6)

Quelques instants plus tard, Jérémie cherche sur ses radars (ceux qui représentent les différents Super-Calculateurs déjà connus par le Super-Scan dans le monde entier) la position exacte de ses amis…

Jérémie Ici, Jérémie, vous me recevez ?

Aelita, voix off On te reçoit cinq sur cinq, Jérémie !

Jérémie, satisfait et rassuré Bien. Alors, décrivez-moi le paysage : où vous êtes, cette fois-ci ?

William, voix off On est en plein dans la savane africaine, je crois ! C’est drôle : on dirait exactement celle de Broussavana !

À des milliers de kilomètres de là, les super-spectres d’Aelita, d’Ulrich, de William et de Yumi sont, en effet, au beau milieu des grandes plaines de la savane, sans doute comme le fait remarquer William, africaine. Les hautes herbes jaunâtres leur arrivent jusqu’à la taille mais, pour l’instant, ce n’est qu’un petit vent chaud qui les fait bouger. Nos quatre aventuriers sont sous un soleil radieux et, apparemment, il n’y a pas âme qui vive autour d’eux…

Ulrich, sur un ton malin Eh ben, dis donc, on ne risque pas de se marcher sur les pieds, cette fois ! Pas de visiteurs imprévus, comme la dernière fois !

Yumi, sur un ton méfiant Ouais, mais restons prudents, quand même ! On ne sait jamais !

William, qui passe son bras autour des épaules de sa copine T’en fais pas, ma chérie ! Je suis là pour te protéger ; aucun être vivant, qu’il soit humain ou animal, n’osera te toucher tant que je serai là !

Il fait quelques figues avec sa grande épée, pour confirmer ses dires. Yumi glousse un peu, et Ulrich tire discrètement la langue, en signe de dégoût.

Aelita, sur un ton également ironique, mais un peu inquiet Tant qu’il n’y a pas un prédateur, en ce moment, en embuscade, comme un lion ou quelque chose comme ça… !

Mais, elle a beau regarder dans tous les sens : tout semble être parfaitement calme et, surtout, désert.

William, sur un ton ironique En tout cas, vu la population du coin, c’est clair que c’est drôlement pratique de se cacher ici !

Jérémie, voix off C’est bon, je vous ai repérés ! Vous êtes quelque part dans les grandes savanes africaines, en Tanzanie, et à l’entrée d’une sorte de réserve naturelle abandonnée dont l’ANAX a pris possession, il n’y a pas si longtemps.

Ulrich Pour quoi faire !? Ils défendent la cause des animaux, maintenant !?

Jérémie, voix off et sérieuse C’est pas le moment de plaisanter, Ulrich ! Ces dernières années, il y a eu beaucoup de disparitions autour de cette réserve naturelle – du moins, ce qu’il en reste – surtout pour les tribus locales. À ce que l’on dit dans les légendes contemporaines de ces tribus-là, depuis que l’ANAX a racheté ces lieux, ce parc serait… hanté, ou quelque chose dans ce goût-là !

Yumi, sur un ton mi-béat, mi-agacé Cool ! Un nouveau mystère à résoudre ! Ça va être amusant !

Jérémie, voix off Ouais ben, en tout cas, c’est pas le moment de s’attarder là-bas pour faire un safari-photo ! Comme d’habitude, vous chercherez le Super-Calculateur du coin pour le détruire et, de ton côté, Aelita, tu pourras faire quelques recherches rapides dans les archives de la base, s’il y en a ! On pourra en profiter pour tester notre nouveau programme de stockage de données piratées !

Aelita, un peu à part Ouais, en espérant qu’il va fonctionner correctement… !

Jérémie, voix off Mais, faudra faire vite : n’oubliez pas qu’Odd est tout seul à surveiller le Skid et, si cette réserve est vraiment hantée…

William Bah, t’inquiète ! En deux temps, trois mouvements, ça sera fait !

Yumi, en regardant autour d’elle Et d’ailleurs, où est-ce qu’elle est, cette réserve ? On est dedans ?

Jérémie, voix off Non, mais vous en êtes pas très loin. Je vais vous guider.
*
Pendant ce temps, Odd a débarqué sur la terre ferme et, pour tuer le temps, il s’installe près du point d’eau, pas très loin de la Tour où est amarré le Skid, et jette quelques cailloux dedans.
Comme sur Lyoko, ce point d’eau n’est qu’une fine pellicule : en la traversant, les cailloux tombent droit dans la Mer Numérique.

Odd, sur un ton ironique C’est dommage ! J’aurais bien voulu y piquer une tête – même si c’est là-dedans que les animaux boivent !

Tout en jetant ses cailloux, il contemple autour de lui les magnifiques paysages de Broussavana…

7)

Après quelques minutes de marche, les lyoko-guerriers se retrouvent devant une immense barrière de grilles électrifiées de plusieurs mètres de haut, d’après les quelques panneaux posés ici et là, fixées dans un épais mur en béton. Cette frontière doit, sans doute, être le périmètre d’ un vaste domaine de plusieurs centaines de kilomètres carrés. Devant nos héros, il y a une gigantesque porte également grillagée et électrifiée qui ne doit s’ouvrir qu’avec un bon code inséré dans le petit digicode, placé sur une petite colonne en béton à côté du petit chemin menant à la porte. Et, juste au-dessus de la porte encore fermée, il y a une grande pancarte en bois où il est écrit, en grosses lettres rouges comme le sang : « SAFARIC PARK ».

William, intrigué Safaric Park !? C’est drôle… ça me fait trop rappeler ce film avec les dinosaures : Jurassic Park !

Yumi, méfiante En effet… quelle coïncidence !

Au-delà des grilles et de la porte, il n’y a que les hautes herbes de la savane qui poussent de façon touffue et, au milieu de tout ça, le petit chemin en cailloux qui commence après la porte et qui serpente entre cette végétation sauvage. Il y a aussi quelques arbres caractéristiques de la région et, sans doute, des points d’eau cachés par les hautes herbes… c’est comme si on avait tout bêtement posé cet immense grillage comme ça, en pleine nature sans toucher à quoi que ce soit.

Ulrich, qui observe attentivement la porte grillagée Et, comment on fait pour entrer là-dedans ? D’après les panneaux, tout est électrifié !

Aelita Attendez quelques instants !

Elle se place devant la petite colonne en béton et pose ses mains bien à plat sur le digicode. Là, elle fait appel à son don de création et, quelques instants plus tard, tous les voyants du digicode affichent vert.
Les deux battants de l’immense porte s’ouvrent en grinçant, sous les yeux stupéfiés et émerveillés des trois autres lyoko-guerriers.

Aelita, en se tournant vers les autres et sur un ton ironique Bienvenue à Safaric Park !

À part Aelita qui a le sourire aux lèvres, les trois autres sont très inquiets et très méfiants, et c’est d’un pas timide qu’ils entrent dans ce fameux Safaric Park, en suivant leur amie sur le petit chemin en cailloux.
Une fois qu’ils ont passé la porte, cette dernière se referme dans un grand bruit. Ulrich, William et Yumi, leurs mains près de leurs armes au cas où, ne sont plus du tout rassurés, mais ils continuent quand même.
Dans le labo, Jérémie peut suivre ses amis translatés grâce aux radars du parc, qu’il vient de pirater sur Internet…

Jérémie, en comparant radars du parc et radars du monde virtuel Bon, ça va. Tout a l’air calme, des deux côtés ! Ça a l’air… beaucoup trop calme !
*
Sur Broussavana, Odd est maintenant en train de faire les cent pas devant la Tour pour tuer son attente plus ou moins angoissante. Il se demande, à tout instant, comment vont ses amis…

Odd Dis donc, Einstein, comment vont nos aventuriers ? Ils n’ont toujours pas fait de mauvaises rencontres ?

Jérémie, voix off Non, pas l’ombre d’un monstre ! Et, chez toi non plus, d’ailleurs ! Est-ce que tu… sens, quand même, quelque chose ?

Odd, en se concentrant Non, mes sens me disent que tout va bien ! C’est bizarre, hein !?

Jérémie, voix off et soupçonneuse Ouais… trop bizarre !
*
Encore quelques minutes de marche sans rien à signaler. Tout est absolument calme autour d’eux ; pourtant, Ulrich, William et Yumi ne baissent pas leur garde pour autant, bien au contraire…

Yumi, d’une voix ombrageuse Je ne sais pas pourquoi, mais ça me semble trop facile, ça ! J’ai l’impression qu’il y a un piège, quelque part !

Ulrich, en acquiesçant Ouais, moi-aussi, j’ai cette impression ! Je crois que ça va faire vraiment mal, le moment où l’ANAX va nous tomber dessus !

William, en ricanant Oh là, là ! C’est à croire que vous ne semblez pas profter de l’instant présent ! Moi, à mon avis, il n’y a pas de vrai danger, dans ce fichu parc ! L’ANAX s’est juste amusée à foutre les boules aux gens, avec des légendes à dormir debout, et voilà !

Pourtant… il a tort de penser ainsi.
Derrière eux, les hautes herbes commencent à bouger… mais pas à cause du vent. On voit des choses de couleur fauve suivre les lyoko-guerriers, par dizaine de chaque côté du petit chemin, en se faufilant dans les hautes herbes le plus discrètement possible…
*
Sur Broussavana, Odd entend, tout à coup, un gros :
BAOUM !
Puis, toute une série, avec un intervalle régulier de quelques secondes tout au plus. Il arrête soudainement de faire ses pas et se retourne doucement, le visage pétrifié par la terreur. Et, ce qu’il voit… est bien ce qu’il craignait : devant lui, le point d’eau naguère calme est soudainement pertubé par des séries d’ondes à intervalle régulier.
Horrifié, il lève doucement la tête vers la forêt tropciale, au centre du Territoire. Déjà, les arbres à la lisière de la forêt commence à trembler de façon inquiétante. Les pas se font de plus en plus rapprochés, et l’on entend maintenant une respiration très rauque, comme venant d’un très gros monstre…

Odd, à lui-même Ho ! ho ! Je crois que le comité d’accueil va être du genre très coriace !



Après une dizaine de minutes de marche environ, les lyoko-guerriers arrivent devant une petite forêt tropicale, mais bien touffue avec une canopée assez dense. Elle est si touffue que le petit chemin en cailloux, qui s’enfonce dedans, a l’air d’être plongé dans les ténèbres. Une raison de plus pour inquiéter nos héros…

Ulrich Je sais pas pour vous, mais elle ne me dit rien qui vaille, cette forêt !

William, sur un ton ironique et moqueur Alors, c’est qui, le trouillard, maintenant ?

Il lui bousucle l’épaule pour bien le taquiner, sous les gloussements de Yumi…

Ulrich, agacé et un peu furieux Oh, ça va ! Lâche-moi, maintenant !

Aelita De toute façon, on n’a pas tellement le choix. D’après Jérémie, le laboratoire se trouve juste de l’autre côté de cette forêt. On va être donc obligé de la traverser.

William fait déjà le premier pas et, comme cette forêt lui apparaît aussi calme que la petite savane qu’ils viennent de traverser, il se retourne et contemple ses amis avec un air un peu arrogant…

William Alors, vous voyez ? Franchement, vous n’avez aucune raison d’avoir peur ! Je vous l’ai dit : il n’y a absolument rien dans ce Safaric Park ! L’ANAX doit être bonne joueuse, vous savez, et…
(Mais, soudain, il passe rapidement de la fierté à la peur et il se met en garde avec sa grande épée…)
FAITES GAFFE ! DERRIÈRE VOUS !!!

Ulrich a juste le temps d’esquiver… un laser argenté. Aelita, Ulrich et Yumi se retournent, ces deux derniers dégainent aussitôt leurs armes, et découvrent leurs agresseurs.
Il y a, devant eux, une bonne vingtaine de… Foxxies, en chair et en os, qui barrent complètement la route. Ils ont l’air aussi menaçants et agressifs que dans la réalité virtuelle et, déjà, quelques uns d’entre eux recommencent à mitrailler nos héros tout en avançant dangereusement avec leurs congénères.
William rejoint la ligne formée par Ulrich et Yumi, juste devant Aelita, mais les trois lyoko-guerriers sont juste réduits, pour l’instant, à renvoyer les lasers argentés. Pendant ce temps, les Foxxies continuent toujours d’avancer, forçant les lyoko-guerriers à reculer…

William, hébété Eh ben, jamais je n’aurais cru ça ! Que l’ANAX ait pu réussir à matéraliser ses Foxxies et à les enfermer dans ce parc !

Ulrich, sur un ton ironique et un peu sarcastique Alors, hein !? Heureusement qu’il n’y avait absolument rien ici, Monsieur-Je-Sais-Tout ! Il y a, au moins, un point où je suis d’accord avec toi : c’est parfait pour terroriser les gens, ces bestioles-là !

Yumi, qui a du mal à repoiusser les tirs Et quelque chose… me dit qu’ils ne doivent… pas être les seuls, ici !

Elle aura, malheureusement, raison par la suite…
*
Sur Broussavana, de nombreux arbres appartenant à la lisière de la forêt s’effondrent dans un grand fracas, dévoilant le monstre (qui devait, sans doute, être le Boss de ce Territoire) dans toute sa splendeur.
Pétrifié devant la Tour, Odd n’en croit pas ses yeux…

Jérémie, voix off Hé, Odd ! J’ai sur mes radars un énorme monstre qui se dirige vers toi ! Comment est-il ?

Odd Plutôt… inattendu !

À quelques mètres de lui, du haut de ses deux énormes pattes postérieures, le monstre le fixait de ses yeux assassins. Même si dans la réalité son espèce est (ou, plutôt, était) imposante, cet individu a, quand même, des dimensions bien trop disproportionnées – Odd n’ose même pas imaginer la quantité d’énergie phénoménale ayant servi à faire vivre cette bestiole. Même ses petits bras griffues et sa queue sont beaucoup plus grands que la normale. Il a des écailles en bronze, avec quelques éclats d’émeraude ici et là, et ses yeux ressemblent de loin à deux gros marbres. Il a des dents aussi aiguisés que des couteaux de boucher, et tellement grandes qu’elles dépassent pour la plupart de son immense bouche en forme de U. Son dos est presque à l’ horizontale et, malgré ses incroyables dimensions, il ne semble avoir aucun mal à supporter toute cette masse titanesque.
Non, Odd ne rêve pas…

Odd, essayant d’ironiser malgré sa terreur Dis, Einstein, je ne suis peut-être pas très bon en biologie… mais je crois me souvenir qu’il y a des millions d’années, maintenant… que le Tyrannosaure a disparu de la surface de la Terre !

Dans le labo, Jérémie est aussi abasourdi par la situation…

Jérémie, hébété Euh… ben, ouais ! Mais, tu sais bien qu’avec l’ANAX, tout est possible ! Tu crois pouvoir le vaincre, tout seul ?

Sur Broussavana…

Odd, qui se met en garde C’est clair que j’aurais préféré quelque chose de moins… gigantesque, comme un gros méchant lion par exemple ! Mais, t’inquiète : j’essayerai de faire l’impossible, s’il le faut ! Envoie-moi juste l’Overboard, j’en aurai besoin !

Jérémie, voix off Il arrive tout de suite !
*
Pendant ce temps, les Foxxies continuent toujours de s’acharner sur nos héros. Bien entendu, ces derniers tentent de contre-attaquer : Yumi envoie ses éventails, Aelita ses champs de forces, et Ulrich et William renvoient les lasers argentés avec leurs épées. Pour l’instant, les éventails et les champs de force roses ont, déjà, détruits quelques Foxxies, mais les survivants contraignent toujours les lyoko-guerriers de reculer, de plus en plus, vers la forêt.

Ulrich, intrigué C’est bizarre ! Pourquoi nous poussent-ils vers la forêt, justement !?

Quelques instants plus tard, Aelita se retourne et…

Aelita, horrifiée Pour mieux nous détruire !

Yumi se retourne et, comme Aelita, elle découvre une bande de cinq Makacqs faire leur apparition, en se balançant d’arbre en arbre et en les mitraillant également. Du coup, nos héros s’organisent très rapidement : les garçons s’occupent des Foxxies, les filles des Makacqs.
Ulrich et William, après avoir passé trop de temps à juste repousser les tirs, s’adressent un hochement de tête avant de foncer dans la gueule du loup, comme des enragés. Pour plus d’efficacité, Ulrich active son Triplicata et William balance sa grande épée dans tous les sens, et de toutes ses forces…
Ils parviennent à passer entre la pluie de lasers argentés, et ils détruisent tous les Foxxies qui se trouvent sur leur chemin.
Pendant ce temps, les éventails de Yumi et les champ de forces d’Aelita prennent, maintenant, les Makacqs en chasse. Ces derniers semblent être aussi dangereux que dans la réalité virtuelle mais, heureusement, ils n’ont rien perdu de leur stupidité.
En peu de temps, les cinq Makacqs sont détruits… mais d’autres surgissent de la cime touffue des arbres, avec plus de rage de vaincre.
Après avoir détruit tous les Foxxies (ça a, quand même, coûté les deux répliques d’Ulrich), les deux garçons s’arrêtent un instant, le temps de reprendre leur souffle. Malheureusement, les hautes herbes bougent à nouveau et, cette fois, ce sont… des Gazelles qui apparaissent, plus agressives que leurs petits cousins fennecs. Déjà, Ulrich et William ont plus de mal à repousser leurs lasers argentés, si bien qu’ils sont obligés de se replier pour rester en vie. Les Gazelles (cinq, au total) en profitent pour avancer vers eux…
Aelita et Yumi étaient occupées à recommencer leurs exploits, quand leurs amis s’emparent, chacun, violemment des mains de chacune pour les entraîner en plein dans la forêt… et dans la pluie des lasers des Makacqs.

William, en hurlant aux éclats ALLEZ, FAUT PAS RESTER ICI ! ON VA SE FAIRE TUER !

Ulrich, sur le même ton FICHONS LE CAMP D’ICI !!!
*
Sur Broussavana, les affaires ne vont pas très bien, non plus. Après s’être fait les présentations avec leurs regards assassins, le Tyrannosaure fonce à pleine vitesse, la gueule grande ouverte (étrangement, il ne tire pas de lasers), vers Odd, qui fait de même sur son Overboard. Tout en fonçant vers le monstre presque imprudemment, l’homme-chat déverse sur lui une pluie phénoménale de flèches lasers… mais les petites flèchettes s’écrasent sur l’épaisse couche d’écailles du T-Rex sans lui faire beaucoup de mal.

Odd, en marmonnant Ouais, ben, c’est pas gagné ! Je vais tenter autre chose !

Une fois à hauteur du monstre, il se met à tournoyer autour de lui et essaye de tirer des flèches lasers soit sur ses yeux, soit dans sa gueule. Le Tyrannosaure tente de le manger… mais Odd est bien plus agile et plus rapide que lui : il est donc aussi énervant qu’un moucheron…
*
Dans le labo, Jérémie commence vraiment à paniquer…

Jérémie, sur un ton pressant Aelita, Ulrich, William, Yumi ! Vous n’êtes plus très loin de votre but, maintenant ! Après que vous serez sortis de la forêt, il faudra encore traverser une petite savane et, au bout du chemin, vous trouverez le labo sur un petit îlot artificiel !

Sur Broussavana, nos héros sont toujours en train de suivre le petit chemin en caillou, en courant le plus vite possible…

Ulrich, d’une voix essoufflée Ouais… une fois qu’on… qu’on se sera déb…. débarrassé de notre comité d’accueil !

Derrière eux, les Gazelles et les Makacqs sont toujours à leurs trousses, et les lyoko-guerriers ont de plus en plus de mal à maintenir une certaine distance entre eux et les monstres. Bien entendu, les filles tentent de riposter, mais ce n’est pas tellement efficace : les éventails ne détruisent que deux Makacqs et les champs de force n’annihilient que deux Gazelles. En effet, les monstres esquivent trop facilement les projectiles, surtout les Makacqs qui se balancent de liane en liane…

William, d’une voix essoufflée également Jé… Jérémie, vu c… comme c’est parti, je… je crois que… qu’on n’y arrivera pas !

Dans le labo…

Jérémie, sur un ton exhortant Il le faut, les amis ! Il le faut !
*
Odd est toujours en train de tourner autour du T-Rex, lui donnant presque le tournis. Malheureusement, il a tiré bon nombre de flèches lasers et, au bout d’un moment… il se retrouve à sec.

Odd, gêné Oups ! Jérémie, recharge-moi !

Jérémie, voix off OK ! Attends juste quelques secondes !

Odd Ça va être long, quelques secondes ! Mais, bon…

Il continue de tourner autour du monstre mais, malheureusement, ce dernier commence vraiment à s’énerver et ses coups de mâchoires sont plus violentes, plus précises…. Odd prend donc davantage ses distances avec le monstre, mais il tente toujours de l’éloigner du Skid le plus loin possible. Et, pour l’instant, ça a l’air de porter ses fruits… mais, jusqu’à quand, encore ?
CCLLLLLLAAAAAAAAAAAAAAAAAAACCCC !!!
Encore une fois, Odd évite de justesse la gueule du monstre, en se baissant juste à temps. Il reprend un peu plus d’altitude…

Odd Dis, Einstein, c’est quand tu veux ! Je ne vais plus tenir comme ça, très longtemps !

Jérémie, voix off Je fais ce que je peux ! Tiens encore quelques instants !

Odd Quelques secondes !? T’es marrant, toi ! C’est qu’il est coriace, le… NNOOOOOOOOOOOONNNN !!!

Il n’a vu que trop tard l’énorme queue du monstre qui fonçait droit sur lui.
Cette dernière ne fait pas de détail : elle dévirtualise l’Overboard… et Odd.
*
En plein cœur de Safaric Park, les lyoko-guerriers sortent, enfin, de la forêt infernale. Ils s’arrêtent quelques instants pour reprendre leur souffle et, en même temps, Aelita et Yumi détruisent les derniers Makacqs qui les poursuivaient, et Ulrich et William lancent, chacun, leurs épées sur les trois Gazelles restantes.
C’est bon : plus de monstres les menacent… pour le moment.

Ulrich, sur un ton ironique Je comprends, maintenant, ce que les héros de Jurassic Park ont dû ressentir, lorsqu’ils étaient poursuivis par les dinosaures !

William, à Ulrich, sur le même ton Vu les bestioles qu’on a affronté, je crois que je préfère encore de loin les dinos !

Les deux garçons rigolent à la vanne…

Jérémie, voix off Dans ce cas, vous n’allez pas être déçus, les gars ! Odd vient d’être dévirtualisé, et il y a un énorme Tyrannosaure qui menace le Skid !

Aelita, Ulrich, William et Yumi, abasourdis QUOI !?

Jérémie, voix off Oui, vous m’avez bien entendu ! Un Tyrannosaure ! On n’a plus le choix : il faut, au moins, que l’un d’entre vous revienne à bord du Skid pour le défendre ! Et, je préfère que ce soit toi, William !

William, hébété et outré Hein !? Mais, pourquoi moi ?

Jérémie, voix off Au moins, avec ta grande épée tu seras plus de taille à affronter ce T-Rex ! Et puis, d’après mes radars… je vois que vous n’avez plus de monstres qui vous menacent !

William, incrédule Mais… mais…

Son regard méfiant se tourne aussitôt vers Ulrich. Ce dernier tente d’avoir l’air le plus innocent possible…

Ulrich, sur un ton sincère T’inquiète, je ne lui ferai rien ! Je te le jure, parole de lyoko-guerrier !

William, à Ulrich, sur un ton un peu menaçant Ouais, ben, y a intérêt ! Parce que, sinon…

Yumi, en allant le câliner Si jamais il me fait quelque chose, je te préviendrai tout de suite, et puis… t’en fais pas, Willy-chéri : je sais, quand même, me défendre toute seule !

William, hésitant Tu… tu en es sûre ?

Yumi, en acquiesçant Certaine !

William hésite encore quelques instants, son regard méfiant allant de Yumi à Ulrich, mais, finalement, sous les caresses de Yumi et l’air sincère d’Ulrich…

Jérémie, voix off William ! Le temps presse !

William, à Ulrich Au moins, t’es prévenu, toi !
(Puis, en levant la tête en l’air…)
C’est bon, Jérémie, tu peux me détranslater !

Jérémie, voix off et satisfaite Parfait ! Alors… détranslation, William !

Ce dernier s’évapore dans une forte détonation…
*
… et réapparaît en un seul morecau dans son Navskid.

Jérémie, voix off Allez, William, réveille-toi ! Vite !

Ce dernier ouvre soudainement les yeux et regarde droit devant lui. Il voit très nettement le Tyrannosaure en bronze s’approcher doucement du Skid, avec une mine apparemment fière, en faisant trembler le sol sous ses immenses pattes.
Quelques instants plus tard, le beau ténébreux de la bande débarque sur le sol de Broussavana et se met en garde avec sa grande épée. Il regarde le dinosaure s’approcher avec des yeux perçants…

William Jérémie, il faudra m’envoyer l’Overbike !

Jérémie, voix off Il arrive… !

Et, quelques instants plus tard, en effet, l’Overbike argenté se matérialise devant son maître. Ce dernier l’enfourche et fonce plein gaz vers le monstre, qui se prépare à l’affronter…
*
Pendant ce temps, Aelita, Ulrich et Yumi continuent de suivre le petit chemin en cailloux. Autour d’eux, la savane a repris ses droits avec ses grandes herbes et ses rares arbres mais, en contrebas de la petite colline où ils se trouvent, ils peuvent apercevoir le fameux labo de l’ANAX construit sur son petit îlot. Il a des allures de bâtiment futuriste, avec ses murs en métal réfléchissant pleinement la lumière et ses grosses fenêtres en forme de hublots ici et là. Il ressemble presque à un bunker, ré-arrangé pour ressembler plus ou moins à une partie d’avion long-courrier, et on ne peut y accéder que par quelques petits ponts en bois (assez futuriste, eux-aussi) enjambant le grand fossé rempli d’une eau presque parfaitement bleue. Ce fossé, étrangement, n’est alimenté par aucun ruisseau : l’eau doit, sans doute, venir des sous-sols pour aller remplir cette immense tranchée tout bêtement creusée, comme à l’époque pour défendre les châteaux-forts.

Aelita, le sourire aux lèvres C’est bon, on n’est plus très loin de ce fichu labo ! On sera, bientôt, sorti de ce cauchemar !

Yumi, sur un ton un peu plus inquiet Tant mieux ! J’espère que mon Willy-chéri arrive à se battre contre ce Tyrannosaure, sur Broussavana… !

Ulrich, en lui tapotant l’épaule, pour la rassurer T’en fais pas ! Avec sa grande épée, il a déjà moins à craindre que notre cher Odd !

Bizarrement, il fait signe à Aelita de prendre un peu d’avance sur eux-deux puis, une fois qu’elle est assez loin (un ou deux mètres, pas plus), il souffle un bon coup et se penche un peu vers Yumi…

Ulrich, en lui chuchotant En fait, Yumi… je peux te poser une question, juste comme ça ?

Yumi, en se tournant vers lui, intriguée Qu’est-ce qu’il y a ?

Ulrich, un peu hésitant C’est que… il y a une question qui me tourmente depuis… pas mal de temps !
(Il semble vouloir se récalcitrer mais, devant le regard insistant de Yumi…)
Euh… ne m’en veux pas, mais… aimes-tu vraiment William ?

Yumi, abasourdie Hein !? Comment ça ? Mais…
(Elle se retient pour ne pas rigoler aux éclats…)
… oui, bien sûr que je l’aime, de tout mon cœur ! Pourquoi tu me poses cette question ?

Ulrich C’est que, vois-tu… je, euh…

Yumi, qui commence à s’impatienter Bon, c’est quoi, ton problème ? Accouche !

Ulrich, qui se sent rougir Je… je sais pas comment te l’avouer, mais…

Mais, Yumi semble l’avoir très bien compris, et elle commence à voir un peu rouge…

Yumi, un peu furieuse C’est bon, j’te vois venir ! Et, autant te le dire tout de suite, Ulrich : tu te fais vraiment des illusions !

Ulrich, incrédule Quoi !? Oh, euh… non, pas du tout ! C’est pas ce que tu crois !

Yumi Vraiment !? Est-ce que t’as oublié, par hasard, qu’entre nous c’est toujours : « Copains, et c’est tout ! »

Cette phrase semble donner un violent coup de poing dans la poitrine d’Ulrich, qui grimace…

Ulrich Non, bien sûr, mais…

Yumi, sur un ton sévère Écoute-moi bien, Ulrich ! Je te considère maintenant comme un copain, je sors maintenant avec William… et ça s’arrête là, OK ? J’ai horreur de revenir sur mes décisions, est-ce que tu peux le comprendre, ça !? Si t’es juste rester ici, avec moi, pour tenter de te racheter, eh ben c’était pas la peine ! Et puis…

Aelita Navrée d’interrompre vos histoires de cœurs, mais on a encore de la compagnie !

Elle lève le doigt au ciel. Une escadrille de Mégapiafs foncent droit sur eux, en tirant déjà leurs lasers argentés. Ulrich et Yumi dégainent, en même temps, leurs armes et, avec Aelita, ils se mettent à nouveau à courir vers le labo en se protégeant, au mieux, des lasers argentés.
Au moment où ils sont à la même hauteur que les Mégapiafs, Yumi et Aelita lancent leurs armes, qui ne détruisent que quelques uns seulement. Ceux qui restent font un magnifique demi-tour et se lancent aux trousses des lyoko-guerriers, qui se précipitent toujours vers le labo…
*
Sur Broussavana, William arrive, aussi, à la hauteur du monstre. Ce dernier s’arrête en pleine course et tente de le croquer. Mais, William esquive la mâchoire sans trop de difficulté et, au bout d’un moment, il tient sa grande épée prête à frapper.
En arrivant aux pattes postérieures de la bestiole…
CCCCRRRRRRRAAAAAAAAAAAAAAAAACCCCCCC !!!
William frappe de toutes ses forces, en laissant une profonde entaille au niveau du talon de chaque patte. Le T-Rex pousse une plainte affreusement déchirante… mais il ne disparaît pas et, en plus, les entailles semblent se refermer toutes seules.

William, hébété Hein !? Je comprends pas ! J’aurais pu lui couper entièrement les pattes, là !

Jérémie, voix off Ouais, mais tu lui as quand même fait perdre quarante points de vie d’un coup !

William, en marmonnant C’est fou comme ça m’encourage !

Il s’arrête en pleine course, fait un demi-tour sur place, et repart à l’attaque…
*
Aelita, Ulrich et Yumi sont bientôt au labo, mais les Mégapiafs les menacent toujours. Et, ni les éventails de Yumi, ni les champs de force d’Aelita n’arrangent la situation.
Soudain, un des grands rapaces se détache du groupe et plonge en piqué, d’une façon majestueuse, vers le petit groupe d’amis. Il évite les deux éventails de Yumi… et ses serres se referment sur les épaules d’Aelita, avant de re-décoller en tenant fermement sa proie…

Ulrich et Yumi, horrifiés AELITA !!!

Les deux amis s’arrêtent brusquement en pleine course et font face aux Mégapiafs restants, qui s’empressent de les encercler.
Celui qui a capturé Aelita a de plus en plus de mal à voler vers on se sait où. En effet, la jeune fille aux cheveux roses n’arrête pas de se débattre, ce qui fait osciller dangereusement le grand rapace… mais, rien à faire : le grand oiseau-prédateur tient toujours bon.
Au bout d’un moment, Aelita perd patience et…

Aelita, d’une voix furieuse Désolée, mais je ne joue plus !

Elle lance un champ de force sur le Mégapiaf, qui pousse un hurlement d’agonie… avant d’exploser en milliards de pixels. Et, Aelita active à temps ses belles ailes roses, pour ne pas s’écraser violemment sur le sol.
Elle fait immédiatement demi-tour et vien prêter main forte à ses deux amis. Ces deux derniers sont soulagés de la voir ré-apparaître. À eux-trois, ils parviennent à réduire rapidement l’escadrille à néant… à quelques survivants près.
Aelita se pose à côté de ses amis.

Ulrich, d’une voix claironnante Yumi, fonce avec Aelita vers le labo ! Je m’occupe de ces deux derniers !

Yumi acquiesce, et les deux filles reprennent leur course effrénée vers le petit îlot. Un des deux Mégapiafs s’en aperçoit et commencent à les mitrailler sans pitié… mais, heureusement, il est détruit par un des sabres d’Ulrich lancé par ce dernier.
Enfin, peu de temps après, Ulrich active son Super-Sprint et saute droit sur le rapace restant. Il plante son deuxième sabre en pleine tête… mais le Mégapiaf a dégainé un laser argenté en même temps.
Résultat : le monstre disparaît… et Ulrich est renvoyé dans son Navskid, inconscient.
*
Enfin, après une course épuisante à rebondissements incessants, Yumi et Aelita sont sur l’un des ponts menant au labo. Elles s’arrêtent pour reprendre leur souffle, mais Yumi voit tout à coup des remous inquiétants dans l’eau…

Yumi, agacée Oh, c’est pas vrai ! Je commence à en avoir assez ! Cours, Aelita !

Les deux filles recommencent à courir le plus vite possible sur le pont, qui tremble sous leurs pas. À quelques pieds sous elles, les remous sont de plus en plus imposants et… tout à coup, deux énormes monstres surgissent de l’eau dans un grand fracas.
Deux Krokrodils.
Ces derniers tirent leurs lasers argentés sur-le-champ. Aelita l’esquive et parvient à poser le pied sur l’îlot en première. Juste à temps car, à cause des lasers argentés, le pont commence à se détruire sous les yeux horrifiés de la jeune fille aux cheveux roses…

Aelita, d’une voix désespérée et un peu sanglotante YUMI !!!

Mais, le spectre de la pauvre Japonaise a été détruit par un laser argenté, il y a très peu de temps déjà. Le pont n’existe plus, maintenant, et les deux Krokrodils se tournent vers Aelita pour la mitrailler.

Jérémie, voix off et horrifiée VITE, AELITA, CACHE-TOI !!!

Elle ne se le fait pas répéter deux fois. Sous la pluie de lasers argentés, elle défonce la porte blindée du labo avec ses champs de force et parvient à s’y cacher.

9)

Une nouvelle fois, William parvient à infliger une nouvelle entaille très profonde sur chacune des pattes du T-Rex, qui pousse une nouvelle plainte déchirante qui fait trembler tout le Territoire. Mais, cette fois, son énorme mâchoire apparaît, grande ouverte, juste devant le beau ténébreux. Ce dernier, horrifié, a juste le temps de sauter de sa bécane, avant que cette dernière ne disparaisse dans la gueule du monstre.

William, embarrassé Oh, génial !

Il se remet en garde avec son épée et prend son courage à deux mains, pour aller frapper à nouveau les pattes du Tyrannosaure. Mais, ce dernier ne veut pas se laisser vaincre comme ça, et il plonge avec sa mâchoire grande ouverte dès que possible. À chaque fois, William l’esquive ou la repousse en frappant avec sa grande épée (qui trouve, malheureusement, le sol à chaque fois) et, au bout de quelques instants assez éprouvants, il arrive près des pattes. Deux entailles de plus, et c’en était fini de ce monstre…
Mais, ce dernier agite son immense queue, qui frappe violemment William au niveau de la poitrine. Le pauvre lyoko-guerrier, bien avant qu’il n’ait eu le temps de commettre son geste fatidique, est projeté brusquement dans les airs et s’écrase contre la coque du Skid, avant de retomber lourdement sur le sol. Il en a le souffle coupé, et se relève avec difficulté. Pendant ce temps, le T-Rex reprend sa progression vers le vaisseau…

William Jérémie, il me reste combien de points de vies ?

Jérémie, voix off Plus des masses, malheureusement !

William Tu peux pas dire aux autres de se grouiller ? Je ne vais plus tenir longtemps, là !

Comme pour répondre à son souhait, une main se dépose délicatement sur son épaule. William sursaute et se retourne…
C’est Ulrich.

Ulrich, le sourire aux lèvres Besoin d’aide, mon pote ?

William, hébété Mais, comment… !? T’as été… !? Oh, peu importe ! Pour sûr que j’ai besoin d’aide ! Ce monstre paraît invincible !

Ulrich, en regardant le monstre s’approcher Peut-être bien mais, à ce que j’ai entendu, tu lui as fait perdre pas mal de points de vie, déjà !

William Ouais, mais…

Jérémie, voix off Désolé de vous interrompre, mais vous avez des Makacqs en approche, qui viennent de la forêt !

Entre les gigantesques pattes du monstre, les deux lyoko-guerriers aperçoivent nettement une petite bande de Makacqs sortir de la forêt et se précipiter droit sur eux, en courant sur leurs quatre pattes.

Ulrich, en regardant les nouveaux monstres Bon, ça change toute la donne, là !
(Puis, en se tournant vers William…)
Je m’occupe des Makacqs. Toi, essaye d’achever ce T-Rex une bonne fois pour toutes ou, du moins, essaye de le distraire jusqu’à que je puisse te prêter main forte !

William acquiesce, ce qui fait sourire Ulrich.

Ulrich, en levant la tête en l’air Einstein, on aura besoin de nos bécanes !

Jérémie, voix off Ouais mais, cette fois, prenez-en bien soin !

Quelques instants plus tard, les deux Overbikes se matérialisent devant leurs maîtres, qui les enfourchent aussitôt. Après un dernier hochement de tête, les deux lyoko-guerriers foncent vers leurs cibles respectives…
*
Aelita traîne, à présent, dans les couloirs délabrés du laboratoire. Ils sont tous noyés dans la poussière et la végétation et, de chaque côté des couloirs, il y a plusieurs portes fermées et condamnées par des digicodes menant à des petits labos différents. La jeune fille aux cheveux roses a le loisir d’en voir quelques uns à travers d’immenses baies vitrées, conçues pour résister au moindre choc, et constate qu’ils se ressemblent plus ou moins : le même matériel informatique, les mêmes incubateurs, les mêmes longs tubes contenant, sans doute, les embryons des monstres de l’ANAX déjà connus et protégés dans du liquide amniotique d’un vert éclatant….
Après s’être perdue dans ce dédale inquiétant, Aelita aperçoit une porte blindée au bout du couloir où elle se trouve. C’est la seule dans ce couloir-là, et il y a une grande pancarte accrochée dessus où il est écrit en lettres rouges-sang : « CLAKLA BOU », ce qui devait dire sûrement en lostanien : « ENTRÉE INTERDITE ». Aelita a le sourire aux lèvres et se dirige vers elle, croyant que la salle derrière cette porte contient le Super-Calculateur générant Broussavana.
Elle-aussi est protégée par un digicode. La jeune fille aux cheveux roses fait appel, comme avant, à son don de création pour désactiver le système de sécurité. Les voyants affichent vert, et la porte s’ouvre en grinçant. Aelita fait un premier pas dans cette pièce plongée dans les ténèbres… et se sent glissée dans un long toboggan.
Après quelques instants de glisse infernale dans une quasi-obscurité, Aelita atterrit lourdement sur le sol, en se faisant un peu mal.

Jérémie, voix off Aelita, ça va ?

Aelita, en se relevant difficilement Ouais, ça peut aller. Je…

Il y a, de nouveau, de la lumière dans cette salle, mais elle est faible et elle vient des rares torches électriques accrochées sur les tristes murs gris. On dirait une sorte de grand cagibi : il n’y a que des gros cartons empilés les uns sur les autres et, au fond de cette pièce rectangulaire, il y a un petit ordinateur en veille.
Tout d’abord, Aelita fouille rapidement tous les gros cartons qui lui tombent sous la main. Ils ne contiennent que des dossiers rangés dans de gros classeurs, des feuilles de brouillon où on avait griffonné des sortes de calculs très complexes et difficiles (même Jérémie n’aurait pas pu déchiffrer et comprendre tout ça) et d’autres choses plus ou moins intéressantes… mais qui n’ont aucune véritable importance aux yeux d’Aelita.
Après quelques instants de fouille, elle s’installe au poste informatique et allume l’écran. Elle est surprise de voir… l’œil de XANA comme image de fond. Puis, comme allant de surprise en surprise, son regard se pose sur un CD bien caché sous l’écran. Elle le dégage de sa cachette et l’osberve. Il est, malheureusement, bien rayé et, sur la partie supérieure, on avait marqué avec un gros marqueur noir :
«SYLPHIA PROJECT – CONCLUSION – A.FRANKEN – 15/08/1975 »

Aelita, intriguée Projet Sylphia !? Qu’est-ce que c’est encore, que ce machin-là ?

Elle insère le CD dans le lecteur de la tour et met la vidéo en route.
Elle montre Albert Franken installé devant ce même ordinateur, des années auparavant. Contrairement à la dernière fois qu’Aelita l’ait vu, il semble sur cette vidéo moins fier et sûr de ce qu’il fait, et déjà plus maladif : il a une grande barbe et des cernes dans les yeux. Aelita en est stupéfaite.

A. Franken, d’une voix faible « J’espère que cette vidéo ne tombera jamais entre les mains de mon parti, qui a osé se retourner contre moi récemment ! Je ne sais pas qui est le chef de ces mutins mais, quoi qu’il en soit, je sais qu’il me reste peu de temps à vivre. Alors, autant aller droit au but.
Après des années de travail incessant auquel j’ai consacré presque toute ma vie, j’ai enfin atteint mon objectif, à savoir le rêve de tout homme sur Terre : devenir Dieu. Je suis, bien sûr, conscient de la gravité de ce que je fais, mais je me suis plus soucié de la réussite de mes projets plutôt que des conséquences désastreuses qu’ils pourraient apporter à ce monde. Certes, je ne suis pas un dieu, je n’ai pas le pouvoir de changer complètement la face de notre planète comme j’ai toujours voulu le faire, que ce soit avec mon ancien parti allemand ou mon nouveau parti lostanien. Néanmoins, avec le projet Ront, je croyais avoir créer l’être parfait : celui qui partagerait entièrement mes idées, qui obéirait pleinement à ma volonté, qui ne posséderait jamais les défauts qui caractérisent si bien l’humanité, et qui pourrait avoir une place dans le futur – je ne suis pas bête, je sais très bien que l’ère informatique connaîtra vraiment une apogée pour les générations futures. J’ai crée un serviteur, un esclave parfait mais, en même temps, j’étais fasciné par ma propre Création, à tel point que j’aurais été prêt à devenir son propre serviteur. Or, c’est ce que j’ai toujours été, justement : lorsque j’appartenais encore au Reich, je n’étais qu’un simple maillon de la chaîne et, même si j’ai pu accéder au rang supérieur avec ce petit parti extrémiste lostanien plein d’avenir, j’ai toujours eu l’impression que, de toute façon, il y aura toujours quelqu’un qui me désobéira : je ne serai jamais un chef parfait. On est toujours l’esclave de quelque chose, même si on se croit supérieur aux autres, et c’est quelque chose que je n’ai jamais compris, que je ne comprends toujours pas et que je ne comprendrai, sans doute, jamais. Il est bien normal, pour un être humain, d’affirmer son indépendance et d’imposer sa volonté aux autres : c’est le seul moyen pour qu’il puisse s’imposer, pour qu’on ne le considère pas comme une chose… et, en créant Ront, je voulais absolument supprimer cette capacité car, même s’il me paraissait extraordinaire et très évolué, je le considérais quand même comme une simple création, ma Création.
Cependant, l’intelligence est une chose très mystérieuse et je pense que nous serons jamais capable de la maîtriser, même dans nos désirs les plus fous, même si nous serons très évolués dans l’avenir. Mais, j’étais jeune, j’étais insouciant, j’avais des rêves complètement insensés que j’ai tenté de réaliser, comme un malheureux… et je crois qu’en ce moment, je paye le prix de ma folie. Je ne sais comment, mais j’ai l’impression que Ront a accédé récemment à la conscience. Peut-être est-ce son intelligence artificielle hyper-développée pour un simple programme informatique qui a acquis de nouvelles capacités, toute seule, en échappant complètement à mes pouvoirs… malgré mon génie, je ne pourrai jamais expliquer comment cet être, que j’ai construit de toute pièce autant dans son physique que dans sa tête, a pu accéder à la faculté de se re-présenter le monde et lui-même, selon son envie de voir les choses. Peut-être est-ce là, tout le mystère de ce que l’on appelle… la conscience.
Quoi qu’il en soit, dans le passé j’étais heureux de voir cet être se matérialiser devant moi ; aujourd’hui, je crois que je commence à en avoir peur. Peut-être est-ce lui, après tout, le chef de ces mutins ; je le découvrirai déjà.
(Quelques instants de silence, puis…)
À cause de mon évincement du parti et de mes inquiétudes vis-à-vis de Ront, j’ai décidé de me lancer, au lendemain du projet Ront, dans le projet Sylphia. Et, je suis heureux que ce nouveau programme informatique tienne également toutes ses promesses, comme Ront. J’ai conçu Sylphia pour qu’elle soit, en quelque sorte, l’Ève de Ront mais, cette fois, j’ai pris toutes les précautions pour qu’elle ne lui ressemble pas trait pour trait. Elle sera plus son ange gardien, celle qui restera près de lui quoi qu’il arrive et qui aura le pouvoir de le ramener à la Raison, si jamais il s’égare un peu trop de son chemin. Comme je crois n’avoir plus assez de puissance pour imposer mes ordres à ce pauvre Ront, autant laisser ma place à un être plus supérieur autant dans le pouvoir que dans la sagesse, sans compter que je vis probablement mes dernières heures qui plus est. Comme son cher égal, Sylphia a, elle-aussi, accédé à la conscience avec une rapidité fulgurante mais, contrairement à lui, elle semble être si sage, si parfaite… au moins quelque chose de bien dans ma tête de crapule : je n’ai pas refait deux fois les mêmes erreurs ! J’espère seulement que Sylphia saura se faire écouter et qu’elle ne subira pas des atrocités qui pourraient la détruire… c’est la seule chose qui me fait peur, car elle me paraît si fragile ! Cependant, je garde quand même foi : la Justice triomphera de toute façon, même si nous allons nous aventurer dans des territoires encore jamais explorés et bien périlleux.
(De nouveau quelques instants de silence, puis…)
Certains hommes se rebellent contre leurs dieux, qui sont représentés comme leurs propres créateurs ; pourquoi nos propres créations ne pourraient-elles pas en faire autant, même si nous avons tout fait pour qu’elles n’accèdent jamais aux dons que nous possédions ? C’est pourquoi, vaut mieux rester à notre place d’homme : nous pouvons évoluer mais, c’est comme tout, il faut des limites. Moi, par exemple, j’ai été aveuglé par le pouvoir qu’on m’a donné du jour au lendemain, si bien que je me suis mis en tête que j’étais devenu un dieu car tout me paraissait possible. J’ai joué avec des Puissances impossible à imaginer mais, à cause de ma crédulité, j’ai l’impression qu’elles commencent à se retourner contre moi car je n’ai pas su jouir correctement de ces pouvoirs et, en croyant trop ma naïveté, j’ai échappé à toutes mes responsabilités de Créateur. J’en voulais plus, toujours plus, mais j’ai pas su jouer correctement avec ces biens et j’ai commencé à avoir peur et, un peu, à fuir lâchement. Malheureusement, je ne peux pas revenir en arrière, alors autant sauver ce qui reste de ma dignité humaine en acceptant toutes ces responsabilités qui me faisaient trop peur. Dans quelques heures, je vais enfin être confronté à ce chef des mutins et je vais tenter de mourir debout comme un homme fier de ce qu’il est, et non à genoux comme un vulgaire animal ayant perdu toute sa Raison. Pour finir, autant dire ceci : le Web est un univers mystérieux, mais nous ne sommes pas encore prêts pour le conquérir autant que nous n’avons pas encore toute la technologie nécessaire pour s’imposer dans l’espace sidéral tout entier. Vaut mieux attendre un peu, le temps d’avoir un maximum de connaissances pour prendre les précautions nécessaires, plutôt que de se lancer tête baissée dans des choses trop complexes qui risqueraient de nous perdre. Je voulais améliorer le monde : au lieu de ça, j’ai l’impression que je commence à le détruire, bien malgré moi. Restons à notre place d’homme : l’intelligence peut nous aider autant qu’elle peut nous détruire. Bien que l’époque où nous vivons soit pleine de promesses, d’espoir, de possibilités, de progrès… restons quand même à notre place d’homme.
Restons à notre place d’homme ! »

Le film s’achève ainsi. Déjà, mille questions tourbillonnent dans la tête d’Aelita…

Jérémie, voix off Aelita, dépêche-toi ! Ulrich et William ne vont pas tenir longtemps face au T-Rex et aux Makacqs !

Aelita, en revenant brusquement à la réalité Quoi !? Oh, euh… ouais, OK, Jérémie ! J’ai juste trouvé quelque chose de très intéressant : je vais essayer de le stocker dans les nouveaux programmes du Skid !

Jérémie, voix off OK, mais fais vite !

Aelita sort le CD de la tour et le pose près de l’écran. Là, elle étale bien ses mains au-dessus de ce CD et, pour une énième fois, elle fait appel à son don de création. Mais, cette fois, de la fumée s’en échappe, comme s’il était en train de brûler, avant qu’il ne s’évapore en milliers de pixels.
Malheureusement, Aelita ne se doute pas que quelque chose vient d’apparaître derrière elle, en sortant de sa cachette derrière les gros cartons.

Aelita, en ouvrant à nouveau les yeux Alors ?

Jérémie, voix off et satisfaite C’est bon ! Transfert effectué avec succès ! Maintenant, va vite chercher le Super-Calculateur afin de le détruire !

Aelita, en marmonnant Ouais, si j’arrive à sortir d’ici… !

Elle se retourne… et aperçoit la mystérieuse chose devant elle, avec surprise.
C’est une humanoïde habillée en ange, avec de longues ailes argentées repliées sur son grand dos, une longue toge rose vif ornée ici et là de grecques, et de longs cheveux bouclés et blonds comme le blé. Elle fixe Aelita avec un regard assassin, et la jeune fille aux cheveux roses ne sait quoi dire face à cet étrange personnage…

Aelita, hébétée Euh… qu’est-ce que… ?

Mais, soudain, l’ange ouvre sa bouche… et un laser rose en sort avant de s’abattre sur Aelita. Cette dernière disparaît sur-le-champ.
*
Sur Broussavana, on se prépare pour un face-à-face sans doute final. D’un côté, Ulrich fonce vers les Makacqs, en évitant au mieux les lasers argentés tirés par ces derniers. À quelques mètres d’eux, il dégaine ses deux sabres et, au dernier moment… il saute en Super-Sprint de son Overbike, qui va s’écraser sur un Makacq. Le samouraï, quant à lui, retombe sur un Makacq, plante ses sabres dans sa tête, puis il saute sur un autre Makacq, lequel se fait tuer par la suite de la même façon. Ce dernier recommence cet exploit avec tous les monstres restants puis, une fois arrivé à l’avant-dernier, il plante juste un sabre dans son crâne avant de jeter le deuxième sur le dernier, qui tirait en même temps un laser. Les deux Makacqs disparaissent… de même qu’Ulrich.
Pendant ce temps, William n’est plus qu’à quelques mètres, lui-aussi, de son monstre. Avec sa grande épée en l’air, il s’apprête à porter le coup de grâce… mais le T-Rex plonge sur luiet, cette fois-ci, justement.
Le pauvre William est donc arraché de son Overbike et se sent élevé dans les airs, prisonnier dans les dents tranchantes du T-Rex. Ce dernier le jette en l’air, puis il le rattrape comme on rattrape un petit bonbon au vol… en le croquant pleinement.
Heureusement, au lieu de rester dans l’estomac du T-Rex, William ré-apparaît, sain et sauf, dans les scanners.
Dans le labo, Jérémie est au comble de la terreur…

Jérémie, en s’énervant devant l’écran NON, NON, CE N’EST PAS POSSIBLE ! Aelita ! Aelita, réveille-toi !

Cette dernière se réveille brusquement dans le cockpit du Skid et elle découvre, horrifiée, le fameux Tyrannosaure. Ce dernier se remet en marche avec le vaisseau, décidé à en finir…

Jérémie, voix off Aelita, il ne lui reste plus beaucoup de points de vie ! Tente un coup !

Aelita s’exécute sans se poser de questions. En-dessous du cockpit, sur les côtés latérales, les canons par nombre de trois commencent à tourner sur eux-mêmes, tirant chacun une torpille. Ces six torpilles virtuelles s’écrasent sur le T-Rex, alors qu’il n’était plus qu’à quelques pas du Skid, dont deux lui crèvent les yeux et une s’écrase en plein dans sa bouche grande ouverte.
Ce dernier pousse un hurlement d’agonie le plus déchirant qui soit, avant de s’écraser lourdement par terre dans un grand fracas. Heureusement, le Skid s’est déconnecté de la Tour car le dinosaure l’a fait trembler dangereusement. Malheureusement pour lui, son crâne désormais détruit par les torpilles virtuelles tombe juste sur le point d’eau. Le T-Rex se sent donc traverser la fine pellicule d’eau et, quelques instants plus tard, c’est bien tout son corps (pourtant bien volumineux) qui traverse cette couche d’eau et qui plonge vers la Mer Numérique… avant d’y disparaître dans un vacarme assourdissant.

Aelita C’est bon ! Allez, on fiche le camp de cet enfer !

Quelques instants plus tard, c’est au tour du Skid de plonger dans la Mer Numérique…

10)

La scène se passe quelques minutes plus tard, dans le labo, où tout le monde est réuni.

Ulrich Bon, on n’a pas réussi à détruire le Super-Calculateur qui génère Broussavana… mais nous sommes tous là en bonne santé, c’est le principal !

William, encore emporté dans ses émotions Quoi qu’il en soit, je ne remets plus jamais les pieds là-bas… de même que c’est la dernière fois que je fais un safari en pleine savane africaine !

Yumi, à Aelita Est-ce que t’as découvert quelque chose d’intéressant, au moins ? Ça nous éviterait, au mieux, de retourner dans cet enfer !

Aelita, fière d’elle Et comment ! J’ai trouvé un CD d’Albert Franken dans une salle secrète du labo, et j’ai appris beaucoup de choses. Mais, pour ne pas entrer dans les détails, le plus important dans tout ça c’est qu’après avoir réussi le projet Ront, il s’est lancé dans un nouveau projet du même genre : le projet Sylphia !

Tout le monde la regarde, bouche bée…

Tous les autres, hébétés Le projet Sylphia !?

Odd C’est quoi, ça ?

Aelita, d’une voix claironnante D’après ce que j’ai compris, Sylphia est un programme informatique qui ressemble à Ront, à quelques différences près. Elle devait le maintenir sur le chemin de la Sagesse et de la Raison, ou quelque chose comme ça… mais c’est à peu près tout ! Il passait plus de temps à se repentir plutôt qu’à dire quelque chose d’autre sur ce projet !

Ulrich, sur un ton ironique Comme quoi, il est pas aussi crapule qu’on le pensait !

Jérémie, le sourire aux lèvres En tout cas, t’as bien fait de pixelliser ce CD pour le stocker dans les nouveaux sous-programmes du Skid. Dès que possible, je le matérialiserai, l’examinerai et, si possible, je ferai quelques recherches supplémentaires sur cette… Sylphia !

Yumi, sur un ton malin Encore un nouveau mystère à résoudre, alors !

Odd Bah, qui sait ? Si cette Sylphia existe toujours, peut-être qu’on pourrait la convaincre de rejoindre notre camp ! Ça ferait toujours une lyoko-guerrière en plus, et un sérieux avantage contre Ront !

Jérémie On verra bien ! Mais, pour l’instant, rentrons tous !
*
La scène se passe en fin de journée, dans le réfectoire. Les six lyoko-guerriers sont installés à une même table et sont en train de manger tranquillement et dans la bonne humeur.
Soudain, Sissi

La scène se passe en fin de journée, dans le réfectoire. Les six lyoko-guerriers sont installés à une même table et sont en train de manger tranquillement et dans la bonne humeur.
Soudain, Sissi se joint à leur table. Elle a l’air abattu. Les autres la regardent, intrigués…

Ulrich, en tapotant doucement son épaule Bah alors, Sissi, qu’est-ce qui se passe ?

Odd, sur un ton plein d’espoir T’as réussi à nous débarrasser de la grosse Couac-Couac !?

Sissi, sur le point de sangloter Désolée… ! J’ai fait ce que j’ai pu mais… non !

Les lyoko-guerriers sont tous attérrés par la nouvelle.
Au même moment, ils aperçoivent Mme Coriac en train de surveiller la salle, quelques mètres plus loin. Les yeux de la prof croisent ceux de nos héros, et elle leur jette un regard assassin. Nos amis le lui rendent bien.

Odd, d’une voix caverneuse Je sais pas pourquoi, mais quelque chose me dit… qu’on a intérêt à se méfier de cette bonne femme !

« Peu importe les distances qui nous sépare... tu occupes toutes mes pensées... Et du coup c'est comme si tu étais toujours auprès de moi. »
Oswald Whistler ~ Professeur Layton et la Diva Éternelle.

#116 – La voix des anges
(D’après un scénario de P.Tchreikivski)

1)

C’est une belle journée ensoleillée au collège Kadic. Alors que la plupart des élèves sont malheureusement en cours, d’autres peuvent se la couler douce soit dans la cour de récréation, soit dans le grand parc du collège… soit tout bêtement au foyer réservé à leur détente.
Il n’y a pas beaucoup de monde, malgré les différents divertissements proposés comme le baby-foot, la table de ping-pong ou la télévision – les élèves préfèrent profiter du soleil plutôt que de rester cloîtrer entre les murs. Il n’y a qu’une petite dizaine d’ados dispersés un peu partout dans la salle… dont les lyoko-guerriers. Sissi, William et Yumi regardent tranquillement un programme télé, alors qu’Odd et Ulrich se disputent une partie de baby-foot assez serrée…
Soudain, la porte s’ouvre et une personne apparaît, apparemment de bonne humeur…

Odd, en se tournant vers l’inconnue Tiens, salut Aelita !

Aelita Salut, tout le monde ! Venez, j’ai une annonce à vous faire !

Elle s’installe entre Sissi et William et, avec l’accord de celle-ci, elle baisse un peu le volume de la télé. Odd et Ulrich les rejoignent. Une fois sûre que tout le monde est là, Aelita s’éclaircit la gorge et…

Aelita, d’une voix claironnante Bien. Vous n’avez pas oublié que le concert des Subdigitals est ce soir ?

Sissi Oh, tu parles ! Je suis impatiente d’y être, d’être enfin reconnue comme une vraie star !

Yumi, à Aelita Tu t’es enfin renseignée sur le déroulement de ce concert ?

Aelita Il y a eu un petit changement dans le programme ; c’est à croire qu’ils ont placé tous leurs espoirs sur nos épaules ! Au lieu de chanter avec eux… ils nous ont carrément réservé une première partie, tout seuls comme des grands !

Tous les autres, abasourdis QUOI !?

Aelita, en acquiesçant Ouais. Le concert est divisé en deux parties, et la première nous est entièrement réservée. Et, ils ont ajouté que leur plus cher désir est que l’on monte… une comédie musicale. Après, c’est à nous de voir !

William Une comédie musicale, carrément ? Ils sont marrants, eux ! On n’a aucune idée de thème, j’ai pas raison ?

Odd Tout ce qu’on a fait pour l’instant, c’est juste reprendre des morceaux des Subdigitals qui ont été enregistrés et vendus à beaucoup d’exemplaires. Et, même si ces disques se sont bien vendus pour l’instant et qu’on a, quand même, une belle voix malgré tout – normal, avec un gars aussi doué que moi ! – je crois que ça fait un peu limite-limite pour créer une comédie musicale !

Yumi Et puis, comme a dit William, on n’a aucune idée pour le thème. T’as une idée, toi ?

Aelita, hésitante Eh bien, euh… je pensais que…
(Les autres sont de plus en plus attentifs, se préparant peut-être au pire…)
Je pensais que ça serait bien de… d’écrire une comédie musicale sur notre vie de lyoko-guerrier !

Les autres restent bouche bée et la regardent de travers, comme si elle était devenue folle…

Yumi, d’une voix étranglée Une com… comédie musicale sur no… notre propre vie secrète ! Mais, Aelita, t’es devenue dingue ou quoi !?

Odd, sur un ton taquin Hé, quel Frelion t’a donc piqué, princesse !?

William, sur un ton un peu agressif Tu oserais… trahir notre secret juste à cause d’une… comédie musicale ?

Aelita, un peu apeurée face à la réaction de William Non mais…

Ulrich, un peu furieux, aussi Et puis, faut te dire qu’on a pas tous le don pour la musique, princesse ; encore moins pour chanter ! Moi, à part la guitare électrique ou le synthé… je sais rien faire d’autre !

Aelita, en agitant ses mains en l’air pour les faire taire Écoutez-moi tous ! Je savais que vous n’allez pas accepter sur le coup, et voici mes défenses !
(Comme ses amis sont, à nouveau, plus attentifs…)
Plus j’y réfléchis, plus je pense que… que notre vie de combattant virtuel si secrète… ne va plus le rester très longtemps, à vrai dire ! On le sait bien, l’ANAX devient de plus en plus puissante, malgré les Réplikas qu’on a déjà détruit, et je crains qu’un beau jour, elle va frapper un bon coup sur le monde entier ! Un gros coup que personne n’empêchera, pas même nous ! Et puis… je sais pas ce que vous pensiez, mais je crois que c’est pas bien de vivre tout le temps dans le mensonge et dans le secret ! On l’a bien vu, et on le voit encore aujourd’hui dans nos relations, qu’elles soient amicales ou amoureuses ! Dans les deux cas, j’ai bien peur que tôt ou tard… on fera nos aveux, bien malgré nous !
(Puis, en se tournant vers Ulrich…)
En ce qui concerne le don pour la musique ou le chant… t’en fais pour ça : je suis sûr que t’as un talent caché pour ça, un don que tu n’as pas encore découvert ! Ça arrive, et puis… on a tous un côté artistique, non ?

Ulrich, en marmonnant Si tu le dis… !

William, incrédule Mais, Aelita… !

Aelita, sur un ton ferme Écoute, William ! Je ne veux, en aucun cas, trahir notre secret ! Tout ce que je veux… c’est en parler un peu aux autres, sans vendre totalement la mèche ! Lorsqu’on écrira la comédie musicale, on fera tout pour que le public ne se doute rien : par exemple, ne pas révéler où l’usine se trouve exactement, que nos aventures sur Lyoko est bien quelque chose venue d’une légende locale et de notre imagination… tu vois le genre ? Et puis…
(Sur un ton plus malin…)
… de toute façon, qui croirait à ces choses si… inimaginables ? Si on prend des précautions, je suis sûre que tout se passera bien !

Tous ses amis la dévisagent durant quelques instants, avant de se dévisager les uns les autres en réfléchissant très sérieusement. Apparemment, l’idée d’Aelita ne semble pas trop les emballer. Mais, cette dernière ne veut pas lâcher le morceau et elle les regarde les uns après les autres, avec un regard insistant et suppliant.
Après quelques secondes de profonde réflexion…

Yumi Ma foi, si on prend les précautions que t’as énuméré… !

William Il faudrait vraiment qu’à la fin du spectacle, le public reste convaincu que tout ce qu’on leur a avoué n’est qu’un produit de notre imagination, que ça n’a aucune réalité ! C’est bien ce que tu veux, Aelita ?

Aelita, en acquiesçant Oui.

De nouveau quelques instants de réflexion, puis…

Yumi, le sourire aux lèvres Bon, on n’a pas envie te faire de la peine, Aelita ! Vu comme tu insistes… on est d’accord de faire cette comédie musicale ! N’est-ce pas, les amis ?

Les autres, en hochant la tête OUAIS !!!

Odd Et puis, au moins, c’est un truc insensé, mais qu’on ne refera sans doute jamais une deuxième fois ! Alors… autant se jeter dans la gueule du public, avec précaution tout de même !

Devant cette décision très sincère, Aelita est au comble du bonheur. Elle les serre les uns après les autres dans ses bras, en les couvrant de baisers et en poussant des hurlements de joie.

Aelita Merci, les amis ! Vous êtes trop géniaux, franchement ! Je vous aime, tous !

Après que tout le monde ait passé dans sa casserole, elle se retourne et prend le chemin de la sortie. Il aurait été vraiment cruel de briser un bonheur tel que celui-là, autant pour elle que pour les autres.

Odd, à Aelita, d’une voix claironnante Hé, attends juste, une dernière chose ! Je veux bien me charger d’écrire ta comédie musicale… mais où est-ce que je trouve les musiques qui vont avec ? Je les invente ou…

Aelita, en se tournant vers lui Pourquoi te fatiguer, à ce point !? Tu reprends juste quelques chansons des Subdigitals, et voilà ! Ce qu’il faut surtout, c’est qu’on ne doit se douter de rien, OK ?

Odd C’est bon, je m’en souviendrai ! T’inquiète, ça sera prêt pour ce soir, alors !

Aelita est encore plus heureuse en entendant cette nouvelle et elle sort du foyer, en sautillant comme une gamine allègre. Les autres ne peuvent que partager cette béatitude.

2)

La scène se passe quelques heures plus tard, dans la chambre d’Ulrich et d’Odd. Comme la pièce est bien baignée dans la lumière et la chaleur, on en déduit que c’est encore l’après-midi.
Les deux garçons sont en plein travail. Alors qu’Ulrich est au bureau de travail pour faire ses devoirs à l’avance, Odd est couché sur son lit et il est en train de rédiger, sans doute, leur fameuse comédie musicale sur du papier à grand carreaux couchée sur un classeur, en guise de bureau. Comme il n’y a personne pour jouer avec lui, Kiwi le chien s’occupe quelques instants en jouant tout seul avec une balle en caoutchouc, avant de s’installer à côté de son maître pour admirer gentiment son travail.

Odd, sans s’arrêter de rédiger Dis, est-ce que tu le crois, ça !? Une comédie musicale sur notre propre vie secrète ?

Ulrich, en rigolant Pour sûr que je ne l’aurais jamais cru, même si un vieux sage me l’aurait prédit ! Mais bon… on ne va pas faire de la peine à notre petit ange rose ! Après tout, elle croyait bien faire et…

Odd Bah, tu sais ? Maintenant qu’on le lui a promis, ça ne me dérange plus du tout d’écrire cette comédie musicale, bien au contraire ! Comme elle l’a dit, ça va nous faire du bien de nous confier un peu… sans dire tout sur tout, bien entendu !

Ulrich, sur un ton un peu méfiant En parlant de ça, justement, t’es sûr de bien faire gaffe à ce que t’écris ? Tu l’as bien entendue : pas d’adresse précise, pas…

Odd Ouais, ouais, t’inquiète ! Si tu veux, en guise de Nota Bene après que j’aurais écrit FIN sur le script, je marquerai bien en gros : « Tout ceci est bien imaginaire, et des possibles ressemblances avec des personnages ayant réellement existé ne seraient que pure coïncidence ! »… bien que la « coïncidence » proprement dite est loin d’être vraie !

Les deux garçons rigolent aux éclats.

Ulrich, sur un ton un peu inquiet J’espère que les chansons que t’as choisi de mettre, on les connaît bien !

Odd T’en fais pas ! Il n’y a que des chansons des Subdigitals dedans, aucune de mon invention ! J’te jure, les gens vont vraiment adoré !

Ulrich Dis… est-ce que tu crois avoir un talent pour le chant ?

Odd, en le regardant, intrigué Bah, euh… bien sûr ! D’ailleurs, plus j’y pense, plus j’ai l’impression que c’est bien dans l’art, en général, que je suis vraiment doué !
(Puis, sur un ton pensif et en soupirant…)
Aah, comme mes parents seraient vraiment fiers de moi s’ils l’apprenaient !
(Mais, en redevenant intrigué…)
Pourquoi, cette question ?

Ulrich, sur un ton un peu mélancolique C’est que… je sais pas pour vous, mais ça me branche pas encore entièrement, cette comédie musicale ! J’ai peur… de me planter complèment, tu vois ? Je ne me sens pas tellement doué pour le chant, ou la musique en général, comme le suggère Aelita ! J’ai pas envie de gâcher tout le spectacle tout ça parce que je chante faux ou…

Odd, en rigolant Voyons, qu’est-ce que tu racontes, mon pauvr’ vieux !? Tu ne chantes pas du tout faux ! Au contraire, je trouve que tu chantais très bien lorsqu’on reprenait les chansons des Subdigitals en studio !

Ulrich, en se tournant vers lui, le regard plein d’espoir C’est vrai ? T’es sûr de ce que tu racontes ?

Odd, en montrant deux doigts en forme de V Aussi sûr que je m’appelle Odd Della Robbia ! Et puis, tu sais… le principal, c’est d’essayer, pas de réussir ! Ça a toujours bien marché dans les studios d’enregistrement, avec nous : pourquoi ça ne devrait plus fonctionner pour le jour J ?

Ulrich, en retrouvant le sourire Ouais, t’as raison.

Odd De toute façon, je vais m’arranger pour que tout le monde chante, au moins, une fois ! Comme ça, pas de jaloux !
(Puis, en changeant de ton comme pour changer de sujet…)
T’imagines comme ça va être trop cool ? On va être sur scène… on va faire un de ces malheurs, si tout va bien… on va s’envoler, mon pote !

Ulrich, en acquiesçant Ouais, comme avec Lyoko : passer de l’ombre à la lumière, du jour au lendemain !

Odd, sur un ton plein d’espoir On était, pendant longtemps, des moineaux ; avec cette comédie musicale, on va devenir de grands aigles royaux ! On va s’envoler, Ulrich, s’envoler !

Ulrich, sur un ton presque aliéné S’envoler… s’envoler… s’envoler !!!

À ce moment-là, la musique démarre. C’est la musique S’envoler des Subdigitals. Pendant l’air d’ouverture, Ulrich se lève brusquement de sa chaise, tourne sur lui-même une ou deux fois en étirant ses bras, comme pour faire l’avion, et, au moment où on commence à chanter, il se tourne vers Odd et il a l’air d’être sûr de lui. Odd le regarde, en souriant…

Ulrich « They told me that
I was no good at all such a waster
And, suddendly
I was out of the cool
Stuck with the fools
Not that much I can do
I’m out of the crew
Here the lights go out
What should I do ?
Stuck to this chair and yet I know

Ulrich et Odd « We’re gonna break away
Ulrich « it’s not my style
I gotta get away
Ulrich et Odd « Get away
Ulrich « here and now today

Odd, en jetant son classeur dans un coin de son lit et en se levant également « out in half
I’m already there
In my head I know it
Five, no four more steps
Take me to the door
Open up I’m falling
One of those days
Where the lights go out
And yet I smile

Ulrich et Odd « We’re gonna break away
Ulrich « life’s like that and
I gotta get away
Ulrich et Odd « Get away
Odd « here and now today
Ulrich et Odd « We’re gonna breakaway
Ulrich « breakaway, breakaway
Ulrich et Odd « Get away
Odd « here and now today

Odd, sur un ton taquin « Here I am, as I stand
I can feel you think
Such a waster
Ulrich, en jouant le jeu « It’s ok, I don’t care
Didn’t want to stay
Stuck with the fools
Odd « skating down park avenue
I realize that my time is now and here
Ready to go
Being sensible’s...
Ulrich et Odd « ... just not sensible

Ulrich et Odd grimpent sur leurs lits respectives et se mettent à sauter dessus, en mimant toujours un avion, ou un oiseau en tout cas...

Ulrich et Odd « We’re gonna break away
Ulrich « it’s not my style...
Ulrich et Odd « ... and get away
Odd « here and now today
Ulrich et Odd « Gonna break away
Ulrich « Life’s like that and I know I’m gonna get away
Ulrich et Odd « get away
Ulrich « We’re in it all the way

Ulrich et Odd « We’re gonna break away
Ulrich « it’s not my style...
Ulrich et Odd « ... and get away
Odd « here and now today
Ulrich et Odd « Gonna break away
Ulrich « Life’s like that and I know I’m gonna get away
Ulrich et Odd « get away
Ulrich « We’re in it all the way

À la fin de la chanson, ils retombent assis sur leurs lits, si violemment que les lattes sont à deux doigts de se casser, et ils s’échangent un regard très complice…

3)

Nous sommes maintenant dans la chambre de Jérémie, où ce dernier est en train de travailler sur son ordinateur. Il est très concentré sur ce qu’il fait et, à en juger son visage très fermé, il ne vaudrait mieux pas le déranger.
Tout à coup, la porte s’ouvre à la volée et Aelita apparaît, tout aussi joyeuse que tout à l’heure. Jérémie se retourne et la regarde, intrigué…

Jérémie Ça alors ! Qu’est-ce qui te rend si heureuse, Aelita ?

Aelita, en se jetant dans ses bras Oh, Jérémie, tu ne devineras jamais ! J’ai discuté avec les autres et… et ils sont tous d’accord ! On va tous faire une comédie musicale sur notre vie secrète !

Jérémie, abasourdi Hein !? Qu… quoi !? Comment !? Oh, euh… ce n’est pas trop risqué, au moins ? Je veux dire, si on se montre très imprudent…

Aelita, en gardant son optimisme T’en fais pas ! Odd s’occupe de la rédaction, et il m’a promis de ne rien mettre de précis dedans ! Personne ne soupçonnera l’existence de l’usine, ou de Lyoko, car on va bien faire croire à tout le monde que c’est, bel et bien, imaginaire ! C’est pas merveilleux, ça !? Devenir de vrais artistes, à part entière ? Devenir autre chose que de simples lyoko-guerriers ?

Jérémie, un peu perplexe Euh… oui, c’est très bien comme ça ! Même si c’est un peu mensonger…
(Mais, pour ne pas la décevoir…)
… du moment que personne ne se doute de rien ! Si ça peut te faire plaisir, moi-aussi je suis d’accord que vous fassiez cette comédie musicale – en espérant que l’ANAX nous fichera la paix, ce soir !

Il re-travaille sur son ordinateur. Malgré sa réplique, Aelita se relève, perd de plus en plus son allégresse et a comme un doute…

Aelita Vous !? Mais… ça veut dire que… que tu ne veux pas participer avec nous-tous ?

Jérémie, en se retournant à nouveau, gêné Ben, non ! Euh, enfin… oui ! C’est-à-dire que… j’ai beaucoup de travail en ce moment ! Je… j’ai presque découvert la véritable identité de Sylphia et…

Aelita, sur un ton insistant Et, alors !? Tu te rends pas compte, Jérémie ? Comme dirait Odd, c’est quelque chose qu’on ne refera sans doute pas une deuxième fois !
(Puis, en retournant violemment la chaise de bureau et en le regardant droit dans les yeux…)
Est-ce que ça serait trop te demander si, pour une fois, tu pourrais oublier Lyoko et l’ANAX durant une soirée, une seule soirée ? Histoire d’être autre chose que le simple petit génie informatique que tu es ?

Jérémie, hébété Mais, Aelita… tu connais l’ANAX ! Qui te dit qu’elle ne va passer à l’attaque ce soir, exprès, durant le concert ? Et puis, tu sais bien que…
(Il se met à rougir…)
… je sais pas chanter !

Aelita, sur un ton suppliant et un peu séduisant Tu ne voudrais pas essayer, juste pour moi ? Qui sait, t’es peut-être comme les autres : en plus de ton génie informatique, il y a peut-être quelque chose d’artistique qui se cache en toi !

Jérémie Ben… j’en sais rien ! Il y a une très grande probabilité, selon une loi équirépartie, que…

Aelita, agacée Jérémie !

Jérémie, en réfléchissant Désolé ! Sinon, je peux… si je peux pas chanter… comme je ne veux pas encore te décevoir, je pourrais… disons, jouer un peu de théâtre ! Mais, bon, j’te promets rien – comme je te l’ai dit, je suis plus doué dans les sciences que dans les arts et…
(Il rougit de plus belle…)
… avec tout ce public enragé devant nous… je suis assez craintif, tu sais ?

Aelita, en rigolant Oh là là, mon pauvre Jérémie ! Il serait, peut-être, temps que tu deviennes plus courageux !

Jérémie, sur un ton ferme, comme pour se défendre Oui mais, au moins, je tiens mes promesses ! J’aurais pu très bien…

Aelita, en se relevant Oui, je sais, Jérémie ! C’est déjà un bon progrès, ça, j’te l’accorde ! Mais bon… j’aurais préféré que tu chantes un peu, tu vois ? Histoire de me faire vraiment plaisir ! Enfin, si tu ne veux que jouer un peu de théâtre… tout ce que je te demande, c’est au moins de participer à ma, ou plutôt notre comédie musicale, pour que tu ne restes pas tout seul dans ton coin alors qu’on s’amuse vraiment, tous ensemble ! Bon, je vais aller voir où en est Odd !

Elle se dirige vers la sortie et, au moment où elle ouvre la porte…

Jérémie, en s’exclamant Aelita !

Elle se retourne.

Jérémie, un peu hésitant Tu sais, Aelita, je… je t’aime beaucoup et… et je n’ai aucune envie à ce qu’il t’arrive quelque chose de grave ! Je sais ce que cette comédie musicale peut représenter autant pour toi que pour les autres, et je n’ai aucune envie de revivre la Zizanie ! Aussi, comme tu le dis si bien, je vais essayer de faire un effort !
(Il s’éclaircit la gorge, il se lève et se tient bien droit devant elle, comme un bon choriste…)
Voici une chanson… que j’aurais voulu te chanter, il y a déjà bien longtemps… !

Rien qu’en entendant le mot « chanson », Aelita retrouve tout son enthousiasme. Jérémie s’éclaircit de nouveau la gorge et la musique démarre : l’air d’Ouvre tes yeux des Subdigitals. Durant la petite introduction musicale, il est encore un peu à l’aise mais, devant le regard intéressé d’Aelita, il prend son courage à deux mains et se lance finalement à l’eau…

Jérémie, d’une belle voix « « take you faraway »
It’s a funny thing to say
When I’ve never held your small hand
“ride along with you”
It’d be a funny thing to do
Then I’ll wake up, you’ll be there too
*
But there’s no time now
To explain oh no
Been sent on a mission
Cos I got a vision right now
(Puis, il commence vraiment à jouer du théâtre, bien malgré lui…)
Little angel beamin down your smile
Little angel could it be a sign
Little angel you’re my beauty queen
Can you break the code, and get us outta here ?
Littlle angel trapped inside this dream
Little angel you’re my precious thing
Little angel keep me from this pain
Can you come to earth, before I go insane ?
*
Angel of mine, angel of mine
Angel of mine...
(Il arrête de bouger dans tous les sens, et il retrouve son calme…)
In the corner of my eye
You are shining way up high
Your reflection makes me feel weak
Trying oh so hard
T’keep this memory apart
Then I’ll wake up, and you’ll be free
*
But there’s no time now
To explain oh no
Been sent on a mission
Cos I got a vision right now
(Puis, en dansant à nouveau sur le rythme de la musique...)
Little angel beamin down your smile
Little angel could it be a sign
Little angel you’re my beauty queen
Can you break the code, and get us outta here ?
Littlle angel trapped inside this dream
Little angel you’re my precious thing
Little angel keep me from this pain
Can you come to earth, before I go insane ?
*
Angel of mine, angel of mine
Angel of mine, mine, mine… oh little angel !
Angel of mine, angel of mine
Angel of mine, mine, mine… oh little angel !
Angel of mine, angel of mine
Angel of miiine… oh little angel !

Il finit sa comédie en s’agenouillant près d’elle et en baisant doucement sa main. Durant toute la chanson, Aelita n’a pas arrêté de sourire, émerveillée et bouleversée par une si belle chanson.
Leurs regards se croisent, plein d’allégresse, plein de passion…

Aelita, en lui chuchotant, le sourire aux lèvres Eh bien, tu vois ? C’était vraiment merveilleux, Jérémie !

Jérémie, émerveillé T’avais raison : je sais chanter !

4)

Sur le terrain de sport, pendant ce temps, les élèves de 1ère sont en train de souffrir d’une façon ininterrompue sous la folie de Mme Coriac. Heureusement pour eux, alors que certains étaient déjà au bord de l’attaque, la cloche sonne rapidement. Oubliant leur fatigue qu’ils ont traîné depuis tout ce temps, les adolescents se précipitent vers les vestiaires aussi vite que possible. Mme Coriac en est dégoûtée.
Quelques instants plus tard, Yumi sort des vestiaires des filles sans sa tenue de sport et, peu de temps après, William la rejoint. Les deux tourtereaux sont encore tout essoufflés…

William, en caressant le visage de sa copine Ça va, ma chérie ? Cette cinglée t’a pas trop fait souffrir ?

Yumi, d’une voix un peu faible Je tiens le coup, encore !
(Puis, en lui chuchotant…)
Il faudra vraiment s’y mettre tous ensemble la prochaine fois, pour expulser cette malade mentale ! Si elle continue ça, on va tous mourir bien avant la fin de l’année !

William C’est clair ! Je comprends pas, moi non plus, que Delmas puisse avoir confiance en une femme pareille ! Euh… ça te dérange pas que j’te laisse un peu seule, Yumi-chérie ? Je vais aller un peu me désaltérer !

Yumi Oui, bien sûr ! Vas-y vite !

Alors que William retourne dans les vestiaires, Ulrich en profite pour sortir de sa cachette et s’approcher de la belle Japonaise. Il est plus ou moins sûr de son coup…

Ulrich, d’une voix un peu hésitante Euh… salut ! Ça va ? Elle t’a pas trop fait souffrir, cette cinglée !

Yumi, d’une voix sèche Non, ça va ! Qu’est-ce que tu me veux, encore ?

Ulrich Je crois que tu le devines, déjà !
(Comme elle n’a toujours pas l’air de savoir…)
Je voudrais bien que l’on reprenne notre… petite discussion qu’on a eu à Safaric Park ! Tu sais…

Mais, bien avant qu’il n’ait le temps de finir sa phrase, Yumi soupire et commence à s’éloigner de lui comme s’il était la peste…

Yumi, d’une voix furieuse et agacée Décidément, t’es vraiment énervant quand tu t’y mets ! C’est non, Ulrich ! Je ne reviendrai pas sur ma décision !

Ulrich, en la suivant désespérément Mais enfin, Yumi… ! Laisse-moi te parler !

Mais, elle demeure toujours aussi impassible. À force de vouloir la rattraper, Ulrich la suit bientôt vers le parc. C’est là-bas que les deux ex-amants finissent par disparaître…
Quelques instants plus tard, William sort des vestiaires… et se retrouve tout seul, comme un idiot.

William, en appelant bêtement Euh… Yumi ? Yumi-chérie, où es-tu !? Oh, je vois… tu joues à cache-cache, c’est ça ! Attention, petite coquine, je vais te trouver !

Et, il commence à tourner autour des bâtiments, encore et toujours comme un imbécile…

5)

Quelques mètres plus loin, c’est une Yumi au visage bien fermé et un Ulrich désespéré qui arrivent dans une petite clairière, près d’un banc en pierre installé sous un tilleul. Les deux amis s’arêtent juste devant le banc et Yumi se retourne violemment…

Yumi, de plus en plus impatiente Bon, où veux-tu en venir, à la fin ?

Ulrich On le connait bien William : t’es vraiment sûre qu’il éprouve quelconque sentiment pour toi ?

Yumi, avec un regard assassin Oh oui ! Et, au moins… il n’est pas menteur comme certains !

Ulrich, en rougissant un peu de honte Peut-être mais là, on ne parle pas de moi, mais de lui ! Et, à ce propos, je croyais que tu n’aimais pas également les têtes brûlées de son genre !

Yumi Ouais mais, ça, c’est du passé ! Depuis qu’on l’a libéré de XANA, il a beaucoup changé ! Je le reconnais, il le reconnaît, on l’a tous reconnu ! Et, ce que j’aime bien chez lui, c’est qu’il n’a rien à me cacher… contrairement à toi !

Ulrich, outré Ah, c’est donc ça !? Et, qu’est-ce qui te prouve qu’il est vraiment sincère avec toi ? Qui sait, il te cache peut-être certaines choses qu’il aurait trop honte à avouer… et t’es trop abrutie pour t’en apercevoir !

Yumi Comment oses-tu me dire ça !?

Elle se retourne et elle le gifle violemment. Cette claque est si brusque et inattendue qu’Ulrich tombe lourdement par terre, tout hébété. Malgré qu’elle n’ose toujours pas croire ce qu’elle vient de faire, Yumi ne décolère toujours pas…

Yumi, en vociférant MOI, abrutie !? Et, qu’est-ce que je devrais dire pour toi, alors ? Tu t’es toujours montré aussi… gamin, depuis qu’on se connaît ! Tu t’es toujours montré très jaloux et, depuis que William est arrivé, tu t’es toujours amusé à faire de grosses crises de jalousie dès que l’occasion se présentait ! Comme à la piscine, où t’as failli te noyer car tu voulais juste faire ton intéressant, prouver que tu étais meilleur que Willy-chéri ! Heureusement qu’il t’a sauvé par la suite… !

Ulrich, qui sent aussi la colère venir C’est justement là, le problème ! Depuis que ton Willy-chéri est arrivé ici, on n’a plus jamais eu l’occasion de se dire entre quatre yeux ce que l’on ressentait l’un pour l’autre !

Yumi Ce que l’on ressentait l’un pour l’autre !? Parce que tu crois que je ressentais vraiment quelque chose pour toi ? Tes petites manies d’aller bouder dans ton coin, quand rien ne marchait comme tu le voulais, et d’envoyer tout le monde balader lorsqu’on voulait te consoler… tu veux que j’te dise !? Ces gamineries, ça commençait à me soûler gravement ! Et, au moins, Willy-chéri…

Ulrich Arrête de l’appeler Willy-chéri, ça m’énerve !

Yumi, sur un ton ironique Tu vois ? Tu recommences encore, tes petites crises de jalousie ! Au moins, Willy-chéri – arrête de grincer des dents comme ça, tu m’énerves ! – est beaucoup plus mature que toi !

Ulrich Ah, donc, c’est à cause de ça !? C’est parce qu’il est plus mature que t’as décidé de casser avec moi pour construire avec lui !?

Yumi Mais, il n’y a pas que cette raison-là ! J’en ai plein d’autres !

Ulrich, en augmentant de plus en plus le ton Ah ouais !? Et lesquelles, alors ? Vas-y, lance-toi ! Dis tout ce que tu as sur le cœur, donne-moi encore toutes les baffes que tu voudras… sois franche pour une fois !

Yumi, sur un ton agressif Et, c’est toi qui oses me parler de franchise, alors que tu m’as menti depuis tout ce temps ? Alors que tu manoeuvrais dans le plus grand secret pour pouvoir sortir enfin avec moi ?

Ulrich Ouais, ben, tu peux parler, toi ! En matière de secret, t’es aussi terrible !
(Il aspire une grande bouffée d’air, pour se calmer un peu, puis…)
Franchement… que suis-je vraiment pour toi, Yumi ? Un simple pion ? Une simple conquête sans grande importance ?

Yumi Excuse-moi de te contredire, mais c’est plutôt toi qui m’a considérée comme une simple conquête ! Comme la fois où t’es sortie avec Émilie, il a deux ans, car t’avais besoin de ¨changer d’air¨… !

Ulrich, en rougissant fortement Oui mais, ça, c’est du passé ! Et puis… t’en as une bonne à voir le défaut des autres ! Pourquoi ne veux-tu pas voir, pour une fois, tes propres défauts ? Comme toutes les fois où tu n’arrêtais pas de bécoter William lorsque je passais devant vous, que ce soit maintenant ou hier ? Comme à l’attaque de la piscine ? Qu’est-ce qu’il y a, t’es trop fière de ce que tu es, pour te rendre compte que t’es pas aussi parfaite que t’en as l’air !?

Cette demande obtient, comme réponse, une nouvelle claque sur son autre joue. Devant lui, Yumi est si blessée qu’elle est sur le point d’avoir une grosse crise de larmes…

Yumi, d’une voix furieuse et tremblante Est-ce que tu t’entends parler, au moins ? Est-ce que tu te rends compte à quel point… t’es en train de m’insulter, de détruire le peu d’amitié qui reste entre nous ?

Ulrich, d’une voix caverneuse Vaut mieux devenir des ennemis qui n’ont plus de secrets l’un envers l’autre que des amis qui continuent toujours de se cacher ! Et puis, notre amitié… il y a bien longtemps qu’elle a disparu, bien que tu t’en es pas encore rendue compte !

Yumi, qui commence à pleurer pour de bon Ça, c’est toi qui le dis ! À mon avis, depuis que je sors avec William, t’as dû te mettre dans la tête que tu n’étais plus rien pour moi, ou quelque chose comme ça ! T’es vraiment qu’un pauvr’ crétin, si t’as vraiment pensé ça ! Tu croyais vraiment que j’allais te laisser entièrement tomber, parce que mon cœur n’allait plus vers toi ?

Ulrich, qui a aussi sa voix qui commence, un peu, à trembler C’est, en tout cas, l’impression que tu me donnes, à chaque fois que t’es avec ce dragueur à deux balles !

Yumi C’est, donc, pour cette raison que tu nous regardes toujours de travers, moi et William, lorsque nous sommes ensemble ?

Ulrich Je pense juste que tu n’as rien à faire avec lui, c’est tout !

Yumi Je dis ça depuis tout à l’heure : t’es jaloux, voilà tout ! Tout le monde a connu l’amour, un jour ou l’autre… sauf toi ! Tu espères te venger sur nous-tous, parce que t’es le seul de la bande à ne pas avoir eu une relation vraiment stable ? Dans ce cas, tu n’avais qu’à en profiter lorsqu’il en était encore temps, lorsqu’on était que nous-deux !

Ulrich, comme si elle lui avait touché un point sensible Justement, combien de fois j’ai essayé de te parler et, à chaque fois, soit on était dérangé, soit tu me fuyais ? J’aurais tout donné pour passer quelques minutes avec toi, tout seuls, pour te déclarer enfin ce que je ressentais pour toi… mais j’ai jamais pu le faire, et tu en es pour beaucoup !

Yumi, outrée Alors, ça, c’est un peu facile ! Je n’y suis pour rien, là-dedans : si t’as jamais pu le faire, c’est parce que tu n’avais aucun courage à te dévoiler, à aller droit au but ! Comment aurais-je pu deviner quoi que ce soit, à force de toujours tourner autour du pot ? Les seules fois où tu t’es montré très sincère… je peux les compter sur les doigts ! Je crois qu’il n’y a eu qu’une seule fois, durant l’attaque des frelons… et c’est tout !

Ulrich, qui commence à pleurer également Parce que tu crois que c’est facile, pour moi, de me lancer dans ces choses-là !? Comme tu le dis, on n’a pas eu de relation stable, mais je te fais remarquer qu’il y a beaucoup de raisons derrière : toi, l’école, ma famille…

Yumi Comme je l’ai dit : tu manques de courage. Comment veux-tu que j’aime quelqu’un d’aussi craintif ?

Ulrich Et toi, comment veux-tu que j’aime quelqu’un d’aussi lâche et peu compréhensive ?

Durant quelques instants, ils continuent leur dispute avec leurs regards assassins. Pourtant, ils se sentent, tous les deux, blessés, à en juger les larmes qui perlent dans leurs yeux.
Au bout d’un moment, Ulrich s’installe sur le banc de pierre en tournant le dos à Yumi. Cette dernière le regarde tristement, et elle s’installe près de lui, dos contre dos. Ils ne se regardent pas…

Ulrich, d’une voix calme et triste Pourquoi sommes-nous que de simples copains ? Pourquoi tu m’as fait ça ? C’est pour me punir, c’est ça ? Mais, me punir de quoi ? Qu’est-ce que je t’ai fait ! Dis-le moi, je ferai tout le nécessaire pour…

Yumi, en retrouvant également son calme Non, c’est pas ce que tu crois, Ulrich ! Tu ne m’as jamais rien fait de blessant ! T’es toujours un ami pour moi, t’en fais pas – même après le coup du bal !

Ulrich Mais alors, pourquoi, Yumi ? Pourquoi ? Profites-en, vu que nous sommes que nous-deux, tout seuls !

Yumi, hésitante Je… je me sens pas encore prête à tout avouer ! Mais, t’en fais pas : sois patient, et je te révèlerai tout en temps voulu !

Ulrich Promis ?

Yumi Juré !

Les deux retrouvent le sourire, malgré qu’ils pleurent encore, tout en ignorant la réaction de l’autre.

Ulrich Dis-moi juste une chose… est-ce que tu m’aimes encore autant que je t’aime ?

Yumi reste un long moment silencieuse. Ulrich ferme les yeux, s’attendant déjà au pire.
Mais, quelques instants plus tard…

Yumi, sur un ton profond Oui, Ulrich !
(Il rouvre les yeux, soulagé…)
C’est drôle, je sais plus quoi penser ! Ici, dans ce bois, sur ce banc en pierre, je me sens si… seule au monde !

Ulrich Moi-aussi !

La musique démarre : c’est Ensemble des Subdigitals. Néanmoins, Ulrich et Yumi restent toujours dans la même position, décidés à ne plus se regarder. Cependant, tout en chantant, ils se remémorent de leur passé tumultueux…

Ulrich « You feel alone, you want to cry
Why’s so much sadness in your eyes
You look fragile but you’re so strong
Appearances can be so wrong
Yumi « you feel alone, you want to cry
And all your friends are wondering why
The only one who understands you
Is far away and oh so lonely too

Ulrich et Yumi, d’une même voix « And you are such a hero, girl
You don’t believe in yourself
One day it’ll be all behind
And you’ll have some piece of mind
And then finally
You all will reach the end

Yumi « you feel alone, you want to cry
You’d like to calm your virtual side
And you’ve been fightin against these thoughts
But, when you finish, you’re down once more
Ulrich « you feel alone, you want to cry
When will you meet your perfect guy
Who’ll stick by you and understand you
And never question where you’re goin to ?

Ulrich et Yumi, d’une même voix « And you are such a hero, girl
You don’t believe in yourself
One day it’ll be all behind
And you’ll have some piece of mind
And then finally
You all will reach the end

À la fin de la chanson, ils finissent par se retourner... et s’adresser un doux regard, malgré leurs larmes, de même qu’un beau sourire. C’est comme s’ils retombaient vraiment amoureux…

6)

Soudain, des pulsations se font sentir dans tout le Territoire des Montagnes de Lyoko… jusqu’à ce que la Tour située au bout d’un sentier se coiffe d’une aura noire…
*
Le soir est maintenant tombé sur la région parisienne. Un petit zoom sur un music-hall, où il y a déjà une gigantesque foule qui s’y presse sauvagement. La plupart de ces gens sont des adolescents. Au-dessus des grandes portes vitrées, il y a un panneau publicitaire grandiose, tout illuminé où il est écrit en grands caractères rouges : « CODE LYOKO, LA VOIX DES ANGES AVEC LES SUBDIGITALS ET LA TROUPE DES LYOKO-GUERRIERS ». En réalité, ce gigantesque hall n’est d’autre que… l’Olympia en personne.
Quelques kilomètres plus loin, on voit Aelita, Jérémie, Odd, Sissi, Ulrich, William et Yumi habillés comme d’habitude, pour l’instant, en train de marcher ensemble vers la sortie du collège Kadic. Derrière la grande arcade d’entrée, deux limousines les attendent avec comme chauffeurs, sans doute, Ben et Chris des Subdigitals. Les lyoko-guerriers sont abasourdis par leur présence, mais ils s’empressent de venir à leur rencontre, surtout Aelita qui a l’impression de vivre un rêve tout éveillé.

Aelita, émerveillée Nico ? Chris ? Ça, alors ! Qu’est-ce que vous faites, ici ?

Chris, le sourire aux lèvres À ton avis, princesse ? On vient pour vous emmener à l’Olympia en toute sécurité ! C’est fou, le nombre de fans qu’il y là-bas !

Yumi Ils sont là pour nous, ou pour vous ?

Ben Je crois que c’est plus pour vous ! Si vous savez combien de CD vous avez déjà vendu… on a pu en tirer un énorme bénéfice ! La maison de disques ne veut plus nous lâcher !

Chris, en s’empressant d’ajouter Mais, dites-vous bien que si vous faites ça, c’est bien pour vous ! En aucun cas, on veut profiter de vous pour avoir, à nouveau, du succès ! On est juste là pour vous aider, c’est tout !

Ulrich N’empêche, on vous doit quand même beaucoup !

Chris, en acquiesçant Certes… mais il y a aussi le talent derrière ! Et ça… ça s’apprend pas !

Odd, sur un ton taquin et en se mettant en avant Oui, oui, je sais, Chris ! Qu’est-ce que cette petite troupe d’artistes aurait fait sans un garçon aussi talentueux que moi ? Je n’arrête pas de leur répéter …

Jérémie, agacé Ça va, Odd, on a compris !

Chris Vous n’avez pas trop le trac, c’est bon ?

Sissi Toute cette foule… ça me fait peur, rien que d’y penser ! Mais, j’ai trop envie d’y aller !

Ben, en rigolant Oh t’inquiète, Sissi ! La peur du public, ça arrive à tous les artistes, même aux meilleurs d’entre nous !
(Puis, en regardant sa montre…)
Bon, assez perdu de temps ! Allez, tous en voiture !

Déjà, les lyoko-guerriers se dispersent en deux groupes pour chaque limousine, mais…

Chris, d’une voix claironnnante Si ça vous dérange pas, euh… je voudrais bien prendre Aelita toute seule ! J’ai, euh… des choses très importantes à lui confier !

Tous les autres le regardent, intrigués.

Chris, hésitant Tu veux bien, Aelita ?

Aelita, en haussant les épaules Ben, ouais, pourquoi pas ?

Jérémie Je peux juste vous accompagner ? Il n’y a plus de place dans la limousine de Ben !

Apparemment, Chris n’est pas trop emballé par cette idée, comme si ça lui fichait tout un projet en l’air, mais il est bien forcé d’admettre que Jérémie a raison…

Chris, en soupirant Ouais, bon, si tu veux ! Grimpe !

Ben, à Chris Bon, ben, rendez-vous à l’Olympia ! J’te suis !

Chris grogne discrètement, avant de regagner la place de conducteur de sa limousine, comme Ben dans l’autre voiture. Jérémie et Aelita sont installés derrière, bien confortablement.
La voiture démarre et commence à rouler. Aelita se met bien à l’aise sur la grande banquette en cuir, mais Jérémie est un peu préoccupé…

Jérémie, sur un ton soupçonneux Bizarre qu’on ait que nous-deux dans cette limousine !

Aelita, en souriant Bah moi, ça m’arrange un peu ! Comme ça, si on veut discuter de choses que les autres ne sont pas censés savoir…

Elle lui jette un regard un peu séduisant. Les deux petits génies se mettent à rougir fortement, mais Jérémie retrouve vite son sérieux.

Jérémie D’ailleurs, à ce propos…

Soudain, la voiture s’arrête et le panneau entre l’avant et l’arrière de la voiture s’abaisse. Chris s’est retourné et il observe les deux adolescents comme s’il couvait quelque chose…

Aelita, intriguée Chris, pourquoi on s’est arrêté ?

Chris, avec un sourire un peu démoniaque aux lèvres C’est bien l’Olympia que vous avez demandé ? Le paradis de tous les artistes ?

Aelita, hébétée Ben, oui… !

Jérémie fixe Chris avec un regard méfiant. Derrière son dos, il serre déjà son poing…

Aelita Qu’est-ce qu’il y a, Chris ?

Chris Oh, rien ! C’est que… c’est plutôt en enfer que je vais vous déposer !

Soudain, ses yeux deviennent entièrement noirs, ce qui horrifie les deux adolescents.

Jérémie, sur un ton agressif NOOOONNNN !!! Je ne vous laisserai pas lui faire du mal !

Mais, le pauvre Jérémie est brusquement touché par une pluie d’éclairs violets, venant des doigts bien tendus de Chris. Ce dernier, avec un sourire démoniaque, le laisse souffir quelques instants dans les airs, sous les yeux horrifiés d’Aelita, avant de tourner soudainement son bras. Jérémie traverse la vitre et s’effondre lourdement par terre, inconscient, près des grosses roues de la limousine.

Aelita, en se levant, horrifiée JÉRÉMIE !!!

Mais, Chris l’assomme avec une bonne rafale électrique, avant de démarrer en trombe et de disparaître dans une autre rue…

7)

La limousine de Ben arrive, peu de temps après, sur les lieux. Il a juste eu le temps de voir la limousine de son ami disparaître dans une rue différente de celles de leur parcours, et il s’arrête pour contempler, terrorisé, Jérémie gisant au beau milieu d’une grosse flaque de verre brisé.

Ben, abasourdi Hé ! Qu’est-ce qui se passe ?

Ulrich, voix off Qu’y a t-il, Ben ? Pourquoi on s’est arrêté ?

Ben Je voudrais bien savoir ce qui se passe, p’tit gars !

Soudain, les portes de derrière s’ouvrent et Odd, Sissi, Ulrich, William et Yumi se précipitent dehors pour aller voir ce qui s’est passé. Ils tirent tous ensemble Jérémie des verres brisés, et Ulrich et William tentent de le ré-animer selon la plus noble tradition des claques sur la figure.

Odd, sur un ton ironique Ben, dis donc ! Qu’est-ce qu’il lui est arrivé, à Einstein ? Il a chanté faux, ou quoi !?

Yumi, sur un ton sévère C’est pas le moment de plaisanter, Odd ! Il s’est passé quelque chose de très grave !

Sissi, sur un ton soupçonneux Et, j’imagine que vous pensez, tous, comme moi ?

Tous, en acquiesçant et d’une même voix L’ANAX !

Jérémie finit par se réveiller difficilement. Il regarde ses amis, hébéts, mais les souvenirs lui reviennent vite fait…

Jérémie Aelita… Chris… L’ANAX… !

Ulrich, en lui tapotant sur l’épaule pour le calmer T’en fais pas, Einstein ! On s’en doutait un peu !

Odd, en regardant vers la rue où la limousine a disparu OK, mais où Chris est-il allé, à votre avis ?

Jérémie Ben c’est évident, non ? À l’usine !

William, en marmonnant Oh, la galère !

Sissi, un peu angoissée Mais, qu’est-ce qu’on fait, alors ? On va se poser des questions à l’Olympia si…

Ulrich, sur un ton ferme Oublie l’Olympia, Sissi ! C’est sur Lyoko qu’on va faire notre concert !

William, sur un ton taquin T’inquiète, il y aura aussi un public de masse, là-bas !

Odd Et, en plus, ça tombe bien ! Je manquais un peu d’inspiration pour écrire une bonne fin ! Peut-être que ça va m’aider !

Les lyoko-guerriers se relèvent et ils en reviennent à Ben, qui est toujours aussi ébahi par la situation…

Ben, en balbutiant Mais… mais qu’est-ce que…

William, sur un ton autoritaire Plus tard, les questions ! Pour l’instant, emmenez-nous à l’usine, celle sur la petite île ! C’est urgent !

Ben Mais… mais…

Odd, sur un ton également ferme Il n’y a pas de ¨ mais ¨ qui tienne, Ben ! C’est vraiment important ! On ira à l’Olympia après !

Face à une telle intransigeance de la part de tout le groupe, Ben ne se pose plus de questions et se dépêche de se lancer sur la trace de son ami Chris, aussi vite qu’il peut sous les exhortations des adolescents…



Quelques mètres plus loin, l’autre limousine s’écrase comme une crèpe sur le sol bétonnée de la salle-cathédrale de l’usine. Néanmoins, Chris en sort, sans la moindre égratinure, et il tire Aelita, toujours inconsciente, de la carcasse de la voiture. Puis, il fait appel au monte-charge, qui s’ouvre rapidement devant lui.
Puis, on voit le monte-charge se refermer, avant de descendre le long du grand puits…
*
Pendant ce temps, la limousine de Ben arrive enfin sur le pont reliant l’usine au reste de la cité. Il continue toujours de foncer à vive allure… jusqu’au bord du grand escalier détruit, où il s’arrête brusquement. Les lyoko-guerriers descendent rapidement de la voiture, et empruntent les cordes devant eux pour atterrir devant le monte-charge, pour l’instant absent…
Mais, il se produit quelque chose d’inattendu : Ben les rejoint au bord de ce vide, bien malgré lui…

Ulrich, en essayant de l’arrêter Non, Ben, je vous le déconseille ! C’est trop dangereux ce que nous allons nous faire, maintenant !

Ben, sur un ton déterminé Je m’en fiche ! Je veux savoir ce qui est arrivé à mon pote ! Laissez-moi venir avec vous !

Les six amis se dévisagent, puis…

Sissi, en chuchotant à l’oreille de Jérémie Qui sait, on aura peut-être besoin de lui dans le labo, si jamais Chris t’agresse !

Jérémie, après mûre réflexion Bon, OK ! Vous pouvez venir, Ben, mais restez bien près de moi ! Ça risque d’être… spécial, ce que l’on va faire maintenant !

Ben, en acquiesçant C’est entendu !

William, en s’énervant sur le bouton d’appel du monte-charge Bon, pourquoi ça ne marche pas ? Chris a détruit le système, ou quoi !?
*
En réalité, Chris ets dans le labo et il a utilisé le programme de Jérémie, servant à bloquer le monte-charge. Sans perdre de temps, il commence la procédure de virtualisation…
À un étage plus bas, dans un des scanners, Aelita, encore évanouie, s’élève dans les airs dans un cercle de lumière éblouissant…

Chris, d’une voix métallique Transfert, Aelita… Scanner, Aelita… Virtualisation !

Quelques instants plus tard, l’ange aux cheveux roses se retrouve sur le Territoire des Montagnes de Lyoko. Elle gît par terre, toujours sans connaissance…
*
On retrouve nos autres héros en train de se précipiter dans le corridor de la chaufferie, avec Ben à leur suite. Ils se glissent, un par un, dans le labo par ses armatures d’acier soutenant le plafond… mais il n’y a plus personne : Chris a disparu.
Jérémie prend vite place devant le Super-Ordinateur, alors que tous les autres touchent pied à terre, l’un après l’autre. Ben regarde tout autour de lui, déboussolé…

Ben, émerveillé Ben, dis donc, c’est quoi, cet endroit ?

Odd, sur un ton ironique Ça, c’est l’un des décors de notre comédie musicale ; garantie 100% pur naturel ! Eh oui, mon pauvre Ben : votre petite légende locale est bien réelle… !

Jérémie, d’une voix claironnante Chris a réussi à virtualiser Aelita sur le Territoire des Montagnes. Vous plongez tous immédiatement ; à mon avis, l’ANAX ne va pas tarder à envoyer ses monstres !

William, en adressant un signe de tête à un Ben hébété Bon, on vous laisse ! On doit, euh…

Odd, le sourire aux lèvres … passer au second acte !

Tous ses amis ricanent aux éclats, puis ils empruntent tous le petit escalier secret menant à la salle des scanners.
Une fois qu’ils ont tous disparu, Ben se place à côté de Jérémie et contemple l’écran de l’ordinateur, sans comprendre à quoi que ce soit…

Ben, un peu inquiet Dis, qu’est-ce qui va leur arriver ?

Jérémie Rien de grave, rassurez-vous ! Mais, en tout cas, soyez sur vos gardes : Chris risque de revenir à tout moment, pour nous faire du mal !

Ben C’est complètement dingue, ce truc !

Jérémie glousse un peu, puis il reprend ses manipulations…

9)

Aelita finit par se réveiller, et se relever douloureusement. Il lui faut du temps pour se rendre compte qu’elle est bien sur Lyoko…

Jérémie, voix off Aelita, tu me reçois ?

Aelita, d’une voix soulagée Oh, Jérémie ! Il ne t’est rien arrivé de mal ! J’ai eu si peur !

Jérémie, voix off Ouais, c’est vrai que j’ai eu de la chance ! Tiens bon, les autres vont arriver !

Soudain, un laser argenté s’écrase juste à côté d’elle, ce qui la fait sursauter. Aelita se retourne… et voit une escadrille de Mégapiafs foncer droit sur elle. Elle s’empresse de se précipiter sur le sentier menant à la Tour, les grands rapaces virtuels à ses trousses…
*
Dans le labo, un bruit fait sursauter Jérémie et Ben. Chris vient de traverser un mur et il les regarde, maintenant, d’un œil assassin. Derrière lui, ses poings commencent à s’électrifier.

Jérémie, en appuyant rapidement sur ENTER Virtualisation !
*
Sissi et Yumi apparaissent sur le Territoire des Montagnes, suivies d’Odd, d’Ulrich et de William. Les cinq lyoko-guerriers sont apparus à l’endroit exact où se trouvait Aelita, quelques instants auparavant. D’ailleurs, ils la repèrent très vite sur le sentier menant à la Tour, poursuivie par des Mégapiafs.

Odd Bon, tant qu’il n’y a qu’eux… !

Jérémie, voix off Détrompe-toi, Odd ! Vous avez des Foxxies en approche ! Je vous envoie vos bécanes !

Cinq Foxxies surgissent de derrière la montagne et commencent à mitrailler nos héros. Ces derniers dégainent leurs armes et commencent déjà à riposter comme ils peuvent : Sissi et Yumi jettent leurs armes-boomerang respectifs, Ulrich et William repoussent les lasers avec leurs épées et Odd est le premier à foncer, tête baissée, vers les monstres.

Odd, en sautant bien haut et en pointant ses bras FLÈCHES LASERS !!!

Ses petites flèchettes détruisent juste un Foxxie. Les deux filles en tuent également un, chacune. Pour les deux derniers petits monstres, c’est au tour des deux¨ chevaliers¨ de s’en occuper en fonçant tête baissée vers eux. Les deux petits fennecs ont beau contre-attaquer avec tous les lasers argentés du monde, ils n’ont aucune chance sous le coup des épées d’Ulrich et de William.
Quelques instants plus tard, les deux Overbikes, l’Overwing et l’Overboard se matérialisent devant eux. Les lyoko-guerriers les enfourchent aussitôt et se lancent sur la trace de leur amie…
*
Cette dernière, justement, court toujours sur le sentier menant à la Tour, esquivant la pluie de lasers qui s’abat sur elle sans relâche. Elle est déjà essoufflée, mais elle ne diminue pas l’allure pour autant : la Tour est toute proche. Elle est tellement concentrée dessus qu’elle ne pense même pas à se défendre avec ses champs de force ; néanmoins, elle sent ses amis approcher…
*
Pendant ce temps, alors que Jérémie surveille attentivement tous ses écrans, Ben se prépare à se défendre mais sans grande détermination. Chris se rapproche dangereusement d’eux, ses poings électriques prêts à l’emploi…

Ben, d’une voix faible Écoute, Chris ! T’es… t’es mon meilleur ami, j’ai… j’ai pas envie de te… faire du mal ! Mais, je… je n’hésiterai pas si…

Mais, Chris ne se laisse pas impressionner par ces menaces peu convaincantes. Il attrape Ben par le col de sa chemise et le jette violemment contre le mur, toujours avec cette même indifférence.
Malgré sa peur au ventre, Jérémie reste quand même concentré sur son ordinateur tant qu’il peut…
*
Enfin, les lyoko-guerriers arrivent à la hauteur des Mégapiafs qui agressent, encore et toujours, Aelita. Odd est le premier à foncer dans le tas… et à descendre un des monstres. Mais, ces derniers s’arrêtent brusquement en plein vol et, alors que deux d’entre eux se relancent à la poursuite d’Aelita, tous les autres s’en prennent aux compagnons de la jeune fille aux cheveux roses.
Face à la menace, les lyoko-guerriers sont obligés de plus revenir sur la défensive, bien que quelques uns comme Odd, Yumi ou Sissi arrivent à détruire encore quelques Mégapiafs. Mais, très vite…

Jérémie, voix off Attention ! D’autres Mégapiafs en approche !

Et, en effet, une autre bonne dizaine de ces monstres apparaissent dans le ciel du Territoire et fondent sur nos héros. Ces derniers sont bien obligés de se replier vers la montagne, là où se trouve leur case départ, les Mégapiafs à leurs trousses.
Ils parviennent, tant bien que mal, à se cacher dans la petite grotte de la montagne, aussi loin que possible de l’entrée pour ne pas se faire prendre par les grands rapaces virtuels. Néanmoins, ces derniers encerclent maintenant la montagne, en tirant leurs lasers de temps en temps pour dissuader toute tentative de sortie, et les cinq amis ne peuvent que contempler, impuissants, le triste sort d’Aelita…
*
Cette dernière n’est plus qu’à quelques mètres de la Tour. Elle sent l’espoir revenir, malgré les deux Mégapiafs qui la poursuivent toujours en la mitraillant.
Soudain, elle entend un grondement assourdissant. Elle s’arrête en pleine course et regarde, comme par instinct, vers la Mer Numérique. Elle commence à bouillonner d’une façon inquiétante…

Aelita, terrorisée Jé… Jérémie, le… le…

Jérémie, voix off et également horrifiée Vite, sauve-toi, Aelita ! Le Kraken arrive !

Mais, trop tard : les Mégapiafs l’ont maintenant encerclée sur le long sentier suspendu dans le vide, mais Aelita n’en a cure. Elle est plus intéressée par les gigantesques tentacules du Kraken, qui surgissent de la Mer Numérique comme des plantes en pleine croissance dans un film en accéléré, et qui commencent à s’accrocher à tout ce qu’elles peuvent trouver sur le passage… y compris Aelita.
*
Dans le labo, Jérémie quitte soudainement sa place. Chris le menace, maintenant que Ben est H.S pour le moment. Le petit génie ne peut que contempler, horrifié, les poings de l’artiste en train de se charger électriquement. Il n’a pas le courage de se défendre, il ne fait que reculer…
*
Coincés dans leur petite grotte, les lyoko-guerriers ne peuvent que contempler, impuissants et désespérés, Aelita en train de se débattre dans les immenses tentacules du monstre. Les deux Mégapiafs qui l’avaient encerclée ne font que regarder le spectacle, apparemment fiers d’eux. Aelita hurle aux éclats, se débat et dégaine des champs de force comme elle peut… rien à faire. Déjà, le Kraken commence, doucement, à replier ses tentacules vers la Mer Numérique comme pour augmenter le plaisir de dévorer sa proie…
Dans la grotte…

William, en frappant les parois du poing, furieux Non, ce n’est pas possible ! On va pas les laisser gagner aussi… facilement !
(Puis, en levant la tête en l’air…)
Jérémie !? Jérémie, t’es là ?

Pas de réponse, ce qui augmente sa fureur…

Sissi, en pleurant déjà Faudra se rendre à l’évidence ! Aelita est dans les tentacules du Kraken, et nous sommes pris au piège dans cette fichue grotte par ces oiseaux débiles !

Malheureusement, malgré leur détermination à penser le contraire, les autres commencent à partager son état désespéré.
Et, pourtant…

Odd, en levant le doigt en l’air Hé, attendez ! Il y a, peut-être, une roue de secours !
(Il attend qu’ils tournent tous la tête vers lui, puis…)
On n’arrive pas avec la méthode forte. Alors, pourquoi pas utiliser… la méthode douce ?

Ulrich, intrigué Que veux-tu dire par là ?

Odd, fier de lui Facile ! On va aller se combattre… en chantant ! Comme pour le travail, je suis sûr que ça sera autant efficace ! En plus, vu qu’on doit s’entraîner pour la comédie musicale…

Yumi, sur un ton sévère et agacé Odd, tu crois franchement que c’est le moment de dire des bêtises pareilles !? On n’est pas dans la comédie musicale, là, et…

Odd Je suis sérieux, Yumi ! Aelita a été capturée par le Kraken, Jérémie doit être en train de subir un sacré coup de foudre avec Chris… si t’as une autre idée, vas-y !
(Mais, comme Yumi ne réplique pas, cette fois…)
Faites-moi confiance, pour une fois ! Je vous assure que ça nous donnera beaucoup plus de force pour vaincre tous ces monstres ! Qu’est-ce que vous en dites ?

Ils se dévisagent tous, en réfléchissant très sérieusement.
Mais, ce n’est qu’après un énième hurlement d’Aelita que…

William Si tu le dis… faisons-le pour notre comédie musicale !

Odd, béat Super ! Alors, tous sur scène ! Hé, ma princesse, tu grimpes derrière moi ?

Après que Sissi ait grimpé derrière lui, les lyoko-guerriers prennent leur courage à deux mains et ils osent, enfin, sortir de leur grotte.
La musique commence : c’est S’en aller des Subdigitals…
*
Durant la première partie de l’introduction instrumentale, on voit Jérémie contre un mur, pétrifié par la terreur. Chris se rapproche de plus en plus de lui…
*
De retour sur Lyoko. Bien entendu, à peine les adolescents sont-ils sortis de leur cachette que les Mégapiafs se sont tous rués vers eux. Alors qu’Aelita tombe, de plus en plus, vers la Mer Numérique, nos héros s’organisent très rapidement en se dispersant…
Puis, après quelques esquives …

Ulrich « I live my life the way I feel
Odd, d’une voix plus douce et en tuant un Mégapiaf « I live my life the way I feel
Sissi, en dégainant ses deux bâtons de majorette « I really don’t know what is real
Odd, d’une voix plus douce « I really don’t know what is real
Ulrich, en détruisant un deuxième Mégapiaf « I follow my path till it’s end
Odd, d’une voix plus douce « I follow my path till it’s end
Sissi, en lui tapotant l’épaule « I know I’ll always find a friend
Odd, d’une voix plus douce « I know I’ll always find a friend

Odd, en regardant tous ses amis et d’un air évident « I love to play
Whatever they say
I’ll go my way... and

Tous, d’une même voix déterminée « Get away, get away, get away now
Les garçons, sur le même ton « Have some fun, have some fun, have some fun now
Tous « Get away, get away, get away now
Sissi et Yumi, sur le même ton « Let’s be crazy, let’s be crazy, let’s be crazy now

Déjà, la moitié des monstres volants ont disparu. Odd laisse ses amis s’occuper de tout ce qui reste de l’escadrille, pour aller aider Aelita qui n’est plus qu’à quelques mètres de la Mer Numérique.
Sur le sentier, le massacre continue toujours de plus belle… et toujours dans la bonne humeur.

William « There’s many things I have to learn
Odd, d’une voix plus douce « There’s many things I have to learn
William, en transperçant un Mégapaif qui volait trop près de lui « And many friends I’ll need in turn
Odd, d’une voix plus douce « And many friends I’ll need in turn
Yumi, en jetant ses éventails « I’ll find some love to comfort me
Odd, d’une voix plus douce « I’ll find some love to comfort me
Yumi, en récupérant ses armes « And spread to all of those in need
Odd, d’une voix plus douce « And spread to all of those in need

Odd, en regardant, à nouveau, tous ses amis et d’un air évident « I wanna be
Forever free
You’re no longer with me... so

Tous, d’une même voix déterminée « Get away, get away, get away now
Sissi et Yumi, sur le même ton « Have some fun, have some fun, have some fun now
Tous « Get away, get away, get away now
Les garçons, sur le même ton « Let’s be crazy, let’s be crazy, let’s be crazy now

Juste pendant le refrain, les lyoko-guerriers ont détruit presque toute l’autre moitié de l’escadrille des Mégapiafs, et Odd tire toutes les flèches lasers qui lui restent sur les tentacules qui emprisonnent Aelita. Sissi lui donne même un coup de main, avec ses bâtons de majorette…
Comme par miracle, les tentacules, normalement très coriaces, libèrent la jeune fille aux cheveux roses, qui s’empresse d’activer ses ailes, une fois libérée. Alors qu’Odd et Sissi la couvrent face aux dernières menaces du Kraken, elle reprend de l’altitude et se dirige vers la Tour sans rencontrer d’obstacle.
Pendant ce temps…

Tous, d’une même voix déterminée « Get away, get away, get away now
Have some fun, have some fun, have some fun now
Get away, get away, get away now
Let’s be crazy, let’s be crazy, let’s be crazy now...

À présent, tous les Mégapiafs sont détruits, le Kraken est reparti dans les profondeurs de la Mer Numérique, les lyoko-guerriers poussent des hurlements de joie… et Aelita entre dans la Tour…
*
Chris est sur le point de frapper Jérémie avec ses poings-éclairs. Ce dernier s’effondre sur lui-même, le visage protégé derrière ses mains et en poussant des hurlements perçants.
Mais, soudain, le batteur des Subdigitals reçoit un méchant coup sur la tête et il est à deux doigts de l’inconscience. Pourtant, il se remet très vite de son choc et se retourne.
Ce coup sur la tête venait de Ben, qui semble très vite regretter ce geste…
*
Aelita, entourée d’une aura argentée, est en train de monter jusqu’au sommet de la Tour. Elle atterrit sur la plate-forme supérieure et elle pose sa main sur l’interface devant elle…
*
Chris s’est emparé de Ben, une nouvelle fois, et il est en train de l’électrocuter avec ses mains bien fermés ; Ben pousse des hurlements d’agonie et, effondré par terre, Jérémie ne peut que regarder ce sinistre spectacle, toujours pétrifié par la terreur…
*
« CODE », puis : « CODE LYOKO »

Aelita Tour désactivée !
*
Les yeux de Chris redeviennent brusquement normaux et il s’effondre quand même par terre, évanoui. Alors qu’il est passé à deux doigts de la mort, Ben se libère de ses mains, avant de s’agenouiller près de lui et de tenter de le ré-animer…

Ben, d’une voix suppliante Chris !? Chris, je t’en prie, réponds-moi ! Ne sois pas mort ! Pitié !

Remis de ses émotions, Jérémie se relève et reprend sa place devant l’ordinateur. Il prépare, apparemment, le retour vers le passé…

Jérémie, sur un ton rassurant Vous en faites pas, Ben ! Il ne lui est rien arrivé de grave… et puis, dans quelques instants, vous aurez tout oublié !

Ben, en le regardant, hébété Hein !? Mais, que veux-tu dire ?

Jérémie, en appuyant sur ENTER Retour vers le Passé !

10)

De retour à l’Olympia, en pleine soirée. Cette fois, il n’y a plus personne qui attend devant les portes.
À l’intérieur de la grande salle de spectacle, c’est de la pure folie. Le public est en train d’acclamer à tout rompre nos héros, qui sont en train de faire une profonde révérence tous ensemble. Un peu à l’écart de la scène, les Subdigitals sont en train de les regarder faire, avec beaucoup de fierté et de bonheur. Là, Chris est tout à fait normal, et même mieux : il ne peut s’empêcher de poser ses mains sur les épaules de ses amis. Ces derniers font de même avec lui…
Les lyoko-guerriers sont habillés comme sur Lyoko (mis à part Jérémie) et le décor, derrière eux, représente le labo presque en grandeur nature. Ils sont tous émus par la ferveur du public : certains, comme Jérémie, Aelita ou Sissi en pleurent même. Ils ne sont pas alignés par pur hasard : Aelita est entre Jérémie et Odd, Sissi entre Odd et Ulrich, et Yumi entre Ulrich et William.
Après quelques secondes d’applaudissements très chaleureux, Odd s’avance un peu timidement vers le micro. Il est si bouleversé qu’il lui faut du temps pour se lancer…

Odd, d’une voix claironnnante Merci ! Merci beaucoup, public !
(Il attend que les applaudissements s’estompent un peu, puis…)
Mais, vous savez bien que jamais nous aurions pu être là, ce soir, sans la passion que vous nous portiez ! Et, je remercie également les Subdigitals…
(Il fait signe aux trois artistes d’entrer sur scène, sous les acclamations…)
… et tous mes amis, derrière moi…
(Nouvelles acclamations et révérences…)
… sans qui ce spectacle n’aurait pu avoir lieu, non plus ! Aussi, pour vous récompenser de votre fidélité, on a réservé la meilleur chanson pour la fin, en guise de conclusion pour notre comédie musicale ! Et, si vous voulez, vous pouvez chanter avec nous !
(Puis, d’une voix très aïguée…)
C’EST OK !?

Le public, en hurlant à toute voix OOUUUAAAAAAAAAIIIIIISSSSSSSSS !!!

Odd ALORS, MUSIQUE, MAESTRO !!!

Sous des énièmes applaudissements, l’air d’Un monde sans danger commence à résonner dans toute la salle, aussi fort que possible. Alors qu’Odd garde le micro et que les Subdigitals se retirent de la scène, les autres lyoko-guerriers règlent comme il faut le petit micro fixé à leurs oreilles.
Quelques uns dans le public ne peuvent s’empêcher de chanter, bien entendu, mais c’est surtout nos héros, maintenant artistes à part entière en plus d’être guerriers, que l’on entend à un volume au-dessus des instruments…

Odd « There is a world that is virtual and different
William « It can be so cold, makes us stand up for what’s right
Ulrich « Our hopes for our life is if we reset it to the start

Tous, d’une même voix « Here we are, going far
To save all that we love
If we give what we’ve got
We will make it through
Here we are, like a star
Shining bright
On your world, today
Odd « Make evil go away

Code Lyoko, we’ll withstand it all
Code Lyoko be there when you call
Code Lyoko we will stand real tall
Code Lyoko stronger after all

Jérémie « A world of machines, it can shadow human nature
Yumi « And all that we need, is the way to find the answer
Sissi « And one thing is sure, that you can count on us for good

Tous « Here we are, going far
To save all that we love
If we give what we’ve got
We will make it through
Here we are, like a star
Shning bright
On your world, today
Odd « Make evil go away

Code Lyoko, we’ll withstand it all
Code Lyoko be there when you call
Code Lyoko we will stand real tall
Code Lyoko stronger after all

Aelita « And we’ll do our best
To never let you down
We’re up to the test
To turn this world around

Tout en chantant, elle a l’illusion de voir son père et sa mère, installés dans les tribunes officielles, en train de l’applaudir également. Ils sont très fiers d’elle, à en juger leurs grands sourires. Même si ce n’est qu’une hallucination, ça l’a fait quand même sourire.
Les autres, quant à eux, voient, bel et bien, leurs familles respectives dispersées un peu partout dans la salle, mais aussi très fières de leurs bambins – mis à part le père d’Ulrich, évidemment…

Tous « Here we are, going far
To save all that we love
If we give what we’ve got
We will make it through
Here we are, like a star
Shning bright
On your world, today
Odd « Make evil go away
Tous « Here we are, going far
To save all that we love
If we give what we’ve got
We will make it through
Odd « Make evil go away
Tous « Here we are, like a star
Shning bright
On your world, today
Odd « Make evil go awaaayyyyyyyy