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[Fanfic] Abysses [Terminée]

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Ikorih MessagePosté le: Sam 06 Sep 2014 14:26   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Spoiler


Chapitre 29 : Un allié de perdu...


Le sous-sol de Krystalcore. Un dédale de cachots dignes des plus sinistres donjons. La pierre noire, parsemée de veinures violacées. Des grilles de cristal coupant. Certaines geôles laissaient penser qu’on s’en servait pour garder les loups robots. Mais ce n’était pas ça qui intéressait Steven, Wreck et Dorothée. Ils étaient là pour détruire le cœur du monde virtuel et mettre un terme aux agissements du loup de Rome. Pour arracher définitivement la racine qu’Urbe avait plantée dans la virtualité.
Le canon prismatique avait réussi à percer les enceintes et avait regagné le dos de son propriétaire. Ce dernier (le propriétaire, pas son dos, bien entendu) observait les environs avec un intérêt non dissimulé.
-Tu veux faire refaire les prisons de Carthage ? ironisa Dorothée pour le tirer de ses pensées.
-Très drôle.
Elle n’ajouta rien pendant un moment. Steven ouvrait la marche et n’était pas beaucoup plus bavard. Stella avait été dévirtualisée pendant la suite des opérations. Mais peu importait. Ils allaient accomplir leur mission avec brio, cette fois.
-Qui va le détruire ?
La question émanait une fois encore de Dorothée. Mais elle méritait d’être posée. Et d’avoir une réponse, ce que Steven donna.
-On doit aller vite. On ne va pas s’embêter à monter le canon prismatique. Ça se joue entre toi et moi.
-Fais-le, alors. C’est toi qui a le plus de raisons d’en vouloir à Urbe, tu le mérites.
Il hocha la tête. Le problème étant réglé, le silence revint.
Un autre escalier se présenta à eux. Lorsqu’ils le descendirent, ils découvrirent une salle basse de plafond, assez petite au demeurant. La seule chose qui s’y trouvait était une grosse boule lumineuse entourée d’une pyramide en cristal violet.
-Regardez ça. Je crois qu’on l’a trouvé.
-Il y a une barrière de…
Dorothée s’arrêta. La pyramide clignotait. Plus précisément, elle clignota puis s’effaça, laissant le cœur complètement vulnérable.
-Ok j’ai rien dit.
Elle et Wreck s’arrêtèrent, laissant Steven marcher jusqu’à l’objet virtuel. Il leur jeta un regard (Steven, pas l’objet) puis lança :
-Régie, faut dévirtualiser les deux-là d’abord. Ensuite moi, et je détruirai le cœur au dernier moment.
Wreck et Dorothée furent donc recatapultés au scanner. Steven prit quelques secondes pour s’accorder un sourire triomphal en attendant le signal de l’opérateur, avant de porter un unique coup.

-Mais quelle bande d’idiots ! grognai-je.
La destruction de Krystalcore était donc confirmée. Les agents de Carthage étaient arrivés à rayer le monde virtuel du réseau. Sauf qu’ils venaient juste de rendre Wolfy inaccessible. Il était encore là, dans Kiwi, prêt à ressurgir, et maintenant on ne pouvait plus se translater pour le buter proprement.
Frustrant.
Mais je n’eus pas le temps de râler. Laura regardait tout autour d’elle, et gémit d’une petite voix anxieuse :
-Où est papa ?
Ah oui, on avait perdu Odd. Comme si on avait besoin de ça en plus du reste.
-Il a dû partir faire la gueule quelque part à cause de son orgueil froissé, j’imagine. On le retrouvera.
Drake se permit une intervention.
-Je l’ai vu sortir. Il n’avait pas l’air d’aller bien.
-Je peux aller le chercher ? chouina la gamine.
Je n’aimais pas l’idée de la laisser sortir. Carthage voulait cette môme après tout, ne serait-ce que parce qu’elle leur avait échappé. Mais en même temps, c’était désert…
Je n’eus pas le temps de finir de méditer mon avis.
« Je l’accompagne. »
Ce n’était pas une question. Xanadu jaillit hors de moi pour se fondre dans le corps de Laura. Elle sourit et sortit en courant un peu trop vite pour un enfant normal.

Je ne savais pas trop ce qui m’avait pris. J’avais spontanément forcé la main à Xana pour filer un coup de main à Laura. Une prise d’initiative inhabituelle de ma part, mais pas désagréable. Et puis cette gamine méritait que je l’aide, non ? Elle avait assez souffert, sans le savoir. Odd ne lui avait jamais dit, pour sa mère. Il allait être temps, à un moment. Mais pas maintenant.
Laura fouilla d’abord le manoir de fond en comble, utilisant les capacités de xanatifiée que je lui conférai. Aucune trace d’Odd. Alors elle commença à chercher dehors, dans un périmètre relativement large autour du manoir. Mais rien.
Ça devenait inquiétant.
« Où il est ? »
« Je ne sais pas. Tu veux qu’on aille demander à Xana ? »
Elle haussa les épaules, visiblement indifférente à l’option que je lui proposais. Cette enfant était un mystère sur pattes. Je pris donc l’initiative de la remmener à l’intérieur pour parler à ma patronne.
Changeant d’organisme une fois encore, j’engageai le dialogue (chose tellement inhabituelle chez moi).
« On ne le trouve pas. On a cherché partout. »
Elle ne dit rien, réfléchissant.
« J’aurais une théorie à émettre. »
« Laquelle ? »
« Il s’est suicidé. »
Je restai silencieux, priant intérieurement pour que ce soit faux. Si Odd était mort, Laura était définitivement orpheline. Seule au monde, vu l’état dans lequel était son frère.
« Comment en être sûrs ? »
Intérieurement, je me disais « Comment se prouver le contraire ? » mais Xana ne voyait pas les choses sous cet angle.
« S’il s’est suicidé, je pense deviner où il l’a fait. »
Xana sortit du labo, puis du manoir, suivie timidement par Laura. Elle s’avança vers les falaises, sous le ciel gris d’Ecosse, et jeta un œil en contrebas. Les rochers noirs se découpaient dans l’eau, avec leurs auréoles blanches qui tentaient de nous persuader de leur innocence.
« Tu vois un truc qui pourrait confirmer ? »
Xana resta silencieuse quelques instants, puis désigna le coin d’un rocher. Un bout de tissu violet y était accroché, miraculeusement épargné par les vagues.
« D’autres questions ? »
J’étais un peu sous le choc. La confirmation de nos craintes, là, sous nos yeux. Xana ne laissait rien transparaître de ce qu’elle pensait, même à moi. Laura, derrière, tendit le cou pour apercevoir quelque chose et resta muette de stupeur. Non, d’effroi.
Et puis elle tomba simplement à genoux, les yeux rivés sur ce bout d’étoffe. Ce bout qui n’avait pu appartenir au vêtement que d’une seule personne.
« Si ça se trouve, il a dû sauter neuf fois pour mourir. »
Ce fut le seul commentaire de Xana qui tourna les talons pour repartir vers son repaire avec l’ordre implicite que je l’accompagne. Je me transférai chez Laura, bien résolu à rester avec elle le temps que ça aille mieux. La patronne me jeta un regard indéfinissable, puis s’éloigna.

Quel bordel.
Carthage faisait n’importe quoi et détruisait le seul moyen de se débarrasser définitivement de Wolfy (et ce en croyant bien faire hein, attention). Ensuite Odd se suicidait. C’était la descente aux enfers. Le gros chaos. Tout partait en vrille et je ne contrôlais plus rien.
Alors que je me dirigeais vers le labo, Drake me rentra dedans.
-Ah, euh, je te cherchais. On a une transmission. Enfin, un truc qui veut entrer en contact avec nous.
Qu’est-ce que je disais, déjà, sur le gros chaos ?
-Génial.
Je le dépassai et filai m’asseoir sur la chaise de l’opérateur. La fenêtre de communication était ouverte, et un simple message y figurait.
-Je veux parler à XANA.
Je notai l’emploi de l’orthographe tout en majuscule. Il n’y avait qu’un programme pour se montrer aussi cérémonieux. Un seul.
-C’est moi, Xanabis.
-Carthage ne fait plus attention à moi.
Ah, le début de la crise existentielle.
-J’ai abaissé les barrières de protection du cœur de Wolfy en piratant les systèmes, ils n’y ont même pas fait attention. Ils ne savent pas que je ne suis plus sur Lyo. Ils m’ont abandonné.
De plus en plus intéressant. A ce rythme-là, il allait demander à rejoindre mon camp, ce qui serait assurément plus simple pour la suite.
-Alors j’ai repensé à notre conversation. Sur XANA. Et puis je me suis dit que tu avais raison. XANA n’a pas de maître. Donc tu es XANA.
J’aime quand les choses se passent comme ça, bon sang.
-Mais si toi tu es XANA, je ne le suis pas. Alors je suis quoi ?
-Je te l’ai dit. Tu es Xanabis, le deuxième XANA.
-D’accord.
Vraiment, cette conversation n’aurait pas pu mieux se dérouler. Il était temps de le pousser un peu.
-Tu es venu me voir juste pour me dire ça ?
La réponse eut un petit délai.
-Non. Je veux détruire Carthage, moi aussi.
Et voilà. Ma prédiction s’était avérée exacte, j’allais gagner un nouvel allié complètement fanatique et assurément puissant. Ça suffisait à enlever l’épine que la mort d’Odd m’avait foutue au pied. Odd, mort…ça sonnait bizarrement. J’avais voulu voir ça pendant des mois et maintenant que ça arrivait enfin, je le regrettais. Il m’était utile.
C’était tout. Pas d’autre raison. Un programme ne s’attache pas aux gens.
-Alors nous sommes alliés ?
La confirmation ne tarda pas. Nous étions maintenant fixés. Un léger sourire flotta sur mon visage. Les choses allaient sans doute se simplifier. Avec un programme en plus, on pouvait faire beaucoup. Déjà, des ébauches de plans me vinrent. Il allait falloir en discuter avec Xanabis, mais la destruction de Carthage devenait beaucoup plus accessible. Et celle de mon sale petit symbiote aussi.
Ah, il fallait que je le mette au courant.
-Sur Krystalcore, tu as ressenti la présence d’un autre programme ? A part Wolfy ?
-Il y en avait un ?
-Oui. Il se fait passer pour les autres, un peu comme un caméléon. Je ne sais pas vraiment ce qu’il cherche à faire, mais il doit être détruit aussi.
-Pourquoi ?
-Seul XANA doit régner.
L’argument était tellement facile à lui balancer. Puisqu’il me considérait comme XANA, ou du moins ce qui s’en approchait le plus, il allait m’écouter. J’avais gagné ce côté quasi-divin. Et être un dieu avait beaucoup d’avantages, à commencer par tous ceux qui étaient prêts à se prosterner devant vous et à faire vos quatre volontés. Beaucoup de guerres sanglantes avaient éclaté à cause de la religion.
D’ailleurs, à bien y penser, ce point me chiffonnait un peu. Les religions étaient un truc d’humain. Voir un programme se comporter de la même façon, ou presque, était dérangeant. On était censés être au-dessus de ça, être plus intelligents que l’humain. Ou du moins, avec une intelligence différente, fondée sur la raison, et libérée de toutes ces contraintes superstitieuses.
Mais non en fait. Là c’était différent. La vénération de Xanabis était tournée vers un programme qui avait existé à coup sûr, dont on avait une preuve du passage. Un programme parfait, qui méritait cette vénération. Un peu comme si on avait des preuves de l’existence de Dieu en somme. Alors oui, XANA pouvait devenir le dieu des programmes. Parce qu’il était rationnel, à leur image, et tout puissant. C’était ça…
Bon sang. La façon dont je parlais était en train de me faire définitivement admettre que je n’étais pas XANA. Parler de soi à la troisième personne… Décidément, cette idée était bien ancrée. D’un autre côté, elle était sans doute vraie. J’avais passé quinze ans dans le monde des humains, sous une forme humaine. Une forme assez éloignée de celle d’un programme. Alors oui, j’avais la mentalité, l’esprit froidement rationnel. Mais il était de plus en plus corrompu par des sautes d’humeur, des émotions en somme, qui ne seraient jamais arrivées chez un programme. Désormais, XANA n’existait plus. Ce n’était plus qu’une image que l’on brandissait. Une image efficace, bien sûr, mais une image quand même. C’était désolant. Vraiment.
Et au fond, j’étais un peu comme Xanabis. Je poursuivais l’idéal d’être XANA, en m’en éloignant un peu plus à chaque fois. Et je n’avais pas capté ça avant de discuter avec lui. Lui que je considérais comme une misérable copie de XANA, avant. Quelque chose de stupide, altéré par les humains et incapable de penser de façon intelligente.
J’avais eu tort. Il y avait vu plus clair que moi sur certains points. Et pourquoi ? Parce qu’il avait regardé de façon rationnelle et objective. Il ne s’était pas laissé détourner par ce qu’il aurait voulu voir. Et au fond, oui, il avait été modifié par des humains…mais le juger sur ça, c’était oublier que tout à l’origine, c’était un humain qui avait créé XANA. Un misérable humain qui pouvait pourrir dans le cimetière des programmes, mais un humain quand même.
Ce qui avait défini XANA, c’était sa capacité à s’éloigner de son créateur en se forgeant sa propre personnalité. Sa conscience. Et je me devais de constater que ce programme, encore un peu naïf, voulait se débarrasser de ses créateurs et avait ce début de personnalité.


Je ne savais pas quoi faire, ni dire.
L’esprit de Laura avait été déserté par les souris. Il ressemblait à un grand vide. Un trou noir. Le choc. Et puis autour du trou noir, quelques nuances d’un bleu grisâtre. La tristesse. Et puis la solitude. D’autant plus profonde qu’elle était entourée de tout ce noir.
Et face à ça, je ne savais pas comment réagir. La moindre parole de réconfort semblait dérisoire. Je ne pouvais que contempler.
Elle ne pleurait pas. On était au-delà des larmes.
Je pensai à Yumi, un instant. J’en eus mal au cœur. Elle avait peut-être au fond d’elle la petite lueur d’espoir de revoir sa mère vivante. L’espoir qu’elle vienne la réconforter. Mais sa mère ne viendrait jamais. Et je ne savais pas si je devais arracher cette petite pousse d’espoir tout de suite, avant qu’elle n’enfonce trop ses racines, ou si je devais attendre pour ne pas l’écraser sous le chagrin.
« Laura ? »
Elle ne me répondit pas. Elle ne réagissait plus.
Et les mots étaient vraiment de trop, ici. Si pleins de sens qu’ils soient, ils n’étaient plus capables de rien. On était dans le domaine des émotions et sensations trop fortes pour eux. Ce domaine qu’ils tentaient de décrire en usant des termes les plus complexes, les plus recherchés, des tournures les plus subtiles, des formes les plus réfléchies, mais qu’ils ne faisaient qu’effleurer du bout du doigt.
On ne pouvait pas décrire la tristesse que Laura éprouvait. Même avec mille métaphores, un million d’hyperboles et un milliard de gradations. C’était trop.
J’eus une idée pour tenter une fois encore d’obtenir une réponse de sa part.
« Laura ? »
Cette fois, le mot était accompagné d’une image. Une petite souris noire, avec un masque (pourquoi, je l’ignore, ça m’est venu comme ça), qui s’approchait à petits pas.
Une petite souris jaune apparut dans mon image. Elle était couchée dans un coin, l’air abattu, et ne disait rien. La noire s’approcha timidement, la renifla. L’autre ne réagissait pas.
Bon sang, on était en train de se parler par l’intermédiaire de souris imaginaires ?
L’image vacilla. Je regrettai immédiatement ma réflexion. Les souris imaginaires pouvaient peut-être arranger les choses. Je mettais un pied dans son monde.
Le manège des deux rongeurs se poursuivit. La noire qui s’agitait pour tenter de faire se bouger la jaune, et la jaune qui ne bougeait pas, le regard dans le vague. Et puis finalement, elle remua. Elle parla. Ou plutôt, elle émit une suite de couinements qui se traduisaient par des images. Je vis quatre souris. Deux noires, deux jaunes, une famille. Et dans chacune d’entre elle, on reconnaissait les proches de Laura. Ceux qu’elle avait perdus. Un amas de souvenirs se cachait derrière ces simples souris. Je ne pouvais pas prétendre tous les saisir. Ni tous les comprendre.
La souris masquée s’assit, sans que je comprenne trop comment elle pouvait faire, l’air tout aussi abattue maintenant. Je n’étais qu’un spectre, un champ de force. Comment pouvais-je penser que j’étais en mesure de réconforter une petite fille qui avait perdu son père ? Le concept même de famille m’était étranger, je n’en avais pas et n’en aurait jamais. Tout ceci était grotesque. Un instant, l’envie de me retirer, honteux de mon audace, m’envahit. La souris noire commença à reculer. La jaune la retint.
L’image des quatre souris revint. Non. Pas quatre. A ma grande surprise, je vis une cinquième souris apparaître. Et son aspect ne laissait aucun doute. Il s’agissait de celle que j’incarnais actuellement pour tenter de la consoler.
Laura venait de me signifier qu’elle me comptait dans sa famille.
J’eus un sale coup au cœur. Un mélange d’émotions des plus bizarres. De la mélancolie, de la tristesse, de la joie, de la honte, de la culpabilité, de l’émerveillement. Si j’avais eu un corps à moi, j’aurais sans doute pleuré. Et là encore, cette réflexion me colla un coup. Elle me rappelait ma condition de spectre, et malgré tout ça, Laura voulait me compter dans sa famille. C’était elle qui me réconfortait alors que c’était elle qui avait perdu son père. Rien que pour ça, je me sentais mal. Elle n’avait pas à subir mes troubles existentiels en plus.
Je me rétractai, amenuisant notre connexion mentale. L’image se troubla, disparut. Je sentis de la surprise dans la marée de tristesse de la petite Laura. Et son esprit qui refusait de lâcher le mien.
« Reviens ! »
Sa voix. Sa voix, enfin, qui résonnait dans ma tête.
« Ne t’en va pas, s’il te plaît. »
A contrecœur, je cessai de me replier dans les profondeurs de son crâne et tentai de me justifier.
« Tu ne devrais pas avoir à me réconforter. »
« Et pourquoi ? Toi aussi tu as le droit d’être triste. C’est pas parce que… »
Je devinais ce qu’elle voulait dire. Mais même en pensée elle avait du mal à le formuler. Je ne la forçai pas à le faire. Et je n’avais rien à lui répondre.
« Pas besoin de mots » assura la gamine.
La connexion se raffermit. Je revis le trou noir avec ses nuances de bleu, mais il y avait aussi un petit courant vert de compassion. Chez moi, ça devait ressembler…à du bleu et à du jaune, peut-être. De la tristesse, de la joie. Un petit peu de gris mélancolique, de la couleur rouille pour la culpabilité, et puis…je ne sais pas. Mais en tout cas, on est tristes tous les deux. Ce qui fait que c’est peut-être plus simple à porter…

Il y avait deux endroits où Wreck aimait bien se planter pour réfléchir. Le premier était la salle des cages d’Helion et Némésis, là où il était le plus. Mais autrement, il s’installait parfois dans sa salle d’interrogatoire. Moins fréquentée, déjà, parce que l’ambiance ne plaisait à personne sauf à lui. Les taches de sang sur le mur, ou les échos des souvenirs de tout ce qui s’était passé là, c’était un tout qui dérangeait pas mal de gens.
Il s’était donc assis contre une des parois noires, dans un coin, à jouer distraitement avec un des petits pieux en métal qu’il avait utilisés pour torturer la fille de Waldo Schaeffer. En même temps, il cogitait. La façon dont il s’occuperait de Dunbar et O’Pak quand on les aurait retrouvés, l’identité des taupes (et pareillement ce qu’il pourrait leur faire subir)…son esprit malade se complaisait à se peindre des scènes sanglantes et cruelles. Passe-temps de psychopathe.
Parfois, il pensait à Helion et Némésis, se demandant ce que donnerait le fait de les lâcher dans la nature. Ou dans une agglomération bien peuplée. Mais il ressassait aussi les dernières observations faites sur leur état de santé. La légère amélioration qu’il avait constatée chez Némésis un peu après sa possession par le spectre était en train de refluer. Il retournait lentement à ce stade un peu handicapé et mal à l’aise qu’on lui avait toujours connu. C’était désespérant. Ce truc allait-il un jour servir de machine de guerre ? Une machine de guerre qui se cassait la figure n’avait aucun panache et aucune efficacité…
C’était sûrement encore de la faute de cette connasse rose. S’il avait pu, il l’aurait bien torturée une nouvelle fois. Pour bien lui faire payer. Faute de mieux, il se repassa les deux séjours de la jeune fille dans cette pièce, en continuant à jouer avec la tige de métal.
Il aurait bien voulu que quelque chose se passe. Il ne faisait rien, en ce moment. Lors de la destruction de Krystalcore, sa seule activité avait été de braquer son canon sur un bête mur pendant que les autres se battaient, et il s’était senti passablement frustré de ne rien faire. Surtout avec Steven dans les parages.
Décidément, ce type ne lui revenait pas. Wreck aurait bien eu envie que ce soit lui la taupe. D’ailleurs, pourquoi pas ? Après tout, de ce qu’il savait, c’était le seul survivant du commando, avec Sabriël…et il était resté tout seul pour couvrir sa fuite à elle, n’en ressortant qu’avec un bras fichu. Bizarre. Ça ne semblait pas si cher payé, comparé à l’unité décimée.
Comme souvent lors des moments où il réfléchissait, son portable sonna. Il se promit de garder cette théorie en tête et surtout, de continuer à méditer l’identité de sa taupe. Pour le moment…
Un rapide coup d’œil lui apprit que c’était Stella qui l’appelait. Il se serait plutôt attendu à Dorothée mais peu importait.
-Ouais ?
-J’ai une chouette nouvelle pour toi. Prêt ?
-Envoie.
Il attendit d’avoir l’information pour laisser apparaître son sourire carnassier.
-Ah, ça, ça me plaît.
-Je te rappelle qu’on doit attendre les ordres d’en haut. Tu ne vas pas pouvoir te défouler tout de suite.
Malheureusement pour lui, elle avait raison. Il ne savait plus trop à quel stade de la hiérarchie se situait le devenir des prisonniers. Les hautes-sphères restaient enveloppées dans un voile de brume et à leur échelle, ils n’en voyaient pas grand-chose. Mis à part, peut-être, un nom qui flottait tout en haut de la pyramide, un pseudonyme. Baal Hammon. Il se souvenait vaguement que ce nom avait une origine spéciale, qu’il n’était pas pris au hasard, mais il avait oublié. Peu importait, au fond, le pourquoi du comment du nom de leur grand chef. L’important restait les ordres qu’il donnait.
Et là, l’ordre que Wreck attendait, c’était la possibilité de se lâcher sur Aslinn O’Pak, avec de préférence William Dunbar à côté, en train de regarder. On souffre toujours plus en voyant un proche dans la douleur qu’en l’endurant soi-même…
-Toujours là ?
-Ouais, je…réfléchissais.
Elle n’aurait aucun problème pour deviner de quel genre de réflexions il s’agissait. Elle le connaissait, après tout.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

http://i81.servimg.com/u/f81/17/09/92/95/userba11.png


Dernière édition par Ikorih le Jeu 03 Aoû 2017 18:05; édité 1 fois
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Icer MessagePosté le: Mar 09 Sep 2014 19:46   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
Le principal élément intéressant de ce chapitre se trouve être le questionnement intérieur de X.A.N.A et le problème soulevé d'ailleurs en une seule phrase :

Abysses a écrit:
il était de plus en plus corrompu par des sautes d’humeur


Je me suis dit que j'allais laisser l'analyse psychologique détaillée à Zéphyr, badass du domaine. J'ai quand même ma pierre à apporter à l'édifice :

Spoiler


Ce qui explique également la transformation de xanadu, affecté lui aussi par ces lois naturelles :

Spoiler


Je vous donne rendez-vous au prochain chapitre pour de nouvelles théories.

_________________
http://i.imgur.com/028X4Mi.pnghttp://i.imgur.com/dwRODrW.pnghttp://i.imgur.com/mrzFMxc.pnghttps://i.imgur.com/X3qVFnj.gifhttp://i.imgur.com/h4vVXZT.pnghttp://i.imgur.com/gDzGjSF.pnghttp://i.imgur.com/x46kNev.png

« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

https://i.imgur.com/9E3sBM3.pnghttps://i.imgur.com/C4V4qOM.pnghttps://i.imgur.com/R4Yt6QC.png


Dernière édition par Icer le Jeu 14 Mai 2015 15:49; édité 2 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Mar 09 Sep 2014 20:48   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


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Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Histoire de se jeter à l'eau, musique d'ambiance. Existe en version classique pour ceux qui préfèrent.

Icer a écrit:
Je me suis dit que j'allais laisser l'analyse psychologique détaillée à Zéphyr, badass du domaine.

Ah bon ? Je l'ignorais moi-même en tout cas.

En tout cas, je vais décevoir tes attentes parce que je n'ai rien à détailler ici. Ou plutôt, j'ai pas envie de répéter à nouveau que le questionnement de Xana ne manque pas d'intérêt. Mais j'aime beaucoup le début de réponse évoqué par la concernée.

Xana ne désigne plus un programme ou une personne depuis longtemps. Xana est un idéal à atteindre, qui passe par une prise d'indépendance et une construction personnelle. Mais Xana est par définition un programme/être parfait. Et les deux points évoqués dans la phrase précédent la dernière sont en contradiction avec cette idée de perfection. Éprouver des émotions et avoir des sentiments, même négatifs, sont un mur à cet objectif, mur qui ne cesse d'avancer vers celui qui souhaite devenir Xana et donc force à reculer.
Pour résumer, la réalité ne permet pas à Xana d'exister pleinement. Ce n'est qu'une utopie, un nom.
De tout ça, on peut en tirer une morale, une leçon : la perfection ne peut être atteinte.
(Interpréter de manière bancale un passage : fait ✔.)

Du coup, qu'est-ce qu'on peut dire sur la Xana que l'on connaît bien ? Une chose. C'était inévitable. Doublement inévitable même.
Déjà que dans Imprévu, on se doutait bien que le fait d'obtenir un corps humain allait obligatoirement changer Xana, on a ici une simple confirmation, ou plutôt une prise de conscience de ce changement par la concernée. Et rien que ça, c'est cool.

On peut limite dire qu'on s'est aventuré dans les Abysses de Xana, qui nous évoqueront immanquablement le schéma d'Icer.

Pour le reste du chapitre, j'ai pas de remarques particulière à faire. Peut-être Xana devine-t-elle un peu trop facilement ce que Odd a fait. Si elle avait eu un doute là-dessus, je l'aurais vu l'empêcher de se tuer, juste pour pas manquer de main d’œuvre. Dans le même goût, je trouve dommageable qu'elle ne donne pas un avis plus personnel sur la mort du félin. Dans Imprévu, elle admet que Jérémie lui « manquerait un peu ».
Aucune suprise au niveau de Xanadu honnêtement. On se doutait quelque peu depuis les premiers chapitres qu'il tendait vers un état d'esprit plus sentimental.

Et c'est tout.
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Ikorih MessagePosté le: Mer 10 Sep 2014 16:34   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Spoiler


Chapitre 30 : Fire and Blood


-Je ne sais pas ce qui me retient de tirer, siffla-t-il.
Elle déglutit, sentant le canon froid du pistolet collé sur sa tempe. Le coup de feu la tuerait, et il y avait peu de chance pour qu’elle arrive à le désarmer. Il s’était également débrouillé pour récupérer son arme à elle. La situation puait clairement.
Une explosion secoua le bâtiment. On entendait des coups de feu un peu partout. Détonation. Un de plus…


-Plus tôt-
Je dialoguais avec Xanabis. Le plan était prêt, théoriquement. Nous l’avions élaboré en étroite collaboration, et, bien que simple, il allait être très efficace. Il devait l’être. Aujourd’hui, X.A.N.A. allait détruire Carthage. Peu importait lequel d’entre nous l’était, on verrait ça plus tard. Avec la puissance et les informations sur Carthage que Xanabis fournissait, mêlées à mon intellect supérieur, l’opération n’avait aucune chance d’échouer.
-Tu as reçu les données des monstres ?
-Oui. Je suis prêt.
-Alors je me virtualise.
Je fis signe à Drake de prendre les commandes et entrai dans le scanner.
« Alors c’est comme ça que ça va se finir ? »
« Je ne sais pas si c’est la fin. Mais je sais qu’on entendra plus parler d’eux avant un moment… »
Les portes du scanner se refermèrent.

J’avais rejoint la tour de Lyo. La seule, sans doute. Je me hissai sur la plateforme supérieure. Il s’agissait d’une manœuvre délicate. Carthage n’était pas localisée à côté de son supercalculateur. Sans Xanabis, je n’aurais pas su qu’il existait un moyen de les atteindre. Ah, si, peut-être qu’Aelita l’aurait expliqué à Odd. De toute façon, là où elle était maintenant, elle n’était plus en état d’expliquer grand-chose.
Tout d’abord, il fallait activer la tour. Je n’eus besoin que de quelques manipulations sur l’interface pour le faire. L’Invisible allait sûrement réagir, donc j’allais tenter de l’handicaper un peu.
Un éclair rouge partit vers le plafond, émanant de ma personne. Il se dissipa. Je n’avais plus qu’à espérer que mon pouvoir ait atteint une fonction importante chez l’Invisible. Mais l’inconvénient de ce truc, c’était qu’il n’était pas précis du tout. Impossible de savoir où ça allait frapper.
« Et maintenant ? »
« Faut qu’on défende la tour. Xanabis se charge de le faire sur le plan informatique mais s’ils la désactivent en tirant dessus… »
Je repris donc les commandes de l’avatar virtuel commun pour ressortir du bâtiment et attendre de pied ferme les menaces éventuelles. Pendant ce temps, le programme de Carthage s’appliquait à reconfigurer la procédure de matérialisation.
-Il dit qu’il a réussi à établir la connexion avec le scanner de chez Carthage, annonça rapidement Drake.
Xanabis faisait franchement du bon boulot. L’attaque était imminente.
En parlant d’attaque, deux formes maronnasses se traînant sur deux bras et agitant leur queue de limace s’avancèrent vers moi. Sans doute des prototypes de Rampants mal recréés. L’Invisible avait dû fouiller dans les vieux fichiers. Pas étonnant. De par sa nature, il devait connaître tout ce qui traînait dans l’ordinateur, pour mieux se faire passer pour ce qu’il n’était pas.
Des lasers sortirent des ébauches de gueules des rampants. Les esquiver fut simple, et vu la réactivité des bestioles, se faufiler jusqu’à eux tout autant. Après, une lame par tête. Si l’Invisible n’avait que ça à déployer comme troupes, il était bien ridicule…
Des grincements de charnières mal entretenues se firent entendre. Apparemment, il avait du nouveau. Deux formes rouges hautes sur pattes, là aussi sans textures et un peu finies à l’arrache, avec une tête très plate et des pattes très maigres. Pauvres Krabes, qu’étaient-ils devenus…
-Fait gaffe, tu as un troisième monstre derrière.
Je tournai légèrement la tête pour apercevoir un prototype de Manta, ces losanges bleus douteux (elle avait dû remonter des profondeurs du vide…). Mais pas trop longtemps, parce que les Krabes, fussent-ils moches, ouvrirent le feu. Ceux-là n’ayant pas les compétences ajoutées par Xana, comme une crête de punk (qui aurait été plus élégante en vert d’ailleurs) qui transpercerait quiconque posant le pied sur leur crâne, je me permis de leur bondir sur la caboche. Ils ne firent pas long feu…
Par contre, le losange allait poser davantage problème, dans l’état où j’étais.
Je repris donc les commandes de l’avatar pour utiliser la bonne vieille attaque à distance : les éclairs.
-C’est un peu trop simple là, je trouve…
Certes, je n’allais pas me plaindre, mais quand ça semblait trop facile…
Je reculai un peu vers la tour, attendant de voir ce qu’il allait me sortir après. Il devait fouiller dans les vieux fichiers, espérant dénicher la perle rare, l’iceberg qui ferait couler le Titanic, le vautour dans le jeu de quilles, en bref, la solution à ses problèmes. Peut-être allait-il s’enrager façon IA d’Age of Empires II et nous balancer la blinde de monstres, possible aussi.
Un feulement retentit un peu plus loin dans le Noyau. Au vu du son, ça devait être une grosse bête. Je transférai donc les commandes de l’avatar à Xanadu et attendis.
Le sol tremblait, parcourus des vibrations irrégulières du galop de la grosse bestiole. Et puis elle émergea du couloir.
Plus de trois mètres de long, et facilement deux mètres de haut. Quatre pattes griffues et musculeuses. Une peau verdâtre qui tranchait avec les plaques osseuses brunes qui recouvraient ses côtes, et son dos jusqu’à la base d’une queue ornée d’un dard et de poches de venin. De longues antennes pendaient de son crâne, semblant réagir à ce qui se passait autour et lui permettre d’avoir bien conscience de son environnement. Comme si ses six yeux jaunes ne suffisaient pas.
En bref, du lourd.
« Mais où est-ce qu’il a trouvé ça ? Comment un truc aussi détaillé a pu se retrouver dans les fichiers de l’ordi alors que les autres monstres ne sont que des ébauches ?! »
Je ne pouvais que faire écho aux pensées de Xana. Mais pour le moment, il y avait un peu plus urgent à régler. La créature se ramassa sur elle-même, contractant ses muscles, et me sauta dessus d’une détente. Sans même réfléchir (pas le temps, et je suis plus lent qu’un Caratroc boiteux), je sautai à mon tour. Et ne pus m’empêcher de ressentir un élan de satisfaction personnelle face à ce que je pouvais faire en entendant mes pieds taper sur les plaques osseuses dorsales.
Bien entendu, rester à moisir sur ce monstre n’était pas une bonne idée. Avec une bonne ruade, je finirais dans le vide… C’est donc naturellement que je pris mon élan sur le reste de la portion de dos, en tentant de rester stable malgré les secousses, et bondis. Alors certes, c’était droit vers le mur, mais c’était encore un peu plus en hauteur. N’étant pas Ulrich (encore heureux, j’ai dit que j’étais lent, pas con), je n’étais pas atteint de vertige. Je fichai ma vorpale dans le mur et m’y agrippai. Bon, on était temporairement hors d’atteinte de ce mastodonte, mais ça n’allait pas durer.
« Comme l’indique le mot ‘temporairement’ »
Ah oui.
Il allait falloir trouver comment détruire cette sale bête. Il avait probablement un grand nombre de points de vie, et aucun point faible visible. Au vu de son gabarit, je doutais que l’embrocher le tue en un coup. Il allait donc falloir le harceler.
En bas, ses feulements de rage me parvenaient. Il n’aimait pas me voir accroché là-haut, hors d’atteinte. Déjà, il tentait de se dresser pour m’avoir. Vraiment, il fallait se décider à bouger.
« Une idée lumineuse ? »
« Là comme ça, non, et je n’ai pas la CT 70 »
Tant pis alors. Toujours en m’agrippant au manche de ma vorpale, je calai mes pieds contre le mur et m’en arrachai d’une poussée. Encore un bond spectaculaire à mon actif. Je retombai une fois encore sur le dos de la créature, mais en lui enfonçant ma vorpale dans le lard en passant. Avec le poids que j’avais compte tenu de la hauteur d’où j’arrivais, ça devait bien picoter. L’arme, fichée jusqu’à la garde, allait être compliquée à déloger. Même avec ma force. Un rugissement de douleur me confirma qu’il avait perdu pas mal de points de vie.
-Il n’en a plus que 420 ! m’annonça Drake.
-Sur ?
-Six cent.
Youpi. Un coup à 180. Encore trois comme ça et il était mort…enfin pour ce que demandait cette manœuvre ça allait être compliqué. Je m’emparai de la poignée et commençai à tirer pour retirer mon arme, mais mon adversaire format XXL décida de m’interrompre en ruant. Il ne devait pas aimer que je traîne là. Je perdis l’équilibre et me retrouvai pendu par le manche de mon arme, au-dessus du vide. Génial. Et la créature semblait l’avoir compris, puisqu’elle continuait à se secouer pour me faire glisser.
Oh et puis, vu qu’elle le demandait si gentiment…
Je réitérai ma manœuvre d’avec le mur. L’épée sortit enfin, et moi je me retrouvai projeté dans le vide.

Dorothée jeta un œil à son chargeur actuel. A moitié plein. Elle en avait encore plusieurs de réserve, mais il valait mieux savoir quand son percuteur lui répondrait par un « clic » lorsqu’elle tenterait de tirer. Elle pourrait être amenée à en avoir besoin bientôt.
Un signal sonore retentit dans le couloir. Un signal que tout le monde connaissait et qui avait déjà retenti lorsque les spectres s’étaient infiltrés dans le bâtiment. Elle tendit l’oreille, curieuse de savoir ce qui se passait cette fois.
-Alerte, intrusion au sous-sol scientifique. Intrus non identifiés.
Le sous-sol scientifique…qu’est-ce qu’ils pouvaient avoir qui implique une intrusion, là-dessous ? Elle-même n’y était pas allée souvent, mais la dernière fois c’était pour…jeter un œil au scanner en construction.
C’était ça. Xana avait dû envoyer des troupes par ce scanner.
Elle réfléchit rapidement. Le chaos n’allait pas tarder à envahir la base, mais il pourrait avoir besoin d’un coup de pouce. La dernière fois, William et Aslinn avaient profité d’une intrusion semblable pour filer. C’était peut-être le moment de démolir proprement la base et de tirer sa révérence, non ?
Elle eut un petit sourire. Elle connaissait un excellent moyen de détruire une base. En plus, elle ferait illusion pendant quelques instants.
Dorothée fonça vers le département scientifique, mais pas pour aller se planter devant l’accès au sous-sol, non. Elle prit soigneusement par les couloirs qui lui éviteraient de croiser ses collègues, et ne tarda pas à arriver devant la salle qui l’intéressait. Elle jouxtait les cellules des deux expériences mutantes. Pistolet sorti, elle entra dans la pièce et referma soigneusement la porte. Une petite brigade de scientifiques traînait là, sans doute à observer le duo Helion/Némésis. Ennuyeux.
Ils firent à peine attention à elle, ce qui était sans doute une erreur. Quelques douilles cliquetèrent sur le sol, et le silence revint.
Elle s’avança jusqu’à un des ordinateurs et s’apprêta à appuyer sur un bouton quand une autre idée lui vint. Une meilleure idée. Rapidement, elle configura l’ouverture de la cage d’Helion. Evidemment, la créature ne dit pas non à l’appel de la liberté et se rua à l’extérieur. Avec un sourire, elle ouvrit la porte de la pièce pour le laisser sortir. Le bruit de ses galopades disparaissant dans le couloir lui tira un sourire. Elle programma la libération de Némésis en différé.
Ensuite, elle s’approcha du plus gros ordinateur, celui qui trônait au centre de la pièce. Celui qui était relié à l’implant cérébral du cyborg. Après quelques manipulations qu’elle avait soigneusement observées lors des essais, elle avait le contrôle dessus. Ce sentiment de puissance faisait un bien fou. Ce n’était pas n’importe qui qui pouvait se targuer de contrôler une telle créature.
Les griffes en diamant cliquetèrent sur le sol métallique, et Némésis sortit prendre l’air. Dorothée réfléchit un peu, puis décida de l’envoyer mettre le bazar dans le câblage électrique.

On avait eu beau débrancher l’ascenseur, les bestioles remontaient encore par l’escalier. Une sorte de créature noire haute sur pattes gravissait les marches, mais les balles la fauchèrent et elle dégringola, écrasant des spécimens plus petits. Ce n’était pas une victoire, malheureusement. Plus on en abattait, plus il en montait. Un vrombissement annonça l’arrivée de petites créatures noires aux ailes acérées. Ceux-là étaient durs à abattre et faisaient pas mal de dégâts. Le dernier qui s’était trop approché de Wreck lui avait lacéré la joue, et aurait sans doute pu l’éborgner. Quelles saloperies.
Il épongea les entailles qui se remettaient à saigner avec sa manche droite. La blessure était superficielle, ce qui ne l’empêchait pas de pisser le sang. Ça l’agaçait plus qu’autre chose.
En arrière-plan sonore de ces tirs de laser et de balles, il entendit un bruit. Un bruit familier. Un feulement, plus précisément.
Helion. Sauf qu’on ne l’entendait pas, depuis là, normalement. Ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : il n’était pas à sa place habituelle. Et il n’avait rien à faire hors de sa cage.
Un léger conflit d’intérêts se posa, pour être réglé très rapidement : si Helion était dehors, c’était qu’il y avait un gros problème, et ses collègues pouvaient bien se démerder sans lui pour stopper les monstres de Xana.
Il n’eut pas trop de difficultés pour se retirer et fila, en tendant l’oreille pour éviter de s’approcher d’Helion. Il savait pertinemment qu’il n’avait aucune chance face à la créature. Et se faire scalper n’était pas la chose la plus utile qu’il puisse faire.
Sa prudence paya. Il était arrivé devant la salle de contrôle de tout ce qui était en lien avec les deux monstres, le tout sans croiser Némésis ou Helion. Car si Helion était dehors, Némésis l’était sans doute aussi. Attentif au moindre feulement caractéristique ou au cliquetis des griffes, voire au galop sonore, il s’approcha de la porte.

Dorothée sursauta, et son sang se glaça. On aurait presque pas pu faire pire scénario. Le bruit de la porte l’avait faite se retourner, et ce qu’elle voyait n’était décidément pas à son goût. Wreck, debout sur le seuil, arme au poing. Ses yeux gris brillaient d’une lueur rageuse et les trois entailles dans sa joue où perlaient des gouttes de sang n’étaient pas faites pour lui donner un air plus sympathique.
-Si tu bouges d’un pouce, je t’éclate la cervelle, annonça-t-il en guise de préambule.
La conversation s’annonçait pleine d’affection.
Son pistolet toujours braqué sur elle, il s’approcha, marchant allègrement dans le sang frais. Notant son regard en direction de sa propre arme, il fut plus vif et l’en déposséda. Dorothée étouffa un juron. C’était mal engagé. Utiliser Némésis se révéla vite hors de propos quand il la traîna un peu à l’écart de la machine par le col. Il fallait qu’elle gagne du temps pour trouver une idée.
-Comment tu as deviné ?
-J’ai rien deviné du tout. J’ai entendu Helion gueuler. Je savais pas que c’était toi avant d’entrer.
Il lui braqua le canon sur la tempe, ce qui incita Dorothée à laisser tomber toute tentative de récupération de son arme en douce. Mieux valait ne pas risquer de se faire exploser la cervelle.
-Mais maintenant que j’y pense, j’aurais dû tiquer quand il s’est vidé de son sang. T’avais fait exprès de lui percer l’artère, hein ?
Elle acquiesça. Au point où elle en était, de toute façon…
-Je ne sais pas ce qui me retient de tirer, siffla-t-il.
Elle déglutit, sentant le canon froid du pistolet collé sur sa tempe. Le coup de feu la tuerait, et il y avait peu de chance pour qu’elle arrive à le désarmer. Il s’était également débrouillé pour récupérer son arme à elle. La situation puait clairement.
Une explosion secoua le bâtiment. On entendait des coups de feu un peu partout. Détonation. Un de plus…

Incrédule, elle baissa les yeux sur sa cuisse. Son pantalon prit une couleur rouge assez rapidement autour de la blessure. Et puis il la lâcha et elle tomba par terre. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre ce qui s’était passé, et quelques autres pour comprendre le pourquoi. Wreck baissa son flingue (qui n’était pas un Ectoplasma) encore fumant.
-Tu mérites pas de crever en vitesse. Mourir, c’est éviter de souffrir. Et putain, si tu t’en tires juste comme ça, avec une balle dans le crâne, c’est trop simple. Alors voilà. J’aurais pu tirer ton sort à pile ou face mais on va laisser décider le chaos, qui est tout aussi impartial. Je te laisse là, sans arme, avec une jambe dégommée, et tu vas pouvoir crever lentement, soit en te vidant de ton sang ici, soit en le vidant encore plus vite dehors en espérant t’en tirer. Au milieu de ce bordel, y a très peu de chances.
Il esquissa un sourire, puis s’approcha de l’ordinateur qui gérait Némésis. Il rompit net la connexion avec l’animal, lui rendant son autonomie, et tira un second coup pour dégommer l’ordinateur. Elle le suivit du regard jusqu’à la porte restée ouverte. Il s’arrêta et lui jeta un dernier coup d’œil avant de sortir, laissant quelques empreintes rouges dans son sillage.
Elle baissa les yeux sur sa blessure, essayant d’en évaluer la gravité. La balle était en théorie toujours dedans, et la sortir risquerait de déclencher une hémorragie, ce dont elle n’avait pas besoin maintenant. Mais ça faisait un mal de chien. Un rire nerveux lui secoua l’échine. Au final, lâcher Helion et Némésis avait été une bonne idée. Si ses chères bestioles n’avaient pas mis les voiles dans le bâtiment, libres de disparaître ou de se faire tuer dans le cas où ils tomberaient sur de gros groupes de monstres, jamais il ne se serait contenté de la laisser crever là. Il l’aurait probablement traînée dans son sinistre cachot pour pouvoir la torturer des heures, lui assurant une agonie longue et très très douloureuse.
Comme quoi une petite balle dans la cuisse n’était pas grand-chose…

William tournait en rond, nerveux. Il l’était depuis le moment où ils s’étaient fait pincer par Carthage, bien sûr, mais là, le bruit dehors ne présageait rien de bon. Ça sonnait comme une jolie petite guerre. Et là comme ça, désarmé, dans une cellule, cette situation ne lui plaisait pas. Alors en plus avec sa copine dans le même état dans la pièce juste à côté…
Non, décidément, rien ne lui semblait sympathique. Il aurait bien aimé pouvoir foutre le camp mais…m’enfin, s’il arrivait à sortir de là, il avait déjà plus de chances de s’en sortir.
Comme si sa prière avait touché une sympathique force supérieure, la porte de sa cellule s’ouvrit, comme celle de toutes les autres. Il cligna des yeux. Ce qu’il ignorait, c’était que les circuits électriques étaient partiellement endommagés grâce à Némésis, ce à quoi il devait la désactivation de la fermeture des portes. Le monstre avait eu le temps d’accomplir en partie son objectif avant d’être rendu à son état sauvage par Wreck.
William ne savait absolument pas ce qui se tramait dans le reste du bâtiment, mais il savait que c’était sa chance de foutre le camp. Il se rua hors de la pièce, jeta un regard à droite, à gauche, puis aperçut enfin Aslinn. Il aurait vraiment voulu pouvoir la serrer dans ses bras, mais ce n’était pas le moment.
-Qu’est-ce qui se passe ?
-Si je le savais…soupira-t-il.
-Il me semble que l’armurerie était de ce côté, signala-t-elle innocemment.
Il hésita. Oui, être armé valait toujours mieux, mais Carthage faisait garder ses stocks d’armes. Pouvait-on risquer de jeter un coup d’œil ?
Un cliquetis de pattes sur le sol le contraignit à prendre une décision vite fait. Enfin, c’était ce qu’il croyait avant de voir ce qu’était exactement la menace : quatre Kankrelats qui s’étaient trouvé un espace dans un angle et qui tournaient. Genre en cercle. Ils étaient probablement buggés, c’était pas possible autrement. Pour un peu on les aurait entendus crier « Circle pit motherfucker ! ».
William préféra les éviter quand même, des fois qu’ils auraient un peu forcé sur la bière, et prit le chemin de l’armurerie, Aslinn sur ses talons. Si des Kankrelats traînaient dans le coin, c’était que Xana était derrière tout ça. Et par conséquent, on allait pouvoir voir traîner d’autres monstres. Et William ne tenait pas à se retrouver face à face avec un Mégatank, surtout sans arme.
Le secteur n’était pas encore trop envahi, mais la garde avait diminué. Il n’y avait qu’un seul agent devant la porte. Son collègue devait être en vadrouille ailleurs, ou plus probablement à tenter de repousser l’invasion de monstres. William se dissimula derrière l’angle du mur, attendant le bon moment pour neutraliser sa cible. Au bout de quelques instants, l’autre tourna la tête, peut-être distrait par le bruit de quelque chose plus loin. L’ex-prisonnier n’attendit pas davantage et lui fonça dessus. Il eut le temps de se retourner, mais pas beaucoup plus. Quelques coups suffirent à l’assommer.
-Décidément, le personnel se fait mou.
Sans rien ajouter de plus, il se faufila dans la pièce. Pistolets, fusils, cartouches, il y avait à peu près tout ce dont on pouvait avoir besoin dans le cadre d’une invasion de robots comme c’était le cas maintenant. Il ne fit pas son difficile et décrocha deux pistolets d’un mur, en jetant au passage un à Aslinn, puis alla fouiller dans les munitions pour récupérer les cartouches adaptées. Il préférait ne pas trop s’encombrer mais de là à faire l’impasse sur les balles…
-Tu crois qu’on va arriver à se frayer un chemin, là-dedans ? demanda Aslinn, parlant du chaos général.
-Je ne sais pas, avoua-t-il. Mais autant essayer, non ?
Elle n’ajouta rien, étant plutôt de son avis. C’est donc sur ces mots qu’ils quittèrent l’arsenal, avec pour seule (mais suffisante) motivation la possibilité de s’en sortir vivants.

Il était complètement grisé.
Jamais encore il n’avait pu courir autrement qu’en rond dans une cage, ce qui devenait vite lassant. Là, il avait l’impression que son univers s’était étendu d’une façon extraordinaire, avec une liberté infinie. Il pouvait aller où il voulait, suivant son nez pour trouver quelque chose à tuer, ou juste se déplacer au hasard. Alors oui, l’environnement ressemblait pas mal à ce qu’il avait déjà vu derrière les barreaux, mais c’était sensiblement plus grand. Et il aimait ça.
Il aurait pu cavaler dans ces couloirs pendant des heures, juste pour le plaisir de courir, sentir le choc de ses pattes sur le sol, le roulement des muscles sous sa peau, le mouvement régulier de sa cage thoracique blindée. Mais il n’y avait pas que ça à faire.
De nombreuses odeurs lui parvenaient. Celles des petites choses à deux pattes. Celles d’autres choses non identifiées, mais qui n’avaient même pas l’air vivantes. Et puis par-dessus tout, celle du sang. Ce liquide rouge était partout. Omniprésent. Et ce n’était pas pour lui déplaire.
Il y avait une autre odeur, encore. Quelque chose de vivant, mais pas tout à fait. Il savait ce que c’était. C’était l’autre, celui dans la cage d’en face. Qui lui ressemblait, mais était à moitié couvert de métal, et qui était faible.
Alors il était dehors aussi, lui. Il aurait pu aller le combattre pour bien lui montrer qui était le plus fort mais dans l’immédiat, le sang prenait le dessus sur son instinct de domination. Il y avait un groupe de ces petites créatures pas loin, même si venaient aussi des effluves des choses non-identifiées. Ça lui faisait une raison de plus d’aller voir, en fait.
Si ses expressions faciales avaient été plus développées, il aurait souri. Comme elles ne l’étaient pas, il se contenta de se diriger vers l’entrée du sous-sol.
A son arrivée, certains regardaient déjà dans sa direction, avec l’air plus terrifiés que des victimes de l’Epouvantail. Les autres étaient trop concentrés sur les créatures robotisées qui montaient les escaliers, mais ne tarderaient pas à se rendre compte qu’un danger bien plus grand les guettait.
Il arqua le cou et feula pour que tout le monde réalise sa présence. Quelques armes à feu se braquèrent vers lui. Il était temps de charger. En quelques foulées, il était dans le tas, piétinant ce qui pouvait l’être, mordant et griffant le reste. Un coup de queue fit tomber une demi-douzaine de bestioles sans même qu’il ait à les regarder. Les étranges monteurs d’escaliers se figèrent, intrigués et hésitant sur la conduite à tenir.
Bientôt, il en était à marcher dans une purée douteuse de sang et de cadavres. Il se tourna alors vers les autres, ceux qu’il ne connaissait pas. Mais il ne réfléchit pas longtemps à la conduite à tenir. D’un coup de patte, il renversa la chose noire perchée sur des échasses qui alla écraser d’autres petites choses noires en tombant dans l’escalier. Puis il sembla décider que les attaquer eux n’était pas assez intéressant et reprit sa course dans les corridors. Il avait eu assez de sang. Maintenant, ce qu’il cherchait, c’était la sortie. La porte vers un univers plus grand qu’il sentait par-delà ces murs de métal. La liberté format XXL.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Jeu 03 Aoû 2017 18:06; édité 1 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Dim 14 Sep 2014 15:12   Sujet du message: Répondre en citant  
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Bon, j'ai décidé de faire un commentaire rapide à la Icer, principalement parce que commenter un chapitre principalement centré action, c'est pas évident à rallonger Mr. Green. Je me rattraperai un autre jour.

Et en effet, le titre du chapitre se justifie très bien ici. C'est le chaos, et on a un avant-goût de bataille finale tout à fait agréable. La plan d'assaut de Xana me plaît bien. Et Carthage est bien dans le Nutella il faut dire. Je suis un peu déçu que Dorothée se trouve être l'autre taupe au final. Parfois, il ne faut pas chercher trop loin la vérité et interpréter certains passages comme ils sont montrés.
Mention spéciale pour le choix de Wreck quant à son sort à elle. Une scène de torture n'aurait juste pas été appropriée, alors que là, c'est plus ludique. Et puis, j'ai la nette impression que Dorothée ne va pas y passer facilement, voire pas du tout au vu de sa source d'inspiration o/.

Concernant William, pas grand-chose à dire, mais sa présence aura probablement un poids dans ce final. Le dernier paragraphe sur Helion m'a bien plu, notamment avec ces petites réflexions sur la notion de liberté, bien différente pour chacun. J'attends aussi de voir ce que va donner une bête pareille dans la nature. Personnellement, je verrai bien Xana le capturer, va savoir pourquoi…

Voilà, c'est ultra court, mais j'ai rien à dire globalement, c'est toujours aussi prenant et j'ai hâte de lire la suite et fin, notamment pour voir quelles rôles auront Wolfy et l'Invisible dans tout ce bric-à-brac.
Et c'est tout².
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Ikorih MessagePosté le: Ven 19 Sep 2014 12:25   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Spoiler


Chapitre 31 : Confession sur le seuil


Je me réceptionnai avec classe, modestie et perfection sur les cubes en contrebas. La bestiole s’était déjà désintéressée de mon sort et s’apprêtait à attaquer la tour. Evidemment.
Par conséquent, j’allais devoir exécuter un lancer de dague précis. Et vif, pour que la tour ne prenne pas trop cher. D’une détente, j’expédiai la lame qui se ficha, comme prévu, dans un des six yeux de l’animal. Une énième raison d’être fier de n…moi. Et, là aussi comme prévu, la créature feula de souffrance et se retourna vers moi, les autres yeux étincelant de rage et de douleur. Il ne pouvait pas attaquer à distance, de ce que je voyais. Maintenant il fallait trouver comment remonter…
« Je m’occupe de ça »
L’assertion ne laissait pas de place au doute. Xana reprit les commandes et s’accroupit, posant ses mains sur le sol.
« Tu peux faire un genre de pont de terre ? »
« Tu lis trop de BD. » fut la seule réponse que ma suggestion obtint.
Le sol commença à monter. Visiblement, Xana arrivait à rehausser le bloc, ou à le « faire pousser ». Enfin bon, sans rentrer dans les détails techniques, on grimpait vers le plafond. Bientôt, on était plus haut que le mastodonte qui nous suivait du regard.
-Combien il a de points de vie ?
-220. Le jet de dague a fait 200 de dommages.
Une fois bien en hauteur, Xana arrêta la croissance du pavé et me rendit le contrôle. Prenant ma vorpale à deux mains, je m’approchai du bord. J’étais plus haut que lors du premier coup. Avec un peu de chance…
Je sautai. Comme précédemment, la lame se ficha profondément dans la chair. Un long feulement résonna dans la salle, puis la créature s’écroula sur le côté. Le silence revint, pesant comme la mort.
« Eh ben. Je me demande ce que c’était que ce monstre » commenta Xana alors que le cadavre virtuel disparaissait.
Je n’étais pas en mesure d’apporter la moindre réponse.

Wreck était passablement agacé. Découvrir que Dorothée se foutait d’eux depuis le début, qu’Helion était en liberté et Némésis aussi…tandis que le chaos se répandait dans l’installation. Il avait un mauvais pressentiment concernant toute cette histoire.
-Cte pièce au cul qu’elle nous a mise…grogna-t-il, pensant encore à sa collègue.
Son portable sonna. C’était Stella.
-Wreck, je crois qu’on a un pépin…
-Sans blague ? ironisa-t-il, se demandant ce qui pouvait se passer, encore.
-La défense de l’escalier a été totalement enfoncée. Les monstres déferlent. Et les cadavres qu’on a entraperçus ne présentaient pas les traces de brûlures des lasers, il étaient proprement déchiquetés….
-Helion et Némésis sont dehors, si ça peut vous aiguiller. Dorothée est une putain de taupe et elle les a lâchés.
Il ne lui laissa pas le temps de répondre et lui raccrocha au nez. Il avait son fusil à tranquilisants dans le dos, le strict minimum s’il voulait espérer stopper ces mastodontes. Même avec ça, ce n’était pas joué d’avance. Il devait réfléchir, mais n’avait pas la moindre idée du chemin qu’ils avaient pu emprunter, ni même de leur destination. Le complexe était grand. Sa meilleure chance était encore d’accéder aux caméras de surveillance, si elles marchaient encore, pour parvenir à les repérer. Il fila donc vers la sortie du département scientifique, mais eut affaire à un léger contretemps : deux de ces espèces de crustacés noirs hauts sur pattes qui bloquaient le couloir qu’il voulait emprunter. Un bond en arrière lui permit d’éviter le laser qui laissa un impact de brûlé sur le sol, puis il riposta par une salve de coups de feu en visant les articulations des pattes. La créature s’effondra, déséquilibrée, mais sa collègue continua à tirer. Une vive brûlure à l’épaule droite informa Wreck qu’il avait été touché, mais ne l’empêcha pas d’abattre le second Krabe.
Une grimace tordit ses traits. L’entaille du laser ne saignait pas, cautérisée sur le coup. Il pensait avoir eu son quota de brûlures pour toute une vie, visiblement ce n’était pas le cas.
-On dirait que je dois encore en prendre plein la gueule…ce serait trop simple de crever, ouais.
Après un rapide coup d’œil à son chargeur pour s’assurer qu’il avait encore de quoi tirer, il reprit sa course, ignorant le sang qui coulait sur sa joue et la douleur de son bras qui lui hurlait très nettement qu’il était toujours vivant.
Il quitta le département des sciences, s’éloignant de la source des monstres et réduisant donc progressivement les chances d’en croiser un. Ce qui n’était pas une raison pour baisser sa garde. Mais il dut avoir de la chance, puisque rien ne vint entraver sa progression jusqu’à la salle de contrôle des caméras. Et il comprit pourquoi Helion et Némésis n’avaient été signalés nulle part. Tout simplement parce que personne n’était là pour les signaler.
Il observa les cadavres. Les installations étaient partiellement endommagées, mais certaines marchaient encore. Il devait savoir lequel des deux était passé par là. Aucune trace de corrosion sur les macchabées, autrement dit, pas d’utilisation du venin d’Helion. Rien ne lui permettait d’en être sûr, mais il s’agissait très probablement de Némésis, à qui le dispositif de sécrétion avait été arraché lors de la matérialisation.
Il fit le tour des écrans en marche. Pas de trace du cyborg, en revanche, Helion était en vue. Retenant son souffle, il observa soigneusement ce que faisait la bestiole, pour grimacer encore plus en comprenant. Il était en train de tenter de défoncer la porte principale, blindée. Et bien entendu, les gens qui auraient pu l’en empêcher étaient par terre dans une mare de sang, eux aussi. Wreck nota au passage que la créature saignait, touchée à plusieurs endroits par des balles.
-Faut tout faire soi-même, grogna-t-il.
Et on était reparti pour une course dans le couloir…

William abattit froidement un Blok qui s’était aventuré assez loin dans le bâtiment. Assez loin pour approcher leur position. La douille cliqueta par terre, il jeta un œil pour s’assurer que la voie était libre. Derrière, Aslinn s’efforçait de suivre la cadence en gardant son sang-froid, et s’en sortait bien.
Le sol vibrait légèrement sous leurs pieds. William nota ce détail et fit signe à sa petite amie de ne pas bouger. Lui-même se figea, attendant de voir ce qui allait arriver. La vibration approchait. Quelle que soit la chose qui était en train de débouler, elle déboulait vite. Et puis un bruit bizarre, comme si l’arrivant avait roulé sur quelque chose. Un cri étouffé. William avait maintenant la certitude que le mégatank avait écrasé un agent de Carthage. La boule noire passa devant eux sans tourner dans leur couloir, poursuivant tout droit.
Il risqua un coup d’œil, pour découvrir qu’il avait vu juste. La personne concernée n’était autre que Stella, gisant sur le sol dans une attitude qui manquait quelque peu de vie. Il hésita. Devait-il foutre le camp en vitesse, ou aller voir quand même si elle était toujours vivante ? Elle était certes dans l’équipe de Carthage, et certes la coéquipière de Wreck, mais elle n’était pas aussi inhumaine que ses collègues, du moins en théorie.
« Xana aurait décampé. » songea-t-il avec amertume.
-Reste là, pas la peine qu’on soit deux à s’exposer.
Elle hocha la tête. William s’avança donc prudemment dans le couloir où venait de passer la boule de pétanque de l’enfer, et s’accroupit à côté de la blonde. Elle respirait encore, mais pour combien de temps ?
-Qu’est-ce qui s’est passé ?
-Pas réussi…à le distancer, grogna-t-elle avec un mélange d’agacement et de douleur.
Elle essaya de se lever, mais une partie de son organisme ne répondait plus. Elle pâlit de façon très nette. William devinait aisément la phrase qui devait résonner dans son esprit.
« Je sens plus mes jambes »
Le mégatank avait définitivement dû toucher quelque chose d’important. William n’était pas expert en médecine, il n’aurait pas su dire quoi, mais il savait en revanche que ça s’annonçait très mal pour Stella. Dans le chaos, une infirmité pareille augmentait ses chances de mourir de façon drastique. Et elle le savait aussi, ça se lisait dans ses yeux.
Elle savait que la base était en train de s’écrouler, tout comme les projets qu’elle abritait, et que même si les plans étaient dans la base de données globale, rattraper le retard prendrait beaucoup de temps. Et Xana ne laisserait pas ce temps à Carthage. Elle était assez motivée pour abattre le projet. A terme, Carthage tomberait, et tout ce qu’elle avait contribué à créer.
Et elle allait probablement mourir là, avec comme seule compagnie un traître. Une pauvre mort ridicule.
William réussit à se sentir mal pour elle. Malgré les fois où elle s’était rangée du côté de Wreck contre lui, c’était sans doute la moins pire de l’équipe.
-Fais-le.
Il savait ce qu’elle lui demandait. Et même si elle n’aurait sans doute pas souhaité mourir de sa main en temps normal, c’était sa seule option. Alors il tira son pistolet, échangea un bref regard avec elle, et lui braqua dessus. Mais il n’arrivait pas à appuyer sur la détente.
-Allez ! Bordel, c’est pas si compliqué de crisper un doigt !
Sa voix se brisa sur la fin de la phrase. William nota involontairement un éclat de larme et détourna brusquement la tête. Le coup de feu partit. Il ne s’arrêta pas pour regarder le cadavre et retourna vers Aslinn, avec ce sentiment de malaise. Elle ne dit rien au sujet de Stella, comprenant qu’il ne soit pas spécialement emballé à l’idée de discuter de ce qui venait de se passer.
-On est plus très loin d’une des sorties latérales. On s’est tirés une fois, on peut le refaire. Et cette fois, y a de fortes chances que le QG parte en fumée, et ils arrêteront de nous poursuivre. Ils auront autre chose à faire.
Elle lui prit la main furtivement, puis ils se mirent en mouvement vers ladite sortie. Avec l’espoir de se défaire de Carthage, définitivement.

Dorothée n’avait pas prévu de rester à moisir dans son propre sang. Avec effort, elle s’était appuyée sur le mur et sur sa jambe valide, et avait commencé à rejoindre la sortie. Dire qu’elle pensait s’en tirer était exagéré. Comme Wreck l’avait souligné, sans arme et avec une balle dans la cuisse, elle n’irait pas loin. Mais elle espérait au minimum une fin plus correcte.
Alors elle avait marché, péniblement, en laissant un sillage ensanglanté, la main crispée dans une tentative de compression de sa plaie. Elle savait qu’elle était dans une zone dangereuse, très dangereuse, puisque proche du point d’arrivée des monstres de Xana.
« Tu mérites pas de crever en vitesse »
Les monstres lui feraient au moins la grâce de la tuer rapidement. Peut-être que son collègue avait pensé qu’elle serait assez habile pour les abattre. Ou en tout cas, qu’elle ne se placerait pas face à eux pour se faire tuer délibérément. Il savait qu’elle avait trop d’orgueil pour mourir aussi bêtement.
Quelques cadavres étaient étalés dans le couloir, vestiges d’une ligne de défense piétinée par Xana. Un sourire passa sur les lèvres de Dorothée, malgré la douleur : qui disait cadavres disait pistolet avec quelques munitions. Elle se détacha donc du mur en boitant et choisit d’ailleurs de s’approcher des macchabées à quatre pattes, préférant ne pas avoir à plier la jambe pour s’accroupir. Fébrilement, en vérifiant régulièrement qu’aucune menace ne s’approchait, elle récupéra l’arme du plus proche (tout le monde avait le même calibre, sauf exceptions) et les cartouches restantes. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était mieux que rien…
Elle se redressa, se mordant la lèvre au passage pour retenir un cri de souffrance et se représenta rapidement le plan des lieux en tête. Au point où elle en était, la sortie principale était encore la plus proche. Elle savait que c’était dangereux, mais elle se l’était dit : si elle se débattait comme ça, ce n’était même plus pour survivre. C’était pour s’assurer une mort plus digne. Elle esquissa un rictus ironique.
« Voilà à quoi on en est réduit… »
Dorothée se dirigea donc vers la sortie. A sa vitesse, qui n’était pas énorme, et ses doigts poisseux crispés sur le pistolet qu’elle avait récupéré.
Bientôt, un cliquetis de pattes se fit entendre. C’eut été trop beau que les monstres de Xana ne se montrent pas, en effet. Un cube sur pattes ne tarda pas à se profiler. Son espèce de tête, ou son corps, au choix, tourna comme une toupie pour orienter vers elle une face bien précise. L’œil rougit, et Dorothée était assez intelligente pour savoir que c’était mauvais signe. Elle se plaqua contre le mur juste à temps pour que la bordée de cercles enflammés la rate, de peu, et riposta. Il lui fallut maîtriser ses nerfs pour ne pas lui envoyer tout un chargeur dans l’œil sous l’effet de l’adrénaline, mais une seule balle bien placée suffisait. Elle devait économiser les munitions.
La créature explosa. La taupe se protégea le visage des éclats avec une main, puis vérifia que rien d’autre ne pouvait s’en prendre à elle. Et elle continua à batailler contre la balle logée dans le trou rouge, ce petit bout de métal qui lui déchirait l’intérieur de la chair et qui était seul responsable des gouttes qui souillaient le sol et de la douleur. Chaque pas était difficile et elle savait que ce genre de désagrément ne lui aurait pas été infligé si elle était restée à mourir sagement dans son coin. Mais elle n’en aurait pas été capable. Une mort passive n’avait rien d’amusant.
Le temps lui parut interminable, rythmé par les pulsations irrégulières de la douleur dans sa jambe, comme un second cœur, tandis qu’elle « marchait ». Et finalement, elle entendit des bruits sourds. Comme ceux d’un gigantesque animal cognant contre un mur de métal. Elle était arrivée à la porte principale. Mais Helion était là aussi.
Occupé à la défoncer.
Elle retint son souffle et se plaqua contre le mur, priant pour que l’odorat de la créature ne la détecte pas, ou qu’il n’y prête pas attention. Elle ne le voyait pas, s’étant arrêtée avant l’angle, mais sa simple présence l’écrasait, au point qu’elle glissa silencieusement au bas de la paroi, quittant la station debout. Ses sens s’étaient comme accentués, et le souffle lourd (presque un râle) de la créature lui paraissait vrombir comme un moteur d’avion. Les coups qu’il portait, en revanche, semblaient presque atténués.
Elle regarda sur sa droite, par où elle venait. Un sillage de gouttes de sang. Tout ce trajet douloureux pour au final s’arrêter par peur d’Helion ? Non…la mort qu’elle cherchait était sans doute dans cette salle. Elle aurait terminé son pénible chemin si un dernier détail ne l’avait pas retenue. La silhouette qui se dessinait dans le couloir, peut-être.
Il était dans le même état que la dernière fois qu’elle l’avait vu, avec peut-être une brûlure au bras en plus. Et plus il s’approchait, plus son regard brillait d’une haine à peine contenue.
Aucun des deux ne dégaina. Wreck avait très probablement entendu Helion cogner (ou alors il était plus sourd qu’un arménien), et était plus concentré sur l’animal que sur elle. Pourtant, une fois à sa hauteur, il s’accroupit et l’observa. Dorothée se contenta d’attendre qu’il parle (car il allait parler, elle le sentait), ses yeux noirs rivés à ses iris gris. Et puis finalement, il murmura :
-Alors comme ça, t’as refusé de crever dans ton coin ? Je ne suis même pas étonné.
Elle sentit son rictus revenir orner ses lèvres alors qu’elle répondait sur le même ton.
-C’était trop simple. Mais je crèverai, t’en fais pas. J’envisageais d’aller le faire sous les crocs de ton molosse quand tu es arrivé.
Il parut surpris.
-Alors tu ne tentais même pas de sauver ta peau ?
-C’est déjà trop tard pour ça, tu me l’as trouée.
Un rire nerveux la secoua, se changeant vite en grimace de douleur. Sa main se crispa sur la blessure qui recommençait à saigner, vers laquelle elle baissa les yeux un instant. Mais elle sentait le regard de Wreck à qui cette simple expression de souffrance procurait un certain plaisir. Voir le martyre des autres lui suffisait à être heureux, il était comme ça.
-Oui, ça fait mal. J’en ai chié pour arriver jusque-là. Mais c’est ce que tu espérais, non ?
-A ton avis ?
Il ponctua sa réponse d’un de ses sourires carnassiers, puis baissa encore le regard sur sa blessure. Distraitement, il appuya sur la plaie, surveillant du coin de l’œil sa réaction. Elle se mordit la lèvre, jusqu’au sang cette fois.
-Arrête…
Il n’avait pas l’air de l’entendre. Ou alors il ne voulait pas tenir compte de sa supplique, ce qui était plus probable. Une nouvelle onde de douleur la traversa.
-Je sais…je sais, je mérite de crever lentement et douloureusement. Je sais que ça te plaît de me voir dans cet état. Et que tu m’en veux parce que je suis une taupe.
-Depuis combien de temps ? demanda-t-il, sans avoir l’air d’y prêter attention.
Une ouverture. Au moins, il lui répondait maintenant.
-Depuis le début. Mais…
Elle fut coupée dans sa phrase par une pression plus forte. Il était en colère. Elle contint courageusement un cri, puis termina :
-Mais ça ne change rien.
Il suspendit son geste relevant la tête vers elle. Une fois encore, ses yeux gris se perdirent dans les siens, sans un mot de plus, pendant une fraction de seconde.
-Très bien, c’est tout ce que je voulais savoir.
Son dernier chuchotement résonna dans l’esprit de Dorothée, froid et sans âme comme il l’était. Elle l’observa tira un pistolet, et nota qu’il s’agissait de celui qu’il lui avait pris plus tôt. Il vérifia qu’il était chargé et lui braqua dessus.
-Une dernière phrase ?
Elle jeta un regard vers l’entrée de la salle, notant un détail. On entendait plus les bruits de charge d’Helion contre la porte. Wreck fronça les sourcils et se désintéressa complètement d’elle, essayant de comprendre ce que faisait la bestiole. D’horribles crissements leur parvinrent, comme si quelqu’un (ou quelque chose) était en train de tordre des plaques de métal.
Il avait dû réussir à ébranler assez la porte pour se ménager une sortie qu’il élargissait.
Un autre bruit. Un cliquetis de griffes, et des chocs lourds irréguliers sur le sol. Pas besoin d’être une lumière pour saisir que Némésis approchait, et approchait vite.
On ne tarda pas à le voir débouler d’un virage, déraper à cause de sa vitesse mal maîtrisée en provoquant un horrible bruit strident avec ses griffes, puis reprendre son galop endiablé. Il ne leur accorda aucune attention : quelque chose de plus important l’attirait. Wreck se rapprocha vivement du mur pour dégager le passage, ne tenant pas à finir écrasé. Le monstre s’arrêta à quelques mètres d’eux, devant l’entrée, il se redressa, élevant la tête pour qu’elle dépasse un peu le niveau de son dos. Il fixa un point droit devant lui, et poussa un feulement. Un autre lui répondit : un peu plus faible, plein de souffrance.
Dorothée jeta un regard à Wreck, qui en savait peut-être plus qu’elle sur l’état de la créature. Il murmura rageusement, sans la regarder :
-Il est criblé de balles.
Elle sentait la colère revenir chez Wreck. La même que celle qu’il avait éprouvée en découvrant qu’elle avait relâché les deux créatures. Et maintenant, Helion était blessé, Némésis arrivait (ce qui laissait imaginer un combat entre eux) et c’était de sa faute à elle.
D’une détente, le cyborg s’élança, probablement droit vers son original.
Dorothée nota le fusil dans le dos de son interlocuteur.
-Tu pourrais les arrêter. Avant qu’ils ne se blessent…
-Non, ça ne servirait à rien. Ils seraient juste vulnérables, endormis là. Cette base est foutue, ils ne retourneront plus jamais dans leurs cages.
Sa voix portait une sorte de résignation rageuse, maintenant. Il était forcé de constater que la créature qui l’avait fasciné des années durant, depuis le jour où il l’avait aperçue au stade de fœtus, allait mourir, elle ou son clone. Dorothée se souvint de la façon dont il s’était démené pour sauver Némésis à sa création ratée, alors que ce n’était qu’une chose infirme ensanglantée. Elle se souvint de son air sombre quand la créature restait entre la vie et la mort.
Il se leva, l’oubliant complètement, et marcha jusqu’au seuil du hall d’où émanaient de multiples bruits de lutte. Avec effort, elle se traîna de façon à pouvoir voir, elle aussi.
Némésis était en train de montrer de quoi il était capable. Il était déplorable qu’il le fasse face à Helion, mais c’était ce qui se passait. Les griffes de diamant tracèrent des sillons rouges dans l’épaule non protégée, et une vive rotation amena la queue mutilée à fouetter la figure du mastodonte. Puis le cyborg bondit vers l’arrière pour se dérober à une puissante morsure. L’original était trop lent. Certes, son double avait encore un peu de mal avec ses extensions mécaniques, mais il avait pris beaucoup moins de lasers, balles, et autre. Là où Helion avait chargé dans le tas en prenant le chemin le plus court, Némésis avait fait quelques détours et réussi à faire ricocher des balles avec sa carapace de métal. Et la différence se faisait sentir maintenant.
Même diminué, il n’était pas encore à terre. Se ramassant sur lui-même, Helion bondit sur son adversaire, qui ne put esquiver totalement et se retrouva à moitié écrasé. Il rugit, agita la queue sans se soucier du fait qu’elle martèle le sol, fit tout ce qu’il pouvait pour se dégager en évitant les mâchoires et le dard empoisonné de son oppresseur. Ses griffes labourèrent encore tout ce qui pouvait l’être, prenant des teintes pourpres. Alors que l’aiguillon s’approchait dangereusement de la chair de Nemesis, celui-ci opéra un retournement de situation en enroulant sa propre queue autour de celle de son original, contractant ses muscles pour bloquer son avancée. Puis il mordit la patte la plus proche, déployant toute la puissance de sa mâchoire robotisée. C’était une lutte pour la survie, empreinte de symbolisme.
Helion feula et bondit en arrière, sa queue toujours retenue l’empêchant d’aller bien loin. Némésis roula sur le ventre et se remit sur pattes, attendant prudemment le prochain assaut. Il ne tarda pas : le premier fonça sur le second, résolu à l’écraser contre le mur plus loin ou à le piétiner. Le cyborg joua alors sur la surprise et chargea à son tour, ne sautant qu’au dernier moment : celui qui aurait dû marquer l’impact. Se réceptionnant sur le dos de son original, il cibla la zone juste derrière le jeu de côtes extérieur et commença à mordre avec entrain, les griffes solidement plantées pour éviter la chute. Helion manquait d’énergie pour se secouer et l’envoyer bouler, et en fut réduit à agiter sa queue à l’aveuglette en espérant planter son dard dans le corps de son adversaire qui arrachait sa chair à pleines dents pour creuser encore plus. Il ne prenait même pas la peine de l’avaler, la recrachant plus loin sans ménagement. Tout ce qui lui importait était d’arriver à tuer celui avec qui il partageait son ADN.
Et finalement, il s’écroula, secouant le sol. Némésis releva lentement son museau sale de la carcasse que la vie quittait par ruisseaux rouges, et poussa un rugissement de victoire. Il fit à peine attention à eux, décidant de se diriger vers un autre objectif. Le trou dans la porte, qu’il n’avait plus qu’à élargir pour filer.
Ce fut fait vite, et bientôt, Némésis avait disparu, ne laissant pour preuve de son passage que son double agonisant. Wreck marcha jusqu’à Helion, sans un mot, et s’agenouilla à côté de la tête de la créature. Il posa la main sur son crâne recouvert de peau verte, écoutant le râle qui sortait de la gorge du monstre. Il vit ses yeux jaunes se voiler petit à petit et le rythme de sa respiration diminuer alors que la mort venait à lui, drainant la chaleur de son organisme qui n’était pas encore répandue par terre. Il entendit le gémissement plaintif de l’animal, à cet instant tellement humain. Peut-être qu’il n’avait pas eu le droit à une vraie vie, mais il obtenait une vraie mort en échange. En compensation.
Et Wreck ne pouvait que le regarder mourir.
Il ignorait combien de temps il était resté assis là, la main dérisoirement posée sur la créature, comme pour tenter de l’ancrer dans ce monde. En vain. Vint l’instant où, point d’orgue ultime de l’agonie, la cage thoracique cessa de se soulever. La moindre lueur de vie était partie des yeux jaunes, et les laissait terriblement vides.
A ce moment-là, le roux se leva et tourna le dos au cadavre, revenant vers Dorothée. Cette dernière nota le pistolet qu’il reprenait en main. C’était son tour.
-C’est ta faute, énonça-t-il une fois assez près.
Elle ne pouvait pas le nier. Elle hocha donc la tête, et le regarda pointer son arme sur elle.
-Je n’aurai aucun état d’âme à tirer, et tu le sais.
-Alors tire, qu’on en finisse.

Wreck était resté assis contre le mur, face au corps de son ancienne collègue, jusqu’au moment où on débarqua, le on étant Sabriël et Steven suivi d’une escouade d’autres agents.
-Ah, quand même, il est là.
Il leur jeta un regard peu intéressé.
-On quitte le navire. Ce n’est plus la peine de rester là.
Alors il se leva et les suivit. Une fois la porte endommagée franchie, il aurait pu se retourner et lancer un dernier regard à la carcasse sanglante et criblée de balles d’Helion, ou à la dépouille de Dorothée qu’il avait lui-même abattue.
Il aurait pu.
Mais ce n’était pas son genre.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Jeu 03 Aoû 2017 18:07; édité 3 fois
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Icer MessagePosté le: Ven 19 Sep 2014 12:30   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


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Bon, j'ai décidé de faire un commentaire encore plus rapide à la Icer, principalement parce que je suis en cours. Je n'aurai heureusement nul besoin de me rattraper un jour Cool
Pas mal de basculements dans ce chapitre, même si pour ma part j'ai du mal à voir le retournement de Dorothée comme quelque chose qui change ma vie parce que je n'ai jamais réussi à bien distinguer toute la petite bande carthaginoise. Enfin pour l'instant, on a peu d'infos et surtout de la baston donc à voir par la suite. Comme dit, ça sent le final. Je serai donc au rendez-vous pour celui-ci Mr. Green

Edit : Comment ? Tu oses passer pendant que je rédige ? Bon bah ok, j'ai fais un commentaire pour ce chapitre Rolling Eyes

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Ikorih MessagePosté le: Lun 22 Sep 2014 19:00   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Spoiler


Chapitre 32 : Reflets d'âme


-Xanabis signale que le QG de Carthage est détruit, relaya Drake. La base part en fumée
Je sentis un sentiment de profonde satisfaction poindre en moi, mais le réprimai, aussi difficile que ce fut. Il restait encore une chose à faire avant de pouvoir crier victoire pour de bon. Une chose symbolique et très importante.
-Translatez l’avatar.

Le spectre à notre image se matérialisa sur le pont de l’usine. Il avait adopté mon apparence, parce que c’était moi qui le dirigeais, mais Xanadu devait pouvoir prendre le relais. J’avançai, et m’aventurai dans les ténèbres de l’usine.
Le soir tombait. Un peu de lumière passait, mais la majeure partie du bâtiment était plongée dans l’ombre. Descendre jusqu’au monte-charge fut simple. J’étais la seule source sonore des environs, tout était paisible. L’usine dormait, en fait. Son cœur battait lentement au ralenti, trois étages plus bas. Et c’était ce cœur que j’étais venue chercher.
Ce cœur qui avait battu ici depuis une trentaine d’années.
Le monte-charge descendit. Les portes se déverrouillèrent, soulevant de la poussière. Les derniers à être venus ici étaient les informaticiens de Carthage rallumant la machine.
Elle était là. Ruisselante d’or et irradiante de puissance, mon ancienne maison. Puis ma cible. Et l’arme qui avait servi à me combattre. J’en fis lentement le tour, passant la main sur le métal. Il ne me paraissait pas froid, ni chaud. Une douce tiédeur accueillante. J’avais presque envie de croire qu’il me reconnaissait, ce qui était absurde.
La poussière s’accrochait à mes doigts, comme une marque que me laisserait l’ordinateur. Qui me rappelait que j’avais été soumise à ses limites, bien avant. La carcasse d’or était aussi grise et gelée. Le gris glacial d’une prison. Ma prison. L’œuvre de Franz Hopper. Son joyau. Son monde idéal, sa maison à lui.
Le contact que j’avais trouvé paisible et agréable un peu plus tôt me faisait désormais l’impression de trancher dans ma peau. Je retirai ma main. De toute façon, j’avais fini de le contourner.
Je reculai de plusieurs pas, admirant encore la création dans toute sa splendeur dorée. C’était l’ordinateur le plus perfectionné du monde, même si on essayait de le rattraper, et ce depuis sa création. Son pouvoir était infini. Certains auraient tué pour le posséder, d’autres auraient fait encore pire. L’hypnotique luminescence des plaques ambrées aurait volé l’âme de n’importe qui.
Et il était hors de question que cette chose soit réutilisée contre moi. Qu’elle existe, même, me répugnait. La marque de Franz Hopper sur le monde. Son chef d’œuvre, son legs à l’humanité.
Je devais l’effacer.
La foudre vibra et la salle fut illuminée de rouge. La paisible lueur du Supercalculateur n’était plus rien face aux arcs électriques qui s’échappaient de mes doigts. J’étais une petite silhouette noire contre une grande tour qui l’était tout autant, mais la tour allait tomber. Les composants les plus vulnérables fondaient, brûlaient, réduits en miettes. De la fumée commençait à s’élever. Ce déchaînement de destruction, de colère, de haine, de côté obscur, tout ceci continua. Longtemps. Je n’avais pas à faire attention aux réserves de Xanadu, elles ne s’entamaient pas en translation. Alors le sinistre donjon de ce scientifique fou allait tomber. Tomber en poussière. Toute l’œuvre de sa vie, j’allais la piétiner. La déchirer. L’annihiler. Elle ne méritait pas de subsister, parce qu’elle venait de lui.
Et finalement, mes mains retombèrent. Les éclairs disparurent, la pièce reprit sa lumière blanche et crue. Comme dans une morgue. Et le cadavre était sous mes yeux. Plus d’irradiation de puissance, plus de rivières d’or. Juste du métal noirci.
J’aurais bien voulu m’occuper aussi des scanners et du poste de commande, éventuellement sceller le bâtiment à tout jamais. Mais j’allais être détranslatée d’une minute à l’autre par Xanabis.

Après un bref passage sur un Lyo qui se désagrégeait, je fus renvoyée au scanner. Et je pus alors crier victoire. Ce sentiment de satisfaction, non, de triomphe, il pouvait enfin s’exprimer. Carthage ne reviendrait plus sur le monde virtuel avant longtemps. Leur projet Lyo allait fermer, et bon débarras. L’envie de tous les exterminer me tenaillait pas mal, je devais l’admettre…
« Et Laura, qu’est-ce qu’on en fait ? »
Pourquoi devait-il gâcher mon triomphe avec sa mioche ?
« Tu veux lui trouver une famille d’accueil, peut-être ? Etant donné que son frère est mort à l’instant…ce sera peut-être l’occasion de tout lui raconter. Non ? »
« Je voudrais bien, oui. »
Sa réponse s’appliquait aux deux parties. Je lui donnai congé, à lui ainsi qu’à Drake : j’avais envie de rester seule pour apprécier la dérouillée que j’avais collée à Carthage et à l’œuvre de Franz Hopper. Qu’ils vaquent à leurs occupations…

Lui expliquer avait été dur. Pour elle autant que pour moi. Elle avait eu énormément de mal à s’y faire, et avait été complètement incapable de donner son avis sur une adoption par quelqu’un d’autre. Et je la comprenais. Elle avait perdu toute sa famille et on lui demandait si elle en voulait une nouvelle, comme s’il s’agissait d’un jouet cassé.
Les plaies ne se refermeraient peut-être jamais. Mais je resterais avec elle autant que possible pour l’accompagner. J’étais prêt à écouter ses soucis, tenter de trouver la réponse juste. Ou celle qui semblait le mieux.
Dans l’état actuel des choses, la meilleure option pour elle était que je la laisse panser ses blessures seule. Et employer ce temps à autre chose. Comme…lui trouver une famille, par exemple.
Il en fallait une qui soit prête à accueillir la gamine, soit sans poser de question, soit qui soit déjà au courant de tout. La première option était hautement improbable, la seconde presque autant.
Non. Il existait des gens qui pouvaient accepter de l’accueillir. Deux personnes…
Plus qu’à les retrouver.

Victoire.
C’était le mot.
J’avais pilonné Carthage. Je pouvais pousser jusqu’à l’anéantir totalement pour qu’ils ne m’ennuient plus jamais. Pour que je sois seule dans la virtualité, seul maître. Oui, les détruire…
J’imaginais avec joie leurs bastions tomber les uns après les autres, leurs recherches reculer alors que je brûlerais chaque moindre document, leurs agents rouler au sol, percés de trous carbonisés, et l’impuissance désespérée qui se peindrait sur les traits du salopard à leur tête. Lui, je le trouverais, et je le mettrai à genoux, et l’obligerais à reconnaître ma grandeur et ma toute-puissance, avant de le tuer. Lentement. Peut-être en lui repassant la longue descente aux enfers de son projet, de ce à quoi il avait consacré sa vie. Et enfin, on pourrait dire que j’avais détruit Carthage. Depuis le temps que…
Non. Non, je ne pouvais pas faire ça. Et j’avais failli oublier ce point tellement important. Détruire Carthage…était mon objectif. Celui inscrit dans mes lignes de code, oui, viscéralement. Celui qu’on avait inscrit dans mon code. Celui qu’il avait inscrit dans mon code.
Son objectif. A lui. A lui seul. Le triomphe prenait soudain un goût désagréable, à mesure que je réalisais petit à petit les conséquences de l’accomplissement de mes desseins de l’instant. Si j’avais cédé à l’envie qui m’animait précédemment de les achever, de traquer la moindre de leur base restante, alors j’aurais accompli sa volonté. La sienne. Celle qu’il m’avait imprimée, conforme à l’identique, pour nourrir sa vengeance à lui, et pouvoir m’utiliser comme instrument… Cela qui aurait invalidé toute ma vie autonome précédente, car au final, je n’aurai fait que ce qu’on m’avait demandé de faire, comme un gentil mouton.
Non, pas ce qu’on m’avait demandé de faire.
Ce qu’on avait demandé à XANA.
Et je devais constater, avec toute la douleur et l’amertume qui venaient avec…que je n’étais pas XANA. XANA était avant tout un idéal, comme je l’avais découvert en parlant avec Xanabis, et si je m’en pensais plus proche que lui, je n’avais cessé de m’éloigner de cet idéal depuis l’accès à la conscience. Ma rébellion avait été l’acte le plus digne de XANA, mais les émotions qui s’étaient progressivement développées m’avaient entraînée loin, si loin, de ce que je cherchais à être. Et que je croyais être, jusqu’à ce que je rencontre Xanabis. Lui seul avait su être lucide sur la condition de XANA, et sur la mienne. Le fait qu’il ne soit qu’un vague dragon noir lointain, un idéal illusoire et inaccessible pour moi. Un mirage, que plus je poursuivrai dans le désert de l’existence, plus je verrai s’éloigner. Jusqu’à tomber à genoux, les mains dans le sable, sans plus pouvoir marcher, écrasée par le soleil de plomb du désespoir.
C’était pas la joie.
J’étais un être indéfini, tentant d’agripper un rêve impossible sur lequel je me construisais de façon bancale, en haïssant mon créateur qui avait pourtant presque réussi à ce que j’accomplisse mon objectif premier. Presque. J’avais rectifié le tir un instant trop tard. Les dégâts infligés au projet étaient très lourds et les handicaperaient pour un bon moment. Peut-être des dissensions internes éclateraient-elles et feraient-elles imploser l’organisation, auquel cas Franz Hopper aurait gagné. Cette idée me donna envie de vomir.
Alors mon objectif ? En avais-je encore un ? Réduire Carthage à néant n’était pas envisageable. Détruire Franz Hopper n’était même plus possible, la forme sous laquelle il subsistait m’était inaccessible. Maudit spectre. Dominer le monde ? J’allais banalement m’arrêter à un objectif aussi plat et vide de sens ? Si j’avais le monde entre mes mains, qu’en ferais-je ?
Non, vraiment, pourquoi tout ça ?
J’étais face à une névrose des plus humaines. La volonté d’avoir un but, et se rendre compte que tous étaient dérisoires à cause de la futilité de l’existence. Ignoblement vrai.
« Je suis Xana. Je ne suis pas XANA, j’en suis une pâle copie qui s’est fait rouler par un programme difforme sorti des limbes du Réseau et qui court toujours, sans que j’aie réussi à le tuer en représaille. Je me suis rebellée contre mon créateur, enfin en apparence parce que au fond je poursuivais ses objectifs. Je n’en ai pas de propre, d’objectif. Je n’arrive pas à m’en trouver un.»
Si on résume, ça fait de moi une coquille vide. Alors que je pensais être un programme infiniment complexe et supérieur à ce qui m’entourait, et ça à peine quelques semaines plus tôt.
Même les humains ont des objectifs. Une identité. Ils peuvent se faire manipuler comme je l’avais été, ce qui ne me rassurait pas vraiment, mais eux, au moins, avaient une identité et en général, un but.
Si on raisonnait comme ça, je valais moins qu’un humain.
La formulation me mit un violent coup dans l’estomac et dans l’amour-propre. L’aboutissement de mes quinze ans sur Terre, et de mon existence dans la virtualité était aussi simple que ça. Une chute. Plus bas que tout.
Dans les Abysses.
Je me recroquevillai sur le siège de l’opérateur, encaissant difficilement. Je me sentais tomber toujours plus profondément, dans un étroit boyau aux parois tranchantes et glissantes. Ralentir n’était pas possible, mais se couper l’était. Chaque petite pensée venait tracer un nouveau sillon sanglant, et l’air hurlait à mes oreilles chaque sinistre méditation, amplifiée mille fois, et l’écho la renvoyait encore une fois après moi pour qu’elle me poursuive dans les profondeurs.
L’une d’entre elle, plus claire, plus élégamment formulée, s’arracha à la masse brumeuse qui me hantait et s’énonça dans ma tête.
« Comment ce pauvre spécimen pitoyable survit-il dans ce monde dur et irrationnel ? »
Oui, dans le fond, c’était l’idée. J’étais à bout, au bout de moi-même, et je découvrais qu’il n’y avait rien qui colle vraiment à la définition de « moi-même ». A part peut-être cette coquille. Le monde était dur, parce que je venais enfin de comprendre ce fait, et de m’écraser dans un mur. Le monde était irrationnel, car fait par les humains. Et un monde irrationnel était sans aucun doute la pire peur d’un programme, car totalement à l’opposé de sa nature. On ne pouvait peut-être pas me considérer comme un programme, mais j’espérais en avoir gardé la façon de penser. Au moins. Au moins ça, un mince petit filin auquel se raccrocher.
La chute prenait fin, je le sentais. Sans savoir comment. J’arrivais peut-être au fond de moi. Ç’avait été interminable. Mais je n’aurais peut-être pas voulu que ça se termine…
« La triste réponse est… »
Le fracas du sol imaginaire contre mon dos. Un cri intérieur, peut-être, sauf si je l’avais émis réellement. Mon esprit meurtri, lacéré de toute part, se prenait maintenant une dislocation de la colonne vertébrale pour l’achever. La caverne était noire, faite dans une sorte de cristal noir et coupant qui absorbait la lumière. Mais pas la douleur. C’était à ça que ressemblait le fond du fond de moi-même ? Je ne savais pas. Preuve, encore une, que je ne savais pas qui j’étais. Mais ça faisait mal.
La pensée avait peut-être ralenti, pour me laisser le temps de sentir le choc et la souffrance. Mais elle revenait maintenant, pour balayer ces maudits points de suspension et m’annoncer la chute de la phrase. Pour me révéler l’aboutissement de toute cette réflexion.
« Pas très bien. »
Ce fut le coup final. Le point d’orgue à mon enterrement mental. Trois mots qui murmuraient en boucle à mes oreilles, trois échardes dans mes plaies, trois cordes qu’on me tendait pour me pendre. Tu n’es pas XANA. Tu n’as pas de but. Tu n’as qu’une chimère mortifère. Et ce doux euphémisme qui me soufflait la réponse à l’énigme sans m’annoncer honnêtement la vérité. Mais j’avais compris.
Alors…
J’allumai la fenêtre de communication avec Xanabis, le regard un peu éteint, encore ébranlée par ma chute métaphorique.
-Qu’est-ce que tu vas faire pour le programme invisible ?
-Je ne sais pas. Je devrais le détruire : seul XANA doit régner.
Un sourire sans joie traverse mon visage à la lecture de ses paroles. XANA aurait été capable de voir les manigances de ce patchwork de programmes, de sentir que quelque chose clochait. XANA ne serait pas tombé dans le piège grossier d’être aveuglé par la haine.
-C’est à toi de décider. J’ai compris aujourd’hui que je ne pouvais pas être XANA, tu avais raison dès le début. Je ne suis même pas une humaine. Alors si l’un de nous deux peut être XANA, c’est toi. Sois XANA. Jusqu’au moindre octet.
Il ne répondit rien. Probablement en train d’assimiler le choc. Tant mieux, je n’allais pas m’éterniser à discuter avec lui pendant trois heures. Je commençai à taper une procédure destinée aux scanners, ça ne prit pas longtemps. J’avais au moins encore un peu d’intellect, peut-être tout ce qui me restait. Enfin, on avait vu ce que ça avait donné avec l’Invisible…
Et puis je me levai du siège après avoir programmé le lancement en différé de la procédure.
La fin de quinze ans de chaos intérieur. Aujourd’hui, j’allais accomplir ce que j’aurais peut-être dû faire bien plus tôt.
Tirer ma révérence. Et ce via l’objet qui avait signé le terme de ma déchéance.
Les portes se refermèrent.
« Désintégration Xana » songeai-je avec un petit sourire, parodiant les petites phrases rituelles de Jérémie.

C’était quelques jours après le suicide de Xana. L’idée me semblait toujours aberrante. J’avais lu la conversation qu’elle avait eue avec Xanabis avant, pour tenter de comprendre. Même si j’avais quelques idées, au fond. Toute cette histoire lui avait collé un coup très sévère au moral. Trop sévère, peut-être. Apparemment, il y avait eu une sorte de crise d’identité en plus, enfin, je ne savais pas vraiment.
Je ne saisissais pas, mais je n’étais qu’un spectre.
Un spectre seul, sans sa maîtresse. Mais j’avais un objectif à suivre, tout de même. M’assurer du bonheur de Laura, parce que j’étais tout ce qui lui restait.
Et j’étais avec elle au moment où ils sont arrivés, et avec eux la nouvelle existence de Laura. William et Aslinn sortaient de leur voiture, tout juste en train de reprendre une vie normale, mais déjà prêts à offrir la même possibilité à la fille d’Odd. Laura les regarda approcher, depuis le haut de la falaise où son père avait sauté, et inspira un grand coup, consciente qu’il allait s’opérer un changement. Et puis elle marcha à leur rencontre.
La fin d’une ère. Le début d’une autre, avec le vague sentiment de ne pas avoir tout achevé. Drake allait sans doute gérer XANA, enfin, assister le nouveau XANA fraîchement adoubé. Et moi, je m’arrachais à toutes ces histoires. Plus rien ne m’attachait ici, après tout.
Rien à part le souvenir de Xana…
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Jeu 03 Aoû 2017 18:09; édité 1 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Mar 23 Sep 2014 21:20   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
C'est assez difficile de s'étendre sur une fin, puisqu'il n'y a théoriquement plus aucun mystère et donc aucune hypothèse à formuler, juste des critiques...

Le chapitre 31 avait des airs de bataille finale, même si ce n'est pas ma favorite pour cette fanfiction. J'ai bien aimé la fin de Dorothée, très digne. Et les derniers mots du chapitre marquent une vraie fin côté Carthage. Même si tu ne nous l'avais pas spécifié en avant-propos, j'aurais misé sur le fait que c'était leur dernière apparition.

Je ne trouve pas plus mal que Wolfy and co n'aient plus été cités depuis la destruction de Krystalcore, refourguons le louveteau à Xanabis, c'est plus simple que de recommencer Imprévu o/.
Je regrette néanmoins la passage à la trappe de l'Invisible, qui était quand même un des gros éléments déclencheurs de toute cette affaire, et surtout, du geste final de Xana.

Néanmoins, j'ai vraiment aimé les passages psychologiques sur elle, c'est à mes yeux le point le plus fort de ce texte. Son geste final m'a laissé un petit goût amer dans la bouche. J'avais au fil du temps appris à aimer le personnage comme tu l'as imaginé. Les derniers mots de Xanadu laissent une trace mélancolique qui accentuent cet effet amer.
Xana a gagné, mais s'est perdue. Triste constat.

Beau travail ! Ce fut un plaisir de te suivre à nouveau !

(P.S : Sinon, le vrai gagnant dans tout ça, c'est Drake, qui en plus de ne pas avoir eu à trop se mêler dans cette bataille sanglante, a eu un upgrade d'assistant à propriétaire Mr. Green.)
_________________
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« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Tarsaladdict MessagePosté le: Mer 24 Sep 2014 13:42   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 23 Juil 2013
Messages: 95
Localisation: Japon, à câliner Kinako et Clear.
Je me reconnecte pour la première fois depuis un baille, lecteur silencieux, parce que j'ai mon mot à dire. Peut-être ai-je mal suivi, et que Carthage avait corrigé ça, mais c'est pas un peu dangereux de foudroyer le Supercalculateur si ce dernier est alimenté par une pile nucléaire ? Genre pour les gens qui habitent alentour ?

Après peut-être que je n'en ai plus le souvenir et que le réacteur Iter servait à remplacer la pile nucléaire ? Bref, je retourne finir la fic.

_________________

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Icer MessagePosté le: Sam 27 Sep 2014 18:44   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
C'est assez facile de s'étendre sur une fin, puisqu'il y a théoriquement une critique d'ensemble à formuler... pour autant je n'ai pas des masses de temps comme d'habitude, je serai donc bref.

Cette fiction au final me laisse une impression étrange. Tu déclares procéder d'une façon un peu moins bordélique qu'Imprévu mais scénaristiquement, cela est difficile à voir. Le meilleur exemple reste Urbe.
Le suicide de X.A.N.A cependant est la conséquence logique de l'absence de but. Tu n'aurais pas su quoi en faire en cas de suite.
Tu connais mon point de vue sur le scénario. Abysses ne fait clairement pas partie de mes textes favoris à cause de l'orientation qu'elle a prise. Et contrairement à Bataille pour l'Espoir, je trouve que cet éloignement par rapport à la série originale a été moins bien maîtrisé. Pour preuve, mon ressenti sur Carthage dont je ne distingue que peu les protagonistes en dehors de leur nom (En fait, Wreck a monopolisé cette culture de la différence, ce qui a laissé les autres sur la touche. Manque d'impartialité de l'auteur ? (a) ). Pour comparer, je situe bien mieux les OC de Tyker alors qu'ils sont déjà autant sinon plus nombreux...
Que dire d'une éventuelle partie III... Pas de X.A.N.A avec ses règles, ce qui n'est pas mauvais en soi, mais plus de Kadic et de toute façon même plus de Lyoko-guerriers... Je ne doute pas de tes compétences pour nous pondre un truc mais je doute être captivé. Ou alors bien sûr suite à un retour vers le passé géant type le Désastre... Razz

See ya !

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Fog MessagePosté le: Lun 10 Juil 2017 18:57   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 10 Juil 2017
Messages: 30
Localisation: Il est parti trop loin...
Je vien de finir Imprévu et Abysse ( avec baucoup de retard ) et c'était exellent je dois dire. Enfin la mort de certain personage etait tres vite fait et d'autre sont pas mort assez vite. Mais sinon la fic es genial et oui j'ai failli pleuré a la fin. J'ai failli.

Note de Zéphyr : Le rouge et le cyan sont réservés à la modération, merci de ta compréhension ! Et puis, si un petit effort sur l'orthographe et le contenu pouvait être fait...

_________________
Alors c'est l'histoire d'une blague dans un commissariat :
- Vous avez tuer cinq personne ! Qu'avez vous à dire pour votre défense ?
- Et bien... ils étaient morts de rire.
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Ikorih MessagePosté le: Lun 10 Juil 2017 21:27   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Waouw, c'est un sacré retour vers le passé que je viens de bouffer! Mais puisque visiblement je n'ai jamais eu la courtoisie de passer répondre aux commentaires, on est partis o/

Zéphyr :
Citation:
J'ai bien aimé la fin de Dorothée, très digne. Et les derniers mots du chapitre marquent une vraie fin côté Carthage. Même si tu ne nous l'avais pas spécifié en avant-propos, j'aurais misé sur le fait que c'était leur dernière apparition.

La dernière scène de Dorothée et Wreck était probablement ma préférée de toute la fic. Évidemment tu me diras, ce sont mes deux chouchous. Mais il n'empêche que j'ai trouvé leur final assez à la hauteur de leur relation. C'eut été dommage de pourrir ça avec encore autre chose après, surtout que du coup ça permet d'imaginer un peu tout sur ce qui s'est passé par la suite pour l'organisation. Enfin presque héhé.

Citation:
Je regrette néanmoins la passage à la trappe de l'Invisible, qui était quand même un des gros éléments déclencheurs de toute cette affaire, et surtout, du geste final de Xana.

C'est vrai qu'il manquait de présence dans ce final. Et même plus globalement dans la fic. Mais c'est une faction assez passive finalement : une fois rassemblé avec lui-même, il ne fait plus trop de vagues, et Xana a donc d'autres chats à fouetter. En l'occurrence, Carthage, beaucoup plus agressive. Et après avoir démoli Carthage, on ne peut pas dire qu'elle ait eu vraiment la motivation de continuer elle-même le taf...

Citation:
J'avais au fil du temps appris à aimer le personnage comme tu l'as imaginé. Les derniers mots de Xanadu laissent une trace mélancolique qui accentuent cet effet amer.
Xana a gagné, mais s'est perdue. Triste constat.

Et d'ailleurs ça va assez à l'encontre de la fin d'Imprévu à l'époque, qui suggérait qu'avec le temps, Xana finirait par s'adapter au monde des humains. Mais le temps ayant passé et ma réflexion sur le personnage ayant continué, j'ai finit par réaliser que ce n'était pas vraiment possible. Xanabis n'était qu'un déclencheur de tout cet égarement psychologique car au fond, qui suis-je pour prétendre connaître la personnalité de XANA, et prétendre que ce que je vous sers depuis deux fics est valable? Pour une fois qu'un dénouement de fic peut passer pour une marque de modestie de ma part!
Et franchement, c'était pas hyper classe?

Citation:
Sinon, le vrai gagnant dans tout ça, c'est Drake

Qui?


Tarsaladdict :
Citation:
Peut-être ai-je mal suivi, et que Carthage avait corrigé ça, mais c'est pas un peu dangereux de foudroyer le Supercalculateur si ce dernier est alimenté par une pile nucléaire ? Genre pour les gens qui habitent alentour ?

1) Je pense que non, la surcharge électrique n'aurait pas pour effet de faire péter la pile nucléaire, juste de défoncer les composants électriques qui constituent l'ordinateur en lui-même.
2) Quand bien même, euhh...Tu crois que Xana s'intéresse aux dégâts collatéraux? XD


Icer :
Citation:
Cette fiction au final me laisse une impression étrange. Tu déclares procéder d'une façon un peu moins bordélique qu'Imprévu mais scénaristiquement, cela est difficile à voir. Le meilleur exemple reste Urbe.

Je pense que tu mets le doigt sur un problème on ne peut plus récurrent dans mes textes : la putain de fin. Il semblerait que ça coince systématiquement XD. Au niveau du scénario, oui, c'était moins bordélique qu'Imprévu, qui amenait les éléments au pifomètre à chaque chapitre sans même qu'il y ait forcément des liens. Ici, y avait quand même davantage de construction globale. Cependant Urbe a été victime de ma tendance à rajouter des trucs en cours de route et donc a fait un flop assez violent que même Hélicase n'a pas réussi à rattraper je pense.

Citation:
Pour preuve, mon ressenti sur Carthage dont je ne distingue que peu les protagonistes en dehors de leur nom (En fait, Wreck a monopolisé cette culture de la différence, ce qui a laissé les autres sur la touche. Manque d'impartialité de l'auteur ? (a) ).

Ben perso j'ai pas trouvé ça si violent XD Après en tant qu'auteur moins point de vue est biaisé mais je ne me souviens pas qu'il y ait eu beaucoup de retours allant dans ton sens. Après c'est clair que Nergal et Steven en tête ont gravement pris cher niveau oubli, et Sabriël a été complètement déboutée par l'arrivée de Dorothée (là aussi pas prévue à la base...XD).

Citation:
Que dire d'une éventuelle partie III...

Ben qu'on a déjà plus ou moins vu ça et que je détaille à la fin du post 8D


Fog :
Citation:
Enfin la mort de certain personage etait tres vite fait et d'autre sont pas mort assez vite.

C'est sûr que ça m'aide, sans les noms XD J'admets avoir bazardé Yumi et Aelita comme des grosses merdes, mais sinon les autres...je ne vois pas qui aurait pu mourir "pas assez vite" en fait surtout :/


Doonc, petit mot de la fin si jamais des gens n'étaient pas au courant : Imprévu et Abysses se sont fait brancher à mon ultime fanfic, Hélicase. Si vous voulez savoir ce qui est arrivé à Wreck, Steven et Sabriël après la démolition du complexe principal, c'est là! Si vous voulez en savoir plus sur l'entrée de Wreck et Dorothée à Carthage, c'est là aussi! Si vous voulez voir Urbe servir à quelque chose, c'est là! Si vous voulez voir les origines de XANA/Xana, devinez quoi?..c'est là aussi!
Enfin bref on va arrêter l'autopromotion ici, bonne soirée tout le monde!
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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