« Peu importe les distances qui nous sépare... tu occupes toutes mes pensées... Et du coup c'est comme si tu étais toujours auprès de moi. »
Oswald Whistler ~ Professeur Layton et la Diva Éternelle.

6)

Aelita finit par se dégager de la bouche d’Odd et, avant que ce dernier ne repasse à l’attaque, elle lui balance soudainement une gifle qui l’envoie par terre. Elle est encore toute retournée et furieuse par ce qu’elle vient de vivre…

Odd, en marmonnant Décidément… c’est pas mon jour avec les filles, aujourd’hui !

Aelita, sur un ton furieux qui ne lui ressemble pas Mais, qu’est-ce qui t’a pris, Odd !? Comment as-tu osé me faire ça, à moi !?

Odd, en la regardant, incrédule Bah, ne le prends pas mal, Aelita ! Je pensais juste…

Aelita, en augmentant un peu le ton Ouais, ben, arrête de penser ; ça n’a jamais été ton truc, de toute façon ! Et, autant te prévenir de tout de suite : tes conquêtes, ça marche peut-être avec Jennifer, avec Sam, avec Sissi, ou avec toutes les autres filles de ce bahut… mais pas avec moi !

Odd Mais, Aelita…

Aelita Et, si t’es pas capable de contrôler tes sentiments, alors tchaô !

Puis, elle se précipite vers l’internat, les larmes aux yeux. Signalons au passage que Jérémie y est allé se réfugier, quelques instants plus tôt. Odd se relève tant bien que mal et contemple Aelita en train de courir avec une main sur la joue giflée, et l’autre tendue vers la fille aux cheveux roses comme pour la rattraper au vol…

Odd, en appelant tristement Aelita… !
(Mais, vu que cette dernière disparaît derrière la porte d’entrée de l’internat, il s’effondre à genoux devant le banc et se donne des petits coups dans la figure, furieux contre lui-même…)
Oh, bon sang, c’est pas vrai ! Mais, qu’est-ce qui m’est passé par la tête !?
*
Bien cloîtré dans sa chambre comme dans un jardin secret, Jérémie est en train de travailler d’arrache-pied sur un de ses programmes du Super-Scan et il est si concentré sur son labeur que ça devient presque une obsession, presque une obligation. Pourtant, mais évidemment, sa tête est ailleurs : sur les comportements soudains et inexpliqués d’Odd et Aelita. Il était tellement choqué par ce qu’il avait vu qu’il avait une folle envie de donner de bonnes raclées à Odd et à Aelita – parfaitement, même à son petit ange rose ! – mais, si sensé qu’il était, il a jugé préférable de se réfugier dans sa chambre, au milieu du monde informatique où il se sentait heureux et compris, et il souhaitait même ne plus jamais sortir de ce lieu sacré.

Jérémie, à lui-même Comment a t-elle pu me faire ça, à moi !? Le génie informatique qui l’a aidée à venir (re)vivre sur Terre ? à retrouver sa vraie idendité ? et, enfin, qui s’est battue pour elle, et qui continue toujours de se battre ? Oh, Aelita, pourquoi as-tu fait ça !? Qu’est-ce que je t’ai fait, sacrebleu !? N’étais-je pas un copain assez fidèle ? As-tu trouvé à ce dragueur à deux balles quelque chose qui valait mieux que mon mérite ? Hein !? Dis-le moi, princesse ! Votre coup de la dernière fois, dans le monte-charge de l’usine, t’a t-il mis une sacré puce à l’oreille ? Ne suis-je plus assez bon pour toi, Aelita ?
(Il pianote si vite sur son ordi que ses doigts deviennent rouges et sont martyrisés par de douloureuses crampes. Mais, on devine bien la colère qui essaye de se dégager, via ces membres corporels…)
Qui suis-je maintenant pour toi, Aelita ?

Soudain, la porte s’ouvre et Aelita apparaît, justement, dans l’encadrement. Elle s’est arrêtée de pleurer, mais la tristesse se lit encore bien sur son doux visage. Elle espère voir une auréole d’espoir autour de la tête du petit génie, mais ce dernier ne tourne même pas la tête pour la regarder ; à peine a t-il entendu son arrivée. Aelita se méfie quand même : avait-il assisté à la scène ?

Aelita, hésitante Heu… Jérémie !…
(Pas de réaction de la part de celui-ci…)
Il faut que je te dise quelque chose !

Encore une fois, le petit génie fait la sourde oreille. Ça accentue la méfiance de la jeune fille aux cheveux roses…

Aelita, en poussant un profond soupir Euh… voilà ! C’est à propos d’Odd…

Jérémie, en s’arrêtant soudainement de pianoter et d’une voix agressive Ouais, à ce propos, j’espère que vous avez passé un bon moment, ensemble !

Tout à coup, il se retourne et fixe Aelita avec un regard assassin. Tout son visage est contracté par la rage, ce qui pétrifie la jeune fille d’horreur…

Jérémie, en vociférant Oh, remarque, tu n’as pas à te justifier ! C’est vrai ; Odd est quelqu’un de mille fois plus cool que moi, ça fait aucun doute ! Et, je sais très bien que je suis le pire crétin des cœurs de la bande, ne le déments pas ! Seulement voilà, je ne m’attendais pas, mais alors absolument pas à ce que tu changes l’élu de ton cœur aussi vite que l’on change de vêtements ! Et, tu veux que j’te dise, Aelita !? Je n’ai jamais été autant déçu de toi depuis le jour où tu es arrivée ici !

Il retourne à son ordi, en emportant avec lui provisoirement toute sa colère. Cette dernière phrase a eu l’effet d’un venin mortel pour la pauvre jeune fille aux cheveux roses, qui recommence à pleurer à chaudes larmes…

Aelita, en sanglotant Mais, pourquoi me dis-tu ça, Jérémie !? Je n’ai jamais eu envie d’embrasser Odd sur la bouche, et c’est bien toi que j’aime de tout mon cœur…

Étrangement, cette réplique augmente la fureur de Jérémie à tel point qu’il se lève brusquement, en jetant sa chaise de bureau contre le lit, et qu’il fixe Aelita avec toute sa haine…

Jérémie, en augmentant le ton Mais, bien sûr ! Vas-y, pendant que tu y es, dis-moi que c’est Dom Juan qui t’a forcée à l’embrasser !…

Aelita Mais, c’est vrai !…

Jérémie, en hurlant à toute voix ARRÊTE DE ME MENTIR, AELITA ! Tu sais que j’ai horreur de ça, surtout venant de toi ! Ne me prends pas pour le dernier des bouffons à avoir atterri ici ! Je peux comprendre qu’entre le collège et Lyoko, vous avez eu tout le loisir de vous forger des liens très profonds ! Seulement, ça aurait été trop te demander de m’en parler !? Hein, ça aurait été plus facile à comprendre, plutôt que de l’embrasser juste devant mon nez, histoire de me faire comprendre que je ne suis plus à la hauteur de tes exigences féminines !

Aelita n’en croit pas ses oreilles…

Aelita, d’une voix tremblante Non mais, est-ce que tu t’entends parler, Jérémie !? Est-ce que tu entends toutes les horreurs que t’es en train de me balancer dans la figure, alors que je t’ai rien fait !? Franchement, jamais je ne me serais attendue à un pareil comportement venant de ta part …

Jérémie, vexé Ah ouais !? Ben, moi-aussi, figure-toi ! Si jamais j’aurais su qu’il y avait quelque chose de sérieux entre toi et ce cher Odd… d’ailleurs, en parlant de lui, tu ferais mieux de le rejoindre, histoire de ne pas trop le faire attendre ! Envoie-lui aussi toutes les félicitations de ma part tant que t’y es, rien ne vaut l’amitié après tout !

Il se retourne comme un soldat et semble faire la tête dans son coin ; il ne veut pas montrer sa tête boudeuse à sa copine. En parlant de cette dernière, elle est tellement désabusée par la situation que le choc commence à être trop dur pour elle. Toujours en pleurs, elle s’apprête à quitter la chambre mais, avant de disparaître de l’encadrement, elle se tourne une dernière fois vers Jérémie et ses yeux expriment plus de la tristesse que de la haine…

Aelita, sur un ton qui se veut furieux Franchement, jamais je n’aurais cru que tu puisses être comme ça, Jérémie ! Si vil ! Si exécrable !…

Jérémie, sans se retourner Eh ben, si je suis aussi exécrable que ça, qu’est-ce que t’attends pour partir !?

Aelita continue quand même de l’insulter, ce qui finit par pousser le petit génie à bout. Il veut faire quelque chose pour la chasser, mais quoi ? Il n’a quand même pas envie de se créer définitivement une mauvaise image lui devant tous ses fans !…
Soudain, Odd apparaît à l’encadrement. Aelita, qui l’a entendu arriver, s’est écartée de son chemin sans croiser son regard. Odd veut profiter de sa présence pour présenter toutes les excuses de l’univers mais, pour l’instant, il est plus poussé par sa curiosité…

Odd, intrigué Ben alors, qu’est-ce que c’est que ce chahut !? Vous êtes en train de vous disputer sur mon sort !?

Jérémie, en se retournant et en fixant Odd avec un regard aussi noir qu’avant TOI ! NE T’APPROCHE MÊME PLUS DE MOI !!!

Tout d’un coup, sans cris ni gares, il se rue sur un Odd complètement abasourdi et le bouscule contre le mur. Malheureusement, le Dom Juan reprend vite ses esprits et essaye de se défendre comme il le peut, bien que la tâche s’annonce compliquée face à un Jérémie complètement hors de lui.
Ainsi, pendant quelques instants, sous les yeux horrifiés et émus d’Aelita, Jérémie et Odd se livrent un combat sans merci sans se soucier de toute l’horreur de la pauvre jeune fille aux cheveux roses en larmes, à savoir voir pour la première fois deux hommes se battre sauvagement, et en plus ces hommes en question sont ses amis…. Le choc est tellement dur pour elle qu’elle finit par s’enfuir à nouveau, les larmes aux yeux. Elle n’a plus qu’une envie : quitter ce collège de fous.
Après sa fuite, Mr Delmas apparaît dans le couloir et, voyant Odd et Jérémie ensangletés qui continuent toujours de se battre malgré tout, il se rue vers les deux adolescents et les sépare en prenant chacun d’eux par la peau du cou comme une lionne pour porter son bébé.

Mr Delmas, en exprimant bien haut son indignation Alors là, c’est un comble comme je ne l’ai jamais vu jusqu’à présent ! C’est une conduite hautement INQUALIFIABLE, Messieurs Della Robbia et Belpois ! Allez, vous m’expliquerez ce comportement sauvage dans mon bureau !

Il s’empresse de traîner les deux adolescents vers le lieu-dit, bien qu’ils se débattent furieusement et poussent de sévères protestations…
*
Comme si ça ne suffisait pas à leur malheur, voilà qu’une Tour s’active sur le Territoire de la Banquise…

7)

Quelques minutes plus tard, Odd et Jérémie sortent du secrétariat et il constate qu’Ulrich, William et Yumi sont là pour les accueillir, mais aussi pour savoir ce qui s’est passé entre le deux amis. Ces derners évitent cordialement de se regarder et, une fois dehors, Jérémie passe devant les trois autres, les yeux toujours fermés par le dédain bien qu’ils ne lui ont rien fait, et disparaît à l’intérieur de l’internat d’un pas furieux.
Ulrich, William et Yumi sont intrigués par cette colère soudaine et presque injusitifée. Ils se tournent tous vers Odd, avides d’avoir des réponses. Ce dernier s’installe sur les marches du bâtiment et il est tellement déçu par ce qui vient de se passer qu’il ne prend même pas la peine de regarder ses amis…

Ulrich, en évitant de rigoler Dis-moi, Odd, tu peux m’expliquer ce qui se passe, là ? C’est encore à cause de Sissi ?

Odd, sans lever les yeux Nan, c’est à cause d’Aelita… et franchement, je préfère ne pas en parler !

Yumi, qui a soudain une illumination Aelita !? Aaah… donc, c’est pour ça que je l’ai vue courir vers le parc tout à l’heure. Elle était en larmes…

William, intrigué Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi tu t’es battu avec Jérémie ? Parce qu’il a dit un mot de travers à Aelita ?

Odd, en marmonnant Ben… oui, et non !

Ulrich, en raillant Il t’a encore fait remarqué que tu étais trop naze en cours, et que ça commençait à l’agacer ? Ou, c’est juste le fait que vous n’êtes plus dans la même classe !?

Odd Mais non, c’est pas ça !… Et, au fond, maintenant je m’estime heureux de ne pas être dans la même classe que cet ingrat !

Yumi, qui commence à perdre patience Bon ben, alors, qu’est-ce que tu as encore fait, à la fin !?

Odd soupire à nouveau et il relève brusquement la tête en direction de ses amis. Il a un regard noir peint par la colère et le remords ; il commence même à pleurer…

Odd J’ai embrassé Aelita devant Jérémie, ça vous va !?

Pendant un instant, Ulrich, Yumi et William sont pétrifiés d’horreur : ils ne peuvent croire ce qu’ils viennent d’entendre. Quant à Odd, il recommence à bouder en détournant la tête, conscient qu’il a fait ce qu’il devait sans doute faire…
Et, de toute façon, la réaction de ses amis ne se fait attendre…

Yumi, indignée Tu as QUOI !?

Ulrich, furieux Non mais, Odd, ça va encore chez toi !?

William Mais, qu’est-ce qui t’es passé par la tête !?

Odd, en leur adressant à nouveau un regard assassin Ouais, bon, ça va, là ! J’ai fait une bêtise, j’ai déjà été puni, pas la peine d’en rajouter ! Je sais que je n’aurais dû jamais faire ça… mais c’était plus fort que moi ! Je…

Yumi, en le regardant droit dans les yeux, furieuse Non, mais tu te rends pas compte à quel point ce que tu as fait est grave !? Au fond, je comprends pourquoi Jérémie s’est comporté comme ça, bien qu’il n’avait pas à le faire ! Enfin, Odd, c’est pas parce que tu t’appelles Odd Della Robbia que t’as tous les droits sur les filles ! Il serait peut-être temps que tu deviennes mature, maintenant !

Odd ne sait plus quoi dire devant une telle fureur, devant une telle noirceur dans les yeux de son ami. Derrière elle, les deux autres lui adressent aussi un regard furieux, indigné. Face à un tel spectacle, Odd est presque aussi désabusé qu’Aelita au moment de la bagarre.
Après être sûre de s’être bien fait comprendre, Yumi se redresse et s’éloigne du secrétariat d’un pas furieux, les yeux fermés, bien décidée à ne plus les ouvrir sur une telle hypocrisie. Ulrich et William s’apprêtent à la rejoindre comme deux toutous bien élevés mais, avant...

William, d’une voix claironnante En tout cas, Odd, j’espère que tu comprendras qu’en guise de punition, tu t’es exclu toi-même de la bande !

C’est un choc profond pour le pauvre blondinet au look rebelle, mais il prend soin de ne pas l’exhiber : il est suffisamment humilié comme ça.
William fait un signe à Ulrich, et les deux adolescents vont rejoindre la Japonaise en adoptant presque sa posture. Ça soulage ce pauvre Odd, qui pense en effet avoir été suffisamment puni comme ça, mais malheureusement…

Ulrich, en tournant la tête vers William et d’une voix claironnante Et, dire que je partage ma chambre depuis le début avec un sale hypocrite, bourreau de cœurs ! Quelle hont…

Odd, en se levant brusquement Ouais, ben, tu parlais d’hypocrisie, toi ! C’est clair que tu n’oseras jamais dévoiler, devant ta copine et c’est tout, que son mystérieux cavalier de l’autre fois… c’était toi !

Cette révélation foudroyante arrête brutalement les trois adolescents en mouvement. Yumi, qui a très bien entendu Odd, ouvre doucement les yeux et se tourne vers Ulrich : son regard est encore plus noir que celui qu’elle avait adressé à Odd. William en fait autant. Devant une telle situation, Ulrich se retourne vers Odd et il prépare discrètement ses coups d’arts martiaux.
Odd semble avoir deviner ce qui va lui arriver ; il ne se laisse pas intimider pour autant, il se relève et fixe Ulrich comme pour le défier de faire ce qu’il prépare…

Ulrich, qui grogne entre ses dents Je t’avais dit que c’était un secret, que tu devais en parler à personne !

Odd, en ricanant cruellement Un secret !? Ha ! ha ! ha ! Alors, pourquoi le garder encore, puisque nous sommes plus amis à ce que je sache !?

Ulrich a à peine le temps de faire le premier pas vers le blondinet que…
CCCLLLLAAAAAAAAAAAAAAAAACCC !!!
Une main venant de nulle part le gifle si fort qu’il voit des étoiles briller dans ses yeux. Devant lui, Yumi est en larmes…

Yumi, sur un ton sec et en courroux Franchement, jamais je n’aurais cru que tu puisses me faire une chose pareille, à moi, Ulrich ! Tu m’as vraiment déçue !

Elle le gifle encore une fois, puis elle s’enfuit en larmes, comme Aelita. Ulrich est encore tout hébété, mais il entend distinctement les ricanements d’Odd qui font l’effet d’un cruel poison. Soudain, il chasse les étoiles de ses yeux, rassemble toute ses forces et sa rage, et se jette sur Odd, en le battant avec ses coups d’arts martiaux. Celui-ci, comme avant, se défend et les deux adolescents s’engagent dans une lutte sans merci.
Le pire, c’est qu’ils sont rejoints par William, qui a bien envie de régler ses comptes autant avec Odd… qu’avec Ulrich.
*
Bien à l’écart derrière un arbre du parc, Aelita pleure de tout son aise. Elle est encore toute bouleversée par ce qu’elle vient de vivre : Odd qui la force à l’embrasser, Jérémie qui la dispute alors qu’elle n’est nullement coupable de ce geste… et les deux amis qui en sont venus aux mains. Si on rajoute la tentative de Cookiart, il semblerait que son jugement sur les êtres humains s’était quelque peu… assombri. Elle qui pensait que la Terre était un vrai paradis et que les hommes étaient en général bons… bah, que des chimères ! De toute façon, se disait-elle, l’homme ne peut se montrer bon, sinon il n’y aurait pas toutes ces guerres, tous ces malheurs… toutes ces peines de cœurs.
Soudain, elle entend un bruissement derrière elle. Elle s’arrête de pleurer, reste un petit moment en silence, histoire d’identifier ce bruit qui approchait, et elle se retourne…
Trop tard. Un homme en noir se jette sur elle et l’assomme avec un bon poing électrique. Puis, il la prend dans ses bras et fonce vers la bouche d’égout, entrée du passage secret vers l’usine…



Yumi est en train de pleurer sur le même banc où s’était effondrée Sissi, quelque heures auparavant. Ses pleurs sont si honteux pour elle qu’elle préfère cacher soigneusement son visage, et elle réprime sévèrement, presque sauvagement, tous les malheureux qui osent s’approcher pour s’asseoir sur le banc. Elle a grand besoin d’être toute seule avec sa rage ; qu’est-ce qu’elle donnerait pas pour disparaître à jamais de ce monde de malheurs…
Quelques instants plus tard, William fait son apparition à côté d’elle. Il est sérieusement arrangé : il a un visage complètement défoncé et bleu à cause des coups de poings, ses deux yeux sont au beurre aussi noir que ses cheveux, ces derniers pendent dans tous les sens d’une manière sinistre et ses vêtements sont si déchirés par endroits qu’ils s’apparenteraient presque à des haillons. Il contemple tristement Yumi, sans doute touché par ses larmes (c’est bien la première fois qu’il la voie pleurer autant), mais il semble avoir une idée derrière ce visage mélancolique…

Yumi, sans redresser sa tête abattue et cachée par ses douces mains et en grognant Qui que vous soyez, je vous conseille de ficher le camp avant que je ne déchaîne toute ma colère sur vous !

William, d’une voix douce Allons, Yumi, tu sais bien que je ne t’ai rien fait.

Elle redresse son visage, le dévoile peu à peu et, à travers ses larmes, elle regarde celui de William. Il souriait tendrement… mais d’une tendresse un peu suspecte…

Yumi, en grognant toujours Est-ce que tu as compris ce que je viens de dire, ou non !? Je t’ai dit de foutre le camp ! Laisse-moi seule, j’ai été suffisamment blessée comme ça !

Elle replonge son visage dans ses mains. William ne part pas pour autant, il s’asseoit même près d’elle. Toujours avec une douceur insoupçonnée, il épaule Yumi comme pour la consoler…

William, toujours avec son sourire Allons, Yumi, c’est pas comme ça que tu arrangeras les choses ! Tu peux tout me confier, tu sais ? Tu sais bien que tu peux avoir confiance en moi…

Soudain, Yumi arrête sa crise, se redresse à nouveau et fixe une deuxième fois William. Le sourire de ce dernier s’agrandit, ce qui éveille un peu la méfiance de la Japonaise…

Yumi, d’une voix caverneuse Je ne suis pas du genre à faire confiance aux personnes aussi facilement, même si ce sont mes amis ! Désolée, William, mais il te faudra plus que ça pour renverser toutes les barrières qui me protègent !

William, sur un ton de défi Ah ouais ? Même mon propre cœur ne suffirait pas à accomplir un tel exploit ?

Yumi, en ricanant presque cruellement Oh, arrête ! Tu sais très bien que je ne t’ai jamais aimé comme tu l’imagines ! Pour moi, t’es un simple copain, et c’est tout ! Navrée de te décevoir, mais tu n’as jamais possédé les qualités de mon petit copain idéal…
(Puis, en détournant la tête ailleurs…)
… ni Ulrich, d’ailleurs !

William Oui mais, contrairement à Ulrich, je n’ai jamais osé te faire quelque chose qui pouvait te faire du mal, pour arriver à mes fins. À moins que ma mémoire ne soit vraiment défaillante…

Yumi le regarde à nouveau, et elle essaye de le fixer un peu plus comme si elle voulait explorer ses pensées par un quelconque don de clairvoyance…

Yumi, comme pour le blâmer Peut-être bien, mais tu m’as quand même fait du mal, toi-aussi ! Par exemple, au temps de XANA…

William Oui mais, là, je suis tombé dans un piège malgré moi ! Je voulais parler de notre vie sur Terre, où…

Yumi Mais, même sur Terre, tu as failli me blesser profondément : cette façon que tu avais de me tourner autour à une époque, crois-tu que ça ne m’agaçait pas au bout d’un moment à tel point de me décevoir, de me faire du mal ?

William, en faisant de grands gestes et d’une voix claironnante Oui mais, ça, c’était du passé ! Tu sais, entre-temps, j’ai beaucoup mûri : ce que j’ai vécu sur Lyoko m’a suffisamment donné de leçons pour que je cesse d’être une tête brûlée !
(Puis, avec un regard de plus en plus profond et un murmure, comme pour exprimer une certaine sincérité…)
Tu sais que jamais je n’oserai quelque chose qui te ferait du mal, je t’aime trop pour faire une chose pareille, Yumi !

Malgré tout, Yumi continue de plus en plus à se méfier.

Yumi Tu n’es pas le premier à me faire des promesses en l’air !

William, presque en l’interrompant Est-ce que j’ai l’air de faire des promesses en l’air ?

Il est vrai que la sincérité dans ses yeux et sa voix était frappante. Durant quelques instants, Yumi le dévisage fixement, espérant trouver une faille dans ce si beau cœur, mais le jeu de William est si parfait qu’elle finit par capituler au bout d’un moment…

Yumi, en soupirant Ouais bon, d’accord, c’est vrai que t’as l’air sincère… pour une fois !

William, fier de lui Ah, tu vois ? Tu sais, Yumi, il serait peut-être temps que t’arrêtes de jouer la grande mystificatrice et que tu commences un peu à partager quelques uns de tes secrets avec un bon confident ! Sinon, tu vas garder tellement de secrets, de peines en toi que ça te rendra complètement folle, crois-moi !
(Puis, en s’approchant si près de Yumi que leurs visages étaient presque accollés et dans un long murmure…)
Pour une fois, Yumi, essaye de faire confiance en quelqu’un !

Yumi réfléchit quelques secondes mais, devant les yeux francs de son ami…

Yumi Oui, tu dois avoir raison !

William est si satisfait de lui qu’il ne peut s’empêcher de lui adresser un grand sourire. Yumi répond timidement…

William Maintenant qu’on se fait confiance l’un en l’autre, je crois que c’est bel et bien fini entre toi et Ulrich, n’est-ce pas ?

Yumi, qui retrouve un peu sa colère Oh oui, et comment ! Tu te rends compte ? Il a osé profiter de ma crédulité pour pouvoir profiter de moi en se cachant sous un autre visage, comme s’il se tracassait trop de savoir ce que je pense de lui ! Vraiment lamentable !

William, en lui prenant la main Oh, t’inquiète ! Je l’ai bien puni, tout à l’heure, et son châtiment ne va pas s’arrêter là à mon avis ! En ce moment, il est avec Odd chez le proviseur ; le pauvre, il a l’impression que tout le monde devient fou dans son collège !

Yumi, en lui souriant davantage Oh, je te remercie, William, mais t’étais pas obligé, vraiment ! J’aurais pu…

William, en se rapprochant de plus en plus d’elle, si bien qu’il est presque couché sur son corps Oh, mais rien ne peut me faire autant plaisir que de t’aider ! Faut me comprendre, Yumi…
(La Japonaise se couche doucement sur le banc, et elle laisse le jeune homme la monter de plus en plus, mais sans la violer bien entendu…)
Je t’aime si fort ! Je t’aime depuis la première fois que j’ai posé les yeux sur toi ! Je crois que tu as dû éprouver la même chose, non ?

Yumi Eh bien, euh…

Elle n’a pas le temps de finir que William pose son index sur la bouche et, une fois qu’elle fût silencieuse, il ferme les yeux… et l’embrasse sur la bouche.
Mais, au lieu de le repousser violemment avec ses hurlements indignés, Yumi se laisse étrangement faire et elle ferme même les yeux, prenant plaisir à embrasser le beau ténébreux. Elle souhaitait même qu’Ulrich soit présent, là maintenant, histoire de le blesser aussi profondément qu’il ne l’avait fait de même pour elle…

9)

La scène se passe maintenant dans l’usine, où l’homme en noir est en train de pianoter sur le clavier du Super-Ordinateur. À l’étage en-dessous, Aelita, toujours dans les vapes, est lovée comme un chat dans un des scanners, qui se referme derrière elle.
Immédiatement, la procédure est lancée : sur l’écran de l’ordinateur, l’homme en noir regarde avec un sourire diabolique aux lèvres le squelette virtuel d’Aelita se remplir progressivement, comme de l’eau remontant dans un bocal et, quelques instants plus tard, une énorme bourrasque venant de l’étage d’en-dessous lui annonce que la virtualisation s’est bien effectuée. Avec toute sa satisfaction, l’homme en noir s’évapore du fauteuil sous forme de matière spectrale…
*
Aelita reprend connaissance sur le Territoire de la Banquise, pas très loin de la Tour activée qui se trouve au bout d’un pont de glace en arcades. Pour l’instant, tout est calme autour d’elle… mais pour combien de temps ?
Elle se relève, hébétée, et contemple la Tour coiffée d’une aura noire, intriguée et un peu terrifiée. En effet, si Tour activée il y a, Ront et ses monstres ne vont pas tarder à apparaître…
Et, en effet… un laser argenté la rasant de près confirme ses soupçons.
Elle se retourne et voit trois Gazelles en train de s’approcher d’elle avec, au-dessus de leur têtes, un Mégapiaf chevauché par…Ront. L’effroi d’Aelita se confirme de plus en plus : les trois Gazelles se postent rapidement devant elle, condamnant l’entrée du pont qui permettait de rejoindre le plateau de glace, et Ront s’empresse de sauter du grand piaf virtuel pour atterrir devant la Tour. Aelita est donc piégée… et toute seule.
Le Mégapiaf reste en l’air et prend soin de la mettre en joue, au cas où la jeune fille aux cheveux roses souhaiterait quand même tenter quelque chose de stupide. Il se montre autant agressif que les trois Gazelles qui font quelques pas vers Aelita, histoire de la pousser de force vers Ront. Ce dernier, avec une mine fière, fait apparaître sa faux dans un volute de fumée noire et s’avance également vers Aelita, mais plus lentement. Plus il avance, plus sa foi en la victoire défigure son horrible visage en une grande arrogance, vu que l’étau se referme de plus en plus sur sa proie.
Au bout d’un moment, la petite elfe se tourne enfin vers lui et le regarde fixement dans les yeux, avec toute sa haine. Déjà, elle se prépare à être sur la défensive, bien que les monstres tentent de l’en dissuader avec leur air belliqueux. Mais, même s’il a aperçu les doux poings d’Aelita se refermer durement derrière elle, cela n’intimide pas Ront pour autant qui s’empresse même de ricaner…

Ront, en ricanant et en considérant Aelita avec toute sa fierté Et alors, ma chérie !? Tu es encore toute seule à mettre les pieds, ici ? Je sais pas, moi, mais j’ai l’impression que c’est devenu une habitude ; remarque, ça arrange beaucoup mes affaires, si tu savais !

Aelita, en tentant de garder son sang-froid Malheureusement, pour vous, vous n’avez pas encore compris que je n’ai pas besoin de mes amis pour me défendre toute seule et, qu’en aucun cas, je ne monterai dans votre vaisseau comme un petit ange bien sage !

Ront, en gloussant Oooh… ! C’est qu’on devient de plus en plus rebelle, mon petit ange !

Aelita, sur un ton ironique Perspective de l’adolescence… !

Comme elle semble bien décider à résister à n’importe quel prix, Ront plante violemment sa faux dans la glace et son sourire disparaît soudainement, ce qui satisfait le dédain de la jeune fille…

Ront, en grognant Tu feras moins la fière lorsque je t’enfermerai dans une baraque de choix, sur Carthage ! En attendant…
(Il se tourne vers le lac qui reposait tranquillement sous le pont de glace…)
…VASA !!!

Soudain, la surface presque lisse du lac est troublée par de gros bouillons comme dans un chaudron de sorcière et, progressivement, une masse noire sort progressivement de l’eau. On reconnaît très vite le Vasa, lorsque ce dernier se dresse tout entier devant le pont de glace.
Sous les ordres claironnants de Ront, une énorme passerelle surgit du pont supérieur et se pose devant les pieds d’Aelita. Cette dernière est de plus en plus apeurée, mais elle prend bien soin de ne pas trop exhiber ses émotions. De toute évidence, Ront doit les sentir car il retrouve très vite son sourire arrogant et, à la manière d’un gentleman, il fait signe à la jeune fille de bien vouloir grimper sur cette passerelle…

Ront, sur un ton noble, mais sonnant faux Après vous, chère demoiselle !

Aelita, en se tournant vers lui et en retrouvant, elle-aussi, son sourire dédaigneux Oh non, je vous en prie ! Vaut mieux le capitaine d’abord, histoire de vérifier si son bateau peut naviguer sans risque et de bien accueillir ses passagers sur le pont !

Ront, vexé Attends, ma chérie, tu vas vite apprendre à m’obéir … !
(Puis, en se tournant vers les Gazelles…)
Allez, vous-trois, faites-la monter à bord du vaisseau !

Une fraction de seconde durant, Aelita ferme les yeux, craignant les lasers ou les cornes sur ses fesses pour la forcer à monter à bord du Vasa…
Mais, aussi incroyable que cela puisse paraître, les Gazelles ne bougent pas. Elles se contentent de rester sur place, en regardant Aelita et Ront de façon toujours agressive. Ces deux derniers sont ébahis, surtout Ront qui ne semble pas être habitué à ce que ses inférieurs lui désobéissent…

Ront, en regardant ses monstres à quatre pattes, outragé Hé ! Il me semble vous avoir donné des ordres, là !
(Il pointe sèchement son doigt sur Aelita et il hurle à nouveau, sur un ton très autoritaire
Emmenez-la !

Une fois encore, les Gazelles ne bougent pas. Cela suffit pour que Ront se désintéresse complètement d’Aelita et s’avance d’un pas menaçant, en reprenant sa faux au passage, vers ses monstres mutinés. Malgré la lourde colère inquiétante qui se lit sur son visage de tête de mort, les monstres ne se laissent pas intimider pour autant, même lorsque leur commandant se poste devant eux, les mains posées sur ses hanches, sa faux bien plantée à nouveau dans la glace, en rage.

Ront, indigné Alors, comme ça, vous voulez vous rebeller ? Idée très courageuse, sauf que vous oubliez une chose : vous êtes des animaux, et je suis votre chef ! Alors, cessez tout de suite cette comédie et comportez-vous comme de vrais animaux comme vous êtes, histoire d’être un peu indulgent à votre future sentence !

Malheureusement pour lui, les petits yeux noirs et cruels des Gazelles ne cillent même pas. Cela met Ront de plus en plus hors de lui : il en rougit même de colère.
Aelita tente de profiter de cette engueulade pour se faire la malle, mais le Mégapiaf, tellement bête pour rester fidèle à son maître, veille au grain avec quelques lasers argentés.

Ront, d’une voix caverneuse et menaçante Ah, c’est comme ça !?
(Toujours aucune réaction des monstres…)
Dans ce cas…

Il prend soudainement sa faux et il la plante si vite dans la Gazelle du milieu que personne n’a pu l’en empêcher. En tout cas, la pauvre créature s’effondre par terre dans une énorme plainte d’agonie, et elle finit par exploser.
Les deux autres Gazelles comprennent, néanmoins, rapidement ce qui vient de se passer et, à partir de ce moment-là, leur ire est si profonde qu’elles deviennent incontrôlables. Elles se mettent à cracher des lasers argentés sans interruption et dans toutes les directions. Ront parvient à les repousser avec sa faux, mais quelques lasers argentés parviennent à toucher la jambe d’Aelita et le Mégapiaf, qui disparaît sur-le-champ.
Profitant de cette zizanie entre Ront et ses monstres, Aelita active ses ailes roses et parvient à rentrer dans la Tour, même si elle a dû esquiver pour cela une onde de choc envoyé par un Ront complètement hors de lui.
Alors que la belle fille aux cheveux roses est dans la Tour coiffée d’une aura noire, quelques Makacqs descendent du Vasa pour prêter main forte à leur boss. Ce dernier, après une série d’acrobaties étonnantes pour esquiver les tirs, parvient à planter sa faux sur la deuxième Gazelle, mais la troisième se révèle encore plus coriace et elle profite de ce détournement d’attention, pour fondre sur les Makacqs qui étaient descendus de la passerelle et les tuer par la même occasion.
Alors qu’il en avait fini avec la deuxième mutin à quatre pattes, Ront se retourne et regarde la dernière Gazelle descendre progressivement les Makacqs qui voulaient l’aider. Dans un même temps, il remarque que l’aura noire de la Tour redevient… blanche, mais ça n’a pas tellement d’importance pour l’instant. Autant régler les choses dans l’ordre…
Avec sa faux dressée dangereusement au-dessus de sa tête, il se précipite sur la Gazelle en hurlant avec sa voix glaciale. Mais, cette dernière, comme si elle calculait son approche via ses hurlement, se retourne au dernier moment et lui décoche un laser argenté…
Ront le recevra en pleine tête et ce laser lui sera fatal…
Malheureusement, la pauvre créature a à peine le temps de savourer sa victoire qu’elle-aussi reçoit un laser argenté en pleine tête, qui la tue sur-le-champ. Il venait d’un Makacq qui voulait porter son aide à Ront, avant qu’il ne disparaisse.
Aelita ressort de la Tour maintenant désactivée et ce qu’elle voit est à la limite du croyable. Les Makacqs qui étaient restés sur le Vasa (une dizaine, environ) étaient en train de… se battre à coups de lasers argentés. Peut-être voulaient-ils déterminer à qui la faute dans la rebéllion des Gazelles et la mort du Boss, ou bien qui allait prendre le commandement du Vasa maintenant que Ront n’était plus là…. En tout cas, entre les monstres qui se déplaçaient dans tous les sens et les lasers qui partaient également dans toutes les directions, c’était la plus grande confusion.
Connaissant la bêtise des Makacqs, Aelita a soudain une idée en tête. Vite, elle active ses ailes et vient se poser sur le pont du Vasa, près d’un des petits vaisseaux des Makacqs (ces espèce de Vasa en miniature). Là, elle aperçoit un de ces monstres cachés derrière ce vaisseau, trop occupé à mitrailler ses camarades pour avoir fait attention à l’arrivée de la jeune fille. Cette dernière, sûre d’elle, s’avance vers le Makacq et lui tapote l’épaule…

Aelita, sur un ton poli Dites-moi, mon brave, quelle est la raison de toute cette folie ?

Le Makacq se retourne brusquement, dévisage Aelita quelques instants… mais, au lieu de la conduire à ses camarades, il exhibe un visage furieux, comme pour lui dire : « Je suis en train de battre, ne voyez-vous pas !? Alors, fichez-moi la paix ! » et il décoche un laser argenté qui dévirtualise Aelita sur-le-champ. Mais, cette dernière n’affichait aucune expression de terreur avant de disparaître : au contraire, c’est comme si elle voulait vraiment que ce monstre lui tire dessus.
Et, apparemment, ce plan était loin d’être aussi stupide car les Makacqs qui se déchaînaient sur le malheureux semblaient avoir vu la scène avec Aelita. Très vite, quelques uns d’entre eux informent leurs camarades et, très vite, leur fureur augmente. Le pauvre Makacq qui a dévirtualisé Aelita se retrouve rapidement seul contre tous et, bien évidemment, il se fait descendre en un rien de temps : « Voilà pour toi, pauvre imbécile ! Le Maître avait besoin de cette fille, et tu l’as fait disparaître, crétin que tu es !», pourraient se dire tous ces monstres, avant de reprendre le combat entre eux.
Au bout d’un moment, la situation est tellement désespérée pour le Vasa que le vaisseau commence dangereusement à s’incliner vers l’avant et il replonge doucement dans le lac. Les Makacqs, trop occupés à se battre, n’ont même pas remarqué que leur galère était en train de piquer du nez car, encore une fois, trop occupés à se battre. Finalement, le Vasa finit par disparaître, la proue la première, dans la Mer Numérique… mais sans détruire, malheureusement.

10)

La scène se passe au collège Kadic, la nuit. En effet, pour une raison mystérieuse qui ne regarde qu’elle, Aelita a préféré ne pas lancer de retour vers le passé.
Justement, on la voit frapper timidement à la porte de la chambre de Jérémie. Elle n’a pas oublié, bien sûr, la violente dispute de tout à l’heure, mais elle a une idée bien précise dans la tête… et elle veut en faire part à Jérémie, vu que ça le concernait.

Jérémie, voix off Entrez !

Aelita s’exécute. Jérémie est en train de pianoter sur son ordinateur, comme avant : c’est comme si rien ne s’était passé pour lui. Elle reste, néanmoins, proche de l’encadrement, au cas où le petit génie aurait un accès de colère. D’ailleurs, c’est ce qu’elle craint un moment…
Mais, Jérémie se retourne et Aelita s’aperçoit qu’aucune colère ne défigure son visage. Au contraire, il est très triste et on peut même voir des larmes qui brillent dans ses yeux : apparemment, il a pleuré tout en travaillant. Ça lui fait un peu pitié… mais sa décision était prise, et pas question de revenir en arrière…

Aelita, intriguée Qu’est-ce qui se passe, Jérémie ? Pourquoi pleures-tu ?

Jérémie, d’une voix tremblante Oh, excuse-moi, Aelita ! Jamais je n’aurais dû me comporter comme ça ! Jamais ! Jamais je n’aurais dû te disputer comme je l’ai fait et, par la suite, te laisser toute seule face à Ront sans défense ! Sincèrement, je te fais toutes mes excuses !

Il aurait été prêt à se jeter à genoux devant elle pour pleurer aux pans de sa robe, mais il préfère s’en abstenir : il lui a suffisamment fait de mal comme ça…

Aelita, sur un ton un peu sévère Même toutes les excuses du monde ne suffiront pas à réparer ce que tu m’as fais ! J’espère que tu en es conscient, Jérémie !?

Jérémie, en acquiesçant Oui, bien sûr. Tu as entièrement raison, Aelita. Je sais pas ce qui m’a pris de réagir comme ça, mais je me rends compte que ce comportement est impardonnable.
(Mais, en lui faisant des yeux de plus en plus gros…)
Veux-tu bien me pardonner, quand même ?

Aelita, en soupirant et le sourire aux lèvres Oui, bien sûr ! Vu le contexte présent, c’est vraiment pas le moment de nous séparer !

Jérémie est sur le point de bondir de joie mais, comme si elle avait senti cette dangereuse montée d’allégresse…

Aelita, en retrouvant un ton ferme Cependant, je vais quand même te punir, histoire de m’assurer que tu ne recommenceras plus ! Et, j’te préviens que ça sera très sérieux !

Elle avait une voix un peu tremblante en prononçant cette dernière phrase, mais elle est toujours aussi sûre d’elle. Contrairement à ses craintes, Jérémie acquiesce à nouveau comme s’il acceptait sans protestation la punition qu’elle voulait lui infliger…

Jérémie, le sourire aux lèvres Vas-y, exprime-toi, Aelita ! Je suis prêt à faire tout ce que tu voudras !

Il incline bien la tête, comme pour bien montrer sa sous-mission. Aelita doit se retenir pour ne pas rire aux éclats…

Aelita, d’une voix claironnante Eh bien, voilà ! Je croyais vivre le parfait amour avec toi mais, petit à petit, je me rends compte à tel point tu peux être… timide et, maintenant, possessif et très jaloux ! Franchement, jamais je n’aurais cru que tu puisses changer comme ça, et sincèrement, ce comportement jaloux et violent m’a beaucoup déplu. Tu sais, Jérémie, je n’ai pas envie que tu changes pour être sûr que l’on restera ensemble pour toujours : j’ai beaucoup plus envie de garder le petit génie un peu renfermé, mais plus cool que j’ai connu en revenant sur Terre. Ça me fait déjà beaucoup de mal de voir à quel point les hommes peuvent se montrer cruels pour arriver à leurs fins, et je n’ai pas envie que cette cruauté atteigne mes amis.
(Elle hésite de plus en plus, mais elle parvient à garder encore un peu son sang-froid…)
C’est pourquoi, à l’avenir, attends-toi à… à ce que l’on se voit moins. Je pense que… c’est en gardant des liens d’amitié forts, mais pas trop intimes, qu’on arrivera à construire une relation parfaite. J’en ai marre de voir à quel point notre relation est devenue si tumultueuse, ces derniers temps, et au fond je comprends pourquoi Yumi a décidé de faire comme ça ; si on aime vraiment les gens, autant les forcer à rester tels qu’on les a connus, quitte à les blesser un peu dans leurs cœurs. Jérémie, si tu veux vraiment que… ça marche entre nous, laisse-moi être libre ; le monde est dangereux, je le sais, mais comme je te l’ai souvent dis, je ne suis pas ta création et je suis capable de me débrouiller toute seule même dans la plus périlleuse des situations – après tout, vous n’étiez pas là, la dernière fois que je suis allée sur Lyoko et, tu vois, je suis toujours là ! Si tu veux que ça aille plus loin, laisse-moi le temps de réfléchir : je sais pas combien de temps ça va prendre, mais une relation amoureuse n’est jamais une décision à prendre à la légère. Si tu ne me déçois plus d’ici là, alors on peut garder espoir que rien ne sera fichu entre nous mais, en attendant…

Elle est déjà sur le point de quitter la chambre, aussi triste que Jérémie. Ce dernier perd son sourire, relève la tête et regarde Aelita effondrée contre l’encadrement, presque horrifié…

Jérémie En attendant quoi ? Qu’est-ce que tu veux me dire, Aelita ?

Aelita, en le regardant droit dans les yeux et d’une voix sombre et triste On est copains, et puis c’est tout !

Elle sort de la chambre, en refermant la porte derrière elle.
Jérémie est pétrifié d’horreur…

Tel un feu purificateur, nous rétablissons l'équilibre.
Le Catalyseur s'adressant au Commandant Shepard,
quelques secondes avant l'activation du Creuset et la fin des Moissonneurs.
Tiré de Mass Effect 3
Liens de mes Fics et Fans Fics

#113 – Jalousie

1)

La scène se passe au réfectoire, où tout paraît normal. Tous les élèves internes sont en train de prendre leur petit-déjeuner dans la bonne humeur et en toute tranquillité et, apparemment, aucun signe ne laisse à deviner qu’il n’y a pas si longtemps encore, une grande tragédie avait frappé le collège de plein fouet… sur un groupe d’amis, en particulier.
Enfin, si : un détail peu habituel nous saute maintenant aux yeux : contrairement à leurs habitudes, on constate que les lyoko-guerriers sont installés n’importe où dans la pièce ; en tout cas, ils ne sont pas ensemble. À part William et Yumi qui sont installés en couple, tous les autres sont assis en solo à chaque coin de la pièce, et tous affichent une mine morne, désespérée. On remarque même qu’Aelita a de toutes petites larmes qui brillent comme des perles sur ses douces joues. Seuls Yumi et William paraissent heureux… heureux d’être ensemble, cela va sans dire.
Tout seul à sa table, Ulrich est en train de les observer d’un regard assassin ; Sissi contemple Ulrich avec beaucoup d’intérêt ; Aelita semble être perdue dans ses pensées ; et, vraiment installé à l’écart de ses anciens amis, Odd les regarde tous avec envie comme s’il espérait que ces derniers allaient le rejoindre à sa table et le pardonner de son coup de folie de la dernière fois. Mais, il savait très bien qu’il pouvait toujours courir ; ça tombait bien, il s’était déjà assez entraîné pour ça avec les filles ! Mais, quand il s’agissait d’amis…
Mais, revenons à Ulrich. À présent, il est si furieux qu’il est à deux doigts de tordre la petite cuillère bien entrelacée dans sa main droite…

Ulrich, à part et en grognant Ouais, c’est ça ! Vas-y, profites-en, sale dragueur à deux balles ! Mais, attends que je sois remonté dans l’estime de Yumi… ! On verra qui fera son parfait Roméo, pauvr’ Dom Juan ! Grr ! J’sais pas ce qui me retient de t’en coller une, avec mon bon Pentchak-Silat !

Soudain, une silhouette rouge-bordeau s’interpose entre sa vue et ses proies. Il revient presque brusquement à la réalité et contemple la fille qui venait de s’installer devant lui.
C’était Sissi.

Ulrich, un peu hébété Ah, c’est toi, Sissi ? Qu’est-ce que tu veux ?

Sissi, en le regardant avec compassion Oh, je voulais voir comment tu allais… Ulrich chéri !

Ulrich, en marmonnant à lui-même Oh, s’il te plaît, ne recommence pas avec ça ! C’est que…

Sissi, comme si elle ne l’avait pas entendu Ça va ? Tu… tu t’en remets doucement de ce qui s’est passé… entre nous-tous ?

Ulrich, en haussant les épaules Oh, ben… faut faire avec ! Tous les grands amis du monde finissent par se disputer un jour ou l’autre, c’est… humain ! Enfin, si on n’avait pas accepté un certain hypocrite dans notre bande…

Son regard assassin se tourne vers Odd, de même que Sissi. Conscient qu’il était visé, le blondinet leur répond avec une grimace, comme pour leur dire : « Qu’est-ce t’as ? Tu veux ma photo, gogol !? ». Ulrich et Sissi détournent rapidement leurs yeux…

Sissi, avec inquiétude Tu crois que notre bande va survivre encore longtemps, comme ça ? Parce que, là…

Ulrich, en l’interrompant sèchement T’as pas encore compris ? Il n’y a plus de bande ! C’est bon, c’est fini, là ! Bye bye, l’amitié des lyoko-guerriers, maintenant c’est chacun pour soi ! C’est juste dommage que l’ANAX va gagner aussi bêtement, mais bon…

Sissi, en répliquant de la même façon Tu dis n’importe quoi ! C’est juste une mauvaise passe, c’est tout ! Tôt ou tard, on va se rechercher les uns les autres, on va se pardonner nos petites bêtises, et voilà : fin de l’histoire ! Comme tu l’as dis, l’ANAX ne peut pas gagner aussi bêtement…

Ulrich, en ricanant sans joie Ha ! ha ! Parce que, tu crois, franchement, que ça va s’arranger comme ça, d’un coup de baguette magique !? Même les Retours dans le Passé ne peuvent rien faire face à des peines de cœurs, alors tu vois… !?

Sissi, un peu outragée Pas la peine d’être aussi agressif ! Je t’ai rien fait, moi !

Se sentant un peu coupable car elle avait raison, Ulrich replonge dans son assiette mais, au lieu de manger, il tournoie sa cuillère désormais tordue dans son petit pot de confiture comme dans une marmite bouillonnante…

Ulrich, parlant presque à lui-même Et puis, de toute façon, je commençais vraiment à avoir ma claque de tout ça ! Entre le collège et Lyoko… quelle vie mène t-on, franchement ? Pourra t-on jamais vivre normalement, comme les autres ? Punaise ! Moi, je demande juste qu’à mener une petiter vie d’ado bien tranquillle, sans se préoccuper de ce qui se passe à l’extérieur et qui nous concerne absolument pas ! Je demande qu’à…
(Ses lèvres commencent un peu à trembler…)
Je demande qu’à être un bon élève, que mon… mon père puisse être vraiment fier de moi, que je… je sois digne de lui ! Qu’est-ce que je donnerais pas pour retrouver ma vie d’avant Lyoko, avec aucun ennui, aucune grande pression sur le dos… ! Et, surtout, surtout, qu’est-ce que je donnerais pas pour…
(Il se penche et ses yeux tristes se posent à nouveau sur Yumi…)
…pour la retrouver, l’avoir à nouveau près de moi !

Sissi, en s’empressant de lui prendre une main pour la caresser Les peines de cœurs sont toujours difficiles à surmonter, mais tu verras : au fil du temps, tu finiras par oublier ! De toute façon, il est clair que Yumi n’a jamais voulu de toi…

Ulrich Bien sûr que si ! Seulement, elle ne savait pas comment l’avouer ! Et puis… si cette espèce de belle ordure aux cheveux noirs ne s’était pas mis en travers de notre chemin…

Sissi, en recroisant son regard Oh, et puis même ! Je crois pas que l’arrivée de William n’ait changé grand-chose entre toi et Yumi ! Ils sont maintenant ensemble, et pour de bon : alors, laissons-les ainsi !
(Elle se rapproche de plus en plus, si bien que leurs visages se touchent presque. Elle a toujours ce sourire plein de pitié…)
Suis mes conseils, Ulrich chéri : oublie-les ! Et puis…

Ulrich, en se levant et en la repoussant Non, non, je te vois venir ! Oublie ça, Sissi : même après cette Zizanie, je ne changerai aucun préjugé sur personne. Tu n’es juste qu’une amie, et voilà !

Il se lève, met un ou deux fruits dans sa poche, et il se dirige vers la sortie. Sissi le regarde s’éloigner, désabusée.

Sissi Hé, attends ! Où est-ce que tu vas ?

Ulrich Voir Einstein ! Depuis ce qui s’est passé, il n’ose plus sortir de sa chambre lors de son temps libre. Et, si ça te dérange pas, je voudrais bien aller le voir seul !

Avant de sortir du réfectoire, son regard se pose une dernière fois sur Yumi et William mais, cette fois, les deux tourtereaux le regardaient s’en aller. Comme leur observateur, les deux affichent un regard noir, et William semble même défier Ulrich du regard, de venir se battre maintenant contre lui.

William, d’une voix menaçante Qu’est-ce que tu regardes comme ça !? Allez, dégage, avant que tu me serves de dessert à mon plat de résistance !

Ulrich, en grognant entre ses dents Ouais, c’est ça ! Fais ton fier devant elle ! J’attends seulement que les donnes changent, histoire de voir qui sera le plus fort entre nous !

Yumi, d’une voix sarcastique qui ne lui ressemble nullement Hé, Stern ! Va apprendre à parler correctement, si tu veux vraiment que je sorte avec toi !

Les deux amants, entrelacés l’un dans l’autre, ricanent d’une façon narquoise, mais Ulrich n’y prête aucune attention et disparaît du réfectoire…

2)

La scène se passe maintenant dans la chambre de Jérémie. Ce dernier est en train de dormir sur son clavier et, d’après les petits grognements qu’il émet et ses yeux fermés qui bougent un peu dans tous les sens, on devine qu’il est train de rêver.
Tout à coup, on frappe à la porte, ce qui le réveille en sursaut. Il se redresse sur sa chaise de bureau comme si on l’avait électrocuté, et il s’empresse de pianoter rapidement sur le clavier comme pour donner l’illusion qu’il travaille durement depuis tout ce temps…

Jérémie, un peu hébété Heu… entrez !

La porte s’ouvre, et Ulrich apparaît dans la chambre. Il a, cette fois-ci, le sourire aux lèvres et paraît de très bonne humeur.

Ulrich, en allant lui tapoter l’épaule Salut, Einstein ! Dis-moi, tu te reposes donc jamais !?

Jérémie, un peu gêné Eh bien, c’est que… il faut que je cherche d’autres Réplikas de l’ANAX dans le Réseau, pour que vous puissiez les détruire le plus vite possible, tu le sais donc bien !

Ulrich, inquiet Dis-moi, Jérémie, t’es sûr que ça va ?

Ce dernier s’arrête soudainement de pianoter. En effet, il est presque blanc comme un linge et on sent qu’il va craquer à tout moment…

Jérémie, hésitant Ben, en fait… pas vraiment ! C’est à cause de… d’Aelita !

Ulrich Vous vous êtes aussi disputés, le jour de la Zizanie ?

Jérémie Pire que ça ! Elle m’a dit… elle m’a dit…
(Il déglutit avec difficulté, en retenant de plus en plus les larmes qui sont sur le point de couler, mais il se jette finalement à l’eau…)
« Copains, et puis c’est tout ! »

Ulrich, sur un ton plein de pitié Oh… je vois. Je suis vraiment désolé, mon vieux, sincèrement.

Jérémie, en essuyant les petites larmes qui venaient de couler Oh, ce… ce n’est rien ! C’est juste que… ça m’a beaucoup surpris, sur le coup ! Je savais pas que je… je lui avais fait autant de mal, à ce point-là !

Ulrich C’est toujours dur d’entendre ça, de la part de l’être que l’on aime le plus. Tu sais, j’te comprends : moi-aussi, la première fois que j’ai entendu cette phrase : « Copains, et puis c’est tout ! », j’ai cru que mon petit monde à moi s’effondrait littéralement sans que je puisse faire quoi que ce soit. Bien entendu, j’essayais de me faire une raison, après : avais-je, en effet, fait quelque chose de travers avec Yumi, pour mériter ça ? Je n’en savais rien, mais aujourd’hui… quand je la vois sortir avec cette… cette…

Jérémie, d’une voix claironnante, comme pour se faire entendre raison De toute façon, on a tous eu des torts dans cette Zizanie, et on n’a récolté que ce que l’on a mérité.

Ulrich Ouais, je sais, mais je… j’arrive pas à me faire à l’idée qu’elle… avec lui… sans doute pour toujours… !

Jérémie, qui éprouve, cette fois, de la compassion pour son camarade Oh, arrête ! Yumi t’aime toujours, même après le coup vache que tu lui as fait lors de ce bal ! En fait, c’est pas pour te critiquer – j’ai pas besoin de perdre encore un de mes amis – mais ça n’a jamais été vraiment clair entre vous-deux !

Contrairement à ses craintes, Ulrich conserve son sourire et hoche même la tête, comme pour l’admettre…

Ulrich Oui, t’as raison. Moi et Yumi, nous sommes pleins de secrets et, à cause de ça, j’admets qu’il n’y a jamais eu de dialogue clair sur nos sentiments. Mais, aujourd’hui, quand j’y repense… peut-être que j’aurais dû l’écouter lorsqu’il en était encore temps : « Parle-lui à Yumi, fais-le avec ton cœur, sinon c’est moi qui vais le faire et, là, oui, je serai vraiment ton problème ! » Pourquoi ne l’ai-je pas fait à ce moment-là !?

Jérémie, en recommençant à pianoter doucement sur son clavier Bah, ce n’est qu’une mauvaise passe ! Tout s’arrangera bientôt, mon vieux, tu verras ! Enfin… j’espère qu’Aelita va… va…

Ulrich … revenir sur ses paroles ! Oui, je suis sûr qu’elle le fera, tôt ou tard ! Après tout, t’es le seul type qui est tout pour elle, non ?

Jérémie se tourne à nouveau vers son ami, et les deux jeunes hommes s’échangent un sourire radieux et même un clin d’œil.

Jérémie Je suis pas sûr que cet argument, seul, va m’aider à convaincre Aelita de pardonner mes bêtises de la dernière fois, mais bon… pourquoi pas !

Ulrich Oh, sois pas si pessimiste ! On a, malgré tout, de l’espoir pour vaincre l’ANAX, alors pourquoi ne devrait-on pas en avoir pour un possible retour des filles que l’on aime dans nos bras !?

Les deux amis gloussent.

Jérémie Ouais, t’as raison.

Ulrich Ah, au fait… tiens !
(Il sort les fruits qu’il avait dans sa poche et les donne à Jérémie…)
Je pensais que tu devais avoir très faim, vu que tu ne veux plus sortir de ta chambre, ces temps derniers !

Jérémie, en les prenant volontiers Merci, mais t’en fais pas : comme tu le sais maintenant, c’est qu’une mauvaise passe, tout ça !

Les deux adolescents finissent sur un ricanement joyeux…

3)

Pourtant, cette allégresse est de courte durée. Sur le Territoire du Désert de Lyoko, des pulsations se font sentir dans tout le territoire, de plus en plus fortes, de plus en plus nombreuses.
La caméra parcourt à grande vitesse les grandes plaines de sable virtuel,rasant de temps en temps les petits palmiers surmontant une petite pyramide de gros rochers bien oranges, puis un long canyon…
… et, enfin, au bout d’une petite jetée suspendue dans le vide, la Tour se coiffe d’une aura noire…
*
Odd est en train de jouer tranquillement avec son chien, avec un petit sourire assez timide aux lèvres, presque forcé. De temps en temps, lorsque Kiwi se lance à la recherche de la balle lancée, il jette un bref coup d’œil sur le lit et le poster représentant des ninjas en action d’à côté et, là, son sourire s’efface très vite en laissant place à un profond soupir. Mais, il suffit juste que le chien attire son attention, en lui jetant la balle grâce à sa gueule, pour qu’il retrouve sa petite bonne humeur comme s’il ne s’était rien passé.
Soudain, la porte s’ouvre et Ulrich fait son apparition. Tout à coup, Odd et son animal cessent leur petit jeu et fixent leur ancien ami d’un regard assassin. Kiwi se met même à grogner mais, à en juger le tremblement dans son grognement, on sent qu’il ne reflète pas tellement de courage et de volonté à chasser ce camarade désormais inconnu. Cependant, Ulrich ne se laisse pas impressionner par le sac à puces et il commence à traverser, d’un pas lent, la chambre pour aller jusqu’à l’ordinateur. Odd continue de le suivre de son regard assassin et, au bout d’un moment, il se lève et s’apprête à quitter la pièce.
Alors qu’il était presque arrivé au petit poste informatique, Ulrich sent que Kiwi est sur le point de rassembler tout son maigre courage pour lui sauter dessus et le mordre. Et, en effet, en se retournant il constate que le clebs avait, déjà, ses pattes arrières recourbées, prêt à bondir sur sa proie. Mais, avant que ce dernier ne puisse accomplir son dessein, le beau brun glousse discrètement et lui lance un : « BOUH !!! » sec et violent, ce qui fait peur à Kiwi et le renvoie entre les pieds de son maître en jappant.
En regardant ce spectacle pitoyable, Ulrich ricane pour de bon, mais Odd n’a rien raté de la scène, autant qu’il n’a rien perdu de sa colère.

Odd, sur un ton menaçant J’te préviens, Stern ! La prochaine fois que tu brutalises mon chien, t’auras affaire à moi ! C’est clair ?

Ulrich, en continuant de ricaner Ouais, ouais, c’est ça ! Un p’tit maigrichon dans ton genre contre…

Odd, en vociférant HÉ ! TU M’APPELLES PAS COMME ÇA, PIGÉ !?

Ulrich cesse de rire, mais il a toujours un air sarcastique comme pour encourager Odd à la tentation.

Ulrich, sur un ton presque dédaigneux Qu’est-ce qu’il y a, Della Robbia !? Tu veux te battre !? Allez, viens, viens ! Je t’attends…

Il se met déjà en position de combat, grâce à ses techniques d’arts martiaux, mais Odd ne se laisse pas intimider…

Odd, sur un ton ironique Pff ! Laisse tomber ! J’ai mieux à faire que de traîner avec un pauvr’ type pareil et, en plus, dragueur à deux balles !

Et, avant qu’Ulrich n’ait le temps de répliquer, Odd fait signe à son chien de le suivre et referme violemment la porte derrière lui.
Ulrich pousse un profond soupir, puis il va s’installer devant l’ordinateur. Il attend quelques minutes, le temps que la machine démarre et affiche l’écran principal avec ses différents menus. Le moment venu, il se connecte à Internet et il commence à surfer tranquillement sur le web…

4)

Dans le grand parc du collège, Aelita erre sereinement entre les arbres, la tête perdue dans ses pensées. Elle repense encore à cette tragique Zizanie, et sa cruelle décision vis-à-vis de Jérémie… « Copains, et puis c’est tout ! » Voilà : c’était surtout sur Jérémie que ses pensées étaient tournées. Comment avait-elle pu lui dire une chose pareille ? Comment avait-elle pu osé détruire leur relation, à elle, toute seule, et d’une façon si cruelle ? Après tout, ce n’était pas la première dispute qu’ils avaient subi, même aussi grave… mais ce différend-là avait quelque chose de particulier, si hors du commun qu’Aelita ne savait toujours pas pourquoi elle avait dit pareille réplique. Peut-être dans la colère, à un moment où sa conscience était quasi-inexistante… mystère.
Soudain, elle entend des pleurs étouffés, mais presque aussi aiguës que ceux d’une petite fille. Intriguée mais méfiante, Aelita se dirige lentement vers la source de ces sanglots et, au détour d’un arbre… elle aperçoit Sissi. Elle était installée contre l’arbre en question et sa tête était cachée par ses bras croisés et ses jambes recroquevillés. C’était bien elle qui pleurait.
Aelita s’accroupit à côté d’elle et, tout doucement, elle caresse les longs cheveux noirs de Sissi, histoire de la réconforter…

Aelita, d’une voix douce Hé, Sissi ! Pourquoi pleures-tu comme ça ? Qu’est-ce qui se passe ?

Sissi relève doucement sa tête et se tourne vers Aelita, qui est de plus en plus avide de savoir. Les yeux de la chère petite princesse aux cheveux noirs brillaient dans la rare lumière qui passait entre les nombreuses feuilles de l’arbre, par l’intermédiaire des larmes qui coulaient doucement sur ses joues ou qui restaient près des yeux…

Sissi, d’une voix tremblante Il y a… il y a que personne ne m’aime, voilà ce qui se passe !

Aelita, hébétée Comment ça ? De quoi tu parles ?

Sissi, si troublée qu’elle peine à chercher ses mots Ben, déjà… déjà Odd avec cette… cette espèce de… et après, et après… Ulrich qui… qui veut pas…
(Ses pleurs commencent à redoubler dangereusement…)
Et vous… vous, qui vous vous entendez plus ! Vu qu’il n’y a… qu’il n’y a plus de bande, et… plus jamais, et…

Aelita, abasourdie et à deux doigts de rire aux éclats Qui t’a raconté pareille sornette ?

Sissi Ben, c’est… c’est Ulrich ! Il a dit… il a dit que maint… maintenant, c’est chacun pour soi, et que… et que l’ANAX va gagner quoi qu… quoi qu’il arrive, et que… qu’on s’entendra plus jamais, et…

À ce moment-là, Aelita tente quelque chose qu’elle n’avait encore jamais fait jusqu’à présent : alors que Sissi était sur le point de faire une autre crise de larmes, elle s’empresse de la prendre dans ses bras et de la serrer doucement contre son étreinte, tout en continuant de lui caresser les cheveux. Au-delà de sa mélancolie, c’est un profond ahurissement qui tente de se dessiner sur le visage de la pauvre Sissi : jamais cette princesse aux cheveux roses ne s’était comportée ainsi avec elle…

Aelita, en parlant comme une mère consolante Allez, ne pleure plus, maintenant ! Ce qu’Ulrich t’a dit, ce ne sont que des bêtises, je t’assure ! On traverse juste une mauvaise passe, en ce moment : ça peut arriver à tout le monde ! Mais, tôt ou tard, on sera à nouveau les meilleurs amis du monde, tu verras !
(Puis, en la regardant droit dans les yeux et en s’efforçant de sourire…)
Et, t’inquiète pas : tant que je suis près de vous, que vous soyez ennemis ou amis, je suis sûre que l’ANAX n’osera plus jamais venir me toucher, vu ce qu’on leur a fait subir sur Lyoko et que ces rares tentatives de kidnapping ont été, pour l’instant, réduites à l’échec ! Même si j’ai été très en colère contre vous-tous, le jour de la Zizanie, au fond je vous considère encore comme les meilleurs amis que je n’ai jamais eu, et je me sens en sécurité auprès de vous, que vous soyez plusieurs ou que vous n’en formez qu’un !

Sissi Snif ! Je me sens si seule !

Aelita Moi-aussi : je me suis profondément disputée avec Jérémie et, vu ce que je lui ai dit, je suis persuadée qu’il ne voudra plus m’adresser la parole pendant quelques temps. Mais, j’ai compris quelque chose, au moins : le monde n’est pas égal à Jérémie, comme je l’ai longtemps cru ! Il ne veut plus me parler ? Eh ben, tant pis : j’ai d’autres amis avec qui parler, de toute façon. Je suis sûre que tu n’es pas aussi classée qu’Odd, je me trompe ?

Sissi, en réfléchissant Euh… je crois que non. En fait, je crois que je fais juste la gueule à Odd, et… et c’est tout !

Aelita, contente Alors, tu vois ? Tu ne veux plus parler avec Odd ? Eh bien, libre à toi… mais tu as, quand même, encore d’autres amis avec qui tu peux parler et avoir confiance, non ?

Sissi, en souriant timidement Oui, c’est vrai.
(Mais, elle perd très vite son petit sourire…)
Mais… concernant Ulrich, je…

Aelita, en l’interrompant d’un geste Ulrich, je crois qu’on devrait le laisser tranquille, quelques temps. La dispute avec Odd et, surtout, Yumi a dû tellement le perturber… il vaut mieux lui laisser le temps de bien digérer sa colère, tout seul. Et puis, faut pas lui en vouloir : s’il ne veut pas sortir avec toi, faut pas le forcer ; je crois que tu ne voudrais pas encore perdre un de tes amis, non ?

Sissi, en soupirant et en marmonnant Ouais, t’as raison.

Maintenant, elle ne pleure plus. Aelita est fière d’elle. Elle dégage doucement Sissi de son étreinte, mais les deux filles se regardent toujours dans les yeux. Mais, cette fois, Sissi a retrouvé son timide sourire…

Aelita, en lui tendant la main Alors, toujours amies ?

Sissi, en la serrant chaleureusement Oui, toujours amies !

Les deux adolescentes, tout en se serrant la main, se mettent à rigoler joyeusement.
Elles ignorent que derrière un arbre, pas très loin de leur position, Odd les espionnait et qu’il a maintenant compris certaines choses…
*
Ulrich consultait une page sur Internet concernant les arts martiaux. Il voulait s’évader, ne plus penser à tous ses soucis, mais la terrible dispute avec Odd et Yumi était encore trop présent dans son esprit, et tous les arts martiaux du monde ne pouvaient lui effacer cette préooccupation. Il ne souhaitait qu’un miracle, un désir bien trop inatteignable…
Soudain, la page Internet sur les arts martiaux disparaît, laissant place à une autre page impossible à quitter. Elle avait un fond noir et tous était écrit en lettres rouges sang. Au centre de la page, en-dessous de la représentation d’une grande cité virtuelle avec une grande Tour en son centre, un gigantesque œil était dessiné sur un fond de code binaire, avec une faucille tortillée en guise de contour et une étoile blanche comme iris.

Ulrich, à lui-même, hébété Hein !? C’est quoi, ça ? Une communauté gothique d’informaticiens !?

Il tente, quand même, de fermer cette lugubre page, mais en vain.
En jetant un coup d’œil en tête de page, il peut lire en gros caractères :

« Association Nationaliste des Amis Xénophobes »

Ulrich, intrigué Bizarre ! Ça me rappelle quelque chose, ce nom-là !

N’écoutant que sa curiosité et sa colère contre ses amis, il oublie toute prudence et commence à ouvrir, une par une, les sous-pages du site.
C’était, sans nul doute, le site le plus sinistre qu’il n’avait encore jamais visité. Les textes étaient construits avec les mêmes lettres rouges sang et s’étendaient en des paragraphes presque interminables. De temps en temps, des photos malsaines étaient incorporées dans le texte, comme ce scientifique posant fièrement le pied et une faux sur le corps couché d’un pauvre homme défiguré, comme un brave chasseur posant sur son trophée de chasse, ou cette comparaison entre un homme habillé en blanc trônant comme Dieu et un autre homme habillé en paysan, autant poilu et sale qu’un singe et posant comme un bossu. De temps en temps, des slogans revenaient sous les images comme : « Notre but : construire un monde meilleur », « La science, c’est l’avenir de notre monde » ou encore « C’est la recherche qui fonde l’intelligence… ». Que des slogans à caractères discriminatoires… ou xénophobes, pour être précis.
Au lieu de quitter son ordinateur pour ne plus regarder pareil spectacle, Ulrich se rapproche de plus en plus de l’écran et comence à marmonner des paroles incompréhensibles, comme s’il était hypnotisé par son propre ordinateur. Malheureusement pour lui, des petits arcs électriques surgissent soudainement de l’écran et foudroient ses deux yeux. Cependant, la douleur ne lui fait pas beaucoup de mal ; à peine est-il pris par d’étranges convulsions…
Pendant quelques instants, il reste dans cette posture grotesque, à savoir le nez presque collé sur l’écran, puis il se redresse et, comme un somnanbule, il quitte la chambre…

5)

À la bordure du parc, William et Yumi sont couchés l’un sur l’autre, sur un banc, et ils sont en train de se bécoter avec plaisir.
Soudain, un bruissement de feuilles mortes écrasées comme de la paille sèche parvient jusqu’aux oreilles de William, qui interrompt brusquement son baiser et se tourne violemment vers la lisière du parc.
Mais, il n’y avait personne.

Yumi, intriguée Qu’y a t-il, mon Willy !?

William, un peu hébété Ben, j’ai cru que… oh, ça fait rien ! Sûrement un écureuil !Allez, on continue !

Tout en gloussant, Yumi resserre William contre son étreinte et les deux tourtereaux recommencent à s’embrasser presque furieusement.
Sur les branches de l’arbre qui abritait le banc des amoureux du soleil, l’inconnu, qui s’était presque trahi en écrasant les feuilles sous ses chaussures, observait le couple entre les branchages touffus. On devine presque un air de dégoût animer son visage mais, magré tout, on ne peut percevoir la lueur de ses yeux entre les feuilles. Entre ses mains, il tient avec difficulté un gros sac rempli de dizaines de choses sphériques.
En essayant de faire le moins de bruit possible, l’inconnu ouvre délicatement le sac et on découvre que les mystérieuses choses sphériques étaient, en fait… des pommes. Il en prend délicatement une dans chaque main et se retourne vers le couple, en restant du mieux qu’il peut sur sa branche grâce à ses jambes. Il se prépare à faire quelque chose avec ses pommes, attendant impatiemment le bon moment…
À quelque pieds en-dessous du mystérieux garçon, William et Yumi séparent leurs bouches à présent toutes humides, le temps de reprendre leur souffle : ils se sont embrassés avec tellement de passion qu’ils en sont tous essoufflés. Ils respirent si profondément qu’on a l’impression qu’ils émettent des râles mais, vu leur gaieté bien imprimée sur leur visage, ils sont encore en pleine forme, Dieu merci. Tous les deux se regardent droit dans les yeux, tout en souriant…

William, en murmurant Je t’aime, Yumi ! Je t’aime, depuis la première fois que j’ai posé les yeux sur toi !

Yumi, sur le même ton Moi-aussi, Willy-chéri, je t’aime depuis cette toute première fois ! J’aurais dû l’accepter beaucoup plus tôt, peut-être en aurait-on plus profiter de ces merveilleux moments…

William Bah, le passé, c’est le passé ! Ce qui compte, c’est le présent, et le fait qu’en ce moment, nous sommes tous les deux sur le même banc et que je suis allongé sur ton corps, pour t’embrasser de tout mon cœur, de toute mon âme !

Yumi, en rigolant Allez, beau ténébreux, dépêche-toi de finir ce que t’as commencé parce que, là, tu commences sérieusement à m’écraser !

William rigole à son tour et, presque sur-le-champ, sa bouche s’approche à nouveau de celle de Yumi, aussi lentement que possible comme pour accentuer le plaisir.
Alors que la bouche du beau ténébreux n’était plus qu’à un centimètre de celle de la belle Japonaise…
PAF !!!
Une des pommes de l’inconnu s’écrase violemment contre sa tête. Sous le choc, Yumi pousse un petit cri et William, un peu sonné, se redresse brusquement et se tourne vers l’arbre d’où devait venir la pomme. Il a maintenant perdu son sourire, instantanément remplacé par une rage sans nom.

William, en vociférant QUI EST-CE QUI M’A FAIT ÇA !? ULRICH, C’EST TOI !?

Comme pour lui répondre, une deuxième pomme s’écrase violemment contre sa tête puis, très vite, toute une série de ces fruits s’écrasent rapidement sur cette même cible comme une pluie de météorites.
Paniquée et un peu hébétée, Yumi s’empresse de s’abriter contre le dossier du banc mais, étrangement, aucune pomme ne vient s’écraser contre elle… du moins, pas d’une manière volontaire. Alors que William recule maladroitement et tente de prendre la fuite, tout en protégeant sa tête de cet essaim de pommes enragées.
Au bout d’un moment, alors qu’il venait juste de faire quelques pas vers les arcades, quelques pommes s’écrasent contre l’arrière de sa boîte crânienne… mais, cette fois-ci, le pauvre beau ténébreux s’effondre par terre, assommé net.
Yumi contemple le corps inanimé de son petit copain, horrifiée, pensant déjà à l’Inévitable. Au moment où ce corps s’est effondré contre le bitume, la terrible pluie de pommes s’est arrêtée instantanément.
Entre les branchages, le dégoût de l’inconnu a laissé place à une immense fierté.
Yumi se lève, enfin, du banc et se précipite vers William. Les larmes aux yeux, elle tente de le ré-animer, mais le pauvre adolescent est bien K.O. Elle a beau lui donner des petites claques, l’appeler d’une voix désespérée… mais en vain.
Soudain, Aelita apparaît et contemple ses deux amis, intriguée.

Aelita, hébétée Qu’est-ce qui lui est arrivé, Yumi ? Il a eu une insolation ?

Yumi, horrifiée Pire…
(Elle relève la tête et regarde son amie, aussi abasourdie qu’elle…)
Il est littéralement tombé dans les pommes !

C’était encore plus confirmé, grâce au fait que William s’était effondré entre toutes ses pommes.
Encore toute intriguée par cette drôle de situation, Aelita aide Yumi à porter William par les bras et, en usant de toutes leurs forces, les deux filles traînent le pauvre jeune homme vers l’infirmerie.
Quelques instants plus tard, l’inconnu atterrit au pied de l’arbre et regarde les filles en train de s’éloigner, avec un sourire démoniaque aux lèvres.
Bien entendu, ce mystérieux garçon n’était qu’autre… qu’Ulrich.
Mais, quelque chose n’était pas normal chez ce Ulrich à l’allure de démon. Il y avait un détail dérangeant, mais qui expliquait beaucoup de choses…
Ses yeux étaient noirs : plus d’iris, plus de pupille… plus rien, que le néant.

Ulrich et Yumi pour la vie !


Notre destin est entre nos mains... Tome I et II