Posté le: Lun 09 Sep 2013 03:14 Sujet du message: [Fanfic] "Je suis l'Alpha et l'Omega" [Terminée]
Inscrit le: 18 Fév 2008 Messages: 8
Bonjour à tous !
Je vous poste ce soir le prologue de ma première fiction. En espérant qu'elle vous plaira...
Elle sera assez courte (5 chapitres + prologue/Epilogue). Je vais essayer de me tenir à un chapitre par semaine... J'irai peut-être plus vite... Peut-être moins vite... On verra !
Enfin, ma fiction est, je pense, un peu atypique. Je vous préviens tout de suite (chacun ses goûts après tout)...
Pas de Lyoko. Peu de personnages présents. C'est une fiction qui va être orientée sur une intrigue... plutôt atypique. Bref, ne vous attendez pas à une fiction bateau, façon XANA revient, on va sur Lyoko. Ni même "Vie des héros à Kadic". C'est vraiment une intrigue, construite en 5 chapitres, autour d'un évènement perturbateur qui intervient dans le prologue...
Bref, inutile que j'en dise plus... ^^ C'est aussi mon premier post dans cette communauté, donc enchanté tout le monde. J'irai faire un tour sur d'autres sujets si j'en trouve le temps.
Place au texte :
Spoiler
Prologue
Du sang rouge sur ses cheveux roses
20 mars 2019
Un vent vernal s’engouffra dans la longue allée bordée de platanes qui reliait l’entrée de l’hôpital à celle des urgences. Un docteur vêtu d’une blouse blanche sortit du bâtiment. Il franchit les portes coulissantes automatiques d’un pas décidé et d’une démarche qui paraissait enjouée.
Sa rencontre avec la brise fut frontale. Celle-ci percuta l’individu de face, faisant virevolter ses cheveux blonds dans tous les sens. Derrière lui, son vêtement se souleva au niveau du postérieur dans une longue trainée blanche. Le bas de la blouse ondula quelques secondes, fouetté par les lames d’air. Puis il retomba doucement sur les reins du docteur Belpois.
L’entrevue avec cette bourrasque de début d’après-midi l’avait rafraichi. Il fit quelque pas et se dirigea sur la pelouse. Il plissa ses yeux. Le Soleil était éblouissant, surtout pour une personne qui venait de rester enfermé plusieurs heures. Les espaces verts de l’hôpital venaient d’être tondus. L’odeur de l’herbe coupée court – certaines personnes l’abhorre, d’autres s’en enivrent – lui remplit les narines, portée par la brise. Jérémie n’appréciait pas ce parfum… mais il le préférait à la fragrance médicamenteuse qui régnait dans les couloirs de l’hôpital.
Le Soleil, le vent, l’herbe fraichement tondue… C’était la première vraie journée de printemps… Ce genre de jour qui vous ravit à peine vous êtes réveillés et que vos yeux ensuqués perçoivent les premiers rayons de Soleil. C’est sans doute la raison pour laquelle, dans ce silencieux décor de plénitudes, il parut étrange que Jérémie tombe soudainement sur les genoux, qu’il expire tout l’air qu’il avait inhalé puis retenu dans un long râle et qu’il émette un gargarisme avant de vomir d’un coup sec et rapide son déjeuner…
Habitué à des situations bien plus préoccupantes, le personnel médical accourut et entoura bientôt Jérémie.
- Monsieur ? Ca va, Monsieur ?
« Monsieur »… Jérémie était bel et bien docteur. Mais docteur en physique quantique. Aussi, malgré sa blouse blanche, il trouva logique qu’on ne l’appelle que « Monsieur », dans l’enceinte de l’hôpital. Et non pas « Docteur Belpois ».
- Je vais bien, rassura Jérémie. Juste un surplus d’émotion. Ma femme est en salle d’accouchement.
Il y eut un changement dans le comportement des médecins. La tension retomba subitement. Ces individus, formés à faire face aux pires nouvelles, ne pouvaient pas, eux non plus, s’empêcher d’éprouver cette euphorie hormonale presque stupide que ressentent les gens à l’annonce d’une grossesse ou d’une venue au monde. On félicita Jérémie. On le redressa. On lui proposa un brancard. On le congratula à nouveau. On lui demanda si le travail était fini –Jérémie acquiesça – et si il avait besoin qu’on l’accompagne en néo-natalité –Il refusa -. On s’enquit enfin de savoir une dernière fois si tout irait bien… Jérémie répondit d’un sourire bienveillant et hocha la tête…
« Connards, imbéciles heureux… »
Alors qu’il commençait à s’éloigner, une infirmière lui adressa pourtant cette ultime question.
- C’est un garçon ? Ou une poupette ?
Jérémie accéléra le pas. Faire mine de n’avoir pas entendu était sans doute la meilleure manière d’esquiver une question à laquelle on n’avait pas envie de répondre. Pourtant le léger arrêt qu’il avait marqué l’avait trahi. La question l’avait déstabilisé.
Jérémie retourna à l’intérieur de l’hôpital d’un pas ferme. L’odeur nauséabonde du couloir ne lui parut pas aussi infecte que le gout de bile dans sa bouche. C’était la deuxième fois qu’il traversait ce couloir aujourd’hui.
La première occasion lui avait été donnée lorsque son portable avait vibré dans sa poche durant l’un de ses cours à l’Université. En temps normal, Jérémie avait trop de respect pour ses étudiants pour répondre à son téléphone. Mais étant donné que sa femme, Aelita Schaeffer Belpois, était enceinte, il avait reconsidéré sa position.
La nouvelle était bonne. Bien qu’un peu prématurée. Aelita n’en était qu’à 7 mois. Cependant, le médecin suivant sa femme avait annoncé un probable accouchement anticipé… mais sans danger.
Jérémie avait conduit plus rapidement que jamais. Lui qui n’aimait pas le risque. Il était arrivé à l’hôpital à 15H. 20 minutes après son départ de l’Université. Un record !
A présent, il était 16H. Jérémie s’invitait pour la deuxième fois de la journée dans le service natalité de l’hôpital.
Cela ne faisait donc qu’une heure, s’étonna le génie ! Cela lui avait paru être une éternité. Il se tenait désormais devant la chambre où sa femme dormait encore. Elle avait été nettoyée après son accouchement, pendant que Jérémie parlait avec leur médecin. Pourtant, le professeur Belpois ne pouvait s’empêcher de penser à …
- Jérémie !!!!
Odd Della Robbia entra en courant. Il atteint Jérémie en quelques enjambées. Il lui adressa un grand sourire. Puis il regarda Aelita à travers la vitre.
- Roh ! Jouer le numéro de la Belle aux Bois Dormant après l’accouchement… Franchement, c’est pas réglo de sa part.
Jérémie ne répond pas. Odd ressentit son malaise. Il sembla réfléchir. Il aurait pu poser la question toute bête type « Comment ça s’est passé ». Ou celle plutôt optimiste : « Elle va bien ? Et le bébé ? ». Pourtant, contrairement à ce qu’indiquaient son catogan et les mèches violettes de sa coiffure, Odd savait réfléchir avant de parler. Il regarda sa montre. Il était 16H. Il avait reçu un SMS à 14H30. 1H30 maximum… ? Les premières grossesses ne duraient jamais si peu de temps. Il jeta un regard inquiet à Jérémie.
Jérémie ne le remarqua pas. L’arrivée d’Odd avait interrompu ses pensées un bref instant. Mais le mutisme de son ami avait rappelé à lui les tourments qui l’agitaient.
A 15H15, il était entré dans la salle d’accouchement.
Il savait que ce n’était pas forcément toujours un spectacle beau à voir. Toutefois, les gens qui l’en avaient informé avaient clairement usé d’euphémisme. Jérémie eut une réaction curieuse.
La scène était terrifiante par bien des aspects. Aelita hurlait à pleins poumons sur son siège. Un véritable torrent de sang s’écoulait de ses voies naturelles et le flot était si fort qu’on se demandait si une artère n’était pas sectionnée. Le sol de la salle était tellement rouge qu’on en devinait plus la couleur d’origine. Le personnel tentait de faire son travail, mais l’anormalité du phénomène les prenait vraisemblablement de court. S’éloignant de l’agitation, la sage-femme tenait avec une réticence non-dissimulée l’enfant mort-né du couple Belpois. Les enfants prématurés sont rarement beaux à voir, souvent noirâtres et décharnés… mais le petit corps sans vie que la sage femme tenait était hideux.
Jérémie était planté au milieu de ce chaos. Son cœur, qui s’était mis à battre la chamade quand il avait entendu l’écho des hurlements d’Aelita dans le couleur, s’était brusquement calmé pour finalement battre au ralenti. Il n’entendait pas les injonctions du médecin qui lui ordonnait de sortir de la salle. Il n’accorda pas un regard à la parodie de nouveau-né qui aurait dû retenir son attention.
Alors que tout autour de lui semblait silencieux… Il remarqua qu’avec l’agitation, une giclée de sang avait été projetée, on-ne-sait-comment, sur la chevelure rose d’Aelita.
Et au milieu de cet enfer où de nombreux pères auraient défailli, Jérémie était obnubilé par ce simple détail. Ce petit filet de sang, qui glissait lentement de la fontanelle d’Aelita jusqu’en bas de ses boucles, au niveau des épaules…
Cette trace qui semblait indélébile. Cette souillure qui salissait ce dont il était le plus amoureux chez son épouse.
Ce sang rouge sur ses cheveux roses.
Aelita se réveilla à 19 heures.
Jérémie était à ses côtés. Odd dormait sur un fauteuil dans la même chambre. Il avait refusé de partir. Le réveil d’Aelita fut rapide. Après une telle perte de sang et une telle épreuve psychologique, Jérémie aurait cru que le réveil de sa femme serait difficile. Il n’en fut rien.
Elle posa les yeux dans ceux Jérémie, instinctivement. Pour la seconde fois de sa vie, le professeur d’université sentit sa femme aussi vulnérable qu’un bébé. La première fois, lui et elle avait treize ans. Et il venait de la rematérialiser dans le Monde Réel après 10 ans de vie informatique.
Il lut dans ses yeux. Elle savait. Elle savait que l’enfant était mort.
Jérémie réfléchit à quoi dire. « C’est pas grave chérie, on en fera un autre ! » lui sembla assez inapproprié. Il entrouvrit la bouche pour lui dire « Tout va bien ». A ce moment, l’image des médecins qui l’avaient harcelé de commentaires bidons et de phrases toutes faites, plus tôt dans la journée, lui vint à l’esprit. Il se remémora l’énervement que cela avait suscité. Aussi, il se ravisa. Il se tut et posa amoureusement sa tête contre celle de sa femme.
Elle observa le silence également. Ils s’endormirent dans la souffrance. Mais ils s’endormirent.
Deux jours plus tard, Aelita était suffisamment stable pour quitter l’hôpital. On l’avait perfusée régulièrement. Avant cela, elle et Jérémie devait néanmoins aller voir leur médecin. Celui qui avait suivi la grossesse.
L’entretien commença par une série de banalités. Pourtant, il semblait évident que le docteur avait quelque chose d’autre à aborder.
- Madame Belpois… Je sais qu’il est sans doute très tôt mais il y a un autre élément dont je me dois de vous informer…
- Oui ? Demanda machinalement Aelita. Jérémie, lui, sortit de la torpeur où il s’était réfugié pour fuir les civilités du médecin.
- Votre… fausse-couche semble cacher un problème plus sérieux. Pour être honnête… la quantité de sang que vous avez perdu, je n’avais jamais vu ça… Ni même lu ou entendu parler. Cependant, j’ai pu, au cours de l’intervention et des derniers jours opérer quelques analyse…
- … Et… ? Jérémie sentit la main d’Aelita serrer la sienne plus fortement que jamais. Déjà les mots « cancer » et « maladie » résonnait dans sa tête.
- J’ai le regret de vous avouer que je n’ai rien obtenu de concluant… Confessa le docteur. Cependant, le scénario le plus probable est que votre organisme ait fait un rejet… immunitaire. C’est la seule chose pouvant expliquer une réaction aussi violente…
- Un rejet, questionna Jérémie alors interloqué… Ce n’est pas ce qui survient lors de greffes, par exemple…
- C’est un des cas de figure… J’ai une question assez embarrassante à vous poser… Êtes-vous sûrs de n’avoir aucun lien de parenté avec M. Belpois ? Cela pourrait être une des causes possibles…
- Nous n’avons aucun lien de parenté, affirma Aelita. »
Elle le savait. Elle avait fait des recherches sur la généalogie de ses parents pour en apprendre un peu plus sur sa famille. Jérémie lui, se mit à réfléchir à toute vitesse, tandis que le médecin s’adressait à Aelita. Il revient sur terre à la question suivante :
- Accepteriez-vous de rester pour faire des analyses plus approfondies ?
- Merci, coupa alors Jérémie. Ma femme a besoin de repos. Nous reconsidérerons votre offre prochainement.
- M. Belpois ! Rétorqua le médecin alors inquiet. Je suis incapable… aucun des collègues que j’ai consulté n’est capable de savoir exactement ce qui s’est passé. Le corps de votre femme a déraillé ! La laisser partir est dangereux. Pour elle. Peut-être même pour vous.
- Comme je vous l’ai dit, – Jérémie s’était levé et avait récupéré sa veste – ma femme requiert du repos. Pas une source de stress supplémentaire ».
Voyant que quelque chose clochait, Aelita suivit Jérémie vers la sortie du cabinet, à contrecœur. Le couple s’apprêtait à prendre la porte…
« Il y a encore autre chose ! Cria l’homme de médecine…
Le couple marqua un arrêt.
- Comme vous m’aviez demandé de ne pas vous révéler le sexe de votre enfant, j’ai respecté votre décision… Mais les choses étaient plus compliquées que ça…
- Comment ça ?
- Lors des échographies, je n’ai pas trouvé de sexe à votre enfant. J’ai mis ça sur le compte d’une défaillance. Ou d’un mauvais positionnement. Mais aujourd’hui, les choses sont plus claires… Votre enfant n’avait pas de sexe quand nous l’avons sorti de votre ventre. »
Un silence de mort tomba sur les quelques mètres carrés de la pièce. A nouveau, Jérémie réfléchit à toute vitesse. Aelita, elle, semblait perdue.
- Comprenez moi, repris le médecin, transpirant. Votre grossesse en était à 7 mois. Les enfants sont sexués depuis longtemps quand ils ont 7 mois… La réaction de votre organisme… Ce rejet violentissime… Est un cas unique. Le fait que votre enfant soit asexué… Cela implique tant de choses… Vous avez peut-être un syndrome ou une pathologie nouvelle. Peut-être qu’un jour, d’autres personnes souffriront de la même chose. Nous devons nous pencher dessus… Si vous voulez avoir un enfant un jour, vous ne pouvez pas simplement prendre le risque de tenter une nouvelle grossesse… Vous devez…
La porte du cabinet claqua.
Ils étaient rentrés sans parler.
La soirée avait vu le retour d’un froid hiémal qui avait fait tomber les températures. Jérémie s’affaira à allumer un feu. Il ne réfléchissait plus aussi bien qu’auparavant. On le tannait souvent sur le fait qu’il exagérait à se considérer trop vieux. Pourtant, c’était un fait. Il réfléchissait moins vite qu’à l’époque où il avait 14 ans. A l’époque où il sauvait le monde. Alors, quand il avait besoin de se concentrer, il allumait un brasier dans la cheminée de l’Ermitage et il regardait la consumation du bois.
Aelita entra timidement dans la pièce. Elle tituba d’une démarche hésitante vers le fauteuil où elle se laissa tomber. Jérémie savait qu’il lui devait des explications. Aelita n’était pas du genre à en réclamer. Cependant, en bonne femme, elle l’avait suivi hors de l’hôpital, contre avis médical. Jérémie, en bon mari, lui devait désormais une explication. En temps normal, il l’aurait fait naturellement. Pourtant, ce soir là, il sentait sa gorge irritée, à la simple idée de commencer à parler. Et la suie de la cheminée n’y était pour rien.
Aelita se décida :
- Qu’est-ce qu’il se passe Jérémie… Qu’est-ce qu’il s’est passé…
Jérémie fit volte-face et s’assit au sol à côté de sa femme.
- Aelita. Nous avons un deuil à porter. Pour la semaine qui vient, la seule chose que nous allons faire, c’est prendre soin de nous. Je vais prendre soin de toi. Et ensuite, nous verrons ce qui cloche. Nous explorerons toutes les pistes.
Il saisit sa main.
- Tu peux me faire confiance encore sur ce coup ? Dit il en la prenant dans ses bras.
Quelques heures plus tard ils étaient au lit. Aelita semblait dormir d’un sommeil tourmenté. Le traumatisme physique qu’elle avait subi l’aidait à sombrer chaque soir. Jérémie n’avait pas cette « chance ».
Les mots du médecin résonnaient dans sa tête. « Cas unique ». « Jamais vu auparavant ». « Personne n’est capable d’expliquer ce qui est arrivé ». Jérémie connaissait ça. Ce qui était arrivé au médecin. Quand un homme de science était confronté à un problème qu’il était dans l’incapacité d’expliquer, c’est ce qu’il se passait. Cette sorte de panique rationnelle incontrôlable.
C’est la raison pour laquelle Jérémie ne s’était pas attardé dans l’hôpital. Il avait reconnu ce tremblement paniqué dans la voix du médecin. L’homme était sans doute plein de bonnes intentions mais il ne leur serait d’aucune utilité. Jérémie ne croyait pas aux coïncidences.
Aelita était un cas unique. Pas parce qu’elle avait contracté le nouveau cancer de la fertilité. Pas parce qu’elle allait être une anomalie médicale. Evidemment qu’Aelita était unique. Elle avait été humaine. Elle avait été virtuelle pendant plus de 10 ans. Elle avait été ramenée sur Terre artificiellement, sans suivre la procédure logique du scanner. Ce faisant, XANA lui avait arraché une partie de son humanité. Franz Hopper le lui avait rendu sur Lyoko, dans un procédé que Jérémie ignorait… et sur lequel il ne s’était jamais réellement penché.
Dans ce parcours du combattant… Dieu sait quel dérèglement, elle avait pu subir. Et même sans chercher si loin… Le simple processus de virtualisation via les scanners… Il y avait tant de possibilité… Aussi… Aelita ne resterait peut-être pas très longtemps un cas unique.
Jérémie serra son oreiller. Il eut une pensée inquiète pour Ulrich, William, Odd… et surtout Yumi…
Avant de s’endormir, il n’avait que deux convictions. La première était qu’aucun docteur sur Terre ne pourrait trouver ce qui avait fait dérailler la grossesse d’Aelita. La seconde était que les réponses se trouvaient dans un chapitre clos. Le chapitre de sa vie lié au Supercalculateur. A XANA.
Jérémie plongea dans les bras de Morphée, espérant que la nuit porte conseil. Pourtant il savait pertinemment que sa décision était déjà prise. Il allait rouvrir ses dossiers sur le Supercalculateur… Et notamment les fichiers du Professeur Hopper… Ceux qu’il n’avait jamais pris le temps de décrypter… Ceux qui traitaient du passé lointain du professeur.
Voilà...
Quelques indications pour la suite.
Le prochain chapitre s'appellera "Franzenstein".
Les 5 chapitres de la fiction sera composé sur un rythme ternaire :
- Une partie du chapitre "Temps présent" sera consacrée à l'action présente (Plutôt point de vue d'Aelita qui se posera des questions sur les activités de Jérémie).
- Une partie du chapitre "La quête de Jérémie" sera consacré aux recherches de Jérémie sur le problème d'Aelita et les dossiers secrets de Franz Hopper.
- Une partie du chapitre "Les mémoires d'Hopper", qui raconteront les parties de la vie de Hopper que Jérémie décrit dans son journal.
Ces trois parties ne seront pas toujours dans le même ordre et leur alternance permettra de jouer sur le fil chronologique de l'histoire... et bien entendu sur l'intrigue... "Mais qu'arrive-t-il donc à Aelita ?"
Voilà... En espérant que quelques lecteurs accrocheront quand même =X ...
Dernière édition par Evangelyne le Lun 09 Sep 2013 12:19; édité 1 fois
Inscrit le: 18 Fév 2013 Messages: 710 Localisation: Paris
Pour être atypique, elle est atypique. On peut dire que c'est original. Tu commences fort avec un accouchement un peu bizarre d'Aelita. On voit que le couple n'a pas perdu de temps
Mais d'abord une question : ton histoire se passe après Code Lyoko ou Code Lyoko Évolution ?
Pour l'instant, j'aime bien ton histoire. On a un mystère autour d'Aelita et des conséquences de ses 10 ans passés sur Lyoko et de ce qui s'est passé là-bas avec son père et XANA. Pas mal le coup de l'enfant asexué. Je me demande ce que cela veut bien dire.
Jérémie va donc refaire le passé pour comprendre le présent. On a l'impression que les autres LG n'auront pas un rôle important dans ton histoire, je me trompe ? Ta fanfic semble se consacrer uniquement à Jérémie, Aelita et son père.
Sur la forme, je ne vois aucune fautes flagrantes. Ton style est fluide et aéré. Cela me convient parfaitement. Continue ainsi !
Je ne vais pas m'attarder plus longtemps. J'ai un peu la flemme d'entrer dans les détails, surtout qu'on en est qu'au prologue.
Je suivrai ta fic de près. Elle me semble intéressante et pleine de suspense. _________________
Merci à la talentueuse Lénaelle pour ce pack criminel
Inscrit le: 11 Aoû 2013 Messages: 305 Localisation: Lisieux, France
En voilà une fiction originale!
C'est vrai que la série ne pose pas du tout ce genre de questions, CL étant destiné aux enfants; mais quand on y pense ça paraît totalement logique que ces virtualisations, rematérialisations, très fréquentes (combien de fois l'ont-ils fait... Plus de 100 fois au moins ?), aient pu dérégler l'organisme d'Aelita... Et des autres combattants!
D'ailleurs c'est dommage que tu n'aies prévu que 5 chapitres, parce que ce sujet pourrait être quelque chose de très intéressant s'il est bien développé; mais je te fais confiance, si ça ne dure que cinq chapitres ça promet d'être intense
Je suivrai également cette fiction de près! _________________
Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
Charles Baudelaire
Inscrit le: 05 Nov 2006 Messages: 798 Localisation: Au Jal'Dara <3
Je vais sans doute répéter un peu les commentaires précédents.
Ton idée de départ est en effet très originale. Je n'ai jamais lu de fanfic imaginant le futur des héros dans laquelle les Lyokoguerriers auraient des problèmes de santé à cause des virtualisations.
C'est en tout cas une excellente idée. Mais je me demande bien ce que Jérémie trouvera dans les affaires de Franz Hopper. Hopper avait-il déjà envisagé que la virtualisation pouvait avoir des effets très néfastes sur l'organisme ?! Ca le rendrait encore plus savant fou que ce qu'il n'est déjà, car si tel est le cas, il a volontairement mis en danger la vie de sa fille...
Quant au style d'écriture, j'aime beaucoup. Les phrases coulent très facilement et la description imagée du début est vraiment parlante.
Jérémie en blouse blanche à l'hôpital qu'on appelle docteur... c'était assez drôle ! Sur le moment je me suis dit que finalement il avait changé de voie ! Mais non, tu es restée cohérent(e) avec la série. Mais, un professeur de physique quantique à l'université a-t-il vraiment besoin d'une blouse ?
Ensuite, ta description de l'accouchement d'Aelita était aussi horrible que bien écrit. On comprend mieux pourquoi Jérémie est allé vomir ! C'était d'un profond réalisme, le sang sur le sol, le bébé hideux, etc... Et pis Jérémie qui se focalise sur le sang sur les cheveux d'Aelita, c'était bien trouvé, et ça a donné un titre au chapitre (enfin prologue).
Voilà ! J'essaierai de suivre ta fic et je te souhaite de toute façon une bonne continuation ! _________________
Bonsoir à tous ! Bon, de toute évidence, je n'ai pas réussi à finir mon premier chapitre ce week-end... Cela sera donc sûrement pour le prochain...
En tout cas, ne vous inquiétez pas. J'ai déjà dit que la fiction ferait 5 chapitre, ce qui signifie que j'ai tout en tête, je ne vous laisserai pas en cours de route. Je vais donc en profiter pour répondre à mes quelques commentateurs !
Tout d'abord, merci d'avoir fait l'effort de répondre. Je préfère avoir peu de commentaire mais qu'ils soient de lecteurs invétérés et expérimentés qu'une ribambelle de messages sans intérêt.
Alors, @ Kender !
kender a écrit:
Pour être atypique, elle est atypique. On peut dire que c'est original. Tu commences fort avec un accouchement un peu bizarre d'Aelita. On voit que le couple n'a pas perdu de temps
Mais d'abord une question : ton histoire se passe après Code Lyoko ou Code Lyoko Évolution ?
Pour l'instant, j'aime bien ton histoire. On a un mystère autour d'Aelita et des conséquences de ses 10 ans passés sur Lyoko et de ce qui s'est passé là-bas avec son père et XANA. Pas mal le coup de l'enfant asexué. Je me demande ce que cela veut bien dire.
Jérémie va donc refaire le passé pour comprendre le présent. On a l'impression que les autres LG n'auront pas un rôle important dans ton histoire, je me trompe ? Ta fanfic semble se consacrer uniquement à Jérémie, Aelita et son père.
Sur la forme, je ne vois aucune fautes flagrantes. Ton style est fluide et aéré. Cela me convient parfaitement. Continue ainsi !
Je ne vais pas m'attarder plus longtemps. J'ai un peu la flemme d'entrer dans les détails, surtout qu'on en est qu'au prologue.
Je suivrai ta fic de près. Elle me semble intéressante et pleine de suspense.
Pour notre petit couple... Pas perdu de temps... Boh, c'est dans l'air du temps de ne pas perdre de temps huhu...
Ta première question : Bonne question ! En effet, je n'ai pas précisé si ma fic se passait après CL ou CLE... A vrai dire, cela n'a aucun intérêt. Comme tu l'a remarqué, ma fic sera atypique. Je ne le cache pas, XANA ne reviendra pas. Après, il n'y aura aucune mention de Tyron dans la back-story... J'imagine que j'ai inconsciemment pensé mon histoire sans prendre Evolution en compte... Je doute qu'il ait une seule allusion à la seconde série dans ma fic. Cependant, elle n'ôte pas la possibilité d'Evolution ait eu lieu.
Pour le reste, tu as bien cerné sur quoi ma fic allait porter.
En effet, en dehors de Jérémie, Aelita et Hopper, le casting va être très réduit. Odd joue un petit rôle secondaire au fil des chapitres. Ulrich, Yumi et William seront présents. Mais davantage pour le décor et pour les besoins de l'intrigue. Comme on le voit à la fin du prologue, l'une des théories de Jérémie accuse la virtualisation et tous les héros sont concernés !
Merci de suivre ma fic, c'est motivant=D
@ Nyx
Tout d'abord, je suis ravie que ma fic t'ait inspiré un sujet que tu as ouvert ensuite ailleurs sur le forum ^o^ !
Ensuite !
Nyx a écrit:
En voilà une fiction originale!
C'est vrai que la série ne pose pas du tout ce genre de questions, CL étant destiné aux enfants; mais quand on y pense ça paraît totalement logique que ces virtualisations, rematérialisations, très fréquentes (combien de fois l'ont-ils fait... Plus de 100 fois au moins ?), aient pu dérégler l'organisme d'Aelita... Et des autres combattants!
D'ailleurs c'est dommage que tu n'aies prévu que 5 chapitres, parce que ce sujet pourrait être quelque chose de très intéressant s'il est bien développé; mais je te fais confiance, si ça ne dure que cinq chapitres ça promet d'être intense
Je suivrai également cette fiction de près!
Je n'ai que très peu de temps pour écrire, j'ai donc choisi de faire une fiction courte pour être sûr de la finir. J'aurai facilement pu pousser à 12 chapitres en faisant des détours et en m'appesantissant sur ce qu'était devenu chaque personnage etc... etc...
Mais comme j'ai dit, je veux que ma fiction soit originale. Le futur des héros était largement traité ailleurs, j'ai vraiment préféré centré mon histoire sur l'intrigue : L'enquête de Jérémie.
A ce sujet, attention : Ne vends pas la peau de l'ours trop vite. La virtualisation n'est qu'une des théories que Jérémie a émit. Les 5 chapitres vont donner le temps à Jérémie de faire de grosses découvertes et les théories d'explications de l'état d'Aelita vont se succéder. Disparaitre, revenir, etc...
En tout cas, en effet, j'espère que mes 5 chapitres seront intenses... et je pense que vous ne verrez pas venir le dénouement... Du moins qu'il sera plus surprenant que ce à quoi vous vous attendez !
J'espère que je ne m'avance pas trop =)
A toi aussi, merci de me suivre !
Et enfin, @Lorilis !
Lorilis a écrit:
Je vais sans doute répéter un peu les commentaires précédents.
Ton idée de départ est en effet très originale. Je n'ai jamais lu de fanfic imaginant le futur des héros dans laquelle les Lyokoguerriers auraient des problèmes de santé à cause des virtualisations.
C'est en tout cas une excellente idée. Mais je me demande bien ce que Jérémie trouvera dans les affaires de Franz Hopper. Hopper avait-il déjà envisagé que la virtualisation pouvait avoir des effets très néfastes sur l'organisme ?! Ca le rendrait encore plus savant fou que ce qu'il n'est déjà, car si tel est le cas, il a volontairement mis en danger la vie de sa fille...
Quant au style d'écriture, j'aime beaucoup. Les phrases coulent très facilement et la description imagée du début est vraiment parlante.
Jérémie en blouse blanche à l'hôpital qu'on appelle docteur... c'était assez drôle ! Sur le moment je me suis dit que finalement il avait changé de voie ! Mais non, tu es restée cohérent(e) avec la série. Mais, un professeur de physique quantique à l'université a-t-il vraiment besoin d'une blouse ?
Ensuite, ta description de l'accouchement d'Aelita était aussi horrible que bien écrit. On comprend mieux pourquoi Jérémie est allé vomir ! C'était d'un profond réalisme, le sang sur le sol, le bébé hideux, etc... Et pis Jérémie qui se focalise sur le sang sur les cheveux d'Aelita, c'était bien trouvé, et ça a donné un titre au chapitre (enfin prologue).
Voilà ! J'essaierai de suivre ta fic et je te souhaite de toute façon une bonne continuation !
Merci pour tout tes compliments sur mon style d'écriture et sur l'originalité du scénario. J'espère vraiment que tu trouveras le temps de suivre ma fic =X
Pour l'histoire de la blouse blanche, en effet, je ne sais pas si c'est obligatoire haha. Mais je me rappelle d'un de mes enseignants d'allemands qui était habillé en noir et donnait son cours en blouse pour ne pas avoir de craie sur son costard à la sortie... Ca m'a peut etre marqué xD
Quant à ce que Jérémie va trouver en retournant le passé de Hopper, il y aura beaucoup de choses et pas que sur la virtualisation !
Encore merci à vous trois ! Je pense que le premier chapitre vous arrivera très prochainement !
Inscrit le: 11 Aoû 2013 Messages: 305 Localisation: Lisieux, France
Ô rage! Ô désepoir!Ô vieillesse ennemie! En voyant dans mes sujets surveillés que tu avais répondu dans ta fiction, j'ai naïvement pensé que tu allais nous poster le premier chapitre. Mais je comprends tout à fait que cela puisse te prendre du temps; privilégier la qualité à la quantité est une excuse valable pour avoir du retard
Surtout que le plaisir augmente avec l'attente! Et si EN PLUS on a le droit à quelque chose de plus surprenant que ce à quoi on pourrait s'attendre, ce n'en est que mieux. Donc bon courage pour la rédaction de tes chapitres _________________
Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
Charles Baudelaire
Inscrit le: 13 Juil 2013 Messages: 331 Localisation: Dans les tréfonds de la folie
Beurk, je le redis, beurk.
Ta fic m'a dégouté, j'ai imaginé dans ma tête l'accouchement d'Aelita.
Même si ta fic est franchement intéressante( scénario unique, style bon, orthographe correct), j'ai sérieusement failli vomir mes tripes quand j'ai lu ça.
Enfin bref, j'aime bien le concept de ta fic, tu nous met d'entré dans l'intrigue, ce qui nous permet de nous y intéresser dès le début. De plus, comme c'est un sujet rarement abordé( voir pas du tout) tu te donnes beaucoup de moyens pour capter l'attention.
Je me demande si il va arriver la même chose à Yumi.
Tu as beaucoup de talent, bon courage pour la suite. _________________
Tout être mourra un jour, ce qu'il nous faut c'est décider quoi faire du temps qui nous est impartie.
Eh bien, moi qui passais un peu par hasard, attirée par le titre de la fanfic, je ne suis pas déçue !
Le sujet est très intéressant, je ne me souviens pas de l'avoir vu souvent, voire une autre fois. Ton style est très agréable, on glisse entre les phrases sans difficulté, un vrai plaisir. J'ai trouvé particulièrement puissante la scène de l'accouchement d'Aelita, la description du chaos et l'attention que Jeremie porte sur le simple détail des cheveux. J'en ai ressenti son trouble (faible mot pour ce genre de situation, j'imagine).
Quant à l'intervention d'Odd, en tant que fan de ce personnage, elle m'a fait sourire. C'est tout lui, de débarquer comme ça avec une réplique sortie de nulle part, mais qui au moins a le mérite de ne pas gêner son ami. Même si c'est pas forcément délicat. Mais ça, hein... C'est Odd quoi !
Bref, je suivrai ta fic avec intérêt. Je me demande bien ce qui a provoqué ce chaos (même si je penche plus pour les virtualisations répétées)... J'ai hâte de le découvrir en tout cas!
Alors quelques réponses avant le premier chapitre :
@Nyx : Désolé pour la fausse joie =P
Voilà ton chapitre !
@ Wolwerine : Si tu as trouvé la scène de l'accouchement horrible, je ne peux que m'en féliciter.
@VioletBottle : J'apprécie ton commentaire, car les éléments qui ont retenus ton attention sont des éléments auquel j'attache moi même de l'attention. J'espère que la suite te plaira.
Merci d'avance à tout ceux qui suivent ma fic !
Spoiler
Chapitre 1 - Franzenstein
Le quotidien d'Aelita #01
27 mars 2019
Aelita regarda à travers le verre. Il était enfin propre et net. Elle l’avait frottée durant dix grosses minutes pour atteindre ce résultat. Désormais, la vaisselle était finie. Pour tuer la solitude de sa convalescence, Aelita s’occupait des tâches ménagères. L’Ermitage était une vieille maison. Et les vieilles maisons attirent la poussière. Jérémie s’agaçait de la voir ainsi s’affairer plutôt que de se reposer. Cependant, il ne faisait aucune remarque. Non pas qu’il veuille épargner la sensibilité de sa femme. Il avait simplement appris à composer avec le tempérament combattif et déterminé d’Aelita. Il avait depuis longtemps compris que ses remarques étaient sans portée.
Il était 15H. Cela faisait une semaine qu’Aelita avait commencé à sentir ses contractions. A l’heure près. Cela lui paraissait aussi loin que chacune des 7 journées suivant… « l’incident » lui avaient paru interminable. Aelita avait beaucoup réfléchi. Elle s’était étonnée elle-même d’encaisser si bien le choc… Le fait que ce qu’elle pensait être son enfant ne se soit révélé n’être au final qu’un amas de chair, bâtard de ce qui caractérise l’être humain, cela l’aidait à accepter la situation. Elle avait suivi les conseils de Jérémie. Elle n’y pensait guère pour l’instant. Aelita était dotée de cette capacité inébranlable à faire abstraction des choses. A prendre son mal en patience. C’était sans doute un héritage de l’année qu’elle avait passée à rester dans l’attente et l’espérance que Jérémie parviendrait à la rendre humain en la matérialisant. Ce rêve incroyable qui était pourtant devenu réalité… un an encore avant qu’elle n’apprenne qu’elle avait toujours été humaine. Or, elle ressentait au plus profond d’elle-même que Jérémie avait raison. Le mal dont elle souffrait et le dénouement atroce de sa grossesse avait forcément un rapport, aussi ténu soit-il, avec Lyoko. Elle avait donc décidé de laisser passer un peu de temps et de se pencher avec Jérémie sur la question. Mais est-ce que Jérémie comptait vraiment at…
Une ombre passa devant la fenêtre de la cuisine. Aelita réprima un hoquet de sursaut au moment où Odd Della Robbia aplatit son visage contre le carreau. Aelita lui jeta un regard blasé tandis qu’il décollait sa bouille de la vitre, laissant de grosses traces humides de buée. Aelita avait fait toutes les vitres le matin même…
Odd avait du mal avec cela… Pas avec les tâches ménagères d’Aelita, bien entendu… - Encore que… Il trouvait « malsain de toujours vouloir vivre dans un environnement trop sain » - mais plutôt avec ce qui était arrivé à l’hôpital. Pourtant, Jérémie et Aelita lui avait épargné le passage sur l’asexualité de l’enfant. Odd était au petit soin depuis plusieurs jours. Il passait régulièrement, dès que l’occasion lui était donnée, apportant à Aelita des gâteaux délicieux, achetés à la pâtisserie. Gâteaux qui, pour la plupart, finissaient dans le seul estomac d’Odd. Ce dernier les engloutissait en bavassant de longues heures avec Aelita, qui l’écoutait lascivement, un sourire aux lèvres. Odd ne se rendait pas compte qu’il souffrait presque davantage qu’Aelita de la mort de l’enfant. Toujours célibataire, se targuant d’être le futur doyen des Dom Juan, Odd n’avait en réalité pas de famille. Il vivait, depuis de nombreuses années, par procuration à travers les vies de ses amis. Aelita et Jérémie avaient conscience de cette situation, bien plus qu’Odd. Et il la vivait parfaitement bien. Même s’il était devenu traditionnel que cela soit Odd qui les réveille au matin du 25 décembre, en tambourinant la sonnette de l’Ermitage à 8H pétante du matin, foie gras et cadeaux coincés sous le bras. Ulrich et Yumi remplissaient eux-aussi leur part du rôle de famille d’accueil pour Odd. Odd devait être le parrain de l’enfant du couple Belpois. 7 jours auparavant, il avait lui-aussi perdu un fils. Ou une fille… Qui sait ?
Quand l’amertume devenait si forte qu’elle l’obsédait et lui enlevait l’envie de tout et l’envie de rien, Odd accourait à l’Ermitage. Il se lovait dans un fauteuil et enchainait les blagues, en rigolant pour faire semblant de ne pas pleurer.
Avant d’aller ouvrir la porte, Aelita déposa le verre sur l’égouttoir. Elle ferma le coffret contenant sa vaisselle de mariage. Elle l’avait astiquée consciencieusement avant de laver les assiettes de la veille. Elle déposa l’argenterie dans le buffet. Tandis qu’elle se dirigeait vers la porte, elle eut une douloureuse crampe au ventre. Elle s’appuya contre l’horloge pour ne pas chuter dans le couloir, soufflant fortement. Pour se calmer, elle ferma les yeux. Elle inspira et expira longuement. Elle vit son reflet dans la glace. Le tablier qu’elle portait la faisait ressembler aux ménagères des séries américaines à la Desperate Housewives… Elle se rendit compte à quel point cet accoutrement lui seyait. Elle ne se serait jamais doutée qu’un jour, ses tracas du quotidien puissent être ceux de ces caricatures de bonnes femmes de la haute société… Difficile à imaginer quand à l’adolescence, vos tracas étaient l’avenir de l’humanité…
La sonnette retentit derechef. Aelita pressa le pas et ouvrit à Odd.
- Faut pas être frileux quand on vient chez toi, grelotta-t-il. On se dépêtrera jamais ce fichu hiver. 19H00
- Il n’est toujours pas rentré, soupira Aelita.
- On commence sans lui, trancha Odd avant de plonger la main dans un paquet de chips et de faire pivoter sa chaise roulante en direction de l’écran de l’ordinateur.
Aelita et lui avaient passé l’après-midi à attendre Jérémie. Et Jérémie n’était pas venu. Il n’était pas censé rentré si tard de sa conférence. Et ce n’était pas son genre de manquer un tel évènement… En effet, il était prévu une vidéo-discussion avec Ulrich et Yumi, ce soir là.
Le couple était parti au Japon depuis bientôt un mois et demi. Selon une désuète tradition japonaise, des années auparavant, Ulrich était allé requérir la bénédiction de ses beaux-parents, Akiko et Takeho Ishiyama, pour demander la main de Yumi. Le père avait accepté en ricanant un léger « C’est pas trop tôt ».
Madame Ishiyama, elle l’avait jaugé d’un air sévère. Visiblement, pour la vieille nipponne, passer du stade de petit ami de Yumi à celui d’époux de son unique fille n’était pas anodin. Elle avait accepté à deux conditions : La première n’avait rien d’original. Il était question de fidélité, de respect, de devoir éternel envers Yumi. Les bagatelles du mariage en somme. La seconde condition d’Akiko Ishiyama en revanche était plus originale. Elle avait exigé d’Ulrich, que lorsque Yumi serait enceinte, l’intégralité de la famille aille au Japon pour l’accouchement, dans la maison familiale des grands-parents. Une promesse qu’Akiko elle-même avait prêté à sa famille le jour où elle suivit son mari qui émigrait en France. Ulrich avait accepté, sans même y réfléchir. Il n’avait même pas assimilé le fait qu’il allait demander Yumi en mariage et voilà que sa belle-mère lui parlait d’enfant comme si Yumi était déjà fécondée. L’ex bushi virtuel avait ce jour-là quitté le pavillon des Ishiyama, les jambes grelottantes.
L’enfant de Yumi et Ulrich était né dans la nuit du 21 au 22. Un jour et demi après qu’Aelita ait perdu son enfant. Ulrich leur avait envoyé un mail très bref. Jérémie, Odd et Aelita avait été averti que le cocon familial originel des Ishiyama était situé dans une région paumée du Japon et que la communication serait ténue. Ulrich leur avait donc proposé cette date pour un rancard informatique.
Il tint parole, puisque, au moment où Aelita détourna tristement ses yeux de l’horloge pour rejoindre Odd sur l’ordinateur, la petite sonnerie de Skype résonna dans l’Ermitage, tandis qu’un petit téléphone s’excitait à l’écran. Odd cliqua
La connexion entre la France et le Japon pris une dizaine de seconde. Pesante. Bientôt, le visage d’Ulrich apparut à l’écran. Odd et Aelita rayonnèrent.
- 5 jours, reprit alors le facétieux de plus belle. C’est le temps que tu nous as fait poireauter. Tout ça pour ton têtard de 3kg9. Une photo par mail, ça t’aurai tué ? Je sais même pas si il a les yeux bridés. M’enfin, il peut avoir des yeux de crapauds, tant qu’il hérite pas de votre caractère gothique à toi et Yumi… Parce que faire languir vos meilleurs amis pendant tout ce temps… La Terre a eu le temps de faire cinq fois le tour d’elle-même. C’est rien après tout !
L’agacement se dessinait lentement sur le front d’Ulrich tandis qu’Odd prolongeait son élégie piteuse. Il regarda derrière lui. Yumi apparut soudain, portant l’enfant dans ses bras. Suite à cette apparition, Odd se tut, bouche bée. Aelita put prendre la parole.
- Il est magnifique. Félicitations à vous deux ! Comment s’appelle-t-il ?
Aelita savait combien Ulrich et Yumi avaient dû se sentir mal en apprenant la nouvelle de sa fausse couche. Elle ne voulait pas leur permettre de s’imaginer coupable d’être heureux. Cette naissance était la bonne nouvelle qu’il fallait pour effacer la mauvaise…
- On l’a appelé Augustin. C’est le nom d’un des moines qui a évangélisé le Japon. Ainsi, il a un prénom équivalent en Japonais !
- QUOI ! Hurla Odd. Mais on avait décidé de l’appeler Odd !
- TU avais décidé, soupira Ulrich. Pourquoi même à 10 000 kilomètres de moi, j’ai envie de t’en coller une…
- Ouais bah, vous auriez pu l’appeler William, en hommage à son père…
Ce petit pic gratuit – Un des favoris d’Odd depuis 9 mois – transforma sa bouche en une large banane reliant ses oreilles. Aelita lui jeta un regard réprobateur. Ulrich serra les poings derrière la webcam.
- Espèce de…
- Ta gueule Odd… Lâcha Yumi, blasée. Je suis encore trop fatiguée pour supporter tes surdoses de conneries…
Les deux filles et le blondinet ricanèrent. Cela ne suffit pas à calmer l’Ulrich fulminant qui côtoyait Yumi. Cette dernière fronça alors les sourcils et questionna :
- Mais… Où est Jérémie… Il est pas là ?
Le silence tomba quelques secondes. Aelita se souvint alors de son inquiétude. Jérémie se comportait bizarrement depuis l’accouchement. Il rentrait tard, sous des prétextes bidons. Il s’enfermait de longues heures dans son bureau. Il cherchait des vieux dossiers dans des cartons, en prétendant vouloir faire un peu de rangement.
Pourtant ce soir-là, il aurait dû être là. Ce n’était pas son genre de rater les retrouvailles entre amis… De surcroit, Aelita savait que son mari s’était inquiété pour l’enfant de Yumi. Ils n’avaient plus parlé du dénouement tragique de l’accouchement. Mais Aelita n’était pas bête. Elle savait que Jérémie soupçonnait Lyoko d’être à l’origine du mal. Elle se doutait bien que Jérémie était donc très inquiet pour Yumi, elle-aussi enceinte. Après tout, il n’avait pas pu retenir un long souffle de soulagement lorsqu’il avait appris que l’accouchement de la japonaise s’était bien déroulé…
En prenant tout cela en compte, Aelita s’était vraiment dit que ce soir-là, Jérémie rentrerait à l’heure pour vérifier, de visu, que l’enfant allait bien… Au moins ce soir là…
La porte d’entrée s’ouvrit promptement tandis qu’un courant d’air froid lécha quelques secondes les mollets d’Odd et Aelita. Jérémie fit irruption dans le salon.
- Pwah ! Les embouteillages ! Quelle misère ! Désolé pour le retard, ca va tout le monde ? Allez, faites moi voir ce bébé !
Il prit place à leurs côté devant l’ordinateur, sans plus d’explications.
Les embouteillages ? Mon œil. Aelita n’était pas dupe. Jérémie était occupé ailleurs… Pourtant, ce n’est pas Jérémie qu’Aelita fixait… C’était Odd. Au moment où Yumi avait posé sa question, il aurait, en temps normal, décocher une blague sur le retard de Jérémie. XANA, une call-girl fan des grosses têtes, une rupture d’anévrisme pour surcharge intellectuelle. N’importe quelle ânerie aurait été la bienvenue pour faire rire la galerie à propos de ce retard… Il n’en avait rien été.
De plus, dès que Jérémie était arrivé, Odd l’avait fixé, avec un regard très sérieux, comme pour essayer d’obtenir une réponse tacite de Jérémie, sur … quelque chose.
Odd continuait à fixer Jérémie avec cet air mi-soucieux, mi-inquisiteur, tandis que le professeur d’Université parlait avec Yumi et Ulrich. Il remarqua soudain qu’Aelita avait décelé quelque chose. Il lui adressa alors un sourire qui parut aussi bête que forcé. Et il se détourna, reprenant le fil de la conversation…
« Il me cache quelque chose… ILS me cachent quelque chose… »
La quête de Jérémie #01
Jérémie faisait face au professeur Hopper… Ce dernier le toisa de haut en bas, avec un regard sévère… à la fois condamnant et jaugeant… Le petit adolescent se sentit soudain très petit face à cet inquiétant quinquagénaire. Sa gorge s’était nouée suite à ce que lui avait révélé le professeur… Jérémie se décida finalement à ouvrir la bouche pour demander :
- Quel genre de complications ?
- Dégénérescence cellulaire…
La voix du professeur était sortie grave et inquiète. Mais cette fois-ci, ce n’était pas tellement le regard du professeur qui mit Jérémie mal à l’aise. Ce fut celui d’Aelita, d’Odd, d’Ulrich et de Yumi. Leurs yeux fixaient Jérémie. Il y cohabitait des lueurs de surprise, de peur et… … de reproche.
23 mars 2019, 2H00 du matin
Jérémie émergea alors de sa rêverie, assis sur le bureau de sa pièce de travail, où la lumière survivait autour de la flamme agonisante de quelques chandelles. Il était adulte désormais. Son front présentait les premières traces de rides héritées d’une existence de labeur. Dans ses pensées, Jérémie s’était égaré sur le souvenir du professeur Hopper. Belpois n’avait jamais connu son beau-père. Il ne l’avait vu en chair et en os qu’en une seule occasion : Quand XANA avait créé un spectre prenant les traits du professeur. Une attaque visant à leur faire croire que la virtualisation était dangereuse, afin de monter les Lyoko-guerriers contre Jérémie et de l’isoler. L’Intelligence artificielle avait finement monté son coup. Rejeté par ceux qu’il considérait comme sa famille, Jérémie avait failli changer d’école. XANA… Une de ses plus brillantes attaques… Après coup, Jérémie avait finalement découvert que la dégénérescence cellulaire prétendue de Yumi n’était qu’une fadaise. Aussi, il avait reçu moult excuses de la part de ses amis, pour avoir douté de lui…
Cela devait faire plus de 18 ans maintenant… Jérémie ne l’avait jamais dit, même à Aelita, or il lui arrivait de repenser à cette journée. L’hostilité d’Ulrich, la froideur de Yumi, l’indignation d’Odd. Ces trois cicatrices ne s’étaient jamais refermées totalement. Bien qu’il fît bonne figure, Jérémie en ressentait encore le goût amer.
Oui… C’était décidément de loin la plus somptueuse attaque de XANA, en termes d’intellect bien sûr… Et celle dont Jérémie avait le plus souffert. Fermant ce souvenir, Jérémie pris son feutre noir et approcha du tableau blanc de son bureau. Il tira deux tirets en haut à gauche du champ vide. A droite du premier tiret, il marqua :
« Conséquences des multiples expositions au processus de virtualisation ».
Quelle ironie… Voilà que l’argument fantoche utilisé par XANA pour apeurer le groupe devenait sa principale piste de recherche sur le mal qui habitait son épouse… A droite du second tiret, il nota sa seconde hypothèse.
« Complication due à l’extraction par XANA et la restitution par Franz Hopper du chaînon manquant d’Aelita, dans Lyoko ».
C’était ses deux axes de recherche principaux. Evidemment, chacune d’elle se subdivisait ensuite en plusieurs possibilités. Une voix s’éleva derrière lui, menaçante :
« Ne creuse pas trop loin dans le passé… Qui sait ce que tu pourrais déterrer. »
Jérémie eut un frisson et se retourna. Odd. Il était sans doute rentré quand Jérémie, les yeux fermés, était plongé dans son souvenir.
- Encore une réplique de film… Le Supercalculateur n’était pas fou quand il t’a fichu en gros chat violet sur Lyoko. Tu as la discrétion caractéristique de ces bestioles.
- A pas de chats, ricana Odd… Peut-être oui… Mais, cher ami, gardons-nous de parler de nos apparences virtuelles respectives… Veux-tu ?
Jérémie grimaça tandis qu’Odd lui tirait amicalement la langue. Odd s’approcha et se vautra dans un pouf. Cependant, en dépit de sa tenue négligente, il regarda le tableau de Jérémie avec un grand sérieux. Il sembla vouloir poser une question. Jérémie s’assura qu’il avait refermé la porte du bureau derrière lui. Il ne voulait pas qu’Aelita sache… Pas tout de suite.
- C’est au sujet de … la grossesse ? S’enquit-il.
- Ce n’est plus une grossesse, Odd. C’est une fausse couche. Employer des euphémismes ne m’aidera pas. Appelle... Appelle un gros chat violet un gros chat violet.
Odd eut une mine désolée.
- Et que répond le petit lutin vert métrosexuel au gros chat violet… quand le gros chat violet lui demande ce qui est arrivée à l’elfe rose… ?
- Certains… éléments me font penser que ce qui est arrivé à Aelita n’est pas naturel. J’imagine qu’elle t’en a parlé…
- Un peu, confessa Odd. Elle est moins renfermée que toi. Mais si tu ne veux pas m’en parler, je comprendrai.
- Non. T’avoir m’aidera. J’aime réfléchir à voix haute…
- Quel honneur !
- Par contre, tu gardes tes conneries et tes remarques désinvoltes ! Promis ?
- Promis, assura Odd. Alors qu’est-ce qu’il se passe ?
- Si je le savais… Soupira le génie. Des deux pistes que j’ai écrites au tableau, celle de la virtualisation me semblait être la seule logique et probable… Mais…
- Mais le mail de tout à l’heure la fait tomber à l’autre.
Le regard de Jérémie passa par-dessus ses lunettes. Il ne s’attendait pas à tant de présence d’esprit de la part d’Odd. Les deux amis et Aelita avaient, en effet, reçu quelques heures plus tôt un mail de la part de Yumi et Ulrich au Japon. L’accouchement s’était bien passé, l’enfant allait bien. Il leur donnait en outre rendez-vous cinq jours plus tard pour une conversation Skype. Cette nouvelle avait bouleversé Jérémie…
En bien d’une part. Il s’était tellement inquiété que Yumi subisse le même sort qu’Aelita. En mal d’autre part. Sa théorie sur l’effet néfaste de la virtualisation, comme Odd l’avait deviné, tombait à l’eau. Yumi avait subi suffisamment de virtualisation pour présenter les mêmes symptômes qu’Aelita. La virtualisation n’affectait donc pas les fonctions reproductrices des femmes. Celle des hommes non plus…
Le professeur de physique quantique traversa la pièce de long en large deux ou trois fois. Puis il expliqua, en traçant un large trait sur la première ligne du tableau :
- Tu as raison. La thèse de la virtualisation semble caduque… Pour l’instant. L’hypothèse la plus probable est donc que le problème vienne du chainon manquant d’Aelita. Celui qui a été arraché à Aelita par XANA. Puis rendu par son père.
- Donc, il te reste une théorie… C’est plutôt encourageant ?
- Absolument pas. Rétorqua Jérémie. Tout ça… Cela s’est passé sur Lyoko. Il y a plus d’une décennie. Je n’ai aucune donnée là-dessus. Aucun élément. Sauf…
- Sauf ?
- Le Journal de Franz Hopper. C’est le dernier endroit où je peux trouver des informations là-dessus… En espérant qu’il y ait tenu un compte-rendu complet de ses recherches…
- Attends… Coupa Della Robbia. Le Journal d’Hopper. On l’a déjà utilisé. C’est le jour où j’ai failli crever noyé ! Franz Hopper l’avait décrypté pour nous.
- Une partie seulement, sourit Jérémie.
Il s’approcha de son ordinateur et secoua la souris. L’écran de veille se dissipa. Il opéra alors quelques clics. Puis il se tourna vers son ami et entama un monologue :
- Franz Hopper n’avait pas décrypté la totalité de son journal. Cela demandait beaucoup d’énergie, sans doute. Le Journal d’Hopper est composé de 6 parties. Hopper n’avait décrypté que la dernière : La sixième. Il s’agit de celle qui traitait de la toute fin de sa vie. Quand il vivait seul à l’Ermitage avec Aelita. Ses dernières années de travail sur le Supercalculateur, Lyoko, XANA. Jusqu’au jour où les hommes en noir l’ont délogé de l’Ermitage. En bref, la partie de sa vie dont je vous avais montré des extraits en vidéo. Et en y réfléchissant, c’est logique.
- Pourquoi ?
- Parce que la partie 6 est sans doute la seule qui traite du Supercalculateur tel qu’on l’a connu. Les parties d’avant racontent certainement ses premières expériences. Ses prototypes et j’en passe. Cependant, j’ai bon espoir d’y trouver tout de même des réponses !
- Dans ce cas, qu’attends-tu ? S’enthousiasma Odd.
- Bah… Les 5 premières parties du journal ne sont toujours pas décryptées… J’avais attaqué à bosser sur la premières quand XANA était dans le Réseau. J’ai presque fini de la débloquer mais ça va arriver sous peu. En revanche, pour les 4 suivantes, ce n’est pas avec ce pauvre ordinateur que j’arriverai à quelque chose…
Le silence tomba. Jérémie se remit à pianoter sur son clavier. Odd réfléchit un moment. Une fois sa joie retombée, certaines idées lui parurent plus claires. Il approcha de Jérémie et lui posa la main sur l’épaule, l’air désolé. Il murmura
- Hey mec… On parle de la santé d’Aelita, là… Si il y avait eu dans les autres morceaux du Journal un truc qui aurait permis à Aelita d’aller mieux, je pense pas que son vieux se serait privé de nous le révéler… Franz Hopper nous a toujours aidé. Il est mort pour sa fille. C’était pas le genre à nous cacher des trucs…
Jérémie parut agacé par cette vérité. Il constata simplement :
- Ma foi. J’en saurai déjà plus quand j’aurai vu la première partie du Journal. Tu restes la voir avec moi ? J’ai presque fini.
- Désolé, vieux. Bailla Odd. La fatigue me prend et je ne vais sans doute pas comprendre un dixième de ce que le vieux Hopper aura à te raconter. Tu me raconteras demain.
Odd prit congé, allant dans la chambre d’ami. Jérémie redoubla d’effort pour accéder à la première partie du journal. Heureusement qu’il avait fait le plus gros du travail à l’époque… Sur le Supercalculateur. Un ordinateur normal n’aurait décidément pas été à la hauteur pour le décryptage.
Jérémie ressassait néanmoins ce qu’Odd lui avait dit…
« Si il y avait eu dans les autres morceaux du Journal un truc qui aurait permis à Aelita d’aller mieux, je pense pas que son vieux se serait privé de nous le révéler… »
« C’était pas le genre à nous cacher des trucs… »
C’était hélas vrai… Franz Hopper n’était pas du genre à cacher des trucs à propos de sa fille adorée…
Le journal s’ouvrit, révélant une séquence de fichiers. Jérémie se plongea à l’intérieur ! Pour mieux se concentrer, il éteignit la dernière chandelle de la pièce.
Cette lumière abattue, la nuit tomba sur l’Ermitage et la forêt qui l’entourait.
Les mémoires du professeur Hopper #01
La forêt, de nuit, est un lieu inquiétant. L’obscurité est absolue, le noir vous entoure. Les minces rayons de Lune qui souhaiteraient vous éclairer sont impitoyablement stoppés par la frondaison des arbres. Mais ce n’est pas tant l’obscurité qui est inquiétante, c’est le total silence qui vous encercle. La combinaison des deux crée un vaste espace d’inconnu où l’on ne sait ni où l’on va, ni ce qui nous entoure. Cette nuit, pourtant, bien qu’il fût trois heures du matin, la terreur nocturne était perturbée par un léger halo de lumière et des cliquetis.
La villa de l’Hermitage, perdue dans un petit bois en région parisienne était une bâtisse où il faisait bon vivre… mais où certain avait visiblement du mal à trouver le sommeil. De la porte qui donnait au sous-sol filtrait, sous le bois, un faible rayonnement et ce petit tapage parasite. Pourtant, malgré qu’ils rompaient la nuit, cette lumière et ce son semblait eux-mêmes entravés… comme s’ils venaient des profondeurs les plus enfouies de la maison. Et c’était le cas. Dans la plus profonde cave de l’Ermitage, Waldo Franz Schaeffer travaillait assidûment.
A force de faire des allers-retours entre sa cave et la cuisine où il se désaltérait chaque demi-heure, il avait fini par oublier de fermer la porte derrière lui. Ainsi, la lumière émise par le vieux néon de la pièce semi-souterraine filait dans le couloir jusqu’à la porte. Il en était de même pour le cliquetis des vis qu’il était en train de refixer. Waldo n’était pas du genre à laisser l’ouverture de la pièce béante alors qu’il travaillait mais avec la fatigue grandissait l’inattention. Son esprit étant totalement focalisé sur sa machine, il en avait délaissé la porte.
L’appareil en question était un prototype… de Supercalculateur. Cela faisait déjà plusieurs mois que Waldo l’avait terminé. Il travaillait désormais sur différents périphériques reliés à la machine, notamment un terminal… et un casque neuronal. Pourtant, ce soir là, Waldo avait soudain eu une révélation. Des révélations, Waldo en avait souvent. C’était un scientifique de génie et il avait de nombreux projets d’avenir pour lui-même. Achever le premier Supercalculateur de l’histoire de l’Humanité. Créer un monde virtuel. Créer des intelligences artificielles. Connecter l’esprit humain à la virtualité. Utiliser l’intégralité de ces découvertes pour sauver les gens, répandre la paix dans le monde et enfin le développement pour tous… Mais il manquait de puissance ! Ce soir là, Waldo venait tout juste de développer une théorie. Il avait donc, une fois n’était pas coutume, rouvert son prototype pour modifier quelques bricoles à l’intérieur et booster la puissance de la machine. A présent, c’était presque terminé et Waldo allait pouvoir tester les modifications. Et c’était ainsi qu’il resserrait nerveusement la dernière plaque de métal à l’ensemble, vis après vis, à la lumière du néon, répandant dans la pièce ces petits cliquetis qui s’entendaient jusque dans la forêt, tellement le professeur se faisait brusque.
« Voilà ! Voilà ! Voilà !!! Voyons cela ! Allez, montre moi ce que tu as dans le ventre ! Ne me déçoit pas ! »
Waldo avait la chevelure en bataille. Une barbe de 6 jours… Il était jeune… pourtant, ses cheveux étaient déjà grisonnant. Sa vénérable mère lui disait de lever le pied, ce depuis son premier cheveu blanc qu’il avait découvert à 25 ans.
« Tes recherches vont te tuer avant moi, mon fils ! Je ne veux pas avoir à vivre ça de mon vivant ». Répétait-elle souvent…
Mais rien n’y faisait, l’éducation perfectionniste et progressiste qu’elle et son époux avait donné à Waldo prévalait sur ses quelques repentances de vieille dame angoissée par la mort. Alors Waldo continuait à se déchainer, oubliant souvent de manger. Cette nuit, il ressemblait à un vieil hibou ébouriffé, tournant la tête dans tous les sens à l’affut d’une proie.
Oui, Waldo avait de grands projets… Comme la plupart des grands hommes. Cependant, contrairement à eux, Waldo était en bonne voie pour en réussir la plupart.
Le premier, son prototype de Supercalculateur était terminé depuis presque un an. Waldo savait que lorsqu’il présenterait son projet au monde entier, il serait acclamé. Il obtiendrait alors les fonds et les autorisations nécessaires : Il pourrait donner à sa machine une source d’énergie nucléaire… et plus rien ne l’arrêterait !
Le second projet était la Virtualité. Waldo l’avait terminé six mois auparavant. Quand il réenclencha sa machine, les écrans lui confirmèrent la réapparition de sa création. Quelque part, dans un Univers abstrait qu’aucun humain n’imaginait, à l’intérieur du Réseau Mondial, une petite bulle apparut. Il s’agissait d’un monde virtuel. Il était d’une proportion ridicule en comparaison de l‘immensité qui l’entourait… mais il était bien là, généré malgré la pression du courant informatique mondial. Waldo ne savait rien de tout cela. Il savait néanmoins qu’il avait créé, dans le Réseau Mondial, un petit monde autonome. Ce dernier avait l’apparence d’une pièce avec un sol plat et une demi-sphère qui lui servait de plafond. Il avait appelé cette pièce l’Arena ! Ses étaient murs bleus et son sol rayé blanc et bleu. Waldo s’était promis que ce serait la première pièce d’un puzzle beaucoup plus imposant. A partir de cette pièce, il créera une planète virtuelle tellement plus vaste, qui n’aura rien à envier à la Terre ! Au centre de l’Arena, une minuscule sphère de lumière vivotait. C’était le cœur du monde virtuel. Waldo n’avait pas connaissance de l’apparence du monde virtuel grâce à l’écran-terminal relié au Supercalculateur. A travers cette vitre, Waldo ne lisait que des lignes de langage informatique qui défilait.
C’était son troisième projet qui avait permis à Waldo de découvrir le design de la virtualité ! Un gros casque d’où sortait une multitude de câbles était posé à côté du terminal. Ces fils, ressemblant à de gros tentacules, partaient du casque en toute direction, mais se retrouvaient tous au même point : Branchés sur le Supercalculateur. Waldo enfila le casque. Il eut soudain un coup de chaud. Pas étonnant qu’il se désaltérât toutes les demi-heures. Il s’allongea à côté de sa machine et enclencha un bouton, directement sur le Supercalculateur. Une douleur lui transperça la tête aussi instantanément que violemment, comme si Waldo venait de recevoir trois coups de marteau sur le crâne, tout azimut ! Sa vue devient blanche, il eut l’impression de subir une grande chute dans le vide.
La sensation s’atténua finalement. Sans que Waldo ne touche terre. Il était à présent dans l’Arena. Du moins, le verbe être ne traduit pas réellement ce qu’il arrivait. Waldo n’avait pas de corps. Il était un esprit. Il parcourait l’Arena, comme la vue à la troisième personne dans un jeu vidéo.
Un semestre auparavant, Waldo avait réussi ce coup de génie. Le casque scannait son cerveau. Il déconnectait sa conscience de son corps, la numérisait dans le Supercalculateur et l’envoyait vers la Virtualité ! Il était le premier être humain à pénétrer là-bas. La Lune avait son Armstrong. Le Réseau Mondial avait son Schaeffer.
Waldo se concentra et son esprit s’éloigna de l’Arena. Il se réveilla dans un sursaut, sur Terre et à terre.
« J’ai réussi… La virtualisation spirituelle fonctionne toujours… Mes modifications ne l’ont pas altérée... »
Waldo aimait parler seul quand il travaillait. Cela tuait la solitude puisqu’il vivait dans l’isolement.
« Ca a été plus rapide… La sensation de déconnexion… Je l’ai ressentie beaucoup moins longtemps… Cela signifie que le Supercalculateur a scanné ma conscience beaucoup plus rapidement. Et aussi que la conversion de mon esprit réel vers un esprit virtuel s’est effectuée dans un temps moindre… Toutes ma théorie était donc fondée… J’ai réussi !! »
Waldo frissonna. Il retira brusquement son casque. Un courant d’air sur sa nuque transpirant avait provoqué le spasme. C’est ainsi que notre homme remarqua qu’il avait omis de fermer la porte. Il se leva, courut presque à la poignée et ferma la porte d’un geste violent, agacé… et un petit peu effrayé… Qu’on ait pu l’épier durant tout ce temps… Waldo retourna au terminal. Contrairement à ce que son monologue avait pu laisser croire, il se foutait d’avoir amélioré son processus déjà fonctionnel. Il lui fallait plus. Et plus vite. On n’a qu’une vie et pas assez de temps pour tout faire après tout… Non ?
Il avait déjà réussi trois de ses grands projets… Il bloquait maintenant sur le quatrième. Le savant ne s’offusquait pas qu’un projet prenne du temps… tant qu’il progressait. Mais ce nouveau défi… il bloquait dessus, depuis trop longtemps. La machine manquait de puissance… Qu’en serait-il maintenant ? Refaire les opérations habituelles prit une bonne heure. Ces opérations, Waldo les avait pourtant faites des centaines de fois, durant les deux derniers mois… sans résultat. Il fallait que cette fois-ci soit la bonne. Il avait créé la machine pour cela… Il avait créé la Virtualité pour cela… Il avait créé le processus afin de pénétrer la Virtualité pour cela…
« Il faut que ça marche » Cria-t-il.
Il enclencha le processus. Le Supercalculateur vrombit. Il ronronna très fortement. Le bruit ne s’interrompit plus. Les lignes de codes défilaient sur l’écran. Puis se stoppèrent. Le temps s’arrêta un léger instant. Aucun message d’erreur. Waldo était fébrile. Ses yeux pétillèrent de joie et s’embuèrent de larmes. Il marcha, à pas lent vers le casque. Il étendit son corps, comme le cadavre qu’il allait devenir quelques temps. L’appareil enroba très vite ses cheveux hirsutes. Après une longue inspiration, son pouce enfonça le bouton tandis que son âme était aspirée violemment dans la Virtualité. Le blanc se dissout. Il vit alors le noyau de l’Arena, flottant à sa hauteur habituel, brillant de son banal halo. Son corps avait disparu pourtant, Waldo crut sentir comme sa gorge qui se nouait. Un échec, encore… Le dépit était trop fort. Plus de travail pour ce soir. Pourtant…
« Qui êtes vous ? »
La voix avait résonné dans l’Arena. Délicate, en porcelaine, timide et neutre à la fois. S’il avait eu un corps, Waldo eût sursauté et bondit de joie. Il fit volte-face – Du moins, il commanda que son champ visuel pivote – vers l’origine de la voix. Il le vit alors, recroquevillé et blotti contre le mur de la pièce. C’était un petit être blanc. Son corps était humanoïde. Il avait l’apparence de celui d’un enfant de sept à huit ans. On discernait ses muscles. On discernait ses formes. Mais sa « chair » était d’un blanc uniforme qui n’admettait aucune ombre, même dans les plissures. Son visage, lui, n’était pas un visage. Pas d’yeux, un trait fin en guise de bouche, un nez sans narine. Des oreilles tout aussi bouchées. Pourtant, l’avatar virtuel devant Franz voyait, entendait et parlait. Franz le savait, puisqu’il l’avait programmé, de A jusqu’à Z. Deux points atypiques caractérisaient enfin la petite créature… Elle était asexuée. Et rien dans sa physionomie ne laissait deviner qu’il puisse s’agir d’un garçon ou d’une fille. En revanche, ses cheveux, eux, bénéficiait d’une jolie couleur rose… La seule chose que Franz avait pris le temps de colorer dans les lignes de programmation. L’esprit de Schaeffer approcha lentement. Par crainte, l’être virtuel se tassa un peu plus sur lui-même.
- Je suis Waldo. Je suis… Je suis ton père. Et toi, qui es-tu ?
Waldo connaissait la réponse. Il avait programmé cette chose pour qu’elle connaisse le français… et qu’elle connaisse aussi son propre nom. C’était les deux uniques savoirs dont il l’avait pour l’instant dotée.
Le fragile fœtus informatique sembla alors se détendre. Sa voix résonna dans la pièce, bien que sa bouche n’ait pas bougé d’un pouce.
- Moi. J’ai nom. Je suis… Je suis…
Elle marqua un petit temps, que Waldo ne comprit pas, puisqu’un esprit informatique aurait du répondre instantanément…
- Je suis Alpha & Omega !
Waldo s’arracha le casque de la tête. Il était sorti brusquement après que Alpha et Omega lui a répondu. Il éteignit alors le Supercalculateur. Il savait que cela plongerait la petite créature dans le coma, tandis que l’Arena disparaitrait temporairement du Réseau Mondial. Toutefois, quand il rallumerait la machine, il retrouverait son monde et sa création là où il les avait laissés, comme si lui, Waldo, n’était parti que pendant 10 secondes. Il éteignit tout élément électrique, y compris le néon qui émit un ronchonnement comme pour se plaindre d’avoir été utilisé de si longues heures. Waldo se coucha habillé. Le réveil allait sonner dans une heure, à quoi bon se dévêtir… Il ne sentait plus son corps. Il l’avait fait… Il avait créé une intelligence artificielle. Il avait créé une intelligence artificielle. Il avait créé la vie. Une chose qui, au fur et à mesure qu’il la perfectionnera, deviendra un être humain…
Le mythe de Frankenstein prenait enfin forme pour de vrai. En plus d’être le premier humain à avoir pénétrer un Univers virtuel… il venait… de créer la vie ! Lui tout seul. Il l’avait constitué de A jusqu’à Z… De l’Alpha jusqu’à l’Omega ! Il regarda le plafond et murmura :
- Salut Dieu ! Ca fait longtemps… Tu voudras bien rester mon ami si je deviens meilleur que toi ? Le silence lui répondit. L’Ermitage était désormais totalement éteint. L’obscurité absolue était donc retombée sur la forêt. Le silence aussi… Mais une dernière fois, Waldo rompit le silence. De sa chambre dans l’Ermitage, s’éleva un rire guttural, dément et tonitruant. Il dura quelques secondes et se tut. Waldo s’était endormi.
Les étudiants étaient estomaqués. Le professeur Schaeffer était réputé dans l’Université. On murmurait partout dans les couloirs qu’il était fou. Certes il l’était. On entendait aussi qu’il était un génie. C’était ô combien vrai… Ceux qui s’inscrivaient à son cours savaient pertinemment qu’ils mettaient leur semestre universitaire en péril… car la notation du professeur, d’une extrême sévérité, avait laissé bien des étudiants sur le carreau froid du rattrapage ou du redoublement. Et malgré tout, les cours du professeur Schaeffer n’avaient jamais eu à souffrir d’une carence d’effectif… Car la renommé du maître de conférence était telle que son cours était un rite de passage. Pour beaucoup, réussir à suivre le cours du professeur et obtenir la moyenne à son module était un signe distinctif de l’élite. Les rares étudiants qui y parvenaient seraient promis à de longues et prometteuses carrière.
C’est ainsi qu’en cette journée du mois d’octobre 1972, une cinquantaine de thésards en herbe s’accrochaient à leur stylo pour ne pas décrocher. Les cours de physique quantique avaient déjà commencé depuis un mois. Chaque étudiant de l’amphithéâtre savait pertinemment que suivre était difficile. Pourtant, d’ordinaire, le professeur Schaeffer était plutôt du genre à être posé dans ses explications. Pointu, brillant, d’un niveau intellectuel supérieur… mais calme, méthodique et précis. Il n’en était rien aujourd’hui. Abandonnant le confort du fauteuil de la chaire, traversant les travées de l’amphithéâtre dans tous les sens, Schaeffer parcourait la salle en déblatérant son cours à une vitesse prodigieuse. Les doigts de ses apprenants étaient endoloris d’écrire si rapidement. Aucun étudiant ne parvenait à prendre des notes, tout en comprenant les explications. Certains avaient même jeté l’éponge, posant leur plume et se contentant de prêter l’oreille le plus attentivement possible.
A mesure qu’il parlait des Supercalculateurs, le professeur se perdit dans des théories qui parurent extrapolées à son auditoire. Il entama en disant qu’une machine suffisamment perfectionnée et assez puissante pourrait, potentiellement, scanner le cerveau d’un être humain et en retenir l’intégralité des données. Ainsi pourrait-on transférer un esprit humain dans la virtualité.
- Tu penses qu’il fume de l’herbe ?
Jonathan s’était penché vers Kelly pour lui poser cette question hors-de-propos. Kelly focalisait son attitude du mieux qu’elle pouvait sur Schaeffer mais ne put s’empêcher de lâcher un petit ricanement. Elle se laissa donc à lui susurrer :
- A ce stade, il a dépassé la Marie-Jeanne. Il a attaqué les champignons.
Un troisième étudiant se tourna vers eux avec une théorie d’un autre genre :
- Ou peut-être que hier soir, sa femme lui a fait une gâterie et qu’il n’arrive pas à redescendre du 7ème ciel des sphères de l’informatique quantique. Tout trois ricanèrent silencieusement. Kelly ne put s’empêcher de rougir un peu, tant ce laisser-aller comportemental, en plein cours magistral, allait en contrecourant de l’éducation rigoriste qu’elle avait reçu. Et la voix glaciale qui s’éleva à un mètre d’eux n’arrangea rien à son malaise.
- Fermez-la.
Les trois étudiants, pris de court, jetèrent un furtif regard à la femme qui les avait invectivés. Elle n’était pas une étudiante habituelle du cours. Elle aurait pu cependant puisqu’elle n’était guère plus âgée qu’eux. Elle était entrée au début du cours et s’était installée dans le couloir le plus à gauche de l’amphithéâtre. Elle n’avait pas pris de siège. Elle ne s’était pas non plus embarrassée de prendre des notes. Elle avait simplement écouté le professeur, plantée debout durant les deux heures du cours, sans bouger d’un millimètre dans une posture presque militaire. Cette étrange individu leur adressa un regard dédaigneux et lança pour elle-même :
- Mai 68 passe par là et on se met à entendre parler de drogues et de fesses jusque dans les Universités. Ce pays va bien mal si son élite ne se compose plus que de merdeux excités davantage enclins à se dévergonder qu’à viser l’excellence.
Les trois étudiants baissèrent la tête, penauds. Kelly se demanda qui elle pouvait être. Elle regarda de l’autre côté de l’amphithéâtre. Dans la travée de droite, également dans l’escalier mais assise sur les marches, il y avait une autre nouvelle venue au cours. Celle-ci, en revanche, était blonde. Elle n’avait pas pris de notes non plus, bien qu’elle eût écouté l’intégralité du cours, buvant les paroles du professeur. Le cours de Schaeffer approchait de son terminus. Il lança donc sa conclusion d’une voix tonitruante à travers l’amphithéâtre :
- Ainsi, si vous suivez mon résonnement et qu’on pousse ma logique à l’extrême, on réalise qu’avec la technologie nécessaire et l’ajout d’une source d’énergie extrêmement puissante, de type nucléaire par exemple, les potentialités de notre sujet d’étude deviennent exponentielles et même quasi infinies. L’une des théories les plus notables consisteraient à dire qu’on obtiendrait là un moyen de fléchir l’espace-temps !
Les étudiants sortirent, dubitatifs… Murmurant entre eux. Le professeur, irrité de ne pas avoir déclenché un tonnerre d’applaudissement avec cette tirade finale avait regagné son bureau et rangeait ses notes, dont il n’avait pas eu besoin.
La jeune femme blonde qui était restée assise dans l’escalier de droite de l’amphithéâtre vint à lui. Dans l’effervescence de son cours, Waldo n’avait pas remarqué à quel point elle était belle. Il sentit son cœur s’accélérer, ce qui l’agaça au plus haut point. Depuis son adolescence, Waldo avait toujours été plus à l’aise avec les choses du savoir qu’avec l’émotionnel.
- Madame.
- Professeur, rectifia-t-elle.
Schaeffer réévalua la charmante blonde. Ne jamais penser qu’une femme séduisante ne puisse être en plus intelligente.
- Je viens d’arriver à l’Université, suite à une mutation. Je suis également docteur en physique quantique. Votre réputation vous a précédé et je voulais assister à un de vos cours pour me faire une idée, le moins que je puisse dire, c’est que je ne suis pas déçue.
Waldo sourit, flatté. Enfin une personne qui appréciait son génie et mesurait l’ampleur de son savoir…
- Enfin… Reprit la jeune blonde. Je vous aurais bien proposé d’en parler plus longuement, mais je vous prends un peu au dépourvu et j’imagine qu’en tant que collègues, nous aurons désormais l’occasion de nous croiser très souvent… Je vous dis donc à très bientôt…
La jeune femme sembla attendre une réponse, vocale, mais Waldo ne trouva rien à dire et sourit en lui adressant un léger hochement de tête affirmatif. Elle s’éloigna un peu déçue. Waldo se demanda comment il pouvait être aussi brillant en physique et aussi gauche en relation humaine. Tandis qu’elle prenait le large, il la héla soudain :
- Waldo !
- Pardon ? Répondit-elle en se retournant.
- Vous… vous m’avez appelé : Professeur. Nous sommes collègues… Je … Mon prénom est Waldo.
Elle sourit. Cela ne la rendit que plus sublime. Elle répondit :
- Anthéa… Anthéa Hopper…
Et elle prit la porte. Après un petit soupir, Waldo Schaeffer s’apprêtait à sortir de la salle. C’est alors qu’une autre personne l’interpela. Le professeur la remit tout de suite : Il s’agissait de l’autre femme de l’escalier, celui de gauche, qui était restée debout durant tout son cours. Elle s’approcha d’un pas léger et prudent et lui tendit une carte.
- Bonjour Professeur. Je suis, avec certains de mes collaborateurs, depuis quelques temps, vos recherches. Nous trouvons vos théories passionnantes et je souhaiterais en parler avec vous… Si vous acceptez de prendre un rendez-vous avec moi… Nous serions près, entre autre, à financer vos travaux… très généreusement ! Waldo Schaeffer fut un peu pris de court. Il saisit la carte avec les coordonnées de son interlocutrice et la retourna. Il découvrit alors un logo inconnu en même temps que la femme concluait d’une voix mielleuse …
« Oh mais où avais-je la tête… Je me nomme Dido. »
Jérémie éteignit l’ordinateur.
Il était estomaqué. Il n’avait rien appris de constructif sur le problème de son épouse. Mais… Qui était cet être ? Alpha & Omega. Pourquoi avait-il les cheveux roses ? Et Anthéa. Aelita lui avait toujours dit qu’elle tenait ses cheveux roses de sa mère. Sa mère était blonde… Aelita aurait elle des souvenirs inexacts…
Jérémie ne pouvait en rester là. Il devait découvrir ce qu’il était advenu d’Alpha et d’Omega… Aelita l’avait-elle rencontré, la première fois qu’elle s’était virtualisée ? Quel allait devenir la fonctionnalité de ce programme, sur Lyoko ?
Mais pour voir le reste du journal, il devrait descendre dans le troisième sous-sol d’une usine, sous une rivière…
Vouala vouala.
C'était le premier chapitre. Si le prologue sert à donner envie, le premier chapitre pose les bases. J'espère qu'il n'a pas été trop longuet...
Inscrit le: 11 Aoû 2013 Messages: 305 Localisation: Lisieux, France
Bon, ce chapitre mérite d'être commenté avant que j'aille m'endormir.
J'ai souvent l'éloge facile; quand ça me plait je n'hésite pas à le dire, mais alors là, je suis juste jaloux!
Bon je vais passer sur le style: très bien écrit, quasiment aucune faute.
Le caractère des personnages est respecté, ça fait plaisir. Par contre ça m'étonne le fait que la mère de Yumi soit "sévère", elle ne me donne pas cette impression dans Code Lyoko. On n'a pas la réaction des parents d'Ulrich, je pense que ça aurait pu être intéressant aussi, bien que ça soit secondaire. Tu dis qu'Odd n'a pas de famille, mais avec la flopée de sœurs et les parents excentriques qu'il a, c'est un peu étonnant de dire ça... A moins qu'ils ne soient tous morts dans un tragique accident de voiture ?
Le scénario promet d'être intense et riche en rebondissements. On apprend tellement de choses en un seul chapitre, je crois que les mecs du DA seraient jaloux!
Anthéa blonde ? Ça casse le mythe
Ou alors, Waldo va faire des expériences sur elle et réussir à rendre ses cheveux roses! Ou alors il va fusionner Anthéa avec l'Alpha & l'Omega (Comment ça je raconte des conneries ?)
On a enfin l'explication du titre, c'est bien aussi ça.
Bref, tu viens de lire le commentaire d'un lecteur ultra enthousiasmé. J'attends avec impatience le prochain chapitre, ça promet d'être génial _________________
Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
Charles Baudelaire
Inscrit le: 17 Mar 2013 Messages: 7 Localisation: Chez moi --> (Enfer)
je trouve ta fic orignal et génial, le prologue m'avais donné envie et ce premier chapitre me donne déjà envie d'une suite !
Pour le premier chapitre:
Odd n'a pas de famille le pauvre ils sont passés ou c'est parent et c'est sœur ?
J'ai bien aimé la petite discutions sur skype (par contre pour les parents de Yumi qui ont donné leur bénédiction, j'aurrais plutôt penser à l'inverse le père de Yumi a l'air plus sévère que ça mère dans code lyoko) j'ai aussi aimer le moment ou Jérémie et rentré et qu'Odd n'arrêté pas de le fixé.
La partie que je préfère c'est quand Odd (oui encore Odd ) arrive derrière Jérémie et le surprend et qu'il lui dit ensuite que Le Supercalculateur n'était pas fou quand il la mit en chat.
voilà j'ai hâte de voir le prochain chapitre je te souhaite bonne chance pour la suites !
Inscrit le: 27 Mar 2012 Messages: 1490 Localisation: Thugland
'Vache !
C'est excellent, tout simplement. Tu as un style génial, complet. Les fautes d'orthographe sont rares et s'apparentent plutôt à de l’inattention. Côté scénario, on touche à la backstory. JE ne peux qu'aimer ^^.
Je vais suivre ta fiction avec un grand plaisir, c'est une superbe découverte.
J'espère poster un truc plus constructif, la prochaine fois. Je suis un peu pris pas le temps mais je voulais quand même te dire que j'adorais ta fiction ^_^. _________________
« L'avenir, je vois comment qu'y sera... Ça sera comme
une partouze qui n'en finira plus... Et avec du cinéma
entre... Y a qu'à voir comment que c'est déjà... »
Céline, Voyage au bout de la nuitr
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
J'ai terminé de lire ton prologue et ton chapitre. Je n'ai qu'une seule chose à dire : c'est du beau boulot.
Ton style d'écriture est magnifique. C'est fluide, tes lignes se dévorent facilement, on est très vite entraîné dans l'histoire. Tes descriptions sont elles aussi magnifiques.
Le scénario donc. Tu abordes le futur de nos héros et tu en profites pour faire remonter à la surface la back-ground de la série. C'est extrêmement intéressant en plus d'être original. Si l'on ajoute à cela ton style génial et ta capacité superbe à nous maintenir en haleine tout le long du récit, je ne peux qu'adhérer.
J'aime être surpris lorsque je lis une histoire, et pour le moment, ton originalité me plaît énormément.
Dans ce premier chapitre, j'ai eu un coup de cœur pour la scène nocturne où Waldo bricole dans sa cave. Le côté tendu qui s'en dégage m'a vraiment plu.
Citation:
Un gros casque d’où sortait une multitude de câbles était posé à côté du terminal. Ces fils, ressemblant à de gros tentacules, partaient du casque en toute direction, mais se retrouvaient tous au même point
Ce passage m'a amusé j'avoue, dans le sens où j'use moi-même d'un casque comme celui-ci dans ma propre fic pour la virtualisation. Les grands esprits se rencontrent on dirait =3 *Zéphyr sort*.
D'ordinaire, mes commentaires sont bien plus long que ça, mais je ne trouve rien à redire sur ta fic. Elle est superbement menée et j'ai vraiment hâte de lire les chapitres suivants . _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Alors, tout d'abord Nyx !
Merci beaucoup pour ton assiduité ! Alors en effet, pas de réaction des parents d'Ulrich. Ma fic est assez rapide et assez centré sur l'intrigue. Du coup, il y a multitude de truc que j'aurai pu développer sur lesquels je ne m'étend pas. Le métier d'Odd, les parents d'Ulrich, ceux de Jérémie, comment Jérémie et Aelita ont fait pour récupérer l'Ermitage. Etc... etc...
Dans une fiction qui se passe 10 ans après, on peut toujours développer des centaines de trucs et dresser un tableau complet, mais ce n'est vraiment pas mon objectif. Sinon ça va "dissoudre" l'intrigue au milieu du reste et ce n'est pas le but. Quand j'ai un truc que j'ai envie d'écrire en dehors de l'intrigue, je le fais, mais sinon je ne vais pas chercher trop loin. Ce n'est pas l'objectif.
En ce qui concerne les parents de Yumi, je trouve leur réaction assez logique. Les pères ont plutôt tendance à être chiant au début (Genre on vole l'innocence de ma fille tout ça) et à se relaxer une fois que la fille est posée avec un mec.
A l'inverse, les mères pensent parfois que jeunesse doit se faire... mais son très exigeante quant à tout ce qui touche au mariage. Car elle voit ça comme un engagement important.
Les cheveux blonds d'Anthéa ne sont en effet pas anodins =P
Merci pour tes encouragements et de commenter ma fic à chaque chapitre ! Ca me motive ! J'espère que ce chapitre te plaira aussi.
@Vaan
Même remarque que précédemment pour les parents de Yumi. Merci pour ton commentaire ! Je suis content que mon interprétation des personnages te plaise.
@ Café Noir
Un commentaire du grand rédac en chef, merci merci hihi.
Bon bah, j'attends ton commentaire plus détaillé alors, pour te faire une réponse qui sera aussi plus détaillée ! Content que ça te plaise.
@ Zéphyr
Je suis content que l'originalité de l'intrigue te plaise ! EN ce qui concerne le casque neuronal, je m'en suis surtout inspiré de l'épisode 38 mais aussi des Code Lyoko Chronicles, si tu connais. Il y en a un à Bruxelles. Les héros se virtualise avec dans un prototype de Lyoko.
Merci de suivre ma fic. Ca fait deux membres du mag, c'est un honneur ^o^
J'espère te garder à mes côtés durant le récit.
Trêve de palâbre : Place au 2ème chapitre : La pyramide de Maslow.
Spoiler
Chapitre 2 - La pyramide de Maslow
La quête de Jérémie #01
25 mars 2019
Jérémie avait mis une journée à se remettre de la découverte d’Alpha & Omega. Quelque chose le dérangeait. Ce n’était pas une certitude. Ce n’était rien de rationnel. C’était quelque chose de viscéral. D’émotionnel… Et Jérémie n’aimait pas l’émotionnel. Dès lors, il se demandait pourquoi, à chaque fois qu’il pensait à ce nom, « Alpha & Omega », il sentait ses entrailles remuer au plus profond de lui. Cela ne lui ressemblait pas.
La journée du 24 mars avait été consacrée au rattrapage du retard qu’il avait pris dans son travail universitaire. Il est certains métiers où même la grossesse ratée de votre épouse ne vous laisse pas réellement de répit. Encore moins le temps pour un congé. L’emploi de Jérémie en faisait partie.
Il était 11 heures du matin. Jérémie rentrait de quelques petites courses. Aelita dormait encore. Il rangea discrètement les vivres dans le frigo et les placards. Puis, il fit ce qu’il faisait le mieux : Il grimpa quatre à quatre les marches de l’escalier et se barricada dans son bureau.
Il se tourna vers le tableau blanc. Comme à chaque fois qu’il laissait un travail en plan, Jérémie devait commencer par faire le point sur tout ce qu’il avait découvert. Il saisit donc le marqueur noir et se mit à écrire, jusqu’à ce que le tableau soit plein. Il recula d’un pas et contempla :
En haut, les deux hypothèses de Jérémie concernant le mal d’Aelita.
Au milieu, le nom qu’Hopper avait donné à chacune des parties de son journal.
En bas, les hypothèses de Jérémie à propos d’Alpha&Omega.
C’était une pyramide. Pour comprendre ce qu’avait Aelita, son mari avait ouvert le journal de Hopper. En ouvrant le journal d’Hopper, Jérémie avait découvert l’être virtuel…
A présent, pour comprendre qui était cet être, Jérémie devait explorer plus loin le journal… et cela lui permettrait sans doute de comprendre ce dont souffrait Aelita. La boucle serait bouclée comme on dit…
Pourtant…
Jérémie était réticent à l’idée d’aller plus loin dans le journal d’Hopper. Cela impliquait de rallumer le Supercalculateur. Et indépendamment de cela, son malaise était persistant.
Le génial professeur décida d’explorer une autre piste.
Anthéa Hopper venait de faire irruption dans le journal. La mère d’Aelita. Contrairement à ce que sa femme lui avait rapporté, la dame avait les cheveux blonds… et non roses. Jérémie réalisa alors qu’un élément évident était sous ses yeux. Et qu’il avait omis de le voir…
Les cheveux roses d’Aelita. Bien entendu, il ne s’en était jamais soucié auparavant. La première fois qu’Aelita était apparue sur Terre, Jérémie la croyait issue d’un monde virtuel… La présence de cette… anomalie était donc logique…
Quand Aelita avait recouvré la mémoire et le souvenir de son humanité, elle avait rapporté à Jérémie que l’étrange couleur de sa chevelure lui venait de sa mère. Aucune raison de s’alarmer par conséquent. Mais Anthéa était blonde… La couleur de cheveu de sa femme devenait donc un nouvel élément à prendre en compte… Probablement le médecin de l’hôpital l’avait-il prise pour une teinture. Sans quoi, ils auraient sans doute posé des questions…
Jérémie pensa alors qu’il était regrettable que son fœtus n’ait pas survécu quelques temps, afin de voir si jamais ses premiers cheveux avaient été roses…
- C’est morbide… Murmura Jérémie pour lui-même…
Il s’installa sur son ordinateur. La barre de recherche de son moteur personnel s’afficha. Les touches du clavier résonnèrent en une légère mélodie à travers la pièce, tandis que dans l’espace vierge de l’ordinateur, les lettres s’assemblaient.
« anthea hopper »
Et les recherches débutèrent. Jérémie avait, depuis de longues années, épuisé toutes les pistes de recherche d’internet à propos du professeur Hopper. Il n’avait cependant jamais approfondi la piste sur la mère d’Aelita.
Pour tout dire, le couple Belpois ignorait même ce qu’elle était advenue. Ils ignoraient si elle avait fait partie du projet Carthage. Ils ne savaient même pas si elle avait été au fait que son mari avait pris part à ce dangereux projet d’état. Avait-elle été surprise quand des hommes en noir était venus l’arracher à sa fille, dans ce chalet en Suisse… ? Il était temps d’en être sûr. Et pour cela, le Supercalculateur n’était pas nécessaire.
Plusieurs heures passèrent. Jérémie faisait chou blanc. L’énervement commençait à le prendre. Il décida de passer la vitesse supérieure et de sortir des sentiers battus. Après quelques manipulations, les requêtes qu’il lançait sortirent des chemins de la légalité. La recherche de Jérémie s’étendit rapidement aux espaces protégés du Net : Vie privée, sections de site invisibles, secrets d’Etat… Bientôt, plus rien ne résisterait aux investigations de Jérémie.
Le roi des hackers s’apprêtait à devoir bientôt affronter les systèmes de défense d’institution gouvernementale… Les reliquats du projet Carthage allait devoir se mesurer à ce pro du hacking… Cependant et contre toute attente, une réponse lui parvint immédiatement… d’un site où le piratage de Jérémie n’avait rencontré aucune résistance digne de ce nom…
Surpris, le pirate informatique se pencha sur les documents volés. Il s’agissait … de rapports médicaux. Ils avaient été dérobés dans les données d’un certain docteur Malakoff. Un document manuscrit apparut à son écran. Il était daté de 1970 et avait probablement été scanné et informatisé bien après cette date.
1970. Anthéa n’avait pas encore rencontré Franz Hopper.
« Enfin un document qu’Hopper n’aura pas pensé à chercher et à détruire. » Se félicita Jérémie.
C’était un rapport d’une série de tests menés par le docteur Malakoff. La patiente était bien Anthéa Hopper. Le document papier faisait état de nombreuses procédures médicales auxquelles s’était soumise Anthéa… Pourtant, seule la conclusion, en pied de page, retint l’attention de Jérémie.
« Taux de stérilité du patient : 98% »
Le docteur Malakoff était un expert en fertilité. Anthéa Hopper était stérile… Elle ne pouvait pas avoir d’enfants… et encore moins être la mère d’Aelita.
Jérémie marchait de vive allure dans les ruelles du quartier. Chacun de ses souffles dégageait un vaste nuage de vapeur qui était absorbé par le froid parisien. Encore une nouvelle abasourdissante. Cela commençait à en faire un peu trop en peu de temps. Pour ne pas rompre avec son quotidien, le génie réfléchissait à toute vitesse.
Scénario probable :
Aelita a été adoptée et élevé par les Hopper comme leur fille.
Avec les progrès de la médecine, Anthéa et Franz ont tout de même réussi à avoir un enfant.
Les souvenirs d’Aelita, rendus par son père, sont entièrement faux. Auquel cas, un nombre incalculable d’autres scénarios se présente.
Derrière ce nuage de vapeur, une silhouette se devinait. Celle d’Alpha&Omega.
Anthéa blonde. Anthéa stérile. Aelita n’étant pas la fille d’Anthéa… et cette créature aux cheveux roses…
L’heure n’était plus aux demi-mesures. Jérémie s’appuya haletant contre un lampadaire éteint. Il soufflait très fort. Il avait, inconsciemment, marché plus rapidement que son rythme. Il devait maintenant passer la seconde. Il avait été stupide et lâche de s’arrêter en si bonne route avec le journal de Hopper. Il devait aller de l’avant.
- Mais ça, marmonna-t-il en relevant la tête, ça ne devrait pas être un problème…
En face de Jérémie, de l’autre côté de la rivière dont il avait arpenté la rive, se tenait une île. Sur cette île trônait une vieille usine rongée par le temps.
Le quotidien d'Aelita #02
28 mars 2019 – 23H30
Quand Jérémie ouvrit la porte de la chambre, Aelita était assise en tailleur sur le lit. Le professeur fut un tantinet surpris de la voir ainsi éveillée. Il ne put cacher sa gêne. Son travail sur le Journal d’Hopper retardait chaque soir son retour au foyer.
- Tu as passé une bonne journée, s’enquit-il avec sa gaucherie habituelle.
- Un peu morne. Un peu seule. Odd a été très pris…
Jérémie fronça un sourcil. Quand elle voulait le tanner sur ses débordements horaire de vie professionnelle, Aelita ironisait de voir Odd plus souvent que son époux. Cette blague était toujours restée bon enfant et lâchée sur le ton de l’amusement. Ce soir, l’intonation de la voix était au reproche. Jérémie se tourna penaud vers sa femme. Il repensa à ce qu’il venait de découvrir. Il eut du mal à dissimuler son émotion.
- Jérémie… Commença Aelita. Je crois qu’il est temps que tu s’asseyes à côté de moi et que tu me dises où tu en es.
- D’accord.
Belpois se dirigea vers le porte manteau pour y poser sa redingote. Il plissa fort les yeux. Une larme coula le long de ses joues. Il monta ses mains, au chaud dans des mitaines pour saisir son chapeau et profita de ce mouvement naturel pour essuyer rapidement le petit filet d’eau salée. Il souffla un grand coup. Puis, il vint s’assoir à côté de sa princesse.
- Tu te rappelles du Journal de ton Père ?
- Oui. Répondit Aelita d’une voix neutre.
- Tu te rappelles aussi qu’il n’était pas entièrement décrypté ? Enchaina Jérémie.
- Et tu as fini de le décrypter. Conclut Aelita.
Jérémie ne sut pas trop s’il devait attribuer cette réponse du tac-au-tac à la sagacité de sa femme ou à une indiscrétion d’Odd. Peu lui importait.
- Pas entièrement.
Un petit silence tomba. Visiblement Jérémie ne savait trop par où continuer. Et s’il l’ignorait, c’est parce qu’il savait qu’il allait mentir à sa chère Aelita. Pas un gros mensonge qui ferait offense à la vérité. Un simple petit mensonge par omission. Malgré cela, il n’arrivait pas à se persuader du bien-fondé de ce qu’il allait faire.
- Et donc ? Réitéra Aelita, rompant le silence.
- Ca ne va pas être facile à entendre, prévint Jérémie.
- Moins facile que de perdre un enfant, que d’apprendre que mon Père m’a virtualisée sur un Monde Virtuel hors de contrôle, que de se faire attaquer par un spectre de XANA ? Questionna-t-elle fermement. Ca ira Jérémie. Envoie.
Cette tirade rappela à Jérémie quelques souvenirs. Aelita renonçant au programme de matérialisation. Aelita inconsciente dans la salle du Supercalculateur après l’avoir suicidairement éteint. Aelita échangeant ses codes-ADN avec Yumi. Aelita, tout simplement.
La culpabilité du mensonge lui serra encore davantage la gorge. Il parvint toutefois à la dénouer et lança :
- Anthéa, ta mère, n’était pas ta mère. Elle était stérile. J’ignore ce que ça veut dire. Je pense simplement qu’elle et Franz ont du t’adopter. Mais il semble qu’elle ne soit pas ta génitrice. J’ignore, de fait, si Franz Hopper est ton père.
Aelita ne renchérit pas tout de suite. Elle reprit la parole et nota d’un air très neutre :
- Ca ne change rien. Ca reste la personne qui m’a élevée quand j’étais jeune. C’est ma mère, peu importe la génétique.
Jérémie n’arrivait pas à soutenir le regard de sa femme. Il était impressionné par son self-control.
- C’est tout, interrogea-t-elle ? Ou bien il y a d’autre chose que tu as découvertes ?
- Rien d’autre. Mentit Jérémie. Mais en finissant le décryptage du journal, je finirai par trouver, crois moi.
Aelita se pencha vers lui et l’enlaça.
- Jérémie, murmura-t-elle. Referme ce journal. Laisse le passé de mon Père où il est. Et laisse mes parents où ils sont. Je suis là. Nous sommes là. Le reste n’a pas d’importance. Si un jour, l’envie d’avoir un enfant devient vitale pour nous deux, on y repensera. Mais pour l’instant, la seule chose dont j’ai besoin, c’est de t’avoir avec moi. Alors laisse ce Journal, sinon, j’irai le détruire moi-même… Et crois moi, si tu as pu le préserver de XANA, ce n’est pas pour autant que tu le protégeras de moi.
Jérémie fut pris de court par cette déclaration. Il se remit à pleurer et enlaça sa femme en signe d’acceptation.
- Laisse aller, lui susurra-t-elle à l’oreille. Je n’ai besoin ni de parents, ni d’enfants. Juste de toi et des autres… Surtout de toi.
Une heure plus tard, Aelita dormait. Jérémie pensait.
Il savait qu’Anthéa n’était pas la mère d’Aelita. La seconde partie du Journal lui avait appris. Pourtant, la troisième partie du Journal lui en avait appris encore davantage. Et ça, il n’en avait pas touché un mot.
Les mémoires du professeur Hopper #02
Seconde partie du journal - Ouverture :
1973
Il y était…
Waldo Schaeffer regardait dans les yeux Anthéa Hopper qui lui souriait. Il venait de s’assoir à la table de l’Ermitage et avait débouché une petite bouteille de vin pour conclure dignement cette soirée.
Cela faisait désormais un an que Waldo avait rencontré Anthéa. Un an que les deux scientifiques, sur une longueur d’ondes commune, passaient tout leur temps à travailler ensemble. Pour Anthéa, il s’agissait d’une frénésie professionnelle. Elle progressait énormément plus vite en travaillant avec Waldo que toute seule. Du moins c’est ce qu’elle pensait.
Waldo était bien plus avancé qu’Anthéa. Cependant, il ne lui en avait rien dit. Il faisait mine d’être au même niveau qu’elle et simulait l’extase quand elle et lui arrivaient à des conclusions scientifiques qu’il avait déjà découvertes des mois auparavant. En réalité, Waldo feignait l’ignorance mais guidait secrètement Anthéa au travail…
La raison était très simple : En présence d’Anthéa, son cœur s’accélérait anormalement et il se sentait envahi d’une euphorie irrationnelle.
Simultanément, durant cette année, Anthéa et Waldo étaient logiquement devenus « amis ». Waldo avait confié à Anthéa le poids que ses parents avaient toujours fait reposer sur ses épaules pour le pousser à l’excellence. Anthéa avait raconté à Waldo qu’elle venait d’un milieu modeste et avait dû se surpasser pour se payer ses études.
Waldo avait invité Anthéa de multiples fois à venir travailler, même les week-ends, à l’Ermitage, faute de pouvoir le faire dans les locaux de l’Université. Anthéa réveillait souvent Walo en pleine nuit, d’un coup de téléphone frénétique pour partager une théorie.
Enfin, Waldo avait avoué à Anthéa son incapacité à trouver une petite amie qui lui convienne… tandis qu’Anthéa lui avait partagé la souffrance qu’elle éprouvait de se savoir stérile, incapable de pouvoir enfanter un jour.
Mais cette salade de souvenir n’était, aux yeux de Waldo, que des dalles sur le long sentier qui les avait conduit jusqu’à ce soir. Le professeur Schaeffer espérait bien, cette soirée, qu’Anthéa deviendrait un petit peu plus qu’une simple collègue de boulot. Il attendait l’ouverture. Ce petit moment de flottement où il pourrait se lancer, bien qu’il ne sût pas du tout comment il allait s’y prendre.
L’occasion arriva quand Anthéa s’affaira à faire la vaisselle. Rituel qu’elle s’obligeait toujours à effectuer avant de rentrer chez elle. Waldo s’approcha de son dos et l’enlaça, le plus tendrement qu’il pût. Anthéa se raidit. Waldo posa amoureusement son menton sur son épaule gauche, où la chevelure blonde de la dame ne dépassait pas.
Un petit moment d’éternité.
Puis, délicatement, et à l’aide de quelques mouvements, Anthéa se dégagea docilement de l’étreinte de Schaeffer. Elle le fixa dans les yeux. Waldo était tétanisé.
- Je vais rentrer.
La vaisselle n’était pas finie. Waldo y vit les symptômes d’un cuisant échec.
La panique s’empara de lui. Il aurait certainement dû ressentir de la peine. Mais il n’en était rien. Il ne ressentait que de l’incompréhension. Une équation sur laquelle il avait travaillé durant une longue année. Et le résultat était erroné. Il ressentit alors cette panique du manque de contrôle. Quand une procédure ne fonctionne pas en informatique, il lui suffisait de déterminer et de rectifier l’erreur. Hélas, ici, il ne comprenait pas pourquoi la procédure échouait… et il ne voyait aucune solution. Il n’en serait rien ici. Anthéa était en train de regrouper ses effets, sous les yeux de Waldo. Quand elle aurait fermé la porte derrière elle, il serait trop tard. Waldo ne savait même pas si il la reverrait un jour.
Pourquoi ne l’aimait-elle pas ? Cela ne répondait à aucune logique.
Quelque chose se déchira en Waldo. Son cœur, son sentiment pour Anthéa, bien qu’il ne jouât aucun rôle dans l’angoisse de Waldo, fut totalement camisolé tandis que l’esprit cartésien de Waldo reprenait le dessus.
Anthéa était sur le seuil de la porte. Elle tendit la main vers la poignée.
- J’ai créé un Supercalculateur !
La voix de Waldo avait fendu l’air du couloir, depuis la cuisine. Anthéa se figea. Elle entendit Waldo se déplacer et venir dans l’encadrement de la porte.
- Et pas que ça… Le Supercalculateur génère un monde virtuel et une intelligence artificielle… Tu veux voir ?
Waldo avait, depuis quelques mois déjà, finit un second casque neuronal, dans le but d’emmener Anthéa dans l’Arena. Il lui installa le casque sur la tête. Anthéa ne broncha pas. Malgré ce qui venait de se passer, elle avait confiance en Waldo. Ce dernier pressa la commande qui envoya Anthéa dans l’Arena. Puis, il enfila son propre casque et la rejoint.
- Papa !!!!
La voix d’Alpha&Omega retentit dans l’Arena. Alpha& Omega sentit que l’esprit de son père venait de s’immiscer dans la pièce, bien qu’il ne revêtît toujours pas de forme physique visible. Alpha&Omega avait la même apparence que toujours. Waldo n’avait aucunement fait évoluer sa physionomie. Durant un an, il n’avait travaillé qu’à son intelligence, sa psychologie, sa psyché, afin d’en faire un être humain à part entière. Le travail n’était pas abouti. Pourtant, le petit être virtuel se comportait déjà comme un parfait enfant de 12 ans. Ses réactions, ses pensées, son raisonnement approchait de plus en plus celui de l’être humain.
La petite créature s’approcha de l’espace invisible qu’occupait l’esprit de Schaeffer. Elle y appliqua un toucher digital qui transmit la sensation de contact à son créateur.
- Bonjour, petit père. Lui dit chaleureusement Schaeffer.
- Qui est-elle ? Demanda Alpha&Omega.
- Elle ? Reprit Waldo… Elle, c’est ta mère…
Alpha&Omega tourna sa tête amorphe et vide d’émotion. Anthéa, sous forme d’esprit elle-aussi, observait la scène, interdite. Alpha&Omega l’approcha et appliqua contre elle le même toucher digital qu’à Waldo. Anthéa fut stupéfaite. Bien qu’elle n’ait pas de corps, elle sentit la chaleur d’une étreinte humaine déferler en elle.
C’est alors qu’Alpha&Omega murmura :
- Maman ?
Après quelques minutes d’échanges avec la petite créature, Schaeffer émergea et ramena Anthéa sur Terre. Ils montèrent dans la cuisine sans un mot. Ils s’installèrent autour de la table et demeurèrent taciturnes. Anthéa rompit soudain le silence :
- Waldo. Je ne suis pas amoureuse de toi. Tu es la personne la plus fabuleuse qui m’a été donnée de rencontrer. Mais je ne suis pas amoureuse de toi. Et j’en suis désolé.
Waldo accusa l’information. A nouveau cela ne lui causa aucune émotion. Il n’était pas surpris. Le message avait été clair quand elle avait montré sa volonté de partir, un peu plus tôt. Il ne lui avait pas montré Alpha&Omega pour ça.
- Je sais. Dit-il. Mais si tu restes à mes côtés, cet enfant sera le nôtre. Ce qui en ferait un peu le tien.
- Cet enfant, rétorqua Anthéa, les yeux brillant. Waldo, ce que tu as fait… Cela dépasse l’imagination. Mais ce n’est pas un enfant. C’est un programme.
- Pour l’instant.
- Que veux-tu dire ?
Waldo se leva et se dirigea vers la fenêtre. Il regarda loin, vers la forêt.
- Comme tu l’as compris, je n’ai pas dévoilé l’avancement de mes recherches à Dido. Je le ferai progressivement. Mais je veux garder une longueur d’avance. Quoiqu’il en soit, ce qui intéresse le gouvernement, c’est le monde virtuel. Pas l’Intelligence Artificielle. Quand je leur montrerai mes travaux, Dido m’obtiendra une source d’énergie nucléaire. Quand cela sera fait, je créerai un procédé pour virtualiser un élément réel… et pour matérialiser un programme virtuel. Alpha&Omega sera mon enfant. Il ne tient qu’à toi qu’il soit aussi le tien.
Anthéa avait du mal à suivre. Waldo lui fit un peu peur pour la première fois. Pourtant, la chaleur qu’elle avait ressentie au contact d’Alpha&Omega… C’était son rêve… L’enfant qu’elle ne pouvait avoir…
- Je ne t’aime pas Waldo, répéta-t-elle pour se donner le temps de réfléchir.
- Je sais, réitéra à son tour Waldo. Mais on est tout deux amoureux de la physique quantique. Tu aimes mon savoir. Tu aimes ce que nous pourrons accomplir tous les deux. Je ne t’ai pas demandé d’être mon épouse. Je t’ai demandé d’être la mère de mon enfant. Cela n’implique pas que tu m’aimes, moi…
- Ce n’est pas sain… Se défendit Anthéa.
- Je ne vois pas en quoi, rétorqua Waldo. C’est juste… scientifique. Et nouveau. Nous sommes des pionniers. C’est tout.
- Alpha&Omega… Ca n’a même pas de sexe…
- Tu ne comprends pas, sourit Waldo… Nous pouvons façonner Alpha&Omega de la manière que nous voulons. Demande-moi d’en faire ta fille ? J’en ferai ta fille. Demande-moi de la faire blonde ? Je la ferai blonde. Demande-moi d’en faire un garçon musclé et intelligent ? Je te le ferai comme cela… Il ne sera pas malade. Il ne sera pas handicapé. Cet enfant sera parfait. Il ne lui manque que quelques mois de travail…
- … Et une mère, conclut Anthéa, en regardant le néon de la pièce.
Waldo sourit, derrière sa barbe.
Anthéa partit, disant à Waldo qu’elle devait réfléchir. Ce dernier montant se coucher. Il était fier de lui. Il venait d’apporter une réponse scientifique à un problème sentimental… Il ne réalisait même pas qu’il avait manipulé Anthéa, en utilisant son mal-être lié à son infertilité.
Elle lui avait répété que même si elle restait à ses côtés, il devait bien avoir en tête que jamais cela ne changerait quoique ce soit entre eux. Waldo avait acquiescé. Toutefois, il était confiant. Le temps et l’amour commun pour Alpha&Omega feraient le reste…
Le scientifique s’endormit. Sur sa table de nuit, à côté de lui, était posée une lettre, tamponnée de la vieille.
« A l’attention de Waldo Schaeffer,
Le projet dont nous parlons depuis maintenant une année est sur le point de débuter. Les détails administratifs avec votre Université sont déjà réglés. Vous n’êtes plus salarié là-bas et la permanence de vos cours sera assurée.
Veuillez vous y rendre au plus tard vendredi afin d’y récupérer tous vos effets et l’intégralité de vos recherches.
Un véhicule militaire passera vous prendre ainsi que vos affaires à votre domicile samedi à 18H00. Votre collègue, le professeur Anthéa Hopper aura déjà été récupérée et fera le trajet avec vous. Comme nous vous l’avons bien stipulé, l’intégralité de ce projet est placée sous la confidentialité d’Etat. Aucun de vos proches, famille incluse, ne doit connaître la nature de votre activité. Aux yeux de l’Etat, vous serez informaticien au ministère de la Défense.
Pour le progrès de l’Humanité, Professeur Schaeffer, bienvenue au Projet Carthage. »
Voilà, un chapitre un peu plus court... Mais il est complémentaire avec le chapitre 3
J'espère que vous êtes attentif à la chronologie, car le récit n'est pas du tout dans l'ordre. Dans certains chapitres, Jérémie sait déjà certaines choses que vous découvrirez plus tard, etc...
Le chapitre 3 s'appellera : "Ce puzzle où il manquait une pièce"
Inscrit le: 11 Aoû 2013 Messages: 305 Localisation: Lisieux, France
Me revoilà pour mon commentaire habituel!
Tout d'abord merci d'avoir pris le temps de répondre point par point. C'est vrai que plus de temps s'écoule, plus on pourrait imaginer de choses, et ici ça ne collerait pas avec le fillon principal de l'histoire!
Si ce chapitre m'a plu ?
Bon sang ce chapitre est terrible... Ou génial... Peut-être les deux; voilà: terriblement génial
Donc dans Code Lyoko, au début on croit qu'Aelita est un programme, puis qu'elle est humaine, et finalement elle serait véritablement un programme ? Mon Dieu ma pauvre petite Aelita, si parfaite, si gentille, si humaine... Je sens que je vais pas tenir le choc émotionnellement Mais bon je crois que dans cette fiction il ne faut surtout pas que j'émette de trop rapides hypothèses
Et Waldo et Anthéa qui ne s'aiment pas réellement (ou pas encore), ça brise un peu l'image du couple heureux et uni toussa touusa que j'avais d'eux
Essaye de pas trop nous embrouiller chronologiquement, ça serait sympa pour la compréhension de l'histoire :b
Voilà voilà, j'ai pas grand chose d'autre à raconter, y'a rien à critiquer; reste plus qu'à patienter jusqu’au prochain chapitre _________________
Tout ce qui plaît a une raison de plaire, et mépriser les attroupements de ceux qui s'égarent n'est pas le moyen de les ramener là où ils devraient être.
Charles Baudelaire
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