Quelle heure est il ? 6 heures 50. Qui me l'annonce ? Le réveil. Pourquoi ? Oh zut.
Bon, allez, on se lève, en route pour la galère habituelle. Habits, céréales, messagerie, checked. Je monte au grenier, le Macstodonte n'a pas bougé. Je percute que ça fait un moment qu'il est calme maintenant, pas loin d'une semaine…C'est…Inquiétant.
Je prends le journal et le classeur et les mets dans mon sac. Je redescend, voiture, France-Inter, lycée. Céleste et Jessie m'attendent devant la grille.
-Salut vieux ! Ça roule ? Fait Jessie, apparemment pas inquiet du tout.
-Hello Fred, ajoute Céleste, déjà plus tendue.
-Salut. Ça va. James ?
-Occupé, fait Jessie avec un sourire.
-Tim ?
-Pas vue encore, répond Céleste.
-Toujours pas d'objections à notre décision d'hier ?
Les deux font non de la tête.
-Bon. Ben…On devrait monter, si notre chère petite nouvelle recrue n'a pas dérogée à ses habitudes elle est déjà devant la salle.
-Oui. C'est vrai. Confirme Jessie. On y va ?
-Faut bien, fait Céleste.
Du coup on monte. Effectivement, la dame noire nous attends devant la salle, elle a toujours son air froid et impérial, un petit sourire satisfait se dessine sur son visage blanc comme la mort quand elle nous voit arriver.
-Alors, fait-elle. Apparemment sûre d'elle. Je n'aime pas du tout son air assuré. Céleste non plus à la tête qu'elle fait. Jessie a l'air de regarder la Statue de la Liberté.
Je me racle la gorge.
-Et bien…
Le sourire de la demoiselle disparaît, ses traits semblent soudainement se tendre. Ses mains se serrent. Pas si assurée que ça en fait. Je me demande bien ce qu'il peut se passer dans la tête de la froide Adèle…Si elle s'appelle bien Adèle. Pour le coup, c'est moi qui prends le sourire assuré.
-…Nous avons constaté suffisamment de preuves tangibles pour croire certains morceaux de ton histoire. On y a pas mal réfléchi, et on est d'accord. On accepte ton aide mais sous plusieurs conditions.
Pour le coup, le stress est carrément palpable sur le visage de Tim.
-Lesquelles ? Crache-t-elle.
-Tout d'abord, un point du journal nous a paru suspect.
-Le fait que mon père m'appelle Adèle tout du long ?
Interrompu brutalement, je n'ai d'autre choix que de hausser la tête. Céleste prend un air méfiant, Jessie un air surpris. En face, Tim semble légèrement soulagée.
-Simple. Parce que je m'appelle Adèle. Mais je déteste mon prénom. C'est ma mère qui me l'a donné. Il a disparu de ma vie en même temps qu'elle. Il n'y a plus que mon père qui m'appelle ainsi aujourd'hui. Mon deuxième prénom a pris sa place dans mon identité. Autre chose ?
L'air impérial réapparaît sur les traits d'Adèle. Les airs surpris et méfiant de mes deux camarades s'intensifie. Une simple histoire de prénom. Un peu gros, mais pas réfutable pour l'instant. Après tout, Adèle, c'est plus facile à changer que Meuringue. Surtout si on a un deuxième prénom. Moi, mon deuxième prénom c'est Camille alors…
-Le second point, c'est que, je pense que tous les autres m'appuieront là dessus, on accepte ton aide, mais on ne passe pas sous tes ordres. La confrérie n'a pas de leader, et ça ne changera pas.
C'est en disant ça que je me rends soudainement compte que ce point à préciser m'est venu pendant la nuit et que je n'en ai pas parlé aux autres, je me retourne vers Céleste, qui apparemment approuve. Jessie tire une grimace, apparemment je le choque un peu, mais il ne dit rien.
Le sourire de Tim s'adoucis.
-Telles n'étaient pas mes intentions.
Son visage décrit quelque chose d'étrange, elle a toujours son air froid, mais elle semble…contente…Pas satisfaite comme tout à l'heure, contente. Comme…Comme…Moi qui finis un programme, Céleste qui dessine, Jessie qui viens de se faire réconforter ou James qui a fait sauté sa salle de bain. Un air de joie innocente semble passer l'intense barrière de glace. Pour le coup c'est Céleste qui affiche un air surpris. Elle s'appète à parler quand elle est soudainement interrompue par le prof :
-Bonjour à tous. Entrez, le cours va commencer.
Tim semble revenir à la réalité et reprends son air hautain pour entrer dans la salle. Pour ma part, je soupire, m'installe, sort mon cahier et mon crayon et me prépare à me taper le cours.
C'est fou…Mais…Les cours restent les rares morceaux de ma vie qui n'ont pas changé. Même si je continue à rester jeune lycéen, la confrérie, le Macstodonte et X.A.N.A. demandent du temps, de la peur, de l'excitation…Passer en mode lycéen classique est presque reposant…Un peu comme hier…
Ainsi donc on s'est retrouvé à notre table discrète à midi. Avec Tim en supplément. Avec pour voisin un William-Yann interloqué, ce qui ne semble pas déplaire à Jessie. Tim a simplement dis qu'elle avait ses raisons. Je penses qu'on peut compter sur elle pour le tenir à distance. J'espère.
-Bon. Fait la froide jeune fille, comme vous l'avez compris, on va affronter X.A.N.A. directement sur son terrain. Pour ça il faut construire un scanner au Macstodonte.
-Ça va demander du matos de fou ! Commente James.
-Ça va surtout demander qu'on upgrade le Macstodonte, on aura jamais la puissance nécessaire dans l'état où il est.
-Mais t'avais pas mis le maximum de puissance possible au Macstodonte ? Demande Jessie.
-Théoriquement on peut encore monter mais j'ai pas les pièces.
-Ça tombe bien, moi je sais où les trouver, déclare Tim. Et je peux vous montrer ça ce soir, si ça vous intéresse.
-Ce soir ? Interroge Jessie.
-C'est où ? Demande James.
-C'est pas risqué au moins ? Questionne Céleste.
-Du tout. Réponds Tim. C'est un endroit qui n'est pas sensé exister. Il n'y a que mon père, Tyron et Hopper qui en connaissent l'existence. Mais mon père n'y retourne plus et Tyron et Hopper ont disparu. Du coup, pas de risque.
-Mais c'est quoi exactement ? Je demande.
Le sourire satisfait de Tim luit d'une froide lumière sur son visage blanc.
-Vous verrez bien si vous me suivez.
Léger silence. Que Céleste fini par rompre.
-Bon. On se dit devant la grille comme la dernière fois ?
Léger silence, encore une fois. Cette fois c'est moi qui le romps.
-Soit.
-Ok. Fait Jessie tout de suite après.
-Bon, ça marche, fait James.
Sur quoi on prend nos plateaux et on les débarrasse. Restart de la journée. Après midi…Info tiens. Ça me rappelle que depuis le temps j'ai un peu oublié l'objectif d'origine de la conception du Macstodonte. Il s'est passé tellement de choses plus grave depuis…C'est plus vraiment un projet, c'est un combat…
-Bien le bonjour, veuillez vous asseoir, alors, je me permets de vous rappeler qu'il vous reste encore quelques semaines pour le projet d'info.
Bertrand interrompt impunément le prof.
-M'sieur, on voulait vous dire, on a eu beaucoup de boulot ces derniers temps, les profs nous demandent beaucoup et on a de moins en moins de temps à nous. Du coup, avec notre groupe on pense pas pouvoir terminer le projet à temps.
Regardez moi ce poltron. Et ça prétend être informaticien hors paire. Remarque, je peux la ramener moi…Bah ! Notre monde virtuel il est fini ! On a juste comme qui dirait un…Imprévu.
C'est quand même une occasion à prendre, je pense pas qu'on se sera débarrassé de X.A.N.A. pour la présentation du projet. Donc bon…Un peu surpris par la demande de Bertrand, le prof semble réfléchir une fraction de seconde puis reprend :
-Je vois, voyons voir s'il en est de même pour les autres ? Madame Holet, ou en est votre équipe ?
Marie se tourne timidement vers le prof, visiblement soutenue du regard par ses camarades.
-On est un peu dans le vague monsieur…On avance pas bien…
-Je vois. Commente le prof.
Marie se retourne tout en faisant un clin d'œil discret à James, qui lui rend…Pour l'amour, toutes les occasions sont bonnes visiblement.
-Monsieur Ruperto ?
L'intéressé que je connais à peine se tourne vers le prof et prends un petit air de pitié.
-On est un peu bloqué monsieur.
-Certes. Monsieur Meuringue ?
Facile.
-On est pas mal avancé. Mais on bloque sur un problème assez retord.
-Bien ! J'en ai assez entendu. Visiblement vous avez du mal à utiliser les cours que je vous ai donné. Vous ne me facilitez décidément pas la tâche. Pour le moment je ne change pas les date. Mais je vais y réfléchir.
Ça, c'est plutôt une bonne nouvelle, on a espoir d'avoir de la marge, que présenter le projet avec X.A.N.A. sur le Macstodonte risque d'être compliqué. Donc bon, si on arrive à avoir une plus grosse marge voir à faire annuler totalement les projets, ça serait pas mal. Wait and see.
Le cours sur le langage SQL, casse-pieds à souhait, a continué sans grand intérêt. J’ai jamais aimé le SQL. Ce langage servant à concevoir et manipuler les bases de données possède une logique qui diffère un peu de la programmation standard, et j’aime pas ça. D’autant que même si c’est essentiel à l’informatique, je suis pas très fan de bases de données non plus. Mais Bon...Comment ça vous vous en fichez ? Faut que je reprenne l’histoire ? Vous êtes bien casse-pieds ! Je raconte ce que j’ai envie de raconter.
Bref ! Fin de journée. On s’est tous retrouvé à la grille. J’étais descendu avec Jessie et Céleste. James nous a rejoins un peu après, le temps de dire au revoir à sa belle. Quand à Tim, elle s’est évidemment amenée en dernier.
-Bon, commence-t-elle, on y va ?
-C’est loin ? Questionne Jessie.
-Pas du tout. C’est dans une allée perdue du vieux Mans.
Le vieux Mans. Depuis le temps que je connais cette ville, je ne me suis jamais lassé de ce vieux quartier moyenâgeux. Un des rares authentiques en France, aux vieilles rues pavées sombres et étroites où les voitures ne passent pas, avec ses vieilles maisons à colombages d’un autre temps, parfois repeintes de couleurs vives, parfois simples avec leurs couleurs d’origines. Restaurées par endroit et en ruine à d’autres, c’est un peu le croisement des époques, un endroit où le temps semble quelque peu altéré. Où technologies et modernités rencontrent traditions et classicisme.
Le petit labyrinthe de ruelles du vieux Mans s’atteint en longeant la vieille cathédrale de la ville. Particulière d’ailleurs, vieille église romane au coeur gothique, elle est à l’image du lieu qu’elle surplombe, une croisée d’époques. Juste à côté de la grande tour de l’horloge se trouve un grand escalier ou une vieille fontaine lâche son eau dans les airs, c’est la porte de la vieille ville, petit portail du temps que nous empruntons, guidé par la demoiselle qui semble totalement indifférente.
Je suis quelque part assez content d’aller là...Je ne vais pas souvent dans le vieux Mans, j’y allais surtout quand j’étais petit, me promener avec ma famille. C’était un autre temps. Sans problèmes, sans galères. Puis est venue Lucie, puis le collège, le lycée, le boulot qui va avec et même une intelligence artificielle d’un savant emporté par sa colère. Et alors que vous êtes seulement aux portes de ce que certains appellent la vraie vie, vous vous rendez compte que vous n’avez plus de temps. Les balades deviennent des souvenirs, ainsi que tout le reste de votre enfance...
-Fred ? Ça va ?
Retour au présent. Je me tourne, les deux yeux verts de Céleste me regardent d’un air interrogatif. Légère secousse psychologique.
-Hein ? Heu...Oui. Pourquoi ?
-T’avais l’air...Songeur, me fait-elle avec un air de malice.
-Ça fait longtemps que j’étais pas venu ici. Ça me fait bizarre.
-Moi aussi. Fait-elle. Quand j’étais au collège j’allais souvent dessiner les ruelles et les maisons. Mais aujourd’hui, je ne trouve plus le temps...
-Une fois, j’ai fait sauter un des pavés avec une petite bombe à pression de ma conception. C’était super drôle, mais après, j’ai pris un sacré savon, fait James à Jessie en rigolant.
-T’es taré mec ! Commente ce dernier. Moi, le vieux Mans, j’y allais pour jouer avec ma petite bande de copains de l’époque. Comme il y a avait pas de voitures on risquait rien.
Tim, en tête de groupe, semble soudainement plus hésitante dans sa démarche. Mais elle continue.
On passe un certain nombre de dédales de rues. Je perds un peu sur le chemin et dans ma tête...Finalement Tim s’arrête devant une maison au bout d’une petite rue qui semble vieille et délabrée. La bâtisse s’étire sur deux étages. Elle est assez petite face aux autres maisons de la rue, ce qui la rend assez discrète. On la distingue à peine en arrivant. Son torchis fissuré par endroits est d’un jaune tournant presque à l’orange et les poutres rongées par le temps sont sombres et ternes. Contrairement aux autres maisons, on a l’impression que ce bâtiment ne partage pas la vie et la beauté du quartier. On dirait que la vie y est partie depuis longtemps. Tim s’approche de la vieille porte en bois et cherche dans ces poches. Elle en ressort une vieille clé rouillée qui apparemment passe la serrure, elle ouvre. On entre. Dans un tout petit couloir très sombre, avec deux portes de chaque côté, toutes fermées, et un vieil escalier usé sur le fond. Les toiles d’araignée tapissent tout cet intérieur dont on ne distingue même pas les couleurs. La moisissure a envahis murs, escalier, portes et même les joints des vieux pavés. La couleur d'origine du lieu est difficile à distinguer. En fait, ce lieu a été tellement détruit par les années qu'il en est indescriptible. Une sombre masse pendant du plafond devait à l'origine avoir un rôle de lampe...Sur la droite de l'escalier traîne une commode d'apparence ancienne complètement détruite. Immédiatement après mon entrée arrive à mes narines une odeur similaire à celle de mon grenier. Mais beaucoup plus forte. Ce qui la rends désagréable.
-Baaaaaah ! Fait James. Qu’est-ce que c’est que cet endroit ?
Les autres regardent un peu autour d’eux, apparemment intrigués. Tim semble hésiter un moment. Puis prends la parole d’un ton moins monocorde qu’à l’ordinaire.
-Quand mon père est arrivé en France avec Hopper et Tyron, par sécurité ils ont préféré se séparer. Pour plus de sûreté ils ne connaissaient même pas leur emplacement exact. D’après ce qu’on peut lire dans le journal, Hopper et sont labo étaient quelque part à Paris. Quand à mon père, il vivait ici, dans cette petite maison du vieux Mans, avec ma mère et moi. J’aimais...Beaucoup cette maison. Elle n’était pas comme celles des amis que j’avais à l’époque. Elle était ancienne. Elle semblait remplie d’histoires, de fantômes, d’esprits...Quand ma mère a disparu, mon père a fait une grosse déprime et a voulu effacer tout ce qui restait de son ancienne vie. Suite à ça, on a déménagé plusieurs fois, un peu partout, au fil des années je voyais les écoles défiler, sans m'attacher. Puis finalement mon père est revenu dans la banlieue du Mans. Ce retour à la ville où je suis née m’a rappelé la vieille maison que je n'avais pas vu depuis dix ans. Qu'on avait quitté sans que mon père ne m'est jamais expliqué pourquoi. J'ai eu envie de revoir cette vieille maison de mon enfance. J’ai fouillé dans les affaires de mon père et j’ai retrouvé la clé dans un vieux tiroir, et j'y suis retourné. L'endroit avait bien changé...La bâtisse a beaucoup souffert du vide et de la solitude. C'est dans l'ancien bureau de mon père que j'ai retrouvé le journal et le classeur...Et que j'ai découvert la vérité.
Tim se stoppe. On dirait qu’une émotion qu’elle ne laisse pas transparaître s’empare d’elle, son flot de parole n’a cessé d’accélérer. On la verrait presque chanceler. Elle respire un grand coup et referme son visage, son air glacial réapparaît.
-A force d’aller et venir ici à mes heures perdues, j’ai découvert une chose que la maison me cachait, et c’est ça qui va certainement nous aider à vaincre X.A.N.A.
-Qu’est ce que c’est ? Demande timidement Jessie.
Tim ne réponds pas et se dirige vers le fond du couloir. Elle sort une nouvelle vieille clé pourrie de sa poche et s’en sert pour ouvrir une porte à peine discernable sous l’escalier. Cela a pour effet de faire voler toute la poussière et les toiles d’araignées dans cet intérieur sombre. Un peu flippant. Jessie en profite pour cracher ces boyaux bruyamment.
-Saleté de poussière, marmonne-t-il entre deux quintes de toux.
La porte donne sur un escalier encore plus sombre que le couloir. Tim sort une torche électrique de son sac.
-C’est là. Suivez-moi.
-C’est vraiment pas dangereux, fait James ?
-Tu veux descendre le premier ? Répond Tim en affichant un sourire vicieux, avec un rire léger. Première fois que je la vois rire. James est plutôt surpris de la réaction, mais ne réponds pas. Jessie produit l’espèce de raclement de quelqu’un qui retient un rire idiot.
Tim affiche un sourire satisfait, allume la lampe de poche et descend en lançant d’un ton étrangement joyeux :
-Qui n’aime pas X.A.N.A. me suive !
Surpris par la soudaine émotivité de la demoiselle, ben…On la suit. Fait noir comme dans un four là dedans, et mon dieu que ça sent mauvais…L’escalier semble descendre assez profondément. Plus que dans une cave ordinaire en tout cas, étrange. La descente se fait dans le seul bruit de nos pas raisonnant sur les vieilles marches de pierre. Finalement, je prends James qui est devant moi en pleine poire.
-Ow ! Achtung Fred ! Tim s’est arrêté.
-Ouais ben j’y vois nicht là !
J’essaie de regarder par dessus l’épaule de l’allemand disco, Tim est en train de déverrouiller une porte bourrée de cadenas et de codes, qu’elle semble tous posséder. Elle a du faire une razzia dans le bureau de son père…Curieux qu’il ne s’en soit pas rendu compte, mais en même temps, s’il a décidé de faire une croix sur tout ce bazar il doit pas s’amuser à faire l’inventaire tout les jours.
Au bout du dixième cadenas, Tim finis par ouvrir la porte. Qui se révèle être épaisse comme un sas de station spatiale. De l’autre côté apparaît une vive lumière. La pièce qui se trouve derrière a encore l’électricité ! Qu’est-ce que c’est que ce binze ? Tim entre dans la pièces, suivie par chacun d’entre nous, avant même le temps qu’on est le temps d’analyser la demoiselle reprend de ce ton étrangement amusé :
-Confrérie du Macstodonte, bienvenue dans le laboratoire du concepteur du scanner de virtualisation atomique !
Assez étrange la Adèle…Si elle a toujours un air assez sérieux elle n’est plus froide, la joie se lis sur son visage.
Je balade mes yeux dans la pièce. Elle est d’une taille moyenne, toute carrelée de blanc, éclairée par de longs néons, nettement moins poussiéreuse que le reste de la maison. Stérile à l’origine je suppose. Les quatre murs sont cerclés de plans de travails bourrés de fioles, de tubes et même de circuits et de cartes en tout genre, on croit même voir des piles en tout genre, des générateurs. Au centre se trouve une grande table ou le bazar est encore plus grand. De la paperasse, des produits, des circuits, même des tripes dans du formol…Wow. Il avait la folie du labo l’Alban Sita…
-C’est monstrueux, fait Céleste, comment ton père à pu construire tout ça ?
-La pièce est en fait dans une ancienne carrière archéologique, le Mans en est plein. Elle semble être alimenté par une batterie très puissante, de ce que dit le journal c’est une pile nucléaire. Mais j’avoue que je ne sais pas trop où mon père a récupéré tout ça…Son boulot peut-être ? Quoi qu’il en soit, cette pièce n’a servi qu’à une chose, le scanner.
-Incroyable, commente James, on a de quoi rentrer dans Lautriv…J’aurai jamais cru.
Jessie ne dis rien…Les objets semblent amplifier ses yeux de pastèque.
Je fais un peu le tour des pièces et inspecte le matériel. Je reconnais certaines des expériences décrites dans le classeur, ce qui me rappelle que j’ai tout bonnement oublié de le rendre à Tim…Je le sors de mon sac et tente d’identifier tout ce qui se trouve devant moi. Bien que le bazar retrouve les tables, on suis les expériences d’Alban avec une certaine facilité : les expériences se suivent de gauche à droite sur la plupart des tables.
-Bon ! Commence Tim, comment on s’y prend ?
-On a deux principaux problèmes. Trouver de quoi construire le scanner et upgrader le Macstodonte, récapitule James.
-De ce que je sais, répond Tim, les prototypes de scanners sont dans le laboratoire de Hopper, on va devoir récupérer des pièces détachées et trouver un logement pour les circuits. Ça doit être hermétique.
-Une chambre hermétique ? Répète Jessie.
-Oui, il doit y avoir le moins de changement moléculaire possible.
-Comme un frigo par exemple ? Demande Céleste.
-Ça peut le faire, mais ça dépens du modèle.
-Il y en a un dans le grenier de Fred, commente la demoiselle, on pourra voir s’il convient.
Je ne saurai pas trop dire pourquoi mais je n’approuve pas l’idée…
-Hé les gens ! Je crois que j’ai trouvé des circuits de scanner ! Fait James de l’autre bout de la pièce, quelqu’un peut me passer le classeur que j’identifie ça ?
-J’arrive.
Je rejoins James qui se tient devant d’immenses cartes électroniques posées contre un mur bourrées à mort de composants apparemment soudés à la main. Comme de gigantesques cartes d’ordinateur des années 1980. Elle doit faire environ 1 mètre 90 de haut sur 50 cm de large. Se trouve aussi sur ces cartes des sortes de rails sur lesquels semblent circuler ce qui ressemble à un mélange de puissants photocapteurs et de laser à capacité destructrices. En regardant mieux je constate que ces grandes plaques sont en fait constituées de plusieurs cartes de la taille d’une carte mère de G5 emboîtées les unes dans les autres.
-Je crois que je vois ce que c’est. Attends.
Je fouille dans le classeur et finis effectivement par retrouver.
-C’est le troisième prototype de scanner de Sita. Le premier à avoir fonctionné. Il commence par lancer une analyse moléculaire au rayons T puis transforme le corps en ensemble de photons stockés par un supercalculateur quantique par ce qui semble être une fission nucléaire. Il n’est pas bien différent du scanner final construit chez Hopper, mais il est apparemment plus lent et plus dur à configurer.
-Bah, on va pas faire les difficile sur un scanner atomique !
-Non. Je sais pas si les circuits fonctionnent encore, faudra tout vérifier…
-Ouais, mais c’est adaptable au Macstodonte tu penses ?
-Pas avec l’architecture actuelle. Faudra soit modifier le Macstodonte, soit modifier le scanner, mais vu le niveau d’électronique du scanner, je pense pas qu’on arrivera à le trafiquer.
-Meuringue ! Viens voir par là, me fait Tim.
Je déteste qu’on m’appelle comme ça. J’arrive en grommelant.
-J’ai retrouvé ça dans un des placards, je penses que ça peut t’aider.
Tim me tends une boîte assez bizarre, noire, très similaire à une valise de mafieux. En fait il semble que ça soit une valise de mafieux à laquelle les poignées ont été retirées et dans laquelle plusieurs trous ont été percés. Ce sont des ports, quatre ports d’alimentation secteur, plusieurs ports séries apparemment customisés et…Un port SCSI externe, wow, ça date pas d’hier ce truc.
-C’est quoi au juste ?
-Mach 2. Fait la demoiselle de son air mystérieux.
Mach 2. Je connais ce nom.
-James ! Le classeur !
-C’est Céleste qui l’a.
-Céleste ! Le classeur s’il te plait.
-L’ai passé à Jessie.
-Jessie ! Classeur !
-Chef ! Oui chef !
Et avec un air solennellement débile, le pote m’apporte le classeur. Je cherche un moment dedans et retrouve.
Mach 2 est un vieux calculateur quantique de Hopper, il l’a offert à Sita quand ils bossaient sur Carthage. Il est d’une capacité moyenne et possède une vitesse de calcul légèrement plus rapide que l’IBM Power. Soit environ 10 fois plus puissant que le Macstodonte, mais les résultats sont difficilement comparables car la méthode de calcul est totalement différente. Cependant, l’avantage du Mach 2 est qu’il possède dans ses circuits un interpréteur binaire, la machine doit être commandée par un terminal à transistors binaires via le port SCSI pour fonctionner. Exactement ce qu’il faut ! On peut stocker les êtres virtuels sur Mach 2 qui enverrait les instructions au Macstodonte au sujet de la prise de décision des êtres virtuels, tandis que le Macstodonte se contenterai des calculs du moteur physique et de l’intégrité du monde. Voyons voir ce que je peux faire, heureusement que j’ai toujours mes outils sur moi !
Je sors l’iBook de mon sac ainsi qu’un adaptateur FireWire/SCSI. Je branche le tout et tente de trouver comment on allume Mach 2. Selon le classeur le bouton se trouve à l’intérieur. Il faut donc l’ouvrir. Mais la valise est codée.
-T’as pas un stéthoscope Tim ?
-Ça se trouve, fait-elle.
-Tiens, y en a un là, fait Céleste.
-Ok. Merci.
Technique de base du voleur : ouvrir un cadenas à code. Prendre un stéthoscope et écouter le bruit des engrenages quand on tourne un chiffre, lorsqu’il y a un léger « tic », c’est que c’est la bonne combinaison. Ici donc c’est 881 001.
La valise s’ouvre, les circuits sont beaux à voir. Les circuits quantiques n’ont rien à voir avec les circuits binaires. Ils brillent de reflets polarisés. En l’occurrence ici, les cartes sont noires avec des reflets bleutés avec des filaments aux éclats orange qui doivent luire quand le calculateur est allumé. Je repère le bouton d’allumage. Après avoir branché l'ordinateur quantique à ses quatre prise (ça dois bouffer en énergie ce machin…), je l’allume. Le bruit qu’il émet est assez étrange…On dirait le bruit d’un vieux néon en fin de vie. Je branche le MacBook et tente d’initier le périphérique…Sans résultat, va falloir programmer tous les Drivers…
-Bon…Ben on a du pain sur la planche !
To be continued…
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