Inscrit le: 27 Aoû 2013 Messages: 403 Localisation: Entre une chaise et un PowerMac G5
Bien le bonsoir Dyssery, j'ai comblé mon retard.
La fic devient de plus en plus prenante, toute cette psychologie et cette réflexion de William intéresse. Et même si je n'ai pas grand rapport avec lui j'arrive à ressentir de la compassion et à m'identifier au personnage.
Cette réflexion, cette recherche du problème a je trouve un côté un peu informatique...On dirait qu'on recherche le bug d'une machine. C'est amusant. Mais en même temps, ça fait peur...
En tout cas, l'écriture se lis toujours aussi vite, c'est toujours aussi captivant et c'est rudement bien scénarisé, bravo ! Hâte de voir la suite.^^ _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Nous y sommes. Le dernier chapitre qui se déroule dans la chronologie du DA. La dernière arnaque.
Mais j'ai triché, ha ha ha Ben oui, comment voulez-vous que William se comporte comme il le fait dans le 95, après ce qui s'est passé dans le 94 ?
Bref, je reprécise que pour la suite je n'ai pas tenu compte de Code Lyoko Evolution, ni des Chronicles, donc inutiles de me sortir des incohérences à ce niveau-là ^^
Cyclope :
Désolé, mais Christophe ne fait pas parti du rêve. Et c'est ma fic, c'est moi qui décide de qui sont les personnages de figuration
Pour le reste, contente que ça te plaise, comme toujours
Icer :
Bon ben si tu as toujours les mêmes choses à dire, je suppose que j'ai les mêmes choses à répondre ^^
Sirix :
Cool, j'ai réussi à t'accrocher Même si William n'est pas un perso auquel tu t'identifies
Sur ces bonnes paroles :
Spoiler
Chapitre 7 : Le Miroir des Évènements
Je suis arrivé pile à l’heure à mon cours d’histoire-géo. Une chance, parce-que Fumet est le genre de prof qui vous vire à la moindre seconde de retard ! Mais son cours s’est plutôt bien passé. Je veux dire, j’en ai suivi l’intégralité, et cette fois j’aurais des notes à reprendre.
Je suis sorti par la porte de derrière pour ne pas avoir à passer devant Yumi mais… je ne sais pas, la journée a plutôt bien commencée, et pour la première fois depuis que je suis rentré je me sens de bonne humeur. C’est marrant, non ? Comme un petit détail peut changer les choses du tout au tout. D’envisager que même sous son contrôle j’ai pu résister un minimum à XANA, que j’ai réussi à le défier… Je me sens mieux. Beaucoup mieux. Du coup je vais profiter de cet état d’esprit pour au moins essayer d’être mis au courant des derniers évènements. Parce qu’après réflexion je n’ai pas à avoir honte de ce que j’ai dit hier.
« Yumi, attends ! Attends, s’il te plaît ! »
Super engageante, à ce que je vois. Madame a bien daigné s’arrêter mais elle affiche clairement son exaspération. Sauf que je compte bien apprendre ce qui se passe.
« Alors, ça y est ? Vous l’avez…éteint ? »
Elle soupire. On dirait qu’elle n’est pas sûre que me répondre soit une bonne idée.
« Pas encore. Les autres hésitent, dit-elle finalement d’une voix amère.
- Quoi ? Ils sont dingues ! Ils ne se rendent pas compte du danger que représente le supercalculateur ? »
Flûte, je me suis laissé emporter. Vu comme on est en bons termes je vais en prendre plein la tête… Mais bon, j’ai quand même été fait prisonnier à l’intérieur. Et puis, même si XANA n’existe plus, je ne suis pas sûr que conserver en marche un engin pareil soit une très bonne idée.
« Bien sûr qu’ils sont au courant que c’est dangereux. Ça ne les empêche pas d’être nostalgiques. »
Tiens, pas d’engueulade ? On dirait pourtant qu’elle est profondément exaspérée. Sauf que pour une fois ce n’est pas à cause de moi. Alors comme ça il y a de l’eau dans le gaz, au paradis ?
« Et pas toi ?
- Non, je pense que la vie sera tout aussi bien, sans Lyoko. »
Évidemment. Seule miss parfaite sait faire les bons choix, pas vrai ? Et le plus drôle c’est qu’on dirait bien que cette fois il n’y a que moi qui suis de son côté. Je comprends mieux pourquoi elle s’est résignée à me parler, ça fait tellement du bien de s’entendre dire qu’on a raison, n’est-ce pas Yumi ?
« En fait tu es comme moi, tu gardes toujours espoir. »
J’ai dit ça avec ironie. Comme si j’avais le moindre espoir d’arranger les choses avec elle. Et vu la façon dont elle me traite, je ne suis pas vraiment sûr d’en avoir encore envie. Sauf qu’on dirait qu’elle n’a pas perçu le sarcasme. Elle me toise d’un air blasé.
« Sauf quand c’est une cause perdue. Allez, ciao "beau gosse". »
Douche froide. C’est fou ce que cette fille peut se montrer aimable et compréhensive. Enfin, ça s’est plutôt mieux passé que ce que j’aurai pensé. Mais la danse de la victoire je la ferai une autre fois, d’autant que Christophe n’est pas loin et qu’il me croit déjà suffisamment dingue comme ça.
Il est en train de discuter avec Priscilla, Manu et Caroline. C’est marrant, depuis que je suis arrivé à Kadic je n’ai pas du tout cherché à m’intégrer. Dans mon ancien bahut j’avais une bande de potes. Pas le genre inséparables, et j’ai à peu près perdu le contact avec tout le monde, mais c’est aussi parce que je n’ai pas passé si longtemps que ça dans ce lycée avant de me faire virer, et je pense que si j’étais resté là-bas j’aurais quelques vrais amis avec lesquels je passerais tout mon temps. Alors qu’ici, j’ai fait connaissance de façon superficielle avec à peu près toutes les personnes de ma classe et je peux – pouvais - parler avec n’importe qui sans problème, mais je n’ai aucun ami proche. Je veux dire, même Yumi n’a jamais été à proprement parler une amie. Pourtant il y a plusieurs personnes que je pourrais vraiment apprécier ici. Et Christophe en fait – faisait – partie, même si je n’ai pas passé des masses de temps avec lui.
Christophe M’Bala. Le black de Kadic. Plutôt grand, athlétique, au look décontract avec ses dreadlocks courtes et son bandeau orange. Il dégage quelque chose d’engageant, une impression de sympathie comme seules certaines personnes sont capables de la donner de la même façon à tout le monde. Et même maintenant, alors que je suis furieux contre ce qu’il pense de moi, je ne suis pas en colère contre lui. Peut-être parce qu’à part mes parents c’est la seule personne qui ait eu l’air de s’inquiéter pour moi depuis que je suis « rentré ». Ça résume bien ma cote de popularité…
Mais bon, ne laissons pas les idées noires nous envahir, même si le prochain cours c’est maths et que Mme Meyer m’a bien fait sentir que je n’étais qu’un crétin congénital et que je ne méritais pas qu’on me donne ma chance… Je suis un peu de mauvaise foi. C’est vrai que mon rôle a été tenu pendant plusieurs mois par un crétin congénital. Mais si Christophe a senti le problème et a tenté de trouver une explication, l’équipe pédagogique n’en a quand même pas grand-chose à foutre des élèves pour ne pas avoir réagi, non ? Ou alors les profs sont tellement désespérés par les collégiens qui se prennent pour des petits rois quand ils sont insolents qu’ils ont tout de suite cru à la thèse canular et ont jugé que la meilleure réaction était de ne pas relever pour ne pas me faire le plaisir de tomber dans mon piège, peut-être…
Qu’est-ce que je fabrique devant mon ordinateur ??
Ah. Oui. Un retour vers le passé. C’est violent ce truc ! Ils auraient pu me prévenir qu’ils le lançaient, j’ai failli tomber de ma chaise ! C’est vrai quoi, je suis passé de debout et en mouvement à assis et immobile sans transition ! Comment ils se sont débrouillés pour ne jamais rien laisser paraître ?
Enfin bon, ce doit être à cause de Sissi. Je marchais dans le couloir du premier et je l’ai vu se faire traîner par le proviseur avec force gesticulations. Elle a dû les entendre argumenter sur l’extinction du supercalculateur et courir tout raconter à son père. Quand même, ce serait vraiment bête de se faire choper maintenant. Encore que, dans ma situation peut-être que ça arrangerait les choses.
Tain, je viens de réaliser que ce retour vers le passé implique que je vais devoir me taper une deuxième fois le cours de maths d’aujourd’hui ! Et dire que la journée avait si bien commencé…
Bon, ben pour occuper le temps jusqu’à cette réjouissante distraction je n’ai plus qu’à chercher des infos sur la reconstruction des souvenirs par les rêves.
Pfff, eh ben c’était plus facile d’obtenir des explications sur l’amnésie. Apparemment l’hypnose et les rêves peuvent servir à retrouver des souvenirs, mais les rêves et la fixation sur un sujet peuvent aussi conduire à la création de faux-souvenirs qu’on confond avec la vraie mémoire. Ça ne m’avance pas des masses. Est-ce que je dois comprendre qu’à partir de quelques réminiscences mon esprit recrée les divagations que XANA aurait pu avoir quand il était dans ma tête ? C’est vrai que maintenant que j’y pense il ne sonne pas exactement comme un programme informatique. Mais pour une Identité Artificielle de cette ampleur c’est peut-être normal de dépasser le stade de la machine… Et puis je ne peux pas trouver de cas similaires au mien, c’est vrai quoi, les adolescents possédés par des programmes informatiques diaboliques ça ne court pas les rues, même sur internet, alors est-ce que je peux vraiment conclure quoi que ce soit ? Raaah, j’ai mal au crâne !
Tout ce qui ressort de cette seconde recherche c’est que je suis PEUT-ÊTRE plongé en plein délire. Super.
Cette fois je suis arrivé un peu en avance à mon cours d’histoire. Mais même si j’aime bien cette matière, entendre deux fois exactement la même chose à seulement quelques heures d’intervalle ça lasse. Je n’ai pas cherché à m’assoir à côté de Yumi cette fois non plus. Mais là encore je voudrais quand même savoir ce qu’il en est.
« Eh, Yumi ! Attends !
- Quoi ? »
C’est moi ou elle a l’air vachement plus agressive que tout à l’heure ? Mince, elle m’a déstabilisé, je voulais lui parler pourquoi déjà ?
« Heu… Je voulais juste te demander de me prévenir avant de lancer un retour vers le passé la prochaine fois, c’est assez déroutant quand on ne s’y attend pas. »
Mais qu’est-ce que je raconte, je venais pas du tout la voir pour ça, moi !
« Oh, toutes nos excuses, c’est vrai qu’on n’a jamais pris en compte ton petit confort. Mais ne t’inquiète pas pour ça, il n’y aura plus jamais de retour vers le passé ! »
Espèce de garce. Minute, de quoi ?
« Vous… vous l’avez éteint, ça y est ?
- Ben oui, on n’allait pas attendre des semaines, non plus ! Qu’est-ce qui te prend ?
- Euh non, rien, c’est super !
- …Ouais. Bon, salut. »
C’est vrai ça, qu’est-ce qui me prend ? Ce n’est pourtant pas comme si je voulais que cette machine reste allumée… Je crois que c’est parce que j’étais persuadé que je sentirais quelque chose au moment de l’extinction, à cause de…mon lien avec XANA je suppose. Ce qui est parfaitement stupide puisque XANA n’est pas confondu avec le supercalculateur. Je suis un peu bête. En tout cas c’est une bonne chose de faite. Non ?
Ah, Christophe est au même endroit que la dernière fois, toujours avec Priscilla, Manu et Caroline. Où pourrait-il être d’autre, en même temps. Je suppose qu’il faudra bien que j’aille le voir à un moment ou un autre. Autant le faire maintenant, je passerai moins longtemps à me prendre la tête là-dessus.
« Christophe, je pourrai te parler une minute ? »
Je les ai interrompus. Ils me regardent tous, surpris. J’ai l’impression que les filles ont un brin de mépris dans leurs expressions. Elles doivent faire partie de ceux qui jugent mon canular stupide et qui me prennent pour un blaireau.
« Ouais, bien sûr. »
On s’éloigne de quelques pas.
« Je voulais… Enfin, je voulais m’excuser pour hier soir. J’étais pas bien, je voulais voir personne, du coup j’ai pas été très réceptif.
- Y a pas de lézard, mec, je suis content que t’ailles mieux, dit-il en me posant la main sur l’épaule. Et William, c’était pas des paroles en l’air tu sais, si t’as besoin de parler, tu peux compter sur moi.
- Non, enfin je veux dire ne t’inquiète pas pour ça, ça va aller mieux, maintenant. »
Terrain miné. Je ne peux pas trop le détromper, je n’ai aucune explication à apporter à mon comportement. Et puis même si je suis loin d’être ravi qu’on pense ça de moi, à défaut de pouvoir détromper les gens ç’a au moins le mérite de me proposer une explication, au cas où.
« Par contre, heu… Combien de…Enfin, tout le monde pense que… ? »
Je n’arrive pas à me résoudre à poser la question… C’est bizarre, j’ai déjà décidé de le laisser croire qu’il a deviné juste, pourtant je suis incapable de le dire moi-même à voix haute. Comme si le reconnaître donnait une part de vérité au mensonge. Heureusement, il prend ça pour de la honte et il devine ce que je veux demander.
« T’inquiète pas pour ça, me répond-t-il avec un sourire rassurant. Je t’ai dit de ne pas nous prendre pour des idiots, mais j’aurais peut-être bien dû ne parler que pour moi. Je crois que je suis le seul à avoir cherché une autre source à ton comportement que ton humour…
- Mon humour de merde, c’est ça ? Tu peux le dire, je commence à être habitué. »
C’est étrange, je pensais que cette conversation serait un calvaire et voilà que je me trouve à rire avec un mec à qui j’ai dû adresser dix fois la parole et qui pense que je suis un toxicomane. D’ailleurs en parlant de ça…
« Par contre il y a un truc qui me chiffonne, je lui demande.
- Ouais, vas-y ?
- Si tu pensais que je me droguais, pourquoi t’en as parlé à personne ? »
Il a l’air gêné.
« Ouais, c’est peut-être pas la meilleure idée que j’ai eu. »
Il se passe une main à l’arrière de la tête et se frotte le cou en détournant le regard. Il est vraiment mal à l’aise, en fait.
« Au début j’ai pensé comme tout le monde, que c’était un gag et que t’étais juste… enfin…
- Un abruti puéril. Tu peux le dire, c’est ce que je pense aussi ! »
Je l’ai complété en souriant pour détendre l’atmosphère, mais il ne me renvoie qu’un pauvre sourire coupable.
« Ouais, voilà. Mais à un stade ça durait trop longtemps. Du coup j’ai voulu en parler avec Yumi, je me suis dit qu’elle savait peut-être ce qu’il se passait mais elle m’a plus ou moins envoyé bouler. Puis y eu cette histoire entre vous deux, vous êtes sortis ensemble quoi ? Une après-midi ? »
De quoi ?? Mais qu’est-ce qu’ils ont foutu pendant mon absence ?? Mince, il ne faut pas que j’ai l’air trop surpris, moi !
« Alors je me suis dit qu’après t’être fait larguer comme ça c’était peut-être un peu normal que tu sois à la masse et que c’était peut-être à cause d’elle que t’étais aussi tordu ces derniers temps… »
Merci Yumi, c’est sympa l’humiliation publique.
« Mais tu redevenais pas normal alors je suis venu te parler. Et j’ai regretté de pas l’avoir fait avant parce-que mec, je sais pas à quel point t’étais défoncé, mais j’ai pas compris un mot de ce que tu m’as raconté ! T’as commencé à délirer sur toi qui n’étais pas toi, et un programme informatique qui voulait dominer le monde… Puis Yumi a déboulé comme une bombe et m’a dit qu’elle s’occupait de tout. Donc j’ai pensé qu’elle connaissait ton problème et qu’elle se chargeait de t’aider. Comme elle a la tête sur les épaules je me disais que ça irait. Mais à voir la façon dont elle te traite ces derniers temps je sais pas si j’avais raison, finalement. Enfin bref, je me disais que ça ne servirait à rien de rajouter mon grain de sel, parce-que c’est plutôt le genre de chose qu’on règle en petit comité… »
Wow. Il s’est vraiment inquiété pour moi en fait. Et maintenant il s’en veut de ne pas avoir réagi de façon plus efficace. Wow. Je me suis vraiment comporté comme le dernier des enfoirés…
« Christophe… »
Merde, qu’est-ce que je peux dire, moi ?
« Merci. »
Putain mais c’est d’un niais !
« Me remercie pas, au final j’ai rien fait !
- Ben t’es là, tu me parles normalement, c’est déjà pas si mal étant donné que t’es le seul à le faire… »
Mince, j’ai plombé l’ambiance. Je ne veux pas tomber dans le cliché de l’ado qui se croit haï par tout le monde !
« Non, mais, c’est bon, t’inquiète pas pour moi ça va aller mieux maintenant !
- Je te le souhaite, mec ! »
Et dire qu’il est vraiment sincère, avec son sourire chaleureux. Sérieux, j’en reviens pas.
« Et je te le répète une dernière fois, après je vais arrêter parce que tu vas finir par me trouver lourd, mais si t’as besoin d’un truc compte sur moi !
- Ben… En fait y a bien un truc…
- Ouais ? »
Merde, j’ai vraiment l’impression d’abuser. Mais je ne vois pas trop à qui d’autre je pourrais demander ça étant donné que je voudrais éviter d’avoir à quémander auprès de Yumi…
« Tu pourrais me passer les cours que j’ai…ratés ?
- Bien sûr ! Sur quelle période ?
- …Les deux derniers mois ?
- Aucun souci ! »
Il n’a même pas tiqué.
« Je te les scanne ces vacances, ça te va ?
- Quoi ?
- Les vacances de Pâques. C’est la semaine prochaine.
- Ah oui, oui, bien sûr. »
Les vacances. Merde.
_________________
Dernière édition par Dyssery le Jeu 17 Sep 2015 21:05; édité 2 fois
Inscrit le: 18 Fév 2006 Messages: 3626 Localisation: A Tokyo, dans le dojo de Steven Seagal
Excellent chapitre Dyssery, on voit que tu y as consacré du temps pour le rendre passionnant et captivant, c'est toujours sympa à lire cette fanfic centrée sur la psychologie de William.
C'est très bien résumé ta version prolongé des événements de #95 Souvenirs et je trouve qu'elle illustre bien ce qui aurait pu se passer du côté de William après son dernier échange avec Yumi concernant l'extinction du supercalculateur (moi-même je me suis parfois demandé ce qu'il a pu lui arriver après cette scène) et c'est bien trouvé de nous avoir offert une scène dans laquelle il exprime son mécontentement envers Yumi pour le RTVP sans qu'il en soit informé car ce genre de situation n'avait jamais eu lieu auparavant (en même temps, William n'était pas encore immunisé avant la S3 et il a passé toute la S4 en tant que XANA-guerrier).
Sympa également que Christophe M'Bala fasse allusion aux événements de #80 Kiwodd lorsque Yumi avait passé l'après-midi avec la réplique de William car il m'est arrivé de me demander si William bis avait retrouvé le chemin jusqu'à Kadic lorsque Yumi l'a laissé sur un banc publique ou s'il a fallu le localiser en se servant de son téléphone portable (comme cela fut le cas pour Odd dans #51 Révélation) ?
Pour finir, on sent que William essaye vraiment de refaire sa vie à Kadic et qu'il semble avoir beaucoup de mal à y parvenir après tout le temps qu'il a passé en tant que lieutenant de XANA, sans oublier tous les cours qu'il a manqué au cours de l'année et sa mémoire n'ayant conservé aucun souvenirs de tout ce qu'il a fait à combattre les Lyokoguerriers semble bien le perturber (reste à savoir ce qu'il va faire concernant ce point...). _________________
Inscrit le: 27 Aoû 2013 Messages: 403 Localisation: Entre une chaise et un PowerMac G5
Salut Dyssery !^^
Joli chapitre, on commence à voir William redresser, malgré encore toute cette anxiété. Il semble que l'éventualité d'un happy end se dessine...J'espère.^^
En tout cas...Que dire ? Toujours bien écris, toujours facile à lire, toujours bien ancré, les réflexions sont réalistes et logiques et le personnage nous montre des aspects inconnus dans la série, il n'est pas si racaille qu'on pourrait croire, ni aussi sûr de lui qu'il y paraît. Contrairement à ta Aelita trop mature de ton précédent One Shot, ce William est cohérent, réaliste et plus attachant. J'aime bien !^^
Voilà voilà. J'ai hâte de voir comment tu vas te débrouiller sans les rênes de la série...
Bonne continuation !^^ _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Inscrit le: 01 Jan 2013 Messages: 231 Localisation: Quelque part dans une crevette géante
Comme toujours, aucun sans-faute, et très bonne façon de montrer ce qui se passe en parallèle du #95. ^^ A partir de là, t'as une liberté totale d'écriture, donc j'imagine qu'on va avoir de bons chapitres ^^ _________________ Lecrivaindujour, geek dans l'âme, vidéaste sur Youtube, TFOL, LyokoFan depuis 2004
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Avant-propos : 69 % de ce commentaire traîne depuis un bail sur mon ordinateur, le poster me semble une bonne idée.
Rupture de stock sur les T-shirt « I <3 Dyssery ». Le Pôle Fanfiction fera au plus vite pour se réapprovisionner.
Dans l'optique de ce commentaire, je vais délibérément pointer du doigt chaque point, chaque détail qui me paraît un minimum négatifiable, afin de ne pas paraphraser mes prédécesseurs, et parce que j'aime pointer du doigt les détails dont tout le monde se fout (remember ta précédente fanfiction o/).
Premier point : la narration. Il y a un bon ratio de description, donc je valide . L'usage de la première personne, très bien aussi. Pour un texte qui pour l'instant est principalement introspectif, c'est adapté. Par contre, je trouve que cet effet de profondeur intérieure est brisée par la longueur des chapitres. Même en lisant les 6 chapitres d'un coup, j'ai perçu ceci. (L'Engrenage te boude, en kassdédi à Ulrich o/)
J'avoue avoir eu peur après ma lecture du chapitre 2. Les pensées/remarques de William étaient pas loin de la victimisation à certains moments pour moi (enfin, on ne parle que de deux-trois phrases, no panic). C'est un aspect du personnage auquel il faut faire attention dans un post-épisode 93. Oui pour un William torturé, sans Calimero (a).
Néanmoins, ce point s'est vu supprimé à partir du chapitre 3, lorsque la frustration et la colère ont repris le dessus, donc ça va finalement.
Côté histoire, j'attends encore l'« autre chose » que tu as évoquée dans une de tes réponses aux commentaires, même si le dernier chapitre laisse entendre une quête de souvenirs. Je rigole. Le titre de la fanfic le laissait déjà entendre .
Bref, j'ai rien à dire sur le scénario . Comment veux-tu que je fasse un commentaire d'une longueur convenable si j'ai pas de matière *Paf* ?
Plus sérieusement, j'aime les petites interventions discrètes des personnages secondaires. Au premier abord, on y fait pas gaffe, mais ça apporte un plus à l'histoire dans la mesure où tu n'isoles pas complètement William avec ses pensées.
William, vu par Christophe.
Les rêves POV Xana sont également cool, même si avant le chapitre 6, tu t'étais pas foulée pour leur contenu.
#Mauvaisefoi
Bref, la justification scientifique que tu tentes d'apporter dans le chapitre 6 me plaît bien, et il ne me semble pas avoir déjà vu ça quelque part. Un bon point pour toi.
Quoi d'autre ? Ouais, ce commentaire est un vrai melting-pot de n'importe quoi, je perds la main, je perds la main… Et voilà que mes pérégrinations d'écriture me font écrire des choses hors-sujet. CODON STOP. Ça fait du bien de crier un coup. William vide son sac de la même manière dans le chapitre 5 il me semble. L'ambiance était vraiment sympa, et puis c'était bien placé. D'ailleurs, ça souligne bien une des caractéristiques des Lyokô-guerriers : la passivité.
Bon, je crois que j'ai bien fait le tour, c'est qu'il faudrait pas faire plus long qu'un chapitre. Best joke ever.
Dernier détail pour t'emm... t'aider à t'améliorer :
Citation:
Je dépose ma trousse de toilette sur un banc et entre dans une cabine.
Spoiler
Le mot « cabine » ne me semble pas du tout adapté aux douches à l'italienne. Si tu veux des détails plus spécifiques, le staff de CL.fr peut te mettre en contact avec un testeur de douches .
Donc, puisque tu as posté le chapitre 7 entre-temps et que j'ai la flemme de reformuler ce que j'ai écrit précédemment, on va lui faire un traitement de faveur et en parler ici.
Premier point : le titre. Sauf erreur, je crois qu'on met deux accents aigus à « événements ».
Citation:
Tout ce qui ressort de cette seconde recherche c’est que je suis PEUT-ÊTRE plongé en plein délire.
Autrement, pour le contenu du chapitre, pas grand-chose à dire à nouveau. Creuser une amitié entre William et Christophe nous rappellera avec stupéfaction L'échiquier. S'inspirer d'une fanfiction en E est une très bonne chose *File en vitesse*.
J'ai bien aimé le contraste entre le sujet grave abordé au cours du chapitre et les touches décalées par rapport aux commentaires narratifs de William. Le procédé peut devenir lourd si mal dosé, mais ce n'est pas le cas ici.
Quant aux vacances de Pâques, c'est l'occasion rêvée pour William de rencontrer une mystérieuse inconnue, entre deux rattrapages de cours bien sûr, ne perdons pas l'Ouest.
Continue comme ça donc, et à une prochaine fois pour un commentaire plus sérieux, promis ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 21 Fév 2013 Messages: 125 Localisation: n'importe où loin du froid mais seulement dans les rêves
Ça fait beaucoup de lecture, ça fait un moment que je n'était pas venu , bref
Donc déjà oui j'avais faut c'est une erreur de ma part pour les plusieurs mois ( première ligne du deuxième paragraphe du chapitre 1 )
Ensuite, j'aime bien, encore une fois une lecture facile et compréhensible, mais bon le passage du dictionnaire c'est pas trop mon fort
Christophe M Bala, enfin, c'est la première fois que je lit une fic où un personnage secondaire prend de l'importance et j'adore ça. Ça permet de leur créer un caractère et plein d'autre détail comme tu le fait
Si ton but est de nous faire détester Yumi je crois que tu as reussi , wahou elle est méchante, et comme dans le DA Aelita est toujours simpa avec William c'est la seule qui le comprend
Sur ce bonne continuation et j'attend le prochain chapitre avec impatience _________________ le mal gagne toujours parce que le bien ne peut pas faire de mal
Hey tous !
Comme ce chapitre s'est un chouïa fait attendre, parlons peu parlons bien :
Cyclope :
Le mécontentement suite au retour vers le passé vient d'un questionnement que j'ai sur la façon dont les LG peuvent toujours récupérer les évènements en cours sans aucune gêne. Je trouve ça un peu surréaliste. C'est une thématique qui a été un peu creusé dans Du hachis parmentier à la cantine de Belgarel, que je conseille.
Quand à Christophe, et bien j'avais envie, même de façon succincte, de montrer un peu comment un personnage extérieur pouvait ressentir l'histoire.
Sirix :
Ton commentaire me fait bien plaisir On est pas perçu par les autres comme on se perçoit soi-même, et cette fic est aussi un moyen de jouer là-dessus, même si pour le faire en plein il faudrait utiliser plusieurs point de vue. À tous ceux que cette thématique intéresse je conseille la saga Everworld de K.A. Applegate.
lecrivaindujour :
Espérons que tu aies raison
Zéphyr :
Rupture de stock des T-shirts ? Et mon pourcentage ?
Ah la longueur des chapitres, un débat sans fin... Que dire à ce sujet ? Que malgré moi ils s'allongent ? Je vais comme d'habitude me laisser porter par les événements et nous verrons bien à quelle longueur ils se stabilisent.
Je suis d'accord avec toi pour éviter de tomber dans le pathos, mais puisqu'il s'agit d'un texte introspectif, accorde-moi quelques dérapages, tant que ça reste digeste
Cette histoire ne sera pas une quête de souvenirs et l'autre chose a déjà commencée sous forme d'indices semés ici et là. Tant mieux si vous ne savez pas les interpréter
X) J'aime ton illu ! Et oui, le but est aussi de montrer comment William va se "resociabiliser" après ce trou noir dans sa vie. Enfin, on verra bien, ça fait partie des passages non fixés de mon histoire (a) Et juste, je n'ai pas atteint le passage de L'Echiquier où Christophe apparaît, donc je me dois de nier le phénomène d'inspiration. J'ai choisi ce personnage pour deux raisons : la première, il est facile à se représenter, quand on lit Christophe M'Bala on visualise normalement assez vite qui c'est. La deuxième : il a un charadesign qui se prête bien à un caractère posé, ce dont j'avais besoin pour le faire s'approcher de William de cette façon.
Les douches à l'italienne, heu... Joker. ça ne devrait être permis que dans un vestiaire de gymnase.
Pour le reste, eh bien, contente que ça te plaise Je m'attendais à un commentaire beaucoup plus critique à la façon dont tu m'en avait parlé, j'étais toute stressée
Et surtout, ne te sens pas obligé de me faire des commentaires sérieux u.u
Et après vérifications, les deux orthographes sont dans le dico pour évènements \o/
kiwi222 :
Bon, Icer est venu me faire les gros yeux suite à ton commentaire, alors mettons les choses au clair : c'est notre admin glacial qui a (apparemment, moi je ne savais pas (a) ) le premier intégré le personnage de Christophe à un rôle de premier plan, mais le fait que me doute bien ne pas être un cas à part en mettant un personnage secondaire sur le devant de la scène.
Quant à Yumi, elle me saoule, j'avoue. Mais la conduite que je lui donne n'est pas différente de celle qu'elle avait habituellement devant William. De plus, cette attitude est vue à travers les yeux d'une personne qui a été humiliée et rejetée, donc rien d'étonnant à ce qu'on la sente haïssable.
Sur ce :
Spoiler
Chapitre 8 : Le Rail de l’Embarras
Sérieusement, je me demande bien comment j’ai pu me débrouiller pour oublier les vacances. Pourtant mes parents m’en ont parlé quand ils sont venus. Alors qu’ils paniquaient complètement à cause de mon état. Raaaah, mais comment je vais m’en sortir ???
Après avoir réalisé que c’était presque Pâques, la semaine a filé comme une flèche. Pourquoi ça n’arrive jamais pendant les cours de maths ce genre de distorsion temporelle ? En temps normal j’aurai été hyper impatient. Ils m’ont proposé d’aller passer les vacances à Marseille, et d’en profiter pour voir aussi mon oncle. Ça devrait être absolument génial. Sauf qu’après ce qu’il s’est passé ils vont avoir besoin d’une explication. Et qu’est-ce que je peux leur dire, hein ? Papa, maman, en fait j’ai été fait prisonnier par une Identité Artificielle maléfique, parce qu’avec des amis on la combattait pour éviter qu’elle ne détruise le monde, et si on n’a pas prévenu la police c’est parce que l’une d’entre nous a vécu des années dans le supercalculateur qui abritait l’IA et qu’elle serait morte si on avait simplement éteint l’engin. Je n’ai pas envie d’être interné dans un asile de fou, merci bonsoir.
En plus je déteste le train. Et dire qu’il n’est même pas en retard. Ça m’aurait fait gagner quelques heures de plus avant la confrontation. Enfin au moins je peux me réjouir d’avoir à les retrouver directement là-bas plutôt que de faire le trajet en voiture avec eux. Bon sang, même quand j’ai été qualifié de délinquant par mon ancien bahut je ne redoutais pas autant de les voir.
Pfff, bon voiture 15, siège 27. Évidemment il faut que je me tape tout le quai avec ma valise. Je dois me calmer. Si je suis déjà dans cet état avant même de monter dans le train je ne vais jamais réussir à faire bonne figure devant papa et maman. Vous pourriez vous rouler une pelle plus loin, vous voyez pas que vous bloquez le chemin ?? Ça y est, voiture 15. Au moins ils ne sont pas pile devant la porte… Alors siège 54. Ben oui, maintenant je dois entièrement traverser la voiture, pourquoi est-ce que ça deviendrait subitement plus simple ? Allez, 50…40…30, 29, 28, 2…
Non.
Non non non, ça ne va pas être possible là.
Je suis déjà bien assez tendu par la confrontation à venir avec mes parents, alors je n’ai pas besoin de passer tout un trajet en train à côté d’elle.
Mince ! Elle m’a vu… Je voulais m’éclipser discrètement et chercher une place ailleurs, quitte à revenir la mort dans l’âme, mais maintenant qu’elle m’a vu je suis bien obligé de rester. Je n’ai pas la moindre envie de passer pour un lâche si je suis coincé.
« Ah, William.
- Salut Lucie. »
Je me sens brûlant. Je suis sûr que j’ai l’air ridicule. Au moins, elle a un peu rougi en me voyant, elle aussi.
« Je… Enfin, j’ai le siège 27.
- Oh, oui, bien sûr ! »
Évidemment j’ai le siège côté fenêtre, et elle est arrivée avant moi. Du coup je la force à se lever pour pouvoir m’assoir. J’espère que je n’aurais pas besoin de me relever plus tard. Déjà qu’elle me trouvait lourd. En plus il faut encore que je pose mon sac au-dessus des sièges et elle est déjà debout.
Bon sang ! Cette saloperie de valise a failli me retomber dessus, j’ai eu l’air complètement stupide à la rattraper de justesse avant d’ENFIN réussir à la poser correctement ! Je suis sûr que j’ai les joues en feu, surtout ne pas regarder dans sa direction…
Cette fois je suis assis. Je pourrais faire semblant de regarder le paysage, mais le train est encore à l’arrêt. Ce que ça peut être pesant comme ambiance. Je devrais peut-être dire quelque chose ? Mais si j’essaie de lui parler, elle ne va pas m’envoyer paître ? Ou alors elle ne va répondre que par politesse et je me sentirais encore plus bête que si je ne dis ri…
« Je ne savais pas que tu habitais dans le sud. »
Mince, j’ai sursauté. Enfin au moins je peux me consoler en me disant qu’elle a l’air aussi gênée que moi…
« Ah, non, je passe les vacances avec mes parents chez mon oncle. »
Comment est-ce qu’elle pourrait continuer la conversation après ça ?? Elle attend que je dise un truc, non ??
« Et toi ? T’étais pas externe ? »
Mais pourquoi j’ai dit ça ??? Ça fait stalker !
« Si, mais je passe les vacances dans le sud. Mes parents ont pris les leurs un peu plus tôt, du coup ils ont décidé que je les rejoindrais en train, pour profiter plus longtemps.
- Ah, c’est pas cool de leur part…
- Ça ne me gêne pas. »
…
Et voilà, et voilà ! On ne sait déjà plus quoi se dire ! Je me sens pas bien.
Tiens, elle a sorti un livre. Du coup je peux faire pareil. Avec ma nintendo DS. Et Mario Party.
Tsss, je n’arrive pas à me focaliser sur l’écran. D’être assis à côté d’elle ça me crispe.
Je me suis un peu tourné sur mon fauteuil, pour pouvoir m’appuyer à moitié contre la fenêtre et étendre un peu plus les jambes. Enfin ça c’est mon excuse, parce que dans cette position je peux l’observer à la dérobée.
Elle est en train de lire, la tête légèrement inclinée sur le côté. Elle a les cheveux plus longs qu’avant, ils lui arrivaient juste en-dessous du menton alors que maintenant ils descendent jusqu’à ses épaules. Ils sont toujours aussi noirs et épais, et un peu ébouriffés. Elle les a passés du côté droit de son visage pour qu’ils ne la gêne pas dans sa lecture, mais ça n’empêche pas quelques mèches plus courtes de tomber sur ses yeux. Elle m’offre une vue dégagée sur le creux de son cou et la courbe de son menton. Elle a un visage délicat, paisible, je ne l’ai vu qu’une seule fois en colère et ça ne lui va pas. Son teint est un peu pâle, même après un été au soleil on ne l’a jamais retrouvée bronzée, mais ses joues sont légèrement roses. Sa bouche dessine un demi-sourire qui ne quitte pratiquement jamais son visage. Elle a un petit nez, fin et droit. Ses yeux sont en amande, et d’un marron tellement sombre que je les croyais noirs, avant. Ils fixent sa page avec la même immobilité concentrée qui imprègne tout son corps. Elle est toujours aussi jolie.
Lucie Forissier.
Quand je suis arrivé à Matheson, je ne l’ai pas tout de suite remarquée. Elle est du genre discret, qui ne parle pas des masses en cours et qui reste dans son cercle d’amis, pas branché teuf, tout ça… Je n’avais pas vraiment d’avis sur elle, vu que je ne lui parlais jamais. Et puis on s’est retrouvés dans un même groupe pour un exposé de SVT et contrairement à ce que je pensais elle n’était pas du tout du genre à criser dès qu’on dérivait pour se retrouver à faire autre chose que bosser. On s’est pris des bons délires avec les deux autres membres de notre équipe, et Lucie est définitivement très bon public, c’est vraiment facile de la faire rire.
Une fois l’exposé terminé on a continué à se fréquenter un peu, mais on appartenait pas aux mêmes groupes de gens, du coup même si on se parlait plus qu’avant, et qu’on pouvait se dire amis, on passait pas vraiment de temps ensemble. Sauf que je me suis mis à penser de plus en plus à elle. Et plus j’y pensais plus j’avais du mal à l’imaginer s’intéresser à un type dans mon genre. C’est-à-dire plutôt cancre. Même si cancre est un peu exagéré, mais en tout cas loin de son niveau. Et elle ne venait que très rarement discuter avec moi, même si elle semblait toujours contente de me voir quand c’est moi qui lançais la conversation.
Du coup je me suis mis en tête qu’il fallait que je fasse un truc un peu dingue pour elle, qu’elle serait bien obligée de me considérer autrement après ça. Alors j’ai imprimé des affiches avec les paroles de la chanson Lucie d’Obispo, je savais qu’elle l’adorait. Et j’ai rajouté en bas de la page :
« Lucie, je t’aime,
William. »
Et j’ai passé la nuit à en placarder de partout. Y compris sur la voiture du proviseur, comme le rappelle mon père à chaque fois que cette histoire revient sur le tapis.
Sauf que ce coup d’éclat n’a pas eu les conséquences que j’espérais. Ce qui est un moyen détourné pour dire que ç’a été un fiasco total.
Indépendamment du fait que je n’avais pas réfléchi à la façon dont réagirait le corps enseignant, et que je n’avais pas envisagé une seule seconde que je pourrais écoper de plus que quelques heures de colle, je me suis complètement planté quant à la réaction de Lucie.
Quand j’ai enfin réussi à la voir, sachant que j’avais été « séquestré » toute la matinée dans le bureau du proviseur, je croyais encore que le résultat en vaudrait la peine. Je me suis précipité vers elle en l’appelant…et elle m’a giflé. Elle était furieuse, presque au bord des larmes. Et moi j’ai été tellement surpris que je l’ai juste regardée tourner les talons et partir en ouvrant des yeux ronds.
Après ça je n’ai pas décroché un mot de toute la journée. Avec mes parents complètement hors d’eux à cause de mon renvoi, c’était une ambiance de fous, à la maison. Ils ont mis quelques jours pour m’inscrire à Kadic et régulariser le changement d’établissement. J’ai débarqué avec la réputation du rebelle délinquant qui s’adonne au vandalisme. Quoique bon, j’exagère, ça ne m’a pas fait tant de tort que ça.
Et j’ai rencontré Yumi. Elle m’a plu tout de suite, physiquement parlant. Et maintenant je réalise que sa ressemblance avec Lucie n’est peut-être pas étrangère à ça.
Mince. Je n’ai pas cessé de la fixer en repensant à tout ça, et évidemment il a fallu qu’elle lève les yeux. Quand nos regards se sont croisés j’ai immédiatement détourné le mien mais elle a forcément remarqué que j’étais en train de l’observer.
11h20 ? Et dire que ça ne fais qu’une demi-heure que je suis dans ce train. Je ne vais jamais tenir les trois heures qui restent.
J’ai l’impression d’être dans ce train depuis deux jours, et ça ne fait même pas dix ridicules petites minutes !
Je me suis tourné de trois quart face à la fenêtre mais c’est presque encore pire, j’ai sans arrêt l’impression qu’elle fixe mon dos. J’ai rangé ma console, je craignais trop qu’elle ne remarque que mes mains tremblent à cause du stress. Et puis de toute façon j’ai perdu toutes mes vies à force de ne pas être fichu de me contrôler. Au moins maintenant elle ne peut plus voir mon visage en feu. Sans rire, si je n’arrive pas à me calmer je risque de déclencher une combustion humaine spontanée. Allez William, vois le bon côté des choses, comme ça tu n’auras pas à parler à papa et maman.
Quatorze minutes ! La prochaine fois je réussirais à tenir un quart d’heure avant de regarder ma montre ! Même pendant une interro de physique le temps ne passe pas aussi lentement. Et puis comment c’est possible, un truc pareil, hein ? Aucun de nous deux n’habite dans le sud, on avait depuis vendredi 16h pour partir en train, et sur le nombre de wagons, et le nombre de places par wagon dans ce train, il a fallu qu’on soit côte-à-côte ? C’est l’univers qui a décidé de se foutre de ma gueule en ce moment, c’est ça ?
Onze minutes. J’ai baissé par rapport à la fois d’avant.
Je n’ai pas quitté la fenêtre des yeux un seul instant pourtant je n’ai pas vu un seul paysage. En fait j’attends les tunnels. Quand le train en traverse un, outre la sensation désagréable au niveau des oreilles que déclenche le brusque changement de pression, je peux observer le reflet de Lucie sur la vitre. Elle n’a pas cessé de lire. Je crois que c’est un Terry Pratchett. Ce qu’elle a pu nous en rebattre les oreilles, de cet auteur, quand on était censés se concentrer sur le système immunitaire. Elle avait un côté adorable à chaque fois qu’elle me parlait bouquin, à moi qui déteste lire, comme si je ratais l’un des plus grands plaisirs de l’existence. Et c’est vrai que parfois quand elle s’asseyait pour lire il fallait l’appeler plusieurs fois avant qu’elle entende, complètement plongée dans ses histoires. J’aimais bien la regarder lire avant. Je trouvais fou qu’elle soit capable de faire abstraction de ce qui se passait autour d’elle…
Six minutes. Mais là ça ne compte pas, j’ai regardé l’heure parce que le chariot de restauration est passé. D’ailleurs ça m’a donné l’excuse parfaite pour me détourner de la fenêtre. Ce que je peux être bête, de toute façon lui tourner le dos sans bouger ne fait pas du tout naturel. Enfin, au moins maintenant j’ai de quoi m’occuper les mains. Un énorme sandwich au poulet, pour être précis.
Tiens, elle a posé son livre. Et elle a sorti un sandwich de son sac à dos, qu’elle avait gardé à ses pieds depuis le début du voyage. Ça me fait penser que ma bouteille d’eau est dans mon sac. Au-dessus des sièges. Hors de question que je me lève, je me passerai de boire.
Mince. Je suis en train de rejouer le sketch de Gad Elmaleh, là. Celui où la tomate sort pour dire bonjour. Sauf qu’en plus j’ai de la sauce qui me coule sur le menton. C’est malin, j’ai l’air fin à m’essuyer avec le dos de la main. En plus j’ai une serviette papier, elle va me prendre pour un porc…
J’ai soif. J’ai atteint les deux tiers de mon sandwich et je crève de soif. Je ne vais jamais réussir à le finir, pourquoi il est aussi énorme ? Je ne m’appelle pas Odd, moi. Et si je ne peux pas boire pour m’aider à avaler je ne vais pas m’en sortir. Mais j’ai rien pour ranger ce qui reste et ce truc dégouline de sauce. Non, décidément, il faut que je me force à le finir. Pourquoi j’ai pas gardé ma bouteille d’eau avec moi ?
Lucie a fini de manger. Je suis totalement incapable de m’empêcher de lui jeter des coups d’œil. Et quand il n’y a pas de risque qu’elle se tourne vers moi, comme maintenant, je ne suis pas beaucoup plus doué pour m’empêcher de l’observer avec un regard en coin… Elle époussette les miettes qui sont tombées sur son jean. Ses cheveux se sont encore évadés pour me cacher son visage, mais elle les range d’un geste lent derrière son oreille. Elle a les joues roses. Elle se sent sûrement aussi oppressée que moi…
Elle prend sa bouteille d’eau. Ce que je peux avoir soif.
Qu’est-ce qui me prends ? Je n’ai pratiquement pas repensé à Lucie depuis que je suis à Kadic, alors pourquoi maintenant qu’elle là je ne peux pas faire abstraction de sa présence ? Pourquoi je n’arrive pas à détourner mon regard de son visage ?
« Hey ! Hey, Lucie, ça va ?? »
Qu’est-ce qui lui arrive ?? Elle s’est mise à tousser comme une damnée, d’un seul coup !
« C’est rien, répond-elle en toussant à moitié, j’ai juste avalé de travers… »
Elle m’a fait peur. Elle me regarde maintenant. Elle n’est pas un peu près ? Mince ! Quand elle s’est mise à tousser je lui ai posé une main dans le dos par réflexe et je ne l’ai pas enlevée ! Et évidemment quand je l’ai réalisé suite à la façon bizarre dont elle m’a regardé, je n’ai rien trouvé de mieux que d’avoir un mouvement de recul violent… Non mais quel boulet.
Et de retour pour un silence pesant… Enfin au moins maintenant il est 12h42.
« Tu…avais un truc à me dire ?
- Hein ? Non, pourquoi ? »
Qu’est-ce qu’elle raconte ?
« Ah bon… j’ai cru… que tu me regardais…pour ça. Mais j’ai dû me tromper. »
Elle s’en est rendu compte. J’ai la tête qui tourne un peu là. Je me sens vraiment définitivement incroyablement stupide. Et je ne vais probablement pas tarder à brûler vif tellement j’ai chaud.
« Hein, non, oui, enfin… J’avais soif, en fait… »
Mais ta gueule crétin ! Tu crois qu’elle va gober un truc pareil ??
« Ah, oui, bien sûr ! »
… Je ne vais pas me plaindre qu’elle me tende sa bouteille d’eau.
« Merci.
- Je t’en prie. »
12h51. J’ai enfin fini ce sandwich. Plus qu’une heure trois quart à tenir. Je doute qu’elle me reparle maintenant. Déjà c’était pas gagné au début du voyage, mais là elle doit se sentir ridicule à cause de moi. Pourquoi je ne lui ai pas simplement dit que je la regardais ? Ça n’aurait pas été si bizarre. Enfin peut-être que si. Enfin, tant qu’elle ne me parle pas je ne risque pas de lui dire une bétise au moins… Allez, continuons dans le mutisme.
« Je suis désolée ! »
Ou peut-être pas ?
« Quoi ? Comment ça ? »
Elle ne me regarde pas. Et son profil a pris une teinte uniformément rose vif. Teinte dont je ne dois pas être très loin, d’ailleurs.
« Pour ce qui s’est passé la dernière fois. Je n’aurais pas dû réagir comme ça, mais j’étais mal et je n’ai pas réfléchi, je sais bien que tu m’en veux, mais je suis vraiment désolée d’avoir réagi aussi stupidement ! »
Quoi, quoi ? Elle a parlé super vite et sans reprendre son souffle, et toujours sans me regarder.
« Attends, tu parles de quand j’ai collé ces affiches ?»
Elle s’est tournée vers moi. On doit avoir l’air de deux pivoines, j’espère que personne ne nous regarde.
« Je n’aurais jamais dû réagir aussi violemment ! Mais tu comprends, on m’avait chambrée toute la matinée avec ça… Et puis je pensais que tu avais fait ça pour te payer ma tête.
- Quoi ? Mais…pourquoi j’aurais fait ça ?
- Je ne sais pas, par défi, pour gagner un pari, si tu crois que j’ai réfléchi jusque-là ! C’est juste que je n’aurais jamais imaginé que tu t’intéressais à moi !
- …Mais attends une seconde, c’est pas plutôt à moi de m’excuser ? Je pensais que tu m’en voulais à mort, et que c’était pour ça que tu ne voulais pas me parler ! Et je ne comprends toujours pas comment j’ai pu penser une seule seconde que coller des déclarations d’amour partout était une bonne idée ! »
La situation devient complètement surréaliste, là !
Elle vient… d’éclater de rire. Je ne sais pas si je dois me sentir soulagé ou vexé, là.
« Je suis désolée, William, elle parvient à articuler en riant toujours, c’est nerveux. Depuis tout-à-l’ heure je n’ose pas me tourner vers toi et je fais semblant de lire pour me donner une contenance, alors que tu avais l’air complètement indifférent à ma présence !
- Indifférent ? J’ai rangé ma DS parce que mes mains tremblaient trop d’être assis à côté de toi ! J’étais hyper stressé à l’idée d’encore passer pour un con devant toi ! »
Ça y est, elle m’a communiqué son fou rire…
Tatatada
« Mesdames et messieurs, nous arrivons en gare d’Avignon. Nous vous prions de bien faire attention à ne rien oublier dans le train. »
« Je descends là.
- Déjà ? »
Elle sourit timidement en se levant.
« Eh oui, déjà ! C’est plutôt une bonne chose de finir sur ces paroles étant donné que j’ai commencé le trajet en regardant ma montre toutes les trois minutes, non ? »
Je souris, moi aussi. On aurait dû mettre les choses à plat bien avant, ça nous aurait évité de nous torturer la tête comme ça. On a passé la fin du trajet à revivre des souvenirs, à se parler des gens qu’on connaît, de ceux qu’on connaît pas, je l’ai retrouvée aussi folle qu’à l’époque. Et dire que j’avais failli faire voler tout ça définitivement en éclats… Évidemment je ne peux pas dire que tout est redevenu comme avant, on n'efface pas des mois de gêne en un claquement de doigts je suppose, mais on a quand même réussi à se parler normalement et à rire ensemble sans que la conversation ne meurt toutes les vingt secondes, malgré quelques enchaînements un peu poussifs.
« Bonne vacances William !
- Toi aussi ! »
Elle a vraiment un sourire magnifique.
Et juste avant que vous ne partiez, au cas où certains auraient des doutes, il n'y a strictement aucune référence faite dans ce chapitre, qui était déjà presque terminé il y a deux semaines. Comprendront ceux qui peuvent (et qui ne doivent plus douter). _________________
Dernière édition par Dyssery le Jeu 17 Sep 2015 21:07; édité 2 fois
Inscrit le: 18 Fév 2006 Messages: 3626 Localisation: A Tokyo, dans le dojo de Steven Seagal
Dyssery, tu as réalisé un superbe travail pour ce chapitre prenant place après les événements de #95 Souvenirs, sincérement je ne m'attendais pas à découvrir un chapitre aussi passionnant à lire.
William prenant le train pour passer les vacances à Marseille, j'avoue que c'est bien trouvé et puis le fait qu'il se demande s'il doit avouer la vérité à ses parents sur ce qu'il lui ait arrivé à cause de XANA est sympa car cela pourrait probablement le soulager d'un énorme poids qui semble le peser depuis sa libération à la fin de #93 Retour.
Enfin excellente idée d'avoir introduit la fille pour laquelle William a craqué dans son ancien établissement et on réalise à présent la raison pour laquelle il a collé des affiches partout y comprit sur la voiture du proviseur mais également les conséquences que ceci a engendré ainsi que la réaction qu'a eu Lucie vis-à-vis de tout ça (ce qui permet de comprendre pourquoi William semblait avoir complétement oublié cette fille pour qui il avait fais ces déclarations d'amour lorsqu'il en a parlé avec Yumi dans #27 Nouvelle donne).
Bonne continuation, la suite promet d'être tout aussi passionnante _________________
Inscrit le: 27 Aoû 2013 Messages: 403 Localisation: Entre une chaise et un PowerMac G5
Bon, dispositif de secours pour passer la coupure d'Internet à minuit, enclenché.
Je viens de lire ton chapitre et wow...Bravo Dyssery...Tu as réussi un truc que je pensais impossible. J'ai réussi à m'identifier dans ton William...Bien que ce soit un personnage très opposé au petit geek binoclard que je suis, il se trouve que cette situation dans le train me rappelle une anecdote personnelle...Où j'ai eu des réactions similaires...Il est vrai que le William de la série crois à l'amour avec un grand A. Pour ma part je n'irais pas jusque là, mais j'ai un côté très vieux jeu et fleur bleue qui est assez similaire, mais cet aspect de William est tellement masqué dans la série que je l'avais oublié, et je ne m'y étais pas reconnu. Alors que dans ta fic si.
Un truc que j'aime bien dans tes textes, ce sont les personnages que tu rajoute à l'univers : sans les avoirs vus en animé et sans les connaître sur 4 saisons on peut y attacher, on y crois, ils sont cohérent et réalistes et donc assez attanchants. Tu as un don que je n'ai pas pour ça (Et j'en suis affreusement jaloux !^^), les personnages de ma fic n'accrochent pas dés le départ et son assez durs à cerner, ça commence à aller mieux avec le remaniement et l'expérience, mais c'est pas encore aisé...Tandis que chez toi, que ce soit Olivia comme Lucie, les deux m'ont beaucoup surpris par leur crédibilité et leur...charme ? (trouve pas d'autres mots pour dire qu'on s'y attache facilement...)
Quand à la scène en elle même ? Toujours aussi réaliste, bien plus même, vu que ça a réussi à faire remonter un souvenir de ma vie...Franchement bravo Dyssery.
Est-on arrivé à la fin de la fic ? Elle pourrait s'arrêter là, mais tu n'as pas mis fin alors... _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Dernière édition par Sirix le Mer 05 Nov 2014 01:29; édité 5 fois
Inscrit le: 21 Fév 2013 Messages: 125 Localisation: n'importe où loin du froid mais seulement dans les rêves
Ahah c'est donc elle la fille des affiches, franchement je ne sais plus quoi dire, tu fais tout, comme si toute les réponses les petits manque en Code Lyoko tu les remplissais un chapitre intéressant qui reflète une fois de plus le passer de William.
Son oncle ça ne seront pas celui qui lui a tout appris?
Lucie, je pense que ça vas devenir un personnage important du fait est que tu consacre un chapitre entier pour elle et tu la decris en détails selon les pensés de William
Je m'excuse pour Icer mais comme je l'ai dit c'est la première fic que je lisais qui donnais un rôle alors je n'ai pas forcément encore été lire ta fic, c'est pour cela que j'ai fait ce point sur Christophe
Bonne continuation et j'attend le prochain chapitre avec imatience
Ah oui juste un détails SNCF n'est jamais a l'heure sauf quand tu arrive en retard pour prendre le train _________________ le mal gagne toujours parce que le bien ne peut pas faire de mal
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Passage en coup de vent o/. (La vérité : j'ai eu la grâce d'une heure de cours)
Déjà, belle longueur. Je constate que le bourrage du crâne du Pôle fait effet.
Contrairement à d'autres, je ne trouve pas ça si extraordinaire de prendre le train. J'imagine que ça doit dépendre de la culture. Mais le titre du chapitre est cool, de même que le voyage en lui-même. Les scènes font sourir, on peut s'y identifier (qui n'a jamais dû parcourir une distance égale à la longueur de l'avenue des Champs-Elysées pour atteindre son wagon, puis son siège ?).
Le méga-hasard de se retrouver à côté de la fille qu'on aimait peut faire grincer des dents, mais bon, dur d'instaurer pareille ambiance sans, donc on pardonnera.
L'intégration de Lucie m'a rappelé Plan de Drague, à la différence qu'ici, Lucie est une fille cool et sympa, contrairement à la Mélanie de Leana. D'ailleurs, même si référence il n'y a pas, les vrais se diront : « Y'a erreur dans la distribution des noms. » . *Se barre*
Autrement, il est évident que le passage de Lucie n'est pas en coup de vent (contrairement à moi ici o/), et qu'elle refera surface dans le futur pour se fair... approfondir ses liens avec William.
Pour le côté détail, une seule remarque :
Citation:
Et puis de toute façon j’ai perdu toutes mes vies à force de ne pas être fichu de me contrôler.
Y'a des vies à Mario Party ? Je n'en ai pas le souvenir o/. À moins que William ne fasse référence à un jeu non mentionné.
Pour finir, je reviens sur Lucie. Ce chapitre a définitivement confirmé ce que l'on pouvait soupçonner par rapport à son inspiration :
Chapitre 8 a écrit:
Lucie est définitivement très bon public, c’est vraiment facile de la faire rire.
Dyssery a écrit:
Icer :
Ta blague m'a fait rire. Mais je suis très bon public, donc ça ne veut rien dire.
Et une nouvelle théorie audacieuse pour le Pôle . _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Dernière édition par Zéphyr le Mar 03 Mar 2015 15:17; édité 1 fois
Cyclope :
Ravie que mon interprétation personnelle des évènements te conviennent. En fait je suis simplement du fait que coller des affiches de partout est l'une des pires façons dont on peut faire une déclaration d'amour. À mon humble avis.
Sirix :
Je pense qu'on a à peu près tous vécu une situation de ce genre, où l'on fait quelque chose de parfaitement anodin, mais où pour une raison ou une autre on est persuadé que quelqu'un espionne nos moindre faits et gestes et juge chacun d'eux. Boulet raconte ça très bien dans une de ses notes, mais je ne la retrouve pas :/
Et pourquoi ce serait la fin ? Tu trouves pas que ce serait un peu carrément sec ? oO
kiwi222 :
Et oui, le but de cette fic est d'apporter mon point de vue sur le personnage de William, avec mes propres remplissages ^^
Pour Lucie, à priori elle va revenir, quand à son importance, on verra
Zéphyr :
Et oui, je suis une vendue, j'ai rallongé mes chapitres...
Prendre le train peut-être extraordinaire, demande à Leana
Et oui, effectivement j'ai dû me taper TOUT le quai pour rendre mon train pour l'Allemagne, et en partant pour un mois je te laisse imaginer le poids de mon sac ><
Citation:
Le méga-hasard
D'après un mathématicien, Philippe Brunel, il y a tellement de choses improbables qui sont possibles, que la réalisation de quelques unes est paradoxalement tout-à-fait probable. Véridique.
Pour la distribution des noms, j'aime bien Lucie, jusqu'à une date récente je ne connaissais aucune Lucie, et en plus je voulais un nom dont la sonorité sois proche de "Yumi". Et puis TG
Et puis qu'est-ce que t'en sais qu'elle va pas avoir une place de premier plan Lucie, hein ? Qu'est-ce que t'en sais qu'elle va pas se mettre en couple avec Anaïs Fiquet, hein ? D'abord même moi j'en sais rien ! Namého !
Citation:
Y'a des vies à Mario Party ?
Figure toi que j'en sais rien. La seule console que j'ai eu c'est la toute première. Oui monsieur. Et non je ne suis pas si vieille, c'est un héritage familial. De ma grande soeur. D'abord. Et sur celle-là ben Mario y meurt.
Bref :
Spoiler
Chapitre 9 : Les Cicatrices du Verre
La fin du trajet s’est déroulée sans rien de notable. Mis à part peut-être le fait que mon train n’ait pas eu de retard. J’étais toujours anxieux à l’idée de la confrontation avec mes parents, même si d’avoir pu m’expliquer avec Lucie m’a changé les idées pendant un certain temps. Mais quand je les ai retrouvés sur le quai de la gare je me suis juste jeté dans leur bras, et ils se sont comportés comme si de rien n’était. Je me demande s’ils considèrent que l’incident est clos ou s’ils se doutent que ce n’est pas quelque chose d’anodin et qu’ils veulent prendre le temps l’aborder…
En tout cas me voici enfin à Marseille. Mon oncle a un appartement ici, mais plutôt que de se marcher dessus pendant deux semaines mes parents ont préféré louer une maison. Ils l’ont choisie dans le huitième arrondissement de la ville. On vient d’arriver devant en bavassant les politesses d’usage : c’était bien les cours ? Tu sais ce que font tes amis pour les vacances ? Beaucoup de boulot ? Et vous, le travail ? Ça s’est bien passé ? etc. C’est marrant comme, même dans la famille, les discussions restent toujours incroyablement conventionnelles. On se demande toujours les mêmes choses, et on y donne rarement des réponses différentes…
Enfin bref, on vient donc d’arriver devant la maison. On dirait un de ces dessins d’habitation provençale qu’on trouve dans les boutiques de souvenirs et les aires d’autoroutes dans le sud. Il faut passer un portillon en bois pour pourvoir la voir, des haies la camouflent un peu de la rue. Puis un court chemin avance jusqu’au porche, avec la porte d’entrée surmontée par un balcon au premier étage. D’ailleurs c’est cool, à en juger par l’orientation il doit donner sur la mer. Pour en revenir à la maison, elle a des murs en crépi blancs et des volets bleus, et est mitoyenne à celle d’à côté. Elle n’est pas très grande. L’entrée donne sur un petit hall où s’ouvrent trois portes : la salle de bain et les deux chambres. Et c’est avec soulagement que je peux enfin laisser tomber mon sac sans ménagement sur le sol de la mienne, qui est vraiment petite ne contient qu’un lit aux couvertures à grosses fleurs bleues complètement démodées et une imposante armoire en bois sombre. Il n’y a pas vraiment de jardin, ma fenêtre – à barreaux – donne quasiment directement sur l’une des haies qui bordent le terrain, ce qui coupe la majeure partie de la lumière naturelle. Enfin tant pis, cette chambre n’est pas prévu pour autre chose que dormir, il n’y a même pas de bureau.
J’hésite à défaire mon sac tout de suite. D’un côté ça m’éviterais d’avoir à rejoindre immédiatement mes parents, qui sont montés m’attendre à l’étage, mais en même temps d’habitude j’ai tellement la flemme de ranger mes affaires que je laisse tout dans ma valise et pioche ce dont j’ai besoin au moment où j’en ai besoin, à l’aveugle. Ce qui n’est pas forcément une bonne idée puisque je perds du temps à chaque fois et qu’en plus je suis obligé de tout ressortir à la fin des vacances pour pouvoir tout reranger correctement sinon ma valise ne ferme pas… Mais décidément non, j’aurais l’air trop suspect, trop enclin à éviter de rester avec eux. Ou alors je me fais des films et ils n’y prêteraient pas du tout attention ? Pfff,il faudrait que j’arrête de me faire des nœuds au cerveau, parti comme je suis je risque la surchauffe. Bon, allez, je monte directement.
À la gauche de la porte d’entrée un petit escalier prend l’angle droit du mur et monte à l’étage. Il débouche dans une pièce spacieuse qui fait office de salon/salle à manger, avec une immense fenêtre qui s’ouvre face à la mer, et à la terrasse que j’ai vu d’en bas. Contre le garde-corps en bois de l’escalier est appuyé un canapé en tissu bleu terne, séparé de la télé par une table basse, en bois également. Encore à gauche une table entourée de quatre chaises est collée au mur et recouverte d’une nappe en plastique bleue sur laquelle nagent de gros poissons jaune. Entre cette table et la télé se trouve une porte qui mène probablement à la petite terrasse. Et au fond de la pièce le mur est ouvert sur la cuisine, américaine donc, assez petite, au mobilier intégré du même bleu que le canapé et au carrelage blanc ébréché. Dans l’ensemble la déco est assez vieillotte. On a même droit à l’éternelle poster des types de fleurs de la région accroché sur le mur de l’escalier, mais on se sent tout de suite en vacances dans une maison pareille, c’est beaucoup trop éloigné du quotidien…
Mes parents sont assis sur le canapé. Maman a ouvert un livre, A Thousand Splendid Suns, et papa a allumé la télé. Je m’installe à côté de lui et regarde distraitement l’écran, qui affiche une émission de sport quelconque. Je n’ai rien de spécial à faire de toute façon, et je doute que Christophe ait déjà eu le temps de me scanner les cours, alors autant attendre. Et passer du temps avec mes parents. C’est ce que j’aurais fait si je n’étais pas en train de stresser à mort à propos de la discussion qu’on va bien finir pas avoir. Mais si je veux les rassurer, étant donné que je ne peux décidément pas leur raconter toute la vérité, il faut que j’agisse aussi normalement que possible.
« William… »
Mon dieu, ça y est, mon père se lance. J’espère que je serai crédible dans mes explications…
« Nous avons prévenu Philip que tu arrivais aujourd’hui et il nous a invités à dîner chez lui. Ça te convient ? »
C’est de ça qu’il me parle ? Du dîner chez mon oncle ? Pas de ma conduite bizarroïde ? Mince, je dois avoir l’air complètement abruti à cause de la surprise…
« Oui bien sûr, ça me fait plaisir de le voir, je réponds en souriant. Il faut qu’on y aille à quelle heure ?
- Il nous a invité à 19h30, donc il faudrait qu’on parte vers 19h10 je pense.
- Ok, cool ! »
J’adore mon oncle. Quand j’étais au collège il m’emmenait sur ses chantiers pendant les vacances et m’expliquait des tas de choses sur le travail dans le domaine de la construction. Avec lui j’ai vu un tunnelier en fonctionnement, j’ai assisté à la déconstruction de tours HLM (oui parce qu’on dit déconstruction, pas démolition), j’ai participé au coulage d’un plancher en béton armé, et je sais même comment désamorcer un détonateur. Et puis avec un peu de chance il ne sait rien des derniers évènements. Non pas que mes parents en sachent grand-chose non plus. Mais il n’est peut-être pas au courant que tous ceux qui m’ont côtoyé m’ont trouvé vraiment étrange pendant les deux derniers mois. Après tout, mes parents ne s’en sont rendus compte qu’en venant me voir il y a une semaine, et ils n’avaient pas de raison particulière pour lui en parler.
D’ailleurs, pourquoi est-ce qu’ils ne m’en parlent pas à moi ? Ma mère lit et mon père regarde la télé. Comme si rien ne s’était produit la semaine dernière, comme s’ils n’avaient pas assuré au proviseur que la personne qui se tenait devant eux et était la copie conforme de leur fils n’était en réalité qu’un imposteur. Alors pourquoi est-ce qu’ils ne m’en parlent pas ? Ils attendent que j’en parle moi ? Ils ne veulent pas me mettre la pression ? Ironie étant donné l’état dans lequel je suis actuellement… Peut-être qu’ils ne veulent pas en parler tout de suite, qu’ils préfèrent me remettre dans un environnement familial chaleureux avant de commencer à me parler de mes troubles du comportement. Ou peut-être qu’ils ont décidé que ça ne valait pas la peine d’en parler vu que je suis redevenu parfaitement normal. Qu’est-ce que j’avais dit déjà ? Arrêter de me faire des nœuds au cerveau ? C’est fou comme je suis incapable de suivre mes propres conseils…
« James, Emilie ! Comment ça va depuis le temps ? »
Mon oncle accueille mes parents avec effusion, fidèle à lui-même. Je ne l’ai quasiment jamais vu autrement que jovial et plein d’entrain, au point que ça semble parfois un peu forcé. D’ailleurs ça doit parfois l’être.
« William ! Il faut que tu arrêtes de grandir, je ne supporterais pas que tu me dépasses ! »
Il m’ébouriffe les cheveux en laissant échapper un énorme rire que je rejoins de bon cœur en faisant mine de m’échapper.
« Tant pis pour toi, tonton, bientôt tu devras me regarder d’en bas ! »
Il nous fait entrer et nous installe sur un canapé en tissus noir. Mon oncle habite seul dans un appartement assez petit au dernier étage, le septième, d’un immeuble relativement ancien à en voir la façade plutôt baroque et le large escalier en pierre. Lorsqu’on entre chez lui on se retrouve dans un tout petit hall qui débouche sans séparation dans la pièce principale : une grande salle avec un coin salon constitué du canapé sur lequel nous sommes, d’un fauteuil assorti et de deux tabourets cylindriques blancs, qui entourent une grande télévision écran plat dernier cri, à la droite de laquelle une étagère supporte toute une bibliothèque de films et jeux vidéo. Un peu à gauche de ce salon se trouve la table, pour quatre personnes seulement, déjà mise, puis vient la cuisine, américaine encore, séparée du reste uniquement par un plan de travail sous forme de bar au revêtement noir mat. En face de la table, un escalier monte jusqu’à une mezzanine ouverte sur laquelle se trouve un lit deux places, pour faire office de chambre d’amis. Sous cet escalier on peut voir une étagère couverte de livres. Enfin, tout de suite à gauche de la porte d’entrée prend place la porte de la salle de bain, et en face, tout à droite de l’appartement, la porte de la chambre à coucher. Dernier étage oblige, l’appartement est directement sous le toit et le plafond est incliné depuis le bord de la mezzanine jusqu’à 50cm du sol derrière la télévision. Une poutre en bois apparente le soutien et sépare le coin salon de la table. Je m’y cogne la tête depuis que je suis assez grand pour l’atteindre… Les murs ont la teinte la plus bateau qui soit, cette couleur qui désigne à peu toutes les couleurs qu’on ne sait pas définir : taupe. Enfin, taupe clair.
Vu la taille du logement, on comprend pourquoi mes parents ont toujours préféré en prendre un pour nous à chaque fois que nous sommes venus, même s’ils pourraient dormir en haut et moi me caser sur le canapé. Mon oncle n’est pas spécialement pauvre. Il pourrait parfaitement se payer un appart’ plus grand, avec une chambre d’amis correct, mais il répète qu’il n’en voit pas l’utilité vu qu’il vit seul, et qu’il préfère n’avoir à s’occuper que d’une petite surface. Ce que je trouve parfaitement censé, mais mes parents pensent que ce n’est qu’une excuse qu’il leur a présentée pour qu’ils cessent de s’inquiéter.
Ici aussi il y a une table basse entre le canapé et la télé. Mon oncle y a posé les biscuits apéritifs habituels, chipster et autres curves, ainsi que quelques bouteilles d’alcool. Mais il y a aussi autre chose sur la table. Une photo. De lui plus jeune avec une femme aux longs cheveux blonds et un petit garçon blond également. Elle ne devrait pas être ici. Il ne laisse jamais cette photo sortie quand on vient le voir.
Il a suivi mon regard, on dirait. Je l’ai senti se crisper. Il s’est levé, a pris la photo et est allé la ranger dans sa chambre avant de revenir comme si de rien était. Mes parents n’ont pas relevé. Pas plus que moi. On sait tous à quel point le sujet est douloureux pour lui. Il fait tout son possible pour le cacher, mais c’est évident qu’il ne s’est pas remis de ce qui s’est passé, et qu’il ne s’en remettra peut-être jamais vraiment en plein.
Philip est le frère aîné de mon père, de quatre ans. Il s’est marié quelques années avant son petit frère et a eu un fils peu après, mon cousin, Dylan Dunbar. Je suis né cinq ans après lui. Il paraît qu’on jouait beaucoup ensemble quand on était petits, mais je n’en garde aucun souvenir et je le regrette. Il y a neuf ans, quand j’avais six ans et Dylan onze, mon cousin a disparu. On n’a jamais su ce qu’il s’était passé. Un jour il n’est pas rentré du collège. C’est tout. Est-ce que c’était une fugue, un enlèvement, est-ce qu’il a eu un accident, est-ce qu’on l’a assassiné ? Est-ce qu’il est vivant aujourd’hui ?
Ç’a été une période extrêmement difficile pour ma famille. Mon oncle a fait une dépression, sa femme n’a pas pu supporter de vivre dans les souvenirs de ce qu’ils avaient perdu et elle l’a quitté. Je crois qu’elle vit dans le nord de la France maintenant, mais je n’en suis pas sûr. Mon père a soutenu son frère autant qu’il a pu pour l’aider à remonter la pente tandis que ma mère avait le plus grand mal à refréner sa paranoïa et à me laisser seul ne serait-ce qu’au portail de l’école.
Le temps s’est écoulé, sans que l’enquête de la police n’avance d’un pouce. Dylan a été déclaré disparu présumé mort et la famille s’est rassemblée pour descendre un cercueil vide dans la terre froide et humide du cimetière. Comme un dernier affront jeté aux visages des parents de Dylan, une injonction à abandonner définitivement tout espoir. La pierre tombale a été gravée, les premières fleurs ont été déposées dessus et tous ceux qui n’étaient pas de la famille proche ont oublié cette « triste histoire » comme ils disaient.
Mon oncle a fini par reprendre pied. Il a vendu la maison familiale pour laquelle ils avaient si durement économisé avec sa femme pour venir vivre dans ce petit appartement de célibataire, il a repris le travail sur les chantiers, et il n’a plus jamais mentionné son fils devant qui que ce soit. Mon père dit que son frère a laissé presque toutes les photos et les objets à son ex-femme, qu’il ne pouvait plus les regarder. La seul trace qu’il garde de Dylan est cette unique photographie d’eux trois souriant à l’objectif, juste avant la disparition. Et il ne la laisse habituellement jamais sortie quand des gens viennent chez lui.
J’ai un peu tenu le rôle de fils de substitution pour lui. Je pense que quand il s’occupait de moi il avait une vision de ce qu’aurait pu être sa vie si les choses s’étaient passées autrement, si tout s’était déroulé normalement. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si ça lui faisait du bien ou si au contraire ça l’enfonçait encore plus. Un peu des deux peut-être. Depuis la fin de sa dépression il ne nous a jamais laissé nous inquiéter pour lui et il a mis un point d’honneur à ne jamais laisser voir quand il souffrait. Je crois qu’il s’en voulait de s’être reposé sur son petit frère et qu’il tenait à reprendre le rôle de l’aîné protecteur.
Et c’est seulement maintenant que je réalise à quel point j’ai été irresponsable et égoïste à propos de Lyoko. Qu’est-ce qui se serait passé si Jérémie n’avait pas été capable de générer une réplique pour masquer ma disparition ? Et s’ils n’avaient pas réussi à me ramener ? Comment est-ce que ma famille aurait réussi à se remettre de la perte d’un autre de ses membres ?
« Qu’est-ce que tu en dis William ?
- Hein, quoi ?! »
Mince, je n’ai rien écouté de toute la conversation jusqu’à maintenant. Et j’ai encore fait un bond de trente centimètres quand on s’est adressé à moi…
« T’endors pas déjà, gamin ! Je te disais que lundi je pars visiter la prison que mon entreprise est chargé de transformer en campus d’université. Ça te tente de venir avec moi ?
- Ah, oui, bien sûr ! J’ai toujours adoré bosser sur les chantiers avec toi !
- Alors c’est réglé ! Je passerai te prendre à 7h30, avec les EPI.
- Les EPI ? »
Flûte, c’était quoi déjà, ça ?
« Ben alors William, t’as même oublié ça ? Équipement de Protection Individuelle, le casque, le gilet et les chaussures de sécurité !
- Depuis quand tu mets un casque toi ? je détourne le reproche, avec un sourire en coin.
- Silence, gamin ! Si les patrons apprennent que je ne suis pas les consignes de sécurité je risque gros. Et la visite se fait avec le maître d’ouvrage, faut pas faire de vagues ! En plus, si ta charmante maman entend que tu ne mets pas ton casque je risque encore plus ! répond mon oncle en riant.
- Ça c’est bien vrai. Si tu me casses mon bébé Philip, je te le ferais payer bien plus cher que tout ce que ton maître d’ouvrage pourrait faire ! ajoute ma mère sur le même ton. »
Et le repas commence, dans la jovialité, comme toujours chez mon oncle. Et le fait qu’il soit un excellent cuisinier n’enlève rien à la réussite des diners qu’il organise !
« Tu nous as fait tes fameuses Bruschetta ! Tu n’aurais pas dû ! »
Mon oncle éclate de rire à cette réflexion de ma mère.
« Je sais bien que tu es désespérée par la grâce dont on fait tous preuve en mangeant mon plat fétiche, mais c’est là qu’est tout son intérêt, ma chère ! »
Ses Bruschetta se présentent sous la forme de grandes tranches de pain un peu grillées sur lesquelles sont déposés des morceaux de tomates recouverts d’huile d’olive, et assaisonnés au persil. Et c’est assez difficile de les manger proprement. Il faut forcément mordre dans le pain, ce qui a pour conséquence de faire tomber les tomates et couler l’huile. Mon oncle nous a raconté que depuis qu’il les a fait découvrir à un de ses amis, celui-ci en commande pour tout le monde à chaque diner d’affaire, histoire de détendre l’atmosphère. Il faut croire que ça marche. En tout cas en famille on se marre !
« Tu ne nous ménages pas, Philip !
- Allons, ma chère Emilie, ne m’en veux pas, tu es toujours aussi splendide, même avec un filet d’huile d’olive qui roule sur ton charmant menton ! »
Ma mère s’essuie en catastrophe avec sa serviette tandis que je pouffe de rire…et vois, impuissant un morceau de tomate se faire la malle de la tranche que j’ai en main.
« Et puis tu ne me haïras pas longtemps, j’ai le devis que vous m’avez demandé. Regardez donc ça, le temps que je dresse le prochain plat.
- J’y vais, je propose en me levant.
- Les papiers sont sur mon bureau, mon Willi.
- Bien reçu, capitaine ! »
Je laisse derrière moi mes parents qui se disputent une tomate égarée et entre dans la chambre de mon oncle. Le bureau est directement en face de la porte. Et résume parfaitement l’état général de la pièce : le foutoir absolu. Je suppose que tant que le reste de l’appartement est en ordre il estime qu’il peut bien se laisser aller dans la seule pièce à l’abri des regards. Le lit, à côté du bureau, est défait, et les draps trainent par terre. L’armoire, à gauche de la porte, est ouverte et semble vomir son trop plein de vêtements sur le sol. D’ailleurs, pour ceux qui défendent farouchement leur place à l’intérieur, il semble bien qu’aucun ne soit plié. Un paquet de tabac à rouler se déverse sur la table de chevet. Les volets ne sont qu’à moitié ouverts et donnent l’impression qu’ils n’attendent qu’un choc minime pour se refermer violemment. Et bien entendu le bureau croule sous les papiers divers, dans des piles plus ou moins droites plutôt instables. Je suppose que le devis que je dois chercher est posé sur le dessus. Sinon je n’ai aucune chance de le trouver….
Je m’approche et survole ce qui est écrit sur les papiers visibles. Ah, gagné, un devis pour une cuisine. Enfin, je suppose que c’est le bon. Mais il n’est pas tout-à-fait sur le dessus.
La photo est posée, retournée, en haut de la pile.
Je la prends.
Mon oncle, sa femme, et Dylan. Ils ont l’air…tellement normaux.
Évidemment, quand mon cousin a disparu j’étais trop jeune pour véritablement comprendre ce qui était en train de se produire, mais en grandissant j’ai fini par apprendre les choses, au compte-goutte, et par comprendre ce que je savais déjà.
Pourtant je me souviens du jour de sa disparition. On habitait encore à Marseille avec mes parents. Je jouais dans le salon avec mes voitures miniatures. Ma mère lisais à côté de moi quand le téléphone a sonné, elle s’est levé et m’a souri au passage. Je me suis amusé à faire rouler mes voitures sur sa jambe en répétant des « vroum » en boucle de plus en plus fort pour attirer son attention, quitte à recueillir comme d’habitude un « moins fort, mon chéri » un peu exaspéré mais indulgent. Mais ce jour-là c’est une remontrance sèche et un peu paniquée qu’elle m’a adressé, si bien que je me suis tu tout de suite, surpris. Le téléphone a sonné régulièrement, les jours suivants, et ma mère raccrochait toujours plus livide que la fois précédente. Des policiers sont passés à la maison, mais malgré mes yeux d’enfants émerveillés, l’atmosphère m’angoissait. Ma mère refusait de me laisser seul, je crois que dans tout mon égoïsme enfantin je le lui ai reproché avec colère de me prendre pour un gamin.
Je le regarde, ce cousin avec lequel je jouais, et que je ne reverrai probablement jamais. On se ressemble un peu lui et moi. On a la même forme de visage, les mêmes yeux, le côté paternel de la famille. Mais l’un comme l’autre on a plutôt hérité des cheveux de nos mères, même si les miens sont plus bleutés que verts et qu’il est un peu plus châtain que la sienne.
Je me demande si elle a refait sa vie, si elle a d’autres enfants. Elle ne supportait pas les souvenirs. Est-ce qu’elle a finalement jeté toutes les photos que mon oncle lui a laissées, sauf une comme il l’a fait lui-même ?
Et Dylan ? Est-ce qu’il a eu le temps de se demander ce que deviendrait ses parents ? Est-ce qu’il a eu le temps d’avoir une dernière pensée pour sa mère ?
Où est maman ?
Pas ici. Mais tu la retrouveras bientôt, si tu es sage.
Je veux ma maman !
Ne t’inquiètes pas petit…
MAMAAAAAAAAAAN !
Mais faites le taire, bon sang !
« Mon dieu, William ! Ça va ?! »
Que…quoi ? QU’est-ce que je fiche par terre.
« William !
- Je… Ne t’inquiète pas, maman, tout va bien.
- Mais qu’est-ce qui t’es arrivé, enfin ?
- Je… je ne sais pas, ça doit être la fatigue du voyage, c’est rien je t’assure.
- Rien ? Enfin mon chéri ! Nous étions en train de parler à côté et voilà que nous entendons un grand bruit et que tu es par terre, ne me dis pas que tout va bien !
- Mais je t’assure, je ne sais pas ce qui s’est passé mais je me sens bien. J’ai juste perdu l’équilibre à cause de la fatigue du voyage, c’est tout. »
Il faut que je la calme. Mon père m’a relevé en m’interrogeant du regard, mais je l’ai rassuré en souriant. Seulement ma mère s’accroche à moi comme si j’allais à nouveau m’écrouler, malgré toutes mes tentatives pour lui rendre son sourire. Et le problème c’est que je suis plutôt paniqué moi-même. Qu’est-ce qui vient de se passer, au juste ? J’étais en train de penser à Dylan et j’ai entendu une voix d’enfant. Une voix d’enfant terrifié qui appelait sa mère. Je ne sais même pas vraiment à quel moment j’ai perdu l’équilibre pour tomber au sol… Tomber…
La photo.
Elle est tombée avec moi. Ou peut-être même que je l’ai lâchée avant.
Je lève les yeux vers mon oncle, qui la contemple sans mot dire. Comme s’il avait senti mon regard il tourne les yeux vers moi.
« Je…je suis vraiment… »
Il sourit tristement.
« Ne t’inquiète pas pour ça, gamin, dit-il d’un ton grave qui ne lui correspond absolument pas, l’important c’est que tu ailles bien. »
Au sol gît la dernière trace physique que mon oncle garde de sa famille. Une photo toute simple dans un cadre tout simple dont le verre brisé masque le visage de mon cousin disparu.
_________________
Dernière édition par Dyssery le Jeu 17 Sep 2015 21:12; édité 3 fois
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Salut Dyssery !
Alors on va d'abord en deux phases, tout d'abord, le commentaire :
Je suis assez d'accord sur le fait qu'on a tous vécu une situation du genre mais moi ça va quand même un peu plus loin. Je me suis déjà retrouvé à côté d'une fille avec laquelle ça avait...Pas trop bien fini, des années après, à ceci prêt que c'était dans une vieille salle d'étude et que j'avais choisi de dessiner, tandis qu'elle travaillait. Je la regardais à la dérobée et quand je ne le faisait pas j'avais l'impression que c'était elle qui le faisait. Le peu de discussion qu'on a eu est assez similaire à ta fic. A ceci près que nous ne sommes pas revenus sur les évènements qui ont condui à notre "séparation" (il n'y avait rien entre nous...Mais je pense, étant donné mes sentiments et le peu que j'avais réussi à comprendre des siens, que ça aurait pu...).
Quand j'ai lu ton passage, j'ai presque eu peur de la coïncidence. La scène était tellement similaires, tes description de la réflexion de William et ses faits et gestes étaient presque exactement les miens !
Ensuite, le dernier chapitre.
Il m'a aussi beaucoup plus. Pas de scène vécu cette fois, mais l'oncle de William me rappelle quand même mon grand-père avec qui j'ai passé énormément de temps. Mais je pense que nous avons tous un proche de ce genre.^^
Ensuite, très impressionné par le réalisme des situations et des descriptions, j'en viens à demander si les pièces existent. Parce que c'est remarquablement précis et très bien décrit. La situation est on ne peut plus crédible, matérialiser le chapitre par la pensée est d'une facilité fascinante.^^
Quand au scénario, on apprends un gros point noir de la vie de William qui le sort de Lyoko, mais il semble avoir un rapport étrange avec l'affaire X.A.N.A., si je calcule bien, l'histoire devrais se passer en 2004/2005, William est en seconde et a donc 15/16 ans, ce qui le fait naître en 1990 ou 1989 (comme les héros de ma fic tiens). Il avait 5 ans à l'enlèvement, ça fait 1995 ou...1994...Date du RVLP...Je crois que j'ai trouvé quelque chose...^^
D'ailleurs, si tu préfère que je retire mon raisonnement du topic, fait moi le savoir.^^
En tout cas, la réalité du chapitre est impressionnante, le scénario prenant et la fic prends une ambiance plus mature, ce qui ne me gêne pas vu que nous ne sommes plus vraiment dans l'univers du dessin animé. Bravo Dyssery.^^
Allez tiens, tu m'a donné envie d'écrire. A+.^^ _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Un peu la flemme d'en faire trois tonnes, j'admets. Toutefois, le quotidien de William vient de prendre une dimension vachement vivante. Tu inventes vraiment sa vie hors de l'écran, et pour le moment, tu t'en sors très bien. C'est riche, c'est sympa à suivre, et en plus tu réutilises très bien certains éléments de la série (coucou le tonton qui te permettra peut-être de replacer tes cours de béton!). Bref, ça gère sa race.
Comme ce commentaire ne saurait rester totalement vide et que je trouve rien d'autre à dire, c'est parti pour les conneries bonus o/
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