Posté le: Mer 30 Oct 2013 00:33 Sujet du message: [X.A.N.Alloween] Concours du meilleur texte
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Concours du meilleur texte d'Halloween - Spécial X.A.N.A
On va s'inspirer du concours originel pour créer quelque chose qui sera... davantage à mon goût.
I - Déroulement
Les consignes sont claires, simples, efficaces. Comme moi. Il s'agit d'écrire un One-Shot en se basant sur l'énoncé suivant :
La consigne a écrit:
De nombreux mois ont passé depuis l'extinction du Supercalculateur. Les Lyoko-guerriers ont tous grimpé d'un niveau dans le circuit scolaire et l'heure est à la période d'Halloween...
... C'est le moment que choisit X.A.N.A pour revenir. De par l'effet de surprise, un ou plusieurs Lyoko-guerriers y perd(ent) la vie.
Pas de bornes de longueur. Lâchez-vous. Ou plutôt, déchainez-moi.
Vous m'enverrez vos productions via la messagerie privée, avec pour titre du message : [X.A.N.Alloween 2013] - Écriture.
Le concours démarre dès la publication de ce message et se clôturera dans la nuit du samedi 2 novembre au dimanche 3 novembre à minuit. Les participations seront publiées peu après anonymement afin que les membres puissent déverser leur flot de bile dessus. Le jury se réunira ensuite en fin de journée pour décider quel sera le vainqueur du concours tout en tenant compte des critiques acerbes qui auront été formulées entre temps. Le gagnant sera annoncé dans la soirée.
II - Le jury
Les vainqueurs seront désignés par un cercle restreint d'une personne : Moi. J'ai naturellement toute confiance en mes capacités.
III - Participation et récompenses
Tout le monde est libre de participer du moment qu'il respecte la formulation du MP susmentionnée au moment de l'envoi de sa participation.
Le gagnant obtiendra une barre de rang très spéciale que je vous dévoilerai au terme du concours, ainsi qu'un nombre important de points de vie pour sa maison si il y a lieu. La seconde place se verra également bien récompensée.
En revanche, les participations non-gagnantes feront perdre à leurs auteur une somme modique en terme de points de vie. Avec moi, c'est donc quitte ou double.
Que le meilleur tueur gagne. _________________
« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 11 Aoû 2013 Messages: 305 Localisation: Lisieux, France
Salutations noble programme démoniaque.
J'ai une petite question à laquelle ton intelligence supérieure te permettra certainement de répondre : peut-on proposer notre OS dans le concours "normal" et également dans le génial concours spécial en ton nom ? _________________
Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
Charles Baudelaire
Inscrit le: 16 Sep 2012 Messages: 819 Localisation: Dans un lieu magnifik !
Pareil ! je vais plutôt déposer mon texte ici, vue que ce que j'ai écrit correspond mieux à ce thème. Xana ne va pas être déçu de voir une personne aussi sadique que lui. _________________
Laura et Odd, des persos magnifiks !
[Signature modérée : Mettre une carpe qui récompense un texte sur un profil est un non-sens...]
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Texte n°1 : Silence de mort
Spoiler
Il faisait nuit. Une nuit sombre, mais aussi éclairée par une lune blafarde qui dardait des rayons tranchants sur le monde. Des nuages, gris détourés de blanc, passaient et repassaient au gré des folies du vent devant l’astre. Ce soir était un soir un peu spécial. Ce soir, un petit vent de folie surnaturelle passerait sur la ville. On verrait des séances de spiritisme, des enfants déguisés, et diverses formes étranges. Ce soir, la porte entre la réalité et l’au-delà s’entrouvrait. Ce soir, finalement, des adolescents ayant affronté une entité virtuelle pendant des années pouvaient se sentir à leur place.
L’ambiance était étrange, à mi-chemin entre chaleur et la démence, entre le froid glacial et l’obscurité accueillante où on s’amusait à se faire peur. Il ne fallait pas oublier que de l’autre côté du halo doré de sa lampe, il n’y avait que les ténèbres…et dans les ténèbres, l’être humain est impuissant. C’est un domaine que l’on maîtrise mal et qui nous a toujours effrayés.
Pourquoi le noir est-il la couleur de la mort, plus que le rouge du sang versé ? Parce que le noir représente l’inconnu, ce qu’on ne voit pas. Ce qu’on ne voit pas arriver. Ce qui se cache dans les ténèbres et qui n’attend qu’une ouverture pour vous y traîner.
Mais l’inconnu a parfois un visage familier.
C’était aussi un de ces soirs où les gens s’amusent et rient en oubliant le lendemain et l’hier. C’était un de ces soirs où l’on se sentait invincible, quitte à réaliser qu’on ne l’était pas vraiment.
Monsieur Delmas, dans sa grande bonté, avait cédé aux supplications de sa fille : le lycée organisait donc une fête d’Halloween. La plupart des élèves y étaient, déguisés ou pas, en train de danser ou de discuter à côté d’un buffet thématique qui avait été probablement dévalisé par Odd. Enfin, ça, c’était ce que William supposait. Il était cloîtré dans sa chambre, sans réelle envie de descendre s’amuser. La musique lui parvenait vaguement. Les voix aussi. Il lisait un livre de Garth Nix, qui traitait d’une invasion de morts-vivants dans un royaume un peu moyenâgeux. Et bien sûr, l’héroïne du roman éponyme se devait de tous les massacrer. Obligé. Mais William aimait bien le livre quand même et estimait que c’était une meilleure utilisation de sa soirée qu’une fête entre lycéens, où il risquait de croiser ceux qu’il avait un jour appelés ses amis.
Bien sûr, il ne savait pas encore qu’on a beau fuir son ombre, elle nous collera toujours aux basques. Il ne l’avait pas encore réellement compris.
Levant les yeux de son livre, il regarda par la fenêtre. La lune était presque pleine et les nuages spectraux qui s’étiraient prenaient des formes d’ectoplasmes torturés. Curieusement, William leur trouva des airs de spectres de Xana. Mais ce n’était sans doute que son imagination exacerbée par le soir. Parce que ce soir plus que tout autre, l’imagination des humains allait bouillir.
Il était près de minuit, lui apprit son réveil, et il envisageait donc de poser sa passionnante lecture pour aller dormir. Toutefois, alors qu’il glissait son marque-page entre les feuilles de papier, il réalisa que quelque chose clochait. Il n’arrivait pas à comprendre quoi. L’intuition que quelque chose se passait mal.
Il se gratta la tête, cherchant à mettre le doigt sur le détail qui le gênait dans cette situation. Il observa sa chambre, cherchant à voir si par hasard un élément avait changé. Il regarda par la fenêtre. Rien ne lui semblait inhabituel, tout était calme et paisible. On entendait seulement la musique en provenance de la cour, où le lycée avait décidé de faire sa fête, et…
Une minute.
C’était ça, le détail gênant. On n’entendait que la musique. Pourquoi plus de voix ?
« Je deviens parano. Doit y avoir une raison, ils font un roi du silence ou alors quelqu’un raconte une histoire terrifiante et je ne l’entends pas parce qu’il est seul à parler… »
Alors il attendit un peu, le temps que les glapissements effrayés de la superficielle gente féminine viennent rompre ce silence.
Et puis le silence durait.
Et puis le silence durait.
Et le silence ne s’arrêtait pas, n’en finissait plus, rythmé par la musique qui semblait se moquer de lui.
William se décida à prendre son blouson posé sur une chaise et l’enfila au-dessus de son T-shirt. Il sortit précipitamment de sa chambre, s’efforçant de maîtriser son pouls qui pourtant, ne se calmait pas le moins du monde. Sa main moite glissait sur la rampe et il manqua plusieurs marches dans sa précipitation. Il avait l’impression que l’écho de ses pas était trop bruyant dans le silence de mort. Il avait l’impression qu’une force étrangère lui disait « Tu n’as pas le droit d’être là. Tu es trop vivant. ». Bien sûr, cette peur était absurde, mais il la ressentait.
La cour était éclairée. Une grande flaque de lumière jaune et chaleureuse dans ce monde noir et argenté, où tout semblait froid et hostile. Mais quand il vit la scène éclairée par ce lampion misérablement grimé en citrouille, il sentit son sang se glacer.
Il s’avança lentement, à la fois tétanisé et mû par une force implacable qui lui interdisait de rester sur place. Les derniers mètres furent sprintés. Quelque part en lui, il y avait l’angoisse de voir un être cher étendu là, dans ce bain de sang.
Les cadavres étaient tous blafards. La plupart étaient grimés en créatures effrayantes. Tous présentaient des blessures fatales qui avaient dû beaucoup saigner. Par endroits, on marchait dans le sang. William avait conscience qu’il blêmissait autant qu’eux alors qu’il traversait le charnier, alors qu’il entendait le sinistre « floc » de ses chaussures, alors que son regard dévisageait anxieusement chaque visage grimaçant, craignant et espérant reconnaître quelqu’un à la fois.
Et il se tenait là, quand il tomba sur le premier.
Odd, déguisé en feu-follet, gisait au pied d’un arbre, le ventre percé d’un trou rouge. Il ne bougeait pas. Mais au vu des traces de liquide, il s’était traîné jusqu’au pied du végétal, cherchant peut-être le salut, ou juste à fuir son adversaire. Odd avait été, de tous, l’un des plus gentils avec lui. Il était sympathique. Un type bien, sûrement, plein de joie de vivre. Il n’avait certainement pas mérité ça.
Qui ? C’était la question qu’il se posait. Celle qui tournait en boucle dans son cerveau. La question anxieuse dont il avait peur d’entendre la réponse.
-Voyons, William, je pense que tu connais la réponse à cette question.
Il sursauta et se retourna, blême, pour se retrouver…face à son double. Ce dernier arborait un rictus, et fit crépiter quelques étincelles dans sa main, regardant parfois les cadavres. On ne l’aurait pas entendu approcher. Aucun bruit. William restait muet d’horreur. Son alter-ego maléfique, lui, haussa un sourcil et continua son monologue
-Au fond, tu t’es toujours dit que ça ne pouvait pas être si simple, pas vrai ? Que je n’étais pas tout à fait mort ? Admets-le. Vous n’aviez aucune chance contre moi. Tu es le dernier à connaître la vérité au sujet de tout ceci, mais tu resteras en vie. Ne t’en fais pas pour toi. Si tu veux retrouver les autres, ils ont fui par là.
Tendant l’index, William bis désigna le parc. L’obscurité, là-bas, agissait tel un monstre défendant férocement son territoire. Elle avalait les arbres, serpentait dans l’herbe, mettant au défi quiconque de découvrir ce qui se cachait dans ses sinistres abysses. Personne ne voulait aller voir. William non plus. Mais il n’avait pas le choix, au fond.
Alors il marcha vers les arbres qui étendaient des branches inquiétantes comme pour griffer le ciel, le déchirer.
Quand on est dans le noir, on a toujours cette boule au ventre qui nous incite à courir plus vite pour foncer dans un endroit illuminé et fermer la porte pour bloquer la route à ce qui se tapit dans les ténèbres. C’est ainsi. William, en s’enfonçant entre les arbres, avait terriblement envie de courir pour retourner dans la lumière. Mais il ne pouvait pas. Il sentait le regard de son double derrière lui, mais n’entendait pas ses pas. Ça ne voulait rien dire. Mais il ne voulait pas non plus se retourner vers le carnage. Il en avait trop vu.
Ses chaussures laissaient des empreintes luisantes dans l’herbe éclairée par la lune. Du sang, bien que le clair-obscur ne laisse la place qu’à des nuances de gris. On pouvait imaginer des milliers de créatures grimaçantes tapies dans les moindres recoins de chaque ombre. On pouvait imaginer des menaces partout. Et peu importait si ce n’étaient pas des menaces réalistes : Ce soir, puisque la frontière entre mort et vie semblait si facile à gommer en un instant, tout pouvait arriver.
Il se surprit à frissonner lorsqu’une brise glaciale siffla dans les arbres. Il ne faisait pourtant pas si froid, tout à l’heure. Nerveusement, il essuya ses mains sur son pantalon, crut voir un instant des traces de sang, mais ce n’était qu’un effet de son imagination. L’endroit était oppressant, lourd. Chaque petit bruit l’aurait fait sursauter, mais au fond, le plus terrifiant, c’était le silence. Le silence lourd et sinistre. Un silence…de mort.
Même ses pas avaient l’air d’être étouffés. Comme si l’environnement ne tolérait pas qu’il fasse davantage de bruit. Comme si on lui imposait le silence, et quelque part, la mort.
Et puis un son troubla ce silence trop parfait. Ce son, c’était « Floc ». Il le reconnaissait fort bien, pour l’avoir entendu…cinq minutes ? une heure ? une nuit ? auparavant. La notion du temps devenait tellement floue dans ce climat de peur…
Il baissa les yeux, redoutant de voir qui gisait là.
La personne était dure à identifier. Elle semblait drôlement petite. Enfin, c’était ce que William se disait avant de réaliser que l’adolescent avait été tranché en deux, les jambes d’un côté, le reste de l’autre. Et encore, sa tête avait été explosée sauvagement, à tel point qu’on pouvait voir des morceaux de sa matière cérébrale (morceaux peu nombreux) en divers endroits autour. Quelqu’un avait voulu que le garçon meure, mais quelqu’un avait aussi voulu mutiler sa dépouille (William espérait qu’il était déjà mort) pour qu’elle ne ressemble plus à rien d’humain. Un haut-le-cœur le prit et il rendit son dîner sur le côté, plié en deux, soumis à son estomac contrarié. Tandis qu’il se redressait en évitant de regarder le hachis sur le sol, il vit son double, apparu par un quelconque tour de passe-passe, qui étudiait la chose.
-Je vois que tu as trouvé Ulrich. Il m’avait un peu agacé, ce petit crétin. Enfin, j’imagine que tu ne dois pas être très affecté, on ne peut pas dire qu’il était sympa avec toi.
William cligna des yeux, secoué malgré tout par la vue sordide qui s’offrait à lui. Et même si Ulrich n’était pas du tout son meilleur ami, il ne lui aurait jamais souhaité ça. Jamais. C’était trop ignoble.
-Il s’était proposé pour retarder l’adversaire tandis que les autres fichaient le camp. Quel espoir risible. Ils pensaient vraiment pouvoir atteindre l’usine et sauver le monde, à ton avis ? Je ne pense pas. Ils savaient bien que c’était la dernière nuit. Ulrich s’est sacrifié pour un mensonge qu’ils se faisaient à eux-mêmes. C’est risible, tu ne trouves pas ?
Pour William, pas tellement. Mais son alter-ego maléfique semblait trouver ceci vraiment très drôle et éclata d’un rire à gorge déployée. En temps normal, on aurait peut-être vu des corbeaux s’envoler, mais le parc semblait si mort que c’était impossible. Le double tapota l’épaule de son original et commenta
-Allez, continue le jeu de piste, on verra bien qui ce sera le prochain macchabée !
William déglutit difficilement et s’éloigna, cherchant à éviter le cadavre. Il ne restait que trois personnes du groupe à trouver. Yumi, Jérémie et Aelita.
Il avait du mal à respirer. Comme si quelque chose lui étreignait la poitrine, lui interdisant d’inspirer trop d’air. Etait-ce sa propre peur, ou quelque chose de plus surnaturel ? Après tout, on était le soir d’Halloween. La nuit de tous les mauvais sorts. La nuit où tout était possible, comme l’anéantissement de tous les élèves d’un lycée.
Le silence revenait. Sans qu’on l’entende approcher, il était là, partout. Il enserrait la gorge et soufflait les moindres mots comme la flamme d’une bougie. Et quelque part, il vous empêchait de parler tout seul pour éloigner la solitude de la mort. Parce que la mort était partout, ce soir plus que n’importe quel soir, plus que n’importe quel soir d’Halloween ordinaire. Cette fois, la mort n’était pas une façade des petits enfants pour avoir des bonbons. Cette fois, la mort n’était pas un petit fantôme pendu à la fenêtre opaque à cause de la brume, non, cette fois, la mort était bien là. La mort en avait eu assez d’être un masque et avait décidé de montrer qu’elle n’était pas un objet de plaisanterie ou de dérision.
Un peu comme Xana. Maintenant qu’il était revenu, il n’était pas disposé à ce que les Lyokoguerriers puissent le tourner en ridicule. William ne savait pas comment le programme avait pu ressusciter, mais il savait qu’il ne le saurait jamais. Comme si son double allait le lui dire. Comme si il allait pouvoir le découvrir seul. Si Jérémie était mort…
William ne savait pas si il survivrait à ce « jeu de piste » sinistre. Il ne voulait pas le savoir. La vérité est parfois trop cruelle. Il ne savait pas non plus pourquoi il continuait à marcher : quel intérêt de trouver ces dépouilles dont la vue était si douloureuse ? Aucun. Et pourtant, une force le poussait vers l’avant. L’espoir ne fait pas forcément vivre. Mais le désespoir ne faisait pas mourir non plus. Il était toujours en vie, bien que ce ne soit pas forcément pour longtemps.
Avait-il le devoir d’avancer ? Non, mais il en avait le droit. Et reculer, c’était se retrouver face à face avec Ulrich. Quoique, il n’avait plus tellement de face, Ulrich. Un sourire sinistre étira ses lèvres. Comment arrivait-il à faire de l’humour noir dans ces conditions ? La réponse lui échappait. Mais après tout, on était un soir d’Halloween. Un soir où la mort se mêle fort bien à la fête et à la joie.
C’était avec les résidus de ce sourire qu’il découvrit le second corps.
L’éclat de la lune donnait à son teint des couleurs trop claires, trop blafardes, trop crues. C’en devenait insoutenable. Elle avait le regard tourné vers le ciel, les cheveux déployés en un éventail noir autour de la tête. Au coin de ses lèvres entrouvertes, un filet de liquide noir coulait. On avait l’impression que seuls deux tons dominaient : le noir et le blanc. Noir pour ses habits, blanc pour sa peau éclairée. On aurait presque pu croire qu’elle était vivante. A la différence qu’elle ne respirait pas, ne le voyait pas. Et qu’elle était beaucoup trop pâle. Encore un exemple de la mince frontière entre la vie et la mort.
William l’observa en silence. Toujours ce silence. Il n’y avait pas grand-chose d’autre dans ce sinistre épisode, après tout. Il s’attendait à ce que son clone informatique arrive pour faire un commentaire : il ne fut pas déçu. Sortant de l’ombre, l’autre William jeta un œil au cadavre de Yumi.
-Ah, la voilà. Tu vois, même dans la mort, elle ne t’accorde pas un regard. Quelle fille méprisable. Comment tu as pu tomber amoureux d’elle, je me le demande. Moins amochée que le précédent, hein ? Il faut savoir changer de style, parfois. Ça fait trois. Les trois originels qui m’embêtaient sur Lyoko. Maintenant, tu dois encore retrouver les petits génies. Aelita et Jérémie, ceux qui les dirigeaient et qui étaient tout aussi ennuyeux, à leur manière. La tête et les muscles.
Le doppleganger jaugea William un instant. Ce dernier ne lâchait pas Yumi des yeux, comme hypnotisé par le spectacle de la mort. Puis, comme si on venait d’appuyer sur un interrupteur, il se détourna et reprit tristement son chemin dans le parc, prêt à trouver les deux derniers. Ensuite, de quelque façon que ce soit, cette histoire trouverait une fin. Il ignorait encore laquelle, mais il fallait aller à sa rencontre. Il était temps. Après ce qu’il avait vu ce soir, il s’attendait au pire. Et il comprenait que le passé ne reste pas longtemps du passé. Enfin, il le comprenait.
Un frôlement le fit sursauter. Il se retourna, pour tomber sur son propre visage grimaçant. Il l’observa, interrogateur.
-Je t’accompagne pour la fin du chemin. Ce n’est plus très long. Regarde, Jérémie a été blessé ici, il a laissé des traces de sang partout. Aelita l’a aidé à avancer. Tu reconnais l’endroit ?
William baissa les yeux vers la piste sanglante, qui n’était qu’une ombre de plus dans l’herbe, et la suivit sans rien dire. Il en était incapable. Il savait ce qu’il allait trouver au bout de ce chemin sanglant, mais il le suivait quand même. Pourquoi ? Il l’ignorait. Mais il fallait aller au bout, pour que ce soit fini. Comme quand on achève un blessé pour abréger ses souffrances. La comparaison lui donnait l’impression qu’il allait mourir à la fin. Ce n’était pas agréable. Mais alors pas du tout.
« Tu resteras en vie » avait dit son double. Mais pouvait-on se fier à lui ? C’était une bonne question. Cependant, il trouverait malheureusement la réponse plutôt vite. Et il le savait.
La piste menait à un endroit que William n’avait pas vu souvent (six fois à vrai dire) mais qu’il reconnaissait très bien : le passage vers les égouts. Jérémie était juste à côté, recroquevillé, une flaque sombre tout autour de lui. Elle commençait même à imbiber ses vêtements. Quelques gouttes tombaient par le trou ouvert. William s’approcha et tressaillit en entendant ses chaussures faire le même bruit que dans la cour. Floc. Crac. Il venait de marcher sur les lunettes de Jérémie, tombées un peu avant le cadavre. Il avait dû les perdre en s’enfuyant.
Il baissa les yeux vers le trou. Au fond, éclairée par un rayon de lune, gisait Aelita, la nuque brisée par l’impact, elle aussi baignant dans son sang. Elle avait été la dernière à mourir. William se retraça la sinistre soirée dans sa tête. Xana avait attaqué. Jérémie, arrivant à entendre l’alerte puisqu’il n’était pas à la fête, était probablement allé chercher les autres qui s’amusaient. Le spectre avait alors débarqué, Odd avait voulu rester pour protéger les autres. Puis Ulrich avait voulu le retenir. Puis Yumi, sans doute. Jérémie s’était fait toucher, Aelita l’avait aidé à continuer jusqu’aux égouts, il avait perdu ses lunettes et puis avait dû être achevé, tout comme sa petite amie qui était par la suite tombée dans le passage qu’elle essayait tellement d’emprunter. Le double de William, derrière lui, demanda :
-Alors, tu comprends, maintenant ? Tu vois à quel point je suis puissant ?
Il hocha la tête. Jouer les bravaches n’aurait servi à rien, de toute façon.
-Au fait, tu sais pourquoi tu n’as pas dit un mot depuis le tout début de ce petit jeu de piste ?
Le clone laissa planer un silence, ménageant son effet tandis que William réalisait soudain ce fait étrange.
-Et bien, tu sais pourquoi on parle d’un silence de mort ? Parler nécessite d’être vivant. Tu ne l’étais déjà plus avant même d’arriver ici.
Et puis tout devint noir.
Texte n°2 : Ils courent ils courent les lapins (Seriously ?)
Spoiler
-Attention !
La décharge électrique frappa le mur, tandis que Odd et Yumi s'écroulaient lourdement sur le sol.
-C'est quoi ce délire ? s'écria Odd en se relevant rapidement.
-Je pensais qu'on en avait fini avec XANA, ajouta Yumi.
-A l'évidence non ! lança une voix.
Les lyokoguerriers se retournèrent vers la personne qui venait d'arriver.
-Papa ! s'exclama Jérémie.
-Tu as été un mauvais garçon Jérémie. Et les mauvais garçons doivent être punis ! déclara le père de Jérémie, le symbole de XANA brillant dans ses yeux.
Et, d'un même mouvement, Jim et Michel, levèrent les bras.
-Des bonbons ou un sort ?! rit Jim.
Et l'électricité envahit la pièce.
*****
La vie est un paradoxe. Vous n'y croyez pas ? Alors pourquoi, en ce moment même, la fête d'Halloween battait son plein dans le gymnase, tandis que, dans la forêt, les lyokoguerriers couraient, pourchassés ?
-Dites, il est où Jim ? demanda un élève.
En train de chasser, voyons.
Une décharge électrique vint faire exploser un arbre, et un bout frappa violemment Yumi sur la tempe. Le choc la fit tomber sur le sol, face contre terre.
-Yumi ! cria Ulrich, paniqué.
Il s'approcha prestement de la japonaise, et la redressa. Du sang coulait de sa tempe blessée.
-Ça va ? lui demanda-t-il.
La tête de Yumi bascula soudain en arrière, avant que la jeune fille ne se reprenne, tant bien que mal.
-Ça... ça peut... aller, balbutia-t-elle.
-Viens, Jérémie, dit son père. Viens, n'aie pas peur, voyons.
-XANA... qu'as-tu fait de ma mère ?
Jérémie n'était pas idiot. Son père était censé être avec sa mère. Et qu'il sorte en pleine nuit …
-Qui sait ?
-La tour, Jérémie, c'est notre seule chance.
Ulrich, aidé d'Odd, remit Yumi debout, et ils continuèrent leur course effrénée.
Mais, alors que la nuit devenait de plus en plus noire, l'usine paraissait loin, si loin …
*****
- « Ils courent, ils courent les lapins.
Mais dans ma gamelle, ils finiront bientôt,
Il faut dire que j'ai très faim,
Et hâte de voir leurs yeux enfin clos ! »
-XANA se sent d'humeur poétique ou quoi ? s'exclama Odd.
Une décharge électrique le frappa en plein ventre soudainement, lui arrachant un cri.
-Non, je me sens d'humeur sadique, rectifia XANA.
Mais cette fois-ci, ce n'était ni Jim, ni le père de Jérémie qui venait de parler. C'était la mère de Yumi.
-Maman ! cria, choquée, ladite Yumi.
-Tu as oublié de mettre un costume, ma chérie, déclara la xanatifiée.
-J'ai pas eu le temps, à vrai dire, remarqua, amère, la lyokoguerrière.
-Ne t'inquiètes pas, je suis là pour y remédier. Un costume de japonaise grillée, ça te va ?
-Et moi, vous avez vu, j'étais en train de me préparer. Mais il faut dire que tu m'as pas laissé le temps de finir, XANA ! dit Odd, en se relevant.
Les trois xanatifiés se trouvaient tout autour d'eux, un rictus sadique sur leurs visages.
-Vu le costume, ça n'est pas un mal, se moqua XANA.
-Quoi ? Il est super bien fait mon costume de Lapin Crétin!
-Euh, Odd, c'est pas le moment, souligna Ulrich.
-Et qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Aelita. On est cernés !
-Il faut passer en force ! commenta Odd.
-En force ?! Avec Yumi blessée ? rétorqua le samourai virtuel.
-On n'a pas le choix, déclara Jérémie. On tente.
Les lyokoguerriers échangèrent des regards partagés entre leur détermination sans bornes et leurs peurs.
-A trois ! Et Odd, pas de blagues ! prévint tout de suite Ulrich.
Odd referma la bouche.
Autour d'eux, les xanatifiés affichaient une arrogance sans limite. XANA montrait qu'il savait qu'il allait gagner. Que rien ne pourrait arrêter sa vengeance, son sadisme, sa soif de pouvoir.
-Un ! Ils étaient prêts.
-Deux ! Prêts à se battre, comme à chaque fois. A résister.
-Trois ! Et à lutter aussi contre leur peur.
Mais après tout, à Halloween, la peur régnait en maître.
Et alors qu'ils s'élançaient, ils le savaient.
Ça ne faisait que commencer.
*****
-Vite, Odd, ils sont derrière nous !
Jérémie et Odd couraient, slalomant entre les arbres. Ils voyaient à peine ce qui se trouvait autour d'eux, trop pris dans leur course, trop pris dans cette adrénaline qui montait, qui montait …
Ils avaient été séparés. En cherchant à s'échapper, ils avaient pris des directions différentes.
-Où est-ce qu'on est là ? Où ils sont ? s'écria Odd.
Ils s'arrêtèrent d'un même mouvement derrière un gros arbre, cherchant à analyser la situation.
Leurs respirations haletantes leur semblaient si bruyantes... Le silence -un silence lourd, pesant- s'était établi tout autour d'eux, seulement coupé par leurs inspirations, leurs expirations... Ils tentaient de reprendre leur souffle, mais ce silence de mort les effrayait.
-Qu'est-ce qu'on fait ?
-Vous criez ! répondit soudain XANA.
L'attaque qu'ils subirent les fit crier, comme le voulait XANA, comme il le désirait.
Cette nuit était sa nuit. Et il comptait bien en profiter.
*****
-Vite, allez, allez, allez !
Ulrich rattrapa Yumi alors qu'elle glissait sur l'échelle, et manquait de tomber brutalement sur le sol. Le coup à la tête qu'elle avait reçu avait été très violent. Ulrich lui jeta un regard inquiet.
-Allez, sur Lyoko, elle ne sentira plus rien. Il faut faire vite, je m'inquiète pour Jérémie et Odd, déclara Aelita.
Ils se trouvaient dans les égouts, et chaque pas qui les rapprochait de l'usine semblait interminable. A cet instant, ils désiraient ardemment se trouver sur Lyoko. Si elle devait choisir le territoire où se trouvait la tour activée, Aelita choisirait le désert. Le désert est calme et chaud, lumineux. Elle voulait retrouver ce côté apaisant, et quitter la froideur et les ténèbres de la nuit.
-Allez, on y est presque ! dit-elle pour se donner du courage.
*****
-Mais... qu'est-ce qu'il se passe ? XANA, qu'est-ce que tu fais ?
Jérémie était en train de se redresser péniblement, tandis que Odd venait tout juste de se réveiller. Où donc étaient-ils ?
-Mais je fête Halloween, voyons !
Devant eux se trouvait le père de Jérémie, le rictus sadique sur son visage plus grand que jamais.
Le jeune génie baissa les yeux sur les chaînes qui retenaient ses pieds au mur, tandis que ceux d’Odd étaient attachés à une lourde table.
-Tout le monde est réveillé ? Commençons alors !
Michel leva une main, et l'électricité crépita dans la paume. Une seconde après, Jérémie se prit de plein fouet la décharge électrique dans son torse.
-AH ! cria-t-il tandis que la douleur explosait autour de lui.
Ses lunettes furent projetées sous le choc, et s'écrasèrent sur le sol.
-Non ! supplia Odd.
-Tu cries déjà ? Je te pensais un peu plus résistant que ça, Jérémie. Jérémie... répéta XANA. Jérémie... Toi qui m'a tenu en échec si souvent, toi qui m'a tenu tête ! Tu te crois intelligent, hein ? Tu n'as donc qu'à te servir de ton si grand cerveau pour échapper à ÇA !
Une autre décharge électrique fut lancée sur le garçon aux cheveux blonds.
-AAAH !
-Un souci, Jérémie ? se moqua XANA, les yeux de Michel continuant toujours de briller de cette lueur sadique.
Le corps de Jérémie essuya une nouvelle attaque. Son corps bascula violemment en avant, tandis que des petits cris, des petits sanglots, s'échappaient de sa bouche.
-Arrêtez ! Arrêtez ça ! Arrêtez ! hurla Odd.
Le surdoué se redressa, tentant de retrouver son équilibre. Du sang se trouvait à la commissure de ses lèvres, et de la sueur perlait à son front.
-XANA, stop !
-Mais calme-toi mon lapin, voyons ! Je ne t'oublie pas !
Et Michel lui fit un clin d'œil.
Odd voulut vomir.
*****
Aelita venait d'appeler le monte-charges.
-Jérémie ne répond pas, déclara Ulrich en raccrochant. J'essaye Odd.
-J'espère qu'ils vont bien, murmura la gardienne de Lyoko.
-A ta place, je m'inquiéterais pour vous.
-Oh non !
-... PAPA ! cria Ulrich.
Son téléphone glissa de sa main, et tomba sur le sol.
-J'ai reçu ton dernier bulletin mon fils, et comme d'habitude, c'est mauvais ! Tu ne vaux rien ! se moqua le père xanatifié. Tu n'es rien !
Le monte-charges arriva alors, au grand soulagement d'Aelita.
-Vite ! Rentrons à l'intér...
Mais au lieu d'avancer, les trois lyokoguerriers reculèrent. Les portes du monte-charges s'étaient ouvertes, et Jim, et la mère de Yumi, en sortaient.
-On vous attendait ! Vous avez été longs ! fit remarquer Jim.
-Mais j'imagine que c'est ma fille qui vous a retardés ! C'est un poids, hein !
-Maman … ! balbutia Yumi.
Ils se sentaient acculés, pris au piège. Comment tout avait pu dégénérer à ce point ? Ils pensaient qu'ils allaient passer une bonne soirée, manger des bonbons à n'en plus finir, s'amuser à se faire peur.
Ils avaient peur.
Et ce n'était pas amusant.
-Aelita, tiens-toi prête ! chuchota Ulrich.
Il tendit Yumi pour qu'elle s'appuie sur Aelita. Et, brusquement, il fonça sur Jim, le renversant sous la surprise.
-Allez ! cria-t-il à ses amies.
La lyokoguerrière aux cheveux roses traîna à toute vitesse Yumi jusqu'au monte-charges, Yumi faisant des efforts pour occulter la douleur durant quelques instants.
Mais sa mère n'était pas de cet avis. Elle s'apprêtait à se ruer dans l'ascenseur quand une prise de pentchak-silat d'Ulrich la mit à terre.
Les portes se refermèrent, emportant Yumi et Aelita, et laissant Ulrich seul, face à trois xanatifiés.
-Je déteste Halloween, murmura-t-il.
-Tu fais bien !
*****
La tête de Jérémie basculait en avant et en arrière. Son père xanatifié venait de l'attaquer sur le visage. Le choc l'avait fait tomber brutalement sur le sol dur, et il avait eu l'impression que son visage avait explosé.
Tentant de se remettre debout, sanglotant, respirant bruyamment, criant parfois sous cette peur qui emprisonnait tout son corps, il sentit le sang couler sur ses joues. Il s'était ouvert le front.
-Je vous en prie, supplia Odd, les yeux remplis de larmes, arrêtez ça ! S'il vous plaît !
Le spectacle atroce qui se déroulait devant lui était insoutenable. Alors pourquoi n'arrivait-il pas à fermer les yeux, à en détourner le regard ?
Il ne pouvait rien faire.
Ils ne pouvaient rien faire.
Simplement subir.
A la plus grande joie de XANA.
Le corps de Jérémie tenait à peine debout, il était instable. Il voulait tellement, tellement fuir.
Mais les chaînes à ses pieds lui rappelaient qu'il était prisonnier.
Prisonnier de XANA, de sa folie destructrice, de son sadisme inégalé.
-Tu en veux encore ? Mais je t'en prie, j'en ai plein en stock !
Et les décharges électriques se suivirent, frappant sans aucune once de pitié le corps déjà malmené de Jérémie. Le corps fut secoué dans tous les sens, brûlant, brûlé. Des plaques rouges apparaissaient encore et encore.
-AAAAAH ! AAAH !
Il criait, criait.
Les brûlures le tiraillaient, chaque décharge le faisait encore un peu plus agoniser.
Une autre attaque le fit tomber en arrière, et il s'écroula sur le sol, lourdement. Il se mit à sangloter bruyamment, des sanglots déchirants, si déchirants que Odd se mit à pleurer aussi. Le visage dans ses mains, le jeune félin tentait de se calmer, de garder son sang-froid, mais c'était impossible.
Pas quand son ami était en train de se faire torturer sous ses yeux.
Pas quand il était si impuissant...
-Pardon, pardon... se lamenta-t-il.
Il ne pouvait rien faire. Il ne pouvait strictement rien faire.
*****
-Ulrich... Ulrich... appela Yumi.
-Je sais, déclara Aelita. Mais la seule façon de le sauver, de sauver Jérémie et Odd, c'est de désactiver la tour.
La jeune fille déposa la japonaise dans un scanner, puis remonta au laboratoire. La tour activée était sur le territoire de la Banquise. Enclenchant la procédure de virtualisation différée, Aelita redescendit rapidement en salle des scanners.
-Tu vas voir, tu vas aller mieux, assura-t-elle.
Son amie japonaise avait les yeux à moitié clos, et l'on pouvait lire la douleur sur son visage. Le sang sur sa tempe avait coulé sur sa joue, puis avait séché. Une partie de son visage était donc teintée de rouge, et Aelita détourna rapidement le regard, incapable d'en supporter davantage.
Et alors que les scanners se refermaient, elle croisa les doigts pour que ses amis aillent bien.
Quelques instants plus tard, Aelita et Yumi réapparurent dans le ciel de la banquise. Elles retombèrent sur le sol. La gardienne de Lyoko aurait tant préféré le Désert. La Banquise était synonyme de froid, de glace. Si certains pouvaient aimer la glace, ce n'était pas le cas d'Aelita.
-Oh, ça va mieux, commenta Yumi.
Cette dernière avança de quelques pas, heureuse de voir qu'elle pouvait enfin marcher sans avoir l'impression qu'elle allait s'écrouler.
-Allez, pas un instant à perdre.
*****
Le corps d'Ulrich retomba avec fracas sur le sol dur, et il lâcha un cri plaintif.
-Tu m'as tellement déçu, Ulrich, répétait son père.
-Ce n'est pas toi. Tu ne m'embrouilleras pas XANA !
Il se releva, prêt à montrer à quel point il était fort, que c'était un guerrier. Mais il retomba une fois encore à terre, battu sans cesse.
Respirant fortement, tentant de reprendre contenance, il se releva, refusant de s'avouer vaincu. Soudain, il s'aperçut d'une chose.
Une chose qui augmenta son angoisse.
La mère de Yumi n'était plus là. Et il savait qu'il n'y avait qu'un seul endroit où elle avait pu aller.
-Yumi, Aelita …
Mais face aux deux xanatifiés qu'il avait face à lui, il savait qu'il ne pourrait rien faire. Il grinça des dents, agacé par ce fait.
*****
-La tour est là !
-Le comité d'accueil aussi, fit remarquer Yumi.
-Et moi aussi je suis là !
-Maman ?!
Aelita et Yumi échangèrent un regard paniqué.
-Allons, ma fille, on essaye d'échapper à mon autorité ? Je pensais t'avoir mieux élevée que ça !
-Ne l'écoute pas, Yumi, s'exclama Aelita.
Mais c'était plus fort qu'elle. Pour la japonaise, la famille, c'est sacré. Et les mots employés par sa mère...
-Yumi ! Ulrich, Odd et Jérémie ont besoin de nous!
-Tu as raison, tu as raison Aelita, je sais...
-Allez, allons-y !
-Oh non, vous n'irez pas bien loin !
-Et pourquoi ça ? demanda Aelita.
-Je viens de débrancher les scanners, rit XANA. Donc si j'étais vous, j'irais me cacher. M'enfin, vous savez ce qu'on dit... Vous pouvez courir, mais pas vous cacher.
Et XANA se mit à chantonner.
-Ils courent, ils courent les lapins,
Mais malheureusement pour eux,
C'est bien moi le plus malin,
Il est temps de faire vos adieux.
Ce fut Yumi qui encaissa le premier tir.
-Allez-y, mes monstres, déchaînez-vous ! Déchaînez-moiiii !
*****
-Oh, Ulrich, tu pleures ? Mais voyons, y a pas de raison. Bon, ta main est totalement brûlée, c'est vrai, mais il t'en reste encore une, non ? Enfin, si tu es sage hein !
XANA se mit à rire, se délectant de la vue.
Ulrich était recroquevillé contre un mur, tenant sa main entièrement brûlée contre son torse.
-Hum, on continue par quoi ? demanda Jim.
-Allez, à toi l'honneur. Moi j'ai eu la main, tu veux quoi toi ? questionna le père d'Ulrich.
-La jambe !
-Ouais, c'est bien ça !
Ils hochèrent la tête, satisfaits, puis s'approchèrent du lyokoguerrier. Des cris résonnèrent quelques instants plus tard, tandis que le père d'Ulrich souriait, satisfait.
*****
-Champ de force !
Le Krabe explosa. Un tir visa Aelita sur le côté, mais Yumi, ayant vu le danger, se rua jusqu'à son amie et, usant de ses éventails, para le laser.
-Aelita, ne t'occupe pas de moi ! Je te couvre, va désactiver la tour.
-Mais, Yumi … tu pourras rien toute seule.
-On n'a pas le choix. Et puis, je suis une lyokoguerrière, je sais me défendre. J'y arriverai. Fais-moi confiance.
Cette phrase... « Fais-moi confiance ». Aelita y était sensible.
Fixant les yeux de Yumi, y voyant toute la détermination, la Gardienne de Lyoko accepta.
-Bonne chance !
-A toi aussi !
Et Aelita utilisa son bracelet, déployant ses ailes, et laissant derrière elle Yumi.
Un mégatank chargea son tir, mais la fille aux cheveux roses l'évita en se décalant sur le côté. Un Krabe voulut tenter sa chance, mais Yumi dégaina un éventail, qui trancha une des pattes du monstre. Elle regarda un instant où se trouvait Aelita, et sentit son angoisse s'apaiser un peu lorsqu'elle la vit proche de la tour.
Elle n'aurait pas du baisser sa garde. Elle en paya le prix. Deux tirs l'atteignirent au ventre, la projetant violemment à terre.
-Yumi ! cria Aelita.
La japonaise s'interrogea : devait-elle demander de l'aider à son amie?
Puis elle se souvint de sa mère, de ses mots. Était-elle un poids, un frein ? Non, elle ne voulait pas l'être. La tour, rien d'autre que la tour.
-T'occupes pas de moi, je gère ! La tour, c'est la priorité ! Pour sauver Ulrich, Odd et Jérémie.
Aucune des deux filles n'était dupe. Elles n'avaient pas eu de nouvelles d'Ulrich depuis, et encore moins de Odd et Jérémie. Et elles craignaient le pire.
Alors, Aelita continua de voler, évitant les tirs qui jaillissaient de tous les côtés. Désactiver la tour, désactiver la tour, … elle se le répétait, comme une litanie, comme un leitmotiv.
Derrière, Yumi, elle, continuait de sentir les tirs la frôler, encore et encore. Au fond d'elle, elle savait ce qui l'attendait.
*****
Odd sanglotait. Les mains serrant ses cheveux à se les arracher, il sentait la peur s'insinuer dans tout son être comme un poison.
-Stop, stop, stop...
-Chut mon lapin ! Tout va très bien ! Enfin, JE vais très bien ! rit XANA.
Jérémie, quant à lui, était recroquevillé sur le sol. Il n'était plus qu'une masse de sang, de brûlures, de plaies... Il s'était à plusieurs reprises ouvert le front, le menton, les mains, en tombant sans cesse... Du sang recouvrait son visage, et coulait sur le reste de son corps.
Les yeux à moitié clos, il leva lentement ses mains, ses mains blessées, éraflées. Elles se posèrent sur les chaînes qui le retenaient prisonnier. Il tentait tant bien que mal de … de faire quelque chose, n'importe quoi, qui pourrait le libérer.
-Laissez-moi partir, laissez-moi partir, pleura-t-il.
-Ah la la, Jérémie, Jérémie... J'ai bien cru un moment que tu étais mort. Donc j'ai arrêté. Mais NON! Tu étais seulement inconscient. Donc je dois continuer, tu le sais ça. C'est ta faute aussi, t'avais qu'à être mort !
Et le père de Jérémie attaqua, encore, encore, encore ! Sous les cris de Odd, sous les hurlements du jeune génie. Et puis, une énième décharge électrique frappa Jérémie au torse. Son corps se raidit, le visage tourné vers le plafond. Ensuite, sa tête se remit droite, montrant à Odd une fois de plus le sang et les brûlures.
Mais ce qu'il vit à présent sembla le détruire.
Les yeux de son ami étaient vides. Et, lentement, le corps de Jérémie sembla se désarticuler, comme si on avait coupé les fils qui le retenaient encore debout.
Odd bondit en avant, mais les chaînes qui l'emprisonnaient le retinrent. Usant de toutes ses forces, de toute sa douleur, il parvint à s'approcher un peu plus de son ami, tirant la table avec lui.
-Chuuuut !
La main du père de Jérémie se posa soudain sur sa tête.
-Si tu me supplies, j’abrégerai rapidement tes souffrances.
Odd regarda son ami, les brûlures, le sang... Puis il reporta son regard sur XANA.
-Va en enfer ! Cracha-t-il.
XANA eut un rictus.
-Après toi alors !
*****
Au même moment, Jim et le père d'Ulrich regardaient, satisfaits, l’œuvre qu'ils avaient réalisé, œuvre qui s'appelait Ulrich.
-C'est de l'art ! commenta Jim.
-Totalement !
-Tu as fait du bon boulot !
-Toi aussi !
-Enfin, techniquement, on est la même personne !
-Oui c'est vrai. Je suis génial.
-Ouais, on est génial.
Et puis, soudain, sans crier gare, les corps des deux xanatifiés se raidirent, et ils ouvrirent la bouche, criant. XANA sortait de leurs corps.
Aelita venait de désactiver la tour.
Mais cela importait peu.
Il venait de leur montrer l'étendue de son pouvoir, de sa cruauté.
XANA était sans pitié.
*****
Aelita était prostrée au centre de la tour, serrant ses genoux contre sa poitrine. Si on pouvait pleurer sur Lyoko, elle l'aurait fait.
Elle avait désactivé la tour, mais à quel prix.
Les lyokoguerriers n'étaient pas victorieux, oh non.
Car, au moment où elle se posait devant la tour, elle s'était retournée, pour voir où était son amie. Et elle avait vu.
Elle avait vu la manta priver Yumi de ses éventails. Elle avait vu la manta tirer ensuite sur la lyokoguerrière vulnérable.
Le corps de Yumi avait alors été soulevé du sol et, alors qu'elle retombait, son corps se mit à disparaître peu à peu, pixel par pixel. Le bas d'abord. Et puis le haut du corps. Et, enfin, quand les derniers pixels disparurent, Aelita sut qu'une part d'elle avait disparu avec son amie.
Elle ne savait même pas comment elle avait réussi à trouver la force à désactiver la tour.
Et, surtout, elle ne savait pas où étaient ses amis ? Etaient-ils morts eux aussi ?
Qu'allait-il advenir d'elle ? Elle ne pouvait pas revenir sur Terre tant que les scanners étaient débranchés, et si tous ses amis étaient morts...
Et, au centre de la tour, elle se mit à crier.
Plus tard, Jim, le père d'Ulrich, la mère de Yumi, et le père de Jérémie se réveilleraient. Et, devant eux, l'horreur de ce qu'ils avaient fait sans jamais pouvoir s'en souvenir se présenterait à leurs yeux.
Et, XANA, fidèle à lui-même, se délecterait de chaque cri de souffrance.
-Ils courent, ils courent les lapins,
Mais l'heure fatidique est arrivée,
Pour certains d'entre vous, pas de lendemain,
En tout cas, je me suis bien amusé !
_________________
« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Texte n°3 (qui a failli être disqualifié pour jeu de mots de merde dans le MP) : Attaque sanglante
Spoiler
Nuit du 31 octobre 2005.
C’était à vingt heures et demie, la nuit était vite arrivée. Au collège-lycée de Kadic, le proviseur avait donné son accord pour que ses élèves utilisent le gymnase, histoire d’organiser une grande fête costumée. Il y avait de la musique avec différents dj comme Aelita qui avait promis de sortir un mix inédit. Cette jeune fille habillée en sorcière pour l’occasion faisait partie d’une bande que beaucoup de monde dans l’établissement connaissaient bien. Ulrich, le grand brun mystérieux devenu un zombie du jour au lendemain. Odd, le casse-cou et aussi l’amuseur de la bande avait aussi opéré pour pour le même déguisement que son ami. Les deux garçons se faisaient appeler les frères zombie par leurs amis. Il y avait aussi William qui avait rejoint la bande depuis peu. Après l’extinction du supercalculateur, le groupe lui avait pardonné ses fautes et l’avait réintégré dans la bande. Le beau ténébreux était venu à la fête en vampire assoiffé de sang. Cette image lui allait très bien et faisait ressortir sa personnalité de beau ténébreux. Yumi, l’asiatique du groupe n’était pas encore arrivée à la fête. Le mort-vivant aux cheveux bruns appela alors sa petite copine avec son téléphone portable.
-Coucou chérie ! Tu as bientôt terminé ?
-Non, pas encore. Je te prépare quelque chose d’enfer, dit-elle en se maquillant.
-Si tu veux, je peux venir te chercher.
-Non, c’est bon. Ne t’inquiète pas. Mes parents sont là pour m’emmener. Je serais là dans un quart d’heure.
-Tu déguise en quoi mon amour ?
-Ah ! Ah ! Petit curieux. C’est une surprise. Tu n’en reviendras pas. Allez, je te laisse chéri, sinon je ne vais jamais y arriver.
Celle-ci raccrocha. Ulrich remit son appareil dans la poche de son pantalon en jeans, pantalon qu’il avait troué et déchiré volontairement. Son compagnon de chambre avait imité ses actions, il avait lui aussi sacrifié son t-shirt mauve de sa première année à Kadic mais vu qu’il était devenu trop petit pour lui, il l’avait fait sans remords.
-C’est quand même dommage qu’Ensteïn ne veuille pas venir, s’exprima le mort-vivant blond.
-Oui, j’aimerais qu’il vienne s’amuser avec moi de temps en temps, dit Aelita.
-C’est vrai qu’il aurait pu lâcher ses cours pour une fois mais ce n’est pas pour ça qu’il ne t’aime pas, soutint le vampire sombre.
-Oui, mais il ne profite pas de sa jeunesse. Il faut qu’il comprenne qu’on peut s’amuser de temps en temps sans que ça ne perturbe les études.
-T’en fais pas princesse, on est là nous. Et tu vas faire un malheur sur la table de mixage, la rassura le garçon aux cheveux châtain.
20h40, chez Yumi.
La japonaise enfila ses talons noires. Elle s’était fait des couettes comme une jeune écolière. Elle ressemblait au faite à une étudiante japonaise morte-vivante vue toute les traces rouge de sang sur son visage pâle. La bande comptera un nouveau zombie au plus grand plaisir d’Ulrich, son bien aimé. Elle pensait très fort à cette fête. Elle allait bien s’amuser et était impatiente d’y être. Elle sortit de sa chambre mais au moment de descendre les escaliers, elle entendit un bruit suspect. Cela venait de la salle de bain. Elle se dirigea vers la dite pièce.
-Hiroki ! C’est toi ?
Elle poussa doucement la porte qui émit un petit grincement. Personne n’était présent dans la pièce mais la baignoire était presque en train de déborder avec le robinet qui coulait sans s’arrêter. La japonaise se dit que c’était juste son petit frère qui avait fait ça pour s’amuser. De la vapeur envahissait toute la pièce. Elle se baissa pour fermer les robinets qui coulaient à flot. Elle resta quelque seconde et s’apprêta à débouchonner la baignoire quand une main l’agrippa au cou et lui plongea la tête sous l’eau bouillante. La jeune fille voulait hurler mais elle ne pouvait pas. Elle eut l’idée de déboucher le trou de la baignoire mais la main qui la tenait l’en éloigna. Elle essaya de se dégager mais en vain. Yumi se débattait de toutes ses forces mais le meurtrier ne lâchait rien. La pauvre lycéenne souffrait, l’eau bouillante lui brulait son visage. Au bout de quelques secondes, la jeune fille cessa toute activité. Le meurtrier lâcha prise la tête de la jeune Yumi Ishiyamas qui était encore plongé sous l’eau devenu un peu rouge sang à cause du maquillage de la japonaise.
21h00 au collège-lycée Kadic.
Toujours devant le gymnase où se déroulait la fête, les exlyokos-guerriers attendaient leur amie et trouvaient qu’elle mettait beaucoup trop de temps. Elle avait dit un quart d’heure, hors il s’était passé déjà une demi-heure depuis la conversation des deux jeunes tourtereaux. Ulrich prit les choses en main.
-Bon, les amis. Je suis désolé mais j’vais voir si je peux aider Yumi.
-Tu es sûr ? demanda William. Tu vas rater Aelita, elle monte sur scène.
-Ben, dîtes lui. Je suis sûr qu’elle comprendra.
-Allez vas camarade, envoya son compagnon de chambre.
-On n’sera pas long !
-On ne s’en doute pas une seconde, hurla le blondinet au garçon brun déjà loin.
William et Odd regardaient leur ami partir en courant en souriant. Le beau t
ténébreux croyait vraiment sortir avec la japonaise mais elle préférait son rival. Pendant un moment, il était jaloux mais il avait remarqué que cela détruisait son amitié et il ne voulait pas que lui et son ami soient vraiment séparés. Après tout, Yumi était heureuse et cela lui convenait parfaitement.
-Hé ! T’es dans la Lune ou quoi ? s’écria le zombie en mauve.
William se retourna vers son camarade.
-Allez, on y va. Je n’veux pas rater Aelita ! s’écria le blondinet.
Et le beau ténébreux fut embarqué par le guignol de la bande. Aelita commençait son mix et tout le monde dansait et hurlait. Il y avait une bonne ambiance.
Chez les Ishiyamas, la mère monta les escaliers pour aller chercher Yumi.
-Ma chérie ! Tu en mets du temps. Tu vas être en retard.
La femme entra dans la salle de bain et vit avec horreur le corps de sa fille prêt de la baignoire et hurla à plein poumon.
De son côté, Ulrich arriva essoufflé prêt de la demeure de son ami envahi par les ambulances et voitures de polices. Le garçon accéléra et vit qu’on transportait le corps de son ami sur un lit à roulette. Un ambulancier referma le sac où était enveloppé la japonaise. Le jeune homme était horrifié et vit la famille de sa copine en pleur. Il se dirigea vers eux et demanda des explications.
-Qu’est-ce qui s’est passé ? demanda-t-il.
La mère fondit en larme.
-Ma chérie… essaya de consoler Takeho en la serrant dans ses bras.
Hiroki décida de répondre à son ami mais difficilement.
-C’est maman, elle avait retrouvé ma sœur dans la salle de bain qui était…
Il s’écroula à son tour sur le lycéen qui le serra très fort et commença à pleurer avec.
-Mon Dieu, c’est un cauchemar. Je suis désolé.
L’ambulance partit en emportant sa bien-aimé sans vie loin de lui. Il se mit à poursuivre l’ambulance en laissant derrière lui Hiroki et la famille Ishiyama encore sous le choc tout en pleurant : « Pourquoi ? » « Pourquoi elle ? » « Elle n’avait rien fait ». Il se dit : « Xana ! » Ca pourrait bien être lui l’assassin. Il voulait la venger. S’il retrouvait son meurtrier, il allait passer un sale quart d’heure. Le jeune homme était envahi par la rage et la tristesse. Le garçon aux cheveux bruns sorti son téléphone portable pour appeler un de ses amis au hasard mais une Citroën le percuta violement faisant voler au loin son téléphone. Il retomba lourdement au sol après être passé par-dessus le toit de la voiture. Ulrich rouvrit les yeux doucement et vit avec horreur l’os de sa jambe droite sortir de la peau. Il avait mal partout et du sang coulait de sa tête, de ses bras,… Il n’arrivait plus à bouger et souffrait énormément. La voiture s’était arrêtée un peu plus loin. Il s’attendait à ce que le conducteur lui vienne en aide mais la voiture fit marche arrière rapidement. Le jeune Ulrich Stern vit la mort en face et un bruit de craquement d’os résonna dans tous le quartier. Il y avait du sang partout autour de ce qui restait de l’adolescent. Ce fut la fin d’un couple heureux.
22h30, Collège-lycée Kadic.
Au gymnase, la fête battait son plein mais il manquait quelqu’un. Odd, ayant remarqué sa longue absence appela son meilleur ami mais il tombait à chaque fois sur sa messagerie. Il s’adressa au beau ténébreux et à sa princesse qui avait fini son mix génial.
-Je vais chercher Ulrich chez Yumi.
-Odd, tu ne crois pas tout simplement qu’ils sont en train… Enfin… Ils sont dans leur intimité, dit William.
-Je suis assez performant pour dire combien de temps ça dure, ce genre de chose.
-Pardon ? Tu n’es plus… demanda timidement Aelita, gêné de poser une telle question.
-Nan ! Depuis longtemps, répondit fièrement le blondinet.
-Quoi ? Tu n’savais pas qu’il l’avait fait avec Caroline, Anaïs,…
-Euh, c’est bon, épargne moi les détails, tu veux ?
-Et puis, ce n’est pas leur genre de nous planter comme ça sérieux, reprit le garçon avec un costume de zombie.
-Bah écoutes, vas-y. On vous attend tous les trois ici.
-Ca marche, dit-il en faisant un clin d’œil à ses amis.
Le plaisantin sortit du gymnase.
-Bon, on fait quoi ? demanda William à Aelita.
-Euh, dîtes vous n’auriez pas vue Ulrich par hasard ? demanda une jeune brune habillé en fée.
-D’après les dernières nouvelles, il est chez Yumi, répondit la sorcière aux cheveux roses.
-Ah ok. Merci… dit-elle en repartant l’air triste.
-Elle n’abandonnera jamais cette Sissi, fit le beau ténébreux.
-Ouais. Mais c’est comme ça. Les gens ne changent pas. Bon, on danse ?
-Allons-y, même si c’n’est pas mon truc.
-T’en fous, t’es pas le seul. Défoules-toi !
Ils posaient leur verre de coca-cola sur une table et se mirent à danser pendant de longues heures.
Il était déjà minuit passé et aucun signe des trois rigolos. Les deux fêtards s’inquiétaient de plus en plus.
-Ce n’est pas normal qu’ils ne reviennent pas, dit la jeune fille aux cheveux roses.
-Tu veux qu’on aille voir ?
-Ouais mais reste avec moi. Ca commence à me faire peur.
-D’accord.
A leur tour, la sorcière aux cheveux roses et le vampire ténébreux quittèrent la fête.
-D’après moi, Odd est tombé sur une belle nana pendant qu’il cherchait les deux autres et il est en train de lui rouler une galoche quelque part dans la forêt.
-Arrête, ce n’est pas drôle. Il se passe vraiment quelque chose de louche.
-Ok, c’est bon. J’essaie juste de détendre l’atmosphère.
Aelita ne répondit pas, et ils continuaient de marcher sur les pas d’Ulrich. La rue était calme. Le vent soufflait doucement son air glacial sur les deux jeunes adolescents qui frissonnaient. Puis, il commença à pleuvoir.
-Et merde, s’écria William surpris.
Les deux enfants rebroussèrent chemin en empruntant la forêt pour se protéger de la pluie. C’est alors qu’ils découvrirent avec horreur le corps du jeune Odd Della Robia pendu au cou sur un arbre.
-Oh mon Dieu ! Odd ! Non…
Une larme coula sur la joue de la jeune fille. Son meilleur ami avait été assassiné. William serra Aelita dans ses bras pour la consoler et remarqua un truc derrière le dos de son ami décédé. Il sortit son portable et l’alluma pour faire de la lumière et prononça doucement deux mots.
-Oh merde.
-Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demanda la jeune sorcière pas encore remise du choc.
-Viens voir.
Elle arriva aux côté du ténébreux et vit avec horreur que l’on avait dessiné le symbole de Xana sur le dos de son meilleur ami à l’aide d’un objet tranchant.
-Mais c’est quoi ce souque ? … Nan ! C’est impossible ! Je n’peux pas le croire ! On l’avait détruit ! s’écria-t-elle.
-Apparemment ! Ca n’a pas suffis.
-Mon père. Il s’est sacrifié pour rien. Mais c’est un cauchemar. Dit-moi que je vais me réveiller ! Je n’peux pas le croire.
-Hélas, c’est la réalité, Aelita, répondit William en baissant la tête.
Tous les deux étaient choqués par cette scène. Ils ne voulaient pas croire que leur ami soit mort.
-Mais Ulrich et Yumi…
-S’ils ne sont pas revenus, c’est qu’il leur ait aussi arrivé quelque chose.
-Appelle-les !
Le ténébreux s’exécuta. Il appela la japonaise. Quelqu’un décrocha mais ce n’était pas Yumi.
-Allo ! Qui est-ce ? Yumi est avec vous.
-C’est la police. Vous êtes de la famille de cette jeune fille ?
-Non, juste son meilleur ami. Pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe ?
-Je suis désolé mais votre ami a été assassiné dans la…
William en lâcha son téléphone. Il était pétrifié par l’horreur qu’il venait d’apprendre. La jeune fille remarqua sa détresse.
-William !?! Qu’est-ce qui se passe ? Yumi. Comment elle… elle va ? Réponds !
-Yumi n’est plus là.
Des larmes commençaient à couler sur la joue de William.
-Non. Elle aussi. Mais c’est pas possible. J’espère que Jérémie… JEREMIE ! s’écria-t-elle. Il doit être en danger ! Il faut le retrouver et le prévenir.
L’ex-xana guerrier se retourna et sécha ses larmes immédiatement et pris le bras d’Aelita pour aller secourir le petit génie coincé. Ils courraient aussi vite qu’ils le pouvaient mais la jeune fille se prit les pieds dans sa robe noir qui se déchira et elle tomba dans la boue. William accouru vers la jeune fille en détresse pour l’aider à se relever. Ils étaient terrorisés.
-Vite ! Ne trainons pas ! s’écria-t-il.
Les deux adolescents rejoignaient les arcades trempés. Ils pénétraient dans le couloir des dortoirs des garçons et ouvrirent la porte de la chambre de Jérémie.
-AHHHHHHHHH ! cria la fille aux cheveux roses.
-Oh putain !
William ne put s’empêcher de vomir. La lycéenne hurlait de toutes ses forces :
-NON ! PAS TOI ! AAAAAHHH !
Le jeune Jérémie Belpois était ligoté sur son siège devant son ordinateur allumé avec un scotch sur la bouche et des grosses plaies couvertes de sang se trouvaient partout sur son corps et notamment une au niveau de la gorge. Le meurtrier s’était servi du sang du petit génie pour écrire partout sur tous les murs : « BOUH ». William et Aelita avaient vraiment peur car à présent c’était leur tour.
-Il faut aller sur Lyoko pour arrêter tout ça.
Aelita acquiesça. Il fallait mettre fin à cette attaque sanglante. Ils quittèrent les dortoirs pour ressortir quand William reçu une décharge électrique dans le dos qui le fit chuter par terre. Aelita se retourna et vit que le meurtrier n’était rien d’autre qu’un spectre. Il était grand, et était habillé d’une grande veste sombre et d’un grand chapeau gris noir. Les adolescents n’arrivaient pas à distinguer son regard. L’ex-xanaguerrier se releva.
-Toi ! J’vais te faire la peau ! s’écria le vampire assoiffé de vengeance.
Aelita était horrifié par la situation. Le guerrier sombre s’était jeté sur le spectre qui le repoussa sans difficulté. Il sortit une arme blanche encore couverte de sang de sa veste de cuir sombre.
-Qu’est-ce que tu attends ? Cours ! Vas désactiver cette fichue tour !
-Non ! Je ne veux pas perdre encore quelqu’un d’autre ! s’écria Aelita en pleur.
-T’en fais pas pour moi. Argh !
Le spectre l’attrapa au cou. Le ténébreux se débattait mais sans succès sous les yeux horrifié de la gardienne de Lyoko. Celle-ci serra les poings et se précipita sur le monstre.
-Lâche-le ! Saloperie ! s’écria-t-elle en lui donnant un coup de pied dans la rotule qui le fit plier de douleur. Le spectre relâcha son étreinte.
-Vite ! Cassons-nous ! ordonna-t-elle en emportant son ami par la main.
Le spectre se remit peu à peu du choc et commença à poursuivre les deux derniers héros qui courraient aussi vite qu’ils le pouvaient. Ils bousculèrent au passage Jim Morales qui rentrait se coucher. Il revenait de la fête. Malgré son âge, le professeur de sport aimait s’amuser même s’il ne le montrait pas.
-Bon sang de bois ! Qu’est-ce que vous traficotez encore tous les deux ?
-Ce n’est pas le moment monsieur Morales. Relevez-vous ! s’écria le vampire ténébreux.
Celui-ci se releva quand il vit une personne arriver avec un long couteau ensanglanté à la main. Jim fit des gros yeux et ne toléraient pas le port d’arme à l’intérieur de son établissement.
-Qu’est-ce que c’est que ça ? Personne n’a le droit d’agresser mes élèves. J’étais policier dans les années quatre-vingts dix !
Sur ces mots, il partit se battre contre le meurtrier assoiffé de sang.
-Non ! Arrêtez monsieur Morales ! Vous n’y arriverez pas !
-Viens Aelita ! On ne peut plus rien pour lui !
L’adolescent entraîna la sorcière plus loin mais elle vit avec horreur son professeur se faire assassiner à son tour de plusieurs coups de couteaux au niveau de la poitrine. Les deux adolescents pénétrèrent dans la chaufferie aussitôt vite rejoins par le spectre de Xana qui envoya son couteau sur les deux enfants. L’arme vin se loger dans la nuque du jeune William Dumbar qui tomba sur le ventre, mort sur le coup avec les yeux grand ouverts.
-Non ! hurla Aelita. Ne meurt pas ! Pas toi aussi !
Elle se remit à pleurer.
-Enfin la victoire ! Vous m’en avez fait baver mais je vous ais enfin eu. Tu vas rejoindre tout tes copains en enfer !
-Vous ne vous en sortirez pas ! Quelqu’un aura votre peau ! ARGH !
Aelita lévita, son corps était parcouru d’électricité. Elle hurlait, le spectre ne la tua pas tout de suite pour savourer sa victoire. Il rigola. La jeune Aelita Shaefer ferma doucement les yeux. Le monstre relâcha le corps carbonisé de la jeune fille qui retomba lourdement sur le sol plein de sang à côté de ce qui était autrefois le lieutenant de Xana. Le spectre polymorphe disparu dans un éclat de pixel après avoir accomplis sa mission dans un rire machiavélique. C’était pendant cette nuit sombre d’halloween que prirent fin les aventures de six héros et que commençait l’apocalypse car le pire était encore à venir.
The End.
Texte n°4 : C'est la nuit d'Halloween (Jure ?)
Spoiler
Cette année, pour Halloween, les Lyoko-Guerriers se sont mis d'accord pour porter des déguisement de groupe.
Concernant le thème précis, Aelita proposait les personnages d'Harry Potter, Jeremy suggérait des versions fantomatiques de célèbres scientifiques décédés, Yumi émettait l'idée des grands dictateurs de l'histoire en mode zombies, et Ulrich s'en tenait aux tueurs en série du cinéma, mais c'est finalement Odd qui a réussi à imposer son thème de groupe : les Power Rangers.
Tandis qu'Odd leur présente leurs déguisements, Jeremy remarque :
- Avec les années, Halloween est devenu Carnaval. Les gens ont tendance à se déguiser en n'importe quoi, que ça fasse peur ou non.
- Sans compter les filles qui en profitent pour porter des tenues "légères", renchérit Yumi.
Ulrich ajoute :
- C'est pas plus mal, au moins on ne sera pas les seuls à être ridicules, il y aura certainement des Batman, des Iron Man et compagnie. Mais imagine qu'ils soient tous déguisés en monstres et en morts-vivants, de quoi on aura l'air avec nos tenues de Power Rangers ??
- Justement ! reprend Odd avec enthousiasme. Comme c'est Halloween, tous les autres seront en monstres, alors que nous, nous serons en justiciers donc on devra tous les affronter ! Ce sera trop la classe !
- Ah oui pas bête, approuve Aelita amusée.
Odd commence à répartir les cinq uniformes :
- Je prends la noire parce que le Ranger Noir est le rigolo du groupe. Aelita, voici la tenue rose parce que ça va bien avec tes cheveux.
Aelita constate :
- De toute façon on ne verra pas nos cheveux vu qu'on porte des casques.
Ulrich hausse les épaules :
- Au moins comme ça, on pourra garder notre identité secrète. C'est pas plus mal.
Odd poursuit :
- Jeremy, je te donne la bleue parce que le Ranger Bleu est l'intello du groupe.
- Je suis flatté, répond celui-ci.
- Yumi, je te donne la jaune parce que tu es asiatique.
- Non mais c'est quoi ce cliché raciste !? s'énerve Yumi.
- Calme-toi, la rassure Odd. C'est justement une marque de fabrique de la toute première équipe des Power Rangers : le Ranger Noir était afro-américain, et la Ranger Jaune était asiatique. Ça a fait polémique, donc pour les équipes suivantes ils ont inversé les rôles, mais le concept initial est resté célèbre et fait encore rire aujourd'hui. Avoue que c'est comique !
- Vraiment désopilant, répond Yumi qui se résigne à enfiler l'uniforme jaune. Et pour ton information, sache que les "Power Rangers" ne sont que l'adaptation américaine des "Super Sentai" japonais, donc les personnages originaux sont tous asiatiques.
- ...Et pour finir, Ulrich je te remets la tenue rouge parce que le Ranger Rouge est le chef de l'équipe et qu'il a un rival.
- J'ai un rival ?
- Oui, le maléfique Ranger Vert, très puissant et sous le contrôle des méchants ! Ça ne te rappelle pas quelqu'un ?
- Très drôle.
Chacun va enfiler sa tenue, puis ils se réunissent à nouveau pour observer le résultat dans le miroir.
- Avouez qu'on a trop la classe ! s'exclame Odd.
- La classe des années 90 alors, rectifie Jeremy.
- Toutes ces couleurs, je trouve ça très joli ! déclare Aelita.
Ulrich bombe fièrement le torse :
- Donc voila-voila, je suis le Ranger Rouge, je suis le chef, je me mets au milieu et vous me suivez.
- Arrête de faire ton malin ! réplique Yumi en lui donnant un faux coup de pied.
- Non non Ulrich, continue ! l'encourage Odd. En tant que Power Rangers, nous avons certaines responsabilités, comme prendre des poses stylées notamment !
Pendant qu'ils travaillent un peu leur chorégraphie devant le miroir, Jeremy reçoit un étrange message sur son téléphone :
"C'est la nuit d'Halloween
Et du fond des abysses
Les spectres resurgissent
Rendez-vous à l'usine..."
Aelita s'approche pour lire le message :
- "...Rendez-vous à l'usine" ?
- Surement une mauvaise blague, répond Jeremy.
Mais soudain, dans le sac de Jeremy, son ordinateur portable se met en alerte.
Ses amis se rassemblent autour de lui avec inquiétude, tandis qu'au dehors, un orage éclate.
Jeremy ouvre son ordinateur, et tressaillit en découvrant le message qui s'affiche : tour activée.
- Mais qu'est-ce que ça veut dire ??
- On a vaincu Xana et éteint le super-calculateur ! Comment il pourrait...?
- Je n'en sais rien, leur répond Jeremy. Il faut qu'on aille voir ce qui se passe.
Sous une pluie battante et pleins d'incertitude, les cinq héros se rendent à l'usine en courant, bien contents d'être protégés de l'humidité par leurs déguisements d'Halloween.
Arrivés dans le bâtiment désaffecté, ils descendent à la corde puis vont dans l'ascenseur.
Mais juste avant d'entrer avec les autres, Odd regarde en hauteur s'écrie :
- Eh ! c'est le Ranger Vert !
Ses amis regardent dans la direction qu'il pointe, mais il n'y voient personne.
- Je vous jure ! insiste Odd. Il était là, il nous observait, et quand je l'ai signalé il est passé à travers le mur !
- Odd, c'est pas pas drôle, le réprimande Ulrich.
- On a une tour à désactiver, ajoute Jeremy.
Odd finit par entrer avec eux :
- Pourquoi vous ne me croyez jamais !?
- Voila ce qui arrive quand on ne sait pas s'arrêter de faire des blagues, conclut Yumi.
Tandis que la Japonaise appuie sur le bouton de mise en marche du monte-charge, Jeremy reçoit un nouveau message :
"C'est la nuit d'Halloween
En cette sombre fête
Je viens couper des têtes
Gare à la guillotine..."
Soudain, alors que la porte verticale est en train de se refermer, Odd est agrippé par le pied et tiré vers l'extérieur.
- Aaaaaah !!
- Odd !! s'écrie Aelita en voyant son ami dont la tête est sur la trajectoire de la porte qui se ferme.
Par chance, le casque du félin bloque la porte le temps que Yumi appuie sur le bouton d'arrêt d'urgence.
Ils ouvrent à nouveau l'ascenseur pour permettre à Odd de se relever.
- J'ai eu chaud, sans mon casque, j'aurais été décapité...
- Notre ennemi est venu couper des têtes, déclare Jeremy. Soyez vigilants.
- Là-haut ! s'écrie Aelita. Le Ranger Vert !!
À l'étage supérieur, le Ranger Vert se tient fixe et laisse éclater un rire démoniaque.
- Jeremy, descends au labo avec Aelita ! lui conseille Ulrich. Nous autres, on va s'occuper de lui.
- Entendu, soyez prudents ! termine Jeremy en faisant descendre le monte-charge.
Ulrich, Odd et Yumi remontent par les cordes pour affronter le Ranger Vert.
Malgré leur aptitude au combat, il tient tête aux trois Lyoko-Guerriers et bloquant leurs coups et en ripostant.
- Charge du mastodonte ! s'écrie Odd bondissant sur le Ranger Vert, mais celui-ci le rattrape et le jette sur Ulrich.
Yumi en profite pour porter un coup de pied à leur adversaire, mais celui-ci la saisit par la jambe.
- Prête pour un vol plané ? murmure-t-il sous son casque.
- William ?? C'est toi !? interroge Yumi en reconnaissant sa voix.
Pour toute réponse, il l'éjecte violemment en arrière et elle tombe de l'étage.
- Yumi !! s'écrie Ulrich.
- Tout va bien, répond celle-ci. Les protections de ma combinaison ont amorti le choc.
- Eh ! Il s'enfuit ! s'exclame Odd tandis que le Ranger Vert leur fausse compagnie en se dirigeant vers un couloir.
- Poursuivez-le, répond Yumi. Je vais faire le tour pour lui barrer le passage !
Pendant ce temps, dans le laboratoire, les deux génies du groupe ont découvert que le super-calculateur a bel et bien été rallumé et qu'il y a effectivement une tour activée sur Lyoko.
- Je n'arrive pas à croire que Xana ait survécu, déclare Aelita.
- Même s'il a survécu, poursuit Jeremy, il n'a pas pu rallumer le super-calculateur tout seul. Quelqu'un l'a forcément aidé...
- Mais qui pourrait faire une chose pareille ?
- À part nous cinq, le seul qui soit au courant pour Lyoko, c'est...
Il s'interrompt car son téléphone sonne.
- Oui Yumi ?
- Jeremy, le Ranger Vert, c'est William ! Il est à nouveau au service de Xana ! On est à sa poursuite !
- Je vois, c'est donc bien lui qui a rallumé le super-calculateur... Laissez-le et venez plutôt désactiver la tour, c'est notre priorité.
- D'accord, répond Yumi. Je retrouve les autres et...
Un bruit sourd comme un coup de tonnerre met subitement fin à leur conversation.
- Yumi ? Yumi ?? Allo ? ...Ça a coupé. Je n'aime pas ça.
- C'est sans doute à cause de l'orage, suggère Aelita.
- Non justement, je passe par un réseau qui ne s'interrompt pas même en cas de violentes intempéries. Il est arrivé quelque chose à Yumi...
- Il faut qu'on aille l'aider !!
- Le plus urgent est de désactiver la tour et de lancer le Retour vers le passé avant qu'il ne soit trop tard.
- D'accord, je vais à la salle des scanners, et les autres me rejoindront en cours de route.
Jeremy secoue la tête :
- Il vaut mieux que tu les attendes plutôt que d'aller seule sur Lyoko. J'ai le sentiment que Xana a méchamment bien préparé cette attaque pour marquer son retour. Reste avec moi au laboratoire, on va regarder les vidéos des caméras de surveillance.
Son portable sonne à nouveau et la voix d'Odd en panique se fait entendre :
- Jeremy ! C'est horrible !! Yumi est morte !!!
- Quoi !?
Aelita éclate en larmes :
- Oh mon dieu... Yumi...
Odd est totalement paniqué :
- On a retrouvé son cadavre ! Elle n'a plus de tête ! Le Ranger Vert l'a décapitée !
Jeremy serre Aelita contre lui et donne ses instructions au téléphone :
- Il faut que vous veniez aux scanners pour aider Aelita à désactiver la tour !
- Ulrich est fou de rage ! réplique le félin. Il veut retrouver le Ranger Vert pour venger Yumi !
- J'ai accès aux caméras de surveillance, répond Jeremy. Je vois où vous êtes. William est xanatifié, ça ne sert à rien de vous en prendre à lui. Venez plutôt...
Ulrich arrache le portable des mains d'Odd et hurle en regardant la caméra :
- DIS-MOI OÙ IL EST !!! JE VAIS L'ÉTRIPER !! DIS-MOI TOUT DE SUITE OÙ IL EST PARTI SE CACHER CE FILS DE...
((BOOM!))
Sous les yeux d'Odd et sur l'écran de Jeremy, la tête d'Ulrich vient d'exploser.
Son corps décapité titube avant de tomber inerte.
Aelita hurle.
Odd vomit.
Jeremy tremble.
- On va tous y passer ! crie Aelita. Il va nous décapiter un par un !! On est à sa merci !!!
Jeremy se ressaisit compose le numéro du portable d'Ulrich sur l'ordinateur.
Odd sursaute en entendant la sonnerie.
Il hésite un moment avant de s'approcher du corps sans tête de son ami pour prendre fébrilement le portable qui sonne dans sa poche :
- Jeremy... Ulrich est...
- J'ai vu, le coupe Jeremy. Viens à la salle des scanners, c'est notre seule chance d'arrêter ce massacre.
- Comment... Comment est-ce qu'il arrive à faire exploser nos têtes... Même le casque d'Ulrich ne l'a pas protégé...
- Je l'ignore mais... Attends une seconde...
Jeremy fait soudain le rapprochement entre la mort de Yumi et celle d'Ulrich.
- Les portables ! Il se sert de nos téléphones portables ! Lâche ce téléphone immédiatement !
Odd s'empresse de jeter le portable d'Ulrich puis fonce dans l'ascenseur et descend vers la salle des scanners.
Jeremy se tourne vers Aelita :
- Il faut que tu y ailles aussi, toi seule peut désactiver la tour.
La jeune fille est toujours sous le choc :
- Ulrich... Yumi... C'est impossible... C'est un cauchemar...
Jeremy la serre à nouveau dans ses bras :
- Il faut que tu sois forte. Pour nos amis.
Aelita hoche la tête en silence et avale péniblement ses larmes, puis elle descend à la salle des scanners par l'échelle.
Odd arrive à son tour dans la salle par l'ascenseur, échange un regard rempli de tristesse avec Aelita, et les deux derniers Lyoko-Guerriers prennent place dans les scanners.
- On est prêt Jeremy.
Jeremy s'apprête à fermer les fenêtres de vidéo-surveillance pour démarrer la virtualisation, mais son regard s'arrête soudain sur une image incompréhensible :
Dans un couloir sombre de l'usine, gît le corps décapité du Ranger Vert.
"Mais qu'est-ce que sa signifie ?? Pourquoi Xana aurait-il sacrifié William ? ...Et comment a-t-il réussi à faire exploser sa tête cette fois-ci ? ...Si ce n'était pas à l'aide des portables, ça voudrait dire que..."
- Einstein ? C'est quand tu veux, s'impatiente Odd.
Jeremy se déboîte presque la mâchoire en réalisant ce qui se passe vraiment :
- AELITA !!! ENLÈVE TON CASQUE !!!
- Quoi ?
- TON CASQUE !! RETIRE-LE !!!
La jeune fille se débarrasse de son casque précipitamment et le jette hors du scanner, mais Odd surgit sans dire un mot et entre dans le scanner de la jeune fille pour la saisir à la gorge avant de la plaquer contre la paroi.
Il déclare sur un ton des plus naturels :
- Tout va bien Jeremy, lance la virtualisation !
Aelita tente de crier mais Odd appuie sur sa gorge pour l'en empêcher.
Jeremy descend par l'échelle et découvre Odd qui retient Aelita dans son scanner.
- C'était toi ! C'était toi depuis le début !!
- Bravo, belle déduction, confirme Odd. Avec quelques cadavres de retard cependant.
Aelita peine à s'exprimer :
- C... Comment... ?
- Tu aimes les histoires ? lui demande le félin. Je vais t'en raconter une. Il était une fois, je vous ai tous menés en bateau.
- Sale monstre ! lui crie Jeremy.
Odd savoure son triomphe :
- Tu es jaloux parce que mon plan était diaboliquement génial. Laissons Aelita en juger. Pour commencer, j'ai lancé l'idée qu'on se déguise tous suivant un thème de groupe pour Halloween, puis je vous ai imposé le thème des Power Rangers. Pourquoi les Power Rangers ? Jeremy a fini par comprendre...
- Pour qu'on porte ces maudits casques !! aboie Jeremy.
- Brillant n'est-ce pas ? poursuit Odd. En effet, il fallait que vous portiez chacun un de ces casques pour que je puisse y ajouter discrètement la petite mais puissante bombe permettant la réalisation du tour de magie intitulé "explosion de tête spontanée", contrôlé à distance par des commandes regroupées sur mon bracelet de Power Ranger. Vous voyez ? C'est en appuyant sur ce bouton-là que j'ai fait exploser le casque de Yumi puis celui d'Ulrich. Jeremy a cru que le piège était dans les téléphones portables, mais pas de chance, c'était dans les casques !
Tandis que Jeremy s'en veut de ne pas avoir compris plus tôt, Aelita demande :
- Et... le Ranger Vert... ??
Odd hausse les épaules :
- William ? Il n'était ni xanatifié ni au courant de l'attaque. Je lui ai simplement dit qu'on allait tous les cinq s'habiller en Power Rangers pour Halloween, et lorsque je lui ai tendu l'uniforme du ranger vert, il a naturellement accepté de se déguiser ainsi puisque c'est le rival du Ranger Rouge. Puis je l'ai invité à venir mettre un peu d'ambiance à l'usine pendant qu'on y enfilait soi-disant nos costumes. Bien évidemment, je vous ai menti en arrivant à l'usine quand j'ai prétendu l'avoir vu passer à travers le mur comme un spectre de Xana, tout comme j'ai fait semblant de me faire accrocher le pied au moment où la porte de l'ascenseur se refermait. William n'est en fait arrivé à l'usine que quand nous l'avons tous vu. Il a parfaitement joué son rôle, sans savoir quel drame se jouait réellement, et surtout sans savoir qu'il allait disparaître lui aussi grâce à la petite bombe placée dans son casque. À son insu, il a servi Xana une dernière fois avant de mourir.
Aelita a du mal à respirer, pourtant persiste à interroger le félin :
- Mais... pourquoi... ?
- Parce que Xana te veut, Aelita. J'ignore précisément pourquoi tu l'intéresses, mais c'est toi qu'il veut. Alors je t'amène à lui, en me débarrassant des autres. Sauf Jeremy. Jeremy doit nous virtualiser. N'est-ce pas Jeremy ?
- J... Jeremy... De quoi... il parle... ?
Jeremy serre les poings :
- Avant d'éteindre le super-calculateur, j'avais pris soin d'ajouter des codes de protection supplémentaires pour la procédure de virtualisation, juste au cas où. Je suis le seul à connaître ces codes, c'est pour ça qu'il ne pourra virtualiser personne sans ma coopération.
- ...Et c'est pour ça que j'ai monté toute cette mise en scène afin que Jeremy nous virtualise volontairement.
- Ne compte pas sur moi, rétorque Jeremy. Je ne vous enverrai jamais sur Lyoko.
- Alors Aelita va mourir, menace Odd.
- Faux. Tu as dit toi-même que Xana a besoin d'elle.
- Tu n'es pas tombé dans le piège, c'est bien. Mais puisque je ne peux pas la tuer, tu te doutes que je vais simplement la faire souffrir.
Jeremy avance d'un pas :
- J'aimerais que tu me dises une chose : qui es-tu réellement ? Odd xanatifié ? Un spectre à l'apparence d'Odd ? Qu'est devenu notre ami ?
Odd retire enfin son casque de Ranger Noir, dévoilant au fond de ses pupilles un symbole de Xana discret mais bien présent.
- Je suis Odd en qui Xana a placé il y a bien longtemps une "assurance survie", un minuscule programme chargé d'exploiter les facultés de mon cerveau désordonné et de le ré-organiser pour développer mes idées les plus tordues tout en gommant mon humanité. J'ai conservé tous mes souvenirs et mes habitudes, ce qui m'a permis de faire semblant d'être toujours le Odd que vous connaissiez, mais ce qui se passe dans ma tête a radicalement changé. Je travaille pour Xana désormais. C'est moi qui ai rallumé le super-calculateur. C'est moi qui t'ai envoyé ces messages sur ton portable. Et si tu les as appréciés, en voici un dernier :
"C'est la nuit d'Halloween,
Envoie-nous sur Lyoko
Sinon je brise les os
De ta jolie copine."
Jeremy se jette sur Odd pour le sortir du scanner et libérer Aelita, mais Odd se retourne contre lui puis le soulève avant de le jeter au sol.
Jeremy n'a pas le temps de se relever car Odd s'accroupit sur lui pour le frapper à répétition.
- Je perds patience Jeremy ! Je n'aime pas faire attendre Xana ! Tu vas nous envoyer sur Lyoko avant que je m'énerve vraiment !
Même avec le visage en sang, Jeremy n'abandonne pas :
- Aelita... Sauve-toi...
- Ce n'est pas ce que je veux entendre ! l'interrompt le félin en se remettant à le frapper de plus en plus fort.
Aelita en profite pour ramasser son casque rose et l'enfile à l'envers sur la tête d'Odd puis tire celui-ci en arrière pour le faire tomber.
Aveuglé par le casque, il tente de se relever mais elle le projette à nouveau en le frappant au ventre avant de lui lancer :
- Que dis-tu de ça :
"C'est la nuit d'Halloween
Nous sommes deux survivants
Et pour toi il est temps
De payer pour tes crimes"
- Pauvre idiote ! s'exclame Odd en remettant son casque à l'endroit. La bombe n'explose que si je la déclenche avec mon bracelet ! Tu aurais dû mieux écouter quand je te tenais la gorge !
- Désolée, ton histoire était passionnante mais j'étais trop occupée à te voler ton bracelet.
Odd réalise avec effroi qu'elle s'est effectivement emparée de son bracelet ; il s'apprête à retirer son casque précipitamment, mais la jeune fille ne lui en laisse pas le temps : elle presse le bouton faisant exploser la bombe située dans le casque, et la tête d'Odd avec.
Enfin débarrassée de son adversaire, Aelita pousse un long soupir de soulagement puis aide Jeremy à se relever.
- Il est temps de mettre fin à tout ça une bonne fois pour toutes, déclare-t-elle sur un ton résolu.
- Mais... si ton père était encore en vie lui aussi ? suggère Jeremy.
- Mon père est mort, répond froidement la jeune fille. Et de toute façon, son oeuvre a déjà détruit trop de vies. Je dois l'arrêter pour de bon.
Elle ramasse le casque noir et regarde à l'intérieur.
- Évidemment, il n'y a pas de bombe dans ce casque. Je vais chercher le tien.
Aelita monte au laboratoire pour récupérer le casque bleu de Jeremy, puis elle descend à la salle du super-calculateur pour déposer l'objet piégé sur l'imposante machine qui héberge Lyoko.
Elle remonte ensuite avec Jeremy qui s'installe au poste de commande pour désactiver les systèmes de refroidissement du super-calculateur.
Après quelques minutes, lorsque tous les indicateurs d'excès de chaleur sont en alerte, Aelita presse le bouton sur son bracelet pour faire exploser le casque bleu et le super-calculateur avec, ce qui anéantit Lyoko définitivement.
- Cette fois c'est fini.
C'est la nuit d'Halloween
Ils s'en vont sous l'orage
Et c'est sur cette image
Que l'histoire se termine.
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« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Texte n°5 :
Spoiler
Cela fait quelques mois que les Lyokoguerriers ont achevé leurs années de collège, deux précisément, presque soixante jours. Et la routine, fidèle déménageuse, sait balayer les souvenirs qui font mal. Bons et mauvais, mémorables et passables, promesses et sermons, tout y passe ! Ce qu'ils appelaient une amitié infaillible devient une alliance désuète ; ce qu'ils appelaient l'école redevient une prison. Oui, tout va bien !
Car lorsqu'on n'a pas l'âge d'être nostalgique, tout va toujours bien ! Et tant qu'ils ont de quoi occuper leurs pensées, ils vont bien ! Broyer du noir, c'est facile lorsqu'on a rien d'autre à faire, mais le lycée, c'est difficile ! Tellement difficile qu'à force de travailler, même Ulrich a réussi à augmenter ses moyennes ! Rattraper toute une éducation imparfaite, ce n'est que l'affaire de bonne volonté lorsqu'on a la détermination et la motivation de l'âge heureux.
Mais ne nous égarons pas, le travail ne comble aucun manque social ! Odd l'a bien compris ! Oui, il l'a tellement bien compris, que pendant qu'Ulrich révise, à défaut d'écouter de la musique mortelle, il sort ! Et c'est très facile, lorsqu'on a quitté Kadic toutes les nuits pendant si longtemps, de se faufiler dehors en cachette ! Et puis, tant qu'on est dehors, on n'a qu'à se promener là où il y a de la lumière ! Oh mais que vois-je ? Est-ce un bar ? Oh ! Ça me changera sûrement les idées ! Et Odd aime bien les surprises ! On y rencontre toutes sortes de personnes, certaines non fréquentables le deviennent lorsqu'on apprend à les connaître ! Odd n'a cependant pas de problèmes d'alcool, mais il a des problèmes d'amis.
Se renfermer sur soi-même, ce n'est pas la meilleure des choses à faire, non. Yumi, elle, a trouvé d'autres solutions : le bénévolat et le patriotisme ! Oh que la famille Ishiyama est fière de sa fille qui honore les traditions de son pays ! Elle organise des collectes de fond, vend des confiseries artisanales à ses voisins, qu'elle est adorable ! Elle s'est même engagée politiquement ! Eh oui ! C'est une fervente représentante de la jeunesse socialiste parisienne, à présent ! Ah les responsabilités et la bonne réputation ! Ça vous change une gamine entêtée … Des fois.
Au lieu de se prendre au sérieux, on peut aussi tenter de prendre le temps de réfléchir à la disproportion de sa personne par rapport à la Nature. Ce n'est sans doute pas la pire des choses, car après tout la philosophie est la meilleure des nourritures intellectuelles ! Et c'est bien pratique de se demander l'utilité de vivre dans un monde qui nous dépasse lorsqu'on veut renier une partie de son existence ! C'est de la logique artificielle dont on raffole lorsque tout ce qui compte, en somme, c'est de paraître un adolescent épanoui et plein d'identité. Aelita passerait presque pour Confucius si ses mèches roses et son statut de nouvelle ne la désignaient pas plutôt comme la marginale qui se fuit.
Jérémie, c'est tout le contraire. Fort d'une expérience sociale de presque trois ans, il a décidé de faire quelques efforts pour s'intégrer. Lentilles, ce qu'il faut de gel pour relancer la mode Tintin et un peu d'athlétisme : le voilà devenu un beau gosse académique ! Il appartient désormais à la sphère convoitée des jeunes qui ont tout pour eux : la carrière, le look, les filles, etc. On l'invite à toutes les soirées, il est toujours entouré … Ah que c'est bon d'avoir des amis pour s'occuper !
William, éternel solitaire, n'est pas spécialement de cet avis cependant. Suite à une absence un peu handicapante, ainsi qu'à des résultats peu concluants au dernier trimestre, il a dû redoubler et tout naturellement, cette expérience l'a quelque peu durci. Sa vision des autres tout particulièrement s'est retrouvée atrophiée : ils ne sont plus pour lui que le symbole de la désillusion et de l'abandon. Car, il faut être faible pour faire confiance à des gens. Tout n'est qu'intérêt dans les communications de toute façon … Ou peut-être désintérêt des fois ?
« Quel jour sommes-nous ? Le 31 octobre ? Sweet … This is Halloween ! L'heure de ma vengeance est proche … »
« Sale temps ce matin sur la capitale, c'est sous une pluie torrentielle que vous irez au travail ! Mais ne vous découragez pas, le temps sera peut-être plus clément ce soir pour un dîner de Halloween inoubliable. Nous accueillons donc tout de suite notre invité spécial : bonjour Xana comment allez-vous ? »
« Quoi ? Mais qu'est-ce que ... »
« Ah très bien ! J'ai comme des envies de meurtre aujourd'hui ! Haha ! »
« XANA ? Mais c'est impossible... »
« C'est en effet votre tube du moment ! Chers auditeurs, vous pouvez gagner une place pour un concert mortel en envoyant XANA au 45110 dès que vous entendez ce morceau, alors restez à l'antenne ! »
Ulrich presse l'interrupteur, nonchalant. Puis la radio s'éteint docilement
« Qu'est-ce que c'est con les infos, des fois, commence-t-il en haussant les épaules. J'ai encore flippé pour un rien.»
Son regard se dirige ensuite vers le lit impeccable d'Odd. Il a sûrement fini la soirée chez quelqu'un d'autre, c'est gentil de ne pas avoir pris le risque de le réveiller au milieu de la nuit, quoique ce soient les vacances. La propreté n'étant pas une de ses qualités, il ne reste du blondinet que Kiwi dans cette pièce, tristement calme. Encore en pyjama, Ulrich jette un coup d’œil à sa montre. 7h, l'heure des infos. Pourquoi est-ce qu'il s'est encore levé à si tôt ? Il se dit qu'il vaut toujours mieux se lever aux aurores, sinon on ne fait rien de ses journées, sûrement, et c'est louable. Il retourne s'asseoir sur son lit.
XANA … Qu'est-ce que ça date ! L'espace d'un instant il a cru qu'il allait devoir foncer à l'usine et appeler Jérémie. Oh lui aussi il date ! Qu'est-ce qu'il a pris la grosse tête, l'Einstein ! Alors qu'en cinquième … Il étouffe un rire nerveux. Ça fait combien de temps qu'ils ne se sont plus parlé ? C'est vrai, ils n'ont pas le même emploi du temps et qu'est-ce qu'ils se diraient après tout ? Ils ne révisent pas les mêmes contrôles, ne font pas d'activités ensemble, ont même très peu d'amis en commun. Mais c'est drôle, et à la fois un peu triste, de se rappeler. Lui s'est plongé dans les études, et ça lui a fait grand plaisir de voir que son père l'a soutenu à fond ces vacances. Il s'est senti une nouvelle raison de vivre, alors que Jérémie, c'est tout l'inverse. Fatigué de travailler, il s'est servi d'Odd pour faire quelques rencontres, et même plein de rencontres.
Ulrich bascule en arrière, sa tête se reposant à nouveau sur son coussin. Pourquoi ne pas l'appeler d'ailleurs ? C'est Halloween, il a sûrement un plan pour ce soir. Il bondit sur ses pieds et se dirige vers le bureau pour ramasser son portable. Quelques secondes plus tard, la sonnerie retentit chez le blondinet : « Allô ! »
- Salut Jérémie, c'est moi. C'est Ulrich.
- Ulrich ? Mec, tu dates !
- Ouais, je sais. C'est en entendant XANA à la radio que j'ai eu envie de t'appeler.
- XANA ?
- Laisse tomber, c'est trop con. Est-ce que tu fais quelque chose ce soir ?
- Ce soir ? Attends voir … Non, j'ai rien. Des potes m'ont lâché avant-hier.
- Ah. Ben on pourrait peut-être se faire une bouffe ?
- Ouais, peut-être. Tu veux que j'en parle à Odd, il est à côté de moi ? »
Ulrich plisse les yeux, surpris. (mode Kender)
« Il est pas trop cuit ? »
- Il tire une belle gueule de bois, mais ça va.
- Ouais, parles-en lui. On a beau vivre dans la même pièce, c'est vrai que tu le vois presque plus souvent que moi, maintenant que j'y pense.
- Haha ! C'est bizarre, en effet … En tout cas, il est partant, mais il veut une soirée au jus de citrouille.
- Parfait ! En plus, il aura pas à se déguiser pour ressembler à un mort-vivant.
- C'est pas faux. On ferait ça où ?
- Je sais pas trop. Au pire, à Kadic ?
- Avec Jim en videur, peut-être ?
- Ouais t'as raison. Il y a peut-être déjà quelque chose d'organisé au réfectoire ?
- Tu me tiens au courant, moi je vais me coucher.
- Ah euh … Bonne nuit !
- Bonne journée !
Jérémie raccroche. Allongé dans un sofa, les yeux lourds, il baille victorieusement de la conclusion de cet appel. Puis, après avoir jeté son cellulaire par terre, il se tourne vers Odd et demande : « Ulrich avait l'air surpris qu'on soit ensemble, tu l'avais pas prévenu ? »
Odd, quant à lui, déambule dans l'appartement, emmitouflé dans une couverture qu'il a récupérée sur le lit dans lequel il a dormi quelques heures. Vêtu ainsi, il ressemble au Dalaï-lama, à ceci près que le père spirituel du Tibet n'a ni mèche violette ni le teint pâle et l'odeur alcoolisée qui charment tant ces dames la nuit tombée. En enjambant un fêtard qui s'est assoupi sur le parquet, il répond : « Non, je crois pas. Je pensais qu'il aurait deviné. Et puis, en général, je lui parle pas trop de mes sorties. Ça le met mal à l'aise, je crois. »
- Ouais, je vois le genre, conclut Jérémie en se passant la main dans les cheveux.
- Bonne nuit !
- Bon appétit !
Le blondinet dirige alors ses pas vers la cuisine, en quête d'une bouteille de lait et du paquet de céréales qui lui a tapé dans l’œil la veille. Un peu inattentif, il se prend les pieds dans le câble d'un grille-pains qui est aussitôt happé vers le sol, provocant un vacarme accusateur. L'appareil grésille un petit peu, sous le regard penaud de son assaillant. Ce dernier se penche pour évaluer plus efficacement les dégâts lorsque, dans son dos, un amas de pixels familier s'échappe de la prise électrique. Assez peu qualifié en électronique, Odd se contente des tests élémentaires et ne fait que vérifier si aucun composant semble vaguement endommagé. Tout a l'air fonctionnel, plus de peur que de mal. Il soupire discrètement en tournant la tête pour s'assurer que personne n'ait vu la scène. Après avoir remis en place la petite dalle prévue pour protéger les circuits imprimés, il se penche vers la prise de courant dans le but de réalimenter l'appareil. Il constate alors qu'elle est anormalement noire, comme grillée. Étrange, débrancher un grille-pains n'aurait pas dû causer une surchauffe. S'approchant du mur, il ne remarque pas la fumée informatique lui glisser dans le dos et se loger dans la petite machine encore à terre. Se disant qu'elle était sans doute déjà dans cet état avant, il effectue les branchements tel qu'il les concevait à l'origine, puis repose le grille-pains sur son étagère.
« Bon, où elles se sont planquées, ces Chocapics ? clame-t-il pour lui-même en ouvrant successivement tous les placards qu'il voit »
Une tranche de pain de mie grillée est soudain projetée en sa direction, lui heurtant le front. Dans un sursaut pitoyable, l'adolescent se cogne ensuite la tête contre le rebord d'une étagère. Ironie du sort, le paquet de céréales recherché s'effondre par la même occasion.
« Ah ! C'est donc ici que vous vous cachiez ! gémit-il. »
Mais l'appareil ne lui laisse aucun répit et avant même qu'Odd ne tourne le dos, un éclair envoyé en pleine figure l'assomme violemment. Un dernier cri sourd, comme une alarme, témoigne de l'incident.
« Midi ? Ah déjà ! Qu'est-ce que le temps passe vite quand on bouquine ! s'exclame une jeune demoiselle en pyjama sur son lit.»
Dans un bâillement étourdissant, Aelita repose Esthétique de Spinoza sur sa table de chevet. Excitée et nourrie par cette lecture vivifiante, elle s'agite gaiement en secouant ses orteils nus. Mais que va-t-elle bien pouvoir faire aujourd'hui ? C'est qu'à force de lire, elle se rend compte qu'elle oublie de comprendre, qu'elle relit de plus en plus les mêmes passages sans qu'ils ne laissent de trace en elle. Pour pallier à cette asphyxie cérébrale, le mieux est sûrement de lui offrir une petite balade d'automne. Oh oui ! Tous les poètes faisaient des balades, ils en étaient experts et mûrissaient leurs pensées par ces dernières ! Sans perdre une seconde, elle gambade à son armoire cueillir de quoi se vêtir chaudement pour affronter la caresse du vent dans les conditions les plus douces.
En deux-trois mouvements rapides et précis que seules les femmes pressées connaissent, la voilà sous le préau, emmitouflée dans une grosse veste hivernale.
Sautillante, elle se dirige vers le parc. Ce n'est pas la belle campagne normande de Maupassant, mais plutôt l'expérience rurale parisienne, maladroite et monotone. Soit, si les feuilles meurent ici ou là, elles restent de belles feuilles, de charmants cadavres étincelants. Enjouée, Aelita ne fera pas la difficile et c'est, malgré la critique, dans un paradis naturel qu'elle pénètre. Deux trois enjambées se succèdent en rythme, un beau rythme de valse polonaise. Plip plap plop ! Il pleut, c'est encore mieux ! Tic tac toc ! Plip Plap plop ! Et le craquement des feuilles sous le pas pas assez amical ! Tic tac toc ! Plip plap plop ! Cric crac croc ! Que c'est merveilleux ! Que c'est vrai que la Nature s'inspire de l'art ! Tic tac toc ! Plip plap plop ! Cric crac croc !
Après dix minutes de promenade, l'adolescente est au paroxysme du bonheur ; elle est au cœur du parc.
Mais c'est un lieu désert, en fait. Un lieu désert où il pleut et le vent arrache des tas de feuilles mortes. Un lieu où l'on peut hurler, et même mourir, si on le veut, sans que personne ne s'en préoccupe. Le lieu rêvé pour une embuscade, n'est-ce pas ? Il faudrait vraiment être dénué d'intelligence humaine pour ne pas s'en rendre compte …
Une branche craquelle, enfin, c'est ce qu'indique un lugubre et sec bruit qu'une bourrasque trop froide colporte. Les oreilles d'Aelita, rougies par la température, ne sont pas des plus fiables dans ces circonstances. Ce ne sont peut-être que deux bêtes branches qui se frictionnent à cause du vent. Un rugissement familier corrompt cette hypothèse faussement rassurante. Aelita frémit. Une sueur froide. Il est peut-être temps de rentrer. Mais un autre hurlement animal angoisse la jeune fille et engourdit ses membres. Ses jambes s'affranchissent de l'ordre de fuir et se mettent à trembler, ce n'est plus le froid. Une autre ribambelle de hurlements s'élève, comme un chœur, et se rapproche, comme des animaux en quête de sang. Prise d'une frayeur frénétique, elle tente de se recroqueviller contre un arbre. L'illusion de l'abri, la traîtrise d'un foyer ou la traîtrise de ses sensations.
Elle se rappelle la dernière fois qu'elle a entendu ces horribles mugissements, cette odeur et cette peur. Elle était toute petite et faible, à des kilomètres d'ici. Pourtant, malgré toutes ses années en Suisse, ce souvenir ne lui a jamais paru aussi proche que maintenant. Il est à côté d'elle. La situation n'est même pas si effrayante, elle est perverse. Quelqu'un sait que la seule évocation de cette expérience douloureuse suffit à tétaniser la jeune fille. Quelqu'un qui la connaît qui veut son mal. Et c'est lâche comme attaque, fourbe et sournois. Perdue dans tous ses souvenirs, l'adolescente ne sait plus à quoi elle pense. Elle cherche désespérément quelque chose d'heureux, une image, un souvenir. Elle revoit ses amis, qu'elle a quittés, Lyoko, qu'elle a éteint, son père qu'elle a tué, sa mère, qu'on lui a volée, toute son existence, avec laquelle on a joué.
Ils arrivent. Elle ferme les yeux. Ce sont bien des loups, les mêmes qu'autrefois. Dans son fossé, les mains sur le visage, le bruit sourd des pattes contre le sol donne la mesure à son cœur : ce n'est plus la valse polonaise, c'est l'accélération finale qui précède l’exultation. La joie de mourir, ce sentiment morbide et creux qui précède les dernières confessions. Aelita, effondrée en sanglots, murmure pour elle même : « Pardonnez-moi d'avoir existé. Pardonnez-moi de vous avoir tous fait souffrir. Pitié, pardonnez-moi. »
« Aelita ! Bouge ton cul ! hurle William en chargeant, une branche en bois à la main. »
Étourdie, et presque dérangée dans son désir de mourir, l'adolescente met du temps à réagir. Heureusement pour elle, les loups sont beaucoup plus vifs et se tournent instantanément vers l'ahuri qui se croit de taille à les défier. Ce dernier saute bestialement pour frapper le mâle alpha. Instantanément, il se pixelise sans sentir une quelconque douleur. Se tournant, son sauveur hurle après Aelita : « Mais qu'est-ce que t'as pas compris ? Putain ! Bouge ton cul ! »
- William, je … répond-elle fébrilement en regagnant une position debout.
- BOUUUUUUGE !
Elle commence enfin à courir. William la regarde s'éloigner au loin entre deux loups. Il est rapidement encerclé, mais garde son sang-froid. Une première bête tente de l'assaillir par derrière, avant de se faire littéralement rabattre contre le sol par un coup de bâton expert. Fier de son action l'adolescent s'exclame : « On va jouer … »
« 14h ! La réunion est enfin terminée ! s'exclame une jeune fille à son collègue. »
- J'ai cru qu'on n'en verrait pas le bout ! répond Théo sur le même ton informel.
Yumi pousse la porte de la salle de réunion, souriante. Son collègue la suit de peu. Ils se faufilent ensuite à travers les couloirs de Kadic, exhibant la démarche formelle qui leur sied si peu. Yumi, au détour du couloir, entame la conversation : « Alors Théo, qu'est-ce que tu as de prévu pour ce soir ? »
- On va faire une repas en famille, je pense. Et toi ?
- Mes parents sont assez traditionalistes, alors Halloween, ça leur parle pas trop.
- Ouais, je comprends.
- Mais bon, ça va me permettre de bosser un peu sur mes cours ! J'ai quand même des épreuves du BAC à la fin de l'année, tente-t-elle vainement pour convaincre son interlocuteur de sa joie de vivre innée.
Elle ne parvient hélas qu'à renforcer le doute de son ami sur sa réelle motivation. C'est un beau coquillage, solide en surface, mais creux et morne par ailleurs. Elle ne va même pas bosser ses cours. Elle fait ça tous les soirs, et c'est vite gavant. Désormais, Yumi appartient à ces personnes très énigmatiques qui détestent les vacances, car elles ne savent jamais quoi en faire. Ce sont les plus tristes et les moins récupérables, blasées au plus profond d'elles-mêmes ; car ce sont également celles qui ont fait de leur mal-être leur essence (dans ta gueule, Sartre). Les yeux perdus dans ses baskets noires, elle se dirige, sait-on comment, vers le portail de Kadic. Il pleut toujours. La pluie pourrait en gêner plus d'un, mais justement, elle l'aime bien, la pluie. Car elle est seule et incomprise, et que personne ne remarque jamais qu'elle est nécessaire. Oui, elle est nécessaire. Elle fera tout pour le prouver …
À une vingtaine de mètres de la sortie, la jeune fille est soudain interpellée par une voix familière : « Mademoiselle Ishiyama ? J'aimerais discuter avec vous ! »
C'est monsieur Delmas qui lui fait signe, en trottinant. Ça doit vraiment être important ! Ravie que l'on s'intéresse à elle, la jeune lycéenne fait volte-face et répond, un très large sourire sur le visage : « Oui bien sûr, c'est à quel sujet ? »
- C'est très important. Ça concerne monsieur Chardain, qui est votre professeur principal. Et comme vous êtes déléguée, il fallait que je vous prévienne, raconte-t-il en agitant ses bras, anxieux.
- Si c'est important, oui. Naturellement.
- Merci. Suivez-moi, je vous prie. Allons discuter dans mon bureau.
Elle a beau sembler occupée et avoir un emploi du temps ministériel, l'occasion de jacasser avec une personne en costume l'exalte plus qu'aucune autre discussion intelligente avec sa famille ou ses proches. Le dos droit, elle marche au rythme saccadé du directeur jusqu'à son bureau.
Pour ne pas paraître trop optimiste à l'égard d'une nouvelle tragique, elle dépose ensuite un rictus soucieux sur ses lèvres avant de s'asseoir en face du directeur. Celui-ci évite sa chaise et tourne le dos à la demoiselle, fixant le mur. Lorsque son hôte s'est bien installé, il entame, sur un ton très lent : « Mademoiselle Ishiyama, qu'est-ce que vous inspire l'Histoire ? »
- L'histoire ? s'exclame-t-elle en se rehaussant sur sa chaise. Je … C'est une question compliquée, je crois.
- Inutile de me donner une réponse argumentée, vous n'êtes pas en examen, voyons ! Dîtes-moi seulement à quoi elle sert selon vous.
- Je crois que … marmonne l'adolescente en cherchant des éléments de réponse dans sa mémoire. C'est une matière qui nous enseigne ce que d'autres ont fait avant nous et …
- Oui, c'est en effet ce dont il est question.
- Et bien, je crois qu'il nous faut connaître notre histoire pour en tirer des enseignements. Pour avancer.
- Je vois. Mais encore ?
- En plus de nous aider à avancer, l'Histoire nous permet de nous comprendre d'une certaine façon.
- Oui, c'est exactement cela.
- Je … Merci, rétorque-t-elle avec une voix aiguë. Pourquoi est-ce que vous me posez toutes ces questions ?
- Mademoiselle Ishiyama, vous êtes une des meilleurs élèves de votre classe en histoire, n'est-ce pas ?
- Oui, mais …
- Est-ce que vous vous comprenez ? Est-ce que vous vous connaissez vraiment ?
- Oui, bien sûr !
Cette dernière réplique résonne dans la petite pièce délimitée par les bornes mentales de Yumi. Quelle détonation ! Comme les éclaboussures d'un mensonge qui se répandent sur plusieurs mois de traîtrise. Celle qui se veut appelée madame Ishiyama n'arrive plus à se concentrer. Elle est clouée dans son fauteuil, le regard fixe. De son côté, Delmas a senti la brèche, un trou béant au cœur de la japonaise. Il poursuit, toujours sur un ton exagérément calme se voulant le plus insupportable possible : « Mademoiselle Ishiyama, vous n'êtes pas une dirigeante. »
Le corps de Yumi se crispe. Elle aimerait dire « Non. », cette réplique forte et froide dont elle se pare systématiquement lorsqu'on est trop personnel avec elle. Mais le manteau est tombé.
« Tous ces gens qui croient en vous, toutes ces éloges qu'ils vous font au quotidien … »
Dans sa tête, elle hurle « Cela suffit ! », mais à la place, c'est une larme qui perle au bout de son œil droit.
« … Qu'est-ce que c'est ? Est-ce que vous les méritez vraiment ? ricane Delmas avec exagération. »
Quelques souvenirs lui viennent. Elle n'a pas toujours été à la hauteur c'est bien vrai, et même, ses échecs lui semblaient toujours naturels et inévitables. Mais elle ne devait pas faire d'erreurs.
« L'orgueil par lequel vous maintenez à distance tous ceux qui vous aiment, est-ce là votre charisme ? »
Elle suffoque. Sa tête, appuyée sur ses mains, lui paraît affreusement lourde et insupportable, pleine de pensées noires qu'elle étouffait du mieux qu'elle pouvait, avant.
« Ou bien n'est-ce qu'un mensonge ? Regardez-vous comme vous êtes faible. Où est passé votre sourire charmeur ? »
- Arrêtez, s'il vous plaît …
- Si vous ne savez pas qui vous êtes, je vais vous le dire :
- Non, je …
- Vous n'êtes rien. Rien d'autre que le reflet de vous-même. Ce sont toutes ces personnes qui vous attribuent des qualités qui dictent vos actions pour vous.
- C'est faux … C'est …
- Vous vous preniez pour un chef, vous n'êtes que l'esclave de votre réputation, le larbin de vos amis démagogues. Vous n'êtes que la putain de leurs fantasmes !
« 16h, il va mieux, affirme un médecin en jaugeant les constantes de santé de son patient. »
- Merci, soupire Jérémie, un regard inquiet porté sur son ami.
- Je vous laisse.
Puis il sort de la petite pièce confinée en tirant la porte derrière lui. Belpois, enfin libre de ses mouvements, récupère son téléphone portable dans sa poche et cherche un numéro dans sa liste de contacts : « Allô ? »
- Ulrich, c'est Jérémie ! On a un problème pour ce soir.
- Ah bon, comment ça ?
- Odd s'est fait attaquer par un grille-pains chez Sébastien !
- Un grille-pains ? Tu te fous de moi ?
- Non, mais c'est très bizarre. Quand je l'ai retrouvé dans la cuisine, il s'était pris une décharge largement au-dessus de ce qu'un grille-pains ordinaire peut produire.
- Ah bon ?
- Et en plus, la prise était noire. Tu sais ce que ça veut dire ?
- Jérémie, reprend-il après une courte pause d'analyse de la situation, ce matin, je te l'avais pas dit parce que je trouvais ça con, mais j'ai entendu un truc bizarre à la radio.
- Des interférences ?
- Non, pas du tout. Y avait un DJ qui s'appelait XANA et son tube c'était "J'ai des envies de meurtre aujourd'hui", ou un quelque chose dans ce goût-là.
- Quoi ? Je ne comprends pas.
- Moi non plus, vieux. Mais comme c'était qu'un DJ à la radio, j'ai juste rigolé de la similitude.
- Il t'est rien arrivé d'autre aujourd'hui, à toi ?
- Non.
- On appelle les autres, on sait jamais.
- A toute !
Jérémie ne perd pas de temps. À peine sa conversation avec Ulrich arrivée à son terme, ses doigts se précipitent déjà sur le numéro d'Aelita. Au moment d'appuyer sur l'ultime touche, une pensée vient ralentir son geste : la dernière fois qu'ils se sont parlés. La boule au ventre, il colle l'appareil contre son oreille. Les bips sonores s'enchaînent, semblant être de plus en plus espacés par l'impatience : « Bonjour, Belpois. N'oublie pas qu'à Halloween, ce qui nous fait le plus peur, c'est nous-même. »
Le sang du scientifique se glace. Il n'en a plus aucun doute, XANA est bien de retour. Sa main est encore paralysée par la nouvelle, bloquée contre sa tempe. Il devrait appeler Yumi, ou même William, mais en cet instant, ses pensées vont à une seule personne : Aelita. Ils avaient décidé de rompre d'un accord commun, suite à quelques disputes et aux aspirations trop libertaires de mademoiselle Stones. Ils étaient d'accord, ils étaient bien d'accord. C'était ensuite pour lui montrer comme il se sentait bien que Jérémie s'était tellement socialisé, il le sait !
Il ne se ment pas, il sait pourquoi il est comme il est, c'est-à-dire qu'il est pour elle. Il connaît ses ambitions et parce qu'il sait qu'il en est esclave, il est libre. C'est le fardeau de l'intelligence : être condamné à être aussi bête que les autres tout en en étant conscient. Il est solide, Aelita mis à part, et de tous les Lyokoguerriers, c'est assurément le meilleur appui. Mais dans cette situation, ses convictions sont aussi branlantes que les feuilles qu'Aelita a foulées sous la tempête.
La sonnerie de son portable le sort brutalement de cet état de transe légère : « Allô ! »
- Jérémie, j'ai appelé William, Yumi et Aelita. Je suis à chaque fois tombé sur un message bizarre qui t'était destiné. Je crois que XANA les a enlevés !
- Oui, je sais, murmure le blondinet.
- Jérémie ? Qu'est-ce qu'on fait ?
- Je … réfléchis, lâche-t-il laborieusement.
- On a pas le temps de réfléchir, putain ! Nos amis se sont faits kidnapper par un programme psychopathe !
- Je sais.
- On fonce à l'usine, Jérémie !
- Oui et … Pour Odd, on fait comment ?
- On n'a pas le choix. Emmène-le avec toi !
- A toute, tente timidement le scientifique pour mettre fin à cette conversation bruyante qui l'empêche de se concentrer.
- Jérémie, ne flanche pas maintenant, vieux !
« Ne flanche pas maintenant. », il faut tenir bon. Il peut encore la sauver ! Il va y arriver ! Il doit y arriver ! Elle le pardonnerait peut-être, et, pourquoi pas, voudrait se remettre avec lui ; que d'espoirs ! Le poing serré, il ouvre la fenêtre et s'empare du corps d'Odd. Deuxième étage, qu'est-ce que c'est de se casser une jambe lorsque celle qu'on aime risque la mort à tout instant ? Pas de stupidité ! Si il boite, il ne serra jamais à l'usine dans les temps. Il saisit les draps qui tombent du lit et commence à les nouer les uns aux autres pour se constituer une échelle improvisée. Mais il faudra quand même faire un saut, et surtout, se dépêcher. Solidement nouée au lit, sa corde est enfin prête. Jérémie charge son ami sur le dos et commence sa descente précaire. Plus sportif qu'auparavant, il réussit difficilement à glisser jusqu'à l'extrémité de la corde, mais il reste le saut d'un bon mètre cinquante à réaliser, ce qui risque d'être compliqué pour ses chevilles qui vont devoir supporter deux fois le poids habituel. « Aelita … »
Le sportif se propulse hardiment. Une seconde s'écoule, Jérémie s'écroule dans un hurlement ventral. Il tient sa cheville gauche entre ses coudes et ne cesse de se tordre de douleur, Odd jonchant juste à côté de sa tête. Ce dernier a repris ses esprits lorsque son corps a heurté le sol, en un unique et lourd impact. Tous deux dans un coma relatif et condamnés à récupérer quelques instants, une dispute réussit à les rapprocher chaleureusement : « Jérémie ? commence Odd. »
- Quoi ?
- Pourquoi tu m'as balancé du premier étage ?
- Ta gueule, Odd.
- T'aurais pas pu prendre l'ascenseur, du con ?
- Je t'emmerde.
- Ouais t'as raison, je vais me calmer. C'est vrai qu'on est bien, là, le cul dans l'herbe.
- Si tu veux te lever, vas-y, monsieur « j'ai ronflé pendant 8 heures à cause d'une tartine ».
- Ta gueule, Jérémie.
Au bout d'une dizaine de minutes, l'intellectuel se souvient du pourquoi de sa chute. Il va falloir se dépêcher : « Faut qu'on se grouille, XANA a kidnappé Aelita, Yumi et William. »
- À une seule condition, vieux.
- Je t'écoute.
- N'essaye plus jamais de me porter secours.
Les deux jeunes hommes gigotent pour se relever, chacun avec plus de difficulté que son acolyte. Ils se rapprochent pour s'appuyer mutuellement, épaule contre épaule, s'échangent un dernier regard combatif et entament une longue route vers l'usine …
« Où je suis ? hurle Jérémie. »
Tout est plongé dans le noir autour de lui, on n'entend rien, on ne voit rien. On ne sent que l'odeur nauséabonde de la moisissure du sol. Pieds et poings liés sur une chaise en métal rouillée, il continue de hurler : « Qui m'a amené ici, répondez ! reprend-il en tentant de faire céder ses liens »
- Tu ne devines donc pas, Jérémie ? questionne une voix informatique, semblant surgir de nulle part.
Étant donné l'acoustique, on devine une grande salle vide. Peu rassuré par le ton de son interlocuteur, le prisonnier répond : « XANA ? »
- Le penses-tu vraiment ?
Le scientifique marque une pause. Il réfléchit, puis répartit : « Non. XANA ne parle pas comme nous. XANA ne m'aurait pas kidnappé, il m'aurait tué sur place. »
- Tu commences à comprendre. Qui alors ?
- Le grille-pains, la radio, c'étaient des menaces qui devaient être humaines, qui jouaient sur la peur et les émotions.
- Tu es intelligent, Jérémie.
- La seule personne que je voie qui ait pu faire ça, c'est …
- Dis-le.
Jérémie a trouvé le coupable, il ne lui manque que les mobiles : « Mais pourquoi ? »
- Hum, raille le criminel. Ce n'est pas moi qui vais mourir, mon garçon. C'est à toi de répondre aux questions, à présent.
- Qu'est-ce qu'il vous est arrivé ?
Le bruit d'un appareil mécanique qu'on met en marche semble vouloir répondre à cette question indiscrète. Jérémie ne voit rien et n'arrive pas à localiser l'outil. Au bout de quelques secondes, alors qu'il est bouillant de sueur, l'engin s'approche et le percute au niveau du genoux : c'est une perceuse, on dirait. Jérémie hurle de douleur.
« J'espère avoir gagné ton attention, maintenant. »
Impuissant, le blondinet acquiesce sans répondre.
« Sur ton siège, tu as deux manettes, une sur l'accoudoir droit et l'autre sur le gauche. »
Jérémie cherche à tâtons les manettes, et parvient à poser ses mains dessus.
« Le jeu est très simple. Ton amie est assise sur une chaise identique. Si tu tires la manette de gauche, une lance va venir te percer le thorax et te tuer au bout d'une heure d'agonie des plus délicieuses. Si tu tires sur la manette de droite, c'est ton amie qui va mourir. »
- Quelle amie ? Pas Aelita ? geint-il, alors que de chaudes larmes viennent d'apparaître dans ses yeux.
La perceuse revient lui creuser la rotule plus profondément qu'avant, provoquant une douleur démultipliée qui ne manque pas d'arracher quelques gémissements.
« Qui d'autre, voyons ? Haha, pouffe-t-il de rire. J'ai oublié, si au bout d'une heure aucune manette n'a été pressée, tu sera automatiquement tué. Est-ce que tu as une question ? »
Jérémie larmoie trop pour parler, mais essaye fièrement de ne pas le laisser paraître.
« Très bien ! À toute à l'heure, qui sait ? »
Une minute de silence pesant permet à l'informaticien de reprendre calmement ses esprits, lorsque soudain, ce n'est plus qu'une seule perceuse mais toute une armée d'outils électroniques sanguinaires qui vrombissent en se rapprochant. Les deux premières arrivent dans les hanches, très calmement ; on devine qu'elles ont été programmées pour que la sévisse dure l'heure toute entière sans jamais faiblir. Puis viennent d'autres au niveau des omoplates, des genoux, des chevilles, les coudes étant gracieusement laissés libres de tuer ou de se suicider.
Les premières minutes, Jérémie serre très fort sa main droite, en priant : « Vas-y, Aelita, tue-moi ! Pitié tue-moi ! »
Extérieurement, on ne comprend rien de tout cela. Juste des cris suraigus incessants.
Aelita est dans la même situation, mais de par sa constitution féminine plus fragile, elle ressent beaucoup plus intensément les douleurs physiques. Ses cordes vocales mortes de fatigue au bout d'une vingtaine de minutes, elle cesse de gémir, mais intérieurement, on entend : « Jérémie, tue-moi. Pitié, Jérémie, tue-moi ! »
Ils savent tous deux que si ce n'est pas leur conjoint qui commet le meurtre, rien n'informera ce dernier que son supplice est terminé. Ce jeu est infect. Quelqu'un doit en mourir et il faut être inhumain pour survivre. Mais c'est encore plus perfide que cela : même si l'on tue le partenaire, est-ce qu'il faudra survivre à la torture ? Est-ce que leur meurtrier essayerait de les faire se tuer en ne divulguant pas toutes les règles ?
La demi-heure s'est écoulée, mais ils ne le savent pas. Jérémie commence à se dire qu'il n'a aucune garantie que même si il meurt à l'issue de cette épreuve, Aelita s'en sortira. Il ne sait même pas si elle est encore en vie. Puisant dans ses dernière forces, il braille : « Comment je … Comment savoir si vous libérerez Aelita ? »
- Tu as n'as pas une élocution très agréable, jeune homme. Mais je ne garantis rien.
- Et mes autres amis ?
- Plus tard, plus tard. Tu seras certainement déjà mort.
45 minutes, Aelita est presque morte. C'est amusant, on dirait un hautbois quand on la regarde de profil, tiens ! Elle glapit : « Jérémie est encore en vie, dîtes-le moi, pitié ! »
- C'est possible.
- Je suis morte, je ne m'en sortirai pas ! Laissez-moi lui dire !
- Tu chiales trop pour que je comprenne ce que tu dis, fillette.
- Je veux le voir !
Pas de réponse.
« Il ne reste plus qu'une minute avant ta mort programmée. Pour te féliciter de ton endurance, je vais éteindre mes outils. Cela va peut-être t'aider à appuyer sur la bonne manette, sait-on jamais. »
Le message est transmis simultanément aux deux détenus en même temps que la salle s'illumine. Leurs yeux souffrent trente secondes de ce violent bain de lumière, mais ils découvrent enfin la salle dans laquelle ils se trouvent. Les perceuses et leurs bras mécaniques, notamment, et surtout la fameuse lance qui pourrait leur ôter la vie à deux mètres d'eux. Au-dessus, un chronomètre rouge affichant le temps restant avant la mise à feu.
« Qu'est-ce que je fais ? Aeltia ? Aelita ! mugit Jérémie, mais elle n'est pas là. »
- Jérémie ! Pitié, reste en vie ! gueule-t-elle en remuant la tête pour chercher désespérément son compagnon.
- Si Aelita ne m'a pas encore tué, c'est sûrement qu'elle compte se suicider, ou même qu'elle est déjà morte !
9
- Jérémie est peut-être déjà mort ! Peut-être que notre ravisseur nous ment depuis avant !
8
- Mais que faire ? hurlent-ils en même temps.
6
- Si je tue Aelita, ma vie n'aura plus aucun sens, mais si nous mourrons tous les deux, ça n'aura servi à rien !
4
- Jérémie, je ne veux pas que tu meures à cause de moi ! Tu as une famille, des amis et pleins de gens qui t'aiment !
2
- Aelita !
1
- Jérémie !
Sans aucun retard, la lance décolle et perfore le thorax de sa malheureuse victime avant de poursuivre sa course jusqu'au mur du fond. Une trappe s'ouvre soudain sur le cadavre qui tombe d'un étage. Aelita regarde fixement sa lance lorsque la carcasse de Jérémie chute en face d'elle. Il est encore en vie et l'observe, la tête collée contre le sol crasseux. Il est trop faible pour comprendre ce qu'il se passe, encore plus pour parler, mais son œil est sur celle qui l'aime. C'est comme cela qu'il voulait mourir : en sauvant sa bien aimée. Quel plus beau rêve que mourir par amour ?
Mais Aelita ne le comprend pas comme cela. Une fois les liens métalliques qui la retenaient dissouts, elle bondit sur le corps ensanglanté de Belpois. Elle veut le toucher, encore, avant qu'il ne parte définitivement.
Un intrus arrive à ce moment, par la seule porte de la pièce. L'adolescente se retourne, pantoise, et découvre avec stupeur l'identité de son ravisseur : « Mais … comment ? vocifère-t-elle, tétanisée. »
- Tu as toujours réussi à tuer les autres et à t'en sortir, c'est fascinant.
- Papa ? appelle-t-elle à l'aide.
- Tu dois avoir ça dans le sang, achève Franz Hopper en faisant demi-tour.
Yumi, Ulrich et William sont ligotés dans les trois scanners de l'usine. Ils se réveillent à cause du bruit de l'ascenseur se met en marche. Leurs mines s'illuminent alors lorsque la figure du scientifique qui les aidait autrefois se fait assez claire. Ce dernier, coupant immédiatement court à toute effusion de joie, déclare calmement : « Bonsoir, les jeunes. »
Déboussolés, personne ne répond.
« Je n'ai pas beaucoup de temps à vous accorder alors faisons vite : d'ici une petite demi-heure, deux d'entre vous serez virtualisés sur Lyoko, probablement indéfiniment, et servirez à quelques unes de mes expériences, après quoi vous serez supprimés. Naturellement, celui d'entre vous qui n'ira pas sur Lyoko aujourd'hui sera dès maintenant supprimé sans plus de torture. Avant que vous ne le demandiez, Jérémie et Odd sont morts et Aelita est grièvement blessée. D'autres questions ? »
Les trois adolescents secouent leurs têtes en guise de négation et de surprise. C'est impossible ! Ils font ce regard méchant des petits chiens haineux devant leur punition, mais cela indiffère leur maître. Satisfait de sa clarté, le professeur retourne ainsi à ses calculs en empruntant le même élévateur.
Yumi demande : « Les garçons, vous … vous allez bien ? »
- On va mourir, Yumi, répondent-ils unanimes et dépités.
- Je le sais, mais au moins, on est tous ensemble.
- Si on m'avait demandé comment je souhaitais mourir, j'aurais pas répondu « désintégré en votre compagnie », explique William en accusant ses camarades.
- On t'a volé une partie de ta vie, et j'en serais personnellement jamais assez désolé, commence Ulrich. Mais je crois que là, vaut mieux qu'on essaye de parler de trucs plus gais.
- On a vécu des bons moments ensemble, quand même, poursuit Yumi.
- J'en ai oublié la plupart, tu m'excuseras si je n'acquiesce pas. Vous m'avez juste tué.
Ils avalent leur salive. Même leurs derniers instants auront lieu dans un climat des plus oppressants.
Au bout de la demi-heure indiquée, les scanners se ferment.
À son pupitre, Franz Hopper tape froidement ses lignes de code. Il a les yeux pétillants d'innovations et de futures découvertes en tout genre ! Sa curiosité scientifique le consume et il n'est plus maintenant que le fantôme de son génie, un être transparent dans un corps qu'il ne contrôle plus. Après quelques procédures routinières, il se retourne et dit : « Della Robbia, vous pouvez venir. »
- Merci cher collègue, déclare ce dernier les bras croisés, le logo de XANA scintillant au fond de l’œil.
- Qui aurait pensé que c'est en moi que vous cacheriez vos dernières données ? ricane le scientifique avec sa voix rauque.
- Et qui aurait pensé que ces abrutis se seraient laissés intimidés par une scène aussi pitoyable ? Pourquoi détruire Franz Hopper quand ma propre survie est en jeu, c'est pathétique ?
- Notre fusion nous a permis de survivre, mais encore une fois, qui eut cru que cet imbécile d'adolescent viendrait rallumer le supercalculateur ?
- XANA et Franz Hopper enfin réunis pour détruire Carthage, quelle aubaine !
- Non, juste XANA, déclare le scientifique avec le même logo dans les yeux, avant de manifester un fou rire dément.
Texte n°6 : Run far, run fast
Spoiler
Cette nuit-là, l’orage grondait dans un bruit assourdissant dans les rues du département des Hauts-de-Seine. La tempête faisait rage. Les puissantes rafales de vent et la pluie abondante décourageaient les citadins de sortir en cette triste nuit d’Halloween. Suite à un court-circuit général, les rues étaient plongées dans le noir complet. Les gros nuages grondants cachaient entièrement la lumière de la Lune. Partout, les ténèbres régnaient.
Il n’y avait pas l’ombre d’un chat dehors, il n’y avait personne…
Personne pour voir cette jeune fille trempée par la pluie fuir à toute vitesse…
Personne pour voir cette jeune fille complètement éclaboussée de sang trébucher et se vautrer dans les flaques boueuses…
Personne pour voir cette jeune fille se faire poursuivre par cette mystérieuse ombre pesante et menaçante…
Non, il n’y avait personne, sauf elle.
Au sol, la pauvre Aelita pleurait. Elle souffrait autant physiquement que moralement. Ses larmes se mélangeaient avec l’eau de pluie. Elle s’était écorchée le bras en tombant et sa tête tournait. Mais elle n’avait pas le temps de s’apitoyer sur son sort ou même de récupérer. Elle avait une chose plus urgente à faire : fuir.
Fuir le plus loin possible de son horrible poursuivant. Mettre la plus grande distance possible entre lui et elle. Echapper à son pouvoir, son emprise, son regard. Peu importe comment, mais elle ne devait surtout pas se faire attraper ou sinon c’était la fin.
Cette chose s’approchait dangereusement. Aelita ne la voyait pas, mais elle sentait sa présence. Cette créature dégageait une aura malfaisante. Rassemblant toutes les forces qu’elle pouvait puiser en elle, la jeune fille se leva maladroitement et continua à courir, inlassablement, jusqu’à ne plus sentir ses jambes. Elle aurait bien voulu crier pour demander de l’aide, mais elle savait que cela aurait été inutile. Les rues étaient désertes. Et le temps qu’un citadin descende de son appartement, il serait déjà trop tard. Elle et le monstre seraient déjà loin… S’il ne l’avait pas déjà attrapé.
Aelita frissonna en pensant au sort qui l’attendrait si la créature la rattrapait. La jeune lycéenne était terrifiée. Jamais elle n’avait affronté ce genre de montre. Elle avait la désagréable sensation de vivre un cauchemar éveillé. Il n’y avait personne pour la soutenir, ni amis, ni amant, ni père…
Seule, elle était seule contre XANA.
Pourtant, la journée avait si bien commencé. Ce matin encore, toute la bande était au complet. Cela faisait presque un an qu’ils avaient éteint le supercalculateur. Ils étaient tous restés au lycée Kadic pour poursuivre leurs études ensemble, malgré des propositions intéressantes d’autres établissements plus renommés pour Jérémie et Aelita. Leur amitié était plus forte que jamais. Ils s’entraidaient et s’amusaient ensemble. La disparition de XANA leur avait apporté une douce sensation de soulagement dans le groupe, comme si on leur avait ôté un lourd poids dans leur vie. Ils avaient pu profiter d’une vie paisible et sans danger… Jusqu’à ce matin.
En cette journée d’Halloween, Odd avait proposé de prendre comme thématique leur ancien ennemi : XANA. Faire comme s’il était de retour. Un jeu, c’était un simple jeu au départ. Jérémie devait juste ouvrir un petit programme du supercalculateur pour pouvoir commencer une simulation. Rien qu’un petit moment, juste pour s’amuser un peu. Cela semblait sans danger. Après tout, ce n’était qu’un jeu…
Un jeu qui a vite tourné au cauchemar.
Aelita arriva à la lisière de la forêt. Pourquoi ses pas l’avaient menée jusqu’ici ? Elle ne saurait le dire. Elle ne pensait qu’à une autre chose : courir loin et vite. Son inconscient semblait l’avoir conduit dans ce monde végétal, où personne d’autres à part elle ne serait la cible de la créature. Même dans un état de profonde détresse, elle pensait encore à la sécurité des autres avant la sienne. Elle s’arrêta une brève seconde devant les arbres impétueux qui règnent dans cette partie de la région. L’orage et la situation donnaient à la forêt un côté effrayant, presque comme si elle était maudite. Le grondement du tonnerre au loin n’arrangeait rien à la situation. Plus que jamais, la forêt semblait inquiétante et troublante.
Cependant, ce n’était rien face au monstre qui la poursuivait. Rien que penser à lui avait pour effet de la faire frissonner de la tête au pied. Entre les deux dangers, elle préféra sans hésitation la forêt. Elle s’enfonça à l’intérieur et continua sa course interminable. Elle ne savait même pas où aller. Elle n’avait pas de plan. Elle ignorait comment échapper à ce monstre et comment vaincre XANA. Peut-être que si Jérémie était avec elle, il aurait trouvé une solution, comme toujours. Lorsque tout semble perdu, il a toujours été là pour sortir une idée brillante et les sauver. Mais cette nuit, il n’était pas là… il ne sera plus jamais là.
Les yeux d’Aelita se mouillèrent une nouvelle fois. Elle qui croyait qu’elle avait déjà versées toutes les larmes de son corps, elle se trompait. Jamais elle ne pourrait s’arrêter de pleurer après la tragédie auquelle elle avait assisté. C’était trop. Pourquoi a-t-elle survécu et pas ses amis ? Pourquoi devait-elle être la seule survivante de cet horrible piège organisé par XANA ? Tous, devant ses yeux, ils étaient tombés, un par un, sans qu’elle ait pu faire quoi que ce soit. Pour certains, comme Odd, la vie les avait quittés rapidement. Pour d’autres, leur agonie avait duré longtemps, trop longtemps. Et elle n’avait rien pu faire pour les sauver ou pour adoucir leurs souffrances. Jérémie était probablement celui qui avait pris le plus de temps à succomber à ses blessures. Peut-être parce qu’il se savait condamné et qu’il tentait de résister le plus longtemps possible à la mort pour laisser une chance à sa bien-aimée de s’enfuir. Curieusement, alors qu’il était le plus peureux de la bande, il fut le seul à réussir à surmonter sa peur et à les faire sortir du piège. Mais c’était déjà trop tard. Les autres avaient trouvé la mort et lui-même luttait vainement contre une blessure mortelle. Alors que lui et Aelita avaient enfin atteint la sortie de l’usine, le garçon était tombé pour ne plus jamais se relever. Elle avait tenté de l’aider, mais il avait sèchement refusé ce secours inutile. Ses derniers mots ne cessaient de se répéter dans la tête de la seule survivante de l’attaque : « Ne perds pas de temps avec moi, idiote. Sauve-toi !».
Deux phrases si simples et si brutales, mais pleines de bon sens. Il aurait pu lui dire qu’il l’aimait avant de mourir. Il en mourrait d’envie. Mais il savait qu’en émouvant Aelita, elle serait restée pour lui alors qu’il était évident qu’il n’en échapperait pas. Or, ce qu’il voulait, c’est qu’elle vive. Même mort, il continuait de guider son ange. Grâce à lui, elle put s’enfuir, trempée du sang de son éternel protecteur.
Au fur et à mesure qu’elle s’enfonçait dans la forêt, la végétation se faisait plus dense. Elle comprit encore une fois trop tard son erreur. Les branches, les racines et les buissons la gênaient dans sa course folle. Le monstre qui la suivait, lui, traversait sans difficulté les obstacles de la nature. La créature gagnait du terrain. Les forces dans les jambes de la jeune fille commencèrent à l’abandonner. Cela faisait déjà presque une demi-heure qu’elle courrait sans s’arrêter. Elle n’en pouvait plus. Mais elle n’avait pas le droit de flancher, pas après la chance que lui a accordée Jérémie dans son dernier souffle. Elle continua à avancer. Toujours dans le même objectif : courir vite, courir loin. Elle jeta un bref coup d’œil derrière elle. Elle fut horrifiée de voir qu’il était tout proche. Maintenant, elle pouvait distinguer sa sombre silhouette. Cette ombre menaçante et effrayante se rapprochait d’elle. La créature semblait presque prendre du plaisir à cette poursuite. Elle savait que la jeune fille s’épuisait et qu’elle n’échappera pas à son sort. Et Aelita ne trouvait rien pour lui donner tort. Elle ne voyait pas comment vaincre XANA. Sans s’arrêter, elle ferma les yeux, résignée à la défaite.
C’était la fin…
« Le passage dans l’Ermitage »
Une petite voix en elle lui apporta une lueur d’espoir. Il y avait toujours le passage dans l’Ermitage. Si elle pouvait y accéder, alors elle pourrait revenir à l’usine, là où ses amis s’étaient fait tuer, mais où également ils avaient appliqué leur maudite idée qui avait conduit au retour de XANA et à la création de son monstre. Si elle revenait au commencement… Alors elle pourrait vaincre XANA.
Ravie d’avoir trouvée un moyen pour survivre, Aelita accéléra tant qu’elle put pour tenter de rejoindre l’Ermitage. Le sacrifice de Jérémie et des autres n’auraient pas été vains. Il existait encore une chance pour l’humanité de triompher du démoniaque programme. XANA n’avait pas encore gagné. Elle pouvait encore le vaincre et venger ses amis. La peur et l’espoir lui donnèrent des ailes. Elle esquiva les branches, sauta au-dessus des racines et contourna les buissons… Avant de trébucher sur un simple caillou.
Pour Aelita, la scène sembla tourner au ralenti. Elle tomba lentement et entendit un craquement au niveau de son mollet droit. Elle hurla de douleur. Elle tenta de se relever rapidement, mais elle chuta de nouveau lorsqu’elle s’appuya sur son pied gauche. Elle jura. Cela ne fit plus l’ombre d’un doute, elle s’était bêtement cassée la jambe. Alors qu’elle avait enfin trouvé le moyen de vaincre XANA et de venger ses amis, elle s’était blessée et se trouvait maintenant dans l’incapacité d’agir. C’était tellement injuste qu’elle avait envie de pleurer, encore une fois. Mais le pire restait à venir…
Ne voulant pas regarder son effrayant bourreau, Aelita fixa le sol, en attendant la mort. Elle frissonna en pensant au sort que XANA lui réservait. Elle sentit une ombre passer près d’elle. Elle ne voulait toujours pas croiser son regard ou même voir à quoi elle ressemblait. Elle avait trop peur. Car la nouvelle créature imaginée par XANA n’était autre que la peur incarnée elle-même. Ce sadique programme multi-agent avait récupéré les analyses des scanners pour connaître les peurs cachées de chaque personnes étant passées dans ces maudits boîtiers métalliques. En utilisant le programme du jeu de Jérémie, il avait ensuite créé un spectre-fantôme qui changeait de forme selon le Lyoko-guerrier à qui il avait affaire. Les illusions étaient terriblement bien imitées. L’horrible araignée venimeuse géante qui avait empoisonné et tué William témoigne de la puissance de ce nouveau type de spectre.
Aelita sentit un souffle sur son visage. Deux pattes noires repoussantes se trouvaient juste en face d’elle. Elle ne réussit pas à résister à la curiosité. Elle leva très lentement les yeux. Elle cria d’horreur. Un gigantesque loup complètement noir qui se fondait avec la nuit la regardait avec ses monstrueux yeux de couleur rouge-sang. Le signe noir de XANA s’y refléta brièvement. Il avait de grands crocs crochus tâchés de sang. Son pelage n’était composé que d’ombre, pas de poils. Enfin, il dégageait une terrible aura de peur.
Le spectre de loup la dévisagea. Il posa sa patte sur le membre blessé de la jeune fille qui hurla une nouvelle fois de douleur. Il sourit. Ce fut la dernière image que garda la pauvre Aelita de la vie réelle avant de fermer définitivement les yeux.
Un sourire effrayant,
Un sourire victorieux,
Un sourire sadique,
Et une gueule grande ouverte.
Si seulement ils n’avaient pas eu l’idée de ce maudit jeu d’Halloween…
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« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Texte n°7 :
Spoiler
Aelita court. Elle ne sait pas pourquoi, elle ne sait même pas où.
La seule chose qui compte, c’est de courir.
Derrière elle, aucun bruit ne vient troubler le silence. Pas de martèlement de pattes lourdes sur le sol, pas de souffle haché d’un poursuivant qui se rapproche, pas de brindilles brisées, pas de grognements affamés. Rien.
Pourtant, Aelita sait qu’elle doit continuer à courir.
Le silence lui fait peur. Parce qu’elle ignore quand il va voler en éclats et parce qu’il s’accorde à merveille avec le vide qui a pris possession de son âme.
Un éclat argenté manque attirer son regard, à l’extrémité gauche de son champ de vision. Ne pas tourner la tête, surtout pas. Ne pas faire le moindre geste qui pourrait la ralentir ne serait-ce que d’une seconde.
- Aelita !
Le cri déchire la nuit, à la fois proche et lointain. Aelita étouffe un sanglot mais elle ne peut pas s’arrêter. Pas même pour Jérémie. D’ailleurs, est-ce vraiment lui ?
Continuer sa course effrénée.
Ne pas regarder en arrière.
Oublier que Jérémie peut être en train de mourir. Si ce n’est pas déjà le cas.
Que Yumi est morte.
Qu’Odd et Sissi ont disparu.
Que William se retrouve seul à la merci de XANA.
Et ne pas songer à Ulrich, sans doute déterminé à ne pas survivre à sa japonaise.
Aelita a perdu depuis longtemps la sensation de vol procurée par son statut d’ange de Lyoko mais cette nuit, elle goûte à l’adrénaline tout aussi forte d’une peur sans nom. On n’échappe jamais au passé, pense-t-elle avec une pointe d’amertume alors qu’elle surgit dans une clairière.
Comme pour confirmer cette sinistre découverte, un son aussi familier que craint s’élève devant elle. Un son qui la fait s’arrêter net pour observer avec terreur la lisière opposée.
Un son qui, une fois éteint, est repris partout autour d’elle.
Un son qui fait écho aux croassements des corbeaux.
Un son que ses ancêtres ont redouté avant elle, un son qui la fait trembler dans son sommeil, un son inscrit dans la partie reptilienne de son cerveau où le mot peur a conservé tout son sens.
Un hurlement de loup.
Des hurlements de loup.
***
Aelita fut réveillée par son propre cri. Le fait de ne pas reconnaître la chambre où elle se trouvait la fit crier de nouveau, juste avant qu’une porte ne s’ouvre à la volée.
- Aelita ?
Jérémie Belpois, lunettes de travers et cheveux blonds ébouriffés, avança à tâtons dans la pénombre, trop fatigué pour penser à appuyer sur l’interrupteur. Il heurta le coin d’un meuble, retint un juron et soupira de soulagement lorsqu’Aelita alluma sa lampe de chevet.
- Un problème ? demanda-t-il, frappé d’inquiétude plus que de douleur.
- Rien, juste un cauchemar.
Jérémie alla s’asseoir sur le lit de son amie. Les cauchemars d’Aelita n’étaient jamais de simples cauchemars.
- Raconte, incita-t-il en lui prenant la main.
- Franchement, je ne préfère pas.
Aelita avait les yeux fermés, encore angoissée par des images plus vraies que nature. Yumi à la gorge ouverte, Ulrich désespéré, Jérémie en qui elle n’avait plus confiance, Odd et Sissi introuvables, William seul sur Lyoko.
Elle se blottit dans les bras de Jérémie. Surpris, le jeune homme lui caressa maladroitement les cheveux.
- Tu aurais dû dormir avec nous en bas.
- Je sais, j’ai été stupide.
- Ce n’est pas grave. Allez, viens.
Emmitouflée dans sa couverture, Aelita suivit Jérémie. Toute leur petite bande avait décidé de passer les vacances de la Toussaint à l’Ermitage. La destruction de XANA n’avait pas changé leur habitude de rester ensemble. Mieux, leur groupe s’était agrandi : grâce à ses efforts acharnés et à l’intervention surprise de Yumi, William avait su se faire une place entre les anciens Lyoko-guerriers. Il avait réussi à prouver que son orgueil et sa vantardise pouvaient être effacés par son sens de l’amitié et sa sincérité.
Or, qui disait William, disait désormais Sissi.
Odd avait retenu de justesse une subtile plaisanterie lorsque le couple s’était formé. Yumi avait été la seule à ne pas être surprise et Ulrich avait compris avec soulagement pourquoi sa japonaise passait plus de temps avec William : elle ne subissait plus ses tentatives de séduction.
Aelita s’arrêta quelques secondes dans l’encadrement de la porte du salon. Un faible sourire réussit à se dessiner sur son visage. Ils étaient tous là, tous vivants. Yumi et Ulrich, toujours incapables de s’avouer leur amour, chacun dans son sac de couchage, tournés l’un vers l’autre. Sissi dans les bras de William sur un matelas. Odd pelotonné dans un fauteuil, Kiwi à ses pieds. Et Jérémie qui retournait s’allonger sur le canapé, déjà à moitié rendormi.
Ils avaient tous changé depuis l’extinction du calculateur, surtout Jérémie. Il avait retrouvé le sens du mot sommeil, ne se promenait plus partout avec son ordinateur et à l’inverse des autres membres du groupe, ses notes avaient légèrement baissé.
Parce qu’à présent, il désirait passer chaque minute de son temps avec Aelita.
Rassurée à l’idée que rien ne pouvait leur arriver, la jeune fille avança avec précaution entre les dormeurs pour venir se blottir contre son petit ami. Dans ses bras, elle ne risquait rien. Il avait toujours su la sauver.
Elle ne risquait rien.
Ce fut au moment exact où elle s’endormait que le hurlement d’un loup retentit dehors.
***
Yumi fut la première à se réveiller en ce jeudi 31 octobre. Elle sourit en remarquant Ulrich si proche d’elle, eut presque envie de repousser les mèches folles qui lui tombaient sur le visage mais préféra se lever en silence.
Kiwi ouvrit un œil, s’étira et trottina à la suite de la japonaise. Alors qu’elle entrait dans la cuisine, cette dernière se sentit une fois de plus fière à la vue du travail qu’ils avaient effectué dans l’Ermitage pendant l’été. Sans être devenue une maison aussi chaleureuse que la sienne, l’endroit avait perdu ses allures de manoir hanté. Jérémie avait alterné mensonges et modificateur vocal pour commander et installer un système de sécurité haute technologie qui n’avait pas encore servi mais qui les préserverait d’une visite non-désirée. Il en avait profité pour transformer une des pièces vides de l’étage en chambre de mixage pour Aelita et, suite aux supplications de Odd, avait poussé la commande jusqu’à des hauts-parleurs dans la salle à manger. Le blondinet s’était alors empressé de brancher une vieille télévision qui trainait chez lui, unique contribution mobilière de sa part. Les autres avaient acheté quelques meubles de base et ils avaient fait les courses ensemble dès leur dernière heure de cours terminée.
Yumi était heureuse de passer ses vacances ici, même si elle avait une nouvelle fois dû mentir à ses parents pour justifier son absence.
Tout en se servant un verre de jus d’orange, la japonaise alla ouvrir la porte de la cuisine à Kiwi. Le chien s’élança avec bonheur dans le jardin, sans se préoccuper du froid déjà hivernal. Avec un sourire, Yumi entreprit de préparer le petit-déjeuner. Chocolat chaud et céréales pour Jérémie, café et croissants pour Odd, tartines de…
Un violent coup de vent heurta les carreaux, faisant sursauter la japonaise. Alors qu’elle reprenait ses esprits, un second coup de vent plus violent encore fit trembler la porte, presque aussitôt suivi par le bruit d’une pluie diluvienne. Temps de chien, songea-t-elle avec une grimace. On ne sortira pas aujourd’hui.
Yumi devait reconnaître qu’au fond, cela ne la dérangeait pas. Elle préférait rester au chaud devant la cheminée à faire des jeux de société plutôt que d’arpenter la forêt dans le froid pour calmer les crises d’hyperactivité de Odd. De plus, même si elle répugnait à faire ses devoirs alors qu’elle vivait des vacances magiques, il lui restait une dissertation et une traduction d’anglais à terminer.
Un aboiement retentit au moment où Yumi mettait en route le grille-pain. Alors qu’elle se dirigeait vers la porte pour ouvrir à Kiwi, elle entendit le bruit d’une chasse d’eau et des murmures plus ou moins discrets.
- Allez, Kiwi ! s’exclama-t-elle en abaissant la poignée. Viens dire…
Sa phrase se perdit dans un hurlement qui fit bondir Ulrich de son sac de couchage. Vêtu d’un simple pantalon de survêtement, il courut jusqu’à la cuisine où il trouva Yumi pétrifiée.
- Quoi ? hurla-t-il en attrapant la première chose qui lui tombait sous la main.
Yumi se retourna vers lui avec un sourire crispé.
- Désolée, j’ai juste été surprise. Kiwi a voulu participer au petit déjeuner.
Ulrich eut une grimace de dégoût en remarquant le corbeau mort que le chien venait de déposer aux pieds de Yumi.
- Beurk.
- Comme tu dis. Tu comptais me défendre avec ça ?
Ulrich rougit et reposa son bol sur la table.
- Tu sais, bien lancé en pleine tête, ça peut donner des résultats surprenants… Attends, je vais chercher une chaussure pour remettre ce truc dehors.
- Qu’est-ce passe ? demanda Odd, à moitié caché sous sa couverture, la voix gorgée de sommeil.
- Ton chien a des goûts culinaires qui me rappellent les tiens.
- Ne le laisse pas manger n’importe quoi ! s’exclama Odd en se redressant aussitôt. Il a l’estomac fragile !
- Merci, on se souvient des sushis à la moutarde.
Ulrich quitta la pièce pour retourner dans la cuisiner.
- C’est très sexy ! se moqua Yumi en désignant l’unique chaussure qu’il portait.
- Désolé, ils n’avaient plus l’armure complète de chevalier servant.
Avec une moue écœurée, Ulrich alla shooter dans le corps du corbeau. L’oiseau effectua son dernier vol jusqu’au grillage où il s’écrasa.
- Je n’ai plus très faim d’un coup, avoua Yumi en refermant la porte derrière Kiwi qui se roula en boule sur le carrelage.
- Moi si ! lança Odd depuis la salle à manger. Le petit-dèj’ est prêt ?
- Tu ne crois quand même pas qu’on va te l’apporter ? railla Ulrich, déjà installé à table.
- Sympa de pouvoir compter sur ses amis !
Sans se préoccuper des marmonnements de Odd, Aelita et Jérémie se regardaient, main dans la main, toujours allongés sur le canapé.
- Tu penses encore à ton cauchemar ? demanda le jeune homme.
- Il ressemblait à celui où j’ai vu mourir mon père… J’ai peur qu’il se réalise.
- Arrête de t’inquiéter. Ton père a été tué par XANA. Plus de XANA, plus de réalisation de rêve. C’est logique.
Aelita sourit. Avec Jérémie, tout était toujours logique.
Elle l’embrassa doucement, ce qui le fit rougir, et repoussa la couverture pour rejoindre Yumi et Ulrich à la cuisine.
- Bien dormi ?
- Super. Je suis bien contente d’être ici plutôt que chez moi ! s’exclama Yumi dans un sourire.
- On pense tous la même chose, renchérit Ulrich.
Aelita leur adressa un regard reconnaissant. Ils étaient là. Rien ne pouvait arriver.
Alors qu’elle s’asseyait à son tour, Odd arriva en courant dans la cuisine.
- T’y crois pas ! Ils ont failli réussir un exploit incroyable ! Oh pitié, un verre de jus d’orange, n’importe quoi, il faut que je me remette du choc !
- Qu’est-ce qui t’arrive ? soupira Ulrich.
- Halloween commence fort ! La première chose que j’ai vue en me levant… Oh non, je ne peux même pas en parler, c’est trop atroce !
- Accouche, Odd.
- Sissi et William en train de s’embrasser ! Pourquoi ? Pourquoi m’imposer cette épreuve si cruelle ?
Aelita, Yumi et Ulrich éclatèrent de rire tandis que William et Jérémie entraient à leur tour dans la cuisine.
- T’es qu’un jaloux, Odd, lança William. Parce que toi, la seule personne qui a envie de t’embrasser, c’est ton chien.
- Au moins, mon chien ne passe pas une demi-heure dans la salle de bain avant de venir prendre son petit-déjeuner.
- Son odeur en témoigne. Enfin quelque chose qui s’accorde avec tes pieds !
Aelita sourit alors que les deux nouveaux amis continuaient leur joute verbale. Odd avait trouvé en William un parfait « compagnon de vannes pourries » comme se plaisait à l’appeler Ulrich. En outre, malgré ce qu’Odd pouvait prétendre, Sissi passait plus de temps à discuter avec Yumi et Aelita qu’à se pomponner. A la stupeur de Jérémie, les trois filles avaient aisément trouvé des sujets de conversation.
Peu à peu, les images nocturnes qui avaient tant effrayées Aelita disparurent.
Elle devait profiter de son présent plutôt que noircir son avenir. Elle était avec le garçon qu’elle aimait et des amis plus chers que sa vie.
Sa famille.
Pas besoin de s’inquiéter.
Comme tous les jours, le petit-déjeuner fut long, parsemé d’éclats de rire et de pauses nécessaires aux adolescents pour reprendre leur souffle.
Aucun ne remarqua que le corbeau mort s’était envolé.
***
- Alors, Halloween oblige, aujourd’hui, on laisse de côté le boulot !
- Vraiment, Odd ? Rappelle-moi quand tu as commencé à bosser depuis le début des vacances ? railla Ulrich.
Les adolescents étaient assis en cercle autour d’une table basse empruntée à Yumi. La matinée touchait à sa fin et Odd, après s’être une nouvelle fois vanté de sa rapidité sous la douche, avait sorti un jeu de société.
- « Paraplegik zombie 6, le jeu », lut Yumi. Tu plaisantes, là ?
- On ne critique pas avant d’avoir testé ! Ce jeu est juste trop mortel !
- Tu y as déjà joué ?
- Bah… non… Mais puisque ça a un lien avec paraplegik zombie 6, c’est forcément trop mortel !
- Odd, on est pas un peu vieux pour ça ? demanda Jérémie avec un sourcil levé.
- Quoi ? Sous prétexte qu’on est maintenant tous au lycée, on devrait devenir des intellectuels, c’est ça ? Le dieu des cancres m’en préserve !
- De toute façon, il ne nous lâchera pas tant qu’on n’aura pas fait une partie alors autant en finir tout de suite, suggéra Sissi.
- Décidément, vous avez décidé de me tuer aujourd’hui ! Je vais devoir remercier Sissi parce qu’elle est la seule à me soutenir quand mes amis me lâchent ? Oh, dieu des cancres, qu’ai-je fait ?
- Arrête ton cirque, Odd, et explique-nous comment ça fonctionne.
D’un geste théâtral, le blondinet ôta le couvercle de la boîte, dévoilant une cassette audio, six bandeaux de velours noir et un tas de cartes sur lesquelles étaient dessinés des morts-vivants.
- Très glamour, pouffa Aelita.
- Quel dommage, il n’y a que six joueurs ! Je laisse ma place.
- Tu crois vraiment t’en sortir comme ça, Einstein ? On va bien trouver un truc pour toi !
- Mon serre-tête ! proposa aussitôt Sissi.
- Super, merci…
- Allez, Jérémie, fais pas la tête, ça peut être amusant, assura Aelita.
Son petit ami lui adressa un regard dubitatif mais garda le silence tandis que Odd se lançait dans la lecture de la règle du jeu.
- C’est un peu le même principe qu’un « Loup-garou » ou « Dracula ». L’un de nous est un zombie et doit rallier le plus de joueurs à sa cause. Pour cela, on va chacun tirer une carte qui nous dira si nous sommes le zombie. Puisqu’il n’y a que six cartes de départ, je propose qu’on nomme Einstein directement non-zombie parce que de toute façon, il va rougir ou paniquer s’il tire la carte zombie et il n’y aura pas de suspense.
Les autres acquiescèrent avec un sourire en coin et l’intéressé se renfrogna.
- Bien, bien, une fois qu’on a tiré nos cartes de départ, on tire la première carte ordinaire et on suit les instructions. Rien de plus simple !
- A quoi servent les bandeaux ? Et la cassette ?
- Les bandeaux sont à mettre quand on sort tous de la pièce. Pour la cassette, il s’agit d’une ambiance musicale. Trop cool ! Aelita, va chercher ton lecteur !
La jeune fille sortit de la pièce alors que Odd distribuait bandeaux et cartes de départ.
- C’est bon, tout le monde a retenu s’il était zombie ou non-zombie ?
- Tout le monde sait lire, donc je dirais oui, soupira Ulrich.
- Alors, c’est parti !
Odd plaça la cassette dans le lecteur et régla le volume au maximum avant d’appuyer sur « play ».
Un hurlement de loup résonna dans la pièce comme si un véritable animal s’était trouvé parmi eux.
Aelita sentit son cœur s’accélérer, si vite qu’elle crut un instant qu’elle allait s’évanouir. Sa main attrapa celle de Jérémie qui lançait déjà à Odd :
- Tu peux mettre moins fort ? On va tous faire une crise cardiaque !
Avant qu’Odd n’ait touché au lecteur de cassette, le hurlement du loup s’estompa pour laisser place au sifflement d’un train, lui-même remplacé par le souffle haché d’une femme qui court, luttant pour sa vie, la mort aux trousses et…
- Aelita !
Aelita ouvrit les yeux sans avoir eu conscience de les fermer. Ses amis la regardaient avec inquiétude tandis que la cassette laissait échapper des croassements.
- Odd, on fait un autre jeu, ordonna William.
- Non, ça va, assura Aelita avec un léger sourire. C’est juste le loup qui m’a rendue nerveuse, ça va déjà mieux.
- OK, alors c’est parti ! s’empressa de lancer Odd avant qu’elle ne change d’avis. Je commence.
Il baissa le volume de la cassette, attrapa la première carte de la pile et lut à voix haute :
- « Les loups hurlent dehors. Va vérifier que chaque porte est verrouillée ». Trop simple !
Le blondinet sauta de son fauteuil et quitta la pièce, Kiwi sur les talons.
- Aelita, tu es certaine que ça va ?
- Oui, oui, Jérémie. Je suis sûre qu’on va s’amuser. Et puis, Odd a bien besoin de se divertir un peu, il doit se sentir seul avec tous ces couples autour de lui.
- Ouais, seul contre trois fois deux, le pauvre, compatit William.
- Euh… Deux fois deux, rectifia Ulrich sans conviction alors que Yumi rougissait. Nous, c’est copains et c’est tout.
- Ah oui, j’avais oublié.
Le silence s’installa jusqu’à ce que Odd revienne dans la salle à manger, une main sur la tempe comme un soldat au garde-à-vous.
- Porte d’entrée verrouillée, porte de la cuisine verrouillée ! Les loups n’entreront pas ce soir, M’dame !
- Génial. A mon tour !
Sissi prit la seconde carte de la pile.
- « Si tu n’es ni un zombie, ni le dernier humain survivant, choisis un camarade qui t’accompagnera lors de la première sortie ». C’est débile comme carte ! Si je la refuse, cela prouve que je suis le zombie et si je l’accepte, je peux quand même tomber sur le zombie !
- C’est la loi du jeu, ma petite Sissi. Alors ? Tu l’acceptes ?
- Je l’accepte et je choisis William.
Le jeune homme lui adressa un clin d’œil avant de tirer une carte à son tour.
- « Quelqu’un frappe à la porte. Si tu l’oses, va ouvrir ! Si tu te défiles, quitte la pièce et va te cacher comme le couard que tu es jusqu’à ce que résonne le tonnerre ! ». Ton jeu est naze, Odd. Tu viens de verrouiller les portes, je ne vais pas aller en ouvrir une !
- Alors va te cacher comme le couard que tu es ! rétorqua l’intéressé en tirant la langue.
William haussa les épaules et au moment où il se levait, quelqu’un frappa à la porte.
Aelita ne fut pas la seule à sentir son cœur accélérer. Les adolescents se regardèrent et même Odd ne trouva rien à dire. Finalement, ce fut William qui haussa de nouveau les épaules.
- Juste une coïncidence.
- Je viens ! s’écria Sissi alors qu’il allait quitter la pièce. Théoriquement, si tu dois m’accompagner, moi aussi je t’accompagne.
- On ne peut pas considérer ça comme ta première sortie, rectifia Odd.
- Etant donné que les règles ne sont pas claires, je suis les miennes !
Le couple disparut et Aelita se surprit à attendre, la gorge nouée. En admettant que ce n’était en effet qu’une simple coïncidence, qui pouvait venir jusqu’ici ? Pourquoi ?
Et en admettant que ce ne soit pas une coïncidence, dans quel jeu venaient-ils de s’embarquer ?
Il sembla soudain à Aelita que son ouïe dominait ses autres sens, à un tel point qu’elle ne voyait plus ce qu’il y avait devant elle mais ce que ses oreilles percevaient. Elle avait l’impression d’être avec William lorsqu’il tourna la clé dans la serrure. Elle eut presque envie de reculer en entendant la porte grincer et le silence qui suivit lui donna le sentiment que son univers n’était plus désormais qu’un jardin vide.
- Alors ? demanda inutilement Yumi lorsque William et Sissi revinrent s’asseoir.
- Personne.
- Sans doute des enfants qui venaient réclamer des bonbons et qui sont partis en pensant que la maison était vide, tenta de relativiser Odd.
Mais à part Sissi, ses amis se regardaient avec la même question dans les yeux
Etaient-ils vraiment en sécurité ?
- Vous avez verrouillé derrière vous ?
- Evidemment. J’ai hâte de voir quelle sera la prochaine carte ! s’exclama William d’une voix qu’il voulait enjouée. A toi, Jérémie.
- Vous ne voulez pas qu’on change de jeu ? intervint Yumi. Je ne le sens vraiment pas, celui-là.
- Arrête, on ne va pas paniquer pour quelques coups sur une porte ! râla Sissi. Allez, Jérémie, tire une carte.
Aelita se pinça les lèvres alors que Jérémie tendait une main hésitante vers la pile. Avant qu’il ait pu s’emparer d’une carte, un coup de tonnerre résonna dans la pièce.
- Bordel, c’était quoi ? s’inquiéta Ulrich.
- Relax, c’est la cassette, expliqua Odd en reprenant la règle du jeu. A chaque coup de tonnerre, on doit changer de pièce, sachant qu’il faut alterner avec la principale et les autres. En gros, là, on sort tous les yeux bandés. Le zombie a pour mission de contaminer les humains et au prochain coup de tonnerre, on revient tous dans la pièce principale. Les nouveaux zombies sont alors les premiers à tirer une carte et on reste jusqu’à ce que le coup de tonnerre suivant retentisse. Ensuite, les nouveaux zombies peuvent aider le zombie à contaminer, jusqu’à ce qu’ils tirent des cartes antidotes ou qu’il n’y ait plus d’humains.
- Si les nouveaux zombies sont les premiers à tirer, on finira forcément par savoir qui est le zombie originel, souligna Jérémie.
- Il est vraiment mal foutu ce jeu.
- En même temps, un jeu inspiré de Paraplegik zombie ne pouvait pas être génialissime.
- Vous avez fini de râler ? Maintenant, ça ne sert à rien de sortir de la pièce, on a perdu trop de temps. Tire ta carte, Jérémie !
- Si en plus tu commences à changer les règles, Odd, on n’est pas sortis.
Malgré sa suspicion croissante, Jérémie attrapa une carte.
- « Le ciel s’obscurcit, l’orage approche. Le prochain coup de tonnerre est maintenant ». On la met de côté.
- Mais…
- On la met de côté. Cette histoire de tonnerre ne m’inspire pas.
- Vous ne trouvez pas qu’il fait sombre d’un coup ? les interrompit Yumi.
Les regards se tournèrent vers les fenêtres. Dehors, le ciel avait pris une couleur noir, comme si la nuit était déjà tombée.
- C’est quoi ce délire ?
- Eclipse solaire ? proposa Odd en allant allumer la lumière.
- Arrête tes bêtises, Odd. Où as-tu trouvé ce jeu ?
- Je l’ai acheté dans un magasin tout ce qu’il y a de plus banal, promis. Entre un Monopoly et un Taboo !
- Je ne suis pas convaincu… Mieux vaut arrêter.
- Moi, ça me fait penser à Jumanji, fit remarquer William. Si c’est le même principe, les effets ne cesseront que quand l’un de nous aura gagné.
- Vous partez dans du gros délire, les mecs ! assura Odd, vexé qu’on ne prenne pas son jeu plus légèrement.
- Bon d’accord, on passe à Aelita alors, soupira Sissi que les débats lassaient. Prends une carte, Aelita
- « Les rats courent à l’étage. Va les chasser ». Morte de rire. C’est vraiment un jeu pou…
La voix d’Aelita fut couverte par une série de grattements provenant du plafond.
Cette fois, Ulrich se leva d’un bond.
- On arrête tout ! Il y a quelque chose de pas normal.
- OK, là, j’avoue que ça craint, concéda Odd. On va tous voir ce qui se passe, je ne le sens plus non plus !
Les adolescents se levèrent. Si Ulrich et William semblaient plus surpris qu’effrayés, Sissi et Aelita étaient livides. Odd prit la tête du groupe, Kiwi toujours sur les talons tandis que Yumi fermait la marche.
- On est d’accord que la pièce au-dessus de la salle à manger, c’est ce qu’on a baptisé l’ancienne chambre de Franz Hopper ?
- Brillante remarque, Odd. Tu commencerais pas à flipper ? se moqua William.
Vexé, Odd ouvrit la porte en grand. La pièce était sombre mais plongée dans un silence qui laissait présager que rien ne s’y trouvait.
Ils attendirent presqu’une minute afin de s’assurer que plus aucun grattement ne se faisait entendre. Une fois ce délai passé, Odd referma la porte avec un sourire.
- Vous voyez ? Il ne faut pas devenir parano !
- C’est quand même bizarre, murmura Aelita alors qu’ils redescendaient l’escalier.
- Je n’aime pas ça non plus, reconnut Yumi, mais il faut bien avouer qu’on entend souvent des bruits étranges dans les vieilles maisons. Il n’y a pas de quoi paniquer.
Aelita tourna la tête pour lui sourire, ce qui l’empêcha de remarquer que les autres s’étaient arrêtés devant l’entrée du salon. Elle heurta William qui ne réagit pas.
- Qu’est-ce qui vous arrive ? demanda Sissi, la seule à être déjà assise.
Un silence de plomb suivit sa question et Yumi comprit rapidement pourquoi.
Le signe de XANA était tracé sur la table.
***
- Alors, si je comprends bien… Ce dessin bizarroïde est le symbole d’un programme informatique maléfique que vous avez combattu pendant des années et que vous avez détruit il y a quelques mois ?
La simplicité du résumé établi par une Sissi ahurie fit sourire les anciens Lyoko-guerriers, assis autour de la table basse.
- En gros, c’est ça.
- Donc il n’y a rien à craindre : vous avez détruit XANA et de toute façon, les programmes informatiques n’ont pas de solidité, ils ne peuvent pas dessiner.
- Elle a raison, voulut croire William.
Jérémie fracassa ses espoirs en rétorquant d’une voix sombre :
- XANA peut créer des spectres tout à fait capables d’interagir avec notre environnement. J’avoue qu’il ne nous a encore jamais laissé de mots doux mais il doit certainement en être capable.
- Ce qui expliquerait les coups à la porte et les pattes de rat, conclut Aelita.
- Pour les coups à la porte, oui. Les pattes de rat… je suis moins sûr.
- Vous ne trouvez pas qu’on s’emballe ? intervint Ulrich. C’est vrai, on devient juste un peu nerveux à cause du jeu de Odd, c’est tout.
- On était tous à l’étage quand le symbole a été dessiné. Comment t’expliques ça ?
Ulrich ne sut quoi répondre et ce fut Sissi qui vint le soutenir.
- Les portes sont toutes verrouillées, par où ce spectre serait entré ?
- A mon avis, si XANA peut créer un spectre, il peut l’envoyer n’importe où.
- Génial. Bon, OK, vous avez bien réussi à me faire flipper mais maintenant, je pense qu’on peut arrêter la comédie ! s’exclama Sissi avec un petit rire nerveux.
Personne ne réagit.
- Si un spectre a été créé, une tour est forcément activée sur Lyoko. Il va falloir qu’on y aille.
Un ricanement résonna dans la pièce, si violent et si cruel que Sissi poussa un petit cri avant de se serrer contre William.
- Encore faut-il que vous puissiez sortir d’ici, mes agneaux, fit remarquer une voix caverneuse.
Kiwi aboya avec fureur. Ce fut le seul capable d’avoir une réaction.
- Le système de sécurité, balbutia Jérémie. XANA a pris le contrôle du système de sécurité.
- Et des hauts-parleurs, visiblement. Vous croyez qu’il va nous faire un petit mix ? plaisanta Odd malgré son teint plus pâle que d’ordinaire.
Dans un même réflexe, Yumi et Ulrich bondirent vers la porte d’entrée. Ils essayèrent de l’ouvrir à l’aide de la clé comme à l’aide de leurs coups mais rien n’y fit. Au contraire, un champ magnétique se dressa devant eux, les obligeant à reculer. La même protection apparut subitement autour des fenêtres, tandis que la voix caverneuse ajoutait :
- A vous de trouver le zombie. Bon jeu.
- T’y crois pas ! XANA fait de l’humour ?
- Il a un humour encore plus pourri que le tien dans ce cas-là.
Aelita et Jérémie échangèrent un regard, conscient qu’ils partageaient les mêmes pensées.
Si XANA se permettait d’être si sûr de lui, ce n’était pas sans raison.
- On ne peut pas sortir de la maison, commença Jérémie.
- Et sans sortir, on ne désactivera pas la tour…
- … ce qui fait qu’on a aucun moyen de vaincre le spectre…
- … et qu’il va forcément nous avoir.
Sissi laissa de nouveau échapper un gloussement nerveux.
- Vous n’avez rien de plus optimiste ?
- Sissi a raison, approuva Ulrich. Il doit bien avoir un moyen de se débarrasser d’un spectre.
- Depuis le temps que XANA essaye d’avoir notre peau, tu crois vraiment qu’il va nous laisser une chance ? railla Yumi. C’est pas toi qui as failli te faire exploser par un satellite militaire !
- En tout cas, il est hors de question que je reste ici sans me battre, insista Ulrich, déjà debout.
- Einstein, y a pas un moyen de franchir les champs magnétiques ?
- Hum… Ils sont certainement construits autour d’un courant électrique. Peut-être qu’en coupant le générateur…
- On essaye ! coupa Ulrich.
- Quoi ?
- Au cas où tu n’aurais pas remarqué, sans électricité, on ne voit plus rien, signala Yumi. Tu veux nous plonger dans le noir ? Bravo, brillante idée.
- Tu as mieux ?
- Oui. On sort nos portables et on appelle les pompiers.
- Pas de réseau, avertit Sissi après vérification.
- Super, il manquait plus que ça !
- J’ai une lampe-torche dans ma chambre, je vais la chercher et je t’accompagne au sous-sol, Jérémie.
- Je viens aussi, lança Odd.
- OK, les autres vous restez là. Si les champs magnétiques disparaissent, sortez tout de suite. XANA trouvera sans doute une riposte rapidement, autant ne pas prendre risque. Filez à l’usine et allez désactiver la tour.
- Euh… Einstein, on aura besoin d’Aelita alors ?
- Effectivement. Désolée, Aelita, mais tu vas devoir rester dans le hall.
- T’inquiète, je te remplace, proposa Sissi dans un élan de courage qui surprit tout le monde. Après tout, je ne sais même pas ce que c’est Lyoko, je ne servirai à rien.
Aelita hocha la tête et monta l’escalier, accompagnée d’Odd et Yumi. Tous leurs sens en alerte, ils s’attendaient à être attaqués d’une seconde à l’autre mais ils atteignirent sans encombre la chambre d’Aelita. La jeune fille jeta un bref coup d’œil à sa fenêtre le temps de constater qu’elle était elle aussi inaccessible. Puis, elle s’empara de la lampe-torche fourrée dans un sac de sport et la tendit à Odd.
- Soyez prudents.
- On va essayer.
- J’avoue qu’éteindre le courant ne me semble pas la meilleure des idées mais bon…
- Me dis pas que t’as peur du noir, Yumi ! Ce serait un comble pour toi !
- Disons que dans des situations comme ça, je préfère voir clair.
Les trois adolescents retrouvèrent leurs amis. Comme il fallait s’y attendre, Jérémie se contenta de conseiller à Aelita de ne pas prendre de risque. Il aurait aimé l’embrasser mais la présence de ses amis le gênait.
Tous sortirent du salon et alors que Sissi, Odd et Jérémie descendaient vers le sous-sol, les autres se tinrent prêts à ouvrir la porte. Plus vite qu’ils ne l’avaient espéré, la maison se retrouva plongée dans le noir.
Une obscurité seulement illuminée par la lumière narquoise des champs magnétiques.
***
- J’adore Einstein mais je te jure que des fois, je me passerais bien de ses idées, avoua Ulrich.
Yumi hocha la tête. La main dans celle d’Ulrich pour être certaine de ne pas le perdre, elle avançait dans le couloir du premier étage. Sissi et William marchaient devant eux, chuchotant à voix basse.
- Entre nous mettre dans le noir et se séparer, je trouve que ses idées ne sont vraiment pas brillantes aujourd’hui, poursuivit Ulrich. C’est à se demander si…
- Tu penses que ça pourrait être le spectre ?
- Reconnait que ça prête à confusion.
- Je sais. Mais j’ai confiance en Jérémie et j’ai déjà prouvé que je savais mieux le reconnaître que toi, non ?
Ulrich sourit. Tant que Yumi était prêt de lui, il pouvait encore croire que les choses n’étaient pas catastrophiques.
- Moi, c’est Odd qui m’inquiète. Son insistance pour continuer ce jeu bizarre…
- Ce n’est pas très différent de Odd.
- On va dans la chambre d’Aelita, lança la voix de William devant eux. Vous vous occupez de la salle de bain.
- OK.
Yumi respira profondément et se résolut enfin à craquer une allumette. Elle avait plus peur de l’apparition de lumière que du noir. Des centaines de visages effrayants surgis de l’obscurité défilèrent dans son esprit mais rien d’anormal ne se produisit lorsqu’elle alluma sa bougie.
- A part nos rasoirs qui vont sans doute terroriser ce pauvre spectre, je vois mal ce qu’on pourrait prendre comme arme ici, déclara Ulrich alors qu’ils entraient dans la salle de bain.
- Je vais prendre un tube de gel douche. Si jamais on pouvait le faire tomber dans l’escalier avec des marches glissantes.
Les deux amis échangèrent un sourire triste.
L’un comme l’autre savaient qu’il n’y avait rien à espérer.
- Tu crois que Jérémie et Aelita vont réussir à mettre au point leur bombe ?
- On est dans l’ancienne maison de Franz Hopper. Apparemment, ils avaient mis de côté un bon paquet de matos. On ne sait jamais, ils vont peut-être y arriver.
Ils se sourirent et mirent dans la trousse de toilettes de la japonaise quelques rasoirs et un tube de gel douche. Ulrich posa également sur son bras deux serviettes avant de quitter la salle de bain.
- Vous avez trouvé des trucs intéressants ? demanda-t-il en voyant Sissi et William les rejoindre.
- Bof. On a récupéré deux trois gros livres mais sinon…
- Pareil. Espérons que les Einstein s’en sortent mieux.
Les quatre adolescents descendirent l’escalier pour entrer dans le salon, la seule pièce véritablement éclairée. En plus des champs magnétiques, de douces lueurs se dégageaient d’une dizaine de bougies disposées un peu partout.
Toujours dans son fauteuil, Odd caressait Kiwi, les yeux tournés vers Jérémie et Aelita. Ceux-ci étaient penchés sur un étrange assemblage de fils et de morceaux métalliques.
- Vous vous en sortez ? demanda Yumi en posant sa trousse de toilette
- Bof. Je ne suis pas certain que ça servira à quelque chose mais bon…
- Alors mes Kankrelats, on ne joue plus ?
La voix les fit trembler. Instinctivement, les regards se tournèrent vers les haut-parleurs qui entouraient la télévision.
- Tirez les cartes, qu’on rigole un peu.
- Je crois que je préférais largement l’ancien XANA, soupira Jérémie.
Sans se laisser démonter, Odd s’approcha de la table basse et attrapa la première carte.
- « L’orage a fini d’approcher. Les éclairs jaillissent, la pluie tombe ».
Personne ne fit de commentaire. Des trombes d’eau tombaient soudain dehors.
- Il nous avait déjà fait la neige, après tout, la pluie, c’est sympa, railla Odd. S’il croit nous faire peeeeeeeur !
- Odd !
Un rayon électrique avait jailli d’un haut-parleur pour venir frapper Odd. Ulrich se leva aussitôt mais avant qu’il ait pu faire deux mètres, un second éclair brilla dans la pièce.
- Tirez-vous ! hurla Jérémie.
Il attrapa la main d’Aelita et se rua dans le couloir éclairé par des flashs aussi lumineux que mortels.
- On ne peut pas laisser Odd ! cria la jeune fille.
- Et on ne peut pas rester ici à se faire tuer !
Trop effrayée pour résister, Aelita laissa Jérémie la guider jusqu’à l’étage. A tâtons, il la conduisit jusqu’à son lit.
- Reste là.
- Mais les autres…
- Je retourne les aider. Il faut que tu restes cacher. Réussir à sortir d’ici ne nous servira à rien si tu es blessée.
- Jérémie…
Aelita se tut. Son petit ami venait de lui déposer un furtif baiser sur les lèvres.
- Je t’aime.
- Jérémie !
Aelita sentit une bouffée d’angoisse l’étouffer.
Elle était seule dans la pièce.
***
- Odd, mon pote, tu m’entends ?
- Ulrich, il faut qu’on sorte de là !
- Pas sans Odd.
Avec un grognement, Ulrich hissa son ami sur son épaule. Guidé par Yumi qui avait eu le réflexe de saisir une bougie, il atteignit le hall au moment où l’orage cessait.
- Merci, XANA, soupira Yumi en se laissant tomber sur le sol. On a perdu Sissi, William, Jérémie et Aelita dans la bataille.
- Bonne stratégie. Maintenant, le spectre a le champ libre.
- Au moins, les éclairs ont détruit le champ magnétique.
- Si tu veux mon avis, c’est encore un piège, soupira Ulrich.
Il s’approcha de son ami inconscient et lui tapota les joues.
- Odd, dis quelque chose mais pas quelque chose.
- Quelque chose mais pas quelque chose.
- Super. Au moins, nous trois, on sait qu’on est les vrais.
- Sauf que sans Jérémie, on ne peut pas sortir d’ici.
- Théoriquement, la bombe est encore dans le salon. Or, Ulrich, tu es le seul à en avoir déjà utilisé une.
Odd et Ulrich échangèrent un regard suspicieux.
- Tu suggères qu’on s’échappe en abandonnant les autres ?
- Sans Aelita, ça ne servira à rien.
- Bon alors on va chercher Aelita.
- Et si c’est elle le spectre ?
- Dans les deux cas, on est perdus.
Les trois amis se relevèrent. Ils avaient à peine fait trois pas qu’ils trébuchaient sur un corps.
- Sissi !
- Elle est vivante, vérifia Yumi. Salement amochée mais vivante.
- On devrait rester avec elle le temps qu’elle reprenne connaissance.
- Elle n’intéresse pas XANA. Elle ne risque rien.
- On ne sait jamais, insista Odd.
Alors que Yumi allait protester, Ulrich déclara :
- D’accord. Veille sur elle, on revient le plus vite possible avec Aelita.
Sa main se glissa dans celle de Yumi et il plongea son regard dans le sien. La flamme qui y brulait interdit toute question à la japonaise. La bougie levée à hauteur de son visage, elle jeta un coup d’œil dans la cuisine.
- Personne.
- J’ai cru entendre du bruit dans l’escalier.
- C’est parti.
A peine avaient-ils atteint le premier étage que Yumi demanda :
- Pourquoi tu cherches à te débarrasser d’Odd ?
- D’abord, il insiste avec son jeu, ensuite il réagit à la provocation de XANA, déclenchant la foudre et maintenant, il veut absolument protéger Sissi. Y a quelque chose de louche.
- Mais il a été sacrément touché par l’éclair.
- Technique primaire de diversion. Une attaque sérieuse sans être mortelle commanditée par l’assassin qui veut passer pour une victime.
- Et si c’était Sissi le spectre ? Je ne vois pas William l’abandonner.
- Dans ce cas, on doit se dépêcher de retrouver Aelita pendant qu’Odd la surveille.
***
William ouvrit les yeux et une violente douleur lui traversa le crâne.
- Ne te redresse pas tout de suite, conseilla une voix familière qu’il n’arriva pas à identifier. Tu as pris un sacré coup sur la caboche.
Le jeune homme voyait flou. Le sang battait dans ses temps et le premier mot qu’il parvint à articuler fut :
- Sissi…
- Désolé, je ne l’ai pas trouvée. J’espère qu’elle a réussi à rejoindre les autres.
- Les autres ?
- Aelita et Odd t’attendent déjà sur Lyoko. Par contre, je ne sais pas où sont les autres.
William réussit à s’asseoir. La tête lui tournait mais il sentit la surface rassurante d’un mur dans son dos et s’y appuya. Il lui fallut encore quelques secondes pour réaliser qu’il était dans l’usine avec Jérémie qui pianotait sur son clavier.
- Tu te sens d’attaque ?
- Je dois retrouver Sissi.
- Ce sera plus facile une fois qu’on aura désactivé la tour.
- Je plonge alors.
- Super !
William avança en vacillant jusqu’au monte-charge et ne comprit même pas comment il parvint à entrer dans le scanner. Il n’entendit pas Jérémie décrire le processus de virtualisation, pas plus qu’il ne sentit ou ne vit ses effets.
Ce ne fut qu’une fois sur le territoire des montagnes, seul et désarmé qu’il se souvint d’une chose.
Il était avec Sissi quand on l’avait attaqué.
Et il se trouvait encore à l’Ermitage quand il avait perdu connaissance.
Difficile de croire que les champs magnétiques avaient disparu seuls.
Difficile de croire qu’Odd, Aelita et Jérémie l’ait emmené avec eux étant donné l’urgence… Je me suis fait piéger.
***
- Rien dans la salle de bain. Super, il ne reste plus que la chambre d’Aelita.
- Ce serait logique qu’elle y soit.
- La logique, c’est l’affaire des programmes informatiques pas la mienne, désolé.
- Ce n’était pas un reproche.
Yumi et Ulrich avaient tous deux conscience qu’ils parlaient pour ne rien dire, simplement pour dissiper leur peur. Ils n’avaient croisé personne, entendu aucun bruit et l’Ermitage n’était pas assez grand pour qu’on puisse croire à un simple éloignement physique.
- Ulrich ?
- Oui ?
- Tu sais, cette histoire de copain et c’est tout…
- Plus très crédible, hein ?
Les joues de Yumi se colorèrent.
- Je suis désolée. J’aurais dû me douter que je n’arriverais pas à t’oublier, même avec l’extinction du Supercalculateur.
- Je suis ravi de ton échec.
Yumi sourit et ouvrit la porte de la chambre d’Aelita. Ulrich entra devant elle, prêt à frapper.
- Y a quelqu’un ? demanda la japonaise.
- Yumi ?
La voix s’élevait du couloir qu’ils venaient de quitter. Yumi se retourna avec un soupir de soulagement.
- Aelita ! On avait peur que…
Les mots se perdirent dans un horrible gargouillement. La bougie roula sur le parquet et s’arrêta contre une étagère qui prit aussitôt feu.
Assise sur son lit, Aelita hurla.
Le spectre avait pris son apparence. Un couteau tâché de pourpre à la main, il regarda avec cruauté le corps de Yumi tomber sur le sol.
La japonaise mourut persuadée que c’était Aelita qui l’avait tuée.
- YUMI !
Le hurlement d’Ulrich couvrit à peine le grondement des flammes qui se répandaient. Les bras autour du corps de celle qu’il aimait, il hurla encore son prénom, comme si cela avait eu le pouvoir de le ramener à la vie. Les yeux écarquillés, Aelita le regardait sans pouvoir bouger.
Son cauchemar se réalisait.
- Salut, Aelita, lança le spectre sans se préoccuper d’Ulrich. Je suis tellement content de te voir.
Folle de panique, Aelita n’hésita pas. Elle fit la première chose qui lui passait par la tête pour éviter à la fois les flammes et le spectre.
Elle sauta par la fenêtre.
Le choc lui coupa le souffle et elle crut l’espace d’une seconde que sa cheville s’était cassée. Elle se releva en tout hâte, voulut s’élancer, heurta quelqu’un.
- Aelita ?
- Jérémie !
La jeune fille fondit en larmes.
- Il a eu Yumi ! Le spectre ! Il a…
Aelita s’interrompit et plutôt que de se jeter dans les bras de son petit ami comme elle en avait l’intention, elle le toisa avec suspicion.
- Qui me prouve que c’est bien toi ?
Jérémie manqua s’étouffer. Il avait une lèvre gonflée, un œil au beurre noir et boitillait.
- Aelita, XANA a créé deux spectres polymorphes. Ils me sont tombés dessus cette nuit alors que j’allais voir ce qui t’arrivait. Tu hurlais de peur, j’étais presque arrivée à ta chambre quand ils m’ont attrapé. Ils m’ont enfermé dans la remise, je viens juste de m’échapper. Je crois que c’est toi qu’ils veulent. Toi et William. Ils ont sûrement déjà réussi à l’emmener sur Lyoko !
- Et bien sûr, ils ne t’ont pas tué ? railla Aelita avec un rire hystérique. Tu crois que je vais avaler ça ?
Déchaînée par la peur, elle repoussa Jérémie et partit en courant.
Les premiers hurlements ne tardèrent pas à se faire entendre. Lorsqu’Aelita fit irruption dans la clairière, les loups étaient déjà là.
Et ils n’étaient pas seuls.
Jérémie, boitillant du mieux qu’il pouvait derrière sa belle, eut le souffle coupé en arrivant à son tour à la clairière. Son premier réflexe fut de grimper à un arbre mais les loups ne s’intéressaient pas à lui.
Ils regardaient avec passion leur nouvelle maîtresse revenir sur le sol. XANA a réussi à matérialiser la Méduse. Non, c’est impossible.
Jérémie n’arrivait pas à croire ce qu’il voyait. Aelita, sa douce Aelita, avait le regard déformé par le signe de XANA. Entourée par les loups, elle partit en direction de l’usine, la Méduse sur les talons.
***
William faillit hurler de soulagement lorsqu’une voix résonna dans son oreille.
- William ? C’est Aelita. Je lance une virtualisation différée près de ta position.
- Je n’ai jamais été aussi content d’entendre quelqu’un, avoua le jeune homme.
Se retrouver seul sur Lyoko l’avait plus angoissé que tout ce qu’il aurait jamais pu imaginer. Terrifié à l’idée que la Méduse le retrouve, il avait fait la première chose qu’il lui était passé par la tête.
Il était entré dans une tour.
Par chance, il avait réussi du premier coup. Depuis, les bras serrés autour des genoux, assis au centre des cercles, il attendait un signe qui pourrait lui indiquer que la voie était libre.
Qu’il n’était pas le dernier Lyoko-guerrier.
Il sortit de la tour au moment où Aelita atterrissait. Elle baissa la tête pour désactiver ses ailes si bien que William ne remarqua pas tout de suite son regard.
- Aelita ! Où sont les autres ?
- Pourquoi penser aux autres alors que nous sommes bien suffisants toi et moi ?
William se figea à un mètre de son amie. Ses pupilles déformés lui donnaient un air étrange mais son assurance la rendait incroyablement belle. Gagner du temps, songea aussitôt William. Je dois gagner du temps jusqu’à ce que les autres arrivent.
- Tu m’as beaucoup manqué, tu sais ? annonça XANA à travers l’ancienne gardienne de Lyoko. Pendant tous ces mois où j’ai attendu, tapi dans un coin sinistre du réseau, c’est à toi que je pensais. Tes amis sont si mesquins ! Alors que tu avais découvert le domaine où tu excellais, ils te privent de ta gloire, ils verrouillent tes capacités. Quel égoïsme.
- Je ne te laisserai pas me contrôler.
- Mais je te contrôle déjà, William. Je ne t’ai jamais quitté. Tu le sais. Tu le sens. Tu n’as jamais été si fort que quand nous travaillions ensemble.
- Où sont les autres ?
- Morts ou presque. Quelle importance ?
- C’étaient mes amis.
- Tu n’as pas besoin d’ami. Tu m’as moi et tu as le pouvoir. Que vouloir de plus ?
- Pourquoi tu as joué comme ça avec nous aujourd’hui ?
- Disons que ça m’a amusé. C’est tellement plus passionnant de vous voir vous soupçonner les uns les autres, de vous voir vous affoler pour rien.
- Comment as-tu fait pour le grattement des pattes de rat ?
- L’impressionnant pouvoir de l’imagination. Il suffisait d’être là, à écouter les inepties de votre stupide distraction pour ensuite choisir le bon son et faire décoller vos angoisses puériles. Un jeu d’enfant. Mais si tu cessais tes questions futiles, mon beau lieutenant ?
William comprit qu’une nouvelle fois, il s’était fait piéger.
Il avait perdu dès l’instant où il avait laissé Aelita lui parler. Ce n’était pas sa diversion à lui qui avait fonctionné. Il s’était fait prendre à son propre jeu.
William le comprit trop tard.
La Méduse était déjà sur lui.
***
Debout devant le portail de l’Ermitage, Jérémie regardait les restes de la maison brûler. A sa grande surprise, aucun camion de pompier n’était venu. A croire qu’une fois de plus, il était seul. Malgré l’intensité des flammes, il avait l’impression de mourir de froid.
Il aurait tout donné pour être effectivement mort.
Aelita xanatifiée. William sans doute xanatifié à son tour. Ulrich détruit. Yumi morte.
Odd et Sissi morts également. Ils avaient dû essayer de fuir. Kiwi avait retrouvé leur corps peu avant l’aube. Déchiquetés, certainement par ces loups qui faisaient si peur à Aelita autrefois.
Que lui restait-il, au pauvre Einstein ?
Un cerveau pour se souvenir et des yeux pour pleurer.
Une main se posa sur l’épaule de Jérémie. Il espéra un instant que ce soit le spectre polymorphe envoyé pour l’achever mais il savait qu’il se trompait. XANA comptait sûrement l’éliminer avec davantage de panache.
- Qu’est-ce qu’on fait ? soupira-t-il.
- J’en sais rien.
Ulrich avança à côté de son ami. Son visage à moitié brûlé n’exprimait plus aucune émotion.
- On a perdu ? insista Jérémie.
- De toute évidence.
- Alors qu’est-ce qu’on fait ?
- Ce qu’on a toujours fait.
***
Jérémie remonta ses lunettes sur le bout de son nez. Il avait conscience d’être ridicule mais il s’en moquait.
Toujours à ses côtés, Ulrich sortit un de ses sabres.
Face à eux, respectivement sur une manta et un Krabe, William et Aelita les regardaient avec mépris et amusement.
Une horde de monstres s’agitaient derrière eux.
Jérémie attrapa son arme dérisoire, grimpa sur l’overwing et attendit que le moteur de l’overbike rugisse.
Puis, il se lança dans son unique bataille sur Lyoko.
La dernière participation est arrivée après le délais imparti. Et si X.A.N.A fait une fleur il passe clairement pour un bouffon.
Vous pouvez donc commenter, les bonnes analyses seront prises en compte avant mon verdict. _________________
« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
On peut déjà constater une chose. Il y a du niveau dans ce concours. C'était un vrai plaisir de lire tous ces textes. Passons aux commentaires :
Texte 1 :
Spoiler
On commence fort avec un PDV plus original : Xana a déjà terminé de faire le ménage. On a donc droit à un jeu de pistes pour retracer les événements, et ce au travers de William.
L'ambiance du texte est extrêmement oppressante et ténébreuse. La tension et la sensation de peur qui s'en dégage prend au tripes, notamment grâce à l'usage habile du silence, plongeant le lecteur un peu plus dans l'histoire.
À la toute fin, on comprend ce qu'il s'est passé. Ne reste plus qu'à Xana à éliminer le dernier témoin. J'ai beaucoup aimé l'usage des mots « silence de mort ». Ils apportaient plus d'impact à l'ensemble.
Un très bel écrit.
Texte 2 :
Spoiler
Ici, une chose est sûre, l'effet de surprise est respecté, autant pour le lecteur que pour les personnages. La peur, l'effroi, le désespoir sont très accentuées dans le récit, montrant un certain respect pour l'aspect « Halloween » du thème. Cependant, il aurait été possible d'aller encore plus loin de ce côté-là en décrivant au début de quelle manière Xana est tombé sur LG. Cela aurait également permis d'accentuer la surprise éprouvée.
Une autre chose est sûre, c'est une vraie hécatombe. Tous les LG sauf Aelita sont morts. On peut néanmoins se demander : where is William ? Pas dans la cuisine en tout cas...
Texte 3 :
Spoiler
Bon, le thème est pas trop mal respecté ici (enfin, la fête d'Halloween à Kadic, c'est vu et revu là). Seulement, il est dommage que le sentiment de peur et d'inquiétude ne se dégage pas plus du texte. Des descriptions plus complètes des émotions des protagonistes auraient pu y remédier. Quelques fautes de langue entachent la lecture.
Ce n'est pas l'histoire qui m'a le plus emballé.
Texte 4 :
Spoiler
Pour commencer, je trouve qu'on est tout de suite dans le fail avec les costumes de Power Rangers. Si Odd et Aelita se prêteraient bien à ce type de facéties, je pense pas que les trois autres le feraient facilement (surtout Yumi et Ulrich quoi, Jérémie pouvant être soudoyé par Aelita), malgré le fait que cela fasse partie du plan de Xana.
Ensuite, je dois avouer que j'ai eu une bonne surprise : j'ai bel et bien cru que l'auteur avait cédé à la solution de facilité en faisant de William « le méchant », mais il s'est révélé que c'était Odd. Beau coup de théatre. Odd jouera parfaitement son rôle.
Par contre, je ne vois pas en quoi détruire le SC revient à en finir avec Xana.
Mis à part cela et le coup des déguisements du départ qui est mal passé, ce texte est bien sympathique.
Texte 5 :
Spoiler
Certainement le scénario le plus original du lot. Le tout est bien écrit et la fin est surprenante. Cependant, je regrette qu'il n'y ait pas eu plus de sentiments de peur/angoisse/terreur qui se soit dégagé du tout.
En tout cas, l'histoire est bien menée. Je n'ai noté aucune incohérence.
Une lecture très intéressante dans tous les cas.
Texte 6 :
Spoiler
Commençons par le commencement :
Citation:
Cette nuit-là, l’orage grondait dans un bruit assourdissant dans les rues du département des Hauts-de-Seine. La tempête faisait rage. Les puissantes rafales de vent et la pluie abondante décourageaient les citadins de sortir en cette triste nuit d’Halloween.
Celui qui a écrit ça a dû penser que je faisais partie du jury. Or, ce n'est pas le cas (a).
Reprenons notre sérieux et parlons du scénario. Il y a de belles idées telles que le jeu d'Halloween ou encore le spectre polymorphe qui s'adapte aux peurs des LG. Cependant, on peut se demander comment ce « jeu » a pu faire revenir Xana. D'un autre côté, cela contribue à ajouter une note de mystère à l'intrigue.
Mis à part cela, la détresse et la tristesse d'Aelita étaient bien dépeintes. Malheureusement, des anicroches au niveau de l'usage des temps empêchent de savourer pleinement le récit. Les répétitions de « Personne » et de « sourire » au début et à la fin ajoutent de la gravité à la situation en plus d'accentuer la solitude nouvelle d'Aelita.
Un texte que j'ai apprécié malgré le retour de Xana qui me reste en travers de l'esprit.
Texte 7 :
Spoiler
Pas mal d'originalité dans ce texte. L'idée du recyclage du jeu « des loups » était fort sympathique. Cela a permis la création d'une véritable ambiance tendue et d'angoisse chez les personnages. Du début à la fin, le tout aura été bien géré, enfin, si l'on excepte le manque d'explications sur le rallumage du SC.
_________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 10 Mai 2005 Messages: 21 Localisation: WEB
Je tiens à vous féliciter. Contrairement au graphisme, j'ai eu le droit à un énorme lot de participation de qualité. Gagnant ou non, on se souviendra longtemps de ces textes de concours.
Il a été très difficile de trouver un vainqueur. J'ai du manipuler un sous-fifre pour réussir à me décider. Finalement, il a été convenu que les deux premières places seraient ex-aequo et se partageraient les gains.
Découvrez nos deux vainqueurs :
Spoiler
La participation numéro 1 (Ikorih) et la participation numéro 7 (Ellana)
40 points de vie étaient prévus pour le premier et 20 pour le second. Chacune d'entre-elles sera donc créditée de 30 points et peuvent considèrer cette fanbar comme acquise si elles le souhaitent :
Je tiens à dire aux sept personnes qui ont participé que vous avez tous du talent. À vous de vous débrouillez pour bien l'exploiter...
... mais vous pouvez servir le mal aussi _________________
« Bien sûr ! X.A.N.A commet des erreurs. »
Jérémie Belpois, mort prématurément.
Inscrit le: 12 Avr 2006 Messages: 3893 Localisation: Sur une colline, près des étoiles
Ceci est un commentaire post-concours du texte 1 "Silence de mort" de Ikorih !
Je regrette presque d’avoir été admin et de ne pas avoir pu voter dans ce concours par souci d’équité. Tu aurais eu ma voix sans le moindre doute. Ce texte est absolument génial et tellement dans le contexte de son temps !
Félicitations, je savais que je regretterai pas le voyage ! Quelle superbe mise en scène. C’est parti pour une analyse made-in-Shaka-de-la-night !
Tout d’abord, si on doit me demander quel est ton style, j’inciterai les gens à lire ce texte en priorité. Il te représente énormément ! Tellement en phase avec ta description dans les perles et les côtés glauques de ton humour !
Au niveau de tes réussites littéraires : La description de l’environnement. Consciemment ou pas, tu as mis en place une incontournable du genre de l’épouvante : La personnification de l’environnement qui devient acteur de l’oppression du personnage principal ; La musique et le silence qui se moquent de William pour ne citer qu’eux.
Par ailleurs, très bonne description du sentiment de peur dans les environnements sombres. J’adore et plussoie. Le choix de ne pas dévoiler l’identité du massacreur, du moins sa nature, tout au long du texte, est également un très bon choix qui renforce l’angoisse. L’inconnu fait énormément plus peur qu’une chose qu’on peut se figurer mentalement.
Enfin, la description posthume des liens qui relient William à chaque Lyoko-guerrier est un petit plus qui rend le récit intéressant et le dissocie d’une simple et banale boucherie.
Outre cette introspection du BG, son comportement au sein de la fic reste trouble. L’humour noir vis-à-vis du massacre d’Ulrich relève plus du troll propre au contexte d’Halloween. Il ne colle pas trop avec la vraie personnalité de William, mais ça se pardonne largement. On va dire que c’est un caméo de l’auteur.
En revanche, le cœur de la fic, son essence et sa quintessence même (oué oué, tout ça !), c’est cette espèce de jeu de piste absurde auquel il accepte de se livrer sans réellement se poser de question et qui laisse perplexe…. Jusqu’à la chute de la fic qui est tout simplement génialissime.
La phrase qui fait office de conclusion à ta fic est un sophisme de la pire espèce ! Et pourtant. Pourtant. Quand on a suivi William et tout son cheminement, on se demande sur quelle chute on va aboutir. Et tomber sur ce petit bout de phrase conclue de manière extrêmement appropriée pour ne pas dire plaisante !
Au final : **Shaka sort l’artillerie lourde d’analyse et d’extrapolation personnelle**
Mon point de vue est que William, isolé et distrait, a été le premier à être massacré. Que devient ta fic ? Probablement la dernière vision fantasmagorique qu’à eu le beau ténébreux dans ses derniers instants et le commencement de son trépas. Tout se tient :
- Il a voulu prévenir/aider ses camarades. Puis, étant dans l’incapacité de le faire, il a probablement imaginé dans ses derniers souffles le destin qu’ils rencontreraient si jamais il ne les prévenait pas.
- L’ordre dans lequel les héros sont retrouvés est doublement cohérent. D’un point de vue scénaristique évidemment : Il fallait bien que Jérémie et Aelita soient les derniers à mourir, sinon tout était foutu du départ. Ensuite, on peut voir aussi ça comme l’ordre des personnes pour qui William a eu ses dernières pensées : Tout d’abord Odd, qui était visiblement resté la seule personne sympathique à son égard. Ensuite Ulrich, l’incarnation de la rancœur de William. Puis Yumi : Cet amour qui a force de l’ignorer avait pris une place secondaire dans sa vie. Et le couple Einstein, peut être les plus distants et donc les moins chers aux yeux de William
- Enfin, la mise en scène de la mort de chaque héros peut également être rapprochée des sentiments que William éprouve à l’égard de chacun d’eux. Odd est celui qui a eu la mort la plus « propre ». « Simplement » troué en son corps. Le carnage d’Ulrich est la manifestation de la haine de William à son égard. La mort de Yumi,elle, est représentative de sa relation avec William. Pure et sombre. C’est la seule pour laquelle les causes de la mort ne sont pas décrites en détail. Sa mort et l’ambiance lunaire dans laquelle William la retrouve est presque mystique. Cela figure bien ce qu’incarnait Yumi pour William : Un mystère inaccessible. Enfin, les corps de Jérémie et Aelita ne sont que le point final de l’histoire, la perte de l’espoir.
Au final, les deux personnages de la fic et ce mystérieux alter-ego sont, à mes yeux, tous les deux William. Ce n’est pas tellement le genre de XANA ce petit jeu de piste. Et le double de William, il fait trop épisode 15 de CLE-like ! Intolérable pour un auteur de ta trempe.
De fait, pour moi, nous sommes simplement dans la tête de William, dans le contexte que j’ai expliqué : A la manière d’un dessin animé, William le bon et William le mauvais (qui se manifeste différemment qu’un petit ange et un petit démon) s’opposent. Les bons sentiments de William sont incarnés par le vrai William de la fic. Il essaie de prévenir les héros, de participer au sauvetage pour se racheter, il nous décrit ce qu’il y avait de bien en chaque héros, ce qui ne leur aurait pas souhaité.
L’alter ego, lui, sont les mauvais sentiments de William. Sa rancœur envers le groupe, son amertume envers Ulrich et Yumi, sa résignation et son sentiment que la fin est désormais là.
On remarquera d’ailleurs que les deux individus se rejoignent autour de Yumi. Alors qu’il avait réagi à la mort de Odd et Ulrich, William le bon n’est qu’une spectateur hypnotisé du corps de Yumi. Son silence (nécessaire pour la conclusion de la fic, certes) mais surtout le manque d’introspection à ce moment laisse le sentiment d’une certaine adhésion à ce que dit son alter-ego à ce moment là : L’amertume d’une Yumi qui « même dans la mort n’aura daigné lui accordé un regard ». Il y a toujours des sujets viscéraux, comme celui-ci, ou les meilleurs et les pires sentiments dont une personne est capable se rejoignent et s’accordent =3 !
Bref, merci pour ce texte qui est mon préféré de ceux que j’aurai lu ce soir (29 avril 2014) ; encore plus que ma relecture de « Joyeux Noël, Odd » ou « Les épines de sang de la vérité » et c’est pas peu dire !
J’ai eu mon massacre d’Ulrich en bonne et due forme, tu as acquitté ton contrat x) !
Et moi, j’ai commencé à acquitté le mien. Je m’arrête pour ce soir, j’ai la tête un peu embrumé ! Je continuerai plus tard ! En espérant que les divers commentaires de ce soir te feront plaisir au réveil demain x) !
Je te souhaite des cauchemars aussi sombre que cette fic pour cette nuit ! _________________
Les fleurs naissent, puis se fânent. Les étoiles brillent puis s'éteignent. Ainsi, la galaxie et notre Univers tout entier seront, un jour, amenés à disparaître...
A côté, la vie d'un homme ne représente qu'un éphémère battement de cils... Durant ce temps, l'homme naît et grandit, il s'amuse et se bat, il aime et déteste, il est heureux, puis triste... Tout ça, en un très court instant...
Avant de tomber dans un éternel sommeil qu'est la Mort...
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