profiter du beau temps à l'ombre des arbres, mais plutôt dans l'usine abandonnée où ils cachaient leur laboratoire. Constatant l'absence d'empressement chez eux, j'en déduisis que Xana n'était pas à l'origine de ce départ et qu'une expédition sur Tron allait peut-être avoir lieu.
Immédiatement, je partis à la recherche de Jim, afin de lui faire signer mon autorisation de sortie du lycée. Suite à quoi, je quittai Kadic et courus comme un dératé pendant de longues minutes afin de parvenir au building de la Deckard Inc. Par chance, James était déjà au point de rendez-vous, occupé à déguster un sandwich, le tout en étant appuyé sur le capot de son luxueux véhicule. Mon irruption subite manqua de le faire s'étouffer avec son déjeuner – ce qui ne m'aurait pas arrangé avouons-le. Le chauffeur ne me posa néanmoins aucune question sur cette avance de presque une demi-heure et se contenta de faire son job, soit conduire.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Je ne fus même pas surpris de voir Sally m'accueillir. Les autres devaient être occupés, ce qui était un bon signe.
- On ne t'attendait pas aussi tôt, m'envoya-t-elle.
- Disons que j'ai pu « me libérer » plus tôt, prétextai-je d'un air mystérieux.
- Tant mieux alors ! Tu tombes bien d'ailleurs, l'opération vient juste de débuter. Puck les piste en ce moment même.
Elle venait de confirmer mon intuition au sujet de Yumi et son groupe. Je me félicitai intérieurement pour ma rapidité de réaction. La fille de Tyron m'invita ensuite à la suivre. Visiblement, elle était pressée d'assister au reste des événements, puisqu'elle nous fit presque courir pour nous rendre dans la salle d'expérimentation.


Le premier détail qui me frappa à notre arrivée, ce fut l'absence du professeur Hope. Seuls les membres masculins de l'équipe scientifique étaient présents. Le second détail notable venait du meuble croulant sous la paperasse sur la gauche après la porte d'entrée. Il avait été poussé contre le mur du fond au profit d'un écran de projection opaque nomade. Sa présence se justifiait par celle d'un rétroprojecteur en marche posé sur le bureau de droite, lequel était relié à l'un des ordinateurs. D'autres câbles partaient de ce même ordinateur pour rejoindre des enceintes, placées à côté de l'écran. Le dernier détail quantifiable était la vidéo qui défilait à l'écran : une vue sur Tron était offerte. Cependant, la caméra se déplaçait à très grande vitesse, ne permettant pas de profiter réellement du paysage. Elle se concentrait sur le véhicule jaune devant elle, celui qu'il m'avait été donné d'observer le jour de ma première virtualisation.
Personne ne fit attention à notre arrivée dans la salle. Les images qui défilaient semblaient trop absorber l'assemblée pour que notre entrée ne lui fasse de l'effet. Sally partit s'adosser au mur de droite, juste à côté du rétroprojecteur. Je la rejoignis immédiatement, n'ayant de toute manière aucune autre idée d'emplacement.
- Bon, je vais te faire un résumé, me chuchota-t-elle une fois placé sur sa gauche. Comme prévu, les intrus se sont infiltrés dans Tron et ont activé le pare-feu. Comme tu le sais, on a fait exprès de se faire battre avec les autres gars pour leur donner le change. Mon père en a profité pour leur refiler des données non-exploitables. Pour l'instant, ils ne se doutent de rien. Là, Puck est en train de les poursuivre. Les images qui défilent en ce moment, c'est un visuel de ce qu'il voit actuellement. On a même droit au son en bonus.
- Comment peut-il se déplacer aussi vite ? demandai-je avec beaucoup d'intérêt. Et puis, pourquoi ne s'est-il pas encore fait repérer ?
- Tu croyais que notre seul pouvoir était de rentrer dans les éléments du décor ? Tu te trompes. Nos avatars ont pas mal de ressources. Nous sommes capables de nous entourer d'un champ de force qui nous rend invisible. Pas littéralement, mais aux yeux des radars, oui. Pratique pour les filatures où les attaques surprises. Bien sûr, on évite de trop utiliser ce pouvoir ainsi que la super-vitesse, ça consomme de la pile nucléaire.
Les ninjas étaient encore plus puissants que ce que je pensais. Ça s'annonçait mal pour le camp de mes camarades de Kadic.
Sally reporta son attention sur l'écran, chose que je fis également. Puck poursuivait toujours la boule roulante à quatre bras. Puis, d'un seul coup, il ralentit brusquement, jusqu'à s'arrêter. Son champ de vision montra alors sa main droite en train de taper sur son torse.
- Foutues interférences électromagnétiques, jura Tyron en tapant du poing contre la table.
Il se retourna prestement sur le second ordinateur – celui qui n'était pas relié aux enceintes et au rétroprojecteur – pour taper frénétiquement sur le clavier.
Pendant ce temps à l'écran, Patrick, voyant le véhicule jaune revenir vers lui, se dissimula en entrant dans le sol et en s'accrochant en bas de la structure qu'il venait de traverser – enfin, c'est ce que Sally m'a expliqué. Ce délai donna l'occasion au champ de force de se remettre en marche, permettant la reprise de la traque. Par la suite, le pisteur réussit à monter sur l'engin roulant, ce qui représentait « une économie d'énergie » d'après Tyron.
Au bout d'un moment, ils parvinrent aux abords de l'anneau de Tron, s'arrêtant devant un nouveau moyen de transport stationné dans les airs. Sa forme globale s'apparentait à la lettre T. À la jonction entre les deux traits de ladite lettre était situé un habitacle de forme particulière. Sur la branche verticale, quatre petits vaisseaux étaient fixés, semblables à ceux que l'on pouvait voir dans les dessins animés de science-fiction.
- Un sous-marin numérique, donc, fit Bernard. C'est assez impressionnant, surtout si l'on prend en compte qu'il doit être capable de résister à la mer.
En usant de toute sa discrétion et de son agilité, Puck monta à l'arrière du sous-marin prenant appui sur un rebord situé sur l'habitacle principal. Quelques instants plus tard, le véhicule se mit en mouvement, s'éloignant de l'anneau de Tron tout en amorçant sa descente vers l'étendue aqueuse. Les yeux de notre espion montraient l'eau à l'aspect boueux se rapprocher de plus en plus. Pris d'un doute de dernière minute, je demandai :
- Dites, ce n'est pas dangereux pour Puck de plonger comme ça ?
- Le champ de force permet aussi de résister à la pression de la mer numérique. Tout va bien se passer, m'assura Tyron.
Le sous-marin s'immergea alors d'un seul coup.


Dans les premiers instants, seul du noir était visible à l'écran. Soit Puck avait fermé les yeux, soit le champ de force protecteur n'avait rien protégé du tout. Le professeur Fontaine réfuta la seconde hypothèse en nous informant que l'un des ordinateurs indiquait que son avatar avait conservé son intégrité.
Puis la lumière revint petit à petit dans le champ de vision de Swan, avant de nous dévoiler d'un seul coup un nouvel univers. Une ville renversée s'offrait à ses yeux. Celle-ci se composait de blocs de différents volumes, imbriqués les uns avec les autres dans la plupart des cas. Ils étaient accrochés sur le « plafond » de l'océan et présentaient à certains endroits des espèces de graffitis blancs dont j'ignorais la signification. Le véhicule aquatique avançait en se déplaçant autour de ces structures. En contrebas, le bleu de l'océan virait au noir jusqu'à devenir insondable. Une chose était sûre : Puck avait quitté Tron.
- Alors c'est à ça que ressemble le réseau informatique mondial, émit à côté de moi Sally. C'est beau.
- Ces espèces d'immeubles doivent être l'ensemble des banques de données interconnectées au réseau, exposa Tyron. Il doit y avoir des structures cachées qui permettent l'échange de ces données.
C'est ainsi que durant de longues minutes, chacun profita du spectacle offert. Cet océan bleuté dégageait vraiment une impression de calme et de tranquillité. Difficile de se dire qu'il s'agissait en fait d'Internet, un lieu véritablement tumultueux et sans cesse en ébullition.
- Je crois qu'ils sont en train d'arriver, émit Bernard.
Sa remarque fut confirmée par le champ de vision de Puck, qui s'était placé de manière à voir ce qu'il se passait à l'avant du sous-marin. Une forme obscure se dessinait un plus loin. Au fur et à mesure qu'ils s'en rapprochaient, je constatai qu'il s'agissait d'une grosse boule noire, creusée par de profonds sillons plus ou moins réguliers. Une sorte de tuyau au bout fermé était fixé sur le pôle Sud, semblant faire office de porte d'entrée.
Le silence était de mise dans le laboratoire. Tout le monde admirait cette énorme sphère flottant dans l'océan numérique. Elle n'était pas belle en elle-même, mais l'eau et les structures bleutées qui l'entouraient la mettaient en valeur, dégageant beaucoup de mystère.
- On dirait une sorte de Cortex... commenta Tyron, brisant ainsi cet instant de contemplation.
Ni une, ni deux, tous les regards présents dans la pièce convergèrent vers lui, dans une expression générale mi-interrogée, mi-surprise. Je me penchai légèrement vers Sally et lui chuchotai :
- Mais de quoi il cause ?
- Cherche pas, balaya-t-elle d'un revers de main.
Elle-même ne semblait pas comprendre d'où pouvait sortir une absurdité pareille. Il n'y avait pas plus éloigné d'un cortex que cette sphère noirâtre. Mon observation du scientifique me fit rater une bonne partie de l'entrée du sous-marin dans le monde virtuel de Belpois and co' – Lyokô si je me souviens bien.
D'après les yeux de Puck, ils venaient de débarquer dans une pièce circulaire depuis un trou dans son plafond. Les murs semblaient constitués par de longs bâtonnets rectangulaires d'un sombre bleu. La principale source de lumière provenait de l'entrée du plafond. Le véhicule s'arrêta alors dans les airs, de manière à se retrouver autour de plusieurs espèces de projecteurs. Ces derniers s'approchèrent de l'engin suite à son stationnement et s'allumèrent, offrant un éclairage supplémentaire. Autour de ces mêmes projecteurs, une plateforme à l'aspect branlant s'épanouissait en faisant le tour du tout.
Swan jeta ensuite son regard par-dessus le sous-marin : trois personnes se tenaient debout sur des espèces de cercles étranges au sol. Parmi elles, je reconnus l'enfumeur que j'avais affronté, ainsi que le félin que j'avais eu l'occasion de voir. William et Odd en somme. La dernière personne se trouvait être une fille aux cheveux roses. Certainement Aelita Stones. Qui d'autre possédait une couleur de cheveux qui piquait autant les ye... aussi originale ?
C'est à ce moment-là que les trois avatars tournèrent la tête en direction de Puck, remarquant ainsi sa présence.


- Tire ! somma Aelita.
Odd fit apparaître sur ses gants de drôles de dispositifs, qu'il pointa sur l'infiltré de Tyron tout en disant :
- J'le crois pas !
Une rafale de six fléchettes jaillit de ses poings brandis. Puck usa du sous-marin pour se protéger. Il enchaîna directement avec un bond surhumain, lui permettant de franchir l'imposant véhicule. Son champ de vision indiqua qu'il avait atterri derrière Aelita, toujours au même emplacement que deux secondes plus tôt. Elle émit quelques mots :
- ... c'est un Ninja !
Puck la coupa en deux sans attendre, causant sa dévirtualisation. Il tourna ensuite la tête sur sa droite, pour apercevoir Della Robbia fonçant sur lui. Le félin lui décocha de nouvelles salves de petits traits, tout en criant :
- Toi, on va t'expédier comme tes potes !
Il parlait un peu vite selon moi. Le ninja dévia les projectiles sans le moindre mal à l'aide de ses lames, ses bras bougeant de manière surnaturelle. Celui-ci bondit ensuite une nouvelle fois pour se poser au sommet du sous-marin.
Deux petits instants plus tard, Odd apparut soudainement dans le champ de vision de Puck, dans une posture d'animal prêt à attaquer. Il venait très certainement de sauter lui aussi. Le voir agir ainsi me consterna : il n'était quand même pas assez débile pour attaquer au corps-à-corps alors qu'il ne possédait aucune arme susceptible de rivaliser avec deux épées ? Apparemment, si. Et comme pour me donner raison, le félin se fit violemment éjecter par un coup de latte de Puck en pleine poitrine. J'aperçus quelques petites cartes blanches se déployer dans les airs avant que le petit blond ne soit rattrapé par la gravité. Je l'entendis crier :
- Nooooooon !
À quoi s'attendait-il en s'attaquant ainsi à Puck ? C'est un mystère que je ne résoudrai jamais. Par contre, j'ignorais que l'on pouvait se faire dévirtualiser d'un simple coup de pied. À quoi servaient nos armes dans ce cas ? Du grand n'importe quoi. Bref, nous en étions à deux-zéro pour notre camp.
Ne restait plus que William à vaincre. Il se tenait en garde lorsque Swan le rejoignit sur la plateforme. Depuis le point de vue qui m'était offert, tout portait à croire que le ténébreux attendait le premier assaut de son verdâtre opposant. Ce dernier lui offrit ce qu'il attendait en exécutant un saut et en assénant ses doubles lames. Surpris par cette manœuvre, Dunbar eut à peine le temps de parer avec son zanbatō. Malheureusement pour lui, l'impact le fit vaciller et tomber à terre. Puck tenta alors de le trancher, mais il se changea en fumée, lui permettant de s'éloigner plus loin et de se remettre en garde.
- Maintenant, c'est entre toi et moi, envoya-t-il.
Sur ces mots, il s'élança vers Puck puis tenta un coup d'épée de haut en bas. L'envoyé de Tyron croisa ses lames pour contenir celle de son adversaire.
- Ah, je vois, commenta William. Il t'en faut plus pour t'impressionner ?
Le bavard usa à nouveau de son pouvoir cheaté pour s'éloigner de Puck et lui refoncer dessus afin de tenter un coup de son imposante arme. Cette fois-ci, le garçon au surnom d'elfe se contenta de se décaler pour esquiver. Il enchaîna immédiatement en appliquant sa semelle sur la nuque de Dunbar, qui fut éjecté plus loin et qui manqua de tomber de la plateforme.
Je devais l'avouer, Puck était vraiment doué en baston. Mais en même temps, je ne pouvais m'empêcher de penser que William n'était pas dans un bon jour. Il me semblait plus coriace lors de notre affrontement.
Perdu dans mes réflexions, je ne me rendis pas compte que notre infiltré avait emprunté une sorte d'ascenseur et que celui-ci le faisait descendre. L'engin s'arrêta dans une salle plus lumineuse que celle qu'il venait de quitter. Le bleu clair était la couleur dominante. Les murs et le sol – une simple passerelle – semblaient faits de cubes de différents volumes, formant ainsi une architecture des plus originales.
Dans le laboratoire, Tyron se permit une remarque :
- Il ne lui reste plus qu'à atteindre le cœur de ce monde pour y installer la balise et la mission sera une réussite.
Malheureusement pour le scientifique, une voix venant des hauts-parleurs du labo retentit :
- Hé ! On se débarrasse pas de moi aussi facilement !
Puck se retourna : William était de retour, en garde pour la troisième fois. Un instant plus tard, le fer de leurs lames respectives s'entrechoquèrent une nouvelle fois. Cette fois-ci, il s'agissait d'une épreuve de force pure, chacun tentait de prendre l'ascendant sur l'autre.
- Je sais pas si on te l'a déjà dit un jour, mais t'as vraiment une sale tronche, osa envoyer le ténébreux d'en face.
Suite à cette réplique, Puck repoussa le zanbatō adverse et tenta de trancher son propriétaire, lequel se changea encore en fumée. N'étant pas dupe une seconde, le ninja effectua une rotation à cent quatre-vingts degrés et asséna son pied sur William, redevenu solide pile à ce moment-là. La frappe fit chuter Dunbar sur les fesses, qui en lâcha son épée. Tout en se redressant en position accroupie, il déclara :
- Je vais pas pouvoir tenir longtemps, il est beaucoup trop fort.
Il leva ensuite brusquement son bras droit, de nouveau armé, probablement dans le but de trancher Puck. Ce dernier ne se laissa pas déborder et attrapa le poignet dudit bras. Le ténébreux tenta de lutter, mais la pression exercée par le ninja semblait trop forte, l'empêchant de se dégager. William se fit trancher quelques instants plus tard pour disparaître dans un ballet de cartes blanches.
- William ! appela une voix nouvellement arrivée.
Ulrich venait de débarquer, dans sa tenue moulante jaune-orangée.
- William donc, marmonna Tyron d'une voix suffisamment élevée pour être perçue.
Ulrich venait de révéler le prénom d'un de ses alliés à l'ennemi. Tout en subtilité, comme à son habitude. Celle-ci se poursuivit lorsque je le vis foncer droit sur Puck, sabres au vent, dans cette bonne vieille méthode du rentre-dedans. Le samouraï tenta un coup de sabre qui fut évité facilement par celui dont on partageait la vision, qui répliqua instantanément en lui faisant manger son genou. Le seconde se rétablit en chute sans attendre, puis se releva.
- Toi, t'as vraiment pas de chance, déclara-t-il. Aujourd'hui, j'suis de très mauvais poil. Triplicata !
Deux formes floues et orangées passèrent sur les côtés de la vision de Puck, lequel n'y prêta aucune attention, préférant trancher en deux l'adversaire devant lui. Cependant, le corps d'Ulrich ne disparut pas de la manière habituelle : au lieu de se désintégrer comme William avant lui, il se dissipa, à la manière d'un hologramme. Le ninja n'eut même pas le temps de s'étonner de ce phénomène qu'une voix retentit dans son dos :
- Raté.
Ensuite, je ne compris plus rien. Puck bascula dans le vide sur sa droite. Il parvint à s'accrocher au rebord grâce à sa main gauche. Stern apparut à son niveau quelques instants plus tard. Dans le laboratoire, Bernard annonça :
- La balise a été déposée.
- Parfait, répondit Tyron. Rapatriez-moi Patrick.
Le scientifique à la blouse éclatante fit défiler à toute vitesse ses mains sur son clavier. Pendant ce temps-là, Ulrich écrasa la main de notre infiltré, qui en lâcha son rebord, chose étrange puisque la douleur n'était pas censée exister dans ces mondes numériques. Suite à cela, l'image qui nous était offerte devint complètement noire. Puck venait d'être rematérialisé.


Tyron se tourna ensuite vers moi, puis m'annonça :
- Ok, la première étape est terminée. À toi de jouer Léo. Tu vas explorer leur monde virtuel.
Au moins, je savais quelle était la raison de ma présence. Cela ne m'empêcha pas de répondre avec un certain étonnement dans la voix :
- C'est possible ? Je veux dire, sans passer par la mer ?
- Tu pensais que le dispositif que Patrick avait placé ne servait que de balise GPS ? Il joue aussi le rôle de relais entre leur monde et le laboratoire. D'ailleurs, c'est ce qui m'a permis de rapatrier notre ami. Sans cela, je ne sais pas s'il aurait pu revenir parmi nous. Tout cela pour dire que je peux te virtualiser directement chez eux sans problème. Bien entendu, ça ne fonctionne qu'avec ton mode de transfert, l'autre n'ayant pas la portée suffisante pour.
Tyron sembla hésiter un instant, avant d'ajouter :
- En plus de ça, ton avatar présente un avantage non-négligeable : il ne peut être repéré facilement par nos adversaires. Lorsque tu es virtualisé, tu n'émets pas la même fréquence que les autres. À moins de calibrer un radar sur cette fréquence particulière, il est impossible de te localiser. Tu partiras dès que notre collègue arrivera. Tu peux d'ores et déjà t'installer.
M'exécutant, j'appliquai la procédure habituelle et m'allongeai torse nu sur l'étrange table d'opération. Le professeur Fontaine se chargea ensuite de m'appliquer les diverses électrodes ainsi que le casque. L'avoir de nouveau sur le crâne fit monter en moi une légère bouffée d'angoisse. Après tout, j'avais bien failli y passer la dernière fois. Il n'était pas impossible que j'y reste ce coup-ci.
Je n'eus pas l'occasion de stresser plus longtemps, car le professeur Hope fit irruption dans la pièce. Elle s'approcha de la table où j'étais allongé, vérifia tous les équipements collés sur moi ainsi que les machines autour, avant de faire un signe de la tête en direction de Tyron.

Trois secondes plus tard, mon esprit s'enfonça dans les méandres de la virtualité.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Quelques minutes plus tard, je me retrouvai à mon tour dans la salle aux cubes bleutés. Après avoir vérifié que plus personne ne se trouvait dans les parages, je débutai mon exploration des lieux. Le seul chemin qui s'offrait à moi allait en ligne droite. Ma seule option était donc de l'emprunter, sauf si une folle envie de revoir le sous-marin virtuel me prenait. Je traversai tout d'abord un couloir assez long qui me permit de déboucher sur une pièce des plus singulières. Celle-ci avait la forme d'une demi-sphère bombée vers le haut et possédait un volume important. La luminosité, dont la source provenait majoritairement d'un symbole qui couvrait l'intégralité du sol, était très élevée. Ledit symbole représentait un point central et deux cercles concentriques auxquels s'ajoutaient une barre en haut et trois en bas. En somme, le logo qui était apparu dans mes yeux lors de ma possession par Xana. Sa présence me troubla un peu, à cause des mauvais souvenirs qu'il véhiculait en moi.
Pour ne plus y repenser, je me concentrai sur l'observation du reste de l'endroit. J'aperçus alors une ouverture sur le fond, à l'exact opposé de celle par laquelle j'étais venu. Je m'y rendis sans attendre. Cet acte marqua le début d'une longue marche pour moi. Je débouchai dans bon nombre de salles toutes plus ressemblantes les unes des autres, malgré l'architecture des lieux qui laissait penser qu'on ne pouvait se perdre. Ce territoire était un véritable labyrinthe. Par chance, il n'était pas victime de changements de configuration, à l'instar de Tron. Il n'aurait plus manqué que les murs ne manquent de m'écraser et que le sol ne se dérobe sous mes pieds.
Au bout d'un moment, je finis par trouver une sortie. Le souci, c'est qu'elle donnait sur du vide ainsi que sur une paroi, qui me fit penser à l'écorce d'une orange vue de l'intérieur. Soudain, un bruit de roulement retentit. Je vis passer un engin sous mes yeux, lequel avait l'air d'être un ascenseur. Sitôt la visualisation de ses mouvements terminée, je parvins à grimper dessus grâce à un saut parfaitement calculé. Je dus par la suite m'accrocher pour ne pas tomber à cause de la vitesse du véhicule. Celui-ci s'arrêta néanmoins bien vite devant une grande ouverture présente sur le mur, que je traversai sans attendre.
Je me retrouvai cette fois-ci sur une étroite corniche, laquelle donnait sur un immense espace sphérique qui trouvait ses limites dans des parois tapissées d'espèces de rectangles qui se remplissaient de chiffres. Des fichiers il me semblait. Je me trouvais à l'extérieur du labyrinthe en quelque sorte.
En m'approchant de l'extrémité de la plateforme, un écran flottant apparut brusquement, me faisant faire un bond assez impressionnant. Heureusement pour moi, personne ne se trouvait là pour juger cette performance. Après m'être ressaisi, je touchai l'interface et tentai de l'utiliser. Aucune réaction ne fut observable, comme si ma main ne possédait aucune influence sur cette chose. Peut-être était-ce le cas. De toute façon, je ne savais pas lire les lignes de codes qui s'affichaient, autant dire que je ne serais pas allé bien loin.
Me désintéressant de l'écran, je manipulai l'air et m'envolai afin d'observer un peu mieux le nouveau décor qui s'offrait à moi. Je découvrais ainsi que le territoire duquel je venais de m'extraire était en réalité une énorme boule qui gravitait dans cet espace sphérique. Au pôle Nord de ladite boule, une ouverture était présente. Certainement l'entrée du lieu d'entreposage du sous-marin. Je remarquai ensuite que les parois tapissées de fichiers possédaient deux ouvertures opposées l'une de l'autre. La première permettait le transit d'un cylindre constitué de fichiers se dirigeant vers la boule centrale et traversant une autre de ses ouvertures. Étrangement, le deuxième ne possédait pas ce cylindre, ouvrant ainsi une sorte de tunnel.
Une mystérieuse et puissante intuition me poussa à m'y engouffrer. Quelques secondes plus tard, j'émergeai dans un ciel grisâtre et brumeux.


Des montagnes volantes. C'est la première chose que je pus voir une fois que le vide surplombant la mer numérique fut traversé. La couleur dominante du secteur était le violet, contrastant allègrement avec la brume. De multiples sentiers des plus étroits étaient présents, reliant entre eux des plateaux de taille moyenne, passant ou s'arrêtant de temps à autre par des montagnes. L'endroit ne semblait pas facilement praticable à pied, à peu près autant que Tron. À certains emplacements, le sol était parsemé de rochers de tailles diverses ainsi que de petits arbres, semblables à des bonsaï. L'ensemble avait un côté oriental des plus agréables.
Une fois l'instant de découverte passé, je pris la décision d'atterrir au beau milieu d'un plateau, dans l'optique d'une petite pause. Mine de rien, voler consommait pas mal d'énergie, bien que je m'épuisais beaucoup moins vite qu'à mes débuts. Je n'avais même plus besoin de « me lancer » dans les airs. Il me fallait désormais une dizaine de minutes avant de ressentir une quelconque fatigue. La force de l'habitude qui sait ? Après tout, je n'allais pas m'en plaindre, ça ne pouvait que rendre mes voyages virtuels plus agréables.
C'est alors qu'un cliquètement suspect parvint à mes oreilles. Me tournant vers la source du bruit, je vis une espèce de cafard géant se tenir à quelques mètres devant moi. Quatre petites pattes soutenaient son corps d'un beige écœurant et à la drôle de forme. Sur le haut des pattes, une sorte de cercle rougeâtre dont je me demandais l'utilité était fixé. Un sigle était dessiné en plein sur sa tête – enfin, il me semblait que c'était sa tête. Il s'agissait du même que celui aperçu dans la demi-sphère du territoire bleu un peu plus tôt. Je commençais vraiment à me demander à quoi rimait ce logo. Si c'était celui de l'ennemi de la bande à Belpois, pourquoi le retrouvais-je d'abord sur un élément du décor et sur une bestiole non identifiée de leur monde virtuel ? Pour la découverte de la vérité, je pouvais clairement repasser.
La première observation achevée, la bestiole m'attaqua. Un laser rouge jaillit de son cercle de même couleur et me toucha à l'épaule. Même si je ne ressentis aucune douleur, de l'électricité parcourut la partie de mon corps touchée par l'impact durant quelques instants avant de se dissiper. Un autre laser fusa du cafard, que j'évitai en faisant un pas de côté. J'enchaînai en faisant apparaître ma lance dans son habituel crépitement et l'envoyai sur mon opposant. À peine mon arme empala-t-elle ce dernier qu'il explosa en une multitude de cartes rouges. Elles restèrent en suspension aérienne un instant avec d'imploser et de disparaître dans un éclat lumineux. Phénomène assez étrange, même si l'important était de s'être débarrassé du gêneur.
Malheureusement, je criais victoire trop vite. De nouveaux lasers, venant d'en haut, manquèrent de me toucher. Je levai les yeux et aperçus trois nouvelles créatures, ailées cette fois-ci. Leur apparence globale s'apparentait à des guêpes ou autre insecte du même genre. De couleur verte, elles possédaient chacune huit ailes qui battaient à une vitesse effrénée. Un dard des plus inquiétant était placé bien en avant de leur tête, formant comme une trompe. Leur appendice se terminait par une extrémité d'où sortaient les rayons de lumière rouge. Bien entendu, eux aussi avaient un logo en forme d'œil glauque dessiné sur le front.
Sans que je n'aie le temps de reprendre mon souffle, ils me mitraillèrent de tirs. Je me mis à courir, abandonnant ainsi ma lance – encore plantée dans le sol – que je ne pouvais plus récupérer faute de temps. Par chance, les insectes avaient beau être rapides, ils n'étaient pas assez précis pour me toucher, ce qui me donna l'occasion de m'envoler. Je tentai ensuite de les semer en me dirigeant droit devant moi à toute vitesse.
Au bout de deux minutes à peine, une structure non identifiée apparut dans mon visuel : il s'agissait d'une sorte de pilier entièrement noir, mis à part sur sa base, où de discrets sillons lumineux blancs étaient tracés. L'ensemble ressemblait à ce que j'avais pu voir dans mes rêves, mais avec des divergences dans les couleurs : le premier était entièrement noir et le second présentait des marques rouges avec des parties détachées flottantes. Quelles différences pouvaient présenter ces structures – ces tours comme le disait Tyron – entre elles ? Enfin, ne me souvenant pas de mon dernier voyage, j'en déduisis que c'était des tours, puisque ça y ressemblait vaguement.
Toujours est-il que je me rapprochais à toute vitesse de cet édifice, les insectes mitrailleurs à mes trousses. Je pris la décision de le contourner une fois arrivé devant. Cela m'offrait la possibilité de revenir sur mes pas afin de surprendre les guêpes et de retourner récupérer ma lance. Mais tout ne se passa pas comme prévu : à quelques mètres à peine de mon objectif, un tir m'atteignit dans le dos, brisant ainsi ma concentration et par extension, mon pouvoir sur l'air. Je fis donc une chute de plusieurs mètres jusqu'à atteindre le sol violet – que j'avais pris le soin de survoler. La vitesse acquise durant mon vol et ma gamelle me firent rouler au sol après impact jusqu'au pilier noir, avec lequel j'entrai en contact. C'est là qu'une chose improbable se produisit : au lieu de me cogner à la paroi, je la traversai, tel un écran de fumée.


Étrangement, l'intérieur de la tour était cylindrique, alors que de l'extérieur, elle possédait des angles droits.
La surprise de l'entrée inattendue achevée, je me remis sur mes jambes et détaillai l'endroit. Je me trouvais dans une sorte de cylindre donc, où des centaines de fichiers, constitués de zéros et de uns, tapissaient les parois. Ils étaient également la source majeure de l'éclairage interne. Je me tenais debout sur une plateforme sur laquelle un symbole bien singulier était dessiné : le fameux œil que je ne cessais de voir. Les traits de celui-ci étaient illuminés, offrant un éclairage supplémentaire. Sous de mes pieds, un véritable puits d'obscurité était présent, créateur de contraste avec toute la lumière blanche qui m'entourait. Cela ne faisait qu'ajouter un poids supplémentaire au silence assourdissant qui régnait. En levant la tête, je notai la présence d'une seconde plateforme, laquelle semblait flotter en l'air. Décidé à la rejoindre, je tentai de m'envoler en usant de l'air. Malheureusement, mon pouvoir refusa de s'activer pour une raison inconnue. Peut-être parce que le lieu représentait une zone particulière du monde virtuel et qu'il était régi par ses propres règles. Pour preuve, les guêpes ne m'avaient pas suivi à l'intérieur, ce dont je n'allais pas me plaindre.
Une fois mon inspection terminée, je commençai à réfléchir à un moyen de me sortir de là. Je n'allais pas rester coincé dans ce pilier jusqu'à mon retour dans le monde réel. Il me fallait une idée pour échapper aux insectes volants qui devaient m'attendre de pied ferme – enfin, si l'on considère qu'ils ont des pieds. C'est là que mon point d'arrivée dans Lyokô me revint à l'esprit. Je n'y avais croisé aucune créature. Peut-être était-ce une zone neutre. Le plan était donc de sortir de ce cylindre, échapper à des mitraillettes ailées et reprendre le tunnel qui menait à la sphère bleue. Un jeu d'enfant donc. La solution me paraissait toutefois bonne, raison pour laquelle je m'approchai de mon lieu d'entrée dans la tour, soit devant une portion de mur. J'effleurai cette dernière du doigt : une onde parcourut alors la paroi, comme si elle était faite d'eau immobile. Une fois certain de la nature de la « porte », je pris de l'élan puis m'élançai en courant à l'extérieur.
Durant les deux premières secondes, tout se déroula comme sur des roulettes : ma sortie se fit sans encombres et je parvins à faire quelques pas droit devant. Cependant, je ne m'attendais pas à avoir un comité d'accueil autre que les guêpes vertes pour me souhaiter un bon retour. Un cube sur pattes, grossièrement taillé et d'une couleur beige immonde, était placé en faction en plein milieu de mon chemin. Un œil blanc possédant encore et toujours le même symbole en guise de pupille était fixé sur ses quatre faces verticales. Je m'aperçus de ce détail lorsqu'il tourna sa tête à trois-cents soixante degrés.
Bien entendu, ne m'attendant absolument pas à cette rencontre et étant désarmé, ma vitesse de réaction fut proche du zéro. Par conséquent, je ne pus esquiver le laser rougeoyant qui jaillit de l'œil de cette nouvelle créature. Celui-ci me frappa en pleine poitrine et me propulsa loin en arrière, me faisant rouler au sol et entrer dans la tour pour la seconde fois. Seul détail qui différa de la première entrée : au lieu d'atterrir sur la plateforme inférieure, je me retrouvai subitement dans le vide, plus précisément dans le puits d'obscurité.


Dans l'impossibilité de manipuler l'air, je n'eus d'autre choix que de subir ma chute tête la première, qui ne se révéla pas aussi longue que ce que les séries animées tentaient de nous faire croire. Au lieu de m'écraser au fin fond du cylindre comme je me l'imaginais, j'exécutai un atterrissage tout en douceur sur une plateforme identique à celle d'où je venais de tomber. Tout portait à croire qu'il était impossible d'avoir un accident à l'intérieur de ces mystérieuses tours. Mais bizarrement, je sentais que cela cachait autre chose. Je n'avais pas fait marche arrière puisque ma descente s'était déroulée de manière rectiligne. Par conséquent, je devais me trouver dans une structure identique à celle que je venais de quitter, soit un autre pilier.
Pour vérifier ma théorie, je fis passer ma tête à travers la paroi, afin de regarder furtivement dehors. Le décor que je vis fut proprement surprenant : ce n'était plus du tout le même. Je sortis entièrement de la tour pour mieux l'observer. Il s'agissait d'un désert d'une couleur beige-orangée. L'endroit était composé de larges plateaux sur lesquels de nombreuses structures rocheuses, allant du caillou au canyon, s'épanouissaient. Le ciel arborait un léger jaune-orange et était parsemé de quelques nuages. En somme, ce territoire était l'opposé des montagnes.
C'est à cet instant que tout devint plus clair dans mon esprit. Le territoire bleu par lequel j'étais arrivé constituait le centre du monde virtuel, à l'instar du noyau sur Tron. Les deux tunnels de l'espace complètement vide dans lequel flottait la grosse sphère permettaient d'accéder au secteur désertique ou au secteur montagneux. Lyokô était un univers découpé en trois territoires en somme, plus varié que celui de Tyron. Je me rendis compte d'un autre point : je ne pouvais passer par le désert pour rallier mon point de départ, le second tunnel étant fermé. Et puis, je ne savais pas quelle direction prendre pour arriver au bon endroit. Je devais obligatoirement rentrer par les montagnes. Mais sans glaive, ni lance, je ne pouvais pas me défendre face aux monstres qui en avaient après moi. La première étape devenait donc évidente.
Sans perdre une minute de plus, et malgré mon envie d'explorer le nouveau lieu, je m'engouffrai dans le pilier noir et me plaçai sur le bord de l'étage inférieur. Après avoir inspiré un grand coup, chose véritablement inutile, je sautai à pieds joints dans le trou obscur qui s'offrait à moi. Suite à cette action, je me rendis compte de ma bourde. En effet, si le premier atterrissage s'était très bien déroulé, le second fut catastrophique. Je me réceptionnai sur le crâne au lieu des pieds. Se retrouver brusquement tête en bas, même sous forme virtuelle, est très déstabilisant, à peu près autant que de voir un gars se transformer en fumée. Cette expérience m'offrit tout de même une bonne leçon : toujours se jeter tête la première dans les trous sans fond.
Une fois remis du choc, je me préparai à une sortie en force. Cependant, afin d'éviter le cube, qui n'attendait que ce genre de faux-pas de ma part, je choisis de quitter l'édifice par un autre portion de paroi que l'habituelle. Pour cela, je pris encore une fois de l'élan et exécutai un saut en longueur, sans crainte de m'écraser plus bas. Celui-ci se révéla un succès et je pus m'extraire de la construction haute.


Instantanément, je fis appel à mon pouvoir et m'envolai avant que les sentinelles ne réagissent à ma réapparition. Un instant après le décollage, les premiers lasers fusèrent. Je ne me retournai pas et empruntai en sens inverse l'itinéraire qui m'avait mené à la tour. Malgré les nombreux rayons qui cinglaient, autant dans mes oreilles qu'autour de moi, je parvins à pousser mon vol à une vitesse que je ne pensais pas atteignable. Voler à une allure pareille était incroyablement grisant. Je me sentais... invincible, comme entouré d'un armure légère – et très certainement oxygénée.
J'aurais pu profiter de cette sensation pendant des heures si je n'étais pas poursuivi par des créatures déterminées à me faire la peau. Heureusement pour moi, le plateau où était plantée ma lance fut atteint en un temps record. Sans prendre la peine de poser le pied à terre, je l'attrapai directement par le manche et poursuivit ma route. Mon prochain objectif était de retourner au tunnel, toujours accompagné des feux ennemis, qui ne cessèrent de gagner en ardeur.
- Allez grouille ! Transforme-toi ! criai-je à mon arme tout juste retrouvée.
Comme à son habitude, le javelot fut parcouru d'électricité et émit de la lumière avant de se changer en glaive. L'avoir de nouveau en main me conféra un second souffle. J'entrepris de me débarrasser des guêpes qui me collaient un peu trop.
J'exécutai un freinage brusque en l'air, faisant ainsi passer les insectes toujours en mouvement devant moi. Cela me permit de constater leur nombre : ils étaient trois, le même nombre que plus tôt. Sans leur laisser le temps de se retourner, je redémarrai immédiatement et en tranchai un facilement. Il explosa de la même manière que le cafard avant lui. Ses compagnons restant réagirent en faisant demi-tour puis et en tentant de m'attaquer de deux côtés différents. Je réagis en entamant une fulgurante ascension aérienne. Bien entendu, les bestioles furent suffisamment bêtes pour me suivre. Au bout de quelques secondes, je désactivai mon pouvoir, me faisant ainsi chuter dans le vide. Profitant de la vitesse de descente, je me mis à tourner sur moi-même, lame au vent, à la manière d'une toupie – d'accord, les toupies n'ont pas de cape qui viennent se plaquer contre le visage lors de la rotation. Malgré mon aveuglement, mon plan se déroula à merveille : en croisant les monstres volants, encore en train de monter, mon épée dressée ne put que les faucher tous deux. Après avoir entendu leur explosion, je sommai au vent de stopper ma rotation et de me porter à nouveau, le tout sans que je n'aie le tournis.
Je n'avais plus qu'à atteindre ma destination.


Lorsque le tunnel menant au territoire central s'offrit à ma vue, un sentiment de soulagement me traversa. J'allais enfin pouvoir souffler un coup. L'instant suivant, mon espoir fut brisé par une pluie de lasers rougeâtres, destinée à mon attention toute particulière. Par chance, aucun tir ne m'atteignit. J'osai me retourner durant une seconde : sept guêpes mitrailleuses étaient à mes trousses.
Instinctivement, je commençai à zigzaguer en vol, dans le but de me rendre plus difficile à viser. Cependant, les lois de probabilité finirent par me trahir, comme à leur habitude : un tir m'atteignit au poignet droit. Sous la puissance de l'impact, j'en lâchai mon arme, qui se fit piéger par la gravité.
- Fait chier ! ne pus-je m'empêcher de crier.
Être armé pouvait faire la différence dans une course-poursuite, c'est pourquoi je descendis en piqué afin de récupérer mon bien. À environ dix mètres du sol, je parvins à effleurer le pommeau du bout des doigts. J'ordonnai donc à l'air de me pousser un tout petit peu plus, ce qui fonctionna. Mais comble du malheur, au moment où j'allais m'emparer de la poignée, un laser percuta le glaive, déviant sa trajectoire de moi et le laissant continuer sa chute, en direction de la mer numérique cette fois-ci. Me trouvant au-dessus du sol, je dus faire un redressement d'urgence en rase-mottes.
Par la suite, la situation empira : le temps perdu lors de ma descente permit à quatre de mes poursuivants ailés de faire barrage devant le tunnel, les trois derniers étant toujours sur mes talons. Pire encore : je commençais à fatiguer à cause de la manipulation de l'air. En plus de ça, je flottais dans l'espace aérien surplombant l'épaisse couche brumeuse sous laquelle se trouvait certainement la dangereuse mer numérique. Je n'avais par conséquent plus aucun endroit où me poser. Autant dire que j'étais dans une belle galère. Heureusement pour moi, j'avais de la suite dans les idées. Je fis appel à ma lance, qui se matérialisa dans ma paume docilement. Apparemment, la disparition d'une de mes armes me permettait toujours d'user de l'autre. J'enchaînai en me mettant en position debout tout en restant dans mon mouvement – et cela grâce au pouvoir du vent. J'envoyai ensuite mon arme en direction du barrage d'insectes. Immédiatement, ils se dispersèrent pour éviter l'arme, ouvrant ainsi une brèche vers ce qui était mon ticket tranquillité. Je poussai sans attendre mon pouvoir au maximum afin de repartir à toute vitesse à l'horizontale, chose qui fonctionna. Poussé par la force de l'air, je parvins à m'engouffrer dans le tunnel. Au passage, j'encaissai deux tirs supplémentaires, mais les bestioles ne me suivirent pas, chose rassurante.
Une fois dans l'immense espace dans lequel flottait la boule bleutée, je me sentis lourd, très lourd. Dans un réflexe incontrôlable, je me mis à haleter, comme si je venais de courir un marathon. J'étais à deux doigts de relâcher l'emprise de ma capacité sur mon corps. Dans un dernier élan de volonté, je m'étalai lamentablement – c'est le mot – sur la corniche qui constituait le seul plancher dans ce vide absolu. Allongé de tout mon long sur le dos, faire le moindre mouvement devenait quasi-impossible pour moi. Je n'avais jamais poussé ma manipulation de l'air jusque-là. J'ignorais qu'elle pouvait me mettre dans un état pareil si je puisais trop dedans. Intérieurement, j'étais vidé. L'impression de n'être qu'un personnage de jeu vidéo s'imposa en moi. En fait, ça devait être quelque chose comme ça. Je devais posséder une jauge d'énergie qui se vidait lorsque j'abusais trop de mon pouvoir et qui se régénérait avec une pause.
Quand même, cette fatigue était vraiment particulière : je ne souffrais pas, mais mon esprit fonctionnait au ralenti, comme embourbé dans de la gélatine. Lever ne serait-ce que le petit doigt me demandait des trésors de concentration, encore plus que pour résoudre des équations.
Dans les minutes qui suivirent mon arrivée dans le territoire bleu, un grognement se fit entendre, provenant du passage menant à l'intérieur de la boule. Je pris tant bien que mal appui sur un de mes bras afin de me redresser et voir ce qu'il en était. Une nouvelle créature se tenait non loin de moi. Elle se tenait debout au moyen de deux pattes, formant comme des bras, lesquels étaient reliés à une espèce de torse beige. La partie arrière de son corps se constituait d'une longue queue possédant un air mécanique. Sa tête sphérique possédait une bouche qui, ouverte, laissait voir un petit tube à l'extrémité rougeoyante. Ce dernier était d'ailleurs pointé dans ma direction. Avant même que je ne pousse un juron, un laser jaillit de sa bouche pour venir me frapper le thorax. L'impact eut raison de mon avatar, qui eut droit à une dévirtualisation en bonne et due forme.


Le retour à la surface fut assez désagréable, encore pire que les fois précédentes. Une affreuse sensation d'inconfort m'envahit dès que mes yeux se rouvrirent. Je n'étais pas à l'aise dans mon propre corps, comme si celui-ci tentait de rejeter mon esprit. Malgré tout, je me plaçai en position assise sur la table d'opération. À peine cette action fut-elle accomplie que des nausées montèrent en moi, manquant de me faire rendre mon petit-déjeuner. Point positif : je n'avais pas fait d'arrêt cardiaque. C'était déjà ça.
- Est-ce que tout va bien ? me demanda la voix suspicieuse de Hope.
Je posai sur elle des yeux encore un peu embrumés, comme si je la voyais pour la première fois. Une fois mes neurones reconnectés entre eux, je secouai lentement la tête de haut en bas, pour lui signifier une réponse positive. Malgré cela, la femme aux longs cheveux blonds insista pour que je boive de l'eau, par mesure de précaution. À la voir, elle était à deux doigts de m'emmener faire des tests afin de vérifier que j'étais réellement en bonne santé.
- Laisse-le un peu respirer, intervint Bernard. Tu vois bien qu'il n'a pas l'air souffrant. Je pense que nos améliorations ont eu le résultat escompté.
Intérieurement, je remerciai le cinquantenaire de son intervention.
Quelques minutes plus tard, le temps d'émerger complètement et de me rhabiller, je pus conter à l'assistance mes dernières aventures virtuelles. Il était très amusant de voir toutes ces personnes écouter avec une attention excessive mes paroles. Après le récit vint la première question, prenant sa source en Sally :
- À quoi ressemblait ce symbole dont tu nous as parlé ?
Au lieu de décrire ce fameux logo, je m'emparai d'un crayon et d'une feuille sur le bureau puis fis un croquis sommaire. Cependant, il ne disait rien aux scientifiques et à la ninja présents dans la pièce.
- C'est une sorte d'œil quoi ! souligna inutilement Fontaine. Si ça se trouve, c'est juste là pour décorer les bestioles qu'il a vues.
- D'ailleurs, tu as une idée de ce que ça peut être ces créatures ? le coupa Bernard en s'adressant directement à Tyron.
- J'ai tendance à penser que ce sont des sortes de gardiens du monde virtuel que l'on vient de découvrir. Un peu comme des pare-feu, mais qui n'agiraient que lorsqu'il y a intrusion sur leur territoire. Pratique lorsqu'il est impossible de surveiller soi-même son petit univers. Et puis pour le symbole, Léo dit l'avoir vu dans pas mal d'endroits. Il n'est peut-être pas faux de penser qu'il s'agit d'un signe spécifique à l'autre camp.
Un silence suivit ces déclarations. Chacun encaissait comme il le pouvait les dernières révélations, moi en particulier. Mon cerveau tournait à plein régime, notamment à cause du logo. Je pouvais le dire franchement : j'avais appris de nouvelles choses, mais j'étais complètement paumé, encore plus qu'après ma possession par Xana.
Mon intense concentration fut coupée nette par une remarque de Sally :
- Léo, tu saignes du nez.
Instantanément, je quittai mon état d'intense réflexion et sentis un liquide chaud dégouliner de mes sinus. Assez abondamment en plus de ça. Immédiatement, je basculai ma tête en arrière afin de limiter l'épanchement tout en plaçant ma main sous la partie ensanglantée pour ne pas tâcher mes vêtements. Une main attrapa alors mon bras non occupé pour m'entraîner hors de la pièce.
- Je savais qu'il y aurait un problème comme ça, grommela Hope, propriétaire de ladite main.
Sans préambule, elle me fit quitter la pièce pour me mener dans l'une des infirmeries du troisième sous-sol. Là-bas, elle fit en sorte que le saignement s'arrête. Je dus malgré tout conserver un morceau de mouchoir coincé dans chaque narine pour prévenir tout nouvel épanchement. Hope m'autorisa ensuite à m'en aller, après m'avoir arraché la promesse de l'appeler au moindre problème, même insignifiant.


Pensant qu'on allait enfin me ficher la paix, Sally en rajouta une couche lorsque je la retrouvai postée devant l'entrée de l'ascenseur qui permettait de remonter au parking. Décidément, elle passait son temps à m'attendre. N'avait-elle rien d'autre à faire ? Je ne me permis néanmoins aucun commentaire, puisque la jeune fille ne devait pas se trouver là par gaieté de cœur. Il fallait quelqu'un pour me raccompagner – ou plutôt, pour m'empêcher de fouiner dans le complexe – et c'était tombé sur elle.
La montée jusqu'au parking se fit dans un silence que je sentis gêné. Dès que nous fûmes parvenus au pied du véhicule qui allait me ramener en ville, Sally lança d'un seul coup :
- Au fait, il fallait que je te donne ça. De la part de mon père.
Elle me tendit un billet qui arborait une couleur vert bouteille. Il était écrit dessus : « Salon des avancées technologiques ». La fille de Tyron m'offrit une explication, au vu de l'air interrogé que je devais arborer :
- Mon père tenait à ce que je te le donne, parce qu'il se sent un peu coupable, pour la dernière fois. Bien sûr, ça n'est rien par rapport à ce qui a failli t'arriver, mais il est content que tu continues les tests malgré tout.
Tyron avait un certain sens de l'humour quand même. Pour se faire pardonner d'avoir failli me tuer avec sa machine, il me donnait une place pour une exposition concernant les machines. Subtil. Cependant, l'air sincère de Sally me poussa à lui dire d'un ton hésitant :
- Ben... merci.
- Le salon a lieu ce week-end. La Deckard Inc. y aura un stand d'ailleurs. Pour présenter son travail. Si ça t'intéresse, sache que j'y serais dimanche.
N'étant pas un fan de ce genre d'événement, je savais à l'avance que je ne m'y rendrais pas. Je préférais ne pas donner de faux-espoirs à la ninja. Celle-ci se révéla plus rapide que ma réponse :
- À dimanche peut-être !
Elle tourna les talons et repartit vers l'ascenseur, me laissant en plan devant la limousine.


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Lorsque la nuit arriva, je ne perdis pas de temps et pris un des somnifères d'Amanda. Quelques minutes après m'être couché, je m'endormis comme une masse. Cependant, une chose assez mystérieuse se produisit : mon sommeil fut sans rêves, comme s'ils avaient décidé de me faire des vacances. Après avoir passé deux semaines durant lesquelles ils n'avaient cessé de me hanter, il était étrange que je n'en fasse pas. Malgré tout, leur absence ne m'empêcha pas de me réveiller aux alentours de deux heures du matin, pour mon rendez-vous insomnie devenu quotidien. Heureusement pour moi, j'avais déjà mes astuces pour tuer le temps restant jusqu'au réveil « officiel » à Kadic : réviser, dessiner en écoutant de la musique, ou lire. Je choisis cette dernière option, j'avais toujours de quoi faire avec moi.


Plus tard dans la matinée, lorsque la majorité de l'internat fut réveillée, je pus enfin sortir de mon étouffante chambre pour aller prendre mon petit-déjeuner au réfectoire. En chemin, je remarquai qu'un attroupement s'était formé sous les arcades. Me demandant quelle en était la cause, je me dirigeai vers la petite foule. Celle-ci regardait les casiers d'un œil mi-interrogateur, mi-inquiet. Décidant de regarder à mon tour, je découvris l'inscription qui figurait sur lesdits casiers, d'une taille assez conséquente.
La première chose qui me frappa était la présence du logo, encore et toujours le même. Après m'avoir nargué la veille, il revenait me faire coucou sur un mur, en décidant d'arborer une couleur rouge sang. En plus de cette teinte, le graffiti en arborait trois autres : le vert, le violet et le bleu. Une pour chaque mot écrit. Pour en revenir au symbole en forme d'œil, il était placé de manière à remplacer la lettre i d'un des termes inscrits. Ces derniers formaient une phrase courte en anglais, porteuse d'une certaine puissance :

« We are rising »



À suivre : Le salon aux mystères


Dernière édition par Zéphyr le Ven 14 Oct 2022 21:47; édité 40 fois
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Nyx MessagePosté le: Mar 08 Oct 2013 18:26   Sujet du message: Répondre en citant  
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Ouh yeah, un nouveau chapitre de l'Engrenage !
Tu noteras que la Nuit fait l'effort de commenter alors qu'il fait encore jour Mr. Green

Encore un excellent chapitre; j'ai l'impression que tu as encore multiplié les efforts dans la rédaction, c'est toujours aussi agréable à lire. Il me semble également que ce chapitre est plus long que la moyenne, non ?

Ce Chris me rend toujours autant perplexe. Il est chez Tyron, mais pas vraiment non plus contre les LG... Enfin si quand même, mais pas trop, sinon il les aurait dénoncé... Enfin bref, je me comprends dans ma confusion Mr. Green
J'aime bien depuis le début sa narration un peu ironique des évènements, ça me fait rire.

*La Nuit retourne se terrer dans le Tartare et attend qu'Apollon finisse son tour du monde*

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Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
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Zéphyr MessagePosté le: Dim 13 Oct 2013 13:01   Sujet du message: Répondre en citant  
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Répondons à la Nuit qui commente le jour Mr. Green :

Citation:
 j'ai l'impression que tu as encore multiplié les efforts dans la rédaction. Il me semble également que ce chapitre est plus long que la moyenne, non ?


Disons que ce chapitre est à l'heure actuelle celui qui m'a donné le plus de mal dans sa rédaction. J'ai donc dû par moments changer de technique d'écriture (si l'on considère que c'est possible). Pour la longueur, ce chapitre est à peine plus long que le précédant. Mais tu as raison : c'est le plus long que j'ai posté jusqu'à présent, coiffant au poteau les chapitres 3 et 8.
Je fais en sorte que la longueur de mes chapitres tourne autour de 12 pages OpenOffice taille 12, mais il arrive parfois que ce soit plus long, comme maintenant, ou plus court (chapitre 5 par exemple).

Citation:
Ce Chris me rend toujours autant perplexe. Il est chez Tyron, mais pas vraiment non plus contre les LG... Enfin si quand même, mais pas trop, sinon il les aurait dénoncé... Enfin bref, je me comprends dans ma confusion.


En fait, tu viens de résumer parfaitement ce que pense Chris : il est complètement paumé et ne sait pas sur quel pied danser.
D'un côté il ne révèle rien à Tyron, parce qu'il n'est pas certain que les LG en aient vraiment après lui. De l'autre, il ne peut se résoudre à croire sur parole nos héros, puisqu'il ne voit pas le lien entre eux, Xana, le Cortex et Tyron. Au final, il ne sait plus qui sont les gentils et les méchants dans l'affaire. Il lui manque des éléments du puzzle – ou de l'engrenage, au choix.

Citation:
J'aime bien depuis le début sa narration un peu ironique des évènements, ça me fait rire.


J'avoue ne pas avoir trop fait gaffe de ce côté. En fait, ce chapitre reprend un des épisodes de CLE (et comme je sais que tu as à peine commencé à voir...). Bref, je critique pas mal certains éléments dudit épisode dans ce chapitre. Content que ça t'aie plus en tout cas Wink

Merci d'avoir commenté en plein jour. J'espère que tu ne t'es pas brûlé la peau Mr. Green.

Sur ce, à bientôt Wink.
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http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.


Dernière édition par Zéphyr le Mer 29 Jan 2014 23:58; édité 1 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Lun 25 Nov 2013 20:13   Sujet du message: Répondre en citant  
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Spoiler


Spoiler



https://i.imgur.com/lb5mHql.png




Hors-Piste :


Jeudi 28 Février 2013

Les points de vue extérieurs s'accordaient à dire que le collège-lycée Kadic était normal, bien que son taux de réussite au baccalauréat soit supérieur à la plupart des autres établissements de ce type. Et pourtant, en cette belle matinée, un événement imprévu avait entaché la journée, qui s'annonçait aussi calme que la précédente. Les mots « We are rising » s'étalant en lettres colorées sur les casiers des arcades avaient de quoi faire froncer les sourcils de Jim Morales, le surveillant/professeur. En effet, c'était à lui que le proviseur Delmas avait confié la tâche de nettoyer le graffiti, le personnel d'entretien n'arrivant qu'aux alentours de dix heures.
Heureusement pour l'homme au survêtement rouge, la peinture était encore relativement fraîche, ce qui facilitait un peu plus son enlèvement. Malgré cela, il ne put s'empêcher de penser que s'il attrapait l'auteur de cette dégradation, il lui ferait payer autrement plus cher que la simple semaine de renvoi préconisée par le principal.

Pendant que son professeur préféré se tuait à la tâche, Yumi Ishiyama rejoignait tranquillement ses amis à une des tables situées dans la cour, pour leur rendez-vous matinal habituel. Le message qu'elle avait reçu plus tôt avait suscité des questions chez elle, ce pourquoi elle demanda dès son arrivée :
- Alors, qu'est-ce qui se passe ?
- Tu ne l'as pas vu donc, lui répondit son ami Jérémie.
- Vu quoi ?
- Le tag qui a été fait sur les casiers, expliqua William. Le symbole de Xana y était inclus.
Aucune surprise ne se dessina sur le visage de la japonaise. Seuls ses sourcils se froncèrent. Elle gardait toujours un contrôle relatif sur ses émotions.
- Et vous pensez que c'est un coup de Xana ? interrogea-t-elle.
- Pour tout te dire, j'ai fait un historique de l'activité des tours de Lyokô pour la nuit passée, expliqua le blond de la bande. Aucune d'elles n'a été activée. Du coup, difficile de croire que c'est bel et bien lui...
- Mais dans ce cas, qui ça peut être ? Un élève de Kadic qui aurait découvert notre secret ?
- Non, la contredit Aelita. Je suis sûre que c'est encore un coup de Xana. Je peux pas vous l'expliquer, mais je le sens. We are rising, c'est une provocation qu'il nous envoie. Il veut nous faire douter.
Le silence suivit cette déclaration. Tous savaient qu'Aelita possédait un sixième sens très développé. Son avis avait par conséquent un poids élevé. Ulrich se jeta alors à l'eau pour poser la question qui brûlait toutes les lèvres :
- Je veux bien moi, mais dans ce cas, comment est-ce qu'il s'y est pris ?
- Le Cortex.
Les regards convergèrent vers Laura Gauthier, car c'était bien elle qui avait prononcé les derniers mots. Tous avaient quelque peu oublié sa présence. L'interrogation dans les pupilles de certains – notamment Odd – poussa la jeune fille à poursuivre et à expliquer :
- On a découvert il n'y a pas longtemps que Xana pouvait nous attaquer en activant les tours du Cortex. En plus de ça, on a pu constater que le Superscan ne pouvait les repérer. Si cela s'est passé comme Aelita l'a dit, alors il est possible que Xana ait agi de là-bas.
- Ça se tient, ajouta Jérémie. Il faudra que j'aille vérifier pendant la récréation. En attendant, ouvrez l'œil. Si Xana est bien passé à l'attaque, alors un spectre doit traîner dans le coin.
Un nouveau silence se fit sentir, plus tendu et pesant que précédemment. Voyant que la perspective d'une nouvelle offensive n'enchantait personne, Aelita décida tout de même d'embrayer sur le sujet suivant, qui se voulait être une bonne nouvelle :
- À propos, Jérémie et moi avons découvert ce que Xana a fait au supercalculateur le jour de l'attaque de la forêt.
- Xana a fait quelque chose au supercalculateur ? demanda immédiatement Laura. Pourquoi est-ce que j'ai pas été mise au courant ? J'aurais pu vous aider dans les recherches.
C'est le moment que choisit un troisième silence pour s'installer, lourd de sens cette fois-ci. Jérémie détourna même les yeux lorsque son regard croisa celui de la blonde. Il se reprit néanmoins bien vite pour répondre à la question posée :
- On ne t'en a pas parlé, parce qu'on pensait régler le problème rapidement, ce qui n'a pas été le cas.
Si Laura n'était pas convaincue par cette excuse, elle n'en laissait rien paraître, se contentant d'écouter le jeune Belpois, qui poursuivit :
- C'est arrivé il y a trois semaines. Xana avait lancé une attaque lorsque l'on est allé au stage commando – ce que tu savais déjà puisqu'un retour vers le passé avait été lancé, même si on ne t'avait pas détaillé l'affaire.
- D'ailleurs, je comprends toujours pas pourquoi t'avais décidé d'y retourner, le coupa Odd. Faut être maso pour vouloir faire un truc pareil.
- Odd ! le réprimanda Ulrich.
Le rigolo de la bande haussa les épaules et se tut.
- Je disais donc, reprit Belpois, Xana nous avait envoyé un spectre, beaucoup plus puissant physiquement que les autres. Il avait pour cela activé deux tours. La première générait le spectre tandis que la seconde lui offrait un boost de puissance. Pendant que nous étions retenus dans les bois et qu'Aelita et Odd étaient sur Lyokô, Xana en a profité pour désactiver la seconde tour et en activer une nouvelle, pour générer un nouveau spectre, dans le laboratoire cette fois. Les caméras qui s'y trouvent nous ont permis de le voir taper quelque chose sur le clavier du superordinateur. Après ça, Xana a désactivé sa tour et a réactivé celle qui boostait son premier spectre.
- Et donc, qu'est-ce que Xana a fait ? enchaîna Yumi.
- Aelita et moi nous sommes trompés. Nous avons pensé qu'il avait saboté l'un de nos programmes ou une partie du supercalculateur. En réalité, il s'est contenté d'enregistrer des données dans la mémoire de la machine.
- On ne sait pas à quoi correspondent ces données, ajouta Aelita. La bonne nouvelle, c'est qu'on a réussi à les extraire de la mémoire du supercalculateur. Donc, quelle que soit leur utilité, elles ne pourront plus rien faire. Jérémie les a quand même enregistrées sur un CD afin de les étudier.
La sonnerie de huit heures retentit alors, marquant le début des cours et par la même occasion, la fin de la conversation. En guise de conclusion, Odd envoya :
- Si ça trouve, on s'inquiète pour rien. Peut-être que Xana a juste une âme d'artiste.
- C'est ça, ironisa William. Et pourquoi pas une Manta de couleur verte tant que tu y es ?


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Chris était enfin parvenu à sortir de l'internat. Esquiver la vigilance de Jim n'avait pas été chose aisée, surtout à presque vingt-et-une heures. Heureusement pour lui, le surveillant avait d'autres chats à fouetter que lui. Le jeune homme avait ainsi profité d'une dispute entre deux filles – une histoire de garçon semble-t-il – pour se glisser hors des dortoirs. Ce soir, il voulait faire le mur. Il n'en pouvait plus de sa chambre. Le besoin de changer d'air se faisait trop pressant. Celui-ci s'était manifesté lorsqu'il avait appris que la piscine municipale faisait des nocturnes en ce jeudi, une trop belle occasion d'oublier les derniers événements. Il avait ainsi minutieusement préparé sa sortie de Kadic. Escalader le portail étant trop risqué, il avait pris le parti d'emprunter le passage secret des égouts, le même que celui qu'il avait emprunté lors de sa possession par Xana. Il lui suffisait alors de déboucher sur le pont menant à l'usine désaffectée pour se rendre ensuite à la piscine.
Alors que le jeune homme était arrivé aux abords de la bouche d'égout du parc, des gloussements retinrent son attention. Droit devant lui, une personne était assise sur ladite bouche, qui tenait plus du bunker sortant de terre, tandis qu'une seconde personne se tenait debout en face d'elle. Par pur réflexe, Chris se dissimula derrière un des arbres et tendit l'oreille dans la foulée :
- Arrête, tu vas nous faire repérer, fit une voix féminine dans un rire parfaitement niais.
- T'inquiètes, je gère la situation, répondit une autre voix, masculine cette fois. Et puis, il faut prendre des risques dans la vie, sinon c'est pas drôle.
Après un temps de silence, ils repartirent dans les gloussements pour se taire à nouveau quelques secondes ensuite.
- Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais je dois y aller, déclara la fille, que Chris identifia comme étant Maïtena Lecuyer. J'ai dit à mes parents que j'allais réviser chez Yumi.
- D'ailleurs, tu t'étais embrouillée avec elle ? demanda l'autre voix, qui ne pouvait qu'être Ronaud Limousin, le petit copain de la jeune fille.
- Disons qu'on ne se fréquente plus autant qu'avant, depuis qu'elle traîne jour et nuit avec sa bande d'amis et c'est bien dommage. Heureusement que t'es là au moins, toi !
Dans les instants suivants, un bruit de succion semblable à un évier que l'on débouche indiqua à Chris qu'ils venaient de s'embrasser. Les deux tourtereaux s'en allèrent alors du « bunker » d'égout, permettant enfin au britannique de s'y engager tranquillement.


Traverser les conduits souterrains se révéla plus simple que prévu. Grâce à la lampe torche que le première avait glissée dans son sac, l'obscurité n'était pas un problème. Quant aux questions d'orientation, c'était encore plus simple : les égouts avaient pour particularité de posséder des panneaux indiquant le nom de la rue qui se trouvait à la surface. Avec une bonne connaissance du quartier, retrouver le chemin jusqu'au pont de l'usine se révélait enfantin. Le seul point négatif restait l'odeur, mais il fallait faire avec.
Une fois cette étape traversée et à l'air libre, Chris put se mettre en route pour la piscine municipale, qui se trouvait non loin de l'ancienne fabrique abandonnée. Dix minutes plus tard, il franchit le seuil du complexe sportif. Après avoir payé son entrée, il s'engagea dans les vestiaires. Il se mit en maillot rapidement et plaça sa serviette de bain de manière à ce qu'elle masque son dos, à la manière d'une cape. À cette pensée, il ne put s'empêcher de penser que c'était peut-être cette habitude qui avait fait que son avatar virtuel était doté d'une véritable cape.
Vint ensuite le moment de se jeter à l'eau. Après s'être rendu au rebord du bassin, Chris envoya sa serviette sur un banc et plongea directement. À vingt-cinq degrés seulement, le liquide paraissait froid pour n'importe quel humain. Le garçon n'échappait pas à la règle, mais ne perdit pas de temps pour commencer à nager, dans le but d'affronter ce froid, qui peu à peu, prenait la chaleur de son corps. Comme à son habitude, il favorisait le dos crawlé pour avancer. Cette nage lui offrait non seulement un bon exercice, mais avait pour avantage de cacher la partie du corps qu'il ne souhaitait pas exposer au reste du monde. Grâce au peu de personnes présentes, Chris put se réserver le luxe de prendre un couloir de nage pour lui tout seul.
Son goût pour la natation avait pris racine l'été dernier, un jour de forte chaleur, ceux pour lesquels on se damnerait pour se rafraîchir un tant soit peu. Depuis, il faisait son possible pour y aller dès qu'il le pouvait. Ces derniers temps, il n'avait pas trouvé la moindre minute à accorder à cette activité à cause de ses histoires de mondes virtuels, d'insomnies et de Xana.
Au bout de la première longueur, il retrouva les sensations qui lui plaisaient tant : la sensation de légèreté et le côté lisse qu'offrait l'eau sur sa peau nue. Il aimait être dans cet élément. Elle lui offrait une sensation proche de celle éprouvée en volant. Le jeune homme commençant à devenir un expert sur cette question, il savait de quoi il parlait. Le liquide – même chloré – offrait une fraîcheur et un calme des plus agréables, accentués par le peu de monde présent ce soir-là. Chris était venu se dépenser un peu, mais une drôle de torpeur venait de s'emparer de lui, lui sommant de rester là, à flotter sur le dos et à profiter de ce moment de fluidité et de légèreté.
Bien entendu, entropie oblige, il fallait que cet instant agréable soit brisé :
- Chris, c'est toi ?
Le concerné manqua de boire la tasse en se redressant brutalement. Il se reprit néanmoins et leva les yeux sur ce son qui l'avait perturbé. Debout sur le rebord de la piscine se tenait Yumi Ishiyama, une connaissance qu'il croisait un peu trop souvent à son goût ces derniers temps...
Il se déplaça tout de même jusqu'au bord du bassin et leva la tête pour demander à la jeune fille d'un air soupçonneux :
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- Ce serait plutôt à moi de te poser cette question, tu crois pas ? répliqua-t-elle. De nous deux, c'est toi l'interne.
Elle venait de marquer un point, qui se traduisit par un silence de la part du garçon.
- Je suis avec mon petit frère, expliqua-t-elle finalement. On a l'habitude d'aller à la piscine ensemble dès que possible. Une sorte de tradition entre nous.
- Yumi, c'est qui lui ? Un autre gars qui veut sortir avec toi ?
Le première tourna la tête à gauche : un petit garçon qui ne devait pas avoir plus de douze ans venait de les aborder. Outre sa petite taille, il possédait une belle touffe de cheveux noirs. Sur son visage, des traits asiatiques se reconnaissaient.
- C'est bon, c'est un ami, intervint Yumi. Chris, je te présente mon petit frère, Hiroki.
Pour une raison inconnue, le prénom énoncé par la japonaise eut une drôle de résonance dans le canal auditif de son camarade de classe, ce qui causa la faute suivante :
- Ikorih, c'est ça ?
- Non, c'est Hiroki ! répliqua le concerné. T'as de l'eau dans les oreilles ou quoi ?
Yumi sembla amusée de voir son frère s'énerver comme ça. Chris en profita pour sortir de l'eau afin d'être plus à l'aise pour discuter avec sa camarade de classe – si conversation il y avait.
L'élément H2O dégoulinant un peu trop abondamment de son corps, il décida de faire quelques pas vers le banc pour s'emparer de sa serviette de bain – le siège se trouvant justement placé en face de l'échelle. Il se rendit compte trop tard qu'il n'avait pas le dos couvert, permettant à Yumi et son frère de l'admirer.


S'il avait pu, Chris se serait enterré à plusieurs mètres sous terre – après s'être facepalmé. Comment avait-il pu oublier se couvrir le dos ? À cause de cette bévue, Yumi allait forcément lui poser des questions.
Durant les quelques secondes d'étonnement qui s'écoulèrent, le frère et la sœur purent admirer les magnifiques cicatrices qui barraient le dos du colosse. Sa peau présentait des marques de brûlures rougeâtres sur une large surface. Reprenant ses esprits, le britannique parvint à attraper sa serviette, la poser sur son dos, puis se retourner à nouveau face aux japonais. Les deux ne cachèrent pas la curiosité dans leur regard, en particulier le plus jeune, qui s'exprima :
- Dis, tu t'...
La main de sa frangine se plaqua sur sa bouche pour l'empêcher de poser une question trop personnelle.
- Et si t'allais faire quelques plongeons Hiroki ? lui proposa-t-elle avec un voix qui se voulait grave. Faut que je discute avec Chris d'un devoir.
Le petit garçon s'exécuta, surpris par le retournement d'attitude de sa sœur. Quant à elle, elle sembla elle-même étonnée de s'être fait obéir en un seul essai.
Quelques instants plus tard, un silence s'installa entre les deux jeunes gens. La découverte du dos de Chris avait tendu les choses. Cependant, le garçon brûlé n'avait aucune envie de passer pour une personne sans conversation, bien que cela ne soit pas sa spécialité. C'est pourquoi il sortit la première chose qui lui vint à l'esprit :
- À propos, Maïtena est déçue que vous ne passiez plus autant de temps ensemble.
Suite à cette déclaration, le britannique ressentit une forte envie de sortir de la salle, ce qui était complètement absurde en soi. À la place, il décida de se reprendre sur un ton un peu hésitant :
- Enfin, je l'ai entendue en parler.
- Je vois, se contenta d'éluder la jeune fille. Il faudra que je lui parle.
Visiblement impatiente de changer de sujet, elle enchaîna :
- Je peux te poser une question indiscrète ?
Son camarade de classe se crispa : il savait ce qu'elle allait lui demander. C'était inévitable. L'être humain avait besoin de réponses pour étancher sa curiosité, parfois mal placée, même si dans cette situation-là, Yumi le faisait pour détourner le sujet.
- Comment tu t'es fait cette brûlure dans le dos ? poursuivit la japonaise.
Cette demande raviva des souvenirs brûlants chez le britannique. Il se rappelait encore de l'horrible chaleur lui léchant le dos, tentant de s'insinuer au plus profond de sa chair, telle une lame effilée. Le temps d'un instant, il n'avait été que douleur, cette éternelle effaceuse de pensées. Même cicatrisée, il lui arrivait que cette blessure lui fasse mal. Finalement, il parvint tout de même à marmonner :
- Un accident. Lorsque j'avais onze ans.
Yumi posa alors une main sur son bras droit – étant trop petite pour atteindre son épaule. Chris vit à son visage qu'elle avait l'air gêné.
- Excuse-moi. J'aurais pas dû te poser cette question. C'est venu tout seul.
Le silence en profita pour ponctuer cette phrase. Si les deux adolescents s'étaient trouvés en extérieur et dans un dessin animé, du vent aurait certainement soufflé. Heureusement pour eux, il n'en fut rien.
Embêté de voir sa camarade de classe aussi mal à l'aise, Chris réfléchit à un moyen de relancer la discussion. C'est alors qu'une question lui vint à l'esprit. Il souhaitait éclaircir un point son interlocutrice. Sans hésitation, il se lança :
- Pourquoi te soucies-tu de moi à présent ? C'est à peine si on avait échangé un salut au début de l'année scolaire.
Surprise au premier abord par la nature de la demande, Yumi prit quelques secondes pour réfléchir, puis répondit :
- Quand je t'ai vu la première fois, je t'ai trouvé un air blasé et pas commode qui ne donnait pas envie de s'approcher de toi. Mais depuis quelque temps, ce côté-là s'est effacé chez toi je trouve. C'est peut-être pour ça... Et puis, je pense que tu n'es pas qu'une sorte d'ours mal luné. Tu vaux mieux que ça.
Ces dernières paroles eurent un certain effet sur le britannique, bien qu'il n'en laisse rien paraître, comme à son habitude. C'est le moment que choisit Hiroki pour revenir auprès d'eux. Il devait certainement avoir eu son quota de plongeons pour la soirée.
- On y va ? demanda-t-il à sa sœur. Je commence à geler moi.
- Bon, faut que j'y aille, envoya Yumi à Chris comme si elle n'avait rien entendu. Passe de bonnes vacances.
Sur ces mots, elle partit avec son petit frère en direction des vestiaires.

Après le départ des japonais, Chris décida de profiter encore de l'eau. Il n'avait pas fait le mur pour ne rester qu'une vingtaine de minutes. Il comptait bien profiter de liberté pour tout oublier. Malgré cette résolution, une question tournait en boucle dans sa tête de manière incontrôlable :
« Qui est vraiment l'ennemi ? »


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Vendredi 1er Mars 2013

Chris se trouvait sur Tron, dans son apparence de combattant au visage brûlé. En face de lui, un autre avatar, de sexe masculin, se tenait immobile. Le britannique le reconnut presque immédiatement. Il s'agissait de William Dunbar, un de ses camarades de classe. Son apparence était très différente de la fois où ils s'étaient combattus. Finie la combinaison noir et orange, place aux tons gris avec des touches de noir et de rose. Ses cheveux étaient en bataille et son teint avait retrouvé une couleur beige. Sur son torse, un logo bien particulier était apposé, que le jeune White connaissait de mieux en mieux : celui qui ressemblait à un œil et qui appartenait à Xana, enfin de ce qu'on lui avait dit. Pour en revenir à William, il tenait dans sa main droite son zanbatō, qui avait aussi eu droit à un lifting : son aspect était bien plus meurtrier. Elle paraissait plus lourde, mais également plus tranchante. Dans tous les cas, Dunbar irradiait la puissance.
Avant même d'avoir pu s'interroger sur le pourquoi de cette transformation, Chris eut droit à un assaut direct en bonne et due forme de la part du ténébreux. Le coup d'épée qui lui était destiné fut stoppé au moyen de son glaive, dont il n'avait pas décelé la présence jusque-là.
S'ensuivit un court, mais intense combat à l'épée, durant lequel les assauts directs uniquement furent effectués. Malheureusement, un avantage subsistait pour Dunbar, qui possédait une force bien supérieure à celle de Chris. De plus, le zanbatō était bel et bien plus lourd que la fois dernière. Ces facteurs jouèrent en la défaveur du garçon à la cape, qui se fit désarmer d'un coup sec. Suite à cela, William asséna son pied dans les côtes de son grand adversaire, permettant sa mise à terre. Chris eut à peine le temps d'esquisser un mouvement pour se relever qu'il reçut un nuage de fumée noire en pleine poitrine.
L'effet fut immédiat : le gaz commença à l'enserrer, à l'instar de câbles métalliques. Il le souleva également à quelques centimètres au-dessus du sol à la verticale. Chris ne pouvait plus effectuer le moindre mouvement, mis à part tourner la tête. Devant lui, Dunbar arborait un sourire satisfait, tout en gardant sa main tendue – certainement pour ne pas rompre l'entrave fumeuse. Son arme avait quant à elle disparu.
Pour s'échapper, Chris tenta d'invoquer le pouvoir du vent en pensée afin de dissiper ses liens. Sans effet. Soit ses pouvoirs étaient annihilés, soit l'air était beaucoup trop imprévisible. La première explication semblait plus réaliste. La dernière option pour le jeune homme au visage brûlé était d'attendre la suite des événements, complètement impuissant. Celle-ci ne tarda pas à arriver lorsque William annonça d'une voix mécanique, qui n'était pas la sienne :
- Il arrive.
À peine le dernier mot fut-il prononcé que Tron s'ébranla sous l'un de ses habituels tremblements de terre. Une fois le territoire calmé, le plus ténébreux des garçons se mit en mouvement. La fumée emprisonnant Chris, qui obéissait à sa volonté, le suivit, entraînant de ce fait son prisonnier dans le déplacement. Trois minutes de marche plus tard, les deux avatars se retrouvèrent au bord d'un fossé formé par les structures parallélépipédiques de Tron. Ce trou, d'aspect rectangulaire, devait mesurer dans les huit mètres en diagonale. Outre ses dimensions, il se démarquait par l'obscurité insondable qui y régnait. La lumière du jour environnant ne parvenait pas à la percer. Ce talus avait des airs de portail menant vers une autre dimension.
La fumée plaça alors Chris en suspension au-dessus dudit fossé, au centre plus précisément. En regardant ce qui s'offrait sous ses pieds, l'angoisse commença à monter chez le garçon britannique. La peur naissait de l'inconnu, soit de ce que l'on ne pouvait se représenter. Le puits de nuit remplissait parfaitement ces conditions, suffisant à le faire frissonner, bien qu'il ne puisse ressentir les différences de température du fait de sa forme virtuelle. Il sentait venir la fin. Sa propre fin.
- Adieu, retentit la voix monocorde de William.
Le gaz relâcha son emprise et se dissipa. Il ne restait plus qu'à la gravité de terminer le travail, chose qu'elle fit. Dans l'impossibilité de manipuler l'air ou de se raccrocher à un élément de relief, Chris ne put faire qu'une seule chose : crier.
Sa voix se perdit dans les abysses.

Finalement, la chute ne fut pas trop violente. Ne pas ressentir la douleur avait ses avantages.
D'abord, le jeune homme ne vit que les ténèbres qui l'entouraient. Puis, après un petit temps d'adaptation, il s'aperçut de la présence de lueurs turquoise, provenant aussi bien du haut et du sol que de la gauche et de la droite. Le trou qui l'avait mené jusque-là semblait avoir disparu. Un autre temps d'adaptation lui permit de se rendre compte qu'un tunnel faiblement illuminé s'ouvrait devant lui. Il était à nouveau dans le souterrain de Tron.
Une seule option s'offrait à lui s'il voulait sortir de là : avancer droit devant. Il ne se fit pas prier pour commencer la marche.

Chris perdit instantanément la notion du temps. Il n'aurait su dire si ses pieds se mettaient l'un devant l'autre depuis une minute ou bien trois heures. L'ambiance autour de lui était lourde, accentuée par un silence incassable, pas même par ses semelles de bottes. Étrangement, une sensation d'étouffement le prenait à la gorge. Si son avatar en avait été capable, il aurait probablement sué. Le côté malsain de l'endroit où il se trouvait commençait véritablement à le mettre dans tous ses états.
Puis, d'une manière tout à fait inattendue, il vit une lumière au bout du tunnel, qui perça son champ de vision. Cela ressemblait véritablement au couloir de la mort, mais qu'importe pour Chris, qui accéléra son allure et continua son avancée.
Il ne déboucha pas sur l'extérieur comme il l'aurait souhaité, mais dans une immense salle cubique. Sur le sol de celle-ci, en plein centre, s'ouvrait un trou parfaitement carré, d'où provenait une grande partie de la lumière de l'endroit. Curieux, le jeune homme s'en approcha pour y jeter un l'œil. L'ouverture donnait une vue sur des sortes de poutres turquoise, disposées de manière régulière. Plus bas, la mer numérique tendait ses bras aux plongeurs imprudents. Le britannique ne pouvait malheureusement pas emprunter cette sortie, son pouvoir de contrôle de l'air étant aussi actif qu'un mollusque. Il se mit alors à observer le reste de la salle. À l'opposé de son couloir d'arrivée s'ouvrait un nouveau couloir, tout aussi obscur.
Malgré sa répulsion à retourner dans le noir, il emprunta tout de même le corridor. Celui-ci se révéla moins long que le précédent, enfin, d'après les estimations du garçon à la cape. Ce dernier arriva dans une nouvelle salle, aux dimensions identiques à la précédente. Elle présentait néanmoins des différences flagrantes avec la dernière. Tout d'abord, les parois, du sol au plafond, étaient incrustées de néons émettant une lumière turquoise, offrant un éclairage assez satisfaisant. Ensuite, un pilier d'un noir d'encre était placé en son centre, très ressemblant à ce qu'il avait pu voir sur Lyokô. À peine son regard se fixa-t-il sur cet édifice que certaines de ses parties supérieures se détachèrent dans un bruit mécanique pour lui flotter autour. La « croûte » détachée révélait un intérieur rouge, de même que les sillons lumineux qui se dessinèrent à sa base.
C'est à partir de cet instant que Chris perdit tout contrôle. Une envie irrépressible de pénétrer dans la structure l'envahit. Ses jambes entamèrent donc les quelques mètres de route qui les séparaient du pied de son objectif. Puis, sans s'arrêter, le jeune homme traversa la paroi du pilier comme s'il n'avait jamais eu de consistance propre. Une fois dans le cylindre de données, il s'avança jusqu'au centre du premier niveau, représenté par le point central du symbole en forme d'œil, puis il attendit la suite des événements, malgré le léger bourdonnement qui commençait à grésiller dans ses oreilles :
- ...dang, dong ! Ding, dang, dong !
Une aura blanchâtre apparut soudainement autour de lui et le porta dans les airs, l'aidant ainsi à atteindre la plateforme surélevée. Arrivé à destination, il se réceptionna sans accroc, puis fit un petit pas en avant. Une écran flottant apparut alors, dégageant une lumière blanche supplémentaire dans cet endroit déjà sur-éclairé. D'un geste instinctif, le garçon au visage brûlé leva la main droite et l'approcha lentement de l'interface.
- Ding, dang, dong ! Ding, dang, dong !
Sa main allait entrer en contact avec l'écran. Pour une raison inconnue, cette pensée fit monter en lui des frissons incontrôlables. C'était de l'excitation. Il avait hâte de voir ce qu'il allait arriver et c'est pour cela qu'il avançait sa main petit à petit. Il se délectait de ce moment.
Ne restait plus qu'un centimètre avant que le contact ne s'établisse. Oui, il allait enfin savoir ce que ce lieu devait lui apporter...
- Della Robbia ! Tu te crois à la Sing Academy ou quoi ?


Chris faillit tomber de son banc tant il se réveilla brusquement. Heureusement pour lui, aucun élève présent dans la cour ne fit attention à lui, trop concentré sur les paroles de Jim retransmises par les haut-parleurs :
- Reviens-ici ! Reviens-ici tout de suite !
Le garçon dont le nom signifiait « blanc » mit un court instant pour remettre ses idées en place. Il avait dû s'endormir par accident sur ce banc – manque de sommeil oblige – et ce qu'il venait de voir n'était qu'un rêve. Horriblement réaliste, mais un rêve tout de même.
- Della Robbia, je le répèterai pas, continua la voix du professeur d'EPS. C'est ta dernière chance, après, c'est gamme over !
Chris se leva de son siège et opta pour un tour dans le parc afin de réfléchir tranquillement, loin d'éventuelles nuisances sonores. Au passage, il maudit le fameux Della Robbia pour l'avoir empêché de voir ce qu'il se passerait une fois sa main posée sur l'interface de la tour.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Piste 15 : (05/03/2013)


J'ai essayé de ne pas penser à cette histoire de graffiti durant le week-end, mais rien à faire. Ce message sur les casiers m'a donné l'impression de m'être adressé personnellement. En plus de ça, je n'ai pas fait de rêve étrange durant la nuit où ce tag a été fait. Je sais que je ne suis pas étranger à cette histoire. C'est pour cela que je me suis débarrassé des médicaments que m'a offert Amanda en les jetant dans les toilettes. Avec un autre mystère à résoudre, je n'avais vraiment pas besoin de devenir accro aux somnifères. Mieux valait arrêter maintenant.
Par chance, les deux semaines de vacances d'hiver qui se profilaient devant moi allaient me laisser le temps de réfléchir – et avec un peu de chance, me reposer. Enfin, c'est ce que j'espérais.


C'est ainsi que je reçus un appel de mon oncle dimanche. Je ne lui adressai aucun mot, mis à part l'ordinaire formule de politesse. Il m'informa de son retour pour le début de la seconde semaine de vacances. Une semaine sans internat, c'était toujours ça de pris. Il n'ajouta rien d'autre et retourna vaquer à ses occupations. En reposant mon téléphone portable sur le bureau de ma chambre, je remarquai un morceau de papier vert dont j'avais oublié l'existence. Il s'agissait de l'entrée pour le Salon des Avancées Technologiques offert par Sally quelques jours plus tôt.
Une force étrange me donna l'envie de m'y rendre, malgré ma résolution première de ne pas y aller. Je changeais d'avis trop facilement ces derniers temps. Certainement à cause de la fatigue. De toutes manières, je n'avais rien de mieux à faire. Ma décision finale fut donc prise.
Dès une heure moins le quart, Jim m'autorisa à quitter l'enceinte de Kadic, trop content d'avoir un élève en moins à surveiller pour l'après-midi. Il mit cependant un point d'honneur à me rappeler :
- Et n'oublie pas Wite ! C'est dix-huit heures trente maximum, pas sept heures du matin le lendemain !
Je tentai de ne pas faire attention à sa remarque et commençai ma route pour le parc de Expositions de Paris-Nord Villepinte, lieu où se déroulait le salon. Pour m'y rendre, je dus emprunter le RER et voyager pendant trois quarts d'heure au milieu d'un paquet de monde, dont trois bébés braillant de manière énervante. Heureusement que la musique et les écouteurs existaient. En définitive, je parvins à destination sans dommage.


Le hall du parc était vraiment immense. Je n'aurais su dire à quoi équivalait son volume. Toujours est-il qu'énormément de monde était présent. Inventeurs, personnes avides de nouveauté, à la recherche d'inspiration, ou même des groupes de passionnés s'étant rassemblés par le biais d'un forum étaient venus visiter ce salon. De nombreux stands étaient disposés de manière ordonnée, formant ainsi des allées bien droites. Je m'engageai donc dans ce dédale qui n'en était pas vraiment un, mais qui étouffait sous la foule.
Au bout de quelques minutes, je repérai le stand de la Deckard Inc. Celui-ci était très ressemblant aux autres, soit un présentoir avec diverse paperasse et deux employés derrière. Quelques appareils, dont des tablettes numériques, étaient également mis en évidence. Un détail différait cependant : un énorme cube était installé à l'arrière, placé de manière à pouvoir être observé par les visiteurs, mais aussi pour qu'ils ne s'en approchent pas trop. Une équipe de techniciens était postée juste à côté, probablement pour veiller au bon état de la machine et éviter d'éventuelles dégradations.
Je trouvai immédiatement Sally, postée en face dudit stand et en grande discussion avec un visage connu : le professeur Bernard, dans son éternelle blouse blanche impeccable. À croire qu'il ne l'enlevait jamais. Lorsqu'elle m'aperçut, sa première réaction fut de me dire :
- Je pensais pas que tu viendrais vraiment. T'avais pas l'air emballé quand je t'ai filé la place.
- Faut croire que j'ai changé d'avis, balayai-je d'un revers de main.
À vrai dire, je commençais à me demander pourquoi j'étais venu. Certainement pour me changer les idées. Ou alors, je cherchais une compagnie amicale, celle de Sally en l'occurrence. Je n'en savais plus grand-chose en fait.
- Tu m'écoutes Léo ?
Plongé dans mes pensées, je ne m'étais pas rendu compte que je ne faisais plus attention aux paroles de la fille de Tyron. J'improvisai donc une question pour éviter de la vexer :
- C'est quoi cet espèce de cube là-bas ?
- C'est une salle de projection un peu particulière. Un des derniers projets de l'entreprise. Son développement permettrait de créer une nouvelle manière de regarder des images et des vidéos, voire même de développer de nouveaux jeux vidéos.
- La Deckard en fait ?
- Bien sûr, nos activités dans le domaine de l'électronique sont variées, me répondit Bernard, dont la présence avait été oubliée. Si tu veux, je peux te montrer ce que l'on fait.
Il m'invita à le suivre jusque de l'autre côté du comptoir du stand. Je m'exécutai et une fois sur place, le scientifique s'empara d'une tablette numérique et la posa à plat sur la surface plane qu'offrait le stand. Après avoir appuyé sur l'écran, une projection en trois dimensions d'un building apparut. Le bâtiment semblait avoir été construit à même la surface de l'écran. C'était assez impressionnant.
- Superbe.
Fut le seul commentaire constructif qui sortit de ma bouche. D'un autre côté, je ne voyais pas comment définir cet hologramme.
- Je le crois pas, envoya soudainement le scientifique.
- Qu'est-ce qui se passe ? l'interrogea Sally. Un problème ?
Le cinquantenaire pointa alors du doigt un homme posté à quatre-cinq mètres de notre position. Il devait avoir le même âge que lui et portait un costume bleu marine.
- Théodore Gauthier, ajouta-t-il comme si cela voulait tout dire.
La tentation de répondre « Et alors ? » me brûla la langue très fortement. Je parvins avec difficulté à m'abstenir.
- On était dans la même promo à Sciences Po. C'est lui qui m'a soufflé la place de major. Il a écrit une thèse impressionnante sur la physique quantique. Sans oublier le reste de son parcours...
L'associé de Tyron perdit toute mon attention durant sa tirade, car je repérai à côté du fameux Théodore une personne que je connaissais de vue. Laura Gauthier, qui appartenait à la bande de Yumi.


En moins d'une seconde, je me fis repérer. Les yeux émeraude de Laura me toisèrent. D'un air surpris d'abord, et ensuite interrogatif. Elle avait certainement atteint l'étape où elle se demandait ce qu'un type comme moi faisait dans une exposition pareille. Si Yumi et William lui avaient révélé ma répulsion envers les matières scientifiques, alors sa méfiance envers moi grandirait encore, surtout après l'histoire du laboratoire. Je détournai bien vite les yeux, en tentant de faire comme si je ne l'avais jamais vue, puisqu'après tout, je n'étais pas censé la connaître à cause du retour temporel de Belpois.
- Bon, les jeunes, je vous laisse, déclara Bernard. Je vais voir comment se porte ce cher Théodore.
Et sans attendre, il partit à la rencontre de son ex-camarade de classe. À peine les deux hommes se revirent-ils qu'ils se mirent à discuter avec entrain, bien que le père Gauthier possède un air assez mollasson.
Je sentis alors une main sur mon épaule. Celle de Sally. Une fois sûre d'avoir capté mon attention, elle me proposa :
- Et si on allait voir à l'intérieur du cube ? Il ne sera ouvert au public que dans une heure, mais on peut y aller maintenant si tu veux. Je me suis déjà arrangée avec Bernard.
Elle venait de me donner une bonne excuse pour m'éloigner du regard de Laura. J'attrapai la perche qu'elle me tendait :
- Ça me va.
Suite à ma réponse positive, elle partit voir les techniciens qui devaient être en charge du cube et parlementa avec eux. Elle revint vers moi avec un petit sourire aux lèvres. J'imagine qu'être la fille d'un homme tel que Tyron avait ses avantages.
- On va devoir attendre une petite vingtaine de minutes, mais c'est bon, m'annonça-t-elle.
- Vous allez vous rendre là-dedans ? demanda soudainement une voix féminine.
Je tournai la tête en même temps que Sally vers l'origine de la question, qui n'était autre que Laura Gauthier. Elle avait certainement intercepté nos paroles.
- C'est ça, lui répondit la fille de Tyron.
- Je peux vous accompagner ? continua la blonde d'un air confiant.
Après un léger silence, la réponse de la ninja arriva :
- Pas de soucis. Il faut juste attendre un peu avant d'y aller. Le temps qu'ils se préparent.
Laura se retourna et avisa son père en grande discussion avec le chercheur de la Deckard Inc. Celui-ci était tellement absorbé qu'il n'avait même pas remarqué que sa fille s'était éloignée.
- Je pense que j'ai le temps, assura-t-elle.
Sans le vouloir, je la détaillai du regard. Elle portait une jupe bleu foncé, associée avec un haut rayé de cette couleur avec du blanc en bonus. La veste immaculée qu'elle portait lui donnait un certain éclat, tout en s'accordant bien avec ses cheveux blonds qui tombaient sur ses épaules. Bien entendu, mon regard n'échappa pas à la concernée, qui m'envoya à son tour le sien. À la voir, on aurait dit qu'elle tentait de me décrypter, comme si je n'étais qu'une énigme à résoudre.
Notre échange silencieux fut interrompu par l'autre fille qui nous accompagnait :
- À propos, moi c'est Sally. Et lui Léo.
En entendant mon « prénom », celle qui me connaissait passa par une rapide expression de surprise. Heureusement pour moi – et pour une raison inconnue – elle décida de ne pas faire remarquer qu'elle me connaissait sous une autre identité.
- Laura. Enchantée.
Sally en profita pour lancer un sujet de discussion :
- Alors, c'est bel et bien ton père l'homme qui discute avec Bernard. J'ai lu sa thèse. Elle est vraiment épatante.
- Tu l'as lue ? demanda la jeune Gauthier avec une pointe d'incrédulité dans la voix.
- Bien sûr. Mon père tient à ce que je sois calée dans les matières scientifiques, donc il me fait lire ce genre de choses.
Puis, sans que je ne comprenne comment, elles s'engagèrent dans une conversation passionnée sur l'informatique et la physique. Inutile de préciser que je n'en comprenais pas un mot. Tout ce que je croyais savoir sur les conversations de filles s'écroula durant le quart d'heure d'attente – qui fut relativement long pour moi. Les clichés avaient tort. Les filles ne parlaient pas mode et garçons, mais ordinateurs et physique.


Une fois les minutes les plus longues de ma vie écoulées, le trio que je formais avec les deux filles put entrer dans le cube. L'entrée se faisait par une ouverte coulissante automatique. Bien sûr, celle-ci n'avait pas été conçue pour faire entrer les personnes de haute taille, telles que moi. Je me cognai donc le front en tentant de franchir l'ouverture. Je réussis finalement à m'introduire dans la machine.
L'intérieur de cet étrange appareil se révélait être assez homogène. Les parois, le sol et le plafond, étaient tapissés par des écrans qui émettaient une douce lumière blanche. Ces derniers étaient sacrément solides, puisque supportant notre poids. En terme de volume, l'intérieur devait être moitié moins grand que celui du Cocon caché dans le complexe de Tyron. Aucun siège n'était mis en place. Il allait falloir rester debout. Pour résumer, l'ensemble donnait l'impression de se retrouver dans une sorte de palais des glaces, en plus confiné.
Une fois l'entrée refermée, le silence s'abattit soudainement sur nous. Je posai alors une question avec une légère appréhension :
- On pourra respirer au moins là-dedans ?
- Y'a un système de ventilation, m'éclaira Sally. Ils ont pensé à tout.
Les écrans perdirent alors une bonne partie de leur luminosité.
- Ça commence.
Elle ne m'avait même pas laissé le temps de poser la question. Sally était assez forte dans son genre.
Des images se mirent alors à défiler sur tous les écrans. En réalité, il s'agissait d'un seul et même ensemble, montré sous tous les angles. Une sorte de vue aérienne d'un paysage enneigé nous était diffusé. L'effet était très impressionnant. Les images présentaient en bonus une définition impeccable. Avec ce type de projection, il était possible de changer son point de vue à sa guise, ce qui offrait une diversité assez large. Il était même possible de n'observer que le ciel si on le souhaitait.
Et il y eut une complication. D'un seul coup, toutes les images disparurent. Le noir total s'abattit sur nous trois.
- Qu'est-ce qui se passe ? demandai-je à Sally.
Celle-ci me répondit sans la moindre once de panique :
- J'en ai aucune idée. C'est qu'un prototype.
La salle étant quasiment hermétique, le silence retomba rapidement, dans l'attente que le souci soit réglé par l'équipe technique. Le bruit de nos respirations se fit vite entendre. La mienne était plus saccadée que d'ordinaire. Me retrouver enfermé dans un lieu clos plongé dans l'obscurité faisait remonter de mauvais souvenirs en moi. Néanmoins, je faisais de mon mieux pour ne pas me laisser submerger.
Puis, au bout d'une durée inconnue, tout se ralluma : les vidéos se remirent à défiler comme si de rien n'était. Je regardai Sally, pour voir la marche à suivre. Elle se contenta de hausser les épaules en croisant mon regard. En gros, ça signifiait : « Problème résolu. On continue notre visionnage tranquille. »
La suite de la projection se déroula sans encombre supplémentaire. Ce cube était franchement impressionnant : le réalisme dégagé par les images projetées était saisissant. Malgré le petit incident, l'expérience en elle-même avait été assez agréable.

À peine sortis du cube, Sally déclara :
- Bon, j'ai besoin d'aller aux toilettes. Tu m'accompagnes Laura ?
- Si tu veux, répondit la blonde sans hésiter.
Et elles me laissèrent d'un seul coup en plan devant le stand. Cela voulait sûrement dire dans le langage universel féminin : « Toi, tu nous attends là ! » . Je ne comprendrai jamais cette manie qu'ont les filles à se rendre aux cabinets par groupes de deux ou plus. Encore un de ces insolubles mystères échappant à la compréhension.
Ce n'est qu'une fois sorties de mon champ de vision qu'une sensation de vertige désagréable m'envahit. Ma vue se brouilla légèrement et le monde s'amusa à tanguer avant de s'obscurcir de la même manière que l'intérieur du cube plus tôt.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Je pris un certain temps avant de prendre conscience que j'étais assis face au dernier modèle d'ordinateur de la Deckard Inc., les mains en suspension au-dessus du clavier.
- Et merde, encore un, marmonnai-je.
Je faisais bien entendu référence au black-out que je venais d'avoir. Dans un moment où je ne m'y attendais le moins en plus. Le point positif étant que très peu de temps semblait s'être écoulé, puisque Bernard et le père de Laura continuaient de discuter. Quant aux deux filles, elles étaient de retour, posant chacune un regard interrogé sur moi.
- Qu'est-ce que tu fabriques sur l'ordi ? m'envoya Sally.
Par chance, un mensonge me vint très naturellement :
- Je le testais. Bernard a parlé tout à l'heure de plein de fonctionnalités. Je voulais voir si c'était vrai.
Je pus lire à l'expression de Laura qu'elle ne me croyait pas. Quant à Sally, elle roula des yeux en me rétorquant :
- Bien sûr que c'est vrai ! Et entre nous, cet ordi peut faire beaucoup plus que ça. Si t'avais un niveau suffisant, tu comprendrais ce que je veux dire.
- Dans ce cas, désolé d'avoir insulté ce petit bijou de technologie, m'excusai-je d'un ton ironique.
Avec un air faussement vexé, la ninja conclut :
- Mouais, ça va pour cette fois.
- Laura ! interpella une voix. On y va.
Monsieur Gauthier en avait fini avec Bernard. Au moins, cela me permettait d'échapper au regard trop curieux de celle-ci.
- À bientôt, nous adressa-t-elle d'un ton qui voulait tout dire – pour moi en tout cas.
- Salut ! lui répondit la fille de Tyron d'une voix plus amicale.

Dans cette histoire, le plus inquiétant n'était pas le black-out que je venais d'avoir, mais l'objet inconnu que je pouvais sentir dans la poche de mon jean et qui n'y était pas auparavant.

Après le départ de Laura, Sally m'invita à faire le tour des autres stands. Au bout d'une vingtaine de minutes, elle me demanda :
- T'as pas vraiment l'air passionné par ce qui est exposé. Je me trompe ?
- Touché, avouai-je.
- Dans ce cas, je tâcherai de t'inviter ailleurs que dans une convention sur les nouvelles technologies la prochaine fois. N'oublie pas que je te dois toujours un interrogatoire.
Elle m'envoya un sourire suite à sa tirade. Par politesse, je le lui renvoyai d'une manière un peu crispée, preuve que ce n'était pas quelque chose de naturel chez moi. Je jetai ensuite un coup d'œil à ma montre, laquelle affichait environ cinq heures et quart.
- Je vais devoir y aller si je veux pas être à la bourre, annonçai-je à Sally.
Après avoir salué la fille de Tyron, je quittai le parc des Expositions et empruntai à nouveau le RER. Une fois installé à l'intérieur et certain que personne ne me dérangerait, je m'emparai du mystérieux objet dans ma poche de pantalon pour l'identifier. Il s'agissait d'une clé USB, à peine plus petite qu'un pouce. Je n'avais aucune idée de la manière dont elle était entrée en ma possession, mais ce n'est certainement pas ma mémoire qui allait me le dire.
De retour à Kadic, je ne tentai même pas de découvrir ce qu'elle était susceptible de contenir. J'avais un problème bien plus urgent : Laura. Elle commençait à avoir trop d'éléments qui me rendaient suspect à ses yeux. Ce qui jouait en ma faveur, c'est qu'elle n'avait toujours rien dit aux autres membres de sa bande. Peut-être voulait-elle avoir des preuves plus solides, mais je risquais d'avoir affaire à elle dans les prochains jours.
Il fallait donc que je fasse preuve de prudence.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Le lendemain après-midi, soit hier, je fus convoqué dans le bureau du proviseur. Alors que je n'y avais jamais mis les pieds depuis mon arrivée dans l'établissement, voilà que je m'y rendais presque toutes les semaines à présent. Delmas me laissa m'asseoir sur la chaise en face lui avant de me demander :
- Monsieur White, vous vous doutez pourquoi je vous ai convoqué ?
- J'ai oublié de faire signer la feuille à Jim avant de sortir ? répondis-je sans réfléchir.
- Non, je ne souhaite pas vous parler de vos sorties de l'établissement, mais de vos notes. Dans les matières scientifiques.
À ce stade, je commençais à m'inquiéter légèrement.
- Vos professeurs s'accordent à dire que vous êtes un élève sérieux, continua l'homme en costume. Le problème, c'est que vous ne faites pas suffisamment d'efforts en maths, physique et SVT. Vos moyennes dans ces matières sont plus que catastrophiques. S'il n'y a aucune amélioration d'ici le troisième trimestre, il est fort probable que le conseil de classe refuse votre passage en terminale S.
Il s'arrêta un instant pour me laisser encaisser la nouvelle. Je ne pouvais pas dire que j'étais surpris, mais l'entendre dire faisait bizarre.
- Cependant, avec votre professeur principale, madame Meyer, nous avons une solution à vous proposer. Nous avons réussi à nous arranger avec l'un de nos meilleurs éléments pour qu'il vous donne des cours de rattrapage et vous aide à remonter vos notes dans ces matières. Un tuteur en somme. Vous conviendrez ensemble des heures où vous vous retrouveriez. Vous pourrez également commencer dès maintenant, l'élève en question reste à l'internat pour les vacances. Une dernière chose : vous n'êtes pas forcé d'accepter, mais en l'état actuel, la terminale S vous restera inaccessible.
J'ignore comment il s'était arrangé avec la personne qui me donnerait ces cours de soutien, mais elle représentait une chance de ne pas foirer mon année.
- Qu'en dites-vous ?
Je savais que si je foirais ma première, mon oncle risquait de me faire regretter de ne pas avoir travaillé, d'une manière ou d'une autre. Je ne perdais rien à rencontrer ce « tuteur ». En conséquence, je répondis :
- Je veux bien essayer.
- Très bien. Votre tuteur devrait arriver.
Conformément aux dires de Delmas, quelqu'un frappa à la porte quelques minutes plus tard. Ladite porte s'ouvrit ensuite immédiatement. Une personne, de sexe féminin, fit son entrée dans la pièce, un petit sourire flottant sur ses lèvres.
Il s'agissait de Laura Gauthier.


À suivre : Sous tension


Dernière édition par Zéphyr le Ven 14 Oct 2022 12:19; édité 39 fois
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Ikorih MessagePosté le: Lun 25 Nov 2013 20:56   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
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Localisation: Sûrement quelque part.
Hey, regarde, pour ton anniversaire je t'offre mon amitié!
Nan je déconne en fait ce sera un com, un truc un peu plus concret quoi!

Ce chapitre est intéressant. Déjà parce qu'il y a plein de références au MANTA et à moi (Tu aurais pas lu l'article sur la figuration où Icer précise comment on peut facilement s'attirer les faveurs des égocentriques toi? OO), mais aussi parce que l'étau se resserre sur Chris/Léo/Insérez nom ici. Bon, le coup du tuteur était un peu prévisible, mais on peut déjà prévoir que ces créneaux de cours particuliers ne serviront pas seulement à discuter maths/physique/SVT (quel dommage).
On a également les premiers problèmes de Chris face à "Mince mais je me mets de quel côté moi?". La solution serait de le faire s'allier avec Laura et William pour tabasser les LG, Ulrich en particulier. T'en penses quoi?

Autre élément très mystérieux du chapitre, les blackout de Chris/Léo(pold?). Le pauvre petit a visiblement des emmerdes avec XANA qui fait un peu comme Voldemort dans Harry Potdfleur 5 : "Je t'envoie des rêves chelous pour que tu aille faire ceci pour moi parce que je ne peux pas le faire moi-même, okay?".
La question est donc : Qu'est-ce que Chris a de si spécial aux yeux de notre programme informatique préféré?
Personnellement, je pense que XANA serait intéressé par ses liens avec Tyron. Peut-être cherche-t-il à avoir accès à certaines données importantes sur le Cortex (Cf sa tentative de piratage foirée au festival des sciences) ou même pirater/démolir Lyoko (Cf la tour).

En passant, j'aime beaucoup le personnage de Sally, je sais pas pourquoi ^^. (My God, aurait-elle des vues sur Chris/Léo (Valldèzz) en passant?)

Bref, ce commentaire suffit, tu as eu l'insigne honneur d'avoir un passage de feu follet sur ta fic, tu vas pas venir râler non plus! Surprised
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Café Noir MessagePosté le: Lun 25 Nov 2013 21:23   Sujet du message: Répondre en citant  
[Magazine]


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Localisation: Thugland
Oooooooooooooooh ! Boudiou, quel chapitre ! Vraiment superbe.
Laura fait son come back en mode chieuse (J'aime), White continue a avoir des black-out chelous (J'aime), est en train de foirer sa première S (J'aime) et continue à avoir une position ambigüe dans tout ce petit monde (J'aime). Le tout dans un univers toujours assez mystérieux, toussa. Bref. C'est toujours aussi génial. C'est vraiment trop bien que Laura ait renfilé son costume de fille qui a toute les clefs en main. Je plussoie Ikorih, d'ailleurs, à propos de l'alliance avec William : Payne prevails, toussa. J'adore aussi toutes les références placées, j'aime le passage du RER (=)), j'aime Sally, j'aime que ça soit trop mystérieux et que y a que toi qui peut comprendre et que tout nous échappe. C'est vraiment génial. Continue à gérer comme ça, t'es un Dieu. Ah oui, et aussi, j'adore le titre du prochain chapitre dont la qualité contraste enfin avec les précédents (le pire que tu aies fait pour le moment étant : Mauvaise semaine (a)).
Encore une fois, bon anniversaire ! <3

_________________
Le $ang et la $ueur chapitre 12

« L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ça sera comme
une partouze qui n'en finira plus... Et avec du cinéma
entre... Y a qu'à voir comment que c'est déjà... »
Céline, Voyage au bout de la nuitr
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Oddye MessagePosté le: Ven 06 Déc 2013 22:38   Sujet du message: Répondre en citant  
Fleur immonde


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Messages: 1945
Localisation: Dans un autre horizon
J'aime.

J'aime la référence à la MANTA (forcément hein ^^).
J'aime la référence à Hiroki, euh oups, Ikorih.
J'aime le fait que Chris voulait se "facepalmer".
J'aime pas Yumiiiii qui demande à Chris la raison des marques sur le dos. Bon, c'est humain, mais m'en fous l'aime pas ^^

Citation:
- Je peux te poser une question indiscrète ?

Ca me fait marrer cette question ^^

J'aime ce passage:
Citation:
D'un geste instinctif, le garçon au visage brûlé leva la main droite et l'approcha lentement de l'interface.
- Ding, dang, dong ! Ding, dang, dong !
Sa main allait entrer en contact avec l'écran. Pour une raison inconnue, cette pensée fit monter en lui des frissons incontrôlables. C'était de l'excitation. Il avait hâte de voir ce qu'il allait arriver et c'est pour cela qu'il avançait sa main petit à petit. Il se délectait de ce moment.
Ne restait plus qu'un centimètre avant que le contact ne s'établisse. Oui, il allait enfin savoir ce que ce lieu devait lui apporter...
- Della Robbia ! Tu te crois à la Sing Academy ou quoi ?

Bon, on savait bien que quelque chose allait empêcher la main de Chris de se poser sur l'interface. Mais j'aime bien le fait que ce soit le passage de Odd chantant ding ding dong qui soit ce quelque chose.

Citation:
C'est ta dernière chance, après, c'est gamme over !

Euh, si je me trompe pas, on écrit ça "game over", pas "gamme over".

J'aime le fait que Chris tombe sur Laura.

Citation:
Les clichés avaient tort. Les filles ne parlaient pas mode et garçons, mais ordinateurs et physique.

J'ai trop pensé à Gummy à ce moment-là ^^

Citation:
Conformément aux dires de Delmas, quelqu'un frappa à la porte quelques minutes plus tard. Ladite porte s'ouvrit ensuite immédiatement. Une personne, de sexe féminin, fit son entrée dans la pièce, un petit sourire flottant sur ses lèvres.
Il s'agissait de Laura Gauthier.

Quand j'ai lu "sexe féminin", je me suis dit "ouh la la, ça sent du Laura ça".
Et je me suis dit "bon, c'est la merde pour Chris ! RIP Chris!" Mr. Green

En bref, un bon chapitre, et j'attends la suite ! Wink
_________________
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Je n'étais pas anciennement odd-4-ever.
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Zéphyr MessagePosté le: Dim 08 Déc 2013 15:30   Sujet du message: Répondre en citant  
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Répondons à nos trois commentateurs :

Ikorih a écrit:
Tu aurais pas lu l'article sur la figuration où Icer précise comment on peut facilement s'attirer les faveurs des égocentriques toi? OO

Bien sûr que oui Razz ! Mais le but n'est pas de s'attirer les faveurs des égocentriques, mais de faire des clins d'œil de temps à autres pour m'amuser un peu. Et puis, ça me fait un peu plus réfléchir comme ça.
(Et attend de voir le chapitre 12 Mr. Green).

Ikorih a écrit:
La solution serait de le faire s'allier avec Laura et William pour tabasser les LG, Ulrich en particulier. T'en penses quoi ?

Option intéressante et amusante, mais ce n'est pas dans mes projets malheureusement Sad. Enfin, sauf imprévu (a).

Ikorih a écrit:
qui fait un peu comme Voldemort dans Harry Potdfleur 5

Cool, la référence a été décelée. Et au passage, on dit Le seigneur des Ténèbres.
*Sort* (Personne n'a vu où était cette référence-là à moi par-contre)

Tes hypothèses sont très sympathiques quand même. Réponse dans longtemps Mr. Green.


Café Noir a écrit:
j'aime le passage du RER (=))

Trois lignes qui m'ont bien embêté. Mais content que ça t'ait plu.


Ikorih a écrit:
En passant, j'aime beaucoup le personnage de Sally, je sais pas pourquoi ^^.

Café Noir a écrit:
j'aime Sally


Et ben, pour un personnage que j'ai créé au tout dernier moment (trois jours avant la sortie du chapitre 5, lieu de sa première apparition), quel succès. Je me suis dit qu'une touche de féminité chez les Ninjas ne pouvait pas faire de mal Mr. Green.


Oddye a écrit:
J'aime pas Yumiiiii qui demande à Chris la raison des marques sur le dos. Bon, c'est humain, mais m'en fous l'aime pas ^^

En fait, elle voulait changer de sujet rapidement (Maïtena étant un sujet que Yumi ne voulait pas aborder) alors elle a sorti le premier truc qui lui venait à l'esprit. Savoir improviser, ça ne s'improvise pas.

Oddye a écrit:
Mais j'aime bien le fait que ce soit le passage de Odd chantant ding ding dong qui soit ce quelque chose.

Je cherchais un élément qui puisse réveiller Chris sans qu'il ne le fasse lui-même (innovation, toussa...). Mis à part un sceau d'eau en pleine face, il n'y avait que le bruit qui pouvait le réveiller. Et je me suis dit que réutiliser la chanson d'Odd et la gueulante de Jim de l'épisode 15 serait pas trop mal.

Oddye a écrit:
Euh, si je me trompe pas, on écrit ça "game over", pas "gamme over".

Jim prononce mal les mots anglais. Pour lui burn-out devient [Burnoute]. De même, il dit bel et bien [Gamme over] dans « Les Sans-codes » au lieu de game over. J'aime respecter ce genre de détails (a).

Autrement, je vois que le coup des cours particuliers était complètement prévisible. Faudra que je bosse un peu plus sur la subtilité moi.


Merci à vous trois pour ces commentaires, très positifs dans l'ensemble Smile.
Le chapitre 11 est déjà entamé. J'ai l'espoir de le publier avant la fin de l'année, mais nous allons éviter ce genre de pronostic, c'est la meilleure manière de se louper. Ne faisons pas des promesses que je ne pourrais pas tenir.
On se revoit pour le prochain chapitre donc Wink.
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http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Zéphyr MessagePosté le: Ven 31 Jan 2014 16:36   Sujet du message: Répondre en citant  
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https://i.imgur.com/NOp15Ws.png




Piste 16 : (09/03/2013)


Les cours avec Laura n'étaient pas si terribles que ça.
Le mardi matin qui avait suivi la proposition de soutien scolaire, elle m'avait demandé de lui ramener les devoirs où je m'étais loupé. Autant dire presque tous. Elle put alors constater à quel point mon niveau dans les matières scientifiques était alarmant, ce qui se traduisit par une journée entière à bosser. Par la suite, elle me définit un emploi du temps pour cette première semaine de vacances. Pour la seconde, puisque je rentrais chez moi, cela s'annonçait plus compliqué, mais Laura assurait qu'un mode d'organisation se trouverait facilement.
Tous les matins, jusqu'au lundi prochain, elle souhaitait me faire travailler de huit heures à midi au CDI en sa compagnie. Selon elle, la matinée était une période plus favorable à la concentration et par extension, à la compréhension. De cette manière, ça me laissait l'après-midi de libre, même si la blonde me demandait quand même de revoir un minimum certains cours sur lesquels elle m'interrogerait le lendemain – de la SVT majoritairement. En échange de quoi, elle ne m'imposait aucun exercice supplémentaire à faire.

Je pensais qu'elle ferait tout pour me tirer les vers du nez sur mes comportements étranges. Mais ce ne fut pas le cas au départ : les trois premiers jours de soutien se déroulèrent le plus normalement possible. Ce n'est qu'à partir du jeudi qu'elle passa réellement à l'attaque.

Ce matin-là était consacré exclusivement aux mathématiques. Pour commencer en beauté, elle ouvrit mon livre d'exercices et en sélectionna un en quelques secondes :
- Tiens. Une petite étude de fonction. Exercice huit.
Après avoir lu l'énoncé : « On considère la fonction f définie par f(x)=5√x - x. », je m'attaquai à l'unique question, soit étudier les variations de ladite f. Je fus alors coupé dans mon élan par Gauthier, mon stylo ayant à peine eu le temps d'effleurer le papier de mon cahier :
- Qu'est-ce que tu fais ? me demanda-t-elle simplement.
- Je fais la dérivée, répondis-je d'un air qui se voulait convaincu. C'est avec son signe qu'on verra comment la fonction varie non ?
- Tu oublies quelque chose. Il ne te manque rien pour répondre à la question ? Relis l'énoncé encore une fois.
Suivant ses indications, je dévisageai les lignes de mon livre comme si elles comptaient me porter préjudice – enfin, ça paraissait déjà être le cas.
- Je vois rien de suspect, émis-je après analyse.
Elle me dévoila finalement la réponse à sa question, ne souhaitant certainement pas jouer aux devinettes :
- Le domaine de définition. Il n'est pas donné. Ce qui veut dire implicitement que tu dois le définir avant toute chose.
- Le définir, oui... ajoutai-je d'un ton un peu plus perdu que précédemment.
- Ce n'est pas quelque chose de compliqué à trouver si l'on possède un peu de logique, ajouta-t-elle. Les propriétés de certaines fonctions peuvent t'aider dans ce type de cas.
Je reportai alors mon attention sur le cinq racine de x contenu dans f, qui me semblait être la partie où s'orienter. Creusant dans mes souvenirs, je me rappelai qu'on ne pouvait faire la racine carrée d'un nombre négatif, ce qui les excluait tous du domaine de définition. Je tentai donc ma chance dans une proposition :
- De zéro à plus l'infini ? Zéro compris dans l'intervalle.
- On y est arrivés, soupira Laura. Maintenant, tu peux dériver.
Je repris donc mon objectif initial là où je l'avais laissé, ce qui ne me prit pas longtemps puisque la fonction étudiée n'était pas excessivement complexe, même pour moi. Ne recevant aucune remarque, j'en déduisis que je ne m'étais pas trompé. J'enchaînai par conséquent directement sur le dressage du tableau de variation.
C'est à ce moment-là que ma tutrice, si on pouvait la nommer ainsi, me posa une question d'apparence anodine, mais en réalité très ciblée et intéressée :
- Au fait, pourquoi Sally t'appelait-elle Léo ?
Cette question, je m'y attendais. Mon explication était déjà toute faite dans ma tête. Malgré ça, je ne pus m'empêcher d'écarquiller légèrement les yeux par réflexe. J'espérai que ce geste ait échappé au regard inquisiteur de la blondinette.
- Léo est le diminutif de Léonard, mon deuxième prénom, répondis-je calmement. Sally préfère me surnommer comme ça plutôt que Chris.
Le pire dans cette histoire, c'est que je ne lui mentais qu'en partie. Je m'appelais bel et bien Chris Léonard White. La belle affaire.
- Plutôt étranges ses préférences, commenta Laura.
- Je n'y peux rien si vous êtes incompréhensibles les filles, envoyai-je en tentant de la jouer macho.
Ma déclaration la fit rouler des yeux, mais eut le mérite de ne rien lui faire ajouter.


Une fois mon étude de fonction terminée, la seconde m'imposa :
- Fais-moi le suivant aussi. Pour être sûre que t'as bien compris les bases.
Tandis que mes yeux se fixaient sur le livre et le cahier, ma bouche ne put s'empêcher d'interroger Laura :
- Pourquoi t'as accepté de me donner des cours au fait ? T'aurais pu retourner chez ton père au lieu de rester coincée ici.
Sans prendre un temps de réflexion, elle se lança dans une explication concise :
- À la base, c'est à Jérémie Belpois que Delmas avait demandé de te donner du soutien, puisqu'il restait ici pour les vacances. Mais ça ne l'intéressait pas. Il n'avait pas le temps, je crois. Par chance, j'ai surpris leur conversation puisque mon père insistait pour voir le proviseur avant de partir. Je lui ai alors demandé si je pouvais donner ces cours, chose qu'il a acceptée. Si je le fais, c'est pour deux raisons. Déjà, je prends de l'avance dans le programme de l'année prochaine. Ensuite, le métier que je compte faire plus tard m'amènera à dispenser des cours ou des conférences. Te donner du soutien m'offre une première expérience de l'enseignement. Avec tout ça, mon père a accepté que je reste. De toutes manières, même en étant chez lui cette semaine, j'aurais travaillé également. Autant que cela profite à nous deux.
« Surtout à toi », ne pus-je m'empêcher de penser.
Sa justification n'en restait pas moins solide. D'ailleurs, sans les regards interrogés et soupçonneux lancés lors de nos rencontres, j'aurais presque pu croire qu'elle n'était pas ici pour enquêter sur moi.
- Il y a une erreur de signe dans ta dérivée, me fit-elle, coupant le fil de mes pensées. Tu as oublié le moins lorsque tu as dérivé cos(x).
- Mais le reste est juste non ? relativisai-je. C'était presque ça.
- Pas du tout ! N'oublie pas que c'est le signe de ta dérivée qui donne le sens de variation de ta fonction. Si tu te trompes en la calculant, même pour une erreur qui semble légère, ton étude est fichue.
Pour peu, on aurait pu la croire remontée par la légèreté avec laquelle j'avais pris ma faute de calcul.
- Pour la peine, tu me feras ceux-là après avoir terminé, expliqua-t-elle en pointant une série de trois exercices. Jusqu'à ce que tu dérives les yeux fermés.
Le cours de maths continua ainsi : exercices, réprimandes, explications au besoin. Et il fallait le dire, Laura ne supportait pas la médiocrité, ce qui me valut bon nombre de soupirs et de regards exaspérés. Mais finalement, je compris pas mal de choses grâce à elle.
Néanmoins, elle parvint également à placer une nouvelle question à mon égard avant qu'il ne soit l'heure de déjeuner :
- Au fait, tu t'y connais en informatique ? Vu la frénésie avec laquelle tu tapais au clavier sur cet ordinateur au Salon, je me disais que tu n'étais peut-être pas un débutant.
Celle-ci aussi, je l'avais sentie venir. Elle n'avait évidement pas cru au petit mensonge que j'avais sorti à Sally. Dans tous les cas, j'ignorais ce que j'avais fait sur cette machine, alors de là à parler de compétences en informatique... Cela ne m'empêcha pas de rester évasif sur la réponse :
- J'ai deux-trois notions.
La blonde n'en demanda pas plus. Elle aurait eu l'air beaucoup trop curieuse pour être honnête autrement. Enfin, je savais déjà qu'elle se méfiait de moi depuis ma possession par Xana. Il fallait seulement que je parvienne à lui donner le change tout en tentant de dissiper ses soupçons. Pourtant, la partie s'annonçait mal pour moi, alors que nous avions à peine commencé.


https://i.imgur.com/oymNwJq.png


Le lendemain, soit vendredi, je fus contacté par Tyron pour plonger à nouveau sur Tron dans l'après-midi. Pour le coup, les horaires de cours imposés par Laura m'arrangeaient. Aucune mission d'exploration ou d'infiltration n'était au programme cette fois. L'objectif du jour était tout simplement de tester le casque, celui-ci ayant subi un nombre important d'améliorations et mises à jour. Bien entendu, la finalité était d'éviter un nouvel « accident de parcours » comme le disait euphémiquement Tyron.
Cependant, ce sixième voyage virtuel présentait une différence avec les précédents : je ne voyageai pas seul dans le monde numérique. Sally avait proposé de m'accompagner pour qu'on passe le temps ensemble dans un petit combat amical.
- Quitte à y aller, autant s'entraîner un peu, avait-elle dit. Ça te fera pas de mal.
Je me trouvais donc sur Tron, en plein milieu du pont menant au noyau, dos à l'entrée. Face à moi se tenait l'avatar humanoïde à combinaison noir et blanc plus aura verdâtre qu'incarnait Sally. C'était étrange de la voir sous cette apparence, qui évoquait plus une personne de sexe masculin que féminin. En plus de ça, elle était plus grande que moi, ce qui n'était pas pour me mettre plus à l'aise.
Comme prévu, nous entamâmes un combat.


Pour affronter les lames jumelles de mon adversaire, j'optai pour le glaive.
Dans un premier temps, aucun de nous ne fit la moindre tentative d'attaque. Puis, après nous être dévisagés durant une bonne minute, Sally lança la première offensive : elle bondit et tenta de me découper en trois. Une attaque classique qui se voulait surprenante en somme. Je parvins à dévier les lames et contre-attaquai immédiatement en tentant une estocade. Celle-ci fut esquivée avec fluidité par la ninja qui en profita pour reculer de quelques pas et foncer à nouveau sur moi.
Souhaitant la prendre de vitesse, je tentai une manœuvre de désarmement – la même que lors de mon combat contre William – sur l'arme de sa main droite. Malheureusement pour moi, ma tentative échoua lorsqu'elle fit disparaître ladite arme, me faisant rencontrer du vide. Elle profita de ma garde baissée pour me donner un coup de pied dans le ventre. Celui-ci ne se révéla pas assez fort pour me faire perdre l'équilibre, mais il eut le mérite de me faire reculer et enrager. Mon début de combat était désolant. Et j'avais l'impression que sous sa figure à œil unique, Sally rigolait bien.
- C'est ça, moque-toi de moi ! râlai-je.
Sur ces mots, je pris la poignée de ma lame à deux mains et tentai un coup des plus basiques – vertical de haut en bas. Sally para en croisant ses armes, qui étaient à nouveau deux. J'eus beau peser tout mon poids sur ce coup, mon opposante ne vacilla pas d'un centimètre. C'est alors qu'une idée improbable me vint. Je sommai à mon glaive de se changer en ma lance. La lueur crépitante apparut instantanément, faisant s'allonger la lame en une hampe dont la pointe partit en direction de la tête d'ampoule de Sally. Dans un réflexe de survie, elle dévia l'attaque en décroisant violemment ses épées. Elle fit ensuite un bond en arrière pour se placer hors de portée de mon javelot. C'était plutôt frustrant d'affronter un adversaire qui semblait avoir une parade pour chaque attaque.
Refusant de me laisser faire par la combattante du sexe opposé, je fis disparaître mon arme et tendis mes mains devant moi. Je sommai ensuite à mon pouvoir de frapper Sally au moyen d'une bourrasque, chose qu'il fit sans désobéir. Mon adversaire encaissa l'attaque avec beaucoup de difficultés, peinant à rester debout. Elle eut toutefois le réflexe de rentrer dans le sol pour se protéger du vent.
À peine disparut-elle de mon champ de vision que je me réarmai de mon épée. Cette action me fut salvatrice puisqu'elle resurgit derrière moi, prête à me tailler en pièces. S'ensuivit alors un échange de coups rapides entre elle et moi. Au départ, je ne pouvais que parer, n'ayant qu'une seule lame pour tout faire. Puis, étrangement, au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient, mes mouvements se firent plus précis et rapides. Sally dut même commencer à parer des coups que je commençais à placer. Ma concentration sur le combat était devenue optimale. Enfin, c'est ce que je croyais.
Mon opposante avait encore de la ressource : après avoir contenu un de mes coups en croisant ses épées, elle poussa brutalement sur ses bras pour me faire reculer, chose qui fonctionna. Elle profita de la seconde gagnée durant laquelle je me rééquilibrai pour prendre de la distance. Elle se mit alors à me détailler des yeux, ou de l'œil, c'est au choix. D'abord surpris par ce comportement, j'en découvris la cause quelques instants plus tard, lorsque mes oreilles perçurent un crépitement étrange : mon corps était parcouru par endroits d'électricité, qui « sortait » sous forme de petites étincelles. Elle semblait se déplacer en moi, du moins, si j'en croyais l'espèce de flux que je ressentais, chose déroutante lorsque l'on a techniquement un sens du toucher limité. Dans l'ensemble, je ressemblais à une sorte de pylône à haute tension qui commençait à être en surcharge d'énergie.
- Bon, ça m'avance bien tout ça, me permis-je de marmonner.
Peu importe quel pouvait être l'effet de ce pouvoir, il m'offrait une chance de contre-attaque, mon adversaire ayant baissé sa garde sous l'effet de la surprise. Sans plus réfléchir, je lui fonçai dessus dans une seconde tentative de désarmement. Seulement, j'avais sous-estimé sa rapidité. Par une manœuvre connue d'elle seule, elle évita mon coup et me faucha les jambes du plat de ses lames. Combiné à mon mouvement de course, la parade eut pour effet notable de m'envoyer valdinguer dans les airs et atterrir par terre en plein sur le dos. L'impact me fit lâcher mon glaive et fermer les yeux.


Lorsque je rouvris les paupières une seconde plus tard, deux épées d'un noir charbonneux étaient appuyées contre ma gorge, et plus haut, le visage inexpressif de Sally qui me dévisageait.
- C'est bon, je me rends ! envoyai-je. T'as gagné.
Sans dire un mot, mon adversaire fit disparaître ses lames et me tendit une de ses mains pour m'aider à me relever. J'acceptai l'aide proposée. Une fois sur mes jambes, je cherchai du regard mon arme, dans le but de la « ranger ». Sally me pointa le vide qui bordait le pont, comme pour répondre à mon interrogation silencieuse. Son geste voulait tout dire.
- T'aurais pu faire gaffe en m'envoyant voler quand même, lançai-je d'un ton ironique.
En guise de réponse, elle haussa les épaules, signifiant probablement quelque chose comme : « C'est pas ma faute. T'as qu'à faire attention à tes affaires ! ».
Je remarquai alors que l'électricité continuait de parcourir mon corps. Elle avait même l'air d'avoir gagné en intensité, mais ce n'était peut-être qu'une impression. Peut-être était-elle là juste pour la décoration.
Mes réflexions furent interrompues par le rugissement d'un moteur, immédiatement suivi par l'arrivée d'une boule à quatre bras-roues d'un jaune éclatant, laquelle était suivie par un trait de fumée sombre. Ils s'arrêtèrent ensuite à proximité du pont. Puis, quatre personnes se matérialisèrent devant le véhicule atypique tandis que le gaz arborait l'apparence d'un jeune homme. Cinq arrivants au total, dont l'identité ne m'était plus inconnue depuis quelque temps.
Encore et toujours la bande de Yumi Ishiyama.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Le point positif à leur venue, c'était qu'elle allait me permettre de me défouler suite à la raclée que je venais de prendre. Les avatars nouvellement débarqués nous détaillaient du regard Sally et moi, n'ayant pas osé s'engager sur le pont qui se présentait devant eux.
- Bon, maintenant on est sûrs qu'il est avec Tyron le balafré, observa William en me dévisageant.
Il y eut ensuite un instant de flottement, chargé de tension. Les deux camps réfléchissaient à la stratégie qu'ils allaient adopter. Ulrich décida alors de le raccourcir en déclarant :
- Je vais déblayer le passage, envoya Ulrich.
Sortant ses sabres, il prit appui sur son pied droit, puis beugla :
- Supersprint !
Il se dirigea alors vers Sally et moi en courant. Rien d'anormal si l'on exceptait la haute vitesse à laquelle il se déplaçait, laissant dans son sillage une traînée jaune-orange éphémère. Dans un premier temps, il tenta de se débarrasser de mon alliée avec un coup de sabre standard. Celle-ci n'avait heureusement pas perdu de temps et avait amorcé un repli dans le sol avant même qu'Ulrich ne nous fonce dessus. Cette précaution la sauva du découpage et lui permit dans la foulée de préparer tranquillement une contre-attaque bien à l'abri. Quant à moi, les deux secondes gagnées par Sally me permirent d'exécuter un bond latéral pour me placer hors d'atteinte. C'est là que la situation se compliqua. Après avoir sauté, mon but était de me maintenir en l'air par le biais de mon pouvoir, puis d m'éloigner un peu. Seulement, ledit pouvoir ne s'activa pas, ce qui me laissa suspendu au-dessus de la mer numérique, ayant amorcé mon bond hors de la zone au-dessus du pont, comme un idiot. La gravité termina le travail en me faisant plonger dans le vide.


Ma descente ne dura qu'une fraction de seconde avant de s'interrompre brutalement. Une main venait d'attraper mon poignet, me sauvant certainement la vie. Je reconnus le membre comme appartenant à Sally. J'éprouvai alors une vague d'admiration envers sa rapidité de réaction, vague qui fut coupée nette par un séisme parcourant Tron. Un changement de configuration venait de s'activer. Une voix féminine se fit alors entendre parmi les bruits mécaniques d'emboîtement :
- Ulrich, non ! Odd et moi, on se charge de retenir ces deux-là. Dépêche-toi d'entrer dans le noyau avant que la porte se referme !
C'est durant cet instant que Sally parvint à me remonter sur le pont, exploit dont elle aurait probablement été incapable si elle n'avait pas possédé la force supérieure que lui conférait son avatar. Sans perdre une seconde, nous nous remîmes debout, jetant un œil à l'entrée du noyau. Ses portes étaient en train de se refermer, tandis qu'Odd et Yumi montaient la garde devant, nous défiant du regard.
Malgré cela, mon attention était concentrée sur la chute qui avait failli me coûter cher. L'air n'avait pas réagi à mon injonction, une première. Deux explications étaient possibles : soit j'étais déconcentré ou stressé, ce qui m'empêchait d'activer cette capacité, soit l'énergie électrique qui parcourait mon corps y était pour quelque chose. Afin de confirmer cette hypothèse, je tendis la main droite pour déclencher une bourrasque destinée aux deux opposants qui nous faisaient face. Il ne se passa rien. Dans les dessins animés, ce genre de situation amenait toujours au déclenchement d'un courant d'air, symbole de l'échec. Ici, j'en aurais bien eu besoin. Malheureusement, je n'avais pas le luxe de pleurer sur la privation d'un de mes pouvoirs. Je devais faire avec.


Odd et Yumi firent apparaître leurs armes respectives, qui étaient toujours deux éventails pour elle et des mitrailleuses à fléchettes pour lui. Sally s'était déjà équipée de ses indémodables lames jumelles. Quant à moi, seule l'option « lance » m'était disponible. C'est donc elle que je tentai d'invoquer au creux de ma main. Seulement, elle refusa de se manifester, à l'instar du vent quelques instants plus tôt. Je faisais face à une grève générale au pire moment. Odd en profita pour m'envoyer une réplique de son cru :
- C'est quoi ton problème Superman ? T'as pas envie que je te botte les fesses pour la deuxième fois ?
En guise de réaction, je lançai un regard à Sally, qui devait se demander ce que je fichais encore.
- J'ai plus aucun pouvoir, lui expliquai-je. C'est sûrement à cause de l'électr...
La fin de ma phrase fut coupée par la ninja elle-même. Elle se plaça en un éclair devant moi et usa de ses épées pour dévier les salves de projectiles pointus qui m'étaient destinés. L'instant suivant, elle me colla un coup de pied dans le ventre depuis sa position dos tourné à moi, tout en gardant sa garde impénétrable. L'attaque inattendue me fit chuter sur le dos un bon mètre plus loin, non sans violence. Paradoxalement, il me permit d'éviter malgré moi les éventails qui m'étaient destinés. Yumi avait dû s'arranger pour les lancer en leur donnant un effet qui contournerait la défense de Sally.
Une fois hors de danger, je me relevai. Odd avait arrêté de tirer, ce qui n'empêchait pas mon alliée de rester prête à parer/trancher, même si elle semblait hésiter sur la marche à suivre. C'est alors que des objets se matérialisèrent devant nos adversaires : une planche violette sans roulettes flottant dans l'air et une sorte de trottinette à l'allure extra-terrestre. Des moyens de transport à première vue, à l'instar de leur boule jaune à quatre pattes. Ce n'était pas le genre d'engins qui existaient dans la vraie vie et pourtant, les lycéens n'hésitèrent pas un instant à monter dessus et à décoller. Durant cette procédure, le véhicule de la japonaise déploya un aileron sous sa base, dont l'utilité pouvait être discutable.
Dans un premier temps, ils s'éloignèrent chacun dans un direction opposée avant de revenir vers le pont, soit sur moi et Sally. Ils en profitèrent alors pour nous canarder avec leurs armes à distance. Les fléchettes et les éventails défilèrent autour de nous dans un ballet incessant. Même ma partenaire de combat ne pouvait pas dévier des projectiles venant de plusieurs directions dans leur totalité. En ce qui me concerne, je fis de mon mieux pour ne pas être un boulet, ce qui ne m'évita pas d'être touché par quelques fléchettes.
Mais dans l'ensemble, on résistait bien à la pression ennemie. C'est probablement ce point qui poussa Yumi à envoyer à Odd depuis sa position aérienne :
- Suis-moi !
Sur ces mots, elle se dirigea avec sa machine extra-terrestre à l'arrière du noyau, très vite suivie du félin sur son surf. Leur repli sentait le coup fourré. Devant penser comme moi, Sally se fondit à nouveau dans le sol. Soit elle s'était cachée pour se prévenir d'une attaque surprise, soit elle voulait débusquer discrètement le duo d'en face en se déplaçant dans l'écorce du noyau.


Quelques instants d'attente plus tard, Yumi resurgit de l'arrière de la boule et me fonça dessus avec son véhicule. Évidement, sans arme et sans pouvoir sur un espace aussi étroit que ce pont, mes capacités d'esquive diminuaient fortement. C'est ainsi que ma camarade de classe m'envoya son engin dessus, en prenant soin de le quitter juste avant. Heureusement pour moi, la trajectoire de cet équivalent de mobylette fut mal initiée, ayant pour conséquence d'effleurer le pauvre piéton innocent que j'étais, au lieu de le faucher purement et simplement. Le léger impact que je subis me fit tout de même m'étaler au sol, sans douleur ni autre truc désagréable. L'insensibilité avait ses avantages. Comme me permettre de me relever immédiatement après avoir été renversé par un véhicule de catégorie L. Ce dernier continua d'ailleurs sa course plus loin, se faisant oublier pour le reste de l'affrontement.
En face de moi, Yumi exécuta le geste de lancer d'éventail de ses deux bras en réponse à ma survie. Instinctivement, je levai mes propres bras en position de défense, dans l'espoir vain que les bracelets métalliques de ma tenue m'aident à parer. Mais il ne se passa rien. Aucun projectile ne m'atteignit. Quant à mon opposante, elle avait gardé sa position d'après-lancer, mais arborait en plus de ça un grand sourire. Sans même me laisser le temps de m'interroger, la réponse à ce mystère retentit dans mon dos :
- Par ici mon grand !
Je me retournai immédiatement : c'était Odd bien entendu, encore sur sa planche. J'ignorais à quel moment il s'était glissé derrière moi, mais c'était le dernier de mes soucis puisqu'il tenait les armes de Yumi entre ses papattes. De manière instinctive et mystérieuse, une pensée en anglais me traversa :
« It's a trap ! »
Au vu de la situation, ça tombait sous le sens. Heureusement pour moi que cette remarque resta spirituelle, même si elle n'allait théoriquement pas m'aider à m'en tirer face aux deux disques métalliques que m'envoya Odd.
Bizarrement, mon esprit prit de manière très calme cette attaque surprise, à un tel point que le temps d'une seconde, je crus voir les éventails ralentir dans leur mouvement alors qu'ils venaient d'être envoyés vers moi. L'instant suivant, je me trouvais à quelques mètres au-dessus du pont, dans un état d'incompréhension totale.
Mon corps étant parvenu à éviter les projectiles sans mon aide, ces derniers finirent leur course en atteignant une Yumi hébétée au sternum. Sa dévirtualisation fut immédiate. Quant à son allié, sa surprise était encore trop marquée pour qu'il remarque Sally émerger du sol derrière lui, sauter sur son surf, et l'empaler avec l'une de ses épées.


Ce n'est qu'après avoir constaté de la disparition des avatars adverses que je me rendis compte de deux choses. Premièrement, je flottais dans les airs, ce qui signifiait que ma manipulation de l'air était de retour. Je devais l'avoir activée inconsciemment lorsque je m'étais rendu compte que mes pieds ne touchaient plus le sol. Deuxièmement, l'électricité sur mon corps avait disparu, ce qui signifiait que ma théorie était juste : sa présence m'empêchait d'activer mes pouvoirs. Mais la question qui se posait devenait : comment a-t-elle disparu ? Est-ce que mon esquive miraculeuse y était pour quelque chose ? Elle aussi était bizarre soit dit en passant. Je comptais éviter les éventails en faisant un saut, mais je n'aurais pas dû en avoir le temps. Il était trop tard.
Mon regard fut attiré par un signe que m'adressa Sally depuis le sol, coupant court à mes interrogations. Elle pointa l'entrée du noyau. Il fallait s'occuper du reste des intrus. Je sommai donc à l'air de me déposer à terre et rejoignis celle qui avait sauvé ma peau au cours du dernier combat.

Finalement, une chose était sûre : mon nouveau pouvoir avait des effets que je n'avais pas du tout cernés.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


À l'intérieur du noyau, des affrontements faisaient déjà rage. Au total, quatre ninjas étaient présents. William et Ulrich en combattaient chacun un séparément tandis que les deux restants tentaient d'atteindre à l'aide de bonds impressionnants Aelita, qui volait à travers la pièce au moyen d'une paire d'ailes. De mon point de vue, on aurait presque pu croire qu'il s'agissait de chats tentant d'attraper un objet qui titillait leur curiosité.
Sally ne perdit pas de temps pour faire apparaître ses lames et aller prêter main-forte à son jumeau – ou sa jumelle – qui combattait William. En langage silencieux, cela devait vouloir dire que je devais aider celui ou celle qui se battait avec Ulrich. Tendant la main, je tentai d'invoquer ma lance. Mon contrôle sur l'air étant revenu, je pouvais théoriquement réinvoquer mon arme. L'apparition de la petite boule lumineuse crépitante dans ma paume confirma ma pensée.
Deux sauts et quelques foulées me permirent de rejoindre la plateforme où était situé mon objectif. Autant dire qu'affronter Ulrich me rendait plutôt optimiste au vu des performances que j'avais vu de lui. En plus de ça, j'allais l'affronter en deux contre un, ce qui garantissait un certain avantage au combat. Seulement, mes belles prévisions volèrent en éclats lorsque le ninja que j'étais censé épauler se fit empaler par un des sabres de Stern.


Je ne perdis pas de temps pour foncer sur Ulrich et lui asséner une violente estocade. Il croisa alors ses lames, contenant ainsi la pointe de la lance sur leur intersection. Pendant quelques instants, nous conservâmes cette position. Je me mis à exercer une pression de plus en plus forte sur mon opposant, qui commença à vaciller. Au moment où je sentis qu'il allait céder, il hurla :
- Triplicata !
Deux formes floues et orangées sortirent de son corps, se plaçant hors de mon champ de vision. Cela n'empêcha pas à mon arme de franchir sa garde pour le transpercer, le dévirtualisant. Me rappelant néanmoins de la déconfiture de Puck face à ce pouvoir, je me retournai instantanément pour découvrir la présence de deux copies conformes du samouraï.
« Des hologrammes ? », pensai-je instinctivement.
Les clones balayèrent cette hypothèse d'un revers de main lorsqu'ils me foncèrent dessus. Le premier entreprit un coup de sabre, que je contins en usant de la hampe de mon arme. Le second tenta également la même attaque. En réaction à ça, je relâchai une main de la lance et la dirigeai vers l'assaillant, qui n'eut d'autre choix que d'encaisser une violente rafale de vent à bout portant. Elle dut au minimum l'envoyer voler à l'autre bout du noyau, chose que je n'eus pas le temps de constater car le dernier Stern usa de sa main libre pour m'arracher mon outil de guerre des mains. Il s'éloigna ensuite de moi en usant de son pouvoir de super-vitesse, se plaçant au rebord de la plateforme.
- William ! cria-t-il.
Un trait sombre et gazeux arriva rapidement, prenant la forme de Dunbar. Le samouraï lui fit alors une passe avec ma lance, que le ténébreux saisit fermement. Il prononça ensuite le mot :
- Supersmoke.
Alors que je m'attendais à voir mon camarade de classe se transformer en fumée, ce fut ma lance qui subit cette opération, pour se désagréger une fraction de seconde plus tard. Ce n'était plus la peine d'essayer de la récupérer puisqu'elle avait apparemment rejoint mon glaive dans l'autre monde. La suite promettait d'être corsée.


William nous quitta rapidement, le reste des ninjas demandant son attention. Ulrich s'arma à nouveau et me fonça dessus. Autant le dire, sans arme et avec un bourrin à deux sabres en face de moi, mes chances de rester entier étaient équivalentes à celles d'un chocolat à côté d'une flamme. Par chance, le seconde n'avait pas pensé à activer son pouvoir de super vitesse, ce qui me permit de l'anticiper de justesse et de l'envoyer bouler à l'autre bout de la plateforme avec un souffle de vent invoqué sur le vif. L'attaque ne l'avait pas fait chuter mais il en lâcha un de ses sabres, qui gisait à terre. Le récupérer m'offrait une chance de rééquilibrer l'affrontement.
Ne perdant pas une seconde, je fonçai en direction du katana abandonné. Au moment où j'allais le ramasser, il disparut, d'une manière similaire à la dévirtualisation.
- C'est ça que tu veux ? me demanda la voix de Stern avec une pointe de moquerie.
Je levai les yeux vers lui. Sa deuxième lame était de nouveau dans sa main. Encore un tour de passe-passe. Il me permit au moins de constater que je ne pourrais pas lui voler une de ses armes en la lui faisant lâcher. Je devais la lui arracher de la main.
Profitant d'un nouvel assaut de mon adversaire, je décidai alors de tenter le tout pour le tout. Me remémorant une manœuvre de désarmement à mains nues vue dans un dessin animé, je stoppai l'arme en plaquant mes deux paumes brusquement l'une contre l'autre. Avec le fer du sabre entre les deux de préférence. Par miracle, ce fut le cas. Je tirai alors d'un coup sec sur mes bras et extirpai l'arme de la main de mon opposant. Une fois la poignée du katana dans ma main, sa lame prit une teinte violette et émit une lueur de même couleur. En face de moi, Ulrich avait par prudence reculé de trois pas et s'était remis en garde. Son sabre émettait quant à lui une lumière bleutée.
Pour peu, on se serait cru dans un mauvais remake d'un célèbre film.
Débuta alors un échange de coups entre les lames sœurs, qui en s'entrechoquant, produisirent des étincelles de leurs couleurs respectives. Mais un problème subsistait : l'arme était beaucoup trop petite et légère pour moi. Pour un combattant habile et rapide comme Ulrich, c'était l'idéal, mais pour un grand gaillard comme moi, non. Je ne pouvais que parer, mes attaques manquant cruellement de précision. Stern finit par effleurer mon flanc grâce au tranchant de son katana. Une légère électricité s'échappa de ma « blessure ». Je crus même un instant que mon mystérieux pouvoir était revenu, mais ce n'était apparemment pas le cas.
En guise d'assaut final, j'assénai un coup de pied surprise au brun, qui en perdit l'équilibre quelques instants. Comme quoi, il n'y avait pas forcément besoin du vent pour faire ce genre de choses. Je ne perdis pas une seconde pour tenter un coup droit sur son ventre. Cependant, au moment où mon attaque allait atteindre sa cible, une force me tira en arrière et me fit chuter dos à terre. J'eus à peine le temps de me demander ce qu'il venait de se passer qu'Ulrich apparut sous mes yeux pour me transpercer.
Dans un ultime réflexe de survie, je fis rouler mon corps sur ma gauche pour éviter la lame qui m'était destinée. Il me sembla même entendre un crépitement lors de ce mouvement. Seulement, je n'avais pas remarqué que j'étais aussi près du bord latéral de la plateforme, ce qui entraîna ma chute dans le vide. Par chance, j'atterris lourdement sur une des surfaces inférieures.


Me relevant sans perdre une seconde, je me remis les idées en place. Le clone du samouraï envoyé dans le vent – sans mauvais jeu de mots – avait certainement survécu. Puis, il était revenu prêter main-forte à l'original en m'immobilisant avec ma cape. À moins que ce ne soit l'original qui soit venu aider le clone... Dans tous les cas, ladite cape avait une fois de plus révélé toute son inutilité et le handicap majeur qu'elle causait à son porteur. Ce n'était pas le plus préoccupant : je venais d'exécuter une esquive miraculeuse pour la seconde fois en une virtualisation. Et pourtant, aucune électricité n'était venue cette fois-ci. À moins de ne pas l'avoir remarquée, ce mystère m'échappait complètement.
Me reprenant, je balayai la zone du regard : plus haut, je pouvais distinguer des bruits de métal s'entrechoquant. Si Ulrich n'était pas venu m'achever, c'était qu'un ou plusieurs des avatars de mon camp l'en avaient empêché en croisant le fer avec lui. Je ne vis Aelita et William nulle part.
Soudain, un bruit vraiment inhabituel retentit. À mi-chemin entre le cri d'agonie et la succion, il provenait d'une des plateformes les plus élevées, plus précisément celle du téléporteur, sur laquelle j'avais une vue. Puis, elle apparut dans mon champ de vision. La méduse volante. Sans préambule, elle entama une descente, qui la mena face à moi. Trop surpris par la tournure des événements et encore secoué par mon combat précédent, je n'esquissai pas le moindre mouvement. Je pus ainsi détailler la nouvelle créature. Son corps prenait la forme d'une espèce de goutte à l'envers, dans une dominante violet et vert absinthe. Quatre tentacules partaient de chacun de ses côtés, pour un total de huit. La partie supérieure de son corps se résumait en une presque-sphère de gelée abritant ce que l'on pouvait nommer « un cerveau ». Pour couronner le tout, elle avait le symbole dessiné sur sa tête. Celui dont j'ignorais l'appartenance et la signification et qui évoquait un œil.
Elle poussa à nouveau son cri. Cette fois-ci, une impression de danger m'envahit, ce qui se traduisit par une tentative de recul, laquelle se solda par un échec. Un tentacule s'était enroulé autour de ma jambe gauche sans que je ne m'en rende compte. Ayant perdu le sabre volé durant ma chute, je n'avais aucun moyen de me défaire du membre. C'est à ce moment que quatre appendices supplémentaires m'immobilisèrent en m'enserrant puis me soulevèrent dans les airs. La pression exercée sur mon corps était si forte que je ne pouvais pas esquisser le moindre mouvement. Les derniers appendices se placèrent au-dessus de mon front et de mon crâne. Puis la lumière s'éteignit subitement. Pas comme dans un de mes black-out, où c'était progressif. Ici, l'obscurité avait pris place comme si un voile m'avait brusquement couvert les yeux.

Durant cette période inconsciente, je ressentis une sensation... d'oubli. C'était comme s'enfoncer au plus profond d'un océan de vide, où rien n'était perceptible, pas même sa propre présence. C'était un peu comme une expérience de la mort, mais sans mourir. Étrange paradoxe.

Je finis par rouvrir les yeux. Je me trouvais encore dans le noyau de Tron, allongé sur le sol d'une plateforme. Une sensation étrange me traversait, semblable à celle que l'on éprouve après avoir fait une crise d'hypoglycémie. L'impression de vivre un rêve, tout en ressentant une intense fatigue intérieure.
Machinalement, je m'installai en position assise. Je n'eus droit à aucun instant de répit pour réfléchir à cet énième événement inhabituel. Un éclat coloré attira mon attention sur ma droite. Tournant la tête, j'aperçus Aelita, une boule d'énergie rose dans sa main droite pointée vers moi. Elle dit d'un ton sans appel :
- Champ de force !
La boule d'énergie rose me frappa en plein visage, inscrivant sa couleur éclatante sur ma rétine avant de me renvoyer dans mon corps.


Je le savais, mes réveils après une dévirtualisation forcée n'étaient jamais tranquilles. Mais là, je venais d'atteindre le sommet du désagréable, dont je constatai l'ampleur après m'être redressé brusquement. Ma vision était troublée. Tout m'apparaissait comme si je portais des lentilles faites d'eau. Par-dessus le marché, je me sentais dans un état nauséeux pire que ceux dans lesquels il m'arrivait de tomber ces derniers temps. Aelita n'avait pas arrangé mon cas avec son attaque, à moins que ce ne soit de la faute à la méduse volante.
J'entendis alors la voix de Tyron résonner dans la pièce. Elle me parut lointaine alors qu'il ne devait pas être à plus de quatre mètres de moi :
- Les petits salauds ! Ils ont encore tenté de virusser le supercalculateur. Heureusement qu'on avait fait des mises à jour sécurité l'autre jour.
- Calme-toi, intervint l'un des assistants – probablement Bernard. Ils ont battu en retraite après avoir vu leur virus stoppé. L'important maintenant, c'est d'améliorer nos défenses pour qu'ils ne reviennent pas avec quelque chose de plus puissant. Sinon, nos années de recherche vont partir en fumée.
- Je le sais bien, grogna le chef de l'équipe.
Suite à cette réplique, un des scientifiques s'approcha alors de moi. C'était le professeur Fontaine. Il devait seulement s'être rendu compte de mon retour à la surface.
- Est-ce que ça va ? me demanda-t-il en posant une main sur mon épaule.
En guise de réponse, je vomis sur ses chaussures et le bas de son pantalon.


http://i.imgur.com/7tNqoHf.png


Mon petit vidage de tripes me valut un check-up médical complet à l'infirmerie, gracieusement imposé par miss Hope. Elle m'autorisa néanmoins à disposer au bout d'une heure, concluant sur un contre-coup d'une dévirtualisation trop violente. Comme à l'accoutumée, Sally m'attendait à la sortie.
- Dis, t'en a pas marre de toujours devoir patienter pour que j'arrive ? lui demandai-je.
- Un peu quand même, avoua-t-elle d'un air blasé. Mais j'avais un truc à te proposer.
Cette annonce eut pour effet de me faire froncer légèrement les sourcils. Sally ne s'en formalisa pas et poursuivit :
- Ça te dit un ciné lundi soir ?
Sans répondre à la question, je lui en posai à mon tour :
- Pourquoi est-ce que tu me demandes ça à moi ? Je veux dire, ça fait pas si longtemps qu'on se connaît. Et puis, tu dois bien avoir des amis qui pourraient t'accompagner non ?
Sans laisser passer une moindre seconde de silence, la ninja me répondit d'un ton franc :
- T'es un gars sympa, même si t'es aussi bavard qu'un mur. Mon père refuse de me laisser sortir seule hors du complexe si je ne suis pas accompagné du chauffeur ou par un des autres résidents du complexe qui sont aussi des Gardiens. Je t'avoue qu'aller au cinéma avec quelqu'un qui a le double de mon âge ne m'emballe pas. Pour les autres, les filles me détestent parce que je suis l'enfant de celui qui les emploie. Les gars, eux, ils veulent juste se faire bien voir par mon père en se rapprochant de moi ou en me draguant. Si c'est toi qui viens avec moi, je serai pas obligée de sortir avec quelqu'un avec qui je n'ai pas envie de traîner. Et puis, je te dois bien ça vu que le Salon des Avancées Technologiques t'avais pas emballé plus que ça.
Elle prit un temps pour reprendre sa respiration et me laisser mariner, accessoirement. Puis, elle me posa l'ultime question :
- Alors, qu'est-ce que t'en pense ? Ça te dit ?
- Quel film tu veux aller voir ? demandai-je en éludant complètement la question.
- On verra ça sur place.
- Quel cinéma ?
- Je te redirai ça par sms. Et si le ciné en question te convient pas, on se concertera sur un autre.
Il ne semblait pas avoir de faille dans son plan. Elle avait une chance incroyable de me proposer ça pile le jour où je rentrais chez mon oncle. Sûrement un coup de la fameuse intuition féminine ou quelque chose du même goût. Dans tous les cas, qu'avais-je d'autre à faire ce soir-là ? Mis à part rester enfermé avec mon tuteur...
D'un seul coup, la perspective d'aller au cinéma avec Sally me parut alléchante. Je finis par conclure avec un :
- Ok, pourquoi pas ?
- Cool ! Je te propose qu'on se retrouve à vingt heures devant le cinéma.
Je n'émis aucune objection à sa suggestion.
- Bon, je dois te laisser, ajouta-t-elle. J'ai un rapport à faire à mon père. Je te laisse te débrouiller pour retrouver la sortie. À lundi !
Sur ces mots, elle repartit, me laissant seul devant l'ascenseur.
Il n'y avait plus qu'à espérer que la soirée prévue se déroule sans accroc.


À suivre : Voile de nuit


Dernière édition par Zéphyr le Ven 14 Oct 2022 12:24; édité 23 fois
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Ikorih MessagePosté le: Dim 09 Fév 2014 11:54   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
-Commentaire éclair-
Oui, je me suis dit que ça se justifiait vu le chapitre.

So, on commence avec un cours de maths. J'aimerai bien piger donc je vais attendre avec hâte mon passage en 1ère S pour pouvoir capter. On retrouve néanmoins le fléau habituel de la faute de signe et une Laura en pleine forme Mr. Green égale à elle-même quoi.

Sally était cool aussi dans la partie virtuelle, elle a rattrapé les bourdes de Chris en l'engueulant dans sa tête très probablement. On validera le troll de l'Overwing et la comparaison avec un accident de la route, ainsi que la référence à la phrase préférée d'Icer : It's a trap.

La petite référence au 51 est pas mal même si Chris se retrouve à imiter Ulrich pour survivre, et puis une Méduse en assaisonnement ne fait pas de mal. On dirait que X.A.N.A a beaucoup d'affection pour notre petit héros.
On notera d'ailleurs ses petits cafouillages d'avatar. On dirait qu'il dispose de deux modes avec chacun leurs pouvoirs étout. Bien pensé, et ça te permet d'avoir à la fois le vent et la foudre Razz

Bon, euh voilà. J'avais prévenu que ce serait tout petit. *s'esquive*
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Ellana MessagePosté le: Lun 10 Fév 2014 15:02   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Messages: 251
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Oui, je sais, ça fait longtemps que je dois commenter, SO WHAT ?

Bon. Bah comme pour les dix premiers chapitres, c’est… fade. Rien à se mettre sous la dent, un style exécrable, des fautes partout, de la lourdeur dans la plume, des personnages improbables, un scénario bidon. Quand est-ce que tu t’améliores ?
Bon après ces trois lignes de pur troll inutile… Je garde la même impression qu’avec les autres chapitres : déjà, tu as un style plus qu’agréable à lire, ça fait du bien ! Le choix du titre est excellent, quoique frustrant puisqu'au final, on ne sait pas grand-chose sur le nouveau côté électrique de Chris.
Ensuite, j'ai été agréablement surprise par Laura qui est beaucoup plus pédagogue que je ne l'aurais imaginé. Elle parait presque... humaine XD
Après la partie virtuelle est vraiment bien. L'idée d'un combat entre Sally et Chris montre une nouvelle proximité justifiée et professionnelle entre les deux personnages, proximité qui devient plus affective à la fin du chapitre, il y a donc un plan sur les deux tableaux qui est pas mal.
C'est dur de critiquer quelque chose qu'on trouve bien mais j'ai noté deux-trois points quand même :

Zephyr a écrit:
Ce qui veux dire implicitement que tu dois le définir avant toute chose. »

=> veut
Zephyr a écrit:
- Je n'y peux rien si vous êtes incompréhensibles les filles, envoyai-je en tentant de la jouer macho.
=> L’excuse tellement facile ! =)
Zephyr a écrit:
Quitte à y aller, autant s'entraîner un peu
=> Mais oui bien sûr ! C’est fou ce don qu’ont certaines personnes pour attraper le premier pur prétexte !
Zephyr a écrit:
Mon côté macho refusant de me laisser faire par une combattante du sexe opposé
=> Hum entre l'Echiquier et toi, il est temps que des féministes viennent contrebalancer les fictions (a)
Zephyr a écrit:
le dernier Stern usa de sa main libre pour m'arracher mon outil de guerre des mains. Il s'éloigna ensuite de moi en usant de son pouvoir de super-vitesse, se plaçant au rebord de la plate-forme.
=> Je sais bien qu’Ulrich a parfois des faiblesses mais là, soit j’ai loupé un truc, soit il passe vraiment pour une brèle : il réussit à désarmer son adversaire et plutôt que de l’achever, il se préoccupe de détruire l’arme ? C’est complètement idiot !
Zephyr a écrit:
L'attaque ne l'avait pas fait chuter à terre, mais lui avait fait lâcher un de ses sabres, qui gisait à terre
=> HAHA ta vieille ennemie la répétition =)

A bientôt alors pour le prochain chapitre avec la nuit ♥

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 13 Fév 2014 17:58   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Cool, le girl power est au rendez-vous ! Allons-y dans l'ordre donc :

Feu follet du forum :

Citation:
une Laura en pleine forme  égale à elle-même quoi.


Oui, quand elle veut quelque chose, elle hésite pas Mr. Green. Autrement, je confirme que Laura = elle-même *Sort*

Citation:
On notera d'ailleurs ses petits cafouillages d'avatar. On dirait qu'il dispose de deux modes avec chacun leurs pouvoirs étout. Bien pensé, et ça te permet d'avoir à la fois le vent et la foudre 


Deux modes. Oui, on peut voir ça comme ça, même si un des deux est plus chiant à gérer. Spotted sur le vent et la foudre. J'étais le seul à pouvoir/devoir le faire (a).
Merci pour la validation o/.


Louve Alpha de la Meute :

Citation:
Le choix du titre est excellent, quoique frustrant puisqu'au final, on ne sait pas grand-chose sur le nouveau côté électrique de Chris.


Le titre du chapitre 11 m'a été proposé par Icer, donc les lauriers lui reviennent sur ce coup-là. Mon imaginaire n'a pas été capable de trouver « Sous tension » de lui-même, se contentant d'un simple « Électrifié » un peu plus fade. Bref, encore merci à Icer pour sa judicieuse proposition.
Quant au côté électrique, il est possible de deviner plus ou moins en quoi il consiste, grâce aux deux-trois indices donnés dans le chapitre. Il est même possible de deviner son effet si on me connaît suffisamment bien Mr. Green.

Citation:
Ensuite, j'ai été agréablement surprise par Laura qui est beaucoup plus pédagogue que je ne l'aurais imaginé. Elle parait presque... humaine XD


Tu trouves ? Disons qu'elle prend très à cœur sa double tâche : enseigner et enquêter. Certes, elle veut des preuves contre Chris, mais si au passage elle peut prendre de l'avance pour le futur, elle dit pas non. Oui, elle est assez pédagogue vu qu'elle évoque le fait qu'elle sera amenée à enseigner plus tard, on peut penser qu'elle a déjà appris deux-trois méthodes.
Mais content que tu la trouves presque humaine xD.

Citation:
Hum entre l'Echiquier et toi, il est temps que des féministes viennent contrebalancer les fictions (a)


Nous vous attendons Cool.

Citation:
Je sais bien qu’Ulrich a parfois des faiblesses mais là, soit j’ai loupé un truc, soit il passe vraiment pour une brèle : il réussit à désarmer son adversaire et plutôt que de l’achever, il se préoccupe de détruire l’arme ? C’est complètement idiot !


Remarque très intéressante, que je vais me permettre de justifier. Si Ulrich se préoccupe de détruire d'abord la lance, c'est pour deux raisons. Tout d'abord, il n'était pas certain qu'une tentative d'achèvement réussisse. Pourquoi ?

Chapitre 11 a écrit:
En réaction à ça, je relâchai une main de la lance et la dirigeai vers l'assaillant, qui n'eut d'autre choix que d'encaisser une violente rafale de vent à bout portant.


Cette phrase montre deux choses : Chris a de bons réflexes et il commence à utiliser la manipulation de l'air de manière plus rapide, quasi instinctive (surtout depuis sa mésaventure avec les Frelions). De plus, c'est un pouvoir qui s'utilise principalement avec les mains, et elles étaient libres en plus.
Par conséquent, Ulrich (ou son clone, on ne sait pas x)) a dû penser que tenter un coup de sabre ne lui assurerait pas la victoire, surtout si l'on prend en considération le fait qu'il n'avait qu'une seule lame en main à ce moment-là, le javelot prenant l'autre. Il avait des chances de tester le vol plané aussi (disons 50%). Il a donc joué la prudence en s'éloignant et en s'assurant de détruire la lance. Certes, ce n'est pas un comportement très Ulrichien, mais cela s'explique ci-dessous.

Deuxième explication : la manière dont Ulrich fait appel à William montre clairement qu'ils avaient établi un plan au cas où l'empaffé à la cape viendrait encore les emmerder. Le désarmer restait la meilleure solution pour le rendre inoffensif en combat rapproché (même si Chris a beaucoup joué de la chance et d'autre chose dans ce combat). Aussi, cette justification rejoint la première par ceci : si Ulrich avait tenté d'achever son adversaire, mais qu'il s'était pris au final une bourrasque à bout portant qui l'aurait envoyé contre la paroi du noyau, il se serait fait dévirtualiser, ce qui aurait pu compromettre l'entreprise des LG. Et c'est sur le samouraï que la faute en aurait été jetée, car il n'aurait pas suivi le plan. Donc, pour une fois, Ulrich s'est révélé réfléchi Mr. Green (et encore plus si on prend en compte l'immobilisation par la cape).

Autrement, hypothèse finale : il s'agissait du clone d'Ulrich et il a hérité de son Q.I *Paf*.

Citation:
A bientôt alors pour le prochain chapitre avec la nuit ♥


Il est déjà plutôt avancé, mais je pourrais m'y reconsacrer pleinement après la Saint-Valentin ♥.
Et je l'aurai cette ennemie un jour !


Autrement, je me permets de répondre à certaines parties de ton commentaire envoyé via Skype ici, me semblant utile de faire profiter de certaines remarques pertinentes aux autres (et au cas où je ne t'aurais pas répondu) :

Citation:
« un lapin ensanglanté agonisant » Hum... ça me rappelle un accident avec un micro ça...

Et non ! Il s'agit d'une discrète référence à l'antagoniste des lapins du forum, Ikorih (qui a posté des dessins sur ce thème d'ailleurs). L'accident avec le micro est également inspiré de cette personne Mr. Green.

Citation:
Ta description précédent le « grand saut » est très bien écrite (t'as réussi à faire ressortir mes peurs de l'hôpital rien qu'avec tes mots)

En effet, le but était vraiment de recréer cette tension que l'on peut éprouver à l'hôpital. Sinon, (hug) pour te les avoir fait ressurgir.

Citation:
Edna mode t'aime ♥

Moi aussi je l'adore ♥ .

Citation:
L'arrivée du Mégapod laisse supposer que les LG sont dans le coin et que ta fic se passe durant CLE. Or, tes pistes sont datées de 2013. C'est qu'un détail, mais bon...

Je crois que la date a été le choix le plus dur que j'ai eu à faire. Beaucoup d'éléments portent à croire que CLE se passe en 2013 (épisode 14 ou l'existence des tablettes tactiles). Bien sûr, j'aurais pu faire comme IDM4 et réarranger les dates pour qu'elles concordent avec CL. Mais j'ai préféré laisser 2013 ici, en partie à cause des tablettes tactiles, et que je conçois mieux que quelqu'un d'autre soit parvenu à construire un SC comme celui de FH à cette date.
Question de cohérence incohérente donc Mr. Green.
Bien entendu, ce n'est pas pour ça que je vais tout concéder à CLE. Pour les questions de back-ground, il est évident que les années ne seront pas respectées. Cependant, je ferai tout pour que les jours, mois et écarts de temps soient les mêmes qu'avec CL. En gros, côté dates, j'ai décidé de couper la poire en deux entre CL et CLE.
Le rendu va être assez étrange en fait... Advienne que pourra !

Citation:
on dirait de la narration à la Ikorih là Razz D'ailleurs, dans tout le passage c'est ça XD Pauvre Ulrich :

Pour ce passage de l'épisode 8, j'avoue m'être inspiré de la narration « à la Ikorih » comme tu dis, Imprévu étant la première fic qu'il m'ait été donné de lire sur le forum. Bien sûr, comme je l'ai dit, égalité des sexes oblige, tout le monde en prendra pour son grade (a).

Comme j'ai la flemme de citer, je me contenterai de te féliciter pour avoir deviné que le dos de Chris était brûlé dès le chapitre 4 (handshake).

Citation:
« Sur ces mots, je soulevais le poids mort que représentait Ulrich et le portais dans mes bras comme on porte une petite fille inconsciente. Il émanait de lui une odeur de poulet grillé. »Je te déteste, parce que même moi, j'ai pas pu m'empêcher de sourire ^^

Victoiiiiiiiiiiiiire ! *Se fait évacuer*

Citation:
Tout le passage sur la rencontre avec le spectre est particulièrement bien Mr. Green Même si j'avoue avec un poil de honte que je n'ai pas compris le pourquoi de ses « courts-circuits »

Il n'y a pas de quoi avoir honte voyons ! C'est un élément qui n'a pas encore été expliqué, même si des indices sont donnés là-dessus dans le chapitre 10, indices qui peuvent aussi aider à comprendre le côté non-RVLPassifiable de Chris.

Citation:
avec un malheureux verre de vodka ? O.O Mouahahahaha le p'tit joueur ! ^^

Un verre assez conséquent quand même. Et cul-sec. Mais tout le monde ne s'appelle pas Ded Moroz (a).

Citation:
Ma parole, les passages entre ados sont tellement criants de vérité XD Au grand désespoir de l'avenir d'ailleurs... Par contre, je vois mal Yumi mettre la tête d'un mec dans les toilettes O.O

Ce compliment me fait plaisir, puisque je me souviens d'avoir eu du mal à écrire le chapitre 6. Par ailleurs, 70% des scènes entre ados de ce chapitre sont inspirés de ce que j'ai pu observer lors de mes années collège et lycée =3.
Pour Yumi, elle savait qu'Ernest était un connard (cf les propos d'Amanda du chapitre suivant), et que lui parler ne servait plus à rien. Elle a décidé d'être plus persuasive. Et aussi parce que j'adore voir Yumi version dark (kassdédi Pika).

Citation:
Une soirée un soir ? Elle a de bonnes idées la Caro Razz

Je sais, je suis un génie (a).

Citation:
Je kiffe cette fille !

Quel succès Sally a O.O ! Dire que j'ai l'ai créée deux jours avant la sortie du chapitre 5... Je ne regrette pas d'avoir ajouté de la fémininité finalement (a).

Citation:
Honte sur moi, je viens juste de réaliser que les armes de Chris apparaissent comme celles de Salim dans Ellana, la prophétie !

Comme je te l'ai dit, c'est une pure coïncidence, n'ayant lu que très peu de Bottero *Transforme son corps en air avant de se prendre une balle de Sturm ou Ellana*. Cependant, on pourra considérer ça comme une référence une fois que j'aurais lu cette saga.

Citation:
Hum, le passage avec du logo sur le mur balaie les minces doutes qui auraient pu subsister : tu es officiellement sponsorisé par une organisation secrète nébuleuse ! CORRUPTIIIIION ! ^^

Je continue de nier cette accusation. Si ladite organisation secrète nébuleuse me sponsorisait effectivement, j'aurais des entêtes de chapitre aussi belles que celles de l'échiquier (a). Or ce n'est pas le cas. Donc, je ne touche aucun dessous de table.
Par contre, j'aime placer des références plus ou moins subtiles aux membres du forum. Et qui sait, peut-être parviendrai-je à placer un loup ?


Bon, je voulais profiter de cette réponse pour te réitérer mes remerciements pour tes commentaires et toutes les corrections que tu m'as faites (9 pages quand même O.O). Je vais d'ailleurs passer sous peu sur toutes les fautes signalées pour les 11 chapitres, ce qui les rendra encore mieux.
Je te rerereredit merci Ellana ♥ !

Merci aussi pour ton commentaire éclair Iko' !
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.


Dernière édition par Zéphyr le Jeu 19 Mar 2020 15:03; édité 4 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Sam 15 Mar 2014 15:02   Sujet du message: Répondre en citant  
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Piste 17 : (12/03/2013)


Le lundi après-midi sonna comme une libération en moi. J'avais enfin pu quitter l'internat, pour retrouver le spacieux appartement de mon oncle. D'ordinaire, ça ne m'enjouait pas plus que ça, mais il fallait avouer que changer d'air et de décor faisait un bien fou. Même les retrouvailles avec le seizième arrondissement parvinrent à me décrocher un sourire. Ce n'est qu'une fois parvenu à un des bâtiments de l'avenue Victor Hugo que je pus rentrer concrètement chez moi.
Inévitablement, je croisai mon oncle dès mon arrivée dans son appartement. Lui parler ne figurait pas dans mes priorités, surtout au vu de notre dernière conversation. C'est pourquoi je me contentai d'un vague « Bonjour » avant de me rendre dans ma chambre pour y ranger mes affaires. L'homme qui avait ma garde ne m'adressa pas un seul mot et me laissa filer. S'il voulait jouer à ce jeu-là, tant mieux.
J'occupai le reste de mon après-midi à relire mes cours de SVT. Mon départ de Kadic n'avait pas arrangé Laura, même s'il lui permettait aussi de retourner chez son père. Elle aurait préféré profiter de cette seconde semaine de vacances pour rattraper mon retard en sciences. Finalement, nous avions trouvé un arrangement. Elle m'avait donné une pile d'exercices à faire ainsi que des notions à revoir. Le but étant de corriger tout ça dès la rentrée. Nous avions également échangé nos numéros de portable dans le cas où j'aurais une question à lui poser.
Lorsque le soir arriva, à dix-huit heures moins le quart, je quittai l'appartement et mon oncle en lâchant un simple : « Je sors ! ». Celui-ci ne m'envoya aucune réponse, que ce soit pour demander où je pouvais me rendre alors que nous n'avions même pas dîné, ou même pour dire un simple « Ne rentre pas trop tard ! », comme l'aurait préconisé n'importe quel parent. De toutes manières, ne comptant pas vivre en captivité comme à Kadic, je me passais bien de son autorisation.


Durant le week-end, Sally m'avait envoyé un message pour me préciser les modalités de notre sortie. Il s'avéra que je connaissais le cinéma qu'elle avait sélectionné et qu'il n'était pas excessivement loin de mon lieu d'habitation. L'heure de rendez-vous avait été avancée pour dix-neuf trente au lieu de vingt heures, ce qui finalement, m'avait donné une bonne raison pour partir plus tôt. C'est ainsi que je marchai une vingtaine de minutes jusqu'à l'avenue des Champs-Élysées. Elle concentrait un véritable kaléidoscope de personnes. Du simple marcheur nocturne au couple qui savourait ensemble une gaufre recouverte de pâte à tartiner, la diversité était présente. De même, le nombre de commerces que l'on y trouvait était assez impressionnant, que ce soient les enseignes de luxe ou le simple café. Bien entendu, je ne me trouvais pas en cet endroit pour une séance de shopping, mais bien pour rejoindre le cinéma sélectionné par Sally. D'ailleurs, je ne pouvais pas le louper : sa façade se trouvait sur l'angle formé entre l'avenue et une autre rue. Au dessus de l'entrée et des vitres donnant sur l'intérieur, de grandes affiches indiquant les films actuels s'épanouissaient. Celles-ci étaient surplombées par de grandes lettres formant les mots « Gaumont Champs-Élysées » et « Ambassade » – ce dernier étant en dessous des premiers.
Je retrouvai Sally juste devant l'établissement. Après les salutations d'usage, dont l'increvable question inutile que je ne citerai pas, vint la prise de décision sur le film à aller voir. Il s'avéra qu'aucun film ne nous disait vraiment, au point que je demandai à celle qui m'avait proposé cette sortie :
- Pourquoi vouloir aller au cinéma si tu sais pas quoi y voir ?
- Le pop-corn, me répondit-elle simplement. Et l'envie de sortir un peu du souterrain.
Sur cette réponse plus que claire, il fut décidé d'aller voir un film adapté d'un roman adolescent à succès, sa séance débutant à dix-neuf heures quarante-cinq, ce qui par extension, signifiait une attente inexistante pour le visionner. Ce dernier point se confirma lors de notre arrivée dans la salle, précédée par l'achat de pop-corn par Sally. À peine installés sur nos sièges, les bandes-annonces et diverses publicités commencèrent à défiler à l'écran.


Le film fut une totale découverte pour moi, n'ayant pas lu le livre en question. De ce que j'en ai retenu, il relatait l'histoire d'une espèce de sorcière qui avait mon âge et qui vivait dans un trou paumé des États-Unis. Par une suite d'incidents, elle avait fortement attiré l'attention du second personnage principal, un garçon. La logique de l'histoire voulut qu'ils sortent ensemble assez rapidement. Rien de très surprenant.
Alors que la cousine maléfique de ladite sorcière venait de faire son apparition, dans une robe qui redéfinissait le mot « transparence », des éclats de voix nous parvinrent quelques rangées en arrière. Bien sûr, il était de mise lors d'une séance de glisser une phrase à son voisin de siège, que ce soit pour critiquer le film ou lui relater les différences avec l'œuvre papier. Le problème était que deux personnes avaient carrément entamé une petite conversation, faisant que se concentrer sur le film s'avérait plus compliqué. C'était sans compter sur Sally, qui se retourna vers la source de bruit dérangeante, pour envoyer à haute voix :
- Tiens, j'ai une idée pour vous : et si vous la fermiez ?
- T'as un problème grognasse ? répliqua l'un des deux – un homme – sur un ton mauvais.
- T'as dit quoi ?
Sally s'apprêtait à se lever lorsqu'un tonnerre de « Chuuuut ! » lui tomba dessus, refrénant sa pulsion d'aller montrer sa manière de penser à l'autre type. Ce dernier s'était également tu. Comme quoi, il suffisait juste que tout le monde y mette du sien pour obtenir le silence. Suite à cela, un bon quart d'heure de film supplémentaire se déroula sans encombres, jusqu'à ce que les mêmes personnes ne recommencent à discuter, dans un chuchotement assez énervant.
- Mais vous le faites exprès ou quoi ? s'emporta ma voisine en se retournant pour la seconde fois.
Son adversaire comptait répliquer verbalement, si ce n'est qu'une nouvelle volée de « Chuuuut ! » lui fut à nouveau assénée. Néanmoins, je sentais que Sally n'allait pas tarder à en venir aux mains à ce rythme. Visiblement, je n'étais pas le seul à penser ça, puisque je vis le responsable de la salle s'avancer dans notre direction. Son but n'était sûrement pas de nous faire des câlins. Avisant la sortie de secours, je me levai précipitamment et attrapai le poignet de Sally en annonçant trois mots :
- On s'arrache !
Elle me suivit vers la porte sans protester, même lorsque je relâchai son membre. Notre sortie du bâtiment fut remarquée, mais néanmoins rapide et efficace.


Lorsque le cinéma se trouva à une distance d'environ cent mètres, Sally me demanda :
- Pourquoi on continue de courir au fait ?
- Aucune idée.
Nous stoppâmes alors notre course. Cet effort physique ne semblait pas avoir trop essoufflée ma complice. La plupart des passants nous regardaient bizarrement, chose normale si on considérait que notre sprint avait été équivalent à une mêlée de rugby au milieu de cette foule, laquelle n'avait pas dû apprécier notre performance. Pour faire bonne figure, nous nous mîmes à marcher droit devant, remontant ainsi l'avenue des Champs-Élysées. Quelques instants plus tard, je fis remarquer à la fille de Tyron :
- Tu sais te faire remarquer toi.
- Je déteste les sans-gêne, répliqua-t-elle, surtout ceux qui font du bruit au cinéma en parlant ou mangeant, comme ce type. Et puis franchement, ne me dis pas que tu suivais le film ?
Je haussai les épaules.
- Tu voulais pas savoir si l'un des deux allait demander l'autre en mariage avant la fin ?
Elle éclata de rire à la fin de ma réplique, puis ajouta :
- Sérieusement ? Comme si c'était crédible...
Aucun de nous deux n'ajouta quoi que ce soit, laissant le tumulte émanant des autres piétons et des véhicules nous envelopper. Ce n'est qu'ensuite que Sally m'interpella d'un contact sur le bras. Tournant la tête vers elle, elle me fit une proposition :
- Puisqu'on a encore un peu de temps devant nous et que mes pop-corn sont définitivement perdus, ça te dit d'aller boire un verre ?


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Sally m'entraîna dans un espresso-bar des environs. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il était encore ouvert et rempli de clients à presque vingt-et-une heures trente. Enfin, je n'allais pas m'en plaindre. La décoration du lieu n'était pas désagréable non plus : des murs ornés de photos encadrées de grains de café, des canapés, des tables basses, hautes ou standards, le tout dans une dominante chocolat agrémentée de touches de blanc. Nous étions placés à une table relativement isolée des autres, dans un coin de la salle.
La table la plus proche de nous se constituait de deux garçons et une fille qui débattaient sur la question de quel parfum de glace était le meilleur : vanille, fraise ou chocolat. Aucun d'eux ne semblait vouloir lâcher le morceau, alors qu'un banana split aurait pu régler leur conflit. Encore aurait-il fallu que l'espresso-bar en serve...
Sally avait pris un chocolat chaud surmonté d'une abondante quantité de chantilly. Quant à moi, le choix d'un milk-shake vanille bien frais s'était imposé naturellement à moi, alors que la soirée n'était pas des plus chaudes. Il s'agissait probablement d'une de ces forces de décision imprévisibles qui nous faisaient toujours faire les choix les plus insensés. Toujours est-il que je ne regrettai pas le mien : la boisson était délicieuse. Au bout de quatre minutes de discussion portant principalement sur le contenu de nos verres, Sally décida d'embrayer sur un autre sujet :
- Dis, c'est comment de suivre des cours dans un lycée et d'avoir une classe ?
Visiblement, elle n'avait pas lâché l'affaire concernant l'interrogatoire qu'elle m'avait plusieurs fois promis. Je déglutis lentement ma gorgée de boisson sucrée et glacée avant de répondre par une autre question :
- C'est pas la même chose que dans un lycée chez vous ?
- Non. Nos répartitions se font par niveaux à chaque matière, donc pas de classes. Ça permet d'avoir un rythme d'apprentissage plus ou moins soutenu selon les facilités et difficultés. Du coup, on est rarement avec les mêmes personnes à chaque cours. Et en incluant les tours de garde obligatoires – surtout ces derniers temps – tu comprendras que « mon école » est différente de ton lycée. Et tu n'as toujours pas répondu à ma question. Sois pas timide.
Suite à cet ordre à peine dissimulé, elle m'envoya un petit sourire. Signe d'encouragement ou fierté de dominer la conversation ? C'est une chose que je ne saurai jamais. Malgré tout, sa demande ne me laissait aucune marge de manœuvre. Je me laissai donc prendre au jeu et lui parlai de ma vie scolaire, en modifiant quelques éléments bien entendu. Ainsi, l'établissement que je fréquentais n'était plus Kadic, mais Diderot. Les noms de certains de mes camarades et professeurs se virent remplacés par d'autres. Au fur et à mesure qu'elle me gratifiait de questions, je pris toute la mesure de la métaphore « un tissu de mensonges ». En parlant, je les tissais petit à petit entre eux, pour former un maillage protecteur pour les informations que je dissimulais. Enfin, dans mon cas, pouvait-on parler de mensonge ? Tout ce que je disais était vrai dans les faits. Seuls les noms des lieux et des personnes changeaient.
Par chance, Sally ne me posa que des questions d'ordre scolaire, sans trop s'aventurer dans le domaine du privé, se contentant de questions basiques sur le sujet. Une fois repue des informations qu'elle venait de me soutirer, ce fut à mon tour de passer à l'attaque :
- Tu as toujours vécu dans le complexe souterrain ?
- Ça doit faire un peu moins de deux ans maintenant, répondit-elle d'une voix avec des accents nostalgiques. Avant, je vivais en Suisse avec mon père. D'ailleurs, c'est là-bas qu'il a rencontré et épousé ma belle-mère.
Elle ne manqua pas de remarquer mon froncement de sourcils à l'entente des deux derniers mots. En réponse de quoi, elle m'apporta une précision :
- Le professeur Hope.
La révélation me fit avaler de travers ma gorgée de milk-shake, ce qui n'était jamais agréable, quelle que soit la substance ingurgitée ainsi.
- Hé ben, on dirait pas qu'ils sont mari et femme, soulignai-je.
- Ils savent juste séparer vie professionnelle et privée, relativisa Sally.
Elle vida d'un trait le fond de son chocolat chaud et s'essuya la bouche avant de poursuivre :
- Je disais donc, mon père l'a épousée il y a quatre ans. Ils se connaissaient déjà depuis pas mal d'années, mais un projet professionnel commun les a rapprochés. Avant ça, on vivait seulement nous deux, même s'il travaillait au moins autant qu'aujourd'hui à l'époque. Deux-trois mois après son mariage, il est parti sur Paris pour un projet important, tu te doutes duquel je parle. Ma belle-mère et moi étions restées en Suisse, puisqu'elle travaillait pour la Deckard dans le secteur à cette époque. Le seul souci, c'est que je ne voyais plus vraiment mon père, même s'il venait nous voir aussi souvent que possible. Je l'ai donc rejoint il y a deux ans. Coup de chance, ils recrutaient des jeunes personnes pour être les gardiens du noyau. J'ai donc postulé sans hésiter. Depuis, je vis au complexe. Ma belle-mère est arrivée il y a quelques mois, en novembre, en tant que nouveau membre du projet.
Elle s'arrêta pour reprendre son souffle. Sa réponse avait été plus détaillée que ce que j'espérais. Elle était plus encline à parler de sa vie privée que moi. C'était normal si l'on considérait sa franchise extrême, contrairement à moi. Cela me fit éprouver un certain malaise. Le fait de lui avoir menti me faisait me sentir l'âme d'un manipulateur sans vergogne.
- C'est quoi cette tête ? me demanda-t-elle.
Pour éviter qu'elle ne me pose d'autres questions, donc ne pas avoir à mentir de nouveau, je l'interrogeai sur un sujet proche mais plus léger :
- Sinon, votre entraînement pour la virtualisation, c'est pas trop éprouvant ?
- Ça se limite à une activité physique presque quotidienne. On a même plusieurs coachs qui nous supervisent. Et franchement, suer un peu pour aller sur Tron vaut largement le coup, puisque ça me permet d'étaler facilement un gars qui fait deux têtes de plus que moi dans la réalité !
Elle venait de toucher un point sensible en me rappelant ma dernière virtualisation et ma performance plus que discutable au combat. Pour cacher ma réaction, je bus le fond de mon verre. En l'avalant, sa fraîcheur me parut trop agressive tandis que sa saveur vanillée prenait une teinte écœurante dans ma bouche. Après ça, un silence s'installa entre nous deux, qui me permit de remarquer que le bar s'était largement vidé pendant que nous parlions. Je vis également que Sally semblait gênée. Peut-être s'imaginait-elle m'avoir vexé en me taquinant. De toute ma mauvaise foi masculine, je tentai de démontrer le contraire par une question qui se voulait posée l'air de rien :
- Qu'est-ce que la Deckard Inc. veut faire d'un supercalculateur ?
Touchant un domaine qu'elle appréciait, sa réponse fut enthousiaste :
- Si tu savais ce qu'une machine pareille offre comme possibilités. Elle permettrait de faire avancer la science de manière fulgurante. Plus secondairement, la capacité de générer un monde virtuel, c'est juste énorme en terme de potentiel. Il pourrait aussi bien servir de réseau social que de jeu vidéo. Le nombre d'options est très élevé et je ne saurais pas où commencer pour t'en parler. Moi, ce que je me demande, c'est ce que les autres comptent faire de leur machine.
Malgré les informations dont je disposais, je ne pouvais répondre à sa dernière remarque, même si j'avais quelque peu oublié la bande à Yumi durant notre conversation. Par ailleurs, cette dernière ne put se poursuivre car les employés de l'espresso-bar nous informèrent de la fermeture. Nos boissons ayant été payées à l'avance, il ne nous restait plus qu'à mettre nos vestes et à sortir.

Une fois à l'extérieur, Sally et moi décidâmes de nous séparer, la vingt-troisième heure de la journée s'approchant de plus en plus.
- C'était sympa cette soirée, me signifia-t-elle. Je te dis à plus !
À ce moment-là, les clichés auraient voulu qu'elle se hisse sur la pointe des pieds pour me déposer un léger baiser sur la joue. Heureusement, ce ne fut pas le cas. Elle se contenta d'un signe de main avant de s'éloigner.


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Je décidai de traîner un peu sur le chemin du retour en me baladant sans but précis dans les rues du seizième arrondissement. Je préférais encore profiter de la fraîcheur de l'air pollué plutôt que de rentrer chez moi et faire une nouvelle insomnie.
La nuit, la ville vivait différemment. L'obscurité combinée à la lumière artificielle avait la particularité de cacher les imperfections de l'environnement, le magnifiant tout en le rendant plus inquiétant. Malheureusement, la luminosité apportée avait une contre-partie : elle ne permettait pas de voir les étoiles dans le ciel, ce qui renforçait l'impression que celui-ci ne s'était pas teinté d'encre, mais plutôt qu'un grand voile opaque avait recouvert la cité pour la laisser se reposer.
Emporté par mes jambes et le cours de mes réflexions, je parvins aux abords du square Lamartine, que je décidai de traverser pour rejoindre l'avenue Victor Hugo. Ce jardin public se composait d'un chemin tout en longueur bordé de bancs et d'arbres. La lumière des lampes le bordant offrait une visibilité suffisante pour distinguer les obstacles.
Après avoir passé le petit portail d'entrée et la statue de celui qui avait donné son nom au lieu, les problèmes débutèrent. Plusieurs personnes apparurent dans mon champ de vision à quelques mètres à peine, dans l'allée aux arbres. Je ne les avais même pas remarqués. Six personnes au total, toutes de sexe masculin, dont cinq qui me tournaient le dos, de taille et de corpulence à peu près équivalentes. Le dernier était face à eux, et donc à moi : Puck. Le fait qu'il se trouve pile dans l'arrondissement où je vivais avait de quoi me troubler. Était-ce un pur hasard ou bien quelque chose d'autre se cachait sous là-dessous ? Mettant cette nouvelle interrogation dans un coin de ma tête, je vis le blond me regarder. Il m'avait repéré, même si techniquement, je n'avais pas cherché à me cacher. La logique aurait voulu que je rebrousse chemin, n'ayant été repéré que par une personne isolée et pas par la meute entière, mais une curiosité jaillissante me somma d'assister à la scène qui s'offrait sous mes yeux.
- T'écoutes quand on te parle blondasse ?
Le regard de Puck se reconcentra vers celui qui venait de lui asséner cette charmante remarque, soit un des garçons qui lui faisait face, probablement le meneur du groupe qui encadrait le ninja.
- Alors, si j'ai bien compris, t'as la rage parce que je t'ai cassé le poignet ? C'est toi qui m'a attaqué je te rappelle, dit-il de son habituel ton assuré légèrement narquois.
- Parce que t'es venu me provoquer ! répliqua celui qui avait parlé en premier.
Swan dédramatisa la situation à sa façon :
- Oh, ça... Toutes mes excuses alors ! Je ne savais pas que tu étais si sensible et fragile. Je ferai gaffe la prochaine fois.
- Arrête de te foutre de ma gueule !
Cette histoire allait mal tourner. Ma curiosité se mit à se tarir soudainement. Il ne m'importait plus de savoir ce que Patrick Swan pouvait faire dans un secteur pas si loin que ça de mon lieu de rendez-vous avec Sally et de l'appartement de mon oncle. Je ne comptais plus me mêler de ses affaires. C'est à ce moment-là qu'il m'interpella en bougeant significativement la tête :
- Tu veux te joindre à nous Léo ?
Comme un seul homme, la bande des cinq se retourna vers moi. Je remarquai alors que celui qui apparaissait comme leur chef avait le bras dans le plâtre. Sa fracture du poignet devait être récente.
L'un des opposants, qui tenait entre les mains une barre de fer, me détailla, puis grogna :
- C'est ton pote ? On va s'occuper de lui aussi, tiens.
- Ouh, on est morts de trouille, balança Puck.
Ce fut la provocation de trop pour le la bande adverse.
- On les massacre !
Deux des garçons du groupe s'approchèrent de moi, gonflant les muscles. Deux autres firent de même avec Puck. Quant à celui qui avait un bras en écharpe, il se contenta de rester sur place. Telle une machine bien réglée, mon esprit prit ce signal d'assaut comme une occasion de me faire voir l'obscurité de plus près en me submergeant dans un black-out.


Lorsque je refis surface, je sentis un contact sur mon épaule droite. Un coude qui prenait appui. Celui de Puck plus précisément. Il se tenait debout à mes côtés. Devant nous, quatre personnes étaient à terre, gémissant de douleur pour une partie, assommée pour l'autre.
- J'ignorais que t'étais comme ça toi aussi, me dit le ninja. On s'est vraiment bien éclatés sur eux.
Je ne répondis rien, encore sous le choc. Qu'avais-je fait ? Je regardai Puck : un sourire satisfait barrait son visage. Sa lèvre inférieure était ouverte et enflée, lui donnant un air d'animal ayant terminé son repas. Il tenait une barre de fer dans sa main libre, celle que tenait l'un des opposants. À le voir la brandir, on avait presque l'impression qu'il avait déjà dérouillé une fois la bande avec. La luminosité était suffisante pour que j'y distingue de légères traces de sang à son extrémité. Le mien ne s'en glaça que plus encore.
- C'est vraiment le pied cette sensation d'après-combat ! continua le blond. Même si on se prend deux-trois coups, cette satisfaction d'avoir collé le centuple à ton adversaire et de l'avoir fait souffrir... Indescriptible. C'est plus amusant de se battre dans le monde réel que sous forme de pixels, même si c'est l'éclate de pouvoir faire des bonds surhumains. Ici, on a pleinement la sensation d'être en vie, en ayant mal ou en faisant mal. Enfin, tu comprends sûrement ce que je veux dire Léo.
Je préférai ne pas répondre. Un bruit retentit alors derrière nous. Puck retira son coude de mon épaule et se retourna : un des larrons rampait dans le but vain de quitter le square. Il s'agissait de celui avec le bras dans le plâtre, ce qui ne facilitait pas sa tentative de retraite. Le ninja se plaça à côté de lui et le retourna avec son pied qu'il appuya ensuite contre son ventre, lui arrachant une plainte douloureuse.
- Tu penses à quoi là ? envoya Swan. Je t'avais dit que tes potes et toi ne faisiez pas le poids. Trop tard pour te défiler maintenant. Et au lieu du poignet, je vais te casser une jambe, ou les deux, histoire que la leçon rentre correctement cette fois.
Il leva haut sa barre de métal juste au-dessus du genou droit du garçon à terre, son sourire toujours aussi miroitant. Sa victime émit un gémissement pitoyable, qui exprimait probablement le regret et la préparation à la douleur. Puck était dans son élément : la domination de l'adversaire. Au moment où il abattit son arme, je n'eus aucun délai pour agir car un nouveau black-out m'enveloppa.


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Suite à ce second oubli de moi-même, je repris conscience. J'étais de retour dans l'appartement de mon oncle, allongé à plat ventre sur le sol du salon, face au canapé en cuir noir. Pour peu, on aurait pu croire que je m'étais pris une cuite, à l'instar d'un père Noël qui, en faisant la tournée des maisons, aurait bu son volume en alcool au passage. Dans un premier temps, je me relevai, de manière un peu trop brutale, chose que mon corps me fit payer. Des douleurs musculaires me traversèrent sans crier gare, comme si j'avais fait un jogging sans m'échauffer au préalable. Dans un second temps, j'allumai la lumière dans la pièce, celle-ci étant plongée dans le noir. Mes yeux accoutumés à l'éclairage, je pus me remémorer les derniers événements. Puck, les types qui voulaient lui refaire le portrait, ainsi que mes trous de mémoire. Je remarquai alors l'état de mes habits : couverts de poussière et froissés, un peu comme s'ils avaient été roulés en boule pour faire une partie de football sur un terrain vague.
L'assemblage de tous ces éléments me fit arriver à une conclusion, terrible et implacable :
« J'ai aidé Puck à tabasser ces personnes. »
La blanche réalité avait une fois de plus réussi à me figer sur place par sa puissance. D'un seul coup, je me sentis horriblement sale. Il fallait que je me débarrasse de cette crasse qui n'existait que dans ma tête. En réaction de quoi, je me dirigeai dans la salle de bains, en tâchant de ne pas faire trop de bruit. Il n'aurait plus manqué que je réveille mon oncle et que je lui explique pourquoi mes vêtements donnaient l'impression d'avoir servi à nettoyer l'appartement tout entier. La pièce était, comme toutes celles de l'appartement, spacieuse, et ce malgré la présence d'un double-lavabo, d'une large baignoire et d'une douche à l'italienne. Une fois la porte refermée, je ne perdis pas de temps pour envoyer voler mes vêtements et me glisser sous un jet d'eau chaude. Sous l'effet de la morsure ardente du liquide, mes muscles se détendirent. Passé le temps d'adaptation de ma peau à la température, je commençai à frotter minutieusement chaque parcelle de mon corps avec du gel douche. J'étais dans un complet état de fébrilité : il fallait que j'élimine toute trace du combat que j'avais dû livrer, ainsi que des coups infligés.
Dans le fond, étais-je comme Puck ? Quelqu'un qui aimait à la fois se battre et faire souffrir physiquement les autres. Après tout, j'étais un être humain, qui possédait une part de brutalité en lui, un désir de prouver sa supériorité à ses congénères et de se faire craindre. Qui sait si cette facette n'était pas enfouie en moi, pour se réveiller au moment où je ne m'y attendais pas. Tout portait à croire que je ne perdais pas connaissance lors de mes périodes de black-out. Était-ce parce que j'avais une double personnalité, à l'instar d'une pâle copie du Docteur Jekyll et Mister Hyde ?
En réalité, je ne savais plus du tout quoi penser. Mon esprit s'alourdissait de plus en plus au fil du temps avec ce genre de réflexions. Et l'explosion semblait le guetter.


Mon nettoyage terminé, je pus voir à quel point mon corps avait morflé ces dernières semaines. En me détaillant dans le miroir surplombant les lavabos, je constatai ma perte de poids et la fonte de mes muscles. Certes, pas au point d'avoir la peau sur les os, mais la différence était flagrante. Quant à mon visage, mes joues s'étaient un peu creusées et des cernes interminables se dessinaient sous mes yeux. En cet instant, je me trouvais effrayant, presque à la frontière de la vie et de la mort. Était-ce possible de changer autant en quelques semaines seulement ? La seule chose qui me permettait de voir que je n'étais pas encore un zombie étaient les bleus en formation sur mon abdomen, ainsi que le léger gonflement de ma joue gauche. Visiblement, je m'étais pris quelques coups aussi en plus d'en distribuer lors de mon passage à vide.
Une fois mes yeux détachés de mon reflet, je sortis de la pièce et me rendis dans ma chambre, une serviette autour de la taille. Dans ma frénésie de propreté, je n'avais pas pensé à prendre des vêtements de rechange. Par chance, ma chambre était située juste en face de la salle de bains. Puis, en me séchant et m'habillant, je me rappelai de son existence en la voyant posée sur le bureau. La clé USB. Celle qui s'était retrouvée dans ma poche à la suite du Salon des Avancées Technologiques. J'en avais presque oublié son existence, ou plutôt je préférais ne pas m'en souvenir. Ce qu'elle était susceptible de contenir m'effrayait un peu. Malgré cela, j'avais la sensation que le petit objet m'appelait. Il ne s'était pas retrouvé par hasard en ma possession. J'avais beau n'être qu'en mesure de deviner ce que je pouvais faire durant mes périodes de trou noir, je m'étais emparé de cette USB pour une raison précise. Raison que mon for intérieur me cria de découvrir dans l'instant. Je terminai d'enfiler mes vêtements pour dormir, puis me faufilai dans le couloir sur lequel ouvrait ma chambre. Ce fameux corridor, relié au salon, desservait les chambres, la salle de bains, mais également le bureau de mon oncle en son fond. Je jetai mon dévolu sur cette dernière pièce, dans l'optique d'y prendre un ordinateur portable. Manque de chance, elle était verrouillée. C'était une manie qu'avait mon tuteur depuis toujours, pour une raison qui m'échappait. Je fis donc volte-face pour retourner dans le salon, afin d'y récupérer le double de la clé de cette porte. Celui-ci se trouvait sur un support portatif adapté, juste à côté du petit cagibi proposé par la pièce. Un frisson incontrôlable remonta le long de ma colonne vertébrale à la vue du réduit. Il arrivait encore à me faire cet effet après tout ce temps, ce qui n'était pas pour me rassurer quant à ma capacité de maîtriser mes réactions.
Chassant ces mauvaises sensations de mon corps, je retournai à mon objectif premier. Il me fallut ainsi moins de deux minutes pour récupérer un des ordinateurs portables de mon oncle. Mon butin en main, je ne perdis pas une seconde pour sortir du bureau, le refermer, remettre la clé à sa place et laisser les espaces froids et inhospitaliers derrière moi.


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Pour consulter la clé tranquillement, je m'installai dans ma chambre, sur mon lit et adossé au mur, l'ordinateur sur les genoux.
Après avoir inséré l'objet dans le port adapté de la machine, je pus constater de la présence de trois dossiers. Le premier s'appelait Top secret, titre fort original. Dans une logique implacable, c'est celui-ci que je choisis de consulter en premier. Il contenait un nombre important de fichiers texte et vidéo portant des dates comme titre. Je cliquai sur l'un d'eux au hasard pour l'ouvrir. Le document s'ouvrit pour afficher une suite de 1 et de 0 sur une nouvelle fenêtre. J'avais beau ne rien y connaître en informatique, je compris que j'avais sous les yeux un cryptage. Cryptage que j'étais incapable de décoder. Tous les autres documents de ce premier dossier étaient dans le même état visiblement. Impossible pour moi d'en tirer quelque chose.
Je revins donc à mon point de départ et consultai le second dossier, intitulé Gardiens. Cette fois-ci, aucun document crypté, mais quatre vidéos de plusieurs minutes chacune étaient disponibles. Elles dataient d'un an et demi à deux ans en moyenne, et portaient des noms de personnes, que je reconnaissais pour trois d'entre elles.

Après être allé prendre mes écouteurs dans mon sac, je les connectai à l'ordinateur et les enfonçai dans mes oreilles. Je double-cliquai ensuite sur une des vidéos, nommée « Clément Bradley ». Elle dévoila une vue sur une pièce des plus neutres, probablement souterraine, aux murs gris-beige et avec pour unique meuble un fauteuil, ressemblant à ceux que l'on retrouvait chez les psychologues. Une personne y était assise, portant une de ces combinaisons de ski permettant de se virtualiser sur Tron avec un avatar universel. Il n'avait toutefois pas enfilé sa cagoule, ce qui m'apporta la confirmation qu'il s'agissait bel et bien du Clément que j'avais rencontré le jour de ma seconde virtualisation.
Une voix résonna hors-champ de la caméra au bout de quelques secondes :
- Clément Ray Bradley. Dix-sept ans. Recruté par notre réseau. Condition physique au-dessus de la moyenne. Confirmes-tu ces informations ?
Pas de doute, c'était bel et bien Tyron qui venait de faire cette énonciation. Quant à celui qui était interrogé, il se contenta de hocher la tête pour répondre à la question. Une nouvelle ne tarda pas à arriver :
- Quelles sont les motivations qui te poussent à faire cela ?
- La reconnaissance envers quelqu'un qui s'est sacrifié pour moi
, envoya le garçon.
Un silence fut perceptible suite à cette déclaration plus que mystérieuse.
- Tout est en règle, conclut Tyron. Nous allons pouvoir commencer l'expérience.
Le jeune homme enfila sa cagoule et s'allongea de tout son long sur le fauteuil, dans la position la plus confortable possible. Le scientifique se lança alors dans les explications :
- Avant de commencer, je vais t'expliquer en quoi vont consister les prochaines minutes. Ton « esprit » va être séparé de ton corps au moyen de la combinaison pour le réimplanter dans un monde virtuel, sous les traits d'un avatar pré-programmé. Cependant, extraire l'esprit d'une personne peut se révéler extrêmement violent pour son corps, même si le temps de la virtualisation, il entre dans un état inconscient. Si la procédure est un succès, tu te retrouveras sur un monde virtuel nommé Tron. La vue t'impressionnera certainement, mais je te demanderai d'essayer de te concentrer sur ton corps et uniquement lui. Il faudra que plus tard, lorsque je te le demanderai, tu sois capable de donner le maximum de détails sur ce que tu auras ressenti, mais aussi sur ta capacité de mouvement dans un nouveau corps. Le but étant d'appréhender un peu mieux le procédé de séparation spirituelle. Ton voyage ne durera que trois minutes, pour ne pas trop t'éprouver. C'est bien compris ?
Un nouvel hochement de tête, visible même avec la cagoule, confirma la réponse.
- Alors c'est parti. Virtualisation.
Un « Clac » significatif retentit. Le corps de Clément se détendit alors d'un seul coup. Puis vint l'attente promise de trois minutes, que je sautai en mettant l'avance rapide. Ce n'est qu'au bout de cette durée qu'une voix que je ne connaissais pas envoya :
- C'est l'heure de vérité. Est-ce que son corps va résister au retour de son esprit ? Ou va-t-il le rejeter ?
Un bruit de touche que l'on enfonce résonna dans la pièce. Durant un temps qui parut long, il ne se passa aucun phénomène notable. Ce n'est qu'ensuite que la main du testeur eut un mouvement. Puis ce fut sa tête, et enfin son corps tout entier qui se redressa sur le fauteuil. Le garçon retira sa cagoule : la pâleur qu'arborait son visage n'inspirait pas la fraîcheur ou la pleine forme. Il semblait aller relativement bien finalement, même si sa respiration paraissait haletante. Après tout, j'étais bien placé pour savoir que le retour dans le corps était difficile.
Sur un ton trahissant la joie, Tyron annonça :
- Clément Bradley. Treizième testeur. Premier à supporter le voyage dans la virtualité. Jeune homme, tu viens de faire un pas vers l'avenir. Mes félicitations.
La réplique marqua les dernières secondes de visionnage du média.

J'enchaînai ensuite sur le second enregistrement. Cette fois-ci, il concernait Puck, dans la même pièce que précédemment :
- Patrick Drake Swan, retentit à nouveau la voix récurrente de Lowel. Dix-sept ans. Recruté par recommandation d'un membre de l'équipe scientifique. Condition physique au...
- On s'en tamponne un peu de ce genre de détails non ?
coupa le blond. Vous voulez pas juste voir si vos fringues arrivent à m'envoyer faire un tour sur votre monde non ?
Il avait déjà complètement enfilé la combinaison propre aux ninjas. Seule sa stature imposante et le son sortant de sa bouche me permettaient de le reconnaître.
- Ne sois pas si impatient, réagit quelqu'un hors-caméra que j'identifiai comme étant le professeur Bernard. Il y a une procédure à respecter.
- Pas de souci
, dit Tyron en calmant le jeu. Nous allions justement débuter.
S'ensuivirent les mêmes étapes que dans la séquence précédente soit l'installation dans le fauteuil plus envoi de l'esprit sur Tron. Passèrent à nouveau trois minutes, qui marquèrent le retour de Swan. Tout comme Clément, il se redressa en quelques secondes et enleva sa cagoule. Son air à lui donnait l'impression qu'il revenait d'une balade de santé, contrairement à celui qui y était arrivé en premier. Le sourire qui barrait le visage du blond se voulait désinvolte. Il avait presque l'air déçu par ce qu'il venait de faire.
- C'est pas mal, commenta-t-il. Mais j'ai connu mieux côté sensations fortes.
- On l'a vraiment virtualisé ?
demanda Bernard, perplexe.
- Il semble que oui, répondit la voix inconnue.
Tyron fut le dernier à réagir :
- Intéressant. Je sens qu'on est sur la bonne voie. Ou qu'on a récupéré un élément très précieux.
- Alors, quand est-ce que je pourrais combattre là-bas ?
interrogea Puck.
- Bientôt, assura Lowel. Il nous reste encore une ou deux personnes comme toi à recruter et on pourra passer aux choses sérieuses. En attendant, bienvenue parmi nous.
Une fois encore, les images cessèrent de se diffuser à partir de la réplique du scientifique.

La troisième vidéo relatait la première virtualisation de Sally. Contrairement aux précédentes, Tyron ne suivit pas la même procédure pour les questions :
- Tu es vraiment sûre que tu veux le faire ma chérie ?
- Bien sûr que oui !
répliqua-t-elle. Je veux te donner un coup de main dans tes recherches, alors j'essaye la virtualisation, c'est normal. Et au moins, ça me donnera des occasions de te voir plus souvent.
- Le système n'est pas fiable à cent pourcents. Je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose de mal.
- Envoie
, trancha-t-elle en enfilant sa cagoule et en s'installant sur le fauteuil.
Et c'est ce qu'il fit. Le laps de temps habituel plus tard, Sally était de retour à la surface. Dès qu'elle se mit debout, son père vint la serrer dans ses bras en déclarant :
- Je suis fier de toi. Tu es la troisième personne à être compatible. Mais plus important, la première fille.
Elle profita de l'accolade pour retirer son masque, révélant son visage légèrement pâle et en nage.
- Je t'avais dit que j'y arriverais du premier coup, envoya-t-elle.
La séquence s'acheva sur ces mots.

Puis arriva la dernière, portant le nom d'un certain « Sam Vilaing », qui se déroulait toujours dans le même décor. Le garçon en question était physiquement un gringalet, paraissant aussi fragile qu'une brindille. Pourtant, son regard concentré trahissait une détermination aussi puissante qu'un rayon laser. Après l'habituelle procédure de présentation/questions, l'heure de la plongée vers Tron arriva. Contrairement aux trois autres virtualisations auxquelles je venais d'assister, celle-ci se déroula différemment. Au bout de dix petites secondes, le corps du testeur se mit à convulser violemment.
- Et merde ! envoya alors Tyron.
Bernard et un scientifique que je n'avais jamais vu débarquèrent alors aux côtés du garçon, tentant comme ils le pouvaient de l'aider. Mais il était déjà trop tard. Une poignée de secondes supplémentaire après leur arrivée, il s'arrêta de lui-même. Son bras droit retomba mollement dans le vide bordant le fauteuil. Une des deux personnes enleva sa cagoule à Sam et tâta son pouls. Les lumières de la pièce se reflétaient sur les yeux révulsés du garçon. Sa bouche était même restée ouverte. Bernard se plaça face à la caméra et secoua la tête.
Suite à un silence qui en disait long, Tyron se mit à parler :
- Sujet numéro cinq. L'enveloppe charnelle n'a pas supporté l'extraction de l'esprit. Il s'agit du premier cas dont le corps n'avait pas subi d'entraînement sportif poussé. Peut-on en déduire qu'une condition physique optimale est nécessaire au bon déroulement de ce mode de virtualisation ? Alors que les précédents cas au physique plus qu'excellent n'ont pas résisté ? À moins qu'un facteur inconnu n'entre en jeu ici... Dans tous les cas, le système d'extraction est à repenser. La séparation corps/esprit est soit trop violente, soit complète et nous nous retrouvons avec un légume. Même si nous n'avons eu qu'un seul cas pour cet effet-là. Tout reste encore à faire.
Sa voix donnait vraiment l'impression qu'il prenait des notes en observant un phénomène banal. L'enregistrement s'arrêta suite à cette réplique.

Cette unique vidéo prouvait que l'homme qui m'envoyait régulièrement sur un monde virtuel depuis près de huit semaines n'avait aucun scrupule à ce qu'une personne meure pour ses recherches. Et ses paroles laissaient entendre qu'il y avait eu d'autres morts/victimes.
Malgré tout, durant cet instant, peu m'importait ce qu'avait commis Tyron par le passé. La vision du corps sans vie de Sam était restée inscrite sur ma rétine. Son regard vide, l'écume légère qui bordait ses lèvres, ainsi que son expression figée m'avaient fait un électrochoc.
Heureusement pour moi que j'avais l'estomac quasiment vide, sinon il n'aurait pas été exclu que je vomisse.


Avec ce que je venais de voir, l'envie d'éteindre la machine se fit pressante. Je parvins néanmoins à me contenir. Il fallait que j'aille au bout et que je consulte le dernier dossier, nommé Projet Éole. Un double-clic plus tard, huit documents apparurent sur mon écran, portant en nom des numérotations allant de Premier à Sixième. Les deux derniers se nommaient respectivement Rapport sur la virtualisation et Sans nom.
Décidant d'y aller logiquement, je consultai le fichier qui se nommait « Premier ». Un document s'ouvrit, une fiche d'identité plus précisément. Elle concernait un certain Valentin Masson, âgé de seize ans selon ce qui était écrit. Aucune photo me permettant de le décrire n'était présente. Je me contentai des informations offertes par le texte. Celles-ci étaient plutôt succinctes, se divisant en plusieurs catégories : nom, prénom, âge, avatar, pouvoir(s) de l'avatar, état, ainsi que divers renseignements personnels. La présence du mot « avatar » me fit sourciller. Ce n'était certainement pas un ninja puisque sa fiche était dans une catégorie à part. Je ne perdis donc pas de temps pour consulter les sections en question, les données privées du garçon ne m'intéressant pas. Son apparence virtuelle était désignée comme celle d'un loup-garou bipède au pelage gris bleuté. Quant à sa faculté, elle consistait à traverser les éléments du décor, s'y infiltrer et se déplacer en leur sein. L'image de Sally se fondant dans le sol s'imposa alors à moi. Était-ce un pur hasard qu'il possède un pouvoir similaire à celui des gardiens du noyau de Tron ? Pour achever ma consultation de la fiche, je jetai un œil à la catégorie « état ». Il était marqué : mort par arrêt cardiaque le 21/04/2012 au cours de sa seconde virtualisation.
Je dus relire plusieurs fois pour être certain que je n'avais pas rêvé. Ce n'était malheureusement pas le cas. Ces mots étaient bel et bien sous mes yeux, aussi froids que de la glace. Après avoir encaissé le coup, une question me vint à l'esprit : que signifiaient les données sur cette personne ? Un début d'hypothèse commença à prendre forme dans ma tête, qu'il me fallait confirmer en lisant les autres documents.
Le « Deuxième » était une fille d'une vingtaine d'années : Mathilde Ducroc. Étrangement, son nom résonnait dans ma tête. Je l'avais probablement déjà entendu quelque part, mais impossible de remettre le doigt dessus. Notant l'intuition dans un coin de ma tête, je consultai son profil. Elle avait un avatar d'archère qui lui offrait la capacité d'invisibilité absolue. Non seulement elle pouvait se dérober à la vue d'autres êtres virtuels, mais les radars ne pouvaient la repérer. Elle était également capable de générer autour de son corps un champ de force protecteur qui pouvait la protéger de la pression de la mer numérique.
Instantanément, le souvenir de Puck remonta dans mon esprit. Pour s'infiltrer sur le monde virtuel de la bande à Yumi, il avait déployé des pouvoirs semblables, pour ne pas dire identiques. La fin du document indiquait : présumée décédée le 04/06/2012. Chute accidentelle dans la mer numérique lors de la troisième virtualisation. Des interférences électromagnétiques ont empêché son pouvoir de s'activer correctement. Son esprit n'a pu être retrouvé. Cette fois-ci, j'encaissai plus facilement la mort de cette troisième personne. Ma désensibilisation commençait à s'effectuer, comme lorsque l'on regarde le journal télévisé relater de tragiques nouvelles alors que l'on déguste son repas, l'air de rien. À l'inverse, mon envie de ne pas en lire plus grimpait. Malgré cela, je continuai sur ma lancée.
La troisième personne relatée se nommait Audrey Tessier. Dix-huit ans et une apparence virtuelle de combattante. Elle était capable de courir à une vitesse hors du commun, comme Puck lors de sa filature. À ce stade, la surprise commençait à perdre son emprise sur moi, notamment lors de la consultation de l'état de la fille. Elle était morte d'un arrêt cardiaque dès son second voyage dans la virtualité, le quatorze août deux mille douze.
Le « Quatrième » était une fille de dix-neuf ans. Elle s'appelait Mélanie Flemming. Son avatar était celui d'une sorcière armée d'une baguette magique. La section pouvoir m'apprit que son arme pouvait lancer en tout et pour tout trois sorts. Le premier offrait la possibilité de soumettre un autre avatar à sa volonté et ses désirs. Le second lui permettait d'insuffler chez la victime la sensation de douleur, alors que celle-ci n'existait normalement pas sous forme virtuelle. En plus de cela, celui qui se faisait toucher se voyait plongé dans une souffrance insoutenable. De la torture en somme. Les mots « à utiliser avec prudence » figuraient à côté de la mention de la faculté. Le dernier sort était décrit comme étant un rayon d'encodeurs qui, au contact d'un avatar humain, détruisait purement et simplement une chose appelée « code source ADN ». En bonus, l'avatar en question perdait tous ses points de vie. Sur un avatar dont l'esprit seul est virtualisé, le premier effet ne peut s'appliquer, puisque ne possédant pas de codes source ADN. Néanmoins, toucher un avatar en possédant avec le rayon équivaudrait à le tuer purement et simplement, avait été ajouté en note.
Pour une fois, je n'avais vu aucun de ces pouvoirs ailleurs. À moins que je ne sache pas tout sur les avatars de Sally et des autres, ce qui était fort probable. Quant au décès de Mélanie, il s'est produit le jour de sa quatrième virtualisation, le trente et un septembre de l'année précédente. Par arrêt cardiaque également.
En ce qui concerne l'avant-dernier, il s'agissait d'un jeune homme. Son nom évoquait largement des origines asiatiques : Hideo Takahashi. Quinze ans, soit le plus jeune du lot. Sur Tron, il était un samouraï en armure. Il ne possédait pas de pouvoirs spéciaux mais son habileté à manier ses deux sabres était apparemment surnaturelle. Étrangement, il était écrit que le garçon n'avait jamais pratiqué d'art martial ou manié d'épée de sa vie. On pouvait donc considérer cela comme un pouvoir. Encore une fois, une capacité dont les ninjas n'étaient pas dénués était citée. Le fichier s'achevait par la mention : décès par arrêt cardiaque le 13/11/2012. Trois virtualisations au total.
En cliquant sur le fichier « Sixième », je découvris avec une surprise peu marquée une fiche sur moi, enfin, mon avatar plutôt. Le reste concernait celui dont j'avais pris l'identité, Léo Chevalier. Je ne m'y attardai pas.

Tout était sous mes yeux. Je n'avais pas été le premier à tester le casque de Tyron, comme Hope me l'avait affirmé. Je n'étais qu'un cobaye qui testait un moyen de se rendre dans un monde virtuel. Et j'étais destiné à terminer comme mes prédécesseurs. Finalement, dans quel but mourrions-nous ? Était-ce vraiment pour faire avancer la recherche scientifique, comme Sally me l'avait dit en début de soirée ? Ou bien la raison m'échappait complètement ?
Invoquant le courage qu'il me restait, j'observai à nouveau chaque document afin d'y voir un peu plus clair dans cette histoire. Cela me permit de remarquer un lien entre toutes ces personnes, en plus de leur état. Presque toutes étaient décédées d'un arrêt cardiaque, chose qui avait failli m'arriver quelques semaines plus tôt. De plus, chaque adolescent – même le vrai Léo – avait une situation familiale similaire : pas de parents, passage d'une famille d'accueil à une autre, et compagnie. Visiblement, un des critères de sélection pour tester le casque était de ne pas avoir d'attache ou personne pour s'inquiéter en cas de disparition. Peut-être que le but était de renouveler plus rapidement les testeurs et d'éveiller moins facilement les soupçons autour de leurs expériences. Pour couronner le tout, certaines capacités ou pouvoirs des avatars des cobayes se retrouvaient chez les avatars des combinaisons. Était-ce là notre utilité ? Fournir l'imagination nécessaire à la création de pouvoirs virtuels difficiles à créer soi-même ?
À ce stade, je ne pouvais qu'émettre des suppositions. Trop d'éléments du mécanisme m'échappaient, ce qui se traduisait par un sentiment de frustration en moi, mêlé à de la colère, celle d'avoir été aveugle autant de temps.


Il ne me restait plus qu'à consulter les deux derniers documents. Avec ce que je venais d'apprendre, rien n'aurait pu faire grossir l'énorme boule que j'avais dans le ventre. Sans titre était également crypté, me faisant directement passer au Rapport sur la virtualisation. Un ultime texte s'afficha. Je le lus dans un murmure régulier :

« L'envoi d'un être humain dans une réalité virtuelle est un procédé complexe. Pour y parvenir, deux options de virtualisation sont envisageables : physique ou spirituelle. La première consiste à désintégrer le corps de la personne pour le réassembler dans le monde virtuel. Malheureusement, nous n'avons pas encore les moyens techniques et technologiques d'y arriver. Nos recherches se sont orientées vers la seconde option. Deux modes de virtualisation de la partie consciente d'une personne – que nous nommerons esprit – ont ainsi été créés.
Le premier se fait via une combinaison améliorée. Il suffit qu'une personne s'en vêtisse pour qu'en une pression de touche, son esprit soit virtualisé. Néanmoins, les premiers essais ont mis en lumière un élément des plus problématiques : lors de la procédure, l'esprit est arraché de son enveloppe charnelle, d'une manière si violente que tous ne peuvent y résister. Par la suite, il s'est avéré que des prédispositions aussi bien physiques que psychiques étaient requises pour tenir le choc. Si pour les premières, il est assez facile d'y remédier, les secondes en revanche, sont complètement imprévisibles. L'hypothèse actuelle est que la résistance à l'extraction de l'esprit soit une capacité innée. Un second problème a aussi été mis en lumière : cette procédure est gourmande en énergie.
L'autre moyen de se rendre dans la virtualité est un casque. La personne à virtualiser n'a qu'à le placer sur sa tête pour pouvoir partir. L'extraction de l'esprit est ici plus douce, permettant ainsi à n'importe quel individu d'être transféré. Cette méthode présente malgré tout deux défauts. Premièrement, l'esprit virtualisé et le corps resté sur Terre gardent une sorte de lien sensoriel. Affecter le corps physique touche également l'avatar virtuel. Le contraire n'a encore jamais été observé. De plus, à long terme, l'utilisation du casque possède des effets secondaires non-négligeables. Nausées, vertiges, agressivité, perte d'appétit, dépression nerveuse, paranoïa exacerbée, insomnies, prise de goût au danger et à la virtualisation ont déjà été dénombrés. D'autres sont à prévoir. Deuxièmement, tout utilisateur du casque finit par décéder, ce qui se révèle être un frein à une possible démocratisation. Aucun testeur n'a fait exception. Malgré tout, ce système présente l'avantage de ne consommer que peu d'énergie.
Comme il est possible de le constater, ces deux procédés sont diamétralement opposés. L'un n'est pas utilisable par tous, consomme une quantité d'énergie notable et ne présente aucun risque pour la personne en cas de compatibilité. L'autre est accessible à n'importe qui tout en consommant très peu. En contrepartie, elle a des effets secondaires indésirables sur le long terme pour l'utilisateur qui vont jusqu'à la mort – aucun cas n'ayant survécu pour le moment. C'est pourquoi les deux modes de virtualisation sont constamment améliorés en parallèle. L'objectif final est de trouver un équilibre entre eux : l'accessibilité, la sécurité et l'économie énergétique. »


Je retirai la clé du port USB et refermai le clapet de l'ordinateur d'un coup sec, ne pouvant en voir plus. Toutes ces révélations m'avaient chamboulé. Une chose était certaine : le camp dans lequel je me trouvais semait la mort autour de lui. J'ignorais encore ce qu'il en était pour les autres, mais c'était le dernier de mes soucis. Ce que je venais d'apprendre m'avait suffisamment effaré.
Je voulais connaître une partie de la vérité. Et elle s'était révélée, déployant sur moi ses impitoyables épines de sang.


À suivre : Imprévu


Dernière édition par Zéphyr le Sam 15 Oct 2022 22:28; édité 42 fois
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Ikorih MessagePosté le: Dim 16 Mar 2014 21:58   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Surprise. Aha, c'est fort I....Merde, merde je trouve plus la fin de mon mot Surprised Il est cassé, il sort plus! On s'en est trop serviiis! HELL.
Ikorih jette donc son interrupteur à I... (ah ouais ça marche vraiment pas) et se reconcentre sur le chapitre, son Word sous le nez.

Premier point. Il est minime mais il m'a frappée très profondément (il était I...) : on a vu Chris réviser sa SVT! C'est du lourd. Je commence à me demander si le casque n'a pas altéré sa personnalité pour le transformer en Laurent avec l'assistance de Laura. Oui, c'est ça, puisque tou le mond sé ke lora C 1 agant de Tirone. J'ai percé ton complot à jour.

Deuxième point. Ta fic prend une dimension moraliste (ça se voit tant que ça que j'ai eu contrôle de français sur le 17ème?) et un peu évangéliste sur les bords puisque tu nous répand la bonne parole de façon très subliminale. A tout hasard, l'Engrenage nous apprend que les gens qui parlent au cinéma c'est le mal, mais aussi qu'il ne faut pas faire confiance aux clichés. Ils sont tous soufflés net. Alors j'ose pas imaginer la probabilité pour qu'une scène clichée avec des gens qui parlent au cinéma ait lieu dans ta fic. Probablement proche du néant, voire "évènement impossible"!

Troisième point : Oh, un Puck.
Spoiler

Donc bah il gère. Franchement, ce perso me plaît beaucoup. Il est énergique et puis il est cool. Bon, mauvais point, il est blond, les roux gèrent plus, mais soit. Tiens, d'ailleurs, il semblerait que Chris ait eu un blackout. Faudra qu'il se soigne, un jour...

Quatrième point. Petit papa Noël toi qui descend du ciel, retourne-y vite fait bien fait avant que jte colle une droite, avant qu'j't'allonge une patate que jte fasse une tête au carré (Shaka approuve ce message)

Transition après toute cette propagande I....
"Oh, le retour de la clé USB! On l'avait oubliée!
-Mouahahaha. Je suis Xa...la clé USB."

Cinquième point. Nous avons déjà précédemment cité que Puck gère, mais ce qui gère aussi, c'est les deuxièmes prénoms! Et bien sûr, celui de Puck est le meilleur de tous. Parce que les roux c'est super. Enfin, je l'ai sûrement déjà dit plus haut, non? Mais ça colle tellement bien au profil de demi-psychopathe violent de Puck! Mr. Green

Sixième point. On va rester dans le registre Gone. Après tout, c'est une très bonne série avec un très bon personnage mythique. Mais hélas, dans Gone, on en a des moins bons. Genre, des Sam. Heureusement la justice est rétablie ici. Ils sont vilains, et ils sont morts.
D'ailleurs, j'ai noté qu'il portait le numéro 5 et pas 4. Cela signifierait-il que on a loupé une vidéo? Si oui, est-elle importante?
Spoiler


Septième point. (Oh non, je vais faire que sept points. Pardon moi. Pardon.) L'origine des pouvoirs des ninjas est une magnifique suggestion de ta part. Tellement plus glauque que ce qui était possible d'imaginer. I.... Honnêtement, j'adore. Ce qui est dommage c'est qu'une MANTA est morte pour ça. Mais si la sœur de Ducroc est impliquée, son frère sait peut-être un truc!
Toujours est-il que pour finir, je dois ouvrir mon sujet. (Français, français, me voilà) Je vais donc proposer une hypothèse : Chris va-t-il en parler à Sally?

Voilà. Un com plein de références. Un beau com com j'en avais plus fait depuis longtemps. C'était assez I...que je fasse un truc aussi développé. Sois heureux.
Ikorih va se racheter un buzzer à Imprévus. Attendez, mais il remarche!
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Icer MessagePosté le: Lun 17 Mar 2014 10:56   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
Yeah, enfin, le fameux ! Tout comme Abysses, merci pour l'excellente lecture dans le train, je ne pouvais pas rêver mieux.
Ce chapitre était franchement excellent. Il serait inutile de répéter Ikorih mais à l'instar du dernier chapitre de Tyker je sens l'énorme travail fourni derrière, et donc, ça gère.
La découverte des décès précédents donne une nouvelle dimension à l'Engrenage : Après les amis "méchants" de Chris (Le camp Tyron) et ses ennemis "gentils" (Les LG), voilà qu'il doit également composer face à son propre camp, sachant que le lien avec les gentils était déjà en cours de construction à cause de Laura (Qui ne se fera jamais virer comme une merde de la bande vu que tu ne comptes pas le 22, c'est l'évidence même).

Vivement la suite !

P.S : Je dédicace la scène du 16ème arrondissement à Nicolas Sarkozy et bien sûr à ma grand-mère Mr. Green

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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