Posté le: Jeu 14 Fév 2013 22:04 Sujet du message: [Fiction] L'histoire de Gilles
Inscrit le: 05 Sep 2012 Messages: 84 Localisation: Entre deux trads et trois exams.
J'ai pas mal hésité avant de décider si je voulais poster cela ici, et surtout, quand. La Saint Valentin me semblait à la fois la date la plus et la moins appropriée.
Tout d’abord, je voudrais vois prévenir que ceci n’est pas un texte original. C’est en fait la traduction au Français d’un texte que j’ai écrit en espagnol Septembre dernier. Et comme à chaque fois que je traduis un de mes textes, peu importe de quelle langue à quelle langue, je préfère toujours l’original. Sans compter que je ne suis pas habituée à écrire avec ce temps verbal en français. Ainsi, si vous rencontrez une phrase étrange, il s’agira sans doute d’une mauvaise traduction ; n’hésitez pas à me le dire.
Il s’agit juste d’une idée qui a surgi un matin, entre deux cours, et que je me suis empressée de faire sortir de mon esprit malade la soirée suivante, ressentant le besoin de m’en délivrer.
Petite précision: l’action se déroule en Espagne, d’où certains prénoms qui pourrez-vous sembler peu communs, et un cycle scolaire différent (quelques explications vous attendent d’ailleurs à la fin).
Dernier détail, si vous êtes un amoureux transi filant le parfait amour avec son/sa Valentin(e) en ce joyeux 14 Février, et brûlant de romantisme, je ne suis pas sûre que cette histoire soit faîte pour vous.
Enfin bref, trêve de bavardages, je vous présente sans plus attendre :
ººº
L'histoire de Gilles
Gilles s’assit près du canapé et regarde avec attention en direction du couloir. Il ne peut pas voir la porte d’entrée depuis sa place, mais il reste très attentif, attendant de l’entendre s’ouvrir. Et alors qu’il attend en silence, il jette un autre coup d’œil à l’horloge que son père a placé sur la fausse cheminée : 16h58.
Dans deux minutes, ils auront déjà une demi-heure de retard.
Mais Gilles ne s’impatiente pas trop, parce qu’il sait qu’aujourd’hui est un jour spécial, et que toute la famille est assez survoltée. Car aujourd’hui est le jour de la Saint Valentin.
Papa et maman sont partis ensemble voir un film, et comme Aida voulait acheter un cadeau pour son petit-ami, elle les a accompagné en voiture jusqu’au centre commercial.
Maintenant qu’il y repense, Aida aurait dû revenir en bus plus d’une heure et demi auparavant. Elle devait s’occuper de lui. Il n’aurait du rester seul qu’une demi-heure. Mais ça fait déjà deux heures.
Gilles se passe une main dans ses cheveux blonds, qu’il a très court. Ses yeux sont d’un bleu ciel très clair, et il a encore ce visage d’ange que sa grand-mère aime tant.
Gilles a sept ans (et demi), et il se sent très seul chez lui. Et inquiet.
Il ne sait pas pourquoi. Mais quelque chose en lui se réveille, et ça lui fait peur. Comme si quelque chose allait mal, ou allait bientôt l’être, sans savoir quoi. Ni pourquoi.
Il s’installe plus confortablement dans le fauteuil.
Pour se calmer, il décide de penser aux bonbons que sa sœur a promis de lui ramener à son retour. Et à quel point ses parents seront heureux après leur rendez-vous en tête-à-tête, et parce qu’il sait qu’ils iront tout deux manger dehors ce soir, le laissant à nouveau aux soins d’Aida.
Alors, il décide de fermer les yeux, d’appuyer sa tête contre le fauteuil, et d’attendre.
Et il attend.
Et attend.
Et attend.
Peut-être qu’Aida est directement parti rejoindre son petit-ami, en l’oubliant.
Il attend.
Et attend.
Et attend.
Ses parents ont peut-être été retardés par le trafic, ou ont dû faire quelque chose d’important avant de venir.
Il attend.
Et attend.
Et attend encore un peu.
Il est déjà presque 18h.
Peut-être qu’ils m’ont abandonnés. Peut-être qu’ils ne m’aiment plus.
Alors la porte s’ouvre, et Gilles sourit à nouveau. Il se lève rapidement et court vers le couloir, vers la porte. Il se sent déjà mieux.
Mais ce n’est pas Aida qu’il trouve à la porte, ni ses parents. C’est Rosalinda, la femme du frère ainé de son père. Elle lui dit d’aller chercher une veste et quelques vêtements, qu’il vient passer la nuit chez elle. Elle a l’air d’aller mal, et il le voit.
Il lui demande si elle sait où se trouvent sa sœur, ou ses parents. Elle lui sourit, mais d’un air triste, et lui dit que ses parents ne viendront pas le chercher aujourd’hui. Elle a les yeux rouges, comme le jour où Aida a failli rompre avec son petit-ami et s’est enfermée toute une journée dans sa chambre.
Comme il sent que quelque chose va mal, il fait ce qu’elle lui demande, prend des vêtements, sa brosse à dents, son peigne et Pilín, son ours en peluche, et la suit hors de chez lui. Il n’ose pas demander d’où elle a sorti la clé pour fermer, et ne demande rien jusqu’à ce qu’ils arrivent chez elle, où sa cousine, Juliette, le prend dans ses bras. Il ignore où se trouve son oncle. Et ne sait toujours pas où sont ses parents et sa sœur.
La soirée passe de façon très étrange. Ses grands-parents paternels sont venus, et sa grand-mère maternelle a appelé. Mamie Pili commence à pleurer, et même si il trouve cela bizarre, papi n’a même pas essayé de la consoler. Mais personne ne lui explique rien, et tout le monde semble aller mal. Quand son oncle Hector arrive, des heures plus tard, il se contente de le regarder, de l’enlacer aussi, mais rien de plus.
Ils l’ont envoyé au lit très tôt. Sa tante l’a emmitouflé, bordé, embrassé, et lui a dit de bien dormir, qu’ils parleront demain. Il suppose que ça veut dire que demain, tout le monde reviendra, et qu’ils retourneront à la maison, et qu’ils seraient simplement sortit ensemble en le laissant aux mains de la famille.
Gilles s’endort des heures plus tard, sans savoir ce qu’il se passe, mais en espérant que tout ira mieux demain.
Ses parents et sa sœur ne revinrent pas le jour suivant. Ni le suivant. Ni lui suivant non plus.
ººº
Gilles entre par la porte, laisse le cartable dans l’entrée, et se dirige vers la cuisine, d’où provient une forte odeur d’omelette aux patates et de pot-au-feu.
Sa tante le gronde parce qu’il n’a pas retiré ses chaussures, mais il s’assoit tout de même. Il se sert un plat et commence à manger. Juliette lui fait un clin d’œil et il lui répond avec un sourire, quoique sans grande envie.
Le repas passe rapidement. Son oncle ne parle pas beaucoup, comme d’habitude. Juliette parle pour deux. Rapidement, arrive le sujet des notes.
Il leur remet son agenda, où il a tout noté. Il a sorti de très bonnes botes, beaucoup avec mention, et sa tante le félicite. Elle pose une bise sur sa joue, alors que son oncle lui dit quelque chose de flatteur, mais sans se montrer très effusif, comme toujours. Juliette lui sourit, mais sans paraître trop contente non plus. Elle le regarde attentivement, sachant déjà que quelque chose va mal. Il préfère l’ignorer, et se concentrer sur le déjeuner.
Deux heures plus tard, il est dans sa chambre. Il laisse ses livres sur son bureau, et jette un coup d’œil à son agenda : dans quelques jours, la première ronde d’examens sera finie.
Gilles a déjà quinze ans (et demi), et il est en 4 eme année d’Éducation Secondaire.
Il sait déjà qu’il choisira le parcours Scientifique l’année prochaine, parce qu’il est déjà sûr de ce qu’il veut faire dans sa vie, bien qu’il ne l’est encore dit à personne.
Sa tante lui a dit que s’il continue sur cette voie, il pourrait finir le collège avec mention. Il ne sait pas si ça l’intéresse vraiment. Il espère juste atteindre son objectif.
Quelques coups à la porte attirent son attention. Sa cousine entre, sans même attendre sa permission. Elle en est déjà à poursuivre des études de Philologie Anglaise, bien qu’elle vive encore à la maison. Elle a le cheveu très long, brun, et de magnifiques yeux couleur chocolat. Elle ressemble beaucoup à Aida.
Sans tarder, elle lui demande ce qui va mal. Il n’essaye pas de nier, étant donné qu’elle lit en lui comme un livre ouvert, mais il lui demande tout de même de sortir. Elle insiste, mais il refuse. Après dix minutes de lutte, elle quitte les lieux, encore plus ’inquiète qu’auparavant.
Gilles soupire, et referme la porte. Il s’assit à son bureau, appuie ses bras sur la table, la tête sur ses bras, et il ferme les yeux.
Il ne veut pas le lui raconter, parce qu’il craint qu’elle pensera que c’est stupide. Maitena lui a simplement demandé de sortir avec elle, et il a refusé, bien qu’elle lui ait plus depuis qu’il a changé de collège, avec presque huit ans. Elle lui a demandé pourquoi, a même pleuré un petit peu, mais il ne s’est pas sentit capable de le lui dire.
Il a failli accepter. Il aurait adoré. Mais elle voulait que leur premier rendez-vous soit un jour précis, lorsque les premiers examens se seraient calmés. Et il n’a tout simplement pas pu. Il s’est sentit nerveux, et a fini par refuser.
Il ne sait pas comment lui dire pourquoi il ne veut pas sortir le jour de la Saint Valentin. Il ne saurait pas comment le lui expliquer. Et n’est pas sûr de vouloir le faire.
ººº
Gilles ferme la porte de son cabinet. Il vérifie que tout est à sa place, et se dirige vers son appartement. Il préfère ne pas arriver en retard, car Sorena se montre très sensible et nerveuse ces derniers temps.
En chemin, il jette un coup d’œil à la vitrine d’un magasin et se peigne un peu. Il a toujours les cheveux blonds, mais plus clairs. Ses yeux, par contre, sont toujours aussi clairs. Son visage a perdu pour de bon cette frimousse d’ange qu’il avait enfant, et cet air juvénile d’adolescent. C’est déjà un homme mûr, d’environ 27 ans, et il a beaucoup changé. Quoique pas complètement. Il a fait des études de Santé, puis a pris Psychologie et Droits. Il s’est montré capable de mener les deux carrières à la fois. Avec matricule d’honneur. On dit qu’il est très intelligent, plus que la majorité. Il a un quotient intellectuel supérieur à la moyenne, bien qu’il ne se sente pas spécial pour autant. Ça ne le rend pas plus heureux non plus. Mais ses oncles sont fiers de lui, et ça lui suffit.
Maintenant, il travaille en tant qu'assistant social pour jeunes, et parfois aussi comme psychologue. Il aide des familles qui ne peuvent plus vivre ensemble, et aussi des enfants perdus qui ne savent plus quoi faire, ni quelle est leur place. Lui aussi se sent ainsi, parfois.
Il arrive à la maison. Sorena l’attend. Elle l’embrasse doucement sur les lèvres, ils se demandent comment fut leur journée, et il s’assoit un moment sur le fauteuil.
Elle l’informe que Juliette l’a appelée cette après-midi, ce qui attire son attention. Depuis qu’elle est partit vivre aux États-Unis, il n’a que peu de nouvelles d’elle.
Sorena l’observe un moment. Elle voit sur son visage que quelque chose va mal. Elle lui demande si il va bien, et il lui répond que oui d’un sourire. C’est plus facile de lui mentir qu’avec Juliette. Bien qu’il n’en soit pas vraiment fier.
Quelques instants plus tard, elle part se reposer un moment. Elle est très fatiguée, dernièrement, et a assez mal aux jambes et au ventre. Selon les médecins, elle devrait accoucher dans moins d’un mois. Ils n’ont pas voulu connaître le sexe, alors ils ont peint sa chambre de couleur crème, une couleur neutre.
Il attend un moment, comme indécis. Mais il se lève. Il se dirige vers la salle du bureau, et là, il s’assoit devant l’ordinateur. Il doit encore attendre quelques minutes avant d’oser l’allumer, et ouvrir son courrier.
Là se trouve l’e-mail qu’il attend depuis des semaines. Des mois. Le résultat de l’investigation.
Il l’ouvre, la main tremblant un peu. Il lui a fallu beaucoup d’argent pour pouvoir rouvrir cette enquête, et il sait que les chances pour que de nouvelles preuves ne soient découvertes sont infimes, mais il devait essayer.
Au départ, il le lit avec retenue, mais il finit par se laisser emporter, et profite de chaque détails.
Il a devant ses yeux tous les résultats ; beaucoup de choses lui furent énoncés en personne, mais il avait besoin de tout le rapport.
Tout ce qu’il a su pendant des années, c’est qu’il s’agissait d’un homicide, et que l’on ne ignorait l’identité de l’assassin. Sa famille n’a jamais voulu lui expliquer clairement ce qu’il s’était passé, ni ne l’avait laissé l’apprendre de son côté.
Maintenant, il sait. Il sait que ce fut horrible, et injuste.
On les a retrouvés tous les trois le long d’un chemin au milieu des champs, près d’une forêt, à quelques kilomètres du centre commercial. Sa sœur et sa mère avait des marques de coups, et l’on pense qu’elles furent violées, bien que son père fût le dernier à mourir. Il ne peut s’empêcher de penser qu’ils l’ont sûrement obligé à regarder. La voiture fut découverte dans les bois, détruite, en partie brûlée, dissimulée parmi la végétation.
Ils ne surent jamais ni le motif, ni qui était le coupable. Ou plutôt, les coupables. Et bien que de nouvelles preuves soient apparues, elles ne leur permettent pas de le découvrir maintenant non plus. Mais des cartes trouvées chez son père semblent indiquer qu’il pourrait s’agir d’une personne connue de son père, bien que ni l’expéditeur ni l’adresse n’apparaissent, et que l’écriture ne soit pas identifiable.
Gilles s’appuie contre le dossier. Il ferme à moitié les yeux, et essaye de se calmer. Une partie de lui regrette l’avoir lu. L’autre est anxieuse d’en savoir plus. De savoir pourquoi eux. Pourquoi ainsi. Pourquoi.
Alors, il entend la voix de Sorena qui l’appelle. Il ouvre à nouveau les yeux. Il ferme le courrier, éteint l’ordinateur, et se regarde dans le miroir. Il essaye de sourire, mais n’y arrive pas. Il essaye plusieurs fois, jusqu’à le trouver convaincant, il se repeigne à nouveau les cheveux d’une main, et il sort de la salle. Il se réunit avec sa femme avec un grand sourire sur le visage, et il ne la laisse pas voir combien il se sent mal, maintenant.
Parce qu’il sait que même ainsi, il doit aller de l’avant. Même si il ne sait toujours pas pourquoi.
ººº
Gilles sourit à l’enfant qui court vers lui, et l’enlace. Il pose un baiser sur sa joue et le secoue un peu, le faisant sauter sur ses genoux, le repose à nouveau sur le sol, et l’enfant court vers Sorena.
Il jette un coup d’œil autour de lui. Toute sa famille (ou une grande partie) est réunie pour l’anniversaire de son second petit-fils, Igor.
Devant lui se trouve sa fille ainée, Carla, et son mari. Près d’elle se trouve son premier petit-fils, Victor. Pas très loin se trouve son deuxième fils, qui est né seulement trois ans après Carla, Hugo, celui qui a refusé d'étudier et a préféré monter un commerce avec ses amis. Ça ne marche pas trop mal. Il est accompagnée de sa petite-amie, Laura, un peu timide, comme toujours. Ils n’ont pas encore d’enfants, et ne semblent pas pressés.
Même Juliette a pris la peine de venir. Elle a pris des vacances de quelques semaines, se trouve de retour au pays depuis une semaine, et elle joue en riant avec Igor, le second fils de Carla. Il ressemble beaucoup à Victor.
L’oncle Hector est là aussi. Il s’est renfermé de plus en plus au fil du temps, et la mort de Rosalinda ne l’a pas aidé. Maintenant il semble être constamment déprimé. Elle était la seule qui savait toujours comment l’animer, le faire vivre. Pas même Juliette, ou lui, savent comment lui rendre le sourire. C’est comme si il attendait seulement son heure, pour pouvoir retrouver son épouse. Pendant ce temps, il semble à moitié absent.
Sorena et lui ont déménagé pour vivre avec lui, s’occuper de lui, étant donné qu’il est très vieux et un peu sourd. De plus, il est trop dépressif pour qu’ils ne courent le risque. Certains jours, il ne veut même pas manger. Ni se lever. Il ne veut tout simplement plus vivre.
Des lèvres sur sa joue attirent son attention, et il se tourne lentement vers sa gauche. Là, il se trouve nez à nez avec sa femme, avec laquelle il est marié depuis une trentaine d’années. Elle lui sourit, avec les lèvres et avec les yeux, et avec un regard amusé. Elle est toujours aussi belle, bien qu’elle ait déjà le visage assez ridé, et que ses cheveux soient en train de passer au blanc.
Lui non plus ne peux pas se considérer jeune. Gilles a déjà 53 ans, deux enfants et deux petits-enfants, et sa chevelure s’est éclaircie à nouveau, à cause des cheveux blancs. Son visage vieilli également, et semble plus sérieux, bien qu’il dédie toujours à ses petit-fils un sourire plaisantin qui le rajeunit d’une vingtaine d’années.
Il travaille toujours comme assistant social et psychologue infantile. Il a déjà aidé beaucoup de familles, beaucoup d’enfants tristes et désemparés, bien qu’il se préoccupe bien plus de ceux qu’il n’a pas pu aider. Il ne supporte pas voir un enfant pleurer. Et il ne supporte pas que cela soit à cause de parents irresponsables. Ces gens ne savent pas la chance qu’ils ont, et qu’ils gâchent. Parfois, il se demande pourquoi ils ont des enfants.
Il y a mis beaucoup d’effort, de temps et d’argent pour le réussir, empêcher qu’ils ne laissent tout tomber, mais ce fut inutile. Ils finirent par fermer l’enquête. Ils disent que dans quelques années, lorsque la technologie sera plus avancée, ils pourront découvrir ce qui est arrivé à sa famille. Il a peur de ne plus être là lorsqu’ils découvriront la vérité. Les coupables non plus ne seront jamais punis vivants.
Il passe un bras autour des épaules de Sorena, en lui rendant son sourire. Il se souvient encore de lorsqu’elle était une étudiante universitaire pleine d’énergie, à la longue chevelure couleur cannelle, et aux yeux en amandes qui captivés sont regard, bien qu’il sache que ce n’est pas la seule chose qui l’a attiré chez elle, sinon également parce qu’elle lui rappelait quelqu’un.
Mais il est également enchanté d’avoir le luxe de la voir vieillir à ses côtés. Il sait que l’amour à tendance à s’effriter ; mais il l’aime chaque jour un peu plus. Il a eu beaucoup de chances de la connaître, et, heureusement, il le sait. Bien qu’il ignore si c’est la seule raison pour laquelle il aime tant la voir perdre sa jeunesse.
Peut-être aussi parce que, à chaque jour qui passe, elle ressemble un peu plus à sa mère.
Ils n’ont jamais fêté la Saint Valentin. Il n’a jamais eu à lui expliquer. Elle le comprenait. Elle le comprend toujours.
ººº
Aujourd'hui, c'est la Saint Valentin.
Sorena est allé chez Hugo pour voir sa petite-fille, Lucía, qui n'a que 15 ans. Au départ, elle ne fut pas désirée, mais ils ont choisi de la garder, et ne l'ont pas regrétté.
En réalité, elle est partie parce qu'elle sait qu'il préfère rester seul aujourd'hui. C'est pire quand ils essayent de le consoler, qu'ils veulent l'apaiser, partager sa douleur. Ça ne sert à rien. Ils tentent de lui faire comprendre que c'est arrivé il y a très longtemps, une vie en arrière, qu'il doit l'oublier.
Ça fait toujours mal.
Il est assis dans le salon de ses oncles, dans le fauteuil. Cela fait longtemps qu'ils ont vendu celles de ses parents. Il était jeune. Mais il ne l'oublie pas.
Le reste de la maison n'a rien de particulier. Mais le salon est son refuge. Il l'a redécoré à sa façon, lorsqu'Hector est mort. On peut dire que son existence avant la mort fut difficile pour tous, mais l'expression de soulagement avec laquelle il a quitté ce monde a prouvé ce que tous soupçonnaient: cette vie n'était plus pour lui. Il est sûrement mieux où qu'il soit, désormais.
Personne ne le sait, pas même Sorena. Juliette n'a jamais rien dit, mais il suppose qu'elle l'a reconnu.
C'est la copie exacte du salon de ses parents. Même le fauteuil est orienté vers le couloir, de manière que c'est comme si il revivait la même qu'il a vécu quand il avait 7 ans, il y a plus de soizante dizaines d'années. Mais il se souvient; oui, il s'en rappelle parfaitement. Ce qui est arrivé les jours suivants, comme il a peu à peu comprit les faits, qu'ils ne reviendraient pas, tout cela est assez flou, mais ce jour, il ne l'oubliera jamais.
Il a désormais 72 ans. Il est retraité. Il a deux enfants de plus de 40 ans. Trois petits-enfants ; le plus vieux, de 23 ans, et la plus jeune, de 15 ans. Il a une femme qu’il chérit comme un trésor, et qu’il aime toujours malgré les années qui passent, qui ne pardonnent pas. Ils peuvent déjà se considérer un couple de petits vieux.
Il a vécu une vie longue, complète, heureuse, entouré des gens qui l’aiment.
Mais il sursaute toujours, lorsqu’il est seul et qu’il entend une porte s’ouvrir, et il ne peut empêcher que ses yeux se remplissent d’un stupide espoir purement infantile. Il attend toujours qu’un jour, ses parents entrent par la porte, le prennent dans leurs bras et l’embrassent, s’excusent pour avoir mis si longtemps, et lui promettent qu’ils ne le laisseront plus jamais. Il attend toujours que sa grande sœur lui donne ses bonbons, le dépeigne du revers de la main, et lui sourit. Et il se sent seul.
Parce qu’il ne saura jamais pourquoi.
ººº
Fin
ººº
Et bien sûr, Joyeuse Saint Valentin quand même !
Ah, précision : le prénom de Gilles se prononce un peu à l’espagnol (un peu comme à l’anglaise ?), avec un G plus fort et en prononçant le S final : Djilless.
Petites explications sur l’histoire:
Spoiler
Le système d’Éducation Espagnol étant différent du Français, voici quelques explications :
Les espagnols finissent l’éducation primaire un an après les français, lorsque nous sommes déjà en 6eme. Ils se passent ensuite 4 ans d’Éducation Secondaire ( ou « ESO ») et deux ans de Lycée (Bachillerato). Vous remarquerez qu’en faisant les comptes, on finit tous en même temps.
Les trois premiers années d’Éducation Secondaire, tous les élèves ont les mêmes cours à part une ou deux différence (seconde langue étrangère : français, allemand, fala etc. ; religion…). Au quatrième, l’on commence à séparer les classes entre ceux qui se dirigent vers les études « Scientifiques », Humanitaires (Histoire, Langues, Arts) et Technologiques.
C’est cependant au Bachillerato que le choix est décisive : les classes sont définitivement séparés entre « Santé » aussi appelé « Scientifique »(Biologie, Physique Chimie, Maths difficiles, Psychologie etc.), Technologie (Physique Chimie, Math difficile, Technologie, Dessin etc.) et les Humanitaires (séparés en deux groupes dont je n’ai jamais rien compris).
Ainsi donc, lors du passage sur l’adolescence de Gilles, on apprend qu’il est en 4ºESO, 4eme année d’Éducation Secondaire en Espagne (en France, cela correspondrait, il me semble, à être en Seconde), et dans la classe « Santé et Technologie », étant donné qu’il prétend choisir « Santé » l’année suivante.
Ceci est confirmé lorsqu’on apprend plus tard qu’il est devenu psychologue (en Espagne, les études supérieures de Psychologie doivent être précédées d’un « Bachillerato » de Santé ou « Scientifique »).
On apprend aussi qu’il a fait des études de Droits, ce qui, il me semble, serait plutôt du côté des « Humanités », mais aussi qu’il a tenu les deux parcours d’études à la fois, et qu’il s’agit en quelques sortes d’un surdoué ; je pense donc que c’est plausible.
Petite note au passage : Selon ce système, sa cousine Juliette a étudié « Humanité » au lycée.
Ah, et je ne me souviens plus de si ça se fait en France, mais en Espagne, les meilleures élèves (10/10 partout) peuvent recevoir une « Matricule d’Honneur » en finissant l’Education Secondaire (à 16 ans) ; une mention, quoi. Même si celles qui comptent vraiment pour la suite restent celles que l’on peut recevoir après, en finissant le Bachillerato. Mais ça reste influent pour les bourses d’études.
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Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Mara Schaeffer a écrit:
Ainsi, si vous rencontrez une phrase étrange, il s’agira sans doute d’une mauvaise traduction ; n’hésitez pas à me le dire.
Alors à ce niveau là j'ai :
Citation:
Il n’allait rester seul qu’une demi-heure.
Dans le contexte je pense que c'est "Il n'aurait du".
Citation:
il travaille d’assistant social pour jeunes, et parfois aussi de psychologue.
Ici, "il travaille en tant qu'assistant social pour jeunes, et parfois aussi en tant/comme psychologue".
Citation:
ni quel est leur place
Citation:
La voiture fut découverte dans les bois, détruit, en partie brûlé, dissimulé parmi la végétation.
Ici, simple oubli du féminin ("quelle", "détruite", "brûlée", "dissimulée".)
Citation:
celui qui a refusé étudier et a préféré monter
Là, "d'étudier, et qui a préféré monter".
Citation:
Sorena et lui ont déménagé pour vivre avec lui, pour s’occuper de lui,
Pour éviter une inutile répétition, on peut corriger ici en "et pour s'en occuper".
Citation:
, il est trop dépressif pour qu’ils ne courent le risque.
Là aussi y un souci, je pense que formuler la phrase en quelque chose du style "il est trop dépressif pour qu'ils le laissent seul" ou dans le genre serait plus adapté.
Citation:
Il travaille toujours d’assistant social, et de psychologue infantile.
À nouveau, "il travaille toujours en tant qu'assistant social et psychologue pour enfants" (en effet il me semble qu'infantile s'utilise pour la matière, pas vraiment la profession).
Citation:
Il se souvient encore de lorsqu’elle était une étudiante universitaire
"Il se souvient encore d'elle lorsqu'elle était encore une étudiante universitaire".
Citation:
elle est partit
partie*
Citation:
il est assi
assis*
D'une manière générale je l'ai fais parce que je suis le premier commentateur, mais, (et en plus vu l'heure haha), j'ai sans doute laissé passer des trucs et d'autres s'en sortiront mieux que moi (hey Quater mon ami, tu t'ennuies ? Viens voir par ici ).
Ensuite, pour l'histoire en elle-même... évidemment je n'aime pas le thème mais... j’apprécie le sérieux et le réalisme avec lequel le portrait de la famille est brossé et qu'on voit évoluer de génération en génération.
En tout cas, pour une idée "qui a surgi un matin, entre deux cours", on pouvait difficilement faire mieux à mon avis. Cette talentueuse démonstration est une bonne nouvelle pour tes futures fics. Félicitations. _________________
« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »
Posté le: Dim 28 Juil 2013 11:31 Sujet du message:
Inscrit le: 27 Mar 2012 Messages: 1490 Localisation: Thugland
Je n'ai jamais eu le courage de commenter cette fiction/O.S. et c'est bien dommage puisque je me souviens l'avoir lu dès que tu l'as posté. Je rejoins tout à fait mon VDD, ta fiction est vraiment excellente. Je l'ai trouvée très émouvante et très... réaliste. Tu décris les émotions de tes personnages d'une manière assez appréciable.
Je ne sais trop quoi dire, maintenant. Je ne peux pas emmetre d'hypothèses puisque ton écrit est terminé et je n'ai plus rien à critiquer.
Suivre la vie de ce petit garçon et ce qu'il devient a été un réel plaisir. Merci, donc, et au plaisir de te lire à nouveau. _________________
« L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ça sera comme
une partouze qui n'en finira plus... Et avec du cinéma
entre... Y a qu'à voir comment que c'est déjà... »
Céline, Voyage au bout de la nuitr
Posté le: Dim 28 Juil 2013 12:57 Sujet du message:
Inscrit le: 01 Fév 2013 Messages: 241
Hello!
Un petit mot pour te dire Oh! combien j'ai apprécié ce texte,et je t'applaudis pour la traduction qui est pas mal faite malgré les erreurs qu' Icer a cité ci-dessus.
Le thème m'a plu par son originalité et par la bonne explication que tu as proposé. L'histoire de Gilles avec les différentes époques de sa vie et les personnages qui intègrent celle-ci : magique.
C'est la fin qui m'a le plus touché,le fait qu'il attende toujours qu'un jour sa famille passe le pas de la porte. C'est une fin parfaite,et on voit que tu as bien compris ton thème.
Voilà,j'aime beaucoup tous tes récits,je les ai tous lus sans exception et étant une fan U/Y,ton OS Ensemble est pour moi le meilleur d'entre tous ^^
++...et merci pour ce joli texte. (Séquence émotions du jour)
Inscrit le: 05 Sep 2012 Messages: 84 Localisation: Entre deux trads et trois exams.
Ça fait trop longtemps que je ne suis pas venue sur ce forum moi...
*fait craquer tout ce qu'elle a de craquable*
Avec un retard... exemplaire, il est temps de répondre à ces commentaires !
Je trouve tout d'abord très agréable que vous ayez tous trouvé la description de leurs sentiments et émotions suffisamment réalistes. J'ai essayé de faire court (mon plus grand défaut: j'écris toujours beaucoup trop long, beaucoup trop explicite), clair, concis, pour que ce soit à la fois simple, presque naïf, mais aussi... réaliste.
Et je suis surtout contente que l'histoire de Gilles ait réussie à vous émouvoir, étant donnée qu'elle m'a également émue moi-même (ne jamais verser une larme en classe de Biologie quand on vous parle d'organes vitaux, ça fait très mauvais genre).
En bref, merci beaucoup pour vos commentaires très encourageants !
Plus en privé:
Café Noir: Je suis curieuse de savoir pourquoi tu n'as "jamais eu le courage" de la commenter auparavant. Et surtout ce qui t'a animé à le faire en ce joli 23 Septembre (cela avait été un très bon jour pour moi en tout cas). Merci en tout cas pour ton commentaire (surtout que ce n'est pas la première fois que tu commentes l'une de mes histoires) !
Peppy: Ravie de voir que j'ai une lectrice assidue ! *n'exagérons rien* J'ai pas mal freiné côté Fanfics ces temps-là et n'écris presque plus (ne le dite pas Icer, il me frappe si je n'écris pas assez), alors n'attend rien avant longtemps ! Et, de tous mes OS, "Ensemble" a toujours été celui ayant le plus la côte, peu importe que la personne sache que j'ai gagné un concours avec ou non.
En tout cas, laisse-moi te dire à quel point ça me réjouit d'apprendre que tu as lu tous mes OS et les as tous apprécié ! Ça me fait vraiment chaud au coeur !
Et merci pour ton compliment sur la traduction. C'est quelque chose que j'aimais pas mal faire à cette époque, et j'essaye de m'améliorer (en même temps je suis un peu obligée maintenant humhum).
Donc, merci à vous trois pour vos compliments et vos encouragements ! (Je ne t'oublie pas Icer... *signe de tête secret* Edit de l'intéressé : Hum ?) _________________
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