Posté le: Dim 15 Oct 2006 21:09 Sujet du message: [Fiction] La Haine d'aimer
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 3893 Localisation: Sur une colline, près des étoiles
La Haine d’aimer
Je ne veux pas donner l’idée que j’ai raison ou tort et ne veux contraindre ou faire agréer quelqu’un à mes propos…
Bien des choses irréelles s’adaptent à ce texte, rêve, chimère, espérance, liberté, imagination…évasion…
On lit, on visionne, on découvre et explore…
Un Univers, vaste.
Un monde, lointain.
Une île, utopique.
On lit, on visionne, on découvre et explore…
Des peuples, différents.
Des rois, prestigieux.
Des héros, fantastique.
On lit, on visionne, on oublie et s’éloigne.
De notre monde, réel.
De notre région, normale.
De notre ville, banale.
On lit, on visionne, on oublie et s’éloigne.
De notre civilisation, corrompue.
Des gens qui nous entourent, vulgaires.
Des proches, hypocrites.
Les pieds bien ancrés dans notre Terre, on ouvre une page. On apprécie un mot. On savoure une phrase. On s’enlise dans l’histoire… On essaie comprendre. On découvre un Univers fantastique ou merveilleux. On s’enfonce dans une intrigue, on admire le héros… Peu à peu, nos pieds se décrochent du sol, notre corps n’est plus sur notre lit, il a rejoint notre esprit. L’a-t-il retrouvé, ou bien est-ce notre mental qui est trop absorbé par l’histoire pour s’en souvenir de notre corps ?
Le héros a déjà grandi, il a parcouru une Terre et on aimerait être à ses côtés ; ne plus être coincé entre les quatre murs de notre chambre. On veut marcher dans son ombre, découvrir les passages secrets pour lui, affronter des monstres… On voudrait même rencontrer sa dulcinée si parfaite.
Le Mal existe, on sait déjà que le héros le vaincra… Peu importe, on s’accroche, on vogue avec lui…
Traversant les Mines de la Moria ; Parcourant le désert de l’Algaësia ; S’enfonçant dans les Enfers ; Pénétrant dans la Chambre des Secrets ; Plongeant sur Lyokô. On le suit, car désormais on l’accompagne où qu’il aille, dans son esprit comme dans son corps.
On pleure pour son cœur meurtri, on retient un cri quand il reçoit une blessure cuisante, on a mal pour son esprit. On ne suit plus le héros, on est le héros.
On fait sa quête, notre monde n’existe plus. On s’est enfoncé dans la Pensée jusqu’à ne plus voir notre point de départ. On ignore nos bas sentiments d’humains, la faim, la douleur : on avance sur le Sentier des Mots. Ne pas se retourner. Nous interrompre serait sacrilège.
On se noue d’amitié pour les êtres chers au héros. On lui fait croiser le fer tandis que dans les confins de notre cerveau, mugit le cri des rapières qui s’entrechoquent… Le combat ne s’étend que sur 6 lignes, mais l’affrontement perdure des heures dans nos yeux…
Les lignes n’existent plus, il ne reste qu’un long fil qu’il ne faut pas perdre…
On appartient désormais au monde. Les Terres du milieu sont notre foyer, Gwendalavir notre demeure, Poudlard notre château, Kadic notre collège. On étouffe de cette atmosphère onirique. L’air ne nous vient plus que de ce monde, l’air réel arrive à nous faire défaut…
Mais depuis longtemps on respire… On respire l’air du rêve. L’air du monde qu’on souhaitait, l’air de la vie qu’on désirait, l’air des personnes auxquelles on aspirait…
A chaque seconde, les pas du héros nous mènent. Il arrive dans de nouveaux lieux qu’il nous décrit… Mais arrive un moment, on ignore si le héros nous décrit l’arbre ou s’il on est déjà l’Arbre en question. D’un personnage, nous devenons un Monde, un monde combien meilleur que le notre…
Un cri vient déchirer notre cerveau. Un cri venant du monde qu’on a quitté. Le hurlement s’appelle Obligation, on le nomme Contrainte ou encore Réalité. Il faut quitter l'espace qui nous avait accepté, supplier le héros de nous attendre avant de poursuivre la quête. Ecoeuré, on ferme le Livre.
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« Selon Marx, le mode de production capitaliste est condamnable et surtout condamné ! Condamnable parce qu’il se base sur l’exploitation de la force de travail des prolétaires, condamné car à force de faire des productions plus importantes et d’appauvrir les classes ouvrières, il va être confronté à une crise de surproduction qui… »
Qu’est ce que je fais là ?
Le regard perdu par la fenêtre, le cours nous est inculqué, avant qu’un autre suive puis un autre. Le héros est endormi sur notre lit… Il nous attend pour se réveiller, on l’espère. Dehors, le bruit des voitures, dans le lycée, les regards hypocrites, les convenances sociales…
Au loin, notre Univers…
Pourquoi est on enraciné ici bas…
A la télé des meurtres, à la radio des conneries de Cauet, des blagues de cul, des choses lourdingues. Dans le journal, des attentats.
On est sans être. On marche sur un trottoir sans s'y trouver, on parle sans s’investir. On attend.
Le soir arrive, on court. On trouve enfin une fin à notre journée… Notre esprit distance notre enveloppe et va rejoindre le monde aux Aventures.
La quête reprend. On se ressent vivre.
Galbatorix n’est plus très loin, Voldemort s’approche, le combat s’amorce ! Chacune de nos particules est en éruption ! Il faut être concentré, sinon on pourrait perdre ce combat !
Notre ami nous sauve la vie en sacrifiant la sienne ! On refuse d’y croire ! Pas lui ! Pas maintenant ! On l’aimait trop ! Le héros pleure, les larmes nous viennent ! La guerre nous appelle ! Qu’importe le temps, qu’importent les pertes ! La frénésie du combat nous prend et la guerre est dans notre cœur !
Sauron est abattu, le méchant s’écroule sous les coups du héros ! Tout est fini !
L’Amour se sacre, les journées s’embellissent, le Mal est vaincu ! On contemple le héros dans toute sa splendeur de vainqueur ! Lui et ses amis font la fête ! La liesse d’un peuple tout entier, autant que la notre !
L’Amour célèbre la victoire, la héroïne se présente dans sa belle robe.
L’imagination vous guide ! On imagine quels jours merveilleux vont s’annoncer pour tous nos compagnons ! La vie est devant eux, l’avenir devra être beau après toutes ses épreuves !
Les héros vous adressent un sourire radieux, une dernière fois.
Pour nous pas de destin radieux, une page se referme, puis la couverture. Le Livre est fini, la vie aussi.
On ne veut pas y croire, c’est impossible. On veut savoir comment seront leur enfant. On veut continuer à vivre avec eux, les quitter nous parait impossible !
Pourtant l’Histoire est finie ! Pour nous seulement !
Un grand coup, une froide désillusion ! Jamais plus on ne sera de ce monde. Ne nous reste pour subsister que des souvenirs… Des souvenirs qui nous endorment et nous bercent, mais ne referment pas la plaie de notre cœur…
L’Univers ne nous appartient plus.
Alors on le hait.
On le hait de nous avoir jeté…
On hait les héros pour la vie qu’ils ont et que nous n’auront pas.
La haine nous fait souffrir, il ne nous reste rien… Il faut accepter les choses.
Revenir à notre monde… La seule issue…
Une autre ?
Recommencez un nouveau livre… Mais ce ne sera qu’un sursis, avant notre prochain malheur
……………………………………………………………………………………………
Avez-vous déjà aimé des héros ?
La Vérité est telle ! Nous ne les aimons pas nous les haïssons. On les hait car ils ont ce que nous n’avons pas. Ils ne nous laissent qu’une espérance naïve et faussée.
On voudrait vivre avec eux, mais nous n’avons que la Terre.
Pourtant nous avons besoin d’eux…
N’est ce pas curieux ?
……………………………………………………………………………
…
……………………………………………………………………………
Quand nous n’avons que de la peine dans le cœur, que reste-t-il sinon l’amour d’une personne, pour rêver un peu plus ?
Ne haïssons pas, mais s’il nous faut haïr, alors haïssons…
--Message edité par Shaka le 2006-11-12 00:31:00-- _________________
Les fleurs naissent, puis se fânent. Les étoiles brillent puis s'éteignent. Ainsi, la galaxie et notre Univers tout entier seront, un jour, amenés à disparaître...
A côté, la vie d'un homme ne représente qu'un éphémère battement de cils... Durant ce temps, l'homme naît et grandit, il s'amuse et se bat, il aime et déteste, il est heureux, puis triste... Tout ça, en un très court instant...
Avant de tomber dans un éternel sommeil qu'est la Mort...
Texte tout simplement superbe !
Déjà sur la forme, une mise en page agréable et claire. Une syntaxe et une orthographe irréprochable (et ça fait vraiment du bien). Le rythme est fluide, on arrive à la fin sans comprendre que l'on est dans les dernières lignes.
Sur le fond, là aussi c'est sublime. Une réflexion profonde, véridique que je qualifierais de complète. C'est vrai qu'après on choisit d'approuver ou non, et personnellement, je ne voit pas la même chose. Et pourtant cette vision me paraît juste. Mais comme tu le dis, tu ne veux pas que l'on te donne tord ou raison, ce texte donne surtout matière à penser.
Bref c'est une pure merveille. _________________
Je suis une rêveuse, de jour comme de nuit, je protège un autre monde, une bulle de rêve... Gardienne des songes...
Mon pseudo se prononce [sélaïe], pas [séli] ou [seli] ! (et j'y tiens !)
Eh bien.. si tu avais voulu faire un texte émouvant, tu as réussi. Tu m'as même fait remonter des souvenirs.. bravo.
Pour répondre à ton texte, je crois qu'il n'est pas nécessaire-enfin qu'on n'est pas obligé (enfin c'est selon les états d'esprits après) de n'aimer que le héros. Je ne veux pas dire par là que je ne l'ai jamais fait, loin de là. L'évasion peut se faire aussi par la création de nouveaux univers..
Quant à l'amour d'une autre personne.. la cicatrice est plus profonde encore si il se produit la même chose qu'avec le héros.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 3893 Localisation: Sur une colline, près des étoiles
Citation:
L'évasion peut se faire aussi par la création de nouveaux univers..
C'est pour ça que je ne cesserait jamais d'écrire
Merci pour vos coms, c'est encourageant _________________
Les fleurs naissent, puis se fânent. Les étoiles brillent puis s'éteignent. Ainsi, la galaxie et notre Univers tout entier seront, un jour, amenés à disparaître...
A côté, la vie d'un homme ne représente qu'un éphémère battement de cils... Durant ce temps, l'homme naît et grandit, il s'amuse et se bat, il aime et déteste, il est heureux, puis triste... Tout ça, en un très court instant...
Avant de tomber dans un éternel sommeil qu'est la Mort...
Merci a toi Shaka, de nous ecrire de si beaux textes, bon ca fait banal comme je le dis la mais je le pense et t'arrete pas d'écrire, tu es sur une voie très prometteuse pour l'avenir;)
--Message edité par Kris le 2006-10-16 02:54:05-- _________________
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 818 Localisation: Namur
J’ai imprimé en vitesse ce matin et j’ai lu pendant que j’attendais que les cours commencent à l’école. Quand j’ai eu fini, un seul mot m’est venu à l’esprit : superbe !
Tu m’avais déjà fais lire un extrait que j’avais trouvé très joli mais le texte en entier est vraiment merveilleux. Les sentiments que tu décris si bien sont véridiques et je n’ai pas grand-chose à ajouter ou sinon, tu vas dire que je radote ^^
J’ai juste un truc à rajouter : heureusement, la blessure que tu décris peut parfois être un peu atténuée pour ceux qui ont trouvé la Voie de l’Écriture car ce monde qu’ils ont créer leur appartient pour toujours. En bref, je vais te redire ce qui a déjà été dit : félicitation, Shaka, et bonne continuation;) (le sacrement n'est plus très loin ^^)
(Une petite allusion que je n’ai pas manqué de remarquer ^^) _________________ « Hope is the tings with feater. That perchers in the soul and sings the tune without the words. And never stops at all »
C'est super bien écrit: c'est exactement ce qui ce passe quand on lit un livre, et aussi quand on est contraint d'arrêter la lecture. J'allais tapper quelque chose d'autre mais je ne sais pas quoi. Tout est dit. _________________ Save the CHEERLEADER ...
... save the WORLD.
Le crime c'est pas une idée, c'est un acte. N'importe qui peut y penser, seul un homme libre peut le faire. (Calculs Meurtriers)
Inscrit le: 12 Juil 2006 Messages: 270 Localisation: Parmi les étoiles...
J'en suis bouche-bée, les larmes aux yeux... C'est magnifique ! Splendide ! Emouvant à la fois ! Et tellement vrai...
Et comme a dit missM, c'est exactement ce qui ce passe quand on lit un livre, et aussi quand on est contraint d'arrêter la lecture.
Ecris-en d'autres dans ce genre, c'est vraiment beau _________________ Angain and again and again and again I see your face in every thing... ★
Sans drame, sans larme
Pauvres et dérisoirs armes
Puisqu'il est des douleurs qui ne pleurent qu'à l'intérieur
Si je dit tout ce que t'on raconté les autres , ce serait un mensonge....
Ce que tu dit est tout simplement superbe, moi-même, quand je lis et que je termine mon livre, je ne peux m'empêcher de pleurer en sachant qu'il n'y aura pas de suite... Que la fin soit merveilleuse ou désastreuse, ça revient toujours au même, on est abandonné par ses héros, ses idoles... Ils partent vers leur destin, ainsi ce clos le récit... Ainsi ce clos nos espoirs, notre affection por nos amis et tout ce à quoi on inspire dans leurs trépidentes aventures...
Rien à dire, rien à faire , juste à relire, relire et relire encore cette histoire,mais même en faisant cela, le livre ne continue pas, l'histoire fini par s'arrêter et nous par oublier, pleurer, seul avec nos espoirs, abandonnés....
Sino, continue parce que, c'est excellent...
@++++ _________________ Fan de l'océan
Fan de la musique
Fan de la nature
Fan des pirates
Et puis surtout FAN DE CODE LYOKO !!!
Je suis une aventurière, une naviguatrice, une fille de l'océan...
Inscrit le: 21 Avr 2005 Messages: 1948 Localisation: Au pays imaginaire .
Que dire...tu es la voix de notre conscience, car ce que tu écris est ce que nous pensons tous. Mais ce serait mentir que de te dire que j'aime ce que tu écris. Car comme tu le dis, je le détèste aussi, je le déteste car tu as dévoilé toutes nos peines, tous nos sentiments, tous nos secrets qu'on ne savait que trop cacher...toutes ces choses si intimes qu'on ne savait décrire...tu les as conter sans aucune pudeur, et tu as choisis chaque mot à la hauteur de chaque émotion...Tout est à sa place, chaque lettre fais partie de notre état d'esprit lorsque on savoure notre lecture, lorsque on vit nos histoire, et qu'on est nos héros.
Trop dire serait une bêtise alors je vais juste te dire deux mots, un qui vient du fond du coeur et l'autre libérateur : bravo, merci. _________________
Inscrit le: 22 Juin 2005 Messages: 1808 Localisation: Big brother is watching you.
je sait pas quoi dire, c'est..... magnifique. j'en est eu presque les larmes au yeux. rien que le debut me donne envie de le lire. Shaka, t'es vraiment un ecrivain genial. j'admire ce que t'as fais. ce que j'adore aussi dans tes écrits, c'est ta perception des choses. elle est differente de la mienne, et quand tu l'exprime comme ca, j'trouve ca mieux que si c'était comme mwa. même si je pense la même chose dans le contenue, les details qui sont bien les tiens font de tes recits quelque chose de vraiment unique. _________________
Shaka ... tant de mieux a te dire, mais je ne le ferais, parce que ne ferais que lire ce que tu connais de moi ... donc pas besoin de m'étendre sur ce texte, je ne répeterais qu'une seul phrase :
Quand nous n’avons que de la peine dans le cœur, que reste-t-il sinon l’amour d’une personne, pour rêver un peu plus ? _________________
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