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[Fanfic] Jeux d'enfants [Terminée]

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 Auteur Message
Ellana MessagePosté le: Mer 20 Déc 2017 19:44   Sujet du message: [Fanfic] Jeux d'enfants [Terminée] Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !

Je vous propose en cette période de Noël une fiction courte sur… Halloween \o/.

Le titre paraîtra peut-être familier à certains. En effet, ce texte est basé sur celui qui m’a fait gagner (à égalité avec Ikorih) le concours Halloween XANA en 2013 (c’est aussi le nom d’un film, hein, mais bon si fallait être modeste…).

Certains passages sont repris quasiment à l’identique et la fin est similaire mais avec une nouveauté quand même, parce que hein, faut pas rigoler non plus ! La transformation en fiction vise surtout à ajouter aux sources d’inspiration (Jumanji, le jeu de société Dracula, etc…) le livre Le chasseur (♥) de L.J. Smith, avec du coup un cauchemar par personnage.

Comme pour Pas maintenant (pub, bonjour !), la fiction est déjà rédigée et les chapitres sont courts. Il y en aura deux par jour, sauf le dernier qui sortira seul mardi (si tout se passe bien).

Bonne lecture !


Résumé : L’automne suivant l’extinction du SuperCalculateur, les LG, accompagnés de William, Sissi et Kiwi, se retrouvent à l’Ermitage pour fêter Halloween. Mais XANA vient s’inviter dans leurs jeux…


---------------------------------------------------------------------------------


Chapitre 1 : Échauffement


- Franchement, ça se fait trop pas.

Yumi leva les yeux au ciel.

- Hiroki, je comprends que tu sois énervé mais pitié, respecte un peu la langue française !
- Mais c’est Halloweeeeeeeeeeeeen, insista Hiroki comme s’il ne le lui avait pas déjà répété cent fois.
- Il n’y a que deux « e » dans Halloween.
- Papa et Maman ne veulent pas que je le fasse tout seul ! Il faut que tu m’accompagnes ! Johnny et moi avons des déguisements trop top, tu ne peux pas nous faire ça, t’as pas le droit !
- Alors, explique-moi pourquoi je prépare ma valise ?

Hiroki jeta un regard noir aux vêtements et à la trousse de toilette posés sur le lit de sa sœur.

- Tu les vois déjà tous les jours, tes potes !
- Toi aussi, je te vois tous les jours, surtout pendant les vacances.
- Mais pas Johnny !

Yumi leva à nouveau les yeux au ciel et fit passer ses affaires de la couverture à la valise.

- De toute façon, quand je suis là, Johnny arrive à peine à parler, rappela-t-elle. Bonjour l’ambiance.
- S’il te plait !
- Hiroki, ça ne sert à rien d’insister, tu sais très bien que je ne changerai pas d’avis. Tu n’es plus un bébé.
- Mais Papa et Maman…
- Va les harceler eux et fiche-moi la paix !
- Mais ils ne rentrent que ce soir, tu seras déjà partie !

Yumi retint un sourire. Elle s’était arrangée pour que ses parents ne puissent pas lui proposer de la déposer.
- Dommage pour toi.
- C’est parce qu’il y a Ulrich, c’est ça ?

Yumi serra les poings avant d’attraper la première chose qui lui passait sous la main. Habitué au comportement de sa sœur, Hiroki n’eut aucun mal à esquiver le flacon de shampooing.

- J’espère que ce sera nul et qu’il sortira avec une autre fille après !
- Dégage, morveux !

Les mains enfoncées dans les poches, vexé et déçu à la fois, Hiroki quitta la chambre de Yumi qui culpabilisa aussitôt. Elle ne pouvait pas s’empêcher d’être dure avec lui. Elle le regrettait toujours et recommençait pourtant à chaque fois. Elle ferait des efforts, promis.
Mais pas pour Halloween.
Le cœur de Yumi s’affola. Hiroki avait raison : s’il n’y avait pas eu Ulrich, elle aurait peut-être envisagé de revenir le 31 pour sortir un peu avec son frère… mais il y avait Ulrich. Elle ne l’avait pas vu depuis une longue semaine et mourait d’impatience.
Pourtant, les choses n’avaient pas évolué depuis l’extinction du Supercalculateur. Dans un sens, ce n’était pas négatif : la destruction de XANA n’avait pas ébranlé leur amitié. Plus que Yumi et Ulrich, c’était bien l’ensemble de leur petit groupe qui était resté soudé, incluant même William. Grâce à ses efforts et à l’intervention surprise de Yumi, il avait su se faire une place entre les anciens Lyoko-guerriers. Il avait réussi à prouver que son orgueil et sa vantardise pouvaient être effacés par son sens de l’amitié et sa sincérité.
Leur groupe s’était donc agrandi, plus qu’ils ne le pensaient. Car qui disait William, disait désormais Sissi.
Odd avait retenu de justesse une plaisanterie lorsque le couple s’était formé. Yumi avait été la seule à ne pas être surprise et Ulrich avait compris avec soulagement pourquoi sa japonaise passait plus de temps avec William : elle ne subissait plus ses tentatives de drague. Il était même prêt à parier qu’elle lui avait donné un coup de main pour séduire Sissi.
L’été avait séparé Ulrich et Yumi. Elle avait réussi à voir ses amis lorsqu’ils faisaient des escales à Paris, entre deux trains de juillet, mais août l’avait entrainée au Japon. Si ses vacances avaient été agréables, retrouver Kadic en septembre l’avait été davantage. Car, comble du bonheur, un changement s’était enfin opéré chez Ulrich.
Conscient que William n’était plus un rival, il avait gagné en maturité. Ses bouderies n’étaient plus qu’un souvenir, ses joutes verbales avec Odd finissaient toujours en éclats de rire et la disparition de XANA l’aidait à se concentrer davantage sur ses cours. Il y avait fort à parier que, pour une fois, son père n’avait pas fait trop de réflexions sur ses résultats scolaires. Il avait dû passer une première semaine de vacances convenable.
Yumi boucla sa valise. Ce week-end prolongé s’annonçait sous les meilleurs auspices. Certes, elle avait menti à ses parents en disant qu’elle allait dormir chez l’oncle d’Aelita. Mais ses amis la feraient déculpabiliser en quelques mots.
Elle ouvrit son armoire dans un grincement et fouilla dans le fond pour retrouver son sac de couchage. Elle attrapa ensuite une robe noire et rouge. Odd avait insisté pour qu’ils prennent des déguisements. Avec un soupçon de maquillage, quelques vieux bijoux, et un faux dentier, elle serait la reine des vampires. Ses yeux passèrent sur le vêtement, pas si long que ça. Elle songea à la manière dont Ulrich la regardait parfois quand il pensait qu’elle ne le voyait pas.
Les choses s’annonçaient définitivement bien.

***


À quelques kilomètres de là, Aelita pleurait. Pliée en deux, le ventre douloureux, elle hoquetait, en proie à une douleur insupportable. Des larmes roulaient sur ses joues et l'air ne trouvait plus son chemin jusqu'à ses poumons.

- Tu renonces ? murmura une voix d’homme à son oreille.
- Pitié, pitié ! réussit-elle seulement à articuler.
- Renonce, ça ne sert à rien de te battre.
- D’accord, d’accord, tu as gagné ! Je me rends !

Aelita roula sur le tapis, hors d’haleine. Les bras écartés, le corps tremblant, elle mit de longues secondes à se calmer.

- Monstre ! finit-elle par lancer.

Assis un peu plus loin, Odd éclata de rire et attrapa Kiwi, rendu fou par cette bataille de chatouilles (ce n’était pas tous les jours qu’on avait l’occasion de se rouler par terre avec son maître).

- Depuis quand tu te crois plus forte que moi ? se moqua Odd alors qu’Aelita se relevait. C’était certain que j’allais te faire craquer.
- J’aurai ma revanche !

Jérémie sourit timidement. Enfoncé dans un fauteuil beige, il regardait avec un brin d’envie la complicité de Odd et Aelita. Il avait beau connaître les sentiments de la jeune fille à son égard, il ne pouvait s’empêcher d’envier un peu la facilité qu’avait Odd à la faire rayonner. Mais lorsqu’elle s’approcha de lui, souriant différemment, Jérémie sentit son cœur se gonfler.
Ce regard, il était à lui et à lui seul.

- Tu as bientôt fini ?
- Presque.

Aelita posa la main sur le bras de Jérémie et balaya la pièce du regard avec une certaine tendresse. Elle était fière et émue du travail qu’ils avaient tous effectué pour l’Ermitage pendant l’été.
Sans être devenue une maison aussi chaleureuse que celle dont se souvenait Aelita, l’endroit avait perdu ses allures de manoir hanté. Jérémie avait entrepris tôt de remettre en marche l’eau et l’électricité. Les techniciens qui étaient passés avaient eu l’air surpris de faire affaire avec un adolescent, sans montrer trop de curiosité. Ulrich avait fait grise mine en comprenant que son argent de poche allait certainement passer dans le paiement des factures et Aelita s’était inquiétée sur des possibles interrogations concernant cette maison sortie de nulle part mais Jérémie avait assuré qu’il s’occupait de tout. Et pour l’instant, aucun problème n’était survenu. Les adolescents avaient pu s’approprier l’Ermitage sans que rien ne vienne heurter leur emballement.
L’une des pièces vide de l’étage avait été transformée en salle de mixage pour Aelita. Elle avait travaillé tout l’été dans une librairie pour s’offrir du matériel et était satisfaite de ses dernières productions. Elle passait des heures à écouter différents morceaux tandis que Jérémie la couvait des yeux en programmant distraitement.
Suite aux supplications de Odd, le groupe s’était également cotisé pour acquérir des enceintes à mettre dans la salle à manger. Le blondinet avait aussitôt ramené une vieille télévision qui traînait chez lui, unique contribution mobilière de sa part. Les autres avaient acheté ou apporté quelques meubles de base, sans compter qu’au milieu du désordre, plusieurs objets avaient pu être sauvés.
Les chambres (celle d’Aelita, de ses parents et la chambre d’ami au rez-de-chaussée) avaient été remises en ordre, les meubles étant quasiment tous intacts. La salle de bain, relativement épargnée par le chaos ambiant, avait juste eu besoin d’un grand nettoyage et Aelita se réjouissait déjà de troquer les douches de l’internat contre un bain bien chaud lorsque le froid s’installerait pour de bon. Le bureau de Franz Hopper était la seule pièce à laquelle ils n’avaient pas touché. Aelita ne se sentait pas encore prête.
Au rez-de-chaussée, outre la chambre d’amis, on trouvait désormais une cuisine peu équipée mais propre et conviviale. Quant au salon, s’il leur avait posé davantage de difficultés, il ressemblait aujourd’hui à quelque chose de convenable.

- Fini ! lança joyeusement Jérémie.
- Alors y a quoi ? demanda Odd sans cesser de jouer avec Kiwi.
- Système basique : une caméra au-dessus de la porte d’entrée, un circuit de haut-parleurs entre les pièces de l’étage et le salon et j’ai ajouté une sécurité qui fait qu’une fois activée, je reçois une alarme si une fenêtre ou une porte donnant sur l’extérieur est ouverte. Ça permettra de garder un œil dessus en période scolaire.

Odd hocha la tête et laissa Kiwi lui lécher le visage. Ce week-end s’annonçait bien ! Il avait passé une semaine à l’internat avec Jérémie et Aelita à tout planifier, même si en réalité, il avait davantage trépigné d’impatience que préparé. Les courses étaient faites pour le week-end, ne manquait plus que l’arrivée des autres !
Il jeta un regard rapide à la pendule accrochée au mur. L’après-midi touchait à sa fin. Il n’y avait plus à attendre longtemps.

***


Sissi avait toujours détesté le RER mais cette fois, elle ne pouvait se plaindre. C’était ça ou demander à son père de l’amener en voiture, or, elle n’avait pas envie de lui expliquer qu’elle passait le week-end dans une maison perdue au milieu des bois, surtout si près de l’internat. Il se serait débrouillé pour l’empêcher d’y aller ou pour débarquer à l’improviste afin de s’assurer que tout se passait bien. Paradoxalement, il la surcouvait lorsqu’elle voulait prendre l’air et la laissait parfois seule quand elle aurait eu besoin de son aide.
Elle détailla son reflet dans la vitre et eut un sourire. Il lui en fallait peu pour retrouver sa légèreté. En l’occurrence, elle était heureuse parce que personne d’autre dans la rame n’avait un teint aussi bronzé. Comparée à la grisaille de Paris, Séville paraissait éblouissante de chaleur.
Les parents de William avaient une résidence secondaire en Espagne. Ils n’avaient vu aucun inconvénient à ce que leur fils s’y rende en compagnie de sa petite amie. Ils étaient bien trop heureux de le voir à nouveau dans son état normal, son attitude des derniers mois étant devenu un sujet tabou dans la famille. Sissi avait donc pu profiter d’une semaine de rêve et c’était sans doute la moins enthousiaste à l’idée du week-end d’Halloween. D’abord parce qu’elle n’aimait pas Halloween. Ensuite parce que malgré tout ce que lui avait assuré William, elle restait réticente à l’idée de passer plusieurs jours à l’Ermitage. Si son portable ne passait pas ? Si l’eau chaude tombait en panne ? Et puis, les bois alentours ne donnaient pas une atmosphère chaleureuse à la maison, qu’elle n’avait visitée qu’une fois. D’ailleurs, à qui était-elle vraiment cette maison ? On lui avait dit qu’Aelita en avait hérité mais rien ne semblait très officiel. Elle avait toutefois abandonné sa manie de voir des mystères partout et de poser des questions auxquelles personne ne voulait répondre. De cette manière, elle était mieux intégrée au groupe.

- A quoi tu penses ?

Sissi retrouva son sourire. William venait de lui caresser les cheveux avec un air intrigué. Il devinait assez bien les fois où elle avait besoin de s’isoler dans ses pensées et les fois où il devait l’en tirer.

- Au week-end. Je commence à croire qu’on aurait mieux fait de rester plus longtemps à Séville, je me serais sentie plus rassurée.
- Quoi, tu as peur ?
- C’est pour ça qu’on y va, non ?

William hocha la tête et l’embrassa.

- Je me demande ce que Odd nous prépare…
- Je préfère ne pas trop l’imaginer.
- Relax, ça va être chouette.

Sissi hocha la tête sans grande conviction. Elle garda le silence jusqu’à ce que William la tire par le bras pour la faire descendre.

- Ulrich n’était pas censé nous attendre ? s’étonna-t-elle en arrivant dans le hall de la gare.
- Je suis là.

Sissi se retourna et elle tenta tant bien que mal de garder un air neutre. Elle adorait William, il était plutôt beau garçon et il savait la faire rire. Mais il ne faisait pas battre son cœur aussi fort qu’Ulrich. Elle sentit un frisson la parcourir quand il lui fit la bise, chose qu’aucun geste de William n’avait encore déclenchée.

- Alors les vacances ?
- On vous racontera une fois arrivés, ça évitera de se répéter, répondit William.

Ulrich hocha la tête et ils s’éloignèrent vers les escalators. Sissi resta légèrement en retrait, mal à l’aise. Malgré le temps qu’elle avait mis à accepter ses avances, elle avait tout de suite remarqué que William lui tournait autour. Au début, elle avait pensé qu’il s’agissait d’une tactique pour rendre Yumi jalouse (elle y avait eu le droit assez de fois avec Ulrich). Puis, lorsqu’elle avait compris qu’il était sincère, elle s’était sentie flattée. Après des années de rejet, cela faisait du bien de voir qu’elle pouvait plaire à quelqu’un. Et elle n’avait pu s’empêcher de se dire qu’avec un peu de chance, cela ferait réagir Ulrich.
Les mois passaient toutefois sans que le garçon change fondamentalement de comportement envers elle. Bien sûr, il devenait de plus en plus amical mais Sissi était lucide : cela n’avait rien à voir avec sa relation avec William. Elle commençait donc à se sentir coupable, sauf qu’une fois encore, elle ne voulait pas se leurrer. Malgré ses sentiments pour Ulrich, elle affectionnait bien assez William pour une relation de leur âge.
Elle n’avait rien à se reprocher.

***


Yumi fut la première à se retrouver dans les bras d’Aelita.

- Vous savez que traverser les bois pour venir jusqu’ici alors que la nuit est tombée, ça met déjà bien dans l’ambiance ?
- Désolée, on aurait dû venir te chercher.
- Arrête de dire des bêtises, je suis déjà contente qu’on arrive à se faire un week-end comme ça, j’étais persuadée que mes parents me l’interdiraient à la dernière minute.
- Il faut toujours que tu vois le mal partout.
- Ah non, là, je vais optimiser à fond jusqu’à lundi !
- T’es pas la seule.

La japonaise sentit quelque chose s’agiter sous son nombril. Une semaine, juste une semaine sans entendre cette voix. C’était trop long.
Elle se retourna pour faire face à Ulrich qui venait d’entrer, suivi par William et Sissi.

- Salut.
- Salut.

Ils se dirent bonjour avec la même chaleur que les autres, ni plus, ni moins, mais Yumi se fit une promesse.
Quand ils quitteraient cette maison, ce serait différent.
Elle avait un week-end pour changer les choses et elle sentait qu’elle en avait enfin le courage.

- Alors c’est quoi le programme ? demanda Sissi, décidée à ne pas ternir l’atmosphère par son manque d’entrain.
- Aujourd’hui, on papote pour rattraper la semaine passée, on se fait une montagne de pâtes carbo et on mate un film d’horreur en mangeant des cookies ! répondit aussitôt Odd. Au pire, on peut passer l’étape papotage et attaquer tout de suite les cookies !
- Le film d’horreur, ça va être d’essayer de récupérer des cookies avant que tu les dévores tous !
- No happy end, répondit Odd avec un ton macabre, peu crédible étant donné son air joyeux.

Son enthousiasme fut communicatif et tous sourirent.

- On est quand même super bien ici, non ? lança Yumi.
- Dans les films d’horreur, c’est toujours ceux qui sont persuadés que tout va bien qui meurent en premier, avertit Odd, faussement sérieux. Te voilà condamnée à un trépas terrible, Yumi !
- Arrête, tu me fais peur !
- Tu as raison d’être sûre de toi. Après tout, tu ne risques rien, t’as un chevalier servant pour mourir à ta place !
- Odd, tu vas pas commencer, grommela Ulrich.
- Pourquoi tu t’es senti visé ?
- Et si tu m’aidais à faire les pâtes ? proposa Aelita avant qu’Ulrich, les joues en feu, ne réplique.
- Ah non, surtout pas, il va piquer tous les lardons !
- Comme si c’était mon genre ! William, tu me blesses !
- Je viens avec toi, proposa la japonaise. Sissi, on les laisse entre hommes ?
- Les femmes à la marmite, ça me plait comme concept, se moqua Odd.
- C’est cela, répondit Yumi dans un sourire malicieux, du coup, on aura les hommes à la vaisselle !

Le blondinet en fut estomaqué. Les autres sourirent et alors que les filles se dirigeaient vers la cuisine, Jérémie les retint.

- Pendant que j’y pense, je vous montre juste le système de sécurité.

Il avança jusqu’au mur près de la porte où était accroché un boîtier noir de la taille d’un livre de poche.

- Maintenant qu’on est tous là, je vais l’activer, avertit-il en appuyant sur un bouton situé sous le boîtier. Si vous êtes réveillés avant moi demain et que vous voulez ouvrir une porte ou une fenêtre, pensez à d’abord désactiver l’alarme.
- On ne sort pas ce soir ? nota Odd, déçu.
- Ce n’était pas dans ton programme.
- Bah, je pensais quand même que…
- On va se garder ça pour demain soir.

Odd approuva d’un hochement de tête.

- Démo finie, à la besogne les filles !

Alors que les trois amies disparaissaient dans la cuisine, Ulrich ne quitta pas Yumi des yeux, ce que ne manqua pas de remarquer Jérémie.

- Tu vas lui parler ?
- Bah j’aimerais bien, avoua le samouraï en passant une main dans ses cheveux, l’air gêné. Seulement, je sais pas trop…
- Tu sais pas trop comment, ouais ça, on a fini par le comprendre, soupira Odd. Sans rire, y a que moi que ça écœure ces mièvreries ? Comme si ça suffisait pas que je sois le seul célib’, on va vraiment devoir passer Halloween à se faire des bisous bisous et à roucouler ? Parce que si c’est ça, prévenez-moi, je rentre à l’internat et je reviens avec un couteau le jour de la Saint-Valentin !
- T’inquiète pas Odd, niveau horreur, tu vas être servi, promit William. J’ai ramené de quoi te faire plaisir.
- Pitié, ne roule pas une pelle à Sissi devant mon nez, ce serait plus de l’horreur, ce serait… diaboliquement monstrueux ! Oh, ça y est… J’ai des images affreuses en tête ! Hannibal Lecter soit loué, même Alexandre Aja n’a jamais mis une scène aussi terrifiante dans ses films !
- C’est bon, c’est fini ?
- Oh non William, chuchota une ombre, trop bas pour être entendue. Nous n’avons même pas commencé.

***


- Laisse tomber, elle ne fera pas Halloween avec nous.

Allongé sur son lit, le téléphone fixe calé sur l’oreille, Hiroki apprenait la terrible nouvelle à un Johnny désespéré.

- Elle est partie jusqu’à la fin des vacances avec ses crétins de copains. Je sais pas vraiment où, chez l’oncle d’Aelita. Ouais, mes parents l’ont laissée y aller. Je peux te dire que quand j’aurai son âge, ils n’auront pas le droit de m’interdire quoi que ce soit du coup ! Arrête de pleurnicher, on pourra s’arranger pour se faire un ciné, c’est …

Des coups furent frappés à la porte. Hiroki releva la tête. Se pouvait-il que Yumi revienne ? Avait-elle des remords à le laisser seul pour Halloween ?

- Attends, Johnny, je crois qu’elle est là ! Je te rappelle !

Il dévala l’escalier, courut à travers le hall et se jeta sur la poignée. La porte s’ouvrit avec un grincement inhabituel.
Hiroki, qui avait déjà préparé son plus grand sourire, resta figé face à l’inconnu.

- Vous êtes qui, vous ?

S’il avait su que ce seraient ses derniers mots, il les aurait peut-être mieux choisis.


-------------------------------------------------------------------------------

Chapitre 2 : Hurlements


Aelita court. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne sait pas où.
La seule chose qui compte, c’est de courir.
Derrière elle, aucun bruit ne vient troubler le silence. Pas de martèlement de pattes lourdes sur le sol, ni le souffle haché d’un poursuivant qui se rapproche, pas de brindilles brisées, pas de grognements affamés.
Rien.
Un silence total, presque palpable.
Pourtant, Aelita sait qu’elle doit continuer à courir.
Le silence lui fait peur. Parce qu’il lui indique que si aucun ennemi ne la suit, elle ne peut pas non plus compter sur un ami. Parce qu’elle ignore quand il va voler en éclats. Parce qu’il s’accorde à merveille avec le vide qui a pris possession de son âme. Parce qu’elle n’a plus que ça désormais.
Elle réalise peu à peu que le silence n’est pas si total. Son cœur bat dans sa poitrine, terriblement fort, terriblement vite. S’il s’arrachait de son corps, s’il traversait son t-shirt pour s’écraser contre un arbre, peut-être que cela lui épargnerait une mort atroce ?
Un éclat argenté manque attirer son regard, à l’extrémité gauche de son champ de vision. Ne pas tourner la tête, surtout pas. Ne pas faire le moindre geste qui pourrait la ralentir ne serait-ce que d’une seconde.

- Aelita !

Le cri déchire la nuit, à la fois proche et lointain, regorgeant de douleur et d’angoisse. Aelita étouffe un sanglot mais elle ne peut pas s’arrêter. Pas même pour Jérémie. D’ailleurs, est-ce vraiment lui ?

- Aelita !

Elle n’entend pas ce second cri. Elle a l’impression que son cœur s’est scindé en deux pour se loger dans ses oreilles. Il bat fort, trop fort, elle va se faire remarquer. Si elle veut qu’il se taise, elle doit s’arrêter, mais elle ne peut pas.
Continuer sa course effrénée.
Ne pas regarder en arrière.
Oublier que Jérémie peut être en train de mourir. Si ce n’est pas déjà le cas.
Que Yumi est morte. Que William est mort.
Que Odd et Sissi ont disparu.
Et ne pas songer à Ulrich, pauvre Ulrich, sans doute déterminé à déverser sa haine pour venger sa japonaise. Sans doute mort lui aussi.
Car que peuvent-ils faire, eux pauvres mortels, contre tant d’acharnement ?
Aelita a perdu depuis longtemps la sensation de vol procurée par son statut d’ange de Lyoko mais cette nuit, elle goûte à l’adrénaline toute aussi forte d’une peur sans nom. Cette nuit, elle a l’impression de voler à nouveau, la joie en moins.

On n’échappe jamais au passé, pense-t-elle avec une pointe d’amertume.

Elle surgit dans une clairière et comme un écho à ses pensées, un son aussi familier que craint s’élève devant elle. Un son qui la fait s’arrêter net pour observer avec terreur la lisière opposée.
Un son qui, une fois éteint, est repris partout autour d’elle.
Un son qui fait écho aux croassements des corbeaux.
Un son que ses ancêtres ont redouté avant elle, un son qui la fait trembler dans son sommeil, un son inscrit dans la partie reptilienne de son cerveau où le mot peur a conservé tout son sens.
Un hurlement de loup.
Des hurlements de loup.

***


Aelita fut réveillée par son propre cri. Elle était allongée dans un lit mais pas à l’internat. La fenêtre laissait passer la lumière de la lune mais ne se situait pas là où elle aurait dû.
Le fait de ne pas reconnaître la chambre où elle se trouvait fit hurler à nouveau la jeune fille, juste avant qu’une porte ne s’ouvre à la volée.

- Aelita ?

Jérémie, lunettes de travers et cheveux ébouriffés, avança à tâtons dans la pénombre, trop fatigué pour penser à appuyer sur l’interrupteur. Il heurta le coin d’un meuble, retint un juron et soupira de soulagement lorsqu’Aelita alluma sa lampe de chevet.

- Un problème ? demanda-t-il, frappé d’inquiétude plus que de douleur.
- Rien, juste un cauchemar.
- Je savais qu’on n’aurait pas dû regarder un film d’horreur avant de se coucher. Tu te faisais attaquer par Freddy ?
- Non, ce n’était pas… ce genre de cauchemar.

Jérémie alla s’asseoir sur le lit de son amie. Il aurait dû s’en douter. Aelita n’était pas comme Sissi. Elle n'avait pas fondu en larmes quand Odd avait éteint la lumière de la salle de bain alors qu’ils venaient de finir le film. Elle n’avait peur que de vraies choses et ses cauchemars n’étaient jamais anodins.

- Raconte, incita-t-il en lui prenant la main.
- Franchement, je ne préfère pas.

Aelita avait les yeux fermés, encore angoissée par des images plus vraies que nature. Yumi la gorge ouverte, Ulrich désespéré, Jérémie en qui elle n’avait plus confiance, Odd et Sissi introuvables.
Elle se blottit dans les bras de Jérémie. Surpris, le jeune homme lui caressa maladroitement les cheveux.

- Pourquoi tu n’as pas dormi avec nous en bas ?
- J’ai été stupide.
- Mais non.
- Si. J’aurais eu moins peur si j’avais été avec vous.
- Allez, arrête de dire des bêtises et viens.

Emmitouflée dans sa couverture, Aelita suivit Jérémie. La veille, alors que tous s’étaient déjà endormis, elle n’avait pas trouvé le sommeil. Elle aurait aimé pouvoir dire qu’elle réfléchissait aux choses de la vie mais la réalité était beaucoup plus terre à terre. Elle n’avait juste pas l’habitude de dormir avec un ronfleur et le tracteur qu’était Odd une fois plongé dans le sommeil avait failli la rendre folle. Elle était donc montée dans sa chambre, déçue de ne pas pouvoir dormir contre Jérémie mais soulagée de fermer les yeux dans le silence.
Elle le regrettait à présent. Elle aurait pu gagner une nuit dans les bras de Jérémie puisque contrairement à Yumi et Ulrich, elle n’avait pas besoin de faire semblant. Oui, elle était amoureuse de Jérémie et oui, elle avait l’intention de profiter de chaque seconde à ses côtés.
Arrivés en bas des escaliers, elle caressa le dos de son petit ami.

- Je vais boire, je reviens.
- Je t’attends ?
- Non, j’arrive.

Aelita s’éloigna vers la cuisine. Elle attrapa un verre et le remplit directement au robinet. Debout devant l’évier, elle tournait le dos à la porte et ne pouvait pas voir le couloir. Elle ne remarqua donc pas l’ombre.
Elle sortit de la cuisine, se sentant un peu mieux. Avant d’éteindre la lumière, elle s’arrêta quelques secondes dans l’encadrement de la porte du salon. Un sourire réussit à se dessiner sur son visage.
Ils étaient tous là, tous vivants.
Yumi et Ulrich, toujours incapables de s’avouer leur amour, chacun dans son sac de couchage, tournés l’un vers l’autre. Sissi dans les bras de William sur un matelas. Odd pelotonné dans un fauteuil, Kiwi à ses pieds. Et Jérémie sur le canapé, déjà à moitié rendormi.
Ils avaient changé depuis l’extinction du Supercalculateur, surtout Jérémie. Il avait retrouvé le sens du mot sommeil, ne se promenait plus partout avec son ordinateur et à l’inverse des autres membres du groupe, ses notes avaient légèrement baissé.
Parce qu’à présent, il désirait passer chaque minute de son temps avec Aelita.
Rassurée à l’idée que rien ne pouvait leur arriver, la jeune fille éteignit la lumière. Elle avança avec précaution entre les dormeurs pour venir se blottir contre son petit ami. Dans ses bras, elle ne risquait rien. Il avait toujours su la sauver.
Elle ne risquait rien…
Ce fut au moment exact où elle s’endormait que le hurlement d’un loup retentit dehors. Quelque part dans la maison, un ricanement s’éleva, masquant un gémissement étouffé.
Aucun des adolescents ne se réveilla lorsque la porte d’entrée s’ouvrit. L’alarme ne résonna pas. Ils n’entendirent pas le son mat de corps qu’on traîne, malgré la montée des escaliers. Ils n’entendirent pas une porte s’ouvrir puis se refermer à l’étage.
Ils continuèrent leur nuit, la croyant paisible.
Sans savoir que ce serait la dernière.

***


Ayant dormi comme un loir, Yumi fut surprise d’être la première à se réveiller en ce samedi 31 octobre. Elle ne savait pas qu’Aelita avait quitté le canapé puis l’avait retrouvé et pensait donc que rien n’avait bougé pendant qu’elle était dans les bras de Morphée.
Elle sourit en remarquant Ulrich si proche d’elle. Elle sourit en voyant Aelita blottie contre Jérémie. Elle sourit en constatant que Odd arrivait à dormir dans une position normalement interdite à tout être vertébré. Elle sourit devant l’air serein de Sissi et William. Elle sourit de sourire.
Son attention se reporta sur Ulrich. Elle le trouvait tellement beau. Dans son sommeil, il se débarrassait de son masque de contrôle, de son petit air crâneur et de son regard faussement sûr de lui. Elle eut envie de repousser les mèches folles qui lui tombaient sur le visage mais préféra se lever en silence.
Kiwi ouvrit un œil, s’étira et trottina à la suite de la japonaise. Ils entrèrent dans la cuisine et le chien fila aussitôt vers la porte-fenêtre.

- J’arrive, j’arrive, ne réveille pas les autres ! murmura Yumi alors qu’il aboyait. C’est vrai que ça doit te changer de l’internat, tu n’as rien à craindre de Jim ici et tu peux passer ta journée dehors.

Elle se servit un verre de jus d’orange avant d’aller ouvrir la porte, puis les volets. Kiwi s’élança avec bonheur dans le jardin, sans se préoccuper du froid déjà hivernal. Le sourire aux lèvres, Yumi le regarda s’éloigner.
Elle ne réalisa pas que l’alarme aurait dû sonner.
Après avoir fini son verre, elle entreprit de préparer le petit-déjeuner. Chocolat chaud et céréales pour Jérémie, café et croissants pour Odd, tartines de confitures pour Ulrich, jus d’orange et…
Un violent coup de vent heurta les carreaux, faisant sursauter Yumi. Alors qu’elle reprenait ses esprits, un second coup de vent plus violent encore fit trembler la porte d’entrée, presque aussitôt suivi par le bruit d’une pluie diluvienne.

Temps de chien, songea-t-elle avec une grimace. On ne sortira pas aujourd’hui.

Yumi devait reconnaître qu’au fond, cela ne la dérangeait pas. Elle préférait rester au chaud à faire des jeux de société plutôt que d’arpenter la forêt dans le froid pour calmer les crises d’hyperactivité de Odd.
Un aboiement retentit au moment où Yumi mettait en route le grille-pain. Alors qu’elle se dirigeait vers la porte pour ouvrir au chien, elle entendit le bruit d’une chasse d’eau et des murmures plus ou moins discrets.
Ses amis commençaient à émerger.

- Allez, Kiwi ! s’exclama-t-elle en abaissant la poignée. Viens dire bonj…

Sa phrase se perdit dans un hurlement. Ulrich, réveillé par le départ de Yumi, bondit de son sac de couchage. Vêtu d’un simple pantalon de survêtement, il courut jusqu’à la cuisine en ordonnant aux autres de ne pas bouger.

- Quoi ? hurla-t-il en attrapant la première chose qui lui tombait sous la main, prêt à frapper.

Yumi se retourna vers lui avec un sourire crispé. Une main sur le cœur, elle semblait à deux doigts de vomir mais n’était visiblement pas blessée.

- Désolée, j’ai juste été surprise. Ce cher Kiwi a voulu participer au petit-déjeuner.

Ulrich eut une grimace de dégoût en regardant le chien déposer un corbeau mort aux pieds de Yumi.

- Beurk.
- Comme tu dis.
- Respire, tu ne crains plus rien, se moqua Ulrich.

La japonaise sourit mais il lui fallut encore quelques secondes pour que son cœur se calme. Lorsqu’elle eut retrouvé ses esprits, elle regarda son ami et ce fut à son tour de se moquer :

- Tu comptais me défendre avec ça ?

Le jeune homme rougit avant de reposer son bol sur la table.

- Tu sais, bien lancé en pleine tête avec vigueur, ça peut donner des résultats surprenants… Attends, je vais chercher une chaussure pour remettre ce truc dehors. Non, Kiwi, ne touche pas à ça !
- Qu’est-ce passe ? demanda Odd, à moitié caché sous sa couverture, la voix gorgée de sommeil.
- Ton chien a des goûts culinaires qui me rappellent les tiens, rétorqua Ulrich en attrapant une basket.

Odd se redressa aussitôt.

- Pourquoi tu dis ça ? Ne le laissez pas manger n’importe quoi, hein ! Il a l’estomac fragile !
- Merci, on se souvient des sushis à la moutarde.

Ulrich quitta la pièce pour retourner dans la cuisine, sans se soucier des marmonnements de Odd qui ne bougea pas de son fauteuil.

- C’est très sexy ! se moqua Yumi en désignant l’unique chaussure qu’il portait.
- Désolé, ils n’avaient plus l’armure complète de chevalier servant.

Avec une moue écœurée, Ulrich alla shooter dans le corps du corbeau. L’oiseau effectua son dernier vol jusqu’au muret où il s’écrasa. Yumi referma la porte et Kiwi, comme déçu par l’accueil réservé à son cadeau, se roula en boule sur le carrelage.

- Je n’ai plus très faim d’un coup.
- Moi si ! lança Odd depuis la salle à manger. Le petit-dèj’ est prêt ?
- Tu ne crois quand même pas qu’on va te l’apporter ? railla Ulrich, déjà installé à table.
- Sympa de pouvoir compter sur ses amis !

Tandis qu’Ulrich et Yumi commençaient à manger, Jérémie fixait Aelita, allongée contre lui.

- Tu penses à ton cauchemar ? chuchota-t-il.
- Il ressemblait à celui où j’ai vu mourir mon père… J’ai… C’est stupide mais j’ai peur qu’il se réalise.
- Arrête de t’inquiéter. Ton père a été tué par XANA. Plus de XANA, plus de réalisation de rêve. C’est logique.

Aelita sourit. Avec Jérémie, tout était logique.
Elle l’embrassa doucement et rejoignit les autres dans la cuisine.

- Bien dormi ?
- Super. Je suis mieux ici plutôt que chez moi ! s’exclama Yumi dans un sourire.
- On pense tous la même chose, renchérit Ulrich.

Aelita leur adressa un regard reconnaissant.
Ils étaient là.
Rien ne pouvait arriver.

- Par contre, ça me surprend que mes parents ne m’aient pas appelée pour être sûrs que j’étais bien arrivée, avoua la japonaise. J’ai encore vérifié mon portable ce matin en me réveillant : pas de message ni d’appel manqué et pourtant, j’ai du réseau. Je devrais être contente qu’ils me fassent confiance mais…
- Quand ils te harcèlent, ça t’énerve, quand ils ne le font pas, ça t’inquiète. Est-ce qu’il y a quelque chose qui arrive à te satisfaire ? se moqua Ulrich.

Yumi ne put retenir un léger sourire mais Odd arriva en courant dans la cuisine avant qu’elle réponde.

- T’y crois pas ! Ils ont failli réussir l’exploit incroyable de me couper l’appétit ! Oh pitié, un verre de jus d’orange, d’eau, d’arsenic, n’importe quoi, il faut que je me remette du choc !
- Qu’est-ce qui t’arrive ? soupira Ulrich.
- Halloween commence fort ! La première chose que j’ai vue en me levant… Oh non, je ne peux même pas en parler, c’est trop atroce !
- Accouche, Odd.
- Sissi et William en train de s’embrasser ! Pourquoi ? Pourquoi m’imposer cette épreuve si cruelle ?

Les adolescents éclatèrent de rire tandis que William entrait à son tour dans la cuisine.

- T’es qu’un jaloux, Odd, lança William. Parce que toi, la seule personne qui a envie de t’embrasser, c’est ton chien.
- Au moins, mon chien ne passe pas une demi-heure dans la salle de bain avant de venir prendre son petit-déjeuner !
- Son odeur en témoigne. Enfin quelque chose qui s’accorde à tes pieds !

Aelita sourit alors que les deux nouveaux amis continuaient leur joute verbale. Odd avait trouvé en William un parfait « compagnon de vannes pourries » comme se plaisait à l’appeler Ulrich.
Peu à peu, les images nocturnes qui avaient tant effrayées Aelita disparurent. Elle devait profiter de son présent plutôt que noircir son avenir. Elle était avec le garçon qu’elle aimait et des amis plus chers que sa vie.
Sa famille.
Pas besoin de s’inquiéter.

- Au fait, tout le monde à son déguisement ? demanda Odd en s’installant à table.
- Bien sûr et toi ?
- Évidemment ! Avec le petit détail qui fait toute la monstruosité !
- T’es pas déjà assez monstrueux comme ça ?
- Tu as de la chance que j’aie trop faim pour répondre !

Le petit-déjeuner fut long, parsemé d’éclats de rire et de pauses nécessaires aux adolescents pour reprendre leur souffle.
Personne ne remarqua que le corbeau mort avait disparu.

***


À l’étage, Sissi finissait sa douche lorsqu’un corbeau passa devant la fenêtre. Elle n’avait aucun moyen de savoir que ce corbeau était censé être mort et pourtant, elle se sentit mal à l’aise en suivant l’oiseau des yeux. Il ne manquait plus que ça à l’atmosphère glauque du week-end.
Elle avait passé une nuit épouvantable. D’abord, ce crétin de Odd avait insisté pour qu’ils regardent « Freddy : les griffes de la nuit ». Elle détestait les films d’horreur, même quand elle les regardait avec d’autres personnes dans sa chambre douillette et confortable en plein centre-ville. Alors ici, dans une maison aux allures de demeure abandonnée au milieu de la forêt, l’effet était plus que renforcé.
Où était-elle ? Pas si loin du lycée, c’était sûr, mais quel oncle pouvait bien avoir l’idée de proposer à sa nièce et ses amis un week-end ici ? Le chauffage fonctionnait à peu près, l’eau était chaude, et il y avait du réseau. Techniquement, tous les critères de base qu’elle attendait étaient remplis. Mais cette maison avait quelque chose de malsain.
Sans être sale, elle ne respirait ni la jeunesse, ni l’entretien régulier. Elle n’avait pas cette discrète touche de présence humaine, cette chaleur procurée par l’habitation qui transforme un bâtiment en foyer. Le silence y paraissait trop lourd et pourtant des grincements incessants l’avaient empêchée pendant longtemps de fermer l’œil. Une fois endormie, elle avait fait des cauchemars d’hommes brûlés la poursuivant à travers la forêt. Elle s’était réveillée à trois reprises en sursaut et à chaque fois, William l’avait inconsciemment serrée un peu plus fort contre lui. Loin de la rassurer, cela l’avait mis mal à l’aise.
Elle jeta un regard au miroir, seul élément semblant neuf dans la salle de bain. Des cernes naissaient déjà sous ses yeux et elle avait du mal à sourire. Tout le monde la prenait pour une petite peste idiote mais en cet instant, elle n’était pas assez stupide pour offrir au monde un visage éclatant de bonne humeur.
Alors qu’elle se passait de l’eau sur le visage, elle entendit un bruit derrière elle. La porte n’ayant pas de verrou, elle s’était empressée de s’habiller mais ne doutait pas du talent de Odd pour trouver des blagues douteuses. Elle se retourna, prête à soupirer, avant de réaliser qu’elle n’avait pas entendu la porte s’ouvrir. William la regardait pourtant, d’un air froid et dur.

- Je sais tout, la prévint-il d’une voix lugubre.

Sissi ouvrit la bouche mais déjà, il s’avançait, la main levée. Dans un réflexe, elle ferma les yeux et s’agenouilla en hurlant, les bras au-dessus de la tête. Elle entendit quelqu’un monter l’escalier en trombe et ouvrir la porte à la volée.

- Sissi ! Qu’est-ce qui se passe ?

La jeune fille leva la tête. William la regardait à nouveau sauf que cette fois, il semblait fou d’inquiétude. Elle tourna les yeux mais ils étaient seuls dans la salle de bain.

- Sissi ?
- Désolée, j’ai cru que… j’ai cru que tu allais me taper.
- Qu’est-ce que tu racontes ? Je viens de monter.

Sissi ne comprenait pas. Elle avait vu William lever la main sur elle. Mais elle avait entendu la cavalcade dans les escaliers et la porte s’ouvrir. Il n’aurait pas pu faire l’aller-retour si vite.

- Pardon, je… j’ai dû rêver. J’ai passé une mauvaise nuit. Halloween, c’est vraiment pas mon truc.
- Tu as cru que je voulais te frapper ?

William avait l’air si choqué que Sissi faillit se mettre à pleurer. Ce n’était pas sa faute si elle se sentait chaque jour un peu plus rongée par la culpabilité. Il n’y était pour rien si elle n’avait pas le courage d’avouer qu’elle lui préférait Ulrich et qu’elle restait avec lui parce qu’au fond, il était sympa.

- Désolée, je suis encore remuée par le film.

William la dévisagea encore plusieurs secondes avant de hausser les épaules et de lui sourire.

- Je t’ai sauvé des croissants. Viens manger, ça te fera du bien.

***


- Je comprends pas, il répond pas. Je t’assure Milie, j’ai essayé de l’appeler trois fois tu es certaine que tu n’as pas eu de nouvelles ? Mais non, je te prends pas pour une idiote, je m’inquiète, c’est tout. Il m’a raccroché au nez hier et depuis je n’ai plus de nouvelles, je pensais qu’il était avec toi. Oui, tu as raison, ça doit être une blague pour Halloween. Mais on était censé le fêter ensemble, donc ça me surprend encore plus. Et personne ne décroche sur son fixe. En plus, il… D’accord, d’accord, j’arrête de m’inquiéter. Appelle-moi si tu as de ses nouvelles. Bye.
---------------------------------------------------------------------

Edit : suite à des remontées en coulisses, les chapitres seront sans doutes plus espacés [jamais contents les gens, on met un an à sortir un chapitre, c'est trop long, on en sort deux par jour, c'est trop court Razz]
Kiss love !

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Ven 19 Jan 2018 22:05; édité 1 fois
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Minho MessagePosté le: Jeu 21 Déc 2017 13:01   Sujet du message: Répondre en citant  
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Messages: 109
Hello hello, je viens donner mon petit avis en ce jeudi brumeux (en tout cas chez moi, éternel berceau du brouillard).

Déjà c'est un véritable plaisir d'avoir enfin l'opportunité de commenter un de tes textes sur le début, moi qui suis arrivé sur le tard je n'avais pas vraiment eu l'occasion de le faire avant aujourd'hui. L'un des premiers textes qui m'avait vraiment marqué positivement sur le forum, c'était Pas maintenant qui a vraiment beaucoup de qualités à mon sens. Je ne vais pas commencer à les énumérer ici car je suis là avant tout pour parler de Jeux d'enfants donc allons-y sans plus attendre. Vu que je ne suis pas en mode analyse rigoureuse aujourd'hui, ça sera plus un commentaire fun qu'autre chose mais c'est mieux que rien, n'est-ce pas ? Parlons d'abord du thème. Halloween, une soirée d'enfer, des cauchemars personnalisés, Sissi dans le groupe,... putain c'était sûr et certain que t'allais m'avoir rien qu'avec l'intro !

Ce que je remarque dès le début, c'est qu'il est facile d'accrocher directement au récit. Comme tu restes dans une ambiance assez proche de l'animé mais avec ta propre touche plus réaliste/descriptive/émotionnelle, l'immersion au sein de ton univers orangé (bon choix de couleur) est aisée et plaisante. Le risque, c'est de craindre le manque de surprises/rebondissements (déjà avec une fin connue de beaucoup dans ce cas). Mais bon, après ces deux chapitres, je me dis qu'il n'y a vraiment pas besoin de ça pour apprécier ce que tu nous proposes, même si une petite subtilité lors de la chute ne serait pas pour me déplaire. On ne va pas te demander de tout bouleverser non plus !


Chapitre 1 : Échauffement + Chapitre 2 : Hurlements

Personnellement, j'apprécie le Ulumi quand il est bien amené (ce qui est le cas ici) et je ne m'en cache pas. Je me réjouis d'ailleurs de lire les écrits de quelqu'un qui ne hait pas forcément les personnages qu'on nous pousse à détester et ça se ressent instantanément à la lecture en réalité. Alors que beaucoup ici oublient carrément Yumi (quand ce n'est pas Ulrich ou Aelita) sans doute parce qu'ils sont parfois moins aisés à manier sans tomber dans les clichés, tu t'en sors bien avec la tribu jaune et tu fais miroiter un changement de comportement de Stern qui ne peut que plaire à la majorité. Même si je me doute que tu n'as pas besoin de ça pour l'apprécier, sans guerrier efficace il n'y aurait tout simplement pas eu de CL sur le long terme Mr. Green

Passons au deuxième passage. Chez toi, on sent toujours une grande proximité entre Odd et Aelita. Quasi-charnelle dans certains cas, en espérant que les chatouilles n'étaient pas juste une métaphore pour autre chose... mais c'est sûrement moi qui part trop loin comme d'hab ! Quoiqu'avec Belpois à côté, vive l'ambiance \o/ J'ai l'impression que tu manies d'ailleurs ce dernier perso avec un peu moins d'aisance (je ne me fie pas juste sur ce passage évidemment), mais bon, c'est sûrement un ressenti très subjectif, comme le reste d'ailleurs. Bon point pour ta rénovation de l'Ermitage car contrairement à d'autres, tu expliques le comment du pourquoi et tu ne contentes pas de "la maison d'enfance d'Aelita était désormais comme neuve lol".

Passage trois... Sissi 😍 Wait... restons objectif... 394 error found :/ Hum, redevenons sérieux, il n'y a rien que je déteste plus qu'une Élisabeth Delmas mal utilisée. Bon ici, ça passe crème... est-ce l'effet William ? Tout d'abord, je valide les craintes de Sissi, pitié est-ce que ce cher Jean-Pierre peut débarquer à la soirée clandestine, ne fût-ce qu'une minute ? 🙏 T'as su garder sa superficialité (pas de "Sissi tro sympa désormé lol" comme on a pu le voir dans certaines fics). Tu as su aussi montrer son côté plus caché, tout en lui conservant son caractère solide et déterminé, bien qu'elle semble un poil plus souple qu'auparavant... encore l'effet William ? Logique aussi qu'elle soit encore dans un tel état devant Stern, je pense personnellement que c'est impossible d'oublier totalement un amour d'enfance, surtout lorsqu'il a duré aussi longtemps que dans leur cas. Sissi étant vraiment une (très) belle fille, elle aurait pu s'en faire des mecs depuis le premier "coup de foudre" pour Ulrich mais, s'il y a bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est qu'elle est restée fidèle à ses sentiments durant de longues années. J'ai d'ailleurs l'impression que, dans tous ces portraits de premier chapitre, c'est bien elle dont la situation est la plus à plaindre. Premièrement, ça ne doit pas être évident de s'acclimater à un groupe aussi soudé que les LG, sans compter qu'ils partagent tous un secret qu'elle n'a fait qu'effleurer tout le long. C'est pas avec elle qui doivent se taper sur les cuisses en se remémorant le bon vieux temps... Deuxièmement, elle n'est pas avec la bonne personne et quoi de plus horrible que de se mentir quotidiennement ? On dirait Odd qui essaie sans cesse avec les filles alors qu'on sait tous très bien qu'il va finir avec un mec Mr. Green

Scène IV.
Citation:
La japonaise sentit quelque chose s’agiter sous son nombril.


Un polichinelle ? Hiroki tonton, Aelita marraine et tout le bordel ?? Ah non, je me suis encore emballé trop vite o/
*Se remémore qu'ils sont tous mineurs*
Wait... ça n'empêche rien.
Plus sérieusement, ça m'aurait plu de voir la longue balade en forêt de Yumi, ça manque d'extérieur tout ça ! Sissi qui y met de la bonne volonté, la japonaise prête à conclure, Odd surexcité (ah ça c'est habituel), ... les ingrédients sont quand même tous réunis pour que cette belle ambiance vole en éclats. C'est d'ailleurs très louable d'avoir pris la peine de décrire en long et en large les situations de chacun avant l'arrivée à la soirée, ç'aurait été dommage de leur rentrer dans le lard sans intro préalable.
...
C'est l'heure des conneries, désolé Rolling Eyes

Citation:
Et si tu m’aidais à faire les pâtes ? proposa Aelita

Spoiler


Toutes mes félicitations Aelita, tu as débloqué le trophée esquive de sujet délicat !

Citation:
Oh non William, chuchota une ombre, trop bas pour être entendue. Nous n’avons même pas commencé.

Spoiler


Bon, je te déteste officiellement pour la scène de fin du chapitre 1 mais, en attendant plus d'infos, on va essayer de se contenir.

Citation:
Odd et Sissi ont disparu

Spoiler


Bravo, tu es officiellement responsable d'une nouvelle pathologie chez moi \o/
Assez logique le cauchemar d'Aelita quand on y regarde de plus près, j'avoue que tu m'as bien eu, je ne m'attendais pas à ce qu'un songe arrive aussi vite malgré l'avertissement. J'aime bien l'idée sous-jacente qui nous pousse à penser que c'est elle qui unifie le tout, ce qui est vrai car sans Aelita un tel groupe ne tiendrait pas sur le long terme si tu veux mon humble avis. Déjà, je doute que Jérémie reste éternellement avec des gamins dont le plus beau représentant est Odd et puis pas sûr que les LG se seraient montrés aussi accueillants envers William et Sissi si la fille de Hopper n'avait pas été là. En effet, c'est surtout elle qui équilibre le groupe, celle envers qui personne ne ressent d'inimitié et qui sait être sérieuse quand il le faut. La bonne amie, en somme. J'apprécie de la voir dépeinte de cette façon, comme une jeune femme qui assume, disons, assez bien son passé tout en profitant de sa situation actuelle néanmoins.

Cette tension lors de la scène du réveil de Yumi... Si avec ça tu n'harponnes pas les curieux, je ne sais pas ce qu'il leur faut !

Citation:
Ulrich eut une grimace de dégoût en regardant le chien déposer un corbeau mort aux pieds de Yumi.


Serait-ce une menace envers le nouvel auteur de la section ? 😱 Marrant la symbolique d'ailleurs, puisqu'on a souvent tendance à comparer l'aînée Ishiyama à un corbeau o/

Citation:
T’es qu’un jaloux, Odd, lança William. Parce que toi, la seule personne qui a envie de t’embrasser, c’est ton chien.

Spoiler


Sur cette touche poétique, je vais conclure. Ceux qui ressortent déjà vraiment dans ce récit, à mon sens, ce sont Odd, Yumi et Aelita. Du moins, c'est ceux pour qui je m'attache le plus facilement à la lecture. Tu maîtrises bien les vannes d'Odd, l'émotion d'Aelita, l'ambiguïté de Yumi. Très beau lancement de projet en tout cas, je suivrai ça de très près car c'est sans conteste le texte qui m'a le plus hypé dernièrement. Plus que n'importe quelle substance aussi, et ça, c'est assez rare pour être souligné.

Au plaisir de découvrir la suite, à très vite j'espère malgré ton édit !
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Ellana MessagePosté le: Jeu 21 Déc 2017 21:31   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

Alors, puisque j'ai un commentateur, je peux publier sans quémander un déblocage niark niark ! En plus, ça donnera quelque chose à faire à Dyssery demain midi ♥ C'est donc à elle et à Tugdual que ces chapitres sont dédiés XD

Bon par contre, j'ai conscience qu'effectivement, deux chapitres par jour, c'est peut-être un peu beaucoup. Je vais quand même en remettre deux ce soir. Deux autres sortiront (vraisemblablement) demain, parce que c'est à partir du 6 qu'on entre vraiment dans le vif du sujet (et que ce sera donc plus marrant de vous faire poireauter niark niark niark).

Merci pour ton passage, Minho, ça fait toujours plaisir (je suis encore morte de rire en fait, ce HOP LA ESQUIVE MON GARS a directement été rejoindre ma bibliothèque d'images ^^), même si ça met un peu la pression pour la suite ! Je n'ai jamais été très douée pour répondre aux commentaires alors je vais juste te dire que tu as déjà snipé deux points à venir Razz

A noter que les cauchemars que j'évoquais dans l'introduction ne sont pas les songes que pourront faire certains personnages (celui d'Aelita était d'ailleurs présent dans l'OS de base, ça n'aurait pas été drôle qu'il n'y ait que ça !). On en découvre plus dans les chapitres qui viennent et que je vous laisse découvrir Mr. Green

--------------------------------------------------------------------------------


Chapitre 3 : Dessine-moi un cauchemar


Les adolescents étaient assis en cercle autour d’une table basse fournie par Yumi. L’après-midi commençait paisiblement et Odd, après s’être une nouvelle fois vanté de sa rapidité sous la douche, avait sorti un jeu de société.

- « Paraplegik zombie 6, le jeu ». Tu plaisantes, là ?
- On ne critique pas avant d’avoir testé ! Ce jeu est juste trop mortel !
- Tu y as déjà joué ?
- Bah… non… Mais puisque ça a un lien avec Paraplegik zombie 6, c’est forcément trop mortel !
- Odd, on est pas un peu vieux pour ça ? demanda Jérémie avec un sourcil levé.
- Quoi ? Vieux ? Sous prétexte qu’on est maintenant tous au lycée, on devrait devenir des personnes matures et ne plus jouer qu’au Scrabble, c’est ça ? Le dieu des cancres m’en préserve !
- De toute façon, il ne nous lâchera pas tant qu’on n’aura pas fait une partie alors autant en finir tout de suite, suggéra Sissi.

Encore troublée par l’épisode de la salle de bain, elle n’avait qu’une envie : se changer les idées. Tant pis si elle n'avait qu'un jeu débile à se mettre sous la main.

- Sérieusement, vous avez décidé de me tuer aujourd’hui ! Je vais devoir remercier Sissi parce qu’elle est la seule à me soutenir quand mes amis me lâchent ? Oh, dieu des cancres, qu’ai-je fait ?
- Arrête ton cirque, Odd, et explique-nous comment ça fonctionne.

D’un geste théâtral, le blondinet ôta le couvercle de la boîte, dévoilant une cassette audio, six bandeaux de velours noir et un tas de cartes sur lesquelles étaient dessinés des morts-vivants.

- Très glamour, nota Yumi.
- Quel dommage, il n’y a que six joueurs ! Je laisse ma place.
- Tu crois vraiment t’en sortir comme ça, Einstein ? On va bien trouver un truc pour toi !
- Mon serre-tête !
- Super, merci Sissi…
- Allez, ne boude pas, ça peut être amusant, assura Aelita.

Son petit ami lui adressa un regard dubitatif mais garda le silence tandis que Odd se lançait dans la lecture de la règle du jeu.

- C’est un peu le même principe qu’un « Loup-garou » ou « Dracula », résuma-t-il. L’un de nous est un zombie et doit rallier le plus de joueurs possibles à sa cause. Pour cela, on va chacun tirer une carte qui nous dira si nous sommes le zombie. Puisqu’il n’y a que six cartes de départ, je propose qu’on nomme Einstein directement non-zombie parce que de toute façon, il va rougir ou paniquer s’il tire la carte zombie et il n’y aura pas de suspense.

Les autres acquiescèrent avec un sourire en coin et l’intéressé se renfrogna avant de marmonner :

- De toute façon, ça a rien à voir avec un Loup-Garou si le but du jeu est transformer les autres en zombies.
- Si t’es zombie, c’est que tu es mort, idiot !
- Chut, j’essaye de suivre les règles ! Bien, bien, une fois qu’on a tiré nos cartes de départ, on tire la première carte action et on suit les instructions. Le jeu se déroule dans le sens des aiguilles d’une montre, blablabla… Rien de plus simple !
- À quoi servent les bandeaux ? Et la cassette ?
- Les bandeaux sont à mettre quand on sort tous de la pièce.
- Génial, en plus, on va se bouffer les murs…
- Pour la cassette, il s’agit d’une, je cite, « ambiance musicale appropriée ». Trop cool ! Aelita, va chercher ton lecteur !

La jeune fille sortit de la pièce alors que Odd distribuait bandeaux et cartes de départ. Lorsqu’elle fut revenue, chacun regarda discrètement sa carte.

- C’est bon, tout le monde a retenu s’il était zombie ou non-zombie ?
- Tout le monde sait lire, donc je dirais oui, soupira Ulrich.
- Attends, intervint Aelita. Le but du zombie est de rallier le plus de joueur à sa cause, d’accord. Mais comment font les non-zombies pour gagner la partie ?

Odd replongea dans la règle du jeu.

- Si tu accomplis ce qu’il y a sur ta carte action, tu la conserves. Elle prouve ta bravoure et te permets éventuellement de te défendre contre une attaque du zombie, si tu es assez rapide pour la voir venir. Sinon, tu te transformes quand même en zombie. Si tu survis grâce à ton bonus, tu dois revenir dans la pièce centrale du jeu et discuter avec les autres joueurs afin de déterminer si la personne qui t’a attaquée est bien le zombie originel. Parce que les autres peuvent t’attaquer aussi mais les tuer ne tuera qu’eux alors que tuer le zombie originel tue tous les autres zombies. Bien sûr, les zombies ont le droit de faire croire qu’ils se sont fait attaquer pour tuer un joueur encore humain.
- C’est compliqué, soupira Sissi.
- Mais ça a l’air intéressant, reconnut Yumi. Qu’est-ce qu’il y a comme exemple de carte actions ?
- Dans la règle du jeu, ils citent « Si tu veux fermer l’œil ce soir, va vérifier qu’il n’y a pas de monstre sous ton lit ».
- Ce n’est pas trop difficile.
- Alors, c’est parti !

Odd plaça la cassette dans le lecteur et régla le volume au maximum avant d’appuyer sur « play ». Pendant quelques secondes, il n’y eut que le bruit grésillant d’un vinyle qui démarre. Puis, un hurlement de loup résonna dans la pièce comme si un véritable animal s’était trouvé parmi eux.
Aelita sentit son cœur s’accélérer, si vite qu’elle crut un instant qu’elle allait s’évanouir. Sa main attrapa celle de Jérémie qui lançait déjà à Odd :

- Tu peux mettre moins fort ? On va tous faire une crise cardiaque !

Avant que Odd n’ait touché au lecteur de cassette, le hurlement du loup s’estompa pour laisser place au sifflement d’un train, lui-même remplacé par le souffle haché d’une femme qui court, luttant pour sa vie, la mort aux trousses et…

- Aelita !

Aelita ouvrit les yeux sans avoir eu conscience de les fermer. Ses amis la regardaient avec inquiétude tandis que la cassette laissait échapper des croassements.

- Odd, on fait un autre jeu, ordonna Ulrich.
- Non, ça va, assura Aelita avec un léger sourire. C’est juste le loup qui m’a rendue nerveuse, ça va déjà mieux.
- OK, alors c’est parti ! s’empressa de lancer Odd avant qu’elle ne change d’avis. Je commence.
- Attendez, moi aussi j’ai ramené un jeu, intervint William en coupant la cassette.

Il alla chercher son sac et en tira une boite de la taille d’un grand bloc-notes.

- « Cauchemars », déchiffra Yumi. Super original comme titre pour Halloween. C’est quoi le principe ?
- Aucune idée, je n’y ai jamais joué.
- Décidément…

La japonaise attrapa la boite et lut les quelques lignes gravées au dos.

- « Cauchemars : un jeu de frissons où vous affronterez vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes. Chaque pièce se transforme en lieu d’effroi. Combattez vos angoisses pour gagner. »… D’accord, j’ai du mal à saisir le principe.
- Normal, faut lire la règle du jeu !
- Pourquoi on ne commence pas avec Paraplegik zombie 6 ? râla Odd.
- On va faire les deux en même temps. Tu n’as pas compris ? Chaque pièce est censée représenter un cauchemar et dans ton jeu, on est apparemment amener à se balader un peu partout. Cela rajoute du challenge si les pièces comportent des spécificités, non ?
- Il doit déjà y avoir des spécificités comme tu dis mais bon… Lis-nous les règles, on commence à installer celui-ci !

Yumi, qui n’avait pas lâché la boîte, l’ouvrit. Elle ne comportait qu’un manuel blanc avec marqué « Règles du jeu », un paquet de feuilles vierges et des crayons de couleur.

- « Cauchemars : un jeu de frissons où vous affronterez vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes. Chaque pièce se transforme en lieu d’effroi. Combattez vos angoisses pour gagner. »… Bon ça, on le savait déjà. « Préparation du jeu : tous les joueurs dessinent sur une feuille leur pire cauchemar. Ensuite, le maître du jeu indique sur une feuille à part les pièces concernées par les cauchemars. Il doit y avoir autant de cauchemars que de joueurs et autant de pièces que de cauchemars. Il ne sera toutefois pas précisé quelle pièce renferme quel cauchemar. » Mais alors comment on le sait ? Ce jeu est mal foutu !
- Dans notre cas, on s’en fiche : celui qui fait une action dans telle ou telle pièce en déclenche le cauchemar, proposa Odd.
- Oui mais si ce n’est pas le sien ?
- Il se déclenche mais n’a pas à être surmonté. À charge pour celui qui l’a trouvé d’avertir ou non les autres.
- C’est quand même super bizarre, intervint Jérémie. Imagine que mon pire cauchemar, ce soit les… les clowns, tiens ! Aucun clown ne sera dans la pièce en question. Comment je suis censé dans ce cas battre mon cauchemar ?

Odd et William se regardèrent, visiblement à court d’idées.

- Ce jeu est nul, conclut Yumi. On abandonne.
- Non ! On va quand même dessiner nos cauchemars et on verra au fur et à mesure de Paraplégik zombie 6 si on peut les incorporer. S’il vous plait, ça a l’air trop bien ! Et en plus, ça parle de fantasmes !
- Ok, Odd, calme-toi.
- Prem’s pour le beige ! lança Sissi en attrapant les crayons de couleur.

William s’empara du paquet de feuilles pour les distribuer.

- Éloignez-vous, qu’on ne voit pas les dessins des autres.

Le groupe hocha la tête et se dispersa dans la pièce.
Alors que Sissi changeait toutes les dix secondes de couleurs, Jérémie n’utilisa que du gris. Aelita se demanda ce qu’il avait bien pu dessiner. Qu’est-ce qui pouvait effrayer quelqu’un d’aussi pragmatique que Jérémie ? Quel monstre gris pouvait lui faire peur ? Sans doute une machine destructrice contre laquelle son cerveau ne lui servirait à rien.
Mâchouillant par réflexe son crayon brun, Aelita réalisa qu’à part l’arachnophobie de William et la peur du vide d’Ulrich, elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait terroriser ses amis. Peut-être l’ignoraient-ils aussi ? Peut-être n’avaient-ils pas envie d’y réfléchir trois ans pour un simple jeu. Elle-même ne chercha pas très loin, d’autant plus qu’elle n’était pas très douée en arts plastiques. Elle eut du mal à donner une forme reconnaissable au loup de ces cauchemars et attrapa le crayon jaune pour lui donner un regard doré qu’elle voulut froid et agressif. Se prenant finalement au jeu et bien décidée à transformer ses mauvais rêves en vulgaires traits de crayons, elle lui fit une langue pendante et des babines rouges.
À l’instar de Sissi, Yumi utilisa plusieurs couleurs alors qu’Ulrich râlait toutes les cinq secondes après William pour récupérer le noir.

- J’imagine qu’on a dessiné la même chose.
- Arrête d’être puéril. Et flûte ! râla William.

À force de frotter frénétiquement la pointe du crayon noir sur sa feuille, il l’avait percée.

- Bof, pas grave.
- C’est bon tout le monde a fini ? demanda Odd cinq minutes plus tard. Je ramasse les copies ! Ah, ça fait du bien de dire ça ! J’en deviendrais presque prof !
- Ne triche pas en regardant ce qu’on a dessiné, sinon tu ne joues pas, avertit Aelita avec un air faussement menaçant.
- Aucun risque princesse ! Hey, si on jouait déguisés ?
- Tu ne crois pas que tu exagères ? ronchonna Jérémie.
- Allez, ça va être drôle ! On vote ? La majorité l’emporte !

Ulrich et Aelita levèrent la main, suivis par Sissi et William.

- C’est bon, ça suffit ! se réjouit Odd.
- Désolée, Jérémie, mais j’étais d’accord aussi, acheva Yumi. Si tu nous trouves déjà trop vieux pour un jeu de société, tu ne voudras sûrement pas qu’on se balade en criant « Des bonbons ou un sort », alors autant les mettre maintenant.
- En plus, tu vas être content Jérémie, on t’a amené ton déguisement, ajouta Ulrich en adressant un clin d’œil à Odd.
- Quoi ? Mais… Mais ce n’était pas prévu.
- Surprise !

Alors que Jérémie se renfrognait davantage, William lança aux filles :

- Allez vous préparer pendant qu’on dessine le plan de la maison.
- OK.

William récupéra le crayon gris et traça deux rectangles sur une autre feuille.

- Euh, on n’a qu’une maison, signala Ulrich.
- Oui mais on va jouer sur le rez-de-chaussée et l’étage !
- Ah oui, pas bête.

William eut un sourire en coin. Il n’y avait plus de réelle animosité entre Ulrich et lui, pourtant, il continuait à sentir une pointe de satisfaction à chaque preuve qu’il lui était supérieur.

- Alors, au rez-de-chaussée, on garde la cuisine, la chambre d’amis et la salle à manger, énuméra Odd. À l’étage, on a la chambre d’Aelita, celle de ses parents, le salon de mixage et le bureau de Franz Hopper. Sept pièces, on est bon, même pas besoin d’utiliser les toilettes ! On est d’un chic, j’aime !
- Tant mieux, se moqua William en découpant grossièrement les rectangles en rectangles plus petit et en indiquant la dénomination des pièces. Donc on est d’accord, on ne note pas les noms des personnes ?
- « Il ne sera toutefois pas précisé quelle pièce renferme quel cauchemar », relut Ulrich.
- Parfait, je commence à mettre une feuille par pièce au rez-de-chaussée, je ferai le reste quand on montera se changer. Arrête de faire la tronche, Jérémie, je t’assure que ton déguisement est top, tu verras !

***


- Tu es superbe.

Yumi rougit. Aelita avait fait les choses vite et bien. Plutôt que de l’affubler d’un dentier ridicule, elle avait dessiné deux canines au crayon blanc sur sa lèvre inférieure, puis l’avait aidée à ajuster son faux col montant et à laquer ses cheveux avant de vérifier que ses bijoux cliquetaient à souhait. Pour finir, elle avait souligné ses yeux de noir et recouvert ses paupières de différents rouges.
Grâce à elle, Yumi se sentait belle.
Plutôt désirable même.

- Si avec ça, tu n’arrives pas à mettre les choses au clair avec Ulrich, se moqua Aelita comme si elle avait lu dans ses pensées.

Yumi s’empourpra.

- Arrête, j’espère qu’il n’a pas besoin de ça pour me regarder.

Occupée à boucler ses chaussures, Sissi regarda la japonaise avec un pincement au cœur. Elle ne la trouvait pas particulièrement jolie, personne ne pourrait rien pour ses traits trop lisses, mais elle devait reconnaître qu’elle avait de la classe. Un charme à la fois sensuel et sage l’auréolait. Sans doute le genre de charme qui faisait craquer Ulrich.
Elle se leva et alla jeter un œil à son reflet. Pour le côté sensuel, elle était servie mais en ce qui concernait le côté sage… Son déguisement de diablesse ne donnait pas franchement le ton. Quant à Aelita, elle avait opté pour un banal déguisement de sorcière qui avait au moins le mérite de trancher avec son style habituel.

- Alors, avec Ulrich, ce n’est toujours pas réglé ? demanda Sissi d’un ton qui se voulait neutre.
- Bah… C'est-à-dire que…
- Je vois.

Le silence retomba sur la salle de bain. Sissi aurait aimé insister mais elle finirait fatalement par dévoiler ses sentiments si elle continuait à discuter d’Ulrich. Aussi préféra-t-elle changé de sujet.

- De quoi parlaient Ulrich et Odd pour le déguisement de Jérémie ? Vous êtes au courant ?
- Oh, c’est une vieille blague entre eux, répondit Yumi, encore plus mal à l’aise. On ne sait pas exactement à quand ça remonte, ce sont des histoires de garçons.

Elle ne pouvait pas avouer à Sissi qu’Ulrich et Odd s’étaient débrouillés pour retrouver un costume d’elfe semblable, selon eux, à l’avatar de Jérémie sur Lyoko. Par chance, la jeune fille ne fit pas preuve de plus de curiosité. Imitant Aelita, elle laissa ses vêtements dans la pièce alors que Yumi reprenait son sac.
Elles descendirent rejoindre les garçons vautrés sur le canapé.

- Pas trop tôt ! s’exclama Odd. On va faire plus vite que ça, sinon, on ne commencera jamais à jouer ! Ne sortez pas de cette pièce, j’ai déjà mis les feuilles ! Ne regardez pas non plus celle qui est sur la bibliothèque, je vais mettre les autres à l’étage !

Il fila vers l’escalier, Kiwi sur les talons et son sac sous le bras. Aelita eut l’impression de voir les élèves de Battle Royal détaler un par un hors de leur classe au début de leur captivité. Cela la mit mal à l’aise. Pourquoi avait-elle des pensées aussi sombres ?

- Bon, Ulrich, tu as mon costume ? soupira Jérémie, résigné.
- Quoi ? Euh… Oui, oui.

Difficile de dire qui de Ulrich ou de Yumi était le plus écarlate. William ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel avant de glisser à l’oreille de Sissi un « Tu es ravissante » qui lui tira un demi-sourire. Ce n’était pas de lui qu’elle espérait des compliments.

- C’est quoi votre cauchemar ? demanda-t-elle alors qu’elles étaient assises toutes les trois sur le canapé.
- Si on triche en te le disant, Odd va nous faire un caca nerveux.
- De toute façon, je ne vois pas à quoi vont nous servir ces bouts de papier. Comme disait Jérémie, ce qu’on a dessiné ne va pas se matérialiser comme par magie dans la pièce où on l’a mis !
- J’imagine que c’est plus un jeu pour discuter, avança Aelita. Cette histoire d’affronter ces peurs et ces fantasmes, ça ressemble limite plus à un « Action, chiche ou vérité » qu’à un jeu de société. Tu décris ton cauchemar, d’où il te vient, à quoi il est lié, comment tu pourrais t’en débarrasser ou le transformer en quelque chose de moins effrayant.
- C’est plus un « Vérité » qu’un « Action, chiche ou vérité » dans ce cas.
- Et puis, c’est glauque de parler de ses cauchemars, il y a quand même mieux pour mettre une bonne ambiance, nota Yumi.
- Je ne te le fais pas dire. Mais bon, disons que c’est une ambiance Halloween.
- Bande de chochottes, c’est pas croyable !

Les filles se retournèrent vers Odd. Son déguisement de zombie était plus que réussi. Outre ses vêtements sales et déchirés, un bout de cervelle pendouillait sur sa tempe.

- Appétissant, grimaça Yumi.
- Aidez-moi à mettre les bougies !
- Odd, on fait un jeu de société, pas du vaudou.
- Et alors ? C’est Halloween ou c’est pas Halloween ?

Aelita leva les yeux au ciel mais aida quand même Odd à disposer des bougies un peu partout dans la pièce pendant que Yumi et Sissi tiraient les rideaux. Jérémie fut le second à descendre, visiblement de mauvaise humeur. Il y avait de quoi. Vêtu de vert des pieds à la tête, serré dans un collant et un t-shirt moulant, affublé de babouches pointues et d’une jupette, il était ridicule.

- Sympa le bonnet, pouffa Sissi. Super seyant la petite plume.
- Je ne vois pas en quoi ça fait Halloween, ronchonna le garçon.
- Moi, ça me fait peur ! se moqua à son tour Yumi.

Seule Aelita eut un sourire compatissant.

- Bon, ils se dépêchent les autres ? s’impatienta Odd.
- Peut-être qu’ils sont en train de se battre.
- Pour qui vous nous prenez, soupira Ulrich en entrant dans la pièce. William m’aidait avec mon « maquillage ».

Yumi rougit en constatant qu’il était également déguisé en vampire. Très élégant dans une redingote qu’il avait dû emprunter à son grand-père, il avait couvert son visage de poudre blanche lui donnant un air blafard, souligné par les faux cernes dessinés sous ses yeux. Quant à William, il avait mis un masque de loup-garou sous lequel il devait mourir de chaud, ainsi que des gants imitant des pattes griffues.

- Je vous préviens, je tiendrai pas une demi-heure là-dessous !
- Dans une demi-heure, j’aurai gagné de toute façon ! assura Odd plein d’enthousiaste. Allez, tout le monde autour de la petite table.

Aelita sourit. Assis à même le tapis avec leurs déguisements, ils devaient avoir une drôle d’allure.

- Je commence ! s’exclama Odd.

Il relança la cassette et attrapa la première carte.


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Chapitre 4 : Des bruits


- « Les loups rôdent dehors. Va vérifier que chaque porte est verrouillée ». Trop simple !

Le blondinet sauta de son fauteuil et quitta la pièce, Kiwi sur les talons. Les hurlements de loups s’élevèrent à nouveau de la cassette.

- Aelita, tu es certaine que ça va ?
- Oui, oui, Jérémie. Je suis sûre qu’on va s’amuser. Et puis, Odd a bien besoin de se divertir un peu, il doit se sentir seul avec tous ces couples autour de lui.
- Ouais, seul contre trois fois deux, le pauvre, compatit William.
- Euh… Deux fois deux, rectifia Ulrich sans conviction alors que Yumi rougissait. Nous, c’est copains et c’est tout.
- Ah oui, j’avais oublié.

Sissi sentit son cœur se serrer. Ils étaient si peu crédibles.
Le silence s’installa jusqu’à ce que Odd revienne dans la salle à manger, une main sur la tempe comme un soldat au garde-à-vous.

- Porte d’entrée verrouillée, porte de la cuisine verrouillée ! Les loups n’entreront pas ce soir, M’dame ! Je garde donc ma carte pour fumer le malheureux zombie qui essayera de m’attaquer.
- Génial. À mon tour !

Sissi prit la seconde carte de la pile.

- « Même s’il vaut parfois mieux être seul que mal accompagné, choisis un camarade qui viendra avec toi lors de ta première sortie ».
- Ce jeu est d’un réalisme ! se moqua William en ôtant son masque, sans remarquer que Sissi était loin d’avoir envie de rire.

La jeune fille avait un peu pâli. Pourquoi fallait-il que cette carte tombe sur elle ? Odd avait-il fait exprès de la glisser sur le haut du tas ? Non c’était stupide, il ne pouvait pas savoir. Personne ne savait, personne n’avait de soupçon, tout le monde la pensait follement éprise de William…

- Alors, Sissi, qui tu choisis ?

Comme si j’avais le choix.

- William.

Le jeune homme lui adressa un clin d’œil avant de tirer une carte à son tour.

- « Quelqu’un frappe à la porte. Si tu l’oses, va ouvrir ! Si tu te défiles, quitte la pièce et va te cacher comme le couard que tu es jusqu’à ce que résonne le tonnerre ! ». Ton jeu est naze, Odd. Tu viens de verrouiller les portes, je ne vais pas aller en ouvrir une !
- Alors va te cacher comme le couard que tu es ! rétorqua l’intéressé en tirant la langue.

William haussa les épaules et se leva.
Au même moment, quelqu’un frappa à la porte.
Cette fois, Aelita ne fut pas la seule à sentir son cœur accélérer. Les adolescents se regardèrent et même Odd ne trouva rien à dire. Finalement, William haussa à nouveau les épaules.

- Juste une coïncidence.

Le jeune homme sortit de la salle à manger et Aelita se surprit à attendre, la gorge nouée. En admettant que ce n’était en effet qu’une simple coïncidence, qui pouvait venir jusqu’ici ? Pourquoi ?
Et en admettant que ce ne soit pas une coïncidence, dans quel jeu venaient-ils de s’embarquer ?
Il sembla soudain à Aelita que son ouïe dominait ses autres sens, à un tel point qu’elle ne voyait plus ce qu’il y avait devant elle mais ce que ses oreilles percevaient. Elle avait l’impression d’être avec William lorsqu’il tourna la clé dans la serrure. Elle eut presque envie de reculer en entendant la porte grincer et le silence qui suivit lui donna le sentiment que son univers n’était plus désormais qu’un jardin vide.

- Alors ? demanda inutilement Yumi lorsque William revint s’asseoir.
- Personne.
- Sans doute des enfants qui venaient réclamer des bonbons et qui sont partis en pensant que la maison était vide, tenta de relativiser Odd.

Mais tous se regardaient désormais avec la même question dans les yeux.
Que se passait-il ?

- Tu as verrouillé derrière toi ?
- Évidemment. J’ai hâte de voir quelle sera la prochaine carte ! s’exclama William d’une voix faussement enjouée. Trop facile ce jeu, à ce rythme-là, le zombie ne pourra atteindre aucun d’entre nous ! À toi, Jérémie.
- Vous ne voulez pas qu’on change de jeu ? intervint Yumi. Je ne le sens vraiment pas, celui-là.
- Arrête, on ne va pas paniquer pour quelques coups sur une porte ! râla Sissi, plus pour la contredire que par réelle confiance. Allez, Jérémie, tire une carte.

Aelita se pinça les lèvres alors que Jérémie tendait une main hésitante vers la pile. Avant qu’il ait pu s’emparer d’une carte, un coup de tonnerre résonna dans la pièce.

- Bordel, c’était quoi ? s’inquiéta Ulrich.
- Relax, c’est la cassette, expliqua Odd en reprenant la règle du jeu. À chaque coup de tonnerre, on doit changer de pièce, sachant qu’il faut alterner avec la principale et les autres. En gros, là, on sort tous les yeux bandés. Le zombie a pour mission de contaminer les humains et au prochain coup de tonnerre, on revient tous dans la pièce principale. Les nouveaux zombies sont alors les premiers à tirer une carte et on reste jusqu’à ce que le coup de tonnerre suivant retentisse. Ensuite, les nouveaux zombies peuvent aider le zombie à contaminer, jusqu’à ce qu’ils tirent des cartes antidotes ou qu’il n’y ait plus d’humains.
- Si les nouveaux zombies sont les premiers à tirer, on finira forcément par savoir qui est le zombie originel, souligna Jérémie.
- Il est vraiment mal foutu ce jeu.
- En même temps, un jeu inspiré de Paraplegik zombie ne pouvait pas être génialissime.
- Vous avez fini de râler ? Maintenant, ça ne sert à rien de sortir de la pièce, on a perdu trop de temps. Tire ta carte, Jérémie !
- Mais le cauchemar de cette pièce ? On ne le regarde pas ?
- Techniquement, on n’est pas rentré dans la pièce donc on n’a pas à le regarder. Si on est tous ensemble en plus, ça ne sert à rien.
- Si tu commences à changer les règles, Odd, on n’est pas sortis.

Malgré sa suspicion croissante, Jérémie attrapa une carte.

- « Le ciel s’est obscurci, l’orage approche. Le prochain coup de tonnerre est maintenant ». On la met de côté.
- Mais pourquoi ? Grâce à cette carte, on peut changer de pièce et aller voir un cauchemar tout de suite !
- On la met de côté. Cette histoire de tonnerre ne m’inspire pas.
- Vous permettez que je vérifie quelque chose ? les interrompit Yumi.

Sans attendre de réponse, elle se leva et s’approcha de la fenêtre la plus proche. Les regards la suivirent lorsqu’elle tira le rideau. Dehors, le ciel avait pris une couleur noir, comme si la nuit était déjà tombée.

- C’est quoi ce délire ?
- Éclipse solaire ?
- Arrête tes bêtises, Odd, gronda Yumi en allant allumer la lampe. Où as-tu trouvé ce jeu ?
- Je l’ai acheté dans un magasin tout ce qu’il y a de plus banal, promis. Entre un Monopoly et un Taboo !
- C’est quand même bizarre qu’on connaisse tous le Monopoly et le Taboo et qu’on n’ait jamais entendu parler de ce jeu !
- Je ne suis pas convaincue non plus… Mieux vaut arrêter.
- Moi, ça me fait penser à Jumanji, fit remarquer William. Si c’est le même principe, les effets ne cesseront que quand l’un de nous aura gagné.
- Vous partez dans du gros délire, les mecs ! assura Odd, vexé qu’on ne prenne pas son jeu plus à la légère.
- Pour une fois, je suis d’accord avec lui, vous devenez parano, soupira Sissi. On ne va pas se mettre à plonger dans le paranormal pour un coup frappé à la porte et de gros nuages. Au suivant, qu’on en finisse.

Aelita jeta un regard hésitant à Jérémie qui haussa les épaules. Elle prit une carte et lut.

- « Les rats courent à l’étage. Va les chasser ». Morte de rire. C’est vraiment un jeu pou…

La voix d’Aelita fut couverte par une série de grattements provenant du plafond.
Sissi glapit et Ulrich se leva d’un bond.

- On arrête tout ! Il y a quelque chose de pas normal.
- OK, là, j’avoue que ça craint, concéda Odd. On va tous voir ce qui se passe, je ne le sens plus non plus !

Les adolescents se levèrent. Si Ulrich et William semblaient plus surpris qu’effrayés, Sissi et Aelita étaient livides. Odd prit la tête du groupe, Kiwi toujours sur les talons tandis que Jérémie fermait la marche.

- On est d’accord que la pièce au-dessus de la salle à manger, c’est ce qu’on a baptisé l’ancienne chambre de Franz Hopper ?
- C’est qui Franz Hopper ? demanda Sissi.

Sa voix fut couverte par celle de William.

- Brillante remarque, Odd. Tu commencerais pas à flipper ?

Vexé, Odd ouvrit la porte en grand. La pièce était sombre mais plongée dans un silence laissant présager que rien d’anormal ne s’y trouvait.
Ils attendirent deux minutes afin de s’assurer que plus aucun grattement ne se faisait entendre, sans oser entrer. Une fois ce délai passé, Odd referma la porte avec un sourire.

- Vous voyez ? Il ne faut pas devenir parano ! Je vous rappelle que dans cette pièce, il y a un cauchemar et que quelqu’un va certainement devoir s’y rendre seul à un moment !
- Pourquoi ?
- Je crois qu’il y a une carte qui dit que pour tester son courage, on doit rester seul dans une pièce jusqu’au prochain coup de tonnerre. Il y en a peut-être plusieurs du même genre.
- C’est quand même bizarre, murmura Aelita alors qu’ils redescendaient l’escalier.
- À qui le dis-tu ! s’exclama Jérémie. Jamais vu un jeu aussi naze.
- Je parlais des bruits.
- Je n’aime pas ça non plus mais il faut avouer qu’on entend souvent des bruits étranges dans les vieilles maisons. Il n’y a pas de quoi paniquer. Si ça se trouve, Odd a passé la nuit à nous préparer des trucs et il sera fier comme un pape ce soir en nous révélant toutes ses astuces pour nous faire flipper.

Aelita tourna la tête pour lui sourire, ce qui l’empêcha de remarquer que les autres s’étaient arrêtés devant l’entrée du salon. Elle heurta William qui ne réagit pas.

- Qu’est-ce qui vous arrive ? demanda Sissi, la seule à être assise à nouveau sur le tapis.

Un silence de plomb suivit sa question et Aelita comprit rapidement pourquoi.
Le signe de XANA était tracé sur la table.

***


Sissi ne savait pas quoi dire. Il avait fallu près de cinq minutes à ses amis pour revenir à la réalité. Tous étaient restés figés face au dessin sur la table sans qu’elle en comprenne la raison. Puis, devant ses questions répétées, ils avaient fini par lui raconter à tour de rôle une histoire à dormir debout. Du moins l’aurait-elle considérée comme telle s’ils n’avaient pas tous eu l’air si grave.

- Alors, si je comprends bien… Ce dessin bizarroïde est le symbole d’un programme informatique maléfique que vous avez combattu pendant des années et que vous avez détruit il y a quelques mois ?

La simplicité du résumé fit sourire les anciens Lyoko-guerriers, assis autour de la table basse.

- En gros, c’est ça.
- Donc il n’y a rien à craindre : vous avez détruit XANA.
- Oui, a priori, consentit Jérémie, mais...
- De toute façon, les programmes informatiques n’ont pas de solidité, ils ne peuvent pas dessiner.

Jérémie fracassa ses espoirs en rétorquant d’une voix sombre :

- XANA peut créer des spectres tout à fait aptes à interagir avec notre environnement. J’avoue qu’il ne nous a encore jamais laissé de mots doux mais il doit certainement en être capable.
- Ce qui expliquerait les coups à la porte et les pattes de rat, conclut Aelita.
- Pour les coups à la porte, oui. Les pattes de rat… je suis moins sûr mais ce n’est pas à exclure.

Sissi repensa au William qui avait voulu la frapper dans la salle de bain. En admettant qu’elle suive ses amis dans leur délire paranoïaque, pourquoi un « spectre » comme l’appelait Jérémie aurait voulu s’en prendre à elle ? Elle ignorait tout de Lyoko, n’avait rien à voir avec toutes ces histoires ! Pourquoi avait-elle accepté ce foutu week-end ?

- Vous ne trouvez pas qu’on s’emballe ? intervint Ulrich. C’est vrai, on devient juste un peu nerveux à cause du jeu de Odd, c’est tout.
- On était tous à l’étage quand le symbole a été dessiné, rappela Jérémie. Comment t’expliques ça ?

Ulrich ne sut quoi répondre et ce fut Sissi qui vint le soutenir, déterminée à se convaincre qu’elle ne risquait rien.

- Les portes sont toutes verrouillées, par où ce spectre aurait pu entrer ?
- À mon avis, si XANA peut créer un spectre, il peut l’envoyer n’importe où.

Le silence s’établit avant que Sissi ne l’éclate d’un petit rire nerveux.

- Génial. Joyeux Halloween à vous aussi ! OK, vous avez réussi à me faire flipper bien comme il faut, j’ai vraiment eu très peur, mais maintenant, je pense qu’on peut arrêter la comédie !

Personne ne réagit.

- Si un spectre a été créé, une tour est forcément activée sur Lyoko, conclut sombrement Aelita. Il va falloir qu’on aille à l’usine.

Un ricanement résonna dans la pièce, si violent et si cruel que Sissi poussa un petit cri avant de se serrer contre William.

- Encore faut-il que vous puissiez sortir d’ici, mes agneaux, fit remarquer une voix caverneuse. Pourquoi on ne continuerait pas plutôt à jouer ? Je m’amuse comme un petit fou, moi.

Kiwi aboya avec fureur. Ce fut le seul capable d’avoir une réaction.

- Le système de sécurité, balbutia Jérémie. XANA a pris le contrôle du système de sécurité.
- Et des haut-parleurs, visiblement. Vous croyez qu’il va nous faire un petit mix ? plaisanta Odd malgré son teint plus pâle que d’ordinaire.

Dans un même réflexe, Yumi et Ulrich bondirent vers la porte d’entrée. Ils essayèrent de l’ouvrir à l’aide de la clé comme à l’aide de leurs coups mais rien n’y fit. Au contraire, un champ magnétique se dressa devant eux, les obligeant à reculer. La même protection apparut subitement autour des fenêtres, tandis que la voix caverneuse ajoutait :

- À vous de trouver le zombie. Bon jeu. Et n’oubliez pas : Cauchemars, un jeu de frissons où vous affronterez vos peurs les plus intimes et vos pires fantasmes. Chaque pièce se transforme en lieu d’effroi. Combattez vos angoisses pour gagner !
- T’y crois pas ! XANA fait de l’humour ?
- Il a un humour encore plus pourri que le tien dans ce cas-là.

Aelita et Jérémie échangèrent un regard, conscient qu’ils partageaient les mêmes pensées.
Si XANA se permettait d’être si sûr de lui, ce n’était pas sans raison.

- On ne peut pas sortir de la maison, commença Jérémie alors que Yumi et Ulrich revenaient s’asseoir.
- Et sans sortir, on ne désactivera pas la tour…
- … ce qui fait qu’on a aucun moyen de vaincre le spectre…
- … et qu’il va forcément nous avoir.

Sissi laissa de nouveau échapper un gloussement nerveux.

- Vous n’avez rien de plus optimiste ?
- Elle a raison, approuva Ulrich. Il doit bien y avoir un moyen de se débarrasser du spectre sans désactiver la tour.
- Depuis le temps que XANA essaye d’avoir notre peau, tu crois vraiment qu’il va nous laisser une chance ? railla Yumi. C’est pas toi qui as failli te faire exploser par un satellite militaire !
- Pardon ? balbutia Sissi.
- En tout cas, il est hors de question que je reste ici sans me battre, insista Ulrich.
- Einstein, il y a un moyen de franchir les champs magnétiques ?
- Hum… Ils sont certainement construits autour d’un courant électrique. Peut-être qu’en coupant le générateur…
- On essaye ! coupa Ulrich.
- Quoi ?
- Au cas où tu n’aurais pas remarqué, sans électricité, on ne voit plus rien, signala Yumi. Tu veux nous plonger dans le noir ? Bravo, brillante idée.
- Tu as mieux ?
- Oui. On sort nos portables et on appelle les pompiers.
- Pas de réseau, avertit Sissi après vérification. Je suis persuadée que j'en avais encore tout à l'heure. Qu’est-ce que c’est que ce cirque ? C’est vraiment nul comme blague !
- Super, il manquait plus que ça !
- Sissi, ne pète pas les plombs maintenant, s’il te plait !
- J’ai une lampe-torche dans ma chambre, je vais la chercher et je t’accompagne au sous-sol, Jérémie, annonça Aelita avant que le chaos ne s’installe.
- Je viens aussi, lança Odd.
- OK, les autres vous restez là. Si les champs magnétiques disparaissent, sortez tout de suite. XANA trouvera sans doute une riposte rapidement, autant ne pas prendre risque. Filez à l’usine et allez désactiver la tour.
- Euh… Einstein, on aura besoin d’Aelita alors ?
- Effectivement. Désolée, Aelita, mais tu vas devoir rester dans le hall.
- T’inquiète, je te remplace, proposa Sissi dans un élan de courage qui surprit tout le monde. Après tout, je ne sais même pas ce que c’est, Lyoko, je ne servirai à rien.

Jérémie hésita avant de hocher la tête.

- On fait comme ça.

Aelita hocha la tête et monta l’escalier, accompagnée de Odd et Yumi. Tous leurs sens en alerte, ils s’attendaient à être attaqués d’une seconde à l’autre mais atteignirent sans encombre la chambre d’Aelita. La jeune fille jeta un bref coup d’œil à sa fenêtre le temps de constater qu’elle aussi était inaccessible. Puis, elle s’empara de la lampe-torche fourrée dans un sac de sport et la tendit à Odd.

- Soyez prudents.
- On va essayer.
- J’avoue qu’éteindre le courant ne me semble pas la meilleure des idées mais bon…
- Me dis pas que t’as peur du noir, Yumi ! Ce serait un comble pour toi !
- Disons que dans des situations comme ça, je préfère voir clair.

Les trois adolescents retrouvèrent leurs amis. Comme il fallait s’y attendre, Jérémie se contenta de conseiller à Aelita de ne pas prendre de risque.
Tous sortirent du salon et alors que Sissi, Odd et Jérémie descendaient vers le sous-sol, les autres se tinrent prêts à ouvrir la porte. Plus vite qu’ils ne l’avaient espéré, la maison se retrouva plongée dans le noir.
Une obscurité seulement illuminée par la lueur narquoise des champs magnétiques.

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥


Dernière édition par Ellana le Sam 13 Jan 2018 23:00; édité 1 fois
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Dyssery MessagePosté le: Ven 22 Déc 2017 14:02   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Ce texte-là va apparemment paraître rapidement, alors il faut le commenter rapidement aussi ! Et puis, ça mérite des cadeaux, une fic de No... d'Hallo... de… Hum. Oui, bon, j'avoue, ça me perturbe de lire une fic d'Halloween à Noël, même si j'étais prévenue x)

Bien, ça c'est fait, qu'avons nous à dire sur ce début de texte.
Tu joues avec nous, Ellana. Tu joues avec nous d'une façon affreusement déloyale. Tous ces pièges que tu nous tends… Franchement, Aelita qui pleure, c'était une sacrée surprise de finalement découvrir que c'était de rire ! Tu m'as eu en beauté, pourtant je connais définitivement cette situation moi-même ! Entre ça, les coups frappés sur la fenêtre quand Yumi se lève, qui ne sont finalement que la pluie, et le cri qu'elle pousse alors qu'on angoisse tous de savoir ce qui s'est exactement passé la nuit, pour finalement voir Kiwi se ramener avec un corbeau mort dans la gueule, tu dois bien t'amuser, à nous faire tourner ainsi en bourrique !

Reprenons tout de même les choses dans l'ordre. Ce n'est pas seulement avec nous que tu joues, mais aussi avec les clichés des films d'horreur. Quoi de mieux pour démarrer un récit d'angoisse qu'une bande d'amis seuls dans une maison perdue au milieu de la forêt alors que tout le monde ignore où ils se trouvent réellement ?
Indépendamment de l'ambiance, j'ai beaucoup aimé la situation que tu poses, si désespérément cynique. La description de la remise en état de l'Ermitage a quelque chose d'étrangement satisfaisant, d'autant que tu mets en avant les détails qu'il faut pour rendre tout ça crédible. Et dire que le foyer d'enfance d'Aelita renaît à peine de ses cendres et qu'il va déjà devenir le tombeau de sa propriétaire… De même, pour les LG, tout s'améliore. De meilleurs résultats en classe, des amitiés solides, des relations concrétisées, jusqu'à Ulrich et Yumi qui semblent enfin dans un état d'esprit correct pour faire bouger les choses entre eux ! Je sais que j'ai la réputation de détester le Ulumi, mais c'est faux ! Je l'aimais, moi ! Dans la saison 1 ! Quand il était bien mené, intriguant, et qu'on avait l'espoir de le voir avancer ! Mais ce n'est pas le sujet, et combler tous tes personnages de la sorte pour ensuite les tuer de sang-froid… Quelle cruauté.
Je reviens juste sur le William/Sissi avant d'enchaîner. Dans l'absolu, j'aime bien l'idée de ce couple, et je trouve que tu le manies très bien ici. Cependant, si les réactions de Sissi sont géniales de bout en bout (sérieusement, j'adore ce que tu fais avec elle), je me sens un peu frustrée de ne pas en savoir un peu plus sur la façon dont William s'est intéressé à elle. Je sais bien qu'ils ont eu une discussion mignonne à la piscine, mais son coup de coeur me donne quand même l'impression de sortir un peu du chapeau. Ceci dit, spoil de mon propre commentaire, c'est l'unique chose que je reproche à cette histoire jusque-là, alors inutile de s'attarder dessus.

Pour conclure sur le chapitre un, j'ajouterai simplement que le « plus grand sourire » préparé par Hiroki lorsqu'il croit que Yumi est revenue m'a brisé le coeur.

Et le chapitre deux démarre, parce que quitte à écrire un truc sur Halloween pour Noël, tu nous fais au moins le cadeau d'une publication rapide <3

J'ai bien aimé le rêve d'Aelita. Somme toute statique, malgré la course, et tout en sentiments, il plonge dans l'angoisse d'une belle façon. Mais se réveille-t-on véritable d'un cauchemar comme celui-là en hurlant ? (Je ne me suis jamais réveillée en hurlant, à vrai dire, mais mes quelques rares cauchemars sont plus en angoisse sourde, justement).
Découvrir qu'elle était allée dormir seule à cause des ronflements d'Odd m'a bien fait rire. Tu sais, mes deux parents ronflent comme des camionneurs, mais ce n'est rien comparé à une certaine personne que nous connaissons toutes les deux. Je ne sais pas comment tu fais. La dernière fois que j'ai dû dormir dans la même chambre que mes parents, je me suis résignée au milieu de la nuit à aller m'installer dans la baignoire.

J'ai déjà parlé de la scène de Kiwi, qui était une fourberie comme je les aime <3 Mais je pense que tu aurais pu trouver encore plus ridicule qu'un bol Mr. Green Genre… Une pelle à tarte ? Une banane ? Mr. Green
D'ailleurs, le corbeau, il serait pas plus grand que Kiwi ?
Ensuite, cet oiseau renferme-t-il une symbolique ? Corbeau est le surnom de Yumi, sera-t-elle la première à mourir ? D'autant plus que c'est à elle qu'on l'apporte. D'après Dame Séli, le corbeau mort est un présage de la peste et qui dit peste dit quarantaine, les LG vont rester coincés dans la maison pendant quarante jours et quarante nuits. Hum, non, c'était leur dernière nuit. Un maître chanteur, alors. Qui connaît tous leurs sombres secrets et va les monter les uns contre les autres. Ou alors… Oui, bon, j'arrête, je lis la suite, d'accord Razz
N'empêche, Ulrich qui shoot dans l'oiseau, beurk…

La scène de clôture de chapitre est assez triste, en revanche. En fait, le personnage de Sissi est toujours plus triste à chacune de ses apparitions :/ D'autant que William a dû se sentir profondément blessé qu'elle puisse l'imaginer la frapper. Cela dit, j'ai aimé l'empathie que tu lui as attribué en ne le faisant pas s'attarder sur cet aspect des choses.

En résumé, un très bon duo de chapitres qui pose parfaitement bien la situation, dans une légèreté et un naturel qui rendent l'attente de la suite encore plus oppressante !

Et je pensais poster ça hier soir, mais j'ai oublié de copier le fichier que j'avais commencé à rédiger pendant ma pause déjeuner, alors puisque la suite est sortie et qu'il me reste vingt-trois minutes ce midi, enchaînons.

Déjà, merci, t'es trop mignonne <3 Et Tuuuuuug Crying or Very sad
Je ne sais pas si j'aurais trop l'occasion de lire ce weekend, vu que je rentre pour Noël et serait donc SPF (sans PC fixe), mais je m'empresserai de rattraper tout ce que j'aurai potentiellement manqué !

J'adore tous les clins d'oeil à la série que tu égrènes dans ce texte. Déjà, l'estomac fragile de Kiwi a éveillé ma nostalgie, et là, Paraplegik Zombie 6… Ton Odd est si fidèle à lui-même, je suis admirative ! Toutes ses répliques sonnent juste, le voir invoquer le dieu des cancres c'est tellement lui.
Et sinon, ferme ta gueule Jérémie, si on peut plus s'amuser quand on devient adulte… (et puis de toute façon, on est pas adulte tant qu'on a pas eu d'enfant, il paraît... XP )

J'ai bien aimé le parallèle avec Jumanji. Le passage des rats, notamment, rappelle vraiment le début du film (en passant, je ne sais pas ce que vaut le nouveau, mais… Jack Black <3)
La règle du jeu Cauchemar me semble bien lacunaire, cependant. Heureusement que les suppositions d'Aelita viennent compléter la lecture de Yumi parce que sinon je serais vraiment restée perplexe. Cela dit, c'est amusant de nous donner des indices sur leurs peurs avec les couleurs qu'ils utilisent pour les coucher sur papier. J'avoue n'avoir aucune idée pour l'instant. Mais William aurait dû dessiner une méduse Razz

Voilà enfin que tout se précipite. Honnêtement, je ne pensais pas que XANA se dévoilerait, ou pas si vite en tout cas. J'ai particulièrement aimé le coup du dessin sur la table, avec Sissi en pleine incompréhension devant la réaction des autres. Bien qu'elle aurait pu s'étonner de voir apparaître le symbole alors qu'ils étaient tous en haut.
Dans la même lignée, je ne pensais pas non plus que les LG lui raconteraient tout. Je n'en suis pas gênée, d'autant que tu gères bien sa réaction en la faisant douter et supposer une plaisanterie de mauvais goût, c'est simplement que je ne pensais pas qu'ils prendraient cette peine, voire qu'ils accepteraient de partager leur secret, même dans une telle situation.

Finalement… La quarantaine !!! Voilà l'explication du corbeau ! Magnifique utilisation du système de sécurité. Déjà que c'était angoissant de te lire souligner qu'il ne se déclenchait pas et que personne ne s'en rendait compte. Et mention spéciale pour "la lueur narquoise des champs magnétiques", qui sonne si bien **

Je sens que les cauchemars vont devenir beaucoup plus… concrets, maintenant que XANA est dans la partie.
Hâte de lire la suite de ce huis clos, même si ce n'est pas la saison Wink
_________________
http://i.imgur.com/QN5k9ezl.jpg
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Ellana MessagePosté le: Ven 22 Déc 2017 21:09   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, Bonsoir !

Alors, avant toute chose, je m'effondre. Ma vie s'écroule. La PCSI aura définitivement bousillé mon existence.

Ikorih a écrit:
"Et mention spéciale pour "la lueur narquoise des champs magnétiques", qui sonne si bien **"
Du coup je vais m'autoriser à revenir sur le commentaire de Dyssery
Mathilde, il faut que je t'avoue quelque chose....
Un champ magnétique n'émet pas de lumière <3


*PAN*

J'ai effectivement confondu « champ magnétique » et « champ de force ». Honte à moi (et désolée Dyssery Crying or Very sad ). Après, je laisse aux scientifiques le débat ouvert, perso, je m'en moque un peu de savoir si un champ magnétique produit de la lumière ou pas Mr. Green Dans le doute, les champs magnétiques deviendront quand même des champs de force dans les chapitres suivants.

Afin d'expier cette faute, je pars en week-end sans mon ordinateur. On ne se retrouvera donc pas avant lundi soir.

Après avoir remplacé TOUS les « champ(s) magnétique(s) » par des « champ(s) de force », je vous laisse le chapitre 5, qui finit cette longue mise en bouche pour ensuite laisser le chapitre 6 ouvrir les hostilités Mr. Green Personnellement (et c'est pas si souvent), j'adooore ce chapitre 6 !

Vive les lardons crus et bonne lecture !

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Chapitre 5 : Nouvelles règles



- Bon. Qu’est-ce qu’on fait ?
- J’imagine que ce n’est pas le moment de proposer un goûter ?
- Odd !
- C’est ça, engueulez-moi, en même temps, j’ai bien fait de ramener les bougies, pas vrai Einstein ?

Jérémie ne répondit pas. Il avait été incapable de relancer le générateur et ils avaient tous compris, trop tard, que XANA n’avait aucun mal à les manipuler. Le ciel dehors restait noir et si les champs de force continuaient de les narguer, ils n’étaient pas assez puissants pour éclairer correctement. Odd avait donc raison de préciser que ses bougies étaient salvatrices mais Jérémie avait d’autres soucis en tête.

- Il faut qu’on trouve un moyen de sortir. Pour l’instant, XANA n’a pas été offensif mais qui sait combien de temps ça durera. En admettant qu’il ne fasse que nous regarder comme des souris en cage, je préfère être dehors avant qu’on manque de nourriture ou qu’on commence à s’entretuer sous l’effet du stress.
- L’avantage, c’est que ceux qui ne s’entretueront pas pourront manger les autres. Crus, vu qu’il n’y a plus d’électricité, mais c’est déjà ça.
- Odd, arrête !
- Ne vous énervez pas, petits agneaux. On va continuer à jouer.

La voix caverneuse, qu’ils allaient devoir s’habituer à reconnaître comme la voix de XANA, résonna dans le salon où les adolescents étaient retournés s’asseoir. Kiwi se mit à aboyer furieusement. Sissi se serra contre William alors qu’Aelita attrapait la main de Jérémie, la gorge nouée.
Ils n’étaient que des créatures fragiles, attendant que l’horreur les frappe.
Ils ne pouvaient rien faire d’autre et cela la rendait malade.

- J’ai beaucoup appris de vous en vous regardant vous agiter toutes ces années. Vous êtes faibles mais vous essayez de jouer les durs quand vous agissez les uns pour les autres, ça en devient très amusant. Et pour une fois, j’ai envie qu’on s’amuse ensemble.

La voix était si glaciale que même Kiwi alla se cacher dans les bras de Odd en couinant.

- Je trouve vos petits cauchemars très touchants. Je ne les concrétiserai que si vous entrez à un ou deux dans une pièce. Et vous savez quoi ? Si vous décidez de rester groupés, ils ne se déclencheront jamais et vous ne gagnerez jamais la partie. Sans vouloir être mélodramatique, vous resterez ici pour toujours. Enfin, quand je dis toujours, c’est plutôt jusqu’à ce que je me lasse de vous. En tout cas, choisissez bien votre copain, pas comme certaines. Moi par exemple, j’ai un super copain. Un ou plusieurs d’ailleurs, pourquoi être égoïste ?

Yumi eut toutes les peines du monde à ne pas regarder les autres avec suspicion, ce que ne put s’empêcher de faire Sissi.

- Magnanime, je vous laisse faire vos cauchemars dans l’ordre que vous voulez. Je reviendrai quand vous aurez tous battu vos peurs. Oh, et n’oubliez pas que le zombie court toujours. Bye-bye mes agneaux.

Pendant près d’une minute, personne n’osa parler.

- « Moi, j’ai un super copain en tout cas. Un ou plusieurs d’ailleurs, pourquoi être égoïste ? », répéta Ulrich. Qu’est-ce que ça veut dire d’après vous ?
- Il y a au moins un spectre qui traîne dans la maison.
- Un fantôme tu veux dire ? Parce que si c’est le cas, on ne risque rien, non ?
- Les spectres de XANA n’ont rien d’immatériel, Sissi, crois-moi. Ils peuvent prendre la forme qu’ils souhaitent et interagir avec la matière.
- N’importe quelle forme ?

Aelita comprit aussitôt ce que Sissi craignait.
- « N’oubliez pas que le zombie court toujours », répéta-t-elle à son tour. Sans vouloir noircir le tableau, j’ai peur que…
- … que l’un de nous soit le spectre ? finit Odd, lugubre.
- J’y ai pensé aussi, avoua William.

Le silence revint s’installer.

- On pourrait se poser des questions auxquelles seuls nous pouvons répondre, suggéra Jérémie. Comme ça, on verra vite qui joue la comédie.
- Je ne pense pas que ça marchera : si XANA se sent assez sûr de lui pour nous prévenir, c’est qu’il sait qu’on ne pourra pas démasquer le spectre. Réfléchissez ! Il revient comme par hasard aujourd’hui, il donne dans le sens du spectacle. Ce n’est pas cohérent pour une intelligence artificielle. Quelqu’un a peut-être rallumé le Supercalculateur, quelqu’un qui se sert de lui, de nous. Qui nous dit qu’en fait, XANA a été vaincu ? Il a très bien pu refaire surface tout de suite après. Peut-être qu’il s’amuse à nous épier depuis tout ce temps.

Tous les regards fixèrent William qui finit par avoir un ricanement sinistre.

- Quoi, vous pensez qu’en disant ça, je remporte le rôle de suspect idéal ?
- Les questions permettraient de démasquer le spectre, insista Jérémie.
- Non, William a raison, intervint Yumi. XANA veut jouer avec nous. Je ne sais pas pourquoi il a attendu aujourd’hui, la seule raison logique étant qu’il voulait s’amuser à nous faire peur.
- Vous avez l’air d’oublier qu’on parle d’un programme informatique ! Il n’a pas de sentiments, il ne peut pas vouloir s’amuser à nous faire peur, ce n’est pas logique ! Il aurait plus vite fait de révéler qui est son spectre et d’électrocuter les six qui restent ! s’entêta Jérémie.
- D’ailleurs, vous ne pensez pas que la priorité, c’est de retrouver celui d’entre nous qui a été remplacé par le spectre ? Il est peut-être en danger.

La question de Sissi jeta un froid et tous pensèrent aux mêmes choses. Le spectre était peut-être présent depuis des semaines ou plus parmi eux. Un de leurs amis était peut-être mort à l’heure actuelle pour permettre à XANA de dérouler son plan.

- Elle a raison, c’est la priorité.
- Aelita…
- Non, Jérémie. Je me moque de savoir qui est le spectre si le temps utilisé à le démasquer est fatal à l’un d’entre nous !
- Mais…
- On va faire deux équipes de trois pour éviter de réveiller les cauchemars et on va fouiller la maison pour essayer de voir si on trouve quelqu’un d’autre. William et Sissi, vous venez avec moi, on s’occupe de l’étage. Ulrich, Yumi et Odd, vous vous occupez du rez-de-chaussée. Jérémie, tu restes ici et tu essayes de voir si avec ton ordi, tu ne peux pas faire quelque chose : vérifier si tu as accès aux données du Supercalculateur, voir si en bidouillant ton système de sécurité, tu ne peux pas trouver un moyen de désactiver les champs de force pour qu’on puisse sortir, n’importe quoi qui pourrait nous aider.
- Tu veux me laisser tout seul ? glapit l’adolescent.
- Non, tu peux garder Kiwi.
- Mais imaginez que mon cauchemar soit dans cette pièce et qu’il se déclenche une fois que je me retrouve seul ? Comment je fais ?
- Il a raison, grimaça Yumi. On n’est plus en sécurité dans les pièces principales.
- La seule pièce sûre, c’est celle où il y a mon cauchemar.
- Pourquoi tu dis ça, Odd ?
- Euh… J’ai rien dessiné sur ma feuille, avoua le blondinet en ébouriffant ses cheveux avec un sourire gêné.
- Quoi ? s’étranglèrent les autres.
- Tu te fous de nous ?
- Bah je savais vraiment pas quoi mettre, y a rien qui m’est venu, j’allais pas y passer la journée.
- Sale tricheur !
- Sale tricheur ? Ulrich, réfléchis, il vient de nous donner une pièce où nous serons en sécurité !
- Ah parce que tu es assez naïf pour croire que XANA s’arrêtera à ça ?

Jérémie et Ulrich se foudroyaient du regard si bien que Yumi finit par demander d’une voix timide :

- On devrait essayer de trouver une solution ensemble plutôt que de se disputer.
- Coup de chance, Jérémie, tu ne risques rien.

Les têtes se tournèrent vers Aelita, à l’écart du groupe avec une feuille vierge à la main.

- Ici, c’est le cauchemar de Odd. Autrement dit, on peut tous rester seuls dans le salon sans risquer de voir un truc horrible arriver.
- Enfin une bonne nouvelle, soupira Sissi.
- De manière générale, il vaut mieux éviter de rentrer dans une pièce à moins de trois, ça évitera de prendre des risques.
- Tu as entendu XANA ? On ne sortira pas d’ici si on ne triomphe pas de nos cauchemars.
- Crois-moi, Sissi, tu ne connais pas XANA. Il ne nous laissera pas sortir d’ici. Mieux vaut trouver un moyen de partir par nous-mêmes, en évitant de se compliquer la tâche avec nos angoisses.
- Va pour l’exploration alors, trancha Yumi. Mais qu’est-ce qu’on fait si on ne trouve pas celui que XANA a remplacé par son spectre ? S’il tient tant que ça à nous faire tourner en bourrique, ça m’étonnerait qu’il ait laissé le corps, mort ou vif, ici.
- De toute façon, rester ici à angoisser n’aidera pas.
- Il y a un autre point qui m’inquiète, avoua Ulrich. « Choisissez bien votre copain, pas comme certaines ». Qu’est-ce que ça voulait dire d’après vous ?
- Qu’Aelita ou Sissi sort avec le spectre ? suggéra Yumi.
- N’importe quoi ! s’exclamèrent les deux filles en cœur.
- Que Yumi a eu tort de choisir de sortir avec Ulrich et aurait dû lui préférer William ? blagua Odd.
- Arrête !
- Qu’une des filles va mourir en premier ? paniqua Sissi.
- Pourquoi ?

Sissi ne répondit pas, envisageant soudain une autre possibilité. Et si la menace lui était directement adressée ? Si ce XANA lui faisait sournoisement savoir qu’il connaissait ses sentiments ?
Impossible, ce n’était qu’un programme informatique.
Oui mais il était également impossible qu’un programme informatique prenne sept adolescents en otage dans une maison perdue.
Elle se prit la tête entre les mains et William passa un bras autour de ses épaules.

- Comment tu te sens ?
- Je rêve de repartir en arrière et je me dis que j’ai été idiote de vouloir découvrir votre secret pendant tout ce temps. Je préférerais ne rien savoir.
- Désolé.
- Pas ta faute.

Le silence retomba.

- Bon… Si ça ne te dérange pas de rester seul Jérémie, je suggère qu’on commence à fouiller la maison.
- De toute façon, je travaillerai mieux sans vous dans les pattes, reconnut le garçon.
- Dans ce cas, c’est parti ! Une petite carte pour se donner du courage ?
- Odd, tu crois vraiment que c’est le moment ?

Sans se démonter, le blondinet attrapa la première carte de la pioche.

- « Les loups ont réussi à entrer ! Va vérifier toutes les pièces afin de sécuriser les lieux ! ». Génial, c’était prévu de toute façon.
- Génial, c’est vite dit…

***


- Ce qu’on fait ne sert à rien, soupira Yumi alors qu’elle entrait dans la cuisine avec Odd et Ulrich, bougies à la main. Je persiste à croire que XANA ne va pas nous laisser trouver celui ou celle qu’il a remplacé par un spectre.
- Je suis d’accord avec toi mais ça me rassure de faire quelque chose, même si c’est une chose inutile.
- Moi, je préfère faire quelque chose d’utile ! Je vais nourrir Kiwi !

Alors que Odd attrapait une boite de conserve posé sur la table et sifflait son chien, Yumi s’adossa à l’évier, imitée par Ulrich. Le garçon passa nerveusement la main dans ses cheveux, geste qui n’échappa pas à Yumi.

- Hey, arrête de stresser, on va s’en sortir.
- Ce n’est pas à ça que je pensais. En fait… Tu es vraiment super belle.

La japonaise rougit.

- Je pense que je vais aller me changer, cette robe ne va pas franchement avec la situation.
- Fais gaffe, Yumi, tu devrais attendre Sissi et Aelita. Parce que rappelle-toi qu’on ne peut pas entrer dans une pièce seul ou à deux sans déclencher un cauchemar ! Tu risques de te faire mater !
- Odd, grogna Ulrich.
- Bah quoi ?
- En fait, je suis plus rassurée avec vous.
- Qu’est-ce que tu sous-entends ?
- Rien… Enfin, si. Il y a un point que je trouve bizarre : c’est la première fois qu’on se trouve véritablement en danger dans ce monde à cause de XANA et c’est comme par hasard la première fois où Sissi est vraiment intégrée au groupe.
- Où est passée celle qui se plaignait il y a encore dix minutes d’avoir failli être explosée par un satellite militaire ? railla Ulrich.
- Tu as compris ce que je voulais dire. Les autres fois, on a eu une bonne dose de chance, c’est vrai, mais pas seulement. On savait qu’on pouvait compter sur Lyoko et Aelita. Aujourd’hui, on n’a pas ce luxe.
- Ce n’est pas la faute de Sissi. Tu l’as vue ? Elle a plus peur que nous tous réunis.
- Si XANA se permet de faire de l’humour ou de montrer des sentiments proches de ceux d’un humain, pourquoi ses spectres ne pourraient-ils pas faire semblant d’avoir des émotions fortes ?
- Yumi, t’es sûre que t’es pas jalouse sur les bords ? se moqua Odd.

La lumière de la bougie fut suffisante pour remarquer que la japonaise levait les yeux au ciel.

- J’ai un peu plus de maturité que ça.
- On a pu le voir à de nombreuses reprises effectivement !
- T’es vraiment lourd, Odd.
- Je te prouve que je ne suis pas un spectre, XANA n’aurait jamais pu imiter mon sens de l’humour subtil et raffiné !

Cette fois, Yumi sourit.

- Ok, tu marques un point.

Ils quittèrent la cuisine pour fouiller la chambre d’amis sans rien trouver et revinrent dans la salle à manger. Jérémie avait troqué son déguisement contre ses vêtements habituels et pianotait nerveusement sur son ordinateur.

- Tout est planté. Je n’ai plus la main sur rien, que ce soit l’alarme ou la sono. Je n’ai aucune idée de la manière dont on va pouvoir sortir. Je ne peux même pas avoir accès à Internet pour envoyer un mail de détresse, je ne peux rien faire.
- En dernier recours, on pourra essayer de creuser un tunnel ou de démonter le toit, marmonna Ulrich.

Jérémie lui adressa un regard surpris mais il ne lui fallut qu’un instant pour comprendre que son ami avait répondu n’importe quoi, simplement pour ne pas tourner la tête vers Yumi en train de se changer.

- Je note tes idées mais au cas où tu ne le saurais pas, les maisons ne sont plus faites en paille et en bois, on va voir du mal à creuser un tunnel dans du béton.
- Qu'est-ce que tu proposes ? s’impatienta Odd.
- Les autres ne devraient pas tarder à redescendre, on verra s’ils ont quelque chose. Par contre, toi, il y a un truc que tu peux faire.
- Je t’écoute !
- Retire ton bout de cervelle ou je le fais bouffer à ton chien.


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Chapitre 6 : Les loups sont entrés



- Sissi, calme-toi, tu vas finir par lâcher ta bougie.

La jeune fille tourna la tête vers William et essaya de lui sourire sans succès. D’une main, elle agrippait son bras tandis que l’autre tenait une bougie à la flamme tremblotante.

- Comment vous faîtes pour rester aussi détendus ? Vous n’avez jamais eu peur ? Yumi a parlé d’un satellite qui aurait pu la tuer et vous arrivez à ne pas paniquer ? Vous vous croyez dans un jeu vidéo ou quoi ?
- Je n’ai jamais eu vraiment affaire à XANA en dehors de la période où il m’a lavé le cerveau et gardé sous son contrôle sur Lyoko, essaya de plaisanter William.

Sissi se recroquevilla encore un peu plus sur elle-même si bien que le garçon la prit dans ses bras.

- Je te jure que ça va aller. Il y a eu pire à affronter qu’une maison vide.
- Sans doute...

A un mètre derrière eux, Aelita marchait en silence, sa lampe-torche à la main. Elle ne savait pas si elle avait plus de chances que les autres mais en tout cas, Jérémie avait toujours su la rassurer. William ne semblait pas très doué en la matière.
Elle ouvrit la porte de sa chambre et balaya la pièce avec le faisceau de sa lampe.

- Génial. Champs de force sur les fenêtres ici aussi, impossible d’ouvrir les volets.
- Est-ce que ça vous dérange si on entre ? Je voudrais me changer.
- C’est si important ?
- Je suis pour aussi, William. Si on a besoin de courir, j’aime autant porter autre chose que des talons.
- D’accord mais on entre bien tous les trois ensemble. Prêtes ? Go !

Aelita et Sissi faillirent tomber quand William les poussa en avant, manquant après trébucher sur elles. Ils restèrent quelques instants immobiles, le souffle court, mais rien ne vint troubler le silence de la pièce.
Sissi attrapa son sac et récupéra ses vêtements. Elle se changea dans un coin sombre, loin de William. Aelita fit de même, non sans fixer les champs de force avec insistance, comme si le moyen de les désactiver allait fuser dans son esprit.

- J’espère que Jérémie trouve quelque chose.

William hocha la tête et suivit Sissi en dehors de la pièce. En revanche, Aelita trébucha en voulant sortir, lâchant sa lampe qui roula dans le couloir. À genoux sur le sol, elle tâtonna pour trouver l’objet ayant causé sa chute et sentit une matière douce sous ses doigts. Son cœur s’arrêta. D’abord, parce que l’objet était trop mou pour l’avoir fait tomber, à moins d’être bien plus grand.
Ensuite, parce qu’elle se retrouvait seule dans la pièce.

- William ?
- Quoi ? lança le garçon depuis le palier.
- Tu as mis ton masque dans ma chambre ?
- Nan, je l’ai rangé, pourquoi ?

Aelita ne prit pas la peine de répondre. Un grognement retentit près d’elle tandis que sous ses doigts, la fourrure bougeait. Horrifiée, elle sauta sur son lit. Sa main se tendit machinalement vers sa lampe de chevet avant qu’elle ne se souvienne de l’absence d’électricité. Dans sa panique, elle la fit tomber.

- Aelita ! hurla William, alerté par le bruit.

Il se rua vers la porte de la chambre mais celle-ci-claqua et se retrouva bloquée par un champ de force. Derrière lui, Sissi ne put s’empêcher de reculer.

- Aelita !
- Qu’est-ce qui se passe ? s’inquiéta Jérémie en bas de l’escalier.
- Ne monte pas ! Je crois qu’Aelita doit affronter son cauchemar.
- C’est un excellent motif pour monter ! s’étrangla le garçon.

Il s’élança dans le hall mais se retourna arrivé au pied de l’escalier.

- Non, Yumi !

La japonaise s’arrêta une fraction de seconde avant de quitter la pièce.

- Reste avec les garçons, ils vont être deux sinon.
- Mais Odd n’a rien dessiné.
- On ne prend aucun risque !

Sans attendre de réponse, Jérémie monta les marches quatre à quatre.

- Ne t’approche pas de la porte, le retint William, ça ne servira qu’à te faire griller.
- Tu crois ?
- Je ne sais pas mais tu viens de le dire : on ne prend aucun risque. On ne peut pas l’aider, elle va devoir s’en sortir toute seule.

Le regard de Jérémie passa de son ami au champ de force. Il colla ses mains sur le mur et cria :

- Aelita, je suis là ! Tout ce que tu peux voir n’est pas réel, tu ne risques rien. Je suis là, ne crois à rien d’autre !

Aelita n’entendit pas l’encouragement. Plaquée contre le mur, debout sur son lit, elle essayait de voir le loup mais l’obscurité de la chambre était totale. Elle entendait en revanche parfaitement bien ses grognements, tantôt à son oreille, tantôt à l’autre bout de la pièce. Était-il rapide ou avait-il ramené des amis ?

- Va-t-en !

Un rire remplaça les grognements.
- Va-t-en !
- Pauvre petite créature fragile.

Aelita eut un haut-le-cœur. Une haleine de mort frappait son visage tandis qu’une fourrure douce frottait son bras gauche. Elle crut qu’elle allait s’évanouir lorsqu’une langue râpeuse lui lécha la joue.

- Voyons, je ne suis qu’un loup, gronda la voix, rocailleuse et amusée.
- Non, tu n’existes pas, va-t-en !
- Tu as raison, je ne suis pas qu’un loup, on ne peut rien te cacher. Ma brillante petite esclave qui s’est bêtement leurrée. Tu as vraiment cru que c’était ça, ton pire cauchemar ? Un animal à quatre pattes, tout ce qu’il y a de plus solide, tout ce qu’il y a de plus réel ? Aelita, tu me déçois, tu me déçois tellement ! Un loup, ce n’est qu’un vulgaire corps avec un cœur et une tête, deux cibles faciles à atteindre. D’accord, il a de grandes dents et aime hurler la nuit, d’accord il a des papattes griffues et un sale caractère mais tu pensais vraiment avoir si peur de ça ? Tu es vexante. Combien de loups meurent chaque année, de blessures, de vieillesse, de la main de l’homme ? Des centaines. Et moi, qui peut vraiment m’atteindre ? Quand m’as-tu réellement menacé ? Tu croyais pouvoir définitivement me détruire ? Ma douce naïve. Tu me froisses.

La langue fut remplacée par des doigts sur la joue d’Aelita et elle poussa un hurlement. Dans le couloir, Jérémie frappa sur le mur tandis que l’estomac de William se nouait.
Qu’était en train de subir la jeune fille ?

- Aelita ! Aelita, réponds-moi !
- C’est moi ton pire cauchemar, petite idiote. Tu as vraiment cru que tu pourrais me vaincre ? Tu as vraiment cru que tu me tiendrais tête toutes ses années impunément ? Que tes amis en soient convaincus, cela pouvait encore se comprendre, ils n’ont jamais pu voir tout ce que je pouvais accomplir. Mais toi, tu as vécu prisonnière comme moi de Lyoko, j’ai pris le contrôle de ton corps, de ton esprit. J’ai joué avec toi si souvent. J’ai tant de fois envoyé des monstres qui te visaient explicitement.
- Tais-toi, réussit à articuler Aelita.

Sa voix était faible, trop faible, elle s’en rendait compte. XANA ricana.

- Pauvre petit agneau. Tu as eu des idées de grandeur à force de fréquenter les mauvaises personnes. J’avais de l’espoir pourtant. Après tout, même ton père t’a abandonnée à moi. Tu n’es qu’un pion entre mes mains comme tu l’étais entre les siennes.

Aelita eut l’impression d’avoir reçu une gifle et elle sentit tout son être se révolter face aux accusations de XANA. Son père ne l’avait pas abandonnée. Son père l’avait toujours aimée et avait toujours cherché à la protéger. Comme s’il suivait ses pensées, Jérémie tapa sur le mur en criant :

- Énerve-toi ! La colère te réveillera si tu as trop peur ! Pense qu’on l’a toujours battu et qu’on est avec toi, Aelita ! Odd, Yumi et Ulrich viennent de monter, on est tous derrière la porte et on sait que tu vas ressortir victorieuse. Tu as toujours été la plus forte, ne lâche pas !

Aelita visualisa ses amis derrière le mur. Elle savait pertinemment qu’elle n’était pas la plus forte, elle avait trop de fois dû être sauvée. Mais justement, elle avait l’opportunité de montrer qu’elle n’était pas plus faible que XANA, elle le devait.
Avant qu’elle ne trouve le courage de répondre, un souffle glacé chatouilla son oreille :

- Tu te croyais la petite fille chérie à son papa ? Mais tu n’étais pas assez importante pour ce cher papa. Il n’a pas hésité une seule seconde à se sacrifier pour sauver Lyoko. Il se moquait bien de te perdre, il se moquait que tu sois privée de tes parents. Il a fait passer en priorité son dur labeur, même si ce faisant il me maintenait en vie. Tu vois, petite créature fragile, il me préfère à toi. Il t’a laissée à ma merci pour défendre un monde virtuel. Et toi, sa fille chérie bien réelle, il t’a offert en pâture à ma suprématie. Tu m’appartiens, Aelita. Tu croyais appartenir à Lyoko ? Pauvre sotte. Je suis Lyoko. Et tu es à moi.

Aelita perdit tout son sang-froid et hurla à nouveau, le visage désormais baigné de larmes. Si elle ne pouvait pas voir le spectre dans l’obscurité, elle le sentait tout proche. Elle eut un haut-le-cœur lorsqu’il lui lécha l’oreille et voulut se débattre mais déjà, deux mains lui tenaient fermement les bras contre le corps.

- Arrête, tu te ferais du mal. Aelita… Pourquoi lutter ? Tu sais très bien que tu n’es pas à ta place ici. Tu sais très bien que tu aimais être sous mon emprise. Détruire les territoires te procurait du plaisir. Tu faisais disparaître l’œuvre de ton père, cette œuvre qui t’a volée ton enfance et ta famille. Tu pouvais te venger et grâce à qui ? Grâce à moi. En détruisant Lyoko, territoire par territoire, tu pouvais enfin laisser jaillir ta colère et tu te rapprochais de moi, tu t’accrochais à moi. Même de retour dans ton monde d’êtres faibles, tu sentais encore ma présence. Ce que tu qualifiais de noirceur, ces pensées que tu avais, ne nie pas qu’elles te plaisaient au fond. Si tu avais écouté plus souvent ces conseils que je te soufflais, ta vie aurait été bien plus intense aujourd’hui.
- Aelita !

Le cri de William, moins angoissé et plus fort que celui de Jérémie, sortit Aelita de la transe hypnotique dans laquelle le spectre était en train de la plonger. Sans savoir comment réagir, elle fit la première chose qui lui venait à l’esprit et donna un coup de tête vers la voix du spectre. Celui-ci grogna et la lâcha.

- D’accord, tu veux jouer. Tant mieux, je m’amuse comme un fou. Je ne suis toutefois pas certain que tes amis apprécieront.

A l’extérieur de la chambre, des hurlements de loups résonnèrent. Le regain d’énergie qu’avait eu Aelita disparu.

- Et oui, ma chérie, il y a tellement de peurs en toi, tellement d’angoisses. Celle-ci est sans doute la plus drôle : tu crains par-dessus tout que tes chers copains soient blessés par ta faute. S’ils avaient eu du cran et de la jugeotte, ils auraient éteint le Supercalculateur après avoir réalisé ma présence et la menace qu’elle engendrait. Mais ils ne pouvaient pas se résoudre à t’abandonner, ils donnaient de leur temps et de leur énergie pour te faire venir avec eux. Est-ce pour ça aujourd’hui que tu te sens responsable d’eux ? Ou est-ce parce qu’ils ont risqué leur vie des centaines de fois par ta faute ?

Aelita n’eut pas le temps de répondre. Des hurlements remplacèrent ceux des loups, des hurlements de douleur et d’agonie, au milieu desquels son nom ressortait.

- Tous ses efforts pour rien… Toutes ses nuits d’insomnie et de cauchemars pour au final ne pas réussir à empêcher l’inévitable. Tu sais quelle autre angoisse ressort beaucoup chez toi ? La solitude. Tu as été seule si longtemps sur Lyoko. J’étais là mais tu ne voulais pas de moi… Et tu es restée vivante sans vivre de longs jours et de longues nuits sans même en voir le déroulement. Tu étais figée loin de tout, loin d’une autre présence. Tu ne veux pas revivre ça. Tu ne veux plus te retrouver seule. Et pourtant, c’est ce qui te va arriver. Tes amis seront morts d’ici quelques minutes et toi tu resteras avec moi. Donc, les choses pourraient être pires, tu aurais pu être vraiment seule mais ce ne sera pas le cas. Réjouis-toi.

La voix murmurait sans s’arrêter au creux de l’oreille d’Aelita. Dans le couloir, les hurlements de Yumi s’étaient tus mais Aelita pouvait entendre les cris des autres, notamment ceux de Jérémie. Elle le visualisait en train de se faire dévorer vivant, un museau de loup ensanglanté fouillant ses entrailles, déchirant sa chair à pleine dents. Elle n’arrivait plus à respirer, elle perdait ses repères, ne savait même plus où elle était. Tout son être n’était plus qu’angoisse, elle allait mourir seule ici à quelques mètres de ses amis.

- Aelita !

De nouveau, la voix de William réussit à couvrir celles des autres.

- Aelita, XANA se sert des hauts-parleurs. Ce n’est pas nous que tu entends, Aelita, nous allons tous bien ! Il n’y a pas de loups, il n’y a que nous et nous sommes tous sains et saufs ! Sors de là !
- Ouais, laisse tombe la clé ! Sors, sors, sors, vite, t’as plus le temps ! renchérit Odd à plein poumons.

Aelita eut l’impression qu’on venait de la sortir de l’eau alors qu’elle était en train de se noyer. Son esprit n’était plus capable de réfléchir, seules les actions comptaient désormais.
Elle se débattit dans tous les sens. Son pied heurta quelque chose, elle marcha à quatre pattes sur son lit vers la sortie. Des mâchoires se refermèrent sur sa cheville et si elle hurla, elle ne s’arrêta pas. Elle tomba sur le sol, donna à nouveau des coups de pieds. L’étreinte sur sa cheville se relâcha et elle rampa aussi vite que possible vers la porte.

- Bien joué, souffla une dernière fois la voix à son oreille alors qu’elle se redressait. Aux autres maintenant.
- Va te faire foutre !

Les doigts d’Aelita se refermèrent sur la poignée qu’elle abaissa violemment. Une main la tira vers l’extérieur à peine la porte entrouverte et elle s’écroula sur le palier.

- Aelita !

La jeune fille crut pendant quelques instants qu’elle allait s’évanouir. Elle sentit qu’on lui tapotait les joues et qu’on posait des doigts fébriles sur son front.

- Laissez-la respirer, gronda Yumi.
- Elle saigne. Sissi, va chercher la serviette de toilette dans mon sac. Pas toute seule ! Odd, William, accompagnez-la.

Au bout de quelques minutes, Aelita réussit à relever la tête. Elle était assise sur le parquet, dans les bras de Jérémie qui la couvait d’un regard inquiet. Yumi était en train d’enrouler sa cheville dans une serviette orangée tout en marmonnant :

- On n’a pas d’alcool pour désinfecter, pas de pommade, pas de pansement, j’espère que ça va aller. Heureusement, ce n'est pas profond mais on aurait dû mieux se préparer.
- Bah oui, sommes-nous bêtes, on aurait dû s’attendre à se retrouver enfermés ici avec un programme informatique psychopathe et des spectres dangereux !
- Fermez-la un peu ! Aelita, comment tu te sens ?
- Je suis vidée. Être un yoyo émotionnel, c’est ce que j’ai vécu de plus épuisant.
- Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Il était là. XANA. Il y avait un spectre, c’était un loup puis un humain ou un mélange des deux ou les deux en même temps. Je ne sais pas, c’était confus, je ne voyais pas grand-chose.
- Il t’a fait du mal ?
- Non, à part la morsure, il n’a pas été violent. Mais il a dit des choses affreuses, le genre de choses dont je ne veux pas reparler. Pas maintenant.

Jérémie hocha la tête et même Odd s’abstint d’insister. Aelita réussit à sourire :

- Haut les cœurs, ça en fait déjà un. J’espère que les vôtres ne seront pas aussi terribles.
- On n’aura peut-être pas à les affronter.

Tous les regards se tournèrent vers Jérémie. Sans se lever ni lâcher Aelita, il expliqua :

- On est dans l’ancienne maison de Franz Hopper. Aelita et moi avons fait le tour plusieurs fois, y compris dans la remise, et on a trouvé pas mal de câbles et autres matériel informatique. Même si on n’a plus l’électricité, on a en plus des appareils électroniques dans le salon de mixage, sans compter le micro-ondes.
- Et mon sèche-cheveux, rajouta à tout hasard Sissi.
- Par exemple. Mon ordi a encore un peu de batterie, il y en a aussi dans nos portables. Je ne sais pas encore trop comment je vais me débrouiller mais je suis à peu près sûr de réussir à mettre au point un système qui permettra de dégager des ondes pouvant mettre en échec les champs de force. Ça va me prendre un moment par contre.
- Est-ce qu’il ne vaut pas mieux essayer de vaincre les cauchemars ? suggéra William. C’est peut-être la seule solution pour sortir d’ici.
- Excellente idée, mon beau lieutenant.

Aelita se recroquevilla dans les bras de Jérémie alors que la voix de XANA s’échappait du studio d’enregistrement, dont la porte était close.

- Battez-vous tant que vous voudrez, c’est moi qui dicte les règles. Fais joujou avec tes gadgets tant que tu le voudras, Jérémie, tu n’as pas réussi à me vaincre la première fois, penses-tu avoir plus de chance cette fois-ci ? Jeune imbécile. Enfin bon, si tu veux vraiment t’amuser, envoie donc Sissi prendre le matériel dans la salle de mixage. Je suis sûre qu’elle en sera ravie.

Le fait d’être pointée directement par XANA fit frémir Sissi. William passa un bras autour de ses épaules, le visage fermé, le regard dur. Tous attendirent silencieusement que XANA poursuive mais rien ne vint.

- J’y vais, annonça Sissi à la stupeur générale.
- Qu’est-ce que tu racontes ?
- On est censé parler d’un programme informatique, merde ! Moi je pense plutôt qu’on est dans une caméra cachée ou une connerie de ce genre. Je n’ai pas l’intention d’y passer mes vacances alors j’y vais et j’aurai fait ma part du boulot.
- Attends, tu n’as pas vu dans quel état est Aelita ?
- Ne t’inquiète pas, mon cauchemar ne risque pas de me sauter dessus ou de m’attaquer, bien au contraire. Je ne pense pas courir plus de danger que Odd. Et au moins ça nous évitera d’entrer chacun à tour de rôle dans une pièce pour voir quel cauchemar elle recèle. XANA nous donne un indice, profitons-en.
- S’il donne un indice, ce n’est pas pour être gentil, c’est sûrement parce qu’il sait que tu es la plus fragile et que ta perte nous impacterait, nous enlèverait peut-être même tout espoir de sortir vivants ! s’emporta William.
- Je crois qu’on devrait la laisser faire.

Les regards passèrent de Sissi à Aelita qui se justifia immédiatement :

- Croyez-moi, je ne veux pas que vous subissiez ce que j’ai subi. Mais à mon avis, on devra tous y passer. Si Sissi se sent prête, cela permettra à Jérémie de gagner du temps pour faire joujou avec ses gadgets, comme le disait XANA. En plus, même si je n’avais dessiné qu’un loup sur ma feuille, les angoisses avec lesquelles il a joué étaient bien plus profondes, bien plus intimes. Sissi n’a jamais été sur Lyoko, elle n’a pas été confrontée à XANA d’aussi près que nous, il ne pourra pas avoir autant d’emprise sur elle que sur moi.
- Et les recherches pour retrouver celui qui a peut-être été enlevé par le spectre ? On n’a vérifié aucune des autres pièces de l’étage.
- XANA n’est pas assez idiot pour laisser un corps dans la maison. Mon idée était stupide, pardon.
- Bon, on arrête les mea culpa et on se bouge. J’ai rendez-vous avec mon cauchemar. Par contre, avant, est-ce que je pourrais manger quelque chose ?
- Ne pas perdre le sens des priorités, j'adore ! se réjouit Odd.

Yumi était moins optimiste :

- Sissi, tu es sûre que ça va ?
- Je crois que je craque et que je frôle la crise de nerfs. J’ai envie de pâtes carbo et de tuer quelqu’un.
- On n’a aucun moyen de faire chauffer de l’eau ou de cuire des lardons.
- Tant pis, je les mangerai crus.

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 23 Déc 2017 15:38   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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bon chapitre.
XANA prend son rôle de maitre du jeu tres au sérieux.
aelita a surmonté son cauchemar qui était lié a la possible perte de ses amis.
par contre j'aime pas trop le coup de la feuille blanche que tu a fait pour Odd. déjà qu'il est le seul sans partenaire, alors si en plus tu prévois qu'il soit le seul sans cauchemar, mise à part pour son humour et ses piques barbantes, il ne servira pas à grand chose dans cette fic. j'espere vraiment que malgré avoir rien dessiné tu a prévu un sérieux cauchemar pour Odd (un bien cruel et angoissant qui peut briser son mental optimiste et le terrifier, pas ces cauchemar débile sur paraplegik zombie ou truc que le blond regarde)

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Ellana MessagePosté le: Lun 25 Déc 2017 21:38   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

J'espère que vous n'avez pas l'estomac trop éclaté (parce qu'après tout, la magie de Noël à nos âges, c'est quand même surtout la bouffe Mr. Green), que vous avez été gâtés, patati patata, Joyeux Noël, etc...

*Odd Della Robbia* a écrit:
j'espere vraiment que malgré avoir rien dessiné tu a prévu un sérieux cauchemar pour Odd

Ne t'inquiète pas, il aura sa dose aussi Mr. Green Car pour prendre une image similaire :
Pierre Bottero a écrit:
Le silence est parfois davantage qu'une absence de bruit. Bien davantage.


*Odd Della Robbia* a écrit:
XANA prend son rôle de maitre du jeu tres au sérieux.

=> On peut même dire qu'avec lui, les LG n'ont qu'à mettre leurs mains sur leur cul Mr. Green


Vous savez normalement qui va affronter son cauchemar dans ce chapitre. A noter qu'il m'a été en partie inspiré par l'OS La petite princesse de Callie Rose.

Bonne lecture !


Chapitre 7 : Ignorance


Sissi n’avait pas menti. Assise à la table de la cuisine, elle entreprenait de vider la boite de lardons directement avec les doigts, sous le regard inquiet de William. Appuyée sur l’évier, Aelita enlevait son bandage improvisé. Par chance, la morsure était nette et ne saignait déjà plus. Elle passa un peu d’eau dessus avant d’aller s’asseoir, sans même boiter. Visiblement, XANA préférait la violence morale.

- William ?
- Hum ?
- Je voulais te remercier.
- De quoi ?
- C’est à toi que je dois de m’en être sortie. Sans toi, le cauchemar m’aurait battue. Alors, à moins que XANA ne soit vraiment doté d’un sadisme exceptionnel, tu es le seul en qui j’ai confiance à présent.

William lâcha enfin Sissi des yeux pour observer Aelita. Son visage avait une gravité qu’il ne lui avait jamais vue.

- Et Jérémie ?
- Je ne peux plus laisser parler mes sentiments. Je sais ce que tu vas dire : quand on a parlé de la présence d’un spectre parmi nous, c’est lui qui a proposé de se poser des questions pour démasquer l’imposteur mais même ce genre de détail ne doit pas endormir notre méfiance. Je ne veux pas que vous soyez confrontés à ce que je viens de vivre. Je vous aime tous et je vous aurais confié ma vie avant aujourd’hui mais maintenant, nous n’avons plus le choix. Nous devons nous méfier les uns des autres. D’ailleurs… Tu ne peux pas être sûre que je suis bien moi et que je n’ai pas joué la comédie dans la chambre alors que c’est moi le spectre. Tu ne dois plus être sûr de rien. Remets-tout en question, interroge-toi cent fois avant de croire à quelque chose.

William ne répondit pas. Il était bien d’accord mais le fait qu’Aelita soit la première à exprimer l’évidence à haute voix ne lui plaisait pas. Elle représentait habituellement la candeur, la douceur, la confiance, presque la naïveté.
À quels changements de personnalité XANA allait-il encore les conduire ?

- Je parle aussi pour toi, Sissi. Je pense sincèrement que tu risques moins que nous en affrontant ce cauchemar.
- Je sais, je ne suis qu’un dommage collatéral qui n’a rien à foutre là, pouffa Sissi.

William adressa un regard explicite à Aelita. « Je crois qu’elle est en train de perdre les pédales ».

- Sois quand même prudente.
- J’irai avec elle.
- Je m’en serais doutée.
- Ce n’est pas uniquement pour les raisons que tu crois. D’accord, j’y vais parce que je veux qu’elle soit en sécurité mais surtout, je ne supporterai pas de rester avec les autres. Tu as vu comme ils me regardaient ? Ils sont à l’opposé de ton état d’esprit, ils me suspectent encore plus qu’avant. Entre XANA qui m’appelle son « beau lieutenant » et ma proposition d’affronter les cauchemars, je ne suis clairement pas en odeur de sainteté. Je préfère mettre un peu de distance avant de me retrouver crucifié au mur.

Même si Jérémie, Odd, Ulrich et Yumi n’en était pas au stade de la crucifixion, ils parlaient effectivement de William à voix basse dans le salon.

- Vous doutez encore que ce soit lui le spectre ? s’étonna Jérémie. Qu’est-ce qu’il vous faut de plus ? XANA l’a reconnu comme un des siens et on dirait qu’il cherche à nous faire tuer ! On devrait l’enfermer dans la chambre d’Aelita, parce que si on l’enferme ailleurs, ça va peut-être déclencher son cauchemar et tuer l’un d’entre nous !
- Le rapport entre son cauchemar et notre mort ? S’il travaille vraiment avec XANA, ce serait plutôt un rêve ! se moqua Odd.
- Et puis, pourquoi XANA se serait amusé à démasquer si tôt son spectre ? ajouta Ulrich. Tu t’emballes un peu vite, Jérémie.
- Ouais, tu as sûrement raison. Désolé, je suis super nerveux.
- Compréhensible.

Jérémie soupira. Assis par terre avec son ordinateur, les portables, le sèche-cheveux de Sissi et quelques câbles, il faisait peine à voir.

- Bon j’espère qu'elle a bientôt fini, j’aimerais bien commencer à bosser sérieusement.
- Sissi ? beugla Odd. T’en es où dans ton renouement avec tes racines de carnivore ?
- On y va.

Aelita rejoignit ses amis alors que William et Sissi montaient l’escalier. Ulrich profita du fait que Jérémie était concentré sur son ordinateur et que Odd jouait avec Kiwi pour entrainer Yumi dans un coin de la pièce.

- Le plan de Jérémie ne me plaît pas du tout.
- Tu crois que ça pourrait être le spectre ?
- Disons que ça prête à confusion. Je n'y connais pas grand-chose en électronique, en informatique et tout ça, mais j'ai l'impression qu'il nous mène en bateau et qu'il ne va jamais pouvoir créer quelque chose capable de nous sortir de là.
- Je sais. Je pense qu'il a juste besoin de s'occuper l'esprit et que c'est le seul domaine qu'il maîtrise.
- Mouais...
- J’ai confiance en Jérémie et j’ai déjà prouvé que je savais mieux le reconnaître que toi, non ?

Ulrich sourit. Tant que Yumi était prêt de lui, il pouvait encore croire que les choses n’étaient pas catastrophiques.

- C’est davantage Odd qui m’inquiète.
- Pourquoi ?
- C’était le plus emballé par le jeu et comme par hasard, c’est le seul qui ne trouve pas de cauchemar à dessiner ? Cela correspond à l’hypothèse du spectre.

Ulrich haussa les épaules.

- De toute façon, tout le monde peut être suspect.
- Pas faux. On change de sujet avant de s’accuser ?
- A ton avis, Sissi va s’en sortir ?
- William est avec elle, ça devrait aller.

Contrairement ce à ce que les « copains et puis c’est tout » pensaient, William n’en menait pas large. Il n’avait aucune idée de ce que pouvait receler le cauchemar de Sissi. D’une certaine manière, il se rendait ainsi compte d’un point essentiel : il la connaissait peu. Il n’était pas assez naïf pour croire que la pire crainte de sa petite amie était de le voir mort. Elle ne parlait pas souvent de sa famille, glapissait devant une araignée et des films d’horreurs mais ce n’était qu’une peur irrationnelle et même recherchée dans le deuxième cas. Qu’est-ce qui l’effrayait vraiment ? Il n’en savait rien.

- Tu veux bien me dire ce que tu as dessiné ? J’ai besoin de savoir à quoi m’attendre.
- Crois-moi, on s’en sortira très bien.
- On n’est pas obligés d’entrer si tu ne te sens plus prête.
- Comme je l’ai dit tout à l’heure, je n’ai pas envie d’y passer mes vacances.
- Je suis là.
- Je sais.
- Si tu veux…
- Bon, t'as fini ? J’y vais.

Sissi ouvrit la porte.
Tout d’abord, ils crurent que la pièce était vide. A la lumière de la lampe torche prêtée par Aelita, William vit le dessin posée sur une petite table près de l’entrée, entouré par des piles de CD. Sissi quant à elle remarqua un homme, surgi de la pénombre pour aller s’accouder à la fenêtre électrifiée. L’éclat bleuté détailla ses traits et si William eut un mouvement de recul, elle ne cilla même pas.

- Papa ?

L’homme resta immobile mais son identité ne faisait aucun doute.

- Sissi, ce n’est pas ton père, tu le sais.

La jeune fille hocha la tête. Pendant plusieurs secondes, il ne se passa rien, si bien que William finit par demander :

- Euh… On est censés faire quoi ?
- Je n’en ai aucune idée. Je sais très bien ce qui se passe mais ce que tu prends pour un cauchemar n’est que le résumé de ma vie.

William fronça les sourcils. Sissi fixait le dos de son père, indifférent à leur présence, et des larmes commencèrent à rouler sur ses joues.

- Est-ce qu’il t’a… fait du mal quand tu étais enfant ? s'inquiéta-t-il. Il t’a battue ou… ou pire ?
- Regarde-le. Tu le trouves agressif ?
- Non. Mais c’est peut-être un piège.
- Crois-moi, ça ne l’est pas, soupira Sissi en récupérant sa feuille et en la tendant à William.

Celui-ci découvrit, non sans surprise, la finesse du dessin. On reconnaissait très clairement Sissi en arrière-plan et son père au premier plan, lui tournant le dos.

- Aux yeux de tous, je suis la petite fille chérie du proviseur mais il n’en est rien. Notre maison, c’est le collège. Tous les élèves sont ses enfants. J’ai de l’argent de poche et pas eux, Papa pense que ça fait toute la différence. Je mange avec lui certains soirs mais d'autres passent davantage de temps en sa compagnie. Je crois qu’il m’aime mais il ne sait pas le montrer. Et moi je l’adore parce que je garde de lui l’image que j’en avais étant petite. Avant…

La voix de Sissi se brisa. William la prit dans ses bras et ses larmes se changèrent en sanglots.
Elle resta plusieurs minutes à pleurer sans que le spectre ne réagisse. William ne savait pas quoi faire, à part lui caresser maladroitement les cheveux. Il avait l’impression de ne plus la reconnaître et il eut honte de penser l’espace d’un instant qu’elle pouvait être un second spectre.

- Ma mère est morte quand j’avais sept ans. Mon père n’a plus jamais été pareil après. Il ne s’en est jamais remis. Moi, tout l’amour que j’avais pour Maman s’est reporté sur lui, je croyais que ça nous rapprocherait et qu’on pourrait quand même continuer à former une famille. Mais lui, son amour s’est perdu. Il n’a plus été capable de montrer quoi que ce soit de manière sincère. Les seules fois où j’ai l’impression qu’il m’attache encore un peu d’importance, c’est quand il s’inquiète parce que je suis malade ou blessée. Et dans ces cas-là, je ne sais même pas si c’est l’amour qui ressort ou son sens des responsabilités.
- Tu crois que tes états d’âme l’intéressent ?

Sissi eut l’impression de recevoir une gifle. Le spectre leur faisait enfin face. Ce regard froid, teinté d’ennui, elle y avait souvent eu le droit mais cette fois, il lui retourna l’estomac.

- Quand accepteras-tu que ta vie pue la médiocrité ? Tu t’entoures de deux gorilles abrutis et laids pour te convaincre d’être intelligente et belle. Mais tu n’es qu’une façade qui s’effrite dès qu’on la frôle. On pourrait souffler toute ta superbe par une simple expiration. Tu rabaisses le peu de personnes qui te manifestent de l’intérêt pour te sentir exister. Parce qu’au fond, tu sais que tu n’es pas aimée. Tu es prête à tout pour ne pas être ignorée. Tu préfères que les gens te craignent ou te méprisent, tu préfères avoir des ennemis plutôt que des amis tant que ça te permet d’avoir un lien avec quelqu’un, tu préfères attiser le dégoût pour ne pas attirer l’indifférence.
- Ne l’écoute pas, Sissi.
- Il faut que je l’écoute si je veux lui prouver qu’il a tort, répondit mollement la jeune fille.
- Belle mentalité, railla le spectre. Dommage que tu ne l’appliques pas plus souvent, Madame je n’écoute pas les gens parce que ce que j’ai à dire est forcément plus important. Madame je veux être le centre de l’attention. Madame je dois aveugler les autres par mon apparence et mes gesticulations pour qu’ils ne se rendent pas compte d’à quel point je suis creuse.
- Tu n’es pas comme ça, tu le sais, Sissi.
- William, William, tu es plus malin d’habitude. Tu crois sincèrement qu’elle en a quelque chose à faire de toi ? Tu n’es qu’un pion de plus dans sa cour, un moyen d’accéder à la normalité et à l’attention. Elle se sert de toi pour se sentir adolescente extraordinaire, pour réchauffer son cœur glacé à un peu d’affection. Mais tu n’es qu’un faire-valoir, comme tous les autres. Elle n’est avec toi que pour se glorifier encore un peu plus, montrer qu’elle peut attirer d’autres garçons que celui qu’elle vise vraiment. Elle ne t’aime pas, tu l’indiffères.
- Ce n’est pas vrai, c’est mon ami !

Sissi s’était exclamée avec force mais elle réalisa trop tard que ses mots n’étaient pas les bons. Le spectre éclata de rire et soudain, la jeune fille se retrouva avec deux William : celui à ses côtés qui gardait un visage dur, prêt à bondir, et celui face à elle qui la couvait d’un regard vide.

- Tu crois que je ressens quelque chose pour toi ? Mais non, je suis effectivement comme tous les autres. Tu m’indiffères. J’aime juste l’idée de montrer au monde et à cette pimbêche de Yumi que je suis un beau gosse pouvant avoir la nana soi-disant la plus populaire de l’école. C’est glorifiant. Tu croyais être la seule à jouer la carte du couple comme attiseur de jalousie ? Tu vois, Sissi, il n’y a pas que toi qui peux jouer avec les gens.
- Ignore-le, conseilla le vrai William.
- Oh ça, elle ne sait pas faire. Son rôle, c’est d’être ignorée, pas l’inverse. Et quand elle jubile parce qu’on lui adresse enfin la parole, tu ne crois pas qu’elle va gâcher cette joie en ne prenant pas en compte ce qu’on lui dit. Chaque parole lui tient à cœur, tous les mots qu’on lui adresse se gravent en elle. Sais-tu combien de fois, elle a pleuré, seule comme toujours, dans son lit le soir en repensant à des blagues de Odd et du reste de sa bande ? Sais-tu combien de fois elle s’est murmuré à nouveau des mots gentils pour se donner l’énergie d’affronter le quotidien ? Elle est si faible et si niaise que la moindre phrase prend des proportions considérables. Elle ne peut que s’accrocher à du vent, des mots qu’on lui a jetés avant de les oublier. Elle est persuadée que le monde a sa mémoire mais le monde se fout d’elle.

Sissi était devenue livide. Aelita avait eu tort en pensant que XANA la connaîtrait moins que les autres. Chaque syllabe crachée par le spectre venait la heurter en pleine poitrine, trempée dans le venin douloureux de la vérité.

- Sissi.

William l’attrapa par le poignet et l'obligea à le regarder.

- Sissi, je t’aime.

La jeune fille en eut le souffle coupé. Elle n’avait plus entendu ses mots depuis des années. Personne ne les lui avait offerts depuis que sa mère était morte.

- Il dit ça pour que tu arrêtes de chialer, siffla le spectre en reprenant l'apparence du proviseur. Il n’en pense pas un mot. Il est avec toi juste parce que tu as une allure de fille facile et qu’il espère te passer dessus rapidement. Car tu n'imagines pas à quel point c'est frustrant d'être considéré comme un playboy, de faire fantasmer les filles et même les mecs sans être capable de concrétiser. Avec toi, il ne devrait pas y avoir trop de difficultés.
- Sissi, combien de fois est-ce que j'ai essayé de te toucher de manière déplacée ? Je n'ai jamais profité de l'obscurité d'une salle de ciné pour te tripoter, je n'ai rien tenté à Séville alors que nous étions seuls. Je sais que tu ne me vois pas comme je te vois et que tu n'as aucune envie de te donner à moi. J'en meurs d'envie mais je te respecte et jamais je ne te forcerai à quoi que ce soit.
- Il te ment. Il ne pense qu'à ça.
- Je suis un mec, pauvre con de spectre, évidemment que je ne pense qu'à ça, ricana William.

Malgré elle, Sissi sourit.

- Tant mieux si tu le crois. Mais ça reste ton cauchemar, jeune idiote. Et sais-tu qui s'y connait en la matière ? menaça le spectre.

Ses doigts commencèrent à se changer en griffes alors que son visage se couvrait de cloques.

- Vas-y, l'encouragea Sissi. Change-toi en Freddy Kruger. Triche si ça t'amuse. Mais mon cauchemar, je l'ai battu et je t'emmerde. Tu as eu William un jour sous ton emprise ? Maintenant, il est à moi. Sans rancune.

Le spectre termina sa transformation sans répondre. Pendant de longues secondes, il regarda les deux adolescents. Puis, il haussa les épaules.

- De toute façon, tu ne m'intéresses pas.

Il disparut dans l'ombre comme il était arrivé et William se tourna vers Sissi avec des yeux exorbités.

- Comment tu fais ?
- Comment je fais quoi ?
- Avant le cauchemar d'Aelita, tu étais paniquée. Avant d'entrer ici, tu étais archi sereine, tu as de nouveau paniqué, et là, tu lui dis tranquillement de se casser et il t'obéit ? Mais ça n'a aucun sens !
- Un truc de fille j'imagine. Par contre, je crois que je vais m'évanouir.

William eut juste le temps de tendre les bras avant que les jambes de Sissi ne flanchent. Il l'accompagna sur le sol où il la garda serrée contre lui. Elle transpirait et son regard brûlait d'une étincelle de folie douce.

- Je voulais que tu saches que ce qu'il a dit... Enfin, je ne savais pas que je t’aimais. Ce matin encore, je croyais que…
- Que tu aimais Ulrich, c’est ça ? Sissi, je ne suis ni naïf, ni aveugle. Je le savais.

Sissi garda les yeux rivés dans ceux de William. Il la regardait avec un sourire triste et ne semblait pas bluffer.

- Évidemment que je le savais. Mais je tiens à t'assurer que je me moque de Yumi.
- Tu te fiches de ce que je viens de te dire ?
- Je m’en fiche. Parce que je suis persuadé que tu apprendras à m’apprécier. Ce que tu ressens pour Ulrich n'est qu'un attachement familier. Une habitude plus qu'un amour. Je suis persuadé qu'au fond, tu as déjà des sentiments plus forts que tu ne le penses pour moi. Il te suffit de t'en rendre compte. Et il est donc hors de question que je laisse XANA t’empêcher de disposer de ce temps.

Sissi sourit. Elle avait l'impression d'être plongée dans du coton, elle ne sentait plus vraiment ses membres et sa tête lui faisait mal. D'un geste maladroit, elle caressa la joue de William.

- Désolée. Tu ne méritais pas ça. Tu es le garçon le plus gentil et le plus prévenant que j'ai jamais rencontré.
- Ce ne sont pas vraiment les qualificatifs les plus flatteurs mais c'est un début.
- Tu veux toujours de moi ?
- Évidemment.
- Pourquoi ?
- Mon côté sadomaso. Ou chevalier servant si tu préfères. Tu ne te rends pas compte à quel point tu es touchante et adorable. Tu me fais vraiment craquer, Sissi. Malgré tes grands airs, tu es la demoiselle la plus en détresse que j'ai eu l'occasion de croiser.
- Toi non plus, t'es pas très flatteur !

William sourit et quand il se pencha pour l'embrasser, ce fut la première fois que Sissi s'en sentit vraiment heureuse.
Ils restèrent plusieurs minutes enlacés avant qu'un toussotement ne se fasse entendre.

- Excusez-moi, tout va bien ?

William tourna la tête. Debout devant la porte désormais ouverte, Aelita les regardait avec inquiétude.

- Sissi va bien ?
- Oui, elle est encore un peu sous le choc.
- On a été idiots, on aurait dû attendre sur le palier.
- Crois-moi, il ne valait mieux pas. Je pense que Sissi préfère garder pour elle les choses que le spectre a dites.

La jeune fille hocha la tête et s'appuya sur le bras de William pour se remettre debout. Aelita lui adressa un sourire encourageant avant d'annoncer :

- J'ai une bonne nouvelle en tout cas. Odd, c'est souvenu d'un truc qui pourrait nous être utile. Tu te sens de marcher ?
- Pas de soucis.

Malgré son ton assuré, Sissi fut obligée de laisser William la porter à moitié pour réussir à descendre les escaliers. Par chance, elle n’eut pas besoin de demander aux autres de ne pas poser de questions, un Odd surexcité monopolisant l’attention.

- Ah bah enfin, vous voilà ! Tu te souviens de ta feuille, William ?

Sans laisser au garçon le temps de répondre, Odd poursuivit :

- Tu l’as percée en dessinant ton cauchemar, tu te souviens ?
- Oui et ?
- Et bien je me rappelle avoir mis cette feuille dans la cuisine. Donc on sait déjà que les autres peuvent y aller tranquilles.
- Oui, bien sûr, pour se rendre compte que si ça se trouve, XANA a modifié les emplacements des feuilles !
- Il ne respecterait pas ses propres règles.
- Il n’a jamais précisé que les cauchemars seraient ceux présents de base.
- Ok, on évite de s’éparpiller, relativisa Aelita. Si les règles sont comme décrites, Sissi et moi sommes tranquilles. La cuisine est dangereuse pour William mais par conséquent, il peut se rendre partout ailleurs seul.
- Je ne laisserai pas Sissi de toute façon.
- Je vois où tu veux en venir, Aelita, intervint Yumi. Tu penses que te balader dans toutes les pièces avec quelqu’un qui n’a pas encore trouvé son cauchemar nous permettrait de les démasquer un par un ?
- En tout cas, ça éviterait qu’on les découvre par inadvertance sans y être préparés.
- On pourrait aussi faire une pause dans les poussées d’adrénaline et rester un peu ici, proposa Jérémie. Ça m’aiderait si tu pouvais me donner ton avis sur quelques points, Aelita. Je ne l’avoue pas de gaieté de cœur mais je patauge.
- Je vote pour la pause, annonça Sissi.

Sans attendre de réaction, elle alla s’écrouler sur son matelas, suivie par William.

- Où tu vas ? s’inquiéta Yumi en voyant Ulrich se lever.
- Désolé, à un endroit où tu ne peux pas aller pour moi.
- Heureusement qu’on n’était pas plus nombreux, vous imaginez si on avait mis un cauchemar dans les toilettes ? L’un de nous aurait peut-être eu une fin atrocement sale ! Sérieusement, vous imaginez ?
- Merci pour cette précision, Odd…

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Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Mar 26 Déc 2017 11:28   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
bon chapitre.
un autre cauchemar surmonté, et encore une fois c'est william qui a le beau rôle du sauveur (sa commence a être suspect)

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Dyssery MessagePosté le: Mar 26 Déc 2017 13:47   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 03 Mar 2014
Messages: 77
Que dire, que dire… Tu n'écris plus en orange ? Sûr que ça fait plus Halloween que Noël Wink

Le chapitre cinq finit effectivement en beauté de poser les nouvelles règles. Fidèle à moi-même, j'ai un peu de mal avec la façon de parler très humaine que tu as donnée à XANA. Ça n'a rien d'illogique, pourtant, compte tenu du rôle qu'il tient ici et de sa volonté de s'amuser avec les LG, mais que veux-tu, on ne se refait pas. En tout cas, j'ai apprécié que tu notes toi-même tous ces points étranges dans l'attitude de XANA, comme le fait qu'il ne sorte pas simplement son spectre pour électrocuter les autres. De même, c'est agréable de voir que toutes les décisions des LG sur la conduite à tenir, qu'on les trouve pertinentes ou non, font l'objet d'une réflexion, et que tu défends tout ce que tu mets en place pour ton intrigue.

Pour le reste, il n'y a pas tant à disserter sur ce chapitre.
Clash sur la maturité de Yumi, je t'aime.
L'humour de Odd, inégalable sauf entre tes mains, je t'aime.
C'est amusant de voir comme les soupçons se portent immédiatement soit sur William, soit sur Sissi. Ils ne seraient pourtant pas les meilleurs choix, mais les habitudes ont la vie dure.
Odd qui ne dessine rien, eh bien, je l'aurais bien vu s'éclater à dessiner un zombie, mais maintenant que j'y pense, il ne voulait pas jouer au jeu de William. Et c'était le seul (Bon, d'accord, il n'a pas râlé longtemps, j'extrapole. Mais quand même). Je crois que j'ai vraiment hâte de voir son cauchemar. Après tout, c'est typiquement le genre de personnage qu'on peut facilement faire se cacher derrière son image de pitre. Oh oui, j'ai hâte.


Chapitre six, donc. Pauvre William. Jérémie a peut-être toujours su te rassurer, Aelita, mais il n'était pas celui qui venait de te plonger dans un cauchemar avec lequel tu n'aurais eu aucun lien sans lui…
Je n'avais pas pensé à la difficulté de passer les portes des pièces à trois d'un coup, l'entrée dans la chambre m'a fait rire. Mais tu ne m'as pas laissé un très long répit, on dirait bien que le jeu commence. Un loup, tu as dû t'amuser. Ton plaidoyer en leur faveur était bien agréable, mais pas autant que la torture psychologique de XANA. Je reste sur ce que j'ai dit, ce n'est pas la façon de s'exprimer de mon IA préférée, mais à part ça… On en revient toujours aux tares de Franz Hopper. Et c'est toujours aussi jouissif.

Juste :
Citation:
 Tous ses efforts pour rien… Toutes ses nuits d’insomnie

ces, non ?

Puis Aelita s'en sort, et XANA demande à s'en prendre à Sissi ? Étrange.
Sissi qui choisit d'ailleurs de rester terre-à-terre et se raccroche à la bouée que serait une caméra cachée, owii :3 J'aime quand les personnages sont sceptiques. Tout le dialogue de cette fin de chapitre est absolument savoureux, à vrai dire. Cette simili invitation à tuer quelqu'un quand on répond à Sissi qu'ils ne peuvent pas faire cuire de pâtes carbos.
Et ce « Tant pis, je les mangerai crus ». Badass !!

Baddas mais beuark, des lardons crus D:
Si un jour, je prends le temps d'écrire l'OS sur Sissi qui pointe périodiquement le bout de son nez dans ma tête, tu ne crieras pas au plagiat, hein ? Parce que le proviseur qui voit tous ses élèves comme ses enfants, sans qu'aucun ne se rende compte de la solitude que ça cause à sa fille, j'avoue que je voulais le faire aussi !
Sinon, merci. Merci pour ce William/Sissi qui ne tombe pas dans ce travers que je déteste, que dis-je, que je honnis, que j'exècre de toute mon âme, le « comment t'as pu me mentir comme ça ?? » Vraiment, j'avais peur de ce moment – j'ai toujours peur de ces moments – et je suis tellement ravie quand un auteur flanque un coup de pied au cul de ce cliché !
Le cauchemar de Sissi m'a touchée, et si je n'ai pas toujours trouvé les mots de William très naturels, sa réaction m'a touchée. C'est un passage que j'ai beaucoup aimé lire.
Par contre, XANA ne serait pas un petit peu mauvais perdant ? Son « De toutes façon tu ne m'intéresses pas » sonne plutôt faux x)

Voilà, sept chapitres et toujours aucun indice sur le spectre, si l'on excepte ce « choisissez bien votre copain, pas comme certaine », que je ne sais guère analyser.
La partie de Loup-Garou de XANA serait-elle une partie Peste Noire ? Je commence sérieusement à me poser la question. Puisses-tu me donner la réponse dans pas trop longtemps (moi j'aurais bien aimé avoir la fin aujourd'hui :c ).
_________________
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Minho MessagePosté le: Mar 26 Déc 2017 16:35   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Jan 2016
Messages: 109
Hep là, esquive (pas) ce com !

Commençons directement avec un petit résumé de l'attitude de XANA depuis son apparition... Il a tout volé de la télé ce con !

Chapitre 4
Citation:
Encore faut-il que vous puissiez sortir d’ici, mes agneaux, fit remarquer une voix caverneuse. Pourquoi on ne continuerait pas plutôt à jouer ?


https://memegenerator.net/img/instances/500x/60362991/bonjour-lucie-on-va-jouer-un-jeu.jpg
Kassdédi à la psycho du coin o/


Chapitre 5
Citation:
Sans vouloir être mélodramatique, vous resterez ici pour toujours.


http://s2.quickmeme.com/img/8c/8cf8c9c8665d6d719e12ea79b77792f57a8e7a94cb32d1e928c3761a4d107bef.jpg


Chapitre 6
Citation:
Et oui, ma chérie, il y a tellement de peurs en toi, tellement d’angoisses.


https://i.skyrock.net/2788/84772788/pics/3276398584_1_10_UO3dyU8W.gif


Chapitre 7
Citation:
Quand accepteras-tu que ta vie pue la médiocrité ?


https://media.makeameme.org/created/mediocrity-mediocrity-everywhere.jpg


Hum... maintenant que ces brillantes comparaisons ont été posées, il est temps d'en venir au fait. Si la vie de Sissi pue la médiocrité, ton XANA oublie qu'il pue l'humain ! Comme l'a dit Dyssery, on en oublie presque totalement l'aspect du programme ici. Est-ce qu'il a vraiment une raison valable pour organiser tout ce cirque ou est-ce qu'il s'est fait contaminer par le sadisme irradiant de la Terre ? Nul ne le sait, pour l'instant, on verra si tu justifies son attitude dans la suite ou si c'est juste le caractère que tu as décidé de lui donner pour le bien du huit-clos. Comme je m'y attendais, les cauchemars sont particulièrement réussis. La torture psychologique, il y a que ça de vrai \o/

Le twist sur le William/Sissi était sympa, peut-être que ce couple n'est pas voué à l'échec finalement... Sinon, j'ai trouvé deux répliques hautement symboliques et je me devais de les partager.

Citation:
1) Tous les regards fixèrent William qui finit par avoir un ricanement sinistre.
- Quoi, vous pensez qu’en disant ça, je remporte le rôle de suspect idéal ?
- Les questions permettraient de démasquer le spectre, insista Jérémie.
- Non, William a raison, intervint Yumi. XANA veut jouer avec nous.

2) Et puis, pourquoi XANA se serait amusé à démasquer si tôt son spectre ? ajouta Ulrich. Tu t’emballes un peu vite, Jérémie.


Les « copains et puis c’est tout » qui défendent Willy, c'est assez rarement vu dans le coin pour être souligné. C'est bien d’innover ! Alors que ce sont toujours les premiers à s'en prendre plein la gueule à ce sujet, c'est clair que c'est plus facile pour un auteur de les attaquer que de les défendre Mr. Green Il me semble, comme c'est écrit dans le récit, que ce soit plus logique que Jérémie soit le premier à se méfier de Dunbar... c'est sans aucun doute celui qui y est le moins attaché. Yumi est celle qui a passé le plus de temps avec William, ça ne s'oublie pas. Quant à Ulrich, je pense sincèrement qu'une certaine forme de complicité a dû naître suite à cette rivalité et Stern partage bien plus de points communs avec Willy qu'avec un asocial comme Belpois en fin de compte. À titre personnel, ça me semble même plus logique que les deux guerriers soient amis sur le long terme, laissant le génie sur le carreau car ça m'étonnerait sincèrement que Jérémie reste proche d'eux après Kadic. Plus le même délire en grandissant...

Bref, c'est toujours intéressant de relever ce genre de détails car ça montre bien que les personnages que tu utilises ne sont plus exactement ceux qu'on connaissait. Ils n'ont pas seulement grandi mais aussi pris en maturité dans certains domaines, ce que j'apprécie fortement.

Citation:
- Tu veux me laisser tout seul ? glapit l’adolescent.
- Non, tu peux garder Kiwi.


http://img.memecdn.com/not-again-----amp-039-amp-039_o_1908813.jpg
On avait dit stop la zoophilie Crying or Very sad


C'était la dernière connerie du jour, à bientôt !
_________________
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Ellana MessagePosté le: Mar 26 Déc 2017 17:29   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !

Alors, je n'ai pas renoncé au orange, c'est juste que quand il y a une citation, j'ai la flemme de rebaliser pour qu'il y ait la couleur après hihi. Mais du coup, je vais mettre les réponses aux commentaires en spoiler, comme ça, je garderai le orange et ma flemmardise Mr. Green

Spoiler


Sur ce, bonne lecture ! Mr. Green

Chapitre 8 : Le poids de l’amour


Ulrich commençait à souffrir de claustrophobie et ce n’était pas en urinant à la lumière d’une bougie dans des toilettes minuscules que cela allait s’améliorer. L’obscurité lui pesait, les murs ne semblaient pas encore se rapprocher, mais il avait de plus en plus de difficultés à croire qu’il s’en affranchirait bientôt. Il avait l’impression de se retrouver à nouveau enfermé dans la chaufferie avec Yumi, persuadé que sa dernière heure était venue et qu’il mourrait fait comme un rat.
Malgré tout, le souvenir lui donna chaud. Il revit la japonaise retirer son t-shirt, il sentit son dos nu contre le sien, nu également. Il la revit dans la salle à manger, un peu plus tôt, enlevant sa robe. L’obscurité avait beau lui peser, elle n’était pas si totale et il n’avait pas pu s’empêcher de regarder un peu trop longuement son amie.

Ok Ulrich, calme-toi, tu es en danger de mort, tes potes aussi, essaye de te souvenir qu’il est plus urgent de sauver Yumi que de l’avoir contre toi.

Il quitta les toilettes et se dirigea machinalement vers la cuisine pour se laver les mains. Le fait de se trouver seul dans la pièce l’interpella mais il se souvint de ce qu’avait dit Odd : il ne risquait rien, c’était William qui déclencherait le cauchemar.
Le bruit de l’eau couvrit celui d’une personne entrant et fermant la porte, aussi sursauta-t-il quand des doigts caressèrent sa hanche. Il se retourna si brusquement que la bougie posée sur le bord de l’évier tomba et s’éteignit. La lumière du champ de force lui permit toutefois de reconnaître la nouvelle venue et de s’exclamer :

- Bordel, Sissi, tu m’as fait peur !
- Excuse-moi.

La voix de la jeune fille était si faible qu’Ulrich s’en voulut d’avoir été agressif.

- Non, c’est moi qui m’excuse, pardon. Tu vas bien ?
- Oui, merci.
- Tu es sûre ? Tu devrais restée allongée et…

Ulrich devint soudain soupçonneux.

- Pourquoi William n’est pas avec toi ?
- J’avais soif, je suis venue prendre un verre, pas besoin d’y aller à trois sous prétexte que William ne veut pas me lâcher et qu’il ne peut pas venir ici juste avec moi sans déclencher son cauchemar.

Rassuré, Ulrich se décala pour laisser Sissi boire au robinet. Il ne put s’empêcher de la regarder. Il ne faisait pas assez clair pour voir avec précision mais il était soudain fasciné par les mèches noires qui coulaient sur son épaule, offrant aux regards la peau nue de son cou. Son déguisement de diablesse lui avait procuré un charme érotique tout à l’heure mais Ulrich la trouvait bien plus jolie dans son chemisier rose pâle et son jean taille basse.

- Tu veux que je garde la pause pour que tu aies le temps de finir ton balayage corporel ?

Ulrich rougit mais Sissi paraissait plus moqueuse que réprobatrice. Elle se redressa et ses cheveux se replacèrent sur sa nuque dans un mouvement hypnotique.

- Désolé. Viens, rejoignons les autres.
- Attends.

Les doigts de Sissi attrapèrent ceux d’Ulrich qui, s’il fut surpris par leur fraîcheur, en apprécia la douceur. Il regarda sa main dans celle de la jeune fille puis ses yeux, avant de revenir sur sa main.

- Laisse-moi te parler, s’il te plait, supplia presque Sissi. Il y a des choses que j’ai besoin de te dire.

Ne sachant pas quelle attitude adopter, Ulrich se contenta de hausser les épaules. Sissi s’appuya contre l’évier, attirant le garçon davantage vers elle. Il s’écoula plusieurs secondes avant qu’elle ne pose son visage contre le torse d’Ulrich en étouffant un sanglot. Gêné, il lui caressa les cheveux de sa main libre.

- Sissi, tu devrais retourner t’allonger, tu as l’air encore très perturbée par ton cauchemar.
- J’aurais tellement aimé que tu sois là. Tu aurais compris certaines choses, tu aurais tout compris en fait. Ulrich… Je n’ai jamais voulu être avec William.
- Il t’a forcée ? s’inquiéta aussitôt le garçon.
- Abruti ! Je suis avec lui parce que je t’aime toujours, depuis toujours, et que je voulais qu’enfin tu me voies autrement. Mais ça n’a pas marché. Tu n’as d’yeux que pour Yumi, ne nie pas.
- Je n’avais pas l’intention de nier.

Mais malgré son ton assuré, Ulrich commençait à se sentir mal à l’aise, étouffé peu à peu par la culpabilité. Pourquoi avait-il été si mauvais avec Sissi durant toutes ses années ? Pourquoi, alors qu’elle n’avait jamais cherché qu’à se faire bien voir de lui, avait-il soutenu Odd dans ses plaisanteries, parfois cruelles ? Pourquoi restait-il autant accroché à Yumi qui le dédaignait une semaine sur deux alors que Sissi restait d’une constance aussi admirable que triste ?
Et pourquoi ne pouvait-il pas s’empêcher de lui caresser les cheveux ?

- Sissi, tu… Enfin, il ne faut pas rester avec William si tu n’en as pas envie… C’est pas sympa pour lui.

La jeune fille hocha vaguement la tête, sans cesser de sangloter.

- Rester seule peut avoir du bon, ça évite de te fermer des portes, c’est… enfin, rester avec William, ce n’est peut-être pas l’idéal du coup. Même pour toi.
- L’idéal, ce serait que tu arrêtes de courir derrière une chimère, rétorqua Sissi en levant vers lui un visage baigné de larmes. Si ça pouvait marcher entre toi et Yumi, ça aurait marché depuis longtemps. Tu devrais simplement l’accepter, non ?

Tout en parlant, elle avait doucement raffermi l’emprise de ses doigts sur ceux d’Ulrich. Celui-ci commençait à ne vraiment plus savoir quoi faire, rongé entre la culpabilité et l’envie. Il regrettait son comportement passé et s’accrocha à un souvenir :

- Tu te rappelles vers la fin des cours l’année dernière ? Je t’ai dit qu’on était amis.
- Si tu crois que ça suffit à effacer toutes les méchancetés que tu m’as jetées à la figure.

Ulrich perdit le peu d’assurance qu’il avait retrouvé. Si Sissi avait cessé de pleurer, elle semblait tout de même profondément malheureuse. Elle paraissait fragile, désabusée, perdue. Ulrich ne put s’empêcher d’être touché. Il n’était pas particulièrement égoïste mais on lui avait souvent reproché de ne pas penser assez aux autres. En cet instant, Sissi avait besoin de lui. Il ne pouvait pas la laisser tomber alors qu’elle venait de lui ouvrir son cœur. Elle l’avait fait avant, bien des fois, mais le contexte était si différent. Elle ne mentait alors pas à tout le monde en faisant croire qu’elle en aimait un autre et elle avait perdu sa superbe pour afficher une véritable souffrance.

- Si ça peut te rassurer, murmura-t-il, on s’est embrassé deux fois, toi et moi. Et malgré ce que j’ai pu dire pour ne pas perdre la face, ce n’était pas désagréable.
- Deux ?
- On a dû faire un retour vers le passé pour la deuxième fois mais tu m'as embrassé sur le pont de l'usine. Après m'avoir aidé.

Sissi réussit à sourire.

- J’embrasse bien par rapport à Yumi ?
- Je ne sais pas, je n’ai aucun élément de comparaison.
- Je suis la seule fille que tu as embrassée ?
- Oui. D’une certaine manière, ça crée quand même un lien.

Sissi hocha la tête et posa à nouveau son visage contre le torse d’Ulrich, loin de sangloter cette fois. Il continua à lui caresser les cheveux jusqu’à ce qu’elle se redresse.

- Ulrich ?
- Oui ?
- Jamais deux sans trois ?

Le garçon ne fit pas semblant de ne pas comprendre. Il se pencha vers Sissi et l’embrassa, d’abord doucement, gardant à l’esprit qu’elle était nerveusement fragilisée. Il ne devait pas en abuser. Mais lorsqu’elle lâcha sa main pour passer ses bras derrière sa nuque, il l’attrapa par la taille et l’attira davantage contre lui. Une diablesse lascive à la longue crinière noire dansait dans son esprit.
Elle était là, pour lui.
Il n’avait plus besoin de courir. Il n’avait qu’à tendre la main, il pouvait sentir enfin du réel contre lui.
Alors que ses doigts descendaient sur le corps de Sissi, la porte claqua. Il eut l’impression de recevoir une gifle et se retourna aussitôt.

- Qui était là ?
- Je n’ai vu personne, assura Sissi en glissant ses mains sur son dos. Peut-être un courant d’air ?
- Tu te fous de moi ? On est bloqués dans cette maison sans pouvoir ouvrir ni porte ni fenêtre mais il y a des courants d’air ?
- Quelle importance ?

Ulrich sentit sa colère et sa peur disparaître doucement, étouffées par la voix langoureuse de Sissi. Mais le claquement de la porte résonna dans son esprit.

- Stop. Tu as été bouleversée par tout ce qui t’est arrivé aujourd’hui, tu ne sais plus où tu en es et c’est normal. On n’est pas pour autant obligés de faire n’importe quoi, alors tu vas gentiment retourner dans la salle à manger t’allonger.
- Pourquoi tu me demandes ça ? Tu aimes que je te touche, ne nie pas.
- Je… je n’allais pas nier. Mais tu sors avec William que tu le veuilles ou non. Et moi, j’aime Yumi et je n’ai pas envie de penser à elle pour oublier que c’est toi qui es là. Sissi, bon sang, respecte-toi un peu !
- Tu ne pensais pas du tout à Yumi et c’est pour ça que tu t’énerves. Tu te moques éperdument du fait que je me respecte ou non. Je pourrais me traîner dans la boue, faire les choses les plus humiliantes, tu aimerais ça, ça t’exciterait et tu n’aurais aucunement besoin de penser à Yumi pour te faire bander. Tu es un pervers frustré, Ulrich, et je t’offre l’opportunité de te lâcher un peu. C’est normal que ça te plaise, pas besoin de culpabiliser. Yumi n’avait qu’à saisir sa chance plus tôt, non ?
- Sissi, tu me mets mal à l’aise. Retourne avec les autres et s’il te plaît, évite de raconter ce qu’il vient de se passer.
- Tu n’es pas mal à l’aise à cause de moi. Ça aurait pu être n’importe quelle autre fille, exceptée Yumi. Sans rire, Ulrich, regarde autour de toi. Regarde William : tu te crois supérieur à lui, il y aura toujours une rivalité entre vous et combien de temps mettras-tu avant de vouloir le rattraper sur le terrain du sexe ? Regarde Odd : comment réagiras-tu les nuits où il ne dormira pas à l’internat pour s’occuper de sa nouvelle conquête ? Regarde Jérémie et Aelita : même eux goûteront avant toi aux délices de la chair et ça t’énerve. Ça te vexe. Tu resteras un puceau frustré au nom d’un faux respect, d’une fausse fidélité. Accroche-toi à Yumi si tu veux mais ne fais pas croire que tu te refuses aux autres parce que tu l’aimes. Si l’une d’entre elles insiste plus que moi, tu ne te rappelleras pas longtemps de ton « amour ». Dis-moi… Pourquoi cours-tu encore après elle ? Ton instinct de chasseur est excité par ses refus ? Combien de temps mettra ton ego avant de se lasser et de se flatter dans les bras d’une autre ?

Ulrich ne répondit pas. Malgré le regard de braise de Sissi, il ne ressentait plus que de la honte et de la peur. Elle avait raison, il le savait. Plus d’une fois il s’était avoué que ce jeu de chat et de souris l’ennuyait, qu’il serait plus facile de lâcher prise et de céder à la facilité. Des années à se courir après, ils seraient forcément déjà lassés le jour où ils arriveraient à s’attraper.

- Sissi, qu’est-ce que ça t’apporte de me balancer ça ?
- Je ne veux que ton bien, mon Ulrich, souffla la jeune fille au creux de son oreille. Je veux juste t’aider à réaliser ce qui est le mieux pour toi.

Ulrich fut tenté de basculer à nouveau dans l’insouciance. Après tout, il ne ferait de mal à personne. Yumi serait sans doute plus énervée que malheureuse et qu’est-ce que ça changerait ? Même quand il n’avait rien à se reprocher, elle trouvait le moyen de l’accabler. Pour une fois, elle aurait une raison de faire sa princesse offensée. Elle n’avait qu’à arrêter avec son « copains et puis c’est tout ».
Mais alors qu’il se faisait cette réflexion, Ulrich eut un sursaut de maturité. Yumi était au minimum une amie, elle ne méritait pas qu’il la blesse sciemment. Qui était-il pour l’accuser d’une faute qu’il commettait lui-même ? Le claquement de porte n’était-il dû qu’à son imagination ? Avaient-ils été surpris ? Par Yumi ? Par William ? La fille qu'il aimait était peut-être en train de toucher le fond dans la salle à manger. Elle se sentait peut-être trahie, déçue. A cette seule pensée, il se trouva misérable.
Même si elle n’était pas entrée dans la cuisine, n’allait-elle pas trouver suspect qu’il reste si longtemps seul avec Sissi ? Les autres allaient forcément se poser des questions, Sissi n’arriverait pas à mentir de manière convaincante. Et lui ? Yumi avait toujours eu un excellent instinct pour deviner les choses qu’il essayait de lui cacher. Si elle l’apprenait, arriverait-il à se justifier ? Comment pourrait-il être crédible alors qu’au fond de lui, il frémissait encore sous les caresses de Sissi ?

- Dégage.
- C’est vraiment ce que tu veux, Ulrich ? Tu veux que je parte ?
- Oui.
- D’accord. Je ne dirai rien… si on ne me pose pas de questions.

Sans un regard en arrière, Sissi quitta la pièce, refermant en douceur la porte derrière elle. Seul dans l’obscurité, Ulrich s’appuya sur l’évier. Il avait l’impression que le champ de force se moquait de lui avec ses lumières pétillantes. Ses doigts cherchèrent à tâtons le robinet et il se couvrit le visage d’eau. Alors qu’il se redressait, il entendit la porte s’ouvrir.

- Sissi, soupira-t-il en se retournant, n’insiste…

Il ne termina pas sa phrase. Ce n’était pas Sissi qui venait d’entrer dans la cuisine mais William et Yumi. Ils n’avaient pas l’air de lui en vouloir, ils n’avaient pas l’air de venir réclamer des comptes. À vrai dire, Ulrich n’aurait pas pu dire ce dont ils avaient l’air puisqu’ils s’embrassaient à pleine bouche.
Estomaqué, il n’eut pas le réflexe de signaler sa présence que de toute évidence les tourtereaux n’avaient pas remarquée. Yumi pouffa quand William la plaqua contre le mur, lui dévorant le cou au passage.

- C’est une blague ? demanda nerveusement Ulrich.

Sa voix ne porta pas et il n’arriva pas à bouger. Malgré la pénombre, il vit très clairement que Yumi avait remis la robe de son déguisement. Ce ne fut que quand William passa la main sous le tissu pour remonter le long de sa jambe qu’Ulrich réagit. Avec un grognement hargneux, il se jeta sur le couple. Sa main agrippa William par le col et le força à se retourner. Alors que Yumi hurlait son nom, le poing d’Ulrich venait s’écraser sur le visage de son rival.

- Tu manques vraiment pas d’air, connard !
- Ulrich, arrête !

Le poing du garçon frappa une deuxième fois sans que William cherche à se défendre. Yumi tira Ulrich par le bras et le troisième coup fut pour elle. Elle se laissa tomber sur le sol, la main sur sa joue.

- Ulrich…
- Pardon, je suis désolé !

Profitant de la diversion, William quitta la cuisine sans demander son reste. Horrifié, Ulrich n’y prêta pas la moindre attention.

- Yumi, je suis vraiment désolé, pardonne-moi.

Au moment où les mots franchissaient ses lèvres, le garçon sentit la colère revenir.
Ce n’était pas à lui de s’excuser.

- Tu te rends compte quand même que tu es une belle salope ? C’est quoi le problème, hein ? Tu te tapes William depuis qu’on l’a libéré de XANA, c’est ça ? Vous vous foutez de ma gueule et de celle de Sissi depuis tout ce temps ? Ou alors elle vient seulement de me balancer et tu agis par vengeance ?
- Je ne me tape pas William, répondit la jeune fille d’une voix glaciale. La moindre des choses serait de t’excuser.
- Tu n’étais pas visée et je l’ai déjà fait.
- En trente secondes, tu m’as giflée et traitée de salope. Tu ne t’es pas excusé pour ce dernier point. Si tu veux que je t’explique, excuse-toi. Maintenant.

La colère d’Ulrich fondit aussitôt. Le regard de Yumi n’avait jamais été si dur.

- Je suis désolée de t’avoir insultée, même si tu l’as mérité.
- Et un mec qui me fait mijoter pendant des années avant de roucouler avec une autre à un moment où on s’entend pour le mieux, tu appelles ça comment ?
- Donc Sissi m’a balancé, grinça Ulrich entre ces dents.
- Ne fais pas cette tête là, elle n’est absolument pas coupable ! Elle n’a rien dit, elle s’est effondrée à nouveau en rentrant dans la salle à manger et pas besoin d’être Sherlock pour comprendre ! C’était à William de te frapper, pas l’inverse ! Et moi… Tu t’en moques donc à ce point de ce que je peux ressentir ?

Ulrich se sentit à nouveau mal à l’aise. En dix minutes, il faisait pleurer sa deuxième fille.

- C’était mon idée de jouer la comédie avec William parce que j’en ai marre de ton comportement puéril !
- Ah oui, bien sûr, ta réaction est un exemple de maturité !
- Arrête ! Arrête de toujours rejeter la faute sur moi ! Arrête de te croire irréprochable ! Arrête de m’accuser dès que ça ne va pas entre nous ! Arrête de penser que William est un rival alors que tu n’as même pas le courage d’entrer dans la compétition !

Yumi se laissa glisser sur le sol, en pleurs, terriblement belle dans sa robe. Ulrich sentit sa gorge se nouer tandis qu’elle hoquetait, la tête cachée entre les bras.

- Je suis vraiment désolé, je sais qu’on a tous les deux nos torts. Bon sang, Yumi, comment tu supportes cette situation ? Comment tu supportes le fait qu’on soit presque en couple un jour puis qu’on se déchire pour rien le lendemain ?
- Je ne le supporte pas.

Il fallut plusieurs secondes à Ulrich pour comprendre que déjà, Yumi ne pleurait plus. Si elle continuait à hoqueter, c’était parce qu’elle riait. Lorsqu’elle leva le visage vers lui, il n’y vit que du mépris et de l’amusement.

- Je ne le supporte pas, Ulrich. Je continue à jouer avec toi parce que ça m’amuse. Sissi sort avec William pour ne pas être seule et parce que ça la rend encore plus populaire. C’est pareil pour moi, c’est flatteur de continuer à rendre fou un des mecs les plus prisés de l’école, même après toutes ces années. Tu me demandais quel était le problème tout à l’heure ? Il n’y en a aucun. Je pète le feu grâce à toi. Je me délecte de tes petites crises immatures et comme tu l’as parfaitement deviné, oui, je me tape William depuis qu’on l’a libéré de XANA et oui, je me fous avec lui de ta gueule et de celle de Sissi depuis tout ce temps.

Ulrich accusa le choc. Sa première pensée fut qu’elle mentait mais quel intérêt avait-elle à le faire ?

- Tu as cru que je t’attendrais tout ce temps ? A quoi tu rêvais ? J’ai autre chose à faire, plein de choses à vivre et William est très bon professeur. Sans compter que comme Sissi se la joue aussi reine des glaces, on avait pas mal de vides communs à combler.
- Tais-toi.
- Tu m’as posé des questions et tu ne veux plus les réponses ? Tant pis pour toi, il fallait mieux savoir ce que tu voulais. Enfin, ce n’est pas comme si j’avais l’habitude de subir tes changements d’humeur. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi, Ulrich, et tu le sais. Si tu avais été un homme, si tu avais porté tes parties génitales, en admettant que tu saches que tu en possèdes, si tu avais osé me parler, m’embrasser, enfin concrétiser, je n’aurais pas eu besoin d’aller chercher de la chaleur auprès de William.
- Donc ça t’amuse d’être une salope, tu le revendiques ? railla Ulrich, les poings serrés.
- Sur un autre plan, si tu ne m’avais pas piétinée plusieurs fois en te pensant dans ton droit, si tu ne m’avais pas fait pleuré si souvent, si tu avais eu un peu confiance en moi et si tu avais été aimable au quotidien, pas juste les jours où tu t’étais levé du bon pied, je n’aurais pas eu besoin d’aller chercher du réconfort auprès de William. C’est ce qu’il m’a offert en premier lieu et que tu m’as toujours refusé : une oreille attentive, un ami sur qui compter, de l’affection sincère et constante, pas juste quand ça l’arrange. Ouvre les yeux, Ulrich : si nous ne sommes pas ensemble aujourd’hui et si William me passe dessus dès que ça lui chante, c’est uniquement et pleinement ta faute.

Yumi appuya chacun de ces derniers mots d’une voix dure, tout en conservant son regard narquois, son sourire provocateur. Ulrich n’avait jamais senti un tel déferlement de violence couler dans ses veines et il se sentait peu à peu emporté par ce courant dévastateur.

- Tu ne réponds rien parce que tu sais pertinemment que j’ai raison. J’aurais même été prête à me jeter dans les bras de Odd s’il n’avait pas été si volage, parce que même lui m’écoute davantage que toi. Tu ne te souviens qu’on est amis que quand tu as dépassé les bornes et qu’on arrête de se parler mais dès qu’on se rabiboche, tu en remets une couche. Tout est ta faute. Tu as créé un combat auquel tu n’as pas participé et tu m’as jetée toi-même dans les bras d’un vainqueur que tu redoutais et que tu n’as pourtant même pas affronté. Espèce de lâche.
- Ulrich, qu’est-ce qui se passe ?

Le garçon cligna plusieurs fois des yeux. Il était accroupi, une main accrochée au col de Yumi, l’autre levée. Et à l’entrée de la cuisine se trouvait également Yumi.

- Tu peux éviter de me frapper ? tenta-t-elle de plaisanter.

Horrifiée par ce qu’il avait failli faire, Ulrich se laissa tomber à la renverse et recula le plus loin possible de la Yumi en robe qui disparut dans un éclat de rire.

- Visiblement, ce n’était pas le cauchemar de William dans la cuisine, devina la Yumi restante en rejoignant Ulrich.
- Est-ce que Sissi est toujours dans la salle à manger ?

Surprise par la question, Yumi haussa les sourcils mais devant le visage choqué d’Ulrich, elle répondit :

- Personne n’en est sorti avant moi.
- Dans ce cas, XANA commence à être de plus en plus vicieux. Il a largement dépassé ce que j’avais dessiné. Et j’ai la confirmation qu’il y a au moins deux spectres. Un troisième est peut-être à envisager.
- En tout cas, je ne pensais pas que mon déguisement t’avait déplu à ce point.
- Désolé, je ne suis pas trop d’humeur à plaisanter.
- C’est à moi d’être désolée, pardon. J’aurais dû me rendre compte plus vite que quelque chose n’allait pas plutôt que de rigoler aux blagues de Odd sur tes problèmes de transit.

Ulrich réussit à esquisser un sourire et Yumi s’assit à côté de lui.

- Je suis désolée, je ne pensais pas que tu aurais à affronter ton cauchemar seul.
- Sans vouloir te vexer, il n’est peut-être pas fini. Qui me dit que tu es toi ?
- Rien, tu as raison. Mais il y avait un double de moi vautré dans une robe qui normalement est dans mon sac dans la salle à manger. Ce double a maintenant disparu, il n’y a pas de raison que le cauchemar continue.
- Je n’ai pas l’impression de l’avoir vaincu, j’étais encore en plein dedans... Yumi, contrairement aux autres, je ne me suis même pas rendu compte que j’affrontais mon cauchemar ! Quel débile, c’est pas vrai ! Je suis entrée à 200 % dans le jeu de XANA et si tu n’étais pas arrivée, j’aurais continué ! Mon Dieu, Yumi, je t’ai frappée et j’étais prêt à recommencer !
- Ulrich, ce n’était pas moi. J’étais assise avec les autres dans la salle à manger. Tout ce que je t’ai dit ou tout ce que j’ai fait n’était pas réel. XANA a joué avec tes sentiments. XANA, pas moi.
- Mais c’était moi par contre. XANA n’a pas pris possession de mon corps, il ne m’a pas remplacé par un spectre, je ne jouais aucun rôle. J’étais moi et j’étais… horrible.

La voix d’Ulrich se brisa. La tête entre les mains, il n’arrivait pas à accepter jusqu’où il avait pu aller.

- Ulrich, je ne sais pas ce qui s’est passé et je comprendrais que tu ne veuilles pas me le raconter. Mais rien de ce que tu viens de vivre n’a eu de conséquences. Sissi est dans la salle à manger avec William, personne n’est venu. Ce que tu as vécu, tu l’as vécu seul. Il n’y a d’impacts que sur toi.

Les mots de Yumi rassurèrent Ulrich. Au fond et sans le savoir, elle avait raison : il n’y avait d’impacts que sur lui. Il n’était pas entré dans le jeu de séduction de Sissi de manière réelle et même dans son fantasme, il avait su se reprendre avant d’aller trop loin. Restait qu’il avait été prêt à frapper Yumi. Mais même sur ce point, il n’avait pas été au bout, le coup qu’il lui avait porté plus tôt étant destiné à William. Il y voyait une sorte de signe, la preuve qu’il n’était pas une pure ordure, et il en avait besoin.

- Ne t’en fais pas, ça va passer, assura la jeune fille en entourant ses épaules de son bras. Tout ira bien.
- Yumi, je…

Ulrich sentait que le moment était crucial mais il ne trouvait pas les mots. Désemparé, il chercha du regard de l’aide auprès de la jeune fille qui ne savait visiblement pas quoi dire non plus. Alors, sans réfléchir, il l’embrassa, un baiser rapide, fugace, si bref que Yumi se caressa les lèvres comme pour vérifier ce qui venait de se passer. Profitant de la diversion, Ulrich débita :

- Yumi je suis désolé. Je suis désolé pour tout ce que je t’ai fait subir, tout ce que je nous ai infligé. J’ai été une merde, lâche et prétentieuse. Je suis fou de toi, vraiment fou, j’en perds les pédales et je ne serai sans doute jamais assez bien pour toi mais s’il reste une minuscule chance pour que tu m’acceptes, je t’en prie, donne-la-moi.

Yumi le regardait désemparée. Le contexte n’avait rien d’idéal, ne risquait-il pas de changer de discours une fois le choc passé ?
Dans le doute, elle se contenta de lui sourire et de se relever.

- Allons rejoindre les autres.

Elle se dirigea vers le couloir mais Ulrich lui attrapa le bras.

- Attends…
- On en reparle plus tard, d’accord ?
- Ce n’est pas ça le problème. Quel comportement avait Odd dans la salle à manger ?
- Odd ? Il jouait avec Kiwi en regardant de temps en temps ce que faisaient Jérémie et Aelita. Pourquoi ?
- Parce que c’est sa faute ce qui vient d’arriver. Je me suis cru en sécurité parce que Odd m’a dit que je l’étais, que seul William serait en danger dans la cuisine ! Or, ce n’était pas le cas !
- Ce serait surprenant que XANA tienne parole en ne déclenchant que le cauchemar de la personne dans la pièce. Si ça se trouve, il attaque dès que quelqu’un se retrouve seul, sans se préoccuper du dessin.

Yumi ne put s’empêcher de récupérer la feuille posée sur la table pour vérifier ses propos. Ulrich n’était pas un artiste mais elle se reconnut sans difficulté, dans les bras de William.

- Effectivement, XANA a bien extrapolé.

Ulrich rougit.

- Tu n’étais pas censée voir ça. Et ça confirme ce que je dis. C’était mon cauchemar qui était dans cette pièce, depuis le début. Soit le spectre a échangé des feuilles de place, soit Odd nous a menti. Et comme je ne vois pas quel intérêt le spectre aurait à déclencher des cauchemars dans une pièce plutôt qu’une autre, ne me demande plus de faire confiance à Odd.

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Dyssery MessagePosté le: Mar 02 Jan 2018 23:05   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Messages: 77
Bon, t’es censée pas tarder à revenir poster, faut que je me bouge les fesses, moi.

Chapitre 8. J’ai…détesté ce chapitre D:
Respire, je ne mets pas en cause ton talent, bien au contraire. Si j’ai détesté ce chapitre, c’est justement parce qu’il m’a mise atrocement mal à l’aise dans sa justesse, son horreur, et les points qu’il soulève. Au début, ça m’a assez plu. Parce que les LG ont effectivement été horribles avec Sissi en plusieurs occasions. J’ai eu l’impression de lire mes propres réflexions, sur ton début de chapitre, c’était assez perturbant.

Après, je sais qu’Ulrich essaie d’être sympa, mais franchement, quand tu repousses quelqu’un, lui signaler que tu l’as embrassé deux fois c’est quand même tordu. Ce mec est un rustre. De même, accepter d’embrasser Sissi pour la réconforter, je trouve ça d’une lâcheté oO Et puis s’énerver et lui dire de se respecter… Elle est en état de choc, c’est à lui de la respecter ! (Tu me diras, j’exagère, vu la situation, il ne doit pas être tout à fait bien dans sa tête non plus, je lui reconnais ça)

Tout le discours que Sissi fait ensuite sur la relation entre Ulrich et Yumi, je trouve qu’il tape très juste. Parce que si le jeu du chat et de la souris entre eux m’ennuie, je n’ose même pas imaginer leur état d’esprit, à fortiori en voyant Jérémie et Aelita partager ce qu’ils n’ont pas, et Odd enchaîner les histoires sans complexe. Je n’ai jamais été du genre à m’acharner quand j’avais l’impression de ne pas intéresser l’autre, alors ça me dépasse de les voir se prendre la tête pendant aussi longtemps, et j’attends le moment où ils vont réellement se mettre à se haïr…

Jusque-là, ça allait. J’étais mal à l’aise, mais je lisais des réflexions pertinentes qui m’interpellaient. Puis arrivent William et Yumi qui se roulent une pelle. Alors fidèle à lui-même, Ulrich devient con, et moi je m'énerve. Les phrases qu’il balance à Yumi le rende haïssable, mais ce qu’elle lui rétorque est tout aussi énervant, voire plus, et je me retrouve piégée avec ce que Code Lyoko avait de plus horripilant : la stupidité chronique de ces deux abrutis finis qui m’a tant de fois fait péter les plombs. Sans déconner, Yumi n’a pas tort, Ulrich est apparemment incapable de se confronter à sa propre part de responsabilité dans l’impasse où ils sont fourrés depuis des lustres. Sauf qu’elle se fout de lui en lui répétant qu’il n’a pas le courage de se jeter dans la compétition : à quel moment elle se croit en droit de mettre en place une compétition ? Il a fait beaucoup plus de pas vers elle qu’elle n’en a fait vers lui, merde, alors qu’elle commence par assumer SES torts avant de lui balancer les siens à la gueule !! Bon, j’arrête, je risque de péter mon clavier, si je continue.

Ensuite, Yumi révèle son côté salope définitif, et le cauchemar se termine, ouf ! J’ai l’impression que c’était mon cauchemar, dans cette cuisine, tellement ce ramassis de conneries m’a énervée D: Bon, on le savait, que c’était XANA, mais il a su taper là où ça fait mal (et pas que sur Ulrich, Code Lyoko, pourquoi ?? TT)

La fin du chapitre m’a indiciblement soulagée. Je suis comme Ulrich, je ne comprends pas vraiment. Il n’a pas vaincu son cauchemar, alors pourquoi a-t-il disparu, et surtout, comment Yumi a pu rentrer dans la cuisine, mais peu importe, toutes les répliques de leur dialogue… Elles m’ont réconciliée avec eux !
Citation:
« J’étais moi et j’étais… horrible. »

Citation:
« Mais rien de ce que tu viens de vivre n’a eu de conséquences. »

La réalisation de ses erreurs ! L’empathie ! Le fait de faire confiance ! De se pardonner ! De dire les mots qu’il faut ! Enfin du Ulumi correctement écrit, je me sens libérée TT

La réaction de Yumi est peut-être juste un peu trop froide. Je comprends son hésitation vu la situation, mais je pense qu’elle aurait pu au moins l’expliquer un peu à Ulrich. Lui dire qu’ils en reparleraient quand ils seraient sortis de cet enfer, lui faire cette promesse, au moins, et ne pas le laisser croire qu’elle fuit la discussion.
Cela dit, il semble le comprendre de lui-même alors ce n’est pas important, et l’enchaînement sur Odd était magistral. Serait-ce donc lui ? Rien n’est moins sûr, la raison qu’Ulrich semble ne pas voir pour que le spectre échange les cauchemars de place serait justement de semer le doute. Sa réflexion reste cependant extrêmement intéressante à lire.

Le dernier point sur lequel je reviendrai sera fugace : j’imagine mal Ulrich dessiner ce qu’il a dessiné. Que ce soit son cauchemar, ok, mais qu’il accepte de le coucher sur une feuille de papier possiblement visible par tous, ça m’étonne.
C’est tout pour moi. Je veux la suite !!
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Ellana MessagePosté le: Sam 06 Jan 2018 14:39   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Bonjour, bonsoir !

Réponse au commentaire en spoil pour garder la couleur Mr. Green

Spoiler


Après des cauchemars plutôt psychologiques, on arrive à un cauchemar plus physique. Le titre du chapitre étant éloquent... arachnophobes, s'abstenir Razz

Bonne lecture !

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Chapitre 9 : Arachnophobie


Lorsqu’il entra dans le salon avec Yumi, Ulrich ne put s’empêcher de jeter un coup d‘œil suspicieux à Odd. Celui-ci ne le remarqua pas et lança d’un ton jovial :

- Alors, ce caca ?
- J’ai affronté mon cauchemar.
- A ce point ?

Cette fois, le regard courroucé qu’Aelita lui lança n’échappa pas à Odd.

- Attends, tu veux dire que ton cauchemar s’est déclenché ? Mais c’est pas possible, il n’y avait rien dans les toilettes !
- Sauf que le cauchemar dans la cuisine n’était pas celui de William. Il s’est activé quand je suis rentré et c’était bien mon dessin posé sur la table.

Un silence lourd suivit la révélation d’Ulrich ou plutôt l’accusation à peine voilée. Les yeux se tournèrent vers Odd qui ne put qu’écarquiller les siens.

- Je… je vous jure que j’ai posé la feuille trouée sur la table de la cuisine. J’en suis certain !
- Mais oui bien sûr ! Je viens de vivre un enfer à cause de toi et il aurait pu arriver la même chose à William s’il s’était baladé dans la maison en se croyant à l’abri ! Et comme par hasard, tu n’as pas dessiné de cauchemar ! Tu n’es qu’un spectre qui ne connaissait pas les peurs de Odd, un putain de spectre qui nous a poussés à faire ces jeux débiles et qui nous manipule depuis !
- C’est William qui voulait jouer à « Cauchemars », rappela Odd, j’ai juste ramené « Paraplegik Zombies 6 ». Enfin Ulrich, reprends-toi, je suis ton pote, merde !
- Tellement facile à dire !
- Tu laisses toujours ton réveil sonner deux fois avant de l’éteindre, même si tu es réveillé avant et même si je te fais la réflexion tous les matins ! L’autre jour en cours de maths, tu as dit à la prof que dans le triangle A, B, C comme chaussette, il y avait un angle droit, tout ça parce que le mot qu’on devait caser ce jour-là était chaussette. La veille des vacances, tu as écrit au moins vingt débuts de lettres à Yumi. Ils ont tous finis à la poubelle, sauf un qui a roulé sous le lit parce que tu l’as balancé à la tête de Kiwi. Je n’ai rien dessiné parce que rien ne me venait à l’esprit, tout simplement, et c’est loin d’être la première fois que je rends une feuille blanche, tu le sais. Je le répète, je suis ton pote, Ulrich, pas un vieux spectre débile de XANA !

C’était la première fois que les autres entendaient autant de détresse dans la voix de Odd. Il n’y avait plus aucune trace de rire ou de malice sur son visage et il semblait sur le point de fondre en larmes.
Cela n’eut aucun effet sur Ulrich.

- T’en fais trop.
- Ulrich…
- C’est bon, lâche-moi.

Le garçon alla s’asseoir dans un coin du salon. Odd voulut le suivre mais Yumi posa une main sur son épaule.

- Laisse. Il est encore sous le choc de son cauchemar, il lui faut un peu de temps.
- Mais je n’y suis pour rien !
- Je te crois. Et il te croira aussi lorsqu’il aura repris le contrôle de lui-même. En attendant, laisse-le respirer.

William acquiesça d’un hochement de tête avant de s’asseoir près de Sissi, désormais endormie sur son matelas.

- Vous pensez qu’elle dort simplement ou que c’est plus grave ?
- Aucun de nous n’a de connaissance en médecine, signala Jérémie avec une grimace. Mais elle a l’air de respirer régulièrement et sans difficulté, je pense qu’elle dort. Physiquement, elle a l’air en bonne santé, je pense que c’est nerveusement et mentalement qu’elle a subi un choc.
- Parfait. Je vais en profiter pour aller combattre mon cauchemar. Je refuse qu’elle m’accompagne et elle le demandera sûrement à son réveil. Il faut que je m’en sois occupé avant.
- Tu t’en sens capable ?

William hocha la tête avant d’ajouter :

- Tu devrais venir, Jérémie.
- Pourquoi moi ?
- Il ne reste que nos cauchemars et celui de Yumi. En y allant ensemble, on a deux fois plus de chances d’en déclencher un et donc de mettre fin à ce bordel plus rapidement.
- Tu ne préfères pas y aller avec Yumi ?
- Je n’ai pas très envie de l’emmener dans mon cauchemar et elle sera sans doute mieux accompagnée si elle affronte le sien avec Ulrich.

Le concerné haussa un sourcil. Dans ce genre de situation, il avait encore du mal à s’habituer à l’absence de rivalité entre William et lui.
De son côté, Jérémie consulta Aelita du regard. Quand celle-ci hocha la tête, il comprit qu’il n’aurait aucun soutien et soupira.

- Je te suis.
- On commence par l’étage. Chambre et bureau de Franz Hopper. Une des deux pièces s’activera forcément.
- Vous voulez que je teste la chambre d’amis en attendant ? demanda Yumi.
- Il ne vaut mieux pas. Un cauchemar à la fois, c’est amplement suffisant.
- Mais le spectre ne pourra pas être partout.
- A priori, il y en a au moins deux, intervint Ulrich. S’il y en a plus, ils arriveront sans difficulté à gérer deux cauchemars. Mieux vaut attendre que les garçons soient revenus.
- Sois prudent, chuchota Aelita à l’oreille de Jérémie.

Il lui serra la main et fut le premier à monter l’escalier.

- Le bureau est fermé à clé, lança-t-il à William encore en bas.
- Et on a la clé ?
- Il me semble qu’Aelita l’avait rangée quelque part dans la salle à manger. Il reste quand même deux chances sur trois pour que la chambre de Hopper soit un de nos cauchemars si ça peut te rassurer.
- Je ne suis pas fort en maths mais j’avais deviné…

Insensible à l’ironie de William, Jérémie hésita.

- C’est quoi ton cauchemar ?
- Des araignées. J’en ai la phobie depuis un bail. Et toi, à quoi on doit s’attendre ? Madame Hertz t’annonçant que tu as eu deux à la dernière interro ?
- Des robots. L’idée que la science et la technologie nous dépassent et se retournent contre nous, deviennent indépendantes jusqu’à ce qu’on ne puisse plus rien faire pour les contrôler. Je trouve que c’est la chose la plus flippante qui nous pende au nez.
- C’est vrai que c’est moins facile à écraser que des araignées, sourit William en allumant la lampe-torche.

La réponse de Jérémie le rassurait. Il préférait affronter une armée de robots que des émotions, ils auraient des moyens concrets de se battre. Quoiqu’il voyait mal comment venir à bout de robots avec ses pauvres petits poings… Il alluma néanmoins la lampe-torche qu’il n’avait toujours pas rendue à Aelita et ouvrit la porte.
Le cauchemar fut bien plus violent que pour les autres.
A peine entré, William sentit une barre dure lui frapper les flancs et heurta un coin de la pièce. Jérémie subit le même sort mais eut la chance d’atterrir sur le lit. Sonné, il resta allongé quelques secondes avant de pousser un cri de terreur.
Huit faisceaux aveuglants étaient braqués sur William, empêchant le jeune homme de voir quoi que ce soit. Jérémie n’avait pas cette chance. La lampe que son ami tenait à la main sans savoir où la diriger éclairait le corps énorme et monstrueux d’une araignée qui occupait presque toute la pièce. Ses pattes étaient réparties des deux côtés du lit, si bien que Jérémie se retrouvait à un mètre sous son ventre velu.
Pour l’heure, elle ne s’intéressait pas à lui. Ses crochets, longs de trente centimètres, laissaient échapper un filet de bave et de venin dont l’odeur forte fit tousser William. Il poussa un hurlement quand le liquide tomba sur son jean et lui brûla la peau. Il n’eut que le temps de rouler sur le côté avant qu’une des pattes de l’araignée ne se plante dans sa poitrine. La patte traversa le plancher et William frissonna en imaginant l’effet qu’elle aurait eu sur son corps.
La taille de la créature ne la rendait heureusement pas très mobile. Il rampa sous le lit, les traits tordus par la douleur qui pulsait dans sa cuisse.

- Jérémie !

Aucune réponse ne lui parvint. Mâchoires serrées, il roula de sous le lit et se remit debout. Sa tête frôlait le ventre de l’araignée. Il vit Jérémie recroquevillé sur les oreillers, les mains sur le visage, mais avant qu’il ait pu réagir, il sentit une autre brûlure se répandre sur l’arrière de son crâne et couler sur sa nuque. Les yeux de l’araignée irradiaient toujours leur lumière aveuglante et se braquèrent une nouvelle fois sur lui.

Ce n’est pas une vraie araignée, ce n’est qu’un spectre. Ce n’est qu’un spectre, ce n’est qu’un spectre. Mais un spectre, c’est encore pire qu’une araignée… Bon sang… Bats-toi, William. Remue-toi.

Le garçon bondit sur le côté aux moments où les crochets s’agitaient. Ils transpercèrent l’air, là où se tenait encore William une seconde plus tôt. Profitant de sa vitesse, tentant de juguler au maximum sa douleur et sa terreur, il contourna les pattes puis l’araignée toute entière. La carapace qui recouvrait l’arrière de son corps semblait glissante mais William bondit tout de même pour essayer de l’escalader. S’il réussissait à grimper sur la créature, il pourrait atteindre sa tête par le haut, sans risquer d’être touché par les crochets. Il fallait lui défoncer le crâne, c’était son point faible le plus sûr.
L’araignée ne parut pas sentir tout de suite les mains du garçon sur sa croupe. Ce ne fut que quand il appuya ses pieds sur ses pattes pour se hisser qu’elle réagit. Elle s’agita dans tous les sens, manquant désarçonner William. Celui-ci comprit vite qu’il ne tiendrait pas longtemps mais dans un de ses soubresauts, l’araignée l’envoya sur la partie plus velue de son corps et il réussit à trouver une certaine stabilité. Il manqua vomir lorsque ses doigts accrochèrent de longs poils noirs, poisseux et rêches à la fois.

- Jérémie, il faut trouver un truc pour l’assommer.
- On ne peut pas, on ne peut pas, gémit le garçon sans relever la tête. Elle est trop forte, tu as vu la taille de cette chose, on ne peut rien faire !

Les yeux de l’araignée balayaient la majorité de la pièce au fur et à mesure qu’elle se secouait pour tenter de se débarrasser de son cavalier. William finit par repérer dans les faisceaux lumineux un objet qui pouvait lui servir.

- Jérémie, la lampe !

Le cri de William fit relever la tête blonde. Les yeux de Jérémie passèrent de son ami, à califourchon sur l’araignée à la lampe de chevet, à portée de main. Il n’avait qu’à tendre le bras, il en était capable…

- Jérémie, aide-moi, bon sang !

Le blondinet resta prostré sur le lit, tétanisé.

***


Le claquement de la porte à l’étage avait réveillé Sissi en sursaut. Elle s’était redressée, affolée, le cœur prêt à jaillir de sa poitrine.

- Qu’est-ce qui se passe ?
- Rien, calme-toi, affirma Aelita en posant une main sur son bras.

La jeune fille ne fut pas dupe. Elle n’eut besoin que de quatre secondes pour demander :

- Où est William ?
- A l’étage, avec Jérémie, ils…

Aelita chercha Yumi du regard. Celle-ci hocha la tête.

- Ils cherchent à affronter leur cauchemar.
- C’est une blague ?
- Ne t’en fais pas, je suis sûre qu’ils s’en sortent très bien.

Là encore, le regard de Sissi indiquait clairement qu’elle n’en croyait pas un mot. Elle faillit protester lorsqu’elle comprit l’expression d’Aelita.
Elle n’essayait pas de la convaincre, juste de se rassurer.
Elle devait avoir peur aussi.
Sissi soupira et se rallongea, les bras serrés sur sa poitrine. Elle se souviendrait longtemps de ce Halloween ! Elle qui détestait déjà cette fête n’était pas prête de changer d’avis !

- Tout ira bien, assura à son tour Yumi.

Le hurlement d’Aelita la détrompa. Une longue patte noire, griffue et poilue, venait de traverser le plafond.

- Qu’est-ce que c’est que cette horreur ? s’étrangla Ulrich alors que la patte disparaissait déjà, laissant derrière elle un large trou.

Aelita ne répondit pas, déjà en train de courir vers l’escalier.

- Jérémie !
- William ! cria en écho Sissi.

Elle essaya de se relever mais ses jambes ne la soutenaient pas.

- Qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce qui se passe ? répéta-t-elle en commençant à pleurer.
- Odd et moi on va aller voir. Yumi, tu restes avec Sissi.
- Ils sont sûrement en danger, je…
- Sissi, tu n’es pas en état.

Sans argumenter davantage, Ulrich suivit Odd en dehors de la pièce. De son côté, Aelita tambourinait contre le mur à défaut de pouvoir le faire sur la porte, celle-ci étant protégée par un champ de force.

- Jérémie ! Jérémie !
- Au secours !
- Jérémie !
- T’es pas super utile là ! fit remarquer Ulrich en éloignant Aelita du mur. Jérémie, William, est-ce qu’il y a un champ de force de votre côté ?

Jérémie étant toujours recroquevillé sur le lit, William hurla en réponse :

- Non !
- Essayez d'ouvrir la porte !
- On a d’autres priorités !

Comme pour confirmer ses propos, l’araignée sous lui se changea en une pluie de mygales. Il heurta le sol et fut recouvert en quelques secondes par les bestioles velues. Malgré son dégoût, il se retint de hurler. L’idée d’avoir la gorge emplie de ces saletés le terrifiait plus que tout en cet instant.
Il crut qu’il allait devenir fou. Il avait beau se rouler sur le sol, agiter les membres dans tous les sens, les araignées le recouvraient sans cesse. Il se mit à pleurer en sentant les pattes velues sur son visage, ses mâchoires lui faisaient mal tant il les serrait pour ne pas hurler. Des crochets se plantèrent dans ses mains, chacun de ses doigts se mit à brûler de l’intérieur. La souffrance se mêlait à la peur dans un cocktail mortel.
Mais XANA ne comptait pas s’arrêter là.
William manqua défaillir lorsqu’une longue patte fine se glissa dans son oreille. Cette fois, il ne put retenir un hurlement et s’empressa de secouer ses mains douloureuses pour se masquer la bouche. La patte s’insinua plus profondément dans son oreille et tous ses poils se dressèrent. Couvert de chair de poule, agité par des tremblements, William sut qu’il allait mourir.

- Tu aurais mieux fait de rester avec moi, tu ne crois pas ?

La voix était faible, à peine plus élevée qu’un murmure, mais cela ne l’empêchait pas de suinter de sadisme.

- Pourquoi as-tu décidé de revenir avec eux ? Ne me fais pas croire que tu ne te souvenais de rien, pas à moi. Ta mémoire t’est revenue, je le sais moi. Ce que tu as vécu sur Lyoko, tu en as retrouvé des bribes, des flashs. Et ça t’a plu de ressentir à nouveau tout ce pouvoir, tout cet univers de possible. Mais tu n’as jamais essayé de rallumer le Supercalculateur, même après tout ce que j’ai fait pour toi. Tu as préféré me tourner le dos pour rejoindre des gens qui ne te faisaient plus confiance. Alors tu sais quoi ? Je ne corrigerai même pas ton manque d’imagination en te montrant un double égorger Sissi ou Yumi ou un autre final plus psychologique. Je n’ai pas envie de perdre mon temps avec toi.

Une patte s’infiltra dans sa deuxième oreille et William hurla. Des mygales s’engouffrèrent aussitôt dans sa bouche. Il toussa, vomit, mais les araignées palpaient sa gorge de l’intérieur, irritaient sa trachée de leurs poils rêches. Sous son crâne, il sentait les longues pattes triturer son cerveau. Chaque partie de sa peau était minutieusement attaquée, sa chair à vif suppliait qu’on la laisse tranquille.

- Adieu William, susurra une dernière fois la voix.

Les araignées disparurent au moment où Ulrich et Odd faisaient irruption dans la pièce. Jérémie pleurait sur le lit mais ils ne le regardèrent pas. Leurs yeux étaient rivés sur William, allongé par terre. Ses mains violettes étaient agitées de soubresauts et un filet de sang coulait de ses oreilles.

- Hey mon pote ça va ? demanda stupidement Odd en saisissant le garçon par les épaules.

Des yeux vitreux le regardèrent sans le voir. Avant de perdre connaissance, William se rappela un détail.
Comment Odd avait-il pu mettre un cauchemar dans le bureau si celui-ci était fermé à clé ?

***


- Qu’est-ce qu’on fait ?

Personne ne réagit. A l’exception de Sissi, au chevet de William dans la chambre de Hopper, les adolescents s’étaient rassemblés une nouvelle fois dans la salle à manger.

- On n’a aucun moyen d’aider William de toute façon. Il a perdu beaucoup de sang mais à quel point ? Ces araignées sont sûrement venimeuses vu l’état de ses mains mais comment savoir si c’est un venin paralysant, toxique ou mortel ? Il peut rester des jours dans le coma, se réveiller dans l’heure qui vient ou…

Là encore, personne ne réagit. Tout le monde savait ce que Yumi voulait dire.

- Si on s’en tire vivants, je m’inscris chez les JSP, promit Ulrich.
- La seule chose qu’on puisse faire, c’est sortir d’ici au plus vite. Et pour ça, il n’y a pas trois mille solutions.

Jérémie grimaça et Aelita lui adressa un regard navré.

- Je sais que tu espérais ne pas en arriver là mais nous ne pouvons plus compter sur la chance pour nous permettre de créer je ne sais quelle machine efficace. Si nous jouons le jeu, XANA tiendra peut-être parole.
- Je ne crois pas…
- Il faut quand même essayer. Pour William.
- C’est ok pour moi, lança Yumi en se levant.

Elle n’eut pas besoin de demander à Ulrich de l’accompagner, le garçon était déjà debout à ses côté, une main sur son bras.

- On gagnera un temps précieux si tu vas aussi affronter ton cauchemar, Jérémie, insista Aelita d’une voix douce. Je viens avec toi.

Son ami hocha la tête.

- Je peux difficilement dire non. C’est ma faute si William est dans cet état, j’aurais dû l’aider. Et même avant tout ça, j’aurais dû m’assurer que XANA ne pourrait pas revenir, qu’on n’aurait pas à vivre quelque chose comme ça.
- Non ! T’y crois pas !

Le hurlement de Odd fit retourner toutes les têtes.

- Kiwi a pissé sur le tapis !

Un silence lourd suivit ses paroles avant que Jérémie ne fasse remarquer d’une voix glaciale :

- On a peut-être des préoccupations plus importantes, non ?
- Ah… Oui, bien sûr, désolé.
- Et si tu rejoignais Sissi et William ? proposa Ulrich. Ça évitera de te laisser tout seul ici avec ton chien incontinent.
- C’est pas sa faute ! Mais ouais, je vais faire ça.

Yumi croisa le regard d’Ulrich et comprit.
Il ne voulait pas que Odd reste seul tout court.

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 06 Jan 2018 16:52   Sujet du message: Répondre en citant  
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Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
chapitre assez sanglant et terrifiant.
Donc ulrich suspecte de plus en plus Odd et le félin ne le prend pas vraiment bien.
et pauvre william, j'espere qu'il va s'en sortir.
Pourtant c'est supposé être le cauchemar de jérémie, mais c'est william qui a été attaqué. On dirait finalement que cette histoire ce concentre principalement sur william, vu qu'il a eu un rôle majeur dans tout les chapitres et cauchemar soit en support ou victime (pour Odd c'est l'opposé, mise a part pour faire les habituelles remarques stupides ou sans importance au vu de la situation, son rôle dans l'histoire est jusqu'à maintenant plutôt insignifiant, j'espère que sa va bientôt changer)

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StellaeArrente MessagePosté le: Sam 06 Jan 2018 18:57   Sujet du message: Répondre en citant  
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Une petite perle bien horrifique ! Razz

Ça se lit vite, c'est simple et en même temps bien amené : aspect horreur dans une maison abandonnée, un jeu que personne ne connait et qui a été acheté dans une boutique elle aussi inconnue, et une ambiance qui tend vers la paranoïa.
J'ai été particulièrement fan du moment entre Aelita et le loup/XANA et comment tu décris sa peur, son angoisse et sa crainte la plus profonde.
(Bordel X.A.NA tu as validé ta licence de psychologie ? Very Happy Bref')
A l'inverse le cauchemar d'Ulrich, j'étais moins prise, mais c'était bien amené. En tout cas chacune des expériences est assez différente pour ne pas donner l'impression de lire la même chose.
Ulrich reste pour moi un jeune garçon qui ne respecte pas beaucoup les filles (et chapeau tu ressors cette partie de son personnage)
Ta Sisi est touchante. Et c'est ton perso' le plus humain. Le couple SisixWilliam why not, Wiwi est un vrai gentleman mais je n'ai pas grand chose à dire dessus
Ton Odd est particulier. A quand un petit pavé le concernant ? Ou quelle surprise nous réserve tu avec lui ? ^.^ Wait and see !

Pour le spectre. Pourquoi - sauf si c'est ton choix - les héros ne pensent pas au spectre polymorphe ?
Parce que dans la série le spectre possède soit un objet, des animaux ou des humains - et le polymorphe lui peut prendre l'apparence qu'il veut.
Parce que bon Jérémie craint que l'un deux soit un spectre, mais bon... Tant qu'on sera pas arrivé au bout de ta fic, ce n'est pas comme si c'était hyper important. Parce que tous les persos sont suspects.
La tu nous amène sur la piste que Odd n'est pas digne de confiance
(Tiens tiens ça me rappelle les 2 premières saisons de Pretty Little Liars ou les héroïnes doutaient qu'un perso' soit le fameux A et puis non, d'abord lui, ensuite non lui, et puis c'est elle, puis non...)


Enfin voilà, j'ai des choses à rajouter mais f-l-e-m-m-e Embarassed

J'suis impatiente de lire la suite Smile
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