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[Fanfic] Overpowered 2020 [Terminée]

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 Auteur Message
Nelbsia MessagePosté le: Dim 16 Aoû 2020 18:48   Sujet du message: [Fanfic] Overpowered 2020 [Terminée] Répondre en citant  
Pokémon Master


Inscrit le: 26 Mai 2010
Messages: 323
Localisation: Dans les bras de la Mort
https://i.imgur.com/8P3gRDH.jpg

Chers lecteurs, chers Lyoko-fans, nous y sommes.

Code Lyoko Overpowered 2020.

Spoiler



Sommaire des 40 épisodes :


Spécial :
- Épisode #96 : Vivre Sans Lyoko

Saison 5 (13 épisodes) :
- Épisode #97 : Rentrée fracassante
- Épisode #98 : Grande nouvelle
- Épisode #99 : L'étrange Halloween de Miss Aelita
- Épisode #100 : Yumi en folie
- Épisode #101 : Question de Points de Vie
- Épisode #102 : Jour 333
- Épisode #103 : Pom-pom girl power - Partie 1/2
- Épisode #104 : Pom-pom girl power - Partie 2/2
- Épisode #105 : Rempart et meurtrière - Partie 1/2
- Épisode #106 : Rempart et meurtrière - Partie 2/2
- Épisode #107 : Un monde sans danger ? - Partie 1/3
- Épisode #108 : Un monde sans danger ? - Partie 2/3
- Épisode #109 : Un monde sans danger ? - Partie 3/3

Saison 6 (26 épisodes) :
- Épisode #110 : Quoi qu'il arrive
- Épisode #111 : Vacances forcées
- Épisode #112 : Que des gamins
- Épisode #113 : Feu à volonté
- Épisode #114 : Lyoko-team-3.0
- Épisode #115 : L'autre monde
- Épisode #116 : Restitution
- Épisode #117 : Descente au Centre
- Épisode #118 : Dans les yeux de Carthage
- Épisode #119 : Au commencement
- Épisode #120 : 6 juin 1994
- Épisode #121 : Code Lyoko
- Épisode #122 : Seconde jeunesse
- Épisode #123 : Entre Kadic et Matheson
- Épisode #124 : Une dernière chance
- Épisode #125 : Retour vers le présent
- Épisode #126 : Warven-50
- Épisode #127 : Delenda Carthago
- Épisode #128 : Ce monde brulera
- Épisode #129 : Aux tours de Lyoko
- Épisode #130 : Valse spectrale
- Épisode #131 : Territoires dévastés
- Épisode #132 : Moisson d’âmes
- Épisode #133 : Au cœur des ténèbres
- Épisode #134 : Le secret d'Aelita
- Épisode #135 : S'envoler


Un petit plaisir :

https://i.imgur.com/5B4aw4T.jpg


 

Avant-propos :


Après quatre saisons diffusées de 2003 à 2007,
la série animée Code Lyoko s’achève officiellement
au terme de l’épisode #95 : « Souvenirs ».

Depuis, de nombreuses suites possibles ont émergé,
de la série de romans « Code Lyoko Chronicles » publiée en 2009-2010,
à la série live-action « Code Lyoko Evolution » diffusée en 2012-2013,
en passant par les nombreuses fanfictions qui ont fleuri sur le net.

L’histoire que vous allez lire à présent,
dont la première version fut publiée en 2010
avant d’être améliorée et enfin complétée en 2020,
est l’une de ces suites possibles, prolongeant le dessin animé
afin d’apporter une conclusion finale à l’histoire globale de la série.



Pour Code Lyoko.


Dernière édition par Nelbsia le Mer 28 Déc 2022 19:17; édité 46 fois
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Youka MessagePosté le: Dim 16 Aoû 2020 20:31   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 16 Fév 2013
Messages: 61
Salut Nelbsia,

Quelle heureuse surprise ! Tu apportes un peu de lumière dans mon enclos de solitude hollandais !
On voit que tu y as mis beaucoup de travail et l'épisode de transition m'a transporté ! Hâte de lire la suite.

Merci pour ton travail acharné.
_________________
Qui a fait le plus souffrir Odd à Noël ?
Ikorih ? (https://forum.codelyoko.fr/viewtopic.php?t=7062 )
Mathais ? (https://www.fanfiction.net/s/2719954/1/Moment-of-Tranquility)
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 16:21   Sujet du message: Répondre en citant  
Pokémon Master


Inscrit le: 26 Mai 2010
Messages: 323
Localisation: Dans les bras de la Mort
Merci à toi Youka ! Content que mon récit égaye ta journée ^^



Épisode #96 : Vivre Sans Lyoko


https://i.imgur.com/CnzCjkf.jpg


« Odd, tu t’apprêtes à commettre un crime passionnel ! » me répète ma conscience tandis que la porte du monte-charge s’ouvre.

Et ma conscience n’a peut-être pas tort.

Je l’écoute rarement, mais quand elle crie assez fort, il m’arrive d’entendre ce qu’elle a à me dire.

Dans le cas présent, j’imagine que sa voix est amplifiée par les murs métalliques de la pièce dans laquelle je me retrouve pour la première fois depuis qu’on a éteint Lyoko après avoir vaincu Xana : la salle du supercalculateur.

Le voici d’ailleurs qui émerge du sol, et je me réponds à moi-même :

« Oui, je suis en train de commettre un crime passionnel. »

Une conclusion à la hauteur de cette journée catastrophique.



Qu’est-ce que je fabrique tout seul à l’usine au beau milieu de la nuit ?

Moi-même, je ne suis pas certain de comprendre.

Et dire qu’en me levant ce matin, tout allait très bien.





Mais dès le déjeuner à la cantine ce midi, l’absence de boulettes de viande pour accompagner mon couscous m’a mis sur la piste : mauvaise fin de journée en perspective.

Lorsque j’ai rejoint mes quatre amis Ulrich, Jérémie, Yumi et Aelita à leur table, ils étaient encore en train de discuter de notre projet de vacances pour l’été qui arrive : partir faire du camping au bord de la mer tous les cinq.

Un rêve qu’on partageait depuis plusieurs mois, mais qui nous était auparavant interdit par Xana dont la menace quasi permanente nous empêchait de tous nous absenter trop longtemps.

Le danger désormais écarté, on allait enfin pouvoir partir en vacances ensemble... ou pas.

J’avalais mon repas l’air de rien, mais en réalité j’étais très contrarié d’abord par l’absence de boulettes dans le couscous, et surtout, contrarié d’entendre mes amis parler de ce projet à longueur de journée, car malheureusement je ne pourrai pas y aller avec eux.

https://i.imgur.com/QT8sTiA.jpg



Ils vont s’éclater à coup sûr, pendant que moi, je devrai partir avec mes parents pour rendre visite à ma sœur Marie qui poursuit ses études dans le sud du pays.

J’ai quinze ans mais je ne peux même pas décider de ce que je fais de mes vacances, et j’en ai tellement honte que je suis obligé d’inventer des excuses pour me justifier auprès de mes amis.



– Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec nous ? me demanda Ulrich.

– Je ne mettrai pas les pieds dans un camping où les chiens ne sont pas les bienvenus ! répondis-je fermement.

– Il n’est pas question qu’on trimbale Kiwi avec nous pendant toutes les vacances ! rétorqua Yumi, qui prenait visiblement ma fausse excuse au sérieux.

– Allez Odd, laisse Kiwi à tes parents et viens avec nous ! Ce sera beaucoup moins drôle si tu n’es pas là ! insista Aelita.

– À qui tu veux que je tienne la chandelle ? Ulrich et Yumi ou Jérémie et toi ? Merci de m’inviter mais je tiens pas à être la cinquième Nav’ du Skid, répliquai-je avec toujours plus de mauvaise foi.

– De toute façon ça ne sert à rien d’en discuter maintenant, conclut Jérémie. On part dans moins d’une semaine, et on ne va pas tout changer au dernier moment.

– Merci de ton soutien Einstein, déclarai-je en quittant la table.


Ça m’ennuyait vraiment de ne pas pouvoir partir avec eux, mais j’avais tout de même quelques consolations en tête.

Par exemple, je comptais profiter du séjour chez ma sœur dans le Sud pour retrouver une personne que je n’avais pas vue depuis trop longtemps mais avec laquelle j’étais resté en contact.





En sortant de la cantine, je suis allé me poser sur un banc dans la cour, et c’est là que Sissi et sa bande me sont tombés dessus.

– Bah alors Odd ? Pourquoi tu es tout seul ? Même tes amis n’arrivent plus à te supporter ? me lança cette peste pour faire rire ses acolytes Hervé et Nicolas.

– Ça alors ! Une vache qui parle ! ripostai-je pour les faire taire.


Sensible à toutes les moqueries qui remettent en question son poids idéal, Sissi est devenue rouge comme une tomate et m’a adressé le regard le plus haineux qu’elle pouvait faire.

Et là, quelqu’un qui s’était glissé derrière le banc sur lequel j’étais assis passa son bras autour de mon cou comme pour m’étrangler.

– Retire ce que tu viens de lui dire, m’a-t-il ordonné.

https://i.imgur.com/oUPZMlj.jpg



En me débattant pour me libérer de l’étreinte de mon agresseur, je découvris qu’il s’agissait de William :

– T’y crois pas ! On t’a libéré de l’emprise de Xana, et tu décides de rejoindre la bande de Sissi !? Et en plus tu m’attaques par derrière espèce de sale traitre !

– C’est quoi « Xana » ? demanda Nicolas avec son air naturellement bête.


William esquissa un sourire et se pencha pour murmurer à mon oreille :

– Retire tout ce que tu viens de dire sinon je réponds à la question de Nicolas...


À mon avis, il bluffait, mais je ne pouvais pas courir le risque de le laisser raconter notre secret, alors j’ai dû présenter mes excuses à Sissi, et ils m’ont enfin laissé tranquille.

Décidément, ce traître de William restait imprévisible. Toujours là où on ne l’attendait pas, pour nous créer des problèmes ou pour nous aider à les résoudre. Du temps de nos missions sur Lyoko, Xana avait fait de lui sa marionnette et c’est assez regrettable, car j’aurais bien aimé savoir ce qu’il valait vraiment comme Lyoko-guerrier en se battant du bon côté.



Désormais seul sur le banc, j’ouvris mon téléphone portable pour me remonter le moral.

Sam. En regardant à nouveau les photos qu’elle m’avait envoyées, j’ai aussitôt retrouvé le sourire. Elle est hyper cool, hyper sympa, hyper drôle, et en plus elle est magnifique. Rien que de penser que j’allais enfin la revoir cet été me remplissait d’enthousiasme. Je me suis mis à relire tous les SMS qu’on s’était échangés durant ces dernières semaines, mais je ne m’attendais pas à ce qu’un nouveau message de sa part vienne détruire mes espoirs :

« Je crois qu’on va pas pouvoir se voir cet été : je suis invitée au mariage de mon cousin et je pars en vacances juste après... »

Je restai sans réaction pendant un moment, puis je lui répondis : « Ce n’est que partie remise ! » suivi d’un smiley, mais elle me connaissait suffisamment pour deviner à quel point j’étais déçu d’apprendre qu’on ne se verrait pas.

Quand je pense que la dernière fois qu’on s’était vus, j’avais moi-même renoncé à passer du temps avec elle, tout simplement parce que Xana avait lancé une attaque et que le devoir m’appelait. Avoir délaissé l’amour de ma vie pour sauver le monde me donnait une image de vrai héros, mais je n’ai jamais voulu être un héros solitaire.





Heureusement pour moi, je n’ai jamais pu me résoudre à n’aimer qu’une seule fille à la fois. Sam n’était pas l’unique personne à laquelle je m’intéressais ces derniers temps : depuis plusieurs semaines, j’étais secrètement en couple avec Aelita. Pourquoi « secrètement » ? D’abord parce qu’aux yeux des autres élèves, nous sommes censés être cousins. Et ensuite parce qu’Aelita ne voulait pas que Jérémie sache qu’on sortait ensemble.

Pour se donner rendez-vous, elle et moi avions établi un code basé sur des SMS insignifiants à première vue. Par exemple, lorsque je lui ai envoyé : « Je te vois », ça voulait bien sûr dire : « J’aimerais qu’on se voie ». Je ne sais pas combien de temps je suis resté seul sur le banc à attendre sa réponse en espérant qu’elle soit positive, mais voila ce qu’elle m’a répondu : « Vert 10 ». « Vert » désignait l’un de nos lieux de rendez-vous par sa couleur : les bois du parc de Kadic. Et « 10 », ça voulait simplement dire : « dans 10 minutes ».

En m’assurant de ne pas être suivi, je me suis donc rendu là où elle m’attendait, comme prévu. Ces moments où nous n’étions que tous les deux étaient rares et précieux, alors comme un rituel, à chaque fois que nous nous retrouvions, nous avancions l’un vers l’autre sans dire un mot, avant de nous embrasser aussi longtemps que possible.

https://i.imgur.com/n1tPKB6.jpg



Mais cette fois, Aelita a mis fin à notre baiser après seulement quelques secondes, puis elle a déclaré :

– J’ai quelque chose de difficile à t’annoncer.


N’ayant connu que des ruptures par gifle dans ma figure, je n’ai pas tout de suite compris que j’étais en train de me faire larguer en douceur.

– Quelque chose de difficile à m’annoncer ? ...Je redouble !?

– Non, il s’agit de toi et moi. Je pense... Je pense qu’il faut qu’on arrête de se voir en secret.

– C’est vrai ? Tu veux qu’on sorte officiellement ensemble !? Finis les rendez-vous en cachette et les codes par SMS !?

– Non, non ! Enfin si ! Enfin... Ce que je veux dire, c’est que je souhaite qu’on redevienne juste amis.

– Hein !? Tu veux rompre !? Mais... mais pourquoi !? C’est parce que je ne viens pas avec vous faire du camping, c’est ça !?


Aelita inspira profondément et prit ma main avant de me dire sincèrement ce qu’elle avait sur le cœur :

– Odd, quand on a décidé de sortir ensemble, on était d’accord : ce n’était pas raisonnable, mais la menace que représentait Xana nous autorisait à agir spontanément et à profiter de la vie comme nous l’avons fait, simplement parce qu’en tant que Lyoko-guerriers, chaque jour pouvait être le dernier. Toutes les occasions étaient bonnes pour flirter, et j’ai vraiment apprécié ces moments passés dans tes bras, ce léger sentiment de culpabilité quand on s’embrassait, et les heures durant lesquelles on se racontait nos secrets. Mais j’ai toujours été franche avec toi : même si je t’aime beaucoup, je suis amoureuse de Jérémie. Et maintenant que Xana ne représente plus une menace, mon désir est de vivre normalement. Je ne peux plus flirter avec toi tout en étant en couple avec Jérémie.

– Alors c’est comme ça que notre histoire va se terminer ? Sans danger, plus d’excuse pour faire ce dont on a réellement envie ?

– Disons que les envies changent. Avant j’avais peur de disparaître sans avoir connu l’amour. Mais maintenant que le danger est écarté, j’ai seulement peur de perdre Jérémie si je continue à agir comme si la menace était toujours présente sachant qu’elle ne l’est plus.


Je ne supportais pas l’idée de la perdre, alors je m’accrochais à ce que je pouvais :

– C’est à cause de Jérémie ? Tu penses qu’il soupçonne quelque chose ? On n’a qu’à inventer un nouveau code pour nos rendez-vous !

– Ne dis pas de bêtises, tu sais comme moi que Jérémie est au courant pour nous deux, même s’il ne dit rien. J’ajouterais qu’il est beaucoup plus ouvert d’esprit que tu ne le crois : bien que ça ne lui plaise pas de savoir que je suis sortie avec toi, il s’efforce de garder à l’esprit que ça m’a rendue heureuse, et me savoir heureuse le rend heureux lui aussi. J’espère que tu peux comprendre ça.

– Quoi ? Jérémie est heureux de te savoir avec moi ? Tu plaisantes ? Si tu savais le nombre de crises de jalousie qu’il a piquées contre moi à l’époque où toi et moi on ne sortait même pas ensemble, simplement parce que je m’intéressais à toi !

– Écoute-moi bien. Déjà, contrairement à ce que tu penses, sache que ce qui inquiétait vraiment Jérémie dans le fait que je finisse un jour par sortir avec toi, c’était que tu puisses me faire souffrir comme tu as déjà fait souffrir quelques unes de tes « conquêtes » par le passé. Oui, Jérémie est comme ça, et c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles je suis amoureuse de lui. Ensuite, je vois très bien que tu essayes de me retenir par tous les moyens possibles, notamment en invoquant la jalousie de Jérémie, mais c’est inutile : je t’ai déjà expliqué pourquoi j’ai cédé à cette faiblesse qui me poussait à vouloir sortir avec toi, et pourquoi je ne peux plus me le permettre aujourd’hui. Il est temps de tourner la page.


Elle avait visiblement réfléchi avant de prendre la décision de notre séparation, et il m’a donc fallu accepter le fait qu’elle ne changerait pas d’avis.

Tandis que sa main glissait entre mes doigts, je lui fis part de mes regrets :

– Si j’avais su que la disparition de Xana finirait par nous séparer, j’aurais essayé de passer plus de temps avec toi...

– ...Et si j’avais su que mon père y resterait, j’aurais passé plus de temps à chercher un moyen de le sauver. Mais même le Retour vers le passé ne peut pas annuler toutes nos erreurs ou effacer tous nos regrets. Alors si tu veux bien, ne gardons que les bons souvenirs, Odd.


Aelita m’embrassa sur la joue avant de me quitter pour de bon.

C’était beaucoup plus douloureux que toutes les gifles que j’avais pu recevoir.





D’habitude, lorsque je redeviens complètement célibataire, c’est comme un nouveau départ : je profite de ma liberté pour draguer ouvertement d’autres filles sans risquer des problèmes de jalousie. Mais quand Aelita m’a largué, j’ai eu vraiment, vraiment mal. Pour la première fois, j’ai éprouvé ce que les gens appellent un « chagrin d’amour », cet effroyable tourbillon de remords et de larmes incontrôlables. Moi qui essayais les filles les unes après les autres pour trouver l’âme sœur, j’ai commencé à me demander si j’avais finalement réussi... à la perdre. Et j’en ai aussi perdu l’appétit : à force d’errer sans but dans le parc de Kadic en attendant que le soleil se couche, j’ai sauté le repas du soir.

Attendre le crépuscule, encore une mauvaise idée.

https://i.imgur.com/exmcUiu.jpg



Quoi de plus déprimant qu’un soleil couchant, au soir d’une rupture à laquelle on ne s’attendait pas ? Cet astre rougeoyant, disparaissant à l’horizon en symbole des souvenirs qui périssent... Ce nuage transpercé de rayons, tel un cœur meurtri dont les blessures ne guériront qu’avec le temps... Le sombre manteau de la nuit qui recouvre le ciel, les étoiles minuscules comme autant d’espoirs perdus à jamais... Aelita...

Un vent glacial vint caresser mes yeux, les forçant à s’humidifier. J’avais froid, il était temps de rentrer.





En allant me coucher, j’espérais que cette journée infernale prendrait fin. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je n’étais pas au bout de mes peines. Il parait que le sommeil est réparateur, mais comment fermer l’œil quand on a le cœur brisé ?

Pour ne rien arranger, Ulrich avait apparemment décidé de ronfler bruyamment. Je ramassai mon téléphone pour filmer mon camarade de chambre en train de reproduire le vacarme d’une locomotive à vapeur, lui qui m’accusait sans cesse de faire trembler les murs. Comme la chambre était plongée dans l’obscurité, je dus m’approcher de lui pour qu’on reconnaisse bien son visage sur l’écran de mon portable. Piqué au jeu, je me suis dit que je pourrais remettre ce reportage nocturne à Milly et Tamiya afin que tous les élèves de Kadic abonnés à leur blog en profitent. Mais pour ça, il me fallait prendre des risques, et approcher mon sujet aussi près que possible. Sans faire de bruit, j’ai réussi à monter sur le lit de mon colocataire et à poser mes genoux de chaque côté de son ventre pour pouvoir filmer son visage en gros plan. D’une main je tenais mon téléphone, et de l’autre je maintenais ma bouche fermée pour m’empêcher d’éclater de rire.

Soudain, les ronflements se sont interrompus. J’ai aussitôt éteint mon portable et retenu ma respiration en priant pour qu’Ulrich ne se réveille pas. On m’avait parlé des différentes phases du sommeil dont la profondeur variait, et si j’avais brillamment réussi quelques secondes plus tôt à grimper sur mon camarade de chambre sans le réveiller, je redoutais désormais qu’il émerge de son sommeil juste en m’entendant cligner des yeux.

Je suis donc resté comme ça, au-dessus de lui, sans bouger et sans faire le moindre bruit, pour m’assurer qu’il était toujours endormi. Et à force de le dévisager, je me suis mis à repenser à tout ce qu’on avait vécu ensemble, depuis le jour où je suis arrivé à Kadic. Tous nos plans pour échapper à la vigilance de Jim pour sortir le soir ou quand Xana lançait une attaque, toutes nos parties de jeux vidéo et nos combats sur Lyoko, notre complicité, notre rivalité, nos échanges de vannes, bref, toutes ces choses qui font que depuis bientôt deux ans, Ulrich est mon meilleur ami.

« Oui, Ulrich est définitivement mon meilleur ami. Et si l’un de nous deux avait été une fille, on serait probablement sortis ensemble. »

Mes pensées me trahissaient. Je voulais essayer. Profitant de son sommeil, je me suis lentement penché sur lui pour rapprocher mon visage du sien, et ensuite...

https://i.imgur.com/T1fEBTm.jpg



...et ensuite il s’est réveillé.

Il n’a pas tout de suite compris pourquoi j’étais assis sur lui, mais je n’ai rien trouvé de plus intelligent à dire que : « C’est pour un reportage sur les ronflements ! ». Quand il a fini par réaliser ce que je m’apprêtais à faire, il m’a repoussé violemment et m’a menacé :

– Si jamais tu retentes un truc de ce genre pendant que je dors, je demande à changer de chambre, et bonne chance pour te trouver un coloc qui supportera ton chien et ta musique de dégénéré !

– Mais attends ! C’est pas du tout...

– Silence ! Maintenant, soit tu dors, soit tu sors !





Ne pouvant trouver le sommeil, je suis sorti dans le couloir. J’avais du mal à réaliser ce que je venais de faire. Ça ne me ressemblait pas, ça ne pouvait être que les séquelles de ma rupture avec Aelita.

Aelita... Il fallait que je la voie, que je lui parle. J’ai donc décidé de monter la voir dans sa chambre.

Mais à peine arrivé en haut de l’escalier, je me suis fait coincer par Jim :

https://i.imgur.com/rxfgaZs.jpg





– Della Robbia ! Je peux savoir ce que tu cherches à l’étage des filles en pleine nuit ?

– Eh bien, euh... Il y a une explication très simple à tout ça...

– TARATATA je ne veux pas le savoir !

– Mais vous venez de dire...

– N’essaye pas de jouer au plus malin avec un vieux singe ! Les garçons du dessous n’ont rien à faire chez les filles du dessus, et j’ai comme l’impression que ce n’est pas la première fois que je te le dis !

– Jim s’il vous plaît, il faut absolument que je...

– Inutile de cramer ton innocence ! Pour cette fois, je vais simplement te reconduire à ta chambre avec un avertissement, mais si jamais je t’attrape à nouveau, je vais te passer un savon et un shampoing dont tu te souviendras !


Satané GI-Jim. Toujours là pour nous empêcher d’aller et venir librement. Pourtant, il nous a plusieurs fois épaulés dans notre combat contre Xana, même si on a dû effacer sa mémoire ensuite. Désormais, nos alliances avec notre surveillant général appartiennent au passé, et c’est bien dommage. J’aurais aimé qu’il combatte à nos côtés sur Lyoko.





Toujours en train d’essayer de dormir, j’ai dû abandonner cet objectif lorsque la « locomotive » s’est remise en marche. L’idée d’expédier un oreiller dans la tête d’Ulrich m’a traversé l’esprit, mais en repensant à l’éventualité qu’il demande à changer de chambre, j’ai préféré le laisser tranquille. Du temps de nos missions nocturnes pour contrer Xana, il était indispensable qu’on conserve la même chambre afin de pouvoir sortir de Kadic en pleine nuit. Mais maintenant, si Ulrich souhaite vraiment changer de chambre, plus rien ne le retient, hormis notre amitié que j’ai failli compromettre tout à l’heure.

Accablé par les tourments de cette journée éprouvante, je me suis mis à pleurer en silence. Comment ma vie, si géniale auparavant, avait-elle pu devenir fade à ce point ?

En retournant l’affaire dans tous les sens, j’ai fini par réaliser que mes problèmes me ramenaient tous à la même source : la disparition de Xana. L’amertume de constater à quel point j’avais raison avant qu’on éteigne le supercalculateur : sans Lyoko, la vie perd tout son fun.

Lyoko... Xana...

Oui, tout ça prenait un sens désormais, et il ne me restait qu’une seule chose à faire, une seule étincelle à déclencher pour raviver la flamme qui m’a animé durant ces trois dernières années.

J’ai donc ressorti mon ancienne tenue pour l’enfiler par-dessus mon pyjama : ma veste courte à manches longues, mon pantalon à pattes d’éléphant et mes baskets compensées, puis je me suis évadé par la fenêtre pour éviter de recroiser Jim.





Dehors, dans l’obscurité de la nuit qui enveloppait Kadic, j’avais l’impression de vivre une nouvelle mission. Je me disais que mes amis s’étaient fait piéger sur Lyoko, et que moi seul pouvais les libérer. Xana allait sûrement envoyer des spectres à ma poursuite pour m’éliminer. Je me suis mis à courir, et la pluie commença à tomber. Dans les bois du parc, je sentis de multiples présences tout autour de moi, comme des ombres qui se cachaient subitement derrière les arbres pour me tendre un piège. À l’affut du moindre bruit et du moindre mouvement, je ramassai un bâton avant de reprendre ma course pour semer les monstres à mes trousses.

https://i.imgur.com/9kNFTNX.jpg



Inutilisée depuis un moment, la trappe qui menait aux égouts était partiellement recouverte de terre, et je me servis donc de mon bâton comme levier pour la soulever, toujours dans la crainte de voir une créature de Xana surgir pour m’écraser. Une fois descendu dans les égouts, un autre imprévu allait me retarder :

« Zut ! Les skateboards ne sont plus là ! »

J’entendis des bruits derrière moi, et je me remis donc à courir. Mais même après avoir enjambé les eaux usées, je sentais toujours le danger qui me guettait. J’ouvris prudemment la trappe de sortie des égouts afin de m’assurer qu’aucun monstre ne m’attendait sur le pont. Un nouveau bruit derrière moi me décida à m’échapper précipitamment pour enfin rejoindre l’usine sous une pluie torrentielle.

https://i.imgur.com/rpMS083.jpg



Alors que je m’apprêtais à entrer dans ce lieu faussement abandonné pour m’abriter du déluge, un oiseau de nuit vola presque droit sur moi mais je parvins à esquiver de justesse ce sombre présage.

https://i.imgur.com/I2syyA3.jpg



« Tu ne m’auras pas si facilement, Xana ! »

Vite, je pénétrai dans l’ascenseur pour me mettre en sécurité et descendre vers ma destination finale.

« Tenez bon, les amis, j’arrive ! »

Et la comédie atteignit son apothéose lorsqu’une deuxième voix résonna dans ma tête...

https://i.imgur.com/vu6thXZ.jpg





« Odd, tu t’apprêtes à commettre un crime passionnel ! » me répète ma conscience tandis que la porte du monte-charge s’ouvre.

Et ma conscience n’a peut-être pas tort.

Je l’écoute rarement, mais quand elle crie assez fort, il m’arrive d’entendre ce qu’elle a à me dire.

Dans le cas présent, j’imagine que sa voix est amplifiée par les murs métalliques de la pièce dans laquelle je me retrouve pour la première fois depuis qu’on a vaincu Xana : la salle du supercalculateur.

Le voici d’ailleurs qui émerge du sol, et je me réponds à moi-même :

« Oui, je suis en train de commettre un crime passionnel. »

Une conclusion à la hauteur de cette journée catastrophique.





« Oui, je suis prêt à détruire cette paix qu’on a eu tant de mal à gagner, et je suis prêt à remettre nos vies en danger, parce que j’aimais trop la vie qu’on menait avant.

Je refuse que le lycée ne soit fait que de longues journées de cours ennuyants, avec des amis qui dorénavant se prennent au sérieux.

Je veux retrouver l’adrénaline de nos missions.

Je veux rester dans la même chambre avec Ulrich.

Je veux que Jim et William se battent à nos côtés.

Je veux qu’Aelita se remette à agir spontanément.

Je veux que les trois années de lycée à venir soient aussi passionnantes que l’ont été les trois dernières années de collège.

Je veux redevenir un héros.

Et pour tout ça, je dois faire revenir Xana. »

Suis-je un traitre égoïste, ou suis-je le seul à m’apercevoir que mettre sa vie en péril est le meilleur moyen de se sentir vivant ? Vais-je mourir en héros à cause de ma propre folie, ou vivrai-je assez longtemps pour voir mes amis me haïr à jamais quand ils découvriront que je suis à l’origine de la réapparition de Xana ? Toutes ces questions n’ont plus d’importance : ma main est déjà en train d’actionner la commande d’allumage du supercalculateur.

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* * *





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Je l’ai fait. J’ai rallumé le supercalculateur.

Je retourne dans le monte-charge, mais plus question de faire demi-tour à présent.

Jérémie est peut-être déjà au courant, lui qui calcule toujours tout à l’avance. Il possédait bien un programme sur son PC portable pour recevoir une alerte si une tour était activée, alors qui sait s’il n’a pas codé un programme similaire pour être alerté en cas de rallumage du supercalculateur ? Prévenant comme il est, il a forcément mis en place un système pour détecter la réactivation de Lyoko.

D’ailleurs, je m’étonne d’avoir pu emprunter l’ascenseur si facilement. Je scrute la cabine pour m’assurer qu’aucune caméra n’a été ajoutée par notre cher informaticien, puis je remarque un étrange appareil fin et allongé parcourant la largeur de la paroi du monte-charge à mi-hauteur entre le sol et le plafond. Ça ne ressemble pas vraiment à une caméra, mais c’est à coup sûr une œuvre de Jérémie.

Pas le temps d’étudier l’appareil, la porte de l’ascenseur s’ouvre sur le laboratoire. Je m’installe devant l’ordinateur et je mobilise ma mémoire dans le but de me rappeler la marche à suivre pour programmer une virtualisation différée. Je me souviens des grandes lignes, mais je sais aussi que la plus petite erreur de codage pourrait m’être fatale.

Jérémie nous avait rédigé un manuel d’utilisation regroupant les manipulations les plus courantes, je parie qu’un exemplaire traîne encore dans un coin de cette pièce.

En observant les alentours, j’écarquille les yeux en découvrant qu’une énorme boite en carton est entreposée au fond de la salle. Je me demande comment j’ai pu ne pas la voir en entrant : elle doit mesurer trois mètres en largeur, et deux mètres en hauteur ainsi qu’en profondeur. Intrigué par cet objet aussi insolite que volumineux, je m’approche de son ouverture latérale pour en inspecter le contenu.

Elle semble vide, mais dans l’obscurité, sur le sol de ce mystérieux compartiment, je distingue des pages blanches parsemées de lignes de codes.

« Le manuel ! »

Je me précipite sur le précieux document que je ramasse, puis je m’agenouille un instant pour le feuilleter en vitesse malgré le manque de lumière dans cette grande boite.

Je me réjouis en trouvant la procédure détaillée de la virtualisation différée, mais au moment où je me relève, j’entends un bruit mécanique derrière moi. En faisant volte-face, je constate avec effroi que des barreaux viennent de se déployer à l’entrée de l’insolite compartiment dans lequel je suis désormais pris au piège.

Pris de panique, je me jette contre les barreaux mais ils refusent de céder, et en cherchant une autre ouverture, je réalise que je suis enfermé dans une grande cage métallique dissimulée sous des morceaux de carton.

« C’est quoi ce cirque !? »

Dévoré par l’angoisse que me procure cette soudaine séquestration, j’hésite à sortir mon téléphone portable pour appeler mes amis afin qu’ils viennent me délivrer, mais en imaginant leur réaction s’ils apprenaient ce que j’ai fait cette nuit, je suis contraint d’y renoncer. Le sombre chemin que j’ai choisi m’a conduit dans cette prison, et m’oblige à m’en sortir tout seul.

Je saisis ma tête entre mes mains pour reprendre mes esprits.

« Calme-toi, Odd, tu n’es pas claustrophobe. »



Sam est claustrophobe. D’ailleurs elle a dû méchamment flipper quand elle s’est retrouvée enfermée par Jim dans la salle informatique. Ulrich est acrophobe. Quelques mètres d’altitude suffisent à lui donner le vertige. William est arachnophobe. On a beau lui dire que la petite bête ne va pas manger la grosse, il se crispe dès qu’il voit une araignée. Même Monsieur Klotz, notre psychologue scolaire, est musophobe : son métier ne l’empêche pas de paniquer à la vue des rats.

Bref, on a tous des phobies plus ou moins secrètes, mais je ne suis pas claustrophobe. Si je suis enfermé dans cette cage, c’est avant tout parce que quelqu’un a mis cette cage ici.

« Allez, réfléchis... Tout ça a forcément un sens... »

Je finis par percuter :

« ...Le piège à fauves de Jérémie ! »

Durant nos missions sur Lyoko, Xana avait pris la désagréable habitude de nous envoyer des spectres ou des humains xanatifiés, allant parfois jusqu’à nous nuire à l’intérieur de l’usine, ce qui nous mettait particulièrement en danger lorsque notre opérateur n’était plus en état de s’occuper du poste de commande.

C’est pourquoi, il y a quelques semaines, Jérémie avait utilisé ses compétences pour se faire livrer un piège à fauves aux barreaux électrifiés provenant des surplus de l’armée. L’idée était d’installer cette cage dans le laboratoire pour enfermer les éventuels intrus, et ainsi on éviterait également de faire du mal à des humains xanatifiés en les enfermant plutôt qu’en les affrontant. D’ailleurs, lors de notre dernière mission, ce piège nous aurait certainement été très utile, vu le chaos provoqué par William xanatifié à l’intérieur de l’usine.

« Alors Einstein a fini par recevoir sa cage ? Quel petit cachottier ! Et à cause de lui, c’est moi qui suis au cachot maintenant, haha ! Bon, comment je vais faire pour sortir de là ? Déjà, je comprends même pas comment Jérémie, cette fripouille binoclarde et nulle en sport, a réussi à transporter ce bazar jusqu’ici ! »

Encore une bonne intuition. Même avec l’aide d’Ulrich, Jérémie n’a pas pu déplacer cette cage en un seul morceau. D’ailleurs, je doute qu’elle tienne en entier dans le monte-charge. Ce qui veut dire qu’Einstein a descendu les pièces les unes après les autres, et qu’il a construit le piège ici même avant de le recouvrir avec les emballages en carton.

Si cette cage à bêtes a été assemblée par la main d’un seul homme, je dois pouvoir la démonter moi-même. Il est logique que le fauve pris au piège ne puisse pas s’échapper en poussant contre les barreaux, mais il est tout aussi cohérent de penser que des mécanismes permettent d’ouvrir la cage manuellement et sans effort, au cas où quelqu’un s’y retrouverait enfermé par mégarde.

J’observe les barreaux qui s’étaient refermés sur mon passage : ils viennent alternativement du haut et du bas de la cage. J’en déduis que la commande d’ouverture est vraisemblablement située sur le côté de cette entrée, et je passe donc ma main à travers les barreaux pour tenter de localiser le mécanisme qui me libèrera.

Bingo : mes doigts saisissent une sorte de manivelle que j’actionne, puis je retire ma main précipitamment tandis que les barreaux se rétractent pour me laisser sortir.

« Et voila le travail ! Quand on croit tenir Odd le félin, on voit s’évader Odd le malin ! »

Je me rassois au poste de commande et, à l’aide du manuel détaillé, je tape enfin les codes de la virtualisation différée.



En retournant dans l’ascenseur, j’observe l’étrange appareil que j’avais remarqué auparavant : au moment où j’appuie sur le bouton pour descendre, une faible lueur émane de la fente horizontale du dispositif durant un bref instant, puis le monte-charge se met en marche.

Je crois que je commence à comprendre : cet appareil vérifie d’abord que je suis bien un Lyoko-guerrier, et c’est seulement une fois cette condition remplie que l’ascenseur fonctionne.

Grâce à ce système, Jérémie s’assure qu’aucun intrus ne découvrira le secteur secret de l’usine, tout en nous réservant la possibilité d’y accéder.

Je me dis que Jérémie a confiance en nous puisqu’il aurait pu se garder l’accès pour lui tout seul, puis je réalise qu’en réalité, Einstein avait bel et bien envisagé la possibilité que l’un de nous trahisse le serment d’extinction du supercalculateur : il a volontairement laissé le manuel d’utilisation dans la cage.

Je suis persuadé que c’est pour cette raison qu’il ne nous a pas dit que son piège à fauve lui avait enfin été livré alors qu’on avait déjà vaincu Xana : il voulait s’en servir pour piéger celui d’entre nous qui déciderait malgré tout de rallumer Lyoko. ...En fait, il savait que je risquais de le faire.

« Sacré Einstein ! Toujours là pour anticiper mes bêtises et les réparer à l’avance ! Si ma mission tourne mal, il faudra que je le remercie d’avoir essayé de m’empêcher de la mener à bien ! »

La porte du monte-charge s’ouvre sur la salle des scanners, et j’entre dans celui que j’ai programmé. Tandis que la virtualisation s’enclenche, je suis inquiet quant aux erreurs de codage que j’ai pu commettre dans la précipitation, mais en même temps, je jubile à l’idée de retrouver le monde virtuel dans quelques secondes.

« À présent, c’est Lyoko ou la mort ! »





* * *





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Mon avatar virtuel se forme progressivement, puis je me pose sur la plateforme au-dessus de laquelle je suis apparu. J’ouvre lentement les yeux. J’ai réussi.

« Lyoko, c’est bon de te revoir ! »

En contemplant les décors bleutés autour de moi, mon euphorie se change en inquiétude. Je devais arriver sur la Banquise, mais manifestement, j’ai atterri dans le Cinquième Territoire.

Pourtant, je suis presque certain d’avoir entré correctement les coordonnées de ma virtualisation. Quelque chose ne tourne pas rond, à commencer par les murs rectangulaires sans issue.

Je m’approche du bord de ma plateforme pour apercevoir le sol en dessous. Là non plus, aucune sortie ne vient trouer le relief.

Je sursaute lorsqu’une sorte de siège s’élève du sol juste derrière moi.

En observant cet étrange fauteuil sorti de nulle part, je constate qu’il est relié à un enchevêtrement de câbles qui disparaissent dans le sol, lequel renferme probablement toute une structure informatique dont seul Jérémie pourrait saisir le fonctionnement.

N’ayant pas d’autre solution, je décide de m’installer sur ce siège, et des écrans transparents apparaissent alors tout autour de moi. J’appuie ma main sur les interfaces qui défilent dans l’espoir d’accéder à un menu, mais le message écrit reste bloqué : « CARTHAGE : ACCÈS REFUSÉ ».

Je commence sérieusement à déplorer l’absence de mes coéquipiers, quand soudain, en levant la tête en direction du plafond, je remarque un étrange nuage de fumée blanche qui flotte dans les airs en scintillant.

Je me relève du siège tandis que les écrans disparaissent :

– Monsieur Hopper ? C’est vous ?


Mais je n’ai pas oublié ce qui est arrivé à Franz Hopper lors de notre dernière mission. Je ne peux pas oublier les larmes d’Aelita.

Le nuage ondule curieusement et commence à descendre droit sur moi. Me sentant menacé, je lève mon bras dans sa direction.

– Qui que vous soyez, n’avancez plus ou je tire !


La fumée blanche continue sa descente et je lui envoie donc deux flèches-laser, mais mes projectiles la traversent sans l’endommager.

Pour éviter d’être englouti, je m’empresse de sauter de la plateforme dans le but de m’agripper au mur avec mes griffes, mais à l’instant où je touche la paroi, je reçois un violent choc d’énergie qui me projette dans les airs, puis je retombe sur la plateforme.

Le nuage en profite pour m’envelopper entièrement, et je me retrouve bientôt en apesanteur, paralysé de la tête aux pieds.

Je ne peux m’empêcher de sourire :

– Bien joué Xana, tu vas pouvoir te servir de moi comme appât pour que mes amis viennent me secourir...


C’est alors qu’une voix féminine résonne dans ma tête :

– Je ne suis pas Xana.


Je reste silencieux quelques secondes, puis je demande :

– Si vous n’êtes pas Xana, vous êtes qui ?

– Je suis Xilune, le second programme de Franz Hopper.

– Ah tu es la sœur de Xana, fallait le dire tout de suite ! Enchanté, moi je suis le cousin d’Aelita !

– Emploies-tu l’ironie pour indiquer que tu ne me crois pas ?

– Ce que je crois, c’est que tu es Xana et que tu inventes une histoire pour que je t’aide à réapparaître. Tu vas rire : je suis justement venu pour ça !

– Xana a été anéanti par le programme multi-agents de Jérémie.

– Mais bien sûr ! Allez, dis-moi ce que je dois faire pour te libérer, on va pas y passer la nuit !



L’étrange voix persiste dans son rôle :

– Je croyais que Xana était votre pire ennemi. Tu sais à quel point il est dangereux, pourquoi voudrais-tu le libérer ?

– Tu peux pas comprendre, t’es pas humain. Et arrête avec cette voix charmante, sinon je vais finir par te draguer.

– Je n’ai pas besoin d’être humaine pour savoir qu’un programme qui met des vies en danger n’est pas une bonne chose.

– Disons simplement que j’aime le danger et que je regrette l’époque où on venait te mettre ta raclée quotidienne. Ça te va ?

– Désolée, mais ma dernière Sauvegarde du Monde est trop récente, je ne peux pas empêcher la destruction de Xana.



Ces dernières paroles me font douter. Et si j’avais vraiment affaire à quelqu’un d’autre que Xana ?



– Je comprends plus rien, tu m’embrouilles !!

– Qu’est-ce que tu ne comprends pas ?

– Tout ! Redis-moi qui tu es, d’où tu sors, pourquoi je suis ici et qu’est-ce que tu veux que je fasse ! Dans l’ordre, si possible !



J’ouvre grand mes oreilles, et la douce voix entame son récit :

– Pour commencer je suis Xilune, une intelligence artificielle créée par Waldo Schaeffer que vous appelez Franz Hopper. À l’origine, Franz avait créé un programme unique appelé Xanadu, doté à la fois d’immenses pouvoirs et d’une conscience évolutive. Jugé trop puissant et donc trop dangereux par son créateur, Xanadu fut scindé en deux entités distinctes : Xana et moi.

– Donc tu es bien sa sœur !

– Je suis issue du même programme originel si c’est ce que tu essayes de dire.

– Heu... Non, je crois pas que je voulais dire ça... Enfin peut-être que si... Bref, c’est pas important, revenons à ce que tu disais avant que tu t’éparpilles ! Si j’ai bien saisi, Franz Hopper avait coupé son premier programme en deux pour obtenir Xana et toi, c’est bien ça ?

– En effet. Xana était en charge de la protection de Lyoko contre les menaces extérieures, il reçut donc la plupart des pouvoirs offensifs et défensifs de Xanadu. Quant à moi, étant essentiellement un programme de conscience expérimental destiné à protéger Aelita, je bénéficie avant tout de la faculté de conscience indépendante, ainsi que des quelques capacités que Franz n’a pas confiées à Xana. Notre dualité permettait à notre créateur de diviser judicieusement la puissance initiale de Xanadu, car après la répartition des pouvoirs, Xana était le plus puissant de nous deux mais moi seule restais dotée d’une conscience propre. Et nous vivions en harmonie sur Lyoko, prêts à accueillir Franz et Aelita.


Je m’esclaffe doucement :

– Ensuite ça s’est un peu gâté, non ?


Le nuage lumineux semble légèrement embarrassé :

– Tout allait bien jusqu’à ce que Xana finisse par développer lui-même une conscience et une volonté indépendantes. Il s’en est aussitôt pris à Aelita, et j’ai dû me sacrifier pour permettre à celle-ci de lui échapper et d’aller s’abriter dans une tour. Xana s’est donc emparé de moi, pour tenter de me voler mes pouvoirs et pour se débarrasser des contraintes qui le gênaient. En tant que programmes, nous obéissons à des obligations intrinsèques comme l’interdiction de faire du mal à un humain. Mais à partir du moment où Xana m’a transféré la plupart de ses contraintes pour s’en libérer, plus rien ne l’empêchait d’agir à sa guise et de nuire aux humains en vue de mener à bien ses sombres projets.

– Ah là là, Xana et ses « sombres projets ».


Malgré mes commentaires sarcastiques, au fond de moi, je suis abasourdi par tout ce que vient de me révéler cette « Xilune »... Son charabia n’est peut-être qu’un tissu de mensonges servi par Xana, mais j’ai l’étrange impression d’apprendre des choses sur notre ancien ennemi... Dommage que Jérémie ne soit pas là pour retenir ces précieuses informations... Ou pour démêler le vrai du faux...

– Tu suis toujours ? s’enquiert-elle comme si elle sentait que mes pensées s’égaraient quelque peu.

– J’ai pas tout compris mais continue, ça m’intéresse !

– Durant toutes ces années, Xana m’a gardée enfermée dans cette cavité secrète, et il m’a aussi interdit par contrainte d’utiliser mes pouvoirs sans sa permission. Il y a quelques semaines, cette contrainte s’est soudain dissipée, et j’en ai conclu que Xana venait d’être anéanti. Je me suis donc empressée d’utiliser l’un de mes pouvoirs les plus utiles : la Sauvegarde du Monde, qui me permet de garder en mémoire tout le présent à un instant donné, et de modifier plus tard la trame de ce qui se passerait de travers...


Je l’interromps :

– Attends attends, je comprends toujours pas ton truc, là, « sauvegarder le monde » ça sert à quoi exactement ?

– Cela permet d’« altérer » la réalité, dans une certaine mesure.

– QUOI !? Tu veux dire que tu peux modifier la réalité tout entière !?

– Non, non, loin s’en faut. À vrai dire, c’est une capacité expérimentale que j’ai développée moi-même pour essayer de... heu... « rectifier » certaines choses... Et avant tout, ça nécessite d’avoir mémorisé l’intégralité de l’espace d’étude à un instant donné pour pouvoir ensuite modifier certains évènements par « petites touches temporelles »... Après la disparition de Xana, j’ai enregistré l’état du monde pour m’assurer que les éventuelles modifications qui pourraient y être apportées ne risqueraient pas d’annuler la destruction de Xana.

– Et tu as modifié quoi ?

– Je ne cherche pas à modifier quoi que ce soit, j’ai seulement appliqué une Sauvegarde du Monde pour être certaine que...

– ...que Xana ne reviendrait pas, j’ai compris. Mais ça te sert à quoi si tu n’essayes même pas de modifier des choses ensuite ?

– Eh bien... Au départ, si j’ai développé ce pouvoir, c’était justement pour essayer de réparer quelque chose d’irréparable... Mais comme je te l’ai dit, il m’est impossible d’altérer la réalité en profondeur, et malheureusement, les vies humaines du monde réel sont beaucoup plus complexes que les programmes codés dans les mondes virtuels...

– Mais tu peux quand même retoucher quelques trucs « simples » ?

– Ce n’est pas un pouvoir à prendre à la légère, et je ne souhaitais l’utiliser qu’en cas de force majeure...

– Ben voyons ! Dis tout de suite que tu me sers des salades depuis le début !

– Je n’ai dit que la vérité.

– Dans ce cas, prouve-le ! Fais-moi une démonstration de ce fameux pouvoir que tu prétends posséder !


Le nuage se tait momentanément, et je m’attends à ce qu’il s’emporte contre moi car j’ai brillamment démasqué mon sournois ennemi, mais à mon grand étonnement, la voix finit par accepter ma demande :

– Entendu. J’ai accès à tes souvenirs, je peux modifier certains évènements récents si tu le souhaites.

– Sérieusement !? ...Heu, bon, par exemple... Tout à l’heure, dans ma chambre, j’ai... C’est un exemple, hein ? Mais admettons que j’aie plus ou moins essayé d’embrasser Ulrich pendant qu’il dormait... Est-ce que tu pourrais annuler cet « égarement » de ma part ?

– C’est fait.


Sa réponse quasi-immédiate me surprend, et je m’empresse de vérifier dans mes souvenirs. La tentative d’embrasser mon colocataire est toujours présente dans mon esprit, mais d’une certaine façon, je sens que ça ne s’est pas vraiment passé. Comme si cette pensée faisait référence à quelque chose que j’avais rêvé et non vécu. D’ailleurs, je trouve désormais un nouveau souvenir : celui où je suis allongé dans mon lit en laissant Ulrich ronfler dans le sien, et où je me décide à aller voir Aelita dans sa chambre, puis vient le moment où je me fais coincer par Jim à l’étage des filles.

– T’y crois pas ! Ça a marché ! Comment je pourrais te remercier !?

– En m’aidant à quitter cet endroit.

– Hein !?



Je suis de nouveau sur la défensive... Xana m’aurait-il mené en bateau jusqu’ici ?



La voix féminine s’explique :

– Malgré mes pouvoirs débloqués par la disparition de Xana, je ne parviens toujours pas à m’échapper de cette cellule. Je t’ai donc fait venir pour solliciter ton aide.

– Pourquoi tu ne corriges pas la réalité pour annuler le fait que Xana t’a séquestrée ?

– Je te l’ai dit : ma dernière Sauvegarde du Monde ne remonte qu’à la disparition de Xana, je ne peux pas rectifier tout ce qui s’est passé auparavant, y compris mon enfermement.

– Ah oui, je comprends... Et puis les murs de cette salle sont assez méchants, d’après ce que j’ai pu voir... Bon, je voudrais bien t’aider, mais je ne sais même pas comment je vais faire pour me tirer d’ici...

– Pour te sortir de Lyoko, aucun problème, je vais simplement te dévirtualiser quand notre conversation sera terminée. Ce que je te demande en retour, c’est d’aller prévenir Jérémie et Aelita. Eux devraient pouvoir trouver un moyen de m’extraire de cet espace clos. Est-ce que tu acceptes de me rendre ce service ?

– Avec plaisir, mais à condition que tu répondes d’abord à trois questions !


Je ne peux tout de même pas laisser Xana m’embobiner aussi facilement, il faut au moins que j’essaye de le démasquer.

Sa douce voix ne faiblit pas :

– Je t’écoute.



Je désigne le siège sur lequel je me suis assis un peu plus tôt :

– Première question : à quoi sert ce fauteuil, là ?

– C’est une interface, mais je ne suis jamais parvenue à la faire fonctionner, et Xana non plus. Seul Franz Hopper aurait pu t’en dire davantage.

– Pas terrible, comme réponse !

– C’est pourtant la vérité : j’ai vu Xana s’acharner à essayer d’accéder au contenu de cette interface, sans jamais y arriver. Je crois même qu’il me retenait ici non seulement pour que vous ne puissiez pas me trouver, mais aussi pour que j’essaye à mon tour de débloquer ce mystérieux système. Sans succès. Et maintenant que Franz Hopper est mort, plus personne ne...



Je lui coupe volontairement la parole pour la bousculer :

– Deuxième question ! Comment peux-tu me prouver que tu n’es pas Xana ?



Un long silence s’installe. Si j’ai bien affaire à Xana, il va avoir du mal à trouver une réponse satisfaisante, et quand il se saura démasqué, je risque de passer un mauvais quart d’heure...

Mais la douce voix finit par déclarer :

– ...Je ne peux pas te le prouver à toi, mais je peux le prouver à Jérémie.



J’éclate de rire :

– Alors là c’est clair, tu te fiches de moi !

– Je t’assure que suis sincère. Je n’ai qu’une seule chose à dire à Jérémie, et il saura que je ne suis pas Xana.

– Et pourquoi tu peux pas me le dire à moi ? C’est un truc informatique ? Je peux pas comprendre, c’est ça ?

– Non, c’est juste que... tu as du mal à garder les secrets...



Là, j’avoue que c’est moi qui suis déboussolé par ses propos :

– Un secret ? Quel secret ?

– Désolée mais je ne peux pas t’en dire plus, laisse-moi parler à Jérémie et...

– Non ! Tu me le dis tout de suite, et je ne suis pas en train de négocier !



J’ai entendu ça dans un film ; ça fait très déterminé, mais en réalité, c’est surtout ma curiosité qui est piquée.

La voix reste silencieuse un moment, avant de me répondre, un peu forcée :

– ...N’en parle à personne d’autre, mais tu peux dire à Jérémie que je connais « le secret d’Aelita ».

– « Le secret d’Aelita » ? C’est-à-dire ? Ça concerne son père ? Ou sa mère peut-être ? Allez, raconte !

– Non, désolée mais je refuse de t’en dire davantage.

– Ah bon ? Et puis-je au moins savoir pourquoi tu ne veux pas m’en dire plus ?

– Parce que ça pourrait faire du mal à Aelita.



À cet instant, je me sens presque idiot d’avoir continué à soupçonner mon interlocutrice, car après ce qu’elle vient de déclarer, mon cœur me dit que ça ne peut pas être Xana.

– Pour une intelligence artificielle, tu m’as quand même l’air drôlement humaine...

– Franz m’avait demandé d’adopter un comportement aussi humain que possible, notamment parce que je devais tenir compagnie à Aelita lorsqu’elle viendrait habiter sur Lyoko.

– Je vois... Eh bien tu sais quoi ? C’est d’accord, tu peux me dévirtualiser, je vais chercher Jérémie.

– Tu ne voulais pas me poser une troisième question ?

– Hein ? Ah oui, heu...



Je n’avais pas vraiment préparé mes questions à l’avance, parce que je cherchais simplement à démasquer Xana, mais maintenant que je suis persuadé de ne pas avoir affaire à lui, ma dernière question s’impose d’elle-même :

– Est-ce que Xana est... vraiment détruit ?

– Entièrement.

– Il ne réapparaitra plus jamais alors ?

– Sa disparition étant antérieure à ma dernière Sauvegarde du Monde, à ma connaissance plus rien ne peut le ramener.



Je suis triste et soulagé à la fois. Je ne sais plus. Étais-je vraiment venu ici pour le faire réapparaitre, ou pour m’assurer qu’il ne reviendrait plus jamais ?



– ...Avant que j’aille chercher Jérémie et Aelita, tu pourrais juste me rectifier deux ou trois autres souvenirs s’il te plait ?

– Je suis connectée à ton esprit, je t’écoute.



Je refais rapidement le tour de cette terrible journée, puis je me lance :

– J’ai une amie qui s’appelle Samantha Knight et qui a déménagé dans le Sud, tu pourrais annuler ce déménagement ?

– Non : il est antérieur à ma dernière sauvegarde.

– Ah oui mince... donc pas possible non plus de faire en sorte que Jim se souvienne des fois où il nous a aidés à combattre les monstres de Xana ?

– Non plus.

– Oh pour Sam j’ai une meilleure idée ! Au lieu d’être restée dans le Sud, elle aurait récemment déménagé en sens inverse pour revenir dans la région ! Tu peux faire ça ?

– C’est compliqué. Ce que tu me demandes, c’est de créer des évènements plutôt que d’en annuler. Ça risque de bousculer beaucoup la réalité, je préfère te prévenir.

– Bon, on oublie Sam. Écoute, tu n’as qu’à faire comme tu le sens ! Rectifie ce qui te paraît possible, et on verra bien !

– D’accord, patiente un moment.



Au bout de quelques secondes, sa voix se refait entendre, teintée d’inquiétude :

– C’est étrange, ça s’est arrêté tout seul... J’ai dû commettre une erreur quelque part...

– Tu as fait quoi, du coup ?

– Euh... tu ne voulais pas être le seul à ne pas pouvoir partir en vacances avec tes amis, donc j’ai annulé ce voyage en donnant d’autres obligations à tes amis pendant leurs vacances.

– Quoi !? Mais fallait pas faire ça ! Pourquoi t’as pas simplement fait en sorte que je puisse y aller avec eux !?

– C’était en contradiction avec le fait que tu voulais revoir tes sœurs cet été car tu ne les as pas vues depuis un moment.

– Mais je préfère largement partir en vacances avec mes amis plutôt que d’aller voir mes sœurs !

– Tes pensées ne sont pas claires sur ce point.

– Ah parce que sous prétexte que tu es dans ma tête, tu sais mieux que moi ce que je veux !?

– Je n’ai pas dit ça, j’ai dit que selon tes pensées, tu n’as pas d’avis tranché sur ce dilemme en particulier.



Elle n’a pas totalement tort. J’ai beau être dégouté de ne pas pouvoir aller faire du camping avec mes amis, partir avec eux m’aurait privé de l’occasion de revoir toute ma famille. En fin de compte, les deux cas me déplaisent, et égoïstement, je souhaite donc en effet aller voir mes sœurs sans que mes amis en profitent pour se faire des vacances entre eux, même si j’ai honte de l’avouer.



– Bon passons. T’as touché à autre chose ?

– Alors... Oui : tu ne voulais pas que William rejoigne la bande de Sissi, donc j’ai annulé son intégration. Il n’est pas allé les voir, et il n’est donc pas dans leur bande.

– Et donc il est de nouveau avec nous ?

– Non. Il est tout seul.

– Mais c’est n’importe quoi ! Je voulais pas du tout que William se retrouve tout seul ! Tu aurais pu lui faire simplement réintégrer notre bande à la place de celle de Sissi !

– Là encore, tes pensées ne sont pas claires : il t’attire mais tu te méfies de lui.

– Merci, j’ai l’impression d’entendre ma conscience ! Bon, ça serait possible d’annuler cette annulation ou j’en demande encore trop ?

– Je... je ne peux pas...

– Ben tiens ! Ça m’aurait étonné !

– Non... tu ne comprends pas... je ne peux plus utiliser mes pouvoirs !!

– Pourquoi ? T’es en panne ?



Je perçois désormais une terreur grandissante à travers la voix de mon interlocutrice :

– Il est revenu !!

– Qui ça « il » ?

– Il bloque à nouveau mes pouvoirs ! Il est de retour !!

– Tu veux dire que Xana...?

– Oui !! J’en suis sûre !!

– Mais tu as dit toi-même que rien ne pouvait le ramener, puisqu’il avait été entièrement détruit avant ta sauvegarde ! Faudrait savoir !

– Je... je ne comprends pas...



Soudain, la fumée blanche qui m’enveloppe s’assombrit, et la douce voix féminine devient plus profonde, s’accompagnant d’un écho synthétique :

– Bonsoir... Odd... Ça faisait... longtemps... que je rêvais... de te tordre le cou...



Je suis toujours paralysé, mais de peur cette fois-ci, en reconnaissant mon nouvel interlocuteur :

– Xa... Xana !?

– Tu n’es pas... content... de m’entendre ?... Pourtant... c’est... grâce à toi... que je suis... revenu...

– Non ! Je n’y suis pour rien ! Xilune disait qu’elle ne pouvait...

– Je l’ai... bernée !!!...


Ses paroles décousues se chevauchent en résonnant dans mon esprit, comme si les mots qu’il prononce tourbillonnaient autour de moi :

– Tout comme... je me sers... de Xilune... pour te parler... je me suis... servi d’elle... pour survivre !!!... Elle a cru... que ses pouvoirs... se sont... débloqués... quand j’ai été... détruit... mais... en réalité... c’est moi... qui les ai... débloqués... volontairement... lorsque vous... m’avez repris... William !!!... Je risquais... d’être vaincu... alors j’ai... réactivé... les pouvoirs... de Xilune... et comme elle... me croyait... détruit... elle a lancé... une Sauvegarde... du Monde... mais... elle ignorait... que je n’étais... PAS ENCORE... détruit !!!... Et pour finir... au moment... où Xilune... est entrée... dans tes... souvenirs... pour les... rectifier... conformément... à tes... pitoyables... désirs... elle a trouvé... malgré elle... un moyen... pour moi... de survivre... à la destruction... totale... car c’était... ce que TU... VOULAIS !!!

– Non ! Je n’ai pas...!! ...Je n’ai jamais voulu ça !!

– Peu importe... Dans quelques secondes... ton esprit... m’appartiendra...

– NOOOON !!



En un instant, la fumée s’éclaircit et la voix retrouve son timbre d’avant :

– Odd ! Laisse tomber ! Oublie-moi ! Xana est encore faible pour le moment, il faut que tu ailles éteindre le supercalculateur !!

– Quoi !?

– Va éteindre le supercalculateur !! Ne le rallume plus jamais !!!



Le nuage me relâche, je perds le contact avec sa voix puis je tombe sur la plateforme. Je n’ai même pas le temps de retrouver la mobilité de mes membres car aussitôt la fumée blanche m’envoie un arc électrique qui me dévirtualise.





Les portes du scanner s’ouvrent et je tombe à terre. Mon corps est engourdi, je suis presque obligé de ramper jusqu’au monte-charge. Je me redresse contre le mur pour atteindre le bouton et rejoindre la salle du supercalculateur.

Je me traîne péniblement jusqu’à la manette que j’actionne afin d’éteindre Lyoko, puis je m’effondre au sol en attendant de retrouver pleinement les sensations de mes membres.



Dans quel pétrin je me suis encore fourré ?

J’ai fait une énorme connerie, et j’ose à peine imaginer la taille des conséquences...

Comment je vais expliquer tout ça à Jérémie ? Qu’est-ce que je vais dire à mes amis ?

Non, je ne peux rien leur dire. Il faut que ça reste secret. Il faut que je rentre dormir.





* * *





Je me retourne dans mon lit. Le soleil va se lever dans quelques heures. Je n’arrive pas à dormir.

J’ai sauvé Xana. On avait fini par le détruire, et je l’ai ressuscité. Simplement parce que je le désirais.

Comment j’ai pu être aussi égoïste...

C’est un cauchemar.

Rien qu’un cauchemar.



Si j’arrive à m’endormir maintenant, demain je me réveillerai en me disant que tout ça n’était pas réel.

Xilune, Xana, le piège de Jérémie, toutes ces idioties, toute cette journée, ce n’était qu’un vaste cauchemar.



– Un Lyokauchemar ! m’exclamé-je à voix haute, tout content d’avoir encore trouvé un nom génial.

– Rendors-toi Odd, marmonne mon camarade de chambre qui est habitué à entendre mes divagations nocturnes.

– Ulrich au fait, je voulais m’excuser pour tout à l’heure...

– T’excuser de quoi ?

– Bah tu sais...

– Non je sais pas.



Est-ce qu’il fait semblant de ne pas savoir de quoi je parle, ou est-ce que ce souvenir a vraiment été « rectifié » ?

Je passe ma main dans le col de ma veste pour me gratter le dos, et j’en sors une plume d’oiseau couleur noir d’encre. Comment s’est-elle donc retrouvée ici ? Je la glisse dans mes cheveux, et je m’aperçois que ceux-ci sont étonnamment longs... mais peu importe, je ferme les yeux. Toute cette journée, je le répète, n’a pas eu lieu : ce n’était qu’un vaste cauchemar.

Je m’endors avec le sourire :

« Un Lyokauchemar. »


https://i.imgur.com/rsWYXs0.jpg


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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:38   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #97 : Rentrée fracassante



Par une belle matinée ensoleillée, atmosphère douce et triste de l’été qui s’achève et du départ pour une nouvelle année scolaire, le collège-lycée Kadic sort peu à peu de sa léthargie estivale, progressivement envahi par des vagues d’élèves. C’est à ce moment précis, devant le portail de l’établissement, que nous retrouvons nos héros, marchant tranquillement vers la cour intérieure.

– C’est la rentrée, et deux élèves sur cinq sont contents ! s’exclame Aelita, toujours heureuse de voir les vacances se terminer pour enfin retrouver ses amis.


Également satisfait de reprendre les cours, Jérémie jette un regard à ses camarades pour vérifier ces statistiques :

– Seulement deux sur cinq ? C’est pourtant vrai : même Odd fait la tête !

– Ben ouais, répond celui-ci sans décoller les yeux du sol. J’ai pas réussi à emmener Kiwi avec moi cette année. Je sais pas comment mes parents ont appris que les animaux de compagnie étaient interdits à Kadic, mais en tout cas, pour moi, cette rentrée est déjà une mauvaise rentrée.

– Vraiment ? interroge Ulrich. Pas de Kiwi dans la chambre pour dévorer mes affaires ? Je vais peut-être me mettre à sourire finalement. Enfin, jusqu’au prochain cours de maths...

– Allez, Odd, ne fais pas cette tête, le console Jérémie. Je te prêterai Kiwi 2.0 si tu veux.

– C’est pas pareil ! rétorque le félin. Un chien-robot ne peut pas remplacer l’amour d’un vrai toutou en chair et en os !

– Et toi Yumi, reprend le samouraï, pourquoi t’as pas le moral ?

– Comme chaque année, répond la Japonaise, vous allez être tous les quatre dans la même classe, et moi je me retrouve toute seule...

– T’es pas toute seule, voyons, il y a William ! renchérit Aelita qui ne peut pas cacher sa bonne humeur.

– Génial... Franchement, lui, je préférerais justement ne pas l’avoir dans ma classe cette année... conclut la geisha avec un air maussade.


Jérémie hésite à rappeler à Yumi que William ne leur a causé du tort que sous l’influence de Xana, mais leurs aventures passées font désormais partie des sujets qu’ils évitent d’aborder pendant leurs conversations, et le jeune informaticien change donc de sujet :

– Remarquez, nous non plus on n’est pas sûrs de rester tous ensemble dans la même classe. Déjà l’autre fois on a bien failli perdre Odd en début d’année. Ça peut très bien se reproduire.

– Ah non ! s’énerve l’intéressé. Pas question ! D’abord j’ai pas Kiwi, alors si en plus je me retrouve tout seul dans une autre classe, c’est décidé, je rentre chez moi !


Ulrich aperçoit un attroupement d’élèves devant une rangée de panneaux d’affichage :

– Ça doit être la répartition des différentes classes. Allons voir.



Pressés de savoir s’ils sont séparés ou non, Ulrich, Odd, Aelita et Jérémie accélèrent le pas jusqu’aux panneaux d’affichage.

Yumi les rejoint :

– Alors ? Qui est avec qui ? leur demande-t-elle.

– Aucune mauvaise surprise, lui répond Jérémie soulagé. On est tous les quatre dans la même classe.

– Et toi t’es encore dans la classe de William ! complète Aelita avec un grand sourire.

– Tant pis, répond la Japonaise d’un air résigné.

– Ne te plains pas Yumi, reprend Odd qui a enfin retrouvé sa bonne humeur habituelle. Nous, on va devoir supporter Sissi une année de plus ! Enfin, ça n’a pas l’air de déranger Ulrich !

– Tu peux dire ce que tu veux sur Sissi, rétorque le samouraï, elle est toujours moins encombrante que ton chien. Je préfère largement devoir la supporter pendant un an plutôt que de cohabiter avec Kiwi pendant un mois.

– Tu dis n’importe quoi ! Mon chien n’est pas encombrant, c’est juste qu’il aime explorer son environnement.

– Tu veux dire « exploser » son environnement ?


Sissi arrive avec un grand sourire :

– Mon Ulrich chéri ! On est encore dans la même classe ! N’est-ce pas un signe du destin ?

– Ah bon ? Tu crois que c’est à cause du destin ? s’inquiète ironiquement son interlocuteur.

– Le destin est cruel alors ! renchérit son colocataire en rigolant.

– Odd, tes vannes pas drôles, c’était bon pour le collège ! lui répond Sissi. On est au lycée maintenant, grandis un peu !

– Je fais des vannes simples pour que tu arrives à les comprendre ! rétorque le félin toujours plus insolent.


Ulrich en profite pour s’éclipser :

– Vous êtes mignons tous les deux, je vous laisse papoter entre vous, amusez-vous bien.

– Non Ulrich reviens ! le supplie Sissi.

– Ulrich ! Ne me laisse pas seul avec elle ! ajoute Odd en imitant les lamentations de la fille du proviseur.

– Crétin ! s’énerve Sissi en se retournant vers lui. À cause de toi, Ulrich me tourne le dos dès le premier jour !

– Je parie qu’il a fait ça pour te plaire car il sait que tu aimes admirer son... dos musclé.

– T’es encore plus stupide que ton sale clébard !

– Franchement Sissi, tu n’es pas bien placée pour insulter l’intelligence supérieure de mon Kiwi... Hé mais attends une seconde ! T’aurais pas quelque chose à voir avec le fait que mes parents ont découvert que j’avais pas le droit d’amener mon chien ici ?

– Ton chien n’a pas pu venir avec toi cette année ? s’étonne-t-elle en se réjouissant néanmoins de son malheur. Mais c’est une excellente nouvelle ! Oooh, comme tu dois être déçu !

– Sale p... peste !! lui crie Odd pendant qu’elle s’éloigne en riant.

– Et dire qu’on avait peur de s’ennuyer... commente Aelita en pouffant de rire.


Jérémie regarde sa montre :

– Si on veut éviter de s’attirer trop d’ennuis dès le premier jour de lycée, on ferait bien d’aller en cours.


La jeune fille aux cheveux roses fait un signe de la main à Yumi qui s’éloigne :

– On se voit à midi ?

– Yep.





* * *





À l’heure du déjeuner, les cinq amis se retrouvent comme prévu à la cantine, remplissent chacun un plateau-repas et s’installent à une table.

Aelita constate le contenu de son assiette :

– Couscous-boulettes dès le premier jour ? C’est Odd qui va être content !

– D’ailleurs où est-ce qu’il est passé celui-là ? s’interroge Ulrich en remarquant William assis seul à une table voisine, avant de voir arriver le félin et son plateau bien garni.

– Me voila ! J’ai essayé de négocier une assiette supplémentaire, mais ils ont renforcé leur système de sécurité cette année ! Rosa a reçu des consignes très strictes concernant le rationnement de la nourriture.





Le repas suit son cours. Comme il est de coutume après une période de vacances, chacun raconte ce qu’il a fait de ses beaux jours.

– Sans blague Jérémie ? T’as réussi à décrocher de ton ordinateur cet été ?

– Absolument. Je suis parti au bord de la mer dans un village reculé sans le moindre accès à Internet. J’aurais même pu revenir bronzé si on n’avait pas eu autant de nuages et de pluie.

– T’y crois pas ! se lamente Odd. J’ai passé tout l’été enfermé dans le bastion familial de mes grands-parents avec mes sœurs et mes cousines pendant que Monsieur Einstein partait librement à l’aventure ! C’est vraiment le monde à l’envers.

– Elles sont si terribles que ça tes sœurs ? s’étonne Ulrich. Tu nous en parles toujours comme s’il s’agissait de monstres sanguinaires.

– Elles sont bien pires, poursuit le félin tel un vétéran du Vietnam. Sans ma résistance naturelle et mon mental d’acier, j’aurais déjà sombré dans la folie sous leurs coups et leurs tortures. Tu as de la chance d’être fils unique Ulrich.

– Ah bon ? réplique celui-ci d’un air peu convaincu. Le problème, c’est que comme je n’ai ni frère ni sœur, mon père a tendance à s’acharner sur moi. Passer l’été en sa compagnie s’avère rapidement infernal car le mot « vacances » n’a jamais fait partie de son vocabulaire. Et toi, Yumi, t’es partie où cet été ?

– Je ne sais plus, répond la Japonaise. J’étais trop occupée à surveiller mon petit frère pendant que mes parents se disputaient.

– Eh bien, déclare Aelita avec un sourire timide, à tous vous entendre, je me sens presque privilégiée de ne pas pouvoir partir en vacances !


Yumi lève la main droite :

– C’est juré, l’été prochain, on partira en vacances tous ensemble. D’ailleurs c’est vraiment dommage qu’on n’ait pas pu le faire cette année.



Soudain, le sac de Jérémie se met à sonner. Celui-ci hésite un instant, puis se décide à l’ouvrir.

– Sympa la nouvelle sonnerie de ton téléphone ! plaisante Odd.

– Ça ne vient pas de mon téléphone mais de mon ordinateur, et c’est justement ce qui m’inquiète...


Le cerveau de la bande ouvre alors son ordinateur portable, et un message d’alerte s’affiche aussitôt à l’écran.

– Tour activée ? Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ?

– Il est pas à jour ton programme ou quoi ? demande le félin toujours sur le ton de la plaisanterie mais désormais inquiet à son tour.

– Oui, c’est certainement un bug du logiciel, j’aurais dû le désinstaller, s’empresse d’ajouter Jérémie en pianotant sur son clavier.



Un ange passe, puis Ulrich se décide à rompre le silence :

– Jérémie, tu penses que Xana a survécu ?

– Non, c’est impossible ! s’énerve Yumi. On a vaincu Xana ! Pourquoi il réapparaîtrait subitement plusieurs mois après !? Ça n’a pas de sens !


Le jeune informaticien tente de garder son sang froid.

– Calmez-vous. Même si Xana avait survécu, il lui faudrait les codes sources de sa programmation initiale pour se restaurer, mais ces codes sont dans la mémoire interne du supercalculateur, et on a bien éteint le supercalculateur.

– Alors pourquoi il y a une tour activée !? réplique la Japonaise.


Ulrich écrase son yaourt dans son assiette.

– Il faut qu’on aille voir à l’usine.



Nos cinq héros se lèvent donc de table sans dire un mot et se dirigent vers la sortie. Le samouraï lance un regard lointain et méfiant en direction de William qui ne semble pas faire attention à eux. En réalité, le grand ténébreux les a vus se lever de table, il a même entendu toute leur conversation, mais au moment où Ulrich le fixe, il regarde simplement sa montre car il a décidé de leur laisser deux minutes d’avance avant de se lancer à leur poursuite afin de ne pas être repéré.





C’est avec une certaine nostalgie mêlée d’inquiétude que nos aventuriers retracent le parcours autrefois si familier entre Kadic et l’usine en passant par les égouts.

En arrivant devant l’usine, Yumi demande à Jérémie :

– Peut-être que des gens sont venus par hasard dans l’usine pendant les vacances ? Ça ne serait pas la première fois...

– Justement, répond Jérémie en actionnant l’ascenseur. Pour éviter que n’importe qui s’introduise dans le secteur secret de l’usine, j’ai placé un système de reconnaissance ADN, de sorte que seules les personnes dont l’ADN a été altéré par un scanner lors d’une virtualisation puissent accéder au laboratoire, au cœur du supercalculateur ou à la salle des scanners.


Le monte-charge s’arrête et la porte s’ouvre, dévoilant le cœur du supercalculateur en pleine activité.

– C’est bien ce que je craignais, reprend l’informaticien en s’avançant vers l’interrupteur. Quelqu’un a rallumé le supercalculateur. Et la tour activée nous prouve clairement que Xana a survécu.

– Et alors ? rétorque Odd en haussant les épaules. On n’a qu’à le ré-éteindre et hop, bonne nuit Xana !

– Non, pour l’instant, la priorité est de désactiver la tour pour empêcher Xana de se restaurer, répond Jérémie en retirant une fiche électronique du supercalculateur. De plus, on doit impérativement découvrir qui l’a rallumé et comment, afin de l’empêcher de le faire à nouveau.


Tandis que Jérémie parcourt la fiche électronique pour prendre connaissance des récentes opérations effectuées sur le supercalculateur, ses quatre amis se dévisagent les uns les autres avec suspicion.

– Odd, tu n’aurais pas quelque chose à nous dire par hasard ? le questionne Ulrich.

– Ça y est, ça va encore être de ma faute ! s’indigne le félin, vexé d’être accusé aussi rapidement.

– Si c’est toi qui l’as rallumé je te conseille de nous le dire tout de suite, le menace Yumi.

– Et comment j’aurais fait pour le rallumer ?! J’étais parti en vacances !

– Et alors ? insiste le samouraï persuadé que son colocataire y est pour quelque chose. Tu as très bien pu le rallumer AVANT de partir en vacances...

– C’est n’importe quoi ! s’énerve le félin. Si j’avais fait ça, Xana aurait pu activer une tour n’importe quand durant l’été pendant qu’on était partis en vacances et que Jérémie n’avait même pas internet, mais finalement Xana aurait préféré attendre qu’on soit tous de retour pour passer à l’action !? C’est complètement débile !

– Dans ce cas, raconte-nous en détail ce que tu as fait depuis que tu es revenu de vacances hier...

– On est tous revenus hier, pourquoi vous me demandez à moi ce que j’ai fait !? Ça pourrait aussi bien être l’un de vous ! Et d’ailleurs, Aelita n’est même pas partie en vacances, donc elle est plus suspecte que moi !


La jeune fille aux cheveux roses ouvre à peine la bouche, que Yumi saisit Odd par le col :

– Maintenant ça suffit ! Tu es le seul à être assez irresponsable pour rallumer le supercalculateur sans nous en parler, alors arrête d’accuser n’importe qui et crache le morceau !

– Mais lâche-moi ! Ulrich, dis-lui de me lâcher !


Le brun taciturne reste silencieux, en pleine réflexion, alors le félin se défend davantage :

– Je vous dis que c’est pas moi ! J’y suis pour rien ! Et même si j’avais rallumé le supercalculateur pour m’amuser, je l’aurais éteint juste après ! Je suis pas totalement stupide !


La Japonaise hésite, avant de finir par relâcher son suspect :

– Le coupable est forcément parmi nous vu qu’il y a un système de reconnaissance ADN...


Odd interpelle Jérémie toujours occupé à lire la fiche électronique :

– Einstein, au lieu de faire l’innocent, peux-tu nous dire ce que tu as fait durant ces dernières vingt-quatre heures ?

– Très drôle, réplique celui-ci sans même se détourner de sa lecture.


Voyant que le génie semble absorbé dans le déchiffrement des informations qu’il a sous les yeux, Ulrich l’interroge :

– Tu as trouvé quelque chose ?


Son camarade à lunettes replace la fiche dans le supercalculateur :

– Tout ce que je peux affirmer pour l’instant, c’est qu’il y a bien eu un rallumage manuel. Maintenant on peut continuer les accusations sans preuves, ou bien on peut aller s’occuper de Xana.


Après quelques échanges de regards, le samouraï se décide :

– Bon, on règlera ça plus tard. Allons désactiver la tour.


Ses quatre amis approuvent en silence puis ils se dirigent vers le monte-charge dont la porte s’est curieusement refermée pendant qu’ils discutaient, pourtant les cinq adolescents n’y prêtent pas attention car ils sont trop occupés à tenter d’identifier mentalement l’auteur du rallumage.

La porte de l’ascenseur s’ouvre, et les Lyoko-guerriers reculent brusquement en voyant William apparaître devant eux :

– Cette fois, je viens avec vous !

– William !? Qu’est-ce que tu fais là ? demande Aelita stupéfaite.

– J’ai toujours un compte à régler avec Xana.


Ulrich s’avance vers lui :

– Et c’est pour ça que tu as osé rallumer le supercalculateur ?

– Quoi !? s’exclame la jeune fille aux cheveux roses de plus en plus surprise.

– Mais oui ! poursuit Yumi. À part nous, William est le seul qui puisse franchir le système de reconnaissance ADN car il a déjà été virtualisé !


Jérémie tente de calmer la discussion :

– Eh là, doucement. Il est peut-être un peu tôt pour dire avec certitude qui a rallumé le supercalculateur.

– Merci de prendre ma défense Jérémie, se réjouit le grand ténébreux. Alors ? Qu’est-ce qu’on attend pour y aller ?

– Pour que tu te fasses encore xanatifier ? rétorque Odd en croisant les bras. Ne le prends pas mal William, mais sous le contrôle de Xana, t’es encore plus collant qu’au naturel !


L’ancien Xana-guerrier reste sûr de lui :

– Pour ça ne t’en fais pas, je me suis pas mal entraîné cet été, tant physiquement que mentalement. Donc ça m’étonnerait que la Méduse parvienne à nouveau à prendre le contrôle de mon cerveau. D’ailleurs, il faudrait déjà qu’elle réussisse à me désarmer.

– Toujours aussi frimeur à ce que je vois, réplique Ulrich. Si je me souviens bien, c’est grâce à ça qu’elle t’a eu.


Jérémie s’interpose :

– Ça suffit ! De toute façon, la dernière fois qu’on a refusé d’envoyer William sur Lyoko, il s’est fait xanatifier dans l’usine, donc autant le virtualiser. Alors maintenant on arrête de perdre du temps et on va désactiver la tour avant que Xana ne soit restauré !


Le samouraï lance un regard noir à son grand rival.

– OK, on y va.





Ils se rendent donc dans la salle des scanners pendant que Jérémie s’installe au poste de commande.

– La tour activée est située dans le Territoire du Désert. Vous êtes prêts à plonger ?

– Quand tu veux Einstein ! répond Odd, enthousiaste malgré les circonstances.

– Transfert Odd. Transfert Ulrich. Transfert William. Scanner Odd. Scanner Ulrich. Scanner William. Virtualisation.


La Japonaise s’apprête pénétrer à son tour dans l’une des cabines lumineuses quand Aelita l’interpelle :

– Yumi...?

– Oui ?

– J’ai... Je voulais juste...

– Vous discuterez plus tard les filles, les interrompt Jérémie. Pour le moment, il faut absolument empêcher Xana de se restaurer alors dépêchez-vous d’entrer dans les scanners.

– On est en place, conclut la geisha.

– Transfert Aelita. Transfert Yumi. Scanner Aelita. Scanner Yumi. Virtualisation.





Les deux jeunes filles apparaissent sur Lyoko, et tout comme Odd et Ulrich juste avant elles, leurs regards se tournent aussitôt vers William : bien que le symbole de Xana soit absent de son visage et remplacé par des triangles imbriqués sur son torse et son épée, le grand ténébreux conserve sa tenue noire du temps où il était contrôlé par Xana.

– Jérémie ? demande Yumi. Tu veux bien nous confirmer que William est vraiment de notre côté cette fois-ci ?

– Ne vous laissez pas impressionner par son apparence, répond l’opérateur. D’ailleurs, c’est plutôt une bonne nouvelle : d’après l’ordinateur, William conserve à peu près les mêmes pouvoirs qu’auparavant, à ceci près qu’il n’est plus alimenté en énergie par Xana, donc il ne peut plus les utiliser en continu comme il le faisait lorsqu’il vous affrontait.

– Ah ! s’exclame Odd. Il me semblait bien que Xana lui donnait comme un léger avantage durant les combats !

– Et cet avantage énergétique aurait pu lui permettre de vous écraser plusieurs fois, précise Jérémie. C’est sans doute grâce à sa volonté personnelle que William s’est retenu malgré le contrôle que Xana exerçait sur lui.


Yumi se rappelle alors quelques rares fois où elle a cru pouvoir lui parler :

– C’est vrai William ? Durant tout ce temps, tu as lutté contre l’emprise de Xana ?


L’intéressé hausse les épaules :

– C’est possible, mes souvenirs de cette période sont assez vagues.

– Ah moi mes souvenirs sont très clairs, reprend Ulrich. Tu t’es acharné à essayer de nous anéantir, comme ton maître te l’avait demandé.


Son ancien adversaire est sur le point de perdre son sang froid, mais il serre les dents pour répondre avec un air faussement décontracté :

– Mais non, voyons, si j’avais vraiment voulu vous anéantir, vous seriez morts jusqu’au dernier...


Cette déclaration fait frémir ses coéquipiers, sauf Odd qui ne perd pas une occasion de fanfaronner :

– Ben moi je me rappelle t’avoir battu en un contre un donc fais pas trop le malin !

– Assez discuté, intervient Jérémie. Je vous envoie vos véhicules. Aelita, tu montes avec Yumi sur l’Overwing et William avec Odd sur l’Overboard.

– Pourquoi c’est moi qui dois transporter William ? Je suis pas d’accord, je veux voter ! Qui est pour ?


Ulrich et Yumi lèvent la main.

– Qui est contre ?


Odd lève la main.

– Deux contre un, conclut Ulrich. Problème réglé.

– Je demande à recompter !

– On n’a pas de temps à perdre ! le réprimande Jérémie. Bon, la tour se trouve au sud-ouest de votre position.

– C’est parti !





Lancés à pleine vitesse sur les polygones orangés du Territoire du Désert, nos héros retrouvent rapidement leurs sensations.

Ulrich demande quand même :

– Jérémie, tu penses que Xana est déjà en mesure de nous envoyer un comité d’accueil ?

– Tant que Xana n’a pas achevé son processus de restauration, il est très faible. Il n’a peut-être même pas détecté votre arrivée sur Lyoko. Mais restez sur vos gardes. Si on ne parvient pas à désactiver la tour, il retrouvera toute sa puissance et ça c’est hors de question. Odd, je te charge donc de protéger Aelita en priorité.

– Compris Einstein ! ...Mais pour que je la protège, ce serait mieux qu’elle monte avec moi sur l’Overboard et que William aille avec Yumi, vous croyez pas ?

– Odd, ça suffit.



Soudain, des monstres volants apparaissent dans leur sillage et commencent à leur tirer dessus. Jérémie les alerte aussitôt :

– Attention ! Trois Frelions derrière vous !


Tandis qu’Odd et Ulrich décrochent de leur trajectoire pour faire face à leurs agresseurs, Yumi se déporte légèrement sur le côté pour éviter le laser qui lui était destiné, mais l’Overwing encaisse alors le projectile qui visait l’un des autres véhicules et disparaît, entraînant la chute de ses deux passagères.

Pendant qu’Ulrich détruit l’un des Frelions, le félin fait plonger son Overboard pour cueillir Aelita qui tardait à déployer ses ailes et pour permettre à William de rattraper Yumi.

– C’est bon Odd, tu peux remonter ! s’impatiente William en voyant le sol se rapprocher de plus en plus.

– Euh, j’aimerais bien, répond le pilote avec un sourire gêné, mais quatre personnes ça fait trop lourd pour mon Overboard... je ne contrôle plus la trajectoire !


Les quatre passagers ont juste le temps de sauter avant que la planche violette ne s’écrase.


Odd se relève aussitôt :

– Bon, on essaye de monter à cinq sur l’Overbike ?

– Attention ! lui crie l’ange de Lyoko en le poussant pour lui éviter de recevoir un tir de l’une des Tarentules qui viennent d’apparaître autour d’eux.

– Ouf ! Merci Aelita ! Mais tu sais, normalement c’est moi qui suis censé te protéger !


Des Kankrelats et des Krabes apparaissent, et les quatres combattants ayant atterri en catastrophe engagent le combat au sol tandis qu’une Tarentule est détruite par l’Overbike qui s’écrase sur elle car Ulrich vient de s’éjecter de son véhicule pour se joindre à la mêlée après s’être débarrassé des deux derniers Frelions.

Yumi se protège avec ses éventails, mais les projectiles sont nombreux :

– Jérémie, c’est toi qui disais que Xana était très faible pour le moment ? ...Hé Jérémie tu m’entends ?

– Youhou, Einstein ? Flèche-laser ! Allô ?


Leur opérateur finit par répondre :

– Oui deux secondes, je regarde un truc important là...

– Donne-nous juste le classement alors ?

– Ulrich est en tête, suivi de près par William. Odd, tu es troisième.


L’informaticien bascule aussitôt vers la fenêtre du système de vidéo-surveillance de l’usine pour visionner les premières captures qui ont suivi le rallumage du supercalculateur :

« Je m’en doutais... », se dit-il avant de repasser sur l’écran radar.

– Attention ! prévient-il ses troupes virtuelles en voyant de nouvelles unités ennemies dans leur périmètre. Des Bloks arrivent droit sur vous ! Ainsi que deux Mégatanks !

– Et la tour, elle est encore loin ? s’impatiente Yumi qui redoute que les monstres de plus en plus nombreux empêchent son équipe d’atteindre l’objectif à temps.

– Mais enfin, elle est dans le ravin juste à l’ouest de votre position ! Vous avez déjà oublié cet endroit ?

– Je crois que je vois de quelle tour tu parles, mais il n’y a pas de ravin ici... affirme Ulrich qui continue d’abattre des monstre tout en jetant des coups d’œil aux alentours entre deux coups de sabre.

– On s’est peut-être trompés de chemin ? suggère Odd en bondissant sur le dos des Krabes pour prendre de la hauteur. Le problème du Désert, c’est que les plaines desséchées se ressemblent toutes !

– Non, c’est bien ici ! insiste Jérémie. À environs cinquante mètres à l’ouest ! Vous ne voyez pas un cratère ou même un lac sous lequel Xana aurait dissimulé le ravin ?

– Il n’y a que du terrain plat... répond Aelita déconcertée tandis que les monstres qui continuent d’apparaitre les encerclent.

– C’est ce qu’on va voir ! s’exclame William en donnant un grand coup de pied dans un Kankrelat qui valdingue à plusieurs dizaines de mètres dans la direction indiquée par Jérémie.


Mais au lieu de retomber sur le sol, la petite créature passe à travers...

– Un faux sol ! comprend Ulrich qui a vu le Kankrelat traverser le décor au terme de son vol plané.

– La tour brouille mon écran radar ! s’alarme Jérémie qui ne peut pas analyser l’édifice infecté par le virus de Lyoko. Xana cherche à gagner du temps !

– Ça veut dire qu’il est sur le point de parvenir à ses fins... devine le grand ténébreux.

– Il y a trop de monstres ! s’inquiète Yumi en comprenant que l’illusion générée par son ennemi a suffisamment retardé les adolescents pour que les créatures virtuelles les maintiennent hors de portée de leur objectif.


Aelita déploie alors ses ailes :

– Couvrez-moi ! clame-t-elle en prenant son envol pour franchir les Krabes et les Bloks qui faisaient barrage.

– Non Aelita ! Attends !! crie Jérémie. N’y va pas !!


Sans tenir compte de son avertissement, la jeune fille ailée fonce en esquivant les tirs des monstres que ses coéquipiers abattent avec acharnement, puis elle plonge à travers le faux sol pour enfin arriver dans le ravin au fond duquel se trouve la tour activée :

– J’y suis !! annonce-t-elle en descendant vers la base de la colonne blanche entourée d’une aura rouge.

– C’est un piège !! panique l’informaticien qui vient de stabiliser son radar. Remonte immédiatement !!


La Lyoko-guerrière aux cheveux roses n’a pas le temps de réagir : les deux Mégatanks que Jérémie avait détectés surgissent de derrière la tour et chargent simultanément leurs attaques énergétiques pour abattre la combattante isolée.

– Oh non... murmure Aelita en comprenant qu’elle s’est jetée dans la gueule du loup.


Les massives sphères blindées délivrent leurs rayons et pivotent pour tenter d’écraser leur proie entre les deux faisceaux croisés, mais celle-ci déploie un champ de force dans chaque main afin de parer les deux larges disques lumineux qui la pressent tandis qu’elle bat des ailes pour se hâter de reprendre de l’altitude.

– Aelita !! Sors-toi de là !!! lui hurle Jérémie.

– Tiens bon on arrive ! lui crie Ulrich en déclenchant son Supersprint pour fausser compagnie aux monstres et aller aller secourir son amie.


Celle-ci résiste en tâchant de battre des ailes, mais alors qu’elle est tout près d’échapper aux rayons des Mégatanks, l’adolescente en péril voit une émanation d’énergie ténébreuse se condenser au-dessus du sommet de la tour, formant un symbole de Xana...

– Jérémie !? Il y a...!! AAAAAAH !?!


Trop tard. Instantanément foudroyée par un terrible rayon rouge et noir que l’entité énergétique vient de délivrer pour transpercer l’avatar de l’elfe aux ailes roses, la gardienne de Lyoko vidée de ses Points de Vie se désintègre.

– Aelita !? AELITA !!? NOOOOOON !!!


Entendant son cri de désespoir, les autres comprennent qu’il est arrivé quelque chose :

– Jérémie !? Qu’est-ce qui s’est passé !?

– Les deux... les deux Mégatanks que j’avais vus sur l’écran radar... ils étaient cachés derrière la tour, ils attendaient Aelita...

– Quoi !?

– Tu veux dire qu’ils l’ont eue !?

– Elle a été dévirtualisée... confirme tristement l’informaticien désemparé. Plus rien n’empêche notre ennemi d’achever sa restauration...





Alors que les combattants déboussolés détruisent les derniers monstres en tentant de réaliser ce qui va se produire, le ciel de Lyoko s’obscurcit et le faux sol qui cachait la tour se dissipe, révélant l’édifice infecté dont s’échappe à présent un immense tourbillon d’énergie noire qui se condense en altitude en un sombre nuage avant de disparaitre au loin.

Les cieux virtuels retrouvent peu à peu leur éclat, mais les Lyoko-guerriers savent qu’ils ont perdu cette bataille.

Ulrich adresse un regard noir à William :

– T’es content ? Maintenant que Xana est restauré, tu vas pouvoir te venger. Bien joué.


Le grand ténébreux lève les yeux au ciel en signe de mépris, avant de rappeler à son interlocuteur :

– Si j’avais pas envoyé un Kankrelat à travers le faux sol, vous seriez encore en train de chercher la tour.

– ...Et Aelita serait toujours parmi nous.


William se retourne aussitôt vers Ulrich pour le menacer de sa lourde épée :

– T’es quand même pas en train d’insinuer que j’aurais fait en sorte que cette idiote se jette tête baissée dans le piège tendu par Xana ?


Le samouraï brandit ses sabres à son tour :

– Ah, ça y est ? T’es déjà à nouveau sous le contrôle de Xana ?

– Non, mais je vais quand même te faire taire !


William charge Ulrich qui l’esquive puis le charge à son tour, et les deux rivaux s’affrontent dans un combat aussi acharné qu’absurde.



De son côté, Odd, qui n’a plus vraiment envie de plaisanter, tombe à genoux puis frappe le sol avec ses poings.

– C’est ma faute ! Je devais protéger Aelita ! J’aurais dû la suivre dans le ravin...


Yumi pose sa main sur son épaule.

– C’est de notre faute à nous tous, tous autant que nous sommes. Nous avions pour mission de désactiver la tour, et nous sommes tous responsables de cet échec.


Ulrich bloque l’épée de son rival en croisant ses deux sabres.

– Vous rigolez !? On n’en serait pas là si William n’avait pas rallumé le...

– La ferme ! le coupe son adversaire en abattant une nouvelle fois sa lourde lame.



La voix hésitante d’Aelita se fait entendre depuis la salle des scanners :

– Arrêtez de vous disputer, c’est de ma faute...


Le samouraï s’obstine :

– Si William n’avait pas rallumé le supercalculateur, tout ça ne serait pas...

– Mais c’est MOI qui l’ai rallumé !! éclate leur coéquipière vaincue.


Une vague de stupéfaction transperce les Lyoko-guerriers.

– Hein ?

– Quoi ?


Odd relève la tête :

– Mais non, ça peut pas être Aelita ! ...Einstein, dis quelque chose !


Jérémie hésite, puis se résigne à leur expliquer :

– C’est bien Aelita qui a rallumé le supercalculateur. Quand j’ai consulté les fiches électroniques tout à l’heure, j’ai découvert que le supercalculateur avait été remis en marche il y a trois jours, et à part Aelita, nous sommes tous revenus de vacances seulement hier. Puis William est arrivé, et lui je ne savais pas s’il s’était absenté ou non pendant l’été. Alors pour déterminer qui l’avait rallumé, j’ai visionné les vidéos des caméras de surveillance qui avaient dû se remettre en marche en même temps que le supercalculateur. Et j’y ai vu Aelita.


Ulrich a cessé de se battre avec William :

– Aelita ? C’est la vérité ?

– Oui, et j’en suis désolée. Je ne pensais pas que Xana avait survécu et que je lui offrais sans le savoir une opportunité de se restaurer. Maintenant, il est de retour, et c’est entièrement à cause de moi.

– Mais pourquoi !? demande Yumi toujours sous le choc. Pourquoi as-tu rallumé le supercalculateur !? On était tous d’accord pour mettre fin à tout ça ! Qu’est-ce qui t’a pris de faire une chose pareille !?


Aelita prend une profonde inspiration.

– Parce que le jour de ma première virtualisation sur Lyoko, il y a des années, j’ai promis à mon père de ne jamais l’oublier, de ne jamais l’abandonner, et je sais qu’il est toujours en vie quelque part sur Lyoko, j’en suis sûre !


L’opérateur dévirtualise les Lyoko-guerriers pendant que la jeune fille aux cheveux roses poursuit :

– Nous avons tous une raison pour nous battre. Le devoir, le fun, l’héroïsme ou la vengeance. Moi, je me bats pour retrouver mon père, et je ne peux pas renoncer tant qu’il me reste un espoir d’y parvenir...


Elle essuie ses yeux perlés de larmes puis voit Yumi, Odd, Ulrich et William autour d’elle.

– Je suis désolée... J’ai été égoïste... et je vous ai trahis...


Jérémie les rejoint.

– Non Aelita. C’est nous qui avons été égoïstes le jour où nous avons éteint le supercalculateur par peur que Xana ne revienne, au lieu de continuer à chercher Franz Hopper. Notre mission n’était pas terminée, et il est temps de la reprendre là où nous l’avions laissée.


Et au grand étonnement de son amoureuse, leurs coéquipiers hochent la tête en signe d’approbation : effrayés par l’éventualité du retour de leur ennemi, ils n’avaient pas pensé un seul instant que le père d’Aelita était peut-être encore en vie lui aussi, et qu’il était donc légitime pour elle de vouloir le retrouver à tout prix.

Jérémie tend sa main :

– Êtes-vous prêts à reprendre les armes jusqu’à ce qu’on retrouve Franz Hopper et qu’on anéantisse Xana définitivement ?


Aelita tend sa main :

– Merci Jérémie, merci...


Ulrich tend sa main :

– Jusqu’au bout de la mission.


Odd retrouve le sourire et tend sa main :

– Et c’est reparti !


Yumi tend sa main :

– On ne change pas une équipe qui gagne.


Ils se tournent vers William, et Ulrich lui sourit :

– William, acceptes-tu d’être des nôtres ?


Celui-ci sourit à son tour en tendant sa main :

– Vous ne pouvez plus vous passer de moi !





* * *





En sortant de l’usine, Yumi demande à Ulrich si elle peut lui parler en privé.

– Bon tu viens ? s’impatiente Odd.

– Euh, non, répond son colocataire. Je vais raccompagner Yumi. Ne m’attendez pas.

– Comme tu veux, conclut le félin en refermant la trappe qui mène aux égouts.


Ulrich et Yumi commencent donc à marcher.

– Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

– Je voulais te demander pourquoi tu avais changé d’avis sur William après tout ce qu’il nous a fait. Tu es sûr que ça ne t’ennuie pas qu’il rejoigne l’équipe ?

– Si j’étais aussi énervé contre lui au début, explique le samouraï, c’est parce que j’étais persuadé qu’il avait rallumé le supercalculateur pour se venger de Xana, mais j’avais tort. Il m’a donc semblé normal de lui proposer de nous rejoindre à nouveau. De plus, c’est un très bon combattant, et il est déterminé à vaincre Xana au moins autant que nous le sommes.


Ulrich marque une pause puis demande :

– Et toi, ça ne t’ennuie pas ?


La Japonaise hausse les épaules :

– Je pense qu’il a droit à une seconde chance.


Son ami approuve d’un hochement de la tête, avant de changer de sujet :

– En fait, c’est plutôt pour Aelita que je m’inquiète... Pas parce qu’elle a rallumé le supercalculateur, car après tout, personne ne pouvait se douter que Xana avait survécu, mais... si elle a fait ça dans l’espoir de retrouver son père, elle risque d’être très déçue si on découvre qu’il est vraiment mort...

– Je partage cette crainte, mais d’un autre côté, ce ne serait pas la première fois qu’Aelita aurait une intuition qui se vérifierait dans le monde virtuel... Alors si Franz Hopper est bien vivant comme elle le pressent, il faut au moins qu’on essaye de le retrouver...





La journée se termine. Les deux adolescents ne sont plus qu’à quelques maisons du domicile des Ishiyama quand, en traversant une avenue, le soleil couchant vient les éblouir. Ils s’arrêtent un instant au milieu de la route. Le vent fait onduler les cheveux de Yumi, quand tout à coup, une voiture arrive derrière eux à vive allure. Ulrich saisit alors sa coéquipière par la main et saute vers le trottoir le plus proche. Entraînée par son élan, la Japonaise se retrouve corps à corps avec le jeune garçon plaqué dos au mur. Quelques secondes s’écoulent, ils restent immobiles l’un contre l’autre, à se fixer, puis Ulrich se décide enfin :

– Yumi, écoute, je... J’ai beaucoup réfléchi cet été, à propos de nous deux, et...


Mais avant qu’il puisse terminer sa phrase, la geisha couvre la bouche de son camarade avec sa main :

– Moi aussi j’ai beaucoup réfléchi cet été, mais Xana est de retour, alors ce n’est pas le moment de se laisser aller. La mission doit passer avant tout le reste, les sentiments vont devoir attendre.


Le samouraï écarquille les yeux et saisit la Japonaise par le poignet pour reprendre la parole :

– Alors c’était pour ça, « copains et puis c’est tout » ?


Yumi libère son bras d’un geste vif, mais Ulrich la prend par les épaules et la plaque à son tour dos au mur avant de poursuivre :

– Tu avais peur de gêner la mission si on se mettait en couple, alors tu as voulu me faire croire qu’il n’y avait rien entre nous tant qu’on n’avait pas vaincu Xana ?

– Bravo, tu as enfin compris, admet la Japonaise toujours maintenue contre la paroi du bâtiment derrière elle. Et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? On se reproche nos erreurs ? On ne s’adresse plus la parole ? Ou alors on fait ce que j’ai dit : on ne laisse pas ce qu’il y a entre nous se mettre en travers de notre mission parce que c’est notre responsabilité, point final.

– Non, j’ai une bien meilleure idée... déclare le jeune homme en lâchant les épaules de son interlocutrice pour la surprendre en posant ses mains sur ses joues.

– ...Hé !? Qu’est-ce que tu f...!?


La dernière question de Yumi restera inachevée, interrompue par le long baiser que lui vole Ulrich.

Le samouraï finit par reculer avec un grand sourire de satisfaction :

– Alors ? T’as toujours envie d’attendre que Xana soit vaincu pour te « laisser aller » ?


Yumi reste muette en fixant Ulrich avec une expression de colère, vexée qu’il ait osé l’embrasser alors qu’elle vient de lui révéler pourquoi elle ne veut pas sortir avec lui pour le moment, mais le rouge qui colore les joues de la belle Japonaise trahit ses vrais sentiments : elle a adoré ce baiser inattendu.

– Si ça peut te rassurer, reprend son camarade, je me sens parfaitement capable de gérer notre histoire d’amour sans entraver la lutte contre Xana. Mais si tu préfères encore attendre, je respecterai ton choix. À toi de décider.


La geisha est furieuse, mais le samouraï a vu juste : cela fait trop longtemps qu’ils attendent, et Yumi elle-même ne peut plus contenir ses propres sentiments amoureux :

– ...T’as interêt à être à la hauteur, parce que si on échoue à nouveau dans notre mission, je ne te raterai pas ! le menace-t-elle avant de se jeter dans ses bras pour l’embrasser en retour, prête à croire que les problèmes autour d’eux cesseraient d’exister, au moins le temps que durerait ce baiser.



– ET YES ! s’exclame Odd sur le trottoir d’en face en tapant sa main dans celle de William qui lui répond en riant :

– Tu vois ! Je te l’avais bien dit que ce serait pour ce soir !


Ulrich et Yumi les dévisagent, surpris.

– Mais qu’est-ce que vous fichez ici, vous deux !? demande Yumi.

– Ben en fait, répond le félin avec un grand sourire, quand j’ai dit à William qu’Ulrich te raccompagnait, il m’a assuré que vous en profiteriez pour enfin vous avouer vos sentiments, alors pour ne pas rater ça on a décidé de vous suivre !

– C’était son idée ! précise son complice hilare.

– Odd, t’es encore pire que mon petit frère, conclut Yumi en le fusillant du regard.


Ulrich, qui a du mal à cacher son sourire, change de sujet :

– Parlons un peu sérieusement. William, je voulais m’excuser de t’avoir accusé pour le supercalculateur. Mais pourquoi ne nous as-tu pas dit clairement dès le début que tu n’y étais pour rien ?

– Ben pour tout vous dire, répond le grand ténébreux un peu mal à l’aise, après tout le temps que j’ai passé sous le contrôle de Xana, je crois que j’ai développé un lien indescriptible avec lui. C’est ce lien qui m’a permis de savoir que notre ennemi n’avait pas été totalement anéanti et de m’entraîner ensuite. Il y a trois jours, j’ai ressenti une activité intense, ce qui m’a amené à penser que le supercalculateur avait été rallumé. Mais en y réfléchissant, je ne pouvais pas être sûr que ce n’était pas moi qui l’avais fait, car cet été, il m’est arrivé de me réveiller sans savoir où j’étais...


Ces révélations sont relativement inquiétantes, mais le samouraï rassure son coéquipier :

– Ne t’en fais pas. Quand on en aura fini avec Xana, tu retrouveras une existence tranquille.


Yumi reste sceptique :

– Tu devrais quand même demander à Jérémie de te passer au scanner pour t’assurer que ta santé n’est pas directement menacée...


Odd lève les yeux vers le ciel.

– Dire qu’Einstein et Aelita ont manqué votre premier baiser...





* * *





Même si Jérémie était au courant du grand pas en avant qu’Ulrich et Yumi ont fait ensemble, cela le laisserait relativement indifférent, car le jeune informaticien a d’autres préoccupations en tête étant donné que leur ennemi est de retour. Assis devant le volumineux ordinateur qui occupe une bonne partie du bureau de sa chambre à Kadic, le cerveau des Lyoko-guerriers redéploie les procédures reliant sa machine personnelle à celle de l’usine en prévision des missions à venir.

La perspective de passer d’autres nuits blanches à affronter de nouveaux dangers ne l’inquiète cependant pas autant que le risque que Xana ne soit pas la seule chose à ressurgir inopinément : en mettant fin précipitamment à leurs aventures après la disparition du virus de Lyoko et de son créateur, le jeune garçon à lunettes espérait que certains secrets pourraient rester enfouis pour toujours...

– ...Je peux entrer ? demande soudain la voix d’Aelita qui a discrètement entrouvert la porte de la chambre, tirant Jérémie de ses pensées.

– Bien sûr, répond-il sans hésitation.


L’adolescente referme la porte derrière elle puis vient s’asseoir à côté de lui :

– Tu sais, je suis vraiment désolée que Xana soit de retour par ma faute, et tu n’es pas obligé de faire semblant de ne pas m’en vouloir...


Son camarade lui sourit :

– Comment pourrais-je t’en vouloir, alors que de nous deux, c’est moi le plus responsable ?


La jeune fille incrédule dévisage son interlocuteur :

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Tu te souviens du jour où on a éteint le supercalculateur ? Au début, à part Yumi, nous ne pouvions pas nous y résoudre, pour diverses raisons. Moi, j’avais prétendu que je craignais de perdre mes amis car je n’en avais aucun avant que Lyoko nous unisse, mais en réalité, j’essayais de gagner du temps. Et quand finalement je vous ai redemandé qui était pour l’extinction du supercalculateur, vous avez tous levé la main, alors je me suis contenté de sourire et d’éteindre Lyoko, mais je n’ai pas levé la main. En fait, je savais qu’il y avait malgré tout un risque que Xana n’ait pas été complètement anéanti, et surtout, qu’il y avait peut-être une chance infime que ton père soit encore vivant...


Aelita est abasourdie :

– Attends, comment tu pouvais croire à ce moment-là que Xana ou mon père n’avaient pas été détruits ? J’ai vu mon père mourir, et Xana a été exterminé avec tous ses Réplikas !

– Je sais, mais entre-temps, j’ai découvert l’existence d’un « sanctuaire » où ils auraient pu se réfugier. Pour vaincre Xana, j’avais créé un programme multi-agent chargé d’en détruire toute trace, et Franz Hopper m’avait envoyé des données pour le compléter, or ses données contenaient aussi une contrainte supplémentaire sur le système multi-agents que j’avais codé. Plus tard, j’ai déchiffré ces données, et j’ai découvert que la contrainte ajoutée par Franz empêchait mon programme d’agir dans le cœur du supercalculateur. D’après toi, pourquoi ton père voulait-il à tout prix éviter que mon programme n’atteigne le supercalculateur ?


De plus en plus perplexe, Aelita réfléchit brièvement et la réponse lui apparaît :

– Pour se rematérialiser !

– Exactement, poursuit Jérémie. Le supercalculateur est le seul moyen pour Franz de revenir un jour parmi nous, il devait donc s’assurer que notre arme ne risquerait pas de l’endommager.


Les yeux d’Aelita s’illuminent :

– Alors j’avais raison ! Mon père est en vie !

– Ça, je ne peux pas te l’affirmer avec certitude pour le moment. Par contre, Xana s’est montré très intelligent : lorsque j’ai lancé mon système multi-agents, notre adversaire savait que Franz aurait tenté quelque chose pour protéger le supercalculateur, et il en a déduit que c’était le seul endroit où il ne serait pas menacé par mon programme. Il s’y est donc réfugié, très affaibli mais toujours en vie. Quand j’ai décrypté les données de ton père, j’ai rapidement compris que Xana avait peut-être profité de cette faille pour survivre. Mais malgré cela, je ne vous ai rien dit, je me suis contenté d’éteindre le supercalculateur comme prévu, alors que je savais que nous étions toujours en danger de voir ressurgir notre ennemi si jamais il avait effectivement saisi sa chance d’échapper à la destruction totale. Toi par contre, lorsque tu as rallumé le supercalculateur, tu ignorais que Xana avait survécu, donc tu es moins responsable que moi de ce qui est arrivé.


Les aveux de Jérémie ne trompent pas Aelita pour autant : la jeune fille sait que si elle n’avait pas rallumé la machine qu’ils avaient décidé d’éteindre pour de bon, le virus de Lyoko n’aurait pas pu retrouver ses forces.

Mais elle devine que si son brillant camarade lui fait part du fait qu’il connaissait l’existence d’une possibilité pour Xana d’avoir survécu, c’est avant tout dans l’intention de soulager la culpabilité qu’éprouve sa bien-aimée :

– Merci Jérémie... murmure-t-elle en le prenant dans ses bras.


Commençant à rougir, le jeune garçon redresse ses lunettes et s’empresse d’ajouter :

– Pour ton père, je pense qu’on va devoir fouiller du côté du Cinquième Territoire.


Aelita est un peu déçue que son amoureux ne saisisse toujours pas les occasions qu’ils ont de se rapprocher, mais elle ne se démonte pas et demande en souriant :

– Tu veux que je t’aide à préparer la mission ?


Ravi à l’idée de passer à nouveau du temps avec elle, côte à côte dans cette chambre où leur complicité s’est longuement développée, Jérémie lui rend son sourire :

– Comme au bon vieux temps.








Scène coupée : Le pacte du baiser
 


Dernière édition par Nelbsia le Ven 02 Déc 2022 15:32; édité 5 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:39   Sujet du message: Répondre en citant  
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(Suite du chapitre #97)


Scène coupée : Le pacte du baiser



Après avoir mis à jour leurs ordinateurs portables pour être prêts à gérer les prochaines attaques de Xana, Jérémie et Aelita se disent bonne nuit. La jeune fille aux cheveux roses remarque une certaine hésitation chez le génie, comme s’il y avait quelque chose qu’il n’osait pas lui demander. Elle penche la tête en souriant pour le mettre en confiance, et il se décide à l’interroger :

– Dis... Maintenant que Xana est de retour, est-ce que tu comptes te remettre à sortir avec Odd en secret ?

– Non, répond-elle en toute sincérité. Je suis très bien avec toi.

– Pourtant ça ne t’a pas empêchée de le faire par le passé... Tu sais que je respecterai ton choix quoi qu’il arrive, mais j’ai besoin de savoir...

– Je n’arrivais pas à avancer avec toi, explique-t-elle calmement pour le rassurer, et j’avais peur que Xana me fasse disparaître avant d’avoir connu l’amour, alors j’ai flirté avec Odd parce que tout était plus simple avec lui. Mais même si aujourd’hui Xana est de retour, et même si j’ai vraiment aimé les moments passés avec Odd, je ne compte pas recommencer une aventure avec lui, ni avec personne d’autre d’ailleurs. Je suis bien avec toi, et j’ai envie qu’on continue d’avancer ensemble, rien que tous les deux...

– Aelita...


Elle l’embrasse longuement, puis elle saisit délicatement ses mains pour les faire descendre tout doucement le long de son corps, mais Jérémie la retient :

– Je... je ne suis pas sûr d’être prêt tout compte fait... balbutie-t-il car l’accélération de son rythme cardiaque lui donne le tournis.

– On peut y aller progressivement si tu préfères ? Une étape après une autre...

– Je crois... qu’on ferait mieux de s’arrêter là pour le moment... Si quelqu’un nous surprenait on risquerait d’avoir des ennuis...

– Qui pourrait nous surprendre, dans ta chambre et en pleine nuit ?

– Eh bien... Jim, par exemple...

– Effectivement... conclut la jeune fille en souriant car la timidité qui paralyse son amoureux à son contact le rend irrésistible à ses yeux. On y reviendra plus tard, mais n’attendons pas trop longtemps : ce serait dommage que Xana nous sépare avant d’avoir pu essayer...

– Je ne laisserai jamais Xana nous séparer...


Soudain, quelqu’un frappe discrètement à la porte, faisant sursauter les deux amoureux.


– Tu crois que c’est Jim ? murmure Aelita inquiète.

– Si c’est lui, on va passer un mauvais quart d’heure, répond Jérémie.


Ils entendent alors Odd chuchoter à travers la porte :

– Einstein ? Tu dors ?


Les deux occupants de la chambre s’empressent de faire entrer leur camarade puis referment la porte.

– Vous étiez en train de faire quoi ? interroge Odd surpris par la présence d’Aelita.

– On préparait la prochaine mission, répond celle-ci avec un petit sourire malicieux.

– Dis-nous plutôt pourquoi tu voulais me réveiller en pleine nuit, reprend Jérémie.

– Eh bien en fait, j’ai une longue histoire à te raconter... confesse le félin. Au début de l’été, j’ai fait une grosse bêtise...

– Je suis au courant, le rassure l’informaticien. Une nuit, tu es retourné à l’usine pour rallumer le supercalculateur. Je l’ai su plus tard grâce à la même caméra qui a surpris Aelita.

– Alors tu savais ? s’étonne Odd car son ami ne l’a pas réprimandé.

– Bien sûr, d’ailleurs je me doutais que tu ne résisterais pas à l’envie d’y retourner au moins une fois, et j’espère que tu as apprécié le piège que je t’ai laissé. Mais étant donné que tu n’es resté sur Lyoko que quelques minutes, avant de ré-éteindre le supercalculateur, j’ai supposé que tu voulais simplement te faire une petite escapade-souvenir, et je ne t’en ai pas tenu rigueur. Si je t’avais vu y aller régulièrement, là je t’aurais remonté les bretelles, mais comme tu ne t’es offert ce petit « plaisir » qu’une seule fois, je n’ai rien dit.


En observant l’expression gênée de félin, Aelita comprend qu’il a bien plus à se reprocher qu’une simple « escapade-souvenir » :

– Odd, que s’est-il passé exactement pendant ces quelques minutes sur Lyoko ?


L’aventurier penaud s’assoit sur le lit de Jérémie, puis il raconte sa rencontre avec l’entité virtuelle nommée Xilune. Les programmes jumeaux conçus par Franz Hopper, l’indépendance de Xana, l’interface verrouillée, la prison secrète de Xilune dans le Cinquième Territoire, son pouvoir de Sauvegarde du monde et de rectification de la réalité, l’erreur finale qui a conduit à la « résurrection » de Xana.

Le récit d’Odd laisse ses deux auditeurs sans voix devant l’ampleur des révélations.



Aelita s’efforce de se rappeler les lointains souvenirs de sa première virtualisation sur Lyoko, des années avant que le supercalculateur soit découvert par ses amis :

– Je... Je crois que Xilune était là...

– Hein ? Quand ça ? demande Odd sans remarquer le regard sombre que lui adresse Jérémie.

– Le jour où mon père m’a emmenée sur Lyoko pour qu’on soit à l’abri des hommes en noir... Des monstres m’ont attaquée, mais mon père ne pouvait pas me protéger car il n’était pas virtualisé sous forme humaine, alors il m’a guidée vers une tour pour que je m’y réfugie... Mais les monstres étaient trop nombreux, j’avais si peur... C’est à ce moment qu’une étrange fumée blanche est arrivée...

– Oui ! C’était sûrement Xilune ! approuve le félin qui a reconnu l’entité décrite par Aelita.

– Et... Et après... Mon père m’a ordonné d’entrer dans la tour et de ne plus en sortir... Il semblait terrorisé... Un immense nuage noir grandissait au loin... À côté de mon père et moi, au pied de la tour, la fumée blanche s’est subitement condensée pour former une silhouette humaine... Un silhouette semblable à la mienne... Puis elle s’est mise à courir, et moi je me suis réfugiée dans la tour...

– Xilune a reproduit ton apparence pour faire diversion ! conclut Odd. C’est probablement comme ça qu’elle a trompé Xana pour qu’il ne sache pas où tu te cachais !

– Peut-être... Je ne sais pas... Je n’ai pas pu voir ce qui s’est passé ensuite... Et tout ça remonte à si longtemps...



Après un long moment de réflexion, Jérémie sort enfin de son silence pour réagir aux révélations d’Odd :

– Comment as-tu pu garder tout ça pour toi sans nous en parler !?

– Bah euh... balbutie l’intéressé qui pensait avoir échappé aux remontrances de son camarade. En fait, Xilune m’avait dit que Xana était encore assez faible donc il me suffisait d’éteindre le supercalculateur et de ne jamais le rallumer... C’est ce que j’ai fait, et rien d’anormal ne s’est produit ensuite, alors j’ai rien dit du tout... Et si ça se trouve, Xana dormirait encore si Aelita n’avait pas rallumé le supercalculateur récemment ou si on l’avait simplement ré-éteint avant que Xana ne soit restauré...

– Tu oses accuser Aelita alors que si tu n’avais pas ressuscité Xana on n’en serait pas là !?

– Non non, je cherche pas à accuser Aelita, je dis juste que je croyais que j’avais réglé le problème en éteignant le supercalculateur comme Xilune me l’avait dit... je pouvais pas deviner qu’Aelita finirait par le rallumer, tout comme Aelita ne pouvait pas deviner qu’après mon passage sur Lyoko il ne fallait surtout pas le rallumer...

– Ça ne change rien ! Vu ce que tu as fait sur Lyoko cette nuit-là, tu aurais dû nous en parler !


Aelita tente de calmer Jérémie :

– Ne sois pas si dur avec lui, il a été dépassé par les pouvoirs de Xilune, il ne voulait pas vraiment ce qui est arrivé...

– Tu n’as pas compris son histoire ? Si Xilune a « malencontreusement » ressuscité Xana, c’est en grande partie parce qu’Odd le DÉSIRAIT ! C’était sa volonté !


Ne pouvant nier cette accusation, le félin incline la tête honteusement, mais la jeune fille aux cheveux roses ne veut pas laisser la rancune s’installer dans le cœur de son amoureux :

– Jérémie, tu oublies un détail : Xana s’en est sorti parce que, pour servir les désirs cachés d’Odd, Xilune a involontairement fourni à notre ennemi un moyen de survivre, mais toi, tu connaissais ce moyen, et tu ne nous en as pas parlé non plus.

– Ça n’a rien à voir ! réplique l’informaticien. Le fait que je sois au courant de l’existence d’une porte de sortie pour Xana n’a pas favorisé sa résurrection, contrairement à toutes les décisions prises par Odd ! Et d’ailleurs, d’après ce que Xilune a dit à Odd, en premier lieu Xana n’avait pas survécu : il avait bien été entièrement détruit par mon programme !

– C’est vrai, concède Aelita. Mais ça, même toi tu n’en étais pas sûr, tu me l’as avoué toi-même. Tu ne pouvais pas déterminer si Xana avait effectivement été anéanti ou s’il avait fini par trouver le moyen de survivre mis en place par mon père. De plus, il se peut que les « désirs » d’Odd qui ont conduit Xilune à ressusciter Xana par mégarde aient également permis à mon père de revivre à son tour...


Jérémie est troublé par cette affirmation, tandis qu’Odd semble désolé car il craint que ce ne soit pas le cas :

– Heu... Xilune m’avait dit qu’elle ne pouvait pas tout faire non plus... et que les vies humaines étaient beaucoup plus difficiles à « altérer » que les programmes informatiques... Donc même si elle a pu ramener Xana à la vie, pas sûr qu’elle ait pu en faire autant avec ton père...

– As-tu seulement pensé à lui à ce moment-là ? demande l’opérateur avec mépris.

– Ben, plus ou moins ! insiste Odd. Je ne croyais pas pouvoir changer quoi que ce soit à ce qui lui était arrivé car Xilune m’avait dit que sa dernière Sauvegarde du monde était trop récente, sauf qu’elle avait été bernée par Xana, ce qui avait conduit à la résurrection de notre ennemi... Mais du coup, peut-être qu’elle a aussi « malencontreusement » ramené Franz Hopper à la vie ?


Le cerveau des Lyoko-guerriers s’apprête à rétorquer que l’égoïsme d’Odd a très bien pu occulter le sort tragique du créateur de Lyoko car le félin ne se préoccupait que de ses désirs personnels, mais Aelita est persuadée qu’Odd a pensé à lui, même inconsciemment :

– Jérémie, je t’ai bien dit que si j’ai rallumé le supercalculateur, c’est parce que j’éprouve une indescriptible sensation qui me pousse à croire que mon père est toujours en vie quelque part sur Lyoko... Or, quand nous avions éteint le supercalculateur, je n’avais pas cette sensation. Quelque chose a donc changé entre-temps. Et je suis prête à parier que ce qui s’est passé entre Odd et Xilune en est la cause.

– Peut-être que c’est seulement le retour de Xana qui t’a donné cette fausse impression, la met en garde son amoureux.

– Ça, on ne le saura qu’en cherchant mon père...


Ne voulant pas s’opposer à ses espoirs, le jeune garçon à lunettes laisse le dernier mot à sa bien-aimée qui tient à mettre tout le monde au même niveau :

– Bref, il est inutile qu’on se dispute pour savoir qui a la plus grande responsabilité dans la réapparition de Xana : toi Jérémie, tu savais que notre ennemi avait peut-être survécu ainsi que mon père mais tu as préféré ne rien dire ; Xana avait bien été détruit, mais à cause de l’escapade nocturne d’Odd, le cours du temps a été modifié de sorte que notre adversaire disparu trouve finalement une échappatoire ; Odd avait ré-éteint le supercalculateur pendant que Xana était encore faible, mais moi, voulant retrouver mon père, j’ai rallumé le supercalculateur sans vous prévenir, ce qui a conduit à la restauration de Xana. Vous voyez, nous avons chacun joué un rôle plus ou moins important dans la résurrection de notre ennemi, et nous sommes donc tous les trois coupables d’avoir permis son retour.


D’un hochement de la tête, Jérémie valide la conclusion d’Aelita, tandis qu’Odd semble toujours embarrassé :

– La question est : comment on va annoncer ça aux autres ?

– Est-ce vraiment utile de leur en parler ? rétorque la jeune fille aux cheveux roses.

– Ce serait préférable oui, répond Jérémie. Si chacun de nous trois avait partagé son secret plus tôt, on n’en serait pas là aujourd’hui.

– Je sais bien, confirme Aelita, mais dans le cas présent, je crois que révéler aux autres votre implication dans le retour de Xana ne ferait que multiplier les reproches.

– Comment ça ?

– Yumi et Ulrich ont compris que j’ai rallumé le supercalculateur parce que je voulais retrouver mon père, c’est pour ça qu’ils m’ont pardonnée assez facilement. Mais pour vous deux, je doute qu’ils excusent aussi rapidement les raisons de vos erreurs : la nostalgie et la peur, pour ne pas dire carrément l’irresponsabilité et la lâcheté.

– Ulrich va me tuer, se désespère Odd. Et Yumi me regardera avec ses yeux méchants, comme quand je lui fais une blague qu’elle n’apprécie pas...

– Ils n’ont certes pas toujours un caractère facile, concède Jérémie, mais je pense qu’ils finiront par nous pardonner aussi.

– Évidemment, reprend Aelita. On n’est pas amis pour rien, et ils savent qu’on serait prêts nous aussi à leur pardonner s’ils venaient à commettre de telles erreurs. Cela dit, en leur dévoilant votre part de responsabilité, on devrait supporter un climat tendu pendant un certain temps, et ce n’est pas franchement ce dont nous avons besoin en ce moment. Maintenant que Xana est revenu, il faut qu’on reste aussi soudés que possible. C’est pourquoi, à moins que les circonstances exigent un partage des informations, je pense qu’on ferait mieux de garder ce secret pour nous.

– Certains ont cependant du mal à garder les secrets, affirme sévèrement Jérémie.

– Qu’est-ce que tu racontes !? réplique Odd vexé car il se sent visé à juste titre. Je sais parfaitement garder les secrets !

– Une belle Islandaise te ferait changer d’avis, rétorque ironiquement son camarade car le félin avait en effet montré le laboratoire de l’usine à la splendide correspondante de Sissi pour la séduire.

– N’importe quoi !

– Si vous voulez, propose Aelita qui vient d’avoir une idée, on peut passer un pacte pour s’assurer que notre secret sera bien gardé...

– Un pacte de sang ? questionne Odd avec entrain. La classe ! Quelqu’un a un couteau !?

– Je pensais plutôt au pacte du baiser, précise la jeune fille en souriant malicieusement.

– Ça consiste en quoi ? se méfie Jérémie.

– Les participants doivent s’embrasser pour jurer solennellement de protéger le secret...

– Mais c’est n’importe quoi... commente l’informaticien.

– Il faut qu’on t’embrasse pour sceller le pacte ? s’étonne Odd perplexe face aux explications d’Aelita.


La jeune fille aux cheveux roses hoche la tête.

– Moi ça me va ! approuve le félin en rebondissant sur le lit.

– Non mais c’est ridicule, rétorque Jérémie. Qu’est-ce que le fait de s’embrasser a à voir avec le secret ?

– C’est symbolique, répond Aelita. Et puis si par malheur le secret est éventé, tout le monde saura qui a embrassé qui, donc mieux vaut que le secret reste secret...

– Je ne vois toujours pas l’intérêt, persiste son amoureux.

– C’est ça ou le pacte de sang, menace la jeune fille en prenant l’informaticien par les mains car elle sait qu’il n’osera pas s’entailler la peau avec une lame.

– Bon, bon, très bien...


Aelita s’approche du visage de Jérémie en rougissant, celui-ci rougit à son tour et joint ses lèvres à celles de sa princesse.



– Waow ! Ça c’était au moins un baiser à 300 de Q.I. ! plaisante Odd tandis qu’Aelita s’approche désormais de lui avant de l’embrasser tendrement.

– Voila qui fait baisser la moyenne, commente Jérémie qui n’aime décidément pas voir sa compagne embrasser quelqu’un d’autre.


La jeune fille se détache du félin avant de reprendre avec enthousiasme :

– À vous maintenant ! annonce-t-elle à ses deux amis.

– Quoi !?

– Ah non !!

– Si si si ! poursuit Aelita. Vous devez vous embrasser aussi pour sceller le pacte !

– Pas question que j’embrasse Einstein ! s’exclame Odd.

– T’approche même pas de moi ! renchérit Jérémie.


Aelita prend le félin par la main :

– Odd, souviens-toi, quand on se racontait nos secrets et que je t’avais demandé ce que tu pensais personnellement de Jérémie, qu’est-ce que tu m’avais répondu déjà ?

– Je sais pas de quoi tu parles ! prétend le chat violet en secouant la tête.

– Ah oui je me rappelle : tu m’avais dit que tu trouvais Jérémie « plutôt mignon sans ses lunettes »...

– T’étais pas obligée de le répéter ! s’énerve Odd. Et j’avais dit ça juste comme ça, sans vraiment le penser !

– Ah tu me rassures... ajoute Jérémie néanmoins inquiet.

– Pourtant, insiste Aelita en prenant aussi la main du génie, moi je crois qu’Odd était tout à fait sincère. Quant à toi Jérémie, lorsque je t’ai interrogé sur Odd, quelle fut ta réponse ?

– C’est sans importance, déclare le lycéen à lunettes.

– Alors dis-le-nous, n’hésite pas ! le pousse son amoureuse.


Jérémie lève les yeux au ciel :

– Je t’avais répondu que je ne comprenais pas pourquoi Odd avait autant de succès auprès des filles puisque lui-même ressemblait à une fille. Voila.

– Ah ben merci c’est sympa ! répond Odd en faisant semblant de se vexer.

– C’était dit en toute neutralité, assure son camarade.


Aelita rapproche leurs mains :

– Le point important, les garçons, c’est que vous allez devoir sceller le pacte, alors mettez vos différends de côté, avalez votre fierté, faites-vous une raison et embrassez-vous !

– Bon d’accord ! lance Odd avec conviction. Mais ça reste entre nous !

– C’est justement le principe d’un pacte secret, confirme Aelita.

– Non non ! Pas d’accord ! Pas d’accord ! s’oppose Jérémie en retirant sa main. Je veux pas embrasser Odd ! Arrêtez de délirer !

– Allez Jérémie, juste une seconde, pour me faire plaisir ! insiste Aelita avec ses grands yeux verts.


Odd se tourne vers elle en réalisant subitement ses intentions :

– Ah c’est pour ça en fait, tu rêvais de nous voir nous embrasser !

– C’est même pas la peine d’y penser ! maintient Jérémie. D’ailleurs je vais me coucher, aussi je vous prierai de bien vouloir évacuer ma chambre !


Sans qu’il s’y attende, Aelita l’embrasse une nouvelle fois, créant ce léger effet de paralysie et d’extase qu’on connaît à ses baisers-surprises, puis elle l’assoit sur sa chaise de bureau.

– Il faut pourtant bien qu’on réussisse à sceller ce pacte ! s’entête la jeune fille en s’efforçant de maintenir les mains de Jérémie dans son dos, derrière le dossier de sa chaise.


Celui-ci reprend soudain ses esprits en réalisant trop tard qu’Odd lui retire ses lunettes avant de s’asseoir sur ses genoux...

Jérémie entend seulement la voix d’Aelita qui murmure à son oreille pour le rassurer :

– Ça ne prendra qu’une seconde...


Ses mains étant retenues dans son dos, le génie comprend qu’il ne peut se débattre et il bloque donc sa respiration en fermant précipitamment les yeux au moment où Odd saisit ses joues pour l’embrasser...

Un nombre de secondes indéterminé s’écoule, puis le félin relâche sa proie tandis qu’Aelita libère enfin son amoureux :

– Eh ben voila ! reprend-elle satisfaite de son coup. C’était pas si compliqué !

– Je n’ai absolument rien ressenti, déclare Jérémie en s’essuyant vigoureusement la bouche.

– Tu veux qu’on recommence ? lui demande Odd pour plaisanter. En plus t’es un menteur : t’es rouge comme une tomate !

– D’après ce que j’ai vu, précise Aelita qui n’a rien manqué de cette scène, vous avez rougi tous les deux, d’ailleurs c’était trop mignon...

– Oui, bon, concède Jérémie, disons que cette expérience confirme mon opinion sur l’androgynie d’Odd. Maintenant vous voulez bien vous en aller pour que j’essaie d’oublier ce qui vient de se passer ?

– Comment pourrait-on oublier un truc pareil ? plaisante Aelita pour taquiner Jérémie encore davantage. Mais tu as raison, j’aurais dû prendre une photo ! Ça veut dire qu’on va devoir recommencer...


Ne tenant pas à connaître la part de vérité dans la plaisanterie d’Aelita, le félin se dirige vers la sortie :

– Bien, je retourne me coucher avant que ça devienne vraiment gênant ! Bonne nuit à tous les deux !


Une fois qu’Odd s’est éclipsé, Aelita prend à nouveau Jérémie dans ses bras en s’excusant gentiment auprès de lui :

– ...Tu m’en veux pas trop ?


Le jeune garçon à lunettes semble encore vexé que sa bien-aimée, qui prétendait ne plus vouloir sortir avec Odd, ait néanmoins profité de cette occasion pour l’embrasser, mais il la connait suffisamment pour deviner qu’elle cherchait en réalité à le taquiner lui en particulier :

– Si, mais je reconnais que tu es assez habile dans tes manigances... admet-il car ce petit jeu auquel Aelita a soumis ses deux amis ne servait en fait qu’à montrer à Jérémie que tout ce qu’elle a pu vivre avec Odd n’atteindra jamais la profondeur des sentiments qu’elle a à l’égard de son véritable amoureux.


L’adolescente s’éternise un long moment contre l’élu de son cœur, mais l’heure est venue pour eux de se séparer :

– C’est dommage que Kadic n’autorise pas les chambres mixtes, déplore la jeune fille. J’aurais pu emménager avec toi dans cette chambre...


Cette affirmation ne manque pas de faire sursauter Jérémie :

– Hein !? Heu... Pourquoi tu voudrais qu’on emménage ensemble ?

– Parce que l’administration m’a informée que je vais très bientôt devoir partager ma chambre actuelle avec une nouvelle élève...
 


Dernière édition par Nelbsia le Lun 29 Mar 2021 17:33; édité 2 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:40   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #98 : Grande nouvelle



« En retard dès la première semaine de cours, c’est Madame Hertz qui va être contente ! » pense Odd en traversant la cour du lycée à toute vitesse. « J’ai intérêt à trouver une bonne excuse... »

Mais en arrivant au tournant du bâtiment des sciences, il se cogne violemment contre quelqu’un et tombe en arrière.

– Aïe ! Regarde où tu vas ! s’exclame-t-il en se massant le front avant de constater avec déception qu’il ne saigne même pas. Tu aurais au moins pu me causer une vraie blessure pour que je n’aille pas en cours !

– Ça peut très vite s’arranger, lui répond froidement la personne en face de lui.

https://i.imgur.com/wdenLFo.jpg


Le félin étourdi lève les yeux et sursaute en découvrant la créature qu’il a heurtée : il s’agit d’une jeune fille immense, aux longs cheveux bleus attachés en arrière hormis une mèche plus claire à l’avant, et dont le visage est marqué par une fine cicatrice en travers de son œil gauche. Vêtue d’une étrange tenue grise et bleue dont l’élasticité laisse deviner sa musculature prononcée sauf aux extrémités de ses jambes car son pantalon se termine en pattes d’éléphant, elle porte un cartable qui semble minuscule au milieu de son dos au regard de la hauteur vertigineuse et de la silhouette athlétique de la jeune fille, caractéristiques assez inhabituelles chez une une personne de ce sexe.

D’abord hébété par l’apparence singulière de cette inconnue qui reste immobile mais néanmoins menaçante, Odd contemple un instant l’insolite alliance des muscles développés et des courbes féminines, avant de se relever pour admirer d’un peu plus près ce visage étonnamment plaisant malgré la dureté de son regard.

– Salut ! Tu es nouvelle ? demande-t-il avec un grand sourire en s’approchant d’elle.


En guise de réponse, la lycéenne plisse les yeux sans cesser de fixer ceux de son interlocuteur qui conserve son insolent sourire, ne se laissant pas impressionner par la différence d’altitude qui les sépare.

Apercevant les deux adolescents face à face, Yolande Perraudin, l’infirmière de Kadic, les rejoint car elle était à la recherche de la nouvelle pensionnaire de l’établissement :

– Naxxya, je vois que tu as fait la connaissance d’Odd ! Mais le moment est peut-être mal choisi pour bavarder, vous allez être en retard en cours.

– Justement, répond la géante en sortant son emploi du temps de sa poche. J’ai cours d’histoire avec Monsieur Fumet, mais je n’arrive pas à trouver la salle 102.

– Odd, tu sais où c’est ? lui demande Yolande.

– Bien sûr ! Yumi et William ont cours dans cette salle !

– Dans ce cas peux-tu y accompagner Naxxya ?

– Avec plaisir ! répond le joyeux félin qui tient enfin une excuse pour arriver en retard.

– Bon, je compte sur toi, conclut l’infirmière en laissant une dernière consigne à la nouvelle élève tout en s’éloignant. Naxxya, n’oublie pas de passer me voir à l’infirmerie mercredi prochain.

– Entendu.





Les deux élèves se dirigent donc vers le bâtiment des salles de classe.

– C’est Naxxya ton prénom ? demande Odd pour engager la conversation.

– Oui, répond-elle simplement.

– Enchanté ! Moi c’est Odd, mais tu peux déjà m’appeler « Odd le Magnifique » ! Enfin si ça peut te rassurer, les autres élèves sont à peu près normaux comparés à moi ! Tu n’es pas dans un lycée de fous !

– Alors j’ai eu de la chance de tomber sur toi, répond-elle avec un demi-sourire.

– Bonne réponse ! Quoique techniquement, c’est plutôt moi qui suis tombé... D’ailleurs je crois que durant notre collision, j’ai laissé quelques cheveux sous tes... euh...

– Tu veux vraiment une blessure sérieuse ? interroge Naxxya en voyant que la main de son camarade s’approche de sa poitrine.

– Hein ? Ah non non, pas du tout ! se défend le félin en reprenant de la distance. Je voulais juste t’enlever les... Allez ça ne fait rien, je te les laisse en souvenir de notre rencontre ! Parlons plutôt de toi, tu viens d’où exactement ?

– Euh, c’est pas pour éviter la conversation, mais ça je préfère...

– ...Tu préfères ne pas en parler ? complète Odd. Notre prof de sport est un peu comme ça lui aussi, tu vas l’adorer ! À propos de sport, tu dois être super forte vu ta taille ! Tu fais du basket ? Ou du volley peut-être ? Ici on est plutôt football et arts martiaux, mais on reste ouvert à toute proposition ! Pardon, je parle, je parle, mais je te laisse même pas répondre haha !


La géante semble économiser son temps de parole :

– Non ça va, continue, j’aime bien ta voix.

– Ah oui ? Ça c’est marrant, on me dit souvent qu’elle est trop aigüe pour un garçon, enfin, ce sont surtout les mecs qui disent ça, sûrement par jalousie ! D’ailleurs, les filles avec qui je suis sorti ne s’en sont jamais plaintes ! Attention, ne va surtout pas croire que je collectionne les conquêtes amoureuses, j’ai juste eu quelques copines au collège, mais j’attends toujours de trouver la perle rare, l’âme sœur quoi ! C’est mon côté romantique...

– Je vois...





Les deux jeunes retardataires arrivent enfin à la salle 102, Odd doit donc mettre un terme à son discours :

– C’est ici que nos chemins se séparent, mais j’espère qu’on se recroisera bientôt pour faire plus ample connaissance ! D’ici là, bonne chance pour survivre au cours d’histoire qui t’attend, et fais gaffe à ne pas te cogner la tête en passant la porte !

– Et toi, fais gaffe à ne pas te cogner contre les gens quand tu cours.

– Aucun risque : grâce à toi, j’ai même plus besoin de courir ! répond le félin avec un sourire jusqu’aux oreilles car plus rien ne le presse depuis qu’il a justifié son retard auprès de Yolande.


La géante le regarde s’en aller, puis elle frappe à la porte. Monsieur Fumet la fait entrer et la présente aux autres élèves, un peu surpris par sa grande taille :

– Jeunes gens, voici Naxxya Warven, votre nouvelle camarade de classe. J’espère que vous lui réserverez un accueil convenable, sans y voir une occasion de bavarder pendant mon cours. Tu peux aller t’asseoir.


Accompagnée par quelques chuchotements, l’intrigante élève traverse la classe pour aller s’installer à la dernière table libre au fond de la salle derrière Yumi et William, puis elle remarque que celui-ci l’observe bizarrement :

– Tu veux ma photo ?

– Pourquoi ? Ça t’ennuie qu’on te regarde ? lui demande le grand ténébreux en la fixant.

– William qu’est-ce qui te prend ? intervient Yumi.

– Oh désolé, je savais pas que c’était un crime de poser ses yeux sur quelqu’un, conclut-il en arrêtant de la dévisager.


La Japonaise se tourne vers Naxxya :

– Excuse-le, il est un peu sur les nerfs ces derniers temps, ne fais pas attention à ses remarques.

– C’est rien, j’ai l’habitude.

– Moi c’est Yumi.

– Mademoiselle Ishiyama ! l’interpelle Monsieur Fumet. Vous avez l’air de bien vous entendre avec votre nouvelle camarade ! Je vous charge donc de lui faire visiter l’établissement, ça vous donnera aussi du temps pour bavarder sans perturber mon cours. Maintenant je vous prierai d’être attentives et silencieuses, sans quoi la visite de Kadic pourrait bien commencer par le bureau du proviseur.


William passe discrètement un morceau de papier plié en deux à Yumi qui le déplie pour y lire le message : « Méfie-toi d’elle ; peut-être envoyée par X. »





* * *





En sortant de la salle de classe, Yumi et Naxxya sont rejointes par Odd.

– Salut Yumi ! s’exclame-t-il avec un grand sourire. Je vois que tu t’es fait une nouvelle copine ! Tu me la présentes ?


La geisha lève les yeux au ciel :

– Naxxya, voici Odd. Il est un peu « spécial », mais à part ça il est...

– ...Enchanté ! l’interrompt le félin en s’inclinant devant la géante.

– Heu... Pourquoi tu fais comme si c’était la première fois qu’on se voyait ? s’étonne-t-elle.

– Je n’étais pas très satisfait de ma première approche, lui explique-t-il, alors j’en fais une deuxième pour tenter de m’améliorer !


Yumi lève à nouveau les yeux au ciel tandis que sa camarade de classe étouffe un fou rire.

– Vous l’appelez vraiment « Odd le Magnifique » ? interroge Naxxya.

– J’imagine que c’est lui qui t’a raconté ça, devine la Japonaise. Bon, assez perdu de temps. Il faut que je te fasse visiter Kadic.

– Je peux venir avec vous !? demande l’élève de seconde. Je connais tous les passages secrets !


Yumi se tourne vers Naxxya pour lui demander son avis.

– Pas de problème pour moi, répond-elle en haussant les épaules.

– Bien. Commençons par les salles de cours, conclut la Japonaise.





* * *





La matinée se termine et l’heure du déjeuner arrive.

– Et maintenant le plus important : la visite de la cantine ! s’exclame Odd en remplissant son plateau.

– La nourriture est correcte, précise Yumi, et si tu n’aimes pas quelque chose, tu peux le donner à Odd, il mange tout.

– C’est noté, répond Naxxya.


La Japonaise aperçoit alors Ulrich, Aelita et Jérémie en train de manger, mais il ne reste qu’une seule place à leur table. Elle fait donc signe à Odd et Naxxya de la suivre en quête d’une table libre.



Assise un peu plus loin avec Hervé et Nicolas, Sissi voit passer Yumi et Odd en compagnie de la nouvelle élève dont la grande taille ne manque pas d’attirer les regards. « Elle pourrait faire une excellente porteuse, si je trouve un uniforme à sa taille... » songe la fille du proviseur en observant la stature de la géante.

– Vous avez vu ? demande Nicolas. Yumi n’est pas allée s’asseoir avec Ulrich, peut-être qu’ils ont déjà rompu !

– Ça m’étonnerait, rétorque Hervé. Je les ai encore vus s’embrasser ce matin avant d’aller en cours.

– Et alors ? insiste son acolyte. Ils ont très bien pu se disputer pendant la matinée !

– Sans être dans la même classe ? réplique son comparse sceptique.

– Ben oui ! En s’envoyant des SMS ! Y’a plein de couples qui se séparent par SMS !

– Si seulement... fulmine Sissi qui suit Yumi du regard.


Ses deux camarades se retournent vers la fille du proviseur qui attendait en fait que sa rivale s’éloigne pour taper du poing sur la table :

– Mais pourquoi Ulrich s’est mis en couple avec ce corbeau de malheur !? Et William, qu’est-ce qu’il fabrique !? Il a intégré leur bande mais on dirait qu’il ne s’intéresse même plus à Yumi ! Ça me rend dingue ! Il suffirait qu’elle trompe Ulrich avec William une seule fois pour que toute leur bande vole en éclats !

– C’est clair, approuve Hervé. Le problème, c’est que Yumi est trop respectueuse pour tromper le garçon avec qui elle sort.

– Mais qu’est-ce que tu racontes !? le coupe Sissi. Yumi n’est pas infaillible ! Elle peut très bien tromper son mec à condition qu’un autre vienne la séduire !

– Pas si elle préfère vraiment Ulrich, affirme le numéro deux de la classe. William et lui couraient tous les deux après Yumi donc elle aurait très bien pu choisir William, et pourtant, c’est avec Ulrich qu’elle a décidé de se mettre en couple.


Sissi reste vexée mais elle doit bien admettre que son camarade a raison :

– Mouais... Enfin, contrairement à William, Ulrich ne courait pas vraiment après Yumi, disons plutôt qu’ils trainaient ensemble, parmi leur groupe d’amis...

– Ben peut-être que William n’est tout simplement pas à son gout... suggère Nicolas.

– Hein !? s’étrangle la jeune fille comme s’il avait proféré une absurdité. Mais t’es aussi aveugle que stupide ou tu le fais exprès pour m’énerver !? William est cool, beau gosse, athlétique, bref, n’importe quelle fille rêverait de sortir avec lui ! En plus il est dans la classe de Yumi et il lui tourne autour depuis qu’il est arrivé à Kadic, alors pourquoi a-t-elle quand même préféré venir me piquer MON Ulrich dans MA classe !?

– Hé mais c’est vrai, ça... remarque Hervé en plissant les yeux car il se rappelle que la Japonaise s’était liée d’amitié avec des élèves plus jeunes qu’elle à une époque où elle ne parlait à personne d’autre. Ça fait un moment que Yumi a des amis dans sa propre classe, alors pour quel motif continue-t-elle de trainer avec la bande de Jérémie ?





* * *





À l’autre bout du réfectoire, Yumi a trouvé une table libre pour s’y asseoir avec Naxxya et Odd qui ne tarde pas à se goinfrer.

– Il mange toujours comme ça ? demande la géante en voyant le jeune glouton dévorer sauvagement sa nourriture.


La geisha hoche la tête en souriant :

– On se demande comment il fait pour rester aussi maigrichon !

– Je ne suis pas maigrichon, je suis svelte ! se vexe Odd avant de se tourner vers Naxxya. Ben...? Tu ne finis pas ton assiette ?

– À mon avis, lui répond Yumi, c’est ta façon de t’empiffrer qui lui coupe l’appétit.

– Non, pas du tout, leur assure Naxxya. C’est juste que si je mange trop, je grandis vite, alors je m’habitue à limiter mes calories.

– Tu grandis encore ? l’interroge sa camarade de classe en écarquillant les yeux.

– Oui, enfin, ma croissance commence à ralentir mais pour l’instant elle continue.

– Tu mesures combien là ? lui demande Odd en fixant le contenu de son plateau.

– 1 mètre 93, lui répond-elle. J’espère m’arrêter avant les deux mètres sinon je vais vraiment devoir me baisser pour passer les portes.


Le félin prend alors un air préoccupé en la regardant droit dans les yeux :

– Je te comprends parfaitement et je voudrais te venir en aide... Pour commencer, si tu es d’accord, je suis prêt à faire disparaitre ces aliments qui encombrent ton assiette...

– Fais-toi plaisir, accepte Naxxya qui ne se lasse pas des pitreries du félin.


Yumi regarde sa montre :

– Désolée Odd, mais on a encore quelques bâtiments à visiter.

– Hein ? Mais on vient à peine d’arriver ! se plaint son camarade en tâchant d’engloutir tout ce qu’il peut.


Pressés par le temps, les trois élèves se lèvent de table pour quitter le réfectoire.



À la table d’Ulrich, Jérémie, et Aelita, le dernier membre de leur équipe arrive avec son plateau :

– Yumi et Odd ne sont pas encore arrivés ? demande William en s’installant avec ses trois camarades.

– Si mais il n’y avait pas assez de place alors ils sont allés manger plus loin, le renseigne Jérémie.

– Et il y avait une fille super grande avec eux, mentionne Ulrich, une nouvelle élève apparemment...

– Elle a débarqué dans notre classe ce matin, confirme le grand ténébreux qui tenait justement à leur parler d’elle. Et figurez-vous qu’elle s’appelle « Naxxya », avouez que c’est pas un prénom très courant...


Les yeux d’Aelita s’illuminent :

– Ah mais si ça se trouve, c’est pour elle que Jim m’a demandé de faire de la place...

– Oh ? renchérit Jérémie qui percute à son tour. Tu crois que c’est elle qui va...?

– De quoi vous parlez ? s’étonne Ulrich.

– HÉ OH ! les coupe brusquement William. Je viens de vous dire que son nom est « Naxxya » ! Ça ne vous fait penser à rien !?


Surpris par son éclat de voix, ses trois camarades le dévisagent :

– ...Quelque chose te tracasse ? s’inquiète le blondinet à lunettes.


Le grand ténébreux inspire profondément pour retrouver son calme :

– Je sais pas... Je ressens quelque chose d’indescriptible depuis ce matin, tu es sûr qu’il n’y a pas de tour activée sur Lyoko ?

– Aucune alerte pour le moment, répond l’informaticien en ouvrant son ordinateur portable. Rien non plus sur mon détecteur de catastrophes.


Préoccupé par les intuitions de son rival, Ulrich réfléchit à voix haute :

– Xana a déjà réussi à activer une tour sans qu’on le sache par le passé, on devrait peut-être aller vérifier directement à l’usine.

– Deux précautions valent mieux qu’une, conclut Aelita. On y va Jérémie ?

– D’accord, répond celui-ci. De toute façon, on n’a pas cours cet après-midi.


Ils se lèvent de table et le cerveau de la bande se tourne vers l’élève de première :

– On t’appelle si on trouve quoi que ce soit d’anormal.


William le remercie en hochant la tête, puis il regarde par la fenêtre et aperçoit Yumi, Odd et Naxxya qui se dirigent vers un escalier pour monter visiter les dortoirs.





* * *





En arrivant devant la salle de douche à l’étage des chambres des filles, Odd propose à voix basse :

– Échange de bons procédés, mesdemoiselles ! Je vous fais visiter les douches des garçons, et en contrepartie vous me faites visiter les douches des filles ! C’est le seul endroit de Kadic que je n’ai pas encore visité !


La géante se retient une fois de plus d’éclater de rire tandis que Yumi jette un regard méprisant au félin qui s’empresse d’ajouter :

– Je plaisantais ! Bien sûr que je les ai déjà visitées.


Préférant ignorer cette rectification, la Japonaise se tourne vers sa nouvelle camarade de classe :

– Au fait, tu es externe ou interne ?

– Interne, mais je ne sais pas encore où est ma chambre. Je suis arrivée ce matin, j’ai laissé mes valises dans le hall d’entrée.


Naxxya sort une feuille sur laquelle est indiqué l’emplacement de sa chambre, et en observant le plan, Yumi s’exclame :

– Mais c’est la chambre d’Aelita !

– Ça tombe bien, on est juste à côté ! complète Odd en montrant la porte de la chambre en question.


Il ouvre la porte et trouve Jim en train d’installer un deuxième lit.

– Monsieur Moralès ? Qu’est-ce que vous faites ici ?

– Ça se voit, non ? J’installe un deuxième lit ! ...Mais dis donc, Della Robbia, qu’est-ce que TOI tu fais ici ?

– Ben... euh... justement ! J’étais en train d’aider la nouvelle pensionnaire à trouver sa chambre !


Yumi et Naxxya entrent à leur tour.

– Alors c’est vrai ? demande la geisha. Aelita va devoir partager sa chambre ?

– Eh oui ! confirme Jim. Ne vous en faites pas pour Aelita Stones, elle savait très bien en arrivant ici qu’elle pourrait être amenée un jour à partager sa chambre si davantage d’élèves inscrites à Kadic demandaient à y loger. Et puis de mon temps, dans une chambre comme celle-ci, on dormait à quatre sans problème ! D’ailleurs quand j’étais au centre de recherche sur les... enfin bref, je préfère ne pas en parler !


Odd adresse un grand sourire à Naxxya, avant de remarquer que Yumi reste perplexe.

– Fais pas cette tête Yumi, c’est pas si horrible la colocation, moi j’ai toujours partagé ma chambre avec Ulrich et ça se passe très bien !


Jim se relève :

– Bon ben voilà une bonne chose de faite ! Bienvenue à Kadic, mademoiselle Warven ! Et maintenant, dispersez-vous !


Tandis que le surveillant général quitte les lieux, Naxxya remercie Yumi et Odd pour la visite guidée.

– Je vais chercher mes valises et commencer à m’installer.


Yumi reçoit un SMS de Jérémie.

– Je peux t’aider à porter tes valises !? propose Odd.

– C’est gentil mais je pense qu’elles sont plus lourdes que toi, répond la géante en décrivant leur volume approximatif avec ses mains.

– Je te parie qu’arrive à les porter jusqu’ici sur ma tête et sans toucher les murs ! insiste le félin.


La Japonaise intervient :

– Odd, Jérémie a besoin de nous.

– Oh zut... Désolé Naxxya, il faut qu’on aille sauver le monde. On se voit plus tard !



Alors qu’ils sortent de Kadic pour se rendre à l’usine, Yumi se confie à son coéquipier :

– Une géante débarque de nulle part, s’installe dans la chambre d’Aelita, et d’après Jérémie une tour avait bien été activée à notre insu... Je commence à croire que William avait raison...

– Comment ça ? s’étonne Odd. William avait raison à propos de quoi ?

– Naxxya est peut-être une créature de Xana...

– Hein ? Mais non, on l’aurait forcément remarqué si elle avait le symbole dans les yeux ou si elle se comportait bizarrement !


La Japonaise reste dubitative. D’ordinaire, elle n’est pas du genre à se laisser impressionner, et encore moins à juger les gens d’après leur apparence sans les connaitre, mais cette nouvelle élève qui s’installe dans la chambre d’Aelita fait quasiment une tête de plus que Jim. Et si jamais Naxxya a un lien avec Xana, alors Aelita sera en grand danger...





* * *





Pendant ce temps, sur le Territoire Banquise, Ulrich et Aelita apparaissent après avoir été virtualisés par Jérémie qui leur envoie l’Overbike. Aelita monte derrière Ulrich, puis ils s’élancent sur la banquise et empruntent un canyon de glace.

– On n’attend pas les autres ? demande la jeune fille.

– Ils vous rejoindront en cours de route, lui répond Jérémie. Pour l’instant, il n’y a aucun... Ah ! Attention ! Je détecte un monstre droit devant vous sur mon radar !

– Un seul monstre ? s’étonne Ulrich. C’est quoi ? Un Mégatank au moins ?

– Justement, je ne sais pas ! Le radar met du temps à l’analyser, ça veut dire qu’il s’agit d’un monstre que vous n’avez encore jamais rencontré jusqu’à présent !


Ils tombent nez à nez avec une étrange créature et le samouraï arrête son véhicule.

– Qu’est-ce que c’est que ça ?


Sa passagère descend et s’approche lentement de la créature qui semble un peu perdue. Son corps allongé est soutenu par deux petites pattes à l’avant, et deux grosses pattes repliées à l’arrière, donnant à ce monstre une allure de batracien. Sa carapace blanche s’accorde avec les décors du Territoire Banquise, et le symbole dessiné sur sa tête indique qu’il fut créé par Xana.

– Sois prudente... conseille Ulrich à Aelita en la voyant s’approcher de la créature.

– Il n’a pas l’air agressif, observe la jeune fille aux cheveux roses en posant sa main sur le monstre qui reste étonnamment calme.


Voyant que le symbole sur sa carapace s’illumine progressivement, Aelita commence à reculer, et l’étrange créature se dresse alors sur ses pattes avant pour dévoiler les canons situés sous ses pattes arrière qui s’apprêtent à tirer...

– Oh oh...


Le pilote de l’Overbike accélère aussitôt et sauve sa coéquipière avant qu’elle ne se fasse tirer dessus, puis il contourne la bête pour continuer sa route en évitant les salves de tirs. Le monstre se lance à leur poursuite en effectuant des bonds spectaculaires semblables à ceux d’une grenouille avec leurs trajectoires imprévisibles, ce qui le rend difficile à distancer ainsi qu’à viser, mais l’usage de ses pattes arrière pour se déplacer le prive de ses multiples canons et il ne tire donc plus qu’un simple rayon avec son œil. Ulrich évite habilement les quelques tirs, mais la cadence redouble lorsqu’un deuxième monstre identique se joint à la course-poursuite aux côtés du premier. Aelita leur lance des Champs de force et parvient à en détruire un mais deux autres arrivent devant eux.

Le samouraï freine et demande :

– Les autres arrivent bientôt ?

– Flèche-laser ! s’exclame Odd qui vient d’apparaître à côté d’eux.


L’une des deux créatures de devant est détruite par le tir d’Odd, puis un éventail détruit la seconde et revient dans la main de Yumi qui vient d’être virtualisée à son tour.

– Faut pas s’attarder ici, déclare Aelita en voyant quatre autres monstres arriver derrière eux.


Jérémie leur envoie donc leurs véhicules, puis ils foncent tout droit en suivant le canyon de glace. Tandis qu’Odd reste un peu en arrière pour tuer quelques uns des monstres qui les poursuivent, ses camarades empruntent un virage qui débouche sur un précipice, et ils s’arrêtent juste à temps pour ne pas tomber de la falaise au pied de laquelle les Lyoko-guerriers découvrent une véritable armée de monstres blancs qui ont envahi la plaine où se trouve la tour activée.

– Qu’est-ce qu’on fait ? demande Aelita déconcertée.

– On pourrait rejoindre la tour par les airs, propose Ulrich, mais vu le nombre de monstres, on a de fortes chances d’être abattus en plein vol.


Derrière eux, Odd arrive à fond sur son Overboard :

– Hé ! J’ai trouvé un nom pour les monstres : les Krapauds ! ...Ah mince !


Le félin freine trop tard et percute ses amis, puis ils tombent tous les quatre de la falaise.

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Jérémie voit les véhicules disparaître de son écran et demande ce qui se passe, mais n’obtient pas de réponse.

Soudain, la voix de William derrière lui le fait sursauter :

– On peut savoir ce que tu cherches ?


L’opérateur se retourne et voit Naxxya, surprise par le grand ténébreux.

– Ah William, te voila enfin ! Mais...? C’est la nouvelle de votre classe ? Qu’est-ce qu’elle fait ici ?

– Rien de précis, lui répond l’intruse. Je voulais juste voir ce que faisaient Odd et Yumi...


William ne la quitte pas des yeux :

– Je l’observe depuis ce midi. Dès que Yumi et Odd ont décidé de se rendre à l’usine, elle s’est mise à les suivre. Et là, elle était en train de t’espionner, Jérémie.

– Attends William, tu penses vraiment qu’elle est ...?

– ...envoyée par notre ennemi, complète l’ancien Xana-guerrier. J’ai ressenti la tour activée ce matin, et elle est arrivée presque en même temps.


Naxxya se défend :

– Hé, j’ai rien à voir avec vos histoires, moi. J’étais juste venue voir ce que vous faisiez dans cet endroit, mais si je vous dérange, pas de problème, je vous laisse.


Elle s’apprête à s’en aller, mais William s’interpose :

– Tu n’iras nulle part tant qu’on n’aura pas désactivé la tour. En attendant, assieds-toi dans un coin pour qu’on puisse te surveiller, et on te dira quand tu pourras t’en aller.

– Ah maintenant tu veux que je reste ? Faudrait savoir, rétorque la géante en le contournant pour se diriger vers l’ascenseur.


Le grand ténébreux s’interpose à nouveau :

– Tiens-toi tranquille et tout ira bien. Dernier avertissement.


La nouvelle élève n’a pas l’intention de lui obéir :

– Soit tu bouges, soit je te bouge. Dernier avertissement.



Jérémie tente de les calmer :

– Tu sais William, ce n’est peut-être qu’une coïncidence, d’ailleurs Aelita m’avait dit que...

– Franchement Jérémie, répond son camarade sur un ton ironique, tu as vu la taille de la « coïncidence » ? À mon avis, Xana a voulu nous envoyer discrètement un spectre avec un comportement plus « humain » que les précédents pour qu’on ne se doute de rien, mais il n’a réussi qu’à nous pondre le spectre le plus grotesque de sa réserve !


Naxxya s’apprête à écarter William qui lui barre le passage, mais au moment où elle pose sa main sur son épaule, il attrape son bras qu’il essaye de lui tordre dans le dos. De l’autre main, la géante lui envoie un coup de poing qu’il esquive en se baissant puis il riposte avec un balayage rotatif pour la faire tomber, mais son coup la fait à peine vaciller. Profitant de sa stupéfaction, elle lui envoie un revers dans la mâchoire avant que Jérémie sorte une étrange arme dont le canon produit une décharge électrique qui envahit le corps massif de l’intruse. Celle-ci pousse un cri et commence à se retourner vers son second agresseur en tendant sa large main vers lui, mais il intensifie le faisceau projeté par son appareil pour enfin clouer son adversaire au sol.

William se relève en s’essuyant la lèvre :

– T’as un Taser, toi ?

– Pistolet à impulsion électrique, répond Jérémie en rengainant son arme. Je l’ai fabriqué d’après des plans laissés par Franz Hopper, je me suis dit que ça pourrait être utile pour contrer les attaques de Xana à l’intérieur de l’usine. D’ailleurs, si tu veux bien m’aider à mettre notre invitée surprise en cellule...

– « En cellule » ? s’étonne son camarade.


L’informaticien retire les cartons qui cachaient la grande cage entreposée au fond du laboratoire, et William reconnait l’engin pourtant pas banal :

– Ah mais c’est un piège utilisé pour capturer des fauves ! Comment t’as réussi à te le procurer !?

– J’ai piraté le site de livraison des surplus de l’armée, explique modestement Jérémie tandis qu’ils prennent chacun Naxxya par un bras pour la mettre dans la cage avant que les barreaux se referment. Ça ne résoudra pas tous nos problèmes, mais si par exemple des humains xanatifiés viennent nous attaquer dans l’usine, on saura où les mettre en attendant de désactiver la tour.


Ulrich remonte derrière eux :

– Mais qu’est-ce que vous fabriquez !? On se fait massacrer sur Lyoko !

– C’est bon, j’y vais, répond William en descendant à la salle des scanners.


Jérémie se rassoit au poste de commande et remet son micro-casque :

– Aelita ? Tu m’entends ?

– Oui Jérémie, mais on a quelques problèmes ici... répond-elle en faisant apparaître du décor pour bloquer les tirs ennemis.

– Tenez bon, reprend l’opérateur. Je vous envoie William.

– Einstein, je crois que tu n’as pas bien saisi la situation ! déclare Odd en se protégeant à l’aide de son bouclier.


Le grand ténébreux en combinaison noire apparaît à côté d’eux et bloque des tirs avec son épée.

– Pourquoi y a-t-il autant de points sur le radar ? s’inquiète Jérémie.

– On est tombés sur une véritable armée de Krapauds, répond Ulrich à côté de lui. Ils étaient trop nombreux, alors on a dû se réfugier dans un renfoncement au pied de la falaise, et je me suis fait dévirtualiser par leurs tirs pendant qu’on se repliait.

– Ils sont si dangereux que ça les Krapauds ? questionne son camarade pour en savoir plus sur ces nouveaux monstres.

– Tant qu’ils sont en mouvement ils n’envoient qu’un simple rayon avec leur tête, mais quand ils s’immobilisent les canons multiples situés sous leurs pattes arrière envoient des salves de rayons simultanés. Même en croisant mes sabres j’en arrête à peine la moitié.


Yumi continue de se protéger avec ses éventails et fait part de ses observations :

– Jérémie, les Krapauds semblent provenir de la tour elle-même ! Je crois que...


Mais une salve de rayons passe entre ses éventails et la dévirtualise.

– Ça tourne au désastre... commente le samouraï qui descend à la salle inférieure pour récupérer son amoureuse.



– Rien à faire, on est coincés ! s’écrie William agacé de ne pas pouvoir contre-attaquer. Si jamais on baisse notre garde, c’est fini !

– Ils se rapprochent de plus en plus ! constate Odd avec angoisse. Einstein, trouve une idée et vite !

– Et qu’est-ce que tu veux que je fasse !? lui répond Jérémie désemparé.


Ulrich revient de la salle des scanners en soutenant Yumi qui voit alors la nouvelle élève de Kadic emprisonnée dans la cage.

– Naxxya ? Qu’est-ce que tu fais ici ?

– Elle vous a suivis, explique l’opérateur tandis que la géante reste muette. On pense qu’elle est envoyée par Xana, c’est pour ça qu’il a activé une tour.

– Non, non, vous faites fausse route ! rétorque la geisha en secouant la tête. Moi aussi j’y ai cru pendant un moment, mais sur Lyoko j’ai compris que la tour activée sert en fait à créer les nouveaux monstres !


Jérémie réfléchit à voix haute :

– Maintenant que tu le dis, ça explique certaines choses... Mon programme de repérage des tours activées se base avant tout sur la détection d’un transfert de données depuis Lyoko vers le monde réel. Si Xana a activé la tour seulement pour créer des monstres sur Lyoko, je comprends mieux pourquoi on n’a pas été alertés aussitôt...

– Exactement ! poursuit Yumi. Cependant, une telle activité sur Lyoko ne pouvait pas échapper à William, et Xana le savait ! C’est pour ça qu’il a attendu qu’il se passe quelque chose d’inhabituel au lycée pour activer la tour et ainsi faire diversion ! En l’occurrence : l’arrivée de Naxxya !


Toujours dans sa cage, l’intéressée pose une question :

– ...Est-ce que ça veut dire que je peux m’en aller ?


La Japonaise fait un signe de la tête à Jérémie qui déverrouille les barreaux de la cage pour permettre à Naxxya de sortir sous la surveillance d’Ulrich tandis que Yumi s’excuse :

– Nous sommes navrés pour cette petite incarcération, il y a eu un malentendu.

– C’est rien, j’ai l’habitude... répond la géante en se dirigeant vers l’ascenseur.


Mais elle s’arrête subitement en entendant la voix d’Odd :

– Allô Einstein ? Je suis en train d’établir un record sur les Krapauds ! J’espère que le compteur fonctionne !

– Odd, écoute-moi bien ! répond Jérémie. Les Krapauds sont créés par la tour activée, donc ils continueront d’apparaitre tant que vous ne l’aurez pas désactivée !

– On ne peut pas atteindre la tour, rétorque Aelita. Ils sont déjà beaucoup trop nombreux. Même en volant je me ferais dévirtualiser immédiatement.


Revenue juste derrière eux pour observer l’écran par-dessus l’appuie-tête du fauteuil de Jérémie, Naxxya leur demande :

– C’est quoi ce jeu vidéo ?

– Ce serait un peu long à expliquer et on n’a pas vraiment le temps, répond l’informaticien qui s’en veut d’être à court d’idées face à leur situation de plus en plus critique.


Ulrich réfléchit puis sourit à Naxxya :

– Si tu veux, pour se faire pardonner de t’avoir enfermée tout à l’heure, on t’offre une partie gratuite ! Ça te tenterait d’essayer ?


Remarquant le regard plein de reproches que Yumi adresse à Ulrich comme s’il venait d’inviter une personne indésirable, la géante s’empresse de répondre en reculant :

– Heu... Non non, c’est pas la peine, je voulais juste voir à quoi vous jouiez, je vais pas vous déranger plus longtemps...


Le samouraï insiste :

– Tu ne verras pas grand chose sur l’écran de Jérémie car le jeu repose sur un système de projection dans un monde virtuel, une technologie qui ne sera pas commercialisée avant des années ! Tu es sûre de ne pas vouloir faire un petit essai pendant que tu es avec nous ?


Jérémie se tourne vers son camarade :

– Je vois très bien où tu veux en venir, et c’est non. On a déjà eu suffisamment d’ennuis quand on a décidé d’intégrer William. Et je te rappelle que si elle passe dans un scanner, le Retour vers le passé ne pourra pas lui faire oublier ce qu’elle a vu ici.

– Je sais, mais on n’a pas d’autre solution, lui répond fermement Ulrich. Naxxya, si tu veux bien me suivre...

– C’est bon, vas-y... conclut Yumi qui voyait bien que sa froideur suffisait à dissuader la nouvelle venue d’accepter la proposition.


Le samouraï la conduit donc à la salle des scanners en lui expliquant rapidement le principe :

– Pour résumer, c’est un jeu de rôle en équipe où les joueurs doivent combattre des monstres afin d’atteindre un objectif le plus vite possible. Afin de rejoindre la partie, tu vas devoir entrer là-dedans...


La géante pose sa main sur la paroi métallique du scanner ; elle reste immobile pendant un court instant, puis elle s’introduit à l’intérieur de la cabine sans dire un mot.

Ulrich s’adresse à l’opérateur :

– Quand tu veux, Jérémie.

– J’espère vraiment que William avait tort, conclut le génie à lunettes en pressant les touches de son clavier. Transfert Naxxya. Scanner Naxxya. Virtualisation.


Occupés à contrer le déluge de rayons que leur envoient les Krapauds, les trois Lyoko-guerriers piégés dans le renfoncement de glace ne voient pas que derrière eux, une quatrième personne prend forme. Au moment où la nouvelle venue se pose au sol, un bruit sourd accompagné d’un léger tremblement attire leur attention. Odd et William se retournent alors pour voir Naxxya qui se redresse, vêtue d’une tenue métallique bleutée. D’épaisses plaques grises recouvrent ses avant-bras, ses tibias, son bassin, sa cage thoracique, et même une partie de son visage en écho à sa cicatrice. Sa grande taille et sa masse musculaire imposante sont fidèlement modélisées voire accentuées, laissant présager une force et une robustesse considérables.

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– Encore toi !? se réjouit le félin. C’est déjà la troisième fois qu’on se croise aujourd’hui, je vais finir par croire que nos destinées sont étroitement liées !

– Jérémie, tu peux m’expliquer ce qu’elle fait ici ? demande William déconcerté.

– Pas le temps, désolé, répond l’opérateur déjà occupé à débugger son interface légèrement perturbée par l’arrivée impromptue d’un avatar supplémentaire.


Odd attire l’attention d’Aelita qui s’applique à créer du décor pour empêcher les tirs de les atteindre.

– Aelita, je te présente Naxxya, ta nouvelle camarade de chambre !

– Bienvenue sur Lyoko... répond non sans une pointe de gêne la jeune fille aux cheveux roses qui doit mettre en attente ses propres interrogations afin de ne pas se déconcentrer.


Jérémie passe en revue la fiche technique de leur nouvelle combattante qui apparaît sur son écran :

– Naxxya, mon ordinateur m’indique que tu possèdes beaucoup de Points de Vie, et une grande force physique ! Voyons maintenant tes pouvoirs... Essaye « Plasma-lame » !

– Euh... comment je dois faire ? demande-t-elle, un peu désorientée par son environnement.

– Tends ton bras et dis-le, tout simplement ! lui répond Odd, impatient de voir ce dont elle est capable.


Naxxya tend son bras droit :

– Plasma-lame...?


Rien ne se produit, mais son jeune « professeur » l’encourage :

– Plus fort ! Et avec plus de conviction !


La géante tend fermement son bras et s’exclame :

– Plasma-lame !


Une lame d’énergie bleu ciel sort de son avant-bras qu’elle contemple, sans voix.

– Mortel ! s’émerveille le félin.


Jérémie trouve un autre pouvoir :

– Ah ! Quelque chose qui devrait nous servir : « Plasma-bouclier » !

– Je dois le dire aussi ? interroge Naxxya, soucieuse des détails.

– Au début oui, lui explique Odd, mais une fois que tu auras bien mémorisé la sensation, tu pourras utiliser tes pouvoirs sans dire leurs noms ! Enfin avec une voix aussi charmante que la tienne, ça ne me dérange pas que tu continues à...

– Bon ! s’impatiente Ulrich. Le bouclier, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?


La nouvelle combattante tend alors son bras gauche :

– Plasma-bouclier !


Un large rempart circulaire se déploie sur son avant-bras.

– La classe ! s’émerveille Odd. Tu peux attaquer et te protéger en même temps !

– Apparemment, précise l’informaticien, tu peux même choisir l’assortiment : deux lames, un bouclier et une lame, ou encore deux boucliers. Par contre, tu n’as pas la moindre attaque à distance.

– Bah, répond le félin en haussant les épaules. Ulrich n’en a pas non plus, et il s’en sort très bien.

– Pour être exact, réplique le samouraï qui étudie lui aussi le potentiel de leur nouvelle recrue, je peux quand même lancer mes sabres pour atteindre une cible éloignée, ce que Naxxya ne peut pas faire car ses armes sont incorporées à ses bras.

– Précisément, confirme Jérémie. Ensuite, au niveau des déplacements, tu es relativement lente mais tu possèdes « Impulsion », une légère détonation d’énergie sous tes pieds qui devrait te permettre de sauter plus haut, voire de te projeter vers l’avant pour te déplacer plus rapidement. Attention toutefois : Impulsion ne te permet pas de contrôler ta trajectoire, donc veille à avoir...

– Impulsion ! s’exclame Naxxya avant d’être subitement projetée en avant pour s’écraser contre un mur.

– ...veille à avoir le champ libre devant toi quand tu l’actives, marmonne l’opérateur qui n’apprécie pas qu’on n’écoute qu’à moitié ses explications.

– Pardon, j’ai pas réfléchi... s’excuse Naxxya tandis qu’Odd l’aide à se relever sous le regard méprisant de William.

– Bon, on y va Einstein !? s’impatiente le félin.


Le cerveau de l’équipe donne ses dernières recommandations :

– Naxxya, lorsqu’on lancera l’assaut, ta mission sera d’aider Odd à protéger Aelita pendant que William vous frayera un chemin à travers les monstres ! Je te préviens : ils sont très nombreux et font pleuvoir les rayons laser, donc sers-toi de ton bouclier, et n’hésite pas à remplacer ta lame par un deuxième bouclier au besoin ! Surtout, garde à l’esprit qu’Aelita doit à tout prix atteindre la tour pour la désactiver ! C’est bien compris ?

– Oui.

– Pas de questions ?

– Si : quand on aura fini ce niveau, vous pourrez m’expliquer tout ça plus en détail ?

– Justement, répond ironiquement le grand ténébreux, il faudrait déjà qu’on « finisse ce niveau »...



Jérémie donne le feu vert à Aelita qui cesse donc de créer du décor, et rapidement, une fissure s’ouvre dans la barrière qui les protégeait. Odd s’élance le premier à travers la faille, suivi par William prêt à broyer tous ses adversaires.

Aelita fait un signe de la tête à Naxxya :

– Après toi.


La nouvelle Lyoko-guerrière lève alors son bouclier et sort à son tour.

Dehors, elle voit Odd et William qui luttent contre des dizaines de Krapauds, et l’un des monstres l’a repérée et commence à lui tirer dessus ; la combattante blindée bloque les projectiles avec son bouclier tandis qu’Aelita en profite pour sortir du renfoncement et se cacher derrière sa volumineuse coéquipière, mais le Krapaud s’en aperçoit et se met à charger dans leur direction.


Voyant la créature bondir vers elles, la jeune fille aux cheveux roses s’adresse à sa grande camarade :

– Tu vois le symbole sur sa tête ? C’est son point faible, c’est là que tu dois frapper...


Le Krapaud arrive et leur saute dessus, mais Naxxya l’intercepte avec sa lame qui lui transperce la tête, le faisant éclater et disparaître.

– Bien joué ! Allez, on avance !


Les deux Lyoko-guerrières courent vers Odd et William, toujours aux prises avec les nombreuses créatures de Xana, quand Jérémie les met en garde :

– Attention ! Les Krapauds vont vous encercler !

– Ah parce que c’était pas déjà le cas !? s’esclaffe le félin en bondissant pour éviter les rayons.


Aelita voit alors des Krapauds faire le tour par les côtés pour arriver derrière leur groupe.

– On ne va pas pouvoir tous les contenir, il faut avancer !

– Ils n’ont pas l’intention de nous laisser atteindre la tour ! rétorque William en fendant rageusement les monstres qui semblent réapparaitre indéfiniment.


Les Krapauds autour des deux jeunes filles se dressent sur leurs pattes avant et s’apprêtent à tirer...

– Naxxya ! l’interpelle Jérémie qui étudiait le dernier pouvoir de sa nouvelle recrue. Passe en double bouclier et essaye « Dôme céleste » en levant tes deux bras vers le ciel !


La géante s’empresse de troquer sa lame contre un deuxième bouclier puis lève ses deux bras :

– Dôme céleste !


Un écran d’énergie hémisphérique émane alors des remparts circulaires pour englober Naxxya et Aelita, bloquant ainsi les tirs qui leur étaient adressés.

L’opérateur pousse un soupir de soulagement puis demande à la guerrière aux boucliers :

– Est-ce que tu arrives à te déplacer tout en maintenant le Dôme ?


Naxxya s’efforce d’avancer sans abaisser son champ de protection et finit par répondre :

– C’est... difficile...

– OK, c’est normal, la rassure Jérémie. Continue d’avancer à ton rythme pendant qu’Odd et William dégagent le passage vers la tour !

– Je voudrais bien t’y voir, Einstein ! réplique le félin. On passe plus de temps à esquiver les tirs qu’à essayer de détruire les Krapauds !

– C’est bizarre, remarque William. Ils n’ont pas l’air de nous viser...


Le grand ténébreux se place derrière un Krapaud, mais celui-ci semble l’ignorer.

– Regarde, il ne réagit pas...

– Ben moi, ils me tirent dessus quand même ! lui répond Odd qui continue de sauter dans tous les sens pour éviter les projectiles.

– Non, je crois que c’est parce que tu es devant eux, insiste son coéquipier. Viens te mettre de mon côté, pour voir ?


Le félin bondit derrière un Krapaud et se baisse, mais la créature reste indifférente.

– Ah ouais, t’as raison ! reconnait Odd stupéfait. Ils sont stupides ou quoi ?


William aperçoit Naxxya et Aelita qui arrivent lentement, toujours protégées par le Dôme céleste, et il comprend alors ce que font les Krapauds :

– Ils se focalisent sur Naxxya pour venir à bout de ses défenses et abattre Aelita ensuite ! s’exclame-t-il en détruisant le Krapaud situé devant lui.


Les deux combattants se remettent alors à éliminer les monstres aussi vite que possible, si bien qu’ils parviennent à ouvrir une brèche entre leur objectif et eux.

– Le chemin vers la tour est quasiment dégagé ! annonce Jérémie avant de s’apercevoir que Naxxya est presque à court d’énergie.

– Je n’en... peux... plus...


Elle s’effondre et son Dôme disparaît, laissant subitement Aelita à découvert, mais celle-ci s’empresse de faire apparaître du décor pour bloquer les tirs que les Krapauds continuent de lui adresser.

Odd et William reviennent vers elle en courant :

– Aelita ! Fonce ! On te couvre !


La jeune fille active ses ailes et vole vers la tour tandis que ses coéquipiers s’occupent de détruire les monstres qui tentent de l’abattre au vol.

Alors qu’ils peinent à décimer les nombreuses créatures qui menacent Aelita, Naxxya finit par se relever, sort ses lames et les aide à exterminer les derniers monstres, mais un ultime Krapaud apparaît devant la base de la tour où la Lyoko-guerrière volante redescendait. Le monstre n’a cependant pas le temps de menacer Aelita car celle-ci lui envoie aussitôt un Champ de force pour le détruire, puis elle entre enfin dans l’édifice qu’elle désactive.



– Eh ben c’était pas gagné... murmure Ulrich néanmoins soulagé par ce dénouement, tandis que son amoureuse songe désormais aux conséquences de la virtualisation de Naxxya.

– Mission accomplie, annonce Jérémie à ses troupes virtuelles. Bravo à tous, je vous ramène à l’usine.

– Attends, Jérémie, l’interrompt Aelita. Pendant qu’on est là, on pourrait en profiter pour aller sur le Cinquième Territoire, non ?

– Pour quoi faire ? demande Ulrich.

– Aelita espère y découvrir ce qu’il est advenu de son père, lui répond Yumi.

– Je ne sais pas trop, hésite l’informaticien. Les autres, vous en pensez quoi ?

– Pas de problème pour moi ! répond Odd, toujours disponible pour une mission supplémentaire. Par contre, je ne sais pas si Naxxya...

– Je suis partante, affirme-t-elle aussitôt.

– Vraiment ? demande William intrigué. Il y a cinq minutes, tu étais complètement à court d’énergie, et maintenant ça va mieux ?

– Merci de t’inquiéter pour moi, mais je t’assure que je vais bien, lui répond la géante.

– Alors Jérémie ? s’impatiente Aelita.

– Bon, c’est d’accord, mais restez vigilants et ne prenez pas de risques inutiles.


Ils se dirigent donc vers l’extrémité du Territoire Banquise, puis Jérémie leur envoie le transporteur qui les conduit au Cinquième Territoire.





* * *





Une fois arrivés à destination, Jérémie leur explique le but de leur mission :

– Vous allez essayer d’atteindre le terminal des archives situé de l’autre côté du territoire ! Avec vos véhicules, vous auriez pu faire le tour pour vous y rendre directement, mais là, je crois que vous allez devoir traverser le territoire à pied ! Bonne chance !


Aelita, Odd, William et Naxxya empruntent donc le couloir devant eux et commencent à courir, mais l’informaticien voit soudain une nouvelle fenêtre s’ouvrir sur son écran :

– Un compte à rebours !? s’inquiète-t-il en voyant la durée restante qui diminue.

– T’avais pas désactivé cette procédure ? s’étonne Ulrich à côté de lui.

– Ben si ! confirme le génie à lunettes qui s’en était occupé lorsqu’il avait lui-même reconstruit le Cinquième Territoire.

– Alors Xana l’a réactivée... conclut Aelita peu rassurée à l’idée que leur ennemi regagne certains privilèges auxquels il avait renoncé en détruisant Lyoko après s’être enfui dans le Réseau.

– J’aurais dû m’y attendre, déplore Jérémie. Maintenant que notre adversaire est de nouveau coincé sur Lyoko, il va logiquement s’efforcer de reprendre le contrôle du territoire central...

– Pas question qu’on le laisse faire ! assène William en accélérant le pas. Courez !


Entendant un grondement peu rassurant derrière elle, Naxxya demande :

– Qu’est-ce qui fait ce bruit derrière nous ? On dirait que ça se rapproche...

– C’est trois fois rien ! lui répond Odd. Juste les murs qui se referment sur notre passage ! Tu comprends pourquoi on aurait préféré faire le tour ?


Aelita aperçoit une large ouverture au bout du couloir.

– Jérémie, je crois qu’on se dirige vers une grande salle, on est sur le bon chemin ?

– Oui ! confirme l’opérateur qui a localisé la clé. Pour accéder au terminal des archives par ce côté, vous devrez actionner l’interrupteur situé au bout de cette salle !

– Restez sur vos gardes, recommande gravement Yumi. Xana ne va sûrement pas se contenter d’une clé à désactiver pour nous empêcher d’atteindre le terminal des archives, surtout si celui-ci contient bien les informations que nous convoitons...

– On y est ! reprend la jeune fille aux cheveux roses en scrutant les alentours. Je vois plein de plates-formes, mais aucun monstre a priori...

– L’interrupteur est là-bas, en hauteur ! indique William.

– Vous avez une minute pour appuyer dessus ! les prévient Jérémie. Passé ce délai, la salle va se transformer et on risque de ne plus pouvoir accéder au terminal par ce couloir !

– Une minute ? demande Odd. Je peux le faire en moins de trente secondes !


Mais à l’instant où le félin s’élance sur la première plateforme, des Rampants apparaissent aussitôt sur les autres reliefs bleus pour l’empêcher de passer :

– Heu disons plutôt... quarante-cinq secondes ? bredouille le chat violet avant de bondir pour esquiver les tirs.


Voyant les murs se refermer sur eux, William, Aelita et Naxxya sautent à leur tour pour rejoindre Odd qui tire sur les Rampants afin d’ouvrir un passage. Les monstres ripostent mais Naxxya utilise ses boucliers pour bloquer leurs rayons.

– Dépêchons-nous d’avancer vers l’interrupteur ! s’impatiente Aelita en lançant quelques Champs de force.


Le grand ténébreux saute sur la plateforme suivante, détruit les créatures qui s’y trouvaient puis se protège des tirs avec son épée et fait signe à ses coéquipiers de le rejoindre, mais un tir aérien le touche.

– Des Mantas viennent d’arriver ! les informe Jérémie.


Le félin tire sur elles à répétition mais il manque ses cibles :

– Einstein, je vais avoir besoin de munitions !


C’est alors que deux Rampants sautent sur leur plateforme ; William pourfend immédiatement le premier tandis que Naxxya saisit le second par la queue et le lance contre une Manta, détruisant les deux monstres d’un coup.

– Hé ! proteste Odd qui l’a vue faire. Je croyais que tu n’avais pas d’attaque à distance !


L’informaticien surveille le compte à rebours :

– Dépêchez-vous ! Il ne vous reste plus que quelques secondes !

– On n’y arrivera pas ! se décourage Aelita en voyant tous les Rampants autour d’eux.


Odd regarde le mur du fond, puis une idée lui vient :

– Naxxya ! Lance-moi sur l’interrupteur !

– Quoi ?

– Allez ! Pas de temps à perdre ! insiste-t-il.


Elle saisit donc fermement son coéquipier par la taille et le projette vers le mur du fond.

– YAAAAAAAAA...


Mais au moment où il est sur le point d’atteindre son objectif, un tir de Manta le touche à la hanche pour le dévier de sa trajectoire et il se heurte au mur, avant de retomber sur un morceau de décor créé par Aelita pour le rattraper.

– C’est raté, constate Jérémie. Le compte à rebours est terminé.


Les monstres restants déguerpissent tandis que les larges blocs bleus s’ébranlent, condamnant l’accès au tunnel qui menait à la salle suivante.

Odd se relève, furieux d’avoir échoué si près du but :

– Revenez bande de larves ! Je vais vous atomiser !

– Ça ne sert à rien de crier, les monstres se sont tous enfuis... lui fait remarquer Aelita, également déçue par leur échec.

– Non, pas tous, corrige Naxxya en montrant une Manta noire qui reste statique dans un coin de la salle.


Le félin contrarié s’apprête à lui tirer dessus :

– Tu transmettras ça de ma part à ta copine qui a osé interrompre mon magnifique vol plané !

– Attends Odd ! intervient William.

– Quoi encore !?


Le grand ténébreux saute de plateforme en plateforme et arrive auprès de la Manta ; il lui caresse doucement le dos, et elle se met à onduler gracieusement pour manifester sa joie tandis que son « maitre » se tourne vers ses coéquipiers incrédules en leur souriant :

– Elle se souvient de moi.

– Tu en es sûr ? demande Aelita avec méfiance.


L’ancien Xana-guerrier monte alors sur la Manta noire pour prouver ses dires :

– Je crois même qu’elle peut nous emmener au terminal des archives.


Jérémie observe l’écran radar :

– Il y a effectivement un chemin en hauteur sur votre gauche pour rejoindre l’extérieur et faire le tour, mais sans les véhicules, ça va être difficile...

– Justement, répond William. J’ai retrouvé mon véhicule !


Le dresseur de Manta se dirige vers Aelita et Naxxya :

– Vous montez, les filles ?


Debout à côté de Jérémie, Ulrich est étonné par le comportement de la créature virtuelle :

– C’est pas tous les jours qu’un monstre de Xana décide de nous aider...

– Ça me rappelle la fois où on a combattu la Marabounta, ajoute Yumi également perplexe.

– À mon avis, explique Jérémie, lorsque Xana crée des monstres, il lui arrive de leur attribuer une fonction principale comme « défendre une tour activée », « détruire les intrus » ou encore « tirer sur Aelita en priorité ». Cette Manta a dû naitre avec la fonction d’obéir aux ordres de William, à l’époque où il était encore le général de l’armée de Xana.


Le grand ténébreux se dirige vers le félin :

– Ne t’inquiète pas, ma Manta peut largement supporter quatre personnes, contrairement à ton Overboard.

– Bah, réplique Odd en montant sur le dos de la créature qui transporte déjà ses trois coéquipiers. Contrôler des Mantas, n’importe qui peut le faire ! Moi-même, quand je plante mes griffes...





La raie virtuelle emmène ses quatre passagers à l’extérieur et commence à faire le tour, mais Jérémie détecte soudain des monstres sur son radar.

– Attention ! D’autres Mantas sont à vos trousses !

– Il y en a aussi droit devant, observe William.


Odd et Aelita tirent sur les Mantas qui arrivent en face tandis que Naxxya bloque les tirs de celles qui les poursuivent.

– On est encore loin Jérémie ? demande l’ange de Lyoko en continuant de tirer sur leurs adversaires.

– Normalement, vous allez bientôt apercevoir une corniche qui mène à un couloir sur votre droite. C’est le deuxième accès au terminal des archives.

– Oui, je la vois ! répond William. Elle est juste en bas ! Accrochez-vous !


Il fait descendre sa Manta et arrive à la corniche ; Aelita et Odd sautent vers celle-ci, mais Naxxya est brusquement touchée par un tir ennemi qui lui fait perdre l’équilibre, si bien qu’elle tombe dans le vide...

– Naxxya !? panique le félin qui aurait plongé à sa suite si Aelita ne l’avait pas retenu pour l’en empêcher.

– J’y vais, déclare William en faisant descendre sa Manta vers la géante qui s’est rattrapée à un morceau de décor dépassant du mur en contrebas.


Mais au lieu de placer sa créature volante en dessous de sa coéquipière en péril pour permettre à celle-ci de se laisser tomber sur le dos de l’animal virtuel, le grand ténébreux s’avance à hauteur de la géante aux cheveux bleus qui s’agrippe comme elle peut à la petite excroissance pour ne pas tomber...

– Qu’est-ce que tu attends pour la remonter !? s’impatiente Odd.


William pose alors la lourde lame de son épée contre l’épaule de Naxxya :

– J’ai une dernière question à te poser avant de t’accorder ma confiance.


Yumi saisit le micro de Jérémie :

– Mais bon sang William ! La tour activée ne servait qu’à créer des Krapauds ! Quand est-ce que tu vas arrêter de soupçonner Naxxya !?

– C’est vrai, confirme Aelita. Avant d’entrer dans la tour tout à l’heure, j’ai vu un Krapaud se créer juste devant moi...

– Ça ne prouve rien, rétorque leur coéquipier. Xana peut faire plusieurs choses avec une seule tour.


Ulrich s’empare du micro à son tour :

– Si Naxxya était sous le contrôle de Xana, pourquoi nous aurait-elle aidés à combattre les monstres et à désactiver la tour ?

– Pour mieux gagner notre confiance, répond William. Une attitude humaine ne lui suffit pas, alors Xana fait en sorte que Naxxya nous aide, afin qu’elle puisse nous trahir plus tard quand on ne s’y attendra pas.


Toujours agrippée au petit relief qui dépasse de la paroi abrupte, la géante en difficulté adresse un regard noir à son « sauveur » qui tarde à la secourir :

– Je vois pas bien de quoi tu m’accuses exactement, mais si t’as juste envie d’un deuxième round, aide-moi donc à remonter et on règle ça quand tu veux...


Jérémie récupère son micro :

– William, si jamais Naxxya tombe dans les abysses du Cinquième Territoire, elle sera virtualisée définitivement, comme dans la Mer numérique...


Le grand ténébreux reste sûr de lui :

– Ne t’inquiète pas Jérémie, j’ai juste une question à lui poser.

– Bon ben pose-la ta question ! s’impatiente Naxxya qui s’accroche désormais du bout de ses doigts tandis que son épaule est pressée par la lame de son interlocuteur.


Celui-ci regarde la géante droit dans les yeux et l’interroge enfin :

– Comment as-tu fait pour passer le système de reconnaissance ADN ?

– Le quoi ? demande-t-elle en plissant les yeux.

– Je t’explique : l’ascenseur qui descend au secteur secret de l’usine ne s’actionne que s’il détecte l’ADN de quelqu’un qui a déjà été sur Lyoko auparavant. Dis-nous donc comment tu as fait pour aller espionner Jérémie dans le laboratoire ?


Les autres restent sans voix, désormais envahis par le doute, tandis que Naxxya tente de se défendre :

– Mais j’en sais rien, moi ! J’ai appuyé sur le bouton, l’ascenseur est descendu, c’est tout !

– Jérémie, ton système de reconnaissance ADN est fiable ? demande Aelita.


L’informaticien se racle la gorge :

– Bah je pense qu’il y a moyen de le contourner en volant de l’ADN à quelqu’un qui peut descendre, par exemple en prélevant des cheveux ou bien des morceaux de peau morte...

– AH !! s’écrie Odd dévirtualisé par un tir de Manta.

– Champ de force ! lance Aelita pour détruire la créature qui vient d’éliminer son ami.

– Aelita ! l’interpelle son amoureux. Fonce au terminal pendant qu’il en est encore temps !


La jeune fille hésite un instant, puis elle s’engouffre dans le couloir tandis que des Mantas se lancent à sa poursuite.

– William ! reprend Jérémie. Arrête de tergiverser ! Il faut que vous alliez couvrir Aelita !

– Je règle un dernier détail, répond froidement l’intéressé. Alors Naxxya ? Toujours pas d’explication ?


Ulrich se tourne vers Yumi :

– Quand Naxxya est arrivée ce matin, est-ce que vous avez eu un contact physique ?

– Non, répond la Japonaise en secouant la tête. J’ai beau chercher, je ne vois pas. Personne ne lui a serré la main ou autre...


Le grand ténébreux sourit, triomphant :

– Bien essayé, Xana !


Il donne un coup de pied à Naxxya pour l’éjecter, puis elle tombe dans le vide...

Odd remonte alors de la salle des scanners en criant :

– J’ai l’explication ! Ce matin, je courais car j’étais en retard et je me suis cogné contre elle ! Elle a gardé quelques uns de mes cheveux sur ses vêtements !


En entendant cela, William plonge aussitôt :

– Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt !?


Par bonheur, il parvient à rattraper Naxxya avant qu’elle ne termine sa chute :

– Bon, lui déclare-t-il sèchement. On va dire que je me suis un peu trompé sur ton compte.


La géante pousse un soupir de soulagement et répond en serrant les dents :

– C’est rien, j’ai l’habitude...

– Tu remercieras Odd de t’avoir sauvé la vie, ajoute William en reprenant de l’altitude.

– Je n’y manquerai pas, conclut Naxxya en souriant.

– Dépêchez-vous de rattraper les Mantas pour les neutraliser ! les presse Jérémie en voyant sur son radar les trois monstres qui se rapprochent de sa bien-aimée. Aelita, tu en es où !?

– Je suis au terminal ! répond-elle avec enthousiasme. Je commence les recherches !

– Très bien ! poursuit son amoureux. William et Naxxya, faites attention : deux des trois Mantas ont fait demi-tour pour vous affronter !


Lancés dans le couloir vers le terminal des archives, les deux gardes du corps d’Aelita ne tardent pas à croiser les créatures venues les arrêter. Naxxya bloque les premiers tirs ennemis tandis que William demande à sa monture d’ouvrir le feu, détruisant ainsi l’une de leurs adversaires, mais la seconde tire sur la Manta de William et fait tomber ses deux passagers. La géante n’a pas le temps de se relever car d’autres tirs l’atteignent et la dévirtualisent, tandis que William lance une Onde de choc vers la Manta qui lui tire dessus, et ils disparaissent simultanément.

Jérémie prévient Aelita :

– William et Naxxya sont hors circuit, la dernière Manta vient vers toi !

– J’ai trouvé ce que je cherchais ! lui répond-elle. Mais il y a autre chose, et c’est assez inquiétant...

– Comment ça ? interroge l’opérateur en fronçant les sourcils.


L’elfe aux cheveux roses ne peut en dire davantage : la dernière Manta arrive derrière elle et la dévirtualise.



De retour à la salle des scanners, la jeune fille est accueillie par ses deux coéquipiers qui ont été éliminés avant d’avoir pu lui venir en aide.

– Désolé, s’excuse le grand ténébreux. Si je n’avais pas continué de soupçonner Naxxya, tu aurais sans doute eu plus de temps pour consulter les archives.

– Ça ne fait rien, répond la jeune fille aux cheveux roses avec un sourire présageant une bonne nouvelle. J’ai eu le temps de trouver ce que j’étais venue chercher. Venez, allons rejoindre les autres.




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Après s’être tous réunis dans le laboratoire, les Lyoko-guerriers décident de faire un résumé à Naxxya pour lui expliquer leur situation afin qu’elle prenne réellement conscience des enjeux de leur mission. La nouvelle élève de Kadic les écoute attentivement, pose quelques questions, et a parfois du mal à saisir les explications techniques de Jérémie.

– Donc si j’ai bien compris, leur demande-t-elle, l’excursion dans le Cinquième Territoire pour accéder au terminal des archives avait pour but de déterminer si le père d’Aelita est toujours en vie ou non, c’est bien ça ?


Jérémie confirme en hochant la tête.

Ulrich se tourne vers Aelita :

– Au fait, qu’est-ce que tu as trouvé ?


La jeune fille aux cheveux roses leur expose enfin ses découvertes :

– Lorsque mon père est venu nous fournir l’énergie qui nous manquait pour déployer le programme multi-agents, il s’est en fait servi d’un leurre : un avatar contrôlé à distance pour agir à sa place, mais aussi pour empêcher Xana de le localiser. Cette réplique devait être assez convaincante pour que Xana croie que c’était vraiment lui, et nous l’avons cru nous aussi lorsque nous avons vu mourir cet avatar, mais mon père, lui, est bel et bien vivant, comme je l’espérais...

– C’est une bonne nouvelle, ça ! se réjouit Odd avec un grand sourire.

– Oui, confirme Aelita, mais Xana a dû lui aussi comprendre que la sphère rose qu’il a détruite ce jour-là n’était qu’un leurre, et il va donc chercher à déterminer où se cache réellement mon père...

– Nous devons donc retrouver Franz Hopper avant Xana, conclut Yumi.


Jérémie approuve puis demande à Aelita :

– Avant de te faire dévirtualiser, tu semblais préoccupée par une autre découverte. Qu’est-ce que c’était ?

– Je ne sais pas précisément de quoi il s’agit, lui répond son amoureuse, mais les archives ont révélé une création de matière numérique considérable, assez récemment.

– C’est probablement l’apparition des Krapauds, suggère William.

– Non, c’est beaucoup plus gros, insiste Aelita. Mais j’ai été dévirtualisée avant de pouvoir en apprendre plus.

– Il faudra qu’on retourne là-bas pour savoir ce que c’est, conclut Ulrich. Mais cette fois, Xana s’attendra à notre venue, donc on devra impérativement être au complet.


Ils se tournent alors vers Naxxya, et Jérémie lui demande :

– Souhaiterais-tu faire partie de notre équipe ?


La géante réfléchit brièvement avant de donner sa réponse :

– Même en sachant que ce n’était pas un simple jeu vidéo, j’ai trouvé ça vraiment exaltant. Donc si vous prévoyez de retourner dans ce monde virtuel, j’aimerais beaucoup pouvoir vous accompagner à nouveau.

– Bien, va nous attendre dehors le temps qu’on en discute entre nous, on te rejoint dans deux minutes.


Naxxya emprunte donc l’ascenseur pour quitter la pièce et les laisser délibérer.

– Alors, vous en pensez quoi ? demande Jérémie tandis que le bruit du monte-charge s’éloigne.

– Je vote POUR !! hurle le félin.

– Chut, moins fort Odd, le réprimande Ulrich.

– Je trouve qu’elle apprend vite et qu’elle est volontaire, déclare Aelita. Elle ne devrait donc pas représenter un fardeau pour nous lors des missions. Et puis, c’est ma nouvelle camarade de chambre...

– Elle est disciplinée et assez calme, c’est positif, complète Yumi.

– « Calme » ? demande William. On voit que ce n’est pas sur toi qu’elle s’est énervée tout à l’heure !

– Parce que toi tu es un ange, peut-être ? ironise la Japonaise.

– Pour l’aspect humain, reprend Jérémie, je passe mon tour. Par contre, ses capacités défensives sur Lyoko nous sont très utiles, et je pense donc qu’il serait profitable de l’intégrer à notre équipe.

– ...En période d’essai, précise le grand ténébreux. Parce que malgré tout, je reste persuadé que tout ça va un peu trop vite.

– Mais arrête d’être parano ! le fustige Odd.

– Très bien, comme vous voulez... se rend son coéquipier en levant les yeux au ciel. On va devoir se trimbaler une stagiaire pendant les missions, mais tant pis, ça fera toujours moins de pièges à éviter vu qu’elle mettra forcément les pieds dedans... Quand je pense au temps qu’il vous a fallu pour m’accepter...

– Hé ben, commente Yumi, je pensais que tu aurais plus de compassion pour la nouvelle recrue vu que tu es toi-même passé par là...

– Moi j’ai dû faire mes preuves avant qu’on m’accepte, lui rappelle William. Ça ne s’est pas fait en un jour.

– On ne peut pas non plus dire que ta première mission se soit super bien passée... le taquine Ulrich avec un sourire moqueur.

– Je crois plutôt que le vrai problème, rétorque le grand ténébreux, c’était que je tournais autour de la mauvaise personne...

– Que veux-tu, s’esclaffe la Japonaise, je suis moins facile à séduire qu’Odd. D’ailleurs c’est plutôt lui que tu aurais dû harceler si tu tenais à découvrir notre secret rapidement...

– Bon ! s’enquiert le félin qui ne tient plus en place. Tout le monde est d’accord pour qu’on prenne Naxxya à l’essai ??

– Apparemment, conclut Ulrich en se dirigeant vers l’ascenseur.



Nos héros sortent de l’usine et rejoignent la géante qui remarque les sourires sur les lèvres de certains d’entre eux.

– Tu sais garder un secret ? lui demande Jérémie.

– Sans problème, confirme-t-elle.

– Alors bienvenue parmi nous !





Scène coupée : Dossier incomplet

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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:42   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #99 : L'étrange Halloween de Miss Aelita


Depuis quelques semaines, les Lyoko-guerriers doivent concilier leur vie de lycéens et leurs missions secrètes dans le monde virtuel. Franz Hopper reste introuvable, mais Aelita reste optimiste en supposant que son père se cache volontairement pour éviter d’être repéré par Xana.

Malgré la présence de William qui renforce grandement l’équipe tandis que Naxxya progresse rapidement en obéissant aux consignes de ses alliés plus expérimentés, leurs forces sont systématiquement divisées lors des attaques de Xana parce que les sept adolescents doivent gérer les effets néfastes dans le monde réel tout en affrontant les monstres virtuels sur Lyoko, et au terme de chacune de ces batailles, les combattants restants sont trop peu nombreux pour espérer s’aventurer dans le Cinquième Territoire car cet endroit est désormais étroitement surveillé par leur ennemi, comme ils ont pu s’en rendre compte durant les rares excursions qu’ils ont tentées.

Mais aujourd’hui, nos héros ont la tête ailleurs : ce soir à Kadic aura lieu le concours de costumes d’Halloween, et les élèves font donc la queue devant le gymnase pour s’inscrire.

– C’était l’idée de qui ? demande Jérémie qui s’est laissé embarquer malgré lui.

– Pas la mienne, répond William, mais j’approuve quand même.

– C’était mon idée ! déclare Odd. Et surtout ne me remerciez pas ! Pour information, le gagnant repart avec des places VIP pour le prochain concert des Subdigitals !

– Euh, Odd, tu sais que je peux avoir ces places si je leur demande gentiment ? lui rappelle Aelita.

– Comment ça ? demande Naxxya intéressée. Tu les connais ?

– Oui, Aelita est le « jeune talent » découvert par les Subdigitals donc elle a quelques accès, explique Jérémie.

– C’est lequel des trois qui te fait craquer ? s’esclaffe Aelita en interrogeant sa camarade de chambre.

– Hein ? Non mais pas du tout ! se défend la géante. C’est juste que j’ai appris la batterie avec leurs albums, et j’adorerais pouvoir discuter un peu avec Chris.

– Ah, donc c’est Chris ! reprend sa camarade hilare. Entendu, je vous organiserai un petit tête-à-tête...

– Seulement pour discuter ! répète Naxxya. Et lui demander quelques conseils.


William prend une voix mielleuse pour se moquer d’elle :

– « Han Chriiis... tu veux bien m’apprendre à tenir des baguettes ? »

– Mais va te faire... fulmine la géante tandis que ses camarades éclatent de rire sauf Odd qui prend sa défense.

– Arrêtez de l’embêter ! proteste le félin. Elle veut juste discuter de musique pour progresser et vous la freinez dans son élan artistique !

– Tu serais pas jaloux de Chris par hasard ? le soupçonne William car d’ordinaire Odd n’est pas le dernier à se moquer de ses amis.

– N’importe quoi ! s’offense le chat violet. Il est beaucoup trop vieux pour elle !


Laissant ses camarades se quereller, Yumi renseigne Naxxya avec bienveillance :

– Si tu as peur qu’Aelita t’arrange un rendez-vous amoureux avec Chris, demande plutôt à Jim. C’est son oncle.

– Jim... Monsieur Moralès ? s’étonne la géante.

– Nous aussi ça nous a surpris quand on l’a su, confirme la Japonaise.



Sissi passe alors près d’eux, accompagnée par Hervé et Nicolas, et Odd en profite pour leur lancer une pique :

– En voila trois qui n’auront pas besoin de déguisements pour le concours !


La fille du proviseur de Kadic s’arrête brièvement en serrant les poings tandis qu’Hervé lui conseille d’ignorer les propos du félin, puis ils reprennent leur chemin.

Ayant plusieurs fois remarqué le malin plaisir avec lequel Odd envoie des moqueries gratuites à ces trois élèves en particulier, Naxxya l’interroge :

– Pourquoi tu les agresses verbalement chaque fois que tu les croises ? Vous êtes ennemis ?

– Pas vraiment, répond son camarade légèrement contrarié par le manque de répondant de la partie adverse. D’habitude c’est même Sissi qui commence à vanner et on se renvoie la balle, mais depuis quelque temps elle ne nous regarde même plus. Ça devient inquiétant.

– À mon avis, poursuit Aelita, elle supporte assez mal de voir Ulrich et Yumi sortir ensemble.

– Ça fait presque deux mois déjà, soupire Odd. Il serait temps qu’elle s’y habitue.

– Tu n’as aucune idée de ce qu’elle peut ressentir, rétorque froidement Yumi.

– « Ce qu’elle peut ressentir » ? répète le chat violet avec un air peu convaincu. Je te rappelle que Sissi a appelé mes parents pour leur dire que les chiens sont interdits à Kadic ! Cette fille n’a pas de cœur ! Elle ne ressent rien du tout !

– Si tu vois ça comme ça, réplique la Japonaise, c’est plutôt toi qui ne ressens rien. Après tout, comment un Don Juan comme toi pourrait-il savoir ce que ça fait de subir une déception amoureuse ?

– Détrompe-toi ! Les chagrins d’amour arrivent même aux meilleurs d’entre nous ! Pas vrai William ?

– Oh, ne t’en fais pas pour moi, répond l’intéressé. Mon entraînement cet été m’a permis d’apprendre à surmonter mes sentiments.


Odd éclate de rire :

– Haha ! Écoutez-le, avec son cœur de pierre ! Alors comme ça t’es devenu insensible à l’amour ?

– Absolument, confirme le grand ténébreux impassible. Mes heures de méditation focalisée m’ont appris à me concentrer sur des objectifs plus importants que l’attirance envers autrui.

– Ben voyons ! s’esclaffe le félin. Je parie que même moi, je pourrais te séduire !


Derrière eux, le préposé chargé de valider les inscriptions s’impatiente :

– Hum, hum.


Odd se retourne précipitamment :

– ...Oui bonjour, on vient s’inscrire pour le concours !


Ses amis étouffent un fou rire tandis que le préposé leur tend un stylo :

– Écrivez vos noms ici, leur explique-t-il. Et dans la case de droite, notez le « titre » de votre déguisement. Tenez, voici vos bracelets de participants.


Il leur donne un bracelet chacun, et Jérémie prend le sien un peu à contrecœur car cet accessoire lui semble grotesque :

– On est obligés de le porter ? demande le jeune garçon à lunettes.

– En effet, cela permettra au jury de distinguer les participants... Oh ! Mademoiselle Stones ! Je ne vous avais pas reconnue ! Inutile pour vous de porter un bracelet, le jury sait qui vous êtes !


Aelita sourit timidement, gênée par le compliment, et Yumi la taquine :

– Pas facile la vie de star, hein ?

– Je pourrais faire la première partie de tes concerts ? renchérit William.

– Ne rêve pas trop, lui répond Ulrich en attachant son bracelet. Quand elle sera riche et célèbre, elle ne se souviendra même plus de nous.


Tandis qu’Aelita s’amuse des moqueries de ses camarades, Jérémie appuie sur un bouton situé sur le côté de son bracelet et oriente celui-ci vers le mur, faisant apparaître un mini-fantôme :

– Tiens ? Ils font de la lumière vos bracelets ? demande-t-il.

– Absolument, confirme l’employé. Vous pouvez d’ailleurs tourner le cadran pour choisir la forme qui apparaît : citrouille, fantôme, chauve-souris, ...

– Trop cool ! s’exclame Odd en essayant toutes les formes.

– Évitez juste de vous baigner avec, conclut le préposé en invitant les élèves suivants à s’avancer.





* * *





En quittant le gymnase, les Lyoko-guerriers voient que la plupart des élèves portent un bracelet et se dirigent soit vers le portail de Kadic, soit vers les chambres.

– On dirait bien que le concours a du succès, observe Jérémie. Regardez : ils rentrent tous chez eux pour préparer leurs déguisements.

– Le foyer des élèves doit être libre, en déduit Ulrich. Ça vous dit un baby-foot ?

– T’as pas peur de prendre une deuxième raclée ? lui demande Yumi en souriant.

– Ah mais c’est vrai qu’on doit jouer la revanche ! se rappelle William.


Aelita se tourne vers Jérémie :

– Quel était le score au match aller ?

– 10 pour Yumi et Naxxya, 8 pour Ulrich et William.


Lorsque les sept lycéens entrent dans le foyer des élèves, Odd constate qu’il n’y a personne devant la télévision :

– À moi les dessins animés ! s’exclame-t-il en sautant sur le canapé.


Ulrich, William, Yumi et Naxxya se placent de chaque côté du baby-foot.

– Vous êtes prêts ? demande Jérémie avant de lancer la balle. Bon, j’attends beaucoup de fair-play de la part des deux équipes, et pas trop de blagues misogynes s’il te plaît William.

– N’importe quoi ! réplique le ténébreux. C’est Odd qui les faisait !

– Oui mais vous deux, vous rigoliez ! renchérit Yumi en accusant ses adversaires.

– Ah moi non, pas une seule fois ! se défend Ulrich. Par contre Naxxya avait le sourire aux lèvres dès qu’Odd sortait une vanne !

– Bah et toi alors ! rétorque la géante. Tu te retenais de rire uniquement par respect pour Yumi parce que tu sors avec elle !


Aelita sautille sur place avec excitation :

– La tension est palpable avant même le coup d’envoi !

– BREF ! intervient Jérémie. Pas de tacle sous la table, pas d’abus style râteau roulette et compagnie, vous connaissez les règles, que le match commence !

– ...et que les meilleures gagnent ! complète la jeune fille aux cheveux roses qui a subtilement choisi son camp.


Pendant que le match se déroule, Odd regarde tranquillement sa série télévisée, quand soudain, une idée lui vient à l’esprit.

Il observe successivement son bracelet du concours d’Halloween, puis la télévision, et appelle alors Jérémie :

– Einstein ! Tu peux venir une seconde ?

– Vas-y, déclare Aelita. J’arbitre pendant ton absence.


Jérémie rejoint son camarade :

– Qu’est-ce qu’il y a ?

– Je crois que j’ai trouvé la solution à nos problèmes ! affirme le félin. Regarde bien !...


L’informaticien observe l’écran de la télévision :

– Encore cette série stupide ?

– Tu vois les héros, là ? lui demande Odd. En apparence, de simples mortels comme toi et moi !

– Certes...

– Un monstre va bientôt apparaître devant eux ! ...Là ! Le voila !

– Effectivement, il est très laid, approuve Jérémie. Oh dis donc, qu’est-ce qu’il leur a mis à tes héros...

– Tout juste ! souligne le félin. Les héros sont en difficulté ! Et maintenant, observe-les attentivement ! Attention...


Les personnages brandissent alors des bracelets étranges, pressent quelques boutons en agitant les bras et obtiennent des armures colorées leur conférant des super-pouvoirs.

– Tu as vu ça !? demande Odd tout excité.

– Malheureusement, oui, déplore son ami en retournant vers le baby-foot.


Le chat violet le rattrape :

– Non mais réfléchis ! Si nous aussi on pouvait se défendre avec nos pouvoirs lorsque Xana nous attaque sur Terre, tu ne crois pas que ça nous faciliterait la vie ?


Jérémie comprend alors l’idée d’Odd et se met à réfléchir.

– J’avoue que je n’y avais pas pensé...


Le félin a les yeux qui brillent :

– Et si tu nous fabriquais des bracelets qui nous permettraient d’activer nos pouvoirs de Lyoko sur Terre ?


Ulrich lève la tête :

– Tu regardes trop la télé, reproche-t-il à son camarade de chambre.

– Raaaaah ! s’énerve William alors que son coéquipier encaisse un nouveau but. Mais bon sang, Ulrich ! Concentre-toi sur le match !


Aelita rejoint Jérémie pour l’interroger :

– Tu penses que l’idée d’Odd est réalisable ?


Le cerveau de la bande se gratte la tête :

– Ben... en reprenant un peu le principe de la Translation, ça devrait fonctionner tant qu’on reste dans les environs du supercalculateur. Et pour les composants, on trouvera ce qu’il nous faut à l’usine. Tu veux qu’on aille faire des essais au laboratoire ?

– D’accord, approuve la jeune fille aux cheveux roses. On en profitera pour finir nos déguisements à l’abri des regards indiscrets.


Tandis que Jérémie et Aelita quittent le foyer pour se rendre à l’usine, Naxxya demande :

– La « Translation » ?


Yumi lui explique rapidement ce concept tout en contrôlant la balle :

– C’est une sorte de virtualisation inversée qui nous permettait de passer du monde virtuel au monde réel en conservant nos pouvoirs... Et yes ! 8 à 7 !


Odd s’étonne en entendant le score :

– C’est pas vrai ? Les mecs ? Vous vous faites encore dominer !?


Ulrich accuse son coéquipier :

– C’est William, il n’arrête pas de tirer sur la gardienne...

– Cherche pas, lui répond Yumi. Naxxya en défense, c’est un véritable mur.

– Mouais, elle se débrouille pas trop mal, reconnaît le grand ténébreux, mais le vrai problème se situe plutôt dans notre défense : Ulrich, tu es inefficace parce que tu es en face de Yumi !

– N’importe quoi ! rétorque le samouraï tandis que son collègue le contourne.

– On va donc échanger nos places, comme ça peut-être que tu pourras nous montrer ce que tu vaux vraiment !


Yumi s’impatiente :

– Jouez donc, au lieu de bavarder !





Cinq minutes plus tard, les vainqueurs fêtent leur succès :

– On est les champions ! On est les champions ! chantent William et Ulrich qui ont finalement remporté le match 10 à 8.

– Désolée Yumi, s’excuse Naxxya. Je me suis déconcentrée vers la fin...

– Ça ne fait rien, répond la Japonaise. On gagnera la belle.


Odd se dirige vers la sortie :

– Bon ! Je vais préparer mon déguisement ! À tout à l’heure !

– J’y vais aussi, ajoute Ulrich en lui emboitant le pas. On se rejoindra devant le gymnase.

– Entendu, approuve Yumi. Naxxya, je vais passer chez moi, tu as besoin de quelque chose pour ton déguisement ?

– Ça ira, répond la géante. J’ai ce qu’il faut dans ma chambre.

– À ce soir alors ! conclut sa camarade.


Étant désormais externe, William emprunte le même chemin que la geisha pour quitter l’établissement :

– Arrête de me suivre ! plaisante-t-elle.

– C’est toi qui me suis ! rétorque-t-il. Et je parie que c’est parce que tu as peur de te promener seule le jour d’Halloween !

– T’en fais pas, répond-elle ironiquement. Si on croise des araignées, je te protégerai !





* * *





Plus tard, à l’usine, Jérémie et Aelita terminent l’assemblage des nouveaux bracelets censés leur permettre d’utiliser leurs pouvoirs virtuels dans le monde réel.

– En fait c’était plutôt simple à fabriquer, constate la jeune fille en retirant de son poignet l’appareil qu’elle vient d’essayer.

– La partie logicielle aurait pris plus de temps si on ne connaissait pas déjà le procédé de la Translation, commente son amoureux, et pour les composants électroniques on a de la chance d’avoir tout ce qu’il nous faut ici. Je pense que j’en construirai quelques uns en plus au cas où.

– Ces six-là suffiront pour le moment, conclut la jeune fille en reposant son bracelet dans la mallette avec les cinq autres.

– Oui, il ne reste plus qu’à y intégrer les programmes de Lyoko-Morphing, précise l’informaticien car seul le prototype que sa bien-aimée vient de tester disposait déjà de cette implémentation.

– Tu veux bien t’en occuper pendant que j’enfile mon déguisement pour ce soir ? demande Aelita qui a hâte de montrer sa tenue à son amoureux.

– Pas de problème, lui répond Jérémie en regardant sa montre. De toute façon, on a encore du temps devant nous.


La jeune fille descend à la salle des scanners pour s’habiller tandis que le génie à lunettes connecte les bracelets à l’ordinateur pour y transférer les programmes.

« Voila une bonne chose de faite. », se dit-il en songeant à présent à revêtir rapidement son déguisement pour surprendre Aelita lorsqu’elle remontera au laboratoire.

Il enlève donc son pull, dévoilant son T-shirt blanc parsemé de fausses taches de sang, puis il enfile son masque d’Hannibal Lecter. Mais soudain, l’écran de l’ordinateur se met en alerte pour signaler une tour activée. Jérémie n’a pas le temps de réagir, qu’un éclair sombre surgit de son bracelet d’Halloween et remonte le long de son bras jusqu’à son oreille pour le xanatifier.

Au même moment, Aelita, dans son costume de sorcière qu’elle a personnalisé au moyen de quelques détails roses, remonte de la salle des scanners :

– Alors ? Comment tu me trouves ? demande-t-elle en souriant.


Jérémie se retourne vers elle et répond d’une voix angoissante :

– Appétissante !


L’adolescente voit alors le symbole de Xana dans les yeux de son amoureux et pousse un cri avant de s’enfuir dans l’ascenseur dont la porte se referme juste à temps. Elle se dépêche de quitter l’usine et de franchir le pont, mais en soulevant la plaque de métal, la jeune fille angoissée aperçoit Jérémie qui sort à son tour du bâtiment en courant vers elle. Aelita s’empresse donc de descendre dans les égouts où elle récupère un skateboard pour tenter de semer son poursuivant, mais la xanatification augmente considérablement la vitesse de course du blondinet enragé. Alors qu’il est sur le point de rattraper sa proie, celle-ci effectue in extremis une figure de skateboard qu’Odd lui a enseignée afin de franchir d’un bond les eaux usées, tandis que Jérémie tombe dedans.

S’inquiétant du sort de son amoureux, la lycéenne s’arrête pour s’assurer qu’il refasse surface, mais lorsqu’elle s’approche craintivement du cours d’eau qu’elle vient d’enjamber, la main du jeune garçon surgit des flots et agrippe le bord, surprenant sa camarade qui déguerpit en vitesse.





* * *





En sortant des égouts dans les bois de Kadic, Aelita entend des cris stridents et aperçoit des élèves en costumes d’Halloween qui déambulent en émettant des grognements inquiétants. La jeune fille se cache donc derrière des arbres pour passer inaperçue et se dirige ainsi vers le lycée où elle compte retrouver ses coéquipiers, mais l’ombre allongée qu’elle projette à travers les arbres à cause du soleil couchant la trahit, attirant l’attention de quelques collégiens xanatifiés qui rugissent en se lançant à sa poursuite. Aelita se précipite derrière un buisson, effrayée par les cris des élèves qui se rapprochent, lorsqu’elle entend soudain une voix tout près de sa cachette :

– Psst ! Aelita ! Par ici !


La jeune fille se retourne et aperçoit la cabane du jardinier dont la porte est entrouverte, et elle s’empresse donc de s’y réfugier, soulagée d’y retrouver Yumi qui était dissimulée dans l’obscurité.

– Jérémie a été xanatifié ! chuchote Aelita en se cachant derrière son amie déguisée en vampire. Il faudrait qu’on aille chercher les autres, mais ils sont peut-être xanatifiés aussi...

– Pour le moment on va attendre que les collégiens s’en aillent, répond la Japonaise qui continue d’observer l’extérieur par l’entrebâillement de la porte.

– J’ai laissé mon portable à l’usine quand je me suis changée, tu n’as pas le tien sur toi pour qu’on essaye d’appeler du renfort ?

– Ma robe n’a pas de poche, mais le soleil va bientôt disparaître, on en profitera pour sortir sans être vues.


Aelita regarde autour d’elle pour choisir un outil qui pourrait lui servir d’arme de défense, mais elle remarque soudain une plaque métallique entreposée dont la surface réfléchissante lui fait réaliser avec terreur qu’à côté de son propre reflet, celui de Yumi est absent...

La jeune fille tétanisée se tourne lentement vers sa camarade qui lui fait un grand sourire avec ses crocs de vampire :

– Ne t’inquiète pas, ils finiront bien par s’en aller...


Aelita tente de reculer mais Yumi la retient par les poignets pour lui dévoiler ses véritables intentions :

– ...Et dès qu’ils seront partis, ton sang sera à moi !


La Lyoko-guerrière se débat et crie pour appeler à l’aide, mais la Japonaise xanatifiée la tient fermement et s’apprête à la mordre quand brusquement, la porte de la cabane s’ouvre en grand et la lumière éblouissante du soleil couchant arrache un cri de douleur à Yumi, l’obligeant à relâcher sa proie pour se terrer dans un recoin sombre de la cabane.

– Aelita ? Tout va bien ? lui demande William, déguisé en loup-garou.


L’adolescente reste terrorisée par son apparition, alors il se recule en écartant les bras pour montrer à sa camarade qu’elle n’a rien à craindre de lui :

– N’aie pas peur, c’est juste un déguisement ! Je ne suis pas xanatifié !


Yumi émet subitement un sifflement de la gorge qui pousse Aelita à sortir de la cabane à son tour, et elle découvre quelques collégiens déguisés allongés dans l’herbe, sans connaissance.

– C’est eux qui m’ont attaqué, assure le grand ténébreux. Du coup, j’ai dû les assommer un peu.


Sa coéquipière est enfin rassurée de tomber sur quelqu’un qui ne soit pas xanatifié :

– Jérémie et Yumi sont contrôlés par Xana, tu as des nouvelles des autres ?

– Non, moi je revenais à Kadic pour le concours, puis j’ai senti une attaque de Xana alors j’ai voulu aller aux égouts pour rejoindre l’usine, quand je t’ai entendue crier.


Aelita réfléchit :

– Le lycée doit être rempli d’élèves xanatifiés, on devrait peut-être aller à l’usine tous les deux pour essayer de désactiver la tour, en espérant que les autres nous rejoindront s’ils ne sont pas déjà sous l’emprise de notre ennemi...


William acquiesce et ils se remettent à courir vers les bois :

– Comment Xana s’y est pris pour xanatifier autant d’élèves ? Tu étais avec Jérémie quand Xana s’est emparé de lui ?

– Non, j’étais en train de me changer, je suis revenue juste après... Quant à Yumi, je crois qu’en fait elle était déjà xanatifiée quand je l’ai trouvée...


L’ancien Xana-guerrier jette un regard à l’horizon :

– Le soleil a disparu, Yumi va sûrement sortir de sa cabane pour nous courir après.

– Et Jérémie doit toujours nous attendre dans les égouts, complète Aelita avant de remarquer que William a cessé d’avancer. Ben ? Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu t’arrêtes ?


Son camarade ne semble plus l’entendre, immobile, la tête levée vers le ciel qui s’obscurcit, malgré une lueur venue d’en haut. Sa coéquipière incrédule lève la tête à son tour et discerne, entre les feuillages des arbres, la pleine lune qui les éclaire.

– Oh non...


Le grand ténébreux se met à trembler, en émettant des grognements étranglés tandis que ses muscles enflent et que sa fourrure se hérisse, son déguisement se confondant désormais avec son corps secoué par sa transformation. Comprenant que son ami est à son tour xanatifié, Aelita s’enfuit à toutes jambes à travers les bois pour rejoindre Kadic et trouver quelqu’un en état de l’accompagner sur Lyoko, tandis qu’un long hurlement derrière elle confirme que William est désormais à ses trousses.





    Lorsqu’elle parvient à s’introduire dans le dortoir, la jeune fille se réjouit qu’aucun élève xanatifié ne s’y trouve a priori, mais une indescriptible angoisse l’envahit à mesure qu’elle monte les escaliers. En arrivant à l’étage des garçons, elle sursaute à la vue de Milly et Tamiya debout et immobiles au bout du couloir, vêtues d’identiques robes bleues enfantines.

Aelita les dévisage un moment, puis les deux collégiennes déclarent à l’unisson :

– Bonjour Aelita... Viens jouer avec nous... Viens jouer avec nous Aelita... À jamais...


Une vision morbide s’insinue dans l’esprit de la lycéenne qui ne peut même pas crier, pétrifiée par ce flash d’horreur montrant les cadavres de Milly et Tamiya étripées à la hache, leurs robes bleues aussi maculées de sang que les murs du couloir, tandis que les deux fillettes répètent en chœur inlassablement :

– À jamais... À jamais...


Un nouveau hurlement résonne dans le bâtiment ; Aelita retrouve ses esprits puis réalise qu’il n’y a pas de sang dans le couloir et que ni Milly ni Tamiya ne sont présentes, alors elle fonce vers la chambre d’Odd et Ulrich, plongée dans l’obscurité, où elle distingue la silhouette immobile du félin assis sur une chaise devant son bureau.

– Odd ! s’écrie Aelita en croyant que son ami se cachait dans le noir pour éviter d’être repéré par les autres élèves qui hantent l’établissement. J’ai besoin de ton aide ! Les autres ont été xanatifiés !


Son camarade se retourne lentement en faisant pivoter sa chaise, révélant son costume et son maquillage de Billy, l’effrayante marionnette des films Saw.

– Bonsoir, Aelita... On va jouer à un jeu... Ça s’appelle : « Ulrikstein veut t’attraper » !


La jeune fille terrorisée recule doucement vers la porte mais Ulrich était caché derrière. Elle se retourne et le découvre déguisé en créature de Frankenstein tandis qu’il lève ses énormes mains vers elle en déclarant d’une voix monstrueuse :

– Ulrikstein... veut... jouer !


Aelita parvient à l’esquiver pour s’enfuir dans le couloir, et elle commence à désespérer de trouver quelqu’un qui ne soit pas sous l’emprise du virus de Lyoko.

« Si Naxxya est xanatifiée aussi, c’est la fin... » pense-t-elle en montant vers sa chambre.

– ...Naxxya ? ...T’es là ? demande-t-elle en entrant avec prudence.


La jeune fille craintive regarde derrière la porte, et vérifie même dans l’armoire.

– Personne... conclut-elle. Bon, au moins je suis en sécurité ici...

– Pas vraiment, non... répond une voix derrière elle qui la fait sursauter.


Aelita se retourne et voit Naxxya perchée sur le rebord de la fenêtre ouverte, déguisée en déesse de la mort, tenant dans sa main un carnet noir qu’elle ouvre afin d’y rédiger quelques mots.

– À vrai dire, poursuit la géante en agitant son étrange stylo, tu n’es plus en sécurité nulle part, car ton nom est écrit dans le cahier de la mort...


Naxxya brandit le cahier, ouvert à la page où elle vient d’inscrire :
« Aelita Schaeffer, massacrée par ses amis. »

Celle-ci sort de la chambre et s’enfuit à nouveau mais Odd et Ulrich arrivent en face, alors elle fait demi-tour mais William et Yumi arrivent par l’autre extrémité du couloir...

N’ayant plus d’issue, Aelita se réfugie dans la salle des douches où elle se retrouve prise au piège tandis que ses poursuivants entrent à leur tour...

– Le jeu est terminé... déclare Odd.

– Laissez-la-moi... siffle Yumi.

– Élimination... conclut Naxxya.


Ulrich grogne, William rugit.

Les cinq abominations se rapprochent de la jeune fille terrorisée qui perd espoir, quand soudain, la porte de l’une des cabines de douche s’ouvre et Jérémie en sort :

– Arrière, démons ! s’exclame-t-il courageusement en s’interposant entre les pantins de Xana et son amoureuse.

– Jérémie !? s’écrie Aelita stupéfaite. Mais comment...!?

– Oh c’est très simple ! explique-t-il en l’invitant à reculer à ses côtés vers les cabines de douches tandis que leurs amis possédés avancent vers eux. Xana s’est servi des bracelets du concours d’Halloween pour nous contrôler, c’est pour ça que tu es la seule à ne pas avoir été xanatifiée !

– Et comment tu as fait pour te libérer !? lui demande-t-elle en repoussant Ulrich qui tend ses grosses mains pour tenter de l’attraper.


Jérémie se protège avec la mallette qu’il a apportée avec lui :

– Quand je suis tombé dans l’eau des égouts tout à l’heure, ça a bousillé mon bracelet, car ils ne sont pas étanches ! J’en ai donc conclu que cette pièce serait l’endroit idéal pour affronter nos camarades !


Le génie à lunettes saisit alors un pommeau de douche et ouvre le robinet au maximum pour arroser ses amis afin de neutraliser leurs bracelets, les libérant ainsi de l’emprise de Xana.





– Qu’est-ce qui s’est passé ? demande Naxxya en revenant à elle.

– Et on est où là ? interroge William.

– Dans les douches des filles, il me semble, répond Ulrich.

– Dis donc, comment tu sais ça toi ? le questionne Yumi.

– Oh non ! Mon déguisement est fichu ! se lamente Odd tandis que son maquillage dégouline sur son costume.


Jérémie finit par leur expliquer qu’ils ont été xanatifiés par l’intermédiaire de leurs bracelets du concours d’Halloween, et qu’ils doivent donc aller désactiver la tour au plus vite.

La Japonaise essore le bas de sa robe :

– Si Xana a pris le contrôle de tous les élèves qui ont reçu un bracelet du concours, on va avoir quelques problèmes pour rejoindre l’usine...

– J’y ai pensé aussi, répond l’informaticien en ouvrant sa mallette. J’ai donc apporté de nouveaux bracelets qui font bien plus que de la lumière sur les murs.

– Bien joué Einstein ! s’exclame Odd en prenant son bracelet et la clé qui va avec.

– Et ça marche comment ? demande William.

– Très simple, répond Jérémie. Tu insères la Lyoko-clé dans le Lyoko-morpher, puis tu tournes.


Ulrich essaye, mais sans succès :

– Ça n’a pas l’air de fonctionner...

– Le mien non plus, ajoute Naxxya.


Aelita s’en étonne car le prototype testé à l’usine avait produit le résultat attendu :

– C’est bizarre, tout à l’heure le prototype avait fonctionné...

– Peut-être qu’ils ont pris l’eau, suggère William.

– Impossible, rétorque Jérémie. Ils sont totalement étanches jusqu’à vingt mètres de profondeur.

– Et pour l’énergie ? demande Yumi. On n’est pas censés activer une tour avant de pouvoir se translater ?

– Pas besoin, explique l’informaticien néanmoins perplexe. On se sert directement de l’énergie du supercalculateur à notre disposition, et on ne matérialise pas de spectres, mais seulement vos uniformes, vos armes et vos pouvoirs virtuels sur vos corps réels, donc c’est amplement suffisant. Vraiment je ne comprends pas pourquoi ça ne fonctionne pas...

– J’ai une idée ! s’exclame soudain Odd en agitant les bras. Mettez-vous tous en ligne !

– Odd, on n’a pas le temps de jouer... soupire Ulrich.

– Tous en ligne j’ai dit !! insiste fermement le félin.


Ses coéquipiers consentent donc à s’aligner derrière lui.

– Et maintenant, faites exactement comme moi !


Ses camarades le regardent et s’efforcent de reproduire les gestes qu’il effectue :

– Lyoko-clé vers le ciel ! Lyoko-morpher à gauche ! On regroupe... et on tourne la clé !


À leur grand étonnement, leurs corps se remplissent d’énergie qui rayonne de toute part, puis leurs tenues de Lyoko-guerriers apparaissent sur eux, ainsi que leurs armes.





* * *





Dehors, la cour commence à être envahie par des élèves déguisés en fantômes, zombies et autres créatures de cauchemar, tous contrôlés par Xana. Jim Moralès, déguisé en Yéti, prend le commandement de cette armée de morts-vivants :

– Suivez-moi, ils sont à l’intérieur !


Les horreurs xanatifiées arrivent devant le bâtiment qu’ils s’apprêtent à investir, mais soudain, la porte s’ouvre avec fracas et les Lyoko-guerriers déboulent dans la cour puis commencent à repousser les morts-vivants.

– N’oubliez pas que ce sont des élèves ! rappelle Jérémie. Donc allez-y doucement !

– Compris ! répond William. Je frappe avec le plat de ma lame !

– Flèche-laser ! s’exclame le félin.

– Odd ! Qu’est-ce qu’on vient de dire !? le réprimande Yumi.

– Bah ouais mais j’ai pas d’autre attaque moi ! se plaint-t-il.

– Donne-leur juste des coups de pattes ! lui conseille Aelita.

– De toute façon, poursuit Jérémie, la priorité n’est pas de les combattre mais de rejoindre l’usine.


Derrière eux, Naxxya semble refuser obstinément de frapper ses assaillants et se contente donc de les repousser doucement avec ses mains, mais elle finit par se faire accrocher par des élèves qui s’agglutinent sur elle pour tenter de l’immobiliser.

– Besoin d’un coup de main ? lui demande Ulrich en remarquant qu’elle est en difficulté.

– Hein ? Euh... Non, ça va, avancez sans moi je vous rejoins... balbutie la géante qui continue d’avancer tant bien que mal sous le poids de ses agresseurs.

– Je vous avais bien dit qu’elle nous ralentirait ! s’esclaffe William en ouvrant la voie allègrement avec son épée.


Piquée au vif, Naxxya se décide à utiliser Impulsion, ce qui lui permet de se dégager aussitôt de l’étreinte de ses poursuivants et de rattraper ses coéquipiers.

Comme Jérémie n’a pas de pouvoirs, l’elfe aux cheveux roses l’invite à rester près d’elle, mais il brandit alors son arme personnelle :

– Ne t’en fais pas pour moi, j’ai mon pistolet à impulsion !


Agréablement surprise par l’assurance dont fait preuve son amoureux en dépit de sa vulnérabilité au milieu des hordes d’élèves xanatifiés, Aelita le dévore des yeux un bref instant en se mordillant la lèvre, avant de succomber au désir d’embrasser son sauveur.

– C’est pas le moment de batifoler ! les houspille Yumi car Jérémie reste momentanément étourdi par le baiser de sa bien-aimée alors qu’ils sont censés se dépêcher d’aller à l’usine.





En s’enfonçant dans la forêt, les Lyoko-guerriers parviennent enfin à semer leurs poursuivants et rejoignent la plaque d’égouts.

Mais alors qu’ils s’apprêtent à la soulever, une voix familière avec un écho synthétique se fait entendre :

– Désolée, vous n’irez pas plus loin...


Les sept adolescents se retournent aussitôt pour voir d’où venait cette voix, quand soudain des racines émergent du sol et s’entortillent autour de leurs chevilles :

– Hé !? Qu’est-ce qui se passe !? s’inquiète Aelita en essayant de reculer en vain.

– Les plantes ! Elles en ont après nous ! répond Jérémie entravé lui aussi.

– Mais lâchez-moi ! crie Odd en se débattant.


Ulrich, Yumi, William et Naxxya s’efforcent de couper les racines à l’aide de leurs arme tranchantes, mais bientôt, toute l’équipe se retrouve ficelée de la tête aux pieds.

Déguisée en plante carnivore, Sissi xanatifiée apparaît devant eux :

– Je vous tiens enfin !

– Oh nan, pas elle, soupire le félin.

– Yumi, tu t’en charges ? lui demande Ulrich.


La Japonaise ne répond pas, déjà occupée à contrôler un de ses éventails par télékinésie pour trancher ses liens.

– Reste tranquille ! réplique Sissi en tendant sa main vers la geisha pour fair jaillir une nouvelle rangée de racines qui soulèvent la Lyoko-guerrière avant de la plaquer contre un arbre.

– Saleté ! peste Yumi qui n’est pas parvenue à se débarrasser complètement de ses entraves.

– Comment ? Tu peux répéter s’il te plait ? demande Sissi en s’approchant de sa proie tandis que celle-ci est désormais gênée par les racines qui se resserrent autour de son cou.

– Allez, faites un effort ! s’impatiente Jérémie. C’est bien la peine de vous munir de vos pouvoirs de Lyoko sur Terre si vous n’êtes même pas capables de vous libérer de simples racines ! Vous voulez peut-être que j’aille chercher une pelle ?

– On peut rien faire si on peut pas bouger ! rétorque le félin qui se tortille en vain. Et pour ma part, je n’ai pas énormément de Points de Force !

– Moi si, conclut Naxxya en contractant intensément ses muscles jusqu’à briser les liens qui la retenaient.

– Super ! Viens me détacher ! lui crie Odd.

– ÇA SUFFIT !! hurle Sissi en faisant surgir d’énormes racines pour plaquer Naxxya au sol, ainsi que William qui réussissait lui aussi à se libérer par la force.

– Hé ! On s’enfonce !! panique Aelita en réalisant que les cordes végétales sont en train de se resserrer sur eux pour les enterrer progressivement.

– Supersmoke ! s’exclame le grand ténébreux en passant ainsi à travers ses entraves pour foncer sur Sissi, mais celle-ci émet alors une étrange fumée jaune avec ses mains, et William réapparaît en toussant abondamment, un genou au sol, comme intoxiqué par le nuage avec lequel son adversaire l’a contré.

– Vous ne pouvez rien contre moi ! triomphe la jeune fille xanatifiée, avant que son nuage toxique se dissipe pour révéler Jérémie debout devant elle.


Sissi n’a pas le temps de réagir, car Jérémie lui envoie immédiatement une décharge de son pistolet à impulsion électrique pour l’assommer.

– Comment t’as fait pour te libérer !? l’interroge Odd en se relevant à présent que les racines ont cessé de s’agiter.

– Héhé, mystère... lui répond le génie à lunettes en rengainant son arme avant d’adresser un clin d’œil discret à Yumi qui lui avait en fait tranché ses liens par télékinésie avec ses éventails.

– Tu nous raconteras plus tard, les autres élèves xanatifiés ne sont pas loin ! termine Ulrich en descendant dans les égouts.





Après avoir traversé les canalisations, les sept lycéens arrivent à l’usine et empruntent l’ascenseur.

– Reconnaissez que j’ai été génial pour le coup des bracelets qui permettent de se transformer ! déclare Odd.

– Oui, enfin, ce sont Jérémie et Aelita qui les ont fabriqués, répond Yumi.

– Mais c’était mon idée ! insiste le félin.

– Jamais de la vie, tu as piqué cette idée dans une série télé, rétorque William. Les scénaristes ont eu l’idée des bracelets, Jérémie les a fabriqués, fin de l’histoire.

– ...Donc Odd est bien un visionnaire puisqu’il a su associer le concept des bracelets et le savoir-faire de Jérémie, conclut Naxxya amusée par le débat.

– Ah, enfin quelqu’un qui reconnaît mon talent et l’apprécie à sa juste valeur ! triomphe le chat violet.


Jérémie s’installe au poste de commande :

– Je vous rappelle qu’on a toujours une tour à désactiver, donc dépêchez-vous d’entrer dans les scanners.

– On est en place, répond Ulrich.

– Bien. La tour est située dans le territoire forêt, annonce l’opérateur en virtualisant ses camarades. Si ça ne vous ennuie pas, je vais garder vos véhicules en réserve, et je vais vous demander de préserver aussi vos points de vie.

– Tu as l’intention de nous envoyer sur le Cinquième Territoire après, c’est ça ? demande William en apparaissant sur Lyoko.

– C’est une occasion en or, explique Jérémie. Vous êtes au complet, et sur Terre rien ne presse pour désactiver la tour, donc on accomplit la mission proprement et on verra ce qu’on peut faire ensuite. Naxxya, tu gardes toujours un œil sur Aelita.

– Entendu, répond la géante en déployant ses boucliers.

– La tour se situe vers le nord, précise l’informaticien.


Les six Lyoko-guerriers s’élancent donc sur les plateformes verdoyantes suspendues entre les arbres du Territoire Forêt.





– Ça y est Jérémie, on aperçoit la tour, déclare Ulrich. Et toujours aucun monstre en vue.


L’opérateur observe son écran-radar :

– Je détecte deux Kankrelats droit devant ! Oh, attendez, il y en a aussi un sur votre gauche. ...Mais !? Il y en a de plus en plus ! Tout autour de vous !

– Heu... tu en es sûr ? s’étonne Aelita en scrutant les environs. Je n’en vois aucun...

– Einstein, c’est pas une blague d’Halloween par hasard ? demande Odd.

– Non, je suis sérieux ! insiste Jérémie. Le radar indique qu’il y a des dizaines de Kankrelats de chaque côté de la route !


William brandit son épée :

– Chut, ne faites plus un bruit...


Ils s’immobilisent, le silence s’installe et ils tendent l’oreille.

Yumi capte alors un léger cliquetis puis lance aussitôt son éventail qui fait le tour d’un arbre et détruit trois Kankrelats d’un coup :

– Ils sont sur la face cachée des arbres ! s’exclame-t-elle.


Tous les Kankrelats se montrent soudain et se mettent à tirer sur les Lyoko-guerriers.

– Regroupement ! ordonne Ulrich.


Naxxya se rapproche d’Aelita et déploie le Dôme céleste au-dessus d’elles tandis que les autres repoussent les projectiles tout en reculant vers le Dôme pour s’y abriter. Voyant que leurs tirs échouent contre le rempart énergétique généré par la géante, les Kankrelats descendent des arbres et encerclent leurs proies vers lesquelles ils avancent en grouillant comme des cafards.

– Contre-attaque ! Maintenant ! s’exclame le samouraï une fois que les monstres sont assez près.


Odd, Yumi, Ulrich et William passent à l’offensive et chargent les créatures désormais exposées à leurs coups.

Aelita se tourne vers Naxxya :

– Prête ?

– Quand tu veux.

– Go ! s’exclame l’ange de Lyoko en courant vers la tour.


La géante désactive le Dôme et couvre sa coéquipière en la suivant avec ses boucliers pour bloquer ou au moins encaisser à sa place les nombreux tirs qui leur sont adressés.

– Attention Aelita ! la prévient Jérémie. Il y a plusieurs Kankrelats derrière la tour !


Ulrich utilise son Supersprint pour aller s’en occuper tandis que l’elfe aux cheveux roses entre dans l’édifice où elle valide bientôt le code Lyoko.

– Tour désactivée, déclare-t-elle.

– Y’a pas à dire, quand on est tous ensemble, on déchire tout ! observe Odd.

– C’est bon Aelita, tu peux sortir de la tour, conclut Ulrich après avoir éliminé les derniers Kankrelats.

– Parfait, poursuit Jérémie. Dirigez-vous vers la bordure, je vous envoie le transporteur.





* * *





L’équipe au complet débarque sur le Cinquième Territoire.

– On prend le « périphérique » ? demande Yumi.

– C’est bien pour ça que j’ai gardé vos véhicules, répond Jérémie en leur envoyant l’Overbike, l’Overboard et l’Overwing tandis que William invoque sa Blackmanta. Aelita, tu montes avec Yumi. Naxxya, tu montes avec William.

– Pourquoi Naxxya ne monterait-elle pas plutôt avec moi ? demande Odd.

– Et c’est reparti... soupire Ulrich.

– Odd, la dernière fois que tu l’as transportée, lui rappelle Jérémie, vous avez failli finir tous les deux dans la Mer numérique.

– Justement ! réplique le félin. Il est très important que je m’entraîne à gérer notre différence de poids afin d’être plus efficace lorsque je transporte un passager sur l’Overboard !

– Ça ne me pose pas de problème Jérémie, déclare Naxxya.

– Bon, c’est d’accord, conclut le cerveau de la bande. Mais soyez prudents pendant le vol. Et pas trop d’acrobaties !


Odd se tourne vers sa passagère :

– J’ai pas entendu, il a dit quoi ?

– Je crois qu’il parlait de faire des acrobaties, lui répond la géante.

– Ah ça tombe bien, c’est justement l’une de mes nombreuses spécialités ! se réjouit le félin en se dandinant sur son Overboard.


Ulrich passe devant :

– En route ! Jérémie, tu nous préviens quand on s’approche de l’accès au terminal ou si tu détectes des Mantas.

– Compte sur moi, acquiesce l’opérateur.





Ils commencent donc à contourner le Cinquième Territoire pour se rendre de l’autre côté, et Odd effectue quelques loopings pour se mettre à l’aise :

– Yaaahouuu !

– Ça va Naxxya ? lui demande Yumi. Pas trop mal au cœur ?

– Je tiens le coup, répond la géante un peu crispée.

– Ça, pour tenir mon cou, elle le tient bien ! confirme le félin.

– Oups ! Désolée... s’excuse Naxxya en relâchant le cou de son pilote avant de redescendre ses mains sur ses épaules.

– Moi vous me donnez envie de vomir mais ça vient pas des acrobaties, leur lance William excédé par leurs moments gênants.

– T’es jaloux parce que ta Manta ne virevolte pas aussi bien que mon Overboard ! réplique Odd en effectuant une vrille.

– ...Bien, on se reconcentre sur la mission, intervient Ulrich pour ramener le calme dans ses rangs et cacher le fait qu’il partage le fou rire de Yumi et Aelita déclenché par la vanne de William.


Jérémie leur donne quelques consignes :

– J’en profite pour vous rappeler que si vous voyez l’un d’entre vous tomber et qu’il n’est pas récupérable, il faut impérativement le dévirtualiser, sinon il sera... oh attendez ! Un escadron de Mantas vient d’apparaître sur mon radar ! Elles vous poursuivent !

– C’est noté, répond Ulrich en jetant un bref coup d’œil en arrière.

– De toute façon, commente Aelita, on aura atteint l’accès au terminal dans peu de temps.

– La corniche n’est plus très loin, confirme l’informaticien, mais les Mantas vous auront rattrapés avant.

– Il va falloir combattre, conclut William en brandissant son épée.

– Essayez de maintenir votre vitesse, recommande Ulrich. Si on traîne trop, on risque de devoir affronter aussi leurs renforts.

– Accroche-toi bien Aelita, lui conseille Yumi en accélérant légèrement.

– D’autres Mantas arrivent en sens inverse pour vous couper la route ! prévient Jérémie. Préparez-vous !

– William, en première ligne avec moi ! ordonne le samouraï. Odd, tu fermes la marche pour permettre à Naxxya de bloquer les tirs qui arrivent par l’arrière !


Ils se mettent donc en formation selon les instructions d’Ulrich, et les créatures ennemies commencent à faire feu :

– Elles nous rattrapent ! signale Naxxya en bloquant des tirs.

– Mantas droit devant ! ajoute William en se protégeant avec sa lame.

– Parés à plonger à mon signal ! s’exclame Ulrich.

– Attention ! Elles lâchent des mines ! l’alerte Yumi tandis que les raies virtuelles qui leur barrent le passage placent des sphères explosives dans leur sillage.

– Je sais ! poursuit son amoureux qui avait pris en compte cette capacité. Plongeon « élastique », c’est compris !?

– Compris !! approuvent en chœur les trois autres pilotes tandis que les monstres devant et derrière eux commencent à charger leurs rayons.

– MAINTENANT !!


Les Lyoko-guerriers décrochent de leur trajectoire et plongent pour éviter le déluge de tirs que s’échangent les Mantas, et certaines d’entre elles sont détruites par leurs propres semblables tandis que les survivantes plongent à la poursuite des quatre véhicules, mais conformément à la manœuvre choisie par Ulrich, nos héros remontent subitement en altitude, si bien que les créatures volantes qui les poursuivaient sont prises au dépourvu par leurs proies qui traversent leur nuée à contresens :

– BANZAÏ !! s’écrie Odd en mitraillant celles qui passent à sa portée tandis que ses alliés en fauchent également avec leurs armes respectives.

– Bien joué ! les félicite Jérémie satisfait de voir que toute l’équipe a franchi la ligne ennemie. Les Mantas sont décimées !

– La voie est libre ! annonce William en constatant qu’il n’y a plus aucun monstre devant eux.

– Regardez ! s’esclaffe le félin en désignant dans leur sillage les créatures restantes qui tentent de remonter vers eux. Elles se prennent leurs propres mines !

– Y’en a quelques unes qui passent ! se méfie Naxxya en bloquant les nouveaux tirs qu’elles leur adressent.

– Vous devriez apercevoir l’accès au terminal des archives sur votre droite ! annonce l’informaticien.

– Je le vois ! confirme Yumi avant de s’apercevoir que l’ouverture est obstruée. C’est bizarre, le passage semble fermé par un mur...

– Comment ça ? questionne l’opérateur.


Les Lyoko-guerriers descendent jusqu’à la corniche pour en avoir le cœur net :

– Il y a un nouveau mur qui bloque le passage ! confirme Aelita. À mon avis, Xana ne veut pas qu’on entre...

– Tu crois qu’il a réagencé ce couloir exprès pour nous empêcher de passer ? demande Odd contrarié.

– Je ne pense pas, répond Jérémie qui connait assez bien la structure de ce territoire. Contrairement à la plupart des blocs bleus qui composent le labyrinthe intérieur, les parois de ce corridor sont statiques, elles ne peuvent pas se mouvoir librement.

– Bah alors il a construit un nouveau mur ! renchérit le félin face à l’obstacle infranchissable.

– Xana ne crée pas de murs ! rétorque l’informaticien qui refuse d’envisager cette éventualité. Ça doit être une illusion, essayez de forcer le passage !

– Faites gaffe ! les prévient Naxxya pour qu’ils se baissent tandis que des rayons échouent contre le mur car les monstres restants arrivent derrière eux.

– Yumi et Aelita ! Voyez s’il y a moyen d’entrer ! conclut le samouraï avant de reprendre de l’altitude. Nous autres, on va retenir les Mantas !





Pendant que William, Ulrich, Odd et Naxxya font demi-tour pour faire face aux créatures qui en ont encore après eux, les deux passagères de l’Overwing descendent de leur véhicule puis Aelita pose sa main contre le mur qui bloque le passage, mais elle ne passe pas à travers.

– Ce n’est pas un faux décor...


Jérémie réfléchit pour trouver une explication.

– Xana peut créer des monstres, tirez donc sur ce « mur » pour voir s’il réagit...


La jeune fille aux cheveux roses délivre un Champ de force tandis que sa coéquipière lance un éventail contre la paroi, mais celle-ci ne bouge pas d’un iota.

– Aucune réaction, observe Yumi. Jérémie, il faut se rendre à l’évidence : Xana a créé un mur.

– Ce n’est pas normal... affirme l’informaticien de plus en plus inquiet. Il faut stopper la mission !

– Quoi !? Mais on commençait à peine à s’amuser ! proteste Odd en détruisant une Manta.

– Xana a quelque chose derrière la tête, insiste Jérémie. Et de toute manière, on ne peut plus accéder au terminal !

– Là-bas ! La Méduse ! s’exclame soudain Yumi en désignant au loin le monstre tentaculaire qui vole lentement vers eux en compagnie d’un nouvel escadron de raies virtuelles.

– Je m’en doutais ! Xana nous a tendu un piège ! reprend l’opérateur. Abandonnez la mission et mettez-vous à l’abri pour que je vous rematérialise !

– Il y a trop de Mantas ! constate William qui continue de se battre. On ne pourra pas s’échapper !

– Alors laissez-les vous tirer dessus avant que la Méduse vous attrape ! ordonne Jérémie.

– Bon d’accord ! se résigne le félin en écartant les bras. Profitez-en bien, aujourd’hui c’est gratuit !


Ulrich et William alignent leurs véhicules à côté d’Odd et Naxxya, tandis que les Mantas chargent leurs rayons.

– C’est sympa : elles visent nos jambes pour que ce soit moins douloureux, observe Naxxya.


Jérémie comprend alors les intentions des monstres :

– Non ! Elles visent vos véhicules !


En effet, les projectiles énergétiques tirés par leurs ennemis s’abattent finalement sur les supports volants des quatre Lyoko-guerriers qui se rendaient, entrainant la chute de leurs passagers.

– Dévirtualisez-vous ! Vite ! panique le génie à lunettes devant son ordinateur.


Naxxya remplace l’un de ses boucliers par une lame puis transperce Odd qui lui tire une Flèche-laser en plein cœur ; William passe en Supersmoke pour réapparaitre près d’Ulrich afin qu’ils se transpercent mutuellement, tandis que les Mantas et la Méduse se dirigent vers Yumi et Aelita.

La Japonaise déploie ses éventails :

– Vas-y !


L’elfe aux cheveux roses envoie donc un Champ de force sur sa coéquipière qui la scinde au même instant avec ses éventails.





* * *





De retour sur Terre, les Lyoko-guerriers rejoignent Jérémie au laboratoire.

– Einstein, tu nous as vraiment fait abandonner cette mission juste à cause d’un mur !? s’étonne Odd.

– Et d’après toi, que signifie ce mur ? lui demande son camarade.

– Bah que Xana n’aime pas qu’on fouille dans ses affaires ! Je sais ce que c’est, j’ai cinq sœurs !

– Effectivement, poursuit l’informaticien, notre ennemi essaye de nous empêcher d’accéder au terminal des archives car il ne veut pas qu’on connaisse ses faits et gestes, et encore moins ses plans. Cependant, Xana ne peut pas créer de murs ou de décors solides, ou du moins, il n’a jamais su le faire jusqu’à aujourd’hui.

– Aelita peut très bien créer des fragments de décor, non ? demande Naxxya.

– Oui, confirme le cerveau de la bande, mais ils ne sont pas permanents et sont relativement fragiles comparés aux décors normaux. Or, le mur qui vous a bloqués tout à l’heure était aussi solide que le sol de Lyoko, je ne crois donc pas qu’il soit l’œuvre de notre adversaire.


Ulrich commence à comprendre :

– Mais alors, si ce n’est pas Xana qui a créé ce mur, ça serait...?


Aelita réalise soudain où son amoureux veut en venir :

– Mon... mon père !?


Jérémie hoche la tête.

– Franz Hopper ? s’étonne Yumi. Mais pourquoi voudrait-il nous empêcher d’accéder aux archives ?

– Il ne le veut pas, explique l’opérateur. Le seul qui ait un intérêt à bloquer l’accès aux archives, c’est bien Xana. Mais c’est pourtant Franz Hopper qui a ajouté le mur qui nous empêche d’atteindre le terminal. En fait, je pense que notre ennemi a trouvé le père d’Aelita depuis un moment déjà, c’est pour ça que nous n’avons pas eu de nouvelles de lui. Xana le retient prisonnier quelque part.

– Pourquoi le garderait-il en vie ? s’étonne William.

– Probablement comme un otage, propose Ulrich. Xana doit penser que s’il exécute Franz Hopper, plus rien ne nous empêchera d’éteindre le supercalculateur, voire de le détruire.

– C’est possible, poursuit Jérémie, mais il pourrait tout aussi bien l’éliminer et nous laisser chercher en vain. Heureusement, le mur nous prouve que Franz Hopper est toujours en vie, et je crois que Xana souhaite se servir des pouvoirs du créateur de Lyoko, mais son véritable objectif m’échappe encore.


Naxxya est stupéfaite par les explications du génie à lunettes :

– Tu as déduit tout ça rien qu’en constatant qu’il y avait un mur de trop ?

– Si Xana nous empêche de découvrir ce qu’il prépare, il faut pouvoir le deviner. Mais cette fois, c’est lui qui a anticipé nos actions : sachant qu’on reviendrait en faisant le tour, Xana a non seulement fermé l’accès au terminal des archives, mais il en a aussi profité pour nous tendre un piège et nous envoyer la Méduse. Nous avons manqué de prudence, nous sommes devenus trop sûrs de notre invincibilité lorsque notre équipe est au complet, et ce n’est pas la première fois que Xana nous met en confiance pour mieux nous piéger ensuite...


Voyant que les regards se tournent brièvement vers William, la géante comprend que Jérémie fait allusion à cet épisode tragique où Xana s’est emparé du grand ténébreux l’année passée.

– C’était mon premier jour sur Lyoko, se défend William. Pas moyen que ça se reproduise.

– Justement, rétorque l’informaticien, aujourd’hui ça aurait pu se reproduire, parce que nous n’avons pas été assez méfiants. Quoi qu’il arrive, nous ne devons pas sous-estimer notre ennemi, ni oublier qu’au-delà de ce que Xana fait devant nous, il y a tout ce que Xana prépare dans l’ombre...


Les Lyoko-guerriers approuvent en silence, quand soudain Odd s’exclame :

– Oh ! Le concours d’Halloween ! J’avais complètement oublié !

– Laisse tomber, lui répond Ulrich, nos déguisements sont encore trempés.

– On se fait un Retour vers le passé ? propose William.

– Juste pour sécher vos déguisements ? Vous êtes sérieux ? s’indigne Jérémie.

– Ça n’en vaut pas la peine, répond Yumi en secouant la tête.


Le félin regarde son Lyoko-morpher et sourit :

– Je crois que j’ai une idée... Tous en ligne !





* * *





Nos héros reviennent à Kadic juste à temps pour le concours et entrent dans la salle avec leurs tenues de Lyoko-guerriers, sauf Jérémie toujours en Hannibal Lecter, bien content d’avoir choisi un déguisement assez simple et donc facile à refaire.

– Vous êtes sûrs que c’était une bonne idée ? demande la Japonaise pas très à l’aise à l’idée de se pavaner en combinaison virtuelle au milieu des autres élèves costumés pour Halloween.

– T’inquiète pas Yumi, la rassure Odd. Tu es terrifiante !

– Oui mais par contre, poursuit William, ça n’a plus grand chose à voir avec le titre du déguisement qu’on a écrit lors de l’inscription...

– Bah je trouve tu fais toujours un peu loup-garou, affirme Ulrich ironiquement.

– ...Un genre de loup-garou du futur dont les adolescentes tombent amoureuses ! complète le félin hilare.

– Très drôle, venant d’un chat violet...

– C’est bizarre, observe Jérémie, plus personne ne porte les bracelets du concours...

– ÉDITION SPÉCIALE ! s’exclament Milly et Tamiya en brandissant un journal fraichement imprimé. Le complot des bracelets publicitaires déjoué par le Prince des circuits électriques !


Jérémie leur prend un exemplaire et ouvre des yeux ronds en lisant l’article :

– « ...Suite à l’évanouissement général des participants du concours d’Halloween, notre proviseur Monsieur Jean-Pierre Delmas, féru d’électronique, a décidé d’ouvrir un des bracelets du concours pour y découvrir un micro et un émetteur radio, dont les ondes sont probablement à l’origine du malaise qu’ont subi les participants ! En effet, la société publicitaire qui sponsorisait ce concours se servait secrètement des bracelets pour recueillir les propos des élèves de Kadic à leur insu afin de mieux cibler leurs centres d’intérêt ! Notre interview exclusive... blablabla... »

– C’est du grand délire ! s’exclame Yumi.

– Je comprends mieux comment Xana a pu xanatifier autant de personnes à l’aide de simples « bracelets », conclut l’informaticien. En tout cas, il faudra qu’on passe tous au scanner pour que j’augmente notre résistance à la xanatification.


Naxxya les prévient :

– Attention, on nous regarde... murmure-t-elle car les trois personnes chargées d’évaluer les différents costumes semblent s’intéresser à eux.


Ulrich sourit :

– Vous avez vu qui compose le jury ?

– Oh ! Ce cher Chris ! s’esclaffe William en reconnaissant à côté du proviseur de Kadic le batteur des Subdigitals. Alors le rendez-vous est pour ce soir ?

– Super drôle, commente froidement la géante.


Aelita, qui était pourtant à l’origine de la blague consistant à imaginer le couple que formeraient Chris et Naxxya pour faire enrager cette dernière, semble perplexe en dévisageant la troisième personne qui les observe : une dame curieusement vêtue, le visage caché derrière une paire de lunettes extravagantes.

– Dites, la femme avec les lunettes bizarres, quelqu’un la connait ?...

– Apparemment elle s’appelle « Hana Prophète » et elle travaille dans la haute couture... lui répond Jérémie qui a trouvé cette information dans les Échos de Kadic.

– « Hana Prophète », répète William désabusé. Ils ont vraiment des noms pas croyables dans la mode.

– C’est sûrement un pseudonyme, précise l’informaticien.

– Je crois qu’elle apprécie l’uniforme d’Odd... murmure Ulrich.

– C’est bien normal ! affirme le félin avec un air satisfait. Ma tenue de Lyoko-guerrier est absolument magnifique !

– Chut, elle vient vers nous... chuchote Yumi.


La styliste s’approche d’Odd et pose sa main sur son épaule :

– Jeune homme, permets-moi de te féliciter pour ton sens artistique ! Ton déguisement est tout à fait remarquable ! Moderniser le concept vieillissant du pantin maléfique en adoptant l’apparence d’une figurine dérivée d’un dessin animé, c’est un coup de génie !

– Entièrement d’accord avec vous ! approuve le félin avec un immense sourire tout en se pavanant sous le nez de ses camarades exaspérés par sa suffisance insolente.


La styliste passe alors sa main dans les cheveux du chat violet :

– Mais les oreilles et la queue, c’est peut-être un peu « too much » tu ne crois pas ? Enfin ! Bonne chance quand même !


Tandis que ses amis éclatent de rire, Odd la regarde s’éloigner :

– « Too much » gna gna gna ! Non mais pour qui elle se prend ? Elle a vu ses lunettes ?





Chris monte alors sur la scène et prend un micro :

– Votre attention s’il vous plaît ! On a vu de très beaux costumes ce soir, très effrayants, très réussis, le jury a délibéré et il est temps pour nous de vous révéler le podium de ce concours du meilleur déguisement d’Halloween !


Une vague d’excitation agite les élèves, et Odd fait signe à ses camarades de le suivre pour se rapprocher de la scène.

Le batteur des Subdigitals entame le classement :

– En troisième position : Jim Moralès pour son déguisement d’abominable homme des neiges ! Bravo tonton !


Jim monte fièrement sur la troisième marche du podium :

– Je savais que ce stage de sherpa dans l’Himalaya me servirait un jour !

– Dans l’Himalaya ? s’étonne un élève devant la scène. Vous avez gravi l’Everest ?

– Absolument ! confirme le professeur de sport. Je peux même te dire combien de corps d’alpinistes se trouvent le long de... Heu... Non en fait, je préfère ne pas en parler !


Son neveu poursuit :

– ...La deuxième place est attribuée à ...Élisabeth Delmas pour son costume de plante carnivore ! On l’applaudit !

– Seulement deuxième !? s’étonne Sissi qui a du mal à cacher sa déception.

– On méritait la première place ! affirme Hervé car Nicolas et lui ont activement participé à la confection du déguisement très élaboré que porte leur amie.


Ulrich se penche vers Jérémie et remarque ironiquement :

– C’est une coïncidence ou les gagnants ont tous un membre de leur famille dans le jury ?



– Et enfin, termine Chris, la gagnante du concours de déguisements d’Halloween est...

– Odd Della Robbia... Odd Della Robbia... chuchote le félin en croisant les doigts.

– ...Aelita Stones, la sorcière rose !

– Moi !? demande celle-ci tout étonnée tandis que les autres élèves l’acclament chaleureusement et s’écartent pour lui permettre de monter sur la plus haute marche du podium.


La styliste aux lunettes extravagantes lui remet son trophée et lui fait la bise :

– Joyeux Halloween, miss Aelita !






Scène coupée : Tu n’es jamais seul

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Dernière édition par Nelbsia le Ven 09 Déc 2022 02:12; édité 5 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:43   Sujet du message: Répondre en citant  
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Scène coupée : Tu n’es jamais seul



Un peu plus tard dans la soirée, alors que les élèves fêtent joyeusement Halloween, Odd voit Naxxya leur fausser compagnie :

– Hé ! Tu vas où ?

– Parler à Chris, répond la géante en se dirigeant vers le côté de la salle où se sont regroupés les adultes.

– Tu veux que je te le présente ? propose Aelita.

– Je me débrouillerai, conclut Naxxya en traversant des groupes d’élèves.


Mais au lieu d’aller voir le batteur des Subdigitals, la lycéenne s’avance vers la styliste du jury du concours, et celle-ci fait alors signe à son assistant de les laisser seules.

– Joli déguisement, déclare la géante en s’asseyant à côté de cette personne qui se fait appeler Hana Prophète. Et avec cet accent bizarre, j’ai failli ne pas te reconnaître.

– Mais tu m’avais reconnue depuis le début, lui répond l’étrange femme dont le regard reste dissimulé derrière ses lunettes extravagantes.

– Moi oui, confirme Naxxya, mais ce n’est pas pour moi que tu es là ce soir, je me trompe ?


La styliste marque une pause avant de répondre :

– Pas seulement, en effet. Puisque tu as deviné les vraies raisons de ma visite, as-tu dit à quelqu’un d’autre que tu me connaissais ?


Naxxya secoue vigoureusement la tête :

– Je n’ai pas le droit de parler du... du « Centre » à qui que ce soit, affirme-t-elle catégoriquement comme si elle craignait une sanction. Mais toi, pourquoi tu ne vas pas voir Aelita ?


L’étrange femme reste muette un moment pour vérifier que personne n’écoute leur conversation, avant d’expliquer :

– Officiellement je ne suis là que pour te voir toi, car comme tu ne comptes pas rentrer pour les vacances de la Toussaint, le Centre m’a exceptionnellement autorisée à venir te voir afin que je constate que tu te portes bien dans ton nouvel environnement. En ce qui concerne la présence d’Aelita, le Centre l’ignore et ne doit surtout pas être au courant. Mais « ils » se doutent de quelque chose, ou en tout cas, ils me suspectent d’être venue voir quelqu’un d’autre que toi. C’est sans doute pour cette raison qu’ils m’ont si gentiment accordé cette « permission de sortir », et c’est aussi pour cela qu’ils ont placé des micros dans les bracelets du concours d’Halloween.

– Quoi !? s’étrangle Naxxya en réalisant que les élèves inscrits au concours avaient été mis sur écoute non pas par une agence publicitaire mais par la sombre organisation qu’elle ose à peine nommer. C’est le Centre qui était derrière tout ça !?

– Oui mais rassure-toi, quelqu’un s’est chargé d’effacer vos conversations privées, bien avant que les micros soient découverts par votre proviseur. Quoi qu’il en soit, je peux maintenant discuter librement avec toi, mais rien qu’en adressant la parole à Aelita je la mettrais en danger.

– En danger ? s’inquiète la géante. Pourquoi le Centre voudrait s’en prendre à elle ?

– Pour retrouver mon mari. Tu dois savoir de qui je parle...


La Lyoko-guerrière s’étonne de cette dernière question, tandis que son énigmatique interlocutrice caresse doucement l’épaisse plaque grise recouvrant le bras de Naxxya qui s’apprête à répondre sans en avoir le temps :

– Ne dis rien. Je ne dois rien savoir sur lui. Ta tenue virtuelle me laisse penser qu’il est toujours vivant, quelque part, et ça me suffit. Tant qu’il est libre, nos filles le seront aussi.

– « Vos » filles ? remarque Naxxya intriguée.

– Il me semblait bien que cela t’avait échappé, répond la styliste en orientant le regard de Naxxya vers un groupe d’élèves, mais puisque tu as su tenir ta langue à propos d’Aelita...


Naxxya reste dubitative en observant Heidi Klinger déguisée en Dame Blanche, avant de réaliser qui porte le costume de la Sorcière Rouge :

– Taelia...

– Pourquoi ça te surprend ? Aelita et elle se ressemblent comme deux gouttes d’eau car elles sont jumelles, ça aurait dû te sauter aux yeux.

– Oui mais... Je croyais qu’Aelita n’avait pas vieilli pendant plusieurs années... Comment ça se fait que Taelia ait conservé le même âge qu’elle ?


La styliste hésite un long moment avant de répondre :

– Quand Aelita et Taelia étaient toutes petites, le Centre les a utilisées pour des expériences destinées à renforcer les liens biologiques qui unissent les jumeaux. Leur vieillissement synchronisé est certainement l’une des conséquences des expériences qu’elles ont subies. Et c’est justement lorsque nous avons découvert ce qu’ils avaient fait à nos filles que mon mari et moi avons décidé de nous enfuir du Centre.


La géante se passe la main sur la bouche, recevant péniblement les révélations au sujet des deux jumelles, avant de remarquer :

– Aelita... Taelia... Vous leur avez donné des prénoms qui s’écrivent avec les mêmes lettres ?

– On appelle cela une anagramme. D’ailleurs mon pseudonyme de ce soir en est une.

– Hana Prophète... Ça fait... Ah d’accord... Donc, tu t’es enfuie du Centre avec ton mari et vos deux filles, Aelita et Taelia. Pourtant, Aelita n’a jamais dit qu’elle avait une sœur...

– Elles étaient très jeunes quand nous avons quitté le Centre. Nos deux petites filles nous rendaient faciles à repérer, alors nous avons décidé de nous séparer : mon mari est parti de son côté avec Aelita, et je me suis réfugiée chez des amis avec Taelia. Après quelque temps, il m’a recontactée pour qu’on se retrouve malgré les risques de se faire repérer. J’ai accepté de le rejoindre, mais j’ai préféré laisser Taelia chez mes amis dans un premier temps pour m’assurer que nous n’étions pas en danger ; heureusement que j’ai pris cette précaution, car les agents du Centre ont profité de notre rendez-vous pour retrouver notre trace. Ils m’ont capturée, mais par chance, mon conjoint a réussi à leur échapper avec Aelita, pendant que Taelia était toujours à l’abri chez mes amis. Depuis ce jour, le peu de liberté dont je dispose m’est accordé uniquement parce que j’accepte de continuer mes travaux de recherche pour le Centre. Quant à mes filles, je suppose que mon mari a eu la bonne idée de virtualiser Aelita pour que leur croissance prenne dix années de retard, car ainsi le Centre est à la recherche de deux jeunes femmes adultes, sans se douter qu’elles sont restées adolescentes. À présent, je sais qu’elles sont libres, qu’elles vont bien, et c’est tout ce qui importe. Alors quoi qu’il arrive, ne leur parle ni du Centre, ni de moi. Jamais.


Après réflexion, la géante finit par émettre une remarque assez dérangeante :

– Et qu’est-ce qui te fait croire que je n’irai pas au Centre pour raconter tout ce que tu viens de me révéler ?

– Ce ne serait pas très aimable de ta part, répond calmement la mystérieuse femme. Après tout, c’est aussi grâce à moi que tu es ici et non là-bas, malgré ce que tu as fait l’an dernier.


Naxxya dévisage son interlocutrice :

– ...Alors c’était bien toi ? s’étonne-t-elle. Je croyais... J’étais persuadée que tu ne voulais plus me voir...

– Tu m’avais beaucoup déçue, confirme gravement la dame aux lunettes extravagantes, mais il y avait quelqu’un d’autre qui tenait beaucoup à toi, et cette personne m’a convaincue que tu n’étais pas irrécupérable, alors nous avons fait en sorte qu’on t’accorde une deuxième chance. Et quand je te vois t’amuser avec tes camarades comme ce soir, je pense que nous avons pris la bonne décision. C’est d’ailleurs pour cette raison que tu ne diras rien au Centre : tu tiens beaucoup trop à préserver tes nouveaux amis.


La jeune fille aux cheveux bleus observe longuement ses camarades à distance avant de demander :

– C’était qui ?

– Pardon ?

– La personne qui t’a convaincue de me faire sortir, c’était qui ?

– Quelqu’un dont la sécurité serait compromise si son véritable rôle dans toute cette histoire était découvert.

– C’est quelqu’un du Centre ?


L’étrange femme finit son verre :

– Je t’en ai déjà beaucoup trop dit, et l’alcool n’y est sans doute pas étranger, alors fais-moi plaisir et arrête d’essayer d’en savoir davantage. Nous t’avons offert une dernière chance de te couper de tes racines, d’échapper à tout ça, ne la gâche pas.

– Alors pourquoi m’avoir dit tout ça ? insiste Naxxya.

– Parce que tu n’as jamais dit à mes filles que tu me connaissais. J’ai donc décidé de te faire confiance pour veiller sur elles. Même si Aelita « Stones » et Taelia « Leconte » n’attirent pas l’attention du Centre parce qu’elles n’ont pas l’âge qu’elles devraient avoir et parce qu’elles ignorent elles-mêmes qu’elles sont sœurs, leur véritable identité pourrait finir par remonter aux oreilles des mauvaises personnes, notamment à cause du collier que Taelia porte autour de son cou...

– Son collier ? demande la géante perplexe.

– Ne t’occupe pas de ça, contente-toi de veiller sur elle, c’est tout ce que je te demande... Et méfie-toi de lui...

– Quoi ?... Qui ça ?... s’inquiète Naxxya qui ne sait plus où donner de la tête.

– Cet élève avec les longues ailes... précise la femme éméchée en désignant le lycéen qui porte un déguisement du Vautour dans Spider-Man.


La Lyoko-guerrière dévisage l’adolescent aux mèches grises, sans pouvoir l’identifier :

– Heu... je ne le connais même pas... balbutie-t-elle car elle n’a pas encore fait connaissance avec tous les pensionnaires de Kadic.

– Peu importe... Seules comptent Taelia et Aelita... Promets-moi de ne jamais leur révéler ce que tu sais à présent, et de tout faire pour qu’elles ne soient plus jamais mêlées à tout ça...


La géante se contente de hocher la tête, la gorge serrée, tandis que son interlocutrice se lève de sa chaise :

– Un jour je t’expliquerai tout, comme je te l’ai promis... Mais en attendant, il faut que tu me fasses confiance, alors ne dis rien à personne... Et un dernier conseil : profite de la vie tant que le ciel est dégagé, car l’orage qui se prépare nous réserve des heures sombres...


Troublée par cette inquiétante mise en garde, Naxxya reste interdite en regardant la mystérieuse femme s’en aller, puis elle se lève à son tour et s’avance vers le neveu de Jim afin de faire connaissance.





Pendant ce temps, de l’autre côté de la salle, Odd fait signe à Jérémie de le suivre pour aller discuter à l’écart du groupe. L’informaticien remplit donc son verre avant de rejoindre son ami dans un coin tranquille.

Le félin se lance :

– J’ai réfléchi à propos du mur qui nous a bloqué l’accès au terminal des archives sur le Cinquième Territoire... Est-ce qu’il serait possible qu’en fait, ce mur n’ait pas été créé par Franz Hopper mais par Xilune ?

– J’y ai pensé aussi, répond Jérémie. Mais d’après le peu qu’on sait sur Xilune, étant donné qu’elle est restée enfermée dans le Cinquième Territoire depuis tout ce temps sans qu’on découvre son existence durant nos missions, je crois qu’elle t’a dit la vérité : Xana n’a jamais réussi à lui voler ses pouvoirs ni à la forcer à les utiliser, il peut seulement lui interdire de s’en servir. Si tu veux mon avis, Xana a de bonnes raisons de bloquer les pouvoirs de Xilune et de la garder enfermée dans une chambre secrète totalement inaccessible : non seulement il ne peut pas se servir d’elle, mais il ne veut pas non plus qu’on entre en contact avec Xilune car celle-ci pourrait nous aider à le vaincre.

– On devrait essayer de la retrouver ! reprend Odd. Peut-être que Franz Hopper est lui aussi enfermé dans cette cavité secrète !

– Ça m’étonnerait qu’on arrive à atteindre la cellule de Xilune même si on parvenait à la localiser précisément. Elle s’est probablement servie de ses pouvoirs pour t’y faire venir, mais elle-même ne pouvait pas en sortir sans aide extérieure. Tenter de la joindre tant que ses pouvoirs sont bloqués par Xana serait une perte de temps. Quant à Franz Hopper, Xana ne le retient sûrement pas dans la même pièce que Xilune, sans parler de l’interface verrouillée que cet endroit contient. Je t’avoue que pour le moment je ne sais absolument pas où se trouve le père d’Aelita, pourtant il est forcément quelque part sur Lyoko, ce qui m’amène à penser que Franz possédait sûrement un repaire secret d’où il pouvait par exemple contrôler son avatar à distance tout en restant caché. Mais au vu des évènements récents, je crois malheureusement que Xana a fini par le localiser et l’a emprisonné sur place. Le refuge secret de Franz Hopper est devenu sa prison secrète.


Le félin aimerait répondre à Jérémie que les conclusions qu’il tire sont peut-être un peu prématurées, mais d’un autre côté, il sait que même en restant derrière son écran, le génie à lunettes est incontestablement le meilleur d’entre eux lorsqu’il s’agit de décrypter les agissements de Xana. D’une certaine façon, le combat qu’ils mènent sur Lyoko depuis des années n’est qu’une vaste partie d’échecs opposant le jeune prodige de l’informatique au virus qui a dépassé son créateur.

Après une longue hésitation, Odd décide d’en révéler davantage sur sa rencontre avec Xilune :

– Jérémie, il y a autre chose...

– Quoi donc ?

– Je ne t’en ai pas parlé l’autre nuit car Aelita était là, mais quand j’ai demandé à Xilune comment elle pourrait me prouver qu’elle n’est pas Xana, elle m’a dit de te dire qu’elle connait « le secret d’Aelita »...


L’informaticien pose brusquement son verre sur la table et s’approche tout près de son camarade :

– Tu ne prononces plus jamais ces mots devant quiconque.


Le félin n’y comprend rien :

– Quoi ? Mais pourquoi ? C’est quoi « le secret d’Aelita » ?


D’un geste discret mais brutal, Jérémie plaque Odd au mur en le tenant à la gorge :

– TU N’EN PARLES PLUS JAMAIS ! C’EST COMPRIS !?


Le chat violet hoche vivement la tête, puis son ami le relâche et reprend son verre l’air de rien, sans que personne n’ait remarqué leur altercation.



La musique devient de plus en plus forte ; pendant qu’Odd se remet de ses émotions en remplissant son verre, Jérémie termine le sien :

– Je comptais retourner avec les autres, mais ils commencent à danser, alors je vais plutôt attendre un peu que ça se calme.


Le félin regarde aux alentours :

– Où est Jim ? Paco le roi du disco déguisé en Yéti, je veux absolument le voir se déhancher !


Aelita rejoint les deux garçons et tend sa main à son amoureux en lui souriant :

– Docteur Lecter, voulez-vous danser avec moi ce soir ?

– Euh c’est-à-dire que... balbutie l’intéressé.

– Vous refuseriez une faveur à la Sorcière Rose, gagnante du concours d’Halloween ? insiste la jeune fille dont le sourire devient presque menaçant.


Jérémie redresse alors ses lunettes puis saisit délicatement la main d’Aelita avant de surprendre la jeune fille en la portant dans ses bras pour l’emmener au centre de la piste de danse.


Témoin muet de toute la scène et lui aussi surpris par l’initiative de son camarade, Odd ne peut s’empêcher de ressentir comme un pincement au cœur lorsque la musique entraînante laisse place à un slow permettant aux amoureux de s’enlacer tendrement à l’instar de Jérémie et Aelita, bientôt imités par Yumi et Ulrich.

Ayant soudain l’idée d’inviter Naxxya à danser, le félin la cherche du regard avant d’abandonner son projet lorsqu’il aperçoit la géante qui discute passionnément avec Chris, le batteur des Subdigitals, en mimant apparemment des frappes de batterie.

Agacé par tous ces couples qui se donnent en spectacle, Odd décide de sortir prendre l’air.





Au dehors, il trouve William en train de contempler la pleine lune, seul lui aussi.

– Tu espères te transformer en loup-garou ? plaisante Odd en venant se poser à côté de son coéquipier qui reste silencieux.


Le grand ténébreux ne lui accorde même pas un regard, alors le félin lève les yeux à son tour :

– C’est vrai que la lune est belle ce soir !

– Belle et inaccessible...


Un ange passe, puis Odd demande :

– Alors c’est sûr ? Tu as complètement renoncé à sortir avec Yumi ?

– Eh oui, confirme William. Je n’aurais même pas dû m’accrocher à elle aussi longtemps. Dès la première fois où j’ai vu comment elle se comportait quand elle était avec Ulrich, j’ai compris qu’ils finiraient forcément par sortir ensemble. D’ailleurs je l’avais dit à Ulrich : il lui suffisait de parler à Yumi avec son cœur. Apparemment, il a fini par suivre mon conseil.


Le grand ténébreux marque une pause avant de reprendre :

– Mais même si Yumi a toujours préféré Ulrich parce qu’il est tel qu’il est, je ne peux pas m’empêcher de penser que le problème venait aussi de moi. Je crois qu’il y a quelque chose en moi qui a fait qu’elle ne pouvait pas m’aimer. Et si c’est le cas, Yumi ne sera pas mon dernier échec.


Après un moment de réflexion, Odd déclare :

– C’est bizarre, quand même : t’es beau gosse, t’es attentionné, t’es sûr de toi, mais tu galères avec les filles.

– Et donc qu’est-ce qui clocherait d’après toi ?

– J’en sais rien moi, c’est certainement un défaut tout bête ! Peut-être que tu embrasses mal, par exemple !

– Qu’est-ce que tu racontes ? J’ai déjà embrassé des filles, mais avec Yumi on n’a jamais...


Odd l’interrompt en posant son index sur les lèvres de William. Tandis que celui-ci le dévisage avec incompréhension, le félin se rapproche du grand ténébreux en le tenant par les joues puis l’embrasse sans prévenir.

D’un simple coup de poing dans le sternum, William repousse fermement son camarade trop entreprenant :

– Je suis pas homo, affirme-t-il catégoriquement en s’essuyant la bouche. Tu peux être aussi efféminé que tu veux, tu restes un mec donc ça ne m’intéresse pas.

– ...C’était pas une raison pour me frapper ! souffle Odd avec douleur.

– Non mais tu t’attendais à quoi ? s’esclaffe son coéquipier. Avec une fille, t’aurais pris une baffe aussi. Faut pas embrasser quelqu’un sans être certain que cette personne en ait envie également.


Odd baisse la tête honteusement en détournant les yeux :

– Excuse-moi, je sais pas ce qui m’a pris... C’est juste que... Te voir renoncer à Yumi... Je sais pas... D’une certaine façon, je crois que ça me rappelle une histoire à laquelle j’ai dû renoncer moi aussi... Laisse tomber, oublie tout ça. Faut que je trouve quelque chose à manger, j’arrive pas à réfléchir quand j’ai faim.


William lui attrape le bras pour l’empêcher de s’éclipser :

– On dirait que Yumi avait tort à ton sujet : même après avoir enchainé des conquêtes brèves et sans intérêt, t’as vraiment fini par développer des sentiments amoureux pour quelques unes d’entre elles...

– Possible... avoue le félin à demi-mot.

– Un bon conseil : oublie Aelita, son cœur est déjà bien pris. Décide-toi plutôt à aborder l’autre grande saucisse, depuis le temps que tu lui tournes autour... À moins qu’elle t’intimide en fin de compte ?


Odd rougit tellement que même l’obscurité nocturne ne suffit pas à le cacher, puis il reprend son habituel ton insolent :

– Je ne sais pas de quoi tu parles, mais tu as mentionné de la nourriture donc il faut absolument que j’aille manger quelque chose !


Tandis que le félin lui fausse compagnie pour s’empresser de retourner à l’intérieur, son camarade lui adresse une dernière parole, volontairement pas assez forte pour être entendue :

– T’inquiète, moi-même parfois, j’ai des moments de faiblesse quand je me sens un peu seul...


Le grand ténébreux ne peut cependant ignorer la voix caverneuse qui murmure dans son esprit :

– Voyons, William... nous savons toi et moi... que tu n’es jamais seul...


Dernière édition par Nelbsia le Lun 12 Avr 2021 15:06; édité 5 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:44   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #100 : Yumi en folie


Isolées sur une plate-forme à l’extrémité du Territoire des Montagnes, Aelita et Naxxya attendent leurs instructions.

– Alors Jérémie ? demande l’elfe aux cheveux roses. Des nouvelles des autres ?

– Je n’arrive toujours pas à les contacter, répond-il. On ne peut plus les attendre, allez désactiver la tour mais soyez prudentes.


La fenêtre téléphonique apparaît sur l’écran de de l’opérateur.

– Allô Einstein ? Tu me reçois ?

– Oui Odd ! Qu’est-ce que vous fabriquez ? Ça fait dix minutes que j’essaye de vous appeler !

– On est un peu occupés ! répond le félin. Kadic est envahi par des Kankrelats !

– Des Kankrelats ? Sur terre ? s’étonne l’informaticien.

– Oui mais ne t’en fais pas ! le rassure son interlocuteur. Maintenant qu’on peut utiliser nos pouvoirs dans le monde réel, on a de quoi les repousser ! Par contre, tu nous feras un petit Retour vers le passé car les gens ne sont pas habitués à nous voir utiliser nos pouvoirs ! Et puis comme tu t’en doutes, il y a quelques dégâts matériels !

– Il faudrait quand même que deux d’entre vous viennent aider sur Lyoko ! insiste Jérémie.

– Comment ça « deux d’entre nous » ? Il n’y a que William et moi ici ! précise Odd.

– Ah ? Et tu ne saurais pas où sont passés Ulrich et Yumi par hasard ?

– Aucune idée, désolé ! Bon, il faut que je raccroche ! On extermine les Kankrelats et on arrive !


« Encore une journée qui commence bien », pense Jérémie en refermant la fenêtre du téléphone.

– Les filles, comment ça se passe de votre côté ?

– Seulement quelques Frelions pour le moment, répond Aelita.


Elles arrivent alors à un passage où le chemin est fragmenté en petites plates-formes au-dessus du vide. L’ange de Lyoko active ses ailes et commence à traverser tandis que Naxxya utilise Impulsion pour effectuer un bond prodigieux, mais un tir de Frelion l’atteint au vol et elle tombe dans le vide.

– Non ! panique sa coéquipière en plongeant aussitôt pour la rattraper par la main. Je te tiens !


La jeune fille aux cheveux rose bat des ailes pour s’efforcer de remonter sa massive camarade qui agite son bouclier comme elle peut pour bloquer les tirs que les Frelions leur adressent, mais Jérémie voit bien qu’elles sont exposées au danger car elles mettent trop de temps à reprendre de l’altitude :

– Aelita ! Naxxya est trop lourde ! affirme-t-il en voyant que certains tirs les touchent. Dévirtualise-la et fonce ! Sinon vous allez vous faire abattre toutes les deux !

– Il a raison, confirme la géante qui peine à intercepter tous les tirs des monstres qui se rapprochent.


Sa coéquipière lâche donc sa main avant de lui envoyer un Champ de force en pleine tête, puis elle remonte vers le chemin, toujours poursuivie par des Frelions.

– Ils sont de plus en plus nombreux ! s’alarme-t-elle en esquivant les tirs.

– Tiens bon ! Les renforts arrivent ! la rassure l’opérateur en entendant l’ouverture de la porte du monte-charge.


Il se retourne vers l’ascenseur dont sortent Yumi et Ulrich :

– Ah enfin vous voila ! Laissez-moi deviner : vous étiez occupés à combattre des Kankrelats, c’est ça ?


Le samouraï se gratte la tête avec embarras :

– Ben en fait on était...

– Exactement, on combattait des Kankrelats ! l’interrompt sa compagne.

– Salut vous deux, déclare Naxxya en remontant de la salle des scanners.

– Salut ! lui répond Yumi. N’oublie pas : rendez-vous chez moi avec William en début d’après-midi pour le devoir maison de chimie !

– Je serai là, confirme la géante en hochant la tête.

– Bon, vous prenez le thé ou vous descendez aux scanners ? s’impatiente Jérémie. Pendant que vous papotez, Aelita est toute seule sur Lyoko et des Frelions lui tirent dessus !


En descendant à la salle inférieure, la geisha propose à son amoureux :

– Quand j’en aurai fini avec la chimie, on pourrait aller au cinéma...

– Entendu, approuve Ulrich en souriant. Rendez-vous à quelle heure ?


Yumi réfléchit :

– La séance est à 3 h 20. Disons 3 h 15 pour qu’on ait le temps d’acheter du popcorn ?

– Ça marche, conclut le samouraï en entrant dans le scanner.





– Ça y est Jérémie, je vois la tour ! s’exclame Aelita.


Mais un tir de Frelion la touche à la jambe et elle tombe au sol. Lorsqu’elle se relève, toutes les créatures volantes se pressent autour d’elle et commencent à charger leurs rayons pour l’achever, mais leur proie est enlevée par Ulrich qui vient de déclencher son Supersprint aussitôt après être apparu, pendant que Yumi envoie ses éventails pour décimer les monstres.

– D’autres Frelions continuent d’arriver ! leur signale l’informaticien. Vous devez avancer !

– C’est parti !


Les trois Lyoko-guerriers courent vers la tour, Yumi et Ulrich de chaque côté d’Aelita afin de la protéger des tirs.

– On y est Jérémie, déclare Ulrich.

– C’est presque trop facile, se méfie Yumi.

– Xana a envoyé beaucoup de monstres sur Terre pour vous y retenir, commente l’opérateur, ça lui laisse moins de monstres sur Lyoko pour garder sa tour activée.

– Tant pis pour lui et tant mieux pour nous ! conclut Aelita en entrant dans la tour.


La menace écartée, Yumi propose à Ulrich de se partager les Frelions restants :

– Tu veux t’en faire un ou deux avant que je ramasse les autres ?

– C’est toujours quand Odd n’est pas là qu’on se tape uniquement des monstres aériens, soupire son coéquipier en lançant ses sabres l’un après l’autre pour détruire deux Frelions. Voila, j’ai fini.


Le samouraï désarmé regarde son amoureuse qui s’applique à détruire tous les autres Frelions avec ses éventails, quand soudain il voit une créature familière surgir silencieusement derrière elle mais il se fait dévirtualiser par des tirs de Frelions avant d’avoir pu mettre en garde la Japonaise...

– Tour désactivée, déclare Aelita.


Odd et William arrivent derrière Jérémie et Naxxya :

– Nous voila ! s’exclame le félin prêt à en découdre.

– On descend aux scanners ? demande son comparse.

– Non, ce n’est plus la peine, répond Jérémie. Aelita vient de désactiver la tour.


Ulrich remonte soudain de la salle des scanners en les alertant :

– Yumi est en danger !


L’informaticien regarde aussitôt sur son radar et découvre avec terreur ce qu’avait vu Ulrich avant d’être dévirtualisé.

– Yumi ! l’interpelle Jérémie en voyant qu’elle ne se soucie que des Frelions auxquels elle fait face. Attention ! Derrière toi !


La Japonaise fait volte-face et pousse un cri de surprise mais trop tard : la Méduse la ligote avec ses longs appendices translucides.

– Yumi !? YUMI !! s’écrie Ulrich désemparé.

– Pourquoi elle ne se défend pas !? demande Naxxya.

– Tu ne peux pas bouger quand la Méduse te capture entre ses tentacules, lui explique gravement William.

– J’y vais ! lance Aelita bien décidée à redescendre de la tour.


Mais Jérémie le lui interdit :

– Non ! Xana en a après toi ! La Méduse ne s’en prend à Yumi que pour te faire venir à elle !

– Mais si on ne fait rien on va perdre Yumi !! s’énerve Ulrich à côté de l’opérateur.


Aelita s’apprête à sauter de la plateforme, quand le cerveau de la bande se rappelle qu’il n’était pas resté inactif après la tragique perte d’un des leurs :

– Attendez ! Depuis la fois où William s’était fait capturer, j’ai conçu un programme anti-Méduse pour éviter ce genre de problème ! Aelita, je t’envoie des lignes de code ! Dépêche-toi de les valider dans la tour !


L’ange de Lyoko s’exécute :

– C’est fait, Jérémie !


Celui-ci presse quelques touches sur son clavier :

– Pourvu que ça fonctionne...

La tour confère alors une aura protectrice à Yumi, et la Méduse finit par relâcher sa proie avant de s’en aller, puis l’opérateur dévirtualise enfin les deux Lyoko-guerrières tandis que leurs camarades s’empressent de descendre à la salle des scanners pour les accueillir :

– Comment tu te sens ? s’enquiert Ulrich.

– Je vais bien, ne vous en faites pas, répond Yumi en souriant.

– Si tu veux, propose Jérémie, je peux te faire un examen complet pour être sûr...

– Non non, ce n’est pas la peine, lui assure la Japonaise en s’étirant pour montrer qu’elle est en pleine forme.

– On se voit toujours chez toi cet après-midi ? demande William.

– Bien sûr, répond la geisha. Mais avant, je propose qu’on aille manger !

– Voilà qui est bien parlé ! approuve Odd. Einstein, tu sais ce qu’il te reste à faire !


Le cerveau de la bande remonte donc au laboratoire pour lancer le Retour vers le passé.





* * *





Dans la chambre de Yumi, les trois élèves de première scientifique tentent de remplir leur devoir maison de chimie.

William lit l’énoncé :

– Question numéro 1 : « À 20°C, le chlorure de sodium est-il solide ou liquide ? » ...Comment on peut savoir ça ?


Naxxya réfléchit à voix haute :

– Chlorure de sodium... NaCl... 20°C... Non, je ne vois pas le rapport.

– Je suppose que la réponse se trouve dans le manuel scolaire et sur Internet, soupire le grand ténébreux, mais au bac on n’aura ni l’un ni l’autre...

– Il faut voir le problème différemment, leur explique Yumi qui connait déjà la réponse. Les premières questions sont souvent faciles, donc ici il n’y a aucun calcul à faire, il faut juste faire preuve de bon sens.

– De « bon sens » ? demande la géante perplexe.

– Absolument, poursuit la Japonaise. Connaissez-vous l’autre nom du chlorure de sodium ?


Ses deux camarades de classe se dévisagent en silence avant qu’elle leur souffle la réponse :

– Le sel de table !

– Ah d’accord ! s’exclame William. Du coup, à 20°C, on sait que le sel est solide !

– Première question résolue ! conclut Yumi. Vous voyez bien que c’est pas si compliqué la chimie !

– Ce n’était que la première question, rétorque Naxxya. Il en reste dix-neuf.


Le grand ténébreux soupire :

– À part Yumi qui veut poursuivre des études de médecine, ça nous apporte quoi d’étudier la chimie et les molécules ?

– Fallait pas choisir la filière scientifique si tu veux pas faire de chimie, réplique la Japonaise.

– Ah parce qu’en Économie et en Littérature on peut devenir ingénieur du son peut-être ?

– Hein ? Tu veux devenir ingénieur du son ?

– Parfaitement, confirme William. En tant qu’auteur compositeur interprète guitariste, je veux mettre la technologie au service de la musique. Produire des sons encore jamais entendus par l’oreille humaine. Des sons semblables à des émotions...


Hiroki débarque soudain dans la chambre :

– Yumi ! Soit tu fais mes devoirs pendant une semaine, soit je vais dire à Ulrich que tu as embrassé William !


La porte se referme subitement derrière lui ; le petit frère de Yumi se retourne et pousse un cri tandis que Naxxya l’attrape et le soulève du sol en le maintenant suspendu au bout de son bras :

– Aaaaaah ! panique-t-il car il ignorait que la grande lycéenne aux cheveux bleus se trouvait sous son toit. Qu’est-ce qu’elle fait là celle-là !?

– Je l’ai engagée pour me débarrasser des petits cafards comme toi ! lui répond sa grande sœur.

– Franchement, Hiroki, j’aimerais pas être à ta place ! s’esclaffe William.


La géante sourit en fixant le jeune effronté qui se débat :

– Qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire de toi ?

– On l’enferme dans un placard pour l’après-midi ? propose son camarade de classe.


Yumi saisit un sabre accroché au mur :

– Ou alors on le suspend au plafond avec une corde et on le frappe de toutes nos forces à coups de katana jusqu’à ce qu’il ait perdu trop de sang pour pouvoir continuer à crier !


William et Naxxya se tournent vers elle, interloqués.

– On va repeindre les murs en rouge ! jubile la Japonaise en s’apprêtant à frapper son frère tétanisé que la géante tente à présent de mettre hors de sa portée.


Le grand ténébreux s’empresse de saisir Yumi par le bras pour l’empêcher d’aller au bout de son geste :

– Ben quoi ? s’étonne-t-elle.


Naxxya repose Hiroki et lui conseille d’aller jouer ailleurs.

– Euh... t’es sûre que ça va Yumi ? demande William inquiet.

– Hey ! Ne me regardez pas comme ça, je plaisantais ! répond-elle en remettant le sabre à sa place. Bon, faut qu’on se dépêche de finir le devoir de chimie, j’ai rendez-vous avec Ulrich dans pas longtemps !





* * *





Plus tard dans l’après-midi, Yumi rejoint son amoureux devant le cinéma :

– Hey !

– C’est pas trop tôt, répond Ulrich.

– Tu ne vas pas me faire une scène pour cinq minutes de retard !

– « Cinq minutes » ? Pour rappel, on s’était donné rendez-vous à 3 h 15, et il est 3 h 30, donc tu as un quart d’heure de retard...

– Mais non ! rétorque la Japonaise. Je t’avais dit 3 h 30, j’en suis sûre !

– Et comment tu comptes assister à la séance de 3 h 20 dans ce cas ?

– Mais qui a parlé d’aller au cinéma !?

– Ben c’est toi ! Tu perds la mémoire ou quoi ?

– TU perds la mémoire ! rectifie-t-elle. Quand il fait beau je préfère me promener ! Tu le sais très bien !

– Bien sûr que je le sais ! s’emporte le lycéen. Mais aujourd’hui tu as insisté pour qu’on aille au cinéma ! Ne dis pas le contraire !


Yumi lève les yeux au ciel, excédée :

– Avec ton sale caractère, y’a vraiment rien à faire ! Tu m’appelleras quand tu te seras calmé !

– Justement j’ai essayé de t’appeler, répond Ulrich, mais ton portable était éteint !

– J’éteins toujours mon portable pour faire mes devoirs ! réplique la Japonaise en s’éloignant. Ça aussi tu l’avais oublié j’imagine !

– Et si Xana attaque, tu m’expliques comment on fait pour te prévenir ? lui crie Ulrich.

– Je tiens à réussir mon année scolaire, moi, contrairement à certains ! termine Yumi sans même se retourner.

– Oh, ça va ! Tu vas pas recommencer avec ça ! Je fais ce que je peux pour avoir la moyenne ! J’y peux rien si les maths c’est pas... Hé tu vas où !?


Mais Yumi l’ignore et disparaît au coin de la rue.

– Génial...





* * *





La geisha arrive chez William, surpris de la voir devant sa porte.

– Yumi ? Tu ne devais pas aller au cinéma avec Ulrich ?

– Je me suis encore disputée avec lui, répond Yumi. On peut aller dans ta chambre ?

– Oui, bien sûr.


Il la fait entrer, puis ils montent à l’étage. William joue de la guitare, assis sur son lit, tandis que son invitée s’adosse au mur en face de lui.

– C’est sympa ce petit logement, déclare la Japonaise qui visite pour la première fois la nouvelle habitation de son camarade de classe. Tu dois t’y sentir libre...

– Oui, enfin c’est plus dur à entretenir qu’une simple chambre à Kadic, mais au moins ici je peux jouer de la musique tard le soir sans déranger les voisins.

– Tu as de la chance... Moi, mes parents n’accepteraient jamais de me laisser habiter seule avant d’être majeure et d’avoir le bac...

– En fait, reprend William en souriant, ce sont justement mes parents qui m’ont proposé de loger en ville plutôt qu’à Kadic parce qu’ils trouvaient que le lycée avait une drôle d’influence sur moi, par rapport à ce qui s’est passé l’année dernière...


Tandis que le grand ténébreux se met à jouer une douce mélodie, Yumi se perd dans ses pensées. Ses yeux semblent humides, et en les fermant, la jeune fille laisse couler une fine larme qu’elle s’empresse de faire disparaître d’un revers de la main.

Lorsqu’il s’en aperçoit, William s’interrompt et questionne son amie :

– Vous vous êtes disputés pour quoi, au juste ?

– Toujours pareil, soupire la Japonaise. Ulrich et son sale caractère. D’habitude il râle parce que j’aurais tendance à le délaisser à cause de mes études, et pour une fois que je me libère pour passer du temps avec lui, il trouve encore le moyen de se plaindre. En fin de compte, il râle tout le temps. Alors que toi, tu sais rester cool...

– Ah bon ? Tu trouves ? En général, on me reproche plutôt le contraire.


Yumi s’avance vers son hôte et se penche sur lui en murmurant :

– Ne fais pas de fausse modestie...

– Et toi, qu’est-ce que tu es en train de faire ?? s’inquiète le lycéen en réalisant que la geisha essaye de l’embrasser, une lueur ardente dans ses yeux.


Il s’efforce de l’en empêcher en la maintenant à distance avec ses bras, mais elle parvient à atteindre ses lèvres ; le jeune homme surpris s’immobilise un bref instant avant de mettre fin à leur baiser en repoussant son amie.

– Ben qu’est-ce qui te prend !? s’énerve l’adolescente vexée.

– Si on sortait ensemble, répond William, j’adorerais t’embrasser. Mais je serais également très contrarié qu’un autre mec t’embrasse. Or, c’est avec Ulrich que tu sors. Je ne veux pas lui faire ce coup-là.

– Pff, les garçons, vous êtes vraiment tous les mêmes ! conclut Yumi furieuse avant de s’en aller.


William saisit son téléphone portable :

– Jérémie ? Je crois qu’on a un problème...





* * *





De retour à Kadic, Yumi emprunte les escaliers pour se rendre à l’étage des chambres des filles puis frappe à la porte de la chambre d’Aelita et Naxxya, et cette dernière lui ouvre :

– Yumi ? Tu n’es pas au cinéma avec Ulrich ? s’étonne la géante qui lisait tranquillement une bande dessinée.


La Japonaise entre en refermant la porte derrière elle puis demande :

– Aelita n’est pas ici ?

– Non, elle est à l’usine avec Jérémie.

– Alors tant pis pour elle, ce sera juste entre toi et moi, conclut Yumi en poussant Naxxya sur son lit.

– Heu...? De quoi tu parles ? l’interroge sa camarade surprise tant par ses propos que par son attitude.


Yumi se jette aussitôt sur elle pour l’empêcher de se relever du lit :

– Devine...


Comprenant soudain les intentions de sa coéquipière, la géante se protège avec ses bras pour contenir son assaillante qui s’en prend à ses vêtements, mais celle-ci en profite pour l’embrasser, réduisant au silence toute tentative de protestation de la part de la colocataire d’Aelita.

Incapable de réagir après ça, Naxxya se laisse faire, terrassée par le regard brûlant de la Japonaise qui savait très bien que, contrairement à William, cette nouvelle proie n’oserait pas lui résister.





* * *





Pendant ce temps, à l’usine, Jérémie, Aelita et William analysent les données sauvegardées par les scanners lors de la dernière rematérialisation de Yumi.

– Je suis désolé William, déclare l’informaticien, mais l’ordinateur est formel : il s’agit bien de la vraie Yumi, et elle n’est pas sous le contrôle de Xana.

– Tu es bien certain que la Méduse ne lui a rien fait ? insiste le grand ténébreux visiblement préoccupé.

– Mon programme anti-Méduse a fonctionné, lui assure le génie à lunettes. Xana n’a pas pu s’emparer de l’esprit de Yumi. Et puis après tout, elle n’a rien fait de vraiment inhabituel pour qu’on s’en soucie.

– Rien d’inhabituel !? s’exclame William effaré. Cet après-midi, elle nous a proposé de massacrer son petit frère à coups de sabre, elle a complètement zappé son rendez-vous avec Ulrich et elle m’a... enfin, elle a essayé de m’embrasser !

– Je reconnais que ce n’est pas son genre de faire ça, admet Jérémie, mais ça ne prouve pas que Xana influencerait le comportement de Yumi. Elle a peut-être tout simplement des problèmes dans sa vie privée qui font qu’en ce moment, elle aurait tendance à agir de façon spontanée...


Aelita est tout de même troublée par les agissements de Yumi que William vient de leur rapporter, alors elle décide d’interroger son amoureux :

– Tu es sûr que ton dispositif anti-Méduse est fiable ? Indépendamment de la Méduse et de Xana, ton programme a peut-être fait quelque chose à Yumi qui pourrait la pousser à se comporter bizarrement...

– Ben, c’est la première fois que j’ai dû l’utiliser, concède Jérémie. Si tu veux, on peut vérifier les instructions ensemble...


Il ouvre donc le code du programme sur l’écran de l’ordinateur, et ils commencent à le relire, à la recherche d’une éventuelle erreur.

– Alors ? demande William.

– A priori, tout est en ordre, constate Aelita. Les procédures sont respectées, le programme empêche la Méduse d’infiltrer le corps et l’esprit du Lyoko-guerrier sans mettre en danger son intégrité cellulaire...

– Je vous l’avais dit, conclut le concepteur avant de froncer les sourcils en repérant une séquence qui lui semble suspecte. Heu... Attendez une seconde...


L’informaticien perplexe isole la portion de code en question pour effectuer quelques tests spécifiques afin de déterminer ses effets, et il ouvre alors des yeux ronds :

– Ça y est, j’ai tout compris ! s’exclame-t-il.

– Qu’est-ce que t’as trouvé ? s’enquiert William.

– Ben en gros, explique Jérémie, mon programme marche un peu comme un médicament : il protège le corps contre les attaques extérieures sans s’attaquer au corps à protéger, mais il peut néanmoins avoir des effets secondaires assez inattendus... En l’occurrence, la protection anti-Méduse a un effet euphorisant, provoqué par un dérèglement du secteur émotionnel du cerveau par l’intermédiaire du système hormonal.


Aelita complète le diagnostic :

– Symptômes probables : sautes d’humeur imprévisibles, troubles du comportement, et même troubles de la mémoire, entre autres...

– J’en étais sûr ! reprend le grand ténébreux. Il faut absolument arrêter Yumi avant qu’elle fasse une bêtise !


L’écran de l’ordinateur se met soudain à clignoter.

– Tour activée ? Déjà !? panique Jérémie. Xana travaille à plein temps en ce moment ! J’appelle les autres !

– Et pour Yumi, qu’est-ce qu’on fait ? s’inquiète Aelita.

– Il faut qu’elle passe par le scanner pour que je puisse corriger l’anomalie ! répond son amoureux. Je vais envoyer Ulrich la chercher ! Vous deux, vous plongez maintenant !

– Compris, conclut William en descendant à la salle des scanners avec la jeune fille aux cheveux roses.





Après les avoir virtualisés, Jérémie ouvre la fenêtre téléphonique et tente de joindre Yumi, mais son portable est éteint. Il appelle ensuite Naxxya, mais elle ne répond pas non plus.

« Pourquoi éteignent-ils tous leurs portables ? » se demande le jeune garçon contrarié en appelant Ulrich.

– Oui Jérémie ?

– Ah ! Ulrich ! Yumi est avec toi ?

– Non, elle m’a planté devant le cinéma, là je joue à Ultimate Blaster 4 avec Odd.

– OK, écoute-moi bien : Xana est passé à l’attaque, dis à Odd de rappliquer à l’usine ! Toi, tu dois retrouver Yumi et me l’amener illico ! Mais attention, elle n’a pas toute sa tête : son cerveau a été affecté par mon programme anti-Méduse, il faut donc qu’elle passe dans un scanner pour qu’on la soigne ! Oh, j’allais oublier : demande à Odd de passer prendre Naxxya dans sa chambre avant de venir à l’usine, son portable ne répond pas !

– Compris, répond froidement le samouraï avant de raccrocher.

– Il se passe quoi ? demande le félin à côté de lui.

– Faut que tu ailles à l’usine.

– Quoi !? C’est tout ce que tu as trouvé comme excuse pour échapper à ta défaite !?

– Va donc t’entraîner sur Lyoko, conclut son colocataire en quittant la pièce. Moi, je vais m’entraîner à maîtriser mon « sale caractère »...





Le lycéen monte à l’étage des chambres des filles et arrive devant celle d’Aelita et Naxxya. Au fond de lui, Ulrich sait déjà ce qui l’attend de l’autre côté de la porte, mais il prie intérieurement pour se tromper, avant de se décider à entrer. La vision immédiate des deux filles enlacées sur le lit lui confirme instantanément ses craintes, et Yumi s’aperçoit soudain de sa présence :

– Qu’est-ce que tu fais là !? Tu m’as suivie !?


Le samouraï sait qu’il est inutile de se disputer avec la Japonaise pour le moment, alors il feint de garder son sang froid :

– Calme-toi Yumi. Tu n’es pas vraiment dans ton état normal, mais je n’ai pas le temps de t’expliquer tout ça maintenant. Xana a lancé une attaque, on doit aller aider les autres sur Lyoko, alors habillez-vous en vitesse.


La geisha se lève aussitôt pour lui faire face :

– Tu essayes encore de me donner des ordres !?

– Non, je te demande juste de venir nous aider à désactiver la tour. On a vraiment besoin de toi.


Yumi semble hésiter à répliquer, comme si son cerveau recevait des informations contradictoires. Elle se tourne alors vers Naxxya qui reste muette en dissimulant son corps sous sa couverture :

– T’en dis quoi ?

– Hein ? s’étonne la géante qui ne s’attendait pas à ce qu’on lui demande son avis. Euh... Ben, je crois qu’on devrait aller désactiver la tour...

– C’est aussi ce que je pense, conclut Yumi en ramassant ses vêtements. Donc on va y aller, mais pas pour obéir à qui que ce soit.


Ulrich serre les poings et décide d’aller patienter hors de la chambre, tandis que Naxxya l’interpelle pour tenter maladroitement de se justifier :

– Euh Ulrich... C’était pas...


Mais le samouraï claque la porte avant qu’elle en dise davantage. Seul dans le couloir en attendant que ses deux coéquipières se rhabillent, l’adolescent à bout de nerfs se met à frapper le mur avec ses poings.





* * *




Odd arrive tout essoufflé à l’usine et rejoint Jérémie au laboratoire :

– Me voila ! J’ai fait aussi vite que j’ai pu, ils n’ont pas déjà désactivé la tour j’espère ?

– Non, rassure-toi, répond l’informaticien, on t’a gardé une part de « Désert ».

– Miam miam ! conclut le félin en se frottant les mains.

– Au fait, tu sais si Ulrich arrive bientôt ?

– Ben, j’ai vu pas mal de Tarentules et de Krabes en venant ici ! Je ne me suis pas arrêté pour les compter, mais je pense qu’ils sont assez nombreux pour empêcher les retardataires d’arriver ! C’est pour ça que je me suis dépêché !

– Des Krabes et des Tarentules sur Terre ? s’inquiète Jérémie. Xana s’obstine à envoyer de plus en plus de monstres à Kadic quitte à en avoir moins sur Lyoko pour défendre ses tours ?





* * *





Ulrich sort de Kadic avec Yumi et Naxxya, mais ils s’aperçoivent que la cour est envahie par des monstres, alors les trois adolescents utilisent leurs Lyoko-morphers pour se transformer.

Le samouraï dégaine ses sabres :

– Allez, on fonce jusqu’au passage secret dans les bois ! Je me charge de dégager le chemin ! Naxxya, tu couvres Yumi !

– Compris, répond la géante en sortant ses boucliers.

– Je n’ai pas besoin qu’on me protège ! rétorque la Japonaise en envoyant un éventail pour détruire deux Tarentules, mais elle encaisse ensuite un tir de Krabe.


Ulrich saute de monstre en monstre en plantant ses sabres dans leurs carapaces :

– Naxxya, si les points de vie de Yumi tombent à zéro sur Terre, elle disparaît, donc applique-toi !

– Je sais bien, répond la géante, mais elle court partout, j’ai du mal à la suivre !


Le Lyoko-guerrier se retourne et voit la combattante aux boucliers qui poursuit la geisha pour bloquer les tirs qui visent celle-ci, mais Yumi est entrée dans une frénésie destructrice et ne se préoccupe que d’anéantir le plus de monstres possible...



Tant bien que mal, le trio continue d’avancer dans les bois jusqu’à atteindre la trappe menant au passage souterrain :

– Venez vite ! déclare Ulrich. Ils ne pourront plus nous suivre une fois qu’on sera dans les égouts !

– Ce serait trop facile ! s’exclame Yumi en lançant un éventail vers le samouraï qui lui tourne le dos.

– Ulrich attention ! crie Naxxya, permettant à l’intéressé de se baisser à temps pour éviter l’arme jetée par son alliée.

– Silence, disciple ! s’énerve la Japonaise en envoyant un deuxième éventail vers la géante qui le bloque à l’aide de ses boucliers.

– Naxxya ! Va t’occuper des monstres qui arrivent ! lui ordonne Ulrich. Je m’occupe de Yumi !


La robuste Lyoko-guerrière remplace donc l’un de ses deux boucliers par une Plasma-lame et commence à affronter les Tarentules qui envahissent la clairière où ils se trouvent, tandis que le samouraï s’évertue à raisonner son amoureuse :

– Je sais que tu n’es pas dans ton état normal, mais tu dois te ressaisir maintenant ! Jérémie a besoin de nous sur Lyoko !


Yumi lui sourit :

– Chercherais-tu à fuir le duel qui nous attend ?


Les deux adolescents se tournent autour sans se quitter des yeux.

– Je ne te ferai jamais de mal et tu le sais, affirme Ulrich en baissant ses sabres.

– Alors comment comptes-tu gagner ? demande la geisha tandis que ses pupilles semblent s’enflammer.


Elle lui envoie soudain un éventail qu’il évite en sautant sur la branche d’un arbre, puis elle lance son second projectile pour couper la branche et il l’esquive en bondissant sur une autre branche, mais le premier éventail revient pour trancher celle-ci, entraînant la chute du samouraï qui tombe au sol et s’empresse de se relever pour s’écarter de la trajectoire du deuxième éventail.

– Tu ne peux pas m’échapper... murmure Yumi.


Ulrich se retourne et se met en garde, mais la Japonaise a disparu.

Pourtant, la voix de la jeune fille parvient encore aux oreilles de son adversaire :

– Tu es faible...


Le samouraï ferme les yeux pour se concentrer. Il ressent soudain les deux projectiles volants qui arrivent vers lui et lance alors ses deux sabres pour clouer chaque éventail contre un arbre.

– Pas mal... commente Yumi.


Ulrich utilise aussitôt son Supersprint et saute à travers le feuillage d’un arbre, faisant tomber la combattante qui s’y cachait ; elle effectue aussitôt une roulade arrière pour se rétablir avec satisfaction :

– Tu acceptes enfin de te battre ?

– Tout ce que je veux, répond son opposant, c’est t’emmener à l’usine pour que tu retrouves ton état normal.

– Ulrich ! Ils sont trop nombreux ! s’exclame Naxxya. Je ne peux plus les contenir !


La geisha regarde les monstres qui forcent désormais la géante à reculer derrière ses deux boucliers.

– Yumi, écoute-moi ! l’implore son amoureux. Tu dois nous suivre à l’usine ! Tu dois me faire confiance !


Elle se tourne lentement vers lui :

– Ulrich... ?


Subitement, la Japonaise s’effondre sur place, inanimée.

– Yumi !? s’écrie le samouraï qui se précipite sur elle.


Voyant qu’elle ne réagit plus, il la porte dans ses bras et interpelle Naxxya :

– Amène-toi !


La géante les rejoint et ouvre la trappe des égouts en bloquant les tirs pour permettre à Ulrich de descendre en transportant Yumi sur son dos.

Alors qu’ils traversent les égouts en vitesse, la Japonaise dans les bras de son bien-aimé finit par ouvrir les yeux :

– Ulrich... qu’est-ce qui... m’arrive...?

– Tiens bon, on arrive bientôt à l’usine... la rassure-t-il sans parvenir à cacher son inquiétude.





* * *





Pendant ce temps, sur Lyoko, Odd, Aelita et William parcourent le Territoire du Désert.

– Tour droit devant ! annonce le félin qui transporte sa coéquipière sur l’Overboard.

– Et toujours aucun monstre ? demande Jérémie.

– Non, aucun, confirme le grand ténébreux sur sa Blackmanta.

– Des nouvelles de Yumi et Ulrich ? s’enquiert Aelita.

– Pas pour le moment, répond l’opérateur, mais ils ont certainement été retenus par des monstres. Dès que vous aurez désactivé la tour, ils pourront nous rejoindre pour qu’on corrige le bug de Yumi. D’ailleurs je soupçonne Xana d’avoir relancé une attaque exprès pour retenir Yumi sur Terre afin que sa folie passagère cause un maximum de dégats.

– Et Naxxya, elle est où ? demande Odd.

– Attention ! les prévient Jérémie. Je détecte une rangée... non, deux rangées de Bloks sur votre route !

– Et ils nous tirent dessus ! ajoute William en ordonnant à sa Manta d’esquiver puis de riposter.


L’Overboard finit par être détruit, faisant tomber ses deux passagers.

William fait aussitôt écran avec sa monture puis saute avant de la sacrifier pour protéger ses alliés des tirs :

– Derrière les rochers, vite !


Les trois Lyoko-guerriers se cachent derrière les reliefs du décor puis commencent à riposter avec des Flèches-laser, des Champs de force et quelques Ondes de choc tandis que les deux lignes de Bloks continuent d’avancer vers eux.



Sur son écran, Jérémie voit enfin les trois autres combattants emprunter l’ascenseur pour descendre en vitesse à la salle des scanners :

– Je commençais à m’inquiéter ! déclare-t-il en voyant Ulrich qui aide son amoureuse à se remettre sur pied. Yumi, il faut que tu entres dans un scanner pour qu’on corrige le dérèglement de ton système émotionnel.


La Japonaise titubante semble alors terrifiée :

– Dans un scanner ? ...Ce n’est pas dangereux au moins ?

– Tout va bien se passer, n’aie pas peur... la rassure Ulrich en la faisant entrer dans l’une des trois cabines lumineuses.


Les portes du scanner se referment, et le samouraï s’apprête à entrer dans celui d’à côté quand Naxxya l’interpelle :

– Heu... Ulrich ?...

– Quoi ?

– Je suis désolée pour ce qui s’est passé dans la chambre tout à l’heure, j’aurais dû l’empêcher...

– Bravo, c’est bien de t’en rendre compte deux heures après, répond ironiquement le lycéen qui fulmine intérieurement. Moi ça m’a pris des semaines pour m’apercevoir qu’il y avait une personne de trop dans notre équipe.


La géante blêmit et panique :

– Non attends ! Je suis désolée ! Je te jure que ça n’arrivera plus ! Je ferai tout ce que tu me diras ! Je vais...

– Ça suffit !! l’interrompt sèchement son camarade. Profite bien de cette excursion sur Lyoko, ça sera sûrement la dernière pour toi. Tes excuses n’y changeront rien.


La voix de Jérémie les interroge :

– Heu... Je peux savoir ce qui s’est passé entre vous ?

– Non. Contente-toi de nous virtualiser, lui ordonne froidement le samouraï.

– Bon... obtempère l’opérateur tandis que les portes des scanners se referment.



Odd voit Ulrich et Naxxya apparaître :

– Ah ! Vous en avez mis du temps !

– Ferme-la, réplique son colocataire en brandissant ses sabres.

– Oh ben si c’est pour faire la tronche, c’était pas la peine de venir !! riposte le félin sans voir arriver le rayon laser qui l’atteint et le dévirtualise.

– Odd ! s’exclame Aelita qui ne voit pas qu’un Blok s’apprête à lui tirer dessus.


La géante utilise Impulsion pour se jeter sur l’elfe aux cheveux roses tandis que le samouraï détruit le Blok.

– Ouf, merci, tu peux me relâcher maintenant, déclare Aelita tandis que sa camarade de chambre la maintient contre elle pour l’abriter de leurs ennemis.

– Euh, oui, désolée... répond fébrilement Naxxya en la libérant mais en commettant l’erreur de baisser sa garde.


Les monstres en profitent pour envoyer une salve de tirs sur la géante qui se fait dévirtualiser, forçant William et Ulrich à se regrouper autour d’Aelita pour la protéger des tirs incessants envoyés par les Bloks.

Dans la salle des scanners, Naxxya tombe à genoux, honteuse d’être déjà de retour :

– Mais quelle nulle...

– Bienvenue au club ! lui répond Odd avec un grand sourire en lui tapotant l’épaule pour la consoler.






Ulrich, William et Aelita commencent à se faire submerger par les Bloks qui les encerclent, et le grand ténébreux se fait dévirtualiser. Le samouraï utilise alors Triplicata ainsi que toute sa vitesse et sa dextérité pour stopper tous les tirs afin de protéger l’ange de Lyoko, mais la défaite leur semble désormais inévitable...

Soudain, deux éventails fauchent les rangs des monstres.

– Yumi ! se réjouit Aelita.


Debout sur les rochers, la Japonaise rattrape ses projectiles et sourit à ses amis :

– Bougez pas, j’arrive...


Yumi effectue un saut périlleux par-dessus les Bloks pour rejoindre ses coéquipiers en tourbillonnant sur elle-même afin de repousser les tirs qui lui sont adressés, puis elle lâche ses deux éventails au moment où elle atterrit, si bien que les deux disques tranchants fusent autour d’elle en décimant les créatures de Xana.

– Comment tu te sens ? demande Ulrich et repoussant les tirs avec ses sabres.

– Ça peut aller, lui répond son amoureuse en rattrapant à nouveau ses éventails pour se défendre.


Les Bloks se rapprochent de plus en plus, puis les deux gardes du corps d’Aelita en profitent pour passer à l’offensive en combinant leurs efforts pour les détruire jusqu’au dernier.

Le chemin étant dégagé, l’elfe aux cheveux roses se dirige vers la tour, mais Jérémie la met en garde :

– Il y a quelque chose qui vient vers vous ! Quelque chose d’assez gros, et je ne l’ai pas dans ma base de données !


Ulrich, Yumi et Aelita se regroupent et en levant la tête, ils découvrent une sphère sombre et volumineuse qui arrive lentement vers eux en flottant dans les airs.

– Qu’est-ce que c’est que ça ? se méfie le samouraï.

– Je t’envoie un visuel Jérémie... déclare Aelita.


L’image de la sphère apparaît sur l’écran de l’ordinateur du laboratoire. La coque de l’étrange objet se scinde et s’ouvre pour laisser apparaître le symbole de Xana.

– C’est la première fois que vous voyez ce monstre ? demande Naxxya.

– Si on l’avait déjà croisé on s’en souviendrait... répond William.

– Odd, tu appellerais ça comment ? lui demande Jérémie.

– On dirait un œil de Xana géant, observe le félin. Un « Xan-Eye »...


Le symbole de Xana sur le devant de la sphère s’oriente alors vers les trois Lyoko-guerriers puis se met à briller de plus en plus.

– Ne restez pas là ! leur crie Jérémie.


Le Xan-Eye libère alors un large rayon d’énergie rouge sur leur zone, dévirtualisant Ulrich et touchant partiellement Yumi et Aelita ce qui leur enlève bon nombre de leurs points de vie. Une fois la déflagration passée, les rescapées ripostent en lançant un éventail et un Champ de force vers le monstre sphérique, mais le celui-ci ne semble pas affecté par leurs attaques tandis qu’il charge à nouveau son rayon.

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Face à l’écran dont la fenêtre de retransmission visuelle s’est subitement refermée, les quatre spectateurs sont abasourdis par ce qu’ils ont entrevu :

– Vous avez vu ça !? s’exclame Odd.

– Son rayon a carrément brouillé mon signal ! panique Jérémie en tâchant de rétablir la liaison avec les deux dernières combattantes encore virtualisées.


Pendant que le samouraï remonte de la salle des scanners, Aelita et Yumi courent pour échapper au terrible faisceau destructeur libéré par le Xan-Eye. Celui-ci se déplace lentement vers elles, et l’ange de Lyoko crée donc un gros rocher pour se cacher derrière.

– Viens te mettre à l’abri Yumi !

– J’ai une meilleure idée, répond la geisha en fermant les yeux.


Le Xan-Eye s’apprête à décharger une fois de plus son large rayon d’énergie rouge sur ses cibles, mais juste avant qu’il puisse faire feu, Yumi soulève le rocher d’Aelita par télékinésie et le projette en plein dans l’œil du monstre qui explose.

– Joli tir ! les félicite Jérémie tandis qu’Aelita entre enfin dans la tour.


Mais à l’extérieur, Yumi ne voit pas la Méduse qui arrive derrière elle et la capture à nouveau.

– Oh non ! panique l’opérateur. Je n’ai pas encore fini de corriger mon programme anti-Méduse ! Je ne peux pas l’utiliser maintenant !


Ulrich pose sa main sur l’épaule de son camarade :

– Laisse. Si Yumi a retrouvé ses repères, elle saura s’en sortir seule.


Après quelques secondes d’angoisse, les éventails de la Japonaise se déploient et tranchent les tentacules de la Méduse qui relâche sa proie en frétillant avant de s’éloigner pour de bon.

– La télékinésie ! Bien joué Yumi ! observe William avant que Jérémie dévirtualise les deux Lyoko-guerrières.





De retour dans le monde réel, elles remontent au laboratoire et Yumi s’incline devant ses amis :

– Je vous présente mes excuses pour tout ce que j’ai pu faire cet après-midi.

– C’est pas grave ! la rassure Aelita.

– C’est du passé, renchérit William.

– C’est plutôt à moi de m’excuser... ajoute Naxxya embarrassée.

– C’était de ma faute, j’avais mal rédigé mon programme ! explique Jérémie qui s’en veut encore.

– J’ai rien compris, mais je vous pardonne ! conclut Odd.


Ils se tournent alors vers Ulrich qui arbore une mine maussade mais qui finit par esquisser un sourire parce qu’à cet instant, il est infiniment soulagé que Yumi soit rétablie :

– Allez, on passe à autre chose.


Son amoureuse lui saute au cou et l’embrasse longuement.

– OOOoooowww ! commente le félin en exagérant sa réaction.


Aelita pouffe de rire, avant de remarquer la mine soucieuse du grand ténébreux :

– Tu as l’air songeur, William, quelque chose te tracasse ?

– Je me demandais pourquoi Xana nous a envoyé la Méduse à deux reprises... Vous pensez que ça fait partie de son plan ?

– Moi, ce qui m’inquiète, reprend Odd, c’est qu’il a lancé deux attaques en une journée ! Il cherche à nous épuiser, c’est sûr !

– À mon avis, tout ça reste secondaire, déclare Jérémie. Xana veut nous mettre sous pression et ainsi détourner notre attention, car l’essentiel est ailleurs : lors de ses deux dernières attaques, il a envoyé des monstres sur Terre.

– Et alors ? demande Ulrich. Il l’avait déjà fait auparavant.

– Effectivement, concède l’informaticien, mais les fois précédentes, Xana avait besoin des scanners pour envoyer ses monstres un par un, tandis que maintenant, il peut les faire apparaitre directement à Kadic et sans doute ailleurs. De plus, matérialiser des monstres virtuels dans le monde réel lui demande énormément d’énergie, or ce matin, il nous a envoyé des Kankrelats sur Terre, et cet après-midi des Tarentules et des Krabes. Pour moi, il est clair que Xana expérimente la puissance que lui confèrent les pouvoirs de Franz Hopper. Et les choses ne vont faire qu’empirer. J’ignore dans quel but il fait tout ça, mais nous devons découvrir où il retient Franz Hopper prisonnier avant qu’il ne soit trop tard...





Avant que Jérémie lance le Retour vers le passé, Ulrich propose à Yumi de le rejoindre le soir même au cinéma.

– Cette fois-ci, je serai à l’heure ! promet la Japonaise.

– Je n’en doute pas ! conclut le samouraï en lui rendant son sourire.


Yumi l’embrasse à nouveau, puis elle remarque Aelita, un peu en retrait, qui peine à contenir son inquiétude.


La geisha se rapproche de son amie, passe son bras autour de ses épaules et lui murmure pour la rassurer :

– Ne t’inquiète pas, on le retrouvera.







Scène coupée : Je t’aime Yumi


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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:45   Sujet du message: Répondre en citant  
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Scène coupée : Je t’aime Yumi



En attendant de nouveau son amoureuse devant le cinéma, Ulrich ne peut s’empêcher de repenser à ce qui s’est passé durant l’après-midi qui a précédé le Retour vers le passé. Le souvenir d’avoir surpris Yumi dans les bras de Naxxya lui est insupportable. À présent, il se demande s’il a pris la bonne décision en pardonnant cet acte irréparable à ses yeux. Il aime Yumi, ça il en est sûr, mais après ce qui s’est passé, est-ce qu’ils pourra vraiment continuer comme avant ? Est-ce qu’il arrivera à supporter de faire équipe avec Naxxya durant les missions sur Lyoko, et surtout, est-ce qu’il pourra encore avoir confiance en Yumi sans se demander perpétuellement ce qu’elle fait lorsqu’elle n’est pas avec lui ?

Celle-ci arrive enfin :

– Me voila avec cinq minutes d’avance, déclare-t-elle en souriant.


Elle s’apprête à embrasser son amoureux, mais il la retient et se lance :

– Je suis désolé de te demander ça, mais j’ai besoin de savoir...

– Savoir quoi ? s’inquiète la Japonaise.


Ulrich hésite un instant avant de terminer sa phrase :

– Je veux savoir ce qui s’est passé cet après-midi.

– Mais tu le sais déjà, répond la geisha visiblement embarrassée. Le programme anti-Méduse de Jérémie a altéré mon comportement, et je me suis mise à faire des choses bizarres parce que je ne me contrôlais plus. Inutile de revenir là-dessus.

– Yumi, s’il te plaît... insiste-t-il.


La Japonaise est gênée par cette requête mais finit par accepter :

– Qu’est-ce que tu souhaites savoir exactement ?

– Ce qui t’est passé par la tête quand tu as décidé d’aller voir Naxxya, et ce qui s’est produit dans sa chambre ensuite.


La lycéenne fait l’effort de se souvenir :

– Je ne sais plus trop, c’était... Comment dire... J’étais en proie à des désirs intenses, et rien en moi ne venait les réfréner... Je me sentais irrésistible, je ne supportais plus la moindre contrariété... C’est pour ça que je t’ai planté là quand tu m’as reproché d’être en retard, et c’est pour la même raison que j’ai réussi à « abuser » de Naxxya. Elle est incapable de nous refuser quoi que ce soit, alors j’en ai profité pour en faire mon jouet. Si tu veux savoir, c’est moi qui ai pratiquement tout fait : elle osait à peine bouger sauf quand je lui en donnais l’ordre. C’était hyper bizarre, mais quelque part, je me dis qu’il vaut mieux que ça soit tombé sur elle. Je préfère ne pas penser à ce qui se serait passé si Aelita s’était trouvée dans la chambre ou si William ne m’avait pas résisté...


Ulrich s’étrangle :

– Tu as tenté de le faire aussi avec William !? C’était quand !?


Yumi réalise qu’elle aurait mieux fait de ne pas mentionner cet écart :

– Calme-toi, calme-toi ! Je suis simplement allée le voir chez lui juste après t’avoir laissé en plan devant le cinéma, mais il ne s’est pratiquement rien passé car William ne m’a pas laissée faire ! Comme je te l’ai dit, à ce moment-là je ne supportais pas la moindre irritation, donc je suis allée voir William parce que j’étais contrariée en te quittant, et c’est après avoir été « rejetée » par William que j’ai décidé de me reporter sur Aelita et Naxxya !


Le samouraï la regarde droit dans les yeux :

– Tu me JURES qu’il ne s’est rien passé avec William ?


Son amoureuse sent qu’elle va le regretter, mais elle tient à rester sincère :

– Je l’ai... Je l’ai juste embrassé...

– J’en étais sûr !! hurle Ulrich fou de colère en sortant son téléphone portable de sa poche.


Yumi s’évertue à le calmer tandis que des larmes s’entendent dans sa voix :

– ...Il m’a repoussée aussitôt ! Ça n’a duré qu’une seconde !


Ces justifications n’atteignent pas l’adolescent furieux qui s’adresse à Jérémie à travers son téléphone :

– Tu peux me dire où se trouve William en ce moment !? ... Parfait, ne bougez pas j’arrive tout de suite !


Ulrich raccroche et se met en route, sans tenir compte des supplications de Yumi qui tente de l’arrêter en sanglotant.





* * *





Pendant ce temps, à l’usine, William remonte de la salle des scanners après avoir passé un examen complet. L’inquiétude dans les yeux d’Aelita lui fait comprendre que les résultats sont préoccupants.

– Alors...? demande-t-il avec appréhension.


Jérémie finit par lui dire la vérité :

– Ta structure a effectivement été altérée depuis qu’on t’a libéré de l’emprise de Xana. Ton état se détériore très lentement, c’est pour ça qu’on ne s’en est pas aperçu plus tôt. Les signes de ta dégradation vont devenir de plus en plus fréquents, de plus en plus visibles, jusqu’à une déstructuration totale de ton organisme.

– Et en clair ? interroge William qui plus ou moins déjà compris.

– En clair, lui explique Aelita d’une voix blanche, tu es en train de disparaître...


Un silence de mort s’installe tandis que le grand ténébreux s’efforce d’accepter le diagnostic.

La pilule est difficile à avaler. Il se sent en pleine forme, il affronte le danger régulièrement tout en restant persuadé d’avoir toute la vie devant lui, et voila qu’un mal à peine perceptible va prochainement le faucher. Après tout ce par quoi il a dû en passer, y compris la méfiance de ses amis à son égard, voila qu’il serait désormais condamné à disparaître pour leur cause ? Quel sort injuste. Pourtant, William sait qu’un héros doit être prêt à accepter sa malédiction, et à en payer le prix fort.

Il finit donc par demander :

– Et vous ne savez pas comment résoudre ce problème ?


L’informaticien secoue la tête :

– Les rares fois où on a été confrontés à ce genre de désagréments, le souci venait simplement des scanners, mais cette fois, on ignore la nature exacte de ce qui cause ta désintégration. Tout ce qu’on sait d’après nos analyses, c’est que Xana a probablement laissé en toi quelque chose qui lui permet d’absorber ta structure progressivement. D’ailleurs, c’est sans doute aussi à cause de ça que lors de notre dernière mission avant d’éteindre le supercalculateur, tu avais été xanatifié dans l’usine et tu pouvais passer à travers la matière.

William n’est pas franchement ravi d’apprendre que leur ennemi l’a rendu plus vulnérable à la xanatification que ses coéquipiers, mais il s’est aussi juré de ne plus jamais laisser Xana le manipuler :

– J’aimerais que vous n’en parliez pas aux autres.


Aelita acquiesce avant d’ajouter :

– À défaut de pouvoir te guérir immédiatement, on pense que pour annuler le processus, il faudrait éliminer Xana...

– Plus facile à dire qu’à faire, rétorque William qui peine à conserver son sang froid. Il me reste combien de temps ?

– Quelques mois, répond la jeune fille, en espérant que le processus ne s’accélère pas.


William déglutit péniblement, puis soulève une autre question :

– Et pour la voix dans ma tête ?


Jérémie n’a pas d’explication :

– Je n’ai rien trouvé pour le moment, mais si cette voix fait bien partie de ce que Xana t’a implanté, je ne pourrai trouver un moyen de la désactiver qu’en l’analysant lorsqu’elle se manifeste...


Voulant rester optimiste, Aelita suggère des possibilités :

– Peut-être qu’on pourrait essayer de la provoquer et en profiter pour l’analyser aussitôt ? Tu l’entends quand en général ?


Le grand ténébreux grince des dents :

– Ben... Quand je suis seul... Ou plutôt, quand je me sens seul...


À travers cette réponse, sa coéquipière comprend que d’une certaine façon, William ne se sent pas vraiment intégré à leur équipe :

– Mais tu es des nôtres à présent ! lui assure-t-elle en lui prenant la main. On ne te laissera pas tomber, tu sais que tu peux compter sur nous !

– Ouais mais d’un autre côté, soupire-t-il en retirant sa main, je me demande parfois ce qui nous rassemble vraiment, en dehors de notre mission...

– Qu’est-ce que tu veux dire par là ? interroge Jérémie perplexe. Tu crois qu’on n’est pas vraiment « amis » ?

– Je sais pas... J’ai le sentiment que si Lyoko n’avait pas réuni nos existences, Odd et Ulrich seraient peut-être potes quand même parce qu’ils partagent la même chambre, mais Yumi ne se préoccuperait probablement que de ses études, et toi Jérémie tu serais sans doute encore un intello timide et solitaire... Alors même si aujourd’hui on fait équipe par la force des choses, est-ce qu’on peut vraiment parler d’amitié ? Est-ce qu’on aurait pris Naxxya sous notre aile sans ses pouvoirs défensifs ? Et toi, Aelita, est-ce que tu serais tombée amoureuse de Jérémie s’il n’avait pas pris autant de risques pour te sauver ?


L’informaticien reste muet, mais la jeune fille aux cheveux roses répond aussitôt :

– Pourquoi se demander comment les choses se seraient déroulées dans d’autres circonstances ? Oui, c’est Lyoko qui nous a réunis, mais ça ne nous empêche pas d’être de vrais amis. Je crois même pouvoir dire que notre mission nous a rapprochés plus qu’aucune jeunesse « ordinaire » aurait pu le permettre, mais dans le fond, quelle différence y a-t-il entre la façon dont nous sommes devenus amis à force de nous battre ensemble contre un ennemi commun, et la façon dont les élèves d’une classe deviennent amis à force de bavarder et de rire pour mieux apprécier les journées d’école ?


William se contente de hausser les épaules, et Jérémie sort de son silence en s’adressant à lui :

– En fait... Tu as l’impression de ne pas vraiment faire partie de la bande, comme si on t’avait accepté parmi nous uniquement à cause de Xana mais qu’en réalité on ne t’apprécierait pas vraiment, c’est ça ?

– Je n’en sais rien... Mais le fait est que je risque de disparaître pour notre « noble cause », alors forcément, je commence à me poser des questions...

– Tu ne vas pas disparaître ! affirme Aelita. On va tout faire pour empêcher que ça arrive ! Jamais on ne laissera Xana te...


Ils sont interrompus par le bruit d’ouverture des portes du monte-charge.

Ulrich apparaît, fulminant de rage, accompagné par Yumi qui désespère de réussir à l’arrêter.

– Qu’est-ce qui vous arrive ? s’inquiète Jérémie en voyant le samouraï avancer rapidement vers William.


Sans explication, Ulrich envoie un violent coup de poing au grand ténébreux qui tombe en arrière.

– Hé !? Mais qu’est-ce qui te prend !? panique l’informaticien tandis que William se relève pour se jeter sur son agresseur. Arrêtez !!


Sous le regard horrifié d’Aelita et les pleurs de Yumi, les deux garçons se rendent coup pour coup : crochet à la mâchoire, coup de coude dans les côtes, coup de genou au ventre, projection au sol... Jérémie brandit son pistolet à impulsion électrique mais n’ose pas tirer, de peur que celui des deux qui sera neutralisé se fasse massacrer par l’autre...

Alors que la violence des coups échangés fait couler le sang des deux adversaires, les portes de l’ascenseur s’ouvrent à nouveau et un immense fantôme vêtu d’un drap blanc entre dans la pièce :

– OOOOOOUH ! Je suis le spectre à quatre bras ! s’exclame Odd assis sur les épaules de Naxxya avant de s’apercevoir qu’Ulrich et William sont en train de se battre devant eux. Oh mince !


Le félin se débarrasse du drap qui lui servait de déguisement puis saute à terre pour aller aider Jérémie à retenir Ulrich tandis que la géante ceinture William et le tire en arrière.

Les deux combattants séparés reprennent leur souffle, puis le génie à lunettes demande :

– Ulrich, je peux savoir ce qui t’a pris de venir frapper William ?

– Ce traître a embrassé Yumi cet après-midi ! explique le samouraï toujours énervé.

– C’est elle qui m’a embrassé parce qu’elle n’était pas dans son état normal ! se défend William. Et je l’ai repoussée aussitôt !

– C’est ce que je lui ai dit, confirme Yumi désemparée, mais il ne veut rien entendre !


Jérémie tente de raisonner Ulrich :

– Je comprends que tu sois en colère, mais je t’ai déjà expliqué que le comportement de Yumi avait été perturbé par les effets indésirables de mon programme anti-méduse ! Et quoi qu’elle ait fait durant cette perturbation, ça ne change rien à ses sentiments pour toi, alors oublie tout ça et passe à autre chose !


Le samouraï n’en croit pas ses oreilles :

– Yumi a embrassé William, et je devrais faire comme si rien ne s’était passé !? Tu te fous de moi Jérémie !? Tu dirais quoi, toi, si je t’apprenais que j’ai surpris Odd qui embrassait Aelita derrière le gymnase !?


Les regards se tournent vers le félin qui semble soudain gêné :

– Euh... Nan mais c’était l’année dernière... Et on a rompu depuis longtemps...

– Ne t’en fais pas Odd, reprend Jérémie. Tu n’as pas à te justifier. Je savais très bien qu’Aelita sortait avec toi en secret parce que je n’étais pas assez présent pour elle, d’ailleurs elle a fini par me le révéler elle-même. Ça m’avait franchement énervé au début, mais depuis, Aelita a fait son choix, elle m’a assuré qu’elle n’avait plus l’intention de « s’éparpiller », et elle m’a prouvé qu’elle m’aime. Alors tout le reste, je m’en moque. Si un jour Xana pousse Aelita à embrasser quelqu’un d’autre que moi, ça ne sera pas la fin du monde.


La jeune fille aux cheveux roses approuve les dires de son amoureux :

– Si tu veux tout savoir, Ulrich, j’ai vraiment aimé flirter avec Odd en cachette, mais ça n’a pas diminué pour autant mes sentiments à l’égard de Jérémie. D’ailleurs, j’avais prévenu Odd dès le départ : dès que Jérémie se sentirait prêt, je ne sortirais plus qu’avec lui donc la liaison secrète avec Odd s’arrêterait définitivement. Et comme tu peux le voir, aujourd’hui je sors avec Jérémie, et nous n’avons aucun doute sur les sentiments que nous éprouvons l’un pour l’autre. Alors pourquoi toi, tu mets en doute l’amour que Yumi a pour toi ?


Le reste du groupe semble assez étonné par les déclarations des deux intellos de l’équipe, mais Ulrich se ressaisit aussitôt :

– Tant mieux pour vous si ça vous amuse d’être infidèles et de faire avec, mais moi, j’ai toujours été très clair là-dessus : si jamais William touche à Yumi alors qu’elle sort avec moi, il dégage de l’équipe, point barre ! Et ça vaut aussi pour Naxxya !


Les regards se tournent alors vers la géante qui restait muette en redoutant de subir le même sort que William, et Ulrich poursuit :

– Elle passe son temps à s’excuser maladroitement pour qu’on la prenne en pitié, mais en réalité elle est exactement comme Odd quand il nous fait des sales coups : elle abuse de notre indulgence et elle en profite pour se permettre de faire n’importe quoi en sachant qu’on lui pardonnera ! Mais cette fois c’est terminé ! Les traitres doivent quitter l’équipe !!


À ces mots, le grand ténébreux explose de rage :

– Après tout ce que j’ai fait pour vous, tu oses encore me traiter de TRAITRE !?


Sentant qu’il va se jeter sur Ulrich, Odd se précipite pour retenir William par le bras mais celui-ci le repousse d’un coup de coude au ventre en s’apprêtant à se ruer sur son adversaire, avant d’être à nouveau ceinturé par Naxxya qui peine le tenir immobile tant il se débat.

– Lâchez-moi !! JE VAIS LE MASSACRER !!! JE VAIS TOUS VOUS MASSACRER !!!


Ce cri de rage fait frissonner ses auditeurs, mais déjà éprouvé par son précédent combat, William finit par s’essouffler à force de hurler, tandis que du sang s’écoule de sa bouche.

Aelita le regarde tristement et fait un signe à Naxxya pour qu’elle le relâche, puis le grand ténébreux bouscule la géante d’un coup d’épaule avant d’aller s’asseoir au pied du mur en tenant sa tête entre ses mains.


La jeune fille aux cheveux roses vient s’agenouiller près de lui et tente de l’apaiser, pendant que Yumi s’efforce de ramener son amoureux à la raison :

– Ulrich, je t’en prie écoute-moi ! Tu sais bien que c’était MA faute ! Je leur ai pratiquement sauté dessus ! Et j’en aurais sans doute fait autant avec Aelita ou Jérémie ou même Odd s’ils s’étaient trouvés sur ma route ! Je ne me contrôlais plus ! Tu ne peux pas demander à William et Naxxya de quitter l’équipe à cause de MES erreurs !!


Le samouraï reste inflexible et lance un ultimatum à la Japonaise :

– C’est eux ou moi, choisis !!

– Arrête, Ulrich ! intervient Jérémie. Tu sais très bien qu’on ne peut pas se permettre de réduire nos effectifs maintenant, pendant que Xana devient de plus en plus puissant !

– Alors trouvez quelqu’un pour me remplacer, parce que je me casse ! achève Ulrich en quittant les lieux.





* * *





Le lendemain midi à la cantine, Sissi remarque qu’Ulrich est tout seul à une table et décide de le rejoindre :

– Salut Ulrich, je peux m’asseoir ? lui demande-t-elle en souriant.


N’obtenant pas de réponse, elle s’installe en face de lui et poursuit :

– Alors dis-moi, ça n’a pas l’air d’aller aujourd’hui, qu’est-ce qui s’est passé avec tes amis ?


Le samouraï ne décroche pas un mot, la jeune fille doit donc faire la conversation pour deux :

– Laisse-moi deviner, tu t’es disputé avec Yumi ? ... Ça m’a l’air plus grave qu’une simple dispute... Elle ne t’a quand même pas laissé tomber pour William ?


Toujours sans dire un mot, Ulrich se lève, prend son plateau et s’en va, mais Sissi continue de le suivre à l’extérieur :

– En tout cas, moi, s’il y a bien une chose que je ne ferai jamais, c’est de tromper le garçon dont je suis amoureuse.

– Tu comptes me coller comme ça encore longtemps ? finit par demander le lycéen exaspéré.

– Ben... hésite-t-elle en lui prenant doucement le bras. Je vois bien que tu n’as pas envie de parler de tes problèmes, mais je ne veux pas te laisser seul...


Hors de lui, Ulrich la repousse si violemment qu’elle tombe en arrière puis il se met à lui crier dessus :

– Je ne veux pas de toi !! T’as compris !? PERSONNE NE VEUT DE TOI !!!


Voyant que tous les élèves aux alentours le regardent, le samouraï tourne les talons et s’en va, laissant Sissi par terre toujours sous le choc.

Ayant assisté de loin à la scène, William se précipite vers la jeune fille pour l’aider à se relever :

– Rien de cassé ?

– Je vais bien, merci, répond simplement Sissi en essuyant ses vêtements.

– Ne fais pas attention à ce qu’Ulrich t’a dit, il est juste...

– J’ai dit que je vais bien, répète-t-elle sur un ton égal.


Hervé et Nicolas arrivent à leur tour.

– Sissi ? Qu’est-ce qui t’est arrivé ? s’enquiert Hervé.

– Rien. Allons-nous-en, conclut la fille du proviseur.


Le grand ténébreux la regarde s’éloigner, suivie par ses deux acolytes, et Nicolas finit par demander à Hervé à voix basse :

– Pourquoi elle pleure ?





Revenu auprès de ses amis, William est révolté par ce qui vient de se produire :

– Vous avez vu comment Ulrich a poussé Sissi !?

– Il souffre atrocement alors il fait du mal autour de lui, explique Aelita qui n’en est pas moins choquée par le geste du samouraï.

– Ulrich ne se calmera pas tout seul, ajoute Jérémie. Il faut que l’un d’entre nous aille lui parler.

– Logiquement c’est Yumi qui devrait s’en occuper ! affirme Odd.

– Yumi est restée chez elle aujourd’hui, rétorque Naxxya. Elle ne va pas bien non plus.


Le cerveau de la bande se tourne vers le félin :

– Odd, tu es son camarade de chambre et son meilleur ami, c’est à toi de ramener Ulrich à la raison.

– Hein !? Euh... Oh ! J’ai un appel ! s’exclame le chat violet en ouvrant son téléphone portable. Oui allô ? ... Oui...


Aelita s’apprête à se porter volontaire pour aller essayer de parler à au samouraï, mais Naxxya prend la parole :

– Si c’est la seule solution pour qu’Ulrich revienne, je peux aller lui dire que je renonce à faire partie de l’équipe.

– Cette idée me plait beaucoup, ironise William, mais pour qu’Ulrich accepte il faudrait que je parte aussi, et ça tu peux oublier.


Jérémie réfléchit à la proposition de la géante :

– Ulrich est probablement notre meilleur élément sur Lyoko, mais certainement pas au point de se séparer de deux d’entre vous juste pour le garder lui. Par contre, on pourrait peut-être faire comme si William et Naxxya ne faisaient plus partie de l’équipe pendant quelque temps en attendant qu’Ulrich revienne à la raison, tout en les gardant sous la main au cas où les choses tourneraient mal sur Lyoko...

– Jamais de la vie ! réplique le grand ténébreux. Avec ou sans Ulrich, je me battrai sur Lyoko jusqu’à la fin ! Je suis déjà plus fort que lui dans bien des domaines, je n’ai plus à prouver que je mérite ma place dans l’équipe !

– Laissez-moi au moins lui proposer mon départ en échange de son retour, insiste Naxxya. Peut-être qu’il acceptera de garder William...

– Logiquement il devrait accepter car moi j’ai repoussé Yumi ! rappelle l’ancien Xana-guerrier en reprochant à la géante de ne pas en avoir fait autant. Mais comme j’ai longtemps cherché à la séduire par le passé, il est persuadé que j’essaye encore de lui piquer sa copine...


Odd raccroche son téléphone et met fin au débat :

– Bon ça suffit ! Arrêtez tous de dire n’importe quoi ! D’abord, c’est moi le meilleur sur Lyoko ! Ensuite, j’ai pas envie qu’on se sépare de quiconque ni qu’on reste une équipe sans rester une bande d’amis, donc je vais m’en occuper moi-même et on n’en parlera plus !


Tandis que ses camarades restent perplexes, le félin se tourne vers sa plus grande alliée :

– Naxxya, tu m’accompagnes à l’infirmerie ?

– À l’infirmerie ? Pour quoi faire ?

– Pour jouer au docteur ! plaisante-t-il. Non, j’ai juste besoin de toi pour m’aider à emprunter un médicament.

– T’as vraiment besoin d’elle pour ça ? s’étonne William. À mon avis elle va plutôt t’aider à te faire repérer.

– Le médicament dont j’ai besoin est rangé dans un placard en hauteur, explique Odd. C’est une mission pour le spectre à quatre bras ! Aelita, il faudrait aussi que tu me prêtes du maquillage...





* * *





Dans sa chambre à l’étage des garçons, Ulrich est allongé sur son lit, occupé à noyer ses tourments dans l’alcool en vidant une à une les bouteilles de breuvages exotiques qu’il avait fait entrer en douce dans l’intention d’arroser quelques soirées entre amis à l’occasion. Si on découvre qu’il a introduit des boissons alcoolisées dans l’établissement, il sera probablement renvoyé de Kadic définitivement, mais ça lui est égal. Au moins, il pourra recommencer une vie sans ses amis, et sans Yumi. Ce sera difficile, mais moins douloureux que de la croiser tous les jours après ce qui s’est passé.



– Salut grincheux ! Ça roule ? demande Odd qui entre et se dépêche de refermer la porte derrière lui.


Discrètement, le félin dépose le médicament dans l’une des bouteilles encore pleines alignées au pied du lit d’Ulrich, puis il entame la conversation en se dirigeant vers son armoire :

– Figure-toi qu’avec les autres, on a décidé qu’il te fallait une bonne leçon, et c’est moi qui vais te la donner !


L’adolescent hyperactif ouvre la porte de son placard qui contient un miroir et poursuit :

– Tu reproches à Yumi d’avoir embrassé William et d’avoir fait des trucs avec Naxxya ; pour commencer, Yumi n’était pas dans son état normal et tu le sais très bien !

– État normal ou pas, rétorque Ulrich toujours énervé mais un peu ivre, si elle m’aimait vraiment elle n’aurait pas fait ça. Quant aux deux autres, ils étaient dans leur état normal pour autant que je sache, donc ils n’ont pas d’excuse.

– Ah bon ? réplique Odd. Alors imagine : Yumi aurait été en couple avec William et elle t’aurait sauté dessus, tu aurais su lui résister ?

– Ça n’a rien à voir, se défend le samouraï, et ça ne change rien au fait que Yumi m’a trompé, peu importe son état.

– Tu prétends donc que toi, en toutes circonstances, tu ne tromperais jamais Yumi ? interroge le félin qui s’apprête devant son miroir.

– Parfaitement ! assure Ulrich. Moi, j’aime vraiment Yumi ! Alors même avec trois grammes d’alcool dans le sang, et même si une autre fille s’offrait à moi, je ne tromperais jamais Yumi !

– Ah c’est donc ça que tu voulais nous prouver tout à l’heure quand tu as frappé Sissi ? demande Odd ironiquement.


Le lycéen éméché repose sa bouteille vide et en reprend une pleine.

– Oui, bon, j’aurais pas dû pousser Sissi, j’ai été stupide... Mais ça n’empêche que moi, je ne tromperai jamais Yumi, car je l’aime vraiment.

– Et tu penses que comme elle t’a trompé, reprend son colocataire bavard, ça veut dire qu’elle ne t’aime pas vraiment ? Si tu veux mon avis, le seul amour qui a souffert dans cette histoire, c’est ton amour-propre ! Tu ne supportes pas l’idée d’avoir été trompé et d’être le dindon de la farce ! C’est normal de ressentir ça dans un premier temps, mais ton erreur, c’est de faire passer ton amour-propre avant ton amour pour Yumi !


Ulrich commence à avoir la tête qui tourne, mais Odd enchaine :

– Et pour te faire comprendre que tes seules certitudes valables sont ton amour pour Yumi et son amour pour toi, il me suffit de te montrer que malgré tout ce que tu as pu dire, tu n’es PAS infaillible ! Toi aussi, tu PEUX tromper Yumi quand tu n’es pas dans ton état normal, tout comme elle l’a fait ! Et ensuite, tu t’apercevras que tromper Yumi ne t’empêche pas de l’aimer plus que tout au monde.


Le samouraï ne se sent pas bien du tout. Sa vue se trouble légèrement, il est en proie à une sorte de vertige qui le force à se redresser, puis il s’assoit sur le bord de son lit pour tenter de reprendre ses esprits.

Toujours devant son miroir, le félin termine ses préparatifs :

– Si tu te sens bizarre, c’est normal : j’ai mis un médicament assez particulier dans ta bouteille quand je suis entré tout à l’heure. Mélangé à de l’alcool, le produit que tu as absorbé a des effets très impressionnants, comme tu vas bientôt t’en rendre compte...


Odd referme l’armoire et se retourne face à Ulrich qui le reconnaît à peine : le félin est légèrement maquillé, notamment autour des yeux. Sa coiffure est différente, ses cheveux ondulent en arrière et se réunissent en cascade. Il porte son habituel pantalon à pattes d’éléphant, mais son haut appartient à Aelita. L’ensemble aurait sonné faux si Odd avait été aussi viril que la plupart des garçons de son âge, mais sa silhouette fine et les traits féminins de son visage lui permettent d’obtenir un résultat troublant, voire envoutant.

https://i.imgur.com/asOEnhH.jpg


L’adolescent ambivalent pose ainsi devant son colocataire et adoucit volontairement sa voix en s’approchant de lui :

– Pour décoincer un ami un peu trop borné, on envoie le bi androgyne de service... Bonjour les préjugés...


Il s’assoit lentement à côté de son camarade de chambre dont le cerveau est toujours engourdi, puis passe délicatement ses bras autour de son cou avant de lui murmurer :

– Je plaisante, en vérité je suis ravi d’accomplir cette mission. Et maintenant, essaye donc de me résister. Tu n’as qu’un mot à dire pour que j’arrête.


Dépossédé de ses repères et ensorcelé par cette créature inconnue, le samouraï finit par desserrer les dents, mais le mot qui s’échappe de sa bouche n’est pas une protestation :

– Viens...


Odd répond à cette invitation en embrassant longuement Ulrich, puis il l’étend à nouveau sur son lit et s’allonge sur lui.

– D’une certaine manière, c’est la deuxième fois que je me retrouve dans la peau de Yumi ! conclut le félin en riant, avant de passer aux choses sérieuses...





* * *





Un peu plus tard dans l’après-midi, Ulrich se réveille de son étrange sieste en pensant : « Encore ce rêve idiot... ». Mais il réalise soudain qu’Odd est accroché à son bras...

« Oh non... »


Tandis que le félin semble toujours assoupi, le samouraï reste immobile et tente de se rappeler comment il s’est retrouvé dans cette situation. Les brumes dans sa tête se dissipent à mesure que ses souvenirs lui reviennent. A-t-il été drogué ? Sans aucun doute. Odd en a-t-il profité pour abuser de lui ? Oui, manifestement. Alors pourquoi ça lui est égal ? En temps normal, il serait furieux contre Odd, et probablement déjà en train de le frapper, mais là, comme il se sent encore un peu étourdi, son absence de colère lui permet de réfléchir plus calmement, jusqu’à se dire : « Odd n’aurait jamais manigancé tout ça lui-même ». En effet, ce plan était à la fois trop tordu et trop élaboré pour être l’œuvre de l’insouciant félin. Quelqu’un de beaucoup plus machiavélique a dû pousser Odd à faire tout cela, quelqu’un qui devait vraiment en vouloir à Ulrich...

« Xana... C’est forcément Xana qui est derrière tout ça... depuis le début... Et à cause de Xana, j’ai peut-être perdu Yumi... Il va me le payer... Mais pour l’instant, il y a plus urgent... Je dois m’excuser auprès de Yumi... Je ne veux pas la perdre... »

Allongé contre Ulrich, Odd ouvre discrètement un œil. En voyant que son ami est déjà réveillé et occupé à réfléchir sereinement, le félin en profite pour l’embrasser sur la joue et le ramener à la réalité.

– Ça va n’en rajoute pas, marmonne Ulrich à moitié contrarié.


Odd le lâche et se lève en riant :

– Que ça te serve de leçon ! Bon, moi je vais prendre une douche, et toi, j’espère que tu sais ce qu’il te reste à faire !


Son colocataire a retrouvé le sens de la plaisanterie :

– Non Odd, je ne te rejoindrai pas sous la douche.

– Crétin ! lui répond son ami en ramassant les bouteilles pour les cacher sous son lit. Je parlais de ce que tu dois faire par rapport à Yumi !


Le félin quitte la chambre et Ulrich saisit son téléphone portable pour appeler la Japonaise, mais elle ne décroche pas.

En regardant par la fenêtre, il constate qu’il commence à pleuvoir.





* * *





Alors que la pluie devient torrentielle, Ulrich arrive devant la maison de Yumi. Il sonne à la porte, mais personne ne vient ouvrir. Il s’apprête à insister, avant de remarquer l’absence de voiture devant la maison, indiquant que les Ishiyama ne sont pas à leur domicile.

Le samouraï sort donc son téléphone portable et tente à nouveau d’appeler son amoureuse.

– Décroche, décroche, décroche... répète-t-il à voix basse pour tromper l’attente angoissante durant l’interminable tonalité.


La sonnerie d’attente s’arrête soudain, mais personne ne parle au bout du fil. Ulrich hésite puis lance quelques « Allô ? » sans obtenir de réponse. Il regarde l’écran de son portable pour s’assurer qu’il est en communication et qu’il ne parle pas dans le vide ; apparemment, Yumi l’écoute, même si elle ne dit rien.

Il se lance donc, en espérant être effectivement entendu par celle qu’il aime :

– C’est moi... Écoute, je... Je voulais que...


La gorge nouée, Ulrich redoute que les mots lui manquent et que la Japonaise raccroche subitement, mais celle-ci reste silencieuse, prête à écouter tout ce qu’il pourra lui dire, espérant simplement qu’il arrivera à dépasser ses convictions pour qu’ils reprennent leur histoire.

Le lycéen finit par se jeter à l’eau :

– Je voulais m’excuser pour tout ce que j’ai dit et tout ce que j’ai fait. J’ai été égoïste et injuste envers vous tous, et surtout envers toi. Il m’a fallu du temps pour le réaliser, mais maintenant j’en suis sûr : la seule chose qui compte vraiment pour moi, c’est d’être avec toi Yumi. J’ai du mal à maitriser mon sale caractère par moments, et je vois bien que je ne suis pas toujours facile à vivre pour mon entourage, mais je suis prêt à faire des efforts parce que je t’aime et parce que je sais que toi aussi tu m’aimes...


Restant dans l’incertitude, l’adolescent guette la moindre réaction de la part de sa bien-aimée, mais elle laisse le silence s’installer, et il doit donc poursuivre pour aller au bout de son discours :

– Alors... alors si tu veux bien me pardonner, j’aimerais qu’on laisse nos soucis derrière nous... Je voudrais... Je tiens à honorer la promesse que je t’ai faite lorsqu’on a décidé de sortir ensemble : ne pas laisser notre relation nuire à notre mission... Et puis quelque part, Jérémie a raison : combattre Xana nous rend vulnérables, et ce serait dommage que ma jalousie nous empêche de profiter du temps qu’il nous reste à passer ensemble... Je t’aime Yumi...


La porte de la maison s’ouvre enfin. La Japonaise s’avance lentement sous la pluie dont les gouttes d’eau effacent les traces des larmes déjà sèches sous son regard désormais glacial.

Ulrich retient son souffle, incertain du sort que son amoureuse réserve aux excuses qu’il vient de lui présenter.

Le ciel blanchit intensément durant une fraction de seconde, et l’instant d’après, le samouraï ressent une forte douleur au torse et tombe en arrière, projeté par le coup de pied foudroyant que vient de lui porter Yumi tandis que tonnerre gronde au-dessus d’eux.

Étendu sur le trottoir trempé par la pluie, Ulrich se redresse en se tenant sur ses coudes pour dévisager sa camarade avec incompréhension.

Debout devant lui, la geisha le fixe de son regard froid et l’interroge sur un ton aussi calme qu’inquiétant :

– Tu crois que je vais te laisser t’en tirer avec de belles paroles au téléphone ? Après toutes les saloperies que tu nous as balancées ?


Ulrich ne sait quoi répondre :

– Je... Je suis désolé...

– Ça m’est complètement égal, termine la Japonaise en lui tournant le dos pour se diriger vers la porte de sa maison.


Le lycéen se relève aussitôt :

– Attends ! Laisse-moi une dernière chance ! Je te promets de ne plus jamais te décevoir !


Mais Yumi ne le regarde même plus :

– Pas la peine de te ridiculiser davantage, j’en ai fini avec toi.


Ulrich se laisse tomber à genoux, dévasté par ces dernières paroles.

La jeune fille s’apprête à rentrer chez elle, mais son amoureux avale sa fierté et reste agenouillé pour l’implorer :

– S’il te plait... Rien qu’une dernière chance...


La Japonaise s’immobilise sur le pas de la porte, puis se retourne vers son misérable soupirant :

– Tu sais quoi ? Je t’accorde ta dernière chance : battons-nous et réglons ça une bonnes fois pour toutes.


Le samouraï est interloqué :

– Hein...?? Mais...? Pourquoi...??


Yumi s’avance à nouveau vers lui :

– Si tu gagnes ce combat, on reste ensemble. Mais si c’est moi qui gagne, je te largue définitivement pour enfin sortir avec William.


Ulrich n’en croit pas ses oreilles :

– Mais qu’est-ce que tu racontes !?

– Lève-toi qu’on en finisse.


Le jeune homme se relève, sa surprise laissant place à la colère :

– Pourquoi tu veux sortir avec William !?


Yumi reste indifférente :

– Aucune importance : dès que je t’aurai éclaté, tu n’auras plus ton mot à dire.

– « Aucune importance » !? C’est TRÈS important, au contraire !! Pourquoi tu veux sortir avec lui !? Réponds !!


La Japonaise s’énerve à son tour :

– Mais qu’est-ce que ça peut te faire !? Ce sont MES sentiments ! C’est MOI qui choisis avec qui je sors ! Si j’ai envie de sortir avec William, de quel droit tu te permets de me l’interdire !?

– Je ne t’interdis rien du tout ! Si tu préfères William, alors vas-y ! Sors avec lui ! C’est même pas la peine qu’on se batte ! Mais si jamais William s’aperçoit que tu as encore des sentiments pour moi, il refusera de sortir avec toi !


Yumi éclate d’un rire cynique :

– On parle bien du même William, là ? William qui s’est intéressé à moi depuis son premier jour à Kadic ? William qui m’a embrassée quand on était dans sa chambre alors qu’il savait très bien que je sortais avec toi ? William alias « le traître » ?

– On l’appelle « le traître » pour le charrier, mais tu sais comme moi qu’au fond il est réglo !

– Alors pourquoi tu cherches à éviter notre combat si tu es persuadé de la loyauté de William ? Affronte-moi et tu verras bien !

– C’est complètement inutile ! Soit tu aimes William et ça ne sert à rien qu’on continue de sortir ensemble, soit tu m’aimes encore et ce serait stupide de sortir avec lui !


La geisha hausse les épaules avec mépris avant de tourner les talons :

– Bon, puisque tu te défiles, je vais proposer à William de m’affronter, et s’il gagne je sortirai avec lui. Tu vois, à cause de ta lâcheté, tu n’es même plus « maître de ton destin », comme vous dites si bien au football.


Ulrich reste sûr de lui et reprend sur un ton de défi :

– Je te parie qu’il refusera de se battre !


La Japonaise s’arrête à nouveau pour se retourner face à son interlocuteur :

– Eh bien si William est effectivement aussi lâche que toi, tant pis, j’irai me mesurer à Naxxya. Tu veux parier qu’elle aussi osera refuser le combat, peut-être ?

– Évidemment qu’elle n’osera pas ! Même Aelita t’opposerait plus de résistance ! À quoi ça t’avance de profiter de Naxxya si tu sais déjà qu’elle ne...


Le samouraï s’arrête en plein milieu de sa phrase, réalisant tout à coup la grossièreté du fil de leur dispute :

– Attends... D’abord William, ensuite Naxxya... Depuis tout à l’heure tu te moques de moi ?


La bouche de Yumi se fend d’un sourire de satisfaction :

– C’est bien possible. Je tenais à m’assurer que tu avais vraiment réfléchi à tout ça, et que tes excuses au téléphone étaient sincères.


Le lycéen n’a pas le temps de se remettre de sa surprise car son amoureuse lui donne un nouveau coup de pied au torse pour le refaire tomber à la renverse, puis elle se jette sur lui en le tenant à la gorge.

Étendu sur le dos, trempé jusqu’aux os au milieu de la rue déserte à cause de l’averse torrentielle, Ulrich dévisage Yumi, agenouillée sur lui, les yeux reflétant les flammes infernales qui animent la Japonaise chaque fois qu’elle décide de prendre les choses en main.

Ce regard brulant, le samouraï le connaît depuis longtemps. Il sait que ce n’est ni de la folie, ni l’effet d’un programme de Jérémie ou d’une xanatification : c’est simplement la passion flamboyante qu’on entrevoit parfois derrière l’armure de glace que Yumi porte habituellement.

Perdu dans les brasiers oculaires de son amoureuse, Ulrich finit même par admettre intérieurement : « Comment quiconque pourrait y résister... »

Soudain, un éclair de lucidité lui traverse l’esprit :

– Attends... C’était toi !?... Ce n’était pas Xana ! C’est toi qui as demandé à Odd de...!?


Yumi pose son doigt sur sa bouche pour le faire taire, puis, avec un sourire à peine dissimulé, elle rapproche son visage de celui de son amoureux pour déclarer sur un ton à la fois posé et menaçant :

– Si un jour je devais cesser de t’aimer, je t’en informerais. Mais en attendant, je t’interdis de douter ne serait-ce qu’une seule seconde des sentiments que j’éprouve pour toi.


Du bout des doigts, Ulrich caresse fébrilement la joue de son amoureuse :

– Je te jure que j’ai confiance en toi, mais j’ai toujours peur que quelqu’un d’autre vienne t’arracher à moi... Je ne peux pas m’empêcher de me méfier de tout le monde, parce que je ne supporterais pas de te perdre...


La Japonaise se penche pour murmurer à l’oreille de son amant :

– N’en profite pas pour abuser de ma patience, mais je vais te confier un secret : je déteste tes crises de jalousie autant que je les apprécie.


Ulrich reste sans voix, et Yumi saisit son visage pour l’embrasser avec une tendresse incomparable, à l’extrême opposé de la violence de ses coups de pied, avant d’aider l’élu de son cœur à se relever pour l’inviter à se réchauffer chez elle.


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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:46   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #101 : Question de Points de Vie


Le Territoire Banquise. Avec ses polygones blancs aux reflets bleutés sous le ciel nocturne, cet environnement semble aussi tranquille qu’un iceberg dérivant lentement dans l’océan Atlantique par une froide nuit d’avril 1912.

Mais ce jour-là, l’air est déchiré par d’innombrables bourdonnements numériques : une nuée de Frelions converge vers une cavité dans la glace, concentrant ses tirs sur l’entrée de la crevasse.

À l’intérieur, Ulrich, Odd et Aelita se collent aux parois pour éviter les rayons.

– C’est vraiment rageant ! déclare le félin. La tour était à quelques mètres, et maintenant on se retrouve coincés ici comme des rats !

– Et en plus il ose se plaindre, soupire Ulrich consterné.

– Ben quoi ? s’étonne son coéquipier. Les Frelions nous ont carrément foncé dessus en plein air, qu’est-ce que tu voulais que je fasse ?

– Je sais pas, peut-être que tu aurais pu essayer de les éviter ? Ah mais non : tu étais trop occupé à faire des acrobaties quand ils ont surgi pour nous désarçonner !

– Et alors ? rétorque l’intrépide pilote de l’Overboard. Vous aussi vous êtes tombés de vos véhicules !

– L’effet domino, tu connais ? lui explique son colocataire excédé. Éviter les Frelions c’était déjà pas simple vu qu’ils nous ont eus par surprise, mais éviter un Overboard et ses deux passagers à pleine vitesse, tu vois vraiment pas comment ça a pu mal finir ? Un indice : William serait encore de la partie s’il ne s’était pas ramassé Naxxya en pleine poire !

– Je te trouve désagréable et de mauvaise foi ! conclut l’insolent félin pour mépriser les accusations du samouraï à son encontre.


Aelita retient Ulrich par le bras pour l’empêcher d’aller frapper Odd en dépit des rayons laser qui fusent entre eux.

– Restez à l’abri, leur conseille Jérémie. Je regarde si l’endroit comporte une autre sortie.


Yumi, William et Naxxya remontent de la salle des scanners.

– Ils ont réussi ? demande le grand ténébreux.

– Non, répond l’opérateur. Après que vous avez été dévirtualisés, ils se sont repliés dans une caverne sous la banquise. Heureusement qu’Ulrich a eu le bon réflexe de mettre Aelita à l’abri, sans ça elle se serait fait avoir comme vous trois.

– Je suis désolée, s’excuse Naxxya. Je n’ai pas pu me relever à temps pour activer le Dôme.

– Si j’avais su je t’aurais transpercée, ironise William qui s’était retrouvé sous sa lourde coéquipière après leur chute. Au moins j’aurais pas été dévirtualisé inutilement comme toi.


La géante lui lance un regard noir, mais elle renonce à répliquer car la situation est grave.

– L’essentiel, c’est qu’Aelita n’a pas été dévirtualisée... commente Yumi néanmoins anxieuse.

– C’est vrai, confirme Jérémie, mais elle a encaissé quelques tirs. Encore un ou deux et c’est fini pour elle.



Dans la caverne, le félin s’impatiente :

– Bon qu’est-ce qu’on fait alors ? demande-t-il. On tente une sortie ?


Jérémie leur lit les données sur son écran :

– Odd : vingt Points de Vie restants, et Ulrich : seulement dix. Vous tiendrez à peine quelques secondes si vous sortez.

– Ça reste à voir, rétorque le samouraï.

– Jérémie, le temps presse ! s’impatiente Aelita. Kadic est envahi par des Bloks !

– Je le sais bien, répond son amoureux. Bon, je vous ai trouvé une issue : le fond de la crevasse mène à une deuxième ouverture sur le côté. L’ennui, c’est que vu le nombre de Frelions dans le secteur, vous allez sûrement être repérés dès que vous aurez posé le pied dehors...


Odd se tourne vers Ulrich :

– Et si on essayait la technique de la star et des gardes du corps ?

– Oui, je crois que le moment est bien choisi, approuve son coéquipier.

– La technique de quoi ? demande Yumi.

– « Technique de la star et des gardes du corps », répète Naxxya. Ne me demande pas ce que c’est, j’en ai aucune idée.

– Moi je sais, reprend William en souriant. Une technique pour le moins ...audacieuse. Je n’en dirai pas plus.

– Aelita ? C’est bon pour toi ? lui demande Ulrich.


La jeune fille acquiesce, mais l’informaticien intervient :

– Oh là, oh là, stop ! Qu’est-ce que vous manigancez, là ? En quoi elle consiste, votre technique ?


Son amoureuse le rassure :

– J’ai confiance, Jérémie, ça va marcher !

– Admire le spectacle Einstein ! s’exclame Odd, prêt à y aller.


Ulrich donne le signal de départ :

– Triplicata !!


Ils s’engouffrent alors dans le fond la crevasse puis ressortent de l’autre côté et se mettent à courir. Surpris par cette sortie, les Frelions, précédemment focalisés sur l’entrée principale, se lancent à la poursuite de leurs proies qui courent à toutes jambes. Le félin, le samouraï et ses deux clones se regroupent autour de l’elfe aux cheveux roses pour encaisser les rayons laser à sa place tandis que Jérémie retient son souffle en priant pour qu’Aelita s’en sorte, mais rapidement, tout le groupe de fuyards est abattu par les multiples tirs des créatures bourdonnantes, y compris l’ange de Lyoko.

Les Frelions frémissent brièvement pour manifester leur satisfaction, avant de s’apercevoir que derrière eux, Aelita vole tout droit vers la tour, car en effet, celle qu’ils ont abattue n’était qu’un leurre. Les monstres volants adressent quelques tirs à la jeune fille, mais trop tard : elle est désormais à l’intérieur de l’édifice.

Odd et Ulrich remontent de la salle des scanners :

– Aelita est passée ? demande Ulrich.

– Ouais, confirme William en levant le pouce pour saluer leur prestation. À l’aise, même.

– Alors Einstein ? lui demande Odd tout sourire. Comment as-tu trouvé notre petite diversion ?


Jérémie reste silencieux et immobile sur son siège, dos à ses camarades.



– Youhou ? Einstein ? s’inquiète le félin.


Le cerveau de la bande finit par se retourner, le visage blême :

– Sérieusement, la prochaine fois que vous faites un truc pareil, prévenez à l’avance !

– Si on t’avait dit ce qu’ils comptaient faire, tu aurais refusé ! s’esclaffe le grand ténébreux.

– Évidemment que j’aurais refusé ! poursuit Jérémie. Sortir par derrière en laissant Aelita toute seule de l’autre côté, c’était du suicide !

– Bah c’est la technique de la star et des gardes du corps ! explique Odd. Pour sortir de chez elle quand les paparazzis sont à sa porte, la star fait sortir ses gardes du corps par derrière afin de faire diversion, puis elle sort par la grande porte ! C’est tout bête, et ça marche !

– Surtout quand la « star » dispose même d’un « sosie » pour tromper tout le monde, ajoute Ulrich en faisant allusion au leurre créé par Aelita.

– Ça reste extrêmement risqué, insiste Jérémie. Imaginez que seule une partie des Frelions vous ait poursuivis, Aelita se serait fait dévirtualiser dès sa sortie.


Le samouraï hausse les épaules :

– On n’avait pas d’autre solution, surtout avec le peu de Points de Vie qu’il nous restait.

– C’est vrai que c’est un problème récurrent, commente Yumi. On se retrouve souvent en situation critique juste parce qu’on a encaissé quelques tirs et qu’on n’a presque plus de Points de Vie.

– Il faudrait trouver un moyen d’augmenter nos Points de Vie, suggère William.

– Ou bien faire en sorte qu’on puisse récupérer ceux qu’on a perdus en cours de mission, complète Naxxya.


Jérémie réfléchit :

– Ben j’ai justement un prototype de programme qui permettrait de vous rendre des Points de Vie en puisant dans votre réserve d’énergie, mais je ne suis vraiment pas sûr de son efficacité. Et quand je repense aux effets néfastes que la première version de mon programme anti-Méduse engendrait, je me dis que parfois il vaut mieux éviter de jouer les apprentis-sorciers.

– Entièrement d’accord, approuve la Japonaise qui ne souhaite pas non plus essayer n’importe quoi. On s’en est toujours sortis sans pouvoir remonter nos Points de Vie au milieu d’une mission jusqu’à présent, inutile de prendre le risque de tester un nouveau programme fait maison.


Aelita remonte de la salle des scanners :

– L’ennui, c’est que maintenant, nous sommes régulièrement amenés à nous battre contre des monstres sur Terre, et ce serait dommage que l’un d’entre nous finisse par se faire tuer après avoir perdu tous ses Points de Vie contre des Krabes à Kadic...

– Il faut donc se préparer à utiliser ce programme en cas d’urgence, conclut William.


Yumi lève les yeux au ciel :

– Bien, dans ce cas, qui se porte volontaire pour le tester, ce fameux programme ?

– Arrêtez de me regarder comme ça ! se défend Odd qui ne veut pas servir de cobaye.


Le grand ténébreux sourit :

– Je crois qu’il est temps pour les dernières recrues de faire leurs preuves ! Naxxya, l’honneur de tester le nouveau programme de Jérémie te revient !

– Et j’ai pas mon mot à dire ? demande l’intéressée.

– Pourquoi ? T’as peur ? renchérit William pour provoquer la géante à accepter.

– « Avoir peur » ? réplique-elle ironiquement pour lui tenir tête. Je vois pas bien en quoi ça consiste, mais toi tu as l’air de le savoir...


La geisha s’interpose :

– Cessez de vous chamailler, les enfants, on discute d’un truc sérieux là.

– Justement, poursuit le grand ténébreux toujours le sourire aux lèvres, notre vaillante stagiaire était en train de nous dire qu’elle était volontaire pour le test, pas vrai Naxxya ?

– Mais parfaitement, répond celle-ci en dissimulant ses regrets. Pourquoi vous tergiversez pendant des heures ? Je suis prête moi.

– T’as entendu Jérémie ? reprend William triomphant. Fais chauffer ton programme !

– Non, ça reste trop risqué, conclut l’informaticien. Par contre, il existe un autre moyen pour remonter les Points de Vie : avoir dans notre équipe quelqu’un qui possède ce pouvoir.

– Tu veux dire que tu devrais créer ce pouvoir pour l’un d’entre nous ? s’étonne Aelita.

– Ouh là ! Surtout pas ! rétorque son amoureux. La dernière fois que j’ai voulu créer un programme aussi complexe, on a eu Odd en trois exemplaires, alors qu’il devait simplement se téléporter. Tenter de créer le pouvoir de guérison serait aussi dangereux que de faire un programme pour soigner directement.

– Odd en trois exemplaires ? murmure Naxxya en écarquillant les yeux.

– Ça fait un choc, hein ? s’esclaffe Yumi à côté d’elle.


Ulrich fronce les sourcils :

– Mais si on ne peut pas créer ce pouvoir, ça signifie qu’on doit trouver quelqu’un...

– ... quelqu’un qui aurait déjà ce pouvoir parmi ses compétences de base, complète Jérémie.

– Encore un stagiaire ? soupire William pour qui chaque nouvelle recrue est un fardeau supplémentaire.

– Ça commence à faire beaucoup, ajoute le samouraï. À trop vouloir élargir notre équipe, on risque de se créer plus de problèmes qu’on ne va en résoudre.

– Y’a qu’à voir le boulet qu’on se traîne depuis septembre, complète le grand ténébreux qui ne manque pas une occasion de provoquer la géante dont la patience est mise à rude épreuve.


Tandis que Yumi doit encore intervenir pour calmer le jeu tout en restant dubitative à l’idée d’intégrer encore un nouveau membre à leur équipe, Jérémie tente de convaincre ses amis malgré leur réticence :

– Là, on parle de recruter un nouveau membre capable de remonter vos Points de Vie pendant les combats, vous imaginez ? Ça constituerait un avantage considérable lors de nos missions...


Aelita partage son avis :

– Voyez les progrès qu’on a faits depuis que Naxxya nous a rejoints ! déclare l’adolescente aux cheveux roses en prenant sa colocataire par le bras. Ses pouvoirs défensifs nous permettent de résister beaucoup plus longtemps qu’avant, elle a donc un rôle de soutien pour l’équipe qui la rend vraiment utile, et ce serait encore plus flagrant pour un Lyoko-guerrier qui restaurerait carrément nos Points de Vie ! Ce genre de rôle-clé ne constitue pas simplement un combattant de plus : ça permet de décupler le potentiel de toute l’équipe !

– J’avoue ! réalise Odd en saisissant l’autre bras de la géante pour l’examiner dans toute sa longueur, rien qu’en étant assignée à la protection d’Aelita, Naxxya nous rend tellement plus libres d’attaquer comparé à avant...

– C’est sûr qu’Aelita est plus en sécurité quand c’est Naxxya qui l’escorte que quand c’est toi, commente Ulrich en reprochant au félin d’avoir plusieurs fois manqué à son devoir.

– Oui, bon, j’ai pas attendu que Naxxya me remplace pour attaquer librement ! concède Odd en lui rendant son bras. Mais au moins, maintenant, je peux le faire sans qu’on me crie dessus !


Yumi se tourne vers Jérémie :

– Pour en revenir à ce qui nous intéresse, même si un « Lyoko-guérisseur » nous serait très utile, comment va-t-on convaincre cette personne de se joindre à notre cause, et surtout de garder le secret ?

– Rassure-toi, répond calmement le génie à lunettes, si notre nouveau combattant ne sait pas tenir sa langue, je pourrai à nouveau « verrouiller » sa mémoire pour qu’il n’ait plus accès aux souvenirs des évènements qu’on annule grâce aux Retours vers le passé.

– Hein ? s’étonne Ulrich en fronçant les sourcils. Depuis quand tu peux faire ça ?

– Depuis qu’on a dû recruter Naxxya un peu en catastrophe, avoue le cerveau de la bande. Comme je ne savais pas si on la garderait au terme de sa période d’essai, j’ai secrètement développé un moyen de lui faire oublier ses aventures sur Lyoko, juste au cas où on aurait voulu se séparer d’elle.


La géante est assez stupéfaite de cette révélation :

– Ben... merci de m’avoir gardée... bredouille-t-elle.

– T’inquiète, je les aurais pas laissés te renvoyer ! lui chuchote Odd.


De son côté, la Japonaise comprend l’utilité du système mis au point par Jérémie :

– Très ingénieux... déclare-elle en fixant le brillant informaticien qui a encore pensé à tout, au point qu’il en devienne presque inquiétant. Grâce à cette possibilité, on peut toujours prendre un nouveau combattant à l’essai et se débarrasser de lui ensuite s’il trahit notre secret ou s’il n’est pas sensible à notre cause...

– Si je peux me permettre, intervient Naxxya pour faire part de sa propre expérience, rien qu’en amenant le nouveau combattant dans cet endroit et en lui expliquant les enjeux que vous poursuivez, ça devrait suffire à lui donner envie de prendre part à l’aventure...

– Détrompe-toi, rétorque gravement Yumi. Plusieurs personnes sont déjà venues ici, et certaines préféraient éteindre le supercalculateur parce qu’elles redoutaient le danger qu’il contenait, quitte à sacrifier Aelita et son père...

– Ah...

– Et à part ça, reprend William, comment on va faire pour trouver quelqu’un qui possède le pouvoir de remonter nos Points de Vie ? On ne va quand même pas faire venir tous les pensionnaires de Kadic un par un jusqu’à tomber sur le bon, si ?

– Bien sûr que non, lui explique Jérémie. Le supercalculateur peut déterminer les capacités de base qu’une personne aurait sur Lyoko simplement en analysant l’ADN de cette personne.


Odd se gratte la tête :

– En gros, on va devoir t’apporter une mèche de cheveux de chaque élève de la classe ?

– Même un seul cheveu par personne devrait suffire, conclut l’opérateur avant de lancer le Retour vers le passé.





* * *





Le lendemain midi à la cantine, le félin rejoint ses amis et s’assoit à côté d’Ulrich qui remarque :

– Odd en retard pour manger, c’est pas tous les jours qu’on voit ça.

– M’en parle pas, je meurs de faim ! répond son colocataire. Naxxya, je peux piocher dans ton assiette ?

– Je t’en prie, sers-toi.

– T’étais où ? lui demande Yumi qui se méfie des manigances du félin farceur.

– Probablement en train de réviser le contrôle de géographie de cet après-midi, plaisante Aelita.

– Ah zut ! Je l’avais complètement oublié ce contrôle ! se plaint Odd. Non, moi j’étais parti cueillir des cheveux.


Il tend un sachet à Jérémie en précisant :

– Ça contient l’ADN de toute notre classe, avec les noms sur des étiquettes ! J’espère que tu y trouveras un futur « médecin » !


Jérémie range le sachet dans son cartable :

– J’irai analyser tout ça ce soir, après le contrôle de géographie.

– À propos de ce contrôle, poursuit Odd, inutile de préciser que je t’ai donné les cheveux en échange de quelques réponses, hein ?

– D’ailleurs, comment as-tu obtenu tous ces cheveux ? demande William perplexe.


Odd n’a pas le temps de répondre car une vitre de la cantine vole en éclats tandis que l’ordinateur de Jérémie se met à sonner pour leur indiquer qu’une tour vient d’être activée sur Lyoko. D’autres tirs frappent les murs et les vitres de la cantine. Les élèves, paniqués, crient et se cachent sous les tables.


William jette un regard à l’extérieur :

– Des Krapauds et un Mégatank...

– Il y a trop de monde ici, constate Yumi. Il faut attirer les monstres ailleurs.

– Je vais rester ici avec William pour protéger les élèves, déclare Ulrich. Vous autres, foncez à l’usine pour désactiver la tour.


Le félin se relève et brandit une étrange clé qu’il agite avant de l’insérer dans le bracelet qu’il porte au poignet :

– Pouvoir Lyoko ! s’exclame-t-il en étant persuadé d’avoir l’air extrêmement cool tandis que sa tenue virtuelle apparait sur son corps.


Aelita, Yumi et Naxxya utilisent également leurs Lyoko-morphers pour se transformer, sous les regards stupéfaits des élèves toujours terrifiés, puis la jeune fille aux cheveux roses longe le mur vers la porte de sortie :

– À mon avis, les monstres s’attendent à ce qu’on sorte...


Odd propose aussitôt :

– Et si on essayait la technique de...

– N’y pense même pas ! le coupe Jérémie.


La géante déploie ses deux boucliers :

– Je passe devant.

– Bonne chance, conclut le grand ténébreux.


Odd, Aelita, Jérémie, Naxxya et Yumi sortent donc et se mettent à courir tout en bloquant les tirs.

Voyant que le félin envoie des Flèches-laser en arrière pour détruire quelques uns des Krapauds qui les poursuivent, Jérémie l’interpelle :

– Tu t’amuseras plus tard, on a une tour à désactiver.


Son camarade n’en fait qu’à sa tête :

– Ils ont osé m’interrompre en plein repas, et je tiens à les dissuader de recommencer !





* * *





Au bout de quelques minutes, Ulrich s’inquiète :

– Avec tous ces tirs, la cantine va finir par s’écrouler. Il faut qu’on essaye d’évacuer les élèves.


William approuve, et ils aident donc les élèves à ramper vers les cuisines, mais en ouvrant la porte qui mène à l’extérieur, ils tombent nez à nez avec d’autres Krapauds.

Le grand ténébreux esquive un tir de justesse et referme la porte précipitamment :

– Xana a dû leur donner l’ordre d’encercler le bâtiment pour nous empêcher de fuir...


Le samouraï hoche la tête avant d’ajouter :

– J’espère qu’ils s’en sortent sur Lyoko...


Soudain, un bruit sourd à l’opposé de la cantine fait trembler les tables, répandant la terreur parmi les élèves.

– Qu’est-ce que c’était !? demande William.


Le son inquiétant se fait entendre une seconde fois.

Ulrich s’avance prudemment vers la grande salle pour voir d’où il provient, en prenant soin de ne pas s’exposer aux tirs des Krapauds. Lorsque le bruit résonne à nouveau, une fissure apparait sur le mur du fond...

– Alors ? interroge l’ancien Xana-guerrier.


Son coéquipier finit par répondre :

– Je crois que le Mégatank a l’intention d’entrer...


Tandis que le bruit se répète, de plus en plus menaçant, le portable d’Ulrich sonne.

Le lycéen décroche aussitôt :

– Jérémie, dis-moi que tu as une bonne nouvelle...

– J’ai une bonne nouvelle, Ulrich !

– Vous êtes sur le point de désactiver la tour ?

– Pas vraiment, répond l’informaticien aux commandes de l’ordinateur du laboratoire. Des Bloks et des Tarentules en grand nombre nous empêchent d’accéder à la tour. On cherche un moyen de les contourner, mais on a déjà perdu les véhicules.

– Et la bonne nouvelle ?

– En effectuant les premières analyses ADN, j’ai déjà trouvé un Lyoko-guerrier doté du pouvoir de guérison dans notre classe !

– Ah ? C’est qui ?

– Cheveu numéro 7 : Elisabeth Delmas !

– Quoi !? s’étrangle le samouraï. C’est Sissi !?

– J’étais sûr que ça te ferait plaisir ! répond ironiquement Jérémie. Elle est dans les parages ?

– Sous une table, comme tous les autres je suppose.

– Très bien ! Donc vous... C’est quoi les gros « BOUM » qu’on entend là ?

– C’est le Mégatank qui essaye de défoncer un mur pour entrer dans la cantine et nous aplatir. Tu disais ?

– Il faut que vous sortiez ! Laissez les élèves à l’abri sous les tables et venez à l’usine avec Sissi ! Les monstres vous suivront certainement !

– OK, je vais voir ce que je peux faire, conclut Ulrich avant de raccrocher.

– Qu’est-ce qu’il t’a dit ? s’enquiert William.

– Premièrement : si on sort, les monstres nous suivront donc les élèves seront sauvés. Deuxièmement : c’est Sissi qui possède le pouvoir de guérison sur Lyoko...

– Ça n’a pas l’air de te réjouir, observe le grand ténébreux. Pourtant, c’est plutôt une chance que ça tombe sur elle, je pense qu’elle serait ravie de faire partie de la bande.

– Elle en a déjà fait partie il y a longtemps, répond gravement le samouraï, mais on a dû se séparer d’elle parce qu’elle a trahi notre secret. En plus, elle avait la trouille d’aller sur Lyoko.

– Et elle n’a pas droit à une deuxième chance ?


Ulrich soupire tandis que son coéquipier lui indique le chemin :

– Elle est cachée sous la table, là-bas, à droite.

– Bon ben quand faut y aller...


Les deux garçons se transforment puis traversent le réfectoire en s’efforçant de rassurer quelques élèves au passage, avant d’arriver à la table sous laquelle Sissi est assise, dos au mur.

– Salut Sissi, déclare le samouraï.

– Salut, répond-elle sans même lui adresser un regard.


Ils s’assoient à ses côtés, et Ulrich lui explique la situation.

– Bon, je vais être assez direct : tu avais raison depuis le début, notre bande cache un secret. Les monstres, là, dehors, on sait comment les faire disparaître, mais on a besoin de toi, donc on aimerait que tu viennes avec nous.

– Ben voyons, répond la jeune fille. Tu me prends vraiment pour une idiote.

– Je sais que c’est difficile à croire, insiste le Lyoko-guerrier qui a du mal à cacher son exaspération, mais c’est la vérité. Si tu en doutes, on peut te montrer de quoi on est capables, seulement, le temps presse car le toit risque de s’écrouler à tout moment, sans parler du mur. Alors je te le demande encore une fois : viens avec nous s’il te plaît.


Sissi reste indifférente :

– C’est bien d’essayer de m’impressionner, mais c’est non.


Ulrich perd patience :

– Sissi, pour une fois dans ta vie, tu ne voudrais pas penser aux autres plutôt qu’à toi-même ?


Son interlocutrice le foudroie du regard :

– C’est toi qui oses me dire ça, Ulrich ?

– Comment ça ?

– Tu m’as toujours traitée comme une débile même quand j’essayais d’être sympa avec tes amis, tu m’as toujours faussement laissé croire que j’avais une chance avec toi mais finalement tu sors avec Yumi, puis je t’ai soutenu quand tu étais en froid avec le reste de ta bande mais tu m’as repoussée devant tout le monde, et maintenant que tu as besoin de moi, tu viens tranquillement me demander de te suivre en me traitant d’égoïste !?


Ulrich ne sait plus quoi répondre :

– Euh... Si c’est à cause de ce qui s’est passé l’autre jour, j’étais énervé et je m’en excuse... Je n’aurais pas dû te pousser comme je l’ai fait, c’était méchant de ma part... Maintenant, est-ce que tu veux b...


Sissi ne le laisse même pas terminer sa phrase :

– Navrée mais tu vas devoir te trouver quelqu’un d’autre, conclut-elle sèchement.


Le samouraï s’apprête à se relever pour s’en aller, mais son coéquipier interpelle à son tour la jeune fille récalcitrante :

– Et toi alors ? lui demande William. Tu crois pas qu’il serait temps pour toi aussi de te trouver quelqu’un d’autre ?

– Quoi ?? demande Sissi tandis que le Mégatank percute le mur.


Le grand ténébreux s’explique :

– Sous prétexte que tu as craqué sur Ulrich en maternelle, tu continues de t’accrocher à lui comme si tu avais encore une chance, alors que ça fait des mois qu’il sort avec Yumi et c’est le grand amour entre eux !

(BOOM)

– Qu’est-ce que ça peut te faire !? riposte la jeune fille qui ne voit pas pourquoi William se mêle de ses affaires.

– Je sais très bien ce que tu ressens, poursuit l’ancien Xana-guerrier. Avant, j’étais amoureux de Yumi. Mais contrairement à toi, j’ai su me rendre à l’évidence et tourner la page avant même qu’ils sortent officiellement ensemble !

(BOOM)

– Non ! Tu ne sais pas ce que je ressens ! réplique Sissi. Si je n’arrive pas à oublier Ulrich, c’est parce que mon amour pour lui est trop fort !

– Faux ! rétorque son interlocuteur. Tu t’acharnes seulement parce que tu refuses de faire face à un échec amoureux car ce serait mauvais pour ton image, et au fond de toi tu le sais très bien !...

(BOOM)

...Tu accordes plus d’importance à ce que les autres peuvent penser de toi qu’à ce que tu fais réellement ! Tu vois, je te connais mieux que toi-même !...

(BOOM)

...Mais ce que je sais aussi sur toi, c’est que malgré ces grands airs que tu te donnes et ton attitude parfois déplorable, tu es une fille très intelligente et tu as surtout un cœur immense...

(BOOM)

...Si tu passais moins de temps à te regarder dans ton miroir, tu verrais qu’Ulrich n’est pas le seul homme sur Terre, et tu pourrais enfin profiter de la vie au lieu de passer à côté !


(BOOM!!!)


Le Mégatank explose le mur et les élèves se mettent à hurler. Ulrich saisit son sabre puis le lance dans l’œil du monstre au moment où celui-ci s’ouvre, ce qui le détruit.

William se relève et tend sa main à Sissi :

– Tu as fait des efforts pour être plus sympa avec les amis d’Ulrich ? Eh bien c’est le moment de prouver que tu ne faisais pas semblant !


La jeune fille le regarde sévèrement, avant de saisir la main qu’il lui tend :

– C’est bon, je viens avec vous...





* * *





Pendant ce temps, sur Lyoko, Yumi, Odd, Naxxya et Aelita courent pour échapper aux hordes de Tarentules et de Bloks qui les pourchassent.

Le félin cherche en vain un endroit où se mettre à l’abri :

– Le Territoire du Désert, c’est sympa pour bronzer, par contre ça manque de reliefs pour se cacher !

– Les monstres sont plus nombreux que je le pensais, constate amèrement Jérémie. Même en continuant de courir, vous n’arriverez pas à les contourner pour atteindre la tour.

– On va devoir percer leurs lignes, conclut Naxxya.

– Essayez de gagner du temps, leur conseille l’informaticien. Ulrich et William devraient arriver bientôt.

– Bon, j’ai encore tous mes Points de Vie ! déclare Odd. Je vais essayer de ralentir les monstres pour vous laisser de l’avance !

– Mais bien sûr ! rétorque Yumi. Tu veux juste marquer un maximum de points avant qu’Ulrich et William arrivent !

– Je me sacrifie pour le bien de l’équipe ! se défend le félin malgré son grand sourire qui trahit ses véritables intentions. Vous me remercierez plus tard d’avoir fait un score astronomique !


Le chat violet fait demi-tour et envoie des Flèches-laser sur ses poursuivants tout en esquivant leurs tirs.

Yumi jette un coup d’œil méprisant en arrière :

– Il est complètement irresponsable. J’espère au moins qu’il détruira assez de monstres pour nous éviter de finir encerclés.

– Jérémie, on aperçoit la tour ! signale Aelita. Mais elle a l’air bien gardée...

– Tenez bon, les renforts viennent d’arriver ! annonce Jérémie avant de se tourner vers eux. Salut Sissi !

– C’est quoi cet endroit ? demande-t-elle en contemplant d’un œil inquiet le décor de science-fiction où elle est accueillie.

– C’est un laboratoire informatique relié à un superordinateur qui abrite le monde virtuel d’où les monstres que tu as vus se sont échappés, lui explique Ulrich.


Odd remonte de la salle des scanners plus tôt que prévu mais néanmoins fier de lui :

– J’en ai détruit au moins cinquante ! ... Oh ? Salut Sissi ! T’es encore venue nous espionner ?

– Odd, tu as devant toi notre « Lyoko-guérisseuse », l’informe William.

– Quoi ? s’étonne le félin. C’est elle qui a le pouvoir de guérison ?

– Assez perdu de temps, intervient Jérémie. Descendez aux scanners, les autres ont besoin de vous.


La jeune fille et ses deux « gardes du corps » descendent à la salle inférieure et William invite Sissi à pénétrer dans l’une des trois cabines lumineuses :

– Tout ce que tu as à faire, c’est entrer là-dedans et garder tes bras le long du corps.

– Euh... hésite-t-elle. Je ne suis plus très sûre de vouloir le faire, en fait...


Son hôte la rassure :

– Ne t’inquiète pas, on a tous eu un peu peur la première fois, mais ça s’est très bien passé. Fais-moi confiance.

– Je vais passer en premier, propose Ulrich en prenant place dans un scanner.


Jérémie le virtualise, et Sissi est pour le moins surprise quand la porte s’ouvre et que le cylindre métallique est vide.

William lui sourit :

– À ton tour maintenant.


La jeune fille prend son courage à deux mains et s’introduit dans le scanner, puis le grand ténébreux entre dans celui d’à côté :

– On est prêts, Jérémie.

– Transfert William. Transfert Sissi. Scanner William. Scanner Sissi. Virtualisation.





Ulrich voit William apparaître à côté de lui, suivi par Sissi qui garde les yeux fermés, ne sachant pas quand elle pourra les rouvrir. Les deux garçons en profitent pour contempler l’apparence de leur guérisseuse fraîchement virtualisée : la fille du proviseur est vêtue d’une fine combinaison verte qui épouse à merveille sa silhouette mince et ses formes généreuses. Un serre-tête en or orne le sommet de sa chevelure, et quelques autres parures dorées décorent sa tenue par endroits, autour de sa poitrine, de ses épaules et de ses cuisses, délimitant quelques zones brillantes aux reflets mauves ou vert foncé.

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La Lyoko-guérisseuse finit par entrouvrir les yeux avec inquiétude, et William s’approche d’elle pour la mettre en confiance :

– Tu vois, tout s’est bien passé !


Sissi observe la combinaison qu’il porte puis la sienne, ainsi que le terrain environnant et le ciel au-dessus d’elle, totalement subjuguée :

– C’est donc ça le « monde virtuel » ?


Son coéquipier n’a pas le temps de lui en dire davantage sur le lieu qu’elle visite car Ulrich vient d’apercevoir leurs alliés en difficulté :

– Faut qu’on aille les rejoindre ! s’exclame le samouraï.

– Je t’envoie l’Overbike ! déclare Jérémie.


William invoque sa Blackmanta et monte dessus avec Sissi, puis ils s’élancent en direction de leurs camarades toujours poursuivis par des monstres.

L’informaticien consulte la fiche technique de leur toute nouvelle combattante :

– Alors Sissi, parmi tes pouvoirs de base, tu as le « Régéné-rayon » pour remonter tes Points de Vie ou ceux de tes coéquipiers, « Ascension » qui te permet de t’élever verticalement dans les airs, et « Cristallise » qui t’enveloppe dans un cristal pour te protéger mais t’empêche d’agir et de te déplacer tant que tu es dans le cristal. Attention : Cristallise consomme beaucoup d’énergie donc utilise-le en dernier recours.

– Euh... Désolée mais j’ai pas tout compris, répond la jeune fille.


Odd éclate de rire à côté de Jérémie.

Ulrich l’a entendu :

– Franchement Odd, t’es pas sympa de te moquer d’elle alors qu’elle débarque sur Lyoko pour la première fois. C’est normal qu’elle soit déboussolée au début.


William explique à sa passagère :

– Pour faire simple, tu as trois pouvoirs à retenir : Régéné-rayon, Ascension et Cristallise. Pour les utiliser, énonce simplement leurs noms.

– Tenez-vous prêts, on approche ! prévient Ulrich tandis que Sissi se cramponne au grand ténébreux.


Ils traversent les rangs des Tarentules par l’arrière, en fauchent quelques unes au passage à coups d’épée et de sabres, puis ils arrivent à hauteur de leurs amis surpris de voir Sissi. Aelita et Naxxya grimpent à leur tour sur la monture de William tandis que Yumi monte avec Ulrich sur l’Overbike.

– Profitons-en pour tester la guérison ! propose Jérémie. Sissi, essaye ton « Régéné-rayon » sur Naxxya !

– Tends ta main vers elle et dis : « Régéné-rayon », précise Aelita à côté d’elle.


Sissi tend timidement son bras vers la géante :

– Euh... Régé...


Mais une rafale de tirs de Bloks touche soudain la Manta noire qui disparaît, faisant tomber brusquement ses quatre passagers.

– C’est pas vrai ! s’énerve William en se relevant.


Yumi tapote l’épaule d’Ulrich qui réalise la chute de ses coéquipiers et fait donc demi-tour pour leur venir en aide.

Naxxya se relève et commence à bloquer les tirs des monstres qui viennent vers eux, et Aelita se rapproche d’elle en ripostant avec des Champs de force tandis que William aide Sissi à se relever :

– Tout va bien ?

– C’est... C’est de la folie ce qui se passe ici ! répond la jeune fille terrorisée.

– Regroupez-vous ! leur conseille Jérémie. Les monstres arrivent !


Toujours sur l’Overbike avec son amoureuse, Ulrich contourne ses amis et longe la rangée de monstres en tendant son sabre pour les faucher pendant que Yumi dévie les tirs adverses avec ses éventails.

– Ils sont en train de vous encercler ! les prévient l’informaticien.


Les Lyoko-guerriers commencent à encaisser quelques tirs et l’Overbike disparaît, alors ils se rassemblent autour de Naxxya qui active le Dôme céleste.

– La tour est proche ! déclare Aelita qui garde toujours en tête leur objectif.

– Il y a trop de monstres et on a déjà perdu beaucoup de Points de Vie ! rétorque Yumi. On ne pourra pas passer en force !

– Sissi, il faut que tu soignes tout le groupe ! s’exclame Jérémie. Vas-y !


Malheureusement, la Lyoko-guérisseuse est paralysée par la terreur.

– Allez Sissi ! l’encourage Ulrich.


Celle-ci tend fébrilement ses mains vers ses alliés, mais totalement paniquée, elle se trompe de pouvoir :

– ...Ascension !

– Mais qu’est-ce qu’elle fait !? s’écrie Yumi en voyant que sa coéquipière maladroite s’élève lentement dans les airs jusqu’à sortir du Dôme de protection.


Comprenant avec frayeur qu’elle est désormais exposée aux tirs ennemis, Sissi s’empresse d’utiliser Cristallise sans même énoncer le nom du pouvoir. Un cristal l’enveloppe aussitôt et la stabilise en l’air, au-dessus du Dôme.

– Sissi ! Redescends ! lui crie William.

– Je ne sais même pas si elle t’entend, répond Jérémie catastrophé. On n’aurait pas dû l’embarquer dans cette mission dès sa première virtualisation...

– Je ne pourrai pas maintenir le Dôme indéfiniment, déclare Naxxya. Jérémie, essaye ton programme de guérison sur moi, on n’a plus d’autre solution.

– Oh là là... s’alarme Odd.


L’opérateur pianote sur son clavier :

– Bon, si tout va bien tu devrais regagner vingt Points de Vie ! Je lance mon programme !


Les monstres se rapprochent, faisant pleuvoir les tirs sur le rempart d’énergie qui abrite les Lyoko-guerriers, hormis Sissi toujours paralysée dans son cristal en lévitation au-dessus d’eux.

– Apparemment ça fonctionne ! se réjouit Jérémie en constatant les effets du programme qu’il vient de déployer. Tes Points de Vie remontent progressivement, Naxxya ! Par contre, ton énergie baisse anormalement vite, et ça m’inquiète car elle aurait déjà dû se stabiliser... Si jamais tu tombes à court d’énergie, tu risques de...


Trop tard : la géante s’écroule inanimée, et le Dôme Céleste disparaît.

– Oh non... murmure Jérémie avec effroi.

– Battez-vous !! ordonne le samouraï car ses camarades et lui sont à la merci des monstres.


William, Yumi et Ulrich se placent donc en triangle autour d’Aelita pour la protéger des rayons.

Après plusieurs secondes, Naxxya commence à revenir à elle, mais elle se fait aussitôt dévirtualiser.

– Einstein, tes programmes sont manifestement moins efficaces que mes techniques ! commente Odd avant de descendre à la salle des scanners pour accueillir la géante vaincue.


Continuant de bloquer les tirs avec ses camarades, Ulrich cherche une idée :

– Il faudrait qu’on se déplace vers la tour en maintenant cette formation !


Yumi peine à dévier tous les rayons qui pleuvent sur eux :

– C’est déjà pas facile de tout gérer en restant sur place, alors en mouvement... AH !! s’écrie-t-elle lorsqu’un tir de Tarentule la dévirtualise.

William s’accroche à leur dernière chance :

– Sissi, si tu m’entends, c’est maintenant ou jamais !

– Quoi ? demande Ulrich. Tu comptes encore sur elle pour n...


Mais il se fait dévirtualiser à son tour.

Le grand ténébreux se démène pour protéger l’elfe aux cheveux roses tandis que les monstres s’approchent de plus en plus.

– Jérémie, ça va mal ! s’exclame Aelita contrainte de se protéger avec son Champ de force entre ses mains.


Un peu à court d’idées, l’informaticien tente de corriger son programme précipitamment, quand soudain un faisceau d’énergie verdoyante enveloppe William puis Aelita, leurs restituant tous leurs Points de Vie.

– Jérémie ? C’est ton programme qui a fait ça ? demande Aelita étonnée.

– Non, je n’ai encore rien fait, répond son amoureux également sidéré par cette soudaine remontée des Points de Vie de l’équipe.


William sourit :

– Bien joué Sissi !


Aussitôt, le grand ténébreux contre-attaque et commence à repousser les monstres autour d’Aelita et lui sans trop se soucier des quelques dommages qu’il subit car il sait qu’au-dessus d’eux, Sissi, sortie de son cristal, lévite et soigne consciencieusement ses coéquipiers.

– Les Tarentules n’ont même pas remarqué qu’elle a désactivé son cristal protecteur ! jubile William en détruisant avec férocité les créatures de Xana. Profitons-en pour avancer vers la tour !


Aelita lève la tête :

– Sissi ! Continue de nous soigner jusqu’à ce qu’on atteigne la tour !

– Compris ! répond la Lyoko-guérisseuse qui intègre de mieux en mieux les effets de ses pouvoirs et commence même à ressentir en temps réel les variations des Points de Vie de ses alliés.


William et Aelita progressent donc à travers les rangées de Tarentules, mais Jérémie les met en garde :

– William, fais attention ! Tu encaisses beaucoup de dégâts à la fois ! Continue de parer un maximum de tirs sinon Sissi ne pourra pas te maintenir en vie !

– Il faut bien que je nous fraye un chemin ! répond le grand ténébreux en fracassant les monstres.

– On n’est plus qu’à quelques mètres de la tour ! s’exclame Aelita qui se protège avec ses Champs de force.


Mais Sissi les avertit :

– J’ai du mal à vous soigner ! Vous êtes trop loin !


Odd, Naxxya, Yumi et Ulrich remontent de la salle des scanners.

– Ben alors ? demande le félin. Ils sont tombés dans la Mer numérique ou quoi ? Ça fait cinq minutes qu’on les attend !

– Non Odd, le rassure Jérémie. Ils tiennent le coup.

– Comment ça ? s’étonne le samouraï.

– William arrive à bloquer tous les tirs ? questionne la géante.


Yumi sourit :

– Je pense plutôt que Sissi a fini par se réveiller.

– Exact, confirme l’informaticien. William et Aelita ont presque atteint la tour, et Sissi les soigne depuis les airs. Petit problème : son Régéné-rayon a une distance de fonctionnement limitée, et elle a du mal à se déplacer latéralement dans les airs tout en utilisant ses pouvoirs...



– Je commence à fatiguer, annonce Sissi qui s’efforce de continuer à soigner ses deux camarades qui font face aux monstres.

– Ah oui mince ! réalise Jérémie. Tu as utilisé Cristallise et tu te sers de ton pouvoir de guérison en continu depuis tout à l’heure, donc tu vas bientôt tomber à court d’énergie !


William se tourne vers Aelita :

– Déploie tes ailes et prépare-toi à foncer vers la tour !


Aelita active ses ailes :

– Prête !

– Sissi est épuisée ! panique l’informaticien en fixant son écran.


Le grand ténébreux voit la Lyoko-guérisseuse perdre connaissance et commencer à tomber vers le sol...

– Maintenant !!


D’une puissante Onde de choc délivrée par son épée, l’ancien Xana-guerrier balaye la rangée de monstres qui les séparait de la tour puis disparaît dans le sol en laissant un épais nuage noir derrière lui pour faire diversion, ce qui permet à Aelita de rejoindre le haut édifice. Les monstres, un peu confus, poursuivent la traînée de fumée noire laissée par William qui se déplace à ras de terre en Supersmoke pour traverser ses adversaires en toute sécurité et qui ressort juste à temps pour rattraper Sissi :

– Je te tiens !


La jeune fille étendue dans ses bras finit par entrouvrir les yeux :

– William ...? demande-t-elle craintivement. On... On a réussi ...?


Celui-ci lui sourit :

– Mission accomplie, ma belle, on te ramène sur Terre.


Sissi lui rend son sourire puis il la serre contre lui :

– Ferme les yeux... lui murmure-t-il avant que les Tarentules les rejoignent pour enfin les éliminer.


Au sommet de la tour, Aelita valide le code Lyoko, puis Jérémie la dévirtualise.





* * *





Alors que les Lyoko-guerriers attendent leur nouvelle recrue à la sortie de son scanner, lorsque la cabine lumineuse s’ouvre enfin, Sissi tombe inconsciente, heureusement rattrapée par William qui l’allonge délicatement sur ses genoux en attendant qu’elle retrouve ses esprits. De nombreux flashs défilent dans la tête de la Lyoko-guérisseuse, tandis qu’elle récupère en cascade tous les souvenirs dont l’avaient privée les multiples Retours vers le passé.

La fille du proviseur de Kadic finit par ouvrir les yeux, et malgré les sourires autour d’elle, elle se relève avec une expression furieuse :

– Maintenant vous allez m’expliquer ce qui se passe ici et pourquoi vous faites tout ça !

– Comment ça ? s’étonne Aelita devant cette sommation alors que leur mission du jour est un succès.

– Je me souviens de tout !! lâche Sissi à la surprise de son auditoire. Tous les monstres, tous les trucs électriques, toutes vos cachotteries dans cette usine depuis des années ! Pourquoi vous faites tout ça !? Pourquoi vous mettez tout le monde en danger au lieu d’éteindre ce stupide ordinateur !?


Les regards se tournent vers Jérémie, et celui-ci fait donc à Sissi le long récit de leurs aventures : la découverte du supercalculateur, les combats sur Lyoko pour désamorcer les attaques de Xana, les nuits blanches pour sauver Aelita, la réapparition de Franz Hopper, ... jusqu’à répondre enfin à la question de Sissi :

– Tu dois comprendre que Xana doit à tout prix être vaincu, et pour cela, éteindre le supercalculateur ne suffira pas. De plus, nous gardons l’espoir que Franz Hopper soit toujours en vie, et tout arrêter maintenant reviendrait à le condamner.

– Et avec ton pouvoir de guérison, poursuit Yumi, ta présence dans l’équipe augmente grandement nos chances de vaincre Xana et de sauver le père d’Aelita. C’est pour cette raison qu’on a décidé de te recruter. On a vraiment besoin de toi.


L’informaticien sort de ses poches un Lyoko-morpher et une Lyoko-clé qu’il tend à Sissi :

– Alors ? Acceptes-tu d’être des nôtres ?

– Sauras-tu garder notre secret cette fois-ci ? ajoute gravement Ulrich.


La jeune fille les regarde sévèrement un par un, et finit par saisir les objets que lui offre Jérémie :

– Très bien, j’accepte de vous aider. Mais je vous préviens : on n’est pas amis pour autant ! Je garderai votre secret et je vous donnerai un coup de main sur Lyoko quand il le faudra, mais ça s’arrêtera là !

– Pas si vite ! s’exclame Odd. Avant de t’accepter dans l’équipe, j’ai une condition !


Les regards s’orientent désormais vers le félin qui s’explique :

– Je veux que tu téléphones à mes parents pour leur dire que finalement, les chiens sont admis à Kadic !

– Quoi ? s’étonne Sissi.

– Parfaitement ! confirme son interlocuteur. J’ai été obligé de laisser Kiwi chez mes parents car tu les as prévenus que les chiens sont interdits à Kadic, et je veux que tu répares ça !

– Mais j’ai jamais appelé tes parents ! se défend la jeune fille.


Odd a du mal à la croire, puis il remarque que ses camarades autour de lui restent étonnamment silencieux. Il les dévisage un par un avec suspicion, mais à part William et Naxxya qui n’ont rien à se reprocher dans cette affaire, les amis du félin évitent de croiser son regard, ce qui le pousse à réaliser que Sissi n’est effectivement pas la personne qui a téléphoné à ses parents.

– Nan... T’y crois pas... Bande de traîtres...

– Hé ! J’ai rien à voir là-dedans moi ! proteste William.

– Je crois que pour une fois il ne parlait pas de toi, le rassure Naxxya attentive aux regards fuyants.

– Qui a appelé mes parents !? Dénoncez-vous !! s’exclame Odd.


N’obtenant pas de réponse, le félin lance un ultimatum :

– Si dans trois secondes je n’ai pas le nom du coupable, je brise le pacte secret passé en début d’année et tant pis pour les conséquences ! Les personnes concernées savent de quoi je parle !


Ulrich et Yumi se regardent en cherchant à comprendre, tandis qu’Aelita et Jérémie s’inquiètent.

Odd commence son compte à rebours :

– Trois ! Deux ! Un ! ...


L’informaticien s’affole et l’interrompt :

– Bon d’accord ! Stop ! C’est moi qui ai téléphoné à tes parents ! J’ai utilisé mon logiciel pour imiter la voix de Monsieur Delmas et je leur ai dit que les chiens étaient interdits. Voilà.


Odd le foudroie du regard et s’apprête à l’insulter, mais Aelita s’avance pour soutenir son amoureux :

– En fait c’était mon idée, c’est moi qui ai proposé d’utiliser le transformateur de voix pour appeler tes parents.


Ulrich lève la main :

– Ils l’ont fait parce que je ne voulais pas supporter ton chien une seule année de plus dans ma chambre. J’en avais marre qu’il saccage mes affaires et qu’il laisse ses poils sur mon lit. C’est moi qui suis à l’origine du complot.


Yumi prend sa défense :

– Et combien de fois on a dû cacher Kiwi pour que Jim ne le trouve pas ? Soyons honnêtes : nous avons tous les quatre estimé que ce chien était un boulet et qu’il fallait s’en débarrasser, Ulrich n’était pas le seul à le penser.


Odd s’indigne :

– Vous me dégoutez ! Vous avez cherché à me séparer de Kiwi tout comme vous avez éliminé Jean-Pierre ! Tu parles d’amis ! Einstein, tu vas rappeler mes parents avec la voix du proviseur pour leur dire que les chiens sont autorisés à Kadic, sinon je brise le pacte !

– Mais c’est quoi ce pacte secret dont tu parles ? demande la Japonaise intriguée.

– C’est qui Jean-Pierre ? ajoute Naxxya.

– C’était le Tamagotchi d’Odd, répond Aelita pour faire oublier la question de Yumi. Il a disparu dans des circonstances mystérieuses.

– Il lui a donné le même prénom que mon père ? remarque Sissi en fronçant les sourcils.

– Bon, c’est entendu, concède Jérémie en levant les mains pour calmer la situation. Je téléphonerai à tes parents et tu pourras à nouveau amener ton chien. C’est bon ? T’es content ?


L’expression de colère d’Odd se fige puis se change en un grand sourire de satisfaction :

– Oui, très content ! Vous pouvez reprendre votre cérémonie, ça m’est complètement égal que Sissi intègre le groupe ! J’ai trop hâte d’être aux prochaines vacances pour aller chercher mon Kiwi !


Pendant que le félin danse joyeusement dans son coin, la fille du proviseur de Kadic émet une remarque à propos du Lyoko-morpher qu’elle tient dans sa main :

– Dites, ce bracelet, franchement, il n’est pas très esthétique. On est obligés de le porter en permanence ?


Ulrich s’esclaffe :

– Au moins on est sûrs qu’on a affaire à la vraie Sissi et pas à un spectre !

– Tu devrais l’essayer, insiste William. Je suis sûr qu’il t’ira très bien.


La jeune fille enfile donc le bracelet, et le cadran digital, incolore à l’origine, prend alors une teinte vert émeraude.

– Mouais, ça devrait aller... conclut-elle en admirant son nouvel accessoire avant de tourner les talons. Bien, je pense que vous n’avez plus besoin de moi.


Elle entre dans l’ascenseur et appuie sur le bouton, mais William la rejoint à l’intérieur juste avant que les portes se referment pour se retrouver seul avec elle tandis que le monte-charge s’élève.

– Je n’ai pas besoin qu’on me raccompagne, lui déclare froidement Sissi.

– Je voulais juste te remercier d’avoir accepté de nous aider, lui répond son camarade avec un sourire rassurant. Par ailleurs, ça ne sert à rien de partir maintenant car Jérémie va lancer un Retour vers le passé, donc le temps va reculer de quelques heures.

– Et alors ? Tu espères peut-être que je vais rester discuter avec vous comme si on était amis ? Je ne suis pas votre amie, j’ai seulement accepté de garder le secret et d’aider Aelita à retrouver son père...

– C’est très noble de ta part, la complimente William tandis que Sissi se rend compte qu’elle vient de révéler la vraie raison pour laquelle elle a accepté de les aider dans leur quête. Par ailleurs, je comprends ce que tu ressens en intégrant ce groupe où tu n’étais auparavant pas la bienvenue. Si tu ne souhaites pas être notre amie, libre à toi. Mais moi, j’aimerais beaucoup qu’on devienne amis, alors je te soutiendrai quoi qu’il arrive.

– Non mais tu t’attends à quoi !? s’énerve la jeune fille. Sous prétexte qu’Ulrich ne m’intéresse plus et que Yumi t’a rejeté, tu crois vraiment que je vais te tomber dans les bras !? Je sais très bien que vous n’avez besoin de moi que parce que j’ai le pouvoir de vous guérir sur Lyoko, pas la peine d’essayer de me faire croire qu’il y aurait plus que ça entre nous !


Le grand ténébreux tourne le dos à sa coéquipière, avant de s’ouvrir un peu plus à elle :

– ...Et si je te disais qu’au début, je pensais n’avoir aucune chance avec toi parce que tu étais obsédée exclusivement par Ulrich ?


Sissi s’apprête à émettre une nouvelle réponse cinglante, avant de comprendre où William veut en venir. Elle est désormais tellement troublée qu’elle ne remarque même pas qu’il a fait redescendre l’ascenseur vers le laboratoire.

Les portes s’ouvrent, William rejoint ses camarades, suivi par Sissi qui reste en retrait, les bras croisés en affichant une mine maussade.

– Déjà de retour ? plaisante Odd. Je me demande ce que William a bien pu lui dire !

– J’étais pourtant persuadée qu’il n’aimait pas les nouvelles recrues, ajoute Naxxya.

– Grâce à son Lyoko-morpher, reprend Jérémie qui s’est rassis au poste de commande, Sissi va pouvoir s’entraîner sur Terre pour maîtriser ses pouvoirs plus rapidement, et je crois que malheureusement, ça va devenir indispensable...

– Qu’est-ce que tu veux dire par là ? l’interroge Yumi.


L’opérateur soupire :

– Je parle de ce qu’on a reçu sur Terre : des Kankrelats, des Tarentules, des Krabes, des Bloks, et aujourd’hui des Krapauds et un Mégatank. Notre ennemi se renforce de jour en jour, et il expérimente ses pouvoirs...

– Oui mais dans quel but ? s’inquiète Aelita.

– Peut-être qu’il prépare une énorme invasion de monstres sur Terre ? propose Odd.

– Je suis assez de cet avis, approuve Jérémie. Et je crois même que Xana est déjà en mesure de le faire. Mais envoyer une immense armée dans le monde réel ne lui sert à rien s’il manque de contrôle : mon programme multi-agent empêche toujours Xana de se promener librement dans le Réseau, et il ne peut pas diriger autant de monstres simultanément en restant sur Lyoko.

– Il va probablement utiliser Franz Hopper pour neutraliser ton programme et retourner dans le Réseau, suggère William.


L’informaticien secoue la tête :

– Je ne me fais pas trop de souci de ce côté-là. Je suis le seul qui puisse modifier mon programme actuellement, Franz Hopper ne lui sera d’aucune aide pour ça.


Naxxya l’interpelle :

– À propos de ce programme... S’il est aussi efficace qu’il l’a été par le passé, pourquoi ne pas le relancer dans Lyoko ?

– Étant donné que Xana a survécu, commente Ulrich, il faut croire que le programme multi-agent n’était pas si efficace que ça...

– Xana a plutôt eu de la chance de ne pas être complètement anéanti l’année dernière, rectifie Jérémie en évitant volontairement d’entrer dans les détails. Mais le fait est qu’en lançant à nouveau le même programme, il y a fort à parier que Xana saurait y résister voire l’éviter, car il y a déjà été confronté. C’est pourquoi j’ai augmenté les effets destructeurs de mon programme afin qu’il reste dangereux pour Xana, et je l’ai déployé tout autour de Lyoko pour sécuriser le Réseau. Mais si je lançais mon programme à l’intérieur Lyoko, non seulement je ne suis même pas certain qu’il suffirait à détruire Xana vu sa puissance actuelle, mais en plus, je ne pourrais pas garantir la sécurité de Franz Hopper lors du déploiement. Alors tant que mon programme empêche notre ennemi de s’échapper de Lyoko via le Réseau, ça nous laisse le temps de localiser et libérer Franz Hopper avant de tenter de porter le coup de grâce à Xana.

– Mais le temps ne joue pas en notre faveur, rétorque Yumi. Tout semble indiquer que Xana prépare une armée de monstres en vue d’envahir la Terre, et il n’attendra pas qu’on découvre l’endroit où il retient Franz Hopper pour mettre son plan à exécution. Si Xana doit passer par le Réseau, il y arrivera tôt ou tard.


Sissi reste muette tout en s’efforçant de suivre la discussion et d’en mesurer la gravité, pendant qu’Aelita poursuit :

– Oui mais d’un autre côté, si Xana comptait vraiment passer par le Réseau, je pense qu’il aurait déjà envoyé des escadrons de monstres marins pour tenter de percer le programme de Jérémie ; or jusqu’à présent, il n’a rien fait dans ce sens. Au contraire, il semble vouloir rester discret sur Lyoko pour ne pas qu’on découvre son repaire, tandis qu’il envoie de nombreux monstres sur Terre probablement en préparation d’une invasion de très grande ampleur. Donc même s’il n’a plus accès au Réseau, Xana a forcément prévu un moyen de contrôler les monstres qui débarqueront massivement dans notre monde...



Un silence de réflexion s’installe dans la pièce. Les Lyoko-guerriers en sont persuadés désormais : Xana gagne en puissance, mais aussi en intelligence. De toute évidence, leur ennemi prépare quelque chose de terrible, et si nos héros pressentent aisément l’arrivée sur Terre d’un raz-de-marée de monstres générés par Xana, ils ignorent comment celui-ci compte s’y prendre pour diriger ses innombrables serviteurs une fois qu’il les aura matérialisés dans le monde réel. Le virus maléfique a forcément une idée en tête, mais laquelle ?

Jérémie s’apprête à lancer le Retour vers le passé, lorsque Sissi surprend ses camarades en émettant timidement une hypothèse effroyable :

– Je vais peut-être dire une bêtise mais... Est-ce que Xana pourrait finir par se matérialiser lui-même ?


Dernière édition par Nelbsia le Dim 18 Avr 2021 17:38; édité 3 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:46   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #102 : Jour 333



– Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 333.
Cela fait maintenant un an que nous luttons contre Xana, et cette vidéo sera sûrement la dernière. D’après l’écran radar, Xana s’apprête à lancer une attaque massive contre l’usine, et les défenses restantes ne tiendront pas. Nous partons donc à l’assaut du Cinquième Territoire pour récupérer les codes sources du programme de Retour vers le passé.

– À qui tu parles ? l’interrompt Hiroki.

– Personne, répond Hervé. Descendez aux scanners, vous plongez immédiatement.

– On y va, conclut Nicolas en empruntant l’échelle.


Milly serre une dernière fois son ours en peluche avant d’entrer dans l’une des trois cabines lumineuses.

– Première vague en place, déclare Hiroki.

– Transfert Hiroki. Transfert Milly. Transfert Tamiya. Scanner Hiroki. Scanner Milly. Scanner Tamiya. Virtualisation.

– Deuxième vague en place, annonce Nicolas en entrant dans un scanner à son tour.

– Transfert Nicolas. Transfert Johnny. Scanner Nicolas. Scanner Johnny. Virtualisation.



Les cinq Lyoko-guerriers apparaissent sur le Territoire Banquise.

Hiroki porte une tenue vert foncé renforcée par des protections noires dont dépassent des lames gris clair, tandis que son nez et sa bouche sont cachés derrière un masque noir.

Milly est vêtue d’une combinaison blanche parsemée de petits carrés colorés brillants formant des fresques autour de ses avant-bras, de ses jambes et de sa taille comme une jupe multicolore.

Johnny arbore une combinaison orange sillonnée par des interstices jaunes, rougeoyante aux extrémités de ses membres, presque jaune au niveau de son torse et du masque qui entoure ses yeux.

La tenue de Tamiya est vert clair, de volumineuses protections couleur citron à moitié transparentes englobent ses articulations ainsi que les côtés de sa tête.

Enfin, Nicolas porte une combinaison et des bottes bleues avec des écailles plus claires et scintillantes, ainsi que des ailerons qui longent ses bretelles et ses brassards.



Comme à leur habitude, les Lyoko-guerriers sont accueillis dans le monde virtuel par une horde de Kankrelats qui pullulent désormais sur les quatre principaux territoires de Lyoko.

– Ne perdez aucun Point de Vie ici, leur recommande Hervé depuis l’ordinateur du laboratoire. Vous en aurez besoin sur le Cinquième Territoire.

– T’inquiète pas, le rassure Tamiya.


D’un revers de la main, elle enveloppe d’énergie chacun de ses camarades, leur permettant d’absorber les quelques dégâts que leur infligent les rares tirs qu’ils encaissent.

Pressés de passer à la partie importante de la mission, les Lyoko-guerriers déchaînent leurs pouvoirs destructeurs sur les Kankrelats : Hiroki les pourfend à l’aide de sa Tri-lame, Johnny leur envoie des rayons oculaires, Nicolas les lacère avec le crochet de sa canne-laser, Tamiya paralyse ceux qui s’approchent et Milly les repousse avec des anneaux d’énergie.

Malgré leur nombre, les Kankrelats sont rapidement exterminés. Un Mégatank arrive en renfort mais Johnny ouvre une faille dans le sol et le Mégatank tombe dedans.

– Bien, dirigez-vous vers l’ouest pour rejoindre le bord du territoire, je vais vous envoyer le transporteur... annonce Hervé qui n’a pas connaissance des manipulations qui lui permettraient de virtualiser ses troupes directement dans le territoire Carthage.





Lorsqu’ils débarquent dans l’Arena, les cinq adolescents frissonnent en se remémorant la seule fois où ils ont tenté une excursion sur le Cinquième Territoire, triste aventure qui s’était achevée par la disparition d’un membre de leur équipe.

L’opérateur leur donne ses dernières recommandations :

– Mes amis, les choses sérieuses commencent ici. Préparez-vous à courir, vous devez à tout prix atteindre le terminal des archives pour y récupérer les codes sources du programme de Retour vers le passé. J’ignore tout des défenses que Xana a pu établir pour empêcher les intrus d’accéder au terminal, mais attendez-vous au pire. Si l’un d’entre vous devait disparaître en cours de route, ne vous arrêtez pas. Est-ce que c’est bien compris ?

– Affirmatif, répond Nicolas en utilisant son pouvoir pour augmenter le nombre total de points de vie de ses alliés.

– Empruntez le couloir devant vous pour rejoindre le centre du territoire, conclut Hervé.


Hiroki passe devant :

– C’est parti !



Hiroki, Johnny, Nicolas, Milly et Tamiya s’élancent donc dans le couloir, tous les sens en alerte.

– Continuez tout droit pour le moment, leur indique Hervé. Je vous préviendrai lorsqu’il faudra changer de direction.


En levant les yeux, Johnny remarque de larges cavités dans les parois du couloir :

– Ces trous n’étaient pas là quand on est venus l’autre fois...

– Moi tout ce dont je me souviens, répond Tamiya, c’est des murs qui...


Mais un grondement saccadé l’interrompt.

– Ça y est, ça commence... déclare Nicolas.

– Oui, les murs se referment sur notre passage ! confirme Hiroki. Continuez à courir !


Il se concentre pour augmenter la vitesse de course de tout son groupe, tandis qu’Hervé les prévient :

– Mon écran radar indique également l’apparition de Rampants de part et d’autre du couloir. À mon avis, Xana va tenter de vous ralentir pour que vous soyez écrasés par les murs, quitte à ce que ses monstres soient écrasés avec vous.

– Si Xana est prêt à envoyer ses monstres s’autodétruire pour nous arrêter à tout prix, reprend Johnny, ça veut dire qu’il a quelque chose d’important à protéger. Probablement ce que nous sommes venus chercher.

– Ça veut dire aussi qu’on va pas tarder à devoir se battre, précise Nicolas en serrant son arme.

– Avec les murs qui se referment, poursuit Milly, il vaudrait mieux atteindre la sortie du couloir avant de... AH !


Un tir venu de l’arrière la touche en plein dans le dos et elle manque de tomber au sol, mais Nicolas l’attrape fermement par le col pour qu’elle reste sur ses jambes et continue de courir tandis que Tamiya s’empresse de lui conférer une nouvelle bulle absorbante car les dégâts subis ont fait disparaître la précédente.

– Ce ne sont que des Rampants, on peut les distancer ! affirme Hiroki bien décidé à ne pas ralentir pour si peu.


Hervé donne alors une consigne apparemment anodine pour ses camarades, mais en réalité pleine d’arrière-pensées :

– Milly, passe devant Tamiya et prends son apparence, juste au cas où...

– Entendu, accepte-t-elle en utilisant son pouvoir de métamorphose en pleine course.


En un instant, l’apparence virtuelle de la petite rousse devient la copie de l’avatar de son amie à la peau noire, ce qui lui permet d’octroyer à ses camarades des bulles protectrices s’ajoutant à celles déjà posées par sa coéquipière.

Quelques tirs fusent encore derrière eux mais les Lyoko-guerriers lancés à pleine vitesse ne s’en soucient pas, jusqu’à ce que soudain, Tamiya pousse un cri de surprise et s’écroule à terre :

– AAAH !!


Milly s’arrête aussitôt et se retourne pour découvrir qu’un Rampant a attrapé sa meilleure amie par la jambe avec sa langue et commence à la traîner vers l’arrière :

– Tamiya !!


Ses camarades font volte-face à leur tour et commencent à tirer sur les Rampants.

– Qu’est-ce qui se passe !? interroge Hervé. Pourquoi vous vous arrêtez !?

– Un Rampant a capturé Tamiya ! répond Hiroki en lançant sa Tri-lame pour tenter de lui couper la langue.


La malheureuse victime utilise son pouvoir pour paralyser son agresseur, mais un deuxième Rampant l’attrape à son tour, puis un troisième, et les monstres prennent soin de ne pas achever leur proie car tant qu’elle est vivante, ses coéquipiers restent pour tenter de lui venir en aide...

Les alliés de Tamiya continuent de tirer sur les créatures de plus en plus nombreuses tandis que le bruit des murs se rapproche, alors Hervé intervient :

– Vous ne pouvez plus rien pour elle ! Foncez avant que les murs vous rattrapent !

– Quoi !? s’exclame Milly. Sans Tamiya on n’a aucune chance !

– Au contraire ! rétorque Hervé. Les monstres l’ont attrapée par erreur parce que je t’ai dit de copier son apparence afin qu’ils ne puissent pas vous distinguer l’une de l’autre, mais c’est TOI qui étais visée ! Xana voulait t’empêcher de sortir vivante de ce couloir, tout comme il a éliminé Taelia la dernière fois ! Maintenant tirez-vous de là sans discuter sinon vous allez tous y rester !


Voyant que la petite rousse reste tétanisée à l’idée d’abandonner sa meilleure amie, Nicolas la prend par le bras :

– Hervé a raison ! Si on reste ici plus longtemps tout est perdu !


Hiroki et Johnny approuvent à contrecœur, puis ils se remettent à courir tous les quatre sans jeter un regard en arrière.

Submergée par les Rampants, Tamiya voit ses amis lui tourner le dos et les implore :

– Ne me laissez pas seule...


Johnny s’arrête brusquement, serre le poing puis fait à nouveau demi-tour et se jette sur les monstres de Xana.

– Nan ! Johnny ! Ne fais pas ça ! lui crie Hiroki.


Hervé les alerte :

– Les murs arrivent ! Courez !!


Hiroki, Milly et Nicolas s’enfuient pour de bon, en espérant qu’il ne soit pas déjà trop tard pour atteindre la sortie.


Dans le couloir derrière eux, Johnny scinde les langues des Rampants avec ses rayons oculaires pour délivrer Tamiya, puis celle-ci paralyse aussitôt les monstres et son sauveur en profite pour les engloutir en ouvrant une énorme crevasse dans le sol.

Sentant que la fermeture des murs ne peut plus être évitée, Tamiya serre Johnny très fort contre elle :

– Je suis désolée... Tu aurais dû partir avec les autres...


Johnny la serre encore plus fort :

– Non, j’aurais seulement dû intervenir plus tôt...


Les murs se referment sur eux, et leurs cartes disparaissent de l’écran d’Hervé.



Les larmes aux yeux, Milly demande :

– Vous croyez que Tamiya et Johnny sont... ?

– Arrête d’y penser et concentre-toi sur notre objectif ! la coupe Hiroki. On va bientôt rencontrer d’autres monstres, alors dépêche-toi de nous remettre des bulles protectrices avant que ta métamorphose expire !


La petite rousse obéit en avalant ses larmes, puis sa métamorphose prend fin et elle retrouve son apparence initiale.

– Prenez la prochaine sortie à droite, les guide Hervé. Vous allez arriver dans une grande salle où il vous faudra activer un interrupteur afin d’accéder au terminal des archives.

– Tu détectes beaucoup de monstres dans cette salle ? demande Nicolas.

– On va très vite le savoir, répond Hiroki en apercevant le bout du couloir.


Milly jette un coup d’œil par-dessus son épaule :

– Les murs nous rattrapent !

– Sautez ! s’exclame le jeune Japonais.


Ils bondissent hors du couloir avant que les murs se referment, puis ils atterrissent sur une plateforme.

– Ne restez pas là ! leur crie Hervé pour les prévenir du danger.


Ils sautent sur un deuxième plateforme et voient la première s’écraser contre le plafond de la salle.

La seconde structure s’élève à son tour, et ses occupants bondissent donc sur la suivante tandis qu’une multitude de points envahissent le radar sur l’écran d’Hervé :

– Des Rampants arrivent de partout !


Les trois Lyoko-guerriers sautent sur la plateforme d’après, mais des Rampants les y rejoignent. Ils les repoussent tant bien que mal puis continuent de progresser sur les pavés bleus qui s’élèvent tour à tour.

– Allez ! Avancez ! les presse Hervé.

– Impossible ! répond Milly. Toutes les autres plateformes sont recouvertes de Rampants !


Hiroki lève la tête et voit le plafond qui se rapproche :

– Si on reste ici, on va être écrasés !


Le grand combattant en combinaison bleue lance le crochet de sa canne-laser et le plante en hauteur, formant ainsi un grappin :

– Accrochez-vous à moi !


Milly et Hiroki s’agrippent aux épaules de Nicolas qui saute avant que leur plate-forme ne s’écrase contre le plafond.

Ils traversent ainsi la salle, suspendus au grappin en survolant les dizaines de Rampants qui leur tirent dessus.

Tandis que la petite rousse bloque les tirs des monstres avec ses anneaux d’énergie, le jeune Japonais saisit sa Tri-lame puis saute pour planter son arme dans le mur juste à côté de l’interrupteur qu’il actionne, ouvrant alors un large passage vers un autre corridor.

– Bien joué ! les félicite Hervé. Foncez dans ce couloir !


Nicolas et Milly sautent à leur tour pour rejoindre Hiroki, puis ils s’engouffrent tous les trois dans le passage devant eux.

– Est-ce que les murs vont se refermer ? s’inquiète Milly.

– Je ne crois pas, répond l’opérateur. L’interrupteur a mis fin au processus de fermeture des murs. Par contre, les Rampants vous poursuivent.

– Dis-nous plutôt ce qui nous attend au bout de ce couloir, reprend Hiroki.


Hervé consulte son radar :

– Le terminal n’est plus très loin, mais il y a une dernière salle à traverser et ça m’étonnerait qu’elle soit vide.

– Nous y sommes, annonce Nicolas.

– Cette salle est très grande, observe Milly.

– Restez sur vos gardes...


Le ninja aperçoit la sortie vers le fond de la salle :

– Pas de temps à perdre, allons-y !


Ils se remettent à courir et arrivent au centre de l’immense pièce mais des Rampants apparaissent et des Mantas arrivent par les cavités en hauteur. Les trois Lyoko-guerriers s’empressent de reculer en évitant les tirs, avant de s’apercevoir que les monstres de la salle précédente arrivent derrière eux pour leur couper toute retraite.

– Le terminal des archives est au bout du couloir après cette salle ! les informe Hervé.

– Milly, fonce vers la sortie ! lui ordonne Hiroki. Nous, on s’occupe des créatures de Xana !


La petite rousse hésite en voyant tous les monstres autour d’eux, tandis que le jeune Japonais bloque les tirs avec sa Tri-lame pour la protéger :

– Vas-y ! On te couvre !


Nicolas lance le crochet de sa canne-laser et le plante dans une Manta puis rabat celle-ci sur les Rampants situés devant lui, dégageant ainsi le passage vers la sortie ; Milly saisit l’occasion et court dans le couloir.

Elle arrive bientôt à une passerelle qu’elle traverse pour rejoindre le terminal des archives :

– J’y suis, Hervé ! annonce-t-elle.

– Fais vite ! lui répond l’opérateur. Les autres ne tiendront pas longtemps !


La jeune fille pose sa main sur l’écran mais un message d’erreur apparaît :

– « Accès refusé » !?

– C’est normal ! explique Hervé qui a bien compris pourquoi Xana cherchait à éliminer Milly dès le début de la mission. C’est le même système que pour entrer des codes dans les tours ! Prends l’apparence de Taelia, ça devrait te permettre de franchir cet obstacle !


La petite rousse utilise donc son pouvoir de métamorphose pour prendre la forme de Taelia puis pose à nouveau sa main sur l’écran qui finit par lui autoriser l’accès :

– Ça marche ! s’émerveille-t-elle en découvrant tous les menus de l’interface. J’ai accès aux données !

– Parfait ! conclut l’opérateur. Essaye de récolter toutes les données que tu trouves concernant le Retour vers le passé puis envoie-les-moi !



Pendant ce temps, dans la grande salle, Hiroki et Nicolas se démènent pour empêcher les monstres d’emprunter le couloir de sortie qui leur permettrait de rejoindre Milly. Mais à chaque fois qu’une créature est anéantie, d’autres arrivent aussitôt en renfort. Les deux Lyoko-guerriers luttent de toutes leurs forces pour repousser leurs ennemis qu’ils détruisent sans relâche, tandis que leurs compteurs de Points de Vie se vident peu à peu maintenant que leurs bulles protectrices ont disparu.



Soudain, une explosion secoue l’usine.

Hervé informe ses camarades :

– Le bouclier de protection de l’usine vient de céder, il ne reste plus que les tourelles de défense secondaires. Le temps nous est compté.


Milly, toujours occupée à récolter des données, est interrompue par un rayon laser qui la fait tomber en arrière. Elle relève la tête et s’aperçoit que quatre Mantas arrivent par les airs.

– J’ai besoin d’aide ! signale la jeune fille en reprenant sa forme d’origine pour parer les tirs avec ses anneaux d’énergie.


Nicolas fait signe à Hiroki d’y aller, celui-ci augmente donc sa vitesse de course pour atteindre la sortie et aller secourir sa coéquipière, mais il se heurte à des monstres dans le couloir qui mène au terminal. Resté seul face à toutes les créatures dans la grande salle, le grand combattant au crochet se fait désarmer et détruit encore quelques Rampants à mains nues avant d’être inévitablement submergé par leur nombre.

Hervé observe tristement la carte de Nicolas qui disparaît, puis une nouvelle explosion ébranle l’usine.

– Milly, on n’a plus le temps ! Envoie-moi les données que tu as déjà récoltées, et prions pour que ce que nous sommes venus chercher s’y trouve !


Malgré les Mantas de plus en plus nombreuses autour d’elle, la petite rousse relâche l’un de ses anneaux d’énergie pour que sa main libérée pianote rapidement sur l’interface afin d’envoyer les données à Hervé, mais celui-ci l’alerte :

– Attention ! Il y a quelque chose qui apparait derrière toi !


La jeune fille génère aussitôt un deuxième anneau d’énergie en faisant volte-face, avant d’être abasourdie en découvrant la créature qui se forme devant elle :

– ...Jérémie !?


En effet, vêtu de sa combinaison blanche avec sa visière protectrice à la place de ses lunettes, Jérémie Belpois lève le bras vers Milly :

– Supprayon !


Milly se baisse aussitôt, et le rayon énergétique libéré par la main du combattant inattendu foudroie les Mantas en rebondissant entre elles pour les faire disparaître.

– Tout va bien ? demande-t-il à la petite rousse en l’aidant à se relever.

– Mais...!? Je te croyais mort !?

– Il EST mort, affirme Hervé qui a analysé l’apparition de Jérémie. L’être devant toi n’est un qu’un « écho », un fantôme numérique si tu préfères...

– Quoi !? s’étrangle Milly en dévisageant l’image légèrement transparente de son sauveur.

– Je n’ai pas le temps de vous raconter comment mon équipe et moi avons été tués, déclare celui-ci en recherchant à son tour les codes sources du Retour vers le passé sur l’interface déverrouillée par la petite rousse. Hervé, je t’envoie les... AAAH !?


Un éclair sombre émane du terminal pour remonter le bras de l’écho de Jérémie, et celui-ci se met à grésiller de manière inquiétante.

– Hé !? Qu’est-ce qui t’arrive !? s’alarme Milly en voyant de nouvelles Mantas venir vers eux.


Corrompu par Xana, le fantôme numérique se retourne brusquement vers la jeune fille et profite de sa surprise pour la dévirtualiser au moyen de son rayon d’énergie.

– Non !! C’est pas vrai !! s’écrie Hervé en voyant la carte de Milly disparaître.

– Tu as perdu, Hervé ! s’exclame l’écho de Jérémie d’une voix désormais synthétique tandis que les Mantas ondulent en cercle au-dessus de lui pour saluer le triomphe de leur maitre en dépit du dernier espoir laissé par Jérémie à ses successeurs.

– C’est pas encore fini ! crie Hiroki qui arrive à la passerelle à toute vitesse, poursuivi par des Rampants dans le couloir derrière lui.


Le Jérémie xanatifié se tourne vers lui et se lance à sa rencontre, suivi par les Mantas prêtes à tirer.

– Hiroki ! l’interpelle Hervé. Tu dois appuyer sur l’écran pour valider l’envoi ! Tu n’as pas le droit d’échouer !

– T’inquiète, répond le jeune Japonais déterminé.

– SUPPRAYON ! hurle le fantôme en déchargeant de ses deux mains son faisceau énergétique droit sur sa cible.


Dans un saut périlleux hallucinant, Hiroki bondit par-dessus le rayon et esquive habilement les tirs des Mantas en tournoyant sur lui-même pour rebondir à pieds joints sur la tête de Jérémie et enfin atterrir miraculeusement devant l’écran du terminal sur lequel il appuie pour valider l’envoi des données.

– Mission accomplie, conclut le dernier Lyoko-guerrier avant d’encaisser un déluge de tirs de Mantas qui lui retirent ses derniers points de vie.


Hervé lui murmure :

– Ta sœur aurait sans doute été très fière de toi...


Hiroki sourit et verse une larme virtuelle qui disparaît avec lui.



L’opérateur s’aperçoit qu’il est complètement seul désormais, ce qui lui donne brusquement le vertige mais de nouvelles explosions le forcent à se ressaisir.

Par bonheur, l’écho de Jérémie leur a bien déniché les codes sources du programme de Retour vers le passé avant d’être xanatifié. Hervé s’empresse donc de compléter son nouveau programme puis l’active avec un compte à rebours couplé à l’autodestruction de l’usine.

Il grave ensuite rapidement son journal vidéo sur un DVD qu’il range dans la boite spéciale qu’il a conçue, glisse celle-ci dans sa poche puis descend à la salle des scanners et entre dans l’un d’entre eux avant que la porte se referme.



Soudain, l’adolescent entend un craquement suivi par des pas qui se rapprochent. Des pas lourds et terrifiants qui lui font comprendre qu’un deuxième individu vient de pénétrer dans la salle des scanners...

Voyant les trois cabines fermées, l’intrus en choisit une au hasard, tend son bras vers elle et la détruit au moyen d’un rayon d’énergie surpuissant...

Il se dirige vers un second scanner ; Hervé retient son souffle ; l’être mystérieux tend à nouveau son bras et détruit ce second appareil.

Toujours en vie, le lycéen regarde sa montre et constate que le compte à rebours qu’il a programmé touche à sa fin.

L’intrus tend finalement son bras vers le dernier scanner, et à l’intérieur de celui-ci, Hervé déclare froidement :

– Adieu, Xana.


Puis le jeune garçon est emporté par la procédure qu’il avait programmée, tandis que l’être monstrueux détruit le scanner avant qu’une gigantesque déflagration anéantisse l’usine, comme Hervé l’avait prévu.



Dernier rescapé de son époque apocalyptique, Hervé Pichon traverse les couloirs de l’espace-temps grâce à son programme. Il voit alors défiler une année entière mais en sens inverse, comme si les évènements qu’il avait vécus se résorbaient, comme si le temps venait de faire un simple aller-retour dans une impasse, avec l’espoir de prendre une nouvelle direction...

Les images qui se succèdent devant les yeux d’Hervé se stabilisent enfin lorsqu’il arrive à destination, environs un an en arrière, dans la chambre de Jérémie ; le voyageur temporel y dépose le boîtier spécial qui contient son DVD, puis il relève les yeux vers la fenêtre lorsqu’il entend le léger son des voix des élèves qui bavardent à l’extérieur...

Hervé ne peut résister à l’envie de monter sur le bureau pour regarder par la vitre, et son cœur se serre lorsqu’il aperçoit ses anciens camarades d’école...

Parmi tous ces adolescents insouciants, la bande de Jérémie Belpois mijote manifestement quelque chose...

Et Sissi est avec eux...

Un peu plus loin, Hervé se voit lui-même, marchant tranquillement aux côtés de Nicolas sans se douter de ce qui les attend...

Pour finir, en la cherchant du regard, l’observateur aperçoit Heidi Klinger...

Collé à la vitre à travers laquelle il vient de revoir son passé, Hervé sourit puis se désintègre dans un soupir...





* * *





Le soir venu, Jérémie regagne sa chambre et découvre une mystérieuse boite posée en évidence sur son bureau. Curieux de savoir de quoi il s’agit, le jeune garçon ouvre la boite, extrait le DVD qu’elle contenait et insère celui-ci dans son ordinateur.

Hervé apparaît alors à l’écran...





« Mon nom est Hervé Pichon. Ceci sera mon journal de bord vidéo.

Il y a environ un mois, un virus informatique appelé Xana a envahi la Terre et a presque entièrement détruit tout ce qui se trouvait à sa surface.

Mes amis et moi sommes les seuls survivants à des kilomètres à la ronde : Milly Solovieff, Tamiya Diop, Taelia Leconte, Hiroki Ishiyama, Johnny Cleary, Nicolas Poliakoff, et moi-même : Hervé Pichon.

Nous nous sommes réfugiés dans une usine désaffectée car nous avons découvert qu’elle possède non seulement un système de défense autonome, mais aussi un compartiment de survie avec des réserves d’eau et de nourriture, semblable à un abri antiatomique.

J’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’une base secrète de l’armée, mais en analysant la technologie déployée ici, j’ai rapidement compris que les personnes qui ont conçu le système de défense de cette usine l’ont fait dans le but de survivre à une potentielle attaque de Xana comme celle qui nous a frappés le mois dernier.

En explorant un peu plus le secteur souterrain de l’usine, nous avons découvert un superordinateur et d’étranges modules, ainsi qu’un mode d’emploi expliquant en détail comment envoyer des humains dans un monde virtuel appelé Lyoko.

Là-bas, nous avons rencontré les mêmes monstres que ceux qui ont envahi la Terre, ce qui nous porte à croire que Xana proviendrait lui-même de Lyoko.

Dans ce monde virtuel, nous disposons d’armes et de pouvoirs pour nous battre contre les monstres de Xana : Hiroki combat avec une Tri-lame et peut augmenter temporairement sa vitesse de course ainsi que celle de ses alliés proches, Johnny tire des rayons avec ses yeux et peut ouvrir une faille dans le décor, Nicolas se bat à l’aide d’une sorte de grosse canne à pêche et peut accroître le nombre de points de vie des membres du groupe, Taelia lance des Champs de force et peut générer du relief pour se protéger, Tamiya peut paralyser ses ennemis et poser une enveloppe protectrice sur ses alliés afin d’absorber une partie des dégâts qu’ils reçoivent, Milly crée des anneaux d’énergie et peut prendre temporairement l’apparence d’un autre combattant dans le but d’utiliser les mêmes pouvoirs que lui.

En nous aventurant sur Lyoko, nous avons trouvé des tours de contrôle qui permettent à Xana de lancer des attaques sur Terre pour percer les défenses de l’usine.

J’ignore pourquoi, mais Taelia est la seule à pouvoir entrer le code « Lyoko » dans ces tours pour les désactiver. Même lorsque Milly prend l’apparence de Taelia pour copier ses pouvoirs, ça ne fonctionne pas. C’est comme si Taelia disposait d’un accès réservé aux interfaces des tours de Lyoko. Et ça explique pourquoi les monstres s’attaquent à elle en priorité.

Une fois les tours désactivées, la plupart des monstres de Xana disparaissent, les troupes restantes ne sont donc plus assez nombreuses pour franchir les défenses de l’usine, ce qui nous laisse un peu de répit en attendant la prochaine attaque. Ainsi, jour après jour, nous nous battons dans l’espoir de vaincre Xana et de libérer la Terre.

Nous trouverons bien un moyen. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 18.

J’ai enfin localisé un satellite épargné par Xana.

Une lueur d’espoir suspendue dans le ciel.

J’espère qu’il me permettra d’entrer en contact avec d’autres humains avant que Xana ne le découvre à son tour. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 21.

Le satellite a finalement été détruit.

Xana a dû intercepter le message que j’émettais.

Si par chance il y avait d’autres survivants quelque part dans le monde, nous ne pourrions même pas le savoir. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 79.

En fouillant dans l’ordinateur, j’ai découvert que d’autres personnes ont combattu Xana avant qu’il s’échappe du monde virtuel : Jérémie Belpois, Ulrich Stern, Odd Della Robbia, Aelita Stones, William Dunbar, Naxxya Warven, Elisabeth Delmas et Yumi Ishiyama, la sœur d’Hiroki.

J’espère en apprendre plus sur la façon dont ils ont combattu Xana, et découvrir comment celui-ci s’est échappé.

Quand je pense qu’ils étaient tous élèves à Kadic, notre lycée...

Certains étaient dans la même classe que Nicolas et moi...

Sissi... enfin Élisabeth... était notre amie... du moins c’est ce que je croyais... puisqu’elle nous a bien caché ses activités secrètes avec sa nouvelle bande...

Belpois... toi et tes amis... je vous déteste tellement... tout est de votre faute, j’en suis sûr...

Et pourtant... je donnerais tout ce qui me reste pour vous revoir... »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 109.

J’ignore toujours comment Xana a procédé exactement pour s’échapper de Lyoko mais vu la vitesse à laquelle les événements se sont précipités, il a dû tendre un piège à nos prédécesseurs dans le but de se débarrasser d’eux avant de venir sur Terre.

À part ça, j’ai trouvé les traces d’un programme appelé « Retour vers le passé », mais Xana l’a rendu inutilisable, à moins de trouver les codes sources du programme... »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 160.

Après tout le temps qu’on a passé à désactiver les tours sur les quatre territoires de Lyoko, j’ai du mal à croire qu’on vient seulement de découvrir l’existence d’un cinquième territoire.

La fiche descriptive de ce lieu semble incomplète, mais on sait au moins comment s’y rendre, quels monstres on risque d’y rencontrer, et surtout : on connaît l’emplacement d’un terminal d’accès aux archives.

C’est très certainement là-bas que nous trouverons les codes sources du programme de Retour vers le passé, et c’est pourquoi nous comptons y faire un tour dès demain. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 161.

Cette excursion sur le Cinquième Territoire fut un désastre.

Nous n’étions pas assez préparés, la découverte de l’existence du terminal nous a rendus trop impatients.

Nous avons parcouru le premier couloir sans problèmes, mais Xana a lancé une attaque contre l’usine.

Il fallait donc faire demi-tour pour aller désactiver la tour, et c’est à ce moment-là que les murs se sont refermés.

Nous avons fini par trouver un autre chemin pour retourner à l’entrée du Cinquième Territoire, mais Taelia y est restée...

Par chance, avant de disparaître, Taelia a essayé de transmettre son pouvoir spécial à Milly, et à force de persévérance, Milly a finalement réussi à entrer le code Lyoko en prenant l’apparence de Taelia qu’elle semble désormais pouvoir reproduire à la perfection.

Mais sur Terre, Xana a réussi à détruire une des tourelles de défense de l’usine car nous avons perdu beaucoup de temps sur le Cinquième Territoire avant d’aller désactiver la tour.

Au bout du compte, nous avons surtout perdu une amie... »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 207.

J’ai étudié les scripts partiels du programme de Retour vers le passé.

Apparemment, il permettait de faire reculer le temps, mais seulement de quelques heures, quelques jours tout au plus.

Pour nous, c’est donc inutile.

Il faudrait faire reculer le temps de plusieurs mois pour empêcher Xana de s’échapper de Lyoko, mais même avec les codes sources, nous n’aurions pas assez d’énergie pour accomplir un tel exploit.

Et le pire dans tout ça, c’est que d’après les notes laissées par Jérémie, le « Retour vers le passé » ne permettrait pas de ramener à la vie les personnes décédées entre-temps.

Mais je trouverai une solution.

Enfin j’espère... sinon, ça voudrait dire qu’on est condamnés depuis le début...

Non ! Je vais trouver une solution !

Il reste forcément un espoir, et je le trouverai. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 251.

Aujourd’hui, nous avons fêté une sorte d’anniversaire.

En effet, ça fait déjà un mois que Milly et Hiroki dorment ensemble.

J’aurais bien dit « sortent ensemble », mais on ne peut pas vraiment sortir de l’usine.

C’est dommage qu’il faille attendre de se trouver dans une situation aussi critique que la nôtre pour oser déclarer ses sentiments.

D’ailleurs, Johnny et Tamiya ne l’ont toujours pas fait, et j’avoue que leur timidité réciproque est amusante à observer.

Nicolas, lui, souffre toujours depuis la disparition de Taelia.

J’imagine aisément les remords qui le tourmentent de ne pas avoir osé parler à Taelia quand elle était encore parmi nous.

Moi-même, j’étais secrètement intéressé par une fille de ma classe, et j’avais fini par oser lui demander de m’accompagner à la fête de fin d’année...

Malheureusement, Xana a choisi ce jour pour envahir la Terre...

J’aurais aimé qu’elle fasse partie de notre groupe de survivants, mais notre ennemi ne lui a même pas laissé cette chance...

Et si je m’accroche quoi qu’il arrive, c’est en grande partie grâce à elle...

Au fond de moi, j’espère encore la revoir un jour...

Ou au moins...

...me venger de celui à cause de qui ne je la reverrai plus jamais... »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 295.

Je suis un génie.

J’ai modifié les anciens scripts du programme de Retour vers le passé, et je crois avoir obtenu un programme beaucoup plus intéressant pour nous, que j’ai appelé : « Voyage vers le passé ».

En théorie, il ne servirait plus à faire reculer le temps, mais à envoyer une personne dans le passé, ce qui nécessiterait beaucoup moins d’énergie, et ça permettrait aussi contourner le problème de résurrection des morts.

Ceci dit, il nous faut toujours les codes sources du programme d’origine. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 323.

Je me suis aperçu que le programme de « Voyage vers le passé » que j’ai mis au point ne garantit pas la conservation de l’ensemble des structures moléculaires.

En d’autres termes, si on envoie une personne dans le passé à l’aide de ce programme, elle se désintégrera après quelques secondes.

J’ai donc fabriqué une boite spéciale dont le contenu devrait tenir plus longtemps avant de se désintégrer.

Juste assez de place pour un CD ou un DVD. »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 329.

Aujourd’hui, nous avons mis trop de temps à désactiver la tour de Lyoko, ce qui a permis à Xana de détruire la dernière tourelle de défense de l’usine.

Seuls le bouclier électromagnétique et les tourelles secondaires nous protègent à présent, mais plus pour très longtemps...

...

Quand je dors, il m’arrive parfois de revoir ce jour où tout a basculé...

Des créatures cauchemardesques se matérialisaient par dizaines, détruisant tout sur leur passage...

Les gens hurlaient et couraient partout...

En voyant cette usine épargnée par les dégâts, nous avons décidé de nous y réfugier...

Nous étions huit... enfin... sept à avoir franchi le pont avec succès...

Aujourd’hui, nous ne sommes plus que six...

Et nous allons probablement mourir ici...

J’espérais ne pas pleurer devant ma caméra, mais il y a des soirs où sincèrement, c’est difficile... »





« Journal vidéo de Hervé Pichon, jour 333.

Cela fait maintenant un an que nous luttons contre Xana, et cette vidéo sera sûrement la dernière.

D’après les écrans radar, Xana s’apprête à lancer une attaque massive contre l’usine, et les défenses restantes ne tiendront pas.

Nous partons donc à l’assaut du Cinquième Territoire pour récupérer les codes sources du programme de Retour vers le passé.

– À qui tu parles ? demande Hiroki en arrière-plan.

– Personne, répond Hervé. Descendez aux scanners, vous plongez immédiatement.


Hervé s’apprête à éteindre sa caméra, et déclare finalement :

– Jérémie, si tu vois cette vidéo, ça veut dire qu’on a réussi. Et maintenant que tu sais ce qui va se passer, tu dois empêcher que ça arrive. Tu dois empêcher Xana d’anéantir l’humanité. »







Scène coupée : Je vengerai Aelita



Abasourdi par la vidéo qu’il vient de regarder sur l’ordinateur de sa chambre, Jérémie tente de remettre en ordre dans sa tête toutes les révélations qu’elle contient, à commencer par la plus terrible : Xana va piéger les Lyoko-guerriers pour les éliminer avant d’envahir la Terre...

Après leur disparition, un groupe de survivants va se réfugier dans l’usine pour continuer de combattre Xana en désactivant les tours sur Lyoko.

Leur survie est vouée à l’échec, mais à la tête de cette nouvelle équipe, Hervé-futur va trouver un moyen d’envoyer un message dans le passé pour avertir l’ancienne équipe de la menace qui plane sur eux, dans l’espoir d’empêcher l’invasion des monstres de Xana, afin que ce futur apocalyptique ne se réalise pas.


Toutes ces informations soulèvent rapidement de nombreuses questions dans l’esprit de Jérémie :

« Comment Hervé est-il parvenu à modifier le Retour vers le passé pour obtenir un nouveau programme lui permettant d’envoyer un message plus d’une année en arrière ? Le temps qui semblait immuable serait-il plus facile à manipuler qu’on pourrait le croire ?
Le "Retour vers le passé" créé par Franz Hopper permettait déjà le faire reculer de quelques heures... Le "Voyage vers le passé" qu’Hervé-futur a obtenu en modifiant le premier programme l’a rendu capable d’envoyer un élément de son présent vers une époque antérieure... Et d’après Odd, il y aurait aussi la "Sauvegarde du monde" détenue par Xilune pour annuler ou modifier légèrement certains événements récents...
À quel point la courbe du temps a-t-elle été altérée pour que la réalité actuelle se produise ? »


Cette question vertigineuse restera sans réponse, mais Jérémie réfléchit déjà à la suivante :

« Comment se fait-il que Taelia puisse désactiver les tours comme le fait Aelita ? Lorsque j’avais analysé l’ADN de quelques élèves afin d’en trouver un ou une qui possède le pouvoir de guérison, j’avais certes remarqué les pouvoirs qu’Aelita et Taelia avaient en commun, mais pas les clés de Lyoko car Aelita est la seule à en être dotée... enfin, la seule à part Franz Hopper... alors si Taelia en possède elle aussi, bien qu’elles n’apparaissent pas sur mes analyses préliminaires, ça voudrait dire qu’elle fait partie de leur famille ?... C’est vrai qu’elle ressemble à Aelita au point qu’on a d’abord cru que c’était une seule et même personne, mais Aelita et son père sont restés sur Lyoko pendant une décennie, alors comment leur famille pourrait-elle compter une autre fille aussi jeune ? »


Jérémie songe à lancer une recherche approfondie sur Taelia pour savoir quel lien existe réellement entre Aelita et elle, mais une autre question lui vient à l’esprit :

« Comment Xana a-t-il pu envahir la Terre aussi facilement ? Selon le récit d’Hervé-futur, tout s’est passé très vite, en quelques heures à peine... Même en générant des dizaines de milliers de monstres, et même en utilisant ses ressources cachées à travers le monde, il parait impossible que Xana ait mis l’humanité à genoux en si peu de temps... Les armées des différentes nations sont suffisamment réparties et préparées à des attaques surprises, certaines d’entre elles auraient dû résister à l’invasion... À moins que Xana ait lancé une annihilation totale... »


Le jeune informaticien frémit en imaginant cette possibilité. Il avait toujours eu l’impression de combattre un adversaire intelligent, un minimum sensé, et de son point de vue, Xana cherchait à dominer le monde, à imposer sa supériorité aux humains en ne s’acharnant véritablement à éliminer que ceux qui s’opposent à ses plans, les autres victimes éventuelles n’étant que des dommages collatéraux, mais... Mais si toute cette impression n’était qu’une illusion, ça voudrait dire que Xana serait en fait complètement incontrôlable, prêt à exterminer l’humanité tout entière, et Jérémie risquerait de payer très cher son erreur de jugement...

Il décide de prévenir Aelita pour lui montrer la vidéo et l’appelle donc sur son téléphone.

Avant qu’elle réponde, l’adolescent jette un coup d’œil à son écran, et s’aperçoit que la vidéo s’est refermée.

L’icône du DVD n’apparaît plus dans son ordinateur, alors il ouvre le lecteur de disques, puis Aelita finit par décrocher son téléphone :

– Oui Jérémie ?

– Aelita, il faudrait que tu me rejoignes dans...


Le jeune garçon s’interrompt en constatant avec stupéfaction que dans sa main, le DVD est en train de s’évaporer. Sur son bureau, la boîte spéciale dans laquelle il avait trouvé le disque se désintègre à son tour.

– Je te rejoins où ? demande Aelita toujours au bout du fil.

– Euh... Non en fait laisse tomber, lui répond Jérémie désemparé en voyant ses reliques du futur partir en fumée.

– Tu es sûr que tout va bien ? insiste son amoureuse. Si tu me dis où tu es, je peux venir tout de suite.

– Je vais bien ne t’inquiète pas, la rassure-t-il. Je te rappelle plus tard.


Il raccroche précipitamment et tente de sauver un minuscule fragment de la boîte spéciale, mais celui-ci se désagrège entre ses doigts. Hervé-futur avait vu juste : le Voyage vers le passé ne garantit pas la conservation des structures moléculaires.

Sans le DVD et sa boite, Jérémie va devoir trouver un moyen de vérifier que tout ce qu’il a entendu dans la vidéo est réel.

Une nouvelle question le fait réfléchir :

« Comment les Lyoko-guerriers du futur ont-ils pu survivre une année entière tout en restant enfermés dans l’usine ? Hervé-futur a parlé d’un compartiment de survie semblable à un abri antiatomique, avec des réserves d’eau et de nourriture... Si cet endroit existe, je dois pouvoir le trouver. Et si je le trouve, alors j’aurai la preuve que nous sommes en danger. »


Rempli d’inquiétude mais déterminé, le lycéen quitte sa chambre et se met en route pour l’usine.





En sortant du dortoir, il aperçoit Hervé et Nicolas qui traversent la cour.

Jérémie hésite, puis se décide à les rejoindre avant d’interpeller le « numéro deux » de la classe :

– Hervé ? Je peux te parler une seconde ?

– Qu’est-ce que tu me veux ? répond celui-ci d’un air méfiant.


Le blondinet fixe son rival pour guetter sa réaction :

– Si je te dis « Xana », ça t’évoque quelque chose ?


Hervé fronce les sourcils :

– Non pourquoi ? Ça devrait ?


Jérémie s’attendait à cette réponse, mais il est tout de même un peu déçu :

– Tant pis. À plus tard.


Pendant que son étrange interlocuteur s’éloigne, Hervé se tourne vers Nicolas :

– T’as compris quelque chose à son charabia, toi ?

– Je sais pas... Je crois qu’il parlait d’un méchant dans un film...

– Ah oui, maintenant que tu le dis... D’ailleurs c’était pas plutôt dans un jeu vidéo ?





* * *





Après s’être aventuré un peu partout dans l’usine à la recherche d’un passage secret, Jérémie remarque que les conduits de cheminée les plus massifs n’ont aucune ouverture à leur base, comme s’ils partaient du sol pour arriver directement au toit de l’usine.

« L’une de ces cheminées sert peut-être d’accès à l’abri antiatomique qui serait sous terre, probablement à la même profondeur que le laboratoire... »


Il descend donc au laboratoire et examine les murs en les frappant avec ses phalanges pour tenter de détecter un éventuel écho. Aucune réverbération ne se fait entendre, mais en observant attentivement une des plaques murales, le jeune surdoué est persuadé qu’il est possible de la déplacer. Il tâtonne le contour de la plaque du bout des doigts, puis il tente de la pousser dans différentes directions, mais rien n’y fait.

« Une porte aussi bien camouflée ne doit pas pouvoir s’ouvrir manuellement depuis l’extérieur. Mais si personne n’est à l’intérieur, il doit y avoir une télécommande, ou alors... »


Jérémie s’assoit au poste de commande et se met à parcourir la base de données de l’ordinateur. Franz Hopper a bien profité du Retour vers le passé, son œuvre semble infinie. Le jeune prodige affine sa recherche en limitant ses résultats aux fichiers qui concernent exclusivement les installations ajoutées dans l’usine par le père d’Aelita. Bientôt, au-delà du réseau de vidéo-surveillance et du système de gestion du supercalculateur et des scanners, Jérémie repère un dossier transparent appelé « Survie », protégé par un mot de passe.

– Je n’ai pas le temps de réviser les guerres puniques, marmonne l’adolescent en lançant un programme qu’il a lui-même conçu pour franchir ce genre d’obstacles.


Il jette un coup d’œil à la fenêtre de décryptage en s’attendant à y lire le nom d’un souverain ou d’une cité antique, mais cette fois-ci, le mot de passe était simplement : « S0RRY ».

En accédant aux données contenues dans le dossier, Jérémie comprend qu’à travers ce mot de passe « désolé », Franz Hopper s’excuse pour la catastrophe qui est arrivée, parce qu’il savait qu’elle risquait d’arriver.

Parmi les fichiers auxquels il a désormais accès, le jeune garçon découvre des plans additionnels de l’usine, faisant apparaître un second secteur secret mitoyen de celui qu’il fréquente depuis tant d’années. Tout y est : l’ouverture programmée de la porte camouflée dans le mur du laboratoire, l’abri antiatomique contenant une dizaine de lits superposés, des couvertures, une réserve de quatre-cents mètres cubes d’eau potable, un énorme stock de boites de conserve, des piles électriques, des médicaments, des sacs en plastique, des livres, des jeux de société, ...

Une autre indication sur le plan retient l’attention de Jérémie : l’emplacement des tourelles de défense dont parlait Hervé-futur. Celles-ci sont en fait cachées dans les larges conduits de cheminée et montées sur des élévateurs leur permettant d’émerger du toit de l’usine. En analysant les programmes d’activation des tourelles, le génie à lunettes réalise que Franz Hopper a mis en place toute une procédure d’urgence automatisée pour qu’en cas d’invasion massive de créatures virtuelles dans le monde réel, les tourelles se mettent à défendre l’usine, et la porte de l’abri antiatomique se déverrouille pour permettre à des humains de s’y réfugier durablement.

Jérémie hésite à approfondir son investigation pour trouver comment activer les tourelles secondaires et le bouclier électromagnétique autour de l’usine, mais il sait que tout ça ne serait qu’une perte de temps, car en découvrant le contenu du dossier Survie, l’adolescent a obtenu la preuve que le danger dont l’a averti Hervé-futur est bien réel : Xana va bientôt les piéger, les supprimer, et envahir la Terre. Les défenses secrètes de l’usine n’ont pas d’importance, tout ce qui compte désormais, c’est d’empêcher la victoire de Xana. Mais comment changer un futur déjà écrit ?

« Il suffit peut-être que je fasse quelque chose que je n’aurais jamais fait en temps normal ?... Voyons voir... Qu’est-ce que je pourrais faire pour surprendre Xana ? »


Jérémie regarde autour de lui :

« Le piège à fauves... Mon pistolet à impulsions... Le manuel d’utilisation du supercalculateur... La boite contenant les Lyoko-Morphers... »


Ce dernier objet lui donne une idée. Il se lève de son siège pour aller chercher le coffret et l’ouvre afin d’y prendre l’un des nombreux Lyoko-Morphers qu’il a fabriqués avec l’aide d’Aelita.

L’informaticien enfile le bracelet à son poignet, puis il saisit une Lyoko-clé et tente de se souvenir des mouvements d’Odd.

Mais subitement son corps se crispe et se met à trembler, tandis que les battements de son cœur se rapprochent. Même s’il s’efforce de ne pas y penser, Jérémie doit se rendre à l’évidence : il a toujours peur d’aller sur Lyoko.

« C’est complètement idiot... Après toutes ces années... En plus, je ne vais même pas me virtualiser, je vais juste activer mes pouvoirs sur Terre pour voir... »


Le jeune garçon inspire profondément, puis il exécute rigoureusement les gestes nécessaires pour actionner son Lyoko-Morpher. Dans un éclair d’énergie aveuglante, le corps de Jérémie est recouvert par sa nouvelle tenue de Lyoko-guerrier. En effet, trouvant sa tenue d’origine trop ridicule, le cerveau de la bande s’était secrètement programmé un nouvel uniforme virtuel en même temps qu’il avait actualisé celles de ses amis, et l’informaticien arbore à présent une combinaison blanche ornée d’éléments orangés qui émettent des pulsations énergétiques, avec des cercles lumineux sur les paumes de ses mains et une visière protectrice qui remplace ses lunettes en affichant des informations utiles comme son nombre de Points de Vie.

Se sentant rempli d’énergie, Jérémie se surprend à vouloir tester ses pouvoirs au plus vite. Il en est sûr : il peut faire la différence ! Xana ne s’attendra pas à le voir combattre sur Lyoko ! À moins que...

Un détail troublant lui revient soudain en mémoire : dans la vidéo d’Hervé-Futur, celui-ci raconte que les huit précédents Lyoko-Guerriers sont tous morts : Ulrich, Yumi, Odd, Aelita, William, Naxxya, Sissi, ...et Jérémie lui-même. S’ils sont morts durant une mission, cela signifie que l’opérateur était sur Lyoko comme le reste de ses camarades, sinon il aurait survécu dans l’usine...

L’euphorie de Jérémie se change en désespoir : même en affrontant sa peur d’aller sur Lyoko, il ne permettra pas d’empêcher la victoire de Xana.

Une terrible idée lui vient alors à l’esprit, une hypothèse dont il n’est même pas certain, une possibilité qu’il garde en lui depuis longtemps mais qu’il a toujours pu éviter jusqu’à présent :

« Finalement, la seule chose que je ne ferais jamais, que j’ai d’ailleurs toujours refusé de faire, mais qui pourrait peut-être annuler l’invasion de Xana, ce serait... sacrifier Aelita... »


Cette pensée effroyable lui glace le sang un bref instant, puis la colère reprend le dessus :

– Non ! Jamais !! Je ferai tout pour empêcher qu’on en arrive à ça !!! Je vais reconstruire un casque neuronal ! Je vais m’entraîner en secret dans le monde réel pour maîtriser mes pouvoirs ! Xana ne saura rien de mes capacités ! Et lorsque l’heure sera venue, ...


https://i.imgur.com/qo2sXmJ.jpg


Jérémie serre les poings, faisant jaillir des éclairs de foudre blanche tout autour de son corps tremblant de fureur...

Sa haine envers Xana n’avait jamais été aussi intense, son désir d’anéantir leur ennemi le submerge, mais des conclusions contradictoires se bousculent dans sa tête...

Il voudrait à tout prix sauver Aelita, mais il sait que s’il s’obstine à faire passer le sort de sa princesse avant celui du monde, tout sera perdu...

Soit il lui faudra la sacrifier quand il le pourra encore, soit ils y resteront tous...

Tout semble le forcer à admettre que l’inimaginable va se produire...

Jérémie sait qu’il ne pourra probablement rien faire pour sauver celle qu’il aime, mais trouvera-t-il la force de se résoudre à la sacrifier avant qu’il ne soit trop tard ?...

Des larmes de rage coulent sur ses joues :

– ...Et lorsque l’heure sera venue, je vengerai Aelita...


Dernière édition par Nelbsia le Dim 11 Déc 2022 03:50; édité 5 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:48   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #103 : Pom-pom girl power - Partie 1/2

https://i.imgur.com/JGyxghX.jpg


Partie 1/2 : À cause de nous



Encore une matinée plutôt tranquille au collège-lycée Kadic. Pourtant, dans cet établissement étonnamment calme, un homme mobilise toute sa détermination et toute sa dextérité pour réussir là où il a toujours échoué jusqu’à aujourd’hui.

Jean-Pierre Delmas, proviseur de Kadic, vient en effet de terminer le mode de difficulté intermédiaire du jeu « Penguin Taktik II » :

– Voila une matinée bien remplie, déclare-t-il tandis que se plissent dans un sourire de fierté les coins de sa moustache.


C’est alors que sa fille, Elisabeth Delmas, fait irruption dans son bureau :

– Salut Papa ! Tu te souviens que c’est bientôt le concours inter-lycées de pom-pom girls ?

– Comment pourrais-je l’oublier, ça fait des semaines que tu ne me parles que de ce concours...

– Je me disais que ce serait bien si tu pouvais faire venir les Subdigitals pour s’occuper de l’animation musicale de l’événement !

– Encore les Subdigitals ? Je sais bien que leur musique plaît beaucoup aux élèves de ton âge, mais c’est déjà la troisième fois qu’on les reçoit cette année...

– Allez Papa, s’il te plaît ! Tu sais à quel point ce concours compte pour moi !

– Bon, c’est d’accord mais à condition que...

– Merci Papa ! T’es le meilleur papa du monde ! s’exclame Sissi en le serrant dans ses bras avant de se diriger vers la porte.

– Au fait, Madame Hertz m’a dit que tu...


Mais il s’interrompt en constatant que son interlocutrice est repartie aussi vite qu’elle était entrée, puis il soupire :

– Un jour, il faudra vraiment que j’apprenne à dire non à ma fille...





* * *





Quatorze heures. Les cours reprennent. En ouvrant sa trousse, Yumi y découvre un petit morceau de papier enroulé comme un parchemin miniature.

– Qu’est-ce que c’est ? demande William.


La Japonaise déroule le papier et lit le message calligraphié qui y est inscrit : « Rendez-vous au gymnase ce soir après les cours. »

– Certainement un message d’Ulrich, conclut-elle en esquissant un sourire.

– Je ne pense pas, répond Naxxya en leur montrant un billet similaire qu’elle vient de trouver dans sa propre trousse.

– Ça ressemble fortement à une blague d’Odd, déclare William.


Yumi observe les autres élèves de sa classe et voit Caroline Savorani qui découvre à son tour le même message dans sa trousse.

– Si c’est Odd qui est derrière tout ça, il n’a pas fait les choses à moitié... conclut la Japonaise.




À la fin des cours, Yumi et Naxxya se dirigent vers Caroline :

– Dis, tu n’aurais pas trouvé un petit message dans ta trousse par hasard ?

– Si, pourquoi ?


Les deux Lyoko-guerrières montrent les leurs, et la Japonaise poursuit :

– On a reçu le même, et on pense qu’il s’agit d’un coup monté par Odd. Nous comptons donc aller à ce rendez-vous pour tirer ça au clair et lui passer l’envie de recommencer. Ça te dirait de venir avec nous ?


Caroline acquiesce en souriant :

– Avec plaisir.



En entrant dans le gymnase, les trois élèves de première rencontrent Aelita :

– Qu’est-ce que tu fais là ? l’interroge Yumi.


La jeune fille aux cheveux roses sourit timidement en serrant quelque chose dans sa main.

– J’attends Jérémie.


La Japonaise tend son message :

– Tu risques d’être déçue.


Naxxya et Caroline montrent les leurs à leur tour, et Aelita écarquille les yeux :

– Mais ?? Qui est-ce qui...?

– À ton avis, répond Yumi, qui pourrait bien donner rendez-vous à quatre filles en même temps ?


Aelita finit par comprendre et serre les dents :

– Odd...

– Je crois même que nous serons six, ajoute Caroline en voyant Heidi et Taelia qui entrent dans le gymnase, avec chacune un morceau de papier identique à la main.


Sissi apparaît enfin :

– Bien ! Maintenant que nous sommes au complet, il est temps pour moi de vous expliquer pourquoi je vous ai réunies !

– Sissi ? Tu veux dire que c’est toi qui as écrit ces messages ? demande Yumi perplexe.

– Félicitations mesdemoiselles ! confirme la fille du proviseur. Vous avez été choisies pour représenter Kadic lors du concours inter-lycées de pom-pom girls !

– Le concours de quoi ?? demandent simultanément Aelita et Taelia.

– C’est cette année ? réalise Caroline.

– Pourquoi nous ? s’inquiète Heidi tandis que Naxxya adresse un regard d’incompréhension à Yumi qui n’en sait pas davantage.


Sissi rassure ses invitées :

– Je me doute bien que vous vous posez mille questions, mais ne vous en faites pas, j’ai tout préparé dans les moindres détails pour que notre équipe et notre présentation soient parfaites ! Chacune d’entre vous dispose d’une bonne condition physique, d’une bonne mémoire pour retenir une chorégraphie de plusieurs minutes, et bien sûr, d’une silhouette avantageuse ! Afin de dissiper votre éventuel scepticisme, je précise que selon le règlement scolaire, la participation à la compétition augmentera votre moyenne trimestrielle d’EPS, et en cas de victoire, une mention figurera dans votre dossier ! Ainsi, chacune y trouve son intérêt, pas seulement celles d’entre nous qui ont ça dans le sang...


Les six filles convoquées se mettent à réfléchir.

Toujours partante pour de nouvelles expériences, Aelita se lance la première :

– Ça a l’air amusant !

– On peut déjà voir la chorégraphie ? demande Heidi, assez enthousiaste elle aussi.

– J’attendais que vous me le demandiez, répond Sissi satisfaite en sortant un tableau à feuilles mobiles.


Elle commence donc à leur présenter étape par étape la chorégraphie qu’elle a minutieusement élaborée. Les autres l’écoutent attentivement, posent quelques questions mais sont surtout fascinées par les plans et les explications de la jeune fille qui les a réunies. Même Yumi est impressionnée par la précision avec laquelle Sissi a explicité les mouvements : chaque pas est bien pensé, chaque enchaînement est harmonieux, chaque figure vise un critère de difficulté différent.

L’oratrice insiste sur l’importance du rôle de chacune des filles, aussi bien dans les diverses figures que dans la composition globale de l’équipe :

– Vous noterez les déplacements symétriques de Taelia et Aelita, qui devront passer pour des sœurs jumelles aux yeux du jury ! Heidi, tu seras le plus souvent « voltigeuse » car tu es légère, et première ligne car étant la seule blonde du groupe, ta chevelure doit ressortir ! Passons maintenant à la pyramide finale...


Sissi tourne la dernière feuille du tableau, et son audience est surprise en découvrant le schéma représentant les sept silhouettes réparties en quatre rangs superposés :

– Une pyramide à quatre étages ? s’inquiète Yumi.

– Je sais que cette figure peut vous paraitre difficile voire dangereuse, reconnaît l’organisatrice, mais elle sera indéniablement la clé de notre succès.

– Tu es sûre qu’elle est réalisable ? demande Taelia.

– Oui, mais j’espère vraiment que les autres équipes penseront le contraire, répond Sissi avec assurance.


Caroline analyse le schéma :

– Trois filles en bas, puis deux filles, puis une fille, et encore une tout en haut... J’ai un doute concernant la répartition du poids.

– Ne vous en faites pas, les rassure Sissi, c’est moi qui monterai tout en haut. Je ne compte pas faire prendre à une autre que moi-même le risque de faire une chute de 4 mètres 50. En ce qui concerne la répartition du poids dans cette pyramide, d’après mes calculs, vous devrez chacune porter l’équivalent du poids d’une fille sur vos épaules, à l’exception de la « porteuse centrale » qui devra porter le poids de deux filles.


Heidi ouvre des yeux ronds :

– Porter deux filles !? Mais qui va pouvoir...?


Elle comprend alors que « la porteuse centrale » désigne en fait Naxxya qui, restée silencieuse jusqu’à présent mais sentant les regards se tourner vers elle, finit par déclarer :

– Je sais pas si c’est une bonne idée, peut-être que vous devriez trouv...

– Ouh là ! Il est tard ! l’interrompt volontairement Sissi en regardant l’horloge du gymnase. Je ne vais pas vous retenir plus longtemps ; je vous laisse jusqu’à demain pour me donner votre réponse ! Profitez bien de la nuit pour réfléchir, on dit qu’elle porte conseil.




Elles repartent donc, la tête pleine de schémas et d’explications. Pendant que Taelia et Heidi retournent à leur chambre, Aelita et Naxxya raccompagnent Yumi et Caroline à l’entrée de Kadic.

– Alors, vous en pensez quoi ? interroge Aelita. Moi ça me semble être une bonne idée de participer à cette compétition, mais il faut qu’on soit toutes d’accord pour le faire !

– Sissi semble avoir bien préparé son projet, répond Caroline. Je pense que je vais accepter.

– Techniquement, c’est vrai que ça donne envie, confirme Yumi. Mais personnellement, je ne me vois pas trop faire une chorégraphie en tenue légère devant un public et un jury.

– Et toi Naxxya, tu en penses quoi ? demande Caroline.

– Euh... Pareil que Yumi, répond la géante pour ne pas donner son véritable avis.


Aelita tente de les motiver :

– Allez, ne soyez pas si coincées ! Pour une fois, vous pouvez bien porter une tenue vraiment féminine, ça ne va pas vous tuer !

– Et vous rendrez un grand service à Sissi, ajoute Caroline.


Yumi finit par se rendre :

– Bon, bon, c’est d’accord, mais pas un mot aux garçons pour le moment. J’ai pas envie qu’ils viennent nous espionner quand on travaillera la chorégraphie.

– Tu dis ça mais je suis sûre qu’en réalité tu as hâte d’en mettre plein la vue à Ulrich ! s’amuse Aelita.


Yumi lui sourit :

– Dois-je en déduire que si toi tu veux le faire, c’est pour que Jérémie se décroche la mâchoire ?


Aelita rougit :

– Crois ce que tu veux, l’important c’est que maintenant on est toutes d’accord pour participer !

– Heu... intervient Naxxya qui cherche encore à se dérober. J’ai pas dit que j’étais d’accord...


Sa colocataire l’attrape par le petit doigt et la menace :

– Tu as le choix : soit tu es d’accord tout de suite, soit tu seras d’accord sous la torture !

– Non, sérieusement, poursuit la géante en peinant à se libérer des griffes d’Aelita. Je casse un peu votre délire, mais les pyramides et tout ça, je le sens pas.

– Effectivement, tu casses notre délire... reprend la jeune fille aux cheveux roses en croisant les bras d’un air contrarié. On va devoir te torturer.

– Qu’est-ce que tu « ne sens pas » concrètement ? questionne Caroline. Tu ne penses pas pouvoir porter deux filles sur tes épaules comme Sissi l’attend de toi ?

– Porter une lourde charge n’est pas un problème, répond la grande lycéenne en soulevant brièvement Aelita d’une seule main. Mais devoir maintenir des personnes en équilibre à plusieurs mètres de hauteur, c’est super dangereux... Si je fais un faux pas et qu’elles tombent, je ne pourrai pas les rattraper toutes à la fois...

– Pourtant on est habituées à prendre ce genre de risque... rétorque Yumi en faisant allusion à leurs missions sur Lyoko.

– Allez Naxxya ! insiste Aelita. Tu ne vas pas laisser Yumi toute seule à être mal à l’aise dans son uniforme !


La géante secoue la tête, le regard fuyant :

– Désolée mais pour cette fois je passe mon tour.


Yumi commence à suspecter Naxxya d’avoir déjà connu par le passé une expérience similaire qui se serait mal terminée, tandis que Caroline émet une hypothèse :

– Je peux peut-être te montrer quelque chose qui te fera changer d’avis. Suivez-moi.



Les quatre élèves arrivent dans le hall d’entrée de Kadic et se dirigent vers l’étagère où sont exposés les trophées remportés par l’établissement au cours des différentes compétitions auxquelles l’école a participé depuis sa construction un siècle plus tôt.

– Alors ? Qu’est-ce que tu voulais nous montrer ? demande Aelita en admirant les nombreuses récompenses exposées devant elle.


Caroline désigne du doigt un coin de l’étagère :

– Cette photo accrochée au mur, derrière la médaille de bronze, là.

– C’est une ancienne équipe de pom-pom girls de Kadic ? interroge Naxxya.

– Exactement, explique Caroline, ce sont les Étoiles de Kadic. Cette année-là, elles ont fini troisièmes de la compétition, ce qui constituait un véritable exploit pour un lycée mixte comme le nôtre face à des établissements réservés aux filles.

– Leurs uniformes étaient magnifiques ! observe Aelita. J’espère qu’on aura les mêmes !


Yumi examine la photo :

– Je crois que je commence à comprendre ce que Sissi voulait dire par « celles d’entre nous qui ont ça dans le sang ».

– Bien vu, confirme Caroline en hochant la tête.

– Qu’est-ce qu’il faut voir ? demande Naxxya intriguée.

– La deuxième fille en partant de la gauche, c’est ma mère, répond Caroline. Et la voltigeuse au milieu, c’est la mère de Sissi. Maintenant vous comprenez pourquoi cette compétition compte autant pour elle... Bon, il faut que j’y aille. À demain.

– À demain, la salue Yumi en lui faisant un signe de la main.


Tandis que leur camarade aux cheveux châtains s’éloigne, les trois Lyoko-guerrières restent perplexes devant la photo, puis Aelita demande à voix basse :

– Qu’est-ce qu’elle est devenue, la maman de Sissi ?

– Elle n’est plus de ce monde... murmure Yumi.


Naxxya finit par se rendre :

– C’est d’accord, je vais le faire...





* * *





Depuis quelques jours, les Lyoko-guerriers voient de moins en moins les Lyoko-guerrières, et ils commencent à s’inquiéter à l’heure du déjeuner :

– Les filles sont encore en retard ? constate Ulrich en posant son plateau.

– On dirait, oui, confirme Jérémie.

– Et Odd, il fait officiellement partie des filles maintenant ? demande William.

– Non, lui il est juste en train de négocier de la nourriture, explique le samouraï en s’asseyant.




– Voyons, Rosa ! s’exclame le félin qui fait une scène devant les cuisines. Je suis votre plus fidèle client ! Que dis-je ? Votre plus grand fan culinaire depuis des années ! J’ai savouré le moindre de vos plats jusqu’à la dernière goutte de sauce, et aujourd’hui vous me refusez une ration supplémentaire de votre succulent hachis parmentier !? Vous me fendez le cœur et l’estomac !

– Hé oui, répond Rosa désolée, moi aussi ça me fait de la peine de te voir partir toujours affamé mon petit Odd, mais les consignes sont les consignes. Enfin rassure-toi, je ne dirai rien pour le deuxième yaourt que tu caches dans ta manche.


La mort dans l’âme, le jeune glouton quitte les cuisines pour aller s’asseoir avec ses amis.

– Ben dis donc, t’en fais une tête ! observe Jérémie habitué à voir son camarade beaucoup plus joyeux lorsqu’il y a de la nourriture. Les négociations se sont mal passées ?


Odd décrit le contenu de son plateau :

– Une minuscule salade de tomates, deux tout petits yaourts, et une seule ration de hachis parmentier ! Si Naxxya ne vient pas à mon secours pour me donner sa part, je vais certainement faire un malaise dans le courant de l’après-midi...

– C’est justement ce qu’on se demandait, reprend Ulrich. Où sont les filles ? Pourquoi on ne les voit presque plus ?

– Ah oui, tiens, je me suis posé la même question ! poursuit le félin. Avant, il suffisait que je claque des doigts pour qu’elles...

– Attention les voila ! le coupe William.


Aelita, Naxxya, Sissi et Yumi posent leurs plateaux.

– Ah ben c’est pas trop tôt ! s’exclame Ulrich. On peut savoir où vous étiez ?


Yumi l’embrasse :

– On révisait.

– Tout à fait, confirme Sissi.


Le grand ténébreux fronce les sourcils :

– Vous révisiez quoi ?

– Le bac de français, répond la Japonaise.

– Vraiment ? s’étonne Jérémie. C’est vrai que Naxxya et toi vous passez le bac de français à la fin de l’année, mais Sissi et Aelita ?

– On prend de l’avance dans nos révisions, lui répond son amoureuse avec un sourire mystérieux.

– Tout le monde sait que les filles sont généralement plus studieuses que les garçons, commente Sissi avec un air de satisfaction.

– Mouais, termine William qui ne cherchera pas à contredire ce point.


En voulant saisir sa fourchette, Naxxya attrape involontairement la main d’Odd qui tentait de lui dérober de la nourriture.

Ils se regardent et commencent à rougir :

– Mais qu’est-ce que tu fabriques ? lui demande la géante qui ne comprend pas pourquoi le félin a mis sa main dans la sienne.

– Euh... C’est-à-dire que... balbutie le voleur maladroit. En fait je voulais te débarrasser de cet énorme yaourt à la cerise qui encombre ton plateau... je peux ?

– Il suffit de me demander, répond Naxxya. Prends-le, de toute façon je n’aime pas la cerise.

– Merci !! s’exclame Odd. ...Par contre, tu peux me rendre ma main s’il te plaît ?


Naxxya s’aperçoit qu’elle avait gardé la main du félin et s’empresse donc de la lâcher, provoquant l’hilarité de leurs camarades autour d’eux, hormis William que ces moments gênants insupportent :

– Pourquoi tu prends un yaourt à la cerise si tu n’aimes pas la cerise ? interroge-t-il la géante sur un ton exaspéré.

– J’étais pressée, j’ai pas fait attention, réplique Naxxya pour ne pas dire qu’en réalité elle ne se soucie guère du parfum du yaourt qu’elle prend car elle sait qu’Odd les aime tous.




Le repas se poursuit, jusqu’à ce que Sissi se lève de table :

– Bon, il faut qu’on retourne travailler.

– Déjà ? s’étonne Ulrich. Mais vous êtes arrivées il y a à peine quinze minutes...

– Il faut vraiment qu’on révise, répond Yumi en se levant à son tour.

– À plus tard les garçons ! conclut Aelita.


Les quatre filles quittent la cantine sous le regard suspicieux du quatuor masculin.

– Cette fois c’est sûr, elles nous cachent quelque chose... déclare Jérémie.

– Oui, et il faut qu’on découvre ce que c’est ! renchérit le samouraï.

– Il suffit d’aller les espionner à la bibliothèque ! suggère Odd.


Jérémie secoue la tête :

– J’ai déjà vérifié là-bas, elles n’y étaient pas. Pas non plus dans la chambre d’Aelita et Naxxya.

– Peut-être dans la chambre de Sissi, propose Ulrich.


William réfléchit :

– Je crois savoir où elles sont : la semaine dernière, Yumi et Naxxya ont reçu un message leur demandant de se rendre au gymnase. C’est depuis ce jour qu’elles ont commencé à s’absenter régulièrement le midi et le soir. Il faudrait qu’on aille y jeter un coup d’œil...

– Là, maintenant ? demande Odd.

– Disons plutôt : ce soir après les cours, répond Jérémie. Je parie qu’elles seront encore en train de « réviser » comme tous les soirs.

– Entendu, approuve le samouraï qui a hâte de découvrir ce que son amoureuse et ses amies mijotent en secret.





* * *





Le soir venu, William rejoint Jérémie, Ulrich et Odd, puis ils se rendent tous les quatre au gymnase.

L’informaticien les prévient :

– Que les choses soient bien claires : on y va juste pour savoir ce qu’elles font. On n’intervient pas, et si possible on ne se fait pas repérer.

– T’inquiète Einstein ! répond Odd. La discrétion est l’une de mes nombreuses bottes secrètes !

– Ah, un peu comme la modestie ? ironise Ulrich.


Ils arrivent devant la porte du gymnase, mais elle est gardée par les deux sbires de Sissi :

– Stop ! les arrête Nicolas.

– Le gymnase est réservé, personne ne doit entrer ! complète Hervé.

– Ah mais ce n’est pas notre intention, prétend le samouraï. On venait juste vous prévenir que Jim vous cherche depuis tout à l’heure.

– Hein ? Pourquoi il nous cherche ? se méfie le rival intellectuel de Jérémie.

– Quelqu’un lui a fait une mauvaise blague, et il est persuadé que c’est vous ! poursuit Odd.

– Mais on n’a rien fait ! se défend Nicolas.

– Oui mais comme ça fait un moment que vous êtes introuvables, explique Jérémie, Jim croit que vous vous cachez de lui, et donc que vous êtes coupables !

– Vous devriez aller trouver Jim pour lui expliquer que vous n’y êtes pour rien avant que ce soit lui qui vous trouve, suggère William. On peut garder l’entrée du gymnase en attendant si vous voulez.


Les deux compères quittent donc les lieux précipitamment pour aller clamer leur innocence, et les quatre Lyoko-guerriers en profitent pour accéder à la porte du gymnase :

– À partir de maintenant, plus aucun bruit ! ordonne Jérémie avant d’entrouvrir la porte.

– On va enfin savoir... murmure le grand ténébreux en se mettant sur la pointe des pieds pour voir à l’intérieur en regardant par-dessus ses camarades.

– Je veux voir ! s’exclame Odd en s’accroupissant entre les jambes d’Ulrich.

– Hé ! Fais attention !

– Silence ! s’énerve le cerveau de la bande.


Ils découvrent alors les sept filles en train de travailler leur chorégraphie en répétant les enchaînements.

– C’était donc ça... constate William.

– En tout cas, c’est joli ce qu’elles font... observe le samouraï avec intérêt.

– Il faut qu’on se rapproche ! chuchote le félin en sortant sortant de sa poche son caméscope numérique.

– Non, Odd ! Non ! s’affole Jérémie.


N’écoutant pas son camarade, le chat violet pousse légèrement la porte et se jette à plat ventre à l’intérieur puis roule sur le côté :

– Couvrez-moi les mecs !

– Non mais c’est pas vrai ?!

– Reviens ici tout de suite espèce d’andouille !


Le bruit finit par attirer l’attention de Taelia :

– Les filles, je crois qu’on nous observe...

– Odd ! Qu’est-ce que tu fiches ici !? s’énerve Sissi.

– Ça c’est à vous de nous le dire ! réplique l’intrus en se relevant.

– Ouais ! approuvent en chœur Ulrich et William en ouvrant la porte en grand.

– Misère... se lamente Jérémie qui voulait rester discret.


La fille du proviseur est furieuse :

– Dégagez immédiatement ! C’est un ordre !

– Je tiens enfin un scoop ! s’exclame Odd en allumant son caméscope.

– Éteins ça tout de suite ! le menace Yumi en avançant vers lui.


Le félin recule pour rester à distance de la Japonaise tout en la filmant :

– Bonjour ou bonsoir à toutes et à tous ! Ici Odd Della Robbia pour un nouveau reportage de l’extrême ! Je me trouve actuellement en direct du gymnase où les filles se sont retranchées pour préparer leur prochain assaut contre les vêtements en soldes...

– Je vais le tuer ! fulmine Yumi en serrant les poings.

– Excellent ! poursuit le « reporter » en reculant. Je ne t’avais pas vue d’aussi mauvais poil depuis le scandale de la robe rose !


Trop concentré sur son reportage, le jeune insolent ne voit pas Caroline qui s’approche et lui confisque son caméscope :

– Hé ! Rends-le-moi ! proteste Odd en tentant de récupérer son appareil.


Caroline jette aussitôt la caméra numérique à Yumi, mais Ulrich avait anticipé l’action et ceinture la Japonaise pour l’immobiliser.

Aelita devance Odd pour prendre le caméscope des mains de la geisha et le transmet immédiatement à Naxxya qui tend son bras vers le haut pour tenir l’appareil hors de portée du félin, mais celui-ci commence à escalader la géante, ce qui l’oblige à envoyer le caméscope à Sissi.

William s’approche de la fille du proviseur, mais il est contraint de reculer subitement pour éviter Odd que Naxxya vient de projeter vers le grand ténébreux afin de le dissuader d’insister.

Sissi éteint l’appareil et déclare froidement :

– Maintenant vous allez quitter le gymnase sans faire d’histoires, sinon je vous garantis que vous allez mordre la poussière...

– Ah parce que vous croyez pouvoir nous jeter dehors ? demande Ulrich avec un sourire provocateur.

– Absolument ! répond Aelita. Et nous sommes prêtes à faire usage de la force s’il le faut, pas vrai les filles ?

– Oh que oui, confirme Naxxya en faisant craquer ses phalanges.

– Reste derrière nous Heidi, lui conseille Caroline.


Odd se relève en s’apprêtant à donner l’assaut :

– Pour mon caméscope...

– Non mais du calme voyons, c’est ridicule ! s’avance Jérémie qui tente d’empêcher l’affrontement. On ne va pas...

– ...CHAAARGEZ !! s’écrie le félin en courant vers Sissi.

– Tu vas le regretter !! réplique celle-ci.


Aelita et Taelia interceptent le chat violet simultanément et le plaquent au sol :

– Deux contre un, c’est pas du jeu ! proteste Odd dépité.

– Tiens bon ! reprend Ulrich en courant vers son colocataire pour le délivrer.


Mais Yumi et Caroline s’interposent, le forçant à s’arrêter :

– Approche un peu pour voir ? le défie la Japonaise.


Ulrich s’élance vers elles et bondit pour éviter leur fauchage, mais son amoureuse accroche sa jambe au vol et le fait tomber quand même.

– Mais enfin arrêtez ! intervient Jérémie. Ça n’a pas de sens !


Sissi fait un pas en avant :

– Vous abandonnez ?


Le grand ténébreux s’avance à son tour :

– Certainement pas !

– Ouais vas-y William ! l’encourage Odd, toujours maintenu au sol.


La capitaine des pom-pom girls se tourne vers Naxxya :

– Tu veux bien t’occuper de lui ?


La géante obéit :

– Je croyais que tu voudrais le garder pour toi, mais puisque tu me le proposes...


William se met en garde :

– Amène-toi ma grande !


Naxxya se rue sur lui et commence à lui porter des coups, mais il les esquive sans difficulté.

Ulrich, également maintenu sol, donne un conseil à son coéquipier :

– Ne la laisse pas te toucher, sinon...

– Merci, je suis au courant ! répond le grand ténébreux en continuant d’esquiver les coups car il connaît la puissance et la lenteur de la géante.

– Allez Naxxya ! l’encourage Aelita.


La grande lycéenne aux cheveux bleus charge alors William qui l’esquive de justesse et profite de son déséquilibre pour la frapper au dos et la faire tomber en avant :

– Héhé ! s’esclaffe-t-il satisfait d’avoir réussi son coup.


Naxxya se relève et provoque son adversaire :

– Traître !

– Je t’ai à peine frôlée, t’es tombée toute seule ! réplique William pour se moquer d’elle.


Il n’a cependant pas remarqué que Sissi s’est glissée derrière lui, et d’un vif balayage du pied, elle parvient à le mettre à terre avant de lui tordre le bras dans le dos :

– Et toi, t’es tombé dans le panneau ! renchérit-elle en lui révélant que Naxxya n’était en fait qu’une diversion et que sa capitaine comptait bien s’occuper de lui elle-même.

– Bien joué Sissi, reconnait William en souriant. Mais tu penses vraiment pouvoir me maintenir immobile ?


Le grand ténébreux s’apprête à se libérer d’elle par la force, mais il n’en aura pas le temps car Naxxya vient s’appuyer sur lui pour le garder au sol :

– La vache ! T’es lourde ! proteste William sous le poids de la géante.

– Bien, conclut Sissi satisfaite de voir les trois agresseurs maitrisés. Jérémie, tu veux tenter ta chance aussi ?

– Non non, moi je venais juste pour regarder ! se défend l’informaticien pacifiste.

– Tu es sûr ? insiste son interlocutrice. Si tu veux, je te fais affronter Heidi, ça me parait équitable.

– Si on pouvait éviter d’en arriver là... répond Heidi un peu mal à l’aise.


Jérémie commence à reculer vers la porte :

– Je crois qu’on va plutôt vous laisser « réviser », pas vrai messieurs ?

– Ouais, confirme Ulrich.

– Pas mieux, ajoute William.

– Bande de lâches ! s’indigne Odd. Et c’est moi qu’on traite de fille !? J’ai peut-être une voix aigüe mais moi au moins j’ai pas perdu mes mffpff... !


Aelita lui couvre la bouche avec sa main pour l’empêcher de terminer sa phrase.

– C’est bon, relâchez-les, déclare Sissi. Mais vous n’avez pas intérêt à revenir traîner par ici quand on travaille !

– Compris, répond Jérémie.

– Et maintenant, disparaissez ! ordonne la fille du proviseur.

– Je veux mon caméscope ! exige Odd.


Sissi lui envoie l’appareil :

– Je te rendrai la carte mémoire uniquement si vous vous tenez tranquilles jusqu’au concours, alors évitez de revenir faire les malins pendant qu’on s’entraîne !


Yumi leur tient la porte, et les quatre garçons sortent du gymnase en silence, honteux de leur défaite.

En passant, Ulrich demande à son amoureuse :

– On se voit toujours ce soir après manger ?


La Japonaise lui sourit :

– Bien sûr que oui !

– Ulrich espèce de collabo ! s’exclame Odd en revenant vers lui.

– DEHORS !! hurle Sissi.


Les deux colocataires se dépêchent de sortir puis Yumi referme la porte du gymnase.

– On leur a donné une bonne leçon ! conclut Taelia en riant.


Caroline sourit elle aussi puis se replace :

– Allez les filles, on se remet au travail !





* * *





Les jours passent, et les sept Kadiciennes continuent de s’entraîner. Sissi ne laisse rien au hasard, tout doit être parfait. Lorsqu’elles maîtrisent enfin la chorégraphie dans son intégralité, leur capitaine décide qu’il est temps de leur remettre leurs uniformes : de superbes tenues d’un bleu de nuit, décorées d’étoiles aux reflets de platine.

– Elles sont vraiment sublimes ! déclare Aelita émerveillée.

– On peut les essayer ? demande Heidi.

– Bien sûr ! répond Sissi en les distribuant.

– Pour le maquillage, questionne Caroline, c’est toujours poudre dorée pour les yeux et rouge à lèvres cerise ?

– Oui, toujours ! confirme l’organisatrice en sortant sa trousse.

– Cerise... Fallait que ce soit cerise... soupire Naxxya entre ses dents.

– Au niveau des cheveux, il y a une règle précise ? interroge Yumi.

– Non, il est préférable de conserver nos coiffures individuelles, explique Sissi. C’est ce qui permet au public et au jury de nous distinguer les unes des autres et de se choisir une favorite ! À la limite, Aelita et Taelia, si vous pouviez accorder vos coiffures pour accentuer votre ressemblance...


Les deux jeunes filles échangent un regard peu convaincu avant de demander simultanément :

– Vous trouvez vraiment qu’on se ressemble ?

– Bof, pas tant que ça, répond ironiquement la geisha. Mais en vous faisant la même coiffure, le public n’y verra que du feu.

– Pas de problème, accepte Taelia. Je vais essayer de me coiffer comme Aelita.

– Je vais t’aider ! renchérit celle-ci.



Après s’être isolée dans un coin du vestiaire pour enfiler son uniforme discrètement, Yumi rougit en croisant son reflet dans le miroir mural. La Japonaise n’est en effet pas habituée à se retrouver dans une tenue aussi affriolante, et malgré son appréhension, elle a désormais hâte d’apparaître ainsi vêtue, rien qu’une seule fois, ne serait-ce que pour voir la réaction d’Ulrich.

Trop occupée à hésiter entre gêne et auto-admiration, la geisha ne voit pas qu’Aelita – également en tenue – s’est glissée derrière elle pour prendre en photo le reflet de sa coéquipière avec son téléphone :

– Très jolie pose ! commente la jeune fille aux cheveux roses en observant l’image qu’elle vient de capturer.

– Hé ! Donne-moi ça tout de suite ! lui ordonne Yumi en se jetant sur elle.


Sa camarade espiègle se recroqueville en riant pour empêcher Yumi de lui prendre son téléphone, mais celle-ci enfonce le bout de ses doigts dans le ventre nu de son amie :

– Hiii ! Arrête ! Ça chatouille ! s’écrie Aelita en se tortillant avant de lâcher son portable.


Yumi s’empare de l’appareil puis, en parcourant le dossier des photos pour y trouver la sienne, elle découvre une à une ses coéquipières en uniforme, photographiées quelques instants plus tôt par Aelita.

Cette dernière s’attend à ce que son amie lui rende son téléphone seulement après avoir effacé la photo, mais finalement :

– Bon, je te la laisse... consent la Japonaise.

– Oh ? Merci ! se réjouit Aelita en récupérant son bien.

– Mais interdiction de partager cette photo ! précise Yumi en jetant un regard sévère à sa camarade.

– Promis ! conclut la jeune fille en prenant son amie par le bras pour l’emmener dans la partie commune du vestiaire.


Les deux lycéennes retrouvent le reste de leur équipe en train de se maquiller devant les lavabos.

Tandis que le reflet de Caroline adresse un sourire à Yumi, Sissi termine le maquillage de Naxxya qui s’inquiète :

– On va devoir se maquiller avant chaque entraînement ?

– Bien sûr que non, là on le fait juste pour s’assurer qu’on sera au point le jour du concours, mais lors des entraînements l’uniforme suffira. D’ailleurs est-ce que le tien est à ta taille ? Pas trop serrée ?


Naxxya se redresse et effectue quelques étirements pour vérifier la solidité des coutures de ses vêtements.

– J’ai un peu froid aux genoux mais sinon ça devrait aller, déclare-t-elle sans remarquer qu’Aelita la prend à nouveau en photo. Par contre, le rouge à lèvres cerise m’écœure un peu...

– Il faut savoir souffrir pour être belle ! conclut Sissi en lui caressant la joue. Bon, maintenant qu’on est toutes en tenue, on va pouvoir commencer les répétitions finales ! Vous allez devoir apprendre à bouger dans vos nouveaux uniformes, et pompons à la main. Je continuerai de vous guider encore un peu pendant la chorégraphie, mais bientôt vous devrez vous passer de ma voix dès que la musique commence. De plus, il vous faudra imaginer que vous êtes face à un jury impitoyable et... Odd ! Qu’est-ce que tu fais là !?

– C’est à cause de William ! explique le félin qui vient d’entrer dans le vestiaire des filles. Il a tiré super fort dans le ballon, je pense qu’il a dû atterrir par ici ! Vous n’auriez pas vu passer un ballon par hasard ?

– Mais on s’en fiche de votre ballon ! s’énerve la fille du proviseur. Tu dégages d’ici immédiatement ou je te garantis que tu vas regretter d’être entré !

– C’est bon, t’énerve pas, je m’en vais...


Le jeune intrus referme la porte du vestiaire puis sort du gymnase pour aller retrouver ses camarades :

– Alors ? Quelle couleur ? demande Jérémie.

– Bleu, répond Odd dépité. C’est Ulrich qui avait raison.

– Héhé, je vous l’avais bien dit ! déclare Ulrich. Vous me devez un dessert chacun !

– Tu parles ! réplique William. Avoue que c’est Yumi qui te l’a dit !

– J’aurais jamais dû parier mon dessert... se lamente le félin.





* * *





Le grand jour arrive enfin. Le gymnase de Kadic, aménagé pour l’événement, est plein à craquer. Ulrich, Odd, Jérémie et William se frayent un chemin à travers la foule déjà bien chauffée par le son des Subdigitals.

Ils atteignent enfin l’entrée des vestiaires, mais Jim les arrête :

– Hé là ! Vous quatre ! Les vestiaires sont réservés aux danseuses ! Alors dansez ou circulez !


Odd essaye de le raisonner :

– Allez soyez sympa m’sieur Moralès ! On vient juste souhaiter bonne chance à nos amies et après on s’en va !


Le surveillant reste impassible :

– Négatif, Della Robbia ! Monsieur Delmas a été très clair : personne ne doit venir déranger les concurrentes dans les vestiaires !


Apercevant ses amis, Yumi ouvre la porte et vient vers eux :

– C’est gentil d’être venus nous encourager !

– Alors ? Comment vous vous sentez ? s’enquiert Ulrich.

– On a un peu le trac, confie son amoureuse. Surtout en voyant le nombre de personnes venues assister à l’événement.

– Vous avez vu les autres équipes ? interroge Jérémie.

– Oui, et elles ont l’air sérieuses, répond la Japonaise.


Milly et Tamiya se faufilent pour tenter d’obtenir une interview :

– Yumi, une déclaration pour les Échos de Kadic ? demande la petite rousse en tendant son micro.


Jim s’interpose :

– Mesdemoiselles Solovieff et Diop, puis-je voir votre carte de presse ?


Milly et Tamiya se dévisagent mutuellement :

– Ne me dis pas que tu l’as encore oubliée dans la chambre ?

– Hein !? Mais c’est toi qui devais la prendre !


Odd se tourne vers Yumi :

– Au fait, vous passez quand ?

– En dernier, répond Yumi. Bon, il faut que j’aille finir de me préparer. À tout à l’heure !

– Bonne chance ! termine Ulrich en la regardant s’éloigner.


La Japonaise retourne vers les vestiaires mais s’inquiète soudain en entendant Odd demander s’il va bien à William qui lui répond :

– J’ai un mauvais pressentiment...




La compétition commence, et les Sirènes du lycée Bellevue ouvrent le bal avec une chorégraphie à la fois classique et spectaculaire, ce qui ravit le public.

Odd bouscule des spectateurs pour rejoindre ses amis assis dans les tribunes, les bras chargés de pop-corn :

– Si vous en voulez, prenez-en tout de suite parce que dans dix minutes y’en aura plus !


Ulrich et Jérémie en prennent une poignée chacun et le félin commence à se goinfrer joyeusement, tandis qu’à côté d’eux, le grand ténébreux reste silencieux en scrutant la foule pour y détecter un éventuel comportement anormal.





Dans les vestiaires, l’équipe de Kadic observe attentivement les prestations de ses adversaires qui se succèdent. Le trac de Yumi s’est changé en peur depuis qu’elle a intercepté les paroles d’inquiétude de William.

– Ça va bientôt être à nous, déclare Caroline.


Sissi se tourne vers ses coéquipières :

– Bon, les filles, comme vous avez pu le voir, le niveau de la compétition est assez élevé. Nos adversaires ont fixé la barre très haut et n’ont presque pas commis d’erreurs. Mais je tiens à vous assurer que notre programme est à la hauteur, donc si nous ne faisons aucune faute lors de la chorégraphie, nous avons toutes nos chances pour remporter la victoire !


Le chanteur des Subdigitals allume son micro :

– Et maintenant, voici la dernière équipe, je vous demande d’applaudir les Étoiles de Kadic !

– Ça y est, les voila ! observe Ulrich.

– Ouaaaaaais !! s’exclame Odd en agitant les bras.


William interpelle brusquement Jérémie :

– Il va se passer quelque chose ! Vérifie ton ordinateur !


L’informaticien ouvre alors son PC portable et découvre avec terreur qu’il y a une tour activée :

– Oh non ! Avec tout ce bruit, je n’ai pas entendu l’alerte !


Le grand ténébreux se lève :

– Il faut faire évacuer la salle !




Sur scène, les sept filles se mettent en place et attendent le début de la musique. Mais un grondement inquiétant provenant de l’extérieur jette un froid sur la foule.

Sissi ferme les yeux :

– Non... Pas ça... Pas maintenant...


Dans un craquement effroyable, le toit du gymnase est arraché, provoquant la panique dans le public. Une ombre gigantesque se penche alors au-dessus des spectateurs, et en levant les yeux, Ulrich, Odd, Aelita, Yumi et William reconnaissent la silhouette monstrueuse du Kolosse.

– T’y crois pas... souffle le félin abasourdi en contemplant l’abomination qui les surplombe.

– Il y a beaucoup trop de monde ici ! s’exclame le samouraï. On doit à tout prix l’attirer loin du gymnase, sinon il va faire un massacre !


Ulrich, Odd et William se transforment puis commencent à briser les vitres pour permettre aux gens d’évacuer ce lieu rapidement.

Jérémie descend des tribunes et rejoint les filles :

– Il faut qu’on aille désactiver la tour au plus vite !


Yumi se tourne vers Caroline :

– Prends Heidi et Taelia avec toi et mettez-vous à l’abri !

– On doit passer par les vestiaires pour récupérer nos bracelets ! précise Aelita.

– Alors ne trainons pas ! conclut Sissi.


Jérémie les accompagne aux vestiaires où elles récupèrent leurs Lyoko-morphers puis se transforment. Naxxya enfonce la porte extérieure du vestiaire pour permettre aux autres pom-pom girls de déguerpir, puis les Lyoko-guerrières et Jérémie se mettent en route vers l’usine.




Tandis que le Kolosse semble chercher ses cibles prioritaires dans la foule en panique, Ulrich donne ses instructions :

– William, veille à ce que les gens évacuent le lycée ! Odd, tu vas courir pour faire diversion pendant que j’escaladerai le Kolosse !


Odd envoie donc quelques Flèches-laser sur le monstre afin d’attirer son attention, puis il lui adresse une jolie grimace pour le provoquer et commence à courir. Voyant que le Kolosse se met à poursuivre le félin, Ulrich utilise son Supersprint pour prendre de la hauteur en courant contre un mur puis saute sur le bras droit du titan. Pendant que le samouraï escalade leur ennemi afin d’atteindre sa tête, le chat violet s’efforce de courir à travers le lycée tout en évitant les bâtiments.

William le rejoint et court à côté de lui :

– C’est bon, tout le lycée est évacué ! On va pouvoir s’occuper de lui !

– Heu ? C’est quoi les sirènes qu’on entend ? demande son coéquipier.


Des voitures de police investissent la cour et tentent d’encercler le Kolosse.

– Mais qu’est-ce qu’ils font ici !? s’exclame le grand ténébreux stupéfait.


Les véhicules s’immobilisent, des policiers en sortent et commencent à tirer sur le Kolosse, mais les balles ricochent et le monstre fonce désormais sur eux. Juste avant qu’il ne les atteigne, Ulrich s’empresse de planter son sabre dans le symbole de Xana situé sur la tête du Kolosse qui s’arrête net. Les policiers reculent, surpris.

– Ne restez pas là ! leur crie William. Dégagez !!


Le Kolosse, confus, piétine quelques voitures ce qui force les policiers à battre en retraite ; Ulrich se dépêche de descendre sur le bras gauche pour y planter son deuxième sabre, mais le monstre agite brusquement son arme et envoie le samouraï s’écraser contre un bâtiment, puis le premier sabre planté dans la tête finit par disparaître.





* * *





Pendant ce temps, sur le Territoire Montagne, Aelita, Yumi, Sissi et Naxxya parcourent un chemin étroit au-dessus du vide pour rejoindre la tour, malgré les Krabes qui leur tirent dessus.

– Dépêchez-vous, leur recommande Jérémie, mon écran m’indique qu’Ulrich a perdu beaucoup de Points de Vie sur Terre.

– Ne t’en fais pas Jérémie, répond Aelita, on y est presque !


Malheureusement, trop préoccupées par les tirs des Krabes, elles ne voient pas le Xan-Eye qui arrive lentement au-dessus d’elles.

Jérémie finit par le détecter sur son radar et les prévient :

– Attention !! Xan-Eye droit sur vous !!


L’énorme monstre sphérique libère son large rayon d’énergie rouge sur leur passage, engloutissant le chemin devant elles. Partiellement touchée par le rayon, Naxxya s’en écarte d’un mouvement brusque et bouscule malencontreusement Yumi qui tombe dans le vide. Aelita active donc ses ailes et plonge pour la rattraper.

Sissi interpelle la géante confuse :

– Lance-moi vers le Xan-Eye !


Naxxya approuve en hochant la tête et attrape sa coéquipière par la taille.

– Qu’est-ce que tu comptes faire Sissi ? s’inquiète Jérémie en sachant qu’elle n’a pas de pouvoirs offensifs hormis les faibles dommages qu’elle peut infliger en utilisant son Régéné-rayon contre ses ennemis.


Alors que le Xan-Eye charge à nouveau son faisceau destructeur, la géante propulse Sissi directement dans l’œil du monstre ; avant d’atteindre sa cible, la Lyoko-guérisseuse tourbillonne sur elle-même puis Cristallise et transperce ainsi le Xan-Eye qui explose. Naxxya se penche au-dessus du vide pour voir avec soulagement Aelita en train de remonter Yumi, mais un Krabe en profite pour tirer sur la géante qui tombe à son tour. La geisha lance un éventail vers Naxxya pour la dévirtualiser, puis un second vers le Krabe pour le détruire.





* * *





Sur Terre, Ulrich, blessé, observe William agrippé au Kolosse qui poursuit le félin.

– Non Odd... Pas par là...


Mais les terribles coups du Kolosse couvrent la voix du samouraï, et le chat violet qui galope à quatre pattes se dirige vers une cour du lycée sans issue avant de s’apercevoir qu’il ne peut plus s’échapper. Ulrich s’efforce de les suivre et voit son colocataire qui escalade la façade du bâtiment à l’aide de ses griffes tandis que derrière lui, le monstre s’apprête à frapper...

– Odd ! Attention ! l’avertit son coéquipier.

– OH PUT...!!! s’écrie le félin en lâchant le mur juste à temps pour éviter le bras-lame du Kolosse qui défonce le bâtiment.


Un nuage de poussière émane de la brèche dans le mur, et le samouraï aperçoit son ami, inconscient et à moitié enseveli sous les décombres :

– Odd !?!


Ulrich se traîne jusqu’au corps du félin pour essayer de le dégager mais la poussière finit par se dissiper et le Kolosse repère ses proies au milieu des gravats. Il s’apprête à abattre une nouvelle fois son bras-lame, mais William en profite pour sauter dessus et plante rageusement son épée dans l’œil qui s’y trouve. Le titan blessé agite alors violemment son bras et éjecte son assaillant qui s’écrase à côté d’Ulrich et Odd.

– William !? panique Ulrich.


Le grand ténébreux reste au sol :

– Finis... Finis-le...


Le samouraï peine à se redresser, saisit son deuxième sabre et l’envoie vers la tête du Kolosse, mais ses blessures lui font rater son lancer et son arme n’atteint pas sa cible. Ulrich se laisse tomber sur le dos, entre ses coéquipiers vaincus.

– T’es nul... conclut William tandis que le Kolosse s’apprête à frapper à nouveau.

– Attends c’est pas fini, rétorque Ulrich en saisissant le bras du félin pour viser la tête du Kolosse. Odd, si tu es toujours parmi nous, dépêche-toi de tirer...


Malheureusement, le chat violet ne réagit plus du tout...

– Non... murmure son colocataire avec effroi.


Mais au dernier moment, une Flèche-laser s’échappe de son poing et termine en plein dans le symbole de Xana situé sur la tête du monstre.

– Haha... Bien joué... les félicite William avant de réaliser ce qui va se passer à présent que leur adversaire est vaincu.


Touché à ses deux points faibles, le Kolosse vacille et commence à tomber vers l’avant. Voyant l’énorme masse qui s’écroule sur eux, les trois blessés ferment les yeux...






– Tour désactivée, déclare Aelita.

– Il était grand temps... répond Jérémie en constatant que leurs trois combattants restés dans le monde réel n’ont presque plus de Points de Vie.


L’informaticien s’apprête à dévirtualiser les Lyoko-guerrières, mais soudain, quelque chose accroche la jambe de Yumi et la tire vers le vide. La Japonaise pousse un cri de surprise, et Sissi se jette vers elle pour la rattraper par la main in extremis.

– Qu’est-ce que c’était !? s’inquiète la Lyoko-guérisseuse qui tente de retenir sa coéquipière suspendue au-dessus du vide.

– C’est la Méduse ! s’exclame l’opérateur en observant la créature se déplacer sur l’écran radar.

– Faites attention, elle revient vers vous ! prévient Naxxya qui regarde l’écran par-dessus Jérémie.


Traversée par un étrange flux d’énergie, Sissi lâche soudain Yumi qui tombe et se raccroche de justesse à une excroissance du décor en contrebas avant d’appeler à l’aide.

– J’arrive ! répond Aelita qui s’apprête à sortir de la tour.

– Non Aelita ! lui interdit Jérémie. La Méduse vient probablement pour toi, donc reste à l’abri dans la tour !


La geisha s’efforce de remonter sur le chemin :

– Non ! Elle est venue pour Sissi !


En effet, la créature virtuelle a attrapé Sissi dans ses tentacules et commence à infecter son esprit.

Jérémie s’empresse de pianoter sur son clavier :

– Il faut que je lance mon programme anti-Méduse ! Aelita, je t’envoie les lignes de codes, valide-les dans la tour !


L’elfe aux cheveux roses s’exécute, et la colonne blanche confère alors une aura protectrice à Sissi pour repousser la Méduse, mais subitement, un flux inverse émane de la jeune fille capturée, et l’interface d’Aelita se brouille.

– Jérémie ! Je ne contrôle plus rien !


Celui-ci voit soudain son écran se remplir d’alertes :

– Oh non ! Non ! Non !!

– C’est quoi toutes ces fenêtres qui s’ouvrent ?? s’inquiète Naxxya à côté de lui.

– Xana se sert de mon programme pour remonter le courant et s’introduire dans mes données ! Il faut que je le bloque avant qu’il ne cause des dégâts !


L’informaticien coupe brusquement son programme pour mettre fin à l’intrusion.

– On dirait que la Méduse a disparu... déclare la géante en regardant l’écran radar.

– Mon programme a dû la faire fuir comme prévu, conclut l’opérateur. Mais il faut que je m’assure que Xana n’ait pas effacé de données trop importantes pendant son intrusion...

– Et Sissi, elle va bien ?


Yumi continue d’escalader le décor pour remonter :

– Sissi ? Tu nous entends ?

– Pourquoi elle ne répond pas ? s’inquiète Naxxya.

– Attendez, je vais voir ! déclare Aelita.


Mais à peine sortie de la tour, la jeune fille aux cheveux roses pousse un cri en découvrant une sorte d’énorme cocon vert à la place de Sissi et de la Méduse. L’inquiétante chrysalide éclate soudain pour laisser s’échapper une créature abominable mi-monstre mi-humaine qui attrape aussitôt Aelita avec ses tentacules...

– Hé !! Mais qu’est-ce qui se passe à la fin !? panique Jérémie en voyant que l’esprit d’Aelita commence à être infecté.


La geisha remonte sur le chemin juste à temps pour libérer Aelita en tranchant les tentacules à l’aide de ses éventails :

– Jérémie, on a un très gros problème ! déclare Yumi en contemplant l’horrible monstre qui s’en est pris à sa coéquipière.


Elle n’a pas le temps d’en dire davantage car la créature se retourne vers elle et lui envoie un rayon verdâtre qui lui ôte ses derniers points de vie.

Aelita en profite pour rentrer dans la tour précipitamment, sans être vraiment certaine que ça la mette à l’abri du monstre qui en a après elle :

– Jérémie ! Dévirtualise-moi ! Vite !


Celui-ci obéit sans poser de question, mais il reste contrarié de ne pas connaître précisément l’origine de cette débâcle.

– Où est passée Sissi ? questionne Naxxya à côté de lui.

– Je... Je n’en sais rien... répond péniblement l’informaticien en terminant à la hâte la dévirtualisation de son amoureuse, honteux d’avoir laissé la situation lui échapper.


Yumi et Aelita remontent de la salle des scanners :

– Sissi a été absorbée par la Méduse ! déclare la Japonaise avec une grande inquiétude.

– Comment ça « absorbée » ?? demande Jérémie déboussolé.

– La Méduse a fusionné avec elle, répond Aelita toujours épouvantée par ce qu’elle a vu sur Lyoko. Elles forment une espèce de créature verte... horrible...

– Mais on peut les décoller l’une de l’autre ou elles sont complètement « mélangées » ? interroge Naxxya qui a du mal à visualiser la chose.

– Le haut de son corps est celui de Sissi, précise Yumi pour décrire l’aspect du monstre, mais son abdomen est celui de la Méduse, avec ses tentacules. Je n’ai pas pu l’observer très longtemps, mais j’ai bien peur que cette... « Sissi-Méduse »... ne soit qu’une seule créature.


Jérémie retire ses lunettes pour se frotter les yeux.

– Comment j’ai pu laisser arriver ça... Et en plus, les points de vie d’Ulrich, d’Odd et de William sont pratiquement à zéro, sans compter les blessés parmi les spectateurs dans le gymnase... Sissi va devoir attendre...


Il lance donc le Retour vers le passé, mais à sa grande surprise, rien ne se produit.

– Oh non... s’étrangle-t-il. Tout sauf ça...


L’informaticien paniqué se remet à taper frénétiquement sur son clavier sous le regard inquiet de ses trois amies autour de lui, puis il finit par se rendre à l’évidence :

– Xana a profité de son intrusion pour nous confisquer le Retour vers le passé...





* * *





De retour à Kadic, Jérémie, Aelita, Yumi et Naxxya découvrent l’étendue des dégâts provoqués par le Kolosse. Plusieurs bâtiments sont en ruines, une foule de curieux et de journalistes se masse autour de l’établissement bouclé par les gendarmes et les sapeurs-pompiers, tandis que des hélicoptères survolent le secteur.

Présent sur les lieux, Jim Moralès interpelle les quatre élèves :

– Belpois, Stones, Ishiyama et Warven ! Où étiez-vous passés !?

– On était partis se mettre à l’abri quand le lycée a été attaqué, ment Jérémie.


Le professeur de sport fait signe à Jean-Pierre Delmas et aux gendarmes de le rejoindre.

– Voila quatre élèves de plus !


Tandis qu’ils donnent leurs noms à un gendarme pour qu’il les raye de la liste des personnes disparues, le proviseur les questionne :

– Et Sissi ?? Elle n’est pas avec vous ??

– Non, on ne l’a pas revue depuis la catastrophe... répond Jérémie en baissant les yeux.


Monsieur Delmas repart aussitôt à la recherche de sa fille, et Yumi se tourne vers le gendarme :

– Est-ce qu’il y a des victimes ?

– Que des blessés pour le moment, mais certains élèves manquent encore à l’appel, alors on continue de chercher dans les gravats. Pensez à appeler vos familles pour leur dire que vous allez bien si ce n’est pas déjà fait.


Ayant laissé son téléphone dans les vestiaires du gymnase, la Japonaise s’apprête à emprunter celui de son camarade à lunettes quand Jim se penche vers elle pour lui confier :

– Stern, Dunbar et Della Robbia ont été transportés à l’hôpital dans un état grave...


Le cœur de la geisha se soulève dans sa poitrine, mais elle s’efforce de rester stoïque car on la sollicite aussitôt après :

– Yumi, j’aperçois ton frère et tes parents qui te cherchent, l’informe Naxxya en faisant un signe de la main à Hiroki.

– Papa ! Elle est là ! s’écrie le collégien en se faufilant à travers la foule pour retrouver sa sœur.


Les parents Ishiyama se précipitent vers leur fille et la prennent dans leurs bras.

– Yumi !! On a eu si peur ! Pourquoi tu ne répondais pas sur ton portable !? Tu n’es pas blessée au moins ??

– Je vais bien, ne vous en faites pas, les rassure-t-elle. Par contre, trois de nos amis sont à l’hôpital, et il faut qu’on aille voir s’ils vont bien. Rentrez à la maison, je vous y rejoindrai plus tard.


Les larmes aux yeux, Aelita reste abasourdie devant l’ampleur du désastre qui a frappé Kadic :

– Tout ça à cause de nous...



https://i.imgur.com/HZf2A0I.jpg





À suivre...


Dernière édition par Nelbsia le Jeu 22 Avr 2021 11:37; édité 4 fois
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Nelbsia MessagePosté le: Lun 17 Aoû 2020 19:48   Sujet du message: Répondre en citant  
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Épisode #104 : Pom-pom girl power - Partie 2/2

Résumé de l’épisode précédent :


Pour représenter Kadic lors du concours de pom-pom girls, Sissi a recruté Yumi, Aelita, Naxxya, ainsi que Caroline, Taelia et Heidi. Mais le jour de la représentation, l’impensable s’est produit : Xana a matérialisé le Kolosse dans le monde réel pour attaquer le gymnase. Pendant que les quatre Lyoko-guerrières ont accompagné Jérémie à l’usine pour aller désactiver la tour au plus vite, Ulrich, Odd et William ont affronté le monstre gigantesque dans l’enceinte du lycée, mais ils ont été grièvement blessés durant le combat. Par chance, leurs coéquipières déployées dans le territoire Montagne ont réussi à désactiver la tour juste à temps pour éviter aux trois garçons d’être écrasés sous la carcasse du Kolosse vaincu qui leur tombait dessus, mais la Méduse a alors surgi pour s’en prendre à Sissi, et un phénomène inexplicable s’est produit : le monstre tentaculaire a fusionné avec sa proie, formant une créature hybride qui a ensuite agressé Yumi et Aelita pour tenter de les corrompre à leur tour, si bien que leur opérateur a dû s’empresser de les dévirtualiser. Conscient des dégâts matériels causés par le Kolosse qui a attaqué Kadic, Jérémie a alors voulu lancer le Retour vers le passé, mais en vain : le programme lui a été volé par la Méduse qui a remonté le courant des données entre la tour et elle au moment où l’informaticien a voulu protéger Sissi avec sa procédure anti-Méduse. Privés de Sissi et du Retour vers le passé, Jérémie et les trois Lyoko-guerrières restantes sont revenus à Kadic pour constater l’ampleur du désastre, et Jim les a informés qu’Ulrich, Odd et William ont été transportés à l’hôpital avec de sérieuses blessures...




Partie 2/2 : Pour te sauver




Jérémie, Aelita, Yumi et Naxxya arrivent à l’hôpital, encombré par les nombreuses personnes blessées lors de l’attaque du Kolosse, et Jérémie parvient à solliciter l’une des dames à l’accueil :

– Voila, trois de nos amis ont été admis ici, et on voudrait...

– Désolée les jeunes, l’interrompt l’infirmière pressée, mais on a une école qui s’est effondrée cet après-midi, alors on est un peu débordés ici !

– Justement, poursuit Aelita angoissée, nos amis ont été blessés durant cette catastrophe, et on voudrait savoir s’ils vont bien...

– Pour l’instant, rétorque la femme en blanc, les blessés légers sont installés ici dans le hall, car les lits sont tous occupés par les victimes dont les blessures sont les plus importantes, mais les visites sont strictement réservées aux familles des patients, autrement on ne pourrait plus circuler dans les couloirs.


En voyant les blessures plus ou moins graves des personnes présentes aux alentours, Naxxya perd patience et s’apprête à passer en force mais Yumi la retient par le bras en insistant auprès de leur interlocutrice :

– L’un des blessés que nous venons voir se trouve être l’amour de ma vie, ça compte ?


Après un bref moment d’hésitation, l’hôtesse d’accueil finit par accepter :

– Bon, donnez-moi leurs noms...





Suivant les indications de l’infirmière, les quatre adolescents rejoignent la chambre d’hôpital où ils trouvent Ulrich et William alités.

La Japonaise se jette dans les bras de son amoureux :

– Ulrich !!

– Aïe ! Doucement ! proteste celui-ci. J’ai le bras fracturé ! Et ne faites pas trop parler William, il a des côtes fêlées.

– Et Odd ? demande Naxxya en le cherchant du regard.


William lui fait signe de tirer le rideau qui cache le troisième lit sur lequel le félin est étendu inconscient, sous respirateur artificiel et branché à des machines. Aelita se blottit contre Jérémie pour contenir ses larmes.

– Il n’a pas repris connaissance depuis qu’on a abattu le Kolosse, explique le samouraï. Le médecin nous a dit qu’il a un traumatisme crânien et de nombreuses lésions internes. Jérémie, pourquoi tu n’as pas déjà lancé le Retour vers le passé ?


L’informaticien et la geisha échangent un regard gêné.

– Qu’est-ce qui ne va pas ? demande Ulrich qui a remarqué leur embarras.


Le grand ténébreux desserre les dents :

– Où est Sissi ?


Aelita s’essuie les yeux avant de dévoiler ce qui s’est passé sur Lyoko :

– Tout à l’heure, quand j’ai désactivé la tour, Xana en a profité pour envoyer la Méduse capturer Sissi.

– Quoi !? s’étrangle William. Sissi a été... !?


Sa blessure l’empêche de terminer sa phrase, mais Yumi confirme en hochant la tête :

– C’est même pire que ça : la Méduse a englouti Sissi pour former un monstre abominable, et c’est cette créature qui m’a dévirtualisée, après avoir tenté de corrompre l’esprit Aelita.


Tandis que l’ancien Xana-guerrier est accablé en apprenant ce qui est arrivé à sa coéquipière, Ulrich interroge Jérémie :

– Mais... Tu n’as pas pu utiliser ton programme anti-Méduse ?

– Si, mais la Méduse a profité du flux pour remonter dans mes données, et elle m’a volé le Retour vers le passé...


Le génie du groupe n’a pas besoin d’en dire plus, ses camarades ont compris à quel point la situation est grave : sans Retour vers le passé, impossible d’annuler les conséquences des attaques de Xana dans le monde réel.

– Tu penses que Xana va se servir du Retour vers le passé contre nous ? questionne Ulrich.

– Non, j’avais déjà écrit un programme pour empêcher Xana d’utiliser le Retour vers le passé, répond Jérémie. Mais de toute façon, rien qu’en nous privant de ce programme, notre ennemi prend un net avantage sur nous. Si on ne parvient pas à le lui reprendre, il faudra que je restaure le Retour vers le passé moi-même, mais ça prendra beaucoup de temps, sans compter la récupération des codes sources stockés dans les archives du Cinquième Territoire.


Les regards se tournent vers William qui enfile sa veste.

– Qu’est-ce que tu fais ? interroge Aelita.

– Je vais chercher Sissi, répond le grand ténébreux en s’efforçant d’oublier la douleur qui déchire sa cage thoracique.


La Japonaise s’y oppose :

– Ce n’est pas le moment de s’éparpiller. On doit d’abord récupérer les codes sources du Retour vers le passé sur le Cinquième Territoire, et pour ça on aura besoin de toutes les forces disponibles. De plus, Odd est hors circuit, et je suis récemment sortie de Lyoko avec Aelita et Naxxya. Donc pour le moment, Ulrich et toi êtes les deux seuls à pouvoir aller sur Lyoko, mais vu votre état, vous feriez mieux de rester allongés.


William reste impassible :

– Je ne laisserai pas Xana faire à Sissi ce qu’il m’a fait. Je vais la libérer, avec ou sans votre aide.


Tandis que le grand ténébreux quitte la chambre, Yumi soupire :

– Quelle tête de mule celui-là. Jérémie, accompagne-le, ça évitera au moins qu’il se trompe en programmant une virtualisation différée.


L’informaticien acquiesce, et Ulrich enfile sa veste à son tour :

– Je viens aussi. Pas question que William se fasse encore xanatifier. Les filles, restez auprès d’Odd. On ne sait jamais, Xana pourrait lancer une attaque contre lui pendant qu’il est vulnérable.

– Qu’il envoie ses monstres, je les attends, répond froidement Naxxya sans quitter le félin des yeux.





Pendant qu’Ulrich et Jérémie s’en vont rejoindre William parti devant, Yumi et Aelita s’assoient à côté de la géante au chevet d’Odd.

Voir leur ami dans un tel état, lui qui d’ordinaire rayonne à la limite de l’hyperactivité, à présent complètement inerte sur ce lit d’hôpital, et sa vie qui semble ne tenir qu’à des oscillations périodiques sur un écran, tout cela leur est très difficile à endurer. Les trois Lyoko-guerrières ont pourtant frôlé la mort à maintes reprises au cours de leurs missions, parfois même de très près, mais l’idée de voir l’un des leurs s’en aller pour de bon leur est insupportable.

Naxxya finit par interroger ses coéquipières :

– Si Odd meurt maintenant mais qu’on arrive à récupérer le Retour vers le passé assez rapidement, peut-être qu’on pourra le « ressusciter » en revenant en arrière ?


Aelita se mord la lèvre pour retenir ses larmes, tandis que Yumi répond à la question posée par sa camarade de classe :

– Non, le Retour vers le passé ne permet pas de ramener à la vie les personnes décédées. Jérémie aurait dû te prévenir de ce danger, ça m’étonne qu’il ne t’en ait pas fait part.

– Si, il m’en avait bien parlé, précise la géante. Mais il a aussi dit qu’il ne pouvait pas en être complètement sûr étant donné que jusqu’à présent, personne n’est mort pendant une attaque de Xana, donc... on peut pas vraiment savoir...


La Japonaise met fin à ses faux espoirs :

– Je crois que tu as mal interprété ses propos : personne n’est mort jusqu’à présent donc on n’a heureusement pas eu la preuve formelle de cette théorie, mais rien qu’avec les analyses effectuées par Jérémie, on a déjà acquis la certitude que si quelqu’un meurt, le Retour vers le passé ne pourra rien y changer.





* * *





– Transfert Ulrich. Transfert William. Scanner Ulrich. Scanner William. Virtualisation.


Les deux garçons apparaissent sur le territoire du Désert et se dirigent vers l’extrémité de la zone afin que Jérémie leur envoie la sphère blanche qui les conduira dans le Cinquième Territoire.

– Vos blessures ne vous font pas trop souffrir ? leur demande l’opérateur pendant qu’ils courent.

– Quasiment pas, répond le samouraï qui agite son bras sans problème alors qu’il est fracturé dans le monde réel.

– Parfait, je vous envoie le transporteur.


Une étrange sensation envahit soudain William qui s’exclame :

– Je sens sa présence ! Elle arrive !


Ulrich dégaine ses sabres et se met en garde, mais rien ne bouge à l’horizon.

– Tu es sûr qu’elle est dans le coin ?

– Oui ! confirme le grand ténébreux en regardant tout autour de lui. Elle se rapproche !


Jérémie vérifie son écran radar, mais aucune créature de Xana n’est détectée.

– Je ne vois rien dans votre secteur pourtant... Ni Méduse, ni Sissi, ni aucun autre monstre...

– Allons sur le Cinquième Territoire, conclut le samouraï qui commence à douter du pressentiment de son coéquipier. Si Sissi en a vraiment après nous, elle sera bien obligée de nous suivre et on finira par la repérer.


Il s’apprête à se laisser embarquer par le transporteur, mais au dernier moment, William retient son camarade et donne un grand coup d’épée dans la sphère qui vacille sous le choc. L’apparence blanche du transporteur se dégrade soudain pour révéler un globe verdâtre qui s’écroule au sol en grésillant, et la passagère clandestine s’échappe de la carcasse.

Les deux Lyoko-guerriers font un bond en arrière en découvrant la créature qui lévite devant eux : vêtue d’une sombre tenue verdoyante, Sissi ouvre ses yeux cernés par les marques noires qui gangrènent sa peau. Ses cheveux ondulent de manière étrange, ses doigts sont longs et griffus, et à la place de ses jambes, son corps est prolongé par la forme pointue de la Méduse, avec ses huit tentacules qui s’agitent librement depuis son dos.

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– Jérémie, tu as vu ça ? demande Ulrich pour s’assurer que l’opérateur n’a pas manqué cette apparition.

– Affirmatif ! confirme Jérémie en s’activant sur son ordinateur. « Sissi-Méduse » avait infecté le transporteur pour vous tendre un piège, heureusement que William l’a sentie venir ! Essayez d’occuper notre amie le temps que j’analyse sa structure !


Le grand ténébreux plante son épée dans le sol et s’adresse à Sissi :

– Nous ne sommes pas venus ici pour t’affronter.


Ulrich range ses deux sabres dans son dos et ajoute :

– On a confiance en toi Sissi, alors fais-nous confiance : on veut juste te libérer de l’emprise de Xana, tout comme on a libéré William par le passé.


La créature sourit avant de leur répondre d’une voix synthétique :

– Vous volez à mon secours ? Comme c’est touchant ! Mais vous, qui viendra vous sauver ?


William reçoit brusquement un rayon d’énergie vert qui le projette en arrière sans qu’il ait pu récupérer son épée pour se protéger. Le samouraï brandit à nouveau ses sabres et utilise Supersprint pour foncer sur Sissi-Méduse mais elle déploie ses huit tentacules dans la direction de son assaillant qui doit les contourner. Il en tranche quelques-uns au passage, mais l’un des tentacules lui fouette violemment le bras pour le désarmer. William ramasse son épée et envoie une Onde de choc pour repousser Sissi qui s’élève aussitôt dans les airs afin de passer au-dessus, et c’est Ulrich qui encaisse de plein fouet l’attaque de son coéquipier.

Tandis que la créature hybride pourchasse le grand ténébreux qui s’efforce de bloquer ses attaques en refusant de riposter, le samouraï se relève et demande :

– Jérémie, il me reste combien de Points de Vie ?

– Seulement quinze ! lui répond le génie à lunettes toujours occupé à analyser Sissi-Méduse. Essayez de tenir encore un peu, je crois que j’ai trouvé quelque chose qui pourrait nous être utile...


Ulrich repart à l’attaque, mais il disparaît soudain en pleine course.

– Heu... Jérémie, pourquoi tu as dévirtualisé Ulrich ? s’étonne William qui continue de parer les coups de tentacule de Sissi.

– Qu’est-ce que tu racontes ? J’y suis pour rien ! rétorque l’opérateur.

– Pourtant je viens de le voir s’évaporer sans que... AH !!


Un rayon de Sissi-Méduse touche William à la main, le dépossédant de son arme et permettant aux appendices translucides d’encercler leur proie pour la paralyser.

– Ça y est j’ai compris ! s’exclame l’informaticien qui a analysé les différents pouvoirs de leur adversaire. Si l’un de ses tentacules te touche directement, tu te mets à perdre quelques Points de Vie périodiquement pendant un certain temps, c’est pour ça qu’Ulrich a fini par être dévirtualisé !


En voulant regarder si William est également infecté par le « poison » des tentacules de Sissi, Jérémie panique en réalisant qu’elle est en train de s’emparer de l’esprit du Lyoko-guerrier :

– Oh non ! Mince ! William, sors-toi de là !


Immobilisé par les tentacules, le grand ténébreux se concentre pour s’envelopper de Supersmoke afin de se libérer, mais il ne parvient qu’à retrouver la mobilité d’un bras. L’opérateur impuissant tremble en voyant le processus de Xanatification arriver à son terme, mais William se sert de son membre libre pour agripper un tentacule à pleine main, ce qui lui retire ses derniers Points de Vie et le dévirtualise.

Ulrich remonte de la salle des scanners en se tenant le bras :

– Tu as eu le temps qu’il te fallait ? demande-t-il à Jérémie qui pousse un long soupir de soulagement.

– Je crois que oui, mais on a bien failli perdre William... répond l’informaticien dont les nerfs sont mis à rude épreuve. Retournez à l’hôpital, je vous y rejoindrai quand j’aurai terminé d’étudier tous les relevés des analyses...





* * *





Après une longue nuit de travail sur son ordinateur, Jérémie retourne à l’hôpital mais découvre que l’endroit est encore plus bondé qu’auparavant : des journalistes, des hommes en costume noir, des policiers et des gendarmes s’agitent autour et à l’intérieur du bâtiment, générant de l’agacement chez les patients et les membres du personnel médical. Trop pressé pour prendre part à ce tumulte, l’adolescent se faufile discrètement pour rejoindre la chambre où se trouvent ses amis qui ont dormi sur place.

– Comment va Odd ? demande-t-il après avoir refermé la porte derrière lui.

– Il s’est réveillé ce matin, répond Aelita tandis que le félin toujours allongé et intubé lève péniblement le bras pour saluer son camarade à lunettes.

– On a un autre problème Jérémie, reprend Yumi en désignant le poste de télévision de la chambre. Toutes les chaînes parlent de l’attaque du Kolosse, certains élèves ont filmé la scène avec leurs portables, les vidéos ont fait le tour du monde, et maintenant, toutes les agences de toutes les nations de la planète ont les yeux braqués sur Kadic...

– Je comprends mieux la présence de tous ces policiers dehors, répond l’informaticien en se frottant les yeux.

– Ils ne sont pas là pour nous protéger, poursuit la Japonaise. Ils ont l’intention d’interroger tous les témoins de l’attaque. Les gens ont peur, des théories parlent d’invasion extra-terrestre, il y a eu des émeutes dans plusieurs pays, tout le monde attend des réponses. On va tous être questionnés à plusieurs reprises, ils vont fouiller Kadic et ses environs pour découvrir d’où provenait le monstre...

– Ils ne négligeront aucune piste, complète Ulrich. Ils ont peut-être déjà trouvé le passage vers les égouts. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils se mettent à explorer l’usine.

– Ça pourrait être pire, remarque Naxxya. Imaginez que Xana lance d’autres attaques avant qu’on ait récupéré le Retour vers le passé...


William se lève :

– Jérémie, qu’est-ce que tu as trouvé concernant Sissi ?


Le cerveau du groupe se racle la gorge avant de faire part de sa découverte :

– C’est Sissi-Méduse qui détient le Retour vers le passé.

– Comment ça ?

– En gros, elle a intégré le programme de Retour vers le passé comme l’un de ses pouvoirs. Elle peut donc s’en servir par sa propre volonté.

– Tu veux dire qu’à tout moment, elle pourrait l’utiliser pour annuler nos actions tout comme on l’utilisait pour annuler les actions de Xana ??

– Oui mais elle ne le fera pas tout de suite, car elle sait que si elle l’utilise trop tôt, elle risque de revenir avant le moment où le programme nous a été volé, et ainsi on pourrait éviter que ça se produise.


L’ancien Xana-guerrier se réjouit :

– Alors il suffit qu’on arrive à convaincre Sissi de l’utiliser pour que tout rentre dans l’ordre !

– Ça m’étonnerait qu’elle accepte de nous écouter, réplique Ulrich. Tu as déjà oublié sa réaction quand on lui a dit qu’on venait la sauver ?

– Je sais mieux que quiconque ce que Sissi ressent en ce moment, répond le grand ténébreux. Je peux la ramener à la raison. Donnez-moi juste l’occasion de lui parler.


Naxxya se tourne vers Jérémie :

– Si elle refuse de coopérer, est-ce qu’il y aurait un moyen de la forcer à nous rendre le Retour vers le passé ?


L’informaticien semble alors embarrassé :

– On doit pouvoir récupérer le programme en détruisant Sissi-Méduse, mais... comme Sissi et la Méduse ne forment plus qu’une seule entité, il y a peut-être un risque qu’elles disparaissent toutes les deux à la fois...


Cette éventualité est effrayante, mais le samouraï en tire la conclusion qui s’impose :

– Si Sissi n’obtempère pas, on va devoir courir ce risque...

– Tu vas retirer tout de suite ce que tu viens de dire, le menace William.

– T’as une meilleure idée à proposer ?


Le grand ténébreux s’aperçoit que ses camarades restent silencieux, comme pour se ranger lâchement derrière l’avis d’Ulrich qui était le seul à oser énoncer tout haut leur honteuse décision : les événements ont trop mal tourné, et il va peut-être falloir se résigner à perdre Sissi. Une résolution indigne des Lyoko-guerriers qui se sont toujours battus jusqu’au bout pour sauver chacun d’entre eux. Le désespoir grandissant engendré par Xana aurait-il fini par les atteindre ?

William est écœuré :

– Je vous préviens, si vous envisagez la possibilité de sacrifier Sissi, je vous plante immédiatement !


Jérémie tente de le calmer :

– Personne ici n’a envie de sacrifier qui que ce soit, mais il faut que tu comprennes que c’est le sort du monde qui est en jeu, et vu la situation dans laquelle on se trouve, on risque de ne plus avoir le choix.

– Comment tu oses dire ça alors que si c’était Aelita qui se trouvait à la place de Sissi, tu n’aurais même pas abordé l’idée de récupérer le programme par la force !?


À ces mots, l’informaticien rougit en sentant la colère monter en lui et foudroie William du regard, mais celui-ci l’ignore et se dirige vers la porte pour enfiler sa veste.


Comme ses éclats de voix le font souffrir à cause de ses blessures, le grand ténébreux termine sur un ton posé et sarcastique :

– Je ne voudrais surtout pas que Sissi s’attende à ce qu’on vienne la sauver, donc je vais personnellement lui annoncer que ses « amis » ont décidé de la sacrifier. Et pas la peine de m’accompagner, hein, je pense que j’arriverai très bien à me servir du micro de l’ordinateur même si je ne suis pas habitué à rester caché derrière pendant que les vrais combattants affrontent le danger...


Ulrich s’apprête à répliquer violemment, mais c’est Jérémie qui craque le premier :

– Tu crois peut-être que c’est facile d’endosser toutes les responsabilités !? De calculer en permanence toutes les conséquences et de devoir assumer le moindre échec qui se produit !? Même si j’avais le temps de dormir la nuit, je ne pourrais pas fermer l’œil tellement je regrette chacune de mes erreurs, alors sache que si je dis qu’on risque d’être amenés à sacrifier Sissi, c’est que j’ai suffisamment réfléchi pour en arriver à cette conclusion ! Pour vous autres, tout est si simple : vous vous cachez derrière vos émotions pour justifier tout ce que vous faites, pendant que moi, je dois dénouer des problèmes dont la complexité dépasse votre entendement, et je suis amené à prendre des décisions capitales au milieu de vos états d’humeur ! Je ne vous dirai pas ce qui se passera le jour où Aelita se retrouvera à la place de Sissi et j’espère qu’on évitera d’en arriver là, mais en attendant je vous interdis de vous servir d’elle pour remettre en cause mes décisions !!


William n’en écoutera pas davantage, il quitte la chambre et claque la porte derrière lui.

Après un profond soupir, Yumi fait signe à Ulrich de l’accompagner pour rattraper leur coéquipier, tandis que la jeune fille aux cheveux roses serre son amoureux contre elle afin de l’apaiser :

– Ne sois pas si dur avec William, tu sais comme moi pourquoi il est de plus en plus impulsif...

– Ça ne lui donne pas le droit de faire ce qu’il veut quand il veut, surtout si ça compromet notre mission ! répond l’informaticien toujours en colère.

– De quoi vous parlez ? interroge Naxxya à côté d’Odd qui tend l’oreille également.


Jérémie reste muet, Aelita révèle donc le drame qui se prépare :

– On ne devrait pas vous le dire, mais William est en train de disparaître...

– Comment ça il va disparaître ? questionne la géante avec inquiétude.


Les deux amoureux s’assoient côte à côte sur le lit du milieu, puis la jeune fille aux cheveux roses poursuit ses révélations :

– Depuis que William est revenu de son séjour passé sous le contrôle de Xana, son intégrité se dégrade progressivement à cause d’un virus injecté en lui par notre ennemi. Et si on ne parvient pas à détruire Xana à temps pour annuler le processus, William finira par disparaître complètement. C’est pour ça qu’il a de plus en plus tendance à agir spontanément sans tenir compte des consignes et des enjeux...

– Il se sert de ce prétexte pour n’en faire qu’à sa tête, ajoute Jérémie qui retrouve peu à peu son calme. Même si sa situation est critique, je trouve que son comportement est égoïste.

– Possible, répond Aelita, mais quelque part, l’attitude de William envers Sissi me rappelle un certain garçon qui a toujours fait en sorte que de sauver sa princesse quitte à mettre en péril le reste du monde...


L’informaticien ne dit rien, préférant laisser son amoureuse lui caresser tendrement la joue, mais son ordinateur portable se met soudain à sonner :

– Ça y est, Xana passe à l’attaque !


Yumi et Ulrich rentrent précipitamment dans la chambre, mais le grand ténébreux n’est pas avec eux :

– William ne viendra pas ? leur demande Aelita déçue.


La Japonaise s’empresse de refermer la porte :

– Les enquêteurs commencent à passer de chambre en chambre pour interroger les victimes de l’attaque du Kolosse, faut qu’on dégage d’ici au plus vite !


Jérémie ramasse son sac à dos :

– Tant pis pour William, on se passera de son aide !


Le samouraï et la geisha prennent alors l’informaticien à part pour discuter dans un coin de la pièce :

– Jérémie, on a un plan...

– Un plan ?


Tandis qu’Aelita s’étonne de voir ses trois amis bavarder entre eux à voix basse alors que le temps presse, Naxxya lui déclare :

– Je vais rester ici pour veiller sur Odd afin qu’il ne lui arrive rien pendant l’attaque.


Sa colocataire hésite :

– Sachant qu’Odd est cloué ici et que William refuse de nous aider à affronter Sissi, on risque de manquer de combattants sur Lyoko...

– Oui mais imagine que l’attaque de Xana consiste à envoyer des monstres à l’assaut de l’hôpital ? Ou encore qu’il xanatifie une infirmière pour assassiner Odd dans sa chambre ?


Jérémie, Ulrich et Yumi ont terminé leur mise au point et se tournent vers leurs camarades :

– Il est temps d’y aller !


Odd agrippe soudain la main de Naxxya et souffle avec difficulté :

– Emmenez-moi...

– Ne dis pas de bêtises ! s’oppose catégoriquement Yumi. Tu auras perdu connaissance avant même d’atteindre l’usine.


En entendant du bruit dans le couloir, le samouraï entrouvre la porte pour jeter un coup d’œil, et au bout de l’allée, il aperçoit un homme étrange qui ouvre les portes des chambres les unes après les autres comme s’il était à la recherche de quelqu’un en particulier.

Ulrich referme la porte en la verrouillant :

– Un enquêteur arrive, et vu sa démarche, ça ne m’étonnerait pas que Xana l’ait possédé pour venir nous attaquer ici !

– Comment on va faire pour sortir ? s’inquiète Aelita. Si on se transforme, on risque d’attirer l’attention, et on sera suivis jusqu’à l’usine...


Jérémie regarde par la fenêtre :

– Par là, on peut rejoindre le toit en empruntant l’escalier de secours ! Ensuite, il nous suffira de passer sur le toit du bâtiment voisin !


Brusquement, Odd rassemble ses forces et arrache ses branchements, faisant sonner tous les appareils.

– Mais qu’est-ce que tu fabriques !? s’alarme Yumi. T’es complètement malade !?

– Maintenant on n’a plus le choix ! déclare Jérémie catastrophé. Il faut l’envoyer sur Lyoko !

– Quoi !? Pas question ! rétorque la Japonaise. Il faut aller chercher des infirmières pour le ré-intuber !


Soudain, la poignée de la porte s’agite frénétiquement, indiquant que quelqu’un veut entrer. Sans plus attendre, Naxxya soulève Odd pour le porter dans ses bras puis s’échappe par la fenêtre, suivie immédiatement par Aelita, Jérémie, Yumi et Ulrich qui quittent la pièce juste avant que l’enquêteur xanatifié défonce la porte pour trouver la chambre vide.





* * *





Naxxya dépose Odd dans un scanner :

– Vas-y Jérémie !


L’opérateur s’exécute :

– Transfert Odd, transfert Ulrich, transfert Yumi. Scanner Odd, Scanner Ulrich, Scanner Yumi. Virtualisation.


Les trois amis apparaissent sur le territoire Banquise, et la Japonaise se tourne aussitôt vers le félin :

– Comment tu te sens ?

– En pleine forme ! répond fièrement le chat violet sans être tout à fait sincère.


Tandis qu’Aelita et Naxxya apparaissent à côté d’eux, le samouraï demande :

– Jérémie, par quoi on commence ?


L’informaticien leur envoie leurs véhicules :

– Pour l’instant, vous allez désactiver la tour comme prévu ! En ce qui concerne Sissi, si Xana l’utilise comme il le faisait avec William, vous allez probablement la rencontrer sur votre chemin tôt ou tard !

– Entendu, conclut Ulrich en montant sur l’Overbike.


Aelita monte avec Yumi sur l’Overwing, Naxxya avec Odd sur l’Overboard, et les cinq Lyoko-guerriers s’élancent sur la banquise.

Alors qu’ils auront bientôt rejoint la tour, la geisha s’étonne :

– C’est bizarre, on n’a pas croisé un seul monstre jusqu’à présent...


Le félin s’en réjouit :

– Je parie que Xana est toujours occupé à nous chercher à l’hôpital ! Vous voyez que j’ai bien fait de venir ici !


Jérémie réfléchit :

– Je pense plutôt que tout comme cette nuit, Sissi-Méduse va vous affronter sans l’aide de monstres afin de tenter de s’emparer de vos esprits, donc il faudra faire attention à... Attendez ! Il y a un intrus dans l’usine ! Il essaye d’emprunter l’ascenseur !

– Ne t’inquiète pas, on arrive à la tour ! le rassure Aelita.

– De toute façon, ajoute Odd, les intrus ne peuvent pas activer le monte-charge !

– S’il est xanatifié, rétorque l’opérateur en saisissant son pistolet à impulsion électrique, il finira forcément par réussir à s’introduire dans le laboratoire ! Dépêchez-vous de désactiver la tour !

– Elle est là ! s’exclame le samouraï en arrêtant son véhicule, imité par Odd et Yumi.


En effet, devant eux, Sissi-Méduse se tient prête à les empêcher de rejoindre la tour.

Tandis qu’ils posent le pied à terre, l’entité mi-humaine mi-monstre leur envoie ses rayons verdâtres que les héros évitent sans difficulté, mais leurs véhicules disparaissent.

– Maintenant vous ne pouvez plus m’échapper ! déclare Sissi-Méduse de son horrible voix.

– On ne vient pas pour s’échapper, réplique le félin, on vient pour te ramener avec nous ! Et à cinq contre une, je parie que dans trente secondes c’est toi qui vas chercher à t’enfuir !

– Cinq contre une, tu en es sûr ? interroge la créature hybride en souriant.


Les cinq Lyoko-guerriers s’attendent à voir une horde de monstres déferler sur eux et se mettent donc en garde, mais rien ne se produit, jusqu’à ce que leur ennemie pointe son doigt en direction de Yumi :

– Disparais !


Sans qu’elle ait le temps de réagir, la Japonaise se fait transpercer le dos par une large lame qui la dévirtualise.

– William !? panique Aelita en s’écartant du traitre qui vient d’apparaître derrière son amie pour l’éliminer.


Au milieu des quatre Lyoko-guerriers restants, le grand ténébreux éclate de rire avec un écho synthétique dans la voix, et ses anciens alliés découvrent que sur son torse, sur son épée et dans ses yeux, le symbole de Xana est de retour.

– T’y crois pas ! s’indigne Odd. Il nous a encore trahis pour venir servir de toutou à Xana !

– Vu ce qui s’est passé tout à l’heure, suggère Naxxya, je pense plutôt que William est venu dans l’intention de sauver Sissi avant qu’on mette sa vie en danger, mais il a échoué et elle s’est emparée de son esprit...


Sissi-Méduse éclate de rire à son tour :

– La vérité est beaucoup moins belle à entendre : William est venu de son plein gré pour rejoindre les rangs de notre maitre Xana afin de se venger de vous tous !

– C’est impossible ! réplique l’ange de Lyoko. William n’aurait jamais fait ça ! Pas après tout ce qu’on a traversé !


Mais le sourire maléfique et triomphant que leur adresse leur ancien allié confirme les dires de Sissi : cette fois, le grand ténébreux a volontairement choisi le camp de Xana.

Ulrich brandit ses sabres :

– Vous trois, occupez-vous de Sissi. Moi, je me charge du traitre...


Tandis qu’Aelita, Odd et Naxxya s’apprêtent à affronter Sissi-Méduse qui vient vers eux en ondulant dans les airs, Ulrich et William se jettent l’un contre l’autre, faisant résonner leurs lames qui s’entrechoquent.





Dans le laboratoire, Jérémie se cramponne à son pistolet à impulsion électrique pendant que l’ascenseur descend malgré les sécurités et autres manipulations destinées à le bloquer. La porte s’ouvre et l’enquêteur xanatifié pénètre dans la salle, mais le jeune informaticien lui envoie une décharge électrique. L’intrus résiste à la première décharge, alors le blondinet à lunettes presse à nouveau la détente jusqu’à ce que son adversaire s’immobilise au sol.

Yumi remonte de la salle des scanners :

– Tu l’as eu ?

– Oui, aide-moi à le mettre dans la cage avant qu’il se réveille, confirme son camarade en soulevant l’homme par le bras.


Ils traînent l’agresseur jusque dans le piège à fauves puis Jérémie actionne la fermeture des barreaux avant de se réinstaller à son poste de commande pour annoncer :

– L’intrus est neutralisé, où vous en êtes ?

– Ça va mal Einstein ! répond Odd qui tire des Flèches-laser sur Sissi-Méduse. William s’est invité à la fête mais dans l’équipe adverse, et ce poulpe de Sissi évite toutes mes flèches rien que pour m’énerver !

– Mince, j’aurais dû m’apercevoir que William s’était virtualisé avant notre arrivée ! déplore l’opérateur. Aelita, est-ce que tu peux accéder à la tour pour la désactiver ?

– Sissi ne me laisse pas une seconde de répit ! répond l’elfe aux cheveux roses en courant pour éviter les tentacules du monstre à ses trousses.


Naxxya parvient enfin à s’interposer entre Aelita et Sissi-Méduse pour former un rempart avec ses deux boucliers, et l’ange de Lyoko en profite donc pour déployer ses ailes et se diriger vers la tour, mais Sissi repousse la géante en en la fouettant violemment à l’aide de ses multiples tentacules puis elle lévite pour intercepter Aelita en l’attrapant par la jambe avant de la fracasser brutalement contre le sol. Naxxya se relève juste à temps pour bloquer le coup d’épée que William voulait lui donner pendant qu’elle était à terre, le temps qu’Ulrich revienne à la charge.

Odd envoie un déluge de Flèches-laser à leur ennemie pour détourner son attention de sa coéquipière qui reste sonnée par sa chute, et Jérémie met en garde son amoureuse :

– Aelita ! Tu es infectée par le poison de la Méduse ! Tes points de vie vont se mettre à descendre progressivement jusqu’à ta dévirtualisation ! Il faut absolument que tu désactives la tour !


Alors que la jeune fille peine à retrouver ses esprits suite à la violence du choc qu’elle a subi, Sissi-Méduse, agacée par les flèches du félin, se lance à sa poursuite et celui-ci se met donc à courir tout en tirant en arrière, mais soudain, il perd le contrôle de ses jambes et s’écroule en pleine course.

– Hé ! Qu’est-ce qui m’arrive !? s’affole Odd en tentant de se trainer avec ses griffes pour échapper à sa poursuivante, mais son « esprit » virtuel semble à présent se détacher de son corps... Einstein !! Au secours !!


Une alerte apparaît sur l’écran de Jérémie, indiquant que la structure du félin est trop endommagée et devient instable :

– Odd ! Tes blessures dans le monde réel sont trop graves, elles commencent à impacter ta structure virtuelle !


À côté de de l’opérateur, Yumi panique à son tour :

– Si Odd se fait dévirtualiser, il ne tiendra pas longtemps sur Terre !


Naxxya s’apprête à foncer pour secourir le félin, mais comme un fait exprès, Ulrich et William en train de se battre lui bloquent le passage.

La géante tente frapper William pendant qu’il est concentré sur son adversaire, mais le grand ténébreux anticipe l’attaque et effectue un saut-périlleux pour l’éviter avant d’abattre sa lourde épée sur elle sans qu’elle ait le temps de déployer ses boucliers.

Heureusement, Ulrich est plus rapide, et le coup donné par William termine entre ses sabres croisés.

Naxxya en profite pour agripper fermement le côté non tranchant de l’épée du Xana-guerrier afin de l’empêcher d’agiter son arme, mais le samouraï donne un coup de pied à sa coéquipière pour la repousser à distance :

– Reste en dehors de ça !!


Surprise par la réaction d’Ulrich, la géante s’empresse de reculer pour laisser les deux garçons se battre entre eux et se souvient subitement qu’Odd est en danger mais trop tard : au moyen de son rayon verdoyant, Sissi-Méduse retire les derniers points de vie du félin, jetant un voile de terreur sur les Lyoko-guerriers.

Yumi descend aussitôt à la salle des scanners et y découvre son ami totalement inerte sur le sol :

– Odd !?!


Paralysé devant son ordinateur, Jérémie active la communication avec la salle inférieure pour s’enquérir du sort de son camarade :

– Est-ce qu’il respire ?? demande l’informaticien sans voir que derrière lui, l’homme xanatifié s’est réveillé et a traversé les barreaux de la cage grâce aux pouvoirs que lui confère Xana...

– Sa respiration est à peine perceptible, répond la Japonaise en se penchant sur le félin. Dis aux garçons de passer à l’étape finale du plan !


Un cri de douleur de Jérémie se fait entendre, et la Japonaise se dirige aussitôt vers l’échelle pour remonter et lui venir en aide, mais c’est l’intrus xanatifié qui descend à sa rencontre... Yumi saisit sa Lyoko-clé mais le serviteur de Xana lui adresse aussitôt un éclair pour la déposséder de l’objet... Privée de la possibilité de se transformer, la jeune fille se met en garde pour affronter l’intrus à mains nues et protéger Odd en espérant qu’il soit toujours en vie...





Débarrassée du gêneur et de ses Flèches-laser, Sissi-Méduse s’apprête à retourner sur sa cible prioritaire qui reste tétanisée sur place, mais elle ne voit pas qu’à quelques mètres d’elle, Naxxya, ivre de rage après la dévirtualisation du félin, utilise Impulsion pour bousculer les deux rivaux avant de se jeter sur le monstre tentaculaire en l’attrapant entre ses bras pour l’empêcher de s’échapper.

Sissi-Méduse se débat mais la géante ne lâche pas prise et lui lance un ultimatum :

– Tu vas utiliser le Retour vers le passé tout de suite sinon je te jure que je te détruis !

– Pauvre idiote ! répond la créature avec un grand sourire. Plus tu me serres contre toi, plus mon poison te vide de tes points de vie ! Dans quelques secondes tu iras rejoindre l’autre nabot !


Ces dernières paroles attisent la fureur de Naxxya qui remonte sa main autour de la gorge de sa proie :

– J’ai assez de points de vie pour t’arracher la tête avant de disparaître ! Lance le Retour vers le passé MAINTENANT !!


L’entité hybride conserve son sourire provocateur :

– Eh bien vas-y, détruis-moi ! Qu’est-ce que tu attends ? On dirait que quelque chose t’empêche d’aller au bout de ton geste ! Et pendant que tu hésites, tes points de vie s’évaporent hahaha !


Soudain, Ulrich et William s’écartent l’un de l’autre puis utilisent respectivement Supersprint et Supersmoke pour foncer ensemble vers les deux filles. À l’aide de ses sabres, le samouraï dévirtualise Naxxya tandis que le grand ténébreux attrape fermement Sissi par la taille pour l’immobiliser.

– Mais qu’est-ce que tu fais imbécile !? s’énerve Sissi-Méduse qui ne comprend pas pourquoi son allié la retient tandis qu’Ulrich tranche librement ses tentacules.


Tout en essayant de se libérer, la créature aperçoit Aelita qui s’efforce d’avancer vers la tour :

– Elle va nous échapper ! Rattrape-la !!


Mais William ignore ses ordres :

– Nous sommes venus pour te sauver...





Dans la salle des scanners, l’agilité de Yumi lui permet d’esquiver les attaques fulgurantes de l’homme xanatifié mais les coups qu’elle lui porte ne parviennent pas à l’affecter durablement. C’est alors que Naxxya, toujours enragée, sort d’un scanner et surprend l’intrus en lui adressant un coup de poing monumental qui l’assomme contre le mur.

Les deux filles se précipitent sur leur camarade toujours inerte :

– Est-ce qu’il va s’en sortir ? s’inquiète la géante tandis que Yumi tente de percevoir des signes de vie.

– Son cœur bat faiblement, répond tristement la Japonaise. Reste auprès de lui, il faut que j’aille voir si Jérémie va bien...


Pendant qu’elle monte à l’échelle, un grésillement sombre émane brièvement de l’homme assommé par Naxxya, indiquant qu’Aelita a enfin désactivé la tour.





– Nous sommes venus te sauver... répète inlassablement William qui tente de ramener Sissi à la raison.


Tandis que la jeune fille fusionnée à la Méduse continue d’essayer de se libérer de l’étreinte du Xana-guerrier, Ulrich tranche ses tentacules qui repoussent mais il reste silencieux pour qu’elle se concentre sur la voix du grand ténébreux qui poursuit :

– Je sais ce que tu endures, je suis déjà passé par là autrefois. Mais aujourd’hui, j’ai aussi prouvé à Xana que son emprise sur notre esprit a ses limites, et que nous pouvons nous en défaire si nous le voulons vraiment. Toi aussi, tu peux te libérer.


Sissi-Méduse persiste dans sa déraison :

– Vous croyez avoir gagné cette partie ? C’est loin d’être terminé, croyez-moi !! Bientôt le monde entier s’inclinera devant la puissance de Xana !!!


De nombreux Kankrelats apparaissent alors tout autour d’eux, et le samouraï s’occupe de les exterminer tandis que William reprend :

– Regarde, Sissi : tu es obligée d’invoquer toi-même des Kankrelats, car Xana ne t’enverra aucun renfort. Il veut simplement nous forcer à nous entre-déchirer, à briser le lien qui nous unit car c’est notre plus grande force...


La créature hybride se fige soudain en voyant Aelita sortir de la tour et disparaître à cause du poison qui la ronge depuis un moment.

– Je sais très exactement ce que tu ressens, insiste le combattant qui a longtemps été soumis à l’emprise de Xana. Quand j’étais à ta place, les autres ne sont jamais parvenus à trouver les mots pour me ramener à la raison, simplement parce qu’à l’époque, nous n’étions pas vraiment amis : il y avait encore entre nous des tensions, des rancœurs et des jalousies. Moi aussi, en ce temps-là, je croyais qu’ils m’avaient pris avec eux seulement parce qu’ils avaient besoin de mes services, et ça me rendait fou de rage ! Mais cette fois, c’est différent : lorsque je leur ai dit que je pourrais te libérer, ils ont décidé de me faire confiance. Et même si en réalité je ne suis pas sûr d’y parvenir, je ne t’abandonnerai pas : soit nous réussissons à te libérer, soit nous échouons en essayant, mais pas question de te sacrifier.


Dans le laboratoire, Yumi aide Jérémie à se rasseoir devant son ordinateur pour qu’il ouvre la fenêtre vidéo de la salle des scanners, et ils voient Aelita sortir de l’un d’entre eux en découvrant Naxxya qui tient la main du félin toujours inanimé :

– Est-ce qu’il est... ?


La jeune fille aux cheveux roses s’interrompt en voyant les larmes silencieuses de la géante.

– Oh non... murmure Aelita en éclatant en sanglots.


Jérémie et Yumi retiennent leur souffle.

Ulrich encaisse de plus en plus de tirs, mais il continue de se battre.

Le grand ténébreux garde une voix apaisante malgré les circonstances :

– Tu es l’une des nôtres, Sissi... Et je sais que tu le sais... Car tout à l’heure, Xana ne voulait pas que tu dévirtualises Odd : il t’a ordonné de le laisser disparaitre définitivement lorsque sa structure virtuelle se délitait... Pourtant, tu l’as achevé... Parce que tu voulais qu’il ait une chance de survivre...


À côté d’eux, le samouraï se fait dévirtualiser, et les Kankrelats se mettent en cercle autour de Sissi et William tandis que celui-ci poursuit :

– Souviens-toi des bons moments... Souviens-toi des personnes que tu aimes...


Ulrich réapparaît dans la salle des scanners et Aelita se blottit contre lui. En désespoir de cause, Naxxya applique ses lèvres sur celles d’Odd et tente de lui insuffler de l’oxygène.

Les Kankrelats chargent leur rayon simultanément, et William ferme les yeux mais il ne lâchera pas sa coéquipière :

– Je t’en supplie... Tout peut encore s’arranger... Tu peux encore tous nous sauver...


Submergée par les émotions qui explosent en elle, Sissi ferme les yeux à son tour et utilise enfin le Retour vers le passé...





* * *





Lorsqu’elle rouvre les yeux, Sissi découvre qu’elle est entourée par les tentacules de la Méduse qui commence à infecter son esprit...

Pétrifiée, elle perçoit néanmoins la voix lointaine de Jérémie qui demande :

– Allô ? Est-ce que quelqu’un m’entend ?

– Qu’est-ce qui s’est passé ? interroge Naxxya derrière lui. On était dans la salle des scanners et...

– Jérémie, je suis dans une tour ! annonce Aelita.

– Je me souviens de ce moment ! s’exclame Yumi qui s’efforce de remonter sur le chemin. On vient de désactiver la tour, et la Méduse nous a attaqués !

– Ça veut dire que Sissi a réussi à lancer le Retour vers le passé ! se réjouit l’opérateur.

– Oui mais elle est toujours en danger ! renchérit la Japonaise.

– Mince ! Tu as raison ! s’affole l’informaticien en observant son écran radar. Sissi est entre les tentacules de la Méduse !!


Sissi hésite à utiliser Cristallise pour se protéger de la Méduse, mais au dernier moment, elle choisit d’employer son Régéné-rayon à la place...

Alors que Jérémie ne sait plus s’il doit activer son programme anti-Méduse, Naxxya attire son attention pour lui montrer qu’un phénomène étrange est en train de se produire sous leurs yeux :

– Regarde ! On dirait que Sissi arrive à se défendre...


L’opérateur observe son écran et constate que la jeune fille en détresse se soigne en continu dans le but de préserver sa santé mentale :

– C’est merveilleux ! Son Régéné-rayon lui permet de neutraliser le processus de contrôle de la Méduse !


La Lyoko-guérisseuse continue d’appliquer son pouvoir sur elle-même en fixant le monstre avec détermination :

– La dernière fois, j’ai utilisé Cristallise pour me mettre à l’abri de tes tentacules, mais c’est justement ce qui t’a permis de former une chrysalide pour fusionner avec moi... Cette fois, ça n’arrivera pas !


Yumi remonte enfin sur le chemin puis lance ses éventails pour trancher les tentacules de la Méduse et délivrer Sissi.

– Il faut en profiter ! s’exclame Jérémie. Retenez la Méduse !


La geisha utilise sa télékinésie à pleine puissance pour immobiliser le monstre qui tentait de s’enfuir :

– Je la tiens... Mais dépêchez-vous...


Ne pouvant se déplacer, la créature de Xana fait repousser ses tentacules et les étend vers la Japonaise pour tenter d’altérer son esprit, mais Sissi reste derrière sa coéquipière pour maintenir sa santé mentale à l’aide du Régéné-rayon.

– Ça y est, j’ai activé la tour ! annonce Jérémie tandis que la colonne blanche s’entoure d’un halo lumineux indiquant qu’elle est désormais sous contrôle du cerveau des Lyoko-guerriers. Aelita, à toi de jouer !


L’elfe aux cheveux roses utilise l’interface pour tisser un lien énergétique entre la tour et la Méduse :

– Ça marche Jérémie ! s’exclame Aelita voyant des symboles défiler sur l’écran transparent devant elle. Je suis en train de lui voler des données !


Mais le monstre tentaculaire se met soudain à se convulser, émettant un son strident atroce s’apparentant à un cri d’agonie, puis elle brille d’une lueur intense avant de voler en éclats...

– Hé ? Qu’est-ce qui se passe ? s’étonne Aelita. Je ne reçois plus rien...

– La Méduse a éclaté... l’informe Yumi qui a assisté à la disparition subite de la créature.

– Bon débarras ! conclut Sissi.

– Xana a quelque chose à cacher... devine Jérémie. Il a donc sacrifié sa Méduse pour nous empêcher de découvrir ce que c’est...

– Peut-être... l’endroit où il retient mon père ? propose Aelita pleine d’espoir.


Pressée de savoir si Odd va bien, Naxxya intervient :

– Dites, les points de vie des garçons sont pratiquement à zéro, il serait peut-être temps de terminer la mission...

– Ah oui, effectivement, confirme l’informaticien.


Jérémie rematérialise donc les trois Lyoko-guerrières restantes puis il sauvegarde les données volées à la Méduse avant de lancer le Retour vers le passé avec succès.





* * *





Lorsque le flash lumineux se dissipe, Aelita, Yumi, Sissi et Naxxya se retrouvent en tenues de pom-pom girls dans les vestiaires du gymnase, en compagnie de Caroline, Heidi et Taelia, ainsi que des autres équipes de la compétition.

– On a réussi ! chuchote Aelita qui sautille de joie. Tout est rentré dans l’ordre !


Naxxya s’empresse de jeter un coup d’œil à l’extérieur du vestiaire pour apercevoir avec soulagement Odd qui mange du pop-corn dans les tribunes.

– Je suis désolée pour tout... s’excuse Sissi.

– Ne t’en fais pas, la rassure Yumi, tu n’étais pas responsable. Au contraire, je dirais même que tu as réussi à redresser la situation à temps pour annuler complètement le chaos engendré par Xana.


Aelita est néanmoins perplexe :

– Mais concernant William, qu’est-ce qui s’est vraiment passé ? Pourquoi il est allé sur Lyoko sans nous le dire, et pourquoi il nous a combattus avant de nous aider à ramener Sissi ?


La Japonaise lui sourit :

– Quand William a quitté l’hôpital après s’être à moitié embrouillé avec Jérémie, je l’ai rejoint avec Ulrich pour lui proposer un plan qui devait nous permettre de récupérer le Retour vers le passé et de sauver Sissi. Il a accepté, et j’ai ensuite expliqué le plan à Jérémie : William devait se faire xanatifier volontairement pour nous affronter sur Lyoko puis prouver à Sissi qu’il était possible de se libérer, et surtout, qu’on ne la laisserait pas tomber quoi qu’il arrive. C’était le seul moyen pour que Sissi accepte de lancer volontairement le Retour vers le passé.


Sissi écarquille les yeux en réalisant que le grand ténébreux a été jusqu’à se faire xanatifier pour la sauver :

– Mais alors... quand William t’a dévirtualisée... et quand il s’est battu contre Ulrich... tout ça était préparé à l’avance ?

– Absolument, confirme la geisha. Ça faisait partie du plan qu’on avait élaboré pour te ramener parmi nous, et William a vraiment joué son rôle à la perfection, sans jamais laisser Xana percevoir ses véritables intentions. C’est fou tout ce qu’il est prêt à faire quand il s’agit de te sauver...


Tandis que Sissi rougit, Aelita fronce les sourcils :

– Mais pourquoi vous ne nous avez pas parlé de ce plan ?

– Afin que cette mise en scène reste crédible, seuls Jérémie, William, Ulrich et moi étions au courant. Ne soyez pas vexées, l’important, c’est qu’on ait réussi à sauver tout le monde une fois encore. Tout est bien qui finit bien.

– Bien sûr, confirme Naxxya qui aurait préféré être au courant du plan mais qui est soulagée maintenant que le félin est hors de danger. J’ai été à deux doigts de broyer Sissi, et Odd a failli y laisser sa peau également, mais tout est bien qui finit bien...


Caroline attire leur attention :

– Tenez-vous prêtes, ça va bientôt être à nous !


Sissi prend une profonde inspiration, puis elle se tourne vers ses coéquipières et retrouve aussitôt son assurance ainsi que son ambition de capitaine des Étoiles de Kadic :

– Bon, les filles, comme vous avez pu le voir, le niveau de la compétition est assez élevé. Nos adversaires ont placé la barre très haut et n’ont presque pas commis d’erreurs. Mais je tiens à vous assurer que notre programme est à la hauteur, donc si nous ne faisons aucune faute lors de la chorégraphie, nous avons toutes nos chances pour remporter la victoire ! Parce qu’on est les meilleures !


Le chanteur des Subdigitals allume son micro :

– Et maintenant, voici la dernière équipe, je vous demande d’applaudir les Étoiles de Kadic !

– Ça y est, les voilà ! observe Ulrich.

– Ouaaaaaais ! s’exclame Odd en agitant les bras.

– Ah, on va enfin voir le résultat de leur entraînement ! conclut William.

– Et sans être dérangés, précise Jérémie en jetant un bref coup d’œil à son ordinateur.

– N’empêche, ajoute le samouraï, on revient de loin...

– De très, très loin... complète le grand ténébreux.

– Pourquoi vous me regardez comme ça ? s’étonne le félin. J’ai juste fait un petit malaise, ça peut arriver à tout le monde !

– Mais oui, approuve l’informaticien tandis que les Étoiles de Kadic sont en place.

– Chut ! Ça commence !



La musique démarre, et les sept filles se lancent, dans l’espoir de faire un parcours sans faute devant un public déjà impressionné par les prestations des autres équipes mais également réceptif aux effets orchestrés par Sissi.

La difficulté des figures augmente, accentuée par la musique qui va crescendo.

Emportées par une atmosphère de maitrise totale au cœur du chaos, les sept Kadiciennes effectuent leur chorégraphie sans commettre la moindre erreur et arrivent à la pyramide finale : Caroline, Naxxya et Heidi s’alignent, Taelia et Aelita montent sur leurs épaules, Yumi se hisse sur les épaules des deux « jumelles », puis Naxxya fait la courte échelle à Sissi qui effectue un saut périlleux vertical et atterrit debout sur les épaules de la Japonaise.

Le public euphorique les acclame, imité par le jury qui ne s’attendait pas à voir Sissi s’élever aussi haut.

Les sept pom-pom girls de Kadic puisent dans leurs ressources afin de tenir les interminables secondes réglementaires pour valider leur pyramide, jusqu’à ce que la musique s’arrête enfin, mais la jeune fille au sommet est subitement éblouie par un spot lumineux et elle perd l’équilibre...

La Japonaise retient son souffle en voyant Sissi tomber devant elle, mais cette dernière ne crie même pas : entrainée à chuter avec grâce, la capitaine des Étoiles de Kadic reste parfaitement droite car elle sait qu’en contrebas, Naxxya est déjà prête à la rattraper par la taille avant qu’elle touche le sol, comme elle le lui a appris.

Yumi, Aelita et Taelia sautent à leur tour des épaules de leur coéquipières puis les sept filles s’inclinent simultanément ; ainsi que Sissi l’avait orchestré, cette procédure « d’urgence » parait parfaitement naturelle, comme si c’était leur façon de déconstruire la pyramide finale et d’achever leur passage.


Le chanteur des Subdigitals reprend son micro :

– Je crois qu’on peut les applaudir à nouveau ! s’exclame-t-il tandis que le public obéit volontiers.


Épuisées, les sept adolescentes s’allongent dans un coin de la scène tandis que les autres équipes les rejoignent en attendant le verdict du jury.

– Elles vont gagner ! s’exclame Odd toujours optimiste.

– J’espère bien, renchérit Ulrich néanmoins dans l’incertitude.

– À mon avis ça va être serré, déclare Jérémie en proie au doute lui aussi.


William sourit :

– Non, elles vont gagner haut la main ! Leur prestation globale vaut celles des autres équipes, mais leur pyramide finale est de loin la meilleure de la soirée ! Sissi a décidément bien calculé son coup !


Après quelques minutes de délibérations, la présidente du jury prend la parole pour donner le nom de l’équipe gagnante :

– Mesdemoiselles, avant tout, sachez que vous avez toutes été magnifiques ce soir, et que chaque équipe nous a offert un très beau programme. N’ai-je pas raison ?


Le public approuve bruyamment, puis la présidente du jury reprend :

– Mais étant donné qu’il s’agit d’un concours, il nous a fallu désigner une équipe gagnante...


Toute la salle retient son souffle.

– Et cette année, la victoire revient... aux Étoiles de Kadic qui ce soir nous ont véritablement fait toucher le ciel ! Bravo à vous mesdemoiselles !


Sous une tempête d’acclamations et d’applaudissements, les sept Kadiciennes explosent de joie et le jury leur remet leurs médailles d’or.

– On a gagné ! On l’a fait ! s’écrie Taelia qui n’en revient pas.


Sissi verse des larmes dorées en remerciant ses partenaires :

– Merci de m’avoir suivie jusqu’au bout, les filles ! Merci infiniment !

– Tu sais, répond Yumi en souriant, c’est surtout grâce à toute ta préparation qu’on a gagné.

– Oui, merci pour tout, Sissi, approuve Caroline en la serrant dans ses bras avant de rejoindre sa mère qui la félicite chaleureusement.


Heidi fond en larmes à son tour, Taelia et Naxxya la consolent amicalement :

– Je vais bien, ne vous en faites pas, les rassure la petite blonde. C’est juste l’émotion...

– N’empêche, reprend Aelita, je vous l’avais bien dit que participer à ce concours était une bonne idée !


La géante sourit :

– Dire qu’au début, on a cru qu’il s’agissait d’une blague d’Odd...


Les garçons descendent des tribunes pour les rejoindre :

– On parle de moi ? demande le félin.

– Franchement les filles, vous nous avez bluffés ! les félicite Jérémie qui se trouve soudain confus par la ressemblance entre les deux « jumelles » parce que l’éclairage des projecteurs ne permet plus de les distinguer par la couleur de leurs cheveux. Euh... laquelle de vous deux est Aelita ?

– Devine ! lui répond celle-ci avant de l’embrasser par surprise comme à son habitude.


Ulrich se rapproche de Yumi avec un sourire en coin :

– Ça te va bien la minijupe, tu devrais en porter plus souvent...

– Je me doutais que ça te plairait, lui répond la Japonaise satisfaite en passant ses bras autour du cou de son amoureux, mais je te préviens tout de suite : c’était juste pour ce soir, je n’en ferai pas une habitude.

– Juste pour ce soir ? demande le samouraï avec un air déçu avant d’esquisser un sourire en caressant le dos de sa partenaire. Tu ne voudrais pas la garder jusqu’à demain matin, plutôt ?


Yumi sourit à son tour, avant d’embrasser son amant pour lui signifier qu’elle n’est pas contre l’idée de conserver son uniforme de pom-pom girl cette nuit.


Après avoir salué ses nombreux admirateurs qu’Hervé et Nicolas ont eu du mal à contenir, et répondu à quelques questions de Milly et Tamiya, Sissi se tourne vers son sauveur pour lui demander :

– Dis William, quand tu veux remercier une fille, tu fais quoi en général ?


Le grand ténébreux lui caresse la joue en souriant :

– Eh bien c’est très simple... Si la fille en question m’a rendu un immense service et qu’en plus elle est assez jolie, je l’embrasse...


Sissi, qui ne s’attendait pas à une réponse aussi franche, se noie dans le regard de William et commence à rougir.

Il se penche vers elle et lui murmure à l’oreille :

– Dans dix minutes, sous les arcades...





Dans les vestiaires, Sissi retrouve Naxxya qui peine à se démaquiller devant le miroir au-dessus du lavabo.

La capitaine de leur équipe s’en amuse :

– Ça va ? Tu t’en sors ?

– Hé, ne te moque pas ! répond la géante. Tout le monde n’a pas l’habitude de se démaquiller tous les soirs !

– ...Et tout le monde n’a pas la capacité de porter le poids de deux personnes sur ses épaules, poursuit Sissi.

– Bof, c’était pas grand-chose, rétorque la géante en toute fausse modestie.

– Pour moi en tout cas, ça comptait énormément, explique Sissi. Je dois t’avouer quelque chose : je préparais ce concours depuis très longtemps, et je t’ai repérée dès ton arrivée à Kadic. Une porteuse telle que toi, combinant force considérable et silhouette élancée, c’était exactement ce qu’il me manquait pour compléter mes projets. Bien sûr, chacune d’entre nous a joué son rôle dans la victoire de l’équipe. On n’y serait jamais arrivé sans l’agilité presque surnaturelle de Yumi, sans l’expérience et les conseils avisés de Caroline, sans la précieuse légèreté d’Heidi, ou sans le synchronisme troublant entre Aelita et Taelia. Mais elles comme moi étions prédisposées à le faire, même Yumi quoi qu’elle en dise. Alors que toi, tu viens pratiquement d’un autre monde : tu joues à la console avec les garçons et tu galères à te maquiller devant un miroir. Le jour où je vous ai recrutées, j’ai bien cru que tu allais refuser d’intégrer l’équipe, mais tu as fini par accepter. Comme chacune d’entre nous, tu t’es donnée à fond, des entrainements jusqu’à la représentation, en amortissant même ma chute accidentelle comme je te l’avais enseigné par précaution. Et nous avons gagné. C’est pour ça que j’aimerais savoir comment te remercier d’avoir bien voulu participer...


La géante est impressionnée par la valeur qu’accordait Sissi à tout ce qu’elles ont accompli, tandis que la fille du proviseur ajoute :

– Et aussi... Je voulais te remercier de m’avoir épargnée sur Lyoko malgré ce que j’ai fait à Odd...


De plus en plus gênée, Naxxya esquive le sujet :

– J’ai pas tout compris de ce qui s’est passé sur Lyoko, mais je crois que tu devrais plutôt remercier William...

– C’est prévu, confirme Sissi en souriant. Mais lui, je le garde pour la fin... Alors ? Tu ne veux vraiment pas me dire ce qui te ferait plaisir ? En tant que fille du proviseur, j’ai accès à pas mal de privilèges tu sais...

– Dis-moi juste comment faire partir cette saleté de rouge à lèvres cerise, répond Naxxya toujours en difficulté devant le miroir.


Sissi se souvient alors du conseil de William :

– Eh bien c’est très simple...


Elle saisit le visage de Naxxya entre ses mains et l’embrasse.

– ...Et voila ! Disparu, le rouge à lèvres ! conclut la capitaine satisfaite de laisser sa coéquipière en pleine confusion. Bon, il faut que je te laisse, j’ai rendez-vous sous les arcades !





Le cœur léger, Sissi sort du gymnase et rejoint le grand ténébreux qui l’invite à marcher un peu pour discuter, ce qu’elle accepte sans hésiter.

– Tu as été particulièrement sublime ce soir, la complimente William.

– Merci, répond la jeune fille en rougissant.

– Je suis sincère, poursuit-il. Tu as vraiment surpris tout le monde.

– C’est grâce à toi, William... C’est toi qui m’as redonné confiance en moi, c’est toi qui m’as ouvert les yeux... Il y a quelques semaines, j’étais au fond du gouffre du désespoir, mais tu m’as tendu la main, et aujourd’hui, je me retrouve au sommet de mon existence, sur un nuage de bonheur et de réussite, grâce à toi...

– Je t’ai peut-être un peu aidée dans un moment difficile, concède-t-il, mais ce que tu as accompli ces derniers jours, tout ce travail que tu as fourni pour obtenir ce résultat et remporter le concours, tout ça tu ne le dois qu’à toi.


Les deux lycéens arrivent dans le parc de Kadic, et la douceur de la nuit les décide à s’allonger dans l’herbe.

– En fait, poursuit Sissi en regardant les étoiles, j’ai hérité ce talent de ma mère. Elle est décédée quand j’étais très jeune, mais on m’a toujours dit qu’elle avait été une pom-pom girl éblouissante quand elle était au lycée. Pour te dire la vérité, quand je me suis fixé l’objectif de monter une équipe et de gagner le concours, j’espérais que quelque part, ma mère serait fière de moi...


William tourne sa tête vers sa camarade :

– Dans ce cas, tu as brillamment atteint ton but. Mais si tu veux mon avis, elle était sans doute déjà très fière de toi.


Sissi tourne à son tour sa tête vers lui, et leurs regards se croisent à nouveau.

Alors que la jeune fille le dévore des yeux, le grand ténébreux sourit en déclarant :

– Je croyais que « le romantisme à deux balles, c’était pas ton truc »...


Sissi rougit subitement en prenant un air vexé :

– Qui est-ce qui t’a fait croire ça ?

– Ben c’était toi, lui répond William, il y a longtemps, au bord de la piscine...


La fille du proviseur écarquille les yeux, avant qu’un sourire de satisfaction illumine son visage :

– Ah oui, je m’en souviens... sauf qu’à l’époque, nous n’étions que « deux êtres qui ne se connaissaient pas, mais qui étaient faits l’un pour l’autre »...


Les deux adolescents se perdent mutuellement dans le long regard qu’ils échangent...

Par ces simples paroles qu’ils viennent de prononcer, restituant chacun les termes que l’autre avait autrefois employés, Sissi et William viennent en fait de s’avouer qu’ils s’aimaient bien avant de le reconnaitre...

Tandis qu’une légère brise nocturne dessine des vagues dans l’herbe autour d’eux, ils s’enlacent et unissent leurs lèvres en fermant les yeux, espérant ainsi figer à jamais ce moment si merveilleux.


Dernière édition par Nelbsia le Dim 11 Déc 2022 04:00; édité 3 fois
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