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[Fanfic] Bataille pour l'espoir

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 Auteur Message
Mejiro-kun MessagePosté le: Lun 15 Juil 2013 15:55   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Note de Pikamaniaque : Chapitre 21 juste ici.


Waaah, tu vas vite en ce moment dis-moi *o* !

Super chapitre effectivement ! Je relève quelques fautes d'innatention mais à part ça tu t'en es vraiment bien sorti ! Jusqu'à présent je critiquais tes scènes d'action, là je dois bien avouer m'être laissé prendre au jeu : le rythme est vraiment haletant et on a tendance à tout lire d'une traite... C'est bien joué !

Voir Aelita enfin se dresser contre sa mère et se décider à se battre m'a fait énormément plaisir, je l'ai toujours vu comme un personnage déterminé et c'est bien je trouve que tu lui ais rendu hommage dans ce chapitre... Jusqu'à ce que sa mère ne lui tire dessus =(... Ça par contre c'était du sadisme à l'état brut ! Si elle ne s'en sort pas je vais devenir fou furieux °A° !

Odd en mode loveur, j'me disais bien que ça n'allait pas durer avec Léo XD ! Sérieusement on dirait bien que Kiichi ne le laisse pas indifférent, j'attends de voir si quelque chose va se passer entre eux ou pas !

Jérémie qui obtient le pardon... Il m'a beaucoup touché dans ce chapitre, on le voit vraiment vulnérable et étonnamment humain après tout ce qu'il a pu faire dans ta fic, c'était très agréable ! On dirait qu'on retrouve le Jérémie des premières saisons de la série quelque part.

En revanche, je pense que le pardon de Yumi va être vite oublié après ce qui vient d'arriver à Ulrich... Bon dieu mais quel sadisme dans ce chapitre c'est atroce °A° ! Je savais que y aurait un nouveau mort mais ça ne me laisse pas indifférent pour autant =(. Quoi qu'il en soit j'espère que son sacrifice ne sera pas vain et que Yumi se décidera à se battre pour le venger au moins, quitte à oublier d'en vouloir à Jérémie pour le coup, honorant ainsi le sacrifice de son petit ami (même si j'en doute).

En bref, super chapitre une fois de plus ! Tu es un très bon écrivain, c'est indéniable ! Allez, plus qu'une poignée de chapitres avant un final explosif, j'en suis persuadé *o* ! Bon courage d'ici là~
_________________
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fireinpyjama MessagePosté le: Lun 15 Juil 2013 17:09   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 21 Oct 2012
Messages: 98
Localisation: Quelque part, au milieu de pandas...
Yo ! Yo ! Yo !

Mais que de baston et de sentiments dans ce chapitre ! Tu as très bien décris les actions (même si un peu plus descriptifs pour le paysage du "Réseau Blanc" aurait été sympa [je sais, je chipote]), et le coup de la puce aurait pu être prévisible si tu ne nous avait pas mené en bateau jusque là. Et un rebondissement, un !

Je ne sais pas trop si Odd va à nouveau être avec Léopold... D'un côté, il y a les raisons énumérées plus haut. Mais d'un autre côté... Eh ben, avec ce qu'ils ont tous les deux vécus ensemble, je ne vois pas les raisons d'un éternel rejet.

Réconciliation. Mais c'est quand même un peu moche pour Ulrich, lui qui venait juste de pardonner à Jérémie. Mais je m'y attendais, venant de toi et aussi parce que tu me l'as dit sur Skype....

Autrement, je t'ai mis les diverses fautes sur Skype (oui, j'ai Pika dans mes contacts sur Skype)

Plus que 5 chapitres. *snif snif... Passez-moi un Kleenex. Snurfl... Merci* C'est dommage. Mais bon, toutes les bonnes choses ont une fin. Et te connaissant, tu vas faire un magnifique bouquet final. Donc bonne chance.

P.S. : bizarre, que Kiichi puisse contrôler la glace sans même être translatée. Ç'aurait expliqué le coup de la faux... Normal ?

_________________
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Merci à me98



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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Lun 15 Juil 2013 19:02   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 14 Sep 2008
Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Déjà un chapitre, c'est plutot rapide Mr. Green

En fin de compte ce n'était pas un piège, les LG ont bien quelque chose d'implanté qui peut les tuer a tout moment.
Très bon chapitre avec une bonne dose d'action.

Ulrich, a eu le beau rôle en terrassant Anthea.
mais il est mort???
Tu es vraiment sadique de le faire a ce moment, mais peut être que Yumi le croit juste mort mais en fait non.

Yumi, la pauvre. Elle a perdu son amoureux (enfin peut etre), juste après s'être déclaré officiellement. Je pense aussi qu'elle aura du mal a pardonner au genie si le samourai est vraiment mort.

Kiishi, je me demande qui elle est vraiment, et comment peut elle utiliser des pouvoir de glace comme sa (si elle saigne c'est qu'elle n'est pas translaté).

Aelita et son sens du sacrifice, je me demande pourquoi elle veut le faire elle.

Odd s'est quelque peut montré inefficace pendant les combats, sauf dans sa dernière scène avec le coup de planche. Et on dirait qu'il a un petit coup de foudre pour kiishi. Vu qu'il a perdu léopold (ce dernier était ferme dans sa décision), j'espère que cette fille réussira à lui remonter le moral (car on dirait qu'il a tout perdu le félin). D'ailleurs que devient il?
Alors que tu parles du départ des navette Ulrich/yumi et aelita/kishii, tu a rien dit a propos d'Odd.

Aussi tu dis qu'Ulrich est Yumi s'en étaient sorties presque indemne.
Sa veut dire que les cas Aelita/kiishi et Odd sont plus grave et que leurs atterrissage s'est mal passé? (pour Odd j'en suis au "a t'il atterrit?")

Vivement la suite

_________________
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Pikamaniaque MessagePosté le: Ven 19 Juil 2013 13:58   Sujet du message: Répondre en citant  
Référent Pikamaniaque


Inscrit le: 30 Jan 2011
Messages: 491
Localisation: Norende.
Boh, pas beaucoup de commentaires pour ce chapitre. Tant pis, peut-être que le 22 saura mieux captiver les foules. Je vous propose effectivement de découvrir le vingt-deuxième chapitre de Bataille pour l'Espoir : Les foudres de la vengeance. Ulrich vient de mourir, comment va réagir Yumi ? Les réponses se trouvent ci-dessous.

Mejiro-kun : Je te remercie pour ton commentaire. On voit beaucoup qu'Odd vit au jour le jour, raison pour laquelle il a ce commentaire. Quant à Jérémie, il s'en veut énormément. Il est en train de se faire pardonner. Il refuse le meurtre désormais.

fireinpyjama : Pour décrire du néant, je ne vais pas employer des dizaines de métaphores mon cher Fire ! Je ne pense pas que ce soit le plus intéressant de toute façon, surtout que j'accède à ma ligne rouge à chaque fois que j'écris (plus de douze pages, ça commence à devenir beaucoup). Et merci pour ta correction des fautes, qui ne sont pas très nombreuses en fait. T'inquiètes pas, je ferai en sorte que les cinq derniers chapitres soient inoubliables. Je t'ai expliqué le truc pour Kiichi.

*Odd Della Robbia* : Merci pour ton commentaire. Mais oui, Ulrich est mort. Je l'écris "il était mort", aucune surprise pour le coup. Et oui je suis sadique, mais ça tu le savais. Mr. Green. Pour Odd, je ne suis pas d'accord avec toi, je trouve qu'il s'illustre particulièrement dans les combats, mais il n'est pas infaillible non plus. J'ai oublié de le préciser, mais il survit hein. Il est récupéré au même titre que les autres.

Et tout de suite, le chapitre 22. Le chapitre 23 s'appellera : Toute la peine du monde. Sachez d'ores et déjà que le nom du vingt-sixième et dernier chapitre se trouve glissé dans celui-ci. Saurez-vous le trouver ?
Attention, scènes parfois violentes et riches en révélations.
_____________________________________________________________


Chapitre 22 : Les foudres de la vengeance



    Pont des Arts. 11h52.

    Ulrich Stern venait de mourir. Son corps jonchait le sol du pont des Arts. Yumi le tenait dans ses bras, elle n’en revenait pas. Des larmes s’échappaient de ses yeux. Elle était totalement abattue. Une rage immense commençait à l’envahir quand les sons des ambulances arrivèrent. Jérémie Belpois était à terre, il ne bougeait pas, en état de choc. On venait de se sacrifier pour lui. Encore. À nouveau. Un soleil de plomb rendait particulièrement chaude cette journée de printemps, qui s’annonçait déjà aussi froide que la mort. Des gens commencèrent à s’approcher. Le coup de feu avait été particulièrement bruyant. Les voitures contigües au pont s’étaient arrêtées. Tout le monde regardait en direction de cette petite tache rouge à gauche de la poitrine du garçon. Un profond désespoir envahissait sa petite-amie à chaque fois qu’elle regardait son visage inerte. Chaque cellule, chaque parcelle de son corps ressentait cet étrange frisson qu’elle avait déjà ressenti après la mort de William. Pourquoi lui retirait-on toujours ce qu’elle aimait à la folie ? Et après le choc, après la stupéfaction, la rage vint remplacer ses maux.
    « Ulrich ? Ulrich ?! Ulrich ?! Ulrich… ! » Ses hurlements se joignirent aux nombreuses larmes qui coulèrent de son visage. Elle ne parvenait plus à voir. Ses yeux demeuraient totalement embués.
    « Je t’en prie non… Reviens… Ulrich… Ulrich… Ulrich je t’aime. Ulrich… Je t’en supplie, me laisse pas, j’ai besoin de toi… Ulrich. Ulrich… Ulrich… Je t’en supplie, réveille-toi… Non, non, non, non, non ! » Sa respiration haletante la faisait prendre des bouffées d’air saccadées particulièrement roques.
    « Pourquoi… ? Pourquoi… ? Non, non… J’y crois pas… Non… Non… » Le véhicule médicale se gara juste à côté de la passerelle. Plusieurs médecins descendirent. Les témoins oculaires s’approchèrent. Elle tenait toujours dans ses bras le cadavre de celui qu’elle aimait. Elle passa ses mains pleines de sang sur ses joues qui souillèrent son visage livide.
    « Mademoiselle… Mademoiselle… Que s’est-il passé ? Vite, amenez la trousse de secours et engagez l’ambulance sur le pont. Dépêchez.
    — Victime ?
    — Une seule. Un mâle d’environ seize ans. Les deux autres sont en état de choc. » Les hommes s’approchèrent du scientifique. Il était toujours à terre, tremblant, convulsant au gré de leurs intonations. Un d’eux s’approcha du corps. Il palpa son pouls. Il marqua une dénégation auprès de son collègue. La japonaise, qui était restée sans vie depuis leur arrivée, explosa soudainement avec une force particulièrement inquiétante. Elle se débattit avec violence quand on voulut l’éloigner de son Ulrich.
    « Non ! Lâchez-moi, non, je veux rester auprès de lui, il a besoin de moi… Je vous en prie… Pitié… Non… Non… » Un troisième vint prêter main forte aux deux autres pour la séparer. Chacun avait une boule au ventre en voyant le pathétisme de la scène. On lui proposa une couverture, elle déclina. On lui proposa un soutien, elle déclina. On lui proposa de se rendre à l’hôpital, elle déclina encore plus. Si bien qu’au final, la lycéenne se releva le regard totalement dévasté. On venait d’embarquer Jérémie dans l’ambulance pour calmer son choc brutal et violent. La victime avait été recouverte d’un drap blanc. Du haut de son haut blanc tâché de multiples traces de sang, elle commença à s’éloigner doucement malgré les injonctions des urgentistes. La police n’allait pas tarder à arriver, mais elle devait rester. Il le fallait. Les besoins de l’enquête l’exigeaient.
    « Mademoiselle. Revenez immédiatement. » On tenta de la retenir, elle se mit à courir. Elle disparut dans la cohue générale des passants subjugués ou curieux. Elle n’avait plus qu’une chose en tête : la vengeance.

    On embarqua le petit blond de quinze ans. Épargné mais véritablement choqué par ce qui venait de passer, il se voulait totalement enfermé dans un prisme qui le dévorait de l’intérieur. Les ambulanciers tentaient de nouer un contact avec lui, mais une sorte de coma catatonique paraissait le retenir dans les méandres de son esprit. Son corps tout entier tremblait. On l’enroula dans une serviette jusqu’à l’arrivée à l’Hôpital Necker. Immédiatement prévenu, le Général Hussinger se tenait du haut de son uniforme kaki et de ses nombreuses médailles près du service qui devait le recevoir. On ne prévoyait aucune hospitalisation tant le nombre de blessés était en constante augmentation. Plus une chambre se trouvait être disponible, même pour ceux qui en avaient le plus besoin. On devait entasser chaque patient avec d’autres parfois contagieux. Le chef de l’état impactait ça au climat de terreur qui régnait dans le monde. L’affolement des gens les poussait parfois à faire des actes totalement inconsidérés.
    « Où est-il ? Où est-il ? Je dois le voir immédiatement. Pressa-t-il auprès d’un aide-soignant.
    — Mon Général, ce n’est pas possible en l’instant. » Répliqua-t-il visiblement désarçonné. Il devait lutter sur tous les fronts. D’un violent geste de main, le sexagénaire le poussa nonchalamment contre les sièges d’attente. Il fendit dans la pièce où se trouvait son ancien protégé, visiblement furieux après la catastrophe de la Grande Arche. L’adolescent était toujours livide, sans réaction, se contentant d’être enfermé dans ses propres murmures, à répéter “je voulais pas, je voulais pas“. Sans aucune patience supplémentaire, il s’avança vers lui, le secouant, comme possédé par une colère qui le malmenait de l’intérieur.
    « Jérémie ?! Jérémie ?! Que s’est-il passé ? Réponds-moi, Jérémie ! » À mesure que le vieil homme continuait ses ondulations, celui-ci n’esquissait aucune réaction, plus encore, des médecins commencèrent à s’approcher pour les séparer quand une gifle vola vers sa joue, le ramenant subitement à la réalité. Sans lui laisser le temps de reprendre ses esprits, le chef des armées françaises commença à l’asséner de questions. Les blouses blanches restèrent là, sans rien faire. C’était un homme haut placé, il fallait sans doute le laisser faire.
    « Je… Je suis désolé. Général.
    — Tu n’es qu’un sale ado’ arrogant, prétentieux et qui se croit plus fort que n’importe qui. Par ta faute, Ulrich est mort, et nos chances de vaincre l’ennemi s’amenuisent de jour en jour. Finalité à tout ça ? Ta petite-amie est entre la vie et la mort, un de nos meilleurs agents a du être admis en soin intensif et ton autre ami semble se remettre. Tu es le seul responsable de ce fiasco, j’espère que tu en as conscience. Le décès de ton ami n’aurait jamais eu lieu si vous ne vous étiez pas amusés à jouer les casse-cous. Son sermon était prononcé avec une voix tranchante, un ton solennel qui laissait exprimer la déception, et qui se voulait encore plus dur à entendre que si l’interlocuteur avait été énervé.
    — N… Non. Le jeune homme réfléchit longuement à sa réponse. Non… Général… Vous mentez. Il ne le regardait pas, de toute façon, ses yeux embués trahissaient une confusion profonde au sein de lui-même. Cela doit faire bientôt une heure que… que j’ai réfléchi à ce qui s’est passé. J’ai vu l’homme, j’ai vu le révolver, et je n’ai pas réagi. Je l’ai laissé tirer sur un de mes meilleurs amis, et je n’ai pas réagi. Il répéta avec force cette même phrase. Quelques larmes s’échappèrent de ses glandes lacrymales. Mais, non, Général… Je ne suis pas responsable de ce qui s’est passé. Le responsable, c’est vous, et vous le savez. Ce fut à ce moment qu’il prit enfin le courage de soutenir le regard d’Hussinger.
    — Mais qu’est-ce que tu racontes sinistre imbécile ? Il prit un air outragé. Pour la première fois, il méprisait la personne qui se trouvait face à elle. Pouvait-il ? Non.
    — Oh… si… Alexandre, vous savez. Le garçon se releva, inquisiteur. Vous vous êtes livrés à des expérimentations barbares que vous avez mises à mon nom. C’est pour ça que vous étiez distant ces dernières semaines. Vous ne vouliez pas que je sois au courant, alors vous m’avez sciemment laissé entraîner mes amis dans la gueule du loup. En faisant cela, vous espériez vous débarrasser des témoins gênants qu’ils constituaient avec leur puce tout en me conservant à votre botte. Vous n’aviez toutefois pas prévu qu’un de vos agents leur vienne en aide, alors qu’il était censé avoir trouvé la mort. Sans cet agent infiltré dans la Grande Arche, ils ne seraient sans doute plus de ce monde. C’est même fort probable.
    — Il y a… Alors que le militaire allait commencer à parler, la mine funeste et macabre, Jérémie ne le laissa pas continuer.
    — Je sais que vous avez été membre du Projet Carthage. Je sais que vous les avez soutenus dans leur cause jusqu’à récemment, alors qui êtes-vous réellement ? Qu’est-ce qui vous permet de nous avoir guidé jusqu’ici en ayant utilisé le mensonge comme seul recours ? J’aimerais voir la personne que vous êtes vraiment Général. J’ai le droit de savoir. Ulrich est mort et Aelita ne survivra sans doute pas si vous y mettez de la mauvaise volonté. » Il tourna les talons et ferma la porte. En tirant les rideaux, il verrouillait toutes les issues possibles. Le scientifique se mit sur ses gardes.

    « Je vais tout t’expliquer. Commença-t-il gravement. Il y a plus de trente ans, je faisais effectivement partie du Projet Carthage. Nous étions un groupe de jeunes diplômés recrutés par le gouvernement dans le seul but de faire des recherches sur la puissance quantique et virtuelle que nous permettait la technologie. Parmi eux, un homme, du nom de Youbakou Senja, avait pour projet d’aller au-delà des instructions qui nous avaient été données. Il espérait faire de cette puissance exceptionnelle que l’on traitait, une arme personnelle à des fins terrifiantes, au-delà même de la lutte contre l’U.R.S.S. À cette époque, je ne m’appelais pas Alexandre Hussinger, mais Andrew Streep. Les années passèrent. Je surveillais beaucoup cet homme, qui, au fil du temps, accumulait les recherches personnelles. Il disparaissait souvent, on le voyait de moins en moins travailler, et Waldo Schaeffer, le père d’Aelita, manigançait lui aussi des choses que ne lui permettaient pas son contrat. On travaillait dans un petit local des Cévennes, en France, bien que ce soit le gouvernement américain qui nous ait engagé. Survint alors la trahison de cet homme qui devint la première cible à abattre car considérée comme en sachant trop. Lorsque les recherches, en 1994, furent abandonnées, Youbakou les continua avec quelques fidèles à l’esprit influençable. Profitant de la cohue générale et de la confiance dont il jouissait par les autorités transatlantiques, il finit par prendre le pouvoir de l’Organisation et la radicalisa. Il assassina tous les anciens collaborateurs qui refusèrent de participer à la nouvelle donne qu’elle prenait, dont moi, où j’échappai de peu à un attentat mortel lors de vacances en Italie. Je pris à ce moment conscience du danger que j’encourais et des dimensions mondiales que risquait de prendre cette affaire. Je suis rentré en contact avec le Gouvernement français dirigé par M. Juppé, qui m’assura une protection, me couvrit de nouveaux papiers en me faisant passer pour l’illustre Général Hussinger. J’étais sorti de nulle part, les gens ne me connaissaient pas. Je jouissais d’une protection en échange d’une coopération sans limite. Je ne pouvais pas accepter que Senja se serve comme ça de toutes nos recherches, c’était une claire menace pour le monde entier. » Subjugué par le récit, Jérémie avait totalement perdu la notion du temps. Il ne voyait que le grand courage de cet homme qui avait bravé vents et marées. Le sexagénaire s’approcha d’un fauteuil pour s’y vautrer, comme épuisa par son propre discours. Au terme d’une pause assez courte, il reprit là où il s’était arrêté.

    « La suite, tu la connais. Vous vous êtes intéressés au supercalculateur de l’usine Renault, et Carthage a pris la décision de vous traquer. Nous avions localisé la puce qui se trouve à l’intérieur des cerveaux d’Odd, Yumi et Aelita depuis bien longtemps, mais sachant qu’ils pouvaient les tuer à distance, j’ai préféré faire croire que nous ne savions rien. Tu n’as pas tort quand tu dis que j’ai voulu les éliminer, mais la bataille finale approche, et il fallait le faire, tu comprends ? Si je ne fais pas la sale besogne, qui la fera ? Cette question marqua un déclic dans la tête de son interlocuteur. S’il avait vraiment changé, s’il voulait vraiment tenir sa promesse auprès de Yumi, alors il ne devait pas acquiescer.
    — Non. Il y avait un autre moyen, j’en suis persuadé… On aurait pu les opérer sans leur dire… Répliqua-t-il mollement, sachant très bien que sa solution était invalide.
    — Oui, et Carthage fait exploser les autres. Il me semblait que tu tenais à tes amis ? Tu sais très bien que c’était ma seule solution. Qui sait jusqu’où Youbakou les contrôle. Le gong s’abattit sur sa tête. Pourquoi tout allait-il de travers ? Pourquoi n’avait-il pas une vie simple ? Le garçon perdait presque tout. Dès qu’il touchait quelque chose de sain, celui-ci s’effondrait. Il était l’incarnation de la destruction.
    — Mais… Pourquoi… Quelles sont ces expérimentations que vous faites... ? Vous ne m’avez pas répondu là-dessus… La question ne demeurait pas anodine. Pour que leurs ennemis cherchent à éliminer proprement les instigateurs, cette information devait revêtir un caractère hautement confidentiel. Hussinger hésita de longues secondes avant de répondre. J’ai le droit de savoir. Insista-t-il. Le vieil homme soupira. Il passa sa main dans une de ses poches avant d’en sortir un bracelet bleu ciel, dont le centre s’ornait d’un morceau d’une pierre précieuse, sans doute un diamant, une émeraude ou un cristal.
    — Nous avons développé dix exemplaires de ceci. C’est un bracelet confectionné par nos meilleurs scientifiques, qui concentre une énergie qui dépasse de loin tout ce que tu as pu connaître. Cette nanotechnologie est une chance de victoire, mais elle est très dangereuse à manipuler, a fortiori parce qu’elle émane des radiations qui rendent fou. Nous avons formé des agents triés sur le volet capables de les utiliser. Au poignet, ils permettent de matérialiser des armes ou d’utiliser des capacités propres à une identité profonde, préprogrammée virtuellement qui concentre une puissance relié à un supercalculateur central. C’est rare et ce ne doit jamais tomber entre les mains de l’ennemi. Cela pourrait nous détruire. » Le chef des armées françaises tendit l’item rare à son protégé. Ce dernier le toucha, le palpa, pendant de longues minutes, il se le voyait au poignet, ayant le pouvoir de venger ceux qui avaient fait tant souffrir ses amis. Il considéra toutefois qu’il ne ferait plus jamais ça. Ce n’était plus à lui de se travestir en ignoble assassin comme il l’avait fait jusqu’ici. Il voulait retrouver sa pureté, il voulait arrêter de flirter avec Belzébuth. Cette sorte de désintoxication morale devait lui rendre l’humanité qu’il perdît par le passé.

    « Personne ne doit jamais savoir Jérémie. Personne. Je t’ai confié le plus grand secret de la République et je te confie ce bracelet en gage de ce pacte qui nous lie. Il pourrait t’être utile en temps et en lieu. » Le Général se releva. Sa prestance habituelle le conduisit à sortir un petit chiffon qu’il passa sur son front comme pour éponger une sueur due au stress. Il regagna la porte qui le séparait du service des urgences, duquel il avait chassé les médecins quelques minutes auparavant. La discussion durait depuis un bon quart d’heure.
    « Andrew, attendez. J’ai encore une question. L’interpellé se retourna, décontenancé par la prononciation d’un nom qu’il n’entendait plus depuis des années. Est-ce que l’on va gagner ?
    Carpe Diem. » Le militaire sortit de la pièce sans outre cérémonie.


    Usine Renault. 13h24, en parallèle.

    Il faisait très froid dans les ruines de l’Usine Renault. Laissée à l’abandon depuis le raid de Carthage, aucune entreprise de nettoyage ou de démolition ne vint finir le travail si bien commencé. Par moment, on pouvait voir un groupe d’adolescent s’y glisser sans doute pour s’adonner à des activités illicites comme la drogue ou la prostitution. Cela représentait en tous cas la doxa d’une majorité de riverains. Ah, le fléau d’une jeunesse en pleine décadence, qui ne savait qu’être la victime des jeux vidéos et des mœurs variables de notre temps. C’était dans cette ambiance pleine d’inquisition pour quiconque parvenait à ces lieux qu’une jeune fille marcha sur le pont jusqu’à son entrée. Elle ne faisait attention à rien ni personne, son regard paraissait absent de toute émotion, mais animée toutefois par une force rarement égalée. Sans tenir compte des gravas, sans tenir compte des nombreux soubresauts qui entachaient son parcours, cette adolescente d’origine asiatique se frayait un chemin parmi les méandres de ce sinistre endroit. Elle arriva jusqu’à un corridor qui menait beaucoup plus bas, dans des tréfonds peut-être inexplorés de nos jours. En se servant d’une échelle attachée sur ses pans, elle posa un pied sur la première barre métallique. Elle commença à descendre prudemment les marches, sans toutefois s’inquiéter quant à l’aboutissement de sa tâche.
    La salle du supercalculateur. Cet endroit si rarement exploré, pourtant le cœur névralgique de ce bâtiment qui fut jadis l’un des plus importants de sa vie. Yumi Ishiyama s’en approcha, le contemplant comme un enfant contemplerait un jouet. La machine circonscrite au sein d’une trappe coulissante arborait le symbole d’un programme multi-agents qui fut jadis, lui aussi, un des ennemis les plus importants de sa vie. La japonaise posa ses mains sur ses nombreux fils électriques, dépassant des boîtes où elles furent contenues pendant de nombreuses années. Un contact se produisit, un contact qui la fit perdre ses couleurs. Pendant quelques instants, son corps vira au gris, puis au noir, ceci successivement pendant quelques secondes, avant qu’elle ne les retire, un regard empli de haine jusque dans les traits de son expression. Ses yeux dessinaient un symbole qu’elle connaissait si bien. Le symbole d’un programme multi-agents qui fut jadis, l’un des ennemis les plus importants de sa vie, et qui deviendrait, dès maintenant, son plus cher allié.

    La japonaise releva ses bras en hauteur. Elle pointait la salle des scanneurs, mais plus au-dessus encore, la salle du laboratoire dévastée par l’explosion. En un cillement de paupière, elle venait de défoncer le sol des deux étages jusqu’à se retrouver face à l’ancien écran qu’utilisait Jérémie. En relevant sa main vers les débris, ceux-ci se mirent à léviter puis à s’assembler. Son autre main fit la même chose, le processus s’accéléra. Tout se réparait à une vitesse extraordinairement rapide. Lorsque finalement, l’écran se ralluma, dessinant le logo de X.A.N.A, un rictus sadique se dessina sur son visage. Les données se mirent à se charger. L’interface reprenait son allure d’autrefois, à ceci près que les nombreuses fenêtres témoignaient d’une quantité d’informations inestimables. La geisha s’approcha du pupitre de commandes. Elle tapa quelques mots sur l’ordinateur, des mots simples, destinés à trouver qui l’avait privé de son petit-ami jusqu’à la fin de ses jours. Un visage apparut. En grand. Son nom, son adresse et son numéro de téléphone étaient notés en-dessous de la photographie. Sa moue s’intensifia. Les images correspondaient aux captures caméras. Elle allait y aller. Le quartier de la Défense se trouvait à quelques pas d’ici, et même s’ils se trouvaient en Finlande, elle était prête à remuer le monde entier pour le retrouver. Il ne s’en sortirait pas comme ça. Non. Certainement pas. Elle détourna les talons avant de disparaître dans un vortex électrique qui la remonta vers la lumière.


    Centre Hospitalier Necker. 14h25.

    Jérémie se servit un soda à la machine à boisson de la salle d’attente. Il n’allait pas tarder à repartir, mais il désirait rendre visite à Odd et Aelita au préalable. Si cette dernière ne pourrait pas lui parler, toujours en soins intensifs, rien que la voir pouvait l’aider à surmonter cette douloureuse épreuve dont il se considérait moins responsable depuis les aveux du Général Hussinger. Encore sonné par la mort d’Ulrich, il essayait de rester fort. Sa principale priorité était de retrouver Yumi, il ne fallait pas qu’elle fasse n’importe quoi après son décès. Dans l’éventualité où elle se suiciderait et que la Gardienne de Lyokô ne survive pas à ses opérations, il se retrouverait seul. L’excentrique, au moins, pouvait compter sur l’appui de Léopold. En pensant à lui, il se demandait d’ailleurs où il se trouvait dans une situation pareille. D’un geste assez brusque, le scientifique se mit à marcher pour le moins rapidement vers la chambre de son ami quand celui-ci le croisa au détour d’un couloir. Presque soulagé de ne pas le voir esquisser un mouvement de recul, il s’avança vers lui pour l’aborder. Sa mine semblait totalement abattue.
    « Odd… Tu es là ! Ça ne va pas ? Demanda-t-il avec innocence. Après réflexion, cette question paraissait presque déplacée compte-tenu de ce qui venait de se produire. On le mit sans doute au courant, ce pourquoi il demeurait si triste. Il était son meilleur ami.
    — Léopold m’a quitté. » Abasourdi par cette révélation, le blond resta pantois pendant plusieurs secondes. Aucune réaction ne venait à lui. Leur couple paraissait si solide. C’était une note d’amour qui venait de se terminer dramatiquement. À nouveau. Dans un monde si terne. Odd lui tendit un petit papier écrit d’une typographie experte. La lettre exprimait en quelques phrases un ressenti qui aurait du rester personnel et pudique à la personne destinée.
    Odd, ce n’est plus possible entre nous. Tu n’as rien retenu de ce qui s’est passé au Manoir, et tu es encore parti dans ce qui me paraît être un immense piège. Je compte donc si peu pour toi ? Dans ces circonstances, je prends mes affaires, et je m’accorde un délai de réflexion. Je ne voudrais pas ruiner notre histoire, mais s’il le faut, je le ferai, pour que tu comprennes les graves conséquences de tes actes.

    C’est pour notre bien. Vraiment.
    Léopold.
    . Le lycéen venait de lire le manuscrit à haute voix sans même s’en rendre compte. Ce qu’il lui reprochait était lourd de sens. Une nouvelle culpabilité vint presque le mettre à terre. Son ami le regarda les yeux pleins de larmes. Il se laissa glisser contre le sol froid de la clinique.
    — Qu’est-ce qui est en train de nous arriver… Après William, Jim, Ulrich… Et peut-être Aelita. Et cette puce qu’on a dans la tête, qui peut nous faire sauter à tout moment. Jérémie. J’ai peur. J’ai peur de mourir. Je ne veux pas mourir… »

    Un silence de mort s’installa. Aucun des deux ne savait quoi dire où répondre. Tout était si complexe. Rien qu’avant-hier, les choses leur paraissaient si simples. Un virus. Un virus à éliminer, dans une mission de routine où tout devait bien se passer. Comment en arrivèrent-ils là ? Comment ? Cette question raisonna comme un tocsin dans leur esprit. Quelque chose qui ne trouvait, ni réponse, ni explication rationnelle.
    « On sait où est Yumi ? Le jeune Della Robbia chercha à changer de sujet.
    — Non… pas du tout. Je suis sans aucune nouvelle d’elle. Il faudrait qu’elle réapparaisse, mais j’ai peur qu’elle… Il hésita à partager ses craintes avec son ami, qui semblait suffisamment déstabilisé.
    — Je ne pense pas. Yumi n’est pas du genre à… remarque. Qui sait… Tout va tellement de travers. Mais je pense qu’elle chercherait plutôt le coupable pour l’envoyer derrière les barreaux. Non ?
    — Tu as sans doute raison… Mais nous n’avons presque rien de toute façon. L’enquête risque de tourner court… Attends. Une seconde. Hussinger avait signé les papiers à mon nom maintenant que j’y pense. Un déclic parvint à Jérémie. Il se releva immédiatement.
    — Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
    — J’ai besoin de mon ordinateur portable. Je l’ai laissé là où j’étais tout à l’heure. Je vais faire des recherches, toi, tu devrais te reposer. Je ne veux plus t’exploser au moindre danger. » Alors qu’il s’apprêtait à partir, un bras le retint. Manifestement, Odd désirait l’aider. Il argumenta en ce sens. Ses amis mourraient les uns après les autres, et il se devait d’aider coûte que coûte toute action qui pouvait les sortir d’un pétrin encore plus grave. Dans l’éventualité où la japonaise voulait se venger, elle risquerait d’être prise à son propre piège, ce pourquoi il fallait l’aider et la sauver. Dans une moue approbatrice, les deux garçons partirent en quête de son portable. En entrant dans la pièce qu’il avait laissée l’heure auparavant, une intense sonnerie provenait du sac qui contenait l’objet. Assez surpris qu’une alerte hurle autant, Jérémie s’en approcha presque suspicieux d’un éventuel cadeau piégé. Il reconnut ce qui servait autrefois à les alerter d’une attaque de X.A.N.A. Il n’en revenait pas. Ce ne pouvait pas être possible. Le couvercle retiré, un homme aux traits similaires à ce qui tua Ulrich apparut sur l’écran. Son nom, son adresse et son numéro de téléphone étaient notés au bas de la page. Cette image se voulait capturée du supercalculateur. Mais il ne marchait plus, cela ne pouvait pas provenir du supercalculateur. Il devait y avoir un dysfonctionnement quelque part. Sans plus de cérémonie, il nota l’adresse sur un bout de papier. En se relevant, Jérémie expliqua à Odd leur probable destination. Leur mission était de sauver Yumi. Ils rouvrirent la porte avant de se diriger vers la sortie.
    « Attendez. Aboya le Général Hussinger. À côté de lui se tenait un homme d’une vingtaine d’années. Il avait les cheveux châtain clair voire roux par endroit. Son côté un peu “junkie“ ne possédait rien de répugnant. Les adolescents se retournèrent. Je vous confie sous la protection d’un de nos meilleurs agents, du nom de code Romano. Il n’est pas question une seule seconde que je vous laisse vadrouiller comme je le faisais avant. C’est beaucoup trop dangereux désormais.
    — D’accord… Mais nous n’avons pas beaucoup de temps. Tout nous laisse à penser que Yumi court un grave danger. » Le sexagénaire se mordit les lèvres. Il finit par abandonner, laissant à son espion le soin de les rejoindre. Il sentait que quelque chose allait se produire. Quelque chose de puissant. Mais qu’il devait laisser les choses se passer, sans quoi, rien n’avancerait.


    La Défense. 15h37.

    Le trio avançait sous un soleil qui se faisait toujours plus agressif. D’habitude, les temps où la tristesse se joignait à la vie des gens se répercutaient par des pluies ou des grêles intenses, mais nous étions cette fois-ci en total contre-courant avec ce stéréotype. Après une bonne demi-heure de marche où il fallut localiser l’appartement, après ce quart d’heure partagé dans le métro entre les S.D.F et les racailles, ils trouvèrent l’objet de leurs recherches. Un gratte-ciel imposant, d’au moins une trentaine d’étages et dont la longueur surplombait beaucoup des autres bâtiments de la capitale. L’agent en charge de leur protection photographia l’endroit. Il compara l’adresse avec le bout de papier écrit par Jérémie. Tout correspondait. C’était donc ici.
    « Écoutez-moi. Vous resterez derrière pendant que j’inspecterai les lieux. Il est possible qu’il soit armé. Il est possible aussi que nous fassions erreurs. Nous ne devons rien laisser au hasard dans notre enquête. Si je vous dis de partir, vous partirez. Si je vous dis de courir, vous courrez. Si je vous dis de m’abandonner à mon sort, vous m’abandonnerez à mon sort. Est-ce clair ? » Le ton convaincu et professionnel du jeune homme ne laissa aucunement place à la contestation. Ils gravirent les marches prudemment, le cœur serré. Face au palier, chacun se demanda ce qu’ils trouveraient derrière la porte. Un homme en fuite ? Un innocent ? Leur amie morte ? L’attente devenait clairement insoutenable. Romano tapa plusieurs fois contre l’entrée. Aucun bruit, aucune réaction. Était-il déjà parti ? Était-ce trop tard ? Il passa sa main sur la poignée qu’il ouvrit délicatement. Aucune serrure ne se trouvait mise. Étonna par ce manque de précaution, il glissa sa tête en faisant attention à ne pas plonger dans un piège. Une odeur nauséabonde lui prenait les narines. En repoussant la porte jusqu’à ce que les lycéens puissent apercevoir l’entièreté de l’appartement qui donnait sur le salon, un scénario d’horreur s’offrit à eux.

    Une mare de sang jonchait le sol pratiquement caverneux de toutes les pièces. Certains boyaux écorchés se remarquaient par endroit, à mesure qu’ils s’avançaient dans les tréfonds de cet appartement, la gorge nouée, pantois par ce qu’ils voyaient. Dans le salon principal de ce grand appartement se trouvait un cadavre déchiqueté et totalement mutilé par une intense torture. Sur le mur, se trouvait écrit en lettres rouge, dans une écriture facilement reconnaissable, la phrase : Un de moins. Aucun d’entre eux ne revenait de cette terrible scène de crime. Odd se sentit soudain nauséeux. Personne ne voulait rompre le silence sacrilège. Il fallait toutefois parler. Il fallait parler, ne serait-ce que pour se rassurer. Qu’est-ce qui venait de passer ici ? C’était incroyable. L’excentrique détourna sa tête à gauche. Il vit une petite chose, par terre, étendue sur le sol. Elle était éventrée, un liquide rouge vif sortait de son ventre. Il poussa un véritable hurlement. L’homme qui les protégeait se mit devant eux comme pour contrer un danger imminent. Il remarqua à son tour le petit bébé qui se trouvait là, mort, lui aussi. Un autre corps s’étendait non loin de lui. Celui de la mère sauvagement assassinée.
    « Oh, vous êtes déjà là. Commenta une jeune fille, la voix tantôt amusée, tantôt lassée. Elle tenait dans sa main un couteau aussi rouge que la mort, bien représentatif de la violence avec laquelle les trois personnes perdirent la vie.
    — Yumi… Mais qu’est-ce que tu as fait… Mais qu’est-ce que tu as fait ?! » Le jeune Della Robbia se retourna totalement livide. Son amie n’était pas normale. Ses pupilles noires, son sourire malsain, quelque chose chez elle n’allait pas. Elle ricana.
    — J’ai fait justice. Mais il me reste encore une personne à tuer pur qu’Ulrich soit vengé. Et cette personne se trouve juste en face de moi. » Sa voix se marqua cette fois-ci par une très forte haine lorsque son doigt désigna Jérémie. Romano se jeta sur elle pour la maîtriser, il ne devait pas hésiter une seconde. Les deux autres restèrent là sans rien pouvoir faire. La japonaise lui brisa le bras avant même qu’il ne matérialise sa hache, symbole de son combat.
    « Tu déterres la hache de guerre ? » Le maîtrisant totalement, le faisant ramper au sol, elle l’envoya contre la fenêtre qui se brisa. Il tomba du haut d’une vingtaine d’étages.
    « À nous deux. Odd, si tu ne veux pas mourir aussi, je te conseille de te dégager. » Les lycéens se mirent à courir. Ils furent suffisamment proches de l’entrée pour bifurquer à gauche et s’engager dans la pente glissante des escaliers.

    « Jouons à chat. » La geisha se mit à marcher lentement. Elle leur laissait quelques secondes d’avance. Une avance presque marginale quand on savait qu’ils pouvaient être rattrapés en un clin d’œil si elle le désirait. Les adolescents frappèrent à chaque porte de chaque étage, suppliant les locataires d’ouvrir pour leur permettre de fuir par les fenêtres. Aucun n’ouvrit la porte comme terrorisée par les immondes bruits qu’ils entendirent plus tôt. La peur monta d’un cran. L’adrénaline aussi. Au bout de quelques secondes, Odd aperçut les escaliers de secours situés derrière l’ascenseur. Il prit la main de Jérémie pour l’y emmener. On ne devait pas perdre une seconde. Sur les étroites marches qu’ils parcourent, la petitesse du corridor ne permettrait aucune esquive en cas d’attaque par l’arrière ou par l’avant, ce qui revêtait quelque chose de suffisamment inquiétant pour se dépêcher encore plus. Le glas avait-il sonné ? La première chose que fit l’italien lorsqu’il se retrouva à l’air libre, ce fut vérifier que la brune en colère ne se trouvait pas à leurs trousses. Il n’y avait personne. La zone était libre.
    « Jérémie, par là, il y a une bouche de métro. On retournera à Necker.
    — Non, c’est le premier endroit où elle nous cherchera. Nous devons prévenir Hussinger immédiatement. » Il sortit son téléphone portable. Une vitre vola en éclat un peu plus loin. Un éclair vint détruire l’outil qui se trouvait entre ses mains, le projetant par la même occasion à quelques mètres au sol. Yumi venait de les rejoindre, toujours aussi électrique, toujours aussi fulminante. Elle atterrit au milieu de la route. Son sourire exhibait toutes ses dents.
    « Alors comme ça. On me fait courir. Qu’est-ce que vous avez à dire pour votre défense ? Je ne suis pas disposée à jouer au loup toute la journée. Le blond se releva péniblement tandis qu’il se tenait à l’épaule de son ami.
    — Une seule chose… Camion… » Un poids lourd vint renverser la nippone qui se trouva expulsée à quelques mètres au loin. Celui-ci s’arrêta immédiatement. C’était leur chance. Ils s’engouffrèrent dans le souterrain du métropolitain. Sautant dans le premier train qui passait, ils naviguèrent entre les wagons pour être sûr que personne ne les suivrait. Odd bénéficiait de quelques billets achetés au préalable, ce pourquoi ils n’eurent le besoin de payer et de perdre du temps.


    La forêt. 17h02.

    La forêt contigüe au feu collège Kadic. Par de nombreuses fois, les deux garçons l’arpentèrent, échappant aux loups, échappant aux monstres sous le joug de X.A.NA, ennemi qui paraissait bien ridicule à côté de Carthage désormais. Ils couraient depuis une petite demi-heure, sans s’être arrêté plus d’une seconde après la sortie du métro. Trop isolé pour pouvoir téléphoner à qui que ce soit (Odd ne prit pas son téléphone), trop pourchassé pour pouvoir se montrer à la vue de tous, trop prévisible pour se rendre à Necker, ils n’avaient devant eux qu’une solution : la fuite, la fuite, la fuite, jusqu’à ce que le Général Hussinger comprenne la gravité de la situation. Ils ne savaient même plus où ils allaient à force de courir, tant le spectre de Yumi planait sur leur vie. De quelle façon put-elle devenir ainsi ? C’était tout bonnement inconcevable. Le scientifique ne revenait pas de la violence avec laquelle elle avait torturé ces gens avant de les tuer lentement. Une véritable démente, une démente qui se trouvait être sa meilleure amie. Était-elle perdue à tout jamais ? Sur cette sinistre question, son collègue n’en put plus de courir. Ses blessures d’antan lui faisaient mal, il en avait assez.
    « Jérémie… je n’y arrive plus… on est perdus… Nous n’aurions jamais du quitter la route. Où sommes-nous ? Il haleta tout en regardant aux alentours. Il essayait de reconnaître quelque chose qu’il connaissait, quand les vieilles tuiles d’une bâtisse attirèrent son attention. L’autre fuyard la remarqua aussi. Il la connaissait bien.
    — L’Ermitage… Je suis étonné qu’elle n’ait pas été détruite. Constata-t-il.
    — Tant pis… c’est notre chance… je n’arrive plus à respirer de toute façon… On pourra prendre les égouts du jardin. » Répondit son interlocuteur. Sans attendre plus longtemps, ils se remirent en marcher en direction de cette maison vétuste. Elle allait s’effondrer d’un jour à l’autre. Cela ne faisait aucun doute. En ouvrant la vieille porte à moitié décrépie, ils constatèrent que… rien n'avait changé depuis leur dernière visite. Toutes les feuilles jonchaient encore le sol tandis que la moitié du mobilier se voulait couvert d’une épaisse poussière.
    « Ne perdons pas de temps. On fait une courte pause, très courte. Je dois te donner quelque chose… La réflexion du scientifique attira l’attention de son ami. Il s’avança vers lui, curieux. Après avoir refermé la porte, il l’amena à l’étage, dans l’ancienne chambre d’Aelita. Cet endroit restait toujours aussi sordide, on y ressentait un certain malaise à présent.
    — Qu’est-ce qui se passe Jérémie ? Mêlé à l’inquiétude, il s’attendait à une très mauvaise nouvelle. Comme si la situation n’était pas déjà assez grave comme ça.
    — Le Général Hussinger m’a donné quelque chose tout à l’heure. Je n’ai pas très bien compris la raison de son geste, sur le coup. Mais maintenant, cela me paraît évident. Le jeune homme sortit de sa poche un bracelet, identique à celui que portait Kiichi sur la Grande Arche, et que Odd reconnut très bien. Il me l’a donné à l’intention d’un de mes amis. Odd, cet ami, c’est toi, tu dois le porter. Si Yumi arrive, ce sera notre seul moyen de nous protéger. Et sache que j’ai été infiniment touché que tu ne la laisses pas me tuer… C’est peut-être dérisoire, mais… J’étais persuadé que tu me détestais. L’excentrique se mordit les lèvres.
    — Non, Jérémie. Je ne te déteste pas. J’ai de l’affection pour toi. Mais ce qui nous arrive… la perte de Léopold… Je. Je crois que c’est quelque chose dont je mettrai du temps à me remettre. Je ne veux pas perdre ce que j’ai déjà. Crois-moi. Je veux vivre autant que toi, et je ne veux pas perdre Yumi non plus. Si elle te tue, c’en sera fini d’elle. Et je ne me le pardonnerai jamais. J’aurais perdu les dernières personnes qu’il me reste.
    — Oh… Odd. Il en était larmoyant. Il lui tendit le bracelet que celui-ci installa immédiatement à son poignet. Il se sentit vibrer de l’intérieur. C’était comme si l’objet agissait sur ses cellules.
    — Ouah… C’est… Puissant. »

    La discussion s’arrêta là. Des éclairs venaient de fuser contre Belpois. Ils manquèrent de le tuer sur le coup. Peut-être parce que son assaillante ne voulait pas qu’il meure subitement, mais lentement, et petit à petit, pour qu’il souffre, pour qu’il la supplie. Cette perspective ne possédait aucune réjouissance. Della Robbia se releva immédiatement, prêt à l’attaque, mais ne sachant pas trop comment faire marcher son bidule. La japonaise tirait une mine à en enterrer plus d’un.
    « Vous m’avez fait courir. Et toi Odd, je vois que tu as choisi ton camp. Tant pis. Je débarrasserai le monde de deux ordures. » L’adolescent voulait actionner son bracelet le plus tôt possible. Il appuya sur un peu tous les boutons. Est-ce que cela marchait ? Il le saurait bientôt. Il s’avança vers son ennemie qui paraissait entendre que l’un d’eux se décide à bouger.
    « Je ne veux pas te blesser… Lui asséna-t-il avec détermination.
    — Ce sera plus simple dans ce cas. » Sa voix inspira la rage qui lui valut cette droite. La force extrêmement puissante avec laquelle elle venait de le frapper lui fit traverser le mur, donnant sur l’une des nombreuses pièces de l’étage. Une poussière intense brouilla la vue pendant quelques secondes, et les gravats fleurirent autour de la victime, à moitié écrasée par une intense couche de béton. Le sourire démentiel, elle s’approcha de lui pour finir le travail. Elle était persuadée que tout se passerait bien. Elle ne prévit pas ce coup de bâton qui l’envoya dans un couloir après qu’elle décrocha la porte percutée. Le félin venait de se relever, sans dommage, la moue satisfaite de sa performance. Il tenait dans sa main une grande barre de fer violette, tandis que son visage n’affichait aucune égratignure. Il avait réussi à utiliser un bouclier comme il le faisait sur Lyokô.
    « Tu as besoin d’aide Yumi…
    — Comment as-tu… ? Peu importe. J’en finirai là de toute façon. » Lorsqu’elle leva les bras, de nouvelles décharges électriques sortirent de ses mains. Son adversaire sauta par le trou de l’autre mur duquel son ami restait inerte au sol. L’ampoule du haut commença à grésiller. Elle s’allumait, puis s’éteignait à mesure que la geisha approchait. Se rendait-elle vraiment compte de ce qu’elle faisait ? Était-elle sur le point de tuer un de ses meilleurs amis parce qu’il se mit en travers de sa route ? Le guerrier peinait à y croire. Il n’allait toutefois pas céder, quitte à se battre. Il rechignait à cette idée, mais il n’existait aucune autre alternative.

    « Tu ne me laisses pas le choix… Je vais devoir te montrer ce qu’est un vrai Lyoko-guerrier.
    — Toujours à vivre dans cette compétition puérile Odd. Tu n’as pas mieux à faire ? Tu te blindes dans l’humour pour cacher tes faiblesses, tu te fais passer pour un bouffon dans le simple espoir d’être aimé. Tu es en manque d’affection, alors tu en arrives au point de draguer tout et n’importe quoi, quitte à même abandonner le petit-ami qui t’aime et te chérit plus que tout. Tu ne vaux rien, tu es un cancre, bête et stupide, qui ne pense qu’à manger. Tu es la représentation même de l’inutilité sur cette terre. Et je vais mettre fin aujourd’hui aux erreurs d’un gamin qui ne sait pas protéger ses amis. » Ses mots le blessèrent. Ils le blessèrent parce qu’ils représentaient une réalité qu’il refusait d’avouer. Oui, il savait qu’il était un minable, il savait qu’il n’arrivait à rien dans la vie, et la façon particulièrement mesquine dont elle venait de lui rappeler l’abattit profondément en même temps qu’elle lui renforça sa détermination à relever la tête. Un champ d’énergie vola dans sa direction. Il l’esquiva. Une fissure broya la paroi. Yumi se trouvait à présent en face de lui. Elle lui attrapa la gorge avant de le relever dans une étreinte particulièrement violente. Le bracelet se mit à luire dans un grésillement assez soutenu. Une boule chargée en électricité la projeta en arrière. Il mit plusieurs secondes à récupérer son souffle. Reprenant son bâton, le lycéen lui asséna des attaques latérales qui la firent danser de droite à gauche. Balancée jusqu’à l’escalier de l’étage, la japonaise finit sa course contre le canapé. Dans un sursaut de rage, elle se mit à faire léviter plusieurs objets. Odd la rejoignit au rez-de-chaussée. Plusieurs livres et quelques lampes volèrent dans sa direction. Il tenta de les éviter malgré leur affluence toujours plus nombreuse. Le lustre du salon commença à se décrocher. Il s’effondra au sol dans un bruit abominable. Il ne dut son salut qu’à un instinct de survie particulièrement développé. Son cœur battait la chamade. Une adrénaline monstre l’éprenait. La nippone apparut au-dessus de lui. À terre, elle le saisit par le col, ce à quoi il répondit par un coup de boule. En lui renvoyant son poing dans sa figure, elle esquissa un mouvement de recul qu’elle combla par un coup de pied latéral. L’armoire sur laquelle il venait d’être projeté laissa tomber toute une vaisselle vieille de dix ans. Jonchant le sol crasseux de l’Ermitage, l’excentrique chercha un point d’appui pour pouvoir se relever, mais il ne se prit qu’un énième poing dans le ventre, tellement violent qu’il perdit la respiration pendant quelques secondes. À terre, convulsé, il venait d’être défait.
    « Alors, Odd. Je croyais que tu devais me montrer ce qu’était un vrai Lyoko-guerrier ? ». La meurtrière se pencha au-dessus de lui. Elle remarqua le petit bracelet bleu qu’il portait autour du poignet. Sans s’interroger plus longtemps, le symbole de X.A.N.A luisant au fond de ses yeux, elle attrapa son avant bras, le serrant extrêmement fort. Les deux se mirent à hurler. Elle aspirait toute l’énergie que contenait le petit objet jusqu’à ce qu’il se brise. Ses lèvres devinrent encore plus noires, tout chez elle respirait les ténèbres dans une aura de plus en plus malsaine. Jérémie venait de paraître derrière elle avec un tabouret dans les mains. Il lui éclata sur la tête. Elle ne sentit rien. Dans un détour particulièrement sadique, la japonaise lui attrapa les bras jusqu’à l’envoyer contre la bibliothèque. Il perdit conscience au milieu des livres qui tombèrent. Surpuissante, elle pensait que plus personne ne pouvait la stopper.

    « Vous savez. J’ai longuement réfléchi. Et j’ai compris. Ce n’est pas une question de force. C’est une question de pouvoirs. » Des éclairs jaillirent. Odd et Jérémie rentrèrent dans un état catatonique similaire aux épileptiques.
    « Et plus personne n’a le pouvoir de m’arrêter. » Son sourire disparut quand une onde sonique l’envoya à travers le mur de la cuisine. Les débris s’effondrèrent sur son corps. Du sang s’échappa de son nez. Elle releva la tête ? Qui avait osé ? Qui ?
    « Cela reste encore à prouver. »

    Léopold Le Couls, translaté, se tenait là, le regard sévère envers celle qui fut l’une de ses meilleures amies.

_________________
« Il ne faut jamais perdre espoir ! » Alors qu’Alexandre était sur le point de tout abandonner, une voix familière résonna au plus profond de lui-même. « C’est ce que tu dirais, n’est-ce pas ? ».
Chapitre 26, Le Héros Légendaire.


Dernière édition par Pikamaniaque le Ven 19 Juil 2013 17:48; édité 4 fois
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Punk princesse MessagePosté le: Ven 19 Juil 2013 15:14   Sujet du message: Répondre en citant  
[Manta]


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Bonjour Pikamanique,

J’ai lu ton dernier chapitre, il m’a beaucoup plu !
Je n’aurais jamais imaginé que Yumi puisse devenir meurtrière, mais d’où viennent ton inspiration et cette façon d’écrire ? Serais-tu la réincarnation de Baudelaire, ou de Victor Hugo
N’empêche, c’est vraiment dommage que Léopold aie rompu avec Odd, ils étaient si mignons Mr. Green . Heureusement, à la fin, il réapparait pour sauver son amoureux, comme c’est romantique…
Bon et bien j’ai hâte de lire ton prochain chapitre (pitié, faites que les protagonistes restent en vie ^_____^ ! )


A plus tard ,

Punk

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Ven 19 Juil 2013 16:29   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Yumi a pété les plombs, elle est devenu un monstre sanguinaire guidé par la haine
Sa change du comportement calme et réfléchi habituel. Elle est devenu une vrai psychopathe digne d'un film d'horreur.
C'est XANA qui a prit possession d'elle?

Jérémy aussi, le voir tenir tête face à Hussinger change du Jérémy introverti habituel (il s'affirme enfin).

Hussinger, révèle enfin la vérité à Jérémy et on sait d'ou Kiishi tire ses pouvoir, bien vu l'idée du bracelet.

Pour Odd, euh comment dire?... Tu as un drôle de façon de montrer ses talents de combattant.
Je n'arrive même pas à me souvenir de la dernière fois ou il a réussi à prendre le dessus sur un adversaire humanoïde au combat dans ta fic (l'a t'il fait ne serait ce qu'une fois?). Odd est pour ainsi dire toujours resté sur la défensive, en se faisant balader ou envoyer dans le décor et souvent assez rapidement (les précédents affrontements, et même ce combat contre Yumi le montre bien, il a mangé la poussière assez rapidement sans porter un seul coup efficace et presque à chaque fois; il ne doit sa survie qu'à l'intervention de ses amis ou d'une tierce personne). Comme tu l'as si bien dit dans ce chapitre (tu l'as enfin admit Mr. Green), Odd est peu utile et surtout incapable de protéger ses amis (il a été incapable de protéger Jérémy malgré le bracelet et il n'a même pas pu protéger Léopold au manoir, c'est d'ailleurs l'inverse qui s'est passé).
Même là, c'est encore Léopold qui va sauver la mise à Odd et Jérémy.

En tout cas très bon chapitre, vivement la suite.

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Zéphyr MessagePosté le: Sam 20 Juil 2013 13:57   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Pour être honnête, cela ne fait que 3 semaines que j'ai découvert « Bataille pour l'Espoir », et je viens seulement de finir de faire le tour des 22 chapitres. Ma lecture terminée, les mots « magnifique » et « absolument géniale » me sont venus à l'esprit.

Je vais commencer par un commentaire général :

Le scénario tout d'abord. Carthage est au coeur de l'histoire, entraînant avec les Lyoko-Guerriers un conflit mondial. Il ne me semble pas avoir lu de récits qui allaient aussi loin. La description de la répercussion des actes de l'organisation terroriste sur le scène politique montre une vraie recherche et de véritables connaissances de ta part. Dans tous les cas, c'est un tour de force que tu as accompli ici. De plus, le côté malsain et impitoyable de Carthage est très bien montré, ce qui ne fait que souligner la crainte et le danger qu'elle inspire.
On sent aussi que la majorité du temps, les Lyoko-Guerriers sont impuissants face aux événements qui leur tombent dessus et qu'ils ne peuvent faire que se débattre pour survivre. Ta manière de repousser les personnages dans leurs derniers retranchements, tant physiques que psychologiques est assez incroyable. Yumi et Léopold sont mes exemples préférés de ce côté-là.
J'avoue également apprécier le personnage de Hussinger. Sa manière d'être, sa détermination et son courage me plaisent beaucoup.
La surprise est un élément très présent dans ton récit. Le lecteur n'a pas le temps de se dire qu'une situation commence à s'arranger pour les héros qu'une nouvelle catastrophe leur tombe dessus, apportant un panier tout frais de souffrance, de larmes et d'obscurité. C'est peut-être là que se situe le point faible de la fic : les périodes de transition entre les grands événements pourraient être à peine plus développées (le chapitre « Entropie » est un bon exemple : à peine le temps de se remettre d'une grande bataille qu'Ulrich se fait assassiner). Cependant, le côté haletant de l'histoire me plaît beaucoup.

Je passe au style d'écriture. Sur ce point, je ne trouve rien à redire. Un récit fluide, des descriptions vraiment bien faites, avec une bonne mise en page. What else ?

En conclusion, ta fic me plaît énormément, de par sa recherche et sa richesse.



Bien, je passe au commentaire du chapitre 22 en lui-même :

Hussinger révèle la vérité à Jérémie, ce qui répond à certaines de nos questions. Par contre, je dois avouer que je commence à saturer en voyant encore une fois un personnage s'appeler Senja. Ça doit être la mode du moment, ou un complot, ça dépend.
Dans ce chapitre, le manière dont le personnage de Yumi est montré est très intéressante. La vengeance est un moteur de destruction dit-on. La japonaise n'échappe pas à cette règle et s'est engagée sur un chemin malfaisant et ténébreux. J'ai hâte de voir ce qu'elle va devenir dans tout ça.
La fuite des deux blonds avait un côté palpitant très appréciable, de même que le combat au sein de l'Ermitage. Personnellement, j'ai ressenti à quelques reprises du désespoir se dégager (comme souvent dans cette fiction).
Le retour de Léopold à la fin m'a plutôt surpris. Je pensais que le « délai de reflexion » dont il parlait dans sa lettre serait plus long. Reste à savoir comment il a trouvé le moyen de se translater puis de retrouver Odd et Jérémie.

Tout comme les deux autres avant lui, c'était un chapitre excellent. Bon courage pour la suite.
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Mejiro-kun MessagePosté le: Dim 21 Juil 2013 22:20   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Messages: 200
Yop ! Désolé pour ce retard dans le commentaire de ton chapitre mais je suis relativement occupé en ce moment >_< enfin je trouve quand même le temps de lire ce soir pour te donner mon avis o/ !

Comment dire... Je pense que c'est un de tes meilleurs chapitres depuis le début ! Il est d'une rare intensité et littéralement bouleversant ! La mort d'Ulrich et la détresse des personnages, notamment celle de Yumi, sont vraiment poignants et je dois avouer que le coup de la rupture entre Léo et Odd m'a achevé XD *a versé sa petite larme* !

Hussinger... J'avais beaucoup de mal à l'apprécier jusqu'à présent mais avec les dernières révélations je dois admettre que je me suis attaché à lui, même si c'est un beau salopard avec nos héros quand la situation l'exige malgré tout...

En parlant d'eux d'ailleurs, j'ai l'impression qu'on s'éloigne de plus en plus de leur petite histoire pour se plonger dans les méandres de l'univers que tu as créé, beaucoup trop sombre et violent pour eux. Au final, je commence à me demander si un seul de nos Lyokô-guerriers en sortira indemne ? Yumi a très peu de chance de revenir à la normale en tout cas il me semble et j'ai l'impression que seule la mort pourra la libérer du poids qui pèse sur elle depuis plusieurs chapitres maintenant (il faut dire qu'elle a morflé dans ta fic ! Encore pire que dans sa Semaine Noire de la série d'origine).

D'ailleurs en parlant de la japonaise... Je suis complètement fan de Dark Yumi *____* elle est vraiment géniale, sadique à souhait et débordante de puissance Xanatesque comme ça ! Ce qu'elle est devenue et ce qu'elle a fait (le bébé quoi T__T sadique !) sont glauques au possible mais j'adore ça ! Bien joué, vraiment !

Romano qui se la joue Dumbledore aussi avec son "si je vous dis de m'abandonner à mon sort..." XD... J'ai bien aimé ce personnage pour le court laps de temps durant lequel il est apparu ! Dommage qu'il se soit fait latter aussi facilement o/ !

Le combat Odd / Yumi était vraiment prenant en tout cas ! Tu as envie tout le long de leur hurler d'arrêter de se battre et de reprendre leurs esprits, vraiment c'est génial la façon dont tu as retransmis ça *__* ! Un peu déçu que l'arme du bracelet d'Odd soit un simple bâton en lieu et place de ses Flèches Lasers mais bon, ça fait classe o/ !

Léo' qui arrive à la rescousse à la fin, comme d'habitude, en mode badass contre une Yumi encore plus badass *o*... Je pense que je vais aimer le chapitre à venir !

Quoi qu'il en soit c'est vraiment du bon travail ! Tu es un écrivain de génie, je le dis et le répète o/ continue sur cette lancée pour nous proposer un final grandiose à la hauteur de ta fic ! Bon courage~
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Oddye MessagePosté le: Mer 24 Juil 2013 19:27   Sujet du message: Répondre en citant  
Fleur immonde


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Il est grand temps de commenter, n'est-il pas. Alors me voici.
Comme tu le sais, j'ai littéralement englouti tes chapitres. Trois soirées pour tout lire. Et bon sang que c'était bien.

Mais soyons plus précis.

Alors, le scénario est bien pensé. J'aime l'aspect noir et tragique que tu as donné à ta fic. Tu lui as donné une dimension qui dépasse de loin le cadre du dessin animé. Il y a un côté angoissant. C'est donc réussi.

Mais, parfois, je t'avoue que c'est un peu confus. Tout s'enchaîne très vite. Trop vite. Je pense que tu aurais pu mettre un ou deux chapitres de plus pour étaler, et permettre parfois une meilleure compréhension.

On n'a donc pas le temps de souffler, car des événements tragiques et dramatiques s'enchaînent sans discontinuer. Alors c'est bien, mais tu es un vilain parce que tu ne nous laisses pas le temps de souffler Razz

Je t'ai déjà donnée mon avis sur Skype, donc tu sais que j'aime bien cette fiction. J'aime le nouveau personnage que tu as intégré à ton histoire, son histoire d'amour avec Odd. (D'ailleurs, le passage dans la maison hantée, je crois vraiment que c'est THE passage horrible (pas dans l'écriture hein!^^), qui te prend aux tripes. J'en pouvais plus, j'étais là: "Stop, arrêtez ça!")).

Bon, commentons ce dernier chapitre.
J'aime bien cette nouvelle Yumi autant qu'elle m'insupporte. Oui, oui, c'est possible. En tout cas, c'est intéressant. La petite course-poursuite était très bien, et j'ai bien aimé que Odd ne tourne pas le dos à Jérémy. Pauvre Jérémy, il n'est pas épargné.

Et enfin, une arrivée en fanfare de Léo. L'affrontement promet d'être riche en action.

En conclusion, j'aime ta fic. Parfois quelques confusions, des fautes aussi, je me souviens aussi avoir vu quelques soucis au niveau de la concordance des temps.
Mais ça reste une bonne fiction, donc comme tu peux le pressentir:
Je veux la suite! Wink
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Je n'étais pas anciennement odd-4-ever.
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Pikamaniaque MessagePosté le: Mar 30 Juil 2013 01:08   Sujet du message: Répondre en citant  
Référent Pikamaniaque


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Bonsoir.

Il est venu le temps de vous présenter le vingt-troisième chapitre de ma fiction : Toute la peine du monde. Ce chapitre est intense émotionnellement. Il comporte des scènes parfois violentes, et une détresse que peu réussiront à capter dans son entièreté. J'espère que vous saurez résister jusqu'au bout.

Concernant les commentaires de ce vingt-deuxième chapitre, on va prendre dans l'ordre, voulez-vous ?

Punk Princesse : Ah, gare à ne pas tomber dans le sensationnalisme ma chère. Je ne me prétends pas la même plume que Baudelaire ou Hugo, ce serait d'une outrecuidance inacceptable. J'espère que tu sauras apprécier ce prochain chapitre, et j'espère aussi que tu l'aimeras. Je te remercie pour ton commentaire !

*Odd Della Robbia* : Euh non. Tu te méprends complétement sur la personnalité d'Odd. Pour quelqu'un qui prétend être fan de lui et de ses qualités, tu ne les vois absolument pas dans ma fiction, et les qualités ne sont pas la force surnaturelle comme certains peuvent avoir. Tu es à côté de la plaque. Mais merci tout de même pour ton commentaire.

Zéphyr : Je te remercie pour ce commentaire élogieux. Je ne saurais y répondre totalement, mais je peux te dire que j'ai été touché que l'histoire te prenne autant. Effectivement, j'ai donné à ma fiction un ton beaucoup plus sombre qui a rarement été observé dans ce que j'ai pu lire. J'espère ne jamais en faire trop, mais il est vrai que je suis un Moffat bis (n'est-ce pas roroxana ?). J'espère en tous cas que tu aimeras ce nouveau chapitre. En ce qui concerne la transition, c'était volontaire pour la mort d'Ulrich. Ce devait être subit et violent, alors que tout semblait réglé. C'était fait exprès. Pour le 22, à propos de Léopold, ce n'est pas vraiment ça, il revient pour les aider, pas pour sauver Odd explicitement. Je n'ai pas apporté d'explications sur comment il trouve le moyen, mais j'espère que tu sauras le déduire o/.

Mejiro-kun : On en a déjà parlé, mais je te remercie pour ce commentaire. Effectivement, je vous amène peu à peu dans mon univers, quand on est parti de l'univers enfantin de Code Lyokô. C'est un tout autre aspect, et j'espère que tu aimeras ce vingt-troisième chapitre qui conclut la dernière intrigue secondaire de ma fiction.

Oddye : Merci maman de ces commentaires avisés ! Toujours utile, toujours juste dans la modération. J'apprécie beaucoup. Et cela m'a fait plaisir que tu lises ma fiction. Je lirai "Sur le champ de bataille" sous peu en guise de récompense !

Et maintenant. Voici le nouveau chapitre. Le prochain s'appellera : Le Roi et moi.
_____________________________________________________________


Chapitre 23 : Toute la peine du monde.




    L’Ermitage. 18h03.

    « Vous savez. J’ai longuement réfléchi. Et j’ai compris. Ce n’est pas une question de force. C’est une question de pouvoirs. » Des éclairs jaillirent. Odd et Jérémie rentrèrent dans un état catatonique similaire aux épileptiques.
    « Et plus personne n’a le pouvoir de m’arrêter. » Son sourire disparut quand une onde sonique l’envoya à travers le mur de la cuisine. Les débris s’effondrèrent sur son corps. Du sang s’échappa de son nez. Elle releva la tête ? Qui avait osé ? Qui ?
    « Cela reste encore à prouver. »

    Léopold Le Couls, translaté, se tenait là, le regard sévère envers celle qui fut l’une de ses meilleures amies.


    Le soleil commençait à s’effacer dans l’ombre du paysage. L’Ermitage, dont la poussière marquait la violence des combats, ne ressemblait plus vraiment à une maison abandonnée, mais à une ruine totalement traumatisée par une bataille sans concession. Odd et Jérémie, à terre, relevèrent les yeux quand ils virent qu’ils étaient encore en vie. Léopold regardait insatiablement la jeune japonaise qui cherchait à se relever. Ses lèvres noires témoignaient de l’abysse dans laquelle elle était plongée. Des monceaux de pierre volèrent aux quatre coins de la cuisine. Yumi se tint debout. Elle grésillait d’une énergie diaboliquement dangereuse. Du sang coulait de son nez.
    « Ah. Le renégat est rentré à la maison. Qu’il aille faire un poutou à Odd en guise de réconciliation. Après tout, ne viens-tu pas de le quitter comme une loque ? » Une boule d’énergie la projeta contre la gazinière. Toute la verrerie vola en éclat. Plus derrière, une légère flamme commençait à se déclarer dans les décombres de l’étage. Mais cela, personne ne le remarquait malgré l’insoutenable odeur.
    « Tu as besoin d’aide Yumi. » Un rire dément éprit la jeune fille. Elle tenta de se relever. Un son lui fit crisser les oreilles jusqu’à ce qu’elle s’écroule par terre. De nouveau. Le garçon paraissait totalement la maîtriser sous l’œil abasourdi des deux autres.
    « Oui, tout le monde veut m’aider. Mais personne ne me comprend. C’est d’un drôle. D’un drôle épouvantable mon ami. Elle s’érigea de ses deux jambes. Un nouvel ultrason vint jusqu’à elle, qu’elle balaya d’un revers de main.
    — Je comprends ta douleur, mais cela ne te donne pas le droit de disposer de la vie des autres. Son timbre restait totalement placide. Il fixait sa proie comme on fixerait quelqu’un qui peut vous tuer à tout instant. L’excentrique se releva, bien que considérablement diminué.
    — Si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi. L’interlocutrice se fit soudain extrêmement glaciale. Elle alliait l’état psychotique à un sérieux stressant.
    — Yumi, si tu persistes en ce chemin, tu ne reviendras pas. Il ne se montrait pas désarçonné par ses pics mordants.
    — Cette fois-ci je ne reviens pas. » Une puissante haine la fit tournoyer sur elle-même. La geisha balança des éclairs de toute part. Des éboulements manquèrent de tuer les Lyoko-guerriers. Avec une remarquable dextérité, une bulle à l’apparence inoffensive la balança par dessus l’étage jusqu’au toit. Les tuiles glissèrent. Un prisme l’enferma à l’intérieur d’artères jaunâtres. Elle était enfermée à l’image du Gardien. Léopold composait avec un sang-froid exceptionnel. Jérémie resta simplement soufflé. Ils s’approchèrent au niveau de l’ancien agent du gouvernement.

    « Cela ne tiendra pas longtemps. Partez. La sommation était donnée. Le blond leur adressa un premier regard depuis qu’il venait d’arriver.
    — Mais… qu’est-ce qui se passe ? Je ne comprends rien… Proclama son ancien petit-ami. Pourquoi elle est devenue comme ça ? Et… Léopold… Oh… Tu m’as manqué… Il se jeta sur lui. Ce dernier le repoussa sans ménagement.
    — Je n’en suis pas sûr… mais. X.A.N.A contrôle Yumi et lui donne les pouvoirs pour accomplir sa vengeance. Il a décidé de frapper maintenant parce qu’il a repris beaucoup de puissance lorsque vous êtes allés sur la Grande Arche. À l’heure actuelle, Yumi est une source de rage alimentée par le chagrin. Elle se consume peu à peu. Elle a goûté aux meurtres, elle ne s’arrêtera plus, et dans sa folie meurtrière, elle ira jusqu’à tuer toute personne qui se mettra entre elle et Jérémie. Plus clairement, c’est une bombe atomique en pleine explosion. Elle va prendre de plus en plus de puissance, et à ce moment, X.AN.A s’en emparera définitivement pour détruire l’humanité. Du moins, c’est ce que je pense. Vous n’avez pas de temps à perdre. Son laïus terminé, Odd se montrait profondément affecté par le geste que venait d’avoir son copain. D’autant plus que ce qu’il venait de dire n’arrangeait en rien ses affaires. Jérémie se montra beaucoup plus flegmatique.
    — Y a-t-il un moyen de l’arrêter ? Y a-t-il un moyen pour que X.A.N.A la relâche ?! Une explosion les souffla jusqu’aux ruines du salon. Heureusement, aucun blessé n’était à déplorer, mais tous trois furent choqués. Leur cœur battait la chamade. Un nouveau rire dément laissa apparaître la silhouette de la nippone, qui se posa doucement sur le sol fissuré.
    — Non, Léopold, tu as commis une erreur fatale dans ton raisonnement. Un champ de force vola dans sa direction. Il s’effondra au sol, presque inconscient, mais suffisamment encore pour entendre ce qu’elle avait à dire. X.A.N.A ne me contrôle pas. Lui et moi ne font plus qu’un. Je suis devenue X.A.N.A lui-même. Je suis la force. Tu n’as toujours pas compris ? Ce que tu voies, c’est moi. Ce monde, Léopold, c’est moi. Je sais que tu es un gamin terrorisé, qui jouait les chiennes dans les cabarets avant qu’on ne le rencontre. Tout ce temps passé à coucher avec des hommes dans le seul but de ressentir quelque chose, tout ce temps où tu nous as menti, où tu as rallumé le supercalculateur, ce qui fait que par ta faute, mes deux amours sont morts (elle insista sur le dernier mot). J’aurais du te laisser te faire apprivoiser par ton père. Après tout, tu avais l’air d’aimer ça. »

    Elle s’approcha aux côtés de sa cible qu’elle souleva. Il ouvrit la bouche. Un tourbillon sonique en sortit. Repoussée à plusieurs mètres, il ne garda l’équilibre qu’à l’aide ses bras.
    « Qu’est-ce vous attendez, fuyez ! » Cette phrase résonna comme un électrochoc. Odd et Jérémie, toujours incapables de faire quoi que ce soit, parcoururent la pièce à grande allure. Motivés par une adrénaline qui ne disait plus son nom, ils atteignirent le petit jardin contigüe à la forêt. Un bruit immonde vint détruire une partie de la façade, enfouissant le salon dans un cri strident. La peur monta aux ventres des adolescents. Une silhouette marcha laconiquement face à eux. Ils se reculèrent jusqu’à la clôture. Comme envoûtés par l’aura malsaine, ils furent incapables de quelconque réaction. Leur vie allait-elle s’arrêter ici ? En y repensant, chacun se posait cette question chaque fois qu’un danger pointait l’horizon. Cela devenait une ritournelle lassante.
    « Yumi. Je t’en prie. Je suis désolé. Je m’excuse. » Commença le jeune scientifique, sûrement dans le but d’adoucir sa colère. Cela ne marchait pas. Elle continuait d’avancer. On remarqua ses traits hirsutes par la courte bataille qu’elle venait de livrer face à Léopold. Léopold, qui, d’ailleurs, venait de disparaître dans les décombres de la maison. Où était-il passé ?
    « Oh. Jérémie. Épargne-nous tes larmes de crocodile. On sait bien que tu n’en as rien à faire. C’est ta “mission“, souviens-toi. Il le faut, si je ne le fais pas, qui le fera ? Voilà ce que tu me disais sur un ton mélodramatique il y a de cela quelques semaines. Je suis loin d’avoir oublié. Tu vis dans la peur, dans le regret du passé. Tu tombes amoureux d’une intelligence artificielle qui ne sait rien faire que pleurer. Qu’est-ce qu’elle fera à ton avis, quand elle se réveillera ? Elle pleurera. Mais c’est normal. C’est naturel. Papa, maman, Jérémie, Yumi, ouin. Une expression de dégoût s’esquissa sur son visage avant qu’elle ne reprenne son monologue. Je la ferai redevenir ce qu’elle était. Un programme. Et je lui raconterai comment j’ai massacré ce salaud dont elle s’est amourachée. » Des éclairs jaillirent de ses bras. Au cours d’un saut périlleux, le lycéen les évita in extremis. Son autre ami resta abasourdi. Il se décala derrière l’un des arbres du jardin. Il remarqua que la maison commençait à prendre feu. Il aurait tant souhaité que tout cela ne soit qu’un cauchemar.
    « Yumi. Je t’assure. Je suis aussi triste que toi de la mort d’Ulrich. Mais ce n’est pas une raison pour tuer des gens, je t’en prie, reviens à toi. Yumi. Je t’aime.
    — Non, c’est faux ! Ce que tu aimes c’est souffrir ! » Elle esquissa un geste de main. De profondes entailles dues à l’énergie électrique déchirèrent son pull. Comme une violente griffure, du sang perlait de sa poitrine. L’informaticien se mit à gémir. Odd s’interposa entre les deux. Il reçut la seconde attaque de plein fouet. En posant sa main sur son cœur, il s’écroula à genoux contre la terre.

    « Alors comme ça, tu t’en prends à tes amis maintenant ? » Beaucoup de poussière entachait le visage de Léopold, toujours aussi sévère qu’à son arrivée. Il paraissait essoufflé par les nombreux efforts. Il se tenait aux ruines du bâtiment. La geisha se retourna, absolument furieuse. Elle le dévisagea de haut en bas comme on dévisagerait quelqu’un pour qui l’on porte une haine viscérale.
    « Seulement s’ils se mettent en travers de mon chemin. » Les fils électriques bousillés par le combat se mirent à grésiller. De petits faisceaux lumineux s’en échappèrent. Peu à peu, ils s’élevèrent dans les airs. Les lampadaires du parc s’allumèrent. Une concentration noire vint surplomber l’Ermitage. Personne n’en croyait ses yeux. Le garçon tapa du pied et il interpella les deux autres, toujours en proie au mal qui leur déchirait les entrailles.
    « Courez, vite ! » Il balança à son assaillante une violente décharge énergique. Prise de convulsions, celle-ci s’agenouilla. Ses pensées devaient s’embrouiller. Ce pouvoir lui permettait de détruire le cerveau de son adversaire à l’aide d’une fréquence sonore élevée. Dans le cas de son amie, elle était bien trop puissante pour être détruite simplement à l’aide de cette capacité. Elle montrait de nombreux signes de résistance, si bien que cela ne dura qu’une vingtaine de secondes.
    « Non… » Dit-elle en écrasant ses mains dans la terre. Jérémie venait de disparaître dans les tréfonds de la forêt. Odd le suivait de près. Ils titubaient, marchaient avec d’intenses difficultés. La blessure demeurait profonde. Lorsqu’elle sortit de l’emprise des ondes énergétiques, Yumi poussa un hurlement d’une puissance jamais égalée. Un cri strident ressemblant aux hurlements des animaux pour se reconnaître entre eux. Ses traits difformes lui donnaient un air incommensurablement effrayant. Le sigle de X.A.N.A vrilla dans ses yeux. Le seul témoin de la scène ne ressentit aucune douleur aux oreilles, mais les deux fugitifs durent se les boucher tant la puissance vocale était puissante.
    « Qu’est-ce que c’était ? Demanda le scientifique à son interlocuteur, tout aussi surpris que lui.
    — Une brune en colère ? Répondit-il sur le ton de l’interrogation. »

    Une dizaine de loups arrivèrent près de la japonaise, qui les regarda d’un air satisfait. Le jeune littéraire mit du temps à comprendre ce qui allait se passer. Quelque chose ne tournait pas rond. Elle venait d’appeler des loups. Quand la réponse lui vint aux oreilles, il était déjà trop tard. Son sourire narquois défigurait sa moue pourtant si agréable. Il tapa du pied.
    « Tu sauves toujours tout le monde, toi. C’est agaçant. Tu sais que je peux les tuer sans même me déplacer ? Des tremblements commencèrent à le faire vaciller. Il avait le regard angoissé. Il se sentit terriblement impuissant.
    — Non… Balbutia-t-il en marquant sa dénégation d’un geste de tête.
    — Cherchez… Et dévorez-les jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. À moins, bien sûr, que quelqu’un suffisamment mégalomane pour croire me battre n’arrive à temps. » La meute partit en direction de la forêt. On aurait dit qu’ils savaient précisément où aller. L’ancien agent du gouvernement ne pouvait pas rester là. Il commença à courir à son tour jusqu’à ce qu’une étrange force le retint.
    « Ah non. Je n’en ai pas fini avec toi. On va s’amuser un peu, qu’en dis-tu ? »

    ***


    La pluie se mit à tomber dans la forêt ardente. Bizarrement, Météo France n’avait prévu aucune pluie pour les jours à venir. Le matin même, il faisait un soleil radieux au-dessus de la capitale française. Un soleil si beau, terni par le sang d’une mort brutale et violente. Est-ce qu’un sentiment pouvait changer la face d’une météo ? Non, bien sûr. Mais alors qu’il dépassait les nombreux arbres, Jérémie ne put s’empêcher de rire de cette situation comique. De la pluie. N’était-ce pas là le plus merveilleux signal d’une situation dans laquelle tout va mal ? Le bon vieux soap opera mal fait qui finit sous des orages violents parce que les personnages principaux traversent une période de turbulence ? Misérable. Cette situation, ce contexte, il possédait tous les attraits du pathétisme. Malgré les mauvaises nouvelles qui s’enchaînaient chaque jour, le lycéen fit tout pour garder le sourire. Il se dit qu’à force que cela aille mal, cela finirait bien par s’améliorer un jour : il en était persuadé. Pourtant. Les semaines s’enchaînaient et rien ne changeait. Absolument rien. Toujours la désolation se trouvait autour de lui. Toujours la mort le guettait chaque jour. Et voilà qu’il se mettait à pleuvoir. Une belle pluie bien fraîche juste après l’équinoxe de Printemps. Un froid pesant commença à remplacer le petit redoux estival. Il regarda son comparse. Lui aussi paraissait fatigué, excédé, lassé de tous les événements. Il souffrait également. Le scientifique voyait une grande souffrance dans ses traits. Souffrance dont il s’offrait volontiers la responsabilité.
    « Odd, est-ce que tu es croyant ? Piqué au vif, l’excentrique releva la tête, comme surpris par cette question fortuite. Il réfléchit plusieurs secondes à une réponse satisfaisante.
    — Non… Je ne pense pas… Mais. C’est bête. J’ai jamais autant voulu que Dieu existe avec tout ce qui nous arrive. Mais s’il existait, il ne s’acharnerait pas sur nous, j’en suis convaincu. Alors non, je ne suis pas croyant. Maintenant. J’aimerais. J’espère. Que quand je mourrai, parce que je sais que je mourrai vite dans cette bataille, je pourrai vivre encore. C’est une autre question que celle du paradis et de la réincarnation, mais je le souhaite de tout mon cœur. Pas toi ? » Le blond ne répondit pas. En effet. Il l’espérait. Mais lui ne serait jamais voué à quelconque paradis, mais à un enfer sûr et certain. Il avait du sang sur les mains.
    « On s’en sortira. Je te l’assure. » Odd enlaça son ami. Ce fut aussi surprenant que déconcertant. Ce dernier ne sut quoi dire.
    « On ne fera que fuir éternellement à ce rythme… » Commenta tristement Belpois. Derrière lui se trouvait la meute de loup. L’autre Lyoko-guerrier les remarqua. Il se recula en empoignant la main de Jérémie. Le symbole de X.A.N.A s’inscrivait dans leurs yeux.
    « Alors autant commencer maintenant… » Pris par un soubresaut d’adrénaline, ils se mirent à courir à travers les buissons. Cette aventure leur fit repenser aux enseignements de Jim. Le pauvre. S’il était là. Une larme s’échappa d’un œil du scientifique.

    ***


    L’Ermitage ne ressemblait plus qu’à un champ de ruines. Plus rien ne subsistait que les débris d’une bataille dans laquelle aucun des deux partis n’avait réussi à prendre l’avantage sur l’autre. Léopold paraissait épuisé par les nombreux pouvoirs qu’il devait utiliser. Son adversaire, lui, avait de profondes entailles sur le visage, mais toujours ce même sourire démentiel qui défigurait ses traits. À bout de nerfs, essoufflé, le garçon imaginait déjà le pire quant à ses amis. Ils étaient peut-être déjà morts, et dans la nuit qui s’abattait sur Paris, on ne voyait plus rien que les lueurs du feu que personne ne remarquait. Aucune trace des pompiers, aucune trace des passants. Le parc demeurait insatiablement désert.
    « Yumi. Tu dois arrêter cette folie. » Elle dégagea un puissant rire. Un rire volumineux qu’on pouvait entendre d’un bout à l’autre de la forêt. Il l’avait perdue. Elle était perdue. Beaucoup trop forte pour être arrêtée, X.A.N.A avait réussi son but, mais il eut le sentiment que quelque chose lui manquait encore pour y parvenir définitivement. La mort de Jérémie ? Non. Elle ne pouvait pas en profiter. Pourquoi était-elle restée ici ? Pourquoi n’était-elle pas partie après avoir envoyé les loups ? L’un comme l’autre, le mystère restait complet. Il faisait face à une folle furieuse dominée par une intelligence artificielle surpuissante. Tout seul, il n’y arriverait pas. Mais personne d’autre que lui ne pouvait sortir de cette situation.
    « Je suis invincible maintenant. Tu vois, ça. Elle montra ses blessures. Ce n’est rien. » Elle spolia son visage le temps d’une petite seconde. Toutes les plaies disparurent instantanément. Elle retrouva cette moue pâle typiquement asiatique. « Je pourrais continuer comme ça encore longtemps, alors que toi, tu es déjà fini. » Profondément excédé par tout un combat qui n’avait servi à rien, le littéraire reprit plus amplement sa respiration comme preuve de son intense fatigue. Sans prévoir les attaques de son assaillante, il se retrouva à terre, courbé par la douleur d’un virulent coup de poing.
    « J’ai besoin de puissance Léopold. Saurais-tu m’en donner, hein, dis-moi ? » Cette phrase lui fit comprendre pourquoi elle était restée ici depuis tout à l’heure. Elle ne lorgnait plus Jérémie, mais la puissance, la puissance acquise par les pouvoirs qu’il avait. Alors que le garçon se débattit fortement pour sortir de son étreinte, elle lui bloqua les bras à l’aide d’une main. Elle parcourut sa poitrine jusqu’à s’arrêter au niveau du cœur.
    Un hurlement. Une luminosité impressionnante éblouit les deux personnages. Yumi était en train de lui aspirer toutes ses facultés conférées par la translation. Des soubresauts au cœur la firent se relever à peine le transfert terminé. La jeune fille paraissait totalement déboussolée là où le lycéen sembla mortifié. Il respirait avec difficulté.
    « Ouah… C’est qui ton fournisseur… » Elle se sentait intérieurement surpuissante, comme connectée au réseau mondial, comme connectée à une puissance inimaginable, ressentant les moindres pulsions des gens qu’elle avait tués. Une expression de dégoût s’esquissa sur son visage. Bizarrement, elle luttait contre elle-même. Cette petite scène dura quelques minutes avant qu’elle ne reprenne le contrôle, absolument furieuse. Elle revoyait le sang sur ses mains, une image infâme qu’elle réprima le plus possible.
    « Je me sens… je me sens bizarre… C’est toi qui as fait ça… Oui c’est toi…
    — Yumi… reviens à toi… je t’en prie… » L’adolescent se releva. Son petit sourire en coin disparut quand il fut projeté contre l’arbre de la forêt. Il poussa un intense cri de douleur. Privé de ses pouvoirs, mais toujours en translation, il redevenait autant mortel que n’importe qui. Il eut l’impression qu’on lui brisa le dos à coup de hachoir. Une larme sortit de ses yeux. Comment ? Non…
    « Je vais te le faire sentir. Je vais m’amuser avec toi jusqu’à ta mort. Et tu me supplieras de te tuer, comme cet homme, celui qui a tué Ulrich. Assassin. On aurait dit une démente ou une folle furieuse.
    — Ce n’est pas… Yumi… Ce n’est pas toi qui parles… C’est… C’est X.A.N.A. » Des éclairs électriques le mirent à terre. Elle le renvoya immédiatement contre les tuiles de l’Ermitage, jouant comme ça tel un ping-pong. Il allait perdre connaissance d’un instant à l’autre.
    « Je. Vais. Te. Tuer ! » Ses pupilles grossirent. Elles étaient noires. Comme la mort.

    Du côté d’Odd et Jérémie, la situation empirait de plus en plus. Ils essayaient d’échapper à cette meute qui les poursuivait, mais ils demeuraient bien trop rapides pour eux. Ils ne tarderaient pas à les rattraper. Complétement esseulé dans cette situation, le premier chercha un moyen d’escalader la falaise, mais il sut bien que son compagnon en était incapable. Il n’allait pas le laisser se faire dévorer, ils s’en sortiraient ensemble, l’excentrique s’en fit la promesse.
    « Que faire ? Que faire ? Que faire ?! » Répéta ce dernier. Il commençait à sombrer dans l’angoisse d’une mort quasi-certaine. Dépassés par la gauche, puis par la droite, aucune échappatoire crédible ne se dessinait. D’une virulence particulièrement inquiétante, les premiers se jetèrent sur Odd qui tenta brièvement de se reculer. Tous deux se trouvèrent encerclés par les bêtes. Ils prirent la décision de grimper aux arbres, mais c’était déjà trop tard. La course-poursuite ne servait à rien. L’un d’eux se jeta sur la jambe du Lyoko-Guerrier, il lui donna un coup de pied qui le fit reculer à quelques mètres. Un autre lui sauta dessus. Il tomba à terre. En regardant au-dessus de lui, il remarqua les premières étoiles qui se frayaient un chemin dans l’obscurité. Il devait être aux alentours de dix-neuf heures trente. Cette journée avait été chargée. Et elle se terminerait ainsi. En repas pour les canidés affamés. Quel triste sort. Il repensa à la discussion de tout à l’heure auparavant. Croyant ? Ou pas. Peu importe. Sa vie défila devant ses yeux. Il poussa un premier hurlement quand les crocs se plantèrent dans sa cheville. Du sang gicla des mollets.

    Totalement ensanglanté, Léopold titubait avec beaucoup de difficultés dans le petit jardin de l’Ermitage. Yumi paraissait s’amuser de moins en moins de cette situation tandis qu’elle regardait sa proie complètement déchiquetée par la douleur. Elle y semblait tantôt sensible, tantôt insensible, selon le regard qu’elle lui jetait par moment. Le sigle de X.A.N.A vrillait dans ses yeux là où les pulsions sadiques se voulaient les plus violentes. Une lutte intérieure intense semblait lui déchirer les entrailles sans même qu’elle sache pourquoi. Elle se sentait prise de faiblesse, ce pourquoi elle défoulait sa rage sur la seule personne qui se trouvait à côté d’elle et qui en était à l’origine. D’un geste particulièrement morbide, elle lui saisit le coup avant de commencer à le serrer. Encore, encore, encore. Le jeune homme suffoqua. Il sentait lui aussi approcher la grande faucheuse. Totalement athée, il se sentit très mal. Il avait le supplique dans son regard brillant. La japonaise le relâcha après une dizaine de secondes. Elle se recula. Ses mains tremblaient. Le lycéen haleta, prit une inspiration de manière extrêmement roque.
    « Qu’est-ce que… qu’est-ce qui m’arrive… oh le pauvre malheureux… Léopold… Non… Non… Non…
    — Yumi… Il n’est pas trop tard… » Une violente quinte de toux marquait son état déplorable. Il ne comprenait pas pourquoi sa translation ne se dissipait pas… Sûrement car ses pouvoirs continuaient de vivre en elle.
    « Oui. Je dois y mettre fin.
    — À… À quoi… ?
    — Les gens. Je dois les sauver de leurs souffrances. Il y a tant de souffrances dans le monde, il y a tant de peine autour de moi. Personne ne peut supporter ça. Je m’en rends compte. Tout doit prendre fin… La nippone se releva. Elle mit ses mains sur ses joues.
    — Ne fais pas ça… Yumi… Je t’en prie… »

    Jérémie bondit sur le loup qui agrippait Odd. Un autre le plaqua à terre. Il était à présent soumis au même destin macabre que son ami. Au moins partageraient-ils ensemble leur tombeau. Il hurla à son tour. La mâchoire s’abattit sur son bras. Un profond râle s’accompagna de larmes. Un coup de feu tua l’espèce qui se trouvait au-dessus du jeune Della Robbia. Une lame vint scier celui qui se sustentait du scientifique. Les autres prirent la fuite. La jambe endolori, l’excentrique ne parvint pas immédiatement à distinguer les deux silhouettes qui accoururent à leur rescousse. Il n’y croyait pas. C’était presque impossible. Digne d’un scénario télévisé ou d’un bon roman soupe-au-lait. Il venait d’esquiver une nouvelle fois la mort. La chance ne pouvait être que de leur côté. Une chance de cocu.
    « M. Belpois, M. Della Robbia. Oh, Dieu merci, on vous a retrouvé. » Le Général Hussinger accourut aux côtés de Kichii qui resta en retrait. Elle portait un grand nœud papillon bleu. En sifflant les autres agents du gouvernement, une équipe médicale arriva auprès d’eux, notamment pour celui qui ne parvenait plus à marcher. L’informaticien resta abasourdi par cette expédition inopinée. Que faisait l’homme le plus détesté du monde dans une forêt ? Sans protection ?
    « Comment… Comment vous nous avez retrouvés ?
    — Nous avons réussi à pirater la fréquence des puces implantées dans leur cerveau. Nous savons précisément où se trouvent Yumi et Odd. Comme Léopold ne communiquait plus, nous avons décidé de venir vous chercher et d’arrêter votre amie sur-le-champ. Elle devient de plus en plus puissante, et elle ne tardera pas à faire n’importe quoi. Il faut qu’on aille à l’Ermitage immédiatement.
    — Je viens aussi ! Clama l’autre lycéen blessé à la cheville.
    — Non, tu ne serais qu’un fardeau. Trancha fermement la fille aux cheveux bleus. L’équipe médicale va te transférer à Necker. Il faut désinfecter ça, ils ont peut-être la rage. Et toi aussi le petit blond.
    — Non. Je dois venir. Jérémie prit ça comme un baroud d’honneur inacceptable compte-tenu de la situation. Il comprenait tristement pour son ami, mais lui, non, il pouvait marcher.
    — Tu ne viens pas. Répéta-t-elle sans outre forme de procès.
    — Tais-toi Kiichi. Il vient. Odd non. Il ne peut pas marcher. Mettons-nous en route, nous n’avons pas une minute à perdre. » La femme en question se vexa d’être désavouée publiquement. Elle considérait cela comme une ineptie. Emmener la première personne que la folle furieuse voulait tuer revenait à lui vouer une mort certaine. Que se passait-il dans la tête de son supérieur ? Avait-il perdu la tête ? On embarqua son ami sur un brancard. Escorté par plusieurs agents, ils l’exfiltrèrent de la forêt malgré ses nombreuses supplications. Ils se mirent à courir vers la maison en feu. Hussinger somma les pompiers d’arriver au plus vite. Encore une fois, chaque seconde comptait dans cette situation, le scientifique le sentait bien. Le qui-vive sur lequel demeurait son ancien supérieur hiérarchique prouvait à quel point la situation était instable. Sur cette pensée ironique, il se demanda un jour si elle l’avait été.
    « Général… Pourquoi avez-vous envoyé Léopold ? Demanda-t-il au cours de ses réflexions. Les ruines apparurent plus au loin. Le panneau marqué « Ermitage » venait de céder au moment même.
    — Il a insisté. Nous pensions que cela suffirait à calmer Yumi, et il m’a supplié d’essayer. Oui. Jérémie. S’il a échoué, et c’est visiblement le cas, je devrai la tuer. Il n’y a aucune autre alternative. » La phrase raisonna comme un gong insupportable à ses oreilles. Il devait forcément exister une autre solution…

    Kiichi débarqua la première. Le feu prenait de plus en plus. Dans une bonne heure, le reste de ces ruines ne serait plus qu’un tas de cendres. Elle remarqua le corps du jeune homme plus au loin. Elle appela les autres. En arrivant face à l’ambiance désolante, l’adolescent voulut s’accrocher au chevet du sexagénaire, seule personne qu’il considérait encore fiable ici, à la veille d’une guerre mondiale dévastatrice. La japonaise se trouvait au centre de cette misérable scène. Elle se retourna lorsque les soldats pointèrent les armes sur elle.
    « Ah. La Task Force est arrivée je vois. Il y eut un silence ainsi qu’un petit ricanement. Il est trop tard pour m’arrêter. Tant de temps passé à sauver le monde, et il n’y a que moi qui puisse réellement l’aider désormais. Ne vous inquiétez pas, vos souffrances vont prendre fin. Les tiennes aussi Jérémie. Je te pardonne d’avoir tué Ulrich. » Elle disparut en un souffle exceptionnellement rapide. Belpois resta pantois face à ce qu’elle venait de faire. Il ne croyait pas possible que Léopold soit mort. Il accourut auprès de lui malgré sa blessure.
    « Ce n’est pas croyable, elle a disparu des radars ! Commenta le chef des armées.
    — Non, dé-zoomez… » Proposa l’un de ses acolytes.
    Il sentit le pouls de son ami. Un grand soulagement le fit soupirer. Il demeurait toutefois dans un état extrêmement préoccupant, ce qui attira son attention à cause de sa translation. Il aurait du la perdre. Comment était-ce possible ? Un mystère plus grave encore planait sur les intentions de Yumi. Que comptait-elle faire à présent ? Investie des plus grandes forces de “l’univers“, ses intentions se voulaient extrêmement floues. Qu’entendaient-elles par « sauver le monde ? ».
    « Ça y est. Nous l’avons localisée. Elle est… au sommet de la Tour Eiffel ? Mais qu’est-ce qui se passe bon sang… qu’est-ce qui se passe ?! Nous devons y aller immédiatement. » En entendant le nom du monument le plus populaire du monde, le scientifique parut soudain effrayé. Il réfléchit à cent à l’heure. Sa tête chauffait comme un train fonctionnant au charbon. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir d’intéressant là-bas, à part l’accès à une foule absolument catatonique ?
    « N’oubliez pas de l’évacuer. J’ignore pourquoi, mais Léopold n’a pas été détranslaté ; C’est même plutôt inquiétant. Mais nous devons effectivement nous rendre au plus vite là-bas. J’ai vu de quoi Yumi était capable, je suis le seul ici à l’avoir vu. Je ne tolérerai pas une mort de plus. » Hussinger s’approcha à son tour du blessé. Il respirait encore difficilement. Il se pencha vers lui. Le garçon rouvrit soudain les yeux, ce qui fait sursauter les deux personnes présentes auprès de lui. Le feu continuait de faire son œuvre. L’air devenait quasiment irrespirable.
    « Général… l’antivirus… il… il a échoué… elle va. Elle va tout détruire… C’en est fini… » Une tuile tomba à proximité du groupe. La fille aux cheveux bleus prit une quinte de toux. Les lumières s’éteignirent peu à peu dans toute la ville. Les lampadaires de la forêt donnant sur la route perdirent leur éclat. L’obscurité s’empara du soleil artificiel.
    « Nous ne devons pas rester ici ! C’est dangereux ! Hurla-t-elle. Mais qu’est-ce qui se passe encore… ?
    — Nous devons partir immédiatement… Tout ceci ne me dit rien qui vaille. Dépêchons ! Les médecins, évacuez M. Le Couls. Le Général sortit son émetteur. À toutes les unités, investissez les rues pour éviter la cohue. »
    Il fallait mater la chienlit.

    Tour Eiffel. 21h19.

    L’ambulance traversa les rues embouteillées de la circulation parisienne. Lorsque les ténèbres survinrent, les voitures se mirent à faire n’importe quoi. Quelle ironie la façon dont les Hommes s’emportait si vite sans les règles pour les encadrer. Alors qu’on lui prodiguait les premiers soins, le véhicule médical s’arrêta brusquement. Les urgentistes furent projetés à terre. Le son des klaxons devint vite insupportable. Odd se demandait ce qui se passait. Il était à une rue de la Dame de Fer. Son téléphone portable vibra avec ferveur. Interloqué par cet appel nuptial impromptu, l’excentrique sortit son vieil appareil vétuste qu’il devrait penser à changer si un jour il survivait à tous ces événements. Par la fenêtre du transport, il remarqua la disparition de toutes les dispositions électriques de Paris.
    « Odd. Odd, où es-tu ? C’était la voix de Jérémie à l’appareil. Il semblait assez anxieux, soucieux de quelque chose. Son interlocuteur put le sentir immédiatement. Il n’avait jamais été très bon menteur depuis sa “rédemption“.
    — Jérémie… Mais… Que se passe-t-il ? Toute la lumière a été coupée on dirait. Les lampadaires sont éteints, on dirait que. Que la ville n’est plus alimentée en électricité.
    — Oui. Odd. Écoute-moi. Où es-tu ? On a un gros problème.
    — Je suis… pas très loin du Champ de Mars. Pourquoi ? Dis-moi ce qui se passe, je t’en prie. Il utilisa le ton de la supplique pour cette dernière réplique.
    — La situation est grave. Yumi a disparu. Elle est au sommet de la Tour Eiffel. Il faut que tu t’en éloignes au plus vite. Le Gouvernement va interve… » La communication se coupa. Le lycéen se rapprocha du hublot. Il vit la pointe de cet endroit qui faisait notre fierté. Il repensa à toutes ses aventures, il repensa à tous les rôles qu’il avait joués au cours des années. Il se souvint des propos que la japonaise tint envers lui quelques heures auparavant. Incapable, boulet, inutile… Si la fin des temps approchait, il ne resterait pas qu’un spectateur aveugle et muet. Sur cette décision. Odd Della Robbia se releva. Il pouvait à peu près marcher correctement. Malgré les cris des médecins lorsqu’il ouvrit la porte, le noir dans lequel tout le monde se trouvait empêcha de garder sa trace.

    Au sommet de la Tour Eiffel, Yumi Ishiyama ne bougeait pas. Elle regardait l’immensité de la ville qu’elle contrôlait entièrement. Une si belle culture, réduite à néant par la perfidie des gens qui y vivaient. Le malheur était présent à chaque coin de rue, elle pouvait le sentir. La peur, la colère, tous ces sentiments puaient tels les excréments lâchés par les chiens. Elle allait mettre un terme à ces existences nocives. Elle allait tout détruire. Provoquer enfin la fin d’une espèce vouée à son extinction depuis qu’elle inventa la guerre. Dans le ventre de l’univers, des milliards d’étoiles, naissent et meurent à chaque instant, où l’Homme apprend la guerre à ses enfants. Cette maxime si souvent répétée, mais si peu écoutée, se faisait l’hymne de sa mission de “purification“. Il était temps que chacun médite de ses erreurs. Si les gens vivaient dans la haine, à quoi bon leur existence servait-elle ? Les purs existaient si peu. La vie ne valait pas la peine d’être vécue si elle était si terne. Tous ces humains pétochards, terrorisés par la mort, qui répandent le mal et la colère autour d’eux. Elle allait y mettre fin. Elle allait mettre fin au monde.

    Les premiers éclairs de l’orage commencèrent à frapper l’Île-de-France. Le mauvais temps, qui se déclara quelques heures auparavant, prenait du terrain sur tout le nord du pays. Les cheveux de la geisha se mirent à voler par l’altitude à laquelle elle se trouvait. Le vent violent n’arrangeait pas les choses. Une température très froide s’installait. Le mercure descendait en flèche. C’était toujours comme ça les temps d’orage. La confrontation de l’air chaud à l’air froid finissait souvent sur la victoire du second. Un éclair plus violent que les autres frappa l’antenne du sommet de la Tour. Cela n’avait absolument rien d’étonnant, mais ce fut comme un connecteur entre X.A.N.A, l’antenne, et l’énergie puissante que cela décupla. Le pays entier ne tarda pas à finir dans un black-out le plus total. Toute l’énergie se concentrait en un même point. Une énergie qu’elle redistribuerait ensuite sous forme de cadeau de la mort pour provoquer des meurtres par dizaines de milliers. Une initiative des plus sadiques, qu’elle considérait pourtant comme la seule alternative pour la libération du monde. Un discours inquiétant présent chez les plus fanatiques.
    « Yumi ! » Une voix aigüe l’interpella derrière elle. À l’endroit le plus élevé du célèbre monument, tenir en équilibre relevait de véritables compétences. Perturbée par cette présence, sa “fusion“ presque achevée avec les puissants éclairs s’estompèrent. Elle se retourna. En voyant son ami, elle parut décontenancée le temps de quelques secondes.
    « Odd. Va-t’en. Qu’est-ce que tu fais là ?! Ce n’est pas le moment. Si tu cherches à m’arrêter, tu ne m’en empêcheras pas ! » Son ton quasiment hystérique prouvait à quel point le conflit intérieur qui la démangeait faisait renaître l’espoir.
    « Non… Yumi. Je ne compte pas t’empêcher de tout détruire. Mais. Je suis loin des autres, et je suis sur le point de mourir. Alors pourquoi je ne partagerai pas mes derniers moments avec ma meilleure amie ? Il boita alors qu’il tenta de se rapprocher d’elle. Elle envoya des puissants éclairs qui le mirent à terre. Son geste la dégoûta, mais elle n’en perdit pas ses mots assassins.
    — Éloigne-toi Odd. Ou je te tuerai. Le garçon peina à se relever.
    — Maintenant ou dans cinq minutes, quelle différence ? Si tu veux détruire le monde, tue-moi avant. Je l’ai mérité. Péniblement, le jeune homme se remit sur ses deux jambes.
    — Ah… Ne me tente pas.
    — Tu te souviens, quand nous étions enfermés par Carthage dans les Alpes ? Ils nous torturaient. Tous les jours. Et lorsqu’ils nous donnaient notre repas quotidien, je te donnais ma part, parce que tu avais tellement faim que je te voyais dépérir sous mes yeux. Je n’oublierai jamais ce jour… Je t’aime Yumi. J’aime la Yumi ferme, leader de notre groupe. Et j’aime la Yumi aux lèvres noires effrayantes. Son discours parut clairement la déstabiliser. Elle doutait d’elle.
    — C’est donc tout ce que tu as trouvé pour combler ton inutilité, Odd ? Tu espères me faire changer d’avis en me disant des mots doux ? En me rappelant combien j’étais faible avant ? Je vais te parler de la petite Yumi. C’était une fille qui pensait tout savoir, tout connaître. Et qui s’est engagée dans une histoire qui la dépassait. Et elle croyait naïvement que tout s’arrangerait un jour. Alors, elle est tombée amoureuse. Et la seule chose qui lui redonnait goût à la vie, c’était les petits moments, les très courts moments où elle sentait que son petit-ami l’aimait. Et cela ne se reproduira plus jamais. Tu entends ?! Plus jamais. Je me voyais dans ses yeux. Je voyais la jeune fille que j’étais. Je me sentais belle dans son regard. Des larmes commençaient à couler de ses joues. Tandis que son ami s’approcha derechef, elle lui balança de nouveaux éclairs, cette fois-ci beaucoup plus faibles, qui ne firent que le courber légèrement. Sa puissance diminuait drastiquement. La pluie trempait intégralement ses vêtements ainsi que ceux du Lyoko-guerrier.
    — Je t’aime Yumi… De très faibles éclairs partirent de nouveau vers lui. Ils ne l’arrêtèrent même pas. Il continua de marcher vers elle malgré le danger. Le vent soufflait fort.
    — Non. Tais-toi ! À ce moment, la japonaise n’arrivait plus à sortir le moindre courant électrique de ses mains. Ses pouvoirs se dissipaient. Ses larmes se firent plus nombreuses. Le symbole de X.A.N.A disparut peu à peu de ses yeux. La foudre continuait de battre son plein dans les cieux.
    — Je t’aime Yumi… Répéta-t-il une seconde fois. À présent, elle n’eut pas le choix que de se jeter sur lui pour le frapper faiblement. Ses pleurs coulaient à flots. Elle poussait des gémissements.
    — Tu mens… »

    Odd enlaça fermement son amie. Elle pleurait dans ses bras. Elle pleurait tellement qu’il ne put se sentir autrement que triste à son tour. Il y avait tant de souffrances dans ses gestes. Ses lèvres reprirent leur couleur initiale. Elle savait ses mains tâchées du sang des innocents. Elle se rappelait toutes les horreurs qu’elle venait d’accomplir. Toute la peine qu’elle venait de provoquer. Elle s’en voulait énormément. Elle était anéantie. Tout son être entier était anéanti. Yumi Ishiyama était morte quelque part au moment où cette balle franchit la poitrine d’Ulrich.

    Jérémie, Hussinger et Kiichi arrivèrent à leur tour au sommet. Tout le monument était encerclé par la police. Ils virent les deux lycéens. Léopold, quant à lui, disparut du brancard sur lequel on l’avait couché. Il atterrit dans un scanneur, tombant littéralement par terre contre le sol frais du bâtiment. L’électricité revint peu à peu.
    « Wouah… C’était extra… J’ai réussi… » Commenta-t-il comme drogué.

    « Odd. Je vais mourir. » Della Robbia n’en revint pas de ce qu’il entendit. Il se releva comme choqué par cette phrase. Il considéra avec attention son interlocutrice. Ses larmes disparaissaient peu à peu. Mais il ne comprenait pas pourquoi elle faisait ce geste. Pourquoi maintenant ? Après tout ce chemin accompli.
    « Non… Non… Pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Demanda-t-il sur le ton de la supplique.
    — Je les sens… Odd. Je sens ceux que j’ai tués. Je sens X.A.N.A. Il est encore en moi, il est présent dans chaque cellule. Je dois mourir. Pour le monde. Et parce que je ne peux plus vivre dans une vie que j’ai tant meurtrie. Elle commença doucement à se relever. Jérémie voulut intervenir, mais la fille aux cheveux bleus l’en empêcha.
    — Yumi. Attends. Il doit forcément y avoir une autre alternative. Je t’en prie. Ne saute pas. Il lui prit le bras. Sa blessure lui faisait mal.
    — Odd. Non. Non. Je t’en prie. Elle lui retira sa main. Odd. On n’a pas beaucoup de temps, alors écoute… »

    Malgré les supplications de Jérémie, malgré les pleurs d’Odd, malgré le stoïcisme de Kiichi et malgré la larme du général Hussinger, la jeune fille courut. Elle courut. Jusqu’à se jeter du haut de la Tour Eiffel. Dans son saut. Elle comprit. Elle y voyait clair. « Dis à Jérémie que… dis à Jérémie que je lui pardonne enfin. Et que. Et que je l’aime. » Sous la pluie battante de la foudre, la geisha vit une dernière fois ce monde qu’elle foula avec tant d’envie. Elle ne connaîtrait jamais les joies d’être adulte, mais au moins verrait-elle la mort d’un autre aspect. Au moins rejoindrait-elle son amour jusqu’à la fin des temps. Elle ne se voyait pas vivre dans un monde sans lui. « Dis à Hiroki… que je ne l’oublierai pas. Lui non plus. Et que je l’ai toujours aimé. Dis aussi à mes parents, qu’ils ont été formidables avec moi. Prends soin de toi. Ne t’en veux pas trop. Tu n’es responsable de rien. Au contraire. Tu m’as sauvée. Mais je n’étais plus faite pour la vie. ». Peut-être que par le futur, on la verrait comme une fille courageuse. Peut-être que par le futur, elle serait décrite comme le monstre qui assassina de sang-froid de pauvres innocents. Mais cette question ne la concernait plus à présent. Ce n’était plus de son ressort. Non. Elle. Elle voyait plus loin à présent. « J’y vois clair désormais… Merci. Pour tout. Je ne vous oublierai jamais. Je veillerai sur vous. Je vous le promets. Je ne vous abandonnerai pas. Jamais. À aucun instant. Ni William, ni Ulrich, ni moi. On sera là pour vous. Pour toujours. Gagnez cette guerre. » Sa vie défila devant ses yeux à quelques mètres du sol. Au moins avait-elle vécu beaucoup plus que le quidam moyen. En seize ans, Yumi fit plus de choses que n’importe qui au monde. Et quand son corps heurta le béton, quand elle perdit définitivement conscience dans les bras de la mort, elle avait ce sourire apaisé. « Je vous aime. Adieu. ». Dans ses dernières minutes de conscience, quelque chose d’effrayant apparut toutefois à elle. Quelque chose qui lui fit prendre une moue absolument terrorisée.

    Mais c’en était fait. Yumi Ishiyama était morte. Belle et bien morte. Pour toujours.

    En bas de la tour Eiffel. 22h.

_________________
« Il ne faut jamais perdre espoir ! » Alors qu’Alexandre était sur le point de tout abandonner, une voix familière résonna au plus profond de lui-même. « C’est ce que tu dirais, n’est-ce pas ? ».
Chapitre 26, Le Héros Légendaire.


Dernière édition par Pikamaniaque le Mar 30 Juil 2013 14:07; édité 1 fois
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Mar 30 Juil 2013 03:42   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Pour les qualités d'Odd, je parle de compétences ayant une place importante dans l'histoire.
Je sais qu'Odd a certaines qualité comme la compassion ou la gentillesse (bien amené lors de la scène la tour eiffel). Mais dans une fic orienté action/complot/guerre, ce n'est vraiment pas le genre de compétence auquel on ferait appel, contrairement à ceux de super-génie ou super-guerriers cheaté qui eux paraissent indispensable dans la situation chaotique du monde. C'est dans ce sens que je dis qu'il fait tache par rapport à tout les autres, ses qualités sont mise en valeur presque seulement pendant les rares temps mort (genre après certaines batailles quand il se retrouve seul avec un de ses amis). Je voulais qu'a l'instar des autres LG, il ait aussi droit a son quart d'heure de gloire ou il sauve ses amis d'un ennemi redoutable lors d'une brillante scène de combat (genre ulrich VS anthea ou la premiere partie du combat Leopold VS Yumi).

Revenons au chapitre

En effet c'est vachement intense côté psychologie et action. On ne s'ennuie pas une seconde en le lisant.
On ressent bien la haine de Yumi ainsi que le désespoir d'Odd et Jérémy.

Leopold a vraiment assuré pendant un temps niveau combat permettant aux 2 blond de s'eclipser, mais il fini par en prendre plein la gueule (d'ailleurs faudra m'expliquer comment il peut être blessé alors qu'il est translaté depuis un monde virtuel).

La scène sur la croyance en Dieu entre Odd et Jeremy est assez touchante, on sent qu'ils sont au bout du rouleau. Mais se font sauver une fois de plus in extremis par hussinger et kiishi.

Yumi, est devenu XANA (je m'y attendais pas sur le coup), elle devient de plus en plus furieuse et puissante, et rien ne semble la convaincre.
Lors de la scène de la tour Eiffel avec les éclairs, le blackout et la panique, on ressent vraiment le chaos (on a presque l'impression d'être parmi les passants terrorisé).
Et enfin la réaction d'Odd envers Yumi est vraiment pleine d'émotions. Là on voit clairement que le félin n'en peut plus et a finalement jeté l'éponge dans cette longue lutte. Le voir faire face à Yumi/XANA sans la moindre once de peur ou de haine et dire qu'il est venu à elle seulement pour mourir auprès d'une amie et l'encourageant même à l'achever est vachement triste. Sa détermination a se relever malgré les tortures et s'approcher d'elle en disant qu'elle reste quand même son amie est émouvant (il veut juste mourir devant un visage familier) et surtout déconcertante au point que même DarkYumi fini par perdre sa volonté de combattre. Bref Odd semble avoir ramener Yumi à la raison (le fait que Léopold dise qu'il a réussi alors qu'il a échouer a convaincre Yumi, me turlupine).

Les regrets de Yumi aussi son touchants, et ses derniers messages à ses proches pendant qu'elle se suicide en se jetant dans le vide et aussi émouvant.

Bref très bon chapitre.

Je me demande ce qui va se passer par la suite.
Pourquoi Yumi est terrifié?
Aussi comment va réagir Odd face à cette nouvelle perte: pour la énième fois, il a encore échoué à protéger ou sauver des êtres cher, encore une fois une amie est morte devant ses yeux et encore une fois il a été totalement impuissant face aux événements, bref son mental déjà en morceau encaisse encore tragédies sur tragédies.
Si on ajoute en plus qu'il s'est fait définitivement repousser par Léopold (donc plus de soutient moral) et qu'il s'était déjà résigné à mourir de toute façon, on peut aisément deviner qu'au vu de son état, Odd pourrait rapidement faire une grosse bêtise (à mon avis son mental a dépassé le stade critique)

Vivement la suite

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Mejiro-kun MessagePosté le: Mar 30 Juil 2013 09:39   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Yop ! Alors je commente je commente o/

Chapitre très intense encore une fois avec une première partie centrée principalement sur l'action, très bien menée et écrite ! Tu t'es bien amélioré sur ce point et le suspens est assez haletant. Dark Yumi a vraiment une certaine classe en temps que méchante et sa réplique au sujet d'Aelita notamment m'a marqué. J'ai bien aimé également l'utilisation des loups, petit clin d’œil à la série d'origine me semble-t-il, où ils occupent quand même une place importante. Le passage où Jérémie rit de l'ironie de la pluie à un moment pareil m'a également bien plu, je critiquerai juste la dimension légèrement religieuse de ce chapitre, un peu clichée et peu nécessaire selon moi mais c'est seulement mon avis ^^.

Il est curieux de voir Léo' si blessé alors qu'il n'est qu'en Translation, j'attends de voir de futures explications à ce sujet !

Le duel intérieur de Yumi est très prenant et j'ai vraiment été ému par la façon dont tu retransmets ses sentiments. L'intervention d'Odd où il livre également ce qu'il ressent à cœur ouvert était poignante !

Quoi qu'il en soit, la fin de Yumi me paraissait inéluctable. C'était un très bon choix de la laisser mettre fin à ses jours d'elle-même je pense, j'ai été vraiment touché par la description que tu as fait de la scène où elle tombe dans le vide, enfin en paix avec elle-même quelque part, c'était très beau, félicitations !

Je me demande quelle est cette chose qu'elle a pu voir juste avant de mourir cependant ? Je suppose qu'on aura la réponse dans les chapitres à venir ^^ !

Sa mort signifie-t-elle la mort définitive de XANA par contre ? J'ai quelques doutes, à voir !

En tout cas ce chapitre me confirme ce que je pense depuis un moment : on n'aura probablement pas plus d'un survivant du groupe d'origine à la fin de cette fic. Deux si tu te montres magnanime, allez !

J'aime toujours autant ce que tu écris quoi qu'il en soit ! Encore félicitations et bon courage d'ici au prochain chapitre~ !
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Oddye MessagePosté le: Mar 30 Juil 2013 13:08   Sujet du message: Répondre en citant  
Fleur immonde


Inscrit le: 27 Fév 2008
Messages: 1945
Localisation: Dans un autre horizon
Quel chapitre !
Dark Yumi a vraiment la classe ! J'aime bien les remarques/piques qu'elle lance au sujet de Odd, de Jérémy, d'Aelita...
Comme marqué dans le chapitre, Yumi est morte au moment où la balle a transpercé Ulrich. J'ai bien aimé le combat intérieur, comment Odd tente de la raisonner... Et quand elle pleure sur lui ... Quel moment !

Le petit passage religieux de Odd et Jérémy, moi je l'ai bien apprécié. Je ne saurai pas dire pourquoi, l'ambiance, l'instant, le contexte... Quelque chose ressort de cette scène...

L'affection de Odd... C'était émouvant !
Et la fin... Quand elle saute de la Tour Eiffel ! L'ambiance sombre et triste, je la ressentais vraiment ! Je l'imaginais courir puis sauter, puis chuter...
A cet instant, elle a trouvé la paix. Elle a pardonné.

Bon, la pauvre quand même, elle meurt en ayant une expression terrorisée Mr. Green

Mais vraiment, le meilleur moment de ce chapitre, c'est la fin. C'est une conclusion brutale à l'histoire de Yumi.


En bref, un très beau chapitre. Vivement la suite !
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Je n'étais pas anciennement odd-4-ever.
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Zéphyr MessagePosté le: Mar 30 Juil 2013 13:44   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Chapitre intense en émotions je dois dire. Les scènes de combat de Dark Yumi V.S Léopold sont bien foutues. On sent que tu t'es amélioré dans la description de se genre de passage.
Comme l'a dit Oddye, il se dégage de Dark Yumi un côté classe, assemblé à un côté malsain et torturé. La noirceur de la geisha a été amenée à son apogée je pense.

La course poursuite avec les loups dans la forêt a véhiculé pas mal de souffrance et de désespoir elle aussi. Le moment où la pluie est comparée à un symbole de désespoir par Jérémie et lorsqu'il demande à Odd s'il est croyant le montrent. L'ambiance qui se dégage de cette scène est assez indescriptible et incroyable. Toujours est-il que je l'ai aimée.

La fin du chapitre est vraiment le moment que j'ai le plus apprécié. Déjà, parce qu'il y a un orage Mr. Green, et qu'un temps pareil amène à de la souffrance, de la tristesse et de la destruction.
Ensuite, les mots que dit Odd à Yumi, le combat intérieur de celle-ci, c'était... poignant. J'ai senti pas mal de désespoir et de chagrin se dégager de cette scène.
Puis, le final : le suicide de Yumi. Ses dernières pensées tournées vers ses amis et sa famille. C'était beau et triste à la fois. Bien que je n'aime pas le personnage de Yumi, ici, elle est parvenue à m'émouvoir. Bref, elle semble voir quelque chose avant d'expirer. Qu'est-ce donc ? La suite au prochain épisode...

En bref, magnifique chapitre qui donne envie de connaître la suite.
_________________
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« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Pikamaniaque MessagePosté le: Mar 20 Aoû 2013 00:49   Sujet du message: Répondre en citant  
Référent Pikamaniaque


Inscrit le: 30 Jan 2011
Messages: 491
Localisation: Norende.
Bonsoir mes quatre commentateurs,
et les autres.

Depuis presque deux semaines que je n'ai pas mis à jour ma fiction pour des raisons aussi nombreuses que variées, je vous propose tout de suite de découvrir le vingt-quatrième chapitre : le Roi et moi qui sera un chapitre assez spécial puisqu'il vous conduira à un cheminement intellectuel duquel vous devrez trouver avant les trois personnages sur lequel est centré le chapitre (Margery E. Hensley, Premier Ministre du Royaume-Uni, Arnold A. Heath, Président de la République Française et Alexandre Hussinger, Chef des Armées Françaises). Les héros sont peu présents, mais ils le sont. C'est surtout un chapitre de transition avec le 25 et 26.

*Odd Della Robbia* : Ah, mon bon vieux Odie, on ne pourra jamais te changer ! Je maintiens qu'Odd est un élément clé du groupe. C'est lui qui motive toujours tout le monde, et il tient une grande place avec les mots. Il parvient toujours à pardonner avec son grand altruisme, et il a son heure de gloire à de nombreux moments, même si tu ne le vois pas forcément.
Cela dit, je tiens à te contredire. Tu n'as pas du bien comprendre qu'Odd avait sauvé le monde. Il n'a peut-être pas sauvé Yumi, mais il l'a empêchée à réaliser son plan de tout détruire à l'aide de ses éclairs électriques, et ça, ça me paraît plutôt fort.

Mejiro-kun : Je n'expliquerai pas la Translation de Léopold dans ce chapitre. Je vais donc l'expliquer maintenant : Léopold est blessé parce que Yumi a aspiré ses pouvoirs. Cela dit, selon le supercalculateur dont il s'est servi, il les possède toujours, raison pour laquelle la translation ne s'annule pas. Du moment que la geisha lui vole ses pouvoirs, il redevient prisonnier de son corps spectral sensible aux coups. Quoiqu'il en soit, je te remercie pour tes commentaires positifs ! J'espère que tu ne seras pas trop déçu par la dimension politique de ce vingt-quatrième chapitre.

Oddye : Oui, il est intéressant de noter les quelques remarques qu'elle glisse aux héros. Elle fait leur autoportrait en des termes les plus négatifs, et elle fait le même le sien à la toute fin du chapitre. Je suis content que vous ayez pu ressentir les émotions que je souhaitais retransmettre. J'espère revoir un de tes commentaires.

Zéphyr : Je dois dire que je suis touché par ce que tu viens d'écrire. Je vois que j'ai réussi la plupart de mes paris. J'ai bien apprécié ton commentaire et je te remercie. Petite note : c'est intéressant de voir le contraste entre le Odd du début, et le Odd de fin. Smile

Et tout de suite, le vingt-quatrième chapitre ! Assorti de deux musiques que vous devrez mettre aux moments où elles sont indiquées. Le chapitre 25 se nommera : l'Armée des Ombres.
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Chapitre 24 : Le Roi et moi



    Conversations with Dead People.

    « Arnold, le thé, je vous le sers comment ? Avec ou sans lait ? »
    De son plus élégant tailleur, Margery E. Hensley, Premier Ministre du Royaume-Uni, partageait le thé avec son homologue français. La situation internationale ne cessait de se dégrader. De nombreux pays tombaient sous le joug de Carthage, d’une manière beaucoup plus violente, et les assauts militaires menés par l’Union Européenne ne faisait que tendre une situation internationale pratiquement explosive. Le monde était devenu une véritable poudrière, dont la moindre étincelle pouvait coûter un conflit nucléaire. Face à cet imminent danger, les deux têtes les plus combattives se réunissaient régulièrement afin d’adopter une stratégie commune. Plus le temps passait, plus l’inéluctabilité de la guerre apparaissait à eux, mais ils repoussaient sans cesse l’échéance parce que quelque chose clochait dans les informations qu’ils avaient. En ce mois d’avril extrêmement morose, Arnold A. Heath, Président de la République Française officiellement investi, brava les tempêtes de la manche jusqu’à Downing Street. Accompagné d’Alexandre Hussinger, le Chef des Armées, cette réunion se révélerait capitale dans leur doctrine jusqu’ici défensive. De nombreux éléments convergeaient en un même point : celui d’une guerre rapide et totale sous très peu de temps. Tous les états-majors du monde libre, réunis en un bloc international, se trouvaient donc aux aguets.

    Pourtant, de nombreuses zones d’ombre subsistaient encore à quelques semaines d’une terrible bataille fratricide. L’Organisation terroriste semblait persuadée d’une victoire facile et rapide, ce qui décontenançait la plupart des exécutifs. On aurait dit que l’échec n’était même pas prévu tant leurs plans demeuraient parfaits. Cela restait tout l’objet de cette entrevue qui durerait de longues heures aujourd’hui.
    « Volontiers, Margery. Vous êtes toujours pleine d’entrain en ce qui concerne les réunions. Cela vous sied à merveille. Je devrais me rendre à Downing Street plus que ce que vous ne venez à l’Élysée. » L’interlocutrice émit un rire poli. Nous en étions aux premières formalités de la réunion. Le chef de l’État venait d’arriver, et le Général manquait encore à l’appel. On ne pouvait débuter les discussions sans lui. En s’approchant de la fenêtre, il remarqua la pluie qui battait le rythme au-dessus de Londres. Cette ville portait bien sa réputation : il pleuvait tout le temps. Après quelques minutes d’attentes, le retardataire brava les portes du bureau. En costume militaire, il portait tous ses grades avec une grande fierté.

    « Ah. Alexandre. Vous avez failli nous faire attendre. Commenta le Président.
    — Navré, mais nous étions empêchés par la pluie. De toute façon, la situation est grave. Ne nous le cachons pas. Abandonnons les sourires patelins ici, je vous prie. Vous savez très bien que d’ici une semaine, nous serrons en guerre. » Un blanc se suivit de cette assertion. Cette vérité, on ne pouvait la nier, mais la plupart des soldats, mal entraînés à affronter des cyborgs, ne pourraient pas survivre très longtemps face à toute une armée. Les agents de la section Heartgold, en trop petit nombre, ne parviendraient pas, eux non plus, à assurer la sécurité des citoyens. Si des armes se développaient depuis plusieurs mois, l’information était connue depuis trop peu de temps pour préparer des parades réellement efficaces. Tout ne se trouvait qu’en stade expérimental.

    « Nous le savons. Déclara subitement le Premier Ministre. Elle parlait d’une voix froide et autoritaire. Mais nous savons également que nous avons toutes les chances de perdre. Nous nous posons beaucoup de questions sur les buts de Carthage. Il nous manque quelque chose.
    — Il est évident, madame le Premier Ministre, que l’armée des cyborgs n’est pas notre principal problème. Ce qu’il faut, c’est tout reprendre depuis le début. Voulez-vous ? » Heath donna le ton. En invitant Hussinger près du bureau, tous trois se réunirent et commencèrent à disposer des informations qu’ils possédaient.
    « Déjà. Nous n’allons pas reprendre toute l’Histoire de Carthage, on la connaît. Mais nous allons nous intéresser à leur retour sur la scène. Le cinq septembre deux mille cinq, les parents de Yumi Ishiyama, morte la semaine dernière, connaissent un accident criminel qui les conduit à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Pourquoi ? Pourquoi est-ce que ces gens sont visés alors même que Carthage ne connaît pas, ni l’existence de l’Usine Renault, ni l’implication directe de la japonaise dans les affaires du monde virtuel ? Le sexagénaire sortit de sa poche une photo de la personne susmentionnée, barrée d’une croix rouge comme pour signifier son décès. Il mit également les images de ses parents, encore en vie, eux.
    — Général… Est-il possible qu’à ce moment, Carthage ait en connaissance la simple participation de Jérémie Belpois ? Vous savez, comme Yumi était son amie, ils ont pu vouloir agir à travers ce geste sans la tuer. Pour quelle raison cependant… cela me reste obscure. Margery porta la tasse de thé à ses lèvres. Elle en but une petite gorgée avant de la reposer.
    — Peut-être… Mon prédécesseur m’avait dit que le surlendemain, vous aviez mené une perquisition au lycée Kadic après avoir reçu des signaux suspects. Si on part de cette conjecture, il est fort probable que les signaux de Carthage eussent été volontaires. Et si cela n’avait été qu’une manœuvre pour le ramener à Kadic ? Et oui. Il me semble que ses autres amis étaient encore présents là-bas. Avec cette perquisition militaire, il est revenu. Je parie que c’est l’un de ses amis qui l’a poussé à revenir.
    — Mais, sauf votre respect M. le Président, il y avait une chance pour Carthage que cela échoue. N’était-ce pas un plan mal fait ? Je ne pense pas que l’on soit sur la bonne voie.. Non, en fait, je pense que vous avez en partie raison. Mais qu’ils ne connaissaient pas encore assez leur cible. Ils ont enquêté sur lui, oui, mais lors de cette perquisition, deux agents étaient présents. Ils l’attendaient. Ils voulaient le capturer, j’en suis persuadé. Lui, et son amie, Aelita. À nouveau, le militaire sortit de sa poche deux photographies. Il n’y avait aucune barre. Ils vivaient encore, pour le moment. Il reprit. Bien évidemment, tout cela devait les conduire à l’endroit où se situait le supercalculateur, mais ils ne s’attendirent pas à ce que je les fasse tuer. Même emprisonnés, ils auraient été libérés. Nous n’avons fait que les ralentir. Et c’est à ce moment-là que j’ai sommé Léopold Le Couls, une jeune recrue que j’ai sauvée d’un destin macabre qu’il est indécent d’évoquer ici, de rallumer le supercalculateur puisque nous l’avions localisé avant eux.
    — Alors, si je comprends bien, Général, vous lui avez demandé de nouer des liens avec leur bande ? À partir de là, vous deveniez les oreilles de Moscou en même temps que vous vous en serviez comme appât. C’est diaboliquement machiavélique. Commenta le Premier Ministre. À nouveau, elle but une gorgée de thé. Elle remarqua la photographie dudit Léopold qui prit place aux côtés des autres adolescents, toutefois un peu plus élevée pour marquer la rupture.
    — Mais. Quelque chose m’échappe. Après l’incident de la Tour Montparnasse, qu’est-ce qui a permis à Carthage de localiser l’usine Renault et d’attaquer l’hôpital de la Pitié où se trouvait certains des adolescents ? Pourquoi faire une chose pareille ? Demanda le Président de la République. Cette question, ne resta pas sans réponse plus d’une minute.
    — À l’époque, je n’avais pas toutes les informations. Maintenant, si. Jérémie m’a menti. Et un certain Mister Spencer a infiltré le lycée Kadic dans le but de les espionner. Il a volontairement fait perdre une clé qui brisait directement le pare-feu entre Carthage et le supercalculateur. À partir de là, ils ont pu les localiser et les traquer. Ils ont attendu un moment avant de passer à l’action. Ils ne devaient surtout pas se faire remarquer. Alors ils ont commencé à investir le monde virtuel par la mer numérique. Toute mon unité se trouva vérolée, notamment par les américains dont ils se servirent pour me renverser à cause de la corruption des services secrets transatlantiques. Le ton du Général demeurait parfaitement solennel. Il maîtrisait bien la dramaturgie.
    — Cela voudrait donc dire que, depuis le début, toutes les données des télégrammes qu’échangeait mon prédécesseur avec M. Chirac étaient espionnés ? La question innocente de Margery trouvait sa réponse toute seule. Heath ne prit même pas la peine d’y répondre.
    — Admettons. Pourquoi n’ont-ils alors pas espionné les communications britanniques ? Cette interrogation fit retourner les trois hommes vers la table du 10, Downing Street. Peut-être y avait-il des micros. Ils se relevèrent.
    — Margery, ne me dites pas que vous n’avez jamais pensé à faire fouiller votre bureau ? La voix d’Hussinger se fit presque inquisitrice. Il sortit un espèce d’émetteur qui pouvait capter les ondes. Les résultats sonnèrent comme un tocsin. La pièce entière est gangrénée de micros. Nous ne pouvons pas continuer notre discussion ici.
    — Je pensais… Je pensais que M. Blair avait tout fait vérifier avant son départ.
    — Il l’a fait. Ces micros ont été installés après et depuis peu de temps. Quoiqu’il en soit, nous ne restons pas ici. Venez. » Le sexagénaire ramassa les photos. Il sortit de la pièce. Le Premier Ministre britannique parut honteuse.

    Stolen Earth.

    Je m’appelle Seryô Kamanji, j’ai seize ans, et je suis japonais. Je suis un garçon plein de vie, qui aime beaucoup faire la fête et m’amuser. Ce soir, avec quelques amis, nous avons décidé d’aller faire un tour dans les boîtes de nuit de Tokyo. Il y a toujours du monde à Tokyo, c’est une ville connectée à l’univers. Le ciel est souvent dégagé ces jours-ci, je présume que cela n’augure que du bon. Les gens sentent l’optimisme, ils me paraissent des plus enjoués malgré une tension internationale qui ne me concerne guère, je dois bien l’avouer. En tous cas, ce soir, quand je rentrerai, j’espère que ma mère ne remarquera pas trop que j’ai bu de l’alcool. En effet, sous la pression de mes amis, j’ai découvert ce doux élixir duquel je ne peux plus me passer lorsque je suis en soirée ! De même que pour le tabac. Certes, on me dira que ce n’est pas très sain de fumer à mon âge, blablabla, mais je n’en ai rien à faire, c’est ma vie, et j’en fais ce que je veux. Les autres peuvent aller se faire, n’est-ce pas ? Du moins, c’est comme ça que j’aborde ce problème. On m’a souvent dit que j’étais irresponsable dans les personnes qui me connaissent, notamment les adultes, ce sont toujours des psychorigides sans aucun sens de l’humour. Ils me disent que c’est pas bon pour moi, que cela abrutit mes neurones, c’est tout à fait n’importe quoi. Même qu’une fois, un fou m’a dit qu’ils mettaient quelque chose là-dedans pour nous droguer à notre insu, pour ainsi dire, faire des expériences étranges lorsque nous sommes plongés dans notre subconscient. J’ai bien ri ce jour-là.

    Somme toute, sous cape d’une soirée Pizza avec l’un de mes amis, je suis parti en ville dès vingt heures ce soir-là. Il y avait beaucoup moins de monde que d’habitude, bien qu’on puisse sentir une certaine agitation due au futur concert que va donner The Candy Spooky Theater. Il fait très sombre. Je ne comprends pas pourquoi. D’habitude, la plupart des gratte-ciels sont illuminés. C’est pour le moins très étonnant. Néanmoins, cela ne nous démotive pas à nous rendre en centre-ville. Ce n’est pas parce qu’un quart de la population semble avoir disparu des rues qu’on va s’inquiéter, il y aura moins de queue à l’entrée. Et ce fut d’ailleurs le cas. Beaucoup moins de monde. Je dansai toute la nuit avec plusieurs de mes amies, dont les attributs féminins continuaient de m’exciter même après quelques bières. Je me sentais moi-même, je me sentais bien. Il y avait de la bonne musique, une bonne ambiance, tout le monde était content, et je me voyais libéré de toute pression causée par ma journée de cours.

    « Aïe ! Mais t’es pas bien Shigeru ?! Encore en train de mater les boobs de tes mangas ecchi ?! » Je venais de me recevoir une tape fort désagréable sur les fesses. Une tape dont seul mon ami Shigeru en avait le secret, tant il apparaissait alors que personne ne pouvait s’y attendre.
    « Ahah, Seryô, toujours aussi frigide ?
    — Mais t’as gueule, retourne faire ton M+Z plus loin ! De toute façon il est tard, là, quatre heures du matin, je vais rentrer parce que je crois être un peu pompette… »

    Sur cette sortie plus que ratée et dont je n’étais pas spécialement fier, je sortis de la discothèque en titubant jusqu’à une rue complètement déserte. Quel con ce Shigeru, toujours à tout critiquer, toujours à mettre ses mains là où il ne faut pas. Je le soupçonne gay celui-là, même s’il le cache par une forte personnalité extravertie et trublion. Les lumières se mirent à vaciller. Je ne remarquai rien. En fait. Non. Je le remarquai, mais j’étais bien trop mal pour prendre en considération cet élément alors que je m’écroulais comme un dépravé en plein milieu de la route. Je relevai la tête aux sons des pas qui se trouvaient derrière moi. Qu’il aille au diable ce connard, n’en a-t-il pas marre d’humilier tout le monde ? Non, mais, une seconde… Suis-je en train de m’énerver pour une tape sur la fesse ? Ahah. Cela avait un côté drôlement cocasse. Je me relevai, me retournai.

    Je poussai un grand hurlement. J’étais mort.

    Et ils jouèrent avec moi, des heures durant, alors que j’étais encore conscient, me faisant maudire d’être parti, me faisant maudire de ne pas être resté dans les jupes de ma mère. Au fil du temps, ils gravèrent sur mon torse découvert les lettres de ce qui serait le début de la fin. Voici qui venait d’être écrit « Ça a commencé », lorsque le lendemain, ma mère me trouva, les yeux révulsés, la mâchoire déformée, et le visage ensanglanté. Oui, maman, j’ai souffert, maman.

    Rien ni personne ne peut les arrêter.

    Ça a commencé.
    C’est le règne de l’Armée des Ombres.

    Conversations with Dead People.

    « On sera mieux ici. » Proposa Mme Hensley en ouvrant la porte du bunker, qui fut jadis utilisé par Winston Churchill au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Les représentants français y entrèrent un à un. Elle referma la porte, verrouillant sa serrure pour ne pas être dérangé par quiconque. Il devait être aux alentours de dix-sept heures trente. Le Premier Ministre alla se placer à la table, un petit ordinateur se trouvait relié à de nombreux câbles. Hussinger observait cette pièce avec beaucoup de fascination. Adapté à la plupart des changements du monde moderne, il paraissait avoir une excellente résistance à toutes les surprises qu’offrait Carthage. Un abri idéal en cas de guerre atomique dévastatrice, a fortiori grâce aux vivres présents en immonde quantité. Le Général se retourna alors, disposant sur la nouvelle table les photographies au préalable emportées du Salon des Ambassadeurs. Il leur fallait reprendre leur discussion.
    « Bien, reprenons, voulez-vous ? » Arnold Heath jouait avec le petit mug en forme de vache à côté de son homologue britannique. Bien que quelque peu dissipé par cet étrange objet, il reprit un regard fixe envers son Chef des Armées. Ses cernes montraient à quel point il se tuait à la tâche, et il pensait que quand toute cette histoire serait finie, ce vieil homme aurait le droit à une belle retraite assorti du titre “Maréchal Hussinger“.
    « Quand on pense que tout cela s’est passé en moins de trois semaines… Comment une situation peut-elle dégénérer aussi vite ? Margery posa cette question à la cantonade, sachant très bien qu’elle n’aurait pas la réponse. Ses deux interlocuteurs se contentèrent d’une moue affligée.
    — À partir du vingt-trois septembre, tout a dégénéré. Ils ont pris en otage un avion américain dans le but de me faire plier. Je n’ai pas cédé. Résultat, un millier de morts à déplorer. Depuis ce jour, George W. Bush s’est entièrement rangé derrière Carthage. Ce pétochard de première craint pour sa carrière, et son administration totalement corrompue joue les vassaux de Carthage dans le seul but de survivre à la grande guerre qui se prépare. Quel acte de profonde lâcheté alors que ce pays aurait pu nous être d’une très grande aide. Le sexagénaire adressa un regard à son supérieur français. En tant que Chef Officiel des Armées, le Président de la République devait veiller à la cohésion de tout le territoire. Il repensa avec nostalgie à Jacques Chirac, aujourd’hui exilé là où personne ne pourra le trouver en cas de renversement du pouvoir en place. Il devait représenter la dernière barrière stable du pays.
    — Tout ce que vous me dites m’amène à la question suivante : quel but pouvait bien avoir Carthage à les kidnapper ? D’accord, ils les ont torturés, ils voulaient des informations, mais on ne torture pas pour le plaisir. Ce n’est pas dans leurs méthodes. Ils tuent, eux. De sang-froid, sans se poser la moindre question. Qu’est-ce qui pouvait bien les intéresser ?
    — Il y a eu comme un sentiment d’inachevé lorsque nous les avons sauvés. La mort du Colonel de Bruy a été un choc pour beaucoup d’entre nous, et l’autodestruction de la base nous a presque paru évidente sans que l’on s’interroge sur ce qu’il y avait derrière. Bien sûr, on engageait des supputations, mais cela ne nourrissait pas les faits. Puis. Il y a quelque chose encore qui me chiffonne… »

    À cet instant, tous trois se regardèrent mutuellement.
    « Carthage leur a implanté une puce dans la tête pendant leur détention. Voilà pourquoi ils étaient au courant de tous nos plans. Je l’ai tout de suite découvert, raison pour laquelle je ne parlais pas de nos dossiers. Ce fut comme cela que nous les avons sauvés à de nombreuses reprises, que ce soit au camp d’extermination d’Antibes ou encore tout récemment, avec Yumi. Il y a toutefois plus grave. Je me pose une question. Nous sommes d’accord que Carthage prépare une armée de cyborgs, mais ne trouvez-vous pas bizarre qu’on le sache ? Ne trouvez-vous pas bizarre qu’il y ait tant d’indices qui aient filtrés de la Grand Arche ? Tout ceci ne peut pas être une coïncidence, je suis absolument convaincu qu’il s’agit d’un stratagème. Mais j’ignore pourquoi. Oui, j’ignore pourquoi.
    — De même, le nombre de pays qui se rallient à l’Organisation est impressionnant. Le Japon, les États-Unis, la plupart des pays du Maghreb également, qui, eux, ont les ressources du pétrole. Je ne comprends pas pourquoi Carthage décide de s’en accommoder plutôt que leur faire la guerre. Tous ces pays pourraient tomber très facilement. La remarque de Margery E. Hensley fit tiquer la tête de son homologue français. Il réfléchissait à quelque chose.
    — Une main d’œuvre ? Proposa-t-il.
    — Mais dans quel but, la Grand Arche est déjà finalisée, et le Canon Polynice, selon nos sources, peut tirer à tout instant ? Et puis, même, pourquoi vouloir exterminer des populations, voilà quelque chose qui m’échappe. Veulent-ils fonder un monde sur les décombres de six milliards de victimes ? Cela me paraît tout à fait insensé, à moins qu’il y ait un gros sadisme là derrière. La discussion entre les deux chefs d’États laissait pensif le militaire. Était-il possible que… ?
    — Madame le Premier Ministre, pouvez-vous me dire si vous avez un ordinateur dans cette pièce ? Il sortit de sa poche une disquette qu’il posa auprès des photographies. Il est fort possible que tout prenne un sens. Pourquoi Odd est-il toujours en vie ? Pourquoi n’ont-ils pas détruit les capsules lorsqu’ils se sont infiltrés dans la colonie de l’espace ? Tout ceci peut prendre une réponse immédiate. Tout ce qu’il me faut, c’est un ordinateur.
    — Oh, bien entendu. Laissez-moi quelques minutes, je vais appeler Shadow pour qu’il nous l’amène. Vous savez, Arnold, le meilleur agent de la section Soulsilver. » Le Président de la République esquissa un faux sourire. La seule fois où il avait rencontré son garçon aux cheveux châtain foncés et aux yeux vert émeraude, celui-ci avait failli le transformer en boîte de conserve. Il paraissait extrêmement nerveux en même temps que coupé de toute humanité.

    « Hussinger, mon ami, à quoi pensez-vous ?
    — Oh, Arnold, ce ne sont que des suppositions, bien évidemment. Mais. Je crois qu’il y a un rapport entre le moment où William Dunbar s’est relevé d’entre les morts… et les puces. Cette idée est loin d’être réjouissante mais il s’agit de Carthage qui a la capacité de contrôler l’incontrôlable. »

    Le Président français resta las.

    Journey’s End.



    « Vous savez ce que je vais dire ? À chaque famille dont le cœur est brisé à tout jamais ? Qu’aucun français ne sera mort en vain. Contre Carthage. Je vous en fais le serment Mme Ishiyama. Votre fille n’est pas morte pour rien. Votre fille était exceptionnelle, votre fille était une grande dame. Elle était. La plus éminente d’entre tous. Elle a bien vécu, elle a fait son devoir. »

    Quand le cercueil disparut sous la terre, Jérémie Belpois lâcha une larme. Elle en disait long sur le conflit intérieur qui le rongeait. Jamais le jeune homme ne s’était senti aussi sale. Il la revoyait, du haut de la Dame de Fer, se jeter dans les cieux de la nuit parisienne entachée par la pluie et l’orage. Il ressentait la main de Kiichi se poser sur son bras, pour lui dire de ne pas intervenir, pour lui dire de laisser faire. Il revoyait Odd, il revoyait ses yeux embués lorsqu’il la vit disparaître. Le garçon ressentait encore le vent qui ébouriffait ses cheveux, il avait vu lui-même la goute versée par le Général Hussinger. Même lui, même lui avait été affecté par cette mort.
    Cependant, le pire, oui, ce qui fut pire que tout, c’était le regard anéanti de ses parents lorsque l’éloge funèbre fut faite. Il revit leur tristesse, leur souffrance, le petit Hiroki, complètement détruit, brisé, sans sœur, à jamais. Tout ce désastre. Il en était responsable. Et ses parents le savaient. Ils lui dirent. « Tu n’aurais jamais du la fréquenter ». Oui. Il était minable. Complètement raté. Sa vie ne rimait à rien, on aurait mieux fait de l’étouffer à la naissance. Le monde aurait perdu une belle ordure. Tout le monde lui tournait le dos à présent. Tous ses amis, qu’ils viennent de l’armée, ou du lycée, même sa famille. Personne ne l’aimait. La seule fille qu’il avait toujours chérie toute sa vie tardait à se réveiller de son état comateux. Bien que sortie d’affaire, la jeune Aelita Stones restait très faible. Ce pourquoi, chaque soir, depuis une semaine, le scientifique allait la voir jusqu’à passer des soirées entières avec elle. Ce jour-là ne ferait pas exception. Il n’attendit pas ses « faux amis », de toute façon, il n’en restait que deux.

    Lorsqu’il arriva au CHU de Necker, il rentra dans la chambre de sa dulcinée. Là encore, Jérémie se souvenait avec quelle force il l’avait ramenée sur terre malgré les risques. Il se souvenait de toute l’attention qu’il lui portait, de toute la joie qu’elle pouvait éprouver quand elle songeait que son père était encore en vie. Cette fois-ci, elle ne voyait plus que la douleur. Dans ses yeux, cela se voyait. En posant sa main sur son front, il le sentit étonnamment froid. Encore une fois, ses sens s’éveillèrent. Allait-elle bien ? Pouvait-elle être morte ? En moins d’une demi-heure, il avait fait un si long trajet, un trajet qui ne servirait à rien, puisque la personne qu’il venait voir ne réagissait pas. Il décida de ne pas insister plus longtemps. Profondément déçu, le lycéen ressortit de la chambre. Il marcha d’un pas laconique sans savoir où il allait. Il voyait tous ces gens, il voyait tous ces blessés, tous ces gens que la guerre détruisait. Que la vie détruisait. Oui, en fait, c’était la faute à la vie. Mais aussi de sa faute. C’était. Ouah. Tout demeurait confus. Il n’arrivait plus à penser clairement. En rentrant dans une cabine fermée, il remarqua qu’aucun médecin ne se trouvait à l’intérieur. Le jeune homme commença dès lors à se griffer, à se mordre, à se tirer les cheveux. À s’en arracher. Il s’avança jusqu’aux équipements. Il regarda rapidement. En dégageant ses lunettes de ses yeux, Jérémie les écrabouilla à l’aide de son pied, encore, encore, encore.
    Des larmes dégoulinaient de ses yeux. Il finit, laconique, triste, par saisir un scalpel. Belpois observa cet objet de métal qu’il porta à ses bras. Il se fit de petites entailles. Pas pour se suicider, non, mais pour se punir. Il devait être puni. Il devait payer pour ce qu’il avait fait. Ce carnage, ça, tout était de sa faute.
    « Je suis une ordure… » Répétait-il, à genoux, jonchant le sol de cette petite salle. Il frappait en même temps le sol, toujours pour ressentir la douleur.
    « Elle avait raison… ce que j’aime… ce que j’aime… C’est souffrir. »

    Même le cliquetis de la porte ne le fit pas se relever.
    « Tu vas arrêter ça, maintenant. » Kiichi le regardait d’un air extrêmement sévère. Elle avait ce regard à la fois maternel et blasé. Ce regard qui exprimait beaucoup, que son interlocuteur capta, gémissant par quelques grommèlements espacés.
    « Debout. » Sans ménagement, sans patience, la jeune fille s’approcha de lui. Elle ne voulait pas lui tendre la main. Elle ne voulait pas l’aider. Ce n’était pas dans son tempérament. Elle ne pouvait cependant pas le laisser s’ôter la vie, ce serait un dommage collatéral trop important.

    ***


    Léopold Le Couls se tenait au côté de son ex petit-ami. La cérémonie funèbre s’était terminée quelques heures auparavant. Chacun reprenait le cours normal de son existence, bien que pour une famille, celui-ci venait d’être démoli à tout jamais. Dans le silence morne du petit parc contigüe au cimetière du Père Lachaise, auquel la japonaise eut le droit sous demande expresse du Général Hussinger, le feu couple observait le paysage. Cette nature si belle qui prenait à présent une grande âpreté. Depuis qu’ils s’étaient séparés, à aucun moment les deux adolescents ne se retrouvèrent tous deux à côté pour discuter de leur avenir. Cela faisait déjà moins de deux semaines, et pourtant, la vitesse avec laquelle l’engrenage se mit en place faisait penser à des années de calvaire.
    « Léopold… S’il te plaît. Je tenais. À m’excuser d’être parti. » Rompant se silence religieux, l’excentrique, dont la voix aigüe faisait crisser les plantes autour du banc sur lequel il était assis, s’adressa avec une telle conviction que son interlocuteur se retourna. Il se trouvait un peu plus face à lui.
    « Je sais que tu es désolé. Mais il est trop tard pour faire marche arrière. Je ne me vois pas rétropédaler, pas maintenant. Yumi et Ulrich sont morts. Et c’est une conséquence de ta décision. En lui rappelant cette réalité sous les yeux, quelques larmes vinrent remplir ses yeux bien que lui resta totalement stoïque. Le bandeau qu’il portait semblait déshumaniser une partie de son regard.
    — Léo’… J’aurais aimé que cela se passe autrement. Si tu savais. Il se mordit les lèvres. Tu devrais me laisser une seconde chance. Tout va mal, et peut-être que moi aussi, bientôt, je serai mort. Et je ne veux pas mourir seul. Je ne veux pas voir le noir sans que tu sois près de moi. Je t’en prie.
    — Ce n’est plus mon problème à présent. Je t’aime, et je t’aimerais toujours. Mais je n’aurais plus jamais confiance en toi. Je faisais parti des services secrets français. J’avais une carrière, un avenir. J’ai tout perdu. Peut-être ne t’en rends-tu pas compte, mais parce que je t’ai suivi dans ce manoir, j’ai tout perdu. Je ne peux plus être avec toi. S’il te plaît, tu dois respecter mon choix. Quand il termina sa phrase, le jeune garçon repensa à la geisha. Elle avait toujours été là pour elle. C’était la première personne qu’il rencontra lorsqu’il ralluma le supercalculateur. Et maintenant. Et maintenant, il ne lui restait que ses souvenirs.
    — D’accord. Je comprends. Je peux te faire un câlin, juste une dernière fois ?
    — Non. » Sur cette voix tranchante, Léopold se retourna. Il ne voyait plus Odd. Celui-ci se trouvait derrière lui. Ce dernier resta pantois. Sans pour autant qu’il le remarque, Le Couls venait de verser une larme. Il ne souhaitait pas que son ex petit-ami le remarque afin que celui-ci garde une image d’homme déterminé dans sa conviction, alors qu’au fond, il souffrait beaucoup de sa propre décision.

    « Tu sais. Odd. De toute ma vie, je n’ai jamais aimé que toi. » L’adolescent se retourna finalement après une petite trentaine de secondes. Le soleil tapait sur sa tête. En contrejour, il paraissait être une simple ombre parmi les ombres.

    Un bruit attira son attention. Un bruit anormal, comme celui de pas qui se rapprochaient d’eux. Une femme se tenait là, les cheveux roses fluo, habillée d’un costume noir semblable à ceux que portait Nastasia. Issue de Carthage, le sourire narquois aux lèvres, l’adulte paraissait émue de la scène à laquelle elle venait d’assister. D’une rapidité spectaculaire, la mère d’Aelita s’empara du cou du jeune Della Robbia. Elle resserrait son étreinte sous les yeux de l’autre blond complètement abasourdi. Il ne savait pas comment réagir. Avant même qu’il put atteindre son bras, elle avait sorti un pistolet qu’elle pointa sur le crâne de son ex.
    « Ah. Monsieur Léopold. Monsieur Della Robbia. C’est le grand jour. Réjouissez-vous.
    — Non, relâchez-le, je vous en prie. Je vais tirer. Lorsqu’il fit un pas en sa direction, elle resserra son étreinte. Son otage semblait avoir de plus en plus de mal à garder une respiration régulière. Arrêtez ! Sur le ton de la supplique, Nastasia jouissait du total contrôle qu’elle avait sur cette vie.
    — Un pas de plus et il meurt. Cette information lui glaça le sang. Il sortit l’arme qu’on lui avait donnée quelques jours auparavant. Il la pointa sur sa cible. Il tremblait comme une feuille.
    — Je vous exhorte de le lâcher… Des larmes coulèrent de ses yeux.
    — Oh, tu vas tirer, vraiment ? Tu prendrais ce risque ? Allez. Vas-y. Tire.
    Rien ne se produisit. L’enfant en face d’elle ne parvenait même pas à défaire la sécurité. Il suait à grosses gouttes.
    — Je le savais. Tu en es incapable. Tu es tellement sentimental. Tu vas lâcher cette arme et me suivre. Nous allons retourner sur la Grande Arche, et tu vas assister à la chute de l’Empire Démocrate. Allez, lâche. À nouveau, elle fit pression sur le cou du Lyoko-guerrier.
    — Non… je t’en prie… ne le fais pas… Léo… » Gémit-il du mieux qu’il put.

    Une nouvelle étreinte plus forte lui fit lâcher. Il ne pouvait se résoudre à abandonner Odd après tous ses sacrifices. Nastasia balança un rictus carnassier.
    « Dis-moi, Léopold, veux-tu revoir ton père ? » Ce dernier sortit de nulle part, l’empoignant avec une force exceptionnelle. Il sentait la putréfaction. Ce fut les dernières choses qu’il remarqua. Immédiatement après, le littéraire sombra dans une douce inconscience.

    Ça a commencé.
    C’est le règne de l’armée des ombres.

    Conversations with Dead People.

    « Madame Hensley, pour vous servir. » Lorsque Shadow débarqua dans le bunker du 10, Downing Street, les deux français regardèrent face à eux. Le jeune homme d’à peine une vingtaine d’années faisait froid dans le dos. Il portait une tenue extrêmement sombre, une espèce de cape violette ainsi qu’une canne dont le manche ressemblait fort à un canard. Il posa sur la table l’ordinateur portable que lui avait réclamé le Premier Ministre la demi-heure d’avant.
    « Oh, je vous remercie Leith. Toujours aussi performant. Où étiez-vous ?
    — J’étais au Palais de Buckingham. La Reine est inquiète. Elle espère que vous aurez bientôt terminé vos discussions.
    — Ne vous en faites pas Shadow. Tout est bientôt terminé. Restez ici je vous prie. Tenez Général. Elle lui tendit ledit ordinateur. Le sexagénaire le posa sur la table. Il ouvrit le premier écran. Le temps qu’il s’allume, Hussinger observa la pièce derechef. Il se demandait si, là aussi, des micros purent être installés.
    — Non. Je sais ce que vous pensez, mais tout a été vérifié. Je vous assure.
    — Il y a plus qu’intérêt Margery. Sa voix se fit soudainement extrêmement froide. Même le Président français dut faire un geste de conciliation pour ne pas froisser l’égo britannique.
    — À quoi pensez-vous, Hussinger ? Qu’est-ce qui est en train de se passer ? Que va-t-il arriver ? Il est temps de nous dire ce que vous pensez. » Arnold A. Heath défigura son interlocuteur pendant de longues minutes, à mesure que l’écran d’ordinateur se chargeait et que le vieil homme insérait la disquette. Une fenêtre s’afficha. Le logo de Carthage était inscrit dessus. Un sourire narquois se dessina sur ses lèvres.

    « Je vais tout vous expliquer. Nous nous demandions pourquoi est-ce que Carthage employait des gens à mourir ? La réponse est ridiculement simple. Pour la même raison qu’ils ont enlevé les Lyoko-guerriers, leur projet était de fonder une vaste armée sans qu’on le sache jusqu’au dernier moment. Sans qu’on le sache jusqu’à ce qu’il le décide. Les cyborgs sont une réalité, mais ils ne sont pas une fatalité. Nous savons comment les combattre, ils nous donné du pain, comme des mendiants, et nous l’avons mangé. À présent, c’est tout le contraire. Lorsque William Dunbar a été possédé, nous pensions que c’était dû à l’énergie électrique investie par Mister Spencer. Nous n’avions pas tout à fait tort. Mais jusqu’ici, nous avions oublié quelque chose : lui aussi avait une puce. Les stimulations électriques, ce qui lui a permis de se relever, ce n’est pas l’électricité, c’est bel et bien la puce. Elle a repris le contrôle du cerveau. Oh, bien sûr, celle-ci n’a pas annulé la mort encéphalique, mais elle utilise les fonctions du cerveau pour diriger le corps. Ce qui a été fait sur ce garçon était un galop d’essai. Un galop d’essai qui a merveilleusement bien réussi. » Le temps d’une petite pause, Margery E. Hensley porta sa main près de sa bouche, interdite. Arnold A. Heath avait du mal à croire ce qu’il entendait. « Ce que nous avons été stupides. Ils ont toujours eu une longueur d’avance depuis le début. Tout ce que nous avons fait, c’est les retarder. Et encore. Ils se servent de leur meurtre massif pour implanter la puce dans la tête. Une puce qui a du subir des dizaines de modifications depuis le début, pour crypter les données, pour établir une meilleure emprise. Et il est désormais hautement probable qu’ils ont constitué une armée surpuissante constituée d’un bon dixième de la population. Dans chaque pays contrôlé par Carthage se cache des millions d’hommes préparés à tuer. Mort ou vif. L’homme se retrouve face au plus grand défi qu’il n’a jamais eu à relever : combattre sa peur la plus primitive. Celle des morts. Tout avait été prémédité depuis le début. Nous avons affaire à un génie plus que diabolique. Et… oh… mais oui ! Ils n’ont pas tué les Lyoko-guerriers parce que s’ils sont à des points clés de Paris, ils pourront tout faire tomber de l’intérieur. Parce que. Ce sont eux les dirigeants. Ce sont eux qui vont conduire cette armée. Ils ont été les premiers à avoir la puce. Ça ne peut être qu’eux. L’heure est grave. » Hussinger se releva. « Nous devons rentrer en France immédiatement ! ». Le Chef de l’État se leva à son tour. Son homologue rejoignit la marche.



    « Si ce que vous dites est vrai, alors nous courrons tous un très grave danger. Je dois sonner la mobilisation générale. La guerre doit commencer sur-le-champ. » Sur cette assertion, le Président de la République vit l’écran de l’ordinateur devenir noir. Depuis que le réseau n’existait plus, il était entièrement soumis au bon vouloir de celui qui l’avait détruit. C’est à dire Carthage. L’image du Phénix Doré parvint sur tous les écrans. En même temps. Au même moment. Dans le monde entier. Le visage hirsute, défiguré par le temps, il exprimait un large sourire. Derrière lui, on pouvait apercevoir la terre. La délégation la plus puissante du monde s’approcha de l’ordinateur. Il était soudainement reconnecté à internet. Shadow resta dans un coin.

    « Peuple de la terre. La guerre vient de commencer. Ici se lève l’Armée des Ombres. Ici se lève la fin des temps. Céline écrivait son livre Voyage au Bout de la Nuit, sans savoir que, désormais, la nuit serait éternelle. Au moment même où je vous adresse ce message télédiffusé, des milliers de vaisseaux contenant vos nouveaux maîtres vont atterrir sur la terre en même temps que vos pères décimeront le dixième cette population pour fonder le début de notre nouvel Empire. Vous en serez les principaux artisans. Vous contribuerez à la grandeur de Carthage. Tous autant que vous êtes. Français, britanniques, allemands, états-uniens, tous seraient derrière le grand chef suprême de ce monde sur lequel nous préparons notre domination depuis des décennies, et plus personne ne peut nous arrêter désormais. Le 10, Downing Street a volé en éclat. Le palais de l’Élysée aussi. » À cet instant fatidique, un missile s’écrasa sur les deux résidences officielles des deux plus grands pays engagés dans la guerre. Tout explosa. Les bâtiments s’effondrèrent, tuant tout à l’intérieur. Personne n’avait pu survivre. Un gaz sarin se dégagea même dans les débris pour tuer les derniers survivants de ce drame. Au même moment, les premiers Cyborgs apparurent à la population. Des cris sortirent de toute part. L’armée britannique commença à lever les armées. La guerre venait de commencer. Dans tous les pays du monde, la désolation s’ajouta à la peur. Ces monstres sans foi ni loi devaient obtenir la reddition de la terre en vingt-quatre heures. Sans quoi. Ils détruiraient tout.
    « Veni, Vedi, Vici. » La communication se coupa. Elle se trouvait assortie d’une requête de reddition envers plus de cent pays.

    À l’intérieur du bunker, les dirigeants avaient survécu. Un coup de chance, vraisemblablement. Shadow venait de matérialiser son arme. Il se montrait aux aguets. Margery E. Hensley s’était bouchée les oreilles à cause du bruit. Une petite poussière imperceptible arrivait à se distinguer plus au-dessus de la sortie de l’abri.
    « Nous devons partir… au plus vite… Nous devons mettre des masques à gaz. Dépêchons. Ils nous ont pris de vitesse. » Alors qu’Hussinger parlait, encore et encore, pour la britannique, tout demeurait clair. Ils ne réussiraient pas. La tâche était au-dessus de ses forces. Personne ne pouvait contrer Carthage.

    Ça venait de commencer.
    Ce serait le règne de l’Armée des Ombres.

    The Angels Take Manhattan.

    Dans les plus haut gratte-ciels de New-York, on pouvait apercevoir la grandeur du monde. Les beautés impressionnantes des paysages qui s’offraient à nous. Un arc-en-ciel de couleur, dont chaque humain demeurait la nuance. Cependant, ce jour-là, malgré un temps plutôt radieux, tout tourna mal à l’aube de ce dernier jour. Les gens marchaient pour aller au travail, prenaient le métro, tout avait l’air normal. Pourtant. Au loin. Ils approchaient déjà. Sortis des ténèbres, tout droit revenus de l’enfer. Les monstres détruits par la coopération de George W. Bush. L’Armée des Ombres. En arrivant à Manhattan en même temps que la flotte ennemie, des bombes explosèrent un peu partout. Ces hauts buildings qui faisaient la fierté de la ville tombèrent les uns après les autres. L’armée ne réagissait pourtant pas. Elle laissait faire. Lorsque des petits enfants s’approchaient, ils se faisaient défigurés. Devenant, à leur tour, des membres de cette funeste armée. Des soldats dont la seule motivation était le meurtre. L’espèce humaine n’est-elle pas la pire de toutes selon les plus humanistes ? Ne vivait-elle pas pour le massacre ?

    Dans les cris de terreurs, aucun espoir n’arrivait à se fonder.
    En deux heures, les Anges prirent Manhattan.


_________________
« Il ne faut jamais perdre espoir ! » Alors qu’Alexandre était sur le point de tout abandonner, une voix familière résonna au plus profond de lui-même. « C’est ce que tu dirais, n’est-ce pas ? ».
Chapitre 26, Le Héros Légendaire.
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