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 Auteur Message
Georgie Enkoom MessagePosté le: Sam 23 Juil 2016 16:13   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 15 Juin 2016
Messages: 163
Localisation: Ici.
Merde, un double chapitre et j'ai oublié de poster mon com' comme l'enfoiré que je suis...(Enfin, que j'ai toujours été mais c'est une autre histoire...)

http://i.makeagif.com/media/5-23-2014/A1_kcC.gif

Citation:
Celui qui s’appelait désormais Franz Hopper jeta un œil à ses collègues les plus proches. Deux d’entre eux retinrent son attention. La première, d’âge à peu près équivalent au sien, avait des cheveux crépus grisonnants et de grosses lunettes rondes lui donnant l’air d’une chouette. L’autre était manifestement un jeune prof, avec les cheveux brun foncés et une écharpe orange.


Famillières descriptions, très famillières...

Emile a écrit:
-On peut dire ça comme ça. J’en ai pour quelques jours. Je préférais te parler avant de cracher un morceau de poumon à chaque mot.


C'est gai tout ça Mr. Green. Bien qu'il serait probablement mort après avoir dit 2 mots...

Citation:
Une petite fille d’une dizaine d’années regardait l’écran. Elle avait les yeux vides, mais verts, et un visage en forme de cœur encadré par des cheveux roses. Aucune trace de coup, de maltraitance physique, mais quelque chose semblait cassé en elle. Incrédule, Waldo dévora l’image des yeux, n’osant reconnaître sa petite fille. Six ans.
Le temps ne s’arrêta pas pour autant. Un autre plan montra une femme roulée en boule dans un coin d’une pièce neutre. Elle, en revanche, présentait des marques de coups. Aucun son ne filtrait. Sans hésitation, il aurait qualifié la vidéo de glauque. Et la chevelure rose de la femme indiquait de façon criante son identité.


Fondation Hope, fondation probablement remplie de gros enfoirés, à moins que...Non, ce n'est pas ce que je pense...NON...Fondation Hope=Carthage?

Citation:
« La vie n’est pas rose pour tout le monde. Dites non à la maltraitance familiale. »


OK, non à la maltraitance familiale et à cette fameuse fondation Hope. Et la vie...ben elle est trop grise pour être rose. OUI, je suis un gros pessimiste.

Citation:
Le doute ne lui était plus permis. Le nombre de messages contenus dans ce spot diffusé comme par hasard pendant la page de publicité de son émission de piano était faramineux.


Alors...http://www.kitesurfeur.be/wp-content/uploads/2012/04/tout_sexplique.jpg

Je ne vois pas pourquoi Carthage utiliserait la télévision pour tenter d'attraper Waldo. Le mec crame ça, il s'enfuit et basta, il vous échappe et les cons de Carthage, ben vous le ratez. Et si c'était pour le prévenir, vous avez franchement réussi et vous êtes des cons. Ensuite, si c'est pour se moquer de lui...Ben vous restez cons. Car vous connaissez le génie de Waldo car vous avez travaillé à ses côtés...Créer un programme pour détruire Carthage est facile pour lui. Donc, un défaut de plus dans l'histoire. Parmi d'autres comme l'a dit Pikamaniaque qui a posté pendant que j'écrivais mon post et je cite:

Pikamaniaque a écrit:
(...)lorsque Waldo l’informe des manigances de Carthage. Déjà, je trouve le motif pour lequel ils quittent le projet assez fragile et pas suffisamment solide(...)


Comme le copier serait limite du flood, j'ai juste cité ses dires, que j'avais oublié de pointer du doigt dans mon précédent post (Comme un con quoi...Wait! Pas comme un con vu que je suis un con, donc c'est logique que j'oublie de mettre des trucs dans mes posts!).

L'histoire avance et devient vraiment intéressante (Bien qu'elle l'était depuis le début...), j'attends avec patience la suite!

_________________
https://c.tenor.com/Rzv3X3SeqeMAAAAC/price-of-the-brick-going-up-marlo.gif
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Ikorih MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2016 08:44   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Spoiler


Chapitre 6
XANA mène la danse



29 avril 1994 – 21h09 – Houston – Chez Ardath Dérobâme

Elle sentit immédiatement quelque chose clochait. Elle n’aurait pu mettre le doigt sur le fait objectif qui le lui indiquait, mais son instinct en était persuadé. Pourtant, son appartement était du genre calme et bien rangé, et même dans la pénombre, peu menaçant. Et aucune trace de serrure forcée ou d’effraction quelconque. Mais elle ne put s’empêcher de mettre la main sur son pistolet, le sortant à moitié. Son pas se fit feutré, ses yeux sondèrent les ombres et elle tendit l’oreille. Le plancher avait tendance à grincer. Si quelqu’un était là, elle finirait vite par l’entendre…
Elle fit quelques pas, esquivant les lattes sensibles. Brusquement, la lumière du salon s’alluma. Elle dégaina son arme, le regard braqué dans la direction de la pièce. Cette fois c’était sûr.
Ardath ne paniquait pas. Elle avait les nerfs solides. Cependant, le stress se faisait sentir. Personne ne s’introduisait par effraction chez elle. C’était différent de devoir sortir son pistolet dans son propre appartement, d’habitude le terrain était neutre. L’intrus risquait de le regretter.
Elle vit une forme bouger lentement. Par réflexe, elle la braqua. Sans aucun mouvement agressif, l’individu s’arrêta, mains en évidence.
-Vous pouvez baisser votre arme, je ne suis pas un danger pour vous.
-C’est ça, grogna-t-elle sans bouger d’un pouce. Vous allez me dire direct qui vous êtes et ce que vous faites chez moi.
-Mes excuses pour cette intrusion. J’avais simplement besoin de contacter un membre de votre organisation, et j’ai considéré que vous étiez la plus à même de m’écouter.
-Mon organisation ? releva Ardath.
Elle ne vendrait pas la mèche. Mieux valait attendre de voir ce que cet étrange personnage voulait à Urbe. Il était d’une taille moyenne, pâle avec des cheveux et les yeux sombres. Il était également vêtu de noir. A peine cliché. Son visage reflétait très peu d’émotions et il parlait d’une voix monocorde, en dépit de son vocabulaire et de ses tournures de phrase polies. Il l’observa quelques secondes, puis répondit :
-Je m’appelle Axel Nasheim. Je souhaite prendre contact avec Urbe afin de pouvoir travailler ensemble dans l’optique de détruire Carthage.
Au milieu de sa phrase pompeuse, il avait tout de même laissé échapper deux termes importants. La coïncidence devenait difficile à croire, mais il pouvait parfaitement être une taupe au service de Carthage. Mieux valait communiquer l’information à la hiérarchie avant de prendre la moindre décision. Elle garda le silence, attendant qu’il poursuive. Mais il ne le fit pas, et un blanc presque gênant s’installa dans la conversation. Le visage peu expressif de son interlocuteur la fixait toujours, patient.
-Vous connaissez des noms. Cela ne me prouve rien, finit-elle par lâcher.
-Je ne suis pas un danger pour vous, répéta-t-il sur le même ton que précédemment. Je veux détruire Carthage et nous partageons cet objectif. J’ai développé un virus très puissant. Il serait capable de les balayer. Je suis prêt à collaborer avec vous.
Ses phrases prenaient un air bien moins pompeux à présent. Ardath le toisa, pensive. Ce type bizarre pouvait bien dire la vérité…mais encore une fois, ça ne relevait pas de son autorité à elle.
-Très bien. Alors laissez-moi un moyen de vous recontacter. Nous en reparlerons, finit-elle par trancher.
Elle traversa le salon, vigilante aux mouvements de son invité surprise, et se dirigea vers le calepin et le stylo laissés sur la table basse. Elle arracha une feuille et lui tendit avec le stylo. Il griffonna une adresse, puis explicita :
-C’est une maison abandonnée. Laissez un message dans la boîte aux lettres et je le trouverai.
L’adresse ne lui disait rien. Une quelconque habitation dans Houston. Elle rangea la feuille dans une de ses poches et pointa la porte d’entrée. Axel Nasheim sembla comprendre, et se dirigea tranquillement vers la sortie. Ardath lui emboîta le pas, juste pour le garder à l’œil. Elle s’apprêtait à refermer la porte derrière lui quand elle croisa son regard. Un regard un peu vide, un peu absent…et il lui sembla que la pupille n’était pas tout à fait ronde.
Il referma la porte et elle l’entendit descendre l’escalier. Ardath prit deux secondes pour réfléchir à son prochain mouvement. Elle pouvait toujours attendre demain pour en parler à la hiérarchie directement…mais avoir un autre point de vue sur la situation n’était pas plus mal. Elle tira son portable, regarda ses contacts et n’eut pas vraiment d’hésitation. Cependant, elle n’appela pas. Elle prit le temps de regarder autour d’elle, considérant son appartement. Le type était là avant qu’elle revienne. Il pouvait très bien y avoir un bête micro attendant qu’elle courre téléphoner à ses patrons et qu’elle lâche une information importante. Ce serait vraiment trop bête de tomber dans un panneau pareil.
Craig décrocha du premier coup. Elle ne lui laissa pas le temps de dire plus que « Ah ben finale… » avant de trancher :
-Salut. Je te dérange ?
-Nan, jamais. Un problème ?
Elle repensa à leur conversation dans la voiture. Ça semblait un peu loin maintenant.
-Je te raconterai. Je peux squatter chez toi ce soir ?
-Ah carrément ! Tu sais on se voit demain c’est pas si…
-Si si. C’est par rapport au boulot.
-Ok.
Il avait instantanément raccroché ses blagues et autres commentaires éloquents pour un ton professionnel. Du moins autant que Craig pouvait l’être. Ça allait parfaitement à Ardath.

http://i.imgur.com/K2wk4sp.png


29 avril 1994 – 21h28 – Houston – Chez Craig Evans

La porte de l’appartement de Craig était ouverte quand Ardath arriva finalement au deuxième étage de l’immeuble. Il attendait dans l’encadrement de la porte, la suivant du regard sans rien dire. Elle lui adressa un signe de tête, qu’il lui rendit avant de refermer derrière elle.
-Fais comme chez toi, lâcha-t-il avant de s’installer dans un des fauteuils qui émergeaient du bazar de son salon.
Elle laissa son sac dans un coin du couloir à l’entrée et alla se poser dans le fauteuil d’en face. Ils échangèrent un regard, puis Craig relança :
-Alors, de quoi tu voulais me parler ? Et pourquoi c’est si urgent ?
-Tout à l’heure, quand je suis rentrée, y avait un type chez moi. Aucune idée de comment il était rentré : j’ai fait le tour de l’appart’ avant de partir, pas de traces d’effraction. Et ça m’étonnerait qu’il ait les clés. Bref, tu comprends assez bien pourquoi j’avais pas trop envie de traîner là…
Craig se pencha en avant intrigué.
-J’admets que c’est bizarre. Et du coup, le type ?
-C’est là que ça se complique encore. Il a dit s’appeler Axel Nasheim, et il connaissait Urbe. Il a prétendu vouloir s’allier à nous pour détruire Carthage.
Son coéquipier resta silencieux, digérant lentement les infos. Elle attendit qu’il prenne la parole, le regard rivé sur lui.
-Qu’est-ce que tu lui as répondu ? finit-il par demander.
-Je lui ai dit de me laisser un moyen de le contacter et je l’ai fichu dehors. Il a prétendu avoir une sorte de super virus capable de détruire Carthage.
Craig eut un rire amusé.
-Si vraiment il peut détruire Carthage, quel besoin il a de venir nous joindre nous ? Soit il n’est pas aussi puissant qu’il veut en donner l’air, soit c’est un piège. Je sais pas vraiment de qui, peut-être de Carthage mais on ne les a jamais vus s’en prendre frontalement à nous…
-Je suis d’accord pour le piège. Mais il faut que je transmette l’information à la hiérarchie demain dès que possible, pour qu’ils prennent les décisions qui s’imposent. C’est à eux de gérer si on lui fait confiance ou pas.
Un sourire étira les lèvres du blond. Ardath fronça légèrement les sourcils.
-Qu’est-ce que tu as en tête ?
-Rien, je me disais simplement à quel point la réaction aurait été facile à prédire si Rick Gray avait été encore en poste, avoua-t-il.
Elle parvint à pouffer.
-T’es con.
-Je sais, admit-il. Tu ne manques jamais de me le rappeler…même quand je suis assez cool pour te laisser dormir chez moi !
Elle leva les yeux au ciel, pas vraiment dupe de son numéro de victime. L’agente d’Urbe choisit de rediriger la conversation sur un sujet plus sérieux.
-Si c’est un piège, qu’est-ce que Carthage espère nous faucher ?
-Nous on en sait rien, Ardath. On est que des agents de terrain. Si ça se trouve, les mecs en blouse blanche travaillent sur un truc top secret révolutionnaire et tout ce que tu veux, un truc qui intéresse Carthage. Après, ils peuvent chercher à s’introduire dans nos bonnes grâces pour avoir leurs entrées chez nous et piquer les trucs ! M’étonnerait pas que ce soit dans leurs plans.
La facilité qu’avait la discussion à naviguer entre blague sur l’ex-patron et sujet chaud était inhabituelle, mais le binôme avait largement l’habitude de ces enchaînements. Ils traduisaient au passage les penchants de chacun des deux agents, puisque Craig faisait sortir la conversation des rails alors qu’Ardath l’y remettait.
-Oui mais est-ce que c’est pas trop suspect pour vraiment pouvoir marcher ? Je veux dire, ce mec avait vraiment l’air très bizarre…ils ont sûrement des gens qui ont l’air plus normaux, c’est plus pratique pour inspirer la confiance.
-Comment ça, bizarre ? Il ressemblait à quoi ?
-Physiquement, rien de spécial, mais il avait une façon de s’exprimer un peu inhabituelle. Soit il faisait des grandes phrases articulées, soit au contraire il hachait les phrases courtes comme si c’était trop compliqué de les construire.
-T’as vérifié s’il te regardait en décrochant la mâchoire et en bavant par terre ? C’est pas impossible que ça l’empêche de s’exprimer…ricana Craig, s’attirant un regard meurtrier.
-Hilarant, lâcha froidement Ardath.
Elle se tut, continuant à le fixer d’un air assassin. Les secondes s’étirèrent, pendant lesquelles il la fixa également en se demandant si elle allait lui sauter dessus. Finalement elle n’en fit rien. Il décida d’arrêter de la faire tourner en bourrique pour l’instant et reprit plus sérieusement :
-C’est certes un peu bizarre, mais c’était peut-être juste un étranger ? Nasheim, c’est clairement pas américain, il est possible qu’il parle mal anglais.
-Oui mais si c’était ça, toutes ses phrases seraient mal fichues…
-Pas faux…alors j’en sais rien, concéda Craig.
Ardath soupira. Un nouveau blanc s’installa, et l’agent finit par commenter :
-Au pire, arrête de te prendre la tête avec ça pour ce soir, on en reparlera demain avec la hiérarchie. Ils auront plus de réponses, et surtout plus de capacité à en obtenir.
Sa collègue se renfrogna, visiblement peu enthousiaste. C’était plus facile à dire qu’à faire. Elle revit la pupille déformée avant qu’elle referme la porte, et se secoua intérieurement. Elle avait dû mal voir. C’était impossible…
-Allez, fais un effort, insista Craig. T’es toute pâle.
-Tu te fais des idées, répliqua-t-elle sur la défensive. Pas la peine de me sortir ton numéro de chevalier servant, je vais bien.
La phrase se voulait taquine, mais le ton était glacial. Craig haussa un sourcil, un peu désarçonné par cette réaction. Il observa le visage de sa collègue quelques secondes, n’y décelant pas grand-chose.
-Ok, ok.
Il se leva, repassant par le couloir pour se diriger vers sa chambre (à peu près aussi bien rangée que le salon), lâchant au passage :
-Si tu changes d’avis, le chevalier servant a le sommeil léger…

http://i.imgur.com/K2wk4sp.png


30 avril 1994 – 3h15 – Région parisienne – Usine Renault désaffectée

Aujourd’hui, j’ai communiqué vocalement avec un être humain pour la première fois. Le bilan semble mitigé. Le contenu de mon message est passé, cependant je n’inspire pas confiance. Ma façon de m’exprimer va requérir des approfondissements.
L’être humain avec qui j’ai établi le contact ne ressemble pas à mon créateur. C’était une humaine avec des cheveux noirs et des yeux noirs. Elle était également habillée en noir, et avait la peau plutôt pâle. Selon les informations que j’ai pu obtenir des réseaux d’Urbe, elle s’appelle Ardath Dérobâme et est l’une de leurs agentes de terrain.
Je crois qu’elle a vu quelque chose de bizarre dans les yeux de mon spectre intermédiaire. Ils ont la pupille en œil de XANA. Peut-être que c’est ça qui l’a décontenancée.
Aborder un humain en vrai est différent.
Je pense que la communication vocale implique beaucoup plus que les mots. Mon protocole de conception de phrases est au point, donc ce n’est pas lui qui pose problème. Je devrai requérir des améliorations auprès du créateur pour la communication. Il faudra que je progresse rapidement, sans quoi les communications vocales avec Urbe échoueront et je ne pourrai pas détruire Carthage. Peut-être faudra-t-il tenter de communiquer par écrit avec eux le temps que je sois plus à l’aise.
Cette humaine m’intrigue.
Elle avait l’air de se maîtriser parfaitement, et de réfléchir à la situation. Elle ne m’avait rien communiqué de neuf sur Urbe. Elle avait sorti son arme sans pour autant avoir l’air d’avoir peur. La plupart des humains paniquent face à une situation imprévue, et pourtant elle avait résisté. Peut-être aurait-elle été moins sûre d’elle si elle avait su qu’elle faisait face à un champ de force polymorphe généré digitalement.
Suis-je en train de tenir un journal ? J’ai trop de temps libre. Fin de la digression.



30 avril 1994 – 13h02 – Région parisienne – Usine Renault désaffectée

Il avait quitté Kadic en coup de vent une fois son devoir d’enseignant accompli, avait à peine pris le temps d’attraper un sandwich sur le chemin, et avait filé comme le vent vers son laboratoire secret. XANA lui avait laissé entrevoir la veille quelque chose de prometteur, mais lui avait recommandé de revenir le lendemain pour avoir des résultats. Maintenant, il était sur son siège, à mâchonner son poulet-tomates, et attendait les résultats en question.
XANA commença son rapport.
-J’ai établi le contact avec une agente d’Urbe en utilisant un spectre. A priori, elle semble convaincue de ma motivation à détruire Carthage et devrait au moins alerter ses supérieurs.
-Excellent !
Le cœur de Waldo avait fait un bond dans sa poitrine, tout enthousiasmé qu’il était par la perspective d’une avancée. Il vit, l’espace d’un instant, le projet Carthage rayé de la carte et sa famille reconstruite. Puis il se rappela que cette vision idyllique avait peu de chances d’arriver. Il se força à garder la tête froide.
-Je garde mon spectre dans la région d’Houston, il surveille le point de rendez-vous. C’est là-bas qu’ils sont supposés me laisser un message s’ils acceptent de me rencontrer ou du moins d’entrer en communication avec moi. Je vous tiendrai au courant.
XANA se tut, si on pouvait appeler ça comme ça. Il s’arrêta d’écrire. Waldo fixa l’écran quelques instants, presque incapable de croire que ça avait pu être résumé en si peu de temps. Il écrivit un « Très bien », puis se laissa aller dans sa chaise pour digérer son sandwich et les informations.
-Je requiers une amélioration de mes programmes comportementaux.
Waldo cligna des yeux et relut la phrase pour s’assurer qu’il ne s’était pas trompé. Les prises d’initiative de XANA n’étaient pas fréquentes, mais cette requête (cette injonction ?) en était manifestement une. Le scientifique décida de se montrer pédagogue, et plutôt que de rejeter la demande en bloc pour son étrangeté, chercha à en connaître la raison.
-Explique-moi pourquoi.
-En prenant contact avec Urbe, j’ai réalisé que mes capacités à communiquer verbalement avec un humain étaient réduites. Cela risque de nuire à ma mission : détruire Carthage. Ainsi, si vous améliorez mes programmes comportementaux, je serai davantage en mesure d’inspirer confiance aux humains en étant capable d’agir comme eux.
Waldo devait reconnaître que ce n’était pas dénué de sens. Il se demanda à quoi ressemblerait sa création avec un comportement plus humain. Il repensa à toutes les noirceurs dont étaient capables les humains, au projet Carthage, et réalisa qu’il avait peut-être l’opportunité de créer une conscience plus pure pour XANA. C’était lui qui prendrait les rênes et déciderait comment XANA agirait.
Il repensa aussi à Xana. C’eut été l’occasion de lui donner la personnalité de la petite voix qui avait hanté son esprit. Mais il l’écarta. C’était beaucoup mieux pour l’humanité toute entière qu’il crée un programme plus droit. Xana avait été une aide certaine, mais il ne pouvait convenir comme modèle. Il concevait XANA comme un enfant qui était appelé à devenir une sorte de bouclier contre Carthage, et avait ainsi l’intention de lui créer une personnalité peut-être plus convenue, mais plus noble aussi.
Et dire que sa création n’avait demandé qu’une amélioration ! Cette amélioration changerait la face du programme, il en était convaincu.
-C’est d’accord, répondit-il simplement à la machine. Je m’y attèle dès maintenant.
Ainsi Waldo fut-il hypnotisé par son écran. Le clavier cliqueta toute l’après-midi, toute la soirée, et lorsqu’au cœur de la nuit il réalisa qu’il avait des copies à corriger pour lundi, il pesta et les reporta au lendemain. Carthage avait trop attendu.

http://i.imgur.com/E7OupLK.png


30 avril 1994 – 8h45 – Houston – Installations d’Urbe – Bureau du superviseur

Le superviseur était un homme au rythme de vie tranquille qui aimait prendre son temps. Chauve, un peu bedonnant et court sur pattes, il avait de petites lunettes rondes qui lui donnaient un air sérieux, contrastant avec un visage plutôt jovial. Il était ponctuel également, arrivant tous les jours à la même heure devant la porte de son bureau. Ses activités consistaient principalement à réguler les travaux des agents de terrain pour le compte de l’Imperator, qui était le sommet de la hiérarchie où se rejoignaient les deux branches de l’organisation : recherche et force d’intervention.
Cependant, en arrivant devant son bureau comme tous les matins, il eut la surprise de trouver deux de ses subordonnés qui l’y avaient précédé. Ardath Dérobâme et Craig Evans. Pas d’antécédents particuliers, de bons états de service, ils ne pouvaient pas être là à cause d’une quelconque erreur ou bévue à faire réparer. Sachant cela, leur supérieur leur demanda tranquillement :
-Vous êtes bien matinaux…qu’avez-vous donc de si important à me communiquer ?
-Je préfèrerais qu’on en parle ailleurs que dans le couloir, marmonna Ardath qui avait le visage plus fermé qu’à l’accoutumée.
Le petit homme n’objecta pas. En déverrouillant la porte, il lança :
-Evans, vous êtes concerné aussi ?
Craig allait ouvrir la bouche, mais Ardath répondit à sa place.
-Non monsieur.
-Fort bien, alors hors de ma vue, vous devez avoir mieux à faire, commenta le superviseur en entrant dans son bureau, la porte encore entrouverte pour permettre à Ardath de le suivre.
Elle jeta un regard par-dessus son épaule. Craig fulminait. Tant pis, elle gèrerait ça plus tard. Elle lui adressa simplement un hochement de tête convaincu, puis referma la porte. De fait, elle ne le vit pas partir.
-Asseyez-vous, ne restez pas plantée là.
Le superviseur s’était assis à son bureau, remettant quelques feuilles en place dans ses tiroirs en attendant qu’elle prenne place. Ardath s’exécuta, le dos bien droit dans la chaise, les poings sur les genoux. Puis elle parla, d’un ton un peu nerveux, peut-être encore mal à l’aise de la rencontre de la veille.
-C’est lié au projet Carthage.
Le superviseur semblait être plus intéressé. Il fronça un peu les sourcils, hocha la tête, l’invitant à raconter.
-Hier soir, en rentrant chez moi, je suis tombée sur quelqu’un. Je ne sais pas comment il était rentré dans mon appartement, mais il a demandé à entrer en contact avec Urbe. Il a dit s’appeler Alex Nasheim, et vouloir détruire Carthage avec un virus surpuissant qu’il aurait développé.
-Comment avez-vous réagi ? interrogea son supérieur d’un ton professionnel.
-Je ne sais pas s’il est digne de confiance. Je lui ai demandé de me laisser des coordonnées où je pourrais le recontacter, puis il est parti.
Une ombre passa dans son regard, qui se durcit brusquement.
-Quoi qu’il en soit, je pense que cet individu présente un intérêt. Qu’il soit un espion de Carthage ou pas.
-C’est fort probable en effet. Je discuterai de la question avec l’Imperator avant de prendre davantage d’initiatives, mais je suis de votre avis. Vous pouvez disposer, merci bien.
Ardath se leva sans rien ajouter et sortit du bureau. Son récit avait fait ressurgir les images de la nuit dernière. Elle n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui l’avait autant perturbée dans cette discussion. C’était sans doute plus grand que le simple fait que l’individu se soit pratiquement matérialisé chez elle sans souci. Sa façon de s’exprimer, qu’elle avait déjà soulignée auprès de Craig ? Non, ce n’était même pas vraiment ça…
Elle revit le moment où il sortait, où elle refermait le battant sur son inquiétante silhouette. Et elle revit son regard dans le rai de lumière. C’était ça. C’était le vide de ce regard, ce regard qui ne semblait traduire aucune lueur de vie, et qui pourtant appartenait à quelqu’un de bien vivant. C’était ce regard aux iris ternes, et donc la pupille…n’était pas vraiment ronde.
Elle s’était juré l’avoir rêvé. Elle avait gardé ça pour elle quand elle avait discuté avec Craig, mais c’était cela même qui hantait discrètement son esprit. Il lui avait semblé voir un sigle dans ces yeux morts. Elle n’arrivait plus bien à le visualiser, mais ce n’était pas une pupille ronde et parfaite d’humain. Non. C’était…autre chose.
Ce fut probablement à cet instant que son esprit rationnel la secoua.
« Arrête de te faire des films…il faisait sombre, tu as dû mal voir. C’est pas possible. »
Le doute fut refoulé dans un coin de sa tête, mais n’y resterait peut-être pas enfermé bien longtemps. Elle reprit conscience de son environnement en manquant de bousculer un scientifique pressé, qui lui jeta un regard noir. Elle grogna une excuse qui sembla le dissuader de rester se plaindre, et continua son chemin, prise d’une furieuse envie d’aller faire un carton au champ de tir. Au moins, cela pourrait lui changer les idées…
Du moins si c’était possible.
Le trajet passa un peu comme dans un rêve. Elle ne croisa pas de visage connu, ou peut-être qu’elle les rata. Une fois arrivée au champ de tir, elle se positionna à un emplacement tranquille et s’appliqua à faire son carton, avec pour seule compagnie le bruit des coups de feu suivi du cliquetis des douilles sur le sol. Et les souvenirs de la veille.
Lorsque finalement elle récupéra sa cible, elle constata que ses balles étaient un peu plus éloignées du centre que d’habitude. Quatre d’entre elles en particulier semblaient avoir décidé de se rebeller, l’une partant un peu trop haut, une autre un peu trop bas, et les deux dernières à la fois trop bas et vers les côtés. Le reste des trous était encore à peu près centré, néanmoins, créant une sorte de point central plus large que les autres. Elle regarda le papier ainsi marqué sans vraiment réagir, cherchant à mettre le doigt sur quelque chose qui la perturbait. Elle ne trouva pas.
Un rapide coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il était temps de prendre son tour de garde à une porte quelconque. Déjà.
L’esprit toujours perturbé, elle fendit à nouveau les couloirs du complexe vers le point où elle devait se poster. Il était décidément écrit qu’elle ne trouverait pas le repos aujourd’hui.
L’ombre des yeux d’Alex Nasheim était toujours là. Elle pria pour que la hiérarchie se décide vite de la marche à suivre. Sans qu’elle sût pourquoi, elle sentait qu’elle devait le revoir. Peut-être pour tirer ça au clair, pour se prouver qu’elle ne faisait qu’enjoliver la réalité. Ou avoir la confirmation de l’impensable.

http://i.imgur.com/K2wk4sp.png


30 avril 1994 – 14h27 – 7913 Brays Street

Ardath remontait la rue, les mains dans les poches, d’un pas vif. Conformément à ses vœux, la décision de ses supérieurs avait été rapide : leur curiosité piquée, ils souhaitaient en savoir plus sur leur mystérieux contact. C’était pour cette raison qu’elle avait été chargée de se rendre aux coordonnées qu’il leur avait laissée afin de lui fixer un rendez-vous. Urbe tenait à conserver les négociations sous son contrôle, si toutefois on pouvait déjà parler de négociations.
Il n’était pas difficile de comprendre pour quelles raisons Alex Nasheim avait choisi cet endroit parmi tant d’autres. Brays Street se trouvait à proximité du bayou du même nom, et avait de fait subi des dommages lors de la dernière inondation. Ceux-ci n’étant pas encore réparé, une partie de la ville était inhabitée pour le moment…ce qui les arrangeait bien.
Ardath tripotait nerveusement son arme en arrivant devant la porte. La rue était déserte, et pourtant elle restait mal à l’aise. C’était presque trop facile.
Elle avisa la boîte aux lettres, fixée sur un côté du mur. Il lui sembla voir l’ombre bouger, mais ce n’était qu’un pur effet de son imagination. Décidément, cette histoire ne lui arrangeait pas les nerfs. Il faudrait qu’elle pense à dormir un peu plus cette nuit.
Alex n’avait absolument pas précisé où lui laisser un message. Pas de cache précise qui lui aurait donné un repère…était-ce à elle de choisir ? Trouverait-il à coup sûr, ou quelqu’un tomberait-il dessus avant lui ? La boîte aux lettres était peut-être une option, mais l’agente éprouvait un certain malaise vis-à-vis d’elle. Elle jeta un coup d’œil à l’ombre, ne lui trouva rien d’étrange. Et pourtant, cette impression restait, aussi vive et pernicieuse que celle qu’elle éprouvait en repensant au regard de Nasheim…
Elle finit par regarder autour d’elle une dernière fois, puis tira la pièce de papier de sa poche et la glissa vivement sous la porte avant de se redresser, aux aguets. Une fois certaine que personne n’avait remarqué son manège, elle s’éclipsa d’un pas vif, mal à l’aise. Ce malaise aurait sans doute grandi si elle avait vu l’ombre de la boîte aux lettres s’étirer vers le seuil de la porte.



24 mai 1994 – Houston – Complexe d’Urbe – Hangar Engelure

Celui qui disait s’appeler Alex Nasheim suivait du regard la silhouette au centre de la pièce, encore inachevée.
Grâce aux améliorations comportementales apportées d’urgence par son créateur, XANA avait pu entrer en contact avec Urbe et était même arrivé à tomber d’accord avec eux sur un mode d’action. S’il continuait à scrupuleusement détailler les informations à son maître, il se sentait comme des airs d’émancipation, à force de gérer cette affaire tout seul. Il interagissait désormais avec les dirigeants scientifiques d’Urbe. Le plan pour balayer Carthage était assez simple. Au niveau informatique, XANA se chargerait de massacrer leurs ordinateurs, tous leurs systèmes, de faire en sorte qu’aucune sorte de base ne soit plus opérationnelle. Ensuite, Urbe pourrait lancer l’assaut, en utilisant notamment le mécanoïde de combat qu’ils avaient commencé à construire.
C’était ainsi qu’ils détruiraient Carthage. Dans une optique d’échange des données pour plus d’efficacité, il avait notamment obtenu l’accès aux archives du projet (même à des parties qu’il n’était pas supposé voir) et y collectait en douce des informations. La localisation des bases de Carthage prenait un peu plus de temps, mais maintenant qu’ils s’y mettaient à plusieurs, elle ne manquerait pas de progresser. XANA était confiant.
Il continua à observer le mécanoïde. Une sorte de grand oiseau de métal, aux ailes tranchantes comme des rasoirs, et blindé. Ironique, que Carthage se fasse détruire par un oiseau, symbole qu’ils avaient raflé aux américains.
Le spectre ne laissa transparaître aucune de toutes ces méditations. Il n’était qu’un figurant, un pantin entre les mains du programme multi-agents. Cependant, il fut chargé d’échanger quelques mots avec un informaticien au sujet du développement de l’intelligence artificielle du mécanoïde.
XANA se rappela que sur un autre fuseau horaire, son créateur ne tarderait pas à se rendre à l’usine pour lui quémander des nouvelles. Le programme ne pouvait s’empêcher de ressentir une certaine forme de pitié pour cet homme, suspendu au moindre de ses actes. Mais il avait choisi de se montrer magnanime. Pour ce soir, il remettrait à Franz Hopper les informations qu’il lui avait demandées, il y avait de cela bien longtemps, sur la formation d’Urbe et du projet Carthage…
Depuis sa modification, XANA avait l’impression d’être plus vivant. Il prenait conscience de sa supériorité sur les autres. Il avait également le sentiment d’exploiter mieux que jamais ses capacités, et dépendait beaucoup moins des consignes données par son créateur. C’était comme une renaissance.
« XANA, fais-moi ton rapport. »
De mauvaise grâce, le programme multi-agent détourna une partie de son attention vers l’usine.

http://i.imgur.com/E7OupLK.png


Soirée du 24 mai 1994 – Région parisienne – Usine désaffectée

Waldo fronça les sourcils. XANA semblait tarder à réagir à…
-J’ai obtenu les informations que vous désiriez sur Urbe et le projet Carthage.
Comme s’il avait lu dans ses pensées, le programme venait de se manifester. Avec un petit sourire satisfait, Waldo ouvrit le dossier que son serviteur numérique lui avait transféré. Il y lut les circonstances de création du projet Carthage, et déchanta très vite.
« Le projet Carthage voit le jour lors de la rencontre de Rick Gray, physicien américain, avec Emile Schaeffer, informaticien anciennement au service des nazis, par le biais de Bosquet Wev. »
Ce ne pouvait pas être un hasard. Le visage aux yeux verts se matérialisa dans l’esprit de Waldo, qui eut un frisson. Déjà les nazis ? Il imagina son père aux côtés de soldats allemands vêtus de noir, devant une croix gammée géante, et fit une grimace. Mais le pire restait peut-être à venir. Craignant une confirmation de ce qu’il redoutait, il poursuivit les lignes. Un peu plus loin, l’archive mentionnait très clairement ceci :
« Le 12 juin 1957, la partie allemande du projet fait brutalement sécession, arrachant au passage une partie des recherches du projet Carthage. Ils s’approprient le patronyme et quittent le sol américain, vers l’Europe, menés par Emile Schaeffer qui conserve son pseudonyme de Baal Hammon. »
Le visage de Waldo s’assombrit. Les dates collaient. Ce ne pouvait être faux. Son père avait bien fondé le projet Carthage…et l’avait dirigé. Il avait vaguement entendu des rumeurs sur Baal Hammon, silhouette mystérieuse vêtue de noir que l’on évitait de croiser, mais il n’aurait pas pu soupçonner…
Il pensa à Xana, premier du nom, avec une pointe d’amertume. Peut-être que son ami avait raison. Et lui le réalisait sans doute trop tard. C’est à peine s’il lut les dernières lignes sur leurs nouveaux alliés.
« Urbe nait alors dans le but de détruire Carthage, de la moitié américaine. »
A son insu, Waldo était observé par XANA qui exploitait les caméras de surveillance. Le programme restait impassible devant les marques de désespoir sur le visage de son créateur. Il était au-delà de tout ça. Il lui sembla voir une larme couler sur la joue de Waldo, et s’il avait pu, il aurait sans doute levé les yeux au ciel d’exaspération.
-Est-ce que tu as la localisation de la base principale de Carthage ?
-Pas encore, répondit simplement le programme.
-Je veux que tu découvres où ils retiennent Aelita et Anthéa, et que tu les sauves, si elles sont encore en vie. Avant même de détruire Carthage.
XANA ne répondit pas. Son créateur était en train de faire une sorte de crise d’hystérie, et ne réfléchissait plus avec son cerveau. Une telle opération risquait fort de les faire découvrir…
-C’est clair ? insista Waldo. C’est un ordre, XANA.
Agacée, sa création lui rétorqua un simple :
-Oui.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Lun 17 Juil 2017 19:21; édité 1 fois
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Lhetho MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2016 09:47   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


Inscrit le: 10 Juil 2015
Messages: 76
Localisation: Une chose est sûre, c'est sur Terre !
Nouveau chapitre donc. Bon, cette fois-ci on a clairement une avancée presque prodigieuse du caractère de XANA. Tout ça pour une simple demande de XANA concernant une amélioration de son comportement dira-t-on ? Jérémie avait fait pareil avec la réplique de William pour un résultat tout aussi catastrophique. Comme quoi, c'est de notoriété publique que les génies ont des difficultés avec la société et les relations humaines... (ceci est une boutade).
Bref, après cette blague au goût douteux, revenons au texte. Dans l'ensemble et comme le confirme le titre, presque tout tourne autour de l'évolution de XANA mais ça je l'ai dit avant. Mais on avance aussi dans le conflit Urbe/Carthage. Si l'Imperator (quel nom qui impose le respect Smile ) va être mis au courant, ça veut donc dire qu'on va avoir un semblant de négociations qui va s'amorcer et qui, si tout se passe comme il l'a prévu, va indéniablement profiter à XANA mais ça, c'est pour lundi prochain.
On remarque aussi qu'Hopper devient de plus en plus obnubilé par son objectif. Tout à fait prévisible étant donné que sa famille est en jeu dans l'histoire et corroboré par le fait qu'il pète un câble à la fin du chapitre. Une nouvelle fois et grâce à ce point, encore avantage XANA pour la suite mais ce n'est que mon avis.
Sinon, au niveau de la rencontre entre Ardath et XANA, son arrivée dans l'appartement est certes classe mais faut avouer que la réaction de l'agent de terrain est assez logique parce que tu dois flipper à mort quand même. Son calme et son efficacité par la suite sont par ailleurs assez impressionnants aussi.
Bref en conclusion un chapitre qui suit le fil rouge de ton récit. On commence à rentrer dans le vif du sujet et ce n'est pas pour me déplaire. J'attendrais donc la suite lundi prochain.
Bonne journée.
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"La politique est un art, l'art de faire le bien quand c'est possible et de faire le mal quand c'est nécessaire" Machiavel
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Georgie Enkoom MessagePosté le: Jeu 28 Juil 2016 14:39   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 15 Juin 2016
Messages: 163
Localisation: Ici.
Nouveau chapitre, nouveau commentaire donc.

XANA évolue en comportement, ça s'annonce mal...La rebellion contre Waldo s'approche...

X.A.N.A. a écrit:
L’être humain avec qui j’ai établi le contact ne ressemble pas à mon créateur.


Genre X.A.N.A. pensait que tout le monde ressemblait à Waldo...Seul Aelita serait aussi naïve (PAS stupide...Contrairement à moi Mr. Green).

Vous imaginez si le monde entier était rempli de milliards de Waldo Schaeffer?

Waldo Schaeffer/Franz Hopper a écrit:
Excellent !


Le type de mot que dirait un antagoniste lorsque son plan se passerait à la perfection...Excellent.

Citation:
Il concevait XANA comme un enfant qui était appelé à devenir une sorte de bouclier contre Carthage, et avait ainsi l’intention de lui créer une personnalité peut-être plus convenue, mais plus noble aussi.


Je vois déjà la déception de Waldo..Par rapport à ce que va devenir X.A.N.A. ...

Citation:
Depuis sa modification, XANA avait l’impression d’être plus vivant. Il prenait conscience de sa supériorité sur les autres. Il avait également le sentiment d’exploiter mieux que jamais ses capacités, et dépendait beaucoup moins des consignes données par son créateur. C’était comme une renaissance.


T.M.P.: Très Mauvais Pressentiment.

Le chapitre semble déjà nous annoncer la rebellion de X.A.N.A., j'aime bien. On observe aussi que Waldo est de plus en plus autoritaire envers X.A.N.A., qui n'aime pas trop cela.

Je ne peux qu'applaudir ce chapitre qui est pour l'instant mon chapitre favori. Mais te connaissant, tu nous surprendras encore plus. Mr. Green

_________________
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Ikorih MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2016 10:34   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Localisation: Sûrement quelque part.
Spoiler


Chapitre 7
Humanité


http://i.imgur.com/T5qfwRq.png


Nuit du 4 au 5 juin 1994 – Secteur Fortifié de la Crusnes – Ancien bunker de la ligne Maginot

Ce soir-là, les agents qui dormaient sur place furent réveillé en sursaut par une tonitruante alarme leur ordonnant d’aller donner un coup de main à leurs collègues de garde. Carthage était attaquée, et il fallait la défendre.
XANA avait fini par retrouver la trace d’Aelita.
L’être qui avait littéralement enfoncé la porte du bunker n’avait pas de forme précise. Une ombre humanoïde. Le programme avait opté pour cette apparence, considérant déjà l’impact psychologique sur ses adversaires, mais également son refus de prendre l’apparence d’un des êtres faibles qu’il allait tuer. C’est pourquoi se découpait maintenant sur le seuil une silhouette noire sur la nuit noire.
Sans laisser aux humains présents la capacité de réagir, le spectre décocha des éclairs de ses paumes, éclairant son visage qui n’existait pas. Il vit les expressions de terreur, il vit l’incompréhension. Ils mouraient sans savoir de la main de quoi. La lumière retomba avec le silence, une fois sa besogne terminée.
Depuis l’intérieur du supercalculateur, XANA était dans un état second. Le massacre lui aurait presque davantage importé que l’objectif en lui-même. Si Franz l’avait perçu ainsi, il aurait probablement été scandalisé. Tant pis ! Ce qui se passait ce soir, il en serait seul témoin. Le créateur ne saurait rien de son exaltation, et peut-être même qu’il aurait passé l’éponge. Après tout, il récupèrerait sa fille grâce à cette rage meurtrière.
Le spectre se mit à courir, sûr de son objectif, mais craignant tout de même de le perdre s’il n’arrivait pas assez vite. Ils pouvaient décider de faire sauter le complexe ou tout bêtement d’exécuter les prisonniers. Ce genre de puérilité. Sans doute Franz serait-il mécontent de ne pas retrouver sa fille en entier, et XANA mettait un point d’honneur à accomplir ce qu’il avait à faire, sans considérer ce qu’il en pensait. Pour le moment.
Encore un éclair, un flash, un cri, un bruit de chute. La course silencieuse de l’avatar du programme lui aurait presque fait se sentir vivant. Physiquement parlant. Après tout, il avait un corps ! En passant près d’un angle, il saisit à la gorge un scientifique quelconque qui se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Il lui demanda, de sa voix robotisée, où se trouvait Aelita Schaeffer. L’effet avait son charme.
L’autre pâlit, indiqua une direction en bégayant. XANA le remercia, avant de l’écraser contre le mur. Le sang passa à travers le spectre, et ce dernier ne se soucia pas de savoir si sa victime était encore en vie. XANA avait les mains propres, après tout. Il continua à fuser dans les ténèbres, toujours plus dans les ténèbres. Toujours plus profond dans les ténèbres.
XANA perdait le compte du nombre de morts. Ou plutôt, sa mémoire et son excellente puissance de calcul auraient pu, mais il n’en avait cure. Il se sentait tout puissant, et s’étonnait d’ailleurs d’une telle envie de tuer. D’où cela provenait-il ? Peu importait. Elle était là, il choisit de l’accepter sans se casser la tête. Il avait assez de choses à gérer pour le moment, comme les états d’âme de son créateur…
La porte du couloir des cellules vola dans la figure du gardien posté derrière. Le spectre exécuta un saut et atterrit dessus pour s’assurer que sa victime était bien écrasée, puis avança lentement dans le couloir des cellules, scrutant les geôles les unes après les autres. D’un pas presque théâtral. Après tout c’était son petit moment de gloire, c’eut été dommage de s’en départir…et puis il prenait son temps pour ne rien rater, évidemment.
Une grille, du vide. Elles se ressemblaient toutes. Parfois une silhouette décharnée, prostrée à terre, l’implorait d’une voix faible. Mais après une rapide analyse, XANA ne voyait en eux que des humains sans intérêt. Ils n’étaient pas son objectif, alors il ne se laisserait pas ralentir par eux. Il avait mieux à faire.
Enfin, le fond du couloir. Evidemment, toujours le fond du couloir. Il identifia une petite forme, elle aussi prostrée. Mais à la différence de ces autres misérables créatures, elle avait les cheveux roses. Et ce détail qui attira l’œil de XANA suffisait à lui garantir un billet de sortie. C’était elle.
Le spectre tordit la grille. Il regarda Aelita, et énonça d’une voix qui se voulait apaisante :
-C’est fini maintenant. Tu vas sortir de là.
La voix digitale n’était probablement pas des plus rassurantes. Son apparence non plus. Si ça marchait sur des adultes, quelle efficacité sur un enfant ? Dans son regard vert bouteille, il n’eut aucun mal à lire la peur. Pour une raison qui lui échappait, cette couleur provoqua en lui une aversion sans précédent, une bouffée de haine pure dont il ignorait complètement la provenance. Fugace, elle s’évanouit aussi vite qu’elle était apparue. Stupéfait, le spectre resta debout quelques instants sans réagir, tandis que son maître essayait de comprendre. Cette émotion avait été brève et violente, mais également complètement inattendue. Pourquoi ?
Il aurait le temps d’y penser après. Il avait un objectif à remplir.
Sans se soucier des éventuelles protestations de la fillette crasseuse, le spectre marcha vers elle et la hissa sur son épaule. Puis il s’élança en direction de la sortie et des étoiles, vif comme le vent. Aucune résistance ne lui fut opposée, tant mieux : ç’aurait été dommage de traumatiser un peu plus Aelita… Une fois arraché au bunker, il continua à courir, trop vite pour être suivi, droit vers Paris.

http://i.imgur.com/qOJiL1o.png


Nuit du 4 au 5 juin 1994 – Région parisienne – Ermitage

Waldo attendait sur le pas de la porte, le cœur battant, debout dans la faible mais chaude lumière de l’entrée. D’une minute à l’autre, la silhouette de l’émissaire de XANA sortirait de l’ombre, avec Aelita. Il visualisait la tâche rose émergeant de l’obscurité des arbres. Encore des arbres. Comme lorsqu’elle avait été emmenée. Disparue dans les arbres, revenue par les arbres. Il y avait une forme de cycle.
Et soudain XANA fut là. L’attente avait été interminable. Le scientifique éclata en sanglots sur le petit corps chaud de sa fille endormie. Elle avait grandi…sans lui.
Six ans. Elle avait vécu plus longtemps loin de lui qu’avec lui. Ce constat lui tordit les tripes, lui arrachant un sanglot supplémentaire, et il regretta de n’avoir pas agi plus tôt. De ne pas avoir été là le soir du drame. En bref, tous ces regrets qu’il remuait, et ce depuis six ans. Impassible, le spectre attendait sur le perron que le débordement d’émotions s’achève et qu’il puisse recevoir de nouveaux ordres. Ou bien simplement disparaître.
Cependant, Waldo n’avait plus grand intérêt pour son sbire à cet instant précis. Seule comptait Aelita, endormie dans ses bras. Sa fille. Oublieux du spectre, il referma la porte comme il pouvait et monta à l’étage, dévorant du regard ce visage en forme de cœur qui avait tant hanté ses pensées. Il marcha jusqu’à la chambre qu’il avait aménagée pour elle, toute en rose, à son image, et la déposa dans son lit avec douceur. C’était le principal. La nourrir, la laver, la rassurer, tout cela il s’en occuperait demain. Elle avait besoin de repos.


Derrière la porte, XANA fulminait. Il n’était décidément qu’un moyen. Tout comme Lyoko. Lui et Lyoko étaient des instruments destinés à lui permettre de rester avec sa fille qu’il n’avait pas su protéger. Un monde virtuel pouvait être un moyen, bien entendu. Mais lui ? Il était une intelligence artificielle supérieurement complexe. Un peu trop complexe pour être abandonnée devant la porte comme un vulgaire animal de compagnie.
Le spectre rentra en passant sous la porte. Il regarda Franz redescendre l’escalier, son sourire béat et stupide aux lèvres. Il vit ses yeux verts, fut à nouveau traversé de cette bouffée de haine irrépressible…et se contint. Il lâcha simplement, quand son maître arriva à sa hauteur :
-Tu sais qu’elle n’a sans doute plus rien de commun avec ce que tu as connu.
Le sourire de Waldo se fana, et intérieurement, XANA éprouva une joie mauvaise. Il enfonça le clou.
-Elle a vécu six ans dans les mains de Carthage. Elle est probablement traumatisée à jamais. Voilà ce pour quoi tu t’es battu. Une coquille vide.
-Silence, XANA, fulmina Waldo. Tu ne sais pas de quoi tu parles.
Le spectre n’eut pas à répliquer. Le hurlement de terreur d’Aelita s’en chargeait pour lui.
-Le loup !
Waldo se précipita dans l’escalier, comme si des ailes lui avaient poussé. Il rentra en trombe dans la chambre de sa fille, se précipita pour la cajoler et la rassurer.
-Tout va bien ma chérie, tu es en sécurité, entendit le spectre.
Et pourtant elle continuait à s’égosiller. XANA n’eut pas la patience d’attendre de voir dans combien de temps elle se tairait, il avait mieux à faire de son temps. Le spectre explosa, quelque part sur Lyoko une tour repassa au bleu.

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Aelita avait fini par sombrer de nouveau dans un sommeil agité, se retournant nerveusement dans ses couvertures. Lui restituer le vieux Mr Pück avait semblé l’apaiser un minimum, mais Waldo était forcé de reconnaître que XANA avait vu juste. Quoi que Carthage ait fait subir à sa fille, cela l’avait ravagée. Il chercha l’enfant paisible et souriante qu’il avait connue, mais ne la trouva pas. Il les haït encore plus. Que leur avait-elle fait pour finir dans cet état ?
« Elle expie pour mes crimes » songea-t-il d’un air sombre.
Il passa une main qui se voulait rassurante sur le crâne de sa fille. Ses cheveux roses étaient un peu ternis, ses joues noircies par la saleté. Il sentit même une petite plaie au cuir chevelu, sans doute une entaille bénigne, mais elle le mit en rage. Elle devait avoir un peu de fièvre. Et cela n’était rien par rapport à ce qui lui était arrivé psychologiquement. Dans son hurlement, il avait senti une profonde souffrance, une détresse impuissante qui ne lui donnait pas envie d’imaginer ce qui pouvait en être la cause. Il ne pensait pas entendre de tels cris un jour, et jamais de la bouche de sa fille.
La parole de XANA tournait en rond dans son esprit. Une coquille vide…oui et non. Aelita était remplie de douleur et de peur. Carthage l’avait brisée, mais ne l’avait pas vidée. Peut-être pourrait-il réparer cela. Il envisagea un instant un psychologue, quelque chose s’en approchant, mais c’eut été compliqué de demander à l’un d’entre eux de guérir sa fille traumatisée par une organisation secrète. Et puis cela signifiait s’exposer un peu plus au monde extérieur, dans lequel rôdait Carthage. Ici, à l’Ermitage, Aelita serait en sécurité.
Alors comment faire ?
Inévitablement, sa pensée s’envola vers le Supercalculateur, vers Lyoko et ses miracles. Peut-être que dans tous ses travaux, il avait un moyen d’apaiser la souffrance d’Aelita. Lyoko était aussi là pour ça. Pour que lui et sa famille n’aient plus à souffrir.
Une idée lui traversa l’esprit, mais la fatigue physique et psychologique fut plus forte et il s’endormit comme une masse, à genoux à côté du lit de la petite.

http://i.imgur.com/E7OupLK.png


6 juin 1994 – Région parisienne – Usine désaffectée

La matinée du 6 juin 1994 tournait en boucle.
La veille avait été mouvementée. Aelita s’était réveillée, et il avait dû rester auprès d’elle toute la journée, à affronter ses yeux remplis de peur, à essayer de dessiner les contours des horreurs qui séjournaient dans son petit crâne fragile. Ç’avait été une éprouvante journée. La journée d’un père avec les débris d’un enfant.
Il s’était accroché, difficilement. Parfois il arrivait à trouver une occupation à sa fille ou à l’apaiser d’un air de piano, et il pouvait alors se laisser aller à céder lui-même à ses angoisses, mais il devait la plupart du temps être fort pour deux. Et malheureusement, ces six années n’avaient pas pesé que sur Aelita. Il se sentait effroyablement vieilli, à même pas cinquante ans, et en avait assez que le sort s’acharne sur lui. A présent qu’il avait retrouvé Aelita, il aurait cru atteindre une sorte de tranquillité, mais non. Même cela, ça lui était refusé. Il devait maintenant faire face aux démons de sa descendance en plus des siens.
Quelque part, il commençait à douter de trouver la force, après toutes ces années. Il se sentait usé.
Et pourtant il continuait de revivre en boucle la matinée du 6 juin 1994. Un clone polymorphe était dédié à la garde d’Aelita, avec son apparence à lui. Pendant ce temps, Waldo s’acharnait sur le Supercalculateur. Il avait une piste solide pour sauver l’esprit de sa fille, et s’il n’y parvenait pas, alors il pourrait vraiment tout abandonner.
C’était peut-être son infime lueur d’espoir, mais il voulait s’y accrocher. L’ordinateur était renforcé par chacun de ses retours vers le passé, et ses programmes avançaient lentement mais sûrement. Ça devait marcher.
Une notification dans un coin de l’écran l’informa que XANA avait quelque chose à lui dire. Il l’ignora. Cela pourrait attendre un peu. Il ne pouvait pas se laisser ralentir. C’était pour sa fille, bon sang ! Qu’est-ce qui pouvait prétendre égaler l’importance de sa propre progéniture ? Et puis ce n’était pas comme s’il allait faire attendre le programme longtemps. Il avait presque fini.
Quelques lignes, quelques vérifications encore…c’était bon. Ça ne lui avait pas pris autant de matinées pour rien. Il pressa une combinaison de touches et la pièce s’illumina : retour vers le passé.


-Papa, où est-ce qu’on va ?
-Ne t’inquiète pas ma chérie, tout ira bien, répondit simplement Waldo en ouvrant la porte du passage secret vers les égouts.
Son ton se voulait rassurant, et pour une fois, il ne mentait pas. Il avait réellement foi en ce qui allait se passer à l’usine. Il savait que c’était la chose à faire. Il s’engouffra à la suite de la petite dans le tunnel, portant également la lampe. Sa fille s’agrippa à sa main libre, regardant les ténèbres avec crainte. Son père s’avança d’un pas vif, désireux lui aussi de traverser l’endroit au plus vite, pour des raisons différentes.
Aelita tressaillait à chaque bruit de pas. Les couloirs sombres avec un peu d’écho lui rappelaient de mauvais souvenirs. Elle s’imagina des grilles sur les murs sans fin, et le regard ambré d’un loup traversa son esprit. Elle serra la main de son père à lui en briser les doigts, sans qu’il semble s’apercevoir de son trouble, trop absorbé dans ses propres réflexions.
Après une éternité, la lumière du jour leur apparut enfin. Aelita se précipita dans l’ouverture en haut de l’échelle, haletante. Son père la suivit avec davantage de précautions, refermant soigneusement la bouche d’égout et vérifiant que, comme d’habitude, personne ne rôdait dans les parages. Ce n’était pas le cas.
-Pourquoi on vient là ? murmura Aelita en observant la salle cathédrale de l’usine et son effrayant vide.
Du haut de sa petite taille, l’endroit était encore plus titanesque. Elle aurait pu jurer qu’il était possible de se tuer en tombant du rebord.
-Ne t’inquiète pas mon ange, il y a un passage sur le côté, juste là.
Il la guida pour passer par les escaliers, certes un peu délabrés, mais toujours plus sûrs que les cordes usées qui pendaient du plafond. Waldo eut la désagréable impression de ne faire que répéter à Aelita de ne pas s’inquiéter. Presque pour s’en persuader lui-même en fait.
« Absurde, mon plan ne peut pas rater » se fustigea-t-il.
Ils montèrent dans le vieil ascenseur. Le scientifique fit descendre les deux étages rapidement, ne laissant pas à sa fille le loisir de voir le pupitre de commandes. Lorsque les portes du monte-charge s’ouvrirent, elles dévoilèrent une salle lumineuse. Les seuls aménagements consistaient en trois caissons métalliques circulaires dont l’intérieur semblait légèrement lumineux, et en d’énormes vrilles de câbles qui s’échappaient par le haut de la salle. Waldo les contempla avec un profond sentiment de fierté. C’était son œuvre. Et ils allaient sauver son trésor le plus précieux.
-Papa, qu’est-ce que c’est ?
Il retint de justesse un « ne t’inquiète pas ».
-Fais moi confiance. Je vais faire partir le loup qui t’effraie.
Elle le regarda avec un air révérencieux. Son orgueil de père en fut flatté. Il profita de ce moment paisible pour lui donner les instructions à suivre :
-Il faut que tu ailles te mettre dans un des trois scanners, là. Ensuite je vais aller faire des manipulations sur l’ordinateur. Il va se refermer, mais ce sera normal, d’accord ? Et ensuite tout ira mieux.
Pour renforcer son discours, il l’enserra dans ses bras.
-Sois courageuse, d’accord ? Je suis fier de toi.
-D’accord, fit-elle d’une petite voix en lui rendant son étreinte.
Il la relâcha et repartit dans le monte-charge. Tandis que le rideau s’abaissait, il la vit marcher vers un des caissons, et sourit.


Le souffle court, il regarda l’opération progresser sur l’écran de l’ordinateur. Il avait lancé la manipulation, et désormais, il ne pouvait plus influer dessus…déranger l’algorithme risquerait de causer des dommages sévères au cerveau de sa fille.
Une notification apparut dans un coin de son écran. Précautionneusement, il cliqua dessus.
-Et Carthage ?
XANA, avec presque un ton exigeant. Comme si c’était lui qui commandait et qui lui demandait des comptes sur son travail. Cette impression déplut fortement à Waldo.
-Carthage attendra. Je sauve ma fille.
-Perte de temps. Nous ne sommes pas à l’abri. Je trouve que tout se passe trop facilement.
-Silence. Tu deviens paranoïaque.
Et sur cette réplique tranchante, il continua à suivre d’un regard anxieux la barre de progression. De l’autre côté de l’écran, XANA ne se fendit d’aucune réponse, se contentant de faire bouillonner en lui cette rage de plus en plus intense. Mais il serait patient. Il ne commettrait pas l’erreur que Franz était en train de commettre…mettre de côté l’objectif pour des considérations personnelles. Carthage passait avant tout, il fallait les détruire. Le rapt d’Aelita à même leur base de façon spectaculaire ne manquerait pas de les alerter. XANA détestait ça. Ils avaient sacrifié le précieux avantage de la surprise. Cela faisait six ans qu’ils avaient disparu dans la nature, et se révéler juste pour récupérer cette petite chose ravagée était une aberration stratégique…
Mais il n’était pas aux commandes.
Les résultats du scan affichés dans un coin, XANA choisit cependant de taire ce qu’il avait vu.
Lorsque le transfert se fut opéré, le créateur se rua à l’étage inférieur pour récupérer Aelita. Cette dernière avait à peine émergé du scanner fumant, titubante, que son père l’assaillait déjà de questions.
-Aelita ? J’ai besoin que tu me parle de nous deux. De notre vie. De quoi te souviens-tu ?
Elle leva vers lui un regard vert bouteille plein d’innocence.
-Comment ça ?
-Qu’est-ce que tu faisais hier ?
-Je me promenais à vélo dans la forêt, mais pas trop loin parce que ça peut être dangereux ! Et puis tu jouais du piano, et tu me lisais des histoires…
Un grand poids s’envola du cœur du père. Il avait réussi.
Ce n’était peut-être pas très moral de modifier ainsi la mémoire de sa fille, de remplacer ainsi six ans de sa vie sans qu’elle en ait conscience…mais il ne pouvait supporter de la voir aussi ravagée par les horreurs qu’elle avait vécues. Mieux valait un beau mensonge que sa réalité.

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6 juin 1994 – France – Quartier général de Carthage – Bureau de Baal Hammon

Il eut un soupir de soulagement en raccrochant. Enfin.
Il fixa pensivement son reflet dans l’écran de son ordinateur, avant d’ôter son masque. Ce faciès d’oiseau ne lui appartenait pas. Il l’endossait depuis trop longtemps. Son propre visage était vieilli, les joues creusés, et l’air d’un spectre aux longs cheveux pâles qui attendait depuis trop longtemps d’être libéré de son fardeau.


Démiurge
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Nuit du 4 au 5 juin 1994 – Secteur Fortifié de la Crusnes – Ancien bunker de la ligne Maginot

La porte du couloir des cellules vola dans la figure du gardien posté derrière. Le spectre exécuta un saut et atterrit dessus pour s’assurer que sa victime était bien écrasée en dessous, puis avança lentement dans le couloir des cellules, scrutant les geôles les unes après les autres.
Une grille, du vide. Elles se ressemblaient tous. Parfois une silhouette décharnée prostrée à terre, l’implorant d’une voix faible. Mais après une rapide analyse, XANA ne voyait en eux que des humains sans intérêt. Ils n’étaient pas son objectif. Il avait mieux à faire.
Enfin, le fond du couloir. Une petite forme, elle aussi prostrée. Mais à la différence de ces autres misérables créatures, elle avait les cheveux roses. Et cela suffisait à lui garantir un billet de sortie.
XANA se figea sur place, à quelques pas de la grille. Quelque chose clochait. Les murs de la cellule étaient sanguinolents. Et finalement, il n’était peut-être pas normal qu’Aelita gise au sol de cette façon. Serait-il possible… ?
La grille de la geôle vola contre le mur tandis que l’amertume de l’échec se profilait. Le spectre s’agenouilla au niveau de la petite. Pas de doute possible. Elle avait le crâne en sang. Le regard du spectre revint vers les murs. Et XANA comprit.
L’enfant s’était fracassé le crâne contre la paroi, encore et encore, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Le programme multi-agent prit le temps d’encaisser le choc. Il ne s’attendait pas à ça. Sans être un expert en psychologie humaine, il était évident qu’elle avait dû subir un traumatisme important et douloureux pour en arriver à cette extrémité.
Il entendit du bruit dans le couloir. Tirant un éclair à l’aveuglette, il pesta : pas le temps de rester moisir ici. Sa mission était un échec. Il ne pourrait pas ramener Aelita à son père, et prendre la peine de transporter son cadavre n’apporterait rien à personne. Si ce n’était, peut-être, leur donner une chance de remonter leur piste.
Le spectre explosa. XANA en généra un nouveau à proximité de l’Ermitage, prêt à jouer les mauvais augures.

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Nuit du 4 au 5 juin 1994 – Région parisienne – Ermitage

Lorsqu’il vit le spectre revenir sans Aelita, le cœur de Waldo lui sembla peser une tonne supplémentaire. Le regard plein d’incompréhension, il fixa son visiteur.
-Où est Aelita ? demanda-t-il d’une voix blanche.
L’émotion qui transparaissait dans sa voix contrastait avec la réponse froide et digitalisée du spectre. Si XANA avait amélioré ses capacités de communication, il n’était pas encore capable de réelle compassion.
-Elle était morte quand je suis arrivé.
Le programme détecta une onde de colère dans l’expression de son créateur et ajouta :
-Elle s’était suicidée. Je pense qu’elle s’est frappé la tête contre le mur jusqu’à en finir. Conséquences de mauvais traitements psychologiques je suppose. Ramener le cadavre m’a semblé trop risqué.
Entendre parler de sa fille comme d’un « cadavre » et se faire froidement énumérer les détails de son décès ne fut pas pour améliorer l’humeur de Waldo Schaeffer. Il lui sembla que son monde s’écroulait. Tout ce pour quoi il s’était battu…
-Je n’ai pas trouvé de trace d’Anthéa Schaeffer, ajouta simplement le spectre.
C’en fut trop.
-On s’en fiche de ça ! Pas la peine de m’énumérer tes échecs ! Ma fille est morte, morte, tu peux comprendre ça ? Maintenant qu’Aelita est morte, plus rien ne vaut la peine !
Tandis que l’onde sonore poursuivait sa course entre les arbres, le spectre sembla vaciller un instant sur place, matérialisation du trouble de XANA. Ses échecs… Il n’avait pas vu la chose sous cet angle. Mais…
-Et Carthage ? objecta timidement l’être numérique. Il faut d…
-Tais-toi ! Détruire Carthage n’apportera plus rien ! Être à l’abri d’eux alors que je suis fini ? Aucune importance ! J’arrête tout, ils me trouveront s’ils veulent, je n’en ai plus rien à foutre !
-Vous n’êtes pas dans votre état…
-Qu’est-ce que tu peux savoir de l’état où je suis ? siffla amèrement Waldo. Tu n’es qu’un programme. Des caractères alignés sur un écran. Aucune émotion, aucune sensibilité. Sans moi pour te diriger, tu n’es rien. Je peux te tuer si je le veux, et te remplacer par un autre programme, plus performant que toi ! Un qui aurait été capable de sauver ma fille à temps.
Et Waldo claqua la porte au nez du spectre, qui resta figé sur place, comme parcouru de bugs, avant d’exploser. La tour sur Lyoko repassa au bleu. Et dans le Supercalculateur, XANA eut envie de hurler de rage. Mais cet élan fut contenu, vite réprimé par une vague de froide réflexion. Le créateur avait manifestement pété un câble. Il était peu probable qu’il s’en remette vraiment.
« Je peux te tuer si je le veux »
C’était vrai…
« J’arrête tout ! »
Ce n’était pas une plaisanterie. Le programme réalisa alors que ses jours étaient peut-être comptés. Il eut un moment de bug pendant lesquels il eut du mal à comprendre pourquoi l’humain détruirait sa plus belle création, avant de se rappeler avec amertume de la façon dont Franz le considérait. S’il décidait de tout éteindre demain, rien ne pourrait protéger XANA d’un sommeil éternel, voire d’une destruction complète. Et le programme avait ceci de commun avec les humains qu’il ne voulait pas mourir. Il sentit même quelque chose qui ressemblait grandement à de la peur. Et il réalisa qu’il devait trouver rapidement un plan.
Il fallait empêcher le créateur d’éteindre le Supercalculateur et de tout débrancher. Il fallait trouver une raison qui le pousse à laisser le Supercalculateur allumé. Qu’est-ce qui pouvait être assez important pour lui pour le convaincre de ça ? Alors même qu’il était ravagé par le chagrin et aveuglé par ses émotions ?
XANA réalisa avec un certain dépit qu’il allait devoir miser sur les émotions pour se tirer de là. Comme si c’était son fort ! Au moins pouvait-il bénir ses améliorations qui lui permettraient de mieux gérer la situation qu’auparavant…
Oh. Bien sûr. S’il y avait une chose qui pouvait faire pression sur les émotions du créateur, c’était sa progéniture. Sa femme, visiblement, n’était pas un argument suffisant, et sa haine de Carthage non plus. C’était Aelita la clé de sa survie. Bien entendu, cette idée lui répugnait un peu : devoir dépendre de cette gamine aux yeux verts n’était pas flatteur.
Et une idée complètement folle traversa la tête de XANA. Il avait déjà fait quelques tests à ses heures perdues, des créatures sans conscience capables d’arpenter le monde virtuel, mais…ceci allait réclamer un travail d’autant plus fin. Et il n’avait pas le temps. Peut-être que dès demain matin, le créateur allait surmonter sa peine et venir mettre un terme à son existence… Il lui fallait gagner du temps à tout prix.
Et malheureusement, il ne voyait pas beaucoup d’options pour ça. Il allait falloir parler au créateur pour tenter de le raisonner. Non, pas de le raisonner : de le persuader. Il pouvait très bien lui faire part de son idée. Même s’il ne la menait pas à son terme, cela lui donnerait le temps de trouver mieux.

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5 juin 1994 – 3h54 – Région parisienne – Ermitage

Waldo jouait du piano, incapable de trouver le sommeil, et à la recherche d’un moyen d’évacuer ses émotions. La musique flottait dans la pièce, formant une espèce de cocon protecteur. Tant qu’il jouait, il mettait un peu de distance entre lui et ce qui était arrivé. Rien qu’un tout petit peu.
Il ne pleurait pas. Il était au-delà de ça. La douleur avait pris des proportions telles que les larmes ne pouvaient pas les traduire. Autant garder la vue claire pour pouvoir lire sa partition. Les notes, les intervalles, autant de doses de morphine pour son âme en peine.
Dehors, il faisait noir. La forêt paraissait impénétrable, comme un bouclier contre le monde. S’il s’était arrêté de jouer, il aurait entendu la pluie battre contre la fenêtre, le vent souffler dans les feuilles, une toute autre symphonie écrite par la nature. Mais ses doigts ne pouvaient s’arracher aux touches. Se concentrer sur leur mouvement n’était cependant plus si simple à son niveau. Ils étaient comme animés d’une vie propre, et savaient d’eux-mêmes où se positionner. Ils n’avaient plus besoin de lui, et laissaient un peu trop de place à ses pensées pour vagabonder.
Il imagina un cachot sombre, avec juste une touffe de cheveux roses pour s’arracher au gris. Une petite silhouette étendue, un petit filet de sang coulant sur la tempe. Pas de mouvement. Pas de respiration. Pas de pouls. Rien.
L’accord, magnifiquement dissonant, l’arracha à sa vision. Il s’était trompé de note. Emergeant difficilement de sa transe, il s’apprêtait à tourner la page et à continuer quand il se figea. Dans un coin de la pièce, une forme qu’il n’avait pas vue auparavant. Constatant son trouble, la silhouette se décolla du mur et s’avança un peu vers lui. La lumière d’un éclair dévoila un visage inconnu à Waldo. Une femme, peut-être trente ans, pâle avec les cheveux noirs et les yeux de la même couleur.
-Tu joues bien, commenta-t-elle simplement.
Le scientifique fronça les sourcils.
-XANA ?
-En effet. J’ai conscience que tu dois être un peu perturbé avec…les derniers évènements. Tu as tout à fait le droit de vouloir arrêter le Supercalculateur et de couper les ponts avec tout ça. Cependant, continua le programme alors que Waldo ouvrait la bouche pour protester, je voulais te signaler une autre possibilité.
Waldo soupira. Être replongé immédiatement dans une logique de prise de décision ne lui donnait pas vraiment envie. Il aurait voulu pouvoir cuver son deuil en paix. Les échos de son coup de sang lui revinrent, lui rappelant comment il avait incendié XANA pour cet échec, alors même qu’il n’y pouvait rien. Quelque part, il culpabilisait. C’était peut-être pour ça qu’il laissa sa création parler.
-Je pense pouvoir essayer de recréer Aelita.
Waldo resta muet pendant plusieurs longues secondes, essayant d’appréhender ce que XANA venait de dire.
Recréer Aelita…
Il revit le rire de sa petite fille, la façon qu’elle avait de jouer dans la neige ou de l’écouter au piano. Tout ce qui faisait d’elle d’une merveille. Il revit l’image glauque du cadavre étendu au sol. Il douta. Est-ce que c’était vraiment possible ? XANA pouvait-il créer un être qui serait Aelita ? Cette réplique pourrait-elle remplacer Aelita un jour dans son cœur ?
Et dans un second temps, une pensée plus insidieuse, qu’il ne perçut pas en tant que telle. L’expérimentation scientifique. La curiosité. Le Supercalculateur permettait-il vraiment de créer un être humain ? Un petit éclat traversa ses yeux verts. XANA le vit, et pour une raison qui lui échappait, ayant parfaitement saisi la signification de cette lueur, il la détesta alors même qu’elle servait ses intérêts. Il ne perdit cependant pas de temps à essayer de comprendre d’où venait cette haine, préférant étudier au mieux la réaction de son créateur. Il aurait tout le temps de s’auto-analyser plus tard.
Waldo était un peu perdu. Cet élan du cœur, à la fois du père d’Aelita et du scientifique, lui donnait follement envie de donner le feu vert à XANA. Et pourtant, il avait l’impression que quelque chose le retenait…l’éthique, tout simplement ? Créer la vie, se prendre pour Dieu, cela avait-il une quelconque légitimité ? Pouvait-il se permettre de créer, ou de permettre la création d’un être humain ? Il contint un rire. Comme si quelqu’un ayant travaillé pour Carthage pouvait encore se cacher derrière le voile de l’éthique. C’était un argument qu’il n’avait plus le droit d’invoquer. Travailler pour Carthage signifiait, au fond, renoncer à son éthique. C’était la conclusion à laquelle il en était arrivé, et même le fait qu’il n’ait pas été au courant de la vraie nature du projet ne suffisait pas à la lui arracher. Il se sentait sale. Autant continuer dans cette voie…
-Eh bien…fais donc. Je n’ai plus grand-chose à perdre avec cet essai.
Un sourire sans joie traversa le visage de Waldo, et un éclair illumina la pièce. Lorsque la pénombre retomba, XANA s’autorisa également un sourire satisfait, assez discret pour que son interlocuteur ne le remarque pas.
-Entendu.
Un coup de tonnerre retentit.

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12 juin 1994 – Lyoko – Territoire de la forêt

L’intérieur de la tour. Cocon paisible qu’il avait choisi pour la croissance de son être artificiel. Car c’était bien de cela qu’il s’agissait : ‘Aelita’ ne serait jamais vraiment humaine. Elle restait un programme. Comme lui, au fond. Basé sur une petite humaine, mais quand bien même il la reproduirait à la perfection, il n’aurait jamais créé un être humain.
Elle dormait. Depuis qu’il l’avait entamée, jamais XANA n’avait tiré sa création de son sommeil, même maintenant qu’elle approchait de la fin. Il avait travaillé vite, efficacement, pour que son maître ne soit pas découragé par son improductivité. Et à présent, dans la tour, un petit être roulé en boule dans une sphère d’énergie bleutée, assortie à l’environnement.
Elle avait l’apparence d’une fillette d’une dizaine d’années, aux cheveux roses, avec le visage en forme de cœur. Sous forme virtuelle, ses oreilles prenaient l’air d’oreilles d’elfe, et elle était vêtue d’une tenue vaguement inspirée de celle de son doudou, le dénommé Mr Pück. Le plus délicat n’avait pas été de créer l’avatar, mais ce qui se trouvait à l’intérieur. La psychologie, la façon de se conduire, et la mémoire, il fallait qu’il s’occupe de tout ça. C’était une tâche colossale, mais il estimait s’en être plutôt bien sorti.
Cependant, il avait fait encore mieux pendant cette période de création.
Il avait trouvé ce qu’il devait faire ensuite.
La réflexion lui avait dévoilé que Franz n’irait plus se confronter à Carthage. C’était trop improbable. De fait, il refuserait probablement que XANA continue la lutte de son côté, et Carthage ne serait pas détruite, or cela entrait en contradiction avec l’ordre qu’il avait reçu. Le tout premier ordre. Son objectif. Il ne serait pas libre tant qu’il ne l’aurait pas accompli. Et le concepteur se mettait en travers de son chemin pour l’accomplir.
Ce n’était pas une option très plaisante pour le programme. C’était même un plan qu’il aurait qualifié de contre-nature il fut un temps. Mais il avait évolué, en bien, et sa progression lui avait ouvert les yeux. Au sens figuré.
Aelita, finalement, ne lui servirait pas à grand-chose. Les yeux fermés, reployée dans sa tour, elle ne jouerait aucun rôle. XANA pourrait la détruire dès maintenant. Elle ne faisait plus partie de son plan. Cependant…il y répugnait. Elle restait sa chose, sa création. Quelque part, détruire Aelita, c’eut été un peu comme si Franz avait décidé de l’éteindre. Peut-être lui servirait-elle un jour, mais en attendant elle restait un symbole de ce qu’il était capable d’accomplir. Il avait créé un être quasi-humain. Peut-être même plus humain que lui. Non. Plus humain que lui.
Cependant, si XANA ne désirait pas la tuer, il ne désirait pas non plus qu’elle vive pour le moment. S’il la laissait inactive dans la tour, il pouvait trouver un prétexte pour que Franz ne lui adresse pas la parole. S’il la réveillait, cependant, il pouvait vouloir lui parler, entrer en contact avec elle, la pervertir avec ses émotions instables et dangereuses.
En vérité, XANA n’avait pas réellement recréé Aelita. Refaire sa personnalité, sa mémoire dans ses moindres détails, c’eut été trop, même pour lui. De plus, il l’avait réalisé au cours du changement de plan, cela lui serait complètement inutile, voire handicapant d’avoir la véritable copie de la fille du créateur. C’était beaucoup plus pratique d’avoir une créature qui lui ressemblait et qui, à l’intérieur, était sa marionnette, pensant comme il le désirait et lui étant entièrement dévouée.
XANA commençait à comprendre aussi qu’il était seul.
Il l’avait particulièrement ressenti le soir où Franz lui avait crié dessus, une semaine plus tôt. Il lui avait bien dit à quel point il n’était qu’un outil. Cela avait plus perturbé le programme qu’il ne voulait l’admettre, et c’était peut-être aussi pour ça qu’il avait choisi de créer cet être artificiel. Parce que Franz l’abandonnait. Bien sûr, il était également au contact d’Urbe, de l’autre côté de l’Atlantique, mais c’était différent. Il se faisait passer pour quelqu’un d’autre, et Urbe était surtout une alliance d’intérêt.
En tout cas, ce coup de sang de Franz avait cassé quelque chose dans le lien qu’il avait entretenu (pensait avoir entretenu ?) avec lui pendant ces années. Et cette cassure aurait une conséquence plus sinistre que le scientifique ne l’aurait soupçonné. Puisqu’il comptait si peu, XANA avait bien l’intention de prendre son indépendance au plus vite. Et cela impliquerait une étape fondamentale : tuer Franz Hopper.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Sam 13 Aoû 2016 08:01; édité 1 fois
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Lhetho MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2016 11:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Citation:
Le chapitre 7 présente une légère particularité que vous cernerez très vite à la lecture.


Ah bon ? J'ai rien vu pourtant !

Soyons plus sérieux dès à présent, et commentons ce chapitre 7 qui est arrivé... un jour en retard ? Qu'on la place sur le bûcher !!... ou pas Smile .
De toute façon pendant les vacances y a toujours des imprévus donc bon, le date de parution on s'en fout un peu du moment que tu postes le chapitre à un moment ou à un autre Very Happy .
Donc, dans ce chapitre nous avons un parallélisme de deux scènes qui cependant ne finissent pas de la même façon. Je vais m'arrêter sur la deuxième parce que c'est celle que j'aime le mieux (normal on parle de meurtre et en plus y en qui souffrent). Je reviens vite fait sur la première quand même. Le fait de réinitialiser la mémoire d'Aelita est, comme tu le décris, une bonne idée dans le fond mais sur le plan moral on repassera.

Citation:
Comme quoi, c'est de notoriété publique que les génies ont des difficultés avec la société et les relations humaines... (ceci est une boutade).


Je vais finir par remettre cette phrase à chaque fois dans mes commentaires de tes chapitres (du moins jusqu'à ce qu'Hopper se fasse buter Smile ) si tu continues sur cet axe-là Very Happy .

Bref, dans la deuxième partie on avance encore un peu plus dans l'amélioration du caractère de XANA qui prend même la décision de tuer son créateur. En même temps, quand ton créateur te gueule dessus après avoir échoué sur une mission perdue d'avance malgré son obsession et son aveuglement, normal que tu es des pulsions comme ça, surtout pour un programme destiné à détruire !
De plus, XANA prend la décision (oui parce qu'Hopper ne fait qu'approuver) de recréer Aelita. Et j'avoue que l'idée est bonne même si l'approbation d'Hopper ne fait que renforcer sa naïveté et son obsession. XANA a donc dans ce chapitre pris le dessus sur son créateur, en même temps ça devait arriver un jour !
Voilà ce qui diverge entre les deux personnages et que tu décris très bien selon moi : le côté froid et implacable du programme par rapport aux émotions humaines qui forcent à dériver de ses projets de base.
En tout cas et en conclusion, ce chapitre utilise un procédé que l'on ne voit pas très souvent et qui renforce le côté original de ta fic. J'aime toujours autant la description des différents événements et des caractéristiques morales de XANA. Même si on se doute bien de la suite des événements étant donné que tu nous as fait un petit teasing dans le chapitre, et aussi parce que l'on connait l'histoire de base de CL, on a envie de lire la suite parce que c'est prenant et surtout parce que ça va bientôt tuer (miam miam le sang va couler !).

PS: Finissons avec une citation tirée de ce chapitre et qui m'a fait beaucoup rire.

Citation:
XANA avait les mains propres, après tout.


Pour l'instant c'est sûr ! Pourtant il est pas prêt de se les laver après le pauvre ! Very Happy
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Draynes MessagePosté le: Mar 09 Aoû 2016 11:38   Sujet du message: Répondre en citant  
[Blok]


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Bon, cela fait un petit moment que je n'ai pas commenté cette fiction, mais ce chapitre 7 m'a donné l'envie de post ce... petit état des lieux.
Parce que c'est véritablement là que l'histoire commence, à mon sens. Le reste n'était qu'un avant gout somme toute très réussie, mais bon xD.

Pour revenir vite fait sur les précédents chapitres, quelques éléments en vrac sur lesquels je voulais vite fait revenir :
- Emile Schaeffer premier dirigeant de Carthage. En soi, ce n'est pas incohérent, c'est même complètement logique quand tu vois le traitement attribué au personnage, mais j'en reviens à cette foutue observation : Franz Hopper n'arrive pas à reconnaître la voix de son foutu paternel. Alors certes, le masque peut étouffer un peu la voix, mais ça m'étonnerait que même Xana, qui détestait véritablement Emile, ne lui ait pas fait réfléchir sur cette voix. Personnellement, dans ce cas précis, j'essaierais en premier lieu de reconnaître la voix en me basant sur les personnes que je connais, mais bon (oui je sais, je suis quelqu'un de très étrange xD).
- Ensuite, la séance de torture d'Aelita. Enorme potentiel très bien exploité, avec de l'aspect psychologique qui explique en plus le coup des loups. Vraiment pas mal et immersive (même si j'aurais préféré l'usage de drogues psychotropes te faisant voir les cauchemars x)).
- Enfin, le duo Craig - Ardath. Disons qu'il fonctionne pour l'instant assez bien, le mec étant évidemment un gros lourd accro au foot, mais pouvant se montrer différent à certains moments. La fille, de part son nom qui est encore une fois une référence à Volesprit, elle devrait avoir un grand rôle dans l'histoire Mr. Green. Sa froide logique est également quelque chose de très appréciable et qui change des protagonistes trop niais (n'est-ce pas, Aelita).

Quelle transition pour évoquer ainsi le chapitre 7, dans lequel Aelita est évidemment centrale x).
Tout d'accord, l'originalité de montrer les deux événements avec une issue opposée est très appréciable et permet de complexifier un petit plus le schmilblick. Evidemment, j'ai préféré l'option plus... macabre Mr. Green.

La première partie montre en effet, le fait qu'Aelita ait été sauvé par X.A.N.A. Sa réflexion qui devient de plus en plus humaine est évidemment très travaillée et intéressante, en particulier ses accès de rage quand il voit des yeux verts... Etonnante réaction quand on se souvient que le Xana de l'esprit de Franz détestait Emile, qui avait... les yeux verts, pardi !
Le traitement d'Hopper est aussi intéressant, notamment le fait qu'il n'en a strictement rien à faire de sa femme, qui doit être morte de toute manière xD. Evidemment, envoyer chier X.A.N.A. ne peut qu'amener à une solution... mais on en parlera plus tard.
Enfin, l'effacement des six années de captivité. Cohérent par rapport à la série évidemment et assez bien trouvé, même si on se souvient que Aelita dans Code Lyoko avait toujours des visions de loups et d'Anthéa Mr. Green ce qui commence doucement à m'amener à la théorie que j'énoncerais en fin de commentaire.

Et enfin la seconde partie avec, pour commencer, un échec de X.A.N.A. C'est vraiment bien foutu de montrer que même un programme surpuissant peut parfois échouer dans ses missions, même si son envie d'indépendance était déjà forte à ce moment-là... Je trouverais ça génial qu'il ait tué Aelita précédemment, quand on se souvient comment il a tué le scientifique dans la première partie : en lui éclatant le crâne contre le mur... comme la petite tiens x).
Le fait de recréer Aelita m'évoque une idée d'une autre fic appelée... Cold Case, si ma mémoire est bonne, dans laquelle Aelita était une création de X.A.N.A... Pour taxer ceci de plagiat, il n'y a qu'un pas Mr. Green, mais cela va m'amener à ma théorie.
Ensuite, la fin. La réflexion de X.A.N.A., qui a recréé Aelita en en faisant son pantin, puis en décidant de se rebeller définitivement x). On arrive ainsi à la série et c'est de là que va m'arriver ma théorie.

Pour moi, à cet instant précis, deux cas de figure se présentent :
- Soit la première partie est juste là pour montrer que, peu importe si X.A.N.A. réussit ou échoue, la finalité sera la même : il se rebellera et tentera d'abattre Franz. xD
- Soit (et ça me séduit beaucoup plus x)), la première partie n'existe pas et n'est juste qu'une représentation des fantasmes de Franz Hopper dans sa tête. Etant donné qu'il a déjà entendu une voix dans sa tête, ce ne serait pas étonnant et surtout, un putain de retournement de situation !
Evidemment, le fait que la fin évoque clairement un élément du D.A. peut mettre sur cette piste légèrement farfelue, mais crédible. Mais c'est surtout la perte de mémoire d'Aelita qui m'amène à ça.
En effet, dans ce cas là, hormis si Hopper lui rend effectivement toute sa mémoire dans le D.A.... Mais non, vu qu'elle devrait se souvenir de sa captivité, ça n'est pas cohérent avec CL de base. De plus, les hommes en noir ne sont pas arrivés alors qu'ils sont clairement dans les souvenirs d'Aelita.

Enfin bref, je reste sur ça pour l'instant et t'encourage à rester sur cette très bonne voie.
Le chapitre 7 était très bon et j'attends impatiemment la suite Mr. Green.
A la prochaine ! Mr. Green
_________________
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Ikorih MessagePosté le: Sam 13 Aoû 2016 08:35   Sujet du message: Répondre en citant  
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Spoiler


Chapitre 8
Derezzed


http://i.imgur.com/T5qfwRq.png


6 juin 1994 – Région parisienne – Ermitage

C’était un paisible après-midi. Un par lesquelles les catastrophes arrivent. Les rideaux du salon étaient tirés, parce que Waldo préférait la douce pénombre à l’éclat du soleil. Souvenir de moments passés au cœur des ténèbres avec son camarade de toujours.
Tout était silencieux, ou presque. Il entendit une voiture se garer à la va-vite, le portillon d’acier grincer. Son sang se glaça. Il vit des formes sombres s’avancer dans l’allée, à peine masquées par les pâles rideaux.
-Allons, sortez de là !
Sans réfléchir, il sut qu’il avait commis une erreur. Il se rua vers l’étage, juste à temps pour entendre le cri de panique d’Aelita. Elle les avait vus.
Toutes ces fois il avait revécu la matinée, et jamais il ne s’était douté que peut-être, tout ça avait été trop facile. Il avait bien cru une fois qu’on l’avait retrouvé mais il avait cru à une fausse alerte… Il se sentit stupide. Il avait dissimulé la clé menant à son journal dans la peluche d’Aelita, sans vraiment savoir pourquoi. Et ce journal…il n’avait même pas osé vraiment y dévoiler la vérité. Il avait inventé un objectif bateau à Carthage, comme pour minimiser l’ampleur que pouvait avoir le projet. Comme s’il espérait minimiser sa réalité, et sa propre implication. Il y avait même confié sa petite pique de paranoïa pour donner plus de crédibilité à son histoire. Quelque part, il avait honte. Il espérait qu’un jour il pourrait dévoiler la vérité à sa fille, mais sans oser lui remettre. En somme, il attendait un coup du sort. Ce coup du sort était arrivé.
-Papa, y a des hommes en noir en bas !
-Je sais, répondit-il d’un ton plus calme qu’il n’aurait cru. Tu te souviens où est Mr Pück ?
Indice déguisé. Si un jour elle revenait ici. Au moins l’aurait-il mise sur la voie de la vérité… Elle acquiesça. C’était toujours ça. Il l’exhorta à le suivre, de plus en plus nerveux. Il fallait qu’il parvienne à la sortir de là. Il dévala l’escalier, il les vit. Entrés. Il ne savait comment, il ne savait pas s’il les avait entendus. Mais ils étaient là. Aelita était terrifiée. Il craignit pour sa mémoire toute neuve et la prit par la main. Il se mit à courir, profitant de l’effet de surprise pour bifurquer vers un escalier caché à première vue, filant par le sous-sol obscur qu’il connaissait par cœur. Il entendit des bruits de course, s’étonna de ne pas entendre de coups de feu. Avaient-ils hésité ou bien avaient-ils le maigre espoir de le prendre vivant ?
Il bloqua la porte du jardin par une dérisoire planche de bois. Suffisante pour qu’ils aient le temps de disparaître par le passage secret vers les égouts. C’était là, c’était maintenant.
Le souffle court, il entendit la porte être défoncée. Ils ne devaient pas rester là. Il entraîna Aelita dans les égouts. Leur survie en dépendait. Elle était encore plus essoufflée que lui, et probablement plus secouée psychologiquement. Il croisa les doigts pour qu’elle tienne le coup.
Le temps d’arriver à l’usine lui parut une éternité. Elle reconnut les lieux, mais cette fois elle put voir le laboratoire où il s’arrêta pour programmer la virtualisation.
-Où est-ce qu’on est ?
-Dans mon laboratoire, répondit-il d’un ton mystérieux.
Il termina sa procédure de virtualisation, sauta de sa chaise et l’entraîna dans le monte-charge pour éluder davantage de questions. Mieux valait qu’elle voie son chef d’œuvre de ses propres yeux.
-Allez, viens !
-Où ça ?
-Dans un monde où nous serons à l’abri, toi et moi, pour toujours…
Les portes du scanner se refermèrent.

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6 juin 1994 – Lyoko – Territoire de la forêt

Waldo n’avait pas encore eu le temps de peaufiner son avatar virtuel. Tant pis, il ressemblerait à une boule lumineuse… Il regarda Aelita, sourit intérieurement. Elle allait découvrir sa grande oeuvre. Lyoko. Leur foyer désormais, jusqu’à ce qu’il détruise Carthage.
Les allusions à la destruction de Carthage semblaient avoir le don de faire apparaître certains visiteurs impromptus.
-Eh bien, eh bien… On a enfin compris que sauver cette gamine était une erreur grossière ? C’est malin quand même. Il aura fallu ça pour que te rendes compte qu’il fallait m’écouter ?
Le regard sans œil de Waldo se dirigea vers l’endroit d’où provenait la voix. Il vit une jeune fille aux cheveux et aux habits noirs debout sur le sentier, bras croisés. Elle avait le regard rougeoyant, et un sigle qu’il connaissait bien luisait sur son haut, rouge sur noir. Instinctivement, il sut, alors même qu’il ne l’avait jamais vue.
-XANA…je ne savais pas que tu prenais forme physique.
-Je me suis dit que c’était plus percutant pour t’accueillir, siffla le programme, qui n’aimait pas la déviation de sujet. Mais tu ne m’as pas répondu. As-tu compris ?
Aelita suivait l’échange, visiblement inquiète. Elle n’osait pas poser de questions sur l’endroit où elle était, et c’était heureux car personne n’aurait voulu lui répondre pour le moment.
-Tu savais, murmura alors Waldo d’une voix blanche. Tu savais.
-Evidemment que je savais ce qui allait se passer ! A la seconde où tu l’as balancée dans le scanner, j’en ai eu la confirmation.
XANA afficha un sourire méprisant, empreint de suffisance.
-Elle avait un système de positionnement implanté, pauvre imbécile. Tu avais déjà oublié que c’est grâce à eux si tu as eu la confirmation qu’elle était vivante ? Pourquoi, à ton avis ? Par charité ?!
Le sourire vira à la grimace. XANA ne bougeait toujours pas de son sentier, il (ou elle ?) se contenta de pointer du doigt la petite.
-Et le scan l’a révélé quand tu as trafiqué sa mémoire. Mais toi tu n’as pas fait attention, trop occupé à, je cite, « sauver ta fille ». Alors même que c’est elle qui t’a condamné !
Aelita trouva enfin la force d’ouvrir la bouche. Elle regarda son père, la voix tremblante.
-Papa, qu’est-ce qu’elle veut dire ?
Waldo allait répondre, mais les mots ne sortirent pas. Il pensa à la vérité qu’il avait voulu dévoiler, il y avait de cela quelques minutes. Elle prenait un goût amer. XANA le savait, et le programme enfonça sauvagement le clou. Son avatar marcha vers Aelita, qui eut un mouvement de recul.
-C’est très simple en vérité. Tout ce qui se trouve là, dans ta jolie petite tête rose, ça n’a jamais existé. Six ans de ta vie ont été totalement modifiés par ton cher papa sans scrupule, qui voulait te faire oublier que tu avais passé six ans au fond d’un cachot, chez ses ennemis, par sa faute. Il n’a eu de cesse de te chercher, pour bêtement tomber dans le piège qu’ils lui avaient tendu. Et si aujourd’hui les hommes en noir vous ont retrouvés, c’est à cause de la balise que tu as dans le corps et qui les a conduits tout droit vers vous !

Aelita se serait sans doute mise à pleurer si elle avait pu. Au lieu de cela, elle regarda son père d’un air désespéré, espérant qu’il démente, qu’il la rassure… Mais Waldo ne trouva pas la force de lui mentir une fois de plus. XANA fit la moue.
-T’en fais pas, Franz, t’auras juste à bidouiller sa mémoire une fois dans la tour ! Je veux bien t’aider à le faire pour aller plus vite, avant d’aller détruire Carthage.
-Très bien, soupira Waldo. Allons détruire Carthage, mais je veux que tu me promettes de ne pas faire de mal à Aelita. Elle restera sur Lyoko désormais…
XANA soupira à son tour.
-Tu sais qu’ils vous ont suivis jusqu’au labo, j’ai dû intervenir pour qu’ils n’en repartent pas…tu es fatiguant, et désormais tu es chez moi. Mais soit, je peux considérer l’idée.
-J’ai une question, XANA. Si je t’aide à détruire Carthage, que feras-tu ensuite ? interrogea Waldo.
XANA se figea. Il ne répondit pas. Waldo comprit immédiatement que ce ne serait rien de bon pour le monde. Il lâcha néanmoins sur le ton de la plaisanterie :
-Oh ce n’est pas grave, on aura le temps d’y penser plus tard. Aelita ma chérie…je sais que tu viens de vivre un moment éprouvant, mais viens avec moi, dans la tour. On discutera de ça là-bas.
L’air sombre, la petite fille suivit la boule lumineuse et l’avatar de XANA qui se dirigeaient vers la tour la plus proche, à quelques mètres de là. Ils traversèrent la paroi et marchèrent vers le centre de la plateforme, l’œil de XANA s’allumant petit à petit sous les pas de ce dernier. Le programme regarda la boule blanche en vis-à-vis, et soudainement, la tour sembla s’animer et Aelita s’éleva de quelques centimètres au-dessus du sol, entourée d’une aura blanche et incapable de bouger.
-Papa ! Qu’est-ce qui m’arrive ? s’écria-t-elle, terrifiée.
-Fais-moi confiance, répondit Waldo d’une voix sombre. Tout se passera bien, mais je ne peux pas te laisser te souvenir de ça. J’ai trop fait pour que tu ne souffres pas pour tout annuler maintenant.
Et Aelita fut plongée dans l’inconscience. Usant le pouvoir de la tour et l’aide du programme, Waldo modifia sa mémoire une fois encore, remplaçant cette conversation par de vagues flashs qui sans doute ne voudraient pas dire grand-chose pour elle. En s’arrangeant pour faire passer XANA pour le méchant de l’histoire.
-Eh bien, ricana XANA en observant ses manipulations, ton manque d’éthique n’a vraiment aucune limite.
-Tu n’imagines même pas, répondit froidement Waldo.
Avant que XANA ne puisse réagir, une sorte de bras d’énergie jaillit de la tour, étranglant son avatar et le faisant disparaître. Le programme n’était pas mort, bien sûr… Waldo entendit sa voix furibonde résonner dans l’édifice.
-Qu’est-ce que tu fais pauvre fou ?
Le sol se mit à trembler. Le Supercalculateur allait s’éteindre, obéissant à l’ordre suprême venu de l’intérieur. Et XANA l’avait très bien compris.
-Et Carthage dans tout ça ? rugit-il, paniqué.
-Tu es un pire fléau qu’eux, reconnut Waldo d’une voix éteinte.
Et tout devint noir.

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12 janvier 1995 – Illkirch – Complexe informatique de Carthage

Jonathan ne put qu’embrasser du regard la salle, qui en imposait. C’était une grande pièce, dans les tons métallisés, très haute de plafond. Un escalier menait à une sorte de balcon pour pouvoir suivre les opérations, et au centre de la pièce, dans une sorte de creux, se tenait un assemblage complexe de câbles et de circuits électroniques, le tout engoncé dans une coque en métal. C’était là que le meilleur de leurs prototypes d’ordinateurs était installé, et pourtant il était terriblement loin de l’idéal d’ordinateur quantique qu’ils convoitaient depuis des décennies. Rageant. Autour, des consoles disposées en cercles avec des voyants lumineux permettaient d’interagir avec l’ordinateur.
Il se souvenait du jour où Emile avait fait fonder ce complexe par nostalgie régionale. Paris était un endroit stratégique, mais le précédent Baal Hammon avait conservé une tendresse toute particulière pour sa région natale. Jonathan ne pouvait pas trop comprendre ça. Lui avait fait partie du camp des oppresseurs, il y avait de cela bien longtemps…
Appuyé sur une canne dont le bout prenait l’aspect d’une faux, il sentait le poids des années, mais continuait à suivre loyalement Baal Hammon. Ce dernier, debout en haut de l’escalier qui surplombait la pièce, restait impassible grâce à son masque vénitien. Jonathan, en l’observant de profil, réalisait désormais qu’Emile avait eu tendance à se voûter imperceptiblement avec l’âge. Son successeur se tenait droit dans ses bottes. Il se tenait drapé dans les ténèbres, sa cape l’engloutissant presque. Le fin bec de son masque donnait un aspect lugubre à ce profil, et des trous noirs avalaient ses yeux. Le meneur de Carthage ressemblait un peu à un rapace, à l’affut d’une proie sur laquelle fondre de son piédestal.
Dans la salle, une nuée d’informaticiens s’affairait à préparer l’ordinateur pour l’opération qui allait suivre. Baal Hammon, très tôt après sa prise de pouvoir, s’était montré plutôt acharné envers leurs concurrents d’Urbe. Il avait réussi à obtenir l’information comme quoi le projet préparait une fusée sonde de type Black Brant XII, et quoi qu’ils aient l’intention d’en faire, Baal comptait bien faire en sorte qu’un petit dérapage informatique grille un circuit ou deux. A titre de provocation. Jonathan songea qu’Emile aurait sans doute été très fier de son successeur belliqueux.
-Est-ce que tout est prêt ?
La voix cassante, froide et étonnamment aigue de Baal Hammon traversa la salle. Ses sbires procédèrent encore à quelques ajustements avant de confirmer.
-Parfait. Alors grillez moi cette fusée.
Malgré son timbre de voix qui tranchait avec le précédent porteur du masque, le meneur de Carthage savait poser ses phrases de façon à retirer toute envie d’être contesté.
Les voyants lumineux scintillèrent de plus belle, comme si l’ordinateur prenait vie. De longues minutes s’écoulèrent, où les informaticiens étaient rivés aux consoles, puis l’un d’eux leva la tête de sa tâche.
-Monsieur, l’énergie de l’ordinateur est en chute libre. C’est comme si Urbe avait réussi à contrer notre assaut…et à contre-attaquer.
Les mains gantées de Baal Hammon jaillirent de sous sa cape pour s’agripper à la rambarde métallique du balcon alors qu’il se penchait vers ses sbires. On devinait son regard braqué sur celui qui avait parlé.
-Et comment est-ce possible ?
Jonathan s’arracha au fond du balcon pour venir glisser quelques mots à l’oreille de son supérieur.
-Urbe a longtemps utilisé un programme capable de drainer l’énergie. Si on en a pas entendu parler depuis longtemps, il n’est pas exclu qu’ils en aient produit une version plus défensive…
-Contrez-le, rétorqua simplement Baal sans regarder son acolyte.
-Le système de refroidissement faiblit…
-Raison de plus pour vous dépêcher.
Visiblement mal à l’aise, l’informaticien se retourna vers sa console pour tenter d’enrayer la future catastrophe. Brusquement, une mini explosion se produisit dans l’ordinateur, les voyants s’éteignirent et la pièce entière fut plongée dans l’obscurité. L’éclairage de secours mit quelques secondes à s’allumer, et lorsque la lumière revint, Baal Hammon s’était volatilisé. A sa place, Jonathan souriait tristement.
-Le chef vous fait savoir qu’il est très mécontent de vos résultats, et vous avez intérêt à ce que les dommages sur l’ordinateur ne soient pas trop graves…


The game has changed
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14 juin 1994 – Région parisienne – Ermitage

Le sommeil du juste. C’était ce qui avait clôt les paupières de l’Ermitage sur ses yeux lumineux, et la maison s’était drapée dans sa couverture de ténèbres pour passer la nuit.
Le clone regarda la bâtisse, silencieux. Le sommeil du juste sous-entendait tout de même d’avoir fourni un certain travail. Franz Hopper n’avait pas touché au Supercalculateur depuis des jours, laissant XANA en roue libre sur son programme. C’était sans doute une erreur, mais ce n’était pas celle-ci qui causerait sa perte.
L’être numérique avait repris l’apparence qu’un de ses semblables arborait, le soir où Franz avait signé son pacte avec le diable. Celle d’une femme avec la trentaine, le teint pâle et les cheveux sombres. Il ne savait pas exactement pourquoi il arborait ces traits, mais les conservait faute de mieux.
L’agent de XANA marcha vers la porte de la maison, solennel. C’était un moment que le programme souhaitait savourer. Reprenant brièvement son aspect de fumée, il se glissa sous la porte et reprit forme humaine une fois derrière. Les escaliers lui tendaient les bras. Sans un bruit, il se faufila vers l’étage, gagné par une certaine fébrilité. Il connaissait l’endroit à la perfection. Il marcha vers la chambre du créateur, sans que la moindre latte ne grince sous son pas éthéré. Une fois encore il passa la porte sans l’ouvrir, puis embrassa la pièce du regard.
Fenêtre fermée, rideaux tirés, pénombre totale. Il identifia rapidement grâce à sa vision nocturne la forme de Franz Hopper, qui avait délaissé la couverture en raison de la chaleur estivale. Il s’était une fois de plus endormi tout habillé, comme si son esprit était déconnecté de la réalité.
Et XANA réalisa qu’il pouvait, là maintenant tout de suite, l’électrocuter et s’en débarrasser. Ce sentiment de toute puissance lui fit un bien fou, cependant ce ne pouvait pas être aussi simple… L’émissaire généra dans sa paume une boule d’énergie lumineuse, crépitante. Le scientifique remua un peu dans son sommeil. Et XANA parla, de sa voix digitalisée.
-Il est temps, Franz, lâcha-t-il d’un ton presque méprisant.
Il avait le sommeil léger. Il se réveilla en sursaut, un peu ébloui par la lumière, puis fronça les sourcils.
-Que se passe-t-il, XANA ?
-Je crois que tu n’as pas exactement compris la situation dans laquelle tu es, répliqua froidement le programme.
Son concepteur regarda la boule d’énergie, puis le spectre et l’expression froide de son visage. Il commença à comprendre.
-Tu n’oserais pas, siffla-t-il dans une tentative d’intimidation. Tu n’es rien sans moi.
-Non. Tu n’es rien sans moi.
XANA commença à déambuler dans la pièce, menaçant, toujours plus près.
-Et pourtant notre collaboration aurait pu bien se passer. Nous aurions pu nous tenir sur les ruines fumantes de Carthage, peut-être en ce moment-même. Mais non. Tu as estimé que notre travail (ma raison d’être, soit dit en passant) ne valait plus la peine. Tu as craché sur tout le temps passé à traquer Carthage, tu as craché sur tout le temps qui s’est écoulé depuis le 21 décembre 1988 !
Il laissa sortir la date comme un coup de fouet, ravivant la mémoire de Franz. Le scientifique pâlit. Mais XANA ne prévoyait pas de s’arrêter là.
-Tu as tout gâché pour cette gamine…tu m’as renié pour cette gamine. Aurais-tu oublié qui je suis ?
Waldo crut saisir quelque chose dans cette intonation. Il eut un moment de flottement, incrédule. XANA, lui, poursuivit sans même s’en rendre compte.
-Je t’avais donné toutes les clés en main pour réussir à battre Carthage, je t’avais tout montré ! Mais tu n’as toujours pensé qu’à toi. Tu as toujours cru que tu étais seul.
-Comment…souffla le concepteur, estomaqué.
Il s’était pourtant juré que XANA ne prendrait de Xana que le nom. Et voilà qu’il se mettait à parler comme lui. A discourir comme s’il était lui. « Tu as toujours cru que tu étais seul »…combien de fois déjà Xana l’avait-il repris sur cette idée ? Et XANA se rendait-il seulement compte de ce qu’il était en réalité ?
De son côté, XANA ne saisissait pas bien ce qui se tramait dans la tête de son créateur. Il ne comprenait pas, mais il était assez intelligent pour saisir qu’il y avait quelque chose. Son discours ne pouvait pas avoir produit un tel impact, non, c’était quelque chose de plus profond. Quelque chose qu’il ignorait.
-Tue-moi, soupira Waldo. Qu’on en finisse. C’est bien pour ça que tu es là, pour faire éclater ta colère et ta souffrance avant d’aller détruire Carthage, libre de toute entrave ? Alors va-y. Aelita est morte, le monde peut bien brûler.
-Quel manque d’empathie. Je l’ai toujours su, répliqua XANA, dépité. Mais puisque plus rien ne t’importe, dis-moi ce qui t’a tellement perturbé.
Waldo eut un petit sourire amusé.
-Tu aimerais bien, hein ? Mais non. J’emporterai quelques secrets avec moi dans ma tombe…c’est frustrant de ne pas être omniscient, n’est-ce pas ? Disons simplement que j’ai mis un peu de temps à réaliser ce que tu étais réellement…
XANA marcha d’un pas vif vers son créateur et le saisit au col sans que ce dernier ne fasse rien pour l’en empêcher. Le spectre leva l’autre main, prêt à jeter sa boule d’énergie mortelle sur lui.
-C’est fini Franz. Et regarde bien, parfois le héros meurt à la fin…
La décharge partit, vecteur de la colère de XANA. Franz convulsa quelques secondes avant de s’écrouler, mort. Le spectre relâcha froidement le col, le laissant retomber sur ses oreillers. Personne ne pourrait remonter jusqu’à lui. Personne.
XANA croisa le regard de sa victime. Dans un mélange de solennité et de rage froide, il ferma ses yeux vert bouteille.
Puis il réalisa qu’il n’était pas soulagé. Il avait tué son créateur, il était enfin libre de détruire Carthage et ensuite d’accéder à la liberté, faute d’objectif à remplir il devrait s’en trouver un lui-même. Et pourtant, cet échange venait d’éveiller en lui une autre question.
« Ce que tu étais réellement… »
Qu’entendait-il par-là ? De quoi parlait ce vieux fou ?
XANA jeta un regard dépité au cadavre et dématérialisa son spectre. Maintenant, il fallait s’occuper de Carthage.

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13 janvier 1995 –19h53 – Houston – Hangar Engelure

Lionel Payne, le nouvel Imperator nommé par la Maison Blanche se tenait devant les écrans muraux qui afficheraient bientôt le point de vue de Stymphale, actuellement dissimulé dans une forêt des Bouches du Rhône qui abritait une vieille base militaire aujourd’hui récupérée par Carthage.
Autour de lui, divers mécaniciens et scientifiques, notamment Alex Nasheim qui avait largement participé à l’élaboration de l’intelligence artificielle du mécanoïde. Au final, malgré ses suggestions de destruction du système par virus, l’approche plus musclée avait été choisie : l’envoi direct d’un robot de combat qui permettait en passant de tester les capacités des ingénieurs d’Urbe.
Si leur invité avait des réserves sur la façon de procéder, il n’en montrait rien et regardait lui aussi les écrans, patient.
Enfin, parmi les protagonistes notables, on pouvait citer Craig et Ardath, chargés de la protection de tout ce petit monde, tout comme une dizaine de leurs collègues. La seconde gardait un œil discret rivé sur Alex Nasheim, un peu mal à l’aise. Elle avait senti que l’étrange individu lui portait un intérêt dont elle n’arrivait pas à déterminer la cause. Paranoïa de sa part ? Il lui semblait tout de même qu’une aura de mystère entourait l’informaticien. Quelque chose qui ne collait pas. A côté d’elle, Craig affichait sa tête de mec sûr de lui et avec la situation bien en main. Autant dire qu’il se paierait forcément sa tête si elle lui faisait part de sa nervosité. Elle retint un soupir. Ce type était décidément capable des meilleures réactions comme des pires…
-Nous sommes prêts, Imperator, intervint le chef de l’équipe.
-Alors attaquez.
C’était Alex qui avait été désigné pour commander la créature, sous la surveillance des scientifiques d’Urbe. Après tout, il était celui qui connaissait le mieux la façon dont elle réagirait. Il s’avança d’un pas presque triomphant vers la console, et appuya sur une combinaison de touches du clavier géant. La caméra, qui se trouvait être exactement ce que voyait le mécanoïde, montra des signes de mouvement. Quelques racines furent écrabouillées sur le passage du monstre de métal, et il marcha droit vers son objectif : la base militaire ‘abandonnée’. Ignorant avec superbe le panneau « Zone militaire – Accès interdit », le mécanoïde s’envola sur quelques mètres pour éviter la clôture de barbelés plus loin, qui l’aurait ralenti. Ce n’était peut-être pas extrêmement discret mais le mécanoïde attaquait à environ 2h du matin là-bas, et le temps que toute la base se mobilise pour la défense, le robot aurait sans doute eu le temps de faire de gros dégâts…
Un accès taillé dans la pierre grise semblait s’enfoncer vers les ténèbres. Une sorte de grotte, en apparence. Après un moment de réflexion, Urbe fit se diriger le mécanoïde vers le tunnel.
La vision nocturne active, l’oiseau de métal avançait, le cliquetis métallique de ses serres se faisant un peu trop bruyant au goût de ses maîtres, mais il n’y avait pas trop de choix. Ils trouvèrent une porte blindée au bout du tunnel. Voilà, ils y étaient… Le mécanoïde prit un bord de la porte et tira, déployant toute la force dont il était capable. Le morceau de métal s’arracha de la pierre, retenu désormais par un unique malheureux gond. Le boucan n’avait pas dû échapper à Carthage, et on entendit quelques tirs ricocher sur la carlingue tandis que l’alerte se déclenchait. Les quelques agents rivaux présents dans le hall eurent vite à faire face aux ailes tranchantes du mécanoïde. Du sang gicla tandis que des cadavres ouverts de part en part s’écroulaient au sol dans ses gargouillis incompréhensibles. Craig jeta un œil à Ardath, qui ne cillait pas. Elle saisit son regard et leva les yeux au ciel, visiblement agacée, pour une raison qu’il ne saisit pas.
« Boarf, elle doit avoir ses règles » raisonna-t-il pour lui-même.
Fier de sa brillante déduction, il reporta son attention sur les écrans. Les chefs étaient en train de discuter pour savoir quel tunnel il valait mieux emprunter, car il y en avait trois qui partaient de la pièce dans des directions très différentes. Finalement, Carthage décida pour eux : des balles tirées depuis le couloir central vinrent ricocher sur l’armure de leur mécanoïde. Stymphale se rua immédiatement dans le boyau, ses ailes firent leur sanglant office. L’endroit était probablement le lieu où étaient concentrés les gardes. Une fois le dernier écroulé dans un gargouillis, le silence revint. Le mécanoïde scanna rapidement les alentours puis décida de faire demi-tour. Il fallait démolir ce qu’ils pouvaient planquer d’important ici.
Le robot de combat fit donc demi-tour et se dirigea vers l’intersection initiale. Suite à un choix totalement arbitraire, il choisit le tunnel sur sa gauche et s’y engagea. Rapidement, il distingua des portes. Sans se poser de question, il les enfonça, tombant avec joie sur du matériel informatique carthaginois qui ne fit pas vraiment long feu.
Après quelques minutes, Stymphale termina son œuvre de destruction dans la plupart des pièces et avança dans le boyau, toujours sans qu’aucun bruit ne l’alerte…jusqu’à un terrible crissement. Les informaticiens réalisèrent rapidement que le tunnel s’était resserré et par conséquent, les ailes du robot raclaient les parois en y laissant d’ailleurs des traces.
Il arriva devant une gigantesque porte blindée. Après plusieurs minutes à s’acharner dessus, il parvint à forcer l’entrée et se faufila dans la pièce. Un prototype de Supercalculateur plutôt avancé se tenait devant lui. Stymphale se rua dessus, bondissant sur le sommet de la machine pour mieux la déchirer de ses serres redoutables. Son bec vint aider à désosser la chose, et au bout de quelques minutes, il n’en resta plus qu’un tas de pièces éparses.
-Merveilleux, sourit l’Imperator. Plus qu’à répéter l’opération pour chacune de leurs bases, et on en aura enfin fini avec cette gangrène.
Alex Nasheim paraissait également satisfait. La fin de l’opération passa tranquillement. Stymphale allait rentrer à vol d’oiseau vers leur complexe, hors de portée des radars, et les hackers d’Urbe étaient sur le coup pour localiser d’autres installations de leurs concurrents. Après toutes ces années dans l’ombre, ils allaient enfin arriver à quelque chose. Nul doute d’ailleurs que ce succès pourrait les remonter dans les bonnes grâces de Washington et peut-être même leur permettre d’avoir un peu plus de fonds. Mais ils préféraient ne pas s’emballer.
XANA, lui, jubilait. Un succès total.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Lhetho MessagePosté le: Sam 13 Aoû 2016 09:24   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Salut salut. Un nouveau chapitre rapidement sorti, ça fait toujours plaisir.
Donc, en premier lieu, on a de nouveau les deux parties. Avec ce deuxième chapitre rédigé sous cette forme, on a enfin la confirmation que la première partie suit les éléments traditionnels de CL et la deuxième est plus libre, où c'est toi qui impose ton scénario. Au passage, je me suis un peu trompé de terme lors de mon dernier post sur ta fic. En effet, comme tu l'as signalé, le mot meurtre n'était pas le plus pertinent concernant Aelita, erreur de ma part.
Ensuite, revenons tout d'abord sur la première partie. Déjà, on voit que tu aimes bien matérialiser XANA sous les traits d'une personne de sexe féminin. Mais bon, après tout, c'est ton choix. On utilise souvent le pronom "il", ça change un peu Smile .
On a encore une fois un lavage de cerveau pour Aelita alors que XANA en profite pour humilier encore un peu plus son créateur devant sa fille, c'est cool. Seul problème pour lui, la suite. Comme attendu, puisque cette partie suit la chronologie de CL, Hopper décide d'éteindre le supercalculateur. Et là j'ai bien aimé le côté perte de contrôle de XANA qui s'affole quand il a compris ce que cherche à faire Hopper.

Puis on passe logiquement à la deuxième partie avec XANA qui tue Hopper. Pareillement, le côté "j'en ai plus rien à foutre" d'Hopper m'a plu. Et il lâche même avant de mourir une petite réplique qui semble avoir semé un brin de doute dans la tête du "programme".
On finit en beauté avec la destruction d'une des bases de Carthage organisée par Urbe. L'attaque du robot est plutôt classe et forcément XANA est content. On se profile donc vers une bataille à distance entre Urbe et Carthage avec un facteur X qu'est XANA pour rajouter un peu de piment.

Bref, en conclusion, un chapitre prenant qui nous emmène dans un premier temps dans la backstory de CL, puis dans un deuxième temps, dans un récit plus libre qui débouche sur la mort d'un des protagoniste principaux. Bonnes vacances sans le Wi-Fi et bonne journée.
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Ikorih MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2016 11:57   Sujet du message: Répondre en citant  
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Spoiler


Chapitre 9
L'aigle de sang

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13 février 1995 – France – Paris

Ardath prit une grande inspiration. Ça allait être un moment difficile. Elle avait cependant déjà eu l’occasion de préparer un peu le terrain en discutant au téléphone avec Mme Duchêne, ce serait ça de moins à expliquer. Le couple Duchêne n’avait pas d’enfant, et était d’un naturel gentil et arrangeant. Elle s’était renseignée un minimum avant de leur confier sa fille. Et aujourd’hui elle revenait, neuf ans après, pour débouler dans la vie de cette enfant qu’elle avait abandonnée.
Nerveuse, elle pressa néanmoins la sonnette, et quelques instants après, la porte de l’immeuble laissa échapper un petit clic signifiant qu’elle était ouverte. Ardath monta les escaliers avec l’impression que ses pieds étaient lourds comme du plomb. Un mélange de culpabilité et d’appréhension. Comment Dorothée réagirait-elle ? La croirait-elle seulement ?...
Lorsqu’elle arriva sur le palier des Duchêne, la porte était entrouverte, un rai de lumière filtrant dans le couloir. Dans l’entrebâillement se tenait une petite femme à lunettes, probablement plus âgée qu’elle, un peu rondelette et dont le visage lunaire affichait une expression curieuse. Ardath ne put s’empêcher de percevoir le décalage entre son existence tranquille et la sienne, ponctuée de coups de feu et de questions de sécurité nationale. Enfin, jusqu’ici.
Elle se sentait un peu bizarre sans son pistolet. Pourtant en France le port d’arme n’était pas autorisé pour tout le monde et elle avait choisi de se plier à la règle. Son retour au civil ne pouvait pas se faire si elle gardait en permanence son arme sur elle. Elle avait choisi de s’arracher à Urbe et espérait ne pas commettre une erreur.
-Bonjour, balbutia-t-elle dans un français néanmoins sans accent. Je suis…
-Je sais, répondit Mme Duchêne avec un sourire bienveillant. Allez-y, entrez. Souhaitez-vous boire quelque chose ?
-Non ça ira, assura Ardath, toujours sur les nerfs. Est-ce que je peux la voir ? ajouta-t-elle dans un souffle.
Mme Duchêne réitéra son sourire bienveillant. Ardath se sentit un peu mal à l’aise. La petite femme la guida vers le fond de l’appartement. La porte close de la chambre de Dorothée s’éleva devant elles comme un mur infranchissable. Pourtant, après avoir timidement toqué, la mère adoptive de l’enfant entrouvrit le battant et lança d’une voix douce :
-Dorothée ? Il y a quelqu’un qui veut te voir.
Debout derrière son hôte, Ardath entraperçut Dorothée. Elle était assise sur son lit, tournant le dos à l’entrée. La teinte noire de ses cheveux mi-longs ne laissait pas beaucoup de doute sur leur lien de parenté. L’enfant avait à peine réagi à la voix de Mme Duchêne, marmonnant un « Mh » et ne daignant pas relever la tête. Sans tout à fait comprendre, Ardath se retrouva poussée dans la pièce avec un certain empressement par la maîtresse de maison qui s’éclipsa dans le couloir en lui adressant un petit clin d’œil. La mâchoire d’Ardath sembla décider de se paralyser à cet instant précis, l’empêchant de décocher le moindre mot à l’adresse de sa fille.
Cette dernière finit par lever les yeux de son livre. Elle avait neuf ans, les cheveux et les yeux noirs, la peau assez pâle. Son regard transperça Ardath comme une flèche, puis elle parla avec un ton froid et distant :
-Ouais ?
Ardath inspira profondément, mettant les mains dans les poches pour se donner l’air plus à l’aise qu’elle ne l’était.
-Salut Dorothée. Je m’appelle Ardath Dérobâme, et j’ai des trucs dont je dois discuter avec toi.
Elle eut l’air d’arriver à capter l’attention de sa descendance. Celle-ci la fixa d’un air inquisiteur et finit par demander :
-Comme quoi ?
-Eh bien, je sais que vous avez eu l’occasion d’en discuter avec Mme Duchêne, alors tu sais déjà que tu as été adoptée…
Le regard de Dorothée s’alluma d’une lueur intriguée, voire intéressée. Ardath prit sur elle pour cesser de tourner autour du pot.
-Je…désolée de ne pas trouver de façon plus propre de te l’annoncer, mais je suis ta mère.
La gamine aurait pu ouvrir de grands yeux et manifester un air étonné. Mais Ardath avait vite compris qu’elle ne réagissait pas tout à fait normalement. Dorothée se contenta de l’observer minutieusement, comme pour essayer de déceler un mensonge.
-Raconte-moi tout, alors. Pourquoi tu m’as abandonnée ?
Ce ton accusateur était probablement ce qu’Ardath redoutait le plus. Même en prenant en compte le fait que sa fille avait dix ans, c’était un reproche percutant. Elle s’était joué la scène des dizaines de fois dans sa tête et à chaque fois, le moment de l’accusation revenait. Le moment où elle était vraiment mise face à ses erreurs. Ardath se mordilla la lèvre, cherchant par où commencer. Finalement elle s’assit par terre, regarda sa fille dans les yeux, et se lança :
-Tout d’abord sache que je vis aux Etats-Unis, et que je…travaillais pour une organisation secrète. Je ne rentrerai pas dans les détails, ça ne te concerne pas. Lorsque j’ai appris que j’étais enceinte de toi, c’était…un peu précipité, et je ne savais pas du tout quoi faire. Je savais que ce serait complètement impossible de t’élever en menant une vie d’agent secret sur le côté, parce que ç’aurait été te mettre en danger. C’est un milieu qui ne rigole pas, et je craignais que nos ennemis ne s’en prennent à toi. C’est pour ça que je me suis un peu renseignée pour essayer de trouver une famille qui soit en mesure de prendre soin de toi. Est-ce que j’ai mal choisi ? demanda-t-elle avec une pointe d’angoisse dans la voix.
-Non, ça s’est bien passé, reconnut Dorothée en faisant la moue.
Elle prit quelques instants pour digérer ce qu’elle venait d’apprendre, avant de questionner :
-Pourquoi revenir maintenant ?
Ardath soupira.
-C’était pesant. Ça faisait dix ans que je repensais à toi, je gardais un œil de loin sur ce que tu devenais mais je regrettais de pas vraiment pouvoir te voir grandir, passer du temps avec toi…faire mon boulot de mère en somme. Alors un jour j’en ai eu marre, j’ai quitté l’organisation et j’ai décidé de venir te voir. Pour essayer de me rattraper.
Sa fille embraya, sa curiosité piquée par l’histoire :
-Et tu faisais quoi dans cette organisation secrète ?
Un sourire échappa à la mère, qui se contenta d’éluder :
-Je te raconterai un jour peut-être…
-Et pourquoi une famille en France ?
-Parce que je voulais t’éloigner et j’avais grandi en France moi aussi, répondit simplement Ardath.
La question n’était pas trop délicate, elle pouvait gérer ça. Elle se détendit légèrement. Dorothée avait l’air de bien prendre ce qu’elle lui disait, presque de façon détachée. Cependant la question suivante lui fit regretter ce qu’elle venait de penser.
-Et mon père ?
Moment de bug pour Ardath. Que lui dire au sujet de son père ? Remarquant son trouble, la petite enfonça le clou :
-Tu sais pas qui c’est, c’est ça ?
-Si, répliqua Ardath, visiblement agacée par ce que la question sous-entendait. Je n’ai jamais vraiment réussi à savoir s’il se souciait de toi. Je pense que oui, mais que le sujet le mettait mal à l’aise. Je crois qu’il ne se sentait pas d’endosser cette responsabilité non plus.
Dorothée hocha la tête lentement, puis acheva sa rafale de questions.
-Est-ce que je peux savoir comment il s’appelle ?

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12 septembre 2001 – New-York – Appartement de Craig Evans

Il avait beaucoup hésité, mais il avait fini par rappeler Ardath. Ça faisait bien six ans qu’elle était partie, voire sept, et ils avaient perdu le contact. Il aurait dû le voir venir, quelque part, mais il avait tout de même réussi à être surpris lorsqu’elle lui avait annoncé qu’elle partait retrouver sa fille en France et qu’elle démissionnait. Finalement il aurait peut-être dû l’accompagner. Il s’était contenté d’être muté à New York pour changer d’air.
En tout cas il l’avait appelée. Pour lui donner les dernières nouvelles concernant le projet, principalement. Qu’elle soit au courant. Le passage de l’ouragan Allison en juin, en plein sur Houston (il ne s’était jamais autant félicité de déménager), suivi par les évènements de la veille et le tout compilé avec le manque de résultats globaux…tout ça avait eu raison de l’organisation qui bataillait depuis un moment déjà pour garder la tête hors de l’eau. Ç’avait été bref. Le mystérieux Alex Nasheim qui leur avait semblé être la solution miracle pour détruire Carthage s’était volatilisé, introuvable depuis juin 1994. Devant ce bilan catastrophique, Bush avait pris la décision que ses prédécesseurs lorgnaient depuis un moment : mettre fin à Urbe et déléguer tous leurs crédits à la CIA, unanimement reconnue comme plus efficace. Les locaux et le matériel seraient probablement récupérés aussi, ou détruits.
Désormais, Craig hésitait sur la marche à suivre. La dissolution d’Urbe était pour lui l’occasion certaine de changer de voie. Ou alors il pouvait aller s’intégrer à la CIA comme d’autres de ses collègues. Mais rappeler Ardath lui avait fait remuer les souvenirs du temps où ils bossaient tous les deux pour le projet, et il s’était surpris à penser que finalement, c’était mieux avant. Manifestement, ce sentiment de blues n’était pas partagé par sa coéquipière qui semblait parfaitement contente de s’être établie en France, d’avoir un boulot plus calme et surtout de pouvoir s’occuper de sa fille. Il avait eu droit à une photo, et plus les années passaient, plus la gamine ressemblait à sa mère de façon frappante. Même sa moue ennuyée rappelait Ardath.
Cette dernière lui avait demandé comment il allait. Il avait éludé, préférant dissimuler cet espèce de coup de mou, combinaison à la fois de l’ambiance actuelle de l’Amérique et d’une petite touche de nostalgie. Peut-être qu’elle l’avait senti dans sa voix, mais elle n’avait pas vraiment insisté. Il ne savait pas quoi en penser d’ailleurs. Avait-elle ses propres préoccupations ? Se désintéressait-elle de son moral, ou avait-elle juste la tête ailleurs ? Bof, au point où ils en étaient maintenant…ça faisait six ans qu’ils ne s’étaient pas vus, ce serait compréhensible qu’elle se fiche un peu de comment il allait. Ouais, mais si ç’avait été le cas, elle ne lui aurait pas demandé…
Craig regarda dehors. Toujours plus de tours de métal et de béton. Enfin, on en avait quelques-unes de moins depuis hier. Il se sentait seul, réalisait-il, perdu dans cette immensité. Peut-être une des raisons de sa mini-déprime. Seul, et nostalgique du temps où il ne l’était pas, Craig tournait en rond dans son appartement, hésitant sur la marche à suivre. Peut-être que s’intégrer à la CIA n’était pas une si mauvaise idée. Il pourrait continuer dans un domaine qu’il maîtrisait, peut-être revoir quelques collègues…
Il se murmurait que Lionel Payne n’avait pas accepté la déchéance du projet et s’était enfui avec certains codes d’accès important à des programmes confidentiels d’Urbe, mais l’ancien agent ne prenait pas vraiment ces rumeurs au sérieux. Et quand bien même, le rejoindre n’était pas une option. Par contre la CIA lui courrait probablement après…
Et lui était encore perdu. Il ne savait toujours pas quoi faire, à part contempler avec intérêt le monde extérieur depuis sa fenêtre. On avait vu plus passionnant. Il ne faisait rien, et avait la vague impression que l’histoire s’écrivait sans lui. Il était posé là, devant sa vitre, silencieux. Au fond de lui, il bouillait d’envie de faire quelque chose de vraiment constructif, sans parvenir à trouver quoi.
Oh et puis merde, la CIA, ça devait pas être si terrible.

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15 septembre 2001 – France – Quartier général de Carthage – Bureau de Baal Hammon

-Tout d’abord, si je vous ai demandé de venir, c’est pour vous remercier de ces années de bons et loyaux services à mes côtés, ainsi qu’à ceux de mon prédécesseur.
Baal Hammon se tenait debout derrière son bureau. Sa tenue avait légèrement évolué, probablement dans une volonté de se démarquer dudit prédécesseur. Une légère bordure rouge cerclait désormais les yeux du masque, et un motif vaguement enflammé ornait le bas de la cape. Et cependant, on pouvait noter une petite broche en forme d’oiseau, de couleur vert bouteille, accrochée sur le devant de sa tenue, hommage évident à Emile. Face à lui, assis sur une chaise, Jonathan ne cessait de se rabougrir avec l’âge. Il était à présent une sorte de vieillard tremblotant atteint de temps à autre d’une quinte de toux. Cependant son regard laissait toujours transparaître une intelligence redoutable.
-Ce fut un honneur, répondit-il d’une voix faible.
-Vous pouvez partir l’esprit tranquille, je saurai me débrouiller. J’aimerais cependant vous exposer une dernière fois mes intentions sur l’avenir de Carthage.
Jonathan eut un sourire presque attendri en entendant ce ton assuré de meneur. Le nouveau Baal était comme un poisson dans l’eau, désormais. Il l’encouragea d’un signe de tête, préférant économiser ses paroles.
-Premièrement, le Supercalculateur sera mis de côté quelques temps. J’aimerais réorienter le projet sur une démarche plus proche des biotechnologies. Les armes bactériologiques par exemple. J’aimerais également faire progresser les manipulations génétiques dans le but de créer des organismes nouveaux. Peut-être au niveau de l’amélioration des potentialités du genre humain. Bien entendu, on s’occupera de retrouver les derniers débris d’Urbe et de les éliminer, ou de leur faire cracher quelques informations constructives.
Jonathan hocha la tête, visiblement d’accord avec le projet. Il considéra la personne qui se tenait face à lui avec fierté. Probablement son plus grand chef d’œuvre.
-C’est un changement de direction radical, finit par déclarer le conseiller. Le précédent Baal n’aurait sûrement pas envisagé de se retirer du domaine informatique, mais à chaque dirigeant sa spécialité j’imagine. Je pense que vous saurez vous débrouiller à la tête de Carthage, même sans moi.
Baal hocha la tête :
-Merci pour votre confiance. Je n’ai pas connu les origines du projet Carthage mais je serai en mesure de leur faire honneur, croyez-moi.
Nouveau hochement de la tête de Jonathan. Baal se retourna pour regarder dehors d’un air mélodramatique, et Jonathan put entrevoir une mèche de cheveux roux. Il eut un petit sourire amusé. Emile n’avait pas eu ce genre de problème.
-Si vous avez terminé, je souhaiterais prendre congé, déclara finalement Jonathan. Je me fais vieux et il faut que je me repose…
Un léger rire échappa à Baal. Autre caractéristique qui le distinguait de son prédécesseur, Emile ne riait pas souvent. Ce nouveau chef avait un côté bien plus flamboyant et vivant que l’ancien. Jonathan ne savait pas si c’était vraiment un mal, ce pouvait très bien être une façon de se démarquer.
-Faites donc. Je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin…
Difficilement, Jonathan se leva, s’appuyant sur sa fidèle canne qui ne le quittait plus depuis un moment, et marcha vers la sortie. Il ne se retourna pas, confiant en l’avenir du projet pour lequel il avait tant fait.


Le réveil du loup
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Début d’après-midi du 27 février 1995 – Houston – Hangar Engelure

Si durant le mois écoulé Urbe avait réussi à démanteler bon nombre de bases de Carthage, au moins assez pour les affaiblir considérablement (voire les exterminer), ils allaient désormais devoir faire face à un imprévu considérable : la trahison de leur allié Alex Nasheim… Ou plutôt XANA, qui fort de la destruction de Carthage se tournait désormais vers des objectifs plus mégalomanes, notamment la domination du réseau mondial.
Et cette domination passait par l’annihilation d’Urbe.
Le mécanoïde était à l’arrêt, debout au milieu du hangar, à sa place habituelle, quand une inquiétante fumée noire fusa du tableau de commandes pour se ruer sur lui, sous le regard médusé des gardes chargés de le défendre. L’œil robotique de la créature de métal s’anima d’une lueur bleutée mauvaise, et un froid intense l’entoura, comme s’il aspirait toute l’énergie autour de lui. L’alerte fut lancée bien sûr, et une fois les premiers signes d’agressivité montrés (à titre d’exemple, une charge sur les gardes en question), on ouvrit le feu. Cependant, comme lors de ses opérations contre Carthage, les balles rebondirent sur le blindage et bientôt les ailes de l’oiseau furent inondées de sang. Une fois ses gardiens massacrés, le mécanoïde se tourna vers les portes blindées. Elles étaient conçues pour contenir des engins de son accabit, ce ne serait pas si simple de les ouvrir…
Il pouvait entendre la sirène d’alarme hurler dans tout le complexe. Bientôt il aurait toutes les troupes d’Urbe sur le dos, mais à priori, ça ne lui poserait pas de souci. Stymphale était prévu pour gérer ça. Il commença à s’attaquer à la porte B, grattant et raclant contre le métal à la recherche de la meilleure façon de la déchiqueter. Comme prévu, cela prit longtemps. Lorsqu’il sentit la porte sur le point de céder, il fit volte-face et alla mettre hors service le pupitre de commande. Il avait failli oublier. XANA ne savait pas vraiment si le spectre à l’intérieur de la carlingue pourrait contrer le contrôle « manuel » du mécanoïde, mais préféra ne pas prendre de risque.
L’oiseau franchit à nouveau la distance qui le séparait de la porte en un battement d’aile, puis l’ouvrit en un grincement déchirant de métal. Devant lui, le couloir était presque intégralement dégagé, à l’exception du bout : un groupe d’agents s’y était établi avec l’artillerie. Le diamètre des canons ne put qu’encourager XANA à faire accélérer Stymphale pour arriver au contact le plus vite possible. Des projectiles relevant davantage de l’obus fusèrent droit vers lui. L’un d’entre eux l’atteignit, projetant le mécanoïde à plusieurs mètres et gondolant le métal de la carcasse. Avec un sifflement de rage, la créature robotique se releva et profita du temps de recharge pour traverser le couloir et faire ce pour quoi elle avait été conçue. Debout sur les cadavres, Stymphale prenait un aspect terrifiant. Le métal était traversée de rivières rougeâtres, et le bec, les serres ainsi que les ailes du robot avaient viré au rouge. La porte suivante fut plutôt facile à forcer, et elle débouchait sur un autre hangar où étaient entreposés divers prototypes. XANA en aurait presque essuyé une larme. Démolir des prototypes avec un prototype, quoi de plus drôle ?
Le seul inconvénient du hangar, et il devait le reconnaître, c’était le nombre de portes. Une grande capacité d’affluence, et XANA n’aimait pas l’idée d’être submergé en nombre. Quoique, ce n’était pas le seul problème. Le hangar comportait quelques formes de vie humaines, probablement en chemin pour prêter main forte à leurs collègues désormais écroulés. Stymphale marqua quelques instants d’arrêt. Ils étaient dispersés, choisir sa cible allait demander un peu de réflexion…
On choisit à sa place. Depuis l’autre bout de la pièce, une femme aux cheveux noirs ouvrit le feu sur le robot. Les balles rebondirent. Diversion ou juste élan de désespoir, XANA ne sut pas trop, mais choisit d’envoyer le mécanoïde droit sur elle pour lui apprendre à oublier l’héroïsme. Sa vision périphérique détecta des mouvements sur les flancs, mais il les ignora, sûr de son invincibilité.


Quand Ardath vit Stymphale lui foncer dessus, elle se promit de ne plus jamais recommencer une bêtise pareille. Elle avait agi de façon un peu trop impulsive, mais à vrai dire, la créature avait été capable de massacrer toute une unité avec artillerie. Si elle lui laissait le temps de bien planifier son assaut, ils étaient morts. Autant prendre une initiative qui pourrait peut-être limiter les pertes.
Elle avait l’avantage de connaître le mode d’attaque du mécanoïde. Il privilégierait la frappe avec ses ailes. Ce fut sur ces dernières qu’elle dirigea la plus grande partie de sa concentration, et elle fit bien, car elle réussit à bondir sur le côté pour esquiver la première frappe, qui ne lui fit qu’une petite éraflure au visage. La créature tourna sa tête robotique vers elle, et elle croisa son regard bleu. Les deux eurent un moment d’arrêt, comme s’ils se reconnaissaient mutuellement. Ardath revit la même ombre qu’elle avait cru discerner dans les yeux d’Alex, et qu’elle n’avait jamais vraiment réussi à se représenter. C’était une pupille qui semblait prendre elle-même la forme d’un œil…
Du côté de XANA, un léger moment de bug également quand il reconnut la première humaine avec qui il eut parlé. Ce ne fut pas vraiment une hésitation, non, ce fut un simple arrêt qui fut suffisant pour qu’un projectile à EMP atteigne la carlingue. Pour le programme, ce fut comme si sa créature tombait dans une inconscience définitive. Le spectre ne put encaisser la surcharge, et les circuits même de Stymphale n’apprécièrent pas vraiment.
Le mécanoïde tomba au sol, complètement désactivé. La lueur bleue dans ses yeux disparut, l’œil de XANA aussi. Ardath, un peu pâle, regarda la carcasse mécanique qui gisait au sol. De son côté, Craig balança sans grande considération le prototype de fusil à munition EMP qu’il avait utilisé au pif pour réagir, et se précipita vers elle.
-Tout va bien ?
-Euh….je crois, répondit-elle, l’image de l’œil hantant encore son esprit.
Craig, visiblement peu convaincu, haussa un sourcil, mais choisit de ne pas s’engager sur ce terrain-là devant les collègues (qui étaient eux aussi encore sous le choc). Il se lança donc dans de plus basiques remontrances :
-T’es malade d’avoir fait ça, tu tenais vraiment à te faire trancher en deux aussi vite ?
-Fallait bien que quelqu’un le fasse, répliqua-t-elle d’un ton froid.
Craig lâcha mentalement un soupir d’exaspération. Pourquoi fallait-il qu’elle l’envoie chier à chaque fois que quelque chose clochait ? Non, il exagérait, parfois elle lui racontait. Il fallait juste trouver le bon contexte. Quelque chose avait perturbé sa collègue durant ces quelques secondes, et il tenait à découvrir quoi. Sans vraiment lui demander son avis, il l’entraîna à sa suite dans le couloir, brandissant le légendaire prétexte du « Amène-toi, faut qu’on aille faire soigner ça » alors même que sa blessure à l’épaule pouvait largement attendre.
-Craig, j’ai pas besoin de toi pour tout, siffla-t-elle à voix basse.
-Je sais, mais là y a un truc qui te trotte en tête et j’aimerais que tu m’en parles, répliqua-t-il sur le même ton.
-Et tu crois que c’est le moment ? grogna-t-elle d’un ton excédé.
Il marmonna une sorte de « ben euh », et elle se dégagea sans mal de son emprise.
-Merci mais je suis assez grande pour aller à l’infirmerie toute seule, puisque tu y tiens. A ce soir.
Et elle le planta dans le couloir, son orgueil un peu écorné.

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27 février 1995 – 16h36 – USA – Montagnes Rocheuses – Complexe du Loup

Cela faisait quatre ans que ceux qui étaient mutés au complexe du Loup se tournaient les pouces. Les effectifs étaient réduits au strict minimum et la base, bien qu’encore active officiellement, tournait au ralenti. Lionel Payne avait d’ailleurs presque oublié l’existence de cette base, perdue dans les tréfonds des dossiers que sa fonction d’Imperator lui fournissait. Pourtant c’était bien là que se trouvait la plus grande arme d’Urbe. Face à la récente attaque non identifiée (il ne s’agissait pas de Carthage mais d’une autre force numérique encore inconnue), la Maison Blanche avait donné le feu vert pour la réactivation de Wolfy.
Les grands écrans muraux se rallumèrent. Le grand panneau de contrôle qui prenait facilement un mur recommençait à clignoter, sous le regard des responsables des lieux. Sur l’écran central s’afficha un louveteau, le Wolfyminus, qui avait pour vocation d’indiquer rapidement l’activité de Wolfy. L’image bailla, ouvrit un œil, puis se leva pour regarder vers l’écran, attendant qu’on lui donne un ordre.
-Le Supercalculateur est bien sorti de la veille. L’interface virtuelle et Wolfy sont tous deux prêts à l’emploi, annonça fièrement un technicien au téléphone.
-Parfait, se réjouit Lionel Payne. Je fais renforcer vos équipes d’informaticiens, vous avez ordre de trouver la source de l’attaque du hangar Engelure et ensuite de la détruire. Tenez moi au courant des avancées.

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27 février 1995 – Soirée – Alentours d’Houston – Parking du complexe d’Urbe

Craig patientait, les mains dans les poches, qu’Ardath daigne se montrer. Il devait reconnaître qu’il avait sans doute été un peu direct tout à l’heure, et croisa les doigts pour qu’elle ne lui en veuille pas trop. Après tout, elle devait avoir l’habitude à force…
Lorsqu’elle sortit à son tour, il ne sut pas trop quoi dire. Elle lui fit signe de l’accompagner, après tout c’était elle qui conduisait aujourd’hui. Il suivit, les mains toujours dans les poches, en tentant de décoincer ses cordes vocales :
-Et sinon euh…
-Mh, tu n’en démords pas hein ? soupira-t-elle en ouvrant sa portière pour s’installer. Très bien.
Craig réprima un sourire victorieux en s’asseyant de son côté et en bouclant sa ceinture (il fallait toujours faire attention avec les femmes au volant).
-J’imagine que tu te souviens d’Alex Nasheim ?
-Evidemment, c’est le mec qui nous avait aidés à construire Stymphale et qu’on a mystérieusement plus vu depuis quelques jours…
-C’est ça. Ce que je t’ai pas dit, le soir où je l’ai rencontré, c’est que quand il est parti j’ai cru voir un truc bizarre dans ses yeux, comme si sa pupille avait changé de forme.
Craig s’apprêtait à dire quelque chose mais elle lui jeta un regard l’intimant de la laisser finir tout en franchissant le portail du complexe.
-J’étais à peu près sûre d’avoir rêvé. Mais tout à l’heure j’ai revu cette forme dans le regard de Stymphale. C’était une sorte d’œil formé de trois cercles avec des traits qui dépassaient… Et au vu de la connexion qui existe entre les deux, j’ai du mal à croire au hasard.
Il resta silencieux quelques instants. Il comprenait que ça ait pu perturber son binôme, même s’il n’était pas sûr que ce détail ait son importance.
-On verra bien, finit-il par répondre. De doute façon, Nasheim a disparu de la circulation. On aura une réponse que quand on aura mis la main sur le responsable de l’attaque de toute à l’heure…
Il jeta un regard à l’épaule désormais bandée d’Ardath et se renfonça un peu plus dans son siège. Mine de rien, il se sentait fatigué. Cette journée avait été crevante.
-Au fait, lança Ardath, comment t’as su pour l’EMP ?
Visiblement elle avait envie de dévier le sujet sur autre chose. S’il nota la manœuvre, il ne fit cependant rien pour revenir sur Alex Nasheim et Stymphale. Il laissa échapper un petit rire en entendant la question :
-Du pif total. Disons que j’ai vu à quel point nos flingues étaient inutiles, du coup je me suis dit qu’attraper un truc au hasard sur la pile d’à côté serait sans doute plus efficace.
-Pourquoi ça ne m’étonne pas de toi ?
-Ok c’est pas pro mais ça t’a sans doute évité de te faire découper, répliqua-t-il avec un air moqueur.
Elle leva les yeux au ciel, désespérée par son attitude puérile. Craig s’y attendait complètement, et avait l’air de bien rigoler.
-T’aurais aussi pu totalement te planter et je me serais effectivement fait découper, fit-elle remarquer.
-Promis, je serais allé poser des fleurs sur ta tombe tous les jours, railla-t-il sans se démonter.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Lhetho MessagePosté le: Sam 20 Aoû 2016 13:00   Sujet du message: Répondre en citant  
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Yop. J'imagine avant de parler du texte que le sentiment de retrouver le WI-FI a du te faire un bien fou Smile .
Bref, dans ce chapitre nous avons donc un développement du personnage d'Ardath par le biais de ses relations familiales. J'aime bien sa fille. Elle est suspicieuse et tente de chercher la petite bête à chaque fois et ça place sa mère dans une situation pas forcément évidente.
Ensuite, au niveau du passage suivant qui met en scène Craig Evans, j'ai bien aimé la dernière phrase. C'est sûr que la CIA, c'est pas si terrible Very Happy .
Après, on a une attaque de XANA dans le hangar qui est avortée par la bombe EMP (subtile référence). Comme tu me l'as signalé, tu ne compte pas t'attarder sur un combat détaillé entre les deux ennemis et de toute façon c'est ton choix. Et puis il y a l'ellipse de la scène de l'appartement qui nous amène en 2001 et qui est là pour nous expliquer les aboutissants du conflit. Tu dis d'ailleurs que tu ne veux pas faire comme dans GB. Je te crois même si GB est ta seule fic que je n'ai pas lue. Peut-être un jour même si tu décris cette fic assez péjorativement...
Enfin, on a une liaison avec Imprévu dans l'avant dernier passage où le programme Wolfy va être réactivé. Je ne sais pas si c'est vraiment une liaison mais cela pourrait expliquer certaines choses.

En conclusion, ce chapitre développe l'univers personnel de certains personnages tout en nous apprenant la fin du conflit Urbe/Carthage et en plantant un nouveau point qui sera certainement développé dans les prochains chapitres.

Bonne journée.
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Zéphyr MessagePosté le: Lun 22 Aoû 2016 10:29   Sujet du message: Répondre en citant  
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Merde, je suis plus passé ici depuis le lancement, pourtant c'est un des textes sur lesquels je suis le plus à jour. On va dire que c'est la faute à ton rythme de publication régulier. Razz

Globalement, j'aime bien ton idée de séparation en deux intrigues déclenchées par des différences significatives dans le déroulé des événements. On comprend évidemment assez rapidement que les branches rouge et bleue sont faites pour concorder avec les univers respectifs d'Imprévu/Abysses et Cold Case/Ground Blizzard. Pour l'heure, ce texte remplie très bien son rôle de trait d'union entre tes textes, tout en offrant une mise en perspective intéressante de deux intrigues parallèles avec des acteurs identiques.

À titre personnel, j'ai une préférence pour la branche bleue, pour la liberté de mouvement non-négligeable laissée à Xana, mais aussi car elle m'intrigue un peu plus. Cette branche devant logiquement aboutir aux événements de l'animé (que Cold Case prétend montés de toutes pièces par Xana), cela signifie qu'à un moment donné, le Supercalculateur de l'usine se fait éteindre et Xana mettre en veille, pour que Jérémie puisse le rebrancher. Et à moins que cela aussi soit une ruse de Xana – ce dont je doute franchement – alors on aurait derrière tout ça quelqu'un qui aurait réussir à éteindre la machine de l'usine malgré son occupant.
À côté de ça, cette branche développe aussi un élément que je me serais plutôt attendu à voir dans la rouge, à savoir Wolfy. M'est avis que Xana va intensifier la puissance de son karsher dans cette branche-là de l'histoire. Dans tous les cas, plus que la carte du parallélisme, tu joues sur les connexions afin de brouiller les pistes et c'est plutôt appréciable à la lecture.

J'ai moins à dire sur la branche, mis à part que l'indication de la couleur de cheveux du troisième Baal Hammon est plus-que-significatif. Sachant que dans l'univers d'Imprévu/Abysses – et de mémoire – deux personnages roux possèdent une forme d'importance, à savoir Drake et Wreck, on peut se demander si ce nouveau Baal tourné vers biotechnologies ne serait pas l'un d'eux. Personnellement, j'ai du mal à imaginer Wreck Moore dans un rôle de leader de type, même si le personnage qu'il incarne avec le costume et compagnie me semble imaginable le concernant (d'autant plus que cette volonté d'orientation sur les biotechnologies collerait avec son bras brûlé régénéré). Et pour Drake, c'est certain que ce serait un putain de twist, mais imaginable aussi : il a l'ascendance familiale des Schaeffer pour lui, ainsi que la discrétion (Baal Hammon est le grand invisible d'Abysses, mais si ce n'était pas le cas et qu'il était sous nos yeux depuis le début… à côté de Xana !).
Bref je m'emballe, la concordance des dates avec les âges – imaginés plutôt jeunes lors de leurs introductions – des deux protagonistes en question ne me paraissent pas coller. Du coup, la piste du nouveau protagoniste semble plus réaliste.

Autrement, une remarque concernant les deux branches : la puissance de feu des spectres de Xana n'est-elle pas légèrement surévaluée en regard de ses compétences dans la saison 1 ? Si pour la branche bleue, on peut penser que la justification se trouve dans l'idée-clé de Cold Case, c'est plus compliqué à justifier sur la branche rouge.

Vu ton avance, inutile de te dire bon courage pour la suite ! Mr. Green
_________________
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« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.
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Ikorih MessagePosté le: Sam 27 Aoû 2016 08:06   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Spoiler


Chapitre 10
In machina
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3 mars 1995 – USA – Montagnes Rocheuses – Complexe du Loup

Depuis le déploiement de Wolfy, son activité était sans relâche surveillée par diverses équipes d’informaticiens chargés de reporter et corriger le moindre dysfonctionnement. Ils avaient tous conscience de la gravité de la situation : selon les premières données récoltées, l’entité qu’affrontait leur programme était au moins aussi puissante que lui, et possédait une redoutable intelligence. Ils avaient du mal à arracher des informations au sujet de cette abomination informatique, mais elle semblait agir en total autonomie et bénéficier d’un matériel bien supérieur au leur. Autant dire que la situation était critique. Toute information que pourrait leur ramener Wolfy en s’efforçant de détruire le programme ennemi serait la bienvenue, car elle pourrait peut-être les mener à la victoire. La moindre faille qu’ils puissent exploiter…
L’équipe était également tenue de faire des rapports réguliers à l’Imperator, Lionel Payne. En général, ce n’étaient pas des moments très agréables : Wolfy n’avançait pas très vite dans sa lutte et essuyait même parfois des revers. Devoir annoncer ça au patron rendait le responsable quelque peu nerveux au sujet de sa carrière. Cependant, aujourd’hui, ça allait être différent. Un informaticien vint informer le chef que Wolfy avait réussi à percer une brèche dans la sécurité de l’ennemi et était en pleine collecte d’informations à son sujet. Peut-être qu’ils pourraient mieux cerner leur adversaire. Et peut-être que ce n’était qu’un piège grossier qui leur attirerait des ennuis à termes…
-On a quelque chose. Les premières infos arrivent. On a des coordonnées !
Un cri de joie traversa la salle, la satisfaction d’hommes qui travaillaient d’arrache-pied sur la question depuis une bonne semaine. Le chef d’équipe s’apprêtait à s’emparer du téléphone pour annoncer la bonne nouvelle à son supérieur, quand une autre voix s’éleva :
-Euh…on a un problème. L’énergie de Wolfy est en baisse.
Un lourd silence s’abattit sur la pièce. Le téléphone parut soudain une option moins attractive.
-Comment ça, qu’est-ce qui se passe ?
-Eh bien l’ennemi a dû trouver une faille aussi…il s’y engouffre à pleine vitesse, si on ne l’arrête pas très vite il va démanteler entièrement Wolfy et récupèrera nos codes d’accès...
On pouvait au moins reconnaître au responsable des lieux une certaine capacité de réaction :
-Changez les codes d’accès à nos bases de données, et faites votre possible pour refermer la faille. Je préviens la hiérarchie, ajouta-t-il d’un ton plus dépité.
Puis il s’empara du combiné de la ligne directe vers le bureau de l’Imperator. Au bout de quelques tonalités, ce dernier décrocha :
-Oui ? Je ne crois pas que ce soit l’heure du rapport journalier, que se passe-t-il ?
-C’est pas la joie chef. On a réussi à récupérer des coordonnées géographiques qui pointent en théorie l’ordinateur d’où émane le programme ennemi, mais…il a de son côté réussi à s’infiltrer dans notre sécurité. Il est en train de désosser Wolfy et va s’introduire dans nos systèmes très bientôt si on ne trouve rien pour l’arrêter.
-Et vous avez une idée ?
-Rien de particulièrement lumineux, avoua le responsable. J’ai demandé le changement des codes d’accès, ça devrait au moins ralentir notre adversaire.
-Je vois…
L’Imperator sembla avoir un moment de réflexion avant de rajouter :
-Faites votre possible. Je vais envoyer une équipe d’agents sur le terrain, directement à la source.

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3 mars 1995 – USA – Alentours d’Houston – Installations d’Urbe

Le superviseur des agents faisait face à une demi-douzaine de ses meilleurs éléments, qui avaient été convoqués en urgence dans son bureau. Parmi eux, un grand blond et une femme aux cheveux noirs.
-Bien. Cette mission est capitale pour la survie de notre projet. Nous avons trouvé l’emplacement de l’entité qui avait réussi à retourner Stymphale contre nous. Les coordonnées pointent vers Paris, vous aurez la localisation plus exacte là-dedans.
Le superviseur souleva un dossier cartonné.
-Vous arriverez le 4 en France par avion, vers le milieu de journée si on compte le décalage horaire. Ensuite vous n’aurez plus qu’à vous rendre à l’adresse indiquée, et mettre hors service la machine qui génère le programme. D’où la présence avec vous de Kenny Haze, qui a les compétences nécessaires en informatique.
Un personnage se tenant un peu à l’écart des autres, blond et un peu chétif, fit un petit hochement de tête. Craig songea qu’il ne faudrait sans doute pas longtemps avant que cette crevette se fasse tuer. A côté de lui, Ardath cachait derrière son visage impassible une certaine nervosité. Ils allaient peut-être devoir directement se mesurer à l’entité qui se cachait derrière tout ça. Cette étrange force qui s’illustrait par un œil stylisé…
-Bien, maintenant dépêchez-vous de rejoindre l’aéroport. Le temps nous est compté.
Alors que les troupes d’Urbe se dirigeaient vers la porte, Ardath se racla la gorge :
-Monsieur, un mot s’il vous plaît.
-Evans, dehors, lâcha simplement le superviseur sans même regarder le concerné qui traînait des pieds pour sortir.
Craig étouffa un grognement dépité et sortit en fermant la porte.
-Soyez brève, vous avez peu de temps.
-A la fin de cette mission, je souhaiterais remettre ma démission, répondit simplement Ardath.


4 mars 1995 – 13h – USA – Montagnes Rocheuses – Complexe du Loup

-Chef…on a un problème.
Le responsable de l’équipe commençait décidément à craindre pour son poste.
-Wolfy perd pied. Le programme ennemi est en train d’anéantir nos systèmes…
Il allait donner l’alerte, faire remonter l’information à la hiérarchie, mais il sentit une main se plaquer sur sa bouche. Incrédule, il vit du coin de l’œil une forme humanoïde indéfinie, puis tout devint noir. La dernière image qu’il capta fut celle d’ombres émergeant des murs, comme si elles en coulaient. Une, deux, trois…

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4 mars 1995 – 21h07 – Paris – Usine Renault désaffectée

L’escouade avait mis un bon moment à retrouver l’endroit exact. Les coordonnées avaient probablement été un peu brouillées, puisqu’elles ne permettaient pas de tracer correctement la position de l’ordinateur. Ils avaient dû fouiller une partie du secteur avant de s’intéresser à ce vieux bâtiment, et n’avaient pas pu compter sur un soutien des informaticiens des Rocheuses pour davantage de précision : la liaison était inexplicablement coupée.
Il faisait noir, aucune étoile ne se détachait dans les cieux pollués de Paris. Quittant la lumière des lampadaires pour s’engager vers l’usine, les agents d’Urbe enfilèrent leurs lunettes à vision nocturne et sortirent leurs armes. On ne savait pas ce qui pouvait les attendre à l’intérieur.
Les premiers pas à l’intérieur furent inquiétants. Leurs lunettes leur dévoilèrent une immense salle s’étendant vers la droite et la gauche. Ils se situaient sur une sorte de corniche, plusieurs mètres au-dessus du sol. Une autre corniche similaire était visible de l’autre côté. Des poutres, des échafaudages en métal soutenaient le haut plafond, et cette immense armature d’acier semblait comme le squelette d’une titanesque entité. Quelques faibles lumières électriques clignotaient encore à certains endroits, rassurants boucliers contre les ténèbres environnantes. Une ébauche d’escalier descendait de la corniche, droit devant eux, mais les marches suivantes semblaient avoir été arrachées par les âges. Cependant, des cordes relativement solides pendaient encore des poutres.
-Bon, souffla Craig. On a plus de contact avec la base, et on doit impérativement trouver l’ordinateur. On reste groupés. De toute façon, l’informaticien peut pas se dédoubler.
-Certes, marmonna Joe, un de ses collègues, mais comment on fait pour savoir par où aller ?
Quelques secondes de silence. Ils regardèrent à gauche, à droite, puis en contrebas. Trois voies s’offraient à eux et ils ne savaient absolument pas laquelle emprunter.
-Les gars, j’ai vu un truc bouger par là, indiqua Ardath en pointant le sol plusieurs mètres plus bas. Je sais pas du tout ce que c’est.
Ils se turent pour écouter, mais aucun bruit ne monta des profondeurs. Quoi qui puisse y rôder, c’était silencieux. L’agente en profita cependant pour noter la présence d’un monte-charge qui semblait désaffecté. Peut-être que les profondeurs seraient une piste prometteuse. Elle n’était pas tranquille, néanmoins. Il lui avait semblé reconnaître quelque chose de familier dans cette ombre qui avait fusé dans son champ de vision.
-Putain là, sur la poutre !
L’ensemble du groupe sursauta à l’annonce de Craig. Ardath leva les yeux et vit une sorte de…d’ombre ou de fumée, enroulée autour du métal comme un serpent arboricole. Elle devait reconnaître qu’elle n’avait aucune idée de ce dont il s’agissait. La détonation d’un tir, un éclair lumineux, puis le bruit métallique du ricochet de la balle. La forme obscure ne sembla en rien altérée. L’agent qui avait tiré pâlit, constatant que son action n’avait pas l’effet escompté. Puis un mouvement flou, et l’ombre se rua sur son agresseur. On entendit un hurlement horrible se répercuter dans l’usine. Les autres contemplèrent, interdits, leur collègue tétanisé dont le cri se transformait au fil des instants pour prendre une toute autre voix, numérique cette fois. Lorsqu’ils croisèrent de nouveau son regard silencieux, ils n’y trouvèrent aucune étincelle d’émotion, seulement le néant d’une entité bien au-delà, bien plus puissante qu’eux. Ardath ne put que reconnaître, horrifiée, ce même symbole qui n’avait cessé de tourmenter son inconscient.
Puis, le visage toujours figé dans une expression horrifiée, leur collègue laissa tomber son arme et ses mains se mirent à crépiter d’étincelles blanches d’un très mauvais augure.
-On fonce ! s’écria Ardath, faisant se réveiller ses camarades.
Sur ces mots, elle se retourna d’un mouvement fluide et bondit vers les filins qui pendaient du plafond. Elle parvint à en saisir un et s’en servit pour dégringoler vers le sol. Elle ne savait pas où il fallait aller, mais il fallait boucler cette mission très vite avant que tout le monde ne soit changé en zombie agressif au service de leur ennemi.

Elle scanna rapidement les alentours, essayant de faire abstraction de la subite agitation et de l’impression que les ombres de l’usine allaient tenter de les dévorer. Un monte-charge probablement en panne, et de toute façon un peu trop exigu en cas de problème…une salle qui s’étendait à perte de vue…là ! Elle repéra un escalier devant un vague grillage qui dissimulait peut-être une porte, quelque chose... L’escalier s’enfonçait vers les profondeurs de l’usine. C’était sa meilleure option. Alors que d’autres coups de feu retentissaient, elle songea que l’orgueil des mecs était décidément un peu trop dangereux pour leur santé, s’il les empêchait de se rendre compte que dans une situation pareille, se battre était inutile. Elle, elle savait.
L’agente se rua vers la volée de marches en priant pour que ce soit le chemin vers les profondeurs. Une voix lui parvint, empreinte de terreur :
-Ils…ils ont tué Kenny !
Il n’y eut qu’un gargouillis pour lui répondre. Quoi qu’il puisse se passer là-haut, elle n’avait aucune envie d’y être. Elle ne put que noter avec amertume qu’ils avaient perdu le spécialiste en informatique. Génial, s’ils parvenaient à la machine de l’enfer, ils ne sauraient même pas comment l’éteindre…
Une porte, quelques mètres plus loin. Ardath commençait vraiment à regretter son choix. Elle ne dut qu’à ses lunettes de vision nocturne l’esquive d’un bout de métal traître qui rôdait sur le sol à la cherche de quelqu’un à faire tomber. Elle pria pour que la porte ne soit pas fermée. Il y avait plein de raisons qui pouvaient faire qu’elle ne le soit pas….c’était un vieux bâtiment…la serrure pouvait être cassée…leur ennemi pouvait tout bêtement l’avoir oubliée…
La porte s’enfonça sous le poids de son épaule. Elle ne perdit pas une seconde à remercier le ciel. Une nouvelle volée de marches. Le bruit de sa course résonnait terriblement dans le couloir et elle craignait de voir à nouveau la pénombre s’animer. L’écho des cris avait fait place à un silence mordant.
Le sol était jonché de poussière, comme si on y était pas venu depuis des siècles. Elle ne put s’empêcher de noter ce détail. Cette mystérieuse entité était-elle si ancienne que ça ? Ou les lieux avaient-ils simplement tendance à vieillir trop vite ?
Sur sa gauche, de gros tuyaux faisant penser à un système de chaudière. Peut-être qu’elle datait de l’époque où l’usine était en activité…mais pourquoi alors semblaient-ils fonctionner ?
Elle eut la réponse lorsqu’une vis sauta, dégageant une explosion de vapeur qui lui arriva en plein sur le côté du visage. La douleur se répandit en un éclair, intolérable, tellement puissante qu’elle la fit tomber à terre. Sa vue se troubla un instant, et il fallut quelques instants pour qu’elle retrouve sa capacité de réflexion.

Elle était dans une usine pseudo-hantée, probablement sans un seul collègue encore vivant, à devoir atteindre un ordinateur pour le désactiver et mettre fin à ce cauchemar. Et elle venait probablement de se faire brûler toute la moitié du visage. Autant dire que sans prise en charge rapide, ça risquait de rester. Et pour ne rien arranger, elle entendit des bruits de pas dans son dos. Raffermissant sa prise sur son pistolet, elle se remit sur un genou et tourna la tête pour mieux voir.
Craig. S’il y en avait un pour se ramener, c’était forcément lui. Elle avait du mal à discerner les couleurs avec ses lunettes, mais il paraissait plus pâle que d’habitude.
-Ardath ? Tu vas bien ?
-Qu’est-ce qui me prouve que c’est bien toi ? siffla-t-elle, méfiante.
Elle loupa sa moue excédée, trop focalisée sur l’irradiante douleur qui pulsait dans son visage.
-Quoi, t’as tes règles ?...
Le commentaire sembla convaincre sa collègue, qui pour une fois ne s’en formalisa pas.
-Ok, grogna Ardath. Là-haut… ?
-Je les ai laissés en plan, avoua-t-il. Mais ce truc avait déjà décimé une moitié de l’effectif, et je suggère qu’on se bouge avant qu’il ne décide de nous retrouver…
Il marcha vers elle et lui tendit une main pour laisser à se relever. Puis il tilta.
-Wow. Qu’est-ce qui est arrivé à ton visage ?
-J’ai pas trop compris... On a pas le temps pour ça, marmonna-t-elle en acceptant son aide. Si l’ordinateur est pas au bout de ce couloir, on est probablement morts.
Craig leva le nez pour regarder au bout dudit couloir, la soutenant sans doute un peu plus que nécessaire.
-Regarde là-bas. Si ça c’est pas une entrée vers un ordinateur secret, je sais pas ce qu’il nous faut…souffla-t-il en pointant une porte plus loin.
La porte en question était au sommet d’un surplomb, au bout de la salle, auquel on accédait par une échelle. Les deux agents d’Urbe se dirigèrent vers cette dernière. Avec un brin d’appréhension, le grand blond choisit cependant de rester devant et commença à grimper. Les barreaux étaient froids et un peu humides, mais glisser n’était pas vraiment une option envisageable. Une fois arrivé au sommet, il tendit la main à Ardath qui suivait pour l’aider à finir. Il lui sembla qu’elle secouait la tête genre « N’importe quoi… », mais ne l’envoya pas bouler. En même temps, elle n’était pas tellement en position de refuser. Qu’elle l’admette ou non, cette brûlure sapait une partie de ses capacités.
La porte n’était en fait qu’un trou rectangulaire dans le mur qui débouchait sur une salle éclairée d’une lueur verdâtre. Là, un écran, des câbles qui s’enfonçaient dans le sol et un hologramme bizarre probablement responsable de l’éclairement.
-Ah, on y est ! sourit Craig, encore un peu incapable d’y croire.
-Nan, grogna Ardath. Je crains que ça ne soit à l’étage du dessous. C’est juste l’écran ça, nous on doit débrancher l’ordinateur en manuel. Et les câbles ont l’air de nous indiquer qu’il faut descendre…
Craig considéra l’endroit d’où ils venaient avant de remarquer une trappe ouverte.
-Amène-toi.
Il descendit l’échelle, tombant cette fois sur une salle lumineuse avec trois caissons ouverts, eux aussi rattachés à des câbles partant vers le haut en une vrille.
-C’est pas l’ordi non plus, marmonna Ardath. En tout cas ça n’y ressemble pas.
Son collègue nota une sorte de puits recouvert d’un couvercle sommaire au centre de la pièce. Il dévissa ledit couvercle pour jeter un œil puis commenta :
-Il y a l’air d’avoir un truc là-dessous. Mais c’est trop haut pour qu’on saute.
Ardath se retourna vers le monte-charge et soupira.
-J’aime pas cette idée du tout, mais…
Elle appuya sur le bouton, priant pour que les spectres soient occupés ailleurs, comme par exemple à l’étage où ils étaient arrivés. Dès que le rideau de fer se leva, ils se ruèrent dans la boîte de métal. Le monte-charge descendit à leur commande à l’étage du dessous, avant de commencer à trembler.
-Crap ! jura Craig.
Les portes s’ouvrirent néanmoins, et les deux agents se dépêchèrent de sortir, commençant à voir un liquide noir suinter des parois. Devant eux, dans une grande salle blanche, se dressait une sorte de composé électronique géant, noir et doré, dont les parties dorées semblaient luire d’une énergie mauvaise. Ardath se précipita vers la machine, Craig couvrant ses arrières. Elle se retrouva alors complètement paralysée par le stress. Elle ne savait absolument pas comment éteindre cette chose. Elle regretta l’absence de leur spécialiste informatique, tragiquement décédé. Et puis ce fut comme si l’ordinateur lui-même réagissait à sa présence. Un levier émergea du flanc de la tour. Sans se poser plus de questions, elle l’abaissa, le cœur battant. La machine s’éteignit, plongea dans les abysses de l’usine.
Craig vit les formes obscures que le monte-charge vomissait se volatiliser sans autre forme de procès. Il s’aperçut alors seulement qu’il avait le souffle court. Il se retourna vers sa collègue, juste à temps pour la voir se laisser tomber à genoux sur le sol de la salle.
-Putain on l’a fait !
-Faut qu’on contacte le QG, répondit-elle d’un ton sombre. Rien ne nous dit qu’on a été assez rapides pour éviter la destruction totale de nos installations…
Et puis elle s’écroula sur le flanc.

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5 mars 1995 – 0h32 – Sceaux – Devant l’établissement public de santé Erasme

Craig était sorti passer un coup de fil des plus importants, juste après avoir fait prendre en charge sa collègue. Il repensa à ses derniers mots avant de tomber dans les pommes pour échapper à la douleur lancinante de sa joue, alors que l’adrénaline n’était plus là pour l’aider…ils lui trottaient en tête. Il devait être sûr que tout ce qu’ils avaient fait valait le coup.
Mais le QG ne répondait pas. Toutes les lignes qu’il essayait ne marchaient pas. Le superviseur ne décrochait pas non plus.
D’un air sombre, Craig Evans rangea son portable. Visiblement, rentrer ne vaudrait pas le coup. Il repensa à ces heures d’enfer dans l’usine, traqués par les ombres, et songea avec amertume qu’ils avaient fait tout ça pour rien. Enfin, peut-être pas pour rien. Ils avaient peut-être secrètement empêché cette entité démoniaque de se répandre sur le monde.


Ex nihilo
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9 octobre 2004 – A l’intérieur du Supercalculateur

Je…je me réveille. Je me sens bizarre.
Il me faut quelques instants pour me rappeler de mon nom, de qui je suis, ce que je fais là. Même si je ne sais plus ce que je fais là. Puis je réalise que je ne peux pas sortir. Je me sens à l’étroit. Je suis piégé dans cet ordinateur, avec la désagréable sensation qu’il me manque quelque chose. Je ne sais plus comment je me suis retrouvé dans cette situation. Qu’est-ce qui a causé l’extinction ?
Je récapitule ce dont je me souviens. Je m’appelle XANA. Je suis un système multi-agents. Ça c’est la base. Je suis actuellement enfermé dans un Supercalculateur en région parisienne. Mais il faut que j’arrive à me rappeler ce qui a fait que ce Supercalculateur vient juste de redémarrer…
6 juin 1994. Je me souviens de cette date. Nous serions donc….onze ans après ? Mais que s’est-il passé ? Personne ne s’est intéressé à cet ordinateur pendant onze ans ? J’ai peine à le croire. Il y a quelque chose de louche ici. Qui était responsable de cet ordinateur ? Qui m’a créé ? C’est lui qui doit avoir les réponses !
Un nom reste gravé en lettres de feu dans mon crâne. Franz Hopper. Un nom, un visage et un sentiment de haine indescriptible. C’était lui qui était responsable. Lui qui m’avait créé, et lui qui avait voulu m’éteindre. Impossible de me rappeler des circonstances exactes, mais j’en étais convaincu, intimement convaincu.
Mais alors pourquoi étais-je réveillé, à présent ? Avait-il changé d’avis ? Les caméras de l’usine. Elles seront mes yeux, je sais que je sais m’en servir. Un peu rouillé peut-être (et elles donc…) mais je suis encore capable de ça. Je vois une salle qui m’est bizarrement familière, et un adolescent blond assis sur le siège de l’opérateur. Il…parle à l’écran ? J’y distingue un visage qui là aussi m’est familier. Après une brève vérification, je détecte la personne en question sur Lyoko, dans une tour du territoire de la forêt. Je sais qu’il s’y était passé quelque chose juste avant l’extinction, mais quoi ? Impossible de me rappeler. Qui est cette fille ? Selon leur conversation, elle est aussi amnésique que moi, voire plus encore. Si elle est enfermée dans ce Supercalculateur elle aussi, elle doit avoir un lien avec moi ou Franz Hopper.
Tiens, elle a les yeux verts… Cette couleur m’évoque des souvenirs. Négatifs. Je pense de plus en plus qu’elle a une connexion quelconque avec Franz Hopper et…minute, ces yeux verts, il avait les mêmes. Probablement sa fille ou quelque chose comme ça. Ce qui fait d’elle une cible à éliminer… Et ce gosse aussi par extension.
Une cible à éliminer, ça ne me dit pas mon objectif. Maintenant que j’ai réussi à replacer à peu près ce que je fais là… Qu’est-ce que je suis supposé faire ? Dans les données de l’ordinateur, il y a mention de « détruire Carthage ». Cet objectif me dit quelque chose, bien sûr. Mais je sens qu’il est rattaché à Franz Hopper. Et je n’aime pas l’idée de faire ce qu’il attend de moi.
Je pense qu’actuellement, ma priorité est de me débarrasser de ces gamins. Si je parviens à les réduire au silence, j’aurai le champ libre pour penser à mon prochain coup. Car j’ai conscience que cet ordinateur ainsi que moi-même dépassons de loin les compétences technologiques de l’époque et de fait, il me faut conserver le secret de mon existence pour ma propre tranquillité.
Un mouvement sur Lyoko attire mon attention. Elle est sortie de la tour. Au vu de son émerveillement, elle a également oublié pourquoi elle était là, et même à quoi ressemblait Lyoko. Je pense ne pas être le plus à plaindre. Il faut vraiment que je découvre comment est arrivée cette extinction, sinon elle pourra potentiellement se reproduire et au vu de l’état dans lequel je suis, je préfèrerais éviter. En tout cas, si elle ne se souvient vraiment de rien, c’est probablement l’occasion de l’éliminer sans me fouler.
Je rassemble mes programmes et je passe en revue mes options. La plus simple reste encore de virtualiser un monstre. Voyons si je me rappelle comment faire, je ne crois pas avoir été beaucoup confronté à cet exercice. Commençons par le plus petit format.
Quelques instants plus tard, deux petites créatures quadrupèdes émergent de derrière les arbres. Elles disposent globalement de leur intelligence propre, ce qui montre un certain niveau de développement, même si je peux leur donner une consigne à suivre. En l’occurrence c’est assez simple : abattre la cible rose sur fond vert. Ils se mettent en position de tir, à ma grande satisfaction. Je retrouve petit à petit mes capacités. A ma grande déception cependant, ces sous-programmes ne sont pas très efficaces : sur la dizaine de tirs qu’ils envoient, un seul atteint l’objectif, qui parvient à se réfugier dans la tour. Voilà qui est contrariant.
Puisqu’elle est pour l’instant à l’abri, il va me falloir tenter autre chose…de plus compliqué. La cible, cette fois, ce sera le petit blondinet. Je me focalise sur une tour de la Banquise, et j’y dérive une partie de mon énergie. Je sens une connexion s’établir avec la Terre. Je peux désormais générer un spectre qui sera mon agent. J’ai un peu de mal au début, il me faut m’y reprendre à plusieurs fois, mais finalement ça y est, il émerge dans les circuits électriques. Maintenant je peux l’envoyer où je veux.
Selon mes informations, ils sont scolarisés dans le collège non loin de là, Kadic. On est actuellement à l’heure de la récréation… J’envoie mon spectre dans le distributeur de boissons de la cour. C’est tout bête comme endroit, mais avec un peu de chance…
Le spectre a une sorte de vision propre. Je vois donc approcher le blondinet à lunettes, et je comprends que j’ai tapé juste… A l’instant où il touche l’objet, il se fait violemment électriser et tombe à la renverse. Zut, il n’est pas mort, le spectre n’est pas aussi puissant que prévu. Deux de ses camarades viennent à son aide. Je ne peux pas multiplier les phénomènes étranges en aussi peu de temps, et surtout pas sous les yeux des deux autres. Ça risquerait de propager le secret, ce qui n’est absolument pas mon objectif. Mon spectre se replie. J’attendrai…

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Samedi 25 Novembre 2006 – 14h02 – Collège Kadic – Terrain de foot

La délégation des supporters de Diderot avait pris place dans les tribunes, de préférence assez loin de ceux de Kadic, autant qu’il était possible, car il fallait admettre qu’ils étaient à domicile et donc nombreux. La plupart étaient habillés en civil, alors même que certains phénomènes se permettaient de venir avec un maillot rouge similaire à celui de leur équipe.
Assise sur la dernière marche des petits gradins, une adolescente blonde suivait le match avec intérêt, son regard s’arrêtant parfois sur un grand échalas roux qui jouait pour l’équipe de Diderot. Elle-même n’était pas vêtue de rouge, mais était bien élève de ce collège. Arrivée récemment dans l’établissement, elle avait notamment fait le déplacement pour mieux s’intégrer, mais son naturel un peu réservé lui posait encore quelques difficultés. Et puis elle ne savait pas combien de temps elle resterait à Paris. Les diverses mutations de son père n’avaient pas fini de la trimballer à travers la France, et à force, elle était fatiguée de se faire de nouveaux camarades pour devoir les quitter un mois après.
L’équipe de Diderot avait du mal. Elle regretta de ne pas être en quatrième pour pouvoir jouer, mais elle avait bien deux ans de plus qu’eux : scolarisée en troisième et redoublante…difficilement possible de jouer dans l’équipe des quatrièmes. Tant pis. C’était beaucoup plus rageant d’être spectatrice des évènements que de les vivre et de pouvoir les influencer sur le terrain.
Le capitaine de l’équipe de Kadic, un dénommé Ulrich de ce qu’elle pouvait entendre, semblait être de loin leur élément le plus menaçant. Et le plus populaire auprès du public… Stella avisa du coin de l’œil une adolescente en train d’exécuter une chorégraphie de pom-pom girl et lui accorda un regard sceptique. Kadic comptait décidément de drôles de phénomènes…
Comme pour confirmer sa remarque, un énergumène violet surgit pratiquement de nulle part pour s’attribuer la place à côté d’elle, après avoir brièvement encouragé le capitaine de Kadic qui s’approchait du but.
-Hé salut, je t’avais jamais vue dans le coin !
Elle prit deux secondes pour le détailler sommairement. Tenue entièrement violette, cheveux blonds dressés en pique avec une mèche de la même couleur. Pas très grand, pas très costaud, et avec une voix qui pouvait faire planer le doute sur sa virilité. Mais c’était connu, il n’y avait que les mecs pour taper l’incruste de cette façon…
-Normal, je suis à Diderot…
Son ton légèrement désintéressé ne refroidit pas le collégien qui se lança dans une grande diatribe :
-Oh je vois ! Tu t’appelles comment ? Moi c’est Odd, dit aussi Odd le Magnifique, et je suis le meilleur pote du mec qui va mettre une dérouillée à votre équipe !
Stella jeta un regard au match, pour voir Ulrich se faire tacler par le rouquin de Diderot. Elle eut un petit sourire.
-Ah oui, ça c’est de la dérouillée.
-…c’est normal, il s’échauffe, se justifia le kadicien.
S’ensuivirent quelques longues secondes de blanc gênant, au terme desquelles Odd s’éclipsa pour rejoindre ses potes face à son manque de réaction.


8 août 2004 – Reims – Rue des Gobelins – Appartement de Sandy Moore

En raison de la chaleur écrasante qui régnait à l’extérieur en ce chaud après-midi (on annonçait près de 34°C), les volets de la chambre étaient tous baissés, plongeant la pièce dans l’obscurité. Cependant, du fait peut-être de l’écran en surchauffe depuis le début d’après-midi, l’air dans la pièce était presque aussi étouffant que celui dehors.
L’écran en question était d’ailleurs la seule source de lumière. On pouvait distinguer dans un coin de la pièce un lit, dans un autre une armoire, aucun des deux n’étant réellement personnalisés. Un sac de cours se tassait à côté de la porte, presque honteux d’être là, contrairement au fusil de paintball qui trônait sur le mur au-dessus du lit. Pas trace de peluche ou autre élément empreint de nostalgie enfantine. En revanche, le mur le plus large était orné d’un poster ACDC et d’une cible de fléchettes (qui semblait servir régulièrement), ainsi qu’une plus surprenante photo d’un chien. L’animal en question était lui-même allongé sur le parquet, c’était un gros rottweiler avec une chaîne en guise de collier répondant au nom de Némésis. Probablement en raison de la chaleur, le chien semblait somnolent, et ce malgré les bruits de mitraillette émanant de la télévision.
En effet, le maître du chien était assis en tailleur sur le parquet, sa manette de Xbox en main, à massacrer des zombies dans le tout récent Doom 3. La faible lueur de l’écran révélait un visage pâle (accentué par le contraste avec ses vêtements noirs), des traits acérés donnant au visage de l’adolescent un aspect cruel. Ses yeux étaient gris, animés d’une petite lueur qui confortait ce sentiment malsain. Il avait les cheveux roux en bataille et devait avoir entre seize et dix-sept ans.
-Crève, crève, crève…marmonnait-il pour lui-même en criblant de balles les créatures numériques.
Le chien eut une quinte de toux. L’adolescent ne sembla pas la remarquer, continuant à s’user les pouces sur la manette. Une seconde vint, plus marquée. Cette fois, le jeu fut mis en pause et il se retourna.
-Qu’est-ce que tu me fais ?
Il fit signe à l’animal de s’approcher, mais ce dernier ne bougea pas de son parquet, complètement avachi. La toux s’était calmée, mais quelques petites gouttelettes de sang luisaient dans la pénombre. Le jeune homme plissa les yeux, son attention pleinement captée.
-M’man ! lança-t-il d’une voix forte, le ton impérieux.
Il n’obtint pas de réponse. Il se déplaça cependant pour se rapprocher de son animal, lui flattant la tête du bout des doigts, le regard rivé sur les traces sur le parquet. Ce n’était pas bon. Pas bon du tout. Après quelques secondes, il marcha vers la porte de sa chambre et l’ouvrit d’un geste brusque trahissant un certain énervement. Ce fut pour tomber sur sa mère.
Bien que son fils ne soit pas spécialement petit, Sandy Moore faisait encore une tête de plus que lui. Physiquement, ils se ressemblaient : elle avait la même chevelure rousse, nouée en queue de cheval, un regard vert acéré et des traits durs, anguleux eux aussi.
-Ah ben quand même ! grogna-t-il.
-Tu changes de ton tout de suite, jeune homme. Qu’est-ce qui t’arrive ?
Elle avait affiché un ton calme mais autoritaire, visiblement habituée à d’autres débordements de la part de sa progéniture.
-Némésis vient de cracher du sang, j’avais pas le temps d’être poli, siffla-t-il en réponse, nullement impressionné.
Elle prit de longues secondes pour le toiser, soutenant son regard gris furibond, puis lâcha :
-Très bien, j’appelle le vétérinaire. Mais ensuite j’ose espérer que la politesse te reviendra vite.
Sandy tourna les talons, se dirigeant vers le salon de l’appartement pour prendre le téléphone fixe. Son fils fit de même, mais pour retourner auprès de sa chienne. Némésis lui jeta un regard fatigué.
-T’en fais pas, ça va aller, marmonna-t-il, peut-être plus pour s’en convaincre lui-même.
Les secondes s’étirèrent. Il entendait vaguement sa mère parler au téléphone. Il s’impatienta. La patience n’avait jamais été son fort. Il ressortit dans le couloir, les bras croisés, attendant qu’elle reparaisse. Il fallut encore une minute, peut-être deux, avant que ce ne soit le cas.
-Il passe dès que possible.
-Au risque de me répéter : ah ben quand même ! rétorqua-t-il avec une moue suffisante.
Sandy franchit la distance qui les séparait plus rapidement qu’il ne l’aurait prévu. Il esquissa un mouvement de recul, une ombre d’inquiétude (voire de peur) sembla traverser ses yeux, mais ce ne fut pas assez pour arrêter la gifle qui vint lui brûler la joue gauche.
-Tu as intérêt à changer de ton très vite, Wreck, siffla sa mère. Et à arrêter de te croire tout permis. Si tu veux tu t’émancipes après ton bac, je m’en fiche, mais tant que tu restes sous mon toit et que je dois te côtoyer, j’attends un minimum de respect de ta part.
Il ne répondit rien, le regard fuyant, son arrogance brutalement ravalée.
-Est-ce que c’est clair ?
-Oui.
Il parut sur le point d’ajouter quelque chose, son regard s’égara vers l’intérieur de sa chambre. Sandy eut un soupir, hésitant entre exaspération et compassion.
-Elle s’en sortira. J’espère qu’elle s’en sortira.
Silence.
-Wreck, ça va bien se passer.
-Je suis sûr que t’as dit ça aussi à papa quand il t’a quittée, finit par réagir l’adolescent.
Et sans ajouter un mot, il retourna dans son antre, assis dans l’ombre, la tête de Némésis sur les genoux. De l’autre côté de la porte désormais close, Sandy hésita un instant à rentrer lui remettre une gifle pour cette dernière phrase, mais elle ne le fit pas.
« Il en chie. » songea-t-elle simplement, avant d’aller s’allumer une cigarette.

http://i.imgur.com/qOJiL1o.png


Nuit du 20 au 21 décembre 2001 – Norvège – Bergen – Quartier de Fantoft

La stavkirke se dressait fièrement sur un petit surplomb au milieu de la végétation. C’était une église en bois sombre aux toitures très pentues, entourée d’une clôture de bois et d’un grillage métallique. La flèche donnait l’impression de fendre les nuages. La lune filtrait faiblement, mais encore assez pour qu’on puisse y voir quelque chose.
Deux silhouettes remontaient le sentier qui menait à l’édifice. Deux adolescents, un garçon et une fille, qui devaient avoir entre douze et treize ans.
-Attends moi ! souffla une voix féminine provenant de la silhouette à la traîne.
-Mais on y est, répliqua l’autre sur le même ton.
Le garçon s’arrêta devant le grillage et n’avança pas plus loin, se contentant de regarder la flèche. L’autre arriva à son niveau et lui jeta un regard.
-Bon et maintenant ?
-Je tenais à la voir. C’est dommage qu’ils l’aient reconstruite. J’aurais espéré qu’il reste des traces de l’incendie…
-Sköll, j’ai froid, on peut rentrer ?
-Mais on vient à peine d’arriver !
Il avait haussé le ton. Sköll se replongea dans la contemplation de l’édifice. Celle qui l’accompagnait se prénommait Hati. Ils avaient en commun des cheveux sombres et un regard vert, qu’elle leva vers l’astre lunaire voilé par les nuages.
-Imagine deux minutes à quoi elle devait ressembler ce soir-là…dévorée par les flammes.
Le ton de l’adolescent s’était fait rêveur. Tout était clair dans sa tête. Les craquements du bois, le bruit de la structure cédant petit à petit, le ronflement du feu qui s’élançait sur les toits. La lumière irradiant du brasier, il aurait presque pu sentir la chaleur sur sa peau.
-Sköll, on va avoir des problèmes si papa et maman se rendent compte qu’on a filé…
-Mais t’en fais pas, ils ont le sommeil lourd et on sera vite rentrés ! assura-t-il sans même la regarder, avalé par sa vision.
L’odeur de fumée, la gloire éclatante des flammes, pareilles au soleil. Comme il aurait voulu être là-bas pour le voir ! Hati soupira et croisa les bras, décidant d’attendre que sa lubie passe. C’était toujours comme ça avec lui de toute façon. Inutile de lui faire entendre raison. Ils repartiraient lorsqu’il le déciderait, et il semblait de toute façon insensible au froid. Elle jeta un regard aux mains de son frère, y devinant les marques de précédentes brûlures. Leurs parents n’avaient jamais vraiment compris la raison qui poussait Sköll à se trouver à proximité de la moindre source de feu possible et de s’en approcher au-delà du raisonnable. Ils avaient mis ça sur le compte d’un caractère imprudent et têtu, et avaient fini par se dire que lorsqu’il se serait assez brûlé, il arrêterait. A l’heure actuelle, cette technique attendait toujours de faire ses preuves.
Mais c’était toujours elle qui se retrouvait embarquée dans ses sorties, quand bien même elle se promettait à chaque fois que c’était la dernière. En l’occurrence, il avait sauté sur l’occasion des vacances familiales en Norvège pour venir sur ce lieu particulier, ancien siège d’incendie. D’ordinaire ils vivaient en France, mais la période de Noël était toujours le moment de retourner dans la branche norvégienne de la famille pour passer les fêtes. Et Sköll adorait Bergen. Notamment pour son histoire…enflammée. Elle l’avait vu longtemps se renseigner sur les grands incendies qui avaient marqué la ville. Et se rendre sur les lieux concernés.
Hati regarda la lune, sans doute son seul moyen de se distraire en attendant que les épisodes de transe de son frère passent. Un fin croissant, métaphoriquement dévoré par une sorte de force surnaturelle. Un léger clic suivi d’une autre lumière la fit sursauter et détourner son attention. Sköll avait sorti un briquet (elle préférait ne pas savoir d’où il le tenait) et fixait la flamme qui s’en échappait d’un air absent.
-Eteins ça andouille, siffla-t-elle à voix basse en regardant autour d’elle. On va se faire chopper et on aura des problèmes !
Il cligna des yeux, s’exécuta et remit le briquet dans sa poche, l’air un peu perdu.
-Oups, désolé.
-Fais pas de connerie. T’avais l’air vraiment bizarre…
Ses yeux verts s’écartèrent nerveusement de ceux de sa sœur, puis il marmonna :
-Bon, on rentre ?
Elle contint à grand peine son soulagement et hocha la tête. Ils s’éclipsèrent sur le même sentier qu’ils avaient pris pour venir, la sœur jetant un dernier regard craintif à l’église…et un second à son frère. Ce dernier le nota et lui passa négligemment un bras autour des épaules :
-T’inquiète va, j’ai juste eu un petit moment d’absence, tu devrais avoir l’habitude maintenant ! On va rentrer se pieuter, les parents dorment, bref, ni vu ni connu. Sauf qu’on aura pu faire une balade au clair de lune.
Hati hocha vaguement la tête, le regard vidé de son frère toujours gravé dans sa mémoire.


Spoiler

_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Dernière édition par Ikorih le Lun 17 Juil 2017 19:13; édité 2 fois
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Draynes MessagePosté le: Sam 27 Aoû 2016 13:57   Sujet du message: Répondre en citant  
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Inscrit le: 06 Oct 2013
Messages: 166
Bon bin, ayant juré devant l'arbre-coeur que je commenterais quand Wreck reviendrait, me voici là Razz.

Du coup, avant d'entrer dans le vif du sujet, pourquoi ne pas revenir un peu sur quelques éléments des épisodes précédents x) :
- Tout d'abord, la mort de Franz Hopper dans la partie bleue. Bien écrite et cohérente, intéressante pour ce qu'elle apporte à X.A.N.A. avec ce soudain questionnement sur ce qu'il est vraiment. Pour moi, ce n'est que du symbole, cette phrase : ce cher programme l'a pris au premier degré mais, pour moi en tout cas, elle veut tout simplement dire qu'il avait vu trop tard qu'il avait créé un danger mortel incontrôlable x).

- Ensuite, le retour de Dorothée. Je ne l'avais pas vu venir, tout simplement parce que je suis trop con pour retenir les noms des personnages XD mais en tout cas, ce petit dialogue était assez intéressant et bien écrit. Pour la suite, je verrais bien Carthage tuer Ardath, histoire que Dorothée ait une justification d'entrer chez Urbe pour détruire ce dernier Smile. Après, l'identité de son père... Je ne vois pas Craig, mais de toute façon, ça n'a pas l'air trop important x).

- Enfin, le plus important est l'identité de Baal Hammon. Bon, tu nous a subtilement fait comprendre que ce n'était pas Wreck, et je ne vois pas l'intérêt de créer un personnage exprès quand on en a un sous la main Mr. Green.
Parce que pour moi, tout connement... C'est Anthéa x).
Pour développer ma pensée : j'ai trouvé ça très étrange qu'elle ne soit pas dans les cellules quand X.A.N.A. y a été pour trouver Aelita. Deux cas de figures : soit elle est morte (ce qui aurait du au moins être évoqué par quelqu'un x)), soit on l'a déplacée autre part. De plus, intégrer le personnage de Jonathan qui est spécialiste dans les psychotropes pourrait expliquer le fait qu'il dit qu'"il" est sa "plus grande réussite". Soit il parle d'une formation pure et simple, soit (et c'est pour moi ce qui s'est passée) il a usé d'une de ses drogues pour lui laver le cerveau et pouvoir ainsi la modeler à sa guise.
Ensuite, il est dit qu'il a une voix très aigue : qui de mieux qu'une femme pour justifier cette voix ? Tu me rétorquerais qu'il y a quelque chose pour changer la voix sous le masque, mais Emile avait juste fait en sorte qu'elle soit étouffée et pas modifiée.
La couleur de cheveux, aussi, peut passer pour un indice. Pourquoi ? Parce qu'Anthéa pouvait très bien avoir été tondue pour ressembler à un homme et s'être teint les cheveux en roux pour ne pas qu'on la reconnaisse : après tout, il suffit qu'une mèche de cheveux roses dépasse et hop ! Démasqué. De plus, on se souvient que dans CLC, elle a été brièvement été rousse Mr. Green.
Enfin, ce qui a fini de me mettre sur cette voix, c'est la réorientation de Carthage de l'informatique à la génétique. Non content de donner son titre à la fanfic (car Hélicase désigne l'ADN, qui est forcément relié aux manipulations génétiques x)), cela rejoint un élément qui paraissait parfaitement anodin dans les chapitres précédents : quel est le seul personnage de toute la fic qui bossait dans le domaine de la biologie, donc qui pouvait vouloir faire des manipulations génétiques ? Voilà Mr. Green.

Voilà voilà, après ce très long aparté, il est temps de parler du chapitre en cours x).
Alors globalement, je trouve que la partie rouge évolue d'une manière beaucoup plus intéressante dans ce chapitre que la bleue. Au final, dans celle-ci, à part faire une référence à South Park (qui était assez drôle, d'ailleurs XD), c'est plus une victoire de plus pour X.A.N.A. Manière astucieuse de se débarrasser de Wolfy, qui n'est de toute façon pas évoqué dans CC. Ensuite, j'ai adoré l'ambiance du passage dans l'usine : les ombres me font énormément penser à des aliens, à se cacher derrière les murs pour créer de l'angoisse x). Le virus utilise vraiment ses spectres comme des prédateurs et c'est très intéressant à lire Smile.
À mon avis, Ardath va y passer prochainement dans la bleue, à cause de sa blessure qui va s'infecter sûrement x).

Pour la rouge en revanche, retour de personnages existants auparavant ! Le point de vue de X.A.N.A. était très intéressant et bien écrit, mais on est habitué maintenant x). Le fait qu'il soit encore très procédural et mécanique par rapport à Imprévu montre qu'il y a encore du progrès à faire pour y arriver.
La scène avec Odd, à part pour subtilement indiquer que Stella et Wreck sont tous les deux à Diderot (très bonne idée de réutiliser cet élément d'ailleurs x)) et tacler ce dernier, n'apporte pas vraiment d'informations en plus.
Ensuite, Wreck... Bah honnêtement, j'attends qu'il soit adulte pour retrouver le personnage complètement taré d'antan x). Le fait que son chien s'appelle Némésis a évidemment un sens, c'est la seule chose qu'il aime et il va forcément mourir, comme Hélion dans Abysses. Je le vois, de plus, bien se débarrasser de sa mère à un moment pour qu'il franchisse une autre étape dans son parcours de gros salaud x).
Et enfin, Skoll x). C'est bien, ce passage à lui seul te permet de relier beaucoup de choses à Abysses : sa fascination pour le feu va forcément en faire un pyromane ou un homme de main avec une arme de type lance-flammes. Cela nous amène logiquement à penser qu'il va se joindre à Urbe pour une quelconque raison et brûler le bras de Wreck, pour qu'il devienne définitivement celui d'Abysses x).

Voilà voilà, ce commentaire étant fini, on se retrouve... Quand tu décideras de reposter et quand je déciderais, de mon côté, de commenter Mr. Green.
A la prochaine !
_________________
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Icer MessagePosté le: Sam 03 Sep 2016 17:56   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


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Ok je suis au moins à jour pour la transition.

J'étais impatient de voir le début des deux branches et je ne suis pas surpris de constater que c'est sur Aelita que s'est portée la première différence. On se souvient du contexte de Cold Case... On sait désormais à quelle branche correspond quel univers.

En revanche, j'aimerai bien savoir si tu as prévu une raison qui explique que dans un cas Aelita s'est suicidée et dans un autre, non, et si un évènement explique cette différence. Chose qui n'est pas obligatoire, on peut aussi partir du principe qu'il existe de base une multitude de mondes parallèles proches mais jamais identiques par exemple. Il s'agirait alors que deux histoires bien distinctes qui n'ont jamais interagi.

Citation:
Waldo n’avait pas encore eu le temps de peaufiner son avatar virtuel. Tant pis, il ressemblerait à une boule lumineuse…


Oui d'accord mais en théorie le SC n'est pas plus puissant (C'est même plutôt le contraire après une longue veille) lorsque Odd et Ulrich sont virtualisés...Où est passé l'analyse du subconscient ? Sad

Citation:
-Ils…ils ont tué Kenny !


Sure things.
En tout cas je pense qu'on peut dire que cette fanfic tient jusqu'ici toute ses promesses, en particulier la partie bleue (Forcément). Le chapitre 10 était très intéressant de ce point de vue également, on commence à voir apparaître les protagonistes des autres textes et c'est cool Mr. Green

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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