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  Sujet: [One-shot] Love Interruption  
Dakota Browning

Réponses: 2
Vus: 8905

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 06 Aoû 2019 14:47   Sujet: [One-shot] Love Interruption
Bonjour, je reviens avec un deuxième one-shot d'été avant de me remettre pour de bon à ma fanfic ! Ce one-shot se porte sur mon personnage secondaire favori, malheureusement trop peu exploité dans le coin (de ce que j'ai pu voir mais merci à Icer de l'avoir mis en avant dans l’Échiquier notamment).
Enjoy... ce one shot-amènera peut-être un texte qui se lira en miroir de celui-ci, mais d'un autre point de vue que celui d'Hervé c'est donc pour cette raison que ce topic n'hébergera pas d'autre texte que celui présenté aujourd'hui Wink

Love Interruption


https://zupimages.net/up/19/32/vwrn.png


Hervé était épuisé. Il était tard et il se tenait debout en sous-vêtement au milieu de son laboratoire de DMT, qui était aussi devenu sa cuisine. Hervé travaillait depuis 20 heures d'affilée. Il était si fatigué que ses yeux avaient commencé à brûler. Après avoir essuyé la sueur qui perlait à la racine de ses cheveux, il bailla. Etrange geste qui suscitait chez lui un léger tremblement de la choucroute obscure qui lui servait de chevelure.
Pour la cinquième fois consécutive, il secoua les 32 bocaux un par un, chacun contenant de la DMT cristallisée, de l'eau et de l'éther de pétrole. Un mètre plus loin, un seul œuf grésillait sur la cuisinière. Alors qu'il mélangeait l'un des bocaux en verre avec les deux mains, des vapeurs de gaz s'échappaient du couvercle. Hervé était sur le point de fabriquer 25 grammes de DMT en une seule session, d’une valeur marchande de 2250 €. Il était si proche d'avoir terminé pour cette nuit; au lieu de ça, il a assisté à la naissance d'un feu ardent. Ses mains étaient brûlées. Tel est donc cet état de souffrance, si douloureux qu'à chaque instant on croit en mourir, mais néanmoins toujours entretenu par la vibration du désir et de l'espoir. Doigts remplis de cloches immondes. Mais pas grave. L’art conserve le périssable, embaume les morts, dresse leur statue, justifie la nature. Pour lui, ses créations étaient un art à part entière.
Hervé posa rapidement le pot et éteignit la flamme avec un torchon. L'odeur soudaine et intense de pétrole fit dégouliner ses yeux sur sa barbe, puis sur ses mains et ses bras désormais sans poils. Pendant un moment, tout ce que Pichon put faire fut de regarder l’œuf ratatiné dans la casserole en versant de l’eau tiède sur ses bras. Peu de temps après, il a fermé son laboratoire pour la nuit et s'est couché.
« Heureusement, ça ne m'aura pas effrayé toute ma vie, mais ça m'a quand même laissé une sale impression », déclare maintenant Hervé. « Lorsqu'on ignore ses propres limites, en travaillant trop longtemps ou en faisant trop de choses en même temps, on commence forcément à faire des erreurs. Et dans ce secteur, les erreurs peuvent vous coûter la vie. »
Hervé travaillait souvent toute la nuit dans sa cuisine, des émanations chimiques sortant de la maison, une odeur seulement masquée par de l'encens brûlant sur les rebords de la fenêtre. Mais le cash rapide en a valu la peine. Pendant cinq ans, il a contribué à un marché noir mondial de la drogue qui représentait 18,9 milliards d'euros rien qu'en 2017, selon une étude de l'académie de police néerlandaise.

Pendant la semaine, Hervé vit dans une caravane dans une ferme du Brabant, une province du sud des Pays-Bas, où il travaille depuis quelques mois dans la culture de fruits et de légumes biologiques. Les week-ends, lorsqu'il ne travaille pas, il vit dans une vraie maison, quelque part dans la même province. Hervé me montre ses doigts recouverts de terre noire. « [L'agriculture est] très différente de la préparation de drogue, mais j'étais préparé à ça », sourit-il.
Nous avons convenu de nous réunir près de son nouveau job pour parler de sa vie passée à cuisiner de la DMT. La première chose que je veux savoir, c'est comment ce jeune homme de 26 ans, bien sous tous rapports, s’est lancé dans la production à grande échelle de drogues synthétiques à l'âge de 22 ans. « Tout a commencé par une fascination basique pour cette substance » m'explique-t-il.
Hervé avait 21 ans lorsqu'il a fumé de la DMT pour la première fois. Depuis le lycée, il était curieux de tester les drogues psychédéliques - mais comme c'est assez rare, il avait eu du mal à en trouver. Finalement, il a pu mettre la main dessus. « La première fois que j'en ai pris, mon sang coulait dans mon corps », se souvient-il. « J'ai inspiré profondément, puis j'ai pris trois bouffées, et avant même de pouvoir poser le tuyau, je me trouvais dans un monde complètement différent. Ça fait immédiatement de l'effet. On a retiré le tuyau et l'allumeur de mes mains, et on m'a délicatement poussé sur le canapé de mon ami. J'avais perdu tout contrôle. »
Hervé raconte avoir vu tous les objets de la pièce se détacher des murs et s’envoler. Pendant ce temps-là, ses amis se contorsionnaient sous différentes formes, avant de flotter et de marcher au plafond. « Vous n'avez pas le temps de traiter ce qu'il se passe - tout va trop vite », dit-il. « Au cours d'un voyage comme celui-là, vous ne ressentez aucune peur. Tout ce que vous ressentez, c'est un sens indescriptible du lien et de l'amour. Mais quand je suis revenu à la réalité, j'ai chié dans mon froc. C'était traumatisant - mais en même temps, c'était beau. »
L’expérience lui laissa une telle impression qu’Hervé ne pouvait pas se décider à l’abandonner. Il a commencé à rechercher sur le net les origines de la DMT afin de mieux comprendre sa propre expérience et a appris que même lui - un étudiant en chimie en décrochage - pouvait fabriquer la substance à domicile en suivant quelques étapes simples. « Une réaction acide-base, c’est pas si compliqué. Il existe une tonne de conseils pour la cuisine chimique sur le net », explique Hervé. Et puis, à l’origine, il était intelligent… sa seule erreur avait été de s’amouracher d’une fille inaccessible.

De fil en aiguille, il avait cherché – par tous les moyens – un moyen de se procurer un semblant de sensation qui aurait rivalisé avec la pénétration de l’aimée. Il avait testé un tas de trucs, souvent foireux, juste pour ressentir autre chose que le vide qui s’était peu à peu creusé à la place de son cœur. Pour avancer dans la vie, sa mère lui avait dit un jour : « Choisis une étoile, ne la quitte pas des yeux. Elle te fera avancer loin, sans fatigue et sans peine. » Bullshit. L’étoile se transforme juste en astéroïde et vous percute la gueule. Le jour où Sissi les avait quittés, Nico et lui, cela avait été fatal. « Du vent les bouffons, et que je ne vous reprenne plus à embêter mes amis ! » Cette terrible phrase avait résonné dans sa tête des années durant. D’une réplique, c’était fini. Amitié brisée. Les cloches n’ont plus qu’à semer dans l'air des poussières de son, la cendre morte des années.
Car oui, après ces mots, la belle de Kadic leur avait définitivement tourné le dos… et la recherche d’émotions avait commencé pour Pichon.
Pour 150 euros, Hervé a acheté le kit de démarrage pour transformer sa cuisine en laboratoire expérimental. « Faire cette première cuisson c'était un peu le bordel », se souvient-il. « Je me suis retrouvé avec deux grammes de DMT. C'était génial, mais je ne savais pas si ça allait fonctionner. »
Hervé savait qu'il serait honnête de tester le produit sur lui-même avant de l'offrir à ses camarades. « La première fois, c'était quand même frustrant », dit-il. « J'étais chez un ami avec ma copine de l'époque. Ils savaient que je travaillais là-dessus, mais quand j'ai posé mon DMT fait maison sur la table, il y a eu un silence de mort. J'ai décidé de monter, et de m'allumer une pipe alors que ma copine était assise juste à côté de moi. Je ne sais pas pourquoi j'avais tellement confiance dans le fait que tout se passerait bien. Je l'ai fait et j'ai eu raison de le faire. C'était magique ! »
Un an plus tard, Hervé a terminé ses études et est devenu réparateur d’horloges. Il travaillait dans un entrepôt cinq jours par semaine, économisant ainsi les 1500 € dont il avait besoin pour acheter du matériel de chimie professionnel. Il passa des week-ends entiers à la maison, seul, à apprendre à cuisiner le DMT. « En plus du produit lui-même, j'ai développé un amour énorme pour la chimie », dit-il. « Je pouvais regarder le DMT pendant des heures pendant qu'il se cristallisait dans un bocal en verre. La chimie devenait pornographie », dit-il.
Le soleil commence à se coucher alors que nous retournons à sa caravane. « Quand quelque chose me fascine, j'ai tendance à m'y plonger un peu trop », avoue-t-il. Mais le Ciel de l'Idéal est inaccessible, ne lui a-t-on jamais dit ?

Bientôt, tous ses placards furent remplis de pots d’hydroxyde de sodium, de bouteilles de vinaigre et de grands flacons coniques. Partout se trouvaient des seringues-doseuses en plastique et des classeurs remplis de recettes et de notes de recherche. Alors qu'il énumère toutes les choses qu'il gardait chez lui, Hervé rigole. « C’était assez insensé au début de tout laisser traîner de manière aussi désorganisée. Mes amis qui sont venus étaient un peu paniqués au début. Mais je n’ai jamais caché ça, et finalement ils ont aussi trouvé ça excitant.»Pourtant, personne ne voulait lui en acheter. « La demande initiale a été décevante », admet-il. « Certains amis m'achetaient une dose de temps en temps, mais c'est à peu près tout ce que j'ai vendu. À un moment donné, j'avais produit 300 grammes, qui se vendaient dans la rue pour 27000 €. Je suis donc parti à la recherche de plus gros acheteurs. » Hervé ne dira pas comment il a trouvé ces gros acheteurs, mais révèle qu'ils étaient parfaits pour les affaires. « C’était très différent des hippies et des psychonautes auxquels je vendais auparavant. Soudainement, je parlais à de véritables hommes d’affaires - des hommes riches qui tenaient toujours leur parole et respectaient les contrats. L’argent commençait à rentrer. Le dialogue était facile. Dès que se trouve rassemblée une compagnie humaine, certains sujets (de conversation) sont aussi inévitables que l'épouillage dans le cercle de chimpanzés.»
Hervé est devenu de plus en plus efficace dans sa petite cuisine - d'un seul petit bocal en verre, il est passé à 32 récipients simultanément. « Ça signifie que vous ajoutez du liquide 160 fois et que vous secouez les pots 3200 fois », calcule-t-il à voix haute. « À ce moment-là, c'était devenu un travail à plein temps, pas seulement un passe-temps, et je devais accepter le fait que je violais la loi de façon flagrante. Je me rendais de plus en plus compte que j'étais un criminel - un sentiment qui ne me déplaisait pas. Plus je devenais professionnel, plus je bossais vite. »
Arrivés à sa remorque, garée sur la propriété de son nouvel employeur, nous passons à l’aspect le plus pratique du processus. « J'achetais la plupart du matos dans un magasin de bricolage », me dit-il. « La première fois, ils ne posaient pas de questions. Mais quand vous vous présentez pour la dixième fois pour acheter cinq bouteilles d'hydroxyde de sodium, ils veulent savoir pourquoi vous l'utilisez. Il en faut pour produire presque toutes les drogues synthétiques, et ça peut même être utilisé pour fabriquer des bombes. Parfois, ils demandent une copie de votre pièce d'identité. Du coup, j'ai du me rendre dans plusieurs magasins. »

De sa remorque, il sort quelques cahiers. « Pour moi, il ne s'agissait plus de suivre une méthode définie. » En faisant des recherches, des expériences et en conservant une tonne de notes, Hervé a continué à améliorer ses recettes et ses processus. Il a également commencé à se spécialiser dans la fabrication d'un mélange pour fumer infusé de DMT appelé Changa. « Encore plus rare que le DMT ! » se vante Hervé.
Hervé parle un peu plus doucement maintenant. « Les déchets chimiques sont un gros problème » dit-il. « J'ai jeté mes déchets dans les toilettes une seule fois, mais je me sentais vraiment mal. Parfois, je le mettais dans des jerricans et les laissais au coin d'une rue. Mais ce n'est pas très bien non plus - vous transformez vos déchets en un problème pour quelqu'un d'autre. Cela dit quand vous êtes du mauvais côté de la loi, vous ne pouvez pas faire grand chose. »
À 24 ans, Hervé avait assez de gros acheteurs pour quitter son job. À la maison, il ne faisait que cuisiner de la DMT. Il devait bien sûr cuisiner avec les fenêtres ouvertes, ce qui donnait une odeur constante d'éther de pétrole autour de son domicile. Le fait que l'encens qu'il utilisait ne suffisait plus à masquer les odeurs et à dissiper les soupçons de ses voisins l'inquiétait beaucoup. Hervé était de plus en plus nerveux dès qu'une personne passait près de chez lui, et il se sentait de moins en moins à l'aise dans sa propre habitation. « Quand je bossais à plein temps sur le DMT, je suis devenu carrément paranoïaque » dit-il. « Le manque de sommeil n'aidait pas non plus. J'ai travaillé des semaines sans voir mes amis. »

Bientôt, l'argent ne sembla plus valoir tout ce stress. « J'avais l'habitude de penser que l'argent me rendrait heureux, mais ça faisait longtemps que je ne m'étais pas senti heureux », dit-il. « Les gars pour qui je travaillais à l'époque voulaient que je commence à produire du speed ou de l'ecstasy. Le plan était de m'installer dans une maison au milieu de nulle part équipée d'un laboratoire complet et de tous les matériaux et produits chimiques dont j'avais besoin Je pourrais travailler sans être dérangé et gagner des milliers d’euros par mois. »
Il fait une pause et déglutit. « Pour moi, c'était un pas de trop. J'en avais fini », dit-il. « Pendant des années, j'ai passé tout mon temps à cuisiner de la drogue et à inhaler des émanations chimiques, avec le risque d'être arrêté ou même de brûler ma maison. Je voulais rester sur le DMT et son monde de hippies, mais quand vous produisez du speed ou de la coke, vous entrez en contact avec un tout autre genre de personnes. »
Depuis un an, Hervé s’est mis en tête de retrouver Élisabeth. Il est donc occupé à dissoudre en douceur son empire de la drogue. Il ne dévoilera toujours pas le nombre de personnes pour lesquelles il travaillait auparavant, mais affirme que le processus d'abandon de ces relations a été assez facile. Alors, il en a réellement fini avec ça ? « La chimie sera toujours un de mes passe-temps. Mais la cuisine hardcore, c'est bel et bien terminé », dit-il. « Je me considère comme chanceux, car je ne me suis jamais fait prendre et j'ai mis de côté un beau pactole, mais au final, tout ce que je voulais, c'était retrouver ma liberté.»
Finalement, Hervé a retrouvé cette liberté, me dit-il, dans sa nouvelle carrière d'horticulteur, après être retourné à l'école pour étudier l'agriculture. Il s'étire les jambes, croise les bras derrière la tête et regarde la lampe à huile sur la petite table à l'extérieur de sa caravane. Hervé doit être de retour dans les champs avant 7 heures. Nous nous disons donc au revoir peu de temps après.

Une chose est sûre : Hervé Pichon n’en a pas fini. Au fond de lui, il veut se venger. Et peut-être que, comme lui, je suis toujours en phase de gestation physique et mentale du monstre qui sera mon être accompli.
  Sujet: [One-shot] L'homme des foules  
Dakota Browning

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 04 Juin 2019 14:59   Sujet: [One-shot] L'homme des foules
Hello, me revoilà !
Petit OS aujourd'hui avant de continuer ma fanfic (promis Icer tu auras le nouveau chapitre). Je me suis mise dans la peau d'Odd pour ce petit fragment de vie dénué de prétention littéraire et de révélation sur le canon. Je me suis juste bien marrée à imaginer Odd évoluer après Kadic. Ça fait du bien parfois d'écrire un texte un peu plus fun qui colle plutôt bien (à mon sens) avec le profil d'un perso. Bien sûr, c'est Della Robbia le vantard qui raconte, à vous de déterminer le quotient de vérité que vous allez attribuer à l'ensemble de ses propos Wink Bonne lecture !


L'homme des foules


J'ai commencé à travailler au Club Med un peu par hasard, à la fin des années 2010. J'ai fini par y passer sept ans en tant que « Gentil Organisateur », ou GO, ce mec dont le job est de divertir les vacanciers en leur proposant des activités – sportives ou autres, le plus souvent autres. Contrairement à ce que certains pourraient croire, c'est loin d'être un boulot facile. Rétrospectivement néanmoins, ce furent les plus belles années de ma vie. Pendant sept ans, j'ai été ce mec qui sait amuser les enfants la journée, et rentrer avec leur mère célibataire le soir. Un job pour moi en fin de compte. Il me fallait bien choper un salaire, cette chose qui vient comme une tortue et s'en va comme un lapin.

Le concept de village-vacances a été inventé au retour de la Seconde Guerre mondiale, en 1950, et le Club Méditerranée, ou Club Med, fut l'une des premières chaînes d'hôtels à investir sur le filon « tout compris », profitant gaiement du paysage afin de créer de toutes pièces un monde de vacanciers idyllique où, en gros, tout est open bar. Consciente des possibilités offertes par la consommation (gratuite) et le plaisir sexuel estival, la chaîne a inventé une nouvelle forme de tourisme, principalement basé sur ces deux formes de bonheur, le tout trempé dans une ambiance club de gym à la coule, relax, en bord de mer.

Cet axe vacances-baise-beaufs fut porté au cinéma dans Les Bronzés en 1978 par Patrice Leconte, imprimant une fois pour toutes l'image – en outre assez vraie – « Sea, sex and sun » du Club Med dans la conscience collective française.
Quant à moi, tout a commencé à proximité de l'usine, lieu où tout arrive en fin de compte. Je prenais la navette pour me rendre dans le centre de Sceaux lorsque j'ai vu Sam monter à l'arrière de l'engin. Je ne l'avais plus croisée depuis près d'un an. On a discuté, et elle m'a dit qu'elle bossait en tant que GO dans un Club Med quelque part en Grèce et que c'était, selon elle, « la planque parfaite ». En choisissant le Club, elle évitait d'autres chaînes plus crasseuses. Car quand on passe plusieurs semaines d'affilée dans un mauvais hôtel et qu'on fait sienne la crasse de ses prédécesseurs. Qu'on se fond dans la foule humaine qu'a abrité le lieu, qui s'efface dans la masse peu à peu... ce n'est agréable pour personne.

Pendant les trente minutes de trajet, elle m'a expliqué en gros ce qu'elle y faisait : prendre en charge les vacanciers durant leur séjour, encadrer les groupes lors de leurs sorties, animer les différents repas et chauffer les pistes de danse. Mais surtout, elle n'a pas arrêté de me parler du bon temps qu'elle y passait, des mecs qu'elle se faisait et des plages paradisiaques sur lesquelles elle bronzait. Sam a toujours eu l'habitude d'en rajouter des tonnes, mais là ça avait l'air vrai jusque dans les moindres détails – et au pire, si seulement un tiers de ce qu'elle me racontait était vrai, ça m'allait de toute façon.

Car de fait, tout n'allait pas pour le mieux dans ma vie. J'avais 22 ans et j'habitais toujours chez mes parents. Mon groupe d'amis, inséparable sur le papier, s'était totalement dissous. Jérémie et Aelita s'étaient isolés dans leur fac lyonnaise si prestigieuse mais si lointaine. Einstein avait vite coupé le contact, trop occupé à bosser sans doute. Sa petite-amie avait bien essayé de demander des nouvelles de temps à autre via mon portable... mais le temps passant, on a vite eu plus grand chose à se dire. Eux ne comprenaient pas ma vie "instable", je ne comprenais pas plus la leur. La fac et l'étude, faut dire que c'était tellement loin de mes préoccupations...
Et puis, Yumi s'était engagée dans un tas de missions humanitaires, elle les enchaînait, comme pour fuir une France qui ne lui convenait pas. Ce qui avait laissé mon ex meilleur pote sur le carreau. Sans sa dulcinée, il y avait chez ce pauvre Ulrich absence complète du mouvement, l’âme seule veillait encore dans cette machine humaine, pâle et tremblante, comme une lampe prête à s’éteindre. A chaque fois que je le voyais, il arborait sa tête de scarabée frappé par un tsunami, ce qui gâchait instantanément le moment. Moi, les gens qui me foutent le cafard, je finis par les éviter.

Du coup, j'étais plutôt seul. Génial. Niveau études, rien de brillant non plus. Mon seul diplôme était un BEP d'éducateur sportif. Finir moniteur de sport dans un hôtel paradisiaque bien éloigné du décor de toutes les attaques de Xana était certainement la meilleure solution pour évacuer ces foutus cauchemars. J'avais déjà pas mal vadrouillé, mais somme toute très peu en dehors de la France. Il fallait que j'aille voir ailleurs. Et plus j'y réfléchissais, plus je me disais que mon ex avait raison. Ce job était le plan du siècle.

Je n'ai rien contre la réputation de beauf qui entoure le Club Med aujourd'hui, mais il y a vingt-cinq ans, j'ai l'impression que c'était tout de même plus haut de gamme. Ou en tout cas, moins naze que dans Les Bronzés. Certaines scènes du film – et surtout celles de Popeye, personnage de GO joué par Thierry Lhermitte – sont assez caricaturales, même si elles demeurent tout de même assez justes. Le film, comme nombre d'autres Français, fut mon point d'entrée dans l'établissement et son ambiance. Cette vie m'allait ; c'était paisible et vicieux à la fois. J'ai donc finalement décidé de me lancer dans l'aventure. J'ai pris rendez-vous au siège parisien du Club Med et j'ai acheté un billet d'avion pour Paris. J'avais un entretien d'embauche au siège une semaine seulement après mon premier coup de fil.
Durant la matinée, on m'a offert une rétrospective historique du Club Méditerranée et de son fonctionnement, de son esprit, de ses règles. On m'a présenté la vie au sein du village, les journées de travail – 6 jours par semaine et un seul jour de repos – et la paye : pas énorme mais bon on était nourris, logés, et blanchis. Je n'avais pas d'objection à apporter. Dans l'après-midi, l'entretien individuel s'est également bien passé. Les questions posées étaient pour le moins basiques et selon leurs critères, j'avais les compétences sportives requises. J'ai eu le job.

Je suis parti la semaine suivante pour l'Espagne. J'étais officiellement « responsable sports terrestres » pour la chaîne, et je prenais ça très au sérieux. En réalité, il s'agissait de mon premier vrai boulot... avec une chance déjà inouïe de premier abord : le cadre idyllique qu'est la côte espagnole. L'hôtel aussi, me semblait majestueux, divisé en un certain nombre de petits baraquements, ou cases – Samantha m'avait dit que c'était là où il y avait « le plus d'ambiance ». Ça partait bien. Je suis arrivé, on m'a filé mes vêtements de boulot et on m'a attribué une piaule. Je commençais le surlendemain. Avant de débuter officiellement, j'ai rencontré mes futurs collègues : des Belges, des Français, et quelques Allemands. J'ai discuté avec quelques GM (pour Gentils Membres), histoire d'établir avec eux un premier contact, puis je me suis rendu à la salle de spectacle afin d'apprendre les chorégraphies imposées. Dans tous les villages Club Med, il y a un spectacle tous les soirs réalisé par les GO. Ce spectacle foireux dure entre 30 et 45 minutes et fut peut-être la seule chose qui m'a fait chier au moment de signer le contrat.
En tant que GO, il fallait donc que j'apprenne les gestes fondamentaux pour ne pas me foirer sur la scène devant mon boss, le Chef de village. Dans l'ensemble, ces danses requises sont des chorées débiles où il est question de bouger en cadence les bras, les jambes et le bassin. C'est ça « l'esprit Club Med ». Les GO doivent assurer la présence et l'ambiance de la salle. J'ai soufflé et me suis dit qu'il fallait passer par là pour ensuite aller choper dans la boîte de nuit de l'hôtel. C'était le deal, et il me semblait juste. Pour être honnête, j'étais devenu totalement accro au sexe depuis un moment. Pour calmer mes pulsions, il me fallait impérativement vider ma coque de noix dans des proies différentes. C'est sale dit comme ça mais c'était bel et bien ma vie à l'époque...

Mais revenons au job. Une journée type de boulot au Club Med se résumait à se lever à 9 heures, prendre son petit-déjeuner, ramasser les déchets échoués sur la plage (la mer n’est qu’une poubelle de notre civilisation), préparer l'activité du matin, mettre en place les jeux, prendre son déjeuner en deux-deux, organiser l'activité sportive de l'après-midi, se mettre aux jeux apéro, participer au spectacle en soirée, et finir par aller mettre l'ambiance pendant une heure au night-club. C'était dur. Lorsque la journée était trop brutale, j'allais me coucher vers une heure du matin afin de pouvoir dormir le plus longtemps possible. Mais la plupart du temps, et comme tout jeune de 22 ans qui se respecte, je restais jusqu'au petit matin à la discothèque. Je profitais de mon statut de GO pour aller tchatcher les nanas et les ramener à la case. Ce plan fonctionnait. Souvent des femmes de richards qui venaient seules pendant que leurs maris taffaient. Des frustrées. Un point commun entre tous ces cocus ? La grosse bagnole, le petit popol.

C'est en faisant ce job saisonnier que j'ai prouvé à mon cerveau pervers que j'étais loin d'être le seul à posséder une libido de feu de dieu. Les hommes et les femmes sont des machines à forniquer. Déjà, il faut se rendre à l'évidence : il est très facile de choper au Club Med. Tout le monde est en vacances, pour une semaine, et en conséquence, tout le monde s'éclate, baise, et aucun n'a jamais envie que l'histoire se prolonge. C'est la définition même du sexe pour le sexe. En outre, les gens déambulent à moitié à poil à longueur de journée, ce qui facilite les rapports. Le soleil brûle les peaux et les veines : tout le monde a le sang chaud.
C'est la première fois que je voyais autant de gens baiser n'importe où, et notamment, sur la plage. De mon côté, je pense avoir explosé tous les records au cours de mes sept années passées là-bas. Je me tapais deux nanas par semaine en moyenne. Sur sept saisons, ça fait beaucoup. Ça fait plus de cent par an, et environ 750 en tout. Puisqu'au Club Med tout est standardisé – tenues, salaire, train de vie, etc. –, le seul moyen de se comparer aux autres GO est de faire l'addition des nanas que l'on ramène. C'était même notre jeu principal. Quand j'y repense, c'était vraiment un monde à part.

Le Club Med m'a aussi fait réaliser un autre truc : la thune ne fait vraiment pas le bonheur. Déjà, l'argent n'achète rien là-bas, vu que tout est compris. Et au fil des jours, on réalise que lorsque l'argent est placé en dehors de l'équation de la vie quotidienne, chaque être humain se sent réellement plus libre. Je gagnais le SMIC et c'est pourtant le moment de ma vie où je me suis le plus amusé, et ce, même si la charge de travail que l'on nous donnait chaque jour était ultra élevée.
En effet, la cadence du taf est vraiment difficile à suivre au bout d'un moment. Le plan, c'est de profiter plus des rares days-off que l'on peut avoir. Quand je ne bossais pas, j'étais épuisé, et je ne faisais pas grand-chose, voire rien. Mes occupations se résumaient à dormir, aller à la piscine, me balader sur la plage, me la couler douce sur la plage, et me rendormir. Je ne connais quasiment rien des villes dans lesquelles les villages-vacances étaient implantés. Je restais enfermé dans ce cocon douillet.
Pour ce premier boulot, je suis resté quatre mois à l'hôtel. Généralement, on reste entre quatre et sept mois dans un hôtel, avant de changer. Après un transfert via Paris, je suis parti vers une nouvelle destination : la Grèce. Ensuite j'ai fait la Turquie, les Bahamas, et le Sénégal, avant de refaire une virée en Turquie afin de, comme je l'ai souvent dit, finir en beauté.
Eh oui, la Turquie fut la destination la plus dingue que j'ai jamais faite. J'y suis resté neuf mois en tout, avec un passage à Paris entre deux missions. C'était au Club Med de Bodrum, une espèce de Saint-Tropez turc. Les clients étaient ouverts et le soir, tout le monde avait envie de faire la fête dans les boîtes de nuit du Club. Pour ma part, après six ans dans le segment, je connaissais chaque profil de vacanciers, maîtrisais tous les codes et possédais tous les bons plans. En somme, j'évoluais dans un environnement à mon avantage. Je savais comment amuser les jeunes la journée, et rentrer avec leur mère célibataire le soir. Je participais ainsi au bonheur de deux générations en seulement 24 heures.

Pour être tout à fait honnête, quoique je ne me reconnaisse pas tout le temps dans ce que j'ai fait, ça me fait sourire quand j'y repense aujourd'hui. J'étais jeune et je profitais de l'occasion pour me faire plaisir. Le Club Med est une sorte d'espace étrange où tout semble permis, et c'est sûrement lié au fait qu'on ne côtoie que des gens en vacances, donc libidineux, pour des temps très courts : entre sept et quatorze jours. Ce que les vacanciers veulent en se rendant là-bas, c'est décompresser de leur job en Europe et prendre du bon temps : la plage, la piscine, les boissons gratuites, le sport en plein air, le soleil et bien sûr, la baise y participent.
Tout ça pour dire qu'après sept ans passés à faire le GO autour du monde, j'étais au top. Cependant, il y a une vie après ça. Il fallait nécessairement que j'aille voir ailleurs. Si on s'attarde trop dans une bulle telle que celle du Club Med, il est possible de ne pas en sortir – ou d'en sortir sans proposition de boulot. Sept ans c'était le maximum. J'avais 29 ans. Il fallait que je trouve quelque chose sur le long terme. C'est pourquoi lorsque j'ai eu une proposition de job en France, à Paris, j'ai accepté sans hésiter.
Les transitions ne sont jamais simples – et celle-ci encore moins. Le retour à la vie normale fut difficile car là-bas, on est pris en charge de A à Z dans les hôtels. J'ai appelé ça mon retour à la vie civile . Quand je suis revenu en France, les potes que je croisais n'arrêtaient pas de me dire « t'as dû bien t'amuser en tant que GO » avec un clin d'œil salace. Mais malgré tout, il faut savoir rentrer chez soi, guérir de ce style de vie et trouver une certaine stabilité.

Pourquoi j'ai décidé de raconter tout ça sur un forum accessible à tous ? Sans doute parce que l'écriture est la meilleure forme d'art pour décrire nos existences. Depuis tout ça, je n'ai plus foutu les pieds dans un Club Med ; en tant que GO, bien sûr, mais même pas en tant que GM. Les conneries, passé un certain âge, c'est fini.
 

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