J'ai lu, et c'est intéressant. C'est pour l'instant assez flou, on comprend le contexte et où se situent à peu près les actions, et pour autant, on ne sait pas encore où ça va aller, c'est intéressant. J'ai bien aimé. L'écriture est certes simple mais suffisante pour mettre dans l'ambiance. C'est un très bon début, je pense. Je te souhaite bon courage pour la suite.
En vrai y en a pas non plus tant que ça. C'est Sissi qui y passe le plus, avec toute la séquence de Teddygozilla puis la visite médicale, et Yumi dans un épisode, qui n'est "pas vraiment prête" pour aller figther X.A.N.A., autant la scène de Yumi sert surtout justement à montrer, bah, qu'elle est pas trop en position d'intervenir, autant les scènes avec Sissi sont effectivement un peu gratuites et très fanservice, après, c'était un truc "relativement commun" à l'époque, principalement dans les séries japonaises, dont mine de rien Code Lyoko s'inspire beaucoup.
Concernant les scènes de douches, elles sont rarement démonstratives et ont souvent je pense d'autres messages. Dans le cas de Milly dans l'épisode Contagion, par exemple, elle fait référence à la très célèbre scène d'horreur du film Psychose, qui se déroule aussi dans une douche, instant de fragibilité et vulnérabilité.
Et les scènes en maillot de bain, je ne les trouve pas très insistantes non plus, elles sont même montées de manières assez banales, à part éventuellement celle de Bringa où là fatalement le but est de la montrer sous son meilleur angle.
En résumé, le fanservice cocnerne surtout Sissi, et ça reste mine de rien assez rare, même si c'est effectivement cru et gratuit quand ça a lieu.
J'ai exprimé mon point de vue sur le Discord, faisons le ici.
Même si, j'en ai déjà souvent exprimé un bon morceau dans les échanges impliquants Cyclope...Malgré tout...
Je ne suis, à l'instar du post relayé sur le site, pas très convaincu par ces rumeurs sur un potentiel chantier qui redémarre. Est-ce qu'il y aurait un réel intérêt pour les producteurs de relancer Code Lyoko ? Qui semble-t-il a fait son temps et l'a bien montré avec son premier reboot ? Hm...Boaf.
Mais même si quelque chose était réellement en chantier, j'avoue ne pas être bien hypé.
Quand j'ai terminé la série, peu après sa diffusion, j'ai longtemps voulu une suite. J'avais même, comme énormément de fans de l'époque, écrit cette suite. Sous la forme d'une fanfiction foireuse et adolescente qui avec le temps et les réécritures est devenue la Replika on the Web que l'on connait aujourd'hui (qui sur certains aspects, notamment ses premiers épisodes, vieillit aussi, je suis lucide là-dessus). Qui n'a plus rien d'une suite, et qui au final est plus devenue une petite histoire qu'un vieux fan s'amuse à entretenir pour ses souvenirs de la série qu'il a aimé.
Mais ce point de vue que j'avais à l'époque, il a évolué, principalement durant la diffusion d'Evolution. Si, d'un côté, la qualité douteuse d'Evolution ou le pitch des Chronicles dont la traduction sortait à ce moment, m'ont sans doute un peu frustré de ce qu'étaient les suites officielles à la série de mon adolescence, je me suis aussi rendu compte, notamment un peu par le visionnage de la vidéo de Tchouki et Al sur le sujet, que, cette saison 5, je la voulais surtout parce que je ne voulais pas voir la série s'arrêter. Après tout, j'adorais, Code Lyoko. Je guettais les réupload des épisodes sur YouTube comme un rapace scrutant la moindre charogne à se repaitre. Et j'ai été bien triste quand je n'ai plus rien eu à me mettre sous la dent.
Pourtant, si on arrête de considérer la série comme une simple victuaille hebdomadaire, on se rend compte...Qu'elle avait fait quasiment tout ce qu'elle avait à faire, à la fin de la saison 4. Certes, la backstory était encore teintée de flou et d'interrogations, certes, certains doutes et mystères planaient encore. Mais, les rouages des épisodes s'usaient, et, se faisait de plus en plus présent un reproche qu'on a tellement fait à Code Lyoko, et que même en tant que fan, j'ai du mal à lui retirer :
"Code lyoko, c'est un peu toujours pareil, non ?"
C'est vrai, et, il était sans doute préférable que ça ne finisse pas en autoparodie, et donc, qu'à un moment, une fin arrive. Et surtout, la fin de Code Lyoko, bah, elle est belle. Un savant mélange d'action, de suspense, de tension, de soulagement, et d'émotion, sur l'épisode 94, et un brin de nostalgie sur l'épisode 95. C'était la conclusion parfaite pour une série qui n'aura pas commis l'erreur de s'éterniser.
Et quelque soit la suite qu'on entreprendrait de faire aujourd'hui, elle va fatalement venir briser cette conclusion. Particulièrement si X.A.N.A. revient. Quoi de plus triste ? Toute cette réflexion sur l'extinction du supercalculateur, la transition ouverte amorcée par le 95 ? Le sacrifice de Franz-Hopper ? Est-ce que déterrer X.A.N.A. vaut-il vraiment mieux que de balayer tout ça ?
Aujourd'hui, je ne pense plus. Et quelque part, bonne ou mauvaise, je n'attend plus de suite.
Et même pour les questions en suspend, je n'ai plus vraiment envie de réponses officielles. Depuis ma venue sur le forum il y a dix ans, des interprétations cool de la backstory, j'en ai vu plein ! Et je ne considère même pas la mienne comme plus fiable que les autres ! Que ce soit celle de l'Engrenage, celle du Poids des Souvenirs, et toutes les autres que j'ai lues, ça m'a quelque part fait me dire que la commu a construit elle même ce qui manquait à la série. Et qu'aujourd'hui, le mur, bah il tient, plus besoin de rajout dans le canon officiel. On a déjà comblé les fissures. Et quelque part, donner une réponse officielle à tout ça, ça serait presque de trop. Ça viendrait, là aussi, balayer ce qui a été fait avant...
Au final du coup, même une bonne suite, il lui faudra beaucoup pour me convaincre et me la faire apprécier. Je suis pourtant bon public. Je l'ai dit, beaucoup dit. J'ai aimé Evolution. Pas pour sa qualité, mais parce que j'ai aimé revoir du Code Lyoko, parce que j'aimais la série. Mais est-ce que je retiendrai Evolution ? Est-ce que j'en serai aussi nostalgique que pour la série originale ? Non. Clairement, non. Et ce sera je pense vraiment dur pour une suite officielle d'en être capable. Et pourtant, aujourd'hui, 20 ans après, ce qui est plus important pour moi, vis-à-vis de Code Lyoko, c'est le souvenir qu'elle m'a laissé. Que ce soit par la série en elle même à l'époque, et toute la communauté de fans ensuite. Ça sera toujours en moi, et ça ne demande pas d'un coup de briquet pour se rallumer, car ça n'a jamais vraiment été éteint. Juste, que ça ne brûle plus de la même manière, voilà tout.
Salut à tous ! Merci pour vos retours ! C'est parti pou la session réponse aux commentaires !
@RedstoneMatt : Grand merci ! Pas de soucis, prends ton temps, l'épisode 41 commence tout juste et n'est pas pour tout de suite.
@Appryl : Grand merci également ! Et bah, pareil, la suite viendra !
@Evil Goat : Merci aussi ! Ce chapitre n'avance pas l'intrigue en tant que telle mais il était vraiment important pour moi, et du coup, on va développer un peu tout ça. C'est parti !
Les arcanes du Replika : Sur quatre roues.
Spoiler
L'épisode 40 est un épisode très singulier. Comme je disais, il est prévu depuis les débuts de la fanfiction. Pour deux raisons liées : Replika on the Web se déroule en Sarthe, au Mans, et le Mans est ma ville de naissance. Et celle où j'ai vécu mes premières années.
La Sarthe est un département français un peu étrange. Si l'essentiel du temps, c'est un endroit très paysan avec essentiellement des petits villages, des vaches, des champs à perte de vue, une grande forêt, et une petite cité médiévale, il devient, pendant deux jours dans l'année, un des lieux des plus fréquentés au monde, à cause de ce qui n'est rien d'autre qu'un des circuit automobile des plus prestigieux du monde. Et quelque chose qui revient dans la fiction, c'est qu'effectivement, la localité est très dévouée et fière de son circuit. Qui fête ses 100 ans cette année. L'automobile est aussi ancrée dans l'âme des sarthois que la pêche dans celle des bretons. Alors bien sûr, tous les sarthois ne sont pas fous d'automobile, tout comme tous les bretons ne sont pas pêcheur, mais c'est partie intégrante du paysage.
Ayant grandi dans cet environnement, j'aime moi-même beaucoup le sport automobile du Mans. Très singulier par rapport au Rallye ou la F1. Ce n'est pas tant les pilotes qui comptent sur les 24 Heures (bien qu'ils soient bien sûr grandement admirés), que les voitures ! Concevoir une mécanique futuriste capable de tenir 24 heures sans s'arrêter au maximum de sa puissance relève de prouesses d'ingénierie. La plupart des technologies automobiles ont été testées sur les 24 heures avant d'arriver sur le marché : les freins à disque, les feux en plexi, les airbags, les A.B.S., les moteurs électrique haute puissance, le rotatif...Bref, c'est un immense laboratoire de l'extrême.
C'est mon grand-père, dans ma famille, le plus amateur des 24 Heures. Il a fait toutes les éditions de 1951 à 1970. Et c'est lui qui m'a amené en 2001, pour la seule fois où j'ai réellement assisté à la course. Cette expérience est à peu de choses près identique au flashback de Fred de l'épisode 40. Et j'ai toujours la Mercédes qu'il m'a offert sur le circuit.
Faisons un petit fact checking, pour voir chronologiquement ce qui est vrai et faux dans l'épisode :
La moto de James se base sur une Triumph Street Triple. Seule moto puissante que je connais à peu près. Ce modèle est sorti en 2007, sauf erreur de ma part. Donc, elle ne pouvait pas exister dans Replika on the Web en 2003. Mais ses performances, son moteur, et sa descriptions sont correctes.
La Mazda 787B est une vraie voiture également, qui a bien gagné Le Mans en 1991. Si elle n'a jamais été surnommée "La Hurleuse", elle reste très célèbre pour son hurlement réellement unique qu'aucune autre voiture n'a jamais fait. Ses statistiques moteur sont également scrupuleusement exactes.
Que ce soit à l'allé comme au retour, le tracé du circuit est également respecté à la lettre. Y compris pour l'ajout des chicanes dans la ligne droite des Hunaurières. Cependant, si vous faites le trajet de Fred, James et Jessie sur la carte du circuit, vous constaterez que le trajet n'a pas vraiment de sens par rapport à l'allée. Grandement à cause du fait qu'ils prennent une partie non routière du circuit, et qu'ils font un gros demi-tour. C'était tout bêtement pour intensifier l'action. On a là une belle triche narrative.
Dans le flashback quelques recalibrations historiques ont été faites. Pour qu'il ait l'âge que j'avais en 2001 lors des 24 Heures, Fred a vu la course en 1995 (mon année de naissance, c'est drôle). Si lui a vu la victoire du prototype Peugeot et moi la victoire de la Bentley Speed 8, aucun de nous n'a vu les Mercedes en course. Elles couraient en 1999. Mais la voiture que j'avais choisi d'encourager à l'époque leur ressemblait.
Egalement, évidemment, Fred est miraculé de se tirer d'un accident de side-car à 400 à l'heure en aussi bon état. Bien qu'effectivement, aujourd'hui la sécurité du circuit et des voitures de courses permet à la grande majorité des accidents de ne pas causer de blessures au pilote malgré le côté impressionnants qu'ils peuvent avoir, une voiture, c'est quand même plus protecteur qu'un side-car. Mais bon. Code Lyoko faisait déjà survivre ses héros à n'importe quoi, alors, j'espère qu'on m'en tiendra pas rigueur ! Indiana Jones il survit à une bombe H dans un frigo. Alors zut.
Quelques facts sur l'épisode en lui-même. Il est, lui aussi, passé par de nombreuses versions. L'idée d'une course-poursuite sur les 24 heures est vieilles, mais l'idée de la Mazda ne l'est pas tant. Le prototype de l'épisode impliquait notamment une bande d'élèves rivale de la confrérie. Avec notamment un personnage qui aurait dû avoir son importance et qui n'est pas (encore) apparu finalement. Mais je ne révèlerai rien, à voir si ça sert plus tard.
L'ambiance globale de l'épisode a changé aussi. D'une fin d'après-midi ensoleillée on est passée à la nuit interdite. Plus logique, je pense.
Le titre a également été compliqué : "La dame hurlante", "Quatre roues.", "24 Heures Chrono", finalement, je suis très satisfait du titre actuel !
Avez vous spotté les références pop-culture de l'épisode ? Comme le fait Code Lyoko, et beaucoup d'autres épisodes de Replika on the Web, il y en a plein de cachées ! Cet épisode fait notamment référence au Cars de Pixar, ou encore aux Deux Minutes du peuple. Et bien d'autres !
Passons aux ambiances sonores. Y a évidemment pas de musique dans la fanfiction mais j'ai utilisé plusieurs fonds musicaux pour écrire les épisodes, et celui-ci ne fait pas exception.
Le premier prototype de la poursuite, celui n'impliquant pas la Mazda, s'est dessiné sur cette musique du jeu F-Zero GX. Tout droit sorti des années 2000. Mais la musique était finalement trop intense, et ne collait pas aux retouches faites à l'épisode.
Pour le voyage d'allée, le calme et nocturne, c'est aussi une musique de jeu-vidéo qui a servi, mais plus vieux jeu, style 80's groove. Elle incarne parfaitement pour moi le côté grisant et intense du voyage nocturne à moto.
Pour la course-poursuite démoniaque du retour, c'est le manga Initial D qui a servi d'influence principale. Bien que très différent du principe des 24 heures et même de l'épisode 40, Initial D possède une bande son calibrée pour de la course-poursuite nocturne, et c'est donc une horror euro-beat qui a servi de socle au récit.
C'est sûr cette ambiance rétro qu'on se quitte pour l'épisode 40 ! Enfin, sauf si d'autres commentaires arrive ! Le 41 est sur les rails, mais comme d'habitude, pas de délais annoncé !
...Et ouais. Putain, 10 ans ! Comme qu'il dirait l'autre. Et oui. Le 27 Août 2013, le premier épisode de Code Lyoko Alternate, Replika on the Web débarquait sur le forum.
Il s'en est passé, des choses. En dix ans. Des péripéties, des épisodes, des rencontres, des romances, des ruptures, des amis, des disputes, des souvenirs, des regrets.
Je vais pas vous faire un laborieux résumé ou un discours solennel. Sans doute que fut un temps, j'aurai revêtu une queue de pie, pour l'occasion, et pourtant, ça semble loin. Très loin.
J'ai quand même bien sûr quelques petites choses pour célébrer l'évènement.
Pour commencer, et bien, tout simplement, l'épisode 40 ! Eh. On pourrait se dire qu'un simple épisode, pour dix ans de fanfic, c'est bien maigre. Après, vu la fréquence des derniers épisodes, ça reste un évènement, mais...L'épisode 40 n'est pas n'importe lequel. C'est un épisode qui est en projet depuis 2015. 8 ans. 8 ans que j'attend d'arriver jusqu'à ce moment de l'intrigue. Et bon dieu que j'ai été heureux de pouvoir l'écrire. J'espère de tout cœur qu'il vous plaira autant à lire qu'il m'a plu de l'écrire.
Sans transition, on se retrouve sous le spoiler !
Quarantième épisode : Une nuit de 24 Heures...
Spoiler
-C’est possible plus noir ?
-C’t’une carte graphique VGA moderne. Y a des millions de couleurs là-dessus. C’est possible.
-Et davantage de détails sur ma coiffure ?
-Moi je veux bien, mais ça ferait pas trop de polygones ?
- Ça dépendra pas mal du niveau de détails de la scène ambiante. Il faudrait fixer un nombre maximal. Peut-être qu’on peut fiabiliser ça en reprenant un moteur physique OpenSource, c’est moi qui ai codé l’actuel. Mais y aurait toute la réimplémentation à faire.
-Laisse comme ça ! C’est rigolo, on dirait que je viens de la PlayStation !
Mission Gamma en préparation. On a testé le scanner. Un protocole plus pro aurait voulu qu’on fasse un test supplémentaire avec un animal vivant, comme le stipule le classeur d’Alban, mais je me suis formellement opposé à mettre Guizmo ou qui que ce soit d’autre de non consentant dans ce machin. Du coup, la suite logique, c’est la création des avatars virtuels qui nous serviront de support sur Lautriv et Replika One. Un rapide tutoriel de Blender et l’extraction de quelques modèles de Babylon Ninja Fighter 3 font déjà de bonnes bases à Céleste, qui s’amuse beaucoup à nous reconcevoir virtuellement. Surtout niveau costume. On est pas forcé d’être avec nos fringues de lycéens sur Lautriv. Ce serait même un peu compliqué d’affronter X.A.N.A. comme ça. Alban dans son classeur parle de tenues de combat avec des pouvoirs spécifiques. On a retrouvé les bases d’un code de génération procédurale d’avatar qui exploite visiblement des données cérébrales du sujet virtualisé, mais ce code est beaucoup trop lourd et incomplet, on a décidé de faire sans. Donc on fait nos avatars nous-même, en se basant légèrement sur les quelques exemples de génération notés dans le classeur. Actuellement, on est sur l’avatar de Jessie. Pendant ce temps, James et Tim sont en train d’apporter des modifications au scanner pour le fiabiliser.
-J’ai pas les yeux de cette couleur ! S’exclame le lunaire.
-Bah…Si ? Répond Céleste.
-Ça fait combien de temps que tu t’es pas regardé dans une glace ? Que je répond.
-Heu…
-Après on peut changer la couleur si tu veux. L’avatar pourrait avoir un aspect totalement différent de toi ! Déclare Céleste.
-Ah ?
- Ce n’est qu’une marionnette pour ton esprit virtualisé. Si tu veux on peut te lier à un des Furby qui se baladent actuellement sur la grand place. Fais-je d’un ton cynique.
-Ils ont pas de bras !
-C’est pas un soucis ça.
-Mais je veux des bras moi !
-…pour ça qu’on en a mis à ton avatar !
-Ah oui c’est vrai.
A défaut de pouvoir générer des avatars complets, on a quand même laissé notre implémentation de test du générateur d’avatar en autocomplétion. Si on oublie de gérer un truc dans la gestion de l’avatar, ce programme est en mesure de nous prévenir et reconstruire les parties manquantes. Qu’il y a quand même énormément de paramètres à gérer, tout à fait possible d’oublier un truc.
-Frédéric !
-Adèle ?
-Arrête de m’appeler Adèle !
-Oui, bon. Quoi ?
-On a pas tout ce qu’il faut, ici, il faudrait qu’on aille chercher des trucs au labo du vieux Mans.
Je tourne mon regard vers le vélux.
-Heu…C’est pas un peu…
Je suis instantanément interrompu par un bip bien insupportable de nos chers appareils des années 2000. Tim sort son téléphone de sa poche.
-Mon père. Faut que j’y aille. Allez chercher le trucs sans moi ! Je vous fait la liste !
-Quoi ? Ça peut pas attendre ?
-Pas envie qu’on bouffe une nouvelle attaque à la tronche sans pouvoir répliquer !
-Bah oui mais…
-C’est pas si loin le Mans !
-Oui mais faut pédaler quand même ! Fait Jessie.
-‘tendez, j’ai une idée, je reviens dans cinq minutes, annonce James.
-Je peux pas attendre, James, répond Tim.
-Nan mais toi vas-y !
-…Ah.
Tim semble piquée, même si je ne pense pas qu’elle ait raison particulière de l’être, mais du coup, elle quitte la pièce, James la suivant rapidement. Ne restent donc que moi, Jessie et Céleste, qui nous fixons bêtement sans comprendre.
-On peut changer ma coiffure ? Reprend Jessie
-Oh galère ! Ils sont bien comme ça tes tiffs, fais-je
-On peut bien essayer un truc ! Commente Céleste.
-…Flemme de changer l’implémentation moteur rien que pour ses cheveux.
-Eh ! Quitte à aller dans un monde virtuel sous les traits d’un avatar autant en avoir un qui ai de la gueule ! Me répond le lunaire.
-…Je sens que je vais regrett…
Sans que je puisse finir ma phrase, le harlement caractéristique d’un cyclomoteur se fait entendre de manière sonore depuis le vélux.
-Pfouuuuh…Ces motards j’te jur…
Décidément je peux pas en placer une, maintenant c’est le téléphone de Jessie qui m’interrompt.
-Allô ? Ah James ! Dehors ?
Perplexe, je m’approche de l’escabeau du vélux et passe ma tête par la fenêtre. Sauf que…
-Jessie ! Monte pas quand je suis sur l’échelle on va tom…
…Ah. C’est pas Jessie, c’est Céleste. C’est tout de suite plus troublant d’être à deux serrés sur ce petit escabeau avec elle.
-Hey hey hey !
En contrebas, près de la rue, James nous fait signe. Il chevauche une impressionnante moto noire, d’apparence ancienne mais luxueuse. Vraisemblablement taillée pour la vitesse, à en croire le profil effilé jusque dans le double feu avant, plus évocateur d’une machine sportive que d’un simple moyen de transport. Triumph est gravé sur le réservoir. A côté du véhicule est accroché un side-car tout aussi profilé, de couleur assortie, cerclé de barres de chrome.
Si l’engin me laisse dans une indifférence franche, Céleste émet un sourire amusé à sa vision...Vite écourté par le fait que l’escabeau se casse violemment la goule, vu que cette andouille de Jessie a voulu nous rejoindre. Nous faisant nous écrouler lamentablement tous les trois.
Après quelques secondes sonné je percute que j’ai eu le réflexe de tendre les mains devant moi pour éviter de me fracasser sur le plancher, et que j’ai fermé les yeux. Par contre on dirait que mes mains touchent un coussin. Pourtant y a pas de coussin à cet endroit. J’ai quand même pas roulé jusqu’au lit…
…
-PARDON ! Pardon pardon pardon ! J’ai pas fait exprès !
Je me relève précipitamment et m’époussette.
-Hein ? Qu’est-ce qu’y a ? Demande Jessie, qui manque de retomber en se relevant.
-Rien rien ! ...En voulant me relever j’ai…Heu…Je lui ai tapé le nez !
Céleste se relève également, les joues légèrement rosies.
-Bah pourquoi t’as fait ça ?
-C’est rien, il a pas fait exprès, répond l’intéressée d’une voix un peu aigüe.
-Mais…
-On descend ! Fais-je.
On rejoint donc James devant l’entrée du jardin.
-Pas mal hein ? C’est un oncle qui l’a donnée à mon père. Mais mon père s’en fiche alors elle passe ses jours dans un garage.
-Je suis pas sûr de comprendre…Répond-je.
-Bah, y a pas besoin de pédaler pour atteindre le Mans avec ce truc ! Me répond l’allemand d’un ton enjoué.
-Mais t’as le permis moto ? Demande Céleste.
-Ouais, j’ai le BSR depuis un an.
-Je doute que le BSR t’autorise à chevaucher une cylindrée de ce genre, que je commente.
-Je ne répondrai qu’en présence de mon avocat. Répond James d’un ton faussement princier.
-Toujours est-il que mes parents me laisseront jamais monter sur ce truc, déclarais-je. Et même si cet engin nous ferait gagner du temps, ils se demanderont où je suis en rentrant.
-…Moi aussi, fait Céleste.
-Heu…moi aussi en fait, ajoute Jessie.
James réfléchit quelques instants.
-Dans ce cas, je propose qu’on y aille durant la nuit, vers 3 heures du matin, pour être sûr !
-Va falloir encore se lever ? Dit Jessie d’un air irrité.
-…Le prix pour sauver le monde je présume…Soupire-je.
C’est donc à 3 heures du matin que le réveil a sonné. Il faut le faire taire bien plus vite que normalement pour ne pas se faire attraper. S’habiller, descendre discrètement, ouvrir tout aussi discrètement la porte d’entrée, et se pointer à l’entrée du jardin. Semblerait que James ait anticipé car le monstre noir est déjà devant le portail. Et Jessie est assis sur la moto derrière lui.
-Ava ? Réveil pas trop dur ?
-Hâte de retourner dormir. On passe prendre Céleste ?
-A moins que tu ne tiennes absolument à te serrer contre elle tout le trajet, il ne reste une place que dans le side-car. Donc, je lui ai dit qu’on gèrera sans elle.
-…Vous auriez pu gérer sans moi aussi…
-Je pense que tu restes le plus apte de nous trois à identifier les pièces dont a besoin Tim.
-Pourquoi qu’on a pris Jessie alors ?
-Boah…Veut faire de la moto moi ! Fait Jessie d’un air ridiculeusement indigné.
-Ça va ça va. Je prends le side-car.
-Tiens ! Met ça ! C’est le seul qu’il me reste.
James me tend un casque, accompagné d’une paire de lunettes. S’ils n’ont pas l’air de première jeunesse ils sont quand même en bon état. Cela-dit, lui et Jessie sont occupés de casques plus modernes.
-…Pas de bêtises, hein ?
-Pourquoi tu voudrais qu’on en fasse ? On est en mission ! Pas en rodéo !
…J’ai quand même un mauvais pressentiment.
Je monte donc dans l’habitacle. Le siège de cuir est d’un surprenant confort. Malgré tout je garde une certaine prudence. Je ne suis jamais monté ni dans un side-car, ni dans une moto. Et je ne suis pas sûr que James soit le meilleur conducteur pour une première expérience. J’enfile les lunettes par-dessus les miennes, puis le casque. Assez lourd, mais ça a un côté rassurant.
-Bien. On y va, lance James avec entrain.
-On prend les Hunaudières ? Demande Jessie.
-Les quoi ? Répond James.
-La ligne droite des Hunaudières. C’est une voie rapide. On y roule trop vite pour les cyclistes, pour ça que Jessie t’y as pas envoyé jusque là.
-Ah. J’y vais par où ?
-Suis les panneaux D338.
-Ok !
James tourne la clé, le double feu vient asperger la route d’une violente lumière blanche. Même le feu avant du side-car ne rivalise pas. Un clic de plus, et le brûle-pétrole de compétition se met en route dans un son hargneux…Trop hargneux.
-Eh ! Doucement sur le champignon ! On doit réveiller personne !
-On file ! Fait James en m’ignorant complètement.
La Triumph s’engage donc sur la route. Non sans violence. V’la t’y pas que je suis plaqué contre le siège de cuir. Heureusement qu’il est pas en taule. Assez vite le bruit du vent vient presque masquer le son du moteur. Et les maisons viennent à défiler tellement vite qu’on ne les distingue plus. En même temps, on voyait pas grand-chose de base, en dehors de la lumière des phares.
Curieusement, la sensation n’est pas aussi effrayante que j’aurai cru. C’est même plutôt grisant. Le vent a beau me frapper violemment au visage, la fraicheur est agréable, et même si on ne doit pas être au-dessus de 60 à l’heure, la sensation de vitesse donne vraiment l’impression de dominer la route.
Le paysage sarthois n’est pas bien changeant avec l’heure de la journée. Essentiellement des champs, des vaches, et des champs de vaches. Quelques maisons de temps en temps, des clôtures, des poteaux électriques, de vagues collines en fond, et pour tout soleil nocturne, une lune ronde et brillante. Mais ça a un côté bien plus marrant qu’en voiture, dans le side-car. Un côté plus sauvage. Peut-être que le fait qu’on nous croit tous au lit ajoute à l’effet.
Aux détours d’un rond-point, quelques couleurs viennent un peu changer le tableau. La grande fresque de la route du Mans. Elle rend hommage à l’évènement le plus prestigieux de la région, les 24 Heures.
Tandis que la moto continue sa course, apparaissent rapidement après la fresque, la piste large, et les bandes bleues et jaunes, dans les virages.
-Ach. Qu’est-ce que c’est que ces trucs ? Demande James au guidon.
-Bah…C’est les vibreurs ! Répond Jessie.
-Les vibreurs ?
-Pour éviter les dérapages des voitures dans le circuit, répond-je.
-Le circuit ? Mais on est pas sur circuit, là, si ?
-Bah si ? Demande Jessie, à moitié sûr.
-Hors période de course, plus de la moitié du circuit est converti en route civile, que j’ajoute.
-Mais comment vous savez tout ça ?
-Tous les gens d’ici savent.
___
Je ne suis allé qu’une seule fois voir la course des 24 heures. Avec mon père, quand j’avais 6 ans. C’est un souvenir particulièrement marquant. L’arrivée sur le circuit a été fastidieuse. Pour me faire patienter, papa avait acheté sur un des stands une petite voiture. « De toutes les petites voitures que tu as, dis-toi que celle-ci aura vu un vrai circuit. » Il avait l’air aussi excité que moi. C’était une Mercédès. Il m’a aussi pris un casque, pour le bruit.
Puis on a pris place. On était dans la ligne droite des stands, la ligne de départ se trouvait un peu avant notre position. Je ne sais combien de temps on a attendu. La foule trépignait d’impatience, j’entendais d’autres enfants moins sages réclamer les voitures à leur parents, les locaux déclarer aux touristes qu’ils ne regretteraient pas leur séjour. L’atmosphère était chargée de tension et de joie. Je ne saurai pas décrire avec précision le côté palpable de ces ressentis.
Puis elles sont arrivées. Il y en avait une bonne quarantaine, toutes colorées. Grondants comme des molosses prêts à charger, serpentant le long de la route comme des reptiles se poursuivant furtivement. Je me suis amusé à mettre la Mercedes devant mes yeux, à bonne distance, pour faire comme si elle se trouvait au côté de ses concurrentes sur la piste, c’est là que mon père m’a tapoté l’épaule.
-Choisis-en une, Fiston. On la soutiendra aussi longtemps qu’on pourra !
Je ne mis pas beaucoup de temps à trouver. Ma voiture avait deux jumelles qui serpentaient en plein milieu du peloton. Deux Mercedes éblouissante sous les éclats de leurs ailes d’argent.
-Celles-là papa ! Celle-là !
Mon père a eu le sourire le plus innocent que je crois lui avoir connu.
-D’accord fiston. Accroche bien ton casque, elles vont partir !
Successivement, à chaque roue foulant la grande ligne à damiers peinte sur le sol, tel un taureau entrant dans une arène, les monstres de métal s’élançaient dans un mugissement assourdissant, filant comme des étoiles pour disparaître au bout de la courbe Dunlop…Tout le monde s’est tût dans le public. On entendait au loin que la voix du commentateur s’adressant aux tribunes plus fortunées. Et le son des moteurs, lancés au maximum de leur potentiel. J’ai ressenti dans la foule comme une sorte de prière, collective. Comme si tout le monde espérait que chaque voiture tienne les 24 heures qu’elle aurait à tenir. Je me suis rappelé m’être dit que cette course, au final, c’était beaucoup d’espoir. L’espoir du public de voir sa voiture franchir la ligne entière demain en fin d’après-midi, l’espoir des membres du stands d’être assez efficace pour maintenir les bêtes à pleine énergie dans cette rude épreuve, l’espoir des pilotes de voir le bout du circuit, autrement que dans les faussés bordant la route. L’espoir des concepteurs d’automobile, d’avoir conçu la monture qui jamais ne fera défaut à l’écurie.
A peine ai-je eu le temps d’avoir cette réflexion que mon père me fit signe. Les bruits de moteurs à présent lointains s’amplifiaient déjà, et au bout de la route, sur notre gauche, luisaient déjà les premiers phares des créatures à roues, en quelques secondes à peine, dans une nuée de poussière, de flammes et de trainées colorées, passèrent les 45 concurrents validant leur premier tour. Le casque vibrait sur mes oreilles, mes yeux n’arrivaient pas à suivre ne serait-ce qu’une voiture. Et en quelques secondes, c’était déjà fini, les moteurs se refaisaient déjà lointains, plus éloignés dans le circuit.
Même si ça peut paraître répétitif, de voir des chevaux de fer courir sur du bitume, cet espoir semblait maintenir en haleine tous les gens autour de moi. Certains encourageaient, applaudissaient, les enfants riaient. Sur les stands, en parallèle à la piste, on voyait les voitures s’arrêter reprendre des forces, par intermittences. Des fois on changeait les roues, d’autres fois les freins, par moment on refaisait juste le plein de carburant. Il était difficile de situer les Mercédès dans le peloton infernal. Mais plusieurs écrans bordant la piste donnaient des plans plus rapprochés des voitures et indiquaient le classement.
Même si nous avons quitté le circuit à la tombée de la nuit, car mine de rien, suivre l’épreuve 24 heures est sans doute presque aussi éprouvant que pour les coureurs, j’ai pu voir la victoire le lendemain, à la télé. Ce n’est pas une Mercédès qui a gagné. Mais un prototype Peugeot Welter Racing. Ça reste quand même une belle voiture !
Tandis que ce vieux souvenir vient doucement occuper mon esprit, la Triumph s’engage sur la grande ligne droite. Je l’ai prise plusieurs fois en voiture. Pourtant, je n’ai jamais autant été ému sur cette route qu’à cet instant. James dessine un calme sourire, tandis que Jessie semble déborder d’enthousiasme. C’est dans une accélération puissante mais malgré tout maîtrisée que la moto remonte cette vieille route qui a vu tant de bolides. On doit paraître ridicule, à 90, à côté des machines qui l’ont foulée à plus de 400 kilomètres à l’heure…Après, cette route voit bien plus de véhicules à 90 qu’à 400.
Après deux trois kilomètres, James se permet quand même un peu d’engager le tachymètre et faire hurler un peu le brûle-pétrole. Ça doit tenter plein de gens, de dépasser les 90 réglementaires, sur cette route. Après-tout, là, il n’y a personne. Autour de nous, c’est le reste du circuit, les champs, et les dispositifs de sécurité. On aperçoit aussi les deux nouvelles chicanes construites récemment, pour ralentir les voitures, devenues dangereusement trop rapides pour une telle route sans ralentissement.
Alors que nous passons la fine courbe d’Antares, qui marque le début des Hunaudières pour les coureurs, et sa fin pour nous, le virage du Tertre Rouge apparaît. Ainsi que le carrefour qui nous renvoie dans la circulation civile. C’est un peu triste de quitter le circuit. Mais on repassera au retour ! Et dans le bon sens !
On est donc rapidement arrivé à la vieille maison. Le vieux Mans est curieusement plus sinistre de nuit que de jour.
Et encore, c’est que la ville, en soi, elle a juste l’apparence d’une vieille cité aux ruelles sombres et aux imposantes maisons dont les ombres jouent avec les lumières de la lune. Mais c’était rien comparé à l’ancienne maison des Sita. A pine la porte ouverte au moyen du trousseau de clés (qu’Adèle avait laissé au grenier pour un cas de ce genre), que le nauséabond couloir moisi, qui cette fois-ci en plus d’être moisi, était complètement indiscernable, nous fit face.
-Quelqu’un tenté de passer devant ? Fais-je d’un ton sarcastique.
-…Pas…pas moi ! Fait Jessie d’un air apeuré.
-Peur de te faire dévorer par des gremlins ?
L’accent allemand de James a un effet assez amusant avec le mot « Gremlins ». Il reprend :
-Bon allez, j’y vais.
Et il prend donc le pas. On suit derrière lui. On a pensé à prendre une lampe torche, donc, ça va. La porte indiscernable sous l’escalier, la vieille galerie, on se retrouve dans le veux labo en moins de temps qu’il ne faut pour le dire !
-Bon, alors, qu’est-ce qu’on prend ? Demande Jessie.
-Tu as la liste James ?
-J’ai. Tiens.
Rien de bien méchant, deux trois circuits annexes. Suffit de regarder la nomenclature de chaque circuit de ce fourbi. On a pris donc toutes les cartes nécessaires, et on les a placés à mes côtés dans le side-car. Une fois les portes fermées et tout le monde réinstallé sur la moto, on redémarre après deux trois pétarades, et on repart vers l’aventure au galop. Comme un cavalier qui surgis hors de la nuit. L’odeur de gazole en plus.
Si le retour est dans la même veine que l’allée, j’ai quand même la sensation d’avoir plus froid. La nuit est plus avancée, après…La route défile. D’abord les rues du Mans, puis, les pavillons de la banlieue, puis la départementale. Enfin, les vibreurs reviennent dans les virage, et la piste s’élargit de nouveau. Quand soudain, James brise le silence. Enfin, le silence hors du bruit du moteur.
-Vous entendez pas comme un bruit ?
-Un bruit ? Demande Jessie.
-On dirait une femme qui crie, qu’il enchérit.
…Effectivement, malgré le son des bourrasques et du brûle-pétrole, se distingue dans la nuit, au loin, un son aigüe, assez constant. Mais ça n’est pas une voix.
-C’est pas quelqu’un qui crie.
Mon corps commence à se tendre. Un début de réflexion commence à déranger mon esprit.
-Qu’est-ce que c’est alors ? Un animal ? Me demande James.
-…C’est un son que tous les gens d’ici connaissent.
-Quoi ?
C’est le son d’un rotatif de conception japonaise.
Jessie comprend, entrouvre les yeux avec horreur. Il se tourne vers l’arrière de la moto. Je suis son mouvement. Dans l’encre du décor se distinguent au loin deux yeux éblouissants, qui semblent nous approcher.
-C’est…C’est…C’est la hurleuse ! Elle…Elle nous poursuit ! S’exprime Jessie avec terreur.
-La hurleuse ? Qu’est-ce que c’est ? Une créature folklorique du coin ?
-Nan. Répond-je d’un ton tremblant. Elle a gagné les 24 Heures en 1991. C’est la première et la dernière rotative à l’avoir fait. Son moteur atypique la caractérise de par sa voix criante…C’est une Mazda 787B. Elle peut monter à plus de 400 à l’heure…Et toutes ses commandes sont électriques…
-Mais qu’est-ce qu’un tel engin fait sur la piste à une heure pareille ?
Sérieusement ?
J’ai même pas le temps d’être désobligeant que Jessie, pour une fois plus rapide à la détente, hurle.
-ACCELERE JAMES ! X.A.N.A. LA CONTRÔLE ! ELLE VA NOUS ECRASER !
James percute vite l’idiotie de sa question et pousse la poignée de gaz. Alors que le son du moteur hurlant se précise, notre tricylindre répond à la plainte du rotatif et hurle violemment à son tour. Lançant d’un violent coup notre bolide vers l’avant. Je suis plaqué contre le siège du side-car, tout juste si j’arrive à m’accrocher aux parois. Dans le mouvement de l’accélération, ma tête, poussée vers le haut, me fait voir le ciel, la lune et ses étoiles. Et pourtant ça doit être les nuages sombres que je distingue le plus. Je me sens glacé. Le vent n’a plus rien d’agréable. Je sens mon cœur battre. J’ai peur. Dès que mes yeux font à nouveau face à la route, le virage Porsche apparaît comme par surprise. Instantanément, je réagis :
-JAMES ! A droite !
L’interessé réagit assez vite pour ne pas nous envoyer dans le décor, non sans faire crisser les pneus. C’était juste.
-Quelle direction le prochain virage ? Schnell !
Jessie renbraye en vitesse :
-Après Porsche c’est le virage du pont ! A gauche !
-Vous connaissez le circuit à ce point ? Se questionne notre pilote.
-Tous les gens d’ici le connaissent ! Virage karting ! Droite ! Droit devant !
D’un coup de guidon ce virage est vite oublié, Jessie reprend :
-Virage Corvette ! Gauche !
Je reprends du tac au tac.
-Maison Blanche juste après ! C’est une chicane ! Côté droit !
Le hurlement se rapproche de nous. Il est désormais impossible de contester que c’est un moteur qui nous poursuit. On voit même par intermittence les phares éclairer notre dos…La Mazda est deux fois plus rapide que la Triumph, c’est une course perdue…Je reprends :
-C’est droit pendant quelques mètres ! Ensuite c’est la chicane Ford ! Après c’est le raccordement Bugatti puis la courbe Dunlop !
J’ai du mal à respirer…J’ai l’impression d’avoir la poitrine écrasée par des pierres ardentes, tout en tremblant de froid. Le moteur de la Mazda en est presque à masquer celui de la Triumph, j’ose tourner la tête…
Elle est deux virages derrière nous. Entre Karting et Corvette. On la distingue à peine. Ce n’est pourtant pas la plus discrète des 24 heures avec sa livrée orange et verte. Mais ses phares éblouissent tellement que c’est tout ce qu’on distingue…
En me retournant je constate que Jessie surveillait l’arrière aussi, terrifié :
-James ! James ! James ! Elle nous rattrape !
-…J’suis au max ! Après Dunlop !
Je réponds :
-Après Dunlop, c’est Chapelle, droite léger, puis Forêt, gauche ! Et après, le Tertre Rouge ! 90° droite !
-Reçu !
-Elle va nous emboutir ! Hurle Jessie de panique.
-On a qu’un Triple Engine de 108 chevaux ! Répond James d’une panique irritée, on peut pas rivaliser contre…
-…Un RS26B de 700 chevaux, répond-je d’un air presque éteint.
-Il faut faire quelque chose ! On peut pas continuer à ce train !
-Il faut qu’on passe le tertre rouge ! Je crois savoir ce qui peut nous sauver ! Que je déclare.
A peine finis-je ma phrase que le Tertre Rouge file en quelques secondes. Les Hunaudières sont de retour. James pousse l’accélérateur à fond.
Le son de la hurleuse devient de plus en plus assourdissant. Notre brûle-pétrole semble de plus en plus ridicule à côté. Pourtant, le tachymètre tremble autour de 230 à l’heure, et de violentes secousses ébranlent le side-car. James fait preuve d’une conduite incroyable. L’impression qu’il a déjà conduit cet engin à cette vitesse vient comme une évidence…
J’ose me tourner, les deux yeux sont à quelques mètres derrières et remontent vers nous, de plus en plus vite, ils sont tellement lumineux qu’on ne distingue rien d’autre, la Mazda fonce droit sur nous, comme une moissonneuse qui voudrait piétiner un tracteur…
-FRED ! Si t’as une idée c’est maintenant ! Lance James, un œil dans le rétro.
-Pousse à fond ! Pousse à fond ! T’arrêtes pas !
Je me retourne vers l’avant. On y est presque.
-FRED ! Hurle Jessie.
-MAINTENANT !
Comme je l’espérais, dans le rétro, la Mazda donne un gros coup de frein, et se déporte violemment sur la gauche, tandis que nous fusons toujours tout droit.
-QUOI ? Lance James, abasourdi.
J’ai presque un rictus cynique, fortement altéré par le stress.
-Il prend la chicane ! X.A.N.A. suit le trajet du circuit ! Il ne connait pas la route civile !
-Comment il peut faire une erreur aussi grossière ? Demande Jessie.
-Simple défaillance informatique classique. Il conduit une voiture de course, il est en contexte de course. Mais je suis sûr qu’il va réadapter l’algorithme.
-Puis on va juste le distancer de quelques mètres, quand il sera de retour dans la ligne droite…Fait James.
-Il y a deux chicanes dans les Hunaudières. Il faut prier pour qu’il percute pas avant la deuxième…
X.A.N.A. a beau être un programme performant, il a ses biais, comme tous les programmes informatiques. Il est sans doute plus limité depuis qu’il a quitté son superordinateur…Il devait être redoutable avec les possibilités de calculs d’un tel machin. Il paraît évident que ce qu’il cherche en piratant des machines comme la notre, c’est regagner en puissance. Mais je pense qu’on est encore au début, et qu’il n’a pas la capacité de réaction suffisante pour s’adpater aussi vite sur le circuit…J’espère, tout du moins.
La Triumph hurle violemment en avalant la route. D’un irritant crissement de freins, la lumière revient brutalement dans notre dos, la Mazda vient de sortir de la chicane, remontant vers nous à toute vitesse…J’ai l’impression de ne plus rien voir d’autre que cette violente lumière derrière nous, émise par les deux yeux effrayants de la hurleuse, et nos propres feux avant, éclairant la ligne droite qui semble encore sans fin à cette distance de Mulsanne, le virage qui maque la fin des Hunaudières. Malgré les secousses du side-car je sens que je tremble comme une feuille et malgré le confort du siège, mon dos me fait atrocement mal, tous mes os semblent voutés par la peur. Il n’y a plus que mon instinct qui réagit.
-Seconde chicane ! Droit devant !
Jessie renchérit :
-On file droit et on prie pour que lui tourne !
La moto dépasse l’aiguillage de la chicane, pleine ligne droite. On est tous les yeux vissés au rétroviseur, priant pour voir les phares quitter la route…Phares qui se rapprochent…De nous…Comme de l’aiguillage…Presque…Presque…
…Les phares n’ont pas quitté la route. La Mazda continue de nous rattraper, pleine ligne droite.
James ose un presque timide :
-…Et maintenant ?
Nos trois regards se sont joints, malgré nos visières et nos lunettes. Et on a tous pensé la même chose.
-AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !
A peine on a commencé à hurler de peur qu’un bruyant choc s’est ressenti sur l’arrière, le rotatif hurle dans nos oreilles. Alors qu’on avait déjà l’impression de fuser à la vitesse de l’éclair voilà qu’on est propulsé deux fois plus vite sur la ligne droite. C’est tout bonnement terrifiant. Je sens l’accélération écraser ma cage thoracique, ça m’étouffe mais je ne peux pas d’arrêter de hurler. Je sens ma gorge brûler, et devant, la route. Et Mulsanne, qui se rapproche à toute vitesse. Sous la force de la voiture la roue avant de la Triumph se soulève, le side-car est violemment dressé vers l’arrière, mais je ne réagis même pas. En fait, je suis tellement en surrection que je ne pense même pas pouvoir réagir plus…Je ne vois plus que le ciel, qui semble cruellement calme et paisible comparé à notre situation.
Et soudain, dans un gros clang métallique, je bifurque violemment sur la droite…J’ai la courte sensation de voler tout en fusant à haute vitesse. En fait, je ne comprends plus rien à ce qu’il passe, c’est flou, et vague, et tout semble aller monstrueusement vite…Le bruit des moteurs semble s’éloigner vers la gauche, et seul le gros grincement d’une roue se fait entendre.
Et puis après…Je sais pas trop. Un énorme choc, encore plus violent que le premier, et des étoiles, partout. Beaucoup de noir aussi. La sensation d’un balancier d’horloge, le son d’une boîte à musique, et une jolie demoiselle en jupe qui me tend la main…
J’ai mal à la tête…
-Fred ! Est-ce que ça va ?
J’ai le dos en compote…
-Fred ! Réveille-toi mon vieux !
Une vague forme sombre dans la nuit…
-Fred ! S’il te plait !
On dirait quatre…Deux…Non…Si…Deux jeunes hommes.
-Frédéric !
-…Ouch…
-Je…Est-ce que…Est-ce que ça va ?
-J’ai…J’ai vu mieux…
Ouh la vache. C’est Frédéric Meuringue, camionneur depuis 40 ans qui répond…J’aurai dû arrêter de fumer pour pas avoir une voix aussi dégueu. Ou alors de hurler dans les course-poursuite de voiture…
Recalcul en cours. Je suis toujours assis sur le siège en cuir…J’ai beau avoir des douleurs absolument partout, il semblerait que je n’ai rien de cassé…Le siège est toujours très penché sur l’arrière…Mais il ne bouge plus…Si. La roue à ma droite tourne dans le vide…Jessie et James me fixent juste à côté d’elle. C’est à ce moment-là que je percute qu’à ma gauche, y a un gros tas de sable…Et plus du tout de moto.
-gueskisèpazé ?
James, visiblement, comme Jessie, en un seul morceau aussi, mais passablement sonné, me répond d’un air voulant éviter le groggy…
-Le side-car s’est décroché sous la vitesse. On est parti chacun d’un côté de la route. La moto a calé, mais on a gardé l’équilibre jusqu’à s’arrêter doucement, toi apparemment, t’es parti voler dans le sable de sécurité du circuit…Sacrément efficace ce dispositif…
-Ouh…C’était ça l’aspect montagnes-russes.
-Un peu violentes tes montagnes-russes, commente Jessie.
-…Je devais pas faire la taille requise, que j’ironise en m’extirpant lourdement de l’habitacle.
Mes jambes arrivent toujours à me soutenir. Ouf !
-Et…Et la hurleuse ? Fais-je.
-Fracassée dans Mulsanne…X.A.N.A. n’a absolument pas freiné, erreur de débutant…Commente Jessie d’un air navré.
Effectivement, d’un regard vers Mulsanne je vois la voiture enfoncée dans un talus du virage, surplombée d’un épais nuage de fumée noire. On reste un moment, assez penauds, à regarder la carcasse de celle qui a bien failli rouler sur les nôtres.
-Vous pensez qu’on va avoir des problèmes ? Questionne Jessie.
-Tu disais pas que X.A.N.A. réparais ce qu’il cassait pour pas se faire chopper ? Me demande James.
-…Je sais pas à quel point il est capable de faire ça…Après…Heu…
-Hein ? Me répondent les deux d’une même voix.
-…Techniquement, c’est pas nous qui avons fracassé cette voiture.
Jessie me regarde avec ses yeux de poissons, et James l’imite très fidèlement, même s’il finit par admettre…
-…Vrai qu’on peut juste repartir…Personne pourrait se douter que la voiture nous poursuivait…
James osculte le crochet du Side-car.
-Ça va. Il s’est juste décroché, le système ne semble pas endommagé. On a pas fracassé la Triumph donc…Bah…On peut rentrer.
-On…On y va doucement, hein ? Fait-Jessie d’une voix timide.
Tournant un regard vers moi qui doit avoir le même air supplicatif, James a un rictus.
-J’voulais pas refaire de rodéo de toute façon. Vous m’aider à remonter ce truc ?
Fou qu’on s’en soit tiré sans une égratignure…’fin…Façon de parler, même si les véhicules n’ont rien, moi, je suis couvert de bleus. Mais ça aurait clairement pu être pire.
On a tout remis en place, et donc, le brûle-pétrole de la bécane est reparti. Le démarrage a semblé difficile. On dirait que lui aussi ça lui a pas plu, les 11 000 tours/minutes. Même si le retour à régime calme a semblé lui convenir davantage, vu qu’il ne nous a pas lâché. ‘fin je suppose vu qu’on est arrivé, mais j’ai dormi bonne partie du trajet.
Je suis rentré dans mon lit en total mode automatique, je me rappelle même plus si j’ai dit au revoir aux autres. Sans doute que oui ? Ouh la vache c’est une vraie mélasse dans ma tête.
C’est drôle, parce que j’ai eu peur. Atrocement peur. C’était tout bonnement terrifiant. La moto qui fuse sur le circuit, le bolide de course derrière-lui, le choc, le vol du side-car…Les moteurs qui hurlent, les secousses, l’accélération écrasante…La fumée noire sortant de la carcasse…
Pourtant, ça ne me fait pas oublier l’allée, où la moto était grisante, le circuit nostalgique, et la nuit magnifique…Je saurai pas dire si cette virée nocturne était si horrible que ça…Je pourrais presque dire que la Mazda est juste arrivée comme Dagobertrand à une fête d’anniversaie, mais je suis peut-être encore trop dans les choux pour avoir un jugement objectif. Puis d’où je cherche à noter ma virée nocturne moi ? C’est idiot !
Ce que j’arrive encore à me dire par contre, c’est que X.A.N.A. a très certainement activé une tour pour envoyer ce gros jouet à nos trousses…Va falloir qu’on la désactive…Et aussi espérer que quand les gens vont retrouver une victorieuse du Mans encastrée dans le virage de Mulsanne…Qu’on ait pas de soucis…
Bon sang de dieu que ça va nous donner des ennuis tout ça encore…
To be continued…
___
Et...Vala. Ça vous a plu ? Hésitez pas à le dire, comme d'habitude ! Mais, j'ai encore quelques petites choses pour vous.
Tout d'abord, je vais quand même prendre le temps de répondre au commentaires sous l'épisode 39 ! Eh.
@Evil Goat :Alors...Ça fait...Des lustres...Que j'ai pas répondu à un aussi long commentaire. Grand merci !
Sponsorisée par Apple...Surtout par l'ordinateur que j'avais en 2013 en réalité. Et qui est bien sorti en 2003. Même si bon, techniquement j'ai un peu joué sur les années.--'
La mise en page est très très dûe au forum. Le text en blanc, par exemple, ce n'était pas volontaire de ma part, juste qu'il l'est toujours au dessous d'une citation. Après, le forum n'a sans doute jamais été le meilleur endroit pour lire, un jour il faudra que je termine le passage de la fanfic en ePub que j'avais commencé...Un jour...
La fic a été écrite en 2013, mais se déroule en 2003. Si Skype était encore marginal en 2003, il existait à cette date, pour ça que c'est lui qu'on trouve dans la fic. Là aussi, j'ai un peu forcé, c'était sûrement plus les années MSN à l'époque, mais boah. Pas un écart bien méchant.
Le miroir n'est pas mon idée, Ulrich le fait, de mémoire, dans l'épisode du concert d'Aelita.^^ Concernant le "en temps normal", comme je disais, je l'explique par le fait que le Macstodonte est bien bien bien moins puissant que le supercalculateur de l'usine, et que donc, X.A.N.A. a du mal à maintenir ses programmes dessus. Comme GlaDOS qui ne maintiens plus ses algorithmes de politesse quand elle est dans un patate.^^
Merci en tout cas beaucoup pour ton commentaire, j'espère que la suite te plaira !
@RedStoneMatt : Merci beaucoup, épisode pas sorti en 2033. On a réussi à faire plus rapide. Eh. Comme quoi, je suis peut-être pas si rouillé que j'en ai l'air, merci beaucoup en tout cas !
Cadeau suivant, un vieux dessin dépoussiéré pour l'évènement, que vous n'aviez jamais vu...Voici, un visuel de Lautriv ! :3
Et donc...Pour la suite ? Et bien, on continue ! Eh, tant que possible ! Mine de rien, l'épisode 40 m'a redonné courage. Et m'a fait me dire que malgré ce que les gens qui savent savent, je suis toujours heureux d'écrire cette vieille fanfic de lycéen, malgré la trentaine qui approche. Je vous promet pas un épisode hebrodmadaire comme aux premiers jours, mais, je pense que vous en reverrez. Et même si un jour je renonce à aller jusqu'à la fin, je vous promet au moins de vous partager toute la trame, qui arrive déjà à ladite fin. Mais j'espère ne jamais faire ça. J'ai toujours envie d'écrire et continuer.
Il y a paradoxalement pas mal de choses et en même temps peu à dire sur ce texte, en réalité. Ce texte étant une très ancienne scène avortée d'une éventuelle suite à X.A.N.A. attaque à fond, il reprend grandement les principes du premier épisode. A savoir, faire un texte dont le seul but n'est que d'être érotique, quitte à faire impasse sur la cohérence et le scénario. Comme la pornographie, en somme. C'est pour ça que les choses vont bien trop vite et ne sonnent pas naturelles, je n'avais pas volonté d'être réaliste quand j'ai écris ce truc. Surtout que bon, le parti pris de base était déjà monstrueusement casse-gueule : caser Laura et Sissi, c'est assez difficile à justifier, autrement que part du bête fanservice, et c'est quelque part la seule justification qu'avait ce texte. Histoire de rentrer dans les principes bien crades et stupides de son projet d'origine. Cela-dit, entretemps, le projet XaF 2 a énormément évolué et n'a pas le même degré de stupidité que le premier épisode, qui n'avait pour but que de faire du cul bien crade, quitte à faire vraiment n'importe quoi avec les personnages et le scénario.
Malgré tout, même si ce texte est volontairement un navet érotique, c'était un exercice de rédaction amusant, et c'est pour ça que j'ai souhaité le partager sur le forum. Surtout qu'effectivement. Le texte fonctionne sur un scénario pornographique, mais n'est pas cru et vulgaire comme le sont les œuvres du genre. Tout simplement parce que je n'aime pas ça. Ça a toujours été toute l'ironie dans mon implication dans les textes de la Cave. Je n'étais pas capable d'écrire les grosses scènes puantes et hardcore qui composent ces textes, tout simplement parce que j'en suis trop vite dégouté. Dans le premier épisode, du coup, je m'étais simplement contenté de scènes softcore plus romantiques qu'érotique. Ce texte est quelque part un cran au dessus. Mais ça devait, là encore, être un des textes de débuts avant que les autres plumes gluantes de la cave ne viennent passer aux choses sérieuses. C'était du coup, une mise en bouche, quelque part, qui reste personnellement dans le seul registre que j'apprécie des écrits érotiques, le côté plus sobre, romantique, plus suggestif que réellement cru et démonstratif.
Après, est-ce que Laura peut-être pure à ce point à 15 ans ? Je pense que oui. Si le personnage de Laura est officiellement assez vague dû à son peu de présence, elle nous est surtout présenté comme un personnage solitaire, cliché très exagéré de l'ingénue intellectuelle qui ne voit rien au delà de ses livres. Personnage types des anciennes œuvres de fictions érotiques d'ailleurs. Et ce genre de personnage, en général, ne s'intéresse pas à ce genre de chose. Donc, leur connaissances ne sont pas aigües sur le sujet. Mais encore une fois, c'est une fiction volontairement clichée, donc fatalement, ça n'a rien de réaliste.
Concernant les coquilles, j'ai pourtant passé le correcteur plusieurs fois, mais je suis toujours sur un traitement de texte assez ancien et le correcteur manque peut-être de performance.
Mais sinon, oui. Je pense que si ce texte fait si vide et inachevé, c'est parce que justement, il n'est qu'une partie d'un projet qui n'existe plus désormais. Car énormément revu après le retrait de ce texte. On se retrouve donc avec une scène seule qui n'a pas le reste de son intrigue pour fonctionner, ni la ligne directrice globale que devait prendre son œuvre complète. Mais encore une fois, ça restait un exercice d'écriture amusant.
Peut-être avez vous vu passer, dans les affres insondables et pleines de microbes de l'oubli du forum, deux textes à l'allure sinistre et à l'odeur peu ragoutantes créées par un collectif mystérieux d'écrivains vivant dans une cave.
Ça n'a pas été un grand secret pour grand monde, j'ai fait un temps parti de ce collectif et j'avais donc participé à l'écriture du premier des deux textes. Ce qui ne se sait pas, en revanche, c'est que j'avais également une scène dédiée dans le second. Mais à cause de soucis personnels, cet écrit n'a pas été retenu dans la version finale.
Malgré tout, ce texte m'amusait beaucoup, alors, je l'ai avancé dans mon coin, et j'ai pu en faire un One-Shot qui ne dépend plus vraiment du texte d'origine. Qui lui aussi a pas mal été revu et n'inscrit donc plus cette scène dans son récit.
Voici donc une scène supprimée de X.A.N.A. attaque à Fond 2, réécrite pour être indépendante. J'espère qu'elle vous amusera autant qu'elle m'a amusé à l'écrire.
Précision d'ordre logique mais obligatoire malgré tout. Ce texte comporte des scènes érotiques, pour ne pas dire pornographiques. Il se destine donc à un public averti. Il me semble également important de préciser qu'il s'agit purement d'une fiction volontairement clichée et que le comportement des personnages au sein de cet écrit est on ne peut plus dangereux, notamment vis-à-vis des notions de consentement mutuel et qu'il ne faut surtout pas en prendre exemple dans la vraie vie. Vous avez compris ? DO NOT TRY THIS AT HOME. Ah, et PEGI 18 aussi du coup.
Spoiler
21 heures, couloirs de l’internat, étage des filles. La chaude et douce lumière des ampoules éclaire doucement les murs qui prennent un teint oscillant entre le chair et l’orange. De son pas sûr et silencieux, Laura remonte doucement. Tout est silence autour d’elle. Ils sont tous à la fête. Elle ? Elle regagne sa chambre. Laura n’est pas une grande fêtarde. De toute manière, Laura n’est pas allée à la fête. Elle aurait bien voulu passer toute la soirée à lire au CDI, mais il faut bien que celui-ci ferme à un moment, lui a dit le documentaliste…
Arrivée à sa porte, la jeune et jolie blonde cherche sa clé dans les poches de sa veste. Elles ne sont pas dures à trouver, elle les met toujours dans la même poche. Celle de gauche. On l’enfonce dans le trou de la serrure, deux tours, et le battant s’ouvre. En même temps que ceux de la porte du bout du couloir. Vaguement surprise, la demoiselle se tourne vers la source du bruit.
-Oh, heu…Bonsoir Sissi. Heeeeem, ça va ?
La grande star du lycée vient de passer la porte. Elle est magnifique dans sa jolie robe de soirée rouge et ses belles bottes de cuir lie de vin, ses longs cheveux noirs étincellent de petites paillettes disséminées telles les étoiles d’un splendide ciel nocturne. Malgré ça, le maquillage de la lycéenne, pourtant sûrement très esthétique à la base, semble avoir un peu débordé, surtout au niveau des lèvres, et il faut bien admettre que celle qui se voit en Miss Monde n’en a pas la démarche. Son sourire est également étrangement bancal.
-Heeeeey ! Mais c’est la jolie Laura !
Si habituellement Sissi a une voix aigüe, sifflante, qui oscille entre le mielleux et le tranchant, là, cette dernière se faisait plus douce et plus étrangement mélodique, teintée d’une surprenante euphorie. Laura ne sait trop que répondre. Apparemment, la fille du proviseur n’en est pas restée au Champomy.
-Heem, je vais me coucher, bonne nuit !
-Attend !
Alors qu’elle s’apprêtait à passer la porte, l’ingénue hésite un peu et fait volte-face, se retournant vers l’enivrée, qui semble un peu chercher ses mots, puis reprend la parole.
-Je…je peux rester un peu avec toi ?
Un air circonspect s’affiche sur le visage clair de Laura.
-Avec moi ?
Sissi baisse doucement les yeux.
-Ulrich a passé toute la fête avec ses amis. J’ai essayé de m’incruster, et comme d’habitude, il a envoyé paître la Sissi, avec une vanne de Odd en prime.
-Ow.
Laura n’a pas spécialement bonne opinion de Sissi. Elle est fanfaronne, elle est lourde, elle est futile et superficielle. Laura n’a également pas beaucoup de pitié. Qu’est-ce qu’elle en a à faire, des déboires des autres… Faut déjà s’occuper de soi. Mais là, bizarrement, la nouvelle ne peut s’empêcher de ressentir une espèce de…gêne, à planter Sissi devant la porte. La fatigue, peut-être…C’est après quelques secondes de réflexion et une grande inspiration que lui échappe étonnamment le mot :
-Entre.
Relevant doucement ses brillants yeux noirs, l’étrange extase de la jeune femme semble revenir en elle, elle passe donc devant son hôte, et entre dans la petite pièce.
Surprise de son propre choix, Laura entre à son tour. La chambre n’est vraiment pas grande. Elle est même plus haute que large. Il faut dire qu’en même temps, le plafond est étrangement haut. Il fait sombre. Seule la lumière de la Lune, comme une fine pluie de fils blancs, apporte un peu de clarté par la grande fenêtre du fond. On aperçoit, se distinguant à peine, une armoire, un bureau, un futon, quelques étagères, et une table.
Machinalement, en entrant, Laura appuie sur l’interrupteur de la lampe se trouvant sur le bureau, envahissant la chambre de tons plus orangés, comme la lumière d’un doux feu de cheminée. Sissi regarde un peu la simplicité du mobilier, un peu perdue, puis s’assied sur le lit, toujours hésitante. Laura s’assied finalement sur la chaise de son bureau, tournée vers le lit, attendant de voir ce que l’énergumène va sortir.
-Tu…Tu n’es pas venue à la fête ? Demande-t-elle d’une voix vacillante.
-Non. Je n’apprécie pas vraiment ça.
Le ton strict de Laura semble bousculer un peu Sissi, qui a l’air de fatiguer ; elle reprend la parole tout de même.
-Tu n’apprécie pas beaucoup sortir, hein ? Reprend la starlette d’un ton goguenard.
Laura soupire doucement.
-Qu’est-ce que ça m’apporte ? Ça ne vaut pas un bon livre, ou un ordinateur.
-C’est quand même dommage, pour une jolie fille comme toi, de ne pas profiter de ta beauté.
La jeune blonde rosit légèrement. Sissi parle apparemment sans filtre. Bien que ça ne soit certainement pas faux, Laura bute sur ce terme.
-Jolie ?
C’est au tour de Sissi d’esquisser un air surpris, un peu plus exagéré, cela-dit.
-Baaaah…oui ? T’es assez mignonne comme nana, tu ferais un malheur si tu en profitais un peu.
Pour le coup, Laura est prise au dépourvu. Habituellement elle trouve toujours à redire, à retourner la situation, reprendre le contrôle de la conversation…Mais elle ne voit pas vraiment en quoi Sissi aurait tort. Cela-dit, elle n’est pas sûre de comprendre précisément ce qu’elle dit, elle reste silencieuse, semblant parcourir d’un air intrigué sa veste blanc cassé, sa marinière, et sa jupe bleue marine.
-Heu…Tu trouve ?
Les mots sont sortis un peu comme ça. Rien qu’après les avoir dit, Laura regrette qu’ils soient sortis. Sissi répond du tac au tac sans lui laisser le temps de rattraper.
-Carrément, t’as de beaux yeux, de jolis cheveux, de belles formes…
Laura rougit pour de bon. Elle ne s’était jamais vraiment intéressée à son corps, avant. On lui dit qu’elle est jolie depuis toute petite, mais elle n’y a jamais prêté attention. On dit ça à toutes les jeunes filles. Mais bizarrement, ça ne sonnait pas pareil, de la bouche de Sissi. Sissi qui écarquille un sourire béat tout en pointant Laura du doigt.
-Oooooh elle est toute rouuuuge c’est trop mignooooon !
Laura serre les jambes, croise les bras et détourne le regard. Ses joues la brûlent. Jamais elle ne s’est sentie aussi gênée. Amusée, Sissi reprend.
-Personne ne t’as jamais complimentée comme ça, hein ?
Timidement, la pivoine fait non de la tête.
-Pas même un garçon de ton âge ? Même pas une fois ?
L’intéressée se contente de reproduire son geste, machinalement.
-Tu n’as jamais eu de petit copain alors ? Jamais de danse ? Jamais de baiser ?
De plus en plus rouge, Laura lève brusquement les yeux au plafond. Sissi étire doucement son sourire.
-Peut-être qu’après-tout, ce ne sont pas les garçons qui t’intéressent ?
Laura remet ses petits yeux verts dans ceux de Sissi, elle n’est pas sûre d’avoir compris ce qu’elle voulait dire. S’il est vrai que les garçons sont loin d’être la préoccupation première de la jeune fille, il semblerait qu’il y aie un sous-entendu qui lui échappe.
-Tu sais quoi ? On va en avoir le cœur net.
La blondinette a dû cligner des yeux, elle n’a pas vu Sissi plonger sur elle tout de suite, et sceller ses lèvres pulpeuses aux siennes. La première chose qui lui est venu à l’esprit, c’est une sensation de surprise, et de dégout ; un fort goût de sucre exotique assez alcoolisé alerte ses papilles. Ne comprenant qu’à peine ce qui se passe, elle se paralyse.
Le temps semble ralentir. Laura cligne des yeux sans savoir que faire. Elle regarde Sissi. D’aussi près, elle ne voit pas grand chose, si ce n’est qu’elle a fermé ses yeux d’obsidienne. A mesure que les secondes semble filer, le dégoût semble la quitter. Inexplicablement, elle ressent comme une étrange chaleur émaner d’elle. Comme si une étrange énergie qu’elle n’avait jamais ne serait-ce que soupçonné semblait éveiller son cœur, et son être. Elle sent son corps se détendre, ses yeux se refermer, doucement, et, sans y réfléchir, rend le baiser à l’enivrée.
C’est comme si le monde ne se limitait plus qu’à elles. Comme s’il n’y avait plus que ses sensations qui comptaient. En elle, la chaleur tournoie, comme la petite flamme d’une bougie venant à peine de s’allumer. Elle sent le souffle de Sissi, régulier, caresser doucement sa peau. Elle entend son cœur battre doucement, le parfum de la lycéenne l’étourdit un peu. Après un temps qu’elle n’arrive plus à mesurer, Sissi se retire, et esquisse un nouveau sourire, mêlé à un air de surprise. Doucement, elle rougit à son tour.
La tête de Laura tourne. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Qu’est-ce que c’était ? Jamais elle n’avait ressenti ça auparavant. Elle n’a aucune description pour une telle sensation.
Les deux adolescentes se regardent, comme si elles se découvraient pour la première fois. Jamais elles ne se sont vues toutes les deux sous cet angle. Jamais elles n’auraient pu imaginer que ce soit si…Grisant. D’une seule et même voix, les deux se disent en même temps, d’un ton envieux :
-…Encore.
Et, s’approchant une nouvelles fois l’une de l’autre, leurs lèvres se rencontrent de nouveau, la sensation est plus intense encore. Leurs feux brûlent davantage, machinalement, leur bras s’enserrent autour d’elles, dans une étreinte bien qu’hésitante, pourtant tendre.
Bien que ne comprenant pas ce qu’il se passe, Laura ne veut pas que ça s’arrête. C’est si surprenant, si étourdissant…Elle presse d’avantage les lèvres de Sissi contre les siennes, sa respiration s’accélère. C’est fou. Vraiment fou.
Une nouvelle éternité plus tard, elles se relâchent, Sissi rouvre les yeux pour la contempler encore une fois, avec ce même air de surprise.
-Je n’aurai jamais pensé que…
-Je…Je…
-On passe à l’étape suivante !
Visiblement sous l’impulsion de la boisson, Sissi se relève et recule. D’un geste rapide elle attrape le bas de sa robe et la tire vers le haut. Visiblement dans le but de la retirer, le souci, c’est que la demoiselle s’y prend trop vite, avec maladresse. Et c’est dans un grand bruit que les coutures latérales du beau vêtement rouge lâchent, et qu’au final, comme un coquelicot perdrait d’un coup de vent tous ses pétales, Sissi se retrouve simplement vêtue de ses bottes, et d’une petite culotte d’un rose pâle un peu usée.
Laura, sous la surprise, reste bouche bée.
-Sissi…Mon...Mon dieu ! Ta robe !
La fille du proviseur, visiblement peu dérangée par la situation, semble réfléchir à quoi répondre, d’un air plutôt embêté.
Mais assez vite, l’air goguenard qui règne sur son visage depuis son arrivée reprend assez vite sa place.
-…Laisse. On s’en moque.
Laura entrouvre doucement la bouche. Un tel aplomb la surprend. D’un côté elle trouve ça très dérangeant, de l’autre, impressionnant. Elle en viendrait presque à se demander si elle est capable de faire la même chose. Sissi s’approche doucement d’elle, dégageant ses pieds des débris de sa robe. La jolie blonde sent son cœur palpiter en elle. De gêne, de peur, d’admiration…d’excitation.
Le corps de Sissi est, pour son âge, très bien tracé. La poitrine de l’adolescente, bien qu’encore jeune, se fait déjà prononcée. Son ventre est plat, son nombril discret, la sa chute de rein ni trop fine ni trop ronde, ses jambes élancées sont fines, presque athlétiques. Sa peau est blanche, tirant vers le jaune…
Laura n’a jamais vu de fille aussi peu couverte dans un autre contexte que la baignade, jusque là. Ici, ça lui fait un autre effet. Elle ne saurait trop dire si c’est le corps de Sissi en lui même ou simplement l’audace de cette dernière, mais c’est comme si une vibrante vague de chaleur qui l’emporte.
Arrivée à sa hauteur, Sissi relève doucement sa partenaire pour la prendre dans ses bras, l’embrassant une nouvelle fois. Laura frémit. Ses mains osent doucement s’aventurer sur le dos de Sissi. Sa peau est douce, et chaude. Elle ferme de nouveau les yeux, pour que les sensations deviennent encore plus intenses. Elle sent son esprit l’abandonner. Elle ne réfléchit plus. Il n’y a plus à réfléchir, juste à ressentir.
Elle a un léger sursaut, quand elle sent les mains de Sissi remonter doucement son haut et explorer son dos à elle, comme si elles laissaient des trainées électrique sur leur passage. Elles montent, et descendent, et remontent, et redescendent…
De ses propres mains, Laura reproduit doucement le mouvement, tout doucement. Sissi presse davantage son visage contre le sien, sa langue s’aventure entre ses lèvres pour aller doucement caresser la sienne. Laura tremble, son corps bouillonne, ses sens la brûlent, et son cœur s’enflamme.
A chaque allées et venues, ses mains osent monter plus haut, et descendre plus bas. Sissi a un léger soubresaut quand les fins doigts de la jeune femme touchent le fin tissu léger qui constitue sa dernière barrière intime, Laura s’arrête. Sissi rouvre les yeux.
Retirant à peine ses lèvres de celle de la blonde, Sissi chuchote doucement.
-Continue. Plus bas.
Laura rouvre ses yeux à son tour, de surprise. L’audace de Sissi l’impressionne. Sissi toute entière l’impressionne. Elle ne saurait dire pourquoi, mais cela provoque en elle une sensation bien trop intense pour être résumée à une simple admiration. Elle n’est pas sûr d’avoir un mot pour cela. Peut-être de l’excitation.
Lentement, sa main droite redescend. Elle tremble un peu, elle sent doucement qu’elle passe de la peau nue à la culotte, c’est tout aussi doux, d’une manière différente. Le tissus épouse parfaitement le galbe assez prononcé des fesses qu’il recouvre. Laura tremble, elle réalise ce qu’elle est en train de faire, et se bloque.
Sissi constate assez vite que sa partenaire s’est arrêtée, et s’arrête donc également.
-Quelque chose ne va pas ?
Laura n’arrive pas à répondre. Elle n’est même pas sûre d’être encore capable de parler. Elle tremble un peu, sa main est toujours posée sur le bas du dos de Sissi. Sissi qui reprend la parole.
-Voyons Laura, laisse-toi aller, pour une fois…
Les mots de Sissi résonnent doucement dans la tête de la blondinette. Elle cligne des yeux. Une nouvelle chose semble s’éveiller en elle. Les paroles de Sissi ressemblent…A un défi. Oui. Laura a envie de le faire. Si Sissi en est capable, elle doit pouvoir faire bien mieux. D’un geste plus sec, elle empoigne la fesse de Sissi qu’elle ne faisait qu’effleurer alors, changeant l’expression timide de son visage en une expression plus sûre d’elle. L’expression de la Laura des grands jours, celle qui est capable de tout, celle qui aura tout ce qu’elle veut, celle qui ne reculera devant rien.
Sissi laisse échapper un petit couinement. Elle ne s’était pas attendue à une telle réaction. Le brûlant changement de sa partenaire provoque une grande bouffée d’excitation qui tel la foudre remonte de ses pieds jusqu’à sa tête. Elle étire doucement son sourire. La nuit promet d’être plus agitée qu’elle ne l’imaginait.
Dans une étreinte plus forte encore les deux adolescentes s’embrassent une nouvelle fois, haletantes. Il n’est plus rien autour d’elle. Plus rien que ce gigantesque brasier qui les consume, cette faim immense qui les envahit, cette fureur qui les hante. Laura libère doucement ses épaules de sa veste, que Sissi enlève. Comme pour y répondre, les doigts de Laura s’aventurent de nouveau vers la culotte de Sissi, venant effleurer une nouvelle fois l’orée du tissu, ses ongles le soulèvent légèrement…
Les pensées de Laura fusent dans sa tête. Elle veut faire mieux que Sissi. C’est elle la plus belle, c’est elle la plus excitée, c’est elle la plus folle.
Sissi a la tête qui tourne. Elle ne saurait même plus dire si c’est la boisson ou Laura qui fait autant chavirer son être. Elle n’est pas étrangère à ce genre de plaisir, ne serait-ce que depuis les quelques fois où elle a embrassé Ulrich, mais jamais ça n’a été aussi intense, aussi vertigineux, aussi tourbillonnant, elle ne ressent plus aucune barrière en elle, plus aucune retenue, et tellement d’idées étonnantes se dessinent dans sa tête…
Dans un élan d’envie, la jeune femme attrape doucement le bas du haut de sa partenaire, pour le soulever lentement. Laura l’embrasse toujours tendrement. Les mains de Sissi poursuivent leur ascension, dévoilant la peau ivoire de [sa partenaire] à son regard pétillant. Elles interrompent leur baiser, le temps que Laura s’extirpe du vêtement, dévoilant de jeunes courbes qui se dessinent déjà franchement, et un joli début de poitrine, dissimulé sous une brassière blanche. Sissi attarde son regard.
-Tu n’as jamais essayé le soutien-gorge ?
Laura hausse les épaules, intriguée.
-Pourquoi faire ?
Sissi réprime un soupire.
-Un jour il faudra que je t’emmène faire du shopping. Retire-moi ça. Dit-elle en pointant sa brassière du regard.
Laura louche sur son sous-vêtement, surprise. Sissi esquisse un petit sourire.
-Tu seras bien plus belle sans !
A nouveau étonnée de l’affirmation de la starlette, l’ingénue attrape donc doucement sa brassière, pour la retirer timidement. Dévoilant donc ses seins naissants, déjà présents, teintés chacun d’une file aréole légèrement rosée. Les yeux de Sissi s’écarquillent légèrement. La vue de sa partenaire aussi dénudée lui procure une sensation qu’elle ressent pourtant assez rarement, et dans des contextes bien différents, plutôt d’ordinaires aux soirées seules dans sa chambre en compagnie de ses photos d’Ulrich. Elle n’aurait jamais cru que ça lui ferait la même chose avec une fille.
-Tu es magnifique, susurre-t-elle de façon subjuguée.
Laura, de son côté, est un peu hébétée. Bien qu’elle ressente une certaine timidité, elle ressent toujours cette flamme de défi qui l’embrume. Elle se sent assurée, surprenamment joueuse, et curieuse. Sans répondre, d’un geste rapide, elle défait l’attache de sa jupe, et la laisse tomber au sol, dévoilant une culotte blanche nouée d’un nœud simple mais brillant. Maintenant, on est quittes, penses-t-elle. Et elle part à nouveau enlacer sa partenaire, et joindre ses lèvres aux siennes.
Le contact des deux poitrines procure de grandes sensations de chaleur aux deux demoiselles. Leur respiration se fait plus présente, plus intense. Elles se caressent, de part en part, de tous leur corps.
Enfin, Sissi décide de sauter le pas, et plonge sa main dans la culotte de Laura. Bien qu’elle ne l’ait jamais fait à une autre fille, elle sait quel endroit chercher, pour que ça marche.
Laura échappe un gémissement de surprise, et ira rendre la monnaie de sa pièce à sa partenaire, en allant, d’un air joueur, venir lui mordre le lobe de l’oreille droite. Elle ne sait même pas pourquoi elle fait ça. Ça lui vient d’instinct. Sissi laisse échapper un gémissement à son tour. Son autre main part entourer le cou de sa partenaire, la tirant vers elle. La serrant contre elle. Elle veut la toucher. Le plus possible. Sentir sa chaleur, son excitation, son plaisir.
D’un même geste, les deux jeunes femmes se laisseront tomber dans le petit lit de la pensionnaire, qui réprimera leur chute d’un grand grincement. Pourtant bien égal à ces deux sirènes envoutées par leur propre désir. Elles s’enlacent, s’embrassent, Sissi titillant toujours la zone sensible de sa compagne.
Laura ferme les yeux. Le monde n’existe plus. Le temps ne passe plus. Il fait chaud. Très chaud. C’est tout ce qu’elle sait, elle aurait envie de hurler de bonheur, mais elle n’arrive qu’à haleter. C’est tellement épuisant, et pourtant tellement enivrant…
Elle ira quand même amener sa main droite là où celle de Sissi se trouve chez elle, bien que percutant, une fois la barrière de tissus franchie, qu’elle n’a aucune connaissance de la mécanique qu’elle vient de toucher…Tâtonnant quelque peu, elle amènera simplement ses doigts à imiter ceux de sa partenaire, qui dans ses respirations, semblera exprimer une grande approbation.
Un torrent de sensation parcours les deux demoiselles, qui se font face, allongées sur le lit, leurs gestes se font à la fois plus précis, et plus rapides, tandis que leurs sous-vêtements se tachent doucement d’un luisant liquide. De sa main libre, Sissi caresse le sein de sa partenaire, tandis que Laura, parcourt l’oreille de la sienne, entre ses doigts.
Les corps de l’une et de l’autre commencent à se tendre, progressivement. Leurs membres craquent, leurs épaules tremblent, et dans leur tête fleurit une sensation de bonheur de plus en plus grande. Une grande lumière au milieu d’un ciel étoilé, et soudain, un visage. Celui d’un jeune adolescent brun à l’air rebelle pour l’une, et celui d’un jeune blond à grandes lunettes ronde pour l’autre, et dans une grande embardée, soudain, tout semble s’exulter. Laura lève la tête, plissant les paupières, Sissi se mord la lèvre, leurs mains s’arrêtent. Leur corps se suspendent, tendus comme des arcs. Qui sait combien de temps ça dure.
Puis tout s’estompe, lourdement. L’intensité retombe, et laisse place, à l’essoufflement. Soudainement, la réalité semble plus présente.
Laura rouvre les yeux. Sissi la regarde, essoufflée, les joues rosées, et les lèvres marquées d’un fin sourire. Sans trop savoir pourquoi, Laura réponds doucement à se sourire. Lentement, elle retire sa main. Sa partenaire faisant de même. C’est à ce moment qu’elle semble percuté quelque chose, et approche ses doigts de ses yeux. Ils sont, pour la plupart, couverts d’un liquide brillant, qu’elle fixe avec interrogation.
Sissi émet un petit éclat de rire, et, reprenant son souffle, dira simplement.
-C’est ce qui arrive à une femme quand on lui fait plaisir.
Elle montre sa propre main, elle aussi perlante de liquide. Laura a à nouveau un air surpris. Progressivement son esprit semble marcher à nouveau normalement. Elle semble réaliser les derrnières minutes. Elle se redresse sur le bord du lit, dépassée.
Sissi semble progressivement revenir à la raison aussi. Les effets de la boisson se sont estompés, eux aussi. Elle fixe Laura, lui faisant dos.
-On a vraiment…Commence cette dernière, sans finir.
-…il semblerait oui. Je…
Sissi se redresse à son tour, voulant voir l’expression de Laura, qui reprend la parole.
-J’aurai jamais cru que…
-Moi aussi…
-C’était…Fou !
-Oui…
Le silence envahit progressivement la petite chambre. La pièce semble plus sombre, désormais. Qui sait quelle heure il est. Laura reprend, à nouveau.
-Tu crois que ça veut dire qu’on…
-Je…non, je ne crois pas. Enfin, pas pour moi.
Sissi se rappelle le visage qu’elle a vu, au moment fatidique.
-…Non. Moi non plus. En fait.
Les deux demoiselles posent leur regard dans le vide. Puis Sissi, d’un coup, tournera un sourire plus prononcé à la blondinette.
-C’était quand même amusant, non ?
Le ton enjoué et aigüe de la majorette est revenu. Laura sent ses joues rosir, mais ne peut réprimer d’étirer son sourire à son tour. Plus narquois.
-Consomme avec modération la prochaine fois.
Sissi se lève, ramassant les restes de sa robe.
-Ça te manquera !
Laura ne répondra que par un simple tssss, tandis qu’Elizabeth tentera de s’entourer du mieux possible du tissu rouge. Bien que les couloirs soit encore déserts à cette heure de fête, on ne sait jamais. Une fois fait, elle se dirige vers la porte. C’est à ce moment que Laura tique.
-Sissi !
La concernée se retourne.
-Je…heu…Bonne nuit.
Sissi, étirant une dernière fois son sourire, répondra d’un hochement de tête, et disparaîtra derrière la porte.
Laura s’allonge sur le lit, une expression sereine au visage. Il est peu probable que ce qu’il s’est passé sorte de cette chambre. Ce sera entre elles, et elles seules.
C’est en repensant à toutes ces étranges sensation et découverte que ses yeux se fermeront, la replongeant au royaume des rêves…
Merci pour le retour Appryl, c'est toujours agréable à lire. Surtout après une aussi longue pause.
Je n'ai pas encore démarré la suite de la fanfic. Je me laisse encore du répit. Mais j'ai quand même envie de revenir sur la conception de l'arc qui s'est déroulé ces dernières années. Arc implicite vu qu'il n'a pas de titre, mais qui concerne la première intrigue de couple de la fiction.
Les arcanes du Replika : Le premier couple
Spoiler
L'idylle entre Fred et Céleste est la plus ancienne imaginée pour la fanfic. Elle était déjà présente sur le premier prototype dont j'ai déjà parlé, comme le couple James Marie, mais ce dernier a été imaginé plus tardivement.
Pour commencer, les trois titres des épisodes concernés par cette intrigue possèdent une référence secrète. Bien que pour le dernier, ce n'était pas vraiment trouvable.
Pour l'épisode 37, tout a commencé par le big bang, il s'agit d'une référence à Big Bang Theory. La très célèbre sitcom américaine ponctuée de geeks et d'intrigues amoureuses. Cela me paraîssait pertinent.
L'épisode 38 contient une référence qui m'est beaucoup plus chère : "Faites vous des rêves aussi bizarre ?" est une des dernières paroles d'une chanson que j'aime beaucoup. Il s'agit de "Mes Lumières d'Espoir" que l'on entends deux fois dans Winnie l'Ourson II, chantée d'abord par Roger Carel dans le rôle de Winnie, qui je trouve chante magnifiquement bien, et au générique de fin, sous une version pop romantique, interprétée par Claude Lauzzana et Marielle Hervé. Ce n'est pas une chanson d'amour à proprement parler. Elle décrit surtout l'histoire d'un personnage perdu, faisant appel aux étoiles pour lui venir en aide. C'est cette musique qui m'a donné l'idée de l'intrigue. Je la connais depuis tout petit, et l'aime vraiment beaucoup. J'adore la vieille pop romantique des années 80/90.
Si vous décidez d'écouter la chanson, ou que vous la connaissez, vous ferez sûrement des parallèle avec les derniers épisodes sortis.
Enfin, l'épisode 39, lui, est une référence aux boum qui ont eu lieu durant mes classes découvertes, quand j'étais écolier. Je restais souvent là où il y avait les boissons en regardant les autres danser. Sauf qu'en CM2, je me suis décidé lors d'un slow à inviter mon amoureuse. Mais la musique s'est terminée avant que nous ne commencions à danser. J'aurai dû me décider plus tôt. >.<
Concernant l'intrigue en elle même, je n'ai cessé de manier et remanier le script. A la base, le déroulé des évènements devait être beaucoup plus long, et la dispute entre Fred et Bertrand (pas celle avec James, celle avec Bertrand) devait avoir bien plus d'importance. Elle aurait dû amener Fred à révéler sous la colère l'histoire du Macstodonte à Bertrand, et lancer toute une intrigue là-dessus pour la suite. Mais je n'ai jamais été satisfait de cette intrigue, alors j'ai abandonné cette idée. Quelques scènes de cette intrigue ont toutefois été remaniées et sont toujours présentes dans le script de l'épisode 41 notamment.
Concernant le dénouement de l'arc, lui aussi a été très difficile. J'ai littéralement tout envisagé : dans une version, Fred et Céleste s'embrassaient à la fin de l'épisode 39, officialisant leur relation. Comme dans l'épisode 22 Routine. Dans une autre version, ils se disputaient très violemment, comme dans l'épisode 22 Routine. J'avais même prévu de référencer le fameux étrange (et très kitch) changement au rouge de l'arrière-plan pendant cette célèbre dispute de Yumi et Ulrich. Mais que ce soit l'officialisation comme la grosse dispute, ça ne me plaisait pas trop pour la suite. Je n'avais pas envie de conclure l'intrigue entre Fred et Céleste si tôt, ni de la compliquer davantage façon saison 3. Ainsi, j'ai progressivement basculé sur l'entre-deux qu'on a aujourd'hui. Comme l'épisod 39 le suggère lui-même, il y aura une suite au développement de cette relation. J'ai encore quelques idées, mais j'attends certains épisodes clés de la fiction pour revenir là-dessus. Vous verrez.
C'est donc une grande partie des coulisses sur la rédaction des derniers épisodes. J'espère que ça vous aura plu. Comme dit précédemment, je ne promet plus rien, pour la suite de la fanfic. J'ai toujours envie de continuer, mais ça ne veut pas dire que je le ferai dans l'immédiat. Replika on the Web reste un projet assez lourd pour moi, et j'ai aussi d'autres projets ailleurs : le dessin, la musique, ma chaîne YouTube...Et la vie en général, de toute façon.
Surveillez quand même le topic de temps à autre, sait-on jamais !
Et oui. Je suis toujours là. Oui, je ne vous ai pas oublié…
Ça fait tant d’années, maintenant…C’est tellement étrange de revenir ici.
Comme je vous l’avais dit, écrire la fic est devenu très difficile, ces derniers temps. Il s’est passé énormément de choses. Et je n’ai pas vraiment envie de m’étaler dessus. Ceux qui doivent savoir savent déjà.
Toujours est-il qu’après trois années sans épisode, Replika on the Web voit enfin son épisode 39 se boucler. Ça aura été un épisode très difficile à écrire pour moi, tant pour des raisons personnelles, que pour son côté, je pense, novateur, dans la fanfic. Je n’ai jamais abordé ce genre d’intrigue, avant. Du moins, pas de manière aussi prononcée, et j’ai vraiment eu peur de paraître maladroit, ou gnangnan. Je pense être enfin arrivé à une version qui me satisfait.
De tout cœur, j’espère qu’il vous plaira. Je suis, vraiment, sincèrement désolé, d’avoir laissé Replika en suspend aussi longtemps. Le temps est passé tellement vite…Et tout semble tellement loin, maintenant. Mais, je n’ai jamais voulu arrêter, et, j’ai toujours envie de continuer. Je ne pense pas avoir la régularité que j’avais en 2013, et que j’avais perdu il y a déjà pas mal de temps, mais, même si aujourd’hui, je n’ai plus beaucoup d’accroches sur le forum, Replika reste un projet qui m’est cher, et que j’ai toujours envie de terminer.
Je voudrai souhaiter un grand merci à tous ceux qui m'ont aidé, ces dernières années. Tout ceux qui sont toujours là, tous ceux qui m'ont soutenu et aidé dans l'écriture de l'épisode. Et merci à tous, de continuer l'aventure, avec moi, malgré cette longue pause.
Voici donc, la deuxième et dernière partie de l’épisode 39. 39 épisodes. On en est à presque 300 pages dans mes brouillons. On en a fait, du chemin. Bientôt neuf ans.
Je pousse donc les deux battants. C’est assez bondé au final ! J’ai du mal à voir les murs bleus de la salle des fêtes. Qui est au passage une grande salle sans particularité : quatre murs, quelques poutres, un plafond en pyramide. Quelques yeux se posent sur moi. Très vite suivis de quelques sourire, ou de mines d’étonnement. J’avoue avoir du mal à interpréter ces émotions. Au début, j’ai cru à de la moquerie. Jusqu’à ce que je remarque Bertrand, qui au lieu d’un sourire, lui, tirait davantage une mine de poisson rouge à qui on aurait volé ses flocons dégueus qui puent et que le chat renversait tout le temps du temps où on avait un aquarium.
Un peu hésitant, assez troublé, j’avance un pied, puis l’autre, et entre doucement dans la salle sous les regards réguliers des gens. Je sens des dizaines d’yeux me braquer comme des projecteurs. Je pourrais être sur l’allée d’un défilé de mode que je serais pas moins regardé, les acclamations en moins. Remarque, je recommence peut-être à me faire des films.
A y voir de plus près, les gens sont retournés à leurs occupations. Ça a plus regardé mon entrée qu’autre chose. J’aurais dû mettre un slowmotion et un bon rock épique avec des chœurs gospel. Mais par écrit c’est plutôt difficile à rendre.
-Aaaaaah ! Bah t’es venu finalement !
James me tape sur l’épaule, avec un grand sourire, il porte une chemise rose et un pantalon noir moulant. On le croirait sorti d’une photo de boîte Rockabilly. A côté de lui, Jessie est en costume cravate, un peu trop grand pour lui. Ça ne m’étonnerait pas d’apprendre qu’il l’a piqué à son père.
-Tu veux boire un truc ? Le bar est là-bas, déclare Jessie.
-Heu…Ouais.
On s’est donc dirigé vers le bar. Le choix ne valait sans doute pas celui d’un grand établissement, mais moi il me suffit d’une grenadine. Devant nous se dressait la foule d’élèves qui discutaient ou dansaient sur de la musique de jeunes. Je sais, c’est paradoxal qu’un jeune parle de musique de jeune, mais bon, je dois avouer que je n’écoute pas beaucoup de musique, et qu’en dehors des références de mes parents, je n’ai pas grand-chose comme bagage culturel.
-Adèle n’est pas venue ? Demandais-je.
-Pas que je sache. Mais c’est pas surprenant, répond James.
-C’est dommage, renchérit Jessie.
Je continue de siroter mon verre, tout en regardant les autres, passablement lassé. C’est pourtant que le début.
-Ils ont annoncé des slows, pour tout à l’heure, commente l’allemand disco.
Je rate une gorgée.
-Grmbquoi ?
-Des slow ? Ajoute Jessie d’un air interrogatif.
-Ouais, en gros, des chansons ou les garçons et les filles vont danser ensemble.
-On est pas obligé au moins, non ? Questionnai-je.
-Ach, répond James dans un rire, tu fais ce que tu veux. Mais bon, c’est une occasion à ne pas manquer ?
Une occasion ? Qu’est-ce que tu racontes, ça va pas la tête ? Comme si moi j’avais envie de danser avec une…Heu…
-Je vais inviter Marie, je pense, ça sera notre première danse.
-Ah ouais, trop bien ! Répond Jessie comme un gros gamin.
-Tu vas danser avec quelqu’un, toi ? Lui répond James.
-Heu…Bah…Je sais pas. Tu penses que les filles voudront danser avec moi ?
-Ah bah pour savoir, faut demander ! Répond-t-il en lui donnant un grand coup dans le dos, qui manque de lui faire régurgiter son jus d’orange.
-Glerp ! J’ai aucune idée de à qui je vais demander moi ! Dit-il en s’étouffant à moitié.
-Bah, t’as le temps pour te décider.
Le lunaire met donc ses gros yeux de poisson en marche et commence visiblement à analyser tout ce qui dispose d’un sexe féminin dans la salle. Avec sa fameuse discrétion hors pair.
Je regarde la salle, moi aussi. Elle est là. Ça fait depuis que je suis entré que je l’ai remarquée. Elle porte une robe noire, style vintage, avec de longues manches pointues, et un col en V, du plus bel effet. Sa chevelure semble plus luisante que d’habitude, et cascade dans une belle spirale anglaise, sur son habituelle queue de cheval. Les traits de son visage sont accentués par un subtil mais visible maquillage. Elle est avec d’autres filles de la classe, à discuter, un verre de menthe à la main.
-Eh Fred ! Tu penses quoi de Blandine ?
-Gné ?
Pourquoi est-ce qu’il me demande ça, l’autre ?
-Si je dois inviter une fille, il faut qu’elle soit bien !
-Qu’est-ce que tu veux que j’en pense, de Blandine, moi ?
-Bah, je sais pas, je te demande ?
-Bah je sais pas non plus moi. C’t’une fille, bronzée aux cheveux noirs, à qui j’ai jamais parlé.
-Ah…
-Je l’aime bien, Blandine, moi, réponds James, même si elle a un peu trop de boutons !
-Ah, heu…Ouais.
Ne me dites pas que…Oh non…
-Yasmina alors ?
-Hmmmmmm….
Et allez, un rating de filles. Bon dieu, j’adorerai avoir un vaisseau spatial pour fuir à vitesse lumière.
-Elle est jolie, mais je la trouve un peu cruche.
Remarque avec Jessie, ça ferait une bonne paire.
-Ah bon. Et Nathalie alors ?
-Trop grande, tu aurais le nez dans sa poitrine.
Ça le rendrait à peine plus gênant que d’habitude.
-Ah, oui, effectivement. Et Rebecca alors ?
-Elle a un appareil dentaire !
Ah oui c’est sûr, critère indéniablement fiable pour choisir une partenaire.
-Mais tu me verrais inviter laquelle alors ? Questionne Jessie avec ce qui pourrait s’apparenter à du désespoir…
-Adèle. Fais-je d’un ton éteint. Jessie manque de s’étouffer une nouvelle fois avec son jus d’orange.
-GLURP ! Quoi ? Mais…heu…elle….elle est pas là.
-C’est bien pour ça que c’est sans doute celle qui t’ira le mieux. Continue-je d’un ton cynique.
-Pfffff, quel rabat joie celui-là, eh, tout ça parce qu’il dansera pas avec celle qu’il veut, lui.
-Je te demande pardon ?
Là, je dois bien avouer qu’il s’est passé un truc bizarre, je n’ai pas trop compris, j’ai l’impression que je me suis mis à serrer les poings.
-Bah oui mon vieux, si tu veux faire ton slow avec Céleste, ce serait bien de prendre les devants avant que son autre prétendant ne fasse quelque chose.
-Pourrai-je te demander de quoi je me mêle, bouffeur de bretzel ?
-Eh, on calme la testostérone, je ne fais qu’exprimer des faits.
-Je suis très calme, et j’aimerai que tu arrêtes de dire des conneries.
-Aussi calme qu’un officier de Vichy pendant la rafle, oui.
-Ah parce que ça vous a pas plus de récupérer nos juifs pour vos fours à combustible ?
-Heu…les gars…
Jessie tire une grimace, je ne crois pas en avoir déjà vu une du genre sur son visage. Il semble terrifié. Mais pas comme face à une horreur de X.A.N.A. ou autre…
-Ah bah le point godwin évidemment, parce que nous, ach, ce qu’on a toujours fait, c’est cramer des juifs.
-Je te signale que c’est toi qui l’a ramené avec Vichy, moi à la base je te demandais juste d’arrêter de dire de la merde.
-Ce serait peut-être bien que t’assumes ce qui te trame dans ta tête au lieu de dire que c’est moi qui dit de la merde, comme tu le dis si élégamment.
-Ça t’embête que je sois grossier ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité, monsieur je jure dans une autre langue parce qu’au moins personne comprend.
-Quand je jure au moins ça ne s’adresse pas à quelqu’un.
-Ça t’empêche pas de faire des remarques désobligeantes.
-Y a que la vérité qui fâche.
-T’en a d’autres des proverbes de merde comme ça ?
-Je préfère les proverbes au fait de dire merde tout le temps.
-Ouais, bah je…
-Les gars !
J’ai soudainement une étrange reprise de conscience. J’ai…très mal à la tête, j’ai l’impression de voir trouble, et j’entends mes oreilles bourdonner. Je n’entends que ça, d’ailleurs, que mes oreilles qui bourdonnent, il n’y a plus de fête, autour.
J’ose lentement détourner mon regard de James, qui a l’air de faire de même.
Cette fois, ce n’est pas moi qui imagine. Il y a des yeux, une myriade d’yeux qui nous font face, interloqués, surpris. Maintenant que j’y repense, j’ai ma gorge qui me fait mal, j’ai visiblement haussé le ton, sans m’en rendre compte.
Un silence titanesque hante la salle. Jessie tremble, comme s’il voyait la faucheuse entre nous deux, je me tourne vers James, qui lance une mine lourde de jugement vers moi. Même si en réfléchissant, je n’aurai pas su quoi répondre, j’ai lancé d’instinct :
-Je rentre. A plus les gars.
Alors que j’entame un pas lourd en fixant le sol, vers la porte, je sens tous les regards me suivre et leur jugement fuser dans toute la salle. La porte semble loin. A des kilomètres, mais à mi-distance, la dernière des choses que je voulais entendre brûle mes oreilles.
-On se rebelle, Meuringue ?
-Ferme ta gueule, Dagobertrand.
C’est sur cette dernière tirade que je franchis enfin la porte. La lumière disparaît, faisant place au sombre couloir.
Je reste quelques instants comme ça. Debout, derrière la porte. J’entends mon cœur battre. Petit à petit, le brouhaha de la fête reprend, derrière la frontière…Comme s’il ne s’était rien passé. Je m’élance alors vers l’avant, et fuit dans le couloir, en courant.
J’ai du mal à garder les yeux ouverts, je sens des larmes cisailler mes joues, alors que je traverse la cour. Je passe le portail, et longe le trottoir. Seuls les lampadaires guident ma course. Pourtant, je sais où je vais. Vers la maison. M’en fiche du bus, m’en fiche d’appeler ma mère, tout ce que je veux, c’est rentrer. Tout seul.
Je finis par ralentir la cadence et revenir à une marche plus classique, en haletant. Je n’ai plus l’énergie de courir. De toute façon, mon physique de pauvre geek squelettique n’a clairement pas les réserve de me taper les quelques bornes jusqu’à la maison au pas de course.
Je continue donc, en marchant. La ville est sinistre. Et plutôt vide. Mais je ne m’en occupe pas. Les pensées fusent, dans ma tête. Je ne pourrai même pas vous les décrire. Je me sens mal. Vraiment mal. Je regrette ce qu’il s’est passé. Je ne voulais pas m’énerver. Je n’ai pas réfléchi. C’est venu comme ça, d’un coup. Il a sous-entendu que j’avais des soucis avec Céleste, et, ça…je sais pas, ça a déclenché un truc. Quelque chose d’horriblement désagréable.
J’aurai pas dû répondre violemment, j’aurai pas dû être aussi grossier, aussi méchant. C’est vrai, il disait la vérité. C’était désagréable, mais c’était vrai. Peut-être qu’il s’y est mal pris, mais j’aurai pas dû m’énerver.
Progressivement, la ville sombre laisse place à la campagne, tandis que la route sillonne toujours doucement vers mon village, pas après pas. Les lumières des maisons finissent par éclairer l’horizon.
Le temps n’a plus l’air de défiler, du moins, pas comme d’ordinaire. Tout est flou, fantomatique. Le trajet semble passer vite et en même temps durer des heures.
-Bah…Tu es déjà rentré ? Pourquoi tu ne m’as pas appelé ?
-J’ai pris le bus, je voulais pas t’embêter…
Je monte l’escalier, sillonne le couloir, monte l’échelle, ouvre la trappe. Je m’assois sur le vieux siège de bureau. Aucun bruit, rien. Tout est en veille de toute façon. Je plante ma tête dans mes bras. Je n’ai rien de mieux à faire, de toute façon.
Je me suis surement endormi, je ne sais pas. Ça a continué de défiler dans ma tête et j’ai un peu perdu pieds avec la réalité. C’est le bruit de la porte d’entrée qui m’a réveillé. J’ai d’abord cru que c’était mon père qui rentrait, mais j’ai entendu ma mère discuter avec une autre voix que j’ai rapidement reconnu. Elle semblait expliquer quelque chose à ma mère, puis j’ai entendu des pas, dans le couloir, puis l’escalier, puis l’autre couloir, et enfin, la trappe s’est ouverte. Mais je n’ai pas sorti ma tête. Elle s’est ensuite refermée, et je l’ai sentie approcher.
-Il semblerait que tu aies besoin de parler.
Je relève lourdement la tête, et je rouvre les yeux. Elle est en face de moi. Elle a toujours sa robe, sa belle coiffure, et son joli maquillage, mais elle ne sourit plus…
-Je suis désolé.
-Je présume qu’on a tous nos mauvaises passes. Je suis allée demander à Jessie ce qu’il s’était passé, après la fête. Il m’a expliqué.
-Je suis désolé…
-J’ai bien compris oui. Mais je présume que je te dois des excuses aussi.
J’ai une sorte de…tic.
-En…quoi ? Tu n’as rien fait de mal ?
-Je n’ai peut-être rien fait de bien aussi. J’aurai peut-être dû clarifier la situation avec toi plus tôt.
-…On aurait peut-être dû clarifier les choses ensemble en même temps…
Ça m’étonne de dire ça, un peu comme tout à l’heure, ça vient tout seul, sans que je réfléchisse. Elle reprend.
-Ce qui est fait est fait…Je….Hm…
Je relève le nez. A un moment, il faut bien se lancer.
-Je suis désolé d’avoir été…jaloux. Je…N’ai pas compris ce qui m’a pris. Quand je t’ai vu plus souvent avec lui, ça m’a…Je ne sais pas. Je n’aurai jamais cru que…Je n’aurai jamais pensé que…
-…Que ?
-….Que…
C’est tellement difficile…
-Que tu étais aussi importante pour moi.
Une sorte d’étrange chaleur semble se propager dans le grenier. Ce n’est peut-être pas ce qu’il aurait fallu dire, peut-être que ce n’était pas exactement ce que je voulais dire, mais c’est comme ça que c’est sorti. Je regarde les yeux de Céleste dans la pénombre, ils semblent briller. J’ai l’impression de la voir rosir, mais je n’arrive même pas à être sûr.
-…Peut-être que je ne l’ai pas réalisé non plus.
-J’aurai dû te le dire plutôt, je présume, au lieu de ressasser dans mon coin.
Léger silence.
-Au moins tu l’as dit.
-Mais ?
-Quoi mais ?
-Et…le…
-Eide ?
-…oui…
-Ce n’est pas parce que je le trouve gentil que je t’ai définitivement oublié. Il repartira, de toute manière.
-Je…hmpf.
-Frédéric…je…
On est resté quelque instants, nos regards entremêlés, puis, on a détourné nos têtes d’un même mouvement. Puis…son téléphone a sonné. J’ai laissé mon regard dans le vague, je n’ai même pas fait attention à ce qu’elle a dit, jusqu’à ce qu’elle raccroche.
-Il va falloir que je rentre. Il est tard. Je…Hm…
-Bonne nuit, Céleste. Pardon. Encore.
-…Bonne nuit, Frédéric…La…La nuit porte conseil.
C’était, assez lunaire, comme moment. Quand j’y réfléchis, toute cette soirée a été lunaire. Chargée en émotion. Bien différentes pourtant de celles que j’ai pu ressentir les jours précédents…C’est étrange de se dire que même quand on vit des aventures intense, le reste de la vie, lui, n’en est pas forcément plus calme…
Je présenterai mes excuses à James et Jessie demain. On verra…Ce qu’il advient ensuite, je présume. Peut-être que…Je ne sais pas. Comment les choses évolueront…Il m’a semblé que…Qu’elle…Je sais pas. Est-ce qu’elle a…
Avant toute chose, non...non non. Pas d'avancée de la fanfiction.
Pourquoi je poste alors ? Bah...pour vous tenir au courant. Ça fait presque un an que Replika est en stase. Et j'en suis très sincèrement désolé.
Je n'ai pas oublié la fic, je ne compte pas l'arrêter, mais j'ai beaucoup de mal à la continuer, ces derniers temps. J'ai eu beaucoup de soucis personnels, beaucoup de difficultés dans ma vie, et d'autres passions et projets qui m'ont dernièrement occupé.
Cependant, j'ai continué d'écrire ce trente-neuvième épisode, tout juste ai-je fait quelques lignes. Je ne suis pas encore bien sûr de ce que je souhaite faire de l'intrigue que j'ai développé ces derniers temps, et comme je disais, j'y dédie peu de temps.
Mais je tiens à vous dire que je continue, et qu'on avancera progressivement. Je ne donne toujours pas de date, je ne veux pas vous offrir davantage de regret.
Répondons toutefois au commentaire, comme je le faisais à l'acoutumée entre deux épisodes.
@Appryl : Merci beaucoup de ton retour, mine de rien, ça fait chaud au cœur de savoir que des gens nous suivent toujours depuis tout ce temps, j'espère que la suite, quand elle arrivera, continuera de te plaire, et que tu seras toujours là.
@Silius : Depuis le début de la fiction Fred se plaît à briser le quatrième mur, c'est quelque chose de régulier dans la fic, mais depuis le temps que l'histoire avance, cela s'oublie parfois. Concernant la suite, comme je disais, je ne suis pas encore sûr. Advienne que pourra.
Sur ce, encore désolé de vous faire autant attendre, je sais qu'au final peut-être que la plupart d'entre vous se lassent et s'en aillent, surtout sur un forum qui se délabre progressivement, mais je promet aux plus fidèles de revenir, avec la suite du chapitre.
Salut ! Me revoilà ! Je vous présente mes excuses pour cette longue absence, j'ai eu un tas d'évènements compliqués à gérer dans ma vie, enfin, passons. Voici le 39ème épisode de la fic, du moins, la première partie, comme il est long comme le 34, je le découpe aussi, mais je pense qu'il fera environ trois parties.
6h50. C'est étrange, j'ai pas l'impression d'avoir mal dormi, pourtant, je n'ai pas l'impression d'être revigoré. Bon. Faut que je m'habille, il est l'heure de déjeuner.
Ça fait plusieurs nuit que j'ai ce sentiment de ne pas bien dormir, tout en dormant, malgré ce. Enfin. Que vous dire ? La matinée aura été routinière. Pas grand chose à en dire. Les choses seront sûrement intéressantes pour vous à partir du moment où la Xantia s'arrête devant la grande porte du lycée. J'en sors. La cours a l'air bien plus animée que d'ordinaire.
-Eh Meuringue ! Vise-moi cette dégaine de pauvre type que tu te trimballes ! Tu connais le concept de miroir ? T'as l'air de débarquer sur terre, pauvre cassos va...
Bertrand à l'air en forme ce matin. Ou du moins d'humeur taquine. Comme diraient certains. Je ne sais pas si ce genre de propos vous choque. Je ne pense pas vous les avoir rapporté souvent, depuis le début de cette histoire. Sachez pour autant que c'est très routinier et quotidien, et qu'en réalité, je n'y prête plus guère attention. Sans doute pour ça que je ne juge pas important de vous en parler. D'ici quelques secondes vont vite se faire entendre les rires goguenards du cortège qui entoure le beau parleur. Je vais sûrement discerner un ou deux rires comme celui de William-Yann, ou celui de Yasmina. Qui sait.
Peut-être que pour certains d'entre vous, ce genre de chose vous paraît choquant, inadmissible, voire scandaleux. J'aurai tendance à vous répondre que vous êtes bien naïf sur le monde dans lequel vous vivez. A mes yeux, le monde n'est pas le royaume d'égalité qu'on voudrait qu'il soit. En dépit des lois et des règles, il est des forts et des faibles. Et j'ai tendance à croire que c'est très admis, dans notre société.
Vous rappelez vous de comment je m'étais présenté à vous au début de cette histoire ? J'avais utilisé un cliché pour me définir. Celui du geek, en l'occurrence. Peut-être qu'au final, cette vision de moi par moi est clivée et réductrice. C'est pourtant celle qui, aux yeux de la masse, me définit le mieux. Fut un temps où ça m'insupportait d'être réduit à un binoclard, qui ne mérite que la considération d'un outil pour l'aide aux devoirs. Aujourd'hui, depuis mes années de collège et mon entrée au lycée, j'aurai tendance à dire que si ça m'insupporte toujours, j'ai appris à faire avec. Ce n'est sans doute pas la meilleure des choses, toujours est-il que c'est celle qui a le mieux fonctionné. Les adultes ont toujours tendance à vouloir minimiser le problème. Quand à l'éventuelle vengeance personnelle, si ma subtile intelligence se taille la part du lion, sur le plan de la force physique...J’ai bien peur que la génétique n’ait pas jouée en ma faveur.
Puis d'un autre côté, je ne veux pas changer mon apparence. Je m'apprécie comme je suis. Et je m'accepte ainsi. Et je présume à contrecoeur que ça veut dire aussi accepter les critiques des autres, quelque part...
Je remonte doucement l'allée d'un pas lent. Je sers les dents, la remarque fait plus mal que d'habitude. Même si je ne saurai dire pourquoi. Je repère Jessie et James dans un coin habituel de la cours. Apparemment, de l'autre côté, ça continue de se foutre de ma gueule. Ça ne sert à rien de rentrer dans le lard. Je me dirige vers mes amis.
-Salut Fred !
-Salut Fred !
-Salut les gens. Quoi de neuf ?
-Boa, pas grand chose, commence James, alors, prêt pour la teuf ?
Jessie affiche un air surpris, je fais de même.
-La teuf ?
-Bah ouais ! La soirée d'au revoir des corres !
-..Ah. Pourquoi j'irai si j'ai pas de corres ?
James semble percuter un truc, et tire un air gêné d'un coup.
-Ah, heu...Ouais, pardon.
Je hausse les épaules pour toutes réponses. C'est Jessie qui prend le relais de la conversation.
-Il est où ton corres ?
-Avec ses potes, plus loin dans la cours. Il les a retrouvé quand je suis arrivé.
-Ah.
Léger silence.
-Je suis allé dire bonjour à Marie d'abord, puis après j'suis allé au lavabo boire un coup, puis Jessie est arrivé, et toi un peu après.
-Certes, sors-je d'un ton monocorde.
-Ça va Fred ? Demande Jessie.
-Ça va. Fatigué.
-Mal dormi ? Demande James.
-J’en sais rien…
-Ah. C’est ma foi plutôt embêtant.
Je me contente de répondre en soupirant, je ne vais pas leur raconter tout mon questionnement et mes rêves. Manquerait plus que ça, tiens, qu’on sache ce qui va pas, non. Je dois bien pouvoir gérer ça tout seul, c’est rien en plus !
La journée aura été bien monocorde, pourtant dure à suivre. J’étais en cours, à côté de Jessie qui regardait comme à son habitude un peu partout avec ses grands yeux bleus, et régulièrement Tim, d’un air ahuri. Cette dernière ne lui prêtait pas la moindre attention. Dur même de dire si elle l’avait remarqué. Ce n’est pourtant pas la discrétion qui faisait le fort de mon meilleur ami.
Le prof parle, l’horloge de la salle tourne. Je suis fatigué. Je ne sais même plus combien d’heures ça fait que je note sur ce cahier, ma main me fait mal, et mes pensées transpercent mon esprit. A une table de moi, il y a Céleste, qui aide Eide à suivre le cours français. Je ne peux m’empêcher de la détailler quelques instants.
Céleste elle jolie. De minces petites paillettes scintillent dans ses cheveux roux, ses yeux verts brillent de vie. Elle a un nez un peu relevé, tout simple, discret, des lèvres fines, mais pourtant présentes. Ses tâches de rousseurs constellent ses joues, et s’assortissent à la cascade aux reflets orangés qu’est sa queue de cheval. Son corps fin se marque tout justes des formes d’une jeune femme, que sa jupe et sa veste usée dissimulent…
A la détailler comme ça, j’ai une réalisation étrange. Je me dis que…Céleste a grandi, comme moi, elle aussi, ce n’est plus la jeune écolière que j’ai connu quand j’étais plus jeune. C’est une lycéenne. Une lycéenne qui sans se mettre en valeur est pourtant belle, et attirante…
Qu’est-ce que je fabrique moi ? C’est pas bien ce que je fais, hem, je loupe le cours, alors, où j’en étais…
…En fait non, cette réflexion est intéressante. Vous autres lecteurs, qui me lisez depuis un moment, vous avez sûrement remarqué plusieurs unions sentimentales en devenir dans cette histoire. Et peut-être que ça vous casse les pieds de voir les différent protagonistes ramer. J’attire votre attention sur le fait que je suis un des protagonistes concernés et que cette histoire est donc complètement réaliste. Et mettez vous donc un peu à ma place. L’amour n’est pas un sentiment facile à appréhender, surtout pour une andouille de binoclard telle que moi. Je vous prie donc d’être indulgent et de poursuivre votre lecture sans râler outre mesure. Par ailleurs, je vous précise que cet épisode à l’eau de rose sera possiblement le dernier. Je dis possiblement parce que si vous râlez ça va peut-être durer plus longtemps. A bon entendeur.
Le cours a donc continué, toute la journée avec, dans sa morosité ordinaire. Arrivé à la fin des cours nous nous sommes retrouvés, moi, James, Jessie, et Tim, devant le portail.
-Bon ! On se retrouve tous ici dans deux heures, hein ? A commencé James avec entrain.
-Ouais, ouais, soupire Tim.
-Et n’oubliez pas vos tenues de soirée ! Lance Jessie avec entrain.
Oh punaise.
-Et Fred ! Renchérit James, on veut te voir, hein ? Ce serait dommage de faire la fête sans toi !
-Ouais ouais, répond-je d’un air très Tim.
La. Vache. Non seulement va falloir que je vienne, mais en plus, va falloir que je mette autre choses que mes vieux pulls et mes jeans, ça promet. Déjà, est-ce que j’ai autre chose que ça ?
C’est la réflexion que j’ai fais à ma penderie, quelques minutes après. Il y a un tas de trucs que je n’utilise pas là-dedans, cela-dit. Bon, allons-y méthodiquement. Ça non, ça non, ça non, ça non. Je sais, vous voyez pas ce que je regarde, mais c’est pas plus mal.
Après quelques instants de réflexion je me suis dis que je n’aurai pas mieux que la vieille queue de pie que j’ai mis au mariage de tante Thérèse y a un an. Elle me va encore. C’est un peu démodé mais c’est le seul truc que j’ai qui doit faire un peu tenue de soirée. C’est un costume pingouin digne de celui d’un jeune clarinettiste dans un orchestre premier cycle : pantalon de toile noire, veste assortie, chemise blanche, nœud papillon, boutons de manchette, chaussures cirées de ville. Le truc zéro raccord avec une fête lycéenne par excellence, mais bon. J’ai vraiment pas mieux, alors, soit.
C’est fou ce que ce genre de tenue est confortable, cela-dit, en dehors des chaussure qui bousillent un peu les pieds (j’ai du grandir en même temps), la toile est très agréable, et rien ne serre, même pas le nœud pap.
C’est marrant. Quand je suis dans la Xsantia avec ma mère, déjà, la plupart du temps c’est surtout le matin, vu que le soir je rentre en bus, et le fait qu’il ne se dise pas grand chose n’est pas vraiment un soucis. On s’est réveillé y a à peine une heure, tout le monde est encore un peu dans la semoule.
Mais là, en début de soirée, le son du moteur avait un côté bien plus malaisant. D’autant que ma mère a un sourire étrange qu’elle n’a pas d’habitude au volant. Ça y est, la voiture s’arrête, voilà le lycée. Il a une allure étrange, de nuit, avec ses fenêtres allumées…Le ciel est d’un bleu qui pourrait presque être menaçant. J’ai l’impression que quelque chose va mal se passer, en tout cas, j’ai un mauvais pressentiment
Passé la cours, grand no man’s land sans vie et le couloir, labyrinthe sordide, me voilà devant la porte de la salle des fêtes…Je vais encore avoir l’air ridicule, je sens le Bertrand ou la Yasmina qui vont fuser de remarques cinglantes. Ça promet. Ce serait tentant de rester devant ces portes toutes la soirée, j’ai une boule au ventre. Le soucis, c’est que mes amis m’attendent, allons bon…
Personnellement, il m'arrive de faire du RP en plein MMO. Dans le chat de ce dernier. Bien que comme Discord ou Skype ça soit instantané, les gens sont patients et tu peux poster de longues descriptions si besoin est. Bon, y en aura toujours pour être casse-pieds, mais dans l'ensemble, le chat est une plateforme de RP qui ma foi me semble assez solide. Après, tout est question de goût, cela-dit, les bot Discord spécifiques permettent une adaptation de la plateforme à ce genre d'exercice. Après, je ne compte pas me rendre sur le serveur RP, par manque d'envie et de temps, je salue l'initiative, cela-dit.
J'ai lu. Enfin, plus survolé que lu, mais j'ai lu.
Et bien, je suis je dois dire, assez perplexe. Le texte est très bien écrit. Les métaphores sont plutôt étonnantes, mais bien amenées, le récit se lit aisément malgré son côté un peu pompeux, et le scénario est cohérent, et logique. Cela-dit, je m'accorde assez à Silius.
Effectivement, pourquoi avoir choisi le personnage de Odd ? Je ne reconnais effectivement pas le Odd de la série. Normal, vu que des années les séparent, l'évolution de ce dernier pourrait-être cohérente, mais je trouve que le récit manque de contexte pour le prouver.
Et comme l'a dit Zéphyr, on est assez éloigné de l'univers de Code Lyoko. Ce n'est pas un reproche, mais un constat, qui me perd un peu. Le personnage de Odd n'a l'air d'être ici qu'en espèce de caméo. Dans le sens où son passé est extrêmement peu évoqué. Odd est redevenu quelqu'un de normal, qui n'a pas eu de vie incroyable au crépuscule de ses années de collège. Et d'un certain côté, si je trouve ça logique, je trouve également ça dommage, quelque part, car ça retire au personnage une grosse spécifité de son caractère. Les évènements de Code Lyoko sont exceptionnels, et marquants. Surtout qu'ils ont duré longtemps, je ne vois pas la lutte contre X.A.N.A. ne plus avoir totalement d'influence sur les Lyokoguerriers aujourd'hui, je ne les vois pas ne plus en parler. Et reprendre une vie totalement normale...Ou du moins, pas sans s'en rendre compte à un moment donné.
Du coup, oui, je me demande un peu...pourquoi Odd, et je fais, sûrement un peu vite, le raccourcis dans ma tête avec le fait que c'est le personnage de la série qui connaît le plus de romances homosexuelles au sain du fandom, de par son look atypique, sa personnalité parfois un peu fofolle, sa difficulté à trouver une âme sœur féminine et cette fameuse accolade en Yumi avec Ulrich, mais au final, je ne sais même pas si c'est ce qui a déterminé ce choix, j'en reste donc, plutôt perplexe.
Néanmoins, ça n'en fais pas je pense un mauvais texte. Juste un texte qui ne me parle que peu. En bon hétérosexuel vieux jeu je ne suis pas au fait de la prostitution masculine ni grandement friand d'aventures homosexuelles masculines. Et j'attendais sans doute plus de "Code Lyoko" dans ce texte qu'il n'y en a au final. En gros, je vais dégainer mon fameux, apprécié, détesté ou oublié :
Content de voir qu'il y a encore des survivants qui lisent toujours ! Merci d'avoir pris le temps de commenté, alors, la réponse...
@Admin des glaces : Pour ce qui est de la relation Fred/Céleste, disons que Fred n'y a jamais réellement réfléchis avant parce que ça ne l'a jamais vraiment intéressé. Pas qu'il occultait le fait que Céleste lui faisait de l'effet, juste qu'il n'avait pas de réel prétexte pour s'en rendre compte. Là, il commence à se poser des question parce que son comportement devient nuisible. Vecteur de simple léger bonheur jusque là, il devient source de jalousie et de mal-être. Ce n'est pour moi qu'une énième démonstration du fameux problème du "on ne se rend compte qu'on tiens à quelque chose que quand on est sur le point de perdre."
Bien évidemment que la fête continue ! Allez ! Dans 10 ans on y est encore ! (j'espère pas quand même.--' Faudra bien finir un jour.)
@Grand Grigri : Et bien, les épisodes qui traitent de la backstory dans Replika sont tous simplement ceux de l'arrivée de Tim dans le groupe, où elle raconte toute l'histoire de X.A.N.A., Lyoko, son père et sa collaboration avec Hopper. Ce sont les premiers épisodes de la Saison 2 : 24 - 1974 et 25 - Adèle.
Le triangle amoureux sera encore central dans la fic jusqu'à l'épisode à venir, qui contiendra le dénouement de cette histoire. Du moins, du plus gros, ce n'est pas encore bien fixé.
Merci en tout cas pour cette analyse très constructive, ça va beaucoup m'aider pour les épisodes à venir.
@All : Encore merci à tous d'être encore là après toutes ces années ! L'épisode 39 est sur les rails. Il risque de se faire un peu attendre car il me reste quelques points scénaristiques à peaufiner, en plus du boulot à la fac et de d'autres projets. M'est avis qu'on entend un vieil écho de profondeurs que l'on avait pas vu depuis longtemps...