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[Fiction] Cut-it

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 Auteur Message
Sido MessagePosté le: Dim 29 Aoû 2010 11:20   Sujet du message: [Fiction] Cut-it Répondre en citant  
Art Sauvage


Inscrit le: 09 Sep 2005
Messages: 1477
Localisation: Tortuga
Bon Alors, Le chapitre pas encore délimité, peut-être vais-je le continuer et le scinder en deux, ou bien le continuer et en faire un seul et même chapitre, je ne sais pas encore. En attendant je vous donne ce que j'ai écris, Ça n'a pas encore de titre.







Dust Town. Avec toutes les emmerdes que ça impliquait. Le docteur Oscar Van Cliff regrettait déjà son arrivée dans la ville poussière.

Depuis l’explosion de la Grande Dernière, comme on l’appelait, les États-Unis d’Amérique ne se résumaient plus qu’à un amas d’îles séparées par des fleuves anonymes et menaçants. Last Breath Island était l’une d’elle. Dust Town se situait sur cette île ; à l’endroit où, il y a bien des années, se dressait New York.

Les autres continents s’étaient relevés facilement de cette guerre mondiale ; et la destruction du système capitaliste Nord-Américain n’avait permis qu’au reste du monde de fructifier. Evidemment, le reste du monde n’avait pas connu la « Grande Dernière ». L’Amérique telle qu’on la connaissait il y a un siècle n’était plus qu’un lointain souvenir.

Van Cliff progressait lentement entre les immeubles médiocrement reconstruits. Les retombées calcinées avaient rendu toute chose d’un anthracite triste à pleurer et le nuage de pollution ne permettait plus au soleil d’illuminer le rêve américain. Il avait décimé des centaines d’espèces animales et végétales. Les seules fougères qui avaient survécu étaient noires comme du charbon.

Comme il se rendait au laboratoire de médecine légale, Oscar Van Cliff profita de la proximité d’un motel miteux pour réserver une chambre. Le Shérif lui avait prévu un logement à Dust Town ; mais Le docteur préféra choisir le lieu dans lequel il passerait sa première nuit.

« M’sieur ? Grommela le patron en relevant la tête de son registre.

-Bonjour. Je voudrais une chambre. Une nuit seulement.

-Ca vous f’ra trois dollars.

-Il fait restau’ votre hôtel ? Interrogea Van Cliff, les yeux dans le vague.

-Pour la bouffe vous vous démerdez. C’est pas un quatre étoiles, ici. Vous n’avez qu’à vous rendre chez le marchant de poissons au coin de la rue. De toute façon y’a plus qu’ça à bouffer. »

Van Cliff paya, pris les clefs de la chambre huit et sortit. La faim lui tiraillait déjà l’estomac. Il repensait aux campagnes de préventions contre la pêche intensive dans les années deux-mille, quand il était enfant. Maintenant tout mammifère terrestre avait disparu du pays, et les poissons proliféraient joyeusement dans les lacs et les nouveaux fleuves du continent américain.

« Marre, de bouffer que du poisson. »

Il se dirigea néanmoins au coin de la rue, l’entrée de la poissonnerie se trouvait sur une petite place pavée et sinistre. La boutique était encore en ruine pour cause de déficit financier. Van Cliff connaissait bien le propriétaire ; un jeune du nom de Flynn, complètement fou, le cerveau ravagé par les traumatismes de la guerre. Il y avait du monde dans la petite poissonnerie, mais le docteur pouvait entendre Flynn gueuler de l’extérieur.

« Et qu’est-ce qu’il prendra le petit monsieur ? Hm ?

-Heu… Du poisson. Balbutia le petit homme maigre, face au jeune
poissonnier blond et élancé.

-Du poisson ? Du poisson comment?! Rétorqua Flynn, les yeux humides et fous.

-Du poisson…Heu…

-Hm ?!

-Mort.

-Du poisson, MORT ! Oui, mort ! Aussi mort que cette foutue ville ! Aussi mort que nous tous ! Et j’vous en mets combien de poissons morts mon petit monsieur ? »

Flynn… Il faisait le coup à chacun de ses clients. Les poissons s’entassaient sur son étal, sans distinction d’espèces. Il y avait les « gros poissons » et les « petits poissons ». Et Flynn insistait toujours sur la mention de leur état de trépassé. Sans-doute cela le rassurait-il quand à son propre destin.

« Salut, Flynn. Lança Van Cliff.

-Tiens, mais voilà Monsieur le médecin légiste ! Alors, c’est pour quoi cette fois ? Un meurtre ? Un enlèvement ? Un clochard de plus trouvé dans une poubelle ?

-Tu sais bien qu’je n’peux rien te dire, Flynn. D’ailleurs je n’ai pas encore examiné le corps. Je suis pas venu te faire un rapport, mais acheter de quoi bouffer. Donne moi celui-là, le gros, celui qui a pas trop les entrailles à l’air. Oscar Van Cliff désigna une truite plutôt amochée.

-Excellent choix, docteur. Vous m’en direz des nouvelles. Minauda Flynn, souriant de ses dents rougeâtres et abîmées.

-C’est ça. »

Van Cliff tourna les talons, son gros poisson mort à la main, emballé négligemment dans un morceau de chiffon. Flynn les empaquetait toujours ainsi, le papier étant devenu aussi rare que l’or.
Il regarda sa montre, dix heures. Douze avril 2052. Il était maintenant l’heure de se rendre au labo, le sheriff l’attendait.

Robert Harwell, sheriff de Dust Town attendait Oscar Van Cliff et ses scalpels en salle d’autopsie. Débraillé comme à son habitude, Le docteur ôta son manteau de cuir et releva les manches de sa chemise au col ouvert.

« Qu’est-ce qu’on a ? Interrogea-t-il en observant la forme vaguement humaine sous le drap blanc.

-Comment ça « Qu’est-ce qu’on a » ?! Bordel, Oscar, vous avez une heure de retard ! Je poireaute ici depuis tout ce temps au milieu des cadavres, et vous me demandez « ce qu’on a » ?! Aboya Harwell.

-C’est pour ça que je suis ici non ? »

Le sheriff Harwell marqua une pause. Il nota le poisson crevé qui dépassait de la poche de la veste de Van Cliff, accrochée à une patère.

« Bon Dieu, c’est une véritable infection. Fit Harwell en esquissant un signe de tête en direction de la veste.

-C’est cette foutue ville qui est une infection, rétorqua Van Cliff. Alors que je ne sois pas venu pour rien, mettons-nous au boulot. »

Le sheriff saisit le drap des deux mains, le retira brusquement et eut un haut le cœur. Van Cliff, quant à lui, restait impassible face à l’horreur.
Sur la grande table de métal gisait le corps d’un inconnu. Son bras avait été séparé du corps et placé le long de son buste. Il était éventré, et ses organes vitaux avaient été sauvagement déchiquetés. La face était à nu, comme si on eut retiré la peau du visage tel un masque macabre.

« On l’a trouvé ce matin, lança Harwell. Il était dans un sous-sol d’immeuble. C’est l’un de nos gars, venu perquisitionner un dealer qui est tombé dessus par hasard.

-Un dealer… Le pays est en ruine et le gouvernement vous paye toujours pour ces conneries ? Siffla Van Cliff, un poil agacé.

-Je pourrais en dire autant de vous, Oscar. Rétorqua Harwell sans animosité. La justice a toujours été un point d’honneur dans ce pays. On rend la justice ou on ne la rend pas et le gouvernement est prêt à payer des gars comme nous pour maintenir l’ordre et la sécurité.

-L’ordre et la sécurité, répéta Van Cliff. Vous avez de ces mots, sheriff. Il étouffa un rire.

-Bref, coupa Harwell. On l’a trouvé là, sauf le bras qui était à quelques mètres plus loin, à l’extérieur de l’immeuble.

-Ce n’est pas son bras, dit Van Cliff, à nouveau stoïque.

-Comment ?

-Vous voyez bien, Bob. Le bras de cet homme à été tranché à l’aide d’une grosse lame. Sans doute un hachoir ou quelque chose de lourd. Et il à été découpé après la mort. Quant à ce bras là, il a été découpé sur une personne vivante, son propriétaire l’est même peut-être encore.

-J’vous laisse faire votre boulot. Cette odeur de poisson, c’est dégueulasse. Grommela le sheriff en sortant de la salle d’autopsie. »

Van Cliff souri car il savait bien que ce n’était pas l’odeur du poisson qui incommodait Harwell. Rien n’est aussi marquant que le parfum de la mort.

_________________

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Dernière édition par Sido le Mar 12 Oct 2010 21:36; édité 1 fois
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Dydy MessagePosté le: Dim 29 Aoû 2010 13:38   Sujet du message: Répondre en citant  
[Mégatank]


Inscrit le: 23 Jan 2010
Messages: 779
J'aime beaucoup ton nouveau texte.

On plonge directement dans l'intrigue avec les deux victimes et ça me plait car j'aime pas les début qui lambinent et qui ne permettent pas de rentrer vite dans l'histoire.

Cependant il manque selon moi un peut de description au niveau des personnages, j'aimerais bien savoir à quoi ressemble Oscar.

En tout cas avec ton niveau, tu vas bientôt pouvoir publier un livre lol.

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Merci Sido Mr. Green
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Sido MessagePosté le: Dim 29 Aoû 2010 13:44   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


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Messages: 1477
Localisation: Tortuga
Ah, exact, je me doutais que j'aurai la remarque. Je n'ai jamais aimé décrire les personnages, j'aime bien qu'on s'en fasse une image d'après quelques indices ainsi que leur personnalité. on n'est pas tous obligés de voir la même personne. Si tu veux un Oscar blond, tu as le droit à un oscar blond Mr. Green
Mais la description se fera petit à petit. Assez lentement pour tout te dire, le seul indice qu'on a pour le moment c'est son âge (et encore, c'est vague).
Contente que ça te plaise en tout cas. Moi aussi ça me plait donc je vais continuer Mr. Green
Je sais pas si ça atteindra la longueur d'un roman, mais pour le moment j'me lance dans un projet plus gros que ce que j'avais pu faire avant.

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la reine du rire MessagePosté le: Lun 30 Aoû 2010 11:02   Sujet du message: Répondre en citant  
[Rampant]


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Localisation: 404 Not Found
Je viens de lire tous tes textes, mais je vais me borner à commenter le dernier pour l'instant^^
Tu dis que tu n'aimes pas décrire les personnages, mais au moins décrire entièrement la victime au bras coupé est essentiel, je pense.
Et puis, je suis un peu comme toi, je trouve que décrire le personnage principal enlève un peu de sa magie au texte, je préfère imaginer un personnage plutôt que d'être contrainte à voir une apparence physique imposée pour un personnage. Mais ça reste un avis personnel.
Ensuite, et nettement plus important à mes yeux, tes dialogues paraissent un peu flasques. Je suis très mal placée pour te donner des conseils là-dessus parce que mes dialogues sont pires, mais je trouve que lorsqu'un poissonier demande "Du poisson comment?", la réponse la plus flagrante qui me vient à l'esprit serait "Une truite." ou l'espece du poisson désiré, et pas "Mort.". Cette réponse, "mort", est tellement évidente (on imagine mal un poissonier vendre du poisson vivant Oo) qu'elle est fictive, et pas nessessaire ici.
Et tes dialogues restent étranges dans l'ensemble, on ne dirait pas que ce sont des dialogues "réels", les réponses ne serait, dans la vie réelle, pas spontanées. Tu vois ce que je veux dire? :/

Sinon l'intrigue est bien posée, même si le fait d'aller voir un cadavre avec le poisson fraichement acheté dans la poche me parait bizarre xD

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Sido MessagePosté le: Lun 30 Aoû 2010 11:15   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


Inscrit le: 09 Sep 2005
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Localisation: Tortuga
Pour la description du cadavre, tu vas être servie. Je viens de terminer d'écrire la scène de l'autopsie Wink J'attendais d'en arriver à cette scène pour décrire, afin d'éviter un trop-plein d'informations dès le début du texte.

En ce qui concerne l'idée du "Poisson mort", je n'ai pas vraiment d'explication à donner : Les espèces de poisson ne sont même plus reconnues après la guerre, le poissonnier est bien connu comme étant complètement fou et comme faisant ce coup là à chacun de ses clients, le petit monsieur essayant vite de se débarrasser de ce cinglé pour acheter sa rascasse et se tirer vite-fait. Je pensais avoir suffisamment (et peut être même un peu trop) insisté là-dessus dans le texte. Mais il est vrai que la folie et l'absurde n'accrochent pas toujours tout le monde.
Pour le reste des dialogues, je les trouve assez réels, au contraires. Des personnages avec un franc-parler assez cru. J'aimerais que tu éclaircisses ce point parce que je vois pas ce que tu veux dire, justement Mr. Green

En tout cas, grand merci pour ton commentaire Wink

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Codelyoko_feel-in-love MessagePosté le: Lun 30 Aoû 2010 12:26   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Localisation: Avec Undertaker, dans un cercueil double, en train de hurler de rire
J'ai moi aussi lu tous les textes, et ai surtout accroché au dernier.
Je trouve les dialogues crus bien adaptés à la situation, on imagine bien l'infection de la ville, et l'expression du doc face au cadavre.
J'adore les genres de textes que tu écris (morbides, et abstraits, comme le premier, ou le chien écrasé) et j'attends l'autopsie avec impatience !
Je n'aimerais pas croiser le poissonnier dans la rue. Il a l'air un peu toqué. (Et puis je ne vois pas un poissonnier venrdre du poisson vivant)
Bonne continuation, je suis tes textes avec assiduité Wink
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"On dit qu'il faut être prudent avec les ciseaux et les idiots, mais il faut aussi l'être quand on donne des ciseaux à un idiot."
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la reine du rire MessagePosté le: Lun 30 Aoû 2010 19:33   Sujet du message: Répondre en citant  
[Rampant]


Inscrit le: 09 Aoû 2010
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Petite méprise^^ Les dialogues que je jugeais moins bons ne sont pas ceux entre Van Cliff et le commissaire. Ce sont ceux entre Van Cliff et le gars de l'auberge et le "petit monsieur" et le poissonier.
J'ai bien compris que le poissonier était totalement fou, on arrive, grâce à tes explications, très bien à visualiser l'attitude et la psychologie du personnage, sa folie intérieure. Mais, si je comprend tout à fait que Flynn puisse dire les phrases que tu lui donnes, le client quant à lui donne des réponses... je vois pas comment les définir... des réponses moins logiques, moins spontanées...

Ah, et peut-être, certainement même, serait-il plus "normal" de mettre une virgule pour annoncer qui parle. Par exemple, au lieu de mettre "Heu... Du poisson. Balbutia le petit homme maigre.", il faudrait plutôt placer une virgule "Heu... Du poisson, balbutia le petit homme maigre."
Généralement, c'est fait comme ça, mais à toi de voir Wink

Ah, encore une chose, mais là c'est juste un éclaircissement^^ Je viens de me rendre compte que Harwell était shériff. Que vient faire un shériff dans une morgue?
Pour nous, les maires ne viennent pas assister aux autopsies, donc pourquoi un shériff y serait-il?

Sido : Parce que le sheriff n'est pas le maire Mr. Green
Mais il n'assiste pas à l'autopsie, il s'en va en fin de chapitre avant que le docteur commence.

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Sido MessagePosté le: Mer 13 Oct 2010 14:27   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


Inscrit le: 09 Sep 2005
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J'ajoute la suite par Edits au fur et à mesure.




Cut-it


Chapitre I - Le jour du poisson.



Dust Town. Avec toutes les emmerdes que ça impliquait. Le docteur Oscar Van Cliff regrettait déjà son arrivée dans la ville poussière.

Depuis l’explosion de la Grande Dernière, comme on l’appelait, les États-Unis d’Amérique ne se résumaient plus qu’à un amas d’îles séparées par des fleuves anonymes et menaçants. Last Breath Island était l’une d’elle. Dust Town se situait sur cette île ; à l’endroit où, il y a bien des années, se dressait New York.

Les autres continents s’étaient relevés facilement de cette guerre mondiale ; et la destruction du système capitaliste Nord-Américain n’avait permis qu’au reste du monde de fructifier. Evidemment, le reste du monde n’avait pas connu la « Grande Dernière ». L’Amérique telle qu’on la connaissait il y a un siècle n’était plus qu’un lointain souvenir.

Van Cliff progressait lentement entre les immeubles médiocrement reconstruits. Les retombées calcinées avaient rendu toute chose d’un anthracite triste à pleurer et le nuage de pollution ne permettait plus au soleil d’illuminer le rêve américain. Il avait décimé des centaines d’espèces animales et végétales. Les seules fougères qui avaient survécu étaient noires comme du charbon.

Comme il se rendait au laboratoire de médecine légale, Oscar Van Cliff profita de la proximité d’un motel miteux pour réserver une chambre. Le Shérif lui avait prévu un logement à Dust Town ; mais Le docteur préféra choisir le lieu dans lequel il passerait sa première nuit.

« M’sieur ? Grommela le patron en relevant la tête de son registre.

-Bonjour. Je voudrais une chambre. Une nuit seulement.

-Ca vous f’ra trois dollars.

-Il fait restau’ votre hôtel ? Interrogea Van Cliff, les yeux dans le vague.

-Pour la bouffe vous vous démerdez. C’est pas un quatre étoiles, ici. Vous n’avez qu’à vous rendre chez le marchant de poissons au coin de la rue. De toute façon y’a plus qu’ça à bouffer. »

Van Cliff paya, pris les clefs de la chambre huit et sortit. La faim lui tiraillait déjà l’estomac. Il repensait aux campagnes de préventions contre la pêche intensive dans les années deux-mille, quand il était enfant. Maintenant tout mammifère terrestre avait disparu du pays, et les poissons proliféraient joyeusement dans les lacs et les nouveaux fleuves du continent américain.

« Marre, de bouffer que du poisson. »

Il se dirigea néanmoins au coin de la rue, l’entrée de la poissonnerie se trouvait sur une petite place pavée et sinistre. La boutique était encore en ruine pour cause de déficit financier. Van Cliff connaissait bien le propriétaire ; un jeune du nom de Flynn, complètement fou, le cerveau ravagé par les traumatismes de la guerre. Il y avait du monde dans la petite poissonnerie, mais le docteur pouvait entendre Flynn gueuler de l’extérieur.

« Et qu’est-ce qu’il prendra le petit monsieur ? Hm ?

-Heu… Du poisson. Balbutia le petit homme maigre, face au jeune
poissonnier blond et élancé.

-Du poisson ? Du poisson comment?! Rétorqua Flynn, les yeux humides et fous.

-Du poisson…Heu…

-Hm ?!

-Mort.

-Du poisson, MORT ! Oui, mort ! Aussi mort que cette foutue ville ! Aussi mort que nous tous ! Et j’vous en mets combien de poissons morts mon petit monsieur ? »

Flynn… Il faisait le coup à chacun de ses clients. Les poissons s’entassaient sur son étal, sans distinction d’espèces. Il y avait les « gros poissons » et les « petits poissons ». Et Flynn insistait toujours sur la mention de leur état de trépassé. Sans-doute cela le rassurait-il quand à son propre destin.

« Salut, Flynn. Lança Van Cliff.

-Tiens, mais voilà Monsieur le médecin légiste ! Alors, c’est pour quoi cette fois ? Un meurtre ? Un enlèvement ? Un clochard de plus trouvé dans une poubelle ?

-Tu sais bien qu’je n’peux rien te dire, Flynn. D’ailleurs je n’ai pas encore examiné le corps. Je suis pas venu te faire un rapport, mais acheter de quoi bouffer. Donne moi celui-là, le gros, celui qui a pas trop les entrailles à l’air. Oscar Van Cliff désigna une truite plutôt amochée.

-Excellent choix, docteur. Vous m’en direz des nouvelles. Minauda Flynn, souriant de ses dents rougeâtres et abîmées.

-C’est ça. »

Van Cliff tourna les talons, son gros poisson mort à la main, emballé négligemment dans un morceau de chiffon. Flynn les empaquetait toujours ainsi, le papier étant devenu aussi rare que l’or.
Il regarda sa montre, dix heures. Douze avril 2052. Il était maintenant l’heure de se rendre au labo, le sheriff l’attendait.

Robert Harwell, sheriff de Dust Town attendait Oscar Van Cliff et ses scalpels en salle d’autopsie. Débraillé comme à son habitude, Le docteur ôta son manteau de cuir et releva les manches de sa chemise au col ouvert.

« Qu’est-ce qu’on a ? Interrogea-t-il en observant la forme vaguement humaine sous le drap blanc.

-Comment ça « Qu’est-ce qu’on a » ?! Bordel, Oscar, vous avez une heure de retard ! Je poireaute ici depuis tout ce temps au milieu des cadavres, et vous me demandez « ce qu’on a » ?! Aboya Harwell.

-C’est pour ça que je suis ici non ? »

Le sheriff Harwell marqua une pause. Il nota le poisson crevé qui dépassait de la poche de la veste de Van Cliff, accrochée à une patère.

« Bon Dieu, c’est une véritable infection. Fit Harwell en esquissant un signe de tête en direction de la veste.

-C’est cette foutue ville qui est une infection, rétorqua Van Cliff. Alors que je ne sois pas venu pour rien, mettons-nous au boulot. »

Le sheriff saisit le drap des deux mains, le retira brusquement et eut un haut le cœur. Van Cliff, quant à lui, restait impassible face à l’horreur.
Sur la grande table de métal gisait le corps d’un inconnu. Son bras avait été séparé du corps et placé le long de son buste. Il était éventré, et ses organes vitaux avaient été sauvagement déchiquetés. La face était à nu, comme si on eut retiré la peau du visage tel un masque macabre.

« On l’a trouvé ce matin, lança Harwell. Il était dans un sous-sol d’immeuble. C’est l’un de nos gars, venu perquisitionner un dealer qui est tombé dessus par hasard.

-Un dealer… Le pays est en ruine et le gouvernement vous paye toujours pour ces conneries ? Siffla Van Cliff, un poil agacé.

-Je pourrais en dire autant de vous, Oscar. Rétorqua Harwell sans animosité. La justice a toujours été un point d’honneur dans ce pays. On rend la justice ou on ne la rend pas et le gouvernement est prêt à payer des gars comme nous pour maintenir l’ordre et la sécurité.

-L’ordre et la sécurité, répéta Van Cliff. Vous avez de ces mots, sheriff. Il étouffa un rire.

-Bref, coupa Harwell. On l’a trouvé là, sauf le bras qui était à quelques mètres plus loin, à l’extérieur de l’immeuble.

-Ce n’est pas son bras, dit Van Cliff, à nouveau stoïque.

-Comment ?

-Vous voyez bien, Bob. Le bras de cet homme à été tranché à l’aide d’une grosse lame. Sans doute un hachoir ou quelque chose de lourd. Et il à été découpé après la mort. Quant à ce bras là, il a été découpé sur une personne vivante, son propriétaire l’est même peut-être encore.

-J’vous laisse faire votre boulot. Cette odeur de poisson, c’est dégueulasse. Grommela le sheriff en sortant de la salle d’autopsie. »

Van Cliff souri car il savait bien que ce n’était pas l’odeur du poisson qui incommodait Harwell. Rien n’est aussi marquant que le parfum de la mort.

Le docteur saisit son scalpel, sachant déjà qu’il n’aurait pas à pratiquer un Y complet, le ventre étant de toute manière, déjà béant.
Avant même d’avoir saisi son instrument, les yeux aiguisés de Van Cliff avaient enregistré une foule de détails à une vitesse fulgurante.
La victime au corps presque complet avait été massacrée au couteau. Une lame longue mais également très large, car seule une lame d’un poids important avait pu causer de telles blessures.

Malgré l’absence de visage et de poitrail, Van Cliff n’eut aucun mal à déterminer le sexe de la victime, et pour cause : malgré sa mutilation, un testicule pendait mollement le long de son aine. Sous le maxillaire inférieur, deux entailles profondes séparaient presque la tête du cou. Post-mortem.
Une entaille supplémentaire avait été pratiquée sur la gorge, dans le sens de la largeur. Cette blessure avait quelque chose d’étrange. Comme si le meurtrier avait voulu le décapiter, mais, arrêté par la résistance de la carotide, y avait renoncé.

Une ultime fente traversait le corps de la victime, du haut du sternum jusqu’au bassin, transformant la peau du ventre en un manteau aux pans grotesques et mous, découvrant l’intérieur vidé de ses organes. La cause de la mort était une blessure à la tête, causée sans doute par une matraque ou un autre objet cylindrique au vu du renfoncement crânien.
Les cuisses et les mollets avaient été décharnés d’un geste apparemment expert. Ante-Mortem. Ce type avait du vivre les pires souffrances. Sans doute quelqu’un avait-il voulu le torturer pour le faire parler, puis l’avait achevé après avoir eu ce qu’il voulait. Mais alors pourquoi ce désir de décapitation ? Van Cliff avait depuis longtemps renoncé à comprendre les motivations des assassins.

Il observa le bras solitaire et l’épaule vide de la victime. Le bras de cet homme avait été arraché de la même manière que le bras de cette… Femme. Des ongles laqués de rouge. Une bourgeoise ? Une prostituée ? Peut-être un homme travesti. A moins de retrouver le reste du corps, le docteur ne pouvait se prononcer. Il avait en tout cas affaire à un serial killer.

Oscar Van Cliff termina son rapport et se rendit en salle de repos afin de le remettre à Robert Harwell. Le petit sheriff au physique gris et fatigué se tenait debout, face à la fenêtre ; l’œil morne et les épaules voûtées.

« Voilà, Bob. Dit Van Cliff en lui tendant un morceau de papier cent fois recyclé.

-Merci, Oscar. Tenez : Voici les clefs de votre appartement. Il se situe dans l’immeuble à côté de la poissonnerie, je pense que l’odeur ne vous incommodera pas. »

Harwell donna ses clefs à Van Cliff, l’air soucieux. Le sheriff n’était, de toute manière, jamais tranquille. Un grand stressé. Le docteur pensa un instant que Bob Harwell avait raison : Le labo tout entier empestait le poisson pourri.

Comme il avait réservé une chambre au motel, il décida d’y passer sa première nuit. Il consulta sa montre : vingt heures. Il était un peu tôt pour le coucher, mais Van Cliff monta tout de même à sa chambre, grilla son poisson mort sur son réchaud à gaz ; et repu, s’allongea tout habillé sur son lit.

Il fixa un moment les fissures au plafond en passant la main dans ses cheveux aux tempes grisonnantes. Elles lui faisaient penser aux mille fleuves sillonnant le pays. Oscar Van Cliff se leva d’un bond, et se mit face au miroir en pied.
Il défit ses bretelles, ôta son pantalon avant ses chaussures et chaussettes ; et finit par déboutonner sa chemise. Il enleva également le caleçon à carreaux qui ceignait ses reins. Ainsi nu devant le miroir, le Docteur Van Cliff n’était plus que « Oscar ». Oscar alla donc à la salle d’eau se doucher afin de tenter, vainement -il le savait-, d’ôter l’odeur de chair morte qui imprégnait sa peau et ses cheveux.






Chapitre II - Bleu patenté


Ce matin du treize avril était froid et brumeux. Huit heures. Van Cliff se réveilla péniblement au son grinçant de la voix de Flynn.
En effet, le docteur n’avait pas réussi à trouver le sommeil au motel trop miteux et bruyant. Il s’était rendu en douce dans «son» appartement au milieu de la nuit. Il le regretta presque en entendant les beuglements du poissonnier.

« Hé, Docteur !

-Quoi, bon Dieu ? Grogna Van Cliff par sa fenêtre ouverte.

-J’ai vu le sheriff en bas de votre porte, il a sûrement du neuf pour vous !

-Mêle-toi de tes poissons, Flynn. S’il a du neuf, je le saurai bien assez tôt. »

Oscar se leva, de mauvais poil. Il s’habilla sans se laver et partit d’un pas décidé au bureau de Bob Harwell.
Le sheriff avait déjà avalé deux cafetières et attendait Van Cliff prostré sur sa chaise de bureau. Les deux mains croisées sur son ventre lippu, Harwell fixait la porte de son regard vitreux. Comme beaucoup de citoyens américains, il avait perdu sa famille pendant la guerre. Non pas à cause d’une bombe, d’une mine ou de quelconque machine meurtrière. Sa femme et ses enfants avaient été dépouillés et assassinés par un inconnu qui profitait du carnage pour jouer les charognards. Le type n’avait pas été retrouvé. A cette époque, Robert Harwell était encore un jeune homme ; il n’entra dans la police que bien plus tard afin de rendre justice à n’importe qui pouvait souffrir du meurtre de l’un des siens. En réalité, Harwell n’avait strictement rien à cirer de « l’ordre et la sécurité » ; ce qui comptait pour lui était enfouis bien plus profondément dans ses tripes.

La porte vitrée trembla. Le Sheriff put apercevoir la silhouette carrée de Van Cliff. Il ouvrit la porte.

« Salut, Bob. Le petit poissonnier m’a dit que vous étiez passé, engagea Oscar.

-Hein ? Non pas du tout. Il a du confondre. Je savais bien que vous aviez couché à l’hôtel, cette nuit. Je vous connais, Oscar.

-Heu… En fait, je… Balbutia le docteur, dubitatif. Peu importe. Il y a du nouveau ?

-On a retrouvé votre « bonne femme ». Elle flottait le long du fleuve. Elle ne devait pas y être depuis longtemps puisqu’elle n’a pas gonflé. Tout concorde : le bras manquant et les ongles fuchsia. Vous verrez cela vous-même. Le bleu vous attend au labo ; faites gaffe : je le trouve un peu trop zélé. »

Van Cliff se dirigea vers la salle d’autopsie d’un pas rapide. Il entra et posa sa veste du même geste, sans même faire attention au jeune homme grand et mince, prenant des notes à côté du cadavre encore recouvert d’un drap sale et déchiré.

Le docteur le retira brusquement, son regarde scrutant le corps de haut en bas. Il s’agissait bel et bien d’un homme travesti. Ses jambes étaient soigneusement épilées, mais l’on distinguait clairement un sexe d’homme sous ses habits de prostituée. Le maquillage ne trompait personne, et aucun fond de teint n’aurait pu dissimuler sa barbe rasée tant bien que mal. Oscar Van Cliff réfléchit. Les blessures infligées à la victime étaient les mêmes que celles de la précédente. Le bras correspondait tout à fait à l’épaule réduite à un morceau de viande faisandée. Le meurtrier avait voulu faire souffrir sa victime, il en était certain. On ne décharne pas des jambes et des flancs ante-mortem juste pour rendre le corps plus léger.

« Hm !

Un petit toussotement forcé résonna derrière la table d’autopsie. Van Cliff, concentré, n’y prêta pas attention.

Hm Hm !

-Qu’y a-t-il Clyde ? Vous voulez un bonbon au miel ? Pas de pot, mon vieux. Les abeilles ont disparu du continent depuis belle lurette, lança Van Cliff d’un ton sarcastique.

- Docteur, docteur, docteur… Rétorqua la voix de Clyde, très assuré. Je sais bien que je ne suis que de la bleusaille pour vous, mais prenez en considération toutes mes années d’études, je suis tout à fait capable de vous aider ; j’ai pris des notes fort intéressantes et je pense que vous devriez y jeter un œil. Je suis retourné voir le premier corps de l’affaire.

L’échine du Docteur se dressa soudain.

-Qui vous a permis…

-Mais je suis tout à fait convaincu que la prise d’initiative est une grande qualité dans notre métier, Docteur ; répondit le jeune légiste de son air faussement innocent.

-Gardez pour vous vos convictions, Clyde. Tant que vous bosserez sur cette affaire, c’est moi qui vous donnerais les consignes. Est-ce clair ?

-Limpide ; dit Clyde affublé d’un petit sourire satisfait. »

Bien que ce fût le premier contact entre ces deux médecins, Van Cliff s’adressait au jeune Clyde Green comme s’il s’agissait de l’un de ces élèves encombrant à qui il enseignait lorsque les temps étaient rudes. Il avait déjà cerné le caractère de ce personnage arrogant. Van Cliff savait aussi bien analyser les vivants que les morts. Du haut de son mètre quatre-vingt, Clyde observait le bas-monde au dessus de ses petites lunettes rectangulaires. Ses cheveux châtains soyeux et sa peau d’adolescent lui donnaient un côté « beau garçon » absolument insupportable. Et Van Cliff souhaitait tout sauf laisser une personne aussi imbue d'elle-même prendre des initiatives.

« Donnez-moi ces notes ; dit Van Cliff qui, sans même attendre de réponse, pris des mains de Clyde son carnet en plastique. »

Sur les feuilles en plastique fin jaune et lisse, Oscar Van Cliff remarqua avec rancœur quelques observations intéressantes.

« Le sujet présente des lésions particulières sur les pieds, s’apparentant à des lanières de chaussures. » Cela, Van Cliff l’avait bien sur remarqué, mais il n’y avait pas prêté attention. Les nuits étaient chaudes, et les hommes portaient souvent des sandalettes légères. Il poursuivit sa lecture : « Ces marques correspondent tout à fait au modèle Gucci de 2044. Il s’agit de chaussures à talon hauts, très voyantes. Nous pouvons donc supposer que la première victime était un travesti ».

« Tout comme la seconde, n’est-ce pas Docteur ? Couina Clyde qui lisait sans difficulté par-dessus l’épaule du Van Cliff, bien plus trapu que le jeunot. Que pouvons-nous conclure d’un assassin qui ne s’en prend qu’à des travestis ? »

Van Cliff, mortifié, ne pris pas la peine de répondre. Il arrivait souvent qu’un travelo se fasse tabasser par une bande de ratés trop près de leur soi-disant virilité. Mais que l’homophobie pousse à tuer ; et en série qui plus est, cela était assez rare.

Le Docteur eu soudain envie d’un Irish Coffee.


Chapitre III – Golden Pussy




[color=#9BB9B5]Il n’y avait que deux bars à Dust Town. L’un regroupait tous les alcooliques des environs. Les tarifs étaient plus que corrects, mais le whisky était frelaté. L’autre se nommait le « Golden Pussy » et rassemblait tous les rupins de la ville. On ne pouvait être riche à Dust Town sans enfreindre la loi ; voilà pourquoi c’est ce lieu que choisit Van Cliff pour aller prendre son verre. Il y avait un inspecteur de police dans cette ville, en plus du sheriff. Personne ne le voyait jamais et Van Cliff ignorait jusqu’à son nom. Malgré ça il rendait toujours ses rapports à l’heure avant de disparaître à nouveau. Oscar Van Cliff n’était pas de nature sociable mais il aimait que les choses soient faites face-à-face. Voilà pourquoi il avait décidé de mener sa propre enquête, et donc, de se rendre au Golden Pussy.

Le lieu était plutôt épatant. La grande pièce circulaire était capitonnée du sol au plafond par un tissu doré serti de gros boutons en plaqué or. Les tables comme les bancs étaient escamotables et laissaient apparaître à leur sortie du mur, une couleur bordeaux presque mauve, très intense qui marqua la rétine du Docteur. Une immense plaque de plexiglas recouvrait le sol capitonné afin que les Ladies n’y enfoncent pas leurs talons aiguilles. Cette transparence donnait l’impression de flotter légèrement au dessus du sol, et ajoutait à l’excentricité du lieu. Le comptoir se trouvait au centre de la pièce, les bombonnes d’alcools multicolores retournées scintillaient à la lumière des éclairages incrustés dans le plafond. Personne n’était au comptoir ; et le barman, un jeune boutonneux, ressemblait à un caillou perdu dans une boîte de chocolats.

Oscar Van Cliff quitta l’embrasure de la porte d’entrée et se dirigea vers le bar. Il prit place sur l’un des hauts tabourets et commença à scruter la salle. Il y avait du monde en ce début de soirée. Le jeune barman s’adressa à Van Cliff :

« Que puis-je faire pour vous monsieur ? demanda l’adolescent en détachant chaque syllabe. Il avait des tics nerveux et Van Cliff se demanda un instant s’il ne s’agissait pas d’un bègue en voie de guérison.

-Un Irish Coffee, je te prie.

-Tout de suite, monsieur. Ca vous fera quinze dollars monsieur. »

Le monde n’était décidément pas le même qu’à l’extérieur, au Golden Pussy. Aucun homme de l’extérieur ne se paierait des consommations à plus de deux dollars juste pour son bon plaisir.

Pendant qu’il attendait son cocktail préféré, Van Cliff regarda le siège sur lequel il se trouvait. L’assise du tabouret était un miroir circulaire qui reflétait les lumières du plafond en plus de l’entrejambe du pantalon du Docteur. Il imagina que le reflet devait illuminer son visage de doré, ainsi il se sentait comme un élément du mobilier de ce bar. Cela tombait bien, il n’avait pas envie de se faire remarquer.

Il paya le barman et pris son verre tout en se levant. Il avait repéré une petite table libre située juste derrière un canapé fuchsia. Autour de ce sofa se pâmaient plusieurs Ladies accrochées à leurs Bienfaiteurs qui riaient très fort en exhibant leurs costumes chatoyants.

Van Cliff se dirigea vers cette table sans faire attention aux bégayantes réclamations du barman qui lui bramait qu’en salle, c’était deux dollars de plus.

Il s’assit dos au groupe, légèrement pivoté sur son siège de manière à pouvoir les observer discrètement en tournant un peu la tête. Il sirotait lentement son Irish Coffee en écoutant leur conversation. Ce n’étaient que futiles paroles. Leurs gorges se déployaient en cadences, les Ladies remuaient leurs improbables poitrines pressées dans de courtes robes de vinyle doré. Leurs ongles étaient vernis de la même couleur que les meubles. Ces femmes n’étaient pour leurs Bienfaiteurs que des accessoires bien pratiques et peu encombrants.

« J’ai entendu dire que les recettes de Jack n’étaient pas excellentes, ces temps-ci. A ce qu’on entend, il se ferait zigouiller ses tantes les unes après les autres ! Lança l’un d’eux.

-Ted, tu es si cruel. Chacun son business, on ne peut pas tous avoir de vraies filles, rétorqua son voisin de droite, goguenard, se délectant du gloussement de ses Ladies »

Oscar Van Cliff connaissait un peu les « noms d’artistes » de ceux qu’on appelait les Bienfaiteurs.

Celui qui parlait le plus était Ted Red. A sa droite, Bichew Blue et dans les coussins face à eux étaient affalés Michael Purple et Dick Pink. Chacun d’entre eux avait au moins deux ou trois Ladies cramponnées à leurs costumes criards. Leurs favorites de la soirée. Les autres étaient sûrement en train de bosser dans une rue sale et brumeuse de Dust Town, à partager leur corps avec les pires spécimens de cette ville. A cette pensée Van Cliff comprit aisément pourquoi les filles présentes au Golden étaient si enjouées. C’était repos pour elles ce soir.

Mais ce qui avait piqué le tympan du Docteur étaient les paroles de Ted Red. Il parlait des assassinats. Apparemment les travelos étaient au service de Jack. Jack Black. Un habitué du lieu qui pourtant ne semblait pas être de la partie.

Comme il était perdu dans ses pensées, Van Cliff ne remarqua pas que son manque de discrétion avait poussé les quatre parvenus à s’asseoir à sa table, laissant leurs demoiselles à leurs occupations.

« Salut, flic. Lança Dick Pink.

-Je suis pas flic, rétorqua Van Cliff sans sourciller.

-On se moque de ce que tu es ou pas, trancha Ted Red. Ce que je vois c’est que tu n’as pas l’air à ta place ici. Avec ton cuir râpé et tes cheveux en broussailles, on aura du mal à te confondre avec un fidèle du Golden. Je doute que tu aies les moyens de te prendre une cuite ici. Tu rumines ton verre vide depuis au moins vingt minutes, c’est que tu n’es pas là juste pour boire un coup ; je te pris d’excuser le ton direct de mon ami Dick ici présent, mais il me semblerait que tu aies un lien plus ou moins direct avec la police. Mais je suis bon prince, je t’offre un verre, mon ami !

Harold, remet-ça pour mon ami le flic ! Beugla Ted en direction du bar.

-Tout de suite, monsieur. Je vous l’apporte monsieur. Répondit le barman acnéique.

-Je vous ai dit que je n’étais pas flic, répéta Van Cliff sans animosité. Certes, je viens glaner des informations. Mais c’est dans mon propre intérêt.

-Tiens donc ? Rétorqua Ted, toujours de son air surjoué. C’est drôle, pas mal de flics sont passés au Golden Pussy ces derniers-temps. Ils nous ont parlé de meurtres de prostituées. Mais vu qu’on leur a dit tout ce que nous savions et que tu l’ignores, c’est que tu n’as pas menti. Tu n’es pas flic. J’aime ça.

Il saisit le verre apporté par Harold sur un plateau doré, et le posa fermement devant le Docteur.

Alors, reprit-il, sache que je ne suis en rien concerné par cette affaire, j’ai d’ailleurs à disposition quelques Ladies qui elles sont bien vivantes et peuvent très facilement satisfaire ton propre intérêt. Il s’approcha de lui et baissa le ton : Le pouvoir, ça les excite. Elles te feront un prix d’ami si je leur dit que tu es flic. »

Oscar Van Cliff bu son verre d’un trait et se leva.

« Je n’suis pas intéressé. Merci pour le verre. »

Il jeta un dernier regard à la salle et parti d’un pas pressé. Confus, il se demandait s’il avait bien fait de venir au Golden Pussy. Le peu d’informations qu’il avait pu tirer de sa soirée n’étaient pas fiables, il le savait. Comment faire confiance à ces cinglés ? Malgré tout il s’en contentera et décida qu’à l’avenir il serait aussi effacé que l’inspecteur inconnu.

Il ne pensait désormais plus qu’à retourner à son appartement, la tête embrumée par le whisky.

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Sido MessagePosté le: Jeu 02 Déc 2010 22:23   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


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Voici la première partie du quatrième chapitre.

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Chapitre IV – Black Cat


Van Cliff arpentait les sombres rues de Dust Town en regardant ses pompes. Il avait renoncé à l’idée de rentrer chez lui et préférait passer la nuit à observer et écouter la ville endormie. Tous ses sens étaient titillés par les odeurs nauséabondes, les crissements de pneus, les nuages de pollution et les réverbères grésillant.

Il pensait à ce que disaient les types du Golden au sujet de Black. Le Docteur avait déjà eu affaire à ce nom. Jack Black était le Bienfaiteur ayant la meilleure réputation de la ville. Cela signifiait tout simplement qu’il engageait les filles les plus jeunes. Mais Van Cliff n’avait jamais entendu parler de travelos.

Le Docteur s’arrêta soudain. Il entendit une voix d’homme qui semblait se disputer violemment avec une tierce personne. Cela devait se produire à deux rues de l’endroit où il se trouvait, et il ne pouvait discerner les dires de l’homme. Il s’approcha lentement. Plus il avançait, plus la voix de l’homme ressemblait à une supplique plutôt qu’à une réprimande. Le Docteur pressa le pas silencieusement.

Un râle étouffé. Van Cliff posa la main sur la crosse de son arme. C’était la première fois qu’il pensait devoir s’en servir. Il courut jusqu’au lieu où il avait entendu le cri et pointa son flingue vers la forme sombre qui gisait dans la ruelle.

« Qui êtes vous ? Hurla Oscar, terrifié. »

La voix ne fit que râler péniblement. En avançant, le Docteur marcha dans une flaque de sang. Il entendit au loin, un bruit de course sur le pavé. Le bruit s’éloignait. Il s’agissait d’une agression. Un peu rassuré, Van Cliff rengaina son arme et se pencha vers l’homme qui se trouvait au sol.

« Vous êtes blessé, monsieur.

L’homme leva la tête. Il portait un chapeau noir aux bords larges. Son costume était tout aussi sombre. Van Cliff compris à l’odeur de musc qui s’échappait de ses vêtements que cet homme n’était autre que Jack Black.

-Non, ça va… Répondit le Bienfaiteur d’une voix éteinte. Il m’a juste mis un coup dans le ventre… Cet enfoiré. Il essuya le peu de sang qui s’écoulait de sa bouche.

-Mais, repris Oscar Van Cliff… Tout ce sang, cette flaque de sang… Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »

Jack Black leva les yeux vers Le Docteur d’un air désolé. Il esquissa un sourire et étouffa un rire nerveux avant de dissimuler à nouveau son visage derrière son chapeau.

D’un coup, Van Cliff dégaina son arme et mit en joue Black qui tressaillit. Il sortit de sa poche son téléphone portable et en tira l’antenne avec les dents.

« J’vous réveille Bob ? J’ai un gars pour vous. Un de ces salauds qui fait pleurer les p'tites filles. Amenez-moi du matériel. Il y a du sang. Beaucoup de sang. Je pense que j’ai quelques prélèvements à faire. »

Il raccrocha le téléphone et regarda fixement la silhouette de Jack Black soudainement prise de soubresauts. Dérouté, Van Cliff se pencha lentement et attrapa la mâchoire de Black maculée de sang afin de voir le visage du Bienfaiteur. Il pleurait.

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Dydy MessagePosté le: Dim 05 Déc 2010 20:58   Sujet du message: Répondre en citant  
[Mégatank]


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Un p'tit commentaire l'histoire que tu sache qu'on te lis Wink

J'ai tout relut d'une traite Mr. Green du coup j'ai bien compris (enfin je crois x))

Je vais pas m'attarder sur les chapitres un et deux que j'avais déjà lus.

En ce qui concerne le chapitre trois, la description est très bien faite, on se croirait dans le bar (même si j'irais jamais dans les bar où les boissons sont à quinze dollars xD). C'est, si on peu dire, un chapitre de transition donc peu d'action et aussi peu de choses à dire.

Ensuite donc apprend l'existence de Jack Black, qui à priori à l'air d'un "méchant" et comme par hasard on le rencontre le chapitre d'après, donc d'un côté c'est rapide mais de l'autre côté je m'attendais pas à le voir la gueule démontée lol donc l'effet de surprise est réussit.

Le sang à la fin, c'est pas le sang de Jack mais à qui est ce ? Razz En tout cas le mystère reste entier.

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Merci Sido Mr. Green
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Sido MessagePosté le: Jeu 09 Déc 2010 07:06   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


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Merci Dydy, ça me fait plaisir de voir que j'écris pour quelqu'un d'autre que moi-même Mr. Green Sur ce, je poste la suite du chapitre IV, toujours en couleurs sans la dissocier de la première moitié.

Chapitre IV – Black Cat



Van Cliff arpentait les sombres rues de Dust Town en regardant ses pompes. Il avait renoncé à l’idée de rentrer chez lui et préférait passer la nuit à observer et écouter la ville endormie. Tous ses sens étaient titillés par les odeurs nauséabondes, les crissements de pneus, les nuages de pollution et les réverbères grésillant.

Il pensait à ce que disaient les types du Golden au sujet de Black. Le Docteur avait déjà eu affaire à ce nom. Jack Black était le Bienfaiteur ayant la meilleure réputation de la ville. Cela signifiait tout simplement qu’il engageait les filles les plus jeunes. Mais Van Cliff n’avait jamais entendu parler de travelos.

Le Docteur s’arrêta soudain. Il entendit une voix d’homme qui semblait se disputer violemment avec une tierce personne. Cela devait se produire à deux rues de l’endroit où il se trouvait, et il ne pouvait discerner les dires de l’homme. Il s’approcha lentement. Plus il avançait, plus la voix de l’homme ressemblait à une supplique plutôt qu’à une réprimande. Le Docteur pressa le pas silencieusement.

Un râle étouffé. Van Cliff posa la main sur la crosse de son arme. C’était la première fois qu’il pensait devoir s’en servir. Il courut jusqu’au lieu où il avait entendu le cri et pointa son flingue vers la forme sombre qui gisait dans la ruelle.

« Qui êtes vous ? Hurla Oscar, terrifié. »

La voix ne fit que râler péniblement. En avançant, le Docteur marcha dans une flaque de sang. Il entendit au loin, un bruit de course sur le pavé. Le bruit s’éloignait. Il s’agissait d’une agression. Un peu rassuré, Van Cliff rengaina son arme et se pencha vers l’homme qui se trouvait au sol.

« Vous êtes blessé, monsieur.

L’homme leva la tête. Il portait un chapeau noir aux bords larges. Son costume était tout aussi sombre. Van Cliff compris à l’odeur de musc qui s’échappait de ses vêtements que cet homme n’était autre que Jack Black.

-Non, ça va… Répondit le Bienfaiteur d’une voix éteinte. Il m’a juste mis un coup dans le ventre… Cet enfoiré. Il essuya le peu de sang qui s’écoulait de sa bouche.

-Mais, repris Oscar Van Cliff… Tout ce sang, cette flaque de sang… Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? »

Jack Black leva les yeux vers Le Docteur d’un air désolé. Il esquissa un sourire et étouffa un rire nerveux avant de dissimuler à nouveau son visage derrière son chapeau.

D’un coup, Van Cliff dégaina son arme et mit en joue Black qui tressaillit. Il sortit de sa poche son téléphone portable et en tira l’antenne avec les dents.

« J’vous réveille Bob ? J’ai un gars pour vous. Un de ces salauds qui fait pleurer les p'tites filles. Amenez-moi du matériel. Il y a du sang. Beaucoup de sang. Je pense que j’ai quelques prélèvements à faire. »

Il raccrocha le téléphone et regarda fixement la silhouette de Jack Black soudainement prise de soubresauts. Dérouté, Van Cliff se pencha lentement et attrapa la mâchoire de Black maculée de sang afin de voir le visage du Bienfaiteur. Il pleurait.


Minuit. La montre du Docteur passa du treize au quatorze avril. Derrière le miroir sans tain, il observait Jack Black prostré sur sa chaise, la tête enfouie dans ses mains maculées de sang. Le gorille en uniforme qui était posté à l’entrée de la petite pièce mal éclairée le regardait sans avoir l’air de le voir. Van Cliff avait pu faire les prélèvements nécessaires, mais avait préféré poster quelques sbires relever les indices à sa place. Le Docteur n’aurait voulu pour rien au monde manquer cet interrogatoire et pour cause, l’inspecteur serait présent. Seul Harwell entretenait une relation avec cet homme mystérieux. L’envie envahissait Van Cliff ; lui qui passait le plus clair de son temps auprès des morts, il se sentait frustré d’être incapable d’entretenir une relation avec un être vivant. Il était mauvais en communication et il le savait. Les seuls mots qui s’échappaient de ses lèvres à l’adresse d’une autre personne n’étaient que remarques sarcastiques et termes médicaux. Il caressait l’idée de devenir inspecteur de police. Son boulot le passionnait mais le goût de l’énigme et des méandres du cerveau humain s’était emparé de lui. C’était l’instinct qui l’avait poussé à se rendre au Golden Pussy. Un instinct de détective. Tout cela l’avait conduit à cette scène de crime. Lui qui n’avait jamais sorti son arme, il était encore troublé par cette émotion qui l’avait saisi. Cette émotion qu’il craignait, mais à laquelle il avait tant envie de goûter à nouveau.

« Qu’est-ce que vous foutez là, Oscar ? Résonna la voix de Robert Harwell.

-Je suis venu voir l’interrogatoire, dit Van Cliff sans détourner les yeux de Jack Black. L’inspecteur n’est pas avec vous ?

-En retard, dit simplement le Sheriff. Il ne semblait pas enchanté de voir Van Cliff traîner dans le coin.

A ce moment, un jeune de la brigade médico légale entra dans le couloir. Il se pencha sur l’oreille de Van Cliff et lui rendit une enveloppe en plastique jaune.

-Qu’est-ce que c’est ? Repris le Sheriff.

-Rien. Absolument rien. Il n’y avait aucun indice valable sur les lieux du crime. Et on recherche toujours celui ou celle à qui appartient le sang. Van Cliff fourra négligemment l’enveloppe dans sa poche et se tourna vers Harwell.

-Et bien, je suppose que j’peux commencer, lança le Sheriff. Traînez pas trop, Oscar. Que votre témérité n’fasse pas tout foirer. »

Robert Harwell entra dans la petite salle sombre et froide. Il s’installa à côté de Black, sa chaise négligemment tournée en sa direction. Il restait silencieux en le traversant de son regard.

Jack Black paraissait très intimidé. Il regardait à droite et à gauche, ses larmes silencieuses se mêlant au sang qui maculait son visage. Dans son costume de maquereau, il ressemblait à un clown triste fardé de rouge.

« Vous voulez un verre d’eau ? Une serviette, peut-être ? Demanda Harwell.

Black ne répondait pas.

Ou alors peut-être voulez-vous que je vous lèche vos jolies bottines de maquereau toutes neuves ?

Harwell marqua une pause, puis repris.

Vous étiez seul dans cette ruelle, Black ?

-Il y avait cet homme. C’est lui qui m’a agressé. Je n’ai rien d’autre à dire. Anonna Jack Black, la voix tremblante.

Robert Harwell se dressa sur sa chaise et sortit du même geste deux polaroïds de la poche de sa veste. Il les observa un moment puis les jeta négligemment sur la table, sous le nez de Black.

-Vous voyez, ça, repris Harwell. Et bien je pense qu’il est arrivé la même chose fâcheuse à la personne qui se trouvait avec vous dans cette ruelle. Je ne parle pas de votre soi-disant agresseur mais de la personne qui a perdu tout ce sang. Visiblement, il ne vous appartient pas puisque vous n’êtes pas blessé.

Une étincelle passa dans les yeux du Sheriff et il prit soudain un air moins conciliant.

A moins que tout ceci ne te soit sorti du cul après une soirée trop arrosée avec tes petites copines du Golden ? »

Derrière la vitre, Van Cliff pouvait tout entendre. Il observait la silhouette de Jack Black, complètement effondré sous l’âpreté des propos de Robert Harwell. Il avait toujours le visage dans ses mains, appuyant sur ses yeux du plat des paumes, comme pour essayer de s’échapper. Le Docteur nota que Black serrait les dents à s’en faire péter la mâchoire.

Un bruit de talons résonna dans le couloir. Van Cliff n’y prêta pas attention. Le bruit passa derrière lui et s’approcha de la porte d’entrée de la salle d’interrogatoire. Ce ne fut que lorsque la poignée de la porte tourna que Le Docteur s’étonna de ce bruit de talons aiguilles et de l’arrivée d’une autre personne dans cette pièce. La porte s’ouvrit doucement. Le Sheriff Harwell se leva :

« Inspecteure… »

Le cœur de Van Cliff eut un raté. Il avait toujours imaginé que l’inspecteur était un grand homme froid et banal, pas qu’il s’agissait d’une femme aussi éclatante d’outrecuidance et de désinvolture. L’inspecteur était une inspecteure. Le Docteur la considérait d’un regard empli d’admiration et de concupiscence.

Elle était immense. Du haut de ses talons aiguilles, elle dépassait le Docteur de presque une tête. Son corps était celui d’une déesse de la fertilité. Ses seins et ses hanches luttaient contre le tissu de sa robe noire la moulant jusqu’à mi-cuisse. Ses hauts talons vernis faisaient ressortir la courbure de ses mollets, et donnaient à sa silhouette encore plus d’assurance. Une chevelure lourde et mordorée encadrait un visage aux traits puissants. Ses sourcils épais et très dessinés surplombaient ses yeux olive soulignés de noir.

Le Docteur repris ses esprits. Harwell venait de se rasseoir, L’inspecteure s’installa à ses côtés.

« Monsieur, je suis l’inspecteure Eevy Black Cat. Je vous demanderai de bien vouloir poser vos deux mains sur cette table et d’observer attentivement ces photos.

Péniblement, Black décolla ses mains de ses yeux ensanglantés. La mâchoire toujours crispée, il baissa son regarde en direction des photos. Il s’agissait des clichés pris par Clyde lors de l’autopsie des deux travelos.

Reconnaissez-vous ces deux personnes ? Repris l’inspecteure.

Jack Black saisit péniblement l’un des clichés de sa main tremblante. Il le fixait d’un regard plein de détresse. Il s’arrêta de trembler un court instant puis éclata en sanglots, plaquant la photo contre son visage humide et rougeâtre. Il hurla d’une voix chevrotante :

-Mes filles ! Mes filles ! Pourquoi ce sont mes filles ?!

Dérouté, Harwell écarquilla les paupières. Black Cat quant à elle, restait totalement impassible. Le Bienfaiteur continuait à chialer en vociférant des paroles incompréhensibles.

-Bon Dieu, Black cessez de gueuler ! Aboya Harwell. On n’en a rien à foutre de vos états d’âmes ! Dites-nous ce qu’il s’est passé !

Black respira un grand coup et se calma un peu. Il balbutia :

-Quand j’avais… Des filles… Jamais eu de problème. Maintenant que ce sont… Mes filles, tout, tout ces… assassinats… Pourquoi ? Il geignit avant de reprendre : Les filles de Ted… Les filles de Mickael… Elles ne font, qu’aggraver la… Situation. Je lui ai dit, je lui ai dit de partir ! Elle ne devait pas être là, c’était le secteur… de mes filles !

-Et après, demanda Harwell. Où est passé la fille ?

-Elle disait… « J’ai un client ! » Elle disait. Mais c’était MON client. Elle volait… Alors, j’ai vu cet homme, grand, il avait… Une matraque et… Il lui a donné un coup derrière la tête ! Devant moi, avec une lame il a… Ooh… Tellement, tellement de sang. Il ne voulait pas me tuer. Il m’a frappé… Avec la matraque. Dans le ventre. Après, vous savez…

Il s’arrêta soudain, comme un pantin mécanique dont il aurait fallu remonter la clef.

L’inspecteure Eevy Black Cat poursuivit :

-Je ne comprends pas bien… Cette fille, n’était pas l’une de vos filles, c’est bien cela ? Vos filles sont des hommes.

Van Cliff était absorbé par l’interrogatoire. Comme hypnotisé, Il enregistrait toutes les informations qui auraient pu lui être utiles. Il fut tiré de sa torpeur par l’un des flics qui était supposé chercher le corps :

-Docteur. Dites au Sheriff que nous l’avons retrouvée. C’est bien une vraie fille, cette fois. C’est une vraie boucherie, à gerber. Vos gars sont déjà sur le coup. Celui qui a fait ça s’est déjà fait la belle.

Les deux hommes se tournèrent dans un sursaut vers la vitre. De l’autre côté, Jack Black fulminait en envoyant de grosses larmes rougies :

-Je ne peux pas aimer les filles ! Je ne sais pas ! Je ne sais pas aimer les filles ! J’aimais MES filles !

-Quelqu’un va vous raccompagner chez vous, Black. Lança Harwell. »

Black Cat et lui sortirent de la salle en laissant Jack Black chialer dans son costume de tweed noir.

Le flic répéta au Sheriff ce qu’il avait dit au Docteur. Ce dernier avait les yeux cernés et Harwell lui conseilla de rentrer dormir en lui tapant dans le dos.

En observant l’inspecteure Eevy Black Cat s’éloigner dans le couloir, Le Docteur Oscar Van Cliff sût qu’il n’arriverait pas à dormir.

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Dydy MessagePosté le: Sam 08 Jan 2011 13:20   Sujet du message: Répondre en citant  
[Mégatank]


Inscrit le: 23 Jan 2010
Messages: 779
Je comprend pas trop l'histoire des filles de Black, ces filles qui sont des travelos qui sont des mecs donc. Il dirait 'mes filles' car elles étaient sous ses ordres ?

Ensuite le meurtres d'une vraie fille. Ce qui fait tomber à l'eau l'histoire des meurtres de transsexuels. Résultats, je sais plus à quel sein me vouer x)

Il va falloir un prochain chapitre très éclairant, ça serait bien xD

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Sido MessagePosté le: Sam 08 Jan 2011 13:25   Sujet du message: Répondre en citant  
Art Sauvage


Inscrit le: 09 Sep 2005
Messages: 1477
Localisation: Tortuga
Oui, et on suppose aussi que Black est homosexuel et qu'il a laissé parlé ses désirs au détriment de son business. Je dis ça, mais chacun l'interprète comme il le veut. Je n'impose rien dans mes textes Wink

Le prochain chapitre est en cours d'écriture, mais je suis un peu en manque de temps en ce moment. Je pense l'avoir terminé avant le week end prochain.

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Dydy MessagePosté le: Sam 08 Jan 2011 13:51   Sujet du message: Répondre en citant  
[Mégatank]


Inscrit le: 23 Jan 2010
Messages: 779
L'idée que Black prenne du plaisir avec "ses filles" m'a traversé l'esprit, mais tellement vite que j'ai pas capter qu'il pourrait être homo.

Du coup, on comprend mieux pourquoi il est si remué par leurs décès.

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juliana MessagePosté le: Mer 12 Jan 2011 13:19   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 05 Jan 2011
Messages: 5
Sido a écrit:

Van Cliff arpentait les sombres rues de Dust Town en regardant ses pompes. Il avait renoncé à l’idée de rentrer chez lui et préférait passer la nuit à observer et écouter la ville endormie. Tous ses sens étaient titillés par les odeurs nauséabondes, les crissements de pneus, les nuages de pollution et les réverbères grésillant.


Un très beau passage descriptif, en fermant les yeux quelques secondes je me suis retrouvée "avec son et image" dans le décor que tu as décrit, bravo !
Le reste du texte est également excellent, tu as une très jolie plume et un sens du détail précis, j'aime vraiment beaucoup.
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