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  Sujet: [Débat] Le Mariage pour tous  
Sinasta

Réponses: 97
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MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Ven 15 Mar 2013 02:48   Sujet: [Débat] Le Mariage pour tous
Raiden:

Premier point:
Une société sans culture ne survivra effectivement pas longtemps, mais la culture est une chose qui évolue constamment avec les époques justement pour s'adapter à des évènements comme le changement de mentalités ou l'arrivée de nouvelles technologies.
Si ce n'était pas le cas, nous n'aurions par exemple jamais aboli l'esclavage et les noirs seraient encore perçus comme une race inférieure au service des grands maîtres blancs comme ça a longtemps été le cas autrefois. On pourrait ainsi parler de la condition des femmes ou de l'intolérance religieuse.

L'important n'est pas que la culture reste perpétuellement inchangée, l'important est de ne pas oublier les évènements marquants de l'histoire pour éviter de répéter les erreurs passées, par exemple éviter de reproduire ce qui nous a mené à deux guerres mondiales.
Alors certes, toute évolution n'est pas forcément bonne à prendre et cela mène parfois à de graves conséquences. Ainsi à titre personnel, et au risque de choquer certains, je pense par exemple que l'apparition de la religion organisée (j'entends par là l'existence d'institutions religions qui se font concurrence et non les croyances individuelles) a été une évolution des mœurs aux conséquences dramatiques.
Toutefois d'une part je doute grandement que la légalisation du mariage homosexuel fasse partie de ces évolutions néfastes car son impact sur la société sera extrêmement faible.
Et d'autre part, une culture qui évoluerait mal est certes problématique mais une culture qui n'évoluerait pas du tout par peur de l'inconnu et de la nouveauté ne vaut pas mieux qu'une culture morte.


Deuxième point:
A aucun moment la Constitution ne fait mention d'une quelconque 'normalité', au contraire. Je cite l'article 1 (disponible sur le site de l'Assemblée nationale) :
Citation:
"La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion."

Alors certes, le texte ne précise rien quant à l'orientation sexuelle des citoyens. MAIS, en l'absence de cette mention, ce sont les deux autres textes fondamentaux reconnus et signés par l'état français qui s'appliquent, à savoir la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme et la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne. Je cite cette dernière (consultable sur le site de la commission européenne)
Citation:
Article 20

Égalité en droit

Toutes les personnes sont égales en droit.


Article 21

Non-discrimination

1. Est interdite toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l'appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle.

Aucun de ces textes ne mentionne une quelconque 'normalité humaine'. Au contraire, l'idée défendue est qu'il n'existe pas de norme dans l'espèce humaine.


Troisième point:
Je te rejoins pour dire que la nature prône effectivement la complémentarité homme-femme pour la reproduction. Mais c'est là justement le point important: la nature se limite à la reproduction. La nature n'a jamais établi de règle liée à l'amour et encore moins au mariage qui est une invention purement humaine.
L'homosexualité n'est pas contre-nature car la nature n'a jamais établi de règle obligeant les êtres vivants (hommes aussi bien qu'animaux) à être hétérosexuels.
Ce qui serait contre-nature serait par exemple que deux hommes ou deux femmes mettent au monde un enfant sans l'intervention d'un membre du sexe opposé. Mais bon, jusqu'à preuve du contraire, c'est pas près d'arriver. (Encore qu'il paraît que ce serait arrivé à une certaine Marie... mais bon, ça sent la fumisterie à plein nez cette histoire...)


Quatrième point:
Comme je l'indiquais dans mon précédent post, l'histoire du mariage est bien plus ancienne que ce que tu racontes. Je vais pas tout resortir ici mais pour faire court, l'institution qui plus tard sera appelée 'mariage' était à l'origine ouverte aux homosexuels aussi bien qu'aux hétérosexuels. Ce n'est que quand les chrétiens ont commencé à gagner en influence que cela a changé.
Et un couple marié tel que le concevait l’Église ne pouvait pas être un couple "qui reconnaissent comunément un enfant" pour la simple et bonne raison que toute relation sexuelle était proscrite avant le mariage. Non, c'était un couple qui s'engageait à vivre ensemble, à s'aimer et à se chérir jusqu'à la mort, VOIRE à faire des enfants dont ils s'occuperaient avec la même attention que leur conjoint.


Dernier point:
Je te cite:
Citation:
De plus il est impossible pour eux de faire des enfants naturellement, ce qui pose toujours un problème vis-à-vis de nos moeurs.

Le souci est que ton affirmation n'englobe pas que les homosexuels mais également par exemple les personnes stériles, que ce soit de naissance ou à cause d'une maladie, d'un accident, etc... Or, il n'y a que les premiers qui font l'objet de protestations (quand ce n'est pas pire). Ce n'est donc pas le fait qu'ils ne peuvent pas avoir d'enfants naturellement qui choque les gens mais bien le fait qu'ils soient avec une personne du même sexe.



Shaka:

Premier point:
Si contre-nature veut effectivement dire "qui va contre les lois naturelles", la question qui se pose est "que sont les lois naturelles?"

Je préviens au passage que je me permets ci-dessous de parler crûment de l'aspect pratique de la chose car tu sembles toi-même l'accepter dans le cadre de ce débat mais si quelqu'un préfère que je spoile les parties explicites, je comprendrai tout à fait.

La seule et unique règle naturelle est que la procréation naturelle s'obtient par fécondation d'une femme par un homme via pénétration vaginale.
En dehors de cela, la nature n'impose aucune normalité. Les pratiques sexuelles homos ne vont pas à l'encontre de cette seule et unique règle, et en conséquence, elles ne sont pas contre-nature. Ce qui serait contre-nature serait qu'un acte sexuel homosexuel provoque une procréation.


Deuxième point:
Certes une grande partie du monde médical s'accorde à dire que l'anus n'est pas un organe sexuel et émet une réserve de principe sur l'acte sexuel anal. Néanmoins, elle ne dit rien de tel concernant l'acte sexuel oral. Pourtant, celui-ci est perçu par beaucoup comme normal entre un homme et une femme mais comme contre-nature entre deux hommes.
Dans la même ligne, le vagin est un organe sexuel, pourtant quand deux femmes ont des pratiques sexuelles d'ordre vaginal (cunnilingus ou encore à l'aide de sex-toys), certains crient au contre-nature.

Ce qui gêne tant de gens n'est pas l'acte sexuel en lui-même, qu'il soit anal, oral ou vaginal, mais bien le fait qu'il soit pratiqué par deux hommes ou deux femmes.


Troisième point:
Je te cite:
Citation:
Moi, je pense qu'il faut simplement accepter que l'être humain est suffisamment développé pour être capable d'adopter de par lui-même un comportement contre-nature. C'est aussi ce qui nous différencie des animaux : Jouer avec les règles de Mère Nature.

Pour ta gouverne, l'homosexualité n'est pas une exclusivité humaine. On l'observe chez l'ensemble espèces sexuées, des moutons aux lions en passant par les chiens, les manchots, etc...
Et l'être humain ne joue en rien avec les règles de Mère Nature, pas plus que les animaux. La spécificité de l'être humain est d'être le seul qui soit suffisamment intelligent et con (oui, je sais, c'est paradoxal mais c'est la triste vérité) pour considérer qu'il existe une norme sexuelle et par conséquent des comportements sexuels dits 'déviants' ou 'contre-nature'.


Dernier point:
Je te cite à nouveau:
Citation:
On a tous des préjugés sur certaines choses et le nier c'est de la débilité. Homophobie, à son sens propre, avoir des préjugés contre les homos, je ne vois pas en quoi c'est mal. Si une personne veut, dans son avis personnel, pensez que l'homosexualité n'est pas normal, mais bordel, c'est son droit. Personne n'a le droit d'aller l'emmerder avec ça.

Donc, si je suis ton raisonnement, n'importe qui, qu'il ait simplement de bêtes préjugés ou qu'il soit un homophobe pur et dur, a le droit de dire que les homosexuels ne sont pas normaux, qu'ils sont contre-nature, etc... Mais si la liberté d'expression s'applique dans un sens, alors elle doit aussi s'appliquer aussi dans l'autre!
A partir du moment où tu soutiens que certains ont le droit d'émettre n'importe quel jugement ou critique sur d'autres personne en raison de ce qu'elles font ou ce qu'elles disent, tu n'as aucunement le droit de reprocher aux autres de faire strictement la même chose à leur égard, à savoir les juger et les critiquer en raison de ce qu'ils font et ce qu'ils disent.

Tu rajoutes d'ailleurs:
Citation:
Et arrêter avec vos grands termes accusateurs genre "homophobe" -_-
Ca a le don de me gaver.
Aujourd'hui, on ne peut plus rien dire sans être catégoriser "facho, raciste, homophobe, connard, racaille ou j'en passe"... Ca me gave ces catégorisation facile...

Mais c'est justement là le problème. Si toi ça te gave que ceux qui sont plutôt de ton avis se retrouvent rapidement catégorisés comme des homophobes, dis-toi bien que ceux d'en face sont exactement dans le même cas que toi.
Eux aussi ça les gave d'être constamment affublés du joyeux terme de contre-nature et d'autres sobriquets du même genre. Car si toi tu ne perçois pas ce terme comme fondamentalement insultant, eux oui. Et ils le font simplement savoir au même titre que toi en défendant leur point de vue.
N'oublie pas que chacun a sa conception des chose et que ce n'est pas parce que toi tu n'as pas l'impression d'injurier les gens par tes paroles qu'obligatoirement tes interlocuteurs eux ne se sentiront pas injuriés.
Alors certes, il y a évidemment une grande différence entre quelqu'un qui exprime un avis comme le tien et quelqu'un qui va "casser du PD" comme tu dis.
Mais ce n'est pas parce que le premier va moins loin que le second que nul ne va critiquer son avis pour autant. Car si les libertés d'opinion et d'expression existent, la liberté de critique existe elle aussi.
  Sujet: Nouveaux Membres : Présentez-vous !!!  
Sinasta

Réponses: 6654
Vus: 4470298

MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Mer 13 Mar 2013 18:24   Sujet: Nouveaux Membres : Présentez-vous !!!
Salut à tous.

Moi c'est Sinasta, nordiste de 26 ans (qui a dit 'vieux'? Evil or Very Mad ) bossant dans l'informatique.
Je suis fan de Code Lyoko depuis ses débuts et évidemment c'est toujours le cas aujourd'hui. Personnellement, niveau personnages, j'ai une préférence pour Ulrich et William.
Sinon, je suis également amateur d'escrime, de jeux vidéos, de jeux de rôle, de culture jap en général (dont les mangas, forcément Razz), de cosplay et d'écriture.

A la base, je suis venu sur ce forum sur invitation de Pikamaniaque pour publier les OS que j'écris sur fanfiction.net (au passage, pour les curieux, mon pseudo ff.net est également Sinasta). Mais bon, je ne vais pas faire mon crevard et venir juste pour ça...
Bref, j'espère bien m'amuser ici!
  Sujet: [Débat] Le Mariage pour tous  
Sinasta

Réponses: 97
Vus: 79552

MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Mer 13 Mar 2013 02:28   Sujet: [Débat] Le Mariage pour tous
Bon, un avis de plus, même si je doute que ça apportera grand chose.

D'abord, pour revenir rapidement sur le dernier post de GummyBear, je ne pense pas que les homosexuels soient particulièrement plus festifs ou plus joviaux que les hétéros, même si c'est l'image qu'on s'en fait souvent.
Étant homosexuel moi-même et connaissant pas mal d'autres homos, je dirais qu'on trouve de tout, exactement comme chez les hétéros. La seule différence qu'on pourrait éventuellement relever entre homos et hétéros est que les homos ont peut-être plus facilement tendance à faire preuve de tolérance et d'ouverture d'esprit du fait que leur orientation est elle-même sujette à l'ouverture d'esprit d'autrui. Ce n'est évidemment pas vrai pour tous; les homos aussi ont leur lot de cons, de racistes, de sexistes et tout ce qu'on peut trouver dans le genre.


Concernant le mariage, je suis pour. (Étonnant non? Laughing ) Pourquoi?

D'abord, à ceux qui se disent que c'est normal, c'est juste parce que je pense à ma gueule, je réponds tout de suite non. Je n'ai à l'heure actuelle aucunement l'intention de me marier, pas même de me pacser, et encore moins d'adopter, et que le mariage homo devienne autorisé ne changera pas cela.
Toutefois, je comprends tout à fait que d'autres ne partagent pas mon point de vue sur le sujet et souhaitent se marier et ce n'est pas moi qui les en empêcherait, bien au contraire.

Ai-je des arguments précis pour le mariage homo? Un seul, à savoir que l'interdire va à l'encontre de la valeur 'Égalité' inscrite noir sur blanc dans la constitution, LE texte fondamental de toute loi française, de même que dans divers autres textes fondamentaux comme la Déclaration des Droits de l'Homme dont la France se vante si souvent d'être à l'origine. En fait, mon point de vue est surtout qu'il n'y aucun argument contre qui soit réellement valable.

D'abord, il y a ceux qui affirment que le mariage est inutile, que le pacs comporte largement assez de droit et qu'il suffit de l'associer à un testament pour combler ces différences.
Sans être juriste, avocat ou quoi que ce soit, je répondrai non. Au-delà du fait que forcer un homo à passer par deux contrats et à n'autoriser que les hétéros à bénéficier d'un seul contrat est discriminatoire, il s'avère que le mariage est plus qu'un pacs associé à un testament. Il inclue notamment toute un volet de responsabilité civile, notamment si le couple a des enfants à charge. Dans le cas d'un pacs, un seul des conjoints est responsable du ou des enfants et s'il meurt, un testament ne suffit à ce que l'autre ait légalement la responsabilité de l'enfant. Alors certes, ce point ne touche que les couples qui auraient un enfant par adoption ou autre mais c'est notamment pour ces couples là que l'ouverture du mariage aux couples homosexuels est demandée.

Il y a ensuite ceux qui arguent de la nature du mariage, que ce soit le côté 'sacré' ou le côté 'un homme et une femme'.
Je ne suis absolument pas historien, mais je me suis renseigné par curiosité après avoir entendu des argument basés sur l'histoire du mariage.
Si le terme 'mariage' est plus récent, l'institution même du mariage tel qu'il est encore pratiqué aujourd'hui en France trouve son origine dans l'empire romain, bien avant JC. Et selon des documents mis à jour par des historiens et des archéologues, à l'époque, les couples homosexuels étaient monnaie courante. Il semblerait même qu'au moins deux empereurs (dont ni plus ni moins que le célèbre Néron) aient eu une telle relation.

Cela aurait changé à partir du IVe siècle après JC. A quelle occasion? Et bien tout simplement à partir du moment où la religion chrétienne commençait à devenir influente au sein de l'empire. C'est d'ailleurs sous l'impulsions des représentants chrétiens que l'homosexualité a progressivement été déclarée hors-la-loi. Les historiens avancent deux raisons pour cela: d'une part parce qu'à l'époque, la planète était encore à coloniser et pour cela, il fallait encourager la reproduction et l'accroissement de la population, d'où le souhait de limiter l'homosexualité qui va contre cet objectif. Et d'autre part pour gagner en influence en focalisant la haine et la colère du peuple sur une autre minorité, et ce malgré l'existence d'homosexuels parmi les martyrs ayant défendu le christianisme au prix de leur vie. (Pour les curieux, renseignez-vous sur Saint Serge et Saint Bacchus, leur histoire et leur culte est basée sur les martyrs en question.)
En bref, à ceux qui affirment que le mariage, c'est un homme et une femme, non, à l'origine cette institution était déjà ouverte aux homosexuels. Ce n'est que plus tard que la religion chrétienne a fait changer cela.

Pour ce qui est du côté 'sacré' du mariage, il n'est pas valable dans ce débat étant donné que nous parlons du mariage civil dans un pays laïc où l’Église et l’État sont séparés par la loi depuis 1905. Cette situation se résume simplement : chacun est libre de croire ou non dans une religion mais tout ce qui a trait à l’État est régi par et uniquement par l’État qui est au service du peuple et pour qui rien n'est considéré comme sacré.
L’Église comme toute autre religion n'a aucune légitimité à intervenir dans un débat sur le mariage civil, de même que l’État n'intervient pas dans les mariages religieux. L'exemple le plus simple est que l’État n'a jamais forcé l’Église a accepté que les prêtres puissent se marier comme tout autre citoyen; ce n'est pas son devoir, c'est à l’Église de régir le mariage religieux.

Puis viennent ceux qui affirment qu'ouvrir le mariage aux homosexuels détruirait la valeur symbolique du mariage qui est l'union d'un homme et d'une femme en vue de fonder un foyer.
A ceux-là, je répons personnellement que les hétéros eux-même ont fait évoluer cette vision du mariage.
Tout d'abord avec le divorce. Celui-ci a longtemps été interdit, le mariage était à vie. Pourtant, il y a aujourd’hui selon les chiffres officiels deux mariages sur trois qui finissent en divorce malgré la présence des enfant dans plus d'un cas sur deux. Inutile de dire que l'institution du mariage en a donc pris un sérieux coup dans le museau.
Puis, il y a également les couples qui se marient en ayant clairement le projet de ne PAS avoir d'enfant. Oui, cela existe; parmi les personnes connues, on peut ainsi citer Michel Onfray ou mieux encore, Michel Drucker. Même si dans le cas du second, son épouse avait déjà une fille et qu'ils ont adopté une autre fille des années après leur mariage, lors de la cérémonie, Michel Drucker a épousé sa dulcinée en sachant que celle-ci refuserait de porter un nouvel enfant suite à un traumatisme lors de sa première grossesse.
Par ailleurs, il y a les couples qui ont des enfants sans se marier. Là encore, il y des exemples connus, par exemple Lionel Astier a eu comme concubine successives Joëlle Sevilla et Josée Drevon qui ont respectivement donné naissance à Alexandre et Simon Astier. Pour ceux qui ne connaitraient pas, toutes ces personnages sont des acteurs de la série Kaamelott (Lionel = Léodagan, Joëlle = Séli, Josée = mère d'Arthur, Alexandre = Arthur et Simon = Yvain).

Il n'existe plus de lien entre mariage et enfants. Aux yeux de la société, le mariage est devenu plus simplement l'union de deux personnes qui s'aiment; à peu de choses près comme à l'origine romaine. Les enfants sont considérés comme un élément à part dans la majorité des cas. De ce fait là, il paraît absurde de l'interdire à deux hommes ou deux femmes qui s'aiment au même titre qu'un homme et une femme.

Certains veulent contrer cet argument en affirmant haut et fort que l'homosexualité est contre-nature. Que la nature impose l'amour entre un homme et une femme. Malheureusement pour eux, c'est faux. Oui, la nature a imposé une règle, mais pas celle-là.
La seule et unique règle est que pour qu'il y ait reproduction naturelle, un homme doit féconder une femme lors d'un rapport sexuel. Il n'y aucune notion d'amour dans cette règle; c'est pour cela qu'hélas, des femmes peuvent tomber enceinte suite à un viol, ou qu'à l'inverse une femme peut ne jamais tomber enceinte de l'homme qu'elle aime.
La nature n'est en rien contre l'homosexualité. La seule limite qu'elle y impose est que deux hommes ou deux femmes ne pourront pas avoir d'enfant seuls de manière naturelle.

Pour finir sur le mariage, on parle régulièrement de clause de conscience des maires, mais un maire est un élu de la République. En tant que tel, il s'engage à appliquer les lois de la République, qu'elles lui plaisent ou non. Il n'y a pas de loi à la carte selon les préférences de chacun, et si un élu n'est pas capable d'accepter cela, il n'est ni digne ni apte à exercer sa fonction.


D'où la question entre autres de l'adoption. Là aussi je suis pour.

L'un des arguments pour est notamment que les rapports d'ONG humanitaires travaillant dans ce domaine font régulièrement état du manque de places pour les orphelins. Ouvrir l'adoption aux homosexuels ne règlerait pas tout le problème mais permettrait au moins à certains d'entre eux de grandir dans un foyer avec une famille d'accueil plutôt que dans un orphelinat.

Là encore, ce sont surtout les arguments contre qui ne sont pas vraiment valables à mes yeux.

Le plus répandu, comme on a pu le voir précédemment dans ce topic, ce sont les troubles auxquels un enfant élevé par des homosexuels se retrouveraient confrontés.
Tout d'abord, le traumatisme de ne pas avoir de père ou de mère selon les cas. Là encore, les hétéros ont déjà eux-mêmes répondu à cette question. Les couples hétéros sont sujets aux mêmes aléas de la vie que n'importe qui, et il n'est hélas pas rare qu'un enfant se retrouve avec un seul parent, que ce soit suite à un décès ou parce que l'un de deux parents abandonne l'autre en lui laissant la charge de l'enfant.
Pourtant, ces enfants mènent une existence normale et nul ne vient les déranger parce qu'ils n'ont qu'un seul parent. Et selon les statistiques officielles de l'INSEE, si certains de ces enfants rencontrent effectivement des problèmes à cause de l'absence d'un des parents, ceux-ci ne sont qu'une infime minorité comparé à ceux qui sont mal dans leur peau à cause de leur orientation sexuelle, de problèmes sentimentaux ou encore de l'échec scolaire.

Par ailleurs, force est de constater que ceux qui affirment que des homosexuels ne peuvent élever correctement un enfant le font en disant vouloir défendre les enfants en question. Seraient-ils d'accord. Il semblerait que non. Ainsi, j'invite les curieux à se renseigner sur l'association DECLA (Des Enfants Comme Les Autres - http://www.facebook.com/DeclaLyon/info ), créée à Lyon à l'occasion du débat parlementaire par deux enfants élevés par des couples homosexuels qui en avaient marre que les dit-parlementaires disent en leur nom l'inverse de ce qu'ils pensent.
Si l'on s'en réfère à leurs témoignages, avoir deux pères ou deux mères peut-il être déstabilisant pour un enfant? Oui. Cela peut-il avoir des conséquences néfastes sur l'enfant? Oui. Dans quelle proportion? Là encore, selon les chiffres de l'INSEE, dans une proportion largement moindre que les enfants ayant des problèmes pour des raisons plus 'classiques' auxquels les enfants de couples hétéros sont eux aussi confrontés.
Toujours selon leurs témoignages, les problèmes viennent moins des couples homos qui les élèvent mais des personnes extérieurs, parents ou enfants, qui voient cela d'un mauvais oeil et le font savoir. Heureusement, ces personnes sont semble-t-il assez rares et ne suffisent pas à choquer les enfants. De plus, ils ne sont pas le fruit de l'homosexualité des parents mais de l'homophobie plus ou moins forte des autres individus en question. Interdire l'adoption pour cela serait donner raison à ces homophobes, l'inverse de la lutte contre les discriminations engagée par la France.

Enfin, argument récurrent là aussi: l'orientation sexuelle des enfants de couples homos. Y a-t-il des homos parmi ces enfants? Oui. Dans quelle proportion? Selon l'INSEE, autant que chez les enfants de couples hétéros, soit environ 10% de la population. Être élevé par des homos ne pousse pas à être homo car l'orientation sexuelle ne se décide. (Par expérience personnelle, mon attirance pour les hommes n'est pas un choix. Je ne me suis même pas posé la question, je suis attiré naturellement par les hommes et je n'ai aucun contrôle là-dessus. Mais bon, je suis loin de m'en plaindre Very Happy )


Dernier point, la GPA. Je ne m'étendrais pas trop sur ce sujet tant il est complexe. J'ai des réserves; si je ne suis pas contre le principe, il nécessite toutefois d'être clairement encadré pour ne pas permettre de possible dérive.

Pour conclure, je dirai à tous ceux qui prédisent la décadence voire l'Apocalypse si les homosexuels étaient autorisés à se marier d'aller faire un tour en Hollande. Là-bas, le mariage homo est autorisé depuis environ dix ans et l’Armageddon n'a pas l'air de vouloir ravager l'endroit. Pas de raison que ce soit différent en France.
Arrêtez de vous tromper de combat. Consacrez plutôt votre énergie à lutter par exemple contre les violences dans le couple ou la maltraitance des enfants.
Que les homos se marient ne changera pas votre vie. L'homosexualité n'est ni une tare, ni une problème, ni un menace!
  Sujet: [One-Shot] At the Bottom of the Night (Fr)  
Sinasta

Réponses: 1
Vus: 7558

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 10 Mar 2013 19:14   Sujet: [One-Shot] At the Bottom of the Night (Fr)
Attention! Cette fic mentionne du yaoi (romance homme-homme). Rien de hard mais assez pour conseiller à ceux qui n'aiment pas cela de passer leur chemin.

Elle n'est également pas des plus joyeuses, donc si c'est du rire que vous cherchez, vous n'avez pas forcément choisi la meilleure fic pour cela.

Voici donc mon second One-Shot sur Code Lyoko, et ma première fic racontée à la première personne plutôt qu'à la troisième, entre autre pour essayer de changer un peu de style.

Petite précision: cette fic ne prend en compte que l'histoire du Code Lyoko d'origine et ne prend pas du tout en compte la nouvelle série Code Lyoko Evolution.

Disclaimer: Évidemment, les persos et l'univers ne m'appartiennent pas. (Dommage...)

Les notes sont en bas de pages. Bonne lecture!


_____________________________________________________________

La sensation de soudaines vibrations dans ma poche me tire des sombres pensées dans lesquelles j'étais plongé depuis un moment, m'avertissant qu'un texto vient d'arriver.

Hey Ulrich, Joyeux Anniversaire!
Désolé pour le retard, j'étais en exams toute la semaine et j'ai complètement zappé.
Fab.
PS : chaud pour une partie ce soir ?


Malgré les circonstances, un faible sourire se dessine sur mon visage. Sacré Fabien, il ne changera jamais. Trois jours de retard pour lui que je n'ai pas croisé en chair et en os depuis des années et il s'en veut déjà. Comparé à tous ceux que je vois quasi quotidiennement et qui ne me l'ont pas souhaité... Merci les gars ! Par moment je me demande pourquoi je me casse tellement le cul à ne pas oublier les vôtres.

A peine cette digression achevée, je m'arrête brusquement et ne peut me retenir de ma facepalmer. Laissant échapper un soupir, je reprends ma route en envoyant rapidement une réponse.

Merci Fab.
Désolé, je suis pas dispo ce soir. Demain si tu veux.
Ulrich


Glissant mon portable dans sa poche attitrée, je resonge à mon accès de colère de l'instant précédent et m'en veut encore de ma stupidité. Pour être honnête, je me fous complètement qu'on oublie de me le souhaiter, surtout en face, d'abord parce que je n'ai jamais aimé être le centre d'attention. Mais surtout, il s'avère qu'il est suivi de près par un autre anniversaire dont je me passerais bien.

C'est d'ailleurs justement pour cette raison qu'au lieu d'être à l'entraînement comme tous les vendredi soirs, je suis dehors en train d'arpenter les rues sombres de Paris. Non pas que je sois dans les quartiers malfamés mais nous sommes fin janvier, en plein milieu de l'hiver, et la nuit est tombée depuis déjà plusieurs heures. J'avance d'un pas constant vers ma destination malgré le vent froid qui mord constamment mon visage et la fine plaque de verglas au sol qui s'amuse régulièrement à essayer de me faire glisser. Au moins le ciel est clair ; pas de pluie ni de flocons de neige en train de tomber pour compléter le tableau, encore que cela conviendrait limite mieux à l'ambiance morose de la soirée.

Si je ne cède pas à l'envie de rentrer chez moi pour me mettre au chaud, c'est parce que j'ai un rendez-vous. Je vais rendre visite à mon ex...

Non, pas Yumi. Elle et moi sommes certes sortis ensemble mais uniquement pour bien vite nous rendre compte que nous n'étions pas aussi amoureux que nous le pensions. Il avait fallu moins de six mois pour nous convaincre de redevenir simplement 'amis et c'est tout'. Une vraie relation est une où les sentiments ne disparaissent pas aussi rapidement. Avec le recul, je dirais que nous avons bel et bien fait tous les deux une fixette sur l'autre mais que cela tenait plus de la curiosité d'ado que du véritable amour. Suite à cette séparation, je m'étais dit qu'il me faudrait un moment pour trouver la personne qui saurait vraiment faire battre mon cœur. Jamais je n'aurais imaginé que je l'avais déjà rencontrée et que nous serions en couple à peine un an et demi plus tard.

Me voilà enfin arrivé à destination, et comme à mon habitude, je lance la même phrase pour m'annoncer.

- Salut William...

William. Si le jour de notre rencontre, on m'avait dit que lui et moi deviendrions ne serait-ce que de simples amis, je ne sais pas si cela m'aurait dégouté ou fait hurler de rire. Peut-être les deux. Il faut dire que les circonstances de ce premier contact n'avaient pas vraiment été les meilleures. Franchement, qui aurait envie de faire ami-ami avec un type qui, non content de débarquer de nulle part avec une réputation peu flatteuse, ne montre aucun scrupule à draguer ouvertement la fille de vos rêves sous vos propres yeux ? La seule chose qu'il m'inspirait à l'époque était l'envie de lui coller mon poing au milieu de la figure. C'est vous dire si les choses ont évolué par la suite. Oh, ça ne s'est pas fait du jour au lendemain, croyez-moi. Notre relation a progressivement évolué avec le temps et là encore, il n'y a qu'avec le recul que je m'en aperçois.

Bien évidemment, il y a d'abord eu l'épisode XANA. Malgré toute la haine que j'avais pour lui, il était impossible de nier que sous ses faux airs de racaille débile du bahut, il avait des talents et des qualités que l'on ne soupçonnerait pas chez lui au premier regard. Il l'avait prouvé en nous sauvant la mise à plusieurs reprises, ce qui avait même fini par nous convaincre de le laisser intégrer l'équipe. Nul d'entre nous n'aurait pu imaginer la catastrophe qui allait se produire peu après.

A l'époque, Odd plaisantait en disant qu'à force de nous battre pour les beaux yeux de Yumi, nous finirions par essayer de nous entretuer pour de bon. Grâce à XANA, ce n'était plus une blague.

Pendant de longues semaines, il nous a fallu combattre un William xanatifié, une situation face à laquelle j'étais constamment partagé. Une partie de moi se réjouissait presque de ce qui lui arrivait. C'était l'occasion de me défouler contre lui, de régler les comptes avec celui qui adorait me tourner en ridicule devant tout le monde et de lui faire sentir toute la rage que j'emmagasinais à chaque fois qu'il essayait de me voler ma bien-aimée. Si les autres m'avaient laissé faire, je pense que j'aurais un jour pu succomber à la tentation de l'éliminer définitivement d'une façon ou d'une autre au prétexte que je n'aurais pas eu le choix.

Pourtant, au fond de moi, je ne pouvais m'empêcher d'avoir de la compassion pour lui. Se retrouver ainsi contrôlé par l'ennemi sans pouvoir résister fait partie de ces choses que je ne souhaiterai jamais à personne, pas même à mon pire ennemi. Si par malheur il était conscient de ce qui se passait autour de lui, il pouvait alors se voir en train d'essayer de tuer ses 'amis' ou de semer la destruction au nom d'une intelligence artificielle ayant pété un câble. Je n'ose pas imaginer ce que doit ressentir quelqu'un dans une telle situation. Et alors que nous nous battions contre l'original, mettre en place sa réplique nous en avait appris plus sur lui, son passé, sa famille... des informations qui, bien qu'anodines au premier abord, jetaient une nouvelle lumière sur lui, nous faisant prendre conscience à quel point nous le connaissions si peu.

Lorsqu'enfin nous avons réussi à le sauver des griffes de XANA, même si j'étais perplexe quant au retour de mon rival en amour, j'étais également heureux d'être parvenu à le tirer de là. Je n'étais pas encore prêt à le considérer comme un ami, en particulier si les hostilités venaient à reprendre entre nous, mais j'étais au moins prêt à lui laisser une chance.

Plus tard, entre la défaite finale de XANA et le début de ma relation officielle avec Yumi, j'étais aux anges. En fait, le seul point noir au tableau, c'était William. Non pas dans le sens où il avait recommencé à me pourrir la vie. C'était même tout le contraire.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, j'étais mort d'inquiétude à son sujet. Nous l'étions tous.

La terrible expérience qu'il avait vécue sur Lyoko l'avait bien plus marqué que nous ne le suspections et la brutalité avec laquelle nous l'avons sorti de l'équipe comme la dernière des merdes à son retour n'avait pas arrangé les choses. Son moral était au plus bas, à la limite de la dépression, et nous avions une grande part de responsabilité dans l'affaire. Nous avons donc tous décidé d'aller vers lui et de l'aider à se reprendre en main. Je dois avouer que j'aurais probablement été plus réticent s'il n'avait pas arrêté de draguer Yumi après que celle-ci ait ouvertement mis les choses au clair avec lui.

C'est au cours des deux années qui suivirent que notre relation a vraiment changé. L'absence de rivalité entre nous nous permettait enfin de passer du temps ensemble sans nous sauter à la gorge au bout d'à peine dix secondes. Une bonne nouvelle car entre sa période de xanatification et sa dépression, il avait complètement loupé sa seconde et s'était retrouvé dans ma classe. Je vous laisse imaginer l'ambiance qui aurait plané sur la salle de cours si nous avions toujours été en aussi mauvais termes dans ces circonstances.

Le temps nous a permis d'apprendre à nous connaître et à voir en l'autre tout ce que la haine nous cachait par le passé. Derrière l'image d'une ordure finie s'est peu à peu dessiné un portrait beaucoup plus réaliste et flatteur. Sa manière de ne jamais laisser tomber ceux qu'il considère comme ses amis, de s'investir à fond dans ce qui l'intéresse, peu importe les obstacles qui se dressent devant lui, ou encore ses relations souvent compliquées avec ses parents étaient tant de points communs qui nous rapprochaient et nous permettaient de mieux nous comprendre. Points communs auxquels s'ajoutaient toutes les qualités que je ne lui connaissais ou ne lui reconnaissais pas jusqu'alors. Ses talents de bricoleurs, son côté sportif, sa capacité à se motiver en toutes circonstances, son humour... la liste serait trop longue pour la compléter, on y serait encore dans une heure. Bien sûr, comme tout le monde, il avait aussi des défauts, en particulier sa tendance à démarrer au quart de tour lorsqu'il se sentait agressé par une personne qu'il connaissait peu ou pas du tout.

Après être passés de rivaux à ennemis mortels puis à simples connaissances, nous avons ainsi fini par devenir de très proches amis, sa réintégration définitive au sein du groupe et son redoublement faisant que nous passions énormément de temps ensemble. Il avait même fini par se mettre aux arts martiaux, une manière pour lui aussi de se défouler et de pouvoir rivaliser amicalement avec moi, même si notre écart d'expérience le désavantageait grandement. Toutefois, nous n'étions vraiment que des amis appréciant la compagnie de l'autre et je mettrais ma main au feu qu'il ne soupçonnait pas plus que moi la tournure que notre relation allait prendre.

C'est au cours des vacances d'été entre la première et la terminale que j'ai compris que mes sentiments pour lui allaient plus loin que je n'en étais conscient. J'aurais pu m'en douter assez vite, il y avait des signes. Vous savez, quand vous passez deux longs mois sans voir vos amis qui sont partis au loin alors que vous êtes là puis qui reviennent quand vous partez vous-même en voyage, vous finissez toujours par penser à eux en vous disant 'Tiens, j'ai hâte de le ou la revoir'. Sauf que là, ce n'était pas une fois de temps en temps qu'il me venait en tête, c'était en quasi-permanence et ce après même pas trois jours de vacances sans le croiser. Au départ je mettais ça sur le compte de notre nouvelle amitié grandissante mais j'ai très vite eu la preuve claire et indiscutable que ce n'était pas que ça. Pour faire simple, disons que quand vous vous mettez à faire CE genre de rêve presque tous les jours et avec à chaque fois la même personne, c'est soit que vous êtes amoureux, soit que vous êtes un obsédé en manque qui fait une fixette sur un bon coup potentiel. Dans mon cas, j'ai estimé être suffisamment sain d'esprit pour mettre de côté la réponse B.

J'avoue que la première fois que c'est arrivé, j'étais quand même un tant soit peu choqué. Pas tant par le fait de m'imaginer en pleine action avec un autre homme. J'avais depuis longtemps réalisé que je n'étais pas insensible au charme de certains garçons et l'idée de sortir ou d'avoir des rapports avec un mec ne me dégoutait absolument pas. Non, le sexe de l'autre n'était pas la question et ne l'avait jamais vraiment été. La principale surprise, c'était que cet homme soit William précisément. Comme je le disais plus tôt, qui ne serait pas étonné de subitement avoir le béguin pour un ancien rival cherchant à l'époque à piquer votre partenaire ? Et le vrai choc est venu quand je me suis aperçu à quel point revenir sur ces rêves agités me faisait sourire... et dresser le chapiteau au passage.

Il fallait se l'admettre, j'étais clairement amoureux de lui, et les nuits suivantes balayèrent tout doute qui pouvait encore subsister.

C'est ainsi qu'après deux mois de vacances à attendre impatiemment nos retrouvailles, la rentrée des classes était enfin arrivée. Toutefois, je n'ai pas eu assez de cran pour aborder le sujet et je me suis contenté d'apprécier à nouveau sa compagnie le temps de rassembler assez de courage pour lui avouer la force de mes sentiments. Ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est qu'au cours de notre séance d'entraînement privée à la fin de la première semaine, il me fasse exactement la confession que je n'osais faire moi-même.

Ces quelques mots plein de magie et le premier baiser qui suivit resteront à jamais gravés dans ma mémoire. C'était le début d'une relation féérique qui aura duré trois ans et demi et pleine de souvenirs extraordinaires, même si hélas celle-ci a dû rester secrète pendant tout ce temps.

Avant que vous ne posiez la question, non, faire mon coming-out ne m'a jamais effrayé. Malgré les tensions qui nous opposent de temps à autres, je sais que mes parents m'aiment, y compris mon père avec son balai dans le cul, et qu'ils n'auraient aucune objection à me voir sortir avec un garçon. Le problème, c'est qu'il n'en était pas de même pour ceux de William qui n'étaient pas vraiment ouverts d'esprit sur ce sujet comme sur bien d'autres. A l'époque, il m'avait raconté que s'ils apprenaient la nouvelle, ils n'hésiteraient pas une seconde à le jeter hors de chez eux et à l'abandonner à son propre sort. Ayant eu l'occasion de les rencontrer à deux ou trois reprises sous couvert d'être un simple ami venu bosser chez lui pour un projet de cours, je pense bien qu'il n'exagérait pas. Sur le principe, nous étions tous les deux prêts à assumer pleinement notre relation mais pour que l'équation soit complète, il faut prendre en compte le fait que nous étions face à une période charnière de notre vie.

Un an plus tard, ce serait le bac et nous avions tous les deux des projets pour la suite. Ecole d'ingénieur pour moi, école de commerce pour lui. Inutile de préciser que l'une comme l'autre affichent des frais de scolarité très élevés et qu'avoir le soutien de ses parents aide énormément. Et aussi fort que soient nos sentiments au début de notre relation, nous étions suffisamment honnêtes et clairvoyants pour admettre que celle-ci pouvait très bien s'arrêter du jour au lendemain et qu'il serait débile de lui faire risquer aussi gros alors que nous serions peut-être séparés avant même la fin de la terminale. En conséquence, nous avons décidé de ronger notre frein, de rester discrets pendant quelques années et de faire en sorte de ne pas planter nos études afin d'être diplômés et indépendants dès que possible. Si nous étions toujours ensemble ce jour-là, alors nous pourrions révéler la vérité sans craindre à première vue de conséquence trop importante.

Et c'est ainsi que trois ans et demi durant, nous sommes restés officiellement de très bons amis pour ne devenir un couple qu'une fois à l'écart de toute paire d'yeux indiscrète. Durant tout ce temps, seuls furent au courant nos plus proches amis en qui nous avions une confiance aveugle. Comme nous nous y attendions, aucun membre du groupe de Lyoko n'y trouva à redire même si tous furent quand même assez surpris par la nouvelle, en particulier Yumi qui était même un peu mal à l'aise de voir ses anciens prétendants finir ensemble. Odd ne ratait jamais une occasion de la chambrer en disant que si tous les mecs qui s'intéressaient à elle viraient homos, elle n'était pas prête de trouver son Roméo. Et malgré la discrétion dont nous devions constamment faire preuve, nos sentiments ne faiblissaient pas et nos projets scolaires se déroulaient à merveille, nous offrant de belles perspectives pour l'avenir. Nous avions même la chance que toutes nos écoles soient dans le même quartier universitaire ce qui nous permettait de continuer à nous voir tous presque quotidiennement pour le déjeuner.

Hélas, tout a une fin...

J'imagine que vous vous demandez ce qui a bien pu briser un amour qui semblait pourtant si fort. Qu'est-ce qui a bien pu mener notre couple jusqu'à la séparation? A qui la faute ?

En fait, tout s'est passé il y a six ans. Ce lundi soir là, j'étais seul, cloîtré dans ma chambre, occupé à réviser. Et pour cause, j'étais en pleine semaine d'exams de fin de semestre et je comptais bien faire tout mon possible pour ne pas les rater. Conformément à notre souhait de devenir indépendants dès que possible, nous avions établi une règle simple. Lorsque l'un d'entre nous était en période d'examens, l'autre devait lui foutre la paix et le laisser bosser afin de ne pas le gêner. En revanche, le premier ne devait évidemment pas lui en vouloir de sortir s'amuser pendant ce temps là. C'est ainsi que de son côté, William était tranquillement en ville en compagnie d'Odd et de sa copine. Leur programme était d'aller au cinéma, puis de manger en ville avant de rejoindre d'autres amis dans un bar à proximité.

Je suppose que vous devinez la suite ? William rencontre quelqu'un et finit par me larguer. Croyez-moi, je serais le premier heureux qu'il m'ait simplement quitté pour un ou une inconnue mais aucun de nous n'a jamais plaqué l'autre. La réalité est bien pire.

En quittant la pizzeria où ils s'étaient rassasiés, le trio s'est fait aborder par cinq types qui les avaient vu sortir et leur ont 'gentiment' demandé un peu d'argent. Avec ces deux têtes brulées d'Odd et de William, le ton est très vite monté jusqu'à ce que le groupe qui les emmerdait ne décide d'en venir aux mains. Bien que l'un d'entre eux soit resté à l'écart du combat, les autres étaient quand même à quatre contre trois, ce qui n'augurait rien de bon. Évidemment, personne aux alentours n'est venu leur prêter main forte comme c'est toujours le cas. Tout aurait pu en rester à une simple rixe. Sauf que deux de leurs agresseurs ont fini par dégainer des couteaux à cran d'arrêt.

Ce n'est que lorsque les lames ont commencé à danser que les témoins restés à l'écart ont décidé d'intervenir. Même s'ils n'ont pas pu empêcher ces ordures de fuir, nul ne voulant se frotter à leurs armes, ils ont permis à Odd de s'en tirer avec 'seulement' quelques lacérations et sa copine avec de gros hématomes. Car oui, même elle s'est fait cogner par ces salopards. Quant à William, il n'a pas eu autant de chance. Trois coups l'ont atteint sévèrement au torse dont deux ont perforé son poumon gauche. Et malgré la vitesse à laquelle les secours sont arrivés sur les lieux et l'ont emmené à l'hôpital le plus proche, il était trop tard à leur arrivée là-bas pour faire quoi que ce soit.

William est mort ce soir là. Loin de moi. Tué par une bande de connards qui voulaient un peu de pognon.

...

A l'heure où le drame s'est produit, j'étais déjà au pays des rêves. A mon réveil, je suis parti pour mon école, ne prenant même pas la peine d'allumer mon portable sur le chemin. En sortant de la salle d'examen peu après midi, je pensais rejoindre les autres afin d'aller manger tous ensemble au resto U comme chaque jour. J'ai tout de suite compris en apercevant les autres que quelque chose clochait. Primo, tous tiraient une tête d'enterrement comme je ne leur en avais jamais vu. Et secundo, William n'était pas avec eux...

Je vous laisse imaginer mon état quand ils m'ont annoncé la terrible nouvelle. A cet instant, mon monde s'est écroulé. Inutile de vous dire que mes larmes ont coulé à flot. En une semaine, j'ai pleuré assez pour toute une vie.

Il m'a fallu un an pour m'en remettre véritablement. Une longue année durant laquelle je me forçais à ne rien montrer à personne, préférant que les autres agissent comme si tout était normal plutôt que de leur en parler. J'ai parfaitement conscience que leur sympathie et leurs attentions partiraient d'une bonne intention, mais indirectement ils me rappelleraient au passage ce qui m'arrivait alors que je souhaitais justement être capable de penser à autre chose. Il n'y a qu'avec l'équipe Lyoko que je m'autorisais à en parler et que je laissais mes larmes couler librement.

Entre temps, le seul membre du groupe à ne pas avoir pris part à l'agression s'était rendu aux autorités, expliquant que s'il avait bien aidé ses amis pour le racket en intimidant leurs victimes, il n'avait jamais souhaité en arriver à se battre et que finir comme complice d'un meurtre pesait énormément sur sa conscience. Sur ses indications, ses complices ont été arrêtés puis jugés. Alors que tous les autres pourrissent encore derrière les barreaux, lui a semble t'il bénéficié d'un minimum de clémence de la part des autorités en raison de sa non-participation au combat et de sa coopération. A ma connaissance, il a depuis été libéré et a quitté de la région afin d'éviter toutes représailles s'il était découvert qu'il avait balancé. Et si je ne peux toujours pas me résoudre à lui pardonner ce qui s'est passé, je lui suis au moins reconnaissant d'avoir fait preuve d'assez d'humanité pour que le crime ne reste pas impuni.

Au final, le seul point positif dans ce drame, si l'on souhaite vraiment en trouver un, c'est que William est mort en ayant toujours l'amour de ses parents.

...

Cela fait aujourd'hui six ans jour pour jour que William a été tué.

Faire passer la pilule n'avait vraiment pas été facile et même moi qui suis le premier à dire que le suicide est une énorme connerie, je l'ai envisagé pendant un bref instant. C'est en imaginant l'avoinée que me mettrait William là-haut si j'osais faire cela que j'ai vite abandonné l'idée. Au fond de moi, je sais que s'il pouvait parler, il me ferait comprendre que je ne dois pas rester bloqué dans le passé, qu'il veut que je continue à profiter de la vie au maximum et que je cherche quelqu'un d'autre à aimer et à chérir comme c'était le cas avec lui. Et c'est ce que je m'efforce de faire, ce qui ne veut pas dire que je l'ai oublié pour autant.

Comme chaque année, me voici sur sa tombe pour lui raconter ma vie, lui parler de nos amis communs et surtout lui dire combien il me manque terriblement. La plupart des gens penseraient à tort que j'ai tourné la page mais non. Elle ne se tournera jamais ; le chapitre ne sera jamais fini. Aussi terrible que soit une rupture, elle a au moins l'avantage de se baser sur le principe que l'un des deux n'est plus amoureux et que l'autre sait qu'il lui faudra se faire une raison, même si c'est parfois insupportablement long et difficile. Dans un cas comme le mien, les sentiments sont toujours là et ne disparaitront très certainement jamais. Pourtant, j'ai conscience que même s'il avait survécu, nous aurions pu être amenés à nous séparer, peut-être même dès le lendemain. Hélas, nul ne le saura jamais.

Cela fait partie de ces questions qui resteront éternellement sans réponse, au premier rang desquelles vient celle-ci : si j'avais été là, les choses auraient-elles été différentes ? L'agression aurait-elle eu lieu quand même ? Serait-il mort malgré tout ? Le serais-je à sa place ? Le serions-nous tous les deux ? Ou au contraire, personne ne serait-il mort ?... Peut-être que me présence n'aurait pas changé le résultat mais au moins, j'aurais été présent à ses côtés pour entendre ses dernières paroles ou pour échanger un baiser d'adieu avec lui. Au final, je n'ai même pas pu lui dire au revoir. Au lieu de cela, ses dernières paroles à mon égard avaient été 'A demain midi !'. C'est entre autre à cause de ces trois mots que je reste convaincu que si le destin ou un quelconque dieu existe, il a un horrible sens de l'humour.

Une autre raison qui me pousse à dire cela est que la mort de William est survenue trois jours après mon anniversaire. J'ai beau chercher, à part les faire tomber pile le même jour, je ne vois pas de meilleur moyen de donner un goût amer à tous les 'Joyeux Anniversaire !' et autres phrases du même genre qui me sont adressées chaque année. Évidemment, je ne peux pas en vouloir aux gens, d'autant que la plupart d'entre eux n'est même pas au courant de toute cette histoire, mais cela ne rend pas ces paroles moins douloureuses pour autant. Sans parler du fait que cette année-là, en raison de mes examens, nous avions reporté la fête en mon honneur une semaine plus tard, histoire de vraiment pouvoir en profiter. A la place, j'ai eu droit au pire enterrement de ma vie.

Son enterrement...

Ça aussi, c'est un effet secondaire terrible qu'a eu cette tragédie. Je ne compte pas le nombre de souvenirs merveilleux que ces trois ans et demi passés avec lui m'ont laissés. Malheureusement, à chaque fois que je me remémore ces instants, les mêmes images finissent toujours par arriver. D'abord celle de la cérémonie et de ce son cercueil fermé au centre de l'église. Mais surtout, celle de son corps sans vie auquel le groupe et moi avions été rendre hommage aux pompes funèbres. Voir ainsi le cadavre de celui ou celle que l'on aime... Je ne le souhaite à personne, surtout à cet âge là. J'ai beau avoir appris à penser à lui et à en parler sans fondre en larmes, la douleur est encore là, probablement pour toujours.

Venir ainsi sur sa tombe tous les ans est devenu un rituel pour moi ; ma manière personnelle d'honorer sa mémoire, comme un dernier échange entre deux amoureux séparés par la mort. Les autres membres de l'équipe Lyoko, les seuls à être au courant de l'aspect intime de cette histoire, eux qui ont toujours été présents pour me soutenir dans les moments difficiles, ont toutefois la sympathie de respecter ce moment de recueillement personnel et d'intimité.

...

- Je t'aime.

C'est par ces deux mots qui avaient scellé notre union il y a bientôt dix ans que je conclue à chaque fois ma visite. Ils sont et resteront toujours les plus importants dans tout ce que je lui raconte.

Tournant sur moi-même, je me dirige alors vers la sortie du cimetière, tentant tant bien que mal de réchauffer mon corps que le vent et le froid n'ont pas épargné pendant tout le temps passé ici. Un deuxième rendez-vous m'attend ; une autre tradition initiée par Odd, faisant suite à la première. Comme chaque année, vu l'heure, il doit déjà être avec Aelita, Yumi et Jérémy en train de m'attendre au restaurant où nous allions régulièrement tous les six. Un moment de convivialité tous ensemble pour nous rappeler de William mais sans se laisser aller à la déprime. Et comme Odd l'avait souligné lui-même, il aurait effectivement aimé que son souvenir mène à des rires plutôt qu'à des larmes.

De nombreux couples croisent ma route et je finis même par tomber sur deux anciens amis de l'école d'ingénieurs, tous deux en compagnie de leur copine respective. La discussion s'achève rapidement, non sans que l'un d'entre eux me demande si j'ai enfin quelqu'un dans ma vie. Répondant que non, j'ajoute au passage ma phrase habituelle sur le ton de la plaisanterie : 'Je ne souhaite ma vie amoureuse à personne'. Ils se contentent alors de rire brièvement et de me souhaiter bonne chance ainsi qu'une bonne soirée. S'ils savaient ce que cette réplique signifie vraiment...

Reprenant ma route, je leur souhaite toutefois intérieurement bonne chance pour la suite à eux aussi car je sais à quel point tout peut dramatiquement basculer en un seul instant.

Un type dont le nom m'échappe disait qu'on ne connaît jamais la vraie valeur de quelque chose ou de quelqu'un tant qu'on ne l'a pas perdu...

J'ai appris cette leçon de la pire manière qui soit. Et je ne souhaite à personne d'avoir à la vivre comme moi...
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Notes de l'auteur:

Je vous avais prévenu que c'était pas une fic réjouissante. Malheureusement, elle s'inspire en grande partie d'une histoire vraie, et c'est pourquoi je dédie cette fic à la mémoire du vrai William qui a hélas connu le même destin tragique que celui raconté ici.

Le titre est une référence au superbe RPG "Chrono Trigger", plus précisément à une musique assez triste qui colle bien à l'ambiance globale de la fic.

Pas grand chose d'autre à dire sur ce one-shot. Toujours pour les curieux, vous pouvez me trouver sur fanfiction.net sous le même pseudo. J'y publie des fics sur des univers autres que Code Lyoko.

Merci d'avoir lu, de noter et de laisser des commentaires. N'hésitez pas à signaler toute incohérence, faute ou quoi que ce soit. Les retours et critiques utiles sont toujours appréciées.
  Sujet: [One-Shot] L'amour du jeu  
Sinasta

Réponses: 3
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 09 Déc 2012 23:14   Sujet: [One-Shot] L'amour du jeu
Attention! Cette fic mentionne du yaoi (relation homme-homme). Rien de hard mais assez pour conseiller à ceux qui n'aiment pas cela de passer leur chemin.

Je précise que je n'ai encore jamais eu l'occasion de voir les épisodes au-delà de la saison 2. J'en ai lu un résumé mais des incohérences sont toujours possibles entre cette fic et l'histoire originale. Toutes mes excuses le cas échéant.

Autre précision:plusieurs jeux sont mentionnés tout au long de la fic. Tous existent vraiment mais rassurez-vous, inutile de les connaître pour la bonne compréhension globale de l'histoire. Néanmoins, si vous ne le connaissez pas et que vous souhaitez mieux comprendre les quelques détails donnés, vous n'aurez aucun mal à trouvez des infos ou des vidéos sur chacun de ces jeux, tous étant connus voire archi-connus.

Disclaimer: Évidemment, les persos et l'univers ne m'appartiennent pas. (Dommage...)

Les notes sont en bas de pages. Bonne lecture!


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« Nous connaissons maintenant les quatre finalistes. Comme prévu, nous allons maintenant faire un break pendant une heure. Rendez-vous ici-même à 13h00 pile pour les demi-finales.»

A l'annonce de Jérémy, la foule d'ados présente dans le gymnase du collège-lycée Kadic évacua peu à peu les lieux. Après un mois d'avril particulièrement pourri, tous avaient bien l'intention de profiter du retour du soleil et de la chaleur en déjeunant en plein air, que ce soit sur l'herbe exposée du terrain de foot ou à l'ombre des arbres du parc. Ce n'est qu'une fois le gros de la troupe sorti qu'Ulrich se leva pour rejoindre Odd afin d'aller récupérer leur repas, laissant à Aelita et Jérémy le soin de préparer la suite des hostilités. En temps normal le duo n'aurait pas hésité une seconde à leur prêter main forte mais le génie de l'informatique leur avait clairement fait comprendre qu'il refuserait toute aide de leur part et ce pour leur propre bien. En effet, ils n'étaient pas de simples visiteurs venus apprécier le spectacle.

Tous deux étaient inscrits dans le tournoi. Mieux, tous deux étaient qualifiés pour les demi-finales.

Ce fut d'ailleurs suite à une de leurs idées qu'Einstein avait proposé d'organiser cet évènement. Evidemment, convaincre le directeur n'avait pas été une mince affaire mais à force d'arguments et de persévérance, il avait fini par obtenir son feu vert. Bon ok, l'insistance de Sissi (qui tenait absolument à ce que la compétition ait lieu pour qu'elle puisse 'époustoufler tout le monde par son talent') auprès de son père y était probablement aussi pour quelque chose. Certes, il y eut certaines conditions imposées mais rien que le petit génie n'avait déjà anticipé.

Il avait ainsi obtenu l'autorisation d'utiliser le parc informatique de l'école en s'engageant à assurer soit son retour en bon état, soit son remboursement. Il en fut de même pour tout autre matériel disponible au sein de l'établissement et dont il avait besoin. Inutile de dire qu'il avait clairement fait comprendre à chacun que toute casse serait aux frais du responsable, qu'il s'agisse d'un participant ou même d'un simple visiteur.

Au niveau organisationnel, il avait immédiatement pu compter sur l'aide d'Aelita pour gérer l'équipement informatique avant, pendant et après le tournoi. Il avait par la suite convaincu Jim de bien vouloir les épauler pour la logistique et surtout d'assurer l'ordre et la sécurité lors du jour J. L'infirmière Yolande s'était elle-même proposée de les assister, sa présence était d'autant plus bienvenue qu'elle pourrait notamment intervenir en cas d'accident, bien que la nature même des épreuves limite déjà considérablement les risques physiques. Enfin, Milly et Tamiya les avaient rejoints pour aider à toute autre tâche simple telle qu'assurer la bonne distribution de leur repas aux participants tout en faisant la couverture de l'évènement pour le journal de l'école.

Aucun autre membre du groupe, que ce soit Yumi, Ulrich, Odd ou même William ne furent admis au sein de l'équipe dirigeante. Et pour cause tous avaient bien l'intention de concourir, or leur présence parmi les organisateurs aurait pu soulever des protestations voire des accusations de triche ou de collusion. Une décision un poil parano à leurs yeux mais à laquelle ils s'étaient résignés. Et malgré leur absence, deux mois plus tard, le jour J était enfin arrivé.

Le premier tournoi de jeux vidéo du collège-lycée Kadic!

Au total, trente huit inscrits sur trente neuf avaient répondu présent le matin. Nombre d'autres élèves avaient également fait le déplacement pour admirer le spectacle. Un programme spécial avait été concocté par Jérémy. Non seulement le type de jeu évoluait à mesure que la compétition avançait mais à chaque fois le jeu précis était tiré au sort parmi un ensemble de noms présélectionnés, le même titre ne pouvant être tiré deux fois d'affilée. L'objectif de cette approche était entre autre de varier les plaisirs et d'éviter qu'un joueur spécialiste d'un seul et unique jeu ne remporte le gros lot.

Les hostilités avaient démarré à 10h00 pétantes. Le principe de la première manche était simple : un énorme bain de sang sur 'Call of Duty : Modern Warfare 3'. Trente huit joueurs réunis dans une grande arène, chacun pour soi. L'ambiance était vite montée, tant du côté des contestants que des spectateurs, la bataille étant retransmise à l'aide de plusieurs projecteurs. Inutile de préciser que beaucoup d'entre eux avaient pris un plaisir sadique à s'acharner sur la princesse autoproclamée du bahut qui s'était retrouvée bonne dernière (et très mauvaise perdante). Au bout de quarante cinq minutes, les seize meilleurs tueurs avaient été qualifiés pour le tour suivant.

Pour celui-ci, deux groupes de huit avaient été formés de manière aléatoire à l'aide d'un programme informatique prévu par Einstein. Les équipes ainsi obtenues devaient alors s'affronter dans une capture de drapeau sur 'Team Fortress 2'. La capacité de chacun à coopérer avec l'ensemble de ses partenaires avait ainsi été mise à rude épreuve pendant une longue demi-heure durant laquelle congratulations et engueulades s'étaient succédées dans un camp comme dans l'autre. Odd et Ulrich avaient notamment eu la chance d'être coéquipiers, leur vaste expérience sur Lyoko leur permettant de très vite former un duo redoutable. William leur avait régulièrement prêté main forte et la virtuosité du trio s'était avéré un facteur non négligeable pour leur victoire, au grand dam de Yumi qui s'était malheureusement retrouvée face à eux.

Les vainqueurs avaient par la suite été répartis aléatoirement dans un tableau de huit avant de passer aux quarts de finale qui devaient conclure la matinée. Le tir avait cédé la place au combat, les ex-alliés ayant désormais pour tâche de se casser joyeusement la gueule dans des luttes sans merci entre équipes de trois combattants sur 'King of Fighters XIII'. Contrairement à Odd qui avait remporté le premier match haut la main en utilisant uniquement King, le trio 'Iori, Terry, Kula' d'Ulrich n'avait gagné le second que sur le fil du rasoir. Le troisième match s'était achevé sur la victoire de William dont le K' n'avait été mis à terre qu'après avoir éliminé deux personnages et quasiment achevé le dernier. La dernière à se qualifier avait été Sonia, une jeunette de 5e dont l'indéniable talent n'a rien à envier à ses ainés.

C'est sur ce résultat que Jérémy avait annoncé la pause de midi. Laissant ce dernier et son équipe réaménager le matériel en prévision des demi-finales, les deux compagnons de chambrée récupérèrent leur repas auprès de Milly et Tamiya et sortirent s'installer sur l'herbe du terrain de foot, profitant du magnifique soleil d'été pour se relaxer après les épreuves qu'ils venaient de surmonter. William s'étant furtivement éclipsé et Yumi ayant décidé d'aider les organisateurs suite à son élimination, nul ne se joignit à eux.

Ils discutèrent ainsi tranquillement, se lançant occasionnellement une vanne ou une vacherie tout en déjeunant lentement. Mais malgré leurs années de complicité, une certaine tension était palpable dans l'air, ce qui n'avait en réalité rien de très surprenant. Dans moins d'une heure, les deux frères d'armes allaient devoir s'opposer dans un duel sans pitié pour accéder à la finale. Leur longue amitié n'en souffrirait évidemment pas mais elle ne les empêcherait pas non plus de donner leur maximum pour vaincre l'autre.

Tels des ennemis mortels, tous les coups seraient permis, aucun ne serait épargné.

Vingt minutes avant la reprise des hostilités, une voix dans leur dos les pris par surprise.

« Alors le duo de tarés, prêts à vous étriper ? » Ils n'eurent pas besoin de se retourner pour reconnaître William qui s'assit près d'eux, sandwich et canette à la main.

« Tu n'imagines même pas à quel point. » Répondit Odd sur un ton enthousiaste. « Ça va être épique, le meilleur match du tournoi.» Ajouta-t-il, échangeant un regard à la fois joueur et plein de défi avec Ulrich avant que le nouveau venu ne leur lance un Scud.

« Tu m'étonnes, comparé à la taule que le vainqueur prendra face à moi en finale. » Malgré l'évidente désinvolture présente dans sa voix, le brun réagit vertement à la provocation.

« Commence par battre Sonia au lieu de la ramener. Elle est largement assez douée pour te mettre une peignée. »

« Dit le type qui a failli se ramasser sur KoF… » Rétorqua le garçon aux cheveux noirs avec un sourire malicieux. « Si tu maintiens ce niveau là, tu feras pas long feu cette aprèm. »

« Je te rappelle qu'on passe à la stratégie qui est beaucoup plus mon truc que les jeux de baston. Si jamais on se retrouve en finale, compte sur moi pour te faire morfler. » L'agacement manifeste du plus jeune eut pour seule conséquence d'amuser plus encore son aîné.

« On parie ? » Demanda ce dernier avec une mine des plus provocatrices. « Le vainqueur décide d'un gage à donner à l'autre. » La réponse fusa en un dixième de seconde.

« Ça marche ! » Aussi ridicule que soit ce pari, jamais Ulrich ne reculerait devant un défi, encore moins si cela pouvait rabattre son caquet à William, son air fier et son rictus débile.

Les deux s'observaient en chiens de faïence, l'un passablement énervé, l'autre visiblement enthousiaste. Leur mini-querelle fut soudainement interrompue par une intervention de leur ami italien.

« Et un gage chacun si c'est moi qui termine premier. » Deux paires d'yeux se fixèrent simultanément sur lui, son amusement cédant vite la place à une profonde inquiétude lorsque le sourire du plus vieux s'élargit plus encore.

« Ok mais si tu perds contre Ulrich, tu t'en prends deux. » L'air décomposé d'Odd eut au moins le mérite de ramener la bonne humeur sur le visage de son compagnon de chambrée. C'était tout lui, espérer tirer profit d'une telle situation et s'amuser un max pour au final se mettre lui-même dans une belle merde.

Le silence s'installa entre les trois. Tous avaient maintes fois répété au cours des derniers jours que certes ils souhaitaient remporter le tournoi mais que l'important pour eux était surtout de passer un bon moment. Tous ces beaux discours étaient désormais oubliés, réduits à néant par les paroles qu'ils venaient d'échanger. Seule comptait la victoire, que ce soit pour la compétition elle-même ou le pari associé. Chacun finit son repas en ruminant dans son coin, se ressassant les nombreuses parties qu'ils avaient disputées ensemble par le passé sur de nombreux titres pour déterminer les styles de jeu des autres et les faiblesses exploitables. Au bout d'un quart d'heure, ils se levèrent et se dirigèrent vers la salle de sports où la foule commençait à se reformer.

L'équipe organisatrice avait réaménagé l'équipement pour les demi-finales. Trois duos d'ordinateurs étaient répartis en I, les paires latérales servant pour les demi-finales, la centrale pour la finale. A chaque fois, les postes étaient disposés de manière telle que les deux adversaires d'un même match puissent se voir tout en jouant. Un ensemble de projecteurs avaient été placé à proximité des gradins afin de retransmettre les écrans de Jérémy et Aelita, présents en mode fantôme dans les parties. Les deux tourtereaux assuraient également les commentaires, des casques avec micro permettant d'en isoler les joueurs tout en leur laissant la possibilité de communiquer entre eux.

A 13h00 pile, chacun des quatre qualifiés fut amené à la place qui lui avait était attribuée pour cette manche. La main innocente de Yolande fut utilisée pour procéder au tirage au sort du titre et des conditions de partie. Chacun pria intérieurement pour que sorte son jeu de prédilection. Après avoir remué pendant quelques secondes les nombreux morceaux de papier placés dans un saladier transparent, l'infirmière finit par en saisir un, l'ouvrir et lire le résultat à voix haute.

« Command and Conquer Generals – Heure H. Choix du général autorisé. Générateurs d'argent autorisés. Armes de destruction massive interdites sauf présence du général spécialisé dans celles-ci. Durée maximum 60 minutes. Si aucun joueur éliminé, victoire de celui avec le score le plus élevé. »

Un soupir de soulagement échappa au brun. Malgré son âge, ce jeu avait le mérite d'offrir de nombreuses possibilités et de ne pas faire la part belle uniquement à ceux qui, comme son ami blondinet, ont un style de jeu simple et direct (pour ne pas dire bourrin…). Sans en être un expert, ses tactiques réfléchies voire sournoises avaient souvent eu raison de ses adversaires, notamment ceux qui ont trop tendance à foncer tête baissée. La partie n'en serait pas de tout repos pour autant et il allait devoir faire attention à ne laisser aucun trou dans sa défense.

Le couple organisateur lança le programme sur les différents postes, créa les deux demi-finales et laissa chaque joueur sélectionner ses préférences. De son côté, Ulrich et son pro des explosif de la GLA affronterait, comme il l'avait pressenti, Odd et son général chinois spécialisé dans les chars. De l'autre, William avait choisi l'amiral de l'Air Force américaine pour faire face au prince furtif de la GLA sélectionné par Sonia.

L'instant d'après, la guerre fut déclarée.

Le combat ne tarda pas à faire rage, s'intensifiant à mesure que le temps passait. Dès les premières minutes, un rush de maîtres de guerres tenta de raser la base du brun mais celui-ci avait anticipé cette stratégie habituelle du blondinet et avait prévu un groupe de terroristes pour le contrer. De nombreuses vagues succédèrent à cette première escarmouche, composées en majorité de chars despotes, terrifiante unité unique du général choisi par son adversaire face à laquelle ses propres véhicules ne feraient jamais le poids. Migs et hélix se joignaient occasionnellement à la fête, espérant profiter de l'absence totale d'aviation au sein de GLA pour s'assurer une supériorité aérienne un tant soit peu utile. Tout cela conférait à son ami italien un avantage conséquent en termes de puissance brute.

Heureusement pour le brun, il avait bien des surprises en stock, à commencer par un scan radar lui permettant de surveiller la carte en toute sécurité. Des tonneaux explosifs invisibles rendaient imperméables les deux accès ouverts de sa base tandis que son sniper spécial Jarmen Kell se planquait en ville pour éliminer les unités capables de détecter ces pièges, épaulé au besoin par des motards kamikazes. Le troisième et dernier accès passant par une vallée, elle était surveillé par des lanceurs de Scuds mobiles protégés de l'aviation ennemie par des quads anti-aériens. Peu importe l'importance des escouades qui lui étaient envoyées ou le nombre d'entrées simultanément attaquées, les très rares survivants qui parvenaient à pénétrer le périmètre étaient rapidement éliminés par l'arrière-garde. Entendre à chaque fois la frustration d'Odd à travers les casques faisait jubiler Ulrich.

Plutôt que de s'aventurer hors de son véritable bunker pour récupérer des zones de ravitaillement supplémentaires, il préféra bâtir un véritable complexe de marchés noirs qui lui fournit un flux d'argent régulier avec lequel il put maintenir ses défenses et préparer tranquillement ses forces. Une fois celles-ci prête, il prit son temps pour les mettre discrètement en position, puis laissa son compagnon de chambrée tenter une nouvelle attaque avant de lancer l'assaut final immédiatement après celle-ci.

Plusieurs groupes constituaient cette offensive : des buggys lance-roquettes se chargèrent de réduire à néant les structures défensives des diverses entrées; dans le même temps des motards passèrent par-dessus les montagnes infranchissables à toutes autres unités terrestres et laissées négligemment sans surveillance; enfin à l'aide d'un de ses capacités spéciales, il fit émerger derrière les lignes ennemies un tunnel d'où sortirent une dizaine de camions piégés qui détruisirent bien des bâtiments avant de faire venir une foule d'émeutiers par le même chemin. Avec ses usines rapidement réduites en cendre, son adversaire fut incapable de résister longtemps.

Après trois quarts d'heures de jeu, Ulrich fut déclaré vainqueur du match. Cinq minutes plus tard, il fut rejoint par William dont l'aviation avait finalement réussi à traquer les forces et bases furtives de Sonia. A l'annonce de sa victoire, les deux se fixèrent, échangeant un regard plein de défi que beaucoup repérèrent.

La finale s'annonçait déjà explosive.

Un quart d'heure de pause leur fut accordé durant lequel le brun en profita pour aller 'serrer la main au père de ses gosses' puis se dessécher le gosier. L'autre finaliste s'était éclipsé on ne sait où, tout comme Odd qui avait prétexté le laisser tranquille pour se préparer mentalement. Nul doute que le blondinet espérait secrètement se faire oublier, lui et les gages qu'il devait recevoir. Cependant, il lui en était reconnaissant car il avait effectivement besoin de calme et de concentration. La discussion qu'ils avaient eue lors du break de midi lui revenait en tête et avec elle, l'énervement qu'elle avait suscitée en lui. Le plus frustrant est qu'il était lui-même incapable de dire pourquoi il se mettait dans un tel état face à son ex-rival.

Suite à sa libération de l'emprise de XANA il y a un peu plus d'un an, ce dernier s'était profondément remis en cause. Pour la première fois, il avait enfin trouvé des gens, des amis prêts à croire en lui et à l'accepter parmi eux pour les aider dans un combat aussi dangereux qu'important. Et sa stupidité, en plus d'avoir failli causer leur perte à tous, lui avait coûté cette confiance. Malgré cela, tous avaient été là pour le soutenir dans la dépression où cette réalisation l'avait plongé et il avait longuement lutté pour remonter dans leur estime. Ulrich avait été le plus réticent mais à force de temps passé ensemble au bahut ou en dehors, il avait fini par renouer une certaine amitié avec lui au point qu'ils traînaient fréquemment en trio avec Odd à leurs côtés surtout depuis que ses parents avaient décidé de le placer en internat. Il avait notamment fini par admettre qu'il n'était pas l'élu du cœur de Yumi et n'avait plus jamais cherché la confrontation sur ce domaine, ce qui leur avait évité bien des prises de bec inutiles. Plus surprenant, même lorsque les deux tourtereaux avaient rompu d'un commun accord quelques mois plus tard, il n'avait pas essayé de la charmer à nouveau.

Toutefois en dépit des nombreux bons moments qu'ils passaient ensemble, aussi bien au sein du groupe que dans les rares occasions où ils étaient seuls, il arrivait encore très régulièrement au plus jeune de se mettre en rogne contre son aîné. Ce qu'il ne parvenait pas à comprendre, c'est que des trucs qui ne le dérangeaient pas le moins du monde chez les autres le faisaient sortir de ses gonds lorsqu'elles viennent de lui. Les challenges stupides, les conneries effectuées sur un coup de tête, les piques lancées au second degré… Les exemples ne manquaient pas.

Etait-ce dû à leur ancienne rivalité amoureuse qui lui était restée en travers de la gorge ? Etait-ce l'énorme plantage sur Lyoko que son inconscient ne lui aurait pas vraiment pardonné ? Etait-ce carrément autre chose ? La raison de cette apparente animosité demeurait un mystère. Il se contentait d'espérer que cela passe car au fond de lui, il le considérait aujourd'hui plus ou moins comme un ami qui ne méritait pas un tel déchainement de rage de sa part.

Se forçant à mettre fin à de telles pensées qui ne pouvaient que le gêner lors du match à venir, Ulrich s'approcha de la table centrale et attendit la fin de la pause. William ne tarda pas à le rejoindre et à l'heure prévue, la reprise du tournoi fut annoncée. Une fois de plus, Yolande procéda au tirage au sort.

« Starcraft II. Choix de la race autorisé. Durée maximum 90 minutes. Si aucun joueur éliminé, victoire de celui avec le score le plus élevé. »

Le résultat laissa le jeune brun de marbre. D'expérience, ils le maîtrisaient aussi bien l'un que l'autre même si leur style de jeu était assez différent. Autant il aurait préféré que l'affrontement ait lieu sur 'R.U.S.E.', son jeu fétiche, autant il était soulagé que ce ne soit pas 'Dawn of War 2', le préféré du plus vieux qui soit sorti. La bataille aurait lieu à niveau égal, probablement pour le plus grand bonheur des spectateurs. Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre sa place, son adversaire lui souhaita bonne chance avec un sourire mi-amical mi-provocateur, tout en offrant une poignée de main qu'il accepta en retournant l'encouragement. Les deux s'installèrent face à face et attendirent que les génies de l'informatique lancent la partie, choisissant leur race lorsqu'ils y furent invités. Protoss pour le plus jeune, Terrans pour l'autre.

Enfin la finale tant attendue pouvait commencer.

S'il devait faire une comparaison entre eux, Ulrich dirait du style de William qu'il se situe à mi-chemin entre le sien et celui d'Odd, tantôt direct et bourrin, tantôt réfléchi et vicieux. L'avantage est qu'il n'avait pas à contrer en permanence d'importants groupes d'attaque, l'inconvénient est que les périodes de calme pouvaient rapidement le rendre parano comme il aimait le faire lui-même avec ses adversaires.

Les bases principales furent longtemps épargnées, chacun d'eux préférant focaliser ses efforts pour empêcher l'autre de s'étendre et de prendre le contrôle de nouvelles ressources. Assaut frontal, 'hit and run', diversion, raid aérien, embuscade, furtivité, escalade des falaises, téléportation, ogives nucléaire… Toutes les tactiques furent employées, à tel point qu'aucun des deux ne savait plus à quoi s'attendre. Nul ne parvenait vraiment à prendre l'ascendant sur l'autre et un certain équilibre se maintenait constamment entre eux.

Les acclamations du public devant un tel spectacle ne les atteignaient même pas. Dans leur état d'intense concentration, les seuls bruits auxquels ils faisaient attention étaient les sons du jeu et les quelques paroles qu'ils échangeaient occasionnellement à l'aide du casque aussi bien pour se congratuler l'un l'autre que pour se narguer. Malgré l'ambiance apparemment amicale et détendue, la tension montait cran après cran. A mesure que le temps passait, les réserves de minerai et de gaz disparaissaient de la carte, rendant les combats de plus en plus inéluctables. Il devenait urgent de trouver une faille dans la défense adverse ou de se préparer à un important bain de sang.

C'est dans ce contexte qu'une alerte d'unité attaquée parvint à l'oreille du Protoss, rapidement suivie par un double lancement de missiles stratégiques. Très vite, il repéra l'inquiétante marque rouge sur les défenses à l'entrée de sa base principale. Le Terran avait détruit son observateur pour éviter la détection de ses ghosts mais l'armée imposante qui les accompagnait était clairement visible. Son agresseur espérait sans doute que le gros de sa troupe, actuellement stationnée dans son dernier avant-poste flambant neuf, arriverait trop tard pour éviter des dégâts trop conséquents. Heureusement, le plus jeune avait prévu un tel cas de figure en laissant son vaisseau-mère avec l'arrière-garde, prêt à ramener tout ce beau monde au bercail d'un coup de téléportation de masse. Il avait tellement l'habitude de la manœuvre qu'elle fut achevée avant même que les ogives ne soient tombées sur ses bâtiments. Hélas, trois fois hélas.

Ce n'est qu'en voyant le missile tomber pile sur ses forces qu'il comprit le véritable plan du plus vieux.

Ce dernier avait lui-même anticipé sa réaction. En éliminant son observateur pour maintenir ses ghosts camouflés, il avait réussi à dissimuler le fait qu'un seul d'entre eux avait lancé une frappe nucléaire. Comment il avait réussi à en faire passer un autre derrière ses lignes pour en lancer une seconde sur son vaisseau-mère lui échappait mais le résultat était là. Ses défenses et la majeure partie de ses troupes avaient été affaiblies voire littéralement vaporisées. Il résista au maximum mais le peu qu'il lui restait ne parvint pas à le sauver de la destruction. Sa base principale en ruine, il ne lui restait que quelques avant-postes pour résister mais le goût amer de la défaite se faisait déjà sentir.

Quelques minutes plus tard, la finale s'achevait. Le pari était perdu.

Rageur mais bon joueur par nature, Ulrich se leva pour serrer à nouveau la main de William, faisant de son mieux pour ignorer le sourire narquois qu'il arborait. Une fois le classement final annoncé et le tournoi officiellement terminé, les deux proposèrent leur aide pour ranger tout le matériel, le plus vieux murmurant discrètement que les gages pouvaient attendre. Le brun n'osait pas imaginer ce que l'autre lui réservait et fit de son mieux pour penser à autre chose pendant qu'il s'affairait à ramener les ordinateurs dans la salle informatique.

Une heure plus tard, rangement et nettoyage étaient terminés et l'équipe décida de terminer la journée en se posant dans l'herbe du parc de l'école. Au premier abord, rien ne différait de d'habitude, les six membres du groupe discutant gaiement et se laissant parfois aller à des jeux enfantins. Pourtant, un observateur attentif aurait remarqué la tension sous-jacente entre les trois demi-finalistes. Certes ils déconnèrent ensemble durant les deux heures où ils restèrent sur place mais pendant tout ce temps, ils semblaient éviter autant que possible de se regarder. Même lorsqu'ils s'en allèrent dîner au Cap, le petit bar restaurant où ils se rendaient assez régulièrement, le trio continuait à s'esquiver.

A la fin du repas du repas, ils repartirent tous les six en direction de Kadic mais plusieurs d'entre eux s'éclipsèrent tout au long du chemin. D'abord Odd qui partit en trombe à la seconde où sa dulcinée l'appela pour lui proposer un ciné. Puis Jérémy et Aelita qui voulaient profiter d'un moment intime le long de la Seine. Enfin Yumi qui rentra chez elle passer la soirée en famille, laissant les deux finalistes seuls à l'entrée du bahut. Dans un silence de mort, ils montèrent à l'étage des dortoirs. Lorsqu'ils s'arrêtèrent tous deux devant la sienne, un large sourire fendant le visage du plus grand, le brun comprit qu'hélas, la mémoire ne lui avait pas fait défaut. Se résignant au sort qui l'attendait, il pénétra dans sa chambra et s'assit sur son lit, faisant face à son futur tourmenteur pour la première fois depuis sa défaite.

« Fais pas cette tête, on jurerait que tu t'attends à un meurtre. » Dit William en gloussant.

« Venant de toi, je préfère m'attendre au pire. » La méfiance était palpable, tant dans la voix que dans les yeux d'Ulrich.

« Du genre ? »

« Tu crois vraiment que quelqu'un serait assez con pour donner des idées sur le gage qu'il va lui-même subir ? » A ces mots, le sourire de l'ainé s'élargit plus encore. »

« Odd oui. »

« Touché. » Répondit le brun qui tentait tant bien que mal de réprimer le sourire en coin qui trahissait l'amusement provoqué par cette réplique.

« En fait, je pensais à quelque chose de simple. » Reprit le plus grand sur un ton plus sérieux. « Fermer les yeux et te laisser faire pendant cinq minutes sans réagir. »

« Pourquoi j'ai l'impression que ça sent le règlement de compte ? » William ne put s'empêcher de rouler des yeux. Méritait-il vraiment si peu de confiance de sa part ?

« Si ça peux te rassurer, rien de violent et rien de dégueulasse. »

« Je suppose que j'ai pas le choix de toute façon ? »

« C'est ça ou suivre tous les ordres donnés par moi et Odd pendant toute une journée mais je pense que tu perdrais au change. » Tous deux savaient pertinemment quelle serait la réponse. Accepter serait préférer avoir un la peste plutôt qu'un simple mal de tête.

« Ok, va pour cinq minutes… »

Là-dessus, le sourire revint au visage du plus grand tandis que l'autre calibra le minuteur de son portable puis prit une profonde inspiration avant de se résigner à fermer les yeux. Attendant anxieusement que vienne le premier coup vache, il fut à la fois surpris et inquiet de ne sentir que des doigts se baladant au niveau de son cou. Quand ceux-ci se mirent véritablement à l'œuvre, l'éclatement de rire fut immédiat.

Chatouilleux comme il était, chaque seconde qui passait était un véritable supplice. Rester stoïque durant une telle torture relevait de l'impossible au point qu'il s'affala sur son matelas, son corps se tordant dans tous les sens à mesure que son bourreau expérimentait chaque partie de son corps l'une après l'autre. Ignorant la règle qu'il avait pourtant accepté de suivre, il tenta de se débattre mais l'autre monta prestement sur le lit et emprisonna ses mains dans une étreinte d'acier au dessus de sa tête. Seul réconfort de cette position, cela ne laissait à ce dernier plus qu'une seule main disponible pour s'occuper de son châtiment mais c'était malheureusement largement suffisant pour le tourmenter. Peu importe combien de fois il implora son tortionnaire de s'arrêter, les moindres recoins de son anatomie (à l'exception de quelques parties trop intimes) furent testés et très peu s'avérèrent insensibles, pour le plus grand amusement de William.

Quand enfin les doigts baladeurs laissèrent son corps tranquille, il crut que son châtiment était enfin terminé mais hélas la sonnerie libératrice ne retentissait toujours pas. Entre ses yeux fermés et son cerveau qui ne répondait plus, il n'avait pas la moindre idée du temps qui s'était écoulé et surtout combien il lui restait encore à tenir. Il n'avait pas d'autre choix que de se préparer pour une probable suite des hostilités. Et après une première attaque qui l'avait pris totalement au dépourvu, il ne savait plus du tout à quoi s'attendre.

En tout cas, pas à ce que William l'embrasse.

Ses yeux comme sa bouche s'ouvrirent instantanément sous l'effet de la stupeur. C'était là une belle opportunité pour le plus grand d'entrer et de faire jouer sa langue mais il n'en fit rien. Au contraire, il se contenta d'un baiser simple et relativement bref auquel le brun ne répondit malheureusement pas. La surprise était telle qu'il était incapable de faire le moindre mouvement ni même de former la moindre pensée un tant soit peu cohérente. Le temps s'était comme arrêté, les quelques secondes de contact semblant durer une éternité. A la séparation de leurs visages, un long silence s'installa dans la pièce. Ce n'est que lorsque son portable sonna la fin des cinq minutes qu'il reprit enfin ses esprits et aperçut le rouge aux joues de son ex-rival dont il ne savait dire s'il avait plus l'air gêné ou euphorique.

« Va falloir que tu m'expliques le pourquoi du comment. » Dit le brun, un mélange de confusion et d'incompréhension transparaissant dans sa voix.

« Je pense que c'est assez clair en soi. » Le ton assuré de la réponse était gâché par le grattement nerveux de la nuque et le regard détourné qui l'accompagnaient, symboles évidents du malaise intérieur qui assaillait le plus grand.

« Ok, donc c'était pas un coup de folie mais une confession ? » Un hochement de tête confirma les soupçons du plus jeune. «Excuse moi mais j'ai du mal à comprendre. Comment tu passes d'une année entière à draguer Yumi et à pourrir ma vie amoureuse avec elle à maintenant m'embrasser comme si on était ensemble? » Quelques secondes de silence précédèrent la réponse, William prenant le temps de s'asseoir sur le coté du lit, le regard perdu dans le vide.

« Très franchement, je n'en sais rien. A l'époque, j'aimais énormément Yumi et si j'ai tant fait mon chieur, c'est parce que je pouvais pas imaginer qu'elle préfère sortir avec un petit merdeux plutôt qu'avec moi. Et plus elle semblait être attiré par toi, plus je te détestais. Puis il y a eu Xana… » L'ainé marqua une pause. Le sujet était toujours sensible et faisait remonter un torrent d'émotions clairement visible dans ses yeux. Honte, remords, rage, dégoût de soi…

« Pendant tout ce temps, j'étais conscient. Je voyais, j'entendais, je comprenais tout mais je ne contrôlais rien, ni ce que je faisais, ni ce que je disais. Je te laisse imaginer la torture mentale, quand on se voit essayer de tuer celle qu'on aime et ses amis… » La simple évocation de ces souvenirs faisait trembler sa voix comme son corps. Il n'avait rien oublié de ces terribles mois et des atrocités qu'il avait été commis contre sa volonté. Sans le soutien des autres, il serait toujours plongé dans la dépression, à maudire la tête brulée qu'il était et encore aujourd'hui, la page n'était pas totalement tournée et il était toujours incapable de faire la paix avec lui-même. Mais surtout, encore aujourd'hui, il avait peur. Peur de lui-même. Peur d'un jour refaire une telle connerie…

La sensation d'un bras passé autour de ses épaules le sortit de ses sombres pensées et il fut surprit de voir Ulrich juste à côté de lui, le fixant avec des yeux pleins de compassion. Malgré leur passé souvent conflictuel, il y a des choses que le brun ne souhaiterait pas même à son pire ennemi et il n'allait pas le laisser seul face aux démons qui hantaient toujours sa mémoire. Il laissa à William le temps de se ressaisir afin de pouvoir reprendre ses explications.

« A mon retour, Yumi a préféré mettre les choses au clair avec moi sans savoir que j'avais déjà décidé d'abandonner. Si elle l'avait fait plus tôt, j'aurais refusé de l'écouter mais à force de me battre contre vous, j'ai pu en apprendre plus sur vous tous et en particulier sur vous deux. J'avais notamment compris que tu valais beaucoup mieux que ce que je pensais et que l'amitié qu'elle avait pour moi n'était rien comparé à ce qu'elle ressentait pour toi. » Voilà qui était nouveau. Ulrich avait toujours cru, visiblement à tort, que le plus vieux n'avait lâché l'affaire que par dépit et qu'il lui en voulait encore férocement de lui avoir fait perdre le cœur de la japonaise.

« Une fois Xana définitivement vaincu et Lyoko éteint, vous m'avez laissé rejoindre le groupe malgré tout ce qui s'était passé. Ça a été l'occasion de vous connaître pour de vrai et je me suis peu à peu surpris à devenir envieux non plus de toi mais d'elle. Ne me demande pas pourquoi ni comment c'est venu, je n'en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c'est que j'ai fini par éprouver pour toi que je ressentais auparavant pour elle. Comme je m'étais promis de ne plus venir foutre la merde dans votre couple et que le courant ne passait pas tellement entre nous, je m'étais fait une raison, mais depuis votre séparation je n'arrive plus à penser à autre chose. » Le rouge était revenu aux joues du plus grand. C'était à la fois surprenant, amusant et attendrissant de voir le garçon si assuré quand il s'agissait de draguer Yumi devenir aussi timide pour en faire autant avec Ulrich.

Une question tarauda soudain l'esprit du plus jeune. « Et le pari d'aujourd'hui, c'était uniquement pour pouvoir en venir à ça ? »

« Au départ non, c'était juste histoire de s'amuser un peu et de mettre du piment dans le tournoi. Puis, quand les autres sont partis en nous laissant seuls, je me suis dit que c'était l'occasion d'en profiter pour faire ce que je n'aurais probablement jamais l'occasion de faire plus tard. Et en te voyant là, allongé en dessous de moi, j'ai pas pu résister. Je t'avouerai que tout au long, je m'attendais à finir avec une droite dans la gueule. »

« J'ai hésité mais puisque tu y tiens vraiment… » Joignant le geste à la parole, Ulrich lança son poing dans la figure du plus vieux mais à une vitesse tellement lente qu'il pouvait aisément être évité et n'était clairement pas destiné à faire mal. Au final, le coup se posa sur la joue de l'autre plus qu'il ne la heurta. Un sourire en coin apparut sur chacun de leurs visages, détendant légèrement l'atmosphère.

« Tu ne m'en veux pas donc ? » Le soulagement transparaissait nettement dans la voix du plus grand.

« Ça dépend pour quoi. Pour les chatouilles, t'es un enfoiré. Pour le reste… disons que je suis encore en train de me demander si me faire embrasser par toi m'a vraiment plu ou si c'est juste mon cerveau a arrêté de fonctionner. »

« Et la balance penche de quel côté ? » Il était difficile de ne pas noter la lueur d'espoir au fond des yeux de William.

« Etrangement, plutôt du premier. Je comprends pas comment je peux apprécier cela venant d'un mec qui me provoque régulièrement et me tape si facilement sur les nerfs. Pourquoi d'ailleurs ? Je croyais que tu me faisais chier uniquement pour te venger de la façon dont Yumi t'as envoyé bouler, même après notre séparation.» Sa remarque lui valu un bref éclat de rire de son aîné.

« C'est juste que j'aime beaucoup te voir t'énerver comme ça. » En un quart de seconde, son visage perdit toute trace d'hilarité pour devenir à la fois sérieux et admiratif. « Le feu ardent qui brille dans tes yeux, la fierté avec laquelle tu fais face à n'importe quel défi, la hargne qui te pousse à ne jamais rien lâcher avant la fin. Je crois que c'est ce que je respecte et adore le plus chez toi, à égalité avec le point d'honneur que tu mets à protéger les autres peu importe ce que ça doit te coûter. »

Si le baiser avait marqué Ulrich, cette confession n'avait rien à lui envier. Il s'était planté sur toute la ligne. William ne le détestait pas; il le respectait, l'admirait, l'aimait. Il avait beau avoir des circonstances atténuantes étant donnés leur animosité passée, il mourait d'envie de se mettre une claque. S'il n'en fit rien, ce fut uniquement parce qu'il était focalisé sur la bataille qui faisait rage en son for intérieur. Son esprit avait eu un mal fou à concevoir William comme un ami proche et le voyait toujours plus ou moins comme un emmerdeur, pour ne pas dire une menace potentielle, alors envisager plus que de l'amitié entre eux relevait de l'impossible. Alors pourquoi son cœur hurlait-il le contraire en l'enjoignant à se rapprocher de lui ? Lequel était-il plus sage d'écouter ?

« Et maintenant ? Est-ce que tu serais prêt à ce qu'on tente ensemble ce qui n'a pas marché entre toi et Yumi ou est-ce qu'on oublie définitivement ce qui s'est passé ici ce soir? » La question alimenta plus encore le débat interne du plus jeune. Une longue minute s'écoula avant qu'enfin il ne réponde sans daigner lever les yeux du sol.

« Je crois vraiment que je devrais aller voir un psy… »

Malgré l'énorme déception que ces mots provoquèrent en lui, William se força à rester silencieux et tourna la tête vers la fenêtre. Aussi triste soit elle, il respecterait la décision du brun comme il se l'était juré. Il était tellement perdu dans son chagrin qu'il ne sentit pas la main se lever de son épaule et se poser à l'arrière de son crâne, l'attirant brusquement jusqu'à ce que ses lèvres soient à nouveau collées à celles d'Ulrich. Cette fois en revanche, le baiser ne fut pas unilatéral et le plaisir ressenti n'en fut que plus intense. Une fois la surprise passée, le plus vieux passa ses bras autour de la taille de l'autre, plaçant lui aussi l'une de ses mains derrière sa tête et le faisant basculer en arrière jusqu'à ce qu'ils soient tous deux allongés l'un sur l'autre sans jamais rompre le contact. Les langues dansèrent ensemble jusqu'à ce que le manque d'air ne force les deux garçons à se séparer, un large sourire fendant chacun de leurs visages écarlates.

« …mais je veux bien essayer. Je pense qu'il va me falloir du temps pour me faire à l'idée d'être avec toi mais c'est probablement le meilleur moyen de savoir ce que je ressens vraiment. » L'ascenseur émotif entra immédiatement en action, ramenant William de la plus peine la plus profonde à la joie la plus intense. Ne sachant que répondre pour exprimer ce qu'il ressentait, ce dernier les lança dans un nouveau baiser langoureux.

Leur échange fut interrompu par la sonnerie du portable d'Ulrich qui signifiait l'arrivée d'un message. Avec un soupir, il rompit le contact et attrapa l'engin pour voir qui pouvait avoir assez de talent pour les déranger pile à ce moment là.

« Odd passe la nuit chez madame. Il rentre demain matin pour le petit dèj'. » Annonça t'il en roulant des yeux.

« La nuit s'annonce chaude pour lui et il pense quand même à son estomac. » Répondit le plus vieux en pouffant « D'ailleurs en parlant de lui, une idée sur le gage que tu comptes lui donner ? »

« J'hésite entre lui faire chanter la sérénade à Sissi devant tout le monde et m'en prendre à ses cheveux auxquels il tient tant. Et de ton côté ? Une autre séance comme la mienne ? » Le sourire vicieux qui apparut sur le visage de William annonça aussitôt la couleur.

« Je pensais plutôt faire un repas avec toute la bande durant lequel on l'attache sur une chaise pendant qu'on se régale devant lui. »

« C'est ce que je disais, t'es un enfoiré. » Les rires qu'Ulrich était incapable de retenir ne laissaient aucun doute sur ce qu'il pensait réellement. Il avait hâte de se venger de tous les sales coups que le blondinet avait pu lui jouer, et il ne serait certainement pas le seul à apprécier la situation.

« Vu ta réaction, je prends ça comme un compliment. Sinon, puisqu'on est seuls et tranquille pour la nuit, une idée ou une envie particulière sur ce qu'on pourrait faire ? »

Plusieurs idées se bousculèrent dans la tête du brun mais une se détacha très rapidement du lot. « Une revanche sur Heroes VI ? » demanda t'il en désignant du regard l'ancien ordinateur de Jérémy qu'Odd et lui avaient récupéré pour leur chambre. « Tu me battras pas une seconde fois. »

« On parie ? » Tous deux affichaient déjà un air de défi. En un instant, le jeu était lancé. La partie s'annonçait déjà comme épique. Elle marquerait surtout le début d'une nouvelle relation. Après avoir longtemps été rivaux belliqueux puis pires ennemis, se dire qu'ils formaient un couple semblait prématuré. Avant de devenir amants, ils allaient au moins essayer de devenir de vrais amis.

Sissi avait maintes fois tenté de convaincre Ulrich que s'il la détestait tant, c'est parce qu'il était en fait raide dingue d'elle. Entre amour et haine, il n'y a qu'une mince ligne et un simple évènement peut faire passer quelqu'un d'un côté ou de l'autre disait-elle.

Quand plus tard ils s'endormirent ensemble dans le même lit, les mains entrelacées, peut-être les deux garçons avaient-ils franchi cette ligne.
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Notes de l'auteur:

Pour les curieux et/ou les gamers, je vous recommande vivement tous les jeux cités si vous ne les avez pas encore testés. 'Heroes VI' correspond en l'occurence à 'Might and Magic Heroes VI'. 'Command and Conquer Generals' est plutôt vieux mais pour ceux que ça intéresserait, le 2 est prévu pour 2013! \o/

Pas grand chose d'autre à dire sur ce one-shot. Toujours pour les curieux, vous pouvez me trouver sur fanfiction.net sous le même pseudo. J'y publie des fics sur des univers autres que Code Lyoko.

Merci d'avoir lu et de laisser des commentaires. N'hésitez pas à signaler toute incohérence, faute ou quoi que ce soit. Les retours et critiques utiles sont toujours appréciées.
 

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