Regard bref sur la montre, 7 heures 54 minutes 23 secondes. Ok. On est dans les temps, si ça ne bouchonne pas trop dans ce couloir je devrais atteindre la salle d’histoire avant 7 heures 55. Hop, allez, on évite le gars qui va dans le mauvais sens, on rase le mur, ligne droite, coup d’accélération. Ça y est. On y est. Et comme d’hab., en avance, James, Jessie et Céleste. C’est marrant de ce dire qu’il y a quelque temps, quand je m’arrêtais devant cette porte, il n’y avait que Jessie sur la liste des amis présents...

-Salut à tous !
Jessie arrive et me sert la main.
-Salut vieux !
Céleste le suit et me fait la bise.
-Bonjour Fred.
James arrive et me tape dans la main.
-Yo Fred.
-Vous allez bien les gens ? Le Week-end s’est bien fini ?
James :
-Bah j’ai encore fait sauter ma salle de bain, mais c’était marrent !
Céleste :
-Bah j’ai dessiné tout le dimanche...Un peu de tout...
Jessie :
-Bah bien. Tu t’es pas connecté sur Galactic Battle hier soir !
-Oui...Ton mail est arrivé à minuit cinq et à minuit cinq je dors.
-Faudra que tu me dises les heures où tu dors pas.
...
-Bon ! Moi, j’ai du nouveau, j’ai un peu continué à programmer seul hier et j’ai fini les moteurs physiques. On va enfin pouvoir rajouter des structures à notre monde !
Céleste est la première à réagir :
-Du genre des maisons, des châteaux ou des rochers ? Mais c’est génial !
-Et des creux et des montagnes !
Ça, c'est plutôt gêré par le programme de carte du monde, mais on laisse passer.
-Et des explosifs !
-Et surtout...Des tours de passage !
-Génial, on va bientôt pouvoir se débarrasser de X.A.N.A. !
Céleste rayonnait.
-Du calme du calme, on y est pas encore, il nous faut tout encoder et puis créer l’intelligence artificielle. Mais on se rapproche.
-Mine de rien, on forme une super équipe tous ensemble, non ?
Une nouvelle fois, Jessie fait un bon constat.
-Une équipe qui gagne à forcément un nom ! Ajoute James.
-Pourquoi pas un nom à la Galactic Battle : on prend le nom de là où l’on vit, genre le lycée, et on y met un grade, genre...Les Ferry-Warriors !
Jessie était très content de son idée...
-M’ouais...fait Céleste, pourquoi pas quelque chose de plus sérieux, il y a plusieurs noms qui définissent une équipe : une tribu, une meute, un club, une organisation, une communauté, une ligue, un salon...
-Une Confrérie ! Lance James !
-J’aime bien la confrérie. Que j’ajoute. Mais pas la confrérie de Ferry, pourquoi ne pas prendre tout simplement le centre de notre union : le Macstodonte ?
-La confrérie du Macstodonte ? fait Céleste, Ça me plaît.
-Moi aussi, ajoute Jessie.
-Alors mes chers confrères, j’ai l’honneur de vous annoncer qu’à partir d’aujourd’hui, nous répondrons au nom de confrérie du Macstodonte !
-Monsieur Meuringue, pourriez vous me laisser passer que je puisse ouvrir la porte ?
-Oh ! Excusez- moi monsieur. Allez-y.
-Merci.
Et Monsieur Datuux ouvre la porte. C’est parti pour une nouvelle matinée d’Histoire avec un grand H, qui vient de suivre une attente pleine d’histoires avec un petit h.

Bon sang mais je parle trop bien en fait ! Je devrais écrire une histoire (avec un petit h) !

J’entre, je m’assois. Jessie en fait de même à côté. Céleste sur la table de droite, James juste derrière. Le prof se met à son bureau. On attend quelques secondes...Puis une silhouette noire entre dans la salle. D’un pas assuré et discret, Tim entre et traverse la classe, pour s’assoit à la table de Céleste. Je me rappelle la discussion qu’on a eu durant la réparation du Macstodonte. Et je pense que Céleste aussi, elle dégaine un sourire et s’empresse de dire bonjour à sa froide voisine.
-Salut. Réponds-t-elle.
-Ça va ? Tu as passé un bon Week-end ?
-Ça va, oui.
La réponse aurait pu être agréable sans le ton monocorde et tendu...Je me retourne vers Jessie qui regarde la scène comme s’il voyait un film policier. James lui, regarde la fenêtre comme les barreaux d’une prison. Un a un, les élèves arrivent et la porte se referme quand retentit la sonnerie. Le cours commence.

Je pourrais être casse-pieds et vous décrire tout ce cours en détail, mais je ne vais pas le faire. Faut dire que raconter tout ce cours me casserait également les pieds. D’autant plus que ben...C’est un cours quoi, il s’est pas passé grand-chose.On va donc passer à la suite...Disons, la récré. On est sorti de la salle et descendu dans la cour. De suite arrivé dehors, James se sauve :
-Faut que je file au WC !
Cela met apparemment l’instinct de survie de Jessie en route :
-Tiens, bah je vais boire, attends- moi, vieux !
Et ils nous laissent tous les deux comme ça, Céleste et moi. je sais pas pourquoi je trouve cette situation légèrement gênante. Mais bon, pas la peine de s’en faire, William-Yann vient nous tenir compagnie. Super !
-Salut Meuringue. Bonjour Céleste !
C’est une manie de tous les gens qui m’aiment pas de m’appeler “Meuringue” ? Je sais que c’est mon stupide nom de famille mais quand même !
-Je voulais juste vous demander, vous en êtes où du projet d’info ?
-Quelque part. Réponds-je machinalement.
-Avec toi, supertronche le binoclard, ça doit plutôt avancer...
Drôle de ton que celui du beau gosse jaloux : un compliment sur un ton ironique, acide, tranchant...Jouons la carte de la modestie.
-Bah...
-En quoi ça consiste déjà ?
Je m’apprêtais à sortir une réplique cinglante histoire d’envoyer monsieur Loyal voir ailleurs mais Céleste a préféré continuer la discute.
-A...Dépasser le réel.
-Tiens dont...On cherche à rester dans les rails de la problématique et on hésite à en parler ? Tu n’a pas de soucis à te faire, jolie rousse. Je sais garder un secret.
Monsieur jesuisleplusbeau sait apparemment qu’une tirade n’est rien sans chorégraphie et a donc sorti la sienne en se rapprochant doucement de Céleste avec un sourire aussi blanc que le doudou de Lucie. Va savoir pourquoi ça m’a tapé sur le système beaucoup plus vite que d’habitude. Céleste prend une mine étonnée et se met légèrement mise à rosir. J’ai un peu l’impression d’avoir disparu. Comment réapparaître ? Ah tiens ! J’ai une idée. Nan, ça marchera pas...Quoique, allez, on tente :
-Oh ! La fille là-bas ! On dirait Emma Watson !
William-Yann se retourne. Gagné.
-Eh ! Mais c’est que toi aussi t’es pas terrible à ce jeu !
Le beau jeune homme se retourne vers moi. Je tente un sourire innocent. Apparemment ça marche : il prend un air totalement blasé et s’en va en lâchant un “pffff !”. Céleste retourne son visage rosi vers moi, sans changer d’expression. Machinalement, je me frotte les mains et dit :
-Bon, ça c’est fait.
Un sourire se dessine sur son visage, en fait je pense que nos expressions se sont échangées puisque j’ai dû récupérer son air étonné.
-Re !
James et Jessie, la revanche du retour.
-On vous a pas trop manqué ? lance l’allemand disco.
-Nan, on a tapé la discute avec un beau gosse et on a même croisé Emma Watson.
Jessie qui traînait un peu derrière s’étonne :
-Sérieux ?
Cette fois Céleste rit pour de bon, je me contente de soupirer et réponds :
-...Nan.
Et allez, on saute encore les cours, on passe au repas de midi :
-Bon, quand c’est qu’on commence la structure du monde ?
-Dès que tout le monde peut.
-Faudra planifier ça.
-Et déterminer e qu’on va faire.
Ça, c’est le rôle de Céleste :
-J’ai refait quelques-uns des concepts, j’essaierai de les emporter, on verra ça ensemble, j’ai déjà prévu les bâtiments, certains reliefs, la carte et la place de la tour.
-La place de la tour ?
-Oui, j’avais prévu une grande cité bleue. Avec des bâtiments plutôt bizarres, et au centre, un grande place, avec la tour de passage.
-Intéressant. Fis-je.
-Ça me plaît aussi, fait Jessie.
-Et pour l’IA, vous avez des idées ? fait James.
-Hier, après avoir terminé le moteur physique, j’y ai un peu réfléchi, et je pense avoir une idée...

Mon vaisseau bleu et argent file dans l’espace intersidéral, le radar ne capte toujours pas Jessie. Je fonce à toute vitesse vers le champs d’astéroïde quand le viseur arrière s’affole, il me prends en traître ! Je tire le sur le manche à balais, le vaisseau redresse et fait demi-tour. Je fonce vers la fusée or et rouge de mon ennemi, charge le laser. J’enclenche le viseur automatique, celui-ci se balade sur l’écran...Le vaisseau de Jessie se rapproche, et charge un tir à photon, plus vite, allez !!!

Locked.

-FIRE !!!
Le tir par droit devant lui, rapide et éblouissant. Et touche le vaisseau de Jessie en plein coeur. Ce dernier explose violemment.
-Et zut...
-Ha ha ! J’ai encore gagné !
Derrière sa Webcam, Jessie tire une tête mémorable.
-Normal, tu joues avec le Macstodonte, moi aussi je pulvériserai tout le monde sur Galactic Battle avec le Macstodonte !
-Je n’ai pas activé les circuits principaux, le G5 a mené la bataille seul.
-De quoi ?
-J’ai joué avec seulement mon ordi, pas avec tout le Macstodonte. Je n’active les circuits que pour le monde virtuel. ‘fin quand c’est pas X.A.N.A. qui les active...De toute façon, tu sais très bien que je t’ai toujours battu à Galactic Battle.
-Bah...
-Allez, sans rancune vieux ! On défonce tout le monde en co-op !
-Ouais !
-Bon, c’est pas tout ça, mais il se fait tard.
-Quoi ? Il est à peine 22 heures !
-Justement.
Je débranche le joystick du G5 et quitte Galactic Battle. Quand Skype sonne.
-Ah ? J’ai un double appel.
-Ben moi aussi ?
-C’est Céleste.
-Bonsoir les garçons. Vous faisiez quoi ?
-Une bonne vieille partie de Galactic Battle. Histoire de mesurer nos talents de pilotes spatiaux !
Jessie aime bien parler de ce qu’il fait.
-Et je viens de pulvériser Jessie pour la...Attends, combien ça fait déjà ?
-Oh ça va, hein !
-Je rigole, vieux. Tu as quelque chose à nous dire Céleste ?
-Oui. J’ai terminé les conceptuels du monde, il ne me manque plus que les proportions, mais pour ça, j’ai besoin du Macstodonte. Mais je pense que tu es en mesure de faire ça à distance.
-Et pourquoi tu as contacté Jessie ?
-Il a son mot à dire, non ? Je vais vous montrer ce que j’ai fait.
-Et James ?
-Pas connecté sur Skype. Ah oui, faudrait lui envoyer un SMS, quelqu’un a son numéro ?
A peine ai-je posé la question que James se connecte et nous appelle :
-Hey les gars !
Céleste prends un air vexé :
-Et la demoiselle.
James répond sans que ça et l’air important :
-Et la demoiselle. J’ai un truc génial à vous montrer !
-Oh, tout doux, Herr Bund, j’étais là avant ! J’ai des conceptuels de monde à montrer moi !
L’allemand réfléchis deux secondes et reprends en jouant le jeu de Céleste :
-Entschuldigung, Frau Céleste. Du kannst sprechen. (Bon, j’ai rien compris. J’ai toujours été nul en Allemand, ce qui n’est apparemment pas le cas de Céleste. La seule chose que ça m’évoque personnellement c’est que James à vécu en Allemagne, mais ça, vous le saviez alors...)
-Danke. Je vous transfère les fichiers.
J’accepte le transfert, 15 minutes, que me dit le G5 maître.
-Mon dieu, mais t’a dessiné sur un mur ?
-Nan. J’ai scanné les dessins avec la plus grande qualité possible pour faire de meilleures retouches et être la plus précise possible.
-Bah didon, fait Jessie.
-Bon. Et ben en attendant, James, qu’est-ce que tu voulais dire ?
-Je viens de fabriquer un nouveau prototype de bombe...
Quel grand taré psychopathe, cet allemand disco.
-...Et j’ai réfléchi qu’en fait ça pourrait être super intéressant : c’est une bombe EMP.
Je réponds tout de suite :
-Une bombe EMP ? Mais c’est génial !
-C’est quoi une bombe Euhèmepé ?
Pauvre Jessie...Ça doit être atroce des fois de ne rien savoir.
-C’est une bombe électromagnétique qui a pour effet de couper toute activité électrique dans son rayon d’action.
-Ah ? Et ça servirait à quoi ?
Céleste, elle, comprend nettement plus vite.
-Bon sang mais oui ! A stopper les attaques de X.A.N.A. !!!
-C’est génial ! On pourra bosser en étant sûr de ne pas prendre une décharge !
Je n’en suis pas sûr.
-Oui...Et non.
-Bah...Pourquoi ?
-Cette bombe ne doit surtout pas exploser à proximité du Macstodonte : toutes les données de ce dernier sont contenues sur des disques magnétiques. L’écran secondaire, qui est cathodique, craint également le magnétisme. Si jamais cette bombe explose près du supercalculateur, elle lui causerait des dommages irréversibles qui le mettraient hors d’usage. Je pense que si on aura à faire ça, c’est qu’on sera dans la mouïse la plus totale.
-Oh...Fait Jessie, visiblement déçu. James relance l'optimisme.
-Mais ça peut déjà empêcher X.A.N.A d’embêter les voisins ! Et si on oublie celui de Bertrand, tous les ordinateurs du village sont mort, on ne fera pas trop de dégâts !
-C’est cool quand même !
Facile de relancer un Jessie.
-D’ailleurs, les ordinateurs, ça en est où ? Demande Céleste.
-Ben il y en a qui réparent, d’autres qui rachètent, ça se rééquipe, mais vu le prix des machines et le niveau de vie du village, on peut encore attendre, je répond.
Ting ! Le transfert est terminé !
J’ouvre un fichier...Oulà, ça mouline ! Bah, j’ai un supercalculateur en renfort, on va pas se gêner. J’appuie sur le bouton du circuit multitâche, l’autre G5 et les G4 démarrent. Le grondement caractéristique de la machine se fait entendre. Le monde virtuel sort de veille, le programme temporel se réactualise et le début du programme météorologique prépare les fonctions climatiques. Mais il s’arrête là vu qu’on ne l’a pas terminé. L’écran secondaire démarre. Je passe le fichier en calcul graphique rapide, le fichier se charge alors que je n’ai même pas relâché le bouton de la souris.
-Oh mon dieu que ce vieux portable rame ! Fait Jessie.
-Ouh ! Va falloir passer la carte graphique en mode turbo, ajoute James.
-Moi c’est chargé les gars, Macstodonte !
-Tricheur ! Me répondent les deux en même temps.
J’en profite donc pour regarder les dessins de Céleste. C’est fou ce qu’elle dessine bien ! Elle a fait les essais de plusieurs montagnes et de plusieurs bâtiments. De grandes maisons de bois bleu qui parent un peu dans tous les sens, un drôle de bazar. Il y a également plusieurs esquisse de châteaux à l’apparence d’émeraude, des maisons blanches et dorées, différents styles, entre la SF et la fantasy, farfelues en fait...On a aussi des sortes de tentacules rouges et violettes qui pourraient faire office d’arbre. Des dimensions en mètre encadrent chaque objet.
-Pas mal. Fait-je.
-Merci, me répond Céleste. Et donc j’aurai besoin d’une échelle virtuelle. Quel sera le mètre étalon sur le monde ?
-Ben j’avais découpé le monde en chuncks. En parcelles si vous préférez. Elles font toutes 17000x15000 pixels et chacune pèse par défaut 8 Go, ce qui nous fait un total de 1 To. 1 To, sur je ne sais plus quel jeu, c’est pile la surface d’un département. On peut établir les proportions là-dessus, non ? J’arrête de réfléchir le regard en l’air et je reregarde mon écran, trois poissons rouge me regardent.
-Heu...Oui...On peut faire comme ça. Balbutie Céleste. Ecoute, tant que tu respectes les proportions, je te suis.
-Moi aussi. Font les deux autres avec le même air ahuri.
-OK, on fait comme ça. Bon, mais c’est pas tout ça. Mais moi, je vais me coucher, bonne nuit à tous.
-Attends, fait Jessie, c’est bien demain soir qu’on s’est donné rendez-vous ?
-Heu...Oui, c’est ça.
-Ah, je me rappelais plus. Personne n’a d’empêchement ?
-Pas que je sache. Fait James. J’apporterai la bombe.
-Gaffe à ce que tu fais, elle ne doit surtout pas exploser.
-T’inquiète.
-Moi non plus, je peux venir. Réponds Céleste.
-Bon ! Et bien demain soir, après le lycée : démo de la bombe, premières structures du monde et fin du programme météo. Et bien évidemment, début des programmations de l’IA pour la tour de passage. On va avoir du boulot dans les jours qui viennent, j’espère que X.A.N.A. nous fichera la paix.
-Il n’a rien fait de plus depuis l’attaque de Bertrand ? Questionne Céleste.
-Non...Mais je ne pense pas que l’on puisse considérer ça comme un drapeau blanc...

MaisonDor = new Structure;
MaisonDor.type = “bâtiment”;
creebatiment(base = 30000px, style = “château”, hauteur = hstandart*2);
set lieu to chunk(232);
...

-Fred...Sans doute que ça t’aide, mais sans vouloir t’embêter, réciter tout haut le code que tu tape, ça tape aussi sur moi, sauf que c’est sur mes nerfs...
-Heu...Pardon James.
Ça fait déjà quelques minutes qu’on commence à encoder les structure du monde, pour l’instant on les encode dans un espace annexe pour vérifier leur stabilité et leur cohésion ainsi que pour expérimenter le moteur physique, on implémentera tout à la fin.
-Hem...Fred ? La maison que tu viens de créer est à l’envers. Me fait remarquer Céleste en étouffant un léger rire...
Je me reretourne vers mon écran, en effet, la maison tiens sur son toit.
-Ah zut, petite faute de frappe, j’ai oublié de mettre un moins quelque part, je revérifie...
-Elle est marrante comme ça ! On pourrait faire une partie du monde avec des maisons inversées ! Avec le toit en bas mais qui pourtant sont à l’endroit !
-Ça c’est une idée bien débile, Jessie...Mais marrante.
-Moi ça me plaît, ajoute Céleste, j’essaie.
Elle se rapproche du bureau, pousse mon clavier de quelques centimètres (hé !) et sort une feuille de son carton ainsi que son fidèle critérium et commence à dessiner un genre de pentagone pointe en bas. Trace une ligne qui le coupe en deux et ajoute des ronds sur le haut du pentagone, ainsi qu’un rectangle qui part du haut du pentagone jusqu’à la ligne tracée auparavant. J’essaie de comprendre quand soudain James se manifeste :
-Fred ! Le condensateur B24 est chargé !
-Ah oui, merci.
Je reprends l’encodage.
On a déjà fait une partie des structures rocheuses et on attaque la première cité. On va plutôt vite. Quand Jessie se remémore un truc :
-Tiens au fait, James, tu devais pas nous montrer ta bombe ?
-Ah ben si ! Je l’ai amené en plus ! J’avais oublié.
Il sort une valise à roulette de derrière le bureau et s’éloigne un peu du Macstodonte, on se lève tous pour se rapprocher du machin. James l’ouvre. L’intérieur est bourré à mort d’électronique, de boutons et de fils. James dégaine une antenne et sort une télécommande de sa poche.
-Voilà, c’est une bombe EMP type hybride à générateur de micro-ondes amplifié par champs magnétiques. J’ai récupéré ce générateur de mon portable qui produit un champs électromagnétique. Lequel est amplifié par tout un circuit notamment avec des puissants aimants de disque durs. La bombe émet une onde qui produit un intense champ magnétique endommageant toute activité électrique. Comme je ne l’ai pas testée, je n’ai pas encore pu délimiter sa portée. Pour ce qui est de l’utilisation, elle fonctionne sur une batterie lithium standard. En fonction de la batterie, je pense qu’on pourra l’utiliser plusieurs fois. Mais rarement plus de cinq je pense, il faudra ensuite la recharger. mais cette bombe demande tellement de puissance à la batterie qu’on devra carrément la remplacer très souvent. Ah ! Et une dernière chose : j’ai jugé bon de la mettre dans une valise pour qu’elle passe inaperçue et j’ai motorisé les roulettes avec le moteur et le circuit d’une voiture téléguidée fonctionnant sur un accumulateur annexe. Si besoin est, on pourra téléguider la bombe et la faire détonner à distance au moyen de cette télécommande.
-Diablement bien imaginé. Que je fais. Je ne pense pas que X.A.N.A. trouve une parade facile à cela.
-Ah ! Et dernière chose qui va de sois : pour la faire détonner, sur la télécommande comme sur la bombe, c’est le bouton rouge, un compte à rebours de dix secondes s’enclenche pour vous permettre de filer, histoire que vous ne perdez pas votre portable ou autre chose, puis vu qu’il est question de Micro-ondes, je ne pense pas que ce soit génial de rester tout près quand ça explose. On peut modifier la durée du compte à rebours en tournant ce potentiomètre qui ne tourne qu’avec cette clé (il sort une clé à molette de sa poche), pour que la bombe ne soit pas trafiquée avant l’explosion.
-D’accord d’accord. Fait Céleste qui regardait l’engin avec un rôle d’air...Entre l’étonnement et l’égarement. Il y a un léger blanc puis un soufflement léger se fait entendre. Suivi d’un bruit de moteur électrique, un autre bruit de moteur électrique, un bruit de disque dur, un troisième moteur électrique...La tension monte dans la pièce, on se retourne tous vers le Macstodonte. Un bip bip se fait entendre. Le scan a repéré une activité sur le disque dur de X.A.N.A. Immédiatement à ce son, je cours, saute sur ma chaise et bourrine mon clavier comme un fou : code de protection des Firewall, blocage des condensateurs CPU, verrouillage du circuit multitâche, tentative de mise en veille, vite !
-Fait gaffe Fred ! crie Céleste, tu pourrais prendre une décharge !
Je continue de taper. Je me concentre, sort un papier et écris les commandes au brouillon, sort la calculette et vérifie au quart de tour les calculs, puis retape les lignes de code dans le prompt. Plus vite ! X.A.N.A. active toute la puissance ! Les autres se précipitent pour me donner un coup de main : James se met aux circuits et tente de verrouiller manuellement avec une telle hargne qu’on croirait presque voir la vengeance à travers le bleu sur son front. Jessie saute sur sa chaise et commence le rapport :
-Le disque dur est entré en fonction il y quelques minutes et le compte trafiqué de X.A.N.A. vient d’accéder au circuit multitâche, il essaie de craquer le gestionnaire de puissance. Le scan dit qu’il en aurait pour quelques minutes.
Céleste s’assois à côté de moi et me regarde taper en quatrième vitesse, j’y suis presque.

Ça y est. J’ai réussi à verrouiller le G5 maître. Un record. D’habitude il me faut presque un quart d’heure pour faire autant de cryptage. Là je n’ai pas mis plus de deux minutes. En tout cas X.A.N.A. n’a plus accès à la puissance CPU. Il est cloîtré dans la partie esclave du Macstodonte, privé du pupitre de commande. Mais ce n’est que temporaire, le temps qu’il craque les code et les Firewall...
Je laisse tomber mes mains sur le clavier. Elles sont rouges comme si elles ressortaient d’un frigo et toutes les veines qui circulent en elles sont presque dehors...James essuie son front et soupire. Jessie fixe l’écran secondaire pour apparemment voir que tout est bien terminé. Céleste sort un mouchoir de sa poche et essaie de me le mettre sous le nez. Par réflexe de m’éloigne légèrement mais c’est à ce moment que je percute que je saigne du nez. Ce que d’ailleurs me confirme Céleste.
-Heu...Tu saignes du nez. Dit-elle l’air un peu gêné.
-Au oui, merci, dis-je, en prenant le mouchoir.
-Pfouh ! Fait Jessie, sportif !
-Ah ben ça, ajoute James.
Pour une fois on a pris X.A.N.A de vitesse. J’espère qu’on n’aura pas tout le temps à faire ça parce que c’est franchement épuisant.

Soudain, le G4 1 se rallume et met la gomme sans réveiller ses voisins. Une décharge électrique part du câble Ethernet et se jette dans la prise murale (‘fin le trou par lequel j’ai fait passer le câble, une prise Ethernet dans un grenier...nan mais n’importe quoi...). Après quelques secondes on voit de nouveau un éclair fuser devant le vélux. Cette fois c’est Jessie qui bondit comme un malade et qui s’empare de la valise de James en se dirigeant vers la trappe. Je n’ai même pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu’il avait déjà trouvé la bonne idée. La peur est un moteur. James se sauve pour suivre son compère. Céleste se tourne vers moi.
-Je les suis ?
-Nan, je vais voir ce que je peux faire via le Macstodonte. Mais j’irai bien plus vite avec quelqu’un aux circuits. Dis-je d’un ton que j’avais extraordinairement réussi à rendre très calme.
-Que...Quoi ? Fait Céleste en rougissant, mais mais mais...Je sais pas comment ça fonctionne moi !
-Pas besoin, je vais te dire où appuyer. Si tu ne panique pas ça devrais aller. Fais-je du même ton calme.
Et c’est en ravalant sa salive que Céleste se dirige derrière le bureau pour prendre la place habituelle de James, devant l’immense carte mère multitâche bourrée de composant de tous les types et de toutes les couleurs. Carte-mère elle-même entourée des circuits de conversion, de compression, de cache au même aspect déconcertant. Elle se tourne vers le G5 qui à travers sa vitre (oui, les G5 ont sous leur coque une vitre pour tourner à circuits ouverts. Je ne mets la coque que quand il n’y a pas de danger, mais je laisse la vitre pour éviter la surchauffe de la machine.) ressemble plus ou moins au même bazar. Elle a l’air totalement perdue...C’est bizarrement mignon à voir. Je ne peux m’empêcher de retenir un sourire. Qui a pour effet de la remonter un peu dirait-on.
-Bon, pour commencer il faut que tu déverrouilles le circuit multitâche. Prends le tournevis là-bas et enfonce le dans le petit composant bleu situé en haut à droite du circuit jaune.
Les mains tremblantes, Céleste s’exécute. Et contrairement à ce que Jessie aurait pu faire, met le tournevis direct dans le bon composant.
-C’est ça. Maintenant tourne le d’un quart de tour.
Ce qu’elle fait. Instantanément tous les moteurs se remettent en marche d’un coup. Elle sursaute et fait un bond en arrière. Décidément, elle n’est pas à l’aise. Ça peut ce comprendre...
Je repose mes mains sur le clavier, démarre Skype et tente d’appeler James sur téléphone. Ouf ! Il répond.
-Fred ! La décharge remonte le long de la rue en direction du Mans, on a pris la bicyclette de Jessie et on gagne du terrain. Si on arrive à prendre de l’avance sur elle on pourra activer la bombe à temps. Mais il faudrait être sûr de sa destination.
-OK, vieux, je vais voir ce que je peux faire.
Je démarre le GPS du G5 maître. Zut...Pas assez de puissance machine, le monde virtuel sature le processeur.
-Céleste ! tTu vois la bande d’interrupteurs blancs sur le grand circuit bleu ?
-Heu...Ouais.
-Bien actionne le premier, le second le troisième et le cinquième. Et retourne le composant bleu d’un quart de tour, ensuite, tu appuieras sur le bouton noir du circuit rouge situé juste à côté du radiateur.
-Ok.
Elle s’exécute, toujours sans se tromper.
-Merci.
J’ouvre le GPS, effectivement, X.A.N.A. l’utilise, j’ai un itinéraire déjà tracé.
-Ok. James, j’ai réussi à trouver l’objectif de X.A.N.A : il fonce plein centre ville !
-Reçu, on va le coincer !

Sur leur Bicyclette, James et Jessie foncent sur la route de campagne qui sépare mon village du Mans. Une route classique, bordée de champs sous un ciel pour une fois bleu, avec ça et là un arbre ou une maison. Le long des poteaux électriques, sur la gauche de la route, la décharge perd du terrain. Il faut dire que Jessie pédale comme un fou. Et le fait que James qui tiens la valise roulant derrière l’engin comme une remorque soit sur le porte-bagages ne semble pas le déranger. Il semble aussi concentré que moi tout à l’heure sur le Macstodonte (oui, c’est ce que m’a dit James parce qu’effectivement, j’étais pas là. Mais si je ne racontais que ce que j’ai vu dans cette histoire, vous risquez de louper un grand passage.). En tout cas, pour un passant lambda, s’il y en avait eu, ça aurait pu être drôle : un ado avec un survet et une coiffure de boîte de nuit avec son pote disco sur une bicyclette tirant une valise derrière ell. Le tout fonçant à toute allure…Au bout de quelques minutes et quelques kilomètres, Jessie finit par doubler puis distancer la décharge. Comme il ne la voit plus, il demande dans le téléphone de James :
-Fred ! On a combien d’avance ?
-Compte tenu de vos vitesses, je dirais une vingtaine de secondes. T’es un cycliste de course Jessie !
-Ok.
Jessie freine brutalement, manquant de faire tomber James. Ce dernier descend lui aussi et laisse tomber le vélo, il ouvre la valise et hurle dans son téléphone :
-Fred ! Préviens quand la décharge sera à pile dix secondes de nous.
J’active un script temporel basé sur la vitesse de la décharge.
-Ok. 16...15...14...13...12..11...MAINTENANT !!! (Toute scène d'action potable ce doit de posséder ce genre de tirade.)
James pousse le bouton, et se sauve.
-Vite Jessie, dans le fossé ! Des Leds s’allument sur les circuits de la bombe. Le décompte commence sur un écran LCD qui bipe toutes les secondes. Un autre bruit se fait entendre, comme celui d’un flash d’un vieil appareil photo qui se met en route.
-Jessie regarde la valise avec méfiance.
-Ça fait peur ton truc !
-5...4...3...
Le bruit de la décharge se fait entendre, elle arrive. La bombe commence à bourdonner.
-...2...1...
L’instant étais bien calculé ! Pile quand la décharge passe au-dessus de la valise celle-ci émet un bruit étrange et inquiétant...Une sorte d’explosion sonore, comme si on avait trafiqué le son d’une taule qui tombe sur du béton.
Il n’y a rien d’autre que ce son. La décharge s’éteint instantanément comme si on soufflait une bougie. Comme si c’étais la valise qui soufflait. La bombe émet un dernier sifflement puis un clic avant de s’arrêter. lassant place au bruit du vent.
-James ? Ça a marché ?
Le portable a apparemment coupé. Je retente...Rien. J’interroge Céleste du regard. Celle-ci regarde les circuits en essayant visiblement d’en comprendre le fonctionnement. Quand soudain Skype ressonne.
-Allô ?
-Fred ! C’est bon de t’entendre, le portable a eu du mal à redémarrer, mais c’est bon. Ça y est, la bombe a explosé ! C’étais génial !!! Yahooo !!!
Céleste relève la tête des circuits et sourit.
-Heu...Ouais. Sans doute. Et la décharge ?
-Partie !
J’entends une voix un peu lointaine sur le haut-parleur :
-La prochaine fois, préviens que ça va faire du bruit ! J’ai frôlé la crise cardiaque !
Jessie n’a apparemment pas aimé l’explosion.
-Hem, Jessie, réponds James, c'est une bombe...
Je souris, ce bon vieux Jessie...

Comme je ne voyais pas quoi ajouter, entre mon décryptage record, la performance cycliste de Jessie, la concentration de Céleste et la bombe de James, on a tous été géniaux.
-Vous savez quoi les amis, on est des winners.

Le titre de l'épisode est Power of Four. Parce que James, Jessie, Fred et Céleste ça fait quatre, ça parait logique. Mais je n'ai pas nommé l'épisode seulement pour ça. L'ordinateur principal du Macstodonte (le "G5 maître") est un PowerMac G5 modèle fin 2005. Quand cette machine est sortie en vrai, elle avais un slogan qui se trouvais être...The Power of Four. A cause de ses quatre coeurs.^^

-C’est joli la campagne.
-Heu...Oui Jessie, je suis assez d’accord.
Je marche. Sur une route bordée de champs. Des poteaux électriques de bois et des barrières la suivent sur le côté droit. Le ciel est bleu gris, éclairé d’une lumière blanche un peu bizarre mais agréable. A ma gauche, Jessie regarde les champs avec son sourire...niais. A ma droite, Céleste marche. Le nez en l’air, les yeux fermés. Un sourire innocent luisant sur son visage. James marche de manière décontractée, les mains dans les poches en sifflant. Moi, les mains derrière le dos, je constate. Je ne pense à rien...Je marche, droit devant moi. La route semble sans fin. C’est pas plus mal. C’est agréable de marcher. Il viendrait à pleuvoir que ça serait presque génial...

Tiens ? Il semble que je distingue quelque chose à l’horizon. Un objet posé sur la route...Bizarre. Bah...On s’approche, on va bien voir ce que c’est.
-Tiens, ‘zavez vu ? Fait James.
-Où ça ? Répond Jessie qui fixe encore les champs...
Céleste continue de musarder sans rien dire. Moi, je ne réponds pas, mais j’ai vu.

On s’approche doucement, l’objet se dessine. Rectangulaire, avec une sorte de poignée sur son dessus, il est de taille moyenne...Posé sur des sortes de pieds...

C’est une valise. C’est LA valise. La valise de...
-Hé ! Mais c’est ma...
bip bip bip BIP BIP BIP BIP

Je refais surface, il est minuit deux. La lune éclaire ma chambre par la fenêtre, tandis qu’un bip bip retentit dans la pièce. Je tourne la tête vers la gauche, non, ce n’est pas mon réveil...J’entends un petit bruit de ventilateur. Je commence à comprendre et me tourne vers mon bureau. Sur ce dernier, l’iBook vocifère le bip bip comme s’il appelait au secours. Bien qu’il soit fermé, la fente entre son écran et son clavier luit dans le noir. Je me lève en sursaut et manque de chanceler, je suis fatigué. Je mets mes lunettes et m’assois sur ma chaise. J’ouvre l’iBook. L’écran lance brutalement sa lumière dans mes petits yeux exténués...Je les ferme par réflexe et les rouvre doucement. Le grand carré blanc se colore et se précise. Une fenêtre d’alerte réseau clignote. J’arrête le bip bip et tends l’oreille vers le plafond, ça bourdonne là-haut...

Je prends ma robe de chambre et mon verre d’eau. J’ouvre la porte, traverse le couloir. Je passe devant la porte de la chambre de mes parents. Mon père ronfle tellement fort que même si ma mère étais réveillée, elle n’aurait pas pu entendre le bip bip ou le Macstodonte. Je passe ensuite devant la porte de Lucie qui est ouverte. Ma petite sœur dort dans son lit avec un sourire qui ressemble à celui de Céleste. Elle suce son pouce, tout en serrant son canard en peluche. Innocemment, je souris...

Je tourne à droite, sur la pointe des pieds. Le couloir est bien étrange la nuit. Noir par endroits et illuminé par la lune à d’autre, labyrinthe d’ombre et de lumière.

Je suis fatigué. Chaque pas me semble être une épreuve. Mon esprit vacille, je me sens aller et revenir vers la réalité. Je lève la tête, j’ai atteint le bout du couloir. L’échelle monte vers le plafond, vers la trappe. Je mets mon pied sur un barreau, le deuxième au-dessus, une main, puis l’autre. Je monte, du plus vite que je peux, ce qui est pourtant très lent.

Ma tête passe la trappe. Il fait noir comme dans une marmite là-dedans. Le grenier ferait presque peur par son noir plus noir que de la suit. Encore plus avec le gros grondement que l’on entend dans le fond de la pièce. Je tâtonne et trouve sur le sol le petit interrupteur. Le vieux spot s’allume, m’éblouissant de nouveau. Mes yeux se refocalisent et la pièce apparaît. Le monstre est toujours au fond du grenier, hurlant de tous ses ventilateurs comme s’il exprimait toute la colère du programme qu’il contient. Je hisse mes jambes sur le sol et me dirige lentement vers le Macstodonte. Je me laisse tomber sur la chaise, plisse les yeux et allume les écrans.

X.A.N.A. est apparemment reparti sur le réseau. Je me demande ce qu’il trafique. Tiens, il a relancé une décharge. Même itinéraire que la dernière fois, mais plus lente. Le froid doit diminuer la conductivité des câbles.

Je lance Skype, personne de connecté...Bon. J’enclenche la fonction téléphone et compose le numéro de Jessie. Je tombe sur le répondeur. Je tente celui de Céleste. Après une demi-douzaine de sonneries, celle-ci décroche :
-Allô ? Demande-t-elle dans un bâillement.
-Céleste...C’est...Fred. Vraiment désolé de te réveiller. Je...X.A.N.A. attaque.
-Hein ?
La voix de Céleste s’est littéralement transformée : elle était molle, fatiguée et faible, elle vient de reprendre son aspect normal, avec une pointe de panique.
-J’arrive.
-Heu...Tu...Arrives ?
-Oui, j’habite pas loin, j’ai une bicyclette, j’arrive. James et Jessie sont au courant ?
-Heu...Nan.
-Ok, je me charge de James, tu te charges de Jessie, OK ?
-Ok mais il...
-Dis-lui de prendre son vélo. James habite entre lui et le Mans. Avec un peu de bol il peut passer le prendre avec la bombe et foncer vers la décharge, Ok ?
-Oui, mais il...
Clac. Elle a raccroché...
J’ai mal à la tête. Je n’ai pas eu le temps de dire que Jessie ne répondait pas. Je fatigue de plus en plus, c’est affreux...J’en ai presque mal.

Je tente de remettre mon cerveau en route. Jessie. Jessie…attends, je sais ! Je masque Skype, ouvre la fenêtre du disque du G5 maître, dossier Applications/Jeux, Galactic Battle, Enter !

Le jeu démarre, sa musique me vrille les tympans jusqu’à ce que je retrouve la touche “mute”. Je lance le jeu multijoueur, option « vos amis », gagné, il est là ! Je démarre le chat.
-Salu Fred, alor, tu té enfin Dcidé à co ! Cool Lol, on va se maré !
-Salut Jessie, désolé de ne pas pouvoir jouer mais X.A.N.A. attaque, il a lancé une nouvelle décharge. Si j’en crois la carte elle fonce vers le Mans. Prends ta bicyclette et fonce. La maison de James est sur ta route. Tu le récupéreras avec la bombe au passage.

Petit temps d’attente puis la réponse apparaît :

-Reçu. J’y vais.

C’est fou comme le sérieux de la situation se répercute sur ce clown de Jessie...
Je soupire, soulagement, les autres sont prévenus, on va s’en sortir. Toc toc. Heu...Tiens ? On frappe au vélux...Attends, AU VELUX ?

Non, je ne rêve pas. C’est Céleste, habillée de sa jupe et de sa veste sur une chemise de nuit, qui toque au vélux. Sur le toit de la maison. Elle est assez jolie avec ses cheveux détachés et décoiffés. Sans son fond de teint, ses tâches de rousseur réapparaissent...Je lui ouvre, à moitié sonné. La demoiselle saute sur le plancher et m’adresse un sourire un peu amusé. C’est à ce moment précis que je constate que je suis toujours en pyjama et en robe de chambre, sans même avoir pris la peine de prendre des pantoufles.
-Bonsoir Fred ! Désolée d’entrer de manière improbable, quand je suis arrivée devant ta maison, j’ai vu une grande échelle qui montait vers le toit, je me suis dit que ça serait plus pratique de passer par là pour ne réveiller personne. J’ai prévenu James, il attend Jessie.

Je remets mon esprit en route. Oui, effectivement, l’orage d’il y a quelques jours ayant fait tombé quelques tuiles. Mon père a dû sortir l’échelle pour les remettre. Mais bon c’est pas tout ça, on a un X.A.N.A. sur le feu.
-Bon ! Tu prends le contrôle du GPS ? Je me charge des circuits.
-Hein ? Heu...Oui.
Céleste est d’une étrange bonne humeur, ce qui contraste énormément avec mon air fatigué. Je suis pourtant d'un naturel assez nocturne d'habitude...
Je me redirige vers la machine. Je me rassieds et repose doucement mes mains sur le clavier. Je regarde le GPS, la décharge de X.A.N.A. approche du Mans. Un second point apparaît à quelques centaines de mètres d’elle, Skype sonne.
-Salut Fred, c’est James, je suis avec Jessie sur la bicyclette, on a la valise, on fonce direction le Mans, j’ai activé la localisation de mon portable sur l’IP du Macstodonte, tu me vois ?
-Oui.
-Ok, on est à quelle distance ?
-Je dirais 500 mètres, vous la rattrapez.
Je sors ma calculatrice et tente de rester concentré.
-Sauf que vous n’allez pas assez vite, elle peut encore vous distancer jusqu’au Mans, il faut accélérer !
Une voix lointaine et essoufflée résonne dans le haut-parleur.
-Facile à dire Fred, c’est pas facile le cyclisme après Galactic Battle en pleine nuit, je fais ce que je peux.
Je réfléchis, si Jessie ne peut pas accélérer, il faut ralentir la décharge, comment ralentir un courant électrique...En baissant la conductivité. Ouais, nan, je peux pas faire ça...Raisonnons informatiquement...Voyons voir...
-Fred ? Tu es sûr que ça va ? Tu es tout blanc...
-Céleste, tourne le bouton sur ta droite et appuie sur la plaquette sur ta gauche, actionne l’interrupteur du circuit bleu et branche le fil vert sur la prise blanche du circuit rouge.
-Heu...D’accord.
L’interface réseau s’ouvre sur l’écran secondaire. L’historique sur la droite, les specs sur la gauche, sur l’écran principal, le terminal réseau attend la prochaine commande, screenWeb system connecté.
Ok. X.A.N.A n’a visiblement pas accès à la connexion rapide, en plus sa décharge est ralentie par le froid. Je pourrais envoyer un message de surcharge pour la freiner en utilisant le double gigabit du G5 maître, Ok, c’est parti, alors...

Je tapote légèrement le clavier pour me chauffer. Soudain je vois l’écran se flouter et vaciller, en fait ça doit être ma tête qui vacille, heureusement que ma main la rattrape.
-FRED !
-Ça va, ça va, tourne la réglette de gauche sur x2. Et règle l’interrupteur du circuit vert sur “Max”.
Céleste s’exécute. L’air un peu inquiet. Je reprends le contrôle de mes mains et tape sur le clavier, pour de bon cette fois. Je commence à réfléchir sur les calculs tout en tapant la commande. J’ai l’impression de tourner au ralenti. Mais je tourne encore. Je ne dois pas m’arrêter. On tient, on tient. J’évalue la taille du Paquet, paramètre l’IP de destination sur celle de la décharge et visionne les MACS, j’ouvre les ports et prépare l’Ethernet. Puis j’appuie sur Enter.
-Attention Céleste, recule.
Elle fait un bond en arrière, juste à temps : une autre décharge part par les câbles et se jette dans le mur. On la voit partir dehors, dans la rue. Vite. Bien plus vite que celle de X.A.N.A.

La route noire se distingue à peine malgré le phare de la bicyclette. La nuit est sombre. Seule la lune se distingue d’entre les nuages. C’est assez inquiétant. Si on oublie la bicyclette et les roues de la valise, aucun bruit ne se fait entendre. Jessie pédale de toute sa force. James tente de rester éveillé. Quand soudain une lumière l’éblouit au loin :
-Là bas ! C’est elle !!!
Luisant au milieu de la nuit, la décharge fonce sur le fil. La bicyclette s’en rapproche lentement. Au loin, les lueurs de la cité du Mans apparaissent.
-Jessie, accroche-toi, il faut qu’on la dépasse !
Soudain un éclair double la bicyclette et fonce vers la décharge à vitesse grand V. Les deux arcs se rencontrent et se stoppent en une explosion de lumière. Stable, au milieu des fils. Les deux lycéens regardent le spectacle d’un air ahuri.
-James ! J’ai trouvé comment freiner la décharge, elle est quasiment immobile pour quelques secondes, vite ! Dépassez là !
Les deux répondent en chœur :
-Reçu !
Jessie donne tout ce qu’il a à ses mollets et pédale comme un fou. La boule de lumière se rapproche de plus en plus vite. Puis ils passent en dessous. Et là voilà qui s’éloigne. Revoilà le noir à l’avant. Puis soudain le téléphone se fait remarquer.
-Les gars, d’après mes calculs, vous êtes à bonne distance, amorcez la bombe !
-Sir yes Sir !
Ce qu’ils font. Ils freinent brutalement. James ouvre la valise, la paramètre et cours se mettre dans le fossé avec Jessie qui se bouche les oreilles. Le spectacle n’est pas bien différente de nuit : compte à rebours, puis la décharge arrive et pile quand elle passe au-dessus de la valise, s’évapore comme un rêve. James se relève et remet son téléphone à son oreille et chuchote :
-Mission accomplie.
Un sourire se dessine sur le visage de Céleste, elle pose le fil qu’elle venait de débrancher sous mes ordres.
-Bon...Et bien...Je referais pas ça toutes mes nuits, mais c’était rapide. Allez, je vais rentrer avant qu’on se doute de...
Mes oreilles se mettent violemment à palpiter. Ma tête semble soudain brûler comme une cheminée. Mes jambes me lâchent et mes mains semblent disparaître de mon corps. Une impression d’intenses vagues me submerge. Ma vision s’éclaircit violemment. Céleste semble luire, de plus en plus fort. Tout semble m’éblouir. Soudain je sens ma tête m’alourdir brutalement et je vois mon clavier. Il se rapproche. De plus en plus vite. De plus en plus fort...


BLAM !