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[One-shot] Le diable dans la maison

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 Auteur Message
Silius Italicus MessagePosté le: Sam 21 Mai 2016 02:20   Sujet du message: [One-shot] Le diable dans la maison Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour ami lecteur,

comme tu le sais, un jour la lutte a pris fin, et la vie a continué. C'est pourquoi je me permet de proposer à vos yeux cette nouvelle d'un après Lyokô.

Ce petit récit est par ailleurs le troisième panneau d'un triptyque, dit « triptyque créole » qui comprend deux autres nouvelles publiées en ces lieux, à savoir Au bal masqué, et C'est bon pour le moral. Ces trois récits sont indépendants, et de style comme de qualité divers, mais reprennent des thèmes et traitements commun susceptibles d'intéresser certains lecteurs.

Maintenant que tout est dit, place :


Le diable dans la maison



Spoiler



Un crissement de porte brisa le silence. L’homme entra avec le pas craintif d’un archéologue dans un tombeau égyptien. Quelles révélations l’attendaient ici ? Il referma la porte avec douceur. Il lui importait de préserver les lieux, leur harmonique. Quelques pas entre les murs blancs le portèrent dans le salon, non sans faire légèrement craquer le sol sous ses pieds. La pièce était spacieuse, impression renforcée par la déferlante de lumière qui transperçait la verrière.

Non pas une, mais en fait deux verrières occupaient deux des quatre côtés de la pièce. L’angle formé par ces deux murs de verres était orienté plein sud. Ainsi le paysage qui s’offrait aux yeux par ces fenêtres offrait un panorama allant d’est en ouest. L’ensoleillement était donc maximal toute la journée. En fait, il était tel que le soleil de midi rendait sans doute les lieux invivables. Mais la vue était splendide, il fallait le reconnaître.
Les deux autres murs étaient blancs. La peinture employée était légèrement réfléchissante. Combinée au flot qui passait par les verrières, la pièce donnait l’étrange impression qu’on se noyait. La taille de la pièce devenait difficile à estimer. Tant de blancheur effaçait les limites. L’homme éprouva une étrange impression de désintégration. Aucune frontière ne le retenait. Ses yeux erraient dans leur recherche presque désespérée d’un point d’accroche.
Il y avait bien quelques meubles. Tous étaient dans ce style moderne et industriel qui avait été en vogue quelques décennies auparavant. Ils étaient peints dans un gris métallisé ou virant au blanc. Ils apparaissaient comme strictement fonctionnels. Bibliothèque, vaisselier, guéridon… Sauf que la bibliothèque abritait les assiettes. Une collection de magazines était rangée en rang d’oignon sur le vaisselier. Aucun des meubles ne remplissait donc sa fonction propre. Il en résultait une étrange impression de décalage, d’étrangeté. Impressions qui rebondissait sur l’observateur. Ne serait-ce pas lui qui était inadapté, décalé ?
« C’est un peu trop gros pour être habile, pensa-t-il, qu’est-ce qui est vraiment à l’œuvre ici ? »
Tournant sur lui-même, il balaya les murs du regard. Un tableau ornait le mur sud-ouest. Il ne l’avait pas vu au premier abord. C’était une toile d’art contemporain. D’après la signature, un Soulages. L’intrus, sans être un amateur de ce courant, connaissait un peu l’art contemporain. Assez en tout cas pour identifier le style. C’était une toile de la dernière période, aussi appelée « révolutionnaire » de la seconde moitié des années 2020.
Il était blanc. Il n’y avait pas grand-chose d’autre à en dire. Oh, il y avait des variations, les marques de pinceaux laissant du relief, mais cela restait blanc. Blanc sur blanc.
Le cadre était plus intéressant en fait. Il était gris et fin. Tellement fin qu’il en devenait presque invisible, Il faisait peut-être un dixième de millimètre d’épaisseur. Le tableau pourtant avait été peint sur de la toile, à l’ancienne. Il avait donc été détaché de son cadre originel, coupé longitudinalement. La fine feuille ainsi extraite avait été collé sur une plaque aimantée. Un bord avait ensuite été rajouté. Sa seule utilité était de permettre de distinguer l’artefact autrement invisible, et la signature. Le propriétaire des lieux était donc suffisamment riche pour risquer la destruction de ce tableau au cours de ces multiples manipulation. Une telle prise de risque indiquait un réel besoin de ce tableau, et en même temps qu’il était parfaitement secondaire. Paradoxe.
Il ne devait pas dépareiller la pièce. Ne pas altérer la structure des effets. C’est pourquoi il devait se fondre dans le paysage. Mais il fallait aussi que l’on sache. Les invités devaient contempler l’opulence—ce genre d’œuvre coûtait une fortune — et le goût — leur hôte s’y connaissait en art et en décoration, Soulages étant un artiste reconnu. Enfin, c’était un signe d’appartenance. « Je fais partie de votre société, de votre petit club de la haute. »
Sur l’autre mur, on voyait de discrètes affiches de film dans les coins supérieurs, deux photos de galas et d’événements prestigieux, et une coupure de journal. Même si aucun visiteur ne pouvait ignorer le métier et les trophées de son hôte. « Un peu de vanité, que diable ! Pensa l’intrus, un sourire en coin étirant sa bouche ». Le maître des lieux était fier, sans doute à juste titre, de son parcours et de ses triomphes. N’était-il pas l’un des hommes les plus adulés de l’histoire humaine ? Un titan qui dominait son époque comme peu de rois ou de prophètes ont jamais pu en rêver. Quoi de plus normal alors que d’étaler discrètement sa gloire ?
Néanmoins, la présence du journal était intrigante. C’était un article critiquant l’avant-dernier film du géant. Un succès populaire, mais emprunt de lassitude. La critique n’avait pas aimé, et même en dehors du petit monde des cinéphiles, tous s’accordaient à reconnaître que le jeu d’acteur était loin de la transcendance. En fait ramené à l’aune de l’échelle personnelle du maître des lieux, c’était un échec. Sans doute le plus lourd de sa carrière, malgré les milliards engrangés. S’approchant l’intrus reconnu le journal. La Croix. Un journal de seconde zone, en voie de disparition. La critique était acerbe, virulente même. Pourquoi conserver un tel témoignage sur l’autel des succès ? C’était une discordance de plus dans l’agencement de cette pièce. Oh, une disparité mineure dans la mesure où il était douteux qu’aucun invité ne soit allé jusqu’à lire cette coupure.
L’intrus en tira une conclusion. Le maître tenait à conserver ceci sous ses yeux. Et en même temps il ne voulait pas que ses hôtes se doutassent de quelque chose. Comme une lettre volée en somme.
Cela jetait un éclairage nouveau sur les lieux. Pour s’en assurer avec plus de certitudes l’intrus aurait dû faire le tour du reste de l’appartement. Mais il était entré par effraction. Aussi ne tenait-il pas à contrevenir plus avant à son éthique. Il était déjà navrant que nécessité eût fait loi. « Combien de fois puis-je encore me permettre ce genre de transgression avant que ce ne soit une habitude ? » La question tourbillonnait dans sa tête depuis de longues années. Le doute qui accompagnait cette interrogation ne cessait de se faire plus faible : Qu’est-ce donc que la survie si l’on ne survit pas en entier ?
Faisant taire ses illusions et ses déchirements, il alla s’asseoir dans le canapé. Il ne lui restait plus qu’à attendre son hôte ; alors la partie pourrait commencer.


En attendant, il allait passer le temps en réfléchissant à ce qu’il avait appris. Il se cala confortablement dans un coin du canapé. Le cuir blanc étant un peu austère, des coussins avaient été ajoutés. Ce qui était fort bien venu pour soulager son lumbago. Face à lui le tableau continuait de l’intriguer. Ou plutôt de le narguer. Il n’avait jamais compris l’art moderne. N’avait jamais rien ressenti face à ces bizarreries. Ni l’entendement ni la raison en somme ne lui avaient fourni de voie d’accès à ce mystère. Que restait-il alors ?
Et pourtant, ce tableau… Il n’arrivait pas à en détacher son regard. Comme la ferraille face à l’aimant, il était sans cesse aiguillonné. Mais, qu’y avait-il à voir ? Du blanc. Des reliefs de blanc. Comme des griffures à peine recouvertes et déchirant la toile. Mais derrière, il y avait encore et toujours ce blanc exalté sous la lumière. Une exultation qui dissolvait tout et ne laissait rien. Avait-il pensé qu’il était un mystère dans cet art ? Quel idiot.
Il distinguait tous les traits. Où auraient-ils pu se cacher sous une telle lumière ? Il pouvait comprendre, visualiser, le chemin parcouru par le pinceau et la main. Il vit, comme dans un mirage le vénérable artiste, assis face à ce blanc à sculpter. Il vit le trajet de la main, le déploiement de la pensée. Il la vit prendre forme ; et la toile prit vie.
Il imaginait tout aussi bien l’arrivée des acheteurs. Leur volonté de prendre le meilleur. C’est-à-dire la dernière création selon eux. L’argent changea de main. Le vaniteux put poser sa nouvelle preuve de goût dans son salon et la prostituer aux regards de ses hôtes durant quelques cocktails. Oh oui ! Il voyait très bien. Il connaissait tous les préjugés autour de ce genre d’œuvre, toutes les prétentions. Ce n’était jamais qu’un trophée de plus dans la galerie. Richesse, statut, influence… cet objet n’était qu’un signe et une preuve.


Un signe aux contours bien flous. Un signe qui s’estompait de lui-même au sein d’une pièce tout aussi vague. Indétermination dans un univers indéterminé. Mais signe. Trace d’un ordre, de hiérarchies. Paradoxe.
Un chose et son contraire. En somme, rien.


Et ce blanc, ce blanc omniprésent. Il était happé. Il était absorbé. Il se noyait. Ce blanc. Quelle extase ! Il débordait, de tout côté, de toutes parts. À quoi se raccrocher dans cet univers informe ? Son esprit ouvert à tous les flots se répandait. Mais il n’y suffisait pas. Cet espace était trop grand… trop immense. Comment pouvait-il seulement songer à le combler ? Son pauvre esprit n’y pouvait. Indigne, il ne lui restait plus qu’à s’abandonner à cet ordre supérieur. Se soumettre face à l’indicible. S’humilier face à la révélation. Rien. Le néant. Ni ordre, ni chaos. Ni axe ni valeurs.
Incline-toi devant l’éternel et infini !
Incline-toi devant l’unité. Abandonne toute division. Ne fais-plus qu’un !


Épiphanie.


Quelque part, loin, une pièce clignotait à la limite de sa conscience. Un corps tremblait. Qu’était-ce donc que ce souvenir ?
Il tombait. Encore et encore. Il tombait et s’effilochait. Les lambeaux de ce qu’il avait été s’éparpillaient au vent, grains de sable devant l’univers.
Il se dissolvait. Toujours et à jamais. Perclus au sein d’un océan sans nom, condamné à perdre ce qu’il ne savait abandonner.
Où aller quand il n’y a pas de directions ?
Que faire quand il n’y a pas de forme ?
Qu’espérer quand il n’y a que le tout ?
« Je… je… » là-bas, si loin, quelque chose bougeait. Quelque chose parlait.
Une pensée revint. Un souvenir qui avait disparu. Un autre éclat de lumière qui avait consumé sa mémoire et ses actes. Il se souvint. Il avait déjà été dans ce lieu qui n’en est pas un. Il avait juré.
Une promesse.


Il retomba.
La gorge sèche, il tremblait. Son corps—oui, il avait un corps à lui — était agité de soubresauts violents. Un puissant voile d’épuisement s’abattit sur son esprit. Il voulut rouvrir les yeux. Quand les avait-il fermés ? Il les rouvrit. Le salon reparut. Clair et net. Délicieusement ordinaire. Adéquat.
À boire. Il lui fallait quelque chose de fort. Vite. Une bouteille complète, et l’abrutissement. Allons, il devait bien y avoir quelque chose à boire ici-bas. Il se leva. Le tableau fut à nouveau devant ses yeux. Enfin faillit. L’homme retomba, tremblant d’une haine meurtrière. Il n’était par encore prêt pour cette épreuve, pour une nouvelle contemplation de cette… chose…


Il n’osait plus se lever. Enfin, il n’était pas vraiment convaincu que ses jambes fussent capables de le porter. Pourtant, Dieu savait qu’il mourrait d’envie de fuir ce lieu d’horreur et de dégoût.
Qu’est-ce qui pouvait bien pousser quelqu’un à vivre dans un tel endroit ?
Il ne comprenait pas. Un instant il douta. C’était peut-être lui qui était en porte-à-faux. Lui qui était faussé ou victime d’un biais, de schèmes qui lui étaient propres.
Mais ses réactions étaient d’une telle violence qu’il ne parvenait pas à faire droit à ces idées. Il étouffait dans ce piège. Pourquoi être venu ? Au nom de quel principe absurde ? Depuis le temps, il aurait dû savoir que tout cela était vain. À part sa vanité, avait-il une seule raison de croire en sa démarche ?
« Libérez-moi ! ».
La plainte s’était échappée de sa gorge en un gémissement angoissé. Hélas, nul ne pouvait le dédire.
Seul le silence, son vieux compagnon, lui répondit.
Alors il aurait bien voulu que les sanglots viennent et que coulent les larmes.
Nul ne lui avait promis le lait et le miel, mais il ne pensait pas arriver à la vallée des larmes.
À boire. Il lui fallait vraiment quelque chose. Boire et sombrer. Boire et oublier.
Pas ici. Pas maintenant. Il avait encore faire.
Il avait encore à faire.


L’homme sifflotait. La matinée avait été bonne. Le canard de ce midi avait été succulent et parfaitement aillé. Comment eut-il pu en être autrement lorsque l’on était une star comme lui ? La jeune Lucie en plus avait réussi à être d’une compagnie presque agréable. C’était incontestablement une cerise sur le gâteau. Certes, seule la plastique était importante. Mais si en sus de remplir innocemment son rôle elle pouvait être un tant soit peu distrayante, alors c’était une bonne pêche. Il faudrait peut-être la garder plus longtemps que prévu… Mais ce pouvait être un risque inutile. À voir, à voir.
Il garda son bras autour de sa taille à l’approche de l’immeuble. La meute enragée était là, comme souvent. Il avait appris à ne plus faire attention à ces moustiques fulgurants. Il avait mieux à faire.
Il marqua une pause devant le portail. Tandis que celui-ci était ouvert, il serra la femme un peu plus contre lui. De la hanche, sa main assurée remonta. Elle alla frivolement s’attarder auprès d’un sein. Mais sans le toucher vraiment. C’était hors de question. Du point de vue de la meute, c’était tout comme. Ils salivaient d’avance à l’idée de ce qu’ils allaient pouvoir écrire dans les journaux. Cependant, ils se tenaient la bride, car ce n’aurait pas été la première fois que le Géant allât un peu loin en public.
Remarquant leurs attentes, il hésita. En revanche, elle n’en pouvait plus. Elle se pâmait de ce simple effleurement. Elle en était presque à se laisser aller en public. Eh bien, pourquoi pas. Ce serait intéressant à voir, et elle n’allait pas protester.
Il se prit à s’étonner encore une fois des effets du pouvoir et de la gloire sur tous ces Icares qui hantent soirées, réception et lieux de rencontre. Mais il ne se privait pas de leur compagnie. Elle relevait tellement la vie. C’était comme apprendre à jouer d’un nouvel instrument. Il fallait s’entraîner avant de pouvoir en tirer les sons voulus. Il avait été très facile d’apprendre à jouer de Lucie. Pour un peu, il eût été déçu. Mais il y a un temps pour tout et le temps de Lucie n’était pas celui de la virtuosité, mais bien celui d’une rapide facilité.
De l’extérieur c’était presque imperceptible, mais il la rapprocha encore un peu plus de lui, afin de lui communiquer chaleur et odeur. Sa main se fit plus pressante sur son flanc. Il fit jouer la soie douce de sa robe entre ses doigts. Il tira et étira. Elle sentait la robe bouger en un doux froufrou. Le tissu la caressait. Il allait et venait sur son corps. Elle avait la chair de poule. Elle frissonnait à mesure que le tissu passait sur ces cils à la sensibilité exacerbée. Il passait et abattait, repassait et rabattait, lui arrachant à chaque fois une nouvelle gamme de sensations. Elle frissonna de plus belle. Sa gorge tremblait. Elle avait chaud. Si chaud. Elle n’aurait jamais pensé qu’un jour ces mains l’atteindraient. Qu’elles la parcourraient avec tant d’attention, de talent, de dévotion. Elle se sentait monter, encore. Encore. Il continuait, le tissu s’était posé et étiré sur sa peau. Ses passages étaient plus rapides, plus tendus. Ses joues rougissaient. Il continua ainsi tout en l’escortant à travers le parvis, en direction du hall.

Alors, l’autre main de son compère se rapprocha. Elle quitta le pourtour du sein pour s’aventurer dans la vallée. Il appuya sur le tissu qui se gorgea d’humidité. Elle sentit ce poids nouveau contre sa gorge. À mesure qu’il s’imprégnait de sueur, il pesait et entraîner son décolleté vers le bas. La soie se tendit contre ses pointes érigées. Un tremblement la parcouru. Des ondes de plaisir traversèrent son être. Ses lèvres s’agitèrent tandis qu’un gémissement luttait pour sortir de sa gorge. Il agitait tant et plus sa robe, agaçant de la sorte ses tétons tendus. Elle vibrait au rythme de la douloureuse tension de ses organes. Les frottements du tissu apaisaient ses monts assoiffés qui relâchaient alors leur tension dans tout son corps. Une nouvelle vague de plaisir et d’attente s’ensuivait, recréant les tensions tout juste dissipées. Toujours plus haut et plus fort.
La chaleur produisit ses effets. Elle se sentit faible. Elle s’appuya un peu plus fort contre lui. Elle ne s’abandonnait pas. Elle avait sa dignité. Mais elle se sentait un peu fatiguée.

Saluant les gardes à l’entrée, il s’engouffra dans le hall sans plus leur prêter d’attention. Ils avaient déjà bien de la chance d’avoir ce boulot. Il laissa Lucie dans la loge au passage. Son ascenseur privé l’attendait.
Il aimait beaucoup cet appareil. Il était plaqué de bois d’ébène noir dont les veines avaient été teintes en jaune. L’effet était étrange et perturbant. En somme cela assurait sa réputation. Mais plus important encore, c’était un témoignage de son suprême sens artistique. Il n’était pas donné à tous d’avoir un aussi bon goût que lui. À mesure que la machine glissait sans effort le long des étages, il se mit à penser à la petite fête qu’il organisait ce soir. Cent cinquante convives, et quelques surprises. Il fallait bien que le tout-Paris s’étonnât et que lui s’amusât. Il sourit par anticipation. Ce soir, il remporterait une fois de plus la victoire. Il échapperait, pour un petit jour de plus à son tourment. Il échapperait… Encore fallait-il qu’il arrive quelque chose. N’importe quoi qui put réveiller sa chair, fouetter ces sens. Un bonbon de sensualité, une offense spontanée, ou même—qui sait — un nouveau territoire, une nouvelle dimension de sensation et de plaisir à découvrir. Si seulement. Si seulement.
Mais il n’était pas encore temps pour les idées noires—il préférait les aventures du groom à tout prendre — car il y avait encore bien des choses à faire. La décoration, la cuisine et le traiteur, le choix de l’ambiance. Puis il lui faudrait se préparer. Il avait retrouvé une espèce de vieux costume de danse blanc. Cela ressemblait à ce que d’aucun portaient dans les années quatre-vingt. Il ne cessait de se demander où il avait bien pu dénicher un truc pareil et pourquoi l’avoir conservé. Bah, ce soir cela lui rendrait service. Il allait être le roi de la fête. Sans trop savoir pourquoi, il commença à fredonner un air entraînant. Du disco. Étrange réminiscence, il n’avait jamais vraiment aimé cette musique. Trop conventionnelle.

Il sortit en sifflotant de la cage d’ascenseur. Il traversa d’un pas absent le couloir. Arrivé devant sa porte, il prit ses clefs et fit jouer la serrure. Il entra, se défit de son manteau qu’il accrocha distraitement derrière la porte.
Il passa dans son salon. Il avait soif. Un bon verre d’eau lui ferait du bien.
Il se figea.
« Que faites-vous là ? »
Sous l’effet de la surprise sa voix était restée posée.
« Qui êtes-vous d’ailleurs ? »
Alors que les informations parvenaient à sa conscience, il montait dans les aigus.
Un inconnu était tranquillement assis dans son canapé. Un verre à la main il sirotait son curaçao. À tout prendre cet individu avait du goût. C’était une cuvée exceptionnelle… Allons bon. Maintenant il se félicitait de voir un pillard rentrer et piller sa cave.
L’individu n’ayant pas l’air de répondre, il reprit d’une voix autoritaire.
« Qui es-tu à la fin ? Réponds, petit enfoiré ! Et sort avant que je n’appelle mes gardes du corps !
— Je t’ai connu mieux embouché, Della Robbia, répondit l’inconnu d’une voix pondérée.
— Pardon ? Un vulgaire voleur prétend me donner des leçons !
— Ce ne serait pas la première fois que je le ferais. Tu es devenu théâtral. Tu as trop fréquenté le cinéma, Della Robbia. Enfin, tu étais déjà comme ça avant. »
L’intrus était vêtu d’un survêtement gris et d’une veste dont la teinte fushia était un peu passé. Il portait un collier de barbe encore un peu clairsemé, mais taillé. Son œil gauche ne bougeait presque pas, et l’iris était voilé, signe d’une cataracte prononcée, trop tardive pour être soignée. En dessous de cet œil, une ligne rouge était la marque d’une blessure mal cicatrisée qui devait le démanger lors des grands froids.
Le titan tiqua alors.
« Della Robbia… il y a longtemps que je ne l’avais entendu. Surtout avec ce ton particulier… unique.
— Il y a des choses qui sont faites pour rester enterrer. Les frasques de jeunesses…
— Aucun de nous ne veut en parler je pense, compléta Odd d’une voix enjouée.
— Jim… pardon, Monsieur Jim, reprit-il
— Laisse tomber le « monsieur », en échange je t’appellerai Odd.
— C’est que je n’ai plus l’habitude, moi ! »
Odd ponctua sa remarque d’un rire sec.
« Mais dites-moi, qu’est-ce qui pousse mon ancien professeur de sport à revenir vers me voir plus de trente ans après mon bac ?
— J’aime bien me tenir au courant de ce que deviennent mes anciens élèves. J’ai suivi ta carrière, tu sais.
— ah ah, toute la France et même le reste du monde l’a fait. Je suis Odd le Magnifique. Le Titan du cinéma. La merveille d’amour… Vous voulez un autographe ? Trente ans après c’est un peu tard. Sérieusement, je suis étonné que vous soyez encore en vie. Vous êtes bien conservé. Comment avez-vous fait ?
— Tu étais déjà insolent et sans tact. Mais te voir désabusé… C’est navrant. Je suis toujours à Kadic.
— Non ? Vous n’avez pas été mis à la retraite ? L’incrédulité perçait dans la voix la star.
— Je me suis arrangé avec l’administration. Cela fait des années que mon âge n’a pas bougé. Proviseurs, secrétaires… ils vont, ils viennent. Je reste.
— Quand même ! Cela vous fait quoi 70 ans au bas mot ?
— Je préfère…
— …Ne pas en parler.
Un ange passa. Chacun méditait sur ces derniers mots tandis que remontaient les souvenirs. Souvenirs d’un âge plus simple, plus heureux et insouciant. Plus frais. Puis revinrent les blessures, les coups du sort. Les aléas. Non, hier n’était pas mieux. Cette fraîcheur n’était que l’air froid des morgues, la froideur de ce cadavre ranimé à grand peine qu’est le passé. Seul un puissant désir de fuite pouvait amener à ne pas voir les stries, la chair décomposée, les protubérances de ce monstre titubant. Odd Della Robbia le savait bien. Le passé est mort. Le déterrer est inutile, sauf pour se flageller. Le présent, lui est vivant. Après tout, ce soir il connaîtrait peut-être le rassasiement des sens.
« Tu sais, à force de rester aussi longtemps dans le métier, on finit par connaître des gens. Avec certains, cela va même un peu plus loin. On garde le contact.
— Et avec qui, répliqua le Titan d’une voix narquoise. Ælita ? Jérémie ? C’est du passé.
Jim jeta un coup d’œil en direction de la coupure de journal épinglée sur le mur. Odd suivit son regard.
— Quoi ? Vous venez me parler de cet immense succès ! Je suis honoré. »
L’ironie était un peu lourde. Mais, tout à son agacement, Odd n’en avait cure.
« La date.
— Ah ?
— C’était peut-être la cinquième roue du carrosse, mais je n’en reste pas moins surpris que tu gardes ce… mémento.
— Vous…
— Le jour où est mort le héros.
— On a été amis. J’ai suivi de loin ce qu’il faisait. Facile, vu le nombre de fois où il a fait la une des journaux. Le sauveur de Jakarta… le renard du Sahel… la terreur des mercenaires.
— Le survivant aux cent blessures… Le héraut de la France. Panthéonisé le lendemain de sa mort, compléta sarcastiquement Jim.
— Vous n’avez aucune idée de ce qu’il a enduré ! William était un héros. Il l’a toujours été.
— Même au collège ? C’est pour cela que tu gardes la preuve de son héroïsme en permanence sous tes yeux ?
— Qu’est-ce que vous voulez ? »
Le ton d’Odd était polaire. La température dans la pièce semblait diminuer de seconde en seconde sous la pression de la présence glacé de l’acteur.
— À ton avis ? Vous n’avez jamais vraiment tout abandonné.
— Je ne vois pas de quoi vous parlez ? »
Le Titan s’était radouci. Son visage se détendit et ses traits se firent interrogateurs. Ses épaules s’abaissèrent. Son buste s’était aligné sur un léger profil par rapport à son interlocuteur, l’invitant à continuer.
« La mort d’Ulrich.
— Pardon ! Vous crochetez ma serrure, videz mes bouteilles ! Et maintenant vous m’accusez d’avoir assassiné mon ami il y a trente ans de cela ! Vous êtes pas net vous.
— T’ais-je accusé ?
— C’est tout comme…
— C’est plutôt cette façon de bondir aux conclusions qui est suspecte.
— Stop ! Temps mort ! Si vous voulez vraiment qu’on parle de ça… Je ne vous offre même pas l’hospitalité…
Odd tourna le dos à son interlocuteur en marmonnant. Il se rendit dans la cuisine. Jim entendit le claquement sourd d’un placard en bois suivi du son cristallin de bouteilles ou de verres s’entrechoquant.
« Vous avez déjà commencé au curaçao. Vous allez poursuivre avec ou vous prendrez autre chose ?
— La même chose que lui, barman ! répliqua Jim goguenard. »
Odd revint une petite minute plus tard. Il avait deux bouteilles pleines dans la main gauche, et quatre verres dans la droite. Il déposa le tout sur la table. Sortant un couteau de sa poche, il entreprit de déboucher la première bouteille. Celle-ci était en verre spiralé de manière à créer des reliefs qui permettait une meilleure prise. Un petit « plop » retentit lorsqu’il dévissa le bouchon. Le liquide ambré coula du goulot jusque dans les verres. Ceux-ci étaient de petite taille. Leur remplissage ne prit donc guère de temps. Se levant à moitié de son canapé, Odd tendit un verre à son ancien professeur. Ce dernier le prit volontiers. Le temps qu’Odd soit à nouveau installé, il huma le verre. C’était un alcool à la robe ambrée. Une robe légère, complètement transparente sous la lumière qui la jaunissait. Cela laissait présager d’un alcool plutôt léger et au goût sucré. À l’odeur, on sentait des notes de fruits sous le parfum oppressant de l’alcool.
— À nos amitiés passées !
— À nos amours futurs !
Ils trinquèrent ; ils burent.
Jim laissa ce feu léger se fondre dans sa gorge. Son corps se réchauffa, et un peu de confort revint en son âme. Ce que la liqueur bleutée n’avait su faire, la boisson offerte par Odd l’avait accompli.
— Merci Della Robbia. Il est excellent.
— N’est-ce pas ? Ce n’est pas une bouteille pour les grandes occasions, mais j’ai toujours pensé que les muscats réchauffent agréablement les cœurs. Ulrich, donc ?
— Ulrich.
— C’était vraiment un suicide. Ulrich était mon ami. Je ne l’ai pas tué. Pas un jour ne passe sans que je me demande si j’aurais pu lui éviter cela.
— Je n’ai jamais pensé que tu l’avais tué ou quoi que ce soit.
— Encore heureux. Pourquoi je l’aurais tué ?
— C’est toujours une femme.
— Pardon ? »
Odd se demandait si Jim n’était pas déjà fin saoul.
« Quel est le meilleur moyen de séparer les meilleurs amis du monde ? Une femme. »
Jim avait insisté sur ce dernier mot.
« Si on croît les flics, neuf fois sur dix, le meurtre est fait par un proche à cause d’une femme, ou d’un gamin semble-t-il ces dernières années. »
Odd éclata de rire.
« Une fille ? Entre moi et Ulrich ? Sérieux ! Vous m’imaginez séduisant Yumi ? Nan, mais allô… Pire, vous pensez que j’aurais pu réussir…
— Non. Elle t’aurait arraché le foie et l’aurait servi à Ulrich au déjeuner. Tu n’y es pour rien dans le suicide d’Ulrich. Pas plus ni moins que chacun d’entre nous à l’époque.
— Alors pourquoi m’en parler. En guise de vieux souvenir il y a mieux.
— Cela t’a touché au cœur. Tu continues d’en souffrir. Jusqu’à m’offrir un verre.
— N’allez pas me faire regretter.
— Jamais de la vie. Ce muscat est très bon. Si nous en reprenions.
— Bonne idée. Après on en viendra aux choses sérieuses.
Jim resservi donc les deux verres.
« Donc, que vouliez-vous me dire ?
— Que caches-tu ? Si tu ne savais vraiment rien sur Ulrich, tu n’aurais pas eu cette réaction tout à l’heure. Tout votre groupe a implosé après cela. La preuve, vous êtes tous parti de votre côté, sans un regard en arrière après le lycée, et même avant, ce n’était plus la joie.
— On a grandi. On a réalisé ce qu’était le mur de la réalité… abandonnés nos rêves de héros.
— Pour bâtir une carrière de cinéma dessus, avant de devenir le séducteur ?
— Pensez ce que vous voulez. Vous avez bien vu ce qui est arrivé à nos rêves et nos désirs.
— Ælita ? Tu sous-entends beaucoup. Je pourrais être de la police…
Odd eut un sourire triste.
« Je pense que vous préférez ne pas en parler. Ælita Schaeffer ? Navré. Si c’était l’information que vous désiriez… Elle a disparu. Complètement. Totalement. Je ne sais rien de plus. Est-ce qu’elle est morte ou vit en ermite sur le Larzac… Aucune idée
— Je ne suis pas de la police. J’aimais bien cette petite. Même si je ne comprends pas ce qui vous a pris de trafiquer son identité. C’est un miracle que ces faux papiers aient tenus dix ans. Et tout ce cirque médiatique…
— Jérémie ne s’en est jamais remis. Avec ce qu’ils lui ont fait pour usurpation et trafic d’identité. Il est toujours mis en esclavage par une officine gouvernementale vous savez. Ça plutôt que la prison de très haute sécurité à vie.
— C’était donc ça…
— Peut-être. Ou bien ils ont profité d’une occasion.
— Sérieusement… repris Odd, vous êtes venus pour me parler du bon vieux temps ?
— Non. C’est pour toi que je suis venu.
Odd se pétrifia. Interdit, il dévisagea son interlocuteur. Quelle idée tordue était donc passé par la tête de Jim. Certes celui-ci n’était pas une lumière, mais quand même. Où diable voulait-il en venir ? Il attendit que le professeur reprit le fil. Il profita de cet intermède pour remplir les verres à nouveau vide.
— Estelle Lagère.
— Pfiou… vous en connaissez du beau monde. Une star de premier rang. J’ignorais qu’elle était passée par Kadic.
— Tu sous-estimes le réseau des surveillants…
— Pardon ? Il existe ?
Odd était incrédule. Le réseau des secrétaires ou des agents, d’accord. Après tout à partir d’un certain niveau de concentration de pouvoir ou de richesse tout le monde connaît tout le monde. Depuis deux ou trois lustres, on progressait plus par la communication, l’entregent, qu’en s’attelant à son travail. L’ultime stade du réseautage. Il avait eu—en son for intérieur il lui restait assez d’honnêteté pour le reconnaître — de la chance d’être arrivé avant. Sans quoi, un trublion extérieur au sérail comme lui n’aurait eu aucune chance. Codes, relations, numéros… autant de choses qu’il n’avait pas.
— Non. C’était une blague.
— Ratée. Vous étiez meilleur dans le temps.
— Les affres de la vieillesse. Tu as fréquenté Estelle.
— N’importe lequel des corbeaux espions massé dans la cour le sait. J’ai été son amant pendant longtemps. Un mois ou deux, c’est presque un record.
— Son amant.
— Et quoi d’autre ? »
Un éclat de colère avait parcouru Odd.
« Elle prétend le contraire.
— Pardon ? Quel contraire ?
— Elle est venue me trouver il y a peu. Elle était dans un sale état—pas à cause de toi. Je l’ai aidé. Elle m’a beaucoup confié par la suite. Notamment le fait que vous n’aviez pas été amant.
— Ridicule. »
— J’ai mené ma petite enquête. J’ai pu retrouver la plupart de tes anciennes conquêtes. Tu n’as jamais couché avec une seule. »
Odd éclata d’un rire froid.
— Vous plaisantez ? Vous appelez ça une enquête ? Il y a des témoignages partout dans la presse. Des années durant ils se sont régalé de mes exploits.
— En posant les bonnes questions. J’ai trouvé de la codéine ici. »
— Et ? Vous ne pouvez…
— Une substance qui rend malléable l’esprit. Tu étais un fantasme, et lorsque nécessaire, tu t’es servi de cette drogue et de leurs rêves pour leur faire croire que tu les aimais.
— C’est un crime ? Elles m’ont aimé, je leur ai rendu.
— des mensonges. Mais ce n’est pas vraiment mon problème. Enfin, même toi risque la prison. Tu as toujours été très minutieux dans ces relations. À part ce qui a fait la une des journaux. Il n’y a jamais rien eu.
— Et alors ? En quoi cela vous regarde-t-il ? Et quand bien même. Ce que je leur ai offert, aucune ne s’est plainte, et c’était bien suffisant pour balayer vos déclarations idiotes.
— Tu les as utilisé puis balancé comme des mouchoirs. »
Jim s’échauffait. Il les avait toutes retrouvées. Toutes avaient souffert durant leur relation, et plus encore lorsque le Titan y avait mis fin. Toutes en gardaient des cicatrices plus ou moins à vif. Toutes avaient été détruites. Aucune n’en avait fait état en public. Elles pensaient que la faute gisait en elles. Chacune pensait qu’elle était la seule à avoir vécu sa relation ainsi. Les verres étant à nouveau vide, il resservit.
« Tout le monde connaît ma réputation. Je suis un tombeur. C’est tout. J’ai toujours rompu à l’amiable.
— Il y a l’art et la manière. Certains passent leur vie à apprendre cela. Mais tu es bien le seul qui l’ait perdu.
— Mais bien sûr. Odd est un monstre. L’homme aux pieds malodorants ! Odd Della Robbia le misogyne, le sexiste… l’homme qui n’aimait pas les femmes ! »
Il leva les yeux au ciel. Sa voix enflait. Elle était pleine d’un majestueux chagrin. C’était la complainte des Jobs face à l’injustice. Le lai des lésés.
— Ce qui m’importe, Odd Della Robbia, c’est ce que cela dit de toi. Tu étais déjà un Dom Juan à Kadic. Il s’en est fallu de peu pour que des parents furieux n’obtiennent ton exclusion.
— Non ? Odd était incrédule, À ce point ?
— On te l’avait caché. Pour pas mal de raison, dont peu qui avaient à voir avec toi personnellement. J’ai recontacté un certains nombres de tes amies de l’époque.
Odd sentit sa gorge se serrer. Sans trop savoir pourquoi, il se disait que la suite risquait d’être pénible. Pour faire face, il n’y avait qu’une seule solution. Il remplit à nouveau les deux verres. Il ne voulait pas perdre Jim dans les vapeurs de l’alcool, mais il sentait qu’il lui fallait aller au bout de cette visite.

— Elles étaient toutes sous ton charme. Déjà à l’époque. Oh, elles savaient à quoi s’en tenir. Mais tu étais comme une force de la nature, inarrêtable. Et puis… tout a changé.
— Je suis toujours comme ça. Tout le monde sait que je suis un séducteur.
— Pas de la même manière.
Odd éclata de rire.
— Je les croise, fait connaissance, apprends à les connaître, puis le charme s’efface et il faut se séparer.
— Tu as volontairement brisé des cœurs. Tu as été cruel. Ce n’était pas le cas avant.
— Avant ? Avant quoi ? Ulrich ? Vous pensez que je fais une espèce de dépression, que je culpabilise à propos de la mort d’Ulrich ?
Ils burent tout deux, avant de se resservir. La bouteille était finie.
— Anaïs Friquet. Avant Anaïs Friquet. C’est à partir d’elle, ou après elle que tu as changé. Enfin, je pense.
— Donc vous ne savez pas tout.
— Ce n’est pas ce que je cherche.
L’alcool commençait à faire effet. Odd s’en était toujours tenu à l’écart durant ses longues années de cocktails et de réceptions. C’était trop dangereux, mauvais pour les affaires. Il n’avait pas pris beaucoup de poids depuis le collège, ce qui le rendait plus prompt à être pris que Jim. Pour la première fois, il se sentait d’humeur à en parler. Non, il n’y avait rien à dire. Il devait se reprendre.
« Qu’est-ce qui t’a détruit ainsi, Odd ?
— Je trouve que j’ai plutôt réussi.
— Une longue suite de fêtes sans plaisir, et au bout du compte tu en viens à peloter des starlettes en public pour protéger… Quoi ? ta réputation ? ton honneur… ? Tes amis sont partis, et tu as jeté tes amantes. Personne ne partage ta vie. Je suis sûr que tu es plus heureux que le gamin blagueur que j’ai connu.
— Je n’ai pas de comptes à vous rendre. Ma vie me convient. Hé, Gloire et fortune… Que demande le peuple ?
— C’est sûr. C’est sûr… D’ailleurs, c’est tellement plaisant que tu préfères perdre du temps en te saoulant avec ton passé plutôt que de préparer la fête. Non que je me plaigne. C’est une fort bonne bouteille.
— Vous savez… La porte n’est pas loin. Vous la connaissez, je crois, répondit Odd sarcastiquement.
— À mon âge, on profite de tout ce que l’on peut. La chère est bonne ici, je pense.
— Elle ne vaut pas un bon couscous-boulette kadicien.
— J’en ai un peu assez de l’acné et des aigreurs. Petite dépression passagère…
— Qui vaut le coup de rentrer plus tard la queue entre les jambes, la tête lancinante sous les coups de butoir de la rage de gloire ?
— Icare s’est bien amusé.
— Pour le plus grand malheur de son paternel…
— Je suis touché de voir que tu tiens à moi.
Cette fois, c’était Jim qui était sarcastique à souhait.
« Très distrayant. Vraiment. Dans le style joute adolescente. Mais vos élèves ont trop déteint sur vous. Le berger est devenu un mouton. Franchement, j’ai mieux à faire. Par exemple avec cette charmante jeune fille que vous avez mentionnée. »
Sans répondre, Jim leva son verre. Il le but. Il savoura chaque traînée de feu, chaque résidu de goût passant le barrage de son palais atonique. Cette discussion ne menait à rien. Avait-il eu tort de venir ? Quand bien même, aurait-il pu ne pas venir ? Son esprit somnolait à mesure que l’alcool engourdissait ses sens.
Le soleil de l’après-midi les baignait de sa clarté derrière les vitres blindées. De l’extérieur ne venait plus que ce résidu de nature, l’ombre d’une sieste dans la bruyère, bercé par la complainte du vent dans les feuillus. Ici, en ce lieu de richesse, ne restait plus que la mollesse des corps et l’aboulie, une fatigue immense dont le fardeau ne pouvait, non même pour un instant, être déposé. Au sein de cette chaude matrice, alors que le feu assoupissait l’intérieur des corps et que la lumière paralysait l’extérieur, tout les soucis se pressaient. Ils s’empilaient et pesaient ne laissant qu’une fuite languissante pour seule échappatoire.
« Tu es dans l’antre de la bête, Jim, soumis à ses règles. » pensa-t-il. Évidemment cela était aussi vrai pour son interlocuteur, à ceci près que celui-là n’avait pas à convaincre, et qu’il jouait à domicile.
« Oh ! Inutile de se gêner pour moi. Je peux tout à fait me contenter de savourer ces liqueurs. Elles sont vraiment excellentes.
— Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas envie de vous laisser les clés de la cave.
— Quoi ? Il y aurait un chien dissimulé derrière les cloisons ?
— Une chienne plutôt, au vu de vos insinuations.
— Comme j’affirme le contraire…
— C’est bien gentil tout ça, mais j’ai à faire et on n’avance pas là.
— Crois-tu ? Je savoure tes alcools, devient nostalgique et nous parlons d’amour… Que demande le peuple ?
— La paix ! Et pas que vous veniez remuer un passé obscur et bien mort. Il y a déjà bien assez de charognard dans mon entourage.
— C’est ton passé qui t’a mené à semer autant de malheur.
— C’est cela oui, c’est cela…
— Tu veux que j’en discute avec ta charmante couverture du moment ?
— Sérieusement ? Vous êtes obsédé Jim…
— J’ai une compétence certaine pour faire parler les jeunes.
— Pas souvenir que ça a marché sur moi et mes amis…
— J’ai eu trente ans pour m’améliorer.
— Et moi, tout autant pour perfectionner mon sublime jeu d’acteur. »
Cet échange un peu vif avait prélevé son tribut sur leur langues. D’un commun accord, ils se resservirent et burent afin de soulager leur gosiers à sec. Comme l’atmosphère dans la pièce se faisait pesante, un deuxième verre suivi bien vite. Chacun s’absorba alors dans la contemplation du cristal de bohème finement taillé.
« Odd, Odd… Tout ces mensonges, ces aventures jetées en pâture à la presse… Ils finiront par savoir. Ils savent sans doute déjà. Si j’ai pu découvrir le pot aux roses…
— Sauf que vous affabulez… Franchement, venir me voir avec une histoire aussi tordue. Ça ne pourrait même pas servir de scénario de série B. Dommage que le genre soit mort d’ailleurs. Vous y auriez fait merveille.
— Je préfère ne pas en parler.
— Non ? Vous avez fait de la télé ? C’est du bluff… »
Jim lui rendit un regard fermé accompagné d’un grand sourire.
« L’espèce de… pensa Odd, il m’a eu là. »
« Pour l’instant ton truc marche parce qu’ils pensent tous que tu leur rapporte plus en multipliant les écarts. Mais il suffit qu’il y en ait un qui décide de briser cet accord tacite. Se sera la curée. Ils iront remuer toute ta vie sous le pire des angles. Tout ce passé que tu désire tuer.
— Mon passé… tout le monde l’a déjà amplement retourné, et plutôt trois fois qu’une. Sinon, j’aurais rejoint Jérémie. Ne serait-ce que par suspicion de collusion.
— Personne n’a eu besoin d’en faire autant pour l’instant. Et puis… tu as bien camouflé tes traces. Il est assez difficile de faire le lien entre toi et Kadic tellement tu as noyé l’information. Pour un peu on y verrait la patte de…
— C’est bon, ça va. »
Odd bouillonnait de rage. L’alcool sans doute. Le fait que ce tissu de mensonge s’approchait un peu trop de douloureuses vérités. Il se leva, se servit un verre et se rendit à la fenêtre. Il y resta un moment, contemplant Paris étalé sous ses pieds. Un long moment de silence s’étira.
« Vous voulez quoi ? Une vérité ?
— Je ne sais pas.
— Quoi ?
Il avait hurlé ce dernier mot. Il broya le verre dans sa main. Des fragments de verre retombèrent sur le sol, tandis que quelques échardes rentraient dans sa peau. Dans son état, il ne les sentit même pas.
Il se mit à tourbillonner dans la pièce en proie à une peu commune agitation.
« Pour qui vous vous prenez, hein ? Qu’est-ce que vous croyez savoir ? Je leur ai fait mal ? Je suis mauvais ? Qu’est-ce que vous connaissez, vous, au bien, à la justice, au mal ? Vous n’êtes jamais qu’un pauvre fonctionnaire chargé d’appliquer des règles qu’il ne choisit même pas ! Combien de gamin vous avez marqués, brisés ou détruit, même sans le savoir ? Vous vous croyez un chevalier blanc ? Idiot. Abandonnez ces idées stupides. Vous n’avez rien à m’apprendre, aucun sermon à me faire.
«Qu’avez-vous jamais fait ? Éduquer ? Quand on voit la jeunesse d’aujourd’hui… Quand on voit le peu de respect que vous portaient vos élèves… Quand on voit ce à quoi vous en êtes réduit ? Franchement… Je n’ai rien à apprendre ou entendre de vous. Aucune leçon, aucune réprimande, aucun prône…
« Retournez dans votre misérable lycée et défaite-vous de l’idée que vous puissiez quoi que ce soit. Moi j’en ai fini avec vous.
— La bouteille est encore au tiers pleine.
— Emmenez-là… Que voulez-vous que ça me fasse… »
Odd se rassit. Il se resservit une rasade.
— Della Robbia…
— Quoi ? Le français, vous ne connaissez plus ? Dehors !
— Mes pathétiques dons d’éducateurs n’expliquent rien.
— Non. Mais il n’y a rien d’autre.
— Anaïs…
— M’a ouvert les yeux. Puis Ulrich m’a ébloui. Il n’y a rien à attendre. Des femmes encore moins. Dès que les temps changent, tout se casse et disparaît. Le rideau se léve et les bandits s’en vont.
«Anaïs ? Elle n’a fait que me révéler la vérité. Un moment de chance, je l’ai surprise avec certaines de ses amies. J’ai compris alors à quel point c’était vain. Bah, elle m’a donné une bonne leçon, se consacrer à soi, entièrement, complètement. Sans elle je n’aurais pas si bien réussi.
— J’ai des doutes sur certains aspects de ta réussite. Mensonge, manipulation, tromperie…
— Vous vous croyez au-dessus de ça ? Voyez comment vous êtes venu à moi…
— Pas faux ça. Tu es donc si heureux que d’en parler te met en rogne ? »
Odd ne répondit pas. En lieu et place, il se resservit un verre et invita Jim à faire de même. Autant vider la bouteille au stade où ils en étaient.
« Tu pourrais faire tellement mieux… te sentir tellement mieux…
— Oh non ! Vous n’allez pas me débiter les mensonges habituels du cinéma ? Je les connais par cœur, c’est bon. »
Sur cette parole, ils finirent la bouteille. Vu que l’après-midi avait été si bien entamé, ils choisirent d’ouvrir une nouvelle bouteille. Un cognac. Ils se sentaient épuisé. Saoulés de vin et de soleil, l’esprit vidé par le ressentiment et le conflit.
— J’aurais essayé. Alors buvons veux-tu, Odd ? Ce jour entre tous.
Ils se tournèrent vers le mur où était épinglé les journaux et levèrent leurs verres. Ils trinquèrent en silence pour s’endeuiller.


Engoncés dans leur moelleux fauteuils, ils se laissèrent aller au plaisir de la langueur. De la langueur vint la nostalgie des jours plus simples. Enfin, regrets et remords vinrent bercer la fin de cette ultime bouteille. Quand tout fut consommé, les derniers mots s’échangèrent.
« Odd, repense à notre discussion. Tout n’est pas fini.
— Monsieur Jim, vous n’auriez pas du venir.
— Sans doute. En attendant, voilà mon numéro. Au cas où la presse apprendrait tout…
Odd lui rendit un regard blanc.
« Depuis quand votre numéro n’est pas français ? Enfin, j’enverrais un petit chèque à Kadic. Pour votre piaule. Je ne voudrais pas qu’il vous arrive malheur…
— Fais attention Odd, je te survivrais à ce rythme.
Ils se serrèrent la main. Jim redescendit vers la terre, puis sous terre dans le métro. Il passa les portiques de sécurité de son établissement puis entama une inspection surprise des dortoirs. En espérant que personne ne remarquerait son haleine et sa démarche chaloupée.
Odd se remit à l’organisation de sa petite sauterie.

Dix jours plus tard, alors qu’il cuvait une soirée fort réussie, et d’un ennui absolu, il repensa à sa rencontre avec le passé. Il ne s’était pas autant amusé depuis bien longtemps. Il s’était senti moins vide après cet après-midi. Il se leva péniblement et traversa son appartement jusqu’au téléphone. La carte de Jim se trouvait dans le tiroir situé en dessous. Il la sortit et composa le numéro.

La sonnerie retentit ; une voix féminine répondit.


Un mois plus tard, Jim ouvrit le journal du matin en prenant son petit déjeuner. Deux photos s’étalaient en première page. À gauche, on voyait un homme en costume de disco blanc. Un homme que tout le monde connaissait et reconnaissait à sa mèche violette. À droite, une femme tout de noir vêtue, l’air sévère. Un insondable chagrin perçait dans ses yeux, la conviction que toute joie était partie, que tout n’était que vaniteuse poussière. Elle aussi était connue, quoiqu’un peu moins. L’article titrait : « Mariage : La superstar du cinéma et la prêtresse de l’humanitaire ». Le journaliste commençait par rappeler la longue liste de film, succès et récompenses du Titan avant le passer sur la carrière de Yumi Ishiyama. Des pays sauvés de la faim, une énergie sans fin dédiée à aider l’Afrique et à combattre la pauvreté. Les soupçons de relation avec le Renard du Sahel était vaguement mentionné.
Jim n’eût pas le temps d’en lire plus. Un chahut couvait dans le self. Il se leva et revint à ses affaires. La vie reprenait.


Spoiler


J'espère que vous avez pu passer un agréable moment avec cette lecture. Avant que nous ne nous séparions, j'aimerais remercier de manière plus marquée la personne qui accepté de relire mon texte et de m'aider à l'améliorer. Sa diligence et son attention sont une grande faveur qui m'est faite. Merci encore.
Il se peut néanmoins, c'est même à peu près certain, que certaines erreurs ou maladresses aient échappées à mes yeux. C'est pourquoi, si vous en repérez, n'hésitez surtout pas à en faire part.

Au plaisir de vous retrouver.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.


Dernière édition par Silius Italicus le Dim 18 Sep 2016 09:19; édité 2 fois
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Zéphyr MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2016 17:30   Sujet du message: Répondre en citant  
Z'Administrateur


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Mince, pas de commentaires sur ce One-Shot ? Petit oubli du Pôle, auquel il faut remédier tout de suite par un up mérité. Ma lecture remonte cependant à quelque temps déjà, je risque d'être succinct.

J'ai eu du mal à m'immerger dans le texte pour son premier tiers, qui m'a paru pas mal tourner autour du pot (même si je mets une partie de cette impression sur une certaine absence de compréhension d'éléments et de culture de ma part).

À côté de ça, j'ai beaucoup apprécié le long dialogue opposant Jim à Odd. Un côté « jeu » appréciable en émane, en particulier dans les paroles de Jim. Le « diable » habillé en survêt' s'amuse avec sa proie. Il ressort de cet échange une vision très intéressante du personnage d'Odd, quoiqu'à mon sens teintée d’ambiguïté. Autant je pense avoir saisi « l'ouverture des yeux » par Anaïs (si ce prénom désigne bien la figurante de Code Lyokô, son nom de famille est Fiquet et non Friquet, même si le jeu de mots en regard de la richesse actuelle d'Odd peut être une explication à ça), mais « l'éblouissement » par Ulrich – et plus globalement sur ce qui tourne autour de lui – reste plutôt vague.
De tous les personnages principaux, Ulrich est le seul dont le devenir n'est pas clair et net. Évidemment, il y a des indices dans le texte et selon moi, les chances qu'une homosexualité d'Odd entre en ligne de compte est forte (ce qui expliquerait les allusions de Jim par rapport au ressenti de Della Robbia sur son camarade de chambre). Toujours est-il que même après lecture, il y a encore des zones qui me paraissent brumeuses, en particulier les raisons du suicide d'Ulrich (lié à cette relation Yumi/William suggérée ou quelque chose de bien plus profond, en lien avec Odd ?). Je ne serais pas contre un éclaircissement de ce côté si tu estimes que ça n'impacte pas l'ambiance de ton texte de préciser ton idée concernant cet écrit. Razz

Dans tous les cas, cet angle de vue sur Odd était assez rafraîchissant, même s'il est passé par l'éternel positionnement du blond en réalisateur riche et célèbre, le plus grand classique possible en terme de futur pour ce héros. De même pour Jim, auquel tu as adjoint un ton plus grave et sérieux qui lui va bien, sans trop affecter l'essence de son personnage, qui penche plus vers l'apport d'un sourire au lecteur/spectateur, grâce à l'ironie et au sarcasme.

Malgré mon appréciation de l'ensemble, je pense que ce texte n'était pas fait pour moi en terme de compréhension de l'intrigue. Cela ne m'empêche pas d'espérer découvrir un nouveau texte de ta main dans le futur. À la prochaine !
_________________
http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Silius Italicus MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2016 20:36   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bonsoir,
C’est une heureuse surprise : je ne pensais pas que quelqu’un passerait commenter cette nouvelle. Mais ce qui est encore plus heureux c’est de voir que ce commentaire comprend des pistes et des idées auxquelles l’auteur n’avait pas songé.

Reprenons dans l’ordre.
Pour ce qui est du premier tiers, et d’éléments qui vous aurait manqué, je suppose que vous pensez au tableau. Tout d’abord, Soulages est un peintre français bien réel, célèbres notamment pour ces monochromes noirs. Ici, un tableau, un monochrome blanc a été inventé, de même que le fait que ce tableau corresponde à une période dite « révolutionnaire » de Soulages. Ensuite, ce tableau, et la scène à laquelle il est lié n’étaient pas initialement prévus : ils sont venus spontanément sous la plume. Et, bien que le début de ce texte ait été considérablement amendé par rapport à la version initiale, je n’ai pu me résoudre à sacrifier ce passage spontané. C’est pourquoi vous n’avez pas échappé à une scène mystique de plus. Le reste de ce début de texte était plutôt à vocation sociologique. Il s’agissait d’essayer de donner un portrait d’Odd, l’occupant des lieux, au travers de ce salon ; en même temps, il y avait une volonté d’illustrer l’effet presque inconscient que peut avoir un lieu, son agencement sur nous. Les adeptes du Feng-shui connaissent ce principe.

Anaïs était, dans les proto-versions de ce texte, le personnage secondaire de Kadic. Effectivement son nom est incorrect. Mais comme j’aime bien de jeu de mot, nous allons prétendre qu’il s’agit d’une autre kadicienne, presque homonyme de Mademoiselle Fiquet.
La place d’Ulrich est plus complexe. N’ayant pas du tout envisagé une quelconque homosexualité d’Odd, ni même des relations charnelles ou platoniques entre lui et Ulrich, votre interprétation me ravit, puisqu’elle m’ouvre à une lecture nouvelle du texte.

Je pense pouvoir clarifier sans que cela n’altère l’ambiance du texte, d’autant que normalement on lit les commentaires et leurs réponses après ledit texte. Le suicide d’Ulrich mentionné ici est le même que celui qui anime C’est bon pour le moral, aussi connu sous le titre de When Johnny comes marching home. Mais j’avais la aussi laissé les choses en suspend. Mon interprétation est la suivante : la lutte contre Xana était une véritable guerre, similaire à une guerre de position ou de tranchée. Lorsque la guerre a cessé, Ulrich s’est trouvé comme certains soldats démobilisés. Incapable de revenir à la vie réelle, normale. Hantée par la guerre qui pour lui était la normalité. Devenu inapte à vivre en civil, à trouver un sens neuf à son quotidien, il a fini par se suicider.
Il est tout à fait possible de trouver d’autres explications en prenant ce texte seul. La thèse d’une homosexualité mal supportée est possible, ainsi que celle d’une trop grande pression familiale (à l’image de ce qui se produit dans Le Cercle des poètes disparus). À mon sens le suicide à plus ou moins long terme est un avenir assez probable pour Ulrich.
Quid de la relation avec Yumi dans l’hypothèse du traumatisme de guerre ? Je suppose qu’ils ont réellement et sérieusement tenté, du moins dans la mesure où c’est possible à quinze ans, d’avoir une relation de couple. Mais cela n’a pas vraiment marché. Ce qui n’a pas été pour rien dans la décision d’Ulrich.
Du coup, pourquoi parler d’un « éblouissement » ? Vous avez relevé ce à quoi je n’avais pas pensé, la prise de conscience via Ulrich de son homosexualité par Odd, ou d’un amour profond. Ma pensée à l’écriture de ce passage était que le suicide d’Ulrich a été révélateur pour Odd d’une certaine vanité, vacuité de la vie, et surtout de l’amour : Odd pense que ce suicide a été causé par l’échec de la relation entre Yumi et Ulrich. Il le pense évidemment à l’aune de son propre rapport à l’amour et aux femmes, rapport éprouvé par la relation qu’il a eu avec Anaïs. Étrangement je n’ai pas vraiment pensé à un rôle pour William dans ce suicide. Pourtant, qu’il attise la tension en continuant à draguer Yumi est bien possible. Au-delà de cela, Être camarade de chambre des années durant crée un lien fort. Que le suicide de l’un secoue profondément l’autre, voire le marque à vie n’est alors pas forcément éprouvant. La question « Qu’aurais-je pu faire ? Que n’ais-je pas vu ? » devient lancinante.

Résumons. Odd a été traumatisée par sa relation, trahie, avec Anaïs. Votre commentaire me permet d’adjoindre que le suicide d’Ulrich a attisé la chose faisant d’Odd un misogyne, voire un misanthrope. C’est ce qu’à compris Jim qui vient alors secouer un peu le cocotier.

L’intrigue tourne essentiellement autour d’une discussion entre deux personnes qui ne se sont pas vues depuis longtemps. Dans ce type de discussions, on commence souvent par évoquer le passé commun, afin de briser la glace. Mais dans la mesure où ce passé, ainsi qu’une partie des éléments ultérieurs, est déjà connu des interlocuteurs, ils n’ont pas besoin de le narrer par le menu. Plus encore, dans le cas de souvenir douloureux, ou potentiellement porteur de tensions, un certain tact est requis. C’est ce qui explique que certains éléments comme le suicide d’Ulrich ne soient que succinctement évoqués : tout deux savent ce qui s’est passé, quand et comment, quant au « pourquoi », bien qu’ils aient chacun leur idée sur la question, ce n’est pas le centre ou le sujet de leur conversation, même si c’est intimement lié. D’où le fait que certaines choses soit restées dans la brume. Il y avait là une difficulté technique dans la manière de raconter l’histoire. Ayant refusé le recours au narrateur omniscient et ne voulant pas alourdir le texte ou faire perdre en naturelle (si tant est qu’elle en est) à la conversation, j’ai volontairement laissé des choses dans l’ombre.

Le classique d’Odd en artiste, en star de cinéma. Il est vrai qu’il s’agit d’une voie facile pour imaginer son futur. Mais elle avait un intérêt au-delà de cela. D’une part elle permettait de justifier et de rendre crédible la persistance à cinquante ans (ou à quarante) de son succès auprès de la gent féminine. D’autre part, elle permettait de le poser facilement en monstre d’égoïsme, misogyne, adepte du caprice de star. Cette dernière expression illustre bien d’ailleurs cette perception dans notre imaginaire de la star. En plus, c’est une vision somme toute classique du caractère des stars, et Odd tel qu’on le voit dans le dessin animé en montre certains aspects : pensez à la représentation des divas, à ce que connote ce mot. Enfin, faire d’Odd quelqu’un qui a atteint le sommet de l’Olympe (riche et célèbre à en mourir) créait un certains contraste avec ce qui lui manquait dans sa vie, l’amour et l’amitié. Car l’Odd que j’ai tenté de faire transparaître en filigrane ici est un alcoolique solitaire, au visage et au cœur ravagé, entouré d’une faune de flatteurs, mais tout ses vrais amis sont partis ou morts, dont certains à cause de son caractère, où de son ascension en tant que star. Quant à Jim, je l’ai voulu plus ou moins en continuité avec ce qu’il avait été dans les deux nouvelles précédentes de ce triptyque.

Enfin, pour ce qui est de futur récit, il y a bien des choses dans les cartons, mais elles sont de plus longue haleine, aussi prennent elles plus de temps.

Au plaisir de vous recroiser au détour d'une analyse ou d'un commentaire.
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Arzach02 MessagePosté le: Sam 17 Sep 2016 06:03   Sujet du message: Répondre en citant  
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Bon, désolé de venir un mois en retard mais après lecture de cet O.S, je voulais absolument commenter.

Pour le début, j'ai vraiment cru à un cambriolage ce qui était peut-être le but recherché. Je ne m'y connais pas assez en art pour critiquer mais ce tableau me dit quelque-chose ...
Après, on arrive à "l'installation " de Jim dans la maison de Odd et il va directement chercher l'alcool pour se préparer à la rencontre avec le propriétaire des lieux.

Ensuite, l'arrivée de Odd chez lui , tu décris vraiment le voyeurisme des paparazzis ( ce ne sont pas des journalistes) qui attendent comme des vautours son moindre geste. Mais on apprend que Odd a apparemment un besoin de reconnaissance puisque qu'il leur" donne " un scoop.

Enfin, la rencontre enrtre les protagonistes, on sent dans la discussion une sorte de jeu ( un peu comme du ping-pong) . On apprend que William est un héros ; ca m'a surpris ; que Jérémie est en " prison " car il a aidé Aelita et que Odd pense qu'il aurait pu auusi aller en prison, donc peut-être a-t-il le sentiment d'y avoir échapper car il avait des relations hauts-placés ou de l'argent , ce qui pourrai expliquer en partie sa solitude.

Maintenant, l'échange sur Ulrich , qui est très intéressant car on y apprend que Odd pense le suicide causé en partie à cause de l'echec de sa relation avec Yumi ( j'y reviendrais plus tard pour elle ) et que cela lui a montré en miroir ses propres aventures etaient entièrement vaines sauf celle avec Anaïs qui lui a " ouvert les yeux " .
On decouvre là une nouvelle facette d'Odd , un homme hanté par son passé et la mort qui essaye de noyer tout ca dans l'alcool, les femmes et ses films - films d'ailleurs dont il a apparemment besoin de garder près de lui les critique négatives , comme pour se rappeler ses propres fautes passées ? - mais cela ne marche puisque Jim réussit rapidement à l'enerver dans l'échange.

Ensuite, le personnage de Jim , qui n'a pas tellement changé qu'à l'époque de Kaddic, rien à dire dessus si ce n'est qu'il est apparemment alcoolique lui aussi.

Enfin , les derniers paragraphes du texte, Odd contacte une femme pur avoir de la compagnie et un mois plus tard , on apprend son mariage avec Yumi et si c'est bien elle alors ce mariage - si c'est un mariage d'amour - me géne ( me fait vomir pour être plus précis ) pour plusieurs raisons :
- Yumi n'a jamais montré le mondre signe d'intérêt pour Odd et en plus dans ton précédent O.S ,celui sur le suicide , on y voit une jeunne femme tomber en pleurs sur la tombe d'Ulrich et je crois qu'il s'agit de Yumi, ce qui révèle un peu ses sentiments donc pourquoi se marirait-elle avec Odd alors qu'elle a perdu celui qu'elle aimait ?
- je suis une quiche en amour et en relations humaines , mais cela me semble impossible de séduire une personne, au point de se marieravec, en un mois.
- Je pense que le mariage en général que le mariage est une énorme blague mais c'est mon cynisme et mon côté misanthrope qui parlent.

Mais si tu a changé les caractères des personnages dans tes écrits alors tout mon paragraphe précédent est inutile !

Citation:
Certes, seul la plastique était importante

Mon cynisme est d'accord...

Citation:
non , mais allô

Si c'est la référence à ce que je crois , ca me decoit profondément

Maintenant, la forme .
Spoiler


Et enfin, ton style d'écriture est comment dire... lent et un peu ampoulé ( pour citer pikamaniaque ) , cela crée une impression de lourdeur dans la narration mais c'est peut-être voulu , qui sait ?

Après avoir lus tes deux autres O.S je dirais que ce tryptique est très axé sur la psychologie des personnages après le collège-lycée et leur entrée dans le monde des adultes qui est froid , inhumain et capitaliste ( je m'égare là )...

Bref , très bon recit.

P.S : une question pour les modos , est-ce que ce commentaire peut être considéré comme du flood ?

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Silius Italicus MessagePosté le: Dim 18 Sep 2016 09:34   Sujet du message: Répondre en citant  
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Bonsoir cher Arzach02,
C’est un plaisir de vous voir commenter, peu importe le temps écoulé depuis votre lecture.

Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour vos indications sur mes fautes d’orthographe. Cela a été corrigé. Si ce n'est la troisième, puisqu'elle est introuvable dans ce récit.

Ensuite, je me propose de reprendre vos remarques dans l’ordre d’énonciation. Donc, l’entrée de Jim dans l’appartement est de fait une violation de domicile, ce qui explique éventuellement votre impression de cambriolage, même s’il ne s’agissait pas forcément de l’effet voulu à la rédaction. De fait, un auteur n’a que peu de contrôle sur les interprétations que l’on fait de son texte, tout juste une petite prééminence.

Le tableau est complètement fictif. Certes Soulages, comme mentionné dans la réponse à Zéphyr ci-dessus, est un artiste français assez célèbre et encore vivant, mais il est plutôt connu pour ses monochromes noirs et n’a, à ma connaissance, aucun monochrome blanc à son actif. Voici un exemple d'un de ses tableau, vous pouvez en trouver d'autres ici :
http://www.galeriealicepauli.ch/expositions/09/1er%20fevrier%202009%20.jpg


Cela étant l'intérêt du passage ne nécessitait pas forcément de connaître Soulages ou l'art contemporain, puisqu'il s'agissait d'illustrer certains points, socioloques. La possession d'un tel tableau est un gage de richesse, déjà aujourd'hui, plus encore dans le futur où se situe ce texte. C'est indiqué. Après on peut redoubler l'interprétation en se demandant ce qu'il est advenu du goût d'Odd. A-t-il encore du goût ? Se veut-il encore avant-gardiste ? Et que montre ce tableau au regard de ces questions ? Un conservatisme, une valeur sûre mais point trop ancienne pour montrer son capital culturel ? Ou, puisque c'est un tableau de la période dite « révolutionnaire » (complètement imaginaire) de cet artiste, c'est une avant-garde ?

Ce sont bien des journalistes qui attendaient Odd. Les paparazzis sont une sorte de journalistes, de même que le gorille est une sorte de singe. Odd, partiellement prisonnier de l’image de lui qu’il a créé et utilisé auprès de la presse et des médias, ne fait que jouer son rôle. À mon sens il n’est pas vraiment en besoin de reconnaissance. Peut-être que cela a été le cas à une époque, mais à ce moment-là, pas vraiment. Cela dit, vous êtes tout à fait en droit d’avoir un avis différent. La relation entre les stars et les journalistes est quelque chose d’assez complexe.

La description des destins des personnages est volontairement flou. D’une part Odd et Jim savent tout deux ce qu’il en est et n’ont pas besoin de développer les choses. D’autre part, ce n’est pas le sujet de la conversation, juste un amure-gueule, une entrée en matière. Jérémie est moins en cabane que forcé de travailler pour une officine gouvernementale. Qui sait, il s’agit peut-être même d’un dérivé du projet Carthage. Odd lui n’a jamais été vraiment inquiété, d’ailleurs je ne vois pas ce qui vous laisse penser cela dans le texte, mais peut-être est-ce lié à mon manque d’objectivité quant à cette lecture.
Dans le même ordre d’idée, le texte comporte une ambiguïté à cet endroit : « .M’a ouvert les yeux. Puis Ulrich m’a ébloui. Il n’y a rien à attendre. Des femmes encore moins. Dès que les temps changent, tout se casse et disparaît. Le rideau se léve et les bandits s’en vont. » C’est peut-être pour cela que vous posez qu’Odd pense que Yumi est la cause du suicide. Mon interprétation serait plutôt qu’Odd a vu quelque chose dans le suicide d’Ulrich, qui combiné à son aventure avec Anaïs l’a transformé. Mais ces deux événements sont distincts et ne comportent pas les mêmes enseignements. Ou bien il sort le grand jeu pour égarer et faire partir Jim, après tout il est acteur. J’ajouterais que la justification, qui est la mienne, au suicide d’Ulrich est donné dans la citation d’Homère donnée en finale de la nouvelle précédente dans ce triptyque.
J’aime beaucoup votre interprétation de la coupure de journal avec la critique négative. Mais, si je puis dire, vous êtes tombé dans le panneau, dans le piège voulu par Odd à l’intention de ces visiteurs. Ce qui est important ce n’est pas l’article, mais la date. C’est le jour où William est mort (ce qui est précisé dans le texte). Mais ces deux interprétations ne sont pas mutuellement excluantes.

Jim était déjà alcoolique dans la nouvelle précédente. Enfin, tout dépend de la limite que vous mettez à l’alcoolisme. Cela dit, il est précisé dans le texte qu’Odd ne boit en général que très peu, voire pas du tout.

Reste le cas de Yumi et de la fin. Odd téléphone en prenant le numéro que Jim lui a laissé, donc en pensant, assez logiquement du reste, qu’il est en train de rappeler Jim. Lequel l’a trompé puisqu’en fait il lui a donné le numéro de Yumi. Comment l’a-t-il obtenu ? Mystère. Donc Odd ne contacte pas « une femme pour avoir de la compagnie ». Il pensait recontacter Jim. Quant à la nature de ce mariage, elle est laissée dans le flou. Mais tous les mariages ne sont pas d’amour : amitié, patrimoine, reproduction, protection… voilà quelques raisons pouvant motiver un mariage, en laissant de côté l’aspect moral évidemment. Cela dit ce pourrait être un mariage d’amour. Je m’en explique en réaction aux trois arguments que vous avez avancés. La femme en pleur durant l’enterrement d’Ulrich (dans C’est bon pour le moral) est sa mère et non Yumi. Les amis d’Ulrich étant jugés par le père de celui-ci comme responsables de ce suicide (indépendamment de savoir si c’est objectivement vrai), n’ont pas été invités à la cérémonie. Ils l’ont observé au travers d’un spectre, sans le dire à personne. Ensuite il s’est écoulé des lustres, des décennies entre le suicide et le mariage. Les gens changent au cours des années. Il se peut très bien qu’avec le temps, l’âge, et d’autres raisons, ils en soient venus à l’amour. En tout cas cela ne semble pas invraisemblable. Pour ce qui est du deuxième argument, il est tout à fait possible de séduire et d’épouser quelqu’un en moins d’un mois, et de le faire avec des sentiments forts, réciproques et véridiques. D’autant dans le cas présent qu’ils se connaissent déjà et restent puissamment liés par leur combat passé. Enfin, un dernier point entre en compte. Tout deux sont des personnalités publiques, et Odd est connu pour ses très nombreuses aventures. Dès lors, un mariage rapide fait sens, et à un poids et un sens bien supérieurs et différents d’un mariage standard entre deux citoyens lambda. Du reste, être cynique envers les mariages non-amoureux me paraît compliqué, mais c’est peut-être que je ne suis pas un cynique.

« non, mais allô » fait bien référence à ce à quoi vous pensez, et cela fait sens dans le texte. Cela permet aux deux personnages de se situer socialement l’un par rapport à l’autre tout en se reconnaissant des références et valeurs communes. Sans quoi il ne pourrait y avoir de réelle discussion. Donc je ne vois pas pourquoi il y aurait lieu d’être déçu.

Je ne dirais pas que ce triptyque porte sur l’entrée dans l’âge adulte. Jim est adulte dans la première nouvelle. Il l’est pleinement. Encore que l’on puisse juger, à l’aune de la psychologie que son comportement témoigne d’une certaine immaturité, mais les connaissances précises en psychologie me manquent pour savoir si un tel jugement est valable. Le suicide d’Ulrich dans la seconde nouvelle n’est pas vraiment explicité. J’ai choisi de laisser le lecteur chercher et trouver son interprétation, sa raison. Mais j’ai donné ce qui selon moi est la cause qui l’y a poussé dans quelques détails, et surtout dans la citation d’Homère qui clôt le texte. Ces citations données en début et fin de texte servent toujours à éclairer un sens possible du texte, à mettre l’accent sur un thème ou un aspect. Enfin, dans ce texte-ci, les deux personnages sont pleinement adultes et particulièrement bien intégré dans le monde. Donc oui, tout ces textes comprennent des peintures psychologiques, voire ne sont que cela, pour autant ils portent peu sur l’initiation.

Enfin, comme votre réponse est encore présente et ne fut pas édité, et au vu de son contenu, il n’y a pas lieu de la qualifier de flood.

S’il vous reste encore des questions, ou des remarques, je suis à votre entière disposition, ici ou par message privé.

Au plaisir de vous recroiser.[/img]
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Arzach02 MessagePosté le: Dim 18 Sep 2016 11:05   Sujet du message: Répondre en citant  
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Localisation: Dormant dans R'lyeh
Merci à toi pour toute ces précisions très utiles .

Pour la carte que Jim laisse à Odd , je reconnais que j'ai fait une erreur de lecture et j'ai cru que Odd appelait une femme , honte à moi !
Pour Jérémie, être forcé à travailler pour le gouvernement, cela équivaut pour moi à une prison à l'air libre mais c'est mon avis .

Pour l'enterrement d'Ulrich , j'avais oublié ( encore ... ) que le père les considérait comme coupables, ce qui leur a fait peut-être ressentir un leger sentiment de culpabilité ou de colère.


Citation:
c'est le jour où William est mort

Je n'avais pas vu ce détail , merci . Donc Odd garderai ce journal pour se rappeler la mort de son ami en héros ? Peut-être ne veut-il pas oublier son passé et la mort de deux de ses amis ?

Citation:
les paparazzis sont une sorte de journaliste

Vrai, mais d'après mon experience dans le journalisme ( petite ) , on ne cherche pas le scoop à tout prix comme eux que je qualifierai de charognards.

Pour ta reference, tu te justifies en disant que cela marque leur références communes, c'est objectivement vrai mais personnellement, je ne supportes pas la télé-réalité, ce qui explique ma recation ( il est vrai que " décu " était un peu trop fort , je le reconnais )

Pour l'avis sur le trypitque en général, je vais préciser un peu mon avis :

J'ai toujours considéré Jim comme un grand enfant mais c'est vrai que dans " un bal masqué " il apparaît immature, macho et ressentant une sorte de lassitude envers ses relations , en bref le coté sombre du surveillant.

Dans ta nouvelle sur Ulrich , tu compares la fin de ses activités sur Lyoko au retour à la vie civile pour les survivants d'une guerre, c'est exact surtout pour ulrich qui, comme l'a dit zéphyr, est le plus fragile émotionnellement.
Il se serait suicidé car, souffrant d'un Syndrome post-traumatique ( SPT ) et de ce fait n'arrivant à construire une relation stable avec Yumi et/ou ses amis,il aurait voulu être tranquille pour l'éternité ? Donc Odd pourrait se sentir en quelque sorte coupable de ne pas l'avoir aidé ? Je précise que toute cette théorie m'est venue après relecture du texte.
Donc pour moi, c'est ton deuxieme écrit qui s'apparente à l'entrée dans le monde adulte puisqu'avec le suicide, le groupe pert une sorte d'innocence liée à l'enfance/adolescence.

Pour tes connaissances sur la psychologie, moi aussi je n'en ai pas beaucoup, tout ce que je sais , je l'ai appris par les livres et mon père qui lui est vraiment psychologue.

Citation:
il s'est écoulé des lustres et des décennies

J'avais oublié à quel point l'âme humaine pouvait être versatile, surtout après avoir été marquée par la mort de deux êtres proches .

Edit :
Citation:
Se cera la curée

"Ce" à la place de " Se " , non ?
Et oui , le cynisme peut parfois être immature.
Comme tu l'as dit , ton récit laisse une part à l'interprétation du lecteur, donc tout mon avis étant fondé sur mes connaissance, mes opinions et ma personnalité, il est normal que tu ais une interprétation differente de ton œuvre.

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