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[Fanfic] Pas maintenant [Terminée]

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 Auteur Message
Ellana MessagePosté le: Jeu 06 Aoû 2015 15:51   Sujet du message: [Fanfic] Pas maintenant [Terminée] Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Bonjour, bonsoir !
Je viens vous proposer une deuxième fiction. Contrairement à l’autre (qui est ralentie mais pas abandonnée, hein…), celle-ci est déjà terminée (en même temps, elle est bien plus courte). La sortie des chapitres sera donc régulière et étant donné leur taille (très) réduite, il y en aura deux par post.
L'histoire ne prend pas en compte CLE. Elle se passe plusieurs années après la fin de la saison 4 et est centrée sur les relations entre les personnages. Psychologie et sentiments l’emportent largement sur l’action, vous aurez été prévenus.
Sur ce…

Pas maintenant


Chapitre 1 : Pendant des années


Pendant des années, j'ai combattu une intelligence artificielle maléfique.
Pendant des années, j'ai risqué ma vie et celle de mes amis.
Pendant des années, nous avons survécu à tout ce qu'une créativité malsaine pouvait inventer. Nous avons affronté des animaux, des humains, des camarades de classe, des tempêtes de neige et de sable, des monstres qu'aucun de nous n'aurait pu imaginer.
Pendant des années, j'ai aidé du mieux que j'ai pu mes amis à survivre dans un monde virtuel. J'ai arraché l'un d'eux à sa captivité. Mon Aelita, ma douce, ma sœur, mon âme-sœur. La compagne de ma vie plus que celle de mon cœur. On peut vivre sans son cœur, de nos jours. Avec les progrès de la médecine en matière de transplantation, cela finira par être courant, de vivre avec le cœur d’un autre.
Mais sans sa vie, que devient-on ?
Pendant des années, j'ai connu la peur, la vraie, celle de perdre ceux qu'on aime, celle de savoir qu'on joue avec l'existence des personnes qui nous sont les plus chères, celle de se sentir responsable de tout ce qui peut arriver. Le poids de la culpabilité. Terrifiant.
Toutefois, il y a pire, bien pire que la culpabilité.
Il y a la certitude qu'on n'y est pour rien. Qu'on ne peut rien faire, qu'on n'aurait rien pu faire.
Comment se pardonner une faute que l'on n'a pas commise ?


***


- Aelita ?
- Encore cinq minutes, Mathieu.
- Perdu, c'est Yumi. Et tu n'es pas vraiment dans ton lit.

Aelita ouvrit les yeux pour les refermer aussitôt. Elle avait eu le temps d'entrevoir un grand éclat doré, un éclat brûlant, meurtrier, qui lui avait lacéré les yeux. Sa tête lui fit mal, encore plus mal. Étrangement, à part cette douleur diffuse sous ses paupières et son crâne, elle ne sentait rien.

- Aelita. S'il te plait.

Yumi croisa les bras sur son ventre en regardant autour d'elle. Aelita était allongée face contre terre mais ce n'était pas ce qui l'intéressait. Malgré le fait qu'il fasse jour, malgré les couleurs chaudes qui l'entouraient, elle se sentait glacée par le paysage. Un paysage qu'elle n'aurait jamais cru revoir et qui s'étalait sous ses yeux comme un sourire goguenard.
Du sable.
Du sable partout. Une étendue désertique parsemée de pointes rocheuses.
La gorge nouée, Yumi avança vers le vide à quelques mètres d'elle. Elle se trouvait sur une plaque. Une plaque suspendue loin au-dessus d'une eau jaune et mouvante.
Le désert de Lyoko. Un lieu que Yumi associait à ses cauchemars.
Un cauchemar, bien sûr ! Elle devait être en train de cauchemarder ! Se pincer ne servirait à rien, elle ne sentirait aucune douleur mais...
Ses mains se croisèrent dans son dos. Le geste lui était apparu plus évident qu’elle ne l’aurait cru. Ses doigts se refermèrent sur ses éventails, comme si la veille encore, elle s’en servait. Elle en lança un devant elle. Il fila dans un sifflement parfaitement audible avant de revenir au creux de sa paume.
Trop réaliste, bien trop pour un simple rêve.

- Jérémie ? appela-t-elle dans un réflexe, sans savoir si elle préférait un silence ou une réponse.

Sa voix tremblait alors que son esprit tentait de rester accroché à des éléments simples et familiers. Elle s'appelait Yumi Ishiyama. Elle avait 31 ans. Travaillait comme infirmière pour les Hôpitaux de Paris. Était...

- Yumi ?

La japonaise se retourna et retint de justesse un mouvement de recul qui l'aurait précipitée droit vers la Mer Numérique. Aelita s'était relevée. Elle lui faisait désormais face, sauf que ce n'était pas l'Aelita que connaissait Yumi.
Du moins, pas celle qu'elle connaissait aujourd'hui.

- Tu as...
- Ma tête d'adolescente ? Je te rassure, toi aussi. Exactement la même que pour notre dernière virée ici. Ça fait bizarre de te revoir en geisha.

Yumi se retourna de nouveau pour faire face au vide. Aelita marcha jusqu'à elle, d'un pas hésitant. Une migraine anormale et théoriquement impossible lui martelait le crâne et surtout, surtout, elle se demandait ce qu'elle pouvait bien faire là.

- Jérémie ? appela-t-elle à son tour.

Le même silence lui répondit.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Yumi, croisant de nouveau les bras sur son ventre.
- Aucune idée.
- Tu penses que c'est une attaque de XANA ? Qu'il nous a donné l'illusion de grandir et de vivre alors qu'en fait, on était coincé ici depuis le début ? Ce serait bien son genre.
- Non. Nous avons une quinzaine d'années de souvenirs toutes les deux, chacune de notre côté, non ? C'est impossible que ce soit faux.
- Je ne me souviens pas de pourquoi on est là.
- Sauf que tu as quand même des souvenirs plus lointains, non ?
- Oui. Mon bac, mon mariage, des anniversaires, des morceaux de quotidien, énuméra Yumi en refaisant défiler dans sa tête les moments qu'elle citait. Oui, je crois que je me rappelle de tout ce que j’ai globalement vécu depuis l’extinction du Supercalculateur.
- Pareil. Donc c'est impossible que XANA nous ait piégés pendant tout ce temps.
- Mais c'est également impossible qu'on soit là après tout ce temps. Tu crois qu’il est revenu et qu’il nous a attaquées ?
- Je l’ignore, soupira Aelita. Pourquoi nous sans les autres ?
- Aucune idée. J’espère qu’ils vont bien…

Aelita frémit. Qu’est-ce qui était le plus inquiétant ? Le fait de se retrouver sur Lyoko ou le fait de n’y être qu’avec Yumi ?

- C'est quoi la dernière chose dont tu te souviens ? demanda la japonaise.
- Je discutais avec Mathieu. Il me faisait une blague et je riais mais... je ne me rappelle pas ce que c'était. J'étais debout dans la cuisine, il épluchait... des pommes ou des patates, je ne sais même plus et... Pourquoi tu rigoles ?
- Désolée, c'est nerveux. J'ai l'impression de faire un mauvais rêve.
- Et toi, c'est quoi la dernière chose dont tu te souviens ?
- J'étais dans le train. Le TGV. J'étais... j'étais en route pour venir chez toi, je crois.
- Oui, on devait passer le week-end tous ensemble. Avec Ulrich, Jérémie et Natascha. Ulrich était déjà là. Je le revois dans le salon, tout heureux. Il montrait des photos mais... je ne sais plus quoi.

Aelita ferma les yeux. Si seulement sa tête arrêtait de lui faire si mal ! Elle pourrait enfin se concentrer.

- Il a dû se passer quelque chose après.
- On devrait bouger, peut-être que les autres sont là ?
- Peut-être. De toute façon, sans Jérémie, je ne vois pas trop ce qu'on peut faire.
- On pourrait se dévirtualiser nous-même, suggéra Yumi sans trop y croire.
- Hors de question de prendre ce risque, pas avant de savoir comment on est arrivé ici. Je n'ai pas envie d'être bloquée dans je ne sais quel piège ou dans un entre-deux numérique.

Une sorte d'amertume pointait dans la voix d'Aelita. Elle avait l'impression que c'était une autre personne qui parlait. Cela faisait longtemps qu’elle n'était plus la jeune Stones, ange et gardienne de Lyoko. Elle était la belle et célèbre Aelita Schaeffer, compositrice et pianiste du groupe Hoppera. Elle n’avait plus à se poser de questions sur les pièges d’une intelligence artificielle, alors qu’est-ce qui la dérangeait réellement ? Devoir s'inquiéter d'un éventuel entre-deux numérique ou la facilité avec laquelle elle retrouvait ses anciens réflexes ?
Comme si elle avait toujours su qu’elle reviendrait ici.

- Aelita, si on a été virtualisées, ça veut dire que le Supercalculateur a été rallumé. Et donc que...
- Non. XANA a été détruit.
- Et s'il avait survécu ? S'il attaque ?

Aelita eut un sourire fatigué. Elle s’était posé ces questions longtemps après l’extinction du Supercalculateur. Pendant des années, elle avait craint le retour de son pire ennemi, elle était restée sur le qui-vive même si tout restait calme. Depuis cinq ans, elle avait enfin réussi à tourner la page. Avait cru réussir.

- Il n'attaquera pas.
- T'en es sûre ?

Yumi avait conscience d'être agaçante mais une angoisse terrible montait en elle. Une de ces peurs renforcées par le fait qu'on les sent plus qu'on les connaît. En réalité, elle avait davantage le sentiment qu'elle devait avoir peur, pas celui qu'elle avait peur. Étrange paradoxe. Elle se sentait frissonner, elle craignait pour quelque chose mais ce n'était pas sa vie qui l'angoissait. Elle avait la désagréable sensation d'oublier un élément important, un élément qui la bouleversait pourtant, pour lequel elle aurait dû s'inquiéter.
Son corps se raidit, des bruits de laser résonnèrent sous son crâne et elle se recroquevilla légèrement, les mains posées sur son nombril, les yeux fermés.

- XANA n'attaquera pas, Yumi, répéta Aelita, moins songeuse, trop préoccupée par son mal de tête. Viens, allons chercher les autres.

Yumi eut besoin de parcourir plusieurs mètres avant de trouver une démarche stable. Une fois le choc d'être sur Lyoko passé, elle prenait conscience que ses jambes vacillaient et que plusieurs choses n'allaient pas. Premièrement, elle ressentait le poids de ses membres, chose anormale dans le monde virtuel. Deuxièmement, elle avait son corps d'adolescente mais ne le percevait pas comme tel. Il avait quelque chose de différent, quelque chose dont elle ignorait l'origine.
Savoir sans savoir était un fardeau terrible.

- La bougie ne perd rien de sa lumière en la communiquant à une autre bougie, murmura-t-elle soudain.
- Qu'est-ce que tu dis ? demanda Aelita en s'arrêtant.
- C'est un proverbe japonais. J'entends encore Ulrich me le chuchoter et ça me fait ressentir à la fois de la colère et de la tendresse.
- Tu crois que ça a un rapport avec ce qui nous arrive ?
- Non. Ça a un rapport avec moi.

***


Le jeune homme a les yeux fermés. Il cherche à se couper du monde, un monde qui pour l'instant n'existe qu'entre parenthèses. Un monde où il n'attend plus rien de particulier.
La vie et la joie ne sont donc que des prêts ? Des pompons s'agitant dans un manège qui ne cesse de tourner et qu'on essaye d'attraper, sans savoir que c'est le forain qui décide de les rendre accessibles ou non ?
« Je t'aime ».
Trois mots.
Incroyable à quel point trois mots peuvent suffire à créer une émotion.
Trois mots, c'est à la fois peu et beaucoup. C'est une gifle qu'on reçoit, un baiser qu'on nous offre. Enfin, il faut savoir choisir ces trois mots. Les donner au bon moment. Sentir leur pouvoir. Un « Sors la poubelle ! » n'a pas l'impact d'un « Bien dormi, chéri ? ». Le « Je t'aime » d'un infidèle qui cherche à se faire pardonner ne se compare pas au « Je t'aime » murmuré pour la première fois au creux de l'oreille.
Il se souviendra toute sa vie de leur premier « Je t'aime ».

-Hey, mon pote !
- Odd, fous-moi la paix.
- Attends, tu as ramené la plus belle nana de la soirée, ce n'est même pas mon cadeau d'anniversaire et tu trouves encore le moyen de faire la gueule ? Franchement, je t'ai soutenu pendant des années mais là, j'ai envie de t'euthanasier !

Il ne répondit rien. Se contenta d'avaler cul sec son verre de Get 27. Suivit le regard de Odd qui bavait devant une superbe rousse occupée à danser (ou à exhiber ses courbes parfaites selon l'angle où l'on se situait). Retint un ricanement en pensant à tous les hommes qui devaient avoir envie d'elle alors que le seul qu'elle voulait n'était son conjoint que par défaut. Eut envie de pleurer lorsque ses yeux croisèrent ceux d'une jeune femme adossée au mur, moulée dans une robe noire, magnifique de simplicité.
Il se resservit un verre qu'il vida aussi sec.

- Mon pote, si je passe un slow, je peux t'emprunter ta nana ?
- C'est dans tes méthodes, ce truc pour lover pathétique ?
- Quoi, le slow ?
- Ouais. C'est pas un peu cliché ?
- Toutes les méthodes sont bonnes quand la fille est bonne !
- C'est de ma copine que tu parles ?
- Allez, vieux !
- Fais ce que tu veux, Odd.

Il regarda son ami et son éternelle mèche violette partir vers la sono puis se diriger vers la rousse alors que des notes lentes remplaçaient le dernier tube des Subdigitals.
Il jugea que son taux d'alcoolémie lui permettrait de justifier un éventuel écart. Adopta une démarche sûre malgré son léger tournis. Rejoignit la jeune femme en noir. Lui prit la main et l'emmena un peu plus loin pour danser. Sentit une décharge parcourir ses veines quand leurs corps se frôlèrent, quand ses mains se posèrent sur ses hanches et quand elle l'enlaça. Il posa sa tête sur son épaule, inspira à plein poumons son parfum, un parfum magique qui chassa le flou, l'alcool et la retenue.

- Je t'aime.
- Je t'aime, Ulrich.

Elle avait répondu sans hésiter.

Il l'entend encore dans son oreille. Elle le lui a redit depuis, dans des éclats de rire ou sous les larmes. Dans des murmures essoufflés, des petits mots discrets, des lettres enflammées. En le regardant droit dans les yeux ou le visage niché dans son cou, en partant ou en l'embrassant. Ils l'ont sûrement prononcé des centaines de fois, écrit à mille occasions. Toujours surpris, toujours ravi, il garde en lui ce bonheur frémissant qui l'étreint chaque fois que danse dans son œil ou son oreille cette formule magique.
Trois mots.
« Je t'aime ».
Lui aussi, il l'aime, il l'aime depuis toujours et pour toujours. Tout son être lui appartient, lui a appartenu depuis le premier instant où ses yeux se sont posés sur elle.
Ses paupières s'ouvrent et son regard balaie la salle. Une télévision déverse un flot continu d'informations qu'il jugerait déprimantes s'il avait le courage de les écouter. Il ne comprend déjà pas les phrases écrites sur les affiches au mur, ce n'est pas pour se concentrer sur une voix lointaine sortant de haut-parleurs mal réglés.
Il y a d'autres personnes avec lui, notamment une grosse quinquagénaire. Il la remarque parce qu'il constate que son vernis à ongles est assorti à son pull. N’est-ce qu’une coïncidence ? Il l’imagine soudain chaque soir occupée à peinturlurer ses doigts d’une couleur différente, imposant à son miroir son profil ingrat.
Il ne la connaît pas mais il la déteste. Il la déteste pour le rose criard de sa laine et de ses ongles, il la déteste d’être là, tranquille. Il s’attend presque à la voir sortir une lime pour parfaire sa manucure et il déteste cette idée.
Il y a d'autres personnes mais il ne les connaît pas non plus. Si, peut-être ce couple, en face de sa chaise. Un homme penché sur un carnet, griffonnant frénétiquement des mots avec un stylo bille, et une femme qui a passé un bras autour de ses épaules. Il y a un autre homme aussi qui lui évoque vaguement quelque chose mais avec encore moins de netteté. Comme la femme d’ailleurs maintenant qu’il y pense. Il n’y a finalement que l’homme au carnet qui déclenche réellement quelque chose chez lui. Un sentiment de détresse et d’espoir fou à la fois, comme une bouée qui s’éloignerait inexorablement mais qu’on essaye quand même de rejoindre.
S'il cherche dans sa mémoire, il les verra peut-être moins flous, il mettra sans doute un nom sur leur visage mais à quoi bon se concentrer sur des choses si futiles ?
Il y en a d'autres plus importantes à faire. D'autres trois mots auxquels s'accrocher pour ne pas sombrer. Pas déjà. Pas encore. Pas alors que c'est inutile.
« Espèce de salaud ! ».
S'il avait su ce qui arrivait aujourd'hui, aurait-il agi autrement ? Non, puisqu'il regrettait déjà avant.
« Pour le meilleur ».
Le meilleur, toujours le meilleur. Le bonheur est une drogue, on en veut plus, toujours plus, et on ne se soucie pas des effets secondaires. Seul compte le présent, seul compte cette force qui nous envahit. On ne pense pas à ce qui peut arriver une fois redescendu de notre petit nuage. On ne pense jamais à rien.
« À ce soir ».
Que penser quand ce soir flirte avec jamais ?
« Je suis enceinte ».
À ces mots, le jeune homme ferme les yeux et laisse sa tête basculer contre le mur. Il a trois mots pour décrire son existence.
« Bol de merde ».


Chapitre 2 : Une autre fois


Il y a deux maux dont peut vraiment souffrir un couple : l'impuissance (Odd serait écroulé de rire s’il pouvait lire cette phrase… désolé, Odd, je ne parle pas de ce type d’impuissance) et l'inutilité.
Mon Aelita, tu es la personne qui a sans doute le plus fait ressortir mon impuissance. Combien de fois ai-je douté de moi, combien de fois ai-je cru que j'étais un demi-dieu capable de te donner la vie avant de tomber de mon piédestal ?
Tu as su souligner mes défauts et mes failles chaque fois que je me sentais tout-puissant. Tu as su pointer du doigt chacune de mes erreurs, tu as su me faire redescendre sur Terre quand je m'envolais trop loin du monde et de moi-même mais toujours de manière tendre. Je ne le méritais pas.
Et l'inutilité, mon Dieu, l'inutilité ! Tu es la seule qui sait à quel point j'ai pu me sentir inutile.
Te souviens-tu, ma douce, mon ange, te souviens-tu de ce jour où tu m'as demandé s'il n'aurait pas été judicieux d'améliorer les armes des Navskids et où je t'ai répondu une autre fois ? La semaine suivante, XANA nous attaquait. Nous aurions eu besoin de cette amélioration. Mon erreur a failli coûter la vie à Ulrich. J'étais comme un idiot, en train de me demander ce que je pouvais faire et c'est toi qui es intervenue, toi notre ange. Toi que nous croyions protéger depuis le début, c'est en réalité toi qui as toujours veillé sur nous.
Pourquoi est-ce aujourd’hui que je me souviens que je n’ai d’ailleurs jamais amélioré les Navskids ensuite ? Je ne me suis jamais rappelé cet oubli avant. Toi, tu as dû y repenser souvent mais tu étais bien trop délicate pour me le faire remarquer, pour reconnaître que tu avais raison et moi tort.
Comment as-tu fait pour m’accepter ?
De manière générale, comment une personne aussi douce et pure que toi a-t-elle pu accepter ce monde ?


***


Yumi avait l’impression de marcher depuis des heures. Errer dans ce désert virtuel commençait à la lasser. Car si elle était protégée de la chaleur et de la fatigue, l’ennui par contre, était bien présent.

- J’en ai marre, soupira-t-elle.
- Je t’ai connue plus patiente, lui signala Aelita en lui serrant brièvement la main. Tu te rappelles ? Quand on s’ennuyait pendant les vacances de la Toussaint et qu’on avait décidé de faire des bracelets d’amitié ? J’avais acheté des perles tellement minuscules qu’il nous fallait une minute pour réussir à en mettre une sur le fil !
- Je me souviens, reconnut Yumi avec un sourire.
- On n’a jamais réussi à en finir un…
- Et on s’est dit qu’on le ferait une autre fois. Ce qu’on a allègrement oublié.
- Pas moi, avoua Aelita. Je t’en ai fait un pour tes vingt-et-un ans mais je n’ai pas osé te l’offrir. Je ne voulais pas te mettre mal à l’aise devant tes autres amis et après, je n’ai pas su trouvé le bon moment.
- Patate ! s’exclama Yumi. Tu es ma plus vieille copine, j’aurais adoré avoir un bracelet de toi !

Aelita haussa les épaules.

- Je te le donnerai dès qu’on sera de retour sur Terre.

Yumi se renfrogna.

- Oui, évidemment…

Elles replongèrent dans le silence. Aelita avait décidé de faire le tour du territoire avant de rejoindre la Tour de passage. L’utilisation de l’overwing avait fait oublier à Yumi à quel point Lyoko pouvait se révéler vaste. Surtout quand on y était seul.

- Aelita, Jérémie aurait dû nous contacter depuis longtemps.
- Peut-être que les moyens de communication sont coupés. Peut-être qu’il nous entend sans pouvoir nous répondre et qu’il nous matérialisera quand on sera dans la Tour de passage.
- Des peut-être, tout le temps.
- Yumi, je n’en sais pas plus que toi.
- A quand ça remonte toi, ton dernier « une autre fois » ?

Yumi ne pensait pas à mal, elle voulait simplement faire un peu de conversation. Elle ne s’attendait absolument pas à ce qu’Aelita serre ses mains contre son cœur, le regard soudain empreint d’une profonde tristesse.

- Aelita ?
- Je crois que ça remonte à Odd.

Le silence s’installa à nouveau. Yumi attendait de voir si Aelita allait développer mais elle restait muette.
Le souffle court, Aelita se laissa retomber sur la poitrine de Odd. Elle aimait ces instants plus que l’acte lui-même, ces minutes où elle pouvait se blottir contre son amant, plongée dans un bonheur simple et complet.
Il lui caressa doucement les cheveux. De l’autre main, il effleurait sa hanche dans un rythme doux.

- A quoi tu penses ? finit-il par demander.
- A rien de spécial, je suis bien. Et toi, à quoi tu penses ?
- Que la prochaine fois, j’aimerais bien te prendre sur la table.

Aelita sourit malgré elle.

- Il va falloir attendre, Don Juan. Je te rappelle que je suis en tournée à partir de demain.
- Mais là, tu n’es pas obligée de partir.
- J’ai une répèt’ dans une heure, tu n’auras jamais le temps.
- On parie ?

Le rire frais d’Aelita chassa l’air boudeur de Odd.

- Une autre fois, Don Juan, promit-elle en lui embrassant le nez.


Ils n’avaient jamais refait l’amour, que ce soit sur la table ou ailleurs.
Comme Aelita s’y attendait, leur relation n’avait pas supporté la tournée et l’absence de plusieurs mois. De toute façon, encore aujourd’hui, elle se demandait pourquoi elle était sortie avec Odd. C’était loin de l’aveuglement amoureux qu’elle avait ressenti avant avec Jérémie et loin de l’épanouissement passionné qu’elle vivait encore avec Mathieu. Odd avait été là quand elle avait eu besoin de lui. Déçue par son échec dans sa relation avec Jérémie, stressée par la création de son groupe, elle ne savait plus à qui parler. Yumi et Ulrich filant le bonheur parfait, elle s’était tournée vers Odd. Il avait su l’écouter puis la distraire.
De différentes manières.

- Aelita ?
- Quoi ?
- Tu l’aimais ?
- Qui ça ? Odd ?
- Bah oui.
- Je ne sais pas trop. Je pense que je l’aimais juste en tant qu’ami.
- Le concept de Sex Friend, quoi…
- Si on veut. Mais c’était évident que ça ne marcherait pas. Coucher avec quelqu’un, c’est trop et pas assez. Au lit, c’était franchement génial et on n’en était pas non plus au stade où on tirait un coup à la sauvette avant de repartir chacun de notre côté. Mais je n’ai jamais réussi à sentir en lui le même intérêt que Jérémie, je savais que Odd et moi, on ne pourrait jamais passer une soirée à juste discuter. Il fallait toujours faire quelque chose. Aller au cinéma, regarder un film, s’embrasser et aller plus loin. On parlait, bien sûr, mais ce n’était pas comme avec Jérémie. On ne pouvait pas rester des heures à se contenter de silences partagés.
- C’est toi qui as quitté Jérémie pourtant.

Aelita eut un petit rire triste.

- Dire qu’il m’y a poussée ne serait pas une tentative de déculpabilisation. Sortir avec un intellectuel n’est pas chose facile. Il faut accepter de le suivre dans ses délires ou supporter de rester en arrière. Je n’osais pas me poser de questions simples du genre « et s’il devait choisir entre ce projet et moi » parce que les réponses étaient aussi évidentes que douloureuses.
- Il t’aimait…
- Je sais bien, je ne serais jamais restée si longtemps avec lui autrement ! Il y avait des moments délicieux où j’étais sa priorité et peut-être l’étais-je tout le temps mais il n’a jamais vraiment su me le montrer… Enfin si, quand je n’étais pas encore humaine. Quand il essayait de m’arracher de Lyoko, il me faisait passer avant tout le reste, puis quand je suis arrivée, il a eu envie de s’attaquer à un autre défi.
- Tu n’étais pas qu’un défi à ses yeux, tu ne l’as jamais été.
- Peut-être mais avec Odd ou les quelques mecs que j’ai fréquentés après, le fait que j’aille me coucher les faisait automatiquement me suivre, ils ne m’auraient pas laissée m’endormir toute seule en me préférant leur ordinateur…
- Ah oui, tu m’avais raconté !
- Je t’ai raconté aussi tous les moments de bonheur. Donc oui, j’ai quitté Jérémie, mais j’ai attendu longtemps, parce que je continuais à croire que ça s’arrangerait. Et puis, au bout d’un moment, il faut se faire une raison.

Yumi ne répondit pas. Les paroles de son amie réveillaient trop bien des échos en elle.
Ulrich était debout devant l’évier. Elle le regardait, le cœur serré par la tristesse, consciente que les choses n’allaient pas entre eux. Elle s'avança vers lui et lui tapota l’épaule.

- Serre-moi contre toi.

Rappelle-moi. Rappelle-moi pourquoi on est ensemble. Rappelle-moi à quel point j'ai besoin de toi, rappelle-moi à quel point tu m'es nécessaire.
Rappelle-moi pourquoi je t'aime, parce que je suis en train d’oublier.

Durant cette période, Yumi avait regretté l’époque de leurs chamailleries. Elle aurait préféré qu’ils se disputent plutôt qu’ils s’ignorent. Au moins, s’il lui avait hurlé dessus, elle aurait eu le sentiment d’exister à ses yeux. Elle en était presque venue à souhaiter qu’ils s’engueulent une bonne fois pour toute, plutôt que de rester dans leur incompréhension mutuelle.

- Yumi ?
- Je repense à Ulrich. Aux fois où j’ai voulu le quitter.
- Qu’est-ce qui t’as retenue ?

Yumi se contenta de sourire.

- D’après toi ?
- Le sexe ! plaisanta Aelita.
- Non. Le fait que malgré tout ce qu’on avait pu se faire, j’étais toujours amoureuse de lui. Les fois où je croyais ne plus le reconnaître, je me blottissais contre lui, je fermais les yeux et je me souvenais de l’adolescent que j’avais rencontré la toute première fois, je me souvenais de tout ce que j’avais vécu de merveilleux avec lui. Pourquoi tu grimaces ?
- Ce n’est pas génial de s’attacher au passé pour essayer de protéger son avenir.
- Peut-être… Considère que je suis stupide, aveugle,…
- Amoureuse quoi.

Les deux filles se sourirent.

- J’ai hâte de le retrouver.
- Moi aussi.

***


Ses yeux fixent la télévision. Depuis combien d'heures est-il assis là ? Longtemps, c'est certain, il ne reste plus dans la salle que le couple en face de lui. Longtemps donc, mais encore ? Il n’a même plus la force de tourner la tête vers sa montre. Il reste avec le cou bien droit, le menton légèrement levé. Il est happé par le flot abrutissant des informations et s’il est incapable de lire ce qui défile en bas de l'écran, il reconnaît soudain l'image qui s'y affiche.
Des vagues.
Son cœur se serre tandis que son esprit plonge à nouveau dans des souvenirs.

- Ne va pas trop loin, lui lança Yumi.
- Mon cœur, tu es bien meilleure nageuse que moi, tu réussiras à me rattraper sans souci !

La japonaise ne répondit pas. Ulrich était déjà à une dizaine de mètres devant elle. Ils n'avaient plus pied ni l'un ni l'autre et elle rechignait à avancer. Elle avait déjà la sensation d'avoir atteint ses limites.

- Yumi ? Tu es certaine que ça va ?
- Je... J'ai peur.
- Peur ? Mais de quoi ?
- Je n'aime pas nager là où je ne vois pas ce qu'il y a sous moi. J'ai peur.

Ulrich revint aussitôt à grands mouvements de brasse vers Yumi. Il la prit dans ses bras, manqua de la faire couler et l'embrassa doucement. Cela ne suffit pas à la faire sourire, il continuait à voir l’angoisse dans ses yeux.

- Regarde-moi, regarde-moi, tout va bien, chuchota-t-il. Regarde-moi, le reste n’existe pas. Tu es en sécurité.

Yumi ne répondit pas mais se serra davantage contre lui.

- Pourquoi tu ne me l'avais pas dit avant ?
- Je pensais être assez forte.
- Ce n'est pas grave, mon amour. Tu vois les grosses bouées jaunes ? On va y aller tous les deux, côte à côte.
- Je... Je ne m'en sens pas capable.
- D'accord. On le fera une autre fois.


Ils ne l’ont jamais fait.
Ils sont retournés à la mer depuis mais à chaque fois, il a vu dans les yeux de Yumi une forme de supplication. Alors, il n’a pas insisté. Il l’a laissée dans sa crainte irrationnelle. Il n’a pas voulu la brusquer. Il n’a jamais eu le courage de lui en donner.
Il se met à regarder ses mains. En cet instant, il aurait aimé que Odd soit là. Paradoxalement, il a envie de rester seul.
Non, il a envie d’être avec Yumi.
Il aurait dû être avec elle. Il entend encore la voix d’Aelita résonner gaiement dans ses oreilles.
« Ne nous soule pas, Ulrich, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vues, tu l’as pour toi tous les jours, alors laisse-moi aller la chercher toute seule ! De toute façon, ça va être notre seule occasion de se parler entre copines sans mecs dans les pattes ! ».
Son cœur se serre.
Attendre, toujours attendre.
Son histoire avec Yumi n’aura été qu’attente. Comment a-t-il pu penser que cela changerait un jour ?

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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Sirix MessagePosté le: Ven 07 Aoû 2015 17:48   Sujet du message: Répondre en citant  
[Tarentule]


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Bonjour Ellana !

Et bien j'ai lu. C'est le second texte que je lis de toi après Or et Argent, qui bien que très joli était un tout petit peu dégoulinant sur les bords, mais rien de bien méchant.

En revanche, j'ai plus apprécié ce texte-ci. Même si j'avoue qu'il n'est pas vraiment dans mon genre de lectures, je le trouve intéressant.

On a donc un texte réaliste. D'un réalisme assez violent comparé à l'aspect gentil de la série. Le langage se brutalise, la dureté de la vie se fait plus présente.

Et surtout, la bande, les couples notamment, cassent, le temps fait son œuvre sur la bande.

J'avoue que je suis très attaché aux couples tels que la série les définis et je n'aime pas trop qu'on y touche. Mais...Ton évolution est cohérente, assez triste par rapport à la série, mais...Réaliste. Diablement réaliste. Le développement psychologique qui se fait sur les personnages est touchant, et on prend facilité à s'y identifier.

Le texte a des allures assez mystérieuses et brumeuse actuellement. Déjà, la trame scénaristique est tout juste entamée. Que fond Yumi et Aelité sur Lyoko ? Qu'est devenu Jérémie ? Jérémie qu'on ne voit que dans ces mystérieuses intros bien qu'un peu clichées à mon goût, bien écrites ?

Et bien, je suppose que la suite nous le dira, j'essaierai donc de continuer donc.^^

En tout cas, c'est un bon début, bien joué.^^

_________________
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Willismine MessagePosté le: Lun 10 Aoû 2015 15:07   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


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J'ai lu et j'ai adoré, plus que tout le reste que j'ai lu de toi d'ailleurs. Peut-être que je dis ça parce que mes souvenirs ne sont pas frais - ou pas -. Simplement parce que c'est bien écrit et que les scènes sont assez matures et donnent l'impression d'être inspirées de vécu. Il y a la pointe de mystère, aussi, qui est plaisante, mais je n'ai pas l'impression que ce soit le principal intérêt de ton histoire, d'après ce début.

Le fait de caser Aelita avec un inconnu m'a bien plu aussi, parce qu'honnêtement, les chances que deux couples datant du collège tiennent pour la vie ou même pour vingt ans, eh bien, elles ne sont pas élevées...

L'enchaînement présent-souvenirs est maîtrisé, fluide, les souvenirs ont de la fraîcheur, les dialogues sonnent vrai, bref, j'adhère. Petit moment d'hésitation avec l'histoire de la rousse.

Intrigante sinon, la disparition totale de William...
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Lé siniaturre sé tro ouffe.
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la reine du rire MessagePosté le: Lun 10 Aoû 2015 22:07   Sujet du message: Répondre en citant  
[Rampant]


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Bah moi, j'aime bien.

De rien.


Plus que l'histoire, c'est le style d'écriture que j'aime bien. Parce qu’honnêtement, j'ai pas trouvé le scénario, pour l'instant, d'une originalité brillante - un même décor pour des personnages certes plus vieux et avec plus de vécu, mais une trame pour l'instant assez obscure. Pour moi, l'intérêt le plus important de ce début, c'est la vie de chacun sans les autres - ou alors, une vie différente que celle logiquement imaginée. C'est aussi un peu pour ça que la nostalgie d'Ulrich avec Yumi qui nagent m'a un peu laissé de marbre.
Et la psychologie des personnages, ces relations et ces tourments qu'ils ont vécu ensemble - ou séparément - m'intéresse plus particulièrement.

Mais surtout, c'est ta façon d'écrire que j'aime beaucoup. Je l'avais déjà remarqué dans tes précédents one-shot (je lis plus les OS que les fics, histoire de flemme et de temps). C'est très fluide, c'est très agréable à lire, c'est très ingénieux. Le mélange souvenir/présent/pensées d'un personnage anonyme - probablement Jérémie - est très bien rendu. On passe de l'un à l'autre sans problème.
Par contre, l'accroche du personnage anonyme avec ses phrases niaises "Mais sans vie, que devient-on ?" m'a un peu rebutée au début. Puis finalement, on quitte rapidement ce registre, même avec ce personnage, et j'apprécie beaucoup plus la dimension psychologique que la dimension simplement amoureuse/niaise/nostalgique. Sirix parlait de "cliché", je pense que c'est assez bien résumé cette part de monologue - un monologue adressé à qui, d'ailleurs ? C'est tout le problème des monologues, c'pour ça que la tragédie tendait à vouloir les faire disparaître, pour leur incohérence inhérente. Mais ça n'a rien à voir, je m'égare.

En tout cas, toujours ce problème de flemme/temps, je ne sais pas si j'aurais le courage de continuer à lire cette fic, mais j'ai beaucoup aimé le début. Fluide, agréable, intelligent, c'est très bien écrit. On se prend au réalisme du texte, et on a envie d'en savoir plus - sur tous les personnages que tu évoques. Donc un très bon début, j'applaudis.

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Merci à Pyphilia, du site Eronia, pour l'avatar Smile
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Ellana MessagePosté le: Jeu 20 Aoû 2015 22:11   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Et oui, j'avais promis une sortie régulière Mr. Green Vous aurez donc de mes nouvelles un jeudi sur deux pendant quelques semaines !

Réponse aux commentaires :
Spoiler


Aujourd'hui, chapitres 3 et 4. Certains auront sans doute un "smirk" en lisant le début du 4... Je vous laisse comprendre pourquoi et j'espère sincèrement que cela vous plaira autant que les deux premiers =)

Chapitre 3 : Les temps passés


Bienvenue sur Terre.
Trois mots.
Incroyable à quel point trois mots peuvent suffire à modeler un univers.
De toute ma vie, je n'ai jamais été aussi ému. Comme si la matérialisation de mon Aelita avait permis la matérialisation des mots. En lui souhaitant la bienvenue parmi nous, je créais véritablement un nouveau monde.
Je crois qu'aucune phrase, aucun geste, ne m'a apporté autant de fierté, de joie, de force, d'amour, de vie, que ces trois premiers mots que j'ai pu t’offrir. J’étais là, tu étais là, bien réelle.
J’étais sans doute fou de croire si fort à un projet si grand, si scientifiquement irréalisable. J’étais fou de rêver autant d’un être virtuel. Je n’étais peut-être au final que la lune qui rêvait du soleil.
Mais le rêve est devenu réalité.
J’ai pu te sentir contre moi, j’ai pu t’embrasser, faire toutes ces choses que j’avais imaginées et bien plus encore. Alors j’ai eu l’idée de notre sacre du printemps à nous. Cette célébration que nous avons faite tous les ans pour fêter ta « naissance ». Avec les autres, nous faisions ton anniversaire. Seuls tous les deux, nous célébrions ta vie.
Nous l’avons fait jusqu’à l’année de tes vingt-cinq ans, l’année où tu as rencontré Mathieu. Je ne sais pas trop pourquoi. Tristan, tu t’en moquais bien de l’abandonner le temps d’une journée, d’une soirée et d’une nuit pour que nous reparlions de cette époque incertaine où tu vivais sur Lyoko. C’est comme ça que j’ai compris qu’avec Mathieu, c’était différent. J’en ai été triste, évidemment, mais en y songeant avec davantage de distance, je me suis dit que les choses ne pouvaient pas rester ce qu’elles étaient. Tout change, tout évolue. Heureusement. Mais ça fait quand même mal de grandir, de vieillir.
Vieillir.
Curieux de voir comme la vie et la mort sont liées. Curieux de voir que la première amène l’autre, sans échappatoire possible.
Mon Aelita, tu as cru que je te donnais la vie. Ma douce naïve.
C’est toi qui m’as rendu vivant.
Est-ce pour ça que j’ai l’impression de mourir, maintenant ?


***


- Et si on se racontait ce dont on se souvient le mieux ? suggéra Yumi en s'asseyant. On arrivera peut-être à se rappeler des événements les plus récents.
- On devrait continuer à marcher, répliqua Aelita sans grande conviction.

Comme pour la contredire, la migraine reprit possession de son crâne et ses yeux vinrent la brûler à nouveau. Elle grimaça, une grimace que Yumi ne vit pas.

- De toute façon, autant accepter tout de suite que les garçons ne viendront pas nous aider. Profitons-en pour discuter. Depuis combien de temps, on ne s'est pas retrouvé juste nous deux ?

« On ne s'est pas vu depuis longtemps et on doit parler entre filles

La phrase résonna dans l'esprit d'Aelita avec plus de violence qu'un gong. Elle se souvenait avoir dit ses mots, d'une voix enjouée, le cœur léger. Mais quand ? À quelle occasion ? Et surtout, pourquoi ne se souvenait-elle pas ?

- Tu sais, j'aimerais bien qu'Ulrich soit là, murmura Yumi.

Consciente que son amie ne bougerait pas tant qu'elle n'aurait pas dit ce qu'elle avait sur le cœur, Aelita s'assit en tailleur face à elle.

- Jérémie nous aiderait depuis l'usine mais c'est vraiment Ulrich qui me manque, poursuivit la japonaise, le menton appuyé sur ses paumes. Ce n'est pas juste parce que je l'aime, c'est... plus fort que ça.
- Je sais. Je ressens la même chose. Pas par rapport à Ulrich bien sûr. Mais si je devais choisir entre Mathieu et Jérémie, je voudrais que ce soit Jérémie qui nous rejoigne.
- Pourtant, c'est toi qui l'as quitté.

Aelita se sentit agacée. Pourquoi Yumi insistait-elle autant sur ce point ?

- Je ne le regrette pas, je suis amoureuse de Mathieu et heureuse comme ça. Sauf que la raison pour laquelle j'aime Mathieu plus que mes anciens copains, c'est parce qu'il a été le seul à comprendre à quel point ma relation avec Jérémie était fusionnelle. À quel point j'en avais besoin. J'ai renoncé à certaines choses que je partageais avec Jérémie pour Mathieu mais jamais je n'ai dû renoncer à Jérémie lui-même. Ce que j'aurais dû faire si j'étais restée avec un autre. Je ne regrette vraiment pas mon couple d'aujourd'hui.
- Et tu n'as jamais parlé de Lyoko avec Mathieu ?
- Jamais. Pour moi, Lyoko a cessé d'exister à partir du moment où je l'ai embrassé. Avant, même si je n'étais plus avec Jérémie, je n'arrivais pas à me défaire du passé. Il n'y a que pour Mathieu que j'ai eu la force de me dire que cette fois, Lyoko, c'était terminé. Je lui ai dit que j'étais orpheline, j'ai affiché devant lui le même visage que pour le reste du monde et...

Aelita se tut. Alors que c'était Yumi qui avait manifesté le désir de parler, elle se rendait compte que pour la première fois depuis des années, les mots lui échappaient sans qu'elle les modèle, sans qu'elle les retienne.

- Il y a longtemps que je n'ai pas été aussi sincère, avoua-t-elle avec un sourire presque gêné.
- Ne t'en fais pas, je parlerai plus tard, la rassura Yumi en se rapprochant d'elle. Tu disais que tu avais affiché devant Mathieu le même visage que pour le reste du monde et ?
- Et je le regrette aujourd'hui. Parce que je réalise qu'il ne me connaîtra jamais vraiment si je continue à lui cacher qui je suis, d'où je viens, ce que j'ai vécu. C'est le genre de choses qu'on doit se confier dans un couple, non ?

Yumi hocha la tête. C'était un des seuls points sur lesquels elle n'avait pas été en conflit avec Ulrich. Avoir vécu ensemble leurs aventures sur Lyoko avait ancré leur relation quelque part dans l'histoire et même si les épisodes suivants avaient été plus chaotiques, le commencement restait intact.

- Dès qu'on sera rentrées, je parlerai de Lyoko à Mathieu, promit Aelita, davantage pour elle-même que pour Yumi. D'ailleurs, il doit sûrement se demander où je suis passée.
- C'est certain. À mon avis, on finira par voir arriver les garçons tôt ou tard. Mathieu demandera sûrement à Jérémie s'il a de tes nouvelles, il va se rendre compte que tu as disparu, préviendra Ulrich qui lui annoncera que moi aussi, je suis injoignable et...
- … et cela voudrait dire qu'aucun d'eux ne sait déjà qu'on est là, devina Aelita. Or, je ne vois pas quelle folie m'aurait poussée à nous virtualiser toutes les deux.

Yumi hocha la tête. Elles en revenaient toujours à la même incohérence.
Que faisaient-elles ici ?
Qui les avait virtualisées ?
Si un jour j’avais pensé revenir…
Elle avait été heureuse de retrouver une existence sans XANA, même si Lyoko lui avait fait vivre des moments d’amitié forts. Elle avait également pu rencontrer Ulrich. Elle devait l’amour à XANA, aussi étrange que ce soit.
Un sourire amer naquit sur ses lèvres. Peut-être était-ce également pour cela que l’extinction du Supercalculateur n’avait pas déclenché la vague de passion qu’elle attendait.
Elle avait vite réalisé qu’après des années de relation ambigüe avec Ulrich, les choses ne pouvaient pas devenir un conte de fées en un claquement de doigts. Elle avait dû patienter, tant et si bien qu’elle avait fini par avoir une brève aventure avec un élève de son école d'infirmière. Ils avaient couché ensemble une semaine, sans préambule et sans épilogue. Puis Yumi avait décidé que ça ne rimait à rien et avait mis un terme à leur « relation ». Elle était sortie avec un autre garçon ensuite, atrocement coincé, mais bizarrement, c'était lui qui avait rendu Ulrich jaloux. À l'anniversaire de Odd, quelques semaines après sa rupture, il l'avait fait danser, complètement ivre, sans se soucier de la présence de sa copine. Il lui avait dit qu'il l'aimait. Elle l'avait cru. De tout son cœur, elle l'avait cru.
Le lendemain, il était chez elle. Des fleurs à la main, avec son air gêné comme au collège. Cliché mais attendrissant. Elle lui avait servi un thé, il avait parlé de sa copine qui n'était plus sa copine, le silence s'était installé. Il s'était levé comme pour partir, elle l'avait imité et s'était retrouvée dans ses bras. Des années de souffrance achevées en un geste d'une simplicité presque surnaturelle.

- Parle-moi, rappela Aelita.
- Je pensais à la manière dont je m’étais mise avec Ulrich. Définitivement, je veux dire. Tu vois, on s'est déchirés pendant des années. Et c'est quand on s'est rendu compte qu'on pouvait s'attacher à d'autres et être aimés par eux qu'on a réalisé à quel point on était amoureux. C’est en craignant de me voir avec quelqu'un qu’il a compris qu’il ne voulait que moi. Enfin, c’est ce qu’il disait.

Aelita ne réagit pas. Elle savait à quoi pensait Yumi et malgré tous ses efforts, elle ne parvenait pas à se mettre à sa place pour trouver des mots réconfortants.

- Pourtant Ludwig n’avait rien d’un rival, lança-t-elle en espérant s’éloigner du sujet.
- C’est clair…
- Par contre Edouard…
- Tu vois, c'est ça qui me tue le plus. Me voir avec Edouard l’a rendu fou de rage, alors qu’il n’y avait rien entre ce garçon et moi.
- Il te plaisait quand même beaucoup…
- Je sais et c’est pour ça qu’il ne s’est rien passé, enfin presque rien. Je ne voulais pas que ça aille trop loin. Ulrich n’était pas facile à cette période. Quand il a senti que je me rapprochais d’Edouard, il était en colère mais pas une seule seconde il ne s’est remis en question. Pas étonnant que je craque à moitié.
- Peut-être qu’il ne l’a pas montré mais cela ne veut pas dire qu’il ne s’est pas remis en question.
- Tu connais Ulrich. Tu le vois reconnaître ses torts ?
- Non, c’est vrai.

Le silence s’installa. Aelita finit par avoir un petit rire.

- Quoi ? lui demanda Yumi.
- T’entendre parler comme ça avec ta tête d’ado me fait me demander si on a vraiment grandi.

Le regard de Yumi parut s’assombrir.

- Évidemment qu’on a grandi.

Aelita devina qu’elle pensait à Odd et son rire s’éteignit. Yumi avait conscience que sa question serait brutale mais elle avait besoin de la poser :

- Tu te sens coupable ?
- Un peu. Comme tout le monde, j’imagine. Mais, ajouta-t-elle en voyant Yumi ouvrir la bouche, c’est vrai que j’ai plus de raisons de me sentir responsable. Pas seulement parce qu’on a été ensemble, c’est même secondaire ça. En fait, je n’arrête pas de me dire que si Jérémie ne m’avait pas trouvée à l’usine, vous n’auriez jamais connu Lyoko. Odd n’aurait pas vécu tous ces moments d’adrénaline, il n’aurait pas pris autant goût au danger et à l’action, il ne se serait pas autant détourner des cours, il n’aurait pas…
- Aelita ?
- Oui ?
- Ce n’est pas ta faute s’il est mort.

***


Il est sorti. Il n’en pouvait plus de rester assis sur cette affreuse chaise. Il n’en pouvait plus de rester enfermé.
Il n’en peut plus.
Debout devant le bâtiment, il regarde des voitures passer sans les voir. La seule chose qui arrive encore à éveiller un écho en lui, c’est l’éclat rose des cerisiers du Japon. Il ne sait même pas s’il s’agit de pétales ou de feuilles. Il sait qu’un arbre est censé avoir des feuilles tandis que les fleurs ont des pétales mais ces légères touches rosées sont bien trop belles et délicates pour être des feuilles.
Depuis quand s’intéresse-t-il à des questions de biologie ?
Son regard se perd dans la danse pastel des pétales (oui, à ses yeux, ce sont des pétales) qui tombent doucement et voltigent dans la brise. C’est serein, c’est beau, c’est harmonieux. Ça lui fait penser à Aelita.
Tiens, voilà seulement qu’il y pense, à Aelita. Dans son esprit, depuis plusieurs heures, il n’y a que Yumi. Il en a presque oublié Aelita. Il devrait se sentir coupable de son manque de cœur mais le devoir n’est plus qu’une vague notion incompréhensible.
Ce qu’il doit faire ou non après tout, qui s’en soucie ? Qu’est-ce que ça change ?
Sans réfléchir, il joue avec son alliance. Il y avait aussi des cerisiers du Japon en fleurs quand il s’est marié. Cela avait fait tellement plaisir à Yumi.

Elle était belle, tellement belle, dans sa robe blanche, si loin de ses vêtements noirs. Entre le blanc de sa robe et le rose des cerisiers, Ulrich se demandait à quand remontait la dernière fois où il avait vu tant de pureté.

- Pour le meilleur et pour le pire, murmura-t-il.
- Je crois que niveau pire, on a donné. Pour le meilleur. Pour le meilleur, je veux te prendre pour époux, Ulrich Stern.
- Je vous déclare à présent mari et femme.

Elle déposa doucement ses lèvres sur les siennes et les gens applaudirent. Du moins, Ulrich se dit qu’ils devaient applaudir, même s’il n’en avait pas conscience. Il serrait Yumi dans ses bras, il l’embrassait sous un cerisier du Japon et il l’aimait éperdument.


Depuis, à chaque fois que revient le printemps, elle guette avec attention la fleuraison de ceux plantés dans leur jardin. Elle s’émerveille tous les ans de voir qu’ils revêtent leur robe rose et elle a même avoué un jour qu’à ses yeux, ils reflétaient leur amour.
Reflet étrange.

- Excusez-moi, vous avez une cigarette ?

Il lève la tête.
Un homme le regarde. Il attend une réponse. La question est simple, elle ne nécessite que trois lettres. Oui ou non, dans les deux cas, ce ne sont que trois lettres, il devrait être capable de les associer, d’ouvrir la bouche.
Il ne sait pas pourquoi mais cet homme a quelque chose de rassurant. Il dégage quelque chose d’indescriptible, une sorte de lumière impalpable, il mérite un effort. Il vaut plus que trois lettres.

- Désolé, je ne fume pas.

Sa voix est rauque. Depuis combien de temps n’a-t-il pas parlé ?

- Vous avez bien raison, lui répond l’autre avec un soupir qui n'entache pas son air d'imbécile heureux. Il faudrait que j’arrête, ce n’est pas bon pour le bébé ! Oui, ma femme sort de la salle d’accouchement, elle vient de mettre au monde un petit garçon.

Les mots atteignent son cerveau, aussi tranchants et douloureux que des lames de rasoirs. Il regarde l’inconnu aux anges avec une profonde envie de l’étrangler. D’ailleurs, qu’est-ce qui le retient de l’étrangler ?
Des pétales viennent danser autour de lui. Les larmes se mettent à couler sur ses joues, des larmes de douleur, des larmes de désespoir.

- Félicitations.


Chapitre 4 : Toujours


Idéal : qui n’existe pas réellement. Modèle de perfection.
Très souvent, on ne crée aucune histoire avec la personne qu’on pense « idéale ». C’est ce qui nous permet de penser qu’elle l’est, puisqu’on n’a pas l’occasion de creuser ses défauts. La personne idéale est justement celle qui ne l’est pas. Parce que ça la rend humaine, attachante, perfectible.
La définition d’idéal dépend de l’état d’esprit dans lequel on se trouve à un moment donné. On ne va pas avoir le même regard sur les autres pour toujours. Ceux qui nous paraîtront intéressants à une période seront ensuite ennuyeux, les beaux deviendront laids. Donc si on cherche la personne idéale, il en faudra plusieurs tout au long de sa vie, ce qui fait disparaître l’idée d’idéal puisque cela brise la continuité, la perfection.
Mais la perfection, c’est tellement dangereux. Être parfait dans un monde si plein de défauts et d’impuretés, n’est-ce pas la pire des choses ?
Mon Aelita, tu es parfaite, tu le sais, je te le dis depuis longtemps. C’est sans doute pour ça que tu m’as quitté, tu n’allais pas rester avec un type comme moi. Un type qui voulait atteindre la perfection pour lui-même en sachant qu’il en était incapable. Un type qui a su posséder la perfection quelque temps, sans réussir à la combler.
Je suis un gros nul. Tu es sans doute la seule à savoir à quel point et pourtant, tu es la seule qui ne m’a jamais remis en question. Natascha ne s’en prive pas, elle. Le nombre de reproches qu’elle est capable de me faire et que j’encaisse sans rien dire. Parce que je m’en moque, je me fiche complètement de ce qu’elle peut me dire.
C’est triste, tu ne trouves pas ?
Comment peut-on aimer quelqu’un qui nous indiffère autant ? Parce que je l’aime, oh oui, bien sûr que je l’aime ! Elle me fait si souvent penser à toi. Douce et patiente malgré tous ses reproches. Belle et présente, discrète et bavarde selon les situations. Même si elle a souvent des choses à critiquer, elle sait jauger les situations et s’adapter à mon humeur. Mais elle est tellement moins intéressante que toi.
Tu me manques.
Tu m’as toujours manqué.


***


- Je n’en peux plus !

Le cri de Yumi traversa la Forêt. Dans un geste rageur, elle envoya ses éventails contre un arbre. Au lieu de disparaître ou de revenir vers elle, ils retombèrent sur le sol verdâtre, indifférents à la colère de leur propriétaire.

- T’énerver ne sert à rien, signala Aelita.
- Au moins, ça me défoule ! Je rêverais de voir arriver deux ou trois monstres !
- Je ne pense pas, non.

Yumi posa les mains sur ses tempes avant de réaliser qu’à part ses éventails, elle n’avait pas grand-chose à faire léviter.

- Tu ne veux pas me créer un caillou ?
- Yumi, tu vaux plus que ça.

Les dents serrées, Yumi se laissa tomber par terre. Plus délicate, Aelita s’assit en tailleur. Jérémie n’avait pas répondu à leur appel dans la Tour de passage. Elles s’étaient résignées à sauter, espérant trouver des informations sur un autre territoire mais la Forêt était aussi vide que le Désert. Yumi s’en voulait d’avoir espéré y trouver Ulrich.
De son côté, Aelita commençait à sérieusement s’inquiéter. Pas uniquement du fait qu’elles étaient seules. Ce qui la préoccupait le plus, c’était l’intense douleur qui continuait à lui marteler le crâne. Sans compter le fait que même dans l’atmosphère plus sombre de la Forêt, ses yeux la faisaient toujours souffrir.
Tout cela n’était pas normal et elle aurait aimé que Jérémie soit là pour l’aider.

- Il y a longtemps que je ne me suis pas sentie aussi démunie, avoua-t-elle à haute voix.
- Tu m’étonnes ! Je vais devenir folle !
- Tu as mal quelque part toi ?
- Bof, une douleur diffuse au niveau du ventre mais sinon ça va. Tu tiens le coup toi ?

La voix de Yumi était redevenue calme, inquiète. Aelita cachait sa souffrance mais son amie voyait bien qu’elle avait mal. Il n’y avait que XANA pour réussir à leur faire ressentir la douleur sur Lyoko. Mais comment s’y était-il pris ?

- Il reste encore deux territoires à vérifier, sans compter le cinquième, soupira-t-elle. On devrait d’ailleurs commencer par là-bas.
- Si Jérémie ne nous a pas encore donné de signes de vie, ça m’étonnerait qu’on puisse avoir le transporteur.

Aelita haussa vaguement les épaules et Yumi soupira. Elle n’en pouvait plus de cette ignorance. Il n’y avait que des interrogations, aucune certitude.

- Depuis combien de temps on est là ?
- La question est surtout combien de temps va-t-on encore rester ?

À sa grande surprise, Yumi éclata de rire. Un rire un peu fou.

- Qu’est-ce qu’il y a ?
- C’est tellement cynique. On vit une existence normale depuis presque quinze ans et là en à peine une année, on perd Odd, on… on se retrouve sur Lyoko…

La japonaise laissa sa phrase en suspens. Au moment où elle avait prononcé on perd Odd, d’autres mots avaient voulu suivre mais lui avaient échappé. Comme si elle avait oublié un évènement crucial après la mort de Odd.
Aelita eut le même sentiment. Il n’y avait pas eu que la douleur, quelque chose avait su atténuer le deuil. Mais elle ne se souvenait plus quoi.
Pauvre Odd. Yumi avait beau dire ce qu’elle voulait, Aelita n’arrêtait pas de se sentir coupable. Elle en avait fait des nuits blanches, blottie contre un Mathieu endormi après des heures à tenter de la rassurer. Mais il ne savait pas pour Lyoko alors il ne pouvait pas trouver les mots.
Après l’extinction du Supercalculateur, Odd avait tenté d’imiter ses amis en se plongeant dans les cours. Seulement, même avec les efforts des autres, il n’avait pas réussi à s’y intéresser. Ses notes avaient juste assez augmenté pour lui assurer des passages sans heurts dans les classes supérieures mais il n’avait jamais montré un intérêt pour les études. Il s’était investi de plus en plus dans le skate, y consacrant quasiment tout son temps hors des salles de classe. De nombreuses fois, Aelita l’avait regardé s’entrainer. Elle avait vu le plaisir disparaître de ses yeux, remplacé par une sorte de rage, de frustration, comme s’il cherchait à combler un vide et elle n’ignorait pas lequel. Il prenait de plus en plus de risque, repoussait les limites de son corps et de la gravité, acquérait une certaine notoriété dans son domaine, enchainait les compétitions.
Jusqu’au jour où il avait été trop loin.
Sur Lyoko, la notion de mort n’existait pas réellement. Bien sûr, il y avait des risques mais rien ne paraissait jamais définitif, on savait toujours au fond qu’on pouvait s’en sortir, qu’il y avait possibilité de faire marche arrière. Peut-être avaient-ils tous fini par se croire invincibles. En jouant avec le danger, Odd devait se sentir plus vivant que jamais.
Avait-il senti qu’il mourait ?
À quoi avait-il pensé juste avant que sa nuque ne se brise ?
Avait-il pensé à quelque chose ?

- Yumi, tu crois que…

La japonaise s’écroula sur le sol.

- Yumi !

Aelita se précipita vers son amie. Il n’y avait aucun bruit de monstre, aucun bruit de tir, pas un seul pixel ne s’échappait de l’avatar de la geisha.
Elle semblait dormir mais on ne dormait pas sur Lyoko.
Elle semblait morte mais ne pouvait pas mourir ici.

- Jérémie ! hurla Aelita, paniquée. Jérémie, réponds-moi !

Le silence de la Forêt n’avait jamais été aussi oppressant et la voix de l'ange ressemblait à un écho de terreur surgi d'une époque lointaine. Combien de fois avait-elle appelé ainsi ?
Il n’y avait rien, rien que du vide faussement meublé par des troncs sans vie. Aelita connaissait trop ce sentiment de solitude, elle l’avait vécu pendant plus d’un an alors que Jérémie cherchait un moyen de la matérialiser. Elle ne voulait pas revivre ça.

- Jérémie ! Jérémie, aide-moi ! Yumi ! Yumi, dis quelque chose !
- Quelque chose !

Après la douleur, Aelita réalisa soudain qu’elle pouvait ressentir le froid sur Lyoko. Elle se sentit submergée par une foule de sentiments contradictoires. Elle aurait dû être heureuse d’entendre cette voix derrière elle, elle aurait dû être heureuse de ne pas être seule avec Yumi.
Mais elle ne pouvait pas avoir entendu cette voix, c’était impossible. Son imagination lui jouait des tours...
Elle se leva lentement, jeta un dernier regard à Yumi, toujours inconsciente et se retourna.

- Salut princesse !

***


Yumi ne voulait penser à rien. Comme souvent et comme beaucoup de gens dans son cas, elle se dirigea vers son ordinateur, l'alluma et resta quelques secondes les doigts au-dessus du clavier. Contrairement à ses collègues qui y passaient leur vie, elle n'avait pas Facebook. Elle trouvait cette mode stupide et préférait avoir des contacts plus personnels avec les gens, prendre de leurs nouvelles autrement que par la consultation d'un mur et recevoir des messages d'anniversaire de ceux qui savaient vraiment quel jour elle était née, même sans un rappel informatique.
Elle envisagea un instant d'aller voir les informations avant d'éloigner ses doigts des touches. Elle n'avait pas franchement envie d'être confrontée aux horreurs du monde.
Elle avait déjà assez l'impression que sa vie ne valait pas grand-chose.

- Yumi ? appela sa mère depuis le rez-de-chaussée. Voudras-tu du thé ?
- Oui, Maman, merci.

La maison retrouva son calme, un calme qu'elle n'avait jamais vraiment connu du temps où Hiroki y habitait encore. Cela faisait toujours bizarre à Yumi de se dire qu’il avait lui aussi un appartement. D’accord, il faisait une colocation avec deux amis de fac, il n’était pas seul et indépendant, mais tout de même, elle avait l’impression que hier encore, elle marchait avec lui jusqu’au collège.
C’étaient les autres qui la faisaient vieillir. Hiroki, Ulrich, Odd. Ce qui leur arrivait à eux, les actes qu’ils commettaient, voilà ce qui impactait réellement Yumi. Voilà ce qui lui faisait comprendre à grandes claques qu’elle n’était plus une enfant.
Des coups timides furent frappés à la porte de sa chambre.

- Je t’ai apporté différents parfums, au cas où tu voudrais boire plusieurs tasses.

Madame Ishiyama posa une boite en bois et une bouilloire sur le bureau. Yumi savait qu’elle attendait une réaction, une explication, mais elle se sentait encore incapable de lui en fournir une. Elle ne voulait pas expliquer pourquoi elle était arrivée sans prévenir, avec sa valise, en larmes. Elle n’était pas encore prête à annoncer qu’Ulrich l’avait trompée au moment où elle était le plus amoureuse de lui, qu’elle…
Non, elle n’était pas prête.
Elle essaya de le dire à travers le regard plein d’amour et de douleur qu’elle leva vers sa mère. Elle essaya de communiquer à travers ce lien presque magique qu’elles avaient tissé depuis toujours.
Et sa mère comprit.
Elle se contenta d’un sourire doux et d’une caresse sur les cheveux avant de quitter la chambre. Yumi sentit une vague de chaleur se répandre dans son corps alors qu’elle n’avait même pas encore touché la bouilloire.
Au moins, il restait toujours une personne capable de lui faire sentir qu’elle était encore une enfant.
Que faisaient les gens sans maman ?
Ses yeux balayèrent sa chambre. Rien n’avait changé. Enfin, cela dépendait à quelle période de sa vie on se plaçait. Rien n’avait changé par rapport au collège et même au lycée. Mais pour la féliciter après son bac, ses parents lui avaient offert un bureau avec un ordinateur, officiellement afin de l’aider dans ses cours. Officieusement, c’était comme un signe rassurant pour lui permettre de garder le contact avec ses amis. Elle n’avait pas aimé les laisser au lycée même si elle avait été fière de réussir du premier coup son concours d’infirmière.
Elle jeta un œil sur le livre le plus proche d’elle. La nuit de Valognes. Elle adorait cette pièce de théâtre, racontant l’histoire de Don Juan sous un angle complètement différent. Eric-Emmanuel Schmitt y écrivait « On aime toujours trop quand on aime vraiment ». Elle trouvait cela tellement vrai !
Mais aujourd’hui, elle prenait le mot « trop » dans le sens négatif du terme. À force de trop aimer, on finissait peut-être par étouffer l’amour. On croyait bien faire et en réalité on tuait l'amour de l'autre d'abord et le sien ensuite.
À force de trop aimer, on n’aimait plus du tout.
Elle attrapa le premier sachet de thé qu’elle trouva dans la boite et ouvrit ses mails. Des publicités, des invitations à rejoindre différents réseaux sociaux et les habituelles blagues (ou plutôt stupidités) que s’amusait à lui envoyer sa collègue Suzon.
Elle ouvrit le premier mail. Cela ressemblait à une chaine et elle n’en avait pas reçu depuis longtemps. Elle lut le bref contenu, sourcils froncés, puis revint au début pour y porter plus d’attention. Il s’agissait d’une « liste destinée aux filles afin de mieux comprendre les mecs ». Visiblement, Suzon n'avait jamais terminé son adolescence.
Les mecs peuvent flirter toute la journée, mais avant de s'endormir, ils pensent toujours à la fille dont ils se soucient vraiment. Ce point était précisément celui qu’elle n’avait pas envie de lire. Elle aurait aimé le remplacer par « Les mecs peuvent flirter toute la journée et s’endormir à côté d’une autre qu’ils viennent de baiser, sans penser à la fille qu’ils aiment puisqu’ils ne se soucient d’aucune ». Elle reconnut toutefois que cela faisait un peu trop mélodramatique. Peut-être était-ce vrai. Peut-être que Ulrich avait pensé à elle après. Peut-être même avant, peut-être même pendant. Sauf qu’elle n’avait aucun moyen de le savoir. Elle ne voulait pas savoir. Elle ne voulait pas imaginer non plus.
Si un type vous parle de ses problèmes, il a juste besoin de quelqu'un pour l'écouter. Vous n'avez pas à lui donner des conseils. Sur ce point-là, elle pouvait confirmer. La seule fois où Odd lui avait parlé de ses problèmes, c’était justement la fois où elle était venue s’asseoir sans rien dire à côté de lui et où elle l’avait simplement écouté parler. Mais est-ce que cela pouvait s'appliquer à Ulrich ? Ulrich ne parlait jamais de ses problèmes. Dès que quelque chose le contrariait, il s’emportait tout de suite ou, à l’inverse, se renfermait sur lui-même. Ce n’était pas un homme, c’était un mur.
Un garçon cherchera toujours à vous protéger car quoi que vous ayez envie de paraître, il vous trouvera magnifique dans votre fragilité. Bof… Donc, il ne fallait pas s’imaginer être une princesse de conte de fées pour qui le beau chevalier abandonne tout mais il fallait tout de même laisser ledit chevalier se sentir viril et puissant en jouant la gourdasse. Cette chaine avait dû être écrite par un homme pour être aussi illogique.
Les hommes peuvent vous aimer plus que vous ne les aimez. Yumi faillit en recracher son thé. Si c’était vrai, ils le cachaient bien.
Un type donnerait sa couille gauche juste pour être capable de lire dans l'esprit d'une fille.

- Et une fille donnerait ses deux seins pour savoir ce qui se passe dans la tête d’un mec, marmonna-t-elle à voix haute.

***


Il est à nouveau dehors, les yeux perdus dans les pétales des cerisiers du Japon. Le vent s’est levé cette fois et plutôt que de tomber lentement vers le sol dans leur danse gracieuse, les délicates tâches roses tourbillonnent. Celles déjà à terre remontent vers leur arbre, rejoignant des sœurs presque oubliées. Le chant de leur joie tandis qu’elles rient et forment une douce farandole résonne dans les cœurs.
Il ne l’entend pas.
Peut-être n’a-t-il plus de cœur ?
Il se sent las, perdu. Il a l’impression de regarder un écran fixe, comme si quelqu’un avait mis le film sur pause pour le lui expliquer mais était parti avant. Il ne comprend plus sa vie, sa propre existence perd petit à petit son sens.
Il songe à toutes ces fois où il n’a pas été à la hauteur. Toutes ces fois où il aurait pu mieux faire. Il se rappelle son regard déçu et furieux le jour où elle lui a dit « C’est facile de dire qu’on aime. Quand il s’agit de le prouver… C’est une autre affaire ». Le nombre de fois où elle a soupiré alors qu’il se glissait dans le lit. « Quand tu as dit que tu n’allais pas tarder à rentrer, je n’imaginais pas que ça prendrait une heure ».
Une petite voix, plus amicale que sournoise, lui indique qu’elle n’est pas irréprochable non plus. Il a souvent eu le sentiment d’être étouffé, tenu en laisse, écrasé par son couple. Elle est pleine de qualités, ne fait quasiment jamais d’erreurs et en contrepartie, elle attend que le monde soit aussi pointilleux et irréprochable qu’elle, toujours. Mais lui n’y arrive pas. Il n’arrive pas à changer, peut-être parce que paradoxalement, elle ne veut pas qu’il change, même si elle ne cache pas qu’il la fait souffrir. Elle lui fait des reproches et ne veut pas qu’il culpabilise. Elle pointe du doigt tout ce qu’il fait de mal mais refuse qu’il s’excuse.
Il n’y a pas à dire, les femmes et les hommes appartiennent à des espèces différentes.
Plus il y réfléchit, plus il a l’impression que les premières sont nées pour se prendre la tête alors que les seconds essayent juste de vivre à peu près tranquillement. En toute objectivité, qui peut dire que le mode de vie féminin est meilleur ? Il n'y a vraiment que les femmes pour être aussi illogiques.
Homer Simpson a tout compris à la vie. Une bière, des copains, une épouse aimante, un cerveau pas trop développé.
Il ne peut s’empêcher de sourire en imaginant la tête qu’elle ferait s’il lui disait une chose pareille. Elle lèverait sans doute les yeux au ciel en soupirant mais il était prêt à parier que quand elle le regarderait à nouveau, elle aurait le visage empreint de tendresse.
Elle lui pardonne toujours tout, inconsciemment. Parfois, cela lui fait mal, à lui. Mal pour elle. « Tu es une femme, tu peux contenir ta rage toute ta vie ». Une vraie Marge. À croire que les femmes sont conçues pour endurer tout ce que les hommes ont le courage de leur faire. « Le bon Dieu est une femme », comme dirait l’autre.
De toute façon, plus il se reproche de ne pas être à sa hauteur, plus il s’enterre, plus elle parait inatteignable. Toujours le même cercle vicieux.
On dit que l’homme a évolué, passant de poisson à singe et cætera, et cætera.
Parfois, il y a quand même de quoi penser que c’est en fait juste la femme qui a évolué.

-------------------

3 Septembre 2015 :
Chapitre 5 : Au fil du temps
Chapitre 6 : Juste une fois

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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JCVgamer MessagePosté le: Ven 21 Aoû 2015 23:18   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Aoû 2012
Messages: 170
Localisation: Dans le labyrinthe de mon âme
*Hier soir 23h.
Tandis que Jerem était en train de rédiger un commentaire sur la nouvelle Fanfic d'Ellana, on toqua à la porte. Un jeune enfant entra avec un parchemin en main mais l'apprentie mage ne s'était pas retourné. L'enfant s'approcha lentement, légèrement craintif et hésita à parler, mais ce fût Jerem qui prie la parole :
- Qu'y a t-il mon garçon ? sur un ton fatigué.
- Euh Ellana... commença t-l
- Un membre de sa meute s'est perdu ?
- Euh non
- Son créancier s'impatiente ?
- Euh non elle... hésita-t-il
- Elle lance une nouvelle gamme de produit de beauté. Quoi ? Qu'y a t-il ? Je vous écoute. S'impatienta le jeune mage.
Et ayant dis cela commença a boire son verre d'eau.
- On en reparle, elle a... publié deux nouveaux chapitres.
A ces mots le jeune mage recracha une partie du liquide qui était dans sa bouche tout en vérifiant que la bouteille d'eau n'était pas périmé, et avala difficilement le reste de la boisson.
-...Pose le parchemin sur le bureau, tu peux disposer.*

Bonsoir Ellana,

Donc voici l’anecdote de ce qui s'est passé hier soir, je ne te remercierai jamais assez pour avoir publier pendant que je faisais un com pour tes beaux yeux ^^.

Bon ben me voilà et donc c'est parti. Le commentaire sera davantage un com éclair avec ce que j'en ai pensé.
Pour ce qui est du scénario, je le trouve assez plaisant pour l'instant, on a une intrigue assez sombre je trouve, dans le sens où il y a beaucoup de zones d'ombres pour l'instant et donc de questions que les personnages eux-mêmes se posent. Bon perso mes questions sont identiques que pour Sirix. Sinon pour l'histoire des couples, j'ai trouvé cela assez intéressant, c'est toujours sympa de sortir des sentiers battus, nous verrons bien ce que ça donne.
En revanche dire que les couples qui tiennent soit peu cohérent je ne suis pas d'accord, tout comme le fait que Willismine dise que les chances qu'un couple qui tien depuis l'école pour la vie (bon c'est vrai que pour le collège y'a peu de chance, mais pour le lycée c'est une autre histoire).
Ah et aussi :
Ellana a écrit:
je n'ai jamais trouvé le Jerlita très crédible

Il l'est déjà bien plus que le Oddlita mon humble avis. Bon on va pas lancer un débat sur ce sujet car on risquerai de terminer dans une impasse et puis comme je l'ai dit, les couples tel que tu les as faits me conviennent très bien donc affaire classée.

La qualité d'écriture est présente ce qui est logique, le langage est mature ce qui est plutôt plaisant. Après j'ai l'étrange sensation dans les chapitres 3 et 4 qu'il y a des préjugés sur les garçons, leurs psychologie et les relations.

Et je terminerai par cela :
Citation:
La nuit de Valognes.

Alors là je suis heureux ^^ (Pour ceux qui se pose des questions sur ma santé mentale, permettez-moi de vous éclairer. Valognes est une ville se trouvant dans le Nord-Cotentin, dans la Manche en Basse-Normandie. Et j'habite également à 25 bornes de cette ville. Voilà pourquoi je suis si content Smile )

Bref je suis plutôt impatient de lire la suite et comme il n'y aura pas beaucoup de temps à attendre, tout ceci est plutôt excellent. Un texte prometteur que je prendrai plaisir à lire.

Bonne soirée.

EDIT : Les fans de Disney sauront-il trouver la référence de mon RP ? ^^
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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Ikorih MessagePosté le: Sam 22 Aoû 2015 12:22   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
-Eh, tu devrais pas faire un com' de la fanfic d'Ellana?
-Pas maintenant, je suis à Londres :c
-Et là?
-Pas maintenant, je joue à Starcraft.
-Et là?
-Pas maintenant, je suis en vacances à Lyon :c
-Et là?
-....zut, faut que je m'y colle.


…Bonsoir, Madame M.
Il faut le dire, ça fait longtemps que je ne suis pas passée par chez toi. Mais en regardant la liste des dernières fictions du forum, je me suis dit que de toutes, c'était par celle là que je passerais en premier. Va savoir pourquoi. XD

Déjà je voudrais signaler que les endroits où le style est le plus soigné, c'est peut-être chez Jérémie et Ulrich. Autant pour le premier on peut mettre ça sur son côté fleur bleue et rêveur, autant c'est plus discutable chez Ulrich. Mais tu sais ce que je pense d'Ulrich, hein? (a)

Concrètement, on est divisé entre Aelita et Yumi paumées sur Lyoko et les flash-backs divers sur leurs histoires de fesses (pitié, pas trop d'histoires de fesses Crying or Very sad). J'imagine que tu devines ce qui me branche le plus, hein XD...le côté "rassembler le puzzle" me plaît quand même pas mal, avouons-le. Faut juste voir la gueule du puzzle à la fin, si y a que du cul ou pas XD

« Ça fait bizarre de te revoir en geisha. »
De mémoire, l'avatar S4 de Yumi fait pas tant geisha que ça, mais booon...x)

D'ailleurs je trouve Aelita très sûre d'elle quand elle dit "Xana n'attaquera pas". Soit elle sait des trucs en plus, option qui me brancherait pas mal, soit elle essaie juste de s'autopersuader. Ce qui me brancherait moins Sad....mais serait plus évident *PAF*

Par contre, le proverbe japonais fait tellement cliché, c'est honteux Crying or Very sad N'as-tu donc pas d'estime de twah? SHAME o/

« [les slows] ce truc pour lover pathétique »
Fox approuve ce message :trollface:

Pour continuer dans mes points en vrac, j'ai aimé le passage à la fin du chapitre 1 parce que tu arrives à donner du relief à des figurants qu'on ne reverra sans doute jamais, et ça se reproduira un peu plus tard pour le mec avec la cigarette. Ce ne sont pas juste des formes en carton dans le fond, ils inspirent des émotions, ils ont une vie qu'on peut entrapercevoir, etc...o/

J'aimerais profiter du point suivant pour revenir sur une remarque pleine de hargne de WC-gamer, au sujet de Odd et Aelita. "Il l'est déjà bien plus que le Oddlita "
Sous-entendu clair : du Oddita serait décrit dans cette fic. Personnellement, je suis très septique sur ce point. C'est pas vraiment un couple, comme Aelita le soulignait. Ils s'envoient en l'air une fois de temps en temps, ça dure pas, point final. Cette fic souligne largement à quel point le Jerlita est plus "fort" que le Oddita....
Et donc oui mon point dans tout ça c'était que c'est à mon sens une des rares façons crédibles de traiter le couple Odd et Aelita o/

J'ai aussi relevé que la notion de "trois mots" était revenue au moins deux fois. De là, j'en déduis une propagande cachée pour trois mots trois cœurs, et je crie au scandale car tout le monde sait que l'auto-pub, c'est très mal. Cette remarque totalement Imprévue me plonge sans doute dans les Abysses de la crédibilité.
J'ajoute que les nanas parlent manifestement juste d'histoires d'amour et je trouve ça très très triste que leur vie se résume à ça (a)

En ce qui concerne la mort d'Odd. Là aussi, je trouve que c'est cohérent du point de vue du personnage, mais je crie au plagiat parce que c'est moi qui bute Odd d'abord, personne d'autre n'est autorisé à le faire :C *PAF*
Enfin, mort, ne parlons peut-être pas trop vite. Le "salut princesse" nous fait clairement croire que c'est lui. Sauf qu'il s'est brisé la nuque. Du coup, j'aime bien l'idée que ce qui interpelle Aelita soit une sorte de projection virtuelle, genre lui mais pas lui, mais bon, ça me semble un poil tiré par les cheveux alors je vais me taire et attendre de voir.

Dans la gamme hypothèses foireuses, Ulrich semble avoir un problème avec les bébés, la salle d'attente (maternité?). Yumi ajoute qu'il l'a trompée "lorsqu'elle était le plus amoureuse de lui". Alors du coup, on a envie de penser à une grossesse qui tourne pas bien. Mais j'ai la flemme de trop creuser de ce côté. (a)

Je terminerai en disant que le retour d'Odd (?) et l'évanouissement de Yumi annoncent une montée de la tension et que les chapitres suivants en diront très certainement davantage...donc, j'attends de voir ce que ça donnera!
J'aime bien la fic. Ralentis un peu sur les histoires d'amour et j'aimerai peut-être plus....(a)

A la prochaine! Bon rétablissement à ton bras Mr. Green
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 22 Aoû 2015 20:17   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 14 Sep 2008
Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
chapitre interessant.
donc Odd est mort en faisant une des ses folles cascades (cela lui correspond assez bien). Pourquoi dans la plupart des fic post lyoko, les auteurs ont tendance à presque toujours oublier ou faire crever notre chat violet? C'est injuste.

Mais au moins il semble revenir, le SC et lyoko ne sont pas prêt de le voir disparaitre.

Pour l'histoire de couple, Oddlita a peu prêt aussi crédible que Jerelita.

_________________
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Ellana MessagePosté le: Jeu 03 Sep 2015 19:48   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 251
Localisation: Al-Jeit.
Spoiler



Désolée pour ces réponses courtes et moches mais j'ai faim Mr. Green

Chapitre 5 : Au fil du temps


Les mots se perdent dans le vent et la neige. Les jours se suivent dans un calme serein. Parfois, je regrette la froideur de l'hiver. Là où les mots se perdent, il n'y a point de chagrin.
Le soleil d'été a un charme bacchanal. Il se reflète et brûle, annihile toute volonté et ronge la douceur. Il est morsure, cruauté et aigreur. La chaleur... A-t-elle seulement un bon côté ? Qu'est-ce qu'être chaleureux ? Quels ravages commettent passion et feu ?
Plume, porte-moi. Dépose sur le papier ce que je ne dis pas. Cherche et trouve en moi, écris pourquoi j'en suis arrivé là. Est-ce ma faute si elle s'éloigne ainsi, quel faux pas ai-je commis ? Délivrance, viendras-tu ? Quel visage adopter, quel homme dois-je montrer ? Est-elle la rédemption, symbole de stabilité, ou l'aride rivage sur lequel m'échouer ?
Âme, murmure. Chuchote-moi ce en quoi il faut croire, tisse les étoiles qui guident dans le noir. Attendre, voir et mourir ; attendre, voir et aimer ; agir et tout laisser tomber ? Patience et dépendance, ennui et agonie, comment la sortir de son étrange apathie ? L'aider ou me préserver, que perdre et que donner ?
Il est temps et trop tard.
Les jours sont là, quand faut-il garder espoir ? Je voudrais qu’elle aille mieux, je voudrais qu’elle aille bien. Je ne sais pas comment la soulager. Je suis prêt à offrir, elle ne veut pas recevoir. Étais-je prêt à aimer, suis-je fait pour ça ?
C'est plus facile de se replier, de ne rien penser, de donner sans être là. La vie est un mensonge, qui peut dire le contraire ? C'est une illusion aux règles arbitraires, sans gagnant ni vaincu, sans départ et sans but. On est ici, on est ailleurs.
Qu'est-ce qui nous fait rester et qu'est-ce qui nous éloigne ?
Qui peut nous sauver et qui nous condamne ?
Qui nous aime vraiment et qui nous maudit ?


***


Yumi était assise à table, en face d’Aelita. À l’extrémité de son champ de vision, sur sa gauche, elle pouvait voir Edouard mais aucune trace d’Ulrich. Elle sentait confusément qu’il n’était pas là.

- Allez, souris un peu ! lui lança Aelita. Tu es belle comme un cœur quand tu souris.
- Tu parles ! grinça Yumi. Je ne trouve vraiment pas.
- De toute façon, tu ne te trouves jamais rien !

La japonaise haussa les épaules. Elle vit Edouard se lever et ne put s’empêcher de le suivre du coin de l’œil.
Son cœur s’arrêta quand il vint se poster derrière elle. Il se pencha et passa ses bras autour d’elle, posant dans un même mouvement sa tête sur son épaule.
Le cœur de Yumi redémarra, battant trop fort et trop vite. Il était fou ou quoi ? Tous les gens autour d’eux connaissaient Ulrich, ils ne tiendraient pas tous leur langue et…
Et d’ailleurs, pourquoi pensait-elle à Ulrich en cet instant ?
Restait-il vraiment des gens autour d’eux ? Yumi n’en avait soudain plus l’impression.
Elle se leva et se retrouva debout contre Edouard. Elle n’eut qu’à tourner la tête pour qu’il l’embrasse passionnément, sauvagement. Elle sentit ses mains venir explorer tout son corps, se presser sur ses fesses, sa poitrine. Submergée par des vagues de désir, elle passa un bras autour du cou d’Edouard. La salle était vide, ils étaient seuls, seuls avec l’envie qui croissait de manière effrayante, seuls, sans rien pour les retenir.
Dans un sursaut de volonté presque douloureux, Yumi s’écarta. Elle n’adressa pas un regard à Edouard et courut s’enfermer dans les toilettes. Elle s’adossa au mur, le corps tremblant. Il frappa doucement à la porte en murmurant son nom. Elle prit une grande inspiration, tendit les doigts vers la poignée…
… et se réveilla.
Allongée seule dans son lit, chez ses parents, son premier réflexe fut de soupirer. Même dans ses rêves, elle était sage.
Pas étonnant qu’Ulrich aille voir ailleurs.
Yumi se recroquevilla sur son lit. Il lui faisait de la peine. Elle était prête à lui en faire en retour, même si cela la ferait souffrir encore davantage.
Un sourire amer se dessina sur ses lèvres.
Ils en étaient revenus à l’époque du collège. Sauf que lorsqu’on devient adulte, tout du moins lorsque le monde nous considère tel quel, les choix et les trahisons ont plus d’impacts.
Il ne s’agissait plus de savoir si elle avait encore envie d’être son amie, de manger avec lui certains midis ou de le faire enrager avec William. Elle ne pouvait plus lui lancer une remarque acide avant de s’éloigner en levant le nez en l’air dans une fierté exagérée.
Désormais, elle devait décider si elle avait encore envie de passer sa vie avec lui.
Et elle eut la réponse à peine la question formulée.
Elle attrapa son sac, quitta sa chambre et laissa un mot rapide sur la table de la cuisine. Il était trois heures du matin. Elle démarra le moteur sans se soucier d’être en pyjama, roula trop vite jusqu’à son appartement, leur appartement, arrêta la voiture, la ferma à clé de loin, courut jusqu’à la porte, courut dans les escaliers et entra chez eux le cœur battant.
Elle se moquait de ce qu’il avait pu faire.
Il était revenu. Il resterait.
Et tant qu’il reviendrait, elle serait là pour l’aimer.
Il était allongé sur le canapé, tout habillé, comme s’il n’avait pas bougé de la semaine. C’était peut-être le cas d’ailleurs. Une part en Yumi ricanait, disant qu’il s’en foutait de toute façon, qu’il était en vacances. Qu’elle n’avait aucune fierté, qu’elle était stupide de lui pardonner si facilement. Mais la part majoritaire rétorquait avec sévérité qu’en amour, la fierté ne faisait pas toujours aller bien.
Elle se souvint de ce que sa mère lui avait dit il y a longtemps, à une époque où elle ne se sentait pas concernée par le problème. « Tu sais, je pense qu’il n’y a qu’un couple sur cent qui n’est pas touché par l’infidélité ». Yumi n’avait pas demandé dans quelle partie du pourcentage se situaient ses parents mais elle avait été profondément choquée par le chiffre. Elle se rendait compte aujourd’hui que cela n’avait pas d’importance. Il y avait tant de couples libertins, tant d’amoureux éperdus qui ne pouvaient s’empêcher d’aller voir ailleurs.
Était-ce forcément pour cela que les gens aimaient moins ?
Elle s’agenouilla près du canapé. Ulrich ne se réveilla pas quand elle lui prit la main mais elle se sentit apaisée. Elle vint se blottir contre lui et à cet instant, leurs regards se croisèrent. Elle y lut une tristesse qui lui fendit le cœur tout en le regonflant. Il y vit un amour indéfectible.

- Je t’aime.

Ce n’était qu’un murmure ensommeillé au creux de l’oreille mais il contenait toutes les excuses et toute la sincérité du monde.

***


- Odd ?

Trois lettres.
Comment trois lettres pouvaient-elles être si dures à prononcer ? Aelita n’avait qu’à arrondir les lèvres et ouvrir la bouche pour laisser le son sortir, pourtant, elle eut un mal fou à le faire. Elle reporta son attention sur Yumi, persuadée que l’angoisse finissait par la faire halluciner. Puis, elle releva les yeux.
Odd la regardait toujours, avec un air hilare et son avatar de chat violet.

- Comment ça va ? lui lança-t-il, jovial.
- Odd, qu’est-ce que tu fais là ? Je suis en train de délirer ?
- Oui et non, ça n’a rien à voir avec moi, juré ! Câlin ?

Aelita hésita mais finit par ouvrir les bras, une expression de totale incompréhension peinte sur le visage. Une bouffée de tendresse et de soulagement l’envahit lorsque contre toute attente, elle sentit le corps de Odd contre le sien. Elle se blottit dans ses bras comme elle l’avait déjà fait tant de fois. Mais elle était heureuse de trouver la chaleur de l’ami plutôt que celle de l’amant.

- Tu m’as manqué, murmura-t-elle.
- Toi aussi, princesse. J’ai toujours un œil sur vous mais ce n’est pas la même chose et de loin !

Aelita secoua la tête. Odd était censé être mort. Que faisait-il sur Lyoko ? Son esprit commença à imaginer les scénarios les plus improbables.
Jérémie et Odd avaient fait croire à sa mort puis avait rallumé le Supercalculateur pour que Odd puisse vivre sur Lyoko, là où il se sentait bien. Non, c’était impossible, Jérémie n'aurait jamais caché quelque chose d’aussi capital.
Yumi et elle étaient mortes et se trouvaient dans une sorte de paradis, Odd étant un ange. Mais outre le fait que Odd n’avait rien d’un ange, pourquoi avoir retrouvé leur avatar d’adolescentes et pourquoi ne se souvenait-elle que de certaines choses ?
XANA n’avait jamais été détruit et il attaquait à nouveau. Il avait implanté en eux de faux souvenirs pour assoupir leur méfiance et les avait kidnappés. Mais alors pourquoi Ulrich et Jérémie n’étaient-ils pas là ?
Aelita avait virtualisé Odd sur Lyoko avant de reprogrammer le retour vers le passé pour modifier les souvenirs des autres. Puis, elle s'était virtualisée avec Yumi. Mais dans ce cas, pourquoi...

- Arrête de te torturer le cerveau, lui conseilla Odd. Il y a plus important pour le moment.

Ses yeux étaient posés sur Yumi, toujours immobile. Aelita eut l’impression qu’il l’avait giflée. Comment pouvait-elle être assez égoïste pour ne plus penser à son amie ?
Elle s’assit près de la geisha et lui prit la main. Égoïste ou pas, elle ne savait pas quoi faire pour l’aider de toute façon.

- Elle ne risque rien, assura Odd. Ce n’est pas de ça que je voulais parler.
- De quoi alors ?
- De toi. C’est pour toi que je suis là. Apparemment, Yumi se débrouille toute seule mais toi, tu n’as jamais aimé la solitude.

Aelita pensa aux fois où elle s’était réfugiée à l’Ermitage. Effectivement, chaque souvenir qu’elle avait d’un moment solitaire était rattaché à des pincements au cœur et une vague de tristesse mais également à un autre sentiment plus fou et plus agréable. Elle n'eut pas le temps d'y réfléchir. Odd continuait déjà à parler.

- Je ne sais pas si c’est dû au fait d’être restée seule sur Lyoko ou ton statut d’orpheline, sans autre famille que ses amis, mais en tout cas…
- Je suis restée seule trop longtemps, c’est vrai.

La voix d’Aelita contenait une douleur mal dissimulée et pourtant, elle fut surprise d'y percevoir également une pointe de regret. Depuis que XANA avait été détruit, elle avait fait beaucoup de chemin. Elle s’était ouverte à d’autres gens que les LyokoGuerriers une fois arrivée au lycée, allant jusqu’à être connue de tous en rejoignant le conseil des étudiants. À la fac, elle était toujours partante pour animer des soirées, sa réputation n’avait cessé de croître et elle avait pu s’émanciper des Subdigitals en fondant son propre groupe. Lorsqu’elle chantait face à la foule, loin de se sentir seule et loin d’elle, elle avait l’impression d’être en harmonie avec chacun. Elle aimait cette sensation de faire partie d’un tout, de bouillonner de vie et de sentir la vie bouillonner autour d’elle.
Du moins était-ce le cas avant.
La mort de Odd avait changé les choses. Elle avait réalisé à quel point la vie était fragile. À quel point le monde pouvait être cruel et revanchard. À l’instar de son ami, elle avait senti l’ennui commencer à ronger son cœur. Elle aimait toujours autant chanter mais elle se sentait moins proche du public. Elle ne prenait plus autant de plaisir aux séances de dédicaces, elle appréhendait tout avec davantage de distance. Les gens à qui elle en avait parlé lui avait dit que c’était normal, que c’était une phase de deuil, que cela passerait.
Elle avait compris qu’ils avaient raison mais que son deuil était plus profond que ce qu’ils pensaient.
À travers le deuil de Odd, elle avait réalisé que jamais, elle n’avait fait le deuil de Lyoko. Sinon, elle en aurait parlé à ceux qu’elle aimait, surtout Mathieu. Elle n’aurait pas voulu oublier. Elle avait décidé de tout jeter alors qu’elle n’y était pas prête. Dans ce cas-là, avait-elle vraiment décidé ? N’avait-elle pas simplement suivi ses amis ?
Aelita se laissa tomber sur le sol. Il y avait trop de questions soudainement, trop de sentiments. Elle ne se rappelait pas avoir déjà été si agitée sur Lyoko. Tout y avait toujours été plus instinctif : on y allait pour se battre ou essayer un nouveau moyen de sauver le monde. On ne pouvait pas se permettre de se poser pour s'interroger .
Même durant le temps où Aelita était restée seule sur Lyoko à attendre sa virtualisation, elle n’avait pas réfléchi aux sentiments. Elle ne ressentait pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Elle n’avait pas de souvenirs, pas de relations tangibles avec d’autres personnes. Elle était une sorte de coquille qu’on remplissait d’informations mais elle n’était qu’une passerelle : elle utilisait les informations sans s’en servir pour elle-même.
Après cela, elle n'avait pas trouvé le temps d'être seule pour réfléchir sur sa propre personne. Elle avait été couvée par Jérémie, puis par son agent, puis par...

- Arrête de te torturer le cerveau, répéta Odd. Je ne suis pas venue pour te voir afficher une tronche de martyr ! Mais le problème, c’est que je ne peux pas répondre tout de suite à tes questions. On va rester ici pour ne pas abandonner Yumi si jamais elle se réveille et on va discuter. Qu’est-ce que tu en dis ?

Aelita sourit malgré elle. Tout paraissait toujours si simple avec Odd.

- Ce serait sympa.

***


Coeur de pierre.
C'est comme ça que les voix l'appellent dans son sommeil.
Le réveil sonne. Brutal, grossier, indécent. En voulant l’attraper, il l'envoie voler plus loin, ce qui n’aurait pas été dérangeant si cela avait été un vrai réveil et non son portable. Mais sa première pensée n’est ni la colère, ni la fatigue, ni la frustration. Il se retrouve, sous l’effet de ce délicieux demi-sommeil abrutissant, cristallisé dans la surprise et l’étonnement.
Surprise dans le sens où il a l’impression d’avoir à peine fermé les yeux entre les douze coups de minuit et la sonnerie.
Et étonnement surtout, parce qu'elle n'est pas à ses côtés.
Il se sent perdu. Elle n’est pas là. Chose logique en soi. Alors pourquoi est-il si étonné ? Il s'est réveillé avec dans le cœur la certitude qu’elle serait allongée près de lui. À croire qu’elle est au moins dans ses rêves à défaut d’être dans ses bras.
Le matelas ne veut pas le laisser. La couverture pèse lourd. Il est bien dans son lit. Peut-être parce qu’il est plus facile de l’y imaginer ici, allongée à ses côtés, plutôt qu’allongée ailleurs, sur un matelas trop grand pour elle, seule, avec lui assis sur une bête chaise voisine. Quitter son lit, quitter cette maison, c’est comme pénétrer dans un monde où elle est moins présente, quitter celui où ils sont si souvent bien ensemble.
Et il n’aime pas ça.
Alors il enclenche le mode radar. Il fait des gestes dictés par l’habitude, il marche sans réfléchir où il va et son esprit reste avec elle. Il essaye de la visualiser dans un bus, dans la rue, à son travail, seule ou entourée. Il essaye de capturer une image d'elle, il se demande ce qu'elle ferait de son côté, si elle avait déjà joué à ce petit manège.
Penser à elle lui fait du bien. Parce qu'il l’aime plus que tout ce qui l'entoure.
Plus que tout tout court.
Cœur de pierre…

- Et sinon, t'as eu des nouvelles de Yumi dernièrement ?
- Pas depuis ses oraux des concours. Elle avait l'air plutôt crevée et...
- Aelita m'a dit qu'elle avait couché avec un mec.

Un grain de blé éclata sous les doigts d'Ulrich sans qu'il le réalise. Il cligna plusieurs fois des yeux en regardant Odd. D'ailleurs, à l'expression de son visage, ce dernier guettait sa réaction. Une réaction qu'Ulrich devait à tout prix contrôler.

- Vraiment ? se contenta-t-il donc de répondre, la voix aussi neutre que possible.
- Apparemment oui. Ils ne sont déjà plus ensemble mais elle a eu un copain.
- D'accord.
- Tu le prends comment ?
- Comment veux-tu que je le prenne ? On est copains et c'est tout, elle fait ce qu'elle veut, j'ai rien à dire.
- Mais à part ça tu le prends comment ?
- Ce qui me dérange, c'est qu'elle ne nous en a même pas parlé avant.

Ulrich venait de trouver son cheval de bataille. Derrière cette petite phrase, on pouvait tout cacher. Une raillerie taquine, une fausse vexation, une simple constatation, … Un vrai reproche.
Ce fut donc cette phrase qu'il ressortit naturellement lorsque Yumi leur confirma le lendemain que oui, elle avait « fait l'amour avec un garçon pendant une semaine ».

- Il était endurant, pouffa Odd.
- Et tu ne nous en as même pas parlé ! ricana Ulrich, d'un rire qui sonnait faux.
- Tu n’avais qu’à prendre de mes nouvelles ! rétorqua immédiatement la japonaise.

La soirée se passa sans autres allusions mais alors qu'il se couchait aux côtés de Yumi en prenant bien soin de ne pas l’effleurer, Ulrich se demanda ce qui le dérangeait le plus.
Que Yumi ait fait l'amour avec un autre que lui ou qu'il en soit si affecté ?


Aujourd’hui, il connaissait la réponse à cette question. Il l’avait eue quelques mois plus tard, lorsqu’il avait rejoint Yumi sur Paris pour une virée avec d’autres amis. Parmi les amis en question, il y en avait un qui représentait plus aux yeux de la japonaise. Ulrich l’avait compris avant même qu’ils ne s’embrassent.
Et c’était en la voyant avec un autre qu’il avait pleinement réalisé à quel point il l’aimait.
Sauf que comme l’abruti qu’il était, il n’avait pas pu se résoudre à le lui dire. Il l’aimait mais il avait mal et comme toujours, c’était la douleur qui l’avait emporté sur l’amour. Il avait choisi la fille la plus décolletée de la journée, en avait fait sa petite amie et n’avait pas revu Yumi jusqu’à l’anniversaire de Odd. Là où, ivre, il lui avait avoué qu’il l’aimait alors qu’il était devenu celui en couple et elle la célibataire.
Il était déjà une ordure à l’époque.
Il l’avait sans doute toujours été.



Chapitre 6 : Juste une fois


Je sens une main sur mon épaule. Natascha, sûrement. Elle attend que je lève les yeux vers elle, peut-être lit-elle ce que j'écris mais ça m'est égal. Je ne peux pas m'en empêcher. Je sers mon stylo de toutes mes forces, comme si écrire pouvait sauver, comme si les mots tracés sur le papier pouvaient t’ancrer dans la réalité. J’ai besoin d’écrire un de nos souvenirs.

- Et si on faisait une pause ?

Je te regardai avec une sorte d'incrédulité nouvelle, comme si je te voyais pour la première fois.

- Une pause ?
- On bosse là-dessus depuis des heures, on commence à fatiguer tous les deux, on risque de faire plus d'erreurs que de progrès en s'acharnant encore sur...
- Aelita ! Tu sais bien qu'on doit finir ce programme pour nous déplacer dans la Mer Numérique ! C'est notre moyen le plus sûr de rejoindre les Réplikas et de ramener William !
- Je sais bien mais...
- Va te coucher, je peux continuer sans toi.

En temps normal, tu aurais insisté. Ce soir, je te sentais à bout de forces, nerveusement épuisée. En temps normal, j'aurais accepté de quitter mon ordinateur pour te rassurer, te montrer que j'allais dormir.
Mais rien n'était plus normal depuis que William avait été xanatifié.
Alors je te laissais quitter ma chambre avec un simple « Bonne nuit » auquel je répondis à peine.
Il y a tant de moments que j'ai manqués. Tant d'occasions que j'ai eues de te montrer à quel point tu comptais, tant d'occasions que j'ai laissé filer.
Vieillir ne m'a pas fait perdre cette habitude. Même alors que j'avais la chance de t'avoir près de moi pendant les études supérieures, je ne l'ai pas savourée.

- Et si on faisait une pause ?

La même question, mot pour mot, même si ce n'est qu'aujourd'hui que je m'en souviens. Sur le moment, j'étais bien trop concentré pour établir le rapprochement.

- Aelita, il faut qu'on termine pour la semaine prochaine.
- On a sérieusement bossé dessus toute l'année, on s'est aidé mutuellement, tu crois qu'on a une chance de ne pas avoir une super note à cet exposé ?
- Aelita…
- Si tu décrochais pour une fois ?

Je regardai tes grands yeux verts. Tu avais cet air de princesse amoureuse, cet air qui donne l’impression que le monde nous appartient et que rien ne peut nous atteindre.

- Viens, on part à la mer.
- Pardon ?
- On prend ma voiture, on roule pendant quelques heures et on pique une tête dans l’océan. On dort n’importe où et on revient demain. Qu'est-ce que tu en dis ?

Je n’ai même pas pris la peine de te répondre.
Tu as eu l’air triste, tu es partie et j’ai trouvé sur ton lit dans la soirée un ticket de caisse avec un seul achat. Un maillot de bain. Tu avais écrit le nom d’un village dessus, celui où nous avions passé nos plus douces vacances. J’avais ton numéro de portable dans mon téléphone. J’aurais pu te rejoindre. Je savais au fond que tu m’attendais.
Je ne l’ai pas fait.
J’ai fini cet exposé. Quand tu es arrivée, en même temps que l’aurore, j’avais la certitude que j’allais éblouir le jury.
Tu as avancé dans la chambre, tu m’as pris la main. Tes cheveux, tes lèvres, ta peau, tout ton être sentait encore le sel et la liberté. Tu m’as regardé longtemps, sans sourire ni faire la tête. Tu avais les yeux un peu rouges, comme si tu avais pleuré, mais devant moi, tu étais neutre, sereine. Comme si tu avais beaucoup réfléchi et c’est sans doute ce que tu as fait.
Quand tu as ouvert la bouche, c’était pour me quitter. Dire qu’avant ce soir-là, j’avais l’audace de croire que ma vie ne valait pas grand-chose…
Mon Aelita, tu n’imagines pas le nombre de nuits où je me suis vu te rejoindre sur une plage.


***

Yumi resta avec son portable à la main, la bouche ouverte sur une exclamation choquée, les yeux écarquillés.

- Il vient de me raccrocher au nez pour aller finir sa partie.
- Yumi, c'est toi qui voulais qu'il profite de ses potes, lui rappela Aelita.

La japonaise ne répondit pas. Elle aurait dû comprendre pourtant depuis le temps que les garçons étaient affreusement terre à terre et qu'ils ne savaient pas que parfois, un « Vas-y » voulait dire « Reste ». Qu’un « Je ne veux pas te déranger » attendait systématiquement un « Tu ne me déranges pas ! ».
D'accord, elle voulait qu'il se sente libre et effectivement « qu'il profite de ses potes ». Il avait besoin de voir des amis, elle ne voulait pas que leur couple les emprisonne. Mais elle aurait bien aimé qu'il s'occupe d'elle juste une fois.
Et pas que quand il avait envie de sexe.

- Tu sais ce qu'il te faut ? lança Aelita.
- Un revolver ?
- Une soirée entre filles.
- Ah bah, ça tombe bien, c'est pas exactement ce qu'on avait prévu ?
- Allez, viens, on va regarder des sites débiles.

Yumi était moyennement emballée. Cela faisait cliché mais ce dont elle avait envie, c'était un pot géant de glace vanille / cookies et un bon Miyazaki. Peut-être « Ponyo sur la falaise », même s’il allait sans doute la faire pleurer. Pourquoi la vie n’était-elle pas aussi belle et magique que dans les dessins animés ?
Mais Aelia était la ténacité faîte femme. Surtout quand, comme dans le cas présent, elle était persuadée d'avoir raison. Elle était experte en « sites débiles », c'est-à-dire forums de gamines persuadées qu’elles avaient trouvé le prince charmant, blogs de grandes prophétesses de l’amour, sites de conseils pour jeunes ados dépressives, …
Aussi ne tarda-t-elle pas à dénicher ce qu’elle cherchait.

- Tiens, regarde-moi ça : quand une fille est calme, des millions de choses occupent ses pensées.
- Ah bon ? Et quand on est agitée, il y en a combien de milliards ?
- Quand une fille se met sur ton torse, elle espère être tienne pour toujours.
- Qui a écrit ces conneries ?
- Quand une fille te dit « Je t'aime », elle veut vraiment dire ça.
- Je répète ma question.

Aelita nota toutefois que la raillerie avait diminué dans la voix de Yumi. Son regard avait pris une teinte mélancolique et il ne fallait pas être télépathe pour deviner ce à quoi elle pensait.

- Il le sait.
- Quoi ? Que je l'aime ?
- Évidemment !
- Bof.

Aelita leva les yeux au ciel et poursuivit :

- Quand une fille te regarde fixement, elle se demande pourquoi tu es en train de lui mentir.
- N'importe quoi. Quand je regarde fixement un mec, j'essaye de penser très fort à quelque chose en espérant qu'il va comprendre. Peut-être qu’ils vont devenir télépathes à force !
- Ce que tu dis n'est pas beaucoup plus scientifique que les sottises de cette blogueuse... Ah, celle-là va te plaire ! Quand une fille dit « Tu me manques », personne au monde ne peut lui manquer plus que ça.

Yumi soupira. Aelita avait raison. Et cette fois, la phrase était vraie. En ce moment, elle avait tendance à dire à Ulrich qu'il lui manquait presque à chaque fois qu'il quittait leur appartement. Elle se sentait seule même quand il était là. Elle était heureuse qu'ils soient avec ses amis, qu'il sorte, qu'il soit bien. Mais elle regrettait le temps où ils pouvaient rester ensemble tous les soirs, à se câliner, à parler, à regarder des films. Elle regrettait presque Lyoko ! À cette époque, ils avaient toujours un sujet de conversation.

- Tu ne vis qu'une fois, lut Aelita. Alors sois sûre que tu passes ton temps avec la bonne personne. Celui qui restera éveiller juste pour te voir dormir, celui qui se tournera vers ses amis en disant « C'est elle ».
- Aelita… Tu es un génie.
- Où tu vas ?
- Chercher un pot de glace et un DVD.

***


Aelita et Odd étaient assis face à face sur le Territoire Forêt. Elle avait les genoux repliés contre la poitrine tandis qu'il bougeait les jambes toutes les dix secondes.

- Tu veux qu’on discute de quoi ? finit-il par demander.
- C’est toi qui as lancé l’idée, je ne sais pas. Tu avais quelque chose en tête ?
- Hum, bah honnêtement, j’ai super envie de te faire l’amour mais sur Lyoko, j’ai peur que ce soit spé. Et tu n’as pas l’air en état.

Aelita sourit. Son ami n’avait pas tort. La douleur de son crâne avait cessé mais ses yeux continuaient à la faire souffrir.

- Je t’avoue que je ne me sens pas top.
- C’est dommage, parce que dussé-je passer pour un pédophile, tu es trop sexy avec ta combinaison, gémit Odd.
- Dussé-je passer pour une zoophile, tu n’es pas mal non plus, chaton. Et techniquement, tu as ta tête d’ado aussi, donc tu ne serais pas pédophile.
- De toute façon, tu es tout le temps trop sexy.

La conversation ne prenait pas les allures qu’attendait Aelita mais elle ne s’en plaignit pas. Cela lui faisait du bien de penser à autre chose que l’étrangeté de la situation.

- Si j’avais ma robe bustier jaune, tu ferais quoi ?

Odd gémit à nouveau.

- Je te sauterais dessus. Mais tu es plus sexy en pyjama qu’en robe du soir.
- Tu m’as déjà vue en pyjama depuis que j’ai atteint l’âge d’être caractérisée comme sexy ? nota Aelita en souriant.
- Non, tu dormais toujours nue avec moi, on a bien fait de pas sortir ensemble pendant l’hiver !
- Comment tu sais que je suis plus sexy en pyjama qu’en robe du soir alors ?
- En robe du soir, tu es plus commune qu’avec tes vêtements habituels, tu as moins d’éclat, plus de superficialité. C’est au naturel que tu es vraiment magnifique.
- Heureuse de le savoir, ça m’évitera de gâcher des fortunes ! Je ne vais plus mettre que des vieilles tenues de nuit.
- Pour le pyjama, je me fie à Jérémie. Il a dit que tu étais terriblement sexy, surtout avec le rouge.

C’était la dernière chose à laquelle Aelita s’attendait. Elle resta la bouche ouverte, comme un poisson hors de l’eau.

- Jérémie a dit que… que j’étais sexy ?
- Bien sûr ! Quel homme t’ayant vue nue ne le dirait pas ?
- Mais… Mais… Enfin, c’est Jérémie.
- Il était fou de toi, princesse, même s’il ne te l’a jamais dit comme ça. Et ne me fais pas croire qu’il ne te l’a jamais montré.

Aelita eut l’impression de rougir en se remémorant sa première fois avec Jérémie. Ils étaient tous les deux maladroits mais ils s’aimaient, ils s’aimaient tellement ! C’était la seule chose qui comptait, à l’époque. Elle réalisait maintenant avec une pointe de tristesse que cela avait vite arrêté d’être le plus important.
À partir de là, comment rester la même ?
Il y avait eu quelques mois délicieux où Aelita avait sincèrement cru que leur amour était la priorité de Jérémie. Il était attentionné, prévenant, délicat. Il lui faisait découvrir des choses magnifiques, des paysages, des sensations. Puis il avait trouvé d’autres excuses que XANA pour la faire passer au second plan. Il y avait eu le bac, les études. Elle avait fini par trouver qu’il n’hésitait plus à se détourner d’elle, à la délaisser en sachant qu’elle serait toujours là, quoiqu’il fasse.
Au bout d’un moment, elle avait bien été obligée de lui prouver que non, elle ne lui appartenait pas.
D’ailleurs, en y repensant, même si elle était heureuse avec Mathieu, elle avait par moment la même sensation. Elle se sentait obligée d’être comme ci ou comme ça, alors qu’il ne lui demandait rien. Mais elle imaginait que c’était ce qu’il attendait. Elle avait entendu un jour, certainement dans un film, que pour aimer il fallait être libre. « Libre de tout, même de lui ». Sur le coup, Aelita avait trouvé cela horrible, une telle idée d’indépendance dans un couple, mais au fil du temps, elle avait compris à quel point c’était nécessaire, à quel point cela renforçait les liens plutôt que de les dissoudre doucement.
Elle eut alors une prise de conscience qui la fit vaciller de l’intérieur. Il n’y avait qu’un seul garçon avec qui elle avait pu être libre sans jamais se poser de question, sans jamais se préoccuper de rien et en sachant pourtant qu’elle ne serait pas seule si elle avait un problème.

- Hey, ça va, princesse ?

Aelita leva les yeux vers Odd et son visage inquiet. Un sourire doux naquit sur ses lèvres, en opposition avec le nœud qui lui serrait l’estomac.

- Je crois que j’étais amoureuse de toi.

***


Il est allongé dans son lit, les yeux grands ouverts. Impossible de fermer l’œil. On aurait pu croire qu’à ne pas dormir depuis plusieurs nuits, il finirait par être fatigué mais les seuls moments où il parvient vraiment à trouver le sommeil, c'est lorsqu’il est assis près d’elle.
Dans cette chambre trop grande pour lui, il ne fait que tourner et se retourner sous le drap. Un souvenir s’impose dans son esprit. Pourquoi faut-il que ce soit ce souvenir-là ? Il va finir par croire que Dieu existe et se fout carrément de lui.
Ils se fixèrent un moment. Ce fut Ulrich qui se pencha le premier. Sa bouche vint se poser sur celle d’Anna qui ne se défendit pas. Cela planait autour d’eux depuis trop longtemps. Il posa ses mains sur ses joues pour l’embrasser plus fougueusement mais lorsqu’il voulut ensuite la serrer contre lui, elle se dégagea.

- Tu es avec Yumi. C’est elle que tu aimes.
- C’est vrai, je ne suis pas amoureux de toi. Sauf qu’on ne parle pas d’amour mais de sexe, c’est pas la même chose !
- De une, on ne parle pas. De deux, je pensais qu’un baiser apaiserait justement la tension sexuelle. Je me suis trompée et je suis désolée de te frustrer mais je n’irai pas plus loin. Traite-moi de salope si tu veux, je m’en fous.
- Salope.

Anna ne put s’empêcher de sourire. Le ton d’Ulrich indiquait qu’il prenait bien la chose.

- Ce serait plutôt à moi de t’en vouloir, tu sais. Me tourner autour comme ça alors que tu as une copine, alors que j’essaye de te résister du mieux que je peux. J’ai beau savoir que les hommes ne sont pas de nature fidèle, tu exagères.

Une petite voix signala à Ulrich qu’il pouvait encore faire marche arrière. Qu’il n’était pas trop tard et que même s’il mourrait d’envie de plonger sa tête dans le décolleté d’Anna, il n’avait pas encore franchi la ligne trouble de l’adultère.
Mais ce ne fut pas cette voix qu’il écouta.
Cette voix lui avait soufflé il y a longtemps qu’il pouvait dire à Yumi « Je t’aime ». Aujourd’hui, elle le poussait à ne plus y penser. « Juste une fois, juste une fois ». Mais c’était toujours la première fois qui comptait le plus.

- Tu sais que c’est archi sexy une fille qui résiste un peu ? susurra-t-il dans l’oreille de la jeune femme.

Elle frémit et Ulrich ne la quitta pas des yeux. Il voyait presque le raisonnement se dérouler sous son crâne. « Ce n’est pas moi qui le cherche, c’est lui. Ce n’est pas moi la coupable, c’est lui. C’est lui qui risquera d’avoir des ennuis, c’est sa copine. Je ne suis pas fière mais j’en meurs d’envie, lui aussi, il s’arrangera après avec Yumi et si elle a un peu de jugeote, elle en tirera des enseignements. Même s’il est bourré… Mais il est bourré justement, c’est à moi de le faire redescendre sur Terre... ».
Ulrich ne la laissa pas réfléchir davantage. Il revint l’embrasser tout en l’allongeant sur le canapé avec le poids de son corps. D’une main, il posa son verre près du canapé tandis que l’autre venait se glisser sous le chemisier d’Anna. La porte n’était pas fermée à clé, n’importe qui pouvait entrer. Mais il s’en moquait, l’alcool le rendait confiant et sûr de lui. En réalité, après quelques caresses, ils s’en moquaient tous les deux.
Ce ne fut que quand Anna sortit un préservatif de son portefeuille que le cerveau d’Ulrich marqua un temps d’arrêt. Il n’en avait plus utilisé depuis longtemps, parce qu’il aimait Yumi, qu’il était avec elle et…
Et le corps d’Anna se colla à nouveau contre le sien.
Et il oublia ce à quoi il pensait.

Il s'est cherché des excuses ensuite. L’alcool, la mort de Odd, la distance de Yumi, le sex-appeal surhumain d’Anna. Après tout, en combinant les trois, c’était normal de boire pour oublier la mort de son meilleur ami et de succomber au charme divin d’une superbe femme lorsque la vôtre vous parlait à peine.
Il essaye de se rappeler d’où est venue cette longue période de froideur entre Yumi et lui. Sans doute de l’anniversaire d’Hiroki. Elle s'était démenée pour organiser une fête surprise à son frère. Ulrich avait mis la main à la pâte en voyant combien c’était important pour elle. Mais une semaine avant la soirée, il avait appris que quelques amis de lycée qu’il n’avait pas vu depuis plusieurs années comptaient venir sur Paris au même moment. Il avait assuré à Yumi qu’il la ferait passer en priorité, il lui avait dit que s’il devait choisir entre elle et ses amis, c’était elle qu’il choisirait. Mais dans ce contexte, il lui avait timidement signalé qu’il préférait passer du temps avec des gens qu’il voyait peu plutôt que de devoir assister à une fête de famille. À sa grande surprise, Yumi, sans doute trop prise dans les préparatifs, ne s’était pas mise en colère. Elle lui avait même assuré qu’elle ne voulait rien lui interdire, qu’elle le comprenait.
Mais depuis ce jour-là, les choses avaient été différentes. Elle ne lui en avait pas parlé directement à lui, comme d’habitude, mais Aelita lui avait rapporté à quel point elle avait souffert de sa décision, remettant en cause tout ce qu'il lui avait dit. Elle ne lui faisait plus autant confiance et il avait compris qu'avec ses sorties avec Odd ou d'autres amis, il n'avait pas donné beaucoup de raisons de la détromper.
Elle ne pensait plus qu'il serait prêt à la faire passer avant tout le reste et le pire, c'était qu'elle ne le lui avait jamais demandé. Parce qu'elle attendait qu'il le fasse de lui-même. À ses yeux, c’était logique qu’il la choisisse sans qu’elle ait besoin de réclamer.
Un jour, il y arrivera peut-être.
Il se lève et va s’accouder à la fenêtre, sans rideaux ni volets.
S’il te plait, Dieu, nuit, n’importe qui, donnez-moi une occasion de me racheter. Je ferai tout ce qui est possible…
Les mots ne sortent pas. Le calme de la nuit l’oppresse mais il ne peut pas parler.
Il veut juste qu’elle soit là.


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17/09/15
Chapitre 7 : Les moments de bonheur
Chapitre 8 : Quand on comprend

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Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Ven 04 Sep 2015 00:13   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
vraiment interessant ces chapitre sur les questions amoureuse et assez touchant.
tout le monde se questionne sur ses relations: ulrich, yumi et aelita.

Le talk sur le sexe entre aelita et odd est vraiment fun. le félin sait comment remonter le moral a notre princesse.

et je suis d'accord avec toi a propos d'Oddlita. apres des années de prison, aelita veut profiter de la vie et avoir des sensations forte et non avoir une vie planifié des années à l'avance comme jérémie qui serait plutot du genre sérieuse et monotone de style metro, boulot, dodo.

j'attend les prochains chapitre et de savoir comment odd a pu d'une manière ou d'une autre revenir à la vie, meme si cela ne semble pas en chair et en os.

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Willismine MessagePosté le: Ven 04 Sep 2015 17:26   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 09 Avr 2014
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Localisation: Les deux mains dans le chocolat.
Je tiens à vous hurler à tous que cette histoire est géniale.
C'est une critique très constructive, je sais. Bisous <3

Le flood par contre, c'est moins génial...
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Willismine : nom égoïste. Vieux psychotrope interdit à la vente.
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Ma fiction : Les Voyageurs
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Lé siniaturre sé tro ouffe.
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Ellana MessagePosté le: Jeu 17 Sep 2015 16:36   Sujet du message: Répondre en citant  
X.A.N.Alloween 2013 (T)


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Spoiler


Alors ceci est l'avant-dernier post. Vous aurez droit dans deux semaines à l'avant-dernier et au dernier chapitre (pour ceux qui n'auraient pas encore compris le système).
J'ai trois points à préciser sur le post d'aujourd'hui :
1 : GummyBear a moins aimé que le reste, alors méfiez-vous, c'est sans doute moins bien Sad
2 : Si comme GummyBear vous avez l'impression que les citations écrites dans les premiers passages des deux chapitres vous sont familières, vous les retrouverez cachées respectivement ici et (et oui, pour l'anecdote, l'auteur n'a effectivement pas reconnu ses propres mots Razz ).
3 : La scène où on voit (« ENFIIIIIIN » me hurle-t-on dans l'oreille) William est volontairement courte et clichée, je la dédicace à Ikorih par amitié Mr. Green

Sur ce...


Chapitre 7 : Les moments de bonheur


Ma douce, sais-tu ce que j’ai serrée dans la main qui ne tient pas mon stylo ?
Une lettre.
La Lettre, en fait, celle que tu croyais perdue quand on s’est séparés, celle que tu m’as accusé, pas longtemps, d’avoir gardée. C’est sans doute la seule fois où j’ai réussi à te mentir sans aucun scrupule. Je le regrette aujourd’hui, j’aurais dû te la rendre. Mais dans les heures interminables où je ne trouvais pas le sommeil, cherchant des moyens de te reconquérir tout en sachant que j’en étais incapable, lire cette lettre à nouveau me faisait du bien.
C’est drôle, tu m’as écrit beaucoup pendant les rares périodes où nous étions séparés. Je ne t'ai répondu que deux fois il me semble. J'ai gardé toutes tes lettres mais au final, c’est de la main de ton père qu’a été écrit ce courrier.
Je me rappelle encore tes yeux larmoyants quand nous avons découvert cette simple feuille, couverte d'une écriture qui se voulait sans doute appliquée mais qui ne ressemblait pas à grand-chose. Lettre à l’amour, lettre à ta mère. Combien de fois t’ai-je vu la lire ? Combien de fois l’ai-je lue en cachette ? Sans doute encore mille après la connaître par cœur.
Mon Aelita, mon ange. J'ai toujours eu peur de te perdre, au point de me demander pourquoi je continuais à t'aimer. Les rares soirs où je te regardais dormir, mon coeur brûlait, gonflait, menaçait d'éclater de tout cet amour. C'en était presque douloureux et inévitablement j'en arrivais au moment où j'avais peur qu'un jour, tu ne sois plus là. Ces soirs-là, je me demandais à quoi servait d’aimer, d’aimer autant, en sachant que cela ne serait peut-être pas éternel. Et finalement, je n'ai pas eu trop de mal à comprendre.
On s’attache aux gens parce que la peur de les perdre est moins forte que le bonheur qu’ils nous apportent.
Ton père était comme moi. Nous avons tous les deux eu la chance infinie de rencontrer une femme dont nous n'étions pas dignes. Une femme qui était prête à tout nous donner et aurait pu nous rendre encore bien plus heureux, une femme que nous n'avons pas su garder. Une femme que nous avons considéré acquise. Comme si on pouvait acquérir les étoiles, comme si le ciel pouvait être conquis.
Et, mon ange, comme je n'ai jamais su manipuler aussi bien les mots que les programmes, je vais me permettre de reprendre une phrase de ton père. « Ma douce, je t'aime autant que les vivants peuvent aimer, avec l'ardeur de toute l'humanité, avec la force de recréer le monde et celle de l'éteindre ! ».
Il a créé un monde. Je l'ai éteint.
Mais ni lui ni moi n'avons su aimer.


***


- Ce sera triste de partir, je n’ai pas envie que ça se termine.

Yumi frissonna. Elle avait été vigilante pourtant. Elle avait tout fait pour que cette situation n’arrive pas, elle s’était arrangée toute la soirée pour ne pas se retrouver seule avec Edouard. Elle ne s’était pas privée pour rire avec lui, discuter avec lui, mais toujours en veillant à ce que d’autres rient et discutent avec eux.
Alors comment avait-elle pu se retrouver sur ce lit si près de lui ?
Elle comprit avec une pointe d’angoisse. Il restait des gens dans la pièce. Alexandre n’était pas loin derrière Edouard. En fait, celui-ci était allongé exactement sur la séparation entre le matelas de Justin et celui d’Alexandre. Les voix de plusieurs personnes tombaient des lits au-dessus d’eux, ils étaient au moins six dans la chambre. Ulrich était dans la salle à manger et pouvait revenir n’importe quand.
Mais Yumi commençait à se sentir seule, seule avec Edouard. La manière dont il lui avait parlé résonnait différemment. L’ironie et l’humour toujours palpables dans leur manière de discuter avaient disparu. Yumi n’aurait pas été plus mal à l’aise s’il avait enlevé son t-shirt. D’une certaine façon, il se mettait bien plus à nu en s’adressant ainsi à elle, en lui ouvrant son cœur.

- Oui, ça va tous nous faire bizarre de partir, bredouilla-t-elle, consciente que son cerveau ne réagissait plus qu’à moitié.

Par chance, Edouard ne répondit pas. Yumi comprit que ce n’était pas réellement une chance lorsqu’à la place, il lui prit la main.

- Tu formes vraiment un beau couple avec Ulrich.

Cette fois, le cerveau de Yumi ne réagissait plus du tout. Il était obnubilé par la caresse du pouce d’Edouard, il n’enregistrait que la douceur de sa peau, la déception à peine perceptible dans sa voix. Un avertissement tentait de se frayer un chemin au milieu de ce trop-plein d’émotions mais en vain.

Il y a du monde, finit par se dire Yumi. D’accord, il fait sombre, on ne nous verrait sûrement pas, mais il n’osera pas m’embrasser devant tout le monde, même si on en crève d’envie.

Il osa.
Yumi sentit son estomac bondir, sa peau frémir. Depuis combien de temps Ulrich ne l’avait-il pas bouleversée de manière aussi physique ? Edouard embrassait avec la douceur d’un ange et lorsque ses doigts vinrent effleurer sa cuisse, elle sentit tout son être chavirer.
Il lui prit la main pour l’entraîner hors du lit. Justin les suivit du regard mais Yumi savait qu’il ne ferait pas de réflexion. Pas devant tout le monde en tout cas. Avec un peu de chance, personne d’autre ne les avait reconnus dans l’obscurité.
À peine la porte de la chambre voisine fermée, Yumi se retrouva contre le mur. Edouard lui caressait la joue avec douceur et l’embrassait tout aussi tendrement. C’était si différent de ce qu’elle ressentait avec Ulrich. Elle ne percevait pas cette ironie hypocrite, elle ne se disait pas « Il est gentil parce qu’il attend quelque chose ».
Ce fut ce qui la persuada de tourner la tête, le cœur serré. Si cela n’avait été qu’une histoire de coucherie, elle aurait presque pu se laisser tenter. Mais là, c’était trop. L’amour lui faisait peur, elle qui avait eu déjà tant de mal à s’en sortir avec Ulrich ! Elle ne voulait pas prendre le risque de tout perdre pour recommencer sur des bases incertaines.

- Edouard. C’est une mauvaise idée.
- Pourquoi tu dis ça ?

La voix du jeune homme la fit frissonner. Elle était pleine de déception et de tristesse mais sans rancune, sans colère. Il voulait comprendre, pas la contraindre.

- Tu es extrêmement attirant, reconnut Yumi avec un sourire gêné, et si j’étais célibataire, je serais folle de joie à l’idée de te plaire mais… je suis avec Ulrich.
- Tu n’as pas l’air d’en être ravie.
- On est un couple. Il y a des jours où ce n’est pas forcément la joie mais cela n’efface pas les moments de pur bonheur qu’on peut s’offrir, ça fait partie de la vie, du quotidien, on gère comme on peut, on continue à avancer, on…
- Je t’aime, Yumi.

De nouveau, la japonaise eut l’impression que son estomac bondissait.

- Tu n’imagines pas à quel point te voir avec Ulrich est difficile. Tu n’imagines pas à quel point j’apprécie les moments qu’on peut passer ensemble.
- Moi aussi, j’aime passer du temps avec toi. Tu m’offres une complicité que personne ne m’a jamais offerte et je suis vraiment heureuse de t’avoir pour ami. Très heureuse.
- J’aimerais être plus.
- Je sais. Et je suis désolée.

Consciente qu’elle n’arriverait pas à dire quelque chose d’intelligent, elle baissa les yeux et attrapa la poignée de la porte. Avant qu’Edouard ait pu la retenir, elle était de retour dans la chambre. Justin ne dit rien mais parut rassuré.
Yumi avait déjà un goût de regret sur les lèvres. Aelita le lui avait dit un jour « Les femmes infidèles ont des remords, les femmes fidèles ont des regrets ». Elles avaient longtemps discuté sur la situation la plus facile à supporter. Aujourd’hui, Yumi savait qu’elle avait fait le bon choix. Rien ne garantissait qu’Edouard resterait ainsi. Le prince charmant avait toujours ses faiblesses et finissait invariablement par révéler sa nature de crapaud. L’avantage avec Ulrich, c’est qu’elle avait su dès le début qui il était, ses humeurs, ses bouderies, son caractère… compliqué.
Elle le savait et elle l’aimait quand même.
Elle le regretterait peut-être mais tant pis. Elle ne lui ferait pas ça. Jamais. Elle avait des valeurs, la fidélité en faisait partie, et elle ne voulait pas prendre le risque de gâcher son amitié avec Edouard.
Même si le risque de tomber amoureuse allait la hanter encore quelques temps.
Par une étrange coïncidence, Ulrich entra deux minutes après. Et il passa toute la soirée à la prendre dans ses bras dans des gestes aimants et protecteurs, à lui chuchoter qu’elle était belle et qu’il avait tort de l’oublier, à lui jouer des mélodies au synthé, à la faire rire, à prendre soin d’elle, à être le prince charmant.
Yumi se sentait heureuse, follement heureuse, le spectre de la culpabilité déjà disparu, mais une pointe sournoise venait la picoter quand elle remarquait le regard d’Edouard sur elle et celui d’Ulrich sur Edouard.
Étaient-ce seulement lorsqu’ils n’en avaient pas le droit ou qu’ils avaient peur de les perdre que les hommes aimaient vraiment les femmes ?

***


Cette fois, Aelita était assise entre les genoux de Odd. Ils auraient pu ressembler à n’importe quel couple assis dans un parc par un bel après-midi de printemps si cela avait signifié quelque chose sur Lyoko.
Aelita ne cessait de repenser à leur relation. Elle avait pu paraître brève mais c’était la seule période de sa vie où elle avait eu l’impression… eh bien de vivre, justement. Elle avait aimé profondément Jérémie, elle aimait tendrement Mathieu, mais avec eux, elle ne se sentait pas vraiment elle-même. L’Aelita qu’elle voulait être, c’était celle qui sortait, bougeait, s’éclatait en fait, avec Odd.
Elle s’avoua à elle-même que les filles étaient des êtres compliqués. Parce que ce qu’elle regrettait aujourd’hui de sa relation avec Odd était justement ce qui lui déplaisait un peu à l’époque. Peut-être que s’ils s’étaient donnés davantage de temps, ils auraient pu trouver un équilibre entre les deux…
En réalité, c’était encore plus complexe que ça.
Ce qu’elle aimait avec Odd, c'était qu’il ne lui imposait jamais rien. Il énonçait ses envies sans cacher que c’était ce qu’il ferait, qu’elle soit d’accord ou non. Ils savaient tous les deux où étaient les limites de chacun et ne proposaient donc pas des choses qui les dépasseraient. Ils savaient à quoi s’en tenir, ils n’avaient pas envie d’être en porte à faux vis-à-vis de l’autre.

- Tu te souviens de la liste qu'on avait faite une fois, quand on pensait que vaincre XANA était impossible et qu'on y perdrait nos vies ? lança Odd, l’interrompant dans ses réflexions. Que ce soit en mourant ou en passant notre temps à combattre ?
- La liste des moments de bonheur ?

C'était Yumi qui avait eu l'idée. Elle adorait tenir des listes. Un jour où le moral de ses amis était particulièrement bas, elle avait donc suggéré que chacun note cinq « moments de bonheur ». À sa propre surprise, il n'y avait eu aucun doublon et même Odd avait fait preuve d’une certaine poésie.

- Quels étaient les tiens déjà ? demanda-t-elle alors qu'elle se souvenait parfaitement de la réponse.
- Retrouver de l'argent dans un endroit inattendu, prendre un bon repas entre amis, rire de soi-même, écouter sa chanson favorite à la radio et rire sans raison particulière.
- J'étais étonnée qu'on puisse penser que rire de soi-même était un bon moment.
- Il y a peu de choses aussi agréables ! Tu n'as aucun moyen plus puissant d'alléger ton être et de dénier à quiconque la moindre emprise sur toi.
- Jérémie avait été plus terre à terre, tu te souviens ?
- Réussir son dernier examen, prendre part à une conversation intéressante, se réveiller en pleine nuit en se rendant compte qu'on peut encore dormir quelques heures... Tu as oublié les deux derniers pour le trouver terre à terre ?
- Non, avoua Aelita.

Son regard se perdit vers la Mer Numérique. Elle avait sur les lèvres et au cœur une mélancolique amertume.

- Écouter la chanson qui rappelle cette personne spéciale dans sa vie et sentir des picotements dans le ventre quand on voit cette personne si spéciale.
- Tu avais une chanson avec Jérémie ?
- Je ne crois pas. Il écoutait peu de musique quand on était ensemble alors j'imagine que chaque chanson qu'on a entendue était un peu notre chanson.
- Et les picotements dans le ventre, tu les as déjà eus, toi ?
- Bien sûr.
- Veinarde. Je les attends toujours.
- Sympa pour moi !

Odd sourit et il passa doucement la main dans la nuque d'Aelita. Leurs lèvres se rapprochèrent. Peut-être n'était-ce qu'un écho, un pur fantasme de son esprit, la sensation d'un souvenir, mais Aelita eut l'impression de sentir toute la douceur de leurs anciens baisers.

- Je n'ai jamais eu de picotements dans le ventre, c'est vrai, murmura le garçon en la regardant droit dans les yeux. Je n'ai jamais rougi en entendant ton nom. Je n'ai jamais senti mon estomac bondir en te voyant. Mais tu peux être assurée que, quand je te serrais dans mes bras, j'étais bien. Mieux qu'avec n'importe quelle autre fille. Mieux qu'en faisant n'importe quoi d'autre.
- Tu remplacerais quel moment de bonheur par ça ?

Odd se contenta de sourire.

- Allez, ceux d’Ulrich.
- Passer un bon moment avec ses amis, entendre par hasard quelqu'un dire du bien de soi, rendre visite à un vieil ami et se rendre compte que les choses n'ont pas changé, se balader dans un endroit où les paysages sont magnifiques et... Il en avait donné un cinquième ?
- Non. Je me rappelle même que Yumi s'était dépêché d'énoncer les siens pour que je ne le chambre pas.

Les yeux d'Aelita se posèrent sur la japonaise, toujours inconsciente sur le sol. Elle se souvint du pincement au cœur qu'elle avait ressenti quand Yumi avait lu ses moments de bonheur. Trouver de tendres mots dans la boite aux lettres en revenant de vacances, entendre quelqu'un nous dire qu'il nous aime, porter le gilet de la personne qu'on aime en sentant encore son parfum (ce point avait fait rougir Ulrich), sortir de la douche et s'envelopper dans une serviette chaude (à ce stade-là, Ulrich n'était plus rouge mais écarlate) et voir heureux les gens qu'on aime.

- Ce sont les tiens que j'ai préférés, soupira Odd, la faisant sursauter.
- Tu parles, je ne suis qu’une idéaliste naïve, rétorqua Aelita avec un petit rire gêné. Une petite fille simplette.
- Je ne pense pas. Rire jusqu’à en avoir mal au ventre, j’aurais pu le dire aussi. Observer un coucher de soleil, être dans son lit en écoutant tomber la pluie, ce sont des choses que beaucoup de gens adorent aussi. Quant à tomber amoureux et recevoir le premier baiser, cela peut faire mal, cela peut être décevant, mais c’est quand même ce qui amène le plus de bonheur.
- Tu te rappelles de ton premier baiser toi ?
- Euh... Je croyais que c'était avec Valentine mais Mégane n'a pas arrêté de répéter que je l'avais embrassée sous le toboggan en maternelle, alors du coup, je sais pas trop.

Aelita sourit.

- Tu considères que tu as été heureux quand même ?
- Bien sûr ! Copuler à gauche et à droite sans se soucier de quoi que ce soit, ça a du bon aussi !

Le sourire d'Aelita s'agrandit. Elle appréciait la stabilité en amour mais ne serait-ce que par curiosité, elle aurait presque aimé « vivre à la Odd » pendant quelques semaines.
Elle envisagea alors pour la première fois de rompre avec Mathieu.

***


Quatorze heure douze. À quelques minutes près. Le jeune homme n'est pas certain que sa montre fonctionne encore. Le temps ne peut pas s'écouler aussi lentement. Il a l’impression que des journées entières ont passé depuis qu’il a quitté son lit. La lune et le soleil ne représentent plus rien, ils apparaissent indifféremment et le monde tourne dans un sens bizarre.
Il jette malgré tout un nouveau regard vers son poignet. Quatorze heures douze. Encore ?
Sa main vient saisir celle d'une jeune fille allongée sur le lit. Pâle, à peine tiède. Il a presque l'impression d'être obscène, une impression qui le renvoie des années en arrière. Le collège, le lycée. Une époque lointaine où il ne pouvait que rêver de la toucher.
Il a eu l’impression d’attendre une éternité avant de pouvoir la rejoindre dans cette chambre. Les attentes ne cesseront donc jamais entre eux ?

- Tu te rends compte, mon cœur ? murmure-t-il en serrant un peu plus les doigts qui ont poli sa paume au fil des mois. Il y a longtemps, on ne faisait que se déchirer. On s’aimait à travers notre jalousie et nos disputes. On se cherchait mais voulait-on vraiment se trouver ? Nous étions jeunes, nous étions fous, nous étions...

Il s'interrompt pour éclater de rire, un rire amer, sans la moindre trace de joie.

- Écoute-moi parler comme un vieux crouton. À croire que j'ai des décennies derrière moi, à croire que j'ai déjà tout vécu. Mais nous avons la vie devant nous, mon cœur. Tu ne peux pas me laisser avancer tout seul. Je sais que j’ai merdé, je sais que je t’ai fait du mal. Si j’étais croyant, je jurerais devant Dieu que plus jamais, plus jamais je ne te ferai souffrir. Et pourtant, ça me parait difficile. Il n’y a que les gens qui nous indiffèrent et qu’on indiffère qu’on ne peut pas faire souffrir, ça me désole, mais c’est ce que je ressens, mon amour.

Les larmes coulent sur ses joues. Il s’en moque, il n’en a rien à faire de ce qu’on pourrait appeler « fierté » ou encore « virilité ». La seule chose qu’il compte, c’est la vie. C’est cette femme qu’il aime, allongée près de lui.

- Si j’étais croyant, j’en voudrais à Dieu. Je lui hurlerais ma colère en disant que ce n’est pas juste. Que c’est moi qui ai fauté, moi qui mérite une punition. Qu’il n’a pas à se venger sur toi. Mais ça ne servirait à rien.

Il ferme les yeux, le cœur serré. Dans sa tête résonnent les échos des remords et de la culpabilité. Toutes ces fois où il n'avait pas été là pour elle. Toutes ces promesses qu'il n'avait pas réussi à tenir, ces petits efforts qu'il aurait pu faire pour la rendre plus heureuse.

- Rien ne sert jamais à rien de toute façon.



Chapitre 8 : Quand on comprend


J’ai retrouvé un vieux poème dans les affaires de ton père à l’Ermitage. Il faudrait que j’arrête de vivre entre ici et là-bas, Natascha commence à doucement me faire remarquer que nous avons notre propre maison. Malgré toutes les fois où j’ai l’impression d’être trop soumis face à elle, je me dis qu’elle a quand même une sacrée patience. D’autant plus qu’elle ne sait rien de Lyoko. Je ne sais pas ce qu’elle croit du coup, comment elle prend le fait que je passe autant de temps à l’Ermitage. Elle doit penser « C’est la maison du père de son ex », comme je le lui ai dit. Même moi je trouve ça bizarre.
À sa manière, Natascha est fantastique. Elle doit m’aimer vraiment beaucoup pour ne pas avoir peur de toi.
Mais bon, c’est du poème que je voulais te parler. D’une strophe surtout.
« Ton regard par ses doux charmes poètes,
inspira à Neptune les plus grandes tempêtes.
Et ton souffle, sur les voiles des bateaux
les sauvait déjà quelques heures plus tôt. »
Je me demande si c’était vraiment de ton père. S’il l’a écrit pour ta mère. Sans doute pas, il le lui aurait donné et je ne l’aurais pas retrouvé. Sauf si c’est un brouillon qu’il avait égaré entre deux livres.
J’aime beaucoup ces quelques vers en tout cas. Peut-être parce que les…


- Jérémie ?

Jérémie lève la tête de son carnet. Il bat plusieurs fois des paupières, surpris qu’on l’arrache à ses mots. Natascha n’est pas là. C’est un autre homme qui se tient devant lui, un homme dans lequel il a l’impression de voir son reflet.
Il lui faut de longues secondes pour remettre son esprit à l’endroit et articuler :

- Salut Mathieu.
- Tu tiens le coup ?

Jérémie baisse les yeux vers son carnet.

- On fait avec.
- Je te comprends.

Bien sûr que tu me comprends, songe Jérémie. Tu es le seul à pouvoir me comprendre. Parce qu’Ulrich a déjà lâché l’affaire et ne comprend plus rien.

- Des nouvelles ? demande-t-il à haute voix.
- Pas plus que tout à l’heure. État stable, on vous tiendra au courant, bla bla bla.
- Ils font ce qu’ils peuvent.

C’est ce que Jérémie s’est répété toute la nuit. Cela fait bizarre de le dire, de l’entendre sortir de sa propre bouche alors qu’il en doute.

- Je sais.

Le silence s’installe. Jérémie a envie de faire remarquer que Mathieu l’a dérangé pour rien mais il le comprend. Il le comprend et ça lui suffit pour pardonner.

- Elle te manque ?

Jérémie ne sait pas comment interpréter la question. Est-ce qu’elle lui manque maintenant ou est-ce qu’elle lui manque depuis qu’ils sont séparés ? Mathieu est-il en train de sous-entendre quelque chose ?

- Bien sûr qu’elle me manque.
- Oui, désolé, je pose des questions bêtes. Je suis…
- C’est bon, ça va.
- Tu sais, c’est juste que je… Enfin, si je lui ai proposé de vous inviter tous ce week-end… En fait, je voulais…

Jérémie attend mais Mathieu n’a pas l’air pressé de finir sa phrase. Il regarde par la fenêtre, le regard lointain, douloureux. En temps normal, c’est un beau garçon. Petit, blond et mince, comme les aime Aelita. Les cheveux mi-longs, les yeux clairs, le visage rieur. Mais aujourd’hui, il semble avoir pris vingt ans. Son regard est vide, ses lèvres tombent. Il a l’air de porter sur lui tout le poids de la Terre. Quoique… Atlas souffrait-il vraiment autant ?

- Oui ? finit par s’impatienter Jérémie.
- Je voulais lui demander de m'épouser.

Mathieu guette la réaction de Jérémie mais si celui-ci cache une grimace, c’est de manière imperceptible. Il n’y a jamais eu de réelle rivalité entre eux. Mathieu sait ce qu’Aelita pense de Jérémie, le bien comme le mal, et Jérémie n’ignore pas qu’il a laissé passer sa chance depuis longtemps. Malgré cela, il persiste une pointe de déception, d’un côté comme de l’autre. Jérémie regrette ce qu’il n’a pas su réussir et Mathieu regrette ce que Jérémie a réussi.
Les deux jeunes hommes secouent légèrement la tête, comme pour s’empêcher de plonger dans leurs réflexions.

- Tu te sens coupable ? devine Jérémie. Tu te dis que si tu ne nous avais pas invités, rien de tout cela ne serait arrivé.
- C’est cohérent, tu ne trouves pas ?
- C’est plus que cohérent, c’est logique et vrai.

Mathieu vacille. De toute évidence, il n’avait pas besoin qu’on lui confirme sa culpabilité, il avouait pour qu’on compatisse à sa peine, pas pour qu’on le juge davantage. La voix de Jérémie ne comporte pourtant aucune intonation. Certes, il n’a aucun mot réconfortant mais il ne s’exprime pas avec haine.

- Si tu ne nous avais pas réunis, il ne serait rien passé. Si tu avais attendu un autre week-end, tout irait bien aujourd’hui.
- La même chose aurait pu se produire, ne peut s’empêcher de se défendre Mathieu. Je ne suis pas responsable.

Cette phrase, il l’a répétée mille fois, dans sa tête, face à son reflet, à d’autres personnes. Il n’y a jamais autant cru que maintenant, alors qu’il la lance avec aplomb à Jérémie.

- Je ne sais pas ce qui se serait passé un autre week-end, je sais juste ce qui se passe en ce moment et tu pourras prétendre tout ce que tu veux aux gens, tu pourras avancer toutes les excuses du monde, cela n’efface pas le fait que c’est ta faute.

Mathieu sent son cœur se gonfler. Jérémie lui parait tellement injuste qu’en l’accusant, il le délivre sans le savoir de sa culpabilité.

- Tu n’as qu’à dire que si je n’existais pas, cela ne serait pas arrivé.
- J’y venais.

Les deux hommes se font face. L’un debout, l’autre toujours assis. Jérémie a parlé avec calme et c’est avec calme qu’il se lève. Il pose son carnet sur la chaise voisine avant de se retourner vers Mathieu.

- C’est ta faute.

La partie rationnelle de son cerveau essaye de le raisonner mais il ne veut pas l’entendre. Qu’importe que Mathieu se soit trouvé avec lui au moment des faits, qu’importe qu’il soit aussi désespéré que lui à présent.
Il a été le flocon déclenchant l’avalanche.
Le poing de Jérémie part sans qu’il en ait conscience. Ce n’est que quand le rouge surgit, vif et agressif, qu’il réalise ce qu’il fait. Ses phalanges sont en sang, la lèvre de Mathieu aussi mais il s’en moque. Le cri d’une femme assise près de la porte en alerte d'autres mais Jérémie a le temps de frapper une seconde fois avant qu’on ne l’écarte.

- C’est ta faute !

Cette fois, il hurle.
Il ne comprend plus. Il ne veut plus comprendre.
Il n’y a rien à comprendre.

***


Yumi était assise au bord d’un lac. Il faisait un temps radieux et si elle avait porté une robe blanche plutôt que noire, on aurait presque pu la croire issue d’un tableau de Monet ou Manet, elle n’arrivait jamais à différencier les deux. Une autre femme était assise près d’elle, un jeune garçon dans les bras. Il dormait, ce qui n’avait rien d’étonnant. Il avait passé tout le début de l’après-midi à crapahuter dans l’herbe, au grand désespoir de son père qui lui remettait sa casquette sur la tête toutes les trois minutes.
Derrière elles, Ulrich et William se chamaillaient. Elle n’entendait pas à quel sujet et elle s’en moquait. À présent, leurs disputes restaient toujours amicales.

- Ils ne changeront jamais, constata Yumi en souriant.
- Jamais. Je pense qu’ils s’aiment et que c’est le seul moyen qu’ils ont trouvé pour ne pas trop le montrer. Il ne faudrait pas qu’ils nous fassent croire que ce sont des tendres.

Les deux femmes échangèrent un sourire. Si Luc avait les mêmes cheveux charbons que son père, il tirait ses traits fins de sa mère. Jeanne était une femme magnifique. Yumi se sentait fière d’avoir été un jour aimée par un homme capable d’avoir ensuite à ses côtés une beauté pareille.

- Les garçons ! lança-t-elle. C’est quoi le débat ?
- On se demandait lequel d’entre nous avait la plus fantastique chérie, lui répondit Ulrich en venant la rejoindre.

Avant qu’elle ait pu réagir, il l’attrapa sous les genoux et la nuque et sauta avec elle dans l’eau. Elle refit surface en hoquetant, faussement réprobatrice et franchement rieuse.

- Ulrich !
- Je t’aime ! s’exclama-t-il avant de nager loin du bord.

Gênée par sa robe, Yumi mit un certain temps à le rejoindre. Il la prit dans ses bras, le sourire aux lèvres.

- Toi aussi, tu m’aimes ?
- Patate !
- Ça veut dire oui ?

Yumi sourit.

- Oui.

Ulrich l’embrassa et elle en profita pour lui appuyer sur les épaules. Il se laissa couler, heureux de la voir si radieuse. À moitié aveuglé par l’eau, il revint à la surface, la serra dans ses bras et mit plusieurs secondes à remarquer qu’elle ne le regardait pas. Ses yeux étaient fixés sur William et Jeanne, restés sur l’herbe. Plus précisément sur Luc, constata-t-il.
Quand elle tourna la tête vers lui, il savait déjà ce qu’elle allait dire.

- Qu’est-ce que tu en penses ?

Il la serra plus fort contre lui, submergé par la tendresse.

- Ça me plairait beaucoup.

***


- Yumi, tu m’entends ?

Aelita se sentait ravagée par l’angoisse. La discussion agréable avec Odd avait tourné court lorsque Yumi avait commencé à s’agiter. Toujours inconsciente, elle était parcourue de frissons. Son visage, jusqu’alors si tranquille, s’était crispé dans une grimace de douleur.

- Qu’est-ce qui lui arrive ?
- Elle revoit certains moments de son passé, comme si elle les vivait pour la première fois.

Aelita lança à Odd un regard soupçonneux. Une question lui brûlait les lèvres, une question dont elle ne voulait pas connaître la réponse.
Elle finit tout de même par la poser.

- Comment tu sais tout ça ?
- J’aurais préféré que tu t’abstiennes de me le demander.
- Odd…

Le garçon soupira.

- Aelita, ne te fais pas plus stupide que tu ne l’est. Si je sais tout ça, comme tu dis, c’est parce que je l’ai déjà connu.
- Déjà connu…
- Yumi et toi êtes entre la vie et la mort. Si vous êtes encore là, c’est qu’on vous laisse un choix. Mais vous n’avez sans doute plus beaucoup de temps pour le faire.

Comme pour lui donner raison, Yumi ouvrit violemment les yeux et la bouche.

- Yumi ? Yumi, tu m’entends ? s’exclama aussitôt Aelita.

La japonaise avait un air de pur panique peint sur le visage. Elle ne prêta aucune attention à Odd, se contentant de se recroqueviller sur elle-même.

- Aelita !

Le cri de Yumi était une véritable flèche d'angoisse.

- J’ai l’impression de mourir, haleta-t-elle. Non, c’est pire que ça, je…

Les souvenirs affluèrent d’un coup et elle serra de toutes ses forces le bras d’Aelita.

- Je suis enceinte. C’est mon bébé qui est en train de mourir.

***


- Dîtes-moi ce qui se passe !

Jérémie n’a jamais vu Ulrich dans un tel état. Une colère noire, destructrice, une de celles guidées par une terreur sans nom.

- Il semblerait qu’il y ait du liquide amniotique dans le placenta. Il faut qu’on détermine s’il y a un déchirement important de la paroi ou pas.
- Bordel, mais ça veut dire quoi ?
- Votre femme va bien mais on risque de perdre le bébé. Maintenant, allez-vous calmer, nous faisons ce que nous pouvons.
- Ulrich, viens.

Jérémie a un pincement au cœur en voyant son ami le regarder avec des yeux hagards, des yeux d’enfant perdu. En réalité, Ulrich est choqué. Choqué d’entendre son prénom. Comme si voir Yumi toute proche de la mort lui donnait envie de ne plus exister, comme s’il se sentait coupable d’avoir un nom bien vivant tandis que celui de Yumi était teinté d'incertitudes.
Natascha laisse les deux hommes seuls. Jérémie traine son ami jusqu’à une machine à café. Il insère une pièce dans le distributeur et a un flash-back saisissant de l’époque où il faisait cela dans la cour du collège, entouré de ses amis. Son regard passe au-dessus de ses lunettes pour observer Ulrich.
Se peut-il qu’à présent, il ne reste plus qu’eux ?

- Tiens, bois, ordonne-t-il en lui tendant le gobelet.
- La bougie ne perd rien de sa lumière en la transmettant à une autre bougie, marmonne-t-il en réponse.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- J'ai dit cette phrase à Yumi deux fois. La première, c'était quand je lui ai avoué que je l'avais trompée. Je voulais lui faire comprendre que mon acte n'avait rien à voir avec de l'amour et que je ne la désirais pas moins qu'avant.

Jérémie ricane. Il ne s'est jamais considéré doué avec les filles mais il a toujours eu la secrète et perfide satisfaction de constater qu'Ulrich l'est encore moins.

- Comment elle a réagi ?
- Elle est partie. Pendant une semaine. Sans me donner la moindre nouvelle.
- Et toi, comment t'as réagi ?
- Je suis resté une semaine chez nous sans sortir. À l'attendre. Et quand elle est revenue, elle m'a appris qu'elle était enceinte. Que ça n'allait pas arranger mon désir et que je l'aimerais encore moins quand elle aurait accouché, que notre bébé recueillerait une large part de l'amour que j'avais pour elle. Mais que malgré tout, elle m’aimait et ne voulait pas me quitter.
- Et qu'est-ce que tu as répondu ?
- Qu'une bougie ne perdait rien de sa lumière en la transmettant à une autre bougie. Que je les aimerais, elle et le bébé, avec la même force, jusqu'à la fin de ma vie.
- Comment elle a réagi ? demanda à nouveau Jérémie, définitivement convaincu qu’Ulrich était une cause perdue.
- Elle m'a giflée. Je pense qu'elle n'appréciait pas que je lui rappelle mon infidélité au moment où elle m'annonçait qu'on allait être parents.
- Je la comprends...
- Ouais. Je n'ai jamais mérité cette fille de toute façon. J’aurais dû me rendre compte depuis longtemps qu’elle est trop bien pour moi et que je ne suis qu’un salaud comme l’était Odd.

Jérémie s’agite, mal à l’aise sur sa chaise. Il fait partie de ceux qui n’aiment pas qu’on dise du mal des morts.

- Je suis un pire salaud que Odd en fait. Parce que Odd, lui, il assumait. Il sautait des filles qui savaient très bien à quoi s’attendre alors que moi, je fais souffrir la seule qui compte vraiment. Je suis amoureux d’une seule fille depuis que je suis ado, je n’aime qu’elle depuis plus de quinze ans et comment je lui montre ? En la dédaignant et en couchant avec une autre.
- Ulrich, si elle t’a pardonné, c’est parce qu’elle t’aime aussi. C’est quand on arrête d’aimer les gens qu’on ne leur pardonne plus.
- Je sais qu’elle m’aime, c’est ça qui me fait me sentir aussi… abject. Tu sais quoi, Jérémie ? Quand elle reviendra à elle, parce que je suis sûr qu’elle reviendra à elle, je la choierai comme jamais un homme n’a choyé une femme. Je ferai d’elle la femme la plus heureuse de la Terre parce qu’elle a eu la patience et l’amour suffisants pour me supporter tout ce temps. Je veux lui prouver que c’était bien de l’amour et pas de la connerie. Je veux lui prouver que quand j’ai dit devant le maire que je l’aimerai toute ma vie, je le pensais.

Jérémie regarde son ami sans répondre. Il a une drôle de boule dans la gorge.

- Elle le sait. Crois-moi, elle le sait.

Ulrich soupire.

- Comment tu fais pour rester aussi calme ?
- Calme ? répète Jérémie avec un nouveau ricanement. Natascha ne t'a pas dit ?
- Quoi ?
- J'ai cassé la gueule à Mathieu tout à l'heure.

A sa propre surprise, Ulrich a un petit rire.

- OK, j'ai rien dit.


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01/10/2015
Chapitre 9 : Pas maintenant
Epilogue : Le temps qu'il reste

_________________
Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
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The_Virus91 MessagePosté le: Jeu 17 Sep 2015 18:14   Sujet du message: Répondre en citant  
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Inscrit le: 04 Jan 2013
Messages: 137
Localisation: Tour n°4, territoire Cortex
Je suis en train de me mettre à lire quelques fanfictions, et c'est à toi ! Razz

Personnellement, je n'aime pas ces fictions énormément basées sur le sentimental et le psychologique. Je n'aime pas cette ambiance sentimentalement dramatique.. Je n'aime pas non plus la manière dont les histoires amoureuses ont pris en otage nos chers lyoko-guerriers.

Malgré cela, je dois t'avouer que j'apprécie ton œuvre. Tous les éléments cités ci-dessus ne sont que subjectif, donc je ne peux me baser sur cela pour juger ton scénario qui est d'ailleurs, super bien amené ! J'adore la manière dont tu as assimilé Lyoko à un monde entre la vie et la mort, je ne m'y attendais pas !

Je trouve que tu es particulièrement douée dans ce genre d'ambiance. Peut-être qu'un peu plus d'action ne ferait pas de mal, mais ce n'est que l'humble avis d'un mec fan de XANA Wink

Bonne continuation !

MrXANA91 (aka The_Virus)
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Commandes vocales pour l'IFSCL 3.3.0 d'Immu !
Aussi connu sous le nom de MrXANA91 !
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rêvadorable MessagePosté le: Dim 20 Sep 2015 03:57   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 30 Aoû 2015
Messages: 6
Localisation: Dans ma bulle.
Salut Ellana. :)

Je suis nouvelle mais je voulais absolument poster un petit commentaire à propos de ta fiction.

Depuis que je me suis inscrite, ( le 1er septemble je crois ), je me suis mise à lire pleins de fictions et One-Shot, afin de voir un peu comment ça fonctionnait ici. Et aussi parce que j'aime la lecture ah.

Et j'ai décidé de lire la tienne et je n'ai qu'une chose à dire : je la trouve parfaite. J'adore ta fiction, voilà c'est dit.

Tu mets très bien en relation le conscient et le " subconscient. " Au début on ne comprend rien, puis au fil des chapitres on commence à tout comprendre, et j'adore ça. J'ai l'impression que tu nous sèmes de petits indices au fur et à mesure que l'histoire avance, et que tu nous laisses deviner ce qui se trame grâce à ceux-ci. Surtout que ta fiction parle pas mal d'Ulrich et de son couple avec notre chère nippone, alors je ne pouvais qu'aimer.

Ce que j'ai bien aimé également, c'est que tu ne te focalises pas sur un seul personage, un seul couple, tu étudies chacun en question, et ça, c'est vraiment cool. ( j'ai la facheuse tendance de me concentrer que sur mon personnage préféré moi aah. )

Enfin bref, j'adore ta fiction et je suis pressée de dévorer le prochain et ( malheureusement ) dernier chapitre. Voilà, un petit commentaire pas constructif du tout mais qui souhaitait juste féliciter ton talent ! À plus :) .
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" Pour vivre il faut tomber, atterrir, se relever et recommencer de plus belle. Pour vivre il faut prendre le risque de voler sans ailes. "
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lyvkofan MessagePosté le: Dim 20 Sep 2015 13:20   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 12 Juil 2014
Messages: 26
Localisation: Sûrement sur Lyoko
Hey !
N'étant pas venu depuis quelques semaines dans ce forum pour trouver un truc à se mettre sous la dent comme lecteur fantôme, je suis tombée sur ta fiction. D'habitude, je ne commente pas les fictions CL que je trouve sur ce forum, par flemme ? par prévision d'un possible commentaire ne dépassant pas deux lignes ? Bref, je m'égare, mais en tous cas j'avais (très?) envie de laisser mon petit commentaire sur ta fiction, maintenant bientôt terminée. Shocked Smile
Alors, je dois t'avouer que les fictions CL centrées sur le sentimental, la psycho machin truc, c'est pas ma tasse de thé. Je préfère largement là où il y a de l'action. Mais la tienne est vraiment pas mal. Vraiment. Même en n'étant pas - du tout - une fan du couple Oddlita, franchement ce ne me dérange pas tant que ça.
Le couple yulrich a beaucoup galéré, ce qui ne m'a pas étonnée Wink .
Eh voilà la fin de ce petit commentaire pas très constructif qui avait pour but de te dire que j'aime beaucoup ta fiction !
Passe une bonne fin de journée !

_________________
. . .

2 AM and she calls me 'cause I'm still awake
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I don't love him, winter just wasn't my season"


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« Il n'a plus assez de musique dans son cœur pour faire danser sa vie. »
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