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 Auteur  Message
  Sujet: [One-Shot] Envoûtement Nocturne  
Icer

Réponses: 1
Vus: 7053

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 21 Mai 2023 17:11   Sujet: [One-Shot] Envoûtement Nocturne
Ah ouais. Effectivement, un texte différent du premier... je l'ai préféré. Pas uniquement parce qu'il y a William dedans bien sûr. Il y a un peu plus de réflexion sur le scénario, et cela nous offre une suite originale mais tout à fait envisageable des conséquences du retour de Dunbar à l'issue de la saison 4. Un genre de poids des souvenirs de Dyssery version OS ? Dans l'esprit, en quelque sorte.

Du reste, on retrouve en parallèle ton style de la première fois, parfois un peu acide, mais riche en détails, parfois croustillants.

Enfin, mention spéciale pour ce focus sur la France des territoires. Ce n'est pas si souvent, alors que Code Lyoko reste basiquement un ode à la France urbaine, celle du neuf deux, des nantis. Avec ce bol d'air frais et non pollué, tu nous proposes de nous rappeler que notre pays, c'est aussi celle des... gilets jaunes ? Mais je m'égare.

Comme la dernière fois, j'ai aussi fait un relevé.

Spoiler


Hum, j'ai l'impression qu'il y en a davantage qu'avant. C'est un peu dommage, et un point de vigilance pour la suite, sans doute. Mais à part ça, je trouve globalement que la pente est ascendante par rapport au premier. Il y a encore un côté surjoué sur certaines séquences, que ce soit sur le fond (avec des éléments un peu wtf qui popent parfois de nulle part) et une forme parfois peut-être excessive. Malgré tout, je suis curieux de voir le prochain essai, c'est le cas de le dire.

@+ dans le bus !
  Sujet: [One-Shot] Debout les gars !  
Icer

Réponses: 3
Vus: 7383

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 11 Mar 2023 20:03   Sujet: [One-Shot] Debout les gars !
Yo,

Toujours sympathique de découvrir un nouvel auteur ! Je me permets, après la lecture de ton One-Shot, un petit commentaire.

Je trouve ce premier aperçu assez intéressant. Sur la forme, le style est plutôt bon à mon sens, tu arrives à donner un intérêt à des scènes finalement assez banales. Sur le fond - ma spécialité, Zéphyr dirait que c'est parce que mes commentaires sont au fond du trou mais c'est un rageux - c'est plus compliqué, au sens où d'une part, ce texte n'avait pas d'ambition particulière (ce qui n'est pas un reproche, c'est juste une question de goût). D'autre part, c'est peut-être la fin qui est la plus discutable : mon estimée collègue Ikorih a qualifié ça de piège Chronicles, avec cette utilisation abusive des parents de héros pendant la période Hopper, créant de fait un lien limite aussi magique que la formation de la bande principale dans la genèse.

Je partage sur ce point pleinement son avis, ce n'est pas quelque chose qui fasse très crédible. Mais, disons que la gravité de ce point est bien relative sur un petit One-Shot de ce style, et ça permet de conclure de façon un peu plus swag.

En tout cas à ce stade, je ne peux que t'encourager à continuer à suivre ton inspiration si le cœur t'en dit.

À bientôt peut-être !

Spoiler
  Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa  
Icer

Réponses: 7
Vus: 15108

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mer 21 Déc 2022 06:38   Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa
Eh bien Sabi, le moins que l'on puisse dire, c'est que tu prends les remarques très au sérieux avec ta réécriture.

Donc, Yumi persiste finalement dans son refus pour reprendre tes termes. C'est vrai que par rapport au personnage, c'est sans doute beaucoup mieux ainsi. Attention simplement au revers de la médaille : de fait, la question de rallumer le Supercalculateur est abordée d'autant plus que le débat n'est pas tranché. On en revient au problème que j'évoquais dans mon commentaire précédent : pourquoi personne – et Ishiyama au premier chef vu son opposition – n'évoque la possibilité de mener des recherches sur Anthéa sans rallumer la machine ? Jérémie est-il devenu si dépendant ? En vrai, c'est tout à fait envisageable après tout ce temps passé à lutter contre X.A.N.A, mais on en sait pas davantage parce que... personne n'en parle.

Mis à part ce point de détail de l'histoire (il est tôt, je manque de filtre... et je ne bois pas de café), je reste sur une impression positive : ce n'est pas le texte le plus ambitieux de la décennie pour le moment, j'y faisais allusion lors de mon commentaire à Alex' Belpois mais on sent vraiment un potentiel. Cela pourrait donner de belles choses à l'avenir. On sera là pour observer tout ça.

Bon courage pour la suite, RDV en 2023 !
  Sujet: [Fanfic] Code Lyoko Tome 1 : La vie continue  
Icer

Réponses: 8
Vus: 11332

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Lun 19 Déc 2022 19:07   Sujet: [Fanfic] Code Lyoko Tome 1 : La vie continue
Hello ! Je prends ici la suite d'Ikorih, mon commentaire, même si c'est mon premier, se base avant tout sur les chapitres 2 et 3, même si évidemment j'ai lu le 1 et le prologue en amont.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que ton récit génère des sentiments très ambivalents, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Commençons par le scénario pour une fois : après un début poussif essentiellement lié à une sorte de bis repetita de la fin de la série qui a déjà été traité par d'autres commentateurs, tu prends les commandes de ton destin. Mais en réalité, pour l'instant, je ne vois rien de très intéressant : les personnages sont figés dans leur rôle cliché le plus traditionnel en vie quotidienne : Jérémie le geek, Aelita la pleureuse (quand elle ne devient pas subitement violente), Ulrich/Yumi qui se tournent autour de manière chiante, Odd qui fait du Odd (c'est pas ouf, mais au moins lui, on va dire qu'on peut difficilement lui faire faire autre chose, surtout au début)... et William. Ohlala, le cas William. Et pourtant, je me suis beaucoup calmé, il y a 10 ans, j'aurais crié à la purge, mais pour moi, il est quand même abominable. Tu en as fait une version poussée et caricaturale du William dragueur de la saison 2/3, faisant totalement fi des nouvelles bases posées par son retour du Terre. Il ne se met étrangement à réfléchir de façon un peu plus crédible que dans un second temps, mais du coup, on comprend rien, puisqu'il joue au débile de base au début du récit : on sent que tu avais besoin d'un élément perturbateur bateau pour faire avancer l'UlYumi, mais du coup, le personnage est massacré dans la plus pure tradition des scénaristes de Code Lyoko sur ses qualités de nageur. Finalement, le meilleur personnage, c'est peut-être bien Sissi...

Je partage également les remarques de la chèvre maléfique Kasux sur les propos artificiels de certains dialogues, même si j'avoue, pour finir sur un élément positif, que je ne suis pas d'accord avec lui sur l'exemple de l'Usine : l'épisode #80 suffit à clore le débat sur le risque de squats, dont les LG sont forcément conscients.

Mais ce scénario fade se fait malheureusement achever par la forme.

On me souffle dans l'oreillette qu'à l'époque, c'était pire. Je n'ose même pas imaginer d'où tu es parti. Pour moi, l'orthographe n'a pas besoin d'être parfaite dans un récit (heureusement... pour moi), mais cela devient problématique lorsque les fautes atteignent un point tel que cela ruine la crédibilité de la séquence. C'est clairement le cas ici : noms de famille qui changent, non respect du genre des personnages (ça plaira sûrement à Belgarel ou à feu Jessie pour William féminisé ; moins à l'académie française)... les coquilles sont légions. Et je suis presque sûr que le supercalculateur n'est pas majoritairement composé d'étain. Et encore, on peut aussi s'aventurer sur les noms propres à CL qui sont également ruinés, mention spéciale au Kolos, qui de fait, devient un gros... bolos.

Spoiler


Sincèrement, je suis content de savoir que tu n'as jamais autant écrit de ta vie, mais en fait, eh bien, ça se ressent vraiment. On t'a déjà conseillé de lire des livres : je plussoie, mais aussi, je ne saurais que trop te recommander de lire des fanfics Code Lyoko pour que tu vois la différence entre ton récit et les autres sur le fond. En plus, comme on a fait les choses bien, il n'y a que se baisser pour ramasser ceux qui concernent la même temporalité que toi. C'est ça, le service public du Pôle Fanfiction (nom de code : opération caca sur le trottoir) !

Il se trouve qu'après t'avoir lu mais avant d'avoir le temps de te commenter, j'ai également rattrapé mon retard sur la fanfic de Sabi. Je m'arrête un instant dessus parce que je te conseille vivement, si ce n'est pas déjà fait, de jeter un œil à En quête d'Anthéa. Outre la même temporalité, c'est intéressant parce que justement, c'est un récit qui a d'énormes marges de progression, et qui est pourtant meilleur. Ce serait en quelque sorte le palier intermédiaire à viser, car il te faudra sans doute du temps avant d'être au niveau des standards actuels du sous-forum.

Ou alors tu as toujours le joker de te faire relire par quelqu'un d'autre, pour la forme. C'est comme tu veux, du moment que ça améliore le rendu. Si ça reste en l'état, lors de mon prochain passage, décision sera sans doute prise de verrouiller, car ce texte n'apporte absolument rien à la communauté, et donc, pollue. Comme tout un chacun, nous nous sommes mis à la sobriété énergétique, la seule différence, c'est qu'on a anticipé le sujet de la pollution numérique dès 2012, quand tout le monde s'en branlait.

J'ai conscience que ça puisse être frustrant, surtout lorsque l'on atteint ses propres limites et que la bonne volonté – dont tu fais preuve de façon indéniable et qui sauve sûrement le sujet d'un lock immédiat – ne suffit pas à tout régler. Tu vas devoir t'accrocher et aller chercher la victoire au mental comme on dit. Ce n'est pas parce que la situation est critique que c'est impossible : au football, on peut être mené 2 - 0 à 15 minutes de la fin du match, et malgré tout revenir au score.

Mais oui, je sais, même rattraper ça, ça ne suffit pas forcément à gagner à la fin.

À suivre donc. En te souhaitant de joyeuses fêtes !
  Sujet: Anciens : Réveillez-vous ! La bulle des anciens...  
Icer

Réponses: 87
Vus: 123310

MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Sam 17 Sep 2022 18:04   Sujet: Anciens : Réveillez-vous ! La bulle des anciens...
Spoiler


Eh bien, eh bien...

10 ans jour pour jour que je me suis inscrit sur ce forum. Cela valait bien un épitaphe sur ce sujet n'est-ce pas ? Et contrairement à mon message de 2012, pas de faute d'orthographe dès le premier mot, c'est déjà une preuve d'évolution. 2296 messages et plus de 1 600 pages de fanfiction Code Lyoko écrites (et combien de lues ?) plus tard, encore heureux qu'il y ait quelques progrès de ce type.

Il y aurait tellement à dire. Sur ce qui a été fait et qui touche globalement à sa fin, mais qui demeurera, et la fierté du travail accompli avec. Sur les rencontres, les liens tissés grâce à la communauté, qui conservent leur importance encore aujourd'hui, les plus fidèles demeurant dans notre vie bien au-delà de Code Lyoko, bien sûr, ce n'est pas ma VDD qui va dire le contraire, avec des motivations différentes.

Il y a plus de 8 ans, ce n'est évidemment pas en tant qu'ancien que je postais sur ce sujet, assumant un conflit générationnel larvé au détour de certains messages nostalgiques. Un conflit évidemment insoluble, pour la raison principale que nos ambitions n'étaient pas les mêmes. Eu égard au contexte (renaissance de la série, bien que de courte durée vu l'échec de CLE, là où beaucoup s'exprimaient sur la période de grande coupure) mais aussi finalement à l'âge des protagonistes en présence. Le paradoxe est que ceux qui ont pris la relève et dont je fais partie n'étaient pas nécessairement plus jeunes que les générations précédentes (Shaka ayant assuré la continuité, il en est le symbole même, puisqu'ayant nécessairement vieilli entre temps). Là où beaucoup évoquaient avec nostalgie leurs années collège/lycée, c'est avec les études supérieures que je suis arrivé ici. Avant cela, j'ai moi-même eu une vie numérique sur un tout autre univers, impliquant forum, MSN et tout le toutim. Couplé aux archives qui demeurent ici, je comprends pleinement ce qui se jouait à l'époque, et qui ne pouvait demeurer avec le « partenariat » instauré avec Moonscoop.

L'important est sans doute ce que l'on retire de nos années ici, les acquis et les enseignements. Personnellement, je ne l'avais pas réalisé au début, mais ce qui s'est joué ici socialement parlant a été plus qu'instructif. Dans ce genre de séquence, il y a toujours une part de chance : ma légitimité dans la participation au projet qu'a été codelyoko.fr tient en tout et pour tout d'une vision partagée avec celui qui tire les ficelles depuis le début, Shaka donc, vision fondée sur des valeurs communes qui s'imposent à nous plus que nous les choisissons vraiment. C'est donc un total hasard. Changez un seul paramètre (par exemple, remplacez Shaka par Kerian) et plus rien ne devient possible. À quelques mois d'écart, je pense que Zéphyr, qui vient compléter ce qui sera certainement le dernier triumvirat de cette communauté, a plus ou moins vécu la chose de la même façon. Ma manière à moi de me montrer reconnaissant face à cette chance donc qui m'a été donnée, c'est ce que je lègue aujourd'hui. Un bilan qui, comme tout bilan, ne sera jamais exempt de critiques (un décideur qui contente 100 % de ceux qui sont impactés par ses décisions, c'est qu'il n'en a pris aucune. Non en fait, ne rien faire sera nécessairement critiqué aussi, donc finalement cela semble bien impossible) mais dont le résultat sera je l'espère profitable à ceux qui découvriront la série bien après nous. Je parle avant tout du travail mené au Pôle Fanfiction, avec Ikorih et Zéphyr que je remercie grandement (car le résultat actuel est en grande partie le fruit de leur travail). Le pôle littéraire, qui a justifié mon intégration dans l'équipe, a au fond toujours été mon projet principal, la promotion au rang orange, c'était pour le décorum. Et les clashs politiques avec la mise en scène d'un certain « parler vrai » voire d'une dictature (mot souvent utilisé à tort et à travers par des gens qui ont la « chance » d'avoir passé toute leur vie en démocratie), surtout du divertissement.

En guise de conclusion, qui comme un symbole, est certainement quelque chose qui mettra d'accord ma génération avec les précédentes, il est difficile de ne pas évoquer l'agonie inexorable des structures comme la notre (les forums) face aux réseaux sociaux. Certains en parlaient déjà ici (Clovis, Mahad), j'approuve et reprend l'amorce de ce qu'ils évoquaient : quand on voit ce que sont devenus Facebook et Twitter (des bennes à ordures en gros, où aucun débat constructif n'est possible de part la structure même de ces sites ; faire progresser l'humanité ne fait de toute façon pas partie de leur modèle économique), on ne peut que regretter que les jeunes générations n'auront jamais l'opportunité de vivre ce que nous avons nous, trouvé ici, souvent à un moment clé de notre construction personnelle.
J'avoue que je n'arrive pas à me dire qu'ils le vivront différemment, car je ne vois pas bien ce qui a remplacé les forums d'un point de vue qualitatif. Les salons Discord ? Difficilement comparable également car encore trop symbole de la « tyrannie de l'actualité » qui ne favorise pas la prise de recul, cela reste une messagerie instantanée qui, dans notre cas, existait déjà (MSN, Skype...) mais venait s'ajouter au forum, pour des échanges différents.
Nos souvenirs sont donc d'autant plus précieux qu'ils ne seront probablement jamais renouvelés par nos successeurs. Et en prime, ils se sont faits sans vente de nos données personnelles Razz

Rendez-vous dans une autre vie.

https://i.imgur.com/zgW9FOF.jpg
  Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa  
Icer

Réponses: 7
Vus: 15108

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 27 Aoû 2022 20:18   Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa
Ahhh, Sabi. Effectivement, on pouvait commencer à s’inquiéter, les cimetières sont remplis de projets morts-nés... et paradoxalement, c'est une mauvaise habitude car, au moins, on sait que tu prends ton temps. Et ça ne peut pas faire de mal. Et puis selon tes dires, tu t'amuses, c'est toujours ça de pris. Bref, tout ça pour dire que si c'est long, ce n'est pas un problème. On est en place depuis près de 10 ans, on a des escroqueries intellectuelles comme l'Engrenage qui ont mis tellement de temps à se finir que Cérès a eu le temps de faire deux fois le tour du Soleil alors... on est du genre patient dans le coin.

Revenons à nos moutons. Je note des efforts sur la forme et il faut saluer la volonté de mettre des résumés des chapitres précédents (d'autant plus utiles pour rafraîchir la mémoire en cas de délai de parution élevés). Le choix des couleurs est... disons, original sur le plan visuel, mais depuis le gris de Tyker à devoir déchiffrer sur téléphone dans un bus surpeuplé (c'était avant la Covid tkt mec, je t'en veux pas), je suis prêt à tout affronter sur ce plan.

En revanche, critique sérieuse : il n'y a pas d'espace entre tes tirets de dialogue et le dialogue en question. Cette remarque est là pour compléter l'analyse de Silius. Comme souvent, je suis d'accord avec lui sur le fond, mais je le rédige dans une forme très différente. On est un peu comme l'Espagne et le Portugal, j'en parlais justement ce matin à un estimé collègue concerné au premier chef, dans les deux cas, ça reste la péninsule ibérique. Et comme on vieillit...

Spoiler


Sinon. Tes choix éditoriaux s'agissant de l'orthographe d'Aélita peuvent également être discutés mais je vais pas faire le chieur, tu écris Jérémie en VF. L'essentiel est sauf sur le plan des valeurs. On pourrait presque prendre ton é pour une tentative de francisation finalement.

Entrons dans le vif du sujet, sur les choix scénaristiques. Après un prologue sans risques, là, tu te découvres, on a davantage de matière à débattre. Je partage là encore la critique ci-dessus (ouais j'ai supprimé le com de Jim61 mais quand ton post ressemble à un bot et que tu confonds forum et réseau social, c'est qu'on a des problèmes plus graves à régler dans sa vie que de se préoccuper d'une éventuelle censure administrative), à savoir que le débat était bien amené, bien traité, mais sa résolution fait franchement ridicule. On connaît l’intransigeance de Yumi (les facteurs culturels sans doute...) et se faire retourner par un simple « t'es courageuse » suivie d'une allusion hormonale au placement douteux dans le contexte, c'est un peu fort de café ! On accepte bien davantage la façon dont Aelita parvient à se mettre rapidement Jérémie dans la poche, le blondinet ayant tendance à débrancher son cerveau dès que sa belle commence à minauder (et donc là, implicitement, l'argument hormonal est important).

J'ai une autre remarque à ajouter : le débat part immédiatement et implicitement sur le fait que chercher la mère d'Aelita, c'est se frotter à une puissante organisation secrète. Pourquoi en fait ? Bien sûr, les LG n'ignorent rien de Carthage depuis le décodage du journal de Franz Hopper dans l'épisode 52, mais on parle de propos datant de 1994 ! Comment se dire que des adolescents, sans même en discuter cinq minutes, partent du principe que le cas de figure est similaire ? Ne se demandent même pas si elle existe toujours, etc... ? Mets toi à leur place et imagine la séquence cinq minutes : ça ne tient pas. De la même façon et par voie de conséquence, pourquoi immédiatement partir sur un besoin absolu du supercalculateur pour mener des recherches qui peuvent gentiment débuter par l'ordinateur de Jérémie ? Utiliser une telle puissance machine doit se justifier avec des arguments solides, d'autant plus – et ça tu le traites plutôt bien – quand cette surpuissance augmente les risques d'un éventuel repérage.

Voilà ce qu'on pouvait en dire. Pour conclure, je reste malgré tout sur mon impression initiale : il y a des maladresses mais aussi des choses très encourageantes. J'aurai plaisir à lire la suite et à observer peut-être ta progression.
  Sujet: [Fanfic] L'Engrenage [Terminée]  
Icer

Réponses: 126
Vus: 201367

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Lun 22 Aoû 2022 17:18   Sujet: [Fanfic] L'Engrenage [Terminée]
Bon bah parfait, Silius a tout dit...

...Ok ça va ça va on s'y met, on s'y met. Surtout que comme il édite ses coms en fourbe, on ne sait pas s'il aura encore tout dit dans trois semaines.


« Je veux que ce récit aille au bout »
6 août 2013

https://i.imgur.com/IFauJDX.png


...
...
...

SCHBONK !

Il fallait bien au moins reprendre une de tes onomatopées douteuses pour marquer le coup. Nous sommes en 2022 et je peux dire « j'ai fini l'Engrenage ». Cette dernière décennie a été riche en serpents de mer (l'état du couple Brad Pitt/Angelina Jolie, le retour de Benzema en EdF, le Brexit, etc...) mais aucun n'égale la façon dont tu nous auras fait mousser sur ce texte. Presque 10 ans pour un texte de 26 chapitres ! J'ai quand même des collègues particuliers, entre Ikorih qui s'est certainement trop précipitée pour finir ses récits et toi qui l'a joué un peu trop... cool. Non mais imagine, si j'avais fait comme toi, je n'aurais bouclé que l’Échiquier partie 1 et deux-trois OS, et la durée de vie de notre espèce ne serait pas suffisante pour achever l'Un'Icer !!

Mais comparaison n'est pas toujours raison. Sous son air policé et propre sur elle (le genre de fanfic à répondre « c'est moi » quand on la remercie), classique voire presque terne se cache un réel travail de fond qui justifie le délai (en partie hein, tu aurais pu le faire en deux fois moins de temps, ne me prend pas pour un con). En fait, elle tire aussi sa force d'une prise de contre-pied de tous les classiques qu'on a vu passer ici dans la période, tout en donnant l'impression de s'y vautrer.

C'est particulièrement vrai dans le choix qui est fait, dès le début, de privilégier un OC, élève à Kadic et kom par hazar dans la classe des LG (même si c'est la génération aînée ici, minoritaire). De fait, avec l'enchaînement des événements, on se dit « Bon, il va rejoindre les LG », « Bon, c'est l'ennemi juré avec Tyron et comme l'auteur préfère Laura, elle va le rejoindre à terme », « Bon, il va se venger de Tyron... en rejoignant les LG, comme prévu. ». Et puis arrive le coup de X.AN.A, mais finalement pas trop quand même avec le Deus ex machina Mathilde et puis alors il revient avec les LG mais la greffe ne prend jamais vraiment. C'est vraiment une qualité dans ce récit.

Une qualité qui devient un véritable point fort lorsqu'on le couple au contexte de la lutte. On est sur une bataille à trois camps, et l'agent White, tout en ayant le culot de choisir un point de vue globalement interne qui fait croire qu'il ne va pas avoir toutes les informations, du fait de ses allers-retours entre les différentes factions, permet presque un point de vue global. Bien sûr, cela ne saurait être exhaustif et c'est la raison pour laquelle un chapitre comme le 24 apparaît indispensable pour livrer aux lecteurs les dernières vérités avant la bataille finale. Ce même chapitre a d'ailleurs un autre intérêt : effectuer l'habituel travail auquel doivent se livrer toutes les fanfics sérieuses – expliquer les agissements en apparence incohérents voire nazes de X.A.N.A dans la série d'origine. Une tâche accomplie avec brio ici.

Comme tout récit de ce calibre, il met un peu de temps à décoller mais la bascule sur ce point s'effectue sans aucun doute au chapitre 3, à partir de la légendaire réplique « Je me souviens avoir pensé : « Il est con ou quoi ? » » qui fait entrer l'Engrenage dans une autre dimension.

Arrive ensuite le chapitre 4 et le moment ô combien classique mais décisif de la prise de contact entre l’OC et la bande des LG. Particularité ici : c’est un retour dans le temps dont la narration est rendue possible par l’écriture du journal a posteriori. La seconde séquence, plus classique, amène à se demander pourquoi Chris tient à suivre les LG, même si bien sûr le côté « sensation étrange » lié au RVLP est savamment exploité. Tu t'en tires somme toute plutôt bien.

Les « hors pistes » commencent au chapitre 5 et ils devenaient évidemment indispensables, d'une part pour varier un peu les plaisirs et d'autre part pour ne pas rester totalement coupés des camps que Chris ne fréquente pas au moment M.

Bien sûr, tu connais mon affection particulière pour la première partie de la fanfic, lorsque le personnage principal est plutôt coté Tyron. Comme tu es un mec carré, le basculement symbolique s'effectue à mi-parcours, au chapitre 13. Avant sa suite et la séquence qui est définitivement venu ancrer l'Engrenage dans la cour des grands :

Citation:
« - Maintenant qu'on est tous au courant de nos secrets respectifs, on voulait te proposer de te joindre à nous dans le combat contre Xana. Tes connaissances, ton expérience et même tes informations sur Tyron pourraient être très utiles.
À peine la tirade fut-elle achevée que la réponse du britannique fusa, froide et implacable :
- Non. »


À partir de là, l'auteur s'est fait plaisir en allant un peu où il voulait, son style ayant pris en maturité et ses idées de génie scénaristiques (le retour de la tenue originelle de William, les liens France – Suisse pour Tyron, le placement des produits douteux de CLE comme Alan Meyer) ou sémantiques (« M'Xana ») en agrémentant l'aspect. Jusqu'à ton apothéose personnelle, le chapitre 22, réécriture du traumatisant épisode 22 de CLE au vu de ton amour pour Laura. Avec le 21, ce sont sûrement les deux chapitres les plus captivants. Marrant de se dire qu'ils sont de part et d'autre de la grande coupure de publication.

C'est vrai qu'après ça, la fin de la fanfic peut apparaître comme étant plus compliquée pour toi, avec la nécessité de tout boucler et alors que le chapitre 24, dont j'ai déjà parlé, vient en fait un peu désamorcer l'ultime doigt d'honneur du 22, en tempérant le ragequit de Chris. Elle fait malgré tout office d'une conclusion convenable, avec un retour à un certain équilibre mental du personnage principal – à l'introspection menée avec talent tout au long du réçit, un autre de ses points forts – dont la dégradation progressive faisait comprendre au lecteur que c'était de plus en plus mal barré. Un happy end pour lui en somme, même si je le vois bien redoubler sa première année de médecine dans deux ans. M'enfin, on y est pas.

Il faut saluer aussi le travail autour de Tyron et de son « Cortex », même post-chapitre 13. Bien sûr, son quart d'heure de gloire est passé ensuite mais il reste au niveau de ce dont tu nous as habitué et tu vas encore plus loin avec le système du labyrinthe, celui des clés (amusant de constater que leur fonctionnement est aussi souple que celui des clés de Pokémon Noir & Blanc 2. Vive le capitalisme)... Son retrait sans tambours ni trompettes dans l'épilogue a aussi le mérite d'un peu le normaliser, évitant les excès type suicide dans son bunker sous prétexte d'un physique allemand. Ce Tyron « chef de projet » aura fait son travail pour l'Engrenage, même si l'ironie est que scénaristiquement, il se fait en quelque sorte limoger.

Bien sûr, sur un plan plus personnel, j'apprécie tout particulièrement ta plongée progressive dans les références (plus ou moins) subtiles qui viennent indirectement corroborer mon délire de vastes univers parallèles crées par les fanfics du sous-forum qui, de fait, se répondent entre eux. Tu es évidemment celui avec lequel il aura été possible de pousser le truc le plus loin, avec comme symbole d'aboutissement, toi qui en est à faire des références à mes références de ton propre texte. Très très propre <3

Je souhaite aussi écrire un mot sur le virtuel : tu fais partie à mon sens des rares auteurs à réussir très convenablement à t'en tirer à ce niveau-là, en évitant le piège habituel qui est souvent que les avatars humains inventés sont souvent bien trop éloignés des codes posés par la série (notamment par excès de pouvoirs en général), et que ça vire vite à la surenchère. Ce n'est clairement pas le cas ici.

Et il faut naturellement ajouter un big up pour l'aspect graphique, digne de tes qualités, mon favori étant le logo X.A.N.A aux couleurs de Tron. Bon, c'est une refonte qui a mis le texte en pause pendant limite 4 ans donc c'est bien le minimum syndical que ce soit joli n'est-ce pas ?
Connard va.

En conclusion, l'Engrenage est à l'image de son auteur. Le genre de perle que l'on ne peut sortir non pas en étant seulement un fan béat de Code Lyoko mais au contraire un fan critique et pragmatique, qui permet de corriger les (énormes) failles de la série. Encore davantage quand, comme ici, on s'aventure sur CLE, la « réécriture expiatoire » de l'épisode Mutinerie entrant également dans cette logique. De toute façon, la haine a toujours été un moteur plus puissant que l'amour chez toi, et quand on voit l'exemple de Végéta et le rendu de ce récit, on se dit que tu as sans doute raison !


Spoiler
  Sujet: [Fanfics] L'Un'Icer [Terminées]  
Icer

Réponses: 5
Vus: 21642

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Jeu 04 Aoû 2022 20:36   Sujet: [Fanfics] L'Un'Icer [Terminées]
Bon, bah on est pas mal là.

Presque 2 ans déjà que j'ai dit que c'était fini mais tout n'avait pas été achevé pour autant (attends, tu joues sur les mots là non... ?). Entre la rédaction du texte bonus, nos petits délires avec Ikorih et Zéphyr, les conneries de mon cerveau dérangé... et puis le PDF global pour le site, le temps de s'ennuyer n'était pas encore venu.

Quoi l'Epub ? Oh sans déconner mais qui utilise encore ça !

Bref. C'est justement la constitution du PDF qui fut l'occasion de simplifier les découpes des textes. Depuis hier soir, ce topic a été aligné de la même façon.

Je doute qu'il y ait d'autres mises à jour de ce type pour l'Un'Icer. Sans doute est-ce cette fois un vrai clap de fin. Le texte hors-série restant, je crois que je l'avais déjà écrit, est en gros l'équivalent du retour vers le passé de CL si j'en ai envie un jour mais n'apportera rien à l'intrigue, on est pas du tout sur une logique similaire à A Core perdu, qui était déjà très... satellite par rapport au noyau dur, si l'on peut dire.

Pour les rares qui ont suffisamment de caractère pour avoir tenu une décennie, merci pour votre fidélité !

https://i.imgur.com/Fh03Tpk.png
« - Même si d'une certaine façon, les choses se poursuivent par ailleurs, n'est-ce pas ?
- Ah. »
  Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Jeu 26 Mai 2022 08:32   Sujet: [Fanfic] En quête d'Anthéa
Ma foi, bienvenue dans le sous-forum ! Bon par contre, vu l'absence de balise, tu n'as de toute évidence pas lu le règlement.

Spoiler


Bon, au-delà de ces considérations techniques, le premier jet est plutôt encourageant sur le fond. On part certes sur quelque chose de classique : la nostalgie familiale d'Aelita post-victoire contre X.A.N.A (hey Zéphyr, ça ne te rappelle rien ?). Mais la chose apparaît plutôt bien amenée. La narration est structurée. Certes, on est sur un genre de prologue, tu te dévoiles encore peu mais... la suite pourrait être assez intéressante.

Petit conseil : un peu plus de travail de mise en forme serait un plus appréciable. C'est le premier post et tu ne présentes même pas le titre, ton prologue n'est pas non plus nommé... bref, un petit travail basique sur ce point ne peut qu'améliorer le tout !

Bref, bon courage pour la suite, il y a de la matière à exploiter !
  Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 07 Mai 2022 21:17   Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]
https://i.imgur.com/c8UnihH.png

Jeudi 27 juin

L’événement était certainement superflu : mais Gilles Fumet l'avait pensé d'autant plus volontiers qu'il savait que Delmas l'attendait au tournant pour faire le bilan de l'animation, alors autant ne pas bouder son plaisir d'hérisser son supérieur, de toute façon réfractaire. Il avait donc convié les candidats malheureux lors d'une sorte de cérémonie d'investiture à la salle des fêtes pour officialiser la victoire de Christophe M'Bala. Forcément Christophe M'Bala.

Christophe M'Bala : 58,54 %
X.A.N.A : 41,46 %


Paradoxalement, le score n'était pas aussi éclatant que lors de l'atelier d'hiver, où l'effet de nouveauté et de surprise avait joué à plein. Pour autant, pour quelqu'un qui avait passé plus de temps à démentir le fait, puis à faire semblant à ne pas être, et candidat, et en campagne, c'était quand même un joli score.
Une première analyse pouvait amener à conclure que le système l'avait emporté. En effet, X.A.N.A, bien que programme informatique immatériel, visait de manière assumée le vote protestataire de ceux se sentant oubliés au sein d'un Kadic très élitiste sous couvert de méritocratie – chose très bien symbolisée par Élisabeth Delmas, ou de façon différente, par Ulrich Stern. La plastique d'Heïdi Klinger, dévoilée lors du débat d'entre-deux tours, avait aussi pu aider à convaincre certains indécis, notamment ceux ayant besoin de bien... visualiser les conséquences de leur vote. Sur fond d'une participation restant élevée quoique moindre qu'au premier tour – 71,99 % des élèves inscrits de Kadic tout de même – le tout nouveau représentant des élèves au conseil d'administration avait donc réussi à convaincre le reste : ceux, plutôt favorisés sur le plan scolaire, n'ayant ainsi besoin de rien de sa part (et souhaitant donc maintenir les choses en l'état pour continuer à n'avoir besoin de rien), et puis ceux ayant simplement fait le choix de ce qui apparaissait comme le moins pire (le fameux vote « barrage »). Il avait certainement pu bénéficier également des cinq voix des ex-Lyoko-guerriers – originels, William ayant annoncé publiquement voter X.A.N.A, sauf à ce qu'il ait menti mais on ne voyait pas trop pourquoi – aux motivations sans doute très spécifiques. Mais finalement, mise à part une paranoïa post-extinction du supercalculateur après 2 ans de lutte, rien n'avait réellement été le signe d'un quelconque retour du vrai programme multi-agent, réservé aux récits de science-fiction.
De fait, pour conclure une animation riche en rebondissements sur la campagne autant que pauvre en surprise dans le résultat, tout ce beau monde se retrouvait à la salle des fêtes. Une réception VIP, à l'instar de ce qui se faisait réellement à l’Élysée pour le vrai Président (et l'excuse parfaite pour le professeur encadrant d'assumer ses envies de grandeur sous couvert d'une « pédagogie » basée sur le parallèle avec la réalité), et accessible uniquement sur invitation des anciens candidats ou des journalistes bien entendu. Une façon de récompenser ceux qui avaient joué le jeu, et par ricochet, ceux qui avaient participé à leur campagne. Avec trois ex-Lyoko-guerriers hors William parmi les candidats, inutile de préciser que la bande était rentrée au grand complet. Dunbar d'ailleurs, avait séché, sans trop de surprise. Idem pour Tamiya Diop, pour qui il n'était pas question de s'afficher dans ce genre de mondanités dénoncées durant toute la campagne. De façon plus étonnante, Élisabeth Delmas était le troisième candidat absent. Ce n'était toutefois pas dans l'idée de mettre, comme d'autres, une quenelle au système : la rumeur disait celle-ci plus endettée que prévu à la suite de l'affaire du chien Douglas, qu'elle avait visiblement acheté à prix d'or sur internet. Son père – le banquier métaphorique de cette anecdote jusque-là, voire l'usurier – ayant finalement refusé la demande de prêt et ne lui ayant, en tout état de cause, rien offert comme sa fille s'en vantait de prime abord devant ses proches. De fait, Sissi courrait maintenant dans tout Kadic à la recherche de dons pour l'aider à rembourser ce qui pouvait sans doute être considéré comme un frais de campagne, aussi absurde soit-il. Cocasse, pour la candidate vu comme étant, de loin, la plus fortunée. En revanche, comme elle ne perdait pas le Nord, elle avait quand même fait profiter ses fidèles lieutenants de l'invitation. On retrouvait donc Théo Gauthier en grande discussion avec Ulrich Stern, Xavier Gosselin et Gabriel Riccio faisant de même avec le frère de ce dernier et lieutenant de X.A.N.A, Raphaël. Odd Della Robbia, de son côté, vannait avec Thomas Jolivet, cheville ouvrière de la campagne (ratée) d’Émilie Leduc, tout en jetant un œil attentif pour assurer que le buffet ne commence pas sans lui. L'occasion aussi pour Poliakoff de retrouver Pichon, tandis que Belpois en profitait pour faire le malin devant sa belle, Aelita Stones. Et Yumi Ishiyama pouvait débriefer avec son jeune frère, présent en tant que journaliste officiel. Et si la Présidente du club de théâtre restait dans son coin, quoique non-loin de Thomas et Odd, Romain Le Goff semblait particulièrement actif sur le dossier Heïdi Klinger, actuellement entourée par les trois autres journalistes. Comme quoi, les idées politiques ne sont pas toujours une barrière pour les besoins plus élémentaires.
On entendit un bruit de couvert frappé délicatement mais de façon répétée sur une coupe de champagne. De cette façon un peu clichée, Gilles Fumet, flanqué du vainqueur de l'animation, demandait à tout le monde de bien vouloir gagner une place assise. Le professeur alla ensuite se placer sur l'estrade, invitant M'Bala à le rejoindre.
- Bonjour à tous et merci d'être venus si nombreux. Vous le savez, au terme d'une animation aussi ludique que pédagogique, j'ai l'immense plaisir de vous présenter celui que vous connaissez déjà tous : Christophe M'Bala, premier élève élu au conseil d'administration de Kadic ! Christophe, je te laisse t'exprimer si tu le souhaites.
L'africain se racla la gorge :
- Merci à tous pour votre présence. À l'issue de cette campagne étrange, j'ai conscience de la gravité des temps qui m'accompagnent. À partir de l'année prochaine, ce ne sera pas uniquement à moi d'agir pour les kadiciens, ce sera à nous tous de le faire, ensemble. J'espère que ce moment sera perçu comme une renaissance pour notre école. Quant à moi, l'objectif sera de servir, et uniquement de vous servir.
Il avait déjà terminé. Il y eut des applaudissements nourris lancés par Matthias, forcément. Le nouveau représentant des élèves pris alors le temps d'aller saluer chacun des invités. Cela pris un moment. Avant que le buffet ne soit ouvert – avec, sans surprise, Yves le Saint et Jean-Baptiste Goliath pour assurer le service – et Odd, le premier à l'inaugurer.

https://i.imgur.com/644L66L.png


Le nouveau représentant des élèves était parti. Des petits groupes, debout, s'étaient formés en attendant que Christophe M'Bala ait fini sa tournée ou en profitant des hors-d’œuvre. Mais c'était progressivement vers la sortie qu'ils se dirigeaient. Hervé alla d'ailleurs retrouver Jérémie avant que ce dernier ne soit de nouveau greffé à son groupe de potes habituels :
- La clôture de l'animation aura été à l'image de celle-ci : un peu, sans doute trop, grandiloquente, amorça le binoclard.
L'autre opina du chef sans trop hésiter :
- Oui, c'est vrai. Il y a un peu côté... euh... village Potemkine d'une certaine façon.
Pichon esquissa un discret mais néanmoins bien perceptible sourire. Il savait lui parler de façon imagée.
- Alors, tout ce bordel en valait la peine tu crois ?
Fait rare, Belpois se gratta la tête, dans un signe de réelle interrogation. Il mit d'ailleurs quelques secondes à reprendre l'échange pour répondre :
- Ben. On dit depuis un moment je crois que pour contrôler le peuple, il faut du pain et des jeux... D'une certaine façon, le battage médiatique de la campagne, les postures politiques feintes... cela fait partie des distractions non ?
- Je vois oui, approuva son collègue. Si nous sommes capables nous d'ores et déjà de le percevoir, alors la classe politique adulte doit certainement en être pleinement consciente.
- C'est clair.
- Reste à s'assurer que le jeu ne prenne pas une dimension telle que le nécessaire pour garantir le pain ne soit plus fait à terme, bien entendu.
La tirade était policée, mais n'en restait pas moins empreinte d'une certaine gravité. Jérémie aurait bien voulu prendre davantage de temps sur cet échange, mais il voyait déjà du coin de l’œil les autres ex-Lyoko-guerriers, regroupés, l'attendre à la sortie de la salle.
- J'ai apprécié mener cette barque avec toi en allié implicite pour la seconde fois, déclara Jérémie en guise de conclusion avant de tendre la main à Hervé. J'espère qu'on se retrouvera à l'avenir pour, peut-être, mener des projets plus concrets.
La main tendue fut serrée.
- Qui sait ? lâcha Pichon avant de retourner auprès de Nicolas.
Le blond alla ensuite retrouver les autres. Ses autres à lui.
- Eh bien, c'est le grand amour avec Hervé maintenant, commenta Odd, moqueur comme à son habitude.
Le visé fut imperméable à la remarque.
- On a une convergence de vues, répondit honnêtement l'intellectuel avant d’amorcer le processus de sortie vers l'extérieur.
« Qui sait, dans d'autres circonstances... »
- Personnellement, je suis content que tout ça soit terminé, fit remarquer un Ulrich ronchon, qui restait malgré tout dans un bon jour par rapport à sa moyenne de ces derniers mois – l'effet du champagne peut-être ?
- L'année prochaine, on va peut-être enfin pouvoir vivre une année complètement normale ? rebondit Aelita, optimiste.
- Ça me va, approuva Yumi. Vous allez enfin pouvoir me rejoindre en tant que lycéens.
- Vivement la maturité qui va avec. Pour Odd j'entends, vanna sa cousine, ce qui fit rire même Stern.
Le groupe avait suffisamment progressé pour être à l'extérieur. Ils virent alors apparaître William, qui venait de courir dans le sens opposé.
- Merde, lâcha celui-ci essoufflé. Désolé pour le retard.
Aucun membre de la bande ne réagit. Dunbar s'excusant pour si peu ? Ce n'était pas cohérent avec son attitude de ces dernières semaines.
- Bon ce n'est pas le plus important, reconnut l'adolescent au sombre passé. Puisque vous êtes là, c'est surtout auprès de vous que je tiens à m'excuser.
Il y eut quelques bouches bées. Ulrich lui-même se frotta les yeux, de surprise, d'incompréhension ou les deux.
- Pour mon attitude pendant la campagne je veux dire. Je suis allé trop loin, assuma l'ex-X.A.N.Aguerrier. C'est comme si j'avais été à l'extérieur de mon corps, possédé. L'animation m'a fait un drôle d'effet mais maintenant que c'est terminé, je me sens beaucoup mieux.
Yumi était plus que soulagée de retrouver celui qu'elle avait toujours eu du mal à qualifier d'ami, mais qui restait dans sa classe ; et elle préférait être en bon terme avec tout le monde.
- Pas de soucis, on comprend, répondit-elle de façon encourageante.
- Je vais m'excuser auprès de Monsieur Fumet, on en reparlera. À bientôt j'espère.
Il s’éclipsa rapidement à l'intérieur, permettant au groupe de reprendre sa route vers le self, aiguillé par un Odd vantant les mérites de l'existence du deuxième service.
Les adolescents étaient globalement détendus. Jérémie notamment, qui se sentait déjà en grandes vacances, le brevet à venir ne représentant qu'une formalité pour lui. Justement accompagné par un chaleureux Soleil d'été l'aidant à prendre la vie du bon côté, il se disait qu'il allait enfin pouvoir en profiter pour mettre un petit coup d'accélérateur dans sa relation avec Aelita.
Mais alors que le groupe n'était pas encore arrivé au préfabriqué, Belpois stoppa subitement sa marche, amenant Ulrich qui était sur sa trajectoire à le bousculer légèrement (ce qui fit émettre un léger grognement à l'ex-samouraï). Il était soudain pris d'un affreux doute :
- Attendez, il vient de dire quoi exactement William ?


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  Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 23 Avr 2022 22:49   Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]
https://i.imgur.com/7p7hzGE.png

Mercredi 19 juin

Le dépouillement ne fut achevé que vers 20 heures en ce jour d'élection. En attendant, les externes le souhaitant avaient été exceptionnellement autorisés à rester dans l'enceinte de Kadic plus tard que prévu, notamment dans la cour et le foyer, le nouveau cœur battant de la démocratie scolaire. Puis, les résultats furent annoncés.
De façon paradoxale, ceux-ci pouvaient se lire comme si les jeunes kadiciens avaient tiré les leçons du séisme électoral que leurs aînés avaient provoqué quelques semaines plus tôt, lors du fameux 21 avril 2002, qui avait vu la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle (et prendre une branlée mémorable ensuite contre un type qui n'était pourtant pas à une compromission près) : étant donné le mode de scrutin, à deux tours, et plutôt que de se disperser dans la pléthore de candidatures de témoignage présentes, notamment du côté artistique, les nombreux votants – le taux de participation à l'échelle de l'école était tout de même de près de 75 %, un score d'autant plus important que l'animation concernait de fait peu les premières et les terminales – avaient visiblement fait le choix d'un vote utile, efficace, et s'étaient donc concentrés sur les trois candidats qui semblaient le plus à même de l'emporter au vu des bruits de couloir de la fin de campagne, ne laissant que les miettes aux autres.

https://i.imgur.com/644L66L.png


Christophe M'Bala : 27, 85 %


Le travail de façonnage de stature présidentielle du candidat ayant déjà remporté l'atelier d'hiver cinq mois auparavant avait visiblement payé : celui-ci était arrivé en tête au premier tour, alors qu'il avait objectivement été celui faisant le moins campagne. Il faisait même mieux qu'au premier tour de l'atelier d'hiver, avec un corps électoral pourtant plus large.
- Merci, merci à vous tous pour votre confiance ! avait lancé à l'issue de sa qualification le lycéen, devant ses bruyants soutiens réunis devant le bâtiment des sciences – Matthias Burrel chauffant la « salle » en sous-main. Comme vous, j'ai noté qu’Émilie, Romain, Sissi et Nicolas m'avaient dès ce soir apporté leur soutien pour le second tour. Je les en remercie. Et ils ont raison : il est temps de se rassembler. Dans un grand mouvement d'action pour notre école. Plus rien ne doit être comme avant ! Je suis prêt à inventer quelque chose de nouveau...
La nébulosité des propos du candidat n'entamait en tout cas en rien les cris de joie de ses supporters.

https://i.imgur.com/644L66L.png


X.A.N.A : 23,15 %


Par sa qualification au second tour, X.A.N.A assurait la rediffusion d'un spectacle mis en scène lors de l'atelier d'hiver, puisque le casting serait donc le même : il y retrouverait son ennemi juré Christophe M'Bala, qui l'avait emporté facilement la dernière fois. Ne restait pour le pseudo programme multi-agent qu'à modifier la fin du film, en prenant cette fois-ci sa revanche.
- Je mesure avec humilité toute la responsabilité du vote de ce soir. Tout ceux qui n'ont pas voté pour Christophe M'Bala ont vocation à nous rejoindre. C'est un choix de civilisation qui s'annonce, crachèrent les hauts parleurs installés au sous-sol de la chaufferie où étaient réunis les pro-X.A.N.A. Il est temps que les humains acceptent d'être gouvernés par une intelligence artificielle rationnelle, qui ne connaît pas le doute, la faille, l'imperfection...

https://i.imgur.com/644L66L.png


Odd Della Robbia : 21,95 %


L'ambiance n'était en revanche pas la même du côté du self, où l'excentrique venait prononcer son discours... de défaite, de fait. Il y avait crû jusqu'au bout mais, comme la dernière fois, l'ex-Lyoko-guerrier échouait à se qualifier pour le second tour de peu. Il avait même réduit l'écart avec X.A.N.A. Il pouvait avoir des regrets : en effet, les quelques voix manquantes, il aurait potentiellement pu les avoir s'il avait davantage respecté les filles avec qui il était sorti, car il y avait peu de chances que la moindre de ses ex aient voté pour lui. Il tâcha cependant de faire bonne figure en public :
- Je pense à la violence de notre déception, mais le combat continue. Nous avons posé les bases de quelque chose de plus grand que nous. Maintenant, faîtes mieux. Merci, avait-il conclut avant de s’éclipser rapidement.

https://i.imgur.com/644L66L.png

Tamiya Diop : 7,07 %
Elisabeth Delmas : 4,78 %
Romain Le Goff : 4,63 %
Yumi Ishiyama : 3,13 %
Nicolas Poliakoff : 2,28 %
William Dunbar : 2,06 %
Emilie Leduc : 1,75 %
Hervé Pichon : 0,77 %
Jérémie Belpois : 0,56 %


Les autres candidats donc, comme évoqué, se partageaient les miettes, près de 15 points séparant le troisième du quatrième. La rouste était particulièrement sévère pour Élisabeth Delmas et Émilie Leduc, les pourtant Présidentes des deux plus grosses fédérations sportives et artistiques respectivement, et qui à l'origine se voyaient déjà au conseil d'administration : l'hégémonie de leurs clubs était visiblement terminée. Ou bien fallait-il seulement y voir le fait que les Français, dès le plus jeune âge, n'étaient pas prêts à être dirigés par une femme ?
Tamiya Diop, la nouvelle venue, avait complètement manqué son pari et avait logiquement appelé à soutenir X.A.N.A pour le second tour, restant dans son sillon anti-système. De même que William Dunbar, de façon plus anecdotique vu son score – mais pas moins ironique vu son passif.
Quant à Romain Le Goff et Nicolas Poliakoff, ils étaient désormais, au mieux, accusés d'avoir empêché Odd d'être au second tour, là où Yumi Ishiyama avait simplement fait son petit trou comme prévu et retournait mener une vie normale comme elle avait toujours souhaité le faire. On pouvait malgré tout préciser qu'Hervé Pichon devait savourer son score supérieur à celui de Jérémie Belpois : pour la seconde fois après l'atelier d'hiver, entre les deux têtes pensantes de troisième, ce n'était pas lui qui occupait la deuxième place. Fallait-il y voir la validation du texte écrit* il y avait quelques temps par un membre de son club d'écriture, Gladys Fontaine, mettant en scène une partie d'échecs entre les deux durant laquelle à l'issue de moult rebondissements – peut-être trop d'ailleurs, il devrait lui dire – Pichon sortait vainqueur ?

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https://i.imgur.com/644L66L.png


Jeudi 20 juin

À l'heure du déjeuner, au lendemain des résultats du premier tour, les élèves avaient à peine fini de digérer, en quelque sorte, les informations de la veille. Mais au moins l'un d'entre-eux en faisait déjà une indigestion, et comptait bien en informer ses amis. De fait, avec l'élimination de Odd, Jérémie et Yumi, la bande des ex-Lyoko-guerriers, historiques en tout cas car William retiré, pouvait enfin se retrouver ensemble pour manger normalement. Comme à la bonne époque !
- Bravo Odd pour ton score, félicita Aelita en se joignant aux trois garçons, n'ayant pas encore réussi à l'approcher jusque-là.
- Merci beaucoup Aelita, même si c'est quand même dommage... Et bravo à toi Yumi d'ailleurs, ajouta la nouvelle star du camp artistique en voyant arriver la japonaise à son tour, plateau en main. Pour quelqu'un sans véritable équipe, tu as fait un score tout à fait honorable.
- C'est gentil Odd. De toute façon, je n'avais pas davantage d'ambitions, répondit honnêtement la japonaise en s'asseyant à son tour. Mais justement, à ce sujet... je voulais vous parler.
- De quoi s'agit-il Yumi ? fit Jérémie, inquiet à l'idée que sa camarade ait finalement mal vécu son faible score, contrairement à lui.
- Vous avez entendu le discours de X.A.N.A ?
Ses camarades – y compris Ulrich qui surjouait le détachement pour éviter les embrouilles avec elle depuis que c'était tendu – affichèrent une mine intriguée. Revivre le bon vieux temps au point de remettre X.A.N.A au centre des échanges ? C'était quand même un peu...
- Euh... oui, avoua Della Robbia.
- Les conneries habituelles, ajouta Jérémie.
- Vous avez raison mais... quelque chose me chiffonne.
- Quoi ? insista Stones.
- J'ai trouvé que le discours de victoire... ressemblait beaucoup à des propos qu'aurait pu tenir le vrai X.A.N.A...
- Hum, je... mais... quoi ? bafouilla Aelita.
- Des humains gouvernés par une intelligence artificielle, rappela Yumi. Quelque chose m'inquiète depuis le début dans cette histoire. Que Fumet ait ressorti le concept qui venait de notre jeu de la dernière fois, admettons, on sait qu'il est parfois un peu borderline comme professeur mais... ce qui me stresse vraiment, c'est plutôt qu'on a jamais réussi à savoir qui est derrière X.A.N.A.
- J'admets que ce point est juste, consenti Jérémie. Avec tout ce qui s'est passé depuis le début de la campagne, et quand on voit les informations qui peuvent finir au journal télévisé, c'est étrange que l'identité de la personne n'ait pas encore fuitée.
- Et donc tu penses qu'il n'y a en réalité... personne ? conclut Aelita.
- Voilà. Imaginez un peu : le programme multi-agent de Jérémie a fait beaucoup de mal à X.A.N.A, mais ne l'a pas tué. Il passe quelques mois à se reconstruire... avant de faire un retour discret en profitant de l'opportunité offerte par l'animation.
- Le supercalculateur est éteint... commenta Ulrich, dans une phrase pleine de sous-entendu.
- Je n'ai pas dit que ma théorie était parfaite, répondit immédiatement avec un agacement certain la japonaise.
- Je ne sais pas si ça peut aider mais... hier pendant le premier tour, la fréquence qu'utilise habituellement la radio étudiante de Paris X a été piratée, informa Odd. Des messages étranges et anti-système auraient été entendus, sans que l'opération ne soit revendiquée.
- Cela fait très lui... non ? insista Ishiyama.
- C'est vrai que maintenant que tu le dis, la distribution des portables n'est pas sans rappeler une façon de faire de notre vieil ennemi, cela pourrait être une bombe à retardement, souligna Stern, en tentant de faire oublier la tension de l'échange précédent avec la japonaise.
- Et puis c'est pas pour en rajouter mais... William a appelé à voter X.A.N.A et...
- Ok ok, réagit Belpois en levant les deux mains en signe d'apaisement. On va enquêter. Je ne pense pas que notre meilleur ennemi soit revenu... mais jouons la prudence. Comme tu l'as souligné, ça ne fait que quelques mois. Il nous appartient désormais d'assurer le service après-vente...
- Je vais appeler à ne pas donner une seule voix à X.A.N.A, par sécurité, annonça Della Robbia.
- Voilà très bien fais donc ça, approuva l'autre blondinet. De toute façon c'est un peu l...
- ODD, UN AUTOGRAPHE STP.
La discussion aux allures de conseil de guerre fut interrompue par un random petit sixième ayant visiblement voté pour le nommé et souhaitant s'en souvenir. Tandis que l'homme politique accomplissait ses obligations – heureusement que les téléphones portables n'étaient pas équipés d'appareil photo où les supporters ne feraient que en demander avec leurs élus – les autres (ex ?)Lyoko-guerriers se regardèrent d'un air entendu : ils allaient tous être extrêmement vigilants durant l'entre-deux tours.


Vendredi 21 juin

Christophe M'Bala avait en tout cas bien compris une chose : la victoire finale passait par la drague lourde des électeurs d'Odd Della Robbia, arrivé troisième et ayant manqué la qualification de peu. C'était sans doute pour cette raison qu'il avait en 24 heures organisé un énorme meeting au milieu de la piste d’athlétisme durant l'heure du déjeuner, où il avait, devant un public nombreux, tout particulièrement insisté sur la nécessité de mettre l'accent sur la culture et, sous-entendu, que sa priorité serait de se préoccuper du camp artistique plus que du camp sportif, lui qui avait jusqu'ici tout fait pour rester à équidistance de chaque. Voire, on l'accusait surtout de s'être investi au foot plus qu'au théâtre depuis sa victoire à l'atelier d'hiver. Mais l'ivoirien savait visiblement rebondir.
Au milieu de ses supporters en liesse se tenait quelqu'un de moins enjoué : Ulrich Stern, dont la réputation n'avait en effet pas été construite sur sa jovialité. Même si le risque était de fait plus faible ici, l'adolescent surveillait, et s'assurait qu'aucun signe suspect ne se faisait jour. Il fallait entendre par suspect ce qui était en lien avec X.A.N.A uniquement, bien que l'honnêteté intellectuelle amenait logiquement à dire que certaines promesses lancées par Christophe durant la séquence pouvaient tout à fait revêtir ce qualificatif.

https://i.imgur.com/644L66L.png


Raphaël Riccio savourait le début du week-end avec une sérénité non-feinte. Malgré son jeune âge – il n'était qu'en sixième – il avait été celui qui était devenu l'homme de confiance de X.A.N.A pendant la campagne électorale à la suite de la trahison de Jeanne Le Bihan, prétendument fidèle parmi les fidèles, mais rapidement partie chez Tamiya Diop. Mais contrairement à elle – ou à son frère aîné Gabriel – Raphaël était auprès d'un des candidats qui s'était qualifié pour le second tour. Il allait rapidement gagner en popularité. C'était d'ailleurs déjà le cas : ce fils d'immigrés italiens commençait déjà à se faire un nom alors que personne n'avait jamais vraiment fait attention à lui durant sa première année passée à Kadic. Il fallait dire que son principal fait d'armes jusque là était de rappeler à qui voulait l'entendre qu'il avait grandi en banlieue, ce qui, vu la localisation géographique de l'établissement, n'avait rien d'exceptionnel.
Mais tout ça appartenait au passé : alors qu'il s'apprêtait à gravir les escaliers pour remonter en direction des dortoirs, il entendit soudain une voix juvénile, a priori féminine, mentionner son nom, venant de derrière lui. C'était la routine désormais – encore une arriviste souhaitant se faire une place au Soleil certainement – il n'y prêta donc aucune attention... avant de se faire attraper par derrière et par le col de sa chemise et d'être projeté manu militari dans les escaliers menant à la chaufferie.
Se rétablissant en bas, il eut le temps de voir un individu refermer la porte et s'avancer vers lui. La lumière de la pièce révéla un étudiant un peu plus grand que lui, à l'identité que l'assaillant souhaitant sûrement garder secrète puisqu'il portait une cagoule avec deux trous pour les yeux.
- Je sais que c'est toi Odd, soupira Raphaël qui était du genre à garder son calme en toutes circonstances. Tu as essayé de dompter ta masse de cheveux mais ça ne fonctionne pas vraiment.
Il avait raison : les irrégularités sur la partie supérieure de la cagoule couplées aux cheveux blonds qui dépassaient du vêtement laissaient peu de doute sur l'identité de l'individu s'en prenant au petit sixième. Accessoirement, la taille et la voix fluette précédemment entendue venaient facilement confirmer les soupçons de Riccio.
- Ce n'est pas grave, répondit l'autre en ôtant le vêtement qui avait échoué à garantir son anonymat – c'était effectivement Odd – nous sommes seuls ici, ce sera ta parole contre la mienne et vu ma popularité du moment...
- Tu as raison, admit l'autre. De toute façon, je ne peux pas m'en prendre publiquement à toi, nous devons ménager ton électorat pour maximiser les reports de voix... mais tout de même : qu'est-ce que tu me veux ?
Les traits de l'ex-Lyoko-guerriers se firent soudain plus durs.
- Je veux savoir qui se cache derrière X.A.N.A.
- Tout le monde veut savoir, sourit l'autre.
- Je crois qu'on s'est mal compris, surenchérit Odd, tandis qu'Ulrich, qui était planqué derrière une des chaudières, se révéla à visage découvert en faisant craquer ses jointures d'un air menaçant.
-Pff. Inutile de me menacer les gars. J'ai grandi en banlieue. La violence de rue, je connais, répondit le plus jeune sans se laisser démonter.
Les deux camarades de chambre se regardèrent, un peu décontenancés. Mais d'où il sortait ce mec ?

https://i.imgur.com/644L66L.png


Toc toc toc.
- Entrez, fit William Dunbar en entendant toquer à la porte de sa chambre en se dépêchant de cacher sous son oreiller le livre Comment transformer sa colère en énergie positive ? qui lui avait été chaudement conseillé par son médecin traitant.
Il fut assez surpris de voir entrer Jérémie et Aelita, à qui il n'avait en gros plus vraiment adressé la parole depuis son retour sur Terre et notamment l'atelier d'hiver, auquel il avait participé mais qu'il avait finalement plutôt mal vécu. Lorsqu'il avait soutenu X.A.N.A pour le second tour, c'était pour se prendre au jeu et montrer qu'il avait réussi à laisser le passé derrière lui, mais ça n'avait pas été reçu de cette façon. C'était désormais par simple provocation qu'il soutenait de nouveau un candidat nommé comme celui qui l'avait capturé plusieurs semaines.
- Salut, fit-il sobrement aux deux invités du jour.
- Bonjour William, commença la fille aux cheveux roses. Comment ça va ?
- Euh... tranquille et vous ?
- Oui, tout va bien, confirma Jérémie. Mais on voulait te parler de la campagne.
Les deux intellectuels restaient debout. Dunbar lui, restait affalé sur son lit. Métaphoriquement, on pouvait y voir une séquence où les deux parents responsables s'apprêtaient à sermonner l'enfant rebelle. Non, c'était trop simple.
- J'écoute.
- Ahem... J'avoue qu'on se demandait pourquoi tu avais soutenu X.A.N.A, compte-tenu de ton passif.
Le blond n'y allait pas par quatre chemins, on pouvait au moins le lui reconnaître. William se sentit légitime à lui répondre tout aussi franchement :
- C'est politique. Il n'a pas fondamentalement tort sur les problèmes qu'il pointe du doigt à Kadic.
- Mais attends, tu sais qui c'est réellement ? interrogea Aelita.
- Non, et je m'en moque, reconnut immédiatement l'ancien X.A.N.Aguerrier. Il est anti-système. Moi aussi.
Belpois se retint de soupirer. La propension qu'avaient de plus en plus de candidats – ou d'ex-candidats dans le cas d'espèce – à évoquer le fameux « système » pour le dénigrer sans pouvoir réellement le qualifier avait quelque chose de lassant. Ce n'était pas le plus important pour l'instant, il allait tenter quelque chose.
- Tu sais William, je reconnais qu'on a pas géré comme on l'aurait dû ton retour sur Terre, lâcha ainsi et soudain Jérémie. Mais pour autant, le passé est le passé, le futur reste à écrire. Il peut l'être différemment.
Le brun ténébreux renifla bruyamment.
- C'est gentil, mais mon existence ne tourne pas autour de ce sujet. Si on y réfléchit bien, le temps passé dans le réseau est, à l'échelle de ma vie, très court. J'existais par moi-même avant, j'existerai par moi-même après. Je ne suis pas juste « l'ex » de X.A.N.A.
- On ne te voit pas ainsi, rassura Stones.
- Hypocrites.
Il avait répondu du tac-au-tac, preuve qu'il avait vu clair dans le jeu des deux intellectuels, qui étaient venus le voir en pensant gratter l'info sur X.A.N.A sous prétexte de la « relation spéciale » que Dunbar avait eu avec le virus. Et ce, alors même qu'on ne parlait pas du même X.A.N.A. Cela frisait le ridicule, toute cette histoire n'avait aucun sens.
Toujours était-il que, Jérémie et Aelita, sentant l'impasse, jugèrent bon de se retirer avant d'énerver quelqu'un de plus physiquement intimidant qu'eux – ce qui n'était pas si compliqué à trouver à Kadic. Ils se replièrent sur la chambre d'Ulrich et Odd, qui étaient déjà remontés.
- Alors ? interrogea immédiatement le brun.
- Un désastre, avoua le Lyoko-guerrier originel.
- Nous aussi, soupira Odd.


Lundi 24 juin

Un nouveau conseil de guerre avait lieu à l'aube, au sein de la cabane du jardinier Michel Rouiller. Les quatre journalistes officiels de la campagne électorale étaient là. Dans moins de 30 heures, ils allaient pouvoir se gaver avec une exposition médiatique maximale du fait du débat de l'entre-deux tours. Mais pour pouvoir vivre un tel beau temps, encore fallait-il dissiper quelques nuages noirs...
- Putain... rageait Colin Maillard. Un week-end complet de négociations... et rien n'a abouti...
Le jeune homme au chapeau faisait allusion à un point de blocage non-négligeable entre les équipes des candidats qualifiés et les journalistes : ni Christophe M'Bala, ni X.A.N.A ne voulaient de Milly Solovieff comme représentante des Échos de Kadic. Une surprenante convergence d'intérêts qui n'avaient pas la même origine : les équipes du « programme » considéraient la cinquième comme trop partiale, en défaveur des sportifs extrêmes, vu sa haine envers Tamiya Diop. De l'autre côté, Christophe M'Bala voyait la ligne éditoriale de Solovieff comme trop décliniste... mais les journalistes, bien conscients que celle-ci était la plus expérimentée, considéraient jusque là comme acquis que Milly serait l'un des deux présentateurs du débat...
- On a pas la choix, concéda la rouquine. Si on obtempère pas, il n'y aura pas d'émission. Donc, pour des raisons de représentativité, c'est Hiroki et Anaïs qui s'y colleront.
Les calculs étaient bons. Faute de Solovieff et vu le maigre réservoir de journalistes à disposition, cela ne pouvait que finir ainsi, d'autant qu'il fallait bien un représentant de chaque journal. Si Ishiyama montrait plutôt des débuts prometteurs malgré son inexpérience, le ressenti n'était pas tout à fait le même pour la pin-up. Tous les regards étaient d'ailleurs tournés vers elle, et, malgré les soupçons sur la limite de ses capacités intellectuelles, la seconde avait saisi ce qu'ils signifiaient.
- Non mais ça va aller, ne vous inquiétez pas, tenta-elle de rassurer... sans vraiment y parvenir.

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Témoignage de leur nouvelle alliance, Les Échos de Kadic et L’Écho Kadicien diffusaient désormais un seul et même enregistrement journalier via la VHS d'informations, sur le temps de midi. Lot de consolation aussi pour Colin Maillard et Milly Solovieff, qui assuraient le show en contrepartie de leur absence à venir à l’événement phare du débat d'entre-deux tours.
- Bonjour Colin.
- Bonjour à toi Milly.
- Le débat entre Christophe M'Bala et X.A.N.A est désormais dans 48 heures, et tout le monde se demande toujours qui se cache derrière l'avatar du virus informatique. Il est en tout cas évident que le débat ne pourra pas se tenir entre un humain et un téléphone portable.
- En effet Milly, les bruits de couloir vont bon train mais pour l'instant, aucune rumeur ne semble plus crédible que l'autre. Et surtout pas celle qui veut que ce soit Jean-Pierre Delmas en personne qui souhaite remporter l'animation pour mieux la torpiller...
- En attendant, nous accueillons notre consultant Ernest Tié pour un point sur la guerre des territoires du parc de Sceaux.

Le dézoom habituel dans la bibliothèque – lieu « neutre » qui avait été choisi pour tourner les derniers JT et une façon pour Milly de provoquer Tamiya qui y avait enregistré son clip de candidature – dévoila le désormais expert en relations inter-scolaires des Hauts-de-Seine, et sa chemise blanche immaculée, symbole de son nouveau look... et de sa nouvelle position sociale.
- Bonjour Ernest Tié, fit le garçon journaliste.
- Bonjour.
- Entrons dans le vif du sujet... il se dit que les troupes de Mathison ont tendance à se replier ?
- De prime abord, c'est ce que l'on constate
, confirma le lycéen. Les gangsters ne s'aventurent plus dans la zone la plus à l'Ouest du territoire traditionnel de Didelot mais il semble que ce soit pour mieux concentrer leurs forces sur le pan territorial à proximité immédiate de leur camp.
- Pour quelle stratégie ?
questionna Milly pour approfondir.
- Hmm... ce n'est qu'une analyse personnelle mais il semble que Vova ait revu ses ambitions à la baisse. Il ne doit finalement pas avoir les moyens de prendre le contrôle de tout le territoire de Didelot, alors il va se contenter de profiter de la confusion pour augmenter un peu le sien. Il a besoin d'une victoire, au moins symboliquement, s'il ne veut pas être remis en cause comme meneur du côté des bandes de Mathison, vous savez comment ça fonctionne là-bas...
Cela fit réagit l'autre garçon :
- Comment Kadic doit appréhender ce nouvel ordre inter-collégial ? Les partisans de X.A.N.A accusent globalement Christophe M'Bala d'avoir beaucoup communiqué depuis le début du conflit, mais de n'avoir finalement rien fait pour Didelot.
- Sans vouloir m’immiscer dans le débat politique – je suis au-dessus de ça désormais – ce n'est pas une critique dénuée de tout fondement, du moins en prenant les faits objectivement. Le territoire de Kadic a été préservé grâce à l'organisation qu'il a conduit, on ne peut pas l'exclure, par contre, aucune réelle initiative autre que symboliques – déclarations de soutien, etc – n'est venue concrètement aider Didelot durant la lutte. Ce sont finalement les petits collégiens eux-mêmes qui ont mieux résisté que prévu et qui ont poussé à un retrait – relatif – des troupes de Mathison.
- Dans une précédente émission, vous disiez que l'attaque visait à laver l'honneur de Mathison à la suite de la diminution de son territoire il y a longtemps, et qu'ils allaient être d'autant plus expéditifs dans leur démarche. Aujourd'hui, la réalité ne semble plus la même. Comment voyez-vous la suite ?
- Il faut être très prudent. La « blitzkrieg » de Vova a effectivement échoué – n'a pas la « deutsche qualität » qui veut – ce qui laisse augurer des menaces qui pourraient également se poursuivre l'année prochaine, malgré les grandes vacances, si Mathison joue le pourrissement et que Kadic ne prend pas de décisions fermes pour intervenir.
- Voilà qui a le mérite d'envoyer un message clair à Christophe M'Bala... pardon, au futur étudiant membre du conseil d'administration
, conclut Colin Maillard. Merci pour votre analyse.


Mardi 25 juin

On y était. Le grand moment tant attendu – enfin, surtout par les journalistes. Le débat d'entre-deux tours allait se dérouler au sein du foyer des élèves, qui avait été temporairement épuré – par les larbins Goliath et Le Saint bien entendu – de tous les meubles inutiles pour maximiser l'espace pour les spectateurs. Au centre de la pièce, seule trônait désormais la table de ping-pong, qui serait la table au centre des débats, durant lesquels les deux finalistes allaient se renvoyer symboliquement la balle... des arguments.
Au sein du public déjà nombreux et installé assis en cercle sur les chaises réquisitionnées de la salle des fêtes, les Lyoko-guerriers étaient particulièrement tendus, mis à part peut-être Odd, qui mangeait une banane. Faute d'avoir pu démasquer en amont X.A.N.A, ils étaient persuadés que ce moment allait être propice à une action louche, puisque le Président du club de basket-ball avait selon la rumeur accepté le principe de ne pas le faire par téléphone. Ils voyaient donc bien un coup fourré arriver, genre une personne xanatifiée se présenter, et semer le chaos. Jérémie avait d'ailleurs sur les genoux son cartable contenant son ordinateur portable, et ce, alors que le supercalculateur était toujours bien éteint, il avait vérifié quatre fois aujourd'hui. Mais bon, au cas où.
Hiroki Ishiyama, tiré à quatre épingles, était déjà sur son propre emplacement, et semblait concentré, relisant de nombreuses fiches. Christophe M'Bala était arrivé le premier, ne parlait pas, mais ne révisait pas non plus. Tout juste échangeait-il ponctuellement quelques mots avec Matthias Burrel qui venait le voir de temps à autre. Le plateau 100 % masculin fut rééquilibré par l'arrivée d'Anaïs Fiquet, en tenue de soirée mais plutôt de mi-saison, pour éviter les critiques habituelles à son endroit sur sa légèreté vestimentaire. Ne manquait plus que X.A.N.A.
Et « X.A.N.A » vint, en compagnie de Raphaël Riccio. Il y eut des exclamations dans le public en le découvrant.
Une femme. Blonde. Heïdi Klinger.
Pas vraiment l'image que la populace se faisait jusque là de la personne derrière le programme multi-agent. Quant aux Lyoko-guerriers, ils étaient d'autant plus estomaqués de découvrir que celui – ou plutôt celle en l’occurrence – qui jouait le rôle depuis tout ce temps était dans la même classe que 80 % de la bande. Restait à savoir si elle était elle-même, ou...
- Bien, euh... bonjour à tous, commença Hiroki et merci d'être présents sur votre temps de pause de midi.
- Nous sommes ravis d'accueillir les deux finalistes de cette élection, Christophe M'Bala et... hum, X.A.N.A, compléta sa collègue. Bienvenue à vous deux.
- Bonjour, fit également Christophe.
- Bonjour, imita Heïdi avec un demi-sourire et d'une voix normale.
- Notre temps est limité, ainsi, nous allons immédiatement entrer dans le vif du sujet. Nous allons bien évidemment aborder en premier lieu la situation au parc de Sceaux. Christophe M'Bala, vous vous êtes particulièrement investi sur ce sujet, mais faut-il aller plus loin ?
- Nous vivons des moments qui sont d'une extrême gravité. Le rôle de Kadic est de soutenir les résistants de Diderot, notamment en les aidant militairement. Nous avons également fait en sorte de pouvoir accueillir des réfugiés du collège sur le territoire de Kadic pour leur permettre de continuer à profiter du parc en cette période estivale. Il faut aussi éviter une escalade, c'est pour cette raison que j'ai tenté de maintenir le dialogue avec Vova de façon constante depuis le début de cette crise. Cela n'empêche pas de continuer à agir pour faire comprendre à Mathison que la voie qu'il emprunte est funeste.
- Madame Klinger, même question pour vous ? réagit Anaïs Fiquet.
- Tout d'abord, permettez-moi d'évoquer ma solidarité et ma compassion absolue envers le peuple de Diderot, je ne pouvais le faire auparavant en jouant le rôle d'un programme informatique. Donc, l'aide humanitaire à ces collégiens, oui bien sûr. Mais les équiper en sous-main de barres de fer, faisant passer notre école pour un cobelligérant, je suis en total désaccord. Les conséquences pourraient être terribles pour les kadiciens si Vova le voyait comme une agression et s'en prenait notamment aux points de deal de certains produits très appréciés de nos étudiants en cette période de l'année. Cela revient à se faire hara-kiri...
- Je vous trouve ambiguë sur ce sujet, commenta sobrement Christophe de l'autre côté de la table de ping-pong, bras croisés.
- Pardon ?
- Alors tout d'abord je tiens à rappeler que vous avez été la première, par votre avatar, à ne pas vous indigner face à l'invasion du territoire de Didelot au motif qu'il s'agissait d'un acte anti-système qui pouvait enfin montrer que les « humains » comme vous disiez, étaient capables de renverser l'ordre établi, assena M'Bala en se redressant sur sa chaise. Curieux non ? Mais pourquoi au fond ? La vérité, c'est que vous dépendez de Mathison et de Vova.
- Co-mment ? réagit la fille en butant sur chaque syllabe.
- Si je ne me trompe pas – et je le dis avec beaucoup de gravité – votre sœur aînée Johanna Klinger qui est en terminale à Kadic, sort depuis 4 ans avec un certain Mehdi Fontaine du même âge, ancien élève de chez nous lors de sa période de collège et passé depuis à Mathison. Ce Mehdi est cette année dans la même classe que Vova. Voilà ce qui explique que votre avatar « X.A.N.A » n'ait jamais été très incisif par rapport à cette invasion, se contentant du minimum syndical pour éviter une plus grosse polémique : vous ne pouvez pas correctement défendre les intérêts de Kadic car vos intérêts sont liés à des gens proches de Vova. Vous êtes en situation de dépendance.
La salve avait pris tout le monde de court. L'argument était travaillé, alors qu'Heïdi effectuait sa première apparition publique depuis à peine cinq minutes. En fait, la tirade du vainqueur sortant sous-entendait deux choses : il était au courant de l'identité de X.A.N.A depuis un moment déjà, et il avait forcément enquêté, alors que la blonde n'était pas dans la même classe que lui. De plus, il avait réussi à garder cette information pour lui, sans fuites.
- C'est inexact, répondit tout simplement Heïdi après quelques secondes de réflexion. Je suis une femme totalement libre. Vous êtes dans la posture.
- C'est un fait ! Vous soutenez que ce que je dis est faux ?
- N... non, admit Klinger. Factuellement, ma sœur aînée sort bien avec Mehdi Fontaine, un élève de Mathison. Mais remettre ma probité en cause sur ce motif, c'est assez malhonnête, il faut être honnête.
- Je suis désolé, mais assumez-le, beaucoup de vos déclarations de ces derniers jours sont liées à cette situation de dépendance.
- C'est faux, poursuivit la jeune fille.
- Bon écoutez, ça ne vous fait pas plaisir, mais c'est un fait, insista Christophe avec un air indigné remarquable.
- On va peut-être changer de thème car l'horloge tourne, intervint Hiroki.
- Oui il y a sans doute des sujets plus intéressants que celui-là, appuya Heïdi.
- De savoir d'où on parle est toujours important Madame Klinger.
- Passons au thème suivant, insista le journaliste. Beaucoup de gens s'interrogent en constatant la baisse du niveau scolaire de Kadic, notamment en mathématiques et...
- C'est quand même assez hypocrite de votre part, coupa Heïdi. Avec vous, c'est toujours pareil : vous ne faîtes jamais rien à part donner des leçons. C'est pour ça que je souhaite – et de nombreuses personnes le souhaitent aussi, d'où ma qualification au second tour – que les choses changent réellement.
- Ah oui, en contrôlant les « humains » contre leur volonté mais pour leur propre bien c'est ça ? rebondit l'ivoirien. Ce que vous proposez n'est rien d'autre qu'une trahison de l'esprit de notre pays, dont le projet républicain pour la jeunesse a toujours été l'éveil des consciences individuelles pour le bien collectif.
- Cela vous va bien de dire ça. Quand on vous écoute, on a l'impression que vous vous préoccupez davantage du pays, voire du monde, plutôt que des kadiciens. Moi je veux défendre les élèves de Kadic car ils n'ont qu'une seule école. Mais vous qui n'êtes pas d'ici, c'est sans doute un « hasard » si...
- Madame Klinger ! réagit immédiatement le noir avec un ton choqué très bien travaillé. Vous insinuez quoi exactement là ?
- S'il vous p... tenta Fiquet, malheureusement cette fois trop habillée pour avoir une chance d'attirer l'attention de son ex.
- Eh bien vous êtes du Val-de-Marne non ? poursuivit l'autre. Boissy-Saint-Léger pour être précis.
- C'est un fait, confirma M'Bala, qui pensait visiblement à autre chose.
- Bon. Eh bien, comme je le disais, ce n'est sans doute pas un hasard si l'épanouissement de nos élèves qui viennent majoritairement des Hauts-de-Seine ne fait pas partie de vos priorités.
- Ça c'est du complotisme, répondit M'Bala.
- C'est faux ! protesta une nouvelle fois « X.A.N.A ».
- Il va vraiment falloir réussir à vous contrô... commença le japonais avant d'être à nouveau coupé par les invectives des finalistes.
Les Lyoko-guerriers, comme le reste de l'assemblée – qui incluait aussi les anciens candidats qui avaient tous dit que le débat ne les intéressaient pas mais qui étaient quand même venus – observaient médusés les journalistes perdre progressivement le contrôle de l'échange. Mais ce dernier avait un mérite : la spontanéité des réactions d'Heïdi Klinger témoignait de son absence de contrôle par un éventuel X.A.N.A de retour, sauf à envisager un lien passif comme William avait pu le connaître en son temps. Mais dans le cas de ce dernier, c'était à la suite d'une série d’événements très particuliers qui n'avaient naturellement pas pu se reproduire une seconde fois, de surcroît avec la machinerie de l'Usine à l'arrêt. Yumi jeta d'ailleurs un regard à son camarade de classe, présent dans une diagonale opposée au sein du public : il avait une expression dure, mais que l'on pouvait qualifier de normale vu ce qu'il avait traversé ces derniers temps. Là encore, rien qui ne ressemblait à du X.A.N.A. L'intuition féminine de la japonaise avait-elle pu encore être prise en défaut... ?


Mercredi 26 juin

Jour important. Jour de vote et de décision. Au lendemain du débat d'entre-deux tours sans queue ni tête qui ne permettait pas vraiment de dégager un vainqueur, mais plutôt deux vaincus (un Christophe M'Bala jugé arrogeant, une Heïdi Klinger jugée trop timorée face à son argumentaire bien rodé et la mise en cause de sa probité), il n'était finalement pas certain que la démocratie en soit sortie grandie.
De façon étonnante, Paul Gaillard et Julien Xao, les ados mesquins et chauds (politiquement), étaient aperçus lors de la récréation de la matinée, assis en tailleurs et regardant les deux affiches des candidats finalistes.
- Hum... alors... la continuité ou le changement radical ? s'interrogeait à voix haute le rouquin.
- Mais voter, c'était pas pour les moutons ? s'enquit l'asiatique.
- Ouais bien sûr au premier tour. Mais au second, il faut faire barrage.
- Ah ok je te suis, comme toujours.
Les deux garçons baissèrent à nouveau les yeux sur les affiches.
- Bon, je disais donc... la continuité ou le changement radical ?
Non loin d'eux et tandis qu'ils faisaient face au mur de leur propre conscience se trouvaient les Lyoko-guerriers, réunis en debriefing. Ils avaient eu la politesse d'attendre de retrouver Yumi, vu qu'elle était en pointe sur le sujet.
- J'ai suivi Heïdi discrètement à l'issue du débat comme tu me l'avais demandé Jérémie, expliqua Aelita. Elle a continué d'agir tout à fait normalement jusqu'au retour de sa chambre.
- Bon ben... on a peut-être un peu paniqué sur X.A.N.A, avoua Ulrich en regardant la japonaise d'un air entendu.
- Donc, Fumet est juste un gros barjot, conclut Odd.
- On aurait peut-être pu s'en douter avant... maugréa Jérémie.
- Restons prudents jusqu'à la fin de l'animation malgré tout, conseilla Ishiyama.
- Oui, car quelque chose m'échappe toujours dans tout ça.
- Quoi donc ? réagit Aelita, invitant son amant non-officiel à poursuivre.
- Quelles sont les motivations d'Heïdi dans ce jeu de rôles ?
- Ah, ça... demandons à Odd, l'expert du genre féminin... soupira Stern.
- Ouais ça va hein, je lui ai très peu parlé durant notre petite aventure de l'année dernière, expliqua le clown mauve. J'ai vaguement crû comprendre qu'elle avait peu d'attaches familiales, mais de là à tout excuser...
- Elle est carrément instable cette fille ouais, renchérit Jérémie.
- Ah, c'est vrai que toi aussi, tu l'as embrassée... enfin, officiellement.
- Oui bon, restons concentrés, coupa Stones avant que Belpois n'ait pu répondre. Il suffit de demander à ses potes.
- Elle en a pas vraiment, glissa Ulrich. Elle est plutôt solitaire. Fumet n'a pas choisi par hasard...
Si elle l'avait pu, Ishiyama aurait soudain fait les yeux ronds en réaction à l'ampoule qui venait métaphoriquement de s'allumer au-dessus de sa tête.
- Fumet... mais oui voilà la solution ! s'exclama Yumi. Il suffit de demander à Fumet !
- C'est une bonne idée, avoua son amie aux cheveux roses. Il pourrait nous renseigner.
Le petit groupe se hâta de se diriger vers le bureau administratif, plus précisément la salle des profs, avant la fin de la récréation.
- Attendez, objecta Jérémie alors qu'ils se trouvaient dans le couloir. Si on débarque tous comme ça, on va se faire jeter.
- Pas faux, admit Stern.
- Yumi, le prof n'a pas été avare de compliments sur toi lorsqu'il est passé dans l'émission des Échos de Kadic. Je pense qu'il t'a à la bonne. Vas-y, on t'attend dehors.
- Entendu.
L'ex-candidate poursuivit donc seule son chemin jusqu'à la salle des professeurs. Au milieu des différents adultes s'y trouvant, l'homme à la veste verte était visiblement en train de donner ses dernières consignes à Yves Le Saint et Jean-Baptiste Goliath s'agissant de l'installation des isoloirs pour le vote de la seconde partie de journée. Ses jeunes collègues l'écoutaient à peine, puisqu'ils avaient fait exactement la même chose une semaine auparavant, pour le premier tour.
- Excusez-moi, Monsieur Fumet ?
Le professeur d'histoire-géographie (et d'éducation civique, n'oubliez jamais ça) se retourna. Profitant de la diversion, ses collègues de français et de S.E.S filèrent à l'anglaise.
- Ah, bonjour Yumi, que puis-je pour toi ?
- J'avais simplement une question à vous poser.
- Je t'écoute.
- Pourquoi avez-vous choisi Heïdi pour jouer le rôle de X.A.N.A ?
Le syndicaliste resta interdit quelques secondes. Il ne s'attendait visiblement pas à un propos liminaire aussi direct de la part d'Ishiyama.
- C'est simplement pour essayer de comprendre, expliqua la gothique. Ma participation à l'animation était une expérience très intéressante et j'ai appris beaucoup de choses, mais j'avoue que cet élément m'échappe encore.
L'argumentaire fit mouche. Fumet ne pouvait résister lorsqu'on mettait en avant le fait d'avoir participé à son ersatz de démocratie de façon consciencieuse et zélée. Yumi était typiquement le genre d'égérie à mettre en avant en fin de course lorsque Jean-Pierre Delmas viendrait lui demander des comptes. Mieux valait la ménager :
- Je demande toujours les projets professionnels de mes élèves lorsque je suis leur professeur principal. L'année dernière, Heïdi m'a dit qu'elle voulait devenir comédienne.
Yumi haussa un sourcil de surprise.
- Elle n'est pourtant pas dans le club de théâtre... ni dans aucun club artistique d'ailleurs.
- Non, elle est trop introvertie pour cela, reconnut Fumet. On le dirait pas comme ça mais elle est issue d'un milieu très aisé, elle a grandie seule dans un manoir avec une bonne, était constamment en décalage avec les autres à l'école primaire... je ne veux pas faire dans l'analyse de comptoir mais cela peut expliquer son côté isolé. C'est très dur de devenir comédien dans un tel contexte. Mais jouer X.A.N.A lui offrait cette opportunité unique de s'exercer tout en restant dans l'ombre. Voilà pourquoi je l'ai choisie. Et je peux te dire qu'elle a énormément pris sur elle pour se dévoiler lors du débat de l'entre-deux tours.
La lycéenne en resta coi. Cela pouvait expliquer que Klinger, malgré une ténacité louable, soit restée finalement assez sur la réserve, comparativement à Christophe M'Bala, hier midi.
- Je vous remercie pour ces explications. Je comprends mieux.
- Entendu. Je sais pouvoir compter sur ta discrétion sur ce sujet, ajouta Gilles Fumet en guise de conclusion.
L'élève fit le chemin inverse, retrouvant ses amis qui l'attendaient comme convenu.
- Alors ? demanda immédiatement Odd.
- Heïdi n'est définitivement pas xanatifiée je pense, lui répondit celle qui savait. Fumet m'a demandé de ne pas en parler – et surtout pas à toi Odd, ça fera les gros titres en moins de deux sinon – mais je peux simplement vous dire qu'elle joue un rôle.
- Je vois, répondit Jérémie. D'une certaine façon, tous les politiciens jouent un rôle, non ?
- On peut le voir comme ça, oui, conclut Yumi tandis que la sonnerie indiquait qu'il était désormais temps pour les ex-Lyoko-guerriers de retourner en cours.


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  Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 09 Avr 2022 20:33   Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]
Lundi 17 juin

Kadic commençait tout juste à s'éveiller, alors que le premier tour de scrutin était prévu pour ce mercredi, en seconde partie de journée – mais les candidats seraient interdit de faire campagne le jour même. Les prochaines 48 heures allaient donc être décisives. Justement, la période avait aussi sa particularité, qui justifiait apparemment que les deux journalistes des Échos de Kadic – incluant donc Hiroki, un externe qui avait dû sortir en douce plus tôt de chez lui – tiennent une discrète réunion dans la remise du jardinier avec... les journalistes de L’Écho Kadicien !
- Salut, vous êtes au courant que les règles ont évolué ? toisa Milly sitôt arrivée sur place avec le japonais, les deux néo-journalistes étant en avance.
- C'est à dire ? questionna Fiquet.
- Il faut une égalité stricte de traitement médiatique entre les candidats. On ne peut plus les juger à l’œil comme on le faisait jusqu'à maintenant.
- Ah.
- Mais c'est impossible ! s'exclama Colin. Il y a clairement deux catégories de candidats !
- Pour une fois... je suis d'accord avec toi, signala Hiroki.
- Mais on ne peut pas organiser de grand débat final, Christophe refusera de participer, et donc ça n'a aucun intérêt ! souligna le jeune Maillard.
- Oui. C'est pour ça qu'on voulait un peu brainstormer avec vous, pour essayer de trouver l'idée qui nous sauvera de se guêpier, avoua le japonais. Mais j'ai l'impression que vous n'êtes pas plus avancés que nous.
- En effet, on débute après tout, reconnut Anaïs Fiquet.
Colin Maillard avait fait mine de remettre en place son chapeau, en le bougeant pourtant à peine. Avec son analyse toute nippone, Ishiyama fit le parallèle avec le retournement de casquette de Sacha dans Pokémon avant un combat : cela signifiait sans doute que le journaleux se mettait à réfléchir sérieusement.
- Bon, voyons... marmonnait justement Colin. L'élément bloquant, c'est Christophe, qui ne veut pas débattre sous prétexte qu'ils seront tous contre lui.
- Oui et c'est pour ça qu'on a fait une sorte de grand oral la semaine dernière, où ils répondaient à nos questions, plutôt que de s'invectiver entre eux, mais je n'ai pas trouvé que le succès était démentiel, fit remarquer l'autre garçon.
- Faut avouer que ça faisait un peu entre-soi, poursuivit l'autre. Le système politico-médiatique qui tourne en boucle. Non ce qu'il faudrait c'est...
- ... mettre en scène un échange direct avec les kadiciens. C'est précisément l'argument de Christophe depuis le début : il préfère débattre avec le peuple !
- Exactement.
L'émulation entre les deux garçons pourtant concurrents semblait fonctionner, à leur grande surprise. Pourtant...
- Mais on ne peut pas multiplier les kadiciens, ça va être trop galère à mettre en place et pour garantir l'équité, il vaut mieux que ce soit à chaque fois la même personne, fit remarquer Hiroki.
- Ouaip, tout à fait d'accord. Ce qu'il nous faudrait, c'est l’égérie parfaite au niveau de l'indépendance politique, que personne ne pourra accuser de partialité, et en même temps, il faut qu'il ressemble à n'importe quel kadicien lambda...
- Dis comme ça, cela parait difficile de trouver cette perle rare, commenta Anaïs en guise de synthèse.
Mais c'était oublier le statut de « pleine de ressources » de Milly Solovieff, qui au bout de quelques secondes de réflexion, lâcha soudain :
- Je sais qui peut faire l'affaire.
- Vraiment ? insista Colin Maillard, suspicieux.
- Mais oui, soyez tranquilles, j'ai plus d'expérience en journalisme que toutes les autres personnes de cette pièce réunies.
- Il est vrai, reconnut Fiquet, très « premier degré », sans doute parce que la boite de vitesse de son cerveau n'en avait pas de second.
- Ok super mais comment on va faire pour meubler nos émissions d'aujourd'hui ? s'enquit Maillard. Même en se répartissant les candidats, on va jamais réussir à garantir l'équité.
- Le plus simple serait encore de ne prendre personne... reconnut sa collègue.
- Mais sans renoncer à l'audience exceptionnelle que nous procure l'élection ! compléta Solovieff.
- Oui, ce qu'il nous faudrait, c'est contourner l'obstacle, sans totalement l'éviter... résuma Ishiyama.

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Tamiya Diop patientait sous les arcades, non-loin de l'entrée d'une salle de classe banalisée, qui était réquisitionnée pendant la pause de midi par un tournage commun des Échos de Kadic et de L’Écho Républicain : différents concurrents à l'élection passaient littéralement au tableau durant une séquence où quelques élèves de sixième triés sur le volet – histoire d'assurer une diversité de sexe et d'origines qui passe bien à l'écran, Milly Solovieff ayant assuré de l'efficacité médiatique de la technique qu'elle employait de longue date – posaient des questions a priori plutôt candides... aux candidats justement, donc. Tous n'avaient cependant pas accepté l'invitation. La cinquième n'était pas de ceux-là, et attendait son tour. Elle fut ensuite rejointe par Élisabeth Delmas, qui se posta plus près de la porte, mais les deux filles qui se détestaient toujours ne s'adressèrent pas la parole avant que l'entrée ne coulisse pour laisser ressortir Romain Le Goff.
- Salut Romain, ça a été ? interrogea la fille du proviseur.
Au-delà du fait qu'ils étaient dans la même classe, Romain et Sissi se connaissaient depuis l'école maternelle, où ils étaient déjà ensemble. Une estime réciproque demeurait entre eux de ces années-là, même si l'âge les avaient éloignés. Par ailleurs, bien qu'aujourd'hui concurrents, ceux-ci passaient finalement plus de temps à critiquer ceux de leur camp – artistique pour le premier, sportif pour la seconde – et ne s'étaient finalement jamais invectivés réellement depuis le début de l'animation.
- Bof, avoua le garçon. Je me suis fait piéger par des questions de géographie, ça a toujours été mon point faible. J'ai pas su placer le Mont-Saint-Michel dans la bonne région.
- Ben voyons... lâcha Tamiya en passant à côté d'eux avec un air dédaigneux avant de s’engouffrer à son tour dans la salle de classe et refermer la porte.
- Ah, ce n'est pas trop grave, répondit Delmas. Et puis c'était clairement une question piège. Il faudrait peut-être que je révise, imagine que finalement le Mont Blanc ne soit pas réellement situé qu'en France ?
- Haha, non impossible.
- J'avoue, j'exagère peut-être un peu.
- Mais avec un peu de chance, mon erreur sera éclipsée par celle de Nicolas, il parait qu'il a hésité à mettre Jim Moralès dans la catégorie des méchants adultes sous prétexte que, et je cite : « C'est difficile parce que d'un côté, c'est quand même un prolétaire sous-payé qui se fait niquer par le système ».
- Oh, je vois. Ce qu'il ne faut pas faire tout de même pour exister médiatiquement...
- Ouais, cette émission est un peu naze en fait, c'est très démago, approuva Julien.
- De façon générale, je ne suis pas certaine d'aimer faire campagne finalement, assuma Sissi. Certes, on a rien trouvé de mieux mais c'est surtout une occasion de faire des fausses promesses, puisqu'il faut se mettre en avant.
- Genre, qu'il n'y a pas grand chose de naturel ?
- C'est ça.
- Je partage ce sentiment, avoua son camarade de classe. Pour le coup, Fumet voulait nous mettre aux prises avec la réalité et ce qui nous attend une fois adulte... et j'ai l'impression qu'il a plutôt réussi.
Ces paroles pleines de sagesse furent approuvées d'un hochement de tête par la Présidente du club de football.
- Bon... Je te laisse, j'ai beaucoup à faire pour éviter de me faire définitivement couler par Odd. Bonne chance pour l'émission. Et ravi de voir que tu vas vraiment mieux.
- Merci, à plus tard !


Mardi 18 juin

Tristan Brossard était un jeune homme de 13 ans pleinement inséré dans son environnement. Mais pour la première fois de sa vie, il aurait des choses peu banales à raconter à ses parents à la fin de l'année scolaire. Car après son exposition médiatique hors du commun sur les sites avecnous.fr puis par ricochet, sanseux.fr, voilà que les journalistes des Échos de Kadic et de L’Écho Kadicien étaient venus lui demander de poser ses questions en direct aux candidats lors de la dernière soirée électorale avant le premier tour !
Brossard avait en effet été jugé comme le prototype parfait : banal sur le plan physique comme intellectuel – les choses ne lui avaient évidemment pas été présentées de cette façon – mais ayant malgré tout atteint le niveau de « starification » nécessaire pour attirer une certaine audience, eu égard à ses déboires mentionnés précédemment. Et comme il avait été récupéré aussi bien par le camp de Christophe que critiqué par celui de son ennemi juré depuis l'atelier d'hiver, X.A.N.A, il représentait finalement assez bien ce que grand nombre d'élèves avaient subi depuis le début de la campagne.
- Bonsoir à tous et merci d'être venus si nombreux pour cette grande soirée électorale de clôture ! annonça Hiroki Ishiyama, micro en main, qui se trouvait sur la scène de la salle des fêtes avec les trois autres journalistes accrédités, un large public effectivement assis sur la grosse centaine de chaises préalablement installées.
- À partir de ce soir minuit, nous ne serons plus autorisés, ainsi que les candidats, à parler de politique jusqu'à la fin des opérations de vote, expliqua à la suite Colin Maillard, un amplificateur de voix similaire en main, ce qui provoqua quelques discrets mais néanmoins audibles soupirs de soulagement au sein de l'assistance.
- N'oubliez pas que pour voter, les isoloirs seront installés ici même, entre 12 heures et 18 heures 30 ! rappela Anaïs Fiquet.
- D'ici là, rappelons le principe de l'émission à nos spectateurs, fit Milly Solovieff. La campagne électorale a été à la fois courte et longue mais grâce à vos serviteurs, vous savez globalement ce que les candidats souhaitent. Ce soir, de façon un peu alternative, les questions seront un peu plus personnelles. Nous n'en savons pas plus, car notre invité spécial, un kadicien comme les autres, les a préparées tout seul. Sans plus attendre, que le show commence avec Tristan Brossard !
Les quatre journalistes s'effacèrent de la scène, se répartissant équitablement dans les coulisses, un membre de chaque journal côté cour et côté jardin, laissant temporairement vides les deux pupitres avec micro préalablement installés sur place. Le fameux Tristan Brossard surgit d'un rideau pour s'installer au premier, le côté droit voyant apparaître le premier candidat, Jérémie Belpois, prenant place sur le second emplacement prévu à cet effet.
- Bonsoir Jérémie Belpois.
- Bonsoir.
- Comme indiqué par Milly Solovieff juste avant, vous allez être interrogé sur un aspect plus personnel, qui ne sera pas forcément le même que les autres candidats. Je vous remercie, comme les autres candidats, d'en avoir... euh... accepté le principe.
- Pas de quoi, c'est normal.
- Votre question donc... j'ai écouté attentivement vos prises de parole. En tant que Président du club de lecture et premier de la classe depuis votre entrée au collège, vous êtes de loin le plus intelligent des candidats.
- C'est possible, reconnut le blondinet, flatté, en tentant de ne pas trop rougir.
- Alors dîtes-nous... comment faites-vous pour gérer votre intelligence supérieure aux autres au quotidien ?
La question était presque candide. Tristan avait certainement tout donné mais... le sujet était plutôt favorable à Jérémie, qui ne s'en offusqua pas. Il s'agissait maintenant d'éviter les procès en arrogance.
- Je... c'est à dire qu'une intelligence développée n'est pas forcément synonyme d'exclusion sociale. Je suis bon dans les matières scolaires car j'aime lire et réviser mais je suis capable d'être « normal » au quotidien, vous comprenez ?
- Est-ce que vous avez changé sur ce point ? Les plus âgés se souviennent de votre sixième où vous étiez isolé, puis vous vous êtes mis à fréquenter une bande d'amis assez... hétérogène, compléta Brossard qui avait visiblement une discrète oreillette qui devait certainement fonctionner à plein régime.
- C'est possible, réagit Jérémie avec un petit sourire. Il y a toujours... une part de chance dans ce type d’événements. Mais j'ai en effet dû grandir durant les vacances entre ma sixième et ma cinquième. Le résultat, vous le voyez aujourd'hui, je suis toujours bien entouré.
- Je vous remercie Jérémie. Bonne chance pour demain.
- Merci.
Le prodige quitta la scène sur le côté gauche. Du droit, l'acteur suivant vint le remplacer au pied levé.
- Bonsoir Nicolas Poliakoff.
- Bonsoir à vous.
- Je suis navré mais... pour votre question personnelle, je suis obligé de revenir sur la polémique qui a émaillé votre campagne : votre mère présumée « fictive ».
- Cela a été très blessant pour moi, expliqua le troisième qui avait naturellement vu venir la question. La perte de ma mère a laissé un grand vide. Que des gens puissent m'accuser d'avoir simulé pour obtenir une quelconque sympathie...
- Face à une telle violence, avez-vous songé à... renoncer ? interrogea Brossard.
- Pas une seule seconde, répondit l'autre blond, l'air déterminé. Je suis convaincu que mes propositions peuvent changer la vie des gens. Pour que nous puissions vivre des jours heureux. Le reste n'est que facéties.
- Un grand merci. Bonne chance pour demain.
- C'est gentil.
On entendit quelques acclamations dans la salle pour souligner non pas tant la sortie de scène de Nicolas que l'entrée de Christophe M'Bala, le grand favori.
- Bonsoir Christophe M'Bala.
- Bonsoir, merci de me recevoir, répondit l'africain dans un grand sourire.
- Je vais revenir sur votre vie privée. Il y a toujours des gens qui certifient qu'une relation plus qu'amicale vous lie avec une professeur de Kadic, Brigitte Meyer et...
- Tout ceci est parti du simple fait que je suis resté à la fin de certains cours lui poser des questions parce que je commençais sérieusement à être largué en mathématiques, le passage au lycée est rude vous savez. Grâce à ça, j'ai pu obtenir mon passage en filière S l'an prochain. Pour le reste, ce ne sont que des ragots, évacua le candidat.
- Très bien. Je pense que... hum, nos spectateurs aimeraient également connaître votre avis sur la polémique toute récente qui accuse Matthias Burrel, votre fidèle soutien, de recourir à de nombreux élèves extérieurs à Kadic depuis le début de cette campagne, pour vous favoriser : démarchage des mères, distribution des tracts, collage des affiches... la place de ces élèves externes dans votre organisation de campagne aurait été « tentaculaire ».
- Il n'y a aucune combine, rassura M'Bala. Comme plusieurs candidats, quelques amis extérieurs à Kadic ont pu me donner ponctuellement des coups de main notamment lorsqu'il fallait démarcher les parents mais tout s'est toujours fait à l'extérieur. Je ne suis pas au-dessus des lois...
- Donc... vous démentez ?
- Naturellement.
- Je vous remercie. Bonne chance pour demain.
- Merci à vous.
Le candidat le plus présidentiable se retira à son tour, laissant place à sa camarade de classe.
- Bonsoir Yumi Ishiyama.
- Bonsoir Tristan.
- Yumi vous êtes une élève brillante, une sœur aimante, toujours prête à défendre les causes qui vous semblent justes. En clair, une fille modèle. Par conséquent, même si les différentes estimations ne vous laissent aucune chance de vous qualifier pour le second tour du scrutin, vous bénéficiez d'une image plutôt bonne auprès des kadiciens. Je crois que les gens aimeraient bien connaître votre secret : qu'est-ce qui vous rend aussi... authentique ?
- C'est gentil à vous de me dire ça Tristan, répondit l'ex-Lyoko-guerrière visiblement un peu mal à l'aise. J'essaye simplement de faire de mon mieux. Mes parents m'ont élevé en me transmettant certaines valeurs que j'essaye d'appliquer au quotidien. Si, par mes actions, je peux contribuer à les diffuser auprès de ceux qui n'ont pas eu autant de chance que moi, je n'en serais que plus heureuse.
- Est-ce... d'une certaine façon, votre culture d'origine qui vous influence ?
- Peut-être bien.
- Je vous remercie. Bonne chance pour demain.
- Merci beaucoup, répondit la japonaise en joignant les mains et en s'inclinant légèrement.
C'est Anaïs Fiquet qui apparût dans le champ de vision des spectateurs par l'autre bord tandis que la lycéenne se retirait, retrouvant de fait son petit frère dans les coulisses. La grande blonde ne fit que déposer un téléphone portable sur le pupitre réservé aux candidats avant de repartir dans le sens inverse.
- Bonsoir X.A.N.A.
- Bonsoir, répondit la voix informatique désormais habituelle du candidat « virtuel ».
- Je vais être assez direct : au cours de la campagne, beaucoup de gens ont souligné votre manque d'humanité...
- On ne peut pas le leur reprocher, répondit poliment le téléphone portable. Mais je vais vous faire une confidence : si j'en avais la possibilité, j'adorerais me lancer dans l’élevage de chats.
- Oh, vraiment ? réagit Brossard qui n'avait pas vu venir une réponse pareille.
- Oui, c'est quelque chose qui m'a toujours fasciné. Vous le voyez, on peut être une intelligence artificielle programmée pour sauver Kadic et en même temps, avoir des projets d'avenir.
- Je vois ça... un grand merci pour cette confession intime. Bonne chance pour demain.
- Selon toutes probabilités, la chance n'a rien à voir la-dedans. Mais merci quand même.
Le téléphone fut récupéré par la même journaliste avant que la benjamine des candidats ne prenne place sur le plateau.
- Bonsoir Tamiya Diop.
- Bonsoir.
- Vous êtes un peu la surprise de cette élection où on vous attendait, comme d'habitude, comme commentateur. Mais au-delà, vous vous distinguez surtout par des propos très... radicaux sur certains points. On vous reproche notamment de cibler les étrangers, particulièrement les africains, alors que vos parents sont originaires du Sénégal. Mais lorsque vous racontez vos dernières journées à vos parents, comment se positionnent-ils par rapport à votre programme politique ?
- Pour être honnête, je ne leur ai pas parlé depuis le lancement de la campagne. Je les appellerai au soir de ma victoire, répondit avec assurance l'ex-journaliste.
- Je comprends. Et sinon, vous allez bien ? On vous dit fatiguée sur la dernière ligne droite. Après tout, vous êtes la plus jeune et...
- Ça va, coupa Tamiya. C'est intense, mais je le fais pour Kadic. Je me reposerai pendant les vacances d'été.
- Bien sûr. Merci pour ces réponses. Bonne chance pour demain.
- C'est surtout pour Kadic que c'est la dernière chance... commenta Diop en quittant la scène d'un pas lent.
En coulisses, du côté de la sortie des candidats, Hiroki Ishiyama et Colin Maillard virent passer la petite cinquième sans vraiment la voir, concentrant leur attention sur la scène. Le premier fit ce commentaire :
- Hum, ce ne sont pas mes oignons mais...
- Quoi ? interrogea l'autre.
- L'auteur est en train de se faire des lignes bien facilement. Depuis tout à l'heure, il ne fait que répéter les mêmes dialogues.
- Shhh, ça reprend.
L'un des candidats les plus médiatiques de cette élection était en effet déjà sur scène.
- Odd, reprenait Tristan. Vous êtes en quelque sorte un vétéran dans cette campagne. Vous aviez participé à l'atelier d'hiver, mais avant ça, vous vous étiez déjà présenté comme délégué de classe en début d'année, un poste auquel vous êtes habitué puisque vous aviez été élu à ce poste en sixième, dans votre ancien collège...
- Oui, ces faits sont exacts, avoua l'excentrique qui n'avait pas fait acte de candidature en cinquième parce qu'il était sur le point d'arriver à Kadic, et qui avait fait l'impasse sur la quatrième en se réveillant trop tard le jour de l'élection.
- Les gens se demandent s'il s'agira de votre dernière campagne ?
- Eh bien... Je n'y ai pas vraiment réfléchi, avoua Della Robbia. Mais on peut supposer une animation similaire pour renouveler l'élève membre du CA dans 2 ans et donc...
- Vous songez déjà à retenter votre chance ?
- Pourquoi pas ? Bien sûr, cela induit de ralentir le rythme de mes ruptures, sinon plus aucune fille ne voudra voter pour moi, donc au niveau de mes chances...
- Je... je vois... merci pour votre honnêteté. Bonne chance pour demain.
- Merci.
La candidate suivante semblait nettement moins encline à la rigolade.
- Bonsoir Émilie Leduc.
- Bonsoir.
- Bon... j'avoue m'être longuement creusé la tête pour trouver une question personnelle à vous poser... je veux dire, une autre que celle-ci mais...
- Venez-en au fait, abrégea la troisième, l'air sévère.
- Comment faîtes-vous pour vous supporter... ? Je veux dire... Tout le monde vous trouve... enfin, et y compris au sein de votre propre camp... tentait de préciser un Brossard visiblement terrifié.
- Pardon !?
- Les journalistes ont mené des enquêtes pendant la campagne. Comme vous êtes... euh... persuadée d'être une candidate presque de droit divin sous prétexte que vous êtes la Présidente du plus gros club artistique, vous irritez tout le monde...
- Ce n'est pas du tout le ressenti que j'ai sur le terrain, répondit en défense la visée. Il y a une vraie attente de la part des gens.
- Ah, je... vous êtes donc confiante pour demain soir ?
- Naturellement.
- Entendu... Merci, je vous souhaite quand même bonne chance, mais... n'y voyez pas malice hein, conclut l'animateur d'un soir.
- Merci.
La candidate (dans le déni ?) s'éclipsa, laissant son pupitre à un collègue de la même classe.
- Bonsoir Romain Le Goff.
- Bonsoir.
- Vous allez vous aussi avoir le droit à une question relativement personnelle puisque à l'instar de votre ancien ami Odd Della Robbia, à qui l'on le reproche également souvent, vous êtes vu comme quelqu'un de très égocentrique...
- Je comprends, réagit l'autre en hochant la tête. Mais vous savez, en tant que Président du club des cinéphiles, j'estime avoir une lourde responsabilité...
- Que voulez-vous dire ?
- Avec la mondialisation, de plus en plus de films sont standardisés, les efforts ne sont plus faits au niveau de l'écriture du scénario ou de la mise en scène, de plus en plus de choses passent par la communication... si l'on veut continuer à bénéficier de films au niveau, il faut que les gens soient en capacité de pouvoir s'exprimer, et critiquer les sorties. Les producteurs feront alors attention et enfin, les choses changeront pour un monde – cinématographique – meilleur.
- Je... pense avoir compris mais quel est le rapport avec l'élection au conseil d'administration ?
- Il faut que ce soit un artiste qui incarne l'avenir de la filière qui l'emporte. Et cela permettra de sensibiliser d'autant plus les futures générations à notre mouvement.
- D'accord, je vous remercie. Bonne chance pour demain.
- Merci.
La dernière femme candidate pris alors sa place. Et ce n'était évidemment pas n'importe qui...
- Bonsoir Sissi Delmas.
- Bonsoir.
- D'abord, permettez-moi une question rapide : vous allez mieux depuis votre petite grippe de ses derniers jours ?
- Oui je vous remercie, je suis en pleine forme. Cela a été un peu difficile de faire campagne mais heureusement j'ai bien récupéré durant le week-end. Depuis lundi, je peux agir normalement.
- Tant mieux. Il faut avouer que cette séquence tombait au plus mal pour vous alors que la campagne semble déjà compliquée. D'où ma question... hum, est-ce que les difficultés que vous avez rencontré durant l'animation ne montrent pas la contradiction qu'il y a à être à la tête de la fédération sportive la plus populaire... tout en étant un peu « exceptionnelle » en tant que fille du proviseur ? Je précise ma question : n'êtes-vous pas au fond coupée des réalités ? Je vous rappelle que beaucoup considèrent que vous êtes de loin la plus fortunée des candidats, à seulement 15 ans...
- L'inquiétude est légitime, répondit calmement Élisabeth qui n'aurait certainement pas réagit de façon aussi posée si elle n'avait pas été devant une foule de spectateurs (et donc de votants potentiels). Honnêtement, on nous aura un peu tout fait... et notamment, je crois que beaucoup de gens n'étaient pas prêts à ce qu'une femme soit présidente en football, c'était une première vous comprenez.
- Oui bien sûr. Faut-il pour autant mettre tout sur le compte du sexisme ?
- Ce n'est pas mon propos, mais... fit la fille du proviseur avant de suspendre le son de sa voix, le fond de sa pensée étant aisément compréhensible par l'observation de son visage affichant un air entendu.
- D'accord, le message est passé, je vous remercie. Bonne chance pour demain.
- Merci...
Vint ensuite le tour d'une relation bien connue de la précédente.
- Bonsoir Hervé Pichon.
- Salut.
- Comme il est de coutume, vous passez après Jérémie Belpois... et forcément, les gens vous comparent. Mais dans cette campagne, les choses semblent... euh, se suivre et se ressembler comme en classe, vous êtes l'éternel second... Les rumeurs disent même que si vous aviez pris place au sein de l'univers fictif mis en place durant l'atelier d'hiver, vous seriez cantonné au rôle de remplaçant de Jérémie au pupitre du Supercalculateur... et comme un symbole, lire un livre sera toujours plus accessible qu'en écrire un.
- C'est vrai, sourit Hervé, comme amusé par la comparaison. Mais on peut aussi inverser la chose : lire un livre est facile. En écrire un n'est pas donné à tout le monde...
- Vous marquez un point.
- Entre-nous, je suis convaincu que ma situation pourra susciter un vent de sympathie en ma faveur.
- Mais... nous sommes en public...
- Je plaisantais bien sûr, répondit le binoclard décidément très à l'aise dans l'exercice, suscitant quelques rires dans l'assemblée.
- Très bien très bien, espérons que vous garderez ce moral jusqu'à demain soir.
- Faîtes en sorte que les choses changent vraiment. Notamment, il serait appréciable que l'élection nous permette de reprendre l'argent volé par les grands bourgeois comme celle qui était là avant moi pour le redistribuer à ceux qui en ont vraiment besoin.
- D'accord mais en quoi l'élection de demain va-t-elle pouvoir y changer quoique ce soit ?
- Je n'en ai aucune idée, vous comprenez pourquoi j'essaye de profiter à fond de cette soirée car dans 24 heures, je risque vraiment de tirer la gueule.
- Décidément, vous êtes intenable, conclut Tristan alors que la salle était elle-même pliée. Bon, en tout cas, bonne chance pour demain et votre moral.
- Merci bien !
Hervé quitta la scène à son tour. Il n'en restait qu'un...
- Et bonsoir William Dunbar.
- Bonsoir.
- Vous êtes le dernier, comme l'a voulu le tirage au sort.
- Ouais. Le meilleur pour la fin.
- Alors, votre question... depuis votre comportement étrange du début du second trimestre de cette année et votre « retour à la normale », on dit que vous êtes suivi par un psy, notamment pour vous apprendre à gérer votre co...
- Ah non mais ça suffit les questions merdiques ! coupa immédiatement le lycéen. Le traitement de cette campagne n'est pas équitable, depuis le début ! Personne ne croit en moi ! Mais vous verrez, les vrais kadiciens s'exprimeront demain !
- Mais je n'ai pas... tenta de placer Tristan.
- Et puis toi, t'es qui d'ailleurs ? D'où tu sors ? Encore un pantin à la solde des médias qui pense avoir son quart d'heure de gloire... Mais t'es qu'une merde Tristan ! Franchement, suicide-toi mec, voilà ce que les gens me disent sur toi quand ils se font suffisamment chier pour que tu deviennes un sujet de conversation ! En attendant que tu prennes enfin la première décision utile de ta vie, je me casse d'ici.
Il joignit le geste à la parole passant à son tour devant Colin Maillard et Hiroki Ishiyama. Ce dernier s'avança pour jeter un coup d'oeil au public, qui semblait électrisé par ce dernier échange. Ce qui lui inspira cette conclusion bien sentie en revenant auprès de son collègue journaliste :
- Putain, les émissions politiques où on ne parle pas de politique, ça cartonne !


Mercredi 19 juin

- « Franchement, suicide-toi mec ».
Jean-Pierre Delmas avait la mine grise et l'air sévère des mauvais jours... encore. Fallait-il vraiment préciser que celui qui lui faisait face dans son bureau de bon matin n'était personne d'autre que Gilles Fumet ?
- Il faut remettre les choses dans leur contexte, tempéra le professeur. L'animateur a bien précisé que William Dunbar était suivi par le psychologue scolaire et...
- Tu commences à me courir Gilles. Tu es déjà passé par ce bureau la dernière fois et tu m'avais assuré que ce genre de dérapage n'arriverait plus.
- J'ai pensé qu'en stimulant la concurrence entre médias, les choses s'amélioreraient mais... ça a rapidement tourné à la surenchère alors j'ai rectifié le tir en les poussant à s'allier. Mais je ne peux pas contrôler tout ce qui se passe en direct ! Sinon, ce n'est plus une démocratie, c'est la dictature !
Le proviseur soupira bruyamment, de façon totalement volontaire. D'habitude, il ne s'autorisait pas ce type de comportement, jugé impoli en bonne société, mais...
- Je pense qu'on va s'arrêter là Gilles. Je t'ai laissé une chance mais...
- Pardon ? Tu veux cette fois surprendre le vote... le jour même de l'élection !? Mais c'est pire que tout ! Tu vas ridiculiser l'administration devant les élèves comme les parents, ça va faire jaser bien au-delà de l'académie ! Et qui sera le symbole de cette « annulation » des élections rappelant les méthodes d'un dictateur sud-américain à ton avis ?
Les propos chocs avaient le mérite d'atteindre la froide rationalité administrative du chef d'établissement, qui n'avait jamais eu l'intention de moisir éternellement en région parisienne, quand bien même le campus de Kadic était considéré comme assez exceptionnel. Il aurait sûrement encore la possibilité de bouger une fois avant la retraite. Il ne fallait pas se louper.
- L'élection est maintenue, concéda-t-il donc. Et nous aurons une très sérieuse discussion à la fin de l'année scolaire, tu peux me croire, fit-il en guise de conclusion de l'échange.
- Très bien, nota son interlocuteur avant de quitter les lieux, ayant bien mieux à faire en ce jour d'élection.

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Comme prévu, alors que la sonnerie de la mi-journée approchait, les professeurs Yves Le Saint et Jean-Baptiste Goliath étaient en train de caler les derniers préparatifs dans la salle des fêtes afin de permettre aux élèves de voter tout au long de l'après-midi. Une petite queue d'étudiants n'ayant pas eu cours à 11 heures commençait déjà à se former devant l'entrée du bâtiment. Elle augmenta fortement sitôt la cloche activée. Deux élèves de troisième, en passant devant pour se rendre au self, constatèrent cette cohue :
- Pff, ce qu'ils peuvent être bêtes, ces moutons manipulés par les médias, lâcha Paul Gaillard, qui malgré tout n'avait pas pu s'empêcher un ultime baroud d'honneur médiatique de son ancienne vie en appelant à voter Odd Della Robbia.
- Ouais, c'est clair, appuya comme d'habitude Julien Xao. Tout ça pour élire un élève corrompu.
- Ils feraient mieux de se prendre en main et d'agir pour changer les choses eux-mêmes plutôt que d'attendre que ça vienne d'un sauveur qui n'existe pas.
- Mais ouais, c'est trop ça en fait !
Gaillard & Xao, les ados mesquins et chauds (politiquement), venaient encore de se distinguer... anonymement, puisque personne ne les écoutait. Mais, comme d'autres, leur attitude n'était peut-être que la conséquence de quelque chose de plus systémique : la politique n'était plus seulement du théâtre, elle était progressivement devenue quelque chose s'apparentant à du show business.


Spoiler
  Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]  
Icer

Réponses: 11
Vus: 13629

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 09 Avr 2022 20:33   Sujet: [Fanfic] L'amère patrie [Terminée]
https://i.imgur.com/pWf0sHU.png

Lundi 10 juin

Le moins que l'on pouvait dire, c'était que la VHS d'information des Échos de Kadic de la matinée était très attendue, après que chacun ait pris connaissance de la liste officielle des candidats qualifiés pour concourir à l'élection du conseil d'administration. La présence, et surtout l'absence de certains, faisait temporairement presque autant parler que la situation géopolitique interscolaire avec la guerre sur le territoire de Didelot – dont les braves collégiens résistaient finalement mieux que prévu aux assauts vengeurs de Mathison, ce qui avait poussé Vova à menacer d'envoyer des étudiants armés non pas de « simples » barres de fer mais de véritables armes à feu.
- Bonjour Hiroki.
- Bonjour Milly.
- Commençons par souligner que de nombreux messages de solidarité s'expriment de la part d'étudiants des collèges du département des Hauts-de-Seine – l'auteur de ce récit y étant né, on comprend qu'il en profite pour faire du placement de produit peu subtil – envers le collège Didelot.
- Tout à fait
, confirma le japonais. Pour résumer, Didelot demandait des troupes et des armes, ils obtiennent de la solidarité. À voir comment cela les aide dans la lutte contre Mathison.
- Tu es trop vert dans le métier pour déjà être aussi cynique
, fit remarquer la jeune fille. Mais tu as raison, l'évolution de la situation du parc de Sceaux doit particulièrement nous préoccuper. En attendant, de façon plus interne à Kadic, la liste des candidats officiels est enfin là ! Assortie du nombre de parrainages, elle est d'autant plus intéressante à analyser. Mais avant cela, comme un épitaphe, mentionnons une dernière fois pour la forme les candidats non-qualifiés...
- L'échec de Jim Moralès, ex-candidat de l'atelier d'hiver, est naturellement dans toutes les têtes
, appuya le garçon. Malheureusement, il n'aura obtenu que 6 signatures de mères.
- C'est six de trop
, analysa froidement Solovieff.
- Tu es déchaînée aujourd'hui chère collègue, mais voici de quoi te refroidir : Paul Gaillard aussi malgré un certain barouf médiatique, échoue à se qualifier à mi-parcours, avec 5 parrainages. C'était ton petit protégé : pas trop déçue j'espère ?
- Non ça va, je ne le fréquente plus de toute façon
, fit la rousse avec un air détaché sans doute un peu surjoué.
- Parfait, restons-en là pour les candidatures ayant échoué, les autres n’intéressant de toute façon personne. Ce n'est pas que ces deux-là l'étaient particulièrement mais...
- Hiroki...
coupa Milly. Qu'est-ce que je viens de dire ?
- Mes excuses, je le prends comme un appel aux sujets sérieux. Très bien, pour notre édition spéciale debrief des candidats qualifiés, accueillons notre invité de marque...

Comme de coutume, la caméra s'éloigna pour agrandir le champ, dévoilant... Gilles Fumet ! L'effet sonore caractéristique des sitcoms avait même été ajouté en post-production, des acclamations de surprise étant entendues au moment de l'arrivée du professeur dans le champ. On pouvait facilement imaginer la moue blasée d'Yves Le Saint lorsqu'on lui avait passé une telle commande au montage. En tout cas, on pouvait dire que l'adulte avait le sens de la mise en scène.
- Bonjour Monsieur Fumet et merci d'être avec nous ce matin.
- C'est tout naturel
, répondit celui que ses collègues surnommaient – hors sa présence – la pastèque, car toujours vert à l'extérieur avec son habituelle veste mais incontestablement rouge à l'intérieur, sur le plan des idées.
- Monsieur Fumet, la campagne entre dans une nouvelle phase cette semaine où seuls les candidats qualifiés sont désormais en piste, rappela la fille. Avez-vous un commentaire rétrospectif à faire sur ces premiers jours de déroulement de votre atelier ?
- Je suis ça de près de façon très intéressée et je félicite les nombreux candidats qui ont pris leurs responsabilités, y compris les recalés. Ils font vivre le débat public par leur engagement et ce sont eux qui, demain, formeront le cœur battant de notre démocratie qui...
- Message bien reçu
, coupa Milly en hochant rapidement la tête de bas en haut pour donner corps à son propos. Revenons-en à la liste des candidats, que nous allons présenter à nos téléspectateurs en respectant l'ordre de présentation officiel issu d'un tirage au sort de l’administration...
- Le premier candidat est donc Jérémie Belpois, président du club de lecture
, enchaîna son collègue masculin. De troisième, qualifié avec 12 parrainages. Selon nos informations, il fut l'un des premiers à franchir la barre de la dizaine mais termine finalement assez bas en terme de score final.
- Cela ne me surprend pas
, avoua son ancien professeur principal. Jérémie est un garçon brillant, il a certainement d'excellentes qualités personnelles mais ses idées sont trop complexes et révolutionnaires pour pouvoir être partagées par une majorité. Je ne doute pas qu'il trouve sa place dans la société, mais ce ne sera pas celle de présider. Professeur peut-être, c'est un beau métier.
- Voilà un jugement sans concession
, fit remarquer le japonais.
- Je suis là pour donner mon point de vue, affirma Fumet dans un sourire.
- Vient ensuite Nicolas Poliakoff, même classe, membre d'aucun club et qualifié grâce à 13 signatures.
- Alors là, le profil est moins lisse
, avoua l'adulte. Personne ne s'attendait à une telle trajectoire de la part d'un des moins bien notés de sa classe. On le pensait démodé, le voici tendance, malgré une petite polémique sur le fait qu'il aurait été débile de façon fictive pour mieux tromper les potentiels électeurs... cela dit, juridiquement, rien ne l'interdit.
- Il faudrait peut-être changer les lois
, proposa Solovieff sur un ton poli mais néanmoins de conviction.
- Bien sûr, mais c'est un sujet compliqué et vous ne m'avez pas invité ici pour cela.
- Arrive ensuite Christophe M'Bala de seconde et ses 42 paraphes... membre du club de théâtre et de football.
- C'est – à nouveau – le phénomène médiatique de l'élection. Après sa victoire à l'atelier d'hiver, rien ne semble pouvoir arrêter celui qui a bien compris le ressort psychologique des intentions de vote : moins la personne est candidate, plus les gens ont envie de lui. Un classique qui fonctionne également lors de la vraie élection présidentielle vous savez...
- Il aurait tout calculé depuis le départ ?
osa Hiroki.
- Pourquoi pas, on ne le saura certainement jamais mais on ne peut l'exclure, fit remarquer Fumet. C'est en tout cas cette position en surplomb qui lui a permis de bénéficier d'une popularité renforcée depuis les événements du parc de Sceaux. Pour certains, il a déjà plié le match mais attention, les français sont un peuple politique au sang chaud...
- En quatrième position arrive Yumi Ishiyama, de la même classe, sans club et avec pourtant 13 parrainages
, poursuivit le japonais avec l'air le plus neutre possible malgré l'évocation directe de sa sœur.
- Yumi est une élève brillante et sérieuse. Son style gothique détonne dans le paysage et tout le monde a encore en mémoire le moment où elle s'est mise à entonner à pleins poumons un chant japonais l'an passé à l'issue de son exposé sur sa terre natale. De nature généreuse, elle sera là pour défendre les opprimés de Kadic, ça compte pour certains, d’où l’obtention sans doute de ses signatures en solitaire.
- Et puis, il y a le fameux X.A.N.A, Président du club de basket-ball, votre « créature » qualifiée sur le fil avec 12 parrainages et dont nous n'avons toujours pas réussi à percer la véritable identité
, susurra Milly. Au point que certains se demandent si vous ne le jouez pas vous-même...
- C'est ma contribution à l'atelier
, répondit modestement le professeur d'histoire-géographie – et d'éducation civique, il y tenait beaucoup. Mais je puis vous garantir que c'est bien un élève qui est derrière cet avatar. Les masques tomberont en temps utile, mais ce n'est pas l'essentiel.
- Et puis il y a celle que même vous, vous n'aviez sans doute pas prévue, Tamiya Diop, classe de cinquième, sans club, qualifiée avec 15 signatures malgré des propos très... limites.
- Cela fait justement partie des rebondissements d'une campagne
, décrypta l'homme à l'écharpe – même en juin ! C'est aux élèves de juger, et de sanctionner le cas échéant le caractère outrancier d'un candidat. Mais laissez-moi vous rappeler que chaque émergence correspond à une attente. La société crée ses propres démons, à elle de les assumer.
- Entendu
, conclut sobrement Hiroki qui n'avait certainement pas tout compris du haut de ses 12 ans. Vient ensuite Odd Della Robbia de troisième, Président du club de court-métrages, finalement qualifié avec 18 parrainages alors qu'il a longtemps eu du mal à en récolter pour... raisons personnelles.
- Odd n'a pas toujours eu les meilleurs résultats scolaires certes, mais il a une vraie intelligence, celle-ci est juste hors du cadre
, déclara l'adulte.
- Comme Einstein, qui était mauvais à l'école ?
- Absolument. Il pourrait, comme la dernière fois, créer la surprise, malgré un style et des idées parfois iconoclastes, mais pâtit d'une division plus forte encore du côté des clubs artistiques.
- Parallèlement, il y a justement la candidature d’Émilie Leduc, de la même classe et Présidente du club de théâtre, qui montre ses muscles avec 29 signatures de mères...
- Oui le club de théâtre est historiquement bien implanté
, reconnut Fumet qui grossissait le trait d'autant plus volontiers qu'il voulait éviter une éventuelle scène de Gustave Chardin en salle des profs. Mais attention à l'effet trompe l’œil que pourrait avoir ce nombre de signatures, elles ne font pas l'élection, loin de là, même si les mères sont représentatives de certains pans de la société, plutôt urbains. Du coup, l'honnêteté m'oblige à dire que Leduc fait plutôt bonne impression sur un public aisé mais les étudiants ont rarement la même surface financière que leurs parents, si vous voyez ce que je veux dire...
- Message reçu cinq sur cinq
, reconnut la jeune femelle.
- Romain Le Goff, également dans la même troisième, occupe justement un créneau semblable au niveau électoral, poursuivit le japonais. Avec ses 14 signatures, le Président du club de cinéphiles veut ringardiser le reste des clubs artistiques, au premier chef celui de théâtre...
- Oui, les cinéphiles existent depuis longtemps mais n'étaient pas pris au sérieux jusqu'à une période assez récente. La révolution internet en cours va certainement démultiplier leur audience dans les années à venir. Romain a une carte à jouer, reste à voir si c'est du solide ou si cela va simplement contribuer à priver le camp artistique d'un éventuel second tour...
- Changeons alors de milieu avec Élisabeth Delmas et son nombre record de 53 signatures. Toujours dans la même classe, on ne présente plus la Présidente du club de football...
- Bien sûr, la personnalité est médiatique. Mais je vois chez elle un certain paradoxe : elle dirige le club du sport le plus populaire par essence. Or, pour reprendre ce que j'évoquais lorsque nous parlions d’Émilie Leduc, Élisabeth Delmas est en quelque sorte l'exception qui confirme la règle, car elle vient d'un milieu très aisé et ne manque pas de ressources grâce à son père qui ne lui refuse rien
, décrypta Fumet d'autant plus à l'aise avec l'idée de tailler son supérieur hiérarchique en plein enregistrement qu'il se savait protégé par sa fonction syndicale. Elle pourrait alors apparaître en décalage...
- Oui, la suite nous le dira
, approuva Ishiyama. Nous y sommes presque : voici Hervé Pichon et ses 12 parrainages. Toujours dans cette troisième décidément surreprésentée, il est Président du club d'écriture.
- Hervé Pichon est le yang là où Jérémie est le ying. Tous les deux sont les deux faces d'une même pièce qui n'a probablement plus cours
, fit Gilles Fumet avec des airs mystérieux.
- Hmm... moui tout ça est très clair, répondit le garçon, visiblement pressé d'en finir.
- Reste William Dunbar, de seconde, Président du club de karting qui a récolté 12 parrainages, lança sa collègue.
- J'avoue avoir du mal à le cerner, expliqua l'adulte. C'est un peu un électron libre mais j'ai l'impression qu'il se présente plus par vengeance que par véritable projet politique, vu ses démêlés bien connus avec l'ancien Président du club de football, Ulrich Stern... S'il est uniquement basé sur la haine, il n'ira pas bien loin. Je sais que depuis la récente sortie de « L'attaque des Clones », il y en a qui se voient déjà avec une trajectoire politique à la Palpatine, sauveur de la République, mais...
- Notre temps est malheureusement épuisé
, coupa Milly avec une mine chagrinée. Un grand merci pour la finesse de vos analyses professeurs.
- C'est tout naturel.
- À vous les studios !
ne put s'empêcher de conclure le japonais avant l'interruption de la transmission.

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La récréation de la matinée n'était pas encore achevée qu'Odd Della Robbia retrouvait Jérémie Belpois du côté de la machine à café, le rush sur l'automate habituel du début de pause étant désormais passé.
- Pourquoi tu as cet air idiot ? interrogea le mieux classé des deux – sur le plan scolaire, pas celui des sondages – en allusion directe à la grosse banane qui ornait le visage de l'autre blondinet.
- Tu as vu la VHS de ce matin ?
- Oui et ?
- Héhéhéhé...
Jérémie haussa un sourcil. Qu'est-ce que son camarade allait encore lui sortir comme connerie ? Comme il était malin, la lumière se fit toutefois seule au bout de quelques secondes.
- Ah j'ai saisi. « Einstein » ?
- Ouais ! Vachement ironique nan ?
- Ok ok, je reconnais que c'est pas mal. Si tu te qualifies pour le second tour, tu auras tout mon soutien, le génie.
Le ton pourtant badin avec lequel Jérémie venait de réaliser cette simili-promesse n'avait rien d'une parole en l'air. Dans le camp artistique, et notamment le triangle Le Goff – Leduc – Della Robbia, la dynamique semblait à nouveau en faveur de ce dernier, un peu comme il y avait 5 mois lors de l'atelier d'hiver. Et ce en dépit d'une image personnelle relativement dégradée, notamment auprès de l'électorat féminin, pour d'évidentes raisons. Bref, le club de court-métrages se remettait à y croire.
- Ta confiance m'honore, répondit avec sa fausse modestie caractéristique l'ex-félin virtuel. Mais plus sérieusement, ce qui se passe avec Christophe me rend fou...
- Comment ça ?
- Eh bien, ce fils de... refuse de débattre avec les autres candidats avant le second tour, soi-disant parce qu'il est trop occupé à gérer la crise avec Mathison. Matthias distille l'idée qu'il veut aussi éviter un « tous contre un » notamment par les candidats voulant se venger de leur défaite à l'atelier d'hiver...
- C'est ton cas non ? répondit Jérémie avec gourmandise.
- Oui bien sûr, reconnut l'autre. Mais je sais me tenir.
- C'est vrai, Christophe est un homme, sourit son contradicteur.
- Ha. Ha. Ha. Ouais très spirituel, je comprends que tu ais perdu ton titre d'« Einstein ». En attendant, c'est chiant, ce soir y a un grand oral sur le scène du théâtre mais chacun va passer à tour de rôle, il n'y aura aucune confrontation...
- Ce soir ? Mais je n'ai pas été invité... soupira Jérémie tandis qu'Aelita et Ulrich arrivaient au sein du groupe à leur tour, mettant une fin tacite à la conversation politique des deux candidats.

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À midi, les équipes de Tamiya Diop et d’Élisabeth Delmas avaient eu l'idée malheureuse d'organiser simultanément une opération de tractage à la sortie du self, ce qui, au vu de la tension entre les deux candidates, avait donné lieu à une véritable prise de bec entre les filles dont personne ne semblait vraiment être sorti vainqueur selon les observateurs. Toutefois, cette embrouille de collégiennes – c'était factuellement le cas – n'était pas le sujet le plus commenté de l'après-midi, en témoignait cet échange plein de finesse entre deux kadiciens lambda à leur reprise en cours de sciences :
- T'es au courant pour la rumeur sur Nicolas ?
- Ouais bien sûr, il n'aurait pas seulement fait semblant être bête, il aurait simulé la mort de sa mère par intérêt politique.
- Tous les mêmes. Ça me rappelle Ulrich à l'atelier d'hiver.
- Ouais, t'as bien raison.
L'analyse était signée par Paul Gaillard et Julien Xao. Le premier, après son échec à la qualification pour l'élection, étant « redevenu simple citoyen » de son propre aveu (sous-entendant que les candidats étaient des citoyens d'exception !?). Amer, il n'hésitait pas depuis à commenter bien fort la moindre actualité de campagne pour faire son intéressant, et il avait trouvé en Julien Xao le sparing-parter idéal, ce dernier étant depuis longtemps considéré comme apatride politiquement, critiquant tout ce qui bouge sans jamais lever le petit doigt de sa chaise de classe. Bref, le portrait type d'un futur électeur de Le Goff, ou de Diop, au choix. Gaillard et Xao étaient donc désormais surnommés « les ados mesquins et chauds » (politiquement), et même si leurs analyses n’intéressaient personne, tout le monde faisait quand même attention à ne pas les provoquer pour éviter le tort que cela pourrait engendrer via le venin oral qu'ils répandaient plus vite que leur ombre.
Mais sur le fond, l'affaire du « bête fictif » de Poliakoff était effectivement en train de se muer en affaire de la « mère fictive », certains allant encore plus loin dans la rumeur, affirmant que Nicolas n'avait finalement jamais eu de mère, et qu'il était donc d'autant plus facile de simuler son décès. Bien sûr, il avait tout nié en bloc, avouant même s'attendre « à une telle partie de ball-trap ». Mais si le candidat n'appartenant à aucun club artistique pouvait remercier la guerre du parc de Sceaux de limiter le niveau de reprise médiatique d'une telle rumeur, la belle dynamique et l'image populaire du néo-intellectuel en avait quand même pris un coup, voire, se muant en coup d'arrêt. L'administration s'était d'ailleurs sentie obligée d'ouvrir une enquête qui n'aboutirait évidemment pas avant la fin de l'animation, ce qui causait encore plus de tort à l'image du troisième. Et qui dans l'immédiat profitait d'autant plus à Della Robbia, son ancien allié qui restait sur une ligne politique proche.


Mardi 11 juin

- Salut Hiroki.
- Bonjour Milly.
- Aujourd'hui, notre émission sera spécialement dédiée aux « petits candidats ». Mais que se cache-t-il sous ce terme obscur mon cher ?
- C'est très simple très chère, il désigne les candidats qui n'ont aucune chance de gagner au vu des dynamiques en cours. Sur nos douze prétendants à l'élection, un tiers sont considérés comme tels. C'est la raison pour laquelle ils n'ont pas été invité avec les autres lors de l'oral « Kadic face à la guerre de territoires » que nous avons organisé hier soir sur la scène du théâtre avec les huit autres.
- Pour des raisons de timing
, précisa immédiatement la cinquième. Les élèves externes notamment ont peu de temps après la sortie des cours, nous ne pouvions pas tenir un événement à rallonge...
- Bien sûr, mais les candidats non-invités se sont sentis obligés de nous accuser de leur chier dessus, William Dunbar en tête, et Yumi Ishiyama est allée jusqu'à évoquer l'arrêt de sa candidature pour ce motif. Pour couper court à toutes critiques, nous avons décidé d'inviter les quatre « petits candidats » ce matin sur le plateau. Ils vont se succéder, comme les autres hier soir.

Dezoom habituel de la caméra, dévoilant Jérémie Belpois.
- Bonjour Monsieur le Président et merci d'avoir répondu à notre invitation, embraya le japonais. Je sais que vous êtes un homme de fond alors voici tout de suite ma première question : quel est votre avis sur la guerre de territoires qui se joue à nos portes ?
- C'est une guerre entre brigands
, analysa immédiatement le dirigeant du club de lecture. Vous savez, les bandes de Kadic ne sont pas une agence de paix non plus. J'ai toujours trouvé immature et sauvage de se battre pour un bout de terre. Il y a une rivalité entre Kadic et Mathison, mais moi je ne me range ni dans un camp, ni dans un autre. Commençons par balayer devant notre porte notre impérialisme...
- Que voulez-vous dire ?
- Lors de l'effondrement des effectifs de Mathison, c'est Kadic qui a poussé Didelot a récupérer une partie de l'ancien territoire du lycée d'Anthony, créant un sentiment d'encerclement qui ne pouvait qu'entraîner à terme un retour de flammes. Nous y sommes.
- Des mots forts. Un grand merci.

L'intellectuel se leva, saluant poliment les journalistes avant de céder sa place dans le champ à sa camarade Yumi Ishiyama. Hiroki se mit logiquement plus en retrait sur ce coup, Solovieff prenant le relais :
- Mademoiselle Ishiyama, nous avons entendu dire que vous aviez particulièrement mal pris votre non-invitation de la veille.
- En effet
, répondit la lycéenne, le regard aussi sombre que son look. J'essaye de résister et d'élever le niveau du débat politique mais vous ne pouvez plus faire semblant si vous n'êtes pas invité lors des principaux temps forts organisés de la campagne. J'envisage fortement de me retirer à l'heure actuelle. J'aurais répondu ce soir, mais j'avoue ne pas savoir ce qui me fera changer d'avis.
- Très bien, bon dans ce cas on va s'arrêter là pour gagner du temps d'antenne. Si jamais vous n'êtes plus candidate demain, il ne sert à rien d'écouter vos propositions. Bonne journée !

La lycéenne semblait à deux doigts de faire un scandale, mais la pudeur caractéristique de sa culture natale couplé au fait que son frère était présent l'en empêchèrent. De façon digne, elle se releva à son tour, s'éloignant de la caméra... pudiquement donc, et laissant place à Hervé Pichon. Hiroki reprit les commandes :
- Bonjour Monsieur le Président et merci d'avoir accepté notre invitation.
- Eh bien, disons que comme j'en reçois une sur deux, j'ai moins de possibilité de refus...
rebondit le binoclard, acide.
- Hum, certes. Revenons au cœur du sujet : la guerre de territoires.
- Je suis d'accord avec l'analyse de Jérémie, pour l'essentiel
, précisa le Président du club d'écriture.
- En voilà une surprise, rebondit le journaliste avec une ironie non-dissimulée. Merci pour votre retour, nous ne manquerons pas de vous inviter à nouveau pour vous entendre dire la même chose que Jérémie.
- Vous n'avez qu'à m'inviter à parler avant lui...
soupira Pichon.
- Malheureusement pour éviter toute polémique sur le « hasard » du tirage au sort, notion sur laquelle l'émission « Koh-Lanta » a fait beaucoup de tort, nous sommes plutôt enclins à conserver l'ordre du tirage au sort officiel, qui place Jérémie devant vous...
- Pff
, conclut Hervé avant de quitter le champ. Cela fait presque aussi mal que les violences policières, l'entendit-on ajouter oralement.
Il fut rapidement remplacé par William Dunbar, qui arborait un air pincé et soupçonneux avant même d'avoir commencé son interview.
- Bonjour Monsieur le Président, entama Milly qui avait fait le choix de supprimer la suite de la phrase type pour éviter une réaction à la Hervé.
- Bonjour.
- Nous serions ravis d'avoir votre analyse sur la guerre de territoires qui se livre désormais à nos portes...
- La situation du parc n'est clairement pas ce qui m'inquiète le plus
, fit remarquer le Président du club de karting. Ce qui est anormal, c'est que Christophe M'Bala instrumentalise le conflit pour éviter d'avoir à se mesurer aux autres candidats. C'est terrible ce qui se passe ! D'autant qu'il est ridicule : il ne sert à rien de bomber le torse face à Vova, seul un plan de paix pourra résoudre le problème.
- Mathison n'a pas l'air très enclin à parlementer au vu des dernières déclarations de Vova...
- Naturellement, puisque Christophe se trompe de méthode. C'est trop tard maintenant.
- Donc.., vous reconnaissez implicitement que Christophe M'Bala est considéré comme le représentant de Kadic dans cette affaire ?
récapitula Milly.
L'amateur de karting sembla mouché sur place. Il avait heureusement préparé l'élément de langage lui permettant de se sortir de n'importe quelle situation tendue :
- Allez vous faire foutre, conclut donc le lycéen en se retirant.
- Eh bien, voilà ce que ça donne quand on invite les « petits candidats », conclut Hiroki. Malgré nos efforts, ils ne sont jamais contents.
- Oui mais au moins c'est fait
, souligna sa collègue rousse. Avant de vous quitter, rappelons que Christophe M'Bala dévoilera l'ensemble de ses projets pour le conseil d'administration et ses grandes réflexions sur la situation du parc de Sceaux dans un numéro spécial des « Échos de Kadic » qui sera distribué dans toutes les classes demain après-midi.


Mercredi 12 juin

Il n'avait pas jugé utile de lui préciser le pourquoi du comment au moment de le convoquer entre midi et deux mais en entrant dans le bureau de son supérieur hiérarchique, Gilles Fumet n'avait pas besoin d'avoir fait l'ENA – il avait d'ailleurs raté deux fois le concours d'entrée de la prestigieuse école – pour comprendre que Jean-Pierre Delmas avait sa mine renfrognée des mauvais jours, et que la raison dépassait la simple impossibilité pour lui de jouer à son jeu vidéo à cause d'une surcharge administrative.
- Jean-Pierre, salua brièvement le syndicaliste.
- Gilles, merci d'être venu. Je voulais te parler de l'animation relative à l'élection.
Dans le contexte, le professeur aurait pu effectivement facilement s'en douter. L'argumentaire était déjà prêt.
- J'ai peur que les choses soient en train de nous échapper, poursuivit le proviseur de Kadic. J'ai eu vent de plusieurs dérapages verbaux...
- Naturellement, il y a des animosités, reconnut Fumet. Pour autant, cela ne signifie pas que l'animation soit un échec au contraire, le but est précisément de refléter la réalité politique du pays...
- Hum. Tu avais davantage vendu les aspects positifs et civiques au moment de nos échanges, fit remarquer Delmas en se mettant à fouiller dans un tiroir.
Il en ressorti une pile de feuilles qui se révélaient être en fait les affiches officielles des candidats avec une photo, le rappel du club les soutenant et leur slogan de campagne. On y retrouvait donc :
Jérémie Belpois, se réclamant du camp des élèves bosseurs ;
William Dunbar, appelant à choisir la liberté ;
Émilie Leduc, et son « ensemble, changeons d'avenir » ;
Romain Le Goff avec un sobre « faire face » ;
Yumi Ishiyama et un beau « Kadic authentique » ;
X.A.N.A qui allait carrément jusqu'à mentionner le titre de « Président », arguant également être un « programme responsable » ;
Christophe M'Bala, qui se contentait d'un « Avec nous », ce qui prouvait définitivement qu'il était derrière le site internet du même nom ;
Odd et son « un autre Kadic est possible » ;
Élisabeth Delmas qui signait un « le courage de faire » ;
Hervé Pichon et son assumé « urgence anti-cancres », allant même jusqu'à ajouter que « nos études valent plus que leurs procrastination » ;
Nicolas Poliakoff et son lyrique « le Kadic des jours heureux » ;
Et bien sûr la benjamine Tamiya Diop dont l'affiche évoquait un « pour que Kadic reste Kadic ».
- Il n'y a rien qui te choque ? insista au bout d'une minute le plus gradé, alors que le professeur semblait être en train d'admirer les œuvres des participants plus que de les désapprouver.
- Euh... j'admets que l'affiche de X.A.N.A va un peu loin, l'élève élu ne sera pas Président du conseil d'administration bien entendu.
- Mais non, pas ça, s'agaça l'autre. À lire la moitié des slogans, on a l'impression que Kadic est un odieux bagne duquel il faudrait libérer les élèves au plus vite, sinon le réformer en profondeur.
- Certaines phrases sont excessives, admit Fumet dans un souci d'apaisement. Mais ce ne sont que des mots...
Le syndicaliste voyait bien que l'argumentaire ne faisait aucun effet sur son supérieur. Il était temps de jouer un atout :
- Si je peux me permettre Jean-Pierre, j'espère que tu n'essayes pas de remettre en cause notre animation sous prétexte que ta fille est en très mauvaise posture sur le plan électoral...
L'enseignant faisait allusion à la lente mais bien réelle descente aux enfers qu’Élisabeth Delmas vivait en tant que candidate du club de football. Alors qu'au moment de se déclarer, elle semblait avoir un boulevard pour la qualification au second tour, voire la victoire, les bruits de couloir montraient clairement que les élèves la calculaient de moins en moins, face à un Christophe M'Bala en total surplomb depuis le début de la guerre de territoires, et des candidats comme X.A.N.A ou Tamiya Diop, plus offensifs face à lui.
- Cela n'a rien à voir ! s'insurgea l'autre. Je n'étais même pas au courant de ça d'ailleurs. Mais l'image de Kadic ne risque pas de ressortir si grandie que ça de cette séquence, c'est même plutôt le contraire !
- On ne peut pas annuler, objecta Fumet. Les parents, notamment les mères, ont été plus qu'impliqués dans le processus avec l'histoire des signatures. Tu imagines le tollé si on allait pas au bout et qu'on remettait en cause la possibilité pour un élève de siéger au CA ?
Cette fois, l'objection de la défense semblait avoir été reçue par le juge. Comme il venait de l'avouer, Jean-Pierre Delmas suivait les choses de loin, et n'avait certainement pas réalisé à quel point la phase de parrainages avait conduit à un intense démarchage des parents d'élèves, féminins en particulier. Il semblait hésiter, avant de lâcher :
- Hum. Je ne te parle pas d'annuler. Mais je te conseille vivement de corriger le tir. Il est hors de question que j'apprenne à nouveau qu'un candidat se permette de proférer des insultes sur une émission diffusée au vu et au su de tous.
Le proviseur semblait faire une allusion évidente au dernier ragequit médiatique de William Dunbar, l'un des candidats, c'était vrai, les plus forts en gueule de ce crû 2002. La remarque venait toutefois de donner une idée à Gilles Fumet.
- Message reçu, je pense savoir quoi faire.


Jeudi 13 juin

Une agitation inhabituelle régnait au sein du foyer des élèves en cette fin d'après-midi. La VHS d'information des Échos de Kadic étant traditionnellement diffusée en matinée, celle-ci amenait les masses à se regrouper sur ce créneau horaire, la fin de journée étant plutôt propice aux événements politiques du côté du portail de sortie des externes.
- Qu'est-ce qui se passe ? interrogeait d'ailleurs Tristan Brossard qui passait par là et qui n'aimait pas dès qu'un événement inhabituel venait percuter sa vie bien rangée.
- Il y a un nouveau journal qui va diffuser l'actualité politique ! lui répondit Mathieu Ducroc.
- Ah, vraiment ?
- Ouais !
L'adolescent de nature très directe était dans le vrai. Alors que le Professeur Jean-Baptiste Goliath venait de démarrer le poste de télévision, celui-ci dévoilait désormais deux nouvelles silhouettes : Anaïs Fiquet et Colin Maillard.
- Mais... c'est le frère d'Emmanuel qui était devenu sa soeur !? ne put s'empêcher de s'exclamer une voix dans le public.
Au-delà des personnages, on pouvait noter que ces derniers n'étaient apparemment pas dans une salle de classe banalisée, lieu de tournage de référence de Milly et Hiroki, le décor évoquant plutôt l'intérieur d'un préfabriqué réservé au self.
- Bonjour et bienvenue pour cette toute première diffusion du journal télévisé de « L’Écho Kadicien », annonça avec un grand sourire le jeune homme de quatrième, lunettes rondes et cheveux bouclés surmontés d'un chapeau de cuir – un nouveau look ne laissant aucun doute sur son orientation politique demeurée, elle, inchangée. Nous sommes ravis de vous savoir avec nous.
- Bonjour à tous !
appuya sa partenaire de seconde en agitant la main, dont la tenue était particulièrement légère, même pour la période estivale.
- Pour fêter notre première émission, nous accueillons un invité de marque : Tamiya Diop.
Le dézoom de la caméra – outre le fait que l'élargissement du plan permettait de confirmer un tournage sur le territoire de Rosa Petitjean – dévoilait effectivement l'ancienne journaliste.
- Bonjour Tamiya Diop, embraya la grande blonde en baissant les yeux, laissant supposer la lecture d'une fiche hors-caméra. Vous êtes candidate à l'élection présidentielle et vous avez une mesure phare que vous vous apprêtez à dévoiler en exclusivité sur le plateau de « L’Écho Kadicien ».
- Bonjour et merci de me recevoir. En effet, lorsque je serai élue au conseil d'administration, je compte proposer de recruter un nouveau personnel administratif qui sera spécialement consacré à la remigration.
- Que voulez-vous dire ?
- Il faut dégager les boursiers qui viennent des territoires paupérisés de la banlieue. Mais encore faut-il s'assurer qu'ils partent et Nicole Weber, l'actuelle secrétaire, est notoirement connue pour son laxisme lorsqu'il s'agit de faire appliquer les décision d'expulsion de l'établissement. Pour s'assurer de l'efficacité des reconduites au portail, un nouveau personnel à plein temps est nécessaire.
- N... n'avez-vous pas peur d'être légèrement excessive dans...
commença Colin Maillard qui cherchait visiblement à se maîtriser face à l'annonce de cette mesure « coup de poing ».
- Non non, pendant trop longtemps, les élites de Kadic n'ont rien fait pour le peuple, y en a ras-le-bol de cet entre-soi. Le niveau général de l'école ne cesse de se détériorer, et on sait tous d'où ça vient...
- Eh bien, merci pour cette annonce en exclusivité
, conclut Anaïs. C'est déjà terminé mais on se retrouve vite !


Vendredi 14 juin

Naturellement, la fin du monopole de l'information des Échos de Kadic ne convenait pas du tout aux Échos de Kadic eux-mêmes. À l'aube de ce nouveau jour, Gilles Fumet n'avait même pas encore verrouillé sa voiture garée sur le parking des professeurs que Milly l'abordait déjà en tirant une sale tronche :
- M'sieur !! Comment vous avez pu accorder une autre autorisation d'enregistrement pendant l'animation !?
Hiroki était là aussi, mais semblait plutôt dans l'optique d'empêcher surtout sa camarade de déraper et de fait, ne pipait mot.
- Hum, c'est le sens de l'histoire, répondit Gilles Fumet d'une voix tranquille. Le monopole de l'information a progressivement été levé au profit d'une libéralisation des médias. Vous allez devoir faire avec. Mais la concurrence a ses vertus et oblige chacun à donner le meilleur de soi-même.
Le temps que les deux jeunes analysent et comprennent le sens de ses paroles, le professeur s'était déjà éloigné en sifflotant.
- Je suis dégoûtée ! lâcha finalement Solovieff à Ishiyama, qui était le seul encore présent pour l'écouter se plaindre.
- Oui mais il n'a pas fondamentalement tort. C'était trop facile d'avoir pignon sur rue. Là on va pouvoir montrer qu'on est bien meilleur. Cela ne devrait pas être trop compliqué : Colin Maillard est un pro-camp artistique notoire, tu as vu sa gueule pendant l'interview de Tamiya ? Il est incapable de se contrôler. Par contre, y a un truc que j'ai pas suivi, c'était pas devenue Coline ?
- Si mais depuis qu'elle... enfin, qu'il s'est fait virer de la campagne de Romain, il a basculé dans le journalisme et tente de faire oublier tout son passé en politique. Il a dû estimer que ça donnerai mieux le change, la preuve que ça marche, tu es confus.
- Mais attends, c'était quand ça ? s'étonna le japonais.
- Euh une semaine à peine.
- Eh bien, tout va très vite dans le milieu... Bref, c'est quand même un sacré blaireau au global. Et ok, Anaïs Fiquet est bonne, mais c'est une conne.
- Ouais mais les élèves les plus basiques pourraient s'y laisser prendre, bougonnait malgré tout la jeune fille rousse. Et l’annonce de Tamiya était ridicule mais tout le monde ne parle que de ça. Nous devons réagir.
- Mais... comment ? s'enquit le japonais qui restait un débutant dans le milieu.
- Je n'en ai aucune idée. Mais j'ai toujours su rebondir...

https://i.imgur.com/644L66L.png


La VHS d'information de la matinée – donc celle des Échos de Kadic – était prête. Il y avait foule comme souvent. Après avoir lancé l'enregistrement, Yves Le Saint alla rejoindre Jean-Baptiste Goliath au fond de la salle.
- Alors, comment les Échos ont pris l'irruption d'un concurrent ? interrogea le second, qui était cette fois d'autant plus impliqué que, s'il avait réussi à refiler un maximum de sale boulot à Le Saint concernant l'enregistrement du matin sous couvert de gestion d'une dette de sommeil, son collègue de français avait exigé qu'il prenne en charge en retour l'enregistrement plus tardif des nouveaux venus sur le marché.
- Oh, euh... Milly a su rebondir, éluda le littéraire alors que l'image inhabituelle d'un décor en extérieur venait d'apparaître à l'écran.
- Bonjour à tous et bienvenue pour une édition spéciale qui a lieu sur le terrain, annonçait justement Solovieff, micro dans une main... et poêle de cuisine dans l'autre.
- Bonjour à tous, singea Hiroki avec le même matériel, et l'air encore moins assuré.
- Nous sommes aujourd'hui au parc de Sceaux, sur les hauteurs du bassin de l'Octogone, où se trouve la limite entre les territoires de Kadic et de Mathison. Le candidat Christophe M'Bala et son acolyte Matthias Burrel sont présents avec nous ce matin.
On voyait en effet à l'image les deux lycéens accroupis, regardant en direction du Sud tout en discutant hors micro. Les journalistes et la caméra se rapprochèrent d'eux.
- Messieurs, pouvez-vous nous faire un point sur la situation ?
Burrel se tourna vers la presse :
- Nous sommes encore relativement tôt, c'est calme, il y a peu de monde... pourtant, nous ne pouvons pas prendre le risque de vous faire descendre plus bas, expliqua-t-il, front bas et air anxieux.
- Pourtant, les cascades sont sur le territoire de Kadic n'est-ce pas ? questionna la seule fille du groupe.
- En théorie oui. En pratique, depuis l'agression du secteur de Didelot, il y a parfois des escarmouches qui se passent dans la pente avec des mecs de Mathison qui dépassent les limites du secteur et qui nous jettent des pierres notamment, embusqués derrière les arbres. C'est pour cela qu'on vous a demandé d'apporter de quoi vous protéger au cas où, justifia Burrel en allusion évidente aux ustensiles de cuisine.
- Mais alors, notre territoire est attaqué non ? C'est une déclaration de guerre ?
- C'est plus compliqué que ça, Vova envoie des types nous provoquer mais ils ne sont pas là pour conquérir. Christophe essaye précisément de ne pas entrer dans ce jeu-là et de maintenir le dialogue.
- Là...
fit soudain le noir en pointant du doigt le bassin.
En reportant leur attention sur la zone, les journalistes pouvaient constater quelques silhouettes semblant se regrouper près du point d'eau côté Mathison.
- Ils sont déjà là... décrypta Matthias. En général ils ne font rien mais Vova aime masser ses troupes aux frontières pour montrer ses muscles. Cela nous oblige à maintenir une surveillance constante avec les gars qu'on arrive encore à mobiliser de chez nous.
- Et du côté de la frontière avec Didelot, vous pensez qu'on peut y aller ?
demanda la journaliste.
- N'y pensez même pas, depuis l'agression c'est super dangereux, on ne pourrait pas garantir votre sécurité quelle que soit l'heure de la journée. A priori Mathison respecte les frontières de Kadic mais comme celles-ci sont définies avec moins d'exactitude que de ce côté-là, il y a toujours un risque de tomber sur un coupe-gorge avec des lycéens armés de barres de fer plus tôt que prévu.
- Ok, nous comprenons
, fit Solovieff en se retournant du côté de la caméra. Vous le voyez, la situation est toujours très tendue du côté du parc de Sceaux même si Christophe M'Bala fait le maximum pour essayer d'obtenir la cessation des hostilités. N'oubliez pas qu'il est possible de faire des dons aux élèves blessés par les combats de Didelot via notre journal, nous ferons le lien avec nos collègues de là-bas. En attendant... à demain et à vous les studios !
Un silence religieux venait d'accueillir toute la séquence filmée au sein du domaine départemental. Visiblement, elle faisait son effet aux élèves de Kadic, dont les bâtiments des internes étaient situés juste en face du parc, seule une rue les séparant du lieu du conflit, même si les affrontements n'avaient, comme expliqué, pas encore lieu sur le secteur Nord-Est. C'est finalement les deux adultes qui échangèrent en premier :
- Putain, ça c'est de la bonne télé, reconnut le professeur de S.E.S.
- N'est-ce pas ? appuya son collègue avec le même ton mi-sérieux, mi-moqueur.
  Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 20 Mar 2022 18:38   Sujet: [One-shots] Calendrier de l'avent 2020
https://i.imgur.com/HVD7fof.jpg


Le retard est digne d'un ivrogne ! Et pourtant, je ne bois pas une goutte d'alcool. Non, c'est simplement que la période 2020 – 2021 a été particulièrement intense sur le plan créatif, alors le temps libre que j'avais passait dans autre chose, ou n'était jamais assez conséquent pour que je me mette sérieusement au calendrier... Et d'ailleurs même en l’entamant début 2022, cela aura pris presque deux mois...

Première remarque puisque ce retour prend place alors que la page d'accueil est achevée : ça a de la gueule. Sans avoir besoin d'aller jusqu'à être un graphiste professionnel (n'est-ce pas ?), c'est toujours agréable d'avoir des gens qui mettent les formes, dans le cadre de ce que le codage du forum nous permet de faire. C'est très réussi ici, on est loin, très loin du je m'en foutisme de Nelbsia incapable de centrer ses images. On remarque également des gens qui connaissent leur sujet, entre utilisation putaclic de la tour violette et, mieux encore, el famoso territoire volcan. Même la présentation du défi est bien mise en page. Intéressant, très intéressant...

Je me suis dit qu'en retour j'allais faire le même effort et utiliser disons, un ressort de gauche. Nous le savons tous désormais, la primaire populaire n'a servi à rien, alors autant reprendre son mode de scrutin et l'utiliser utilement. Voici ce que ça donne :

Spoiler


Sans aller jusqu'à faire une analyse statistique poussée, on remarque quand même une tendance à la baisse au fur et à mesure de l'avancée dans le temps. En lisant les commentaires à la suite, j'ai constaté qu'il y avait eu un certain rush dans la fin, alors que vous aviez pourtant commencé tôt, donc ça parait plutôt logique que le ressenti, même d'un type comme moi, soit impacté. Je suis certain que toutes les leçons ont été tirées et que l'édition 2021 aura été préparée dès avril.

Spoiler


On note aussi qu'aucun auteur ne se démarque nécessairement des autres (les hommes mentent, pas les chiffres), Dédé7 et Silius ayant réussi à faire les meilleurs textes... et les pires, là où VioletBottle apparaît plus constante à mes yeux.

Remarques à la volée :

Texte n°1 : La vidéo du petit jingle de victoire ne fonctionne plus ! Vous voyez, il y a des avantages à passer après tout le monde... (mais ne prends pas ça comme quitus sur le plan sexuel Silius, on note une recrudescence des MST chez les jeunes).

Et la coupure pub pour Gnosis (que j'entamerai après le calendrier 2021... putain on est pas rendu) est juste exceptionnelle.

Texte n°2 :


Citation:
Pas même Aelita. La salope.


Incontestablement, les écrits de Silius se veulent réalistes.

Texte n°5 : S'il y a bien quelqu'un qui n'a pas besoin d'argumenter sur le fait que j'ai bien aimé ce texte, c'est bien moi. Une petite perle !

Texte n°8 : Petites coquilles relevées à la volée :


Citation:
— T’y crois pas… tu crois vraiment qu’il y a un risque ? Et puis, tu va tout faire disparaître…»


Citation:
Pourtant, les comptes du cabinet, qu’il avait fait vérifié en une heure chrono


Citation:
HAHAHAHAHAHHAHA !


Citation:
L’organisation a bien son propre réplika, différent de lyokô.


Citation:
faire deux chose


Citation:
— J’en suis proposa William.


Citation:
Della Robia


Aie ! C'est le coup classique.

Citation:
Aelita, Ulrich et Yumi avait pu profiter du chaos pour revenir au skid.


Texte n°12 :

Alors là chapeau ! Le traitement d'un gros point mort de la série, les besoins matériels d'Aelita (on se souvient encore du PC de la saison 4, même si cela semble être une contrefaçon chinoise vu la vitesse du freeze), couplé au coût informatique de la lutte contre X.A.N.A. Sur le plan graphique, c'est sûrement mes transitions préférées. Évidemment, sur le plan pratique, le rendu est certainement plus discutable (âge, expérience de vie et temps libre de Jérémie au moins multiplié par deux par rapport à la réalité) mais bon, j'achète quand même.

Texte n°14 :


Citation:
il étala la pâte feuilletée dan le plat


Citation:
Deux canapés de cuir
noir formant un angle.


(Un renvoi à la ligne mal placé).

Texte n°15 :


Citation:
S’approchant de quelques vers le pupitre du supercalculateur


Texte n°18 :

J'ai eu des étoiles plein les yeux à la lecture de ce texte.
...
...
... Ouais bon ok c'était naze.


Et pour livrer une analyse un peu plus personnelle et conclusive (même si Zéphyr a tout dit, etc) : c'est finalement souvent un peu la frustration qui ressort de tout ça : je veux dire qu'en lisant vos textes, je vois beaucoup de débuts de pistes prometteurs mais, en définitive, simplement des ébauches de projets n'allant pas au bout, peu importe la raison. Le texte « Cher journal » par exemple de VB, est un peu l'incarnation type de ce procédé. Se targuer de donner du sens à CLE, ça a de la gueule, mais c'est forcément plus facile et gratuit quand on a si peu de lignes pour monter une vraie cohérence d'ensemble. Et puis au pire, il y a toujours le joker Projet Carthage... ou encore le « Le futur c'est maintenant » du même auteur, un récit plein de promesses (vu qu'il y a Christophe) mais trop évasif pour qu'on arrive réellement à en faire quelque chose, à part se rappeler que oui, Ulrich aime tâter de l'épée (ennemie).

Je suppose que c'est aussi une question de goût, puisque j'ai à l'inverse rédigé un univers global et très long, là où aucun de vous trois n'a la réputation d'avoir eu une réelle ambition dans le domaine (la palme du foutage de g... euh je veux dire, du gâchis revenant à Silius). Je suppose que je vais avoir le même problème au prochain calendrier. Malgré tout, il faut saluer l'investissement en temps d'un projet qui, encore une fois, a de la gueule, et le mérite d'une certaine originalité (mais pour que ça le reste, il ne faut pas faire trop de calendriers. Pourquoi ne pas innover avec un calendrier du Ramadan ? Cela rime, les bases sont solides).

P.S : Je vois quelques mois plus tard que le commentaire de JCV a été récompensé à sa juste valeur.
  Sujet: [Fanfic] Code Lyoko: Homecoming  
Icer

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 13 Mar 2022 18:15   Sujet: [Fanfic] Code Lyoko: Homecoming
Bonjour CyberTrunks, je dois avouer qu'après la lecture du début de ta fanfic, Code Lyoko : No Way Home serait peut-être plus idoine comme titre.

...
...
...

Quoi, c'était pas drôle ?

Bon laissons tomber et reprenons sérieusement. Je ne doute pas de ta motivation et de tes qualités (tu aimes Dragon Ball après tout) mais il faut reconnaître que ton récit possède de nombreux problèmes. Sur la forme, ce n'est pas tant les quelques fautes (ça arrive à tout le monde et honnêtement, on a vu bien pire) et les manquement de retour à la ligne sans doute consécutifs à un copier/coller mais... tu as oublié les points à la fin de tes phrases non ? C'est quand même la base. Je t'incite sérieusement à rectifier le tir, parce qu'au-delà du récit en lui-même, si tu ne maitrises pas cette ponctuation dans la vie, tu n'iras pas très loin.

Sur le fond, je pense que tu es confronté à un problème classique qui est de penser ta fanfic ultra-originale alors qu'en fait, pleins de gens (souvent plus jeunes que toi d'ailleurs) ont déjà essayé ce genre de « reboot » avec les enfants (et ce n'est pas parce que certains arrivent à se faire du fric avec genre Boruto qu'il faut réduire nos exigences n'est-ce pas ?). Pour être plus précis, ta fanfic accumule les clichés anticipables à l'avance : nouveau personnage principal OC qui débarque en cours d'année à Kadic, qui se lie d'amitié en deux temps, trois mouvements avec les rejetons des héros originels, eux-mêmes en partie en poste à Kadic ou à proximité immédiate, etc... le tout dans une ambiance malaisante où les descriptions sont réduites au néant, où les adultes s'expriment comme des enfants... et qui ne donnent en fait absolument aucun réalisme à l'ensemble.

Vu que tu es relativement nouveau dans le milieu je me suis dit que ce serait peut-être plus efficace de te montrer des exemples, que je t'invite fortement à lire :

Voici un exemple de fanfic plutôt réussie sur ce thème : Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard...
Voici un exemple de (début de) fanfic... totalement ratée : L'aventure reprend avec une nouvelle génération ! (j'avais limite ton âge au mois près quand je nous en ait débarrassé, quel beau symbole). Malheureusement, ton récit ressemble plutôt à ce second cas à l'heure actuelle.

J'espère que tu prendras le temps de te pencher sur ces deux exemples. Normalement, ton récit devrait être verrouillé mais je souhaite si possible appréhender ta réaction, elle sera révélatrice de l'espoir éventuel que l'on peut avoir pour la suite (de toute façon, tu modifiera cette ébauche de toi-même si tu prends réellement conscience des limites de celle-ci).
Si malgré la lecture comparative de ces deux textes, tu ne vois pas du tout de quoi je veux parler, le Pôle Fanfiction pourra essayer de poursuivre la critique plus en profondeur pour essayer de t'aider (mais ce serait un poil inquiétant).

Bon courage pour la suite et peut-être à bientôt !
 

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