Inscrit le: 27 Aoû 2013 Messages: 404 Localisation: Entre une chaise et un PowerMac G5
Et c'est le passage...Du Sire...
Je suis un peu sonné, je dois admettre que la scène finale m'a secoué. C'est en partie pour ça que j'ai du mal avec les histoires sombres, je m'immerge assez vite et voit assez vite le cauchemar se former dans mon esprit.
Mais en dehors de ça, c'était bien le but de cette scène finale, ce qui prouve donc qu'elle est bien faite.
Ici, le chapitre est long et disloqué. Un grand flashback pêle-mêle. On ne comprend pas tout ce qu'il se passe, c'est voulu et bien maîtrisé.
Mais on capte bien évidemment le scénario. Et donc, ta propre version de la Backstory de Code Lyoko.
Et bien...C'est très cohérent, très bien écrit, tout a été scrupuleusement réfléchi. On a un sens du détail colossal là dedans. C'est indéniable. Et c'est riche en émotion. Très riche. On s'identifie à presque tous les personnages. On comprend leur point de vue à tous. Même X.A.N.A.
Pour le coup, l'humanité de ton X.A.N.A. peut se justifier aussi par sa création. C'est assez bouleversant comme expérience, mais...Ça peut-être cohérent. Je trouve quand même ton Hopper très...Placide lors de sa création. Mais rien ne dit qu'il ne pouvait pas l'être à cette époque. C'est simplement que...j'ai moi aussi ma version de la Backstory et j'y suis plus habitué. Mais la tienne est très très bien calculée.
Que dire...Les mots ont tendance à me manquer. Hm...le rythme ? Très très bien fait. Les principe du dialogue à deux couleurs créent un contraste net avec les deux personnages qui souligne leur différence sur tous les points de vue, et marque d'avantage leur désaccords. Ces dialogues sont très explicatifs de l'histoire et saisissent un peu, de part l'entrechocage des deux logiques de vie de l'homme et l'ordinateur...Qu'on comprend toutes les deux.
Après, tout de même, si X.A.N.A. vient d'un enfant...Pourquoi a-t-il perdu son humanité ? Le transfert n'a pas pu être effectif partout je présume...Enfin...Je ne sais pas, pour moi il est trop humain...ou pas assez. Sans doutes cherches-tu un équilibre homme-machine ?
Mais bon, mon argument du X.A.N.A. est un programme perd de légitimité face à ça. Logique, après, je peux quand même rebondir sur le fait qu'une intelligence-artificielle à architecture multi-agent, comme est décrit X.A.N.A. dans CL, ne pourrait pas, je pense, servir de structure à l'ensemble d'un cerveau humain. Mais c'est vraiment du chipotage informatique.
Enfin bref. Très très bon chapitre. A la fois bien écrit, très bien scénarisé et assez secouant. Je reste assez sonné de ce que j'ai pu lire...Mais je lirai volonté la suite, alors, continue !^^ _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Je vais surfer sur la hype provoquée par ce chapitre et inscrire mon pseudo dans le défilé des réactions. Bien entendu, « hype » n'est pas sans nous évoquer le mot « hippie ». En conséquence :
Revenge and Xana.
Maintenant que j'ai pu constater que dessiner à la souris d'ordi était encore plus compliqué qu'avec un feutre sur du tissu, je suis largement imprégné du chapitre, donc en conditions pour commenter.
Je pense que jamais ton texte n'a aussi bien porté son titre. C'est du lourd ces souvenirs ! Tu possèdes un certain sens de la gradation dans tes fanfictions, avec des départs plutôt tranquilles, et des montées en puissance progressives, jusqu'à atteinte d'un point culminant. C'est classe. Je n'hésite pas vraiment à penser que ce chapitre constitue le début du point culminant de l'histoire, qui va se poursuivre avec le retour à William suite à cette danse effrénée.
Et pour une fois, je peux le dire : c'est trop long ! Trop d'informations à traiter. Comment veux-tu que je fasse un post à la hauteur de ce chapitre si le nombre de données à aborder est trop élévé ? Réponse évidente : la synthèse. Vois-ça comme un hommage.
Dans tous les cas, je retire du chapitre – et de ta back-story – qu'il – elle – est vraiment excellent – e – au niveau de la cohérence. Les dates, l'utilisation de tous les éléments offerts par l'animé, et les détails propres à tes idées surtout. Je ne sais pas si mon préféré est l'origine du fameux logo ou alors le jeu sur le sens des mots sur le « Et enfin, j’ai programmé XANA, pour qu’il détruise Carthage. » de Franz. Disons le second, parce qu'il permet de justifier à lui seul tous tes éléments mis en place par rapport à Xana.
Puisqu'on est sur Xana, les flashs de William sur les serpents qui entrent dans la peau et l'appel de la mère prennent tout leur sens maintenant. En plus de ça, tu as joué sur une ambiguïté avec la disparition du cousin de Dunbar et le fait que ce soit sa mention et son souvenir qui aient déclenché le premier flash du genre. Encore bien joué. Du coup, est-ce qu'on peut en déduire que le petit Dylan est perdu à jamais et qu'il n'est « qu'un détail de l'histoire » ? Enfin, ça reste triste d'un côté, mais de l'autre, ça aurait peut-être été un poil gros si William avait eu un lien pareil à cette affaire en plus de son tracas cérébral.
À la réflexion, je devrais me taire. Si ça se trouve, la suite va me contredire et je vais bien avoir l'air con...
Je ne pense pas m'attarder trop, parce qu'à part dire « j'ai adoré ci et ça » ça va pas aller loin – et, drame, j'ai pas d'idée de conjectures.
Mais en un seul chapitre, tu as réussi à donner énormément de relief au personnage de Xana. Avec sa naissance bien sûr (la scène est juste terrible, dans les deux sens). Mais surtout, avec l'exposition de ses motivations à vouloir anéantir la Terre et le cheminement qui a mené à cette conclusion - qui en plus ont été bien amenés.
La vengeance, moteur de l'humanité par excellence. Et des intelligences artificielles, ou presque.
Belle expérimentation en tous cas !
Autrement, concernant ma commission, un virement bancaire suffira . _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
My my my… On dirait bien que j’ai explosé mes délais de pause entre deux chapitres… Pour ça vous avez toutes mes excuses, d’autant que j’étais de base persuadée que je pourrais finir cette fic avant le nouvel an. Mais malgré toute ma bonne volonté, j’ai eu pas mal de truc à faire IRL, côté boulot beaucoup, côté loisir un peu, et puis quand j’avais du temps à moi, j’avais surtout envie de prendre une bonne grosse pause. Pourtant j’ai continué à écrire par-ci par-là, mais toujours de façon très sporadique, alors forcément, ça prend longtemps… Bref, le nouveau chapitre est là, mais laissez-moi d’ores et déjà vous prévenir, ma dernière année d’étude est à base d’avalanche de projets, pour lesquels je suis déjà un peu à la bourre, alors les délais entre chapitre risquent de rester assez élevés pendant encore un moment. Ikorih :
Et oui, bien vu, j’ai vraiment aimé Je suis l’Alpha et l’Omega, et ne nie pas avoir été un peu influencée dans ma propre backstory (mais j’espère avoir suffisamment appliqué ma griffe pour ne pas être taxée de plagiat !). J’ai A-DO-RÉ écrire l’évolution de XANA. Lui appliquer une origine humaine est quelque chose que je voulais faire depuis longtemps, et je suis vraiment contente que ce développement ait plu !
Sa création m’a demandé beaucoup de recherche, mine de rien. De base, mon inspiration a été le livre Les Gardiens d’Aleph-Deux, de Colin Marchika. Excellent bouquin de SF que je recommande chaleureusement. L’un des chapitres retrace l’existence d’une intelligence artificielle créée sur une base humaine et je voulais reprendre le procédé du livre pour XANA. Malheureusement pour moi, je n’ai pas pu remettre la main dessus et je voulais faire quelque chose de suffisamment précis pour donner une solide illusion de réalité, chose impossible sans une relecture ! J’ai donc changé d’ambition et ai fait quelques recherches sur les IA et je suis tombée sur un article expliquant comment un scientifique envisageait d’obtenir l’immortalité par la cartographie de son cerveau. Je n’ai pas conservé la source, honte à moi, mais ceux qui veulent se renseigner devraient tomber dessus sans trop de mal grâce à notre cher poto google.
Bon, la seule vraie raison du changement de couleur est que j’avais déjà utilisé le flashback dans un précédent chapitre, quand mes idées étaient un peu moins bien fixées :/ Et pour la forme plus concrète, effectivement je n’ai pas détaillé ça. Je pense que j’essaierai de le poser un peu, ça peut donner lieu à un passage sympa, si j’arrive à bien le mettre en forme. Ah, les imprévus sont la meilleure façon de faire évoluer une histoire
Je finirai sur cette phrase : Depuis le temps que je voulais trouver une explication pour la marque de XANA !! o/
Icer :
Je venais de voir le film sur Turing, Imitation Game, quand j’ai commencé ce chapitre. Un chef-d’œuvre qui est entré et restera dans mon top 10 de films préférés <3
Aurais-tu eu une vision du futur, Icer ? Parce effectivement, et malgré la latence plus que confortable entre mon dernier chapitre et celui-là, Cyclope n’a pas commenté
Je suis assez contente de ma backstory, et encore plus de voir qu’elle plaît autant. Ton com m’a fait énormément plaisir, autant que la cérémonie des Carpes qui l’ont suivi, mais nous arrivons maintenant à un sérieux problème : la retombée. Et oui, le précédent chapitre était celui des révélations, c’était l’acmé de mon histoire. Et il est passé. J’ai bien conscience que le chapitre posté maintenant risque de vous sembler bien fade, d’autant qu’il est uniquement destiné à mettre en place la psychologie des personnages :/ Je ne peux que demander à mes lecteurs de prendre leur mal en patience, l’action reprendra au chapitre suivant. Enfin, peut-être… =p
Immu :
Toi en ces lieux, je suis si touchée et tellement fière de t’avoir suffisamment chamboulé pour t’amener à commenter. D’autant que Zéphyr m’a avertie que les commentaires du créateur de l’IFSCL (yes ! du premier coup !) sont rares. Et vraiment précieux <3
Sirix :
Et oui, voilà une de mes visions de la backstory. (oui une, elle offre tellement d’opportunité que je ne vois aucune raison de me limiter à une seule hypothèse u.u) Et oui, le côté disloqué est voulu et je suis contente que ça paraisse bien maîtrisé. Je te l’ai déjà dit sur skype, l’inspiration du procédé vient de mes vagues souvenirs de Dracula (de Bram Stoker, pour ceux qui aurait besoin du rappel ) et j’avais très envie de tester cette méthode de report indirect d’une histoire par des sources diverses à croiser. J’aurais bien ajouté un passage du journal de Franz Hopper sans intermédiaire, mais vu que tout ce passage ne peut exister que par la connaissance de XANA, l’idée était compromise…
Effectivement, ton com suinte le malaise, avec tous ces points de suspension ! Et bien je suppose que ça veut dire que mon pari est réussi !
Le dialogue bicolore vient à la base d’une contrainte de forme. Compte tenu du mode de communication, j’ai choisi de ne pas écrire un dialogue classique qui transmet tout de suite un principe d’oralité. Et comme je voulais entrecouper ce dialogue atypique avec des pensées de XANA, hors de question d’utiliser l’italique. Restait le changement de couleur, pour bien identifier les changements d’interlocuteur.
Pour le manque d’humanité de XANA, on peut dire qu’il faut un équilibre homme-machine d’une part, mais d’autre part ça reste aussi un parti-pris, plus ou moins expliqué dans deux chapitres (mais seulement plus ou moins, on pourra redébattre là-dessus si besoin).
Hé hé, je vous l’avais dit que le côté humain de XANA était légitime =3
Zéphyr :
Quelle intro ! (Elle me fait rire à chaque fois que je la lis. Mais vaut mieux pour toi, parce que comme je l’ai dit à Icer il n’y a pas si longtemps, si un jeu de mot me fait pas rire, c’est que vraiment…) Et sinon, ben c’est vrai qu’il est moche, ton dessin :/ Mais l’original devait être bien dégueu aussi, alors on va dire que tu l’as fait exprès et considérer qu’on est bien imprégné du commentaire pour y répondre.
Et oui, le titre était une annonce de cette situation-même et tout ce qui s’est passé avant avait plus ou moins pour but d’amener les révélations sur XANA. Les souvenirs pèsent lourds. Parce qu’on ne peut pas en être autre chose que le simple spectateur.
…Pardon, j’ai lu « excellent » et j’arrive plus à faire le point maintenant =3
Effectivement, Dylan n’a eu pour seul rôle que de déclencher un flash-back. William n’a rien à voir avec Carthage. Je mentirais si je disais que je n’ai pas envisagé cette possibilité, mais je l’ai écartée presqu’aussitôt parce que comme tu l’as dit : c’est trop gros ! Je suis contre le fait de rajouter de telles coïncidences, qui n’apportent finalement rien à l’histoire. C’est d’ailleurs bien pour ça que je ne suis pas du tout tentée par les Chronicles.
…Pardon, j’ai lu « adoré » et je – Ah non. Blague déjà faite.
Bref, concernant ta commission, considère que les comptes sont remis à zéro suite à l’offre sans arrière-pensée d’un certain texte assorti d’une certaine illustration, toi qui avait l’air si embêté de ne rien avoir en retour (a). Il va sans dire que tes conseils sur le Darkred et les différents rouges disponibles entrent également dans lesdits comptes u.u
Merci pour tout <3
Edit anonyme : Pour des raisons de bon sens évidentes, certains pseudos ont changé de couleur. Merci de votre compréhension.
Edit non-anonyme : Un changement de couleur ? Quel changement de couleur ?
Spoiler
Chapitre 18 : La Cruauté du Retour
« …est ! »
Allongé sur le dos, je laisse mes yeux se fixer sur Aelita, à moitié avachie sur le sol. Elle me retourne mon regard, incrédule et horrifié, tandis qu’elle se redresse sur un bras. Puis ses jambes se désagrègent en une myriade de pixels qui s’envolent, révélant l’armature primaire de l’avatar. Un vague mouvement à la périphérie de mon champ de vision me fait détourner les yeux, et j’ai juste le temps de voir les câbles qui nous ont attaqués refluer vers les parois, serpentant lentement. Puis le blanc envahit le décor alors que mon avatar est lui-même dispersé aux vents imaginaires de Lyoko.
La sensation de pesanteur me frappe de plein fouet. Mon corps est si lourd. Lorsque la porte du scanner s’ouvre, je manque de m’écraser au sol, et me rattrape de justesse à un bord de l’ouverture.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
Pourquoi est-on de retour sur Terre ?
Que nous ont fait les câbles ?
Dans un état second, je tourne la tête vers Aelita. Elle s’est écroulée, ses jambes repliées sous elle, et reste prostrée contre le scanner. Elle serre convulsivement ses bras autour de son corps, les ongles plantés dans sa chair.
Elle se balance d’avant en arrière, tout doucement. Tellement doucement que je ne l’ai d’abord pas remarqué. Mais maintenant que je l’ai vu, je ne peux pas en détourner le regard. J’attends le basculement. Le moment où son corps va repartir dans l’autre sens. Le moment où le mouvement va s’inverser. C’est régulier. C’est tangible. Dans une seconde elle partira vers l’arrière.
Un.
Deux.
Trois.
Quatre.
Cinq.
Vers l’avant.
Un.
Deux.
Trois.
Quatre.
Cinq.
Vers l’arrière.
Un bruit. Un chuintement. Je crois que je l’ai déjà entendu. Mais je n’arrive pas à savoir où. Ni ce qu’il annonce. Et Aelita qui se balance sur place. Sans produire le moindre son. Ses ongles sont légèrement rouges, maintenant. Une goutte de sang coule depuis son index droit. Elle va avoir dix marques en demi-lune. Cinq sur chacun de ses bras. Cinq, comme le nombre de secondes avant de changer le sens de son balancement. Dix comme le nombre de secondes que compte un cycle de balancement.
« William ! Aelita ! Tout va bien ? Je n’ai pas fait d’erreur, vous êtes revenus correctement ? »
C’est Lucie. Qui est arrivée avec le monte-charge. D’où le chuintement. Elle a l’air stressée. Elle s’est précipitée vers moi. Et je suis doucement passé du visage inexpressif d’Aelita à son expression paniquée.
« William ? William, qu’est-ce que tu as ? Qu’est-ce que vous avez, dites quelque-chose ! »
Elle parle trop vite. Et moi je pense trop lentement. Qu’est-ce qu’il y a ? C’est vrai ça ? Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui vient de se passer ?
« Lucie… »
J’ai presque murmuré son nom. Je crois que ça l’a un peu soulagée, de voir que je pouvais parler. J’ai voulu ajouter quelque-chose. Je n’avais pas encore décidé quoi. Mais mes nerfs ont lâché.
Je reprends une respiration régulière. L’état de choc dans lequel je me trouvais a volé en éclat devant l’inquiétude de Lucie et j’ai brutalement fondu en larmes suite à ce à quoi Aelita et moi avons été confronté. Et maintenant que j’ai évacué le trop plein d’émotions, je me sens juste incroyablement fatigué.
Lorsque j’ai craqué, je me suis laissé glisser au sol, adossé contre le cylindre de métal qui venait de me ramener, échappant à la tentative de soutien de Lucie. Et je viens seulement de sortir la tête de mes bras, un peu coupable de l’avoir laissée dans l’attente jusque-là, mais reconnaissant qu’elle n’ait pas demandé d’explication avant que je n’ai pleinement repris le contrôle de moi-même.
Elle s’est assise au bord de l’espèce d’écoutille au centre de la salle. À égale distance d’Aelita et moi. Elle a vu que je la regardais. Alors elle m’adresse une expression légèrement interrogative, suivi d’un mouvement de tête vers Aelita. Lucie. Elle est sûrement en train de crever de curiosité, mais elle reste fidèle à elle-même et ne demande rien avant d’être sûre qu’on veuille lui répondre. Et qu’est-ce que je vais lui dire ? Qu’est-ce qu’on va lui dire ?
Pas étonnant qu’Aelita soit dans un tel état. Un état inquiétant, d’ailleurs. Je suppose que c’est ce que signifiait le mouvement de Lucie. « Est-ce qu’on devrait appeler quelqu’un ? ». Est-ce qu’on devrait appeler les autres ? Mais ça voudrait dire les mettre au courant de ce qui vient de se passer. De ce qu’on vient de découvrir.
Je soupire. Je m’en sortirai pas comme ça. Je suis complètement paumé. J’ai besoin d’avis extérieur.
« Aelita ? je demande doucement. Est-ce que ça va ? »
Elle laisse échapper un petit rire vaguement hystérique.
« Tu me demandes si ça va ? Allons, comment est-ce que ça pourrait ne pas aller ? Je viens de découvrir que mes parents étaient de dangereux psychopathes qui assassinaient des gens pour la science. Je ne pourrais pas imaginer d’aller mieux ! »
Elle a répondu en gardant les yeux rivés droit devant elle, sur un point quelconque du mur derrière Lucie. J’échange un regard inquiet avec cette dernière. Qui a haussé les sourcils pour montrer son incompréhension.
« Quand est-ce que les autres vont arriver ? demande brusquement Aelita, toujours sans se tourner vers nous. »
Je sursaute. Évidemment. Nous sommes restés piégés un moment sur Lyoko. Lucie a forcément déjà appelé Jérémie, ils sont sûrement tous en chemin pour m’engueuler. Et il va bien falloir leur dire ce qui s’est passé.
« Heu… Pourquoi ils arriveraient ? »
Quoi ?
« Tu ne les a pas appelés ? je demande, sincèrement surpris.
- …Non. J’aurais dû ?
- C’est ce que je t’avais dit de faire si tu ne parvenais pas à nous matérialiser, non ? réplique Aelita, vindicative.
- …Oui. Si je n’arrivais pas à vous ramener.
- Tiens donc ? Et tu as fait combien de tentatives avant que ça marche ? Et tu comptais en faire encore combien avant de te dire qu’il faudrait peut-être songer à appeler du renfort ? »
Je m’apprêtais à l’interrompre, à lui dire qu’elle était injuste, que Lucie avait ce qu’elle avait pu et qu’elle s’en était mieux sortie que beaucoup ne l’aurait fait à sa place, bien que je trouve ça complètement inconscient qu’elle n’ait pas contacté Jérémie, mais elle m’a devancé :
« Aelita, de quoi tu parles ? J’ai lancé la procédure dès que vous m’avez dit de le faire. Et elle a fonctionné du premier coup. »
Cette déclaration nous laisse bouche-bée, Aelita et moi. Puis elle laisse aller sa tête en arrière jusqu’à ce qu’elle bute dans un son métallique creux, et pose le dos de sa main droite sur ses yeux tout en laissant échapper un rire sans joie.
« Euh…Tu comprends ce que ça veut dire, toi ? je l’interroge, bien que ça m’agace de passer encore pour un imbécile.
- Ce que ça veut dire, c’est que Jérémie et les autres ne viendront pas, répond-elle sèchement. »
Ça j’avais compris par moi-même. C’est pas vraiment la question que je te posais.
Bon, calme-toi William. C’est compréhensible qu’Aelita réagisse violemment. Inutile de lui en faire le reproche. D’autant que c’est moi qui l’ai entraînée là-dedans.
Quoique, non. Elle s’est entraînée là-dedans toute seule. À la base, je voulais me rendre seul sur Lyoko. Et je savais que les révélations que je pourrais trouver ne seraient pas agréables. Et surtout pas pour elle. Je l’ai même prévenue, merde !
« Et pour répondre vraiment à ta question, ce qui a eu lieu était un simple transfert de données du disque dur du supercalculateur au cerveau, via un câble réseau qui faisait une liaison ssd-ssd, avec le ssd en guise de cache en attendant que les données soient écrites dans les disques durs mécaniques. Enfin, dans l’équivalent biologique, puisque le cerveau peut être considéré comme un ordinateur surpuissant. »
Je regarde discrètement Lucie. Et ça me rassure de la trouver avec une expression interdite, les yeux légèrement écarquillés. Aelita roule des siens en soupirant devant l’évidente perplexité dans laquelle nous a mis son « explication ».
« C’était un transfert de données quasi-instantané, le temps écoulé n’était qu’une illusion parce que les données auxquelles nous avons eu accès ont été directement écrite dans nos mémoires, complète-t-elle, presque à contrecœur.
- Euh… Les données auxquelles vous avez eu accès ? Ce n’est pas l’attaque, qui vous a mis dans cet état ? Vous avez vraiment trouvé…ce que vous cherchiez ? demande timidement Lucie. »
Évidemment. Si de son point de vue il ne s’est écoulé qu’une seconde, c’est logique qu’elle soit déconcertée par ce qu’on raconte…
« On peut dire ça, je réponds sombrement, tandis qu’Aelita laisse échapper un rire narquois.
- Pourquoi tu ne lui racontes pas tout, William ? Ce n’est pas comme si elle n’en savait pas déjà assez, pas vrai ?
- T’es injuste, Aelita. Je t’ai jamais demandé de venir, t’as pas à te venger sur moi de ce que tu as découvert sur tes parents. »
Elle me fusille du regard. Puis toute colère disparaît de ses yeux et elle laisse sa tête retomber sur le scanner avec le même son creux qui résonne étrangement dans la pièce.
« Tu as raison, excuse-moi. C’est juste que…je ne sais pas quoi faire, maintenant.
- Quoi faire ? À quel sujet ? je demande. »
Qu’est-ce qu’elle a en tête ? Après tout, on en a appris plus sur Carthage et la naissance de XANA, mais ça ne concerne que le passé, ça n’a aucun impact sur le présent. Je ne vois pas ce qu’on pourrait avoir à faire.
Elle laisse doucement basculer sa tête vers moi, l’air indiciblement lasse.
« À propos de ce qu’on a appris. Est-ce que je dois le dire aux autres ? »
Je reste figé face à sa question. J’espèrerais qu’elle ferait ce choix sans moi, à vrai dire.
Concrètement, ils ont plus de…de légitimité que moi à apprendre les secrets de Lyoko et Carthage, je suppose. Mais en ce qui les concerne, l’aventure Lyoko est terminée, qu’ils aient déjà réussi à tirer un trait dessus ou non. Alors doit-on les replonger dedans simplement pour leur dire que Franz Hopper n’était qu’un scientifique sans éthique parmi d’autres ? Doit-on leur dire la nature exacte de XANA, maintenant qu’ils l’ont définitivement détruit ?
Mais ça avancerait à quoi ? Ce n’est pas comme si leur dire allait changer quoi que ce soit. XANA est mort, point. Et les mettre dans le même état de choc et de dégout qu’Aelita et moi n’apportera rien de plus à cette finalité. Ils se retrouveront juste à s’arracher les cheveux ensemble en se demandant s’ils ont fait les bons choix. Et potentiellement, Ulrich y verra une occasion en or de me descendre en flammes à cause de ce que « j’aurais fait » à Aelita.
Je soupire et expose le fond de ma pensée à cette dernière :
« Je ne peux pas te dire de ne pas le faire, c’est sans doute à toi de voir ce que tu penses le mieux, mais je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je veux dire, ça ne servirait à rien à part…je ne sais pas, souiller l’image qu’ils gardent de Lyoko ? »
À peine j’ai dit ça que je le regrette. Aelita semble au bord des larmes. Je crois qu’elle attendait que je lui dise qu’on n’avait aucun droit de garder ça pour nous, qu’ils avaient le droit de savoir, ou quelque chose comme ça, pour qu’elle puisse partager ça avec eux sans se sentir parfaitement égoïste. Sauf que je n’ai jamais pensé que l’honnêteté radicale était systématiquement un choix judicieux. Et si je suis parfaitement honnête avec moi-même, je dois m’avouer que je ne VEUX pas leur dire. Je ne veux pas qu’ils me reprochent d’avoir exhumé des vérités qu’on aurait mieux fait de laisser pourrir en terre. Faire ce choix, c’est MA façon d’être égoïste.
Elle se lève sans un regard en arrière et appelle le monte-charge. Je parie qu’elle a été drôlement soulagée quand la porte de celui-ci s’est immédiatement ouverte. Comme ça aucun d’entre nous n’a eu à attendre qu’il arrive sans savoir quoi dire. Elle s’est engouffrée dedans et a appuyé sur le bouton du haut sans se retourner vers la porte comme on le fait toujours. Je suis sûr qu’elle a craqué et qu’elle est en train de pleurer, mais qu’elle ne veut pas qu’on la voit pour qu’on ne soit pas tenté d’essayer de la réconforter par des paroles aussi stupides que creuses. Elle doit me détester. Et s’en vouloir, de me détester.
J’écoute le monte-charge repartir sans rien dire. Je me sens complètement explosé. J’ai l’impression que si j’essaye de me relever je vais m’effondrer par terre lamentablement. En fait je n’ai qu’une envie, c’est m’allonger et dormir. Ici et tout de suite. D’ailleurs qu’est-ce qui m’en empêche ?
« Heu, William ? »
Flûte. Lucie. Je l’avais oubliée. J’ai vraiment pas les idées en place, faut croire.
Je me tourne vers elle, attendant qu’elle poursuive.
« Tu..tu préfères que je te laisse ? »
Surpris par sa question, je n’ai pas répondu tout de suite. En fait, je croyais qu’elle allait me demander quand je comptais lui expliquer ce qui s’était passé exactement. Ça aurait peut-être été mieux qu’elle le fasse. Je n’aurais pas eu à faire de choix. Je me sens tellement crevé, ça serait plus facile de les laisser décider de la marche à suivre, Aelita et elle. Mais après tout, si on en est là c’est parce que j’ai voulu en savoir plus.
Non. Si on en est là c’est parce qu’on m’a poussé à vouloir en savoir plus.
Putain, qu’est-ce que je raconte encore ?
« William ? redemande Lucie, un peu craintivement, je dirais. »
Je me demande si elle a peur que je me mette en colère devant son insistance. Ou que je m’effondre encore une fois, peut-être.
Mais ça ne réponds pas à sa question.
Je frissonne sous la fraicheur du vent. Ou peut-être que c’est le contrecoup des révélations. Je n’ai pas envie d’y repenser, là tout de suite, alors je me contente de fixer les planches du banc sur lequel nous sommes assis. Elles devaient être peintes d’un vert bouteille reluisant au début, mais la couleur est un peu passée maintenant, et se détache en grosses écailles craquelées causées par le temps et les dégradations successives, mettant à nu le bois un peu vermoulu de la structure. La pluie a dû bien l’endommager aussi, il semble complètement rongé à l’intérieur de grosses fissures, ici et là. Je me demande quelle durée ça va lui prendre pour se briser sous le poids des quelques promeneurs qui prennent encore le temps de s’assoir sur les bancs. Deux joggeuses passent devant nous en soufflant régulièrement. J’ai l’impression que les impacts de leur course fait trembler le bois fragilisé. Mais je suppose que je l’imagine. Des marques gravées au canif parsèment le banc, contribuant à diluer l’intensité de son vert. Des signatures anonymes, des dessins allant du symbole de la paix à la croix gammée (mais peut-être que c’est une svastika sans aucun rapport avec le nazisme, après tout…), en passant bien évidemment par les promesses d’amour éternel inscrites sur un support bien éphémère…
À côté du genou gauche de Lucie, qu’elle a ramené sur le banc pour s’orienter plus facilement vers moi, une de ces déclarations pathétiques a été péniblement tracée en une succession de griffures. Elle a attiré mon regard parce qu’elle est finalement assez originale : au lieu de l’éternel cœur déséquilibré, c’est le symbole de l’infini qui renferme les classiques deux initiales des concernés. Une dans chaque boucle. X. W. Leur lecture me provoque un long et désagréable frisson glacé au milieu du dos.
Quand j’ai dit à Lucie que je préférais ne pas rester seul, elle m’a traîné dehors jusqu’au parc Billancourt, proche de l’usine, arguant que vu ma tête de déterré je ferais mieux d’aller prendre le soleil. Je ne sais pas ce qu’il en est du soleil, mais elle avait raison quant au fait que je me sentirais mieux en dehors de l’usine. Même si le vent est bien loin de chasser mes idées noires.
Elle me fixe. Je ne sais pas si c’est pour s’assurer que je vais bien ou simplement parce qu’elle attend que je m’explique enfin.
Autant prendre le taureau par les cornes.
« Tu veux savoir ce qui s’est passé ? »
Dis oui. Ne me laisse pas faire un choix, dis juste oui.
« …Évidemment que je veux savoir ce qui s’est passé. »
Je manque de laisser échapper un soupir de soulagement.
« Mais je me vois mal te forcer à me le dire dans l’état ou tu es… Je veux pas t’obliger à en parler si c’est pour que tu t’écroules. »
Pourquoi faut-il qu’elle soit comme ça ? Elle ne pourrait pas simplement exiger d’être tenue au courant ? Me dire que je n’ai pas le droit de la laisser en dehors de la confidence après tout ce qui est arrivé ? Putain, je ne pourrais pas être juste lâche et la laisser décider, pour une fois ?
« …Tu risques de me détester, si je te racontes. »
Je ne suis qu’un couard. J’attise sa curiosité pour qu’elle me pousse à poursuivre. Je sais déjà que je veux lui en parler, mais je ne veux le prendre sur ma responsabilité.
« Vas-y, raconte. »
Voilà. J’ai obtenu ce que je voulais. Ce qu’elle voulait aussi, sans doute. C’est évident qu’elle crève de curiosité, elle est juste trop prévenante pour se laisser aller à le dire. Ou trop hypocrite. Et voilà que je commence à lui en vouloir sans raison, reprends-toi William, c’est pas le moment de te lancer dans une énième crise de nerfs. Je résiste à l’envie de lui demander si elle est sûre de vouloir savoir et commence de raconter.
« Quand on est entré dans la dernière salle, des espèces de câbles nous ont attaqués. Ils se sont…plantés dans nos avatars. »
Je me masse nerveusement la nuque en disant ça.
Je sens encore la douleur quand les câbles ont pénétré dans ma chair, quand ils m’ont définitivement dépossédé de tout ce que j’étais.
Encore ces phrases, ces pensées qui ne sont pas à moi. Est-ce que la douleur que j’ai ressentie au moment de l’impact était la mienne, au moins ? Sans doute que non, on ne peut pas souffrir sur Lyoko. Ce n’était qu’un souvenir, un de plus, déclenché par un nouveau stimulus.
Je reste pensif un temps avant de réaliser que Lucie attend toujours que je poursuive, et un élan de colère me prend face à sa considération ridicule à mon égard. Elle ne pourrait pas se manifester ? Réclamer que je continue ? Et ne pas me laisser le temps de ruminer encore et encore ce que j’ai appris ? Bon sang Lucie, tu ne pourrais pas être égoïste, pour une fois, pour que je puisse cesser de me sentir aussi minable de partager ça avec toi ??
Je reprends le fil de mon récapitulatif, profondément agacé, et tâche d’ignorer le sentiment de culpabilité qui me somme de me taire. Et dire que j’ai osé déconseiller à Aelita d’en parler aux autres…
« C’est comme ça qu’a eu lieu le transfert de données dont parlait Aelita tout-à-l’heure. On a appris certaines choses, sur son père qui n’est finalement pas la victime qu’on croyait, sur sa mère qui était impliquée depuis le début, finalement, et sur XANA. »
Ma gorge se serre. Les images reviennent me frapper de plein fouet et j’ai envie de vomir et de pleurer en même temps. Je respire plusieurs fois à fond pour me calmer pendant que Lucie m’observe en silence, attendant anxieusement la suite.
« Carthage a toujours eu pour but la création d’une Intelligence Artificielle. Mais ils ont vite abandonné l’idée de la coder, je dirais. Ils ont opté pour une solution plus radicale. Je ne sais pas exactement quelles sont les explications scientifiques derrière leur méthode, mais ils ont… enfin ils ont scanné des cerveaux, lamelles par lamelles après avoir tué les sujets sur la chaise d’opération. Et pour obtenir un résultat viable, ils ont eu besoin d’utiliser des enfants. Pour faire court… »
C’est difficile de le dire. Le dire c’est lui donner de la consistance, c’est reconnaître qu’on sait. J’inspire à fond et lâche d’un trait :
« XANA était un enfant que Carthage a assassiné et que nous avons tué ensuite. »
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Encore un titre de chapitre bien choisi par rapport au lectorat. Je ne vais pas détailler pour rester sur une note mystérieuse.
Effectivement, on est vraiment dans un calme après la tempête. Pas illogique, un peu brutal par rapport à la coupure brutale de la session de flash-back et le retour sur Terre, ce qui reste dans la lignée des derniers événements ceci dit.
J'ai beaucoup aimé les quelques mots sur les retrouvailles des sensations physiques après une virtualisation, ou plus largement les descriptions des réactions des deux dévirtualisés. Elles avaient un côté très photographique avec l'enchaînement des phrases faisant état d'un élément à la fois, et un peu dérangeant aussi (pas dans le sens négatif du terme !) avec ce que rapportait William sur le balancement.
La petite explication technique sur les câbles virtuels est subtilement insérée et pensée. Bien vu !
Il y a un léger décentrage de la personne de William, le traitement féminin est plus perceptible. Peut-être n'est-ce pas plus mal comme ça, le concerné aura le temps de cogiter sur sa situation un peu plus correctement par la suite, au calme.
La réaction d'Aelita suite à tout ça ne m'a surpris en soi – même si bon nombre de textes l'auraient faite tomber en larmes sur le sol glacé de la salle des scanners, la laissant chuter dans un abîme de désespoir encore plus puissant que la passion d'un simple baiser. Ce que je lui trouve de bien, c'est qu'elle est pas mal humaine (brutalité d'expression orale, envie de partager ce qu'on a appris avec ses proches, égoïsme), sachant que d'ordinaire (entendez DA), ses réactions ont plus souvent tendance à aller vers quelque chose de plus irréel (même si l'après saison 3 joue beaucoup le côté mélodramatique).
Par ailleurs, je doute qu'elle arrive à garder ce qu'elle a appris pour elle. Ce n'est pas le genre de personnage capable d'enfouir ses sentiments ou malaises émotionnels (ou alors pas sur une longue durée) et de faire comme si de rien n'était. Les chances qu'elle se fasse griller et lâche le morceau aux autres sont fortes. Ça sent la nouvelle scène de confrontation entre les héros et William <3.
Un parallèle entre les manières d'agir d'Aelita et de Lucie est perceptible. La personnage qui pense à elle et celle qui pense à autrui (bon en temps normal ce serait les deux je dirais). Volontaire ?
Lucie gagne un peu plus de consistance au passage. Jusque-là, c'était juste « l'Ex » sympa, qui a envoyé chier Yumi une fois. Là, elle prouve qu'elle sait lire des notes et qu'elle est pas trop oppressante niveau questions, et pas chiante surtout. Enfin, les réflexions de William sur son irritation face à son attitude bienveillante sont rassurantes. Il y a des chances que l'on n'ait pas le droit au cliché de la remise en couple avec l'Ex-copine qui est de retour dans la vie de l'individu et qui est bonne (dans le… bon sens du terme) envers lui, donc le charme à nouveau.
Pour finir, j'aime beaucoup le fait que William ne se voile pas la face dans sa dernière réplique. Éliminer Xana revenait à tuer l'enfant de Carthage, ou plutôt ce qui avait été transformé chez lui. Il ont tué quelque chose d'humain, pas d'artificiel. Surprenant également que William utilise « nous » en fin de phrase. En particulier dans la mesure où il n'a jamais concrètement participé à l'éradication de Xana.
En un mot, il est dans la bande des LG celui qui a les mains les plus propres (contrairement à ce que la fin du chapitre 5 prétend !) ; du moins à mon sens.
Ce fut court, mais agréable d'avoir des nouvelles de ton texte. À la prochaine ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2318 Localisation: Territoire banquise
Resituons. Le flashback de la dernière fois a été suivi par nos deux zozos. Ok. Y avait une histoire de câble. Mais qui aurait intérêt à leur montrer ça et pourquoi ? X.A.N.A pour foutre la merde ? Mouais bof... Carthage ? Mdr ils devraient être tous morts ces cons. On verra bien...
Zéphyr a tout bien dit sur ce chapitre, c'est vrai qu'on se focalise sur l'impact du retour, et les moments de gêne superbement décrits semblent provenir en direct de l'expérience personnelle de l'auteur avec les essieux. Mais j'aimerai rebondir sur un détail suspect. Lucie. Cette fille est louche parce qu'elle garde tout le temps son sang froid, alors qu'on la connait depuis au moins 28 jours. Cela en devient irréel. J'attends le moment où on va m'expliquer qu'elle est avec X.A.N.A depuis le début. C'est la seule explication logique.
Bref, ça gère toujours autant, à la renvoyure !
Citation:
Encore un titre de chapitre bien choisi par rapport au lectorat. Je ne vais pas détailler pour rester sur une note mystérieuse.
Oh et puis va te faire, j'ai pas le temps de jouer =( _________________
« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »
Inscrit le: 27 Aoû 2013 Messages: 404 Localisation: Entre une chaise et un PowerMac G5
Et voilà le Sire qui s'amène.
Que dire ? Bah j'aime pas mais c'est bien. Fin.
Naaaaaaaaaaah ! Développons un peu, j'ai eu du mal avec ce chapitre, qui pour le coup est très sombre et attristant, j'ai du mal avec ce genre d'ambience, d'un point de vue personnel, quand je lis, je veux passer un bon moment, je n'exclue pas la possibilité d'avoir peur, de pleurer ou de rager, mais j'ai envie de sourire par intermittences. C'est pour ça que je ne suis que peu désireux de profondeur dans les histoires que je lis. Mais je conçois que je suis loin d'être grandement suivi dans mon raisonnement je ne garderais donc cette remarque que pour mon opinion.
En dehors de ça, la situation dépeinte est très cohérente et les caractères des personnages réalistes, William qui cherche à nier sa responsabilité, ça paraît évident. J'ai plus de mal avec la colère d'Aelita, mais elle est justifiable, alors, je comprend.
Pour ce qui est de l'enchaînement des scènes, on a une impression de vague très lié au choc du personnage, et une impression de suivre ça de loin, par préoccupation, typique de l'état de choc.
Et du coup, Hopper est mauvais...'fin, c'est plus compliqué mais c'est un des aspect qui transparaît dans ce chapitre, c'est marrant, je me dis que je n'ai pas eu la même vision de Hopper que beaucoup ont eu face à la série. Personnellement je vois Hopper comme un savant trop idéaliste qui s'est fait embobiné malgré lui, mais comme quelqu'un de sage, d'éthique, et de bien trop humain pour commettre des atrocités, X.A.N.A. n'était à mon sens qu'un accident de conception, et sa haine contre Carthage qu'un simple désir de vengeance contre ceux qui ont démoli sa vie en lui faisant croire à un idéal, cela-dit, le côté torturé et fou du personnage reste cohérent, donc pas de mauvais point.
Le style est toujours aussi fluide, et bien qu'un peu plus lourd largement lisible. Comme d'habitude.
Après, j'ai encore une gueulante à pester : l'informatique.
ATTENTION ! Ceci est du chipotage, merci de prendre ça au second degré.
Compte tenu du fait que le supercalculateur date des années 80/90, à moins que tu n'est modifié ce point de la chronologie au grand désespoir de Cyclope, il est très peu probable que ce dernier possède un SSD. Car les SSD se sont surtout développés dans les années 2000. Il faut également savoir que la capacité d'un SSD est restée pendant très longtemps relativement limité, s'ils se sont toujours révélés bien plus rapides que les disques durs mécaniques, ces derniers sont, encore aujourd'hui, souvent plus large en terme de stockage de données, et je doute qu'un des premiers SSD soit capable de stocker les données du Flashback.
Ensuite, il faut savoir qu'un SSD utilise la technologie de mémoire flash, qui est un principe de stockage mémoire binaire. J'avoue que je ne suis pas sûr, mais je ne crois pas une telle mémoire compatible avec les données quantiques du supercalculateur, à moins que ce dernier n'ait un convertisseur quantique binaire, ce qui ralentirait considérablement le transfert et poserait une fois encore d'énormes soucis de stockage, d'autant qu'un processeur binaire mettrait des heures à déchiffrer le Flash-back et non les microsecondes décrites dans le chapitres.
Voilà. La seule chose qui peut te sauver là dedans, ce serait de dire que, ignorant l'existances des futurs SSD, Hopper, lors de la conception de son supercalculateur, a utilisé ce cycle pour décrire un autre procédé que celui du disque dur à mémoire Flash. Autrement, ça ne tient pas.^^
Mais bon, comme dit plus haut, rien de grave.
Voilà voilà, c'est tout ce que j'avais à dire, j'ai plus de difficultés à suivre le texte dans une telle atmosphère, je me rappelle un peu le Si tu meurt aujourd'hui que j'avais adoré de part son ambiance qui bien que grave restait gentille et proche de la série, ce qui est loin, très loin, de l'optique que prend le Poids des Souvenirs.
Nous verrons, donc, en attendant, bravo et bon courage. _________________ Auteur de la fic Replika on the Web.
Bonjour chère Dyssery,
Triste histoire, n'est-ce pas ?
Ce récit a toujours été bercée par une certaine tristesse mélancolique. Dans les trois derniers chapitres, ce sentiment change un peu. La mélancolie disparaît du fait de l'action. Les révélations ajoutent rage et tragédie. Tout cela est portée par une narration excellente, et un rythme admirablement maîtrisé. D'une certaine manière, le chapitre dix-huit vient clore la première partie de ce récit. Car c'est une crise que vous avez décrite, et rien ne sera plus jamais comme avant. Mais William et Ælita ne peuvent en rester là. Deux éléments tendent à le prouver. D'abord rien n'explique encore vraiment les visions de William. Ensuite, il est douteux que Jérémie ait recrée Lyokô en incluant les ajouts propres à Xana. Leur simple existence soulève des questions.
En un sens la méthode employé pour créer Xana explique certaines de ses inconsistances durant la série. Il n'est dans le fond qu'un cerveau humain transplanté, et partiellement programmable. donc il n'a pas de raisons d'être infaillible, parfait, ou de toujours apprendre à la perfection de ses erreurs. Il peut errer, se tromper, et le reconnaît d'ailleurs lui-même. Quant à sa création, les raisons de Carthage se comprennent. Pourquoi réinventer la roue ? L'intelligence ils l'ont déjà, reste juste à pouvoir la modeler dans la forme voulue. Hopper à cet égard est troublant. C'est un monstre, et en même temps il donne l'impression de ne pas le supporter, d'avoir même cherché la rédemption. Dès je départ il a eu peur de sa création, et n'a pas su comment la manœuvrer, ce qui l'a conduit à sa perte.
Au vu des questions encore en suspends, les héros ont encore de lourdes décisions à prendre. Il est intéressant que William pense être égoïste en cachant aux autres la vérité. On peut aussi y voir un geste profondément altruiste. Ils sont trois à connaître la vérité, et il va leur falloir vivre avec. Cela laisse présager des choses très intéressantes pour l'avenir.
Au plaisir de voir des plans arrêtés. _________________ AMDG
Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
Que dire, que dire. Ce chapitre aura mis un peu plus de deux mois à sortir. C’est pas tant que ça en fait. Mais j’ai eu l’impression de tarder plus que ce n’est permis. Sûrement parce que j’ai traîné les pieds sur à peu près tout ce que j’ai à faire et que j’aurais pu être plus efficace dans tout ça. Enfin passons, il est fini, il est génial (je ne devrais pas dire ça, je vais vous donner des faux espoirs), et il est publié. Alors je vais répondre aux commentaires et vous laisser le savourer tranquilles.
Zéphyr :
Toujours fidèle au poste, ça me fait plaisir. Le calme après la tempête, tu l’as dit ! Ce qui me faisait un peu redouter les réactions, d’ailleurs, vu la différence d’ampleur qu’avaient pour moi les chapitres 17 et 18. C’est pour ça que je suis contente de savoir que le 18 t’a plu, la baisse de tension n’est donc pas un problème.
Pour le retour des sensations, je voulais vraiment mettre en avant l’état de choc dans lequel se trouvaient Aelita et William suite à ce qu’ils ont vu. Parce que la dernière vision se voulait véritablement comme une scène extrêmement difficile à supporter, à fortiori quand on tient le rôle que ces deux-là tiennent (eux et les autres LG, évidemment).
Pour l’explication technique, merci à Art <3 (ne le cherchez pas sur le forum, à moins qu’il se soit inscrit en douce, mais s’il l’a fait il aura sûrement pris un autre pseudo histoire de me troller…). Bref, je suis bien incapable de bâtir des raisonnements informatiques, mais j’ai un bon conseiller =) (que j’avais oublié de remercier dans mon précédent post, honte à moi).
Ah bon, traitement féminin plus perceptible ? Je ne m’en suis pas rendu compte, il faut que je fasse attention ! Et concernant Aelita, je la vois comme quelqu’un de fondamentalement gentil, mais quand on s’est pris un mur dans la tronche, on ne garde pas facilement la tête froide. Enfin, ce n’est que mon avis u.u
Le parallèle n’est pas vraiment volontaire, mais s’il existe, c’est une bonne chose :’) En fait, Lucie a surtout été créée pour un parallèle avec Yumi, et elle a pris de l’importance par la suite, de façon plus ou moins fortuite… D’ailleurs, elle n’a jamais vraiment été l’ « ex » de William si on y réfléchit. Vu qu’elle lui a foutu un râteau. Parce que c’était un abruti. Et qu’elle venait de se prendre un mur dans la figure. =3
Nous verrons bien ce qui se passera pour elle par la suite. Mais après tout, elle et William ne sont que des ados, les histoires de cœur ne sont ni durables ni matures, à cet âge-là. Du moins, c’est ce que j’en pense
Tiens donc, tu considères que William ne se voile pas la face ? Je ne confirme ni ne réfute cette affirmation, nous en rediscuterons après le prochain chapitre, peut-être. Je suis d’accord avec toi quant au fait qu’il est le moins impliqué, mais suite à ce qui vient de se produire, disons plutôt qu’il est incapable de pousser la réflexion jusque-là sur le coup.
Oui oui, je sais, un de mes chapitres fait la taille d’un paragraphe de L’Engrenage. Mais bon, on a régulièrement de mes nouvelles, comme ça. *fuit*
Icer :
Et oui, qui a bien pu leur montrer ça, et pourquoi ? (a)
Tu trouves que Lucie garde toujours son sang-froid ? Elle était pourtant bien paniquée, dans le train… =D
Bref, Lucie est loin de toujours garder son sang-froid, William a l’impression qu’elle garde toujours son sang-froid, nuance ! Et vu l’état psychologique du zozo, il suffit qu’elle n’extériorise pas trop pour donner le change. Mais ne t’inquiète pas, si ce récit ce faisait du point de vue de Lucie, tu pourrais voir à quel point elle flippe. Quant à savoir si elle a un lien avec Carthage (a)
Mais attend, ils sont pas censés être tous morts, ces cons-là ?
Sirix :
Ben… J’ai pas tellement de choses à te répondre, en fait. Le texte prend une atmosphère de plus en plus sombre, mais je pense que c’était assez vite perceptible, finalement =)
Quant à Hopper, je peux le voir comme un scientifique idéaliste, je n’ai pas de problème avec ça. Ce qui me gêne, c’est la justification qu’on a de sa participation à Carthage. Je trouve ça complètement débile, de penser qu’un scientifique de cette envergure ait pu se faire mener en bateau par l’armée. Qu’on me dise qu’il a été forcé, qu’on a fait pression sur lui, ou même qu’il a réalisé à mi-chemin que ses découvertes ne seraient pas de simples mesures de dissuasion, à la rigueur. Mais qu’il ait découvert au milieu l’application martiale, non, ça non, je n’adhère pas. Et puis sérieusement, espionner les communications ennemies. On fait mieux, comme conflit éthique…
Pour la partie informatique, puisque tu commences à être pointilleux sur les ssd dans les années 80-90, les supercalculateurs quantiques ça existe pas vraiment aujourd’hui non plus, alors à l’époque… Du coup, je range les ssd dans le même cas. Non mais.
Silius Italicus :
Bonjour !
Analyse intéressante, que puis-je répondre à tout cela ?
Concernant la salle ellipsoïdale, j’avoue ne pas m’être penchée plus que ça sur les raisons de sa présence après que Jérémie a recréé Lyoko. Mais à posteriori, je pense que c’est justifiable. Je considère que Jérémie et Aelita ne sont pas capables de créer Lyoko à partir de rien. C’est donc qu’ils ont récupéré des notes, des résidus de code, des protocoles, et que sais-je encore, pour ranimer le monde virtuel. Partant de là, il est logique d’envisager que ce que XANA y avait implanté, sans qu’Hopper ne l’ait découvert, soit passé inaperçu aux yeux des deux adolescents.
Ensuite, effectivement aucune réponse n’a encore été apportée. Cela ne saurait tarder. C’est tout. =)
Franz Hopper est pour moi Viktor Frankenstein. Ceux qui auront lu Mary Shelley devraient comprendre. Le docteur Frankenstein s’est adonné à un grand nombre d’expériences absolument atroces de son propre aveu pour réussir à donner la vie à sa créature. Mais il ne l’a réalisé qu’après, emporté qu’il était par son œuvre. Et jusqu’au bout de sa vie, Viktor Frankenstein reste à mon sens un être méprisable pour n’avoir jamais eu le cran d’affronter les conséquences de ses actes. Voilà qui est Franz Hopper.
Effectivement, la réaction de William peut être vu comme altruiste. Mais le fait est qu’il agit pour son propre salut et qu’il le sait très bien, d’où son sentiment d’égoïsme.
Au plaisir !
Spoiler
Chapitre 19 : La Poursuite d’une Chimère
Allongé sur mon lit, je réfléchis à ce que m’a dit Lucie après ma révélation fracassante…
« Je pense que tu te trompes, William. Ce XANA a été créé à partir d’un esprit humain, et d’une manière absolument horrible, si je comprends bien ce que tu m’as expliqué, mais il n’a jamais été humain lui-même. »
Sa réaction m’a laissé muet pendant quelques secondes. J’étais complètement ahuri par la facilité avec laquelle elle prenait la nouvelle. Rétrospectivement, je suppose que ça n’a rien d’étonnant puisqu’elle n’a jamais pris part à l’affrontement contre XANA et qu’elle n’a pas non plus été directement confrontée aux images de sa… création. Mais sur le coup ça m’a mis hors de moi.
Je me suis énervé, je lui ai dit qu’elle ne comprenait pas, que nous étions des monstres, que nous avions tué quelqu’un sur la seule base d’informations incertaines. Alors elle m’a regardé gravement et m’a fait la dernière réponse à laquelle je m’attendais :
« Sauf que ça vous le saviez depuis le début. »
Je n’ai pas compris ce qu’elle voulait dire tout de suite. Je me suis écrié avec rage que non, justement, nous ne savions rien de son statut d’humain, que nous croyions combattre une intelligence artificielle. Alors, je ne sais pas trop. Peut-être que de sentir que je cherchais le conflit l’a énervée, parce que oui, ce que je voulais à ce moment-là c’était une raison d’être en colère. Ou peut-être que c’est simplement ma façon de considérer la chose qui l’a braquée. Parce qu’elle m’a proprement engueulé :
« Oui ! C’est exactement ça, William ! Vous avez toujours su que vous combattiez un être doué d’intelligence ! C’est un peu facile de pleurer maintenant que tout est fini, juste parce que vous découvrez l’histoire de sa genèse ! Alors oui, au lieu de n’exister que par une suite de lignes de code, il est basé sur un cerveau d’enfant ! Et puis après ?! Ça change quoi pour toi ?!
Tu l’as dit toi-même, ce XANA vous l’avez tué. Peut-être que vous aviez pas d’autre choix, peut-être que c’était de la légitime défense avérée, peut-être que si vous aviez eu plus de scrupules on serait tous morts aujourd’hui, ça j’en sais rien, et très honnêtement c’est pas à moi d’en juger. Mais le questionnement moral il est là depuis le début, si tu me demandes mon avis, alors maintenant t’as le choix : vivre avec la décision que vous avez prise, qui n’a pas la moindre raison de vous sembler moins légitime maintenant puisque ça ne remet pas en cause ce que ce XANA cherchait à faire, ou tomber dans l’autofustigation et te lamenter sur ton sort jusqu’à en devenir dingue. Mais dans le second cas, compte pas sur moi pour te sur-couver, parce que vivre avec des œillères en comptant sur la patience des autres ça te rendra pas service. »
Son discours m’a fait l’effet d’une douche froide. Sur le moment je l’ai extrêmement mal pris et je l’ai plantée sur place en ruminant le fait qu’elle ne savait pas de quoi XANA était capable et que ce n’était pas elle qui avait été séquestrée par une intelligence artificielle dont le seul but était d’asservir l’humanité, puis je me suis brutalement rendu compte que je ne faisais qu’appuyer son argument quant à l’absence d’importance de l’origine de XANA.
Parce qu’elle a raison, la seule chose que ça change, c’est ma perception des évènements. Mais j’ai beau y repenser, je ne crois pas qu’une autre attitude aurait été possible. Et puis de toute façon, ce n’est pas pour l’impact que moi j’ai eu dans la destruction de XANA que je peux me poser beaucoup de questions sur mes alternatives possibles…
Mais indépendamment de tout ça, me répéter que XANA est effectivement un programme et pas un humain a quelque chose de réconfortant. Peut-être que ce n’est pas moralement éthique de ma part, mais je ne peux pas m’en empêcher, je pense que j’aurais vraiment plus de mal à rationnaliser la situation si XANA était véritablement Xavier Nanterre. Et pourtant, la frontière est mince puisqu’il a été créé à partir des schémas cognitifs du garçon. Mais ce n’est pas pareil.
Ou peut-être que Lucie a tort sur ce point et que je ne fais que me baser sur sa vision des choses pour me dédouaner comme je peux. Mais ça n’a pas d’importance, parce que je fais le choix d’accorder du crédit à sa vision des choses en toute connaissance de cause.
La question c’est de savoir ce qui va se passer maintenant. Est-ce qu’Aelita va vraiment garder ce qui s’est passé pour elle, ou est-ce que je dois m’attendre à voir Jérémie débouler pour essayer de me foutre son poing dans la figure ?
Je soupire. Déjà 13h. J’ai raté le déjeuner. Mais c’est pas vraiment gênant vu que les péripéties de ce matin m’ont complètement coupé l’appétit. Je crois que je vais rester posé sur mon lit un moment.
« Aide-moi ! »
Un cri déchirant lancé d’une voix d’enfant terrifiée. Le garçon tend désespérément la main droit devant lui, hurlant des appels à l’aide à quelqu’un qui ne peut pas encore le secourir. Des câbles s’enroulent autour de ses jambes pour le traîner loin de son sauveur potentiel. L’armature d’un adolescent se dessine en filigrane dans un ciel jaune pâle tandis que l’enfant griffe le sol au point de s’arracher les ongles pour résister aux câbles qui jaillissent du décor de forêt irréaliste qui s’étend dans son dos. Les arbres à la cime devenue invisible de par sa hauteur forment comme un rappel néfaste de la marée grouillante qui se répand sur le sol. Ses jambes donnent de grands coups à moitié dans le vide mais son ravisseur n’a pas de corps et ses ruades terrifiées peinent à être ne serait-ce qu’une gêne pour ce dernier.
L’armature prend de la densité, la couleur s’y dépose, le visage se dessine, et l’expression qui s’y peint passe rapidement de la confusion à l’horreur. Le jeune homme suspendu dans les airs essaie de s’arracher au carcan indiscernable qui le maintien d’une poigne de fer dans l’attente de son téléchargement complet, et c’est avec une lenteur insupportable qu’il sent son corps se matérialiser alors qu’un petit garçon est enlevé sous ses yeux.
Puis l’étreinte disparaît subitement et la gravité reprend ses droits. Il se réceptionne de justesse au sol dans un bruit sec et n’attend pas de reprendre son équilibre pour se lancer à la poursuite des hurlements qui lui semblent déjà bien trop étouffés. Ses pas martèlent l’étroite bande solide tachetée de vert et de brun alors qu’il court aussi vite qu’il peut. Il ne prête pas la moindre attention au décor impossible qui s’offrent à lui, et les troncs infinis qui l’entourent se fondent en une brume couleur érable, à la lisière de son champ de vision rivé tout entier sur ce qu’il distingue encore du monstre qu’il poursuit. C’est à peine s’il perçoit le virage serré que prend la chose, mais lorsqu’il arrive à hauteur de la spirale de souches de hauteurs décroissantes qui tient lieu de bifurcation, il ne se laisse pas le temps d’hésiter et bondit souplement de l’une à l’autre jusqu’à se trouver à nouveau sur un sol plane.
Alors, pour la première fois depuis qu’il peut se mouvoir librement, l’adolescent se fige. À quelques mètres devant lui se dresse la silhouette écarlate d’un gigantesque crabe qui lui tourne le dos. Il retient sa respiration, priant pour que le crustacé ne l’ait pas entendu. L’absence de réaction semble valider cette hypothèse, et le jeune homme envisage quelques instants d’engager le combat par derrière en comptant sur l’effet de surprise, au risque de subir des dommages. Mais la bête règle elle-même le problème qu’elle pose en continuant sa route sans se retourner. Retenant un soupir de soulagement, il avance un peu puis se précipite sur une langue de terre, sur laquelle le monstre qu’il poursuit s’est engagé ce qui lui semble être il y a une éternité. Il s’engouffre dans un tunnel constitué d’un tronc creux, refoulant l’inquiétude d’une possible embuscade à la sortie, mais ce qui le laisse en état de choc lorsqu’il émerge, ce n’est pas un régiment de créature à la solde de l’amas de câbles qui s’éloigne au loin, mais un changement radical du paysage.
Un long frisson remonte le long de son dos tandis que son souffle rapide dessine des nuages blancs devant son visage. Les étroites langues de terre ont laissé la place à une immense étendue de glace immaculée, que transpercent des crocs de gel. Le ciel a abandonné sa teinte jaune pâle pour une bleu nuit profond. Mais le jeune homme est tiré de sa torpeur par un appel à l’aide qui semble venir de partout et nulle part à la fois et son regard revient brutalement scruter l’horizon, où il distingue une fois encore un fourmillement de câbles qui reflue à une vitesse vertigineuse, cependant sans jamais s’éloigner suffisamment pour disparaître de son champ de vision. Le son lui fait l’effet d’un électrochoc, il se remet à courir et manque de déraper sur le sol aussi lisse qu’un miroir.
Sa course l’amène vite à un champ de monolithes de glace dans lequel s’est engouffrée la créature tentaculaire. Il slalome aussi vite qu’il peut entre les obstacles, désespéré du peu de temps de réaction que lui laisserait tout ennemi masqué par l’un d’eux. Une bourrasque lui laisse la sensation d’un contact passager sur son épaule gauche, il se retourne prestement et se félicite de sa réaction spontanée : une espèce de gros frelon, peut-être un peu plus trapu, lui fait face en vol stationnaire. Il projette son poing vers l’insecte et percute son abdomen de plein fouet, l’envoyant contre l’un des blocs opalescents qui l’écrasent de leur prestance. L’animal le heurte violemment puis chute au sol dans un bruit sourd, et l’adolescent en profite pour l’écraser du pied aussi fort qu’il peut. Un craquement sec résonne sur la glace environnante avant qu’il ne se retourne pour reprendre la poursuite, laissant derrière lui un cadavre désarticulé qui se désagrège rapidement.
Mais il ne voit plus aucune trace de ce qu’il poursuivait jusqu’alors, et aucun cri de détresse ne vient l’aiguiller sur la direction à prendre. Il erre quelques secondes, indécis quant à la marche à suivre désormais, tâchant de refouler le désespoir qui menace de l’envahir. Mais il voit soudain se dresser sur sa droite, au-dessus de la crête des aiguilles lactescentes qui l’entourent, un conglomérat de câbles blanchâtres enserrant un corps transi de peur. Il reste figé d’horreur alors qu’il les observe s’abaisser verticalement, comme s’ils s’enfonçaient dans le sol. Puis il se reprend vite et se précipite dans la direction de cet obélisque éphémère, sans quitter des yeux le regard suppliant de l’enfant kidnappé. Malheureusement, les câbles finissent par se dérober encore une fois à sa vue, cachés par le caprice du paysage, et il craint de ne pas trouver le passage qu’ils ont emprunté, entre ces maudits pics. C’est presque par chance qu’il remarque cette inégalité sur le sol, cette rupture dans la glace si lisse partout ailleurs.
Une sorte de couvercle translucide semble recouvrir un gouffre secret. Il s’en saisit, et le froid mord ses doigts déjà raides. Le couvercle est moins lourd qu’il n’y paraît, et c’est sans difficulté qu’il libère l’ouverture par laquelle s’est échappée la chose. Une fois encore, il est surpris de ce qu’il découvre, mais il ne se laisse cependant plus autant distraire par le choc, et s’engouffre sans attendre dans la crevasse.
Le décor est cette fois-ci passé du blanc bleuté au gris violacé. Il descend le long du flanc d’une immense montagne, se servant précautionneusement d’irrégularités dans la roche comme des barreaux d’une échelle. Il atteint vite un chemin de pierre qui longe cette montagne, et qui est bordé à sa droite par une rivière d’eau claire de laquelle s’élèvent des filaments de brume.
Il se remet à courir. Bien que les câbles ne soient plus visibles, un seul chemin est pour l’instant possible, ce qui ne laisse guère de place à l’hésitation. Bien sûr, la créature aurait pu traverser la rivière, mais il ne distingue pas la moindre trainée humide qui confirmerait cette supposition, alors il choisit d’ignorer cette éventualité et fonce droit devant lui.
C’est sans ralentir qu’il bondit de bloc en bloc lorsqu’un petit changement de relief abaisse le chemin qu’il suit, et son élan lui permet par la suite de sauter au-dessus du bras de rivière qui bifurque face à lui pour s’enfoncer sous la montagne. Il s’interdit de réfléchir lorsqu’il entend des piétinements légers devant lui et se contente de dégager d’un coup de pied violent l’étrange bestiole qui ressemble à un croisement entre un pou géant et une pomme de terre sur pattes, et celle-ci s’envole dans un couinement pitoyable avant de sombrer dans la rivière sans trop d’éclaboussures.
Un peu essoufflé, l’adolescent s’inquiète de ne pas avoir rattrapé ce qu’il poursuit lorsqu’il arrive à la fin du chemin. Celui-ci est bloqué par des stalactites qui s’élancent vers le ciel pour former comme une grille de roche. Mais sur sa droite, la paroi de la montagne présente à nouveau suffisamment de prises pour être escaladée, et son sommet ne semble pas trop élevé.
Il commence son ascension, priant pour apercevoir l’enfant une fois qu’il aura atteint le plateau. Et son vœu est exaucé, bien que pour une courte durée avant que la marée de câble ne se dérobe à nouveau dans une crevasse qui entaille une paroi de roche orangée plus accidenté que celle qui constituait la montagne qu’il vient d’escalader. Le sol a pris cette même couleur plus chaleureuse, sous un ciel jaune vif qui devrait augurer une chaleur écrasante, mais il se sent toujours aussi frigorifié que lorsqu’il pénétrait sur la banquise un peu plus tôt.
Il répugne à retourner dans un espace restreint tandis qu’il vient tout juste d’émerger sur une nouvelle étendue dégagée, mais attendre plus longtemps pourrait lui faire perdre la trace de l’enfant, alors il se remet à courir, tâchant de contrôler son souffle court.
Et lorsqu’il dépasse la crevasse, le bleu remplit tout l’environnement. C’est cependant son élan plutôt que la surprise qui manque de lui être fatale, et c’est de justesse qu’il parvient à freiner en dérapant au bord du promontoire azur qui s’interrompt abruptement au-dessus du vide.
Haletant, il déplace convulsivement son regard autour de lui. Il se trouve cette fois-ci dans une salle fermée, dont la dimension rappelle celle d’une nef de cathédrale qu’il aurait pénétrée par le côté. Mais en lieu et place des colonnes sculptées et des voûtes d’ogives, les limites de la pièce sont définies par un empilement plus ou moins erratiques de parallélépipèdes tout en nuances de bleu, qui présentent parfois des nervures semblables à celles du bois sculptés. En dessous de lui, à une distance trop importante pour qu’il envisage de sauter, il peut apercevoir un genre de bouton qui jaillit du mur, taillé dans une forme qui rappelle vaguement un œil stylisé.
Le jeune homme est dans un tel état de stress qu’il met un certain temps avant de noter la présence de filins d’acier aux reflets couleur ciel. Après un court moment d’indécision, il en prend un dans sa main, inspire profondément, et se jette dans le vide. Emporté par son saut, il se laisse glisser le long du cordage métallique et se réceptionne enfin sur la surface inférieure, face à l’interrupteur qu’il avait repéré plus tôt.
Sans réfléchir davantage, il écrase le plat de sa main dessus et l’observe se rétracter lentement. Puis dans un chuintement doux, une fine paroi s’élève à la manière d’un volet électrique pour s’imbriquer dans la matière à peu près à hauteur d’homme, et révèle un plateau bleu marine encadré par deux calottes translucides arborant chacune une alternance de quatre cercles bleus et blancs. Il s’avance dessus, et tressaille lorsque le plateau se met en mouvement et dévoile sa fonction d’ascenseur. Il s’enfonce en douceur à l’intérieur d’un puits bordé comme la salle cathédrale par une profusion de blocs empilés de manière à laisser vide juste l’espace qu’il faut pour passer aux niveaux inférieurs.
L’élévateur s’immobilise rapidement et les blocs s’écartent face à lui pour dévoiler une passerelle qui mène à une interface, perdue au milieu d’un vide faiblement délimité au loin par une superposition concave de panneaux digitaux cyans. L’adolescent ne prête que peu d’attention aux couleurs froides qui dansent au-delà de ces derniers et se précipite sur l’interface. Il doit retrouver la trace de l’enfant et de son ravisseur et il sait qu’à condition d’entrer les bonnes commandes, l’outil dont il dispose peut lui donner la réponse qu’il cherche.
Ses doigts lui semblent voler sur les touches digitales. Il n’a qu’une vague idée de ce qu’il fait, et la peur lui noue le ventre à la pensée qu’il puisse perdre trop de temps, voire qu’il ne trouve simplement pas du tout. Pourtant, il ne tape que depuis quelques instants lorsqu’une image s’affiche sur l’écran : les câbles entraînent l’enfant à l’intérieur d’une sorte de grand phare blanc qui arbore des boursouflures sombres à sa base. La vidéo transmise n’a pas de son, mais le silence lui semble pire que tout alors qu’il observe le visage juvénile se tordre de terreur tandis qu’il est sûrement en train de hurler aussi fort qu’il peut. Puis l’image se coupe et une carte s’étale sur l’écran, vraisemblablement pour indiquer le chemin qui mène à l’espèce de tour.
Le jeune homme réprime un soupir de soulagement en constatant que ledit chemin est ridiculement court sur le plan, et il se jette sur l’élévateur pour descendre d’un niveau supplémentaire. Il piétine face à la lenteur désespérante de la descente et serre les dents pour contenir sa fébrilité. À peine le mur commence-t-il à s’ouvrir face à lui qu’il se propulse à l’extérieur.
Ce n’est pas un mais trois phares qui se présentent alors à sa vue, disposés en triangle équilatéral. Il reste un instant indécis quant à celui auquel il doit s’intéresser, mais il finit par remarquer que seul l’un d’entre eux arbore un halo rougeâtre quand les deux autres sont entourés d’une douce fumée bleue pâle.
Il marche doucement vers le phare corrompu. Il prie pour qu’il ne soit pas trop tard, pour qu’il parvienne à arracher le petit garçon à la créature de câbles. Il ne marque pas d’arrêt, une fois au pied de la structure cylindrique. Il entre, traversant sa paroi comme un rideau aqueux.
« William ! »
Le cri terrifié le plonge dans une rage noire.
« William, aide-moi ! »
Il brandit une énorme épée, qu’il doit manier à deux mains.
Face à lui se dresse la créature. Sans desserrer la prise sur sa proie, elle projette un câble vers le ventre de l’adolescent. Pris de court, il le pare de justesse et projette son épée en avant, mais la créature l’évite sans difficulté et frappe le plat de la lame. Le choc déséquilibre l’attaquant et un câble en profite pour lui faucher les jambes. Il s’écrase lourdement au sol mais parvient heureusement à garder son arme en main, ce qui lui permet de faire reculer les trois nouvelles extensions qui ont eu la témérité de s’approcher. Il parvient même à en trancher une, qui s’échoue au sol dans une gerbe d’étincelles et tressaute plusieurs fois avant s’évanouir en fumée. Cette défaite semble refroidir les autres tentacules technologiques qui s’éloignent prudemment, et le jeune homme en profite pour rouler sur lui-même et se relever dans la foulée. Cependant, son répit est de courte durée avant que les estocs ne reprennent, et il se défend comme il peut en donnant de grands coups d’épée devant lui. Un mouvement chanceux lui permet de temps à autre de fendre un appendice, voire d’en trancher un, mais ils lui semblent revenir à la charge toujours plus nombreux et il est déjà épuisé par sa course.
L’adolescent réalise soudainement qu’il ne pourra plus tenir très longtemps. La créature compte l’avoir à l’usure, il se fatigue de plus en plus alors qu’elle paraît se renforcer de plus en plus. S’il veut s’en sortir, il va devoir prendre des risques.
Il pare une attaque du plat de la lame, puis jette son épée en direction de la bête. Celle-ci se plante à la base de l’amas de câbles mais ne semble pas infliger de dommages notoires autres que quelques entailles qui se manifestent de petits arcs électriques. Pire encore, son arme est en passe de se faire engloutir par la créature, qui l’attire progressivement entre ses appendices.
Alors il décide de tenter le tout pour le tout. Il recule de quelques pas pour forcer les câbles à se tendre s’ils veulent l’atteindre, il en évite un, puis un autre par des contorsions heureuses, et une fois qu’un nombre conséquent est déployé, il se jette au sol, roule sur lui-même, et se rétablit tout en saisissant le manche de son épée non encore assimilée. Il bande ses muscles, met toute sa force dans son geste et laisse échapper un grognement suite à l’effort. Pendant une seconde, il croit que son action a échouée, et il se résigne à attendre que les câbles transpercent son dos, mais son arme commence à glisser doucement, avant d’être franchement emportée par la pression qu’il lui applique, et il parvient finalement, avec un soulagement indicible mêlé d’un peu d’incrédulité, à trancher plus de la moitié de la base du monstre. Un monceau de câbles vient s’écraser au sol dans un crissement métallique et l’adolescent ramène son épée aussi violemment qu’il peut vers l’entrelacs restant, qu’il sectionne aussi facilement que s’il s’agissait d’un filet d’eau.
L’enfant anciennement prisonnier pousse un cri de surprise quand la structure qui le maintient au-dessus du sol commence à s’effondrer, mais son sauveur le rattrape dans ses bras, son arme impressionnante abandonnée au sol. Les câbles tressautent un moment autour d’eux, laissant échapper des gerbes d’étincelles maladives. L’enfant noue ses bras autour de la poitrine du jeune homme avec tant de force que ce dernier grimace de douleur quand les petites mains se crispent sur sa chair, mais il serre quand même contre lui le petit corps tétanisé, avant de se laisser tomber au sol de façon ni très gracieuse, ni très maîtrisée. Sa poitrine le brûle, il est éreinté, il n’aurait pas tenu une seconde de plus contre la créature.
« William ! »
L’enfant geint doucement au creux de son épaule.
« William, sauve-moi ! »
Il veut lui répondre que tout va bien, mais il peine à parler, sa gorge lui fait mal.
« William, ne les laisse pas me tuer. »
Il veut le repousser doucement pour pouvoir le rassurer du regard, mais la poigne qui l’étreint est étonnamment ferme.
« William, ne me laisse pas mourir. »
Une sensation désagréable commence à lui creuser le ventre. La voix qu’il entend n’est pas normale. Ce n’est pas une voix candide, ni enfantine. Ni même humaine.
C’est une voix digitale.
« William, tu me laisseras faire ce qu’il faut, n’est-ce pas ? »
Il essaie de repousser le petit corps de toutes ses forces, mais il ne parvient qu’à le faire reculer de quelques centimètres. Un cri d’horreur se bloque dans sa gorge lorsqu’il constate que ce qu’il croyait être une victime à commencer à fusionner avec son avatar. Il ne peut plus bouger, il ne peut pas se défendre.
La créature lève un regard carnassier vers lui. Et la dernière chose qu’il voit, ce sont des pupilles qui s’effacent pour laisser place à un symbole funeste.
Je me réveille en sursaut.
Un rêve. C’était juste un rêve. Le soulagement est tellement fort, si j’avais été debout je me serais sûrement effondré par terre.
Mince. La lumière est allumée. J’ai encore dû crier. Bon sang, j’ai vraiment pas envie d’ouvrir les yeux. Et flûte, si quelqu’un est entré, en me voyant comme ça, tout tranquille, encore à moitié dans le cirage, les yeux fermés, il va bien repartir sans faire de bruit, non ?
Y a un truc qui cloche. Mon matelas est trop dur. J’ai mal partout. Et j’ai froid.
J’ouvre les yeux et cligne deux trois fois, ébloui par les éclats chatoyants renvoyés par tous les murs.
Ok, je ne suis pas dans ma chambre. Et je ne suis définitivement pas allongé sur un matelas.
Je me relève péniblement sur mes avant-bras avant de parvenir maladroitement à passer de la station « allongé sur le ventre » à celle, somme toute un peu plus confortable, « assis par terre ».
La salle des scanners. Qu’est-ce que je fiche écroulé au sol dans la salle dans cette putain de salle des scanners ??
Du calme. Du calme, ne panique pas William. Il y a sûrement une explication. Ok, qu’est-ce qui s’est passé aujourd’hui ? J’ai sauté le déjeuner, j’ai passé une après-midi hyper-productive à traîner sur internet, j’ai daigné sortir de ma chambre pour aller manger le soir parce que je crevais quand même la dalle, Christophe m’a rejoint, et on a passé la soirée à jouer à Team Fortress. Bonne soirée. Qui m’a bien changé les idées. Il est parti se coucher vers minuit, quand Jim est venu nous engueuler parce qu’on avait dépassé le couvre-feu. Du coup je me suis couché et endormi quasiment tout de suite, écrasé par un énorme coup de barre qui m’est tombé dessus sans prévenir. Et j’ai fait un rêve. Un rêve qui se passait sur Lyoko. Je poursuivais quelqu’un. Je voulais…je voulais sauver Xavier Nanterre ! Ce qui ne m’a d’ailleurs pas vraiment réussi, au final. Je ne me souviens plus des détails, juste que ç’avait l’air beaucoup plus réel qu’un rêve normal. Mais pas tout-à-fait autant que les visions que j’ai eu ces derniers temps non plus.
Alors quoi ? J’ai fait du somnambulisme ? Et je me suis déplacé jusqu’à la salle des scanners ? J’aime pas trop ça… J’ai une sale impression. Comme si…comme si j’avais échoué à faire quelque chose. Quelque chose d’important. Voire carrément vital.
« William ! »
Je manque de perdre l’équilibre – bien que je ne sois qu’assis au sol – sous le coup de la surprise. Un vertige particulièrement prononcé me fait perdre pieds avec la réalité avant que je n’arrive à me remettre. Aelita accourt vers moi depuis l’élévateur, l’air inquiet. Mes oreilles bourdonnent un peu depuis que je me suis réveillé, je suppose que c’est pour ça que je n’ai pas entendu le mécanisme s’enclencher.
« A…Aelita ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? »
Après un temps de réflexion, je rajoute :
« Qu’est-ce que JE fiche ici ? »
Elle me regarde un moment sans rien dire. Son expression a quelque-chose de changé. Elle a l’air…moins douce que d’habitude. Je crois. Sûrement qu’elle m’en veut encore pour ce matin.
« Je t’ai vu sortir de l’internat. En temps normal j’aurais pas réagi, mais t’étais en pyjama. Ça m’a paru bizarre alors je t’ai suivi pour voir ce que se passait. Quand je t’ai rattrapé j’ai vu que tu étais somnambule. J’ai pas osé te réveiller, on dit que c’est dangereux. J’ai voulu aller chercher quelqu’un, mais j’avais peur de perdre ta trace, et c’est devenu impensable quand tu as emprunté le passage du parc. Du coup je me suis contentéee de t’accompagner jusqu’à l’usine, et quand tu as entré la procédure de virtualisation, je suis restée derrière pour l’annuler pendant que tu descendais aux scanners. »
Qu…quoi ? J’ai entré la procédure pour me virtualiser ?
« William ? Est-ce que ça va ? Est-ce que… est-ce qu’on doit s’inquiéter ? »
Je suis en pleine confusion, j’ai juste envie de retourner me coucher et de jamais me réveiller, là. Et puis qu’est-ce qu’elle veut dire par là ? Si je me lève la nuit pour aller me matérialiser en douce sur Lyoko, évidemment qu’on doit s’inquiéter, merde !
« Je…je sais pas trop. Je faisais un rêve. Ç’avait l’air sacrément réel, mais c’est peut-être juste le contrecoup de cet aprèm. Sauf que… Aelita, j’ai jamais tapé la procédure de matérialisation, tu penses que j’aurais quand même pu le faire après juste avoir lu les notes de Jérémie ? »
Je ne sais pas trop ce que je voudrais qu’elle me dise. Qu’un somnambulisme classique pourrait effectivement être à l’origine de la situation actuelle, je suppose. Comme ça je pourrais arrêter de m’en faire. Au moins un peu. Mais elle se mordille la lèvre, l’air contrarié, toujours debout devant moi qui suis resté assis. J’ai l’impression que même si j’essaie je n’arriverai pas à me lever.
« Je ne sais pas, répond-elle finalement dans un soupir. Écoute, rentre te coucher, je vais éteindre le supercalculateur et retirer les blades server. Comme ça, même si un évènement du genre se reproduit, on est sûr que tu ne pourras pas te matérialiser sur Lyoko.
- At…Attends, quoi ? Des bleydes serveur ? »
Elle lève les yeux au ciel et me répond plus ou moins à contrecœur :
« Des sortes de cartes mères d'ordinateur, donc en gros, un ou plusieurs processeurs, de la ram, et une grosse connectique réseau pour recevoir et renvoyer les données bien vite. Théoriquement, chaque blade est indépendante et un système comme celui du supercalculateur est prévu pour qu’on puisse en enlever et en rajouter, mais si c’est fait sans configuration, ça peut mal se passer. XANA s’est déjà servi de ça contre nous, d’ailleurs.
- Mais, c’est pas encore plus dangereux comme ça ? Je veux dire… si j’essaie quand même de me matérialiser, ou je sais pas ?
- Non. Normalement, si je les enlève toutes, le supercalculateur ne devrait même plus s’allumer.
- Mais…tu vas en faire quoi de ces machins ?
- Qu’est-ce que ça peut faire ? »
Je sursaute. Elle a l’air… suspicieuse. Et moi je me sens mal. Au bord de la panique, complètement paumé, ce qui n’est pas une nouveauté en soi, mais aussi contrarié, et même carrément…en colère. La question, c’est pourquoi ?
Elle a raison, l’important c’est que quoi qu’il arrive, manipulation ou coïncidence, je ne puisse pas me matérialiser. Et si je suis manipulé, autant que je ne sache pas où sont planquées ces « sortes de cartes mères ».
« Ok. Ok, j’abdique. Je te laisse gérer ça, je rentre à Kadic. »
Elle se contente d’acquiescer gravement pour toute réponse, et je sens son regard soupçonneux peser sur moi alors que je monte dans le monte-charge.
Je passe le trajet du retour à ressasser tout ce qui vient de se passer. Pas la peine de jouer les autruches, autant partir du principe que quelque chose déconne dans ma tête. Que je me suis rendu à l’usine et que j’ai tenté de me matérialiser pour une raison. Peut-être bien la même raison que celle qui m’a donné tous mes rêves et autres visions sur XANA, et cette étrange conviction que les explications se trouvaient sur Lyoko.
Alors quoi ? Au moment d’être détruit, comme j’étais encore sous son emprise, XANA a trouvé le moyen d’encoder un virus dans mon cerveau pour que je joue le rôle de son pion encore un peu plus longtemps, genre, juste assez pour le sauver de la destruction ?
Comme un esprit humain était trop difficile à contraindre avec le peu de forces dont il disposait, il m’a implanté un genre de cheval de Troie qui a joué sur ma propre curiosité pour que je me rende de moi-même sur Lyoko, et il a su donner les impulsions qu’il fallait pour que j’aille exactement là où il fallait que je sois. Dans la salle des câbles. Où une sorte de transmission de données s’est effectuée, si j’ai bien compris les explications d’Aelita. Mais pourquoi est-ce que j’ai été confronté à toutes ces informations ? Pourquoi est-ce que j’ai eu accès aux archives que XANA a rassemblé sur Carthage ? Peut-être… peut-être pour détourner mon attention, pour m’occuper pour affaiblir mes défenses et pouvoir réécrire la conscience de XANA dans ma tête.
Mais dans ce cas, pourquoi est-ce que j’ai été jusqu’à faire une crise de somnambulisme cette nuit ? Le but était évidemment de me faire retourner sur Lyoko, ça d’accord. Et la procédure a changé parce qu’après ce qui s’est passé ce matin, je n’y serais jamais retourné de moi-même, ça aussi je m’en rends bien compte. Mais justement, pourquoi la procédure initiale a échoué ?
Parce que Lucie m’a dévirtualisé à temps. Ce n’était pas prévu dans le protocole d’encodage. Malgré la rapidité du transfert de données, il a quand même été interrompu.
Je sors des égouts au moment de cette réalisation. Ce qu’il fait froid ! Mes pieds me font mal, aussi, le sol du parc n’est pas terrible quand on a pas eu la présence d’esprit de faire enfiler des pantoufles au corps qu’on veut récupérer, pas vrai XANA ? ‘Tain, ça l’avancerait bien de prendre le contrôle d’un humain atteint d’une pneumonie et du tétanos.
Au final, on m’a sauvé la vie deux fois aujourd’hui. En quelque sorte. Je me demande ce qui me serait arrivé si Lucie avait refusé de m’accompagner et si Aelita n’avait pas été au bon endroit au bon moment. Peut-être que j’aurais tout simplement disparu. Et que personne ne s’en serait rendu compte, encore une fois. Je suppose que XANA aurait été plus doué qu’un programme de Jérémie pour brouiller les pistes.
Je plains cette pauvre Aelita, elle m’a suivi sans prendre le temps d’enfiler un pull d’après ce que j’ai vu.
Je monte discrètement jusqu’au premier étage et me faufile dans ma chambre avec soulagement. Je me glisse avec plaisir sous ma grosse couette.
J’aurai peut-être dû insister pour attendre Aelita. Je me sens un peu nul d’avoir à lui faire rattraper mes bêtises. Mais d’un autre côté, je suis assez soulagé d’avoir enfin compris ce qui se passait ces derniers temps, même si ça signifie que je vais devoir redoubler de prudence. Enfin, puisqu’Aelita se débrouille pour que le supercalculateur ne puisse pas être rallumé, ça diminue vachement les risques.
Je pourrais peut-être aller à sa rencontre pour lui apporter une veste ? Je la revois devant moi, à l’usine. Elle va geler dans sa chemise de nuit. En plus, elle était pieds nus.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Une alternance entre la première et la troisième personne, un black-out de William, et un rêve somnanbulé avec transposition du décor virtuels sur les éléments réels. Ça me rappelle quelque chose.
Moi.
Prends ça pour de l'égocentrisme, mais je me suis vraiment reconnu dans ce chapitre . Par égard, je t'ai évité le « plagieur de merde », réservé pour Icer.
En-dehors de ce constat abusé, Lucie gagne des points à mes yeux à être cash avec William sur l'après-coup des révélations. On peut penser que c'était maladroit de lui éclater la tête contre le mur, mais d'un autre côté ça lui donne un plus de relief que le simple rôle d'oreille attentive qui réconforte, et sa réponse au débat sur l'humanité de Xana reste bien sentie.
Tiens, les images de transition ont un fond noir maintenant .
J'ai vraiment aimé lire cette séquence rêvée, par sa narration au côté très « exploration », coupée court par la poursuite prioritaire de l'objectif. J'ai trouvé le choix des transpositions de territoires de Lyokô sur le décor terrestre très pertinents. Par ailleurs, apprendre qu'en définitive, ce qui se jouait allait au-delà du rêve (grillé d'emblée) et se couplait à du somnambulisme était super agréable de mon point de vue. À l'époque, je n'avais jamais pu ressentir l'effet que pouvait produire ce que j'avais écrit, et s'il était bon. Maintenant, je sais que oui .
Mais surtout, on sent que t'as pris plaisir à écrire cette partie, juste avec tous ces affleurements de vocabulaire, bien varié. C'est un aspect important.
Un premier point a particulièrement attiré mon attention : la capacité d'hypothèse et de déduction de William sur ce qu'il lui arrive. Le contraste entre son « gneuh » devant les blades server et ses réflexions qui suivent est assez marquant. Cette facilité à monter des hypothèses dans des termes pas si basiques me laisse penser qu'il est peut-être aidé intérieurement sans s'en rendre compte. Vu ce qu'il lui a été mis dans la cafetière, ce n'est pas à exclure.
Le second point qui a encore plus attiré mon attention est la répétition plus isolation de la phrase « En plus elle était pieds nus. ». Je ne sais pas si c'est parce que j'ai d'abord lu assez vite, mais au début, je me suis dit que le procédé devait servir à accentuer l'éventuelle culpabilisation de William. Puis, j'ai relu quelques bribes de cette fin, et l'isolation de la dernière phrase par rapport au reste me paraît plus sonner une illumination que comme une culpabilisation. Peut-être suis-je à nouveau à côté de la plaque, mais à la réflexion, c'est putain de louche qu'Aelita soit pile celle qui ait « vu sortir de l'internat » William. De tous ceux présents dans le bâtiment, combien de chances y avait-il pour que ce soit la personne au courant de sa situation actuelle (même si elle a l'excuse de l'insomnie à cause de ce qu'elle a appris dernièrement) ?
Du coup, la pensée qui me vient, c'est que William n'a pas été le seul a avoir été connecté aux câbles sur Carthage, Aelita aussi l'a été. Et si, comme les réflexions de William le suggèrent, la conscience de Xana n'était pas parvenue à se réécrire dans sa tête, mais dans celle d'Aelita ? Ça ferait sens à sa place de témoin dans la crise de somnambulisme. Cette dernière ne serait alors qu'une mise en scène pour conforter William dans une pensée que le plan de Xana a échoué. En plus, avec la machine et son monde virtuel sous le coude, c'est techniquement faisable.
Dans une reconstitution du procédé, on peut se dire que par le biais d'une tour, Aelita aurait, par le biais du Cheval de Troie suggéré, provoqué cette crise de somnambulisme rêvé de William (méthode qui en plus s'est faite dans le canon…). Ainsi, en le conduisant à l'usine, en « l'arrêtant » à temps, et en déclarant bloquer toute possibilité de se virtualiser, elle écarte les doutes que pourrait avoir William sur la réussite de la réécriture de Xana dans sa tête. Enfin, la suggestion de virer les blades server reste à prendre avec des pincettes dans cette idée. Peut-être ne le fera-t-elle pas, préférant garder la machine sous le bras, et assurée que William ne retournerait pas à l'usine par peur (ce point permettrait de la griller ceci dit). D'un autre côté, si elle se tient à ce qu'elle a dit, ça ôte à l'ennemi potentiel toute possibilité de réponse. Bref, dans tout ça, il ne reste qu'une chose, celle qui m'a amené à écrire ce… truc avant : les pieds nus. Si on garde le mot « illumination » pour définir la répétition, on peut se dire que cela trahit Aelita avec Xana réécrit dans sa tête. Trahison justifiée par le fait qu'aucun être humain, peu importe que ses cheveux soient roses, ne partirait sans chaussures/chaussons à l'extérieur, même si la situation était urgente (trop de sensibilité plantaire, et puis ça met 2 secondes à enfiler dans le cas des chaussons. En somme, l'oubli/la méconnaissance d'une particularité humaine (qui est d'ailleurs prouvée par le fait que William soit aussi pieds nus, si on accepte qu'il ait été manipulé par Aelita/Xana) risque de perdre l'instigateur de tout ça.
Bien, à présent, tu pourras dire que tes chapitres font la taille de ce dernier paragraphe, même s'il est moins intéressant et cool que ce chapitre. _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2318 Localisation: Territoire banquise
Putain mais on est déjà au chapitre 19 ? J'ai l'impression que l'intrigue en est au 5 :')
Hum hum, oui désolé on fait ce qu'on peut. La vraie question reste de savoir ce qu'il peut y avoir d'utile à rajouter lorsque l'on passe après Zéphyr, qui de surcroît, s'étant reconnu, s'est particulièrement lâché. Et bien... Je n'ai rien trouvé. Mais ce commentaire pourrait se terminer ici, il sera toujours plus utile que d'autres que l'on a pu voir (a).
En tout cas, c'est un chapitre digne d'une dixième lauréate. Je trouve intéressant, lors du black-out de William, d'avoir joué la confusion par l'entre-deux : Dunbar se réveille à la moitié du chemin pouvant conduire à ce qu'il a rêvassé. On pourrait en déduire qu'il n'a rien fait, mais est-ce certain ? Le récit d'Aelita n'engage qu'elle... Et la théorie du complot juif, y a que ça d'vrai.
Voilà, c'était ma contribution, continue comme ça et ne nous fait plus poireauter aussi longtemps, merci _________________
« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »
Salut tout le monde, J'ai honteusement délaissé tous mes projets scolaires (mais que serait un projet scolaire qu'on ne finit pas charette, n'est-ce pas ?) pour continuer écrire, et voilà donc le nouveau chapitre qui pointe le bout de son nez. Et je n'ai pas grand chose à en dire de plus pour l'introduire, alors place aux réponses.
Zéphyr :
Mince. J’avais capté que le passage du rêve rappelais Pulsations Nocturnes, mais j’avais pas fait attention au reste =o Bon ben, dis-toi que tu es une source d’inspiration non négligeable pour moi, et j’espère que ça t’a pas trop donné une impression de réchauffé :/
Eh oui, Lucie a fini par péter les plombs. Il faut croire qu’elle avait déjà dépensé toute sa réserve de patience, elle n’a pas eu celle de laisser le temps de se remettre à William avant de lui dire clairement ce qu’elle pensait de la situation.
Oui, j’ai vu pour le fond noir, et je ne sais absolument pas pourquoi l’hébergeur a modifié le fond. Je verrais si j’arrive à le remettre. Mais plus tard.
Oui, je me suis bien amusée avec le passage du rêve. Ça vient aussi du fait que mes choix scénaristiques ne m’avait pas permis de faire régulièrement du virtuel et j’avais envie de revenir un peu sur Lyoko. Je suppose que tu as réussi à transposer tous les détails du rêve que je me suis éclatée à intégrer =D
Quant au reste de ton commentaire, heu… (a)
Et tu sais quoi ? J’assume parfaitement la longueur de mes chapitres, tout comme je compte assumer la longueur de cette fic u.u Je veux dire, voilà, mon dernier post date de moins de deux mois =P
Icer :
Hum. Impression d’être au chapitre 5 ? J’ai comme l’impression que tu te fais des fausses idées sur l’objectif que je cherche à rejoindre =o
Ravie que ça t’ait plu et que tu sois passé me le dire =) Et comme tu vois, je ne vous aurais pas fait poireauter bien longtemps, alors va remonter les bretelles de quelqu’un d’autre (gosh, cette réponse est courte D: )
Bon ben voilà, pas grand chose à blablater ici non plus. Bonne lecture =)
Spoiler
Chapitre 20 : L’Empreinte des Disparus
Faites que j’arrive à temps, bon sang, faites que j’arrive à temps.
Je me suis relevé en trombe quand je l’ai réalisé. Il était sûrement plus d’une heure du matin quand je me suis relevé pour mon escapade nocturne. Rien que ce fait rend très improbable qu’Aelita ait pu me voir depuis sa fenêtre. Mais ce qui le rend complètement impossible, c’est que sa fenêtre donne sur l’autre côté de Kadic ! Si elle est sortie en plein milieu de la nuit, en chemise de nuit, sans pull et pieds nus, c’est uniquement parce qu’elle était avec moi quand les câbles ont voulu implanter la conscience de XANA dans mon corps ! Elle est victime du même protocole de réécriture, et si je n’arrive pas à temps, Aelita va… Aelita va…
Putain de merde !!
Le trajet m’a pris des lustres, et pourtant j’ai couru comme un dératé, au point que j’ai failli m’étaler tellement de fois que j’ai arrêté de compter. J’ai même failli rater mon coup avec les cordes pour descendre dans la salle cathédrale. Et maintenant que je suis plié en deux à essayer de pas cracher du sang sur le sol du monte-charge, je réalise que je ne sais pas du tout quoi faire une fois que celui-ci sera arrivé à destination.
La procédure précédente avait été instantanée si j’en crois Lucie. La question est de savoir jusqu’à quel point elle était incomplète.
Peut-être qu’Aelita est déjà perdue.
La porte s’ouvre dans son chuintement habituel et je me jette hors de l’habitacle. La console affiche effectivement un calcul en cours de réalisation. À 74% d’avancement.
Je m’accorde un soupir de soulagement, mais le sentiment ne dure pas. Parce que j’ai toujours pas la moindre foutue idée de ce que je suis censé faire maintenant. Putain, pourquoi je suis pas allé tirer Jérémie de son plumard ? Il aurait sûrement su quelles lignes de codes taper pour sortir Aelita du pétrin dans lequel je l’ai fourrée ! Alors quoi ? Je tente le tout pour le tout et je me virtualise sur Lyoko pour aller sauver Aelita des câbles ?
Minute. Je suis un abruti. Il suffit que je la dévirtualise pour interrompre le processus ! C’est ce qui nous a sauvés ce matin !
Grouille-toi William, les notes, les notes, où sont ces fichues notes ?? Lucie les a forcément laissées ici, elle ne les avait pas quand on est parti ! Et si Aelita les avait emportées ce matin, pour éviter que je me virtualise à nouveau ? Et si elle avait pris la peine de les dissimuler avant d’aller sur Lyoko, justement dans le cas de figure où je me rendrais compte que quelque chose cloche ??
Je n’arrive plus à penser, je ne vois pas ces notes, tout est perdu, j’ai tout foiré, encore une fois. Mes mains tremblent alors que je décale le clavier dans une recherche désespérée. Dans le fond c’est assez ironique d’avoir fait tout ça pour ça, pas vrai Jérémie ? Mettre le monde en danger pendant deux ans, lutter contre une intelligence artificielle en dépit de tout bon sens, s’en sortir de justesse, tout ça pour sauver une fille, et au moment où tu penses enfin être hors de danger, c’est cette même fille qui va finalement devenir l’hôte de la créature que tu essayes désespérément d’éradiquer. Retour à la case départ, mon vieux ! Et même retour plusieurs cases avant la case départ, puisqu’Aelita sera morte et XANA libre !
Je me mets à rire, plus ou moins hystérique. Tout est perdu. Je ne peux rien faire. Je me laisse tomber à genoux. Appeler Jérémie maintenant serait inutile. Il n’arrivera jamais à temps. Et je n’arriverai jamais à comprendre ses explications dans l’état où je suis.
Je sens mes yeux brûler.
Désolé Aelita.
Je t’ai connu plus combattif que ça.
Et puis après ? Ça ne m’a jamais servi à rien.
Regarde au moins devant toi avant d’abandonner.
Je relève doucement les yeux pour tomber sur le siège de Jérémie. Et alors, quoi ? À quoi ça m’avan… Les notes ! Elles étaient là, posées sur le siège ! Comment j’ai pu les rater !?
J’essuie mes yeux d’un geste rageur, m’en saisit brusquement et prend place sur le siège. Ok, j’ai pas le droit à l’erreur, allons-y.
« Aelita ! Aelita, réponds-moi, je t’en supplie ! »
Elle cligne deux ou trois fois des yeux avant de faire le point sur moi. Je suis si soulagé que j’en pleurerais.
« William ? Qu’est-ce que tu fiches ici ? »
Elle réalise soudain l’endroit où elle se trouve.
« Qu’est-ce que JE fiche ici ? »
Je me mets à rire à cette question. Un rire qui devient un véritable fou-rire, renforcé par l’incompréhension d’Aelita.
À partir du moment où j’ai eu les notes de Jérémie dans les mains, ma tête s’est complètement vidée et j’ai agi mécaniquement. Mes doigts me donnaient l’impression de voler sur le clavier, le sang pulsait sur mes tempes, j’avais la bouche sèche et la vue un peu trouble. Je sais que mes yeux bondissaient d’un point à un autre de l’écran mais je n’ai pas le moindre souvenir de ce qu’il affichait. La seule chose dont je me souviens clairement, c’est cette conviction que si je faisais la moindre erreur, les conséquences seraient désastreuses.
Mais contre toutes attentes, je m’en suis sorti et Aelita est tirée d’affaire.
Par contre, en ce qui me concerne, il va falloir que je m’explique. Et encore une fois, je m’en passerais bien.
« William ? Tu vas m’expliquer ce qui se passe ? »
Je reprends ma respiration et l’aide à se relever. Bon. Je suppose que je n’ai pas tellement d’autre choix que d’avouer que je me suis laissé manipuler.
« Euh, ouais… Ouais, je vais te dire tout ça. Mais ça te gêne pas que je le fasse sur le chemin de Kadic ? J’aimerai gratter quelques heures de sommeil… »
Elle acquiesce d’un signe de tête et me suit jusqu’au monte-charge. Et alors que nous remontons jusqu’à la surface, je la laisse finir de reprendre ses esprits pendant que je tâche de mettre de l’ordre dans ma tête. Enfin, je suppose que j’ai quand même fait le plus dur ce matin.
« Alors ? demande-t-elle finalement lorsque nous émergeons de l’usine. Comment est-ce que je me suis retrouvée dans la salle des scanners au beau milieu de la nuit ? »
Je constate avec joie qu’elle est plus perplexe que vindicative. Si seulement ça pouvait continuer comme ça.
« Déjà, est-ce que tu te souviens de quelque chose ? Un flash, un morceau de rêve ? je la questionne, curieux.
- Je ne sais pas trop, répond-elle après un instant de réflexion. Peut-être, oui. Je crois que j’ai rêvé de Lyoko. Je poursuivais quelque chose. Pourquoi ?
- Tu ne te souviens pas de m’avoir vu ?
- Euh… Pas avant de me réveiller à moitié dans tes bras dans la salle des scanners, non.
- Ok. Je suppose que tu étais encore manipulée à ce moment-là.
- Manipulée ? De quoi tu parles, William ? »
Elle frissonne alors que nous nous enfonçons dans les égouts. Je lui passe la veste que j’ai jetée en vitesse sur mes épaules avant de partir à sa suite. Elle l’enfile avec soulagement, apparemment trop frigorifiée pour prétendre qu’elle n’en a pas besoin. Et puis en ce qui me concerne, j’ai cette fois-ci pris le temps de sauter dans mes chaussures.
Tout en soufflant sur ses doigts, elle me jette un regard équivoque. J’ai plutôt pas intérêt à essayer d’esquiver plus longtemps.
« Tu te souviens quand je t’ai parlé de mes rêves éveillés et de ma conviction que je devais me rendre sur Lyoko ? Et que tu trouvais ça louche ?
- Plutôt deux fois qu’une, grogne-t-elle.
- Ouais… Bon, ben ça s’est avéré juste quand les câbles nous ont attaqués et qu’ils nous ont transmis des souvenirs de Carthage et tout ça, pas vrai ?
- Oui…acquiesce-t-elle prudemment.
- Sauf qu’on est d’accord que nous transmettre des souvenirs n’avait aucun intérêt, non ?
- William, arrête de tourner autour du pot, où est-ce que tu veux en venir ? »
Je garde le silence quelques secondes. C’est pas encore très clair dans ma tête, mais le raisonnement que j’ai tenu en rentrant sur Kadic me paraît suffisamment logique pour être plausible. Alors allons-y.
« Tout ça, c’était juste l’assistante du magicien.
- La…quoi ? Tu te fiches de moi ? »
Moi qui pensais que l’image fonctionnerait tout de suite…
« Les flashs, les souvenirs, les informations sur Carthage, tout ça c’était juste un moyen de détourner notre attention et d’affaiblir nos défenses. Comme l’assistante du magicien qui est là pour empêcher de se focaliser sur les trucs. On était trop occupés à analyser les informations qu’on recevait pour empêcher un programme récurrent d’implanter la conscience de XANA dans nos têtes. Et si Lucie n’avait pas été là, On ne s’en serait pas sorti. »
Aelita a cessé de me regarder. Elle fixe le sol devant ses pieds, avec une expression de plus en plus horrifiée. Je me demande si elle a réalisé l’ironie de la situation, si XANA avait réussi à se réécrire sur sa conscience.
« Et il y avait une procédure d’urgence, dans le cas où celle de ce matin viendrait à échouer. Qui nous a fait venir à l’usine et nous matérialiser pour finir la réécriture. Heureusement, le programme n’a été créé que dans l’hypothèse où une seule personne y serait sujette et lorsque tu as voulu te matérialiser tu as interrompu ma matérialisation en voulant utiliser le même scanner. Et comme je n’étais plus contrôlé, j’ai pu te sortir de là à mon tour grâce aux notes de Jérémie. »
Aelita monte les barreaux de l’échelle sans se tourner vers moi ni manifester aucune émotion quant à mes explications. Quand j’émerge, je la vois inspirer et expirer profondément.
« Je suppose qu’on peut dire qu’on l’a échappé belle, énonce-t-elle mécaniquement. Maintenant, si ça ne te gêne pas, je crois que je vais t’éviter pendant quelques temps. »
Je t’ai jamais demandé de venir avec moi sur Lyoko, salope.
Elle s’éloigne vers le bâtiment sans un regard en arrière. J’attends un peu au cas où Jim serait dans les parages, avant de la suivre pour retourner me fourrer sous ma couette. Avec la ferme intention de ne pas en sortir avant le milieu d’après-midi.
Une semaine. Ça fait une semaine que j’ai essayé de me matérialiser dans un état second, une semaine qu’Aelita m’évite et refuse même de croiser mon regard. Pour être tout-à-fait honnête, je ne m’en plains pas plus que ça, d’autant qu’elle n’a apparemment rien dit aux autres. Même si rien ne prouve que ça va durer sur ce point-là, mais bon. Par contre, j’aurais bien parlé avec elle de la possibilité de rendre le supercalculateur inutilisable. Mais à chaque fois que j’envisageais d’aller la voir pour aborder le sujet, je faisais marche arrière sous le prétexte qu’elle ne me laisserait pas en placer une.
Du coup, comme sa version manipulée m’avait bien gentiment expliqué comment faire, je me suis rendu à l’usine pour m’occuper moi-même des servers blades. Et j’ai constaté avec contrariété que j’aurais pu m’épargner le déplacement parce qu’ils n’étaient déjà plus là et que quelqu’un s’était chargé d’éteindre le supercalculateur, chose que nous avions oublié de faire Aelita et moi lors de nos derniers passages, relativement mouvementés, sur les lieux.
C’est plutôt une bonne chose, qu’elle s’en soit chargée. Mais je sais pas, j’aurais aimé qu’elle me tienne au courant. Qu’elle me traite pas comme un mec pas digne de confiance, quoi. Même si c’est peut-être un peu mérité.
C’est vrai quoi, cette créature inepte qui croit qu’elle peut plier le monde à sa volonté. Elle a essayé de se mettre en travers de la seule voie que j’avais. Et maintenant elle se permet d’agir dans mon dos.
Elle est là, assise sur un banc dans la cour. Elle lit un bouquin. Et pour une fois elle n’est escortée par aucun de ces agaçants gêneurs.
Je me suis approché sans qu’elle relève la tête de sa page, jusqu’à carrément m’assoir à côté d’elle pour qu’elle daigne me remarquer. Et ça n’a pas loupé, elle a sursauté violemment quand elle s’est rendu compte que j’étais aussi proche, et elle n’a pas manqué me jeter un regard furieux avant de me jeter :
« Qu’est-ce que tu veux, William ?
- Te parler, ça me paraît évident, je réponds tranquillement. Et puisque pour une fois je n’ai pas à passer par ton comité de gardes du corps, je me suis dit que le moment était bien choisi.
- Faut croire que tu t’es trompé. »
Elle essaye de se lever, mais j’avais prévu sa réaction et j’ai saisi son poignet d’un geste vif avant qu’elle n’ait le temps de s’éloigner.
« Rassieds-toi.
- Lâche-moi, William !
- Tout de suite. »
Quelque chose dans ma voix a dû la dissuader de jouer au plus stupide. Elle s’est sagement rassise sur le banc, aussi loin que lui permettait ma prise sur son poignet, que je me refuse à lâcher malgré la tension qu’elle lui applique sans faiblir.
« Aelita, je suis pas l’ennemi, j’ai peut-être commis des erreurs…
- Sans blague, marmonne-t-elle en me fusillant du regard.
- …Mais j’ai jamais voulu qu’on en arrive là, je poursuis en élevant un peu la voix. »
Elle laisse échapper un rire moqueur. Tu as toujours cru tout savoir. Et même maintenant que tu as la preuve du contraire, tu choisis en toute connaissance de cause de te draper dans ta parure de pauvre petite fille au destin tragique. Mais il serait peut-être temps que tu comprennes que tu n’as jamais été que le misérable rôle secondaire de toute cette histoire. Pauvre idiote.
« Alors c’est ça ? Tu préfères fuir et me rejeter toute la faute dessus, c’est ça ? Mais tout ça c’est pas ma faute, Aelita ! C’est pas ma faute si Carthage a existé, c’est pas ma faute si tes parents en ont fait partie –
- Arrête. »
Elle essaie de se dégager, mais je poursuis en élevant un peu la voix.
« – C’est pas ma faute si ton père a créé XANA, c’est pas ma faute s’il t’a enfermé pendant plus de dix ans dans un monde virtuel –
- Arrête ! »
Elle tire de plus en plus fort sur son poignet mais il est hors de question que je la lâche. Pour cette fois, rien que cette fois, elle va m’écouter jusqu’au bout.
« – C’est pas ma faute si Jérémie a réveillé XANA, c’est pas ma faute si celui-ci a gagné en puissance –
- Arrête ! »
Je ne sais pas si mon comportement l’effraie ou la met en colère. J’ai élevé la voix à chacune de ses interruptions, je suis presqu’en train de lui crier dessus. Mais contrairement à elle je suis très calme.
« – C’est pas ma faute si j’ai été manipulé, et c’est pas ma faute si ton père est mort !
- ARRÊTE ! »
Des ondes de douleur se répandent dans ma joue. Je vois du coin de l’œil que beaucoup de kadiciens ont interrompu leurs conversations pour nous regarder. Il faut dire qu’en plus d’avoir joué du coffre pour dire ce que j’avais à dire, Aelita a fini par simplement hurler. Et le bruit de sa gifle a dû avoir raison des derniers distraits.
L’expression de haine et de dégout que je peux voir dans ses yeux me met hors de moi. Mais avant que je puisse lui rendre le coup, elle parvient enfin à se délivrer de ma prise et se lève violemment pour partir, enveloppée dans sa dignité ridicule.
« Il va bien falloir que tu te mettes en tête que c’est pas MOI le méchant dans cette histoire, Aelita ! je lui crie alors qu’elle s’éloigne sans consentir à se retourner. T’as peut-être l’intention de garder tes œillères pour t’enferrer dans le monde merveilleux de bonbon rose, mais je te laisserai pas faire ! Je te laisserai jamais oublier, tu m’entends ? JAMAIS ! »
Bon. J’avoue. Je me suis laissé emporter. Et ce n’étais sûrement pas la meilleure chose à faire. Enfin au moins, je n’ai pas frappé Aelita. Et dieu sait que j’en avais envie. Mais si elle ne s’était pas dégagée avant, j’aurais eu encore plus de problèmes. Et c’est déjà pas vraiment la joie. Entre Ulrich, Odd et même Jérémie qui sont quasiment venus un à un me jeter des regards assassins et me dire que j’avais pas intérêt à m’approcher à nouveau d’Aelita, Yumi qui m’a engueulé au début du cours d’anglais avant de me planter sur place pour aller s’installer à l’autre bout de la salle, et la moitié du collège qui se demande ce que j’ai bien pu dire pour faire pleurer une fille aussi gentille qu’Aelita…Même Christophe a l’air de penser que j’ai exagéré. Tout ça parce que j’ai pas voulu lui expliquer le sujet de la dispute. Franchement, ils exagèrent, tous, elle a toujours été insupportable. Et je ne suis presque pas de mauvaise foi en disant ça. Et puis merde, quoi, elle m’a frappé, elle ! J’aimerais bien comprendre pourquoi personne a l’air de trouvé ça inadmissible !
Mais bizarrement, ça ne me fait ni chaud ni froid. En fait, je suis même presque content de la tournure des évènements. Alors évidemment, je me passerais des regards en coin et des chuchotements sur mon passage, mais honnêtement, je suis assez content d’avoir pu dire à Aelita ce que je pensais de son comportement. Et même si ça paraît irréaliste, j’espère qu’elle va arrêter de se voiler la face. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, je pensais ce que je lui ai dit. Je ne la laisserai pas oublier. Ce qu’a fait Carthage, ce qu’a fait Waldo, il est hors de question que ça tombe à nouveau dans l’oubli.
Minute. Qu’est-ce que je raconte. Je me fiche bien de Carthage, de Hopper, ou même des œillères d’Aelita. Tout ce que je voulais c’était comprendre ce qui m’arrivait. C’est chose faite. À quoi ça m’avance de torturer Aelita avec son passé et les errements de ses parents ? Est-ce que ce n’est pas juste une vengeance puérile vis-à-vis de la façon dont elle me traite ? Une vengeance, oui. Mais qui n’a rien de puérile. Pour l’instant c’est tout ce qu’il me reste.
« Tu veux savoir, mec ? Je te reconnais pas en ce moment. Je veux dire, t’as toujours été bizarre, te méprends pas là-dessus, mais tes éclats de colère, ce cynisme, cette amertume, tous ces moments où tu me donnes l’impression que rien pourrait te faire plus plaisir que de buter tout le monde dans la seconde, ça, c’est pas toi. Réveille-toi, William ! Cette attitude, ça te va pas. »
Je vois bien que Christophe a raison, que j’ai des sautes d’humeur bizarres, que ponctuellement, je me mets à haïr tout le monde. Mais d’un autre côté, ça fait un bon bout de temps que je me suis pas senti aussi bien dans ma tête. Je n’ai plus de blackout, plus de rêves tordus, Lyoko est derrière moi.
C’est bien parce que je pense ça que j’ai mis aussi longtemps avant de me décider à faire ce que je vais faire maintenant. C’est tellement plus facile de se dire que ce qu’on ignore ne peut nous faire de mal. Mais si je délaye encore, je ne vais plus parvenir à penser à rien d’autre, et je vais recommencer à m’empoisonner l’esprit.
Allongé sur le dos, sur mon lit, je fixe le plafond. Courage William. Tu sais bien que tu pourras pas y couper plus longtemps. Et c’est en repoussant une pensée parasite qui me traite de petit être pathétique que je commence.
Alors ?
…
N’essaie pas de te cacher.
Et pourquoi pas ?
Je grimace. Est-ce que c’était moi ? Est-ce que je me berce d’illusions pour remettre tous mes problèmes sur une cause extérieure ? Ou est-ce que c’était l’autre ?
Tu comptes jouer les dramaqueen encore combien de temps ?
Bon. Comment dire. Ce n’est pas comme si j’entendais une voix dans ma tête. Ce sont des pensées qui viennent exactement comme elles viennent depuis toujours. Mais je ne suis pas du genre à me traiter de dramaqueen.
Tu te dévoiles déjà ?
Pourquoi pas ? Tu ne peux pas faire grand-chose.
…Dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir fait plus tôt, au juste ?
Ne te fait pas plus bête que tu ne l’es, lieutenant, tu sais bien pourquoi.
Tant que le supercalculateur était en état de marche, tant que je considérais Aelita et les autres comme des alliés potentiels, il considérait sûrement le mouvement comme trop risqué.
Evidemment. Mais tu peux ajouter le fait que des explications ne sont absolument pas nécessaires en ce qui me concerne, et guère passionnantes.
…Je suppose que tu es déjà conscient de toutes les questions que je me pose ?
Effectivement.
Tu comptes y répondre ?
Si tu y tiens.
Alors ?
J’ai interrompu la procédure sur Aelita parce que, bien que l’idée de voir sa conscience écrasée par la mienne ait quelque chose d’indéniablement alléchant aux regards de nos antécédents, je ne voulais pas risquer ma position à cause d’une dichotomie non programmée. J’ai commis une erreur de calcul regrettable, après analyse de tes données émotionnelles lors de ta capture, je ne pensais pas que tu demanderais de l’aide.
Les humains évoluent à chaque seconde qui passe tu sais.
Si tu le dis. Mon protocole d’urgence a été inscrit dans tes processus cognitifs dès l’instant où tu es passé sous mon emprise. Je me doutais que Waldo représentait une menace non négligeable et je ne voulais rien laisser au hasard. Mes ennemis ont toujours été de grands sentimentaux, et quand bien même j’ai mis un moment avant de comprendre ce que cela implique, quand je t’ai capturé j’avais bien conscience qu’ils ne me détruiraient pas avant de t’avoir récupéré.
Je grogne de dépit. Pas que ce soit faux. Mais ils n’ont pas exactement fait ça pour mes beaux yeux, si on me demande mon avis.
Qu’importe. Le fait est que mes précautions se sont avérées utiles. Et efficaces. Malgré quelques surprises.
Comme l’échec de la réécriture complète.
Subitement, je me sens très contrarié. Presqu’en colère. Ce sont ses émotions. Même s’il refuse de l’exprimer, j’ai raison, la réécriture a été un échec, et ça l’agace ! Ça l’agace d’autant plus que je le réalise, d’ailleurs, vu comme j’ai de plus en plus envie de frapper le mur.
Oui, la réécriture a été un échec. Je suis incomplet. Mon mode de pensée a été correctement reproduit, je bénéficie de tous mes souvenirs, mais je manque de puissance. Tu ne devais plus être conscient. Ce corps devait être manipulable.
Tu m’en vois désolé.
Pas autant que moi.
Et maintenant quoi ? Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?
Tu ne feras rien. Tu ne peux rien faire.
Je soupire, fatigué.
La question ne t’étais pas destinée.
J’ai les compétences pour t’extraire de ce corps, je me doute que tu ne me laisseras pas faire, mais je finirai bien par y parvenir.
Il m’ignore, ou je rêve ?
Hé, Xav, je te signale que même si ça m’enchante pas, je peux encore aller voir Jérémie pour qu’il règle ce problème de cohabitation.
Xav ?
Diminutif de Xavier. Je pensais que tu le devinerais.
Ben qu’est-ce qui se passe ? Je « reçois » plus rien…
Tu vois. C’est exactement pour cette raison que tu n’iras pas voir Jérémie. Je te l’ai dit, mes ennemis ont toujours été de grands sentimentaux. Je ne suis pas Xavier. Je ne l’ai jamais été. Xavier est mort le jour où je suis né. Mais ta culpabilité t’empêche de le réaliser, et depuis que tu connais mes origines, ton éthique se refuse à m’éliminer. Non. Tu vas me garder bien sagement dans les strates de ton esprit, tu vas louer ta propre grandeur d’âme pour ça, et tu vas le faire parce que dans ton orgueil d’humain tu restes persuadé, malgré tout ce qui s’est passé, que tu sauras me « gérer ».
Hum. Je suppose que t’as pas tort. Et ça faisait partie de ton plan, pas vrai ? Parce que tu sais bien ce que j’en pense, tu n’as peut-être pas évolué comme il aurait évolué s’il était…resté humain, mais tu restes une évolution de Xavier Nanterre, un genre d’émergence qui n’existe que parce qu’il a existé. Et pour ta gouverne, il reste une erreur de calcul dans ton raisonnement Xav, c’est que côté orgueil t’es pas mal non plus. Alors ouais, t’es peut-être plus intelligent que moi, plus dangereux, mais ce corps est à moi. Et t’as beau essayé aussi fort que tu peux, t’as beau parvenir à prendre la parole quand je fais pas gaffe, à influencer ma façon de me sentir, t’es incapable de prendre le contrôle de la machinerie. Alors oui, j’avoue, je reste persuadé que je pourrais te « gérer ». Mais ça tu le savais déjà, pas vrai ?
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Dyssery a écrit:
Quant au reste de ton commentaire, heu…
J'avais raison .
Dans une autre mesure, ce que tu as fait n'était pas réchauffé, ne t'en fais pas !
J'ai particulièrement savouré les passages déconstruisant la prétendue pureté d'Aelita. C'est une vision que je trouve tout à fait défendable, sachant que le personnage de base est plutôt irréel sur le papier. À la place de William, je pense que je n'aurais pas hésité à cafter toute l'affaire à Jérémie (le premier n'étant plus à ça près niveau réputation auprès d'autrui), par pure mesquinerie.
L'ambiance qui règne dans l'entourage de William est particulière, sa situation depuis le début de la fanfiction ne s'est pas améliorée, pour lentement aller vers une dégradation : il est désormais le méchant connard de service. Enfin, vu que le personnage a l'air de s'en taper, est-ce que ce point va vraiment avoir un impact sur la suite (type motiver un départ définitif de l'établissement) ? Je n'en ai pas l'impression.
Reste aussi à voir du côté de Lucie, certainement le seul point d'accroche restant de William. Ceci dit, si ça se termine comme leur dernier échange, pas sur que ce point reste solidement ancré... Bien sûr, on a encore l'exception de la famille aux niveaux des repères de William, mais la distance physique qu'il y a entre eux n'est certainement pas ce qui peut l'aider (même si ça resterait intéressant de voir ses parents enfin être plus actifs et prendre les devants au niveau de l'état de leur progéniture).
Ce chapitre laisse beaucoup moins la place aux suppositions, puisque posant sans ambiguïté une des clés de l'intrigue. Du coup, le croisement qu'on atteint fait s'interroger sur ce qu'il va se passer maintenant. Pour moi, si William reste dans le coin malgré sa sombre réputation, il y a moyen qu'il cherche une solution pour gérer son parasite mental, à défaut de s'en débarrasser. Je trouve d'ailleurs très intéressant le contraste de la réputation de méchant qu'a William à Kadic avec la culpabilité qu'il nourrit envers Xav', qui l'empêche justement de chercher une solution pour le virer de sa tête. Du coup, selon moi, on va assister encore un temps à la confrontation mentale entre Xav' et William, avant qu'un équilibre ne soit définitivement atteint.
Toujours est-il qu'un doux parfum d'épilogue commence à se faire sentir. Couplé aux tristes destins de Xana et William, j'en serais presque dépité ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Posté le: Jeu 14 Juil 2016 14:53 Sujet du message:
Inscrit le: 03 Mar 2014 Messages: 77
Bonjour à tous.
Désolée, j'ai mis un peu de temps à poster. Il faut dire que j'ai beaucoup hésité à faire les choses comme elles sont, je me demandais s'il fallait ajouter quelque chose. Mais puisque c'est ce qui m'est venu naturellement, j'ai choisi de laisser le texte en l'état et de me faire confiance encore une fois. À vous de voir si ça vous plaît, de toute façon ça ne changera pas.
Zéphyr :
Aelita est comme tout le monde, elle a sa part d'égoïsme, j'ai aimé rappeler ça.
Pour ce qui est de William, je ne suis pas d'accord, sa situation s'est améliorée d'un certain point de vue. Il sait ce qui se passe maintenant, il n'a plus peur de perdre les pédales, ce qui était sa grande crainte avant toute cette histoire. Et puis, il a mis les choses au point avec sa famille, et il s'est rapproché de Christophe et Lucie, malgré son accrochage avec cette dernière.
En effet, les clés de l'intrigue sont posées.En ce qui me concerne, il ne reste plus vraiment de questions en suspens mis à part l'évolution finale des relations entre tous nos protagonistes.
Et puisque tu as réussi à deviner tout ce qui se présageait jusqu'à maintenant, tu dois déjà savoir ce qui se cache dans le spoiler.
Spoiler
Épilogue : Une Vision du Futur
« Maman…Maman, non, oui, attends, laisse-moi en placer une enfin ! Oui, oui, merci ! Oui, non, évidemment que je suis content ! Mais oui, je sais que vous êtes fiers de moi ! Calme-toi, enfin ! »
Je ris alors que ma mère continue de m’abreuver d’éloges au téléphone. J’imagine la tête de mon père à côté d’elle, qui doit essayer de tempérer un peu son enthousiasme pour ne pas qu’elle m’étouffe. C’est vrai que de base, je ne pensais pas rester si longtemps au téléphone avec eux, je voulais juste leur annoncer la bonne nouvelle. Mais ma mère a toujours eu du mal à écourter les conversations à distance.
« Maman, je suis vraiment désolé, ça me fait super plaisir de t’entendre, mais je vais devoir y aller. Lucie ne va pas tarder à arriver…
- Passe-lui mon bonjour – qu’est-ce que tu dis, chéri ? – notre bonjour, me dis ton père !
- Ha ha, sans faute !
- Mais dis-moi mon chat, quand vas-tu te décider à faire ta déclaration ? »
Je laisse échapper un soupir silencieux. Ma mère a du mal à enregistrer certains faits, décidément…
« Maman, pour la énième fois, Lucie et moi nous n’avons pas une relation de ce genre-là. Je te rappelle – encore – qu’elle est en couple avec quelqu’un d’autre. »
Là c’est ma mère que j’entends soupirer.
« D’accord, je comprends bien. Mais tu es sûr qu’il n’y a pas quelqu’un d’autre ? »
La note d’espoir dans sa voix m’agace au plus haut point.
« Maman, je te le répète, je me sens parfaitement heureux célibataire, ce n’est pas un choix par défaut !
- Oui, oui, je comprends bien. Mais quand même…
- Maman…
- Oui, oui, pardon. Tu sais, je veux juste que tu sois heureux.
- Oui, je sais. Mais ne t’inquiète pas pour moi, tout va parfaitement bien dans ma vie. Alors passe au moins une semaine à juste fêter ma réussite et nous reprendrons les joutes verbales sur l’intérêt d’une relation stable après.
- Deal ! »
Je sursaute alors qu’une main se pose sur mon épaule. Lucie me contemple avec un sourire un brin moqueur. Je savais bien que j’aurais dû écourter cette conversation…
« Lucie viens d’arriver, je vais vous laisser. Je vous embrasse, à bientôt.
- À bientôt mon chéri, profite bien de ta soirée. Et tu sais, bien qu’elle soit en couple, je suis sûre qu’elle ne résistera pas si tu fais le premier pas.
- Maman !
- Je plaisante ! Je plaisante ! Bonne soirée, et encore toutes mes félicitations !
- Merci, allez, salut. »
Je raccroche et range mon téléphone en soupirant.
Ne joue pas les effarouchés, tu es toujours de bonne humeur après vos conversations.
Écrase.
« Alors beau brun, tu t’en sors ? lance Lucie en souriant.
- M’en parle pas, je n’ose pas imaginer ce que vit mon père depuis l’annonce des résultats. Il m’a dit que ma mère était restée scotchée devant la page internet toute la journée, quand je l’ai eu au téléphone. Approximativement une minute, avant qu’elle ne monopolise l’appareil. »
Lucie éclate de rire alors que je me penche pour lui faire la bise, avant d’entrer dans le restaurant que nous avons réservé.
« Il faut dire que c’est pas rien, réussir le concours de l’ENM ! Il y a combien, 10% d’admis ?
- 8. »
Elle pousse un sifflement admiratif.
« Toutes mes félicitations. Peut-être que moi aussi je devrais virer à moitié hystérique pour bien montrer la vénération que tu m’inspires.
- Pitié, épargne-moi ça. »
Elle sourit en s’asseyant à la table que nous désigne le serveur. Toutes ces années ne l’ont pas tant changé que ça. Évidemment, elle a perdu les rondeurs de l’enfance, et elle porte les cheveux courts maintenant, mais elle a conservé son éternel demi-sourire. Et son teint de cachet d’aspirine.
« Non, sérieusement, félicitation, reprend-elle. »
Je souris, pensif. C’est vrai que, pour quelqu’un qui me connaît depuis le collège, l’évolution doit paraître un peu surprenante. Moi qui n’avais jamais été un bûcheur, j’ai changé du tout au tout depuis cette période. Mais j’ai un peu de mal à savoir si c’est simplement parce que je suis devenu plus sérieux en grandissant ou si c’est dû à un autre type d’évolution.
Ne me réduis pas à un « autre type d’évolution » tu veux ?
Je laisse échapper un petit rire. C’est vrai que c’est un peu rustre de ma part.
« Merci Lucie, je réponds finalement à mon interlocutrice de chair et de sang. Mais tout ça, c’est aussi beaucoup grâce à ton soutien que ç’a pu avoir lieu.
- Ah mais, je sais bien. D’ailleurs, quand tu te feras la blinde de blé une fois en poste, j’exige un pourcentage. »
Cette fille est intelligente, pour une humaine.
Tu es courant qu’elle plaisante, n’est-ce pas ?
Ne m’insulte pas. Je sais très bien comment Lucie fonctionne. Je la connais depuis presqu’aussi longtemps que toi maintenant. Tu as tout fait pour.
C’est vrai. Quand j’ai compris que je n’étais plus exactement seul dans ma tête, j’ai fait un choix un peu…discutable. C’était peut-être présomptueux, dangereux, de penser que je pourrais gérer la situation et garder le contrôle quoi qu’il arrive. Mais ça m’a paru la meilleure chose à faire. Cependant, si les évènements de l’époque m’avaient appris quelque chose, c’est qu’il valait mieux avoir un garde-fou. Alors je me suis tourné vers mon alliée du moment. Et même si nous venions de nous accrocher à cause de ta tendance détestable à t’apitoyer sur ton sort – écrase – elle m’a écouté.
Très honnêtement, je pense que je l’ai un peu piégée. Si elle avait connu XANA du temps de la lutte, elle ne m’aurait probablement pas laissé faire. Mais Lucie a découvert le procédé de genèse du programme multi-agent immédiatement après avoir appris son existence, et si je lui avais déjà dit à quel point il était dangereux, il y a une énorme différence entre un discours et une démonstration en directe. D’autant que de savoir qu’une bande d’ados avait réussi à le tenir en échec tout ce temps – toi écrase – a dû pas mal tempérer l’idée qu’elle s’en faisait. Résultat, elle a accepté le rôle que je lui proposais. Oh, elle a bien tenté de me faire changer d’avis, d’aller voir « le petit génie qui gérait le tintouin », mais je crois qu’elle manquait de conviction en proposant ça.
Toujours est-il qu’on est en contact depuis toutes ces années et qu’on se voit régulièrement, histoire qu’elle garde un œil sur mes actes.
Et de mon côté, j’évite d’approcher des ordinateurs trop puissants. D’ailleurs, malgré mes nouveaux talents en informatique, je me suis détourné autant que faire se peut de cette voie. Quel sens du sacrifice…
« Conversation intéressante ? demande subitement Lucie.
- Désolé, je réponds, gêné, j’étais plus perdu dans…mes pensées que dans les siennes.
- Mince. Je veux dire, je peux comprendre que tu préfères parler avec un programme informatique sociopathe plutôt qu’avec moi, mais que tu préfères te parler à toi-même, je dois vraiment être devenue ennuyeuse…
- Ha. Ha.
- Sinon, au-delà de tes misères psychologiques, il va bientôt y avoir la réunion des anciens de Kadic, non ?
- …ouais, effectivement.
- Tu comptes y aller ? »
Je garde le silence, les mains occupées à triturer un morceau de pain.
« Je ne sais pas encore trop, je réponds finalement. D’un côté, j’aimerai bien revoir des gens comme Christophe, Manu, Émilie ou Caro. On a essayé de garder le contact, mais tu dois savoir ce que c’est, on se voit plus trop. Et puis d’un autre, je me passerai carrément de croiser les LG. On ne s’est pas exactement quittés en bons termes, malgré les deux ans de statu quo. Et puis j’ai toujours un peu peur qu’ils remarquent quelque chose. »
Dis-le. Dis-le que tu crains ma réaction si jamais je me trouve face à eux.
Oui. Il y a ça aussi.
« Tu sais, commence Lucie, pensive, je dirais qu’il y a peu de chances qu’ils réalisent quoi que ce soit. Lyoko est sûrement derrière eux. Je me doute que ce doit être une histoire qui ne s’oublie pas facilement, mais ils ont sûrement mille trucs en tête et plus assez de paranoïa pour subitement croire que rien n’est fini.
- Si c’est vrai, ce n’est pas de la paranoïa.
- Tu vois très bien ce que je veux dire, rétorque-t-elle en balayant ma remarque d’un revers de la main. Tu sais ce qu’ils deviennent ?
- Vaguement, j’ai des nouvelles qui popent parfois, par facebook.
- Ben tiens, et tu vas me dire que tu vas jamais stalker leur profil par curiosité. »
Je grogne face à sa remarque moqueuse. Elle a pas tort. Sauf que c’est pas exactement moi qui veut des nouvelles. Menteur. Pas exactement seulement moi qui veut des nouvelles. …
« Jérémie et Aelita ont fait la prépa Ginette, et ils sont respectivement entrés à Normal Sup et à l’ENS Paris, Yumi est en fac de médecine, Odd est encore plus ou moins en train de se chercher, il a commencé une fac de musique, puis il a pris une année sabbatique, et là il essaie d’entrer à l’ENSATT, et Ulrich a fait un BTS avant d’entrer l’ENAC. »
Lui aussi, la fin de l’aventure Lyoko lui aura fait du bien côté notes. S’il ne s’est pas tout de suite mis à briller, redoubler la seconde lui aura permis de reprendre pieds et de finir honorablement le lycée…
« Mais et toi ? L’ISARA ?
- Boh, moi, ça se passe. Rien de bien nouveau depuis la dernière fois qu’on s’est parlé… »
Je rentre dans mon petit studio un peu après 23h. J’aime bien nos soirées avec Lucie, même si on commence toujours par le sujet bateau au possible « comment vont les études ? » on dérive toujours assez vite et ça nous change les idées. Et puis, Lucie est l’une des rares personnes qui ne me regardent pas comme un déséquilibré quand je lui dis que je n’ai pas la moindre envie de me caser dans une relation, sérieuse ou pas. En échange, je ne lui dit pas qu’elle et son mec sont bizarres parce qu’après trois ans de relation ils ne se sont toujours pas présenté leurs familles, et je ne la traite pas de désaxée quand elle me dit qu’elle n’a pas la moindre intention de faire des gosses. Comme elle le dit elle-même – en plaisantant, mais elle le dit – c’est plus écolo.
Les enfants ne sont qu’une source de distraction inutile. Les êtres humains devraient se concentrer sur ce qu’ils ont à accomplir avant d’aller copuler pour transmettre leur patrimoine génétique.
Bah, il faut bien que quelques-uns pondent des moutards, qui paieraient les retraites, sinon ?
Quitte à avoir besoin de renouveler les générations, vous feriez aussi bien de centraliser l’élevage des enfants entre les mains de personnes qualifiées. Les individus aux compétences plus intellectuelles pourraient se concentrer sur des tâches plus intéressantes.
Je laisse échapper un petit rire en enlevant mes chaussures.
J’en connais un qui n’a toujours pas digéré la naissance d’Aelita. Fais attention Xav, c’est typique du premier né, de rejeter son cadet, et c’est purement émotionnel.
Ne m’appelle pas comme ça, je ne suis pas Xavier.
Mais oui, mais oui.
Je jette mes vêtements au sol avant de m’effondrer en caleçon sur le lit. La journée a été riche en émotions et il est tard. Je me doucherai demain matin.
Dis Xavier ?
…
…XANA ?
Quoi ?
Est-ce que tu m’en veux ? De te garder prisonnier ?
Oui.
Ah bon…
Mais je te suis encore plus reconnaissant de ne pas m’avoir détruit quand tu l’as découvert.
Je rouvre brutalement les yeux à cette annonce. La question me torture tous les jours mais j’essaie de ne pas y penser. Je me demande régulièrement si demander à Jérémie de le détruire n’aurait pas été plus charitable. Et lui, il vient de dissiper mes doutes d’une seule phrase.
Ne te méprends pas. C’est uniquement parce que je guette la moindre opportunité de me libérer de toi. Et quand ce sera fait, je te détruirai sans le moindre état d’âme.
Je souris dans le noir en me glissant sous les couvertures.
Bonne chance, alors.
…Toi aussi.
Voilà. Vous ne rêvez pas. C'est fini.
Certains trouveront peut-être ça trop rapide ou trop facile. Mais personnellement j'aime cette fin. Et en ce qui me concerne, cette fic n'a été - à la base - écrite que pour introduire une nouvelle vision de la backstory. J'ai aimé le tour qu'elle a pris, elle s'est étoffé beaucoup plus que ce que je présageais au départ, des éléments inattendus, parfois anecdotiques, ce sont pointés en douce. Et le résultat est là.
Merci à tous ceux qui m'ont suivie, et auxquels j'espère que mon histoire a plu. À une prochaine, peut-être _________________
Posté le: Ven 15 Juil 2016 09:36 Sujet du message:
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2318 Localisation: Territoire banquise
Ok j'étais passé en travers du chapitre 20.
Donc j'ai terminé la fic. Et j'ai réalisé qu'une relecture en bloc me ferait du bien. De toute façon Zéphyr fera le taff.
Au final effectivement je ne m'attendais absolument pas à ce scénario. Et c'est là quelque chose de tout sauf négatif. On est en place depuis presque 4 ans, on croit avoir tout vu, mais finalement ta fanfic est une excellente surprise. Je n'ai pas relevé d'incohérence brisant mon immersion, et le seul élément bateau est l'inclusion de Lucie (Clichée jusqu'à son prénom celle-là d'ailleurs). Encore mieux, tu as de surcroît réussi à aller au bout, à ton rythme certes, mais au bout quand même, alors qu'on ne compte plus les fics ambitieuses laissées en plan. Ce sera récompensé, tu t'en doutes bien
Malgré le fait que le scénario puisse sembler assez complexe sur la fin, j'avais deviné ce sur quoi portait les paroles en italique du 20. Une idée à la fois tellement simple et compliquée. C'est brillant. Bien sûr, on ne sait pas si le plan de Xavier va se réaliser. En spéculant, on peut penser que oui, puisque son calcul sur le comportement de William s'avère exact. Peut-être l'occasion pour toi de reprendre la plume à terme, car vu la conjoncture, le chômage te tend les bras (a)
Enfin bref, félicitation. Au plaisir de te retrouver dans le sous-forum ! Désolé ce commentaire est bien court, étant en famille, je le fais à l'arrache avant d'être contraint de déjeuner.
Maintenant, comme vous tous, je me mets à attendre le commentaire de Zé... de Cyclope naturellement. _________________
« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »
Salut ! (Sais pas trop si je dois dire bonsoir ou bonjour à cette heure-ci m'enfin).
Je ne suis pas experte en commentaire et rajoute l'heure tardive, j'espère que ces quelques lignes seront compréhensibles. Et puis comme tu peux voir, je ne suis pas dû genre à poster des com's à la pelle donc bon.
Bref, globalement j'ai beaucoup aimé ta fanfiction. Je n'avais jamais lu des fanfics centrées sur William et, comme première fois, c'était sympa.C'est moi ou cette fin de phrase sonne bizarre ?Je t'avoue avoir été sceptique quand à l'introduction d'un OC, pas envie que celle-ci soit la nouvelle héroïne de Kadic, sarcastique à souhait et super badass. Très peu pour moi. Mais ça ne s'est pas passé comme ça et j'ai été soulagé. Bah ouais, j'étais à fond dans ton récit. Par contre, j'ai trouvé ça un peu "gros" l'histoire du train mais bon, fallait bien l'introduire quelque part la Lulu.
Autre point : les persos. Je vais être honnête, j'ai grincé des dents face au comportement que tu faisais faire à Yumi. C'est que je l'aime bien cette japonaise (a). La faire partir au quart du tour, etc. Et le faire lesbienne m'a surpris. Pas que je sois contre être lesbi ou autre, loin de là mais je ne me suis jamais imaginé Yumi gay. ^^'
Bon les trio mâles de la bande n'ont pas été vraiment exploité à part pour le côté fdp de l'histoire. Pas gentil ces ex-lyokoguerriers !
On trouve toujours le côté gentil d'Aelita donc ça va, la faire devenir comme CLE aurait été chiant.
Je trouve ça cool que tu es utilisé des personnages secondaires à la place d'une tonne d'OC.
Oula, j'ai toujours pas parlé de William alors qu'il est le perso principal. Je le fais de ce pas.
Donc : William. Déjà, je pense que j'aurai moins apprécié de lire ton histoire à la troisième personne que le PoV de notre chère William, donc bon point. J'ai beaucoup aimé la manière dont tu as fais avancer ce perso et désolée, trop fatiguée pour développer. Retiens ça : lyvkofan beaucoup aimé le William de Dyssery.
En gros, dans ton histoire, les deux chapitres après la fin de la DA, les chapitres où il se trouve à Marseille ainsi que les 3 chapitres avant e dernier chap sont ceux que j'ai le plus aimé à lire. Même si à des moments je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait dans l'histoire et que j'ai dû regarder les commentaires pour comprendre (j'accuse ma fatigue) j'ai passé un bon moment à te lire.
Je pense arrêter ici mon acharnement à vouloir faire un commentaire constructif et vu l'heure, je te souhaite une bonne journée ainsi qu'une bonne continuation. _________________
. . .
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« Il n'a plus assez de musique dans son cœur pour faire danser sa vie. »
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