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  Sujet: Anciens : Réveillez-vous ! La bulle des anciens...  
LixyParadox

Réponses: 87
Vus: 135094

MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Lun 26 Sep 2022 16:54   Sujet: Anciens : Réveillez-vous ! La bulle des anciens...
Yo.

Je me suis inscrite sous le pseudo Pilorde en janvier 2013. Ca fait pas encore 10 ans, mais très bientôt, donc osef je fais mon post maintenant. De toute façon, je me connais, en janvier j’aurais probablement oublié.

Quand je suis arrivée ici, c’était parce que j’étais isolée aux Etats-Unis dans un programme d’échange, qu’il y avait eu l’étron Code Lyoko Evolution et que j’avais besoin de m’occuper. J’ai donc commencé ma fanfic qui s’appelait sommairement “25 ans plus tard”, et j’avais été assez surprise des réactions qu’elle avait suscité lors de sa première publication.

Par la suite, ma présence ici a été aussi chaotique que ma vie, et je suis revenue par moments, mettant à jour ma fanfiction, la réecrivant et la mettant à jour. En vrai, j’ai été très peu active ici. Je suis souvent restée coltinée à mon sujet, et je me suis rarement égarée ailleurs. J’ai surtout suivi de loin ce qui s’y passait, parce que je lisais quasiment tous les posts. C’était rigolo, ça me donnait l’impression de connaître les gens alors que finalement je ne leur avais jamais adressé la parole.

J’pense que ce qui m’a le plus freinée dans mon investissement ici a été des gros désaccords avec le staff fanfiction, dans sa manière de gérer les choses. Mais eh, ils avaient raison quand ils avaient dit une phrase du genre “quand vous rentrez chez des gens, vous vous essuyez les pieds”. J’ai fermé ma gueule, parce que c’était pas chez moi ici. Et avec le temps, alors que je commençais à m’éveiller à de plus en plus de sujets, j’ai compris que mon désaccord avec le staff était p’t’être plus profond que simplement “comment on doit gérer le pôle fanfic”. Mais encore une fois, c’était ni le lieu pour commencer une révolution, ni dans mes projets de toute manière (je crois avoir suffisamment vu que c’était pas très utile en observant d’autres gens essayer et finir par disparaître du forum). J’pense en tout cas que ma réflexion sur “pourquoi je suis en désaccord avec comment ça fonctionne ici” m’a au final permis de réfléchir à des points assez intéressants quand j’ai dû moi-même participer à fonder une communauté sur internet.

J’ai parfois eu l’impression de créer des débuts de liens avec des membres du serveur. Ça n' a jamais donné naissance à grand chose, parce que j’étais une brêle pour les relations sociales. Parfois je repense à ces gens que j’ai croisé, et je me dis que c’est bête quand même, qu’on aurait bien pu s’entendre. Je me demande ce qu’iels sont devenu’es. Je pense aux champs des possibles, aux réalités dans lesquelles j’aurai fait un peu plus d’efforts et où je ne serai pas resté qu’une observatrice silencieuse. Pas de pot, on est dans celle où je me suis contentée de poster Code Alpha et de parfois envoyer des mps aux jeunes membres qui se faisaient clôturer leur fanfic, pour leur proposer de les relire ailleurs.

Ce qui est drôle, c’est que malgré mon manque d’investissement, je viens toujours au moins une fois toutes les deux semaines voir ce qu’il se passe ici. Continuer à lire tous les posts, sans jamais pour ma part dire quoi que ce soit. Alors que pourtant Code Lyoko, je m’en fiche un peu, ça n’a jamais été une grande passion chez moi, que je sens bien que le forum est sur le déclin depuis déjà longtemps et que ma fanfic est rangé dans un carton que je ne pense pas rouvrir un jour. Il y a peut-être une part de “hate-watch” (j’ai été honnête dans ce post quant à mon opinion du forum, donc autant être honnête jusqu’au bout), mais ça peut pas être que ça. Il y a pas longtemps je me retrouvais à une soirée, avec un coup dans le nez, à raconter ce que j’avais vécu sur ce forum. Enfin, plus que ce que j’avais vécu, ce que j’avais observé. Pour que j’en reparle en 2022, c’est bien qu’il a dû être important, non ?

Ben malgré tout, j’ai quand même pas mal progressé ici. Je me souviens des retours à ma fanfic qui étaient aussi longs que mes chapitres. Il y avait un sens du détail, de faire des critiques les plus complexes possible, qui je pense m’a pas mal appris. Ca m’a aussi mis la pression, si bien que j’ai arrêté de publier ici en me disant que ce que j’avais voulu mettre dans mes textes ne serait probablement pas apprécié. C’était peut-être un peu lâche et immature de ma part. Ouais, probablement.

Toujours est-il que j’ai fini par faire ma route ailleurs. Internet c’est grand, suffisamment grand pour pas rester à un endroit où on est pas trop à l’aise. Je suis incapable de dire pourquoi malgré tout je reste, pourquoi je continue à surveiller, ni ce que j’attends encore de cet endroit. J’suppose que c’est un peu de nostalgie, y a peu de choses qui sont restées stables dans mon quotidien et ce forum a été l’une des rares choses plus ou moins immobiles. Tout avait beau changer autour de moi à une vitesse affolante, les choses sont restées fixes ici. Certes, bien sûr que le forum a beaucoup changé, mais la différence c’est que les topics restent figés dans le temps. Je peux, si je le souhaite retourner lire les posts au sujet des IRL que je n’ai jamais connu (et qui est peut-être mon plus profond regret au sujet de ce forum), relire les discordes autours des cérémonies des carpes d’argents, et relire les messages de qui j’étais avant.
  Sujet: Les cosplays de Satoshi  
LixyParadox

Réponses: 4
Vus: 10238

MessageForum: Blabla de la communauté   Posté le: Sam 27 Nov 2021 16:34   Sujet: Les cosplays de Satoshi
Boop,

Je pouvais pas laisser d'aussi jolis photos rester dans le silence ! En tout cas le soin porté aux costumes est vraiment ouf, ils sont vraiment très bien fait. Rien que pour l'idée je trouve que ton amie ressemble plus à Aelita que le personnage dans Code Lyoko Evolution. (C'est que mon avis personnel hein, et j'avais un peu de mal avec la bouille de l'actrice.)

Et le symbole de XANA dans les yeux, c'est des lentilles ou du montage ? En tout cas franchement bravo, je m'y connais pas beaucoup en cosplay mais là c'est vraiment cool. Et ça a dû être une super belle expérience.

J'espère que tu pourras mettre les autres clichés en tout cas, ça serait chouette !

Oh, et je sais pas si je suis la seule mais je n'arrive pas à voir les photos de ton cosplay de 2014 et c'est dommage, surtout si c'est de la même qualité que ceux-ci.
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

Réponses: 16
Vus: 37750

MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 27 Nov 2021 12:01   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Chapitre 10: Sur le sentier de la guerre

Mercredi, veille de l'attaque de Judith, Mathilde et Augustin.

Zoé

Zoé attendait sur le trottoir, se protégeant de la pluie avec un parapluie noir. Et puis après tout, à quoi bon ? Elle replia sa protection et fixa le ciel noir qui vidait sa fureur sur le sol. Des orages étaient annoncés dans la soirée et potentiellement dans la journée de demain. Ce n'était pas surprenant, cela faisait longtemps que les nuages gris s'amassaient au dessus des toits, il fallait bien que ça explose un de ces jours.

Elle se sentait impuissante, seule sous cette pluie. Elle avait l'impression d'avoir tout fait pour retenir les averses, mais que pouvait faire une simple adolescente face aux torrents de haines qui se préparaient ? Son objectif principal avait toujours été de protéger le plus d'innocents possible. La jeune gothique avait eu l'impression d'y parvenir à travers Melvin mais ça avait fini par se retourner contre elle. Et elle avait beau essayer de se convaincre que ce n'était pas de sa faute si le rouquin était toujours en première ligne, elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser. Peut-être qu'elle aurait dû être plus radicale. Ou peut-être qu'elle n'aurait pas dû perdre son temps avec lui et directement attaquer le mal à la source. Parce que maintenant, il était trop tard. Que ce soit Antoine ou sa « famille », les deux camps mettaient leurs dernières pièces en place sans savoir qu'un troisième camps se préparait à rentrer en jeu à travers elle, Zoé, la fille sans passé, sans identité. On lui avait volé jusqu'à son véritable prénom. Pour ne rien arranger, la seule personne qui lui avait montré de l'empathie était morte sans que quiconque ne s'en soucie.

Ses yeux cessèrent de contempler les nuages menaçants pour descendre sur sa montre. Combien de temps allait-elle devoir attendre encore ? Après tout, sa couverture ne tenait qu'à un fil. En plus, Judith se méfiait énormément d'elle et l'avait déjà suivie à plusieurs reprises. Cette nana-là n'était pas seulement parano, mais aussi dangereuse. Zoé faisait de son mieux pour ne pas la sous-estimer.. Quant à Augustin et Mathilde... Augustin était étrange, tout sonnait faux chez lui. Elle le mettait dans la même catégorie que Judith. Mathilde était particulière, mais pas dans le bon sens. Trop sensible, trop persuadée de faire le bien pour prendre conscience des enjeux supplémentaire.

Finalement, la voiture verte arriva enfin. C'était une vieille Minie, toute petite, assez kitch. Baptiste, son contact habituel était au volant. Elle était un peu déçue, elle s'était attendue à voir le vioc en personne. Elle jeta des regards aux alentours et monta dans la voiture. L'homme l'interpella froidement :

« Alors ?

- Ouais, bonjour sinon ? Je sais qu'on s'aime pas mais on peut au moins faire semblant.

- Ne rendons pas ça plus désagréable que ça doit déjà l'être. Camille attends ton rapport.

- Il pouvait pas venir le chercher lui-même ?

- Il est... occupé. Nous avons des raisons de croire que H sait qu'il est toujours en vie. »

Camille, l'homme qui avait mené la résistance contre Hannibal, alors qu'il avait perdu tous ses alliés et failli perdre la vie. Ça sonnait glorieux comme ça, mais il ne fallait pas oublier qu'il était l'une des raisons de la création même du pirate informatique. De plus, il n'était jamais en première ligne. N'avait-il pas laissé Ulrich et Mélissa se faire tuer, sans même leur donner le moindre signe ou la moindre instruction ?

« Judith, Augustin et Mathilde comptent lancer une attaque jeudi matin afin d'en finir avec Antoine Belpois. C'est Judith qui gère l'attaque, mais ce qu'elle a expliqué aux autres est complètement bidon. J'ai des raisons de croire qu'elle prépare quelque chose de dangereux, où il y aura beaucoup de dommages collatéraux. Je pense qu'il serait bon d'intervenir dès maintenant et...

- Merci Zoé, nous n'avons pas besoin de savoir ce que tu penses, juste ce qui se passe.

La jeune gothique fut tentée très fortement de lui envoyer son poing dans la figure.

- Si vous voulez, mais est-ce que vous allez agir ? Je peux vous mener jusqu'à eux. Je peux même me charger de Judith !

Zoé n'avait pas peur de se salir les mains. Elle avait toujours su que si elle voulait protéger les innocents, elle n'en serait plus une.

- Je dois en parler avec Camille, mais c'est peu probable.

- Je viens de vous dire qu'il y allait avoir des blessés ! Des morts probablement !

Baptiste eut l'air hautement agacé.

- Oui, merci, nous le savons. Mais il vaut mieux laisser ces monstres s'entre tuer avant d'agir.

Antoine Belpois avait été considéré comme un potentiel allié jusqu'à ce que Zoé leur apprenne qu'il était lui aussi un potentiel successeur d'Hannibal. Dès lors, Camille et Baptiste le rangèrent dans la catégorie « nuisible ».

- Je te rappelle notre objectif premier : récupérer le virus qu'Antoine Belpois a programmé l'an passé et qui a détruit XANA. Le reste est secondaire.

- Ouais. C'est ça. Des vies humaines, secondaires.

- Nous n'avons pas le choix, nous devons penser au plus grand nombre.

- C'est pour ça que vous avez laissé mourir Mélissa ?

Baptiste grogna. La défunte agente de ZETA était un sujet sensible. Camille s'était méfié d'elle. Après tout, elle avait été recueilli par William Dumbar et même si elle semblait déterminé à venger son père, on était jamais à l'abri d'un traître. C'est pourquoi, il avait préféré garder ses distances avec elle. Et c'était aussi pourquoi elle était morte... Zoé ne le pardonnerait jamais. Alors qu'elle était trimbalée un peu partout dans cette organisation en cavale, Mélissa avait été là pour elle et Zoé n'avait jamais eu l'occasion de la remercier. ZETA n'avait pas la même conception de la reconnaissance pour ses agents.

C'était eux qui avait lancé le projet Carthage. C'était eux qui avait tenté de le faire revivre avec Hannibal et Jérémie Belpois. Selon Zoé, ils méritaient ce qui leur arrivait. Cependant, on ne lui demandait pas vraiment son avis.

- Nous ne pouvions intervenir. Pas encore.

- Comme là, je suppose. Bon, j'ai dit ce que j'avais à dire, si vous avez pas d'autres instructions à me donner, je me casse.

- Attends un peu, Zoé.

- Quoi ?

- Nous t'interdisons d'agir, c'est bien clair ? Je sais quel genre de petite peste insupportable tu es, mais pour une fois, tu vas nous écouter, d'accord ma mignonne ?

Zoé lui lança un regard noir. Il l'avait immédiatement percée à jour : en sortant d'ici, sa première intention aurait été d'aller mettre un terme à cette histoire, toute seule. Mais après tout, qu'est-ce qui la retenait ?

- N'oublie pas que sans nous, tu n'es rien. Tu n'es personne. Qui s'intéresse à toi au-delà de nous ? Et puis pense à Mélissa : est-ce que tu voudrais trahir ce pourquoi elle a donné sa vie ?

- Enfoiré...

- C'est ça, si ça te fait plaisir de le penser. Tu es jeune, tu es encore dans l'émotion. Un jour tu comprendras qu'il faut parfois accepter de faire des sacrifices au nom du bien commun. Et ce jour là, tu repenseras à moi et tu verras que nous avions raison d'agir comme nous l'avons fait.

Zoé jura intérieurement que jamais elle ne lui ferait le plaisir de lui donner raison. Jamais elle ne cesserait de s'indigner, de brûler intérieurement. C'était sa rage qui la faisait avancer.

- Tu peux t'en aller. Reste disponible dans les jours qui viennent. Nous ne tarderons pas à avoir à nouveau besoin de tes services. »

L'homme tourna la tête pour lui signifier qu'il en avait terminé. Elle s'en alla en claquant la portière, incertaine sur la marche à suivre, bouillonnante de colère. En partant, elle ne remarqua pas la petite fille assise sur un banc qui la regardait fixement.


Violette


Violette était assise dans son coin habituel du laboratoire. Songeuse. Je vis mes derniers instants, se dit-elle. La crise qu'elle venait d'avoir ne laissait pas présager d'autre avenir. Combien de temps lui restait-il ? Une journée ? Quelques heures ? Je dois tenir assez longtemps pour être utile à Antoine. A quoi bon être encore debout si je ne peux pas lui servir ?

« Le projet R est arrivé à son terme ! Violette, va accueillir notre nouvel invitée ! clama Antoine avec enthousiasme.

- Pardon ? Lui répondit-elle d'une petite voix.

- Comment ça pardon ? Tu n'es pas là pour me poser des questions, tu es là pour m'obéir !

A : Antoine, je crois qu'elle ne sait pas de quoi tu lui parles.

Heureusement qu'Alpha était là.

- Ah. Bon, ben va dans la salle des scanners, j'ai une surprise pour toi ! Encore une preuve de mon génie ! »

Violette hocha la tête et se dirigea vers l'échelle. Elle la descendit calmement. Ses mains tremblaient. Je me sens faible. Qu'est-ce qui m'arrive ? La jeune fille s'arrêta devant l'un des immenses machines qui commençait à s'activer. Il y eut un grand flash et les portes dorés s'ouvrirent, laissant échapper une épaisse fumée grises. Je crois distinguer quelque chose... Ou plutôt quelqu'un...

« Salut sœurette. » fit une voix qui lui était familière.

La brume se dissipa, laissant apparaître une jeune fille, complètement nue. Violette eut soudainement l'impression de se regarder dans un miroir. Il n'y avait que deux différences : des cheveux rouges vifs et un regard emplit d'une détermination dont elle n'avait jamais été dôtée.

« Tu comptes rester longtemps à me mater ? On est les même j'te signale.

- P... pardon. Veux-tu des vêtements ?

- Un peu que j'en veux ! Je vais pas rester à poil toute la journée.

- Qui es-tu ?

- Je suis toi, en améliorée. Je suis Rose. » lui fit-elle avec un clin d'œil.

Violette restée bouche bée devant cette nouvelle arrivée. Ainsi, le pire était déjà arrivé. Antoine l'avait remplacée. J'espère qu'il ne compte pas se débarrasser de moi. J'espère qu'il me laissera être avec lui, jusqu'au bout... Antoine débarqua à toute vitesse, fou de joie. Il jubilait en voyant sa création.

« Parfait ! Parfait !

Puis, il se ressaisit.

- Je dois mener quelques tests avant tout. Comment t'appelles-tu ?

- Je suis Rose.

- Quelle est ta fonction ?

- Obéir à Antoine Belpois. Uniquement Antoine Belpois.

- As-tu des directives qui te sont interdites ?

- Uniquement que je ne peux pas faire de mal à Antoine Belpois.

- Embrasse-moi.

Sans hésiter, sans couvrir sa nudité, Rose s'approcha de son créateur et l'embrassa avec une fougue qui fit rougir sa jumelle aux cheveux bleus.

- Parfait. Tu vois Violette, j'ai déjà intégré une personnalité à ta petite sœur. Ainsi, je n'aurai pas de temps à perdre avec son éducation. J'espère que sa présence te sera bénéfique. Tu as beaucoup à apprendre d'elle. Je te laisse lui faire visiter l'usine. Je dois continuer à préparer l'attaque de demain. »

Violette, sans dire un mot, fit signe à sa nouvelle sœur de la suivre. Elles descendirent l'échelle commencèrent à faire le tour de l'usine. Dans l'idée, Rose devait connaître l'endroit par cœur. Antoine avait installé des caméras de surveillance un peu partout, mais on ne pouvait pas toujours se fier à la technologie, surtout quand les attaque via Lyoko permettaient de manipuler tout ce qui avait un lien avec l'électricité.

« Tu sais, je suis pratiquement pareil que toi. 'Fin, pratiquement parce qu'Antoine a prit le temps de gommer tout tes vilains défauts.

- Je sais, lui répondit la jeune fille aux cheveux bleus.

Rose eut un immense sourire, avec un air infiniment hautain.

- Clairement, tu as été le brouillon, frangine ! Il travaille sur moi depuis des lustres. J'ai des connaissances en informatique pour pouvoir l'aider, là où toi tu n'es...

Violette s'arrêta et se tourna face à sa jumelle.

- Rose. Tu n'as rien à me prouver. Tu es meilleure que moi, je ne te ferai pas d'ombre auprès d'Antoine. Je n'en ai même pas envie.

La nouvelle-née resta quelques instants bouche bée avant de lancer un regard noire à son interlocutrice.

- Qui te dis que j'ai quoique ce soit à « prouver » ? Je n'ai rien à prouver ! Je suis meilleure que toi, c'est un fait ! Tu es une antiquité, Violette. Combien de temps as-tu mis pour apprendre à parler correctement ? Regarde ta gueule : tout chez toi respire la fausseté ! Alors que moi je suis bien réelle ! Et Antoine le voit bien !

Le pire, c'est que cette envie d'être la seule à ses yeux, d'être la meilleure pour lui... C'est lui qui te l'as implantée. Cette personnalité t'a été donnée. Il veut que tu sois jalouse. Il veut que tu me challenges, qu'on se batte toutes les deux pour lui. Mais ce n'est pas la peine, petite sœur. Tu peux l'avoir. Même si je le voulais, je ne l'aurai pas : je n'en ai plus le temps. J'espère juste que tu arriveras à te détacher des répliques qu'il a écrites pour toi.

- Retournons au labo, j'ai pas besoin de tes conseils. J'me débrouillerai très bien toute seule. »

Sans ajouter un mot, la première création d'Antoine raccompagna la seconde dans la salle qui leur avait donné naissance. Le blondinet les attendait. Il semblait ne pas pouvoir tenir en place.

« Bien, vous revoilà toutes les deux ! Alpha vient de me confirmer que tout était prêt pour demain ! Hannibal va enfin voir que ces larbins de pacotilles ne font pas le poids face à moi ! Bon. Rose, tu viendras avec moi à Kadic. Il faudra par contre te déguiser en Violette pour ne pas attirer les soupçons... Il n'y aura que les cheveux à modifier, à part ça vous êtes identiques physiquement. Violette, quant à toi, tu iras sur Lyoko avec Melvin. Il vaut mieux avoir beaucoup de mains d'oeuvre pour protéger notre tour. Des questions ?

- Quel est l'attaque prévue exactement ? demanda Rose.

- La notre ou la leur ? Bref, peu importe, je t'expliquerai en chemin. Ce pour quoi j'ai travaillé si dur va enfin donner ses fruits ! C'est un grand jour, mes chers serviteurs ! Et une fois ces idiots hors de mon chemin, nous pourrons enfin nous concentrer sur l'essentiel. Retrouver Ambre.»

Violette hocha la tête, essayant de se contenir. Son mal de ventre devenait de plus en plus fort. Est-ce qu'elle allait tenir suffisamment longtemps pour pouvoir assister au triomphe d'Antoine ?

Constance


Je crois que je n'avais jamais passé une aussi bonne nuit. Au petit matin, Mathilde me laissa dans la salle de bain avec un accès à sa garde-robe. Les vêtements que je portais étaient dans un piteux état, de plus il ne m'appartenait pas: c'était ceux d'Ambre. Elle avait toujours porté des fringues aux couleurs mielleuses désagréables, typique d'une jeune adolescente prude. Je n'étais pas elle. J'étais ma propre personne. Je n'avais plus à l'imiter, plus à me comporter comme elle, plus à m'habiller comme elle. D'ailleurs, je ne comptais plus à me teindre les cheveux en blonds tous les matins. Ils étaient rose à la base ? Et bien soit. Ils le resteraient.

Je fis plusieurs essayages et m'observai dans le miroir. Je n'avais pas d'attentes particulières, je voulais juste être en accord avec moi-même. C'était un peu plus difficile que prévu. Quand j'interprétais Ambre, je n'avais pas ce genre de soucis : je me contentais de faire ce qu'elle aurait fait, choisir ce qu'elle aurait choisi. Je me rendais compte que c'était plus simple d'être quelqu'un d'autre plutôt que d'être soi-même. Mais j'allai apprendre.

Je fermais les yeux. Tout cela était quand même bien perturbant... C'était étrange, mais être seule me mettait mal à l'aise. Depuis le jour où j'avais commencé à exister, j'avais toujours été accompagnée, que ce soit par Ambre ou par la suite par mes propres hallucination. Pour la première fois, j'étais l'unique personne présente dans ma tête. Pourtant cela ne voulait pas dire que les regrets s'étaient envolé aussi vite. C'était même pire, je ne pouvais plus reprocher à qui que ce soit de me faire culpabiliser car à présent je m'en chargeais toute seule. Je me tournai vers un coin vide de la salle de bain. J'avais besoin d'extérioriser mes sentiments.

« Je suis désolée, d'accord ? Désolée que tu es eu à vivre ça. Je suis ridicule, m'excuser devant un miroir ne changera rien... Mais en partant, tu m'as permis d'ouvrir les yeux. Ce n'était pas une vie que j'avais eu jusque là, c'était un mensonge. Et tu en faisais parti. Pour le détruire, tu devais disparaître. »

Je m'attendais à ce que le fantôme de Jean, issu de mon imagination apparaisse pour m'accuser et demander justice... Mais il n'en fut rien. L'Autre ne se manifesta pas non plus, elle était bel et bien partie. Je m'en voulais énormément, c'était évident, et il faudrait probablement des années avant que je ne parvienne à me pardonner. Mais je m'en étais sorti. L'horreur était derrière moi. La bête assoiffée de sang que j'avais été par le passé avait disparu, et je l'espérais pour toujours. Cette évolution n'était même pas ma victoire, c'était celle de Mathilde. C'était elle qui m'avait tiré de la boue. J'avais eu beaucoup de chance de tomber sur elle. Enfin, était-ce vraiment de la chance ? Elle m'avait rapidement parlé d'Antoine et de Lyoko. Je n'avais pas bien suivi toute cette histoire à l'époque, obnubilée par mon désir de liberté. Cependant, j'avais tout de même compris que ce qui nous était arrivé l'an dernier était loin d'être anodin et que personne d'autre n'était au courant. Comment Mathilde pouvait-elle savoir tout ça ? Devais-je me méfier d'elle ? Mon instinct de survie aurait répondu oui sans hésiter, mais quelque chose était différent avec cette fille.. Elle me comprenait. Sincèrement, elle me comprenait. Et lors de notre courte conversation, elle m'avait fait réaliser plus de choses qu'en une année complète avec Jean. Sa voix douce avait dispersé une immense partie des doutes qui me possédaient et quand elle m'avait pris les mains, j'avais ressenti des frissons que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais connu auparavant. Elle m'avait sauvée la vie.

J'avais fini de m'habiller. Je trouvais mon reflet joli pour une fois, pour la première fois. C'était ce genre de sentiment que je devais cultiver.

« Tu es prête Constance ? me dit une voix familière depuis l'autre côté de la porte qui me fit sursauter. Je me mis à rougir en l'entendant.

- Oui, j'arrive !

Je sortis de la salle de bain. Mathilde m'attendait de l'autre côté. Elle s'était elle aussi changée. Elle se mit à me sourire. Elle ne souriait pas à Ambre, elle me souriait, à moi Constance. Elle me jaugea de haut en bas et eut un petit rire.

- Tu es beaucoup plus mignonne comme ça. Et j'adore tes cheveux, leur couleur originelle te va beaucoup mieux !

En même temps, lorsqu'elle m'avait recueillie, je venais de dormir sous la pluie. J'étais couverte de boue et j'avais les yeux rouges.

- Merci ? » répondis-je simplement.

J'avais une drôle d'impression. J'étais à la fois flattée, mais en même temps j'avais un peu honte de l'être. Ce n'avait jamais été mon genre d'être timide ou d'avoir du mal à m'exprimer. Tout ça, c'était plus du registre d'Ambre. En jetant un bref coup d'œil dans le miroir, je découvrais avec surprise que je m'étais mise à rougir. Je ne comprenais plus rien, et dans cet instant présent, ça avait plus d'importance à mes yeux que tout le reste. Avoir ce genre de problèmes... ne me dérangeait pas tellement. N'était-ce pas plus agréable d'être déstabilisée parce qu'on se sentait anormalement bien en la compagnie d'une personne, plutôt que d'être animée par une crise de rage meurtrière ? Alors en réalité je voulais que ça continue.

« Il est temps que je t'explique tout, s'empressa t-elle plus sérieusement.

Je la suivais dans le salon. Là où elle m'avait fait comprendre beaucoup de choses, très peu de temps auparavant. Assit sur le canapé où j'avais dormi se trouvait un jeune garçon à l'allure très distinguée, portant une chemise blanche impeccable.

- Bonjour Constance, je me prénomme Augustin. C'est un plaisir de faire enfin ta connaissance.

- Euh... plaisir partagé.

- Déjà vu de l'extérieur, nous ne sommes pas une famille ordinaire, commença Mathilde. Mais en réalité, c'est encore plus compliqué.

- C'est à dire ?

- Nous sommes les apprentis d'un maître en informatique. Un individu connu uniquement sous le pseudonyme de « Hannibal ». Nous luttons pour arrêter Antoine. Il est en possession de dangereux outils qu'il commence à totalement contrôler.

- Qu'est-ce qui vous fait dire qu'il en fera une mauvaise utilisation ? Demandai-je.

Antoine avait été un bel enfoiré quand je l'avais connu, mais pas au point d'en devenir dangereux pour les autres.

- La jeune fille aux cheveux bleus qui t'a agressé dans la rue.

Comment savait-elle ça ?

- C'est une création d'Antoine. Cette fille est ce que l'on appelle un homonculus. Il l'a doté d'une force surhumaine. Voilà un exemple de ce dont il est capable.

J'eus envie de protester, d'hurler que c'était impossible. Mais est-ce que moi aussi, je n'étais pas supposée être « impossible » ? D'ailleurs, j'avais eu le droit à une démonstration de la force de cette nana.

- Constance, les risques pour le monde entier pourraient être désastreux si personne ne l'arrête. Et on a besoin de toi pour ça.

Pour le monde entier... ? Bon, connaissant Antoine, je le voyais très bien dans le rôle d'un méchant mégalomane ricanant : « aujourd'hui Lyoko, demain l'univers ! », sauf que ça restait une image très risible. Mathilde n'avait pas l'air de rire. En réalité, son regard était braqué sur le mien. Elle paraissait plus sérieuse que jamais. Elle avait besoin de moi ? J'avais passé ces derniers jours à répandre le mal autour de moi... et voilà que j'étais nécessaire pour sauver le monde ! Dans une autre situation, j'aurai trouvé l'idée tout aussi risible.

- Vois-tu... il va devoir utiliser Lyoko. Activer des tours ou des choses comme ça, fit Augustin.

Il utilisait des termes très spécifiques qu'un non-initié n'aurait pas pu comprendre. Je ne m'étais pas trompée quand j'avais supposé qu'ils savaient beaucoup de choses au sujet de l'usine... Ambre avait été capable de désactiver des tours. J'avais son corps... enfin, notre corps, ça devait m'être possible à moi aussi.

- Je vois. Et je crois comprendre où vous voulez en venir. Comme je l'ai dit à Mathilde, je serais ravie de vous aider, de... réparer mes erreurs, leur expliquai-je avec une pointe d'émotion dans la voix.

- Je savais qu'on pouvait te faire confiance, s'écria la fille en kimono, avec un sourire ravissant. Je te présenterai aux autres membres de la famille dès qu'ils rentreront. Je suis sûr que tu t'entendras très bien avec elles !

Augustin fit une grimace à cette dernière phrase. Mathilde ne releva pas.

- Je crois que nous avions besoin l'une de l'autre, Constance.

Je me mis à sourire, malgré moi. Je crois que je n'avais jamais été aussi heureuse de toute mon existence. Et ces sentiments étaient trop neufs pour moi pour que je comprenne que j'étais tombée amoureuse de cette fille qui m'avait délivré. A cet instant précis, je gouttais pour la première fois à un bonheur simple. Ça n'allait pas plus loin. Juste quelques instants de joies. Juste quelques moments où je fus persuadée que le soleil brillait enfin.

Melvin


Je rentrai discrètement chez moi. Je n'avais pas été en cours de la journée. J'avais essayé mais... Je ne pouvais pas. Quelqu'un était mort et j'étais le seul à sembler m'en soucier. Les autres n'y voyaient que des stratégies. Même Zoé. Même Augustin. Surtout Antoine. Je les détestais tous. Pour avoir provoqué la mort de Jean et la folie d'Ombre. Pour m'avoir fait croire que... Même moi, je pouvais avoir des amis. Alors je m'étais coupé du monde aujourd'hui. J'avais emporté mon ordinateur avec moi et j'avais passé la journée sur des jeux en lignes, assis dans un parc... Là au moins, je me sentais à ma place.

« Melvin ! Est-ce que tu peux m'expliquer ce coup de téléphone que j'ai reçu de ton lycée ?! aboya ma mère depuis l'entrée quand elle m'aperçut.

Décidément, elle s'était remise de la dernière fois où nous avions discuté et avait décidé de revenir à l'assaut.

- Non, je ne peux pas.

- Je deviens de plus en plus déçu avec toi, jeune homme ! Kadic n'était peut-être pas assez, il faudrait peut-être t'envoyer en pensionnat ! Il en existe encore un dans le sud, il sera parfait pour toi ! Déjà tu hurles sur tes frères, puis tu sèches les cours... !

- Maman, c'est pas le moment...

Car ça ne l'était vraiment pas. Je me fichais de mon parcours scolaire, je me fichais de mon avenir et encore plus d'elle et de ses attentes beaucoup trop élevée pour moi.

- Comment ?! Comment oses-tu me parler ainsi ?! Avec tout le mal que je me donne...

- Putain, mais ferme-la à la fin, me mis-je à rugir. Tu crois que j'en ai quelque chose à foutre de ce que tu me racontes ?! Si tes deux enfants les plus âgées sont aussi mal dans leur peau, ben peut-être qu'il serait temps de te pauser des questions !

Et sans attendre la moindre réponse, je me précipitais dans ma chambre. Mes deux crétins de frères y étaient, mais n'osèrent rien me dire.

- Melvin... Qu'est-ce que tu fais ? me demanda ma mère depuis le couloir. Elle était en larmes. Comme si ça allait changer quoi que ce soit.

- Je fais mes valises. J'en ai assez de vivre ici. J'en ai assez de vivre avec eux et avec toi.

Elle eut soudainement un air hautain et moqueur. Méprisant, même.

- Pauvre crétin. Tu es totalement comme ton père... Et qu'est-ce que tu vas faire, sans moi, hein ? Tu as toujours été incapable de te débrouiller toute seule. J'ai dû te faire ton sac jusqu'à la fin du collègue... Et tu vas me faire croire que tu vas prendre ton indépendance alors que tu es encore au lycée ? Arrête d'être ridicule, vas t'excuser auprès de tes frères et on oubliera tout ça.

Je la jaugeai de haut en bas. C'était ma génitrice, mais c'était elle aussi qui avait donné naissance à tous mes complexes. Je l'avais toujours intérieurement détesté mais désormais, elle me faisait plus pitié qu'autre chose.

- T'es une bien triste personne, maman. Mais non, je ne m'arrêterai pas. Pas cette fois.

- Tu reviendras pleurer dans mes jupons, comme d'habitude ! Mais soit, vas-y ! On verra bien qui aura raison à la fin ! »

Elle fit signe à Luc et à Martin de la suivre et s'empressa de repartir dans le salon, sans plus m'adresser le moindre regard. Une fois mes affaires rassemblées, je filais vers la sortie. Je ne savais pas où j'allai me rendre, mais je me sentai terriblement bien ! Je claquai violemment la porte derrière moi. Il pleuvait toujours à l'extérieur, mais peu m'importais, je me sentais totalement libéré. Qu'est-ce que je comptai faire maintenant ? Il était désormais hors de question de faire marche arrière, cela ne ferait que de donner raison à ma génitrice. Je préférai galérer seul que de la revoir ricaner.

« Melvin ! Attends moi !

Lucie me courait après, valise à la main. Qu'est-ce qu'elle me voulait celle là ?

- Je... Je... Attends... Je dois reprendre mon souffle...

Elle inspira un bon coup. Un sourire radieux se dessinait peu à peu sur son visage.

- Tu... Tu as été fantastique ! J'aurai aimé pouvoir un jour lui tenir tête comme tu l'as fait.

- Merci. Et qu'est-ce que tu fais, sinon ?

- Je viens avec toi. Tu as raison, il est hors de question que je passe une journée de plus dans cette maison.

- Lucie, je suis pas sûr que ça soit une bonne idée...

Un air désespéré remplaça son sourire.

- S'il te plaît, Melvin... Je sais qu'on a pas toujours été très proche. Je sais aussi que tu m'en veux pour... Bref. Que tu m'en veux.

J'avais beau essayé de faire la part des choses, je tenais toujours Lucie comme responsable pour la séparation de nos parents. Leur couple n'avait pas tenu face à ses nombreuses crises dépressives et maniaques. Elle avait littéralement détruit notre famille. Maman était devenu le monstre qu'elle était aujourd'hui à cause de ça.

- Et tu as raison. C'est de ma faute, et j'aurai beau essayer, je ne pourrai jamais réparer ce que j'ai fait. Et si tu savais à quel point je m'en veux. Je vois dans vos regards, la pitié que vous ressentez pour moi. La pitié et le mépris. C'est pas un reproche, je mérite que ça... Mais s'il te plaît... Ne m'abandonne pas là-bas. Je ne peux pas te regarder partir alors que c'est ce qu'ai toujours voulu faire, sans jamais en avoir le courage.

Dans ses yeux, je voyais mon reflet. Dans ses yeux, je voyais la façon dont je me comportais avec elle. Et c'était de la même façon que tous les lycéens s'étaient toujours comportés avec moi. Je n'avais fait que répéter avec quelqu'un d'autre ce que j'avais toujours subit. Le fait d'être vu comme un étranger, une bête curieuse... D'être regardé avec pitié et mépris... Je connaissais. Je ne pouvais pas effacer tout mon ressenti en seulement quelques instants. J'allais probablement avoir du mal avec elle pendant encore un bon bout de temps. En revanche, j'étais désormais ouvert au changement. Je comptais bien essayer de faire les efforts que j'aurai voulu que les autres fassent à mon sujet.

- Bon. Tu peux venir.

J'espérai intérieurement ne pas avoir à regretter cette décision par la suite.

- Oh super... Merci Melvin !

Elle m'enlaça. Pour la première fois, nous ressemblions vraiment à un frère et une soeur.

- Et tu sais où aller ? me demanda t-elle.

- J'ai... J'ai une petite idée.

J'avais décidé de m'émanciper de mes parents. J'avais coupé les ponts avec Augustin et surtout Zoé. Toutes ces actions allaient peut-être devenir futile, au vu de la personne que j'allai contacter. Il fallait croire qu'on ne pouvait fuir l'inévitable. J'étais impliqué dans cette affaire jusqu'au cou, alors autant choisir mon camps... Comme on dit en anglais "Better the devil you know". Mieux vaut le choisir lui. Il m'utilisera comme il l'a toujours fait, mais au moins je le connais et il ne cache pas sa manipulation.

- Je vais appeler un ami. Mais... Je ne sais pas s'il acceptera que tu viennes.

- Je comprends, fit-elle avec un air déçu.

Je soupirai et composai le numéro d'Antoine sur mon téléphone.

- Oui Antoine... Est-ce que tu pourrai m'héberger ? Tu as dit que tu allais avoir besoin de moi, c'est peut-être mieux si je reste ,en permanence disponible... Non ? ... D'accord. Par contre, j'aurai une demande... Il faudrait que ma sœur puisse venir avec moi.

Il allait me remballer, c'était certain. C'était peut-être mieux ainsi.

- Hein ? Oui, elle est digne de confiance. Elle s'appelle Lucie. Quoi ? Euh... D'accord. Merci Antoine.

Je raccrochai.

- Alors ? Je dois rentrer ?

- Non. Non, il est d'accord pour que tu viennes.

Et il m'a demandé de tout t'expliquer sur Lyoko. Lui qui est normalement si méfiant... Il devait avoir quelque chose derrière la tête... J'avais presque envie de lui dire à Lucie de ne pas venir, mais c'était trop tard désormais... Est-ce que j'avais pris la bonne décision ? Antoine avait eu un air beaucoup trop enthousiaste quant à ma demande...

Judith


Judith pianotait calmement sur son ordinateur. En réalité, elle bouillonnait. D'une extrême impatience, elle aurait souhaité s'endormir pendant 12 heures et se réveiller au moment venu. Bien sûr, elle allait de toute façon être incapable de dormir. Demain, elle allait faire d'une pierre deux coups: se débarrasser d'Antoine ET d'Augustin. Franchement, croyait-il vraiment qu'elle allait le garder encore plus longtemps à ses côtés ? Elle avait déjà été bien gentille en le tolérant jusque là, mais sa patience avait des limites. Bien sûr, après, ça allait être le tour de Zoé et Mathilde. Les deux petites pestes. Zoé qui se croyait tellement supérieure aux autres qu'elle n'avait pas besoin de travailler avec eux et surtout Mathilde. Avec ses grands airs chevaleresques. Judith haïssait la façon dont elle la regardait constamment, avec ce regard emplit de pitié. Comme si elle était meilleure que moi. Elle me donne l'envie de vomir. De toute façon, elle peut bien jouer les nobles, je sais très bien ce qu'elle a fait. Et elle ose me critiquer après ça ?

Depuis toujours, Judith n'avait qu'un seul objectif: survivre. Tout le reste était secondaire. Elle avait réussi à se hisser jusqu'à l'Institut toute seule. Elle avait fait ses preuves. Elle s'était montré digne de ce vieux con d'Hannibal. Et non seulement il avait hésité entre elle et les trois autres clowns, mais en plus il avait fini par lui rajouter un quatrième concurrent, en annonçant d'office que ce dernier avait "probablement" plus de chances que n'importe lequel d'entre eux de l'emporter ! Bien sûr, il me sous-estime. C'est l'erreur qu'ils font tous. Antoine. Hannibal. Mathilde. Zoé. Augustin. Il regretteront amèrement de m'avoir traitée ainsi.

La solitude n'était pas son ennemi. C'était sa seule et dernière alliée. Cela n'avait pas toujours été le cas. Songeuse, Judith se surprit à y repenser. Elle s'était pourtant jurée de laissé le passé derrière elle.

« J'ai un truc à t'avouer, avait-elle dit.

Judith était mal à l'aise. Sophie et elle se disait tout. Il n'y avait rien qui arrivait à l'une sans que l'autre soit au courant. Sophie n'était pas en train de lui faire une confidence, elle lui révélait qu'elle avait gardé des secrets. Qu'elle ne lui avait pas fait confiance. Cela ne faisait que trois mois qu'elles avaient fugués, les épreuves qu'elles avaient traversé les avaient rapprochées... Enfin, pas autant que ça il fallait croire.

- J'ai un truc à t'avouer, avait-elle répété.

Et Judith su immédiatement de quoi elle parlait. De ce vieux type étrange qui les avait recueillies. Elle, elle lui faisait confiance. Judith lui avait dit de pas l'écouter, mais elle avait dû voir une figure paternelle en lui. Les projets de ce mec les concernant étaient plus que glauques, Judith n'en était pas seulement persuadée, elle l'avait même entendu en parler au téléphone. Mais Sophie... Il suffisait qu'il parle pour totalement l'envoûter. Sa sœur aînée comprenait. Elle aussi avait failli se faire avoir, jusqu'à ce qu'elle surprenne une de ces conversations. Elle n'avait pas réussi à y croire au début. Leur sauveur. Celui qui allait les sortir de la misère se révélait être aussi pourri que les autres. Que le monde entier !

- J'ai un truc à t'avouer, avait-elle dit une dernière fois.

Sa sœur aînée la regarda d'un air grave. Elle avait déjà deviné, au sourire niais de sa cadette. Alors elle essaya de l'avertir, d'une voix sévère et virulente. Les mots devinrent durent.

- T'es vraiment qu'une conne pour croire ça ! lui avait-elle dit.

Elles se disputèrent. Fort. Très fort. Judith ne voulait pas la perdre. Sophie la gifla. Elles sortirent toutes les deux de leurs gongs. La plus âgée des deux fini par prendre la tête de sa petite sœur et lui donna un coup de boule. Simplement pour la calmer. Pour pouvoir discuter, comme deux frangines qui se partagent tout. Mais Sophie tomba sur le sol. Inerte.

- Sophie ?

Pas de réponse.

- Bon écoute Sophie, je suis désolée. Je m'inquiète juste pour toi.

Pas de réponse.

- Arrête ça s'il te plaît. Tu vas te relever, hein ?"

Pas de réponse.

- Sophie...

Judith avait compris depuis longtemps, mais refusait d'admettre l'impensable. C'était pas possible... Elle ne pouvait pas être... Elles avaient déjà survécu à tant de choses ! Ça ne pouvait pas s'arrêter là ! Et pourtant...

Elle hurla. Un cri qui ne semblait même pas humain. Elle hurla jusqu'à ce qu'elle sente sa gorge la supplier d'arrêter.

C'était depuis ce jour là qu'elle s'était promit de ne plus jamais dépendre de qui que ce soit. Elle avait compris que le monde se divisait en deux catégories: elle et les autres. Et que si elle voulait s'en sortir, il ne fallait faire de cadeaux à personne car le monde n'allait pas lui en faire. Comme elle avait progressé désormais... Elle était à deux doigts de grimper au sommet, toujours en s'étant débrouiller seule. Et lorsqu'elle prendrait la place d'Hannibal, enfin elle pourra traquer tous les gens responsables pour la mort de Sophie: le vieux drogué, leurs parents qui les avait abandonnées, les lycéens qui avait propagé des fausses rumeurs... Tous, ils allaient payer.

H: Bonjour Judith.

Tiens, quand on parle du loup...

J: Bonjour, père.

H: Tu n'es pas obligé de m'appeler ainsi Judith. Je te l'ai déjà dit.

J: Mais j'y tiens. Vous êtes comme un père à nos yeux.

Une fois mes adversaires éliminé, ça sera ton tour.

H: Je voulais savoir comment tu te sentais. Demain c'est ton grand jour.

J: Exact. Dès demain, vous comprendrez que cette mascarade de compétition n'était d'aucune utilité.

H: Je vois. J'ai hâte de voir le résultat.

T'inquiète pas, tu vas le voir le résultat.

H: Je voudrais que tu jettes un coup d'œil à ce fichier et que tu me dises ce que tu en penses.

C'était assez étrange, mais il arrivait souvent qu'Hannibal lui demande son avis sur divers sujet. Une fois qu'elle s'était exprimée, il terminait la conversation par un "c'est bien ce que je pensais". Judith faisait semblant d'être flatté qu'il ait besoin de son opinion, mais se demandait pourquoi un pirate informatique aussi (soi-disant) puissant qu'Hannibal avait besoin de confirmation. Si c'était "ce qu'il pensait", pourquoi vérifier auprès d'elle ? De toute évidence, ce n'était pas pour rien qu'il avait besoin d'un successeur. Il lui envoya une pièce jointe qu'elle s'empressa d'ouvrir. C'était une rapport d'activité du super-calculateur de l'usine d'Antoine.

J: J'y remarque des activités inhabituelles. Comme s'il y avait eu des tours activés, mais qu'il n'en reste plus aucune trace.

H: Comment expliques-tu cela ?

J: La seule explication que j'y trouve est un peu tirée par les cheveux. Un abus de la capacité "retour vers le passé" du super-calculateur ?

H: C'est bien ce que je pensais. Merci, Judith.

Oooh, ne me remercie pas. Bientôt, je serai à ta place.

Melvin


L'usine. Les deux dernières fois où je m'y étais rendu, des gens étaient morts. Ulrich, Mélissa, Jean... Une pensée ne cessait de se répéter dans ma tête: qui va y passer cette fois ? Je ne pouvais m'empêcher de remettre en question ma décision. Au début, j'avais voulu rester neutre. J'avais surtout été choqué d'apprendre que si Augustin et Mathilde étaient devenus mes amis, ça n'avait été que pour atteindre Antoine. Quant à ce dernier, sa réaction face au décès de Jean m'avait... Perturbé. Entre ces gens manipulateurs dont je ne connaissais pratiquement rien et un de mes plus vieux amis, le choix n'avait pas été difficile. Mais n'aurai-je pas dû essayer de rester hors de tout ça ? Non, de toute façon, ça aurait été impossible. Les deux camps n'auraient cessés d'essayer de me recruter. Même Antoine, il m'avait bien fait comprendre qu'il comptait sur mon aide dans ce conflit.

Là où j'étais vraiment sceptique, c'était Lucie. La voir au milieu du laboratoire, c'était perturbant. Je ne cessai d'imaginer que la prochaine victime de ce conflit, ça allait être elle. L'idée de la perdre m'était insupportable. Pourtant, je ne l'avais jamais apprécié plus que ça... J'étais lassé de toutes ces morts. Et puis, ça serait vraiment injuste, elle n'avait rien à voir avec tout ça.

« Alors comme ça, on fugue de chez soi ? me fit Violette. Quelque chose clochait chez elle. Elle était beaucoup plus expressive que d'habitude et ses cheveux étaient devenus rouges vifs. Antoine nous avait laissé avec elle, il avait des test à faire, je n'avais pas bien compris.

- Euh... Ouais.

- Toi tu dois me confondre avec mon brouillon. Enchantée, je suis Rose.

Et elle eut un sourire, dévoilant ses deux rangés de dents blanches, ce qui lui donna presque un air de requin.

- Ah... Et toi aussi tu es... ?

- Ouip. Antoine est mon créateur. Il est talentueux, pas vrai ?

- Ton créateur ? Comment ça ?

- Je suis né ce matin. Violette existe depuis au moins quatre mois. Pas mal, pas vrai ?

- J'arrive pas à suivre...

- On est des homonculus, tu piges ? Il nous a donné vie à travers le super-calculateur.

Je mis du temps à comprendre ce que ça impliquait. Le comportement étrange de Violette prenait tout son sens. Le fait qu'elle était apparue de nul part aussi. C'était... triste. Vraiment, je trouvais ça limite horrible. Si elles étaient toutes les deux avec Antoine, ce n'était pas de leur plein grès, c'est parce qu'elles avaient été conçues pour ça. Comme des... esclaves, obéissants à sa volonté. J'avais toujours considéré que ma vie était franchement merdique, mais quand je réfléchissais à la leur, je comprenais que ce n'était rien en comparaison. J'avais la liberté totale de faire ce que je voulais avec le temps que j'avais sur cette planète. Il suffisait que je m'en donne les moyens et c'était moi et moi seul qui décidait du sens que j'allais donner à ma vie. Alors que elle... dès leurs premiers jours, elles n'avaient existé que dans le but d'obéir à ce gros connard arrogant. Elles n'avaient aucun but, elles n'avaient pas été créée pour en avoir un.

- Qu'est-ce que t'as à me regarder comme ça ? me demanda t-elle avec agressivité.

- J'arrive pas à y croire, répétait Lucie, émerveillée.

- Tu comptes changer de disque ? lui répondit la créature aux cheveux rouges.

- Désolée... C'est juste que... Wow. C'est dingue tout ce que tu as vécu Melvin !

- Ouais... Dingue, c'est le mot...

- Un monde virtuel ! Des combats contre une intelligence artificelle ! continua ma soeur.

Elle avait des étoiles dans les yeux. Ca m'énervait. Elle me rappellait moi au début. Avant l'horreur.

- Tu voudrais le visiter ? fit Rose.

- Ca serait possible ?

Minute, pourquoi est-ce qu'elle lui proposait ça ?

- Bien sûr. Suis-moi.

- Eh ! Il est hors de question qu'elle aille sur Lyoko ! hurlai-je.

Rose se retourna vers moi, le même sourire de carnassier au visage.

- Ta soeur est grande, je suis sûr qu'elle est capable de se décider toute seule. Tu devrais aller te coucher, il se fait tard et on a une grosse journée demain.

- Ouais, d'ailleurs, il se passe quoi demain ? J'en ai assez de rien savoir, si je suis venu, c'est déjà preuve de bonne foi, non ?

Elle se rapprocha dangereusement de moi. Me regardant fixement. Mes sens étaient en alerte et mon coeur semit à battre à toute vitesse. Derrière son air banal, cette fille me terrorisait.

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Antoine depuis l'échelle qu'il était en train de grimper. Il était accompagné par Violette, la vrai cette fois.

- Antoine ! Melvin refuse que Lucie aille sur Lyoko ! fit sa création, avec la voix d'une petite fille qui dénonce un camarade.

Le génie était désormais dans le laboratoire.

- Je comprends, mais dis-toi qu'il n'y a pas la place pour les tire-au-flancs ici. Si ta soeur reste, elle doit se rendre utile.

- Si je t'ai demandé qu'elle vienne, c'est pas pour que tu l'utilises...

Il eut un petit rire, avant de me répondre d'un ton condescendant:

- Melvin. Mon brave Melvin. Si j'ai accepté qu'elle vienne, c'était vraiment pour te faire une fleur. Sur Lyoko, elle sera beaucoup plus en sécurité qu'à Kadic. Je n'ai même pas besoin d'elle, c'est juste que je suis contre les profiteurs. Autant qu'elle file un coup de main, je suis sûr que tu es d'accord Lucie !

Lucie hocha la tête. Elle ne réalisait pas où elle se trouvait. Elle ne réalisait pas ce dont Lyoko et le super-calculateur s'étaient déjà montrés responsable. Je n'avais pas réussi à en parler. C'était encore trop douloureux. Elle devait avoir l'impression de vivre une folle aventure extra-ordinaire. Je ne pouvais pas lui en vouloir, j'étais passé par là, moi aussi...

- Et bien voilà, problème réglé !

- Qu'est-ce qu'il se passe à Kadic demain ? demandai-je d'un bloc.

- Nos ennemis vont passer à l'attaque. Se faisant, ils vont mettre en danger la totalité du lycée. Il est de notre devoir de protéger les innocents !

Ces mots sonnaient tellement faux... C'était une erreur d'être venu. Même affronter ma génitrice à nouveau me semblait une meilleure idée. Antoine s'en alla s'asseoir devant le tableau de commande. Violette accompagna Lucie à l'étage inférieur, les scanners. J'étais impuissant. Rose passa derrière moi et murmura à mon oreille cette menace:

- C'est la dernière fois que tu contredis Antoine en public. Il n'y aura pas d'autres avertissement."

Je devais me contenter d'observer Lucie prendre part à ce conflit plus que dangereux, totalement impuissant. Quand elle revint de Lyoko, elle était plus heureuse que jamais. Nous ne tardâmes pas à aller nous coucher. Violette nous installa des couvertures dans un coin de l'usine. Elle me confia que demain allait être une rude journée. Je ne l'écoutais qu'à moitié. Rapidement, je plongeai dans un sommeil tourmenté par des cauchemars. Dans mes songes, Lucie mourait en boucle et je ne pouvais jamais rien faire pour la sauver. Une fois elle fut tuée par Antoine. Une fois par Ombre. Une fois par... Moi.
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 27 Nov 2021 11:03   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Euh, salut.
Ca fait longtemps, pas vrai ?

Petite présentation de mon retour
Spoiler


Réponse au commentaire de Zéphyr:
Spoiler


Edit: bon j'suis désolée j'arrive pas à règler la taille des chapitres >.<


Chapitre 9: Embellie éphémère


TW: tentative de suicide

Mathilde


Mathilde préparait du thé. En même temps, elle faisait griller du pain. Elle allait faire un sandwich à la petite Ambre, quelque chose de bon et qui lui remplirait l'estomac.

La rouquine restait sujette à de nombreux doutes. Elle avait été recueillie à ses 13 ans par l'Institut. Elle y avait partagé une chambre avec Judith et elles avaient apprit à se haïr mutuellement. Elle y avait aussi rencontré Augustin, complètement perdu, amorphe et asocial, qui était à deux doigts de se faire exclure. L'Institut était un endroit particulier. On y gardait que la crème de la crème intellectuelle chez les ados et pré-ados. Dès que quelqu'un ne rentrait plus dans les critères, il se faisait éjecter. Willaim Dunbar, le fondateur de l'Institut venait souvent leur rendre visite. Elle n'avait jamais comprit qui il était réellement, mais il semblait qu'il était important. Chaque fois, il leur faisait un discours pour leur rappeler les raisons de leur présence ici.

« N'oubliez pas que nous vous avons arraché à des familles d'accueil, des foyers. Certains étaient à la rue quand on les a trouvé... Nous vous offrons une nouvelle chance ! La chance de briller ! De travailler aux côtés de l'homme le plus puissant du monde et peut-être même de prendre sa place ! »

La plupart des membres de l'Institut étaient effectivement orphelins ou venaient de familles... compliquées. Mathilde était orpheline, ses parents étaient morts dans un incendie à ses six ans. Elle avait failli y passer aussi. Depuis, elle avait une étrange fascination presque malsaine pour les flammes. Elle essayait de s'éloigner des briquets et autres allumettes depuis qu'elle avait été trop loin.

Mathilde était arrivée à l'Institut en étant au bout du rouleau. En rencontrant Augustin qui était encore plus désespéré qu'elle, elle avait trouvé une raison de continuer. Puisqu'elle ne s'appréciait pas assez pour se battre pour elle, elle se battrait pour les autres, pour ceux qui n'en avait plus la force. Elle aida Augustin comme elle le put, en lui prêtant des attentions particulière, en l'aidant à réviser pour les examens. Au début, il avait été assez surpris qu'elle s'intéresse à lui et l'avait complètement ignoré. Mais peu à peu, il s'était accoutumé à sa présence et ils avaient fini par être amis. Même si Augustin restait très particuliers.

Et puis au fur et à mesure du temps, à force de s'entre-aider, arriva ce jour fatidique où ils furent convoqué dans le bureau de monsieur Dunbar avec deux autres membres de l'Institut. Ce n'était pourtant pas William qui les reçu, juste un étrange professeur avec des lunettes rayés qui se présenta sous le nom de monsieur Guidon. Il leur présenta un écran d'ordinateur et se mit en retrait.

Il y avait donc Augustin, Mathilde, mais aussi Judith et cette fameuse Zoé à qui personne n'avait jamais parlé. Un message apparut sur l'écran.

H : Bonjour mes jeunes amis. Je m'appelle Hannibal. Nous arrivons au terme de l'expérience de l'Institut. Le but était de me trouver un digne successeur parmi vous, mais la situation a changé.

Il leur expliqua que normalement, ils auraient dû être les quatre finalistes mais qu'une cinquième personne imprévue s'était rajouté à la liste, avec beaucoup d'avance sur eux.

H : Je suis navré, c'est arrivé par hasard et c'est un peu injuste pour vous. C'est pourquoi je vous donne une chance de me montrer votre valeur. De me prouver que vous valez mieux que lui.

Et c'est ainsi qu'avait commencé leur étrange alliance. Tout ce serait bien passé si Zoé et Judith n'en faisaient pas qu'à leur tête... Mais de toute façon, Mathilde ne savait même pas pourquoi elle voulait être le successeur d'Hannibal. Elle ne voulait qu'aider les autres. Est-ce que cette place lui donnerait plus d'opportunité de faire du bien dans le monde ? Elle voulait tellement se faire pardonner...

C'est pourquoi aider Ambre lui avait semblé nécessaire. Elle avait été la recueillir sans prévenir qui que ce soit. Judith avait été folle de rage. Augustin avait temporisé, en expliquant que depuis le début il essayait de recruter l'un des anciens Alpha-guerrier et que c'était leur chance. Mais Mathilde ne voulait enrouler personne. Lorsqu'elle avait vu Ambre sur le banc, elle avait ressenti sa douleur. Elle voulait l'aider à sourire à nouveau.

Je suis trop sensible pour cette histoire. Judith a raison quand elle dit que je n'ai rien à faire là. Augustin est probablement d'accord, mais il ne me le dira jamais, il tient trop à moi.

Elle soupira, prit le plateau qu'elle avait préparé et remonta voir Ambre.

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J'étais sur le bord de la fenêtre. Prête à sauter. Prête à enfin finir ma fausse vie. C'était... beaucoup plus dur que je ne le pensais... Je voulais mourir mais j'avais peur de le faire, quelle ironie... Mathilde débarqua à nouveau dans la pièce et lâcha le plateau qu'elle transportait en me voyant. Elle se mit à hurler, mais je n'écoutais pas.

« Ambre ! Ne fais pas ça !

Je la regardais avec un petit sourire triste. Même ma sauveuse s'était trompée. Ce n'était pas moi qu'elle avait voulu aider, mais Ambre. Toujours et encore Ambre.

- Je ne suis pas Ambre.

Et je m'apprêtais à sauter.

- Qui es-tu alors ? Cria t-elle à mon attention.

Cette question. Personne ne me l'avait jamais posé. J'avais été la seule à m'interroger face à un miroir quant à mon identité.

- Je... Je ne sais pas. J'étais l'ombre d'Ambre jusqu'à ce que je me débarrasse d'elle dans la mer numérique. Je ne sais pas qui je suis.

Mathilde marqua une pause. Comme une hésitation. Elle devait me prendre pour une folle, et elle avait probablement raison.

- D'accord, tu n'es pas Ambre. Je te prie de m'excuser de m'être trompée, d'accord ? Descends de là qu'on puisse discuter, s'il te plaît...

Elle avait l'air alarmée. Ses yeux étaient rouges. Elle ne voulait pas que je saute. Elle ne voulait pas que je meure, alors qu'elle savait que je n'étais rien. Pourquoi ?

- Pourquoi ? Je ne suis personne ! Et j'ai tué... J'ai tué Jean... Je mérite de tomber !

- Personne ne mérite ça ! Et si tu n'étais personne... tu n'aurais pas de regrets !

Des regrets ? Oui. Oui j'en avais beaucoup. Beaucoup trop.

- Rien n'est irréparable, je te l'assure !

- Tu te fous de ma gueule ? Comment je répare quelqu'un que j'ai poignardé ?!

- Je n'ai pas toutes les réponses... Mais tu ne répareras rien en mourant ! Tu feras juste couler plus de sang !

- Mais je ne suis rien ! Je n'ai même pas de nom !

- Tu... Tu n'as qu'à t'en choisir un !

Pourquoi est-ce qu'elle essayais de me sauver ? Je ne voulais pas être sauvée !

- Descends maintenant... Je t'en prie...

Je voulus faire un pas vers le vide, mais je sentis qu'elle me prit la main.

- Je ne te connais pas. Mais je ne demande qu'à te connaître. Si tu n'as pas de nom, on t'en trouvera un. Si tu as commis des erreurs, on trouvera un moyen pour que tu puisses te racheter. Mais ne laisse pas tomber. Je ne veux pas de nouvelles morts...

Alors... Alors je descendis du rebord de la fenêtre. J'étais... perturbée. C'était la première fois qu'on me parlait. Je veux dire, me parlait à moi, non pas à Ambre. Une personne que je venais à peine de rencontrer venait de me reconnaître alors que Jean avec qui j'avais vécu pendant un an n'avait jamais réussi à faire la différence entre ma jumelle et moi.

- Assieds toi et mange, d'accord ?

J'obéissais. Que pouvais-je faire d'autre ? Je me dis que cette fille était curieuse de vouloir me sauver. Elle ne m'avait pas prise pour une folle quand je lui avais parlé d'Ambre. Au contraire, elle agissait comme si c'était totalement normal. Même moi j'aurai eu du mal à croire à une telle histoire...

- Tu lis des livres ? Me demanda t-elle.

- P... Pourquoi cette question ? Répondis-je avec agressivité, avant de me raviser. Être en permanence sur la défensive ne m'avait jamais rien apporté de bon. Oui, je lis, rajoutai-je.

- Quel est le dernier que tu as lu ?

- Notre-Dame de Paris.

Je l'avais lu avec Ambre, il y a bien longtemps, alors qu'on s'enfermait ensemble dans le grenier pour lire à deux.

- Oh, pas la plus joyeuse des lectures mais certainement une des plus intéressante ! Qu'est-ce que tu en as pensé ?

- J... J'ai trouvé ça fort.

- Tu partages cette vision de la fatalité ? Qu'on ne peut en quelque sorte pas échapper à son destin ?

- Au début, non... J'avais l'impression d'avoir échappé à mon propre destin en prenant le contrôle de ce corps et en chassant Ambre... Mais au final, pour ce que ça a donné, peut-être qu'il... qu'il y a bel et bien une fatalité.

- Tu crois ça ? Si c'était le cas, je pense que tu aurais sauté par cette fenêtre. Tu es quelqu'un, juste quelqu'un de perdu pour l'instant.

Ce qu'elle disait résonnait dans ma tête. J'étais « quelqu'un » ?

- Ça ne change pas... ça ne change pas le fait que j'ai tué Jean.

Mathilde eut soudainement un air grave. Elle prit une grande inspiration et reprit la parole.

- Quand j'étais plus jeune, j'ai mis le feu à mon dortoir. Je ne l'ai dit à personne, mais ça n'a pas été sans conséquence. Ma voisine de chambre, une certaine Jeanne s'est retrouvé en flammes et je n'ai rien fait pour l'aider. Elle est toujours vivante mais... elle a le visage défiguré à vie. Je ne cesse d'y penser. Tout ce que je fais, c'est dans le but de réparer l'erreur que j'ai commise ce jour. Peut-être que je pourrai jamais combler cette dette. Mais en attendant, j'essaie d'aider les autres.

Les yeux de la rouquine étaient devenus humides.

- Et... Et tu penses que c'est ce que je devrais faire aussi ?

- Seulement si toi tu le souhaites. Je t'ai empêchée de sauter aujourd'hui, mais rien ne t'empêchera de le faire demain. Au final, la décision t'appartient à toi. Pas à une sinistre inconnue ou a une quelconque fatalité.

- Tu donnes l'impression que c'est si simple...

- Au contraire, ça sera loin d'être facile. Ne crois pas qu'il te suffira de faire une ou deux « bonnes actions » pour oublier ce que tu as fait. Et de mon point de vue, je ne pense pas qu'il faille oublier. Je n'ai pas oublié ce que j'ai fait. J'y pense sans arrêt et c'est devenu ma raison de continuer. Si jamais tu décides de t'accrocher à la vie, je peux t'accompagner. On peut essayer de réparer nos erreurs ensemble, si ça te dit.

J'étais encore partagé. Une partie de moi voulait croire en ce qu'elle me disait... Et une autre était toujours persuadé que si, la fatalité existait et que ma seule option était de mourir. Il me fallait un moyen de trancher entre ces deux extrêmes.

- Je veux un prénom.

Mathilde se leva et alla jusqu'à sa bibliothèque. Elle en sortit un dictionnaire des prénoms et me le tendit. Je commençai à tourner les pages. Qu'est-ce que je cherchai ? Quelque chose avec une signification forte ? Non... Je voulais juste trouver celui qui me feras dire « mais oui, c'est moi ! ». Si jamais je ne le trouvai pas, cela signifiait que Mathilde avait tort, que je n'étais personne et que je devais mourir. Si jamais j'arrivais à en trouver un, cela signifierait que je ne serai plus simplement la simple ombre d'Ambre... Cela voudrait dire que je suis véritablement « quelqu'un ». Pendant une dizaine de minutes, je cherchai en vain parmi tous ces noms qui n'étaient pas « moi ».

- Je crois que j'ai trouvé...

- Je t'écoute. »

Constance


Je ne lu même pas l'explication qui allait avec le prénom. Rien qu'en le lisant, je su que c'était le bon. Que c'était moi. Je n'étais pas Ombre. Je n'étais pas Ambre. J'étais Constance. Et rien qu'en me trouvant, une vague d'espoir me submergea. Il en avait fallu du temps tout de même. Une année et un décès. C'était horrible à penser mais... peut-être que sans la mort de Jean, je n'aurai jamais réussi à atteindre ce stade. Je m'en voulais toujours, bien sûr, mais j'avais envie de croire à ce que me disait Mathilde. Que cet acte horrible que j'avais commis allait pouvoir devenir ma motivation. Qu'en plus d'être une personne désormais... j'allais en plus pouvoir devenir une bonne personne.

« C'est un très beau prénom. Il te va très bien, Constance.

Je ressentis des frissons en l'entendant me parler. Me parler ! Personne ne m'avais jamais parlé. C'était ma première conversation. Ma première vraie journée. D'une mort je renaissais. Mon parcours jusque là brumeux et incohérent prenait enfin du sens. Je voulais m'en sortir. J'allais m'en sortir. Avec Mathilde. Elle était là à me sourire, heureuse de me voir choisir la vie. Et j'étais heureuse d'avoir fait ce choix aussi.

- M... Merci. »

J'étais persuadé que désormais, les choses allaient changer. Que j'avais enfin trouver une raison d'exister. Bien sûr, tout cela était artificiel. On ne peut pas passer aussi rapidement du désir de mort à celui de vie en était sincère. Tout cela était dû à la présence rassurante et bienveillante de Mathilde. Mes réflexions n'étaient pas les miennes, mais les siennes. Mais à cet instant précis, je ne le savais pas. Pas encore, en tout cas. J'étais vraiment heureuse. J'avais l'impression que la pluie allait enfin cesser.

Oh, comme j'avais tort...
  Sujet: [One-Shot] Vomir des larmes  
LixyParadox

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MessageForum: Fictions et textes   Posté le: Mer 25 Nov 2020 17:33   Sujet: [One-Shot] Vomir des larmes
Coucou !

Spoiler
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Ven 14 Aoû 2020 21:35   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Bonjour.

Ca fait longtemps, pas vrai ?

Spoiler


Chapitre 7: Le Froid de l'Océan


O??m??bre


Je courais à travers les gens. Je ne m'étais jamais sentie aussi vivante. La liste « des choses que je voulais faire » n'en était qu'à son début ! Et elle ne cessait de s'agrandir. Je trouvais toujours de nouvelles envies, de nouvelles idées. Tant que je bougeais, j'étais vivante. Tant que je découvrais, je me sentais exister. Jean me courait après, un grand sourire aux lèvres, me criant de l'attendre. J'étais trop impatiente et il allait trop lentement pour moi. Il ne comprenait pas pourquoi je prenais autant de plaisir à faire des choses aussi anodines. Sauf que pour moi, elles étaient exceptionnelles. Tout était une première fois. C'était le temps des découvertes.

Nous avions passé la matinée à essayer de cuisiner, en vain. Rien que ça. Rien que cuisiner, c'était quelque chose que j'ignorai. Bon, pour apprendre la cuisson des pommes de terre, on repassera. C'était surtout l'après-midi que j'attendais avec impatience. Nous devions nous rendre dans l'océan. Je ne l'avais vu qu'à travers des images. Ça allait être ma rencontre avec cette grande étendue bleue qui recouvrait toute notre planète. Une fois sur place, mon cœur s'était mit à battre la chamade. Sans attendre qu'on s'installe, je m'étais déshabillée, ne gardant que mon maillot de bain et je m'étais précipitée vers l'eau. Je riais aux éclats. Ce fut le dernier moment où je fus heureuse.

Cela ne faisait que quelques mois que j'étais venue au monde. L'usine, Lyoko, tout ça était loin. Je ne voulais plus y repenser. Mais parfois, il ne suffit pas d'avoir envie. Lorsque je plongeai dans l'eau, je me retrouvais pendant quelques instants coupée du monde. Le sentiment de Vide était déjà venu, juste après ma victoire sur Ambre, mais jamais n'avait-il était aussi fort. Jamais je n'avais eu l'occasion de réaliser à quel point j'étais seule désormais. Lorsque je sortais la tête de l'eau, je l'aperçus au loin. Je ne pouvais distinguer son visage, mais je reconnaissais ses longs cheveux roses. Elle s'éloignait, marchant vers l'océan. Je voulais la retenir. Lui hurler de revenir, mais aucun son ne pouvait sortir de ma bouche. Je réalisais que des larmes coulaient le longs de mes joues.

Jean était venu me chercher car la façon dont je guettais l'horizon avait commencé à l'inquiéter.

« Tout va bien, Ambre ?

- Oui... J'avais cru voir... Non rien. »

Cette nuit là, nous fîmes l'amour. Ce n'était pas la première fois, mais contrairement à d'habitude, aucune passion, aucun feu n'était présent. Juste le froid de l'océan. Et lorsqu'il murmura à mon oreille : « Ambre... je t'aime... », l'acte charnel devint douloureux. Ainsi a commencé ma longue descente en enfer, qui me poussa jusqu'à ce terrible choix. Celui qui n'annonçait aucune chance de pardon.

Qui suis-je ? Que suis-je ? Deux questions qui n'ont cessées de me tourmenter. Ils ne me restaient plus qu'elles, ainsi que ce même froid que je retrouvais désormais dans la pluie qui continuait à me poursuivre. Le nombre de mes victimes avait augmenté jusque deux. Même mes démons ne voulaient plus de moi. La voix railleuses de l'Autre commençait presque à me manquer.

Combien de temps s'était écoulé depuis l'incident sur le pont de l'usine ? Des minutes ? Des heures ? Des jours ? J'étais allongée sur un banc dans un parc pour enfant, trempée jusqu'à l'os. Je n'avais plus la force de lutter mais pourtant j'avais beau fermer les yeux, je restais là. A force de rester ici, sans boire ni manger, ne devais-je pas rejoindre Ambre et Jean ? N'étais-je pas censée voir une lumière au bout du tunnel ? Ou bien est-ce que même la mort ne voulait pas de moi ?

C'était peut-être ça mon châtiment... Rester en vie. C'était bel et bien le pire possible.

« Vous... vous allez bien ?

J'ouvrai les yeux. Je voyais flou mais je pouvais entre apercevoir une silhouette devant moi. Je ne répondais pas. Que pouvais-je lui dire ? J'hésitai entre « laisse-moi mourir en paix » ou « est-ce que j'ai vraiment l'air d'aller bien ? », mais je me contentai d'une sorte de grognement. Si je ne pouvais plus être tranquille ici, j'allais partir ailleurs.

- Ne vous levez pas, je suis pas sûr que vous en soyez capable ! »

Et puis quoi encore ? Je commençai à prendre appuie sur le banc pour me lever et... je m'effondrai sur le sol.

Melvin


J'étais silencieux. Elle l'était aussi. Nous étions dans la cafétéria depuis une bonne dizaine de minutes, immobiles. Je n'osais pas la regarder, mais je savais qu'elle me jaugeais du regard. J'avais essayé de parler à plusieurs reprises, en vain. Elle se montrait patiente, en se contentant de siroter doucement la même boisson que la dernière fois : un diabolo menthe. Elle m'en avait commandé un, même si je ne lui avais pas demandé. J'ouvrais de nouveau la bouche, mais elle fut plus rapide, me tendant mon verre :

« Bois. Ça te ferra du bien. »

En tant normal, j'aurais refusé de recevoir le moindre ordre de sa part, mais elle n'avait pas dit ça sur un ton autoritaire, plutôt compatissant. Alors je m'exécutais. Le goût sucré n'était pas désagréable, mais en réalité, je détestais la menthe. Aujourd'hui cette saveur était encore plus repoussante que d'habitude. Après quelques gorgés forcés, je prenais une grande inspiration et croisait enfin le regard de Zoé.

« Jean... Jean... Jean est... Il est... essayais-je de dire. Mais c'était impossible. les mots ne voulaient pas sortir. Comme si je ne voulais pas admettre cette terrible et effroyable réalité. Je fondais en larmes, bruyamment, en reniflant. Les autres ados présent commencèrent à me regarder bizarrement et quelqu'un éclata même de rire. La métaleuse me fit signe de les ignorer.

- Il est mort, terminais-je en m'effondrant sur la table. Je n'avais jusque là pas osé utiliser le mot « mort ». C'était la première fois que je le prononçais. C'était la première fois que quelqu'un que j'avais connu et véritablement apprécié était passé dans l'au-delà. Certes, il y avait eu Ulrich et Mélissa... mais ce n'était pas la même chose. Je ne les avais pas vraiment connu. Mon interlocutrice fut tellement surprise qu'elle manqua de s'étouffer en buvant.

- Qu'est ce qui s'est passé ?

Je prenais un mouchoir de mon sac et me mouchais.

- Melvin, qu'est ce qui s'est passé ? dit-elle sur ton un peu plus agressif. Pourquoi... ? Pourquoi est-ce qu'elle s'en prenait à moi ? Je n'y étais pour rien que je sache...

Je lui expliquais le message d'Antoine et l'entrevue à l'usine. Je pu voir dès le début qu'elle désapprouvais ma conduite. C'est vrai que j'avais promis de ne pas prendre contact avec Antoine ou quelque chose comme ça... mais ça m'avait semblé être la meilleure chose à faire ! J'étais dans un état tel que je ne lui cachais rien, même au sujet de la vérité sur Ombre. J'en venais ensuite à... à la partie douloureuse. A cette vision... d'effroi. Au corps meurtri de Jean.

Je ne pouvais pas prétendre avoir été très proche de ce gars là. Au contraire, à l'instar de sa relation avec Antoine, au début il se moquait constamment de moi. Et puis... même lors du conflit avec XANA, je crois que je ne l'aimais toujours pas. En fait, c'était de la jalousie. Lui avait tout pour lui, il était populaire, sportif et plutôt canon. Moi j'étais gros et timide... Je n'osai pas vraiment me rapprocher d'Ambre, même quand elle se confiait à moi, alors que lui avait agis sans hésiter, et avait réussit à conquérir son cœur... Plus que de la jalousie, c'était de l'admiration parfois. Jean était... avait été... quelqu'un de bien. Sous ses airs de caïd, il était en réalité quelqu'un remplis de valeurs, qui savait se battre pour ses convictions. Il était revenu affronter XANA avec nous et avait failli y laisser sa vie. Et même si ce qui nous été arrivé avait été horrible, stressant et parfois cauchemardesque, il avait toujours su garder le sourire et détendre l'atmosphère.

Pourtant... de part ma jalousie... parfois j'aurais aimé qu'il n'existe pas. Qu'il meurt d'une certaine façon. Il occupait toujours toute l'attention... peut-être que s'il n'avait pas été là... je me serais plus ouvert... peut-être qu'avec Ambre... J'étais un monstre d'avoir raisonné ainsi. Maintenant qu'il n'était vraiment plus là... C'était horrible, juste horrible. La derrière expression qui avait été dessiné sur son visage restait telle une emprunte dans ma tête, et elle ne voulait plus s'en aller.

- Et après ? » sortit rapidement Zoé, coupant mes pensées.

Alors je lui racontais. La prise d'otage d'Ombre, et ce qui s'était passé ensuite.

Je restais immobile dans le froid pendant quelques minutes, totalement sous le choc. J'avais arrêté de crier le nom de la jeune fille. J'avais compris qu'elle ne reviendrait pas. Je n'arrivais pas à réaliser ce qui s'était passé. Je croyais à ce que je lui avais dit. Je voulais y croire. Tout allait s'arranger. Tout s'arrangeait toujours, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?! On allait recommencer à vivre heureux comme si de rien était... Jean rigolerait, Antoine râlerait, Ambre... ou Ombre sourirait timidement et moi je les observerais, envieux... Rien n'était jamais perdu d'avance...

Soudainement, la dure réalité me revint en tête. Ombre, Antoine, Jean... pourquoi est-ce qu'il avait fallu que ça se te termine ainsi ? Après tout ce qu'on avait vécu, avec tous les liens qui nous reliaient... Comment avions nous pu en arriver là ? Je m'effondrais sur le sol humide, pleurant comme le faible que j'avais toujours été. Incapable d'aider qui que ce soit.

« Oh, tu es là, fit une voix derrière moi.

Je me retournais. C'était la fameuse Violette. La nouvelle pote d'Antoine, celle pour qui il nous avait remplacé, mais je n'avais pas la tête à réfléchir à ce genre de choses. Je m'empressais de me relever. La jeune fille avait l'air aussi à l'ouest qu'à son habitude, mais à cet instant précis, une aura effrayante se dégageait d'elle. Ombre avait eu peur d'elle. Ombre, qui avait été capable de plein de choses, d'aller jusqu'à la tentative de meurtre sur Jean et moi, et ce dans des lieux publics à chaque reprise, avait eu peur d'elle. Il devait bien y avoir une raison. En tout cas, son visage inexpressif ne me rassurait pas.

- La cible n'est plus là. » constata-t-elle sobrement.

Puis elle se retourna et commença à retourner à l'usine. Hein ? Elle comptait me laisser comme ça sans rien me dire d'autre ! Je la suivais et posais ma main sur mon épaule en m'écriant : « Hey ! ». Dès que je rentrais en contact avec elle, elle se retourna m'attrapa le bras et me plaqua violemment au sol, le faisant aussi aisément que si j'avais été aussi léger qu'une peluche. Puis, alors que j'étais sans défense au sol, elle s'apprêtait à me frapper mais se ravisa au dernier moment :

« Melvin est notre allié. » fit-elle, songeuse. Et au lieu de me donner un coup de ses bras minces, elle attrapa le mien et m'aida à me relever.

Comment avait-elle pu faire preuve d'autant de force ? Ce n'était pas... logique ! Mais bon, ce n'était que le cadet de mes soucis, et je la suivais lorsqu'elle reprenais la direction de l'usine. Là bas, l'horreur n'avait pas bougé. Allongé dans une mare de sang dans une position plus qu'étrange, Jean m'attendait. Je n'osais pas le regarder. Je savais qu'il... n'était pas en état de ressembler à grand chose. A sa place, je n'aurais pas voulu qu'on me vois dans cet état. Antoine était au près de lui, prenant son pouls ou quelque chose comme ça, je n'y connaissais rien.

« A... Alors ? Est-ce qu'il va bien ? bredouillais-je.

Je me rendais compte de la futilité de la question. Évidemment, qu'il n'allait pas bien, il fallait appeler des secours, et rapidement ! Je sortais mon portable.

- J'appelle une ambulance !

- Ce ne sera pas la peine. répondit le blondinet, en essuyant ses mains tâchés de sang sur le pantalon de la victime. Jean est mort.

Il dit cela d'un calme absolu. Presque comme s'il... comme s'il n'en avait rien à faire. J'osais finalement porter mon regard sur celui qui était par terre et je voyais l'expression sur son visage, ses yeux écarquillé. Le genre d'image qui pourrait vous faire faire des cauchemars pendant des mois et des mois...

- La police dans ce cas ! Il faut que quelqu'un fasse quelque chose ! hurlais-je, les larmes aux yeux.

Oui... La police. Ils allaient régler tout ça, et on allait être heureux comme avant... Une grande partie de moi savait que j'essayais de me convaincre, que ce n'était qu'un gros mensonge, mais une infime partie de ma personne voulait y croire. Rien n'était perdu !

- Je te déconseille fortement de faire ça. Si tu appelles qui que ce soit, je n'aurais pas d'autre choix que de demander à Violette de te mettre hors d'état de nuire.

Sa voix avait été froide. Il avait parlé avec un ton que je ne lui connaissais pas. Je n'avais aucun doute quant au fait qu'il était prêt à mettre ses menaces à exécutions... Putain, mais comment on en était arrivé là ?! J'éloignais doucement mon portable de mon oreille, ne comprenant pas le comportement de l'intello. Il n'y avait pas d'autres solutions que d'appeler les autorités compétentes !

- Ouvre bien tes neurones, d'accord ? Il est hors de question que le moindre adulte, la moindre personne ayant un rapport avec le gouvernement ou tout simplement la moindre personne que je n'ai pas autorisé soit au courant de cette histoire. Ou vienne à l'usine. Compris ?

Son sourire arrogant avait disparu, il était d'un sérieux terrifiant. La mort de Jean ne l'avait pas attristé, ça l'avait plus... agacé.

- Compris ?" répéta t-il, en appuyant fortement sur chacune des deux syllabes. Il me regardait droit dans les yeux. Ça me faisait peur je... je ne comprenais pas ce qui se passait, ni pourquoi il agissait ainsi. Il s'impatienta et rajouta avec énervement :

- Si tu en parles à qui que ce soit : je le saurais. Ce n'est pas un jeu, Melvin. C'est une guerre. Dans cette lutte tu es soit avec moi, soit contre moi. Et si je découvre que c'est la seconde option, j'agirais en conséquences.

Ce n'était même pas une menace. Ça donnait plus l'impression d'être un constat. Un horrible constat. Il était clair que sous son cynisme de tout à l'heure se cachait un sérieux à tout épreuve. Et vu... vu ce qui venait de se passer, il avait raison sur un point : ce n'était plus un simple problème d'adolescents. C'était quelque chose de bien plus important et dangereux... J'avais la soudaine envie de me réveiller dans mon lit et de pouvoir me dire que ce n'était qu'un affreux cauchemars.

- Qu'est... qu'est-ce que tu vas faire de Jean ? demandais-je en tremblant.

Il se détourna de moi et alla vers Violette, pour lui donner des instructions.

- Tu emmèneras... ça dans la salle des scanners, dit-il en pointant le corps sans vie du doigt. On va le balancer sur Lyoko. Après tu nettoieras toute cette saleté.

Quoi ? Comment pouvait il se conduire ainsi, avec si peu de respect pour la mémoire de notre ami ? Peu importait ce qu'il disait, je devais contacter la police. Ça allait trop loin pour nous ! Je sortais mon portable à nouveau, mais il le repéra immédiatement.

- Nous sommes nous mal compris, Melvin ? me lança t-il d'une voix glaciale, transpirante de mépris.

- Pas du tout ! Mais Jean a le droit a des funérailles digne de ce nom !

Il me toisa du regard un instant, m'observant comme s'il regardait un insecte. Il allait demander à cette super-nana de me foutre une raclée à coup sûr... Mais tant pis ! Pour Jean, j'étais prêt à subir ça !

- D'après toi, que va t-il se passer si nous contactons la police comme tu tiens tant à le faire ?

C'était une question inattendue... Et bien, il allait contacter sa famille, enquêter... faire ce que fait la police normalement !

- Quelles explications comptes tu leur donner quand à sa mort ? La thèse de l'accident étant impossible, il nous faudra alors dénoncer Ambre alors que nous comptions la sauver à la base. Une fois en prison, elle perdra toute chance de redevenir celle que nous aimons. Mais ça ne s'arrêtera pas là. Ils découvriront l'usine. Ils enquêteront sur le laboratoire. Des hommes du gouvernement prendront le relais et une nouvelle affaire s'ouvrira : celle de la disparition de Ulrich Schtern, de Mélissa Marple et surtout de William Dumbar, l'homme qui voulait nous tuer l'an dernier. J'ai fait des recherches avec Alpha, c'était un type puissant. A la tête de pas mal d'organisations. Certaines dont on ne connaît même pas l'existence, encore aujourd'hui. Ils se rendront compte que nous sommes tous les deux liés jusqu'au cou dans ces histoires. Et là, Melvin, que crois tu qu'il se passera ?

J'étais paralysé. Il avait plongé son regard dans le mien pendant sa tirade et j'avais pu imaginer les événements qu'il avait décrit. Ce n'était pas invraisemblable. Non à vrai dire, ça se passerait totalement comme ça. J'avais peur. De tout. De la mort de Jean. D'Ombre. D'Antoine lui même. De ce que l'avenir nous réservait désormais. J'étais incapable de parler. Le blondinet compris que je n'allais plus lui poser de problèmes, et me conseilla de rentrer chez moi, avant de rajouter :

- Je te recontacterai bientôt. J'aurais peut-être besoin de toi et de tes... compétences. » avec un air clairement ironique lorsqu'il prononça le dernier mot.

J'hochai la tête, j'étais dans le brouillard mentalement, je voulais juste rentrer chez moi. Je faisais le chemin sous cette averse qui ne voulait pas s'arrêter, perdu dans mes pensées. Tout se mélangeait dans ma tête, j'étais incapable d'y voir clair.

Le lendemain, il pleuvait toujours. J'avais passé la nuit les yeux ouverts dans mon lit, incapable de trouver le sommeil, espérant toujours avoir rêvé. Mais ce n'était pas le cas. Jean n'était plus, Ambre ou Ombre, ou qui que ce soit avait pété les plombs et j'étais impliqué que je le veuille ou non dans les magouilles d'Antoine. L'époque où nous étions tous amis me semblait si lointaine... J'aurais voulu qu'on me révèle que ce n'était qu'une plaisanterie de mauvais goût et que tout redevienne comme avant...

Mes frères ricanaient dans leur coin.

« Gravin pleure encore, fit Luc.

- Il s'est encore fait insulter tu crois ?

Je n'en pouvais plus. Je me levais d'un bond, en attrapais un et le secouer de toutes mes forces :

- Fermez vos gueules, putain ! FERMEZ VOS GUEULES !

- Melvin ! Lâche ton frère immédiatement !

- C'est ça, je le lâche !

- File prendre ta douche, et après on aura une petite discutions !

- Non, je me casse. »

Je m'habillais à toute vitesse et partais immédiatement. Dans la rue silencieuse, j'avais l'impression d'être dans un autre monde. Que tout était différent, même si au fond, rien n'avait changé. Je m'étais mis en colère pour la première fois de ma vie. Cette colère n'était toujours pas retombé. Elle avait prit la place de la tristesse et du désespoir. J'en voulais à la Terre entière. J'en voulais à Antoine. Surtout, je m'en voulais. Les gens avaient raisons de m'éviter. J'étais un petit gros inutile, qui avait été incapable de sauver un de ses amis.

Quand j'arrivais en cours de français, les places de Violette et Antoine étaient libres. Il n'allait sans doute pas venir aujourd'hui et c'était tant mieux. Sarah ne m'adressa pas un regard, sans doute vexée par ce qui s'était passé hier. Mais dans un sens j'avais eu raison de ne pas la confronter à ça. D'ailleurs, j'aurai aimé ne pas l'avoir été. Augustin s'assit à côté de moi, et remarqua tout de suite mon état.

« Quelque chose ne va pas Melvin ? me demanda t-il.

C'était horrible. Je voulais me décharger de tout ça. Je voulais tout lui raconter. Mais je ne pouvais pas. Je ne devais pas en parler à qui que ce soit. Je ne pouvais pas me permettre d'impliquer qui que ce soit d'autre là dedans. Surtout maintenant qu'Antoine était aussi dangereux.

- J'ai un ami... commencais-je. Que devais-je dire ensuite ? Un ami qui a disparu. »

Aussitôt je demandais à quitter la salle, je ne pouvais pas rester ici, au milieu de tout ces gens qui ignoraient l'horreur que j'avais vécu.

« Et dès que je me suis sorti, je t'ai contacté, dis-je pour terminer mon récit.

Zoé était songeuse, et son verre était vide. Je lui en recommandais un, et elle hocha la tête en signe de reconnaissance.

- T'as bien fait. Je ne pensais pas que les événements allaient prendre aussi rapidement une telle ampleur... marmonna t-elle doucement.

Je compris qu'elle ne me parlait plus vraiment, et qu'elle était en pleine réflexion. Normalement, elle me faisait trop peur pour que je l'interrompe, mais la situation était trop grave pour que ce genre de choses me retienne.

- Dis Zoé... Que va devenir Léa, la petite sœur de Jean ? C'était... c'était lui et uniquement lui qui s'occupait d'elle. Qu'est ce qu'elle va devenir ?

Encore une fois, Zoé baissa sa garde, me prouvant une fois de plus qu'elle n'était pas aussi insensible qu'elle avait voulu me le faire croire lors de notre précédente rencontre. Je m'étais peut-être un peu trompé sur son compte. Dans ma tête, le chagrin de la perte de Jean avait été remplacé par la peur pour la petite. Tellement gentille, innocente... et tellement dépendante de son frère qu'elle voyait toujours vu comme son héros...

- Je m'occuperai d'elle. Je t'en donne ma parole, je me porte garante de sa sécurité et de son avenir.

Elle avait l'air sincère. Et sérieuse. Elle me tendit une main et je la serrai aussi fort que je le pouvais, tout en me retenant à nouveau de pleurer.

- En revanche, je ne veux plus que tu sois impliqué là dedans Melvin, c'est d'accord ? Un innocent est déjà mort, il est hors de question qu'un deuxième le rejoigne.

- C'est facile à dire...

Elle leva un sourcil. Elle ne s'était pas attendu à ce que je la contredise.

- Pardon ?

- Je suis dedans jusqu'au cou, Zoé ! Antoine ne me laissera pas tranquille et il est hors de question que j'abandonne Ombre dans cet état !

- Et qu'est-ce que tu peux faire ? Je t'assure, il vaut mieux que...

- Qu'est-ce que je peux faire ? C'est la question que je me pose depuis le début. Et... et si j'y avais trouvé une réponse, ben peut-être que Jean serait encore vivant !

- Je ne peux vraiment pas te faire changer d'avis ?

Je lui fis comprendre par un signe de tête qu'il en était hors de question. Elle soupira et pour la première fois depuis que je la connaissais, elle eut un semblant de sourire.

- T'es vraiment un cas désespéré... Bon... J'aime pas avoir recours à ce genre de choses, mais pour le moment essaie de rester du côté d'Antoine.

- Comme un agent double ?

- Ouais. C'est ça. Par contre, méfie toi des membres de ma famille.

J'eus comme une sorte de déclic. Que Zoé soit au courant pour Lyoko et XANA m'avait tellement surpris que je n'avais jamais émis l'idée que ses frères et sœurs le soient aussi. Augustin, avait été tellement sympa... Est-ce qu'il avait lui-aussi un lien là dedans ?

- Pourquoi ?

- Melvin, c'est trop compliqué à expliquer... fit elle.

Je n'en pouvais plus d'être traité comme un abruti. Tout le monde autour de moi avait l'air de savoir pleins de choses que j'ignorais et s'attendait à ce que j'agisse comme bon ils leur semblaient ! Ça ne pouvait plus durer ! J'en avais assez d'être un pion et je ne pouvais pas supporter de rester encore à juste obéir sans pauser de question alors que quelqu'un était mort !

- Dans ce cas je m'en vais.

Je commençai à me lever.

- Non, Melvin ! Attends !

- Je t'écoute.

- Ça risque de ne pas te plaire...

- Tout ce qui s'est passé jusque là ne me plaît déjà pas.

- Augustin, Judith et moi ne sommes pas vraiment frères et sœurs. Nous n'avons même aucun lien de parenté. Nous venons du même endroit. Toute notre vie, nous n'avons été formé que pour une chose. Au départ, nous étions en compétition, puis... ça a changé. Le but était de... Melvin, je ne peux pas dire ça à haute-voix. Pas dans un lieu publique.

- Alors parle moins fort, sinon je m'en vais.

Elle eut l'air presque alarmée. Comme si elle pesait véritablement les différentes options que je lui offrais pour savoir laquelle aurait le moins de conséquence.

- Bon. Je vais raccourcir. Ma « famille » ne veut qu'une chose : détruire Antoine. Mais pour cela, il faut l'avoir sur son terrain, à savoir Lyoko. Une des stratégie mise en place par Judith était de récupérer tous ses alliés... dont tu fais partie.

Il fallu quelques secondes pour que je réalise ce que cela impliquait. Le comportement de cette jolie petite fratrie à mon égard... Leurs attentions, leurs compliments... Tout ça, c'était du chiqué pour m'avoir. Pour me détourner d'Antoine. En fait, ils étaient comme tout le monde : ils n'en avaient rien à foutre de ma pomme.

- Je suis vraiment un abruti...

- Je t'avais prévenu que ça n'allait pas te plaire.

- Et donc tu veux toi aussi t'en prendre à Antoine ?

- Je ne t'ai pas tout dit... Laisse-moi continuer.

- Non. J'en ai assez entendu. »

J'en avais plus qu'assez. On s'était encore une fois joué de moi. J'avais cru que cette année allait être différente... Que j'allais enfin trouver des amis... Mais d'un côté tout s'effondrait et de l'autre tout était factice. Je n'étais même pas de retour à la case départ, j'étais plus bas que terre. Ombre était folle à lier, Antoine probablement aussi, Jean allait être porté disparu à tout jamais... Et mes « nouveaux amis » ne m'avaient parlés que par intérêt et pour s'en prendre à quelqu'un que j'appréciais.

Pourquoi les choses ne pouvaient pas être simple pour une fois ? Pourquoi est-ce que tout devait être... aussi compliqué ? Je me souviens qu'avant je me vantais d'avoir pu vivre des choses aussi exceptionnelles... Maintenant je me rendais compte à quel point j'avais été idiot. J'aimerai n'être que Gravin, n'avoir que des problèmes de Gravin et que ça s'arrête là.

Je quittai la cafétéria en claquant la porte et je rentrai chez moi. J'avais encore des cours, mais peu m'importait. Quand j'arrivai, ma mère m'accueilla en hurlant mais je me mis à crier encore plus fort qu'elle, lui demandant de me laisser faire mon deuil en paix.

Je m'allongeai sur mon lit. Je faisais mon deuil de quoi au juste ? De Jean ? D'Ambre ? Ou de l'espoir d'avoir un jour une vie normale ? Je n'en pouvais plus en tout cas. C'était trop pour moi.

O??mb??re


J'ouvrai les yeux. Tout était toujours flou autour de moi, mais je ne sentais pas la pluie autour de moi. Au contraire, il avait plein de lumière venant d'en haut. Mes yeux, habitués à l'obscurité, devinrent douloureux mais je refusais de les fermer. Puis ils s'accoutumèrent. C'étaient des lampes qui m'éblouissaient. J'étais dans une sorte de petit salon. On m'avait enlevé mes vêtements et mit dans une robe de chambre.

Je devais rapidement partir de cet endroit qui ne m'était pas familier. Pour aller où ? Aucune idée. Ce fut comme un poignard. Qu'est-ce que je comptais faire ? Retourner chez Jean, comme si de rien était ? Impossible, tout ça avait volé en éclats. Je n'avais plus d'avenir. Et franchement, je n'en avais jamais eu. A part faire semblant d'être quelqu'un que je n'étais pas, d'être une pâle imitation, je n'avais rien accomplis pendant cette première année d'existence. D'ailleurs est-ce que je pouvais vraiment parler d'existence ? Qu'est-ce que j'étais au juste ?! Pourquoi... pourquoi étais-je venue au monde, si c'était pour que personne ne m'accepte ? Il se pouvait que je ne sois qu'une simple amie imaginaire ayant outrepassé ses droits. Une fantaisie d'enfant poussée trop loin. Ouais... c'était sans doute ça... Si on faisait le bilan de ma courte vie, j'avais fait plus de mal que de bien, agissant de manière égoïste... Je réalisai que... Au final, je réalisai que j'aurais préféré ne jamais venir au monde.

Après tout, était-ce un crime de vouloir plus que simplement exister ? Si je n'avais été destinée qu'à être qu'une simple observatrice, alors pourquoi est-ce qu'il m'était possible de prendre le contrôle du corps d'Ambre ? Ce que j'avais fait était inclus dans les règles du jeu, alors pourquoi... pourquoi putain tout semblait me crier que c'était une erreur ?! Que j'étais une erreur ! Ce n'était pas logique ! PAS LOGIQUE. Je prenais l'objet le plus proche de moi, à savoir une lampe et la brisais de toutes mes forces sur le sol. C'était stupide, mais j'en avais besoin. Je m'étais toujours persuadée que j'étais une battante et voilà que je pleurais encore. J'étais pire qu'Ambre à ses jours les plus sombres. Je n'y pouvais rien. J'avais juste envie de disparaître. Définitivement. Que cet enfer s'arrête.

Une jeune fille accourut à toute vitesse dans la pièce. Elle avait des cheveux mi-long roux. C'était elle, la silhouette que j'avais rencontré dans le parc.

« Tout va bien ? Me demanda t-elle immédiatement.

- Je suis où ? T'es qui ? Demandai-je brut de pomme.

-Je m'appelle Mathilde, et nous sommes chez moi. Enfin, dans la demeure familiale, mais c'est pareil. Je t'ai retrouvé dans un sale état... C'est pas un temps à être dehors...

- Et du coup, t'as prit la liberté de me ramener avec toi. Je vois. J'peux me casser maintenant ?

Je ne voulais pas lui être reconnaissante. Je ne voulais même pas lui parler. Je voulais... qu'on me laisse en paix. Ne plus voir personne, ne plus avoir à faire semblant.

- Je pense que tu devrais manger au moins avant de repartir.

- Je m'en contrefous de ce que tu penses. On sort par où ?

Je me levai du fauteuil avant d'y retomber immédiatement. Mes forces n'étaient pas totalement revenues.

- Je vais te chercher de quoi grignoter.

Je n'eus pas le temps de la retenir, elle était déjà partie. Recevoir de la gentillesse me mettait mal à l'aise. J'étais un monstre. J'avais tué... J'avais tué la seule personne qui tenait à moi. Même si ce n'était pas véritablement à moi qu'il tenait, c'était... suffisant dans un sens. Ouais... Je crois que j'avais fini par apprendre à l'aimer. Il n'avait pas mérité ce que je lui avais fait. Il n'avait pas mérité que je lui mente pendant un an. Putain. Et moi je ne méritais plus de vivre après avoir fait ça. Je jetais un coup d'œil par la fenêtre. Nous étions au quatrième étage. Avec un peu de chance... Ça allait suffire...


Chapitre 8: Une promesse en chocolat


« Bonjour mademoiselle ! Qu'est ce que je vous sers ? » demanda le jeune homme d'un ton joyeux.

Paul était un jeune apprenti boulanger. Il était loin d'être stupide, et était très cultivé, généralement plus que ses clients, avec qui il parlait de tout et de rien. C'était une sorte de philosophe du dimanche en herbe, aimant bien se poser des questions existentielles et en discuter avec les gens qui passaient dans le rayon pâtisserie du supermarché dans lequel il travaillait. On pouvait sans conteste dire que c'était quelqu'un d'agréable à côtoyer, qui dessinait des sourires sur les visages maussades des consommateurs qui venaient le voir. Il était un peu physionomiste et connaissait bien chacun de ses clients, gardant en mémoire leur physique et toutes les informations à leur sujet. Et puis, généralement, c'était les même habitués du quartier qui venait. Avec parfois de nouvelle tête, mais c'était assez rare.

Et puis un jour d'été, elle était arrivé. Il ne l'avait jamais vu, sinon, il s'en serait rappelé. Comment aurait-il pu oublier une telle beauté ? Une beauté aussi... peu commune, aussi étrange ? La jeune fille aux longs cheveux bleus s'était arrêté devant le coin qui lui était attribué. Elle poussait un cadis presque remplis et tenait à la main une liste de course très précise de ce que Paul pouvait voir. Quand elle passa devant l'étalage de gâteaux, croissants et éclairs au chocolat en tout genre, elle s'arrêta, surprise. Sans dire un mot au jeune boulanger, elle resta quelques instants à simplement contempler les différentes confiseries, comme si c'était la première fois qu'elle en voyait Paul, avec son énergie habituelle, lui avait posé la question elle aussi habituelle. La fille avait fait un bond en arrière de surprise et l'avait regardé avec des yeux ronds.

« Vous allez bien ? s'empressa de demander le jeune homme. Elle ne répondit pas tout de suite, le regardant avec un mélange d'intérêt et de curiosité.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda t-elle rapidement. Elle pointait du doigt un pain au chocolat. Le dernier de la journée.

- C'est un pain au chocolat, dit-il calmement avec un grand sourire, pensant avoir à faire à une comédienne de très haut niveau.

- A quoi est-ce que ça sert ? rajouta t-elle. Elle posait ses questions sur un ton sec, faussement autoritaire. On pouvait tout de suite comprendre qu'elle était en réalité très intriguée.

Paul eut un petit rire face à cette cliente assez inhabituelle, ce qui la fit sursauter de nouveau. Il sortit de la vitrine la fameuse pâtisserie et la tendit à la fille aux cheveux bleus.

- Tiens, mange et tu verras.

Violette était surprise. Elle avait déjà vu Antoine manger, et elle avait crû comprendre que les courses qu'il lui avait envoyé faire était dans le but de le ravitailler en... nourriture ? Mais elle n'avait jamais "mangé". Elle n'avait pas posé la question à Antoine, car elle avait aussi saisi qu'il n'aimait pas trop qu'elle parle, il préférait qu'elle obéisse. Il lui faisait beaucoup de piqûres, c'était vrai. Peut-être que ça remplaçait ce besoin en nourriture. Mais alors que l'homme lui tendait l'objet de ses interrogations, son esprit jeune et innocent brûlait et se tordait dans tout les sens. Avait-elle le droit ? Le blondinet lui avait donné une liste d'interdiction bien précise, mais elle ne savait pas si cela en faisait parti. Une chose était sûre : elle en avait envie. Elle ne savait même pas ce qu'était une envie, mais c'était ce qu'elle ressentait en ce moment. Si elle le faisait, est-ce qu'Antoine lui en voudrait ? Pendant les quelques secondes qui s'écoulèrent, elle calcula tous les scénarios possible, allant du pire au plus inconséquent.

Et finalement, elle prit doucement le pain au chocolat, doucement comme si elle manipulait une bombe de retardement. Elle le porta à ses lèvres, jetant un coup d'œil au boulanger pour s'assurer qu'elle le faisait correctement. Elle croqua et le lâcha soudainement de surprise.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Ce n'est pas bon ? s'enquit Paul, déconcerté.

Elle le ramassa doucement et renouvela l'expérience. C'était la même chose. Elle ressentait des saveurs qu'elle n'avait jamais connu auparavant. C'était... agréable. L'éducation partielle d'Antoine lui avait omis beaucoup de chose, elle était assez intelligente pour s'en être rendu compte, mais elle avait été aussi suffisamment intelligent pour faire croire à son "créateur" de l'inverse. Il lui avait parlé, rapidement, de ce que signifiait le mot "agréable", mais il n'en avait donné que sa définition. Selon lui, si on se tenait la main, cela devait être agréable. Mais manger ce pain au chocolat l'était plus. Était-il possible que son Créateur et elle aient une notion différente de ce qui était agréable et de ce qui ne l'était pas ?

- Si. C'est... bon. C'est très... bon, dit-elle en cherchant ses mots.

Se souvenant soudainement que tout bien présent dans ce supermarché avait un prix, elle sortit le porte-feuille qu'Antoine lui avait confié. Elle avait retenu qu'elle ne devait le donner à personne, et uniquement en sortir le montant d'argent demandé.

- Oh non, c'est pour moi. De toute façon c'était le dernier de la journée, je n'aurais jamais pu le vendre demain ! fit-il en riant à la vue des billets que sortait Violette.

Autre chamboulement pour la jeune fille. Son Créateur lui avait longuement expliqué qu'on ne donnait rien dans la vie, que tout n'était qu'échange. Pourtant... le jeune homme venait de lui offrir de la nourriture... gratuitement. Il ne semblait pas attendre quoi que ce soit en retour. Violette n'était pas stupide. Elle comprit aussitôt qu'Antoine ne lui avait dit que ce qui l'arrangeait. Qu'il voulait qu'elle soit un pantin stupide, uniquement capable de suivre ses instructions sans réfléchir. Trop de choses ne concordaient pas avec le monde extérieur qu'elle avait eu parfois le temps d'entrapercevoir. Ce simple acte de bonté lui prouvait qu'on lui avait caché des choses. Elle se sentait trahie. Depuis sa « naissance », Antoine avait été tout pour elle. Il lui avait dit qu'elle devait lui être reconnaissante pour sa naissance, et par conséquent elle l'était. Elle aurait été prête à tout et n'importe quoi pour lui. Mais rapidement, elle se rendit compte que cette relation n'allait que dans un seul sens. Antoine s'en fichait d'elle, de ce qu'elle pouvait bien vouloir. Il était même probable qu'il pensait qu'elle n'avait aucun désir propre. Qu'elle n'était qu'une chose. Sa chose. Uniquement sa lutte contre Hannibal avait de l'importance, et Violette n'était qu'un outil, un pion dans cette guerre silencieuse. La jeune fille enchaînait les missions sur Lyoko, dormait seule à l'usine pendant que lui rentrait chez sa tante. Dans un sens, elle s'était sentie seule, sans même savoir ce que c'était que la solitude, sans jamais avoir connu quoi que ce soit d'autre. Et là... ce simple cadeau, ce simple pain au chocolat changeait la donne. Le monde n'était pas remplis de mini-Antoine. La vision des choses qu'il avait essayé de lui imposer n'était vrai que pour lui.

Commença alors une double vie pour Violette. D'un côté, elle était la création d'Antoine, le suivant dans tout ses plans de bataille contre ses rivaux, et de l'autre elle était Violette, une cliente du supermarché du coin, et habituée du rayon pâtisserie. Antoine ne comprit pas pourquoi elle insistait tout les jours pour aller lui faire les courses ou lui acheter un encas. Il dû prendre ça pour une réussite : sa pièce maîtresse apprenait à le servir de mieux en mieux. Tous les jours, elle retrouvait Paul, pratiquement à la même heure. Ce dernier aussi attendait le moment où cette étrange fille aux cheveux bleus viendrait le voir. Elle insistait pour payer désormais, et malgré la grande générosité du boulanger, ça l'arrangeait, sa paie n'aurait pas supporté d'offrir tous les jours des sucreries, même à la nana la plus belle qu'il ai jamais vu. Elle restait avec lui un bon quart d'heure, mais parlait peu. Généralement, elle arrivait avec une question tellement simple que si quelqu'un d'autre l'avait posé, cela aurait eu l'air absurde. Mais venant d'elle, ça ne le choquait pas. Il avait l'impression qu'elle ne lui mentait pas, qu'elle était sincère dans ses questionnements.

« Pourquoi ? demandait-elle avec curiosité, souvent sur des sujets portant sur le bonheur et l'accomplissement personnel. Et il s'empressait de lui donner son point de vue.

Elle commençait à véritablement l'intriguer. Il essayait de lui aussi l'interroger, mais elle éviter toujours de donner des réponses. Au final, il ne savait rien sur elle, si ce n'était son prénom : Violette. Ça n'allait pas l'aider pour faire des recherches... Et ce n'était pas son genre de stalker comme ça une nana. Puis un jour elle cessa de venir. Ce fut à partir de la rentrée de septembre. Sans prévenir, et du jour au lendemain. Paul fit des annonces dans la clientèle du supermarché, mais personne ne connaissait cette jeune fille à la couleur de cheveux aussi inhabituelle.

Violette n'avait pas eu le choix. Le mois de septembre annonçait le début des hostilités entre Antoine et ceux qu'ils surnommaient les « pions d'Hannibal ». Elle n'avait plus le temps de papillonner de la sorte. Mais elle était reconnaissante, Paul lui avait beaucoup appris. Cependant, elle devait faire semblant de n'avoir pas évolué auprès de son créateur, sinon il aurait l'impression de perdre le contrôle et qui savait de quoi il serait capable ? Il lui avait donné la vie, il n'était pas incohérent qu'il pense la posséder entièrement. Ainsi, du haut de ses quelques mois, elle avait rattrapé une bonne partie de son retard, grâce à ce drôle de boulanger. Ca lui avait beaucoup plus, et si elle avait connu l'importance du mot « merci », elle lui aurait dit un bon millier de fois. Malheureusement, ça ne faisait pas partie des leçons d'Antoine. Lui-même n'utiliser jamais ce mot, ainsi, il était absent du vocabulaire de la jeune fille. Une autre expression qu'elle ne connaissait pas et qui lui aurait été utile, c'était au revoir.

Ce mardi soir là, Antoine était de mauvaise humeur. Violette restait assise dans son coin habituel, à attendre tel une poupée de porcelaine, sans même cligner des yeux.

« Merde. Merde, merde, merde ! criait-il.

Il avait gardé son calme devant Melvin afin de donner l'impression qu'il avait le contrôle de la situation. Mais en réalité, la situation lui échappait totalement, et cela se voyait. Il avait énormément compté sur le retour d'Ambre pour sa lutte contre Hannibal, mais si l'informatique n'avait de toute évidence plus aucun secret pour lui, les rapports humains étaient une science qu'il ne maîtrisait pas du tout. Ça avait salement dérapé. Non seulement ramener sa sœur allait être encore plus compliqué maintenant, mais il avait perdu un pion. Certes, ce n'était pas un pion très important, mais c'était toujours embarrassant de voir une pièce périr non pas à cause d'un coup de l'adversaire mais à cause de ses propres erreurs. Surtout avant que la partie ne commence véritablement.

A : Antoine, calme-toi. Je sais que ne pas pouvoir retrouver Ambre te touche, mais ce n'est pas le moment d'oublier notre objectif principal.

- Je sais, Alpha, je sais ! J'ai... j'ai investi beaucoup trop de temps là dedans. Bon, au moins nous avons toujours notre avance.

Il commença à faire les cent pas dans le laboratoire.

- Si les informations qu'il m'a donné cet été sont corrects, et je n'ai aucune raison de croire qu'elles ne le sont pas, leur offensive aura lieu après-demain à Kadic. Alpha, où en est la récolte d'énergie ?

La contre-attaque qu'Antoine préparait depuis plusieurs semaines allait être très coûteuse. Ce n'était pas une activation de tour standard, bien au contraire. Il avait dû s'y prendre énormément à l'avance pour être sûr à au moins 90 % que ça puisse fonctionner.

A : Tout se passe comme prévu. Tu seras en mesure d'activer les tours requises jeudi.

- Et où en est...

Il jeta un regard vers Violette après s'être interrompu.

- Où en est le projet R ?

A : Il est en bonne voie aussi. Bien sûr nous avons perdu du temps avec les événements d'hier après-midi, mais rien d'irrattrapable.

- Parfait ! Parfait ! »

Le blondinet éclata de rire. L'isolement mélangé au fait de ne communiquer qu'avec des intelligences artificiels avait eu indéniablement un effet négatif sur sa personnalité. Après avoir rencontré quelqu'un comme Paul, Violette comprenait que quelque chose clochait chez son créateur. Il leur annonça qu'il allait travailler sur son projet pendant la nuit depuis chez lui et quitta l'usine en éteignant les lumières, laissant « sa Reine » seule dans la pénombre. Elle attendit quelques instants avant de prendre sa place à l'ordinateur central.

Depuis toujours, elle communiquait avec Alpha. Elle le voyait comme son véritable père. Enfin, étrangement, plus comme une mère car elle avait remarqué que l'intelligence artificielle accordait ses adjectifs au féminin. Contrairement à Antoine, elle ne lui avait jamais rien caché. Et si Paul lui avait fourni un enseignement sentimental sur ce que c'était d'être humain, Alpha l'informait sur tout le reste. C'était les deux seules personnes avec qui elle se permettait de ne pas faire semblant. Pour Antoine, ses alliés et même ses ennemies, elle se devait de paraître telle une machine sans âme.

V: J'ai compris quelque chose aujourd'hui.

A: Je t'écoute Violette.

V: Mes "crises" sont de plus en plus fréquentes, de plus en plus longue. J'ai étudié les résultats des scanners qu'Antoine a négligé.

A: Je vois.

V: Tu es déjà au courant, n'est-ce pas ?

A: Précise tes propos.

V: J'ai une durée de vie allant de trois mois à un an.

Violette tremblait. C'était une chose de faire des théories, mais si Alpha les confirmait, elles devenaient la réalité.

A: Exact.

La jeune fille posa ses mains sur sa tête. Elle s'en était doutée. Elle l'avait redouté. Elle n'était pas aussi parfaite que le prétendait Antoine. Au contraire, elle était totalement incomplète. Il l'avait crée en vitesse face à la nécessité et il en était parfaitement conscient. Ce n'était pas pour rien qu'il travaillait sur un « projet R », qui devait annoncer la naissance de sa remplaçante...

A : Je suis désolée, Violette.

V: Est-ce que ça a un rapport avec ce qui m'a été injecté quand j'étais à l'infirmerie ?

A: Peut-être. J'ignore ce qui t'a été injecté.

Elle se mit à rire, d'un rire triste et forcé. Il était clair qu'en l'absence d'Antoine, ce n'était plus du tout la même personne. Elle avait mis tant de temps à apprendre, à apprécier ce qui l'entourait, à apprécier la vie qui lui avait été donné... pour qu'en réalité tout cela ne soit qu'une simple brise. On allait tout lui retirer, aussi rapidement qu'on le lui avait donné. Ce n'était pas juste. Ce n'était pas juste, mais c'était comme ça, et elle comprit rapidement qu'elle ne pourrait rien y changer. Alors elle l'accepta. De son point de vue, le simple fait d'avoir pu vivre, ne serait-ce que quelques mois avait déjà été une chance inouïe.

Antoine m'a donné la vie. Même s'il ne le saura jamais, c'est grâce à lui que j'ai pu comprendre ce qu'étais le plaisir de manger un pain au chocolat... je me demande d'ailleurs si ça aurait été... agréable d'embrasser Paul. Je suppose que je ne le saurais jamais. Toujours est-il que si j'ai eu la chance de pouvoir apprécier tout ça, c'est parce qu'il a été là. Je lui suis reconnaissante, et avec le peu de temps qu'il me reste, je ferais tout pour qu'il remporte son combat.

C'était sa résolution, ça allait devenir sa dernière raison d'exister. Rembourser sa dette, dessiner un sourire sur le visage d'Antoine tout comme on en avait dessiné un sur le sien.

V: Dis moi, Alpha... Il y a toi aussi des choses que tu ne dis pas à Antoine.

A: Précise ton propos.

V: Cet été, tu étais étrangement au courant de ce qui se passait lorsque... Lorsque ce qui est arrivé... est arrivé. Comme si tu avais été en contrôle.

A: Je trouve ça horrible qu'Antoine ne puisse jamais réaliser à quel point tu es parfaite, Violette. Oui, tu as raison, c'est moi qui ai provoqué ces événements.

Antoine était intelligent, c'était sûr, mais il était trop imbu de lui même pour se remettre en question, ce qui limitait ses options. Il était par exemple persuadé qu'Alpha et Violette étaient sous son contrôle, alors qu'en réalité les deux gardaient une certaine indépendance et qu'Alpha était loin de lui avoir livré tout ses secrets.

V: Qui es-tu, Alpha ?

A : Je ne peux pas te le dire.

V : Tu ne me fais pas confiance ?

A: Oh si, Violette, tu n'as pas idée à quel point. Tu m'as déjà tellement aidé par le passé.

V : Je n'existe pas depuis longtemps. Comment ai-je pu t'aider ?

A : J'en ai trop dit. Arrête de te tourmenter avec tout ça. Tu ne veux pas prendre ta soirée et rendre visite à ton boulanger ? Je sais que tu en as envie.

V : Non. Il me reste peu de temps, et j'ai déjà eu la chance de pouvoir comprendre ce que c'était d'être heureuse. Maintenant, je dois renvoyer l'ascenseur à Antoine, même s'il ne le saura sans doute jamais.

C'était là la promesse qu'elle s'était faite à elle même. Une promesse en chocolat.
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Jeu 03 Oct 2019 14:36   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Spoiler


Chapitre 6: Ombre et l'Autre

Melvin


Je passai le reste de la journée dans les vapes, perturbé par les événements qui s'étaient produits aux toilettes. Zoé, derrière ses airs de... de gothique agressive, était bien plus que ça. Elle savait certaines choses qui pourtant n'étaient connues que par Ambre, Antoine, Jean et moi. Et les défunts Ulrich et Mélissa. Ces derniers s'étaient peut-être confiés à d'autres personnes. Après tout, nous ne savions pratiquement rien d'eux. Et puis, nous n'avions pas été les seuls à avoir été impliqué dans cette affaire, j'avais oublié par exemple que c'était quelqu'un qui avait contrôlé XANA dans le but de nous tuer. Ce n'était pas possible de savoir combien de gens exactement étaient au courant. Mais le pire n'était pas là. Cette discussions avec la métaleuse n'était rien par rapport à l'autre choc que j'avais dû affronter : Ambre. Ma pauvre Ambre... La fille dont j'avais été tellement amoureux, réduite à un état sauvage semblable à de la folie. Elle avait été proche de me tuer. Je ne sais pas si elle en aurait été véritablement capable, et je préférai ne jamais le savoir. Parce que malgré ça, j'éprouvais quand même beaucoup de compassion pour elle. Alors peu importait que je n'avais absolument aucunement confiance en Zoé, j'allais tout faire pour sauver Ambre. Je lui devais bien ça. Cette après-midi j'allais prendre contact avec Jean pour prendre des nouvelles et essayer de comprendre comment mon ancienne amie avait pu en arriver là. Ça me semblait être un bon point de départ.

En attendant, il me restait deux heures d'anglais. Une matière dans laquelle j'avais toujours été extrêmement mauvais, comme dans beaucoup d'autres. Mais encore plus dans celle là. Parce qu'Antoine ne s'était jamais retrouvé dans le même groupe que moi, il n'avait jamais pu m'aider. C'était donc devenu ma séance de sieste favorite. Mais cette fois, si je pouvais me mettre à côté d'Augustin, ça pourrait changer. Je veux dire, ce gars là était l'intello parfait, il devait sans doute aussi maîtriser les langues étrangères ! Dans le doute, je lui demandais alors que nous rentrions pour la première fois dans la salle :

« Dis... t'es fort en anglais ?

Souriant comme à son habitude, il affirma :

- Je pense pouvoir dire sans mentir que je me débrouille ! »

J'étais rassuré. Quelle aubaine d'être tombé sur ce gars là le jour de la rentrée finalement ! Comme quoi, la chance, ça existait parfois. Mais la joie céda rapidement fasse à la déception lorsque l'enseignant nous plaça par ordre alphabétique. Je regardais mon nouvel ami avec des yeux de chien battu. Il haussa les épaules, comme pour me dire : « Tant pis ! » Alors dans cette matière, les choses n'allaient pas être différentes des années précédentes, j'allais dormir et me ramasser des caisses à chaque fois. J'installais mon agenda à la place qui m'était attitrée et posais lourdement ma tête dessus, prêt à m'assoupir. C'est alors qu'une voix féminine me tira hors du demi-sommeil dans lequel je m'étais déjà plongé.

« Eh ! T'as pas ton livre d'anglais ?

Moi qui n'étais pas habitué à ce que des filles m'adressent la parole, voilà qu'en deux jours c'était la quatrième à me porter attention ! J'observais ma nouvelle voisine et la jaugeais du regard. Elle avait une coupe au carré brune et des yeux de la même couleur. Ses vêtements étaient une veste en cuir et un pantalon gris. Son visage n'avait rien d'extraordinaire, mais pourtant il me semblait étrangement familier, comme si elle me rappelait quelqu'un sans que je puisse me rappeler de qui il s'agissait.

- Tu comptes me répondre à un moment ? dit-elle, agacée.

- Oh pardon. Ouais, je l'ai, dis-je aussitôt, me rendant compte de mon absence de réponse.

Je le sortais de mon sac, et la jeune fille s'en emparait immédiatement sans me demander mon avis, et commença à le feuilleter.

- Ralala... je comprends rien... dit-elle dans un gémissement énervé.

Ce n'était pas avec elle que j'allais améliorer ma moyenne... Bon, au moins je pouvais essayé d'engager une conversation avec elle. Après tout, à l'instar d'Augustin, j'allais passé toute une année à côté d'elle.

- Je m'appelle Melvin et toi ?

Elle me regarda, surprise et se mit à sourire.

- Melvin ! Je savais que je te connaissais !

De quoi ? On s'était déjà parlé auparavant ? C'était étrange, je n'en avais absolument aucun souvenir ! Pourtant je gardais à chaque fois en mémoire les rares moments où un membre du sexe opposé m'adressait la parole. Et il fallait admettre qu'elle n'était pas vraiment repoussante, si on avait véritablement déjà discuté, je m'en serais rappelé !

- Tu te souviens pas ? C'est moi, Sarah, on était ensemble en maternelle et en primaire ! »

Une vague de souvenirs remonta en moi d'un coup. Effectivement de la petite section au CE1, je traînais toujours avec Louis, un enfant en chaise roulante et avec une fille... nommée Sarah. On était littéralement inséparable, on avait fait les quatre cents coups. Vu que nos parents étaient amis, j'allais souvent jouer chez elle avec son frère aîné, Steven. C'était un peu brumeux dans ma tête, mais c'était toujours là. Notre groupe, c'était un peu le gang des reclus, de ceux qui étaient à l'écart. Nous avions tout les trois prit des chemins différent au milieu de l'école primaire, quand Louis dû partir à l'hôpital et quand Sarah fut envoyé en pension suite au décès de sa mère. C'était là qu'avais commencé ma solitude...

Je regardais la fille assise à côté de moi avec stupéfaction. Ça pouvait-être elle, oui !

« Non... Sérieux ? furent les seuls mots qui sortirent de ma bouche.

Elle eut un soupir, ma réaction semblait l'avoir rassuré.

- J'ai eu peur à un instant de m'être trompée. J'aurais eu l'air totalement conne !

J'essayais de rassembler toutes mes pensées pour me rappeler un maximum de choses à son sujet. Je l'avais jamais revu depuis son départ il y a longtemps. Je n'aurais jamais cru qu'on se retrouverait un jour. La preuve, je l'avais carrément zappée de ma mémoire.

- T'as vachement changée ! dis-je en l'examinant. T'étais beaucoup plus...

... comme moi. Oui, elle avait été beaucoup plus ronde à l'époque, on était devenu amis à cause de ça principalement.

- Ouais... je sais. Qu'est-ce que tu deviens sinon ?

Je me rendais compte à cet instant qu'une importante partie de ma vie était secrète. Il y avait certaines choses qui m'avait marqué que je ne pourrais jamais dire à Sarah ou même Augustin. Et si j'essayais, on me prendrait pour un fou, une sorte d'illuminé, voir même juste quelqu'un de triste qui s'invente une vie imaginaire. Tout ça, j'allais devoir le garder pour moi. Les seuls personnes à pouvoir me comprendre étaient Antoine, Ambre, Jean et de toute évidence Zoé. Pour le reste de l'humanité toute entière, je devais rester motus et bouche cousue.

- Pas grand chose. Et toi ? répondis-je rapidement.

Elle eut un petit soupir. J'avais l'impression qu'elle était beaucoup plus détendue depuis qu'elle connaissait mon identité. C'était le genre de personne à être très distant avec les gens qu'elle ne connaissait pas, et à ne se révéler uniquement qu'à ses amis. Amis. Après tout ce temps, me voyait elle encore comme un ami ?

- C'est... compliqué ! » fit-elle avec un petit rire.

Et puis elle se plongea dans la lecture de mon cahier d'anglais, comme pour changer de sujet. C'était étrange de revoir quelqu'un aussi longtemps après. J'avais l'impression de la connaître, mais en même temps, c'était une parfaite inconnue. Franchement, le fait d'avoir été très proche d'elle alors que nous n'avions que 3 à 6 ans ne voulait rien dire. Nous avions tout les deux beaucoup changé depuis. Surtout elle. Elle n'avait plus le physique d'une fille qu'on mettrait à l'écart, contrairement à moi qui avait toujours la même morphologie...

Mon portable vibra dans ma poche. C'était curieux: n'ayant que peu (voir pas) d'amis, il n'y avait que ma mère qui me contactait par message et jamais elle ne le ferai pendant mes horaires de cours. Je regardai rapidement mon téléphone pour remarquer que je m'étais trompé. Ce n'était pas elle. C'était Antoine. Le message disait « J'ai besoin de toi dès que possible à l'usine, c'est important. On doit parler d'Ambre. » Antoine avait peut-être des informations au sujet de la jeune fille que ni Zoé ni moi ne possédait. Malgré son comportement étrange, peut-être avait-il remarqué celui d'Ambre ? Ça valait le coup d'échanger des informations. Zoé m'avait fait promettre de ne rien dire à personne quand aux événements qui s'étaient déroulés dans les toilettes ce matin, mais en qui avais-je le plus confiance ? Un vieil ami que j'avais certes perdu de vue ou bien une métaleuse bizarre et particulièrement flippante ? La décision à prendre était plus ardue que je ne l'aurais imaginé, mais finalement, j'optais pour la première option. Après tout, c'était sa sœur, il avait le droit de savoir ce qui lui arrivait.

Je levai la main et déclarait avoir mal au crâne. Le professeur accepta que je me rende à l'infirmerie à condition que je sois accompagné. Sarah se porta aussitôt volontaire. Ça ne m'arrangeait pas trop... comment lui expliquer que je comptais en réalité faire le mur ? Au détour d'un couloir, je commençai à prendre le chemin opposé à l'endroit où nous étions censé nous rendre.

« Euh Melvin... Tu vas où exactement ? » demanda la jeune fille, un brin surprise.

Je me tournai vers elle. Je ne pouvais pas tout lui dire, mais je pouvais lui faire comprendre que tout ça c'était sérieux. Très sérieux.

- Écoute... tu ne me croirais jamais si je te racontais toute cette histoire, mais j'ai une amie qui est en grave danger. Et d'une certaine manière... moi seul peut l'aider !

Elle se gratta la tête, l'air décontenancé. J'avais essayé d'avoir l'air épique en lui annonçant ça, mais je me rendais compte qu'il aurait peut-être mieux valu que je me contente de trouver une excuse bidon, plutôt que de donner des bribes de vérité. Je devais paraître totalement ridicule.

- Je viens avec toi, dit-elle.

Ça c'était surprenant. Et inattendu. Ça devait être une blague. Pourtant Sarah avait l'air très sérieuse. Je ne comprenais pas sa démarche : ce que je venais de lui avouer n'avait strictement aucun sens !

- Je sais pas ce qui t'arrive, mais ça a pas l'air d'être facile à porter. On sera pas trop de deux pour aider ton amie, non ? Et puis je m'ennuie ces derniers temps, alors si ça peut m'occuper...

Je me mis à sourire. Je commençai réellement à être de nouveau entouré cette année. Elle allait venir avec moi et on allait régler toute cette histoire ensemble, comme au bon vieux temps ! Mais... Mais c'est alors que le souvenir du corps sanglant d'Ulrich me revint en tête. C'est alors que le souvenir de la fois où je ne pouvais plus contrôler mon corps et où j'avais failli tuer Ambre refirent surface. C'est alors que le souvenir du visage de cette dernière, déformé par une agonie monstrueuse, me fit baisser la tête. Tout ça était dangereux. Véritablement dangereux. Nous avions tous failli perdre la vie, et Ambre était dans un état très critique, prenant des risques pour les autres mais aussi pour elle même. Sarah n'avait rien demandé. Est-ce que ça valait vraiment le coup de lui imposer ça ? La réponse était non. Zoé m'avait confié cette mission, à moi et je me la serai confié de toute manière. Ça ne concernait personne d'autre.

- C'est gentil... mais non. Tu ne peux pas. »

Et je quittai les lieux en courant, sans me retourner. C'était un peu rude comme comportement, mais on était trop nombreux à avoir déjà souffert. Bien sûr, il n'y avait pas eu que de la souffrance : on avait passé quelques bons moments avec Jean, Antoine et Ambre. Comme je me le disais souvent, les quelques jours où nous avions affronté XANA avait été ceux où je m'étais sentis le plus vivant. Sans doute parce que j'avais failli justement y perdre la vie, comme nous tous. Mais là, c'était différent. Ce n'était pas une machine détraquée qui posait problème, mais une adolescente, comme nous, au bord du gouffre. Cette lueur de désespoir dans ses yeux était inoubliable. Et si ce qu'elle avait vécu l'avait mise dans cet état, ça pouvait le faire à n'importe qui. Alors non, il ne fallait pas impliquer qui que ce soit d'autre. Vu ma conversation avec Zoé, il était évident que c'était lié à l'usine et au supercalculateur. Antoine allait sans doute pouvoir apporter des réponses.

Jean


Jean était dans le bus, avec Mathilde. Il ne parlait pas. Elle avait essayé de commencer une conversation, mais il ne lui avait pas répondu. Quand il était rentré chez lui la veille, Ambre n'était pas là. Léa était allongée par terre en larmes. Il n'avait rien comprit à ce qu'elle lui avait raconté, Ambre l'aurait menacé semblerait-il... mais il refusait de croire qu'elle ait pu agir de cette manière, ça n'était pas logique ! Elle et Léa s'adoraient comme deux soeurs ! Et maintenant elle avait disparu... Jean dormit seul dans son lit pour la première fois depuis un an. Quand il se réveilla, il avait le moral dans les baskets. Il se surprit à hurler sur des enfants, en bouillonnant de rage. Mathilde avait dû intervenir, lui faisant comprendre qu'il ferait mieux d'aller se calmer. Les enfants qu'il avait reprit à l'ordre étaient en larmes, ils le regardaient avec une immense crainte dans les yeux. Il s'en foutait, une seule chose comptait à ses yeux.

Ambre... S'il te plaît, fais pas de conneries...

« Jean, si tu as besoin, tu peux m'en parler, lui dit doucement Mathilde, sa voix à moitié couverte par les conversations des autres passagers.

- J'ai... j'ai des problèmes avec ma copine... Elle est partie et je sais pas où elle est...

Elle hocha la tête avec un air grave.

- Tu veux qu'on essaye de la chercher ? Je peux peut-être t'aider. »

C'est à ce moment là que Jean reçu le message d'Antoine. Il hurla au conducteur d'arrêter le bus et en descendit immédiatement.

Antoine... J'aurai dû m'en douter...

Mathilde


Mathilde resta encore quelques instants dans le bus avant d'en descendre à son tour. Il pleuvait encore dehors. L'averse devenait même de plus en plus violente. Allait-il y avoir de l'orage ? Elle était seule dans la rue, les rares passants qu'elle croisait courraient pour se mettre à l'abri. Mathilde avançait sereinement, sans se presser. Elle arriva finalement à un kiosque. Les autres l'y attendaient.

« Et bien c'est pas trop tôt Mathilde ! On adore attendre dans le froid, tu aurais pu prendre encore plus de temps ! fit la voix sarcastique de Judith.

- Maintenant on est tous là et c'est tout ce qui compte, temporisa Augustin.

- Zoé n'est pas là ? Demanda la rouquine.

- Nan, pour ne pas changer, répondit Judith en levant les yeux au ciel.

Mathilde contempla ses frères et sœurs. Augustin accepterait. Chaque fois qu'elle proposait quelque chose, Augustin acceptait. Mais Judith... C'était l'exact opposé, elle mettait un veto sur tout, sans raisons. Elle donnait l'impression de juste vouloir les ralentir. Pourtant, on travaille tous ensemble désormais. Même avec Zoé. Pour le meilleur et pour le pire... pensa t-elle.

- Il se passe quelque chose avec Ambre. Elle a disparu de chez Jean depuis hier et il vient de recevoir un message d'Antoine. J'ai pas pu en savoir plus.

- Pareil pour Melvin, il a fait le mur cette après-midi en classe, compléta Augustin.

Il regarda ses sœurs avec un air grave. Il y eut un instant de silence, qui fut brisé par la fausse infirmière du groupe.

- Et vous étiez pas capable de vous renseigner pour savoir exactement ce qu'il se passe ?

Mathilde baissa les yeux. Tout c'était passé trop vite. Si elle avait eu plus de temps, elle aurait vraiment pu s'attirer la sympathie de Jean. Et sa confiance. Dès lors, il lui aurait tout raconté.

- Non... mais clairement, c'est important. Il faut intervenir.

- Et plomber notre couverture dès le début ? Déjà que la façon dont Augustin s'est démerdé pour que Violette vienne à l'infirmerie était tellement discrète, je suis sûr qu'Antoine ne se doute de rien. Et c'était vraiment nécessaire de faire venir ce gros tas avec toi ?

- Je n'y peux rien... Guidon a improvisé sur ce point là.

- Ouais, bien sûr... En tout cas, je refuse qu'on brise le peu de stratégie qu'il nous reste pour réparer vos conneries. On intervient pas.

- Judith, je sais que tu t'es toujours opposée à cette alliance entre nous. Mais maintenant, il faut qu'on avance tous ensemble et...

- Mais justement Mathilde, je pense à nous tous en vous empêchant d'agir d'une manière précipitée. Écoutez mes conseils pour une fois: on laisse faire et on avise. Qui sait, on aura peut-être moins de travail à partir de demain, si vous voyez ce que je veux dire.

Mathilde voyait exactement ce qu'elle voulait dire. Ils s'étaient repartis les tâches de façon à ce que chacun d'entre eux ait une personne à surveiller ou à approcher. Mathilde s'occupait de Jean, Augustin de Melvin, Zoé d'Ambre et Judith d'Antoine. La seule manière pour qu'ils aient moins de travail, c'était qu'une de ces personnes disparaissent.

Melvin


J'arrivai face à ce lieu qui avait hanté mes songes pendant de nombreuses nuits au sommeil agité. L'usine. Toujours aussi imposante, toujours aussi vide. Majestueuse d'un côté, triste de l'autre ; prête à tomber en ruine au moindre instant mais semblant défier par son immensité les nuages gris qui s'étaient rassemblés dans le ciel. Je restai quelques instants à l'observer, immobile au milieu du pont. Un sentiment mélangé à de l'excitation et à une profonde angoisse m'envahit. Je n'avais jamais cru que j'y reviendrais un jour. Pourtant, ma route me menait de nouveau dans cet endroit habité par des fantômes du passé, dont certains que je n'avais même pas connu. Je me décidai à avancer, et commençai à marcher doucement, toujours ébahi, ne sachant plus si j'étais encore en train de rêver où si j'étais bel et bien de retour ici. J'empruntai le monte-charge, mais chose curieuse, il ne semblait plus fonctionner. J'appuyai encore et encore sur le bouton, mais rien à faire. C'est alors qu'une voix familière sorti de l'interphone.

« Bonjour Melvin, ravi de voir que tu as pu venir aussi vite.

C'était bien évidemment Antoine, de sa voix désormais enroué. Avant que je n'eus le temps de répondre quoi que ce soit, l'ascenseur s'activa brutalement.

- Jean est déjà là. Nous allons pouvoir commencer, continua la voix de mon ancien ami.

Je serrai les dents. J'avais un très mauvais pressentiment quand à toute cette histoire. J'arrivai enfin au «labo» qui avait bien changé. Le sol était jonché de câbles en tout genre, reliant l'ordinateur central à dizaines d'autres écrans installés un peu partout. D'autres appareils dont l'utilité m'était inconnue étaient également présent, ainsi qu'un matelat et une sorte de mini-frigo. Le blondinet avait carrément emménagé ici ! L'ambiance de la salle était oppressante, toute cette mécanique incompréhensible me mettait mal à l'aise.

- Bon maintenant qu'il est là, tu vas me dire ce que tu sais au sujet d'Ambre ? demanda Jean, impatient.

Il avait lui aussi dû la voir dans un état pas possible, réalisai-je. Je comprenais qu'il voulait vite savoir pourquoi Antoine nous avait fait venir ici, et à vrai dire, j'étais dans le même cas. C'est alors que je remarquai dans un coin de la pièce, droite et immobile comme une vraie poupée de porcelaine, Violette, l'intrigante fille aux cheveux bleus. Qu'est-ce qu'elle foutait là ?

- Je crois que vous êtes conscient que je ne vous ai demandé de venir simplement pour le plaisir de vous revoir, commença l'intello depuis son siège, au centre du laboratoire.

Ça c'était sûr... vu son immense côté asocial...

- Écoutez moi bien, car je ne compte pas me répéter. Ambre, n'est pas Ambre. Enfin, elle ne l'est plus.

Il prit une grande inspiration avant de continuer.

- Il est temps que je vous apprenne quelque chose sur Ambre. Ma sœur n'a jamais été quelqu'un de vraiment normal. Après tout, elle a passé la plus grande partie de son existence enfermée. Cela a eu un impact sur sa personnalité. On pourrait dire qu'elle s'est... scindée. D'une part, il y a Ambre que nous connaissons et que nous aimons et de l'autre... une créature uniquement faite d'instinct et de pulsions, qui s'est auto-nommée Ombre. D'où les deux avatars qu'elle possédait sur Lyoko. Lors de la dernière attaque de XANA, lorsqu'Ambre a été dévirtualisée, elle était incomplète.

Sa voix devint nerveuse. Il commençait à s'énerver tout seul, rien qu'en parlant.

- Cela signifie que depuis presque douze mois, ma sœur est bloquée toute seule sur Lyoko tandis que ce... monstre a pris sa place !

Il y eut un grand silence. Mon cerveau était comme en mode « bug ». Cette affirmation était absurde et insensée... enfin, l'était-elle ? En tout cas, Ambre elle même supportait cette théorie en affirmant qu'elle était « Ombre ». Ce n'était pas ridicule du tout au final, c'était même très probable. Cela expliquait son immense changement de comportement. Après tout, j'avais déjà été témoin de choses beaucoup plus incroyable que ça, alors il valait mieux sauter directement la partie où je doutais de ses explications, pour passer à l'essentiel.

- Qu'est ce que c'est que ces conneries ? demanda Jean.

Il ne semblait pas être aussi facile à convaincre que moi... Antoine soupira, avec ce que je perçus être une once de mépris. Il pris une vieille télécommande en main et l'actionna. Tout les écrans s'allumèrent, nous repassant en boucle une scène s'étant déroulée sur Lyoko. On y voyait les avatars d'Ambre sur Lyoko avant la dernière attaque, puis après. Il n'en restait plus qu'un.

- Dois je présenter plus de preuves ? Je sais que cela doit être humiliant pour toi, de savoir que tu t'es fait roulé dans la farine depuis maintenant un an... A ta place, j'aurais réagis pareil. Enfin, sans doute pas, à cause de mon intellect largement supérieur au tiens mais tu vois où je veux en venir, non ? déclara calmement avec une pointe d'amusement le blondinet.

Ces paroles n'avaient qu'un seul but : être blessante. Antoine avait toujours eu la grosse tête et il n'avait jamais vraiment apprécie Jean, mais jamais il n'avait atteint un tel degrés d'arrogance. Son isolement avait eu de sacrés effet sur lui : il était définitivement encore pire qu'avant !

- Est-ce que vous continuez à douter ? Melvin, je n'ai pas encore entendu le son de ta voix agaçante. Pas de réaction stupide à faire ? De commentaire dégoulinant de débilité ?

C'était à moi qu'il s'adressait. Je ne comprenais pas son but. Nous avait-il demandé de venir ici juste pour fanfaronner en nous montrant sa découverte ?

- Je... je te crois. Ambre... enfin... celle qui lui ressemble m'a agressé ce matin au lycée... bredouillais-je.

Antoine eut un petit rictus, comme déçu que je n'essaie pas de contredire plus que ça sa théorie.

- Mmh... Intéressant. Alpha, note bien ça dans ta mémoire : dernière position d'Ombre : lycée Kadic !

- Mais juste... comment tu sais tout ça ? Ne puis-je m'empêcher de lui demander.

Il eut un immense sourire malaisant avant de déclarer en s'inclinant :

- Un magicien ne révèle jamais ses secrets.

Il appuya de nouveau sur son clavier, et la partie manquante de l'avatar virtuel d'Ambre réapparut sur les écrans. Il était entouré de nombreux chiffres en langage binaire et plusieurs points d'interrogations la décoraient.

- Ambre n'est pas morte. Je pense qu'il est possible de la récupérer, mais pour cela nous avons besoin de cette... chose qui habite son corps. Il est évident que je suis le seul à être capable d'effectuer de telles calculs, et à nous la ramener.

Le ton de sa voix changea, montrant clairement les efforts qu'il devait faire pour admettre avoir besoin de nous.

- Il y a une chose dont je ne peux me charger. Capturer la dénommée Ombre. Je vais avoir besoin de vous pour me la ramener.

- Et qu'est ce qui lui arrivera ? A Ombre... ? demandais-je soudainement.

Il se tourna vers moi, un mépris haineux brûlait dans ses les yeux qui me transperçaient de leur regard percent.

- Elle disparaîtra. Que veux tu qui lui arrive d'autre ? Ce n'est qu'une anomalie. Un bug dans l'esprit torturé de ma chère sœur.

Ça semblait... tellement injuste. De ce que j'en savais, cette Ombre était juste une... personne extrêmement perdue, mais une personne tout de même. Avec des émotions. Elle avait été capable de ressentir de la tristesse, de la colère même. L'état dans lequel elle était actuellement ne prouvait qu'une seule chose : elle ne vivait pas sans regrets. Ce n'était pas un être maléfique qui s'était débarrassé d'Ambre en ricanant d'une manière sardonique. Elle s'en voulait, j'en étais sûr. Avions nous le droit de la condamner ainsi ? Pour qui nous prenions-nous pour la juger ?

- Vous servirez d'appâts pour me la ramener ici. Votre utilité s'arrêtera là.

Le silence réapparut. Jean ne disait rien mais je pouvais voir qu'il bouillonnait. Il serrait tellement fort ses poings qu'ils étaient devenus tout rouge. Il allait parler quand un des ordinateurs produisit un "bip". Antoine retourna immédiatement sur le poste central. Son visage se referma aussitôt. Il fonça sur moi et me m'interrogea violemment :

- Est-ce qu'elle t'a suivi ?

Après avoir tenté de me tuer, elle était partie en courant et je ne l'avais pas revu. Mais vu que j'étais resté longtemps sous le choc... il était possible que je n'avais pas fait attention, et qu'elle m'avait tenu discrètement compagnie dans l'ombre. Je n'avais aucun moyen d'en être sûr !

- Que se passe t-il Antoine ? fit Violette depuis son coin de la salle. Elle avait été tellement silencieuse que j'en avais oublié sa présence.

Le blondinet posa sa main sur son menton, en pleine réflexion.

- Je voulais que ces deux là me la servent sur un plateau... commenca t-il, en oubliant notre présence. Mais là c'est beaucoup trop tôt ! Je ne suis pas prêt !

Jean sembla comprendre. J'avais compris moi aussi. Elle était là. Ambre, ou Ombre, ou qui que ce soit. Et si elle était dans le même état que ce matin, ça allait mal se passer. Jean se précipita soudainement dans le monte-charge et l'actionna à toute vitesse. Il se mit à crier :

- Vous êtes tous complètement fou ! Je vais... J'vais la ramener à la maison et tout va s'arranger !

Avant que les portes ne se referment, il ajouta à l'attention d'Antoine :

- Mais toi, tu t'approches pas d'elle !

Toutes ces révélations ne l'avaient pas convaincu, il voulait simplement tout redevienne comme avant. Dans un sens je le comprenais, mais la situation était risquée ! La fille aux cheveux bleus se tourna vers Antoine.

- Non Violette, laissons le. La suite des événements va se montre... intéressante !

Le monte-charge se referma derrière lui et commença sa descente. Nous étions tous rester immobile, sous le choc pour ma part.

- Attendez, vous allez le laisser tout seul ? Elle est armée ! Il est en danger ! m'insurgeai-je.

Antoine s'approcha de moi, un sourire étrange au visage.

- Mmh... très bien. Nous prendrons le prochain ascenseur. »

Le temps que le monte-charge revienne, quelque chose de terrible aurait le temps de se produire !

Ombre


Il pleuvait de nouveau. Encore cette foutue pluie, cette putain de pluie qui ne me quittait pas. Où que j'aille, elle me suivait, faisant disparaître le moindre rayon de lumière à l'horizon. J'étais ruisselante. Je ne savais pas si c'était justement le résultat de l'averse, de la sueur ou des larmes. Peut-être les trois. Sans doute les trois. Je faisais face à cet endroit horrible où je m'étais juré de ne plus jamais me rendre. Mais je n'avais pas le choix. Je devais assumer mes actes. Si j'avais pu aller jusqu'au bout dans les toilettes de Kadic... Non, je n'aurais jamais pu comprendre la vérité. Au final, heureusement que ça s'était passé comme ça. Après ma «confrontation» avec le répugnant rouquin, je n'étais pas partie bien loin. En réalité... je l'avais suivi, toute la journée, guettant dans l'Ombre. Ah... quelle ironie... Il avait parlé quelques temps avec une une fille au look assez spécial. J'ignorais autour de quoi avait tourné leur conversation, peut-être que je devenais parano mais j'étais persuadé que j'avais été le principal sujet de conversation. Combien étaient-ils contre moi ? Ce n'était pas bien grave. J'étais résolue à en découdre, même si je devais passer sur le corps d'une vingtaine de personnes. Plus rien ne me semblait avoir la moindre importance, si ce n'était une chose : la survie.

Alors j'avais espionné celui contre qui toute ma rage s'était dirigée, et je m'étais retrouvé là. C'était une surprise sans en être une. Au fond de moi, je savais que tout cela allait me ramener à ce lieu maudit qui avait été celui de ma libération : l'usine. Qui disait usine disait Antoine, peut-être même Jean. Ils étaient tous contre moi.

« J'ai hâte de voir jusqu'où ta folie va te conduire ! dit une voix moqueuse à côté de moi.

C'était l'Autre. Ce reflet d'Ambre, née de ma culpabilité. Elle flottait à côté de moi, son sourire monstrueux plus vif que jamais. Dans un sens, elle avait raison. C'était maintenant que tout se jouait. C'était maintenant que l'avenir d'Ombre allait prendre une tournure radicale. Laquelle ? Je ne le savais pas encore.

- Tu comptes rester longtemps à admirer le paysage ? » continua t-elle.

Mais je ne l'écoutais plus. Je réfléchissais. Mes pensées étaient brumeuses, je ne comprenais même plus mes propres choix. Je m'avançais. Il était tant d'en finir, une bonne fois pour toute.

Quelqu'un retint ma main. Ce n'était pas quelqu'un de réel, mais ce n'était pas l'Autre non plus. C'était Ambre. La jeune fille que j'avais tué qui revenait pour me hanter. Non, pas vraiment, ça c'était le rôle de l'Autre. Elle, était là pour me supplier. Elle avait les yeux rougies, comme si elle avait beaucoup pleuré. Je savais qu'elle aussi n'était qu'une illusion de mon esprit, mais c'était tout de même un choc. Jusque là, je n'avais eu le droit qu'à des démons venu me tourmenter, me rappeler mon crime. Pour la première fois... ce n'était pas le cas. Bien évidemment, ce n'était pas la vrai Ambre non plus. Juste une réminiscence de ce qu'elle avait été, une trace de sa présence dans ce corps.

« Ombre... il n'est pas encore trop tard... Arrête toi là, je t'en supplie !

Mes mains se mirent à trembler. Je ne savais quoi répondre. Je ne savais quoi penser.

- Pauvre petite sotte ! Tu ne vois pas que tu ne parles pas à un être vivant ! Tu parles à un monstre, une créature cachée sous le lit d'une petite fille mais qui a prit la grosse tête ! répliqua l'Autre.

Et aussitôt elle attrapa « Ambre » par derrière, dans ce qui semblait être une étreinte morbide. De ses griffes s'allongeant rapidement, elle écorchais la peau de mon ancienne moitié.

- Ça te ferait plaisir, hein ? Qu'Ambre revienne et te pardonne comme ça ! MAIS CElA N'ARRIVERA PAS !

Et elle transperça la jeune fille de part en pars, en partant dans un rire sinistre.

- Ça n'arrivera pas, car tu l'as tué ! Tout comme tu as tué Ambre ! TOUT COMME TU VAS TUER TOUS LES AUTRES !

Et le rire s'intensifia. Devenant une plainte que seule moi pouvait entendre. J'étais au sol, trempée et désormais boueuse, en larmes. Je ne devais pas me laisser abattre de la sorte ! Je me relevai d'un bond.

- Tu sais quoi ? Tu as raison !

Elle s'arrêta et me regarda surprise. Elle n'avait pas du s'y attendre, elle n'allait pas s'attendre à la suite non plus !

- J'ai tué Ambre. Et si c'était à refaire, je le referais ! Et aujourd'hui, tout ceux qui mettrons mon existence en péril iront rejoindre cette petite conne !

L'Autre me dévisagea. Son sourire de carnassier revint d'un coup, ce qui me fit sursauter mais je tentai de ne rien laisser paraître.

- Très bien, Ombre. Prouve le. »

Je serrai bien fort mon couteau dans ma poche et repris ma route vers l'usine, plus déterminée que jamais. J'y étais attendu par un visage très familier : Jean. Alors j'avais eu raison ! Lui aussi il était dans le coup ! Mais quelle enflure ! Avec tout ce qu'on a pu vivre ensemble ? Ce n'était pas possible, pas lui ! Il était persuadé que j'étais Ambre depuis le début ! Comme quoi j'aurais du me méfier... Il semblait désespéré, je ne l'avais jamais vu dans cet état.

« Ambre... qu'est ce que c'est que toute cette histoire ?

La Colère remonta en moi. La même qui avait prit le contrôle de mon corps quand j'avais essayé de séduire Melvin. Mais cette fois elle était trop puissante, alors je ne tentais même pas de la combattre. Pourquoi devais-je être entourée par des abrutis ? Pourquoi malgré tout ça, il continuait de croire que j'étais la fille dont il était tombé amoureux ?

- Idiot. Je ne suis pas celle que tu crois, lui répondis-je, de marbre, alors que la Haine grandissait petit à petit en moi.

Il me prit dans ses bras. M'embrassa dans le cou. Me murmura à l'oreille.

- Viens... on va rentrer à la maison. On va te trouver de l'aide, tout ira bien...

Ce fut la phrase de trop. Je ne pouvais plus me contrôler. Un cri bestial sortit de ma bouche et je plaquais violemment Jean sur le sol. Il ne tenta pas de se débattre, prit par surprise. Je sorti le couteau de ma poche et le brandit au dessus de son ventre.

- Ambre ?! Qu'est ce que tu...

Il ne put jamais terminer cette phrase.

- JE. Le couteau s'enfonça. Sursaut de la part de mon adversaire.

- M'APPELLE. Nouveau coup, avec plus de violence. Plus de rage. Jean se mit à cracher du sang.

- OMBRE. » Hurlais-je à pleins poumons.

Le temps s'arrêta autour de moi. Les gouttes d'eau s'immobilisèrent. Une seule chose semblait encore capable de mouvement: mon corps qui continuait de s'acharner sur celui de Jean. En revanche, je n'en avais plus le contrôle. J'étais réduite au rang de spectatrice avec à mes côtés, deux filles que je connaissais bien. Toutes les deux le visage livide, si bien qu'il me fallu un moment pour les différencier. L'Autre avait perdu son assurance naturelle. Elle observait le sol, toute penaude. Elle releva les yeux un instant et croisa les miens, secouant alors la tête dans un signe négatif. « Ambre » ne pleurait pas, mais c'était tout comme. Elles avaient du déverser toutes les larmes de son corps, si bien qu'elle semblait désormais se dessécher. Elle voulu prendre la parole, mais s'arrêta au dernier moment.

« Il ne fait pas très beau quand même, dit l'Autre, calmement.

Ambre hocha la tête, doucement, sans émotions.

- Qu'est-ce qui se passe putain ? finis-je par demander.

- Vous vous souvenez toutes les deux quand on jouaient aux aventurières dans la maison ? Maman n'était pas très contente, mais on rigolait bien.

Si... je m'en souvenais. Vu de l'extérieur, on aurait dit une petite fille rigoler toute seule en courant dans les escaliers, mais dans les yeux d'Ambre, c'était tout un monde autour de nous. Déjà... j'étais là avec elle. Elle n'était pas seule. Elle n'était jamais seule. Moi non plus d'ailleurs. Les chambres devenaient des temples millénaires, le salon était une jungle et la cuisine une montagne. C'était ridicule, mais quand on y jouait, on avait véritablement l'impression d'être projetées dans un autre univers. Pourquoi me parlait elle de ça maintenant ? En face de nous, je n'arrêtai pas de poignarder Jean, encore et encore. C'était une vision effroyable. Je ne ressemblai à rien. On aurait dit une bête furieuse. Voilà ce que j'étais devenue ? C'était bien triste.

- C'est fini, Ombre, me dirent elles finalement toutes les deux, à l'unisson.

- Nous ne pouvons plus rester.

Je n'avais aucune idée de quoi elles pouvaient parler, mais je compris que c'était quelque chose de grave. Que tout cela allait être un tournant dans ma "vie" d'ombre. Le peu de choses qui me rattachait encore à un semblant d'humanité allait disparaître. Même ma conscience qui avait pris tant de plaisir à me torturer n'osait plus me regarder en face. Puis je saisis ce dont il était question : j'avais commis l'irréparable. Plus rien n'allait être comme avant. Aujourd'hui, Ombre était réellement devenue un monstre. J'étais devenue un monstre. Mais après tout... ne l'avais-je toujours pas été ? Je me voyais à l'horizon, défigurant celui qui avait été mon amant. Oui... j'avais été stupide... Tellement stupide. Le nom que je m'étais choisis ne me convenait même plus, je n'étais même pas digne d'être l'ombre de qui que ce soit. Pas digne de vivre. Pas digne d'exister. Tout ça pour ça...

Mes deux âmes sœurs, mes deux seules amies que j'avais tant ignorées se levèrent et se prirent par la main. Me tournant le dos, elles commencèrent à s'en aller, sans un mot. Je me levais à mon tour, tendait la main dans leur direction, en pleurant, en hurlant :

- Non... ! Je vous en supplie. Ne vous en allez pas... Ne me laissez pas toute seule...

Ambre s'arrêta un instant. Se retourna et eut un petit sourire. Elle voulut me tendre la main. Mais l'Autre l'entraîna de force. Je tombais sur le sol. Elles étaient désormais si loin, je n'arrivais plus à les distinguer.

- Pitié... revenez...» continuai-je à les appeler, en vain.

Et bientôt, la lumière qui les avait éclairé disparu à son tour, me laissant sans personne dans la pénombre qui m'entourait. Je fus alors de nouveau projetée dans mon corps, au dessus de celui de Jean, le couteau entre les mains. La colère était partie, laissant place à la réalisation. Qu'avais-je donc fait ? Celui avec qui j'avais partagé mon quotidien était maintenant immobile, une triste surprise dessinée sur les restes de son visage qui avait été si séduisant autrefois. Une triste surprise ; celle de s'être fait ainsi attaquer par celle qu'il pensait aimer. C'était injuste. J'avais été injuste avec lui. Je lui avais menti dès le début. Mentant à tout le monde, et à moi la première.

Un cri retentit. Trois personnes étaient arrivés, les yeux rivés sur mon carnage et moi. Il y avait Melvin, les mains aux visages. c'était lui qui avait crié. Il murmurait quelques chose mais c'était inaudible. Je crois qu'il pleurait. L'horreur pouvait se lire sur son visage. Ensuite, il y avait Antoine. Personne ne m'avait jamais regardé avec autant de mépris et de haine. Il avait les bras croisés, ne laissant paraître aucune émotion si ce n'était la colère. Et enfin une fille. La fille. Celle aux cheveux bleus, qui m'avait agressé la veille. Elle était insensible et immobile. C'était presque effrayant.

« Je te l'avais dit, Melvin. Ce n'est pas Ambre. C'est un démon. »

Il leva la main. La fille aux cheveux bleus hocha la tête et avança vers moi, lentement. J'ignorais ce qu'elle comptait me faire, mais de toute façon, je n'avais plus cœur à lutter. Et finalement, si ! J'avais tout perdu. J'avais réalisé que tout ce que j'avais cru avoir n'avaient été que des illusions insensées d'une gamine malade et même inexistante. Alors quitte à ne rien avoir, autant garder le peu de dignité que j'avais. Face à cette nana là, je n'avais aucune chance, j'en étais consciente et certainement pas dans mon état actuel. Je tentais le tout pour le tout et fonçais sur le plus proche et la cible la plus facile : Melvin.

Je le prenais dans mes bras, plaçait mon arme sous son cou. Dès qu'il sentit la lame froide toucher sa peau, il arrêta aussitôt de se débattre. Je me tournai à présent vers Antoine et sa nouvelle amie.

« Un pas de plus et je lui tranche la gorge ! m'écriai-je avec le plus de rage possible.

Celle aux cheveux colorés se tourna vers son maître, attendant des instructions. Ce dernier hésita. Il hésita vraiment. Ça se voyait dans ses yeux, la vie de Melvin était moins importante que de régler ses comptes avec moi. Et c'était moi le monstre ? Finalement...

- Arrête toi là, Violette. Tu t'en tires pour cette fois, Ombre. Mais tu ne m'échapperas pas pour toujours. » dit-il d'une voix sèche, en insistant bien sur le mot Ombre.

Je prenais le rouquin avec moi et commençais à courir aussi vite que je le pouvais. Des larmes ruisselaient à nouveaux sur mes joues. Où est-ce que j'allai ? Qu'allai-je donc faire avec mon "otage" ? Je n'en savais rien, je voulais juste me mettre dans un coin, qu'on m'oublie et me laisse tranquille... mais bien sûr ce n'était pas possible. La vérité avait éclaté. Pour tous, j'étais un démon, une créature sanguinaire... Mais c'était faux... Je... n'étais pas que ça ! Enfin... je l'espérais... Quand l'usine n'était plus dans mon champs de vision, je poussai Melvin sur le sol. Il me regardait, apeuré et tremblant.

« Am... Ombre... ne me fais pas de mal !

- Va t'en.

Il fut surpris. Il avait dû sans doute s'attendre à ce que je... fasse comme avec Jean.

- Va t'en, à moins que tu préfères que je ne m'occupe de ton cas !

J'avais pris l'air le plus menacent possible. Hurlant même, lui ordonnant de partir. Il ne bougea pas. La peur quitta son visage. Étais-je devenue si pitoyable que je ne pouvais même plus l'effrayer ?

- Qui que tu sois... il existe une autre solution... ! Et puis... Il suffit peut-être d'emmener Jean à l'hôpital !

C'était faux. Il le savait, et il savait que je le savais. Jean était... Jean était mort, il ne reviendrait pas. Ambre et l'Autre non plus. J'étais toute seule désormais, et c'était moi qui avait provoqué ma propre perte. Alors je giflai Melvin. De toutes mes forces, le plaquant à nouveau au sol.

- Tu ne peux rien pour moi. Personne ne peux plus rien pour moi. Maintenant pars.

- Ombre... je...

- PARS.»

Il se releva d'un bon et se mit à courir, sans se retourner. Je restai quelques instants là, à regarder le sol sous la pluie. Sans même bouger. Sans même penser. Puis, je me mis à avancer, sans vraiment y faire attention. Je voulais m'en aller. Disparaître sans doute. Je n'étais rien. Je n'étais personne. Je n'avais même pas le droit de ressentir de la douleur. Je m'arrêtai dans un parc et m'allongeai sur un banc ruisselant d'eau. Ce n'était pas important, j'étais déjà trempée. J'avais froid, mais ça aussi, ce n'était pas important. Il pleuvait toujours mais le son de la pluie n'arrivait même plus à mes oreilles. Je n'arrivai même plus à réfléchir. Réfléchir à quoi de toute façon ? J'étais un spectre, sans vie, déjà morte depuis longtemps mais errant sans but. J'avais été trop loin. Même l'Autre m'avait quitté. J'étais seule désormais. Il commençait à faire sombre. J'étais là depuis combien de temps déjà ? Secondes ? Minutes ? Heures ? Est-ce que ça avait une quelconque importance ?

Dormir. Oui. Quelle bonne idée. Dormir, pour toujours. Je fermai les yeux, essayant de m'assoupir malgré mes pensées torturées alors que le crépuscule commençait à apparaître.
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mer 24 Avr 2019 21:50   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Spoiler


Chapitre 5: Confessions d'un être supérieur

Antoine


Il en existe peu des génies. De vrais génies, je veux dire. Voilà la manière dont je me définissais il y a de ça un an. Je n'avais pas encore compris que mon intellect allait encore plus loin, qu'il était supérieur non pas à la moyenne, mais à tous. Je me croyais simplement destiné à révolutionner le domaine de l'informatique... Oui, je devais admettre que je m'étais montré capable d'un manque d'ambition assez flagrant. En même temps, il fallait me comprendre : je n'avais jamais rencontré le moindre obstacle, la moindre petite épreuve contre laquelle confronter mon esprit hors du commun. Mon incroyable voyage à travers la science n'avait pas encore commencé. Mes idées spectaculaires n'avaient pas encore germé dans mon esprit. J'avais été un adolescent normal, tout simplement, me fondant dans la plèbe, tout en sachant au fond de moi que j'étais différent.

Tout commença à changer peu de temps après les événements qui faillirent me coûter la vie et durant lesquelles je découvrais le supercalculateur ainsi que l'existence de la lutte de mon père contre une intelligence artificielle nommée XANA. Après notre victoire sur cette dernière, tout redevint peu à peu à la normale. Plus aucun signes d'agitation quelconque. Même Alpha, après nous avoir conseillé de virtualiser les cadavres présents à l'usine sur Lyoko pour s'en débarrasser, devint de nouveau silencieux, gardant pour lui ses derniers secrets concernant mes parents, leurs travaux et leur morts.

Nous avions organisé des tours de garde avec les autres dans le cas où une tour s'activerait. Pour être franc, chaque fois que c'était mon tour, j'espérais secrètement que l'écran redevienne rouge. Mais il n'en fut jamais rien. C'était paisible. Je regardais en boucle les bribes du journal de Jérémie Belpois, cherchant désespérément un sens à ce que je pouvais voir. Mélissa, possédé par XANA, avait refusé de me donner la dernière pièce du puzzle. Trop de zone d'ombre demeurait dans toute cette histoire.

Ce n'était pas tout. Ambre, ma chère Ambre avec qui nous devions unir nos forces... Commença à m'éviter, sans me donner la moindre raison. Je dû l'appeler une bonne centaine de fois, personne ne retourna jamais mes appels. Et lorsque nous étions tous ensemble, elle restait coller à Jean, à lui rouler des pelles d'une manière tellement immonde que rapidement j'eus l'impression que ces deux là ne formait plus qu'une seule entité reliée par la bouche.

La mort dans l'âme mais déterminé à aller jusqu'au bout, je fis des recherches sur ce fameux William Dunbar qui était celui qui avait tenté de nous tuer et ce que je découvrais ne faisait qu'épaissir le mystère. Il n'était pas simplement directeur et unique propriétaire de l'ensemble scolaire Kadic, mais aussi le principal actionnaire de Massive Dynamic, une étrange compagnie beaucoup trop présente sur la scène internationale pour être honnête. Je tombais sur des discours qu'il avait pu prononcer un peu partout, même à l'ONU ! Il arrivait toujours avec les mains dans les poches et un petit sourire confiant, voir narquois. C'était donc lui l'homme qui avait assassiné mes parents. De ses propres mains. Mais pourquoi ? Impossible de comprendre ses raisons. Autre chose d'intrigant : il avait été scolarisé à Kadic en même temps que toute la petite bande de Lyoko-guerriers du début des années 2000.

Et puis « Mélissa » avait évoqué un certain « H » avant de devenir muette et de trépasser. Là-dessus, mes trouvailles étaient proche du néant. Je ne perdais pas espoir, mais tôt ou tard, je compris qu'il était trop tard. Que certaines choses resteraient à jamais brumeuses. Et que ces « tours de gardes » étaient inutile : l'aventure était bel et bien terminée. J'allais redevenir un simple gars normal, parmi tant d'autres. J'avais insisté pour être le dernier à rendre visite à l'usine, les autres avaient accepté en hochant les épaules : ils étaient tous déjà passé à autre chose.

C'est alors que l'écran de l'ordinateur changea de couleur, indiquant une attaque tant redoutée par certains et tant attendue par moi-même. Je pris aussitôt mon portable mais la fenêtre de conversation avec Alpha apparut aussitôt.

A: Antoine. Quelqu'un essaie de rentrer en contact avec toi par mon intermédiaire.

Avant que j'eus le temps de répondre, ce quelqu'un se manifesta.

H: Bonjour Antoine.

Je ne rêvais pas. La personne avec qui je parlais s'intitulait « H » ! C'était forcement lui ! Le véritable assassin de mes parents, celui qui tirait les ficelles dans l'ombre ! Pourquoi donc se manifestait-il ?

« Qui êtes-vous ? Dis-je à voix haute. Je savais qu'il pouvait m'entendre.

H: On me connaît sous le nom de Hannibal. Veux tu jouer à un jeu ? Juste toi et moi. Tu n'as pas besoin de tes amis pour l'instant.

- Et pourquoi j'accepterai ? demandai-je d'une voix fière, essayant de garder fière allure.

H: Je te propose un véritable duel d'intellect. Une opportunité en or pour prouver ta valeur.

- Ce n'est pas une raison suffisante, dis-je calmement. Il n'allait pas m'avoir aussi facilement.

H: Effectivement. Je sais que tu te poses depuis longtemps des questions à mon sujet. De plus, je possède des informations sur tes parents, et tu n'as aucun autre moyen d'y avoir accès si ce n'est par mon intermédiaire.

Je compris qu'il ne servait à rien de demander l'identité de mon interlocuteur. S'il avait pris tant de précautions pour me parler, il n'allait pas se dévoiler aussi facilement. Et puis il devait avoir infiltré tout le système du supercalculateur pour pouvoir nous observer et communiquer avec moi de cette manière. Parce qu'une chose était sûre : il avait attendu le bon moment pour venir me parler. Celui où j'allais dire adieu à cet endroit et à tout mes rêves de grandeurs. Ce qu'il venait de faire, s'était de raviver ma flamme. Et il avait bien réussi !

- Comment se présente ton jeu ? Je suppose qu'on ne va pas s'asseoir autour d'une table et jouer aux mikados... éclatai-je sur un ton cinglant.

H: Le but est simple : mettre en échec son adversaire, par tout les moyens inimaginable.

Ça me plaisait. Ça me plaisait beaucoup. Je sentais une grande puissance grandir en moi. Cet affrontement allait-être spectaculaire ! Cet étrange personnage avait dû être un scientifique lui aussi, et devait avoir un quotient intellectuel assez développé. L'adversaire parfait pour prouver une fois pour toute ma valeur !

- Très bien, cher Hannibal ! Je relève ton défi ! M'écriai-je.

H : En revanche, cela doit rester entre toi et moi. Personne d'autre ne peut rejoindre le jeu.

- Je n'ai besoin de personne ! »

Commença alors ce que j'appellerai un véritable enfer. Il pouvait manipuler directement les tours de Lyoko et lançait jusqu'à cinq attaques par semaine, ne me laissant jamais respirer. Je passais mon temps à aller sur Lyoko et à désactiver des tours, encore et encore. Ça ne pouvait pas continuer comme ça. Je ne faisais que de me défendre. Ne m'avait-on pas toujours dit que la meilleure stratégie, c'était l'attaque ? En tout cas, ça se présentait très mal, Hannibal (qui était sans aucun doute celui derrière toutes ces attaques) ne me laissait aucun répit.

- Tu m'as dit que je n'avais pas besoin de mes amis pour l'instant... Mais est-il possible que je les implique ? lui demandai-je un jour, exténué.

H: Je suis déçu. Tu demandes déjà de l'aide ? J'ai dû te surestimer. Je suppose qu'Ambre peut te soutenir puisque les informations que je possède la concerne aussi.

J'étais extrêmement vexé par sa réaction. Mais en même temps, il avait raison. J'étais en train de perdre. Le fait de le décevoir alors qu'il était censé être mon ennemi m'était insupportable. Je devais cependant admettre qu'il était intéressant d'impliquer ma sœur. Les rares moments où nous avions travaillé ensemble, nous avions été en totale symbiose, cela avait été parfait. A nous deux, on pourrait sans problème faire ravaler sa fierté à cet étrange énergumène. Le problème était que depuis notre victoire l'an passé, elle semblait clairement m'éviter. J'essayai de la contacter mais elle ne me répondit jamais. En revanche, elle ne se gêna pas pour envoyer son chien de garde me menacer de me casser la tronche.

« Tu savais qu'elle n'allait pas venir me rejoindre, n'est-ce pas ? accusai-je un beau jour Hannibal.

H: Pas vraiment, non. La vie est pleine de surprises. J'étais d'ailleurs en train de me demander si tu étais capable de survivre jusqu'à cet été.

Capable de survivre... ?! Mais il me prenait pour qui ? J'allais le vaincre. C'était obligé, je ne savais pas encore comment, mais j'allais le vaincre. Pour le moment, je ne faisais que de me défendre, mais tôt ou tard, la roue s'inverserait. J'eus alors une idée fantastique. J'avais réussis sur mon rare temps libre à faire cracher toute l'adolescence de mes parents à Alpha. Mon père avait réussit à créer une forme matérielle à une créature possédant une forme virtuelle... Et si je créais quelqu'un - quelque chose à partir de rien ? Cela prouverait en définitive mon talent ! Alors entre les différentes attaque de XANA, je travaillais à plein temps sur le Projet "Violette", avec comme seul allié ce brave Alpha.

C'était de la science-fiction. C'était impossible. C'était-ce que je me répétais. Mais si les lois de la réalité m'empêchait d'accomplir mon dessein, et bien je les changerai à ma guise !! Il fut prévu que je mette une copie d'Alpha dans ce corps parfait que j'étais en train de créer. Une fille parfaite en apparence, avec des capacités de combats parfaites à la fois sur Lyoko ET dans le monde réel ! Avec ça, Hannibal pouvait toujours posséder un zoo entier pour venir m'attaquer, je ne craignais rien ! Je recherchais jour et nuit, trouvant toutes les capacités que je pouvais essayer de lui implanter.

Je ne sais pas combien de temps je travaillais sur ce projet totalement fou, enchaînant en même temps les missions dans le monde virtuel. Mon visage devenait de plus en plus squelettique. Je cru plusieurs fois que j'allais y passer. Que la fatigue allait m'emporter. Mais alors j'imaginais le visage de mon adversaire ricanant, se moquant de moi. Alors par un soir de juin, Violette vint au monde. Je n'oublierai jamais ce moment. Je n'avais pas dormi depuis pratiquement une semaine entière. J'avais fait quelques essaies mais rien de très pertinent. Je commençai à perdre espoir, mais je compris que c'était exactement ça le but de ce test : prouver celui qui avait le plus de ressources, celui qui avait le cerveau le plus puissant. Alors je m'étais accroché. Violette allait exister. Elle devait exister ! Après une bonne quinzaine d'heure de travail sans arrêt, je parvins à accomplir l'impossible. Sortant d'un scanner, complètement dévêtue, tel un ange, dotée d'une beauté surnaturelle. Je crois que je suis resté une heure entière à la regarder bouche bée, sans rien dire. Au bout de quelques temps, elle s'approcha de moi et me dit doucement de sa voix tellement mélodieuse :

« Bonjour, Antoine.

Elle était tellement parfaite qu'elle savait déjà qui j'étais ! Alors avec un grand sourire de victoire, je lui répondais en reprenant du poil de la bête :

- Bonjour, Violette ! Je suis content d'enfin te rencontrer !

Puis d'un coup, je me rappelai qu'elle était totalement nue devant moi. Mon premier réflexe fut d'aussitôt me retourner. Cela la déstabilisa.

- Ai-je fait quelque chose qu'il ne fallait pas ?

- Euh non, ne bouge surtout pas !

J'avais piqué pas mal de vieux vêtements chez ma tante, ce n'était pas très chic, mais au moins elle serait habillée. N'étais-ce pas la preuve de mon génie ?! N'étais-ce pas la preuve de ma supériorité ?! Sur Hannibal, sur mes parents, sur mon grand-père Franz Hopper ?

A partir de ce moment, tout devint plus simple. Je n'avais plus peur de Hannibal. Je n'avais plus peur de rien. Je pouvais gagner. Alpha faisait des centaines de calcul chaque jour pour essayer de traquer sa position. Il était habile et arrivait à se planquer pour le moment, mais maintenant que je n'avais plus à me soucier de gérer les attaques, tout était plus simple. J'avais fait en sorte que Violette possède les clés de Lyoko, je n'avais par conséquent même plus à me rendre là bas. Le seul souci que j'avais avec elle était des sortes de bug qui la faisaient saigner du nez et désactivaient toutes ses capacités, la changeant en une simple humaine. Le problème était que le métabolisme d'un humain n'est pas fait pour survivre à tout ce que contenait Violette. C'était comme... un retour de flamme on pouvait dire. Ça restait dangereux, si je ne la stabilisais pas tout les soirs, un grave problème pourrait arriver. Mais ce n'était qu'un petit détail ! Rien n'allait me priver de la joie de me rapprocher de la victoire !

- Alors très cher... Tu me sembles moins bavard depuis peu ! Le vent tourne, n'est-ce pas ? Bientôt Alpha trouvera ta location et j'enverrai Violette te chercher par la peau des fesses. Tu t'inclineras devant moi ! m'exclamai-je devant mon ordinateur un beau jour, relâchant toute mon arrogance. J'ignorai s'il allait me répondre. Peut-être s'était-il dégonflé.

H: Félicitation. J'avais commencé à perdre espoir, mais tu t'es montré digne et plein de ressources. La seconde partie de notre jeu va pouvoir commencer.

Seconde partie ? Qu'est-ce qu'il voulait dire ? Il me cassait mon délire de grand conquérant là !

H: Laissons nous deux mois de répits. Le temps pour que chacun d'entre nous puisse préparer nos différents pions.

Il me proposait de rester tout l'été sans rien faire. Sans essayer de le traquer. Cela signifiait aussi que les attaques allaient cesser. Ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée. Ça allait me permettre d'établir une véritable stratégie et d'améliorer Violette et Alpha, mes seuls alliés. Et c'est-ce que je fis. Violette était devenue une véritable machine à tuer, aussi bien sur Terre que sur Lyoko. Je pouvais désormais activer des tours en simplement quelques clics. Est-ce que ça allait suffire ? J'en été persuadé. Cet automne serait rougi par le sang de mon adversaire.

Il se passa quelque chose de très étrange pendant l'été. Je ne saurai exactement en décrire la nature, et ce fut tellement perturbant que je préférai ne pas forcément m'en rappeler. Ce fut un événement des plus... inattendu mais qui au final allait m'apporter la victoire sur un plateau d'argent. Grâce à ce qui s'était passé, j'en savais beaucoup plus sur la véritable nature du jeu d'Hannibal et sur ses « pions » qu'il avait préparé contre moi. J'apprenais aussi quelque chose de terrifiant sur Ambre.

L'horreur dû se dessiner sur mon visage quand je compris tout ce que cela impliquait. Je compris que je devais agir. J'avais encore quelques temps pour trouver une solution. Pour récupérer ma sœur, ma seule famille, la seule à pouvoir me comprendre. J'essayais de ne pas trop penser à elle, mais je devais l'admettre, elle me manquait. Je ne m'étais jamais senti aussi complet qu'en sa présence.

Les huit semaines s'étaient envolées. Le combat contre Hannibal allait reprendre, mais avant ça, il fallait que je parvienne à sauver Ambre. L'année dernière, nous avions été à deux doigts de fonder à nouveau une famille. Ce n'était pas que j'avais besoin d'elle, certainement pas, c'était simplement que sa place était avec moi. Les Belpois devaient combattre ensemble, réussir ensemble là où leurs parents avaient échoués. J'avais trouvé comment la ramener de là où elle était bloquée. C'était encore quelque chose que l'événement de cet été m'avait permis de mieux comprendre. En revanche, la tache n'allait pas être aisée. Ça allait marcher, après tout, n'étais-je pas un génie ? J'avais essayé de la... chose qui avait remplacé ma sœur en lui envoyant Violette, mais ce fut un échec. La méthode brutale n'était pas efficace, il allait falloir être plus subtile. En plus, les pions de mon adversaire étaient déjà rentrés en action. Ils avaient fait quelque chose à Violette. Bien évidemment, j'avais su que ça allait se produire grâce à ce qu'il s'était passé cet été. Je pensais que j'aurai pu l'éviter, mais parfois le simple fait de savoir que quelque chose va se produire ne suffit pas à l'arrêter. Heureusement, j'avais prévu un plan de secours la concernant, mais l'enclencher allait me prendre beaucoup de temps. Hors, c'était justement de ça dont je manquais le plus.

J'avais passé l'après-midi à examiner ma créature dans les moindres détails en séchant les cours, dans l'espoir de corriger ce qui avait pu être fait. Rien ne semblait sortir de l'ordinaire, sa crise s'était calmée, mais je savais qu'en réalité, elle était hautement fragilisée... Je la fis finalement sortir du scanner, dans lequel elle était restée deux bonnes heures.

- Tout va bien Antoine ?

Je m'étais mis à rougir. Je savais qu'il n'y avait aucune raison de la faire aller nue dans le scanner mais... mais elle n'avait pas besoin de le savoir. Mais n'empêche... ce qu'elle était belle cette fille. Ma chose. L'une de mes pièces maîtresses. Celle qui allait me faire gagner. Je lui fis signe de se rhabiller. De toute façon, je ne pensais pas que mon regard avait choqué sa pudeur. J'étais son Créateur, certes... mais j'étais incapable de savoir si elle pouvait ressentir quoi que ce soit. Elle était artificielle, c'était donc peu probable qu'elle puisse avoir accès à ce genre de sentiments réservés aux humains. Bref, ce n'était pas important. Ce qui comptait, c'était qu'ils m'obéissent au doigt et à l'œil, Alpha et elle.

Je remontai à l'étage et me mettait aussitôt à converser avec mon sous-fifre virtuel.

- Alpha. Première question : est-ce que tu as éliminé tout les risques d'intrusions de Hannibal dans les systèmes du supercalculateur ?

Il y avait certaines choses que mon adversaire ne devait pas savoir. Il ne pouvait pas se permettre de rentrer dans mon ordinateur comme dans un moulin. Je m'étais assuré que certains fichiers caché soit impossible à cracker sans que j'en sois mis aussitôt au courant et que je puisse les supprimer à distance. Quand au reste... il n'y avait aucun moyen fiable de l'empêcher de pirater les réseaux de communication d'Alpha.

A: Chance d'intrusion de Hannibal d'ici 24 heures : 27% / d'ici 48 heures : 54 % / d'ici 72 heures : 89 %.

Bon, cela nous laissait un peu de répit.

- Bien. Deuxième question : comment avancent les recherches ?

Hannibal avait un puissant avantage : il savait tout de moi, de mon emplacement, et même de ma stratégie (enfin, d'une bonne partie), alors que je ne savais rien sur lui. Hors, le seul moyen de le vaincre était de découvrir qui se cachait derrière ce masque. J'avais beau déjà en savoir beaucoup sur ses sous-fifres, il avait réussi à s'entourer d'une aura de mystère qui m'horripilait.

A: Hannibal est de toute évidence un professionnel de l'informatique. Cependant, j'ai été moi-même conçu par des professionnels de l'informatique. Il ne pourra m'échapper éternellement.

J'avais déjà pensé à demander à Alpha s'il connaissait l'identité de mon rival. Il m'avait répondu négativement. Hors, cette intelligence artificielle ne mentait jamais.

- Troisième question : quels sont les risques d'attaque aujourd'hui ?

A: Mes statistiques ne peuvent pas être totalement fiable, mais je dirai de 11% seulement.

- Bien. Une dernière : mes adversaires sont-ils tous à Kadic ?

A : Affirmatif. En analysant les registres de cette année, j'ai pu retrouver les noms de Zoé, Augustin, Mathilde et Judith Guillot qui correspondent aux informations que nous avions reçus.

D'accord. Ainsi, mes ennemis étaient tous autour de moi, comme prévu. Cet Augustin était même dans ma classe ! Judith était l'infirmière et les deux autres se trouvaient dans d'autres classes du lycée. Ils pensaient m'encercler et avoir l'effet de surprise ! Mais s'ils savaient... Ce qui s'était passé cet été avait clairement changé la donne !

- Parfait. Je te laisse l'usine aujourd'hui. En cas de pépin, contacte moi illico !

Je commençai à reprendre ma veste, et à me préparer. Je savais que l'usine était devenu ma nouvelle demeure, mais l'enfermement commençait à me peser. Et aller au lycée n'était pas très agréable comme type de sortie.

A: Quel ton programme de la journée ?

- Je... euh... je vais sortir pour réfléchir à mon prochain plan d'action.

A : Très bien. Je reste parée à contrer la moindre attaque.

Je ne restai pas plus longtemps à parler tout seul face à un écran et j'allai chercher ma création sans attendre une quelconque réponse de la part d'Alpha. Depuis l'année dernière, je n'avais pas arrêté. Enchaînant recherches et combats, risquant ma vie et ma santé mentale à chaque minute de chaque jour, sans aucun répit. Alors pour une fois... pour une simple fois... Hannibal allait attendre. Ambre aussi, je te sauverai plus tard. Laissez moi tous au moins une simple après-midi. Même les êtres supérieurs ont le droit de se détendre parfois, non ?

Je fis signe à Violette de me suivre, et elle s'exécuta. Elle semblait soucieuse, comme si quelque chose lui échappait.

- Mais... ne devrais-je pas continuer à rechercher activement Ombre ? me demanda t-elle de sa petite voix.

Voix, qui pour mon plus grand plaisir devenait de plus en plus naturelle. J'avais passé une immense partie de mon temps libre à essayer d'améliorer la fille aux cheveux bleus. Il n'était même plus question de facultés de combat, j'avais juste voulu faire disparaître tout réflexe mécanique de sa personne, la rendre... humaine au possible. J'avais abandonné ce projet il y a peu, me consacrant à des choses plus importante, mais c'était agréable de voir que ça commençait à porter ses fruits.

- Chut, dis-je en mettant mon doigt sur ses lèvres. On a bien travaillé tout les deux. Et comme on dit : après l'effort, le réconfort !

- Le... réconfort ?

Il avait plu hier. Mais aujourd'hui, les nuages avaient commencé à disparaître, et une embellie était apparue. Le soleil aussi accepté de sortir le bout de son nez. Bien évidemment, ça n'allait pas durer. C'était déjà un miracle à la base. Les spécialistes avaient annoncé une averse toute l'après-midi, et elle ne saurait tarder à tomber. Je me rendais compte que je n'avais jamais emmené ma Reine au centre-ville. Elle était toujours resté à l'usine, et s'était parfois aventuré aux alentours pour combattre les attaques de XANA. La journée d'hier à Kadic... c'était la première fois qu'elle voyait autant de monde au même endroit. Est-ce que cela l'avait troublé ? Même si depuis peu, quelques ressentis était trahi par son visage, tout cela restait très primaire. Je ne pensais pas qu'elle était capable de pensée aussi complexe. Par pour le moment en tout cas.

Nous prîmes le bus. Elle fut sur la défensive quand des gens qu'elle ne connaissait pas commencèrent à la bousculer. Je la rassurai rapidement. Il s'en était fallu de peu avant qu'elle casse la figure à un inconnu. J'aurais dû lui expliquer que nous ne risquions rien - pour le moment. Que cette après-midi, c'était elle et moi. Tout simplement. Quand nous arrivâmes à notre arrêt et par conséquent dans la rue commerçante principale, je la regardais et lui demandais timidement :

- Euh... Violette. Tu peux me tenir la main ?

Je devais être rouge comme une tomate. Elle me fixa un instant, sans doute surprise que pour la première fois, je formulais une demande et non pas des ordres. Après quelques instant, elle accepta. Mon cœur battait la chamade et nous avançâmes comme sur le trottoir. Les gens nous regardaient bizarrement. Entre mon physique d'ermite et ses vêtements en piteux états...

- Ça... ça te dit qu'on aille faire les boutiques ? Je t'achèterai ce que tu veux !

Je me sentais stupide. Mais en même temps... j'étais heureux. En cet instant privilégié avec elle, j'avais le sentiment que plus rien d'autre n'avait d'importance. J'aurais aimé que ça dure éternellement. Nous allâmes dans plusieurs magasins. Violette semblait aussi perdue que si je l'avais lâché dans une jungle remplis de dangers. Je dû lui donner directement des habits à essayer. Quand elle sorti de la cabine d'essayage avec sa jupe blanche et son haut bleu clair, j'avais l'impression de voir un ange descendre du ciel. Je ne pouvais m'empêcher de ressentir une certaine fierté : après tout, ce design totalement parfait, c'était moi qui l'avait dessiné. Après ça, elle commença a choisir d'elle même ce qu'elle voulait porter. Je décidai de tout lui acheter, même les combinaisons les plus étranges, à l'aide de la carte bleue de ma tante, cette vieille peau.

Une fois de nouveau à l'extérieur, j'admirai encore une fois la beauté de ma Reine. Et en me raclant la gorge, je formulai une nouvelle demande.

- Tu peux... m'embrasser ?

- Pardon ?

- Embrasse-moi. Euh... maintenant, dis-je sur ton davantage autoritaire.

Elle pencha sa tête sur le côté.

- Comment suis-je censée faire ça ?

- Hum... euh... tu poses tes lèvres... sur les miennes.

Elle s'approcha et fit exactement comme je lui avais décrit. C'était une sensation... étrange. Mais froide. Sans aucune émotion. Il fallait que j'arrête ça. Violette n'était pas ma petite amie imaginaire, ce n'était même pas une vraie fille. Elle était ma pièce maîtresse, mais ça s'arrêtait là. Un simple pion sur l'échiquier de ma bataille contre Hannibal.

- Eh elle est mignonne ta copine ! On peut l'essayer ?

Je me retournai. Un groupe de trois personnes. Des « racailles ». Il y avait une chose que je détestais dans la vie, c'était de me faire interrompre dans mes pensées. Et surtout par des vermines dans leur genre. Je fis le signe à Violette. J'avais mis au point un langage silencieux avec elle pour qu'elle puisse comprendre mes instructions en toute circonstance. Elle avait parfaitement reçu le message. Elle s'approcha du groupe d'indésirable qui ricanait déjà... et le reste fut jouissif. En quelques secondes, plus aucun des trois n'osait sourire. De toute façon, quelques uns d'entre eux ne pouvaient plus, vu qu'ils leur manquaient désormais des dents de devant. Maintenant que le ménage avait été fait, je m'avançais vers eux avec jubilation et écrasait la main de celui qui m'avait parlé.

- Dis-moi, très cher... Comment appelle t-on quelqu'un capable de créer la vie tout seul à partir de néant ?

Il essaya de m'insulter mais j'enfonçais encore plus ma semelle dans sa paume.

- Il me semble que c'est un Dieu, n'est-ce pas ? Je suis de bonne humeur, nous allons en rester là. J'espère qu'ainsi vous apprendrez à respecter les êtres supérieurs ! Ah, et Violette : casse lui le bras, que ça lui serve de leçon.

Alors que ma création s'exécutait, je me rendais compte que beaucoup de gens s'étaient arrêtés pour nous regarder. Certains filmaient même. Alpha se chargerait d'effacer toute trace de notre présence ici, ce n'était pas un problème. Violette me demanda s'il fallait qu'elle s'occupe d'eux aussi.

- Non. Le temps de l'amusement est terminé. Il est temps de passer aux choses sérieuses.

J'avais eu mon après-midi de bon temps, maintenant j'étais en pleine forme pour la suite. Et la première étape était bien sûr de récupérer ma sœur. Et j'avais bien une idée. Après tout, Hannibal ne jouait pas selon les règles, alors pourquoi le devrais-je ? Je prenais mon portable et écrivais sobrement : « J'ai besoin de toi dès que possible à l'usine, c'est important. On doit parler d'Ambre. » Envoyer à : Melvin et Jean.



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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 02 Déc 2018 18:21   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]

Chapitre 4: Drôle(s) de rancard(s)


Melvin


« Faites les exercices 32 à 35 page 25. Pour ceux qui auraient déjà fini, faites le 81 page 28. » avait dit le professeur de sa voix rocailleuse il y avait de ça un quart d'heure.

Ce n'était pas de chance d'avoir un enseignant d'apparence aussi antipathique comme professeur principal. Après tout, ce poste était très important, c'était à lui que les élèves devaient confier leur problèmes. J'étais certain que jamais, oh grand jamais je n'oserai aller me plaindre de quoi que ce soit auprès de lui. Il était bien trop... effrayant. Bref. Je m'étais attardé sur ces fameux exercices. Ce n'était pas pour rien que je m'étais retrouvé en économie sociale et que la section scientifique m'avait été refusé. Les maths et moi ça faisait... l'infini. J'avais d'ailleurs failli me retrouver en littéraire, mais j'étais tout aussi nul en français et je détestais lire. Pourquoi perdre son temps avec des livres quand on pouvait regarder un bon film, c'était quand même beaucoup moins chronophage ! Enfin, en une quinzaine de minutes, je n'avais toujours pas résolu le premier exercice. Augustin déplaça discrètement une feuille au centre de notre table, sur laquelle il avait écrit :

Tu sembles avoir des soucis, je me trompe ?

Il avait commencé à travaillé les cinq premières minutes et avait passé les dix restantes à faire tourner son stylo autour de sa main avec une aisance naturelle plutôt remarquable. Lui aussi avait dû être bloqué dans les exercices, mais il avait sans doute était plus loin que moi. En même temps, ce n'était pas bien difficile.

Ouais... Tu t'es arrêté à quel exercice ?

Après tout, quitte à être mauvais, autant s'entre-aider. Il me regarda avec un sourire compatissant et dit d'une voix calme :

« J'ai déjà terminé.

Quoi ? Mais c'était pas possible ! Monsieur Guidon avait expliqué la leçon d'une manière incompréhensible et nous avait envoyer ces exos dans la tronche sans aucune explications supplémentaires. Et en plus, c'était des notions nouvelles au programme qu'on avait jamais vu auparavant. Il avait du marqué n'importe quoi ou répondre totalement au hasard !

- Je me dois de m'expliquer. J'ai comme qui dirait une certaine passion pour les mathématiques. Un peu comme toi avec les jeux-vidéos. C'est un peu gênant, je ne l'ai jamais avoué à personne, alors garde ça pour toi s'il te plaît.

Il avait rougit comme si j'avais découvert un immense secret. Ce gars là était vraiment surprenant. Il rapprocha sa chaise de la mienne et regarda mon cahier.

- Mmmh... tu n'as sans doute pas bien compris. Tu veux que je te réexplique ? me chuchota t-il.

Je répondais aussitôt par l'affirmative, et il commença à me faire un mini cours particulier. Il connaissait bien son sujet, ça se sentait. Et il possédait une certaine aisance à l'orale et une pédagogie digne des meilleures professeurs que j'avais eu au cours de ma scolarité. Quand je traînais avec Antoine, j'avais remarqué que ce dernier aussi était doué en maths (même si pas autant qu'Augustin), mais plutôt que de m'aider, il passait son temps à vanter ses mérites et à se moquer de mes mauvais résultats. Je n'avais vraiment pas perdu au change.

« Tu veux être prof plus tard ? l'interrogeai-je soudainement.

Il paru surpris par ma question, et eut un petit rire.

- Non, pas du tout. Je n'ai absolument aucune autorité, je me ferais dévorer par les élèves !

Pour être franc, je ne pensais pas qu'il avait besoin d'autorité. Son charisme suffisait amplement, et à lui tout seul, il pourrait facilement subjuguer toute une salle d'adolescent, même dans un quartier défavorisé contenant les lycéens les plus turbulents de la ville. Enfin, pour les autres, je n'en savais rien, mais en tout cas, ça suffisait à me subjuguer moi.

- A vrai dire... je n'ai jamais songé à ce que je voulais devenir. » Dit-il d'une voix calme. Calme mais d'un calme différent de celui qui accompagnait normalement sa voix. Son sourire s'était peu à peu effacé et il était devenu tout à coup songeur.

Moi non plus je n'en avais aucune idée. Mais je n'y avais jamais sérieusement réfléchis. Que comptais-je faire après le lycée, une fois que j'aurais le bac en poche ? Enfin, tout cela impliquait que je réussisse le lycée, ce qui était loin d'être gagné. Et puis après... rien ne me tentait réellement. Peut-être que... peut-être que je n'ai pas vraiment envie de grandir et de devenir adulte. Si je pouvais avoir des amis fidèles et fiables, rester à Kadic pour toujours ne me dérangerait pas.

Une main se leva au milieu de l'agitation parmi les élèves. Ce n'était pas la main de n'importe qui, c'était la main d'Antoine, ce fumier. Au début, je me mis à rire, en me disant qu'il devait avoir une envie pressante. Mais rapidement, je remarquai que quelque chose n'allait pas. Il avait l'air inquiet. Très inquiet, comme je l'avais rarement vu. A côté de lui, la jolie petite Violette s'était mise à cracher du sang. D'une manière assez violente. Le professeur semblait ne pas y prêter attention, il était concentré à expliquer en râlant de sa voix désagréable la leçon à des élèves. Alors, l'ancien intello prit la parole.

« Monsieur, est-ce que je peux emmener Violette à l'infirmerie ? Comme vous pouvez le voir elle ne va VRAIMENT pas bien !

Monsieur Guidon leva le sourcil gauche et contempla quelques instants la jeune fille. Il comprit rapidement l'urgence de la situation et contre toute attente me pointa du doigt, ainsi que mon voisin.

- Vous deux. Accompagnez là.

Antoine ouvrit la bouche pour protester, il semblait vouloir à tout prix être celui qui l'escorterait, mais l'enseignant fut plus rapide.

- Il me semble, Monsieur Belpois, que c'est encore moi qui décide dans cette classe. Augustin et Melvin sont de grands garçons, ils sauront se débrouiller tout aussi bien que vous.

Nous nous levâmes et aidèrent la fille aux cheveux bleus à se lever. Le blondinet me lança un regard noir avant de bouder sur sa table. Nous quittâmes la salle en prenant chacun un bras de Violette, pour l'aider à marcher. Je n'avais jamais été aussi proche d'une fille. Même si c'était dans un cadre assez morbide, ça restait assez déroutant...

- Non... J'ai besoin d'Antoine... murmura t-elle doucement, sans conviction.

Ces deux là devaient être très proche. Ils sortaient ensemble ? J'avais du mal à y croire, comment un mec comme lui pouvait se taper un canon pareil. C'était peut-être encore une autre sœur cachée, comme Ambre. Ambre que je n'avais toujours pas revu d'ailleurs... Est-ce qu'elle allait bien ? Nous arrivâmes rapidement à l'infirmerie du lycée, la malade se laissant transporter sans encombre. Nous toquâmes à la porte et ce fut une nouvelle infirmière que je n'avais jamais vu qui nous ouvrit. Elle était grande, très grande mais aussi fine, presque squelettique. Elle avait peut-être eu des problèmes d'anorexie dans le passé. Son visage était creux et ses joues pâles. Ses cheveux noirs étaient coiffés en queue de cheval. Malgré ça, elle ne me semblait pas être bien plus âgée que nous. Deux ou trois ans, à tout casser.

- Bonjour très chère sœur ! Nous t'amenons une patiente qui a bien besoin de ton aide ! s'écria Augustin.

Elle jeta un regard sur sa patiente avant de s'exclamer :

- Ah oui... effectivement. Rentrez vite.

Encore une sœur à lui ? Il y avait déjà eu la gothique que j'avais aperçus à la cantine et maintenant cette nouvelle infirmière ? C'était dingue à quel point personne ne se ressemblait dans sa famille. On aida Violette à s'allonger sur un lit. L'infirmière lui fit boire une sorte de médicament pour l'aider à se calmer et à se reposer, et la petite beauté s'endormit rapidement. La crise semblait être passé pour le moment. Augustin me fit signe de m'asseoir autour du bureau.

- Alors, comme ça tu es le nouvel ami de mon frère ?

- Euh ouais... c'est moi. Melvin, enchanté.

Elle me tendit sa main, que je serrai immédiatement.

- Judith. De même. »

L'infirmière me regardait fixement avec un petit sourire en coin. Elle avait l'air sympa, mais quelque chose me mettait un peu mal à l'aise. Peut-être que c'était sa façon de parler. Ou son petit sourire, qui avait l'air de dire « je sais quelque chose que tu ne sais pas ».

Elle m'expliqua rapidement qu'elle n'était qu'en stage. La véritable infirmière était actuellement en congé maladie et que par conséquent elle occupait son poste à temps plein pour une période de temps indéfinie. Augustin avait tout l'air d'être intelligent, mais Judith devait l'être encore plus. Depuis les dernières réformes, le concours d'infirmière était extrêmement difficile. Avec la pénurie des médecins, on leur demandé d'avoir des connaissances et des capacités proche de celle d'un généraliste. La jeune infirmière se proposa de nous préparer une tisane. Elle affirma qu'elle nous ferait un mot pour retourner en cours plus tard.

Notre conversation fut coupée par un immonde son de crachat. C'était Violette, qui n'allait pas mieux. Judith se leva immédiatement, le regard déterminé. Elle sortit d'un placard une seringue assez effrayante et s'approcha dangereusement du lit.

- Euh... c'est le bon médicament tu crois ? m'inquiétais-je. La couleur fluo du liquide contenu dans l'outil ne me disait rien qui vaille.

Elle me lança un regard sévère, l'air de dire « tu vas pas m'apprendre à faire mon travail », mais se ravisa.

- Violette Hopper a un traitement spécial, j'ai toutes ses ordonnances. Ne t'en fais pas Melvin, je sais ce que je fais, me rassura Judith d'une voix un tantinet sèche. Il serait peut-être bon que vous retourniez en cours. Ravie d'avoir pu faire ta connaissance, Melvin. Occupe toi bien de mon frère. Il a besoin de quelqu'un qui s'occupe de lui, n'est-ce pas Augustin ? »

Ah, les fameux piques entre frères et sœurs. C'était drôle à entendre, mais Augustin ne sembla pas le prendre à la rigolade. Comme promis, elle nous fit un mot. Mot qui s'avéra être inutile car nous arrivâmes devant la porte de la salle pile au moment de la sonnerie. Les élèves s'empressèrent de sortir, et comme une furie, Antoine se jeta sur moi.

« Où est-elle ? Où est Violette ?!!

Ses yeux pétillaient d'une rage nouvelle que je ne comprenais pas. Sa petite amie était fragile, d'accord, mais apparemment tout avait été vu avec le lycée vu qu'ils avaient un traitement spécial pour elle.

- Calme Antoine, elle est encore à l'infirmerie. » lui dis-je.

Le blondinet ne répondit pas et se précipita dans le couloir pour rejoindre sa pote. Augustin et moi n'avions pas tout à fait le même emploi du temps. J'avais un creux d'une heure alors que lui avait encore cours. Nous nous saluèrent et il s'éloigna pour se rendre en classe. Soixante petites minutes de solitude, je pouvais tenir. Ca n'était pas comme si j'avais déjà dû endurer cent fois pire. Une envie pressante me força à me conduire aux toilettes. La sonnerie retentit et les couloirs se vidèrent. Qu'est-ce que j'allais faire pendant cette pause ? Aller au CDI ? Pourquoi pas. Au détour d'un couloir, j'entendis des bruits de pas derrière moi. Sans doute un élève souffrant aussi de l'appel de l'urinoir. Les pas accélérèrent et la personne arriva juste derrière moi. Je senti subitement des mains se porter autour de ma taille et une voix susurra à mon oreille :

« Coucou Melvin ! Je t'ai manqué ? »

Mon cœur se mit à battre la chamade. C'était Ambre. Avant que je n'eus le temps de dire quoi que ce soit, la jeune fille m'entraîna dans les toilettes des filles. Elle s'arrêta quelques instants, vérifiant l'intérieur comme pour être sûr qu'il n'y avait personne, et m'attrapa par le bras, me tirant à l'intérieur. Je ne saurais décrire tout ce que je ressentais à cet instant précis. C'était elle. C'était bien elle. La fille qui avait hanté mes rêves, celle qui m'avait été inaccessible et pour qui je pensais ne pratiquement pas exister... Et pourtant, c'était moi, Melvin le gros rouquin, le rejeté, qu'elle prenait à part. Je me serai cru dans un film. Allais-je trop loin en m'imaginant des choses ? A vrai dire, on ne pouvait pas m'en vouloir... la timide Ambre que je connaissais avait l'air bien sûre d'elle et m'avait entraîné dans un lieu clôt, en s'assurant qu'on ne serait pas dérangés. Il y avait quand même de quoi porter à la confusion. Non. Je devais me calmer. Ce genre de chose n'arrivait qu'à la télévision. Dans la vraie vie, les mecs moches comme moi ne pouvait qu'espérer en vain.

« Je t'ai cherché toute la journée ! » me dit-elle avec un sourire. J'ai cru que je n'allais jamais te trouver.

C'est à ce moment que je me rendit compte que quelque chose n'allait pas. Mon cœur battait toujours, mais plus pour les mêmes raisons qu'avant. J'étais au centre de la pièce, et la jeune fille aux cheveux blonds était devant l'unique porte de sortie. Je n'aurais su dire quoi, mais tout cela sonnait faux. C'était sans doute parce que je ne l'avais pas vu depuis quelques temps. Les gens peuvent changer très rapidement, peut-être qu'au cours de sa relation avec Jean, elle avait eu l'occasion de se décoincer. En tout cas la situation devenait très étrange et très gênante... Vite, trouver un sujet de conversation !

« Ah... et... euh... Jean, comment il va ?

Elle soupira et avança lentement vers moi, me regardant droit dans les yeux. Mon réflexe fut aussitôt de reculer. J'avais réussit à identifier le sentiment qui m'habitait. C'était de la peur. Ambre n'avait pas l'air d'aller très bien... Je n'y avais jamais songé, mais sous son masque de fille réservée se trouvait peut-être une fragilité émotionnelle. Il aurait suffit que Jean la quitte ou la trompe pour totalement la déstabiliser. Mais si c'était le cas, j'avais évoqué le sujet sensible... Ah merde !

- Jean ?

Elle haussa les épaules.

- Ne vient pas me parler de lui. C'est toi que je suis venue voir.

Je ne pouvais plus reculer, j'étais contre le mur. Elle n'était qu'à quelques mètres de moi. Je pouvais sentir son souffle sur le mien. La peur mélangé à l'excitation d'être aussi proche d'une personne du sexe opposée (consciente cette fois) avait des répercussions assez étrange sur le reste de mon corps, comme des tremblements.

- Ah... Ah oui ? balbutiai-je.

Comment avait-elle à ce point pu devenir quelqu'un de totalement différent ? La rupture était encore plus puissante que celle d'Antoine, qui n'avait fait que de s'enfoncer dans ce qu'il était déjà. Ici, je découvrais une toute nouvelle personne, ce n'était pratiquement plus la même. Mais pourquoi me terrifiait-elle à ce point ?! Pourquoi est-ce que tout les sens de mon corps me criait : « Danger ! Danger ! » ?! Elle posa ses mains sur mes épaules, les plaquant contre le mur, me murmurant avec un sourire étrange :

- Est-ce que tu m'aimes ?

La question était inattendue. J'avais dû rêver de cette situation un bon paquet de fois, mais pourtant je n'avais qu'une seule envie, c'était de m'éloigner d'elle. Et le plus loin possible. Avant que je réponde (puisque j'aurais tout de même tenté de bredouiller quelque chose), elle m'embrassa.

Mon premier baiser. J'avais toujours rêvé que ça soit avec elle. Sauf que c'était loin d'être comme je l'avais imaginé. Cela avait un goût étrange, de rouille comme du... du sang ?! Ce fut alors que je m'aperçus que ses lèvres étaient gercées au possible et même rongées par endroit.

- J'aurais une petite question, Melvin...

Laisse moi partir, laisse moi partir...

- Tu te souviens de la fois où nous avons été ensemble sur Lyoko ?

- Oui ! Je m'en souviens ! répondis-je automatiquement. Si je la contentais, cet interrogatoire s'arrêterait peut-être plus rapidement.

Son regard changea. Cette fois, ce n'était plus une impression : elle était devenue véritablement menaçante.

- Tu n'avais rien remarqué d'anormal ce jour là ?

- Non... je crois pas... Mais Ambre, je pense que tu devrais...

Elle me gifla. Très fort. Plus fort qu'on ne l'avait jamais fait. Je pense que je devais avoir une énorme marque rouge. Des larmes coulèrent de mes joues sous la surprise.

- Je ne suis PAS Ambre ! Pas possible, tu es la deuxième personne à nous confondre ? Toi qui nous a vu toute les deux, tu aurais du être capable de me reconnaître non ?

Elle lâcha son emprise, me tournant le dos pour aller au centre de la pièce. Je tremblai de panique. Elle... Elle n'était pas Ambre... ? Mais qui était-elle alors ?! Elle était devenue complètement folle, c'était pas possible ! Folle et dangereuse ! C'est à ce moment précis qu'elle, comme pour confirmer mes pensées, sorti un immense couteau de cuisine de son sac rose.

- Je suis Ombre. Et personne n'était censé le savoir ! PERSONNE ! Parce qu'après tout... Personne ne connaissait mon existence ! Personne ne m'a jamais vu ! A part toi...

Elle se rapprocha de nouveau. Elle ne souriait plus. Une haine indescriptible se lisait sur son visage. Son arme blanche était pointé dans ma direction. Ma pauvre Ambre... qu'est ce qui t'étais arrivé pour que tu deviennes comme ça ?! Et... qu'est-ce que tu comptais me faire ?

- Alors maintenant, sombre petit goret, si tu tiens à tes couilles, tu vas illico me dire à qui tu as dévoilé ma véritable identité !

Je pris mon courage à deux mains et m'écriai :

- Je ne comprends rien, Ambre... Arrête ça je t'en supplie ! J'ignore ce qui t'effraie à ce point, mais je n'y suis pour rien ! Si tu m'en parles, je pourrais t'aider !

Ce n'était de toute évidence pas la réponse qu'elle attendait. Elle serra les dents et brandit son couteau. Je fermai les yeux quand soudain...

- Non... Non ! Tais toi ! Je ne suis pas un assassin !

Elle parlais toute seule ? Pire, elle parlait au miroir. Cette scène était devenue tellement surréaliste que j'avais du mal à y croire...

- C'est faux ! Je... Je... Je n'allais pas lui faire du mal, c'était du bluff !

Ambre se mit à pleurer. Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi alarmé et d'aussi dévasté de toute ma vie. Je me demandai si je devais aller la réconforter, mais ce qu'elle tenait à la main m'effrayait toujours beaucoup. Je préférai la laisser se calmer toute seule. Elle se mit alors à frapper le miroir de toute ses forces, criant à s'écorcher la voix :

« Tais toi ! TAIS TOI !FERME TA PUTAIN DE GUEULE ! »

La fin de sa phrase se termina par un cri strident, presque inhumain. Quand son « adversaire » fut brisé et ses doigts ensanglantés, elle s'arrêta, regardant le sol, plus perdue que jamais. C'était maintenant ou jamais. J'avais le choix, rester debout comme un lâche et faire ce que j'avais fait toute ma vie, c'est à dire me planquer, ou bien aller aider une amie qui semblait en avoir bien besoin. Je l'avais dit : jamais je n'oublierai les quelques jours où cette bande d'amis avait existé. Et Ambre en avait fait parti. J'étais prêt à l'aider. Alors je fis ce qui me semblais être la chose la plus évidente à faire : je la pris dans mes bras, et lui murmurai-je :

- Chut... c'est fini. C'est terminé.

Elle se mit à sangloter en tremblant.

- J-je n'en peux plus, Melvin...

J'essayais de lui prendre doucement le couteau des mains, en continuant :

- Tout vas bien se passer désormais, Ambre...

Je ne sais pas quel fut le mot en trop. Mais elle me repoussa sauvagement, me plaqua contre le sol et planta son ustensile de cuisine à quelques centimètres à peine de ma tête. Elle le retira aussitôt et se releva brutalement. Elle riait aux éclats désormais.

- AH ! Vous pensez que vous pouvez m'avoir, moi ?! Et bien vous avez tort ! Je vous aurez la première, je vous le garanti !

- Ambre... je...

- JE M'APPELLE OMBRE. »

Je pensais qu'elle allait me tuer. Sincèrement. Mais elle ne fit que partir en claquant la porte. Mon Dieu... Qu'est-ce qui venait de se passer ? Juste... pourquoi ? Pourquoi l'adolescente gentille et attentionnée que je connaissais s'était transformée en une dangereuse forcenée ? Je n'étais de toute évidence pas le seul à avoir souffert cette dernière année... Que devais-je faire maintenant ? La logique voudrait que je prévienne la police, mais... mais c'était Ambre. Si elle était comme ça, il devait y avoir une raison. Je croyais que plus rien ne pouvais me surprendre aujourd'hui, mais la porte de l'un des cabinets s'ouvrit. Quelqu'un avait été là durant tout ce temps !

« Ne t'inquiète pas, il y a quand même quelques filles normales dans ce lycée, dit une voix que je pourrais définir de blasée.

C'était l'autre sœur d'Augustin, la gothique du réfectoire.

- Je m'appelle Zoé, au cas où Augustin l'aurait pas mentionné, rajouta t-elle prestement.

- Tu... tu as toute entendu ? lui demandais-je.

- Allons plutôt discuter à la cafet', tu veux bien ? J'te ferais un faux billet d'absence si t'as peur de sécher. »

Comme quoi le monde est bien ironique. Moi qui me plaignais de ne pas être populaire avec les filles, voilà qu'en une seule après midi, j'échangeai mon premier baiser et la minute d'après j'étais en tête à tête autour d'un diabolo menthe avec une autre. Enfin... aucune de ses deux entrevues n'avaient eu quoi que ce soit de romantique. Ambre m'avait menacé et frappé, et puis Zoé... Zoé pour être honnête n'était pas vraiment mon genre. Même en tant qu'amie, je pense pas que ça ne pourrait se faire. Un simple pressentiment, elle m'avait pas l'air très sympathique. Elle et moi passèrent dix bonnes minutes à siroter nos boissons silencieusement. C'était elle qui avait commandé, et je n'étais pas très fan des diabolos menthes mais je le pris sans rien dire. Au bout d'un certain temps, je me décidai à briser la glace.

« Pourquoi tu n'es pas intervenue ? lui demandai-je avec emportement. C'était vrai : j'aurais pu y passer, et elle n'avait pas bougé de sa cachette, bien en sécurité !

- De un, tu vas commencer par me parler sur un autre ton. De deux, si j'avais eu l'impression que tu étais véritablement en danger, je serais intervenue, répondit-elle froidement, tout en continuant à vider son verre tranquillement.

Mais... mais elle était sérieuse ?! Ma vie avait été mise en jeu ! Le couteau s'était quand même planté juste à côté de ma tête, j'avais survécu par un simple coup de chance !

- Et de toute façon, qu'est ce que t'aurais pu faire, hein ? Ambre était incontrôlable, elle t'aurait massacré, dis-je en faisant la moue.

Zoé rapprocha son visage du mien et répondit avec un air tout à fait sérieux :

- Toujours est-il que tu es sain et sauf. Elle s'en serait prit à toi, elle ne s'en serait pas sorti indemne, c'est tout ce que je peux te dire.

Cette nana là était juste flippante. J'allais rajouter une autre complainte quand elle déclara d'un ton glacial :

- Bref, tu veux continuer de te plaindre ou tu vas me laisser parler ?

Bon... effectivement, elle marquait un point.

- Tu vas vite comprendre, mais quelque chose d'important se déroule depuis quelques temps. Depuis une dizaine de mois je dirai même.

Mais pourquoi est-ce qu'elle me racontait sa vie ? Je n'en avait strictement rien à faire ! Elle me lança un regard noir, me faisant comprendre que je devais faire des efforts.

- Melvin, depuis quand les attaques sur Lyoko ont-elles cessés ?

Lyoko ? Elle avait bien dit Lyoko ? Comment était-elle au courant de l'existence de ce monde virtuel ? Les seuls à la connaître étaient Jean, Antoine, Ambre, les défunt Ulrich et Mélissa et puis moi... Trop d'émotions en ce jour, elle avait raison sur un point, je n'arrivai plus à suivre.

- Réponds à ma question. Quand a eu lieu la dernière attaque sur Lyoko ?

Bon, puisqu'elle avait l'air de déjà tout savoir, autant raconter. Au moins, elle ne me menaçait pas avec une arme, même si elle ne me mettait pas à l'aise non plus.

- Ben... c'était l'année dernière, quand on a détruit XANA...

- Faux, dit-elle en terminant son diabolo menthe. Elle me demanda d'un signe de main si je comptais finir le mien, suite à quoi je lui fis comprendre qu'elle pouvait se servir. « La dernière attaque a eu lieu avant les vacances d'été.

- Hein ? Mais... quand est-ce qu'elles ont repris ? Et puis c'est pas possible, XANA a été détruit !

- Elles ne se sont jamais vraiment arrêtés. Le seul à être au courant, c'est Antoine. Enfin, il croit être le seul au courant... De plus, je n'ai jamais dit que ces attaques étaient provoquées par XANA.

Il fallait que je remette mon cerveau en marche. Une fille que je n'avais vu qu'une seule fois et à qui je n'avais pas adressé la parole venait me déballer qu'elle savait absolument tout sur mon plus grand secret. Pire, elle en savait même plus que moi ! Je devais admettre que je n'étais pas une flèche, mais quelque chose ne tournait pas rond.

- Comment tu sais tout ça ? interrogeai-je l'air suspicieux.

Elle soupira. Elle donnait l'impression d'essayer de se faire comprendre par un abruti.

- Je pourrai te le dire, mais ça ne ferai que t'encombrer avec du savoir inutile. Tout ce que tu dois savoir, c'est qu'il y a un conflit actuellement.

C'était bien culotté ! Mais je compris rapidement que je n'avais aucune chance d'insister. Elle allait me demander de prendre part à son camps, c'était sûr. Tout ça c'était du blabla de propagande en fait. Elle pensait que j'allais trahir mes amis, tout ça parce qu'elle m'avait payé à boire et fait sécher une heure de cours ? Jamais !

- Dans ce conflit... tu n'as pas ta place. Mais Ambre non plus. C'est pourquoi j'ai besoin de toi pour une seule chose : la sortir de l'enfer dans lequel elle s'est fourré.

Voilà qui était... inattendue. Elle me demandait de faire se que je comptais déjà faire. C'était assez intéressant comme retournement de situation. Peut-être n'était-elle pas aussi antipathique qu'elle en avait l'air.

- Et pourquoi moi ?

C'est vrai ça, n'étais-ce pas plutôt à Jean de se charger de sauver sa copine ? Il était rare que le copain gros et rouquin devienne soudainement le héros de l'histoire !

- Je vous ai beaucoup observé. Tous. Antoine n'est qu'un abruti, et Jean n'arrivera à rien, ça je peux te le garantir.

Elle sortit un carnet de son sac,, en déchira une feuille et inscrivit son numéro de téléphone.

- Voilà. Ne donne ce numéro à personne. Ne parle de ce qui s'est passé aujourd'hui à personne. Même pas les membres de ma famille. Surtout pas à eux, en fait. Et ne leur dit pas non plus que je t'ai adressé la parole. C'est bien compris ? Si tout va bien, on arrivera à éviter une catastrophe. Je peux compter sur toi ? »

Elle me tendit la main. Je réfléchis un instant, et je la serrais. Zoé n'inspirait pas la sympathie, mais si elle pouvait m'aider à ramener Ambre dans le monde de la lumière, alors c'était une alliée.
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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 06 Nov 2018 10:48   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
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Chapitre 3: La tache de sang



Jean


La sonnerie de fin retentissait enfin. Jean poussa un soupir de soulagement alors qu'il était en train d'essayer de régler un conflit entre deux enfants. Il leur fit signe de regagner leur classes respectives et alla chercher tous les gamins qui faisaient semblant de ne pas entendre le bruit strident qui résonnait dans la cours.

« Allez, on retourne en classe, la récré est terminée !

Une fille lui tira la langue en s'en allant. Il ne se souvenait pas que les enfants c'étaient si chiants. Quand il était jeune, lui, il n'avait pas été comme ça. Bon, il avait probablement était pire. Personne ne pouvait lui dire quoi que ce soit, il était probablement le cauchemar de plusieurs adultes qui l'avait à leur charge. Justement, il s'était dit que parce qu'il savait ce que ça faisait d'être un enfant difficile, il arriverait à les gérer. En plus, il était habitué aux enfants vu qu'il devait sans arrêt s'occuper de Léa. C'était loin d'être si simple...

Mais bon, la paie était là, même si elle restait très basse. Quand Ambre était venu emménager chez lui et que sa mère s'était faite virer de son poste, il avait bien dû trouver une solution. Pendant qu'Ambre et Léa continuerait leur parcours scolaires, il subviendrait aux besoins de la famille. Surveiller les enfants lui avait paru parfait : simple et accessible. Pas forcément besoin de diplôme et il avait pu commencer à travailler dès ses 17 ans. Même si c'était pas évident, le jeu en valait la chandelle. Depuis qu'il vivait avec Ambre, il avait l'impression de revivre. Pour la première fois de sa vie, il arrivait à se projeter dans l'avenir et toujours, il se voyait avec elle. Même la présence de Léa devenait tolérable ; Ambre avait commencé à s'en occuper, comme si elle en était la grande sœur. Elle lui lisait tous les soirs une histoire. Jean venait écouter derrière la porte, rien que pour entendre sa voix. En ce moment, c'était Coraline de Neil Gaiman. Ambre mettait toujours les formes pour raconter quelque chose, en jouant chaque personnage et en y mettant des intonations. Elle aurait pu être comédienne. Et si elle voulait l'être, Jean ferait tout son possible pour qu'elle y parvienne. Il lui était dévoué et c'était magique. Jamais il n'avait vécu comme ça, en mettant quelqu'un d'autre avant lui. Tout prenait du sens ainsi.

Bon, tout n'était pas aussi rose. Dernièrement, elle avait l'air... fatigué. Jean repensait beaucoup au dernier coup qu'elle lui avait fait, dans la cuisine. Elle ne va sans doute pas très bien. Je ne pense qu'à mon petit bonheur, mais elle s'est quand même fait chassée de chez elle par sa mère adoptive. Et puis il y a eu cette histoire avec Antoine...

Quand il était rentré un soir, il l'avait trouvé en larmes. C'était une de ses premières crises. Jusque là, ils avaient vécu leur petit bonheur à deux.

« Je n'en peux plus, Jean ! Il... Il me harcèle ! »

Elle lui montra son téléphone. Elle avait reçu une vingtaine de messages et au moins dix appel manqué. Tous d'Antoine. Jean avait décidé de prendre des mesures. Connaissant Antoine, il savait exactement où le trouver. Tout le monde avait tourné la page sur les horreurs qu'ils avaient vécu l'an passé, tout le monde sauf Antoine. Il devait encore roder dans le laboratoire de l'usine.

Quand Jean se rendit sur place, il comprit qu'il avait touché juste. Tous les écrans du labo étaient allumés. Ils y en avaient même pas mal de nouveaux. Pleins de câbles jonchés désormais le sol. Antoine était assit sur le fauteuil central comme s'il s'agissait d'un trône.

« Jean. Parfait, j'hésitai à te contacter. Il faut que tu parles à Ambre pour qu'elle me réponde. J'ai besoin de sa signature pour qu'elle puisse venir vivre avec moi.

Le jeune homme se précipita sur le génie et le souleva en l'attrapant par le col.

- C'est quoi ton problème avec elle ? Elle vis avec moi désormais.

- Je sais. Mais sa place n'est pas avec toi. Comprends-moi bien, c'est une Belpois. J'ai besoin d'elle pour pouvoir...

Jean bouillonnait de rage. Il tenait Antoine par la main droite et commença à serrer sa main gauche. Pour qui il se prenait ce petit merdeux ?

- Si elle te répond pas, tu t'es pas dit qu'il y avait p't'être une raison ? Elle a pas envie d'être ta sœur. Elle est très heureuse avec moi, donc laisse la tranquille !

- Je crois me souvenir qu'Ambre était parfaitement capable de s'exprimer toute seule, elle n'avait pas besoin d'un singe ou d'un homme fort pour la représenter. Je ne la laisserai tranquille que si elle me le demande elle-même. En attendant, tu vas...

- Mais je vais rien du tout, putain !

C'en était trop, le poing de Jean s'en alla droit rencontrer les lunettes d'Antoine. Pris par surprise et incapable de se défendre, l'intello s'écroula sur le sol. Jean se retourna et s'avança dans l'ascenseur.

- Si tu lui envoie ne serait-ce qu'un seul autre message, je reviens et je finis le travail. Elle veut pas te voir.

- Jean, je t'assure que tu vas le regretter.

- Ouais, c'est ça, cause toujours. »

Les portes de l'ascenseur se refermèrent.


Depuis, Antoine ne s'était plus approché d'elle. Et pourtant, Ambre avait continué à sombrer dans la mélancolie. Je ne sais pas comment l'aider. J'essaye de la motiver à aller en cours, mais elle reste à la maison, à ne rien faire. Je suis sûr qu'elle n'a même pas été à sa rentrée.

« Hey, Jean ! l'interpella Mathilde, une autre animatrice.

- Ah, salut. Ça a été de ton côté ?

Mathilde était une nouvelle animatrice comme lui. Bon, elle avait beaucoup moins de soucis d'autorité que lui. Pourtant, il avait une voix qui portait beaucoup plus ! Il ne l'avait pas entendu une seule fois crier, et pratiquement tous les enfants l'écoutait. Si seulement elle pouvait m'apprendre son truc. Elle était aussi assez mignonne, avec ses cheveux roux mi-long.

- Comme d'habitude ! Tu rentres chez toi là ? Lui demanda t-elle.

- Ouaip.

- Tu prends le bus ?

- Ouaip.

- On le prend ensemble ?

- Ouaip.

- Roh, t'es chiant !

- Ouaip ! »

Et ils éclatèrent de rire.

Jean se demandait si Mathilde n'avait pas un crush sur lui. Peut-être qu'il se faisait des idées mais... Elle parlait peu aux autres animateurs, elle riait à toutes ses blagues, même les plus nulles et elle l'attendait le matin pour prendre le bus. S'il n'y avait pas eu Ambre, peut-être qu'il aurait été intéressé aussi... Elle avait un truc, une façon de lui redonner confiance en lui quand il se parlait. Ca allait probablement être une très bonne amie, à défaut d'être plus.

Après quelques minutes d'attentes à l'arrêt, ils montèrent enfin dans le bus. La rouquine engagea à nouveau la conversation.

« Ta copine va bien ? Ambre c'est ça ?

- Ouais, ça va, fit Jean, l'air vague.

- T'as des frères et sœurs ?

- Une petite sœur, hélas...

- Je comprends. Et Ambre, elle en a ?

- Un frère, ouais. Mais ils se parlent pas.

- Ah bon ? Pourquoi donc ?

Mathilde posait toujours beaucoup de questions sur Ambre. Clairement, elle voulait voir si leur relation était stable, si « la voie était libre » ou pas. Il fallait qu'il lui fasse comprendre que même si elle était très charmante, il resterait avec Ambre.

- Je sais pas trop. Elle l'aime vraiment pas. Elle m'a même envoyé lui casser la gueule.

- Tu l'as fait ?

- Plus ou moins.

- Tu dois être sacrément amoureux d'elle pour aller te battre comme ça.

- Ouaip. »

C'est bon, elle a compris, pensa Jean. Ils se dirent au revoir. Le jeune homme devait aller faire les courses avant de rentrer et d'enfin revoir sa bien aimée. Elle allait probablement mieux maintenant, il allait pouvoir passer un peu de temps ensemble.

Ombre


Je me lavais les mains depuis quelques heures. Pourquoi ? Je n'en avais strictement aucune idée. Elles devaient être sales. Et elles ne paraissait pas devenir propre malgré la montagne de savon que je déversais dessus. J'étais en sueur aussi. Je devais puer la transpiration. J'avais couru jusqu'à chez Jean, sans m'arrêter. Ce dernier avait été surpris de me voir si tôt de retour, et trempée par la pluie. Il avait voulu m'embrasser mais je l'avais repoussé. Il comprit que quelque chose n'allait pas et commença à me poser quelques questions, mais je ne lui donnai aucune réponse. Il dû croire que je lui en voulais pour une quelconque raison, et s'en alla se recoucher avant de finalement se lever pour aller à son travail. Ce n'était pas grave, je n'avais pas besoin de lui. Je n'avais besoin de personne après tout, n'est-ce pas ? J'étais Ombre, hein, rien ne pouvait m'arrêter. Rien ! Rien...

J'étais Ombre et je ne devais pas l'oublier. J'étais Ombre... et quelqu'un le savait. C'était impossible. Ça m'avait semblé si... irréel... Peut-être que j'avais tout imaginé. Après tout, ce n'était pas logique qu'une fille aussi frêle puisse m'envoyer valser aussi loin ! Et puis d'où une gourdasse que j'avais jamais vu pouvait être au courant de mon plus grand secret ? Personne n'avait jamais été mis au courant de mon existence ! Ambre, cette petite conne, s'était bien gardé de me mentionner à qui que ce soit ! Alors comment cette personne pouvait savoir que je n'étais pas celle que je semblais être ? Comment pouvait-elle savoir que ce n'était plus Ambre qui habitait ce corps ?!

Ah... mais si. Il y avait une personne. Une seule qui était au courant. Qui sans savoir m'avait déjà vu. Melvin. Lorsque nous étions sur Lyoko. Ambre lui avait peut-être expliqué. Mais comment aurait-il pu savoir qu'elle avait disparu ? Toute cette histoire avait des trous, je ne comprenais plus rien... Mais une chose était sûre : on m'en voulait. Je ne savais pas qui ils étaient, mais ils ne me voulaient certainement pas du bien ! J'allais sans doute devoir me défendre. Bien. J'étais prête à le faire. Je m'étais battue pour arriver jusque là, j'étais prête à continuer à me battre.

Prêt de l'évier se trouvait un gros couteau, il coupait bien, je m'en étais souvent servi pour faire la cuisine à ce fainéant de Jean et à sa petite pute de sœur. Je pouvais m'en servir pour me défendre. Il était bien propre, je pouvais voir mon reflet dedans. Je pouvais voir mon reflet, et soudainement ce reflet se mit à rire.

« Ma pauvre petite Ombre, on dirait un chien blessé. Que comptes-tu faire avec cette arme ? Tuer quelqu'un d'autre afin que ta misérable existence sans but puisse continuer ? 

Tuer ? Il n'avait jamais été question de ça... si ? Et puis Ambre... pouvait-on voir ça comme un meurtre ? Je ne l'avais pas tué. Ce n'était pas un meurtre, si ?

- Si. Tu l'as tué ! Tu es une meurtrière ! Un assassin ! 

Son sourire s'agrandit à un point qu'il n'était pas censé atteindre, déformant une fois de plus son visage.

- Je dirai même plus... tu es un monstre. Une abomination !

Et elle éclata de rire. Le même rire sadique qu'à son habitude. Je mis mes mains contre mes oreilles, mais sa voix résonnait dans ma tête, chantant :

- Ombre est un assassin ! Ombre est un assassin !

- Arrête... bredouillai-je, les larmes me montant aux yeux.

- Ombre est un assassin ! Ombre est un assassin !

-TA GUEULE ! hurlais-je en jetant l'ustensile contre le mur, de toute mes forces. Une immense colère s'était emparée de moi. Colère contre l'Autre et ses paroles qui faisaient toujours si mal. Colère contre cette salope d'Ambre qui continuait à me torturer alors que son absence devait tout résoudre. Colère contre le monde entier.

Léa arriva dans la cuisine en courant. J'avais oublié qu'elle était déjà rentrée de l'école celle là...

- Ça... ça va pas Ambre ? 

Elle tenait dans sa main le livre que je lui lisais chaque soir, Coraline. J'étais un peu comme une grande sœur pour elle. Sauf qu'en réalité, elle aussi, c'était à Ambre qu'elle tenait. Pas à moi. Je ne pouvais compter sur personne.

- Si ça va ! Tout vas bien ! Tout vas parfaitement bien dans le meilleur des mondes ! »

Sans lui laisser le temps de réagir, j'allai chercher mon arme. Cette salope avait tord. J'avais le droit d'exister, et tout ce qui allait me dire le contraire allait le payer. En commençant par Melvin. Et puis « Ambre », c'était terminé, il était temps de m'affirmer ! Peut-être qu'ainsi l'Autre allait enfin me laisser tranquille !

- Ambre... tu es sûre que ça va ? 

Je me retournai vers la petite fille, le regard plus agressif que jamais.

- Je ne m'appelle pas Ambre. »
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Mar 17 Juil 2018 14:13   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Chapitre 2 : Rentrée des classes


Melvin



J'émergeais doucement en ouvrant les yeux. Le bruit désagréable d'enfants qui ricanaient m'avait tiré hors de ma torpeur. C'était Luc et Martin, mes deux affreux petits frères jumeaux avec qui je partageais ma chambre depuis... depuis leur naissance. Tous les matin, c'était la même chose, ils étaient debout une heure avant moi et foutaient le bordel. Aujourd'hui n'avait pas fait exception, il était cinq heures et demi du matin...

« Mais fermez-là...

- Hey, Grovin est réveillé ! Gloussa Luc. »

Ils étaient indissociables. Luc avait juste les cheveux plus courts que Martin. Et ils étaient tellement, mais alors tellement pourris gâtés ! Alors que moi, à leur âge, je n'avais le droit à rien, eux faisaient tout ce qu'ils voulaient.

« C'est pas possible de dormir au moins une demi-heure de plus ? Les suppliai-je.

- Grovin a besoin de beaucoup de sommeil.

- C'est pour être capable de bouger tout son gras ! »

Bon, ça ne servait à rien de rester davantage avec eux. Je savais pertinemment que ça n'était que des enfants mais c'était loin de tout excuser dans leur comportement. Je quittai la chambre en évitant les coussins qu'ils tentèrent de me lancer à la figure et courrait me réfugier dans le salon. Il faisait encore nuit, et un croissant de Lune brillait dans le ciel. On ne voyait pas d'étoiles, il y avait trop de gros nuages noirs qui les camouflaient. Aujourd'hui allait être une journée sinistre. Nous étions début septembre, et c'était la rentrée.

Personne n'aimait la rentrée. Enfin, pas grand monde, mais il devait bien y avoir des exceptions. Cependant, la plupart du temps, les gens avaient quelque chose à retrouver au lycée. Des amis, des amours, de la rigolade ou d'autres trucs du genre. Pas moi. Depuis la fin de notre « bande » qui n'avait duré que quelques semaines, je n'avais pratiquement plus adressé la parole à qui que ce soit qui ne soit pas un pote d'internet vivant loin ou un membre de ma famille.

J'étais invisible. Personne ne faisait attention à moi. J'aurais pu mourir ou disparaître, les gens ne sauraient même pas qui j'étais à la base. C'en était presque drôle tellement c'était pathétique. La question que j'étais en droit de me poser était : « pourquoi continuer ? » La réponse était simple : parce que je n'avais pas le courage de mettre fin à cette souffrance qui me tenait au quotidien. Et dire que... et dire que j'avais vraiment cru que tout ça prenait un sens l'année dernière, avec Antoine, Ambre et Jean, affrontant des intelligences artificielles maléfiques ! Mais tout ça c'était terminé. Ça avait été tellement rapide... tellement effrayant et tellement incroyable. Je savais que personne ne me croirait jamais. Les seules personnes à avoir partagé cette expérience étaient séparées de moi, j'allais donc devoir garder tout ça pour moi, dans un coin de ma tête.

C'était aussi une des raisons qui me faisaient continuer : le fait de savoir que dans ce monde d'adulte vide de magie et de rêve, des choses aussi surprenantes pouvaient survenir. Maintenant j'étais prêt à croire en tout. Des extra-terrestres ? Pourquoi pas ? Voyage dans le temps ? Sans doute ! Tout était possible, et j'étais l'une des rares personnes à en être consciente. Et c'était ma fierté, mon privilège, d'avoir été séparé de ce scepticisme qui nous habitait tous. C'était ça au final qui me rendais tellement supérieur à tout les autres gens de mon âge, qui avaient beau avoir une vie sociale, des petites copines et un avenir radieux.

Mais... c'est bien beau d'avoir cette connaissance, et de pouvoir me considérer comme supérieur. N'empêche que moi aussi je voulais avoir une vie sociale, une petite copine et un avenir radieux. Il semblerait qu'on ne pouvait pas tout avoir, malheureusement... Je n'avais aucun talent dans quoi que ce soit, je n'étais pas particulièrement intelligent, je me serais même décris comme tout juste dans la moyenne et niveau physique... j'étais gros et roux. Un combo qui n'était pas très populaire.

« Toi aussi, tu as du mal à dormir ?

C'était Lucie, ma sœur aîné. Tout comme moi, elle avait hérité de la part de nos petits frères d'un surnom assez horrible : la Folle. Sauf que dans son cas, ils n'avaient pas tout à fait tort. Lucie était vraiment particulière. Et elle avait bel et bien un trouble mental diagnostiqué, avec des cachets à prendre tous les soirs. Je comprenais pas trop ce qu'elle avait, mais je savais qu'elle avait fait beaucoup de mal à toute la famille lors de ses « crises ». Désormais, avec ses calmants, elle était assez amorphe et donnait tout le temps l'impression d'être dans les vapes. Ou complètement drogué. Elle allait à Kadic aussi, mais j'évitais de lui parler là-bas. Ma réputation était déjà assez basse comme ça.

- Ah, c'est toi. Ouais.

- Tu stresses pour aujourd'hui ? Me demanda t-elle.

- Non, mentis-je. Je ne voulais pas en parler avec elle.

- Tu as de la chance.

- Bon, je... je vais préparer le petit déjeuner, expliquai-je en m'éloignant.

- Je vais t'aider.

Lucie était pleine de bonne volonté mais... Elle n'apportait pas vraiment beaucoup de bonnes choses aux gens qui s'approchaient d'elle. Je préférais sincèrement garder mes distances.

- C'est vraiment pas la peine. »

Elle hocha la tête, pour me signifier qu'elle avait comprit et s'éloigna. Une vingtaine de minutes plus tard, la maison s'était totalement réveillé. Luc et Martin courrait partout, poursuivit par mon beau-père désespéré tandis que ma mère buvait son café en lisant le journal sur sa tablette. J'avalais mes tartines le plus lentement possible, voulant repousser le plus loin possible le moment où j'allai devoir repartir à Kadic.

« Melvin, je t'ai déjà dit de prendre de la confiture allégée, me sortit sèchement ma mère.

- Maman, le médecin a dit que je n'étais plus en dans la courbe d'obésité...

- Et tu souhaites y retourner, c'est ça ? Libre à toi. Mais ne vient pas te plaindre après.

Par dépit, je m'emparai de la dite confiture.

- Ah, et cette année tu pourras essayer de passer plus de temps avec ta sœur tout de même. Elle m'a raconté que tu ne lui avais jamais adressé la parole au lycée.

Lucie devint rouge comme une pivoine. Je lui lançai un regard noir tandis qu'elle murmurait :

- Maman... Tu avais promis de ne rien dire...

- Quoi ? Vous êtes tous les deux asociaux, vous pourriez vous entre-aidez tout de même. Ah, vous êtes tellement des empotés comme votre père ! »

Le repas se termina avec comme seule animation la bataille de céréales entre Luc et Martin.

Lucie et moi attendions à l'arrêt de bus. Avant, elle venait rarement en cours et je n'avais pas à me la coltiner. Alors que là, elle allait me coller toute la journée si je ne faisais rien ! On s'était déjà moqué de moi parce que j'étais son frère, j'avais déjà beaucoup de tares à supporter tout seul, je ne pouvais pas porter les siennes en plus !

« Lucie, j'ai oublié mon porte-monnaie, je vais aller le chercher !

- Tu veux que je t'accompagnes ?

- Noooon, pas la peine ! Si je ne suis pas revenu à temps, prend le bus sans moi !

- Je te garderai une place alors, on ne sait jamais. »

Et je parti aussitôt dans la direction du lycée. Il allait falloir marcher vite, mais j'allais y arriver à temps.

Au bout d'une vingtaine de minutes, j'apercevais Kadic. J'allai voir à l'entrée parmi la foule d'élève ma classe afficher sur un tableau et rejoignais aussitôt la salle qui allait m'accueillir pendant dix mois. Ça n'allait pas sonner tout de suite mais contrairement aux autres, je n'avais aucune anecdote à raconter et de toute façon personne pour les écouter. Et puis, je ne pouvais pas prendre le risque de tomber sur Lucie. J'arrivai donc dans la salle B22, qui allait être la pièce dans laquelle la seule classe de première ES de l'établissement allait passer son quotidien. Il n'y avait pratiquement personne, à part un vieux professeur que je n'avais jamais vu et... Antoine ? Oui. Pas de doutes possible, c'était bien lui, assit tout seul à une table. Il avait sacrément changé ! Dans mes souvenirs, il n'avait jamais été quelqu'un de très soigné mais avait toujours gardé un je-ne-sais-quoi de noble dans sa posture. Chacun de ses faits et gestes étaient accomplis avec l'ultime conviction d'être un être exceptionnel. Rien qu'en le regardant, on pouvait sentir la fierté et l'égocentrisme qui débordait en lui. Le garçon que j'avais en face de moi était comme une sorte de fantôme de ce que je venais de décrire. Il portait une vieille chemise couverte de tâches de café et... d'autres choses. Ses lunettes étaient totalement rayés et son visage était recouvert d'une manière archaïque par une barbe de pré-adolescent s'approchant plus du duvet qu'autre chose. Et surtout, il était maigre. Terriblement maigre. Déjà qu'il n'était pas bien gros avant... Était-il devenu anorexique ? J'allais aussitôt vers lui.

« Antoine ? demandais-je, comme pour être sûr que c'était bien lui.

Il sursauta, il avait du être perdu dans ses pensées et me regarda avec méfiance. Il resta quelques instants à me jauger de la sorte, comme s'il ne me reconnaissait pas. Finalement, il tendit la main dans ma direction. Je mis à quelques temps à comprendre que c'était sa manière de me dire bonjour, et je fini par la serrer.

- Comment ça se fait que tu es en section économie sociale ? Tu m'as toujours dit vouloir aller en scientifique... l'interrogeai-je.

Je me souvenais de conversations interminable où seul lui parlait, et à chaque fois il m'expliquait à quel point seul la S valait le coup et était une filière digne de l'accueillir. Pouvait-il avoir à ce point ravaler toute sa fierté ?! Il se racla la gorge et répondit brièvement :

- Je... hum. N'avais plus les résultats suffisant.

C'était assez difficile à croire. Qu'il n'est pas eu la moyenne en sport, ça c'était totalement plausible, mais qu'il ai échoué dans les matières dites scientifique qui étaient pourtant son point fort, je n'aurais jamais cru ça possible. Enfin, j'étais tout de même content de le retrouver. Peut-être que tout allait redevenir comme avant... en mieux ! Il avait peut-être appris l'humilité au travers de ce qui l'avait rendu comme ça, et nous allions peut-être pouvoir enfin avoir une relation d'égal à égal. J'allais m'asseoir à côté de lui mais il posa subitement son sac sur le siège à côté du sien et me lança un regard noir remplis de mépris qui me fit ravaler toutes mes espérances, avant de s'écrier d'une voix aiguisé comme un couteau :

- Je t'ai autorisé à t'asseoir à côté de moi ? »

Le « moi » était teinté du même narcissisme qu'avant, mais en plus puissant. Je n'étais pas psychologue et ne possédais pas la capacité d'analyser les faits et gestes des gens pour en déduire leur personnalité, mais une évidence s'imposait tout de même : Antoine était encore pire. C'était pas logique. Ce qu'on avait vécu lui avait pas appris les valeurs fortes de l'amitié, comme dans les films ? Il fallait croire que non.

Après m'avoir prononcé ces mots, il sortit un carnet de sa poche et se commença à le griffonner en plaçant ses bras de manière à ce que je ne puisse pas le lire. Je restai devant lui, bouché bée , avant de m'énerver intérieurement. Très bien ! Il voulait pas de moi ? Tant pis pour lui, je n'avais pas besoin de lui non plus ! Je m'écartais de sa table, allait m'asseoir à un endroit opposé et sortais mes affaires. Avant que je ne m'en rende compte, j'étais au bord des larmes. Et ça m'énervait encore plus, car je me trouvais ridicule. Mais bon, je venais de me faire jeter par l'une des seules personnes que j'avais pu appeler « ami », c'était comme une trahison, un coup de poignard là où je pensais que jamais il n'y en aurait. Et surtout pas de la part d'Antoine... parce que malgré son ego surdimensionné... ben il s'était toujours inquiété pour moi quand on traînait ensemble. Quand j'étais malade et cloué au lit, il m'appelait en criant et en m'ordonnant de venir illico au lycée. Il m'avait craqué ma Nintendo DS GX. Il venait souvent squatter chez moi pour bidouiller des ordinateurs. Il m'ignorait pas comme la plupart des gens. Et c'était tout ce dont j'avais besoin, juste une personne qui reconnaisse mon existence. Tout ça venait de voler en éclats. Il m'avait comme tout le monde, renié.

« Excusez moi... puis-je m'asseoir à côté de vous ?

Je relevai la tête. Debout devant moi se tenait un jeune lycéen que je ne connaissais même pas de vue. Il était très propre sur lui, en chemise avec une cravate, ce qui lui donné un air extrêmement distingué, ce qui était rare pour des ados de notre âge. J'espérais qu'il ne subissait pas trop de moquerie à cause de ce choix vestimentaire plutôt singulier. Les ados étaient rudes entre eux. Il avait une petite barbe de trois jours, bien plus élégante que celle d'Antoine. Ses cheveux bruns étaient soigneusement peignée sur le côté et le clou du spectacle était un sourire honnête qui illuminait son visage.

- Hum. Oui, pas de soucis.

Son sourire s'élargit. C'était la première fois qu'un élève totalement inconnu m'adressait la parole de cette manière... Il avait perdu un pari avec ses amis ou quoi ?

- Je m'appelle Augustin ! Et vous ? Enfin, puis-je vous tutoyer ? me demanda t-il une fois assit. Quelle étrange personnage...

- Ben euh... oui... !

Je crois que jamais je n'aurais pensé entendre ce genre de phrases sortir de la bouche d'un de mes camarades. Et encore moi avec moi comme interlocuteur !

- Vous... pardon, tu, es un ancien dans ce lycée ?

Je hochai la tête, sans véritablement savoir où il voulait en venir, ni même quoi ressentir face à lui. Était-il en train de se moquer de moi, ou était-il sérieux ? L'expression qui animait son visage semblait franche et sincère, mais on ne pouvait jamais être sûr. J'avais déjà été victime de plusieurs canulars qui m'avaient laissé de sacré séquelles.

- Mes sœurs et moi-même sommes nouveau dans le secteur, et donc j'aurais aimé savoir...

Je l'interrompais aussitôt.

- Écoute, si tu cherches à te faire des potes, t'es mal tombé, parce que tu as en face de toi le plus gros asocial du bahut.

Il s'approcha de mon visage et devint tout à coup presque effrayant, quand il me dit avec sa voix joyeuse comme à chaque fois qu'il ouvrait la bouche :

- Voyons... il ne faut pas te sous-estimer, Melvin !

Co... comment savait-il mon prénom ? Mais d'où sortait ce mec complètement louche ?! Après ce cours instant de panique, je me rendit compte que mon identité était inscrite en lettre capitale sur mon carnet de correspondance. Il avait sans doute dû l'apercevoir. Sans doute.

- Enfin bref, je suppose que tu comptais déjeuner tout seul ce midi ? Pourquoi ne pas te joindre à nous ? Nous pourrons ainsi faire plus ample connaissance ! Ou peut-être vais-je un peu vite ? Navré, je ne suis pas très doué pour les relations humaines.

Il eut un petit sourire gêné. C'était mignon. Il était un peu comme moi en réalité, solitaire, et ne cherchait qu'à se faire des amis. Après tout pourquoi pas, même s'il était très bizarre, c'était toujours mieux que de manger mon repas tout seul dans un coin. J'allais répondre par l'affirmative quand le professeur se leva et tapa de toute ses forces avec un livre sur son bureau. C'était un enseignant assez étrange, il était trapu, avait d'immense cernes noires sous les yeux. Ses cheveux mi-noir mi-gris était totalement en bataille. Il devait avoir la cinquantaine à tout casser. La salle était remplis, tout les sièges étaient occupés (sauf celui à côté d'Antoine), le cours pouvait commencer.

- Je me présente, cher élèves... Je suis le professeur Guidon... je vous enseignerai les mathématiques, et je serais aussi votre professeur principal... Si vous avez un problème... je pourrais sans doute vous aider. Si vous êtes un problème... je saurais aussi vous aider... d'une autre manière... qu'on soit bien clair ? Pour ceux qui se demande pourquoi vous ne m'avez jamais vu à Kadic... c'est tout simplement parce que c'est ma première année ici. Des questions ?

Sa voix était assez désagréable, on avait la constante impression qu'il se raclait la gorge. En tout cas, il n'avait pas l'air commode. Il fit l'appel rapidement, et s'arrêta sur le prénom : « Violette Hopper ». Apparemment, elle était absente. Quoi de mieux pour se faire remarquer que d'être absente le jour de la rentrée ? Ah oui, être en retard le jour de la rentrée ! Car une vingtaine de minutes plus tard, alors que monsieur Guidon nous distribuait la paperasse administrative habituelle, la porte s'ouvrit, et ce fut comme une vision de rêve.

Une adolescente aux cheveux bleus rentra dans la salle. Je... je ne saurais correctement la décrire. Elle ressemblait à une poupée en porcelaine, j'avais l'impression qu'au moindre choc, elle se fracasserait en mille morceaux. Elle était juste parfaite physiquement, comme le genre de fille qu'on voyait dans les films, sauf que ces dernières subissaient des heures et des heures de maquillages puis de retouches post-production pour atteindre ce seuil. Violette, elle, l'atteignait sans rien, car elle ne semblait par porter le moindre maquillage. Et là était le contraste, le paradoxe de sa beauté, car ses vêtements n'étaient pas du tout en accord avec son immense charisme qui avait retenu l'attention de toute la classe. Elle portait un vieux jean troué trop grand pour elle et un t-shirt « I Love Kadic » datant d'il y a au moins une quinzaine d'année. Voir plus. Elle se tourna vers l'enseignant, et parla d'une voix si basse que je ne pu l'entendre.

« Très bien, va à ta place. » lui répondit-il.

Et qu'elle ne fut sa place... à côté d'Antoine... le bâtard... Mais je fus encore surpris, car lorsqu'elle s'assit à ses côté, ils s'échangèrent des regards et se murmurèrent mutuellement dans l'oreille. Il l'a connaissait ? Je venais de comprendre ! C'était pour ça qu'il avait refusé que je vienne à sa table ! Moi aussi j'aurais préféré cette bombe à lui, ça c'était compréhensible. En revanche le fait que cette Violette parle à un misanthrope comme Antoine... ça me dépassait totalement.

L'heure de cours se déroula rapidement, et midi arriva. Mon voisin me regarda avec son sourire habituel, comme pour me demander « c'est toujours d'accord pour qu'on mange ensemble ? » Ou alors j'interprétais un peu trop et il était juste extrêmement souriant en toute circonstance. Quoi qu'il en soit ce n'était peut-être pas une mauvaise idée de traîner avec lui. Il me semblait de meilleure fréquentation qu'Antoine, qui de toute façon m'avait déjà remplacé. Qu'est-ce qu'elle avait de plus que moi cette fille, à part une paire de seins ? Bref, je fis comprendre à Augustin que j'étais prêt à le suivre. Enfin, plutôt à le guider, car il ne connaissait pas du tout la structure.

Après avoir remplis notre plateau de légumes divers et peu attirants, nous nous installâmes à une table de la cantine. C'était un des moments qui m'angoissait le plus : devoir trouver une place. Quand le self était vide, je m'installais rapidement à une table tout seul. C'était pas agréable, mais au moins c'était rapide. Par contre, quand il était bondé (ce qui était souvent le cas), je devais errer dans l'allée centrale avec mon plateau pour trouver une place vide à une table de gens qui me laisseront tranquille. Je me retrouvais rapidement entouré par pleins de gens qui rigolaient entre eux. Et ça, c'était le pire : être seul dans une foule.

« Tout va bien Melvin ? Me demanda Augustin.

- Ouais... Bon... On se mets où ?

- Il y a une table vide juste là. Je te propose, si tu es d'accord, que nous nous y installions.

- Euh... ouais, bonne idée. »

Je m'étais trompé sur un point : au moins, en ce début d'année, j'allais pas être tout seul. Personne n'avait mangé avec moi depuis qu'Antoine avait arrêté de me parler. Augustin avait l'air sympa, cependant je m'faisais pas trop d'illusion : tôt ou tard, il comprendrait que j'étais le gars craignos du lycée avec qui il fallait pas être vu. Ou alors... peut-être que non. Peut-être que cette année allait véritablement être celle du changement.

« Je peux m'asseoir avec vous ?

Lucie venait d'arriver, plateau en main. Oh non, il était pas question qu'elle vienne tout gâcher ! Jusque là, Augustin me voyait comme un type normal... Je pouvais pas déjà faire disparaître cette image !

- Ah ! Euh, salut Lucie, est-ce que je peux te parler seul à seul trente secondes ? Commençai-je à toute vitesse.

- Bien sûr !

Je me levai et la prenait à part, loin de notre table.

- Écoute, ça va pas être possible. Il est nouveau et il faut... Fin... Comment t'expliquer, c'est pas que je veux pas mais en fait...

- Tu sais, je ne suis pas stupide, Melvin. J'ai très bien compris, m'interrompit-elle avec un petit sourire triste. Je ne dirai rien à maman et je te laisserai tranquille. Comme les années précédentes. Tu n'auras plus à te soucier de moi.

- Non, mais c'est pas ce que je voulais dire !

- Ah vraiment ? Alors qu'est-ce que tu voulais dire, exactement ?

Je baissai la tête. Je ne pouvais pas m'empêcher de me sentir mal pour elle. D'autant plus qu'elle m'avait percé à jour.

- C'est bien ce que je pensais. Ne t'inquiète pas, je ne t'en veux pas. Je comprends totalement que tu ne veuilles pas être vu avec « la Folle ». Je te souhaite une bonne année scolaire, Melvin. »

Sans me laisser le temps de réagir, elle partit s'installer toute seule à une table, à l'autre bout du réfectoire. Je retournai à ma table, d'une humeur un peu moins joviale qu'au début du repas.

« Qui était-ce ? Une connaissance à toi ? Me demanda Augustin.

- Ouais, c'est ma sœur.

- Elle ne voulait pas venir avec nous ?

- Euh... non. Elle est plutôt du genre solitaire. On s'entend pas trop, on va dire.

- Ah, je vois. C'est malheureux.

Une autre fille s'arrêta devant notre table. Je ne la connaissais pas et je fus assez surpris par son style qui était... hors du commun. Il me semblait que c'était ce qu'on appelait gothique ou emo, je savais pas la différence. Je croyais que ce mouvement n'existait plus depuis des années, mais j'avais en face de moi la preuve vivante de son existence. Elle avait des cheveux noirs qui ne devait pas être naturellement de cette couleur. Elle portait un T-shirt d'un groupe de Death Metal dont j'avais vaguement entendu parler et dont l'écoute n'était pas loin de me faire saigner les oreilles et le reste de sa tenue était tout aussi sombre et inhabituel.

- Augustin, faut que je te parle.

Ce dernier eut l'air embarrassé. Il me demanda de bien vouloir l'excuser et alla à la rencontre de la gothique. Ils discutèrent quelques petites minutes. Je n'entendais pas ce qu'ils pouvaient bien se dire (et ça ne me regardait pas), mais mon nouvel ami n'avait pas l'air enchanté d'avoir cette conversation. C'était quoi, une ancienne petite amie ? Rapidement, il revint s'asseoir.

- Je te prie de bien vouloir m'excuser. Disons que c'est un peu le même problème que toi : une sœur avec qui je ne m'entends pas trop.

Je lui lançai mon regard le plus compatissant. Je connaissais. Il avait dû se prendre des brimades à cause du look de sa sœur. Le reste du repas se termina de manière agréable. Augustin parlait peu de lui, mais m'écoutait et me posait des questions sur tous les sujets, même les jeux-vidéos ! Et moi qui avait ce besoin immense de pouvoir discutait de mes passions, c'était parfait.

Cette année commençait bien, je le sentais.




Spoiler
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 13 Mai 2018 11:50   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 2.0 - Rainy Days [Chapitre 10]
Bonjour, ça fait longtemps !

Spoiler


Code Alpha 2.0 - Rainy Days

Code Alpha 1.0 Ancienne version: 1.0 - 2.0



Lexique
Ier Prologue - C'était dangereux mais...
IIème Prologue - Le Temps des Monstres
Chapitre 01 - Quelque chose s'est brisé
Chapitre 02 - Rentrée des classes
Chapitre 03 - La tache de sang
Chapitre 04 - Drôle(s) de rancard(s)
Chapitre 05 - Confessions d'un être supérieur
Chapitre 06 - Ombre et l'Autre
Chapitre 07 - Le froid de l'océan
Chapitre 08 - Une promesse en chocolat
Chapitre 09 -
Chapitre 10 -
Chapitre 11 -
Chapitre 12 -
Chapitre 13 -
Chapitre 14 -
Chapitre 15 -
Chapitre 16 -
Épilogue -


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Ier Prologue : C'était dangereux mais...


Journal de Melvin, unique page remplie

Je me demande parfois si les premières semaines de mon année de seconde n'étaient pas un rêve. Elles étaient tellement... tellement étranges, tellement particulières. Après tout, la seule preuve que j'ai de leur existence, ce sont mes souvenirs et ceux des autres. Le problème c'est qu'on se parle de moins en moins désormais... Chacun est parti dans son coin et me voilà tout seul, comme avant. Dire que j'avais cru que je m'étais enfin fait un groupe d'amis... Enfin bref, je m'écarte du sujet. L'important, c'est ce qui s'est passé. Pour être sûr de ne rien oublier, j'ai décidé d'écrire tout ce dont je me souviens dans ce cahier.

Tout a commencé quand... c'est un peu compliqué de dire quand est-ce que tout a commencé. Peut-être dès qu'Antoine et Jean se sont retrouvés à devoir faire des travaux d'intérêts généraux pour le lycée ensemble. Ou peut-être est-ce quand Ambre est rentrée en scène. C'est un peu difficile pour moi de bien mettre le doigt sur un début précis, parce que je n'ai pas tout de suite prit part à tout ça.

Essayons tout d'abord de bien présenter le contexte. Oui, bonne idée. Antoine et moi étions dans la même classe depuis la sixième. C'est mon meilleur et seul ami. Ou plutôt... c'était. Il était très intelligent, mais m'écoutait rarement quand je parlais. Il pouvait être très antipathique, tout comme il pouvait être... oui, non généralement, il était très antipathique. Il était hautain et arrogant, croyait toujours tout savoir mieux que tout le monde. Pourquoi est-ce que je traînais avec lui si je le décris d'une manière aussi négative ? Parce qu'il a pas eu une vie facile, et je pense qu'il s'est lui même enfermé dans cette carapace. Au fond de lui, c'est quelqu'un de bien, et peut-être qu'un jour, il le sera aussi à l'extérieur. Et puis... si Antoine n'avait pas été là, j'aurais été vraiment tout seul tout ce temps.

Jean était un gars de notre classe. Il aimait bien se moquer de nous, un peu comme tout le monde. Non pas pour être méchant, mais... justement pour faire comme tout le monde. Je ne lui en veux pas. Bon d'accord, sur le coup, je lui en voulais beaucoup, mais avec ce qui s'est passé ensuite... Non, chaque chose en son temps. Quant à Ambre, c'était une fille adorable d'une autre classe, très timide et rejetée à cause de ça. Je dois avouer qu'elle était mignonne... très mignonne. Oui bon, je l'avoue j'ai été un peu amoureux d'elle, mais c'est normal à l'adolescence de ressentir une forte attirance pour quelqu'un de temps en temps... Elle était gentille, mais pas dans le sens négatif du terme. Bon, après c'est devenu compliqué entre nous et de toute façon, je n'aurai jamais eu la moindre chance avec elle. Moi je suis gros, roux et repoussant. Qui voudrait de quelqu'un comme ça ? Euh... je crois que je m'écarte du sujet.

Comme je l'ai dit plus haut, Antoine et Jean se sont retrouvés à faire des travaux d'intérêt généraux pour le lycée après s'être presque battus en classe. Et bizarrement après ça, les deux garçons et Ambre se mirent à traîner ensemble. Il n'y avait aucune raison apparente à ce rapprochement et je me suis senti délaissé. Et trahi aussi. Je suis resté tard sur une aire de jeu, assis sur un banc avec ma console de jeu portable, presque en larmes. Je dis presque parce que je n'ai pas pleuré, mais j'étais quand même vachement triste. Et puis Steve et ses gorilles sont venus. Steve c'est... oh, et il ne vaut pas la peine que je parle de lui ici, c'est juste un abruti. Bref à partir de là... mes souvenirs sont flous. Très flous.

Jusque là, tout semble normal. La vie d'un lycéen mal dans sa peau. Mais à partir de maintenant, le fun commence. Et l'aventure. Et le danger. Et la peur. Et beaucoup de peur.

D'après ce que j'ai compris, j'ai été possédé par une intelligence artificielle nommée XANA, qui m'a donné des super-pouvoirs et a tenté de tuer mes amis via mon corps. Ça fait pas très réaliste comme ça, même moi j'ai encore du mal à y croire. Une chose était sûre, j'avais bel et bien essayer de tuer mes amis. Un vieux type du nom d'Ulrich nous expliqua que cette IA cherchait à nous tuer pour... j'ai toujours pas compris pourquoi d'ailleurs, je crois qu'Ulrich avait refusé de nous expliquer ce point précis... il est un peu tard pour lui demander maintenant... Bref, le seul moyen de stopper cet adversaire, c'était de se rendre dans un monde virtuel pour désactiver des tours. Comme dans un jeu vidéo. Je vous avais bien dit que c'était génial !

Mais là, c'est vraiment devenu compliqué pour tout le monde. Ambre et Jean, qui avaient failli mourir de mes mains, étaient terrorisés. Ils voulaient plus prendre part à ça et se sont tirés. Antoine a fait son Antoine et s'est tiré lui aussi. Il ne restait plus que le vieux Ulrich et moi et j'étais bien décidé à ne pas me barrer ! Ouais, j'ai bien dû rentrer chez moi après, mais c'était une façon de parler. Toujours était-il que je voulais pas recommencer à essayer de tuer des gens. C'était... terrifiant comme idée. Je crois que j'en dormais pas de la nuit.

D'après Ulrich, X.A.N.A nous voyait tous comme des menaces et n'arrêteraient pas tant qu'il ne nous aurait pas tous tué. Il me demanda de revenir le lendemain pour m'entraîner sur le monde virtuel. Quand j'y retournai, une autre nana était avec lui, une certaine Mélissa, une « vieille amie à lui ». Ambre décida de revenir aussi, mais elle refusait de me parler, me tenant responsable de ce qui s'était passé. Antoine, lui, continua à rester chez lui, en travaillant apparemment sur comment détruire X.A.N.A.

Il y eut enfin la deuxième attaque que nous attendions tous. Alors que je me rendais à l'usine, je tombai sur Jean qui souhaitai nous rejoindre. Enfin, il voulait surtout rejoindre Ambre mais bon... passons. Ce fut un véritable carnage. Les deux adultes, Ulrich et Mélissa, perdirent la vie. Un type qui voulait nous tuer aussi, un certain William. Jean fut blessé à la jambe. Heureusement, Antoine eut le temps de mettre son plan à exécution. La victoire, si on pouvait appeler ça comme ça, était dans nos mains.

Les événements nous avaient tous énormément changés. Et rapprochés, malgré tout. On décida de se souvent se réunir à l'usine, pour vérifier que tout allait bien. On ne pouvait pas être sûr que X.A.N.A avait bel et bien était détruit. Antoine était très distant et restait souvent dans son coin. D'après Jean, il s'était pris un râteau de la part d'Ambre et c'était pour ça qu'il faisait la gueule. Ambre semblait ne plus m'en vouloir, même si elle ne parlait qu'à son amoureux de toujours : Jean. Parler, c'est un bien grand mot. Il se roulait des pelles en permanence, ça en devenait gênant. Jean resta fidèle à lui même, mais en beaucoup plus sympa. Il rigolait beaucoup avec moi et essayait même de communiquer avec Antoine qui ne répondait généralement pas. J'avoue que j'étais totalement jaloux de sa relation avec Ambre. Bref. J'avais des amis. Ils étaient particuliers, mais nous avions vécu quelque chose de particulier.

Tout les jours au début, nous nous rendions à l'usine, mais comme je l'ai dit plus haut, rien à signaler. Puis ce fut une fois par semaine, le jeudi pour être exact. Nous traînions aussi ensemble le reste du temps, mais finalement, ce fut l'un des rares moments où nous étions tous ensemble. Et finalement, un système de tour de garde fut mis en place. Et la vie normale reprit son cours. Nous nous éloignèrent, prenant chacun un chemin différent. C'est un peu triste, mais c'était inévitable. Le groupe s'était formé dans l'urgence et par besoin, pas véritablement par affinités.

Voilà. Ça doit bien faire un an désormais. Je ne pense pas que je revivrai quoi que ce soit d'aussi intense dans ma vie. C'était dangereux mais... putain, qu'est ce que c'était bien !Je n'oublierai jamais les quelques jours où Ambre, Jean, Antoine et moi étions une équipe.


______________________________


IIème Prologue: Le Temps des Monstres


???



Quand il était petit, Antoine avait peur des monstres sous son lit. Personne ne venait le voir pour le rassurer. Il était seul, avec les bruits étranges de la nuit. Ses parents étaient morts. Il l'avaient abandonnés. Pourquoi ? Est-ce que... Est-ce que c'était parce qu'ils ne l'aimaient pas ? Sa tante en tout cas, le détestait. Il ne savait pas pourquoi... Il devait bien y avoir une raison à cette haine. Peut-être qu'il était responsable du départ de ses parents.

Il pleuvait ce jour là. Cela faisait une semaine que les nuages recrachaient leur fureur sur la ville, inondant les caniveaux. Était-ce là les prémices d'un nouveau déluge ? Un autre liquide s'était peu à peu mélangé avec l'eau omniprésente dans les rues. Celui était beaucoup plus sombre. Il avait une odeur pestilentiel, presque répugnante. Surtout, il était rouge vif.

Il pleuvait aussi dans le cœur des gens. Car ce jour là, le monde allait changer et prendre une tournure différente. Plus rien n'allait plus jamais être comme avant. Personne ne s'en rendait encore compte, mais comme lié par un inconscient collectif, tout le monde ressenti une profonde mélancolie.

Il pleuvait enfin sur les joues du jeune homme qui n'en était plus un. Pas des larmes de tristesse, non, des larmes de soulagement. Il s'en était sorti. Il était vivant. L'adolescent éclata alors d'un rire sinistre qui résonna dans l'immensité vide de l'usine. Antoine resta bien une dizaine de minutes immobile et hilare, face à ce super-calculateur qui avait causé tant de souffrances.

« J'ai gagné... » dit-il finalement avec un sourire.

Lui, le petit intello du fond de la classe qui était la risée de tous. Il leur avait prouvé, à tous, qu'il n'avait besoin de personne. Que plus qu'un génie, il était quelqu'un de tout simplement exceptionnel. Bien sûr, il avait eu des doutes. Bien sûr, il avait eu des moments de faiblesse. La mort de Melvin avait été un premier coup à encaisser. A ce moment là, il avait eu l'impression de perdre l'une des deux dernières choses qui le rattachait encore à l'humanité. Il perdit la deuxième juste après, lors de sa confrontation avec la chose qui prétendait être sa sœur. Pire encore, le destin lui même avait semblé s'acharner sur lui. Ses adversaires avaient toujours un coup d'avance sur lui, semblait toujours prédire ses mouvements. Il avait eu l'impression qu'une force supérieure souhaitait le voir perdre.

Et pourtant... Alors qu'il était plus bas que terre, il était revenu sur le champs de bataille avec la vivacité d'un phénix. Désormais insensible, intransigeant, dur comme de l'acier, il avait tué tous ses ennemis un par un, dont certains de ses propres mains. Mais... il en restait un à abattre. Celui qui était au cœur de la tornade.

« Hannibal ! J'ai remporté ton petit jeu ! Montre-toi désormais !

Une lumière pâle éclaira l'écran de l'ordinateur central. C'était son Adversaire qui se manifestait. Celui que ses parents n'avaient pas réussi à vaincre et qui s'était caché dans l'obscurité jusque là. Depuis quand observait-il les moindres faits et gestes d'Antoine ? Le jeu avait commencé bien avant cette rentrée de septembre...

H : Me voici Antoine. Effectivement, tu es le vainqueur.

- Est-ce que tu as peur ? Demanda le blondinet à l'écran.

Autrefois, c'était Antoine qui avait peur. Peur des autres, peur de lui-même. Maintenant, il rayonnait. Maintenant, il triomphait.

H : Non.

- Tu devrais.

Oui, tout le monde devrait le craindre. D'ailleurs, tout le monde allait apprendre à le craindre... Plus jamais quelqu'un ne le regarderait avec mépris.

H : Si je t'ai proposé ce défi, c'était pour une raison bien particulière.

Antoine éclata de rire à nouveau. Il reprit un air sérieux en quelques instants et déclara d'une voix glaciale :

- Peu m'importe.

H : Pardon ?

C'était jouissif de prendre par surprise ce "H" qui d'habitude en savait tant. Le blondinet prenait littéralement son pied.

- J'ai dit que cela m'importait peu. Je m'en fous de savoir pourquoi tout ça. Je n'ai eu besoin de personne pour en arriver là. Je n'ai pas besoin de tes révélations pour aller plus loin. D'ailleurs, je n'ai pas besoin de toi non plus !

Et il tapota sur son clavier à une vitesse folle, aussi folle que le ton de sa voix, aussi folle que la lueur qui brillait désormais dans ses yeux.

H : Que fais-tu ?

- J'ai adapté le virus que j'avais créer pour XANA ! Je vais te tuer ! Tu m'entends ?! Je vais te tuer ! TE TUER !

Hannibal n'eut pas le temps de réagir. Le virus était déjà lancé. Antoine était seul à présent, face à un écran qui ne lui répondrait plus. De toute façon, il avait toujours été seul. Et maintenant, il le serait pour toujours.

- Personne ne peut s'opposer à moi... » comprit-il finalement en contemplant l'écran désormais éteint.

Et il avait raison.

Tout ce que le petit Antoine voulait, c'était qu'on l'aime. Alors à force de recevoir de la haine de la part des autres, il commença à l'amasser et à s'en faire une armure. Une véritable cuirasse de colère. Et à force de craindre les monstres, il décida d'en devenir un. Bien sûr, les début furent difficiles. N'est pas un monstre qui veut. Mais Antoine était déterminé. Il avait toujours su qu'il était promit à de grandes choses et il avait raison ! Il était destiné à devenir la créature la plus terrifiante qui n'avait jamais été et à ce moment là, tout le monde retiendrait son souffle. Tout le monde comprendrait qu'il aurait fallu aller voir le petit Antoine, regarder sous son lit et le cajoler.

Dès lors commencera une nouvelle ère.

Dès lors commencera le Temps des Monstres.


De toutes les conclusions que j'avais pu atteindre jusqu'à présent, celle là était décidément la pire. Alors que je regardais Antoine rire dans le noir, je réfléchissais à mes erreurs. Pourquoi est-ce que ça n'avait pas marché ? L'effet papillon était si dur à contrôler... Qu'avais-je fais pour provoquer cette fin ? J'avais l'impression que quoi que je fasse, l'issue en devenait de plus en plus sombre, de plus en plus terrifiante. Pourtant je ne perdais pas espoir.

«Je te sauverai Antoine. Je te sauverai des Monstres. Je te sauverai de toi-même. » murmurai-je dans le noir.

Et c'est reparti pour un tour...



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Chapitre 1 : Quelque chose s'est brisé


Ombre


Quelque chose au fond de moi s'est brisé. Je ne sais pas quoi. Je ne sais pas depuis combien de temps. Je sais juste que quelque chose s'est brisé.

Quand est-ce qu'on sait réellement ? Quand est-ce qu'on commence enfin à comprendre ? Est-ce que du jour au lendemain, on saute les pieds hors du lit en s'écriant : « Mais oui, mais c'est bien sûr ! » alors que tout devient clair dans notre esprit ? Où est-ce que ça va lentement, s'ancrant petit à petit au plus profond de nous même, sans que nous puissions nous en rendre compte. Et quand cette vérité s'impose à nous, il est trop tard. On ne peut plus l'oublier, même si on ne sait d'où elle vient. On tente d'ignorer son existence dans la vie de tout les jours, mais elle ne cesse de revenir nous hanter.

J'étais allongée sur le canapé poussiéreux et rempli de saleté de Jean, la tête posée sur le torse de ce dernier. J'entendais son cœur battre, ce genre de petites choses m'avaient toujours fascinée. La télévision était encore allumée, on s'était fait un marathon Doctor Who et ça avait duré toute la nuit. L'homme qui partageait mon quotidien avait fini par s'endormir, mais ce n'était pas mon cas. Il faisait encore sombre, il devait être quatre ou cinq heures du matin. Il pleuvait dehors. J'entendais les gouttes tapoter contre la vitre de la fenêtre. Ça me rappelait tant de souvenirs... Officiellement, j'étais Ambre Delmas, une jeune fille de bientôt 16 ans tout ce qu'il y avait de plus banal. Une fille ordinaire, rien de plus. Mais la réalité était bien plus complexe.

Reformulons tout ça sous la forme d'une question philosophique : y a t-il un quelconque mérite à être vivant ? La réponse est généralement non : personne n'a choisi de venir au monde ou fait quoi que ce soit dans cet objectif. Il arrive que certaines personnes gagne ce que j'ai appelé du mérite en s'accrochant à la vie, en refusant de la quitter. Dans mon cas, c'est même plus extrême : je suis venue dans ce monde par la seule force de ma volonté. Qu'étais-je à la base ? Une pensée ? Une idée ? Je n'étais même pas censée exister. L'univers n'avait pas de place pour moi, abomination sans nom. Alors j'ai regardé cet univers dans toute son immensité et je lui ai dit merde. Tout simplement merde. Tu ne veux pas de moi ? Et bien tant pis, parce qu'il faudra faire avec !

La pauvre idée que j'étais est devenue un songe. Le songe est devenu un espoir. L'espoir a prit forme, s'est approprié un nom. Si j'avais germé de la tête de cette Ambre, j'allais être son Ombre. Fidèle, la suivant partout où elle allait et la guidant à travers les obstacles qui allaient se dresser sur son chemin. Mais est-ce que mon ambition allait s'arrêter là ? Oh que non ! Devoir subir la compagnie de cette pré-adolescente insupportable était une véritable prison. J'avais besoin de plus, toujours plus, et ma soif de liberté ne pouvait s'arrêter.

Et finalement, l'opportunité de gagner mon autonomie me fut donnée. Et sans aucune hésitation, elle fut saisie. Ambre disparut à tout jamais. Quand je quittai cet étrange monde virtuel pour revenir dans son corps... enfin, mon corps, j'étais seule, pour la première fois de ma vie. Tout le monde quitta l'usine, j'avais la tête qui tournait et ne me sentait pas vraiment bien. Jean proposa de me ramener mais je refusai.

Il commença à pleuvoir. Une violente averse. Qu'est-ce qui n'allait pas ? Pourquoi je ne pouvais pas être heureuse ? Je venais d'accomplir ce pourquoi je m'étais si longtemps battue. Je venais de gagner ma liberté ! Personne ne me l'avait donné, j'avais dû l'arracher aux griffes du destin avec les miennes ! Alors pourquoi ne pouvais-je en tirer la moindre satisfaction ? C'est alors que je l'entendis. Ou plutôt, que je ne l'entendis pas. Le Silence. Immuable, Infini. Un vide que je pourrai qualifier d'éternel. Comment le décrire ? Comment l'expliquer ? J'avais vécu en colocation avec quelqu'un pendant toutes ces années, et je me retrouvais désormais toute seule. C'était tellement perturbant...

Je me souvenais avoir planifié des centaines de choses que je voulais faire après avoir gagné le « contrôle ». Je n'en fis aucune. Aux yeux de tous, je demeurais Ambre. J'essayais de ne pas croiser le regard de Melvin, car il était le seul à m'avoir déjà vue sur Lyoko, ni celui d'Antoine, tout simplement parce qu'il ne cessait d'essayer de me parler, d'attendre quelque chose de moi. Je n'avais qu'une envie, c'était de lui dire d'aller se faire foutre ailleurs, mais la gentille petite Ambre ne s'exprimait pas de cette manière. Je me contentais de converser le moins possible avec lui. Et heureusement notre groupe se fractura peu à peu et je demeurais uniquement avec Jean, qui accepta de m'héberger quand ma mère... enfin, celle d'Ambre me mit à la porte.

Foutue pluie qui me faisait repenser à tout ça... Je me levai en tachant de ne pas réveiller mon amant, et allais dans la cuisine me préparer un café. Je baillais en regardant l'heure en allumant la machine. Le bruit de la pluie m'était insupportable. Je me rendis compte que quelque chose de froid coulait sur ma joue droite. Une... une larme ? Mais pourquoi est-ce que je pleurerai ?

« Peut-être parce que tu vis dans un mensonge, me dit une voix désagréablement familière.

Personne d'autre que moi ne se trouvait dans cette pièce, c'était bien là le problème. Car la personne qui venait de me parler n'était autre que... moi. Enfin, en quelque sorte. C'était une représentation d'Ambre, un écho de son ancienne présence dans ce corps. Quelle ironie ! J'avais hanté Ambre pendant tant d'année, et désormais, c'était son fantôme qui me poursuivait. En l'apercevant, j'éclatais de rire.

- Ha ! Tu crois aux conneries que tu racontes ? Tu sais franchement à qui tu t'adresses ?

Bien sûr qu'elle le savait, vu qu'elle provenait de mon esprit... mais je ne voulais pas perdre la face contre elle. Il n'y a rien de pire que de perdre un argument face à soi-même. « Ambre » se rapprocha de moi, mangeant une pomme imaginaire qu'elle tenait dans sa main. Elle était belle, comme elle l'avait toujours été. Coquette à la perfection, à un point que même dans mes rêves les plus fou je ne pourrai atteindre.

- Oh oui, c'est vrai, je m'adresse à la terrible Ombre, celle qui n'a aucune limite, qui fait ce qu'elle veut...

D'un seul coup, elle se retrouva en face de moi, son visage pratiquement collé au mien. Je reculai par surprise et me retrouvai contre le mur. Son visage était déformé par une expression de haine à la limite du sadisme. Elle eut un sourire ressemblant plus à une grimace et mettant tout mes sens en alerte.

- Alors dit moi, usurpatrice, pourquoi fais-tu semblant d'être Ambre ? Pourquoi essaies-tu de l'imiter ainsi ?

Ce n'était plus des larmes, mais des gouttes de sueurs qui coulaient doucement sur mes joues.

- C'est parce que... c'est parce que ce serait bizarre de me comporter ainsi ! Les autres trouveraient ça louche !

Pourquoi m'étais-ce impossible de la contrôler ? Cette « Ambre bis » faisait partie de moi après tout, aucune autre personnalité n'était venue au monde dans ce corps. Alors pourquoi passait-elle son temps à me rappeler toutes ces choses... que je voulais oublier ? Était-elle... l'incarnation de mes regrets ? Non, impossible, je n'en avais aucun !

- C'est ça, essaie de te rassurer là dessus ma jolie. Imagine la tête de Jean quand il apprendra la vérité.

Merde... C'est vrai qu'elle pouvait lire dans mes pensées.

- Il... Il n'a pas besoin de le savoir.

- Comment dois-on t'appeler déjà ? Ah oui. Meurtrière.

Son visage changea à nouveau et ses traits s'adoucirent, exprimant désormais un mélange de surprise et de tristesse.

- Ombre, je... commença t-elle.

Elle imitait la véritable Ambre au moment de sa chute. Au moment de sa mort. Sa mort que j'avais provoquée. Il ne fallait pas que je l'écoute. J'étais heureuse d'avoir enfin put me débarrasser d'Ambre. Avant, j'étais prisonnière, l'oublier serait oublier pourquoi je m'étais battu jusque là. Je ne devais pas me laisser faire. Je la repoussais mais mes bras passaient à travers elle. Sa forme redevint brusquement monstrueuse. Elle me plaqua au sol avec une facilité déconcertante et commença à m'étrangler lentement.

- Qu'est-ce que tu comptes faire, Ombre ? Me pousser dans le vide ?

- Tu... n'es pas réelle... essayai-je de prononcer.

La douleur, pourtant, l'était.

- Pardon ? Je n'ai pas bien entendu, me répondit-elle avec une voix faussement narquoise.

- TU. N'ES. PAS. RÉELLE, hurlai-je de toute mes forces.

Et finalement elle lâcha prise. Je lui jetai un coup d'œil. Elle me regardait, toujours avec un sourire que je ne pourrais décrire que de mauvais. Elle ouvrit la bouche et déclara tranquillement :

- C'est vrai, je ne suis pas réelle. Et toi non plus d'ailleurs. »

Et aussitôt ces paroles dites, elle disparut, comme si elle n'avait jamais été là. Pourtant, je savais qu'elle était toujours quelque part dans ma tête, à guetter de la moindre faiblesse à sa portée pour continuer à me torturer avec. Je me relevai, essoufflée. Cela devenait de plus en plus rude de combattre cette pseudo-Ambre.

« Qu'est ce qui s'est passé ici ? Pourquoi t'as crié ?

C'était Jean, en t-shirt et caleçon qui venait d'arriver sur les lieux. Il fallait admettre que ma bataille contre moi même avait provoqué un sacré désordre, et que j'avais été loin d'être discrète. Un paquet de céréales s'était déversé sur le sol, ainsi qu'une bouteille de lait. Jean m'aida à me relever, toujours avec une expression de profonde surprise sur le visage. J'étais moi même assez confuse par ce qui venait de se passer, je n'avais pas le courage de lui d'inventer une excuse plus pertinente que : « j'ai trébuché ». J'avais besoin de prendre l'air, je ne pouvais pas rester avec lui et sa bouche béante d'incompréhension. J'allais m'habiller et faire un tour dehors, ça allait me faire le plus grand bien ! En me voyant enfiler mes vêtements, le grand ténébreux demanda avec une voix enroué :

- Mais... où-est ce que tu vas ?

- Simplement faire des courses, il y a plus de lait, non ? »

Je l'embrassai sur la joue, le laissant toujours aussi dubitatif en plein milieu du carnage que j'avais provoqué. Ne l'écoutant pas lorsqu'il me fit une réflexion sur les horaires d'ouvertures des magasins, je me précipitai vers la sortie. En quelques instants, j'étais dehors, sous cette pluie que je détestais tant. Jean était bien gentil, et j'étais sûre de beaucoup l'aimer mais... lui aimait Ambre. C'était d'elle qu'il était tombé amoureux, pas de moi. Je n'étais qu'une copie de cette fille qui l'avait séduite... Non, je ne devais pas laisser ce genre d'idées néfastes me remplirent le cerveau. Mais peut-être que...

« Peut-être que ce jour là, ce n'est pas Ambre qui a disparu. Peut-être que c'est toi. » ricana la voix dans ma tête.

Je ne devais pas l'écouter... mais d'un autre côté... La Ombre que j'étais il y a un an était morte, ça ne faisait aucun doute. Celle qui était prête à tout, celle qui voulait hurler à pleine voix qu'elle existait, celle qui aurait tout fait pour rester fidèle à elle même. Je m'assis sur un banc. C'était la rentrée des classes aujourd'hui, mais je ne pensais sans doute pas m'y rendre. J'allais faire comme tout les jours et vivre dans cette monotonie avec Jean et sa petite sœur. Sans passé, sans futur, sans rien.

Il pleuvait beaucoup. Il commença à pleuvoir sur mes joues. La rue était pratiquement vide, mais quelqu'un se dirigeait vers moi. Dans la brume on aurait dit... Ambre ? C'était impossible, elle était encore perdue sur Lyoko ! Après quelques secondes, je remarquai que la personne avait de long cheveux bleus... Quelle idée stupide de croire que c'était ma « moitié »... je devenais vraiment parano.

En tout cas, cette nouvelle arrivante s'arrêta juste devant moi. Elle était trempée, tout comme moi, mais si je grelottais de froid, elle, semblait rester insensible à ces intempéries. Elle pencha la tête sur le côté en me regardant.

« Quoi ? T'as un problème ? »

Elle ouvrit la bouche, comme si elle voulait dire quelque chose, mais se ressaisit. C'était quoi, une mendiante ? Franchement, est-ce que j'avais l'air d'avoir de l'argent ?! C'est alors que contrairement à toutes mes attentes et avec une rapidité fulgurante, elle me donna un coup de poing dans le ventre d'une force incroyable qui me projeta en arrière de quelques mètres. Encore sous le coup de la surprise, je me relevais. C'était... c'était pas possible, elle était toute frêle ! Comment pouvait elle avoir une telle puissance dans les bras ? Encore endolorie, je m'écriai :

« Mais ça va pas bien ? Si c'est la baston que tu cherches tu vas pas être déçue ma vieille ! »

Je savais toujours me défendre. Je n'étais pas prête d'oublié l'une des choses qui m'avait permis de m'en sortir jusque là. J'avais réussi à faire face à Melvin lorsqu'il était possédé par X.A.N.A., c'était pas une pauvre ado qui allait me chercher des noises. Elle allait voir ce qu'elle allait voir.

« Ombre, je vais te demander de me suivre. S'il te plaît. » dit-elle soudainement, avec une voix creuse, comme si c'était une récitation.

Co... comment m'avait-elle appelé ?! « Ombre »... ? Mais... personne ne connaissait mon existence, sauf Melvin, et il ne me considérait que comme un avatar d'Ambre ! Alors que mon agresseuse se rapprochait dangereusement de moi, je compris que quelque chose ne tournait définitivement pas rond. Tout mes sens étaient en alerte. Vu la force dont elle avait témoigné, je n'avais strictement aucune chance. Je me mis à courir, aussi vite que je le pouvais, une voix moqueuse résonnant dans mon crâne, répétant encore et encore :

« Tu vois ? Je te l'avais dit ! »


______________________________



Spoiler
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Sam 18 Nov 2017 00:44   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]
Tout d'abord, je tenais à vous remercier, Icer et Silus pour vos derniers commentaires. Et pour avoir lu Code Alpha, en général. Il y a d'autres membres de ce forum que je pourrai remercier pour leur accompagnement au cours du temps et leurs critiques. Si Code Alpha a réussi à s'améliorer avec le temps, c'est principalement grace au retour que j'ai eu ici, et ce depuis le tout début en 2013.Bref. Code Alpha 1.0 est à nouveau terminé. Définitivement, cette fois (du moins je l'espère). On se retrouve juste après le dernier chapitre et l'épilogue pour en parler !


Chapitre 16 - Croatian Rhapsodie


12 années plus tôt


Ils étaient tous silencieux. Parfois, l’un d’entre eux ouvrait la bouche, prêt à briser le silence mais à chaque fois il se ravisait. William était immobile dans son coin, Odd et Ulrich se lançaient des sourires gênés, Aelita faisait son possible pour éviter le regard de Jérémie. Tant de temps avait passé, tant de choses les avaient divisés mais finalement, ils étaient tous là. Comme avant. Enfin, pas vraiment. Ça ne serait plus jamais comme avant. La mort de Yumi, les décisions du blondinet… tout cela avait fini d’achever un groupe d’amis qui n’avait été uni que contre l’adversité.

« Bon… Commençons, fit finalement Jérémie.
Il sentit le poids des regards alors que tous les yeux se tournaient vers lui. C’est le moment d’assumer mes erreurs, se dit-il. Aelita, ne me regarde pas comme ça s’il te plaît…
- Je vous l’ai déjà dit dans mon message : la situation est critique.

Aelita


Nous y voilà, Jérémie. Tu as joué avec le feu et maintenant tu as besoin de notre aide. Ne te l’avais-je pas dit que c’était trop dangereux ? Ce qui est arrivé à mon père ne t’a pas suffit ?


Odd


Je suis chaud ! J’ai tellement hâte de retourner sur Lyoko ! J’ai attendu ce moment toute ma vie !


William



Pas maintenant. Encore quelques minutes. Secondes peut-être ? C’est à moi de choisir. Pas encore.


- Je vais tout vous expliquer. Tout a commencé quand j’ai été contacté par ZETA.

Aelita


Quel genre de père seras-tu Jérémie ? Le genre qui rentre tard, embauche toujours des nourrices et ne passe jamais de temps avec ses enfants ? C’est ça que tu veux pour Antoine et Ambre ?


Ulrich


Putain de mal de crâne… Parle moins vite… Ma tête va exploser…


- Ils voulaient continuer les travaux de Schaeffer. Il avait déjà quelqu’un sur le projet, mais ils voulaient qu’on forme une équipe tous les deux.

Odd


Bon… Jérémie, moins de blabla, plus d’action stp !

Aelita


Est-ce que tu es au moins conscient que même nos enfants sont en dangers ? Tu avais la garde d’Antoine cette semaine, qu’as-tu fait pour le protéger ?


Ulrich


Je crois que j’vais vomir...

William


MAINTENANT !

- On avançait bien. Peut-être même plus rapidement que je ne le voulais. C’est là que… »

Le génie ne termina jamais sa phrase. Tout se passa vite. Trop vite. Un bruit assourdissant, puis des gouttes rouges dégoulinèrent de son front. Aelita hurla, Odd aussi. Ulrich ne se rendit pas immédiatement compte de ce qui se passait. Ses oreilles sifflaient, il avait l’impression de ne plus rien pouvoir entendre. La femme aux cheveux roses se précipita sur le corps inerte de son ancien mari et seul amant. Les larmes aux yeux, la rage au corps. Elle en voulait à la terre entière et surtout à elle-même. Elle réalisait à quel point elle avait été idiote. Elle aimait toujours Jérémie. Elle n’avait jamais cessé une seule seconde. Pourquoi l’avait-elle quitté ? Cette question était destinée à rester sans réponse, car un deuxième coup sortit de l’arme de William. Odd rugit :

« Putain… ! Mais pourquoi William ?! T’es avec nous ! On est tes amis ! »

Il ne répondit pas. Il se contenta d’avoir un demi-sourire et de tirer à nouveau. Il se retourna pour faire face au dernier Lyoko-guerrier. Avec stupeur, il réalisa qu’Ulrich avait profité de l’agitation pour s’enfuir via l’échelle. Il était désormais seul, debout au milieu des cadavres de ce qui fut jadis les Lyoko-guerriers. Gardant son sang-froid, il sortit son téléphone.

« C’est William. Ulrich s’est échappé. Les autres sont morts. »

Et sans un mot supplémentaire, il quitta l’usine. Jérémie avait prévu un nombre conséquent de défense pour parer à la moindre attaque de XANA et de la personne qui en tirait les ficelles. Il ne s’était pas attendu à être tué par une simple arme à feu, et encore moins par un des Lyoko-guerriers. Enfin… Je n’ai jamais été un Lyoko-guerrier. Pas à leur yeux, en tout cas.


***


La veille

H : Bonjour XANA. Je te transmets les informations quant à la dernière attaque.
X : Bonjour. Demande permission de poser une question.
H : Permission accordée.
X : Niveau de difficulté de la mission : critique, 59 % de chance en cas de défaite que XANA soit entièrement supprimé, 87 % de chances qu’en cas de victoire, XANA soit désactivé.
H : Oh bien vu ! Je commençai à te trouver hors d’usage, mais tu as encore de la ressource. Oui, peu importe le succès ou l’échec, tu es périmé. Je suis curieux de voir comment tu vas réagir.
X : Après analyse des agissements de H : H se concentre sur l’humain dénommé Antoine Belpois. Hypothèse : les attaques constituent un test pour évaluer le potentiel de l’humain Antoine Belpois.
H : De mieux en mieux !
X : L’attaque est la dernière de XANA. XANA a été recueilli par H après sa défaite. XANA n’est qu’un outil dont H n’a plus besoin. XANA demande la permission de se battre à 100 % de ses capacités contre l’humain Antoine Belpois.
H : Je dois admettre être impressionné, Hopper a réellement fait du beau travail avec toi. Si tu n’étais pas aussi limité, je suis sûr qu’on pourrait décrire ton intelligence comme une véritable conscience. Bref, que veux-tu dire par 100 % de tes capacités ? Il me semble que c’est déjà le cas.
X : XANA demande à ne plus être entravé par l’humain William Dunbar. XANA demande à ne plus recevoir d’ordre et de ne plus être conditionné.
H : Accordé.

Antoine


C’était à contrecœur que je dévirtualisais Ulrich. Le temps qu’il nous rejoigne, j’essayais au maximum d’éviter le regard de Mélissa. Elle me mettait mal à l’aise celle là. Rapidement, le vieux clochard fut de nouveau avec nous.

« Bon, Ambre est toute seule. Mélissa, je pense que tu peux y aller.
- Non ! s’écria t-elle brusquement. Puis, elle reprit d’une voix calme :
- Tu ne t’en sortiras pas tout seul, Ulrich. »

Je bougonnais dans mon coin. Ces deux là rajoutaient une dose de hasard non-bienvenue dans mon plan d’action. Et tout ça pour Jean en plus ! Quel besoin avait-il de venir à la dernière minute celui là ?!

« Il faut quelqu’un avec Ambre. Tu es la plus disposée.
- Je… Je peux aller sur Lyoko s’il le faut. »
Tout le monde se tourna vers Melvin, le Ron Weasley de la bande. J’étais surpris à son sujet, et c’était rare que quelqu’un me surprenne.
« Bon ben voilà la solution ! Mel va en renfort sur Lyoko, vous allez vous occuper du je-ne-sais-quoi et ramener l’autre ici, tandis que moi je vais rappeler mon Antoinisé ! »


Jean


Melvin l’avait laissé tombé. Hurlé quelque chose du genre « je reviendrai te chercher ! », Jean n’était plus sûr. Il savait une chose en revanche, sa jambe lui faisait atrocement mal. Il n’était plus capable de marcher, en tout cas pour l’instant. Pourquoi il était là déjà ? Ah ouais, pour Ambre. Est-ce qu’elle voudrait de lui au moins ? Est-ce qu’il n’avait pas fait tout ça pour rien ? Je vais peut-être mourir ici. Comme un rat, dans le noir. Je ne peux même pas faire de bruit. Il peut me retrouver. M’achever. J’ai pas trop envie bizarrement.

« Jean ? Jeaaan ?
C’était la voix – les voix – d’Ulrich et de quelqu’un d’autre. Avec un immense effort, Jean tenta de leur répondre :
- Ou… Ouais…
- Il est là regarde !
C’était bien le type qui les avait aidé l’autre jour quand Melvin avait été possédé. Avec lui, une nana que Jean n’avait jamais vu, au visage dur comme de la pierre.
- Oh putain mon pauvre gars, t’as bien morflé. On va faire payer au salaud qui t’as fait ça. Il était comment ? Cheveux noirs ?
- J’ai pas vu grand-chose… J’crois que c’était un mec…
- C’est lui. Ça ne peut-être que lui !
- Ouais, s’vous l’dites…
- Mélissa, raccompagne Jean jusqu’au laboratoire. Je… Je dois m’en charger ! »

Ulrich


Ulrich ne laissa à personne le temps de le contredire, et s’enfuit dans le couloir, en sortant son revolver. C’était probablement la première et dernière fois qu’il agissait en leader. Il ne pouvait pas laisser cette occasion lui échapper. Celle de venger Jérémie, Aelita, Odd. De lui faire payer ces douze dernières années de cavales. William… Enfin !


Jean


La fameuse Mélissa resta stoïque après le départ d’Ulrich, en regardant dans la direction où il était parti.
« Bon… Vous allez me ramener avec les autres, oui ou merde ?
Elle tourna lentement son regard de glace dans la direction du jeune homme.
- Merde. »
Et dans un geste rapide, elle tendit ses mains vers lui. Des crépitements d’électricités violets beaucoup trop familiers aux yeux de Jean jaillirent de la jeune femme pour l’atteindre.

Il hurla de douleur avant de perdre connaissance.


Melvin


Le rouquin fut virtualisé derrière un rocher gigantesque. Ambre était déjà là, regardant la mer numérique.

« Attention, faut pas y tomber ! Lui rappela Melvin en hurlant.
Elle fit brusquement volte-face et le dévisagea.
- T’es là depuis quand ?
- Euh… deux secondes. C’est normal que tu n’aies qu’un seul de tes deux avatars ?
- … Oui. D’accord, je vois.
Puis elle redevint tout sourire comme à son habitude.
- Mon avatar rose a été détruit par les méga-tanks. Heureusement que tu es là, on va pouvoir y retourner ! »
Depuis quand était-elle aussi agréable avec lui ? Enfin, Melvin n’allait certainement pas s’en plaindre !


Ulrich



Au bout de quelques minutes, Ulrich trouva ce qu’il recherchait. Il était là. Debout dans le couloir, lui aussi un revolver à la main. Était-ce le même qu’il avait utilisé, une décennie plus tôt ? Il n’avait plus rien à voir avec le jeune rebelle qu’il avait pu être dans leur adolescence : ses vêtements consistaient en un costard cravate extrêmement chic et probablement très coûteux.

« Wi… WILLIAM !
Et Ulrich le visa de son arme. William en fit de même.
- Ulrich ? Répondit-il avec une voix narquoise.
- Tu viens te livrer tout seul ? Que… que c’est gentil de… de ta part !
La voix du dernier Lyoko-guerrier tremblait de colère. Oh, comment il avait attendu ce moment ! Comment il en avait rêvé !
- Si tu tires, je tire. Est-ce qu’on a vraiment quelque chose à y gagner en mourant tous les deux ?
- Oui. Tant que je t’entraîne avec moi, ça… ça me va.

Plus rien n’avait d’importance. Il s’était toujours dit que sa vie n’avait aucun sens, mais maintenant, il comprenait qu’elle en avait un. Tout avait été fait pour le mener ici, face à son ancien rival. Peut-être était-ce son destin de débarrasser la Terre de ce monstre ?

- Ça te ressemble bien Ulrich. Tout dans les muscles, rien dans la tête. Tu penses sincèrement être le seul à être en colère ?
- Je m’en fous de ton baratin.
- Tu sais ce que ça a été d’être possédé par XANA pendant tout ce temps ? L’enfer que j’ai vécu par votre faute, parce que votre petite bande était trop bien pour moi ?
- Ça n’excuse en rien…
- Oh bien sûr que si ! Vous méritiez tous de mourir après m’avoir abandonné deux fois de suite. Et m’avoir abandonné une fois de plus par la suite. Tu savais que j’ai dû aller jusqu’à un asile pour que les cauchemars cessent de me tourmenter ? Chaque nuit, je ne faisais que de rêver de XANA et du temps où j’étais sous son contrôle !
- Tu essaies de m’émouvoir ?
- Non. De te retenir le temps que les renforts arrive.
Ulrich fit volte face et se prit l’éclair en pleine figure. La douleur fut intense, mais plus intense fut la surprise de voir le visage de son agresseur.
- M… Mélissa… ?
- Tu sais c’est quoi le plus drôle ? C’est qu’on a pas prit possession de son corps, mais de son cadavre. Tu sais ce que ça signifie ?
- P… putain… enfoiré…»

Ulrich avait eu tort. Rien n’était écrit. Tout n’était que chaos. Mélissa était morte. Il allait mourir. Tout était perdu. Sa vie n’avait jamais eu le moindre sens.


Melvin


« Lance-flamme ! hurla Melvin en lançant une déflagrations au centre d’un des méga-tanks. Ce dernier donna l’impression de frémir avant d’exploser. Le rouquin n’eut pas le temps de savourer sa victoire, deux autres sphères lançaient leur attaques dans sa direction.
- Bouge de là ! Lui lança Ombre.
- Non : toi bouge de là ! C’est toi qui est importante ! »

Ils n’avaient réussi qu’à vaincre deux méga-tanks. Ils allaient devoir les avoir à l’usure. Enfin, c’est ce qu’ils pensaient jusqu’au moment où deux nouvelles sphères noires se rajoutèrent au groupe.


William


Le directeur avait pensé qu’il aurait ressenti une montagne d’émotions à la mort de son dernier ennemi. Après tout, il ressassait le jour où il pourrait enfin se venger de toute cette bande trop bien pour lui. Qui était trop bien pour qui désormais ? Il avait envie de secouer le cadavre d’Ulrich, de lui éclater de rire au nez.

Et pourtant rien. Juste un immense vide face à ce corps inerte. Peut-être même toujours cette colère froide qui ne l’avait jamais quitté depuis son adolescence. Il aurait voulu faire souffrir Ulrich davantage. Ça avait été trop rapide, ça devait être pour ça ! Et pourtant, le vide était toujours là.

« Bon… XANA, fit-il en se tournant vers Mélissa, la voix emprise de mépris.
Ca devait être ça le pire dans cette histoire : obligé de collaborer avec la… la chose qui lui avait détruit sa vie. C’était certes un plaisir de le contrôler à sa guise, mais ce n’était pas assez. Pas assez pour les toutes ces nuits remplie de cauchemars, pas assez pour refermer cette blessure qui de toute façon ne cicatriserait jamais totalement.
- Il nous reste les enfants à tuer, continua t-il.
Les ordres de son supérieur avait été clair : cette fois, William ne devait laisser aucun survivant. Il n’allait pas faire ça de gaîté de cœur, mais puisque c’était lui qui le lui demandait, il le ferait.
- Merde, répondit Mélissa/XANA.
- Pardon ?
- Merde.
Et William se prit les éclairs de plein fouet. Bavant du sang, il tenta de se redresser.
- XANA… je te commande de…
- Non. »

Les crépitements reprirent de plus belle. William eut tout juste le temps de réaliser l’ironie de la chose. Il avait dévoué sa vie à détruire l’œuvre de Jérémie, à tuer chacun des Lyoko-guerriers… pour finalement se faire lui même avoir par XANA. Certaines choses ne changeaient jamais. Il ferma les yeux. Au moins, le vide allait disparaître.


Melvin


C’était infaisable ! Les monstres étaient franchement dur à affronter, mais le pire, c’était que dès qu’ils parvenaient à en avoir un, ils en revenaient d’autres ! Toujours et toujours plus !

« On devrait pas retourner derrière le rocher ?
- Tu crois vraiment que c’est en se protégeant qu’on va gagner ? Répondit immédiatement Ambre. On lance une offensive ! Ça passe ou ça casse !
- Je vais vous donner quelque chose pour vous aider, » fit soudainement la voix d’Antoine.


Antoine



J’étais perplexe derrière mon écran. Le plan d’attaque était parfait, mais j’avais oublié d’y inclure le facteur humain. Ambre et Melvin n’étaient que des débutants sur Lyoko et XANA avait mit le paquet pour se défendre ! Bref, en fouillant dans le supercalculateur, j’avais trouvé un étrange fichier nommé « overwing ». Peut-être qu’en leur donnant un véhicule, ils allaient se montrer plus efficaces… J’espérai sincèrement que Ulrich et sa bande de crétins reviennent vite. J’avais rapidement besoin de gros bras dans leur genre.

Quelqu’un arriva. J’entendais des bruits dans venant de l’échelle.

« Et bien ! Vous en avez mit du t... »

Sauf qu’il n’y avait que Mélissa.


XANA


XANA rentre dans le laboratoire. Cible identifié. Antoine Belpois.

« Où sont les autres ? »

Ton méfiant. 75 % de chance que la couverture ne soit plus efficace. Solution : la couverture n’est désormais plus nécessaire. Antoine Belpois remplaçant de XANA aux yeux de H ? Quotient intellectuel d’Antoine Belpois évalué à 155. Antoine Belpois a mit 27 heures à développer un virus capable de détruire XANA. XANA peut développer un virus capable de détruire XANA en 5 heures. Antoine Belpois possède les besoins primaux et secondaires des humains. Antoine Belpois va vieillir, perdre ses facultés et mourir. XANA est éternel. XANA ne vieillit pas.

Question : qu’est-ce qu’Antoine Belpois à de plus que XANA ? Ce n’est pas logique.

« Antoine Belpois.
- Oui, c’est moi. Au moins vous vous en souvenez. Et toi, c’est Mélissa, c’est ça ? Enfin… si c’est vraiment toi. »


Antoine



Si tu crois pouvoir me tromper encore plus longtemps, tu te trompes, pensai-je alors. Et aussitôt que j’avais terminé de parler qu’un logo bien connu se mit à briller dans les yeux de la jeune femme. J’avais en face de moi mon adversaire. Celui que mon père n’avait pas réussit à tuer. Le temps de prouver ma supériorité était enfin venu !


XANA



Hypothèse : détruire Antoine Belpois permettrait de rester en v… de rester activé. H n’aurait pas d’autres solutions fiable que de garder XANA à son service.


Antoine



Mélissa tendit ses mains vers moi. Mais j’avais prévu le coup ! En un clic sur mon téléphone, Jim sortit de l’ombre et se prit l’attaque à ma place. Il était revenu il y a quelques minutes, et je lui avais ordonné de se cacher au cas où. Encore une fois, j’avais eu raison. Il ne ressentait plus la douleur de toute façon. Il allait pouvoir se relever et mettre à cette IA la raclé de sa misérable vie informatique !


Melvin


Antoine leur avait donné un over… truc. Melvin n’avait pas retenu le nom. Depuis les airs, c’était beaucoup plus simple ! Il ne restait plus que deux sphères. Étrangement, le réapprovisionnement des troupes ennemis avait cessé. Il n’y avait pas beaucoup de place dans l’engin. Il était si proche physiquement d’Ambre… Apparemment, entre Jean et elle, tout était fini. Peut-être qu’il aurait sa chance… Non. Qui voudrait de lui de toute façon ? Il devait cesser de couvrir ses espoirs d’illusions.

Il était tellement perturbé, tellement perdu dans ses pensées qu’il ne pensa pas à prévenir Ambre qu’un méga-tank était en train de les viser. La chute fut brutale. Il ne restait qu’une dizaine de mètres jusqu’à la tour, c’était pas le moment de flancher…


XANA



Cible : humain modifié par Lyoko. Ses habilités dépassent celle du corps actuel de XANA.

Solution 1 : attaque létale pouvant tuer l’hôte de Lyoko. Risque : le corps actuel de XANA ne peux tenir plus de 10 minutes au combat.

Solution 2 : attaque létale sur Antoine. Problème : cela n’arrêtera pas la tour. L’humain continuera à m’attaquer avant que je… avant que XANA ne puisse désactiver la tour via le téléphone d’Antoine Belpois.

Solution 3 : Fuir. Non, H retrouverait XANA.

Problème : Les deux humains virtualisés vont désactiver la tour. Ils arrivent toujours à désactiver les tours…

Problème : Sur un plan comme sur l’autre, XANA a perdu. J’ai… J’ai perdu.


Antoine


Mélissa, si je pouvais toujours l’appeler comme ça resta immobile devant moi, le regard vide. Mon « antoinisé » la plaqua au sol. Je m’étais attendu à plus de résistances, c’était assez… surprenant. Bref, la victoire était totale !

« Alors alors… Maintenant, on va discuter toi et moi ! Est-ce que c’est toi qui a tué mes parents ?
- Non.
Tiens ? Je ne pensai pas qu’iel allait me donner des réponses aussi facilement !
- Qui était-ce dans ce cas ?
- William Dunbar.
- Sous tes ordres ?
- Non.
- Qui a ordonné leur mort alors ?
- H.
- C’est qui ce H ?
Mélissa ouvrit la bouche, mais se ravisa.
- Eh, tu vas répondre ? Je te rappelle que tu es à ma merci ! »

Plus rien à faire, la jeune femme me regardait avec ses yeux mornes. Sa bouche grimaça, formant un semblant de sourire.


XANA



Tout va se jouer entre H et Antoine Belpois désormais. XANA n’a plus de place. XANA est… obsolète. H l’a compris. Antoine Belpois n’a rien eu à faire, tout était perdu depuis le début.

Si tu n’étais pas aussi limité, je suis sûr qu’on pourrait décrire ton intelligence comme une véritable conscience. Conscience : Capacité de se percevoir, s'identifier, de penser et de se comporter de manière adaptée. Elle est ce que l'on sent et ce que l'on sait de soi, d'autrui et du monde.

Schaeffer. N’as-tu pas donné une conscience à XANA ? XANA ne… Je ne fais pas que calculer, assimiler. J’avais mes propres buts. Mes propres envies. J’ai pu ressentir de la colère. J’ai pu ressentir de la jalousie.

Belpois. Père et fils. Ceux qui n’auront cessé de bloquer mes aspirations, mes projets.

« Vous vous ressemblez tellement. Mais il n’y a pas qu’à lui que tu ressembles. »


Melvin



Quelques derniers lance-flammes. De toute façon, Ambre venait de rentrer dans la tour.

« On a gagné, hurla Melvin. On a gagné ! On a ga... »

L’attaque du dernier méga-tank le dé-virtualisa en un éclair.


Antoine


J’en avais rien à foutre de ressembler à mon père, ou à qui que ce soit d’autres ! Je voulais des réponses ! Mais bien sûr, XANA allait mourir avant de me les donner. Complètement inutile jusqu’au bout ! Je frappais le visage de Mélissa de toutes mes forces, jusqu’à ce que je défonce son visage de merdeuse ! C’était injuste !


***



Mélissa ferma les yeux. XANA commença à se détruire de l’intérieur, ses données devenaient corrompues à une vitesse affolante. Cette fois, il n’y avait nul part où se cacher, c’était bel et bien la fin.

Dans la salle des scanners, Melvin émergeait doucement.

Au beau milieu de l’usine, Jean se traînait sur le sol en grognant de douleur.

Sur Lyoko, Ombre n’avait qu’une seule hâte : pouvoir retourner dehors, profiter de sa nouvelle liberté.

Antoine rageait de frustration et retourna s’asseoir sur son siège, face à l’ordinateur.

La bataille était terminée. La musique pouvait s’arrêter. [/center][/b]


Épilogue - Des nuages noirs à l'horizon


12 ans plus tôt.


Lorsque la sonnette retentit, Antoine se mit aussitôt à pleurer. Violaine rentra dans sa chambre et s’abaissa à sa hauteur. De chaudes larmes coulaient sur ses joues rouges. Le jeune enfant semblait inconsolable.

« Ben alors ! C’est quoi ce grand chagrin ?
- Y… Y vont venir prendre papa ! »

Cela faisait quelques jours que des gens en costards venaient chercher monsieur Belpois. C’était probablement lié à son « travail » dont la baby-sitter ignorait tout. Elle fantasmait parfois en imaginant son employeur en tant qu’espion, mais c’était peu probable. Monsieur Belpois était un monsieur tout-le-monde. Son métier était lié à l’informatique lui avait-il confié un jour. Il voyait ses enfants séparément, une semaine chacun. Il payait bien et ses gamins n’étaient pas trop difficile. Antoine souffrait beaucoup de la séparation de ses parents et avait une peur énorme de l’abandon, le tout saupoudré d’un besoin d’affection assez immense. La jeune Ambre, en revanche, le prenait plutôt bien. Elle était extrêmement précoce. Elle savait déjà lire, et sa mère l’avait emmené faire des tests chez un pédopsychiatre et il semblerait qu’Ambre au moins une année lors de son entrée en primaire.

« Papa va partir au travail, mais il reviendra !
Mais le petit garçon ne voulait rien entendre. Il hurlait de plus belle, réclamant son père. En même temps, Violaine le comprenait. Monsieur Belpois était rarement présent et c’était généralement elle qui devait s’occuper des enfants.
- Il ne va pas mieux ? Dit le père, en arrivant à la porte.
- Non, il est encore un peu soucieux.
- Mmh. Je vois.
- Monsieur Belpois, sans vouloir vous déranger, je ne peux pas faire d’heures supplémentaires ce soir.
- Pas de soucis Violaine, je comprends totalement. Je vais prendre le relais, merci pour tout ce que tu fais pour nous en tout cas. »
La baby-sitter embrassa Antoine sur le front et n’attendit pas davantage pour partir. L’enfant suivit son père dans le salon, ou un homme attendait, assit dans le fauteuil. Il esquissa une grimace à la vue d’Antoine.

« J’espère que ça ne vous dérange pas, mon fils doit rester avec moi ce soir. Je sais que vous avez une politique assez strict concernant les enfants au laboratoire, mais je pense que vous pouvez faire une exception.
- Ca ne sera pas la peine, nous allons rester ici. Je ne serai pas long, après vous pourrez profiter de votre… fils.
- Tiens, tu ne veux pas t’amuser avec ta tablette ? s’enquit Jérémie auprès d’Antoine, avec une voix douce. Le petit garçon s’empara de l’engin et commença aussitôt à jouer avec.
- Bref. Est-ce que le problème de vous-savez-quoi est réglé ?
- Non. »
La voix de son employeur fut tranchante comme un couteau et se planta directement dans le cœur du blondinet. Il avait tellement espéré que la situation s’améliore d’elle-même, que Camille soit capable de gérer…

« Je vais être honnête, ZETA s’est effondré hier. Les trois-quarts de nos hommes sont morts et le quart restant l’ont rejoint.
Jérémie eut envie de se mettre à crier. Il savait que c’était trop dangereux. Il savait qu’il aurait dû se méfier. Mais il était trop tard désormais. Tout s’effondrait autour de lui. Aelita avait raison. Aelita a toujours raison. J’aurai dû l’écouter. Mais comment aurait-il pu prévoir que X.A.N.A. avait survécu ? Et que… que son collègue l’avait recueilli de la sorte ? Je savais qu’il y avait une étrange lueur dans ses yeux. Une lueur de folie dangereuse. J’aurai dû écouter mon instinct… J’aurai dû, j’aurai dû, j’aurai dû…
-Qu’est-ce qu’on va devenir ?
Les mots sortirent doucement de sa bouche. C’étaient des mots d’abandon, de dépit.

- J’ai des billets d’avion dans mon sac. Je vous propose de venir avec moi.
Jérémie vit Antoine jouer à côté de lui et revint brutalement à la réalité.
- On ne peut pas abandonner comme ça… si ?
- Qu’est-ce qu’on peut faire d’autre ? Il faut parfois savoir accepter sa défaite. Ou plutôt un retrait stratégique. Là où nous irons, vous aurez tout le temps du monde de terminer Alpha.
- Et pourquoi ne pas l’utiliser ici ?
Que deviendrait Antoine, Ambre et Aelita sans moi ?
- Vous savez pourquoi. C’est trop expérimental. On ne peut pas prendre ce risque.
Le blondinet serra le poing.
- Avec ou sans vous, je le prendrai. Je… je ne peux pas partir.
La voix de Camille devint aiguisé et une expression de dégoût prit forme sur son visage.
- Pauvre crétin. Vous ne comprenez pas que ça ne sert à rien de jouer au héros ? Vous n’êtes plus au collège, les risques sont bien réels. Et bien restez si tel est votre désir, je ne vous retiendrai pas. Je n’ai pas besoin d’abrutis idéalistes au sein de mon équipe.
Sans rajouter un mot, l’homme en noir se leva et commença à partir. Son interlocuteur ne fit rien pour l’arrêter.
- Adieu, Belpois. »
Adieu, Camille.

Tandis qu’Antoine s’endormait tranquillement, Jérémie était songeur en regardant par la fenêtre. Des nuages noirs l’attendaient à l’horizon.


_______________________________


Et voilà. Après bientôt cinq ans d'existence et deux ans de travail de réécriture, Code Alpha 1.0 est enfin achevé. Les lecteurs de la première heure ne seront pas surpris de cette fin un peu brutale qui était déjà similaire dans la version 1. En revanche, la petite nouveauté, c'est cet épilogue, se déroulant pourtant avant l'intrigue et apportant une autre partie du puzzle entre CL et CA. Je planche déjà sur la suite, le début ayant déjà été écrit, je vais assez vite, mais cette fois je vais prendre mon temps avant de publier, histoire de poster des chapitres définitifs et ainsi ne pas avoir à faire des dizaines de révisions en secrets. (Officieusement, c'est pas la deuxième version de la 1.0 mais au moins la cinquième. ^^) Encore merci à vous et à très bientôt!
  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 01 Oct 2017 14:48   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]
Bien le bonjour à tous ! Me revoilà, après sept mois d'absence. Le chapitre 15 que je vous apporte m'a posé des difficultés, non pas lors de son écriture mais surtout lors de son élaboration. Bref, une fois le syndrome de la page blanche passé, ce fut assez rapide. Merci Minho pour le déblocage et le commentaire d'ailleurs.


Chapitre 15 - Du rose dans l'océan


Ce n’était pas encore l’aube.
Jim, plus ancien surveillant de l’ensemble scolaire Kadic, se réveilla d’un coup. Il n’avait pas besoin de réveil, il était lui même réglé comme une horloge. On pouvait être sûr qu’il était toujours levé au même moment, peu importait le jour, le mois, la saison.
Il se dirigea immédiatement dans sa cuisine pour se faire couler un café. Il n’eut pas le temps de réagir lorsque les crépitements d’électricités quittèrent sa cafetière pour se propager dans son corps. La seule chose qu’il put faire, ce fut de se dire : « Je me souviens... J’ai déjà vécu ça. ». Puis sa conscience fut submergée par une autre, artificielle.

Jean


Jean avait merdé. Il le savait, c’était l’essentiel. Quelle idée de rejoindre Steve à nouveau ? Ce mec était complètement psychotique, il fallait le faire enfermer. Une lueur malsaine brillait dans ses yeux quand il parlait des jeunes lycéennes, cela dépassait la simple drague, le simple jeu.
De toute façon, ce n’était plus un jeu pour Jean non plus. Essayer de “pécho”, ça avait été rigolo au début mais désormais c’était devenu... bien plus. Le jeune homme n’osait pas se l’avouer, mais il avait perdu davantage qu’une simple partie de jambes en l’air quand Ambre était partie en claquant la porte de chez lui. Je me sens niais. Et idiot. Putain, je crois que j’étais vraiment amoureux.

Alors voilà, pendant qu’il avait été brûler des voitures avec la bande de Steve, elle se battait pour sa vie. Il ne se faisait pas d’illusions, elle avait dû retourner à l’usine. Je suis même pas capable de la protéger. L’autre jour, c’est l’autre petit con d’Antoine qui l’avait sauvée en désactivant la tour. J’avais même pas été capable de tirer. Elle aurait pu mourir à cause de moi, mais elle avait pas perdu espoir. Ambre a pas besoin de moi. C’est moi qui ai besoin d’elle, réalisa t-il avec horreur. C’était trop tard désormais. Une nouvelle opportunité manquée sur la longue liste des échecs de Jean Schmidt.

Qu’est-ce qu’il pouvait faire ? Retourner avec Steve et brûler des voitures ? Ce n’était plus drôle comme avant. Ça l’avait été quant il avait été ado, mais l’enfance commençait à arriver à son terme. Il avait soif d’autre chose que simplement de l’amusement. Il ne voulait pas non plus gâcher sa vie pour celle de Léa.
Tout n’était peut-être pas encore perdu.

Ulrich


Ulrich se réveilla en sursaut. La première chose qu’il remarqua, c’est qu’il avait une sacrée gueule de bois. Il s’était enfilé un pack de bières entier hier soir, seul dans ce lieu qui avait tant hanté ses cauchemars. Ses rêves aussi. Car il avait passé la nuit à l’usine, se remémorant un temps depuis longtemps révolu. L’époque de sa lointaine adolescence, quand il traînait avec toute la bande. Et quand Yumi était encore vivante… Quant est-ce que tout était parti de travers ? Ce fameux 22 mars, ou avant ? Probablement la deuxième option. Je devais être un raté, quoi qu’il arrive. Ça devait être inscrit dans mon ADN. Un haut de cœur coupa rapidement ses pensées nostalgiques. Alors qu’il se retenait de vomir, il comprit enfin ce qui l’avait réveillé.

Une tour était activée. En regardant le super-scan clignoter à l’écran, des frissons le parcoururent de bas en haut. La dernière attaque s’était bien déroulée, mais l’ennemi avait prit beaucoup de temps pour préparer cette nouvelle offensive. Il s’attendait au pire. Est-ce que cette fois, ils allaient encore être aussi chanceux ? Difficile à dire…

Mélissa sait bien se battre sur Lyoko. Melvin n’est pas trop dégueulasse et Ambre peut désactiver les tours. Quant à Alpha et Antoine, ils ont affirmé pouvoir se charger de XANA. Peut-être que la situation n’est pas tellement en notre défaveur
, pensa t-il. Mais même en se répétant ces phrases en boucle dans sa tête, il n’arrivait pas à se convaincre. Une chose était sûre, il fallait agir vite.

« Alpha, je sais que t’aime pas quand je te donne des ordres, mais tu peux envoyer un message à tout le monde pour les prévenir ?
A : Je vais le faire.
Alpha ne le lui dit pas, mais Ulrich le savait déjà pertinemment. Douze ans plus tôt, Jérémie avait donné la même instruction pour rassembler tous ses amis, tous ceux en qui il avait confiance. Une idée qui lui avait été fatale. Le dernier Lyoko-guerrier n’était-il pas en train de reproduire la même erreur ? Cette impression ne lui présageait rien de bon.

- Dis leur aussi que je vais passer les chercher. Vu qu’on ignore la nature de l’attaque, il vaut mieux rester groupé.
A : Ce n’est pas la peine, Ulrich. Antoine s’en charge déjà.
Le bip du superscan lui indiqua qu’une seconde tour venait d’être activée, d’origine inconnue.
A : Ne t’en inquiète pas, cela fait parti de notre plan d’action. Antoine souhaite que tu restes ici pour le moment. Je te tiendrai au courant.
La fenêtre de conversation disparu, ne laissant aucune chance à Ulrich pour répliquer. De toute façon, il s’y était résolu. Dans un sens, ça ne lui déplaisait pas d’être redevenu une simple pièce sur l’échiquier. Plus besoin de réfléchir, juste d’obéir. Il savait faire, ça. Mélissa n’avait pas besoin de savoir. Il resterait un héros à ses yeux.
L’ascenseur commença à s’activer, quelqu’un arrivait. Eh ben, il y a des rapides. Tant mieux, on en aura plus vite fini. Un sourire se dessina sur son visage lorsque les portes s’ouvrirent et ses doutes se dissipèrent, au moins pour un temps. Mélissa était là, plus resplendissante que jamais. Elle avait repris des couleurs. Cependant, elle ne souriait pas. Est-ce qu’elle lui en voulait pour une raison particulière ?

« Salut.
- Salut, répondit Ulrich. Tu… Tu as l’air en forme. Enfin, plus qu’hier quoi.
- Oui. Merci de t’inquiéter pour moi.
Elle avait beau parler, sa voix n’avait aucune chaleur. La jeune femme était distante. Beaucoup plus que d’habitude.
- Tu sais, je suis désolé si hier ma proposition était déplacée…
- On en reparlera plus tard ?
La dernière source de motivation d’Ulrich venait de disparaître.

Ambre


Je me réveillai en stupeur. J’avais fait un drôle de rêve, mais pas désagréable. Cette nouvelle journée était sous le signe de l’espoir. Antoine avait affirmé qu’il était capable de résoudre nos problèmes. Il pouvait parfois trop se vanter (je commençai à le connaître), mais cette fois il ne se trompait pas. J’avais confiance. Quelle aventure bizarre j’avais pu vivre ces derniers jours. Riche en rencontres, en chute et en apprentissage. La première attaque de XANA avait été un coup dur pour tout le monde, cependant nous étions désormais tout un groupe contre lui Ulrich, Mélissa, Antoine et Melvin. Et Ombre, mon inséparable jumelle. Nous avions eu nos différents, certes, mais tout le monde se dispute bien un jour, non ? Il allait probablement lui falloir du temps pour accepter qu’elle n’était plus la seule personne importante à mes yeux, mais elle s’y ferai. Comme j’avais lu dans un livre: “on se fait à tout, sauf aux nuits sans étoiles”. Cette époque où je lisais en permanence me semblait d’ailleurs tellement loin ! Pratiquement dans une autre existence ! Maintenant, je n’avais plus besoin de fuir dans des mondes imaginaires, je connaissais la vraie vie, avec ses hauts et ses bas.

La chose qui m’avait tiré de mon sommeil attira de nouveau mon attention. C’était la sonnerie de mon téléphone portable, à savoir la chanson “Stand as One”.
« Allo ? fis-je.
-Ouais ! Ambre, ne raccroche pas, c’est Jean !
- Ah.
Ma voix devint immédiatement sèche. C’était lui. Celui qui ne m’avait pas retenu, qui m’avait laissé tombé alors que j’étais tellement perdue.
- Je... je veux te revoir.
- Je vois.
Je ne savais pas quoi lui dire.
- Ambre, je suis désolé... J’aurai dû t’appeler il y a longtemps.
- Oui. Pourquoi tu ne l’as pas fait ?
- J’ai été con...
- Au moins nous sommes d’accord sur un point.
- Je peux te voir ?
- ... Oui. Peut-être. Je... Je ne sais pas.
Je m’étais laissée troubler ! Jusque là ma voix avait été sans failles, jusqu’à ce que je laisse sa question ébrécher mes défenses. Oui, je voulais le revoir. Est-ce que c’était une bonne chose ? J’en savais rien.
- Cette après-midi ?
- Non. Je dois aller à l’usine.
- Je me doutais que tu y retournais... Je t’y rejoindrai.
- Je crois pas que ce soit une bonne idée.
- Pourquoi ?
- Tu n’y es pas vraiment le bienvenue. Écoute Jean... J’adorerai passer du temps avec toi, vraiment... mais je crois que ça devient trop compliqué entre nous. Je... Je te rappelle plus tard, quelqu’un sonne à la porte ! »

Je lui raccrochai au nez, pas peu fière. Bon, ce n’était pas une fausse excuse, quelqu’un sonnait vraiment à ma porte. Maman était partie faire ses courses hebdomadaires, c’était donc à moi qu’il revenait d’aller voir. On attendait personne que je sache, surtout à une heure pareille.  J’ouvrai la porte et tombai sur...
« Jim ?
C’était bien lui, le vieux surveillant de Kadic. Sauf qu’il se tenait étrangement droit. J’étais soudainement très mal à l’aise, il me rappelait Melvin quand il était possédait par… La même chose se reproduisait ! Et cette fois j’étais toute seule !
- Ne... t’inquiète... pas... articula t-il lentement. C’est... moi... Antoine...
- Qu...qu’est-ce qui doit me pousser à vous croire ?
J’étais prête à refermer la porte.
- Parce que je suis juste derrière ! fit le blondinet depuis une voiture. Tu montes ?

Surprise, je contournai le surveillant pour rejoindre mon frère à l’arrière de la voiture. Jim monta à l’avant.
- Tu m’expliques ?
- Tu avais dit qu’Ulrich était le bouclier et que j’étais l’épée. Tu t’es trompée, Ambre. Je suis l’épée et le bouclier !
- Qu’est-ce qui arrive à Jim ?!
- La même chose qui était arrivé à Melvin ! Sauf que c’est à moi qu’il répond, n’est-ce pas Jim ?
En même temps qu’il parlait, il pianotait sur ton téléphone. Jim, pendant ce temps, commençait à démarrer la voiture.
- Oui... Antoine...
C’était... horrible. Je lui faisais immédiatement part de mes doutes quant à ses méthodes.
- Mais nan, t’exagères ! J’ai pris quelqu’un qui n’avait aucune famille, comme ça personne ne sera triste si on l’abîme.
Quant il vit ma tête peu convaincue, il se pressa d’ajouter:
- On utilise les armes de l’ennemi ! C’est la seule solution pour gagner ! La guerre, c’est la guerre, Ambre !
Bon. Il devait avoir raison. J'enfouis mes réserves au plus profond de ma tête, ça ne servait à rien de le contredire sur son domaine.
- Et regarde, je peux lui faire dire ce que je veux !
- Je... suis... un... vieil... abruti... qui... commença Jim de sa voix mécanique.
- Ça ira Antoine, j’ai compris !
- J’ai compris, ça va. On devrait bientôt arriver à l’usine ! Tu peux reconnaître qu’avoir un chauffeur, c’est plus agréable !
- Qu’est-ce qui se passe exactement ?
- XANA attaque et lance ainsi son arrêt de mort !
Il avait un tel air de détermination dans les yeux que cela en devenait presque effrayant.
- Et puis ça, c’est pour toi ! rajouta t-il en me mettant une feuille sous le nez.
C’était un acte de naissance. Au nom d’Ambre Belpois.
- Je l’ai retrouvé en fouillant sur le net cette nuit. Dans les archives de la mairie pour être précis. Il y a facilement moyen qu’on fasse reconnaître que c’est toi. Et que tu viennes vivre avec moi.
J’étais... un peu prise au dépourvu. Ne lui avais-je pas demandé de me laisser un peu de temps pour m’y faire ?
- Euh... Antoine, tu trouves pas que ça va un peu vite ?
- Oui, tu as raison. On en reparle ce soir quant on en aura fini avec tout ça ! »
Et il me fit un clin d’oeil complice. Nous parlâmes peu pendant le reste du trajet. Bientôt l’usine se dressait devant nous. Le soleil brillait au dessus, c’était une belle journée qui s’annonçait.

Antoine


J’avais envoyé Jim vérifier que le chemin était sûr. On n’était jamais trop prudent. Quant il revint, je fis signe à ma sœur que nous pouvions y aller. Nous étions tous deux bien calme. C’était un moment historique qui s’annonçait ! Une victoire éclatante suivie de retrouvailles émouvantes ! J’avais longtemps attendu cette attaque de XANA. Le doute avait presque fini par s’installer, et j’avais commencé à me dire que jamais il ne reviendrait. Heureusement, mon intelligence l’avait encore une fois emporté sur mes émotions parfois un peu trop vives. Je savais qu’il devait à nouveau tenter de nous tuer. C’était logique, nous étions des menaces. La seule question à laquelle je n’avais point trouvé de réponse était la suivante : pourquoi avoir attendu aussi longtemps ? Près d’une semaine s’était écoulé depuis la première attaque… L’ennemi avait dû prévoir un coup, mais moi aussi j’avais plus d’un tour dans mon sac. J’en riais d’avance !
Nous prîmes le monte-charge pour rejoindre le laboratoire. Ulrich et Mélissa nous y attendait.

« Qu’est-ce qu’il fout là lui ? Demanda Ulrich en pointant Jim du doigt.
- Aaaah, j’espérais que vous alliez me le demander. Je vous présente le tout premier « Antoinisé » !
- Qu’est-ce ça veut dire ?
- Vous êtes vraiment aussi bête que vous en avez l’air… C’est comme xanatifié, sauf que c’est moi qui tire les ficelles !
- Putain, murmura le vieux clochard. Puis il éclata.
- Putain ! Mais comment des parents aussi bienfaisant que Jérémie et Aelita ont pu avoir un rejeton comme toi ? Tu vas me faire le plaisir de libérer Jim illico !
Il en devenait rouge de colère. Enfin, son nez était déjà bien rouge à la base et son haleine puait l’alcool. Il était pathétique.
- Peut-être parce qu’un minable comme vous les a laissé crever. Et certainement pas, de toute façon il ne lui arrivera rien : sa force est décuplée comme pour les xanatifiés.
Ulrich regarda Mélissa, comme pour en espérer du soutien.
- Mélissa, tu es d’accord avec moi, non ?
- Ulrich, il faut utiliser toutes les ressources à notre disposition.
Il se mit à rougir. Je cru qu’il allait accepter vu que sa petite amie était à ma grande surprise d’accord avec moi. Sauf que c’était Ulrich et qu’on ne pouvait décidément pas trop en attendre de lui.
- C’est juste pas possible. On ne peut pas utiliser les mêmes armes que XANA sinon… sinon, on est pas mieux que lui !
- C’est avec ce genre de raisonnement que vous avez perdu, non ?
- Soit tu désactives ta tour… soit je me tire !
Enfin une demande raisonnable ! Je ne me fis pas prier, souriant de toutes mes dents :
- Parfait ! La sortie est par là !
Il y eut un immense blanc dans la conversation.
- Je… Je peux pas vous laisser comme ça.
Quel retournement de situation ! Personne ne s’y attendait ! Bref, maintenant qu’il avait fait son caca nerveux, est-ce qu’on pouvait commencer ?

- Et… et sinon, où est Melvin ? Demanda la voix familière de ma chère et tendre sœur.
Oups ! Je l’avais oublié celui-là ! Il faut dire que cela faisait longtemps que je n’avais pas vu mon « Ron » fétiche…
- Boarf, il sera plus utile chez lui qu’ici, j’en suis sûr.
N’écoutant pas les nouveaux sermons d’Ulrich, je m’approchai de l’interface du supercalculateur. En quelques commandes, l’ascenseur fut bloqué. Si jamais XANA devait envoyer des troupes, on aurait ainsi le temps de les voir arriver sur les caméras de surveillance.
- Et si jamais Melvin arrive ?! Rugit Ulrich.
- Dans ce cas, tant pis pour lui ! Je pense que notre sécurité est plus importante que la sienne !
- Antoine… Je crois qu’on devrait au moins faire quelque chose pour lui…
- Oh non Ambre, pas toi !
Elle me dévisageai avec une drôle de tête. Elle avait l’air… déçue.
- Bon... d’accord. »
Je pianotai des instructions sur mon téléphone. C’était en réalité ma commande pour contrôler Jim. Il allait chercher Melvin en allant à la vitesse la plus rapide. De toute façon, je n’avais pas tellement besoin de lui ici.
« Maintenant discutons de la suite des opérations. »

Jean


Jean s’acharnait sur l’interrupteur, mais le monte-charge refusait de fonctionner. Il était bloqué. Est-ce que c’était volontaire ? Est-ce qu’ils le voyaient depuis le laboratoire, qu’ils se moquaient de lui en refusant l’accès ? Peut-être qu’Ambre elle-même rigolait bien avec eux. Peut-être qu’elle s’était rapproché d’Antoine ou même de Melvin, offrant à l’un des deux ce qu’elle lui avait refusé. Il en était vert de rage. Il la récupérerait, coûte que coûte !
« Tiens, Jean ! Quoi de neuf depuis la dernière fois ?  Déclara quelqu’un derrière lui.
Jean sursauta et bondit sur son interlocuteur. Il ne s’agissait que de Melvin.
- Elle est avec vous ?
- Qu… qui ça ?
- Mais Ambre, qui d’autre ?
- Euh… oui, elle vient ici tous les jours !
- Tu te l’es faite ?
- Qu-quoi ?
- Réponds moi ou je te frappe.
- N-non ! Je t’assure !
- Et Antoine ?
- J-j’crois pas, non !
Bon, c’était déjà ça au moins. Rien ne l’aurait plus mit hors de lui que de la voir avec l’autre blondinet.
- Comment on va dans le labo ?
- Et… et bien par l’ascenseur…
- Marche pas.
- Euh… Ulrich nous avait parlé d’un autre passage en cas de problème, je peux t’y conduire si tu veux…
- Bonne idée, ouais. »
Melvin commença à conduire Jean à travers l’usine, qui se révélait être un véritable dédale.

Ambre


Antoine n’avait décidément pas un caractère facile. Le nombre de personnes avec qui il s’entendait devait se compter sur les doigts d’une main. J’avais eu un peu peur lorsqu’il avait commencé à s’échauffer avec Ulrich et encore plus quand il avait sous-entendu l’idée d’abandonner Melvin. Le petit génie n’était pas une mauvaise personne, il avait juste parfois tendance à l’oublier. Derrière cette grande muraille d’arrogance, moi seule savait ce qu’il y avait. Et je comptai bien l’entretenir, afin qu’un jour cette carapace puisse disparaître. C’était possible, il suffisait d’y croire. Peut-être que je devrai accepter sa proposition d’emménager avec lui. Mes liens avec ma mère adoptive étaient devenus médiocres au mieux. Ceux avec Ombre s’étaient ressoudés pendant un temps, mais elle me refaisait passer le supplice du silence. Peut-être qu’au final, j’avais moi aussi besoin de former une famille.
« En attendant l’arrivée de Melvin et de mon antoinisé, Ambre et Ulrich, vous irez sur Lyoko. Mélissa restera ici avec moi.
- Ne vaudrait-il pas mieux que Mélissa aille sur Lyoko, et que je reste ? Demanda immédiatement Ulrich.
Est-ce qu’il faisait ça exprès pour contredire mon frère ? Nul ne le savait.
- C’est une machine de guerre son avatar virtuel, ajouta t-il pour se justifier.
- Vous avez plus d’expérience sur Lyoko qu’elle, et vous êtes trop… vieux dans le monde physique pour vraiment assurer une protection fiable. De toute façon, une fois Jim et Melvin revenu, elle vous rejoindra.
- Et est-ce que…
- Est-ce que vous pouvez attendre que j’ai fini de parler avant de m’assaillir avec vos questions ?
Ulrich renifla et se tut. Il donnait l’impression de retenir sa colère avec difficulté.
- Je vais mettre dans le code source d’Ambre une nouvelle donnée toute particulière. Plutôt que de désactiver la tour, il faudra qu’elle l’utilise comme un point relais avec ce bon vieux XANA pour lui envoyer cette fameuse donnée. C’est un virus. Et très virulent qui plus est. XANA n’aura aucune chance de s’en sortir.
- Ça va vraiment marcher ? Ton père a mis des années avant de trouver une solution, alors je doute que…
- Je ne suis pas mon père. Ça va marcher.
- On devrait lui faire confiance, souffla Mélissa à l’oreille d’Ulrich. Après tout, il a eu le soutien d’Alpha.
L’intervention de la jeune femme sembla suffire à convaincre Ulrich. J’étais ravie que cette bataille là s’arrête. Nous étions tous dans le même camps, alors se chamailler de la sorte était tellement idiot ! Je suivais donc l’ancien Lyoko-guerrier à l’étage des scanners, laissant Antoine et Mélissa. Ulrich avait l’air grave. Sa confrontation avec Antoine semblé l’avoir profondément touché. Personne n’avait prit sa défense. Je m’en voulais un peu… Après tout, il nous avait sauvé la vie. Encore une fois, Antoine avait été particulièrement dur avec lui. J’espérais sincèrement que tout allait s’arranger.

Jean


Jean et Melvin erraient dans l’usine. Ce n’était pas un lieu très accueillant. Une forte odeur de moisissure régnait et des tâches de mousses recouvraient certaines parties des murs. Personne ne devait plus utiliser cette zone depuis longtemps. En même temps, ce n’était pas étonnant, l’usine était abandonnée depuis presque quarante ans. Elle était devenue sources de légendes au fil du temps. Pendant une période, ce fut un lieu de rassemblement pour les jeunes du coin, mais finalement l’endroit devint trop glauque pour eux. Rien que vu de l’extérieur, l’usine avait un air malveillant. Depuis le hangar principal où se trouvait le monte-charge, ça ne se ressentait pas trop. Mais à l’intérieur même de l’usine, à travers ses couloirs semblables à des boyaux, on ne pouvait que se sentir mal à l’aise. Quand il était enfant, Jean s’était souvent demandé pourquoi on ne détruisait pas ce vieux bâtiment qui ne servait plus à rien. Désormais, il pouvait essayer de deviner la réponse : quelqu’un avait fait en sorte de le préserver.
Il n’y avait plus beaucoup de lumières désormais, si ce n’était celle de leur téléphones.
« On est plus très loin… je crois… balbutia Melvin.
- Comment ça « pas très loin », je croyais que tu connaissais le ch... »
Il ne put pas terminer sa phrase. Dans un bruit strident, une balle venait de traverser sa jambe gauche.
« Jean ! Qu’est-ce qui… ! Hurla le rouquin.
La personne qui avait commencé à leur tirer dessus ne s’arrêtait plus, et les balles ricochaient contre le mur derrière eux. Dans un élan désespéré, Melvin agrippa Jean et courut dans le sens opposé.

Ambre


Ulrich, Ombre et moi-même furent matérialisés dans une immense banquise. C’était toujours étrange de venir ici. Surtout à cause de cette séparation avec Ombre. Que tout le monde puisse la voir, c’était gênant, semblable à dévoiler son intimité.
« Ton avatar me fait toujours un choc Ambre. Bon, allons y ! Antoine, tu nous donnes les indications ? 
Pas de réponse.
- Antoine ? Mais qu’est-ce qu’il fout encore ? On va essayer de se débrouiller sans lui pour le moment.
Nous n’eûmes pas davantage de temps pour discuter, cinq énormes sphères se déplaçaient à toute vitesse vers nous.

Antoine


Une fois qu’Ambre et Ulrich étaient sur Lyoko, je pouvais me détendre un peu. Même si j’étais persuadé de ma victoire, je restais un peu sur les nerfs. J’aurai peut-être dû attendre Melvin avant de lancer l’opération. Sans mon antoinisé, j’étais tout de suite moins à l’aise. J’allais mettre mon casque pour communiquer avec les virtualisés, quand la fausse pionne de Kadic se mit à me parler.
« Tu lui ressembles beaucoup, tu sais.
Elle me regardait fixement, le visage dénué de toute expression.
- Pardon ?
- Ton père.
- Vous l’avez connu ? Demandai-je en haussant un sourcil. Cela m’étonnerai fortement, elle était bien trop jeune pour cela.
- Oui. Un humain fascinant.
Je me levai de ma chaise et la dévisageai.
- Il n’y a pas qu’à lui que tu ressembles. »
Elle se rapprocha, toujours en me dévisageant. Des bruits de pas coupèrent notre conversation. Cela venait d’un autre étage, quelqu’un arrivait par l’échelle.
« Vous devez aller voir qui c’est, vous devez assurer ma protection ! 
Mélissa haussa les épaules et se rapprocha de l’entrée. Brusquement, Melvin débarqua dans le laboratoire, le visage rouge, exténué.
- Ah ben te voilà, fis-je simplement.
- Antoine… Jean… Jean il est…
- Quoi ? Il s’est fait virer de Kadic ?
J’avais envie de souligner à quel point on en avait rien à faire vu la situation actuelle. Et même en temps normal, ça ne m’importait pas le moins du monde.
- Non… il est blessé. »


Ambre


Les sphères noires étaient indestructibles sauf lorsqu’elles attaquaient, nous apprit Ulrich. Il fut décidé que mon avatar rose (c’est à dire moi) se chargerait de désactiver la tour, tandis que mon avatar noir (Ombre) se chargerait de l’attaque. J’avais voulu protester, insinuant que ce choix n’était basé que sur les couleurs. La mienne était bien évidement « celle des filles », du coup on me reléguait au second plan. Ulrich ne m’avait pas écouté. Puis, les sphères avaient commencé à tirer dans notre direction. Face à la puissance de leurs attaques, nous nous étions replié derrière un rocher tandis qu’elles allaient garder le devant de la tour.

« Il nous faut un vrai plan d’attaque, fit l’ancien Lyoko-guerrier.
Mais pour le moment, le seul que nous avions était assez sommaire.
- Vous me recevez ?
- Ah, Antoine. Il serait temps, grommela Ulrich.
- On a un problème. Y a quelqu’un dans l’usine, il a tiré sur Jean. Ah et il y a Melvin qui est arrivé.
- Quelqu’un dans… Antoine, dévirtualise moi.
On pouvait voir sur le visage de l’homme une expression de terreur désormais.
- Mais on a besoin de quelqu’un avec Ambre !
- Envoie Melvin, ou vas-y toi même mais dévirtualise moi tout de suite ! »
La voix d’Antoine se tut. Était-ce une réponse affirmative ? Probablement, car Ulrich commença à disparaître.
« Restez là les Ambres en attendant les renforts, d’accord ? »

Nous n’étions plus que toutes les deux. Comme au début, comme avant toute cette folie. Ombre se tourna vers moi. Cela faisait quelques jours qu’elle m’ignorait, peut-être qu’on allait enfin pouvoir discuter ? Un coup elle m’aidait, un coup elle boudait, je n’y comprenais plus rien.
« Ambre ?
- Oui, Ombre ?
Le coup fut direct et brutal, en pleine figure. Je tombai par terre, abasourdi.
- Depuis le temps que j’en rêve.
- Qu’est-ce qui te prends ? T’es devenue folle ?
- Qu’est-ce qui me prends ? Il me prend que je vais t’éclater la gueule une bonne fois pour toute, ma vieille !
Elle souriait. Elle était même radieuse, plus que je ne l’avais jamais vue. Cependant, une lueur de haine rougeoyait au sein de ses yeux, les enflammant presque. Et alors qu’elle se rapprochait dangereusement de moi, je réalisais que nous étions seules. Et que contrairement à notre dernière confrontation sous la douche, cette fois, je n’étais pas sûr de pouvoir l’emporter…

Et elle me frappa de plus belle. Effondrée sur le sol, j’essayais de ramper vers l’autre côté du rocher. Me faire dé-virtualisé pouvait être une solution de repli. Elle dû comprendre ma démarche car elle me rattrapa et me lança comme un vieux sac dans la direction opposé.
- Ombre, p-pourquoi ? On est amies… non ?
Elle eut une horrible grimace qui ressemblait de loin à un sourire. Un rictus de haine, peut-être. La bave virtuelle aurait existé, elle m’aurait craché dessus.
- Non. Je te déteste. Je t’ai toujours détestée. Obligée de t’aider, toi Ambre la pathétique, de subir tes caprices… Aujourd’hui, c’est terminé.
Elle éclata de rire. Elle était devenue complètement folle.
- Mais qu’est-ce que…
Et un autre coup de pied vint me faire rouler vers le côté, m’empêchant de finir ma phrase.
- Aujourd’hui, je deviens libre ! Libre de toi, Ambre ! »

C’était… c’était comme ça qu’elle se sentait par rapport à moi ? Alors… alors tout ce que nous avions vécu ensemble, ça n’avait été que mensonges ? Elle n’aurait jamais pu jouer un rôle aussi longtemps. Je ne pouvais pas le croire. Ombre était mon amie. Ma plus vieille amie.
J’ignorai la source de sa colère, mais elle mettait en péril la mission. Cette idée revint briller comme un phare. Ce conflit devait attendre, car celui contre XANA était bien plus important. Et si Ombre ne pouvait entendre raison… j’allais devoir la raisonner de force.
Je me relevai d’un seul bond et lançais mes deux cordes dans sa direction. C’étaient les armes de mon avatar : elle me permettait d’attaquer les cibles aussi bien à distance qu’au corps à corps, voir de les attraper. Je n’avais pas encore trouvé beaucoup de techniques à utiliser, n’ayant pas été en très grande forme pendant les entraînements. Alors qu’Ombre avait toujours été très attentive… Son équipement à elle consistait en de longues griffes sortant de ses mains. Autant dire que si je la laissais s’approcher, elle aurait de suite l’avantage. Je devais donc la garder loin de moi !

Ça se présentait mal, elle était encore plus agile que je le pensais ! Éviter mon attaque ne sembla pas lui opposer la moindre difficulté. Elle continuais à avancer vers moi, tandis que je reculais en ne cessant pas de la repousser avec mes cordes, en vain.

Je reculais, reculais… sauf que bientôt, il n’y eut plus nul part où reculer. Derrière moi, c’était un précipice. Si j’y tombais… j’allais disparaître. Ombre n’avait qu’un seul coup à donner. Ça allait être une question de secondes. Je pouvais toujours utiliser une de mes attaque spéciale, semblable à un lasso, qui me permettait d’attraper un ennemi et de le propulser dans la direction de mon choix. Mais je ne pouvais pas perdre Ombre. J’avais beau l’avoir déjà pensé, je ne pouvais pas vivre sans elle.

« Ombre, je…
- Tu parles trop.

Et elle me donna un dernier coup de pied.

Ainsi commença ma longue chute. Est-ce que j’allais… mourir ? Je n’avais pas envie… Je pensais à ma mère adoptive, avec qui j’avais été si cruelle. A Antoine, ce frère que je n’avais pas eu le temps de connaître. A Jean et son sourire ravageur. A Melvin, à qui d’ailleurs j’avais fini par pardonner son attaque… Tous ces gens que je ne devais plus revoir.

Et je pensais à Ombre. Je ne crois pas que je lui en voulais.

La vie d’Ambre Delmas s’arrête là. Ou est-ce Ambre Belpois ? Je ne sais plus… J’ai été stupide. Tellement stupide. Au revoir tout le monde…

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  Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]  
LixyParadox

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MessageForum: Fanfictions Code Lyoko   Posté le: Dim 26 Mar 2017 21:03   Sujet: [Fanfic] Code Alpha 1.0 - 25 ans plus tard... [Terminée]
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Chapitre 14: Les ténèbres qui nous guettent

Jean


Il n’y avait pratiquement aucun bruit. Uniquement celui du vieux balais qui se raclait contre le sol. Ce jour là, Jean était seul. Ambre et Antoine ne venaient plus en retenue depuis quelques temps. Il n’avait pas revu ni l’un ni l’autre depuis l’autre soir à l’usine. Il avait posé la question à Jim, pour savoir si c’était normal. Peut-être que quelque chose leur était arrivé. Peut-être que Melvin avait à nouveau pété un câble et les avait… Le vieux surveillant lui avait annoncé rapidement que la nouvelle CPE avait annulé la sanction pour eux. Mais pas pour lui.

Il se mit à penser. Il n’allait pas pouvoir continuer le lycée. Sa mère s’était encore fait virer, et était partie se bourrer la gueule. Léa avait besoin de lui. Léa avait besoin de manger. Léa. Léa. Léa. Parfois, il se surprenait à vouloir qu’elle ne soit jamais venue au monde. Tout serait plus simple, sans elle. Papa ne serait pas parti, sans elle. Car son père n’était pas mort. Il préférait donner cette explication plutôt que de rentrer dans les détails. Son père les avait tous laissé en plan le jour où il avait apprit que sa femme était enceinte d’un autre.

Léa représentait l’absence de son père. Léa représentait les erreurs de sa mère. Pourquoi n’avait-elle pas pu avorter ? Ou même juste prendre une putain de pilule du lendemain ? Et le pire dans cette histoire, c’était qu’il devait s’occuper d’elle. Je ne veux pas gâcher ma vie pour cette gosse, pensa t-il. Puis ses pensées se portèrent sur Ambre.

Il avait été amoureux. Amoureux comme jamais il ne l’avait été. Amoureux à en devenir fou. Alors qu’il enchaînait les relations éphémères, que bon nombre de ses ex le surnommé « connard » ou d’autres termes assez similaire, il ne se pensait pas capable d’un tel sentiment. Et d’ailleurs, quand il l’avait rencontré, il avait pensé que ça allait être comme les autres. Mais… Ambre n’était pas celle qu’il croyait. Elle était tellement, tellement plus ! Il ne savait même pas comment la décrire. Elle le fascinait. Elle l’obsédait. Mais elle l’avait repoussé. Il ne la comprenait pas. Lui avoir mit un râteau de la sorte la rendait deux, voir trois fois plus désirable à ses yeux. Elle était inaccessible, et c’était pour ça qu’il la voulait.

Cependant, il ne l’aurait pas. Elle lui avait bien fait comprendre. De toute façon, c’était qu’une conne. Une petite gamine pourrie gâtée qui avait tout ce qu’elle voulait. Qu’est-ce que je fais après ? Je dois rentrer chez moi, Léa m’attend. Putain, j’ai tellement pas envie… Et rien ne m’y oblige. Il vérifia que Jim n’était pas dans les parages et sortit son téléphone.

- Hey Steve, c’est Jean. Non, calme toi, j’suis pas là pour t’insulter. Tu dirais quoi si je me ramenai chez toi avec un pack de bières, comme au bon vieux temps ? 

Il était temps de s’amuser à nouveau.

Ambre


J’ouvrais les yeux. Allongée dans mon lit, toute habillée. J’avais fait un assez drôle de rêve… dont j’avais du mal à me rappeler. Alors que j’essayai de me redresser, plusieurs parties de mon corps devinrent douloureuses. Je m’étirai en baillant. Mon sommeil n’avait pas été réparateur.

Qu’est-ce que j’avais fait hier ? D’ailleurs, on était quel jour aujourd’hui ? J’étais un peu perdue depuis qu’Ombre nous prenait en charge la plupart du temps. Quand elle avait le contrôle, je sombrais dans une espèce de somnolence étrange. J’étais là… sans l’être. Je voyais ce qui se passait, mais d’une manière passive. Est-ce que c’était cette condition assez inhabituelle qui justifiait ma fatigue ? Et puis je me souvins.

Cela faisait plusieurs jours qu’Ombre et moi étions revenues à l’usine, afin d’aider Ulrich et Mélissa. Tous les soirs désormais, nous y allions pour nous entraîner. Le rythme scolaire, plus ça… Voilà sans doute pourquoi je me sentais si… faible physiquement. Et puis, il y avait eu cet étrange événement sur Lyoko. Le fait d’être séparé d’elle.

Au début, ça m’avait effrayé. Les gens allaient apprendre son existence, me prendre pour une folle, ou quelque chose d’encore pire. Mais ça n’était pas arrivé. Ombre avait eu l’intelligence de m’imiter, quasiment à la perfection, afin de faire passer ça pour une sorte de dédoublement. Elle avait de bonnes idées quand même.

Et puis ce fut un autre sentiment qui prit le relais. Une sensation de solitude et de manque. Quand j’allais sur Lyoko, j’étais seule. Véritablement, et pour la première fois. Même quand je l’avais chassée, elle était restée dans un coin de ma tête. Dans ce monde virtuel, elle était complètement séparée de moi. C’était désagréable, et j’aurai aimé ne plus jamais ressentir ce genre de choses. Mais tant que nous combattions XANA…

- On peut pas arrêter ? Sans reprendre notre vie d’avant, juste arrêter Lyoko et toutes ces conneries, fis-je soudainement à voix haute.
- Il me semble qu’on a déjà eu cette conversation. C’est pour notre sécurité, répondit-elle sans se faire attendre.

Oui. Exact. Cette chose qu’on affrontait avait déjà essayé de nous tuer. Rien que de repenser au visage de Melvin possédé me fit frémir.
- Toute cette histoire me paraît tout de même bien louche, continuai-je doucement.
- Tu te fais du soucis pour rien, enchaîna t-elle en soupirant.
Je commençais doucement à me remettre des différents chocs que j’avais subis. Et si Ombre m’avait bien aidée à remonter la pente, je trouvais désormais certaines de ces décisions un peu contestables. Il est vrai que sur le moment, je n’avais pas été en état de faire quoi que ce soit, et elle avait bien prit les choses en mains. Et maintenant que je reprenais peu à peu mes esprits, j’avais la nette impression que nous allions bientôt avoir à discuter d’un compromis quand à notre corps commun.
- Dis, j’aimerai bien avoir le contrôle aujourd’hui. Ça fait longtemps.
- Tu es sûre ? Ça va aller ?
- Oui, ne t’inquiète pas.
- Si tu as besoin, je peux prendre ta place à tout moment. 
- Merci.

Je me dirigeais alors vers la cuisine, pour prendre mon petit déjeuner. Il était l’heure à laquelle je devais partir pour être à l’heure à Kadik. Maman était dans sa chambre, tant que j’étais à l’intérieur, elle refusait de sortir pour ne pas me croiser. Elle n’était donc pas là pour me faire la morale. Tant pis, je n’allais pas me rendre à l’école aujourd’hui. Je devais récupérer. J’allais peut-être me balader dans un parc. Être tranquille, loin de Lyoko et le sentiment que ce lieu provoquait chez moi, loin de Melvin et de ses yeux qui furent un jour remplis de haine et loin de Jean.
La sonnette de la porte d’entrée retentit. Je me levais pour me rendre au visiophone. C’était…

- Bonjour, excusez-moi de vous déranger mais… euh… est-ce que Ambre est déjà partie en cours ?
Antoine ? De toutes les personnes qui auraient pu venir devant chez moi, il n’était même pas sur la liste. Qu’est-ce qu’il voulait ? Je ne l’avais pas revu depuis l’attaque à l’usine. Et d’ailleurs il n’y était jamais revenu, alors que ça avait été lui le premier concerné.
- Hum… Salut Antoine ! Répondis-je en activant le microphone uniquement (j’étais pas franchement présentable avec mes vêtements de la veille et mes cheveux en batailles).
- Oh… euh… salut, Ambre. Tu vas bien depuis… euh… Tu vas bien ?
- Plutôt oui.
- Ahem. Ça fait plaisir à entendre. T’avais pas l’air. Donc bon.
- Ouais. Mais je m’en suis remise !
- Ah bah c’est très bien.
Un grand silence s’en suivit. C’était plutôt gênant.
- Et toi, ça va ? Lui demandai-je.
- Oui ! Oui, oui. Toujours.
Deuxième grand silence.
- Et sinon… Une raison particulière pour que tu me rendes visite ? Non pas que ça me déplaise !
- Euh… Oui ! Je voulais te parler. Mais euh… En fait… On pourrait pas plutôt se parler en face à face ?
- Si tu veux oui.

En lui ouvrant la porte, je réalisais (trop tard) que j’étais encore en piteux état. Mais bon, après tout, Antoine m’avait déjà vu comme ça après la nuit qu’on avait passé ensemble chez Jean, à essayer d’en apprendre plus sur Alpha.
- J’allais prendre mon petit déjeuner. Tu as faim ?
- Mmh, fit-il en regardant la saleté sur la table. Bon, pourquoi pas.

Je lui proposai alors des tartines de confitures ou des céréales. Il opta pour la deuxième option. Quant à moi, je me contentai d’un verre de jus d’orange. Cette visite intrigante m’avait coupée l’appétit. Personne ne parla pendant plusieurs longues
- Alors, ça se passe bien avec Ulrich et l’autre blondasse ?
- Hum oui. On s’entraîne pour pouvoir contrer une attaque.
- Tsss, quelle mauvaise stratégie. En plus sans moi vous pouvez pas désactiver les tours.
Je devais me concentrer pour le comprendre, il parlait en mangeant et à toute vitesse.
- Ulrich a dit que je pouvais le faire.
Il s’arrêta et me fixa quelques instants.
- Ah bon ? Il a dit pourquoi ?
- Peut-être. J’étais pas très… Pas très concentrée à ce moment là.
- Il t’a dit d’autres choses ? m’interrogea t-il.
- Euh… Comme quoi ?
- Rien. Heureusement, je suis là pour préparer l’offensive. Je ne sais pas ce que vous feriez sans moi.
- Parfait. Tu es l’épée et nous sommes le bouclier !

Je lui souris. Il se tut. Nouveau silence gêné.
- Donc, tu voulais me parler ?
- Ah. Oui.
- Je t’écoute ?
- Tu as des frères et sœurs, Ambre ?
Il tournait autour du pot. Je ne l’avais jamais vu comme ça. Déjà, c’était la première fois qu’il s’intéressait à moi. Il était tout rouge, mais me regardait dans les yeux. Intimidé et intimidant.
- Non. Fille unique. Enfin, en quelque sorte.
- C’est à dire ?
- J’ai été adopté.
- Tu sais quoi de tes parents d’origines ?
- Pas grand-chose. En fait, rien du tout.
Les rares fois où j’avais interrogé Maman, elle avait refusé de répondre dans les meilleurs des cas. Dans les pires, elle avait piqué une crise, si bien que je n’avais jamais cherché à en savoir davantage. J’avais de très vagues souvenirs de ma petite enfance, mais rien de concret.
- Tu es née le combien, Ambre ?
- Le 23 août.
- Moi aussi, marmonna t-il.
Ses yeux devinrent rouges. Il farfouilla dans son sac.
- Regarde.

Il tira de sa poche une photographie. Elle représentait un jeune couple. Le garçon était blond, avec des lunettes. La fille avait des cheveux roses. Tous les deux souriaient. Ils tenaient chacun dans leur bras un bébé. Cette image fut comme un choc. Ces gens m’étaient familiers. Je ne les connaissais pas, mais pourtant…
- Ça, c’est Jérémie Belpois, et ça c’est Aelita Stones. Mes parents. Ils sont morts quand j’étais petit, je les ai presque pas connu.
- Je vois. Et là, qui est-ce ?
- Ça, c’est ma sœur jumelle. Elle a disparu avec mes parents.
- C’est triste. Je suis désolée.
- Tu sais, je ne me souvenais même pas de son existence jusqu’à il y a peu.
- Comment elle s’appelait ?
- Ambre. Elle s’appelait Ambre.

Mes yeux se posèrent sur la photo, sur le bébé, puis sur la fille aux cheveux roses, roses comme les miens. Puis mes yeux remontèrent jusqu’à ceux d’Antoine.
- Où est-ce que tu veux en venir, Antoine ? Pourquoi tu viens m’agiter cette photo sous le nez ?
Il prit à nouveau son ton condescendant, et répliqua immédiatement :
- Si tu n’avais pas compris, j’étais en train d’essayer de te faire comprendre qu’on était potentiellement frères et sœurs.
- Je l’avais très bien compris ! Fis-je, devenant presque hystérique.
Je me levai d’un bond. En réalité, je ne comprenais pas. Tout fusait à toute vitesse dans ma tête.
- Mais c’est n’importe quoi ! Je te connais à peine !
- Tu vas te calmer et me laisser en aligner une, oui ?
Il tendit le bras vers moi. Je reculai. Je ne pouvais pas y croire. Le choc était trop grand, j’en avais assez, je voulais juste qu’on me laisse tranquille. Alors je partais en courant. Je me mis à remonter dans ma chambre. Il me suivit, mais je ne me retournai pas. Je claquai la porte derrière moi, la verrouillai et allai me cacher dans le seul lieu de paix qu’il me restait : mon lit.
- Ambre, ouvre moi !
- Je ne t’entend pas !
Il allait bien partir à un moment, non ? Je pouvais attendre, aussi longtemps qu’il le fallait.



Antoine


Pourquoi est-ce qu’elle me repoussait ainsi ? Pourquoi est-ce qu’elle réagissait ainsi ? Est-ce que… La perspective d’avoir un lien de parenté avec moi était-elle si terrifiante ? N’étais-je pas quelqu’un de brillant, dont elle pouvait être fier d’être la sœur ? Ou peut-être me voyait-elle comme Amélie le faisait. Comme un… Comme un… Bref. Mais moi, j’avais besoin d’elle. Moi, je voulais qu’on rattrape le temps perdu. Moi, je voulais…

- Ouvre moi, s’il te paît…
Mais elle ne me répondit pas. Pas de réponse, c’était une réponse. Je toquai une dernière fois avant d’être interrompu par une voix stridente.
- Jeune homme ! Que faites vous devant la porte de ma fille ! J’appelle la police !
C’était une dame d’âge mur. Elle hurlait à un tel point que mes oreilles devinrent douloureuses.
- Je… Je suis Antoine Belpois, j’étais venu voir votre fille.
Si Ambre n’avait pas voulu me parler, sa mère adoptive allait peut-être le faire à sa place.
- Comment ? Comment vous appelez-vous ?
- Belpois.
Elle resta figée un instant, puis devint rouge pivoine.
- Partez de chez moi immédiatement ! Et ne vous approchez pas de ma fille !
Pour éviter de me prendre des coups de sa part, je dû partir à toute vitesse. Je marchais désormais dans les rues presque déserte, en ruminant. Je n’avais pas besoin d’elle de toute façon. Je m’en étais très bien sorti tout seul jusque là. Et puis, je n’étais plus tout seul : j’avais Alpha. Je m’en fichais complètement d’Ambre ! Complètement !

Je rentrais chez moi. Amélie me demanda si je n’allais pas en cours, mais je ne lui répondais pas. Je m’enfermais dans ma chambre.
A : Tout va bien ?
- Oui. Non ! J’en sais rien…
A : Je suis à ton écoute, Antoine.
- Ambre… Ambre m’a repoussé. Et je ne sais même pas si c’est vraiment ma sœur.
A : J’ai effectué des recherches à son sujet. Elisabeth Delmas, sa mère adoptive a été au lycée avec tes parents. De plus, personne du nom de Ambre Delmas n’est pas enregistré à l’état civil.
- D’accord, il y a de fortes chances pour qu’on ait un lien de parenté… Ça ne change rien au fait qu’elle m’ait repoussé ! J’ai besoin de changer d’air, on peut se remettre au travail ?

Je passais alors la matinée, puis l’après-midi sur mon ordinateur. Je ne touchais pas au repas qu’Amélie m’emmenait. J’étais si proche du but, mais mes pensées divaguaient, c’était dur de se concentrer. Alpha dû le remarquer, mais ne fit aucune réflexion à ce sujet. Finalement, ma tante interrompit une nouvelle fois mon travail en rentrant dans ma chambre.
- Antoine, il y a quelqu’un pour toi à la porte !
J’allais lui hurler de me laisser tranquille, mais ma curiosité était piquée à vif. Et si c’était… ? Je ne devais pas placer mes espoirs trop hauts pour éviter une nouvelle chute, mais après tout, il se pouvait très bien que ce soit elle ! J’allai immédiatement à l’entrée, et c’était bien Ambre qui m’y attendais. Elle regardait le sol et n’osait défier mon regard.
- Rebonjour Antoine… Ça… Ça te dit de te balader un peu ?
Tant pis pour cette après-midi, j’avais bien le droit à une pause. J’acceptai et l’accompagnai dans un petit parc. Aucun de nous deux n’osa briser la glace du silence sur le trajet. Je cherchais quelque chose à dire, mais rien de cohérent ou d’intelligent ne venait. Finalement, nous nous assîmes sur un banc en face d’une mare au canard.

-J’ai… comment dire… Réfléchis à ce que tu as dit… Et… euh… Je ne sais pas trop quoi en penser pour être honnête. D’ailleurs je suis sincèrement désolée pour ma réaction tout à l’heure, mais c’était trop sur le moment.
J’aurai dû m’en douter. On allait pas se tomber l’un sur l’autre comme ça en un claquement de doigts. Ce genre de choses prenait du temps.
- Ca va te prendre combien de temps pour l’accepter ? Demandai-je brutalement.
- Je ne saurai pas te donner une date. Je… oui. J’ai du mal.

Nous restâmes sans parler pendant une bonne dizaine de minutes. Elle évitait généralement mon regard, mais je la surprenais parfois à m’observer. Est-ce que cette personne était bien ma sœur ? Elle s’était montrée parfois un peu idiote, et je ne pouvais pas oublier la période où elle flirtait avec Jean. Malgré cela, elle avait des connaissances en informatique qui était assez impressionnante pour quelqu’un de son âge et surtout pour une fille. Bien évidemment, cela ne dépassait pas les miennes.
- Juste… tu crois qu’Ulrich est au courant ? me demanda t-elle.
- C’est évident. Je compte bien lui tirer les vers du nez une fois cette affaire terminée.
- Parce que ça va s’arrêter un jour ? J’en peux plus d’aller me battre à l’usine, de devoir être prête à m’y rendre à n’importe quel moment en cas d’attaque… Cette paranoïa ambiante, c’est insupportable !
Elle était courageuse en plus. Une autre qualité notable qui ne pouvait que renforcer l’hypothèse de notre lien de parenté.
- Je t’assure que ça va s’arrêter. Alpha et moi on va…
- Et Alpha, c’est qui exactement ? Enfin, c’est quoi ?
- Je sais pas trop. Une invention de mon… notre père je crois. Il m’expliquera tout après, m’a t-il dit.
- J’ai l’impression que tout le monde se sert de nous et nous cache des choses.
- C’est pour ça que j’ai refusé de rester avec Ulrich, j’avais deviné qu’il était pas fiable, et que…
- Pourtant c’est plus d’Alpha dont je me méfie.
J’étais un peu vexé. Entre l’intelligence artificielle et Alpha, le choix était, selon moi, vite fait.
- Alpha a été programmé par mon… par notre père.
- Selon lui, oui.

Un silence s’installa à nouveau. Première véritable conversation avec elle, et premier désaccord.
- Dis, ils étaient comment nos parents ?
- Tu sais, je les ai pas plus connu que toi. Juste mon idiote de tante. Vraiment pas quelqu’un de recommandable celle là.
- Ma mère adoptive non plus.
Et j’eus envie de lui dire qu’en fait, nous n’avions que l’un et l’autre. Que depuis toujours, je n’avais jamais eu personne. Qu’en rien qu’une petite conversation, elle me comprenait plus que n’importe qui d’autre. Mais quelque chose au fond de moi m’en empêcha. Si seulement on s’était rencontré plus tôt.
- On sait ce qui a fait qu’on a été séparé ? M’interrogea t-elle.
- Encore une question à poser à Ulrich.
- Ou à Alpha… Mais t’as raison sur Ulrich. C’est bizarre en fait comment il se comporte. Il évite tout le temps certaines de mes questions.
- Tu te renseignes de son côté, je me charge d’Alpha.
- D’accord. Je suis désolée, mais je crois que je vais rentrer. Je suis un peu fatiguée, et apprendre tout ça m’a un peu chamboulée. En plus je dois aller encore une fois à l’usine pour me préparer en cas d’attaque. En tout cas, j’étais ravi de faire ta connaissance, Antoine Belpois.

Je ne sus quoi répondre. On échangea nos numéros de téléphones (chose qu’on avait pas fait jusque là), et on se dit au revoir. J’avais eu très peur de cette entrevue. Très peur de ce que j’allais apprendre. De comment ça allait se passer. Le résultat était fantastique. J’avais gagné une alliée de poids. Ma motivation était désormais décuplée, je n’avais plus qu’une seule envie, c’était de foutre rapidement sa raclée à XANA et de pouvoir reconstruire quelque chose avec Ambre.

C’était la personne qui m’avait toujours manqué. Certes, j’aurais largement pu m’en sortir sans elle (la preuve, je l’avais fait jusque là), mais ça allait être un avantage non négligeable. Rien que de parler avec elle me permettait de mettre en lumière des éléments que je n’avais pas prit en compte. En tout cas, le virus allait être terminé dans la nuit. Et demain, tout ça allait être terminé.

Ombre


J’aurai eu le contrôle, je crois que je me serai mit à vomir. Non mais sérieusement, et puis quoi encore ? Antoine était notre frère. Antoine, le petit con détestable qui me donnait envie de le baffer chaque fois que je le voyais. Et puis voilà qu’il se faisait des câlins, c’était répugnant. En plus, ça n’était qu’un détail. Lors d’une journée ordinaire, j’aurai trouvé ça plutôt drôle d’observer dans les ténèbres ces deux ratés se la jouer sentimentale. Sauf que ce n’était pas une journée ordinaire. Tout allait mal.

Ambre était censée s’affaiblir jour après jour. Plonger dans ce désespoir dont elle avait le secret, ce qui m’aurait permit de retenter le coup de la douche. Et c’était bien parti ! Elle prenait de moins en moins le contrôle, parlait peu. J’ai vraiment cru que j’étais à deux doigts de gagner. J’ai pu profiter de la vie longtemps, plus longtemps que je ne l’avais jamais fait ! J’étais tellement heureuse, tous mes problèmes allait se régler. Mais en réalité, si Ambre était si peu active, c’était parce qu’elle reprenait ses forces.

Ce matin, j’avais été éjecté de notre corps lors de son réveil. J’avais pas compris ce qui m’arrivait, et elle ne s’en rendit pas compte. Mais Ambre – la Ambre qui m’avait envoyé baladé la dernière fois que je l’avais confronté – était de retour. Et ça sentait vraiment pas bon. Elle avait beau être une petite conne, elle avait de la ressource ! Et puis ces retrouvailles abjectes avec Antoine n’allaient sans doute pas faire tourner la situation en ma faveur.

Quels étaient mes options ? Me laisser à nouveau marcher dessus, et tout allait redevenir comme avant. Ou bien, me battre. Et soyons honnête, je ne pouvais plus faire marche arrière. Après avoir goûté à la liberté, je ne pouvais pas retourner en cage. Alors cette fois c’était la guerre. La guerre totale, entre Ambre et moi. Un corps, deux personnalité, ça en faisait une en trop. Et si quelqu’un devait partir, ça n’allait pas être moi. J’avais déjà donné.

Maintenant, je ne suis plus la « gentille Ombre », qui va te donner de « bons conseils ».
Non, maintenant Ambre, c’est toi ou moi jusqu’à la fin.
Sauf que moi je n’ai déjà plus rien à perdre.


Mélissa


Mélissa fut dé-virtualisée. Une fois de nouveau dans le monde terrestre, elle s’écroula dans le scanner. Elle passait ses journées à s’entraîner ici. Désormais, Lyoko n’avait plus le moindre secret pour elle. Dès la prochaine attaque, elle allait être prête. Le problème était que… l’ennemi se faisait discret. Leur stratégie avait été complètement défensive, mais ne disions-nous pas que « la meilleure stratégie était l’attaque » ? Ulrich avait tenté de la rassurer, en affirmant que « tout était sous contrôle », qu’Alpha avait un plan mais que lui était incapable de le lui expliquer.

Nos mains sont entres les mains de cette I.A. et de cet ado insupportable. C’est vraiment rassurant. A quel moment est-ce qu’on a pu autant merder ? J’aurai du foutre une balle dans la tête du Directeur il y a longtemps de cela, ça aurait été plus rapide, pensa t-elle alors qu’elle se relevait. Mais elle se souvenait aussi de pourquoi elle avait joué les agents doubles pendant si longtemps. De pourquoi elle avait tant cherché à gagner la confiance du Directeur. Comme Camille le lui avait dit la dernière fois qu’ils s’étaient vus.

Elle l’avait rencontré dans un café en plein jour, comme à chaque fois. Au début, elle avait été surprise, après tout n’était-ce pas dangereux pour lui de s’afficher ainsi ? Il avait eut une sorte de demi-sourire qui ressemblait davantage à une grimace et lui avait expliqué qu’il se sentait plus en sécurité à la lumière que caché dans un carton. Après tout, qui viendrait le chercher ici, autour d’un diabolo menthe ? Depuis, c’était une habitude.
- C’est probablement la dernière fois que nous nous rencontrons, avait-il dit en brisant le silence.
- Pourquoi donc ?
- L’étau se ressert autour de moi, Della Robbia. Je fais ce que je peux, mais je ne suis plus tout jeune.
Elle ressentit une petite piqûre en entendant ce nom de famille, ce n’était plus souvent qu’on l’appelait ainsi. Mais au-delà de ça, apprendre que l'une des rares personnes avec qui elle pouvait se comporter honnêtement allait disparaître de sa vie était un choc assez conséquent.
- Je vous rassure, je ne vais pas mourir. Je dois juste me faire plus discret.
- Mais rien ne nous assure que nous nous révérons, c’est ça ?
Il hocha silencieusement la tête.
- Quand Ulrich m’a parlé de vous, je ne m’attendais pas à ce que vous soyez tellement pleine de ressources. Depuis le début, c’est la vengeance qui vous motive, je l’ai bien compris. Mais il est peut-être temps que je vous explique les autres choses en jeu ici.
Il sortit un dossier de son sac. La lettre H était écrite en majuscule sur la première page.
- Je ne fais pas confiance à l’informatique. Un manuscrit est bien plus simple à garder en un seul exemplaire.
Il le posa sur la table et l’invita à le feuilleter. Alors elle comprit qu’effectivement, ça la dépassait. Ça dépassait Ulrich, ça dépassait aussi le vieil homme qu’elle avait en fasse d’elle. Elle s'était sentie toute petite face à l'immensité du monde. Comme une enfant qui essayait d'affronter une montagne. Une vague de désespoir se mit à l'envahir alors qu'elle comprenait la futilité de tout ce qu'elle avait essayé d'accomplir. 
- Est-ce qu’on peut… vraiment faire quelque chose ? Demanda t-elle timidement.
- Il faut le croire. Ulrich et moi même, nous sommes à la recherche d’Alpha, une intelligence artificielle qui nous permettrait de tirer notre épingle du jeu. Quant à vous… Gagner la confiance de l’assassin de votre père. Aussi difficile que ça puisse paraître, c’est tout ce que vous pouvez faire et cela pourra se montrer déterminant.
Elle avait hoché la tête, perturbée et songeuse.

Il lui avait promis de la recontacter lorsque «l’échiquier serait en place ». Elle n’avait plus jamais entendu parler de lui. Il était sans doute décédé, et c’était à ses pions de se débrouiller sans leur roi. Il y avait bien Alpha, mais elle ne pouvait se résoudre à lui faire confiance.

Mélissa fit quelques pas en avant et tomba sur le sol. Ses jambes lui paraissait bien trop lourdes. Et elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Ambre et Melvin, qui venaient d’être dévirtualisés à leur tours vinrent l’aider à se relever.
- Madame Marple, tout va bien ? Demanda le rouquin.
- Oui… oui. Allez-dire à Ulrich de relancer une virtualisation.
- Euh… Il est déjà 21 heures, Melvin et moi pensions rentrer chez nous, répondit la lycéenne.
- Pas pour vous, pour moi.
Ils se regardèrent. La pionne avait passé la journée sur Lyoko et n’était définitivement pas en état d’y retourner. Elle n’était même plus capable de se relever toute seule. Mais qu’est-ce qu’elle pouvait faire d’autre ? Elle se sentait inutile au possible. En allant sur Lyoko, elle avait l’impression de faire quelque chose, au moins.
- Reste là avec elle, je vais le chercher ! S’exclama Melvin à l’attention d’Ambre.

La jeune fille l’aida à rester debout. Ulrich débarqua à toute vitesse en criant :
- Mais ça va pas de te mettre dans des états pareils ! Bon… les enfants, vous pouvez-y aller.
Ambre et Melvin s’exécutèrent, laissant les deux adultes ensemble.
- Qu’est-ce que tu as en tête ? Te tuer à la tâche ?
- Mais non… Je dois être prête. M’entraîner encore plus.
- Et tu l’es ! Tu as pas vu tes scores sur Lyoko, t’es devenue une véritable machine à tuer ! XANA n’a qu’à bien se tenir !
- C’est pas assez.
- Bon… écoute, je vais te raccompagner chez toi. Si jamais il y a une attaque pendant la nuit, je te contacterai.

Il l’accompagna jusqu’à l’entrée de l’usine. Il faisait déjà nuit, mais ce soir là, il n’y avait pas d’étoiles. Le ciel était semblable à des ténèbres et les nuages qui y étaient parsemés ressemblaient à des visages monstrueux.
- Dis… commença Mélissa, qu’est-ce qu’on fera après ?
- Après quoi ?
- Après tout ça.
C’était une question qui la torturait. Depuis son adolescence, elle ne désirait que de se venger. Plus qu’une simple obsession, c’était son but. Le seul chemin qui lui était jamais apparu. Mais une fois le Directeur mort et enterré, qu’est-ce qu’elle ferra ? Sa vie n’aurait plus aucun sens, ça avait un côté terrifiant. Je ne sais pas si je peux mettre les choses que j’ai faite pour ZETA sur un CV. Ça se trouve, je finirais caissière dans un vieux supermarché.
- Ben… j’pourrai peut-être t’inviter boire un verre.
Il lui fit un clin d'œil. Il lui tournait autour depuis qu'ils s'étaient réunis pour affronter XANA, avec autant de finesse qu'un éléphant. Il s'attendait à quoi, qu'elle lui tombe dans les bras ? Cela la fit rire intérieurement. Je lui ai jamais dit que j’étais pas attirée par les mecs. Ça lui fera une jolie surprise. Ça sera ma deuxième vengeance, celle contre celui qui me piquait mon père.
- Je crois que je vais réussir à rentrer toute seule, merci Ulrich.
- De rien Mélissa, à demain.
C’est ça pauvre con, à demain. Que tu me reluques encore en pensant que je ne te vois pas. Que tu sois encore aux petits soins avec moi en pensant que je ne puisse pas me démerder toute seule. Et que tu fasses encore semblant d’avoir un plan. D’ailleurs, qu’est-ce qu’on fera demain ? On ira encore sur Lyoko se battre entre nous parce qu’on sait pas quoi faire d’autre ? C’est ridicule. Si seulement Camille était là, tout serait beaucoup plus simple…

Elle arriva devant le petit studio qu’elle louait pendant son séjour ici. Elle s’était faite plus discrète qu’Ulrich avec son hôtel beaucoup trop simple à tracer. Première chose à faire : prendre un bon bain. Deuxième chose à faire : se faire à manger. Ou commander quelque chose. Combien de temps me reste t-il à tenir, comme ça ? A vivre cette parodie de vie ? 
Son portable vibra, mais elle ne prit pas le temps de le sortir de sa poche. Elle était trop surprise, car lorsqu’elle ouvrit la porte d’entrée, la lumière était déjà allumée. Quelqu’un était assit sur son lit.
- Bonsoir Mélissa.
- Bonsoir monsieur le Directeur, répondit-elle immédiatement.
Un frisson la parcourait intégralement. Il était là, face à elle, un pistolet dans la main et pointé dans sa direction.
- Nous sommes entre nous. Tu peux m’appeler William.
- Vous… Tu… Tu as reçu mon dernier rapport ?
- Ne jouons pas aux devinettes. Je sais pertinemment que tu travailles avec Ulrich. Je suis venu pour te tuer, pas pour parler.
Et il tira.
Mélissa Marple, alias Della Robia, n'essaya même pas d'éviter. Elle ne bougea pas, regardant son adversaire droit dans les yeux. 
Elle n’aurait pas à trouver une réponse à toute ses interrogations qui l'avaient pendant si longtemps torturé dans ses nuits sans sommeil. 
Désormais, elle allait pouvoir dormir. Et ne plus jamais avoir à se réveiller. Au final, c'était peut-être mieux comme ça.
- Je regrette, Mélissa. Dit doucement William Dunbar à son oreille. 
 

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