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[Fanfic] Dix ans après [Terminée]

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 Auteur Message
petitema MessagePosté le: Mar 23 Nov 2010 23:41   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Aoû 2007
Messages: 138
J vais manquer d'originalité dans ce que je vais poster mais je n'ai pas de mots : je te dis juste chapeau, une trés belle fic que je viens de découvrir (qui a été longue à lire d'ailleurs Wink ) Tu fais preuve d'une "créativité" impressionnante (j'ai peutêtre pas employé le bon terme d'ou l'intervention des guillimets ^^) j'en reviens pas. Bref tu l'as compris j'adore ta fic !
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camilia85560 MessagePosté le: Mer 24 Nov 2010 15:12   Sujet du message: Répondre en citant  
[Tout juste inscrit]


Inscrit le: 14 Mai 2010
Messages: 1
Wouah.... C'est vraiment géniale ce que tu as écrit. C'est une bonne idée de faire une fiction 10 ans après l'extension du super-calculateur. Je suis vraiment pressée de voir la suite, je sens que sa va être plein de rebondissement! Avec la recherche d' Anthéa, les attaques de Xana et les hommes en noir!

Je te souhaite bonne continuation!

Juste une question : Sur Lyoko, Aelita est toujours en robe de mariée???
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Belgarel MessagePosté le: Jeu 25 Nov 2010 15:06   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


Inscrit le: 20 Aoû 2010
Messages: 534
Deux comms aujourd'hui ! et deux nouveaux lecteurs qui plus est ! Ca alors, ce que je suis content ! Eh bien la suite va bientôt arriver dans ce cas ^^ Dès demain, je poste la fin du cycle ! (maintenant qu'on est enfin en page 4, tout est permis ^^)

(Au passage, camilia, je vois que tu es nouvelle...je pense pas que tu seras un membre à problème [et même moins que moi, sans doute], mais il faut que tu penses à lire le règlement et surtout que tu penses à te présenter, c'est vraiment important...liens sur la page d'accueil, j'ai la flemme de les mettre ici Laughing En attendant, j'te souhaite la bienvenue sur le fofo, et je te remercie ardemment d'avoir posté rien que pour mes beaux yeux ^^
Et tant que j'y suis, un pseudo avec plein de chiffres comme ça, c'est peu conseillé, à moins que tu y tiennes...mais si tu trouves mieux, il existe un topic pour changer les pseudo)

D'ailleurs, devinez quoi...je viens juste de finir la fic ! Et je peux vous dire : l'épilogue est encore mieux que je ne l'avais imaginé. Je croyais l'écrire un peu façon naïve, voire lourdaude, mais en fin de compte, je trouve que vu ce que j'avais prévu de faire, ça rend super-bien...ah, j'en suis encore tout retourné.
Donc, je terminerai le cycle 4 à la brutale (donc malheureusement sans tellement de rebondissements que ça...) et je vous préviens : la fin du cycle 4 et la fin de l'épilogue sont super-écoeurantes. Donc si vous aimez pas le brutal, soyez pas trop curieux ^^
Je me mets à parler à un public pluriel, maintenant Mr. Green


Ah, sinon sinon...ben oui, de bons comms avec ça ^^ Suis vachement content que vous ayez aimé...et pour la robe de mariée d'Aelita, mea culpa, la question m'est complètement sortie de la tête parce que le retour d'Aelita sur Lyokô se fait en parallèle d'autres descriptions...je sais pas si je reprendrai ça, car ça me paraît assez peu important en fin de compte, et ça pourrait éventuellement casser le rythme du récit.
Pour ma part, étant donné qu'ils ont divorcé, je dirais qu'elle n'est plus en robe de mariée ; mais de là à inventer une nouvelle tenue...

Pour ce qui est ce cette fanfic (car je compte bien qu'il y en aura d'autres !), tout ce qui reste à attendre, après la fin...c'est que je rajouterai des résumés entre les cycles, de sorte qu'on puisse commencer à chaque quart. Et avant l'épilogue aussi, car l'épilogue, c'est un morceau de choix ! la raison qui m'a poussé à faire cette fic, au départ, et à la toute toute fin, l'idée qui m'avait tant enthousiasmé de cette fameuse journée à la plage en page 2...

En tout cas, content d'être lu ; revenez demain à la même heure, vous verrez la suite (en gros morceaux), et j'espère que vous m'en direz des nouvelles ^^


Edit : Bon, voilà, comme promis je reviens, avec d'abord la fin de la section 15 (je crois qu'en page 3 j'ai atteint la taille record pour une page ^^), et ensuite la section 16. La section 17 suivra bientôt, et plus vite vous commenterez plus vite elle arrivera ; quant à la section 18, elle arrivera, si vous êtes des lecteurs patients, dimanche Very Happy Et la section 18, c'est l'épilogue, la vraie fin de vrai de vrai, le bout bout bout que j'étais très impatient d'écrire, et que j'espère, vous êtes très impatients de découvrir. Les dernières sections sont (relativement) courtes, et denses en émotions pour nos héros.
Voici donc, après un petit morceau que vous avez déjà lu, la fin de la section 15, et la section 16 qui raconte le voyage en Suisse (et encore deux trois autres choses à l'eau de rose) ! Bonne lecture ^^



*** fin de la section 15***

Le cœur d'Aelita battait plus fort et plus vite que ses mains ne couraient sur le clavier du petit portable de Jérémie. Elle était tout simplement incapable de comprendre comment ce qui se passait, comment ce qu'elle était en train de faire, pouvait être tout d'un coup réel, ou même possible. Il n'y avait plus rien de logique, rien de bien net – pas même un objectif bien net, seulement la peur mêlée d'excitation, qui faisait voler ses doigts d'une touche à l'autre, et son regard d'une fenêtre à la suivante...
Tout d'un coup, il n'y eut plus rien à faire. Elle se raidit. Jérémie venait d'utiliser les calculs qu'elle lui avait transmis. Il avait lancé le programme de matérialisation. Le rugissement des scanners était assourdissant. Ce fut à peine si elle entendit son amant crier à Ulrich, dans le bruit ambiant, de descendre l'échelle. Elle ne ressentait absolument plus rien. Le son des scanners s'évanouit. Peu après, la voix familière d'Ulrich s'éleva.

- C'est bien Hopper ! Il est sur terre !

Elle leva les yeux vers Jérémie. Un regard entendu passa entre eux. Il fallait vérifier que leur tâche avait été accomplie. À nouveau, le stress, la précipitation, le travail, la concentration, la recherche, le doute, la réflexion, le temps qui manquait...
Puis il n'y eut plus rien. Le SuperCalculateur était éteint. La jeune femme était comme morte. Vide. Seulement la sensation de sa respiration. Le calme et le silence. Le cœur qui ralentissait, son rythme frénétique qui s'estompait, se noyait dans une sorte de repos. Puis d'un coup, elle se réveilla en sursautant.

- Il est sur terre, dis-tu ? demanda-t-elle, sans bien savoir d'où lui venait cette information.

Aussitôt, la porte du laboratoire secret se déverrouilla et coulissa ; son visage se tourna immédiatement vers l'ascenseur, d'où elle vit sortir, boitant, appuyé sur Ulrich et Adèle, un homme faible, presque effondré.
Aelita se rua sur son père, laissant tomber mille larmes dans son sillage – et cette fois, il n'y eut aucune barrière pour l'empêcher de le serrer dans ses bras. Elle se sentait chuter comme dans une abîme infinie, c'était comme si elle flottait dans un courant qui emportait tout en elle et autour d'elle, et la laissait complètement creuse et inconsistante. Tout avait disparu dans une sorte d'obscurité floue et imperceptible, tout sauf son père, qui était là, solide comme une montagne, aussi réel, aussi tangible, que quand elle était petite – revenu d'entre les morts.
Enfin, elle détacha sa joue du torse du scientifique et leva les yeux vers lui. Cela faisait tant de temps qu'ils ne s'étaient pas vus ! et malgré les lunettes sombres qui dissimulaient ses yeux, elle pouvait lire sur son visage et dans ses traits tout le bonheur qu'il avait de la retrouver, toute la fierté qu'il éprouvait pour elle. Mais elle attendait tant un mot de lui, elle espérait tant qu'il lui dirait quelque chose, qu'elle le vit soudain perdre tous ses moyens et rester, la bouche semi-ouverte, l'air incapable de parler ; elle détourna les yeux tandis qu'il se mettait à féliciter Jérémie. Un étrange vague se passions agitait son âme. Que ressentait-elle exactement ? de la joie, du soulagement, du bonheur face à ce miracle, ça ne faisait aucun doute ; mais également, une sorte de regret, de douleur lancinante et enfouie qui ne laissait de la tourmenter, presque comme une haine...non, elle l'aimait de tout son cœur, et elle était si heureuse de le retrouver tel qu'il avait toujours été, maladroit quand il était ému...

- Non, il n'y a plus de peine, en effet, l'entendit-elle soudain s'écrier. Enfin ! tout est fini ! Plus de XANA ! plus de Lyokô ! Plus d'ennemis invisibles ! ah, mes enfants, pardonnez-moi !

Une violente souffrance l'assaillit soudain. Il croyait donc que tout était terminé ? elle ne s'attendait pas à ce coup-là. Et elle détestait la mauvaise nouvelle qu'il devrait entendre, elle détestait l'idée de lui briser le seul bonheur auquel il pouvait peut-être s'accrocher...pourtant, il le fallait. Pendant qu'Odd s'avouait perdu, elle posa une main sur l'épaule du vieil homme.

- Papa...XANA a réussi à récupérer le code source de Lyokô pendant que nous te faisions revenir.

Elle sentit le corps de son père frémir à l'annonce de cette nouvelle. Ses traits se tirèrent en une sorte de grimace désespérée.

- Quoi ? marmonna-t-il, soudain perdu. XANA est...libre ? Alors la lutte continue ? Mais sans le SuperCalculateur...mes enfants, qu'allons-nous faire ?

Toutes forces l'abandonnèrent d'un coup. Il glissa mollement à terre, complètement vide, vieux comme le monde, à demi mort, et se mit à pleurer dans ses mains crispées, misérablement. La vérité toute crue se dévoilait à notre jeune femme aux cheveux roses : l'homme tranquille et résolu qu'elle avait pu connaître avait été détruit par les épreuves, les inquiétudes, et tous les maux dont XANA avait pu le poursuivre. Tant que le programme serait toujours actif, il n'y avait aucun espoir qu'il puisse vivre en paix. Elle n'avait de pensées que pour cet être à ses pieds, qu'elle aimait tant qu'elle ne pouvait supporter de le voir souffrir ; ce fut à peine si elle vit le regard réconfortant avec lequel Jérémie cherchait à lui exprimer son soutien.
Prise d'une pitié douloureuse, elle s'agenouilla et prit le vieillard en larmes dans ses bras, le berçant comme un enfant malade. Puis elle le redressa, tentant de toute son âme de lui insuffler un peu de l'énergie qu'elle sentait en elle, un peu de son envie de vivre.

Tout le temps que dura le débriefing de l'intellectuel lui causa une souffrance grandissante. Elle ne pouvait plus supporter de voir son père se laisser tomber à terre en implorant pardon, de l'entendre parler de sa mère en se lamentant de n'avoir su la protéger, de le voir dans cet endroit qu'il regrettait d'avoir construit, et qui le mettait de toute évidence au martyre. Elle-même, en entendant remuer tout ce passé, songeait que sa mère était une expérience génétique du gouvernement, enlevée par un savant fou qui avait inventé l'être le plus dangereux qu'il y eût jamais eu au monde, et qui venait d'être reconstitué et ressuscité à la façon du monstre de Frankenstein, tandis que sa femme était probablement conservée, cryogénisée par cette invention maléfique en question, près d'un des lieux où elle avait grandi – et tout cela remuant, s'entrechoquant dans ses émotions, elle se sentait elle-même dégoûtante, écœurante, comme un monstre qui n'aurait jamais dû naître. Pourtant, que pouvait-elle faire? elle n'en continuait pas moins de serrer le scientifique dans ses bras, avec l'impression un peu folle qu'il était tout ce qui lui restait de son passé, et tout ce qui pourrait l'aider à tout arranger.

Enfin, elle en eut assez. De toute évidence, tout le monde était fatigué, et Jérémie avait à peu près terminé ce qu'il avait à faire. Le plus urgent, c'était de faire sortir son père de cette atmosphère qui devait l'étouffer. Elle le traîna avec elle-même dans l'ascenseur. Les autres ne tardèrent pas à suivre. Quand ils furent arrivés au rez-de-chaussée, Aelita aida son père à sortir de l'usine désaffectée, sur le pont. La lune blafarde et ses nuages obscurs découpaient le ciel nocturne où les étoiles baignaient dans une lueur insensible, un vent frais et léger, chargé d'odeurs magiques, piquait doucement la peau et éveillait les sens ; Aelita eut cette étrange impression, qu'elle était revenue à cette nuit lointaine, où pour la première fois elle avait découvert le monde réel, quand Jérémie était parvenu à mettre au point le Code Terre. A ses côtés, elle sentit son père s'ouvrir au monde, regarder pour la première fois depuis une éternité cette réalité qu'il avait quittée.

- La Seine...murmura-t-il paisiblement, respirant à pleins poumons l'air gonflé d'eau froide, s'enivrant du bruissement de l'eau coulant en contrebas. Ah, la Seine...

Le bonheur de notre jeune avocate était indescriptible. Chacun des pas qu'effectuait son père sur ce pont, avec une sorte de courage et de certitude puissant, lui faisait visiblement le plus grand bien, raffermissait son cœur – il marchait sans se retourner, tout entier tourné vers l'avant, ou laissant son regard vagabonder sur son chemin. Il reprenait confiance en lui et en l'avenir – ou s'il n'y pensait plus, il retrouvait au moins la vie.

- Si vous voulez, Franz, je connais un endroit où vous pourrez loger, proposa Odd.
- Ah, tiens, c'est vrai ! Vous n'avez sans doute pas prévu d'endroit pour mon retour, étant donné que vous ne saviez pas combien de temps pourrait continuer la recherche de fragments...Quelles options s'offrent à nous, les enfants ?
- Yumi et Ulrich partagent un appartement, Jérémie et moi aussi ; si tu viens chez nous, tu dormiras sur le canapé, et puis ce sera assez petit. L'ermitage est pourri, pour le reste...Quant à Odd, il est parti vivre chez monsieur Delmas pour l'instant.
- Quartier aisé, lieu tranquille...mais ça pose des problèmes techniques.
- Je reverrais bien Delmas...rêvassa Franz.
- Mais papa, comment expliquerais-tu que tu n'aies pas pris une ride en vingt ans ? sans parler de ta disparition ?
- L'explication est pourtant simple, je croyais que tu t'en doutais, répondit le scientifique. J'ai passé vingt ans sous forme de programme dans une machine.
- Delmas ne te croira jamais, de toute façon, répondit Aelita en haussant les épaules avec un petit rire.
- Oh, n'en sois pas si sûre ! Delmas est parfois surprenant, quand on le connaît plus personnellement...
- Je confirme, renchérit Odd. L'autre jour, Zaza lui a demandé si...

- De toute façon, coupa Aelita, la question est de savoir où papa va dormir. Pas de savoir qui il va retrouver. Dans un premier temps, tu as besoin de te reposer.
- Justement, un lit ne sera pas de trop pour ça, rétorqua Odd.
- Dans ce cas, j'irai dans le canapé.
- Et une grande maison près de la Seine vaudra mieux qu'un grand appartement.
- Surtout qu'il y sera tout seul !
- Avec une vieille connaissance !
- Paix, les enfants ! trancha Hopper. J'irai chez Delmas, mais pas cette nuit, sans doute plus tard. Ah, dormir ! ça fait longtemps...

Aelita garda le silence, indifférente au petit sourire moqueur d'Odd. Après tout, c'était à son père de décider, et le principal, c'était qu'il retrouve des marques dans le monde terrestre. Et si pour cela, il préférait ne pas la voir pendant quelques jours, peu importait. Ils auraient désormais tout le temps dont ils auraient besoin pour apprendre à se connaître, c'était tout ce qui importait.
La nuit était vraiment magnifique, pensa-t-elle en s'accoudant sur la balustrade. Quelle heure était-il ? elle regarda sa montre ; deux heures quarante-trois du matin. Un bâillement résulta presque naturellement de cette observation ; elle se sentit fatiguée. Surtout après une soirée pareille. Elle regarda la silhouette de son père qui continuait à marcher sur le pont ; elle avait toujours du mal à croire que cette ombre était ce même père qu'elle avait vu exploser su Lyokô dix ans plus tôt. Franz Hopper était sur terre. Le SuperCalculateur était éteint. Sa mère était en vie. XANA pouvait être définitivement vaincu. Tous ces changements...
Un bavardage un peu faiblard l'avertit que Jérémie et Adèle étaient en train de sortir de l'ascenseur. L'esprit un peu cotonneux, elle alla les rejoindre. Dès qu'elle vit apparaître son mari, elle lui demanda si laisser le lit à Hopper lui posait un problème.

- Bof, je sais pas trop. Sans doute non. Après une telle soirée, je pourrais dormir sur une rampe d'escalier de toute façon.

La jeune femme sourit. Ils étaient exactement sur la même longueur d'onde.

- Moi, je ne sais pas si je pourrai dormir, intervint Adèle en se frottant les yeux.

Les deux adultes rirent doucement, tout en admettant qu'ils la comprenaient. Ils se remirent à marcher, lentement. L'aventure à l'usine était terminée pour le moment. Ils savoureraient, ce soir, un repos bien mérité.

- Le plus dur, fit remarquer Aelita, sera de se lever demain pour aller travailler.
- Ah, oui, le travail ! s'exclama soudain Jérémie.

Le silence retomba. C'était vrai, se souvint Aelita : Jérémie avait perdu son emploi. Elle se sentait désolée pour lui ; elle avait sans doute remué le couteau dans la plaie...

- Aelita ? demanda soudain Jérémie.
- Oui ?
- Demain, tu pourras me laisser faire la grasse mat' ?

16

Pour tout dire, en fait, les événements de cette nuit demeurent assez obscurs pour moi, même depuis que j'ai retrouvé le reste de ma mémoire. Ça faisait déjà un moment que j'avais découvert Anthéa, en réalité. Juste me l'avait montrée en secret, comme marque de confiance – pour tout dire, nous étions assez proches. Je lui avais moi-même révélé que je cherchais le moyen d'amasser plus de puissance virtuelle qu'on ne pourrait jamais en utiliser.
Bien sûr, en voyant un être humain, ainsi conservé en captivité, et utilisé d'une façon si peu conforme à l'éthique, je m'étais révolté. Comment était-ce possible ? un tel scandale ! Nous luttions tout de même pour défendre les droits des individus ! Je me souviens même avoir craché à la gueule de Lefranc que je le trouvais dégueulasse. Mais il m'a aussitôt expliqué. Le projet X.Anthéa : un être humain fabriqué de A à Z, conçu par le gouvernement britannique, qui en était le propriétaire légitime – qui plus est, modifié pour n'éprouver aucun sentiment. Comme j'étais assez sceptique, il m'a montré que les connaissances du gouvernement britannique en matière de médecine et de génétique théorique et appliquée au cours des années 1960 était tout simplement...inimaginable, encore de nos jours. J'ai fini par croire à ses explications ; après tout, les connaissances à ma disposition concernant la physique quantique ne défiaient-elles pas, elles aussi, les scientifiques de ma branche ?

Pourtant...chaque fois que je venais dans le laboratoire – et je trouvais toujours des prétextes, en dépit du danger qu'il y avait à cela, pour fausser compagnie à Alexandrovitch et rendre visite à com collègue neurologue – je ne pouvais me retenir de jeter un coup d'œil à cette jeune femme silencieuse. Elle était nue, seule dans une grande cellule de verre, elle ne connaissait personne et n'avait rien à faire, et elle s'occupait en frappant lentement de petits coups répétitifs contre la vitre avec sa main gauche ; chaque fois, la regarder remuait quelque chose en moi. Ce n'était pas seulement sa beauté ou la couleur surprenante de ses cheveux qui me touchait – certes, je n'étais pas insensible à son long visage pâle et à ses grands yeux verts sans regard, mais ce n'était pas ça – non, c'était quelque chose de plus...mystérieux, que je ne parvenais pas à identifier. Alors, chaque fois, je revenais.
Toc. Toc toc. Toc toc toc. Un jour, ça m'est apparu si clairement ! elle comptait, tout simplement ! Tout en discutant avec Juste, qui n'aimait pas me voir dans un endroit où il n'était pas censé me laisser rentrer, je tendais l'oreille. Cinq. Six. Sept. Elle venait de se réveiller, et elle ne s'arrêtait à aucun chiffre. Puis soudain, tout en essayant d'empêcher Juste de me sortir de son espace de travail, j'entendis qu'elle avait arrêté. Plus un son. Rien. Le silence. Puis, tout d'un coup, un petit claquement sec, unique. Je tendis l'oreille. Le silence complet, à nouveau. Puis le manège reprit de nouveau. Un coup. Deux coups. Trois coups.

- Est-ce qu'elle connait l'alphabet ? demandai-je vivement à Juste.
- Bien entendu. Quel pauvre cobaye elle ferait sans ça ! s'exclama-t-il.

Je décidai de ne rien lui dire. Mais chaque fois que je revins, les mois suivants, je tendis attentivement l'oreille. Bientôt, je n'eus plus de doute. Elle répétait en boucle une même séquence de chiffres. 24-1-14-20-8-5-1, 24-1-14-20-8-5-1, et ainsi de suite. X.ANTHEA. C'était à cela qu'elle passait ses journées, quand on ne la dérangeait pas. Elle écrivait son nom, patiemment. Le soir, j'en perdais le sommeil. Comment se faisait-il qu'un être, apparemment dénué d'émotions, pût éprouver de l'ennui – pourquoi répétait-elle son nom, pourquoi de cette manière ?
Enfin, un jour où Juste n'était pas là, je rentrai dans son laboratoire et m'assis devant la vitre. En voyant que je la regardais, elle s'arrêta. Je me mis alors à tapoter à toute vitesse des chiffres simples – sans revenir à chaque fois au premier, selon son mode. 23, 8, 25. Why ? Elle me regarda avec des yeux ronds. Je répétai ma question. Je n'eus pas de réponse. Pas même un indice dans ses yeux. Je songeai vraiment que cette créature n'avait effectivement aucune émotion. Mais quand, à la fin de la même semaine, je revins, attiré par ce magnétisme inexplicable, discuter avec le docteur Lefranc, quelque chose me surprit énormément. X.Anthéa ne comptait plus comme avant. Elle avait adopté mon système. Et même, quand j'entrai et qu'elle me vit, j'entendis le rythme des battements sur le verre s'accélérer légèrement.

Mes angoisses nocturnes empirèrent. Mes visites chez Juste – en particulier en son absence – se multiplièrent. J'expérimentais beaucoup avec X.Anthéa – et comme j'ai pu le comprendre plus tard, elle savait que mon intérêt pour elle n'était pas de la même nature que celui qu'elle avait pu connaître de la part d'hommes en blouse blanche. Elle devenait de plus en plus réactive. Un jour, je l'ai vue sourire à mon arrivée. Je dois dire que ça m'a profondément ébranlé.
« Why ? » continuai-je à lui demander pendant un certain temps. Puis un jour, elle répondit. 2, 15, 18, 5, 4 : « Bored. » L'ennui. Troublé, j'ai ouvert sa cage de verre et je l'ai vue pleurer en marchant hors de cet espace exigu, sans avoir l'air de s'en rendre compte. Je lui ai parlé. « Waldo Schaeffer. » ai-je dit. Elle m'a regardé d'un air surpris. Puis elle a déclaré : « X.Anthéa » Sa voix ! c'était la chose la plus douce que j'eus jamais entendue ! claire et cristalline, effleurant à peine les sons – c'était un pétale de rose, cette voix ! Un être possédant une telle voix pouvait-il vraiment ne rien ressentir ?

***

J'étais de plus en plus intrigué par X.Anthéa. Ça en devenait une véritable obsession. Tous les moments où je ne travaillais pas, je les consacrais à penser à elle. Comment était-il possible qu'une créature aussi douce n'eût pas d'émotions ? bientôt, accueilli sur le rythme de W.Schaeffer, je me mis à feuilleter les documents dans le bureau de mon ami. Un jour, le dernier que je devrais passer dans cette base, j'y trouvai l'affreuse explication : chirurgie du cerveau modifiée, récepteurs non-appropriés aux diverses phéromones et aux agents chimiques qui étaient supposés les stimuler. C'était donc ça, le fameux miracle de la génétique ! Cette nuit-là, je pleurai si fort dans mon lit qu'Alexandrovitch, mon argus, comme nous disions, vint me demander ce qui se passait, si je faisais une dépression nerveuse. Je vis le révolver à son côté, et en une seconde, tout le système m'apparut clairement.
La clé de Carthage, c'était cette femme, quoiqu'en pût croire Lefranc ; ne m'avait-il pas dit lui-même qu'il n'était pas le seul à étudier X.Anthéa ? c'était pourtant limpide : utiliser un être vivant apparemment inoffensif, en faire une arme destinée à mettre à bas toute forme de technologie ennemie – pourquoi s'intéresser au fonctionnement du cerveau si ce n'était pour y intégrer un ordinateur quantique capable de réaliser l'impossible ? et après ? des bombardements nucléaires. Et Anthéa sacrifiée. Et toute cette horreur qui se déroulait sous mes yeux, et à laquelle j'avais si longtemps participé aveuglément, dans une sorte de système paranoïaque et meurtrier de suspicions, d'interdits et de secrets.
Une seconde plus tard, ma décision était prise. Je me ruai sur le révolver d'Alexandrovitch. C'était pourtant un colosse, ce type ; je crois que je l'ai eu par surprise, c'est tout. En tout cas, si je n'avais pas réussi à l'assommer, j'ignore ce qu'il serait advenu de moi. Notre lutte silencieuse était à peine terminée que je me ruais hors de ma chambre, le pistolet à la main. Je courus récupérer une partie de mon matériel et de mes plans (ils ne devaient jamais tomber entre les mains de ces fous – et en plus, j'en avais absolument besoin !) puis je me ruai dans le laboratoire de Lefranc. Malheureusement, celui-ci travaillait à une heure tardive ; je lui tirai une balle dans l'abdomen comme il tentait de faire obstruction, et j'ai regardé ce sur quoi il travaillait. Il étudiait en détail son dossier d'instructions. J'en survolai quelques paragraphes. L'affaire était claire, si claire que je manquai de vomir. Comment implanter un dispositif technologique dans le cerveau d'Anthéa et le faire fonctionner en symbiose avec son métabolisme ? C'était donc ça, le sordide sujet de recherche de mon ami ? Tout d'un coup, il m'écœura. Lui, ses petites moustaches, sa petite tête bien propre de premier de classe tout bien coiffé, tout son petit être en costume brun me révulsa. La main crispée sur son rein, il tentait péniblement de se relever. Je lui lançai abruptement :

- Tu savais ?
- Quoi ?
- Qu'Anthéa a des sentiments.
- Franz, tu es fou.

Je rageais. Oui, peut-être bien, j'étais peut-être fou. Peut-être fou d'amour, même. Rétrospectivement, je me suis souvent dit que ce soir-là, j'avais bel et bien perdu l'esprit – ou que peut-être, je l'avais retrouvé un peu trop soudainement. Toujours est-il que j'assommai le blessé avec la crosse de mon arme. Je hurlai pour moi-même : « Sont-ils fous ? Ne respectent-ils rien ? » Puis je libérai Anthéa, je rassemblai des dossiers élaborés par ceux qui travaillaient sur elle. Puis je sortis en trombe.
Trop tard. Ce soir-là, j'ai commis le meurtre que je devrais faire dans ma vie. Alerté par le silence d'Alexandrovitch, Castellani, l'argus de Lefranc, a tenté de m'arrêter. J'étais une furie. Je l'ai tué.

A bord de l'hélicoptère, j'ai survolé la mer vers l'est pendant des heures. J'en venais à me demander si j'aurais assez de carburant. Je finis par atterrir sur la côte ouest sud-américaine. Là, je laissai l'hélicoptère. Je louai une voiture sous un faux nom après deux jours de cavale. Tout en faisant route et en traînant Anthéa derrière moi, je travaillai à nous établir des couvertures passables. Il me fallait pour cela jouer de relations, d'une part, et pirater des banques de données par ailleurs. Enfin, j'y parvins, en réussissant à peu près à couvrir mes traces.
Une fois que j'eus rejoint la Suisse, acquis un chalet retiré en montagne, et dissimulé mes traces, je pus commencer à élaborer un objet mécanique qui me tenait à cœur. En travaillant sur les notes de Juste et en reprenant mes propres travaux avec une foi décuplée, je fis en deux semaines l'équivalent de ce que le Projet Carthage attendait de huit scientifiques : je construisis une machine semi-organique, capable de s'intégrer à la morphologie de la jeune femme, et de transformer les agents neuro-chimiques qu'elle produisait en agents qu'elle pouvait comprendre. Je pratiquai moi-même l'opération. Pas miracle, elle survécut.
A son réveil, tout restait à faire. Depuis que je l'avais libérée, j'avais découvert qu'elle pouvait parler, et même penser, mais sans grand intérêt – elle avait à peine des fantômes d'intérêts. Pourtant, je n'avais pas été démenti : elle possédait bel et bien un esprit d'initiative. Elle pouvait pleurer, être inquiète ou me demander de tenir sa main ; elle aimait aussi beaucoup regarder le feu, et n'aimait pas les verres. Que dire de plus ? cette femme était douée de sentiments embryonnaires. Après son opération, les sentiments en question prirent un certain temps à se développer. Mais après un moment, je me rendis compte qu'elle était heureuse. Par des petits indices, de petites choses. Elle chantonnait en marchant, elle pleurait de moins en moins souvent, elle s'intéressait de plus en plus aux choses dehors, notamment aux arbres, devant lesquels elle pouvait rester plusieurs heures, pendant que je travaillais à élaborer XANA sur mon petit ordinateur quantique. Mon programme avait trois missions successives : en premier lieu, protéger Anthéa et la dissimuler, ce qui impliquait dans la mesure du possible l'élimination de Carthage. Ensuite, me protéger moi. Enfin, à ta naissance, je t'ai rajoutée dans la liste des objectifs. Tu peux comprendre que si XANA kidnappa d'abord Anthéa, c'était pour la conserver ; ensuite, il se permit de m'attaquer au fur et à mesure que je le rendais plus humain et plus libre de penser...Mais revenons à ta mère.

En quelques mois, X.Anthéa était devenue Anthéa Hopper, une jeune femme parfaitement normale et relativement sociable – sans parler de son intelligence. La première fois où elle m'a battu aux échecs – et ce ne serait pas la dernière – je l'ai vue sauter de joie et battre des mains en riant. Un peu agacé, je lui ai fait remarquer que trop montrer ses sentiments après une victoire, c'était au niveau des gamins. Savez-vous ce qu'elle m'a répondu ? Elle aurait bien pu dire qu'elle n'avait, sur le plan émotionnel, que quelques mois, que c'était excusable. Eh bien, pas du tout. Elle m'a lancé un regard espiègle, puis aussitôt, elle a répliqué :

- Pardonne-moi, ô grand bougon ! je ne gagnerai plus, je promets !

Vous ne comprendrez peut-être pas facilement ce que j'ai ressenti à ce moment-là. Ma créature était devenu un être libre et indépendant : j'avais réussi à faire ça, à la transformer en un être humain à part entière ! Il n'y avait pas en elle qu'une reconnaissance aveugle, son intelligence vive en avait fait quelqu'un, une vraie personne. Quand elle me vit pleurer, elle fut gênée de ne savoir comment réagir à mes larmes ; elle voulut se retirer, mais je lui ai pris le bras et je lui ai dit : reste avec moi ! en souriant dans mes larmes. A cet instant, je savais qu'elle n'obéissait pas : elle voulait bien. Elle se rassit sur son siège, de l'autre côté du jeu. De toute évidence, elle ne comprenait pas pourquoi je pleurais.

- Eh oui, Anthéa, c'est comme ça : parfois, les gens sont compliqués, et on ne comprend pas toujours toutes les implications de ses propres actes, déclarai-je en sentant dans mon cœur l'écho de ces mêmes paroles remuer toutes sortes de souvenirs et d'émotions.
- Est-ce que je saurai ce qui te fait pleurer, Franz ? demanda-t-elle doucement.
- Sais-tu toi-même ce qui fait couler des larmes de tes yeux, quand toi tu pleures ?
- Pas toujours...pas très bien. C'est un peu difficile pour les mots. Dans mes pensées.
- Eh bien, voilà. Mais je peux te dire une chose, Anthéa. Je suis plus fier encore de la réponse que tu m'as faite que de ta victoire aux échecs. Tu es une personne, Anthéa. Tu es libre. Il ne reste plus rien de cette cage de verre dans laquelle je t'ai trouvée. Te voilà vivante et humaine, enfin, pleinement.
- Arrête, Franz, tu vas me faire pleurer en parlant de ces mauvais souvenirs.
- Je suis désolé, je ne veux pas te faire de mal. C'est simplement que...aujourd'hui, tu m'as prouvé que tu pouvais presque vivre sans moi. Que tu pouvais partir et te débrouiller toute seule dans ce vaste monde que tu connais de mieux en mieux. Ça me fait bizarre...
- Mais je n'ai pas envie de partir, Franz, répondit-elle en ouvrant de grands yeux verts, légèrement effrayés, comme si elle redoutait que je la chasse. Je me sens bien avec toi.

Elle se pencha et me caressa la main. Mon cœur a bondi dans ma poitrine. Je crois que ce n'est qu'à cet instant que j'ai compris tout le flou un peu perdu de ces sentiments contradictoires. Je l'aimais, évidemment.

***

- Enfin, j'ai assez parlé pour aujourd'hui. Tu sais à présent comment j'ai rencontré ta mère. Ce n'est peut-être pas simple à assimiler – cet amour peut avoir l'air un peu monstrueux, quand on y pense – mais qu'importaient les règles en matière d'amour ?
- C'est...une histoire magnifique, déclara Aelita, les joues luisantes de larmes.

Elle se leva du lit à baldaquin où elle était assise et se dirigea vers la fenêtre. Dans le jardin, Odd arrosait à grands jets d'eau la pelouse tandis que Kiwi, sur les genoux d'Élisabeth, dormait au soleil sur la terrasse. Le jardin des Delmas était vraiment splendide – un vert émeraude parfait, de douces palettes de couleurs dans les parterres de fleurs, des rangées d'arbres taillés avec délicatesse, et même, au milieu, une statue de bronze déployant ses ailes. Si le vieux proviseur n'avait dit le prix pour lequel il avait acquis cette propriété, Aelita aurait pensé qu'il la louait sans le dire à personne, ou qu'il en avait hérité.

- Je trouve que la tienne est assez émouvante également, répondit Hopper en venant contempler le jardin à ses côtés.
- Je ne sais pas trop...
- Nous n'avons pas du voir la même, chose, alors. Moi, j'ai vu un jeune garçon qui croyait avoir affaire à une intelligence artificielle, construite de toutes pièces, et qui l'encourageait à essayer de s'ouvrir au monde, tout en cherchant désespérément à en faire une personne normale. Ajoute à ceci qu'il a, ce faisant, affronté une intelligence artificielle invisible et maléfique capable de détruire le monde, et tu es largement à mon niveau.
- Mais il y a toute cette période où toi, tu as fait découvrir à maman...
- Les joies du monde extérieur ? où je lui ai montré ce qu'il y avait hors de sa prison de verre ? où je l'ai éveillée à une sensibilité qu'elle n'avait presque pas ? Je me souviens encore...de cette nuit où vous avez pris des photographies, dans la cabine.
- Quoi ? tu étais au courant de ça ?
- Comment croyais-tu que je connaissais ces jeunes gens ? il n'y avait pas que XANA pour être omniscient. Dès que tu as quitté le SuperCalculateur, j'ai voulu voir comment tu vivais sur terre. Je n'ai rien vu d'autre que ces photos, mais tes joues rosies par l'air du bord de la Seine en disaient assez pour moi. Et ton sourire, plus encore...

Le vieux scientifique toussota et se dirigea vers son bureau, où il s'assit pesamment.

- Ça fait presque un mois que j'attends. Quand est-ce que Jérémie devrait avoir fini d'élaborer un plan pour contourner les SuperCalculateurs ? demanda-t-il.
- Normalement, cette après-midi. Mais nous ne pourrons pas tout contourner. Entre autres, il faudra bien se frotter à l'éventualité d'une attaque à Genève. Dès demain, tout sera prêt.
- Mes enfants, je vous souhaite bonne chance. J'espère que mes indications vous auront été utiles. En attendant, avant de partir, prenez ceci.

Il lui tendit un CD-Rom gravé.

- Il contient le programme nécessaire à la virtualisation d'une personne cryogénisée, dont le cerveau est pour partie électronique.
- Tu as fait ça ?
- Me croyais-tu capable de survivre un mois sans bricoler ?
- Je suis rodée. Jérémie, lui, ne tiendrait pas une semaine.

Ils rirent doucement et se quittèrent sur un ton léger. Mais il était inutile de mentir. Une même peur serrait leurs deux cœurs : celle de ne plus se revoir.

A peine fut-elle sortie de la maison que son portable vibra.

- Alors ? demanda-t-elle en décrochant.
« Risque minimisé, mais connaissant XANA, il est à peu près certain que nous serons attaqués en route, aux alentours de Strasbourg. » répondit la voix de l'informaticien. « Et je dirais que l'aller sera sans doute plus dangereux que le retour. »
- Et sur le plan pratique, ça nous donne quoi ?
« La fourgonnette est réservée. Quant au matériel, il vient d'arriver. Là, j'essaye de me procurer nitroglycérine et dynamite – en cas de besoin, on ne sait jamais. »
- De la nitroglycérine ? tu es fou ? s'exclama Aelita en écarquillant les yeux.
« Tu as raison. Comme nous serons en transports, mieux vaut se contenter de TNT en matière d'explosifs. »

La jeune avocate renonça à le raisonner. Et puis, après tout, peut-être était-ce lui qui était dans le juste. Mieux valait prévoir toutes les éventualités, plutôt que de se retrouver bloquer à deux mètres de l'objectif après avoir parcouru plusieurs centaines de kilomètres.

- Toi, en train de commander des explosifs à des trafiquants d'armes...si j'avais pu imaginer ça, il y a treize ans, je t'aurais dit d'éteindre cette horrible machine et de ne jamais remettre les pieds dans ce laboratoire...
« Pour éviter d'avoir affaire à moi ou pour contrer XANA ? » s'inquiéta l'intellectuel, incertain du sens qu'il devait donner à cette affirmation.
- T'inquiète pas, je plaisante. Donc, si je comprends bien, tout se déroule comme prévu...
« Et nous partons demain ! Tout ce que j'espère, c'est que nous arriverons à virtualiser Anthéa... »
- Mon père a fait le nécessaire. Tu pourras jeter un coup d'œil au programme qu'il a fait. Il y a une histoire de composant électronique.
« Super. Tu me montres ça à la maison ? »
- Parfait. J'arrive tout de suite.

Elle raccrocha et glissa son portable dans son sac. La journée du lendemain promettait d'être bien remplie.

***

- Quand est-ce qu'on arrive ? s'exclama Odd en levant le nez de son jeu vidéo. Je me sens malade !
- Je te l'ai déjà dit mille fois, grinça Jérémie, au volant. Si tu te sens mal regarde la route. En plus, comme ça, tu sauras peut-être que nous approchons de la frontière.
- Je sais bien, mais si j'arrête de jouer, je vais m'ennuyer avec vous ! ce silence de rat mort...
- C'est un silence de raz-le-bol, Odd ! s'emporta Jérémie en manœuvrant pour dépasser un camion. Tu nous as bien soûlé au début, maintenant on en a marre !
- Oh, c'est bon ! s'exclama le jeune homme en se renfrognant. Mais sincère, voyager avec vous, c'est aussi cool que de voyager avec mes sœurs !
- Comme je les comprends, grogna Jérémie en faisant semblant de se concentrer sur la route.

Soudain, il donna un grand coup de volant, secouant tout l'intérieur du véhicule, pour prendre une sortie vers les routes nationales.

- D'ailleurs, si nous approchons de Genève, ne devrions-nous pas réveiller ces deux cocos ? interrogea Adèle, pleine de bon sens, en faisant un signe vers le couple endormi.
- Vas-y, autorisa Aelita. En cas d'attaque, deux personnes de plus sur le qui-vive ne seront pas de trop.

Jérémie, déjà crispé, se raidit soudainement.

- Qu'y a-t-il ? interrogea-t-elle.
- Je lui avais dit d'enlever le son, marmonna-t-il, les yeux exorbités. Je peux pas supporter cette saloperie de son...

Le regard d'Aelita se tourna vers l'arrière. Quelques « bips » faibles flottaient dans l'atmosphère, un peu comme une musique. Odd s'était remise à tripoter son gameboy.

- Bon, Jérémie, ça suffit ! s'exclama-t-elle en le dardant du regard. Tu as conduit pendant plus de quarte heures d'affilée. Maintenant, à la première occasion, tu t'arrêtes, et on échange.
- Dis tout de suite que je suis nerveux ! répliqua le jeune homme du tac au tac.
- Plus calme que ça, t'es mort ! s'exclama Odd derrière.

Le conducteur freina brutalement sur la bande d'arrêt d'urgence.

- Désolé, j'ai vraiment besoin de repos ! s'écria-t-il en passant à l'arrière le temps qu'Aelita prenne son siège.

Une minute plus tard, Jérémie se calmait, Odd éteignait son jeu, et Adèle se moquait de la dispute de gamins à laquelle elle venait d'assister.

- Quand tu conduiras, on en reparlera, répondit Jérémie.
- T'es sérieux ? demanda la jeune fille avec un mélange d'espérance et d'appréhension. Vous allez me laisser conduire ?
- Bien sûr ! répondit Einstein avec un sourire. Nous t'offrirons même une voiture !
- Très drôle, marmonna-t-elle, l'air renfrogné, tandis qu'Odd éclatait de rire. En attendant, j'espère que vous la tiendrez, cette promesse, de m'offrir une voiture.
- Voilà ce qui arrive quand on fait des mauvaises blagues, conclut Yumi en voyant l'expression de désarroi peinte sur le visage de son ami.
- Je suis pas d'accord, Odd est toujours en vie, et son portefeuille est indemne !
- La maîtrise, que croyez-vous ? soupira le blagueur, un grand sourire aux lèvres.
- Moi, je croyais qu'Odd n'avait pas de portefeuille ! lança Ulrich.

Tout le monde éclata de rire, excepté Aelita. Le jeune homme essaya de se défendre:

- Bien sûr que j'ai un portefeuille, et même qu'il est bien rempli !
- Par Sissi, ouais !
- Et puis d'abord, vous êtes pas justes ! décréta-t-il en feignant de bouder, au milieu d'une série de brimades.

Soudain, Aelita poussa un cri qui cassa toute cette charmante atmosphère. Elle criait de rage, et à l'arrière, les passagers purent distinguer dans le rétroviseur son visage, tendu, blanc, pâle comme la mort, et qui faisait peur à voir. La voix rauque, exaspérée de colère, elle cracha à ses amis :

- C'est pas bientôt fini, vos conneries ? j'essaye de me concentrer, merde !
- Aelita, ça va ? demanda Yumi en lui posant une main sur l'épaule.
- Fiche-moi la paix ! répliqua-t-elle en donnant un coup de volant qui l'envoya violemment contre la portière.
- Attention, Aelita ! s'écria Jérémie en se tortillant pour tourner le volant et empêcher le véhicule de se lancer dans un tonneau, tant bien que mal. A peine avait-il réussi que sa concubine le repoussait d'un mouvement du bras et dardait sur lui un regard furieux, oubliant totalement la route.
- Toi, tu me dis pas ce que j'ai à faire !
- Si tu continues à traîner comme ça, nous n'arriverons jamais ! lui lança-t-il, espérant que sa ruse fonctionnerait.

Ça ne loupa pas en effet. La conductrice donna un puissant coup de frein qui manqua presque de laisser la fourgonnette dans le décor.

- Quoi ? jeta-t-elle à son petit-ami. Qu'est-ce que t'as, t'es pas content ? môssieur préfèrerait que je roule selon ses désirs ?
- Essaye pas de fuir le problème, continua Jérémie. Je veux qu'on en parle ici et maintenant !
- Ça, n'y compte pas ! rétorqua-t-elle. Tu nous fais perdre un temps précieux.

Le cœur de l'intellectuel bondit dans sa poitrine. Elle allait repartir, et le cauchemar également ! Aussi vite qu'il put, il abaissa le frein à main, ouvrit la portière, déboucla leurs ceintures, et s'efforça de tirer la femme qu'il aimait à l'extérieur. Prise par surprise, celle-ci cala et n'eut pas le temps de se débattre qu'elle était déjà dehors.

- Qu'est-ce que tu fous ? cria-t-elle, furieuse.

Jérémie était au fond du fossé, elle lui était tombée dessus, il avait un mal de dos incroyable et l'impression de s'être cassé quelque chose, mais au moins, elle était dehors. Soudain, il la vit qui se relevait et se dirigeait vers le véhicule.

- Personne ne va sur cette saloperie de siège ! hurla-t-il à l'intention de ses amis, à l'intérieur de la voiture.
- Ah ouais ? et comment on est censés arriver à destination, sans ça ? répliqua Aelita en remontant dans la camionnette par le côté de Jérémie.
- Empêchez-la ! insista Jérémie.

Adèle, qui avait mis pied à terre, tenta de ceinturer Aelita pour la retenir, mais jusqu'à l'arrivée d'Odd, ses efforts furent plutôt infructueux.
Lorsque l'informaticien parvint à s'extraire de la fosse, pourtant, la femme qu'il aimait était immobilisée, quoiqu'elle se débattît de toutes ses forces.

- Alors, Einstein ? demanda Ulrich en débarquant. C'est quoi, cette situation de fous ?
- Tu parles de quoi ? Aelita folle qui gueule sur tout le monde, Jérémie qui ordonne de lui mettre une muselière, ou la fourgonnette arrêtée dans une zone où XANA peut attaquer ? interrogea Odd en encaissant une tentative de la jeune femme pour se libérer.
- Non, toi qui la serres dans tes bras, répliqua Ulrich avec ironie.
- L'attaque de XANA a déjà commencé il y a belle lurette, expliqua l'intellectuel. Et cette attaque est désespérément simple : nous empêcher de continuer, voire nous tuer dans un accident avec un chauffeur fou.
- Tu veux dire que c'est XANA qui fait ça ? interrogea Yumi en jetant un coup d'œil à l'intérieur du véhicule, comme si elle s'attendait à y trouver une signature.
- Ouais. Je saisis pas vraiment pourquoi ni comment, mais je suppose que des phéromones spectrales sont concentrées autour du siège du conducteur pour stimuler chez lui un certain agacement, et du stress.
- Ça colle, admit Adèle.
- On dirait que ça va mieux, déclara Odd en relâchant son étreinte.

Aelita ne bougea pas. Elle allait parfaitement bien. Elle était tout à fait calme.

- On dirait que le sang-froid de Jérémie nous a sauvé d'une catastrophe, conclut Ulrich.
- Le problème est toujours là, cependant, posa Jérémie. Comment aller jusqu'en montagne sans conduire, et y amener ce maudit fourgon en même temps ?
- Là, XANA ne sera pas difficile à doubler, déclara Aelita. Il s'est bien planté, sur ce coup-là.

Elle éclata de rire.

***

- Je veux bien, admit Ulrich. N'empêche que moi, je trouve pas ça si drôle.
- Allons ! s'exclama Aelita. Nous qui voulions tant éviter la ville...tu ne trouves pas ça ironique ?
- Désolé, faire durer le plaisir n'a jamais été mon style.

Aelita ricana d'une façon lourde de sous-entendus. Le cadre, embêté, décida de bouder. De toute façon, la fourgonnette était maintenant attachée à la voiture ; il monta à l'avant de cette dernière, et s'installa aux côtés de Yumi.
Il leur avait fallu toute la journée pour rejoindre Genève en auto-stop et trouver un espace où louer une voiture – ainsi, ils venaient probablement de passer plusieurs heures à quelques kilomètres du SuperCalculateur responsable de tout le désordre qu'ils avaient expérimenté. La nuit était tombée, et le froid du début de l'automne se faisait sentir avec la fatigue. Adèle dormait déjà. Bientôt, avec Odd, Ulrich et Yumi aux commande, les autres à l'arrière, le groupe reprit sa route.
Le plan de la gardienne de Lyokô ne manquait pas de points faibles – un policier contrôlant le droit de remorquer la fourgonnette, XANA déplaçant son attaque d'un véhicule à l'autre – mais le plus significatif de ceux-ci était assurément l'aspect ridicule de cette solution, aux yeux de la stratège. En effet, argumentait-elle, contourner l'attaque de XANA aussi facilement (du moins en théorie, car la pratique s'était révélée plus complexe que de désactiver une tour dans un univers virtuel), voyageant de surcroît dans un cortège aussi consternant, c'était l'élégance même. Son sens de l'esthétique avait peu convaincu le groupe, mais sa proposition était apparue comme la seule acceptable et réalisable (Odd avait bien évoqué le transport aérien de la fourgonnette, après tout).

La fin du voyage ne démentit pas cette impression. Tout se passa sans inconvénients, et conformément à l'avis de Jérémie, ils purent reprendre le contrôle de la fourgonnette après quelques heures de voyage. Ils se perdirent quelquefois dans des vallées, égarés par les instructions contradictoires de Franz Hopper – après tout, sa représentation de la région datait quelque peu, le réseau routier et les paysages pouvaient avoir changé, sans compter les repères que la nuit obscure pouvait enlever à leurs yeux. A un moment, Yumi s'énerva tant que le groupe redouta que XANA ait réussi à remettre ça – et une telle attaque ne serait pas moins dangereuse à flanc de montagne que sur une autoroute. Heureusement, le programme n'avait rien à voir là-dedans.

- Comme c'est beau, murmura Adèle.

Ulrich suivit son regard, qui s'était égaré sur la masse irréelle des forêts automnales. La lune, seul dans le grand ciel bleu sombre, jetait sur les ramures ses froids rayons d'argent, qui caressaient doucement les écorces des bouleaux. Le samouraï comprit ce qu'elle voulait dire. Il y avait dans cette atmosphère de contrastes et de couleurs mortes comme quelque chose d'uni, comme une surface flottante et invisible, qui préfigurait déjà la lisse gelée de l'hiver. A l'horizon, un soupçon d'aurore commençait à éclaircir les flancs de la montagne.
Il était déjà presque cinq heures du matin. Aelita, Yumi et Odd s'étaient endormis, et Adèle, tout juste réveillée, n'osait pas parler aux deux hommes. Soudain, toute vue splendide disparut, et la route s'enfonça dans un bois, sur un petit chemin tortueux et boueux. Ceux qui dormaient ne furent pas longs à résister aux cahots, et bientôt, même Odd fit entendre un gémissement plaintif.

- Vous énervez pas tellement, balança Jérémie avec un sourire amusé. Si je ne me trompe, nous sommes presque arrivés.

A peine eût-il fini de les rassurer que le véhicule émergea des arbres, et, dans le jour naissant, s'arrêta devant un chalet à l'aspect si banal que Jérémie aurait fait demi-tour, si son aimée n'avait confirmé, une pointe d'émotion dans la voix :

- Oui, c'est bien là.

***

Les crissement des pas sur le tapis des feuilles mortes empêchait Aelita de se concentrer.

- Avoue-le, on est perdus ! insista Odd pour la troisième fois.
- J'aimerais t'y voir ! rétorqua-t-elle amèrement. Tu le retrouverais, toi, le gros arbre au tronc noueux ?
- C'est pas moi qui ai grandi ici, c'est pas moi qui le retrouverai, raisonna le jeune homme en s'asseyant sur les racines d'un vieux chêne.
- Juste pour le plaisir de te contredire, tu te trompes, lança Aelita en se retournant avec un petit sourire.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? s'étonna l'autre.
- Elle veut dire que tu ne le verrais pas même s'il était sous tes fesses, répondit la collégienne au milieu d'un rire général.

Odd était effectivement assis dessus.

- Bon, c'est une chance, le chêne est toujours là. Eh bien, dans ce cas, nous sommes presque arrivés.
- Tu as déjà dit ça il y a dix minutes, princesse.
- Aie confiance, encore dix minutes et nous y sommes.

Une demi-heure plus, tard, notre petit groupe arrivait dans une petite clairière avec, au centre, un énorme rocher moussu, aux arrêtes saillantes. Bien qu'Aelita eût aussitôt déclaré que c'était là, nos amis, examinant le rocher sous toutes ses coutures, passant leurs mains dessus, arrachant la mousse par touffes grisâtres, dégageant le sol autour de l'objet, ne purent trouver aucune trace d'entrée. Adèle, qui s'occupait du dessus de la pierre, harcelait Aelita pour savoir si elle était bien sûre de son affaire. A un moment, il fut proposé que Jérémie utilise les bâtons de dynamite qui étaient restés dans le coffre de la fourgonnette.

- Non, refusa celui-ci, catégorique. Je crois vraiment que ce n'est pas la peine, Odd. J'ai une piste.

Il frappait continuellement sur un coin particulier du rocher, tendant l'oreille au son qu'il rendait. En dépit des insistances des autres, il continuait à écouter, affirmant que le rocher rendait un son étrange.

- Je crois bien qu'il y a un carré de chiffre semblable à celui du labo dissimulé dans la pierre...Je vois mal comment ça se fait, mais je peux sentir...à la façon dont il vibre...un peu comme s'il y avait un code d'accès.
- Qu'est-ce que tu racontes, avec ta pierre qui dit des chiffres ? lança Ulrich, haussant un sourcil dubitatif.
- Eh bien, quand je frappe à un certain endroit, je la sens vibrer un certain temps – toujours un nombre précis de secondes. Ce qui est étrange, c'est que ce nombre de secondes, ce n'est pas une, deux, trois, et caetera. Il y a une seconde, cinq secondes là, et ici...je ne les ai pas comptées.
- Alors c'est que nous y sommes, déclara Aelita en lui tendant un feutre noir. Charge-toi d'identifier les chiffres et les zones qui leur correspondent. Je crois que je connais le code – il me faudra une petite minute pour le retrouver.
- Attends, vous avez pété un câble ou quoi ? s'étonna Odd, appuyé d'un regard éloquent par les autres. Rentrer dans un laboratoire par un caillou, je veux bien, puisque Franz l'a dit ; mais le tapoter pendant dix minutes en espérant qu'il va s'ouvrir ? Pourquoi pas lui demander tout simplement « Sésame, ouvre-toi ! »...« s'il te plaît ? » ?
- T'en fais pas, Odd, répliqua Jérémie en marquant la case des cinq secondes. Dans cinq minutes, on rentre à la maison. Maintenant, Aelita et moi, nous avons besoin de silence pour travailler. Ça vous dérangerait de vous éclipser ?

Le groupe se plia de bonne grâce aux désirs des Einstein, mais Adèle murmura, à moitié pour elle-même :

- De la solitude et du silence pour ouvrir une pierre...mais qu'est-ce que je viens faire dans ce bazar ?
- M'est avis que quand nous reviendrons, ils n'auront pas beaucoup profité de leur solitude pour ouvrir la pierre, plaisanta Ulrich, se délectant de la délicatesse de ses sous-entendus gratuits.
- Dans les bras l'un de l'autre, que nous les retrouverons, ajouta Odd, jetant à bas le sentiment de satisfaction perverse d'Ulrich avec ses gros souliers.

Pourtant, quelques minutes plus tard, en plein milieu d'une partie de carte assez passionnante, ils entendirent un grand grondement, et furent appelés par le couple victorieux (et même euphorique, comme ne manqua pas de le rappeler Odd en refilant avec dégoût une main riche en toutes sortes d'atouts à celle qui collectait les cartes).

- Une quinte de trèfles ! s'exclama Yumi. T'as triché, mon vieux !
- Nan, répondit-il d'une voix amère. J'ai juste jamais de chances aux cartes.

***

Dans la clairière, le rocher avait pour ainsi dire basculé à la verticale, laissant apparaître un tunnel dans lequel nos héros pouvaient descendre par une échelle rouillée.

- Ok, maintenant, il faut approcher la camionnette le plus près possible, refroidir l'intérieur, préparer les outils pour remonter Anthéa...ça va pas être simple !
- En espérant qu'elle soit effectivement là, ajouta la fille de cette dernière, le regard fixé sur le trou, comme s'il s'en dégageait un air surnaturel.

Jérémie la serra dans ses bras, lui glissant quelques murmures chaleureux dans le creux de l'oreille, lui insufflant courage, confiance, certitude et tranquillité. Aelita se détendit quelque peu. Elle cessa de trembler. Puis, sans mot dire, elle empoigna l'échelle et se mit à descendre. Pendant ce temps, Odd et Ulrich allaient chercher le véhicule. L'intellectuel, sentant son cœur battre dans sa poitrine, suivit bientôt les traces de la femme qu'il aimait, dans le trou noir, le long de l'échelle, qui s'enfonçait apparemment dans un vide sans fond.
A la lueur des torches, notre couple découvrit en bas de l'échelle une galerie humide, creusée à même la roche, où ils devaient avancer courbés. Les parois suintaient de véritables torrents glacés, l'air froid puait le renfermé et le souterrain. Après une vingtaine de mètres à progresser péniblement dans cet environnement lugubre, ils virent apparaître des câbles et des tuyaux énormes, qui les forcèrent à se courber encore plus. Tout d'un coup, sur leur gauche, une ouverture leur donna accès à une salle tapissée de plaques de fer semblables à celles du laboratoire de Paris, quoique gelées et méconnaissables sous une épaisse couche de poussière ; mais la pièce était vide, à peine restait-il quelques feuilles couvertes de griffonnages, une ou deux caisses de cahiers dans un coin, et des câbles débranchés gisant au centre, devant un vieux fauteuil de cuir rongé par la pourriture.

- Au fait, comment savais-tu le code d'accès ? demanda Jérémie à sa petite-ami en feuilletant un des cahiers de la caisse avec curiosité.
- C'est mon père qui me l'a dit, répondit Aelita en tremblant, cherchant à empêcher l'angoisse de monter en elle. Les chiffres que tu as mis en évidence ne trompaient pas : il n'y avait qu'une seule manière de les arranger. 24, 1, 14, 20, 8, 5, 1. X.ANTHEA.
- Lui et moi, nous nous ressemblons tout de même beaucoup, fit remarquer le génie, amusé.
- En quoi ?
- Devine quel est le code d'accès de ma session, sur l'ordinateur ?

Le jeune avocate sentit une ombre de rire secouer sa poitrine. Puis tout redevint froid et silencieux. Elle ne prononça pas un mot et se contenta de regarder tristement la caisse mouillée et les piles de cahiers qui en émergeaient.

- Jérémie, j'ai peur.
- Allons, ne t'en fais pas. Nous la retrouverons. Elle est ici.
- Justement, insista-t-elle en frissonnant, sans savoir si c'était à cause de la température. Si je ne lui plais pas ? si elle ne me reconnaît pas ? est-elle seulement toujours en vie ? Arriverons-nous même à la transporter assez vite jusqu'à la voiture sans la...tuer ?
- Ne t'en fais pas, lui dit-il en la prenant dans ses bras. Nous allons trouver où cette saloperie a emprisonné ta mère. Ensuite, nous allons la sortir de là. Du gâteau. Ensuite, nous la virtualiserons.
- J'ai peur de la voir. Tu te rends compte...?
- Ça, c'est sûr ! intervint une voix bien familière depuis la galerie. Trente ans dans un glaçon, pas dit que ça soit bon pour le teint !
- Odd ! lui hurla Jérémie, outré.
- Bon, j'ai compris, rétorqua celui-ci en apparaissant. N'en reste pas moins que je pense que ça sert à que dalle de s'en faire ici. Pour avancer, faut qu'on s'mette au boulot ! Alors, une idée d'où XANA a pu la planquer dans le labo ?
- Nous n'avons pas encore terminé de fouiller, expliqua l'intellectuel. Ceci dit, pour commencer, puisque tu amènes des outils, tu vas pouvoir dessouder toutes ces plaques qui couvrent le sol. Je continue d'explorer, pendant qu'Aelita va chercher du matériel.

Mais à peine Odd avait-il commencé son travail depuis deux minutes qu'il poussa un cri étonné.

- Sacré nom de Dieu ! jura-t-il.
- Ben dis donc, ça te ressemble pas de dire des insultes aussi catholiques ! le brima Jérémie.
- Là, c'est différent, y'a prescription ! s'exclama le jeune homme. C'est pas tous les jours qu'on sort les morts de leurs tombes !

Les cinq autres Lyokô-guerriers accoururent à toute vitesse. Jérémie avait vu juste. Sous les plaques de fer du laboratoire, il y avait une étendue plate et lisse de glace ; et juste devant Odd agenouillé, une forme sombre laissait penser que la couche de glace était peut-être moins épaisse à cet endroit ; mais de celle-ci émergeait quelque chose que nos héros pouvaient identifier sans aucun problème. Une petite chose crispée, tordue, noueuse – une main humaine. La main d'Anthéa. La mère d'Aelita.

(Edit du 10/02/2014 : "Mon programme avait trois missions successives : en premier lieu, protéger Aelita" > "Mon programme avait trois missions successives : en premier lieu, protéger Anthéa" Oui, une erreur de distraction pas mal, c'est une véritable tache !)
_________________
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Premier commandement : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Troisième commandement : Tout individu a droit à la vie
Quatrième commandement : Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.


Dernière édition par Belgarel le Lun 10 Fév 2014 19:56; édité 1 fois
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Evana MessagePosté le: Jeu 25 Nov 2010 21:49   Sujet du message: Répondre en citant  
Spectatrice


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Tu vas trop vite! J'arrive pas à suivre Smile
Lol, mais bon, la suite est à la hauteur de mes espérances... Et t'inquiète, j'ai fini par m'y retrouver dans les suites! Wink

J'ai particulièrement apprécié le jeu de chiffres et la rencontre Waldo-Anthéa. Cette dernière faisait un petit envol de sentiments au milieu de l'action!
Une Aelita complètement folle, c'est inhabituel mais assez stylé. Cette fin aussi est pas mal, j'aurais vu ça encore mieux si t'étais revenu à la ligne pour écrire "La mère d'Aelita".

Sinon je suis retournée voir les résumés du début. J'aime bien le découpage (année 1, 2, 3). On dirait une suite arithmétique - nostalgie des maths, matière que j'ai arrêtée... Je trouve aussi cool d'avoir tout divisé en cycles et sections!
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Belgarel MessagePosté le: Ven 26 Nov 2010 15:47   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


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Suis content que cette suite te plaise. Pour Waldo-Anthéa, c'est juste que je pouvais pas supporter de laisser des lacunes ; la façon dont ça s'est développé est venue par la suite, et c'est ça qui a été le plaisir de l'écriture : inventer un petit 'quelque chose', un petit rituel de fétichiste pour incarner cet amour que la série ne montre pas...
Bon, allez, je poste la section 17. Comme je l'ai dit, ça y va brutal. Très brutal. Dans le style "On boucle ça et c'est fini en moins de deux" Heureusement, l'épilogue rend cette section moins anodine qu'elle en a l'air, vous verrez Wink Je me tais avant de dire des c***eries, et je vous laisse lire.
Section 18 et dernière demain ou après-demain. J'ai hâte de pouvoir mettre la baslise [Terminé] devant le titre de ce topic...

17

Les dernières lueurs du crépuscule se dissipaient, accrochant leurs lambeaux sur des nuages ou dans les éthers, au-dessus du fleuve, quand notre groupe arriva à l'usine. Ulrich gara la camionnette sur le pont avec une certaine émotion au cœur. Cette émotion à laquelle il avait fini par s'habituer, le sentiment de la dernière mission comme il avait fini par l'appeler. Cette émotion aussi, qu'il avait ressentie le jour de la résurrection de Hopper, que quelque chose de sacré allait être outrepassé, que l'impossible allait être réalisé – qu'il était à portée de main, qu'il était devenu possible et qu'il l'avait toujours été. Ce mélange sulfurique de hâte, de crainte et d'excitation bouillonnait en lui sous ses dehors impassibles et absorbés dans la réalité, comme le magma en fusion dans le cœur d'un volcan. Mieux valait ne pas y penser, songea-t-il en s'apprêtant à sortir Anthéa de sa chambre froide, tandis que Jérémie les devançait dans le labo.
Mais s'il s'arrêtait de penser à ce qu'il ressentait, ses angoisses reprenaient. Pourquoi Jérémie, en lisant le programme de Hopper, avait-il tenu à lui téléphoner ? pourquoi Aelita et lui avaient-ils eu une discussion en privé ? que se passait-il ? Y avait-il un problème avec la virtualisation de l'épouse de Hopper ?

Ulrich repensa à la position dans laquelle ils avaient retrouvé Anthéa – dans laquelle, dans la camionnette, elle était toujours. Nué, droite, les mains ouvertes tentant de défendre le reste du corps contre les agresseurs – mais le plus marquant était l'expression, clairement identifiable, qui s'était gravée sur son visage. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte en un cri éternellement silencieux, chaque trait déformé par la terreur. C'était donc ainsi que XANA pouvait aimer...

Adèle reçut un SMS de Jérémie, qui leur proposait d'amener Anthéa le plus vite possible dans un des scanners. Odd ouvrit la chambre froide et entreprit d'en extraire la jeune femme avec l'aide de Yumi. Ulrich, quant à lui, fut encore une fois saisi par cette apparition figée dans son bloc de glace rectangulaire. C'était le chose qu'on ne pouvait voir que dans des films de science-fiction, songea-t-il. Un petit rire intérieur le secoua pendant qu'il aidait Odd à faire basculer la charge : n'en était-il pas de même, au fond, des savants fous ou des complexes souterrains ? Et dire que tout avait si banalement commencé avec un court-circuit de machine à café...
Descendre Anthéa jusqu'à l'ascenseur fut presque facile, en comparaison du défi qu'avait été son transport en Suisse ; mais cette fois, la température était plus élevée, et le temps jouait de façon plus prononcée. Yumi se mordait les doigts en répétant qu'il aurait fallu attendre l'aube, pendant que les portes de la salles aux scanners s'ouvraient.

- Vous croyez qu'elle rentrera ? s'inquiéta Yumi en amenant le bloc de glace vers l'un des scanners.
- Dans le pire des cas, nous avons la possibilité de réduire le bloc de glace, affirma Aelita.
- Il a tellement fondu en chemin qu'une petite coupure de plus et vous lui enlevez la main ! s'exclama Ulrich.
- L'important, c'est son cerveau, affirma la jeune fille. Pour le reste, le SuperCalculateur n'a besoin que d'un cheveu, au fond.
- De toute évidence, cette discussion est vaine, intervint Odd. Aelita, ta mère est tellement fine qu'elle rentre sans problème.

Le bloc de glace était en effet à moitié rangé dans le grand scanner cylindrique ; en poussant encore un peu et après quelques efforts, nos amis parvinrent à charger la femme cryogénisée toute entière dans le scanner. Ce dernier se ferma et commença à faire entendre un bruit terrifiant. Il y avait de l'eau partout sur le sol ; nos amis étaient frigorifiés et leurs mains leur faisaient mal tant ils avaient froid.

- Jérémie, envoie-moi en même temps qu'elle ! ordonna Aelita en montant dans un autre scanner. Je veux la rencontrer.

Un bref silence suivit cette demande. Puis l'informaticien répondit :

« D'accord, mais Franz insiste pour venir avec toi dans ce cas. Tu comprends pourquoi. »
- Oui, dit celle-ci gravement. Merci papa.

Franz descendait l'échelle. Ulrich fronça les sourcils et Yumi lui jeta un regard interrogateur.

- Une réunion de famille ? demanda Adèle avec un sourire heureux.
- Ou une sacrée cachoterie, lança le samouraï d'un ton méfiant. Jérémie, que se passe-t-il ?
« C'est...assez difficile à expliquer » marmonna ce dernier pendant que Hopper prenait place dans le dernier scanner. « Difficile à vivre, aussi. C'est pourquoi Franz doit être présent pour Aelita. »
- Jérémie ! vous avez pris une décision difficile, sans même nous consulter ? s'indigna Yumi pendant que les deux derniers scanners se fermaient. Qu'est-ce qu'il y a ? qu'est-ce que vous allez faire ?
« La seule solution possible ! » s'exclama l'intellectuel. « La seule solution pour permettre à Anthéa d'être décryogénisée sans retomber aux mains de ces organisations secrètes ! La seule solution pour vaincre définitivement XANA ! La seule solution... »
- Si c'était vraiment la seule solution, pourquoi te mettrait-elle dans un état pareil ? cracha Ulrich. Aelita !

Les portes des scanners étaient hermétiquement closes. Le rugissement de la virtualisation envahit la pièce. Yumi et Adèle se précipitèrent par l'échelle ; Odd se mordit les doigts, inquiet comme il ne l'avait jamais été. La peur et la confusion régnaient dans l'esprit d'Ulrich, il se sentait trahi. Que se passait-il ? avait-il aidé, sans s'en douter, ses amis, à faire quelque chose de mal ? Un vague sentiment d'horreur planait sur la situation, collait à tout, aux scanners, au SuperCalculateur, à Anthéa, à l'expression résignée et douloureuse d'Aelita quand elle avait disparu derrière les portes du scanner, à l'air grave et mystérieux du vieux scientifique, au silence de Jérémie, à cette sorte de coup de force qui sentait le sacrifice et le meurtre.
Le meurtre ? Sur Lyokô ? par ses amis ? Ulrich se sentit malade et perdu. Le monde était sans dessus dessous. Il déglutit. Un lourd silence s'abattit sur le complexe. Tout était fini, désormais. Irréversible. Il vomit, écœuré.

***

Jérémie jaillit en trombe de la voiture dès qu'ils eurent atteint l'aire de repos, en affirmant qu'il voulait être seul, et que personne ne devait le déranger. Il composa nerveusement le numéro de téléphone de Delmas. Après quelques tentatives, la voix à demi endormie de Sissi lui répondit.

« Ouais, allô ? »
- Salut Sissi. Désolé de te déranger à une heure aussi matinale, mais tu pourrais aller chercher Franz ? j'ai à lui parler.
« Jéré ? t'es pas taré ? il est moins de neuf heures du matin ! ça ne se fait pas, de téléphoner à cette heure-ci. Et je te parie que beau-papa Einstein voudra pas sortir de son pieu non plus ! »
- S'il te plaît, Sis', c'est une question de vie ou de mort.
« Si tu l'dis. Bon, je vais voir ce que je peux faire. »
- J't'en dois une, Sis'.

Le jeune homme avait souri pendant toute la durée de la conversation, comme si crisper ses mâchoires avait pu lui attirer la sympathie de son interlocutrice, mais dès qu'elle fût partie, il commença à s'impatienter en tapotant du pied. Il regarda sa montre. Près de trente secondes. Il ne fallait tout de même pas tout ce temps-là pour monter les marches d'un escalier, réveiller un vieillard et le ramener, si ?
Trente-neuf secondes.
Quarante-trois.
Enfin, la voix de Sissi se fit entendre.

« Désolée, Jérémie, il est pas là. »
- Mais bon sang, j'aurais dû y penser tout de suite ! désolé de t'avoir dérangée, ma vieille. Et merci de m'avoir fixé.

Dès qu'il eût raccroché, le jeune homme composa le numéro du laboratoire ; ça ne manqua pas. Ce fut une voix tout à fait inconnue qui répondit – rauque, grave, visiblement abîmée par les ans et le tabac.

« Ici le club d'athlétisme. Peux faire quéqu'chose pour vous ? »
- Allô, Franz ? C'est moi.
« Ah, Jérémie ! » répondit la voix d'Hopper. « Je m'attendais à ce que tu m'appelles plus tôt. »
- Je n'ai regardé que sur le chemin du retour. Pas très intelligent de ma part, mais je vous faisais confiance.
« A raison, Jérémie, je le maintiens. Vous arrivez bientôt ? »
- Dans quelques heures. Je vous conseille d'éteindre le SuperCalculateur pour le moment, et de ne rallumer qu'à notre retour. Une attaque de XANA ne poserait pas de problème, pour pourrions éteindre la machine ; mais mieux vaut ne pas prendre de risques.
« Très sensé ; je prépare les mises à jour et j'éteins. Autre chose ? »
- Vous demandez s'il y a autre chose ? à votre avis, pourquoi je vous appelle ? Je viens de regarder votre programme, et...
« Et tu perds confiance en moi ? Tu aurais tort, je le maintiens. Seulement, cette décision ne m'appartient pas à moi seul. »

- Franz, vous êtes vraiment sûr de savoir ce que vous faites ? Si nous utilisons ce programme sur Anthéa, d'après ce que m'a dit Aelita, il n'y a aucune raison que...
« Il n'y a pas d'autre moyen. La machine qui permet à Anthéa de ressentir des émotions de la même façon que tout le monde ne sera pas virtualisée. Anthéa renaîtra telle que je l'ai connue. »
- Mais vous l'assassinerez !
« Oh, ça, non. Elle sera vivante – elle aura sa mémoire – elle aura son esprit. »
- Son esprit ? s'emporta Jérémie nerveusement. Vous parlez d'un esprit ! elle retrouvera un esprit de légume, c'est vraiment ce que vous voulez ? Est-ce que ça vous fait quelque chose, au moins ?
« Bien sûr que ça me fait quelque chose, blanc-bec ! » s'énerva le scientifique à l'autre bout du fil. « Ne pas virtualiser cette machine que j'ai conçue, me suis-je dit, c'est comme de la tuer ! Qui suis-je pour avoir le droit de prendre une telle décision ! mais le SuperCalculateur ne pourra jamais virtualiser à la fois un être humain et une machine et les faire fonctionner ensemble. Ce n'est pas sur ces bases que j'ai conçu le programme de virtualisation ! »
- Alors il fallait annuler l'opération.
« Crois-tu que ça s'arrête là ? mon cher Jérémie, une fois Anthéa transférée sur Lyokô, rien ne m'empêchera de la remettre en état. Oui, elle pourra vivre sur Lyokô ! vivre comme tout le monde ! »
- Comme tout le monde ? sur Lyokô ? rugit le jeune homme. Franz, je vous croyais remis, je vous retrouve fou ! avez-vous oublié ce qu'a enduré Aelita avant que je la sorte de ce monde aride ?

Pendant un certain temps, Jérémie n'entendit d'autre réponse que la respiration de Hopper. Puis, enfin, lentement, ce dernier répondit, la voix serrée :

« Non, Jérémie. Je n'ai rien oublié. Sa solitude. Ses privations. Son désir de quitter cet endroit. Tout est gravé en mon cœur, tout me maudit, et à jamais. Mais j'ai fait le choix de faire vivre Anthéa sur Lyokô plutôt que sur terre parce que c'était encore le moindre mal. »
- Le moindre mal ? il faudra m'expliquer ça ! ironisa le jeune homme.
« Il y a deux options, pour décryogéniser Anthéa. Soit en faire une créature virtuelle, soit la rebaptiser X.Anthéa pour de bon. La deuxième solution, je ne saurais l'envisager – remarque en outre que la première, qui, d'une certaine façon, attaquant l'intégrité physique et mentale de mon épouse, fait passer XANA à sa deuxième mission : me protéger et m'obéir. Autrement dit, elle nous débarrasse de notre ennemi ! »
- Franz, c'est tentant, mais le bien que fait une solution ne justifie pas son mal.
« Son mal ? peut-on vraiment parler de mal ? N'oublie pas que Lyokô n'a jamais été terminé – les quelques détails que tu y a apportés sont bien peu de choses par rapport avec tout ce que j'avais prévu, Jérémie. Du vent ? de l'air ? des prouesses graphiques ? oh, Jérémie ! sais-tu quels mets excellents je peux créer ? quels fouillis d'odeurs délicates ? quelles cités paradisiaques ? Je peux donner à toute personne sur Lyokô le pouvoir de créer son propre univers, son propre paradis. Je peux permettre la connaissance éternelle et universelle, de tout par tous. Je peux démultiplier les arts, rendre la vie éternelle, faire de chaque homme un dieu ! Voilà ce que sera Lyokô quand il sera terminé. »
- Franz, vous parlez comme un fou !
« Oui, je parle comme un fou, et je l'ai toujours été. Mais un fou, qu'est-ce, si ce n'est un visionnaire raté ? Mais cette fois, le temps ne me manquera pas, non plus qu'à toi, pour créer, enfin, un monde sans danger ! »
- Franz !
« Non. » déclara l'autre, calmement, avec en fait un sang-froid terrifiant. « Jérémie, tu peux m'arrêter. Tu le sais. Mais moi, je ne peux m'arrêter. Car ce que je vois, c'est le seul bel avenir qui puisse attendre Anthéa. Car ce que je vois, c'est la seule solution pour en finir définitivement avec XANA. »
- La seule solution aisée, Franz.
« Nous avons déjà essayé les autres. Beau résultat. Il faut détruire XANA à la racine, si nous voulons qu'il nous laisse tranquilles. Il faut...qu'il abandonne son présent objectif, pour que je puisse lui ordonner de s'assurer lui-même de sa propre destruction. Pour qu'il ne revienne jamais. »

Le jeune homme déglutit. Le courage dont faisait preuve son aîné était monstrueux, à tous points de vue. Et pourtant, c'était la seule solution logique. La seule qui pouvait apporter du bien. La seule qui pouvait effacer la mal qu'elle causait. Mais...Hopper lui faisait peur. Ses arguments sentaient le délire – tout réalistes et réalisables qu'ils fussent.

- Écoutez, Hopper, marmonna enfin le jeune homme, le regard faiblard et perdu. Je marche avec vous. Mais je tiens à laisser Aelita décider. Comme vous l'avez dit, c'est une décision lourde de conséquences pour sa mère, et c'est d'abord à elle de décider. A elle, qui lui doit tout, et dont elle n'a rien à attendre, à elle qui ne s'en souvient presque pas mais qui en souffrira autant que vous. C'est à elle de cautionner cette décision. Sauf désaccord de sa part, nous arriverons vers le coucher du soleil. Je vous rappelle chez les Delmas dans le cas contraire.
« Tu agis comme tu le dois, Jérémie. Et je suis fier de t'avoir pour beau-fils. »

Jérémie raccrocha. Il se sentait un peu perdu, dans un monde flou et confus, comme dans un rêve. Comme dans un cauchemar.

***

Lyokô. Territoire de la forêt. La première chose que vit Aelita après sa virtualisation, ce fut que le territoire était désormais presque complété ; il ne restait plus de trous sur la mer numérique, et le ciel s'était rempli de nuages lourds et gris. Dans la lumière faible et brumeuse d'avant l'averse, elle distinguait à peine ce qui l'entourait ; mais ce dont elle était certaine, c'est qu'il n'y avait près d'elle ni son père, ni sa mère. Elle était seule au milieu de cet univers mort, et elle frissonnait de peur.

- Jérémie ? demanda-t-elle au vide.
« Oh, désolé, chérie, j'aurais dû te prévenir...la virtualisation de ta mère prendra un peu plus de temps que la tienne. Quant à ton père, je l'ai virtualisé à Carthage ; il se dirige vers le noyau, où il sera à l'abri des monstres de XANA, et d'où il pourra lui commander l'auto-destruction. »
- Pourquoi doit-il se mettre à l'abri ?
« Ça me paraît évident. Si XANA l'enfermait dans un gardien, ou s'il le revoyait sur terre pour le cryogéniser, nous serions bien avancés. »

La jeune femme acquiesça.

- Je n'aime pas les dernières modifications sur le territoire forêt. » murmura-t-elle en s'asseyant sur une vieille souche mousseuse. C'est papa qui les a faites ?
- Sans doute. En tout cas, je sais pas trop à quoi il ressemble, mais je trouve son programme météo purement génial. Il devrait pleuvoir dans peu...quelques minutes, d'après le programme, mais il fait des réponses bizarres. »
- Jérémie, je sais toujours pas si nous avons pris la bonne décision pour maman...tu crois que papa arrivera vraiment à la faire redevenir comme elle était avant son enlèvement ?
« La ferme, Odd. Moi, ça me paraît faisable ; et si c'est faisable, Franz y arrivera. Après tout, il lui a bien complété le cerveau, pourquoi pas lui reprogrammer l'esprit ? Et après tout, c'est lui qui est responsable des programmes de virtualisation ; s'il affirme qu'il sait comment faire, je crois que nous pouvons lui faire confiance. Tiens, la cavalerie arrive. »

Quelques secondes plus tard, Adèle, Odd et Ulrich apparurent aux côtés d'Aelita. A peine ceux-ci avaient touché le sol que les remarques fusèrent sur la météo.

- Beuârk !
- Sale temps.
- Quelle drôle d'idée, des nuages en forêt !
- J'aime pas.

Ce qui ne dura que quelques secondes. Aussitôt, un nouvel avatar commença à apparaître dans les airs. Pieds d'abord, jambes, bassin, torse, poitrine, bas du menton...entièrement nue, et en tous points semblable à sa fille, Anthéa se dessina lentement sous les yeux ébahis de nos amis, qui retenaient leur souffle. Derrière ces yeux grand ouverts, trouveraient-ils une vie ? Soudain, le corps remua, et tomba sur l'herbe verte.
Il tenait debout, fermement. Les prunelles tranquilles de la jeune femme ne bougèrent d'abord pas ; puis, lentement, elles passèrent un regard neutre sur les quarte visages qui lui faisaient face. Puis Anthéa ferma les yeux. Et ce fut tout. Elle demeurait debout.
Dès l'instant où les pieds de X.Anthéa eurent touché le sol, le ciel grisâtre changea quelque peu d'aspect ; de petits reflets d'argent apparurent ci et là sur les vaguelette cotonneuses de la voûte nuageuse, qui grossirent se mêlant leurs couleurs de reflets dorés. Quand les yeux de la jeune femme se fermèrent, une léger pétale blanc effleura sa longue chevelure rose, plus longue que celle d'Aelita, et, caressant sa peau, descendit jusqu'à côté de sa cheville. Il pleuvait des fleurs. Cette surprise portait la marque du scientifique.

- Bon bah, c'est pas tout ça, Einstein, lança Odd pendant que Yumi arrivait sur Lyokô, mais j'irais bien faire un petit tour en Overboard.
- Ouais, je m'demande à quoi ressemble le nouveau territoire des glaces, ajouta Ulrich. Il neige là-bas ?
« Quoi, qu'est-ce qu'il y a ? » interrogea Jérémie, totalement surpris. « Quelque chose ne va pas ? »
- J'ai jamais rien contre me rincer l'œil, ironisa Odd.
« Ok, je vois le tableau. Vos bécanes sont en route. »

Aelita s'approcha de sa mère à pas très lents sans prêter gare aux vrombissements des véhicules. Elle posa doucement sa main sur l'épaule de sa mère. Celle-ci rouvrit les yeux, et la regarda avec une complète indifférence. Dans ceux de notre jeune avocate perlèrent quelque chose d'autre, comme un miroir d'abord, puis un reflet luisant ; enfin, une larme coula le long de sa joue, qu'elle sentit, et que vint sécher une petite fleur de frangipanier.

- Est-ce que...tu me reconnais ? demanda-t-elle, la voix serrée, avec appréhension.

La femme aux cheveux roses parut un moment ne pas entendre la question, puis enfin, elle hocha la tête en signe de négation.

- J'ai grandi, essaya de défendre Aelita avec un sourire brisé en caressant la joue de sa mère. Mais moi, je te reconnais.

Nouveau silence. Très long. Enfin, l'expérience écarquilla ses grands yeux. Elle ne dit rien. Puis, le regard égaré dans le vide, elle murmura, peut-être pour elle-même :

- C'est parti.
- Qu'est-ce qui est parti, maman ?
- C'est parti. Ça faisait...mal...

L'expression de X.Anthéa redevint neutre sitôt que ces paroles eussent été prononcées. C'était comme si rien n'avait eu lieu. La gardienne de Lyokô sentit soudain toutes les peines du monde coincées dans sa gorge, sans aucun mot à mettre dessus en pensée ; un sanglot essaya de sortir, elle le laissa mourir en gargouillis, les pleurs coulaient, et les fleurs les séchaient, toujours avec la même délicatesse, tombant le long de ses joues et étalant ses larmes salées sur sa peau sans toucher. Elle tomba à genoux, sentit des bras l'entourer et la relever avec amitié, aperçut le visage d'Adèle et toute la compassion qu'elle avait dans ses yeux, et se remit à pleurer par terre, regardant au travers de ses yeux embués, les milliers de brindilles mortes qui jonchaient le sol de la forêt à perte de vue.

- Tu es...Aelita, déclara soudain Anthéa.

Notre héroïne tressaillit. Elle leva les yeux. Sa mère n'avait pas bougé d'un cil. Elle avait juste dit ceci. Mais dans ce simple mot, Aelita put sentir tout ce dont son père lui avait parlé la veille au matin, tout ce qui restait à venir, tout l'espoir du monde. Elle se releva, en continuant de sangloter, mais avec un grand sourire qui passait au travers de ses larmes, comme un timide arc-en-ciel par un jour de pluie.

- Oui, répondit-elle. Je suis heureuse que tu m'aies reconnue, maman. Viens, je vais t'emmener dans un endroit où tu seras plus en sécurité.

Elle lui prit la main et ne la lâcha pas. Même si la forêt et les visages de ses amis étaient sombres, un grand soleil brillait dans son cœur.

***

Nos amies n'en crurent pas leurs yeux quand ils aperçurent la tour indiquée par Jérémie (qui suivait en cela les instructions laissées par Hopper). Le grand monolithe blanc sortant de la terre comme un mégot de cigarette avait disparu – ces bonnes vieilles tour que Lyokô avait connues à ses débuts n'étaient plus. C'était à présent un grand bâtiment blanc et cristallin aux contours courbes et élancés, une grande pointe d'ivoire qui montait en flèche vers le ciel et dont le tracé délicat évoquait une gigantesque fleur repliée. Entourée d'une aura scintillante, la tour faisait presque mal aux yeux de par sa splendeur.
Autour d'elle, et grimpant à demi sur ses bases, il y avait comme un jardin spécial, d'arbustes grimpants aux racines fines, d'herbes fraîches et de petits ruisseaux brillants. Un vent factice achevait de dissiper les dernières traces de la pluie de pétales. Cet endroit était magnifique.

« Splendide ! » s'extasia Jérémie, admiratif. « Ce code est un pur chef-d'œuvre de programmation ; je me demande de quoi ça peut avoir l'air dans le monde virtuel... »
- Je t'envoie un visuel, murmura Aelita, éblouie. Dis-moi, en quoi un beau bâtiment peut-il être un chef-d'œuvre de programmation ?
« Ah oui, le revêtement a été amélioré également. » constata Jérémie d'un air faussement indifférent. « Faut admettre que c'est joli. Quand vous serez à l'intérieur, asseyez-vous dans un canapé et pensez à moi. »

Excités par cette réplique (des canapés sur Lyokô ? Adèle avait hâte de découvrir ça !), nos Lyokô-guerrières se dépêchèrent d'amener Anthéa dans ce qui serait désormais sa maison. Plus ils s'en rapprochaient, plus ils la trouvaient belle. Yumi ne put cependant s'empêcher de constater qu'Anthéa y était tout à fait indifférente, et que, par conséquent, Aelita ne participait pas à l'émerveillement général et gardait un regard triste.

- T'en fais pas, ma vieille, marmonna-t-elle en lui passant un bras sur l'épaule, tentant de la rassurer. Je suis sûre que nous arriverons à rendre ta mère à elle-même. Nous avons deux génies sur le coup.
- A propos, Jérémie, où en est mon père ? demanda Aelita.
« Aux dernières nouvelles, il avait obtenu que XANA lui transmette les codes nécessaires à la fabrication d'un Réplika, et il essayait de le convaincre de s'auto-détruire. Y'avait quelques os logiques à rompre...Attends, je lui demande. »
- J'ai du mal à croire que ce soit, ce sera fini, soupira Yumi.
- Il y a tant de fois où ça devait être fini, ajouta Aelita.
- Ta matérialisation...
- Le fragment...
- La mort de papa...
- Et même la fois où William a annihilé Lyokô et qui aurait dû signer nos arrêts de mort.
- C'est sûr...y'aura un os logique à rompre.
- Moi, j'y crois, affirma Adèle avec confiance. Ça ne fait jamais que six mois que j'aurai passé dans le groupe, mais j'ai vu ce dont vous étiez capables, et ça ne m'étonnerai pas du tout que cette fois, XANA n'ait plus d'alternative.
« Eh bien, les filles, il n'en a pas fini avec cet os logique, c'est moi qui vous le dit. C'est qu'il l'a drôlement bien conçu, son programme. »
- Trop bien, si tu veux mon avis, dit Yumi avec une nuance d'amertume dans la voix. Et puisqu'on est pas encore à la tour, que font nos deux garçons ?
« Boarf, des concours de patins à glace. »
- Patins à glace ? demanda Aelita, amusée. Qui est-ce qui a été programmer un truc pareil ?
- Tu te souviens, la fois où je m'ennuyais parce que tu tenais absolument à regarder ce film, là, euh...
- Star Wars II ?
- Ouais, sans doute...
- Mon cher Jérémie, si tu ne comprends rien à Star Wars, tant pis pour toi ! répliqua la jeune avocate en riant. N'en reste pas moins que la scène de la prairie est un pur hors-d'œuvre !

Ils étaient arrivés à la tour.

« Je tiens à voir ce qui se passe à l'intérieur ! » rappela l'informaticien sur un ton léger. Je vous le dit, c'est stupéfiant. »
- Bien, tu l'auras, ton visuel...seulement si tu regardes l'épisode IV avec moi demain !
« C'est cruel, mais ça marche. »

Dès qu'Aelita eut passé la paroi de la tour, elle se retrouva dans un grand univers uniformément blanc. Elle pouvait voir ses amis autour d'elle – et absolument rien, rien d'autre. Ni sol, ni plafond, ni sortie.

« Alors, vous ne prenez pas place sur les canapés ? » demanda Jérémie.
- Tu nous nargues, là ? Y'a rien !
« Essayez de vous asseoir sur un canapé. Le premier qui vous vint à l'esprit. »

Après un petit silence chargé d'échanges de regards étonnés, Adèle se laissa tomber avec un petit cri joyeux en arrière, et fut arrêtée dans sa course par un grand canapé rose aux coussins moelleux peints de grandes tulipes jaunes. Elle regarda d'un air gêné les autres.

- Ben quoi ? il a dit : le premier qui vous vient à l'esprit, non ?
- C'est génial ! s'extasia Yumi en s'avachissant dans un vieux sofa noir délavé, tandis qu'Aelita s'asseyait dans un petit pouf brun et élégant, auquel apparurent bientôt un dossier et des accoudoirs.
- Je me demande ce qu'il y a en bibliothèque, murmura celle-ci en feuilletant un livre surgi de nulle part.
- Comment ça ? s'interrogea la collégienne. Tu n'as pas déjà un volume en main ? Bon sang, y'a bien mille pages dans ce truc !
- Ça ? interrogea Aelita en la regardant d'un air surpris. C'est l'index des volumes. Mais si tu veux, je peux le regarder comme ça, ajouta-t-elle en se mettant à fouiller une base de données dans un écran holographique.
- Il fait même des sculptures ! s'étonna Adèle en admirant un splendide cheval à bascule. Comme on les veut !
- Et voilà la porte de sortie ! s'exclama Yumi assez triomphalement.

Soudain, devant la porte en question, fraîchement apparue, une image holographique de Jérémie surgit, plus réaliste que nature, dans la position qu'il devait occuper sur le siège de contrôle.

« Hé ! attention, les filles ! » s'exclama-t-il. « C'est une tour, vous l'oubliez ou quoi ? Ce genre de trucs, ça a une capacité d'action limité sur Lyokô. »
- Bah alors, à quoi ça sert ? s'étonna Adèle en renvoyant le cheval à bascule d'où il venait.
« Si j'ai bien compris, c'est pour qu'Anthéa ne manque de rien. Pour le moment. Après, c'est un vieux programme expérimental que Hopper voulait étendre à tout Lyokô. C'est en ça notamment qu'il estime que l'univers dehors n'est 'pas fini'... »
- Ça, tu peux le dire ! s'exclama joyeusement Yumi. Au fait, à propos de Hopper, où en est-il ?
« Hopper ? je croyais vous l'avoir dit. Il a fini, il est en route pour lancer la reconstruction du Skid et venir rejoindre Anthéa. Après, eh bien, il procédera aux mises à jour. »
- Attends ! s'exclama Aelita. Par 'Il a fini', tu veux dire quoi ?
« Eh bien...ça y est, on a vaincu XANA. »

Un silence impressionnant s'abattit sur nos amies. Cette fois...c'était bon...XANA n'existait plus, pour de vrai. Cette fois, c'était terminé...XANA était mort. Et c'était vraiment fini.
_________________
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Premier commandement : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Troisième commandement : Tout individu a droit à la vie
Quatrième commandement : Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.


Dernière édition par Belgarel le Ven 11 Avr 2014 04:59; édité 1 fois
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Lyøkø-Fan-Førever MessagePosté le: Ven 26 Nov 2010 19:06   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Salut! C'est Camilia85560 ! J'ai changé de pseudo car j'avais pommé mon passe ^^'

Tu nous impressionne de jour en jour! Qui l'aurait crut ! Une maison sur Lyoko pour Anthéa!

C'est trop émouvant la rencontre Aelita-Anthéa Smile

Pauvre Hopper, il devient complètement zinzin ^^

Mais je suis aussi trop triste car Xana est vaincu! Je suis triste dans le sens que sa veut dire que tu as bientôt fini cette fan fic ! Sinon je suis contente qu'il est vaincu Xana!

Sinon j'attends avec impatience la suite et j'espère de tout cœur que tu va faire une nouvelle fan fic de Code Lyoko =D
Bisoous!


Par tout hasard, quelqu'un sait comment supprimer un compte ???

Note de Sido : Il existe une fonction "récupérer son mot de passe", c'est pas pour les limaces.
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Belgarel MessagePosté le: Ven 26 Nov 2010 21:41   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


Inscrit le: 20 Aoû 2010
Messages: 534
Yay, suis content, je vais pouvoir poster la suite...et vraie, vraie fin, pour mettre une balise "Terminé" devant mon topic ^^
Et comme promis, y'a du tonnerre.
Je suis trop content de mon sale coup, de "XANA est vaincu" en trois ligne après cent cinquante pages de blabla xD

Je suis content surtout d'avoir des lecteurs pour leur annoncer ceci : voilà, sans retenue, la FIN de cette fanfiction-éclair et fleuve à la fois (vu la longueur et la rapidité). Si vous voulez attendre, libre à vous, en attendant, elle est là, et je le dirai : c'est le morceau de ma fanfic que j'aime le plus. Un texte à part, d'ailleurs. Postez donc vos comms sans retenue (pour ceux qui sont encore là), je saurai qu'on m'aura lu, et j'en ferai toujours bon usage.

Note : Camilia, tu devrais parler de ton problème à un modo (type Sido, qui a édité ton message de présentation sur le topic dédié). Il saura mieux te renseigner que nous.




18 Épilogue : un monde sans danger

- Dépêche-toi ! hurla Jérémie près de la porte de sortie. Nous sommes en retard !
- Juste le temps de récupérer mon sac et d'enfiler ma robe ! répondit la voix d'Aelita à l'étage.

Elle apparut aussitôt, dans sa tenue de soirée la plus élaborée ; vraiment, les pans de sa jupe en doux froufrous, tissés en linge flottant, semblaient voleter comme s'ils n'étaient pas soumis à la gravité. Elle était si parfaite dans ces vêtements qu'elle semblait tout à fait sortie d'une autre dimension.

- Tu as l'air d'un ange, la complimenta le jeune homme, ému aux larmes.
- Sèche-moi ces larmes de crocodile, répliqua Aelita en sautant par-dessus la rampe de l'escalier doré pour atterrir sur le tapis fleuri de l'entrée. On croirait que tu ne m'as jamais vue dans cette robe.
- Aujourd'hui, c'est spécial.
- Tu as déjà dit ça la dernière fois.
- Ça fait dix ans.
- La belle affaire. Tout ce que tu veux m'amener à dire, c'est que je te suis reconnaissante de me l'avoir offerte.
- Bah, c'est pas vrai, peut-être ?
- Disons que tu ne mérites pas que je te sois reconnaissante, à cause de la façon dont ça te monte à la tête, répliqua Aelita d'un ton plaisantin en passant la porte.

Ils atterrirent dans un grand jardin mauve, sous un ciel noir de jais. Les mille variétés de plantes qui bordaient le petit chemin jaune qu'ils devaient prendre pour regagner la ville défilèrent à toute vitesse – plus vite que d'habitude, songea l'intellectuel, peut-être était-ce un effet du bonheur ? Ce matin-là, le ciel était clément, comme partout à cette époque de l'année : un soleil rose planait dans le ciel, doucement, étalant une douce lueur en rayons étoilés dans le lointain vide intersidéral ; sur ses joues, Jérémie pouvait sentir souffler un vent léger, portant une chaleur parfaite quand il en avait envie, rafraîchissant ses joues quand elles en avaient assez. Rien n'aurait pu être plus parfait pour ce matin-là, songea-t-il.

- Des nouvelles de tes parents ? demanda-t-il distraitement en cueillant un bourgeon qui s'épanouit dans sa main.
- Rien de neuf pour papa ; je crois qu'il est toujours sur son programme de métamorphose à volonté. Honnêtement, si quelqu'un arrive à utiliser ce programme pour concevoir mieux que les modèles pré-configurés qu'il a mis au point (c'est-à-dire tous les animaux et tous les visages connus, plus quelques licornes ou dragons), je ne dirai plus qu'il perd son temps ; en attendant, il s'obstine, que veux-tu...
- Il faut reconnaître qu'il avait raison la dernière fois : s'il t'avait écouté, nous n'aurions peut-être jamais été capables de changer d'apparence.
- Sinon, continua la jeune femme aux cheveux roses, maman va bien. Elle m'a écrit une lettre récemment – à l'ancienne, pour faire joli. C'est dingue ce qu'elle a une belle écriture. Toujours dans la conception vestimentaire. La métamorphose, c'est l'art du corps : la mode, c'est de l'art pour le corps, m'a-t-elle dit.
- Je sais pas si le terme 'mode' convient pour la chaîne Anthéa.
- Honnêtement, tu ne dis pas ça pour la flatter ? s'étonna la jeune femme en donnant un baiser à son conjoint. Moi qui croyais que tu avais des opinions artistiques distinguées !
- C'est juste que tu méprises les vêtements. Moi aussi, d'ordinaire ; mais il faut admettre que ce que dessine ta mère, c'est...eh bien, ça vaut bien l'architecture multiplanaire.
- L'architecture, ça n'a rien à voir. C'est de la géométrie.
- Alors prends la couleur aléatoire.
- C'est du flan.
- Je te croyais fan !
- Plus maintenant. Dans l'art, il faut de la volonté, sans quoi il n'y a pas d'art.
- Mais dans ce cas, il y a quelque chose que tu aimes, en termes de graphisme, à part l'art paysager ?
- Oui.
- Quoi ?
- La post-botanique.
- C'est pour faire des jardins, rétorqua le programmeur.
- Le règne post-animalier, alors.
- Quoi, les licornes ? les dragons ? les petits centaures ? ironisa-t-il, une pointe de dégoût dans la voix.
- C'est vrai qu'il n'y en avait pas, avant. C'est presque passé dans la chaîne classique, à mes yeux...
- Bon, d'accord, j'ai saisi. Tu parles sans doute de trucs bizarres dans le genre scorpion électrique...
- Pourquoi pas des morpions ailés, tant que tu y es ? J'ai dit règne post-animalier ! s'indigna-t-elle.
- Ne me dis pas que tu travailles à une sorte de gelée cybernétique !
- Non, pas à une gelée cybernétique ! Quadrupède, peut-être, mais jamais cybernétique ! tu es d'accord avec moi, n'est-ce pas ? les robots, c'est du flan !
- Aelita, nous avons déjà parlé des robots...

Le jeune programmeur sourit. Cette discussion conflictuelle était devenue une sorte de petit rituel pendant le voyage à la ville. Et quand ils croyaient ne plus avoir de sujets de conversation, voilà qu'il en venait d'autres ! Art, philosophie, sciences, historiographie, gens, linguistique, jeux vidéos, principes de vie...
A l'image de leurs vies, la culture était devenue pour eux tout ce qu'il y a de plus palpitant. Tout faisait sens, la moindre expérience de vie se muait en quelque chose d'incroyable – et avec tout ce temps libre, il était si facile de découvrir et d'aimer les choses...Même Odd, quand ils le voyaient, leur parlait de choses qu'ils ne connaissaient pas : nouveaux sports, expériences vidéoludiques inédites, recherches philosophiques...Odd qui s'était mis à la philosophie, la blague était encore bien bonne !

***

- Alors, Princesse ! Prête pour ton speech ? interpela le célèbre érudit dès qu'ils se furent assis à la terrasse du café.
- Odd, espèce d'abruti ! lança Jérémie à l'espèce de mante religieuse tachée d'ombres et de lumières sylvestres, surmontée d'une mèche de cheveux jaunes qui se dirigeait vers eux avec un grand sourire. Tu vas nous faire repérer !
- Ah, ça, la métamorphose, ça ne trompe personne, quand on a l'œil.
- Justement, si tu continues comme ça, je te renvoie direct chez Sissi. Nous ne tenons pas à attirer l'attention, chuchota Jérémie en le pinçant à l'oreille.
- Avec une tête de sanglier, c'est raté ! s'exclama leur vieil ami, moqueur en se dégageant.
- Tu crois qu'une tête d'insecte maigrichon, c'est mieux ?
- Svelte, répliqua Odd en pliant ses bras derrière sa nuque. Je suis svelte.

Ils rirent sur un ton bon enfant. Le serveur androïde leur apporta à chacun une petite tasse vide.

- Dis-moi, Odd, t'aurais pas essayé le nouveau générateur de rêves ? le Millenium-3000 ? demanda Aelita.
- Oui. Honnêtement, j'ai été déçu. Point de vue surprises et inventivité, tout y est : c'est un vrai rêve, cette fois. Mais on s'en souvient trop bien. On y est trop conscient. Quitte à perdre son temps à inventer des décors, autant refaire son jardin ! J'ai pas d'idée, qu'est-ce que vous buvez ?
- Boarf, je prendrais bien un énième-quarante-trois, marmonna Jérémie devant sa tasse.
- Un café blanc pour moi, déclara Aelita.
- Classique, hein ? ricana Odd pendant que Jérémie avalait la première des quarante-trois gorgées de son breuvage. Ça me déprime. Comme ces gens qui tiennent absolument à sortir pour aller faire l'amour pour de vrai ! Depuis que tout le monde s'y est mis, tous les philosophes font l'apologie du passé et de la nostalgie. A se demander s'ils savent ce que c'est, là-dehors !
- Laisse-moi deviner : nous vivons dans l'illusion ?
- Exact ! confirma Odd avec une sorte d'amertume en agitant ses longs bras verts. Tellement basique – des débutants !...Enfin, pour moi, ce sera un cappuccino-vanille.

Les amants échangèrent un regard amusé.

- Heu...Odd, se décida enfin à dire Jérémie.
- Quoi ?
- Le cappuccino...
- Ben quoi, le cappuccino ? ça, c'est bon ! Je sais pas si vous vous souvenez du café que j'ai pris la dernière fois que je suis venu ; c'était un extasium-2016. N'importe quoi, franchement, je recommencerai pas ! Voilà ce qui arrive quand on se risque à leurs nouveautés alimentaires, on tombe malade. J'vais vous dire : avant, c'était mieux !

Sur ces entrefaites arriva Yumi, inchangée. Elle portait déjà sa tenue de geisha traditionnelle, toute prête pour la cérémonie ; mais étrangement, elle avait réussi à dissimuler son identité, de sorte que quiconque ne l'aurait jamais vue n'aurait pas pu la reconnaître.

- Ben, ça alors, Yumi ! t'as un bug du nom ? lança Aelita quand elle s'assit.
- Non, c'est un petit programme qu'un pote a bidouillé. Ça ne tient qu'une demi-heure, après ça ne marche plus. Il m'a affirmé que c'était légal.
- Ton ami a dû se tromper, déclara Jérémie en fronçant les sourcils. Ou il a dû te tromper. Ce genre de choses est strictement interdit.
- Mince, se morfondit Yumi. J'espère que tu ne m'en tiendras pas rigueur.
- Qui le pourrait ? soupira-t-il en haussant les épaules. Allez, enlève-moi ça tout de suite, tu vas nous faire repérer.
- Si tu le dis, je renonce à toute dérogation, soupira la japonaise en faisant disparaître son costume de cérémonie avec regret.
- Doit-on comprendre qu'Ulrich ne viendra pas avant la cérémonie ? interrogea Odd.

Yumi le regarda, déstabilisée. Son vieil ami lui envoya un sourire modeste :

- Je vous connais. Alors, vous vous êtes disputé sur quoi, cette fois ? Des pots de chambre, ou de la phénoménologie ?
- Des pots de chambre, répondit la nipponne sombrement.

Le groupe échangea d'abord un regard interloqué, puis après un petit moment, tous éclatèrent de rire. Yumi rougit, agacée, mais n'osa pas parler, de peur qu'ils en rajoutent.

- Hellooo ! appela soudain une voix familière au milieu d'un bruit de sabots
- Adèle ! Ne me dis pas que...non !
- Je blaguais, gloussa la jeune femme en reprenant son apparence habituelle d'écureuil. Je ne vous croyais pas capables de gober ça. Moi, en licorne !
- Ben, y'a deux ans...rappela Yumi.
- Ouais, mais c'était une phase. Et puis, c'était pas encore aussi répandu !
- Les avant-gardes ! s'exclama Della Robbia avec mépris en détournant la tête d'un geste élégant.
- Tu peux parler, toi ! Je parie que dans deux semaines, tout le monde sera habillé en ce...truc verdâtre et maigrichon !
- Je suis une mante religieuse ! Svelte !

Mais cette conversation n'eut pas le temps d'aller plus loin. Soudain, quelqu'un cria : « Les voilà, c'est eux ! » quelque part ; le temps d'échanger un regard et de semer des signatures électroniques, et nos amis s'étaient volatilisés. Pourquoi, mais pourquoi était-il impossible de sortir sans qu'on les harcèle ?
Si Ulrich avait été là, tous savaient ce qu'il aurait répondu : parce que eux, ils n'étaient pas fichus d'arrêter de travailler à des nouvelles productions intellectuelles, ou à élaborer de nouveaux loisirs.

***

Cette année, la commémoration aurait lieu devant le Building Bonbon. La polémique avait beaucoup amusé les habitants de la ville, la décision finale plus encore. Les intellectuels réactionnaires qui proposaient une reconstitution de tour à l'ancienne ou de gratte-ciel du vieux monde avaient été ridiculisés par la décision finale du peuple et s'en étaient vexés, tandis que ceux qui avaient défendu le Building Bonbon avaient triomphé en affirmant avec la plus grande fierté que ce choix symbolisait la « mort de l'esprit de sérieux ».
Lyokô avait bien changé depuis vingt-trois ans que les anciens Lyokô-guerriers le connaissaient. Pire encore ! c'était le monde tout entier qui était méconnaissable ! Ceux qui, le plus souvent par translation, y mettaient encore les pieds (les équipes de scientifiques expérimentaux notamment, ou les techniciens chargé d'installer les nouveaux programmes depuis les postes de contrôle, et plus régulièrement, quelques hommes de confiance chargés de l'entretien, de l'énergie, etc.) affirmaient qu'à Paris la nature reprenait déjà ses droits, et que les caméras installées dans les autres villes du monde montraient parfois des choses bien pires que les bords de la Seine – quand elles offraient encore une image à voir. Du reste, les scientifiques des quelques postes avancés de matérialisation, qui avaient été installés ci et là dans le monde, estimaient avec soulagement que les effets du réchauffement climatique seraient formidablement atténués grâce aux nouvelles technologies, et que les espèces fraîchement rematérialisées pansaient correctement les blessures des anciens écosystèmes : la trace néfaste de l'homme sur terre avait, grâce à Lyokô et à ses jumelles, été atténuée à jamais.

La foule s'était amassée devant l'immeuble Bonbon. A l'arrivée de nos amis, elle lança de grands vivats heureux. Ils s'inclinèrent tous les six, puis Jérémie s'avança et commença son discours :

- Voyageurs et voyageuses ! Aujourd'hui, jour pour jour, cela fait cinq ans ! Cinq ans que le dernier résident permanent du monde extérieur a mis les pieds dans notre refuge.

Le jeune homme dut s'interrompre un moment pour laisser la foule manifester sa joie. Cette simple phrase d'introduction était, somme toute, un simple prétexte à entrer en matière – mais quel déchaînement de plaisir provoquait-elle !

- A l'époque où le SuperCalculateur était inconnu du public, il y a dix ans de cela, rappela-t-il, l'humanité était tourmentée par des problèmes sans solution. Faim dans le monde, guerres entre nations, langues, ethnies, écologie, pauvreté, inégalités, crainte de la baisse du pouvoir d'achat pou les privilégiés...il n'y avait jamais assez d'or, toujours trop de pollution, toujours trop de plus riches, jamais assez de temps...vous en souvenez-vous ? Regardez aujourd'hui à quoi ressemble notre vie ! éternelle, sans coût, infinie ; chaque homme a le pouvoir de se créer son propre univers, de connaître tout, d'apprendre plus vite que la lumière, et de faire ce qu'il veut. En quelques années, les guides de conscience ou de psychologie ont disparu de la circulation : tous, nous nous sommes acclimatés à cette nouvelle façon de vivre.
Les plus anciens d'entre vous ont vu les premières améliorations, apportées alors par des groupes fermés de scientifiques, auxquels seuls les initiés avaient accès : l'apparition du goût, le perfectionnement des premiers plats, la création du sixième sens...la mise au point de notre société, les premiers systèmes d'éducation citoyenne, la représentation directe : autant de choses qui paraissaient impossibles à l'époque où nous avons découvert Lyokô...et qui n'étaient encore qu'un début au regard de ce que chaque jour nous devenons...
Aujourd'hui et pour son dixième anniversaire en tant qu'hôte de l'humanité, Lyokô vous révèle enfin ses premières heures d'existence. En bons historiens, souvenez-vous de ce qu'était alors votre vie, de la stupeur aussi qui a suivi son ouverture au public par la chaîne Hideki, et de cette peur que vous ressentiez la première fois où vous avez mis les pieds dans un scanner ; vous pourrez comprendre quelque peu ce qu'ont vécu les Lyokô-guerriers – mais seulement en partie. Car les premières heures de Lyokô n'étaient pas celles d'un monde sans danger. Non. Comme vous le savez sans doute, XANA mena de front contre l'humanité une bataille acharnée, dont tous les secrets ne vous sont pas encore connus.
Aujourd'hui, outre l'ouverture du musée « Lyokô », qui vous montre l'ancien monde tel qu'il était, vous permettant de combattre dans la peau de nos anciens avatars les mêmes batailles que nous avons dû mener contre XANA, et ce aux différentes étapes de son évolution, je vous propose la sortie de la tant attendue saison 5 de Code Lyokô, dans laquelle vous serons révélés tous les secrets de ce que certains ont appelé la « backstory » : pourquoi XANA a-t-il été créé, pourquoi est-il devenu maléfique, qu'était devenue Anthéa, comment se fait-il que le créateur du monde virtuel ait explosé à la fin de la saison 4 et qu'il soit toujours en vie, quand Adèle est-elle intervenue dans l'aventure, et enfin, comment XANA a-t-il été vaincu ? Vous saurez tout, enfin, dans ce dernier opus de nos aventures.

« C'était Jérémie Belpois, guerrier et père programmeur de Lyokô et auteur de nombreux programmes cette année, parmi lesquels la musique adaptative, la transe extralucide, l'humour british, et réalisateur de nombreux hôtels et immeubles vainqueurs des concours de la ville commune, parmi lequel le présent BBB ! » clama une voix pré-enregistrée pendant que la foule assemblée clamait le jeune intellectuel, qui se retirait, une fois terminé ce qui resterait dans l'histoire comme le « discours Bonbon »

Les discours suivants sentirent l'action à plein nez, mais furent nettement plus brefs. Yumi évita beaucoup de parlotte en offrant un numéro fraîchement composé de geisha virtuelle, profitant d'une dérogation exceptionnelle qui l'autorisait à porter des éventails guerriers (elle laissa notamment sur les murs de l'immeuble deux grandes traces parallèles dont Jérémie affirma qu'elles manquaient à l'achèvement de son travail), bientôt rejointe et remplacée dans sa danse par le samouraï et par ses jeux d'escrime. Mais plus encore que ces deux-là, ceux qui cette année reçurent le plus d'acclamations furent Odd (inventeur, après tout, du skato-jet et d'innombrables figures de skato-jet) et Adèle (conceptrice du fameux Millenium-3000 et réalisatrice de Final Fantasy XLIII) – ces deux-là eurent droit à de véritables transes de fans, ce qui n'était pas arrivé depuis au moins trois ans. Passèrent aussi sur scène Sissi et son père, assez rapidement, Jim (qui préféra ne pas parler de sa contribution à l'invention du skato-jet et ressortit rapidement un petit passage de disco en caricaturant son propre rôle de professeur de sport), Mme Hertz, Tania et Sam, Milly et Tamiya, Rosa la serveuse, quelques anciens élèves de Kadic, Albert Steigne et Hervé, Nicolas et Kevin Bougnon, quelques infirmières, Sarles, Tôjo Hideki et bien entendu, Kiwi, qui déclara sans honte qu'il avait envie de nouvelles croquettes. Ce fut enfin, juste avant de clore la cérémonie, le tour d'Aelita.

- Bonjour à tous, déclara la Princesse de Lyokô au milieu des acclamations de ses fanatiques. Cette année, je vais encore radoter ma vieille vie sur Lyokô, celle de ces vieux jours où je n'avais ni mémoire ni identité – où j'étais une I.A. officiellement, avec un nom, un avatar et un cerveau de disque dur, et rien d'autre. Du moins pour ce que nous pensions. Quelle décision nous avons prise ! imaginez un moment...Cinq gamins, dans un petit collège de banlieue parisienne, décident de garder un secret, et en voilà le monde changé dans la mesure que vous pouvez concevoir...
La vie sur Lyokô n'avait rien à voir avec ce qu'elle est maintenant. De nos jours, je dirais que Lyokô est une sur-vie ; les gens demandent même plus de sommeil, des incubateurs, des générateurs de rêve...Mais le Lyokô que j'ai connu, moi, pendant deux ans, ressemblait davantage à une sorte de sous-vie, où il fallait survivre sur un univers aride, sans vie, sans air à respirer, sans vent dans mes cheveux – sans personne à qui parler. Lyokô était un vaste désert.
C'est la vie qui aurait attendu ma mère, si monsieur Hideki n'avait généreusement accepté de nous aider à tout reprogrammer, pour refaire un monde sans danger, et ouvrir les portes de Lyokô. Par bonheur, Lyokô est depuis devenu mille fois plus que ça depuis notre arrivée dans ce nouveau monde. D'une terre d'exil où l'humanité ne connaîtrait plus le malheur, cet endroit est devenu notre nouvelle maison, la terre promise où nous nous épanouissons enfin, sans limites et maîtres de notre vie. Une révolution qui nous apportera ou le bien, ou la perdition, dit-on...Mon avis, en tout cas, est tranché : ce qui nous attend, dans un an, et dans les années à venir, c'est un monde meilleur, toujours meilleur...

Pendant que le public manifestait son approbation, un holographe apparut dans les airs, faisant sursauter la foule étonnée. Il s'agissait du créateur de Lyokô, Franz Hopper, assis dans le siège de contrôle, exhibant fièrement sur sa blouse blanche, peint en noir, le symbole de ses créations.
Jérémie fronça les sourcils. Tout était réglé comme du papier à musique ; comment se faisait-il que Franz eut fait son apparition un trop tôt (et avant même l'arrivée d'Anthéa) ? Cependant, la foule félicitait déjà l'homme qui avait rendu cette aventure aux proportions titanesques possible.
Ce dernier prit la parole sans attendre que les acclamations se fussent calmées. Des regards interloqués fusèrent dans les groupe des Lyokô-guerriers ; Adèle fit signe de méfiance.

- Mes chers amis, mes frères humains, enfin unis dans la célébration de ces dix ans de vie sur Lyokô...Ce faisait longtemps que j'attendais ce jour, pour enfin vous dire adieu. Oui, il est temps que je me retire. Et afin que vous ne m'en empêchiez pas, les programmes de matérialisation et de translation ont été bloqués.

Les spectateurs, d'abord inquiets, devinrent bientôt franchement affolés. Les murmures grondèrent dans la foule ; Jérémie fronça les sourcils et, vif comme l'éclair, il jeta un regard éloquent à Aelita. Celle-ci paraissait consternée, voire quelque peu affolée. Cette décision si soudaine, si brutale, ne ressemblait pas à son père tel qu'elle l'avait connu depuis sa résurrection...Cependant, le vieux scientifique continuait :

- Vous voilà impuissants. Vous m'en voyez aise. A présent, tout est sauf, tout est sûr. Personne ne pourra plus interférer.

La panique était si tangible, tout le monde si démuni...Aelita, perdant presque l'esprit dans la confusion ambiante et les cris de terreur, hurla à Jérémie :

- Chéri, le Code Terre !

Le jeune homme ouvrit aussitôt une interface et commença à lancer le programme, en veillant bien à ce qu'il ne dissocie pas la mémoire d'Aelita du reste de son corps. Un grand rire sinistre envahit l'atmosphère, assourdissant, couvrant les cris du peuple, de ceux qui se débattaient, de ceux qui cherchaient à faire garder leur sang-froid aux autres, de ceux qui couraient en tous sens comme pour fuir...Hopper, sa tignasse grise en pétard, les yeux roulant, n'avait vraiment plus l'air de lui-même...les yeux roulants et brûlant d'un feu dément...
Jérémie avait terminé ; l'ange de Lyokô s'éleva doucement dans une douce lumière, bientôt aveuglante, tandis que le rire lugubre de Franz achevait de se répercuter en échos autour du Building Bonbon. Soudain, celui-ci parut retrouver son calme. Il s'immobilisa. Pâle et froid comme la mort, il déclara :

- Je t'emmène dans un monde où nous serons en sécurité, toi et moi. A dans une minute, ma chérie !

Soudain, son rire reprit, horrible et assourdissant ; il se rua hors de son siège et se mit à courir dans le laboratoire ; Jérémie le vit disparaître des écrans. L'intellectuel se mit à trembler ; les autres restaient figés, le regard perdu, au milieu de la foule qui n'en cessait pas s'agiter. Au milieu des cris et de la panique, le vieux groupe des anciens Lyokô-guerriers formait comme un îlot de silence et de gravité. Ulrich rengaina l'épée que, dans la panique ambiante, il avait sortie de son fourreau ; Yumi s'agenouilla, les yeux baissés. Adèle se mordit la lèvre. Quant au félin, d'abord pensif et perdu dans ses réflexion, il finit par déclarer, avec un air un peu rassurant :

- Bah, on en a vues d'autres !

Personne n'acquiesça. C'était bien possible, ils en avaient vues d'autres – mais en dix ans, ils avaient eu le temps de rouiller, et ce coup-là les prenait par surprise. Hopper qui devenait fou...

- J'espère qu'il ne va pas se suicider, soupira Adèle.
- Hopper ? Je ne crois pas, répondit sombrement Jérémie. Ce n'est pas vraiment pour lui que je m'inquiète. Je vois mal l'homme se tuer.
- Mais alors, qu'est-ce qui t'inquiète ? demanda la jeune modiste.
- Je...je préfère ne pas répondre, dit le programmeur, ravalant ses conclusions logiques et ses angoisses.

Il ne répondrait pas. Il se contenterait d'espérer, loin de l'action. Et de placer tous ses espoirs en Aelita, comme il l'avait toujours fait.

***

Le nuage de fumée du scanner n'avait pas fini de se dissiper qu'Aelita s'était ruée vers l'échelle et l'avait à moitié escaladée. Théoriquement, il fallait, après un aussi long temps de virtualisation continue, quelques minutes d'adaptation au monde réel ; peu lui importait, même si elle ne voyait rien et si la tête lui tournait, seul comptait son objectif : elle devait arriver jusqu'à son père.
Sa tête émergea dans le vieux laboratoire. Son père n'était pas devant sa chaise. Des bruits de pas sur le métal résonnaient, à gauche. Un homme en blanc entrait dans la cage de l'ascenseur. Dans un battement de cœur, elle bondit et parvint, sans bien avoir vu comment, à se glisser sous la porte juste avant qu'elle se referme.
Une voix familière la salua.

- Tiens donc, Aelita, ma chérie...juste à temps, dirait-on, déclara-t-il avec dans son ton, quelque chose d'insaisissable, comme un soupçon d'ironie.
- Qu'est-ce que c'est que cette folie, papa ? lui lança-t-elle en se relevant d'un mouvement rapide et souple, et en cherchant à évaluer la situation. Pourquoi as-tu d...

Sa question, posée sur un ton acerbe, mourut dans sa gorge. Franz tenait un pistolet. Pointé sur elle.

- Qu'est-ce que tu es en train de faire ? lui cracha-t-elle.
- Un monde sans danger, répondit-il le plus calmement du monde. Un monde où toi et moi, nous règnerons en maître, pour l'éternité.

Terrifiée par ces mots délirants, Aelita releva brusquement les yeux et darda son regard furieux droit sur les lunettes noires et mystérieuses du vieil homme. Et ce fut alors seulement que, pour la première fois depuis que sa mère était née de nouveau, notre héroïne parvint à distinguer, au-delà des verres opaques, le tracé délicat des yeux de son père, à la surface desquels brillait doucement, presque invisible, mais indéniable, le vieux symbole tant redouté de XANA.
L'ascenseur fut tout d'un coup secoué par un arrêt brutal. Le coup partit, assourdissant, claquant comme un éclair ; Aelita put à peine l'entendre. Quelque chose de bizarre lui avait coupé le souffle, elle tombait à terre, il lui semblait hurler de douleur. Son regard embué, à demi vitreux, se coucha sur un sol renversé. Les chaussures de son père s'éloignaient lentement, les bruits de pas résonnaient en courant sur le métal, comme de grands tambours mortuaires, tandis que, gigantesque, or et noir et entouré de vapeurs mortelles, le vieux SuperCalculateur émergeait de la terre.
Hopper leva le bras qui tenait le pistolet vers la machine infernale qui l'avait gardé prisonnier pendant tant d'années. Un sourire victorieux planait sur sa face de démon. Les portes de l'ascenseur se fermèrent dans les ténèbres.
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Premier commandement : Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Troisième commandement : Tout individu a droit à la vie
Quatrième commandement : Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
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Evana MessagePosté le: Sam 27 Nov 2010 23:10   Sujet du message: Répondre en citant  
Spectatrice


Inscrit le: 11 Fév 2009
Messages: 468
QUOI?! Attends t'es sérieux là?

J'étais en train de me dire, pas mal du tout comme épilogue, assez marrant avec ça, et là je vois... O-O

Alors là tu m'as vraiment bluffée! Et je ne pense pas être la seule...!
En tout cas chapeau, bravo pour ce travail, je t'admire d'avoir terminé une fic aussi longue!
Félicitations pour cette fin à la fois surprenante et géniale! Very Happy

*Se cogne contre la porte tellement elle est bluffée*
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Benjamin1 MessagePosté le: Lun 29 Nov 2010 11:57   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 25 Sep 2010
Messages: 30
Localisation: à la recherche du monde virtuel
Noooooooon!
Aelita meurt à la fin c'est pas possible!
saleté de XANA la tuer avec un revolver en controlant Hopper.
XANA devait mourrir,pourquoi,comment?
Ta fic est genial malgrès le fait que je DETESTE les tragedies,snif...
Hopper voulait que sa fille soit dans un monde sans danger,il a reussi le paradis n'est il pas le lieu le plus melioratif?
Mais pour Aelita,le lieu le plus magnifique est celui ou reside Jeremy, amour de sa vie,non?

BRAVO!!
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Belgarel MessagePosté le: Mer 01 Déc 2010 20:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


Inscrit le: 20 Aoû 2010
Messages: 534
Ouah, un lecteur qui se manifeste en dernière seconde ! j'ai du mal à en croire mes yeux...ce que ça peut faire plaisir ! Very Happy

Suis content (et vachement fier) que tu ais aimé, Evana. La fic suivante, telle que je la consièdre, devrait prendre un certain temps à arriver (quelques mois, à vue de nez), mais sera publiée à intervalles plus réguliers et plus rapprochés. Elle sera également plus courte (difficile à faire, hein ? Razz)
Forme : théâtre.
Ceci dit, la longueur, c'est pas spécialement de quoi féliciter. Après tout, c'est d'abord pour le plaisir qu'on écrit.


Citation:
Hopper voulait que sa fille soit dans un monde sans danger,il a reussi le paradis n'est il pas le lieu le plus melioratif?
Mais pour Aelita,le lieu le plus magnifique est celui ou réside Jeremy, amour de sa vie,non?
Notre Hopper de la fin n'est plus en capacité de raisonner. En fait, dans mon idée de la plage, je comptais le laisser fou à la fin. Le symbole au fond de ses yeux permet toujours de penser qu'il a pété un câble (après tout, quand on vit dans un monde informatique de ce genre, tout devient possible...) ; mais l'hypothèse la plus vraisemblable est que XANA a pris possession de lui, non pas simplement en le xanatifiant, mais si complètement qu'il s'est véritablement incarné en son créateur.
Deux possibilités pour cela, dont l'une est nettement plus probable que l'autre. La première, c'est qu'estimant Anthéa perdue au moment où Hopper contacte nos amis, XANA a décidé de pervertir le dernier fragment. Monté à la va-vite dans la panique, il pouvait mettre notre cher Franz sous le contrôle du programme. La deuxième, c'est qu'à la fin de la section 17, pendant que l'action se passe loin de nos héros, une "révolution de palais" s'opère en secret, dans les sphères informatiques inconnues, et XANA arrive à s'incarner en Franz.

Du reste, Aelita n'est pas la seule à mourir. Le SuperCalculateur explosé, c'est carrément l'humanité toute entière qui prend fin. Hé ouais, pas de demi-victoire Mr. Green Une fois Aelita morte, ne reste donc que Franz Hopper sur terre, qui finira sans doute à son tour cryogénisé...
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Evana MessagePosté le: Mer 01 Déc 2010 20:31   Sujet du message: Répondre en citant  
Spectatrice


Inscrit le: 11 Fév 2009
Messages: 468
C'est bien ce que j'avais pensé, que ça signifiait la fin du monde...
Une fic sous une forme dramatique? Surprised Je suis partante! Le théâtre, c'est une de mes grandes passions. Smile
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Icer MessagePosté le: Dim 09 Fév 2014 16:02   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
C'est pas tous les jours que l'équipe remonte de vieilles fictions mais je dois dire que vu l'époque à laquelle elle a été écrite, c'était un véritable plaisir de voir un texte sortant à ce point du lot, et l'auteur est d'autant plus méritant qu'il a du faire face à l'habituel problème du peu de commentaires pour les fictions de ce niveau, la plèbe préférant des textes généralement plus bas de gamme (Bon ok, si on en croit le premier message il avait déjà tout écrit de toute façon, mais je vous zut).
J'encourage fortement à le lecture de ce récit qui n'a rien à envier aux textes que produisent les membres de l'équipe elle-même.

Souhaitons également bonne continuation à l'auteur qui malheureusement n'est plus parmi nous depuis longtemps et que nous n'avons donc pas eu la chance de connaître plus en profondeur (Contrairement , pour moi, à Pikamaniaque hihihihi).

Ce texte rejoint le Panthéon.

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

https://i.imgur.com/9E3sBM3.pnghttps://i.imgur.com/C4V4qOM.pnghttps://i.imgur.com/R4Yt6QC.png
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Belgarel MessagePosté le: Lun 10 Fév 2014 17:36   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


Inscrit le: 20 Aoû 2010
Messages: 534
Bonjour à tous ceux du pôle fiction.
Ayant la chance exceptionnelle de bénéficier d'un remontage de topic absolument vertigineux, et de voir mon vieux texte-loisir recevoir une distinction usuellement réservée aux divinités ou aux hommes d'État, j'ai décidé de moi aussi quitter ma tombe.
Et par XANA, que le pôle fiction a changé ! Un coup d'œil, et on s'y retrouve directement ; mais plus important, tous les textes que j'ai eu l'occasion de consulter avaient l'air correctement écrits, intéressants, et certains étaient carrément des bombes. La qualité des commentaires s'est également beaucoup améliorée. Franchement, bravo au staff.
Ces louanges vous préviennent : je suis en train de lire quelques fanfics pour me mettre à la page. Et comme je ne regarde pas d'anime en ce moment, ma foi, un retour vers le passé me fera peut-être un grand plaisir.

Maintenant, il faut d'urgence que je me dégonfle la tête, car arriver en tête du Panthéon (pour le moment, ordre alphabétique favorise), à une époque si prodige en textes de bonne facture (pour le moins)…Hé ben, ça blesse l'humilité.
J'ai pris le temps de relire cette fic, qui était un excellent souvenir pour moi. J'ai dû la commencer mi-Août 2010, et je me suis rapidement mis à la publier en gardant toujours quelques chapitres d'avance. Trois mois plus tard, elle était bouclée. En commençant, je n'avais que peu idées d'où j'allais, et franchement, ça se voit à la lecture du résultat final. Bien que la progression du récit ait amené son lot de bonnes idées, et emboîté beaucoup d'éléments par je ne sais quel miracle, il subsiste encore des incohérences, des éléments qui n'ont pas d'utilité ou qui sont sous-traités. Pire : en la relisant, je me suis rendu compte que la fin comprenait d'énormes lacunes logiques, qu'un bon texte aurait comblées en passant, l'air de rien (les solutions que je propose dans mon dernier message n'étant pas du tout satisfaisantes).
Ainsi, il y a matière à commenter, encore de nos jours, car même si le récit est terminé, l'auteur, lui, est toujours vivant, et nom d'un ordinateur quantique ! qu'un beau forum donne envie de produire ! En attendant, je me réserve le droit de modifier d'éventuelles erreurs (avec ou sans signalement, selon leur nature).

Si une telle fiction était produite de nos jours, possible qu'elle se retrouve carpée (edit : ou pas, on dirait) ; mais nul doute, à mes yeux, qu'une distinction telle que le Panthéon ne me serait pas attribuée.
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fredo 1337 MessagePosté le: Lun 26 Mai 2014 00:44   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 22 Mai 2014
Messages: 45
Localisation: Au boulot (comme d'hab).
OH MON DIEU !!! C'est la FanFic la plus extraordinaire et la plus fantastique que j'ai pu lire. Il n'y a pas de mots assez fort pour décrire ton récit tellement il est génial même si la fin est dramatique c'est tout simplement... Ouah...
Il n'y a absolument aucun défaut dans ton récit, tout est splendide.
Tu est vraiment une auteur de génie tu à réussi à intégré du suspense, de l'action, de l'amour et une fin splendide (même s'il est vrai que la fin est plus splendide pour XANA que pour le reste de l'humanité LOL).
Voila c'est tout ce que j'avais à dire parce qu'il n'y a rien de plus à dire continue comme ça et bonne chance pour la suite.

PS: À tu déjà pensée à te faire publier, perso je pense que tu aurais beaucoup de succès.
_________________
I was there by your side

Mon bébé à moi.
[Lien mort]
Moi je suis à droite XD
[Lien mort]
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Icer MessagePosté le: Lun 26 Mai 2014 07:03   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


Inscrit le: 17 Sep 2012
Messages: 2316
Localisation: Territoire banquise
fredo 1337 a écrit:
Il n'y a pas de mots assez fort pour décrire ton récit


Un récit qui met en trans ? Mr. Green

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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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