Posté le: Mar 04 Mai 2021 18:16 Sujet du message: [Fanfic] Les Perles du Neith : A Core perdu
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Avant-propos : Ce texte fait partie d'un univers encore plus froid que le nôtre. Cliquez sur l’icône pour en savoir plus.
Spoiler
Euh... yo ? Alors oui je suis de retour sur l'Un'Icer avec un texte imprévu mais honnêtement, c'est pas ma faute.
Il y a d'abord eu cette relecture de tous mes textes à l'automne 2019 pour finir d'écrire Ragnarök début 2020, et cette idée de vouloir écrire une suite aux Perles du Neith. Il en est ressorti un nom, un logo... et c'est tout. J'avais d'abord l'ultime texte sur le feu depuis 2 ans et il était temps d'en finir.
Un an plus tard, rebelote : relecture de l'Un'Icer achevé pour préparer le PDF, et cette même question à l'issue de la relecture des Perles du Neith. Mais la réponse fut cette fois différente : c'était maintenant ou jamais. Avant de raccrocher.
Du coup. C'est officiellement un texte bonus qui n'apporte rien sur le plan scénaristique (l'Un'Icer est vraiment fini... du moins côté Code Lyoko), mais qui apporte juste un petit élément d'approfondissement sur un changement effectué entre les Perles du Neith et Ragnarök qui n'avait pas été clairement expliqué, même si j'avais la réponse en tête dès le début. Il m'a aussi permis sur le plan personnel d'écrire sur des choses un peu différentes, pas au niveau des personnages mais au niveau des lieux, car j'avais pas vraiment eu l'occasion de faire des choses comme ça. Et au niveau de la temporalité aussi, après avoir été longtemps coincé de fait entre 2007 (ou à la limite, 2004 par extension) et 2008.
Bref, c'est quelque chose d'assez court, et qui n'a pas d'autres ambitions particulières, ça pourrait même être considéré comme un immense one-shot au fond. Le prologue fait vraiment transition avec les Perles du Neith, puis la fanfic prend une identité un peu plus spécifique. Voilà.
Bonne lecture !
Pour accéder à une partie, il vous suffit de cliquer sur la photo correspondante :
Dernière édition par Icer le Mer 23 Juin 2021 08:13; édité 8 fois
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Dortoir des Franz Hopper, Neith
- Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un...
Un groupe d'adolescents en combinaison grise par dessus un T-shirt blanc était actuellement en train d'attendre que l'écran du dortoir affiche certaines informations. Au nombre de 12, les locataires des lieux accomplissaient enfin leur raison d'être, à savoir, devenir les Perles du Neith, l'armée d'élite choisie pour combattre X.A.N.A. Mais avant cela... :
- Ohhh, fit Hiroki.
- Bon, ils avaient moins de possibilité que nous, commenta Thomas.
- Je suis contente qu’Émilio soit réserviste, souligna Ninon, titulaire de son côté.
- T'en penses quoi, Capitaine ? demanda Thierry.
Christophe ne répondit pas immédiatement. Il observait attentivement la feuille de match adverse.
- Allez vous entraîner sur la bonne arène, maintenant qu'elle est connue. Gladys, tu supervises. Hervé, reste un instant, j'ai à te parler.
Ainsi, mis à part les deux gradés, le reste des troupes quitta le dortoir, conformément aux ordres.
Dortoir des Skorpion
- Bon, commenta Théo du côté du dortoir des Skorpion. C'est surprenant que Thomas ne soit pas titulaire.
- Cela cache forcément quelque chose, souligna Émeline, naturellement méfiante. Je me méfie de Christophe comme de la peste. La simple idée de penser à lui me révulse dans mon âme et...
Le Capitaine Ernest leva un doigt, l'invitant à s'interrompre. Il était confiant malgré tout.
- Puisque c'est sur la montagne... j'ai quelques idées, avoua celui-ci.
Dortoir des Franz Hopper
- Tu... tu veux que je retourne sur le banc dès le début du match... ? répéta Pichon. Je savais que mettre Thomas en touche était une feinte, mais de là à sortir ton Bras droit...
- On ne peut pas modifier la feuille de match, mais on peut modifier les grades. Je vais passer Gladys Bras droit, répondit calmement le Capitaine des Perles.
- Ah. Bon, est-ce que je peux avoir au moins une explication ?
- Regarde le tableau mon gars. Je ne m'attendais pas à ce qu'Ernest mette Élisabeth et Amalia titulaire.
- Théorie du complot... soupira Pichon. Ce n'est pas...
- Vraiment ? coupa son supérieur.
Il ne répondit rien.
- Écoute, tu auras d'autres occasions pour faire tes preuves, rassura Christophe. Mais on est pas là pour enfiler des perles.
- Hum... toussa Hervé.
- Ouais ok, le choix de mots était moyen, surtout pour toi. Mais tu m'as compris. Va t'entraîner, il y a Céline qui nous écoute derrière la porte du dortoir.
- Oh, fit une petite voix féminine de l'endroit ciblé, qui se révéla effectivement être la nominée.
Pichon s'éclipsa sans un mot, et la fille s’avança en direction de son Capitaine.
- Pour quelle raison as-tu mieux à faire que t'entraîner ? interrogea le noir.
- Hum, voilà, je me demandais pourquoi est-ce que j'étais remplaçante ? Je veux dire, j'ai quand même été moi-même un Capitaine de rang et...
- Le mode de combat ninja est celui qui m'a le moins convaincu, on ne va pas se mentir, répondit honnêtement le félin. Trop faible et vulnérable au corps-à-corps. Alors le mieux serait que tu développes la capacité qui te permette de générer un bâton, comme Sophie. Et pour ça, je pense qu'il n'y a pas plus efficace que t'entraîner tu ne crois pas ? Un peu moins de parlotte et un peu plus d'actes serait apprécié, Céline.
- Gladys l'ouvre davantage que moi. Et Thomas est de plus en plus...
- C'est vrai, elle est pénible, reconnut l'ex-Capitaine Tarentule. Mais sa grande gueule est proportionnelle à sa façon de se bouger. Donc, elle peut se le permettre. C'est valable pour Thomas qui n'a pas volé le fait de faire le malin. À ce stade, être dans l'équipe Franz Hopper, c'est simplement le signe d'un potentiel. Il n'est pas toujours exploité correctement, ou même... pas exploité du tout.
- Bon, très bien, tu peux compter sur moi alors, sincèrement, conclut la fille en se dirigeant vers l'arène montagne.
- Je n'en doute pas ! lui lança son chef avec le même ton hypocrite.
Arène montagne
Dans le secteur central, à proximité de la tour, Hiroki était actuellement occupé à abuser de ses salves d'énergie, un pouvoir virtuel octroyé par son avatar de guerrier. Mais son objectif restait de se hisser au niveau de Thomas : il voulait la Supersmoke. Lorsqu'il voyait son collègue l'utiliser, il sentait au fond de lui comme un bourdonnement familier, comme si son pouvoir à lui ne demandait qu'à se libérer. L'asiatique était proche de le développer, il en était certain. Alors, comme pour favoriser son apparition, il utilisait à fond les pouvoirs qu'il avait déjà mémorisé.
En l’occurrence, son sparring partner n'était pas du même moule que lui : c'était un samouraï, Pierre François en l'espèce, qui était occupé à esquiver les missiles mortels en enchaînant les roulades et les micro-utilisations du Supersprint, sans chercher à contre-attaquer.
Comme enhardi par le faux sentiment de sécurité procuré par l'absence de riposte, Hiroki intensifia ses décharges d'énergie, se mettant à hurler. L'une d'elle frôla celui qui lui servait de cible mouvante, et, dans un réflexe pavlovien, Pierre attrapa l'un de ses sabres et décrivit un arc de cercle en direction de l'autre Perle avec ; une salve d'énergie, là aussi, s'en échappa, percutant l'avatar du petit guerrier qui fut projeté contre le mur de l'enceinte centrale.
- !?
- Hey ! s'écria Hiroki en se relevant. T'as renvoyé mon pouvoir !
- Rien n'est moins sûr... commenta François en observant son arme sous tous les angles pendant quelques secondes.
Il saisit alors le sabre à deux mains, semblant se concentrer, avant de libérer, là encore, une décharge blanche d'énergie en direction d'un autre pan de mur.
- Oh oh, commenta-t-il, satisfait.
- Ce sont tes propres salves d'énergie ! félicita Hiroki. Mais les samouraïs ne sont pas censés faire ça, ce qui veut donc dire...
- Que l'on vient de découvrir l'un des pouvoirs cachés de l'avatar. Toutefois, je note que tu n'as pas été dévirtualisé, elle est sûrement moins puissante que celle du guerrier. J'imagine que, comme le veut la légende urbaine, la taille de l'épée compte.
- Ouais, possible, approuva son camarade. Mais couplé à ta vitesse qui est supérieure, ça peut être très intéressant au niveau tactique...
- Yes !
Depuis les hauteurs du secteur Gamma, Gladys et Anne-Sophie observaient justement le secteur central où se trouvaient leurs deux alliés.
- Qu'est-ce que tu vois ? demanda la première.
- Hum... toutes les lumières sont allées de droite à gauche... sauf la dernière.
- Pareil.
- Hum. J'ai comme l'impression qu'on va nous annoncer bientôt une bonne nouvelle, conclut la plus petite des deux filles en générant son épée derrière elle et en renvoyant le rayon qu'un blok tentait de lui balancer en traître, ce qui le fit exploser.
Elle se rendit néanmoins compte en se retournant que ce n'était pas le retour du rayon, passé bien à côté, mais la présence de Blanche, qui l'avait éliminé par l’œil de derrière d'une salve d'énergie.
- Oh.
- J'ai de bonnes nouvelles les filles, annonça la dernière venue comme pour justifier son introduction.
- Ouais ? réagit Gladys en continuant de regarder vers le centre du territoire.
- Christophe a eu son explication de texte avec Hervé. Il jarte d'emblée pour laisser sa place à Thomas.
- Joli travail de stalk, félicita l'autre blonde qui cette fois s'était retournée. Mais ça nous arrange... Thomas ne va pas pouvoir s'empêcher de faire le malin.
- Par ailleurs, tu seras officiellement Bras droit à sa place.
- Ho ho. Plus rapidement que prévu.
- Hum, qui fait le malin déjà ? souligna Anne-Sophie.
- Ok ok, il est temps de mériter ce titre, admit Gladys en se relevant.
- Tu veux t'battre ? interrogea l'autre blonde.
- Oui, mais pas avec vous les gamines. Il me faut quelqu'un qui soit sans pitié. Ninon fera parfaitement l'affaire.
Et le futur Bras droit des Franz Hopper planta là Anne-Sophie et Blanche qui étaient bien incapables de dire si leur supérieur putatif était sérieux ou si elles venaient de se faire troller.
Secteur Gamma de l'arène montagne
Le match avait à peine démarré que, conformément aux directives, Hervé Pichon, redevenu simple soldat, avait activé ses ailes pour s'extraire de la grotte et foncer en direction de la tour du territoire. Mais en s'approchant de l'objectif, il vit qu'une menace sous la forme d'une traînée de fumée rouge approchait encore plus vite et y serait avant lui. Décrochant sur la gauche en plongeant soudain pour passer en dehors du champ de vision de l'ennemi qui était déjà au cœur des murailles rocheuses, Hervé passa sous le territoire et refit surface du côté de Bêta.
Ernest, qui l'attendait du côté de la tour, avait encore le regard tourné vers Delta. Il l'avait entendu bien sûr. Mais le temps de réactiver la Supersmoke et de se rediriger du bon côté, Pichon était déjà dans la tour.
- Putain... ragea le Capitaine Skorpion. Bon, tant pis, il fallait essayer.
Ses troupes arrivaient déjà depuis Alpha.
- On fait comme prévu. Vas-y Élisabeth.
- Je pense qu'Hiroki va se mettre à pleurer, déclara Gladys qui était revenue dans la grotte après une petite phase d'observation.
- Pourquoi ? demanda Pierre.
- Ernest a la Supersmoke.
Le japonais ne se mit pas à pleurer, insultant plutôt son ancien camarade de dortoir de quelques noms d'oiseaux, tandis que Thomas arrivait depuis le sas.
- Je ne suis donc plus un cas à part, commenta-t-il, mis au parfum par Hervé au moment du changement.
- Ouais, mais ça te rend d'autant plus indispensable, décrypta Christophe. Je vais avoir besoin de toi pour l'éliminer tout en le mettant hors de portée du reste. Sans lui, le reste de l'équipe ne doit pas être si redoutable pour les quatre autres.
- Pourquoi pas. Il faut que je lui colle au train en Supersmoke. En espérant qu'il ait les mêmes contraintes d'utilisation que moi.
- Hum ? C'est à dire ?
- Je ne peux me transformer que pendant cinq minutes... avec bien sûr une minute de repos.
Le reste de l'équipe était exaspéré. Thomas n'avait jamais fait mention de ces contraintes techniques auparavant.
- Pourquoi t'en as jamais parlé !? interrogea Ninon.
- Pour continuer de frimer avec mon pouvoir unique. Mais maintenant que quelqu'un d'autre le maîtrise, c'est une nouvelle donne. À noter que si je romps mon pouvoir avant les cinq minutes en question et que j'y retourne en moins d'une minute, le compteur continue de tourner, il n'est pas réinitialisé, même proportionnellement à la durée de repos.
- Hum, bon à savoir, maintenant on se concentre, rappela Christophe. Mais comme tu dis, s'il a les mêmes contraintes que toi, cela devrait être d'autant plus facile... pour moi. On va tâcher d'être vite fixé. Thomas, avec moi pour se payer Ernest donc. Gladys, je te laisse te charger du reste...
La connerie que s’apprêtait certainement à sortir le Bras droit vu son sourire fut tuée dans l’œuf par l'arrivée soudaine d’Élisabeth dans la grotte, ailes déployées et avec un Champ de force rougeâtre dans chaque main, pouvoir offensif qui avait en plus le mérite d'éclairer la grotte et lui indiquait où était ses cibles. Gladys était encore le blanc le plus proche de l'entrée, elle généra ainsi son épée en catastrophe pour éponger le premier missile magique qui avait été tiré, mais l'assaillante fonçait à présent sur elle en rase motte, visiblement bien décidée à lui faire goûter au second objet à bout portant. Alors que personne d'autre n'avait encore vraiment réagit, Pierre avait sorti une de ses lames pour lui envoyer une salve d'énergie, ce qui la contraignit à esquiver, et donc à se cogner contre la paroi supérieure de la pièce vu que la grotte demeurait de taille modeste. Le temps qu'elle envisage autre chose, quatre salves d'énergie avait déjà été décochées dans sa direction. Elle se fit donc logiquement démonter et disparût en confettis de la couleur de son équipe.
- Hum. Un genre de suicide lead, commenta sobrement Thomas qui n'avait visiblement pas besoin de Supersmoke pour faire le malin.
- Évidemment, c'est gratuit, ils ont la tour, Ernest va la ramener, ou changer de joueur, expliqua Ninon.
- Presque gratuit, nuança Hiroki. Car le fumeur est désormais temporairement indisponible.
La tour commençait tout juste à perdre son halo rouge lorsque Léandre, qui surveillait le chemin en direction de Gamma, vit des ombres commencer à se dessiner dans la brume. Elle n'hésita pas et s'empara de l'un de ses sabres.
- Un seul banal samouraï en sentinelle ? C'est vexant, commenta la voix de Gladys.
Mais la membre des Skorpion avait pointé son épée devant elle, saisie à deux mains. Un véritable rayon d'énergie verte se matérialisa alors depuis sa pointe, se ruant en direction des assaillants qui durent en catastrophe s'écarter, Ninon et Gladys manquant d'ailleurs de tomber dans le vide vu l'étroitesse du sentier montagneux.
- Hum, banal hein ? commenta ironiquement le japonais, coupé dans son élan tout comme les deux susmentionnées et Pierre.
- Je reconnais qu'elle en fait beaucoup là, répondit le Bras droit. Mais elle n'est pas la seule samouraï à être un peu particulière.
L'ex-Capitaine des Mégatank avait déjà profité de l'extinction du rayon adverse pour balancer sa salve. Léandre se réfugia derrière les murailles, sortant du champ de vision des Franz Hopper.
Mais deux Ninon et deux Pierre surgirent justement à ce moment-là en Supersprint, courant à l'horizontale en paire non-similaire de deux sur les côtés du chemin Gamma. Arrivant au terme de celui-ci, les copies samouraï poursuivirent leur course sur la fortification naturelle de la tour, commençant d'abord par courir sur le côté avant de décrire un arc de cercle et de remonter en un éclair les quelques mètres de la muraille, s'appuyant ensuite sur le rebord pour bondir de l'autre côté. En faisant ça, ils remarquèrent que Paul, qui n'était pourtant pas dans la composition de départ des Skorpion, était juché au sommet de la tour et, en voyant les quatre ennemis débouler, se mit à viser dans leur direction avec de curieux gants recouvrant désormais ses mains.
Mais les Perles l'avaient vu grâce à Gladys. Alors Ninon s'attendait déjà à ce qu'il soit là et au lieu de tomber sur le versant inférieur de la zone centrale, elle bondit en prenant appui au mur, sabres dégainés, pour essayer de le trouer, sachant qu'il était difficile d'esquiver sur un pareil nid d'aigle. Ce pourquoi Paul n'esquiva pas, retournant sa main et la relevant avec des réflexes félins pour activer son bouclier et absorber le choc. La protection tint bon, mais les deux chutèrent ensuite de l'édifice sous la violence de l'impact. Le félin avait toutefois toujours ses gants et il envoya huit flèches lasers d'un coup en direction de la Ninon qui l'avait chargé, celle-ci, comprenant qu'elle était foutue, balançant son sabre dans sa direction.
La fille n'encaissa que deux projectiles, mais comme il s'agissait d'une forme ayant un tiers des points de vie de l'originale, cela fut suffisant pour la faire disparaître. Sa lame frôla le torse heureusement maigrichon du félin avant de s'effacer elle-même, ne causant donc in fine aucun dommage.
Paul se réceptionna sur ses pattes. Non-loin, vers Alpha, ses coéquipiers Léandre, Émeline et Théo l'attendaient. Ils firent donc bloc lorsque les deux Ninon restantes, les trois Pierre, Hiroki et Gladys s'approchèrent en se répartissant de façon équitable de part et d'autre de la tour centrale. Personne n'osa engager les hostilités ; les rouges en effet, savaient que jouer la montre était dans leur intérêt vu qu'une fumée rouge venant de derrière eux se dépêchait de les rejoindre, Heïdi, ailes activées, sur ses talons. Une fumée blanche de même taille surgit alors des remparts en provenance d'Alpha. Pierre sourit.
- Habemus Papam.
Le présumé souverain pontife avait un autre privilège : celui d'avoir un super garde du corps, Christophe, qui venait de se téléporter à la place où se trouvait il y a encore peu de temps le félin ennemi, au sommet de la tour.
Ernest n'était pas né de la dernière pluie et savait reconnaître un guet-apens lorsqu'il en voyait un, d'autant plus qu'il avait lui-même vécu en banlieue. Il se reforma brièvement dans les airs pour pouvoir parler, en l’occurrence, ordonner à ses troupes de reculer, ce qu'elles firent sur Gamma.
- On les laisse partir ? demanda Ninon tout en se dirigeant vers la structure centrale.
- Ouais, répondit Christophe en apparaissant à côté d'elle dans une lumière circulaire blanchâtre. J'ai envie de nous tester sur la défensive. Pierre, une fois Ninon régénérée, tu changes pour Blanche. Gladys, tu laisses ensuite ta place à Thierry. Thomas, une fois qu'ils en ont terminé, tu passes en mode harcèlement.
Le Bras droit des blancs attendait encore que le halo de la tour disparaisse, laissant momentanément Hiroki surveiller le secteur Alpha seul. Alors que le voile de fumée s'éclipsait enfin, Gladys se fit soudain pousser par Blanche qui venait de débarquer, évitant le rayon d'énergie verte surgissant de la brume du territoire ennemi. Gladys adressa à l'autre blonde un bref signe de tête reconnaissant avant de se réfugier dans la tour.
- On aurait dû s'en douter, commenta Ninon en s'approchant, tandis qu'Hiroki balançait deux salves d'énergie sur le sentier sitôt l'attaque terminée.
La nouvelle charge des Skorpion ne se fit pas immédiatement. Mais Thomas avait bien vu venir la fumée rouge en provenance de Delta, se changeant lui-même en état gazeux pour l'inciter à se calmer. Ernest cessa sa course, mais demeura en Supersmoke, Christophe se téléportant derrière lui, à l'opposé de son allié.
Théo et Heïdi débarquèrent alors depuis le secteur Bêta, forçant immédiatement Ninon à se diviser en trois pour réussir à parer trois des quatre Champs de force balancés d'en haut avec ses lames. Le dernier qu'elle n'avait pas pu contrer allait en direction d'Hiroki qui esquiva, juste avant qu'un nouveau rayon vert ne soit envoyé depuis le sentier Alpha. Le timing était parfait, le japonais n'allait pas pouvoir l'éviter mais... il planta en catastrophe son épée dans le sol entre lui et la rafale d'énergie verte, ce qui sembla la bloquer. Il devait pour ça continuer d'être derrière pour maintenir son épée – qui vibrait fortement – en place. Tous les combattants présents comprirent l'enjeu : Blanche se plaça immédiatement entre les gardiens ennemis et lui pour qu'ils ne profitent pas de son état d'immobilisation, tandis que les Ninon commençaient à escalader les parois en Supersprint pour essayer de chasser Théo et Heïdi.
Le garçon reprit de l'altitude pour se mettre hors de danger, mais la fille resta stoïque, laissant visiblement venir. Deux Ninon sur trois bondirent sur elle, mais le gardien généra des sphères magiques dans ses mains et parvint à viser les deux en même temps malgré la rapidité des charges, avant de donner un petit coup d'ailes. Avec la vue en partie gênée par le projectile qu'elles se devaient d'abord de bloquer, les deux samouraïs se rentrèrent dedans au lieu de s'utiliser pour effectuer un nouveau saut surprise, comme cela était le plan initial de Ninon qui avait répété le mouvement pendant ses derniers entraînements.
- Tu n'es pas au niveau... commenta, moqueuse, la blonde avant de délaisser les deux Ninon qui tombaient avant de se ruer sur la troisième qui était logiquement la vraie.
Elle ne pourrait toutefois jamais le vérifier. La flèche laser qu'elle reçut dans l'aile perturba sa trajectoire et la fit s'écraser contre la paroi rocheuse. Avant qu'elle ne comprenne quoique ce soit, Blanche lui avait envoyé une salve d'énergie pour la faire disparaître. Depuis Gamma, le félin Thierry abaissa le bras, l'air satisfait.
Immédiatement, Ernest, toujours en Supersmoke, se rua en direction de la tour, et donc de Thomas lui-même dans cet état. Cela ne dura qu'une seconde : il se reforma subitement, prenant un contre-appui avant de se ruer vers le Capitaine des Franz Hopper toujours sur l'autre flanc, ce dernier venant de lever la tête car Théo avait envoyé deux missiles rouges rapides dans sa direction. Les flèches lasers, même multiples, ne pouvaient absorber les Champs de force, et Christophe ne se voyait pas se téléporter plus loin sur le sentier vu qu'Ernest venait de se reformer. Il fut donc contraint d'utiliser son bouclier. C'était bien ce que le Capitaine Skorpion attendait. Il balança sa lame déjà formée en direction de son adversaire comme s'il s'agissait d'un couteau à beurre. Le bouclier, qui venait d'absorber les deux attaques du gardien, se fit briser par l'impact et la tête de Christophe reçut en pleine gueule le zanbatō. La puissance de cette attaque était visiblement supérieure à ses 200 points de vie : il se dépixelisa sous l’œil hagard de Thomas qui avait rompu sa Supersmoke lui aussi. Agacé, Jolivet avait généré sa lame pour envoyer une salve sur Ernest qui, évidemment, se transforma à nouveau en fumée. Ninon déboula du sommet rocailleux, bondissant soudain sur Théo, le transperçant avant de lui laisser le temps de cibler Thomas avec un Champ de force. Mais aucun Franz Hopper au sol ne put empêcher Ernest de filer en direction de la tour, de se reformer juste devant en se décalant malgré tout du côté de Gamma où Thierry n'était plus, entrant dans la tour, lui donnant temporairement un halo au teint rougeâtre.
- Le fils de pute ! ragea Thomas.
- On fait quoi ? demanda l'autre guerrier masculin de son équipe.
- On fonce, ordonna Jolivet. Je peux tous me les faire d'ici au retour d'Ernest. Couvrez-moi du mieux possible.
- Je change pas avec Gladys ?
- Non, elle a bien assez la grosse tête comme ça, répondit Jolivet en démontant un blok qui venait de sauter du sentier supérieur de Bêta d'une salve sans même se retourner. On va gérer sans elle. Supersmoke !
La fumée blanche se rua vers Gamma tandis que Thierry incitait d'un signe de tête Hiroki et Blanche à suivre ses directives. Le territoire ennemi dévoilait logiquement en premier sur son sentier inférieur Léandre et Émeline. Thomas n'avait plus que 31 secondes de Supersmoke avant de devoir se poser une minute pour récupérer. Il devait donc en finir avant. Il eut alors la bonne idée de faire mine de foncer sur les deux samouraïs avant de reprendre brusquement de la hauteur sur le plateau supérieur, les regards de Léandre et d’Émeline étant obligés de suivre pour s'assurer qu'il n'y avait pas de coup fourré... les laissant à la merci du reste de l'équipe qui déboulait et qui n'aurait aucun soucis pour exploiter cet avantage. Et puis, s'il pouvait éviter de faire le sale travail sur Léandre... Il voulait préserver sa côte de popularité chèrement acquise auprès de la fille.
Le fumeur blanc ne prit même pas la peine de s'assurer que le reste de l'équipe s'en sortait sans lui : voyant Paul sur le plateau supérieur en vigie, il constata que ce dernier ne l'avait pas repéré, bien aidé il était vrai par la couleur quasi-similaire de la fumée avec la brume du territoire. Thomas se reforma discrètement derrière lui avant de le transpercer sans merci.
- T'as pas eu le dernier mot cette fois hein ? le nargua-t-il en pensant à Émilie.
Le signal de fin de partie se fit entendre. Les autres en avaient déjà fini ? Efficaces... et du coup, Ernest n'avait pas eu le temps de revenir sur le terrain avec son renfort. Les règles étaient les règles : l'équipe Franz Hopper venait de l'emporter. S'approchant du rebord du sentier supérieur de Gamma, Jolivet se rendit compte qu'il voyait désormais parfaitement bien ses coéquipiers, en contrebas, fêter la victoire. Décidément, il adorait ce territoire.
Bureau du Commandant Belpois
L'homme d'âge mur qui guidait les opérations depuis le début et qui avait le respect de l'ensemble des cadets, avait convoqué les douze Perles dans la foulée de leur victoire. Christophe avait à peine eu le temps d'aller féliciter son homologue qui, malgré sa défaite, avait quand même réussi à se le payer, ce qui n'arrivait pas souvent, et qui n'avait techniquement pas été vaincu en combat. Les lunettes opaques masquant ses yeux et sa barbe hirsute empêchait en général quiconque de savoir ce que le Commandant pensait vraiment.
- Je tiens tout d'abord à vous féliciter pour votre – nouvelle – victoire de tout à l'heure, commença le Commandant. Il ne faut aucun doute que, s'agissant du jeu, vous commencez à maîtriser... peut-être qu'il est temps de sortir de l'ordre établi, vous ne croyez pas ?
- Commandant ? réagit le Capitaine blanc – mais à la peau noire, restez concentrés. Vous voulez dire... X.A.N.A ?
- Du calme, vous n'êtes pas encore prêts à faire face à la véritable menace. Mais il est vrai que celle-ci prendra une forme bien différente de quelques combats en arène. C'est le moment de voir ce que vous pouvez valoir sur une simulation plus... réaliste.
Les visages commençaient à être sérieusement excités. Ils se préparaient depuis plusieurs mois à cela. Et pour certains plus longtemps que d'autres... Ils restaient néanmoins au garde à vous, attendant la suite.
- Surtout, vous avez toujours été ensembles, analysa le Commandant. Cela va désormais être plus compliqué. Je vais vous envoyer dans un monde où X.A.N.A sait se diviser pour mieux régner. À vous d'agir en conséquence.
Il appuya sur un bouton. La trappe qui liait le Neith à la navette de transport – la NavEith – coulissa pour s'ouvrir, invitant les Perles à la traverser sur le champ.
- Une dernière chose. Vous serez là-bas sous forme virtuelle. Mais si vous êtes dévirtualisés... vous mourrez vraiment. Bonne chance.
La tension monta d'un cran. Les choses étaient claires : fini de jouer. Les Perles réalisèrent soudain qu'elles avaient baigné jusqu'ici dans un certain confort. Pas tant sur le plan matériel que sur le plan psychologique : elles avaient juste eu à progresser et à se battre, le seul adulte à bord s'occupait de tout le reste, le Neith était un cocon contre le monde extérieur... et tout ça venait d'être balayé en un instant. Sur les ordres du Commandant.
Hiroki vit ses camarades descendre un à un avant d'effectuer lui-même cette manœuvre. Mais alors qu'il s'attendait à retrouver le décor par lequel il était arrivé sur la station, tout se brouilla autour de lui tandis qu'il descendait toujours à l'échelle.
Océan de la simulation
La Perle du Neith Hiroki descendait toujours l'échelle, seul élément tangible au milieu de cette obscurité. Au bout d'un moment, des éclats violacés – si l'on pouvait appeler ça des éclats étant donné que la couleur demeurait relativement sombre – commencèrent à se manifester. En contrebas, le garçon remarquait également des lumières plus vives, roses, bleues, mauves. Une plate-forme de ce style se manifesta enfin pour accueillir le jeune qui retrouvait par la même ses camarades, rassemblés.
L'échelle s'était volatilisée. Un escalier de lumière descendait à perte de vue et était le seul accès possible. Sans un mot, le groupe l'emprunta, avant d'arriver sur une bien plus grande plate-forme au style similaire à la première. Mais il y avait désormais quelqu'un. Ou quelque chose.
Flottant dans les airs, revêtant une sorte de cape miteuse gris foncé d'où semblaient s'échapper des discrets volutes de fumée aux extrémités, il lévitait à environ un mètre du sol. Son visage, masqué par un capuchon, n'était pas visible.
- Bienvenue... aux Perles du Neith. Christophe. Gladys. Thomas. Hervé. Ninon. Pierre. Hiroki. Thierry. Anne-Sophie. Blanche. Céline. Valérie.
- Tu nous connais ? interrogea Pierre François.
- J'ai été programmé pour ça, répondit la chose. Je suis là pour vous servir de guide. Mais sachez que cette simulation pourrait mener à votre perte.
- On y est préparé, souligna Thomas, qui ne pouvait s'empêcher de faire le malin même dans cette situation.
- Nous le croyons tous, au début... commenta l'entité en se posant sur le sol. Mais nous nous trompons tous.
Elle avança de quelques pas, laissant apparaître un visage humanoïde rouge à l'air assez malsain.
- Puisque c'est ainsi, poursuivit le guide autoproclamé. Laissez-moi vous donner quelques informations. Vous allez retourner sur Terre, dans un futur proche de l'époque où vous avez vécu. Un futur où X.A.N.A a réussi à conquérir le monde.Vous pouvez contribuer à mettre fin à sa domination. Mais, le programme multi-agent, prudent, n'a pas concentré toutes ses données vitales au même endroit... Il vous faudra attaquer et détruire ses trois quartiers généraux. Ce qui va contraindre à vous séparer... Pour le reste, il va falloir obtenir les informations par vous-même grâce aux survivants ou aux éléments présents sur le terrain. N'oubliez pas vos deux avantages tout de même : votre forme virtuelle – vous comprendrez en temps utile – et la capacité à communiquer entre vous, quelle que soit votre position, sous certaines conditions.
Une arche en pierre apparût soudain derrière lui, jurant avec le design futuriste de la plate-forme. Et à l'intérieur de celle-ci, un écran bleu. Un portail.
- Vous êtes libres de vous préparer avant de commencer, annonça le crane écarlate avant de s'écarter du chemin d'accès à l'arche, se tenant désormais à côté.
- Bon... fit Christophe en secouant la tête. Encaissez les informations pendant quelques minutes. Gladys, tu peux venir voir deux s'condes ?
Les désormais ancien gradés de l'équipe Franz Hopper s'éloignèrent du groupe pour discuter plus à l'écart.
- Lorsque ce sera nécessaire, je propose de nous séparer pour prendre chacun la tête d'une équipe, informa le garçon.
- Je m'en doutais, soupira la fille, qui au fond n'aimait pas particulièrement diriger.
- Je sais ce que tu penses mais le défi est là aussi pour nous sortir de notre zone de confort.
- J'en ai conscience oui. Par contre, il faut anticiper trois équipes...
- C'est le prochain sujet de discussion. Qui devrait être le troisième « Capitaine » selon toi ?
La blonde jeta un coup d’œil au reste du groupe.
- Thomas, répondit sans hésiter celle-ci.
- Bien entendu. Mais il y a un aspect management à prendre en compte... souligna Christophe.
- Tu penses à Hervé ?
- Ouais. La pilule face aux Skorpion a déjà été dure à avaler, je le sens fragilisé niveau confiance. Mets toi à sa place par rapport à son parcours sur le Neith. Et... sa façon qu'il a de regarder actuellement dans notre direction montre qu'il n'attend qu'une chose : nous rejoindre.
- D'accord, eh bien, on a qu'à le mettre officiellement en tête d'une équipe mais de placer Thomas dans la même à qui on expliquera la situation.
- J'y ai pensé évidemment. Mais Hervé est du genre méfiant, il verra le truc venir.
- Hum, bon. En plus, c'est vrai qu'idéalement, j'aimerais avoir Thomas avec moi, on fait vraiment une bonne équipe. On a même commencé à écrire ensemble pendant notre temps libre et...
- Ok ok, me raconte pas ta vie, coupa Christophe. Alors dans ce cas, il suffit de mettre un autre gars solide avec Hervé. Juste au cas où il craque. Je pense qu'il est quand même capable de faire de très bonnes choses.
- Bon, bah Thierry alors. Je sais que t'accroche pas trop avec Pierre mais ce dernier s'entend bien avec Thomas et moi donc, je peux le récupérer.
- Ça a l'air pas mal. Et tu complètes ton équipe avec Céline ?
- Ah non, elle nous tape sur les nerfs, avoua Fontaine. Je dis « nous » parce que j'englobe Thomas et Hiroki.
- C'est un peu facile de dire ça alors qu'elle est en grande partie dans l'équipe grâce à toi.
- Hey, tout le monde peut faire des erreurs.
- Ouais, certains en font simplement plus que d'autres, souligna le noir. Bon, dans ce cas je préfère avoir Céline avec moi. Hiroki aussi, sauf si tu le veux absolument.
- On a déjà deux guerriers.
- Oui enfin t'es marrant mais les guerriers sont les plus nombreux. Ok pour prendre Hiroki mais...
- Non attends, ne prend pas Céline et Hiroki. Plutôt Hiroki avec Hervé, ils se sont rapprochés dernièrement. En plus comme c'est un mec...
- Oui ok. Avec Valérie pour compléter vu qu'avec Hiroki ça passe pas trop mal. Cela nous fait une équipe bouclée. Je suggère de prendre Ninon chez moi si tu as Pierre, ça fait un samouraï chacun.
- Entendu.
- Il reste deux guerrier dans tous les cas. Lequel tu veux. Anne-Sophie ou Blanche ? Pour moi c'est pareil.
La blonde tourna son regard vers le groupe. Elle avait une grande affection pour Anne-Sophie évidemment mais... devait-elle ne pas appliquer l'un des principaux griefs reproché à Hervé à elle-même ? Les enjeux étaient décisifs ici. Elle serait en sécurité avec Christophe de surcroît.
- Je prends Blanche.
Hervé avait été mis au courant de la situation, avant que les trois Capitaines n'annoncent les équipes prévisionnelles à l'ensemble du groupe. Équipes qui pouvaient de toute façon être modifiées selon les objectifs ou les circonstances.
- Bon eh bien... si personne n'a plus rien à annoncer, on va y aller, signala Christophe.
Personne n’annonça effectivement rien. L'heure n'était plus à la rigolade, plutôt au saut dans l'inconnu.
- J'avais presque oublié, sourit leur mystérieux gardien à côté de l'arche alors que les élus du Neith approchaient. Vous conservez les pouvoirs de base de vos avatars, mais pas les cachés.
Et les Perles franchirent le portail vers leur destinée, Thomas étant particulièrement scandalisé par cette dernière information, accusant mentalement tout ce qui lui passait par la tête, du Commandant au système en passant par la RNG.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Ben ouais, je peux pas prétendre que les Perles du Neith sont mes petits préférés sans faire au moins un passage.
En tout cas on retrouve bien l'ambiance initiale du texte original, avec dans le fond de celle-ci le petit quelque chose qui fait sentir que tout ça va progressivement changer.
La promesse des développements autour des interactions et relations entre personnages est là, et est d'autant plus prometteuse que le nombre a gérer à été divisé par six, ce qui aide plutôt bien il faut avouer.
Histoire de vaguement analyser ce que j'ai lu, je note l'évacuation discrète d'Emeline de l'équipe Franz Hopper, au profit d'Anne-Sophie, survivante et membre des 10 de Ragnarök. Quant à Matthias et Emmanuel, il n'a apparemment pas été jugé nécessaire de les remplacer par des doubles, l'équilibrage paritaire (sous la forme de Ninon et Blanche) a frappé.
Je relève également que la forme de la simulation se rapproche du combat qu'ils vont futurement mener contre le X.A.N.A de l'univers 2. Probablement un genre de hasard.
Dois-je mentionner que les références me font toujours aussi rire ? Le fait que j'arrive à les déceler aussi facilement désormais montre tout de même que je te fréquente peut-être un peu trop...
Bref, je suis à bord du vaisseau, toujours enthousiaste. Paré pour la suite du parcours, Commandant ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Spoiler
Euh... mais t'es qui toi déjà ?
Spoiler
Ce (mec) mystère résolu, voyons sur le fond en restant sérieux (c'est encore possible ?).
Citation:
La promesse des développements autour des interactions et relations entre personnages est là, et est d'autant plus prometteuse que le nombre a gérer à été divisé par six, ce qui aide plutôt bien il faut avouer.
Spoiler
Euh... ouais, ouais bien sûr.
Non en vrai, il ne faut pas trop en attendre puisque le contexte ne va pas leur laisser beaucoup de temps pour taper la discute mais cela n'empêchera pas quelques liens de cause à effet si je puis dire.
Citation:
Histoire de vaguement analyser ce que j'ai lu, je note l'évacuation discrète d'Emeline de l'équipe Franz Hopper, au profit d'Anne-Sophie, survivante et membre des 10 de Ragnarök. Quant à Matthias et Emmanuel, il n'a apparemment pas été jugé nécessaire de les remplacer par des doubles, l'équilibrage paritaire (sous la forme de Ninon et Blanche) a frappé.
Comme je l'ai dit, c'est la suite des Perles. Mais le prologue fait comme si le 11 naos ne s'était jamais passé, alors que certains indices amènent pourtant à penser que si (les Perles qui ont vrillé pendant ce même jour ne sont plus là, ou alors plus du même côté). C'est bien sûr entièrement volontaire.
Mais déjà content que le prologue rappelle l'ambiance, c'était le but (pour celui-ci uniquement).
Merci pour ton acte de présence, voici la suite !
Terre
Lorsque la lumière blanche se dissipa, les Perles constatèrent bien vite qu'elles se trouvaient au beau milieu d'une route goudronnée, certainement une voie rapide, qui ne contenait heureusement aucun véhicule. Le paysage était visiblement majoritairement végétal, il y avait même une sorte de petit bois d'un côté, mais on pouvait aussi distinguer quelques constructions humaines qui faisaient industrielles dans une autre direction. Au loin, le Soleil se couchait.
- Hum...
Thomas regardait le sol. La double ligne jaune qui séparait les deux sens de circulation de la route faisait très américaine.
- On est aux U.S.A vous pensez ? demanda-t-il.
Mais Ninon avait déjà noté le panneau situé à moins de deux mètres.
- Non. Sur ce panneau, il est écrit Rimouski et surtout Nouveau-Brunswick. Le terme « Nouveau » est clairement français non ?
- Mais les routes sont pas comme ça en France, fit remarquer Gladys.
- On est sans doute au Canada, et je dirais même, au Québec, annonça Pierre.
- Oui, bonne déduction, approuva Christophe. Mais ça nous aide pas beaucoup, planquons-nous dans ce bois le temps de réfléchir à une stratégie.
Le groupe sauta la rambarde de sécurité pour exécuter les ordres, se cachant derrière la lisière des arbres mais sans s'y enfoncer pour garder l'asphalte en visuel et surveiller un éventuel passage. L'ancien Capitaine Tarentule tira une flèche laser en direction d'un arbre. Une seule.
- Hum... il n'a pas menti. On a plus nos pouvoirs spéciaux, avoua celui qui aurait normalement fait apparaître un gant pour tirer ses multiples projectiles.
- Bon... admettons que l'on soit au Québec, marmonna l'ancien Capitaine Pierre. Cela ne donne pas davantage d'indices sur la situation.
- Et toujours aucun véhicule en vue... commenta Valérie qui surveillait scrupuleusement la route.
- Le premier objectif, c'est de se renseigner, suggéra Hervé. Donc peut-être qu'on devrait se diriger vers les bâtiments ?
- Je suppose... fit Christophe. Le gardien avait parlé d'un futur proche, en tout cas les constructions, de loin, ne font absolument pas futuristes.
- On doit vraiment être proche de l'année 2007, ajouta Céline.
- Qu'est-ce qu'on fait, on commence par envoyer des éclaireurs ? proposa Gladys. Y aller à douze me semble contre-indiqué...
Christophe regardait déjà l'horizon.
- Le Soleil se couche, cela m'embête, on a peu de temps. On va privilégier la vitesse. Pierre, tu te divises et tu envoies tes clones en Supersprint autour de l'espèce de truc industriel entouré de murs blancs là-bas.
- Aucun problème, fit l'appelé en s'exécutant.
Tandis que ses copies partaient à la pêche aux infos, Anne-Sophie fit plus attention à l'apparence de ses coéquipiers :
- Vous avez remarqué, on a changé de couleurs, signala-t-elle.
Elle avait raison : si les Perles conservaient l'apparence initiale de leur type d'avatar, ceux qui étaient en combinaison de couleur blanche depuis leur intégration dans l'équipe Franz Hopper n'avaient plus une telle unicité.
Les couleurs froides étaient clairement les plus représentées. Le pelage félin de Thierry était désormais violacé par exemple. Christophe, avec le même type d'avatar, était d'une couleur similaire, mais tirant légèrement davantage sur le bleu. L'azur justement était incontestablement la couleur dominante : Ninon en samouraï était elle-même très sombre, avec un bleu foncé presque noir. Hiroki, qui était un guerrier, avait une couleur bleue à mi-chemin entre le clair et le foncé. Avec une combinaison finalement très ressemblante, Valérie avait le droit à un ton bleu plus clair, ciel, et Blanche était elle-même sur un ton clair tirant très légèrement vers le vert, dans un effet finalement turquoise.
La couleur verte était également bien représentée, avec Céline, seule ninja du groupe, qui avait droit à un ton classique, tandis qu'Anne-Sophie était elle-même guerrier avec un vert très légèrement plus foncé que sa camarade. Thomas, guerrier également, avait lui droit à un vert distinctif, car plus clair.
À côté d'eux, les tons chauds étaient minoritaires : Pierre était avec son avatar de samouraï jaune soleil, tandis que Gladys revêtait une armure de guerrier jaune or. Hervé avait lui droit à un avatar de gardien rouge foncé, clairement bordeaux.
À la place du logo des équipes, qui était à l'origine brodé sur le flanc des épaules des combinaisons trônait toujours un cercle, non pas d'une couleur unie, plutôt une roue colorée mélangeant les trois couleurs primaires. Un étrange logo noir évoquant une étoile et une banane fusionnées remplaçait désormais les silhouettes des bestioles formant les équipes jusque là. Mais, faute du nom officiel de l'équipe donné par le Commandant, difficile de dire ce que représentait cette étrange forme...
Anne-Sophie se demandait en tout cas ce qui justifiait le choix des couleurs : elles ne semblaient a priori pas vraiment en lien avec les goûts de chacun, en témoignait Gladys qui ne jurait que par le bleu et qui se retrouvait pourtant avec limite l'inverse. Étrange...
Sept minutes et quarante-huit secondes après que les Pierre soient partis, et alors que le reste du groupe attendait toujours silencieusement son retour, un commentaire surgit :
- Pas un chat sur une deux fois deux voies en fin de journée, bâtiments immédiats déserts... Hum, je commence à me dire qu'il s'est passé quelque chose ici, analysa Thomas.
- Hey, vous avez pas entendu quelque chose ? interrogea soudain le japonais.
- Quelque chose genre quoi ? interrogea Anne-Sophie à ses côtés.
- Genre un bruit.
- Non... soupira Blanche.
- ON NE BOUGE PLUS !! LES MAINS EN L'AIR ! rugit soudain une voix en français avec un accent prononcé.
- Quoi !? s'écria en retour Thierry qui commençait à ne pas y avoir clair à cause de la diminution de la luminosité.
Une dizaine d'hommes en combinaisons militaires, avec des armes à feu type fusil d'assaut, venaient de surgir des alentours, surtout du côté du bois, où ils avaient cru se faire plus discrets. Leurs tenues noires sans insignes semblaient clairement faire d'eux un groupe paramilitaire, mais les étranges casques masquant leur visage avec une visière orange leur donnait un look plutôt futuriste. Même pour Thomas, mieux valait éviter de faire le malin avant de savoir à qui se frotter. En le voyant s'exécuter sans broncher, le reste du groupe fit d'ailleurs comme le guerrier. Les assaillants se rapprochèrent.
- Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous foutez là ? demanda l'un d'eux.
Il y eut quelques secondes de flottement, notamment parce que, du côté des Perles, se posait la question du taux d'honnêteté à utiliser en guise de réponse. Durant ce temps, un autre homme fit ce commentaire à l'un de ses collègues, que seul Pierre entendit :
- Ils ne ressemblent pas aux bestioles habituelles de X.A.N.A en tout cas.
- Ouais enfin, regarde l'autre là avec la jupe, c'est fou, il a quoi en-dessous, la fly à l'air ? lui répondit son collègue.
En conséquence, le samouraï fit quelques connexions dans son cerveau, ce qui lui permis de répondre en premier :
- On est ici pour éliminer X.A.N.A !
- Bah voyons, répondit celui en tête de gondole. Vos fringues ne font pas naturels, c'est peut-être une programmation...
Il était vrai que les Perles, toujours officiellement sous forme virtuelle comme cela leur avait été précisé, détonnaient dans le paysage avec leurs revêtements désormais diversement colorés.
- Et pas un seul ne cache son visage... commenta un autre. Ça sent l'artificiel.
- Restons calmes, souligna Thierry. Nous sommes différents mais nous avons visiblement un ennemi commun. Et nous sommes bien human after all.
- Le Québec n'a qu'un seul ennemi en plus de X.A.N.A : l'anglais, souligna l'un des hommes.
Thomas soupira bruyamment.
- Et maintenant ? demanda Hiroki, presque comme un défi.
- Ceux qui ont été envoyés ici ne sont pas les plus doués pour réfléchir, il faut bien l'avouer, signala l'homme qui se situait en tête de cortège de façon presque trop détendue vu la situation. On va tirer tout ça au clair, je vous propose de nous suivre gentiment. Histoire qu'on vous amène auprès de gens avec qui vous pourrez discuter de tout ça.
- Ça semble intéressant. Allons-y, répondit Gladys.
Elle croisa son regard avec celui de Pierre. Ce dernier était bien conscient d'être celui qui pouvait tirer son épingle du jeu. Il hocha discrètement la tête.
- Bon. Vous pouvez baissez les mains, fit le canadien. Mais vous nous pardonnerez de vous encadrer solidement. Veuillez me suivre.
Les Perles s'exécutèrent, filant désormais le train à l'homme qui les guidaient en les invitant tout d'abord à ressortir du bois pour être davantage visibles, retournant de fait sur la route, le reste du groupe armé sur le dos. Ils se mirent en marche tranquille en direction des bâtiments où Pierre avait envoyé ses clones, les dépassant sans s'écarter du bitume, tournant à droite à l'intersection avant de franchir un pont autoroutier. Encore une fois, pas un seul véhicule n'avait eu l'audace de se montrer sur ces infrastructures qui leur étaient logiquement réservées.
L'ex-équipe Franz Hopper ne posa sur le trajet aucune question, préférant se concentrer sur les indices visuels offerts par le paysage – des indices plutôt faibles, il fallait l'avouer. À un moment, une ultime bifurcation sur la gauche vers une sorte de complexe hospitalier annonçait l'entrée dans le vif du sujet : le groupe longeait à présent des maisons résidentielles qui semblaient inoccupées, en témoignait l'absence de lumière malgré la nuit fraîchement tombée. Finalement, après quelques zigzags, un immense bâtiment se présenta enfin devant eux : un complexe hospitalier de bonne taille, qui demeurait malgré tout vierge de toute luminosité à première vue. Mais pas de vie...
- Eh Mitran, encore assis sur ton steak ? fit l'un des membres de l'escorte au garde qui se trouvait là.
- Qu'est-ce que vous nous ramenez là les gars ? interrogea le dénommé Mitran à l'entrée du bâtiment, vêtu et armé comme ceux étant allés à la rencontre des Perles.
- On sait pas encore, lui répondit-on.
Le groupe s'engouffra dans l'entrée obscure, qui ne le resta pas longtemps grâce aux lumières allumées sur certaines armes. On les dirigea bien vite vers un escalier menant vers le sous-sol : certainement ce qui servait à l'époque de morgue... et qui, ironiquement, était l'endroit le plus vivant du bâtiment : il y avait de la lumière dans une large pièce, sorte de réfectoire improvisé, où plus d'une dizaine d'hommes étaient présents, ce qui portait le nombre d'inconnus à quasiment une vingtaine en ajoutant ceux qui étaient allés à la rencontre des Perles. Et même s'ils étaient techniquement dans un cadre plus détendu, pas un n'était pas équipé de manière furtive avec un étrange casque sur la tête empêchant de voir leur visage. Il y en avait un à qui il manquait visiblement une main d'ailleurs.
- Eh Klar ! Du boulot pour toi, feignasse !
L'un des types visiblement à plus forte corpulence s'approcha lentement. Il n'était pas armé.
- C'était eux à l'origine de cette lumière ? demanda-t-il, avec une voix qui semblait plutôt âgée.
- On dirait.
- Z'êtes qui ?
Cette fois, la question s'adressait clairement aux Perles. Certains y avait cogité pendant le trajet : comment gagner leur confiance sans dévoiler trop d'information ? Ceux qu'ils attendaient n'étaient toujours pas revenus... il fallait gagner du temps.
- Hum, en quelque sorte, un groupe de résistants, comme vous, signala Pierre. On est venu en finir avec X.A.N.A.
- Vous avez des dégaines franchement louches, signala un autre type à proximité de Klar. On a jamais entendu parler de vous.
- Gaulleim n'a pas tort, souligna un troisième avec un ton plus posé.
- Calmez-vous, objecta Thomas. Nous disposons d'une technologie bien supérieure à la vôtre.
- Ouais, approuva faussement Klar. Ou alors vous êtes justement une innovation de X.A.N.A.
- Bon, soupira Christophe. Nous battre ici n'arrangera rien. Si on se met sur la gueule, ça va être un carnage croyez-moi, nous sommes résistants aux balles des armements classiques, car nous nous sommes préparés à combattre X.A.N.A. Nous n'avons manifesté aucune intention hostile, et pour vous prouver notre bonne foi, nous sommes prêts à passer la nuit dehors devant l’hôpital et à monter la garde à vos côtés. Demain, nous discuterons plus précisément d'une éventuelle alliance.
La proposition était osée dans un contexte où les Perles étaient entourées par des hommes armés. Klar secoua la tête – et donc visuellement, le casque – en signe de désapprobation.
- Non, beaucoup trop risqué.
Pierre activa soudain son Supersprint pour se ruer vers la sortie, avant que qui que ce soit n'ait eu le temps de réagir. Alors que quatre canadiens allaient s'élancer à sa poursuite, tandis que le reste des Perles relevaient les mains bien en évidence pour prouver qu'ils n'avaient aucune intention hostile, le samouraï revint dans le champ de vision des autres aussi vite qu'il en était parti.
- Excusez-moi, fit-il benoîtement. J'ai cru que j'avais un besoin pressant.
- Il est sérieux ce con ? cracha l'un des canadiens.
- En tout cas, il est rapide... commenta plus calmement son collègue immédiat.
- Non mais qu'est-ce que vous croyez !? Qu'on est en train de jouer !? hurla un autre, en s'avançant, certainement rouge de colère sous son armure.
- Justement, fit Pierre. La plaisanterie a assez duré. Il est temps de parler sérieusement.
Ninon et Christophe qui se trouvaient à proximité ne purent s'empêcher de s'échanger un sourire. Visiblement, la mission semblait avoir été accomplie.
- Que voulez-vous que nous fassions pour vous prouver notre bonne foi ? poursuivait le présumé homme à la petite vessie. Voulez-vous que nous allions massacrer quelques araignées cybernétiques ?
Le dénommé Klar et un autre se regardèrent.
- Oh oh. On entre dans le vif du sujet, commenta ce dernier.
- Vas-y Jeomer, invita Klar.
- D'un point de vue tactique, nous n'avons aucun intérêt à vous proposer d'aller buter des araignées, elles sont encore loin a priori. Je pense que vous le savez parfaitement.
- Bon d'accord mais alors que voulez-vous faire de nous ? insista Pierre.
- Voilà une question intéressante, intervint Gaulleim. Je pense que nous devrions en discuter... sans vous.
- Bien entendu... ce qu'on accepte, à la seule condition de pouvoir faire de même sans être écoutés.
- Bah tiens, c'est la cerise sur le sundae ça, commenta un colosse situé plus loin.
- Hum, cela devait arriver, reconnut Jeomer.
- Pourquoi pas, avoua Klar.
- On va du côté des cadavres alors, proposa la Perle.
- Entendu.
Sous l'égide de Pierre qui visiblement connaissait bien les lieux, les Perles ressortirent dans le couloir sous l’œil malgré tout attentif des canadiens, avant de se diriger vers une autre pièce plus sombre et exiguë, qui effectivement avait certainement été utilisée à l'époque par le personnel hospitalier pour stocker des gens qui étaient davantage morts que guéris.
- Alors c'était intéressant Pierre ? demanda Blanche, curieuse.
- De quoi parles-tu ? répondit le samouraï avec un petit sourire.
- Pas la peine de faire l'ignorant, piqua Thomas qui appréciait moyennement que quelqu'un d'autre que lui puisse faire le malin.
- Ok ok, fit-il en activant de nouveau son Triplicata pour qu'un clone aille surveiller l'extérieur et s'assurer que personne ne vienne les écouter. Alors déjà, accrochez-vous bien : on est en 2020.
Un ange passa à la suite de cette révélation. Puis...
- Oui, mais c'est logique en fait, fit Hervé. Le Commandant vient du futur, il a donc parfaitement connu cette époque et peut nous y replonger d'autant plus facilement.
- Qu'as-tu trouvé comme source d'information exactement ? interrogea Valérie.
- Les bâtiments que j'ai écumé étaient déserts, mais en relativement bon état, souligna le samouraï explorateur. J'ai trouvé un laptop en état de marche contenant des informations très intéressantes. Regardez.
Le clone qui était resté dans la pièce avait ouvert un caisson qui contenait l'engin mentionné, qu'il avait préalablement planqué.
- Putain, super bien joué ! félicita Gladys.
- Oh, ce Mac fait effectivement bien plus évolué que les modèles de notre époque, constata Hervé. MacBook Air ? J'connaissais pas.
Le Pierre original l'alluma tandis que son clone dégageait ensuite le chargeur du caisson. Il avait vraiment fait les choses bien. En fouillant dans les dossiers, Pierre afficha un fichier texte nommé Mon journal. Il l'ouvrit.
- Sans rire, un journal intime mais écrit sur l'ordi ? fit Gladys, sceptique.
- Meuf, on est en 2020, souligna Hervé.
- Hum, admettons.
- Je vous laisse lire, je fais progressivement défiler, informa le samouraï aux commandes alors que le fichier était ouvert depuis déjà quelques secondes.
Journal intime d’Émeline Dumas
- Sans rire, il suffit de s’appeler Dumas pour se prendre pour Balzac ? susurra Thomas.
- Ta gueule, je lis, commenta Hiroki.
- Ah le bâtard, ricana Gladys.
- Ce qu'il dit vaut pour tout le monde... précisa Ninon.
- Hum.
28 mars : J'ai décidé de commencer à écrire ce journal le 28 mars 2020 car j'ai le pressentiment qu'il commence à sérieusement se passer quelque chose. Depuis quelques semaines, l'actualité est saturée par l'épidémie de coronavirus partie de Chine et qui a l'air se répandre partout alors même que la plupart des gouvernements semblaient penser que le risque que l'épidémie sorte de Chine est faible. Pourtant, depuis le début du mois, le Québec ne cesse de mettre en place des mesures restrictives pour freiner la propagation du virus. Depuis le 22 mars, nous avons basculé dans un confinement jamais vu. J'ai été choquée aujourd'hui par l'annonce de la mise en place de barrages routiers, on a l'impression de basculer petit à petit dans un climat de guerre face à un ennemi invisible. Surtout, je ne peux m'empêcher de noter que cette décision de confinement suit de quelques jours celle qui a eu lieu dans d'autres pays, comme la France, dont j'ai une connaissance un peu plus grande, outre la proximité linguistique, grâce à ma grande sœur Juliane qui y vit et qui nous donne régulièrement des nouvelles.
3 avril : Je n'ai pas réussi à écrire pendant deux jours tellement j'étais bouleversée par ce qu'il s'est passé. Quand j'avais le sentiment qu'il se passait quelque chose, je ne pensais pas que j'allais basculer dans un film de science-fiction... Je n'ai pas l'impression que ça ait de rapport avec la pandémie de coronavirus mais à partir du 1er avril, il y a des robots qui ont commencé à apparaître littéralement de nulle part en Europe et qui ont fait un carnage dans un grand nombre de capitales européennes dans l'Ouest du continent : Paris, Londres, Berlin, Rome, Amsterdam, Bruxelles, Madrid... c'est le chaos. Le choix de la date était parfaite, entre ceux qui ont crû à une blague et ceux qui ont d'autant moins vu venir le truc qu'ils étaient confinés. Je suis inquiète pour ma sœur.
4 avril : Les robots continuent d'apparaître de façon aléatoire, sans que les armées soient capables d'anticiper leur arrivée. C'est désormais les grandes villes du Nord de l'Europe qui sont ciblées en priorité. Les gens là-bas, ne respectent plus le confinement imposé face au coronavirus quand il était en place dans leur pays. On ne peut pas rapatrier ma sœur au Canada, il n'y a plus aucune liaison aérienne de toute façon.
7 avril : On a plus de nouvelles de ma sœur. Maintenant les robots n'attaquent plus uniquement les grosses capitales, les grandes villes y passent aussi. Elle n'est pas concernée mais... j'ai vraiment très peur pour elle. Les États-Unis et le Canada n'osent même pas envoyer de l'aide humanitaire tellement la situation est chaotique et incomprise. Et à l'Est, même Moscou s'est faite dégommer, on annonce déjà la mort de Poutine.
8 avril : Pékin et Tokyo ont subi l'attaque des robots il y a quelques heures. Pourquoi ceux-ci s'arrêteraient là ? Entre l'Angleterre et le Japon, il y a déjà une distance faramineuse. L'Océan n'y changera rien, je pense qu'on sera les prochains. J'essaye de me limiter à l'essentiel dans l'écriture car en ce moment, je passe de plus en plus de temps avec mes parents, comme si on allait bientôt mourir.
9 avril : On dit que l'origine de la menace des robots, en recoupant l'activité internet, serait en Sibérie. De toute façon, la Russie n'existe probablement déjà plus. Grâce à des indices sur le réseau, elle a désormais un nom, qui est sur toute les lèvres : X.A.N.A.
11 avril : Devant l'ampleur du carnage, les pays américains ont mis en place une coalition inédite et des troupes militaires vont être envoyées en Sibérie. On a l'impression de revivre ce qu'on apprend dans les livres d'histoire. Mais j'avoue que la situation me semble bien plus inquiétante, parce que les robots apparaissent de n'importe où, on comprend pas. Pour l'instant, l'Afrique semble relativement épargnée même si les pays du Nord ont quand même été considérablement touchés. Il y a des rumeurs qui disent que des zombies auraient été aperçus en Irlande du Nord. Il est impossible de démêler le vrai du faux.
13 avril : Ils auront mis 24 heures pour le reconnaître. L'opération militaire est visiblement un fiasco, si j'ai bien compris, c'était un piège de X.A.N.A, même si pour l'instant ici personne ne sait quoi. En tout cas, l'aviation qui s'est engagée en Sibérie ne reviendra jamais, ça, tout le monde l'a bien compris.
15 avril : Ça y est. Des rayons lasers, apparemment tirés depuis un satellite dont même la N.A.S.A ignorait l’existence, ont ravagé New-York et Washington. Des araignées géantes mécaniques ont commencé à sortir de la forêt amazonienne et sèment la panique en Amérique du Sud. Pour l'instant, le Canada n'a rien mais des millions d'américains commencent à s'enfuir chez nous alors même que les frontières sont censées être fermées à cause du Covid-19. Toujours aucune nouvelle de ma sœur. Mais je n'en attends plus vraiment. Je m'attends plutôt à bientôt la rejoindre.
16 avril : Les araignées sortiraient de la forêt par milliers. Elles remontent inexorablement vers le Nord. Le Mexique n'est plus qu'un champ de ruines, et le Sud des États-Unis lutte déjà. Mais jusqu'à quand ?
- Hum. Ça s'arrête comme ça ? demanda Blanche.
- Ouais, confirma Pierre. Plutôt glauque nan ? J'imagine qu'ils se sont enfuis eux aussi mais je vois pas trop où vu la situation décrite. Ou alors ils sont morts.
- On pourrait certainement en apprendre plus en discutant avec ces types, mais difficile d'expliquer qu'il nous manque des informations clés sur un truc aussi énorme... nota Thierry.
- En tout cas, le Commandant a mis le paquet sur cette simulation, avoua Valérie.
- Ouais. Mais en attendant, la question de Thierry est très pertinente, souligna Christophe. Va falloir régler ce problème.
- Bah on pourrait pas tout simplement « kidnapper » un des types pour le faire parler ? suggéra Gladys. Et ensuite on le tue discrètement pour ne pas qu'il nous balance aux autres.
Devant l'air choqué des autres mis à part Hiroki et Thomas, elle précisa :
- C'est pas vraiment un meurtre. On est dans une simulation. On en a rien à foutre !
- L'idée est à méditer, avoua Pierre. Mais même s'ils n'existent pas vraiment, j'imagine que ces types peuvent être utiles contre X.A.N.A, donc il vaut dans tous les cas mieux ne pas leur donner de raison de se méfier. Un des leurs qui disparaît en gros quand on apparaît, c'est quand même un peu douteux niveau timing, même si rien n'empêche d'essayer d'accuser le bordel ambiant.
- Une meilleure idée peut-être ? lui répondit la blonde, agacée.
- En vrai, on a déjà assez d'infos, souligna Thomas. On donnait déjà avec quasi-certitude deux des trois objectifs : l'Amazonie et la Sibérie. Rien n'empêche de s'en occuper, si ça se trouve, on découvrira le troisième dans le feu d'l'action.
- Je suis d'accord, souligna Ninon. Avec les infos du journal, facile de faire genre qu'on débarque pas auprès des autres gus, on devrait pouvoir les convaincre malgré tout.
- C'est pas comme si on avait parmi nous des experts de la manipulation au quotidien... ajouta Blanche avec un petit rire.
Christophe et Gladys se lancèrent un regard tandis que Thomas arborait pendant quelques secondes un air détaché trop parfait pour être sincère.
- Cela dépend aussi de ce qu'ils auront décidé pour nous, rappela Anne-Sophie.
- Oui, il y a cette donnée aussi, confirma Céline, l'air inquiète.
- De toute façon, mon clone garde la porte, rappela Pierre. On va tout simplement attendre qu'ils viennent : s'ils ont l'air hostile, il les retiendra le temps qu'on se casse.
- Très bien, confirma Christophe. Tu peux aller lui donner ces instructions là. On attend, et d'ici là, peaufinons notre stratégie pour l'entrevue avec eux...
Le groupe des Perles était de nouveau dans l'espèce de salle commune, entouré par les soldats aux armures futuristes – avec les éléments du journal lus précédemment, le groupe comprenait mieux pourquoi ils gardaient leurs casques constamment sur la tête : c'était sans doute à cause de l'épidémie de Covid-19. De loin, le clone de Pierre n'avait pas eu l'impression qu'ils revenaient pour les découper, d'autant qu'il n'y avait eu que deux émissaires dans le couloir. Ainsi, l'équipe avait décidé, de bonne foi, de les suivre pour retourner discuter avec Klar.
- Sous réserve que vous répondiez à quelques questions, on est ok pour collaborer, annonça justement le casqué à forte carrure.
Ce scénario avait été anticipé par l'ex-équipe Franz Hopper compte-tenu de la parcimonie avec laquelle ils avaient livré leurs informations lors du premier échange.
- Pas de problème, répondit Pierre.
Il avait été décidé que le samouraï resterai le principal interlocuteur des adultes jusqu'à un éventuel accord, vu que c'était lui qui avait de facto pris le lead à la fin de la séquence précédente. Dans le camp canadien, Klar avait visiblement délégué la chose à Jeomer car c'est ce dernier qui poursuivit :
- Déjà, les classiques : qui êtes vous et pourquoi débarquez-vous ici maintenant ?
- Pour être très transparents, nous ne sommes pas vraiment humains en fait, nous sommes une innovation de l'U.S Army et personne d'autre ne serait au courant de notre existence s'il n'y avait pas la menace X.A.N.A. Je vais éviter de rentrer trop dans les détails techniques mais vous pouvez considérez que nous sommes en quelque sorte des androïdes. Donc oui, nous ne sommes pas biologiques, donc pas de risque de Covid-19 ou de virus mutant. Nous avons donc été créés pour le combat et nous sommes tous armés même si ça ne se voit pas toujours – tandis que Pierre prononçait ses mots, Hiroki faisait apparaître son zanbatō et Céline ses éventails, pour la preuve visuelle. Le lieu où nous étions entreposé ? Même nous, nous n'avions pas accès à cette information hautement confidentielle, mais clairement quelque part dans la région des Grands Lacs, dans le Michigan. Sauf que comme notre base était censée être secrète, elle n'était pas si lourdement équipée pour se défendre. Quand les araignées ont attaqué, nos supérieurs nous ont envoyé ailleurs le temps que notre processus d'activation, qui prend plusieurs jours, soit complet, parce qu'on ne pouvait pas générer nos pouvoirs. On a passé la frontière jusqu'à nous retrouver ici, mais comme on est un peu paumé, on voulait trouver des survivants, parce qu'on savait que jusqu'ici, le Canada n'avait pas été trop attaqué. Faute de connexion internet, impossible pour nous d'apprendre seuls. Or, nous sommes a priori le dernier espoir de l'humanité.
Gaulleim ne put retenir ce commentaire :
- Une attaque de ce genre dans le Nord des États-Unis... ça veut dire que même le froid ne les arrête plus.
- Cela devait arriver, on est quand même en janvier, lui répondit un autre homme en armure qui ne s'était pas présenté. Peut-être que X.A.N.A a adapté ses créatures à la température.
Les Perles du Neith enregistrèrent mentalement une information qu'elles n'avaient pas. Janvier ? Donc, janvier 2021 ? Elles n'auraient pas pensé que la situation resterait en stand-by si longtemps...
- Bref, ce premier exposé devrait éliminer pas mal de questions, commenta Pierre, qui voulait éviter de se faire cuisiner trop longtemps pour que les adultes ne crament pas d'incohérences flagrantes.
- C'est vrai, admit Klar. Mais pourquoi cette apparence d'adolescents ?
- Moins prévisible. Plus efficace pour tromper l'ennemi. Mais en l’occurrence, contre un virus informatique, ça ne fonctionne pas vraiment...
- Et la lumière blanche qui nous a permis de vous repérer ? interrogea à nouveau Jeomer.
- Elle marque la fin de notre processus d'activation...
- Ah.
Les deux soldats principaux s'étaient regardés. Les éléments semblaient se recouper mais...
Pierre s'engouffra dans cette hésitation apparente.
- Écoutez, notre autonomie n'est pas non plus illimitée et on consomme pas mal d'énergie. D'ici une à deux semaines, on pourrait perdre de nouveau nos pouvoirs. On a eu la chance de se rencontrer, vous êtes nombreux et vous pouvez également vous battre. C'est le moment d'en profiter pour envisager une sortie à ce merdier. Cela dure depuis trop longtemps.
Bingo. La lassitude des hommes, en mode survie depuis donc logiquement plusieurs mois, était palpable dans leur posture, même sans voir leurs visages casqués. Klar l'avait sans doute remarqué aussi, car il avait pris le temps de balayer la pièce du regard. Les hommes avaient la falle basse. Il déclara ainsi :
- Ok, on marche. Mais rien n'est réglé pour autant.
- Je n'en suis pas si sûr... commenta le samouraï. On sait déjà à peu près où attaquer l'ennemi non ?
Un mec en armure qui ne s'était pas trop exprimé jusqu'ici intervint :
- Vous rigolez, on parle d'un virus informatique. Il n'a pas de point faible physique.
Ce fut cette fois Thierry qui intervint après avoir secoué la tête :
- Non, je pense que ce n'est pas ça. L'état de la planète est tel que X.A.N.A a forcément pris ses précautions. Il a pu choisir de rester sur le réseau tant qu'il existe, mais s'il cesse de fonctionner faute d'humains ? Mais j'admets que cette théorie est pour l'instant invérifiable.
- Hum. J'ai peut-être une idée, poursuivit celui qui, comparé aux autres, était plutôt petit et corpulent par rapport à la moyenne.
- On t'écoute Venctin, encouragea Klar.
- Je pense que certains terminaux internet de la base militaire sont potentiellement encore en état de marche. À l'époque, je travaillais dans la boîte qui avait obtenu le marché pour le renouvellement des installations... et je peux vous dire que c'est du solide. On pourrait éclaircir nos informations là-bas. Mais je n'ai de connaissances qu'en – navré pour mes collègues – hardware, je ne pourrais pas vous aider s'agissant du software.
- Ce n'est pas un problème, assura Thierry.
- Il y a une base militaire près d'ici !? s'étonna Ninon.
- Oui, confirma un autre type. Au Nord-Ouest à Bagotville genre. C'est pas très loin... sauf que y a le Saint-Laurent à traverser. En faisant le tour c'est plus long... quelques heures en voiture.
- Et vous avez des véhicules ? interrogea Blanche.
- Pas vraiment, mais les voitures abandonnées, c'est pas ce qui manque du côté de la ville... Certaines ont certainement encore de l'essence.
- Ohlala, je sens qu'on est sacrément en train de mettre un bras dans le tordeur, commenta une voix canadienne depuis le fond de la cantina.
- Bien, bien, commenta Christophe. J'ai toutefois une question : elles sortent d'où vos armures à vous ?
- On les a bricolé nous-mêmes, répondit Klar. En additionnant nos savoir-faire respectifs, dès le début des événements chaotiques, on a anticipé pour avoir de quoi être prêts quand le chaos interviendra.
- On a eu raison, ajouta Gaulleim.
- Vous vous connaissiez d'où ? interrogea Valérie.
- On jouait dans le même club amateur de football. Ça crée des liens, répondit un autre au nom inconnu tandis que Gladys hochait la tête d'approbation sous l’œil sceptique d'Hervé à ses côtés.
- Hum hum, répondit simplement Christophe, encaissant l'information.
BFC Bagotville
- La voie est dégagée, annonça Ninon, son avant-bras gauche près de la bouche, un homme en armure avec elle. - Roger, confirma Anne-Sophie à distance.
Restant à couvert près de l'imposante porte en fer, la samouraï observa le détachement composé de Thierry, Thomas, Hiroki et trois alliés canadiens se ruer vers elle, la faire exploser en deux salves d'énergie, avant de pénétrer dans la pièce du terminal, déserte.
- La BA n'avait aucune sécurité ? interrogeait le japonais.
- Hum, ce n'est à la limite pas si étonnant, les raids de X.A.N.A jusqu'ici sont encore peu fréquents, répondit l'un des canadiens en armure, qui s'était présenté sous le nom de Darion.
Certainement un pseudonyme, comme les autres d'ailleurs.
- Ok, voici le terminal militaire d'accès, informa Venctin, également dans le groupe.
Effectivement, une grosse machinerie munie d'un écran étant présente dans cette pièce, qui par ailleurs n'était éclairée que par les luminaires fixés sur les armes des canadiens, faute de courant.
- Pierre est en place ? Parce que nous oui, signala Thomas à son avant-bras. - Ouais, préparez-vous à l'activation du courant, lui répondit la voix de Gladys.
À l'autre extrémité de la base, le groupe de Blanche était en effet arrivé dans la salle des générateurs. Les installations étaient en parfait état mais la production énergétique du pays étant devenue quasi-nulle, elles ne pouvaient fonctionner. C'était les autres guerriers qui, en générant leurs salves d'énergie avec leurs zanbatō mais sans les lancer, allaient pouvoir rétablir temporairement le courant. Effectivement, quelques dizaines de secondes plus tard, la lumière fut relancée dans le complexe, de même que les installations informatiques.
- Bon, ça avance ? demanda la voix impatiente de Gladys.
- Z'êtes marrant, répondit Venctin en parlant sur l'avant-bras de Thomas. Le terminal était sous Windows XP. Il a mis du temps à se lancer. Puis bon là c'est pas un sac de clous mais presque. - Ah. Euh... ouais forcément. Euh, bon bah, roger.
Thomas reporta son attention sur ce qui se passait. Thierry venait enfin d'entrer dans le vif du sujet.
- Y a pas internet, annonça celui-ci.
- Hum. C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle, commenta Venctin.
- Mais cette base faisait partie du réseau de l'OTAN, et les fichiers internes ont quand même leur intérêt.
- Ah ? réagit Hiroki.
- Les coordonnées supposées de la base amazonienne y sont. Bon, le périmètre est un peu large mais rien d'insurmontable pour nous.
- Génial ! commenta Thomas.
- Idem pour la Sibérie, même si là, ils ont dû avoir plus de mal, la zone à couvrir est beaucoup plus étendue. On prend toujours.
- Excellent. Mais là, ce qui serait parfait, c'est que j'ai des infos sur le fameux troisième point.
- Je sais. Je cherche.
- Et ça lui prend tout son p'tit change là, précisa Venctin qui suivait toujours à côté. - Thomas, on est attaqué par une horde de rats visiblement possédés à l'extérieur, annonça la voix d'Anne-Sophie. Apparemment, c'est X.A.N.A. On fait le maximum pour qu'ils n'entrent pas, mais le mieux serait que vous vous dépêchiez.
- Pff, de mieux en mieux. Thierry ?
- J'ai entendu. Écoute je sais pas si c'est ça mais apparemment le centre spatial de Kourou en Guyane, pourtant très proche de l'Amazonie, a été laissé intact par X.A.N.A, ce n'est sûrement pas un hasard.
- Ouais, on s'en contentera. Retiens bien les coordonnées, on dégage d'ici !
Un coup de feu. Darion venait de dégommer un gros rat qui leur fonçait dessus. Deux secondes après, l'éclairage s'évanouissait.
- Forcément, le groupe de Pierre s'est tiré aussi. Ne prenons pas de risques inutiles, les rats ont l'avantage à l'intérieur dans la pénombre. Hiroki, avec moi !
Les deux guerriers, plutôt que de s'embêter à ressortir de la base par les entrées conventionnelles, décidèrent simplement d'aller tout droit en direction du point de rendez-vous, du côté des pistes de décollage. Ils démolirent pour cela deux murs pendant que Thierry, Ninon et les quatre adultes les couvraient. La sortie venait d'être créée. Dehors, le Soleil se couchait.
- Vous pouvez détruire le bâtiment ! hurla Thomas. On est dehors ! - Nous aussi ! précisa la voix de Gladys en distanciel.
- À terre ! hurla Jickan, l'un des canadiens à la carrure imposante qui faisait partie du groupe de Thomas.
Son unité vit passer juste au-dessus une roquette de bazooka qui vint s’exploser dans l'infrastructure dans leur dos, le souffle de la déflagration les maintenant quelques secondes au sol. Puis, ils se relevèrent.
- Go ! ordonna Thierry alors que Ninon, en Supersprint, qui elle avait eu le temps de s'éloigner avant l'explosion, revenait s'occuper de deux rats qui avaient quand même réussi à passer.
Gaulleim, un peu plus loin, se hâta d'abandonner son bazooka au sol pour pouvoir suivre la cadence de course. Les deux détachements qui avaient infiltré la base militaire se regroupèrent plus loin, là où le reste des canadiens et des Perles s'étaient rassemblés, autour d'un avion de chasse a l'air plutôt futuriste avec sa passerelle de chargement arrière ouverte, et d'un hélicoptère de combat que Aleng, l'un des canadiens qui était aux commandes, finissait de poser à proximité.
- Mon groupe ! Ce sera l'hélico ! hurlait Christophe tout en tirant autour de lui pour dégommer des rats qui fonçaient sur eux. Les autres, avec les canadiens !
Ceux qui étaient déjà là s'exécutèrent, entrant dans les aéronefs. Mais Gladys, Blanche et Valérie n'étaient pas encore là, car elles arrivaient de plus loin, d'un tout autre secteur de la base. En plus, un curieux bruit de fond commençait à se faire entendre depuis les alentours.
- C'est quoi ce bruit ? interrogea Hiroki.
- Des zombies, si j'en crois les témoignages que j'avais lu, informa aimablement Klar, canon de l'arme bien pointé sur l'horizon. On en avait pas croisé un seul dans le secteur nous.
- Génial.
Heureusement, les Perles du Neith manquantes déboulèrent en premier sur la piste, arrivant dans le champ de vision des autres en s'extrayant de derrière le bâtiment à l'opposé de celui, plus proche, dont étaient sortis le groupe de Thierry, et désormais à moitié effondré. Leurs alliés qui les regardaient au loin commençaient effectivement à apercevoir derrière eux des silhouettes humanoïdes, mais celles-ci semblaient marcher particulièrement lentement... pitoyable.
- Aller aller aller ! hurla un canadien du nom de Yakin en abattant le dernier rat visible sur la piste tandis que le dernier groupe embarquait à son tour dans l'avion. C'est bon on remballe !
Tandis que l’hélicoptère commençait à nouveau à s'élever au-dessus du sol, l'avion referma son ouverture de soute et se mit à pivoter sur la piste. Celle-ci commençait à se remplir progressivement d'humains à la peau verdâtre, zombifiés donc, et de quelques rats tardifs de l’assaut, mais ça n'avait plus aucune importance : fonçant sur la piste largement assez longue pour lui permettre de décoller, soufflant les malheureux pantins de X.A.N.A se trouvant trop près, l'engin piloté par Klar s’éleva dans les airs à son tour. Après s'être élevé suffisamment haut, l'avion militaire se mit à effectuer des cercles autour de l’hélicoptère afin de ne pas trop s'en éloigner. - Procédons comme prévu, annonça la voix de Christophe qui pilotait l'autre véhicule aérien. On a les coordonnées relatives de Thierry. On met le cap à l'Ouest pour s'occuper de la base sibérienne.
- Entendu, confirma Pierre. On va s'attaquer à l'Amazonie et éclaircir cette histoire de centre spatial.
- En cas d'urgence, vous connaissez la procédure, rappela Ninon.
- Yes, faîtes gaffe à vous, répondit Blanche. - Vous aussi, fit en retour Anne-Sophie.
L'hélicoptère se mit à filer vers l'endroit où le Soleil était en train de définitivement s'échapper. Mais quelques secondes plus tard, une sorte de rayon laser venu du ciel s'écrasa sur la base aérienne, dévastant tout sur son passage dans un rayon de plusieurs kilomètres. Les passagers de l'avion furent eux-mêmes secoués par la turbulence provoquée par cette explosion. - Oh mon dieu ! s’exclama la voix de Céline. Ne me dites pas que c'était...
- Si, confirma Jeomer. Un tir de satellite. X.A.N.A nous avait repéré. On a bien fait de se dépêcher. - Mais il pourrait détruire le Japon d'un seul coup avec un truc pareil !
- On avait eu des rumeurs de ce style, avoua Joseg, le canadien qui avait mené l'opération menant à la cueillette des Perles dans les bois. C'est pour ça qu'on se terrait de préférence dans les sous-sols. Heureusement, il a visiblement besoin d'un temps de chargement. - On doit plus que jamais trouver ses bases, parce qu'une fois suffisamment proches, il ne pourra pas tirer au satellite dessus, analysa Ninon.
- Exactement, confirma Thomas. Alors au boulot. - Ok, à tantôt les gars, salua Christophe.
- Aller, nous aussi, on a d'quoi faire, annonça Klar depuis le poste de pilotage, secondé par Hervé au siège de copilote. J'allume !
L'avion s'échappa à son tour à l'horizon vers le Sud, laissant les ruines fumantes de la base aérienne définitivement derrière eux.
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Colombie-Britannique, dans la journée
Il avait déjà eu le temps de faire le tour de la planète une fois et vu la position actuelle du Soleil, les Perles de l'équipe Asie volaient certainement depuis plus de 35 heures – dans leur pays d'origine, cela aurait été illégal (ou à défaut, grassement compensé, engendrant d'autres types de problèmes). Christophe, après un angle plutôt Sud-Ouest dans un premier temps, avait maintenu le cap tout du long, ayant constamment, d'une certaine façon, les États-Unis à sa gauche, le Canada à sa droite, même si ces considérations territoriales n'avaient certainement plus grand sens dans la simulation du monde actuellement proposée par le Commandant. Des paysages plutôt sympathiques, et surtout déserts, ayant permis à chaque fois que c'était nécessaire de se poser dans des endroits sécurisés pour recharger l'appareil en kérosène, grâce aux bidons que Christophe et quatre canadiens avaient subtilisés dans la base militaire, qui n'en manquait évidemment pas (du moins, avant de se faire exploser au satellite).
Mais l'océan n'était toujours pas en vue, et tous les bidons avaient été utilisés. Ils ne devaient pourtant plus être si loin selon les calculs de l'équipe mais actuellement, ils survolaient toujours des paysages montagneux. L'alarme de bas niveau de carburant venait toutefois de retentir.
- On va devoir se poser sinon le moteur aura bientôt des ratés, informa le pilote Christophe.
- J'aperçois un immense lac, signala Anne-Sophie qui regardait à travers le hublot de son côté, vers le Nord. Et là, une route. On dirait aussi des bâtiments là.
- Bon, faisons ça tranquillement.
Tandis que le convoi amorçait sa descente sous un magnifique ciel bleu clair, les passagers profitaient des quelques secondes en altitude restantes pour bien observer les alentours. Il semblait effectivement y avoir une petite ville construite au bord du réservoir d'eau naturel, même si cela ressemblait plutôt à des campings. Se poser au beau milieu de la route avait l'avantage de bénéficier d'un point de vue relativement dégagé. Pour maximiser ce fait, Christophe avait d'ailleurs choisi de dépasser légèrement les constructions pour se mettre en plein milieu d'une intersection en sortie de ville. L'endroit avait en effet l'avantage d'une bonne visibilité, la végétation des collines environnantes étant essentiellement constituée de mousse, sans aucun arbre. Il y avait aussi un panneau : Savona Access Rd, pour le nom de l’embranchement qui s'écartait de la route principale. Les Perles en prenaient bonne note mais ça ne les aidait pas beaucoup.
- Super. Et maintenant ? commenta la Samouraï.
- Nos formes ne nous permettent pas de sentir réellement la température mais... j'ai comme l'impression qu'il fait un climat étrangement doux pour un hiver canadien, commenta Anne-Sophie.
- On est en 2021 maintenant, c'est sûrement le réchauffement climatique, ricana Céline, qui, outre son côté de conservateur bon teint malgré son âge, ignorait fatalement que le terme dérèglement climatique était désormais plus approprié lors de cette nouvelle décennie.
- Peut-être bien.
- Mefiat, professa le noir. Je ne veux rien laisser au hasard.
Un râle se fit soudain entendre au loin, depuis la route de l’embranchement, justement côté ville. Un humain à la peau verdâtre, marchant lentement, apparût dans le champ de vision des Perles. Plutôt petit à vrai dire, il s'agissait à bien y regarder d'un enfant. Une petite fille qui devait avoir 7 ou 8 ans.
- « Menace » en vue, annonça la ninja en faisant apparaître ses éventails.
- Hum, commenta simplement Anne-Sophie.
- C'est ridicule... précisait déjà Céline en faisant tomber en poussière l'ennemi à distance avec son armement.
- Oui mais le zombie en soi n'est pas la vraie menace, fit Christophe. Le problème vient plutôt du fait que X.A.N.A peut nous localiser grâce à ce genre de merdes. Et tirer au satellite. On ne devrait pas s'attarder.
Par réflexe, le groupe pris la direction opposée aux campings, pouvant héberger davantage d'ennemis et de cachettes, histoire de bouger quand même un minimum avant de trouver une solution de plus long terme. Car...
- Si on croise du zombie à chaque vallée, ça va être chiant, souligna Anne-Sophie.
- Hey, le lac est devenu plutôt un fleuve là, signala Ninon, qui jouait les éclaireuses en Supersprint.
En effet, quelques centaines de mètres plus loin, la route devenait un pont pour traverser un cours d'eau tout de même assez large. Mais sa taille n'avait rien à voir avec celle du lac aperçu en hélicoptère.
- Oui je vois. Cela semble s'agrandir là-bas, fit Anne-Sophie en pointant du doigt l'horizon à droite. Là-bas, c'est le lac je pense.
- Le côté fleuve... c'est bien l'Ouest non ? interrogea Christophe.
- Ouais je crois bien, confirma Ninon.
- En vrai, ça se tente. On va suivre le cours du fleuve qui serpente probablement entre les montagnes vu la topographie de la région. Mais surtout, le fleuve, il se jette bien quelque part... vous me suivez ?
Les trois filles suivaient. Avec leur forme inhumaine, les Perles pouvaient d'autant plus facilement se dissimuler dans l'eau – évitant ainsi de croiser des personnes aux intentions hostiles – qu'elles n'avaient nullement besoin de respirer. Elles ne craignaient pas non plus le froid. Non, vraiment, c'était du tout cuit. L'argument de Christophe était d'autant plus intéressant que le pont sur lequel ils se trouvaient s'était partiellement effondré, et qu'un trou d'une bonne dizaine de mètres dans les autres côtés de la route empêchait de rejoindre facilement l'autre rive. Alors l'équipe se jeta à l'eau.
Comme prévu, les quatre Perles s'étaient laissées porter par le courant. Sur un nombre de kilomètres certainement à trois chiffres, avec un canal relativement large, puis plus court, avant de rejoindre visiblement une rivière plus importante qui filait à première vue plein Sud, toujours au milieu des montagnes, ils s'étaient laissés porter par le courant, nageant malgré tout sous l'eau pour accélérer le mouvement. Ils ne s'étaient pas arrêtés de nuit – après tout, ils n'avaient pas besoin de dormir – même si la moins bonne visibilité les amenait fatalement à ralentir en compensation.
Avant de décrire un important coude vers l'Ouest, le fleuve qu'ils suivaient passait à proximité d'une ville qui semblait déjà plus imposante, sûrement un indice du fait qu'ils étaient descendus en altitude. De plus en plus d’îlots de végétation à même la rivière commençaient à apparaître... Puis là, une autre ville. Et ensuite, de plus en plus de bâtiments... ils étaient finalement arrivés dans une agglomération après un peu plus de 24 heures dans l'eau. Malgré l'évidence, à savoir que l'aménagement du territoire évoquait un secteur à forte densité de population, il n'y avait pas âme qui vive d'un point de vue sonore. Le fleuve avait été fréquemment aligné sur la route ou même une voie ferrée, mais ni voiture, ni train n'avaient été décelés.
À un moment, alors qu'ils se situaient certainement quasiment à destination, le cours d'eau se séparait, et l'équipe ne savait pas vraiment quelle direction prendre. Christophe fit signe aux trois filles de le suivre. Sur leur gauche, il y avait une sorte de port commercial car on notait la présence de porte-conteneurs. Sur la droite, il y avait un espèce de ponton touristique en bois. Les quatre Perles se regroupèrent en-dessous, près d'un pilier, à couvert.
- Bougez pas.
Le félin était effectivement le mieux armé pour escalader le pilier puis les barreaux pour se retrouver à nouveau sur le plancher des vaches, alors qu'il n'y avait pas de présence humaine notable malgré l'heure vraisemblablement méridionale. Il avisa un petit panneau qu'il examina brièvement, présentant l'endroit où il se trouvait actuellement, The Fraser Delta – Fraser était en fait le nom de la rivière – cela confirmait également qu'ils étaient bien arrivés à Vancouver, objectif de leur périple.
Malheureusement, ce panneau à touristes n'était pas assez précis pour lui permettre de connaître la bonne direction à suivre. Il allait devoir s'infiltrer dans la ville davantage, même si le danger était minime : il n'y avait certes personne, mais visiblement pas depuis tellement longtemps, car aucune structure ne menaçait ruine. Bref, le moment idéal pour se pointer et chercher un plan de Vancouver. Et puis, au-delà de son avatar de félin, Christophe était d'autant plus habitué à se déplacer sans se faire repérer en milieu urbain qu'il s'était fait une petite réputation de voleur de barbecues publics lors de ses dernières vacances en famille dans le Sud, avant le Neith et tout ce bordel. Pour toutes ces raisons, il revint moins d'un quart d'heure plus tard, sans dommage.
- C'est bon, j'ai la réponse à nos interrogations. Go.
Ils empruntèrent ainsi le bras du Fraser le plus à droite, poursuivant leur cheminement sous-marin, longeant un nouvel îlot, passant sous un pont. Ensuite, une nouvelle île, bien plus longue, et d'autres ponts. Avant d'arriver à un dernier embranchement. Christophe choisi de prendre à droite... puis à gauche, avant que le canal ne s'élargisse... et ne s'arrête. Les Perles étaient arrivées dans un embranchement sans issue. Elles retrouvèrent pied avant de se stopper à l'abri des regards sur le rivage, qui n'était plus citadin : il y avait de la végétation éparse. Et sur l'autre flanc du sentier qu'ils venaient de rejoindre s'étendait l'océan, même s'il n'était encore que pris en étau dans le détroit de Géorgie. Au loin, on apercevait d'ailleurs l'île de Vancouver qui l’enserrait.
- De ce côté, indiqua Christophe en montrant plutôt l'opposé. C'est l'aéroport de Vancouver. On va s'inviter...
- Un aéroport civil ? Tu penses qu'on va trouver du matériel militaire comme la dernière fois ? s'enquit Céline.
- J'imagine que non mais mon excursion dans la ville m'a confirmé que les infrastructures sont relativement intactes alors que l'endroit a été abandonné. On va bien trouver un avion en état...
- Tu veux aller en Sibérie avec un avion de ligne !?
- Je peux tout piloter, répondit simplement l'ancien Capitaine Tarentule avant de commencer à se mettre en route en restant accroupi vers son objectif, Ninon et Anne-Sophie sur ses talons.
- Oui, je me souviens surtout que tu m'avais dit que tu savais déjà tout piloter, sauf les avions... marmonna la ninja pour elle-même avant de leur emboîter le pas.
Là où Christophe n'avait pas tort, c'était que l’aéroport n'était pas plus habité que la ville. Une fois le grillage d'accès aux pistes sectionné à l'ancienne, plus rien ne pouvait empêcher l'équipe de s'infiltrer sur le tarmac.
- Il y a quelque chose d'illogique, souligna Anne-Sophie.
- Quoi donc ? demanda Céline.
- Vous trouvez pas la situation étrange ici ? Il n'y a personne et tout est intact. Mais on a pas croisé d'ennemis. Si la « menace » n'a pas pris possession des lieux, mais que les gens sont partis si vite que tout a été laissé en l'état, qu'est-ce que cela peut signifier ?
- Une menace imminente qui n'a finalement pas frappé ? proposa Ninon.
- C'est vrai que c'est un peu louche, reconnut le noir. Restez attentives.
Rapidement, à force de se promener à l'extérieur, les Perles découvraient quelques avions, en majorité de compagnies canadiennes ou américaines. Mais c'est lorsqu'il aperçu un appareil de la compagnie Philippine Airlines que Christophe sembla animé d'une lueur nouvelle.
- Oh oh. Bingo.
- Quoi ? Tu veux vraiment prendre l'avion d'une compagnie d'un pays du tiers-monde ? s'enquit Céline. Je...
- Abrutie, coupa son interlocuteur masculin. Les Philippines c'est à perpet'. Si cet avion était en préparation pour retourner là-bas, il aura largement assez de carburant pour aller jusqu'en Sibérie, tu crois pas ?
- Oh, c'est juste.
Mais pour investir un avion de ligne, encore fallait-y pouvoir y entrer. Pas de problème pour Christophe l'autoproclamé conducteur de tout type d'engin qui savait en tout cas a minima conduire le camion amenant l'escalier permettant à Anne-Sophie d'atteindre la poignée extérieure de la porte avant. Le garçon alla s'assurer que l'appareil était bien fonctionnel et chargé tandis que les autres faisaient le guet. Mais aux alentours, il n'y avait définitivement pas âme qui vive.
Constatant effectivement que l'engin de modèle Airbus était approvisionné comme il fallait pour un vol long-courrier, la Perle aux manettes commença à faire lentement reculer l'avion – après bien sûr avoir fait embarquer ses camarades et reculer l'escalier mobile – le faisant tourner pour ensuite l'engager sur une piste de décollage qui ne risquait pas de voir un autre avion atterrir au même moment vu l'ambiance actuelle de la ville. La Perle s'était d'ores et déjà mis dans la bonne direction, dos à la ville, afin de ne pas avoir à tourner trop violemment après le décollage.
- Vous êtes prêtes à décoller ? fit Christophe alors que tout le monde avait pris place dans le poste de pilotage, un peu à l’étroit du coup.
- Oui, confirma Ninon.
- Vous avez pas senti quelque chose ? interrogea néanmoins Anne-Sophie.
- Mais non, soupira Céline. Ne me dis pas que tu as peur en avion, a fortiori sous cette forme !
- Non mais je sens des vibrations.
- Moi aussi, avoua la samouraï dans la foulée.
Les deux filles avaient eu du nez. Au loin, à l'horizon, une sorte de masse sombre semblait venir de surgir de l'océan...
- Ok, je commence à comprendre pourquoi il n'y a plus personne, avoua Céline.
- Barrons-nous vite d'ici !
Christophe commerça la phase de décollage, l'avion prenant de la vitesse sur la piste. L'occasion pour ses passagers de constater rapidement de plus en plus nettement la menace se former devant eux. C'était... un monstre.
Un monstre de plusieurs dizaines de mètres – en fait, plus il se rapprochait, plus il devenait évident qu'il dépassait la centaine de mètres – venait visiblement de surgir des flots. De forme bipède, son apparence évoquait un croisement des plus louches entre un humanoïde et un dinosaure, notamment au vue de la longue queue écailleuse qui rampait derrière lui, et qui était parcourue d'une double rangée de plaques osseuses évoquant les plus célèbres spécimens de squelettes de dinosaures des musées. Mais l'énorme masque blanc qui semblait recouvrir son visage et qui était marqué d'un logo pleinement reconnaissable ne laissait guère place au doute : la menace était signée X.A.N.A.
Ça n'allait pas le faire. Christophe l'avait compris, quoique trop tard. La monstruosité était déjà quasiment sur la terre ferme. Foutu pour foutu, il fit quand même quitter le sol à sa carlingue. Mais la chose avait des bras. L'un d'eux faisait d'ailleurs très humain puisqu'il se terminait par une main, ou en l’occurrence, un poing fermé. La menace immédiate venait toutefois de l'autre membre supérieur, qui avait la forme d'une lame triangulaire se terminant évidemment en pointe à l'extrémité du corps. C'est cette même lame qui, après avoir été brandie d'un air menaçant, s'abattit sur l'avion, plutôt vers son arrière, avion qui fut littéralement coupé en deux alors qu'il trouvait à peine à deux cents mètres d'altitude. Le nez décrivit un arc de cercle avant de chuter directement dans la mer.
Ninon avait déjà eu le temps de péter l'une des vitres du cockpit pour bondir en Supersprint et se rétablir sur l'eau avant même le plongeon du morceau d'appareil. Se divisant en trois, elle restait à haute vitesse afin de pouvoir marcher sur la liquidité, assurant la diversion auprès de la créature le temps que le reste de l'équipage ne s’extraie lui-même de la carcasse.
Une courte minute plus tard, alors que les Perles n'avaient heureusement pas besoin de respirer, trois têtes émergèrent des flots.
- Anne-Sophie, occupe-toi de Céline ! ordonna Christophe en partant lui-même à la nage de son côté.
Le guerrier fit signe au ninja de s'accrocher à sa taille, tandis qu'elle faisait apparaître sa lame, entrant en lévitation pour extraire sa camarade et elle-même de l'eau. Se plaçant à l'horizontale avec Céline derrière elle, l’agrippant un peu à la manière d'un passager en scooter, elle pouvait avancer d'autant plus vite vers le rivage, en prenant soin bien sûr de contourner la bête, toujours distraite par les Ninon qu'elle tentait jusque là vainement de dégommer, avec des mouvements jusqu'ici trop lents et imprécis.
- Comment on va faire contre ce truc ? questionna Céline une fois les deux filles de nouveau sur la terre ferme et à bonne distance. Ne faudrait-il mieux pas fuir ?
- Je ne crois pas. Démolir un truc aussi puissant pourrait peut-être affaiblir X.A.N.A...
- Oui, ou le renforcer parce qu'il économiserait de l'énergie.
- Bon. Balance déjà tes éventails pour voir ce que ça fait.
La ninja s'exécuta. Au loin, l'arme sembla toucher la jambe grisée de la bête. Les éventails revinrent. Elle n'avait visiblement rien senti puisqu'elle continuait de martyriser les Ninon comme si de rien n'était. Anne-Sophie venait elle d'envoyer une lame d'énergie derrière sa tête. Pour le même résultat.
- Hum, super, on est bien avancé maintenant.
De son côté, Ninon n'avait pas manqué de noter les tentative infructueuses de ses camarades au loin pour s'en prendre à la bête. Elle décida de tenter une approche plus directe : regroupant ses trois exemplaires pour plus de sécurité dans la jauge de points de vie, elle utilisa ensuite sa vitesse pour se mettre à grimper sur le dos de la créature de X.A.N.A, passant derrière elle et utilisant sa longue queue pour ensuite arriver sur son flanc.
Mais Ninon n'était plus la source d'inquiétude première de la bête qui s'était soudain retournée en direction de l’aéroport de Vancouver, alertée par un bruit suspect. Un bruit de réacteur. Un avion de ligne estampillé du logo de la Delta Air Lines venait de capter son attention. Plus petit que le précédent appareil qui avait tenté d'effectuer la même manœuvre, celui-ci avait eu besoin d'une moindre longueur de piste pour amorcer sa phase de décollage. Et le fait que le monstre se retourne dans sa direction tombait à pic : l'engin, dont la porte la plus proche du cockpit n'était pas fermée, faisant hurler son système d'alarme, fonçait en direction de son visage. La créature était en train d'approcher son bras mais trop tard : l'appareil venait de se crasher en plein sur le symbole de X.A.N.A.
Il y eut un hurlement saisissant : la bête, touchée, venait de basculer en arrière, s'effondrant dans l'eau peu profonde, tandis que Christophe se rétablissait sur les terres au milieu des débris avec la souplesse caractéristique des félins.
- Nous espérons vous revoir prochainement sur nos lignes, sourit-il.
Tandis que Céline et Anne-Sophie se rapprochaient du lieu de l'explosion, Christophe dévisageait le corps inanimé de la bête, touchant ensuite sa peau écailleuse pendant quelques secondes où il s'immobilisa ; à l'issue de cette opération, le monstre de X.A.N.A se mit enfin à se dépixeliser. Il avait totalement disparut lorsque les deux filles avaient rejoint l'adolescent noir.
- Putain, bien joué, reconnut Céline.
- Merci. Bon, ne traînons pas ici, maintenant que son joujou a été vaincu, le satellite pourrait ne pas tarder, à moins que X.A.N.A ne soit occupé ailleurs avec les autres. Au fait, où est Ninon ?
- Ben... je sais pas. Elle était en train d'escalader le monstre de ce qu'on voyait de là-bas mais elle était sur son dos, à l'opposé du point d'impact.
Les trois camarades regardèrent autour d'eux. La berge nue était dévastée par les cratères provoqués par le monstre lorsqu'il avait essayé de frapper la samouraï, en plus bien sûr d'être saupoudrée de dépris d'avion. Mais il n'y avait pas trace de leur coéquipière.
- Putain, c'est pas vrai, lâcha Anne-Sophie.
- Ninon, tu me reçois ? fit Christophe à l’émetteur radio dans son avant-bras.
Il attendit dix secondes. Dix longues secondes d'un silence pesant.
- Elle est morte, conclut simplement l'ex-Capitaine Tarentule. On en parlera plus tard, il faut dégager d'ici.
- On... euh... on reprend un avion de l'aéroport ? interrogea Céline.
- Le temps de la manœuvre, on pourrait se prendre un tir de satellite. Thierry a été habile au moment de consulter les données de la base militaire, il m'a donné les coordonnées de celle proche d'ici. Vous voyez la grosse île là-bas qu'on aperçoit à l'horizon ? Elle est sur la côte, plus au Nord. Anne-Sophie va pouvoir nous y transporter en lévitation horizontale, même si cela sera un peu long. On essayera de piquer à nouveau un engin militaire une fois sur place.
- D'accord.
La jeune fille s'exécuta donc, un équipier accroché à chaque jambe.
C'était un franc succès. Sans surprise, en sachant sans doute que le monstre avait dû semer un sacré bordel ici aussi, les trois Perles étaient arrivées du côté de la base aérienne Comox qui était totalement déserte. Elles n'avaient plus qu'à piquer in fine non pas un avion de combat militaire dont l'autonomie aurait pu poser problème pour un trajet de 5 000 kilomètres, mais plutôt une sorte de super avion de transport Bombardier, qui avait l'air réservé au déplacement des V.I.P, mais qui avait l'avantage d'avoir l'autonomie nécessaire et de pouvoir voler à une vitesse plus qu'honorable. Avant qu'une éventuelle taupe de X.A.N.A n'ait remarqué quoique ce soit, en admettant qu'il y en ait une, Christophe avait déjà mis les voiles vers le Nord-Ouest.
- On peut en parler maintenant ? interrogea Anne-Sophie depuis sa place, sur l'un des bancs situé dans l'habitacle.
Céline se trouvait face à elle, à l'opposé. Christophe ne quittait pas des yeux le tableau de bord, à la place du pilote.
- De quoi donc ? demanda ce dernier.
- De Ninon.
- D'accord, mais pour dire quoi ? Elle n'est plus là, analysa le garçon, pragmatique. Et on ne peut rien y faire. Elle connaissait les risques.
- C'est pas une raison pour faire comme si de rien n'était !
- Alors, ce n'est pas tout à fait vrai, nuança Christophe. Mais tu sais, que ce soit Céline ou toi, c'est principalement la confiance que Gladys met en vous qui fait que je vous considère comme des Perles, car j'ai encore un peu de mal à voir ce qui vous rend si spéciales. Sauf que là, la situation que l'on traverse, tu peux être sûre que le Commandant l'a fait aussi pour nous tester. Alors il faut rester lucides, parce qu'on est visiblement en sécurité nulle part et qu'on sortira de la simulation que si on réussi à vaincre X.A.N.A. Si on abandonne pour pleurer, ça condamnera aussi les autres, puisqu'ils comptent sur nous pour s'occuper de la partie sibérienne. Or je suppose que ce n'est pas ce que tu veux ?
- Non, admit du tac au tac Anne-Sophie.
- Bon. Et pour finir, Ninon, c'était moi qui avait demandé au Commandant de la pousser à prendre des responsabilités. Je l'aimais bien. Alors ne me pense pas si insensible. Ces quelques heures de répit tombent à pic, pour moi aussi.
- Oh...
Cette réaction clichée mise à part, Anne-Sophie n'ajouta rien. Céline, douée pour s'auto-persuader rapidement que ce n'était pas la girouette qui tournait mais le vent, lui fit un signe de tête discret pour lui signifier qu'elle approuvait le discours. Christophe lui, pris quelques secondes pour observer la paume de sa main droite.
- Mais nous n'avons pas tout perdu... marmonna-t-il pour lui-même.
Tomtor, Fédération de Russie, dans la nuit
Compte-tenu du terrain, enneigé et traître, il avait été décidé de ne pas tenter l'impossible en faisant atterrir l'avion, d'autant qu'il faisait nuit : les trois Perles firent le choix de sauter de celui-ci en plein vol une fois arrivées à destination, puisqu'il y avait des parachutes à bord en cas d'urgence, contrairement aux avions civils.
Alors que les troupes étaient en train de descendre au milieu d'un modeste village, quoique de bonne taille comparé aux standards français, qui faisait particulièrement mort, une impression renforcée évidemment par l'épaisse couche de neige propre à la région en cette saison, elles virent soudain une traînée lumineuse se détacher du sol et foncer droit dans l'appareil en train de dériver vers la gauche, l'explosant en plein vol.
- Ahem, constata Christophe en tombant. Voilà qui a le mérite de révéler la position de la base ennemie sans avoir besoin de chercher.
- Tu veux dire que tu avais calculé ton coup ? interrogea Céline de plus haut.
- Même pas, c'est un pur hasard. Bien content qu'on ait pas survolé la zone avant d'évacuer l'appareil.
Les Perles se posèrent au milieu du village, faisant disparaître l'air terrifié que la ninja arborait depuis son dernier échange avec son coéquipier, pouvant désormais se concentrer sur autre chose.
- Cela dit, ajouta Anne-Sophie pour rebondir sur la conversation précédente en s'extrayant de son parachute. On dirait que l'ennemi est lourdement armé.
- Oui, ça c'était à prévoir, constata l'ex-Capitaine des Tarentule. Mais nous... - Руки вверх !
Un humain venait de sortir de l'une des maisons, carabine en main. En fait, il s'agissait d'une femme avec de longs cheveux noirs frisés dépassant de son bonnet. Elle ne semblait pas avoir plus de 25 ans.
Son cri avait attiré d'autres locaux du coin. En majorité jeunes et féminins, avec des armes à feu modestes ou même, brandissant des fourches, le comité d'accueil était un cran moins effrayant que les canadiens précédemment rencontrés, bien qu'étant in fine à peu près le même nombre, une vingtaine. Tous avaient d'ailleurs le nez et la bouche couverte, par des écharpes des foulards ou des masques chirurgicaux pour certains. - Это что ?
- Странная внешность...
- Hum, bon, on va pas aller très loin comme ça, commenta l'adolescent noir soupçonné. On va les intimider gentiment. - Замолчи ! fit un mec avec des cheveux aux reflets verts à l'air particulièrement éméché, même pour un russe.
La première fille tira sur Christophe, qui fut protégé par le zanbatō d'Anne-Sophie qu'elle venait de générer. La balle ricocha et alla se loger dans l'épaule d'une blonde située non-loin de celle qui avait tiré, qui s'effondra au sol en hurlant de douleur. Céline de son côté absorbait les tirs des armes à feu de ceux situés à l'opposé des regards actuels de Christophe et Anne-Sophie, du moins, les tirs de ceux qui visaient suffisamment adroitement. Mais ceux armés d'outils de corps-à-corps n'osaient pas bouger, et en constatant que leurs ennemis mystérieux contraient les attaques des fusils, ils commencèrent à prendre peur et s'enfuirent un à un, abandonnant d'ailleurs là la fille en train de se débattre avec son sang dans la neige. Les Perles n'y prêtèrent aucune attention.
- Je disais donc, nous aussi on est bien armé. J'ai récupéré les données du monstre d'hier. Avec l'énergie notre technique spéciale, on devrait pouvoir l'invoquer dans leur gueule.
- Oh oh, se réjouissait déjà Céline. Cela semble une excellente idée.
- Allons d'abord vérifier si l'ennemi est bien où nous le pensons, proposa Anne-Sophie.
Ils avaient dû faire une trentaine de kilomètres vers la chaîne montagneuse qui se dessinait au Sud depuis le village où ils avaient atterri, tout en prenant le temps d'attendre que le jour se lève de nouveau, préférant avoir une bonne visibilité face à l'ennemi informatique que la nuit ne gênait peut-être même pas.
Certes, ils n'avaient qu'une localisation imprécise de la base grâce au tir du missile, mais la bonne nouvelle était qu'il y avait des guides touristiques involontaires : des robots d'acier, les fameux évoqués sans doute dans le journal intime de la canadienne, d'environ deux mètres de hauteur, d'apparence humanoïde, avec de curieuses antennes de liaison, des orifices rouges sur le visage évoquant vaguement des yeux, et le sigle de X.A.N.A flanqué sur fond vert en évidence sur le torse. Il y en avait deux, qui patrouillaient dans la vallée. Le temps clair avait permis aux Perles de les voir de loin. Anne-Sophie les élimina d'une salve chacun dans le dos, les réduisant en tas de ferrailles inutiles.
- Mais X.A.N.A va savoir que nous sommes là ! s'enquit Céline. Il va nous fumer au satellite !
- Non non, on est proche de la base, ça ne craint rien, il ne devrait pas prendre le risque de nous attaquer de la sorte, rassura Anne-Sophie.
- Ah. Oui.
- Céline, tu laisses ta peur te dominer, souligna Christophe. C'est précisément pour régler ce type de défaut que nous effectuons actuellement une telle simulation. Alors je compte sur toi hein.
- Hey, pas de leçon de morale professée ex cathedra s'il te plaît. Je sais ce que j'ai à faire.
- Bien.
L'unité d'élite approchait de la base, c'était évident. Sur un plateau moyen, trois robots montaient la garde sans faire de ronde. À tous les coups, ce qu'il y avait derrière le flanc était sérieux. Il était difficile de contourner cet avant-poste, car le chemin était davantage escarpé autour. Les Perles firent le choix d'y aller frontalement et de passer en force : outre le fait que cela constituait un excellent échauffement, on ne pouvait pas dire que les robots avaient l'air de constituer une énorme menace...
Se ruant au front, Anne-Sophie balança une salve d'énergie dans le tas, la procédure habituelle. Ce qui ne l'était pas fut que le robot central sembla comme bloquer puis absorber l'attaque ; il n'avait effectué aucun mouvement mais son espèce de badge vert se mit à rayonner.
- Oh oh.
- Ok, restons sur du physique, commenta Christophe en envoyant trois flèches lasers, suivi par Céline et ses deux éventails.
L'androïde gavé d'énergie généra toutefois un bouclier à partir de son sigle vert qui absorba les fléchettes sans effort, tandis que ses orifices rouges envoyèrent des rayons lasers venant percuter et renvoyer les éventails l'un après l'autre, avant qu'ils ne touchent leur cible.
- Putain, jura la ninja en allant récupérer ses armes désormais encastrées non-loin dans la neige.
- Pas de panique, rassura le garçon. Il n'y a qu'un seul robot dopé sur les trois, ça reste parfaitement gérable. Je veux dire, ils vont quand même pas se rouler des patins pour faire circuler l'énergie entre eux, ce serait complètement con comme système.
Les trois robots ouvrirent alors simultanément leur habitacle supérieure, un peu comme s'ils ouvraient une gueule béante. Une décharge d'énergie en provenance du robot central sembla alors circuler entre les trois créatures pendant quelques secondes, avant qu'elles ne mettent fin au processus. Les deux robots simples jusqu'ici semblaient désormais aussi survoltés que le troisième.
- Super. Vraiment génial, commenta Christophe.
Les trois ennemis pointaient justement leur bras canon gauche sur lui et tirèrent des missiles d'énergie qu'il esquiva avec ses réflexes félins, la neige autour de lui se faisant littéralement souffler au contact des rayons. Céline avait néanmoins profité du fait que son camarade les occupait pour se mettre à couvert, activant sa Télékinésie pour faire pivoter le robot le plus proche, qui tira de fait malencontreusement dans le flanc de son collègue immédiat, qui s'effondra peu après.
- Tu vois quand tu veux, fit le félin en profitant de cette courte pause pour réfléchir à une façon d'en éliminer un lui aussi.
- Nyaaaa, lui répondit seulement la fille de façon étrange et, qu'on se le dise, ridicule.
Les robots n'avaient toutefois pas dit leur dernier mot – ni même leur premier d'ailleurs, au sens littéral – puisqu'ils se mirent soudain à générer de l'électricité par leurs deux antennes, avant qu'un double rayon d'énergie s'échappant de ces orifices ne les relient.
- Ouais. Et donc ? fit Céline.
La réponse, du moins sur le plan visuel, ne se fit pas attendre : tandis que l'un des guerriers de métal restait solidement ancré dans le sol, l'autre, sans doute grâce à leur nouveau lien, était littéralement propulsé dans les airs, se mettant à tournoyer à grande vitesse autour de son camarade, tel un genre de nunchaku. La ninja envoya immédiatement ses éventails dans le tas. Ils furent l'un comme l'autre touché par le robot tournant et repoussés. Juste après, le lien d'énergie se rompit, propulsant l'arme vivante à très haute vitesse sur Céline. Christophe, excentré, eut la présence d'esprit de tirer un rideau de flèches lasers sur la trajectoire, et l'une d'elle toucha le robot, le décalant et le faisant s'écraser sur un rocher juste à côté de la fille. Réactivant le lien électrique avec son homologue, le robot se fit immédiatement ramener en arrière avant d'être menacé en quoique ce soit par ses ennemis proches.
Anne-Sophie, qui s'était mise à s'élever en l'air, avait toutefois choisi ce moment pour mettre fin à son pouvoir et chuter avec son zanbatō en direction du robot resté droit, le démontant évidemment sur le coup grâce à sa large lame. De fait, le robot volant n'avait plus de base pour mettre fin à son retour à très haute vitesse en direction de l'endroit gardé ; il passa juste au-dessus d'Anne-Sophie – heureusement de petite taille – avant de s'exploser sur le flanc de la falaise, s'enfonçant dans la neige. La guerrière s'assura qu'il ne se relève jamais avec une salve d'énergie dans le dos, par sécurité. Elle fut ensuite rejointe par ses deux collègues.
- C'était chaud. Super boulot, félicita Christophe. Maintenant on va pouvoir passer aux choses sérieuses.
- Euh, c'est à dire ? interrogea Céline.
- La technique spéciale.
- Ah, oui. Bien.
Christophe et Anne-Sophie se mirent au sol le temps d'épier le paysage qui se présentait derrière la crête tandis que Céline surveillait leurs arrières. On y voyait effectivement une base grise constituée essentiellement de baraquements et de paraboles.
- Hum. Parabole au balcon, melon au salon, commenta le noir.
- Quoi ?
- Rien, jargon technique. En tout cas l'ennemi est bien là.
- Ok, mais il y a un problème : la technique spéciale va invoquer le monstre de façon magique. Or, s'il y a d'autres robots dans la base, de face, ils pourront l'absorber ! Et tu as bien vu quelles en étaient les conséquences.
- Oui, bon. Ok, j'ai un plan. Avec sa Télékinésie, Céline va faire en sorte de piquer des morceaux métalliques des bâtiments avant de pouvoir éviter le contact direct entre la magie et les éventuels robots.
- Mouais, pas idiot mais va-t-elle y arriver ?
- Évidemment, depuis le début je suis certain qu'elle fait les choses à moitié pour économiser son énergie pour ce moment décisif, sourit Christophe. Eh Céline, viens voir un peu par là.
Tandis que Christophe expliquait à la ninja le plan, Anne-Sophie se préparait à servir de base à l'invocation, se mettant à genoux, le dos en évidence. Après la fin de l'échange, l'ex-Capitaine des Tarentule s'approcha du guerrier pour poser la paume de sa main dessus. Un sigle – le même que celui qui était désormais brodé sur leurs épaulettes – se mit à apparaître dessus. L'emblème des Perles du Neith ?
- J'en ai sept de connectés avec nous. Il manque un groupe, informa le noir au bout d'une quinzaine de secondes. Inutile d'attendre plus, c'est assez cohérent avec nos plans.
- Sept, ça va suffire ? demanda la petite fille aux cheveux rouges.
- On dirait. J'imagine que le pouvoir sera pas à fond, faudra peut-être s'y mettre nous aussi.
- Entendu.
Christophe leva le bras qui avait touché la marque en l'air :
- Par les pouvoirs des Perles du Neith ! Parce que l'union fait la force, c'est tout net !
L'utilisation habituelle de la technique aurait dû attirer près d'ici un vaisseau spatial. Il n'en fut cette fois rien : une énorme faille se forma soudain de l'autre côté de la crête, non loin de la base ennemie. Le même monstre que celui qui avait attaqué les Perles au Canada – quoique peut-être deux fois moins massif – venait d'apparaître, visiblement formé d'énergie. Céline, qui avait commencé à extraite des morceaux de toit et diverses taules de la base, se dépêcha de les fixer autour de la créature, en particulier sa partie basse, ses jambes, ses pieds. D'ailleurs, contrairement au monstre d'origine, le choix plus stratégique avait été fait de supprimer sa queue, jugée peu utile au regard du risque d’absorption et compliquée à recouvrir au vu de sa physionomie.
- Bien joué Céline, félicita le garçon en constatant que la semi-armure de fortune tenait plutôt pas mal la route. On y va aussi au cas où !
L'invocation avait commencé à détruire les baraquements périphériques, qui semblaient remplis de robots tueurs qui se faisaient démonter. L'occasion de constater que la stratégie anti-vol de magie était efficace. Les trois Perles couvraient plutôt celui-ci en affrontant notamment les robots qui se repliaient depuis des positions gardées jusqu'ici à l'extérieur et qui venaient en renfort face au bordel généré par le monstre.
Christophe, après avoir fait sauter la tête d'un robot ayant survécu à l'écrasement de son conteneur quasiment au corps-à-corps à la flèche laser, siffla pour attirer l'attention du monstre vers le bâtiment principal où il était placé un panneau avec écrit en grosses lettres : UNION BASE.
Ce fut un carnage. L'invocation se vautra dedans en effectuant une sorte de plaquage de rugby au ralenti, provoquant en plus une onde de choc qui souffla encore plus de baraquements tout autour.
Les Perles constatèrent toutefois les limites de cette stratégie lorsque les robots, encore pleinement fonctionnels, commencèrent à s'extraire de ces boites de conserve ayant été endommagées, mais insuffisamment pour abîmer les armées situées à l'intérieur qui commençaient dès lors à sortir.
- Eh merde.
Les trois Perles étaient prêtes au combat mais elles n'eurent pas à le faire : le monstre avait visiblement démoli un point sensible des installations car les robots pourtant en état de marche se figèrent soudain, comme privés d'énergie ou d'instructions.
- Ah, on a dû démonter le supercalculateur, se réjouit Céline.
- Oui, j'ai la même impression ! cria Anne-Sophie, située plus proche de l'endroit où le carnage avait toujours lieu.
- Ne restons pas là, fit Christophe. Si c'est réellement le cas, alors X.A.N.A pourrait ne plus avoir de scrupules à réemployer le satellite. On se casse, on prend le temps d'entrer en contact avec les autres dans un endroit sécurisé et on reviendra s'assurer que notre mission est accomplie.
- Bien reçu.
Conformément au plan et alors que la créature colossale commençait à disparaître, les trois adolescents décampèrent rapidement, laissant là la base ravagée. Au loin, ils constatèrent qu'une dizaines des jeunes russes du village où ils avaient précédemment atterris s'étaient pointés avec leurs armes de fortune. Ils n'avaient pas pu être aussi rapidement sur place en étant simplement alertés par le bruit, non, ils avaient probablement suivi les Perles sans se montrer. Pour les renforts, cela était toutefois un peu tard. - итак ! Вот потенциально восьмая загадка...
Posté le: Jeu 03 Juin 2021 20:23 Sujet du message:
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Océan Atlantique, dans la nuit
Ils avaient volé plusieurs heures dans un silence religieux, les humains ayant vraisemblablement choisi de profiter de ce répit pour dormir, tandis que les Perles sous forme de spectre n'osèrent briser le silence de l’habitacle pour ne pas réveiller les canadiens. C'est le pilote Klar, ayant toujours Hervé en second, qui s'exprima en premier au terme de ce long interlude :
- On va pas tarder à apercevoir les côtes sud-américaines, informa-t-il aimablement. Il va falloir vous préparer, l'équipe concernée.
- Ok. C'est pour nous les gars, fit Gladys en se relevant, Thomas, Pierre et Blanche à sa suite.
Tous les canadiens ne restèrent d'ailleurs pas passifs. Quelques-uns d'entre-eux étaient également prévus pour les accompagner eu égard à leurs connaissances spécifiques : Venctin et Jickan étaient les deux seuls à avoir une formation un tant soi peu scientifique et Jeomer était celui qui était connu pour réfléchir le plus du lot. Or il y avait toujours un mystère à résoudre. Ces trois-là allaient ainsi également faire partie de l'opération. Il y avait par ailleurs suffisamment de parachutes pour sept. L'équipe concernée s'approcha du poste de pilotage :
- Bon, vu qu'il y a des humains avec nous, on va éviter d'être largué dans la mer. C'est dommage car cela avait ma préférence, commenta Thomas.
- Effectivement, avoua Jeomer. Enfin, si on peut, mais près de la plage quoi. Ce qui est fatalement plus risqué.
- A priori, les plages du coin sont trop petites pour un éventuel armement lourd, et en plus c'est la forêt tout autour, cela me semble très improbable que l'aménagement ait pu changer en quelques mois, fit remarquer Jickan qui s'était dit originaire des Antilles et qui connaissait la région.
- Parfait, alors on part là-dessus, conclut Thomas.
- Je ralentis, et j'ouvre l'arrière puis je vous donne le top. Bonne chance, fit le pilote.
- Vous aussi, répondit Gladys en faisant un check à Hervé.
Son groupe se dirigea dès lors vers le fond de l'appareil et équipa les parachutes, avant que la trappe arrière ne s'ouvre. Pierre et Thierry se saluèrent, tandis que les canadiens embrumés, reculaient vers l'avant de l'appareil pour ressentir un peu moins le vent et le froid qu'il apportait avec. Thomas trouvait d'ailleurs visiblement le moment approprié pour discuter littérature avec Hiroki, avant que le signal de Klar ne mette fin à l'entrevue. Les sept désignés sautèrent un à un avant que la trappe ne se referme.
- Bon. À nous, fit Yakin qui s'était approché de Klar et Hervé. Si on en croit les estimations de coordonnées, la base de X.A.N.A se situe dans l'enclave vénézuélienne de la forêt. Cela a un double avantage : c'est proche par rapport à notre point d'arrivée et en plus, cela réduit drastiquement la taille des recherches. Enfin... ça reste énorme, il doit bien y avoir 20-30 millions d'hectares à retourner là.
- C'est quand même bizarre, fit Hervé. Cela voudrait dire qu'il ne s'est pas planqué au cœur de la forêt, où il serait pourtant d'autant plus difficile à débusquer.
- Pas nécessairement, intervint un canadien situé sur les bancs de la cale et qui visiblement écoutait la conversation l'air de rien. Avant même X.A.N.A, le Venezuela était en proie au chaos depuis plusieurs années. Encore plus que le Brésil, qui pourtant lui-même était bien parti en quiche. C'était peut-être d'autant plus facile de se réfugier là-bas.
- Ah.
- Mais comme le faisait remarquer Yakin, cela ne suffit pas, rappela Klar. On a aucun radar pour essayer de débusquer le complexe, et de visu depuis l'avion, ça risque d'être long, et pas vraiment discret.
- Personne n'a d'idée ? interrogea Hervé.
- On aurait peut-être pas dû laisser partir Jickan avant de le faire parler, lui qui connaît la région...
- Eh, pas de panique, moi aussi j'ai voyagé, souligna Yakin. L'Amérique du Sud, j'y suis allé plusieurs fois en presque 50 ans de vie.
- Ah, j'savais pas, avoua Klar. Bon, et donc ?
- J'ai peut-être une idée qui pourrait coller. Moi quand je suis allé en Amazonie, il y a genre 15 ans, j'étais entre le Venezuela et la Colombie, parce que c'était assez facile d'accès. Mais j'avais dans l'idée d'y retourner et d'aller cette fois du côté du Pic du brouillard, qui est en fait une montagne très difficile d'accès qui doit faire genre 3 000 mètres d'altitude et qui a gagné son nom parce que du brouillard, y en a tout le temps. L'endroit est pas exactement situé dans le pays, il est un tout petit peu plus au Sud, officiellement en territoire brésilien, mais ça ne change rien, la région est – en tout cas était quand y avait des gens – très pauvre, mais surtout il y avait une localité où il existait un petit aéroport.
- Hum hum, commentait oralement Hervé.
- Il a pu être utilisé pour acheminer de quoi construire la base par exemple... poursuivit le canadien. Entre le sommet et ce bled dont j'ai oublié le nom, c'est la jungle et quasiment personne n'y va jamais parce qu'en réalité, il y a un autre point stratégique plus à l'Ouest d'où partent les expéditions pour aller au pic.
- Eh bien, je t'ai jamais vu réfléchir autant mon vieux, commenta un canadien du nom de Eile qui s'était rapproché de l'épicentre de la conversation.
- J'avais l'ambition de le faire ce sommet, précisa l'homme.
- Et tu saurais précisément où il est ? interrogea Klar.
- Non mais comme c'est la plus haute montagne du Brésil et l'un des points culminants de la forêt, on devrait réussir à le trouver sans trop de difficultés non ?
- Hum, ça se tente. Bon, Hervé, si vous voulez bien laisser votre place, que Yakin passe copilote. Allez donc diffuser l'info aux autres, on aura peut-être besoin d'eux pour trouver ce sommet.
- Bien sûr, fit la Perle en cédant son siège. Vous pensez qu'on arrive sur zone quand ?
- J'ai repris de la vitesse, je dirais entre deux et trois heures de vol. Pour le lever du Soleil quoi, ce qui est plutôt une bonne chose. Moins drôle, ce qui m'ennuie, c'est qu'on va être juste niveau carburant alors il va falloir pas trop perdre de temps à chercher.
Hervé acquiesça et se dirigea vers l'espace dédié au reste des passagers.
- Comment ça se présente ? questionna Hiroki d'emblée.
- Hum... couci-couça. Mais pas d'soucis, on va y arriver.
Le garçon s'assit à côté de Thierry, qui restait impassible, tel un robot.
- J'espère que vous êtes prêts vous aussi, fit Hervé aux canadiens situés en face de lui.
- J'ai bien peur que l'on ait pas le choix, répondit Darion. La plupart d'entre-nous ne sont plus de première jeunesse mais il n'est pas question de renoncer sans se battre un minimum. De toute façon, avons-nous réellement une autre perspective ?
- X.A.N.A a tué ma femme. Je veux me venger, commenta simplement un autre un peu plus petit, qui répondait au nom de Raimon. Mourir pour la retrouver ne me dérange pas.
- Je vois le genre, répondit Hervé. Au fait, j'en profite mais, comment vous vous êtes connus tous ?
- On faisait du foot ensemble, rappela Darion.
- Ah, c'est vrai, je... information enregistrée, surjoua la Perle. Eh bien au moins vous êtes sportifs.
Darion échangea un bref regard casqué avec un autre soldat plus massif qui s'appelait Adralex selon les souvenirs d'Hiroki.
- Euh... on va dire ça. On était un club amateur hein, la matérialisation même de l'expression « joueurs du dimanche ».
Le japonais soupira. De mieux en mieux. Le Commandant avait vraiment mis le paquet sur cette simulation. Ils s'en sortaient bien jusqu'ici certes, mais voilà qu'ils avaient été obligés de se séparer. Le jeune homme avait jusqu'ici presque toujours pu compter sur ses aînés Gladys et Thomas, qui étaient désormais ailleurs. Il jeta un coup d’œil à Valérie assise à côté : elle n'avait pas l'air beaucoup plus rassurée. Hervé quant à lui, semblait vouloir montrer qu'il prenait son rôle de chef au sérieux, comme à l'époque des Tarentule où Christophe lui déléguait le commandement en tant que Bras droit lorsqu'il ne participait pas lui-même aux combats d'arènes – ce qui arrivait souvent de ce qu'Hiroki avait vu et compris.
- Pour des androïdes, vous tirez de sacrées gueules, commenta Raimon.
- Faut pas se décourager avant d'avoir livré le match, commenta un autre à la voix qui faisait plus jeune.
- Oui, bien sûr, fit Hervé. Mais reconnaissez que la situation est délicate.
- D'autant qu'il faut une triple victoire, intervint cette fois Thierry. Si un seul des trois groupes échoue, nous sommes dans le pétrin.
- Ouais, approuva à sa façon Raimon.
- C'est sur vos collègues que tout repose, notamment en Asie, signala un immense canadien du nom de Simel.
- De ce côté-là, pas d'inquiétude, ce sont les meilleurs, assura Hiroki.
Le commando volait depuis un peu plus de deux heures depuis le largage de l'autre équipe. Klar venait de commencer à amorcer sa descente et à ralentir : il était temps pour le reste des passagers de se préparer à s'équiper en parachutes car dans la jungle, il allait être compliqué pour l'avion de se poser. Toutefois, ils n'avaient pas encore traversé la couche nuageuse.
- Premier objectif en vue, annonça Yakin en montrant une excroissance qui dépassait les nuages. Le sommet est là-bas, c'est sûr que c'est lui. Survole-le en passant vers la gauche.
- Ok, répondit Klar. Mais là-bas, c'est quoi ?
- Hmm... le truc là-bas ? Je sais pas trop, euh... mais attends, c'est...
- C'est un avion de chasse !!
Un projectile volant en effet venait lui-même de traverser la couche nuageuse et fonçait vers eux à grande vitesse, avant de carrément tirer un missile guidé.
- Accrochez-vous tout le monde, je vais descendre en pique ! prévint le pilote, joignant le geste à la parole pour esquiver le tir.
- Se mettre en vrille, c'est le coup classique, commenta une voix parmi les canadiens qui se cramponnaient désormais fermement sur leur banc, tout comme les quatre Perles.
Fondant dans les nuages, l'avion allié échappa momentanément à la menace ennemie. La trappe de largage se mit à coulisser pour s'ouvrir. S'extrayant de la couche nuageuse, l'avion survolait désormais à basse altitude la jungle amazonienne. Klar redressa le manche.
- Pas le choix, on va devoir sauter ! hurla le pilote. Contre un avion de chasse, on a aucune chance avec notre matériel ! En espérant que notre première intuition ait été la bonne.
Les soldats se relevèrent ainsi pour se préparer à sauter.
- Oh putain de merde ! fit Jon, le premier qui s’apprêtait à quitter l'appareil.
Il était en effet le mieux placé pour constater que l'avion ennemi était cette fois derrière eux.
- Quoi ? Mais jamais un humain n'aurait pu nous retrouver aussi vite ! fit Hervé.
- Ce n'est pas un humain qui pilote cet avion, lui répondit Thierry, apparemment calme malgré la situation.
Le débat fut provisoirement interrompu par le nouveau missile qui fonçait droit sur eux.
- Non !!
La précision du tir était redoutable. L'ogive allait exploser dans quelques secondes au milieu même de la cale. Jon décida de sauter en avant, percutant lui-même le missile une seconde avant que celui-ci n'explose dans l'avion : la déflagration et le choc de l'explosion endommagèrent toutefois gravement l'arrière de l'appareil qui n'était plus apte à voler. En flammes, l'avion descendit avec un angle de trente degrés dans la jungle et s'y écrasa.
Thierry, Hervé et Hiroki venaient de retrouver la carcasse accidentée de l'appareil, de laquelle ils avaient réussi à s'extraire durant la chute, tout comme les canadiens Centlé et Sahac qu'ils avaient retrouvé au passage.
En fait, l'avion n'avait jamais techniquement touché le sol ; il avait finalement été ralenti avant par les nombreux arbres de cette forêt humide. C'était du moins le cas avant que l'incendie n'entraîne une explosion qui achève de faire céder la résistance du bois et n'écrase définitivement les ruines fumantes de l'appareil sur un tas de feuilles.
- Merde, jura Hervé.
- Eh, les gars ! interpella une voix féminine.
C'était Valérie – ouf ! – qui venait de mettre fin à sa lévitation, se rétablissant en douceur sur le sol mousseux.
- Pas de bobo ? demanda Hiroki.
- Difficile à dire quand on ne ressent pas la douleur. J'ai été éjectée de l'appareil au moment du crash, et j'ai fini dans un arbre. J'ai pas osé bouger avant de vous voir.
- Bon, c'était déjà une bonne chose que l'on soit tous les quatre. Et les autres canadiens ?
- Je suis là ! interpella Darion qui était coincé lui aussi entre deux branchages et empêtré dans une liane.
- Hiroki, va le récupérer, ordonna Hervé. Les autres, fouillez les alentours, il y en a peut-être d'autres...
Cela faisait déjà vingt minutes que les choses s'étaient animées aux abords du point de crash. Darion, blessé au genou, avait été descendu en douceur par le guerrier. Sans surprise, les corps de Klar et Yakin, enfin, des morceaux suffisamment parlant pour permettre de les identifier, avaient été retrouvés dans le reste de l'habitacle, les deux n'ayant pas eu le temps de s'équiper en parachutes. Les corps de Aleng et de Ciphoser avaient permis d'arriver aux mêmes conclusions.
Cicred lui avait été retrouvé mais avait eu la bonne idée de se tordre le bras droit dans la chute, alors qu'il lui manquait déjà de base la main gauche : il ne pouvait donc même plus tenir une arme. Temo, benjamin de la bande de 18 ans à peine, avait lui été récupéré indemne dans la zone. Centlé s'approcha d'Hervé après un rapide conciliabule avec les canadiens survivants :
- Nous avons encore 11 portés disparus. Difficile de savoir si les morceaux de corps trouvés sont à Klar, Yakin ou quelqu'un d'autre...
- Et puis, il y a deux blessés, fit remarquer Hiroki.
- Faut pas rester ici, proposa Thierry. Le bruit, la fumée... on attire trop l'attention en restant proches de l'avion. On voit bien que l'ennemi n'est pas loin vu le comité d'accueil auquel on a eu droit.
- Ouais mais... où aller ? fit le canadien.
- ...
Le félin n'avait a priori pas la réponse. Le japonais fit une proposition :
- En fait, on devrait rester ici et attendre X.A.N.A, parce que la direction d'où la menace viendra pourrait nous donner un indice sur l'endroit où il faut aller.
- Oh, c'est pas con, avoua Hervé. Mais si jamais ils viennent depuis la même direction que là où on s'est planqué, cela pourrait faire mal...
- Oui mais grâce aux arbres, on voit bien de quelle direction on est arrivé. A priori, la base n'est pas par là, donc je propose de s'embusquer de ce côté.
- Vendu, fit Centlé. Dépêchons-nous de nous planquer parce que tout déplacement est bruyant ici.
Il faisait évidemment allusion à l'environnement et plus particulièrement au sol, jonché de petites plantes et de branches mortes diverses faisant craquer la nature à chaque pas. Sans compter la faune... Valérie avait dû en urgence générer son arme pour trancher la tête d'un serpent menaçant Cicred, incapable de se défendre lui-même.
S'éloignant assez pour pouvoir voir la carcasse de l'appareil sans être vu, le petit groupe désormais composé de neuf personnes attendait, tapi dans l'ombre, immobile aussi, pour éviter les craquements. Ils n'eurent cependant pas à attendre très longtemps : il y eut du mouvement vingt-cinq minutes plus tard, quasiment à l'opposé, entre 10 heures et 11 heures. Les Perles s'attendaient d'ailleurs à voir débarquer les fameuses araignées cybernétiques dont elles n'avaient toujours pas eu le privilège des présentations. Elles n'avaient pas vu venir la silhouette humanoïde, qui se révéla de surcroît rapidement féminine, et qui semblait avoir un sabre à la ceinture. Tous les repères de Valérie notamment étaient remis en question, repères principalement basés sur le fait d'avoir vu Rambo, et celui d'avoir reçu une éducation traditionnelle où la femme accomplie était celle qui savait attirer l'attention sur elle et si possible, avec de gros seins.
La silhouette de femme semblait inspecter de façon impassible les débris de l'appareil, balançant d'ailleurs sans ménagement les morceaux de cadavres une fois qu'elle comprenait visiblement que le reste biologique était sans vie.
Hervé fit un mouvement de bras pour attirer l'attention des autres, et notamment de Valérie et d'Hiroki. Il montrait trois doigts. Il en abaissa un. Puis deux. Et enfin... une double salve d'énergie fut projetée dans le dos de l'ennemi qui se retourna soudain, et croisa ses bras. L'attaque ne l'avait pas fait bouger d'un iota.
Et pour cause : un bouclier d'énergie venait d'éponger la double attaque. Un bouclier dont la forme évoquait de vieux souvenirs aux Perles, en particulier à Thierry : c'était le même que ceux des félins sur le Neith. Mais la nostalgie ne s'arrêtait pas là parce que, à y regarder de plus près, la femme était habillée d'une façon franchement improbable pour quelqu'un vivant au fin fond de la forêt primaire sud-américaine : sa tenue était celle d'une geisha traditionnelle japonaise aux coloris rouge et bleu. Thierry, qui avait bon œil aussi bien que bonne mémoire pour tout ce qui concernait les femmes, se fit la réflexion que la ninja originelle, le programme `/ dévoilé un temps par le Commandant, aurait été parfaite dans une telle tenue, plutôt que dans son juste au corps pourpre et ses patchs hideux aux tempes dévoilés à l'époque. Plus curieux, elle avait deux bracelets aux poignets, ceux-là même qu'elle avait mis en évidence pour générer son bouclier d'énergie. Ils n'étaient d'ailleurs pas identiques : l'un d'eux, plus allongé, était noir et laissait entrevoir de discrètes pointes. L'autre, rose, plus petit, semblait avoir un logo étoilé accroché.
Mais l'heure n'était pas aux commentaires de café du commerce. Les pupilles au logo caractéristique de la cible, qui avait également ses cheveux noirs attachés en chignon, ne laissaient guère de doute : c'était un ennemi.
- Je vous conseille de rester là, on va s'en occuper, fit Hervé aux canadiens. C'est le genre d'ennemis pour qui on a été conçu. Protégez les blessés si elle s'approche trop près.
- C'est pas que j'ai la chienne hein, mais ça me va, approuva Centlé, sur ses gardes, restant caché derrière un arbre, l'arme pointée vers la menace.
Les quatre Perles s'avancèrent afin de se rapprocher de l'ennemi autant que de s'éloigner de leurs alliés. Hiroki et Valérie avaient conservé leur lame bien en évidence.
- En Amazonie, on trouve des amazones, commenta le japonais. Cohérent.
Nullement impressionnée par cette séquence aux allures de gang-bang, la seule fille des Perles ayant elle aussi une grosse épée à mettre en évidence, l'amazone défourailla son sabre.
- Méfiance... elle a peut-être d'autres capacités copiées des avatars, fit Thierry.
Il ne croyait pas si bien dire. Passant sa main libre sur son poignet avec le bracelet à étoiles, elle dévoila des ailes de gardien lumineuses de couleur rouge sang.
- Même moi, je l'avais vu venir à ce stade, commenta Valérie.
Hervé, seul gardien du groupe, et même de toutes les Perles, l'imita logiquement. Mais il s'agissait d'une feinte de la part de celle qui n'avait aucune intention de se battre en l'air au beau milieu d'une jungle traître parcourue de lianes, terrain quand même autrement plus compliqué que l'arène forêt du Neith. Et ça, pour le coup, Valérie ne l'avait pas vu venir.
Heureusement, Thierry avait davantage de réflexes : poussant sans plus de cérémonie les deux guerriers qui regardaient venir la menace la bave aux lèvres, activant en fait son bouclier juste avant l'impact du sabre, qui se trouva pendant quelques dixièmes de secondes empêtré dans la protection, avant logiquement, de la briser. Toutefois, cela avait laissé le temps à Thierry d'effectuer un mouvement de bassin afin de dévier la trajectoire de la charge, envoyant bouler l'amazone dans les feuilles. Hiroki, reprenant contenance, fit un bond pour essayer de l'achever, mais la guerrière, au sol, fit une roulade pour éviter de goûter à la grosse lame qui s’éventra dans la mousse. Celle au sabre voulut en profiter pour trouer à son tour le japonais, momentanément immobilisé ; elle en fut toutefois empêchée par un Champ de force d'Hervé, revenant au sol l'air de rien.
N'utilisant même pas son bouclier d'énergie copié des félins pour absorber le projectile magique, le laissant mourir contre son bracelet à pointes, elle bondit soudain très haut, laissant derrière elle une traînée de lumière violette, pour se retrouver face à Valérie, qui était toujours excentrée. La Perle ne se laissa pas faire, contrant la première charge avec le (large) plat de son épée avant de donner un coup de pied à l'amazone, la contraignant à reculer. Bondissant à nouveau pour esquiver du même coup flèche laser, Champ de force et salve d'énergie, se réfugiant dans un arbre, elle ne vit pas venir le fait que l'attaque du guerrier avait été détournée par Valérie qui, plantant son zanbatō au sol avec le bon angle, avait réfléchi l'attaque qui lui fonçait droit dessus. La salve, expulsée en hauteur, coupa net le sommet du tronc d'allure déjà fragile au sein duquel l'ennemi s'était temporairement réfugié. Pris de court, l'agent de X.A.N.A présumé s'explosa au sol, Thierry et Hiroki à ses trousses.
- Comme à la répét ! se réjouit ce dernier en abattant son épée sur la cible.
Elle para in extremis le zanbatō du japonais avec sa lame, donna à son tour un coup de pied au félin pour l'empêcher de lui tirer dessus à bout portant, et s’apprêtait déjà à bondir de nouveau. Il y eut alors un bruit de détonation : Temo, situé à une quinzaine de mètres, venait de tirer : il avait manqué sa cible, a priori assez largement d'ailleurs, mais la diversion sonore fut suffisante pour que l'amazone regarde une seconde dans sa direction avant de bondir, alors qu'elle devait déjà gérer un honorable quatre contre un. Elle n'avait plus le temps d'esquiver les deux Champ de force d'Hervé, générant ainsi à nouveau son bouclier en croisant ses poignets ; celui-ci tint bon.
Il céda toutefois à la suite des deux salves d'énergie qui lui arrivèrent dessus juste après, et la créature fut projetée en arrière, finissant dos contre un arbre. Trois flèches lasers dans le flanc plus tard, elle disparut en confettis blancs.
- Pfiou... souffla Hervé même si sa forme actuelle ne consommait pas d'air. C'était chaud, bien joué.
- Et puis, sa provenance ne laissait aucun doute, analysa Thierry. Cela colle avec les estimations de Yakin. On sait où se trouve notre objectif, je ne pense pas qu'elle s'attendait à nous trouver là, et donc qu'elle ait cherché à dissimuler sa provenance.
- Sauf si la créature était en réalité dans l'avion qui nous a abattu, et qu'elle provienne en fait pas du tout de la base, nuança Valérie.
- Je ne pense pas. Impossible d’atterrir dans ce merdier. Et puis un programme informatique n'a aucun intérêt à mettre un pilote dans un appareil qu'il peut contrôler à distance. En vrai je le sens bien ce coup-là.
- Admettons, consenti Hervé. Alors on y va.
Les Perles retournèrent auprès du groupe de canadiens.
- Merci pour l'intervention, fit Valérie à Temo.
- Pas de quoi, répondit le jeune. Vous aviez l'air de galérer, héhé.
- C'est ça, sourit Hervé. Bon, on va suivre la piste laissée par la créature, vous êtes partants ?
Centlé secoua la tête. Nul doute que, sous son casque, il avait l'air embêté.
- Cicred est totalement inapte au combat. Et Darion est blessé. Mais on ne peut pas les laisser tous seuls à l'arrière en milieu hostile.
- Hum. Les amener avec nous va nous retarder à cause de Darion. Le mieux est quand même de les laisser près du lieu du crash mais tout en les laissant cachés : si on va vers la base, on interceptera d'éventuelles menaces normalement. Mais bon, mieux vaut être prudents. À l'inverse, s'il y a des survivants, ils pourraient d'eux-mêmes revenir par ici.
- Je peux me défendre, confirma Darion. Cela me va de rester avec Cicred. Au moins, lui n'a pas les mains pleines de pouces, ajouta-t-il dans un petit rire reprit par son camarade canadien.
- T'es sûr ? s'enquit ensuite Centlé.
- Affirmatif.
- Ok, très bien alors. Bonne chance mon pote.
Les Perles se regroupèrent, prêts à partir, accompagnés par Temo, Centlé et Sahac.
- Bon. On va se mettre en file indienne pour se déplacer, informa le gardien. Je prends la tête. Hiroki, tu me suis. Ensuite, les trois canadiens, dans l'ordre que vous voulez. Valérie. Et enfin, Thierry.
- Message reçu, fit Sahac.
Ils marchaient depuis environ vingt minutes droit dans la même direction et n'avaient pas rencontré de difficultés particulières ; cela allait toutefois changer. En effet, un étrange bruit de fond indescriptible les avait déjà mis en alerte, celui-ci se faisant plus net au fur et à mesure de leur avancée. Ils ne furent pas déçus.
Devant eux, d'énormes fourmis qui semblaient faire à l'unité au moins 2 centimètres étaient actuellement en train d'avancer à toute vitesse, semblant effectuer une sorte d'énorme arc de cercle dont le groupe ne voyait qu'une infime partie.
- Mais attendez, un tel mouvement n'est absolument pas naturel, remarquait Hiroki. On dirait qu'elles forment un périmètre.
- X.A.N.A... commenta Valérie. Comme les rats de l'autre fois, on a bien vu qu'il pouvait posséder des animaux.
- Alors pourquoi elles ne nous attaquent pas ?
- Hum, cela doit être un genre de programme qui tourne en boucle de façon passive. Elles font toujours le même mouvement, analysa Hervé. Sinon, cela lui pomperait trop d'énergie.
- Je suis totalement d'accord avec cette analyse, confirma le félin qui approchait à son tour. Regardez.
Focalisés dans un premier temps sur la faune, le groupe en avait oublié la flore : au-dessus de l'arc de cercle des fourmis, de nombreuses lianes pendaient à la verticale, tel un rideau, dont le tracé suivait parfaitement, en hauteur, celui des fourmis. Les tiges s'arrêtaient de telle façon qu'il y avait à peine 50 centimètres de vide entre elles et les bestioles. Une telle formation était donc, là aussi, tout sauf naturelle.
- Nous sommes dans la bonne direction, avoua Hervé. C'est un système d'alerte ce truc. Si on touche une liane ou qu'on fait dévier une fourmi, on nous localise.
- Super mec j'avais deviné aussi, avoua Hiroki. Maintenant j'aimerais surtout savoir quel est ton plan pour éviter ça.
- Surtout que ce sont des fourmis balle de fusil, leur piqûre est très douloureuse, informa Centlé. Pas du tout mortelle mais j'aimerais éviter si possible.
- Les lianes tombent forcément des arbres, avoua Thierry en regardant en l'air. Hervé peut voler plus haut que ça. C'est un peu fastidieux mais il devrait nous permettre de contourner l'obstacle.
- Ah oui, pas bête, reconnut Temo.
- J'ai peut-être une autre idée, proposa Hiroki.
- Quoi donc ? questionna Hervé, soupçonneux.
- Eh bien, si c'est un système d'alerte, le déclencher va donc attirer des renforts de la base présumée ici. On pourrait peut-être tout simplement diviser pour mieux régner là non ?
- Putain, ça aussi c'est pas bête, avoua une fois de plus Temo.
- Hum. Avec quelle organisation ? fit Thierry. Concentrer nos forces ici et les démonter par tranche, ou une simple diversion pendant qu'on passe ailleurs discrètement grâce à Hervé et qu'on démonte la base en amont ?
- Bonne question. Je ne sais pas. Le problème, c'est qu'on ignore un peu tout de ce qui pourrait être envoyé. Y-a-t-il d'autres amazones en réserve par exemple.
- J'aime pas trop l'idée de séparer encore les Perles, avoua Hervé.
- Les Perles ? interrogea Sahac.
- Le surnom de notre groupe, lui précisa Valérie.
- Ok.
- Pff, je suis bien embêté, résuma le gardien.
- Eh, il parait que tu es le Capitaine du groupe, c'est pourtant à toi de prendre une décision, taquina le guerrier asiatique.
- Ouais ouais je sais bien. Vous en pensez quoi vous ? ajouta le Capitaine en direction des canadiens.
- Je comprends l'enjeu, avoua Centlé. La logique voudrait qu'on serve nous de diversion, vous êtes programmés pour aller démolir X.A.N.A. Mais si une créature comme la dernière se pointe, je doute que nous puissions lui faire face. Si on reste dans un registre de diversion minimale, on déclenche la détection puis on se casse, notamment en retournant du côté de l'avion. De toute façon, on a vaincu l'amazone, alors X.A.N.A doit bien se douter qu'on est encore là.
- Je me demande pourquoi il n'a pas tout simplement démonté le point d'impact de notre avion au satellite, fit remarquer Valérie.
- Il ne doit pas vouloir trop faire de dégâts à la forêt ? Peut-être est-ce dans son intérêt de rester caché ici. Bon en tout cas, pour en revenir au sujet, je n'ai pas de solution miracle, mais à choisir, je préfère la diversion où l'on s'enfuit après. Trop de risque qu'on se fasse découper de toute façon, et en plus, on gagnera davantage de temps si l'on amène l'ennemi à nous poursuivre.
- Ouais, c'est pas faux, avoua Temo, son fusil d'assaut bien en évidence malgré tout.
- Avec un seul qui fait diversion ? questionna Thierry.
- Hum, je préfère autant qu'on reste tous les trois ensemble, un seul c'est un peu du suicide. On a l'habitude de se battre en équipe.
- D'accord. L'idée me semble intéressante, avoua Hervé.
- Oui enfin, il oublie se dire que quand on jouait au foot, on perdait souvent, fit Sahac ironiquement.
- Oh ça va hein.
- Mais la question de la synchronisation va se poser, fit remarquer le félin.
- On déclenchera la diversion par un coup de feu, proposa Centlé. La portée sonore devrait être suffisamment large, vous n'avez pas besoin d'aller à perpet'. D'autant que vu la courbe décrite par le cercle, le périmètre n'est pas non plus extrêmement étendu. La base ennemie n'est sûrement pas très loin.
- Entendu. Donnez-nous à peu près une vingtaine de minutes.
- Il ne vous avait pas échappé que je n'avais pas l'heure sur moi, fit ironiquement Centlé. Mais je vais faire un comptage approximatif. Bonne chance. Lâchez pas la patate.
Alors les Perles appliquèrent le plan prévu. Suivant – à bonne distance – le cercle formé par lianes et fourmis, elles franchirent ensuite le rideau de détection biologique en utilisant la lévitation pour les guerriers, et les ailes pour le gardien, prenant le félin en transport. Une fois de l'autre côté, ils reprirent leur route. Il leur fallu à peine cinq minutes pour arriver à l'orée d'une clairière qui contenait beaucoup moins d'arbres qu'aux alentours. Et pour cause : il y avait des constructions artificielles. Des bâtiments. Une base. La fameuse base. Et en visuel, postées à l'extérieur, des immenses araignées qui semblaient hybrides entre naturel et artificiel.
- Ah, voilà les fameuses envahisseuses de l'Amazonie, chuchota Hiroki. Je désespérais de les rencontrer.
- De là, elles n'ont pas l'air si redoutables, lui répondit tout aussi discrètement Valérie.
- Tu n'as jamais été connue pour bien voir de loin... ni de près d'ailleurs.
- Silence ! ordonna Hervé. On écoute le signal.
Ils étaient de fait déjà largement en place lorsque la détonation retentit au loin, faisant s'envoler quelques oiseaux. Mais la diversion présumée ne généra aucun mouvement du côté des araignées actuellement dans leur champ de vision.
- Hum. Aurions-nous mal calculé notre coup ?
Apparemment pas, à en croire les nouvelles détonations qui retentirent au loin peu après.
- On y va. À mon signal !
Les Perles débarquèrent au milieu des frêles araignées. Et la remarque de Valérie, malgré sa réputation d'avoir mauvaise vue, était cette fois pertinente : bien que greffées de pattes cybernétiques semblant leur offrir une allonge qu'aucune n'aurait jamais acquise naturellement en un millénaire d'évolution, cette nouvelle « arme » était en tout point ridicule face aux avatars de Perles surentraînées. En quelques minutes, le ménage avait été fait à l'extérieur sans perte d'un seul point de vie. Hervé n'aurait jamais pu espérer que cela se passe aussi bien. Mais les locaux en dur n'avaient pas encore été investis, il ne fallait pas baisser la garde.
Le bâtiment principal étant en surplomb mais des entrées extérieures étaient visibles au sein d'une structure pyramidale encastrée dans le sol ; les Perles décidèrent de s'infiltrer par là, Hiroki explosant sommairement une porte à l'épée. Pénétrant dans une sorte de sas d'apparence austère, qui débouchait sur un couloir plus large. Le japonais, qui ouvrait la marche, n'eut pas le temps de faire davantage de tourisme, retirant promptement sa tête pour éviter un laser de monstre.
Le couloir en question était en effet occupé par des ennemis bien connus : deux tarentules, monstres de X.A.N.A, étaient déjà en position défensive, mitraillant les intrus de lasers.
- Ah, voilà un challenge plus intéressant, fit Thierry, qui n'avait pas encore à proprement parler eu en visuel les monstres mais qui reconnaissait leur doux son de tirs lasers.
Le félin effectua une roulade à découvert, activant immédiatement son bouclier sitôt la tête à l'endroit pour éponger les tirs, tandis que Hervé, placé derrière lui, envoyait des Champs de force. Les tarentules explosèrent rapidement.
- À l'ancienne ! souffla Thierry.
Elles n'étaient finalement pas un problème pour les Perles, habitués à combattre des ennemis autrement plus coriaces. Au prochain angle, il y avait également deux nouvelles tarentules, qui furent cette fois éliminées par les deux guerriers à distance à coup de salves. En fait, les monstres indiquaient indirectement le bon chemin au cœur du complexe puisque lorsqu'il y avait plusieurs possibilités, les Perles choisissaient systématiquement le côté où les monstres se trouvaient. Il y eut également, de façon plus aléatoire, l'apparition d'autres araignées cybernétiques mais le ridicule de leur menace ne mérite finalement pas davantage de mention dans ce récit. Et, au bout du bout, la salle du supercalculateur fut atteinte sans encombre. Il fut proprement massacré à distance par les attaques magiques du groupe. Et, lorsque tout fut terminé, il n'y avait plus qu'un lourd silence.
- Eh bien voilà, signala Hiroki.
- Je m'attendais à ce que ce soit plus compliqué, avoua Hervé.
- Bah, on est juste trop fort.
- Ouais, mais par principe, on devrait retourner sur le lieu du crash, voir si la diversion a vraiment amenuisé les forces de la base, proposa Thierry. J'aimerais comprendre comment on a pu y arriver si facilement.
- On s'en fout non ? proposa le gardien.
- Fais pas le trouillard, railla le japonais.
Sur cette remarque constructive, le Capitaine d'équipe décida en effet de retourner sur ses pas avec les autres, dépassant les divers cadavres d'araignées. Revenant au niveau de la barrière de lianes, ils constatèrent la présence, toujours, des grosses fourmis, mais celles-ci avaient cessé de tourner en rond, commençant plutôt à se répandre de manière anarchique, comme libérées de l'emprise de X.A.N.A. Puis, le groupe atteignit le lieu du crash. Il n'y avait pas un bruit. Alors que Hervé débutait un processus d'ouverture à l'idée de commencer à s’inquiéter, un mouvement dans les broussailles révéla Temo, la visière du casque fissurée, mais apparemment en un seul morceau.
- Vous avez réussi ? demanda ce dernier.
- Oui ! confirma Valérie.
- Bien joué, fit Centlé en se révélant à son tour d'une autre cachette. Nous aussi, on est aux petits oiseaux ici !
- Il vous est arrivé quoi pendant la diversion ? interrogea le félin qui n'avait pas tout compris.
- Eh bien, cela a fait apparaître à quelques mètres quatre grosses mygales tirant des lasers. Mais on s'est replié ici et on a profité du fait qu'elles avaient dû mal à tirer et à avancer en même temps pour les dézinguer. Nous n'avons que des blessures superficielles.
- Finalement l'ennemi le plus redoutable c'était « l'amazone », souligna Hervé. Quelle erreur que de l'avoir isolée ainsi.
- Et maintenant, on fait quoi ? s'enquit Hiroki.
- On essaye de rentrer en contact avec les autres.
Utilisant Thierry qui lui présentait son dos, Hervé activa le rituel pour tenter d'avoir des nouvelles des deux autres équipes de Perles occupées ailleurs.
- Oulà. Aucun signal de retour, informa-t-il finalement au bout d'une minute.
- Euh, ça craint là non ? lui répondit le japonais qui avait lui aussi perdu de sa superbe.
Tandis que le gardien secouait la tête, le félin lui répondit en se relevant :
- Non pas forcément. A priori ça ne fonctionne pas si les autres se déplacent à grande vitesse, car cela ne permet pas au signal de se raccrocher. Pour l'équipe Asie, c'est même plutôt rassurant qu'ils soient encore en train de filer vers leur objectif, car ils avaient bien davantage de kilomètres à avaler que nous, et en plus, ils allaient dans un premier temps moins vite. Non, là où c'est davantage étrange c'est...
- C'est que l'équipe de Guyane ne réponde pas, compléta Valérie.
Posté le: Dim 13 Juin 2021 12:45 Sujet du message:
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Kourou, Guyane française, dans la nuit
Blanche, Gladys, Jeomer, Jickan, Pierre, Thomas et Venctin s'était posés sans encombre dans l'eau peu profonde guyanaise, le modeste banc de sable formant la plage avant la végétation, mi-forêt, mi-mangrove sur certains aspects n'étant qu'à une dizaine de mètres. Il faisait nuit, et les humains ne voyaient pas grand chose de plus que ce que leurs yeux habitués à l'obscurité leur permettaient de voir, mais les spectres des Perles avaient moins ce problème. Commençant à pénétrer les bois, le groupe tomba rapidement au détour d'une clairière sur trois énormes araignées – sans doute les fameuses du journal intime selon Thomas – attirées par le bruit des craquements. N'ayant aucune possibilité d'attaquer autrement qu'au corps à corps, les animaux concernés se firent exterminer à coup de salves d'énergies des guerriers, jugées plus discrètes que les coups de feu des canadiens.
- C'est donc ça les animaux invasifs qui ont retourné l'Amérique ? Mais c'est nul... fit Thomas, presque blasé.
- Je suis moi-même un peu déçu, reconnut Gladys. Mais j'imagine que le plus dur arrive.
La fille faisait allusion au centre spatial qui était disséminé sur plusieurs hectares et dont il fallait à présent choisir la direction.
- Il faut trouver le centre de contrôle, commenta Pierre.
- Je me doute, mais comment ? interrogea l'ex-Capitaine des Manta.
- Ce n'est pas si compliqué, rassura Jickan. Les bâtiments hauts sont ceux qui hébergent les lanceurs, mais ils sont en général isolés. Il faut trouver la concentration la plus importante de bâtiments. Il faut aussi bien avoir à l'esprit que la zone sera déboisée, on ne sera pas à couvert éternellement.
- Hum. Ma double vue me manque, se lamenta Gladys. Eh, la tour de contrôle, retrouve donc tes ailes en utilisant ta lévitation pour essayer de mieux voir de là-haut.
Il s'adressait naturellement à Thomas, privé de Supersmoke. Le concerné s'exécuta, puis revint deux minutes plus tard, l'air dépité.
- Je ne vois rien. Il fait nuit.
- Ah bah bravo. C'est donc ça l’œil de faucon dont tu t'es tant vanté durant les combats sur le Neith ?
- Je n'ai jamais dit que c'était valable de nuit.
- Les faucons sont pas censés avoir la vision nocturne ?
- J'en sais rien, je suis pas zoologiste. Et toi non plus d'ailleurs, ajouta l'ex-Capitaine Frelion à toutes fins utiles.
- Va te faire enculer.
- Non, toi.
- Bon, intervint Blanche. On va attendre que le jour se lève du coup. Cela ne me semble pas un drame.
- Oui, approuva Pierre. Profitez-en pour vous reposer les humains. Nous on a pas besoin de dormir. On veille, littéralement.
- Hum, c'est une bonne remarque, fit Jeomer. N'étant plus tout jeune, ça me va bien.
- Changeons d'abord un peu de position, nous sommes encore trop proches de notre dernière altercation, conseilla Venctin.
Et après s'être exécutés, les trois canadiens tentèrent tant bien que mal de grappiller quelques minutes de sommeil.
L'aube était là. Et avec elle, le retour à une certaine luminosité. Le break du groupe avait été tranquille, faute de menace à l'horizon. Et pourtant, à un moment donné, il y avait eu du mouvement en direction de leur dernier point d'achoppement avec les araignées, preuve que le raisonnement de Venctin n'avait pas été si dénué de sens. Mais, faute d'avoir tranché le débat sur la vision nocturne du faucon, les Perles ne parvinrent pas à identifier le danger potentiel, qui fini par rebrousser a priori chemin après avoir farfouillé la zone une petite dizaine de minutes. C'était un pas lourd, presque métallique, et la confrontation, si elle avait eu lieu, aurait certainement été un peu plus sérieuse que des mygales hybridées de façon douteuse.
D'ici là, la capacité de Thomas à faire le malin s'était levée en même temps que le jour et après être reparti dans les cimes quelques minutes, celui-ci se voulait confiant :
- Oui alors effectivement, l'agglomérat de bâtiments sur une certaine zone ne laisse aucun doute possible sur la localisation de notre prochain objectif.
- Eh ho, c'est quoi ce charabia ? s'énervait déjà Gladys. Tu peux pas parler normalement non ?
- Stop, coupa net Blanche. Moi j'ai compris.
- Hum, mais comme dit, la zone est à découvert sur un large périmètre autour, et je vois des espèces d'humain qui patrouillent.
- Des humains ? Cela ne devrait pas être un problème, commenta Venctin.
- Je ne suis pas sûr. Ils ont l'air plus grands que la moyenne, je pense que cela cache quelque chose.
- Bon, on verra sur le tas, fit Jickan. Cela ne peut pas être pire que la fois où on a pris huit buts à deux, ajouta-t-il, déclenchant l'hilarité des trois comparses concernés.
Gladys s'approcha de Thomas. Elle avait une expression sur le visage assez préoccupée, et il ne faisait aucun doute que son interlocuteur devait s'attendre à quelque chose de très grave :
- Je me demande ce que le Commandant avait en tête quand il a mis en place cette simulation.
- C'est vrai, répondit le garçon sur un ton détaché. Je trouve que ce n'est pas très sérieux.
- Aller, mettons-nous en route, suggéra le samouraï, mettant là certainement fin à un débat crucial entre les deux ex-Capitaines.
Il ne fallut pas dix minutes pour que, malgré une avancée prudente, le groupuscule arrive à la lisière des bois, à la frontière de la zone du centre. L'occasion de constater que les formes humanoïdes évoquées par Thomas se révélèrent, à y regarder de plus près, d'immenses robots gris de deux mètres cinquante minimum avec de grands yeux orangés et une dentition particulièrement imposante en proportion. Les mini-canons au-dessus de leurs bras laissaient présager une arme de tir.
- Super... commenta Jeomer.
- Il ne nous font pas peur, lui répondit simplement Thomas.
- J'ai entendu parler de toi. On dit que tu fais souvent le malin. C'est encore le cas ?
- Roh mais faut arrêter avec ça...
- Et puis, pour une fois, il a raison, souligna Blanche. J'en compte cinq. On démonte le premier en traître en groupe puis chacun le sien quand les renforts rappliquent ?
- Et nous, on fait quoi ? demanda Jickan, qui souhaitait se battre.
- Vous criez s'il s'avère qu'ils sont plus de cinq.
Trois salves d'énergies étaient parties. Deux touchèrent la cible qui s'effondra, coupé net en trois morceaux. Bien sûr, comme prévu, cette destruction avait attiré l'attention du reste de la garde. Les robots, qui avalaient rapidement les distances à la course vu la taille de leur foulée, se rapprochaient. Vite. Ils allaient toutefois être bien reçus. Comme convenu, l'équipe se répartissait dans le champ de façon à pouvoir s'occuper chacun personnellement d'un ennemi.
- S'ils échappent le ballon, je les abats moi-même, commenta Venctin en observant la scène.
Thomas, l'air impassible, laissa le robot pointer ses canons, qui crachèrent des balles à grande vitesse. Il en absorba une première salve grâce à sa large lame, faisant retomber mollement les projectiles dans l'herbe, qui se révélèrent être des écrous.
- Hum. Toi tu as mis le doigt dans un sale engrenage, lança-il au robot sans se préoccuper d'une éventuelle compréhension de sa tirade par l'ennemi.
Il bondit ensuite au-dessus de lui tandis qu'une deuxième rafale visait l'endroit où il se trouvait avant ledit saut. Se rétablissant derrière, et alors que le robot se tournait, un coup d'épée circulaire fendit le bassin rachitique de l'humanoïde, celui-ci n'étant en fait composé que d'un simple câble reliant les jambes au reste de l'artifice. Le haut du corps s'écrasa sur le sol, le bas ne bronchant plus.
Gladys elle, n'avait pas pris la peine de parer la première série d'écrous, puisqu'elle avait envoyé une salve d'énergie avant de se laisser viser. Le robot, sans doute informé de la façon dont le premier garde avait fini quelques secondes auparavant, semblait s'y attendre, et bondit en conséquence pour éviter le danger. Gladys sprinta pour se retrouver sur le lieu de réception de la créature, prête à l'empaler. Deux rafales d'écrous la firent cependant rater son coup, la forçant à se baisser, les pieds métalliques de l'ennemi atterrissant à peine quinze centimètres devant sa tête momentanément proche du sol. Elle n'hésita pas et faucha les jambes du robot avec sa lame, coupant celles-ci qui n'étaient qu'à peine plus résistantes que le tronc, avant de se dépêcher de planter son arme dans le torse à terre de la créature en hurlant sans doute plus que nécessaire.
En parallèle aux deux frimeurs précédent, la méthode de Blanche était certainement la plus efficace : ne dévoilant aucune agressivité apparente, zanbatō non-généré, elle provoqua une sorte de méfiance de l'ennemi, X.A.N.A n'ayant pas anticipé pareille posture. Celui-ci laissa tomber l'option rafales d'écrous qu'il estimait connue de l'ennemi à cause des autres combats qui se tenaient à proximité et opta pour quelque chose de plus original, saisissant simplement la guerrière à la gorge, pour la faire décoller du sol, dans l'optique peut-être de la broyer. C'était sans compter le fait que Blanche avait fait apparaître son zanbatō durant l’ascension forcée, transperçant la poitrine du monstre, ce qui le fit s'arrêter net, ses yeux rouges s'éteignant subitement. Elle n'avait plus qu'à desserrer manuellement la prise autour de son cou et de se rétablir sur le sol.
Pierre lui, avait évidemment déjà terminé dans l'intervalle, le propre du bon samouraï étant d'être rapide. Les autres n'avaient pas vraiment vu ce qu'il s'était passé mais en tout cas, quand ils reportèrent son attention sur lui, l'ex-Capitaine Mégatank était tranquillement accroupi dans l'herbe surveillant d'éventuelles arrivées supplémentaires, tandis que le robot qui lui était dédié était éparpillé derrière lui en une bonne quinzaine de morceaux.
- Putain d'américains, commenta Venctin, scié par la performance.
- Simple échauffement, lui répondit Thomas. Mais ne traînons pas. Pierre, tu as l'objectif en visuel, tu peux y aller en éclaireur.
- Mes clones y sont déjà, répondit le samouraï.
- Oh.
Justement, les deux doubles revenaient, visiblement indemnes. Ils fusionnèrent avec l'original.
- La voie est libre, annonça Pierre.
- Excellent, commenta Gladys, certainement pour augmenter sa surface médiatique.
Les sept combattants se hâtèrent de quitter cet endroit exposé pour infiltrer les bâtiments principaux. Un bloc avec des baies vitrées semblant héberger des bureaux de direction semblait prometteur et fut donc choisi pour être fouillé en premier. Il devait y avoir une bonne cinquantaine de pièces, mais seule l'une d'entre-elles, contenant un grand écran blanc sur lequel était projeté des données depuis un ordinateur imposant relié à un vidéoprojecteur, était véritablement intéressant.
- J'imagine que c'est important, mais je n'y comprends pas grand chose, avoua Gladys.
- Moi non plus, reconnut Thomas. C'est de l’hébreu.
- Eh, c'est pas si compliqué, nuança pourtant Blanche. Cela parle d'un lancement d'une fusée prévue en fin de matinée qui a été annulé au motif d'une faille de sécurité.
- Évidemment, conclut Jeomer qui les avait rejoint. X.A.N.A nous a vu arriver. Alors il a annulé le lancement.
- Où était censée se rendre cette fusée ? interrogea l'ex-Capitaine Manta qui n'aimait pas la tournure que prenait le récit.
- Sur la Lune. Si j'en crois ce que je vois là, depuis la prise de contrôle du centre spatial par X.A.N.A, il a effectué plusieurs envois de ce type là-bas. Je pense qu'il doit y construire quelque chose, une sorte de base...
- Ne me dis pas que...
Le dialogue fut interrompu par l'arrivée du samouraï.
- Mes clones ont tout fouillé. Aucune trace de supercalculateur sur zone.
- Putain, ragea Thomas. Cela veut dire qu'il est là-bas.
- Là-bas où ?
- Sur la Lune, lui précisa Blanche.
- Ah, ah. Super... soupira Pierre. Et on y va comment ?
- Il y avait un vol prévu dans quelques heures, mais il a été annulé, certainement parce qu'on a investi la zone...
Le canadien présent secoua le casque, preuve qu'il effectuait le même mouvement de la tête.
- Cela ne peut tout de même pas être aussi bête.
- On pourrait parfaitement s'infiltrer dans la fusée, fit Thomas. On a pas besoin de respirer, donc à ce niveau-là, pépère. Mais j'imagine que pour que X.A.N.A pense le secteur sécurisé, il faudrait qu'on soit officiellement parti. Et là, c'est tout de suite plus compliqué.
Blanche pointa du doigt un des hauts bâtiments blancs qui hébergeaient les lanceurs, situé dans la direction d'où le groupe était arrivé.
- C'est le lanceur là-bas celui d'Ariane. En se planquant de nouveau dans la végétation alentour, on pourrait s'y infiltrer facilement je pense. On sait que le secteur est plutôt calme, on y a quand même passé plusieurs heures.
- Ouais mais X.A.N.A ne s'en contentera pas, souligna Thomas. Il faut qu'il nous pense plus loin que ça.
- J'ai une idée, fit Pierre. Les canadiens n'ont pas été vus eux encore a priori. S'ils se faisaient passer pour nous ailleurs, cela pourrait marcher non ?
- Oui j'y pensais, fit Jeomer. Mais le problème, c'est qu'on est que trois, et vous êtes quatre.
- Hum, c'est juste, fit Blanche.
- On s'en fout, lâcha soudain Gladys. Pierre, avec sa vitesse, pourrait jouer double jeu.
- Ah je vois ce que tu veux dire, confirma Thomas. Admettons. Encore faut-il faire des autres des guerriers crédibles.
- L'élément principal, c'est le zanbatō. C'est d'ailleurs surtout comme ça que les robots se sont fait dégommer. Même si l'apparence est différente, X.A.N.A peut toujours se dire qu'on s'est changé, etc. Enfin je sais pas mais il faut tenter le coup.
Thomas généra d'ailleurs sa lame, l'offrant à Jeomer.
- Vous pouvez porter ça ?
Le canadien s'empara de l'objet qui s'effondra immédiatement au sol.
- Non, répondit-il, visiblement gêné. C'est beaucoup trop lourd.
Le samouraï leva le doigt. Il avait une idée.
- Un de mes clones a repéré des imprimantes dites 3D dans l'un des secteurs du bloc. On pourrait pas les utiliser pour fabriquer de fausses armes ?
- Et tu saurais utiliser ça ? fit Thomas, essayant de subtilement sous-entendre qu'il n'avait certainement pas eu l'occasion de toucher une telle technologie des 15 ans en arrière d'où ils venaient.
La non-réponse immédiate de Pierre en était de fait une. Toutefois...
- Venctin lui devrait savoir, annonça Jeomer.
Thomas et Gladys se regardèrent. Cela commençait à devenir intéressant.
- Alors dépêchons-nous, fit Blanche.
Les trois guerriers étaient de nouveau planqués dans la forêt à proximité du lanceur Ariane censé à l'origine décoller pour l'astre lunaire. Pierre, Venctin, Jeomer et Jickan étaient partis pour Sinnamary, avec trois zanbatōs de cosplay, dans l'idée de certainement rencontrer des zombies en ville et faire comprendre à X.A.N.A que le centre était redevenu safe. L'opération était un peu grossière, mais Pierre et Blanche à la lecture des données de l'ordinateur semblaient dire que l'ennemi n'avait pas blindé le centre de caméras, pour des raisons qui leur échappaient. Alors, sur un malentendu...
La guerrière au nom « coloré » n'avait certes plus le tableau de contrôle sous les yeux. Mais au bout d'un moment, elle constatait que le plateau automatisé coulissant sur des voies ferrées chargé de mener la fusée sur son pas de tir et de la remplir en carburant s'était remis en marche, tiré par un camion spécial dont c'était la mission. Elle pouvait donc en déduire que la possibilité du lancement avait en effet repris. Avant de repartir dans le maquis, Blanche avait effectué des recherches et l'époque devait normalement voir s'envoler la fusée Ariane V depuis cette base. C'était pourtant un module différent de celui dont elle avait consulté les images sur internet, car il semblait y avoir une sorte de poste de pilotage au sommet de la fusée qui n'existe normalement pas sur le modèle d'origine essentiellement destiné à mettre en orbite des satellites, et donc qui ne transporte pas d'astronautes. La présence des deux boosters de propulsions de part et d'autre était elle plus habituelle.
- Je n'avais pas remarqué, souffla Blanche à Gladys. La fusée a l'air d'être du bricolage de X.A.N.A.
- C'est mauvais signe ?
- En fait, pour moi ça veut dire deux choses : déjà, ça pourrait expliquer que la base n'ait pas été si sécurisée que ça, parce qu'il a investi prioritairement ses ressources dans une construction originale. Et par ailleurs, s'il y a des aménagements pour accueillir des personnes, alors ça veut bien évidemment dire qu'une fois là-haut, on n'y sera sûrement pas seuls...
- Super, commenta Gladys. J'ai vraiment hâte qu'on en finisse avec ce bordel.
- Dans l'immédiat, ça nous permet de jouer les passagers clandestins, nuança Thomas.
- En effet, confirma Blanche. Il y a un sas d'entrée au sommet qui ne se ferme que de l'intérieur. On devrait réussir à s'y engouffrer par lévitation faute de grue pour nous y emmener. Mais ça veut dire que l'un de nous doit attendre Pierre pour le faire monter.
- Parfait, conclut l'autre fille. Je fais ça. La question est de savoir quand est-ce qu'on monte dans la fusée.
- Une fois qu'elle est sur zone de lancement. Ne prenons pas de risques.
- Reçu, répondit Thomas.
- Hep !
Pierre était revenu comme prévu. Gladys l'attendait à la base de la néo-fusée Ariane, lui permettant de s'accrocher à elle pour pouvoir monter également dans l'ouverture de la cabine de pilotage. Les deux autres étant déjà en place, la guerrière verrouilla l'ouverture comme indiqué.
Il y avait justement une rangée de quatre sièges et Blanche, Gladys, Thomas et Pierre s'y installèrent, ceintures attachées et regard vers le ciel.
- Ça c'est bien passé ?
- Oui, confirma le samouraï. On a dégommé quelques zombies, rien de bien méchant.
- Tout à l'air conforme pour un lancement en tout cas, indiqua Blanche qui ne levait pas les yeux de ses écrans. Oxygène, hydrogène... les moteurs sont chargés, idem pour les EAP.
- EAP ? interrogea sa collègue.
- Étages d’accélération à poudre. Les trucs qui entourent la fusée et qui servent à nous arracher à l'atmosphère le plus vite possible quoi. - H moins sept minutes, annonça alors une voix robotique.
- Il semble que tu aies raison, confirma l'ex-Capitaine Frelion.
- L'espace me manquait depuis le Neith, fit Gladys. C'est encore mieux quand on a supprimé la plupart de notre vulnérabilité humaine.
- Ouais.
- Gros, c'est quoi ta planète préférée ?
- Là comme ça je dirais Jupiter, répondit Thomas. C'est la big boss du système solaire !
- Ahin. Je pensais que ton kiffe c'était les vents.
- Bah oui, y a d'énormes tempêtes sur Jupiter.
- Mais les vents les plus violents sont sur Neptune... une planète bleue bien entendu, sourit Fontaine.
- J'men fous.
Surjouant la bouderie, la blonde se détourna pour parler cette fois à sa voisine de gauche :
- Ça va Blanche ?
- Oui oui.
- Sans ton aide, on aurait jamais réussi.
- Comme depuis que j'ai rejoins les Manta, sourit-elle. Plus sérieusement, je ne m'emballe pas tant qu'on est pas allé au bout. Garder la tête froide comme tu dis.
- Hum, c'est vrai, confirma l'autre fille qui n'ajouta rien, reportant son regard sur l'horizon céleste. actuellement masqué par la lumière du Soleil. - H moins une minute, annonça à un moment donné à nouveau la voix.
- Ah, on va entrer dans le vif du sujet, commenta simplement Pierre. - Attention pour le décompte final. Dix. Neuf. Huit. Sept. Six. Cinq. Quatre. Trois. Deux. Un. Top.
Ce n'était pas une mise en scène. Les tremblements que les Perles commencèrent à constater plus qu'à réellement ressentir tout en s'arrachant du sol semblaient confirmer qu'ils étaient bien en train de... - Allumage Vulcain. Allumage des deux EAP. Décollage XA004.
- La vache, heureusement qu'on est pas dans nos vrais corps sinon je serais complètement paniquée, souffla Gladys.
- Tu n'arriverais même pas à parler pendant cette séquence, ce qui ne serait pas plus mal, lui répondit son voisin de droite. - La propulsion est nominale.
Sur le plan visuel, les Perles continuaient pour le moment simplement de voir un ciel bleu dégagé. - Tous les paramètres à bord sont normaux. Les paramètres propulsifs sont conformes à l'attendu.
- Et lui, t'aurais pas envie qu'il ferme sa gueule ?
- Non, il y a quelque chose de rassurant dans cette procédure maîtrisée.
- Tss.
- On est à 54 kilomètres d'altitude ! annonça Blanche qui regardait – et comprenait – les écrans de vol.
Et puis, progressivement, le ciel à perte de vue commença à perdre de son éclat. Le bleu se noircit. Les étoiles lointaines commencèrent à apparaître dans le champ de vision du cockpit. - Séparation des étages d’accélération à poudre.
Il y eut une légère secousse.
- Oho. Bon on est à 133 kilomètres d'altitude. On file à 3,5 kilomètres secondes, précisa la guerrière. On n'est plus soumis à l'attraction terrestre... je crois. Tiens, c'est quoi ça ?
- Un problème ? s'enquit immédiatement Gladys.
- Notre vaisseau a fait apparaître des ailerons à la place des EAP largués. Maintenant on est vraiment une navette spatiale.
- Habile. Et maintenant ?
- Maintenant euh, eh bien... arrivée prévue dans 65 heures.
- Je vois.
Le voyage approchait de son terme. Avantage de leur forme spectrale, aucun des passagers ne s'était levé de son siège depuis, à l'exception de Thomas qui avait voulu vérifier – sans succès faute d'accès – quelle était la cargaison transportée dans la soute du vaisseau, coincée entre la salle de l'ordinateur de bord et celle du moteur.
À l'extrême-droite, Pierre avait sorti l'un de ses sabres et le regardait depuis quelques minutes fixement, alors que ses camarades étaient plutôt transportés par le visuel de l'astre lunaire en approche.
« Pod... pieds... capsule ? »
Puis il tourna la tête vers la gauche.
- Il y a quelque chose qui m'échappe.
- Quoi ? demanda Blanche.
- Une navette spatiale n'est pas du tout le vaisseau le plus adapté pour alunir a priori. C'est pas comme ça que les Américains sont allés sur la Lune. Tintin non plus. Normalement, la technologie fait le choix de faire ça à la verticale. Comme quand on a décollé en fait.
- Pourtant, c'est bien ce qu'utilise X.A.N.A non ?
- Bah oui, j'ai vérifié les écrans, il y a bien un train d’atterrissage. Mais alors quoi, il a fait une piste ? Ou bien il fait ça à même le sol ?
Le samouraï reporta son attention sur les écrans.
- Ah. Mare Imbrium. Oui c'est plutôt plat. On va peut-être faire ça à l'ancienne. Mais quand même, ça va à l'encontre de la logique de notre histoire des vols spatiaux.
- Parce que tu t'y connais ? questionna l'air de rien son collègue à sa gauche.
- Évidemment. Petit, comme beaucoup, je voulais devenir astronaute. J'ai moins la tête dans la Lune aujourd'hui mais toujours dans les étoiles, j'ambitionnais de devenir ingénieur dans l’aéronautique avant tout ce bordel.
- Tu aurais pu le dire avant de me laisser galérer toute seule ! fit remarquer Blanche.
- Mais non. Tu t'en sortais très bien. Et j'étais là en backup.
- Aller, restez concentrés, je sens qu'on ralenti, fit Gladys. On ne va pas tarder.
Et les Perles reportèrent leur attention sur l'astre mort. À cette distance, ils pouvaient en observer les longues surfaces grises parsemées de cratères, formant des reliefs irréguliers bien que demeurant, sur la fameuse face visible de la Lune, moins traîtres que du côté de la face cachée. À mesure de la descente, l'équipage pouvait constater que X.A.N.A ne s'était effectivement pas embarrassé de la création d'une piste : la navette se posa à même le sol lunaire, amorçant sa décélération sur plusieurs centaines de mètres, dans un espace vierge de tout relief. Lorsque les réacteurs s'arrêtèrent, il ne restait plus qu'une chose : un silence assourdissant. Ils y étaient. Ils étaient sur la Lune. Et ils n'étaient, comme anticipé, pas seuls.
Quatre formes sombres étaient en train de se diriger vers eux, ce qui expliquait peut-être les quatre sièges de la navette. Au loin derrière eux, une chaîne de montagnes, si on pouvait l’appeler ainsi, était visible.
- Sortons. On va régler ça à notre façon, proposa Gladys.
- Attends ! fit Pierre.
- Quoi ?
- Qu'on ait pas besoin de respirer et qu'on résiste aux variations de température, c'est super pratique. Mais ça ne change rien au fait qu'il n'y a pas d'air sur la Lune. Donc pas de son. On ne pourra pas communiquer oralement.
- Bien compris.
- Et la gravité va faire qu'on va être plus lents dans nos mouvements aussi, souligna Blanche. C'est bien beau de vouloir se battre, mais rien ne dit qu'on puisse vraiment. Et on ne sait rien de ces choses qui, si elles sont là, sont certainement plus adaptées que nous pour se déplacer.
- Blanche a raison, fit Pierre qui regardait la menace avancer vers eux. Je le vois à leurs mouvements. Ils marchent comme s'ils étaient sur Terre. À mon avis on va prendre une sale rouste si on se frotte à eux.
- Putain d'merde, comment on va faire ? ragea Thomas. On aurait peut-être dû y réfléchir avant, on a eu 3 jours.
- On savait pas ce qui nous attendrait à l'arrivée, nuança Gladys. J'avoue que j'aurais préféré des organismes plus facilement identifiables. Qu'est-ce que X.A.N.A peut bien foutre ici ?
- On s'en préoccupera plus tard. Là il faut qu'on se décide et vite.
- L'effet de surprise sera capital, souligna Blanche. Regardez d'où ils viennent : je mise sur le fait que la base est dans le cratère qui est derrière ces reliefs. S'ils commencent à décharger la navette, ils vont retourner là-bas. Et alors...
- Ok je vois, confirma Gladys. C'est une bonne idée. Du moins, pas mauvaise. Enfin, c'est surtout la seule qu'on a.
- Alors fermez-là et concentrez-vous, ordonna Thomas.
Et donc, les Perles attendirent, non sans frustration de la part de certaines. Le poste de pilotage ne communiquant pas avec la soute, comme l'ex-Capitaine des Frelion n'avait pas manqué de le constater durant le trajet, il était peu probable que les créatures s'en préoccupent dans l'immédiat. Et effectivement, après un – un seul – bruit lointain témoignant possiblement du déchargement de certaines pièces, Pierre put constater en zieutant discrètement le champ de vision offert par le cockpit que les créatures repartaient, apparemment chargées de grosses caisses qui semblaient peser affreusement lourd – du moins, sur Terre...
- On y va ? proposa Gladys.
- Non attends. Si on brise les fenêtres avant, la différence de pression va instantanément nous aspirer à l'extérieur, ce qui pourrait nous projeter assez loin vu la gravité. Ne prenons pas le risque de nous faire repérer. Ils ne nous entendrons pas venir de toute façon, puisque...
- ...oui oui pas de son, ok, compris.
Laissant encore passer quelques secondes durant lesquelles les cibles furent réparties, les Perles passèrent ensuite dans le concret : Thomas explosa le vitrail central à coup de zanbatō, ce qui aspira immédiatement les quatre humains à l'extérieur, les faisant virevolter en l'air quelques secondes avant qu'elles ne se réceptionnent sans douleur – et de fait, sans bruit – sur le morne sol lunaire.
En s'approchant des cibles, c'était aussi l'occasion pour elles se davantage les détailler : l'une des formes avait un physique plus large, l'un était clairement plus grand et élancé, le troisième était petit avec un crâne plus disproportionné et le dernier pouvait finalement être considéré comme standard comparé aux autres. Définitivement sombres, ils avaient néanmoins tous sur leur corps un logo de X.A.N.A coloré, seule source de lumière en provenance de ces êtres, très gros, suivant leurs courbes, comme un tatouage de grande envergure. Le point central du tatouage, malgré les différences de physique, commençait systématiquement au centre de la partie supérieure du corps, peut-être ce que l'on pouvait qualifier le plus facilement de tête. Ainsi, la cible des lames des guerriers et du samouraï était presque trop évidente : coordonnées, les Perles attaquèrent quasiment au même moment malgré le manque d'habitude de cette gravité, et les monstres se figèrent avant de tomber en morceaux. Morceaux qui restèrent sur place. Curieux.
Ne pouvant communiquer, Gladys fit un signe d'applaudissement avec les mains avant d'indiquer les sommets à l'horizon. Et les quatre amis se mirent, non pas à marcher, mais à bondir compte-tenu de la gravité, pour avancer. Il leur fallu tout de même vingt minutes pour arriver à destination, au sommet de l'extérieur du cratère.
Ayant désormais le visuel de l'intérieur de celui-ci, le groupe put constater qu'une immense structure pyramidale grise était située en son sein. Assurément une construction artificielle... Dévalant le relief dans l'autre sens, Thomas, Blanche, Gladys et Pierre ouvrirent la porte du sas bleue, chromatiquement distinguable du reste, de fait. Aucune fenêtre ne permettait d'identifier la présence éventuelle d'ennemis mais ils voulaient croire que les quatre vaincus étaient seuls ici, compte-tenu là encore du nombre de sièges dans la navette. La suite leur donna raison, une fois le filtre de la double porte du sas franchit : ils déboulèrent dans un immense laboratoire à première vue inhabité. Mieux : s'étant introduis dans les règles, ils étaient désormais de retour au sein d'une base qui était pressurisée. Il y avait de l'oxygène. De l'air. Du son.
- Euh. Mais pourquoi X.A.N.A a-t-il construit sa base comme pour des humains ? Il était évident que les quatre tas sombres n'avaient nullement besoin de respirer, tout comme nous. Il se fait chier à importer de l'oxygène...
- Je sais pourquoi, fit Pierre.
Il regardait actuellement une large baie vitrée située sur un côté, et qui contenait de l'autre de la végétation luxuriante actuellement arrosée par un système mis en place par le plafond.
- Il ne l'a importée... il l'a crée lui-même.
- Impressionnant... commenta Gladys en s'approchant.
Les deux restèrent là plantés une trentaine de secondes à admirer l'écosystème, jusqu'à ce que :
- Il y a de beaux projets ici, commenta Blanche qui trifouillait un terminal. Des possibilités sont envisagées pour aller sur toutes les planètes du système solaire. Et sur Pluton. Pour ensuite activer la recherche de planètes sur Alpha du Centaure...
- X.A.N.A planifie à plus long terme que nous, ça parait normal, commenta Thomas en s'incrustant à l'arrière plan d'une façon dont lui seul – et peut-être Batman – savait faire.
- Cela fait rêver, confirmèrent en même temps les blondes.
- Ok mais la mauvaise nouvelle, c'est que je ne vois aucun supercalculateur ici. Pourtant, c'est pas possible. Il y a forcément...
Il ne termina pas sa phrase, prenant la place de Blanche devant l'écran tactile sans rien dire avant de se mettre à fouiller les dossiers.
- Putain. Vous savez, le fameux satellite qui nous a tiré dessus au Canada ?
- Euh, ouais ?
- C'est pas un satellite. C'est un canon orbital... autour de la Lune, pas de la Terre ! Et le Supercalculateur est construit dedans.
- Tu plaisantes ?
- Non.
- Il n'y aurait pas par hasard un système d'autodestruction programmable depuis ce truc ? interrogea Thomas.
- Apparemment non...
- C'est pas possible, on est quand même plus malin que ça, ragea Gladys.
- On se calme, corrigea Blanche. C'est quoi ce canon orbital ?
Pierre fit apparaître à l'écran une représentation 3D de la structure. Apparemment gris foncé, le bâtiment spatial était de forme rectangulaire allongée et légèrement courbée vers l'intérieur, comme pour évoquer en partie un croissant de Lune.
- Eh, ça va, ça n'a pas l'air trop gros, fit remarquer Blanche.
- Et alors ? lui répondit Pierre.
- Tu devrais pouvoir programmer la navette pour qu'elle se crashe dessus et détruire le supercalculateur non ?
Le samouraï ouvrit la bouche, mais sans laisser sortir aucun son. Il trouvait en tout cas l'idée intéressante, en témoignait le fait qu'il reporta son attention sur le terminal. Il était vrai que la navette avait été tout du long en pilote automatique, alors peut-être que...
- Oui, ça pourrait marcher. Il va pas falloir que je me chie sur mes calculs alors laissez-moi bosser un moment. La navette devrait avoir assez de carburant pour redécoller et atteindre le truc qui n'est qu'en orbite basse, et avec une gravité plus faible c'est d'autant plus facile, mais je n'aurai pas 50 essais non plus.
- Compris, acquiesça Gladys. T'es le meilleur.
Les trois autres Perles s'écartèrent donc promptement. Thomas reporta son attention sur les plantations, tandis que Blanche, qui n'avait plus le terminal en main, se rendit devant une photographie géante de la Lune qui était posée sur un établi. Gladys se retrouva momentanément comme un âne coincé entre l'eau et la bouffe, avant de décider d'aller voir Thomas.
- On y est presque cette fois. Si nous on a réussi en allant aussi loin, je n'ai aucune inquiétude sur le fait que les autres groupes aussi.
- Aucune ? releva Thomas l'air de rien.
- Bon, presque aucune, rectifia la blonde.
- Ah je préfère ça. De toute façon, la simulation était faite pour nous diviser. Ce n'est pas de notre faute.
- Et après ça, tu penses qu'on va passer aux choses sérieuses ?
Le garçon haussa les épaules.
- Je ne sais pas. C'est étrange. J'ai l'impression depuis quelques temps que ça ne fait pas si longtemps qu'on a commencé notre aventure sur le Neith. Paradoxalement, un autre sentiment me fait dire qu'on se connaît depuis bien plus longtemps que ça. Mais ce n'est pas possible, ça ne peut pas dater d'avant.
- Ah. Euh. Je n'avais pas spécialement fait attention. C'est possible mais bon, je suis toujours à fond dans l'action. C'est à toi que je laisse ce genre de détails inutiles, tu les retiens bien en général.
- Abrutie.
- Enculé.
- Oui.
L'expression faciale de la fille changea du tout au tout : elle fit un cul de poule digne d'un...
- Tu veux dire que tu... ? Enfin maintenant tu... ?
Le guerrier haussa les épaules, l'air mystérieux.
- Peut-être.
- Pff, j'me tire, conclut Gladys avant d'aller cette fois emmerder Blanche, toujours devant sa photo.
L'autre guerrière l'avait entendue arriver et se tourna vers l'ex-Capitaine Manta :
- C'est beau.
- Oui. J'aime bien ce que ça m'inspire.
- Ah.
Il y eut comme un moment de gêne pendant lequel les deux filles n'ajoutèrent rien. Après avoir hésité, Blanche rompit le silence :
- Hum. Puisque pour une fois on a le temps d'en parler, je voulais te dire un truc.
- Ne me dis pas que tu es gay toi aussi ? fit Gladys, déjà exaspérée.
- Euh, techniquement non ?
- Bon. Bien. Pardon, alors c'était quoi ?
- En f...
- J'ai réussi ! s'exclama soudain Pierre, content comme tout, interrompant momentanément la révélation.
- Quoi déjà ? fit Thomas.
- En fait ouais, le programme est extrêmement intuitif et est une vraie aide niveau calcul. Si c'est X.A.N.A qui a codé ça, c'est du très haut niveau.
- Sous-entendu, le Commandant, souligna Gladys en s'approchant. C'est un génie, c'est normal. Le gars a quand même construit le Neith plus ou moins seul.
- C'est vrai, confirma Blanche.
- Tu peux lancer la procédure d'ici ? questionna Gladys.
- Ouais. Il faut juste attendre quelques minutes que le canon orbital soit au plus près.
- Bon, allons admirer le spectacle dehors ensuite.
- Avec plaisir.
Ressortant de la base après le délai imparti par le même accès – d'ailleurs, unique – les Perles gravirent de nouveau la bordure du cratère, tandis que la navette programmée à distance par Pierre peu de temps auparavant décollait de nouveau. En regardant la voûte entièrement noire, les quatre humains ne virent d'ailleurs pas la cible du vaisseau.
Mais, en redescendant son champ de vision vers l'horizon, Thomas lui remarqua un curieux point blanc sur ces terres mortes. Il fit un signe aux autres, indiquant l'endroit où la navette stationnait encore il y a peu, avant le décollage. Gladys lui fit un hochement de tête positif : il fallait aller voir ça, évidemment.
Descendant la falaise en bondissant, les Perles arrivèrent en un petit quart d'heure sur les lieux. Au fur et à mesure de leur avancée, le point blanc suspect se précisa, et il devenait évident qu'il ne s'agissait pas d'une illusion d'optique. Et pourtant, la chose ne bougeait pas.
En fait, elle était à l'endroit exact où les restes noircis des quatre aliens avaient été laissés, ces derniers ayant depuis disparut. Il s'agissait d'un humain. En tout cas, de quelque chose ayant forme humaine. Vêtu d'une combinaison d'astronaute – blanche donc – le visage dissimulé sous la visière noire du scaphandre, l’intrus était inidentifiable. Enfin, il y avait quand même un indice : sur l'épaule, là où souvent, dans les films plus que dans la réalité forcément, on voyait le pays d'origine de l'homme présent à l'intérieur, il n'y avait qu'un seul logo... celui de X.A.N.A.
Bien que celui-ci ne soit, et de loin, pas la plus importante menace que les Perles aient eu à affronter jusque là, il y avait quelque chose de terrifiant à se retrouver devant cette forme imprévue, sortie de nul part, au sein de l'environnement lunaire gris dévasté. L'absence de possibilité de voir le visage de la chose renforçait cette impression finalement, d'inhumanité, malgré la forme prise par « X.A.N.A ». L'absence de son, de fait, permettait de surcroît aux soldats de se focaliser sur l'aspect visuel. Et ils ne pouvaient pas communiquer entre eux. Pour les quatre spectateurs, la scène évoquait aussi dans un sens la célèbre photo de Buzz Aldrin sur la Lune, qu'ils avaient tous en tête.
L’astronaute, désormais à une vingtaine de mètres, fit deux mouvement : tout d'abord, un léger bond, l'arrachant de la surface. Puis l'autre, avec sa main droite désormais en forme de pistolet en direction des humains. Et de son gant surgit soudain une sorte d'éclat lumineux rouge. Un laser ? En tout cas, ce fut...
Rapide.
Et mortel.
Il n'avait fallu qu'un dixième de seconde à l'attaque pour atteindre sa cible : Blanche, transpercée en pleine poitrine. L'instant d'après, elle commençait à se dépixeliser.
Gladys avait eu le temps de capter son regard avant qu'elle ne disparaisse. Mais elle ne pouvait rien dire, faute d'air, faute de son. Et l'autre blonde non plus. Et dans un tel contexte, que fallait-il lire en quelques instant dans son regard ? Elle ne le saurait jamais. Blanche n'était déjà plus là.
Les garçons étaient plus attentifs à la menace dans l'immédiat, ne serait-ce que pour éviter de finir de la même façon. Mais « X.A.N.A », après avoir effectué une telle attaque, s'était vu projeté dans le ciel d'encre, tournant d'ailleurs légèrement sur lui-même. Il n'était plus une menace. Il ne cherchait même plus à les combattre. Tout ceci avait-il un sens ? Sur la Lune, ce sens devait-il être le même ? Les règles du jeu n'étaient pas similaires elles... pour preuve ?
Gladys était à genoux. Elle voulait pleurer. Sa forme spectrale l'en empêchait.
Elle voulait hurler. La Lune et son absence d'air lui intimaient de se taire.
Alors elle voulut se venger. Mais le meurtrier était déjà loin, en train de disparaître dans l'espace infini, de se faire engloutir dans les ténèbres qu'il avait lui-même provoquées. Générant son zanbatō, l'ex-Capitaine Manta voulut envoyer une salve d'énergie dans sa direction, même si elle savait que ça ne servirait à rien. Sa lame se révéla muette. Était-ce encore les règles du jeu différentes ? Ou n'était-elle même plus en état d'utiliser ce banal pouvoir ? Elle jeta alors son arme inutile au loin, le fer rebondissant plus que d'accoutumée à cause de la pesanteur différente.
Alors que Pierre, qui avait un sabre en main pour le principe, constatait qu'il était en train de perdre le cosmonaute de vue, Thomas regardait Gladys. Pour une fois, il aurait bien voulu lui dire des choses gentilles et non des vannes. Il fallait que ça tombe au moment où il ne pouvait physiquement pas parler. Quelle plaie ce satellite...
Puis il y eut comme un nouvel éclat très bref et discret venant de derrière, capté par Thomas. L'ennemi était-il revenu ? Non. C'était une explosion – sans bruit naturellement. Le vaisseau venait d'atteindre le canon orbital et de se crasher dessus. Et logiquement, de détruire le supercalculateur dissimulé à l'intérieur.
En se retournant le premier, l'ex-Capitaine Frelion avait incité les deux autres à faire de même, y compris Gladys. En cherchant du regard l'explosion, pour la première fois, les trois Perles faisaient aussi attention à quelque chose de bien plus époustouflant.
La Terre.
La Terre aux deux tiers éclairée dans le ciel noir.
La Terre, visible à l’œil nu depuis la Lune comme sa réciproque. Mais elle était bien plus grosse, bien plus belle, et bien plus époustouflante.
Gladys était celle qui était submergée le plus de sentiments totalement contradictoires : tout en traversant l'épreuve du deuil pour la première fois, ce qui la dévastait, elle était en train d'observer la plus belle vision qu'elle ait jamais eu l'occasion de voir, l'occasion d'avoir. Venus depuis le Neith, ce n'était rien à côté de ce... lever de Terre.
Et après 42 secondes de cette magie finalement indescriptible, tout disparût pour les trois Perles.
La simulation avait pris fin.
Posté le: Mer 23 Juin 2021 08:09 Sujet du message:
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Spoiler
Bon eh bien... plus qu'à terminer le PDF n'est-ce pas ?
Piton des Songes, Île de la Réunion, dans la journée
Joris – pourquoi Jérémie continuait-il à penser à lui sous ce pseudo ? – pouvait enfin souffler après plusieurs heures d'intense concentration. Le fait que les événements de la simulation se déroulent sur une échelle de temps plus réduite avait l'avantage d'éviter de le faire passer de nombreux jours francs devant, en contrepartie, les choses se déroulant plus vite, il avait dû être encore plus focalisé sur le programme. En tout cas, l'installation – enfin ! – d'internet lui avait changé la vie, même si ce n'était pas optimal ici. Et la métropole osait parler de continuité territoriale ?
Au-delà de ces considérations logistiques, Joris devait tirer les conclusions qui s'imposaient de la simulation, alors que les dix Perles du Neith reprenaient conscience virtuelle sur Kharlan après la disparition de la bulle blanche dans laquelle ils se trouvaient. Déjà, les dix avaient survécu, mais c'était bien là l'exigence minimum. L'installation de deux leurres déjà décédés dans le monde réel – Ninon et Blanche – n'était là que pour renforcer la mise à l'épreuve de certains.
Rien à dire également du côté de la création des faux souvenirs : en début d'exercice, les Perles s'étaient comportées comme s'il n'y avait jamais eu de massacre final sur le Neith ; Joris n'anticipait pas de soucis à ce niveau-là mais rien ne valait une confirmation issue de tests empiriques.
Non, en fait, il n'avait qu'une préoccupation : la modification de personnalité avait clairement échoué. Les Perles qui étaient là n'étaient plus tout à fait celles qu'il avait récupéré il y avait encore peu. Mais elles restaient fondamentalement les mêmes personnes. Comme si le programme de l'ancien Commandant du Neith, au lieu de la modifier, avait agit comme si les âmes avaient traversé plusieurs années en seulement quelques jours. Curieux tout de même.
Et Joris n'aimait pas ça. Il tenait à ce que la complicité, les amitiés, voir plus, celles acquises sur l'expérience d'un autre que lui, soient effacées. Il voulait créer une armée virtuelle à sa main. Ce qui s'était passé durant la simulation prouvait clairement que, malgré des évolutions, la base était toujours là, toujours la même. En tout cas, certains sentiments, peut-être les plus forts, ou bien les plus sincères – qu'en savait-il ? – avaient survécu à cette épreuve.
Très bien, sa décision était prise. Il n'avait pas osé utiliser le programme puissance maximum de peur des conséquences psychologiques sur les adolescents. Mais pour Joris, le contrôle absolu était plus important que tout le reste.
Les Perles du Neith allaient de nouveau y avoir droit.
Cette fois, il en ferait bien sa création à lui.
Enfin... à son unique exemplaire de lui.
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