Je vous vois avec vos yeux de merlan frit : "C'est quoi encore cette merde?". Ben en fait, si vous suivez un peu ma bibliographie, vous connaissez une petite fic de dix chapitres dénommée Cold Case. Comme je suis branchée suites...mais il n'est pas forcément nécessaire d'avoir lu le tome précédent. C'est mieux, mais si vous prenez le train en route, ça devrait le faire aussi. Je crois.
Ground Blizzard, c'est l'histoire d'une petite bande qui se retrouve projetée dans une belle emmerde. C'est tout ce que je peux dire pour le moment.
En ce qui concerne les chapitres, je vais tenter de vaincre mes pseudo-TOC du chapitre fixe donc la longueur peut être irrégulière (même si comme je ne peux pas les vaincre totalement, je garde un minimum fixe de 8pages...(a)).
Point de préface post fin de fic : Soyons clairs, ce que vous allez lire est pas une excellente fic, loin de là. C'est sans aucun doute ma plus mauvaise, et d'ailleurs je vous recommande d'aller lire autre chose xD Les grandes lignes et les éléments importants du scénario se retrouvent ici (branche bleue à partir du chapitre 11) et à mon avis vous passerez un meilleur moment. Enfin si vous tenez vraiment à lire Ground Blizzard, vous y trouverez peut-être quelques passages marrants ou intéressants d'un point de vue stylistique, qui sait...
La fic étant divisée en 6 arcs (edit : en fait, on s'en tiendra à cinq, suite à un remaniement à mi-parcours), je vous présente ici et maintenant le premier arc Midgard, et son premier chapitre "Exécutions".
Spoiler
-Il était une fois un village qui chaque nuit faisait face à la terreur.
La lune brillait sur Paris, à peine masquée par quelques nuages. Le temps était froid, et les rues arpentées de courants d’air. Les feuilles craquelées par l’automne semblaient prendre vie et balayaient les trottoirs, animées d’une vie qu’elles n’avaient plus.
-La terreur portait un nom : loup-garou.
Le collège-lycée Kadic dormait, du moins en apparence. Il était neuf heures, et seules quelques braves lueurs des fenêtres tentaient encore de combattre les ombres. Mais celle qui planait lourdement sur le bâtiment ne pouvait être défaite : c’était celle du deuil. Quatre élèves avaient disparu ou étaient morts courant novembre, tous anciens amis, et l’enquête ne progressait pas.
-Le jour, ils affichaient des visages normaux, se fondaient dans la masse.
Une des lumières encore allumées était celle du foyer, où un groupe d’élève se réunissait pour jouer ce soir et tenter d’oublier l’ambiance morbide. Il avait fallu s’assurer au préalable que Jim ne viendrait pas mettre le nez dans leur fraude collective, mais un ou deux somnifères avaient parfaitement rempli cette fonction.
-Et la nuit, leur vrai visage se dévoilait : des bêtes sauvages mais organisées, chassant en meute, dans le but de dévorer leurs victimes.
Une petite élève de sixième d’origine arménienne se recroquevilla sur sa chaise, les yeux rivés sur le maître du jeu. Ce dernier attendit un peu que son effet dramatique agisse, puis continua :
-Les villageois n’avaient pas le choix. Ils devaient organiser des tribunaux chaque matin, après la découverte des corps, et s’ajoutaient aux victimes les cadavres pendus, potentiellement innocents.
Certains regards se tournèrent vers l’autre sixième du groupe, un nabot vêtu de jaune qui couina :
-J’suis un enfant innoceeent !
-Mais oui, bien sûr, soupira le narrateur. Bien, tout le monde a vu sa carte et sait à quoi correspond son rôle ?
Un murmure d’acquiescement fit le tour de la table. L’élève, Floyd de son prénom, énonça donc :
-La nuit tombe, l’obscurité dévale des collines et le vent chante dans les arbres.
Sylith ferma les yeux, conformément à la règle.
-J’appelle Cupidon, il se réveille.
-Connard !
-Un peu de modération, Jack, s’il te plaît, coupa le maître du jeu en cherchant du regard ledit Cupidon. Cupidon, désigne les deux personnes qui seront amoureuses pour la partie.
La réponse muette de l’angelot eut l’air de venir. Deux élèves innocents furent pointés du doigt et unis. Ils eurent ensuite le droit d’ouvrir les yeux pour se reconnaître l’un l’autre.
-Si l’un des deux amoureux meurt, l’autre doit le suivre dans la tombe. A présent, j’appelle le Voleur.
Le tour du Voleur passa, puis celui de la Voyante, du Salvateur. Enfin, le moment que tous attendait vint : le tour des Loups.
-J’appelle les féroces crocs de la lune, les hurleurs de l’ombre : les Loups-Garou ! lança Floyd, d’humeur lyrique.
Sylith rouvrit les yeux. Il lui fallut d’abord reconnaître ses camarades, réveillés comme elle. Le premier ne fut pas vraiment dur à trouver, puisqu’il s’agissait de la personne en face d’elle, le dénommé Jack. Plus sur la gauche, une certaine Mathilde avait également les yeux ouverts. Enfin, sur le côté droit adjacent, Hiroki les fixait.
-La Meute est formée. Maintenant, les loups vont choisir leur dîner.
Le sourire de Floyd prenait une petite dimension sadique. Sylith pointa, sans réfléchir, son voisin de droite. Hiroki et Mathilde suivirent son choix, faute d’idée personnelle, et Jack qui s’apprêtait à désigner quelqu’un d’autre dût se résigner.
Les loups se rendormirent. On réveilla la Sorcière, puis le Joueur de Flûte, et le jour se leva.
-Nous avons une victime, annonça Floyd d’un air grave. Il s’agit d’Alexandre, goulûment avalé par les canidés ! Fort heureusement, il n’avait aucun pouvoir particulier, ce n’était qu’un simple villageois.
-Je suis profondément choqué ! clama le mort. J’exige qu’on ouvre une commission d’enquête !
-Le tribunal est maintenant tenu. Il est temps de débattre pour décider de qui meurt.
-Tuez cette morue de Sylith !
-Les fantômes ne sont pas admis à la cour, sussura Senja, assis à gauche de ladite morue.
-C’est qui le fantôme ? J’ai pas vu….se plaignit Gaëlle, ses grosses lunettes sur le nez.
Les débats commencèrent. Sylith se prit évidemment pas mal d’accusations, dont elle se défendit en disant :
-Ce serait un peu idiot de tuer précisément Alexandre dès le début, puisque ça me désigne comme responsable. Je ne suis pas suicidaire, hein…
Kay, depuis son coin de table, observait la situation avec son expression de bouledogue. Contrairement à ce que son nom pouvait suggérer, c’était un garçon.
-Et si on en est à brouiller les pistes, pourquoi pas Senja ? Il s’entend bien avec Alexandre, ce qui le rend peu soupçonnable si ce dernier meurt, et je le trouve trop discret…
-Mhhh, c’est bien vrai ça ! gloussa Adolf, assis à la gauche de Kay.
Sylith retint une grimace. Le rire d’Adolf était purement insupportable, il respirait la stupidité. Très en accord avec son propriétaire. Certains jours, elle aurait voulu le voir tabassé à coup de polochons. Adolf, pas son rire, enfin !
-Oui, quand j’ai trop peu d’éléments pour me prononcer, je me tais plutôt que de causer inutilement, répliqua l’accusé avec un petit sourire moqueur.
Floyd décida d’outrepasser un peu ses fonctions et leva les mains pour calmer les débats.
-Je suggère de passer au vote.
Séance tenante, Kay fut exécuté pour persiflage, révélant au passage qu’il était le Voleur. En tant que tel, il fut brûlé au 28ème degré, mesure approuvée par Sylith et la petite Barbara. Son air de bouledogue s’accentua un peu plus, si c’était possible, et il croisa les bras sur son T-shirt marqué « Je suis méchant ».
La nuit revint. Alexandre observait les gens se réveiller un par un : Voyante, Salvateur…puis les loups. En voyant les yeux de Sylith s’ouvrir, il lui adressa un air courroucé, faisant sourire ses coéquipiers. Cette fois, le mort fut désigné avec insistance par Jack, apparemment décidé à en finir avec un adolescent bouffi assis du côté de Kay et Adolf. Peut-être finirait-il avec une machette dans le crâne, comme le castor dessiné sur le haut du loup-garou.
La partie se poursuivit. Les derniers personnages se manifestèrent, puis le maître du jeu ouvrit le tribunal une fois encore.
-Jimmy nous quitte donc….il s’agissait du bouc émissaire.
-Quel rôle de merde, commenta Hiroki.
-Vous hériterez de mon courroux, sales loups, grogna le second cadavre.
-« Hériter d’un courroux » ne se dit pas, fit pompeusement remarquer Alexandre.
-Un bouc mangé par les loups, ça semble logique non ? ajouta Mathilde.
-Il a peut-être explosé et tué un loup dans la mort, supputa Floyd.
-J’ai faaim ! gémit la petite Barbara.
-Ta gueule, tu sers à rien, lui assena Jack à côté de qui elle était assise.
-Arrête de dire des conneries pour faire genre t’es méchant ! renvoya Arry, une élève de 1ère S blonde.
-Je lève les mains ! intervint le maître du jeu qui sentait la situation dériver.
L’agitation retomba et on put revenir sur des débats plus calmes, au terme desquels il fut décidé d’abattre Josmie l’espagnole, tapie dans son coin à côté de Paul qui jouait distraitement avec un poney en plastique. Floyd révéla la carte de Josmie, et annonça les rebondissements qui étaient liés à ce lynchage :
-Hélas, Josmie était la sorcière ! Elle meurt donc, mais ne disparaît pas seule puisque Paul la suit dans la mort, irrémédiablement lié à elle par les flèches enchantées de Cupidon. Paul, par ailleurs, était le joueur de flûte !
Un silence plus ou moins consterné suivit cette affirmation. D’un côté, la sorcière disparaissait avec ses précieuses potions, de l’autre, le Joueur de Flûte aurait pu gagner en douce dans son coin.
-The witch is dead, finit par commenter Senja, faisant rire certains.
La partie continua et la troisième nuit vint. Durant celle-ci, Barbara fut surprise les yeux mal entrouverts par les loups qui décidèrent, sourire sadique à l’appui, de la manger. Cependant, elle eut de la chance. Quand l’aube pointa, Floyd annonça :
-Quelqu’un aurait dû mourir ce soir…mais le Salvateur l’a protégé ! Nous n’avons donc pas de cadavre à déplorer. Les débats sont ouverts !
-Moi je pense que Sylith c’est un loup-garou ! pépia Barbara, ignorant qu’elle avait failli se faire raccourcir. Elle est louche.
-T’argumentes comme une merde, aucun potentiel, grinça Kay, visiblement dégoûté d’être mort.
-Maiieuh ! gémit la gamine.
-Je suis d’accord avec elle, ajouta Gaëlle pour la soutenir.
Sylith n’aimait pas ça. Mais alors pas du tout. L’opinion publique était très simple à infléchir, mais il fallait trouver le point sur lequel appuyer. Accessoirement, plus on était seul face à elle, plus l’exercice se compliquait.
-Moi je me dis que si Barbara essaie de me faire tuer avec tant de véhémence et, comme souligné, une argumentation de merde, c’est peut-être qu’elle tente de cacher quelque chose derrière son masque de petite fille innocente…
-Ou alors, peut-être qu’elle sait quelque chose. Rappelons que la Voyante et la Petite Fille sont toujours vivantes, contra Arry, décidément remontée.
-Ou alors elle accuse dans le vide en essayant de toucher quelqu’un, répliqua Hiroki. On a déjà montré que les charges contre Sylith n’avaient pas lieu d’être, non ? En plus, Barbara ne pourrait pas être la petite fille : trop immature pour être discrète, malgré sa taille, les loups l’auraient forcément vue…
-C’est peut-être ce qui s’est passé, auquel cas les loups auraient tenté de la tuer….mais la victime de ce soir n’a eu la vie sauve que grâce au Salvateur, impossible de savoir de qui il s’agissait.
-Et si on laissait tomber Sylith, pour le coup ? Je trouve qu’on l’accuse trop pour que ça puisse être elle. Les gens discrets sont plus louches, non ? fit remarquer une dénommée Dorka, assise à côté d’Alexandre. Je veux dire, j’ai déjà fait une partie ou deux de loup-garou, et les loups pouvaient très facilement se faire oublier dans leur coin en arrêtant de parler…regardez, Mathilde par exemple. Elle est en bout de table, se tait…
Les regards se portèrent vers la nouvelle accusée. Floyd se racla la gorge :
-Je propose de démarrer les votes…
Sylith réfléchit rapidement. Sacrifier Mathilde pouvait leur permettre de mieux survivre par la suite. Elle échangea un regard avec Jack, qui avait l’air de penser à la même chose, et avec Hiroki qui semblait dubitatif. Les mains se levèrent, dont celle de deux des loups. Floyd retourna la carte de la louve, déclenchant une série de « ouais ! » autour de la table.
-Maintenant que le loup est pendu haut et court, la nuit tombe et le village va se coucher, annonça-t-il pour calmer le jeu (c’était le cas de le dire). J’appelle la Voyante !
La nuit passa rapidement. On désigna Senja comme sacrifice pour détourner définitivement les soupçons de Sylith, et lorsque sa carte fut froidement retournée, dévoilant qu’il n’était autre que Cupidon, Jack se permit un « bien fait, salopard ».
-Je reste sûre que c’est Sylith. Personne n’en veut spécifiquement à Senja, par contre sa mort nous amènerait à écarter les personnes proches de lui. Pensons l’inverse. Qui se croirait au-delà de tout soupçon concernant la mort de Senja ? lança Arry.
-C’est pas vrai, souligna le petit Maly vêtu de jaune qui se mêlait enfin aux débats. Adolf il aime pas Senja. Il dit que c’est un dictateur.
Un fou rire agita les plus calés en histoire.
-Je suis d’accord avec la tâche jaune, ajouta Gaëlle, relançant l’hilarité générale.
-Wow, minute, Gaëlle, tu te rends compte de la vitesse à laquelle tu changes d’avis ? Plus vite que du Rhapsody of Fire ! Y a deux minutes tu étais sûre que c’était Sylith ! protesta Arry, montrant au passage sa prédilection pour le métal.
-Je trouve que Arry est très motivée pour faire scalper Sylith…presque trop.
L’insinuation sournoise de Jack fit son chemin dans la tête des gens. Ceux qui précédemment étaient acquis à la cause d’Arry la regardaient maintenant d’un œil méfiant. Floyd décida de lancer les votes, provoquant un petit gémissement de Maly, attristé que sa thèse soit écartée :
-Non mais votez Adolf !
-Maly, on t’a déjà parlé de comment a été provoqué le 3ème Reich ? lui expédia Senja depuis la tombe.
-Y avait des jaunes ?
-…
-Mon copain pourrait vous parler de la montée du communisme en Chine, sinon, ajouta Mathilde, elle aussi depuis la tombe.
-Qui vote pour qu’on tue Adolf ? soupira Floyd, tentant de garder une cohésion dans le jeu.
-Techniquement, Hitler s’était suicidé, argumenta Alexandre, toujours motivé pour se la ramener.
-Quelqu’un a un pistolet pour lui tirer une balle dans la bouche ? demanda Jack à la cantonade.
-Le méchant, c’est moi, intervint Kay.
-Je vote pour Adolf, décida Sylith au milieu du chaos général.
Pour se faire mieux voir, elle leva le bras droit dans une parodie de salut nazi, relançant le courant d’hilarité. Prise dans la caricature, une bonne moitié des gens suivit son exemple et Adolf fut exécuté.
-La nuit…tombe…sur le 3ème Reich vaincu…articula Floyd qui se tenait les côtes.
La victime suivante fut Gaëlle, qui n’avait vraiment rien vu venir. A la découverte du corps, Senja commenta :
-Bah ouais, le 3ème Reich avait un problème avec les handicapés….donc aussi avec les aveugles…
-Et avec les gays aussi, geignit Alexandre.
-On sait qui sont les autres nazis autour de la table ?
Dans le doute, et parce qu’il se trouvait sur le même côté que Jimmy, Adolf et Kay, un dernier type dont tout le monde avait oublié le nom mais qui avait un faible pour Gaëlle mourut. Un mélange entre la théorie des nazis et le crime passionnel.
Les loups exécutèrent ensuite Barbara, depuis le temps que ça attendait, mais les villageois lynchèrent Hiroki.
La mort de Maly au tour suivant réduisit le nombre de joueurs à quatre. Comme on jouait sans maire, les votes firent égalité et l’identité de chacun n’était plus un mystère depuis longtemps. Plutôt que de se fatiguer, Floyd soupira :
-Y en a qui s’opposent à ce que les loups gagnent, pour qu’on écourte ?
Dorka et Arry faisaient un peu la tronche, mais n’eurent pas le choix. Floyd déclara :
-Bien, cette soirée loup-garou se clôt là-dessus, regagnez plus ou moins discrètement vos chambres, ne réveillez pas Jim, bon retour aux externes et bonne chance avec les parents s’ils sont là (ce qui n’est pas mon cas, héhé), tout ça.
Il rangea rapidement le jeu puis fit signe à Barbara de le suivre et se dirigea vers la sortie du foyer, suivi par la masse d’élèves qui se disperserait petit à petit dans les couloirs.
-Cette partie était épique, non ? sourit Sylith.
-Non, râla Alexandre, déclenchant le rire de Senja, lequel enchaîna :
-Oui j’ai eu l’impression que tu t’entendais bien avec le type en face…
Elle fit un facepalm.
-T’es con, Senja…
Le trio rentra furtivement dans l’internat, n’étant pas de ceux qui restaient dehors pour s’en griller une ou autres activités plus douteuses. Tandis que la porte se refermait derrière eux et les plongeait dans le noir, loin de la lune, l’ambiance désinvolte et rieuse de la soirée se dissipait, et l’amertume des responsabilités leur revenait. Le Supercalculateur, l’usine, le devoir de sauver le monde confié par Jérémie Belpois dans ses derniers instants.
-Demain, faudra qu’on se rende à l’usine, murmura Sylith en abordant difficilement les escaliers.
Le week-end approchant était le meilleur créneau possible pour commencer à s’impliquer dans leur nouvelle mission.
-Qu’est-ce que tu espères faire ?
-Explorer un peu plus en détail les informations qui traînent dans le Supercalculateur. Voir les autres vidéos du journal de Belpois, qui pourraient nous aider à cerner notre ennemi…il faut qu’on soit vraiment bien préparés avant de s’engager dans la guerre. Nous avons affaire à quelque chose de dangereux.
-Assez dangereux pour les tuer…ajouta Senja, toujours à voix basse.
Si leur conversation était surprise, elle pourrait leur valoir des ennuis. Ou du moins de longs interrogatoires en tant que personnes qui savaient des choses…
-Alexandre, ça va pas ? Un problème ?
La remarque de l’élève d’ES souligna que, effectivement, leur camarade semblait de mauvaise humeur.
-Mh, rien qui vous concerne vraiment, mais…Léopold m’a appris aujourd’hui que sa mère voulait le retirer du lycée. Trop dangereux.
-Ah…
La nouvelle devait accabler pas mal Alexandre, en effet. Il était en couple avec Léopold depuis quelques jours. La discussion fut un peu plombée, et ils arrivèrent à l’étage des garçons sans grand-chose de plus.
-Tu veux un coup de main pour les prochains escaliers ?
-Non c’est bon, ne te sens pas obligé de m’accompagner, assura Sylith.
Senja haussa les épaules et s’éloigna donc avec Alexandre vers leur chambre. En entrant, le thatchérien jeta un œil vers le poster de son idole, et un peu en dessous, une photo de lui avec son copain.
-Déjà qu’avec toute cette histoire j’aurais eu moins de temps pour le voir…c’est scandaleux.
Un vague bruit derrière lui fit comprendre que Senja s’était écroulé sur son lit.
-Boarf, c’est pas comme si vous étiez déjà dans une relation stable…commenta-t-il.
-Je ne te permets pas. Léopold est un homme exceptionnel.
-Gnééé c’est ça, répondit l’autre d’un air très réveillé.
-Je suis très sérieux. Il est intelligent, cultivé, en L….
Alexandre continua à débiter les qualités plus ou moins existantes de Léopold en se changeant, avant de se rendre compte que ses paroles avaient été assez soporifiques pour faire s’endormir son colocataire. Il lâcha donc un « Pfeuh » snob et dédaigneux comme lui seul savait les faire, et alla se coucher à son tour.
Floyd poussa silencieusement la porte de l’appartement et alluma la lumière.
-Allez Barbara, on file au lit.
-Mais j’ai faim !
-Mais je t’avais donné un muffin au dessert ! s’exclama son grand frère.
-Je peux en avoir un autre ? supplia la petite en ouvrant de grands yeux de Bambi.
-Bon d’accord, mais ensuite tu vas dormir, céda-t-il.
Avec un petit glapissement joyeux, elle sautilla vers la cuisine. Floyd soupira, retira ses chaussures et alla poser veste et sac dans sa chambre sous le regard d’une peluche Angry Bird noire qui tomba soudain par terre. Haussant un sourcil dubitatif, il la remit en place.
Soudain, son regard en croisa un autre. Il sursauta, et il lui fallut deux secondes pour assimiler ce qu’il avait sous les yeux. Trônant sur son clavier d’un air impérial, un chat tigré gris affublé de touffes de poil dans les oreilles le toisait.
-Mais.
-Mraww.
-Qu’est-ce que tu fous sur mon bureau ? s’écria Floyd.
Il s’avança donc vers la bestiole pour la déloger et parvint à la jeter hors de sa chambre, au prix de quelques griffures, lors d’un combat sanglant qui resterait dans les annales. La créature alla se réfugier dans les bras de Barbara en lui décochant un regard moqueur.
-Maman veut pas que tu sois méchant avec le chat !
-Il squattait mon clavier ! protesta-t-il.
-Même ! Tu as pas le droit. Il est trop mignon.
Floyd se força à garder sa légendaire modération.
-Va te coucher.
Lui faisant confiance pour s’exécuter, il se replia dans sa chambre purgée de la présence féline. Il y avait son lit près de la fenêtre pour pouvoir regarder les orages en s’endormant, recouvert d’une couette gris clair avec des volutes venteuses, mais il ne se sentait pas encore l’envie d’aller sommeiller. Il ne se sentait pas non plus l’envie de lire un des nombreux ouvrages dans sa bibliothèque bleutée, que ce soit une fiction ou un traité plus scientifique sur les courants d’air. Il ne se sentait pas non plus l’envie d’allumer son ordinateur pour écrire un de ses textes qui traînaient de la patte et avançaient lentement.
Avec un soupir, il s’étendit sur sa couche et leva les yeux vers le ciel. Un contact dur sous son crâne lui rappela alors qu’il pouvait tout à fait jouer à Pokémon Diamant pour passer le temps. Prenant sa DS grise, il lança le jeu, partant vers de nouvelles aventures pleines de monstres bizarres en compagnie de son Scorvol.
Arry, dans d’autres circonstances, serait peut-être allée se balader dans le parc avec son Mp3 sur les oreilles. Une petite promenade agrémentée d’Iron Maiden ou de Stratovarius était toujours plaisant, mais devenait moins tentant après trois disparitions ou meurtres d’élèves. Dont deux qui étaient de sa classe. Elle se souvenait très bien de Jérémie Belpois et d’Odd Della Robbia, qui ne lui avaient jamais donné de raison de leur en vouloir. Ils avaient l’air de types cools.
Une idée lui vint. Puisque traîner dans le parc était un peu trop bravache, elle décida d’aller s’installer ailleurs, regagner sa chambre n’étant pas assez motivant, pas aussi tôt. Avant de se diriger vers les bâtiments, elle alla aborder Dorka, qui était dans son groupe de TPE, et partageait sa piaule.
-Tu serais tentée par une virée troublante et merveilleuse au clair de lune ?
Dorka acquiesça avec un petit sourire et les deux camarades se faufilèrent dans les dortoirs. On ne pouvait pas dire qu’elles étaient assorties, même s’il y avait des similitudes. Le combo classique jean/veste à capuche était ici appliqué, mais dans le cas d’Arry, c’était un blouson de métalleux arborant fièrement les couleurs de Slipknot et une petite chaînette au pantalon, alors que Dorka se contentait de noir et de blanc, et d’une casquette. Les deux montèrent les escaliers jusqu’à arriver dans les espèces de greniers sous le toit. Arry, habituée, repéra vite la fenêtre et l’empilement de cartons en dessous qui permettait d’y accéder. C’est par ce biais que le duo se faufila sur le toit et s’y assit.
Arry sortit son baladeur, naviguant distraitement entre les noms, et finit par s’arrêter sur Moonspell. Lançant « Nocturna », elle tendit un écouteur à Dorka en branchant l’autre sur son oreille. Au doux son des premières notes, elles regardèrent les petits points lumineux qui piquetaient le ciel, tandis que le vent frais de la nuit leur caressait doucement le visage.
-C’est quand même plus cool que dormir, commenta la métalleuse.
Hiroki shoota dans une canette qui traînait sur le trottoir, les mains dans les poches pour les réchauffer. Le bruit du métal heurtant le bitume à plusieurs reprises transperça le silence, qui ne tarda pas à se reformer. Il rentrait lentement chez lui, sans grande motivation. Ses parents ne l’auraient jamais laissé sortir, mais ils ignoraient qu’il avait fait le mur. La lumière crue des réverbères éclairait la rue, lui donnant un petit côté prison. Pourtant, pour lui, la prison était bien son foyer. Ses parents, déjà à tendances protectrices par le passé, s’étaient encore plus crispés avec la mort de sa sœur par overdose, l’occasion pour eux d’apprendre qu’elle se droguait. S’ils avaient su qu’il avait dealé à d’autres en risquant de les mettre dans le même état… La série de meurtres à Kadic n’avait rien arrangé. C’était tout juste s’il pouvait encore mettre un pied dehors légalement. Alors il commençait à le faire illégalement.
La vie lui semblait un peu triste et morne depuis que sa sœur était morte. Même s’ils se disputaient énormément, ils s’aimaient, dans le fond. Une vieille anecdote lui revint, quand il avait manqué lui perdre son journal intime et qu’elle lui avait froidement lâché ces mots :
« Tant que tu ne l’as pas retrouvé, dis-toi que tu n’as plus de sœur. »
Bim.
La phrase prémonitoire, presque…
La maison se profilait au bout de l’avenue. Il soupira. Il n’avait pas envie de rentrer, mais il le fallait. Vérifiant que personne ne regardait à travers la vitre, il se faufila dans le jardin et escalada l’arbre qui permettait d’accéder à la chambre de Yumi dont la fenêtre était restée entrouverte après son départ. Il y remédia une fois à l’intérieur. Ses yeux suivirent tristement les courbes de la peluche dans un coin, s’arrêtèrent sur l’édition des Echos de Kadic, faisant dériver un instant son esprit vers Milly. Pas pour longtemps. Tout ici respirait Yumi. Il la revoyait presque debout dans l’encadrement à lui demander ce qu’il faisait là à fouiner. Mais elle n’était pas là pour l’engueuler. Son journal était caché dans un tiroir du bureau, il savait lequel depuis le temps, et il aurait pu le lire facilement et même le livrer en pâture à sa belle pour qu’elle daigne le regarder. Mais il n’en avait pas envie.
Dégoûté, il sortit sur la pointe des pieds et referma la porte pour enfermer les souvenirs à l’intérieur de la pièce.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack
Dernière édition par Ikorih le Jeu 11 Aoû 2016 15:39; édité 6 fois
Inscrit le: 09 Avr 2014 Messages: 106 Localisation: Les deux mains dans le chocolat.
Trop heureuse de débuter la lecture en phase avec les posts. C'est un chapitre copieux ou je me trompe ? En tout cas, du contenu et des personnages attachants (mode lèche activé). J'aime bien cette entrée en matière, ça ne sent pas du tout le vécu. Bonne introduction de la mort des LG, qui m'a même laissé un petit instant de doute avec le contexte. Même si j'avoue que le motif de celle de Yumi m'a laissée perplexe - bon sang, comment ça a pu se passer ?! -. [Il y a quelques temps, j'ai cherché le futur le plus cliché qu'on aurait pu imaginer à Code Lyoko. Réponse réflexe, qu'on m'a décernée sans sourciller : Yumi se drogue ]. Sinon, je ne connaissais pas l'extension du Loup-Garou. Ça a de l'importance, hein.
Alexandre et Senja colocataires... O.o Sinon, l'histoire semble centrée sur Sylith et associés. Bizarre, hein. Hiroki. Quelle surprise. Mais c'est bien pratique. Je n'ai pas trouvé à qui correspondaient Arry et Dorka : à relire. Autres remarques en bordel : <3 <3 <3 pour la virée au clair de lune. J'adore cette réplique, je l'adore, j'adore sa réponse et je vois Nicolas dans ma tête. Retiré de Kadic : la potterfan a un nouveau parallèle à ajouter...
Il y a quatre morts. Yumi. Mais encore ? On case Ulrich, et sinon, Odd et Jérémie ? Même pas sûr. Ou Aelita à la place de Jérémie ? Quand commence exactement l'histoire... Il faudrait regarder les listes des élèves mais j'ai un baobab qui me grattouille la paume. Bref, il y en a qui se sont faits eus Et c'est bien, Hiroki a rejoint le Clan des Cookies.
J'édite ça plus tard, histoire d'y ajouter de la pertinence. Nenuit
P.S : Je n'ai pas lu Cold Case...
Edit : Le nom de la partie en jette. J'hésite un peu sur sa signification mais je suppose que cela veut dire qu'on est dans la phase "découverte du secret" et que tes héros n'iront pas se dégourdir les jambes sur Lyoko avant la partie suivante. J'ai hâte de voir les avatars. De savoir ce qu'il s'est passé pour nos lyokoguerriers favoris, mais ça, on s'en doutait. Petit bisounours en moi prie pour qu'ils ne soient pas morts tous, qu'il y en ait qui aient juste disparu, etc. Enfin. C'est beau, l'espoir. Après tout, on n'a pas encore eu toutes les circonstances de décès, et le mot SF suffit. Note : lire Cold Case à tout prix. Bon, j'avais d'autres choses à ajouter mais j'ai oublié... _________________ Willismine : nom égoïste. Vieux psychotrope interdit à la vente.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Bon, j'avoue avoir un peu de mal avec le titre. Ct miE aven ! Et la bannière n'est pas vraiment représentative de la connotation des deux mots du titre. C'est bien dommage, même si je sais que tu n'avais donné aucune instruction au graphiste .
Donc, dans l'ensemble, ce début de texte était cool, avec son côté « Perles du Neith » pour les personnages, mais sans le côté ordonné .
La partie de Loups-Garous du début est un bon procédé pour présenter plusieurs personnages d'un coup et pour brosser quelques traits de caractère. Bon, j'ai jamais joué avec l'extension, donc j'étais un peu perdu sur certains rôles, mais le Neith est quelque chose de merveilleux qui permet de combler ses lacunes.
Parlons du Maître du Jeu Floyd. Il est calme, posé, cool. Excellent en somme . Les autres personnages, la flemme de développer. Enfin, Barbara est partie pour être une petite sœur embêtante, surtout avec la question du chat. Well, well, well. Floyd a d'excellent goûts, et on arrête là le remplissage auto-élogieux o/.
Le cas du trio Sylith-Senja-Alexandre me paraît déjà plus constructif à aborder. Et ma question principale sera : où est Emeline, qui aux dernières nouvelles de Cold Case, était l'informaticienne attitrée de la bande ? Je ne pense pas que tu aurais été capable de faire fi d'un détail pareil. Du coup, on peut penser qu'elle n'avait peut-être pas envie de jouer au Loups-Garous (même si elle a tort), ou alors qu'elle n'est plus à Kadic, ou bien simplement décédée (vu la boucherie qu'a été Cold Case, ça m'étonnerait pas). Enfin, j'attends de voir quoi.
Autrement, je trouve très sympathique ce côté « Vie quotidienne » très présent dans ce chapitre. C'est typiquement le genre de scène que je mets des plombes à écrire moi-même o/. Mais je pense qu'Icer approuve. L'ambiance est également très agréable, enfin avec un Loup-Garous, c'est le minimum à fournir.
Pour ce qui est de la ligne scénaristique. Comme l'a dit Willismine, ben on se doute qu'une partie de ce petit monde a des chances d'aller se balader sur Lyokô. Bien entendu, on est dans cette phase de mise en place et de « découverte du secret ». Personnellement, je pense qu'Hiroki est le favori pour être le premier à trouver. On ne peut exclure un imprévu qui lui ferait lire le journal de Yumi et découvrir des choses, enfin, dans l'hypothèse où Yumi aurait été aussi subtile qu'Ulrich en couchant sur papier se aventures sur Lyokô et de laisser son journal à porter de n'importe qui .
Bon, je suis en phase de rééducation, d'où la longueur de ce commentaire. Tchuss ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Inscrit le: 02 Nov 2013 Messages: 248 Localisation: Arkham Asylum
Ah bin tiens, je me demandais quand est-ce qu'elle allait venir cette suite là .
Bien, commençons donc par cette agréable partie de loup-garou (les tueurs gagnent toujours). Cette scène est une excellente scène de présentation, et on a du quotidien à Kadic, ce qui change pas mal depuis le temps qu'une certaine personne t'en réclamais .
(Ah bah tiens, petite parenthèse, mais je viens de voir la nouvelle présentation... c'est un peu mieux que l'ancienne mais c'est encore loin du résultat espérer. On a l'impression que tu tentes de faire compliqué alors que ce qui est demandé serait règlé en 2 minutes montre en main.)
Bref, on en vient à présent au chagrin d'amour d'Alexandre... Sérieusement?
Il n'y avait rien de plus intéressant à raconter?
Les relations entre Floyd et sa petite soeurette sont relous (ce n'est que mon avis) Putain mais cette naine-là mérite qu'on l'étripe!
On enchaîne par... du métal... ça commence à me courir sur le haricot...
Citation:
-C’est quand même plus cool que dormir, commenta la métalleuse.
Non, désolé, mais dormir c'est sacré (mes rêves m'inspire dans mon travail )!
Et on finit par Hiroki, le petit Hiroki qui semble très touché par la disparition de sa soeur. (Bon perso ça me fait marré plus que ça ne m'attendrit, mais je suis un connard me direz-vous)
Le petit Hiroki qui fouillent dans les affaires de sa soeur morte... Quel sale petit rapace
Bon, J'ai pas eu énormément de chose à dire, après tout c'est que le début. Mais on note que tu as réussi à ne pas nous révéler ton intrigue principale dès le premier chapitre. Ce qui est un bon point (y) (tu faisais tout le temps ça). On espère voir vite le chapitre 2 (enfin, façon de parler ) _________________
"Introduce a little anarchy. Upset the established order and everything becomes... CHAOS"
J'ai déjà dit à peu près tout ce que j'avais à dire (et c'était pas grand chose, un avis qui variait pas beaucoup, mais ceci est sans importance, je me connais à force je sais très bien ce que je pense ), mais je vais en faire un petit résumé ici.
J'aime beaucoup les personnages, et surtout les multiples références (et encore, je suppose que je ne les saisis pas toutes). J'aime beaucoup Arry, qui me rappelle étrangement hum... Quelqu'un (a) ? [Censored (a)]
Puis voilà. C'est un avis très constructif, je sais bien. Mais je m'aime quand même hein ? :3 (Voilà, je disparais maintenant après cette intervention fort peu utile mais si rare qu'elle en est appréciable. SI.)
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2316 Localisation: Territoire banquise
Suite au changement de bannière, j'ai pu lire o/
On a effectivement une belle entrée en matière. Le loup-garou colle non seulement à Cold Case mais aussi aux évènements que les vrais connaissent (Kassdédi IK).
On a pas grand-chose d'autre encore. Les menaces de mort proférées dans le but que mon VDD fasse semblant de s’intéresser à l'histoire et de la commenter d'elle-même sont aussi un bel hommage à l'ambiance de terreur de Cold Case. Tout comme le pseudo du rédacteur de ce message.
Ouais... Définitivement, je le sens bien. Ça va saigner. Et on se souvient d'un certain chapitre 19 qui...
En fait, c'est Nyx qu'il a buté, le chapitre.
La vraie question reste : Qui de Tyker ou de toi fera pire ? Il va falloir méditer sur la Carpe gore... _________________
« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »
Ohhh des gens partout. C'est cool ça! Répondons-leur.
Willismine : en termes de longueur, non, le chapitre est pas censé être si copieux que ça. Enfin, vu les suivants que je sors, quand même, il est pas mal. ^^'
Concernant les diverses morts des gens, ben je peux te l'expliquer par Skype mais le mieux reste encore que tu lises Cold Case. Du coup tu pars avec un petit retard niveau compréhension (comme dit, si tu te perds trop, ce que je n'espère pas, tu viens me demander o/). Mais t'as l'air de t'en sortir.
Identifier Arry et Dorka est plus complexe. Bonne chance.
Tu as visé juste pour le titre de l'arc. Et les avatars devraient dépoter. Enfin j'espère.
Ze fear : Mon titre est génial. Il désigne un phénomène météorologique particulier, par le pouvoir de la métaphore. Et puis laisse cette bannière en paix.
Ouais alors le côté Perles, faut pas aller jusque là XD Je dois avoir une dizaine d'OC réguliers, une quinzaine au maximum. J'ai pas compté. o/ Il semblerait que tu aies des affinités avec Floyd, je me demande pourquoi. Tu aimes son chat?
Stresse pas pour Emeline, elle est bien là, mais n'étais pas présente à cette partie de Loup-Garou, vu qu'elle ne représente personne en particulier, elle avait beaucoup moins sa place. Et les Loups mettent très bien l'ambiance.
Yumi a de fortes chance d'être aussi conne qu'Ulrich, tu sais.
fredo : la suite arrive. Euh, sinon...bon, passons au suivant.
Tyker : Déjà, je ne vois pas du tout de quelle personne tu parles . *tousse*
Boarf, les histoires d'Alexandre ne sont pas passionnantes, mais j'y fais un petit crochet quand même. Le personnage gagne un peu en profondeur (...ouais euh avec Alexandre je sais pas si c'est une bonne idée). Concernant Barbara, mh, je crois que tu as vu pire niveau relation frère/sœur. Non? (le métal t'emmerde en passant)
Nope, Hiroki ne fouille rien du tout, pour le moment. Peut-être que ça évoluera par la suite, qui sait... Le mec qui fait genre il a hâte de voir le chapitre 2 alors qu'il l'a déjà lu...
MOI : Déjà, gouzou gouzou. Je dis plein de choses intéressantes (même si j'ai tendance à zapper que certains éléments sont dans le chapitre 3 avant de me censurer? ) et puis je constate que j'aime bien Arry Ckho. C'est bien.
Réponse très constructive. Mais je ne me suis pas menacée pour que j'écrive ce com' .
Le meilleur pour la fin ( (a)) : Le LG ne colle pas totalement aux évènements connus des vrais, mais est un dérivé de ce qui aurait pu arriver...
Mais bon, ça va saigner. Sang => rouge, et tu approuves quand même?
Allez, chapitre 2 o/ On rentre un peu plus dans le vif du sujet. Et sinon il s'appelle "Dans leurs traces"
Spoiler
Le réfectoire était plutôt calme, et pour cause, on était un samedi matin. A moins d’avoir cours, la plupart des internes se permettaient une grasse matinée ou étaient carrément rentrés chez eux. Par conséquent, les seuls debout étaient ceux qui n’avaient pas eu le choix.
-Bouh, lança Senja en s’asseyant face à Sylith qui mâchonnait son croissant.
-Bouh.
-T’as quoi ce matin ?
Conversation on ne peut plus banale d’adolescents.
-J’ai TPE.
-Ah oui c’est vrai. Tu t’es incrustée avec qui, déjà ?
-Euhh…Arry, Dorka et puis Floyd. Tu vois qui c’est ?
Senja hocha la tête. La discussion dériva, s’accrochant à quelques sujets quelconques de temps à autres. On vit Emeline arriver à la bourre, n’ayant pas entendu son réveil, ce qui suscita quelques boutades de Senja. L’heure des cours approchait lentement. Sylith finit par suggérer en baissant la voix :
-On se retrouve à l’usine après manger ?
-D’acc’, je laisse un message à ce connard d’Alexandre qui n’a pas cours.
L’équipe se leva, débarrassa et sortit du réfectoire pour se scinder, Sylith se dirigeant vers la bibliothèque et les deux autres vers leur salle de cours. Devant la porte en bois massif, elle vit Dorka et Arry qui s’appropriaient un mur et les salua.
-Ah tiens, un loup-garou, ironisa Dorka.
Avec un sourire, la nouvelle arrivante se cala non loin, son propre baladeur sur les oreilles. Progressivement, la pièce se remplit d’élèves bavards et il devint plus dur d’écouter un peu de métal. Floyd arriva un peu en retard, son skate à la main, manqua de se vautrer sur le seuil sous les regards compatissants de certains et moqueurs d’autres et préféra se tasser dans un coin pour se faire oublier avec modération.
Finalement, Mme Hertz et Mr Fumet arrivèrent, clés en main, et ouvrirent la bibliothèque. Les rayonnages infinis et chargés de livres s’étalaient devant eux, auréolés de savoir et de silence. Ils avaient également accès à la salle informatique adjacente s’ils le désiraient, mais le groupe de Sylith choisit de poser ses affaires sur une table pour partir à l’aventure dans la forêt d’étagères. Ils travaillaient sur un sujet de génétique, discipline admirable qui était en lien avec les codages des ordinateurs. Il avait déjà été prévu d’établir ce parallèle dans le TPE, mais pour le moment, ils en étaient à la collecte d’informations.
Ils regardaient donc les titres au fur et à mesure qu’ils passaient devant, en prenant parfois un pour le feuilleter s’il leur semblait intéressant, et s’il l’était réellement, il avait le droit de trôner sur la table. Dans le cas contraire, dehors. Sylith se surprit à avoir l’impression d’errer dans les entrailles du Supercalculateur à la mémoire infinie, si grand qu’elle pourrait s’y perdre. Elle secoua la tête. Cette machine l’obsédait. Mais cet après-midi, elle pourrait peut-être en savoir plus dessus. Et plus sur la bande précédente. Et plus sur XANA, la menace invisible que tout le monde sentait à Kadic sans pour autant savoir qui elle était. Ce qu’elle était. Elle songea que Arry, Dorka et Floyd n’avaient pas la moindre idée de ce qui se passait réellement, et se demanda comment ils le vivaient. Elle se demanda aussi si l’accalmie d’hier soir suffirait à apaiser la tempête dans les cœurs ou si elle ne ferait que la renforcer. Tellement de questions, et elle craignait que la machine légendaire qui sommeillait dans les profondeurs de l’usine n’ait pas toutes les réponses à donner.
Après un coup d’œil rapide à l’horloge, elle conclut qu’il était temps d’aller retrouver les membres de son groupe pour mettre en commun. Elle conclut aussi que les deux heures passeraient trop lentement.
Senja luttait pour s’accrocher à la voix du professeur de sciences économiques et sociales. Il luttait vraiment. A côté de lui, Emeline semblait un peu plus en état de suivre, et il se demandait comment elle faisait. Ses notes étaient plus ordonnées, en tout cas. Avec un effort de volonté, il se raccrocha malgré sa migraine grandissante, mais pour quelques temps seulement. Il n’était vraiment pas en forme…
Très vite, il décrocha à nouveau et balaya un peu les gens de sa classe du regard. Il en connaissait certains de nom, d’autre de vue, d’autres pas du tout. A deux tables environ, il remarqua Jack, à qui il n’avait jamais vraiment fait attention jusqu’à hier soir. Une hausse de ton du professeur fut l’occasion de tenter de suivre encore son discours, mais il n’y arrivait pas. Il avait l’impression qu’un pieu lui vrillait le crâne, ce qui était très désagréable. Comme si quelque chose lui écrabouillait le cerveau. Il lâcha un grognement, se prit le front dans une main et continua à relever les vagues mots qui parvenaient jusqu’à ses oreilles, et de ses oreilles jusqu’à sa cervelle.
« Je suis vraiment mal réveillé… » râla-t-il pour lui-même.
La sonnerie de l’interclasse résonna, venant lui agresser les tympans. Le bruit causé par les élèves sortant prendre l’air dans le couloir encore plus. Il résolut donc de ne pas bouger de sa chaise. Emeline, qui allait rejoindre le reste de la classe, le remarqua, se ravisa et se tourna vers lui.
-Hé, ça ne va pas ?
-Bof, juste une grosse migraine. Ça va passer, assura-t-il.
-T’es sûr ?
-Oui oui. T’en fais pas.
Il sortit son portable et tapa un SMS à Alexandre pour le prévenir du fait qu’ils allaient à l’usine après le déjeuner. Juste après, le téléphone vibra pour lui en ramener un de sa mère.
« On prévoit d’aller en Irlande pendant les vacances. Tu serais embêté de rester à l’internat ? »
Il soupira. Pas comme si ses parents lui faisaient souvent le coup.
« Non. »
Réponse brève et efficace. Et froide, aussi. Il rangea son cellulaire, peu enthousiasmé par ce qu’il y recevait, et regarda un peu par la fenêtre. Ses pensées s’envolèrent vers l’usine sur le fleuve, et il se demanda ce que le futur leur réservait. Il n’ignorait pas qu’ils s’embarquaient dans quelque chose de dangereux, et une petite inquiétude planait. Mais dans l’ensemble, il avait foi en l’avenir. Il savait qu’ils arriveraient à vaincre XANA et à s’en sortir. Il le sentait.
-On reprend !
Soupir. Son mal de tête avait légèrement reflué une fois au calme, mais c’était parti pour une seconde heure de calvaire…
Mme Meyer regarda sa classe de 6ème. Ils étaient jeunes, mais plus assez pour ne pas être secoués par ce qui se passait. Elle s’efforçait de les faire travailler quand même, malgré le climat de peur, mais n’osait plus trop les pousser.
Du doigt, elle désigna le carré au tableau.
-Bien, comment code-t-on le fait que ce carré ait quatre côtés de même longueur ?
-En jaune ?
-On lève la main Maly…mais non, pas en jaune.
Déçu, le préadolescent se remit à réfléchir.
-On met des symboles identiques sur les quatre côtés ? proposa une voix après avoir levé la main.
-Tout à fait.
Pour illustrer la réponse donnée à l’instant, elle ponctua lesdits côtés de deux petits traits chacun. Un regard rapide à sa montre lui donna confirmation que dans cinq minutes, elle perdrait l’attention de sa classe appelée par son estomac.
-Bien, pour mardi vous me ferez les exercices 11,12 et 13 page 66 et vous me reverrez les codages…
Les nouveaux collégiens griffonnèrent méticuleusement les références des exercices et la sonnerie les délivra. Frénétiquement, ce fut alors lancer de cahiers et livres dans les sacs et bruits de fermeture éclair, que ce soient celles desdits sacs ou des blousons, et bousculades vers la sortie, droit vers les grilles de prison ouvertes ou le réfectoire accueillant.
Barbara et Maly faisaient partie du lot, mais autant Maly était de ceux qui courraient à la cantine, autant Barbara allait plutôt prendre le chemin de la sortie. Dans le flot d’élèves, elle croisa un grand (indicateur peu fiable puisque tout le monde était grand à son échelle) doté d’une casquette (de celles qu’on confondait souvent avec un béret) et portant un T-shirt avec un castor, ce dernier point lui permettant de l’identifier comme étant Jack.
-Pourquoi un castor ? l’apostropha-t-elle soudainement.
-Pour faire parler les nains.
-Maiiieuh ! Je suis pas naine.
Il haussa un sourcil, peu convaincu, puis il sembla qu’une idée lui traversait l’esprit en traçant au passage un demi-sourire sur sa figure.
-Si, si. D’ailleurs tu sais que les nains, on les raccourcit ? Hop, admettons, on coupe aux genoux, ça te fait quelques dizaines de centimètres en moins…
Barbara, soudainement moins intéressée par les castors, fila avec un geignement.
Alexandre fronça le nez devant le poisson trop huileux qui trônait dans son assiette.
-Je suis profondément…
-Oui, on sait, fit Senja, coupant la phrase en même temps que sa pitance et s’attirant un regard désapprobateur d’un littéraire mal réveillé.
-La bourgeoisie s’adapte mal à la cantine scolaire, visiblement, ironisa Sylith à son tour.
-Hilarant. Bon, on se fait une virée cette après-midi, d’après le message de cette gargouille grimaçante de Senja ?
-C’est l’idée oui, répondit Emeline en retirant une arête de plusieurs centimètres. Bon sang mais je suis un peu d’accord avec Alexandre, là, c’est intenable…
-Cette conversation est fascinante, soupira Sylith.
Faute d’en avoir une mieux à proposer, personne ne releva et la discussion mourut, se décomposant en un voile de silence. Pour Senja, ça signifiait qu’il n’avait plus rien sur quoi se concentrer pour oublier sa migraine, mais il prit son mal en patience. Ce serait sans doute passé d’ici à ce qu’ils arrivent devant le Supercalculateur.
A la fin de son déjeuner (qui ne cessait d’être qualifié d’infect par un certain bourgeois offusqué), la bande s’éclipsa vers le parc, endroit idéal pour digérer. Au départ, ils n’avaient pas connaissance du passage caché dans l’herbe et se rendaient à l’usine en faisant tout le tour, mais le visionnage de certaines vidéos de Jérémie leur avait apporté la lumière et un raccourci.
La plaque rouillée fut bien vite arrachée à la terre boueuse, dévoilant l’échelle qui menait indirectement à l’ordinateur merveilleux. Une fois tout le monde passé, elle retrouva sa place initiale. Emeline tira de son sac à dos emmené pour l’occasion une lampe torche, et ils s’éloignèrent dans les sinueux boyaux. Bien sûr, ils auraient pu imiter leurs prédécesseurs et foncer en skate mais aucun d’entre eux ne savait en faire.
Les eaux verdâtres s’écoulaient tristement dans les canaux, charriant déchets et vestiges de l’existence, et probablement beaucoup de souvenirs. L’odeur pestilentielle qui s’en écoulait forçait à se couvrir le nez si on était sensible, mais le plus désagréable était peut-être ce qu’on pouvait voir surnager. Si on était d’humeur mélancolique, on pouvait inventer un passé à chaque objet reconnaissable dans ce bouillon, et si on avait le sens de la métaphore, on faisait aisément le parallèle avec un Styx moderne emportant ce qui avait autrefois eu une vie dans le monde d’en haut. Les murs du tunnel suintaient, froids au toucher, de même pour le sol. Quelques gouttes tombaient parfois dans l’onde souillée, produisant alors un son clair qui se répercutait le long du boyau, mais le bruit le plus facile à entendre était celui produit par ces huit semelles couinant dans l’humidité et l’obscurité, guidées par un rai de soleil tombé dans l’abysse.
Ce n’étaient pas la première fois qu’ils faisaient ce trajet, mais celui-ci était peut-être plus impressionnant que jamais. Avant, ils s’éclipsaient certes la nuit, et avec le goût de l’aventure, vers un autre monde, ou exploraient la vieille usine pendant leur temps libre. Mais là, ils marchaient en toute connaissance de chose vers un combat contre un programme surpuissant, qu’une équipe d’adolescents assez similaire à eux avait déjà perdu, et dont l’issue avait été fatale. Ils le savaient, et de ce fait, la peur les prenait aux tripes alors qu’ils approchaient de l’issue lumineuse du tunnel.
Un par un, ils empruntèrent l’échelle et se hissèrent hors des entrailles de la terre. L’astre solaire éclairait le pont, le ciel était assez dégagé, en bref, l’ambiance aurait dû être plus agréable que dans les égouts. Pourtant, il n’en était rien. L’énorme usine, monstre posé sur le fleuve, leur dévoilait sa gueule grande ouverte, prête à les avaler définitivement. Jamais ils n’avaient remarqué que l’intérieur était si noir, vu de dehors. Il y eut un instant de flottement, puis ils trouvèrent la force de retourner au cœur du bâtiment, de retrouver ces lieux qui leur étaient si familiers autrefois, et qui maintenant leur paraissaient tellement obscurs et lugubres.
Ils descendirent sur le côté, n’ayant jamais été très confiants envers les cordes antiques accrochées de leurs maigres fibres aux poutres, puis revinrent vers le centre de la salle. Là, encore, un peu de lumière traversait le toit. Leur regard passa sur le monte-charge. Ils savaient que là-dessous, cette lumière ne passerait plus. Elle leur semblait plus précieuse que jamais avant. Quelques minutes passèrent, où ils semblèrent l’absorber pour pouvoir en conserver un fragment dans les profondeurs, puis ils se dirigèrent vers l’ascenseur. On pressa le bouton froid, le rideau de tôle se referma, puis la cage descendit.
Le trajet se déroula, comme précédemment, dans le silence le plus religieux. Puis la lueur verdâtre, d’un vert qui leur semblait maintenant malade, vint saluer leurs yeux. Ils y étaient.
L’accès à l’histoire.
Ils s’assirent soit par terre soit sur la chaise pour celui qui était chargé de lancer les vidéos. Au fil de l’après-midi, elles passèrent toutes. La voix de Jérémie énonçait les mêmes noms, les mêmes lieux, seuls changeaient dates et faits. Ils écoutaient tout, comme de petites éponges se gorgeant d’informations. Ils tentaient de se préparer au mieux. Ils entendirent le commencement, XANA, les attaques à répétition, Aelita, son arrivée sur Terre, puis la découverte de son virus, du 5ème Territoire, des véhicules, Franz Hopper et toute son histoire, la jérémification, les spectres, les phénomènes virtuels divers et variés rencontrés, les bugs, les essais ratés, ceux réussis, le cœur, la virtualisation dans le 5ème Territoire, William et sa xanatification, la disparition des territoires, la destruction du monde virtuel et sa reconstruction, le Skidbladnir et les Réplikas, la translation, et la fin supposée de XANA qu’ils savaient maintenant fausse.
Et ils engrangèrent. Ils firent le lien avec ce que Jérémie leur avait avoué, avancèrent l’hypothèse que XANA avait survécu à travers William ou Aelita. Ils essayèrent de reconstituer le passé, mais surtout, ils cherchèrent la solution pour protéger le futur.
-Ils étaient autant que nous. A peine plus jeunes. Mais en meilleure condition physique, ironisa Sylith. On a quels avantages ?
-On est plus futés, fit remarquer Alexandre.
-On a leur expérience sur laquelle s’appuyer, ajouta Senja.
-Xana ne nous connaît pas encore, souligna Emeline, donc on dispose d’un temps de préparation. Il ne nous remarquera pas si on n’attire pas son attention. Je pense qu’au moment où on retournera sur Lyoko et où on croisera ses sbires, cet anonymat s’évaporera…
-Pas faux. Alors on doit voir comment utiliser ce temps de préparation si ce n’est pas en s’entraînant au combat sur Lyoko…
Le silence pesa. La réflexion dura.
-On pourrait…recruter, finit par lâcher Emeline. Je sais que c’est moche de traîner d’autres personnes dans cette histoire mais c’est peut-être le seul moyen d’éviter que ça finisse mal…
-Recruter qui ? Et comment ?
-Je sais pas…je sais pas. Mais on trouvera. Et on leur expliquera avant…
-Et si ils refusent ? On leur aura quand même expliqué…on risque le secret, là.
-Et à ce compte-là ? On le déchargerait finalement sur les autorités, ce serait peut-être pas plus mal…
-Non. On a le retour vers le passé pour leur faire oublier, nota Sylith. Mais XANA nous repèrera, alors.
-Alors il faudra le lancer qu’à la fin. Après avoir testé tous les candidats potables.
Le silence, encore.
-On va peut-être briser des vies.
-C’est pour sauver le monde, siffla Sylith. On a pas le choix. Si on fait pas ça, nos chances d’y passer sont décuplées, elle a raison…
La petite étincelle de lumière qu’ils tentaient de conserver au fond de leur âme partait en fumée. Rester sous terre ne lui réussissait pas. On étouffait, sous terre, sans air à respirer. Ou plutôt, l’être humain n’était pas fait pour y vivre.
-C’est dégueulasse…murmura Senja.
-C’est ce qu’on nous a fait, rétorqua la brune.
-Non, on peut pas dire ça. Nous, on savait avant que Jérémie nous passe le fardeau. Eux, tous ceux à Kadic, ils ne savent rien. Mais, même si c’est dégueulasse, c’est nécessaire, finit-il par avouer.
Troisième silence. Résignation.
-On doit aussi arriver à désactiver les tours. Sans ça, c’est même pas la peine…c’est donc le second objectif.
La discussion continua lentement. Les hypothèses sur comment obtenir cette faculté, le revisionnage de quelques vidéos dont ils connaissaient déjà le contenu. Au fond, ils auraient tout aussi bien pu partir de là et continuer à réfléchir au dehors. Ils auraient pu. Ce lieu augmentait le malaise général, il était le catalyseur négatif et positif de tout ce qui avait trait au supercalculateur. Et en tant que tel, il était à la fois un lieu de profonde mélancolie et de fascination sans limite. On ne sortait pas aussi facilement.
Finalement, l’heure tournant, ils se résolurent à s’arracher à l’endroit, tout en sentant qu’au fond, quelque chose restait accroché. Peut-être depuis le tout début. Peut-être un peu plus à chaque fois, impossible à dire. Chacun regarda le rideau de fer se baisser, le coupant de l’écran, avec un mélange de sentiments indescriptibles, tout en sachant qu’il serait amené à revenir. Tôt, ou tard.
La lumière avait doré. L’usine sombre prenait des couleurs accueillantes après leur séjour souterrain. Ils avaient la sensation d’être restés au fond d’une mine, hors du temps, et que le monde avait avancé sans eux.
-Peut-être que chercher du côté de Franz Hopper serait intelligent, nota Alexandre. Il me semble qu’il vit dans la forêt, pas loin, si on faisait un crochet avant de rentrer ?
-Il n’est que cinq heures, ouais…vite fait, alors.
-Euh ouais, enfin, faudrait encore savoir précisément où c’est…
-Alexandre, sors ton Iphone et trouve nous ça avec Google Earth tu veux ?
-L’Iphone qu’il a failli éventrer en tentant d’en changer la coque ? ricana Senja.
Ignorant noblement les moqueries de ses camarades, Alexandre s’exécuta et tandis qu’ils remontaient sur le pont, s’acharna à repérer leur position puis celle de la forêt, et de la petite maison (dans la forêt toujours). Prenant rapidement un screen qu’il annota, il se posa donc en guide pour les amener à leur objectif.
-Sympa la baraque, commenta Emeline.
Les herbes folles poussaient partout, la maison tombait visiblement en ruines. Certaines vitres étaient cassées. Les escaliers un peu effondrés qui menaient à la porte d’entrée n’étaient pas fait pour inspirer confiance. Sur le portail en bois délabré était inscrit « Ermitage ».
-Je crois que c’est là, ouais.
La bande poussa ledit portillon et s’avança jusqu’à l’escalier qu’elle emprunta. Senja ouvrit la porte qui n’opposa pas de résistance : elle était encore ouverte.
L’intérieur était encore plus sinistre. Sombre, en désordre et plein de poussière. Des papiers étalés dans tout le hall carrelé, des meubles renversés, on aurait cru qu’une tornade était passée par là. Sylith se baissa, ramassa une des feuilles pour en étudier le contenu, puis la jeta de côté.
-On se sépare pour fouiller plus vite ?
-Dans une maison qui ressemble à l’archétype de celle du film d’horreur ? ironisa Emeline.
Dans le fond, un escalier en béton menait à l’étage. Sur la droite, la première porte menait à la cuisine et la seconde au salon. Ce dernier présentant plus d’intérêt, ils s’y rendirent immédiatement. Une bibliothèque avait été tout simplement saccagée, des dizaines de livres étaient éparpillés sur le sol, grand ouverts. Le canapé présentait des déchirures dans sa toile, la cheminée avait vu ses cendres se répandre hors de l’âtre et certains livres y avaient été jetés : la morsure des flammes était bien visible sur leurs pages mutilées. Autant le hall semblait juste chaotique, autant on pouvait voir ici une volonté rageuse à l’œuvre. Peut-être que quelqu’un était venu ici chercher quelque chose, et ne l’avait pas trouvé.
-Seigneur, mais quel capharnaüm, commenta Alexandre avec sa moue prétentieuse. Jeter des livres au feu, c’est scandaleux. Enfin, sauf si c’est ‘Le Capital’….
-On a pas le temps pour tes jérémiades, coupa Senja. II s’est passé un truc ici.
-En parlant de Jérémie, il avait mentionné dans son journal que des hommes en noir étaient venus ici le jour de la fuite de Franz Hopper. Ils sont forcément responsables de ça, déclara Sylith.
-Non, pas forcément intégralement, regardez. Y a des gribouillis sur le mur. Probablement des gens venus ici entre temps. Les gens étant cons, ça les amuse d’abîmer les choses…une partie des dégâts doit venir de là.
Le groupe continua sa visite, ayant fait chou blanc dans le salon. Ils montèrent à l’étage, notèrent la présence d’une chambre d’enfant.
-Hé, regardez, y a un trou dans le mur !
-Et la trace d’un poster. Semblerait que quelque chose ait été dissimulé ici….
-D’après le journal de Jérémie, il s’agissait de la peluche d’Aelita quand elle était enfant. Elle recelait la clé pour accéder au journal de Franz Hopper…
Aelita, la très probable meurtrière de Jérémie. Ils avaient du mal à la relier à l’image d’une enfant innocente. Beaucoup de mal. Avec un léger malaise, ils sortirent de la pièce pour se diriger vers le fond du couloir : le bureau.
La pièce avait autant souffert que le salon, étant l’autre pôle d’érudition. Des notes étaient en vrac partout par terre, de sorte qu’ils marchaient presque dessus. La plupart n’étaient plus en état d’être lues. L’ordinateur avait sans doute été intégralement vidé, ce n’était pas la peine de chercher là.
-Je crois qu’au final, ce détour n’aura servi à rien, siffla Senja avec un dépit manifeste.
Sa déception était partagée par le groupe. Le quatuor passa encore quelques minutes dans la pièce, pour tenter de se convaincre qu’il y avait peut-être encore un fragment d’information à collecter, mais en vain. Sylith ramassa une feuille, la parcourut rapidement du regard, puis s’apprêta à la reposer. Une idée surgit soudain dans son regard et elle fourra prestement le papier dans sa poche, avant d’emboîter le pas à ses camarades qui vidaient les lieux. La descente de l’escalier fut un moment pénible en ce qui la concernait.
Une brise fraîche les accueillit au sortir des égouts, en chassant les effluves pestilentiels. Quelques feuilles subsistant encore aux branches terminaient de tomber.
-L’hiver vient, observa Senja.
Personne ne releva. Le soleil commençait à se cacher derrière les arbres, discret.
-Bon. On rentre à l’internat, et ce week-end on commence à observer les gens. On reparlera de tout ça dimanche soir.
Ils hochèrent la tête, approuvant tous cette motion avec un léger goût amer. Mais ils avaient pris une décision et ne pouvaient pas revenir dessus. Malheureusement pour eux, mais aussi pour ceux qu’ils allaient devoir désigner. La dernière portion de retour vers les chambres se passa dans un grand calme. Avant de rentrer dans le bâtiment, ils virent Gaëlle se cogner dans une arcade en cherchant l’administration (qui se trouvait de l’autre côté de la cour). Après l’avoir remise sur le bon chemin, ils poursuivirent leur route.
La salve passa au ras de l’aile phosphorescente. Avec une pirouette, la propriétaire de l’attribut aérien se retourna et riposta en envoyant deux orbes rougeâtres sur son attaquant, qui les bloqua efficacement. Une course-poursuite aérienne s’engagea, un ange rouge poursuivi à un train d’enfer par une fumée noire. Slalomant entre les pics brumeux du territoire montagne, ils volèrent un certain temps, puis la fumée parvint à rattraper petit à petit sa cible. Reprenant alors forme humaine, William l’attrapa par la cheville et l’entraîna dans sa chute jusqu’à une plateforme inférieure. Il faillit la couper en deux grâce à sa large épée, mais elle invoqua un bouclier d’énergie rouge qui bloqua le coup, lui laissant le temps de se relever prestement.
La tenue virtuelle d’Aelita avait un peu évolué pour se conformer plus en détail au statut de servante officielle de Xana. Plus de rose, place au rouge sang. Les marques sur les joues étaient plus foncées, plus nettes et plus tranchantes visuellement parlant. Ses oreilles s’étaient allongées et son teint était un peu plus grisâtre. Quant à ses capacités, elles étaient encore un peu plus puissantes qu’auparavant.
-Pas mal, reconnut-elle avec une moue. Arrêtons-là.
-J’allais te battre, répliqua William boudeur.
Lui, si on se référait à sa période Xana, n’avait pas changé. En fait, il était à nouveau dans sa période Xana donc ça n’avait rien d’étonnant…
-Au fond ça ne sert pas à grand-chose de s’entraîner, fit remarquer la jeune fille.
-Comment ça ?
-Eh bien, quelles sont les chances pour que d’autres mioches découvrent à nouveau le Supercalculateur et viennent nous embêter ?
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack
Inscrit le: 27 Fév 2008 Messages: 1945 Localisation: Dans un autre horizon
Oh, quelle jolie bannière ! La personne qui a fait ça est vraiment douée !
Oh, mais attends ! C'est moi !
J'avais oublié, mémoire de merde, tout ça tout ça.
Après ce moment où je me complimente moi-même, passons à tes deux chapitres.
Le premier, tout d'abord.
La partie de loup-garou était géniale. Les références sont nombreuses, et bien transposées.
Mais, un détail me chiffonne.
Pourquoi mon OC s'appelle BARBARA ?!! Namé WTF ! Mais on en a déjà parlé, donc je ne dirai qu'un mot : Biatch !
Ah, et comme je crois que tu n'as pas eu cette idée toute seule, BIATCHES !
Le premier chapitre est surtout marqué par tous ces OCs. On finit avec Hiroki, et la séquence émotion. C'est un chapitre très sympathique.
Le second chapitre, à présent.
Citation:
un sujet de génétique, discipline admirable
Tiens donc ?
Citation:
-L’Iphone qu’il a failli éventrer en tentant d’en changer la coque ? ricana Senja.
Bwahahaha, ça me rappelle un truc (smirk)
Pas mal la discussion sur le recrutement, Franz Hopper, XANA... J'aime bien l'idée que Jérémie leur a passé le flambeau, le fardeau.
Et, à la fin, on voit Aelita et William dans une course-poursuite. Intéressant ! Et la dernière phrase est très ironique, de notre point de vue.
Un bon petit (et je m'y connais en petit comme tu peux le deviner) deuxième chapitre.
J'attends la suite !
(Et fais gaffe à ce que tu fais à Barbara ! Je t'ai à l'œil !) _________________
Inscrit le: 09 Avr 2014 Messages: 106 Localisation: Les deux mains dans le chocolat.
Tu as dû profiter d'une réforme scolaire bizarre. Je n'ai jamais eu de cours pour "coder" les longueurs ou les angles Enfin. Faut pas chercher pourquoi les gens ne savent pas écrire. Les priorités changent (a)
elle croisa un grand (indicateur peu fiable puisque tout le monde était grand à son échelle) >>
"Ils descendirent sur le côté, n’ayant jamais été très confiants envers les cordes antiques " >> excellente initiative. Les LG sont des malades x)
"L’hiver vient" <3
Parallèle intéressant avec les Perles du Neith
Sinon, je suis assez surprise qu'ils connaissent déjà le Supercalculateur. Et qu'ils soient si bien informés. Et la toute dernière partie. Tellement cool . Je trouve ça hyper alléchant, que Aelita ET William soient du côté de Xana et en plus, avec le début de Cold case, je soupçonne que ce soit un choix volontaire . La tenue d'Aelita est fort sympathique. Et le fait qu'ils s'entraînent x) (Je n'avais pas l'obligation de pertinence, nananère...) _________________ Willismine : nom égoïste. Vieux psychotrope interdit à la vente.
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Bon, j'avais prévu de mettre le feu à ce sous-forum en passant en coup de vent demain soir, mais autant le faire maintenant. C'est donc tout logiquement qu'on commence par l'adoratrice numéro 1 du feu, même si elle tente de brouiller les pistes avec un titre à la fraîcheur usurpée .
Comme on s'y attendait, on glisse vers la fameuse phase de recrutement. Et on peut penser sans trop se gourer que des participants au Loup-Garou du premier chapitre seront de la partie.
Selon moi, Floyd, Jack, Arry et Derka sont les candidats les susceptibles d'être sélectionnés en premiers. Les S étant dans la classe de Sylith et partageant leur TPE avec elle, ils augmentent leurs chances d'être sélectionnés, le tout, sachant à quel point Sylith peut être objective .
*Se barre en laissant la fin du commentaire*
Si tu lis ceci, c'est que je suis en toute logique parti. Je reprends sur les possibles recrues.
Les quatre personnes déjà citées appartiennent à la même classe que des membres du quatuor, ce qui est un avantage lorsque l'on veut organiser une lutte contre une IA maléfique.
Par contre, une intégration de Floyd risque d'attirer une petite accompagnée d'un possible complice jaune, et ce serait chiant à gérer pour les grands o/.
Et puis, l'argument maturité et fiabilité pèse dans la balance, et des (petits) collégiens ne peuvent décemment y répondre.
Je vais pas développer plus, puisqu'on aura les réponses prochainement, et je nie avec la plus grande et solide fermeté toute présence de flemme.
Par contre, j'ai hâte de voir comment tu vas gérer la question pertinente de Senja concernant la désactivation des tours. À moins qu'une des nouvelles recrues n'ait le pouvoir de se transformer en bonbon rose, ça semble compromis, à moins que tu ne recycles les codes sources de CLE. Je précise qu'il est inutile de tenter de me brûler, parce que d'une part, tu perdrais ton temps en tentant de brûler du vent ; et d'autre part, je suis déjà parti à l'heure où tu lis ces lignes, remember.
Pour ce qui est de William et Aelita, on est au moins certains que les futures bagarres seront belles avec la ré-hausse du niveau de cette dernière .
On se voit au prochain donc ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Naine : cesse de t'autocongratuler sur le topic de ma fic, tu veux?
Merci pour la partie de Loup-Garou, je savais que ça te plairait. Prochainement, le Laser Game de la dernière IRL retranscrit *sort*. (C'est même pas une blague, il est évoqué dans le chapitre 5 )
Pourquoi ton OC s'appelle Barbara? Mais, parce que tu aimes Barbara Gordon! (et si, l'idée est de moi seule. L'autre personne qui aurait pu être impliquée n'a fait que se gausser (smirk))
Bref, autrement, les méchants sont oui, un peu cons, et vive l'ironie. o/
Willismine : ben, niveau réforme scolaire, j'en sais rien, mais n'ayant plus mes cours de 6ème, j'ai cherché sur Internet hein. Je suis tombée sur un cours là-dessus, j'ai dit "bon, okay".
Je savais que quelqu'un aimerait mon truc sur les cordes. Quant aux Perles du Neith, mhh....je ne vais pas tout vous gâcher maintenant, hein?
Bon toute ta dernière partie est expliquée par CC, notamment pour leur information. o/
Ze fear : Les candidats, c'est dans le chapitre 4 o/. Donc je ne vais pas tout te cramer maintenant, hein?
En ce qui concerne la désactivation, crois-moi, ça ira. Pour te rassurer, je te dirai même que mon moyen est approuvé par Icer.
On se voit au prochain? (Mais non, on s'est vus deux jours après ton com', andouille (rofl) *sort*) mais, c'est maintenant!
Donc, je vous annonce au passage que cet arc préparatoire finira avec le chapitre 5 (*serait ptête temps que je lui trouve un titre, à ce chapitre*).
Du coup, le chapitre 3, "Car nos cœurs sont hantés" (référence powa), sera centré sur de l'introspection. Comme vous êtes très très impatients de voir qui a été retenu par nos nouveaux LG pour aller mourir dans la joie....vous attendez le prochain chapitre.
Allez, enjoy o/
Spoiler
Après avoir roupillé, comme tous les adolescents, jusqu’à près de dix heures, Floyd consentit enfin à s’arracher à son lit. Ce fut une épreuve difficile, mais il en sortit vivant. Franchissant le seuil de sa chambre, il décida de se chercher de quoi prendre un petit-déjeuner éclair.
-Salut maman !
-Bien dormi, Floyd ?
-Impec’.
Dégotant la fin de la baguette, il entreprit de la couper en deux pour pouvoir s’en faire des tartines. Toute l’opération se passa sans accroc, et une fois son repas avalé, il décida d’aller jouer à Pokémon sur sa Nintendo DS, au salon. Barbara, elle, lisait un comics Batman en s’attardant bien sur chaque case où Robin était présent, des étoiles dans les yeux.
Floyd entamait un combat contre un Chaffreux quand il fut ramené à la réalité par un contact. Plus précisément le contact d’une douce fourrure contre son bras. Baissant les yeux, il découvrit sans surprise qu’il s’agissait de la vile créature grise. Comme on pouvait s’y attendre, elle n’était pas là pour lui faire un câlin et commença vite à lui griffer le bras. La riposte fut immédiate et sans appel : d’un violent mouvement, il l’éjecta du canapé, provoquant un miaulement plaintif. Réaction en chaîne :
-Floooyd, t’as pas le droit d’être méchant avec le chat !
-Mais il était en train de me griffer, ce connard !
-C’est pas vrai, il est trop gentil pour ça ! contra Barbara en prenant le félin dans ses bras.
Floyd était sûr que si la bestiole avait pu lui adresser une grimace narquoise, elle l’aurait fait. Avec un grognement, il décida soudain que le salon n’était pas un endroit sûr et se replia dans ses quartiers. Il aimait beaucoup sa sœur, malgré le fait qu’elle ait été adoptée, mais le fait qu’elle défende l’ignoble démon poilu le laissait seul contre tous.
A un moment, il faudrait peut-être qu’il fasse ses devoirs, aussi…
Emmanuel Maillard était assis sur un banc du parc, seul avec son Ipod. Dire qu’il était au calme aurait toutefois été loin de la vérité puisque ledit Ipod diffusait des accords du dernier album de Slipknot « All hope is gone », et que dans sa tête, c’était plutôt le chaos aussi.
Plusieurs jours avaient passé depuis la disparition de ce connard d’Ulrich Stern. Il ne pouvait pas le nier : il espérait qu’il soit mort. Comme Yumi. Parce que indirectement, d’après ce qu’il avait entendu d’Odd, c’était à cause de leur rupture qu’elle avait commencé à se droguer, et donc qu’elle était morte de son overdose. CQFD.
Il avait encore un peu de mal à s’y faire. Yumi était morte. Et elle ne reviendrait pas. Il avait à peine pu commencer à l’aborder qu’elle lui filait déjà entre les doigts, définitivement. Elle n’avait pas mérité ça.
Quelques souvenirs revinrent dans son esprit embrouillé. Le jour où il s’était décidé à aller lui parler à l’interclasse, quand elle était seule.
« Manu ? Qu’est-ce que tu veux ? »
Manu. C’était vrai qu’elle aussi l’appelait comme ça. Comme tout le monde, en fait. Mais chez elle ça prenait une dimension différente. Ah, putain, l’amour…
Un corbeau se posa sur une branche et eut l’air de le fixer un moment, avant de repartir aussi sec. Oui, on surnommait Yumi « le corbeau », parfois. Son environnement avait l’air décidé à lui miner le moral…et son Ipod aussi, constata-t-il en entendant quelle chanson son baladeur lui diffusait. Le clavier dépressif du début, la guitare qui entrait lentement dans la musique avec un riff monotone et sinistre, les deux notes qui se répondaient dans le bourdonnement du reste, puis le chant plat et tellement calme comparé à ce qu’il connaissait du groupe.
-Til we die…murmura-t-il pour lui-même, et son Ipod lui répondit en écho en lançant le refrain.
Pour un peu, il aurait vu le parc se teinter en gris. Avec un peu de rouge sur les dernières feuilles. L’ambiance était au beau fixe…
Il ramena ses pieds sur le banc et se recroquevilla en position fœtale, le regard perdu dans le vague tandis que la monocorde mélancolie de la chanson passait sur son âme. Il n’aurait su dire si elle charriait au loin ce qui l’obscurcissait ou si elle ne faisait que déposer d’autres petits lambeaux noirs. C’était dans ces moments-là qu’on voyait à quel point la différence était dure à faire.
Il décida de changer d’album. Quelque chose de moins récent, peut-être…il opta vite pour Fear of the Dark d’Iron Maiden. Iron Maiden était un très bon groupe qu’il appréciait beaucoup, qui avait commencé plusieurs dizaines d’années avant et était toujours sur les rails, un peu comme Motorhead. Mais contrairement à ce qu’il espérait, le dynamisme de l’album et de sa chanson éponyme de se communiqua pas à lui.
S’il n’avait fallu que ça. Ça faisait des jours qu’il était dans cet état dépressif. Si le métal seul pouvait l’en sortir, il ne le pouvait pas si vite. Ce n’était pas faute d’essayer. Il passait son temps à vider la batterie de son baladeur et ses soucis dans le parc. Les week-end, les pauses, les heures de trou…
Tout ce temps, et il ne se sentait pas vraiment mieux. C’était comme une lente maladie qui le rongeait et qu’il n’arrivait pas à éliminer. Seulement à ralentir encore davantage. Il ne savait même pas comment son état évoluait. Il n’arrivait pas à le définir.
Oh bien sûr il aurait pu aller à la cellule psychologique ouverte. Mais il n’en voyait pas l’intérêt. Et il n’en avait pas envie. Il préférait encore rester là à se morfondre.
Le vent agita un peu les mèches qui lui tombaient sur le front. Le temps se refroidissait. Il dénoua la veste qu’il avait en permanence nouée autour de la taille et l’enfila. Il se demanda un instant si il allait passer tout son dimanche seul dans le parc. Si la batterie tenait, pourquoi pas….à la limite, si le froid persistait trop, il se replierait dans sa chambre. Sa vie se résumait à ça. Sa chambre, le parc, son Ipod, les cours à ses heures perdues. Un peu vide. Un peu triste. Un peu.
-T’écoutes quoi ?
Une voix qui traversait le brouillard mental dans lequel il était. Incroyable. Il leva le nez pour dévisager une adolescente blonde, peut-être un an de moins que lui, vêtue d’un blouson noir dont la capuche était rabattue et la fermeture éclair montée au maximum, ainsi que d’un jean.
-Iron Maiden, répondit-il d’un ton plat.
-J’ai pas l’impression que ça te rende très heureux, releva Arry.
A ce stade de la discussion, Emmanuel se trouvait face à un embranchement significatif. D’un côté il pouvait accepter que cette conversation continue, quitte à finir par dévoiler sa vie à une inconnue. De l’autre, il pouvait fermer sa gueule et passer pour un blaireau, et continuer sa thérapie lente à base d’écoute de métal solitaire.
-Histoires personnelles…
Allait-elle jouer la curieuse et le pousser à se taire indirectement ?
-Ah, je vois. Je peux m’asseoir ?
Bon. Ça allait peut-être le faire…
-Ouais, va-y. Je suis pas sûr d’avoir beaucoup de conversation, mais…
Elle haussa les épaules. Visiblement, peu lui importait. Il nota alors l’écouteur qui pendait, retiré de son oreille pour la discussion.
-Et toi, tu écoutes quoi ?
-Metal Machine, de Sabaton. Elle est trop cool cette chanson.
-Sabaton…ah, je retrouve pas cette chanson-là. Elle parle de quoi ?
-En fait, elle compile des tas de citations d’autres groupes. Par exemple, pour relier à ce que t’écoutes, le premier couplet dit « I have a phobia, a fear of the dark, afraid to shoot stranger, the animal talks ». En dehors de Kreator et Heavens Gate, on trouve dans ces quatre vers…
-Deux titres d’Iron Maiden, oui. Ça y est, je vois laquelle c’est. T’écoutes souvent Sabaton ?
Il était content, au fond, de s’embarquer dans cette discussion à teneur élevée en métal. Ça lui permettait de se vider le crâne mieux que de ruminer seul dans son coin. Il arrivait même à être un moteur en posant des questions plutôt qu’un simple boulet qui se contentait de répondre oui ou non.
-Ouaip, je trouve leurs instrumentales épiques. Et puis les thèmes de leurs morceaux sont intéressants, en plus ils ont souvent un thème en commun. Apparemment ça les branche de parler guerre…
-Je vois.
-Et toi globalement, t’es plutôt trash, heavy, power, death, industriel, black métal ? Ou symphonique peut-être ?
-Mhh…je dirais du bon vieux trash heavy classique, mais en même temps industriel/black un peu extrême. Je suis pas trop dans le power ou le symphonique, j’admets.
Arry hocha la tête, même si elle avait tiqué sur le black métal. Elle lui fit part de ses propres préférences :
-Moi j’aime beaucoup le power métal avec un peu de folk et de heavy, même si j’essaie d’écouter un peu de tout. Sauf le black métal, c’est trop flippant. Je me suis fixé comme repère de m’inquiéter si je me mettais à écouter du Béhémoth.
-Eh, mais c’est sympa Béhémoth !....bon, peut-être pas tout public, c’est vrai. Faut aimer.
Ils continuèrent à dialoguer sur les vertus et les défauts du black métal, cette terre obscure peuplée de satanistes qui célébraient joyeusement Satan et autres consorts. Au fil des mots, Emmanuel oubliait un peu sa petite dépression, et Yumi quittait son esprit torturé pour quelques temps. Elle reviendrait plus tard, mais pour le moment, il s’agissait de profiter d’une discussion de métalleux purs et durs. Puis il se rendit compte qu’il manquait quelque chose.
-Ah mais au fait. Comment tu t’appelles ?
Elle rit.
-C’est vrai que ça fait une heure qu’on discute et on se sait même pas nos prénoms respectifs ! Moi c’est Arry. Arry Ckho.
-Emmanuel Maillard. Mais tu peux m’appeler Manu.
La pensée de Yumi revint vite lui piquer l’esprit, mais il tenta de la chasser. Tout le monde l’appelait Manu. Pas qu’elle.
-Ok.
Un bruit de pas interrompit les présentations. La nouvelle venue ne disait pas grand-chose à Emmanuel, mais Arry la connaissait.
-Oh, Sylith, qu’est-ce que tu fais là ?
-Ah, euh je prenais l’air, répondit l’autre, son sac à l’épaule. Faites pas attention.
Et elle s’éclipsa aussi vite qu’elle était arrivée.
-Bon, je peux prendre ton numéro si jamais j’avais besoin de renflouer mes playlists ? demanda finalement Arry.
Le climat de déprime qui planait sur la personne d’Emmanuel Maillard n’était pas un cas isolé. En effet, un dénommé Hervé Pichon broyait tout autant du noir, assis sur son lit, mais sans métal. Quoique…
Il regardait un petit chien d’acier éteint au centre de la pièce, les diodes de ses yeux vides. Mort. Comme Odd et Jérémie. Hervé avait l’impression que l’animal retenait encore un peu de ses deux amis, quelque chose qui aurait pu s’approcher d’une âme. De très loin. Il ne croyait pas vraiment à toutes ces histoires, mais il sentait quand même que quelque chose était attaché à la machine. C’était leur projet commun, ils l’avaient mis sur pieds eux-mêmes pour les rencontres robotiques. Ils l’avaient peaufiné, choyé, piloté. C’était peut-être le grand élément qui symbolisait leur amitié. Sans eux, il n’avait plus vraiment de sens, mais Hervé ne pouvait se résoudre à le jeter, malgré toute la douleur qu’il lui inspirait. Parce que ce qui faisait la douleur, c’était aussi tous ces petits moments de joie qu’il apercevait encore à travers le robot. Ces sourires, ces rires, toutes ces petites choses qui faisaient une amitié. Et qui faisaient la déchirure qui restait en lui. La souffrance. Ce qui faisait qu’il gardait le chien était aussi ce qui faisait qu’il voulait le jeter par la fenêtre et tout effacer ainsi.
Tout avait commencé avec la mort d’Odd. Le choc avait été violent, lui et Jérémie avaient eu du mal à l’encaisser. Il s’était même trouvé mal pendant l’interrogatoire. Lorsqu’on avait ensuite trouvé le cadavre de Jérémie poignardé dans sa chambre, on était revenu lui poser des questions mais on avait rien pu en tirer. Il était trop traumatisé pour ça. Il avait fait quelques séances avec le psy, mais s’y rendait de moins en moins régulièrement. Il tentait de se relever tout seul, et suivait avidement l’avancée de l’enquête. Le moindre petit élément qui pouvait fuiter, tout ce qu’il pouvait collecter. L’énergie du désespoir, sans doute.
Il n’arrivait toujours pas à comprendre qui aurait pu vouloir tuer Jérémie et Odd. Bon, certes, lui ne les aimait pas avant la seconde, mais même à cette époque il ne serait jamais allé jusqu’à les supprimer.
Hervé attrapa la télécommande dans un coin et alluma Kiwi 3. Le chien mécanique commença à bouger, faisant le tour de la pièce. Pour un peu, il aurait vu ses blonds d’amis assis sur le lit d’en face (celui de Nicolas) tellement ce genre de manipulation lui était familière. Mais là était le problème : Odd et Jérémie n’étaient pas assis sur le lit d’en face mais dans une morgue. Et quand l’affaire serait élucidée, dans un cimetière avec une jolie pierre bien taillée avec leur nom et une épitaphe que plus personne ne viendrait lire dans quelques dizaines d’années.
Avec la perte de ses deux grands camarades, il avait aussi vu s’enfuir des rêves communs. Ils avaient imaginé continuer à étudier de concert au travers de la fin du lycée, puis de l’université, même s’ils n’allaient pas dans la même voie. Toutes ces projections qu’ils avaient faites, ils se voyaient déjà leur doctorat sous le bras et tous ensemble. Et ces rêves avaient volé en éclats, peut-être bien dès l’instant où Odd avait été retrouvé pendu par les pieds, électrocuté et saigné comme un cochon.
Hervé se leva, ouvrit la porte, et sortit dans le couloir, précédé par sa créature. Si Jim le croisait ainsi, en temps normal, il l’aurait enjoint à ranger son robot. Mais cette situation s’était déjà produite récemment et il avait laissé passer, eut égard à l’état dans lequel se trouvait l’élève. C’est donc en cette morte et morne compagnie qu’il déambula dans le bâtiment. Accompagné d’ombres de souvenirs, oui, et d’un petit nuage d’idées noires. Avec une sympathique mélancolie et une petite dépression fourbe dans le coin de son âme.
Joie de vivre.
-Dites voir Vorkouta, ce T-shirt exprimerait pas quelques opinions politiques ?
On aurait presque entendu les engrenages tourner dans le cerveau de Jim tandis qu’il observait le vêtement de l’élève.
-Euh non monsieur, assura ledit Vorkouta, sur le torse duquel se croisaient une faucille et un marteau sur fond rouge vif.
-Ah bon, je croyais. Désolé du dérangement, lui lança le surveillant avant de s’éloigner.
Vladimir poussa un léger soupir de soulagement. Jim n’avait jamais été très futé et là, avec les circonstances actuelles, il ne s’arrangeait pas. Il passa la main dans ses boucles noires et continua sa route d’un pas tranquille, regagnant sa chambre très rouge (qu’il partageait pourtant avec un maniaque du jaune, ce qui donnait un aspect assez amusant). Sur le chemin, il croisa un type qu’il ne pouvait pas blairer. Avec son look dandy anglais et ses manière de bourgeois péteux, Alexandre lui hérissait le poil et les opinions politiques. Il le gratifia donc d’un regard méprisant. L’autre stoppa, lui bloquant le passage.
-Eh bien, je vois que l’on fait encore de la subtilité, gaucho.
-Retourne adorer ce fossile de Maggie tu veux ? siffla Vladimir.
-C’est scandaleux. Margaret Thatcher est une femme exceptionnelle.
-Dans le domaine métallique, je préfère encore Staline.
Alexandre fit une grimace des plus ignobles.
-Staline n’était qu’un vulgaire dictateur. Je ne vois pas comment on peut le préférer à Margaret qui est une…
-Dirigeante aussi tyrannique que lui. Souvenons-nous des grévistes qui suffisent à prouver à quel point elle maltraitait le peuple…
-Oui eh bien elle n’avait pas à plier pour quelques pécores isolées, rétorqua Alexandre d’un ton sec et méprisant.
Le ton commença à monter et les noms d’oiseaux fusèrent, Karl Marx et d’autres leaders de l’idéologie communiste, ainsi que Margaret Thatcher se retrouvant pris pour cibles afin de permettre aux deux politiciens en herbe de régler leurs comptes. Lorsqu’on en arriva à « Je vais te faire bouffer Le Capital par les trous de ton sale nez de communiste » et à « Des mecs comme toi mériteraient des vacances prolongées en Sibérie », il fut convenu implicitement de se séparer et de s’en aller avec un air outré, ou profondément choqué selon le bord politique.
-Ah mais quel immonde personnage, geignit Alexandre en rentrant dans sa propre chambre.
Il s’assit sur son lit et fixa son colocataire, qui ne semblait absolument pas intéressé par ce qu’il disait.
-Eh. Tu m’écoutes ?
-Non.
-Mais j’ai croisé un abject communiste dans le couloir et…
-Joue pas les vierges effarouchées, grinça Senja.
-…Je suis profondément choqué, conclut Alexandre après un silence.
Il observa l’adolescent qui s’était allongé sur la couche d’en face, sans rien dire. Il constata ses traits fermés et son regard durci dirigé vers le plafond.
« Il est probablement secoué par ce qui se passe. Ce dans quoi on s’embarque… »
C’était la seule explication qu’il ait trouvée pour justifier ce côté à cran. Après tout, les circonstances étaient tellement extrêmes que n’importe qui craquerait. Eux peut-être plus que les autres, puisqu’ils étaient en train de s’engager pour un combat à mort face à l’entité virtuelle surpuissante responsable des meurtres de leurs prédécesseurs…
Il avait peur, au fond, il le sentait. Et cette peur n’était rien, encore, comparé au moment où ils se lanceraient vraiment dans l’aventure, où la phase préparatoire serait finie.
Emeline était assise sur son lit, son carnet ouvert sur les genoux. Dessus figurait une liste tracée par la pointe d’acier de son stylo à encre qui recensait une bonne partie des élèves de sa connaissance, et de celle de ses trois camarades. En sixième, les deux petits Maly et Barbara. Ceux-là avaient très vite été raturés par la cruelle pique de métal, écartés car trop jeunes. Les autres étaient en première ou en terminale, à l’exception d’Hiroki, en 4ème. Dans une colonne en face, elle notait des renseignements divers et variés sur les gens, ce dont elle avait connaissance et pouvait servir, ou au contraire handicaper. Externe, interne. Pratique d’un sport de combat ou non. Compétences informatiques précises pour le Supercalculateur. Aptitude à garder un secret et à faire profil bas pour ne pas être repéré. Juge partial mais intraitable, la plume d’acier mettait des parenthèses, ajoutait des mots, rayait, soulignait.
Ça avait un côté cruel. A la fois l’idée d’écarter des gens, mais tout autant, si ce n’est plus, celle de les garder. De décider arbitrairement de les entraîner dans une aventure des plus incertaines.
« Ils ont le droit de dire non » songea-t-elle pour se donner bonne conscience. Et elle continua sa classification.
Cruel mais inexorable, le froid éclat d’argent continuait une besogne qui l’était tout autant.
Activités extrascolaires qui pouvaient manger plus de temps, détermination apparente, résistance au choc collectif causé par la série de meurtres.
Le travail en devenait presque machinal. Elle traitait les informations, commençant à se détacher de sa conscience. Les mots n’étaient plus les éléments qui faisaient une personne : ils retournaient à leur statut de mots. Un ensemble de lettres décrivant une caractéristique qui se rattachait à un dossier. Le dossier d’un animal que l’on menait à l’abattoir. Si elle était passée en mode automatique, c’était aussi pour tenter d’oublier ça. D’oublier ce parallèle dérangeant. Désolant.
« On en est vraiment arrivé là ? » un sursaut de conscience. Elle le fit taire, un mouvement d’humeur agitant le surin argenté.
« C’est pas le moment. »
« Si, c’est encore le moment pour arrêter tout ça. Vous pouvez aller tout raconter à des adultes. Vous n’êtes pas obligés de vous mettre en danger et de mettre en danger d’autres enfants… »
« On est plus des enfants, et les adultes ne nous croiront pas. »
La griffe d’acier fit un accroc sur le papier. La colère montait. Colère contre elle-même, colère contre cette petite voix qui lui rappelait qu’elle n’aimait pas ce qu’elle faisait. Et en même temps, cette impression d’être un ordinateur…à la fois c’était plaisant, et à la fois ça la mettait mal à l’aise par rapport à elle-même.
Fichue conscience.
Sylith fit la grimace en marchant jusqu’à l’ascenseur. Sa jambe avait décidé de s’endolorir, mais elle puisait dans la souffrance le cran qui lui aurait peut-être manqué pour se rendre seule ici, dans la métallique gueule du loup.
Parce qu’elle avait quelque chose à y faire.
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"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
C'est pas simple de développer un commentaire uniquement sur des passages introspectifs. Surtout quand ils sont bien menés.
Du coup, ce que j'ai à dire tient de l'énumération de remarques.
Je te suggère d'être prudente avec le comique de répétition, c'est chiant au bout d'un moment. Oui, je parle bien des emmerdes de Floyd avec le chat, assez similaires dans les deux premiers chapitres o/. On peut aussi appliquer cette remarque à l'expression « Je suis profondément choqué », qu'on retrouve assez régulièrement, et qui risque de lasser trèèès vite.
Les passages concernant Emmanuel et Hervé peuvent faire penser à un éventuel approfondissement de leurs rôles au sein de l'histoire. Pourquoi pas une possible intégration (chapitre 4, I know, mais j'ai besoin de meubler) ? Pour ne plus trop déprimer pour l'un, par esprit de vengeance pour l'autre (même pour le premier cette justification fonctionne).
L'échange sur le métal m'a un peu lassé à un moment (j'imagine que Tyker pense pareil o/), mais je suis mal placé pour critiquer sur la longueur.
Le nom de famille de Arry est digne de Sirix .
Pour ce qui est de la bande des 4, on peut penser que Senja est à cran pour une raison supplémentaire à celle pensée par Alexandre (à tout hasard, le sms de ses parents du chapitre précédent ?). En tout cas, le dimension « problèmes de conscience quant à embarquer d'autres personnes dans les emmerdes » est cool, on peut même dire innovante venant de toi, Xana n'ayant pas eu ces problèmes dans Imprévu et Abysses. Du coup, j'espère voir un peu plus de développement de ce côté-là, surtout s'il arrive malheur à quelqu'un.
Pour moi, les quelques lignes de fin avec Sylith sentent le faux cliffhanger, un procédé que tu utilises de temps à autres.
Pour faire du hors-piste, je me posais une petite question anodine par rapport à la présence de William et Aelita sur Lyokô. On est d'accord, Xana n'est pas mort, puisque le principe même de Cold Case était de faire croire à la mort de l'IA. Du coup, Xana est-il toujours libre dans le réseau ? Si oui, qu'est-ce que foutent ses deux Lieutenants sur Lyokô, dont la machine génératrice pourrait être éteinte si des gamins se baladaient dans le coin ? J'avoue que je serais pas contre deux-trois précisions, au moins sur la situation de Xana du point de vue virtuel.
Le chapitre 4 promet d'être intéressant. À la prochaine (voilà, on reste dans le vague pour l'expression de salut o/ ! _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Cte baisse de régime des commentateurs. T.T
Tant pis. Zéphyr, tu es un lecteur exceptionnel.
J'aime le comique de répétition. Mais j'essaierai de rester modérée (ça va être dur, mais on va essayer )). Un dernier gag avec le chat pour la route et ça devrait ralentir après
Navrée pour l'échange sur le métal, mais ça fait partie intégrante des persos d'Emmanuel et Arry. Dans les prochains chapitres, y en a moins! (Et le nom e famille d'Arry est exceptionnel)
C'est normal que le côté conscience n'ait pas été développé avec Xana, après tout, elle n'est pas très portée sur le sentimentalisme. Ici, les persos présentés sont beaucoup plus humains, donc on peut aborder ce genre de problèmes existentiels. Kassdédi Tyker qui m'affirmait que Sylith = Xana. (a)
...
Mh. William et Aelita sont sur un Réplika. Mais j'admets que ma formulation était pas très très claire.
Envoyons la suite, du coup!
Chapitre 4, alias l'avant dernier de cet arc. "Campagne de recrutement pour mort prématurée" comme titre, histoire de bien résumer ce qu'il y a dedans. Le voile sur l'identité des nouveaux va se lever o/ Enjoooy.
Spoiler
Alexandre faisait la gueule le lundi matin devant la porte du cours d’histoire. On pourrait argumenter qu’il faisait toujours la gueule, mais là il avait de bonnes raisons. Déjà, Léopold lui avait confirmé que sa mère venait le chercher ce soir même au lycée. Ensuite, la discussion importante qu’ils auraient dû avoir hier soir n’avait au final pas eu lieu : Sylith ne s’était pas présentée au repas. Après un coup de panique, quelques SMS échangés pour se rassurer, elle était rentrée assez tard, trop pour que Senja soit réveillé, lui qui dormait beaucoup. Pareillement, le matin, ils n’avaient pas eu le temps de parler.
Et maintenant il était là à ronchonner. Il se demandait ce que Sylith avait bidouillé pour rentrer aussi tard, où, et pourquoi elle leur cachait des trucs. Et s’il allait lui poser toutes ces questions ou les garder à bouillir sous son crâne.
Ses interrogations furent mises de côté assez rapidement lorsqu’il vit arriver ce connard de gauchiste de Vladimir. Il avait troqué le T-shirt à marteau et faucille pour un avec une citation de Marx, ce qui n’était pas vraiment mieux du point de vue du thatchérien. Vladimir discutait politique avec un autre élève de la classe, un dénommé Elouan Kahve dont le crâne était recouvert par un chapeau.
« Encore un gaucho. »
Il les gratifia d’un regard hautain et snob comme lui seul savait les faire et se replongea dans ses bougonnades intérieures, et ce jusqu’à l’arrivée de la professeure d’histoire. Une femme sèche, qui n’avait pas quarante ans, mais qui savait se faire respecter sans avoir à hausser la voix. La plupart des élèves la décrivaient comme une peau de vache, ou un dragon.
Alexandre, lui, privilégiait l’appellation « femme exceptionnelle ».
-Tu les connaissais ?
L’inspectrice de police glissa sous le nez d’Hiroki une photo de sa sœur avec ses amis pour illustrer son propos. Et une photo de William Dunbar à côté. Il prit quelques instants pour détailler ces visages si connus. Ulrich, un bras autour des épaules de Yumi, le soleil éclairant ses cheveux bruns. Tous deux souriaient. C’était à l’époque où ils sortaient ensemble, comme il le leur avait longtemps suggéré. S’il avait su qu’Ulrich deviendrait un connard…
Il passa plus de temps sur le visage de son aînée, capturé en plein bonheur. Un pâle souvenir bien loin de ce triste spectre qu’il avait fréquenté depuis leur rupture. Il aurait presque eu l’impression qu’il pouvait l’arracher au papier et lui redonner vie, là, tellement elle semblait réelle. Mais c’était impossible. Sa sœur n’était plus qu’un ensemble de pigments jetés çà et là sur une surface froide, imperméable aux larmes.
Puis Odd, rieur, ses cheveux blonds ébouriffés. Il commençait à se calmer, mais Hiroki n’oublierait pas sa nature profonde de cancre maladroit et gaffeur qui l’avait souvent conduit à lui demander des tuyaux pour se rattraper. Et Jérémie et Aelita, discrets et effacés. Maintenant qu’il regardait mieux, il lui semblait que l’émeraude liquide des yeux de la jeune fille s’était cristallisé pour devenir une froide pierre coupante, mais ce n’était peut-être qu’une illusion.
Et le dernier membre, enfin, plus ou moins. Il s’était intéressé à sa sœur, qui lui avait assez bien rendu au début. Le côté bad boy, peut-être. Mais William était surtout resté célèbre pour sa phase de débilité profonde.
-Oui, finit-il par répondre.
-Y-a-t-il besoin que je te rappelle les faits ?
Devant l’absence de réponse de l’adolescent, elle s’exécuta.
-Odd a été le premier cadavre découvert. Il était pendu dans la forêt, présentait des marques d’électrocution et un sigle étrange gravé dans le cou, le même que celui tagué précédemment sur le mur de l’établissement. Ensuite, Ulrich a disparu, et on a toujours rien trouvé. Puis, deuxième cadavre, Jérémie, poignardé dans sa chambre. Beaucoup plus propre que le précédent. Depuis, William et Aelita sont également introuvables. Nous pensons que ces meurtres sont peut-être liés à l’overdose de ta sœur…
Hiroki écoutait en silence. Oui, ce n’était pas impossible. Que toute une même bande soit décimée en quelques semaines…
-Est-ce que tu sais quelque chose, petit ?
Hiroki réfléchit. Devait-il dire qu’il avait dealé ? Non. Devait-il dire qu’il avait tabassé Odd parce qu’il lui avait dit d’arrêter ? Non. Et sinon, que pouvait-il raconter ? Il n’avait concrètement aucun élément utile.
-Je ne crois pas, non.
-Ta sœur avait l’air bizarre, ces derniers temps ? Elle savait peut-être qu…
-Ma sœur avait l’air bizarre tout le temps depuis des mois, trancha-t-il sèchement.
L’inspectrice bredouilla une excuse. Agacé, le japonais demanda :
-Vous avez fini ?
On le congédia, avec dans le regard une ombre de malaise. Le japonais se leva, prit son sac, et sortit sans un mot. Le claquement de la porte prenait une teinte définitive.
La pause déjeuner, enfin. Les groupes de lycéens et collégiens se regroupaient autour de leurs tables préférées, attirés les uns par les autres, soumis à un mystérieux magnétisme que personne n’aurait vraiment su expliquer. Emeline et Senja étaient assis dans le fond, auréolés de silence. Machinalement, ils mangeaient, mais pas un mot ne franchissait leurs lèvres. Lorsque Sylith et Alexandre arrivèrent, il fallut quelques secondes pour dissiper cette aura muette.
-Alors, commença Emeline, est-ce qu’on a ch…
-Pas ici.
La voix froide de Senja coupa. Sylith hocha la tête, il avait raison : le réfectoire, même bruyant, était un lieu trop fréquenté pour être totalement sûr. Et il suffisait qu’une parole suspecte remonte à la police pour qu’ils se fassent épingler. Le risque était trop grand. Ils finirent alors très vite leur repas et quittèrent les lieux en coup de vent, direction le parc. Une fois sous le couvert des arbres, sûrs d’être seuls, ils abordèrent le sujet épineux.
-Bien, c’est l’heure de choisir qui on entraîne avec nous dans notre chute.
Emeline sortit son bloc-note, et plus précisément la feuille sur laquelle elle avait tenté de tout répertorier.
-Y a des noms sur cette liste que vous voyiez bien ? demanda-t-elle.
Ils prirent quelques temps pour l’examiner. Sylith fut la première à donner son avis :
-Floyd me semble une bonne option. Il est discret et je pense qu’il sait garder un secret. En plus, il est dans ma classe, ça évitera qu’on se disperse trop…
-Rappelons qu’il ne faut pas trop recruter, deux ça me semble un bon nombre, souligna Alexandre. Mais dans ma classe, personne ne me semble fiable. Tous des connards de gauchistes.
-Bon, votons pour Floyd.
L’idée fut vite acceptée. On rappela que prendre des gens qu’on connaissait était un bon plan, puisque plus fiables en théorie, puis on se repencha sur la liste.
-Hiroki ?
-On le connait pas. On sait rien de lui à part que c’est le frère d’une des anciennes membres.
-Il est qu’en quatrième. Trop jeune, suivant.
-Jack ?
Emeline haussa un sourcil :
-Ouais, ça se voit que t’es pas en classe avec. Ce gars est flippant. En ce qui me concerne, pas question.
-Arry ou Dorka ?
-Pourquoi que des membres de ton groupe de TPE ? grogna Alexandre.
-Parce que les tiens sont des putain de gauchistes, remember ? contra Sylith. Mais puisqu’on recrute que deux personnes, faut arriver à en mettre une au courant sans l’autre. Pour savoir laquelle…Arry fait du judo, et Dorka s’intéresse à l’informatique.
-C’est bon pour l’informatique. On s’en sort bien avec les notes de Jérémie. Privilégions un vrai combattant pur et dur. Va pour Arry.
Ainsi, l’affaire était pliée. Sylith, étant dans leur classe, fut chargée d’appréhender les deux élus dans l’après-midi. Elle se sentait corbeau plus que jamais, oiseau de mauvais augure, et autres qualificatifs du même acabit. Alors qu’ils allaient se séparer, Alexandre marqua un arrêt.
-Un instant. Il y a encore un point qu’on doit traiter.
Alors que les ES se tournaient vers lui, intrigués, son regard était fixé sur Sylith.
-Où tu étais hier alors qu’on aurait dû avoir cette conversation ?
La tournure de la discussion devenait plutôt désagréable. Un vent glacial soufflait, et les deux coqs se défiaient du regard.
-Tu n’as pas à le savoir, répliqua-t-elle, sur la défensive.
-Bien sûr que si. On a dû reporter une réunion du groupe à cause de ça, et on s’est inquiétés. Il aurait pu t’arriver un truc. Tu ne peux pas nous cacher ça.
Elle resta silencieuse un instant.
-Je vous le dirai quand le moment sera venu. Pour l’instant, ça n’a pas d’importance.
« Ce n’est qu’une ébauche » ajouta-t-elle pour elle-même.
Les autres arrêtèrent d’essayer. Senja se contenta de rappeler sinistrement :
-N’oublie pas qu’on est une équipe…
-Je ne l’oublie pas, assura-t-elle, le regard baissé.
Sylith choisit de commencer par le plus difficile : aborder Arry sans éveiller les soupçons de Dorka. Elle se faufila donc auprès de la première à la récréation de l’après-midi, alors que la seconde cherchait des Twix où elle pouvait.
-Salut !
Entrée en matière classique d’une conversation. Le salut fut renvoyé : on pouvait commencer à causer sérieusement. Elle prit une grande inspiration, puis se jeta à l’eau. On allait faire carré, pas subtil pour un sou.
-Tu as une idée de ce qui se passe en ce moment ? Je veux dire, (Sylith baissa la voix) réellement ?
Arry coupa son Ipod. Elle était toute ouïe, hésitant encore entre le canular et l’information énorme. Trop énorme. Si elle savait ce qu’elle s’apprêtait à entendre…
-Ce serait un peu long à expliquer. Mais je sais pourquoi Jérémie Belpois et ses anciens potes sont morts.
Elle s’arrêta, consciente qu’elle était probablement en train de raconter de la merde. Ou du moins, que c’était l’impression qu’elle donnait.
-Bon, écoute, si on se dit rendez-vous à 18h devant le parc ? Je sais que ça a l’air complètement con, ce que je raconte, mais faut que tu me croies. Au moins assez pour venir. Et là on pourra t’expliquer plus clairement.
Sylith se sentait de moins en moins convaincante au fil du temps. Elle adressa un regard désespéré à Arry qui ne savait pas trop quoi penser, mais répondit après mûre réflexion :
-Bon. J’ai rien à faire ce soir de toute façon…
Le soulagement était perceptible chez la brune.
-Super ! Bon, bah à ce soir du coup…et, un dernier détail…
-Oui ?
Senjak planta ses yeux noirs dans ceux de son interlocutrice.
-J’espère que tu sais garder un secret…
Le ton grave avait suffi. Arry hocha la tête. L’autre décida alors de partir en quête de Floyd…
-Barbara, je vais rentrer un peu plus tard aujourd’hui. Un truc à faire avec des amis. Ne m’attend pas pour faire le trajet, et ne t’en fais pas, assura Floyd à sa petite sœur.
Elle hocha la tête, compréhensive, son portable tout neuf collé à l’oreille. Elle l’avait obtenu pour son entrée au collège. Floyd raccrocha, un peu plus rassuré, et se dirigea vers l’entrée du parc.
Là, cinq autres spectres l’attendaient, vêtus de leurs manteaux noirs pour faire face au froid. L’écharpe rouge de Sylith s’agitait un peu dans la légère brise. Il les salua de loin, et se hâta de les rejoindre. Senja s’adressa aux deux futures recrues :
-Vous êtes prêts à nous suivre ? Cette histoire, vous ne le sentez pas encore, pue la mort.
La légère brise se fit vent glacial et chassa les doutes de Floyd et Arry sur la validité des informations. Ça se sentait. Mais ils étaient encore trop exaltés pour faire marche arrière. Trop fascinés. Dans l’attente de découvrir ce vers quoi on les guidait.
Alors Senja tourna les talons et s’avança dans le parc, à travers les grimaçantes silhouettes des arbres sans feuilles dont les branches crochues cherchaient à déchirer le ciel. Pour un peu, on aurait vu des corbeaux. Charmant début.
Leurs pas les menèrent à la bouche d’égout. Alexandre se permit de glisser :
-Bien que vous soyiez en S, je peux concevoir que l’odeur pestilentielle vous incommodasse.
En temps normal, l’un des deux Lyokoguerriers dont le prénom commençait par S aurait sauté sur l’occasion de réaliser une rime en ‘asse’ concernant Alexandre qu’ils aimaient charrier, mais là, ils repartaient vers du glauque, quittaient l’univers de lumière relative de l’internat pour arriver dans le cœur noir des ténèbres. Le parc marquait la transition, le lien, les égouts les plongeaient dans les ombres les plus sombres et alors qu’ils croyaient retrouver la lumière au bout du tunnel, tout ne faisait que s’obscurcir même une fois de retour à la surface.
Un par un, ils s’engagèrent sur cette muette ordalie. Et de fait, rien sinon leurs pas ne troubla le silence. La peur commençait à naître, y compris (si ce n’est plus) pour ceux qui savaient ce qu’ils trouveraient au final. Elle était là, tapie dans l’ombre, les suivant à petits pas. Au début, elle était timide. Ils ne faisaient qu’entendre quelques frémissements et leurs échos sur leurs peaux, de petits bruits de pas assimilables à des gouttes d’eau suintantes tombant dans le canal. Ensuite, plus ils progressaient dans les tunnels, plus elle osait s’approcher. Elle les frôlait parfois, leur hérissait le poil dans un sursaut sans qu’ils puissent l’analyser. Ils commençaient à jeter des regards derrière eux. A terme, le petit diable noir sauterait sur leurs épaules et leur enserrerait la gorge de ses longs doigts, leur comprimerait la poitrine de sa queue.
Ils étaient inconsciemment tentés de courir, sans savoir s’ils parviendraient à le semer ou si au contraire ça ne ferait qu’accélérer le moment où il leur sauterait dessus.
Arry s’approcha de Sylith.
-Juste une question, murmura-t-elle. Quand tu as sommeil, tu vois de gros oiseaux noirs ?
-Les ‘black back back’ ? répondit Sylith sur le même ton. Oui, ils appellent.
-Tout est lié, conclut mystérieusement Arry.
L’écho de cette discussion étrange s’éloigna, cherchant dans toutes les directions une sortie, de préférence différente que celle qu’ils allaient emprunter eux. Quand enfin le rond jaune de la torche éclaira les échelons qui menaient à une illusoire échappatoire, ils retinrent leur souffle et montèrent un par un. L’air frais leur gonfla les poumons.
-Où on est ? demanda Floyd après avoir profité du départ des odeurs d’égouts.
-Au point de départ de toute cette histoire. Et probablement à l’endroit où elle finira, annonça théâtralement Sylith.
Elle n’avait pas tort. L’usine était en quelque sorte l’Alpha et l’Oméga de tout ce qui se rapportait au monde virtuel.
-Je crois qu’on devrait commencer à vous raconter…ajouta Alexandre.
-Soit, je m’y mets, décida Senja. Cette usine a été découverte il y a cinq ans, je crois bien, par Jérémie Belpois, aujourd’hui décédé.
-Feu Jérémie Belpois, en somme.
-Je n’aime pas cette expression, Sylith. Donc, dans cette usine, Jérémie a découvert ce qu’on va vous montrer : un énorme ordinateur quantique générant un monde virtuel…et l’IA maléfique qui allait avec, sinon c’était pas drôle. Ils ont passé trois ans à combattre le programme et ont eu l’air de le vaincre. Seulement, deux ans après, soit…à notre époque, on massacre la bande après envoi d’un mail pour coller la trouille à Jérémie, et on tague le symbole de l’IA maléfique nommée Xana sur le mur. On dirait donc qu’ils ont échoué. C’est là qu’on intervient. On a trouvé le coin, comme Belpois, y a quelques semaines, et on s’éclatait sur Lyoko (le monde virtuel) jusqu’à ce qu’on découvre qu’il était lié de près aux meurtres. On est allés interroger Jérémie, et il nous a tout expliqué. C’est la dernière fois qu’on l’a vu en vie…
-On pense qu’un membre de leur bande a trahi et est maintenant du côté de Xana, sur Lyoko. C’est pourquoi on ne s’est pas encore re-virtualisés. Xana nous repèrerait et on tenait à être préparés avant de l’affronter.
-C’est pourquoi…vous êtes là, conclut sinistrement Emeline.
Un silence s’installa. Floyd et Arry digéraient. La deuxième finit par demander :
-Montrez-nous l’ordinateur. Ça paraît tellement dingue. Il faut une preuve.
Ils hochèrent la tête, compréhensifs, et les menèrent dans l’usine. Alors que le monte-charge lourd de six personnes descendait, culpabilité et anxiété se mêlaient dans l’air. Floyd et Arry saisissaient la gravité de ce dans quoi on les avait entraînés, et leurs prédécesseurs priaient pour qu’ils ne décident pas de tout arrêter maintenant.
L’écran verdâtre du poste de commande les accueillit, avec l’holomap. Il scella définitivement, concrètement, de toute la réalité dont il était capable, le cauchemar dans lequel ils étaient enfermés. On leur montra rapidement les scanners et le Supercalculateur, et c’est devant ce dernier qu’Alexandre prit la parole :
-C’est le moment de faire un choix. Allez vous laisser XANA étendre sa domination sur le monde, ou bien décider de faire quelque chose pour l’en empêcher ?
Sa façon de présenter les choses ne laissait pas place au choix, contrairement à ce qu’il annonçait. Sylith nota qu’il avait volontairement éludé la possibilité de tout leur faire oublier pour les tirer de l’affaire. Ce n’était pas dans leur intérêt de la mentionner. Floyd et Arry restèrent silencieux quelques temps, conscients que ces mots pouvaient les mener à la mort.
-Il le faut, finit par déclarer la métalleuse.
Floyd suivit son choix, sans plus d’effusions théâtrales. Trop modéré pour ça. Emeline se permit une timide intervention :
-Et sachez que…on est désolés d’avoir à vous infliger ça. Vraiment. Je pense que c’est tout pour ce soir, on va vous laisser digérer tout ça…
Lentement, ils quittèrent la salle du Supercalculateur qui, bien que la plus lumineuse, était la salle la plus proche de XANA de toute l’usine. La remontée vers la lumière s’opéra. Le crépuscule s’amorçait sur le pont : ils n’étaient pas descendus très longtemps, peut-être un quart d’heure. Floyd regretta de ne pas avoir pris son skate qui lui aurait été utile pour rentrer. Mais trop tard.
C’est là que le groupe se sépara, se disant à demain, échangeant les derniers numéros de portable. Puis Floyd s’éloigna, prenant le chemin de son foyer (avec félin intégré), et les internes redescendirent dans les tunnels obscurs et puants qui les mèneraient à Kadic en toute discrétion.
Le soleil disparaissait, plongeant leurs cœurs dans les ténèbres.
Il était aux alentours de onze heures, et Arry ne dormait pas. Elle n’arrivait pas à trouver le sommeil avec ce qu’elle avait appris. Dans l’autre lit, Dorka roupillait paisiblement, collée au mur sur lequel était accrochée une affiche rouge unie qui donnait des airs communiste à la pièce. Arry soupira et redirigea son regard vers l’extérieur. Elle aurait bien aimé être sur un toit. Peut-être pouvait-elle tenter le coup en catimini, sans se faire chopper par Jim qui devait déjà dormir aussi.
Allez, merde. Encore habillée, Arry attrapa son blouson pour ne pas avoir froid et son Ipod, puis prit le chemin du grenier à travers la pénombre, attentive au moindre signe qui traduirait la présence du surveillant. Mais rien. Elle sortit sur le toit, aspira une goulée d’air frais, et brancha son baladeur. Un peu de Linkin Park. Tiens, « My december » par exemple. Approprié à la saison.
Arry se laissait gagner par l’anxiété des membres plus anciens de la bande. La peur de l’inconnu vers lequel ils s’engageaient. La peur de la mort, aussi. La lourde responsabilité d’avoir le monde à sauver. Et puis en même temps, tout ça n’était pas encore totalement ancré en elle. Elle ne doutait pas de la véracité de ce qu’elle avait vu, mais le temps d’assimilation n’était pas écoulé…
Ça paraissait trop dingue. Trop. Un instant, elle fut quand même tentée de se pincer pour voir si elle allait se réveiller. Mais non. Rien de spécial ne se passa.
Il allait falloir qu’elle s’y fasse. C’était gros. Très gros.
Elle se demanda comment elle allait arriver à mener les deux de front. Vie lycéenne, vie secrète. Les anciens avaient bien réussi à tenir comme ça plusieurs années…oui, mais par exemple, comment cacher ça à Dorka ? Elles se côtoyaient tout le temps, impossible à la longue de dissimuler ses escapades…
Arry soupira. Trop de choses à penser. Elle décida d’appliquer la méthode Emmanuel et laissa le métal entraîner au loin les émotions négatives.
Jack était lui aussi dehors en douce, dans le but de s’en griller une et de tuer un peu le temps de son insomnie. La surveillance de Jim relevait décidément de celle d’une passoire. Le seul incident notable fut l’apparition furtive d’une silhouette qui sortait de l’internat pour se faufiler dans le parc. Il la perdit très vite de vue.
Floyd sortit son cahier de maths et commença à dériver des fonctions. Exercice simple et mécanique qui lui permettait de joindre l’utile à l’agréable : faire ses devoirs et réfléchir plus posément sur autre chose.
X². 2X.
Bon sang, c’était quand même une histoire de fous. Mais ça promettait d’être intéressant, au moins…
En théorie. Ça pouvait aussi être une histoire de morts. Leur mort.
Il se demanda à quoi ressemblerait le monde virtuel. 2D, 3D ? Une ville futuriste, un patchwork d’environnements variés, un engrenage ? Un pays vert plein d’arc-en-ciel, de nuages souriants, de paquets cadeaux, où les licornes roses voulaient vous tuer et les poutounours vous faire un câlin mortel ? A quoi ressemblaient les sbires de XANA ? Des humains, des machines, des animaux, des spectres difformes ? XANA avait-il un avatar propre ? Les monstres étaient-ils variés ou d’une seule sorte ? Avec quoi allaient-ils se battre ? Epées, arcs, bombes, canons, machettes, haches en mousse ? Ou bien d’autres choses encore, au-delà de l’imagination ?
Floyd se perdit dans ses rêveries, oubliant les dérivées. De multiples univers lui venaient à l’esprit, du médiéval au cyberpunk, et il n’arrivait pas à choisir lequel pouvait le mieux correspondre à ce nom mystérieux.
« Lyoko ».
Allaient-ils garder leur aspect normal ? Allaient-ils obtenir des avatars complètement différents ? Allaient-ils se voir pousser des attributs types cornes, queue, poils, comme dans un livre d’heroic-fantasy ? Il avait hâte de le découvrir. Peut-être serait-il un Scorvol ?
L’idée l’amusa. Puis il se rappela qu’il était censé dériver dans le sens mathématique du terme et pas seulement mentalement. Il allait donc revenir à son cahier, quand il croisa un regard d’un jaune pâle maléfique.
-Oh non.
Le chat eut l’air de lui adresser une grimace moqueuse, puis, vif comme l’éclair, lui lacéra la feuille où il faisait ses devoirs. Floyd émit un cri de rage qu’on aurait pu rattacher à celui d’un génie des tempêtes, et essaya d’attraper la bestiole qui fila.
Avec un grognement, il replongea dans les dérivées à refaire, moins tenté de rêvasser, tout d’un coup….
Sylith causait avec les autres par SMS interposés. Ils étaient en train de définir leur prochain objectif, maintenant que Senja était revenu des WC. D’après le journal de Jérémie, XANA utilisait des copies de Lyoko pour prendre le contrôle d’endroits particuliers sur terre dotés de Supercalculateurs (construits par lui-même ?) et s’en servir pour construire une armée. Ils avaient été détruits par le programme multi-agent, mais XANA avait dû les reconstruire.
Le premier objectif, celui à court terme, était de construire un vaisseau virtuel, en s’aidant des travaux de Jérémie, pour arriver là-bas. Ensuite, il fallait plus largement trouver un moyen de maintenir le programme anti-XANA, et de le modifier,pour qu’il soit actif en permanence et empêche un retour futur de l’IA. Il fallait beaucoup d’énergie pour ça, plus que le Supercalculateur ne pouvait donner. Pour le moment ils n’avaient pas la solution, mais continuaient à y réfléchir…
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"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack
Inscrit le: 09 Avr 2014 Messages: 106 Localisation: Les deux mains dans le chocolat.
Sylith trafique le SC en cachette On se demande pourquoi c'est elle qui a une longueur d'avance. Moi je dis, elle a la classe. C'est une séductrice qui s'ignore. Elle va faire des ravages. Et pas qu'à l'Usine (a).
Hiroki est un sale gosse. Il ruse. Il fait en sorte que les autres se sentent coupables alors que c'est de sa faute que sa soeur est morte. Qu'elle vienne le hanter les nuits froides d'hiver, mouaha !
"-N’oublie pas qu’on est une équipe…
-Je ne l’oublie pas, assura-t-elle, le regard baissé." Traduction : le partage d'information ? On a écrit ça où, dans le contrat ? Non non, je n'ai rien à cacher et je ne me sens pas du tout coupable . Bref : joli.
Sylith : -Tu as une idée de ce qui se passe en ce moment ? Je veux dire, (Sylith baissa la voix) réellement ?
Arry : - Tu me parles en faisant genre que tu as un truc louche et mystérieux à me confier. C'est exactement le ton que prennent les petites commères du qui couche avec qui, dans notre classe. Donc ben, j'aime les ragots. Je te suis
>> C'est ce que j'aurais pensé personnellement dans ce contexte Et j'aurais tout raconté à quelqu'un illico presto au cas où la nouvelle-super-louche comptait me faire subir un truc pas net. Mais bon. On a compris, mystère, ils sont obsédés par les morts, toussa. Sinon. Le judo est un sport défensif peu efficace contres les grosses n'épées (le premier qui lit un sous-entendu, je le zute ) et les champs de forces qui sont des attaques à distance. Le tir à la carabine du maître du vent sera très utile en revanche.
Sinon. Arry a un petit côté barré. Elle a toute ma sympathie.
"-Et sachez que…on est désolés d’avoir à vous infliger ça."
>> Oh merde, se disent Floyd et Arry. On s'était pas trompés. On a atterri sur une bande de psychopathes qui comptent nous éviscérer dans les bois comme ils ont assassiné Jérémie and co.
Les introspections de Floyd et Arry, dans la même lignée, me paraissent un peu décalées. Comment Floyd, d'ailleurs, peut-il déjà penser à ce à quoi il ressemblera et ne pas s'imaginer qu'il serait plus ou moins identique à son apparence réelle ?
D'ailleurs j'ai bien envie de voir ce qu'ils deviendront tous sur Lyoko.
Conclusion de ce com': tu as vu ? J'ai essayé d'être critique ! *s'enfuit* _________________ Willismine : nom égoïste. Vieux psychotrope interdit à la vente.
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