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  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 01 Jan 2022 00:06   Sujet: Au nom du père

https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/24.png



Mes chers petits enfants... Je sais que vous vous impatientez. Alors laissez-moi vous conter l’histoire de l’homme qui nous vola Noël.

Tout commença il y a quelques années. Votre père et moi participions à une réunion de travail, et... disons que nous étions pas tout à fait d’accord. Je voulais aller de l’avant, tandis que votre père était inquiet. Si bien qu’il finit par se fâcher et s’en aller. Il était si fâché qu’il n’avait pas remarqué que vous étiez tombés sous la table. Je m’étais penchée pour vous recueillir.

C’était la première fois que je vous avais dans mes bras.

Votre père s’était réfugié à la forge. C’était une sorte d’atelier où on fabrique plein de choses surprenantes. Le chef de ce service était le meilleur ami de votre père. Il se confiait souvent à lui. Je l’attendis alors dans notre bureau, en vous gardant sur mes genoux.

Une heure plus tard, votre père était revenu, et j’entrepris de le convaincre que vous étiez ce qu’il y avait de plus important, bien plus que les autres soucis de notre travail. Et qu’il fallait se concentrer sur vous, et sur l’idée de vous donner un avenir.

Et, enfin, il accepta.



https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/p/24/c.png




Suzanne rédigeait un énième rapport d’analyse quand sa collègue fit irruption dans le laboratoire.

— Anthéa ? Que t’arrive-t-il ?
— J’ai une surprise pour toi !

Elle dégaina le petit flacon qu’elle avait récupéré plus tôt.

— Tiens. C’est un prélèvement de matériel reproducteur du sujet oméga.
— Le sujet oméga ? On a enfin le feu vert ?
— En effet. J’ai convaincu Waldo. Il est toujours plus calme et apaisé quand il revient de la forge.

Anthéa installa le flacon dans le tiroir d’insertion de la cage de verre. Suzanne se dirigeait vers l’armoire de stockage réfrigérée.

— Est-ce que je sors le matériel du sujet Alpha ?
— Bien sûr ! Le projet n’a que trop attendu !

Suzanne sortit alors une éprouvette et commença à préparer la station de travail.



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Très vite, nos expériences eurent leur premier résultat. Votre grande sœur. Elle adorait jouer à la forge, où son père inventait les jeux et son ami les jouets les plus drôles et les plus inventifs.

Pendant ce temps-là, je continuais de veiller sur vous. Je vous observais, et vous chouchoutais. Moi aussi, je vous offrais des cadeaux, à ma manière…



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Anthéa, penchée sur son microscope, observait lamelles après lamelles tout en prenant des notes oralement grâce à un dictaphone posé sur la paillasse.

— Échantillon 14, lamelle numéro 5. Ajout d’une goutte de solution B. L’observation révèle une teinte importante, représentative d’une concentration significative de matériel vivant. Sélectionnée pour une observation de seize heures.

Elle entendit la porte du laboratoire s’ouvrir dans son dos.

— Waldo, c’est toi ?
— Navré ! répondit Suzanne en posant sa tête sur son épaule.

Anthéa étouffa un petit rire.

— Tu sais où est Waldo ?
— Aux dernières nouvelles, à la forge, avec la petite…
— À cette heure ? La forge devrait déjà être fermée depuis un moment, non ?
— Tout comme ce labo, répliqua Suzanne. Mais eux, au moins, ont de la boisson pour tenir si tard

Anthéa contint un nouveau rire, avant de dégainer une bouteille de sherry cachée sous sa paillasse. Suzanne ria à son tour, et saisit deux béchers propres en guise de verres.

— Et du coup, as-tu fait des progrès ?
— Peut-être. Je ne sais pas. C’est plus difficile de travailler sur des échantillons cellulaires rationnés que sur un sujet bien vivant. Et moins drôle, aussi.
— Mais peut-être plus sage ? Nous avons aujourd’hui réussi à obtenir qu’un seul sujet issu d’une fécondation alpha-oméga. Si seulement nous pouvions trouver plus de matériels sources, ce serait plus simple, mais en attendant, il nous faut faire preuve de prudence.

Anthéa soupira, et vida d’un coup son bécher.

— Peut-être… Mais tout de même. Waldo limite énormément les prélèvements et expériences autorisés sur elle.
— En un sens, c’est quand même sa fille…
— C’est un sujet expérimental unique. Elle n’est précieuse que parce qu’elle est seule en son genre. Et son pote, le chef forgeron… Je suis certaine qu’il freine la livraison des matériels spécialisés qu’on commande à cause de ça.

Suzanne n’avait rien de pertinent à répondre, aussi se contenta-t-elle d’étreindre son amie pour l’apaiser.



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Tout dégénéra le mois suivant. Nous menions une expérience assez particulière, qui nécessitait beaucoup d’attention et de suivi. Mais Waldo… Waldo a tout gâché.



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— Ce n’était pourtant pas compliqué ! Il te suffisait de suivre la checklist et de surveiller l’heure !
— Pardonne-moi d’avoir eu d’autres priorités.

Anthéa était furieuse, et le détachement apparent de Waldo ne faisait qu’empirer sa colère.

— Des priorités ? Quel genre de priorité t’entraîne à ruiner une expérience de long-terme et le matériel unique sur lequel il portait ?
— Le genre qu’un enfant peut nécessiter, peut-être ? Aussi, si tu avais tant besoin d’une supervision spécifique pour cette expérience, tu pouvais me remplacer par quelqu’un de plus disponible !
— Où as-tu vu un tétraicosaèdre parfaitement dessiné quand on change de main et de crayon à chaque trait ? Tu connais aussi bien que moi la nécessité critique d’une régularité extrême lors de ces manipulations sensibles.

Waldo s’éloigna, fatigué par la dispute.

— Et tu me referas une livraison de matériel oméga ! lança-t-elle sans se retourner.
— Sans ton aide, j’imagine ? soupira Waldo.

Anthéa ne répondit pas, se replongeant dans ses observations microscopiques.

— Si t’as d’autres griefs, tu me trouveras à la forge.



https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/p/24/c.png




Et, pour une fois, il n’était pas à la forge. Pour être exact, c’était la dernière fois que je le vis. De tous les potentiels fruits qu’il pouvait me laisser, il ne restait que vous. Vous que j’ai tant choyé, tant étudié…

Mais j’ai été imprudente, et vous ai laissé trop longtemps entre des mains trop intéressées par quelqu’un d’autre.

Navré, chers enfants. Vous auriez pu naître. Vous auriez pu être mon Noël à moi. Mais on nous l’a volé.

Ainsi se termine mon conte. Adieu, mes chers enfants.


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— À qui tu parles ?

Suzanne était revenue dans le laboratoire. Anthéa ne l’avait pas entendue entrer.

— Je parle à mes petits qui ne grandiront jamais…
— Oh.

Suzanne s’assit à côté de sa collègue.

— Tu sais… Ce n’était déjà qu’un résidu depuis longtemps. Il n’y avait plus rien à en tirer.
— Je sais, je sais… mais je m’y étais pourtant attachée. J’avais espoir.

Anthéa soupira. Mais la main posée sur son épaule la réconforta un peu.

— Tu veux peut-être les garder en souvenir ? On pourrait les vitrifier ? proposa Suzanne.
— Non.

Elle prit le flacon, et le jeta dans le bac à déchets jaune au bout de la paillasse.

— Il est temps de passer à autre chose.

Anthéa se leva, réajusta sa blouse, et se dirigea vers la porte. Suzanne lui emboîta le pas.

— Allez, viens, on va se changer les idées. Franz m’a parlé d’un projet prometteur qui commence à prendre forme à la forge, on pourrait peut-être y jeter un œil ?
— Ah oui ?
— Oui. Apparemment, il s’agirait d’implémenter une forme d’intelligence artificielle pour explorer les différents scénarios.
— Ça a l’air fun.

Suzanne éteignait les lumières tandis qu’Anthéa était déjà dans le couloir.

— Au fait... fit cette dernière en se retournant vers son amie.
— Hmm ?
— Qui est Franz ?


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  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 26 Déc 2021 00:05   Sujet: Hysteria

https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/20.png


> MA:[O|R*]:M1:C8.5(nc) <

Un interlude dans un interlude dans un interlude...





________________________________________



Hiroki était essoufflé. Sissi aussi. Heureusement qu’il y avait des douches à côté de ces vestiaires. Peut-être auraient-ils le loisir d’en profiter, quand les jouets de Belpois se seront calmés. En attendant… ils allaient donner tout ce qu’ils avaient, là, sur ce banc. Et espérer ne pas être dévorés par la meute trop tôt.


________________________________________



— Élisabeth ?

La jeune femme fut tirée de ses pensées. À côté d’elle, Yumi était venue la rejoindre, un air terne au visage.

— Qu’est-ce que tu veux ?
— Je peux te déranger un instant ? J’aimerais te poser une question…

Élisabeth l’étudia, elle et sa requête. Elle parvenait à y déceler une appréhension sincère, et se dit que cela devait être un sujet réellement important pour elle.

Autour de la table, Nicolas et les autres attendaient respectueusement la décision de leur cheffe.

— Continuez sans moi. Assurez-vous qu’Augustin soit prêt. Je vais patrouiller avec notre invitée du côté de notre itinéraire de fuite.

Elle se leva, et sortit de la voiture. Yumi lui emboîta le pas. Elles descendirent du train et marchèrent ensemble dans la gare, se frayant un chemin à travers le capharnaüm assourdissant établi dans le hall principal. Yumi comprenait pourquoi Élisabeth tenait ses discussions importantes non pas dans un bureau désaffecté, mais dans l’habitacle d’une voiture de première classe. Ces trains abandonnés étaient effectivement plus calmes et confortables.

Dehors, des résistants armés de fusils et de planches de bois croisaient des réfugiés accompagnés d’enfants et de parents. Ces gens mangeaient des patates cuites sur des casseroles de fortunes, parfois décorées de rations de pâté ou de saumon, découpés par dixièmes des quelques conserves qui se trouvaient encore dans les boutiques et restaurants des alentours.

— Ils viennent tous là dans l’espoir de trouver un toit sûr, de la nourriture et un peu d’air pur, commenta Élisabeth, remarquant l’étourdissement de la nouvelle arrivée.
— De… de la verdure ?
— Oui. C’était déjà difficile de faire pousser de l’herbe et des arbres dans une ville de béton, alors dans une ville d’acier où plus personne n’a le luxe de s’en préoccuper… Il n’y a plus qu’à des endroits comme ici, où ça pousse naturellement.

Elle pointa du doigt les voies devant lesquelles elles étaient en train de passer. Contrairement aux autres voies aux extrémités du hall, celles-ci n’étaient pas occupées par des trains à quai. Et en effet, la végétation avait conquis cette espace, recouvrant le ballast – à moins que celui-ci ait servi aux résistants de réserve d’armes de fortune, jusqu’à dénuder la terre en dessous.

Yumi se laissa distraire un instant, avant de remarquer qu’Élisabeth avait poursuivi son chemin sans ralentir. Elle se faufila donc entre les tentes et les sacs de couchage pour rattraper cette dernière. Celle-ci quittait alors le hall principal et commença à descendre des escaliers. L’étage du dessous, une ancienne galerie marchande, avait visiblement été reconvertie en zone d’ateliers de réparation et de confections d’objets de base, mettant à profit le peu de ressources et de matériels utiles qui n’avaient pas déjà été pillés dans les boutiques.

Élisabeth descendit encore. Yumi la suivait sans rien dire, alors qu’elles s’engouffraient dans un tunnel isolé dans un coin de l’ancienne salle d’échange de la gare, obstrué par des caisses et des barricades artisanales. L’endroit était beaucoup moins fréquenté. Quelques passants au regard éteint, ainsi que des dormeurs solitaires étaient présents. Élisabeth poursuivait sa route d’un pas toujours aussi décidé. Elles atteignirent un grand escalier qui s’enfonçait profondément en sous-sol. Là, il n’y avait plus personne. Et elles s’étaient tant éloignés du hall principal que le bruit ne couvrait même plus le son de leurs pieds claquant sur les marches en bois. Au bout d’une minute de descente ininterrompue, Yumi brisa le silence.

— Où va-t-on ?
— On est dans les souterrains est. Presque personne ne vient par là. On peut parler tranquillement.

Yumi hésitait encore à poser sa question. Elle se décida au moment où elles atteignirent le bout de l’escalier. S’immobilisant sur le plancher, elle demanda :

— Je voulais savoir si tu savais ce qui était advenu de ma famille.

Élisabeth s’arrêta à son tour, quelques pas devant.

— Ta famille ?
— Enfin… nos familles… mais je sais que celles des autres ne vivaient pas dans la ville… Alors que la mienne…
— Tu te demandes ce qui est arrivé à tes parents ?
— Oui. Est-ce qu’ils ont….
— Ils sont morts.

La réponse fut un véritable choc pour Yumi. Elle se sentit chuter, et crut s’écraser d’aussi haut qu’elles étaient tout juste descendus. Bien sûr, elle avait songé à cette possibilité. Dans ce monde ravagé et torturé, c’était une hypothèse probable si ce n’était inévitable, mais l’apprendre ainsi… Elle n’était pas prête à l’apprendre de façon si brutale.

— Les miens aussi, d’ailleurs. Ceux du reste de ta bande, je ne sais pas. Mais y’a un tas d’autres gens dont les parents sont morts comme les tiens. Désolé si ça ne me touche pas plus que ça.

Yumi reprit progressivement son souffle, réalisant peu à peu la logique et l’état d’esprit d’Élisabeth. Le souvenir de tant d’être chers ayant péri et disparu… Une souffrance incalculable que Yumi peinait à appréhender.

Elle releva les yeux vers Élisabeth, et remarqua que son regard était encore plus froid que d’habitude, mais aussi fuyant. Elle s’en voulait de lui faire ressasser ces souvenirs, mais elle avait tout de même besoin de savoir.

— Et.. mon frère ?
— Hiroki ?
— Tu le connais ? Demanda Yumi, l’espoir soudain ravivé.
— Suis-moi, se contenta de lui répondre Élisabeth, reprenant sa marche vers les tréfonds de l’ancienne gare.

Elles arpentèrent des couloirs sombres, passant parfois devant des comptoirs abandonnés ou des distributeurs inertes.

— Tes parents sont morts très tôt. Presque au début. J’imagine qu’ils avaient dû tenter de raisonner Ishyama. Et que Belpois n’était pas du même avis.

Arrivées à un tournant, elles tombèrent sur une barrière de verre. Des portiques d’accès à l’ancien réseau de transport en commun. Élisabeth escalada l’un d’entre eux, et enjamba tout naturellement la barrière, freinant à peine son avancée. Yumi entreprit d’en faire autant pour ne pas se laisser distancer.

— Hiroki est venu nous rejoindre peu après.


________________________________________



La confusion était totale dans le collège Kadik. Des enfants hurlaient partout tandis que les adultes couraient pour leurs propres vies. Sissi était désemparée. Elle se trouvait dans la cour, dans le coin entre le bâtiment administratif. Au loin, elle pouvait distinguer la terrifiante meute émerger de l’orée du parc. En balayant le reste de la cour, elle noua un contact visuel avec quelques autres collégiens et lycéens tous aussi interloqués et indécis.

— Suivez-moi !

Son cri de ralliement – le premier, fut entendu de quelques-uns. L’instant d’après, ils étaient cinq, Sissi en tête, à s’engouffrer dans une des pièces du bâtiment principal. C’était un simple local technique, contenant quelques outils d’entretien.

Elle s’empara de deux barreaux de fer qui traînaient sur une étagère. Ils lui semblaient suffisamment petits et légers pour être maniés et transportés avec aise, tout en étant suffisamment longs et solides pour être durables au combat et lui assurer une garde satisfaisante. Les autres s’équipèrent de balais, de plaques et même d’un seau de briques.

Dehors, le chaos avait encore grandi. Tout le monde fuyait de manière désordonnée. On tombait, et on ne relevait plus. La panique était palpable alors que le piège se refermait. Les ombres venaient du parc, contrôlant de fait l’accès au portail. Les pensionnaires n’étaient déjà plus que des proies, déjà au fond du filet.

— Par ici.

Sissi s’engagea dans les arcades. Ses compagnons la suivirent, bien qu’elle semblât se rapprocher de la ligne de front. Mais elle savait où aller. Elle fonça droit dans le bâtiment administratif, enfonçant les portes de coups de pieds. Le groupe traversa des couloirs et des pièces désertes, jusqu’à atteindre le bureau du proviseur. Désert, également.

Sissi s’avança avec prudence. Son père l’aurait-elle abandonné ? Aurait-il déjà fui ? Mais rapidement, la glaçante vérité se révéla à elle. Il était resté à son poste. Derrière son bureau.

Il était mort.

La fille du proviseur ne put s’empêcher d’hurler, tombant à genoux au près du corps encore chaud de son paternel. Elle crut sombrer, et chuter tandis que la réalité se disloquait sous ses pieds. Tout n’était plus que cris, larmes, et brûlé.

— Sissi ! Attention !

La fenêtre explosa, une ombre informe sautant à travers pour prendre d’assaut la pièce. Dans un réflexe irréfléchi de survie, Sissi roula de l’autre côté du bureau, et se rua vers la sortie, en agrippant au passage une boîte posée sur le bureau, tandis que ses camarades tentaient de tenir à distance l’ennemi.

Elle courrait, sans aller où que ce soit. Elle était perdue. Les larmes brouillaient le peu de cohérence qu’il restait à voir du monde, tandis que la douleur couvrait toutes les autres voix.

Jusqu’à qu’encore une fois, la douleur du corps, de l’instant présent, s’imposa une fois de plus.

Elle gisait à terre, paumes et genoux râpés sur le feu du goudron. Au-dessous d’elle, un jeune garçon également blessé. Il s’était jeté sur elle, pour l’écarte du monstre. Sissi se disait, en le regardant, qu’il était aussi brisé qu’elle.

— Qui es-tu ?
— Hiroki, glapit-il.
— Le petit frère d’Ishiyama ?
— Oui… mais… je ne comprends rien…

Sissi se redressa d’un bond, et lui tendit la main pour l’aider à en faire autant. Il la saisit.

— Moi non plus, je ne comprends rien. Viens.

Elle reprit alors sa course, suivie par sa bande improvisée. Elle ne savait toujours pas où aller, mais quelle que soit leur destination finale, il fallait commencer par survivre. Sa première étape était donc le parking du personnel, l’arrière du collège.

Sur le chemin, elle ouvrit la petite boîte qu’elle avait prise dans le bureau de son père, et en sortit un jeu de clés. Arrivée dans l’arrière-cour, près des véhicules, elle se tourna vers ses suiveurs, et demanda :

— Lequel d’entre vous sait conduire ?

Un garçon leva la main. Elle lui lança les clés.

— On prend le bus. On repasse devant, on ramasse ce qu’on peut sauver, et on fonce tout droit à travers les monstres.



________________________________________



Élisabeth avait ralenti le pas. Pendant son récit, elles avaient atteint le tunnel le plus profond de la gare. C’était un immense terminus de métro, dans un état de délabrement particulièrement prononcé. Des détritus s’accumulaient ici et là, tandis que de l’eau ruisselait sur les murs et les plafonds.

— Sais-tu pourquoi nous nous sommes installés ici ? demanda soudain Élisabeth.

Yumi, surprise par la question, hésita.

— Parce que c’est un bon point de départ si vous deviez fuir ?

Élisabeth éclata d’un rire sarcastique. Yumi leva un sourcil.

— On a choisi cet endroit pour plusieurs raisons.

Elle se retourna vers Yumi, la fusillant du regard.

— La possibilité de fuir n’en a jamais fait partie.

Yumi, interdite, attendit sagement la suite de l’explication.

— Tout d’abord, nous avions besoin d’espace. Ici, c’est suffisamment grand pour abriter tout le monde. Tu l’as vu, le hall principal est gigantesque. On peut profiter des voitures-lit des trains à quai, ramasser des patates sur les voies dégagées et utiliser les cuisines des fast-foods pour préparer des repas décents.

Élisabeth s’approcha d’un escalator rouillé, remontant à travers la terre.

— Bien sûr, il y a toujours la menace des sbires de Belpois. Mais le risque est contenu, ici. Nous sommes suffisamment loin de Solar Building pour qu’il ne puisse pas faire apparaître de spectres directement à l’intérieur. Et comme tu l’as vu, la majeure partie du complexe est profondément enterrée. Cela rend difficile le contrôle des monstres par radio. Belpois serait certainement très vexé que nous réussissions à prendre la main sur ses propres jouets.
— Il les contrôle par radio ?
— Oh, pas seulement, bien sûr. Sinon, les choses auraient été simples. Il se sert des signaux radios par commodité, car il peut les diffuser clairement et à grande portée depuis sa tour. Et à priori, il ne souffre d’aucune limite de commandement tangible quand il passe par ce moyen. Après tout, c’est une technologie assez simple, certainement enfantine à déployer et orchestrer pour quelqu’un comme lui.
— Mais alors...
— Non, on ne pourrait pas, coupa-t-elle en anticipant sa question. On a ni les compétences, ni le matériel, ni le temps pour tenter de brouiller les signaux radio. Mais surtout, comme je te l’ai dit, ce n’est pas le seul moyen qu’il a de contrôler son armée. Nous ne savons pas comment il fait, mais privé de signal radio, les machines et les spectres continuent de lui obéir. Il ne s’agit même pas d’une forme d’auto-pilotage d’urgence, qui s’enclencherait lorsque le signal est perdu : ils répondent en temps réel aux changements de tactique de Belpois. Tout ce que nous avons pu apprendre, c’est que dans une telle situation, Belpois ne semble pas être en mesure d’en contrôler un aussi grand nombre que par radio.
— Du coup, s’il venait à prendre d’assaut la gare, il ravagerait probablement sans problème la surface…
— Mais il devra œuvrer avec des troupes réduites pour conquérir les tunnels. C’est ça.
— Je vois. D’où les barricades et les fortifications à l’entrée des tunnels.

Élisabeth repris sa marche.

— Mais pourquoi pas la fuite, alors ?
— Tous ceux qui s’y sont essayés ont disparu. Dans la fuite, il n’y a que la mort.


________________________________________



Le bus fonçait à travers la cour. Autour, les gens courraient en sens opposé. Ils fuyaient. Et tombaient. Ils finissaient tous par tomber.

Aucun ne se relevait.

Le bus perça un chemin à travers l’armée, projetant au loin spectres et débris, avant de parvenir à franchir le portail et quitter Kadik. Abandonnant leur ancien lieu de vie, le jeune conducteur déboussolé suivit bêtement les instructions du GPS du véhicule, dont la programmation guida le groupe jusqu’à la piscine municipale.

N’ayant pas de meilleure idée, ils s’y introduisirent. Là aussi, l’endroit avait été déserté. Heureusement, se dit Sissi, il n’y avait pas eu de victime. Seulement des gens effrayés, fuyant en laissant derrière eux affaires et souvenirs.

Le groupe se dispersa, fouillant l’édifice à la recherche de survivants cachés ou de matériel utile. Hiroki, resté avec Sissi, trouva le chemin des vestiaires. De nombreux casiers étaient encore occupés. Ils n’allaient pas trouver de merveilles dans un endroit pareil, mais c’était mieux que rien.

En attendant de trouver un outil adapté pour forcer les casiers fermés, ils s’assirent un instant sur un banc. C’est alors que la main d’Hiroki vint trouver, presque par hasard, celle de Sissi, et que celle-ci trouva son regard. Hiroki était essoufflé. Sissi aussi. Heureusement qu’il y avait des douches à côté de ces vestiaires. Peut-être auraient-ils le loisir d’en profiter, quand les jouets de Belpois se seront calmés. En attendant… ils allaient donner tout ce qu’ils avaient, là, sur ce banc. Et espérer ne pas être dévorés par la meute trop tôt.

Le fait qu’il soit un Ishiyama jouait peut-être. Sissi ne le savait pas. Ou plutôt, elle ne voulait pas le savoir. Elle ne voulait pas savoir si elle était le sage réconfort d’un frère trahi, ou la détentrice sadique d’un proche ennemi. Pour l’instant, ils n’étaient que deux rescapés ayant une attirance mutuelle qui ne savaient pas ce dont demain serait fait.

Sans se préoccuper de quelque convention sociale ou morale que ce soit – tout cela avait disparu ce jour-là avec tout ce que le monde pouvait encore avoir de raisonnable avant Belpois, ils s’offrirent l’un à l’autre dans un acte charnel désespéré, à la recherche d’un sens au présent qui leur restait. Après quoi ils furent encore plus essoufflés, mais aussi un peu plus distraits, et c’était probablement ce qu’ils pouvaient espérer de mieux avant de connaître leur première nuit de résistance clandestine.



________________________________________



La sensation de malaise croissait en Yumi, alors qu’elle suivait Élisabeth s’enfoncer toujours plus loin dans le complexe. Ils avaient maintenant atteint un immense tunnel, complètement vide.

— Mais du coup, qu’est-ce qu’on fait ici, si fuir n’a jamais été une option pour toi ?
— Hé bien, tu m’as demandé ce qui était arrivé à ton frère.

Élisabeth s’arrêta au milieu du tunnel, en faisant face au mur. Sur celui-ci, une immense fresque, couverte d’innombrables inscriptions manuscrites. Elle les examinait.

— Son nom est inscrit ici, quelque part…

Yumi scruta les inscriptions. Des noms. D’innombrables noms. Elle comprit.

— C’est un mémorial ?
— J’y inscris le nom de tous ceux qui sont partis. Chacun des nôtres tombé face à l’ennemi. Pour ceux dont je connais le nom, en tous cas. Parfois, il s’agit de gens que l’on connaissait à peine, venus nous rejoindre simplement pour survivre ou parfois motivés à se battre dans l’espoir de vaincre. En leur souvenir, à défaut d’un nom, je dessine un visage, ou un objet auquel ils tenaient.

Yumi sentit l’émotion la gagner à nouveau. La beauté et la grandeur de la fresque n’égalaient que le poids insoutenable des souvenirs et des pertes qu’elle représentait.

— À chaque fois que je repasse ici, la fresque change. Il doit y avoir des gens qui passent également par là, et qui complètent petit à petit la fresque, dessinant ceux qui n’ont que des noms, et apportant des sourires à ceux qui n’ont que des silhouettes. En un sens, ils continuent de vivre, ici, dans ce souvenir que nous avons d’eux.

Élisabeth fit alors demi-tour, laissant Yumi seule à son deuil paradoxal. Celle-ci, repérant quelques bombes de peinture traînant au sol, entreprit de retrouver le sourire du frère qu’elle avait perdu.




  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Lun 20 Déc 2021 02:54   Sujet: Toi, moi, et eux

https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/17.png


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  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Jeu 16 Déc 2021 22:43   Sujet: Hell Angel

https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/15.png



Suzanne Hertz était, comme à son habitude, enfermée dans son bureau, en train de corriger quelques copies. Il devait être dix-huit heures passées, à en juger par la lumière et l'agitation à l'extérieur, quand la porte s'ouvrit.

— Jérémie ! s'exclama-t-elle. Que fais-tu là, à cette heure-ci ? Tu as des problèmes sur la recherche de cellules ?

Elle vit du coin de l’œil le jeune garçon chercher du regard un espace libre pour s'asseoir, avant de finir par s'installer sur un tas de revues empilées près du bureau. Il semblait avoir plus de mal que d'habitude à trouver ses mots, si bien qu'elle eut le temps d'achever la correction d'un devoir entier avant qu'il ne prenne enfin la parole.

— Voilà, mademoiselle... euh... En réalité, j'aimerais avoir des informations sur le professeur de sciences qui enseignait à Kadic avant vous.

Elle marqua une pause, le stylo suspendu au-dessus de la copie par une vague appréhension.

— Un certain... Franz Hopper.

Le stylo fendit l'air et transperça la feuille, répandant l'encre écarlate tout autour. L'inquiétude était maintenant claire et fondée. Nommée, même. Cette question... Cette véritable incantation capable d'invoquer le plus apocalyptique des démons intérieurs de la pauvre femme, pourquoi fallait-il que ce garçon la connaisse ? Pourquoi fallait-il qu'il l'énonce ? En un instant, Suzanne se retrouvait au milieu d'un champ de bataille, où elle devait tout à la fois lutter pour se contenir et ne rien laisser paraître de son malaise à son inquisiteur et pour maintenir le sceau qu'elle avait mis tant de temps à forger autour des souvenirs de sa vie passée.

Par chance, aux effluves de terreurs noires qui s'échappaient de son oubli volontaire se mêlaient tout le reste, dont l'entraînement dont elle a bénéficié, et les exercices qu'elle avait si inlassablement répétés. Elle se convainquit aussitôt qu'elle pouvait surmonter cette épreuve, comme elle avait triomphé de toutes les autres. Qu'il ne s'agissait que d'une simple question, posée par un garçon insouciant des vérités qu'elle appelait, et involontaire dans sa terrible démarche.

Elle leva les yeux et les plongea dans ceux de Jérémie aussi profondément qu'elle le put. Si celui-ci avait pu ne pas remarquer son égarement et son choc dans l'intervalle, il ne pourrait manquer de constater le sérieux qu'elle accordait à l'affaire dont il venait l'entretenir.

— Pourquoi t'intéresse-t-il ? demanda-t-elle, en feignant l'indifférence.
— Oh, comme ça... répondit-il évasivement. C'est parce que dans la bibliothèque de l'école, j'ai trouvé un livre du professeur Hopper, une introduction aux principes quantiques...
— ...appliqués à l'informatique ! l'interrompit-elle.

Suzanne marqua une pause, le temps de reprendre un peu de contenance et de reconsidérer sa stratégie. Car au fond d'elle, elle bouillonnait. Tout se bousculait. Sa boîte de Pandore personnelle, sautant dans tous les sens, sentait son heure venir. Sa conscience rageait de ne pas avoir fait disparaître ce fichu livre des années auparavant, cet ouvrage sur l'infinie douleur qu'il représentait, ou peut-être était-ce celui sur le néant qu'elle espérait abattre sur son passé ? Vite, il fallait reprendre le contrôle.

— Oui, je connais ce texte. Mais il me semble un peu trop difficile pour un jeune de ton âge !

La réponse sèche suffirait peut-être à refréner les ambitions du jeune homme, pensait-elle. Ou alors, elle exciterait encore plus sa curiosité. Après tout, il s'agissait de Jérémie. Pouvait-il entendre dans son regard le cri de désespoir qui traversait son esprit ? Pourquoi fallait-il que ce soit cet enfant-là ? Si jeune, si frêle, si sage, si perspicace... Après tout, il en avait le potentiel. C'était probablement le pire adversaire, mais pouvait-il y en avoir un autre ?

Et puis... Et puis... Fallait-il que ce soit lui qui la trouve...

— Le professeur Hopper m'a intrigué. Je veux dire, il enseignait ici, dans notre école. Vous l'avez connu ?

Les craintes de Suzanne continuaient de s'avérer exactes. Le jeune homme revenait à la charge. Il n'était pas venu par hasard, il voulait savoir ! Pourquoi alors lui demander à elle ? Elle qui avait fait tant d'effort pour justement ne plus savoir, pour justement ne plus rien avoir à y voir ? Tandis que son esprit s'échauffait plus vite que ne devaient le permettre les lois de la thermodynamique qui lui étaient pourtant si chères, son corps pris le relais, de façon automatique, lui laissant un ultime répit.

— Oui, enfin non... de vue. J'ai commencé à enseigner à Kadic dès qu'il a quitté son poste.
— Mais alors, si je ne me trompe pas, même si vous n'enseigniez pas à cette époque, vous étiez quand même son assistante de laboratoire ? insistait Jérémie. Vous avez dû travailler ensemble au moins deux ans, non ?

La professeure était désormais presque en proie à la panique. Le sceau mental se rompait. Chaque mention de ce nom, de son nom, la brisait un peu plus. Elle tourna la tête, cherchant désespérément un échappatoire. Mais il était déjà trop tard. Elle se revoyait dans son bureau. Son véritable bureau. Et elle regardait la fenêtre. Mais il n'y avait plus d'extérieur. Il n'y avait plus rien.

Rien qu'un visage déchiré, qui hurlait dans un silence parfait.

— Jérémie ! s'emporta-t-elle. Tu es venu pour un interrogatoire ? Oui, en effet, il y a une dizaine d'années, j'étais assistante au laboratoire de chimie, mais le professeur Hopper ne s'intéressait pas trop à la matière. Je l'ai peut-être vu deux ou trois fois en tout et pour tout.
— Mais vous, vous savez pourquoi il est parti, mademoiselle ?

Cette dernière question raisonna comme un coup de massue sur le crâne de la pauvre Suzanne Hertz. Non, elle ne savait pas. Puisqu'elle avait fait l'impossible pour l'oublier. Pour bannir ce passé. Ce passé qui pourtant, resurgissait aujourd'hui. Car les souvenirs sont comme l'eau. Chacun d'entre eux semble anodin, et surgir de petites sources insignifiantes, mais le poids des milliers d'entre eux, tous plus lourds et pensants les uns que les autres, ne peuvent que déferler tel un déluge à travers le monde. Comme déferlaient les larmes sur ses joues, chacun du millier de jours qui suivirent sa honte.

La malle maudite frissonnait de plus en plus. Suzanne pouvait le voir distinctement. De plus en plus de glace émergeait de la malle. La température ne cessait de baisser, et le fleuve des souvenirs ne tenait plus enfermé dans la malle. Elle allait exploser.

— En 1994, il a quitté l'école et puis il a disparu…

Brutalement, elle se souvint. L’explosion.

Une pièce plongée dans une obscurité quasi totale dans lequel était enfermé son corps, transi d’un froid insoutenable. Son esprit peinait à refaire surface, ses sens à se reconnecter à la réalité.

Derrière la vitre, une vague lumière blafarde venait de loin, balayée régulièrement par des vagues rouges. Une sirène stridente devait certainement accompagner ce signal, mais Suzanne ne pouvait pas encore l’entendre. Elle ne retrouverait l’ouïe que bien plus tard.

Elle se redressa avec la plus grande peine, parvenant difficilement à se mettre à genoux au milieu de la pièce. La douleur, et surtout le froid lancinaient son corps entier. Son cerveau, dans son instinct de survivaliste désespéré, libéra tout ce qu’il lui restait d’adrénaline pour aider la laborantine à se mouvoir et reprendre en main la situation.

Elle se trouvait toujours au milieu du laboratoire. Il n’y avait personne au poste de sécurité, personne avec elle, personne sur l’intercom. Le système informatique semblait hors d’usage, tout comme l’électronique de l’infrastructure. Or, aucune chance de déverrouiller la porte du sas sécurisé sans un accès approprié au système de sécurité.

Suzanne balaya la pièce du regard. L’armoire de conservation, le matériel de prélèvement, le spectromètre, le microscope électronique… Elle cherchait désespérément une issue. Et si... et si…

Elle eut l’idée de faire du feu. Non seulement, cela pourrait assurer sa survie dans l’immédiat en la réchauffant, mais elle pourrait aussi utiliser la fumée pour déclencher le système anti-incendie. Elle se souvenait que ce système était câblé de façon indépendante, et devait probablement être encore fonctionnel. Elle fouilla les placards à la recherche du matériel nécessaire. Il serait simple, bien que dangereux, de lâcher un peu de césium dans un petit récipient d’eau pour déclencher une explosion, et donc une flamme. Et puisqu’elle pouvait respirer, il y avait de l’oxygène dans l’air, au lieu de l’habituel argon purifié. Il ne manquait seulement qu’un combustible approprié, puisqu’il n’y avait bien évidemment pas de bec Bunsen et encore moins d’arrivée de gaz dans ce laboratoire sécurisé.

Mais alors qu’elle s’apprêtait à démonter les portes du placard en espérant qu’elles soient en bois, elle réalisa que son idée était vouée à l’échec. Certes, le système anti-incendie était probablement opérationnel… mais il n’y avait aucune chance qu’il la libère pour autant. Elle se trouvait toujours dans la pièce critique d’un laboratoire de quatrième classe. La circulation de l’atmosphère serait immédiatement bloquée, et tout ce qu’elle parviendrait à faire, ce serait s’intoxiquer et donc se tuer à petit feu – littéralement.

Elle repassa en revue une nouvelle fois le matériel disponible, et compris que sa seule chance était de retourner le système contre lui-même. Il y avait des bouteilles d’azote liquide cachées derrière l’armoire de confinement. Elles étaient là à titre de précaution, afin de pouvoir maintenir la basse température de l’armoire même en cas de panne. Il suffisait d’arracher cette bouteille, et d’en écouler le contenu sur et dans la porte pour la congeler, pour pouvoir ensuite la briser.

Cela semblait simple. Suzanne était elle-même complètement frigorifiée, sans qu’elle ne puisse affirmer si cela était dû à une température dans la pièce déjà proche de zéro voire pire, ou si son propre thermostat biologique était cassé au-delà du raisonnable.

Ne sachant combien de temps elle réussirait à se maintenir consciente, elle ne chercha pas d’artifice de confort pour mener son projet à bien. Elle poussa l’armoire, et saisit la bouteille d’azote à mains nues. Elle poussa un hurlement de douleur, si fort qu’elle crut s’en arracher la gorge. Elle traîna la bouteille sur le mètre infini qui la séparait de la porte, n’ayant plus la force de la soulever ne serait-ce qu’un instant. Une fois l’objectif à portée, elle voulut libérer le liquide, mais ses mains étaient déjà collées à la bouteille, l’humidité de sa peau ayant instantanément gelé au contact de la paroi métallique de celle-ci.

Elle était convaincue que si elle lâchait cette bouteille, jamais elle ne retrouverait la force de relever, ni la bouteille ni elle-même. Alors, dans un dernier instant de folie raisonnée, elle saisit la manivelle de ses propres dents, et ignorant une fois de plus la douleur d’un gel inhumain sur une chair qui ne pouvait être plus à vif, ouvrit la bouteille d’une torsion de la tête.

Le liquide jaillit sur la porte, qui se couvrit presque aussitôt d’une épaisse pellicule blanche. Suzanne bascula en arrière, tandis que la bouteille tomba lourdement au sol, arrachant avec elle une bonne partie de l’épiderme de ses paumes.

La température chutait à nouveau de moitié, et dans un effort surhumain qu’elle ne s’expliqua jamais, alors que la porte venait d’exploser sous le coup du gel, elle parvint à s’arracher de cette prison, rampant sur ses mains couvertes de sang jusqu’à l’issue de son pire cauchemar.

— Je suis désolée mais je n'en sais rien ! répondit-elle brutalement à Jérémie.

Elle jeta un regard à la vitre. Cette vitre, derrière laquelle se trouvait sa honte… Si jeune, si frêle, si sage, si perspicace…

Si belle…

Elle ignorait combien de temps avait pu passer. Quelques minutes, ou peut-être quelques heures ?

Brutalement, elle se souvint. La honte. Pire encore que la douleur.

Elles venaient de s’introduire dans le poste de sécurité du laboratoire. Elle et sa collègue. Une jeune fille, si prometteuse, et si belle – elle ne pouvait s’empêcher ces pensées fugaces. Jeunes et lumineuses laborantines, dans un vieil et obscur laboratoire.

Elle avait une mission. Une mission qui n’était pas dans l’ordre du jour expérimental. Ni dans aucun protocole ordinaire. Sa mission était de neutraliser une souche virale particulièrement dangereuse, créée artificiellement dans ce laboratoire, à des fins trop peu clairs pour être ignorées. Il lui fallait donc entrer dans la pièce sécurisée, localiser la souche, et la détruire, ainsi que toutes les données associées.

Mais on ne rentrait pas facilement dans un laboratoire de troisième classe. Tout comme on ne neutralisait pas un virus d’un claquement de doigt. Elle avait besoin d’aide. De son aide.

Elle était une brillante chimiste, promise à un grand avenir. Une fille formidable, pleine d’entrain et de joie de vivre. Une amie chère et précieuse.

Mais surtout, elle avait un accès libre au laboratoire.

Suzanne l’avait convaincue de l’aider. L’opération était simple. Elles entraient toutes les deux dans le poste de sécurité. Suzanne se faufilait à travers le sas de sécurité dans la pièce où étaient stockés les échantillons tandis que sa complice la guidait et en profitait pour détruire les données du système informatique, le temps de placer le bon échantillon dans la bonne machine et d’enclencher la bonne procédure.

Ce que seule Suzanne savait, c’est que sans l’autorisation adéquate, cette procédure ne pouvait être menée à bien sans provoquer un bouclage complet du complexe. Suzanne avait une porte de sortie. Une trappe secrète, dissimulée dans le sas de décontamination.

Mais elle… elle resterait derrière la vitre… Piégée…

Suzanne retournait ces événements dans sa tête. Derrière la vitre, elle aperçut la jeune fille aux cheveux roses. Elle se dit alors qu’il y aurait effectivement pu avoir pire adversaire que Jérémie.

— Et toi, au lieu de penser à la physique quantique, tu ferais mieux de te concentrer sur la biologie ! J'attends ton devoir sur les cellules pour demain, sans faute. Tu peux y aller !

C’était la dernière chose qu’elle lui avait dite. « Tu peux y aller ». Quand tout a dégénéré.

Les choses avaient pourtant bien commencé. Elle avait rapidement gagné la pièce sécurisée. Sa complice la guidait grâce à un talkie-walkie, contournant l’excellente isolation phonique du laboratoire. Elle lui indiquait les étapes à suivre, tout en les effaçant au fur et à mesure de l’ordinateur. Retrouver le matériel. Ouvrir l’armorie de conservation. Identifier la bonne éprouvette. La sortir et la placer précautionneusement sur la paillasse. L’ouvrir, et y verser un agent neuro-bloquant. Placer le tout dans une centrifugeuse…

Les choses semblaient simples. Pourtant, à un moment, elles ont dégénéré. Suzanne commençait à se sentir mal, et à avoir des difficultés à respirer. La douleur l’envahissait petit à petit. Derrière la vitre, la pauvre laborantine était effrayée. Suzanne était terrifiée elle aussi – avait-elle commis une erreur ? Ouvert le mauvais flacon, mélangé le mauvais produit ? Avait-elle libéré par mégarde une fièvre fulgurante, ou un de ces gaz de combats comme le sarin ?

Mais encore plus pour son amie. L’avait-elle piégée ? L’avait-elle contrainte à se rendre complice de sa propre fatalité ?

Celle-ci avait encore l’espoir de sauver la situation. Elle hurlait dans la radio, demandant à Suzanne de confirmer quelle fiole elle avait manipulée. Mais Suzanne ne pouvait déjà plus parler. Sa gorge n’était déjà plus qu’un brasier aride et stérile. Voyant que son état s’aggravait rapidement, son amie lui suggéra de glisser l’éprouvette refermée dans la trappe d’évacuation. Il s’agissait d’une petite trappe pour faire glisser des objets entre la pièce sécurisée du laboratoire et son poste de sécurité sans passer par le sas, qui était utilisable lorsque les protocoles de confinement les moins restrictifs étaient employés.

Suzanne tenta de s’approcher de la vitre, mais ses forces l’abandonnaient déjà. Elle tomba à genoux. Elle se disait que ce laboratoire serait son tombeau. Que son trépas, par quelque gaz empoisonné que ce soit, ne pouvait être que sa juste punition pour avoir voulu trahir son amie.

Son amie qui était là, derrière la vitre. Son amie qui serait l’objet de son dernier regard, ce qui la réconfortait. Elle commençait à sombrer…

Mais non ! Non ! Elle ne pouvait pas se contenter de mourir, sa choyée à son chevet. Elle ne pouvait se permettre un tel confort coupable, car elle était suffisamment bonne pour rester avec elle dans ses derniers instants, suffisamment bonne pour adoucir ses derniers instants… Quitte à se faire prendre et ruiner sa propre vie. Et puis, qui serait-elle, si elle trouvait du réconfort à infliger un si macabre spectacle à cette jeune enfant qui ne voulait qu’aider ?

Non. Suzanne ne pouvait se permettre cela. Elle rassembla ses forces, et avança jusqu’à la vitre. Derrière, elle se démenait pour trouver un moyen de lui sauver la vie. Elle lui demandait sans cesse de glisser l’éprouvette dans la trappe. Mais Suzanne savait que si elle faisait ça, en plus de risquer de commettre une seconde erreur mortelle, elle allait seulement condamner son amie à rester vainement chercher quel antidote inexistant ne pourrait pas la sauver, avant que les gardes arrivent et l’arrête. Non. Alors, pour lui faire comprendre de partir, elle glissa son talkie-walkie dans la trappe, poussa celle-ci, et enfin la verrouilla.

La jeune laborantine, découvrant la radio et comprenant qu’il signifiait l’abandon de Suzanne, hurlait de plus belle, frappant de toutes ses forces contre la vitre. Mais il n’y avait rien à y faire. Elle ne pouvait que pleurer, tandis que déjà Suzanne était prise de convulsions, et bientôt de vomissements.

Alors que le mal s’emparait de son corps, chassant petit à petit son énergie vitale, elle ne put qu’articuler encore une fois ces derniers mots :

— Tu peux y aller.
  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 14 Déc 2021 21:46   Sujet: Alter

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— Ah-là-là-là, c'est terrible ! Terrible ! C'est un désastre, que dis-je, une hécatombe ! L'équipe du renouveau hongrois, cette équipe en qui on avait tant d'espoirs, cette équipe qui pourtant fait rejouer une fois plus certains joueurs qui étaient jusque-là des légendes, et qui promettait de sauver le monde... Va-t-elle en fin de compte plutôt les achever, les enterrer et tuer tout espoir de les revoir briller un jour ? À l'issue de cette vingt-cinquième journée, le sort funeste est quasiment impossible à éviter. Sérieusement, sérieusement !
— En effet, en effet, difficile de vous contredire. Quelle calamité. Il y avait pourtant de bien grands espoirs, cette année-là. Mais désormais, plus personne n'y croit. Il faudrait un miracle pour que cette sélection puisse survivre à cette cinquième saison. Quelle déchéance après la saison précédente qui reste et restera encore longtemps dans les mémoires.
— Oui, oui ! Et c'est à croire que tout le monde est à blâmer ! Le capitaine avait déjà perdu tout son mojo dès le départ, ce n'est plus qu'une ombre de lui-même que je vois lassement courir sans plus aller nulle part.. La mascotte, notre mascotte qui nous faisait tant rêver, vous vous en souvenez, et tout le monde s'en souvient Désormais, il s'agit probablement du joueur le plus impopulaire de l'histoire de la compétition, réussissant à réhabiliter auprès du public les pires pestes des premières saisons. Quant aux autres... n'en parlons même pas, cela me fatigue. De véritables figurants sur le terrain !
— Vous seriez tout de même durs si vous ne parliez pas du coach ! Mais où est-il ? Qui est-il ? Existe-t-il ? Certes, les joueurs sont mauvais, mais comment pourrait-on leur reprocher leur désœuvrement sans se questionner sur leur coach ! Sérieusement, il s’est perdu sur quelle planète ? Nettement, son absence est terriblement problématique…
— En effet. Et puis pour sauver un peu l'honneur de l'équipe, parlons un peu de celui qui venait tout juste de rejoindre l'équipe l'année dernière. Il avait eu énormément de mal à s'intégrer, il était basiquement en transfert pendant toute une saison, mais aujourd'hui, il fait tout ce qu'il peut pour sauver les meubles, et c'est tout à son honneur...
— Si on ne le laissait pas sur ce foutu banc ! Faites-le jouer, bon sang, c'est le meilleur gars de la compétition cette année !
— Enfin, enfin. Nous nous emportons, mais il va tout de même nous falloir nous re-concentrer et nous atteler à finir de commenter ce vingt-sixième match. Sera-t-il le miracle inespéré que tous espèrent ? L'ultime pas vers la déchéance ? Ou juste un épisode aussitôt oublié de l'histoire ?
— Pour l'instant, la réponse est malheureusement assez claire. Le Renouveau était complètement perdu lors de cette première mi-temps, alors que leur adversaire jouait comme dans sa cour de récré. Ceux-ci sont à domicile, et semblent déterminés à en profiter et le faire savoir. Je voyais trois adversaires percer en flèche vers le centre du Renouveau, qui ne savait pas quoi faire de la balle. Et que fait-il ? Il recule. Oui, il recule ! On est où là, sur une table de poker ? Si seulement il y avait du contact, du choc, de la violence, on aurait pu qualifier ça de rugby, c'eut été impertinent mais au moins intéressant. Mais là, avec un Renouveau qui se plie sans même tenter, sur de... l'intimidation !
— Enfin ! Quelle sera l'issue de ce match ? Le Renouveau va-t-il enfin s’envoler ? Nous nous apprêtons à découvrir, alors que j'aperçois l'arbitre entrer sur le…


Quelques coups portés mollement à la porte du surveillant général suffirent à interrompre l'intérêt passionné qu'il nourrissait pour ce match. Jim laissa tomber son sac de chips au sol entre deux haltères, et se leva pour ouvrir.

— Allez, viens Jim, on va avoir besoin de toi aujourd'hui !



---



— Ah, Aelita ! Je te cherchais. Le proviseur veut te voir.
— Quoi, maintenant ? Mais pourquoi ?
— Tu verras. Viens.

Une réponse simple. Jim lui aussi verrait, enfin espérait-il. Parce que pour l'instant, il n'en avait pas la moindre idée. Tout juste savait-il que le proviseur avait exigé la présence de la gamine dans son bureau, séance tenante. Aussi allait-il l'escorter, et découvrir avec elle ce qui l'attendait.

Ils descendirent tous les deux les escaliers de l'internat, et remontèrent le couloir du bâtiment administratif, sans un mot. L'enfant n'avait visiblement rien à dire, et Jim lui-même était à court d'anecdotes dont il préférait ne pas en parler.

Enfin, la porte du bureau du proviseur. Le surveillant l'ouvrit, et invita Aelita à entrer, avant de lui emboîter le pas.

Le proviseur était presque affalé sur son fauteuil, une expression quasi extatique au visage, comme s'il venait de quitter une séance de téléphone rose à l'instant. Et là, de l'autre côté du bureau, entre la petite boussole stylisée qui avait perdu son nord et le portrait d'un général d'armée sorti d'une autre république, se trouvait un autre vieil homme. Fort bien habillé, et visiblement, fort bien flatté au regard par la présence d'Aelita.

Celle-ci recula d'un pas, de toute évidence intimidée. Ou peut-être terrifiée. Jim commençait presque à se sentir mal à l'aise pour la jeune fille, qui se trouvait maintenant dans cette pièce au milieu de trois hommes qui la voulaient parmi eux. Au moins, personne n'avait encore sorti les bonbons.

— Je ne comprends pas, Aelita. N'es-tu pas heureuse ?
— De quoi ? demanda-t-elle sur un ton particulièrement défensif.
— Hé bien, que ta mère est vivante !

Le troisième homme pris la parole, sans même se présenter, comme si c'était le grand mac du quartier. Après tout, ce n'est pas une camionnette qu'il avait vu se garer devant l'entrée, mais une limousine. Il s'agissait donc d'un quelconque genre de patron, qui s'attend sûrement à ce que tout le monde autour de lui sache qui il est, ou au moins fasse semblant de le savoir.

Il expliqua à l'enfant qu'il avait pris sa mère, et qu'elle était donc à lui. Enfin, pas exactement, mais c'est tout ce qu'il y avait à comprendre.

Ensuite, Delmas se mit à détailler le montage administratif qu'il avait mis en place pour justifier légalement la manœuvre de l'inconnu - un certain Tyron, apprenait alors Jim. Sans sourciller, il annonça à la pauvre Aelita qu'elle allait quitter le pays le jour même.

Jim profita de la concentration des intéressés sur les technicités du sujet pour se glisser discrètement de l'autre côté de la pièce, afin de jeter un œil aux documents, mais il n'y avait rien à y apprendre de plus. Ils ne s'étaient même pas embêtés à créer de véritables faux, mais ont juste imprimé du lorem ipsum sur quelques dizaines de pages pour faire peur à la fillette.

— Je refuse de le suivre.

C'est qu'elle en a encore un minimum dans la caboche ! pensa Jim. Il avait peur qu'elle se jette dans le piège sans résister. Mais non. Elle n'était pas totalement cruche, en tous cas pas quand il s'agit de son propre sort !

Le visage de Delmas s'était décomposé en un instant. Jim pouvait lire dans son regard sa retraite aux Bahamas tous frais payés dévaler la pente de la facilité pour se jeter dans les pistes sinueuses de la conviction. Heureusement pour lui, son corrupteur n'était pas venu les mains vides d'arguments.

Il exhiba une tablette pour montrer à la fille une vidéo de son otage de soi-disant mère. Il était bon, très bon même, songeait Jim. Ce Tyron avait cerné tous les codes d'un bon truand. Le message qui n'apporte aucune preuve de vie, le traitement vidéo avec dégradation de qualité pour l'ambiance "cassette trouvée dans les montagnes" - même si les Alpes n'étaient pas ce qui se faisait de moins bien en équipement d'antennes 4G, et même l'effet vidéo kitch qui servaient plus à la métaphore visuelle des barreaux et de la cage en verre qu'autre chose.

Pour parachever le tableau, il lui passa immédiatement un collier. La laisse aurait été déplacée, mais le message était parfaitement clair.

— Monsieur le Proviseur ! s'exclama Aelita, espérant vainement ramener ce dernier à la raison.
— N'essaie-même pas, coupa Tyron. Je l'ai ensorcelé comme j'ai ensorcelé ta mère. Il ne fera rien. D'ailleurs, Jean-Pierre, voudriez-vous me laisser seul, moi, illustre inconnu au visage inamical, avec cette jeune fille terrorisée et présentant tous les signes évidents d'un profond malaise dont je prétends sans aucune preuve ni aucune procédure légale être le père, ici dans votre bureau, en me couvrant de votre autorité légale et morale, pour lui dire et faire tout ce que bon me plaira ?
— Mais bien-sûr, monsieur. Je vous la confie. Prenez-en bien soin ! Venez, Jim.

Scandalisé, mais impuissant, Jim sortit de la pièce avec Jean-Pierre, et rassembla son courage pour tenter de dire ses quatre vérités à son supérieur.

— Jean-Pierre, comment peux-tu te permettre une chose pareille ! Ouvre les yeux ! Il ne s'agit pas d'une banale infraction à je ne sais quel code de loi dont je n'ai rien à faire, ou un abus de pouvoir comme on en fait toujours pour mater des sales gosses récalcitrants. On ne peut pas si facilement la laisser partir d’ici ! Et d’ailleurs, qu’est-ce que c’est que cette paperasse en carton ? Là, vous vous livrez carrément à du trafic d'en...
— Écoute, Jim. J'en ai marre de cette vie, de ce poste, de ces gosses, de ce collège qui ne ressemble plus à rien, de ce bureau qui n'est même plus le mien, de tout. Moi, j'ai mon chèque, je me barre. Bonnes vacances et bonne année.

Et ce furent ses dernières paroles avant de s’en aller, comme un prince, pour ne plus jamais revenir.

Jim était désemparé. Il eut l'idée d'utiliser sa technique secrète pour écouter aux portes sans appareil pour écouter aux portes en portant son oreille à la porte pour écouter ce qui se passait derrière cette porte. Il n'entendait pas tout, mais assez pour comprendre que Tyron menaçait explicitement et sans équivoque de faire disparaître la mère de la pauvre malheureuse, et même d'envoyer celle-ci la rejoindre. N'y avait-il plus aucun adulte responsable et compétent dans ce bahut ?

C'est alors que Jim vit Yumi débouler telle une furie dans le couloir. Il fit ce qu'il put, dans la limite des instructions qu'il avait reçues : tenter de s'interposer et d'empêcher Yumi de tomber à son tour dans le piège. Mais celle-ci ne chercha même pas à comprendre, et força le passage. Pour le mieux, au final, puisque la confusion que son entrée créa permit aux deux filles de s'enfuir, au nez et à aux cheveux de ce Tyron.

— Mais arrêtez-les ! explosa Tyron.
— Mais enfin, je ne vais quand même pas utiliser la force ! Cela dépasse mes fonctions, m'sieur !

Chaque seconde d'idiotie volontaire de Jim était une seconde de plus pour les filles de sauver leur peau. Mais il ne fallut pas longtemps à Tyron pour reconsidérer la situation et changer de tactique. Jim le vit s'éloigner, son téléphone à la main, certainement pour appeler sa tribu à la rescousse. Cette affaire avait vraiment tout pour mal finir, désormais. Jim s'en alla aussi, chercher son propre renfort.

Il se dirigea vers la chaufferie de l'établissement, et plus précisément le local technique. Celui-ci était toujours remplie de disjoncteurs et d'interrupteurs connectés à travers les âges de manière complètement anarchique, formant une forêt technoïde et psychédélique pleine de câbles et de lumières insensées.

— Alors comme ça, j'aurais besoin de force dans mes fonctions, marmonnait Jim alors qu'il commençait à trifouiller au hasard le tableau électrique. Vraiment, il faudrait vraiment qu'ils mettent une notice plus claire, marmonnait-il. Ou un bouton. C'est pas compliqué de mettre un seul bouton, non ?

Après une demi minute de fouille chaotique, il finit par enfin trouver la commande dont il avait besoin.

— Ah, te voilà enfin. Bienvenue.

En l'actionnant, des arcs électriques se formèrent, parcourant l'ensemble de l'installation. Jim, d'un geste réflexe qui lui semblait acquis d'une de ses nombreuses autres vies - bien que le commun des mortels qualifierait ça simplement de prudence élémentaire, fit deux pas en arrière. Précaution qui s'avéra fort avisée, car l'instant d'après, une entité commença à prendre forme, émergeant des entrailles mystiques de cet autel dédié aux instances supérieures présentes parmi les hommes sans jamais se révéler à leur regard directement. À savoir, les phénomènes de mouvement des particules chargées.

L'entité gagnait progressivement en énergie, en masse et en présence, jusqu'à devenir reconnaissable. Le surveillant général qui venait de l'invoquer restait là à l'observer, stoïque, jusqu'à que celle-ci soit complète, et que l'incantation prenne fin.

Il s'agissait de Jim. Un autre Jim. Celui de ses autres vies. Celui qu'il ne pouvait plus être lui-même, mais qui pouvait encore exister dans son regard et dans les histoires.

Un Jim brave, fort et inaltérable. Un Jim puissant, utile et efficace.

Un Jim véritable.

Il lui tendit la main. Celui-ci fit de même, tel un reflet dans un miroir. Ou peut-être était-ce l'inverse. Peut-être était-ce lui, le reflet. Après-tout, malgré tous ses efforts, malgré toute sa bonne volonté, il n'était plus qu'une ombre de son lui d'antan. Un spectre, errant dans ses traces, tentant désespérément et vainement de porter à bout de bras ce qui reste de son monde qui ne se soit pas déjà désagrégé ou corrompu.

Les mains finirent par se rejoindre. Paume contre paume. La sensation était étrange, pas comme celle du froid de la glace d'un miroir, mais pas non plus la chaleur du véritable corps d'autrui. Seulement un léger malaise. Et un étrange picotement électrisant.

— La force dépasse mes fonctions.

Il entrelaça ses doigts avec celui de son autre lui.

— Mais pas les tiennes.

Ils se lancèrent dans un dernier rodéo. Ensemble, pour une fois. Ils n’allaient pas faire un monde sans danger à eux seuls – le temps manquait. Mais ils pouvaient en éliminer au moins un.
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Ven 10 Déc 2021 00:38   Sujet: Amour ou famille

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Cher Ulrich,

Je voulais tout d'abord te remercier d'avoir accepté d'être mon cavalier au bal de l'école. Qu'un garçon tel que toi veuille bien danser avec moi... J'étais toute émue et surprise, comme tu as du t'en rendre compte.

Si émue que, en attendant l'heure du bal, je dois t'avouer que je me suis fait des films. Je me disais que peut-être... Peut-être qu'il s'agissait de plus que d'une simple danse ? Qu'allaient penser les autres ? Qu'allait-on dire de cette soirée où la petite gamine de sixième dansa avec le plus beau garçon du collège ? Et si... et si il y allait avoir réellement quelque chose entre nous ? On pourrait danser, et danser encore, et puis se rapprocher, se parler, et puis se revoir, et peut-être... peut-être...

Et puis, il était déjà vingt heures. Je t'ai retrouvé devant l'entrée du bal. Tu étais bien là, souriant, pour moi. Nous nous sommes pris par la main, et sommes entrés. Et au final, rien de ce à quoi je me préparais ne s'est produit.

Et c'était formidable.

Nous avons dansé, simplement dansé, parmi tous les autres danseurs. Personne ne se souciait de nous en fin de compte, et d'ailleurs, je ne me souciais plus d'eux non plus.

Si bien que quand nous sommes sortis, personne ne semblait s'en être rendu compte. Après tout, ceux qui étaient à la fête... étaient à la fête. Et ce qui n'y était pas... hé bien, moi-même, je ne m'en rendais pas compte. Tu étais sorti avant l'annonce des gagnantes du concours, et cela m'allait bien car je commençais à avoir le vertige. Les émotions des premières fois, j'imagine.

Et puis nous avons discuté. Tout simplement discuté. Tu m'a parlé de ton père tyrannique, ta mère détachée, et de tes cousines antipathiques, sans me révéler de grands détails. Je t'ai parlé de ma passion du journalisme que je tiens de ma mère et des lettres couvertes de timbres que m'envoie que trop rarement mon père, sans t'avouer plus de détails.

J'avais du mal à cerner tes pensées à cet instant. Étais-tu triste d'avoir parlé de tes parents, et d'avoir pensé à ce qu'ils représentent pour toi ? Heureux que je te parle des miens ? Enviais-tu l'amour qu'ils me portent, ou plutôt la liberté qu'ils me laissent ?

Car oui, j'ai choisi de venir ici à Kadic, loin de la campagne où vit ma mère, car je voulais étudier près de la capitale, profiter de l'option photo et m'épanouir dans mes passions. Alors que toi, ce sont tes parents qui t'ont imposé leur choix, sans t'écouter ni te considérer.

Peut-être pourras-tu leur montrer, un jour, qu'ils peuvent être fiers de toi sans qu'ils aient à dicter le moindre de tes choix ? Si ce jour arrive, je te promets de tout faire pour t'aider à leur montrer. À leur montrer le mieux possible ta passion, combien ça te plaît, à quel point tu es meilleur grâce à elle, et qu'ils peuvent être fiers de toi sans avoir à tout exiger de toi.

Je te le promets. Ce sera ma façon de te remercier pour cette soirée.

Affectueusement,

Milly.
  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Lun 06 Déc 2021 21:22   Sujet: Innocence Vorace
https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/06.png

Ce texte se situe dans la continuité de Nuova Linfa. Si la prémisse de ce premier texte vous paraît branlante, vous trouverez peut-être lumineux le raisonnement que m’a confié son auteurice, Violet Bottle :
« Michel Belpois est, à l’opposé de Walter Stern, le personnage le plus sain, le plus gentil, le plus compréhensif de la série. Un type pareil, c’est pas possible, il a forcément un squelette dans son placard. Et si c’était Walter, le squelette ? »
Si vous voulez mon avis, c’est toujours une meilleure histoire d’amour que Breaking Bad.


Spoiler

  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Ven 03 Déc 2021 21:57   Sujet: Téléphone rose

https://cl.delfosia.net/projects/cda2021/t/03.png






— Allô ?
— …
— Allô ? Heu… établissement Kadic, Jean-Pierre…
— Delmas. Je sais.
— Que… qui êtes-vous, madame ?
— Je m’appelle Anthéa.
— Je vois… Et donc… que puis-je faire pour vous, madame… Anthéa ?
— Bien des choses… Mais tout d’abord, je souhaite vous présenter mes félicitations.
— Pardon ?
— Pour votre nouveau poste ! Vous venez de prendre vos fonctions en tant que proviseur de Kadic, n’est-ce pas ?
— Oh ! Oui, en effet, c’est officiellement mon premier jour à ce poste.
— Je vous félicite donc pour cela !
— Merci beaucoup, madame.
— Mais de rien.
— Maintenant, je n’ai hélas pas beaucoup de temps à vous accorder…
— En effet, j’entends ça.
— J’en suis désolé. Mais comme vous devez vous en douter… j’ai beaucoup de travail ce matin. De nombreux documents à signer, et des courriers administratifs à lire…
— Je sais, je sais. C’est d’ailleurs à ce sujet que je vous appelle. En quelque sorte.
— Que voulez-vous dire ?
— Je souhaiterais vous offrir un cadeau, afin vous apporter chance et courage.
— Un… cadeau, vous dites ?
— Oui ! Enfin, je l’ai en quelque sorte déjà fait, pour être exacte.
— Que voulez-vous dire ? Expliquez-vous, je vous prie.
— Regardez je vous prie dans votre tiroir, monsieur le proviseur. Le tiroir du bas, sur votre droite.
— Heu… un instant… Oh, un coupe-papier ? Voilà qui risque en effet de m’être fort pratique !
— J’entends que vous l’avez trouvé.
— C’est exact. De plus, il s’agit d’un fort bel objet. Je vous remercie, madame !
— Voyons, ce n’est rien, cher proviseur.
— Mais dites-moi, madame… Ceci m’intrigue. Comment avez-vous fait ? Seriez-vous déjà passée dans ce bureau ?
— En effet.
— M’auriez-vous précédé à ce bureau ?
— Pas tout à fait. J’ai eu le plaisir d’y siéger il y a peu, mais je n’ai pas pour autant exercé les fonctions qui vous incombent.
— Vous m’intriguez d’autant plus…
— Vous m’en voyez navré. Mais ne vous en faîtes pas. Nous aurons l’occasion de discuter davantage en temps voulu. Mais pas aujourd’hui. J’ai suffisamment abusé de votre temps, je vais vous laisser à vos responsabilités.
— Heu… d’accord…
— Bonne journée, et bon courage, monsieur le proviseur. À bientôt !







— Établissement Kadic, Jean-Pierre Delmas.
— …
— Allô ?
— Bonjour monsieur le proviseur.
— Oh, je crois reconnaître votre voix. Madame Anthéa, c’est bien cela ?
— En effet ! Je suis flattée. Vous ai-je fait une telle impression, la semaine dernière ?
— Hé bien, c’est que notre première conversation était fort originale. Permettez-moi d’ailleurs de vous remercier à nouveau pour votre cadeau. Ce coupe-papier est à la fois très beau et très pratique !
— Oh, mais je vous l’ai dit, cher proviseur. Ce n’est rien, un simple présent de courtoisie.
— Ha ha ! Dites-moi donc, à quoi dois-je le plaisir de votre appel, cette fois-ci ? Dois-je ouvrir un nouveau tiroir ?
— Ha ha ha ! Non, pas cette fois. Je m’en voudrais de trop vous gâter si vite ! Non, je viens simplement aux nouvelles. Comment allez-vous, proviseur ?
— Comment je vais ?
— Mais oui ! Cela fait près de deux semaines que vous avez investi ce bureau. La rentrée s’est-elle bien passée ?
— Ma foi… On ne déplore aucun incident, les cours ont débuté sans encombre, la gestion administrative est sous contrôle… En fin de compte, plutôt bien, dans l’ensemble.
— C’est une bonne nouvelle. Et vous-même, proviseur ?
— Je vous demande pardon ?
— Vous n’avez pas encore répondu à ma première question. Comment est-ce que vous allez ?
— Hé bien… plutôt bien… Mais en quoi cela vous intéresse-t-il ?
— Ne puis-je pas me préoccuper du bien-être d’un honorable fonctionnaire d’administration scolaire ?
— C’est que je ne sais toujours pas qui vous êtes, madame…
— Si ça peut vous rassurer, je ne suis pas de l’Inspection Générale !
— Ha ha ! Ce n’est pas ce que je voulais dire…
— Je sais. Soyez sans crainte, cher proviseur. Disons simplement que je suis un parent impliqué.
— Hmm, je vois. Particulièrement impliqué, même, si j’oserais.
— Ha ha, mais osez, osez ! Comme j’ose vous appeler pour quelques mondanités à une heure si tardive… Mais d’ailleurs, il se fait tard, et je pense que je vais vous laisser profiter de votre weekend.
— Bien. Merci beaucoup !
— Mais de rien, cher proviseur. À bientôt !







— Établissement Kadic, Jean-Pierre Delmas à l’appareil.
— …
— …
— Bonjour, monsieur le proviseur.
— Bonjour, madame Anthéa.
— S’il vous plait, oubliez le madame, cher proviseur !
— D’accord… mais dans ce cas, appelez-moi Jean-Pierre.
— Entendu, Jean-Pierre !
— Comment vous portez-vous, Anthéa ?
— Fort bien, très cher ! Je vous remercie de vous en inquiéter !
— Mais c’est tout naturel. Je serais gêné d’être l’unique sujet de nos conversations.
— Voyons… Il n’y a aucun mal à être intéressant, Jean-Pierre…
— S’il vous plaît, soyez sérieuse !
— Pardon. J’espère que vous ne m’en voudrez pas de vous taquiner ainsi.
— Disons que c’est… inattendu. Je commence à prendre l’habitude de ces appels, mais pourtant je ne sais toujours rien de vous. C’est…
— Excitant ?
— Troublant. C’est une expérience nouvelle pour moi.
— Pour moi aussi, Jean-Pierre. Mais cela ne la rend pas déplaisante pour autant, j’espère ?
— Non. Au contraire.
— Alors, dites-moi ! Que faites-vous de beau aujourd’hui ?
— Je passe en revue les dossiers des différents professeurs de mon établissement. Maintenant que quelques semaines se sont passés, je les connais un peu mieux, et je peux constater leurs méthodes et leurs résultats.
— Et du coup ? Comment cela se passe ?
— Hé bien, je suis en train de finir d’annoter le dossier d’un professeur d’anglais. Sa pédagogie est bonne, mais les résultats aux tests normalisés ne sont pas si bons. Surtout en oral.
— L’oral… est souvent difficile à maîtriser, en effet.
— Que suggérez-vous ?
— Moi ?
— Oui, vous ! Je suis certain que vous avez votre petite idée.
— Hé bien… vous avez raison. C’est que vous commencez à me connaître, vous aussi !
— Ha ha. Et donc ? Ne me faites pas languir, je vous prie.
— Hé bien… Vous pourriez faire appel à une native anglaise ? Il est difficile d’en recruter, mais un professeur de naissance anglo-saxonne aura l’expérience nécessaire pour enseigner un oral parfait.
— Je… je vois…
— Qu’y a-t-il ? N’est-ce pas la réponse à laquelle vous vous attendiez ?
— Heu.. si, si bien sûr ! C’est effectivement une excellente idée. Si je m’y emploie dès maintenant, je réussirai peut-être à débaucher quelqu’un pour la rentrée prochaine.
— Parfait ! Qui est le professeur suivant ?
— Hmm… un professeur de sciences.
— Oh, excellent ! C’est ma discipline préférée. Dites-moi, comment est-il ?
— Qui donc ?
— Hé bien, ce professeur ? Comment est-il ?
— Heu… il semble parfaitement qualifié. Peut-être même trop. J’ai l’impression qu’il pourrait aisément évoluer en tant que chercheur universitaire…
— Et sur un plan plus personnel ? Que pensez-vous de lui ?
— Personnel ? Je ne sais pas trop… Je n’ai pas beaucoup eu l’occasion d’échanger avec lui. C’est un homme plutôt secret, qui ne parle jamais de sa vie privée. Mais à part cela, il est apprécié des autres professeurs.
— Je vois, je vois.
— Cet homme vous intéresse-t-il particulièrement ?
— Peut-être… Seriez-vous jaloux, Jean-Pierre ?
— Comment ?
— Je plaisante, je plaisante ! Et je vous présente mes excuses. Je ne vais pas vous importuner plus longtemps.
— Mais…
— Mais pour me faire pardonner, je vais vous faire parvenir la carte d’un excellent professeur d’anglais. Vous pourrez peut-être la rencontrer et lui proposer de rejoindre votre établissement ?
— Je… D’où tenez-vous cette connaissance ?
— Ohh, Jean-Pierre… It's a secret !
— Hum… Hmm… Je crois que vous aviez raison.
— À quel sujet ?
— Je trouve cela… quelque peu excitant. Bonne soirée, Anthéa.







— …
— …
— Bonjour, Anthéa.
— Bonjour Jean-Pierre. Comment saviez-vous que c’était moi ?
— Il y a toujours cet étrange son, quand vous appelez.
— Ah oui ?
— Oui. À chaque fois, quand je décroche, il y a un petit silence. Puis, un son très bref, semblable à une tonalité. Savez-vous ce qui cause celà ?
— Je l’ignore. Mais c’est un moyen original de m’annoncer, n’est-ce pas ?
— En effet. Comment allez-vous, Anthéa ?
— Fort bien, fort bien ! Et vous, Jean-Pierre ?
— Tout aussi bien. Je dois vous remercier pour la carte !
— Voyons, ce n’est qu’un modeste service…
— Ne soyez pas si modeste. Vous l’avez dit vous-même, les professeurs de ce calibre volontaires pour exercer dans le secondaire ne se trouvent pas si facilement. Alors, merci encore !
— De rien, de rien ! C’est un plaisir que de vous rendre service !
— Je dois tout de même vous avouer que j’ai été surpris, et peut-être même un peu déçu…
— Ah oui ? Expliquez-moi donc !
— Surpris, tout d’abord, quand n’ayant pas de nouvelles de votre part, j’ai vérifié sans réfléchir mon tiroir du bas. Quel ne fût pas mon étonnement de constater qu’au lieu de m’adresser votre contact par un courrier ordinaire, vous m’aviez laissé sa carte directement dans mon bureau !
— Ha ha ! Ce n’est pas comme si c’était la première fois…
— Certes, mais je ne m’attendais pas à ce que vous ayez encore accès à mon bureau après mon arrivée en septembre…
— Très cher… Vous êtes un proviseur vertueux et dévoué, mais n’essayez pas de me faire croire que vous passez tous vos jours et toutes vos nuits assis à ce bureau !
— C’est vrai. Bien que j’y passe le plus clair de mes journées, il m’arrive de le quitter, je le reconnais.
— Et donc… Seriez-vous par hasard déçu que je sois passée glisser cette missive à un moment où vous vous étiez absenté ?
— Pas tout à fait, même s’il me ferait plaisir de vous recevoir ici un jour en personne. C’est plutôt que…
— Que…
— Que je dois vous confesser quelque chose. Lors de notre dernière conversation, vous avez prononcé quelques mots en anglais.
— Oui, en effet..?
— Hé bien, cet anglais était parfait ! Votre prononciation, votre rythme, votre accent étaient si naturels, que je me suis pris à espérer que cette femme que vous me présentiez…
— Que ce soit moi ?
— Oui.
— Oh, cher Jean-Pierre… Je suis terriblement navré d’avoir ainsi déçu votre espoir… Je… Je suis si confuse…
— S’il vous plait, Anthéa… Ne vous emportez pas pour autant… Ce n’est pas si grave…
— Hum… Vraiment ?
— Oui… J’avais simplement l’espoir de vous rencontrer. D’ailleurs, je nourris toujours cet espoir ! Je crois que vous êtes une femme formidable, et j’aimerais…
— …
— J’aimerai simplement vous voir.
— Oh… mon cher Jean-Pierre…
— …
— Vous savez… Même si nous nous voyons pas… Nous pouvons toujours faire plus ample connaissance…
— Mais…
— Les mots ! Les mots sont si puissants ! Vous qui dirigez une école, vous devez le savoir mieux que quiconque, n’est-ce pas ?
— En effet…
— Et nous pouvons nous échanger tous les mots que nous souhaitons. Sans gêne. Sans limite.
— …
— Dites-moi… Qu’est-ce que cela vous apporterait de me rencontrer, en plus de me parler ?
— Hé bien… De vous voir.. De vous découvrir…
— Je peux me découvrir pour vous…
— Et pour ce qui est de vous voir ?
— Vous voudriez me voir… Mais ne me voyez-vous pas déjà ?
— C’est-à-dire ?
— Dans votre tête ? Dans votre esprit ? Ne m’imaginez-vous pas ?
— …
— Je ne suis pas qu’une voix au téléphone… Je suis plus que ça… Je suis la femme que vous connaissez !
— Que j’imagine ! Comme vous venez de le dire, je vous imagine ! Comment pourrait-ce être rée…
A secret makes a woman, woman ! Ce que vous ne savez pas de moi, ce que vous ne faites qu’imaginer… fait ce que je suis !
— …
— Passez une bonne nuit, très cher Jean-Pierre.







— Établissement Kadic, Jean-Pierre Delmas.
— …
— …
— Bonjour, Jean-Pierre.
— Bonjour, Anthéa. Vous êtes bien matinale, cette fois.
— Hé bien, nous avons pris l’habitude d’égayer vos soirées, il eût été triste de ne pas en faire autant de vos journées, une fois de temps en temps, n’est-ce pas ?
— C’est en effet une agréable surprise.
— Voilà qui est donc chose faite. Je vous souhaite une excellente journée, Jean-Pierre !
— Merci. À vous aussi, Anthéa.







— …
— …
— Bonjour, Anthéa.
— Bonjour, Jean-Pierre. Bonne année !
— Merci beaucoup. À vous aussi !
— Merci.
— Avez-vous reçu mon cadeau ?
— Votre cadeau de Noël ? Oh, oui ! Très attentionné de votre part, je ne m’y attendais pas !
— Ça ne coûtait rien de tenter le coup, n’est-ce pas.
— En effet !
— J’espère qu’elle sera à votre goût. Ce n’est pas la plus belle bouteille qu’il est donné d’imaginer…
— Je vous arrête tout de suite. J’apprécie beaucoup le Martini. Et quand bien même, le fait que vous m’offriez un cadeau, ainsi… Cela me touche tout particulièrement.
— Ce n’est rien, chère Anthéa. Rien du tout.
— Me voilà d’ailleurs tout à fait gênée. Vous avez fait cet effort, et moi je ne vous ai rien offert en échange…
— Oh, mais votre appréciation de mon présent est mon cadeau. Ne vous tracassez pas plus.
— Mais j’insiste…
— Vraiment. Pas plus.
— Soit. Je n’insiste pas plus.
— …
— Dites-moi… Comment dégustez-vous votre Martini, habituellement ?
— Cela dépend. Souvent, tel quel. Mais si on souhaite en faire une occasion… J’aime particulièrement bien les oranges. Alors, un de mes cocktails préférés consiste à en presser une, mélanger le jus au Martini, avec un ou deux glaçons. Vous trouverez des gens qui ajoutent à cela un bâton de cannelle, mais je préfère me contenter de l’orange.
— Je vois, je vois. J’essayerai donc ce breuvage. Merci encore !
— De rien. Bonne journée, Anthéa.







— …
— …
— Bonjour, Anthéa,
— Bonjour, Jean-Pierre.
— Comment allez-vous ?
— Très bien, et vous ?
— De même.
— Vraiment ?
— Oui. Pourquoi cette question ?
— Vraiment ?
— Anthéa !
— Jean-Pierre, je vous en prie ! Cela fait combien de temps que nous nous parlons ? Je connais le son de votre voix par cœur, Jean-Pierre. Chaque son, chaque rythme, chaque respiration. Je le sais, quand vous n’allez pas bien. Je l’entends.
— …
— Alors dites-moi tout, Jean-Pierre. Qu’est-ce qui ne va pas ?
— … Combien de temps ? Cela va faire six mois…
— En effet…
— Six mois que nous échangeons régulièrement… Parfois pour ne rien dire, parfois pour des bavardages passionnants, parfois quelques instants, parfois pendant des heures…
— Ou voulez-vous en venir ?
— Anthéa… je crois que je vous aime.
— Oh, ne dites pas de sottises.
— C’est vrai !
— Non. Vous voudriez que je croie ça ? Mais vous m’offenseriez ! Oser me déclarer votre amour, d’une voix si triste et tremblante ? Non. Ce n’est pas cela qui vous préoccupe aujourd’hui.
— …
— Dites-moi la vérité.
— C’est… C’est ma femme.
— …
— Elle me quitte.
— Oh… Jean-Pierre…
— …
— Je suis… terriblement navré. Je… Oh, mon pauvre…
— …
— Est-ce… serait-ce de ma faute ?
— Non. Elle ne sait pas.
— Mais peut-être que toutes ces soirées où nous discutions longuement…
— Peut-être. Oui, peut-être ! Je ne sais pas ! Peut-être qu’elle me quitte parce que je ne passe plus de temps avec elle, parce que je reste des heures durant à mon bureau… Mais peut-être pas. Je passais déjà des heures à mon bureau avant. Et nous discutons pas tous les jours non plus. Non. Je crois que cela faisait longtemps que notre mariage s’effritait.
— …
— Nous… nous entendions plus vraiment. En un sens, c’était déjà fini. Mais maintenant…
— Maintenant, elle vous l’a dit.
— Elle me l’a dit.
— Et il n’y a plus de retour en arrière possible.
— Non. À quoi bon, de toutes façons.
— Je compatis à votre tristesse. Vraiment. Je suis désolé que cela vous arrive.
— …
— Mais…
— …
— Mais vous ne me dites toujours pas tout. Vous éprouvez un profond chagrin. Je le sens. Je le sais. Et cela va bien au-delà d’un divorce que vous voyiez venir, consciemment ou non.
— …
— Parlez-moi, Jean-Pierre. Je suis là. Je vous écoute.
— Elle me quitte. Et elle va emporter notre fille.
— Votre… fille ?
— Oui.
— Vous ne m’en aviez jamais parlé.
— Elle est née l’an dernier. Quelques mois avant…
— … votre poste de proviseur ?
— Oui.
— Parlez-moi d’elle.
— Elle s’appelle Élizabeth. Sa mère voulait l’appeler Sissi. Nous nous étions disputés à ce sujet, mais au final, elle m’a laissé le choix en me laissant faire l’état civil. Elle s’est distancée, comme toujours.
— Parlez-moi d’Élizabeth.
— C’est une charmante petite fille… Elle commence à gambader à quatre pattes partout. Je l’aime beaucoup…
— …
— Mais sa mère obtiendra la garde. La mère obtient toujours la garde.
— Vous voudriez qu’il en soit autrement ?
— … oui. J’élèverai ma fille. Sa mère… Elle n’est pas une mauvaise femme, loin de là… Mais elle ne ferait pas une bonne mère…
— Vous le pensez sincèrement ?
— Oui. En y repensant, cette enfant est notre ultime bêtise. Celles que font les couples qui veulent sauver un mariage déjà perdu. Mais je ne veux pas fuir. J’ai réellement voulu cet enfant. Je veux la garder, l’élever, voir grandir ma fille et en être fier. Hélas, je crains qu’il n’en soit pas de même pour sa mère.
— Je vois…
— Voilà… Vous savez, maintenant.
— Jean-Pierre. Je vais vous aider.
— … Pardon ? Comment ?
— Ne vous souciez pas du comment. Vous aimez votre fille, et celle-ci vivra mieux avec vous. C’est ce qui compte. Concentrez-vous sur l’essentiel, et laissez-moi vous aider une fois de plus, du peu que je le peux.
— M’aider ? Mais rendez-vous compte ! Il ne s’agit pas de simples conseils professionnels ! On parle de la garde de ma fille. Comment comptez-vous faire ?
— Comme je fais toujours. Avec des mots bien choisis, glissés aux oreilles des bonnes personnes.
— Mais…
— Vous garderez votre fille. Je vous le promets. Au revoir, Jean-Pierre.







— Établissement Kadic, Jean-Pierre Delmas à l’appareil.
— …
— C’est vous, Anthéa ?
— Oui, Jean-Pierre. Allez-vous bien ?
— Bien mieux, oui. Je reviens du tribunal.
— Oh mais qu’entends-je là ? Vous sabrez le champagne ?
— Non, pas du tout, même si je ne dirais pas non à une bouteille de pétilleux. Ce n’est que le bruit de couverts que j’ai empruntés à la cantine. La séance a pris du retard, et je n’ai rien mangé.
— Je vois, je vois !
— Désolé pour le bruit.
— Aucun souci. Je peux vous rappeler plus tard, si vous le souhaitez ?
— Non, non, du tout.
— Alors, racontez-moi !
— Hé bien, ça s’est passé au final très vite. Le juge a simplement lu le texte de séparation, et m’a informé que j’avais la garde exclusive d’Élizabeth.
— Félicitations !
— C’est entièrement à vous que je le dois ! Merci encore.
— Voyons.. Je n’ai rien fait d’autre que de vous écouter… et parler un peu.
— Peut-être, mais quels qu’ils aient été, ces mots furent décisifs. Merci. Infiniment.
— De rien.
— …
— Et… votre femme ?
— Elle n’était tout simplement pas là.
— Je vois. Tout est bien qui finit bien, alors.
— On peut dire ça.
— …
— Au fait… J’aimerais vous faire un aveu.
— Un aveu ? À quel sujet ?
— Au sujet de cette bouteille de Martini, que je vous aurais offerte à Noël.
— N’employez pas le conditionnel. Vous me l’avez effectivement offerte !
— Hé bien, justement, non. Je me dois d’être honnête avec vous. Je l’avais simplement rangée dans ce tiroir.
— …
— Pourquoi donc un proviseur rangerait une bouteille d’alcool dans un tiroir de son bureau ? Hé bien, comme vous vous en doutez, pas pour de bonnes raisons.
— …
— Ma séparation était déjà actée à ce moment. Et… je commençais à déraper.
— Je sais.
— Vous savez ?
— Je sais. Je vous ai pris cette bouteille.
— Mais alors…
— Oui.
— Cela veut dire que c’est en réalité vous qui m’avez réellement fait un cadeau, ce soir-là !
— En quelque sorte ! Mais soyez rassuré, j’aime vraiment le Martini !
— Ha ha ha ha ha ! Vous êtes formidable, Anthéa !
— Oh, je n’y suis pas pour grand chose ! C’est vous qui me l’aviez confiée, après tout !
— Comment cela ?
— Hé bien, vous aviez entreposé cette bouteille dans notre tiroir… D’une manière ou d’une autre, vous vouliez que je la trouve, et que je vous la prenne !
— Ha ha ! Peut-être bien !
— Ha ha ha !
— Vous savez quoi, Anthéa ? Je crois vraiment que je vous aime !
— Oh, voyons, ne dites pas de bêtises, vous croyez seulement que vous voulez que je sois là, sous votre bureau, et pas seulement dans ce tiroir !
— Non…
— Ne vous en voulez pas, c’est tout à fait normal ! Et puis, vous aurez l’occasion de me le revaloir, un jour !
— Un jour ?
— Oui. Peut-être demain, ou peut-être dans vingt ans, qui sait ? Sur ce… bonne journée, Jean-Pierre !
— Bonne journée à toi aussi, Anthéa.



  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021  
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mer 01 Déc 2021 21:14   Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2021




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Bonsoir à tous et toutes et tou·te·s, et joyeux Noël, ou peu s'en faut !
Vu le succès de notre calendrier de l'avent l'année d'avant, nous nous sommes dit que l'heure était venue de rendre nos textes plus... excitants. Nous avons donc choisi un thème, ô combien estimé tant dans le milieu de la fanfiction que sur ce cher forum, bien qu'il soit rarement traité avec l'amour qui lui est dû.

Le principe, du reste, reste similaire à l'an dernier. 24 textes, avec des caractéristiques tirées au hasard. En l'occurrence, le couple d'une part, le genre d'autre part.
Pour le couple, deux réserves. D'une part, l'un d'entre eux (original, nous vous rassurons) avait été fixé à l'avance. D'autre part, nous nous sommes cependant laissé le droit de repiocher pour éviter les couples entre un vieillard croulant et un enfant de 10 ans.

Pour ce qui est du genre, nous avons légèrement varié par rapport à l'an dernier. Voici la liste des plaisirs :

Spoiler


Petite nouveauté, nous vous proposons un petit jeu. En effet, nous nous offrons cette année un joker chacun : l'appel à un·e ami·e. Il y aura donc trois textes parmi les 24 publiés ce mois-ci qui seront écris par quelqu'un d'autre... Saurez-vous les identifier ?

Nous vous souhaitons une agréable lecture !

  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 14 Fév 2021 16:47   Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020
Merci pour vos commentaires ! Nous allons nous atteler à répondre à vos interrogations.

Pour commencer, il nous faut mettre au clair quelque chose qu'on a gardé - visiblement à tord - très nébuleux jusqu'à maintenant : la véritable forme du défi que nous nous étions lancés. À vrai dire, le titre que nous avions choisi prêtait un peu trop à confusion, puisque les textes ne portaient pas nécessairement sur une attaque de Xana, ni même sur Noël. Le véritable objectif, c'était de respecter les fameux triplets de contraintes évoqués dans le post initial. Contraintes que je vais détailler ici.

Spoiler


En bref, ce topic n'est qu'un recueil de one-shots écrits sous contrainte. Je mets à jour le post d'ouverture du topic avec un index des one-shots publiés et les critères ayant conditionné leurs rédactions respectives, pour plus de clarté.

La technique


Le tirage définitif a eu lieu le 12 octobre. Après quelques jours passés à préparer le pipeline technique de production (le calendrier visuel, notamment, est étonnamment non-trivial à designer, créer et mettre à jour quotidiennement, tout en évitant les bugs de rendu sur la transparence des tuiles x)), à établir des pitchs pour certains jours et à se maudire d'avoir accepté ce pari idiot au vu de ce que nous réservaient certains autres (Coucou le 2, coucou le 21, coucou les vidéos et le texte des gifs des Moutons du Berger, coucou les deux écoutes des 10 Commandements en intégralité pour A Very Musical Story), on a commencé à écrire tranquillement pendant le mois de novembre. Mais bon, on ne va pas se mentir, il doit bien y avoir deux bons tiers de l'écriture qui a eu lieu en quasi flux tendu pendant le mois de décembre.


Pour ma part, j'avais anticipé jusqu'à A Very Musical Story incluse (et Demain nos Ruines, qui est une idée qui me trottait dans la tête depuis longtemps) (et sauf Cookingjay, qui m'aura cassé la tête jusqu'au bout, ayant du mal à faire un texte intégralement humoristique et ayant déjà dépensé toutes mes billes sur Aelita2020. En plus, Rosa + Man vs Wild en contraintes, c'était tellement bien tombé que je n'avais pas d'idées de gag autour ^^'). Après AVMS, j'écrivais toujours l'après-midi avant de poster, notamment Cher Journal, fait en 2/3 heures sans la moindre idée de ce que je faisais parce que j'étais un peu crevée à ce moment-là. Je crois que c'est le plus rushé de tous mes textes, fait tout de même avec l'effort de sortir de ma manière d'écrire, mais qui a galéré à me convaincre moi-même jusqu'au bout, du coup je suis toute surprise mais contente qu'il t'ait plu o/ (mais on est très loin, en termes de temps et d'efforts, d'un A Very Musical Story qui nous aura appris que les sauts de ligne comptent pour 8 caractères sur le forum, et pour lequel on a dû refaire les liens des gifs cliquables à la dernière seconde, histoire de gagner des caractères et de pouvoir le poster en une fois Mr. Green)


À titre personnel, presque rien, si ce n’est le pitch de chaque texte n’avait été fait à l’avance. À une ou deux exceptions près, tout fut rédigé le jour même, en une seule après-midi, parfois moins. Il est d’ailleurs intéressant de noter que le rapport entre le temps passé sur un texte et sa qualité finale est assez faible. Certains textes nous semblent, et vous ont semblé d’excellente facture ou vous ont parlé en tant que lecteur, alors même qu’ils ont été écrit très vite, voire précipitamment. A contrario, d’autres textes ont été très longuement travaillé, fruit de nombreuses heures de sueurs, mais n’ont pas été particulièrement remarqué. C’est la vie, et le hasard des lecteurs et de leurs retours.


Parlant de publication, profitons-en pour aborder un autre point technique que tu as soulevé : la méthode de publication. Pourquoi tout poster d'un coup le 8 décembre ? En résumé, ça tient principalement de l'activité sur le forum. On aurait eu cette idée quelques années en arrière, cela aurait été une chouette animation de Guerre des Fans, avec probablement plusieurs commentaires et une publication au jour le jour était tout indiquée. C'était le plan ici aussi, jusqu'à ce 8 décembre et le premier commentaire de Warrior93. Cela nous a fait réaliser qu'il y aurait probablement que très peu sinon un seul commentaire, et le voir s'intercaler au milieu des posts était un peu triste et dommage. Après discussion, nous avons pré-posté tous les messages pour cette raison. Après tout, je doute que grand monde prête grande attention à la date des messages eux-mêmes, et ça m'a permis de m'arracher un peu plus les cheveux à gérer la mise à jour des tuiles sur les posts eux-mêmes.

(A vrai dire, c'est à ce moment-là que j'ai appris qu'on pouvait nommer un commentaire différemment de son topic. Il n'est jamais trop tard pour apprendre, ma foi o/)


L'écriture

La question des fics trop perchées. C'était un peu le but en fait. L'idée était que quitte à écrire 24 one-shots différents quasiment en rafales, autant aller se balader sur des thèmes et des genres un peu plus exotiques.


A mon sens, c'était même quasiment un impératif. 24 textes, c'est beaucoup. A la suite, c'est copieux. Si on restait dans les sentiers battus, on prenait à la fois le risque de redites par rapport à d'autres textes (et à ce compte-là, autant faire une animation où le Calendrier est en fait un recueil de textes à redécouvrir chaque jour), mais aussi de nous ennuyer nous-mêmes. J'ai beaucoup râlé en privé sur le fait d'avoir tiré Parodie et Humour, il n'empêche que ça m'a forcé à écrire hors de ma zone de confort, et que c'était enrichissant. Michel Belpois dans Nuova Linfa, c'était aussi ça : prendre un personnage dont on ne sait, en fait, quasiment rien, et qui a eu peu de présence en fanfic, et tenter quelque chose de motivant avec les contraintes. Bien sûr, ça n'a pas l'ambition de créer un background à ce perso, ce serait tout de même sacrément prétentieux pour ce qui n'est jamais que de la fanfiction, soit de la réappropriation de fans d'une série qui, en dehors d'une vague évocation du titre "d'Ange de Lyoko" d'Aelita, n'a pas créé son univers avec son fandom (et ce serait sacrément osé de la part de l'auteurice qui a foutu des dragons dans The Day is My Enemy ou écrit le Jérémie du Monde 0 de Mondes Alternés). Et pour une fois qu'Ulrich et Jérémie ne se détestent pas dans une de mes fics... Sans doute est-ce là la vraie idée perchée Mr. Green Le danger, ceci dit, c'était effectivement de perdre un peu le lecteur à la longue (si c'est éprouvant à écrire, ça l'est aussi sans doute à lire, surtout à la suite), mais le côté éclaté permet finalement de laisser à chacun la possibilité d'avoir un texte qu'il préfère, et d'avoir une variété dans les avis. Par exemple, chez Silius, j'avais très peu retenu Un coin oublié pour lui préférer Néantifère (et ça n'a strictement rien à voir avec le Christ), tandis que chez Dede, j'avais adoré l'idée de Le Père du Père (qu'on doit partiellement à une âme innocente qui découvre en ce moment Code Lyoko et a remarqué que la langue d'Einstein sur le poster de Jérémie est inconsistante). A côté de ça, mon texte le plus personnel est Demain nos Ruines, et celui que j'ai préféré écrire est Les Moutons du Berger, et Silius et Dede les retiennent moins que d'autres. Ce qui me fait penser que, plus qu'un recueil de textes, ce Calendrier est un test de personnalité *paf*.


Je renchéris, certains thème paraissaient nous aller comme des gants, d’autres moins. J’ai soupiré devant le thème de l’horreur que j’ai fait à reculons, et j’ai tordu au possible le thème du hurt/comfort (parce que bon, le comfort dans Néantifère…). De la même manière certains textes m’ont plus marqué qu’ils n’ont marqués leurs auteurs. Les Moutons du Berger ne m’a pas parlé, alors que Demain nos Ruines, beaucoup plus. Nous faisions des textes répondant à des contraintes, non des textes ayant à se tenir et se justifier par eux-mêmes. À bien des égards, les textes du calendrier sont similaires à des « drabbles » plus qu’à des nouvelles. D’où la faiblesse de justification de certaines intrigues. Dans le même temps, cela permettait de faire des vignettes, des images sur des points de lore. Par exemple Couverture est une réponse possible à la question de comment Jérémie a normalisé la situation administrative et financière d’Aelita. Question qu’à ma connaissance le fandom avait plutôt délaissée.


Les contraintes imposées étaient là pour ça aussi. Personnellement, cela a surtout été moteur pour Le Père du Père dont je suis plutôt fier et que je n'aurais certainement jamais écrit autrement (j'étais encore en train de me demander comment j'allais gérer ce foutu combo surnaturel+religieux la veille même avant de trouver l'idée). Idem pour L'or a éli Tah. Un autre objectif assumé notamment via notre troisième mutateur de contrainte (la colonne Extra/Featuring) était de pousser le lore de Code Lyoko aussi loin que possible. Créer des choses intéressantes et vraisemblables tout en restant au mieux compatible avec le canon. Je ne comprends pas tes bémols sur Ulrich Stern (ce n'est pas parce que c'est un homme qui aime le foot qu'il ne « peut pas » faire la cuisine ou la lessive Mr. Green) et sur Suzanne Hertz (c'est un peu le point du texte de développer une vie de famille « quasi » insoupçonné) ('Puis bon, est-ce vraiment plus sorti du chapeau que les tentatives de la série de la shipper avec Jim ? *pif*). Mais oui, lui inventer cet arbre généalogique fut intéressant, et a donné un récit bien plus joyeux que ce qui était prévu initialement.

Par contre, un autre point qui a probablement joué contre nous, c'est l'auto-influence. Pour commencer, tu soulignes une forte présence de la religion dans nos textes. J'avoue que personnellement, cela m'amuse tant ce sujet m'est habituellement étranger. En témoigne, encore une fois, Récursion, où je n'ai pas réussi à faire mieux qu'évoquer un peu la notion de dieu créateur et name-dropper Odin. Je pense que nous avons été particulièrement marqués par la performance de Silius dans Weak, qu'on a laissé en roue libre pendant une semaine pour qu'il fasse déferler littéralement l'Apocalypse biblique sur le monde de Code Lyoko. C'est d'ailleurs les discussions qui ont suivi cela qui ont fini par m'amener à tourner Récursion (et la fin de Press Forward) dans un sens plutôt bienveillant avec le concept basique de la croyance et de ce que cela peut apporter. J'y reste toujours tout autant étranger, mais probablement un peu moins hostile qu'avant.

Plus globalement, même si à l'origine, le plan était d'écrire des one-shots indépendants, nous nous sommes pris aux jeu de croiser des références internes au fur et à mesure de des publications, en évitant toutefois d'en faire plus que ça : des références. Sauf pour le dernier, qui était parti pour être assez yolo de toutes façons.


Les textes

Pour finir notre réponse, quelques mots en particulier sur certains textes que tu as abordé.

Réflexions. L'agression du Ninja par Xana, sans raison ? Wut ? Sans compter le fait que les intentions de Xana ne sont jamais vraiment connues, aurais-tu oublié l'épisode Confusion et sa plus grande bataille rangée virtuelle jamais vue dans tout le lore de Code Lyoko ? À la suite des événements de cet épisode, il me parait tout à fait évident que Xana envisage d'obtenir des informations sur Tyron et ses intentions, voire tenter de l'intimider et menacer de façon frontale comme il l'a déjà fait avec les héros (coucou l'épisode Ultimatum pour n'en citer qu'un). Quant à Aelita, après sa trahison suicidaire caractérisée de Rendez-vous...

For Honor You Monster. Ce texte n'est pas un de mes préférés, n'étant pas doué du tout pour les scènes d'action et n'ayant pas réussi, à mon avis, à doser suffisamment bien la brièveté des moments épiques et la longueur nécessaire pour les mettre en place. Mais ça ne reste qu'une version à peine plus poussée de Contagion ou Mauvaises ondes, avec un Jim débridé comme on a pu le voir dans Faux départ ou Mauvaise conduite.

Press Forward. La fête du slip ? « Of course[/i], c'était le but. Après, comme tout crossover, ça marche beaucoup mieux quand on connaît les séries en question, ce qui est difficile quand l'auteur part dans le délire d'en caser des tas (et encore, j'me suis freiné pour essayer de pas trop fumer le scénario ainsi que le temps que j'avais pour poster ^^'). L'idée de base, c'était de rameuter tout ce qui fait du voyage dans le temps, du coup en vrac : Rick & Morty, Doctor Who ainsi que Valérian et Laureline (et je me suis terriblement déçu par le sort que je réserve à cette dernière dans le récit, à savoir littéralement aucun). À ceux-là s'ajoutent également le personnage de Jérémiah de Code Geass (qui était déjà apparu dans Néantifère et du Kid de l'univers de Détective Conan d'où sont fortement inspirés les personnages de Suze et Cointreau, dans Caritas in Mendacio que je reprends aussi ici). Et pour finir, as-tu vu l'intégration à l'univers d'Oban Star-Racers ? Smile


Un petit coin bien au chaud. C’était un texte dans le genre de l’horreur. Mon Récursion à moi si l’on veut. Sans doute trop court et manquant d’une ou deux scènes de plus, qui ne me sont venues que plus tard. En effet, c’est un texte sur Yumi qui a dû être internée en hôpital psychiatrique suite aux traumatismes que Xana lui a laissé. Cette nouvelle dresse un parallèle entre sa situation et celle de Torpilles virtuelles. Donc, non, il ne s’agit pas d’une métaphore du viol (encore qu’il y ait un sous-entendu que le personnel de l’hôpital n’est pas au-dessus de cela).

Récursion. Ah, celui-là. On en a déjà beaucoup parlé, le sujet nous inspirait pas des masses ni toi ni moi. Sinon, la dernière ligne, outre que de ponctuer la question sur le déisme, n'est qu'une auto-référence gratuite à Le Père du Père.



Nos retours persos

À titre personnel, si je devais citer les textes qui m’ont le plus marqué chez chaque auteur du calendrier, je donnerais :


En revanche, Un coin oublié et Caritas in Mendacio me semble les plus oubliables de ce que j’ai écrit dans ce calendrier.

Enfin, un prix spécial revient à Nuova Linfa. Michel Belpois y a acquis une nouvelle stature. (Un jour, une captation sera faite de la lecture de ce texte. Réentendre Michel Belpois dans la série va me paraitre bien triste, maintenant)



Personnellement, pour mes textes, j'ai un trio de tête pour Demain nos Ruines, Les Moutons du Berger et A Very Musical Story (je râle sur sa préparation, mais c'était plutôt fun, et ça faisait longtemps que je voulais mettre de la musique dans mes textes, vu que j'en ai toujours dans les oreilles quand j'écris). Sur ceux de Dede, Le Père du Père et For honor you monster, qui avait pour lui d'être un des plus funs dans ce qu'il avait de barré (et je vais mettre un point pour l'effort de Récursion, pas le plus réussi mais vu le point de départ, c'est déjà quelque chose d'avoir réussi à sortir un truc). Chez Silius, hm... Néantifère, peut-être, Une pincée d’âme qui avait son efficacité, et comme pour Récursion, point d'effort pour Un petit coin bien au chaud.



Chez Silius, j'ai beaucoup aimé l'ambiance d'horreur psychologique dans Un petit coin bien au chaud. Je me souviens d'une première version plus légère - trop, même, selon moi, compte tenu de la situation décrite et de ce qu'est la réalité, alors que l'auteur craignait d'être déjà un peu trop sombre. Un texte très dur, mais tout autant juste. Et puis, pouvait-on faire pire que Néantifère ? Ce texte mérite probablement un trigger warning... mais reste ce qu'on peut faire de mieux comme expiation de l'Aelita d'Évolution !

Du côté de Violet, je retiens Demain nos Ruines, qui mêle l'une des plus ambitieuses attaques de Xana, un épilogue au projet Carthage et quelques éléments barrés comme l'algorithme d'activation des programmes secrets à base de bottin... Les Moutons du Berger aussi, qui pousse subtilement la logique de fonctionnement des héros jusqu'au malaise de la dissonance cognitive. Et puis, Talos Principle, best game ever ! Enfin, une mention spéciale pour A Very Musical Story, je me souviendrai un moment de cette soirée de rush à base d'optimisation de rendu et de rétro-ingénierie sur le fonctionnement de la base de données du forum.

Quant aux miens, je suis franchement fier de L'or a éli Tah alors que le genre du western ne m'inspirait tellement pas. Le Père du Père aussi était cool, avec une forme un peu nouvelle.

Enfin, mes regrets se portent sur Press Forward principalement. Le délire était fun et la base de l'histoire cool, mais l'écriture trop précipitée (j'ai probablement tapé en une journée plus de ligne que j'en ai jamais publié ^^') avec certains éléments bâclés.



Bonus : Références, eastereggs et autres secrets

Nous nous sommes beaucoup amusés à dissimuler des clins d’œils dans chacun de nos textes. Les avez-vous tous remarqués ? En voici un petit recensement (liste non-exhaustive).

Spoiler
  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020  
Dede7

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Jeu 24 Déc 2020 22:46   Sujet: Press Forward


https://cl.delfosia.net/projects/cda2020/titles/24.png


Un homme dans la pénombre confectionnait une bombe. Sur les murs, partout autour de lui, le même symbole, tracé à la peinture rouge, encore et encore, tels des dizaines de regards scrutant son méticuleux travail.

— Oui, marmonne-t-il à haute voix. Oui, pour vous, ô mon maître, ô Seigneur de la Pureté, pour vous et votre grand dessein, je sacrifierai le Traître au Père du Père...

L'individu, drapé dans ses ombres, assemblait son engin de destruction dans un robot de livraison, amorçant la charge en préparant une marge pour se donner le temps de prendre le large, avant la fatale surcharge.



Aelita entrait au foyer, rejoignant sa bande d'amis déjà installés sur un canapé.

— Alors Princesse, demande Odd, qu'est-ce qu'il vous voulait, le grand patron ?
— Bah il a commencé la réunion par des banalités, du genre on a passé un bon premier trimestre, et qu'il nous souhaite de bonnes fêtes de fin d'années... Mais surtout, la vraie raison pour laquelle il a convoqué tous les délégués et les profs, c'était pour nous informer d'un événement spécial qui allait avoir lieu pendant la dernière semaine de cours, ainsi que la première semaine de vacances.
— Ah ? Tu nous intrigues !
— Apparemment, Kadic a été sélectionné pour servir d'hôte à l'exposition d'un joyau impérial, le Sceau Suspendu de Nilrem.



Quatre coups à la porte. Jean-Pierre Delmas était encore plongé dans sa lecture d'un imposant dossier.

— Entrez !

La porte s'ouvrit. Le proviseur leva finalement les yeux, et observa l'homme qui venait d'entrer. Vêtu d'un uniforme d’apparat militaire étranger aux teintes bleues relevés par des coutures d'or, accompagnée d'une plume rouge et d'une cape bicolore noire et blanche, il arborait également une élégante coiffure à l'étonnante teinte sarcelle, et un sévère regard orangé.

— Jérémiah Gottwald, officier de l'Empire, je suis chargé de superviser les opérations concernant la protection du joyau impérial qui sera exposé dans votre établissement pour les deux semaines à venir.
— Enchanté, officier, salua le proviseur. Jean-Pierre Delmas. Je suis ravi de collaborer avec vous pour cet événement particulier. J'étais justement en train de parcourir le dossier que vous m'aviez fait parvenir à ce sujet. Je constate d'ailleurs que vous souhaitez utiliser le terrain de sport extérieur pour l'exposition ?
— En effet. Votre suggestion d'utiliser le gymnase est intéressante, mais compte tenu de l'importance du public attendu, ainsi que de la taille des corps de sécurité qui seront mobilisés, le terrain extérieur sera plus adapté. De plus, la météo semble particulièrement clémente pour un début d'hiver, alors cela ne devrait pas poser de problèmes.
— Bien. Nous allons donc installer une plateforme d'exposition au milieu du terrain. Quant au sujet du dispositif de sécurité, justement...

Jean-Pierre Delmas feuilleta le dossier rapidement, à la recherche de la section concernant les protocoles de sécurité. En le trouvant, il fut surpris par la présente d'une enveloppe parfaitement blanche à cet endroit du dossier, marquée uniquement d'un pictogramme au tracé noir symbolisant un personnage coiffé d'un haut de forme souriant à pleine dents.

Jeremiah Gottwald leva un sourcil à l'égard de cette découverte, et l'observa attentivement alors que son interlocuteur se saisit d'un coupe-papier pour ouvrir le pli. Celui-ci contenait une simple lettre.

Durant le plus long soir, j'arpenterai le plus long chemin
À l'ombre d'un seul accessoire, caché dans un seul recoin
Et sitôt l'avoir fait choir, j'irai vite fait loin
Pour de mes yeux voir, le dernier des yeux divins.




L'attention d’Odd était plongé dans un livre quand son colocataire rentra dans la chambre.

— Wow, Odd faisant des devoirs ? Mais que se passe-t-il ?

Odd éclata de rire et se retourna vers son ami.

— Il se passe qu'on doit préparer un exposé sur ce bijou qu'ils vont exposer dans la cour. Einstein m'a refilé la partie fun des historiques et des légendes.
— Je vois. Et donc, tu trouves des choses marrantes ?
— Bah figure-toi qu'il y avait à l'origine plusieurs de ces Sceaux. La plupart ont été perdus lors d'événements étranges, et apparemment, celui de Nilrem est le dernier qui reste. C'est pas mal illustré, je compte en faire un petit montage vidéo historie de faire ça bien.
— Et pour t'amuser, n'est-ce pas ?
— Surtout pour m'amuser, voyons. Mais comme le support de l'exposé n'est pas imposé, j'en profite !

Le jeune artiste se replongea alors dans son livre, prenant des notes et apposant des post-it pour préparer son prochain reportage.



— Salut, Laura !

Celle-ci sursauta. Elle ne s'attendait pas à ce que Sissi l'attende carrément dans sa chambre, adossée au mur jusque à côté de la porte.

— Qu'est-ce que tu fiches ici ?
— Oh voyons... Tu ne te souviens pas de notre accord ?

Laura grinça des dents.

— Il ne m'a pas rapporté grand-chose, pour l'instant.
— Hé bien justement, c'est pour ça que je suis ici ce soir, ma jolie !

Sissi se décolla alors du mur et s'approcha de Laura, plongeant son regard dans le sien. Laura était tout à la fois fâchée, intriguée et impressionnée par cette femme. Celle-ci finit par plonger sa main sous sa veste, pour en sortir une feuille pliée en trois, et lui tendit.

— Qu'est-ce que c'est ?
— Un célèbre cambrioleur a annoncé qu'il s'en prendrai au Sceau Suspendu de Nilrem. C'est une copie de son annonce, qui contient des indices codés. Je veux que tu la déchiffres pour moi.

Laura saisit la lettre et la parcourut.

— Le plus long soir, ce serait le 21 décembre ? Et le plus long chemin, à priori ce serait le circuit des visiteurs pour venir admirer le joyau sur son piédestal... À priori, il annonce qu'il va se déguiser et se glisser parmi les visiteurs, renverser le piédestal d'exposition quand il sera parvenu devant, et s'enfuira avec le bijou, tout ça le soir du 21 ?
— À priori, oui.
— Et donc ?
— Et donc c'est exactement la conclusion de mon père et des enquêteurs de police qui ont étudié la lettre. Or je suis sûre que c'est plus compliqué que ça. Ce cambrioleur a toujours annoncé sa venue par des lettres de ce genre, et il y a toujours eu un double sens caché. En plus, je suis intrigué par la deuxième ligne, qui dit "caché dans un seul recoin". Ça ne colle pas avec cette théorie.
— En effet...
— Alors je te laisse plancher dessus pour trouver la véritable solution !



— Je ne sais pas... Normalement, tout est censé être parfaitement rationnel et explicable scientifiquement... Mais j'ai comme l'impression que je devrais croire certaines choses, sans pour autant les savoir... C'est... c'est compliqué...

Aelita se confiait à Yumi, assise sur un banc à la sortie du réfectoire.

— Oh tu sais, il est parfois bon de croire des choses impossibles à savoir. Exemple tout con, mais tu sais, l'attaque fast-forward ?
— Quand Xana accélérait le temps ?
— Oui. Bah c'était en plein pendant mon rencard avec Christophe.
— Oh ! Et du coup, dis-moi, ça s'est bien passé ?
— Hé bien justement. Tout allait bien, je me laissais aller dans mes anecdotes de famille, il me racontait son rêve de devenir présentateur sportif, et puis on se dirigeait naturellement vers la partie... intime du rendez-vous, si tu vois ce que je veux dire. Mais tous les meilleurs moments, tous ! Zappés par Xana.
— Non !
— Si.
— Du coup, même le moment ou tu...
— Surtout ce moment-là ! Argh ! Et même si on a remonté le temps après, je ne peux pas savoir si j'ai revécu la même soirée ensuite. Mais je crois... je veux croire que oui. Parce que c'était une super soirée.

Aelita regarda son amie, perdue quelque part entre la désolation et l'admiration pour elle.

— Voilà. Du coup, c'est pas vraiment ton souci, mais c'est juste pour te dire que croire n'est pas spécialement une mauvaise chose. Ce qui importe, à mon avis, c'est les raisons, et ce que ça te pousse à faire par la suite.
— Je vois.

Leur discussion prit fin quand elles aperçurent Jérémie courir comme jamais Jim n'aurait espéré le voir en direction de l'internat.

— Jérémie ! interpella Yumi. Qu'est-ce qu'il se passe ?
— Quelqu'un manipule mon ordinateur !

Les trois se ruèrent alors ensemble dans la chambre du premier. Ils y trouvèrent Odd, tranquillement en train de mettre la touche finale à son projet vidéo.

— Oh, salut ! Désolé, j'empruntais ton ordi, vu que tu n'étais pas là. Il est plus rapide à faire les rendus que ceux du CDI...

Jérémie reprit son souffle pendant quelques secondes, avant de répondre.

— Je vois... pas de souci... C'est juste que... j'avais laissé des programmes tourner... Je m'attendais pas à ce que... quelqu'un se serve de... mon ordi, dans l'intervalle..., tu permets ?

Il passa au-dessus de l'épaule d'Odd pour pianoter quelques lignes de commandes sur une fenêtre de terminal, avant de lui rendre la main.

— C'est bon... L'ordi a été exposé pendant une dizaine de minutes... Mais c'est fini. Tu peux continuer.
— Est-ce qu'il est possible que ton ordi ait été piraté pendant ces dix minutes ? s'inquiéta Aelita ?
— Oui... mais peu probable. Je vais surveiller ça. T'en fais pas.
— Désolé Jérémie... s'excusa Odd.
— Non, non, c'est moi, j'aurais du mieux gérer mes programmes. Ça me servira de leçon, je deviens trop imprudent avec le temps !



Deux hommes quittaient le porche d'un manoir pour entrer dans leur Porsche noire.

Sur son téléphone, l'un d'eux venait de recevoir le secret de leur prochain devoir.

Leur mission : localiser, brutaliser et neutraliser, le tout dans un lycée.



— ... et c'est ainsi que cet artefact, symbole pour certains d'une ancienne divinité et pour d'autres du mal incarné enfoui dans les tréfonds de l'oubli, est aujourd’hui le dernier de son genre encore connu. Et pour parler des raisons pour lesquelles c'est le dernier, je laisse la parole à Odd.

Jérémie passa la télécommande à son ami, qui appuya sur le bouton pour lancer la lecture de la diapositive suivante, celle sur laquelle il avait glissé son montage vidéo d'articles de presse, de photographies, d'enregistrements et de livres divers et variés évoquant les Sceaux Suspendus. Odd évoqua les diverses légendes abordant le sujet, rapportant tantôt la puissance et les pouvoirs supposés apportés par ces joyaux à leurs possesseurs, tantôt le terrible maléfice surnaturel enfermé grâce à ceux-ci, ainsi que les superstitions qui en découlent.



Sissi était en train de préparer deux verres de jus d'orange au bar du foyer quand Laura vint la rejoindre.

— J'ai trouvé.
— Ah oui ?
— Oui. J'ai décodé le message.
— Alors vas-y, explique-moi.
— Tout d'abord, le soir le plus long et le chemin le plus long. Tout le monde pense au 21 décembre, à cause du solstice d'hiver. Mais il y en a un autre qui conviendrait bien à cette description.
— Ah oui ? Lequel ?
— Le 24 décembre. Le soir de Noël.

Laura marqua un temps pour observer la réaction de Sissi. Celle-ci n'en eut pas, attendant patiemment l'explication de son informatrice. Elle reprit alors :

— C'est le soir le plus long de l'année pour un tas de gens : les enfants. Et il y en a plein ici, après tout, on est dans un établissement scolaire ! Les enfants attendent impatiemment que la nuit passe pour trouver leurs cadeaux le lendemain matin !
— Et le chemin ?
— Le chemin qu'arpente le Père Noël ! J'ai lu que ce cambrioleur est notamment célèbre pour faire régulièrement usage d'un deltaplane pour arriver ou partir des lieux de ses casses. Il lui est même déjà arrivé de faire un tour de magie consistant à marcher au milieu du ciel. Alors qu'il arrive tel le Père Noël, qui parcourt traditionnellement le monde entier sur son traîneau volant, allant de maison en maison, cela ne m'étonnerai guère.
— Je vois. Et du coup, l'accessoire et le recoin ?
— Un Père Noël, ça se reconnaît à son bonnet, son manteau rouge, et sa barbe. Il portera sûrement un déguisement. Ce sera facile pour lui, il y en a plein les rues des Pères Noël en cette période, même dans l'enceinte de Kadic, ce ne serait pas très choquant d'en croiser un. Quant au recoin... Par où entre Père Noël dans les maisons ?
— La cheminée ?
— Exact ! J'ai pensé à ça, mais je ne sais pas exactement à quoi cela pourrait correspondre... Il n'y a pas de cheminées, à Kadic...

Laura observa à nouveau Sissi. Songeuse, puis soudain souriante. Elle venait d'avoir une idée.

— Ok. Je te retrouve le 24. À 23 heures, dans ta chambre. On ira coincer le Kid ensemble !


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Dix jours avaient passé depuis le début de l'exposition publique du joyau impérial. Le Kid ne s'était finalement pas montré le soir du 21, comme la plupart s'y attendaient, mais alors que la fin de l'événement approchait, la tension augmentait de plus belle. Aussi, les autorités françaises, sur conseil des experts internationaux ayant déjà eu à affronter ce grand criminel, avaient installé un lourd dispositif de sécurité, composé principalement d'un cordon pratiquement ininterrompu de policiers en uniforme tout autour du terrain sportif servant de lieu d'exposition. À cela s'ajoutait les quelques membres des troupes d'élites que l'officier impérial responsable de l'artefact, Jérémiah Gottwald, avait emmené sur place avec lui. Ceux-ci étaient répartis dans les alentours, placés sur diverses positions stratégiques en hauteurs ou sur les lieux de passage.

Dans les couloirs de l'internat, Sissi se rendait à la chambre de Laura. Celle-ci l'attendait déjà, fermement décidé à ne pas manquer ce rendez-vous.

— Tu es prête ?
— Oui. On va où ?
— Tu disais que le Kid passera par une cheminée. Il y en a effectivement pas ici, à Kadic... Mais il y a une chaufferie. C'est là qu'on va.

Les deux jeunes filles se mirent alors en route, discrètement suivies par une troisième. En effet, Aelita Stones passait par hasard dans le couloir au même moment, et remarquant la curieuse rencontre, décida de les filer afin de découvrir ce que sa rivale manigançait.



L'habituelle alarme retentit. Jérémie appela son groupe à la rescousse.

— Ulrich, Odd, amenez-vous, Xana attaque. J'ai pas réussi à localiser la tour, mais vu la réaction du Superscan, il a l'air parti pour mettre le paquet, cette fois !



Suze et Cointreau guettaient leur cible à l'ombre du bâtiment administratif, désert à cette heure et surtout à l'écart du terrain sportif où étaient rassemblés tous les policiers de la ville. Leur cible était un jeune élève pensionnaire de cet établissement. Ils avaient décidé d'attendre qu'il s'en éloigne pour sauter sur l'occasion et l'éliminer discrètement.



Laura et Sissi s'étaient introduites dans la chaufferie. Sinistre et désolée, comme à son habitude, la pièce arracha un bref frisson à la jeune Gauthier, qui découvrait cet endroit pour la première fois.

— Comment tu connais cet endroit ?
— Je te rappelle que je suis la fille du proviseur ! renvoya-t-elle.

C'est vrai. Était-elle bête.

— Il y a pas si longtemps, j'étais venue accomplir un rite satanique ici, expliqua-t-elle ensuite plus posément, en dépoussiérant du pied une partie du sol où l'on pouvait distinguer les traces d'un pentacle peint à la va-vite.
— Ah ?
— Oui. C'est ce qui m'a persuadé que c'était le bon endroit. À cause des légendes sur le Sceau. Cela tombait trop bien.

La porte s'ouvrit à nouveau. Entrèrent alors un jeune homme aux cheveux noirs et une jeune femme rousse. Tous deux avaient les yeux bleus, et portaient d'étranges tenues bleues et blanches, avec des épaulettes relevées.

— Vous êtes qui ? interrogea immédiatement Sissi.

L'homme parut gêné, comme s'il ne s'attendait pas à arriver en cet endroit. Son accompagnatrice le disputa :

— Imbécile ! Je t'avais dit que ce n'était pas une bonne idée...

Elle se retourna vers les deux élèves.

— On fait partie du dispositif de sécurité. Nous faisons un tour de garde, tout simplement. Et vous, mesdemoiselles, que faites-vous dans un endroit aussi lugubre par cette heure ?
— Nous sommes là pour capturer le Kid !
— Vraiment ?

La discussion tourna court quand un étrange vrombissement emplit la pièce, et qu'à la surprise générale, une sorte de cabine téléphonique bleue se matérialisa en plein milieu. En sortirent deux nouvelles personnes, un grand homme à la chevelure brune ébouriffée portant un costume cravate élégant recouvert d'un long manteau et une femme brune vêtue d'une veste en cuir rouge.

— D'où vous sortez, vous ?

Avant même que les nouveaux venus puissent répondre, un portail vert apparût soudainement sur un mur, et en sortirent encore deux autres personnes : un vieil homme aux cheveux bleus avec une blouse de laboratoire, accompagné d'un jeune garçon brun portant jean et t-shirt jaune.

— Mais qu'est-ce qu'il se passe ici, au juste ?



Jérémie, Ulrich, Odd et Yumi s'étaient retrouvés dans la forêt, au niveau de leur passage secret.

— Où est Aelita ?
— Je ne sais pas, je n'ai pas réussi à la joindre.
— Tant pis, on y va. On avisera ensuite.

Ils s'engouffrèrent alors dans le passage. Quelques mètres plus loin, derrière un arbre, les deux agents s'approchaient, leurs armes dégainées et chargées.



Minuit moins une. Jérémiah effectuait un tour de garde au milieu du terrain de foot, vidé à cette heure. Il y avait encore foule, mais au-delà du cordon de sécurité. Ces gens-là ne venaient pas admirer le joyau, mais espéraient admirer son vol par le célèbre Kid.

C'est alors qu'un fumigène se déclencha à proximité du stand d'exposition. L'officier lança immédiatement la procédure d'urgence de mise en sûreté tout en se ruant dans l'écran de fumée.

— Emmenez le Sceau dans la planque ! Équipes de défense, préparez-vous !



— Donc si je comprends bien, pour résumer, on est tombé sur un espèce de petit comité de voyageurs temporels ?
— On dirait bien que vous avez raison, Martha, conclut l'homme de la cabine bleue en détaillant du regard chacune des personnes présentes au travers d'une paire de lunettes 3D.

Sissi ne savait plus trop où se mettre. Laura, quant à elle, était fascinée.

— Vous êtes vraiment des voyageurs temporels ? Comment vous faites ? Vous utilisez les flux quantiques ? Ou alors l'accélération des particules ?
— Oulà ! commenta l'homme à la blouse scientifique. Une amatrice. Tu devrais d'abord étudier ça dans un vrai labo, ou quelque chose du genre, pour comprendre...
— J'aimerais bien !

Rick activa alors son pistolet à portail pour en invoquer un juste à côté de lui, le traversa, et en ressortit un instant plus tard, tenant un carton dans la main.

— Tiens, c'est la carte de visite du grand patron du CERN. Cadeau. Mais fais gaffe, je l'ai piquée sur son bureau dans une dimension où le CERN a déjà envoyé des exécutants pour essayer de te tuer. Allez viens Morty, on se casse, c'est naze ici.
— Non, je veux rester ici, c'est pas tous les jours qu'on croise d'autres voyageurs temporels comme nous et qui ne sont pas des Ricks comme toi !
— Ok, comme tu veux, moi j'me tire.

Sans un mot de plus, Rick s'en alla alors seul au travers d'un de ses portails. Le petit Morty essaya alors de reprendre la discussion.

— Hé bien, alors vous... vous êtes qui et vous faites quoi, au juste ?
— Moi, commença Martha, je suis Martha, et j'accompagne le Docteur.
— Laura Gauthier. Je suis là pour coincer un grand cambrioleur.
— Je m'appelle Laureline, et je suis avec mon ami Valérian.
— Oui, et nous sommes aussi à la recherche du cambri...
— Non mais vous fatiguez pas, on savait dès le départ que c'était faux ! coupa Sissi.

Valérian esquissa un sourire gêné. Le Docteur reprit.

— Ces gens là doivent être des Terriens du futur. Ils sont sûrement là pour la même raison que nous.
— Des Terriens du futur ? Les Terriens aussi pourront voyager dans le temps ?
— Oui, bien sûr ! À vrai dire, les prémisses de la technologie existent déjà ! Mais d'ici quelques siècles, ce sera institutionnalisé.
— Cool !

Sissi se rapprocha d'eux.

— Et donc, c'est quoi votre raison d'être là ?
— On est là pour essayer de comprendre pourquoi ce point de l'espace temps est une telle convergence de lignes temporelles.
— Si je comprends bien, reprit Laureline, vous êtes intrigués par le fait qu'autant de voyageurs temporels viennent visiter cet endroit à ce moment, et pour essayer de comprendre, vous venez vous aussi ?
— Heu, oui, c'est ça.

Le Docteur se retourna vers les élèves.

— Et vous alors, vous fichez quoi par ici ?
— On attend quelqu'un.
— Dans cet endroit ? C'est pas très chaleureux, comme réception, non ?
— C'est pas nous qui avons choisi l'endroit.

C'est à ce moment que s'ouvrit encore une fois la porte de la chaufferie. Jérémiah Gottwald entrait.



Suze et Cointreau étaient descendus dans les égouts. Une aubaine, pensaient-ils. Quel meilleur endroit pour dissimuler un meurtre ?

Cependant, ils furent presque aussitôt assommés, pris en embuscade juste en dessous de la bouche d'égoût. Michel Belpois venait de les mettre à terre.

— Vous êtes bons... mais vous ne valez pas les vrais !

Il regarda alors son fils accompagné de ses amis insouciants, aller de l'avant vers leurs propres aventures. Il était fier.



Valérian s'écarta pour laisser entrer le nouvel invité.

— Bienvenue, monsieur...
— Jérémiah Gottwald.
— C'est le Kid.

Tout le monde se tourna vers Sissi.

— Quoi, c'est évident non ? En cas de menace, le véritable Jérémiah doit s'emparer du joyau et l'emmener vers un lieu de repli, à proximité de la vieille usine. J'ai entendu mon père en discuter avec lui. Le Kid aura sûrement provoqué une diversion pour s'emparer du joyau, et l'emmener ici en se faisant passer pour l'officier chargé de sa protection.

L'individu s’avança de quelques pas, révélant le fameux pendentif au creux de sa main.

— Certes. Et si vous aviez raison, et que je suis bien le Kid, que comptez-vous faire ?
— Redevenir célèbre, en étant celle qui vous arrêtera !

Entra alors Aelita Stones, restée jusqu'à maintenant à l'extérieur mais trop intriguée par le nombre de personnes étant venues rejoindre Sissi et Laura dans cette pièce.

— Qu'est-ce que vous faites tous là ?
— Hé bien, il ne manquait plus que toi ! lui lança Laura.



— Tiens, qu'est-ce que c'est ?

Les lyokoguerriers étaient cachés sous la plaque d’égout du pont de l'Usine. Des gens étaient juste au dessus. William, qui était monté à l'échelle en premier, observait discrètement à travers le trou de la plaque.

— Les gars, on dirait un de ces nouveaux drones de livraison.
— Ouais, mais il est bizarre, il a l'air bugué.
— C'est comme s'il bloquait contre un mur invisible.
— Allons l'aider !

William chuchota à ses voisins du dessous :

— On dirait des soldats impériaux. Ils doivent faire partie de l'équipe chargée de la protection du Sceau Suspendu.
— Qu'est-ce qu'ils fichent là ?
— J'en sais rien.

William retourna à son poste d'observation, soulevant très légèrement la plaque. Juste assez pour voir trois soldats s'approcher de ce qui semblait être un petit robot rouge et noir au comportement erratique.

Celui explosa brutalement, faisant trembler toute la zone. William et Jérémie manquèrent de tomber de l'échelle, tandis que les autres, encore en bas, s'appuyèrent sur le mur ou au sol pour garder leur équilibre. Ils virent également le pont s'effondrer au travers de la grande grille d'évacuation des eaux.

— C'est Xana ! annonça William. Il a envoyé une espèce de Kankrelat explosif. Le pont est détruit, il faut qu'on fasse le tour pour passer par l'autre côté.
— Bordel, ça va nous prendre des plombes ! Sacrément bien joué, Xana ! Bref, retournons au collège, de là on prendra la route.



La secousse de l'explosion fut ressentie jusqu'à Kadic, si bien que le prétendu Jérémiah Gottwald en fit tomber le Sceau qu'il tenait dans sa main. Celui-ci tomba au sol, au milieu du vieux pentacle, qui commença à s'illuminer d'un rouge flamboyant.

— Ah, ces gens qui croient encore aux superstitions sur les soi-disant rites sataniques, commenta le Docteur. Saviez-vous Martha qu'en réalité, les sataniques sont encore moins tolérants envers les crimes et les agissements immoraux que les autres ?
— Peut-être, mais je pense tout de même qu'on devrait s'éloigner...

Au-delà du pentacle, d'autres motifs s'illuminaient également, tout comme le symbole au creux du pendentif. Ou plutôt, une partie de celui-ci. La partie centrale, ainsi qu'une partie des sortes de pattes qui l'entouraient. Tous étaient étonnés et intrigués, mais Aelita fut terrifié.

— Allez... allez vous en, vite ! hurla-t-elle, en essayant en vain de rouvrir la porte.

Mais il était trop tard. Elle disparut.



Les lyokoguerriers étaient ressortis des égouts et couraient à travers les bois pour atteindre l'entrée de Kadic, mais ils furent bloqués par un véritable bataillon de police. Ils crurent pouvoir le contourner simplement, mais celui-ci se retourna comme d'un seul bloc dans leur direction, et se mirent en marche.

— Bordel de merde, Xana a xanatifié la police !
— On est super mal barrés là !
— Venez, vite !

Jérémie fit demi-tour et entraîna ses amis à travers la forêt. Derrière eux, plus d'une centaine de policiers équipés et armés leur couraient après.



Le calme était revenu dans la chaufferie. Pesant. Froid. Valérian s'éclipsa, prétextant une avarie sur son vaisseau. Laureline s'approcha des jeunes filles pour essayer de les consoler, tandis que celles-ci étaient encore sidérées. Martha et Morty en étaient encore à jurer, tandis que le Docteur brandissait son outil d'analyse favori en direction du pendentif, désormais inerte au sol.

— Le Sceau Suspendu de Nilrem. Je pensais pas le voir ici pour de vrai...
— Qu'est-ce que c'est ?
— Comme son nom l'indique, c'est un sceau qui a été conçu pour confiner une entité hors du temps. Une effroyable entité...
— Ça veut dire que vous ne pouvez pas ramener cette pauvre enfant ?
— Ça veut dire qu'on ne peut rien faire si l'on ne souhaite pas déchaîner les pires feux de l'enfer sur cette Terre !
— Mais c'est déjà fait ! Cette chose a déjà pris plusieurs vies ! lâcha Laura, larmoyante.
— Plusieurs ?
— Oui... Ce symbole.... Je l'ai déjà vu...
— Où ça ?



— Bordel, on va pas s'en sortir !
— Si, t'inquiète, fais-moi confiance !

Jérémie entraînait ses amis jusqu'à un recoin reculé de la forêt, quelque part après la cabane du jardinier. Là, il y avait un petit monticule de terre juste à côté d'un arbre permettant d'escalader le mur et de sauter par dessus.

— Ici. On passe le mur, et on se tire le plus vite possible. Les flics seront ralentis.

Les policiers xanatifiés étaient pas loin derrière. Ils n'eurent qu'une petite minute pour escalader le mur tous les cinq. Une fois de l'autre côté, Yumi se jeta sur la première voiture garée qu’elle vit. Une espèce de voiture noire de collection un peu vieillotte, mais qui avait cinq places et semblait pouvoir rouler très vite. Il lui fallut que quelques secondes pour forcer la porte. William se mit au volant, Jérémie sur le siège passager pour rapidement bricoler les fils de démarrage et lancer le moteur. À l'arrière, Odd s'installa au milieu pour servir de copilote et indiquer la route, tandis qu'Ulrich s'installa dos à la route pour surveiller les alentours à travers la lunette arrière.

— On décolle !

La voiture démarra en trombe. Suivant les instructions d'Odd, William fila à travers la ville, en direction de la route contournant l'Usine. Rapidement, des gyrophares apparurent derrière eux.

— Bordel, la police nous rattrape déjà. Y'a pas quelque chose dans cette voiture qui pourrait servir ?

Jérémie ouvrit la boîte à gant, et y trouva un pistolet avec un chargeur. Il les tendit à Ulrich.

— C'est notre jour de chance !

Ulrich chargea l'arme, et s'apprêta à tirer dans les roues des voitures s'approchant trop près.

— Juste ici, à gauche !

William braqua. Deux secondes plus tard, Ulrich tira deux coups, faisant exploser la vitre arrière ainsi que le pneu avant droit du véhicule de poursuite le plus proche. Celui-ci se déporta, immédiatement remplacé par deux autres.

— Couchez-vous !

La police ouvrait le feu en représailles. Leur rafale terminée, Ulrich releva la tête pour tirer à nouveau. Yumi en profita pour fouiller le coffre, et trouva une caisse remplie d'engins électroniques. Elle en attrapa un.

— C'est quoi ce truc ?
— C'est du C4, répondit William après avoir jeté un œil dans son rétroviseur, juste avant un nouveau virage à droite. Prends un de ces espèces de pin's électronique, et plante-le dans une brique.

Yumi s'exécuta, tandis qu'Ulrich échangeait une nouvelle rafale de tirs avec les forces de l'ordre.

— À gauche ! hurla Odd, immédiatement suivi par un puissant crissement de pneus. Usine en vue droit devant !

William poussa le pied au plancher, faisant gronder le puissant moteur de la voiture.

— Maintenant, retire la languette plastique, et attrape le détonateur. À mon signal, tu lâches la bombe dehors, puis tu attends deux secondes et tu déclenches, Ok ?
— OK !

William vérifia la position des voitures de police. Environ cent mètres derrière lui, en augmentation. Parfait. Il calcula mentalement la distance qu'il lui faudrait pour freiner. Ce serait juste, mais ils n'avaient pas le choix.

— Maintenant ! lança-t-il à l'instant même où la voiture s'engagea sur le pont.

La voiture accélérait encore pendant deux secondes, puis William pila en même temps que Yumi déclencha la charge. L'explosion fit s'effondrer une petite partie du pont, rendant la poursuite impossible dans l'immédiat. La voiture, quant à elle, réussit non sans mal à s'immobiliser à quelques centimètres à peine du mur.

— Bravo les amis ! annonça Jérémie. Maintenant, Yumi, Ulrich, avec moi, vous plongez. Odd et William, descendez à la réserve, et armez-vous. On a réussi à isole l'Usine du reste de la ville, mais Xana ne s’arrêtera pas là, j'aurai besoin de vous pour défendre le labo.
— Ok chef !

Le trio se rua vers l'élévateur tandis que les deux autres garçons partirent à l'opposé chercher la cache d'armes électromagnétiques qu'avait préparé Jérémie.

Une fois descendus au labo, Jérémie s'installa aussitôt à son poste, et pesta :

— Xana ne nous facilite décidément pas la tâche ! La tour activée est sur un Réplika. Foncez.



Laura, encore trop perturbée par ce qui venait de se passer, indiqua sur le pupitre du vaisseau du Docteur l’emplacement précis du laboratoire de l'Usine, laissant l'émerveillement face à l'étonnante taille du vaisseau aux autres compagnons de voyage qui faisaient la route avec eux. Elle regarda l'homme appuyer sur quelques boutons, enclencher une manette, et faire vrombir l'appareil, avant de retourner à la porte et ressortir directement dans le laboratoire.

Jérémie était là, choqué de voir apparaître devant lui une grande cabine bleue comme par magie. Et remarquant le mot Police qu'arborait celle-ci, il descendit de son fauteuil pour se cacher derrière, terrifié à l'idée que Xana lui téléporte des troupes directement dans son fief.

— Jérémie ! Ça va, c'est moi !

Il souffla un peu, laissant son cœur reprendre sa marche.

— Laura ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Et qui sont tous ces gens ? demanda-t-il en désignant les passagers qui débarquaient au fur et à mesure.
— Longue histoire. Je te présente Martha, Morty, Sissi, Jérémiah qui est en fait le Kid, et le Docteur. je te raconterai les détails une autre fois, si tu veux bien. C'est quoi le topo pour toi ?
— Xana a dynamité le pont de l'Usine avec un Kankrelat explosif, et a xanatifié toutes les forces de polices qui étaient présentes à Kadic. Ulrich et Yumi sont en route vers le Skid pour aller chercher la Tour dans un nouveau Réplika. Odd et William sont partis à ma... notre cache d'arme pour défendre le labo si les flics arrivent avec des hélicos ou des bateaux. Quand à Aelita, aucune nouvelle.
— Aelita, elle a été emportée par cet objet. Je crois que c'est lié à Xana. Le Doc croit que c'est lié à une entité antagoniste vivant hors du temps.
— Heu... je vois.
— Du coup, on fait quoi ?

Jérémie resta songeur un instant. Mais il n'avait pas vraiment le choix.

— D'après ce que je vois, Xana s'est créé un nouveau Réplika, comme dans le temps. Peut-être ne se sentait-il pas assez bien chez lui dans le Cortex. Le point est qu'il réside probablement dans ce Réplika. Si on y emmène et qu'on y laisse cet artefact, ça pourrait empêcher Xana d'interagir à travers celui-ci à nouveau. Et si Xana a bel et bien capturé Aelita, on pourrait peut-être la retrouver là-bas...

Jérémie balaya la pièce du regard.

— Bon, bah en attendant, je vais aider tes amis à défendre cet endroit, annonça Morty.
— Je viens avec toi, déclara Martha.
— De même, fit Sissi.
— Quant à moi, continuât Jérémiah Gottwald, je vais employer mes troupes personnelles à cet effet.

Les trois s'engouffrèrent dans le monte-charge pour remonter à la surface rejoindre Odd et William. Jérémie dit alors à Laura.

— Vas-y, plonge. On a besoin d'un pilote pour le Skid.



La police s'organisait rapidement autour de l'île. La brigade fluviale approchait, tandis que des hélicoptères se distinguaient au loin. Des groupes d'interventions se préparaient également de chaque côté, sur les ponts, prêts à passer à l'assaut dès l'instant où les équipes du génie arriveraient pour installer des passages provisoires.

Les jeunes combattants préparaient leurs armes. Des blasters électromagnétiques, habituellement utilisés contre les spectres de Xana, pour essayer de neutraliser les véhicules et ralentir les sbires xanatifiés. Les quelques balles restantes du pistolet trouvé dans la voiture volée allaient servir en dernier recours pour ralentir les policiers trop menaçants ou trop proches, tout comme les charges de C4 restantes en leur possession. Jérémiah s'était quant à lui posté en hauteur, téléguidant ses hommes encore opérationnels par radio, leur donnant l'ordre de surprendre les forces de police régulières pour les empêcher d'approcher de l'Usine le plus longtemps possible.

Il ne fallut pas longtemps pour que les premiers échanges de tirs commencent. Plusieurs bateaux tentaient d'approcher du quai pour accoster, repoussés par les armes électromagnétiques, tandis qu'une unité impériale attaquait par surprise un groupe posté sur le pont d'origine.

Mais rapidement, des policiers réussirent à poser le pied sur l'île. Un petit groupe avait réussi à la contourner en bateau, et accoster sans être vu. William et Odd les ciblèrent en particulier avec leurs armes électromagnétiques, mais sans le moindre effet sinon sur leurs radios.

— Bordel de merde, ils sont pas xanatifiés eux !
— Xana a dû s'emparer uniquement des policiers qui étaient à Kadic. Tous les autres, ça doit être de véritables groupes d’intervention en action.
— Ça n'arrange pas nos affaires...

Martha, Morty et Sissi réussirent à tendre une embuscade à ce premier groupe de policier en les assommant avec du matériel de chantier. Mais d'autres approchaient encore. Finalement, Jérémiah posa sa radio, et monta sur un promontoire.

— Monsieur, vous faites quoi ?
— Vous m'avez l'air en bien grande difficulté, alors moi, je m'en vais. Bonne chance !

Un fumigène éclata alors, permettant à l'officier de disparaître. Très vite, un deltaplane blanc se fit remarquer à proximité de l'Usine, s'envolant au loin, et emportant les cohortes de policiers à sa suite.

— C'était donc bien le Kid depuis le début...
— Oui, et il nous sauve la mise en faisant diversion au près des flics. On peut l'en remercier.



Le Skid égerma de la Mer Numérique dans un territoire que nul n'avait encore jamais vu. La mer était teintée d'un orange légèrement lumineux. Le ciel était un dégradé allant du pourpre au cendré. Quant au territoire lui-même, il était recouvert de volcans. Parsemé d'éruptions, de coulées de lave et de secousses tectoniques. Laura survola lentement et prudemment la zone.

— La Tour activée est quelque part au nord de votre position, indiqua Jérémie.

Approchant des coordonnées, le Skid survola un immense cratère, rempli de plusieurs dizaines de Tours.

— Bon sang, y'en a combien ici ?

Laura immobilisa le vaisseau, et débarqua ses camarades. Au milieu du cratère, Aelita était bel et bien là, enfermée dans un Gardien.

— Comment on va la libérer de ça ? On pourrait invoquer un clone d'elle, pour tromper le Gardien ?
— J'en doute, déclara Jérémie. Xana a un peu amélioré son procédé, depuis le temps... Mais le Sceau doit être la clé. C'est grâce à lui que Xana l'avait capturé, non ?
— Oui, répondit Laura.
— Alors, il faut sûrement l'utiliser ici aussi. Comment ça s'est passé, lors de sa disparition ?
— Je sais pas... Le Sceau est simplement tombé...

Joignant le geste à la parole, Laura fit tomber au sol le Sceau. Celui-ci s'illumina à nouveau, ainsi que le sol tout autour des lyokoguerriers. Le sol trembla, brilla, et fuma de toute part. Sur Terre, Jérémie croisait les doigts.

— Puisse Franz nous sauver encore une fois... Qu'on ne perde pas encore quelqu'un...

Soudain, une secousse plus forte que les autres secoua entièrement le plateau. Laura, Yumi et Ulrich furent dévirtualisés sur le coup. Mais ensuite, le Gardien céda, et Aelita fut libérée.

— Aelita, Aelita, tu m'entends ?
— Oui... oui... je t'entends Jérémie !
— Tant mieux. Désolé, tu dois être encore sonnée, mais on a vraiment pas le temps ! Il faut que tu désactives la Tour, et vite !
— Je veux bien... Mais c'est laquelle, au juste ?

Autour d'elles, toutes les Tours du cratère semblaient arborer un terrifiant halo rouge. Si ce n'était le territoire tout entier.

— Je... Je ne sais pas. Tout ce que je vois, c'est que le signal semble provenir de ce cratère.
— Je vois...

Aelita s'agenouilla un instant, autant pour réfléchir à une idée que pour reprendre des forces. Seules les forces lui virent. En rouvrant les yeux, il y avait toujours ces dizaines de Tours rouges. Aucune ne se distinguait particulièrement. Son père n'était à priori plus là pour sauver la situation, et le territoire étant une création de Xana, elle n'avait pas de carte mentale de l'endroit. Aucune aide. En tous cas, aucune aide tangible.

Elle se releva alors, et marcha. Tout droit. Elle alla de l'avant, sans se retourner ni dévier de sa route. Elle traversa le fond du cratère, et finit par atteindre une des Tours logés à ce niveau-là. Et elle y entrât.

Et finalement, sur l'écran de contrôle de Jérémie, la fenêtre d'activité du Superscan retourna au bleu, avant de se fermer.

Jérémie souffla profondément. Il prit un instant pour se détendre, les yeux fermés, avant de se redresser sur son fauteuil, et adresser un sourire au Docteur, qui était resté auprès de lui.

— Merci d'être passé.
— Mais de rien. Joyeux Noël !

Jérémie rit de bon cœur, tandis que le Docteur retournait dans son vaisseau. Il se retourna juste avant de passer la porte de sa cabine.

— Au fait, j'ai juste une question...

Jérémie le regarda, intrigué.

— Mais qui est Franz ?

  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020  
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 08 Déc 2020 19:07   Sujet: Récursion


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— Vite ! S'exclamait une jeune adolescente brune en tenue de samouraï aux motifs vers. Il faut absolument arrêter Xatan avant que son attaque ne tue des gens !
— Attention ! interpella un second personnage, un grand garçon blond ressemblant à un lutteur. Il nous envoie des sbires !

Derrière les trois héros ainsi que sur leurs flancs se dressaient soudain trois monstrueuses créatures grisâtres à la coque craquelée, ressemblant à d’immenses caméras de surveillance montées sur deux imposantes pattes.

— Oh non, des Vulcanesques ! fit la troisième, une jeune fille aux cheveux bleu vif et à la tenue relativement légère. Nous sommes encerclés !

Cette dernière se laissa alors tomber brutalement au sol, en position agenouillée, et joignit ses mains face à elle en initiant une prière.

— Oh, Odin, Dieu solaire, protecteur des hommes, viens nous en aide et permets-nous d'accomplir notre sainte mission !

Un halo de lumière s'illumina autour des trois héros, puis le sol se fissura autour d'eux, et s'effondra en partie dans leur dos, emportant dans les abysses les horribles créatures les menaçant.

— Merci à toi, oh grand Odin ! conclu la jeune fille avant de se relever et reprendre sa course avec ses amis.

Les trois durent courir pendant encore quelques secondes avant d'atteindre la grande torche enflammée et y apposer leurs mains, ce qui chassa la menaçante lueur rouge du brasier pour le laisser d'un blanc pur et quasi irréel.

Les trois personnages éclatèrent de joie, sautillant et s'embrassant, tandis que le générique de fin. Jérémie coupa le son de la télévision avant que les publicités ne se lancent.

— N'importe quoi, déclara-t-il.
— Ah, en quoi ? demanda Aelita.
— Bah ça ? Ces histoires de dieu maléfique et de dieu protecteur. Si ce sont vraiment des dieux, à quoi servent les protagonistes ? Et puis c'est drôlement facile, une prière et pouf, un miracle. Si c'était comme ça, la vraie vie, ce serait drôlement simple...

Il se leva, termina d'une gorgée sa tasse de chocolat chaud, et la déposa sur la table avant de sortir du foyer.

— Bon, sur ce je vous laisse, je dois encore bosser un peu !

Ses amis restèrent sur le canapé. Ulrich reprit la parole :

— Après, j'aime bien le design des personnages.
— J'suis d'accord ! confirma Odd.

Les deux garçons s’entraînèrent dans une discussion passionnée sur la réalisation de cette nouvelle série qu’ils venaient de découvrir. Aelita, quant à elle, restait silencieusement pensive. Était-ce vraiment n’importe quoi ? Est-ce que ça n’avait pas un peu de sens ?







Aelita avait passé toute la soirée à faire des recherches sur internet, pour essayer de mieux saisir cette notion de Dieu. Elle n’en avait jamais vraiment discuté avec Jérémie, elle le savait résolument athée. Pour lui, l’univers était né d’un événement sinon parfaitement connu, au moins largement descriptible d’un point de vue scientifique. La faune et la flore sur Terre s’est développée au gré du hasard et l’évolution des formes de vie. Après tout, tout cela était parfaitement logique et semblait sensé, elle n’en doutait pas.

Mais pourtant, pourtant, les questions et le doute l’assaillaient toujours. Les humains étaient-ils vraiment libres de vivre et de disparaître ? Elle pensa à Jérémie. Cet être qui l’avait découverte, éveillée, qui lui avait façonné un corps et lui avait offert l’ascension vers son monde. Cet être sans qui elle serait certainement encore endormie pour l’éternité dans son jardin aux quarante tours.

Et puis, elle ne pouvait s’empêcher de réaliser qu’elle-même était une enfant voulue – si ce n’est même créée – par son père.

Son père, celui-là même qui avait créé tout un monde pour elle.

Son père, celui-là même qui avait créé de ses mains cet artefact qu’on appelait supercalculateur.

Son père, celui-là même qui avait créé la possibilité de manipuler le temps lui-même.

Son père, celui-là même à qui Jérémie – oui, même lui – avait déjà adressé ses prières.

N’était-elle pas elle-même un ange, un véritable ange, veillant sur le monde parfait créé par son père, et veillant à ce que le terrible être maléfique qui y était enfermé reste sage et docile ?

Et qu’étaient-ce, sinon des miracles, chacune des fois où elle tombait à terre, appelant à l’aide, et que soudain le danger s’en trouvait écarté ?

Qui était son père, sinon son créateur et son sauveur ? Sa lumière ?

Jérémie dirait qu’il n’est qu’un homme. Sa lumière, qu’un avatar. Sa création, qu’une idée reprise d’un autre, développé et amélioré par les nouvelles idées qu’il aura eues au gré du hasard des connexions cérébrales.

Mais quand bien même. Il fallait l’avoir eu. L’Idée.
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet: For honor you monster


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Un matin de décembre dans un recoin de forêt, bien qu'en partie étouffés par une neige fraîchement tombée, plaintes et rugissements se distinguaient.

— Allez, plus vite, du nerf Stern ! L'ennemi n'attendra pas que tu aies fini de ravaler ta sueur ! — On se magne le cul, Belpois ! L'objectif est droit devant, pas besoin de cabocher plus que ça ! — Stones ! Tu es une limace ! Et une limace, ça rampe, ça ne se redresse pas ! Surtout pas pour se plaindre ! — Tomber, c'est pour les morts ! Et on ne meurt pas sous mon commandement, est-ce que c'est clair, Ishiyama ? — Dunbar, si t'es pas foutu de te cacher mieux que ça, autant avancer tout droit en agitant les bras en l'air ! — Tu appelles vraiment ça "courir", Della Robbia ? Tu es si lent qu'on pourrait te prescrire comme somnifère ! — C'est une corde d'attache solide que je t'ai demandé de fabriquer, Gauthier, pas une piñata !

Jim était sur tous les fronts, s'époumonant à appliquer implacablement son instruction. Ses recrues, elles, s'époumonaient tout autant à tenter d'y survivre.

— Monsieur... Vous êtes sûr... tenta un Odd découragé.
— Oui je suis sûr ! Un exercice d’entraînement n'est pas une récréation. C'est une préparation aux situations bien pires que vous pourrez connaître dans la réalité !
— Mais il fait super froid... releva Yumi, profitant d'un instant d'équilibre sur un pilotis plus large que les autres.
— Si les bleus que vous êtes ne veulent pas finir bleus, ou couverts de bleus, je vous suggère d'économiser votre oxygène et de vous concentrer ! Il vous reste 45 secondes !

Remotivés, à la fois par la proximité de l'échéance que par la véritable puissance infusée dans le haro de leur chef, tous rassemblèrent une derrière fois leurs forces pour tenter d'achever leurs missions respectives, malgré la fatigue due à un réveil à 8 heures d'un samedi matin, le froid mordant d'un hiver bien installé et l'humidité ambiante causée par l'épaisse couche de neige. Ils prirent sur eux d'ignorer la morsure du froid à chaque fois qu'il fallait saisir le mousqueton et le faire avancer sur le câble rouge qui leur servait d'itinéraire et de ligne de vie.

Pour Ulrich, ce câble allait bêtement d'un côté à l'autre d'un arbre, sans le contourner. Il lui fallait donc l'escalader en luttant contre son vertige autant que contre le froid. Jérémie devait trouver son chemin à travers un amas désordonné de buissons et de ronces. Aelita était contrainte de suivre un passage couvert de boue gelée, passant sous des barreaux d’entraînement. Ishiyama devait suivre un petit parcours suspendu, sautant de pilotis en pilotis jusqu'à un passage perché en hauteur. William faisait façe à un parcours d'obstacles couverts de pièges conçus pour sanctionner les positions trop à découvert. Quant à Odd, il lui fallaît bêtement faire quelques tours autour de la clairière, en remontant les quelques centaines de mètres de câbles restants que Jim avait déployés en cercle. Enfin, Laura n'avait qu'à passer par dessus une branche à trois mètres de hauteur, mais avec des morceaux de corde qu'il lui fallait nouer efficacement elle-même.

— Eeeet ! Top ! C'est fini !

Un grand soupir général emplit soudain la clairière. Les adolescents s'effondrèrent tous sur place, de façon plus ou moins contrôlée, sous le regard évaluateur de leur instructeur.

— Bon. C'est pas si mal. En situation réelle, vous auriez peut-être pu survivre avec un peu de chance. Allez, amenez-vous !

Les autres étaient si exténués qu'ils n'avaient pas remarqué le feu de camp que leur professeur venait d'initier. Ils se libérèrent rapidement des mousquetons les retenant à leurs lignes de vie respectives pour venir s’asseoir et se réchauffer au près du feu, trop éreintés pour prêter attention aux anecdotes de Jim sur ses vies d’antan et sur le comment du pourquoi sa carrière de plongeur de combat assignés aux tests de technologies de pointe spécialisés dans l'aérospatiale et la bio-ingénierie appliquée l'avait naturellement conduit à devenir membre de l'équipe d'intervention Enton-2 sur les événements paranormaux sous le commandement décalé mais éclairé du colonel Grégoire dit "Premier"...

Concluant dix minutes de pause, Jim finit par se lever, et ordonner, "pour finir", une course à bonne foulée à travers la forêt, en direction de Kadic. Ulrich, Yumi et William réussirent tant bien que mal à maintenir la cadence, tandis qu'Odd, Jérémie et Laura fermèrent péniblement la marche, laissant Aelita à quelques foulées devant eux. Mais tous finirent par atteindre les grilles du collège-lycée, où un Jim toujours rayonnant et en pleine forme les attendaient fièrement.

— Bravo, les enfants ! C'était difficile, mais vous avez su faire preuve de courage et d'abnégation. Allez tous prendre une bonne douche, vous l'avez mérité. Et on se retrouve lundi pour le cours de gym !





Laura attendait les yeux fermés, confortablement installé dans un canapé du foyer, un verre de jus d'orange dans la main, une reposante mélodie à la guitare venant de la scène devant elle à ses oreilles. Avant d'aller prendre sa douche, elle avait invité les autres à passer au foyer dans l'après-midi. Elle espérait que les autres ne seraient pas plus épuisés qu'elle par cette épreuve, ni trop fâchés d'avoir dû y participer.

— Bouh !

Elle ouvrit les yeux. C'était William. Et derrière arrivaient aussi Jérémie, Odd et Ulrich, le temps de prendre une boisson.

— Comment ça va ?
— Épuisée. J'ai failli m'endormir sous la douche.
— Haha ! Tu n'es pas la seule à avoir fait cette erreur ! répliqua Odd en arrivant avec un gobelet de soda.
— Ah ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
— L'an dernier, Jérémie aussi avait eu l'idée de demander à GI-Jim un coup de main pour faire, disons, un peu de renforcement sportif. Mais quand il s'y met, c'est pas à moitié !
— En effet, répondit-elle. Je n'aurais jamais cru qu'il prenait son délire de stage commando autant au sérieux. Désolée pour ça !

Ulrich prit place à côté de Laura sur la canapé, ou plutôt s'y affala, la tête en arrière.

— Ce qui m'impressionne le plus, dans sa motivation, c'est le fait qu'il ait installé le terrain d'entraînement pour nous sept, tout seul entre hier soir et ce matin !
— Où est-ce qu'il trouve tout ce matos ! C'est dingue !
— À propos de matos ! reprit Jérémie en arrivant à son tour. Ça tombe bien, parce que j'ai du nouveau à vous présenter !
— Ah oui ? Ça y est, tu as pu le finir ? s'enthousiasma Laura.

Les autres garçons firent les gros yeux, intrigués par la nouvelle annonce des deux petits génies.

— Oui, confirma Jérémie. On a qu'à aller à l'Usine, on va vous montrer ça !

La petite bande quitta donc le foyer et se mit en route vers leur base. Quelques minutes plus tard, ils étaient arrivés dans la salle cathédrale de l'Usine. Jérémie avait dissimulé sa nouvelle invention dans une caisse, à proximité du monte-charges. Il en sortit un objet, ressemblant vaguement à une fourche, qu'il tendit à ses camarades.

— Je vous présente la Torche de lancement électromagnétique autonome à cadence renforcée !

Ulrich prit l'initiative de s'en saisir en premier, ayant l'intuition de porter l'engin comme un fusil. Odd restait sceptique, et demanda :

— Qu'est-ce que c'est ?
— C'est une arme anti-spectres, résuma Laura. Elle est équipée d'une batterie et d'un canon capable d'envoyer des décharges électromagnétiques. Une décharge devrait suffire à neutraliser un spectre.
— Cool !
— Et c'est quoi les limites de l'appareil ? demanda prudemment William.

Jérémie reprit l'appareil en main pour en faire un exposé un peu plus détaillé.

— La Torche dispose de deux modes de fonctionnement, expliqua-t-il en désignant un commutateur de son index droit. En tir semi-automatique, elle peut lancer jusqu'à une décharge par seconde. Mais elle ne peut tirer qu'une demi-douzaine de coups avant de surchauffer. Il y a un limitateur qui bloque la détente en cas de danger et qui reste engagé pendant quelques secondes, le temps que la machine refroidisse et que les condensateurs se rechargent. En tir coup par coup, la cadence est plus faible, de l'ordre d'un lancement toutes les trois secondes environ, mais la température et la charge restent stables tout du long. Enfin, votre autonomie n'est pas illimitée : une batterie ne permet de tirer qu'une trentaine de décharges. Vous pouvez néanmoins facilement échanger la batterie pour recharger l'arme, ou la brancher directement sur une prise secteur pour une alimentation continue.
— C'est génial ! Chapeau Einstein !
— Remercie plutôt Laura ! Pour le coup, elle m'a beaucoup aidé à mettre au point ce modèle, et passer au delà du stade de prototype expérimental instable. Maintenant, on a quelques modèles comme ceux-ci d'opérationnels.
— Bravo à vous deux alors, résuma William. Ça devrait beaucoup nous aider à lutter contre les spectres de Xana quand on est piégés en dehors de l'Usine. D'ailleurs, je pense que l'idéal serait de garder cette arme avec nous à...

Il fut interrompu par la sonnerie d'un téléphone portable. Jérémie décrocha.

— Allô ? Oui ? Quoi ? Attends... parle plus lentement... Où ça ? Yumi est avec toi ?

Ses camarades comprirent que Xana avait du profiter de la démonstration pour lancer une attaque, et prendre Aelita et Yumi par surprise. Ulrich reprit la Torche, et se la sangla, prêt à aller au feu.

— D'accord. Restez cachés. On vient vous chercher !

Jérémie raccrocha.

— Je file au labo avec Laura pour voir quelle est la situation sur Lyoko. Vous, retournez à Kadic. Les filles ont été prises pour cibles par plusieurs personnes complètement hystériques. J'entendais de nombreux cris. Elles se trouvaient au réfectoire. Ce sont les seules du groupe à encore avoir des codes, il faut donc impérativement les retrouver et les ramener ici, aussi vite que possible. Allez-y !




— Tu vois quelque chose ? demanda Odd.

Ulrich secoua la tête. Il scrutait la cour grâce à la lunette intégrée à son nouveau fusil. Mais le réfectoire semblait vide. Il y avait du mouvement dans les bâtiments, mais difficile d'en dire davantage. William émergea alors d'un buisson, rejoignant ses amis.

— Du neuf ?
— J'ai fait une reconnaissance dans le bâtiment des sciences. Il y a plusieurs groupes d'élèves effrayés cachés dans certaines salles de cours. Ceux que j'ai vu m'ont expliqué que des créatures zonaient dans la zone, et que plusieurs élèves et professeurs étaient devenus comme fous, en fouillant des endroits et criant des phrases incompréhensibles.
— Bordel, comment on va faire ? On sait même pas où elles ont pu aller. Tu n'arrives toujours pas à les joindre ?
— Non, ça sonne dans le vide. Elles n'ont peut-être plus leurs téléphones...
— Auriez vous un instant pour parler du Père du Père ?

Les trois garçons firent brutalement volte-face. Derrière eux venait de surgir par surprise Chardin, leur prof d'arts plastiques.

— Vous Le connaissiez, n'est-ce pas ? Car vous connaissez le Traître. Car vous connaissez sa Fille...
— Qu'est-ce que vous racontez, monsieur...
— Reculez, s'il vous plaît !

Le professeur avançait dangereusement vers eux, brandissant une pioche à la main.

— S'il vous plaît, monsieur, vous me faites peur... Qu'est-ce que vous faites avec cette pioche ?
— Je viens pour enterrer le Traître ! Livrez moi sa Fille !

Ulrich braqua son arme vers lui, et appuya sur la détente. Le professeur vacilla alors, et posa un genou à terre tout en lâchant sa pioche, que William s'empressa d'aller récupérer.

— Mais qu'est-ce qu'il a ? C'est un spectre, vous croyez ?
— Non, on dirait plutôt que c'est vraiment Chardin, mais sous l'influence de Xana...
— Bordel, ça nous manquait pas, les xanatifications !

Les garçons sortirent de leur planque végétale, et avancèrent vers les bâtiments, abandonnant le professeur d'arts sur place. Mais rapidement, ils tombèrent sur deux autres professeurs : messieurs Fumet et Caggia. Une nouvelle fois, Ulrich les braqua avec son arme, ce qui sembla guère les impressionner. Il tira alors une rafale sur les deux, les assommant légèrement, mais ces derniers reprirent rapidement leurs postures menaçantes.

— Bordel, on fait quoi ? demanda William.
— À terre !

À peine eurent-ils le temps d'interpréter cet hurlement et de se jeter au sol qu'ils virent un filet de handball, lancé par dessus eux depuis l'arrière, atterrir sur les deux xanatifiés. Jim fit irruption l'instant d'après, s'interposant entre les élèves et les professeurs d'un bond, un javelot brandi devant lui.

— Wow... merci, m'sieur Moralès ! bredouilla Odd, encore surpris par le retournement de situation.
— Est-ce que vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe, au juste ?

D'autres adultes émergeaient au loin, sortant des bâtiments. Aucun d'entre eux n'avait l'air particulièrement menaçant. Certains observaient les garçons de loin, d'autres leur adressaient des gestes incompréhensibles, voire obscènes, d'autres encore avaient des comportement totalement erratiques, couraient en beuglant au hasard dans la cour.

— C'est difficile à expliquer... répondit William. Mais il y a un spectre électrique qui rôde dans Kadic, et qui semble être capable de rendre fous les gens qu'il croise. Pour l'arrêter, on a absolument besoin de retrouver Aelita et Yumi, mais on ne sait pas où elles se trouvent. Elles ont eu une altercation avec des personnes affolées il y a quelques minutes, au réfectoire. Et nous, tout ce qu'on a, c'est ce truc qui permet de les ralentir, et de tuer le spectre si on le trouve.
— Jérémie sera capable de nous dire à quoi ressemble le spectre d'ici quelques minutes.
— Mais comment on va faire ? interrompit Odd. Ils sont super nombreux, et nous on est que 4 ! il nous faudrait toute une armée cette fois-ci !
— Les hommes, ce n'est pas le problème, affirma alors Jim. Ce qu'il faut vraiment, pour mener une bataille, ce sont des armes !
— Hé bien, à ce sujet... Jérémie disait avoir d'autres exemplaires...
— Ok. Alors vous allez cherchez ces armes. Prenez la voiture de monsieur le proviseur, elle est garée derrière le bâtiment administratif. Il ne devrait y avoir personne à cette heure. Ramenez tout ce que vous pouvez sur le terrain d'athlé, dans quinze minutes. Je vous y attends.
— Mais, vous êtes sûrs, monsieur Moralès ? Vous nous faites confiance aussi facilement ?
— Écoutez, tout ce que je vois, c'est qu'il y a là dehors un ennemi capable de détraquer l'esprit des gens plus facilement qu'un cintre planté entre les deux yeux, et d'en faire une horde de monstres qui menacent mes élèves. Et que vous, vous avez les moyens d'arrêter ces choses. Y'a rien de plus à comprendre, en tous cas pour l'instant.
— Ah... et du coup, vous allez faire quoi monsieur ?
— Je vais préparer le terrain. Et au fait, appelez-moi Jim.

Odd, Ulrich et William repartirent alors en courant vers la forêt, laissant leur arme à leur instructeur.





Le groupe emboîta le pas de Laura, venue à leur rencontre sur le pont de l'Usine, et la suivit alors qu'elle se rendait dans un un recoin un peu plus à l'écart de l'Usine. Arrivées à une double porte en fer, elle dégaina son porte-clés, déverrouilla l'accès, et ouvrit en grand, puis pris un pas d'avance pour allumer les lumières.

Devant eux apparut, sous la lumière froide d'une grille de néons tapissant le plafond, une grande salle compartimentée de façon chaotique en blocs et couloirs aux dispositions aléatoires, séparés par des planches de bois et des cloisons de plâtre.

— Qu'est-ce que c'est que ce fatras ? demanda Wiliam.
— Hé bien... répondit Laura, on avait pour idée, Jérémie et moi, d'aménager un terrain d'entraînement, du genre combat armé.
— Attends... C'est donc à ça, que vous consacriez toutes vos soirées ?
— Bah, oui... C'est une passion comme une autre... Et puis comme il n'a pas encore de lasergame près de Kadic...
— Bref, on a pas le temps de jouer, coupa Jérémie, au moyen des hauts parleurs présents dans la salle. On discutera de ça plus tard.

Laura ouvrit les portes d'une grande armoire, sur le mur. Elle était remplie d'engins divers et variés.

— C'est l'ensemble des engins qui ne risquent pas de vous exploser à la tronche à la première utilisation. Embarquez tout ça.

Odd et Ulrich saisirent autant d'armes qu'ils pouvaient dans leurs bras, tandis que Laura noua ensemble des vieux câbles électriques à une plaque en fer pour improviser un panier à anses. Ainsi, les garçons pourraient emporter facilement toutes les armes d'un coup à l'étage de la salle cathédrale, et rejoindre rapidement la voiture. Aidant à la manœuvre, William en profita pour demander :

— Jérémie, du coup, du nouveau sur la situation ?
— Oui. La Tour activée est dans le territoire Désert. Un grand nombre de Bloks présents, mais sans plus. Quant au spectre, je viens d'avoir une identification. C'est monsieur Klotz, le psy.
— Heh. Tu m'étonnes qu'il arrive à rendre les gens tout chose aussi facilement. On retourne à Kadic avec les flingues pour retrouver les filles avec l'aide de Jim. On te tient au courant !
— Ok. Bonne chance !





William manqua de déraper en arrivant au milieu du terrain de football. Le sol en terre enneigée et la voiture elle-même alourdie de sa cargaison d'armes ne l'aidaient pas à avoir un parfait contrôle de son véhicule, mais il put arriver sans casse au point de rendez-vous. Jim était bien là, comme prévu.

— On a les flingues, Jim ! annonça Odd en ouvrant le coffre, rempli effectivement à ras-bord de matériel.
— Parfait ! Alors nous y sommes !

Jim émit un long et puissant sifflement, tout en dégainant une paire de jumelles pour surveiller le mouvement des ennemis au loin, qui semblaient se rassembler au delà de la clôture séparant le terrain de sport de la cour du lycée. En même temps, de nombreux élèves sortaient du bâtiment des sciences.

— Les garçons, écoutez-moi.

Les trois lyokoguerriers se rapprochèrent de Jim.

— Nous, on va faire diversion, pendant que vous fouillez discrètement tous les bâtiments jusqu’à retrouver Yumi et Aelita. Ensuite, on vous couvrira jusqu'à que vous remplissiez votre mission.
— D'accord. Merci beaucoup, Jim.
— Ne me remerciez pas. Faites simplement votre devoir.

Ulrich et William prirent chacun un fusil de type Torche. Odd, quant à lui, jeta son dévolu sur un modèle plus petit, au format d'arme de poing. Il se doutait que cette arme là serait moins efficace, mais estima qu'elle serait plus pratique et facile d'utilisation pour lui qui était déjà habitué aux flèches laser sur Lyoko. En se retournant, il tomba sur Sam, venue elle aussi, avec d'autres élèves, se répartir le stock d'armes.

— Sam...
— File, chaton, conclut simplement son amie tout en scotchant un pointeur laser sur le dessous de son arme.

Sans un mot de plus, Odd embrassa sa promise, et se mit en route avec son équipe en direction du bâtiment principal. Elle resta à le regarder quelques instants avant de s'en aller à sa mission.





Pendant que tous les élèves volontaires choisissaient une arme parmi celles disponibles dans la voiture, Jim disposait des plots en plastique tout autour de celle-ci, formant un cercle d'une dizaine de mètres de diamètres. Et quand tous les élèves furent prêts, il grimpa sur le toit de la voiture, pour s'adresser à ses troupes.

— Soldats ! hurla-t-il.

Les jeunes recrues le regardaient, encore circonspects.

— Ce soir... Nous devrons nous défendre contre un terrible ennemi.

Jim brandissait son fusil de sa main droite. Quelques uns lui répondirent en faisant de même.

— Ce soir... Nous prenons les armes, et nous nous dressons face à l'envahisseur !

L'excitation montait. La plupart brandirent leurs armes.

— Ce soir... Nous allons nous battre pour notre lycée, pour notre parc, pour nos professeurs, pour nos camarades !

Les réponses timides se muaient en rugissements guerriers. Tous agitaient leur arsenal désormais.

— Et ce soir, Kadiciens...

Jim plongea son regard flamboyant de volonté dans les yeux de chacune de ses recrues. Celles-ci souriaient. Elles étaient prêtes.

— Ce soir... Nous allons vaincre !

La torpeur de terreur froide qui engourdissait encore la plupart des élèves il y a à peine un quart d'heure avait maintenant totalement disparu, remplacé par une énergie va-t-en-guerre sans borne, galvanisée par la volonté absolue de leur commandant. Tous reprenaient déjà leur nouveau cri de guerre.

— POUR KADIC ! POUR L'HONNEUR !





L'entrée du bâtiment de l'internat avait été barricadée. La manière la plus rapide d'entrer consistait à escalader le mur, en grimpant le long d'une gouttière, et de s'introduire par une fenêtre au premier étage. Odd était passé en premier et encourageait Ulrich, tandis que William restait derrière pour rattraper une éventuelle chute, mais aussi pour couvrir leurs arrières. Heureusement, Ulrich parvint à atteindre la fenêtre, et William put les rejoindre avant qu'un ennemi ne les repère.

— Fiu. Heureusement qu'il n'a fallu grimper qu'un seul étage, expira Ulrich, soulagé.

L'escouade se mit en route, patrouillant dans les couloirs, inspectant une à une chaque pièce sur leur passage en espérant tomber sur la planque de Yumi et d'Aelita.





— Knight, Suarez, et toi la rouquine, vous êtes nos meilleures tireuses d'élite. Allez vous poster sur le toit avec Ishiyama et Vigouroux. De là, repérez et abattez tous les ennemis qui approcheraient de nous par un angle mort. Et aussi, si vous repérez le psy, vous tirez à vue. Gauthier et Pichon, vous allez dans le local électrique du sous-sol du bâtiment des sciences. Dès que vous y êtes, vous rebranchez le disjoncteur principal, puis vous revenez ici en tirant une rallonge. François, Jolivet et Poliakoff, vous êtes les meilleurs au lancer de disque, alors vous vous serez nos canonniers artilleurs. Vous prenez ces grenades, vous les activez, et vous les balancez en visant les gros groupes d'ennemis. Ça ressemble plus au lancer de marteau que de disque, mais vous devriez vous en sortir. Tous les autres, vous vous disposez en cercle autour de la voiture. Tout ce qui est au delà de la démarcation au sol est la zone de feu.

Il fallut à peine deux minutes aux désignés pour les postes d'opérateurs spéciaux pour se mettre en place. Samantha fit signe à Jim depuis le toit une fois que son équipe fut prête à couvrir le groupe principal dans toutes les direction. L'instant d'après, une explosion se fit entendre, et des arcs électriques parcoururent le grillage, faisant le tour du terrain de sport. Hervé et Théo revinrent du bâtiment des sciences peu après.

— Bien. Maintenant, la clôture est électrifiée. Ils ne pourront pas nous encercler aussi facilement. Préparez-vous !





— Yumi ! Aelita ! Vous êtes là ?
— Ulrich ? C'est toi ?

— Oui, on est là !

Les garçons avaient fini par retrouver les deux lyokoguerrières, cachées dans la chaufferie.

— Allez venez, on a plus le temps !





La bataille faisait rage sur le terrain de sport. Les tirs fusaient dans toutes les directions. La chaleur émise par l'ensemble de l'arsenal employé à plein régime faisait disparaître la neige à l'intérieur du cercle défensif. Les corps inconscients s'empilaient de plus en plus, mais encore plus d'adversaires semblaient arriver. Il y avait maintenant des civils venus de la ville pour grossir les rangs des assaillants. Quand Jim aperçut l'équipe d'extraction ressortir du bâtiment de l'internat avec Yumi et Aelita, il les pointa immédiatement du doigt en ordonnant :

— Tir de couverture sur leur position !

Le vacarme était généralisé, seulement ponctué par les détonations régulières émises par les armes lourdes utilisées par les snipers sur les toits, et les charges à impulsions lancées par l'artillerie. Rapidement, les lyokoguerriers parvinrent à rejoindre l'armée de Jim.

— Vous allez bien les enfants ?!
— Oui ! Maintenant, il faut qu'on aille à l'Usine !
— Celle du fleuve ?
— Oui !
— Ok, c'est parti. On vous couvre.

Il ordonna à ses hommes de se déplacer en direction de la forêt, et fit signe à ses snipers de les rejoindre. Il tint bon, affrontant quasiment tout seul la horde grâce à un fusil dans chaque main, un javelot dans l'autre. Quand l'équipe de tir d'élite put rejoindre le gros de la troupe, il abandonna enfin sa position et s'enfonca à son tour dans la forêt.





En arrivant dans la clairière où ils s’entraînaient ce matin même, les lyokoguerriers crurent avoir gagné un répit. Hélas, l'armée xanatifiée les prirent de court, affluant par plusieurs côtés, les prenant en embuscade.

— Jim ! On va se faire encercler !
— Certainement pas tant que j'aurai mon mot à dire ! Personne ne perdra avec moi, parole de Jim Moralès !

Celui-ci démonta une partie de son arme, et la connecta à une partie dénudée d'un des câbles qui avaient servi de ligne de vie. Le champ électromagnétique s'étendit alors sur l'ensemble de la clairière, profitant de l'effet de bobine. Les assaillants étaient immobilisés, coincés à l'extérieur du cercle.

— Ça ne tiendra sûrement pas plus de quelques dizaines de secondes, mais profitez-en, tirez-vous discrètement vers l'Usine.

Aelita quitta alors la zone en passant sous des branchages, profitant de la neige pour se dissimuler, tandis que Yumi sauta sans réfléchir de pilotis en pilotis, jusqu'à réussir à atteindre des branches suffisamment en hauteur pour passer au dessus des troupes ennemies. Les garçons, quant à eux, coururent sans se cacher, faisant ainsi diversion.

Ils croisèrent Jérémie, qui fonçait tout droit à travers la végétation, utilisant son sac à dos comme bouclier de charge.

— Tu fais quoi Einstein ?
— Je vais aider Jim ! Désactivez la Tour !





Yumi et Aelita se ruèrent dans les scanners. Plus vite elles arriveraient sur Lyoko, plus vite elles se débarrasseraient de la sensation de brasier dans leurs jambes et leurs poumons. Laura les virtualisa sans attendre, et expédia aussitôt après le reste des lyokoguerriers. Mais il restait un dernier obstacle à surmonter, et de taille : devant eux, un nouveau mur de Bloks bloquait le passage vers la Tour. D'instinct, William prit la tête des opérations :

— On se sépare ! Il ne peut viser qu'un seul d'entre nous ! Qu'au moins l'une d'entre vous deux atteigne la Tour !





Jim rechargeait son arme grâce aux batteries de rechange que venait d'apporter Jérémie.

— Merci blondinet ! Il faut dire que tu n'as pas froid aux yeux, toi.
— Oui. Mais c'est pas fini. Mes amis peuvent régler le problème, mais il faut s'assurer que personne n'atteigne l'Usine et ne tente de tout faire capoter.
— Allons-y !

Revenus devant l'Usine, le peloton prit position sur le pont, tous canons pointés vers l'entrée de celui-ci.

— Attendez qu'ils soient sur le pont pour tirer, indiqua Jim, de sorte à maximiser l'efficacité de vos tirs. Jérémie, il t'en reste, de ces grenades IEM ? Des mortiers nous seraient bien utiles.
— Non, désolé Jim, tout était dans la première livraison. Tout ce que j'ai, c'est ça, répondit-il en lui tendant une télécommande.
— Qu'est-ce que c'est ?
— Un détonateur. Ça fera sauter le pont, si on a plus le choix.

Jim prit l'objet, et le rangea dans une poche.

— Ok. On fera avec. Enfin, sans, dans la mesure du possible.

Jérémie sourit. Les xanatifiés approchaient.





La tactique de William semblait fonctionner. En adoptant des trajectoires séparées, le mur ne pouvait tous les cibler. En plus, comme chacun en profitait pour se déplacer à des vitesses élevées, les tirs, aussi puissants soient-ils, ne touchaient même pas leur cible. Mais rapidement, les Bloks changèrent de stratégie. Et au lieu de concentrer leur puissance de feu dans un unique rayon, ils ouvrirent le feu, tous indépendamment.

Soudain, une nuée aveuglante de tirs lasers s'abattit sur les lyokoguerriers. La première vague fut encaissée non sans mal, les repoussant en arrière et provoquant d'importantes pertes de points de vie, principalement chez Ulrich et Yumi, moins aptes à esquiver ou encaisser les tirs groupés.

— Laura, tu as une idée ?
— Je vous envoie vos véhicules ! Le mur a des angles morts sur ses côtés mais surtout au dessus. Survolez-le !

Les héros grimpèrent alors sur leurs véhicules et prirent du recul, le temps de gagner suffisamment en altitude.





— Ils sont trop nombreux ! criait une jeune fille effrayée. On ne s'en sortira pas !
— Ne vous découragez pas ! tonna Jim, tentant le tout pour le tout. Ne vous laissez pas submerger ! Reculez petit à petit, mais défendez le pont coûte que coûte !

La situation devenait de plus en plus confuse. Les tirs se croisaient dans tous les sens. Les cris de guerre se déformaient en hurlement de terreur. Des enfants, effrayés, lâchaient leurs armes et s'enfuyaient. D'autres, paniqués, tentaient de se battre au corps à corps bien qu'ils étaient repoussés en arrière. Le sol, couvert de tas de neiges rougie par la lumière du crépuscule, témoignait à sa façon de la violence du combat. Bientôt, l'entrée du pont était submergé d'ennemis, pour moitié seulement inconscients. Au final, le pont avait été déserté par les combattants, la plupart s'étant réfugiés derrière dans l'enceinte de l'Usine pour faire feu de loin. Seul Jim demeurait au front.

C'est à ce moment qu'apparut Hans Klotz. Jim braqua son fusil directement sur sa tête et fit feu sans attendre, mais rien ne se produisit. Sa batterie était à plat. Et alors qu'il était assailli de toutes parts par l'armée de xanatifiés hystériques, qu'il voyait son destin se nouer devant ses yeux à mesure que le spectre approchait, il se résolut à accomplir son ultime devoir de soldat.

Il sortit le détonateur de sa poche.

— POUR KADIC !

Il l'arma.

— POUR L'HONNEUR !

Et l'enclencha.

— Espèce de monstre.





Les Bloks tentaient le tout pour le tout. Certains se déplaçaient pour pouvoir tirer verticalement. D'autres allumaient leurs canons de glace ainsi que leurs lance-flammes. Les lyokoguerriers faisaient face à un véritable déluge de feu et de gel. Mais il n'y avait pas le choix, il fallait absolument entrer dans la Tour. Aussi, Odd, Ulrich et William décrochèrent pour attaquer frontalement les Bloks qui menaçaient le plus directement la trajectoire d'Aelita et Yumi. N'hésitant pas à se sacrifier tous les trois dans cette manoeuvre. Yumi et Aelita, concentrées comme jamais, foncèrent droit vers la Tour.

Les Bloks tentèrent un assaut final. Ils bombardèrent directement la base de la Tour de toute leur puissance de feu. Finalement, l'Ange de Lyoko freina et se retourna, se plaçant tout juste entre les tirs et son amie Yumi, afin d'intercepter la mort pour elle, et permettre de sauver la vie de tous les autres.
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 08 Déc 2020 19:06   Sujet: La Disparition

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Laura venait d’arriver dans le laboratoire. Étrangement, il n’y avait personne. Elle avait vu Jérémie se précipiter vers l’internat, suivi de Jim. Mais aucune trace des autres à Kadic. S’approchant de quelques vers le pupitre du supercalculateur, elle finit par comprendre que les autres étaient virtualisés. Encore une fois, elle n’avait pas été prévenue. Sympa, les amis. Que fallait-il qu’elle fasse pour gagner leur confiance et leur reconnaissance ?

Elle s’assit sur le fauteuil et étudia la situation. Sur l’écran de gauche, les positions d’Ulrich, de Yumi, d’Odd, d’Aelita et de William étaient affichées sur le Cortex, en déplacement en direction du Skid. Sur l’écran de droite, une fenêtre de diagnostic lancé sur les systèmes du Skid indiquaient un plantage logiciel, avec des dégâts conséquents sur les systèmes du vaisseau. Enfin, au milieu, le Superscan indiquait une Tour activée. L’holomap, derrière l’écran, plaçait celle-ci quelque part dans les confins du territoire du Désert.

À priori, la petite bande tentait une exploration du monde virtuel de Tyron, quand Xana les a surpris en activant une tour et en piratant au passage le système d’exploitation du vaisseau numérique. Jérémie avait dû aller chercher des logiciels spécialisés stockés dans sa chambre, afin de pouvoir réparer le Skid. C’eut été plus simple de m’appeler ! Pensa Laura.

— Bon, qu’est-ce qu’il fait, il en met un temps Einstein ! fit soudain la voix d’Odd, sortie de l’oreillette de Jérémie abandonnée sur le clavier.
— Il lui est peut-être arrivé quelque chose ? s’inquiéta William.

Est-ce que Jim aurait pu lui tomber dessus ? Si oui, effectivement, ils risquaient d’attendre longtemps.

— Je vais aller le chercher, déclara alors Aelita. Odd, dévirtualise-moi.
— Tu es sûre, Princesse ?
— Oui. Vas-y.

L’avatar de la jeune fille disparut alors effectivement de la carte virtuelle, tandis que la fenêtre d’activité des Scanners s’activa automatiquement pour suivre le processus de re-matérialisation. Laura entendit ensuite le bruit du monte-charge appelé à l’étage du dessous, avant de repartir directement vers la surface.

Au moins, Jérémie était là dehors, pensa-t-elle. Il pourrait s’occuper d’Aelita s’il devait lui arriver quelque chose. Elle se concentra alors sur la situation du Skid. Il était effectivement en piteux état. Il lui fallut pas moins de deux minutes de pianotage sur cet horrible clavier mécanique pour stabiliser la situation, en rétablissant les niveaux d’énergie à la normale, réinitialisant les services défaillants et désactivant les protocoles d’auto-diagnostic du code en mémoire — ça, c’était sa petite astuce maison, assez contre-instinctive mais redoutablement efficace en situation d’urgence.

Cependant, le problème était que, si le Skid était maintenant redevenu capable de voler, il était désormais incapable de le faire tout seul. En effet, impossible de réparer totalement toutes les fonctionnalités de l’ordinateur de bord embarqué permettant le pilotage automatique sans redémarrer complètement le vaisseau. Et impossible de le faire sans d’abord le ramener à bon port, sur Lyoko, sans au minimum risquer la vie de ses passagers. Ou en tous cas, leur ticket de retour dans le monde réel. Et à priori, ce serait hors de question. Même pour elle.

Le seul moyen était donc de ramener le vaisseau en pilotage manuel, à l’ancienne. Mais pour cela, il fallait un pilote. Et comme cette greluche d’Aelita s’en était allée en laissant ses camarades dans les navskids, il allait falloir trouver quelqu’un d’autre de suffisamment aguerri aux systèmes de pilotage pour contrôler le Skid et à la fois de suffisamment compétente en programmation pour parer aux problèmes d’instabilité logicielle qui pouvaient encore subvenir à bord. Surtout quand certains d’entre eux utilisaient des codes de commande en base sénaire. Sérieusement, qui fait ça ?

C’est donc tout naturellement qu’elle lança une procédure de virtualisation différée, en visant directement le poste de pilotage du Skid. Elle descendit par la trappe dans la salle des Scanners, se plaça à l’intérieur de l’un d’entre eux, se tourna face à l’ouverture, se tint droite, inspira un grand coup et ferma les yeux.

Un flash lumineux et un bourdonnement plus tard, et elle était là, à bord du Skid, sur un monde virtuel, dans un supercalculateur quantique à l’autre bout du Réseau. Elle prit quelques secondes pour sourire et savourer le plaisir. Puis elle s’empara des commandes, démarra le vaisseau, et lui fit faire le grand plongeon.

L’écran de diagnostic principal du vaisseau s’afficha presque instantanément devant le pare-brise pour se plaindre de ses systèmes en panne, et de ses systèmes de pannes qui étaient aussi en panne. Diantre, quelle coquetterie pouvait habiter ce logiciel, qui avait bien pu programmer une machine aussi douillette ? Elle dégagea de sa vue les icônes correspondant aux composants qu’elle avait patché à la va-vite, ainsi que celles, de toutes façons grisées et donc inutiles, correspondant aux modules qu’elle avait carrément désactivés, comme les communications, le pilotage automatique, ou encore l’éclairage. Tout ce qui importait, c’était la propulsion et la navigation. Et ça, ça marchait pas trop mal.

Laura trouvait même le temps d’admirer la beauté du Réseau. Enfin, pendant quelques secondes, avant que celui-ci ne vire à son tour au rouge de l’alerte. Elle largua alors les Navskids, et regarda leurs pilotes faire leur travail d’escorte en chassant les monstres, faisant barrage pour défendre leur vaisseau mère. Au moins, ils étaient compétents pour cela. Et assez intelligents pour comprendre qu’il fallait défendre le Skid, même sans communications pour l’expliquer, puisqu’il aurait du mal à contre-attaquer dans sa situation.

Malgré tout, alors que les Kongres étaient efficacement tenus à distance, des Mantas réussirent à forcer le barrage grâce à un bombardement de mines, et foncèrent droit vers le Skid. Après un instant de frayeur, Laura eut le réflexe de déboîter le vaisseau, permettant une esquive osée derrière un récif en contre-bas, ce qui le sauva de la première salve d’attaques sans trop en demander aux boucliers. Mais il eut ensuite la deuxième vague. Les Mantas, regroupées, fonçaient à nouveau sur le Skid. Et deux d’entre elles s’accolèrent, ventre à ventre, pour lancer une attaque combinée directement sur Laura.

Elle mit quelques secondes avant de reprendre conscience. L’ordinateur de bord était purement et simplement éteint, et la ligne d’horizon commençait à dangereusement s’incliner. Il fallait vite reprendre le contrôle avant de finir complètement à la dérive. Heureusement, les Navskids réussirent à éliminer le dernier monstre rapidement, et à faire retrouver sa lueur bleutée à l’environnement. Cela donna à la pilote le répit nécessaire pour reprendre le contrôle, ré-arrimer les navettes et rentrer sur Lyoko.

Encore un peu sonnée par cette attaque étrange, Laura laissa les héros débarquer et foncer vers l’Arena, et lança le redémarrage complet du Skid tout en se dévirtualisant. Quelques minutes plus tard, les lyoko-guerriers revinrent sur Terre, non sans avoir désactivé la Tour avec succès, tandis que Jérémie et Aelita revenaient enfin à l’Usine.

Tout le monde se retrouva dans le labo, et fêta la réussite de la mission.

— Désolé les amis, s’excusa Jérémie, Jim m’a coincé dans un couloir, j’ai pas réussi à le feinter avant qu’Aelita ne vienne faire diversion !
— Pas de souci, répliqua Odd. J’espère juste que tes statistiques fonctionnaient encore ! Fallait voir ma performance aujourd’hui, six Kongres !
— L’esquive, ça compte aussi dans tes stats ? Demanda Laura. J’ai bien réussi à éviter de me faire passer à travers deux ou…
— D’ailleurs, demanda William, c’était quoi, ce tir étrange de Mantas ?
— Ah oui tiens, reprit Laura, j’aimerais bien…
— Aucune idée. La dernière fois, ça avait eu des conséquences sur la matérialisation. Mais là, à priori, tout le monde va bien, non ?
— Heu, pas vrai…
— En tous cas, on les a dégommées elles aussi. Je vous le dis, rien n’égale Odd le Magnifique !
— Et notre combo, coupa Yumi en s’adressant à William, lui aussi, il marche encore mieux que prévu en fin de compte !
— Bon allez, vous vous vanterez de vos exploits sur le chemin, il faut qu’on rentre ! annonça finalement Ulrich.

Tous les six se dirigèrent alors vers le monte-charge pour rentrer à Kadic. Dépitée, et désespérée, Laura se laissa alors passer à travers.
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 08 Déc 2020 19:05   Sujet: Couverture

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Jérémie venait de rentrer dans sa chambre quand il vit son ordinateur se mettre dans tous ses états. Xana s’agitait une fois encore. Décidément, il n’aurait aucun répit ! Le temps de relever les informations de base rapportés par le Superscan, il dégaina son téléphone et sonna le rappel des troupes.

— Ulrich ? On a une tour activée par Xana.
— Quoi, juste avant le dîner ? s’exclama-t-il. Il n’a vraiment pas de cœur, même pas une minute pour manger...
— Parle pour toi ! reprit la voix d’Odd suffisamment fort pour être entendue à travers le téléphone de son colocataire. Moi j’avais un rencard avec Cathy, ce soir !
— Allez, rassura Jérémie. Avec un peu de chance, on peut prendre Xana de vitesse, et boucler ça rapidement ! Prévenez Yumi, je m’occupe d’Aelita !
— OK, à tout de suite.

Jérémie raccrocha, et appuya aussitôt sur la touche de composition rapide pour appeler Aelita, tout en sortant de sa chambre. Le téléphone sonnait encore quand il tomba nez à nez avec elle juste sur le pas de sa porte.

— Ah, bah tiens, tu tombes bien ! Xana a activé une tour !
— Oh, d’accord, hé bien allons-y !

Les deux adolescents se mirent alors en route au pas de course, coupant droit à travers le parc, sous un ciel teinté d’un dégradé orange crépusculaire.



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Quel était le plan de Xana, cette fois-ci ? Jérémie n’avait repéré aucune activité étrange. Rien sur les caméras de surveillance de l’Usine. Rien sur les réseaux sociaux ou à la télévision. La situation sur Lyoko étant suffisamment calme, l’informaticien décida d’étudier un peu le flux de données échangées entre la Tour et le reste du monde.

Il fallait d’abord isoler les paquets de données spécifiques à cette Tour. Et bien que le code de détection du Superscan aidait un peu, ce n’était pas facile pour autant. Cela pouvait paraître idiot, mais il est bien plus simple de localiser directement une Tour activée dans le capharnaüm de données générées par Lyoko que de trier les dites données en fonction des Tours qui les généraient. Entre l’absence de protocole unifié de communication, mais aussi la vétusté des fonctionnalités fournies par les langages de script en console implémentés, et bien sûr les spécificités inhérentes aux aspects quantiques de la programmation fondamentale de la machine, cela faisait une raison supplémentaire pour Jérémie de ne pas se lancer systématiquement dans des analyses de données à la volée. Isoler les données spécifiques à la Tour. Rien qu’à repenser à pourquoi il ne le faisait pas d’habitude, ça le décourageait déjà. C’était comme être en face d’un cocktail de jus, ou un mélange de peinture. Déterminer que l’un des composants était en sur-dosage et prenait le pas sur les autres, facile ! Défaire le mélange ? Heh !

Tant pis. Il y avait d’autres approches qu’il était possible d’essayer. Être plus malin. Le hacking, ou l’informatique en général d’ailleurs, ce n’était pas qu’une question de connaissance, de logique et de rigueur mathématique. C’est aussi tout un monde d’astuce, d’inventivité et de créativité pour contourner les problèmes et les contraintes de façon originale et ingénieuse. C’est ce qui donnait son aspect amusant, et même un peu magique, à cette science.

Les niveaux d’énergie du réseau électrique du laboratoire semblaient tout à fait normaux, et comparables en tout point au profil d’activité témoin, constaté en situation de repos. Peu de chances que Xana se serve donc du réseau électrique. Seule option, donc, la connexion au Réseau. Pas la peine de vérifier qui envoie les colis, si on peut voir où ils vont ! Et ça, pour le coup, c’était plus facile. Le supercalculateur étant comme un immense entrepôt de livraison. Chaque colis était plus ou moins bien étiqueté et son origine plus ou moins facilement traçable, certes, mais il y avait une information qui figurait nécessairement sur chacun d’eux de façon claire : leur destination. Après tout, tout le monde ne s’amusait pas à être quantique à tout va. L’extérieur était simple et classique. Un paquet, confié à un facteur, qui l’envoyait à une personne, qui allait l’ouvrir. Ou le jeter. Simple.

Pour cela, rien de tel qu’un bon petit sniffeur de paquets réseaux branchés sur l’interface physique du supercalculateur correspondant au raccordement réseau. On ajuste les paramètres pour étendre la portée de l’analyse à un large spectre, et on ajoute des filtres pour tenter de cibler des informations intéressantes, plutôt que de devoir lire trente-six mille lignes à la seconde. Quand soudain, le contre-espionnage informatique devenait une partie de pêche. Choisir les bons hameçons, et espérer attraper quelque chose d’intéressant. L’aspect magique étant matérialisé par la possibilité d’enregistrer la rivière, et de la rembobiner pour tenter d’y pêcher à nouveau avec d’autres hameçons. Mais c’était infiniment moins drôle.

Et déjà, cela s’avérait efficace. De nombreuses requêtes étaient émises vers un certain nombre de serveurs situés à l’étranger. Russie, Chine, Roumanie... des paradis plus ou moins évidents pour les activités obscures d’internet. Beaucoup de pistes qui s’enfonçaient probablement immédiatement dans des forêts sombres aux chemins tortueux. Ctrl+S. Peut-être y aurait-il autre chose à découvrir.

— Jérémie, tu dors ou quoi ? demanda soudain Odd. Tu aurais pu nous prévenir !
— Hé, je bosse aussi de mon côté, qu’est-ce que tu crois ! répondit Jérémie, en tournant la tête vers l’écran dédié à la surveillance de la situation sur Lyoko, où plusieurs signaux rouges venaient effectivement d’apparaître autour des icônes symbolisant ses amis.

D’instinct, il frappa la touche commandant la vue en perspective, ce qui confirma son intuition.

— Vous avez quatre blocs, deux devant vous et deux sur les hauteurs à vos six heures.
— Ah ? Ah ! Merci Jérémie, ils allaient nous prendre en traître, ces filous !

De la hauteur, et du renseignement global. Ça aide toujours à y voir plus clair. Jérémie pianota dans un terminal pour retrouver le répertoire où il avait rangé le code de son outil de localisation de Xana, celui-là même qu’il avait développé conjointement avec Aelita avant de découvrir que Xana avait eu cette bonne idée, à cette époque, de ne pas se cacher en un endroit en particulier, mais partout à la fois. Logique. Mais bref, ce logiciel avait tout de même une qualité, celle d’avoir été designée par Aelita. Si c’est lui qui a réalisé toute l’implémentation métier, il fallait reconnaître que laisser la partie de l’UI/UX à l’Ange de Lyoko avait du bon, et du beau d’ailleurs.

Le composant qui l’intéressait, dans cette application, c’était la carte. Aelita avait codé un module qui récupérait toutes les adresses IP que le programme initial de Jérémie tentait d’analyser pour y détecter une éventuelle présence de Xana, les passait de façon systématique et par bloc dans un script de requête Whois afin de confirmer leur géolocalisation, et branchait enfin ces informations sur une interface visuelle plutôt léchée et raccord avec la charte graphique de fait du système d’exploitation du supercalculateur. Et pouf, un beau planisphère avec des flèches indiquant explicitement où on allait. Il suffisait de deux ou trois minutes pour rebrancher ce module à l’analyse en cours des flux sortants sur supercalculateur. Et voilà ! La carte se peuplait rapidement de flèches foisonnant dans tous les sens.

Le temps d’accumuler quelques données, Jérémie reporta à nouveau son attention sur Lyoko. Il ne restait plus qu’un ennemi.

— La Tour est juste derrière le récif sur votre droite. Pas d’autres ennemis en vue.
— D’accord, super Jérémie ! répondit Ulrich.
— Toujours pas d’infos sur l’attaque de Xana, cette fois ? demanda Yumi.
— Je planche dessus. Mais pour l’instant, non.

Jérémie revint à sa carte. Rien de spécial pour l’instant. Mais soudain, il vit le supercalculateur envoyer une rafale de requêtes vers un grand nombre de serveurs, à travers le monde entier. Qu’est-ce que pouvait bien fabriquer Xana ? Il ouvrir le détail d’une requête, au hasard. Destiné à la Suisse, c’était un modeste paquet de données chiffrées. Un autre, en tous points identiques, parti pour le Delaware aux États-Unis. Encore un, cette fois-ci pour la Belgique. Tous identiques.

Une analyse un peu plus poussée du contenu d’un de ses paquets fit lever un sourcil à Jérémie. La signature lui était familière, il l’avait croisée il y à peine quelques jours... Cette signature était caractéristique du protocole de communication Swiftnet. Le protocole de communication sécurisé spécifiques aux interactions interbancaires. Il lança immédiatement son logiciel de décryptage passe-partout sur le corps des messages transmis dans ces paquets, la force de frappe de calcul du supercalculateur lui-même à l’appui.

Qu’est-ce que Xana pouvait bien faire à sonder toutes les banques du monde ?

Jérémie s’apprêtait à informer ses amis sur la nature de l’attaque, quand le logiciel de décryptage afficha ses résultats, encore un peu plus rapidement que ce que son utilisateur espérait. Et ce dernier se ravisa de prévenir ses camarades. Car ce qu’il voyait devant ses yeux, ce n’était pas, comme il s’y attendait, des ordres de virement bancaires quelconques que Xana aurait établis dans le cadre d’un grand plan d’ensemble consistant à instiller une paralysie contrôlée du système sociétal et bancaire par le biais d’une corruption des flux bancaires savamment orchestrée. Ou follement, au choix. Ce n’était pas ça. Là, devant lui, une requête simple. Et là, dans le tableau des paramètres passés avec l’instruction, à la troisième ligne, un numéro de compte. Son compte bancaire secret. Enfoiré de Xana !

Jérémie vérifia la situation sur Lyoko, et intima aux siens de presser le pas. Il évoqua les activités suspectes de Xana sur les réseaux bancaires, sans entrer dans les détails. Car ce n’était pas le moment pour expliquer qu’il avait créé un compte bancaire de façon un peu douteuse en piratant les enregistrements informatiques d’une banque canadienne, autant pour renforcer la couverture d’Aelita Stones que pour masquer les sources de financement de ses opérations, plus ou moins légales et légitimes. Ses amis ne se rendaient pas totalement compte du poids financer qu’avaient les Lyokoguerriers : acheter le matériel informatique nécessaire pour rivaliser dans la course à la suprématie numérique contre Xana, acheter les matériaux nécessaires pour fabriquer les dispositifs et outils expérimentaux pour lutter contre les sbires de Xana, acheter l’équipement de surveillance pour défendre l’Usine contre les intrus, qu’ils soient civils ou contrôlés par Xana... Et comme ils s’étaient fait la promesse de ne pas utiliser le Retour vers le Passé inconsidérément, Jérémie avait pris sur lui de trouver ses propres fonds secrètement, quitte à ce que cela ne soit pas parfaitement légal. Et de toute évidence, c’était ces fonds que Xana visait.

L’opérateur pianota un peu plus fébrilement sur son clavier, à la recherche d’autres indices. Des métadonnées oubliés, des patterns... Il remarqua que Xana passait en revue toutes les banques du monde à travers le réseau Swiftnet, dans l’ordre. Étrange, mais pas incohérent. Xana n’avait qu’un numéro de compte, et techniquement, il fallait le compléter par l’identifiant d’établissement bancaire pour localiser définitivement le compte proprement dit. Xana se lançait donc dans une analyse parfaitement procédurière, ironiquement très semblable à ce que faisait Jérémie lorsqu’il utilisait cette même carte pour localiser Xana sur le Réseau. Cette façon de procéder avait le bénéfice d’accorder un peu de temps. Environ... Deux minutes trente, à ce rythme.

Les Lyokoguerriers n’étaient pas loin de la Tour, ils pouvaient le faire, si Xana ne leur envoyait pas de monstres supplémentaires... Mais bien évidemment, c’est ce qu’il fit !

— Un nouveau monstre approche ! Aelita, fonce, les autres vont te couvrir !
— T’es sûr ?
— Oui, on a pas le temps !
— Trop tard ! Il nous barre la route !
— Mais qu’est-ce que c’est que cette chose ? s’exclama Odd.
— Vous ne pouvez pas le contourner ?
— Difficile à dire, il semble avoir une sacré portée d’attaque...

Jérémie regardait, stressé, les banques égrainées les unes après les autres. Il n’y avait pas assez de temps pour lancer des contre-mesures efficaces capables ne serait-ce que de ralentir Xana, et ce dernier se rapprochait de plus en plus dangereusement de son objectif. Plus qu’une minute...



https://cl.delfosia.net/projects/cda2020/sep/12b.png



— Qu’est-ce que c’était que cette chose ?
— On aurait dit une autruche, perchée sur ses deux pattes...
— Tu déconnes, c’était un vrai Raptor, avec sa queue massue étrange !

Aelita s’approcha de Jérémie, concentré sur son pupitre, tandis que les autres débattaient de l’apparence de ce nouveau monstre en se dirigeant vers le monte-charge.

— Tu viens, Jérémie ? Avec un peu de chance, il y aura encore quelque chose à dîner...
— Allez-y, je vais rester travailler un peu.
— D’accord Einstein, mais ne te couche pas trop tard ! conclut-elle en allant rejoindre les autres.

Heureusement, ils n’avaient pas posé plus de questions. Jérémie aurait toute la nuit devant lui pour mettre les choses au clair. La bonne nouvelle, c’était que Xana n’avait finalement pas réussi à mettre la main sur ce fameux compte bancaire. Une chance que le Canada n’ait pas adopté le standard international et ne dispose pas de codes IBAN conventionnels pour ses comptes. Xana n’avait donc pas eu de réponse immédiate à sa requête de test, bien qu’il avait réussi à atteindre la bonne banque.

La mauvaise nouvelle, c’était que le problème était toujours entier : comment Xana avait-il réussi à obtenir ce numéro de compte ? Un retour vers le passé n’y changerait rien. S’il y avait un défaut dans le dispositif de sécurité virtuelle que Jérémie avait bâti autour de lui et de ses amis, il allait devoir le trouver et le corriger très rapidement. Il ressortit de ses dossiers secrets dissimulés dans la partition protégée du supercalculateur le plan de son montage financier, entra la phrase de passe pour le déchiffrer, et en étala le contenu sur ses écrans.

Tout partait d’un investissement préalable de 1450 euros. Toutes les économies d’un jeune garçon en internat, dont les frais propres étaient payés par des parents modestes mais aimants et dévoués. De l’argent de poche qu’il avait soigneusement gardé de côté, et épargné autant que possible à chaque fois qu’il voulait s’offrir une nouvelle folie pour son ordinateur et qu’il trouvait le moyen d’y installer une pièce de récupération à la place. Ces économies, il les avait tout d’abord misées sur des placements à faible risque : des plateformes de prêts privés non bancaires. Bonne fiabilité et rendement correct, pour du légal non boursier. Ca ne devait servir que d’appoint, à l’époque, mais après que les quelques jours que devaient prendre la matérialisation d’Aelita s’étaient transformés en quelques mois, la somme avait déjà un peu grossie. C’est alors qu’il avait décidé d’aller jouer sur les marchés boursiers. Bien sûr, il fallait être prudent, alors il se contentait de se baser sur des indices de suivi mondiaux relativement sûrs. Cela se passait sur un compte d’assurance vie, ouvert à son nom. Il lui avait seulement fallu une autorisation légale de ses parents, mais ce n’était qu’une formalité, ceux-ci faisant plus confiance à leur fils qu’à eux même pour prendre soin de son argent. Des placements sûrs, donc, mais Jérémie ne se privait pas, à quelques occasions, d’aller faire de jolis coups. Ça, c’était venu après l’expérimentation de son logiciel de surveillance des réseaux d’information qu’il avait mis au point pour détecter les attaques de Xana, avant que le Superscan et le trending Twitter ne le rende obsolète. Ce logiciel, il lui avait offert une seconde vie en le convertissant en système de suivi prédictif des indices boursiers. Aussi, il lui arrivait d’émettre des ordres spécifiques pour l’achat ou la vente de certaines actions particulières. Ça marchottait plutôt bien. Et la rentabilité était garantie par son arme secrète : les Retours vers le Passé. Oh, bien sûr, il n’en avait jamais lancé pour gagner de l’argent. Mais quand il fallait en lancer un de toutes façons, il saisissait l’occasion pour y faire une plus-value financière en prime.

Un an avait passé, et il avait ajouté un zéro à son pécule. Les choses commençaient à devenir intéressantes et en même temps, plus compliquées. Le temps passant, Jérémie avait fini par réaliser que la matérialisation sur Terre d’Aelita n’allait pas être aussi simple : il fallait lui créer une identité, une couverture, mais aussi payer ses frais de scolarité, de bouche, et tous les extras. Ça s’était imposé à son esprit après l’exécution du premier Code Terre. Il était temps de passer à la vitesse supérieure. Tout d’abord, une identité. Pour rendre plus crédible la supercherie, il fallait une identité étrangère, beaucoup plus difficile à tracer par les petites autorités. Mais pour justifier l’introduction d’Aelita à Kadic et nulle part ailleurs, il fallait une histoire qui tienne la route. Celle toute trouvée, c’était celle du rapprochement familial. L’histoire, pas tout à fait fausse d’ailleurs, devait donc être qu’Aelita, devenue orpheline, rejoigne une branche un peu éloignée de sa famille et atterrisse donc à Kadic. Pour cela, il fallait d’abord une famille. Les Belpois étaient conciliants, mais pas tant que ça non plus. Les Stern, hors de question. Les Ishiyama... encore, si cette option n’avait pas été grillée dès la première tentative... mais non plus, les parents étaient trop proches, trop facilement accessible. Trop problématique. Trop de questions gênantes possibles. Restait Odd, et ses parents suffisamment détachés, autant sur la carte que sur le plan émotionnel, pour que ça fasse l’affaire. Aelita serait donc une cousine des Della Robbia. Son nom d’emprunt, sur proposition de l’intéressée, serait Stones. Il fallait encore inventer une date de naissance qui colle avec son âge apparent, la faire naître dans un trou perdu au fin fond du nord québécois, et on avait un premier brouillon. Une journée de montage photo plus tard, et Jérémie avait des prétendus numérisations convaincantes de papiers d’identité pour sa bien-aimée. Mais bon. Avoir quelques photocopies couleur, une lettre bidon et un faux témoignage, cela serait suffisant pour inscrire Aelita à Kadic, certes. Mais la suite n’allait pas être aussi facile.

Parce que oui, il n’allait pas falloir très longtemps avant de devoir présenter Aelita à un examen médical - Kadic n’était pas un de ces établissement en zone soit-disant prioritaire que Jérémie avait pu connaître jadis, où une infirmière étaient éventuellement visible deux demi-heures par mois. Il faudrait donc un carnet de santé, et ultimement, une carte vitale et une mutuelle. Il allait aussi falloir prévenir la possibilité d’un check-up administratif, au plus tard au passage au lycée. Pour cela, il fallait régulariser Aelita, soit en bétonnant un dossier d’immigration, soit en créant ex-nihilo une identité française. Et enfin, la rente boursière était pas mal, mais un internat coûtait plus cher que ça à l’année.

Jérémie avait mis alors les bouchées doubles. Des investissements boursiers plus agressifs, notamment lorsqu’ils étaient soutenus par un Retour vers le Passé, accompagnées de pertes minimales arbitraires, juste par sécurité, pour éviter d’éveiller les soupçons. Une diversification des placements, avec plus de prêts privés, des placements garantis d’état pour l’avenir (mais ça, c’était vraiment pour la forme), et puis finalement, des vingtièmes prix à diverses loteries. Haha, heureusement que Jérémie avait pu ajouter encore un chiffre supplémentaire à sa fortune et passer à l’étape suivante rapidement. Il se serait senti d’autant plus mal s’il en étant encore là au moment de l’incident du ticket de loterie d’Ulrich... Mais maintenant que la somme initiale n’était plus si faible, Jérémie avait assez de marge de manœuvre pour commencer à éliminer les problèmes méthodiquement, les uns après les autres. Tout d’abord, il créa un nouveau compte bancaire afin de séparer ses sources de financement. Il en profita pour expérimenter la procédure sur une banque canadienne, autant pour éloigner l’information de lui que pour se préparer à le refaire le moment venu pour Aelita. Ensuite... Financer sa scolarité ? La rente boursière devrait suffire, au moins un temps. De même pour assurer les frais de fonctionnement de Lyoko : Jérémie allait pouvoir envisager d’expérimenter plus librement. Il avait quelques plans, comme des armes EMP, à tester. Restait la principale difficulté de la situation légale d’Aelita. C’était à ce moment que commençait les affaires... justement, pas très légales.

Il fallait, à minima, une pièce d’identité canadienne valable. Trop de systèmes administratifs différents, de bureaux, de bases de données, de procédures, de vérifications, de détours. De plus Jérémie s’était inquiété de plus en plus des risques encours par Aelita à n’avoir rien d’autre que des fichiers PDF en guise de papiers d’identité. Pour éviter d’être pris au dépourvu, il s’était alors plongé dans les tréfonds du dark web, sur des sites non répertoriés et difficiles d’accès. Là, on pouvait y trouver tout et n’importe quoi. Surtout n’importe quoi. C’était tout d’abord oppressant, mais rapidement, cela devenait plutôt intéressant, et même amusant. En effet, il s’y trouvait facilement des articles sur la confections d’engins pyrotechniques artisanaux avec diagrammes complets fournis, des recettes de "cuisine" à base d’ammoniac et de goudron, ou encore des liens vers du contenu pornographique "pas nécessairement pas juvénile". Mais on y trouvait aussi beaucoup de liens vers des versions déplombées d’archives de livres, des compilations de musiques et de films introuvables dans le commerce, des explications sur les façons les plus adéquates de fuir les surveillances d’états policiers, ou encore des débats politiques ouverts et relativement calmes. C’est là, au détour d’un sous-forum un peu plus obscur, que Jérémie avait trouvé des personnes proposant la confection de faux papiers. Le doute l’avait pris, déjà : était-ce nécessaire ? Les montages financiers, esquivant la facilité du piratage pur et simple, c’était pour donner une base légale à l’argent que devra utiliser Aelita. N’était-ce pas possible d’en faire autant pour l’identité ?

À cette époque, Jérémie avait conclut que non. Aelita aurait forcément besoin de papiers d’identité. Ne serait-ce que pour le cas d’un contrôle de police fortuit. Monter un dossier à la mairie, faire passer ça par le consulat du Canada et je ne sais quelle préfecture... C’était possible, mais affreusement long, compliqué et risqué. Dans l’urgence, des faux papiers pourraient sauver la mise. Il avait alors passé commande d’un kit sur mesure. Carte d’identité et passeport canadiens, et au cas où, la même chose mais flanqués des lettres R et F. Pour éviter d’être facilement traçable, il avait troqué le service contre un autre. Un détournement d’une caisse de marchandises, une petite douzaine de VZ61, quoi que ça puisse être. Ça, c’était facile. Un petit piratage informatique, et ni vu ni connu. La prime pour ce service revenant sur son compte canadien. Il s’était servi de cet argent pour commanditer la livraison de sa commande, de sorte à ne pas directement se le faire poster à Kadic. Deux semaines plus tard, il avait trouvé les documents demandés, dans une enveloppe kraft scotchée sous un banc, dans une partie peu fréquentée d’une gare. Tout y était : la photo, le nom, les informations choisies par Jérémie, mais aussi le filigrane de sécurité, les effets reliefs, la texture du papier... C’était parfait.

Enfin, jusqu’à aujourd’hui. Parce que si cette pièce leur avait bien sauvé la mise une fois ou deux, avant que Jérémie ne parachève la grande campagne d’introduction d’Aelita au monde réel du point de vue administratif, c’était aussi une faille. Jérémie avait créé un compte bancaire canadien tout à fait légal au nom d’Aelita, dès qu’il avait réussi à introduire son nom dans les registres canadiens et qu’il avait pu vérifier que cela n’avait levé aucune alerte ou que ce soit. Mais du coup, désormais, cette carte d’identité canadienne falsifié au numéro unique bidon était une tâche sur l’identité correspondante. Mais cela ne justifiait toujours pas comment Xana avait pu obtenir le numéro de son compte secret. Le fabricant de documents n’avait jamais eu de contact direct avec son argent. Et si...

Et si ce n’était pas le fabricant, mais le livreur ? Jérémie réalisa qu’il avait été moins précautionneux en ce qui le concernait. Peut-être qu’il avait consulté sa livraison, et noté le nom sur les documents d’identité, ainsi que le numéro du compte bancaire utilisé pour le payer ? Si cette information existe bel et bien quelque part, Xana l’aura certainement utilisé pour remonter jusqu’à lui. Une heure de piratage ciblé plus tard, facilité par le supercalculateur encore une fois pour passer outre les étapes de recherche de failles 0-day et d’infiltration par ingénierie sociale, efficaces mais terriblement chronophages quand on est dans l’urgence, et la preuve était faite. Là, sur un serveur de données non répertorié utilisé par le prestataire de services illégal, entre autres documents parfaitement banals et des listings de commandes à traiter, un document plus précieux que les autres : une liste d’objets livrés mis en correspondance avec les numéros de compte bancaires employés pour payer les livraisons. Le genre de traçabilité très bienvenue le jour, mais difficilement appréciable quand on se trouve sur la face nocturne d’internet. Un coup d’œil aux méta-données et aux registres d’inodes du système pour écarter la possibilité d’une copie de sauvegarde du document autre part, une modification discrète pour retirer l’entrée lui correspondant au milieu des centaines d’autres, et pour la forme, quelques autres suppressions, au hasard, afin de masquer son véritable objectif. Le numéro de compte du client qui avait demandé un déroutage de colis était là aussi. Jérémie le laissa en place, mais envoya un message anonyme à la personne pour le prévenir. Ainsi, quelqu’un d’autre que lui-même se chargerait d’obtenir le silence de ce livreur indélicat.

Et voilà. Menace éliminée. Il était trois heures du matin. Il restait bien assez de temps jusqu’au lever du soleil pour abandonner ce compte compromis, et recréer un nouveau dépôt secret autre part. Plus besoin de le faire au Canada, même si l’astuce du non indexage IBAN l’avait tiré d’affaire. Autant chercher des banques dans des pays offrant un réel secret bancaire. Et puis, autant en profiter pour diviser le pactole afin de diminuer le risque. Les portefeuilles cryptographiques gagnaient en intérêt, ainsi que les services bancaires dématérialisés...



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Au petit matin, Jérémie avait bouclé son affaire. Le soleil se levait à peine quand il traversait le pont. Encore une opération rondement menée. Le jeune homme se surprit à se demander combien tout cela était moral. Mais il lui était difficile de concevoir d’en faire moins pour assurer la survie, la tranquillité et le confort d’Aelita, ainsi que l’efficacité de tout le groupe contre leur ennemi Xana. Et il se disait qu’il était dans un même temps particulièrement raisonnable, tant il avait les capacités et les possibilités d’en faire plus. Ces VZ61 se vendaient à bon prix, après tout, et il était fort simple d’en acquérir des stocks, avec ses moyens.

Cela rassurait Jérémie de constater qu’il ne se laissait pas encore entraîner dans une logique trop dangereuse. Et puis, cela lui donnait une idée aussi. Ce monstre, qu’ils avaient croisé la veille, qui était apparu pour le prendre en traître d’un coup arrière... il le baptiserait le Skorpion.
 

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