Inscrit le: 12 Avr 2014 Messages: 54 Localisation: a la chicha |
Un texte que j'ai écrit ya un an je crois, quand j'étais assez fragile et totalement PASSIONNÉ par Kawabata (qui reste encore aujourd'hui mon écrivain préféré).
Je le trouve assez inégal mais pas mauvais (même si c'est loin d'être bien, je viens de le relire et c'est encore pire que dans mes souvenirs), il a des choses intéressantes je trouve, mais je saurais toujours pas trop mettre le doigt sur ce que je voulais exprimer avec, sans doute que je n'avais rien de précis en tête et que je voulais uniquement retranscrire une partie de ma sensibilité de l'époque par rapport à certaines choses... J'espère que ça sera pas hermétique pour vous.
ps : en plus le style se rapproche trop de l'écriture blanche alors que ce n'était pas vraiment ce que je voulais faire, décidément...
"Une petite fille dont l'amie s'était suicidée il n'y a pas longtemps était à une soirée des amis de mes parents, assis dans un coin de canapé en écoutant vaguement les conversations je me demandais comment une petite fille pouvait se suicider et pourquoi les parents avaient amenés la leur ici alors qu'elle ne devait pas trop avoir besoin de ça en ce moment. Elle était toute seule dans un coin de la pièce à jouer avec le petit chat pendant que les autres enfants dansaient sur de la musique de merde dans la chambre, elle avait un regard triste et elle avait l'air endormie, comme le chat qui ne bougeait pas, avachi sur son flanc il l'a laissé juste soulever un peu ses pattes du bout des doigts, ni l'un ni l'autre ne prêtant quelconque importance à ça. Elle me faisait de la peine alors je me suis dis que j'allais aller un peu avec elle pour l'occuper, je me suis levé avec une drôle d'impression dans les jambes parce que ça faisait déjà plus d'une heure que j'étais assis sans rien faire, je suis passé derrière les fauteuils des invités et je me suis dirigé vers elle, elle à levé la tête en me voyant arriver et j'ai vu son regard devenir un peu plus joyeux, j'ai senti que ça devait lui faire plaisir que quelqu'un vienne lui porter compagnie, et c'est à ce moment là que j'ai réalisé que je ne savais pas ce que j'allais pouvoir lui dire, ni faire avec elle, alors je l'ai regardé, j'ai forcé un petit sourire et j'ai continué mon chemin en faisant semblant d'aller aux toilettes.
Je suis resté assis sur la cuvette un court moment en pensant à ce que je pourrais faire mais rien ne m'est venu à l'idée, alors j'ai passé la chasse, je me suis lavé les mains et je suis reparti, en repassant à côté d'elle j'ai entendu sa voix me demander "ça va Charles ?", une petite voix toute cassée et timide mais où était perceptible son espoir d'avoir une réponse, mais j'ai fais comme si je n'avais pas entendu et je suis retourné m'asseoir, poussant doucement mon père pour retrouver ma place. J'ai brièvement regardé la petite fille et elle me regardait déjà, alors on a baissé les yeux tout les deux, elle devait savoir que je l'avais ignorée et elle devait se demander pourquoi je n'ai pas voulu répondre, moi aussi je me suis demandé, mais je n'ai pas trouvé la réponse. Sa question résonnait dans ma tête, sa voix enfantine craintive opposée à mon absence de réponse cruelle et absurde me faisait mal, le fait qu'elle ai utilisé mon prénom pour paraître plus amicale alors que j'avais oublié le sien vu qu'on ne se connaissait pas amplifiait encore plus le remord que je ressentais. Je n'avais pas vu la tête qu'elle faisait à ce moment et toutes sortes d'expressions défilaient dans la mienne, je l'imaginait tenter de cacher sa déprime pour faire une tête joyeuse et encourageante, une tête aimable cherchant à inspirer la confiance pour entraîner un contact, puis j'imaginais son sourire se figer, sa tête reprendre sa vraie expression, n'ayant plus besoin de cacher sa tristesse, personne ne faisant maintenant attention à elle, le contact étant devenu impossible. Elle est restée un peu là-bas sans rien faire avec le chat, attendant peut-être que je revienne, ce qui ne se ferait pas, l'absence d'idées de choses à lui dire étant maintenant suivie par l'impossibilité de savoir comment me rattraper de l'attitude que j'ai eu, puis elle est allée rejoindre sa mère dans un canapé proche du mien et elle a posé sa tête sur son épaule. Sa mère ne lui a pas parlé mais elle lui a fait un petit sourire et elle a passé sa main tout lentement dans ses cheveux en poursuivant sa conversation. J'ai détourné mon regard et j'ai gratté l'accoudoir du canapé avec le bout de mon index en essayant de penser à autre chose mais je n'ai pas réussi. Seule avec le petit chat qui dort, son amie écrasée en bas d'un immeuble, "ça va Charles ?", moi, mon index qui commence à me faire mal, "ça va Charles ?", encore seule avec sa mère, une fille de huit ans qui se jette du haut d'un balcon sans raison, seule et triste, "ça va Charles ?" , "oui et toi ?", moi qui veux être gentil avec elle puis moi qui pars s'enfermer dans les toilettes.
Je me suis retourné vers elle et sa tête était posée sur l'accoudoir, les yeux fermés, les jambes posées sur les genoux de sa mère qui continuait sa conversation, que j'ai écouté, qui était chiante. Ensuite je me suis dis que ah oui j'aurais pu faire des dessins avec elle sinon, et j'ai imaginé les petits dessins qu'on aurait pu faire, peut-être qu'elle aurait été contente. Au bout d'un moment ils sont partis et elle était encore à moitié endormie quand je lui ai fait la bise, je lui ai dis bon ben à la prochaine fois peut-être et elle a répondue oui, et ensuite elle est partie, les invités restants avaient la tête par la porte pour leur faire des petits saluts ou des phrases mais moi je suis retourné dans le salon et j'ai attendu qu'on parte. Quand ça c'est enfin fait j'ai fais semblant de dormir dans la voiture, la tête penchée dans un coin, pour éviter que mes parents voient que je pleurais un peu."
Dites vous que j'ai écrit ça dans mon lit en une heure un aprem de vacances où j'étais déprimé en écoutant du Haruka Nakamura en boucle... J'étais aussi passionné par les oeuvres de Inio Asano.
Et non, je ne fait pas une fixette sur le Japon, loin de là, c'était juste trois coïncidences de l'époque. |