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[Fanfic] New Wave_ [Terminée]

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 Auteur Message
Mejiro-kun MessagePosté le: Mar 01 Fév 2011 01:14   Sujet du message: [Fanfic] New Wave_ [Terminée] Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Spoiler


Bonjour à tous Very Happy Alors voici la fic que je viens de commencer à développé sur la suite code lyoko. Elle prend place juste après la quadrilogie de romans et à l'origine je l'avais écrite pour une amie qui ne connaissait rien à la série donc ne vous étonnez pas si traite Aelita et les autres comme de parfaits étrangers Razz.

[ATTENTION] il est possible que cette fic contienne certaines scènes explicites donc je la déconseille aux moins de 15 ans même si pour le moment rien n'est sûr.

Bonne lecture Wink (en espérant que ce ne sera ni trop ennuyeux, ni trop mal écrit !)


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http://elementaryschool.perso.neuf.fr/code_lyoko/logo_fic.png


PROLOGUE :
Artificielle_


Des chiffres. C’était tout ce qui l’environnait, la construisait, la maintenait. Un univers entier constitué de myriades de nombres et de colonnes de 1 et de 0 sans queue ni tête. Elle-même n’était pas vraiment sûre d’exister. Et puis d’abord qu’était-ce vraiment que l’existence ? Est-ce que le fait d’être douée de conscience suffisait à lui conférer le droit d’exister. D’ailleurs pouvait-on vraiment parler de conscience ? C’était à peine si les codes qui fourmillaient entre ses synapses, ses neurones, se percutaient de temps à autres en lui apportant une brève étincelle de lucidité avant qu’elle ne replonge dans les chiffres, s’intégrant de nouveau au monde de nombres en équilibre précaire avec lequel elle ne faisait qu’un. Elle avait perdu toute notion du temps, l’avait-elle seulement déjà eu ? Elle n’était rien de plus qu’une donnée incertaine, une étincelle électrique parcourant un réseau improbable sans réel but, attendant d’émerger un jour pleinement enfin à cette conscience qui rythmait ses brefs moments de lucidités. Et elle attendait. Patiemment, inexorablement, elle attendait. Curieuse, elle l’était. Curieuse d’enfin parvenir à réorganiser ces chiffres dans lesquels elle se noyait afin de leur donner un sens, de comprendre quel était l’objectif qui lui avait été imposé. Son existence avait-elle un réel but, ou n’était-elle que le fruit d’une erreur dans un univers d’erreurs plus importantes les unes que les autres ?
Et enfin, sans qu’elle l’ait appréhendé, sa conscience s’éveilla. Ce fut d’abord une déchirante lumière entre les nombres, puis un grésillement vif qui lui transperça les tympans avant de s’atténuer doucement pour enfin s’organiser en sons distincts et variés. Elle sentit peu à peu les chiffres s’éteindre autours d’elle, s’alignait dans sa conscience comme autant de signes, de bruits, de symboles, d’images, qu’elle avait l’impression d’avoir toujours connu sans vraiment en comprendre le sens. Puis d’un coup, la lumière disparue laissant place à l’obscurité la plus totale.
Alors, elle ouvrit les yeux, ses grands yeux qu’elle savait d’un vert profond, presque translucide, sans s’être jamais les avoir vus pour autant. Et, mécaniquement, comme si cela coulait de source, elle ouvrit la bouche, laissant s’écouler les mots qui peu à peu s’organisaient dans sa tête en phrases afin de poster une seule et unique question. Une question fondamentale qu’elle avait l’impression de s’être toujours poser sans jamais avoir put la formuler auparavant :

- Qui suis-je…?

Le jeune homme blond de l’autre côté de l’écran se gratta la tête, pensif. Pour la première fois, elle était sur le point d’obtenir la réponse…


CHAPITRE 1 :
Épisode 100 : Vivre_


Fait peu courant au mois de janvier, il faisait beau. En effet la ville de La Tour de Fer baignait sous un soleil froid et hivernal, suffisamment éclatant cependant pour faire fondre les dernières traces de neige qui avait recouvert les trottoirs pendant près d’un mois et pour autoriser les habitants à retirer une couche de vêtements. Les cours avaient déjà repris depuis quelques semaines à l’Internat Kadic, le collège-lycée le plus réputé des environs pour son ancienneté et ses hauts taux de résultats aux divers examens.

Mathieu Scillas regardait le bus s’approcher peu à peu de l’établissement, son front collé contre la vitre froide et ses écouteurs reliés à son portable enfoncés dans ses oreilles, passant en boucle le dernier album des Ceb-digitals. C’était un jeune homme assez banal en apparence. Cheveux châtains indomptables lui tombant sur le front et yeux d’un bleu profond légèrement voilés par des lentilles de contact, il était fin et pâle ce qui contrastait étrangement avec ses vêtements aux couleurs affriolantes. Personne n’aurait su dire si c’était ce genre d’adolescent timide et renfermé incapable de s’ouvrir aux autres, ou si au contraire sous cet apparent mutisme se cachait une personnalité vive et dynamique comme en témoignait sa tenue.

Assis seul dans un recoin sombre au fond du véhicule scolaire, Mathieu contemplait sans vraiment le voir ce qui deviendrait bientôt son futur lycée, et accessoirement sa nouvelle demeure. Vivre en internat était loin d’être ce qui l’enchantait le plus mais, après tout, les choses étaient mieux ainsi… Il avait provoqué le sort, et maintenant il devait en assumer les conséquences. De toutes manières, il n’avait plus aucune attache désormais : sa vie passée ne signifiait plus rien pour lui. Il espérait juste qu’intégrer le lycée Kadic, à des kilomètres de son ancien établissement, lui permettrait de prendre du recul sur les derniers événements et d’enfin se donner la chance de retrouver une vie à peu prêt normale.

Il ne pu retenir un soupir en constatant qu’une foule compacte d’élèves était déjà groupée devant le large portail de fer qui barrait l’accès à l’établissement. Lui qui détestait la foule, il allait être servit ! Avec lassitude, il s’extirpa de sa torpeur en stoppant la musique d’une brève pression sur l’écran tactile de son portable et se dirigea d'une démarche trainante vers la sortie du bus, son sac lourdement posé sur ses épaules. Il l’utilisa afin de se frayer un chemin à travers la foule hurlante, sans prêter garde aux coups d’œil curieux et aux interjections des élèves autours de lui jusqu’à enfin parvenir à pénétrer dans l’enceinte du lycée.

C’est à peine s’il prit garde au parc magnifique qu’il traversait, marchant en ligne droite vers les deux rangés de bâtiments anciens récemment rénovés qui constituaient l’aile principale de Kadic, d’après le plan qu’il avait pris soin de consulté sur le panneau d’affichage à l’entrée. Il passa sans le voir à côté d’un groupement de préfabriqués servant de réfectoire avant de pénétrer à l’intérieur du bâtiment administratif, bâtiments tout en arches et en marbres habituellement réservé aux professeurs et à l’intendance du collège-lycée.

Il frissonna un instant sous l’effet de l’a différence de température avant de se décider à s’avancer vers le bureau de Nicole Weber, la secrétaire du proviseur chargée de lui remettre son emploi du temps ainsi que les principales informations concernant son intégration au sein de l’Internat. La vieille femme acariâtre lui jeta à peine un coup d’œil, tamponnant ses différents papiers administratifs d’un coup de tampon expert avant de lui remettre une liasse de feuilles sur lesquelles étaient listés son numéro de chambre accompagné d’un plan du collège, ainsi que ses horaires de cours et les différents points du règlement du lycée qu’il signa d’une traite, sans même le lire.

Après un traditionnel « bienvenue à Kadic », il prit congé de la secrétaire en la gratifiant d’un bref signe de tête avant de ressortir à l’air libre. Son entretien avait battu des records de vitesse, néanmoins la cours s’était déjà bien remplie et les groupes d’adolescents en furie grouillaient sous les platanes parsemés de-ci de-là aux pieds desquels se dressaient quelques bancs vermoulus. Personne ne semblait prêter attention à lui aussi en profita-t-il pour se familiariser avec son emploi du temps, ainsi qu’avec le plan du collège. Apparemment il commençait le matin même par une heure de SVT, au dernier étage du bâtiment des sciences : seul structure un tant soit peu moderne de l’établissement, un peu en retrait du côté du stade gigantesque qu’il comportait. Ce stade lui rappelait un peu son ancien lycée, qui en possédait un similaire. Il n’aurait jamais cru qu’il puisse un jour lui manquer autant…

Chassant ces idées noires d’un rapide coup de main nerveux dans ses cheveux, il entreprit de se diriger vers ledit bâtiment, jugeant qu’il valait mieux rejoindre directement la salle de classe plutôt que de trainer comme une âme en peine dans ce lycée où il ne connaissait personne. Un bref coup d’œil en coin sur son portable lui indiqua qu’il avait encore un bon quart d’heure avant le début des cours. Il en profiterait pour rêvasser un peu en laissant son regard dérivé par la fenêtre, comme il le faisait si bien…

Une fois les doubles portes vitrées franchies et les six volées de marches gravies, il hésita un moment à l’embranchement d’un des couloirs. Après inspection du plan affiché sur le mur blanc décrépis, il se décida finalement à tourner à droite vers ce qui semblait être les salles de SVT destinées aux 1ères. La salle réservée à la section scientifique était la seule ouverte du couloir, aussi n’eut-il aucun mal à se repérer après ça. Deux élèves à l’allure détendue étaient adossés à celle-ci, discutant de choses et d’autres sans lui prêter la moindre attention. Les ignorant tout autant, il passa entre eux deux et pénétra à l’intérieur, clignant momentanément des yeux face à la lumière du soleil hivernale illuminant la pièce grâce aux larges fenêtres recouvrant le mur d’en face. Quelques rares élèves étaient déjà présents, tantôt assis sur les paillasses divisées en trois rangés de cinq, tantôt adossé au bureau même du professeur sur l’estrade surplombant la classe. Quelques uns seulement se risquèrent à lui jeter un bref coup d’œil avant de se replonger dans leurs conversations.

Mathieu contourna une jeune fille les yeux rivés sur son portable au beau milieu du chemin et alla jeter son sac au dernier rang du côté de la fenêtre, se laissant tomber sur le premier tabouret qui lui tomba sous la main. Précautionneusement, il ouvrit la poche avant et en sorti un carnet de croquis et un crayon HB avec lequel il entreprit de gribouiller la première chose qui lui passa par la tête, sans vraiment y prêter garde, laissant son esprit s’évader par le biais de ses doigts agiles, courant d’un bout à l’autre du papier sans but précis. Au moins personne ne faisait attention à lui malgré son état de nouvel arrivant en cours d’année. Un bon point s’il souhaitait passer inaperçu, pas comme dans son ancien lycée…

Plongé dans ses pensées, il n’entendit pas la jeune fille se glisser subtilement derrière lui et se pencher par-dessus son épaule, les yeux rivés sur son dessin. Il ne se rendit compte de sa présence que lorsqu’elle lui adressa la parole, le faisant légèrement sursauter au passage :

- Pas mal…Commenta-t-elle sobrement sans détourner le regard, absorbé dans la contemplation des crayonnés, tu es vraiment doué tu sais ! Ça représente quelqu’un en particulier ?

Avec stupeur, il constata que, effectivement, le portrait qu’il s’acharnait à dessiner depuis quelques minutes représentait quelqu’un qu’il connaissait. Qu’il connaissait, et qu’il aurait préféré oublier d’ailleurs… Lui-même était surpris de la fidélité avec laquelle il l’avait reproduit dans les moindres détails. Alors il le poursuivait même dans son subconscient, hein ?

- C’est personne, commenta-t-il, rageur, tout en arrachant la feuille avant de la froisser en boule sous le regard perplexe de la jeune fille et de l’envoyer d’une main experte vers la corbeille à papier à l’extrémité opposé de la salle dans laquelle il atterrit avec un bruit mat, personne d’important.

- Si tu le dis, obtempéra l’adolescente en haussant les épaules tout en prenant place à côté de lui, tu es nouveau ici non ? Je me souviens pas t’avoir vu dans le lycée.

Cette dernière question le fit enfin lever la tête et détailler son interlocutrice avec attention. C’était une jeune fille fine et à l’allure détendue, vêtue d’un T-shirt roses assez décolleté descendant très bas sur son mini-short en jean pourvu de lanières fantaisies à but purement décoratif. Elle avait croisé ses jambes mettant involontairement en évidence ses longue bottes à lacets roses ornés de pompons tout aussi affriolants et portait sous le bras une veste mauve parcouru de fines lignes bordeaux qui avait du lui coûter les yeux de la tête. Mathieu remonta alors jusqu’à son visage, s’attardant sur ses étranges cheveux mi-longs d’un rose très pâle qui auraient presque pu paraitre naturels, encadrant son visage candide en forme de cœur de mèches fines et soyeuses.

Mais ce qui marquait le plus chez elle, outre son look et sa coiffure affriolante, restait ses yeux. Des yeux profonds, d’un vert si pétillant qu’ils en paraissaient translucides, leur lueur étrangement mature pour son âge tranchant avec l’apparente innocence de son visage. Rien qu’à la regarder, Mathieu avait l’étrange pressentiment que sous cet air doux et serein se cachait un caractère puissant et une volonté à toute épreuve.

- Quoi ? Rigola-t-elle en remettant une de ses mèches de cheveux en place d’un geste souple, c’est ma beauté qui te sidère ?

Le jeune homme rougit jusqu’aux oreilles et tenta vainement de se justifier sous le regard hilare de l’adolescente jusqu’à ce qu’elle ne mette fins à ses balbutiement d’un geste de la main apaisant :

- Ça va, ça va ! L’interrompit-elle avec un grand sourire, je te taquinais juste ! Moi c’est Aelita, poursuivit-elle en se penchant vers lui pour lui faire la bise d’un geste volontairement amical, Aelita Stones ! Et toi c’est… ?

- …Mathieu, répondit enfin le jeune homme une fois calmé, le regard fixé sur ses chaussures, Mathieu Scillas. Excuses-moi mais j’ai parfois du mal à m’exprimer quand je me retrouve plongé dans un nouvel environnement, surtout avec des gens que je ne connais pas !

- Je connais ça, approuva la prénommée Aelita avec un hochement de tête compatissant, j’étais comme toi au début : timide et renfermée. Mais on s’y fait au bout d’un moment ! Quoi qu’il en soit, bienvenue à Kadic !

Elle était vraiment avenante, difficile de résister à son entrain plus de quelques secondes. Mathieu pesta intérieurement contre lui-même : si c’était ainsi que sa nouvelle vie commençait, il n’allait pas tenir plus de quelques jours ! Il allait finir par s’ouvrir aux autres et tôt où tard les choses allaient dégénérer, comme ce qui c’était passé il y avait de cela quelques semaines… Aelita du sentir son malaise car elle recula légèrement sa chaise, arrêtant momentanément de fixer son regard vert pénétrant sur lui.

- Alors ? Poursuivit-elle néanmoins, qu’est-ce que tu penses de l’établissement pour le moment ?

Ce fut au tour de Mathieu de poser son regard sur elle. Définitivement et malgré son style très « rose », elle avait clairement l’air d’une fille intelligente et réfléchie. On était bien loin de la plupart des filles de son ancienne classe, superficielles et atteignant par moment des summums de stupidité. Il n’aurait trop su dire pourquoi mais elle était…Différente ! Oui il le sentait, elle dégageait comme une sorte d’aura exceptionnellement mature et intelligente, quelque chose de rare pour une fille de son âge ! En un sens, elle lui rappelait certaines de ses amies qu’il avait du quitter précipitamment suite à l’incident. Il n’avait même pas eu le temps de leur dire au revoir et le regrettait de toute son âme désormais…

- Pour le peu que j’ai pu en voir, répondit-il à sa question en sentant une boule se nouer au niveau de son estomac, ça a l’air sympa. En tout cas c’est vraiment gigantesque ici ! J’espère que je m’y retrouverais vite…

- Je pourrais t’aider si tu veux ! Proposa la jeune fille aux cheveux roses du tac-au-tac, se réjouissant visiblement d’avance à l’idée de cette perspective, tu es interne ou non ?

- Oui…

- Parfait ! Personnellement j’ai quitté l’internat depuis l’année dernière mais je connais pas mal de personnes très sympa qui se ferrais une joie de te donner un coup de main. J’en connais un qui adore le dessin d’ailleurs, il dessine presque aussi bien que toi ! Et puis, son style de fringues ressemble un peu au tient, poursuivit-elle pensivement en détaillant sa tenue constitué d’un gilet sans manche d’un violet très foncé ouvert sur une chemise mauve toute simple à moitié sortant de son jean, je suis sûre que vous vous entendriez à merv…

- Aelita ! l’interrompit soudain une voix grave derrière leur dos, ça fait 10 minutes que je te cherche, tu pourrais au moins répondre à mes textos !

Celui qui venait de parler étant un jeune homme filiforme au visage fin et sérieux les observant d’un air glacial, un I-phone dans la main droite et une sacoche en cuir brun pendant à son épaule gauche. Ses yeux d’un bleu froid et métallique les scrutaient derrière une paire de lunettes de marques, noires, ajoutant à son côté sombre et distant. Malgré cela, son style vestimentaire constitué d’un pull sombre à col en V duquel dépassait une chemise à carreaux de différentes nuances de bleu lui donnait un air cool qui s’accordait avec ses cheveux naturellement blonds, savamment placé devant son large front dans un style coiffé-décoiffé des plus réussi. Il émanait de lui la même intelligence qu’Aelita, dans une variante un poil plus froide et calculatrice peut-être… C’était le genre de personne qui aurait facilement pu tombé dans le cliché de l’intello asocial s’il n’avait pas eu ce petit quelque chose en plus qui lui conférait une certaine classe naturelle inspirant le respect de la part des autres. On le sentait naturellement sûr de lui et détendu, malgré le léger froncement de sourcil agacé qu’il arborait à l’instant présent.

Insensible à cet apparent mécontentement, Aelita se leva d’un bond du tabouret et rejoignit le jeune homme qu’elle entreprit aussitôt d’embrassé passionnément sous le regard de Mathieu. « Évidemment » se dit-il avec un petit sourire mental, ces deux là étaient visiblement faits pour être ensemble, personne n’aurait pu trouver quoi que ce soit à redire sur ce couple tant il semblait s’imposer de lui-même !

- Désolée Jérémie, supplia la jeune fille une fois que ses lèvres se furent défaites de celles de son petit-ami, je faisais plus ample connaissance avec le nouveau et je n’ai pas entendu mon portable vibré ! Tu me pardonnes dis… ?

Son regard à la limite du larmoyant arracha un demi-sourire amusé au prénommé Jérémie. Impossible de lui résister lorsqu’elle lui faisait ces yeux là : il craquait complètement !

- C’est bon, fit-il semblant de grommeler sans parvenir à cacher l’étincelle dans ses yeux, puisqu’on y est autant faire les présentations non… ?

- Avec plaisir ! rayonna la jeune fille avant de se tourner à nouveau vers Mathieu, Mathieu je te présente Jérémie : mon petit ami. Jérémie je te présente Mathieu, le nouveau. Il est interne comme toi donc je compte sur toi pour l’aider à s’y repérer un peu les premiers jours !

-J’ai pas vraiment le temps tu sais, commenta le jeune homme tout en fixant son regard d’acier sur ledit Mathieu, semblant l’analyser de la tête au pied au peigne fin, demande plutôt à Odd. Ils devraient bien s’entendre tous les deux vu la couleur prédominante de ses vêtements…

Mathieu n’appréciait pas vraiment la façon dont l’adolescent le jugeait, sans même lui adresser directement la parole, mais se retint néanmoins de lui envoyer une réplique cinglante au visage. Aelita du également se rendre compte de l’animosité de son petit ami car son regard se durcit légèrement mais ne dit rien, se contentant de le fixer d’un air songeur.

- Enfin bref, bienvenue à Kadic… se rattrapa Jérémie avec une demi-seconde de retard, j’espère que tu vas te plaire ici.

- Merci… répondit simplement son interlocuteur en soutenant son regard, j’espère aussi que ça ira.

Insensiblement, la classe s’était bien remplie et la plupart des élèves étaient présents désormais, rejoignant fébrilement leur paillasse respective tout en échangeant les derniers potins avec leurs amis. Une sonnerie stridente interrompit soudain les discussions ainsi que l’échange de regard insistant entre Mathieu et Jérémie qui se détournèrent l’un de l’autre en même temps, comme rappelé à l’ordre par l’annonce du début des cours.

- Bon ben je te laisse, lâcha Aelita alors que le jeune homme aux lunettes faisaient déjà demi-tour en se dirigea vers son propre bureau, on se voit après le cours peut-être ?

- Te donnes pas cette peine, lui assura le jeune homme en se calant contre le mur non sans la remercier d’un hochement de tête, je me débrouillerais, mais merci quand même…

Après un dernier regard étincelant, elle courut rejoindre son petit ami à une des tables du fonds, juste à temps avant que la prof n’entre en ordonnant aux élèves de s’assoir, claquant la porte derrière elle stoppant net le bruit strident de la sonnerie. Avec un soupir dépité, Mathieu laissa glissé son sac au sol et sorti une feuille simple de son trieur d’un violet légèrement translucide assez tape-à-l’œil, personnalisé de quelques dessins personnels réalisés au marqueur. La réflexion sur la prédominance de violet dans ses affaires par Jérémie l’avait plus vexé qu’il ne l’aurait cru. Ça ne lui rappelait que trop bien les réflexions auxquelles il avait eu droit peu de temps après l’incident, juste avant qu’il ne quitte définitivement son ancien lycée.

A son grand désappointement, deux heures avec Mme. Collins, leur professeur de Sciences qui occupait également le poste de prof principale à ce qu’il avait cru comprendre, s’avéraient être un véritable calvaire ! En effet la jeune femme malgré son air séduisant et ses longs cheveux auburn savamment noués en une natte compliquée maintenue en place par un ruban rose, se révélait totalement incapable de tenir une classe. Aussi le cours parti rapidement en vrille et Mathieu eu a peine le temps de saisir quelques bribes de la leçon entre le brouhaha incessant des élèves. Il en venait presque à regretter de s’être placé tout au fond de la salle. Au moins, à part Aelita, personne ne s’était intéressé à lui jusqu’à présent.

A la fin des deux heures de cours, il était ressorti de la classe avec les oreilles bourdonnantes et une sérieuse envie de s’enfuir en courant. En se dirigeant vers les bâtiments de cours principaux, il pu surprendre une conversation entre deux élèves qu’ils avaient identifiés comme faisant parti de sa classe, critiquant abondamment Mme. Collins et commentant que l’ancienne enseignante occupant ce poste, une certaine Mme.Hertz, valait bien plus qu’elle. C’était donc une débutante, pas étonnant que la classe soit aussi bruyante durant ses cours !

L’heure suivante était consacrée aux mathématiques et Mathieu constata que d’un lycée à l’autre, il n’était pas subitement devenu un génie dans cette matière qu’il haïssait. Il en arrivait même parfois à se demander ce qu’il faisait en S. Voilà où ça le conduisait de suivre les conseils de ses parents… Ne plus les revoir jusqu’aux prochaines vacances devenaient presque une libération à ce niveau !

Jérémie l’agaçait particulièrement à répondre constamment à chacune des questions que posait leur professeure, Mlle. Meyer. D’ailleurs ce n’était pas tant le fait qu’il réponde juste qui le dérangeait, mais plutôt le fait que le jeune homme ne se lassait pas de lui jeter un petit coup d’œil en biais après chaque réponse, comme pour jauger de sa supériorité par rapport au nouveau qu’il était. Apparemment Jérémie s’était autoproclamé comme une sorte de rival ce que Mathieu trouvait particulièrement enfantin venant de l’adolescent qui, de toute façon, s’avérait dors et déjà meilleur que lui dans tous les domaines !

L’heure du déjeuné arriva à une vitesse folle et Mathieu quitta le premier la salle, se ruant presque vers les préfabriqués qu’il avait repérés un peu plus tôt dans la matinée servant de réfectoire. La nourriture du self était géré par Rosa Petitjean, une femme d’âge mur à l’allure débonnaire qui souriait tout le temps et lançait parfois des interjections affectueuses à certains élèves d’un ton bourru. Le regard perdu dans le vide, l’adolescent déchiqueta la viande avec soin, assis seul à une table dans le fond du self. Aelita et Jérémie passèrent peu de temps après lui. La jeune fille fit mine d’aller le rejoindre dans un premier temps, mais se ravisa au dernier moment en voyant son petit-ami rejoindre un autre groupe d’adolescents et se contenta d’une faible sourire désolé envers Mathieu avant d’emboiter le pas à son copain, son plateau bien garni dans les mains.

L’estomac encore noué, le jeune homme mangea peu et quitta prestement le réfectoire, avant de passer le reste de la récréation assis sous un platane du parc à dessiner sans but sur son carnet, barrant chaque nouveau croquis d’un geste un peu plus rageur à chaque fois. Une fois que son portable eu terminé de lui passer l’ensemble de son répertoire musical dans les oreilles, il se décida à retourner vers les bâtiments de cours, la solitude dans laquelle il s’était tout d’abord réfugié lui pesant de plus en plus.

Il ne savait même plus ce qui le motivait encore à avancer. Comment pouvait-il seulement continuer à vivre après l’incident ? Il se dégoutait littéralement. Pour ce qu’il avait fait. Pour s’être imposé à lui-même cette fuite précipitée de son ancien lycée au leu d’avoir affronté ses problèmes. Pour son existence même. Au fond qu’importait le regards des autres, qu’importait l’attention que lui portait cette fille aux cheveux roses ou même l’animosité de Jérémie envers lui ? Quelle importance quand lui-même ne pouvait plus se supporter ? Plus la journée avançait, et plus il se sentait sombrer dans les méandres de son âmes. Il ne prêtait même plus attention aux cours, attendant que le temps passe sans réfléchir à rien, sans même penser à autre chose qu’à la haine profonde qu’il s’inspirait.

Dix-huit heure sonna enfin annonçant la fin des cours. Lourdement, il se leva, son sac chargé sur ses épaules. Une fois à l’air libre, il voulu retrouver Aelita afin que celle-ci lui indique la marche à suivre pour se rendre au dortoir mais la jeune fille s’était littéralement éclipsée dés la sonnerie, de même que son copain. Il se retrouva très vite seul au milieu de la cours sous les arcades massives des bâtiments, complètement désorienté. Il s’énerva lui-même contre la pointe de déception qui le transperça de part en part : après tout c’était lui-même qui avait demandé à la jeune fille de ne pas s’en faire pour lui, à quoi est-ce qu’il s’attendait ?

Pestant contre lui-même, il se contenta donc de suivre le plan en avançant lentement sous les colonnes du préau, nimbées d’or par le soleil couchant descendant peu à peu derrière les bâtiments. Il atteignit enfin une large double-porte en fer qu’il poussa afin de se retrouver dans un grand hall carrelé, dans lequel certains rares internes trainaient encore en discutant de leur journée. Contournant un groupe de collégiennes apparemment en furie, il entreprit de gravir une à une les marches de l’unique escalier de la salle, s’appuyant lourdement sur la rampe, son sac pesant de plus en plus sur ses épaules à mesure qu’il grimpait. D’après le papier administratif que lui avait remis Mme. Weber, les chambres des garçons se situaient au premier étage tandis que celles des filles se situaient au deuxième. Il bifurqua donc vers la porte battante d’un bleu délavé dés qu’il eu atteint le premier pallier, débouchant dans un couloir interminable de chambres toutes numérotées.

Fébrilement, il se mit à la recherche de celle qui serait désormais sa propre chambre. Il la dénicha finalement une bonne dizaine de minutes plus tard. La porte était, comme toutes les autres portes du couloir, peinte en bleu et encadrée d’une bordure métallique assez sordide. Une plaque en fer suspendue en son centre indiquait le numéro « 043 » : à en croire ses documents, c’était bien sa chambre. Après avoir farfouillé un petit moment dans son sac, il en tira la clef que la secrétaire du proviseur lui avait remise le matin même, clef qu’il inséra aussitôt dans la serrure, la déverrouillant avec un petit « clic » sonore.

Il y pénétra aussitôt…Avant de s’arrêter net, figer par le spectacle qui s’affichait devant lui. Sur un des deux lits modestes qui décorait la chambre, était allongée Aelita avec en tout et pour tout sur le dos un soutien-gorge rose et une petite culotte assortie, surplombé par un Jérémie en caleçon qui s’obstinait à l’embrasser dans le cou avec passion ! Le jeune homme s’interrompit brusquement en entendant le bruit de la porte, relevant la tête vers Mathieu qui le fixait avec aberration, son sac glissant de son épaule pour venir s’écraser au sol avec un bruit sourd, incapable de savoir comment réagir. Les trois adolescents restèrent un instant bêtement à se regarder, stoppés net en pleine action. Soudain, comme tout à coup ramenés à la réalité, les deux amoureux se mirent à hurler comme un seul homme, s’éjectant littéralement des draps à la recherche de leurs vêtements, trainant un peu partout dans la pièce.

- Et merde !!!! Jura Jérémie en sautillant sur place, tentant tant bien que mal de remettre son jean en place, rouge comme une tomate, tu peux pas frapper avant d’entrer non !? Et puis d’abord qu’est-ce que tu fous ici… !?

- Beeen, c’est ma chambre ! Répondit finalement le jeune homme une fois sorti de sa stupeur tout en tendant sa clef comme preuve, comme pour se justifier, Aelita ton T-shirt est en haut de l’armoire, crut-il bon d’ajouter augmentant encore un peu plus l’atmosphère pesante qui les oppressait.

- Mer-merci… Bredouilla la jeune fille en le récupéra d’un coup sec avant de le renfiler prestement, plus rouge encore que son petit-ami, je…Je crois que je vais y aller ! Ma mère doit m’attendre, on se voit demain Jérémie !

- Non, attends Aelit…

Mais la jeune femme avait déjà foncé hors de la pièce, le regard obstinément fixé sur ses pieds, ses chaussures dans sa main et sa veste sous le bras. Mathieu grimaça en l’entendant claquer la porte derrière lui avant de s’éloigner dans le couloir, d’un pas précipité. Il avait un peu plombé l’ambiance pour le coup… Ne sachant pas trop quoi faire, il se contenta de se dandiner d’un pied sur l’autre en regardant Jérémie se rhabiller ce qui l’agaçait plus qu’autre chose.

- Alors !? Lança-t-il enfin d’un ton glacial en rechaussant ses lunettes par-dessus lesquels il lui jeta un regard noir, t’es satisfait j’espère ! J’arrive pas à croire que ce soit tombé sur moi, il fallait vraiment que le dirlo te colle d’office avec moi !

- Désolé, s’excusa Mathieu tout en posant son sac sur le second lit de la pièce, mais je ne pouvais pas deviner qu’il y aurait quelqu’un d’autre ! Et encore moins que ce serait toi avec Aelita en train de faire…

- Ça va ! L’interrompis le jeune homme plus irrité que jamais, pas la peine d’en rajouter ! Je vais la raccompagner, essayes de pas faire trop de conneries pendant que je te laisse seul OK…

Mathieu ne releva pas et commença à déballer ses affaires, regardant du coin de l’œil son nouveau compagnon de chambre se diriger à grands pas vers la porte. Celui-ci se ravisa à la dernière minute et se retourna vers lui, le foudroyant de son regard bleu métallique.

- Une dernière chose, fit-il tout en posant sa main sur la poignée, si tu tiens à rester dans cette chambre il va falloir respecter mon espace vital, pigé ?! Ça veut dire que si je veux voir Aelita, tu nous laisses seuls !

Le jeune homme acquiesça lentement, ravalant le venin qu’il s’apprêtait à lui cracher en plein visage. Plus il apprenait à le connaitre, et plus ce Jérémie avait l’air à ses yeux d’un c*nnard de première ! Néanmoins, il se contenta de se taire, préférant refouler sa colère comme il le pouvait. La dernière fois qu’il avait laissé parlé ses sentiments, les choses c’étaient trop mal passées pour qu’il retente le coup…

Satisfait, son compagnon de chambre se décida enfin à courir à la suite d’Aelita, laissant le jeune homme seul dans la petite pièce exiguë. Il n’avait pas refermé la porte, aussi Mathieu se redressa avec un soupir avant de se diriger vers elle et de la claquer avec rage. Ce n’était que le premier jour, et il se sentait déjà au plus mal…

En rêvassant, il entreprit de remplir les tiroirs vides en dessous de son lit avec ses affaires, en profitant pour jeter un œil à ce qui allait être sa chambre pour le restant de l’année. La pièce ne faisait pas plus de quelques mètres carrés, néanmoins ses murs d’une couleur crème lumineuse et la large fenêtre du mur faisant face à la porte y apportait une note de gaité et de tranquillité qui n’était pas pour lui déplaire. Deux lits tout simples se faisaient face, dotés de couvertures d’un bleu terne et d’un oreiller des plus banals. Mathieu aurait mis sa main à coupé que toutes les chambres avaient les mêmes. Le reste du mobilier consistait en une grande armoire en face de son lit montant jusqu’au plafond et probablement remplie des affaires de son compagnon de chambres, ainsi que de deux tables juxtaposés sur lesquels étaient posés un ordinateur un peu rétro et quelques bouquins de cours. A en jugé par la couche de poussière qui le recouvrait, l’appareil n’avait plus du servir depuis une éternité.

Une fois qu’il eu fini, Mathieu se déchaussa, envoyant valser contre l’armoire ses converses violettes aux motifs en arabesques avant de se laisser tomber sur le lit, soudain très las. Il rencontra alors le regard d’une affiche qui le fit momentanément sursauté. En effet, le mur d’en face était presque entièrement couvert au dessus du lit de Jérémie d’un gigantesque poster en noir et blanc d’un homme aux cheveux blancs ébouriffés et tirant la langue que Mathieu identifia comme étant Albert Einstein. L’affiche faisait relativement décalée par rapport au reste de la pièce et avait même quelque chose de lugubre. Son compagnon de chambre avait vraiment des goûts étranges !

Le soleil était désormais pratiquement couché à l’horizon et la chambre commençait peu à peu à sombrer dans l’obscurité, pourtant Mathieu n’alluma pas la lumière pour autant, se contentant de rester immobile sur son lit à fixer le plafond. Cette première journée avait été un véritable désastre… Peu importe ce qu’il faisait, les choses finissaient toujours par empirer autours de lui, c’était comme si une sorte de malédiction le poursuivait depuis sa naissance. Il croyait pourtant qu’après l’incident d’il y avait quelques jours, rien ne pourrait être pire dans sa vie. Cependant l’immense solitude qu’il ressentait en ce moment précis était plus difficile à endurer que tout ce qu’il avait vécu jusqu’à présent… Jamais il ne c’était senti aussi seul, perdu dans sa petite chambre au milieu de ce gigantesque lycée dont il ne connaissait rien ni personne. Il avait l’impression d’être transparent, sans utilité. Au moins il ne se faisait pas remarqué, c’était sûr, mais à quel prix ?

***


Lorsque Jérémie remonta dans sa chambre, environ une heure plus tard, il trouva Mathieu affalé sur un des lits, les yeux clos, la bouche légèrement entrouverte de laquelle s’échappait un léger filet de bave. Écrasé par les sentiments qui tournait dans sa tête en une ronde infernale, l’adolescent s’était endormi comme une masse, sans même prendre le temps de se changer. Avec un regard agacé vers lui, Jérémie traversa la pièce sans chercher à se faire discret et alluma la petite lampe de poche sur le bureau au fond de la pièce. Cette cohabitation forcée s’annonçait difficile, d’autant plus qu’il n’aimait pas la façon qu’avait ce nouvel élève de tourner autour de sa copine.

- Tu te fais des idées… Marmonna-t-il tout seul tout en attrapant son sac duquel il sorti un I-pad quasiment neuf. Après tout, il se savait particulièrement paranoïaque pour tout ce qui touchait à sa petite amie…

Il pianota dessus un instant, tiquant à chaque léger ronflement de son récent colocataire. C’était plus fort que lui, il n’arriva pas à apprécier ce type. Après tout ce qu’il avait vécu, il savait reconnaitre les personnes louches, et il ne faisait aucun doute que ce nouvel arrivant appartenait à cette catégorie ! Il n’aurait su dire pourquoi, mais il avait l’étrange pressentiment que le jeune homme cachait un secret, un secret extrêmement lourd à porter pour une seule personne… Quoi qu’il en fût, ça ne pouvait pas être plus lourd à porter que le secret que lui et ses amis avait gardés pendant prêt de 4 années de leur vie. Il secoua la tête, agacé d’y avoir à nouveau repensé. Tout cela était derrière eux désormais, il fallait qu’il tourne la page…

Il se surprit à rêvasser à cette époque, une pointe de nostalgie lui étreignant l’estomac. Cette époque lui semblait si lointaine aujourd’hui, le fait de vivre une vie normale paraissait si…Surréaliste ! Des fois il avait l’impression que tout ça n’avait été qu’un rêve, un long rêve merveilleux et terrifiant à la fois dont il ne gardait que quelques bribes maintenant qu’il était éveillé. Mathieu bougea dans son sommeil, le ramenant à la réalité. Avec un soupir, Jérémie éteignit la tablette qui bourdonnait doucement entre ses doigts, n’ayant pas le cœur à travailler.

Toujours était-il qu'il allait devoir garder un œil vigilent sur ce nouvel arrivant… Et pour commencer il s’agissait d’en apprendre plus sur lui et sa vie passée. Et pour cela, il savait exactement comment s’y prendre… Un sourire étira ses lèvres minces alors qu’il regardait par la fenêtre, contemplant les derniers retardataires se diriger vers le self pour le diner. Oui, aucun doute possible, il savait parfaitement à qui s’adresser pour obtenir toutes les informations qu’il souhaitait…

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Voilà pour le premier chapitre, j'espère que vous avez apprécié parce que personnellement j'ai beaucoup de mal à juger mon propre travail Crying or Very sad...
Le second chapitre est déjà prêt mais pour le reste je suis ouvert à toutes critiques et à toutes propositions donc...Commentez Very Happy !

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Dernière édition par Mejiro-kun le Mar 26 Avr 2011 14:17; édité 3 fois
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Ficsix MessagePosté le: Mar 01 Fév 2011 11:14   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Messages: 24
Jolie ma foi, ça commence bien. Un nouveau venu au passé mystérieux, mais on devine qu'il as du faire des conneries dans son ancien lycée,ce qui lui a valu un nouveau départ dans la vie.

Donc si j'ai bien compris, l'histoire ce passe apres celle de la quadrilogie ce qui veux dire que les héros on vachement grandis. Au premier abord une évolutions des personnages est une bonne chose, aelita est égal a elle meme quand a Jérémie, lui je le trouve plus anthipatique. je me demande comment on evolué les autres ?

Bon Aelita vis chez sa mere, ce qui veux dire que anthea est de retour et franz ou est il ? on va surement le découvrir.

Dans l'ensemble sa va, le texte est captivant bien qu'il soit un peu trop condensé, pense a aerer tes paragraphes, ensuite évite le violet sa gene la lecture. sinon j'attend de voir la suite.
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Mar 01 Fév 2011 14:41   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Un petit nouveau, mais pour moi ce n'est pas le genre rebelle qui fou le bordel comme l'avait fait William, et pour ma part, je suis ok avec Mathieu.
Vu son caractère et son comportement, Jérémie est un véritable connard de première.
Il se la joue glacial et un peu trop racaille (un peu le genre, si tu t'incruste je te fou un pin dans la g*eule), sa colle pas au personnage

_________________
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Guill@um€ MessagePosté le: Mar 01 Fév 2011 19:17   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 13 Juil 2009
Messages: 118
Localisation: Là où finissent les univers et où commence le chaos ...
Eh bien, je dois dire que ça fait plutôt plaisir de voir un récit aussi travaillé, c'est plutôt rare.

Il y a quelques fautes de français, mais c'est assez léger de ce côté-là.

Pour ce qui est de l'histoire ...
Le début est assez classique, mais il est vrai qu'il est plutôt difficile de trouver une infinité de commencements tous différents les uns des autres.

On a donc affaire à un nouvel élève, un dénommé Mathieu si j'ai bien suivi. Un ado asocial et renfermé qui semble un peu blasé ... J'adore ! (Et en plus il est en S, que demander de plus ? Vive les S !)

On dirait qu'il combine un peu les pensées d'Ulrich avec la tenue vestimentaire de Odd, et ce grâce à tes abondantes descriptions (tu es même allé jusqu'à décrire le trieur de Mathieu !) qui, au début de l'histoire, apportent un réel plus.
D'ailleurs, en parlant d'Ulrich et d'Odd (puis un peu de Yumi tant qu'à faire), as-tu prévu de les faire apparaître dans la suite ou l'histoire va-t-elle tourner autour de nos trois protagonistes ?

Le comportement de Jérémie vis-à-vis de Mathieu me fait beaucoup penser à celui d'Ulrich envers Odd au début dans la genèse, et la situation est plutôt ressemblante. Je ne voyais pas Jérémie aussi froid et méchant ... mais après tout, pourquoi pas ?

Je me suis posé des questions concernant ton avertissement au début de ton message, mais en lisant la scène dans la chambre de Jérémie, j'ai un peu compris où tu voulais en venir.
Fais attention tout de même à ne pas aller trop loin, sinon ça risque d'être interdit aux moins de 18 ... Je plaisante, bien sûr.

Je sais pas pourquoi mais je sens bien que Jérémie va faire une connerie.

Enfin bref, j'attends la suite avec impatience.
Ah oui, non. C'est vrai.
Avant de te souhaiter une bonne soirée, je voulais aussi de dire que j'adore ton prologue ; c'est court mais très bien écrit et il respecte magnifiquement bien l'idée de la première rencontre entre Jérémie et Aelita. Chapeau.

Sur ce, bonne chance pour la suite et bonne soirée.
_________________
« Jim ! Tu es encore pire que les obscurantistes qui ont brûlé la grande bibliothèque d'Alexandrie !
- Ha ... Euh, merci Suzanne ! »


Dernière édition par Guill@um€ le Mar 01 Fév 2011 20:50; édité 1 fois
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DimIIy MessagePosté le: Mar 01 Fév 2011 20:01   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 23 Oct 2009
Messages: 1044
Localisation: Dans mon lit , en train de manger des kinder Bueno !
Oh unne fiic ! Chouette !

Alors ! Voyons ça ( ah ouais et t'as raison vive le violet ! Mr. Green )
Franchement moi qui suis à la recherche de quelque chose à lire en ce moment ! Là je sens que je vais être servi ! Bref tu l'as compris j'ai adorée !

J'aime beaucuop ton style ! Vraiment sympa à lire ! Les description sont tres detaillée et on arrive a visualiser le personnage !

Je n'ai pas trouvée de fautes ( de toute façon jsuis nul a ch*er ) en revanche j'ai vue une petite répétition avec le mot littéralement mais c'est pas bien grave !

Pour l'histoire :

Tu fais quelque chose nouveau et j'aime bien ! Mathieu m'intrigue ! Qu'a t-il fait dans son passé ? tu as eveillé ma curiosité !!

Par contre je ne reconnais pas Aelita ! C'est vrai quoi je ne la savais pas aussi sociable xD ! Et elle est plus sur d'elle ! Bon dans le fond pourquoi pas ^^
Et Jeremy bon bah lui je prefere ne pas en parler ! Tu as bien résumé la chose : Un connard de première !
tu as refait les personnages a ta sauce ! On ne voit pas sa souvent et c'est un point positif =) ! Et y'a un truc que j'aime beaucoup aussi c'est le faite que tu introduise I-pad I-phone et tout le tralala dans leur environnement ! Jsais pas pourquoi je me sens plus proche d'eux ! C'est un petit detaille mais voilà quoi xD ! Grace a ce genre de petite chose on peut s'identifier aux personnages c'est un plus .

Voila ! Une dernière chose : Soigne ta presentation par pitié xD ! Sa fait un gros patés ton histoire là ! Sa risuqe de faire fuir les lecteur fait gaffe Wink et j'ai un peu de mal à lire avec la couleur de l'écriture ! (Moi j'ai le fond tout bleu foncés là c'est le même style que le site quoi enfin tu vois le topo ! ( * Ma conscience* : Un topo ou sa ?! Mr. Green
Moi : Laferme ! )

Bravo en tout cas ! Allez a quand la suite ?? ^^

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Merci me98 !!

Texte by me : Disparition (2eme version de préférence )
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Mejiro-kun MessagePosté le: Mer 02 Fév 2011 17:44   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Et me revoilà pour le chapitre deuuux. Bon ce ne sera pas aussi rapide pour le prochain je pense (le temps que je trouve le temps de l'écrire déjà) mais c'est déjà ça ^^.

Merci pour vos commentaires en tout cas, je vais essayé d'en prendre compte pour la suite Wink

Guill@um€ --> oui je vais intégré les autres personnages de la série petit à petit. Odd, Ulrich et Sissi sont d'ailleurs dans celui-là et le prochain devrait introduire Yumi et William si tout va bien. Par contre il se peut que leur rôle soit moins important que d'habitude (mis à part pour Odd) mais je tâcherais de développé leur propre histoire en parallèle du mieux que je peux.

Pour les caractères des personnages aussi, c'est vrai que j'ai voulu faire une Aelita plus affirmé que dans la série. Quant à Jérémie... Ben lui je ne l'aime pas de toute façon donc il faut s'attendre à le voir devenir un beau s*laud Razz ! Par contre j'essaierais d'arranger ça au fur et à mesure si ça peut rassurer les fans les plus récalcitrants mdr

DimIIy --> un peu HS mais... OMG c'est Jenifer dans ta signature !? J'adore cette chanson Laughing au moins apparemment je suis pas le seul, mdr !

Bon sans plus de prolongations voici le chapitre, en espérant qu'il sera à la hauteur de vos espérances et pas trop ennuyeux ou mal écrit surtout :

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CHAPITRE 2 :
Épisode 101 : Rencontres


-Pardon, tu veux bien répéter ?

Encore a moitié endormi, les cheveux en pétard et une cuillère pleine de céréales trempées dans le lait, Mathieu fixait avec des yeux ahuris et cernés la jeune fille aux cheveux rouges pétards qui lui faisait face, un calepin à la main. Elle devait encore être au collège à en juger par sa petite taille et son visage enfantin, peut-être n 2° tout au plus… Deux chouchous pailletés de mauve maintenaient ses cheveux affriolants en deux couettes pour le moins originales et elle arborait des vêtements tout aussi excentriques et colorés, agressant presque l’œil. Contrairement à Mathieu, elle avait l’air en pleine forme et le dévisageait avec impatience de ses yeux noisettes, une moue boudeuse affichée sur ses lèvres légèrement teintés de rouge carmin.

-Est-ce que tu voudrais bien répondre à quelques questions pour le journal de l’établissement ? Répéta-t-elle plus lentement de sa voix sucrée tout en appuyant sur chaque syllabe, comme si elle avait affaire à un abruti. C’est la règle ici ! Tous les nouveaux doivent répondre à une interview des « Echos de Kadic » dés leur arrivée ! Enfin, c’est pas vraiment une règle mais tout le monde le fait quoi… Et puis je suis sûre que ça intéresserait vachement nos lecteurs de savoir un maximum de choses sur le petit nouveau mystérieux, pas toi ?

Mathieu se passa sa main dans les cheveux tout en mâchant consciencieusement ses céréales. Alors comme ça il était mystérieux… ? Et puis d’abord de quel droit le traitait-elle de « petit » !? Elle devait avoir au moins deux ans de moins que lui, si ce n’était plus ! En tout cas cette histoire d’interview n’annonçait rien de bon… Y répondre serait probablement une bonne façon de se fondre dans la masse, néanmoins il ne se sentait pas de déballer toute sa vie dans une vulgaire feuille de choux dés le deuxième jour de classe alors qu’il s’était promis d’être discret… Après tout, s’être ouvert aux autres ne l’avait pas vraiment aidé la dernière fois… Il prit son temps avant de déglutir, pesant le pour et le contre dans sa tête.

-Écoute… Répondit-il finalement après un rapide coup d’œil circulaire dans les préfabriqués, tu me prends un peu au dépourvu là… Laisse-moi au moins la journée pour réfléchir ! Je te donne ma réponse ce soir, OK ?
En réalité, il comptait profiter de ce délai supplémentaire pour s’esquiver et ainsi contourner le problème. Elle finirait bien par se lasser au bout d’un ou deux jours… Avec un haussement d’épaule, la jeune fille rangea son sac dans la large poche de sa jupe avant de reprendre, blasée :

-Comme tu veux… Je t’attendrais devant ta chambre ce soir vers 19h30 dans ce cas, c’est bien celle de Jérémie non ?

Mathieu retint difficilement un juron, comment pouvait-elle déjà être au courant !? En tout cas c’était raté pour s’esquiver, il allait devoir prendre une décision dans la journée… A peine deux jours de cours à Kadic, et il était déjà dans les ennuis jusqu’au cou ! Une voix claire raisonna soudain derrière lui attirant l’attention de la collégienne aux cheveux flamboyant.

-C’est pas vrai, il vient à peine d’arriver et tu le harcèles déjà ! Tu devrais apprendre à laisser un peu d’espace vital aux gens parfois, Milly…

Mathieu se retourna à son tour vers la jeune fille au visage en forme de cœur encadré de mèches roses. Aelita s’avançait vers sa table, un léger sourire moqueur aux lèvres, son plateau rempli de croissants entre ses mains. La prénommée Milly se contenta de hausser à nouveau les épaules avant de les laisser, partant rejoindre à une table voisine une jeune fille noire de son âge qui semblait l’attendre. Sous le regard gêné de Mathieu, Aelita pris place en face de lui, entamant aussitôt son bol de chocolat avec appétit. Il resta un moment à lui jeter des coups d’œil en coin avant qu’elle ne s’en rende compte et ne s’interrompe, reposant son bol sur son plateau et croisant ses bras sur la table, tout en le fixant droit dans les yeux.

-Quoi ? Questionna-t-elle de sa voix pure, ses yeux très pâles semblant sonder le jeune homme jusque dans les tréfonds de son âme.

Celui-ci déglutit en détournant le regard. Il avait quelque chose dans ce regard clair qui le mettait vraiment mal à l’aise…

-Je…Bredouilla-t-il en cherchant ses mots, c’est que…

-C’est au sujet de ce que tu as surpris hier soir ? L’interrompit la jeune fille en se rapprochant le faisant rougir comme une pivoine en se remémorant la situation dans laquelle il les avait trouvés elle et Jérémie. Ecoute, on ne va quand même pas rester en froid toute l’année juste à cause de cet incident ! Personnellement j’ai été gênée sur le moment mais quand j’y ai repensé le soir même, ça m’a surtout donné envie de rire ! De toute manière c’était notre faute à Jérémie et à moi… On n’aurait pas du faire ça à un moment pareil et encore moins dans sa…Dans votre chambre, pardon !

Elle joignit à ses paroles un sourire rassurant que Mathieu se força à lui rendre, toujours sans la fixer droit dans les yeux. Après tout elle avait raison, la situation avait quelque chose de risible. Il ne devait peut-être pas se ronger autant pour si peu, après tout ils avaient 17 ans et en avaient vu bien d’autre !

-OK, abandonna-t-il finalement tout en laissant échapper un petit rire nerveux, t’as peut-être raison. En tout cas je suis vraiment désolé pour hier…

-Tu ne pouvais pas savoir ! Répliqua Aelita, un air soulagé égayant son doux visage, n’en parlons plus… Au fait tu veux encore de ton croissant ?

****


La matinée passa bien trop vite au goût de Mathieu. En général ça ne l’aurait pas dérangé mais la perspective de se retrouver à nouveau confronté à la rouquine du petit-déjeuner ne l’enchantait guère. De plus, sa première heure d’art plastique avait lieu le soir même et Aelita lui avait confirmé entre deux cours que ni elle, ni Jérémie n’était inscrits à l’option ce qui faisait qu’il n’avait strictement aucune idée de l’endroit où se rendre !

-J’y pense, chuchota la jeune fille, pensive, tout en suçotant un crayon entre ses lèvres, alors que le cours de français battait son plein, je connais quelqu’un qui fait art plastique lui aussi au Lycée, j’aurais qu’à te le présenter ce midi qu’est-ce que tu en dis ?

Assis à la table de derrière, Mathieu lui adressa un signe affirmatif discret avant de se replonger dans les explications de la prof particulièrement vaseuse sur le principe de la dissertation. Il eu cependant le temps de noter le regard noir de Jérémie, assis comme à son habitude à côté de sa petite amie.

Depuis la veille, les choses ne c’était pas arrangées avec lui, loin de là. D’ailleurs, le jeune homme se contentait de l’ignorer purement et simplement quand il ne lui lançait pas des coups d’œil méprisant. D’ailleurs il était parti déjeuné le matin même particulièrement en avance dans le seul but de l’éviter, quitte à laisser de côté un moment complice avec Aelita. D’ailleurs Jérémie s’en mordait les doigts à présent. A cause de son attitude, non seulement il n’avait pas pu voir Aelita avant le début des cours mais en plus il avait laissé le champ libre à celui qu’il considérait comme son rival et celui-ci ne c’était pas gêné pour en profiter, s’asseyant à sa table comme pour le narguer ! Intérieurement, il était en train de bouillir de colère. Autant contre lui-même que contre Mathieu d’ailleurs. Avec un rictus moqueur, il se fit néanmoins la réflexion qu’il avait visé juste en demandant à Milly, la collégienne aux cheveux rouges, de lui demander une interview pour le journal de l’établissement. Maintenant le jeune homme ne pouvait plus y couper, il était pris au piège ! Tôt ou tard, il finirait bien par découvrir ce que son « rival » cachait de si important…

Remarquant sa brusque bonne humeur, sa petite amie le questionna du regard mais il se contenta de lui adresser un sourire rassurant avant de prendre sa main douce et pâle dans la sienne, dissipant du même coup ses inquiétudes. Inutile de l’alarmer avec ses soupçons, cela ne servirait qu’à l’énerver voir pire. Pour le moment, il allait garder tout ça pour lui jusqu’à ce qu’il ait des preuves concrètes, et après ça, il s’occuperait de ce Mathieu Scillas… Après tout, on ne tournait pas autours de sa Aelita impunément !

11h sonna et les élèves quittèrent précipitamment la classe, désireux d’en finir avec la matinée pour enfin remplir leurs estomacs criant famine. Mathieu pris plus de temps que nécessaire pour ranger ses affaires dans son sac blanc à carreaux mauves et violets passant tout sauf inaperçu. Il ne pu s’empêcher de ressentir un pincement au cœur en voyant son compagnon de chambre presque trainer Aelita hors de la salle histoire de l’empêcher de l’attendre. Mathieu avait beau tout faire pour éviter de se mêler aux autres, se voir ainsi rejeter par les seules personnes qu’il fréquentait au lycée pour le moment lui faisait mal, plus mal qu’il ne l’aurait souhaité. Il se passa négligemment la main dans les cheveux avant de charger son sac sur une des ses épaules et de quitter à son tour la salle, à la suite d’un élève brun au style rétro dont il ne se rappelait même pas le nom.

La salle de français débouchait directement sous les arcades du préau fréquenté par à peu prêt l’ensemble des élèves du lycée à cette heure-ci, aussi ne put-il s’empêcher de jeter un œil à la classe de 1°L qui passait à ce moment là en se dirigea vers leur cours d’anglais, sifflant au passage les élèves de S perpétuant ainsi l’éternelle rivalité amicale entre les deux sections. Soudain son cœur rata un battement. Son regard venait de se poser sur le mec le plus beau qu’il avait vu jusqu’à présent dans tout le lycée ! Les cheveux chocolats assortis à ses yeux profonds encadrant son visage aux traits marqués de lourdes mèches brunes, on le devinait très musclé sous son tunisien blanc et moulant, couvert par une veste kaki ouverte et glissant légèrement sur ses larges épaules lui conférant une allure désespérément sexy. D’ailleurs, son jean tout aussi moulant de faisait rien pour arrangé les choses mettant parfaitement en valeur les parties essentielles de son anatomie.

En se rendant soudain compte que sa bouche était grande ouverte et qu’un filet de bave menaçait d’en coulé à tout instant, Mathieu secoua la tête avec rage tout en s’intéressant subitement aux moulures des colonnes environnantes. Quel abruti il avait été ! Il s’était pourtant juré de mettre tout ça de côté ne serait-ce que pour quelques mois, le temps que les choses se tassent et qu’il mette un peu d’ordre dans son esprit, et voilà qu’il se remettait déjà à baver devant le premier mec venu ! C’était précisément ce genre d’attitude qui l’avait contraint à quitter son ancien lycée et il était hors de question de recommencer à cet endroit ! En tout cas pas aussi tôt… Malgré tout, il ne pu s’empêcher de jeter un dernier coup d’œil par-dessus son épaule en continuant vers sa salle. Son ventre se tordit en voyant le beau gosse se pencher pour embrasser à la dérobée une jeune fille aux cheveux d’un noir d’ébène tout sauf naturels coupés en carré plongeant et à la poitrine sur-développée. Pas étonnant qu’une fille pareille se retrouve avec un mec comme ça… Dépité, il accéléra le pas vers la salle de maths où tout le monde était déjà en train de s’installer. Comme à son habitude, il se cala à la seule place restée libre au fond et entreprit de sortir son trieur alors que leur professeur fermait déjà la porte derrière elle en ordonnant aux élèves de s’assoir. Il décrocha rapidement du cours et se mis, pensif, à griffonner toutes sortes de petits personnages sans queue ni tête sur sa feuille d’exercices.

Involontairement, ses pensées dérivèrent sur l’incident. Celui qui l’avait poussé à tout quitté de son ancienne vie pour finalement s’installer ici, en Internat, alors qu’il n’en avait aucune envie. Il avait laissé ses sentiments prendre le dessus et, comme d’habitude, il avait eu tord… En même temps comment pouvait-il gérer seul toute cette pression, cette impression constante d’être différent, de ne pas appartenir au même monde que les autres, d’être sans cesse à part ? Il aurait souhaité que les choses soient différentes, cependant il n’y pouvait rien. Il était comme ça, alors autant faire avec…

-Ça va ? Fit la voix douce d’Aelita dans son dos le tirant de ses sombres pensées, t’as une drôle de tête tout à coup…

Il se retourna vers elle. Elle le fixait de ses grands yeux verts si clairs d’un air interrogateur, voir presque inquiet. Il n’en avait pas eu conscience, mais il avait probablement du afficher un air vraiment déprimé en ressassant le passé comme il venait de le faire. Il lui répondit par un petit sourire rassurant avant de se retourner, bien conscient de ne pas l’avoir convaincu. Il était trop tôt pour se confier, d’ailleurs il ne le ferait peut-être jamais. La dernière fois lui avait servi de leçon après tout…

L’heure du repas arriva enfin au beau milieu d’un exercice particulièrement difficile et Mme. Meyer les libéra, non sans les charger d’une tonne de devoirs pour le lendemain. Se souvenant de la proposition d’Aelita, Mathieu la chercha du regard une fois sorti de la salle mais celle-ci avait déjà disparue, de même que son petit-ami. Les deux adolescents allaient probablement profiter de la pause entre midi et deux pour passer un peu de temps ensemble... Résigné, Mathieu chargea son sac sur ses épaules et se dirigea vers les préfabriqués servants de réfectoire, se préparant à manger seul une nouvelle fois. Plus tôt il passerait et plus il y aurait de place libre, autant en profiter !

***


Il venait à peine de s’installer lorsqu’une voix grave l’interpella lui faisant lever la tête de son plat de pâtes baignant dans l’huile et paraissait tout sauf appétissant.

-Excuses-moi… Mathieu Scillas c’est toi ?

Celui qui venait de poser la question était un jeune homme d’environ son âge. Il avait l’air un peu plus petit que la moyenne mais son col en V dévoilait largement ses muscles saillant compensant ainsi ce léger défaut. Ses cheveux blonds probablement teints et couverts de gels pointaient sous son étrange béret violet ornementé d’une tête de mort stylisée. Arborant un air décontracté, il le fixait de ses yeux gris très clairs mis en avant par son jean d’une couleur similaire descendu suffisamment bas pour bien laissé voir son boxer bigarré. En plus de son T-shirt moulant noir couverts de symboles et d’écritures colorés, il arborait une chemise aussi violette que son béret, ouverte et à moitié rentrée dans son pantalon. Mathieu dénota également la présence d’une boucle à son oreille gauche et d’un fin collier, en argent probablement, autours de son cou. Il semblait respirer le calme et l’assurance, pourtant son visage fin et séduisant marqué par une barbe de trois jours le mettant encore plus en valeur avait quelque chose d’insouciant.

-Euh, oui c’est moi, bafouilla Mathieu en détournant précipitamment le regard, se rendant soudain compte à quel point il le dévisageait, qu’est-ce que tu… ?

-Cool ! L’interrompis aussitôt le jeune homme en laissant tombé sa sacoche noir aux motifs mauves et affublé de badges multicolores sur la table tout en s’asseyant sur la chaise d’en face, moi c’est Odd, Odd Della Robbia. Je suis en 1°ES ici, à Kadic. C’est moi qui fait art plastique aussi, Aelita a du te parler de moi !

Alors c’était lui dont parlait la jeune fille aux cheveux roses tout à l’heure… ? Au moins elle ne l’avait pas oublié, c’était déjà ça. En tout cas il suffisait de le regarder pour deviner que l’adolescent avait l’âme d’un artiste !
-Chouettes fringues, commenta-t-il machinalement tout en entamant son assiette, j’adore tes chaussures !

-Ah ? Merci… ! Lâcha Mathieu, surpris par la familiarité du prénommé Odd, toi aussi.

Odd… Ce prénom lui disait quelque chose… Maintenant qu’il y pensait, il se rappelait que Jérémie et Aelita en avant parlé la veille en comparant son style vestimentaire au sien. En effet ça pouvait se comprendre : les deux jeunes gens semblaient avoir des goûts très similaires en matière de vêtements. A commencé par la prédominance de mauve et de violet, cependant Odd poussait le style jusque dans les extrêmes alors que Mathieu restait plus discret dans ce domaine tout en arborant un genre similaire.

-Tu verras, continua le jeune homme tout en engloutissant son assiette à une allure folle, M. Chardin –notre prof de dessin- est un peu lourd par moment mais en général on s’éclate bien dans son cours. Et puis, il nous laisse nous exprimer, c’est surtout ça que je trouve génial ! A par ça dis-moi, tu te plais à Kadic pour le moment ?

L’adolescent parlait avec une familiarité déconcertante. Il avait l’air en permanence décontracté ce qui engageait son interlocuteur à le suivre dans la discussion d’une façon tout à fait naturelle. Pas étonnant qu’il s’entende bien avec Aelita…

-Ca va pour le moment, menti Mathieu en picorant dans son assiette, évitant à tout pris de croiser le regard gris perlé si troublant de son vis-à-vis, j’ai encore un peu de mal à trouver mes marques mais ça viendra…

-Ouais c’est cool ici, approuva le jeune homme en mâchant sa viande consciencieusement, d’un autre côté pas étonnant que t’ai du mal à trouvé tes repères. T’es dans la même chambre que Jérémie, non ?

-Si…

Mathieu ne pu retenir une petite grimace qui n’échappa pas à son interlocuteur. Celui-ci pouffa en voyant sa réaction avant de reprendre, un sourire complice affiché sur ses lèvres minces.

-A voir ta tête, tu as eu droit à sa petite crise de jalousie habituelle… Ne t’inquiètes pas, il est toujours comme ça au début, surtout si tu touches à Aelita ! C’est dans sa nature, je crois que je ne l’ai jamais vu agir autrement depuis le collège…

-Vous vous connaissez depuis le collège ? Se permit de questionner le jeune homme, de plus en plus à l’aise malgré lui, je veux dire toi, Aelita et lui ?

-Ouais ! On trainant tout le temps ensemble à l’époque… Sourit-il avec une pointe de nostalgie dans la voix, c’était le bon temps… Mais disons qu’avec l’entrée au lycée et les orientations différentes qu’on a pris, ben on se parle beaucoup moins qu’avant quoi !

Alors que la discussion bâtait son plein, un nouvel arrivant dans le réfectoire accrocha le regard de Mathieu et son cœur s’accéléra malgré lui. C’était le type de 1°L qu’il avait aperçu le matin même. Il déchanta vite en remarquant que sa copine était littéralement pendue à son bras, tout en discutant avec une groupe de filles qui les suivaient de prêt. Celles-ci gloussèrent soudainement de concert dans un bel ensemble qui ne rappela que trop à Mathieu certaines filles superficielles, pour ne pas dire « cruches », de son ancien lycée. Il se demandait comment le beau mec faisait pour les supporter, à moins qu’il ne soit aussi idiot qu’elles n’avaient l’air de l’être… Remarquant sa soudaine distraction, Odd suivit son regard jusqu’au couple avant de se retourner en sifflant, un sourire carnassier sur le visage.

-Monsieur a déjà fait du repérage hein ? Ricana-t-il faisant rougir le jeune homme sur le coup, manque de bol pour toi mais elle est déjà prise, tu ferais mieux de laisser tomber…

-De qui tu parles… ? Nia-t-il avec gène sans quitter le beau gosse aux cheveux chocolat des yeux.

-De la fille brune au carré plongeant ! Rétorqua Odd tout en désigna l’adolescente pendue au bras du jeune homme qui avait attiré son attention, c’est Sissi, enfin, Elisabeth Delmas. Delmas comme Jean-Pierre Delmas, le proviseur. C’est sa fille et c’est aussi officiellement la fille la plus populaire et la plus canon du lycée ! Si tu veux mon avis, c’est aussi la plus creuse mais bon…

Mathieu fit mine d’approuver. Inutile de compliquer les choses en précisant que ce n’était pas exactement la fille qui avait attiré son attention… Il en profita pour l’examiner plus en détail. Il ne l’avait pas vraiment remarqué le matin-même, mais elle était étonnamment grande pour une fille de son âge, ce à quoi ses bottes à talons hauts n’arrangeaient rien. Elle était également naturellement très belle, quoiqu’un peu trop maquillée à son goûts. Sa frange teinté de mèches brunes était maintenu en place par des barrettes histoire de dégager ses yeux d’un noir très sombre et elle arborait une tenue de marque hors de prix constituée d’un gilet blanc à but purement décoratif, d’un décolleté à motifs roses en arabesques complexes et d’une mini-jupe aussi claire que son haut, tellement courte qu’elle aurait pu passé pour la ceinture qui la maintenait en place. Elle faisait visiblement tout pour être attirante, autant dans son style vestimentaire que dans son attitude…

-De toute façon elle est trop bien pour moi, commenta-t-il finalement, se risquant un peu plus dans le mensonge, c’est qui le mec à côté d’elle ? Son copain ?

Mentir ne signifiait pas pour autant perdre de vue l’essentiel… Odd plongea tête baissé dans son stratagème sans se douter de rien, emporté par ses explications :

-Exact ! Répondit-il en repoussant un peu son plateau, déjà vidé, il s’appelle Ulrich Stern et est dans la même classe qu’elle. Si tu veux tout savoir, elle tente de mettre le grappin sur lui depuis le collège mais il a toujours refusé… Jusqu’au début de cette année. Ah ! Et c’est aussi accessoirement mon compagnon de chambre.

Mathieu manqua de s’étouffer en entendant la dernière phrase. Alors comme ça son vis-à-vis partageait sa chambre avec un beau gosse pareil ! Si ça avait été lui il n’aurait pas pu dormir de la nuit, apparemment le jeune homme ne réalisait pas la chance qu’il avait ! Cela dit, il n’avait probablement pas les mêmes penchants que lui…

-Pour en revenir à Jérémie, fit Odd en changeant de sujet forçant son voisin de table à quitter le prénommé Ulrich des yeux, il est toujours un peu froid et coincé au début mais quand t’apprend à le connaitre tu te rends compte que c’est vraiment quelqu’un de sympa en fin de compte !

-Je ne sais pas trop… Marmonna Mathieu en croquant dans sa pomme, je veux dire, je l’ai quand même surpris dans sa chambre avec Aelita à moitié à poil donc…

Il avait lâché ça sans réfléchir. A peine la phrase avait-elle franchit ses lèvres qu’il s’administra une claque mentale. Mais quel idiot ! Qu’est-ce qui lui avait pris de parler de ça à quelqu’un qu’il ne fréquentait que depuis une dizaine de minutes ! Le jeune homme le fixa avec des yeux ronds avant d’éclater de rire, littéralement plié en deux sur la table, secoué de ricanement incontrôlable.

-Tu… Parvint-il à lâcher entre deux éclats de rire sous le regard atterré du jeune homme, tu les as surpris en train de… ? Oh mais noooon, c’est trooop… AH AHAHAHAHA !!

Mathieu du attendre 5 bonnes minutes avant que l’adolescent ne parvienne à se calmer. Il se redressa finalement, les yeux embué de larmes à force d’avoir rit, un léger sourire encore affiché sur le visage.
-J’arrive vraiment pas à y croire ! Souffla-t-il finalement en essayant de retrouvé son calme du mieux qu’il pouvait, ignorant les autres élèves qui le dévisageaient avec stupeur dans tout le réfectoire, tu parles d’un premier contact ! Pas étonnant qu’il te fasse la tronche après ça…

-Si tu pouvais éviter de l'ébruiter… Le supplia Mathieu, rougissant légèrement sous le coup de la gêne, déjà qu’il m’en veut alors si en plus il apprend que j’ai lâche le morceau…

-Comptes sur moi, assura Odd avec un clin d’œil tout en se levant de table, chargeant sa sacoche aux couleurs affriolantes sur son épaule, bon je dois y aller ! On se retrouve ce soir à 17h devant le foyer pour aller en art plastique ? En tout cas ça m’a fait plaisir de faire ta connaissance. A ce soir donc… !

-Ouais… A ce soir !

Mathieu suivi le jeune homme des yeux alors que celui-ci se dirigeait vers la sorti après avoir déposé son plateau vide. Il ne savait pas trop quoi penser de ce premier échange. Odd avait l’air d’être quelqu’un de sympathique, néanmoins il ne savait pas s’il pouvait s’ouvrir à lui en aussi peu de temps… Bah, après tout il verrait bien avec le temps comment les choses évolueraient. Revigoré, il rogna sa pomme jusqu’au trognon avant de se lever à son tour et de sortir du réfectoire, s’éblouissant momentanément à cause du soleil à son zénith. Toute la neige avait fondue en l’espace de deux jours et on commençait déjà à sentir que la chaleur revenait petit à petit, lentement mais surement. Sa discussion avec Odd lui avait mis un peu de baume au cœur. Le jeune homme avait quelque chose de rayonnant qui faisait qu’avec lui, les idées noires étaient rapidement chassées. Du moins il en avait l’impression…

L’après-midi s’écoula à une allure folle et Mathieu ne vit même pas défiler les heures malgré l’heure de SVT qu’il endura, aussi bruyante que la précédente. Il ne pensait qu’à une chose : l’heure d’art plastique du soir même. Il ne savait pas pourquoi mais il lui tardait de revoir Odd… Il avait l’impression qu’avec lui il pouvait parler plus librement, sans crainte d’être jugé. Avec lui, même le souvenir de l’incident d’il y avait quelques semaines s’effaçait presque. Aelita ne manqua pas de dénoter ce changement d’attitude mais ne dit rien, se contentant de sourire en regardant Mathieu griffonné sur ses cours de manière rêveuse.

-Je peux savoir pourquoi est-ce que tu le regardes comme ça ?! Craqua finalement Jérémie au cours de l’heure de SVT qui s’éternisait.

Surprise par son ton hargneux, Aelita posa son stylo et se retourna vers lui en le dévisageant. Son visage, déjà dur d’habitude, était assombri par un froncement de sourcils agacé. Elle soupira. Alors ça n’avait pas duré, hein ? Il avait fallut qu’un nouvel élève débarque pour qu’immédiatement son petit ami y voit une menace pour leur couple. Elle était habituée à ses sautes d’humeur, c’était ce qui faisait son charme en partie. Néanmoins, son attitude sur-protectrice lui tapait vraiment sur les nerfs par moment.

-Pourquoi tu me demandes ça ? Répliqua-t-elle avec un de ces petits sourires moqueurs dont elle avait le secret, comme pour le taquiner, tu es jaloux ?

Le jeune homme s’empourpra aussitôt arrachant un petit rire à la jeune fille. Il était si prévisible ! Tendrement, elle se rapprocha de lui et lui déposa un baiser discret sur la joue au coin des lèvres avant de reprendre avec un sourire charmeur :

-Je n’aime que toi Jérémie et tu le sais… Franchement tu n’as pas de quoi t’inquiéter alors essayes d’être un peu plus sympa avec lui, OK ?

Le jeune homme ne pu retenir un sourire qu’il cacha aussitôt derrière sa main arrachant un nouveau pouffement de rire à sa petite amie. Aucun doute, il était fou d’elle… Et c’était précisément pour cette raison qu’il n’allait pas lâcher l’affaire avec Mathieu ! Il avait certes confiance en sa petite amie, mais cela ne signifiait pas qu’il avait confiance en son nouveau compagnon de chambre ! Il lui tardait la parution des prochains « Echos de Kadic » pour en apprendre plus sur son mystérieux passé… Peut-être pourrait-il en tirer quelque chose ? Cela faisait un peu moins d’un an désormais qu’il avait décidé de laisser définitivement tomber l’informatique pour se concentrer davantage sur sa relation avec Aelita et sur sa propre image au sein du lycée, néanmoins s’il le fallait il était prêt à rallumer son ordinateur. Quelques codes à craqué et il aurait accès au dossier complet de Mathieu Scillas, élève de 1°S à l’Internat Kadic. Néanmoins, cela restait en cas de dernier recours. Il savait pertinemment que rallumer son vieil ordinateur ne ferait que lui rappeler de vieux souvenirs. Des souvenirs qu’il aurait préféré gardé enfouie au fond de sa mémoire… La sonnerie de la fin des cours le ramena à la réalité, effaçant du même coup les réminiscences du passé qui commençaient à l’envahir. « Oublies ça… » se dit-il à lui-même tout en rangeant ses affaires dans sa sacoche en cuir, « te rappeler cette époque ne te rapportera rien de bien… ». Aelita l’attendait déjà à la porte, aussi pressa-t-il l’allure pour la rejoindre, l’embrassant délicatement au passage. Ils se dirigèrent vers l’escalier menant vers l’extérieur, main dans la main, oubliant peu à peu tous leurs soucis de lycéens pour se concentrer sur le bonheur tout simple d’être ensemble. Le problème Mathieu pouvait attendre, en réalité, tout pouvait attendre lorsqu’il était à ses côtés…

Le Mathieu en question sorti quelques minutes plus tard de la salle à son tour, plus surexcité que jamais. C’était définitif, il avait hâte de revoir Odd ! Etait-ce simplement parce que le jeune homme était sympa ou à cause du fait qu’il partageait sa chambre avec le plus beau mec du lycée ? Il n’aurait su le dire mais toujours était-il que l’heure d’art plastique lui tardait. Machinalement, il jeta un œil à la petite horloge sur son portable : 16h55. Il n’avait plus qu’à se diriger tranquillement vers le foyer en attendant l’arrivée de l’adolescent en violet. Il entreprit d’ouvrir la porte à double battant du bâtiment des sciences pour se diriger vers les arcades des locaux principaux. D’après le plan qu’on lui avait remis à son arrivée, on accédait au foyer en suivant un itinéraire sur la droite en partant du portail, un peu avant l’entrée des dortoirs sous les arcades. En effet, il ne tarda pas à remarquer une petite porte en métal peinte en bleu, visiblement plus neuve que les autres portes de salles de cours et autres qu’il avait eu l’occasion de voir jusqu’à maintenant. Ça avait l’air plus modeste que le foyer de son ancien lycée mais il ne pouvait pas vraiment juger de ce genre de chose de l’extérieur.

Alors qu’il s’adossait à une des colonnes faisait face à la porte, laissant glisser son sac au sol, son regard fut attirer par un mouvement à la périphérie de sa vision. La porte d’une salle de classe venait de s’ouvrir et les élèves en sortaient en courants pour la plupart, soulagés que la journée se termine enfin. Mathieu reconnu des élèves de 1°ES qu’il avait déjà vu le matin même, c’était probablement la classe de Odd. En effet celui-ci ne tarda pas à sortir, remettant en place son étrange béret flashy sur ses mèches couvertes de gel. Il était en pleine conversations avec une jeune fille à peu prêt aussi blonde que lui au visage angélique et vêtue d’un manteau pourpre couvrant un jean court noir et d’un T-shirt sur lequel s’étalait en gros la marque du vêtement, aussi sombre que le pantalon. Elle semblait l’écouter avec attention, pouffant de rire par moment, sans vraiment dire un mot elle-même. Apercevant soudain Mathieu, Odd coupa court à la discussion avant de déposer un léger baiser sur les lèvres de la jeune fille et de le rejoindre en marchant d’un pas vif. « Encore un de casé », constata le jeune homme avec une pointe de tristesse qu’il ne s’expliquait pas. Les couples lui faisait toujours cet effet, peut-être parce qu’il n’avait pas autant de facilité que les autres à trouver quelqu’un ? Cela faisait plusieurs années maintenant qu’il était seul, et cette situation commençait à lui peser. Néanmoins il s’en contentait, il n’avait pas vraiment le choix dans sa situation…

-Hey ! L’interpella Odd avec un de ses sourires irrésistibles, prêt pour ton premier cours d’art plastique à Kadic ?

Mathieu ne put retenir un sourire avant de le suivre à l’intérieur des bâtiments, traversant couloirs sur couloirs vers l’escalier principal. Odd marchait devant, sa sacoche cognant contre sa cuisse à chaque pas et les muscles de son dos roulants sous sa chemise. Mathieu le précédait, sans rien dire, ne pouvant s’empêcher de laisser descendre son regard vers la chute de rein parfaite de son vis-à-vis.

-C’était ta copine ? Se risqua-t-il à demander afin d’éviter de tomber dans le silence pesant qu’il redoutait, la fille avec qui tu parlais tout à l’heure ?

-Yep ! Répondit l’adolescent au béret en se retournant vers son interlocuteur, une once de fierté dans la voix, c’est Eva. Elle est américaine, tu sais ? Mais elle reste en France pour y terminer sa scolarité et ainsi améliorer son vocabulaire pour pouvoir accéder à une école de commerce international dans son pays ou quelque chose comme ça… En tout cas en attendant on en profite !

Le jeune homme avait vraiment l’air très amoureux : son regard brillait quand il parlait d’Eva et on pouvait y lire à quel point il tenait à elle. Néanmoins, Mathieu ne put s’empêcher de remarquer un voile de tristesse traversé rapidement le visage du lycéen avant de disparaitre aussi vite. L’instant d’après, le jeune homme était à nouveau souriant et détendu. Peut-être avait-il rêvé… ? Les deux adolescents entreprirent de gravir l’escalier menant au dernier étage de l’établissement, consacré aux matières optionnelles telles le latin, la musique et bien sûr l’art plastique. La salle en question était casé tout au fond du couloir, entre des toilettes et la salle de musique. Quelques rares élèves de seconde et de terminale s’y engouffraient déjà sous l’œil attentif d’un vieil homme aux cheveux fous assorti à sa blouse d’une jolie couleur crème, trop impeccable pour témoigner de son travail d’artiste.

-On y est ! Lança Odd après avoir adressé un salut de la main au professeur qui lui répondit d’un hochement de tête sec, j’ai hâte de voir comment tu dessines, Aelita avait l’air impressionné ! On se met à côté si tu veux ?

Mathieu ne trouva pas le courage de décliner l’offre et tous deux s’installèrent au dernier bureau de libre, juste devant celui du professeur.

La pièce était une grande salle en quart de cercle richement éclairé par les larges fenêtres ouvragées qui ornementaient le mur, couverts de tableaux et de croquis des précédents élèves de l’établissement. Des cartons à dessins et des bac de pinceaux et de feutres trainaient un peu partout dans les coins et un évier couvert de peinture écaillée se dressait sur le mur d’en face afin de rincer palettes et outils de travail. M. Chardin, leur professeur, attendit encore quelques minutes que les derniers retardataires arrivent avant de fermer la porte et de donner les consignes du jour d’une voix chevrotante mais néanmoins autoritaire. Les tables parsemant la classe étaient circulaires et en hauteur, aussi Mathieu dut-il descendre de son tabouret pour récupérer son carnet de croquis et sa trousse dans son sac. Odd avait déjà sorti sa pochette cartonnée aussi violette que son style vestimentaire et ornementés de petits graffitis en tout genre.

Très vite, les élèves se détendirent et les conversations et les éclats de rires raisonnèrent dans la salle, parfois mollement rappelés à l’ordre par le professeur qui avait surtout l’air de se contreficher de ce que faisaient ses élèves plus qu’autre chose. Tout en réalisant un croquis pour la réponse au sujet posé en début de cours, Mathieu se dérida un peu en bavardant avec Odd, lui demandant des détails sur le lycée et son fonctionnement, celui-ci y répondant sans problème tout en ajoutant une anecdote de son cru à chaque fois qui déclenchait des éclats de rires de la part des deux adolescents. Il en vint même à se détendre totalement, se contentant d’apprécier pour la première fois depuis des semaines l’instant présent.

Il ne vit pas l’heure passée et 18h sonna au moment où il s’y attendait le moins. Il n’avait même pas remarqué le soleil décliner par la fenêtre et les lumières de la salle et des lampadaires s’allumer les unes après les autres. Visiblement pressé, le vieux professeur les congédia rapidement avec de petits gestes agacés et les deux adolescents descendirent ensemble vers le réfectoire en continuant à rire, leur sac respectif chargé sur leurs épaules.

Il leur restait encore deux heures avant le couvre-feu aussi prirent-ils leur temps pour aller diner, profitant de leur peu de temps libre pour faire plus ample connaissance. Malgré l’effet rassurant que lui procurait le jeune homme, Mathieu ne se risqua que très peu à parler de lui, répondant par réponses évasives à la plupart de ses questions avant de les retourner contre lui. Il avait beau l’apprécier, il n’en demeurait pas moins un inconnu et se confier aussi vite aurait relevé du suicide, il l’avait bien compris avec ce qui lui était arrivé à son ancien lycée… Odd sentait bien que le jeune homme cachait quelque chose mais il se garda bien de l’interroger à ce sujet. Remuer les problèmes des autres ce n’était pas son genre, d’autant plus que lui-même avait un secret, un secret qu’il n’aurait pour rien au monde voulu dévoiler !

Leur assiette se retrouva rapidement vide et ils prirent tous deux la direction des dortoirs, frissonnant sous l’effet de la fraicheur nocturne qui transperçait leurs vêtements. Ils ne s’attardèrent pas dehors et atteignirent rapidement l’étage des garçons tout en continuant de parler de choses et d’autres, sans vraiment faire attention à ceux qu’ils croisaient ni à la direction qu’il prenait.

-C’est ma chambre, fit enfin Odd au bout d’un moment en s’arrêtant devant une des portes à la peinture bleu écaillée de l’étage des garçons, sur laquelle était placardé le numéro 026, je vais y aller je pense. Bonne nuit en tout cas !

-Merci, répondit l’adolescent en sentant une pointe de déception lui transpercer le cœur, bonne nuit à toi aussi !

Il le salua d’un bref signe de tête avant de pénétrer dans sa chambre, déjà ouverte et allumée. Mathieu eu le temps de distinguer la présence d’un autre garçon dans la pièce qu’il devina être celui qu’il avait remarqué le matin même : Ulrich Stern. Soudain gêné, il se retourna et se dirigea d’un pas vif vers sa propre chambre. Il ne devait pas y penser, ce n’était vraiment pas le moment… Pas aussi tôt après les derniers événements… Alors qu’il tournait à l’embranchement menant au numéro 043, il remarqua la présence du silhouette menue et familière devant la porte de sa chambre. Il jura en reconnaissant la tignasse rouge de la jeune fille : Milly, la collégienne qui lui avait réclamé une interview pour le journal du lycée ! Il l’avait complètement oublié ! Celle-ci l’attendait de pied ferme, son carnet à la main, un stylo dans l’autre : elle avait l’air tout sauf prête à renoncer ! Le jeune homme soupira en continuant d’avancer vers elle sans ralentir, quand il fallait y aller…

***


-Alors ? Questionna Ulrich, à moitié affalé sur son lit, sans détourner les yeux de son magazine, c’était bien ton cours ?

Odd jeta son sac dans un coin de la pièce tout en jetant un coup d’œil en coin à son compagnon de chambre avec qui il cohabitait depuis son entrée au collège. Il avait vraiment changé depuis le collège, se dit-il à lui-même en s’attardant sans le vouloir sur la silhouette musclée et harmonieuse du jeune homme, autant physiquement que mentalement. Par moment il avait même du mal à le reconnaitre. Il fallait dire que leur séparation au début de l’année du à leur orientation respective n’avait pas aidé et plus le temps passait et plus l’adolescent au béret avait l’impression que le Ulrich qu’il fréquentait disparaissait peu à peu pour laisser place à un nouvel adolescent, sombre et superficiel qu’il ne connaissait pas, et ce sans qu’il puisse y faire quoi que ce soit. Il s’était habitué à ce qu’il sorte avec Sissi, qu’il ne pouvait pas supporter auparavant, bien qu’il n’en comprenne toujours pas la raison. Néanmoins son comportement distant envers lui et l’attitude qu’il arborait depuis quelques temps lui était totalement étrangère.

-Ça allait, répondit-il en se déchaussant, assis sur son propre lit collé au mur opposé à celui de son compagnon de chambre, il y avait un nouveau tu sais ? Il est un peu coincé mais il a l’air sympa…

-Cool, lâcha le jeune homme sans vraiment l’écouter, toujours plongé dans son magazine.

Avec un haussement d’épaules, Odd suivit son exemple et se mit en sous-vêtements, posant son béret sur la table de travail situé en dessous de l’unique fenêtre de la pièce et rangeant ses vêtements dans sa propre armoire, en tout point semblable à celle de son compagnon de chambre. Après ça, il se laissa tomber mollement sur son matelas en fixant rêveusement les murs de la chambre. Si son côté était couvert de posters de jeux vidéos et de manga en tout genre, celui de son vis-à-vis était totalement nu depuis le début de l’année. En effet, le jeune homme avait décidé sur un coup de tête de retirer son gigantesque poster d’art martial et depuis rien n’était venu le remplacé, un peu à l’image de sa personnalité qu’Odd n’arrivait pas encore à redéfinir. Il ne put s’empêcher de ressentir une pointe de nostalgie au creux de son estomac, le temps où ils partageaient tout était révolu depuis longtemps maintenant. Il avait l’impression que depuis la fin de toute cette histoire de dingue, les choses s’étaient peu à peu transformées pour ne plus jamais redevenir comme avant, et ça l’attristait.

-Ça me manque, lança-t-il sans réfléchir attirant l’attention du jeune homme malgré lui.

-Qu’est-ce qui te manque ?

-Tout ça, répondit-il en se redressant sur son matelas, le regard dans le vague, l’époque où on était inséparables avec les autres ! Celle où on pouvait tout se dire sans tabous, celle où on pensait que nous pouvions résister à tout ! Mais au final vous avez changés… On a tous changés avec la fin de cette histoire et ça ne me plait pas. Non, je n’aime pas ce qu’on est en train de devenir chacun de nôtre côté ! Regardes Aelita et Jérémie : c’est à peine si je leur adresse la parole entre deux cours, et toi tu ne les vois carrément plus ! Sans parler de Yumi qui est trop plongée dans ses études pour faire encore attention à nous… Tout ça c’est si…

Il s’interrompit en croisant le regard glacé de son compagnon de chambre. Celui-ci c’était assis sur le bord de son lit et le fixait d’un air grave, un air que le jeune homme n’avait plus vu depuis un moment.

-Odd… Murmura-t-il en se prenant la tête entre les mains, comme subitement écrasé de fatigue, c’est comme ça. Les choses ne seront plus jamais pareilles qu’à cette époque et tu le sais, c’était prévisible. Il faut que tu fasses une croix sur tout ça maintenant ! Et puis toi aussi tu as changé et ce n’est peut-être pas plus mal. On a tous tourné le dos à nôtre passé et il serait temps que tu fasses pareil !

Le jeune homme soupira, peu convaincu par le discours de son compagnon de chambre. Comment pouvait-il oublier tout ça, toute cette aventure à la fois formidable et effrayante qu’ils avaient vécus tous ensemble ? Comment pouvait-il balayer aussi facilement prêt de 4 années de leur vie qu’ils avaient passés côtes à côtes à s’épauler comme des frères d’armes ? Il refusait de croire que tout était si facile, c’était impossible que les choses soient si faciles !

-Eva n’y a pas tourné le dos, elle… Balança-t-il en le regrettant la minute d’après, elle en fait encore des cauchemars tu sais ?

-Eva, Eva toujours Eva ! S’emporta subitement le jeune homme le faisait sursauter, tu n’as que ce nom-là à la bouche ! T’es complètement accro mon vieux et tu le sais ! Il n’y qu’elle qui te rattache encore à toute cette histoire. D’ailleurs je ne comprends pas ce qu’elle a de plus que les autres, pourquoi est-ce que ça dure avec elle alors qu’au collège tu n’as jamais réussi à garder une copine plus d’une semaine ?!

-Elle me comprend au moins, elle ! Fulmina le jeune homme aux cheveux blonds en s’énervant à son tour, il acceptait qu’on le critique lui mais en aucun ça sa petite amie ! C’est quelqu’un de bien et au moins elle sait ce qu’elle veut, pas comme certains…!

Ulrich se laissa retomber sur son matelas, déjà lassé par la dispute. Il avait beau dire, Odd n’était plus le même non plus depuis la fin de cette histoire de dingues.

Ça avait commencé avec la mort de son chien : Kiwi, un immonde fox-terrier à poils ras que le jeune homme affectionnait particulièrement, au point de la garder cacher dans sa chambre à l’Internat malgré l’interdiction des animaux de compagnies. Le beau gosse repensa au jour où il avait finalement était impossible de continuer à l’entretenir en secret. L’animal était vieux et malade, refusait de s’alimenter et passait certaine nuit à hurler à la mort sans raison, restant immobile au fond du tiroir qu’Odd lui avait réservé. Le jeune homme avait fini par le renvoyer à ses parents qui s’étaient finalement révélés contraints de le faire euthanasié une semaine plus tard. C’était la vie, et il savait qu’un jour viendrait où l’inévitable arriverait. Néanmoins, depuis ce fameux jour, le jeune homme n’avait plus jamais été le même : perdant un peu de la fantaisie et de l’excentricité qui faisait son charme, se renfermant sur lui-même pendant de longues semaines.

La perte de son compagnon de toujours avait été un choc très dur et c’était en partie ce qui avait contribué à rompre la cohésion de leur groupe si soudé auparavant… Ulrich n’aimait pas l’avouer mais au final la seule chose qui les avait vraiment unis à l’époque, ça avait été cette aventure à la fois sombre et étrange qu’ils avaient vécus tous ensemble. Derrière ça, ils n’avaient rien en commun et la fin de cette histoire ne pouvait que signifier la fin de leur amitié. C’était triste à dire mais les choses étaient ainsi… Son portable posé à côté de lui sur le lit bipa brièvement le ramenant à la réalité. D’un geste habile, il consulta le message qu’il venait de recevoir avant de se lever, attrapant une boite cachée sous son oreiller.

-Où est-ce que tu vas ? Questionna Odd en suivant des yeux son compagnon de chambre qui se dirigeait vers la porte.

-Voir Sissi, répondit-il sans se retourner en tournant la poignée, j’en aurais probablement pour un moment donc bonne nuit…

« C’est ça », pensa le jeune homme se laissant à nouveau glisser sur le matelas tandis qu’Ulrich refermait discrètement la porte derrière lui. Il n’avait pas manqué de noté la boite de préservatif que le jeune homme avait emporté avec lui et ne se faisait aucune illusion sur ce que les deux adolescents allaient faire au cours de cette soirée. Si les choses pouvaient être aussi simples dans son couple…

Épuisé par son engueulade avec Ulrich, il éteignit rapidement sa lampe de chevet et s’endormit presque aussitôt d’un sommeil agité peuplé de rêves étranges où un chat, un samouraï et une geisha protégeaient une petite elfe d’une horde de monstres. Autours d’eux, se dressait une forêt gigantesque pourvue d’arbres si hauts qu’on n’en voyait pas la cime et entre lesquels filtrait les rayons un étrange soleil blanc et pâle, baignant l’univers d’une lueur rouge sanguine à la fois inquiétante et terriblement menaçante…


---------------------------------------------------

Et voilà pour le second chapitre, j'espère qu'il vous a plu et que j'ai réussi à le rendre moins désordonné que le précédent Embarassed ...

Ah oui, dernier détail que j'ai oublié de préciser sur le premier chapitre : le numéro des épisodes prend en compte les 4 volumes de la série de romans Code Lyoko ce qui donne, si on suit ma logique :

-Épisode 96 : Le château souterrain.
-Épisode 97: La ville sans nom.
-Épisode 98 : Le retour du Phénix.
-Épisode 99 : L'armée de rien.

Et après on repart sur mes chapitres avec l'épisode 100 : Vivre, etc...
Pour les fautes, j'en ai corrigé certains mais il y en a qui ont du m'échapper donc n'hésitez surtout pas à me les signaler Smile !
_________________
Retour de Code Lyokô New Wave, ma fanfiction, sur le forum ! : New Wave_
Vous pouvez aussi lire d'autres de mes fics sur mon compte fanfiction.net : Mejiro-kun (ff.net)
Et pour mon DeviantART c'est par ici : Mejiro-kun (DA)


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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Mer 02 Fév 2011 19:15   Sujet du message: Répondre en citant  
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Inscrit le: 14 Sep 2008
Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Odd est de retour et il réussi a apaiser mathieu.

Et j'ai l'impression, que ta fic va virer au yaoi, Mathieu semble ressentir quelque chose pour Odd ou Ulrich (un peu plus Odd, puisque Mathieu est triste quand il voit que Odd a une copine) .

Il semblerai également que la bande se soit complètement brisé.

Enfin vu le caractère et les sentiments de chacun, je vois plus Odd que Jérémie rallumer le super calculateur (il regrette se qui s'est passé après son extinction et il pourrait penser que sa aidera Eva a résoudre son problème de cauchemar)

_________________
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DimIIy MessagePosté le: Jeu 03 Fév 2011 13:42   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 23 Oct 2009
Messages: 1044
Localisation: Dans mon lit , en train de manger des kinder Bueno !
Mouhaha ! Tu fais vite ! Et j'arriverais jamais à être la preums ! ( *Odd della robia* la prochaine fois tu commente apres moi !! ( xD) )

Eh oui ! J'adore la dernière de Jenifer ! Mais c'est pas la chanson en elle même qui m'a attirée et le peu que j'entendais je me disais oué bof ... Mais quand j'ai mieux écoutée les paroles ! J'ai accrochée .

Bref je suis là pour ton travail ! ( Sinon je ne serais pas venue ! J'ai tellement la flemme de taper ! )

Alors :

Tu as amélioré ta présentation ! Ne change rien elle est très bien ! Pas de patés qui font mal au zneuille ! No comment !

J'ai du voir quelques petites fautes trainé par çi par là mais rien de grave ( je ne sais même plus où elles sont pour te dire lol )

Ah oui je te le dit toute suite je n'ai pas lue la quadrilogie code lyoko ! Et je ne sais même pas ou trouvée les bouquins ( Je me demande si je peux les trouver en bibliothèque)

Ne change pas ton style d'écriture franchement t'es agréable à lire ! (Pas comme Balzac ! )

Pour l'histoire :

Alors pas besoin d'être Enstein pour deviner ce qui est arrivé à Matthieu hein ! ( J'aimerais tout de même comprendre d'où vient cette discrimination m'enfin bon ! Il y'a des choses qui ne s'expliquent pas ! )
Tu arrive vraiment a nous faire mettre dans la peau du personnage (même si tu as choisit un narrateur témoin ! )


J'aime beaucoup la descritption de Odd mais il a une voix grave ? Sa veut dire qu'il a muer ! Mdr je l'imagine pas du tout mais bon ! Pourquoi pas !
Et il a une petite amie je sens qu'elle ne va pas faire long feu celle là ! Tu t'es pas trop attardés dessus en plus !

Ulrich qui sort avec ...Sissi qui est bien plus belle mais toujours aussi s***** ! Where is Yumi ? ^^

Aha ! Jeremy il me tue ! Moi non plus je l'aime pas trop ( quand on ne fait ressotir que ces mauvais cotés ! Mais là tu l'a vraiment fait salaud sur le coup xD ! ) Aelita ne va pas suuportéça longtemps !

Bon bah je crois que c'est tout ! Je suis impatiante de connaitre l'hsitoire de Matthieu en tout cas !

J'attends la suite !

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Merci me98 !!

Texte by me : Disparition (2eme version de préférence )
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Kvothe MessagePosté le: Jeu 03 Fév 2011 13:59   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 12 Mar 2010
Messages: 24
Localisation: Université d'Imre
Wahow ca en fait du texte à lire en seulement 2 posts =)
Concernant l'histoire c'est pas mal, j'aime bien.
Je me demande bien ce qui va pouvoir se passer, si nos héros vont retourner sur Lyoko ou non, comment vont évoluer la relation entre l'ancien groupe des Lyoko-guerriers, vont ils encore plus mettre de distance entre eux ou est-ce que tout va s'arranger ? Et comment Matthieu va t'il s'en sortir dans son nouveau Lycée.
Pressé de savoir Wink J'attends la suite avec impatiente.

_________________
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J'ai libéré des princesses. J'ai incendié la ville de Trebon. J'ai suivi des pistes au clair de lune que personne n'oserait même évoquer. J'ai conversé avec des dieux, aimé des femmes et écrit des chansons qui font pleurer les ménestrels.
J'ai été exclu de l'Université à un âge où l'on est encore trop jeune pour y entrer. J'y étais allé pour apprendre la magie. Je voulais apprendre le nom du vent.
Mon nom est Kvothe.
Vous avez dû entendre parler de moi.
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Guill@um€ MessagePosté le: Jeu 03 Fév 2011 21:35   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 13 Juil 2009
Messages: 118
Localisation: Là où finissent les univers et où commence le chaos ...
Wow.
J'ai lu beaucoup de textes de très bonne qualité sur ce forum, mais écrits aussi rapidement, c'est une première, je te félicite.

J'ai repéré quelques fautes mais j'en ai probablement laissé échapper, et comme je n'ai pas vraiment envie de faire le travail à moitié ...
Si tu veux vraiment que je te fasse une liste, je le ferai pour ton prochain chapitre, mais je ne suis pas persuadé que ce soit tellement bénéfique.

Pour ce qui est de l'histoire, maintenant. Ça avance, ça avance ...
Ainsi Mathieu est gay et semble avoir de mal à s'assumer. Je trouve vraiment cela intéressant la manière dont tu traites de cette thématique très actuelle. En espérant que ça motive quelques personnes à prendre leurs stupidités homophobes et à se les mettre dans la poche pour s'asseoir dessus comme dirait Yumi.

Apparemment, il semble aussi avoir une attirance marquée pour Ulrich (il a pas pris le plus moche tant qu'à faire ...). Et j'ai l'impression, mais ce n'est peut-être qu'une impression qu'il pourrait-être susceptible de craquer pour Odd.
Pas de bol Odd est déjà pris par une certaine Eva qui semble tout connaître du sombre secret de nos héros ...
Tu réécris un peu l'histoire de la série à ta sauce ? C'est intéressant, ça met de la nouveauté.
Quand à Ulrich, il sort avec Sissi ... Bah heureusement que j'étais assis.

Ulrich avec Sissi ? Dis-moi que c'est pour rendre jaloux Yumi ou alors Ulrich est-il devenu comme tous ses beaufs qui pensent d'abord à la taille des seins avant celle du cœur ?

Bref, à part ce fait notable, le comportement de nos deux héros est plutôt bien respecté.

Par contre, tu introduis beaucoup de nouveauté concernant Jérémie et Aelita. Je trouve cette dernière particulièrement moins timide que dans la série. Mathieu pourrait-il venir remplacer Odd, l'ex-meilleur ami d'Aelita ?
Ou sera-t-il éventé par notre Jérémie national possédant à lui tout seul à peu près autant de tact qu'un troupeau d'éléphants en migration ?
D'ailleurs, je reconnais vraiment très peu Jérémie, il est vrai qu'il n'aime pas qu'on tourne autour d'Aelita mais à ce point-là !
Tu as vraiment décidé d'en faire quelqu'un de détestable.
Moi qui l'aimait beaucoup, je trouve cela absolument fascinant la façon dont tu l'analyses, vicieux retors et calculateur.

Un dernier petit truc avant de conclure, as-tu l'intention de renvoyer nos héros sur Lyoko ? (Ou alors c'est une surprise ? Je comprendrai)

Sinon, très bon chapitre, de très bonne qualité dans des délais assez impressionnants.

Bon courage pour la suite qu'il me tarde de lire.
_________________
« Jim ! Tu es encore pire que les obscurantistes qui ont brûlé la grande bibliothèque d'Alexandrie !
- Ha ... Euh, merci Suzanne ! »
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Ficsix MessagePosté le: Jeu 03 Fév 2011 23:00   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 01 Avr 2009
Messages: 24
On vois que tu as lut les livres ou le livre, la présence de Eva n'est pas innocente.
Bon que dire ? que le méchant et mort, que la bande n'existe plus, que ulrich fait des choses coquines avec Sissi, allez savoir ce que nous reserve la suite.

Sur matthieu je vais rien dire, il as de fort sentiment. C'est troublant mais bon c'est comme ça.

En tous cas si aventure sur Lyoko il y'as , je me demande comment tu compte amener le sujet car apres tous on sait tous que ( chut secret) a voir
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Adwys MessagePosté le: Ven 04 Fév 2011 09:52   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


Inscrit le: 26 Sep 2010
Messages: 559
Alors là ... Wouaw ! Mr. Green

J'adore !!! Smile

Personnellement, je n'ai pas lu les livres mais je trouve qu'il ne sont pas vraiment nécessaire pour comprendre l'Histoire.

Mathieu -> Alors il est gay ? Franchement c'est difficile de dire si il est plus attiré par Ulrich ou par Odd ... Wink Il est quand même mystérieux ... :/

Ulrich -> With Sissi ?! Aie, que c'est-il passé ? Il est devenu assez superficiel Confused . Comment est-ce-que cela est arrivé ? Perso, je pense savoir pourquoi le Poster d'Arts Martiaux a été enlevé du mur ...

Odd -> Avec Eva, Il semble être tout de même assez proche de Mathieu. Il a l'air plus mature.

Jérémie -> Assez (Super Mr. Green )Calculateur, Il ne veut pas que l'on touche à Aelita. Vive la Jalousie ! xD

Aelita -> Très Sympathique, mais beaucoup moins timide qu'avant. Smile

La bande a donc été complètement détruite ... :$

But, Where is Yumi ?

Lyoko ? Peut-être, Mais quand ? Comment ? Pourquoi ? ... Wink

Bonne Continuation, aussi ne change surtout pas ton style d'écriture, il est Génial Wink !!

_________________



I wish I could follow you to the shores of freedom where no one lives.
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Mejiro-kun MessagePosté le: Sam 05 Fév 2011 18:57   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Coucou à tous, et c'est parti pour le chapitre 3 ! (un peu plus long que les autres, il faudrait que je pense à me calmer sur les pages Word Razz ).

DimIIy --> Niveau quadrilogie, je pense qu'il n'y a pas vraiment besoin de lire les bouquins pour en savoir plus sur ma fic, mis à part sur le personnage d'Eva qui est directement repris des bouquins. De toute manière j'expliquerais quand il y aura des passages directement repris des livres.
Et oui, Odd n'allait pas garder une voix de fille à 16-17 ans, ça aurait fini par faire bizarre XD !

Pour tous ceux qui me l'ont demandé, du caaaalme, je n'ai pas oublié Yumi, elle arrive (en retard, comme d'habitude Razz ) dans ce chapitre, et idem pour William.

Niveau Lyoko, j'hésitais encore il y a peu à vrai dire, car je me disais qu'une énième renaissance de XANA manquerait d'originalité. Cependant j'ai récemment trouvé une piste intéressante à suivre je pense, donc on devrait bel et bien retrouver notre univers virtuel préféré d'ici quelques chapitres si tout se passe bien Wink.

Allez, voici enfin le chapitre 3, en espérant que vous aimerez (je ne me suis pas vraiment relu donc il est possible que quelques fautes trainent par-ci par-là soit dit en passant) !

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Chapitre 3 :
Épisode 102 : Nightemare


Janvier s’achevait et le soleil était à son paroxysme dans le ciel. C’était une journée étonnamment chaude pour l’hiver et les élèves de Kadic en profitaient largement, trainant dans le parc autant que possible, bavardant et riant en profitant des doux rayons de chaleur venant lécher leur visage.

Mathieu ne dérogeait pas à la règle. Affalé dans l’herbe de tout son long contre un chêne au tronc épais, il se contentait de rêvasser un crayon à la main, le laissant courir sur le papier de son carnet au gré de son imagination, le dernier tube des Ceb-digitals à plein volume dans ses oreilles.

Cela faisait à présent deux semaines qu’il était arrivé à l’internat et le temps commençait à lui paraître moins long, moins difficile à supporter. Il avait finalement réussi à s’acclimater au rythme de son nouveau lycée : se levant tôt pour éviter Jérémie et se rendre aux douches et au réfectoire avant que tous deux ne soient surchargés, retrouvant Odd tous les Mardi pour l’art plastique et ne manquait pas de jeter des coups d’œil furtifs à Ulrich (souvent flanqué de Sissi à son grand regret) dés qu’il le croisait. Au final sa vie ressemblait de plus en plus à celle qu’il vivait dans son ancien lycée, du moins, avant l’incident… Il avait toujours du mal à s’intégrer mais au moins la discrétion qu’il avait sue appliquer lui avait éviter les ennuis qu’il redoutait…Jusqu’à présent en tout cas !

Le fait de répondre au reportage de la jeune Milly y avait aidé et, même s’il était resté évasif dans ses réponses assez innocentes pour la plupart, cela avait suffis à satisfaire la plupart des élèves. La plupart sauf un bien entendu : Jérémie. Mathieu avait bien entendu remarqué la frustration du jeune homme lorsque celui-ci avait parcouru les lignes du dernier numéro des « Echos de Kadic » lui étant consacré, d’ailleurs il n’était pas sans soupçonner son rival d’être à l’origine de cette interview, mais peu lui importait à présent. Le message était néanmoins passé et Mathieu évitait désormais Aelita autant que faire se pouvait, ce qui n’avait pas pour autant aidé à amélioré ses rapport avec son compagnon de chambre.

Il arrêta enfin son crayon après une dernière courbe et jeta enfin un coup d’œil d’ensemble à son œuvre. C’était un dessin abstrait représentant un groupe d’adolescent aux visages torturés et blêmes.

-Toujours aussi joyeux à ce que je vois, fit une voix douce comme de la soie dans son dos.

Il n’eut même pas à se retourner pour reconnaitre son propriétaire.

-Aelita, tu devrais perdre cette habitude de te glisser derrière le dos des gens comme ça. C’est assez flippant…

La jeune fille s’assit en riant en face du jeune homme, croisant ses jambes en tailleur et se penchant à l’envers sur le croquis pour le scruter plus en détail. Gêné, Mathieu redressa légèrement la feuille afin de le cacher à sa vue et elle renonça, désormais accoutumée à la réserve du jeune homme.

-T’es tout seul ? Commenta-t-elle balayant les alentours de son regard vert pénétrant, je pensais que tu trainais avec Odd…

Intérieurement, Mathieu pria pour que Jérémie ne débarque pas à l’improviste. Le problème n’était pas de ne pas aller vers Aelita mais plutôt de l’empêcher elle de venir le voir ! Il n’arrivait toujours pas à saisir pourquoi mais apparemment la jeune fille aux cheveux roses l’avait pris en sympathie et ne ratait pas une occasion de lui parler, essayant sans cesse d’en apprendre plus sur lui. Et le pire c’était qu’il aimait ça. Il adorait ces petits moments passé avec elle a discuter de tout et de rien, à philosopher sur la vie sans se soucier des autres, ne serait-ce que parce que ça lui permettait de s’évader suffisamment longtemps pour lui permettre de chasser ses idées noires de la tête.

Pensivement, il fixa la jeune fille tandis que celle-ci s’acharnait à fouiller dans son sac d’un beau mauve auquel était cousu deux petits cœurs noirs, à la recherche d’il ne savait quoi. C’était indéniable, elle avait quelque chose de rayonnant… Un petit plus qui faisait qu’on avait envie de s’ouvrir à elle sans se soucier des conséquences. Elle inspirait la confiance, cependant c’était différent de ce qu’il ressentait avec Odd. Avec Odd, cela relevait plus de son caractère ouvertement insouciant et démonstratif, assez communicatif. Pour Aelita, les choses étaient plus implicites… Lui-même aurait été incapable de définir ce qu’elle avait de plus que les autres !

S’apercevant qu’il la regardait, la jeune fille en question s’interrompit et lui jeta un petit sourire auquel il s’empressa de répondre en rosissant légèrement.

-Tu devrais nous rejoindre au foyer pour une fois, lança-t-elle tout en continuant à farfouiller à l’intérieur de son sac, je te jure que l’ambiance est sympa et Jérémie finira bien par s’habituer à ta présence !

Mathieu ne put retenir un rictus en entendant cette dernière remarque. La lycéenne avait beau être intelligente, elle n’en demeurait pas moins naïve sur tout ce qui concernait son petit ami.

-Ah ! S’exclama-t-elle brusquement, triomphante en faisant sursauté le jeune homme, la voilà !

Elle brandissait, triomphante, un petit carré de papier photo sur lequel miroitait les reflets du soleil. Sentant sa curiosité s’exciter, Mathieu se pencha dessus afin de mieux l’apercevoir, masquant la lumière avec le creux de sa main. Elle représentait un groupe d’adolescents, probablement des collégiens, se tenant tous par la main et riant de bon cœur au milieu de ce qu’il identifia immédiatement comme la cour de Kadic. Ils avaient tous l’air paisibles et insouciants, comme croquant la vie à pleine dent sans s’inquiéter de l’avenir et des petits tracas quotidiens. Mathieu ne put s’empêcher de sourire devant cette vision idyllique.

Satisfaite de son petit effet, Aelita désigna du doigt deux des personnes représentés sur la photo, se tenant au centre de la photo et légèrement floutés à cause de la proximité avec l’appareil.

-C’est nous, sourit-elle en les tapotant délicatement, Jérémie et moi ! On devait avoir environ 13 ans à l’époque où cette photo a été prise… Ca semble si loin aujourd’hui…

Effectivement maintenant qu’elle le signalait, Mathieu parvenait à distinguer sous les traits arrondis de leur enfance les deux amoureux. Ils avaient changés c’était indéniable. Jérémie avait à l’époque les cheveux coupés et coiffés d’une façon très soigneuse, dont seule une mèche indomptable tombant devant ses lunettes rondes trop grandes pour lui et glissant de son nez. Il arborait un immonde pull bleu à col roulé horriblement démodé même pour l’époque et levait les doigts dans le signe de la victoire vers l’objectif.

Aelita était collé à lui, le bras du jeune garçon se glissant par-dessus son épaule avec désinvolture. Son visage rayonnait d’un petit sourire timide et elle rosissait légèrement, de gène probablement. Mathieu ne pu retenir un petit éclat de rire en jetant un œil à la tignasse indomptable qu’elle arborait à l’époque, coupée plus court et s’éparpillant en mèches rebelles déjà aussi roses qu’à présent tout autours de son visage en forme de cœur. Une salopette mauve par-dessus un sweat d’un rose très pâle constituait sa tenue de laquelle pendaient déjà deux pompons la caractérisant.

Ce qui frappa le plus Mathieu fut l’attitude qu’arborait les deux adolescents sur cette photo. A l’époque, Jérémie semblait d’avantage insouciant, d’avantage rêveur et dans la lune ; tandis qu’Aelita avait l’air bien moins affirmée qu’elle ne l’était aujourd’hui. Les choses étaient bien différentes à présent…

-Ici c’est Odd, poursuivit la jeune fille en désignant un garçon au centre arborant un look affriolant à prédominance de violet et aux cheveux blonds dressés en pic sur la tête dans une coupe de cheveux totalement décalé, et au fond ce sont Ulrich et Yumi…

Mathieu ouvrit de grands yeux : si elle ne le lui avait pas indiqué, jamais il n’aurait reconnu Odd et encore moins le beau gosse qu’il ne pouvait s’empêcher de dévisager au moins une fois par jours sous les arcades de Kadic. Le premier était à l’époque beaucoup plus fluet qu’il ne l’était aujourd’hui et la façon qu’il avait de faire les oreilles d’ânes à Jérémie dans son dos témoignait de son caractère enfantin. Néanmoins, maintenant qu’elle le disait, il reconnaissait son sourire à la fois malicieux et charmeur, déjà très marqué à l’époque.

Ulrich se tenait un peu à l’écart, semblant juger la scène d’un air approbateur. Il était déjà beau mais plus fin également, et arborait un survêtement à prédominance de kaki qui ne correspondant pas à son look à la fois cool et sophistiqué d’aujourd’hui. Néanmoins ses mèches brunes couleur chocolat étaient reconnaissables entre milles et il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait bien du même Ulrich Stern qu’il observait constamment, à 3 ans d’écart…

La dernière jeune fille représentée était une parfaite inconnue pour Mathieu. Elle paraissait un peu plus grande que les autres et tirait Ulrich par le bras avec un grand sourire angélique rehaussant ses traits asiatiques très fins et délicats. Elle avait la caractéristique d’être entièrement vêtue d’une tenue noire la mettant peu en valeur et ses cheveux coupés courts flottaient au vent masquant en partie ses yeux à l’objectif derrière ses lourdes mèches noires très strictement coupées.

-Elle avait un an de plus que nous, expliqua Aelita avec mélancolie en se positionna à côté de Mathieu histoire de mieux voir, mais depuis qu’elle est en Terminale elle est tellement plongée dans les études qu’on ne la voit quasiment plus. A l’époque c’était le grand amour entre ces ceux-là, et aujourd’hui il sort avec Sissi… Quand j’y pense ont n’aurais jamais imaginé comment les choses évolueraient entre nous le jour où cette photo a été prise. On s’imaginait qu’on resterait ensemble pour la vie, quoi qu’il arrive. Et maintenant…

La voix d’Aelita avait tremblé sur les derniers mots et Mathieu remarqua un voile de tristesse passer brièvement devant ses yeux. Cette époque d’insouciance lui manquait, c’était certain. Néanmoins il fallait s’y faire : les choses ne seraient plus jamais comme avant désormais…

Avec un soupir, elle remballa la photo dans son sac sous le regard de Mathieu. La lui montrer lui avait rappelé tous les bons moments qu’elle avait passés avec eux et qu’elle avait laissés derrière elle depuis un moment. Retrouveraient-ils un jour cette amitié qui les avait unis d’une façon si puissante à l’époque de cette photo ? Elle en doutait, mais malgré tout elle voulait y croire. Croire que tout ce qu’ils avaient vécu ensemble était plus fort que cette séparation. Malgré elle, elle sentit les larmes poindre au coin de ses yeux et se força à chasser ces souvenirs de sa tête, frustrée. C’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait pas oublier ! Jérémie faisait comme si rien ne c’était passé, comme si les choses avaient toujours été comme elles l’étaient actuellement, mais elle elle ne pouvait s’y résoudre ! Ça aurait été tourner le dos à trop de choses…

-On ferait bien d’y aller, lança-t-elle en chassant les dernières notes de tristesse de sa voix, chargeant son sac sur ses épaules en se redressant, les cours ne vont pas tarder à reprendre…

***


Le jeune homme au béret inspira profondément la fumée de sa cigarette avant de l’expirer avec un petit soupir d’extase, la laissant se dissiper peu à peu dans l’atmosphère. Odd n’aimait pas particulièrement fumer. Le goût était atroce et l’odeur lui donnait envie de vomir, néanmoins c’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour oublier momentanément les problèmes qui tournaient sans cesse dans sa tête depuis quelques temps.

Adossé au portail du lycée, il profitait de la pause entre midi et deux pour enfin se détendre un peu et penser à autre chose que les études. Ses notes ne s’étaient pas vraiment améliorées depuis le collège, il n’avait pas la tête à travailler. Il savait que s’il s’en était donné vraiment la peine, il aurait pu s’en tirer avec d’excellentes notes mais rien n’y faisait : il n’arrivait jamais à se concentrer. En fait une seule chose encombrait ses pensées ces derniers temps. Une chose qu’il vénérait plus que tout au monde et qui pourtant le glaçait d’effrois à chaque fois qu’il y pensait. Une drogue dont il ne pouvait se passer, plus puissante encore que la nicotine qui appuyait sans cesse sur ses nerfs. Un parfum envoutant dont il était incapable d’effacer l’odeur de sa mémoire. Un îlot de glace associé à un soleil brûlant dont il ne pouvait détourner le regard. Eva…

La jeune américaine au regard si clair ne cessait de hanter ses pensées depuis leur première rencontre l’année passée. Il était amoureux, il ne pouvait le nier. Elle était tout pour lui et pourtant à côté d’elle il sentait son âme s’enfoncer dans le néant le plus sombre et le plus profond. Ce qu’il ressentait n’avait rien à voir avec tout ce qu’il avait vécu jusqu’à présent avec toutes ses conquêtes du collège : c’était plus puissant, plus fusionnel. C’était clair, il craquait pour elle de tout son être ! Tout en elle lui plaisait : son style vestimentaire, ses cheveux blonds vénitiens miroitants au soleil, sa peau halée et ses yeux d’un bleu glacé si profonds dont il ne pouvait se détourner, son léger accent qui achevait de le consumer…

Alors si ce sentiment était si puissant, pourquoi n’y arrivait-il pas ? Pourquoi est-ce qu’à chaque fois qu’ils essayaient d’aller plus loin dans leur relation quelque chose coinçait ? Il ne comprenait pas ce qui n’allait pas chez lui. Cela faisait des semaines désormais qu’ils essayaient et à chaque fois le résultat était…Désastreux ! Au début Eva s’en était contenté, soutenait que c’était normal pour une première fois et qu’ils feraient mieux d’y aller en douceur plutôt que de brûler les étapes. Mais le temps passait et les choses ne s’arrangeaient pas, bien au contraire. Et elle commençait à se lasser.

Elle ne le disait pas mais Odd l’avait bien remarqué. Plus ça allait et plus elle se faisait distante avec lui. Elle avait commencé par arrêter de répondre avec la même passion que lui à ses baisers et désormais il lui arrivait même de l’éviter, préférant s’assoir avec ses amies en cours plutôt qu’avec lui. Et comme si cela ne suffisaient pas, s’ajoutait à cela les cauchemars incessants de la jeune fille.

Le jeune homme jeta sa cigarette au sol avec rage avant de l’écraser sous sa chaussure. Il aurait voulu pouvoir arranger les choses, en parler avec Ulrich comme il l’aurait fait à l’époque. Hélas les choses avaient changées et il ne pouvait plus compter que sur lui-même désormais pour sauver son couple en péril avec la seule fille au monde qu’il ait jamais vraiment aimé de tout son être.

Il senti quelque chose vibrer au fond de sa poche au moment où il allumait une seconde cigarette et en sorti son portable à la coque aussi violette que sa tenue, décorée au marqueur indélébile de symboles argentés de sa création. Il en ouvrit rapidement le clapet afin de consulter le message qu’il venait de recevoir. Le visage de sa bien-aimée s’afficha aussitôt accélérant momentanément son rythme cardiaque.

***


A l’opposé du lycée, Eva Skinner s’impatientait, tapant du pied contre le sol avec véhémence tout en scrutant son téléphone dernier cris entre ses doigts fins et bronzés. Ses yeux habituellement si envoûtants étaient assombris de cernes que le maquillage ne suffisait pas à camoufler.

Elle allait mal. Depuis des mois elle était à bout de nerf ! Des mois que chaque nuit, chaque fois qu’elle tentait de se reposer, de nouveaux cauchemars l’assaillaient avec violence, la faisant se réveiller tremblante et trempée de sueur presque constamment. Bien sûr, Odd était là pour elle. Il était toujours là pour elle, mais même sa présence chaleureuse et réconfortante ne suffisait plus à la calmer désormais. Elle avait terriblement maigri depuis l’année dernière et, même si elle faisait tout pour le cacher, son regard se faisait chaque jour de plus en plus vide et fatigué, presque fou. Elle allait finir par craquer, elle le sentait !

On toqua à la porte de sa chambre et, d’un bond, elle fut sur ses pieds, tournant la clef dans la serrure pour ouvrir à son petit ami.

-Tu en as mis du temps, lâcha-t-elle, exténuée, au jeune homme au béret que se tenait dans l’encadrement, entre s’il-te-plait…

Odd ne put s’empêcher, comme à chaque fois, d’être impressionné. Malgré son léger accent, Eva avait réussi en un minimum de temps à acquérir un vocabulaire de français plus riche que celui de la plupart des élèves de l’internat ! Il fallait bien dire qu’elle avait involontairement été aidée par ce qui était aujourd’hui la source de ses cauchemars…

-Désolé, fit le jeune homme tout en pénétrant dans la chambre aux murs tapissés de rose parme sans prêté garde à l’agressivité de sa petite amie, j’ai fait aussi vite que j’ai pu.

Il colla au passage un léger baiser sur les lèvres d’Eva avant d’aller s’assoir sur le lit calé dans un coin au fond de la pièce, afin de ne pas être dérangée par la lumière du soleil filtrant à travers les volets de la fenêtre. La jeune fille ne put s’empêcher de froncer le nez. Il avait tenté de le masquer avec un chewing-gum mais c’était inutile : elle avait décelé l’odeur de la cigarette. Néanmoins elle se tut, se contentant de s’assoir à ses côté en appuyant sa tête contre son épaule robuste, ses cheveux blonds coupés courts tombant délicatement contre son cou le chatouillant légèrement.

-Tu as essayé de faire une sieste avant la reprise des cours… ? La questionna-t-il tout doucement tout en lui caressant les cheveux comme pour la rassurer, je t’ai déjà dit que ce n’était pas une bonne idée…

-Je n’y peux rien, lâcha la jeune fille plus lasse que jamais, j’ai besoin de sommeil tu comprends ?! Je n’en peux plus, il hante presque toutes mes nuits et quand ce n’est pas lui, c’est cet énorme phénix vert !

Odd ne dit rien. Il ne savait pas comment réagir face à la détresse de sa petite amie, en fait il ne savait pas s’il y a avait une façon de réagir toute simple face à ce genre de problème. Il savait parfaitement à quoi elle faisait allusion avec ce « il », et il savait aussi que face à un tel traumatisme : seul le temps pouvait arranger les choses.

Seulement Eva en avait assez d’attendre, assez de vivre dans l’angoisse de s’endormir pour se retrouver face à lui de nouveau, face à cette horrible sensation qu’elle revivait chaque nuit dans son sommeil ! C’était trop dur à supporter pour une lycéenne de 17 ans. Ça l’aurait été pour n’importe qui d’autre d’ailleurs…

-C’est la même chose à chaque fois, murmura la jeune fille repartant dans la triste litanie qu’Odd connaissait par cœur à force de l’avoir entendue dans sa bouche, tout est noir autour de moi. Je veux bouger mais je n’y arrive pas. Et puis plus j’essaye de me débattre, et plus cette « sensation » remonte en moi. J’ai l’impression que quelque chose de sombre et de gluant rampe le long de mon corps, s’insinuant en moi de toutes parts, m’étouffant peu à peu sans me laisser la moindre chance de m’en sortir. Et puis soudain, sans prévenir, tout vire au rouge sanglant avec ce rire atroce en bruit de fond… !

-Et c’est le moment où tu te réveilles, poursuivit Odd en déposant un léger baiser sur le front de sa bien-aimé qui frissonna au contact de son petit-ami, Eva ce n’est qu’un rêve : ça finira par passer…

-Sauf que tu oublies que ce n’est pas seulement qu’un rêve tout ça ! S’écria-t-elle sans crier gare en le repoussant, des larmes envahissant peu à peu le bleu de ses yeux, tu oublies que je l’ai vraiment vécue cette sensation l’année dernière, et ce pendant plusieurs mois je te signale ! Comment est-ce que je suis sensée oublier ça !? Comment veux-tu que je chasse de mon esprit cette horrible sensation !

Elle se laissa tomber contre le matelas, sentant brusquement la tête lui tourner. Elle était fatiguée. Fatiguée de fuir ses cauchemars, fatiguée de crier sur son petit-ami alors qu’elle voyait bien qu’il faisait tout pour l’aider, fatiguée de tout…

Pensivement, elle fixa le plafond aussi rose que le reste de la chambre, se remémorant l’année qui avait fait basculer sa vie d’étudiante américaine du jour au lendemain. Elle avait intégrée l’ancienne chambre d’interne d’Aelita au cours de l’année de Seconde, et le changement de propriétaire c’était fait sentir.

Tout d’abord, force était de constatée qu’Eva était bien plus organisée que la jeune fille aux cheveux roses, mais à la personnalité bien plus marquée. Résultat : plus de livres ni de feuilles de cours trainant un peu partout au sol, mais tout un tas de posters des Ceb-digitals aux murs, groupe préférée d’Eva notamment depuis qu’il avait fusionné avec le groupe français des Subdigitals en début d’année (une surprise pour tout le monde dans l’univers de la musique !). L’ordinateur posé sur un minuscule bureau au pied du lit d’Eva était toujours aussi utilisée, mais les données d’Aelita avaient depuis longtemps étaient remplacées par les siennes, essentiellement constituée de fichiers musicaux et de retouches photographiques : une de ses passions les plus marquées.

Odd resta un moment à regarder sa petite amie étendue sur le lit en silence, ne sachant quoi lui dire pour la réconforter. Lui aussi souffrait de cette situation, il ne supportait plus de la voir aussi malheureuse sans pouvoir rien faire de son côté !

Doucement, il se pencha vers elle, occupant son champ de vision tout en passant de nouveau sa main dans ses cheveux. Toujours aussi délicatement, il l’embrassa avec passion, d’un baiser qui se voulait à la fois rassurant et chaleureux. Elle se laissa faire, puisant dans ce baiser tout le réconfort dont elle avait besoin. Lorsqu’enfin leurs lèvres se séparèrent, les larmes avaient disparues des yeux d’Eva.

-Tu sais… Lâcha le jeune homme aux cheveux blonds en se couchant à côté d’elle sur le lit, en prenant bien garde à ne pas salir les draps avec ses chaussures, peut-être que tu devrais allez voir quelqu’un pour parler de tes cauchemars. Quelqu’un qui s’y connaitrait vraiment je veux dire… Justement il y a un psy qui a été engagé par l’école au début de l’année, tu te souviens ? Donc je me disais...

-Oublies ça Odd, le coupa froidement la jeune américaine en se redressant, les bras croisés contre ses genoux, tu sais très bien que je ne peux en parler à personne. Qu’on le veuille ou non j’ai été embarquée dans votre histoire, et maintenant je dois garder le secret moi aussi, aussi lourd ce secret soit-il à porter…

C’était ce qu’Odd admirait le plus chez Eva : sa capacité à faire passer les autres avant elle quand il le fallait vraiment. Elle n’était pas comme ça à l’origine, se préoccupant plus de sa petite personne que de ses amies, mais le fait de fréquenter leur groupe durant l’année passée l’avait assagie, la poussant à donner le meilleure d’elle-même en toute circonstance.

Il aimait ce changement en général, c’était cette façon qu’elle avait de chercher sans cesse à s’améliorer pour briller à leurs yeux qui lui plaisait plus tout chez elle. Néanmoins à cet instant précis, il aurait préféré qu’elle se soucie un plus d’elle, et un peu moins de conserver ce secret qu’ils partageaient tous. Pas seulement eux deux mais aussi Jérémie, Aelita et Ulrich, sans oublié Yumi et bien sûr…

-William ! S’exclama-t-il en se tapant sur le front, s’attirant un regard interrogateur de sa petite ami, quel abruti ! J’aurais du y penser plus tôt…

-Quoi, William ?

Eva avait peu fréquenté le jeune homme en question au cours de l’année précédente. Elle savait juste qu’il avait durant une époque fait partie de leur bande avant qu’un certain événement ne le sépare définitivement de la bande. Néanmoins pour le peu qu’elle avait vu de lui, il avait l’air d’être le genre de personne solitaire à ne pas vraiment se soucier de ce que les autres pensaient de lui.

-Il a vécu le même type de chose que toi ! S’expliqua Odd en se jetant d’un bond hors du lit, je suis sûr que si vous discutiez ensemble les choses s’arrangeraient pour toi et tu pourrais enfin dire adieu à ces cauchemars !
Imperceptiblement, le cœur d’Eva accéléra alors qu’une infime lueur d’espoir apparaissait enfin au loin pour elle. Était-il réellement possible que la clef de la résolution de tous ces problèmes tenait en ce jeune homme qu’elle connaissait à peine ? Elle n’osait pas vraiment y croire, elle avait été déçue tant de fois déjà… Malgré tout l’enthousiasme d’Odd avait quelque chose de communicatif et elle ne put retenir un petit sourire, sourire qu’elle s’empressa de cacher sous ses doigts.

-Écoutes, lui lança son petit ami en lui prenant les mains entre les siennes, voilà ce que je vais faire : je vais essayer de voir Yumi tout à l’heure pour lui en parler. Ils sont dans la même classe, ça devrait le faire je pense. Je te dis ce qu’il en pense dés que possible, OK ? Et surtout ne pense plus à ces cauchemars, d’accord…

Après un dernier baiser empli de soulagement, le jeune homme quitta la chambre laissant l’américaine assise seule sur le bord de son lit. Ce William était son seul espoir désormais, elle espérait juste que cette fois-ci ne serait pas une énième déception pour elle… Elle tenta de se vider l’esprit mais n’y parvint pas, trop excitée par l’idée de pouvoir enfin faire une croix sur ce passé qui ne cessait de la hanter depuis l’année dernière.
La sonnerie de la reprise des cours la ramena à la réalité. En s’étirant tel un chat gracieux, elle se leva à son tour de son lit. Après avoir glissé son portable dans la poche intérieure de sa veste pourpre et rajusté sa jupe plissée, elle s’empara de sa sacoche et sorti de sa chambre n’oubliant pas de refermer derrière elle soigneusement. Au moins les cours auraient l’effet bénéfique de lui faire momentanément oublier ses cauchemars…

***


Yumi Ishiyama tourna une nouvelle page de l’épais livre de philosophie qu’elle feuilletait sans vraiment le lire depuis prêt d’une heure, insensible à la sonnerie qui résonnait dans toute la pièce. Elle était assise sur le rebord de la fenêtre de la bibliothèque du lycée, faute de place, une jambe pendant dans le vide et l’autre ramenée contre sa joue. Ses longs cheveux aussi sombres que la nuit tombaient devant son fin visage aux traits asiatiques témoignant de ses origines japonaises. Ses yeux sombres à peine maquillée étaient fixés sur la page de son livre et courraient d’une ligne à l’autre d’une façon à la fois agile et gracieuse, comme chacun de ses mouvements.

Très vite, la salle se vida tandis que les élèves rejoignaient leur salle de cours respective mais Yumi resta, sans pour autant bouger de sa place. Les Terminales L disposaient d’encore une heure de libre avant la reprise et la jeune fille en profitait pour réviser son examen de Philo, matière qui lui tapait sur les nerfs plus qu’autre chose.

Elle avait beaucoup changée depuis le collège. Elle avait laissé ses cheveux aux reflets bleus pousser jusqu’au bas de son dos durant l’année de Première et avait troqué ses vêtements à dominance de noir contre un petit chemisier blanc ornementé de motifs japonais habilement calligraphiés. S’ajoutait à cela un jean sombre s’arrêtant au niveau de ses chevilles, néanmoins en partie cachées par des bottes montantes à lacets multicolores. La période où on la surnommait « le Corbeau » était révolue désormais !

Néanmoins un changement physique ne suffisait pas à modifier une personne dans son for intérieur et Yumi restait la même dans son attitude. Froide et distante à l’extérieur, chaleureuse et amicale une fois qu’on apprenait à la connaitre, elle était réputée pour son sérieux et son assiduité au sein du corps enseignant. C’était d’ailleurs une des seules de sa classe à préférer rester enfermer dans la bibliothèque à réviser plutôt que de profiter du soleil. Son portable, un Nokia mauve à l’ancienne qu’elle n’avait pas troqué depuis la Seconde, vrombit à ses pieds et elle jeta un bref regard au message qu’elle venait de recevoir d’une simple pression sur un bouton, gardant un œil sur son livre. Le lire ne lui prit que quelque seconde et elle ne répondit que par un seul mot avant de se replonger dans sa lecture.

Quelques minutes plus tard, un jeune homme la rejoignit dans la bibliothèque, rengainant son propre téléphone dans sa veste en cuir. William Dunbar avait à peine changé depuis le collège, conservant cet air ténébreux qui lui allait si bien et cette silhouette musclée qui avait le chic de faire frémir toutes les filles de Terminale. Ses cheveux bruns indomptables tirants sur le noir lui tombaient en partie devant ses yeux sombres et calculateurs. Son jean en partie déchiré auquel était accrochée une chaine lui donnait un air de rebelle, seul son T-shirt blanc venait égayer un peu ce portrait si on excluait la splendide tête de mort formée de boucles entrelacées qui l’ornait en son centre.

-Salut ma belle, l’apostropha-t-il de sa voix profonde lui faisant enfin lever la tête de son bouquin, toujours en train de réviser ?

Délicatement, il releva une mèche de cheveux de la japonaise qui lui tombait devant les yeux la lui glissant derrière l’oreille avant de s’approcher lentement de sa bouche pour…L’embrasser !

Yumi se laissa faire. L’espace d’une demi-seconde !

-Pas ici William, protesta-t-elle le plus silencieusement possible en le repoussant d’une main posée sur son torse, pas en public comme ça…

-J’aurais essayé, sourit-il avant de se caler à côté d’elle sur le rebord de la fenêtre, il faudra quand même que tu m’expliques un jour ce qui te dérange à ce point dans le fait d’assumer notre relation…

-Chut ! Siffla-t-elle en jetant de rapides coups d’œil autours d’elle afin de s’assurer que personne ne faisaient attention à eux.

Elle se rapprocha imperceptiblement du séduisant beau brun, cachant son rougissement derrière sa frange.

-Je te l’ai déjà expliqué, chuchota-t-elle si bats que le jeune homme de 12 ans du se pencher pour l’entendre, je n’ai pas envie que ça fasse le tour de Kadic ! Suffirait que Milly ou Tamia soit au courant pour que ça soit publié à l’instant même dans le journal du lycée ! Hors de question de prendre ce risque : je ne veux pas blesser les autres avec ça…
William fronça les sourcils, soulignant son front d’une ride soucieuse.

-Quand tu dis « les autres », répliqua-t-il avec amertume, tu veux dire « Ulrich » n’est-ce pas ?

-Tu deviens puéril William, se contenta-t-elle de répondre tout en se replongeant dans sa lecture, c’est fini avec Ulrich ! J’ai tenté ma chance l’année dernière et ça n’a pas fonctionné, tu le sais aussi bien que moi. Maintenant je suis avec toi et c’est tout ce qui importe, non ? Je t’aime Willy, tu n’as pas à t’en faire à ce sujet…

Le jeune homme ne put s’empêcher de sourire à cette dernière réplique. L’adolescente était certes peu démonstrative, mes les rares témoignages d’affection qu’elle lui accordait étaient plus que suffisants pour lui. Il les dégustait avec amour, savourant chacun d’entre eux plus encore que s’ils avaient été constamment répétés. Leur rareté était la preuve de leur sincérité, non ? Et puis il connaissait la jeune fille depuis le Troisième, c’était dans sa nature de dissimuler ses sentiments. Il n’avait pas à s’en faire après tout, Yumi était beaucoup de choses mais elle n’était pas infidèle !

Se rendant compte qu’il la dévisageait, la jeune fille ne put s’empêcher de passer sa main dans ses cheveux histoire de leur donner un peu d’ordre ce qui arracha un petit rire à son vis-à-vis. Elle tenta de retenir encore quelques lignes de son livre puis renonça, c’était tout simplement impossible de se concentrer avec William dans les parages !

-Et toi ? Demanda-t-elle finalement en attrapant son sac posé en bas de la fenêtre pour y ranger le livre, tu ne révises pas ? Tu sais qu’il te faut au moins 15 au prochain devoir si tu veux te rattraper dans ta moyenne ?

-‘Pas trop la tête aux études en ce moment… Répliqua-t-il pensivement en regardant par la fenêtre où un détail lui attira subitement œil, tient ? Ce ne serait pas ton ex avec sa pimbêche de petite amie par hasard ?

La jeune fille ne répondit pas, fixant son sac obstinément comme si elle avait peur de se retourner. Son aventure avec Ulrich avait tournée court, ils avaient attendu trop longtemps et leurs sentiments respectifs qu’ils éprouvaient lors de leur rencontre n’avaient pas résisté à l’érosion des années. Ils s’en étaient rendus compte trop tard cependant, aussi lorsqu’il c’était enfin avoué leur amour pour la première fois, la situation avait vite virée à la catastrophe. Les deux adolescents essuyaient disputes sur disputes et les moments de complicités avaient finit par être totalement effacés par la frustration et la jalousie.

C’était Ulrich qui avait craqué le premier, lui annonçant un beau jour durant les dernières vacances d’été que tout était terminé entre eux. Malgré le fait qu’elle n’en pensait pas moins depuis longtemps, elle avait pleuré. Des jours durant elle n’était plus sortie de chez elle, se renfermant dans les études à partir de la rentrée pour oublier la douleur de la rupture sans même avoir pu vivre ce qu’ils auraient pu construire ensemble s’ils avaient agi plus tôt…

Et puis William était arrivé. Il l’avait consolée, rassurée, reconstruite, jusqu’à ce moment magique où, dans cette même bibliothèque, il avait enfin osé faire ce qui lui trottait dans la tête depuis leur rencontre en Troisième. Il l’avait embrassé. D’abord timidement, puis, voyant qu’elle se laissait faire, de plus en plus fougueusement : savourant enfin cet amour qu’il avait su conserver durant tout ce temps, à l’opposer d’Ulrich, son rival de toujours. Il lui avait redonné le sourire.

Malgré cela, Yumi n’arrivait toujours à admettre que tout cela était vrai. Elle avait peur qu’en officialisant cette relation, tout ne parte en vrille comme ce qui c’était passé avec Ulrich. Alors elle se réfugiait dans le secret, cultivant cette impression de jouer avec le feu qui pimentait leur relation, lui conférant la passion qu’elle n’avait pas réussi à retrouver avec son précédent petit-ami.

Elle avait fini par accepter la rupture. Cependant, apprendre qu’à peine deux mois plus tard le jeune homme sortait avec Sissi, la fille du proviseur, avait été un nouveau coup dur. Depuis qu’ils n’étaient plus ensemble elle ne reconnaissait plus Ulrich. Qu’il sorte avec une autre fille passait encore, mais Sissi !? La peste par excellence, superficielle au possible et dont les seuls sujets de conversations tournaient autours de son maquillage et de ses dernières acquisitions vestimentaires ! Comment quelqu’un d’aussi intelligent qu’Ulrich avait pu en arriver là. Et puis il n’y avait pas que ça, plus le temps passait et plus elle avait l’impression que cette relation aussi improbable que révoltante était en train de le transformer en ce qu’il n’avait jamais été : le type de garçon populaire ne s’intéressant qu’à son apparence et à sa réputation. Ou peut-être avait-il toujours été ainsi et ne l’avait-elle jamais vraiment remarqué… ? Toutes ses convictions s’effondraient les unes après les autres.

Apercevant son trouble, William la secoua légèrement, l’interrogeant du regard. Elle lui répondit avec un sourire triste avant de s’administrer une claque mentale : ressasser le passé ne servait à rien ! Désormais, elle était avec William et elle l’aimait, profondément. Et il fallait qu’elle fasse tout pour préserver cette relation si précieuse à ses yeux !

-J’en ai assez de réviser, déclara-t-elle en sautant du rebord de la fenêtre, atterrissant adroitement au sol, on va au foyer ? La table de Ping-pong doit être libre à cette heure !

-Ça marche, répondit le jeune homme, rayonnant, en atterrissant à côté d’elle, cette fois-ci tu ne me battras pas aussi facilement !
Timidement, il se risqua à lui tenir la main et elle le conforta dans sa démarche en resserrant sa prise autours de la sienne.

-Seulement jusqu’à ce qu’on arrive dans la cour, précisa-t-elle avant que l’adolescent ne s’emballe, et si on croise quelqu’un qu’on connait, tu me lâches, compris ?

Il approuva sans parvenir à faire disparaitre son sourire triomphant de son visage et tous deux se dirigèrent vers une des deux portes de la salle menant dans le couloir, zigzaguant entre les étagères remplis de livres en tout genre et contournant la table tout en longueur trônant au centre de la pièce, destinée aux élèves.

Tout occupés qu’ils étaient à profiter de ce rare moment d’intimité, ils ne remarquèrent pas l’ombre se glisser derrière une des étagères à leur passage, scrutant avec intensité leurs mains liées. Au final, elle n’avait pas perdu son temps en trainant dans la bibliothèque où elle ne s’aventurait jamais d’habitude ! Maintenant elle avait quelque chose de vraiment intéressant à raconter… Habilement, elle leva l’objectif de son téléphone portable et appuya sur l’interrupteur au moment où les adolescents quittaient la pièce. Elle fit défiler la galerie d’image sur l’écran d’un glissement de doigt et jeta un œil à la photo qu’elle venait de prendre : parfait ! Elle aurait en plus une preuve de ce qu’elle avancerait.

Avec un rictus triomphant, elle cliqua sur la petite icône menant à son répertoire et fit défiler la liste jusqu’au numéro qu’elle cherchait avant de coller l’appareil à son oreille.

-Salut Milly, fit-elle au bout de la troisième sonnerie lorsqu’enfin son interlocutrice décrocha, j’ai une info intéressante pour toi je crois…

***


-Et merde ! Jura Yumi sa main fourrée dans la poche arrière de son jean.

-Quoi ? l’interrogea William, occupé à rêvasser devant la télévision, à moitié affalé sur l’unique canapé rouge vif du foyer.

-Mon portable ! Je l’ai oublié à la bibliothèque !

La jeune fille sentait déjà l’angoisse monter. Si quelqu’un avait mis la main dessus, elle pouvait lui dire adieu, c’était certain ! Sans compter le savon que ses parents allaient lui passer le soir même, très pointilleux sur le sujet des dépenses et du fait de faire attention à ses affaires. Elle se tourna vers l’horloge accrochée à un des murs de la pièce. Elle avait encore le temps d’y retourner, il n’était peut-être pas trop tard…

-Bon écoutes je vais voir s’il y est encore, lança-t-elle au beau brun, toujours aussi absorbé par son émission, je reviens dans une minute !

Sans attendre la réponse, elle ouvrit la porte du foyer bousculant un élève de Seconde au passage et sorti dans la cours. Elle se dirigea alors en quatrième vitesse vers les bâtiments abritant la bibliothèque, jouant sur ses capacités physiques impressionnantes pour ne pas perdre de temps.
Elle débarqua finalement à toute allure dans la pièce, vide à cette heure, échevelée et le cœur battant à 2OO à l’heure. Son regard dériva aussitôt sur le rebord de la fenêtre sur lequel elle se souvenait l’avoir laisser. Elle sentit l’adrénaline se rependre dans ses veines : rien ! Disparu ! Alors qu’elle commençait sérieusement à angoisser, une voix l’interpella, la glaçant sur place.

-C’est ça que tu cherches Ishiyama ?

Elle se retourna vers la blonde sulfureuse assise sur le bureau habituellement réservé au pion en charge de la bibliothèque, les jambes croisées et brandissant fièrement un Nokia mauve semblable au sien en tout point.

-Ah, si ! S’exclama-t-elle en se dirigeant vers elle à grands pas, un froncement de sourcils suspicieux sur le visage, merci Anaïs.

-Pourquoi tu n’en parles pas aux autres ? Demanda alors la jeune fille avec un rictus mauvais tout en se redressant légèrement, de ta relation avec William Dunbar ?

A ces mots, Yumi s’immobilisa, un frisson glacé lui parcourant l’échine, comment pouvait-elle savoir… ?

-Je ne vois pas du tout de quoi tu parles ! Répliqua-t-elle froidement lui arrachant presque son portable des mains au passage, il n’y a rien entre William et moi depuis le collège ! Tu es dans la même classe que nous, tu devrais le savoir, non ?

-Bien sûr, ironisa l’adolescente en dégainant son propre téléphone, et je suppose que si vous vous tenez la main dans les couloirs quand personne ne vous regarde, c’est par pure amitié ?

Yumi sentit son cœur s’arrêter. Anaïs venait d’afficher sur l’écran une photo d’elle et William main dans la main qui ne laissait aucune place au doute. Ce n’était pas grand-chose, mais il n’en fallait pas plus pour exciter l’imagination d’une horde d’adolescents.

-Je l’ai déjà envoyé à Milly, sourit, triomphante, Anaïs tout en rangeant son portable, dés demain ça va faire la une des « Echos de Kadic », tu peux en être sûr !

Yumi n’avait plus qu’une envie, remettre à sa place la pimbêche qui lui faisait face. Si elle s’était écoutée, la jeune fille aurait déjà terminé à terre avec quelques côtes cassées en prime. Au lieu de ça, elle se contenta de serrer les poings en la fusillant du regard. Son adversaire la toisa du haut de son bureau mais ne pu dissimuler son malaise : la jeune japonaise savait être particulièrement effrayante quand elle le voulait.

-Pourquoi tu as fait ça ? Questionna-t-elle d’une voix si glaciale que la lycéenne ne put s’empêcher de frissonner, qu’est-ce que ça t'apportes au juste ?

-A moi ? Rien du tout, répondit-elle d’un air qui se voulait détendu alors qu’elle n’en menait pas large, j’ai simplement répondu à une requête de Sissi. Elle voulait s’assurer qu’Ulrich ne te tombe plus jamais dans les bras, il y a avait peu de chances mais elle préférait s’en assurer… Et moi j’ai trouvé le moyen de le faire ! Simple et efficace.

La gifle partit toute seule. En une seconde, Anaïs se retrouva à terre avec une énorme marque rouge sur la joue, fixant avec de grands yeux apeurés la jeune Ishiyama qui la surplombait de toute sa hauteur.

-Tu sais quoi ? Dis à Milly de publier cette photo, je m’en moque ! Et je me contrefous de ce que pensent la pouffiasse avec qui tu traine, et même son copain ! Révèles ma relation avec William au grand jour, ça m’est égal ! Moi au moins j’aurais toujours ma dignité intacte après ça, pas comme vous tous…

Sur ces dernières paroles, elle tourna le dos à la jeune fille blonde toujours étendue au sol et se dirigea vers la sorti d’un pas sec, le bruit de ses bottes résonnant froidement contre les murs de la pièce.

Elle était en colère. En colère contre Anaïs pour avoir pris cette photo, en colère contre cette garce de Sissi pour continuer à la harceler même après tout ce temps, en colère contre William pour son imprudence, en colère contre elle-même pour l’avoir laissé lui prendre la main en public. Elle sentait qu’elle allait imploser tant la rage qu’elle ressentait la dévorait autant physiquement que mentalement.

A mi-chemin vers le foyer, elle se calma, se servant de l’esprit froid d’analyse qui la caractérisait pour relativiser un peu. Après tout cette révélation au grand jour, quoi que forcée, pouvait très bien s’avérer bénéfique pour son couple. Il était temps de voir la vérité en face : Ulrich ne reviendrait pas, et les choses marchaient mieux avec William. D’une certaine façon avec lui tout était plus simple, elle avait l’impression de ne jamais se prendre la tête. C’était très différent de ce qu’elle avait ressenti pour Ulrich. Oui « avait », car tout ça était derrière maintenant, et il ne tenait plus qu’à elle de tourner la page. A quelques pas du foyer elle prit une décision, une décision qu’elle aurait du prendre il y avait de cela très longtemps.

William se détourna de la télé en entendant sa belle se diriger vers lui.

-Alors, questionna-t-il en renversant sa tête en arrière sur le canapé pour la regarder, tu l’as retrouv…

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Yumi colla sa bouche contre la sienne, l’embrassant fougueusement devant l’ensemble des élèves du foyer, mêlant leur salive avec plus de passion qu’elle n’en avait jamais donné.

-Waouh, souffla-t-il en reprenant son souffle une fois que ce fut terminer, qu’est-ce qui te prends tout à coup ?

-Tu comprendras demain, soupira-t-elle en s’asseyant à côté de lui sur le canapé tout en faisant un terrible effort mental pour éviter de prêter attention à la réaction des gens autours d’eux, pour le moment embrasses-moi !

Et ils s’unirent de nouveau de plus belle, oubliant temporairement tout ce qui les entouraient : le son de la télévision, les élèves, le foyer, le lycée, la ville, le monde. N’importait plus que leur baiser, fusionnel, passionnée, plus doux que tous ceux qu’ils avaient vécu jusqu’à présent. En silence, ils goûtaient enfin à la joie d’être officiellement ensembles. Après tout ils avaient attendu 3 ans pour ça, ils pouvaient bien en profiter un peu !

***


-Tu pourrais baisser le son, s’il-te-plait !? Fulmina Jérémie, adossé contre le dossier de son lit, je ne peux pas réviser avec tout ce boucan !

-Désolé…

Mathieu coupa aussitôt le volume de l’ordinateur devant lequel il siégeait. Il avait pris depuis un certain temps la désagréable habitude de travailler en musique et avait momentanément oublié la présence de son compagnon de chambre, celui-ci faisait tout pour ne pas avoir à lui adresser la parole. Tandis que le jeune homme se replongeait dans ses exercices de maths, Mathieu laissa son regard dérivé par la fenêtre. Il faisait déjà nuit et les lumières des lampadaires s’allumaient les unes après les autres, baignant le stade sur lequel donnait leur chambre d’une lumière jaune apaisante.

Cette ambiance lui faisait penser à celle de son ancien lycée, le jour du bal annuel qui avait eu lieu juste avant qu’il ne parte. Le fameux jour où sa vie avait basculé. Il se souvenait de la couleur des lampes tâchant le parc de disques de lumières, de la musique à fond sortant de la salle polyvalente réservée à la fête ce soir là, de ses amis tous sur leur 31 piétinant d’impatience à l’idée d’aller danser et éventuellement de trouver quelqu’un. Et puis il était arrivé, et l’ambiance avait virée au cauchemar…

Alors qu’il essayait tant bien que mal de chasser ces souvenirs de son esprit, Mathieu posa son regard sur un icône clignotant en bas de l’écran de l’ordinateur. C’était la messagerie instantanée, cela faisait une éternité maintenant qu’il ne c’était plus connecté ! Il hésita un moment. Après tout, il n’avait aucune idée de comment ses connaissances réagiraient en ayant enfin l’occasion de lui parler après autant de temps. Il ne savait pas lesquelles réagiraient mal, lesquelles au contraire chercheraient à prendre de ses nouvelles ou bien lesquelles se contenteraient de l’ignorer, tout simplement. Il avait peur. Peur de ce qu’il allait découvrir, peur de renouer un lien avec tout ce qu’il s’efforçait d’oublier depuis des semaines.

Finalement la tentation fut plus forte. Après un bref regard derrière lui pour s’assurer que Jérémie était toujours plongé dans ses exercices, Mathieu déplaça le curseur jusqu’à l’icône et cliqua dessus avant d’entrer son mot de passe. Aussitôt, la fenêtre de sa messagerie s’afficha. Il ressentit un pincement au cœur en constatant que nombre de ses contacts l’avaient effacés de leur répertoire. Dégouté, il s’apprêtait à quitter l’application sans chercher à en apprendre davantage lorsqu’une seconde fenêtre s’ouvrit en plein milieu de l’écran, clignotant avec virulence. Le jeune homme se figea en lisant la mention qu’elle portait :

Mathieu Scillas : 26 Messages non-lus_


Sa main bougea toute seule, ouvrant la messagerie d’un clic. Quelques uns de ces mails étaient des messages d’insultes, semblables à ceux qu’il avait reçu des jours durant avant de quitter le lycée, messages qu’il effaça sans même les lire. Cependant, les autres lui réchauffèrent le cœur. Ici, une amie lui demandait où il était partie et si elle avait un moyen de le contacter, là, un compagnon de classe lui souhaitait bonne chance pour la suite, ailleurs, une autre amie le questionnait sur les possibilités qu’il y avait pour qu’il revienne. Tous ces messages, il avait perdu l’espoir de les recevoir un jour.

Sa vision se brouilla alors qu’il sentait les larmes monter. Ainsi, il y avait encore des personnes qui tenaient à lui là-bas et se demandaient ce qu’il devenait ? Ça le touchait plus qu’il ne l’aurait cru, lui qui s’astreignait à tout oublier de sa vie passée depuis des semaines ! Néanmoins, avant même d’avoir finit de lire tous les messages, il se força à fermer la fenêtre de la messagerie en même temps que l’application. Ça avait beau lui coûter, il ne pouvait pas lire ses messages. Enfin, il aurait été plus juste de dire qu’il ne voulait pas les lire car il sentait que s’il continuait, il allait craquer ! Toute la pression qu’il avait accumulée ces dernières semaines menaçait de ressortir à tout moment et ça, il ne pouvait pas se le permettre. Il devait tourner le dos à sa vie passée, c’était le seul moyen de s’en sortir. Même si ça signifiait oublier jusqu’à ses derniers amis fidèles. Il était prêt à aller jusque là pour repartir de zéro !

-Je vais prendre ma douche, souffla-t-il en se relevant tout en se dirigeant vers la porte, sa trousse de toilette et sa serviette sous le bras, à tout à l’heure.

Une bonne douche lui ferait du bien, c’était à peu prêt la seule chose qui l’aidait à décompresser seul quand il se sentait déprimer…

Jérémie attendit que son compagnon de chambre ait quitté la pièce pour enfin poser son livre de maths au sol et se ruer devant l’ordinateur de la pièce. Redressant ses lunettes de marque devant ses yeux d’un bleu marine, il rouvrit la messagerie aussitôt, son visage fin affichant un air concentré. Il ne lui fallut pas plus d’une minute pour craquer le code du jeune homme et encore moins pour accéder à ses mails. Au fur et à mesure de sa lecture, l’adolescent fronça les sourcils jusqu’à enfin se lever de sa chaise, arborant une mine soucieuse qu’il n’avait plus affiché depuis un moment. Qu’est-ce que ça voulait dire ? De quoi parlaient toutes ces personnes avec qui Mathieu avait un jour été en contact ? Il allait devoir éclaircir la situation, et rapidement. Pour commencer, il allait en parler avec Aelita, elle serait forcer de reconnaitre qu’il avait raison !

Entendant les bruits de pas de son compagnon de chambre dans le couleur, il prit soin de copier l’intégralité des messages sur la micro-carte SD de son portable avant de fermer le programme et de se jeter sur son lit juste à temps. La journée à venir promettait d’être intéressante…


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Et voilà pour le chapitre du jour. Encore quelques-uns comme ça et je pense que je vais enfin commencer à entrer au cœur de l'action.

Si tout va bien, le prochain chapitre devrait dévoiler en entier ce qui est arrivé à Mathieu dans son ancien lycée, que la plupart d'entre vous ont déjà deviné apparemment Rolling Eyes !

A bientôt pour le Chapitre 4 donc !
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Ficsix MessagePosté le: Sam 05 Fév 2011 19:56   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


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Messages: 24
Yumi et William ensemble !!! sa c'est cool, il font vraiment la paire.

bon notre amis matthieu a semble t'il un lourd passé derriere lui , d'apres ce que l'on comprend, un incident serait survenu un soir de bal dans son ancien lycée.. on va surement découvrir ce que c'est.

Concernant Eva la je dis bravo ,enfin une approche psychologique poussé. c'est vraiment rare dans les fics de code Lyoko, mais sa fait plaisir a voir

j'attend de lire la suite
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 05 Fév 2011 19:59   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Je me demande, ce qui s'est passé?
En tout cas vu que certains élèves l'apprécie encore ce ne doit pas être si grave.
Sinon j'espere que quelqu'un va remettre Jérémie à sa place (odd ou aelita)
Vivement la suite

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