CodeLyoko.Fr
 
 Dernières news  
[IFSCL] L'IFSCL 4.6.X est jouable !
[Code Lyoko] Un « nouveau » monde sans...
[Code Lyoko] Le retour de Code Lyoko ?
[Code Lyoko] Les 20 ans de Code Lyoko...
[Code Lyoko] Les fans projets explosent !
[IFSCL] IFSCL 4.5.X: Bande annonce et re...
[Site] Sophie Decroisette & Jérôme Mous...
[Créations] Notre sainte Trinité a du talent...
[Site] Les trouvailles du Père Dudu - E...
[Code Lyoko] Un monde sans danger - Le...
 
 Derniers topics  
Que pensez vous des attaques de XANA ?
Parlons jeux vidéo !
Beaucoup de culottes...
Nouveaux Membres : Présentez-vous !!!
La place des personnages féminins dan...
[JDR] Code Lyoko
La compositrice de Monde sans danger ...
Le supercalculateur peut-il faire des...
Lyoko-guerriers : changer d'habitudes...
Vos plus intenses moments d'émotion a...
 
     
 Accueil | Règles du forum News | FAQ | Rechercher | Liste des Membres | Groupes d'utilisateurs | T'chat | Retour au site 
  Bienvenue, Invité ! (Connexion | S'enregistrer)
  Nom d'utilisateur:   Mot de passe:   
 

[One-Shot] Rêves d'enfants.

Forum Code Lyoko | CodeLyoko.Fr Index du Forum -> Vos Créations -> Fanfictions Code Lyoko


Page 1 sur 1







Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet


Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant 
 Auteur Message
Leana MessagePosté le: Mer 04 Juin 2014 20:53   Sujet du message: [One-Shot] Rêves d'enfants. Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 09 Aoû 2010
Messages: 185
Spoiler

Si tu t’imaginais que je t’avais oublié ma belle, et bien tu t’es mis le doigt dans l’œil ! Mr. Green
Ce texte au départ n’était pas prévu pour toi, c’est vrai, mais le thème collait tellement bien que je me suis dit que je devais faire ça de façon à ce que ce soit en plus personnalisé.

Ce One-Shot est en plus une première pour moi, parce que je me suis essayée aux références. Y’en a moins que ce que je voulais, mais c’est quand même pas mal pour une première, enfin tu me diras. C’est surtout centré autour de Disney, parce que c’est ton univers, et parce que c’est ton truc de ressortir des phrases de ces films et de me faire retrouver l’origine de celles-ci. Et du coup, je me suis un peu amusée à faire la même chose, même si je ne doute pas une seconde que tu trouves tout très vite XD
J’ai aussi tenté d’en placé des hors Disney, et je suis curieuse de voir si tu vas les trouver...

Voilà voilà, je n’ai pas grand-chose d’autre à dire, et j’ai jamais été douée pour les intros... J’espère juste que tu l’apprécieras. (hug)

Et bon anniversaire Ellana !


    https://i.imgur.com/e95i1YE.png

    Rêves d’enfants.
    Au bout du conte.

    « La vie ressemble à un conte ; ce qui importe, ce n'est pas sa longueur, mais sa valeur. »
    Sénèque.




    Une rue de Paris, tard la nuit.

    Deux hommes sont en train de décharger le coffre d’une petite voiture, rempli à ras-bord de cartons en tout genre, dans la douceur de la fin de l’été. Tout en empilant des petites boites et en les amenant à tour de rôle au garage, le plus jeune des deux s’adresse à l’autre, quelque peu embarrassé en voyant la quantité de travail qu’il incombe à son ami.

    « Je suis désolé, ce n’était pas le bon soir pour ramener toutes mes affaires.
    — Qu’est-ce que tu racontes, c’est très bien que tu viennes t’installer à la maison. Depuis le temps que Tiana et moi on t’en parle, il était temps ! »

    Les deux hommes échangent un sourire entendu et reprennent le travail, laissant place à un silence gêné. Philippe ne peut cependant pas s’empêcher de s’excuser, la situation le dépassant complètement. Il y a six mois encore, il vivait heureux avec sa femme et sa fille, et voilà maintenant qu’il se retrouve obligé de s’installer chez son meilleur ami car il a été expulsé de son ancien appartement.

    « J’espère d’ailleurs que ça n’embêtera pas ta femme de garder Annabelle demain, étant donné que ton fils rentre à l’école elle allait enfin pouvoir se détendre et …
    — Arrête, elle est plus que ravie d’avoir sa filleule pour elle tout de seule ! Et puis comme ça, elles pourront faire des trucs entre filles, ça sera sympa.
    — Tu sais, ma fille n’a que deux ans.
    — Et le mien à peine trois. Tu verras, ça passe très vite ! »

    Un éclat de rire les secoue. C’est vrai, les enfants grandissent vite. Beaucoup trop vite. D’ailleurs Sébastien est presque plus angoissé par la rentrée de son fils à l’école que le petit lui-même, qui dort déjà probablement dans son lit comme un loir.

    « Et Tiana d’ailleurs, elle est où ?
    — Je crois qu’elle est montée vérifier si les enfants dormaient. »


    Au même moment, à l’étage …

    « Psst ! Eh, psssst, Ulriiiiich !
    — J’arrive Anna, attends deux minutes ! »

    Le faible brouhaha qui émane de la chambre des enfants attire l’attention de Tiana Stern qui se préparait pour aller se coucher. Un sourire amusé sur les lèvres, elle s’approche de la porte à pas de loup et frappe deux fois contre le battant. Comme elle s’y attendait, un vent de panique parcourt l’intérieur de la pièce et elle entend très distinctement les chuchotements affolés des deux enfants qui regagnent leurs lits dans la hâte.

    Ouvrant la porte, elle trouve quelques coussins au sol, une couverture de travers, et croise les yeux mi-coupables mi-farceurs des deux petits. Son attention se porte tout particulièrement sur le livre de contes de fées que la jeune Annabelle tient serré contre sa poitrine, comme le plus précieux des trésors. Toute forme d’agacement s’efface en elle.

    Elle devine sans peine ce que les enfants tentaient de faire. Ce n’est pas la première fois qu’elle les surprend avec ce livre, cachés dans leur château fort de couettes et d’édredons avec une petite veilleuse. C’est l’histoire de la vie des mamans, et particulièrement la sienne. Sa routine.

    Avec un soupir, elle se rapproche de la petite fille et finit par s’asseoir à côté d’elle, faisant grincer le matelas. Ses yeux verts se posent sur son fils, assit sur le lit d’en face, qui lui sourit malicieusement.

    « Maman ?
    — Oui ? »

    Elle sait parfaitement ce qui se passe dans l’esprit de son petit, elle le voit pointer du doigt le livre et devine parfaitement la question muette qu’il lui adresse. Elle hésite deux secondes de trop, et le garçon en profite pour lui sortir le grand jeu en venant lui faire les yeux doux, ce contre quoi, en bonne maman, elle ne peut lutter. Esquissant un sourire, elle tapote la place vide à côté d’elle, incitant son fils à les rejoindre.

    « Ce regard m’entrainerait au bout du monde… Allons viens, mais juste un petit peu alors.
    — Ouiiiiii ! Et… Et on peut avoir une fin avec une guerre cette fois ?
    — Bien sûr mon chéri. »

    Elle se retourne alors vers Anna, cherchant dans ses yeux une quelconque forme de protestation, mais celle-ci se contente de lui céder l’ouvrage avec un large sourire, prête à tenter l’expérience. Amenant son pouce à sa bouche, la petite pose sa tête aux boucles blondes contre l’épaule de sa marraine, Ulrich prend place de l’autre côté, et Tiana ouvre le livre.

    L’histoire commence.


    ***



    En des temps très anciens, alors que régnait sur le monde la souveraine magie, vivait par delà cinq terres et cinq océans un Roi fort beau et fort jeune. Il avait hérité de DunBroch, terre prospère et juste, à la mort de ses parents dans un naufrage il y a de ça très longtemps. Depuis, le pays était devenu un royaume de solitude.

    Le Roi s’était marié à une très belle femme peu de temps après le drame. Lèvres rouges comme la rose, cheveux noirs comme l’ébène, teint blanc comme la neige. Ils avaient eu ensemble une petite fille tout aussi magnifique que sa maman, qui avait empli le cœur du peuple de joie. Et pendant quelques temps, le pays entier retrouva de sa gloire passée, et des fêtes furent données sans compter.

    Malheureusement, la reine mourut après longue et terrible maladie, ce qui plongea de nouveau le pays comme son souverain dans une triste et pesante mélancolie.

    Mis au courant par des traitres de la cour, des royaumes voisins profitèrent de la faiblesse du Roi pour déclencher une guerre terrible qui obligea la plupart des habitants à fuir leurs villages. Le souverain, vaincu et désespéré, réussit à se sauver grâce à l’aide sans faille de son chef de la garde.

    Après une course poursuite acharnée à travers tout le pays, le Roi et sa fille réussirent à trouver refuge dans la forêt, et accompagnés de quelques fidèles, ils décidèrent de s’installer dans les monts et de construire un magnifique palais, guettant dans l’ombre la venue de la lumière, signe qu’il serait temps pour eux de reprendre leur royaume des mains de ceux qui le leur avait enlevé.



    ***



    Maison de Stern.

    « Eh, mais dites moi, vous ne devriez pas dormir tous les deux ?
    — Papaaaa ! »

    La réaction de l’enfant est immédiate. La petite oublie tout de suite le cours du récit et se redresse, sortant précipitamment des couvertures, prête à accueillir l’homme qui se tient sur le seuil de sa chambre. En effet, à peine son père a-t-il le temps de franchir le pas de la porte que sa fille lui saute dans les bras, s’agrippant à lui comme un naufragé à son radeau.

    « Oh, ma princesse, je t’ai manqué hein ? »

    Elle hoche la tête positivement. Oui, son papa lui a manqué, c’est le moins qu’on puisse dire, et ce même si cette semaine passée avec Ulrich était super. Oui, elle voudrait aussi qu’il soit plus souvent à la maison, plutôt que dehors à travailler jusqu’à tard avec parrain. Mais non, avec le pauvre vocabulaire qu’elle possède à l’âge de deux ans, il lui est impossible de lui dire avec précision.

    « Tu lis le livre de Jane, pas vrai ? »

    La question étant adressée à Tiana, celle-ci répond par l’affirmative. Philippe n’insiste pas plus, et de toute façon, il était sûr de la réponse avant même d’en avoir la confirmation. Il a reconnu la couverture. Et il sait parfaitement que sa fille adore cette histoire éternelle, constamment réinventée. Celle que sa mère avait commencé à écrire quand elle était enceinte d’elle, et que ce récit est un moyen qu’elle a trouvé de se sentir plus proche de sa maman.

    Ses yeux se posent ensuite sur le petit Ulrich qui somnole à côté d’elles et un sourire attendri se dessine sur son visage. Tiana s’en rend compte également, et ils décident d’un commun accord qu’il est temps d’arrêter la lecture et d’aller dormir. Tout le monde doit se lever tôt demain.

    « Allons, il est tard. Viens ma chérie, c’est l’heure de dormir maintenant. »

    Après avoir caressé les cheveux de sa filleule, elle confit la lourde tache de la faire s’endormir à son père, ayant déjà assez de soucis avec son propre fils qu’il va falloir transporter jusqu’à son lit. Se penchant, elle fait de son mieux pour ne pas le réveiller et prend son petit dans ses bras avec toute la douceur maternelle dont elle dispose.

    « Tu veux que je t’aide ?
    — Oh non non, regarde, ça va. »

    Avec un sourire, elle va l’allonger sur son oreiller avec la plus grande des précautions, ramenant sur lui les couvertures et déposant ensuite un baiser sur son front, tout cela sous le regard attendri des deux autres. Philippe fait de même avec sa fille, la bordant tendrement. Puis il attrape les trois fées en peluche de sa fille et les dispose dans l’ordre autour de sa tête. Tout d’abord la rouge, ensuite la verte, et pour finir la bleue.

    « Et voilà, tu es protégée maintenant. Flora, Pâquerette et Pimprenelle sont là pour veiller sur toi, tu peux dormir sans crainte.
    — Bonne nuit papa !
    — Fais des rêves bleus ma puce… »


    ***



    Le Roi s’habitua très vite à la routine de la vie dans les montagnes, au point que pendant des années il oublia qu’il avait connu une autre habitation que celle-ci. Tout en restant les plus discrets et les plus reclus possibles, les habitants du château ne se privaient jamais et donnaient même parfois certaines fêtes privatives qui remplissaient le cœur de tous et de toutes de joyeuses pensées.

    Cette nouvelle existence qu’ils menaient était au mieux de ce qu’elle pouvait être, mais personne n’ignorait la ruine et la famine qui sévissait à travers le pays tout entier, et une fois par mois venaient se réunir des fidèles du Roi qui complotaient pour une reconquête de leur royaume.

    La princesse quant à elle n’était en aucun cas affectée par ce changement, n’ayant aucun souvenir de ce qu’avait été sa vie avant la guerre. Elle grandissait et s’épanouissait au contact de la nature, et gagnait chaque jour en beauté et en sagesse. Elle avait noué une relation toute particulière avec le fils du capitaine, à peine plus âgé qu’elle, et cette proximité soudaine qui avait dérangé le Roi au début s’était peu à peu transformé en un sentiment de sécurité. Il aimait les savoir ensemble, car il savait qu’il la protégerait.

    De plus, le Roi avait eu beau s’acharner à tenter de séparer les deux enfants par le passé, sa fille s’évertuait à suivre le jeune garçon comme son ombre, et dès que son père tournait le dos, elle partait le retrouver et les deux s’enfuyaient à cheval et ne revenaient qu’au coucher du soleil, pour diner.

    Le jeune garçon recevait une éducation très stricte, et déjà enfant il enchainait les exercices exténuants et les leçons de latin et d’arithmétique. Et son père suivait chaque progrès avec une minutie déconcertante, car il était évident qu’il croyait en son fils et en sa valeur, et qu’il voulait le mener au sommet.


    ***



    Le lendemain matin, dans la maison.

    Un rayon de soleil filtrant au travers de la fenêtre indique au couple qui paresse dans son lit qu’il est grand temps de se lever, car aujourd’hui est un jour important. La femme est la première à s’extirper de la tiédeur des draps, non sans un soupir. Ça va lui manquer de ne plus faire la grasse matinée, c’est sûr.

    Sortant dans le couloir, elle se dirige ensuite le plus silencieusement possible vers la chambre de son fils qu’elle va réveiller en douceur, le sortant de son tendre rêve tout en veillant à ce qu’Anna ne soit pas dérangée, ni par la lumière, ni par les bruits. Malheureusement pour tout le monde, Ulrich est un peu bougon au réveil, et rechigne à se préparer, encore moins en silence.

    Ce n’est que lorsqu’il aperçoit son père dans l’encadrement de la porte qu’il se décide enfin à sortir des couvertures pour aller le voir, l’air endormi. M. Stern esquisse un sourire et attrape son fils qui lui tend les bras pour le serrer contre son cœur, tout cela sous le regard exaspéré de sa maman.

    « Eh bah oui mon petit loup, tu es fatigué maintenant. Parrain et maman m’ont dit que tu avais été te coucher tard ?
    — Oui… Mais c’est la faute à Nana. »

    Le père dépose un baiser sur le front du petit garçon, tout attendri par la vision de son fils si fatigué, les yeux bouffis et la marque de l’oreiller encore imprégnée sur la joue, et pourtant prêt à accomplir une grande étape dans sa vie : l’entrée à l’école maternelle.

    Tout le monde prend place autour de la grande table de la cuisine. Tiana, qui vient de finir de rassembler les habits qu’Ulrich portera pour ce grand jour, amène à son fils un bol de chocolat chaud ainsi que quelques tartines. Elle sert aussi le petit déjeuner à son mari, et prépare même un bol de café pour Philippe, qui risque d’en avoir besoin. Sébastien l’interrompt :

    « Il n’était pas dans sa chambre ce matin, je pense qu’il est parti plus tôt au travail. »

    A l’instant où il prononce cette phrase, une clé tourne dans la serrure et la porte d’entrée s’ouvre, laissant passer un courant d’air frais à l’intérieur de la maison. Philippe entre, les bras pleins de pains et de viennoiseries. S’approchant du reste de la famille, il salue tout le monde gaiement et dépose devant les yeux émerveillés d’Ulrich une montagne de pains aux raisins.

    « Oh… Ouaiiiiiis ! »

    Ce cadeau plus qu’inattendu au petit matin permet au petit garçon de s’éveiller complètement et de retrouver sa bonne humeur habituelle. Affamé, il se jette sur la nourriture sous les yeux amusés du reste de la famille, engloutissant une bonne demi-douzaine de petits délices.

    Une vingtaine de minutes plus tard, et le voilà prêt pour vivre sa nouvelle grande expérience.


    ***



    Un matin, alors que le Roi regardait le jeune Chevalier s’entrainer à grimper tout en haut d’un pilier pour y décrocher une flèche, avec des poids attachés aux mains pour le pénaliser, il décida d’un commun accord avec le père de ce dernier que le jeune homme était fin prêt.

    Il avait maintenant atteint un stade où tous ses efforts allaient pouvoir être récompensés, pour le plus grand bonheur de son papa. Le souverain le convoqua donc et l’informa qu’ils avaient besoin d’aide pour une mission extrêmement importante, et qu’ils allaient avoir besoin de son aide. Le Chevalier se sentit si fier qu’il accepta immédiatement, et partit sur la route.

    Sa mission était relativement simple, il devait s’enfoncer dans la forêt jusqu’à trouver un poste de surveillance, près du village dans lequel il n’avait jamais mis les pieds. A la suite de cela, il devait simplement rester là-bas et observer les faits et gestes du guetteur, car il serait sans doute amené à le remplacer un jour en cas de besoin.

    Le cœur battant, le jeune homme s’enfonça dans la forêt à la recherche de nouveaux points de repère et avide de nouvelles découvertes.


    ***



    École maternelle du Parc.
    La cloche sonne l’heure de la rentrée des classes des petits.


    Ulrich regarde son père et sa mère agiter la main en lui faisant au revoir. Il met un temps à s’habituer à ce changement, même si on lui a expliqué de nombreuses fois ce que c’était, l’école. Il n’a pas peur. Pas plus que d’habitude. Il ne comprend pas d’ailleurs pourquoi tout le monde pleure autour de lui, c’est parce qu’elle est méchante la dame ? Pourtant, elle sourit.

    Détournant son regard, le petit garçon aperçoit la cour de récréation et promène ses yeux émerveillés sur tout cet espace nouveau qui s’offre à lui, à la recherche de nouveaux jouets et avide de nouvelles découvertes. La matinée passe sans même qu’il ne s’en rende compte. Atelier peinture, coloriage, gommettes, collage. Puis courses de voitures, exploration du coin cuisine et du coin lecture. Et c’est déjà l’heure de manger !

    Son papa vient le chercher pour le midi, maman est restée à la maison avec parrain et Anna. Il propose un diner en tête à tête, et invite Ulrich à manger au restaurant italien "Bella Notte", lui promettant que s’il est sage et qu’il lui raconte toute sa journée, il pourra aller jouer dans le parc pas loin.

    Après un bon repas et quelques batailles de balles multicolores, c’est déjà l’heure d’y retourner. Et en arrivant, Ulrich a droit à sa première grande surprise. En effet, pour ceux qui veulent, c’est l’heure de la sieste. D’ailleurs tous ses copains sont partis dormir dans la chambre noire avec leurs doudous, même Adam et Floriant, qui pourtant étaient en grande forme ce matin.

    Interloqué, le petit ne sait plus où se mettre. Il est grand maintenant, et cela fait des semaines qu’il n’a plus fait de siestes, c’est pour les bébés comme Anna ça ! Lui maintenant c’est presque un adulte, il va à l’école pour s’instruire et apprendre des choses, pas pour aller dormir. Et puis en plus, il a oublié son doudou Polochon à la maison alors…

    « Alors, tu veux aller dormir toi aussi ? »

    La mine offensée du petit garçon est une réponse suffisante à sa question, et la maitresse retient un sourire amusé. Il faut dire qu’il est tout à fait craquant ce petit, comme tous les autres. Et il fait le dur à cuire comme la plupart le premier jour, mais elle est prête à parier que demain il ira dormir.

    « Tu sais mon bout de chou, tu n’es pas obligé d’aller à la sieste. Regarde, il y a Elisabeth qui est debout aussi, va la rejoindre, vous pourrez jouer ensemble. »

    D’un geste de la main, elle montre la salle de classe et plus particulièrement le coin aux poupons. Ulrich, préférant n’importe quoi à la sieste, se décide à y aller, mais ne peut pas s’empêcher de sentir une petite boule d’appréhension dans son ventre.

    C’est tout timide que le petit garçon s’approche de sa jeune et nouvelle collègue, qui est actuellement en train de lire un livre comme celui d’Anna. La petite fille l’entend arriver et un magnifique sourire balaye son visage quand elle l’aperçoit. Volontairement, elle se lève et lui tend la main pour qu’il la serre, comme le font les grands.

    « Bonjour, moi je m’appelle Sissi ! »

    Ulrich, qui jusque ici semblait plutôt être en confiance, devient suspicieux. Ses sourcils se froncent sous la consternation, et il demeure bouche bée, ce qui inquiète la petite. Il ne manquerait plus qu’elle soit tombée sur un copain qui ne parle pas !

    « Bah, qu’est-ce qu’il y a, tu as un problème ?
    — Bah... Elle… Elle est où, Lisabette ? »

    La petite fille laisse échapper un rire cristallin et amusé qui le fait se sentir tout bête. Il se recroqueville dans un coin, n’osant plus la regarder. De son côté, toujours sans cesser de sourire, elle s’approche de lui et en lui prenant la main elle l’amène s’asseoir sur un petit fauteuil vers une grosse pile de livre.

    « C’est mon prénom Elizabeth, mais je préfère Sissi, comme la princesse ! Tu veux que je te raconte l’histoire ? »

    Intimidé, le jeune Ulrich acquiesce en silence, et tout en s’installant confortablement, il se laisse entrainer par la voix de sa nouvelle amie.


    ***



    Bientôt, le Chevalier fut assigné à davantage de nouvelles missions et obtint par ailleurs de nouvelles responsabilités. Le Roi et les autres membres de l’armée appréciaient son courage et son travail. Il ne refusait jamais d’aider quelqu’un d’autre, n’attendait rien en retour, et apprenait très vite tout seul. Il faisait la fierté de ses parents, qui ne cessaient de le glorifier auprès du reste de la cour.

    Cependant, il y avait une personne, et non des moindres, que ce brusque changement incommodait au plus au point. En effet, avec toutes ces sorties et ces missions toutes plus dangereuses et héroïques les unes que les autres, le Chevalier était moins présent auprès de la princesse, qui passait ses journées à le déplorer, sans pour autant parvenir à trouver la solution adéquate pour pallier ce manque.

    A dire vrai, elle mourrait d’envie de le rejoindre et de partir avec lui comme avant, même s’il n’était question que d’armes et de discours tout aussi futiles. Elle s’ennuyait à mourir dans ce lugubre château, et plus que sa présence même, elle regrettait leurs moments de complicité passée qu’ils avaient perdu.

    Il devenait évident que le jeune homme avait désormais d’autres priorités que d’amuser et de divertir la fille de sa Majesté. Il tenait en outre maintenant bien de nouveaux discours, s’entretenait avec d’autres personnes, et semblait même avoir une préférence pour les entretiens avec son père qu’avec elle.

    C’était bien simple, durant cette période, elle se sentit abandonnée. Son seul réconfort se trouvait aux cuisines. Il y avait toujours dame Mérida qui travaillait et lui offrait des douceurs, tout en écoutant et en compatissant à ses peines de cœur, qu’elle partageait aussi étant donné qu’elle avait vécu la même chose plus jeune avec son mari qui partait en mission sans cesse.

    Un jour, le Chevaler fut chargé d’effectuer une mission plus délicate et importante que les précédentes. Il devait se rendre en compagnie d’Henri, fidèle gardien de leur planque, jusqu’au village voisin pour ramener quelques victuailles et étoffes pour la princesse au château.

    Cette mission, bien que primaire au premier abord, était en réalité très difficile. Mais l’excuse qu’offrait la présence du Chevalier avec eux, et de sa prétendue famille, car il avait une allure à avoir femme et enfants, diminuerait les soupçons des marchands face à la quantité de produits qu’ils venaient réclamer.

    Le commando de quatre hommes fut divisé en deux, et le Chevalier partit avec Henri pour aller chercher de quoi renouveler leur garde-robe tandis que deux de leurs confrères partaient en quête de victuailles de nature plus éphémère. Ensuite, les deux groupes inverseraient leur tache tout en veillant à ne surtout pas se croiser afin de ne pas éveiller les soupçons, puis rejoindraient chacun la demeure dans les bois en empruntant deux chemins différents.

    Dans l’ensemble, cette première mission se passa sans encombre. Ils arrivèrent les premiers au refuge et déposèrent leur butin au sol. Ce fut alors qu’Henri décida que, pour fêter cette brillante réussite, ils se devaient d’aller faire une tour à la taverne du coin.

    Le jeune homme, en passant la porte du " Canard boiteux ", fut stupéfait par l’abondance de femmes à l’intérieur. Il y en avait plus qu’il n’en eut jamais vues, et toutes étaient plus séduisantes les unes que les autres. Remarquant son air interloqué, Henri se pencha et murmura à l’oreille de son apprenti.

    « Va t’adresser à Marie, je suis sûr que tu l’aimeras. Quant à moi mes amis, je paie ma tournée ! »

    Son confrère lui indiqua vaguement du doigt l’endroit où devait se trouver la fameuse femme, mais il ne distingua rien au milieu de la foule qui les entourait. Très mal à l’aise au milieu de ces gens qui lui barraient la route, il emprunta la première porte qu’il vit et se retrouva dans une salle immensément vide, où seule une personne était assise dans un fauteuil.

    Le cœur battant, le jeune homme s’approcha d’elle dans son dos et constata qu’elle était en train de lire un livre comme il n’en a jamais vu auparavant. Brusquement, sentant probablement une présence derrière elle, celle-ci le referma d’un geste sec et se retourna, sur la défensive.

    Un magnifique sourire balaya son regard lorsqu’elle l’aperçut. Volontairement, elle se leva et lui tendit la main pour qu’il y dépose un baiser, ce qu’il s’empressa de faire.

    « Bonjour, je m’appelle Colette. »

    Le jeune homme, qui jusqu'ici lui semblait plutôt en confiance, resta un moment silencieux. Ses sourcils se froncèrent sous la consternation, ce qui préoccupa la jeune femme. Elle en devint presque méfiante, et le jugea sans vergogne du regard, se maudissant de lui avoir dit son nom sous prétexte qu’il était beau garçon.

    « Y-a-t-il un problème monsieur ?
    — Je… En réalité que cherchais une certaine Marie. »

    Le visage de la femme se renfrogna.

    « Marie n’est pas en service ce soir, je suis navrée. Donnez-moi votre nom, je lui laisserai un message.
    — On non, laissez tomber. Je m’appelle Éric, et je serais ravi de rester ici avec vous, si vous me le permettez. »

    Ses joues s’empourprèrent et il se dit qu’il avait du culot de lui proposer cela. Néanmoins, retrouvant sa bonne humeur, elle se rassit sur son fauteuil, et tapota d’un geste gracieux de la main la place à côté d’elle. Une fois qu’il se fut assis, elle choisit un livre sur la pile qui se trouvait cachée derrière le divan, et se mit à lire…


    ***



    La première année à l’école pour Ulrich fila aussi vite que la lumière. Il avait obtenu de très bons résultats toute l’année, faisait partie des meilleurs élèves de sa classe, et avait noué de fortes relations d’amitié avec de nombreux autres petits camarades de sa classe. Sa maitresse ne tarissait pas d’éloges à son sujet, et il faisait la fierté de ses parents.

    La seule personne qui déplorait cette soudaine absence était Anna. Elle s’était sentie abandonnée par son ami cette année, Ulrich n’ayant que des mots savants à la bouche et ne parlant que de l’école, de l’école, et de l’école. Elle aussi voulait y aller. Elle comptait les jours et les heures qui la retiendrait de partir à son tour et de s’envoler vers cette grande aventure…



    Rue de Paris, veille de la rentrée des classes.

    Après avoir passé les vacances d’été avec ses parents, ainsi qu’avec parrain et Anna, à parcourir les plus grands parcs d’attraction du pays pour le féliciter d’avoir été un si bon élève, Ulrich se retrouve maintenant un an après sa première veille de rentrée, et il est tellement plus impatient d’y aller cette année !

    En plus, cette fois-ci, non seulement il n’a plus de soucis à se faire car il va très vite retrouver tous ses copains de l’année dernière - sauf Milo qui part dans une autre école - mais en plus il y a Anna qui va aussi aller à l’école avec lui vu que maintenant elle aussi elle est grande !

    Tiana laisse échapper un soupir en tentant une énième fois de faire enfiler son t-shirt à Ulrich. Le petit garçon est totalement incontrôlable en cette veille de retour en classe… Il ne se cesse de penser à son amie et à la tête qu’elle fera en découvrant tout ce nouveau monde. Il est fier de l’y accompagner, comme ça il pourra tout lui présenter et tout lui expliquer !

    « Ulrich… Allez, arrête un petit peu ! Ulrich !
    — Eh, dis donc bonhomme, tu vas te calmer oui ? »

    La voix de son père, bien que placide et détachée, le fait brusquement sursauter. Sa maman en profite pour lui enfiler son pyjama et lui montre ensuite le chemin vers le lavabo pour qu’il aille se brosser les dents. Sentant peser sur lui le regard inquisiteur de Sébastien Stern, il s’exécute sans broncher, s’appliquant du mieux qu’il peut à effectuer les bons mouvements de brossage tout en respectant le temps imparti de trois minutes, qu’il surveille du coin de l’œil grâce au petit sablier.

    Tiana Stern croise ses bras sur sa poitrine, tout en fixant son mari, bouche bée.

    « Et tu n’as presque rien dit, c’est incroyable. Tu devrais venir plus souvent, comme par exemple lorsqu’il faut lui faire manger des épinards ou ranger sa chambre. On gagnerait un temps fou ! »

    Sébastien esquisse un sourire, satisfait de son petit effet. Il a horreur de jouer le papa autoritaire mais c’est sur qu’en sa présence son fils est totalement transformé et lui obéit au doigt et à l’œil, alors qu’il a pourtant le don de faire sortir sa douce maman de ses gonds.

    Un coup est frappé à la porte de la salle de bains. Philippe se tient devant celle-ci, un peu en retrait. Personne ne sait depuis combien de temps il est là à écouter, mais son visage fatigué n’inaugure rien de bon. Se raclant la gorge, il annonce :

    « Annabelle attend sa marraine pour qu’elle lui lise un bout de son histoire. Je lui ai dit qu’il était tard mais…
    — Pas de problèmes, je m’en charge. »

    Tiana s’efface et part en direction de la chambre des enfants, laissant les trois garçons seuls dans la pièce. Taquin, le père d’Ulrich ne peut s’empêcher de chercher son ami, lui envoyant une bonne tape dans le dos.

    « Alors Phil, qu’est-ce que ça te fait de voir ta petite fille devenir grande ?
    — Grumpf. »

    La mine déplorable que celui-ci arbore achève d’enlever à son ami son éblouissant sourire. Croisant son regard, Sébastien devine parfaitement quels sentiments lui traversent l’esprit, ayant lui même eu des préoccupations semblables l’année précédente. La tape sur son épaule se mue en accolade sincère.

    « Tout se passera bien mon vieux, tu vas voir ! Et puis Ulrich sera là pour surveiller Anna et faire attention à ce qu’il ne lui arrive rien, hein mon petit loup ? »

    Le petit garçon acquiesce gravement, semblant prendre sa mission très à cœur. Alors Philippe s’avance dans sa direction et, s’agenouillant à sa hauteur, il lui tend la main en signe d’accord.

    « Tu me le promets alors, tu veilleras sur elle ?
    — Oui parrain.
    — Et tu ne la laisseras jamais toute seule d’accord, elle a besoin de toi.
    — Promis, parrain.
    — C’est bien ma canaille. Allez maintenant file retrouver ta maman, l’histoire a déjà commencé ! »



    Le lendemain matin, école du Parc. Rentrée des classes des petits.

    « Regarde Nana, ton papa est là-bas, il fait coucou ! »

    Surprise par tout ce qui l’entoure, la petite met un temps avant de fixer son regard sur son père dont le visage s’efforce d’être détendu. Elle lui rend son sourire et écoute attentivement tout ce qu’Ulrich lui dit, au bord de l’émerveillement face à ce nouvel espace plein de forme et de couleurs.

    « … Et là c’est le coin dinette. Maintenant je dois y aller, je te laisse avec la maitresse. On se voit tout à l’heure ! »

    Rassurée par le sourire confiant de la maitresse en question, Anna prend sa main dans la sienne et la suit, sans même un regard en arrière. Ulrich lui a beaucoup parlé de cette dame. Il lui a dit qu’elle était gentille, et c’est vrai. De toute façon, Ulrich n’est pas un menteur.

    Enchantée, elle se laisse conduire sans un mot à l’intérieur, découvrant avec admiration ce monde inconnu, cette planète aux trésors…

    Lorsque la récréation sonne le rassemblement des enfants à l’extérieur du bâtiment, Ulrich se précipite vers la salle de classe des petits, très impatient de retrouver Anna.

    « Nana, Nana !! Viens vite, je veux te présenter une amie ! »

    Il attrape sa main et, toute souriante, la petite fille le suit en courant au milieu des jeux et autres cabanes et toboggans. Ils arrivent alors près d’une maisonnette jaune au toit bleu, de laquelle sort une ravissante petite fille qui se fige en voyant ce que le petit garçon lui a ramené.

    « Bah, c’est qui ça ?
    — C’est ma Nana ! Anna, je te présente Sissi ! »

    Les sourcils de ladite Sissi se froncent. Elle sait ce que veulent dire les mots "ma nana", elle les a souvent entendus dans la bouche des garçons à la télé. Et c’est elle la nana d’Ulrich, pas… Pas ce bébé !

    « Et tu as fait des coloriages aussi ? Et de la pâte à modeler ? Et la maitresse a lu une histoire aussi ? »

    À chaque question la petite répond oui et le sourire s’Ulrich s’agrandit, de même que la jalousie de Sissi. Très vite, la cloche annonçant la fin de la récré sonne et le petit garçon file raccompagner Anna jusqu'à sa salle de classe. Lorsqu’il revient, Sissi est déjà partie de leur maison et discute avec Hervé. Comme elle ne lui répond pas quand il lui fait coucou, il décide d’attendre pour s’approcher d’elle pendant l’atelier peinture.

    « Bah alors, tu boudes ? C’est à cause d’Annabelle ?
    — Parce qu’en plus tu l’appelle belle ?! »

    C’en est trop pour la petite qui se lève et va pleurer pour de bon derrière le four de la petite cuisine. Pourquoi il fallait qu’elle arrive elle d’abord ? Ils étaient bien tous les deux avec Ulrich, ils n’avaient besoin de personne. Elle a tout gâché cette fille, et Sissi la déteste, oh oui elle la déteste. Mais elle se vengera, elle le jure.


    ***



    Le Chevalier revint très souvent rendre visite à Colette à l’auberge, avec qui il noua une relation très intime. C’était simple, en sa présence il devenait un autre homme, un homme libre. Cette femme semblait l’avoir envoûté. Il parlait souvent d’elle et elle occupait jusqu’au moindre de ses songes.

    Parallèlement, son histoire avec la princesse semblait avoir atteint un point de non retour, ce qui la désolait profondément. Elle aurait tellement voulu le retrouver, et elle se mit alors en tête de tout faire pour parvenir à le récupérer…

    Un soir, la veille de son seizième anniversaire, la princesse apprit qu’il allait y avoir une fête au village, la fête des fous ! Elle en avait tellement entendu parler, elle l’avait observé au travers de peintures et de dessins, et elle mourrait d’envie de découvrir ce nouvel univers.

    « S’il te plait papa, rien qu’un jour. Je voudrais tellement partir là-bas, j’en ai rêvé… »

    Elle supplia alors son père de la laisser y assister, et celui-ci, après de longs moments d’hésitation, se décida enfin à lui donner son accord. Cependant, afin d’être sur qu’elle ne risquait rien en s’exposant au monde, il alla prévenir le Chevalier dans sa chambre, car il était surement son homme de confiance qui connaissait le mieux le terrain.

    Il lui intima l’ordre de ne jamais, et sous quelque prétexte que ce fut, perdre sa fille de vue, et lui confia pour mission de l’accompagner, de la protéger, et de la surveiller, afin qu’elle revienne le plus vite possible en sécurité auprès de lui. Le Chevalier promit, et dès le lendemain ils partirent à cheval pour le village.

    La princesse, bien qu’habillée de manière toujours très élégante, avait cette fois-ci revêtu un grand manteau marron et une étole de soie beige couvrait son visage et ses longs cheveux. Il était convenu qu’elle devait être présentée comme la femme du Chevalier si jamais les villageois ne venaient à poser des questions trop embarrassantes.

    Lorsqu’ils arrivèrent, la place principale était méconnaissable. Les grands étalages de fruits et de légumes avaient était déplacés vers des rues annexes et tout le centre était recouvert de grandes toiles, d’estrades, d’animaux, de troubadours, de saltimbanques.

    Des cotillons volaient de toute part et emplissaient l’air de milliers de petits papiers colorés. Les cieux étaient chargés de ballons, la terre pleine des danseuses toutes plus désirables les unes que les autres, et les villageois masqués se succédaient tour à tour dans une joyeuse cacophonie..

    La princesse fut immergée dans un monde qu’elle n’aurait jamais cru connaitre en d’autres circonstances.

    À un moment, ils décidèrent de s’éloigner après en avoir pris plein la vue, de façon à montrer à la fille de sa Majesté ce qu’était la vraie vie de ces gens. Ils s’éloignèrent donc en direction des grands étalages de nourriture, et alors que la princesse s’émerveillait devant la beauté et les couleurs des aliments, elle remarqua un petit enfant qui tentait d’attraper une pomme parmi une pile de celles à vendre.

    Sourire aux lèvres et prise de pitié, elle la prit et lui offrit, et le sourire qu’il lui rendit lui emplit le cœur de joie. Malheureusement, le marchand s’en aperçut aussi et entra dans une rage noire. Alors que les éclats de voix commençaient à prendre de l’ampleur, le Chevalier qui s’était absenté revint en courant, et s’interposa en payant grassement le vendeur qui repartit dans son coin sans plus un mot.

    Le cœur battant à tout rompre, la princesse lui demanda de s’en aller plus loin afin de reprendre son souffle. Il décida alors, pour ne plus trop attirer l’attention et pour faire oublier ce fâcheux incident aux curieux indiscrets qui les fixaient sans vergogne, de la conduire à la taverne.

    Ils entrèrent directement par une petite porte dérobée que le Chevalier empruntait exclusivement lorsqu’il venait visiter la belle Colette. Celle-ci était là, comme toujours. Elle sourit malicieusement en devinant sa présence dans la pièce avant même qu’il n’ait pris la parole. Cependant, son sourire se fana bien vite lorsqu’elle s’aperçut qu’ils n’étaient pas seuls tous les deux.

    La bouche pincée, elle pointa indélicatement du doigt l'autre jeune femme.

    « Qui est-ce ?
    — Giselle, une personne qui n’est très chère et qu’il me tardait que vous rencontriez. »

    La jeune princesse s’avança et s’inclina devant Colette qui n’en menait pas large. Son cher Éric s’appliqua alors à lui présenter tous les ouvrages dont disposait cette petite pièce, un par un. Il expliqua ensuite avec tendresse et patience tout ce qu’il avait appris en venant ici, la questionna sur ses ressentis, ses impressions, chercha son approbation dans tout ce dont il lui parlait…

    La princesse sentit alors à cet instant renaitre les braises de leur complicité éteinte, et malheureusement pour eux, ceci n’échappa pas non plus à l’autre jeune femme dans la pièce. Et alors que Colette se demandait si cela pouvait être pire, cela le fut.

    Henri apparut dans la pièce en ouvrant la porte qui donnait sur la grande salle, et un air de soulagement passa sur son visage lorsqu’il vit la princesse. Eric, préoccupé, laissa l’ouvrage qu’il tenait dans ses mains de côté et s’adressa directement à lui.

    « Que se passe-t-il donc mon ami ?
    — J’ai entendu des bruits qui courraient les rues parlant d’une inconnue qui.. Et… »

    Il jeta un regard suspicieux sur la jeune Colette qui fit mine de regarder ailleurs, tentant de canaliser ses émotions. Eric lui fit alors un geste de la main signifiant qu’il pouvait parler sans crainte.

    « Je suis content de voir que madame votre femme va bien. J’ai eu peur que.. Enfin, vous voyez…
    — Oh. Non, tout va bien, n’est-ce pas ? »

    Giselle attrapa le bras que le Chevalier lui tendait poliment, et tout deux échangèrent un regard entendu. Puis elle offrit un sourire gracieux et étincelant aux personnes qui les entouraient afin de les convaincre que tout allait bien, et c’était le cas. Elle n’avait jamais été si heureuse.

    Colette quant à elle, manqua de s’étouffer dans son coin. Sa femme ?! Elle la fusilla du regard, ce dont personne ne sembla se rendre compte, mais celle-ci lui sourit, ce qui ne fit qu’attiser sa jalousie. Henri, se grattant une nouvelle fois la gorge, poursuivit :

    « Il est l’heure d’y aller maintenant.
    — Oh, bien sur. Nous allions partir de toute façon. Au revoir ! »

    La porte claqua dans un bruit sourd. Les doigts de Colette se crispèrent sur le bord du meuble, écaillant son vernis. Une immense vague de colère la submergea, à tel point qu’elle dut se faire violence pour ne pas exploser et bruler tout ce qui l’entourait. Quel rustre ! Tout ce temps, il avait eu une épouse, et elle comme une idiote s’était imaginé que leur histoire avait un sens et un avenir.

    Elle ravala sa fierté, et l’évidence la frappa avec la force et la justesse d’un coup de poignard. S’il était venu la voir toutes ces fois, et avait partagé tous ces moments avec elle, c’était bien qu’il avait quelques affection pur elle. C’était l’autre, cette Giselle, qui avait tout gâché. Elle était la seule et unique coupable.

    Alors Colette prit une grande inspiration, sortit un livre d’un tiroir secret, et en croisant son reflet dans le miroir, su ce qu’elle devait faire. Se venger.


    ***



    École du Parc, mois de février. Fin de journée.

    « Comment ça, qu’est-ce que ça veut dire "elle est dans son monde" ?
    — Monsieur, s’il vous plait, calmez-vous.
    — Que je me calme ? Vous me dites que ma fille a un problème alors que l’autre jour j’ai appris qu’elle avait failli s’étouffer à la cantine ? »

    Philippe frappe du poing sur le bureau, outré par la conversation qu’il est en train d’avoir avec la maitresse de sa fille, Mme Tremaine. Il n’avait pas remarqué qu’Annabelle était une enfant distraite, tout simplement parce qu’il n’avait pas voulu le voir…

    « Je ne sais pas où Annabelle a trouvé cette pomme, nous n’en donnons pas aux petits à part en compotes pour éviter qu’il n’y ait le moindre accident. Elle a dû le demander à un grand.
    — Ulrich dit que ce n’est pas lui. Et n’allez pas accuser ma fille !
    — Je ne dis pas ça, il doit y avoir une explication logique et rationnelle à cette question, mais là n’est pas le sujet. Ce que j’essaie de vous expliquer c’est qu’Annabelle est une petite fille très épanouie. Elle a quelques amis fidèles, notamment le petit Ulrich qui veille au grain, mais lorsque je tente de lui faire apprendre quelque chose qui au départ ne l’intéresse pas, elle s’enferme dans sa bulle et refuse de travailler. La seule chose qui la passionne vraiment sont les contes de fées pour enfants, elle adore ces histoires. Elle est comme prisonnière entre deux mondes, d’un coté la réalité, de l’autre son monde à elle. J’ai essayé de lui en parler, mais elle refuse de m’écouter, et ne fait que réclamer sa mère. Est-ce vous pensez qu’elle pourra venir me voir quand elle sera rentrée de voyage ? »

    Philippe, qui faisait les cents pas à travers la pièce, manque de trébucher en entendant la fin de la phrase, et toute forme d’agacement déserte son visage. Ses yeux se voilent et il annonce, la voix tremblante et faible.

    « Sa mère est morte il y a bientôt deux ans.
    — Oh mon dieu, je suis navrée, je ne savais pas, je…
    — Tout va bien… C’est elle qui vous a dit que sa maman était en voyage ? »

    La maitresse acquiesce gravement. Le père lui esquisse un sourire. Si ça peut permettre à sa petite chérie de vivre mieux en imaginant sa mère en voyage à travers le monde, il n’a rien à redire. En revanche, il faut qu’il lui explique que sa maman ne reviendra jamais, et ça, ça va être plus dur à encaisser…



    Maison des Stern, heure du diner.

    « Et on a construit un potager à l’intérieur de l’école !
    — Ah oui, et qu’est-ce que vous avez planté ?
    — Des fleurs pour la maitresse. Et des carottes… Et aussi des fraises ! »

    Tiana sert un bol de soupe à son fils tout en l’encourageant à continuer son récit. De son côté, M. Stern a les yeux qui brillent en écoutant les aventures de son petit, auxquelles il consacre toute son attention. Il ne se lasse jamais de les re-raconter à tout va par la suite, à tel point que sa femme ne cesse de lui reprocher d’être plus attentif à leur fils qu’à elle. Il faudra d’ailleurs qu’il veille à ne pas oublier la Saint-Valentin imminente, sinon, il risque de se faire punir.

    « Et on a laissé des… Des nains pour surveiller le jardin !
    — Ah oui ? J’imagine que c’était une grande responsabilité. Combien il y en avait ? »

    Le petit se met à réfléchir et ses sourcils se froncent au fur et à mesure qu’il visualise la scène dans sa petite tête. Il étend ensuite ses mains devant lui et compte sur ses doigts tout en murmurant les chiffres les un après les autres jusqu’à arriver au bon numéro.

    « Sept !
    — Ça en fait beaucoup. Et ils s’appellent comment ces petits nains ?
    — Alors, il y a... Prof, Grincheux, Simplet, Timide, Dormeur, Joyeux, et… Et… Zut, je sais plus !
    — Atchoum ! »

    La tête d’Anna manque d’heurter la table tant elle secouée par son éternuement soudain. Tiana apporte vite à mouchoir à sa filleule, et la petite s’essuie le nez, les yeux rougis. Puis elle retombe perdues dans ses réflexions, tandis qu’Ulrich laisse exploser sa joie.

    « Ouiiii ! Bravo Belle, il s’appelle Atchoum le dernier nain ! »

    La petite éclate finalement de rire, conquise par la bonne humeur de son ami. En plus, elle est ravie de l’entendre utiliser son nouveau surnom, "Belle". C’est Sissi qui a lancé la mode de ce surnom comme elle dit. Et Anna trouve qu’elle est très gentille, Sissi, elle l’aime bien. Et même que la dernière fois elle lui a donné sa belle pomme rouge de la cantine, si c’est pas une preuve d’amitié !

    Le petit garçon qui sautille autour de la table attrape la main de la jeune fille et se met à danser avec elle, la trouvant trop sérieuse ces derniers temps. Durant leur folle valse, sur un fond de chanson de Tiana, Anna perd son chausson alors Ulrich s’arrête et, s’agenouillant, il lui enfile le soulier, comme dans un conte de fées.

    La porte d’entrée se met soudain à grincer, signifiant que Philippe est arrivé. Il entre dans la cuisine tête baissée, encore perdu dans ses pensées, et les enfants retournent immédiatement à table en silence. En croisant le regard de sa fille, le père sent qu’il faut qu’ils se parlent ce soir. Sans un mot, il la prend par la main et l’entraine à sa suite vers le salon pour être plus tranquilles.

    Tout bascule très vite. Emportée par la force de la poigne de son papa, la petite perd son équilibre et trébuche, s’étalant sur le sol dans un petit cri. Immédiatement, les quatre autres personnes présentes dans la pièce se jettent sur elle, aux petits soins.

    « Qu’est-ce qu’il y a ma princesse ?
    — Ça va Belle ?
    — Tu as mal à la jambe ma puce ? »

    La petite secoue d’abord vigoureusement la tête de gauche à droite, puis sous la pression finit par acquiescer en silence. Elle n’a pas voulu dire qu’elle était tombée en construisant un puits magique avec Sissi à la récrée, parce qu’elle ne voulait pas être fâchée, par qui que ce soit.

    Son père soulève ensuite le bas de son pyjama pour découvrir sa jambe et vérifier qu’elle ne s’est pas casser quelque chose. C’est là qu’il découvre un hématome presque violet en dessous de son genou, déclenchant des manifestations de surprise dans son entourage. Le sang de Philippe ne fait qu’un tour et il se retourne vers Ulrich, furieux.

    « Pourquoi tu ne m’as pas dit qu’elle s’était fait mal, hein ?
    — Je…
    — Tu quoi ? Tu avais promis Ulrich ! Tu ne respectes pas tes promesses ! »

    Terrorisé par l’état dans lequel se trouve son parrain, le petit garçon recule d’un pas et tombe lui aussi sur les fesses après avoir trébuché. Il n’en faut pas plus pour que Tiana le récupère et le prenne contre son cœur, apaisant ses gémissements par de petits baisers de maman sur son front. Sébastien s’interpose également immédiatement, levant les deux mains en signe d’apaisement.

    « Calme-toi Phil, ce n’est qu’un enfant, je suis sur qu’il ne savait pas.
    — Tu es déjà la deuxième personne de la journée à me dire de me calmer aujourd’hui, et c’étaient deux personnes de trop ! Je me calmerais si j’en ai envie ! »

    Prenant lui aussi sa fille réticente dans ses bras, il court en montant les marches du grand escalier quatre à quatre, ne déposant Anna que lorsqu’il arrive dans la chambre. Dès qu’elle est libre de ses mouvements, la petite file vers la porte mais son père l’empêche de sortir, la rattrapant par le bas de son tee-shirt.

    « Je veux voir Ulrich !
    — NON ! C’est hors de question Annabelle, tu restes là !
    — Mais non papa je veux Ulriiiiiiiiiiiiich !
    — NON ! »

    Les plaintes de la petites se muent en chaudes larmes qui n’attendrissent pas pour autant son père, qui demeurent inflexible. Il tente la méthode douce, n’ayant pas envie de se fâcher avec sa fille, mais celle-ci, aussi têtu que le garçon qu’elle veut rejoindre, refuse de l’écouter.

    « Tu restes ici Anna, c’est un ordre ! Il faut qu’on parle !
    — Non, je veux pas ! Va-t’en !
    — Anna arrête bon sang, calme toi ! Tu es infernale !
    — Non ! Je veux ma maman ! Je te déteste, je veux ma maman ! »

    Comme frappé par une gifle mentale monumentale, le jeune père recule, les larmes aux yeux, et les paroles de la maitresse lui reviennent en tête. C’est la première fois qu’il entend sa fille lui réclamer sa mère, et bien qu’il s’y soit préparé de nombreuses fois, la réalité est bien plus violente qu'elle n'y parassait.

    Il se retrouve dépassé par la situation avec les pleurs incessants de sa fille qui résonnent en boucle dans ses oreilles, produisant un bruit assourdissant, ainsi que toute cette pression engendrée par les dires de Mme Tremaine qui ne cessent de lui engourdir les pensées, il finit par sortir de ses gonds.

    « Maman ne reviendra pas, c’est fini ! Maman ne reviendra plus jamais, alors arrête !
    — Je veux ma mamaaaaaaaaan…. Je v-veux ma ma-maaaaaaaaaaaaaaan…
    — Tais-toi, tais-toi ! … Bon sang tu vas te taire !
    — Philippe ! »

    Alors que le père, à bout de nerfs, s’apprêtait à exploser et à commettre l’irréparable, Tiana arrive et intervient avec Ulrich, prenant la petite fille dans ses bras, protectrice. De son côté, dépassé par la tournure que prennent les événements, Philippe sort de la chambre en claquant la porte, manquant de bousculer son meilleur ami qui se trouve sur son chemin.

    Après une dizaine des minutes à tressauter de à hoqueter, la petite finit par s’endormir, épuisée par les pleurs. Ulrich, guère moins traumatisé qu’elle, s’assoupit à son tour à ses côtés, et c’est le cœur lourd que ses parents l’abandonnent aux bras de Morphée, sentant que pour eux la nuit va être courte…


    ***



    À son tour la princesse, piquée par le même démon de curiosité que son ami Éric, se mit à fréquenter le petit village et plus particulièrement la taverne. Elle sympathisa très vite avec la belle Colette, qui cependant cachait sous de faux airs amicaux une farouche et cruelle envie de vengeance.

    Elle avait déjà tenté par deux fois de tuer la jeune femme, mais ces deux tentatives s’étaient avérées vaines. La première fois, la pomme empoisonnée qu’elle lui avait donnée n’avait pas pu répandre son poison correctement car un passant était intervenu à temps, alors que Colette s’imaginait déjà la voir dépérir à petit feu en public.

    La seconde fois, alors qu’elle l’avait entrainée à l’écart dans la forêt pour lui montrer un puits aux vœux magique, elle avait profité d’un moment de faiblesse pour la pousser à l’intérieur. Malheureusement pour elle, sa robe en tombant s’était déchirée et les lambeaux s’étaient accrochés aux pierres et aux ferrailles qui décoraient le bord du trou, lui créant un solide harnais. Eric était alors apparu et l’avait sauvée en l’emportant hors de danger, ce qui avait rendu sa rivale folle de rage.

    Colette sortit de ses pensées et se concentra sur le magnifique spectacle qui s’offrait à elle. Occupée à broder dans l’arrière-jardin de l’auberge, la jeune femme regardait le beau Chevalier bêcher le champ comme n’importe quel paysan, et ne cessait de se piquer le doigt tant elle était distraite par la beauté de son corps.

    Trois gouttes de sang tombèrent sur le sol, formant un superbe tableau, mais elle ne s’en rendit même pas compte, soudainement préoccupée par une nouvelle vision, mais cauchemardesque cette fois-ci. Alors que Colette pensait avoir Éric pour elle toute seule, Giselle venait d’arriver, revêtue d’une tenue légère et affriolante, plus belle que jamais.

    Dépitée, la jeune femme détourna son regard sur le miroir de l'entrée, et, croisant son reflet, elle murmura.

    « Miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ? »

    Malheureusement pour elle, celui-ci demeura muet et terne. Lorsqu’elle reporta son attention sur le champ où travaillait son preux Chevalier, son cœur bondit dans sa poitrine. Le jeune homme avait totalement disparu, et la princesse aussi, mais de ça elle s’en fichait.

    Très inquiète, elle tenta de l’appeler mais n’eut pas de réponse de sa part. Puis elle perçu du bruit dans le champ de tournesol voisin, et vit tout à coup Giselle courir au loin, main dans la main avec son homme au travers de milliers de fleurs jaunes. Puis tout à coup ils trébuchèrent et disparurent, avalés par la nature…

    Plus tard, alors qu’Éric s’était remis au travail et que les deux jeunes femmes bavassaient tranquillement en brodant, la princesse lui confia qu’elle avait perdu sa mère enfant et qu’elle en souffrait beaucoup. La paysanne la regarda alors, hébétée.

    « Quand j’étais petite, j’aurais donné n’importe quoi pour ressembler au commun des mortels. Être comme les autres filles. Avoir une maman. »

    Alors le plan surgit dans l’esprit de Colette, qui lui expliqua alors qu’il existait, loin dans la forêt, une femme aux cheveux immensément longs, qui habitait dans une grande tour, et que l’on disait sorcière.

    Elle pouvait à ce que l’on racontait exaucer tous les souhaits, et serait donc à même de retrouver la mère disparue de la princesse ou de lui permettre de la retrouver. Les deux femmes décidèrent alors de s’y rendre dès le soir même, car Giselle savait qu’en journée elle ne pourrait jamais échapper totalement à la vigilance des gardes.

    Elles se promirent également de ne rien dire à Éric qui jugerait cela trop dangereux, et qui pourrait faire échouer leur mission. Le soir même, et sans rencontrer le moindre obstacle durant sa fuite, la princesse réussit à s’échapper, portée par la magie de la lune.


    ***



    Le lendemain, domicile des Stern.

    « Bonjour Belle… »

    La petite Annabelle regarde Ulrich sortir de la pièce en baillant, et tire la couverture sur sa tête, l’esprit encore préoccupé par la dispute de la veille. Soudain, alors qu’elle perçoit le rire de Tiana découvrant son fils dans le couloir par une heure si matinale, elle prend une résolution.

    Elle veut retourner auprès de sa maman, et comme elle a compris qu’ici, à la maison, elle ne pourra jamais en parler, alors elle attend d’aller à l’école pour retrouver Sissi. Elle ne veut plus rester ici avec papa de toute façon.

    Sissi aussi a perdu sa maman en plus, elle le lui a dit l’autre jour. Et elle veut aussi partir la chercher, alors elles vont y aller toutes les deux. D’ailleurs, comme elle est très intelligente Sissi, elle a dit qu’elles devraient aller faire une ballade dans les bois pour trouver une maison de fée, parce que les toutes fées des contes habitent dans des forêts, et lui demander de l’aide.

    Or, ce matin, il se trouve que tous les élèves de maternelle partent pique-niquer au parc municipal, tout près de l’école certes, mais également situé en bordure d’un petit bois, idéal pour trouver un logis de fées. Anna y pense toute la matinée, pendant que marraine l’habille et que parrain déjeune.

    Ulrich, bien loin des préoccupations de la petite fille, est très impatient de revivre cette journée en effet, l’année précédente, les enfants s’étaient déjà tous rendus dans ce parc et les maitresses avaient organisé une chasse au trésor qui s’état terminée par un pique nique géant. Après une erreur de calcul des cuisiniers de la cantine, les enfants s’étaient retrouvés avec une surabondance d’en cas, et cette journée avait été surnommée « Le jour du sandwich », pour le grand bonheur des enfants.

    Malheureusement pour le petit garçon, cette année il a été décidé que chaque famille prendrait en charge le repas de leurs enfants. C’est donc Tiana qui s’occupe de la préparation ce matin, ce qui s’avère être un vrai jeu de concessions, car son fils, dont les yeux sont plus gros que le ventre, semble vouloir emporter toute la cuisine avec lui.

    « Et ça aussi maman ! Ça !
    — Attends, tu veux du bacon aussi ?
    — Ouiiiiiiiii !
    — Mais mon chéri, tu as déjà un sandwich avec du jambon et un autre avec du fromage !
    — Mais maman je veux du bac.. Du ba... Je veux ça ! »

    Sébastien Stern, épuisé par les caprices de son fils, intervient brusquement en enfournant dans le sac à dos du petit les trois sandwichs emballés dans du film transparent, ainsi que le paquet de chips prévu en accompagnement, tout cela sous le regard faussement scandalisé de sa femme.

    « Mais enfin, c’est beaucoup trop !
    — Laisse manger le petit va… Il a un grand appétit. Comme un homme !
    — Merci papa !
    — Mais de rien fiston. Il t’en faut peu pour être heureux on dirait. »

    Serrant son fils qui vient de lui sauter dans les bras, il ajoute avec lui une compote et des biscuits au chocolat, puis referme le tout avec un sourire satisfait, tandis que sa femme s’occupe du pique-nique, beaucoup plus léger, de la petite Anna.

    « Allez zou, on y va maintenant ! »



    Parc municipal, jour du sandwich.

    Le soleil est au rendez-vous aujourd’hui, et l’hiver semble déjà loin, l’air du vent apportant des notes sucrées de printemps dans cette nature dénudée de ses fruits. Alors qu’en début de matinée le pique-nique semblait compromis, les enfants s’amusent maintenant gaiement.

    Profitant d’un match de foot improvisé, Anna et Sissi se sont regroupées dans un coin, et sont en train de préparer leur escapade. La plus vieille des deux s’évertue pour le moment à monter à la petite tout ce qu’elle a récupéré pour partir en mission comme elle dit : de l’eau, des bonbons, des pansements pour les bobos, et une lampe de poche. Annabelle, très intriguée, pointe le dernier objet du doigt.

    « C’est une lampe ça. Tu vois, tu la frotte là, et hop, la lumière apparait ! »

    Les yeux de la petite s’illuminent alors qu’elle est éblouie par le jet de lumière. C’est un génie ! Sissi a amené un génie avec elles pour les aider, comme dans le conte qu’elle lui a lu la dernière fois ! Son émerveillement est sans limite face aux nouveaux trésors que la grande tire de son sac, à savoir un sachet d’offrandes pour la fée, avec pleins du rubans et de bijoux, ainsi qu’une étrange chose ronde avec une flèche qui tourne à l’intérieur.

    « Ça, c’est une boussole. Elle montre le droit chemin, celui qu’il faut suivre pour trouver ce que l’on cherche…. Et maintenant en route, personne ne regarde, viens vite ! »


    ***



    Au début, tout se passa très bien. Colette marchait droit devant elle en entrainant à sa suite la princesse, mais au fur et à mesure qu’elles s’enfonçaient dans la forêt, cette dernière commença à s’inquiéter, terrorisée par les ombres effrayantes des arbres qui semblaient vouloir l’attraper avec leurs branches crochues. De plus, il lui semblait qu’ils avaient tous des yeux, et des yeux horribles et globuleux, et que dès qu’elle faiblirait ils l’attraperaient pour la manger.

    Alors, telle une petite fille qui paniquait, elle se raccrocha à Colette à une bouée de sauvetage, et se mit à la questionner sans relâche, à remettre en cause leur mission, à se plaindre sans cesse qu’elle avait trop chaud ou trop froid, trop mal ou sommeil, ce qui finit par irriter l’autre jeune femme qui lui intima subitement de ne plus bouger, las de ses caprices.

    Elle la prévint qu’elle partait en éclaireur pour retrouver le chemin dont elles avaient été égarées à cause de ses plaintes, la laissa avec une lampe, et disparu dans la brume avant même que la princesse ne puisse émettre une quelconque réticence.

    Giselle se retrouva alors seule et frigorifiée, plongée dans l'incertitude. Une partie d’elle lui disait de s’enfuir en courant pour chercher de l’aide, l’autre lui conseillait d’avoir confiance et d’attendre sagement le retour de Colette, qui malheureusement pour elle, avait déjà emprunté le chemin en sens inverse sans une once de remords.…


    ***



    Parc municipal, environ une heure après la disparition des deux petites filles.

    « Alors les enfants, qui veut du sirop de menthe ?
    — Maitresse, maitresse !
    — Attends un peu mon petit Ulrich, je suis à toi dans une minute.
    — Mais je ne trouve plus Anna ! »

    La jeune femme se tourne alors vers le petit qui tire sur sa robe, l’air inquiet. Chassant la boule d'angoisse qui se forme dans son ventre, elle s’agenouille à sa hauteur et lui sourit, persuadée qu’il exagère. Il passe tellement de temps avec Anna qu’il a pour habitude de paniquer dès qu’elle disparait cinq minutes, ne serait-ce que pour aller aux toilettes.

    « Ce n’est rien, on va la chercher, je suis sure qu’elle est là bas vers Élizabeth et..
    — Mais non je ne trouve pas Sissi non plus !
    — C’est vrai ça maitresse, Sissi elle est partie !
    — Partie ?! »

    Un vent de panique s’empare de la maitresse qui laisse tomber les gobelets pleins de boisson sur le sol, salissant les habits des petits qui l'entourait de grandes taches verdâtres. Son cœur s’affole, et chancelante, elle se redresse et cherche immédiatement les petites du regard, mais rien à faire elles se sont comme évaporées !

    Appelant ses collègues à la rescousse ainsi que M. Bottero, le directeur, tous rassemblent les enfants dans un coin tandis qu'elle compose le numéro du père de la petite qui sonne dans le vide. Elle prévient alors la famille Stern et contacte immédiatement les autorités locales, fébrile et angoissée.

    Elle n’arrive pas à croire qu’elle vient de perdre deux petites filles en si peu de temps, et dans un espace si peu risqué…


    ***



Dernière édition par Leana le Mar 19 Mai 2020 00:15; édité 5 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
 
Leana MessagePosté le: Mer 04 Juin 2014 20:59   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 09 Aoû 2010
Messages: 185
    À un moment, arrivée à une intersection, Colette fut prise par une vague d’hésitation, et s’aventura par mégarde sur le mauvais chemin. Au fur et à mesure qu’elle progressait à travers les bois, ses pas la conduisirent par hasard jusqu’à une ancienne demeure cachée dans la montagne, dont tout le monde au village avait oublié l’existence.

    Intriguée par le vent de panique qui soufflait à l’intérieur, elle se faufila dans la cour et assista, impuissante et choquée, à l’arrestation d’Éric par des gardes armés venus d'on ne savait où. Un homme, portant une couronne et des habits d’un temps passé, le pointait du doigt et l’accusait de trahison, ce qui lui fit froid dans le dos.

    Le jeune homme fut ensuite trainé comme un moins que rien jusqu’aux cachots, sous les yeux hébétés de nombreux autres habitants. Ce fut à cet instant que des remords apparurent chez Colette. Car elle sut tout de suite que l’emprisonnement d’Éric était de sa faute.

    Le cœur battant, elle attendit dans l’ombre que les gens se disperse, suivit un garde jusqu’aux prisons, attendit qu’il ait le dos tourné et l’assomma, avant d’attraper son trousseau de clés pour ouvrir la porte à son bien aimé. Dès que celui-ci la vit, son visage s’illumina mais malheureusement pour elle ses premiers mots furent dirigés vers une autre personne.

    « Colette, dis moi où est Giselle, vite ! »

    Sous le choc, la jeune femme en lâcha les clés et le regarda, abasourdie. Elle lut dans son regard qu’il savait qu’elle était responsable de sa soudaine disparition, et qu’il ne bougerait pas d’ici avant qu’elle ne lui ait tout raconté. Éludant la question, elle fit de son possible pour rester calme.

    « On ne peut plus rien pour elle. On est allées dans la forêt, elle voulait retrouver sa mère et j’ai tenté de l’aider et…
    — Sa mère ? Mais elle est morte ! Où est Giselle, et pourquoi êtes-vous allées dans les bois en plein milieu de la nuit ?!
    — Il est trop tard pour la sauver je te dis allons-nous en tous les deux je t’en prie ! On pourrait vivre heureux, avoir des enfants…
    — Bon sang dis moi où elle est ! »

    Le visage de la jeune femme se ferma et elle se rendit amèrement à l’évidence. Il se fichait éperdument qu’elle soit là à risquer sa misérable vie pour le sortir du trou à rats dans lequel il avait été jeté, tout ce qu’il voulait c’était elle, l’autre. Alors elle sortit une dernière carte de son jeu. Elle inventa.

    « Nous nous sommes perdues dans les bois, et alors que nous errions comme des âmes en peine un ours nous ai tombé dessus. Il nous a isolées au bord d’un précipice, traversé de part et d’autre d’un pont formé par un chêne mort. Je lui ai déconseillé de s’y aventurer, mais elle ne m’a pas écouté, elle était terrifiée, elle a trébuché et.. Oh mon dieu, c’était horrible…
    — Et l’ours ? Pourquoi ne t’a-t-il pas tuée ?
    — L’ours ? Il a été distrait par un renard. Maintenant je te le demande une dernière fois, partons tous les deux.
    — Écoute, je ne peux pas partir avec toi. Un jour, ton prince viendra, mais ce n’est pas moi. D’autant plus que je dois aller avertir sa Majesté maintenant, si elle a chuté dans l’eau il se peut qu’elle soit encore en vie !
    — Sa Majesté ? Quelle Majesté ?
    — Oh libère moi Colette, et cesse de poser des questions stupides ! »

    La jeune femme, assimilant ce qu’il venait de lui révéler et ce qu’elle avait pût observer, compris enfin le fin mot de l’histoire. Aveuglée par un assourdissant désir de vengeance, elle laissa le pauvre homme pour mort dans sa prison, hurlant et priant pour qu’elle le libère. En vain.

    Après avoir refait surface, elle se rendit à la taverne d’un pas décidé et sema le chaos autour d’elle en racontant tout ce qu’elle avait appris : le vieux Roi, le château sur la montagne, la menace que tout cela représentait pour l’actuel souverain… Immédiatement, une guerre fut déclarée et la bâtisse dans les bois fut prise d’assaut par les troupes royales.

    Colette quant à elle se retira dans sa maison, estimant qu’elle avait fait de son mieux pour que la princesse ne sorte jamais vivante de cette forêt. Elle s’assit devant sa coiffeuse, et après avoir consulté son miroir magique, elle s’endormi, se sentant enfin libérée, délivrée de ses pulsions maléfiques.


    ***



    Parc municipal, près de deux heures après le drame.

    Lorsque Philippe arrive après avoir finalement écouté les messages alarmant de Tiana sur son répondeur, il peine à trouver une place pour garer sa voiture dans le petit parking joint au parc tant celui-ci est bondé. Au bord de la crise de panique, le père remarque du coin de l’œil une ambulance et accélère le pas en direction de la masse qui stagne autour de la table de pique-nique.

    Alors qu’il peine à se frayer un chemin convenable au milieu de la foule, il aperçoit au loin un groupe d’homme en uniformes qui semblent transporter un petit corps sur un brancard. Son cœur loupe un battement et il se précipite dans cette direction, envoyant coups de coudes et insultes sur son passage, poussé par la peur déchirante d’avoir perdu son bébé.

    Lorsqu’il arrive cependant au bord de la civière, il constate, la poitrine lourde et soulagée, que ce n’est pas Anna mais une autre petite fille du même âge environs que l’on transporte à l’hôpital pour des examens approfondis. Se tournant vers les policiers, il apprend qu’elle avait disparu en même temps que sa fille.

    Cette découverte apaise les enquêteurs qui restent optimistes pour Anna, la jeune Élisabeth ne s’étant pas aventurée trop loin en ville. Les fouilles, qui avaient cessé, reprennent alors avec encore plus d’entrain malgré la météo qui commence à tourner.

    « Il me reste un espoir alors ? Je veux dire, de la retrouver en vie ?
    — Mais bien sûr. Elle n’a disparu que depuis quelques heures, et tant que la nuit n’est pas tombée tout va bien. Maintenant si vous le permettez, je vais vous poser quelques questions. »

    Philippe est ensuite entrainé à l’écart par un jeune officier, Bernard, et impuissant, il constate avec désespoir qu’il est inutile à la progression de l’enquête, ne pouvant dire si sa fille a été suivie et donc susceptible d’avoir été enlevée, ou bien si elle s’est enfuie volontairement, et auquel cas pourquoi.

    « Votre ami m'a dit que vous vous étiez disputés hier soir avec votre fille, est-ce vrai ? »

    Son sang se glace et il cherche immédiatement du regard Sébastien et sa famille, occupés à parler aux ambulanciers. Il serre les poings, contenant difficilement sa colère. Qu’est-ce qu’ils sont tous en train d’insinuer, là ? Qu’il est responsable de la disparition de sa fille, c'est ça ?

    Ses yeux se posent alors sur le petit Ulrich qui grimpe dans l’ambulance avec un agent, et c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Ravagé par la pression, le choc, et l’inquiétude il explose, se dirigeant vers ses amis en les pointant du doigt, fou de colère.

    « Ce n’est pas moi qu’il faut blâmer dans cette affaire, d’accord !? C’est de la faute d’Ulrich, il devait la surveiller, et il a failli à sa tache !
    — Mais de quoi est-ce que tu parles ?
    — Mais dis lui toi, à ta femme ! Il avait promis, juré même, et je lui faisais confiance ! Résultat, il a perdu ma fille ! »

    Les yeux noirs de Philippe se fixent sur son ami, qui ne l’a jamais vu dans cet état. Déchiré par la douleur, il se met à les accuser en maudissant leur fils et en le désignant comme unique responsable de la tragédie qui lui arrive. Il va même plus loin en affirmant que s’il n’était jamais venu chez eux, rien de tout cela ne serait arrivé, et que ce sont eux les coupables dans cette histoire.

    Tiana, outrée par ce comportement, ne peut s’empêcher de prendre la défense de son fils en constatant que son mari ne bouge pas le plus petit doigt pour le contredire. Statufié, Sébastien Stern reste muet en laissant son ami tout mettre sur le dos du petit.

    « Mais qu’est-ce que tu racontes, Ulrich fait tout pour retrouver Anna, il est mort d’inquiétude ! Et en ce moment même il est en train d’aider l’enquêtrice en posant des questions à son amie qui sait peut-être où se trouve ta fille !
    — Évidemment qu’il le sait, c’est à cause de lui qu’elle est là bas.
    — Arrête d’être injuste.
    — Si ma fille ne s’en sort pas Tiana, tu verras ce que c’est que la justice. »



    Au même moment, dans l’ambulance.

    « Où est Belle ? »

    Sissi, mal à l’aise, se tord les doigts dans tous les sens sous le regard inquisiteur d’Ulrich et celui de la jolie inspectrice qui les accompagne, Bianca. Ils n’arrêtent pas de lui poser la question, mais pour quelque raison que ce soit Élisabeth refuse de parler. Ou alors, elle élude les questions.

    « Mais je sais pas moi…
    — Elle était avec toi Sissi, elle est où maintenant ?
    — Je sais pas !
    — Mais tu étais avec elle pourtant !
    — Oui mais elle était folle, elle disait qu'elle avait vu un chat qui souriait et.. Et on s’est perdues et…
    — Où ? Je veux savoir où est Anna !
    — Je sais plus !
    — Sissi ! »

    La petite baisse les yeux, et la policière, alertée par les cris à l’extérieur, décide de les laisser seuls tous les deux quelques instants pour voir si ça ne débloque pas Élisabeth, ou tout du moins, l’incite à être plus coopérative. Il semblerait que la jeune fille n’ait pas réalisé que la vie de leur amie en dépend…

    À peine a-t-elle le temps de sortir et d’assister aux ultimes règlements de compte entre le couple et Philippe, qu’Ulrich les rejoint, victorieux.

    « Les bois ! Elles étaient allées dans les bois !
    — Dans les bois ?! Mais c’est de la folie ! »

    La nouvelle affole les inspecteurs qui commencent à passer des coups de fils pour avoir plus de bénévoles pour les fouilles et quelques chiens renifleurs. En effet, bien que peu dangereux, les bois sont denses et il va bientôt faire nuit. Qui plus est, la météo semble avoir définitivement tourné…

    « Regardez, regardez tous ! Il neige ! »

    Immédiatement, tout le monde tourne son visage vers le ciel, certains tendant les bras, d’autres se regardent abasourdis, mais personne n’est insensible au charme des gros flocons qui se mettent à tomber en abondance sur la ville, obligeant les policiers à se retirer dans un endroit abrité.

    Les enfants eux, bien loin d’avoir les mêmes préoccupations que les grands, commencent à former des tas de boules qui bientôt volent dans tous les sens. Retenue de force par sa mère, une petite fille semblable à Anna se débat près de Philippe pour aller les rejoindre, gémissant.

    « Maman, je voudrais un bonhomme de neige ! Laisse-moi aller en faire un avec les autres !
    — Arrête Elsa, ce n’est pas le moment ! Les policiers travaillent !
    — Mais maman s’il te plait, juste un bonhomme de neige !
    — J’ai dit non ! »

    Effrayée par le regard menaçant que lui lance le père de la petite disparue, la mère s’en va avec sa fille, le laissant dans sa misère. Sébastien arrive alors, n’améliorant pas l’humeur de Philippe qui se renfrogne et serre les dents pour ne pas lui faire manger son poing. Il avait entendu dire qu’il n’y avait qu’un pas entre l’amour et la haine, et il est maintenant en train de se rendre compte d’à quel point ceci est possible.

    « Ne t’en fais pas, on va la retrouver…
    — J’espère bien, sinon je vous le ferais payer cher. Tout ça est de votre faute.
    — Ulrich n’y est pour rien, je t’en prie Phil, je…
    — Votre faute. »


    ***



    La bataille fit rage pendant des jours, et elle fut terriblement sanglante, à tel point que le Chevalier et d’autres hommes tels son père, jeté au cachot pour trahison peu de temps après lui, furent sortis de prison afin d’aider sur le front.

    Dès qu’il le peu, le vaillant Éric fit part de son information sur l’état de la princesse au Roi, qui fut si bouleversé qu’il se jeta dans la bataille et tua tout ce qui passa à portée de son épée. L’autre Roi qui avait voulu le défier subit particulièrement sa colère et il mourut très vite, ce qui déclara la fin de la bataille.

    Dévoré par l’angoisse et le chagrin, le vieux Roi qui avait récupéré ses terres se retrouva plongé dans le même état que dans celui dans lequel il les avait perdues, plus de quinze ans auparavant. Il envoya toute une équipe de rescousse à la recherche de sa fille, en vain…


    ***



    Flash info.

    « On nous informe à l’instant que le corps inconscient d’une petite fille a été retrouvé dans un bois près de l’école où elle allait. Les circonstances de sa disparition restent encore floues, et on ne sait pas si elle s’en sortira ou non. Tout de suite nous retrouvons notre correspondante sur place, Mathilde Aub… »

    Philippe éteint la télévision.

    Son regard noir et impénétrable se pose sur les bouquets de fleurs apportés par des amis et des connaissances avec des mots de soutien. En voyant une magnifique rose rouge au milieu d’une composition, le père la retire et se met à en tortiller la tige, le visage tendu. Ses yeux fixent le lit vide de sa fille un moment, puis il remarque finalement Sébastien qui se tient devant lui, relativement mal à l’aise.

    Ne sachant comment agir en de pareilles circonstances, ce dernier hésite à aller le voir, une douce lueur d’espoir dans les yeux, et à lui donner une accolade pour le réconforter, comme au bon vieux temps. Cependant, comme s’il avait lu dans ses pensées, Philippe l’arrête d’un geste de la main.

    « C’est fini, d’accord. N’essaie pas de me joindre ou de me parler, sinon je t’envoie mes avocats sur le dos…
    — Mais enfin Phil… Je suis ton meilleur ami, je...
    — Non. C’est fini. Je ne veux plus te voir, ni toi, ni lui. Tu ferais mieux de t’en aller. »

    Puis il se met de nouveau à fixer cette rose, et avec une cruauté sans bornes, il s’attèle à en arracher un à un les pétales qui s’envolent et tombent au sol, comme un horrible compte à rebours.


    ***



    « Et ainsi donc, après avoir été déclarés coupables de tous les crimes suscités, allant de la perversion à la tentative d’assassinat d’un membre de la famille royal, la sentence décidée par sa Majesté est… Le bannissement définitif. »

    Un murmure surpris parcourut l’assemblée. Tout le monde s’attendait à ce qu’une peine de mort soit prononcée, mais heureusement pour les détenus le Roi semblait avoir encore quelques restes d’affection pour le Chevalier et sa famille.

    Leurs bagages étant prêts, l’ex-capitaine et ami du Roi partit avec sa femme, dame Mérida, et son fils, le jeune Éric. Une fois la porte franchie et refermée, la mère, sentant que le fossé entre le père et le fils, précipice né des derniers événements, allait encore se creuser, tenta d’engager le dialogue.

    « Robin ? Robin je t’en prie, il faut que tu lui parles..
    — Je n’ai rien à lui dire.
    — Mais enfin, c’est ton enfant ! Un père se doit d’être là pour son enfant quoiqu’il arrive !
    — Plus maintenant. Allez viens, marchons. Si nous voulons trouver un endroit où nous loger avant la nuit, il faut partir tout de suite. »

    Mérida jeta un regard désespéré à son fils qui prit ses sacs sans un mot et s’aventura sur une autre route, dans une direction opposée à celle que prenait son père.

    Titillée entre les deux, certaines légendes racontent qu’elle resta sur place afin d’assurer un lien permanent entre les deux hommes qu’elle aimait. D’autres versions quant à elles laissent sous entendre qu’elle choisit de suivre son mari, abandonnant son fils à son triste sort…

_________________
Mes textes :

Les non-dits
Le temps d'une seconde
Un perce-neige
Saudade

« And I miss the way you make me feel, and it's real
When we watched the sunset over the castle on the hill »


Dernière édition par Leana le Lun 09 Juin 2014 13:39; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
 
Zéphyr MessagePosté le: Lun 09 Juin 2014 10:32   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


Inscrit le: 16 Mar 2013
Messages: 1110
Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Y'a pas à dire, c'était long o/.

Pour commencer, je dois dire avoir été agréablement surpris par le fait que le côté « conte » du texte ne soit pas aussi présent que ce que je m'imaginais.
Niveau histoire, j'ai trouvé très sympathique la mise en parallèle des situations des personnages du conte et ceux IRL. Notamment quand on lit des phrases comme celles-ci :

Citation:
Le jeune garçon recevait une éducation très stricte, et déjà enfant il enchainait les exercices exténuants et les leçons de latin et d’arithmétique. Et son père suivait chaque progrès avec une minutie déconcertante, car il était évident qu’il croyait en son fils et en sa valeur, et qu’il voulait le mener au sommet. 

La référence au travers de la projection est franchement bien foutue, tout en nous faisant identifier rapidement qui est qui.

Ce switch conte/réalité a également un autre intérêt. La situation IRL permet de se concentrer sur les personnages et leurs interactions, tandis que la situation du conte met plus en avant les ressentis et émotions des personnages. Et au final, les deux se complètent bien et la mise en parallèle nous permet de voir plus loin que ce qui est écrit.

Le scénario en lui-même est original. Tenter d'expliquer le pourquoi des relations actuelles entre Ulrich et ses parents (ainsi que Sissi), c'est intéressant. Et au final, je pense qu'on a quelque chose d'assez cohérent, même si certains points peuvent être contestés (j'y reviens plus bas).
Par contre, la fin est assez ambiguë puisqu'on ne comprend pas vraiment ce qu'il arrive à Annabelle et Giselle. Néanmoins, le Flash-info peut nous faire émettre un début d'hypothèse :

Citation:
 On nous informe à l’instant que le corps inconscient d’une petite fille a été retrouvé dans un bois près de l’école où elle allait. Les circonstances de sa disparition restent encore floues, et on ne sait pas si elle s’en sortira ou non. 

À priori, Annabelle semble s'en être sortie, raison pour laquelle son père a simplement décidé de couper les ponts. Si elle était vraiment morte, il se serait vengé, comme il le laissait entendre («Si ma fille ne s’en sort pas Tiana, tu verras ce que c’est que la justice. »). On peut penser qu'il en est de même pour Giselle dans le conte. Enfin, dans le cas dudit conte, les mots « tentative d'assassinat » ne laisse pas entendre la mort de la princesse, donc tout va bien, ou presque *paf*.

Je reprocherai juste deux choses à ton histoire.
Sa longueur pour commencer. D'habitude, je suis complètement favorable aux histoires bien détaillées, mais là, c'était assez fastidieux à lire. Même avec la mise en page, il est possible que la longueur fasse peur à certains lecteurs.
Ensuite, les paroles des enfants de ton texte : Ulrich, Sissi et Annabelle. Ils parlent beaucoup trop bien pour leur âge (2, 3 et 4 ans suivant le moment). Petit excédent de maturité peut-être.

Côté références, je pense que tu t'es bien débrouillée, même si je n'ai même pas dû en trouver le quart. Enfin, on laissera les fans de Disney se charger de relever tout ça (a).


Maintenant, abordons le cas des personnages un à un, puisque ce sont les éléments centraux de ce OC (comme souvent avec tes textes) :

Mini-Ulrich. On constate une chose dans ce texte : c'est qu'il était très joyeux étant enfant. Bien entendu, la disparition de ce trait s'explique facilement avec la rigidification des rapports avec ses parents. Sinon, il est vachement plus responsable que sa version adolescente, même si à son âge, tenir une promesse comme celle qu'il a faite est très compliqué o/.
Bien joué pour le respect de sa rencontre avec Sissi. C'est le genre de petit détail que j'aime. Par contre, en ce qui concerne l'explication de son rapport avec elle, je suis moins convaicu. À mes yeux, la rancœur entraîne la rancœur. C'est une réaction en chaîne. Philippe en veut à Ulrich pour ne pas avoir tenu sa promesse (trop lourde à porter pour un enfant de son âge). Sébastien tient rigueur à Ulrich de la fin de son amitié avec Philippe.
En toute logique, Ulrich aurait dû en vouloir à mort à Sissi pour avoir entraîné Annabelle dans cette histoire. Or dans la Genèse de CL, il n'affiche pour elle qu'une belle indifférence, teintée d'un léger agacement. Néanmoins, au vu de l'âge des deux enfants au moment des faits, on peut penser sans exagérer qu'ils n'ont pas gardé un souvenir très vivace de ces événements. Mais dans ce cas, cela ne permet pas vraiment de mettre au clair le rapport Ulrich/Sissi, comme tu le dis en début de premier post. Personnellement, j'ai plus tendance à penser que l'effet « pot-de-colle » gave largement Ulrich.
Après, en tant que personnage de ta fiction, c'est assez dur de se projeter par rapport à un gosse de 4 ans, donc je ne me prononcerai pas.

Pour Sissi, vu que j'ai mêlé son cas à Ulrich, j'ai plus grand-chose à dire. Je trouve juste un poil dommage qu'elle endosse encore le rôle de peste de service. Tu aurais limite pu prendre un OC pour le faire et donner un rôle plus reluisant à Sissi.
*Je suis déjà loin*

Je passe Annabelle. Trop jeune pour que je trouve quoi que ce soit à dire. Sauf peut-être que le fait qu'elle soit « dans son monde » s'explique facilement par l'absence de sa mère.

Philippe m'est très antipathique. Il est complètement paumé depuis la mort de sa femme, ça se voit. À cause de ça, il saisit le premier prétexte pour crier sa colère contre le monde entier (remarques de la directrice de maternelle, genou blessé de sa fille...). Dans la même idée, ses réactions envers Ulrich sont complètement disproportionnées. À mes yeux, le plus à blâmer dans cette histoire, c'est lui. Il n'a jamais vraiment donné l'impression de se préoccuper de l'émotivité et de l'état d'esprit de sa fille. Résultat : il n'a même pas remarqué qu'elle était distraite, enfin, il n'a pas voulu le voir, comme dit dans un des passages. Ce dernier point démontre largement que Philippe a préféré échapper à ses responsabilités plutôt que d'avoir à agir. Et quand il se décide enfin à le faire, il s'y prend de la pire manière possible, ce qui va constituer un des facteurs qui pousseront vers la tragédie. D'ailleurs, il sera fidèle à lui-même jusqu'au bout puisqu'il préfèrera rejeter la faute sur un enfant de quatre ans plutôt que d'admettre ses erreurs.
C'est un mauvais père à mes yeux.

Le père d'Ulrich, Sébastien, est à la fois surprenant et décevant. Son côté dur est fermé vu dans la série transparaît par moments, mais les moments où il se révèle chaleureux avec son ami Philippe et paternel avec Ulrich constituent le côté surprenant. Cependant, je trouve sa réaction de fin vraiment bête. Le dernier extrait de conte laisse entendre que le père et le fils ont pris des chemins différents suite à la tragédie. Comme dit plus haut, il n'est pas dur de faire le parallèle avec les personnages que l'on connaît déjà. Pour hypothèser un peu, on peut déduire de ça que le père d'Ulrich lui a tenu rigueur de son amitié brisée avec Philippe et en conséquence, s'est révélé froid et dur (méthode brevetée par Icer et Pikamaniaque) avec lui. Il n'a pas pris le parti de défendre son fils et c'est ça qui est décevant. D'ailleurs, la fin du conte exprime très bien le comportement qu'aurait dû adopter Sébastien :

Citation:
Un père se doit d’être là pour son enfant quoiqu’il arrive !


Après, il fallait bien trouver une raison pour laquelle pourquoi les rapports père/fils sont aussi tendus x).

Quant à la mère d'Ulrich, Tiana, elle est décevante également à la fin, fin qui laisse entendre qu'elle aurait « suivi le chemin » de son mari et « abandonné son fils à son triste sort ». Même remarque que pour le père, elle n'a pas pris le parti de se placer du côté de son fils. D'un côté, je trouve ça assez incohérent avec toute la douceur maternelle qu'elle a exprimé tout au long du texte.

Pour les personnages du conte, je n'ai globalement rien à dire sur eux, puisque servant principalement à faire le parallèle avec les personnages de CL. Je n'ai qu'une seule chose à dire : Éric est entièrement fautif dans l'histoire. Il a fait preuve d'une réelle indélicatesse envers Colette.

Citation:
Le Chevalier revint très souvent rendre visite à Colette à l’auberge, avec qui il noua une relation très intime. C’était simple, en sa présence il devenait un autre homme, un homme libre. Cette femme semblait l’avoir envouté. Il parlait souvent d’elle et elle occupait jusqu’au moindre de ses songes. 


Ce passage porte à croire qu'il était tombé amoureux de Colette, mais selon moi, c'était plus de la fascination qu'autre chose. Il aimait les sensations que lui procuraient la compagnie de Colette, mais je ne pense pas qu'il y avait vraiment d'amour là-dedans. Néanmoins, comme il ne s'est pas mis au clair avec elle (ce qui n'implique pas de trahir l'emplacement de leur planque), la réaction en rencontrant Giselle est parfaitement compréhensible, même si affreusement clichée. Pourquoi se venger sur la fille et pas sur le mec (avec la méthode Chronos : un faux, toussa *Sort*) ? Enfin, ça reste un conte pour enfants.


Bref, pour épiloguer sur ton OS, je dirais qu'il est bien travaillé, notamment sur les personnages, et que c'est un cadeau très sympa que tu as offert à Ellana. Enfin, personnellement, les contes ne sont pas ce qui m'attirent le plus, mais c'était quand même une lecture agréable Wink.
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
 
Montrer les messages depuis:   

Forum Code Lyoko | CodeLyoko.Fr Index du Forum -> Vos Créations -> Fanfictions Code Lyoko Page 1 sur 1

Poster un nouveau sujet
 Réponse rapide  
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
 
Répondre au sujet



Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure

Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum




Powered by phpBB Lyoko Edition © 2001, 2007 phpBB Group & CodeLyoko.Fr Coding Dream Team - Traduction par : phpBB-fr.com
 
nauticalArea theme by Arnold & CyberjujuM
 
Page générée en : 0.0522s (PHP: 62% - SQL: 38%) - Requêtes SQL effectuées : 19