Prologue/Episode 01# Avatar

Introduction

Les sols pimpants brillaient encore sous les lueurs des néons et des affiches lumineuses. La forte chaleur, quant à elle, continuait à peser sur les clients dans les files d'attentes. Tous semblaient transpirer, serrés les uns les autres, tandis que l'une des banquières encaissait une fois de plus le chèque du client !

Tous patientaient à leur manière. Il y avait le petit blondinet qui raffolait du fameux cheeseburger ShakeShack aux côtés de sa mère et qui caressait le petit eurasier du sac de la cliente à proximité avec ses doigts graisseux et poilus. Près des panneaux d'instructions, attendait la femme un peu dérangée sur une chaise roulante en train de faire de la batterie sur les murs à l'aide de sa poupée. Et le vieillard au visage complètement déshydraté qui mendiait chaque nouvelle personne dans la file, espérant gagner quelques pièces pour subsister en marchant comme un monstre. Mais dans l'ensemble, l'ambiance était toutefois morose et paisible.

Josh était calme et posé. Encore un client, et c’était son tour de pouvoir vérifier si son patron l’avait promu comme annoncé. Il leva son bras gauche à hauteur de sa poitrine, et, retroussa le manche de sa veste en cuir afin de vérifier l'heure sur sa montre : vingt heures et quarante minutes : c'était bientôt l'heure de Criminal Minds sur CBS et cela faisait plus d'une heure qu'il était en file d'attente... Il haussa des épaules, regrettant le fait de rater l'épisode inédit. En songeant que la prochaine fois, il pourra poursuivre sa série préférée.

Les portes automatiques s'ouvrirent : encore un autre homme qui va jouir de cette affreuse et longue file d'attente. Ce dernier croisa le fameux mendiant aux airs de zombies en l'ignorant, doublant toute la file d'attente et se précipitant vers l'une des banquières qui le fixa d'un air plutôt surprise. Les personnes à l’arrière lui crièrent, lui reprochant le fait de ne pas attendre comme tout le monde. Josh soupira : il avait déjà raté sa série... A quoi bon ? Une personne de plus ou de moins, cela lui était complètement égal.

- Désolée monsieur, mais il va falloir attendre comme tout le reste du monde, lui expliqua la banquière. Je vous prie de bien vouloir retourner derrière cette file et...

- S'il vous plaît, lui supplia l'homme. J'ai besoin de faire un prêt, j'ai besoin d'argent, j'en ai besoin !

L'homme parlait à vive allure, il était pressé et avait l'air complètement brisé. Josh contempla vivement la scène : décidément, s'il n'y avait que lui qui avait des problèmes urgents à régler...

- Je vous l'ai dit, il suffit que vous gardiez votre calme et que vous attendez votre tour, comme tout le monde !

- S'il vous plaît, c'est urgent, je n'ai plus d'assurance et il me faut payer les frais d'opérations de ma petite Lisa. Elle est mourante et je n'ai pas assez de moyens pour payer l'opération.

- Hé bien, dans ce cas, vous aviez eu tout le temps pour parvenir faire un prêt il y a plusieurs heures. Vous devez respecter et appliquer le règlement, attendez votre tour et vous pourrez certainement...

La femme continua d’expliquer, tandis que des larmes commencèrent à couler des yeux du barbu : il semble qu’il n’avait pas travaillé depuis des lustres ! S’il songeait sauver sa petite, peut-être qu’il penserait à travailler plus tôt, se dit Josh. Mais bon, peut-être était-ce un coup de malchance ? Ou simplement, n'avait-il pas eu l'envie de faire quoique ce soit à part rester surveiller son enfant ?

Le pleurnichard avait les mains crispées : il semblerait que sa petite fille n’était peut-être pas la raison de son souci. Les autres tentèrent de comprendre ce qu’avait cet homme à rester encore devant le guichet.alors que la banquière lui a répété pour la énième fois qu’il devait se déplacer. L’homme réfléchit un instant, puis changea d’expression. Ce n’était plus de la tristesse, mais du remord.

- Monsieur ! Il y a de nombreux clients qui attendent de passer derrière vous, et eux aussi semblent pressés ! Rejoignez la file ou j’appelle la sécurité.

- Oui… Je… Je… Désolé ! Je…

L’homme pencha sa main droite discrètement au niveau de son bassin en relevant son veston, et brandit son revolver face à la guichetière.

- … Je veux cet argent ! menaça-t-il

Tout le monde fut complètement surpris. Et tandis qu’une des voisines de la guichetière appuya discrètement sur le bouton d’alerte rouge situé au bas de son guichet, l’homme plein de remords était déterminé à avoir l’argent. Il pointa la guichetière, l’une, l’autre, un client, l’enfant, une femme, un jeune et encore un autre.

- Couchez-vous ! Tout de suite ! ordonna-t-il

C’est à ce moment que Joshua comprit qu’il devait jouer son rôle en tant qu’agent de police. Sauf qu’il n’était pas armé.… Et qu’il serait difficile de tenter un acte de négociation avec un tel père en pleine crise.. Toutefois, c’est son travail d’agir, et il n’avait pas l’intention de perdre du temps dans une banque avec un dépressif après une longue journée de travail. Il décida donc de faire un pas vers l’homme, puis un second que ce dernier ne mit pas longtemps à remarquer. Le dépressif lui pointa alors de son arme :

- Toi, pas un geste ! A terre !!

Josh leva les bras, mais ne songea pas à s’agenouiller et décida de rester sur place.

- Une seconde. Je peux vous laisser ma place afin que vous puissiez faire votre prêt. Il suffit juste que…

- Bien, alors donnes-moi ta place !!

- Un moment, je vous l’ai dit : je peux vous laisser ma place à condition que…

- A condition que je te bute c’est ça ???

Quand on fait face à un dépressif, il faut être clair et aller vif, car il n’y voit pas plus loin que le bout de son nez ! Josh baissa peu à peu les bras et les tendit vers l’homme de façon à exprimer le besoin de se calmer.

- Pour commencer, je vous conseille de garder votre calme et de baisser votre arme.

- Oh, on ne me la fera pas à moi celle-là ! Cela ne fonctionnera pas !

Josh fit un pas de nouveau, et l’homme braqua son arme en direction de l’agent. Mais Joshua s’en moqua, et continua de faire un pas de plus.

- BOUGES PAS OU JE TIRE !

Josh avait toujours les bras élevés à hauteur de ses épaules. Il ignora cet ordre, et avança encore. Le reste du monde semblait paniqué : comment un tel homme pourrait se risquer dans de telles conditions ?

- STOP !! Un pas de plus et j’appuierais sur la gâchette ! Compris ?

- Vous n’allez pas tirer, répondit Joshua lentement. Vous êtes quelqu’un de bien. Je le sais, mais ce simple geste vous coûtera bien plus que les problèmes que vous avez en ce moment.

- Qu’est-ce que vous en savez ? Hein ? Vous avez une fille peut-être ? Hein ?

- N…

- Vous l’avez à l’hôpital en train de souffrir de la mononucléose et du cancer ? Hein ? Qu’est-ce que vous pouvez savoir de moi et de mes problèmes ?

Joshua se tut un moment : en effet, il n’avait pas d’enfant. Il était célibataire, et ne pouvait pas réellement savoir ce que l’homme devait ressentir. Mais il savait que cet homme était dépassé par les évènements, comme tous les autres cas qu’il avait réussi à calmer. Celui-ci serait tout bonnement identique.

- Etes-vous au moins conscient qu’en tentant quelque chose de ce genre, votre fille, même sauvée, ne vous verrait plus de la même façon ?

- Sans aucun doute, mais elle saura que c’est pour elle que je l’aurais fait ! répondit-il déterminé

- Et aura-t-elle des chances de vous revoir ?

- Je…

L’homme hésita un moment, Joshua vient de toucher le point assez déstabilisant. Et tendit alors son bras en direction de l’homme en avançant doucement, peu à peu :

- Monsieur, tout se passera bien si vous faites exactement tout ce que je vous dirais de faire, lui dit-il calmement. Tout d’abord, donnez-moi votre arme s’il vous plaît.

L’homme ne sut vraiment quel acte devait-il faire ? Devait-il faire une erreur ? Mais laquelle ?
Tremblant comme un homme frustré, Joshua continua à lui parler doucement et lentement :

- Calmez-vous. Je vous promets qu’en me remettant votre arme, nous pourrons trouver une solution ensemble afin de sauver votre fille.

Il ferma les yeux, tenta de se détendre avec beaucoup de difficulté. Il tremblait tellement qu’il préféra envisager n’importe quelle solution possible pour y remédier. Peu importait les conséquence à cet instant. Il plissa des yeux et tendit son revolver directement en le pointant vers Joshua.

Grossière erreur ! Nul ne savait s’il avait vraiment voulu tirer, ou s’il voulait donner l’armer à Joshua. mais un bruit de verre cassé se détacha instantanément du calme de la pièce. Le torse de l’homme était tâché de sang et de nombreuses personnes hurlèrent de terreur !! Joshua se retourna afin de vérifier qui avait tiré ! L’une des vitres de la banque était brisée, les voitures de police étaient présentes à l’extérieur du bâtiment : l’un de ces policiers avait appuyé sur la gâchette.

L’homme fondit sur le sol, et Joshua se précipita vers le malheureux qui était sûrement en train d’abandonner toute tentative de meurtre. Il vérifia son pouls et fixa les yeux sans expression.

- C’est pas vrai… souffla-t-il