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 Auteur Message
Mejiro-kun MessagePosté le: Lun 11 Juil 2011 20:01   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Nyaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah (petit cri de la victoire), chapitre 8 fini !!! Je me suis arraché cette fois pour essayer de le poster le plus tôt possible (et ainsi combler mon retard) mais... Du coup c'est un gros fatras d'idées pelle-mêle et sans queues ni têtes, c'est vraiment affreux T_T !

Enfin bref, ne vous attendez pas à grand chose quoi, d'autant plus qu'il est également horriblement long, je ne suis pas trop satisfait de moi sur ce coup mais j’essaie d'avancer vite pour (enfin) entrer dans le vif de l'action.

Et que les fans d'Ulrich se réjouissent, il est de la partie dans ce chapitre pour une fois, en espérant que vous apprécierez son grand retour Razz !

DimIIy --> Une lectrice fidèle Crying or Very sad j'ai eu peur que personne ne commente pendant un instant, merci pour ton soutient, il faut vraiment que je fasse des efforts je crois T_T !

Et non, je n'arrêterais pas de torturer Mathieu (ni les autres d'ailleurs) parce que je suis de nature sadique Twisted Evil !

'Fin bref, sans plus attendre : le chapitre ! En espérant qu'il ne vous décevra pas trop :

-------------------------------------------------------------------------------------

Chapitre 8 :
Episode 107 : Disputes_


- Il a été enlevé !?

Un fracas métallique s’ensuivit. Aelita venait de laisser tomber sa cuillère sur son plateau, de surprise. Mathieu sirotait son chocolat chaud, assis en face d’elle, de larges cernes sous les yeux. Cette histoire l’avait tellement travaillé qu’il avait été incapable de trouver le sommeil, se tournant et se retournant dans son lit en se torturant l’esprit, après avoir quitté Stéphanie au Kiwi Bleu. Il avait finalement craqué au matin, en prenant son petit déjeuner avec Aelita, lorsque cette dernière s’était inquiétée de son mutisme prolongé et de son air accablé.

Il n’y avait presque plus d’internes dans le self, la plupart étant parti la veille afin de profiter au maximum de leurs vacances et les rares élèves restant attablés devant leur petit déjeuner étaient en grande majorité accompagnés de lourds sacs et trépignaient d’impatience en attendant l’arrivée de leurs parents ou l’heure de leur départ de l’internat. Aelita était la seule externe présente, elle aussi chargée d’une énorme valise rose et noire, préférant attendre au lycée l’arrivée du père de Jérémie qui devait passer le matin même afin d’emmener les deux adolescents dans leur maison de vacances, plutôt que de s’impatienter chez elle seule avec sa mère -avec qui elle était en froid depuis quelques temps…

L’air à son tour déconcerté, la jeune fille aux cheveux roses repoussa son plateau, l’appétit coupé. Elle imaginait à peine ce que pouvait bien ressentir Mathieu en cet instant précis. Elle savait qu’elle-même aurait été incapable de s’en remettre si on lui avait appris la disparition de Jérémie. Elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil en coin au jeune homme à lunette, assis seul quelques tables plus loin. Il ne lui avait toujours pas pardonné son emportement de la soirée précédente et elle commençait à s’en vouloir furieusement pour s’être énervée à ce point.

Elle ne supportait pas cette atmosphère tendue qui suivait chaque nouvelle dispute, d’autant plus qu’elle avait l’impression d’éprouver cette sensation de plus en plus souvent ces derniers temps… Elle espérait que ces vacances aux côtés de son petit ami allaient les aider tous deux à surpasser cette mauvaise passe.

Le blondinet leva soudain les yeux et leur regard se croisèrent pendant une fraction de seconde. Rougissante, elle se détourna pour se focaliser de nouveau sur Mathieu qui semblait insensible à la tension ambiante, perdu dans ses pensées. Il avait l’air tellement désorienté… Elle aurait aimé trouver les mots justes pour parvenir à le réconforter mais un simple « je suis désolée pour toi » était loin de suffire dans une situation pareille…

- Hum, fit-elle enfin tentant une approche maladroite en cherchant ses mots, tu… Ça va aller ? Je veux dire… Tu peux tout me dire si tu veux te décharger… Je te l’ai déjà dit, ça fait parfois du bien d’avoir simplement quelqu’un à qui parler…

- Il n’y a rien à dire ! la coupa-t-il précipitamment d’un ton glacial qu’elle ne lui connaissant pas.

Il se reprit bien vite cependant, remarquant le trouble dans le vert limpide des yeux de son amie.

-Excuse-moi, soupira-t-il, je ne voulais pas être désagréable, et encore moins avec toi… C’est juste que je ne comprends rien à toute cette histoire… Pourquoi avoir enlevé Angel si ce n’était pas pour demander une rançon ! Je veux dire… On n’enlève pas les gens sans raison ! Et je ne comprends pas non plus l’intérêt de cette lettre… A part pour narguer la police, il n’y a aucune raison de laisser un mot stipulant qu’ils ne retrouveront jamais Angel… Et puis il y a ce motif… !

Aelita contemplait le visage tordu par l’angoisse et l’intense réflexion de son vis-à-vis. Jamais elle ne l’avait vu dans un tel état de nerfs… Ses sentiments pour cet Angel devaient vraiment être très forts pour le mettre dans un état pareil. Au fond d’elle, elle ne pouvait pas s’empêcher de le plaindre. Un amour réciproque était quelque chose de merveilleux, un sentiment si puissant qu’un seul baiser suffisait à faire voler en éclat les doutes et les tracas les plus profonds… Cependant un amour à sens unique agissait plus comme des chaînes, entravant la personne, l’étouffant dans un étau jusqu’à le réduire en miettes de l’intérieur. Mathieu était en quelque sorte condamner à souffrir à cause d'Angel, et elle savait pertinemment qu’aucun mot ne pourrait jamais suffire à l’aider à passer à autre chose. Elle aurait tant voulu lui apporter son aide. Le voir aussi malheureux la rongeait presque autant que lui !

- Attends, un motif ? tiqua-t-elle soudain revenant brusquement dans la conversation, quel motif ?

- Je ne te l’avais pas dit ? s’étonna vaguement Mathieu en inspirant profondément, tentant vainement d’évacuer son angoisse, la lettre que les ravisseurs ont laissée est frappée d’une sorte de logo… Mais il ne me dit rien, en revanche peut-être que toi…

Une lueur un peu folle éclaira soudain son regard et il s’empressa de farfouiller dans ses poches afin d’en sortir son téléphone portable. Aelita remarqua au passage qu’il y avait ajouté un petit strap en forme de minuscule sucette colorée mais s’abstint de tout commentaire. Stéphanie le lui avait probablement offert avant de le laisser la veille, non pas que cela lui fasse quoi que ce soit : elle n’avait aucune raison de se sentir jalouse… Vraiment aucune.

Derrière elle, Jérémie se leva et sortit du préfabriqué servant de cantine au Lycée après avoir déposé son plateau, lui jetant un dernier regard triste au passage. Elle avait préféré manger avec son compagnon de chambre plutôt qu’avec lui ce matin alors qu’eux deux devait partir ensemble d’une minute à l’autre, preuve qu’elle était toujours fâchée. Il s’en voulait mortellement pour son attitude de la veille, cependant la voir aussi proche de Mathieu ne servait qu’à accroitre son sentiment de jalousie. Rageur, il détourna la tête et ouvrit la porte du self un peu trop violemment, évacuant ainsi sa frustration. Aelita s’en rendit compte mais préféra l’ignorer, malgré la nœud anxieux qui commençait à se former au creux de son estomac.

- Je l’ai pris en photo, expliqua enfin Mathieu, insensible à la peine de son amie, attends une seconde…

Il pianota un instant sur l’écran avant de lui tendre le portable dont la jeune fille se saisit afin de mieux distinguer la photographie. Elle écarquilla les yeux en voyant se découper très nettement l’image du cercle vert dans lequel un oiseau stylisé était incrusté. Un sentiment de panique commença soudain à monter en elle et, pendant une fraction de seconde, elle eu la sensation d’entendre un loup hurler à ses oreilles. C’était impossible… Comment ce symbole pouvait-il se trouver sur la lettre des ravisseurs d’Angel ? La tête lui tourna et elle préféra rendre le portable à son propriétaire en détournant précipitamment les yeux.

- Aelita ? questionna Mathieu en haussant les sourcils, est-ce que tout va bien ? Ce symbole te dit quelque chose ?

- Non… Non rien du tout ! répondit-elle un peu trop précipitamment en se levant, un faux sourire décontracté collé sur ses lèvres, désolée… Je te laisse, il faut que j’aille parler à Jérémie avant de partir… A plus tard !

Elle débarrassa la table précipitamment et se dirigea à son tour vers la sortie, à la suite de son petit ami. Mathieu la suivit des yeux, l’air soupçonneux. Il n’était pas dupe : Aelita avait très clairement blêmi à la vue de la photo. Peut-être était-ce un effet de son imagination mais il avait l’impression que la jeune fille aux cheveux roses en savait plus qu’elle ne voulait bien l’admettre sur ce mystérieux enlèvement… Peu à peu, sa tristesse s’effaça pour laisser place à une curiosité dévorante. Oui, il en était certain désormais, Aelita savait quelque chose, et il ne tenait qu’à lui de découvrir quoi désormais !

Revigoré, il se leva à son tour avant de franchir l’encadrement de la porte du self, clignant des yeux momentanément face à l’éclat du soleil hivernal perçant à travers les lourds nuages blancs. Il jeta un rapide coup d’œil autours de lui. La cour était déserte et Aelita disparaissait déjà à l’horizon en direction du portail, minuscule silhouette rose tranchant à travers la végétation du parc à proximité.

Renonçant à la poursuivre, Mathieu fit volte-face et se dirigea vers le bâtiment des dortoirs, rajustant le col de sa chemise afin de mieux se protéger du froid mordant. La température avait de nouveau chuté de plusieurs degrés dans la nuit à son grand déplaisir. S'il y avait bien une chose qui lui manquait de son ancien petit village perdu du sud de la France, c’était bien la chaleur !

Un vague sentiment de solitude l’envahit soudain et il ralentit le pas. Son passé qu’il avait tant tenté de fuir depuis presque deux mois était en train de le rattraper à une vitesse folle, et il avait peur de ne plus jamais parvenir à lui échapper si jamais il se laisser happer par les évènements.

Avec un soupçon d’amertume, il se rendit compte que ses parents n’avaient même pas tenté de l’appeler afin de lui proposer de passer les vacances avec eux. Il ne comptait plus pour eux, cela il l’avait compris le jour même où ils avaient appris pour son homosexualité… Il n’avait jamais eu droit aux traditionnelles engueulades monumentales ni même à des reproches, cela aurait été trop beau. Il n’avait eu droit qu’au silence, un silence de plomb qui avait durcit son cœur et son âme après les avoir réduits en mille morceaux…

Il atteint le hall d’entrée sans même s'en rendre compte et gravit lentement les marches menant au premier étage, réservé aux garçons. Ce n’est qu’en approchant de sa chambre qu’un bruit de porte qui claque le sortit de ses rêveries. Son cœur rata un battement. Odd venait de sortir de sa chambre quelques mètres devant lui et s’affairait à la fermer à clef, un sac remplis de ses affaires sur le dos.

Remarquant sa présence, le jeune homme se tourna dans sa direction et lui adressa un salut enjoué auquel Mathieu répondit par un demi-sourire gêné, ne pouvant s’empêcher de se dire une nouvelle fois que l’adolescent au béret était définitivement particulièrement attirant.

L’image d’un regard de soleil liquide s’imposa soudain à son esprit et son cœur se calma aussitôt. Pendant un instant, il avait cru pouvoir ressentir quelque chose pour Odd. Il avait vraiment apprécié sa compagnie au cours des deux derniers mois et il attendait toujours avec impatience son option Art Plastique pour passer un peu de temps avec lui. Cependant c’était toujours le regard d’Angel qui faisait battre son cœur, et l’annonce de son enlèvement venait de le lui rappeler cruellement…

- Tu vas bien ? lui demanda le jeune homme tandis que Mathieu s’arrêtait devant la porte de sa propre chambre, qu’est-ce que tu fais encore dans les bâtiments à cette heure ?

- Je reste ici pour les vacances, répondit Mathieu tout en tentant de dissimuler la déception dans sa voix, mes parents ne peuvent pas me prendre…

Odd afficha un air compatissant et sembla pendant quelques secondes s’apprêter à ajouter quelque chose mais il se ravisa à la dernière minute.

- Bon ben… Bonnes vacances ! se força à lancer Mathieu afin de libérer son interlocuteur, bien que son être tout entier lui criait de le supplier de rester encore un peu, tu prends le train toi, non ?

- Ouais… répondit-il, un air curieusement gêné affiché sur le visage, tu… Non oublie. Bonne vacances.

Mathieu le suivit du regard s’éloigner à travers le couloir vers la sortie, notant qu’il évitait d’emprunter l’escalier d’où il venait afin de ne pas avoir à passer devant lui. Si même ceux qu’il considérait comme ses proches à Kadic se mettaient à lui tourner le dos…

Rageur, il ouvrit la porte de sa chambre et se laissa tomber sur le lit, poussant un profond soupir de désespoir. Il ne savait même pas s’il devait se réjouir à l’idée de ne pas voir son imbécile de compagnon de chambre pendant une semaine ou si au contraire l’absence de Jérémie n’allait pas en quelques sortes amplifier son sentiment de solitude…

Incapable de rester en place, il bondit de nouveau rapidement sur ses pieds, un peu trop d’ailleurs puisqu’il bouscula la table de chevet de son compagnon de chambre au passage, en renversant le contenu au sol dans un fracas de tous les diables. Mathieu étouffa un juron. Jérémie le détestait déjà assez comme cela, si en plus il découvrait qu’il avait mis le désordre dans ses si précieuses affaires sur lesquelles il veillait toujours si précieusement...

Résolu, il s’accroupit et commença à ramasser les objets étalés sur le sol, non sans réprimer un soupir de dépit. Alors qu’il remettait une revue scientifique et des chaussettes dépareillées dans le tiroir prévu à cet effet son regard se posa sur un petit rectangle de papier glacé coincé entre les pages d’un livre ouvert sur le sol, probablement tombé de la table de chevet lui aussi. Sa curiosité naturelle reprenant subitement le dessus, il attrapa délicatement la photo, semblant tout droit sortie d’un de ces vieux photomatons.

Plusieurs clichés disposés en colonne étaient visibles, légèrement jaunis et décolorés par le temps, tous montrant les mêmes deux jeunes enfants riant face à l’objectif : une petite fille aux vêtements d’un autre âge pourvu d’une touffe de cheveux roses et un garçon à l’air naïf dont les énormes lunettes rondes lui cachaient la moitié du visage. Aelita et Jérémie alors qu’ils étaient encore au collège.

Mathieu ne put retenir un petit sourire amusé. Ils ne devaient pas avoir plus de douze ou treize ans sur cette photo. Si la jeune fille aux cheveux roses ne lui avait pas, peu après son arrivée à Kadic, montré un vieux cliché d’eux à cette période, il aurait probablement eu du mal à croire que ce garçon à l’air si doux puisse être son revêche de compagnon de chambre.

Les gens changeaient tellement avec le temps… Malgré cela, la complicité évidente entre les deux enfants sur la photo ne semblait pas avoir changé d’un poil depuis toutes ces années… Lorsqu’il contemplait cette photo, il ne pouvait s’empêcher de jalouser l’amour qu’Aelita et Jérémie se portaient mutuellement, malgré leurs différents. Il enviait une telle relation et plus le temps passait, et plus la pointe glacée qui transperçait son cœur lui répétant de sa voix lancinante que jamais il n’aurait droit à un tel privilège s’enfonçait un peu plus dans sa poitrine.

Sentant sa rancœur revenir au galop, Mathieu ravala sa bile et fourra précipitamment la photo à la page où il l’avait trouvée. Mais, au moment de refermer le livre, il s’immobilisa, un frisson glacé lui parcourant l’échine, ses yeux s’écarquillant de stupeur. En bas de ladite page, il venait d’apercevoir un symbole qu’il n’aurait jamais cru voir dans un des livres de Jérémie. Fébrile, il jeta un coup d’œil à la couverture avant de revenir à la page, incapable de quitter le logo des yeux, grossièrement griffonné au crayon. Il ne s’agissait que d’une banale édition du « Chat Noir » d’Edgar Allan Poe, rien à voir donc… Le cœur tambourinant dans sa poitrine, Mathieu se frotta les yeux pour s’assurer qu’il ne rêvait pas avant de contempler de nouveau, incrédule, l’oiseau stylisé inscrit dans un cercle griffonné en bas de la page. Un peu tremblant, il dégaina son portable de sa poche et afficha la photo de la lettre des ravisseurs d’Angel. Aucun doute possible, il s’agissait bien du même symbole, reproduit trait pour trait !

Ébranlé, Mathieu se laissa tomber à terre, incapable d’aligner deux pensées cohérentes. Tout se mélangeait dans sa tête : quel était le lien entre Jérémie, les ravisseurs d’Angel, et ce mystérieux symbole ? Cela voulait-il dire que son compagnon de chambre avait un rapport avec cet enlèvement suspect ? Tout cela n’avait pas de sens… Comment un lycéen de dix-sept ans tout au plus pouvait-il être lié à un kidnapping ? Et puis pourquoi à CE kidnapping précisément ? La coïncidence était trop énorme pour être vraie…

Inspirant un grand coup afin de se calmer, Mathieu jeta un rapide coup d’œil vers la porte et tendit l’oreille afin de s’assurer que son compagnon de chambre ne revenait pas par ici, dans l’hypothèse où il aurait oublié quelque chose. Rassuré par le silence qui régnait dans l’internat, il se replongea dans la contemplation du dessin. Submergé par la surprise, il n’avait pas remarqué qu’une petite inscription l’accompagnait, chevauchant maladroitement le numéro de la page.

- Green…Phoenix, déchiffra-t-il péniblement en plissant ses yeux bleus, reconnaissant les pattes de mouches de Jérémie, Stéphanie avait raison, c’était donc bien un phénix…

Il s’interrompit brusquement, une pensée affreuse venant de lui traverser l’esprit portant un coup final au peu de contenance qui lui restait. Et si Aelita était liée à tout cela ? Aelita… La seule personne qu’il considérait comme une amie à Kadic, qui avait su l’écouter et le réconforter ces deux mois durant, qui s’était toujours montrée là pour lui en toutes circonstances. Un peu trop même… Et si tout cela avait fait parti de leur plan diabolique pour capturer Angel ?

Mathieu ne put s’empêcher d’esquisser un rictus devant l’absurdité de cette dernière idée. Il perdait la tête, comment deux adolescents situés à des kilomètres de distance auraient-ils pu contribuer d’une quelconque façon à l’enlèvement d’un autre adolescent qu’ils ne connaissaient même pas –ou uniquement de nom dans le cas d’Aelita ? Il y avait forcément une autre explication plus rationnelle qu’une ridicule histoire de complot et de couple de lycéens kidnappeurs. Néanmoins, il était indéniable que Jérémie était lié de prêt ou de loin à l’enlèvement d’Angel.

Tentant de maîtriser sa main qui tremblait, le jeune homme à la chemise violette entreprit de photographier le petit dessin en bas du livre de Jérémie, grimaçant en entendant le bruis de cliquetis qu’émit son portable lorsqu’il pressa le bouton relatif à la fonction « appareil photo » avant de le ranger au fond de sa poche, de refermer brusquement le livre, et de le remettre à sa place au sommet de la table de chevet.

Mathieu ne recommença à respirer qu’une fois après avoir rangé l’ensemble des affaires de son compagnon de chambre qu’il avait renversées. Ainsi, il n’aurait aucun soupçon sur son intrigante découverte. Son esprit carburait désormais à toute allure. Que devait-il faire à présent ? Prévenir la police ? Elle serait bien avancée… D’autant plus que cela apporterait forcément des ennuis à Stéphanie qui avait tout de même dérobé une preuve à son oncle de façon totalement illégale ! Et puis, si une enquête venait à s’ouvrir, Jérémie finirait forcément par découvrir la vérité, autant sur sa découverte que sur son lien avec Angel et cela, il en était hors de question !

Stéphanie… Prenant brusquement une décision, il se redressa et quitta sa chambre, pianotant à toute allure sur l’écran de son téléphone, traversant le couloir en jetant des coups d’œil rapides dans toutes les directions. La lumière grésillante des néons projetée sur les murs lui paraissait soudain extrêmement angoissante… Plus nerveux que jamais, il colla l’oreille à son portable, bouillant un peu plus d’impatience à chaque nouvelle tonalité.

- Stéphanie ! fit-il enfin lorsque son interlocutrice décrocha, sans même lui laisser le temps de parler, j’ai du nouveau concernant Angel… Il faut que je te voie ! On se retrouve au Kiwi Bleu dans une demi-heure, à tout de suite !

La jeune fille eu à peine le temps de marmonner un « d’accord » ensommeillé avant qu’il ne coupe la communication, dévalant les escaliers de l’internat quatre à quatre, ses pas raisonnant dans le bâtiment vide. Il avait prit sa décision. Un décision absurde, dangereuse et surtout complètement ridicule… Mais plus il y repensait et plus elle s’imposait d’elle-même à son esprit, enflant dans sa tête jusqu’à l’obséder complètement. Si la police était incapable d’en apprendre plus, il allait s’en charger lui-même. Oui, il allait retrouver Angel… Seul !

* * *


Les bruits de pas d’Odd rebondissaient à travers les couloirs vides de Kadic, raisonnant dans sa tête comme de lourdes pulsations au rythme de son propre cœur.

Boum boum…

Plus il y repensait et plus il culpabilisait… Mathieu avait vraiment du trouver son attitude distante des plus étranges. Mais comment aurait-il put lui expliquer sans le vexer ?

Odd inspira un grand coup, s’arrêtant quelques instants pour jeter un coup d’œil à travers une fenêtre de l’internat. La cour était étrangement calme en ce jour de début de vacances, comme vidée de toute vie. C’était surprenant venait de sa part, lui qui était toujours plein d’entrain et pétillant de bonne humeur, mais il aimait cette ambiance calme, sereine. Ces moments entre la fin des cours et le début de la "libération" (comme les collégiens se plaisaient à l'appeler) lui permettaient toujours de se poser quelques secondes, prenant enfin le temps de réfléchir aux problèmes qu’il préférait écarter de son rire franc durant la journée.

Soupirant devant sa propre faiblesse, il se remit en route, gagnant l’escalier avec agilité, ses chaussures martelant chaque marche, faisant raisonner la rampe en métal voisine au passage.

Boum boum…

Il n’avait pas agit ainsi volontairement. Du moins, c’était ce qu’il supposait ! Depuis la dernière fois, lorsqu’il avait présenté Mathieu à sa petite amie, les paroles d’Eva qui à l’époque l’avaient fait bien rire s’étaient frayées un chemin jusqu’à sa tête où elles s’y étaient lentement insinuées, s’engluant dans son cerveau telles une toile glauque et vicieuse.

« Il n’arrêtait pas de te dévorer du regard ! Ça ne m’étonnerait pas qu’il soit de l’autre bord, si tu vois ce que je veux dire… ».

Maintenant qu’elle le lui avait fait remarquer, force était de constater que le regard du jeune homme s’attardait un peu trop souvent à son goût sur le col en V de ses T-shirt moulants, ou se perdait un poil trop fréquemment dans le gris perlé de ses yeux… Et cela le mettait franchement mal à l’aise ! Pour cette raison d’ailleurs, il évitait depuis de croiser sa route autant que possible et ne s’asseyait quasiment plus à sa table lors de leur option commune d’Art Plastique, allant jusqu’à préférer la compagnie du mur à celle de Mathieu…

Odd atteint enfin le rez-de-chaussée et franchit la porte menant vers l’extérieur, ses pas raisonnant sur le carrelage, toujours étrangement synchronisés avec son cœur.

Boum boum…

Il n’avait jamais rencontré d’homosexuels auparavant et, pour être franc, il n’arrivait toujours pas à concevoir qu’un garçon aussi effacé que Mathieu puisse être du genre à apprécier ce qu’il considérait plus comme certaines déviances sexuelles qu’autres choses…

Agacé contre ses propres pensées, il secoua la tête, frissonnant face à l’air frais matinal. Voilà qu’il devenait homophobe désormais, toute cette histoire lui prenait beaucoup trop la tête… Il n’avait rien contre ce genre de personnes, il n’était pas de ces lycéens fous furieux capables de tabasser à mort quelqu’un seulement en raison de sa différence –ou plutôt de ce qu’ils jugeaient être une « différence ». Seulement il n’aimait pas cela, il n’avait aucun problème tant qu’ils restaient entre eux mais surtout qu’ils lui fichent la paix ! Ce qu’il appréciait c’était les corps féminins, gracieux subtils et voluptueux, et il le confirmait le plus souvent possible en rejoignant Eva dans sa chambre !

…Vraiment ?

Odd pressa le pas, atteignant le portail de fer en passant sous l’ombre des platanes dépourvus de feuilles en cette période de l’année. S’il était si certain que cela de ce qu’il ressentait, alors pourquoi avait-il tant de difficultés à coucher avec sa propre petite amie ? Pourquoi avaient-ils tous ces problèmes ensemble depuis que leur relation était passée au niveau supérieur ?

Frustré, le jeune homme au béret dégaina une cigarette du paquet qu’il cachait dans sa poche et l’alluma d’une simple pression sur son briquet, humant la fumée nauséabonde non sans un certain contentement, cherchant dans la nicotine un moyen de soulager sa conscience.

Boum boum…

Redressant son sac sur ses épaules, il gagna le trottoir d’en face et se dirigea vers la gare de la Ville de la Tour de Fer, à plusieurs dizaines de minutes de marche du lycée. Involontairement, la remarque que lui avait envoyée Sissi, la pimbêche qui servait de copine à son compagnon de chambre, lui revint en mémoire.

« Au fait, classe le béret Odd, c’est à la mode de s’habiller comme un homo ? Ça doit faire plaisir à Eva ça ! » avait-elle balancé de sa voix suave, perfide à souhait comme à son habitude.

Sous son air charmeur, cette fille était un vrai serpent, il ne l’avait que trop bien remarqué au cours de toute sa scolarité au collège Kadic. L’époque où il s’intéressait à elle, à son arrivée à l’internat en Cinquième, lui paraissait définitivement révolue désormais ! Il était habitué à ce genre de vannes qu’elle lui lançait de temps à autre et qu’il lui rendait au centuple, cela avait été leur façon de fonctionner depuis toujours.
Pourtant, jamais la moindre de ses remarques ne l’avait touchée à ce point…

Et puis, depuis quand Sissi lui dictait-elle son état d’esprit ? Elle avait déjà réussi à mettre le grappin sur Ulrich à force de manipulations et de sournoiseries, elle ne parviendrait pas à l’influencer lui aussi facilement ! Comme s’il pouvait éprouver quoi que ce fut pour ce Mathieu…

Boum boum… Bouboum bouboum !

Odd manqua de se trébucher sur le trottoir, soudainement rouge écarlate. Que lui arrivait-il ? Pourquoi son cœur s’emballait-il tout à coup alors qu’il ne faisait qu’énoncer une absurdité des plus totales ? Inquiet, il se palpa la poitrine, insensible au regard curieux des passants, mais le battement était redevenu régulier. Il avait du rêver… Ou bien mal interpréter cette soudaine montée de tension… Il était tellement inquiet à l’idée qu’un mec puisse s’intéresser à lui, tellement révulsé par cette idée, pas étonnant que son cœur s’emballe à cause de cela !

Rassuré, il se rendit soudain compte qu’il s’était arrêté au beau milieu d’un passage pour-piétons et que le feu s’apprêtait à virer au rouge de l’autre côté de la rue. Il gagna le trottoir d’en face en courant, un peu gêné d’avoir ainsi perdu contenance. Non, définitivement il se faisait des idées. Il avait tout de même seize ans et allait vers son dix-septième anniversaire, si à cet âge là il n’était pas déjà certain de ce genre de chose, surtout après avoir déjà eu une relation avec une fille… Oui, il n’avait aucune raison de s’en faire pour si peu !

Plongé dans ses pensées, il n’avait pas fait attention à la distance parcourue et, déjà, la gare de la Ville de la Tour de Fer se découpait à l’horizon entre les immeubles, moderne et imposante, semblant peser sur la place de son ombre immense, accentuée par le ciel gris et lourd en arrière-plan.

Ne pensant déjà plus à Mathieu, Odd saisit son téléphone, un Samsung à coque violette que ses parents lui avaient payé à la fin du collège et dont il ne séparait plus, et tapota les touches du clavier tactile, envoyant un message à sa bien-aimée Eva. La jeune fille restait à l’Internat pour les vacances, difficile de retourner chez ses parents, en Amérique, dans un délai aussi court que deux semaines, et il n’avait pas voulu la réveiller de si bon matin pour lui dire au revoir, connaissant son caractère grincheux au levé. Cependant, un petit message d’amour faisait toujours plaisir…

Satisfait par son petit texte, il pressa l’icône d’envoi et traversa la place en direction de la gare, le cœur plus léger, balançant sa cigarette encore rougeoyante dans la poubelle la plus proche. Oui, c’était certain désormais, il aimait Eva. Profondément. Elle était la fille de ses rêves, et ce n’était pas un nouvel arrivant à Kadic prétendument gay qui allait semer le doute dans son cœur !

* * *


L’ambiance était pesante entre la jeune fille aux cheveux roses et le jeune homme à lunettes. Nerveuse, l’adolescente ne cessait de jeter de fréquents coups d’œil vers son bien-aimé qui restait de marbre, impassible, fixant le coin de la rue à la recherche de la voiture de son père –une Mini jaune canari reconnaissable entre mille- qui ne devait pas tarder à arriver.

Aelita et Jérémie s’étaient déplacés de façon à être un peu à l’écart du lycée, tous deux assis sur la petite murette qui entourait Kadic, évitant soigneusement d’engager la conversation, leur fine silhouette surplombée par le grillage de l’établissement. Les voitures défilaient devant eux mais ils n’y prêtaient pas attention, attendant simplement, silencieux et tendus.

- Tu as agit comme un imbécile hier soir, craqua Aelita la première, incapable de supporter l’atmosphère pesante qui régnait entre eux plus longtemps.

- Je sais… répondit Jérémie sans oser la regarder au bout de quelques secondes, d’une voix calme et froide, mais il n’empêche que je n’en serais pas arrivé là si tu passais moins de temps avec ce Mathieu !

- Je sais…

Le silence les engloba de nouveau et ils recommencèrent à attendre, la gorge plus nouée encore qu’à l’origine. Aelita se sentait perdue. Elle avait l’impression que le lien si fort qui les unissait depuis toujours avait finit par se réduire jusqu’à être sur le point de se rompre, si on venait à y asséner un coup assez puissant. Ce coup, c’était elle qui était en train de le donner, en ignorant Jérémie pour préférer la compagnie de Mathieu à la sienne. Certes, elle savait très bien qu’il n’y avait rien de plus que de l’amitié dans cette relation, mais comment le faire comprendre à son têtu de petit-ami qui voyait des complots et des raisons d’être jaloux partout où cela lui chantait ? Elle aurait du prévoir que son attitude envers le nouvel élève de Kadic n’aurait pu servir qu’à jeter de l’huile sur le feu…

Jérémie agrippa nerveusement les grilles les surplombant, son regard d’un bleu océan perdu dans la circulation des voitures qui se réduisait petit à petit alors que les élèves massés devant l’établissement, quelques mètres plus loin, disparaissaient peu à peu. Sous son apparence froide et distante, il n’en menait pas large non plus. Il détestait cette jalousie maladive qui le poussait à ruiner sa relation avec la fille de ses rêves, celle qu’il avait toujours aimée depuis leur première rencontre… Seulement il était incapable de changer, et plus le temps passait, plus il avait l’impression de s’éloigner de ce petit garçon naïf et souriant à la vie duquel l’élue de son cœur était un jour tombée amoureuse.

Un ange passa. Distraitement, Aelita remonta la fermeture éclair de son blouson, grelottant sous la morsure du froid hivernal de février. La brise glaciale qui soufflait sur la rue n’arrangeait rien à sa situation. Elle se recroquevilla sur elle-même, tentant de profiter du peu de chaleur que ses vêtements légers lui conféraient. Elle sentit soudain un bras mince passer derrière son épaule et la saisir, la faisant légèrement sursauter. Sans réfléchir, Jérémie venait de l’enlacer, la serrant contre lui afin de la réchauffer, les joues rosies par la gène comme par le froid.

La jeune fille devint écarlate mais ne s’éloigna pas, acceptant avec gratitude la chaleur de l’adolescent, se blottissant contre son torse. Elle se sentait si bien dans ses bras… Dans ces moments-ci, ils n’avaient pas besoin de parler, une simple étreinte suffisait. Elle signifiait tant de choses : à la fois « je suis désolé », « je te promets de faire de mon mieux » ou encore « je t’aime », des sentiments que de simples mots auraient été incapables de retranscrire dans leur intégralité.

Était-ce elle où la température venait-elle subitement de s’adoucir légèrement ?

- Pourquoi est-ce qu’on est si compliqué ? ne put-elle s’empêcher de soupirer, fermant ses magnifiques yeux verts afin de mieux profiter du contact chaleureux et réconfortant de son petit-ami.

Celui-ci ne répondit pas, se contentant de lui caresser lentement ses longs cheveux soyeux, d’un rose si pâle qu’il en paraissait naturel.

- Jérémie, fit-elle soudain en se redressant, légèrement réchauffée, se souvenant soudain de la raison pour laquelle elle lui avait couru après à la sortie du self, il faut que je te parle de quelque chose… Quelque chose de très sérieux et de vraiment inquiétant !

Elle leva la tête vers lui et rencontra ses yeux d,’un bleu marine si profond qu’elle aurait pu s’y noyer. Il la contemplait désormais avec anxiété, sachant parfaitement distinguer lorsqu’Aelita avait quelque chose de vraiment important à lui dire. Celle-ci soupira, ce qu’elle s’apprêtait à lui révéler n’allait certainement pas lui plaire mais elle se devait de lui en parler. A lui plus qu’à n’importe qui ! Elle allait également devoir en partie rompre sa promesse avec Mathieu mais ce qu’elle venait de découvrir passait avant cela, malheureusement pour lui.

- Mathieu m’a montré quelque chose ce matin, commença-t-elle en cherchant ses mots, dénotant au passage le petit tic nerveux de son petit-ami à la mention du prénom de son compagnon de chambre, son… Un ami à lui –de son ancien lycée je veux dire- s’est fait enlever récemment et les ravisseurs ont laissé une lettre à ses parents… Il me l’a montrée et… Elle comporte le sceau de la Green Phoenix en bas de page !

Jérémie s’était littéralement tétanisé, son regard soudain aussi dur que de l’acier fixé dans le vide. Aelita ne put s’empêcher de prendre peur à la vue de l’expression, si froide tout à coup, de son petit-ami, et s’arracha à son étreinte. Il ne tenta pas de la retenir.

- Je sais que c’est difficile à croire ! reprit-elle très vite en cherchant par tous les moyens à l’apaiser, moi aussi j’ai cru que je me trompais au départ mais… Je suis formelle, c’était bien leur logo ! Ils sont de retour Jérémie…

- La ferme !

La jeune fille aux cheveux roses resta muette de stupeur. Jérémie s’était levé de la murette et la toisait froidement du regard, un air qu’elle ne lui avait encore jamais vu sur le visage qui lui faisait froid dans le dos. Était-ce de la colère ? Non, il y avait autre chose…

- Aelita, toute cette histoire est derrière nous maintenant, siffla-t-il entre ses dents, plus menaçant que jamais. On aurait dit un père en train de réprimander sa fille qui aurait dit une absurdité, c’est fini tout ça ! Fini ! La Green Phoenix est démantelée et tu le sais aussi bien que moi ! Ta mère peut en attester si tu veux ! Et puis le logo de cette organisation est des plus banals, un oiseau dans un cercle ça se retrouve partout… !

L’adolescente resta interdite, submergée par la colère de Jérémie. Jamais elle ne l’avait vu dans un état pareil. Qu’est-ce qui lui prenait tout à coup ? Pourquoi ne lui faisait-il pas confiance, comme à son habitude ?

- Mais qu’est-ce que vous avez tous à ramener cette histoire sur le tapis en ce moment !? poursuivit-il en se massant le front de frustration, excédé, d’abord Odd, maintenant toi… ! Vous n’arriverez donc jamais à tourner la page !?

Soudain, elle comprit. Ce n’était pas de la colère qu’elle lisait dans le regard de Jérémie… C’était du déni ! Il avait peur, peur que tout recommence, peur que toute cette histoire qui les avait poursuivis durant presque la totalité de leur scolarité au collège n’en finisse jamais ! Il n’avait plus la force d’affronter ce qu’il avait déclenché…

Cette fois-ci, se fut à Aelita de voir rouge. Elle bondit d’un coup de la murette surprenant son petit-ami et se campa face à lui, son regard d’un vert translucide plus froid et meurtrier que jamais. Il sentait en voyant sa main trembler –et non pas à cause du froid cette fois-ci- qu’elle déployait tous les efforts du monde pour se retenir de le gifler.

- Monsieur refuse de me croire, hein ? siffla-t-elle avec hargne à son tour, à deux doigts d’exploser, monsieur en a assez et préfère croire ce qui lui chante ? Il préfère se conforter dans sa douce illusion d’un monde parfait ? Très bien ! Fait comme il te plaira, je m’en moque ! Si quelque chose arrive je n’aurais pas besoin de toi de toutes manières…

Cette dernière réplique sonna comme une claque aux oreilles de Jérémie. L’espace d’un instant, sa détermination vacilla. Avait-elle raison ? Se berçait-il d’illusions en pensant être enfin libéré de toute cette histoire ? Fuyait-il ses responsabilités ?

Cependant, il se reprit bien vite. Non, il en était certain : ils en avaient tous fini avec leur vie passée. La Green Phoenix n’était plus, pas plus que XANA ou Lyokô… Dans son cœur, c’était comme si cette histoire n’avait jamais existé, ou tout du moins n’avait été qu’un rêve. Un long rêve d’enfance merveilleux… Seulement il était temps de se réveiller. Ils avaient grandis, Aelita et lui comme les autres, et il fallait désormais passer à autre chose, continuer à avancer. C’était ce qu’ils avaient tous fait, c’était pour cette raison que leur groupe n’avait pas tenu, parce qu’il y avait une fin à tout. Même aux choses les plus fantastiques. Et cela, sa petite amie avait un mal fou à le concevoir !

Il s’apprêtait à répliquer quelque chose lorsqu’un coup de klaxon les ramenèrent tous deux à la réalité. Plongés dans leur dispute comme ils l’étaient, ils n’avaient pas remarqué l’arrivée de la Mini –pourtant voyante- du père de Jérémie, qui les attendait à quelques mètres. Celui-ci les regardait avec appréhension, inquiet à l’idée que son fils et la seule petite amie qu’il ait jamais eu de sa vie puisse avoir une querelle quelconque. Le jeune homme lui adressa un sourire forcé qui se voulait rassurant avant d’entrainer Aelita dans sa direction, sans un regard de plus.

- Ne parlons plus de ça, lança sèchement Jérémie mettant fin à la discussion tout en récupérant son sac, trainant par terre à quelques pas de lui, pour moi la page est tournée, et il serait temps que tu en fasses autant si tu veux mon avis…

La jeune fille ramassa sa propre valise, sans un mot. Tout était dit. Il n’y avait plus rien à ajouter. Sans parvenir à réprimer un soupir plaintif, elle se fit la réflexion que cette semaine de vacances avec son petit ami s’annonçait définitivement des plus tendues ! Ce n’était pas vraiment ce qu’elle avait escompté en termes de rendez-vous romantique, c’était une certitude...

* * *


Yumi rayonnait. Pour la première fois depuis des mois, elle se sentait réellement bien, comme libérée d’un poids immense. Le vent était fort ce matin mais elle avait prit soin de nouer ses longs cheveux d’encre en un chignon complexe avec les baguettes que William lui avait offertes la veille. Seules quelques rares mèches récalcitrantes flottaient derrière elle, lui conférant comme une mystérieuse aura de beauté glaciale et envoûtante tout en rehaussant ses délicats traits japonais. Elle était définitivement particulièrement jolie et nombre de passants se retournaient sur son passage, la dévorant des yeux. Pourtant, elle était totalement insensible à l’attention qu’elle suscitait, son esprit tout entier convergeait vers une seule et unique chose en cet instant précis.

William.

Jamais la jeune fille ne s’était sentie aussi vivante en pensant à quelqu’un. Pour la première fois, elle avait le sentiment de compter pour une personne… Un sentiment d’une telle intensité qu’il transportait son cœur, le faisant battre à tout rompre et semblant colorer son monde d’une teinte chaleureuse et chatoyante. Était-ce donc cela l’amour ? Rien à voir avec cette frustration constante qu’elle avait autrefois éprouvée avec Ulrich…

Les contours du lycée se découpaient désormais à l’horizon et elle pressa le pas, prenant à peine garde au défilé incessant des voitures, plus important que d’habitude en raison du début des vacances scolaires : nombre de parents venant chercher leurs enfants pensionnaires à Kadic pour deux semaines à compter de ce jour.

William n’était pas un de ces élèves. Ses rapports avec ses parents s’étaient fait tellement tendus et difficiles depuis sa « crise » de l’année de Seconde qu’il préférait s’enfermer au lycée pour toute la durée des vacances de février plutôt que d’affronter le regard compatissant et inquiet de ses géniteurs.

Yumi ne pouvait s’empêcher de se sentir mal lorsque le regard de son bien-aimé se durcissait à leur mention où lorsque leur nom s’affichait sur son téléphone. Après tout, elle était en grande partie responsable de cette situation. Au moins allait-elle pouvoir passer bien plus de temps avec lui désormais, maigre consolation à son sentiment de culpabilité…

C’était d’ailleurs pour le voir qu’elle s’était levée si tôt le matin même, sachant très bien que le jeune homme aux mèches brunes n’allait pas tarder à se sentir seul dans ce grand lycée vide. Il avait déjà trop souffert de la solitude par le passé, et ce par sa faute ! Rejeté pour une erreur dont il n’était en aucun cas responsable et qui lui déclenchait désormais des cauchemars glacés d’effrois toutes les nuits. Elle ne voulait plus commettre la même erreur une seconde fois… !

Elle traversa la route plongée dans ses pensées, prenant à peine garde à la couleur du feu du trottoir d’en face. Le lycée n’était plus qu’à quelques pas désormais, ses grilles grandes ouvertes cliquetant sous l’effet du vent glacial. Yumi frissonna, un nuage de vapeur s’échappant de ses fines lèvres entrouvertes. Elle était particulièrement frileuse et détestait l’hiver depuis une mésaventure liée à la neige dans le courant de son année de Troisième. Elle avait donc plus que hâte de profiter de la chaleur de la chambre de William comme de celle de ses bras !

Rosissant légèrement à cette idée, elle franchit le portail, passant à côté du parc sans le voir. Le vent tourna à ce moment manquant d’arracher son écharpe aussi noire que ses cheveux, lui permettant de saisir une bribe de conversation provenant de derrière un des chênes dudit parc. Elle aurait sans aucun doute passé son chemin si elle n’avait pas subitement reconnu l’intonation grave et sensuelle de cette voix. Ulrich…

Elle aurait voulu faire comme si de rien n’était. Ignorer cette voix si profonde qui raisonnait à ses oreilles d'une façon lancinante, et continuer à marcher. Seulement elle en était incapable. Son corps comme son esprit en étaient incapables.

Se maudissant copieusement au passage pour son manque de volonté, elle se faufila de sa grâce presque féline vers l’endroit où elle avait cru entendre la voix de son ex, marchant à pas feutrés afin de ne pas faire craquer l’herbe desséchée par le froid sous ses pieds.

La jeune japonaise ne tarda pas à entrevoir la silhouette musclée d’Ulrich à travers les arbres, en pleine conversation avec son téléphone semblait-il. Se rendant subitement compte de son attitude, la jeune fille se ravisa, honteuse, et s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’un cri du jeune homme la reteint. Elle s’immobilisa, l’oreille aux aguets, tentant de percevoir la nature de sa conversation, dissimulant sa silhouette fine derrière un des nombreux arbres du parc.

Le jeune homme était de dos, sa veste brune mettant en avant ses omoplates saillantes, ce qui l’empêchait de se rendre compte de la présence de la japonaise. Maintenant qu’elle y prêtait plus attention, il avait l’air littéralement furieux, comme s’il se disputait avec quelqu’un à travers son téléphone. Fronçant les sourcils, elle prit le risque de se rapprocher encore un peu. Jamais elle n’avait vu l’adolescent aux mèches couleur chocolat dans un tel état de nerfs, mis à part la fois où…

- Non papa ! tonna-t-il subitement manquant de la faire trébucher sur une racine, inutile d’insister, je ne retournerais pas chez toi pour les vacances d’été ! Et je ne retournerais pas chez maman non plus ! J’en ai marre… Marre de votre attitude de gamins pourris gâtés ! Vivre avec un seul d’entre vous, peu importe lequel, ça me donnerait envie de me flinguer !

Yumi écarquilla ses magnifiques yeux en amande. Elle ne s’était donc pas trompée, c’était bien à son père qu’il s’adressait. Depuis le collège, elle savait que les rapports entre ces deux là étaient loin d’être parfaits. Dire qu’ils passaient leur temps à s’engueuler aurait été un doux euphémisme… Une situation principalement due au statut de jeune surdoué du père du jeune homme. Titulaire de son baccalauréat à 14 ans, il avait rapidement gravit les échelons de la société par la suite pour finalement atterrir à la tête d’une entreprise de très importante envergure.

Cependant le succès avait finit par lui monter à la tête et il s’était très vite montré intransigeant avec son fils, exigeant constamment le meilleur de lui, si ce n’était plus ! Aussi avait-il du mal à accepter l’idée que son « héritier », comme il le considérait lui-même, puisse avoir autre chose en tête que les études, un sujet qui avait souvent abouti à de violentes disputes.

Cependant, l’ampleur de celle-ci dépassait de loin celles auxquelles la jeune fille était habituée. Jamais Ulrich ne s’était montré aussi violent dans ses propos, et encore moins envers sa mère qui, malgré son caractère effacé, avait toujours fait de son mieux pour lui permettre de respirer un peu lorsque son père avait le dos tourné.

- Je me contrefous de ce que tu veux ! reprit-il en haussant encore le ton, répondant probablement à une nouvelle remontrance de son géniteur, quoi que tu en dises j’ai mon mot à dire dans cette histoire ! J’ai seize ans désormais, tu ne pourras plus me manipuler à ta guise comme tu l’as toujours fait ! Ni toi ni maman d’ailleurs ! Démerdez-vous tout seul pour trouver un compromis et foutez-moi la paix ! En ce qui me concerne, je ne veux plus jamais avoir affaire à vous, c’est clair !? Terminé ! Je rends les armes, j’en ai assez de servir de médiateur depuis presque un an ! Trouves-moi un appart’ en ville qu’on n’en parle plus, sauf si ça te fait trop mal de dépenser encore plus de ton incommensurable fortune pour moi !

Il se tut un instant, écoutant la réponse de son père en pestant silencieusement. Yumi s’affaissa contre le tronc de l’arbre derrière lequel elle se trouvait, décontenancée. Elle n’arrivait pas à en croire ses oreilles. En cet instant précis Ulrich semblait réellement au bord de la crise de nerfs. Pourtant, aussi curieux que cela pouvait paraitre, c’était la première fois depuis des mois qu’elle reconnaissait le jeune homme. Il n’avait plus rien à voir avec ce garçon superficiel et prétentieux s’affichant constamment avec sa pimbêche de petite amie qu’il était devenu dés son entrée en Première. De cette façon, bouillant de rage mais si désemparé aussi, si sérieux et sombre à la fois autant dans ses propos que dans son attitude, il ressemblait nettement plus au Ulrich Stern qu’elle connaissait depuis le collège…

- Voit ça comme une chance plutôt ! fit-il soudain d’un ton railleur, donnant au passage un violent coup de pied dans l’arbre le plus proche qui trembla sous le choc, tu n’auras plus à me supporter et ainsi tu pourras oublier la plus grande honte et la plus belle erreur de ta vie ! Ne nie pas, je sais très bien que c’est ce que tu penses de moi : que je suis un raté ! Jamais assez bon pour te satisfaire… Et bien tu sais quoi ? Je m’en tape complètement ! En fait le raté dans l’histoire c’est pas moi, c’est toi ! C’est toi qui divorce après prêt de vingt ans de vie commune parce que tu n’es même plus capable de rendre heureux ta famille, aveuglé par ton succès et englué dans ton sale caractère ! Tu as perdu de vue l’essentiel et tu n’es même pas foutu de t’en rendre compte… Alors signe-les ces putains de papiers qu’on en finisse une bonne fois pour toute ! Libère-nous moi et maman, ça nous soulagera d’un poids énorme et ce sera probablement la meilleure chose que t’auras faite de toute ta vie !

Et, sans même laisser le temps à son interlocuteur de répondre quelque chose, il raccrocha, serrant violemment le portable entre ses mains, prêt à imploser.

Yumi s’était laissée glisser à terre, sous le choc. Alors comme cela les parents d’Ulrich se séparaient ? Et cela durait depuis une année entière !? Elle ne comprenait plus rien. Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé alors qu’ils étaient encore ensemble ? Pourquoi n’avait-il fait part de ses soucis à aucun de ses amis et pas même à elle ? Elle était prête à parier que même Sissi n’était pas au courant !

Un choc sourd dans son dos la fit sursauter. Laissant sa rage prendre le dessus, le jeune homme avait balancé son téléphone de toutes ses forces contre le tronc d’arbre derrière lequel elle se dissimulait, réduisant l’appareil en miettes. Haletant de colère, il mit un moment avant de se rendre compte de la présence de la jeune fille qui s’était relevée entre-temps et s’avançait désormais timidement vers lui, un air contrit sur son visage au teint de porcelaine.

- Qu’est-ce que tu fous là !? cracha-t-il avec colère sans pour autant chercher à s’éloigner, tu m’espionnes maintenant !

- Ulrich, répondit-elle en le regardant droit dans les yeux sans prendre garde à sa réplique précédente, plongeant son regard d’un noir d’ébène dans la teinte chocolat du sien, pourquoi est-ce que tu ne m’en as pas parlé… ? Pourquoi est-ce que tu n’as dit à personne que tes parents étaient sur le point de divorcer ?

Le jeune homme ne répondit pas, se contentant de détourner les yeux, tremblant encore sous le coup de la rage. Yumi fit un pas de plus vers lui. Malgré sa nature légèrement colérique à l’époque du collège, jamais elle ne l’avait vu dans un tel état et cela l’attristait. Ils n’étaient certes plus ensembles, et de l’eau avait coulé sous les ponts depuis. Cependant elle ne pouvait se permettre de laisser un ancien ami aussi désemparé ! Elle n’avait jamais pu s’y résoudre, et c’était l’un des traits de sa personnalité qui ne changerait jamais.

- Tu aurais du me le dire… chuchota-t-elle en avança encore d’un pas, prudente et désireuse d’éviter une autre explosion de colère, j’aurais trouvé les mots… J’aurais pu t’aider…

- FOUT-MOI LA PAIX ! rugit-il soudain en faisant un bon ce côté alors qu’elle se risquait à poser ses longs doigts fins et pâles sur sa peau halée dans une attitude rassurante, je n’ai pas besoin de toi ! Je n’ai besoin de personne ! Et d’ailleurs qu’est-ce que tu aurais pu faire, hein !? Tu ne sais rien de ce que je ressens, tu n’as jamais rien compris à ce que je ressentais !

Piquée au vif, la jeune fille recula. Lorsqu’il s’agissait de frapper là où cela faisait mal, Ulrich savait comment s’y prendre ! Elle se sentait ridicule en cet instant précis. Ridicule de ne pas avoir compris à l’époque ce qu’il endurait, de ne pas avoir été là pour lui, mais surtout d’avoir constamment empiré les choses !

Elle se ressaisit subitement, redressant la tête, ses mèches rebelles flottant au vent. Non, elle n’était en aucun cas responsable de quoi que ce fut dans cette histoire. Elle ne devait pas commencer à culpabiliser sans raison, William le lui avait suffisamment dit et répété après sa rupture avec Ulrich, lorsqu’elle avait passé une après-midi entière à vider toutes les larmes de son corps sur son épaule.

- Tu te trompes… lâcha-t-elle avec un petit sourire triste, un voile masquant son regard d’encre, tu as toujours été là pour moi… J’aurais été là pour toi moi aussi si tu m’avais fait confiance !

Ulrich ne répondit rien, se contentant de baisser la tête, inspirant un grand coup pour tenter de se calmer, sans succès. Une minute s’écoula, puis une autre. Silencieuses, à peine troublées par le hurlement de la bise glaciale qui soufflait autour d’eux.

- Tu te souviens de ce jour… ? reprit soudain Yumi en contemplant l’immensité du ciel, un air mélancolique sur le visage, à l’époque où mes parents envisageaient de se séparer ? On n’avait pas plus de douze ou treize ans à l’époque. Peut-être quatorze pour moi… J’étais dans un tel état, je pleurais presque toutes les nuits de ne pas voir mon père rentrer à la maison… C’était la première fois que mes sentiments me submergeaient autant. A cette époque tout était plus simple. Tu étais venu me voir chez moi. Tu avais tout mis en œuvre pour me rendre le sourire…

Un petit rire nerveux lui échappa, clair et cristallin, raisonnant dans la tête de son vis-à-vis comme un glas.

- Tu avais même mis au point tout un stratagème pour les remettre ensemble le jour du spectacle du collège ! Tu avais supplié Sissi de m’obtenir un rôle dans cette pièce, tu te souviens ? Qu’est-ce qu’on avait rit ce jour-là… Hervé était encore à Kadic à l’époque, il était si ridicule en tenue de garde ! Et le texte de Nicolas que tu massacrais constamment avec Sissi qui en rajoutait dans son horrible costume de Juliette ! Tu te souviens des rires Ulrich ? Tu te souviens de mon sourire ce soir-là ? De celui de mes parents dans la salle ? Est-ce que tu te souviens de tout le bien que tu nous avais procuré ce jour-là ?

Ulrich secoua la tête, agacé. Comme dans un flash, l’image d’une scène au décor grossier, de lui et Yumi, plus jeunes, cachés derrière un buisson en carton et de la foule riant aux éclats lui revint. Tout cela remontait à si longtemps désormais. Il n’était plus cet Ulrich, ce garçon fluet passionné d’arts martiaux prêt à tout pour apercevoir le sourire de celle qu’il aimait en secret comme un fou à l’époque… Plus rien n’était pareil désormais, il le savait. Plus jamais il ne retrouverait cette insouciance, cette joie de vivre, cette envie de rire qui le caractérisait tant à l’époque. Il était trop tard désormais, beaucoup trop tard…

Dédaigneux, il haussa les épaules et se redirigea à grands pas vers les bâtiments de Kadic, bousculant la jeune japonaise au passage sans se retourner. Il en avait assez entendu, il ne voulait plus subir le discours moralisateur de Yumi ! La tête lui tournait et ses tympans vrombissaient, le sang battant fort à ses oreilles. Tout semblait flou autours de lui, déformé par la rage et la colère en un décor horrible et grossier.

- Tu affirmes que c’est ton père qui a perdu de vue l’essentiel ! cria soudain la jeune japonaise dans son dos, sa voix profonde raisonnant douloureusement dans son crâne, mais c’est surtout toi qui ne sait plus où tu en es, avoue-le ! Tu n’as même plus personne à qui parler maintenant…

Ce fut la phrase de trop. Le visage déformé par la rage, Ulrich fit volte-face et agrippa violemment Yumi lui arrachant un glapissement de surprise.

- Et qu’est-ce que tu en sais, hein !? rugit-il en la plaquant contre un arbre, resserrant encore sa prise, tu penses que je n’ai personne !? Tu te crois la seule capable de m’aider ! Je regrette Yumi mais tu as perdu ce droit depuis longtemps… Tout était mort entre nous avant même que tu ne m’annonces qu’on était « copain et puis c’est tout », le jour de ma rentrée en Troisième !

- Arrêtes, tu me fais mal Ulrich !

Dans le temps, la jeune fille lui aurait balancé une violente prise de Penchak Silat pour se dégager, le sport qu’ils avaient toujours pratiqué ensemble depuis leur arrivée au collège et qui les avait réunis. Seulement, elle ne s’en sentait plus capable. Elle n’était plus qu’une jeune fille de 17 ans terrifiée, prise entre les griffes de son ex-petit ami fou de rage.

- Tu sais quoi ? fit-il en la lâchant brusquement dans un ultime effort pour parvenir à se maîtriser, suffoquant presque sous le coup de la colère, Sissi et toi vous êtes très différentes… A ton avis pourquoi est-ce que j’ai préféré me tourner vers elle plutôt que vers toi en début d’année ? Parce qu’elle elle était prête à m’écouter, à me comprendre ! Elle m’a soutenue alors que toi tu ne voyais rien d’autre que ton petit bonheur personnel, tu ne te disais pas une seule seconde que si j’agissais ainsi avec toi c’était parce que quelque chose n’allait pas ! Mais Sissi elle, elle avait compris… Elle l’a compris avant même que je ne lui en parle et c’est elle qui est venue vers moi, qui m’a réconforté et qui m’a aidé à surmonter l’idée que mes parents puissent se séparer. Je peux savoir où tu étais pendant tout ce temps, toi ?

Yumi resta sans voix, incapable de se décoller du tronc, ses jambes tremblant et son cœur battant la chamade. Ainsi Sissi, sa rivale de toujours, celle qu’elle ne supportait pas depuis tant d’années et avec qui elle s’était souvent disputer le cœur d’Ulrich au collège, savait tout depuis le début ? Elle avait su lire en lui ce qu’elle-même avait été incapable de déceler ? C’était comme si le monde entier venait subitement d’être renversé. Comment cette pimbêche superficielle avait-elle pu la surpasser ainsi ?

Soudain, elle comprit. Ce n’était plus une compétition depuis longtemps pour Sissi… Elle avait finit par abandonner sa guerre ridicule contre elle et laisser Ulrich choisir, donnant enfin libre court à ses véritables sentiments, alors qu’elle-même s’était entêtée et n’avait réussi qu’à perdre ce qu’elle avait toujours désiré : l’amour du jeune homme aux mèches chocolat. A tant vouloir se battre, elle avait finit par perdre sur toute la ligne…

Une larme salée coula sur sa joue, lui chatouillant son derme délicat. Ulrich ne faisait déjà plus attention à elle. Il avait fait demi-tour et s’éloignait en direction de l’internat, sans un regard en arrière.

- Adieu Yumi… lança-t-il une dernière fois avant de disparaitre à la lisière du parc.

La jeune japonaise resta seule à pleurer, adossée contre l’arbre, ses bras meurtris par l’empoignade d’Ulrich la lançant douloureusement. Quelque chose s’était brisé, entre eux comme en elle. Elle était perdue, désarçonnée, incapable de mettre un nom sur le tourbillon de sentiments contradictoires qui s’agitait au creux de son estomac.

Le vent avait même finit par se taire, ne laissant plus place qu’aux sanglots à demi étouffés de l’adolescente aux cheveux d’ébène, désespérément seule au milieu du parc. Il n’y avait plus de retour en arrière possible désormais, tout était terminé.


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Et voilà pour le chapitre du jour, un peu (beaucoup) long et ennuyeux je le reconnais. Pas beaucoup d'éléments intéressants dans ce chapitre, et ça devrait être pareil pour le suivant malheureusement mais après ça, je compte enfin accélérer un peu l'histoire (enfin, si une nouvelle idée ne vient pas bouleverser tous mes projets d'ici là Rolling Eyes).

Le prochain chapitre devrait être principalement centré sur Ulrich et Sissi je pense.

Pas grand chose d'autre à ajouter si ce n'est le traditionnel dessin bonus de la fin, avec Odd à l'honneur cette fois-ci dans sa version "New Wave" (je vous préviens, si mon Jérémie vous avait paru peu fidèle par rapport à l'original, c'est encore pire avec Odd Twisted Evil, désolé, j'ai énormément de mal à adapter mon style de dessin et la façon dont j'imagine les personnages à leur apparence dans Code Lyokô Crying or Very sad, j'espère quand même que je ne l'ai pas trop gâché...) :

Spoiler

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DimIIy MessagePosté le: Mar 12 Juil 2011 15:09   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Coucou !
Bah dis donc c'est que tu nous poste des suite énooorme xD

En tout cas j'ai bien aimée !
On en apprends enfin un peu plus sur Ulrich !! ^^
Alors comme ça ses parents se séparent ? Ah oui effectivement dure dure ! Mais pourquoi être aussi méchant avec Yumi !
Ulrich semble avoir rayé Yumi de sa vie ( bouhouh )
En tout cas j’espère que tu va approfondir sur lui ! Il est comment dire ...Egnimatique !

J'aurais juste une petite critique à faire ! Je trouve que tu met des personnages plus en avant que d'autres ! Par exemple , Ulrich on en entends jamais parlé tandis qu'Aelita c'est tout le temps !
Bon c'est peut être voulue mais je pense qu'il faut que tu fasse attention à sa ^^'

Sinon Odd commence à avoir des soupçons ... Et des doutes aussi !
Dans sa tête il est 100% amoureux d'Eva !
Mais sinon ... c'est à suivre !

Je sens la séparation entre Jérémy et Aelita !
Quelle salaud cette Einstein ! Il parle à Aelita comme sa chienne ! Mais il l'aime tellement ! Sa serait intéressant que tu nous montre jusqu'à où il serait capable d'aller par amour ! Je suis sûr qu'il deviendrait limite dangereux

Sinon cette histoire de Green Phénix est vraiment bizarre ! Tu nous entraîne vraiment dans l'intrigue et sa nous donne envie de connaître la suite !

Et Pour Odd version New Wave à mon avis ce qu'il lui manque c'est vraiment l'expression du visage pour la ressemblance ! Tu aurai du lui faire une tête plus ...Plus enfantine ! Je ne sais pas si je suis clair ...

Bisous ^^

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Merci me98 !!

Texte by me : Disparition (2eme version de préférence )
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Mejiro-kun MessagePosté le: Jeu 14 Juil 2011 14:52   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Et voilà la suiiiite, j'essaye de faire vite pour combler mon retard, comme je l'ai déjà dit Crying or Very sad ! Et c'est parti pour le chapitre 9 !!

DimIIy --> Ma seule et unique lectrice se manifestant et persistant à lire mes insurmontables pavés T____T Je salue ta persévérance, merci tes commentaires me font toujours plaisir et j'essaye au maximum de suivre tes conseils pour progresser (cela dit j'apprécierais qu'elle ne sois pas la seule à se forcer à lire ma fic Very Happy m'enfin bon, avec le retard que j'ai accumulé et la taille de mes chapitres, je suppose que la plupart des lecteurs doivent s'être découragé... Tant pis ! J'aime trop écrire cette fic pour en tenir compte MOAHAHAHA Twisted Evil ) !

Eh oui, effectivement je mets plus en avant le couple Aelita/Jérémie et Odd que les autres, mais c'est parce que ce sont (pour le moment du moins) les personnages les plus proches de Mathieu autours duquel tourne quand même une bonne partie de l'intrigue. Mais rassure-toi, les autres personnages auront droit à leur temps sur scène aussi bien entendu ! C'est juste que j'ai un peu de mal à doser leur fréquence d'apparition avec tous les récits emboités que contient ma fic... Il faut que j'apprenne à mieux gérer ça !

Et pour Ulrich je suis justement en train de me re-focaliser un peu sur lui et son histoire parce que je dois t'avouer que c'était un peu le personnage pour qui je ne savais pas trop quoi faire... Mais j'ai enfin les idées donc c'est bon ^^ !

Et pour le dessin je vois ce que tu veux dire, mais bon Odd a pas mal mûri (je crois ?) dans ma fic d'où la différence (et aussi le fait que mon style de dessin ne soit pas du tout celui de Code Lyokô XD) ! 'Fin bref, à priori les autres personnages seront plus ressemblant.

Bref ! Trêves de blabla, voici le chapitre ! N'hésitez pas à laisser un petit commentaire pour les hypothétiques lecteurs de l'ombre de cette fic =P...

AH OUI ! [WARNING] Début de Lemon dans ce chapitre (enfin "Lemon", c'est un bien grand mot, disons plutôt petit passage chaud... 'Fin bref vous verrez bien, je ne suis pas très à l'aise avec ce style ^.^') [WARNING] !!!

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Chapitre 9 :
Épisode 108 : Rentrée tumultueuse_


Aelita plissa les yeux dans son demi-sommeil, un rayon de lune filtrant à travers les persiennes de la fenêtre de sa chambre venant lui chatouiller la joue. Elle lutta en vain quelques secondes pour rester dans les bras de Morphée, mais celui-ci ne semblait guère enclin à la garder prêt d’elle et elle finit par ouvrir les paupières, bien réveillée désormais.

Elle promena un instant son regard de jade sur les murs de sa chambre, plongée dans une demi-pénombre à peine troublée par les lumières de la rue à l’extérieur se reflétant sur la surface lisse de ses posters. Dans cette ambiance nocturne, les Cebs-digitals figés sur leurs photographies prenaient soudain des allures grimaçantes et angoissantes.

La jeune fille rejeta son drap, résignée. Elle avait toujours eu le sommeil léger et, même si les cauchemars qui hantaient ses nuits à l'époque du collège avaient fini par disparaitre avec le temps –notamment après ses retrouvailles avec sa mère-, il lui arrivait encore de s’éveiller ainsi en pleine nuit pour un rien.

D’une main maladroite, encore engourdie de sommeil, elle attrapa son BlackBerry posé sur sa table de chevet et déverrouilla l’écran. Le téléphone portable indiquait six heure trente-cinq du matin : plus qu’une vingtaine de minutes avant qu’elle ne soit officiellement contrainte de se lever.

Renonçant à tenter de se rendormir pour aussi peu de temps, la jeune fille se redressa sur le matelas, la tête lui tournant légèrement. Elle avait la gorge sèche et de petites étoiles dansaient devant ses yeux. A pas feutrés, elle se glissa hors de son lit et entreprit de franchir la courte distance la séparant de la porte de sa chambre, tentant au passage de remettre vainement un peu d’ordre dans ses longs cheveux roses qui reprenaient leurs droits dés le soir tombé.

Évitant de faire grincer les gonds, elle entrouvrit la porte et se glissa dans l’entrebâillement pour déboucher dans le salon du petit appartement qu’elle partageait avec sa mère. La grande baie vitrée projetait les lumières de la ville et de l’aube pointant sur la petite table et les cadres accrochés aux murs. Le silence qui régnait dans l’habitation avait quelque chose d’angoissant.

Avançant à moitié à tâtons en raison de la pénombre, Aelita contourna le plan de travail, veillant bien à marcher sur la pointe des pieds en passant devant la chambre de sa mère qui devait encore dormir à poings fermés, épuisée par sa soirée de boulot au Kiwi Bleu.

Elle atteignit enfin son but : le minuscule frigo poussiéreux coincé au fond de la pièce, qu’elle s’empressa d’ouvrir, sans prendre garde aux petits post-its et magnets accrochés à sa surface. Momentanément éblouie par la lumière bleuâtre aveuglante du frigidaire, elle cligna des yeux quelques secondes avant d’enfin se saisir de ce qu’elle voulait : une bouteille plastique de jus d’orange à moitié pleine.

Elle but directement au goulot, trop fatiguée pour prendre un verre, frissonnant au contact glacé du liquide le long de sa gorge. C’était peut-être psychologique mais une bonne gorgée de jus d’orange suffisait à la requinquer d’une traite, même après une nuit agitée.

Elle éloigna enfin le goulot de sa bouche, soupirant de satisfaction, sa soif enfin étanchée. Ce n’est qu’en remettant la bouteille dans le frigo que la réalité à laquelle elle s’était fermée jusqu’à présent la frappa subitement, donnant un coup mortel au début de bonne humeur qui commençait à poindre en elle.

La tête soudain douloureuse, elle ferma les yeux, appuyant son front contre le bord de la porte du minuscule réfrigérateur, le contact glacé la soulageant quelque peu. Cette semaine de vacances avec Jérémie avait été un véritable calvaire ! Non seulement le jeune homme n’avait pratiquement pas ouvert la bouche de tout le séjour, mais en plus il avait fallu simuler la joie et la bonne humeur face aux parents de l’adolescent en permanence ! Aelita avait bien cru devenir folle face au mutisme de son petit ami et avait vu avec un plaisir à peine dissimulé le week-end de son retour à la Ville de la Tour de Fer arriver après de longues journées à se tourner les pouces et à tenter vainement d’engager le dialogue.

Mais ce retour chez elle n’avait pas marqué la fin de son calvaire pour autant, et le silence de son petit-ami avait perduré. Durant toute la semaine qui suivit, elle ne reçut pas un SMS, pas un mail d’excuse ou même de reproche –elle s’en serait contentée !

Elle avait pourtant tenter de renouer le contact, se connectant sur sa messagerie instantanée à chaque fois qu’elle le pouvait et harcelant le jeune homme aux lunettes de messages à toutes les heures du jour et de la nuit, sans succès. Jérémie était indéniablement le jeune homme le plus obstiné et le plus têtu qu’elle n’avait jamais connu !

Secrètement au fond de son cœur, elle espérait que la reprise des cours qui devait avoir lieu le matin même dans un peu moins de deux heures allait lui permettre de parler enfin à son petit ami. Elle ne supportait plus cette tension entre eux : jamais leur couple n’avait été aussi fragile qu’en cet instant !

Pourtant elle ne s’excuserait pas. Elle avait pris sa décision il y avait de cela bien des jours désormais, après avoir passé plusieurs heures à se torturer l’esprit, la tête plongée dans son oreiller. Jérémie, par son attitude méprisante et de déni, était le seul coupable dans cette histoire. Et, si au bout de deux semaines elle était finalement parvenu à lui pardonner, elle n’était pas prête à se remettre en cause pour autant ! C’était une des choses que sa relation avec le jeune homme colérique lui avait apprise au fil du temps : ne jamais douter d’elle-même et de ses convictions…

Un bruissement suivi d’un bâillement étouffé dans la pièce d’à côté la tira de ses pensées : sa mère était en train de s’éveiller à son tour. Comme soudain frappée par un électrochoc, elle referma la porte du frigo et tourna les talons. Inutile que sa génitrice la voit dans un tel état de détresse. Elle détestait lui parler de ses problèmes personnels même après tout ce temps. Anthéa Stones avait beau être sa mère, elle restait toujours une étrangère à ses yeux : le contrecoup de leur séparation trop longtemps prolongée sans doute…

Sans attendre qu’Anthéa sorte de sa chambre, Aelita pressa l’interrupteur de la pièce l’inondant soudain de lumière, avant de se diriger vers une étagère d’où elle sortit bols et paquets de céréales. Elle ne se faisait guère d’illusion sur cette journée : Jérémie ne s’était pas montré loquace de toutes les vacances et il n’y avait aucune raison pour qu’il change tout à coup son attitude. Néanmoins, elle espérait au moins pouvoir parler à Mathieu de ses problèmes. Elle n’avait pas non plus pu joindre son ami de tout février, aussi commençait-elle à se faire du souci pour lui. L’enlèvement d’Angel l’avait tellement bouleversé, elle s’en voulait de ne pas avoir tenté de prendre de ses nouvelles, trop obnubilée par ses propres problèmes. Et puis il y avait ce logo…

« Bah », se dit-elle en disposant le petit déjeuner sur la table tandis que sa mère sortait de sa chambre en s’étirant paresseusement, sa robe de chambre bleue contrastant avec le rose de ses cheveux, « il n’y a aucune raison pour qu’il apprenne quoi que ce soit sur la Green Phoenix, inutile de s’en faire pour lui je suppose… ».

Elle ne se doutait pas à quel point elle avait tord…

* * *


Il faisait un froid mordant à l’intérieur de la chambre 17 de l’internat de Kadic. Pourtant, Odd transpirait. Eva, confortablement installée en dessous de lui, était aussi rouge que lui, ses cheveux blond platine si lisses éparpillés autours de sa tête tels une auréole.

Avec un soupir de bonheur, le jeune homme se pencha de nouveau vers elle lui administrant un nouveau baiser, plus fougueux encore que le précédent avant de se décoller de ses lèvres pulpeuses, descendant le long de sa joue jusqu’à son cou fin qu’il entreprit de dévorer d’embrassades sensuelles. La jeune américaine ne put retenir un gémissement de plaisir, raffermissant sa prise autours des larges épaules nues et musclées de son petit ami, suffoquant totalement de bonheur.

Satisfait de son petit effet, Odd entreprit de descendre encore, savourant la peau satinée de sa copine. Le soutien-gorge d’un rouge sulfureux ne tarda pas à tomber en bas du lit avec un petit « ploc » étouffé et le jeune homme poursuivit sur sa lancée, faisant littéralement succomber sa captive sous le plaisir.

N’y tenant plus il glissa sa main légèrement tremblante d’excitation sous l’élastique du string d’Eva et entreprit de le retirer sensuellement. La jeune fille se laissa faire, l’allumant littéralement de son regard d’un bleu cristallin embrasé. Ils étaient désormais tous deux entièrement nus, dévorant du regard le corps de l’autre avec gourmandise, savourant cet instant de torride complicité.

Après une courte seconde à se contempler l’un l’autre, Odd se laissa de nouveau submerger par l’excitation et entreprit de caresser la cuisse de la jeune fille d’une main, maintenant sa tête de l’autre afin de mieux l’embrasser. Eva savourait les coups de langues habiles du jeune homme entre leurs lèvres jointes. Elle était prête. Lui aussi.

Elle ne put retenir un gémissement lorsque son petit ami joignit son corps au sien mais, bien vite, elle se focalisa uniquement sur leur union charnelle, succombant à ses coups de bassin avec délice, leurs peaux moites s’unissant dans une étreinte plus torride et envoutante que jamais. Ils ne faisaient qu’un désormais…

(AAAAH j'ai trop honte c'est la dernière fois que j'écris un truc pareil @_@ !)

* * *


- Désolé…

Eva avait rallumé sa lampe de chevet, nimbant les murs pourpres de sa chambre d’une lueur apaisante. Elle avait remonté son drap jusqu’à sa poitrine, cachait ainsi l’essentiel, et s’était recroquevillée sur son oreiller, fixant le plafond de ses yeux clairs avec une intensité morbide.

Odd s’était assis sur le rebord opposé du lit. Il avait renfilé son boxer multicolore et contemplait le sol, plus honteux que jamais, incapable d’ajouter autre chose. Ils étaient si bien partis pour une fois pourtant… Qu’est-ce qui avait cloché ?

Eva ne put retenir un soupir exaspéré, fermant les yeux de frustration, ses longs cils s’arquant avec superbe vers le plafond. Elle aimait Odd. Profondément. Il lui apportait sans cesse des gages d’amour et elle appréciait ces moments complices entre deux cours, lorsqu’il la prenait dans ses bras ou la rassurait suite à un énième cauchemar. Et puis, c’était qu’il était beau son français ! Avec son corps impeccablement musclé et ses longues mèches blondes, sans oublier son regard d’un gris perlé à tomber par terre.

Elle avait craqué sur lui dés leur première rencontre. Oui, elle, la reine de son ancien collège aux Etats-Unis, avait finit par s’amouracher d’un français. A tel point qu’elle avait même laissé tomber toute sa vie de l’autre côté du globe pour venir vivre ici avec lui, dans ce minuscule lycée minable et d’un autre âge qu’elle ne pouvait pas voir en peinture ! Mais elle ne l’avait pas regretté une seule seconde. Elle avait apprécié chaque instant à ses côtés, passant sous silence son arrogance pour profiter des plaisirs simples de la vie. Il l’avait changée. Elle avait finit, sous son impulsion et en partie à cause de son sourire irrésistible, par s’ouvrir au monde.

Cependant il y avait CE problème, et pas des moindres…

Tourmentée, elle remonta ses jambes contre elle sous les draps, se plaçant en position fœtale. Depuis des semaines le problème persistait et prenait de plus en plus d’ampleur. Elle ne s’était pas posé de trop de question le jour de leur première fois... Après tout : tout le monde s’accordait pour dire que la première expérience était rarement concluante !

Néanmoins, le temps avait passé, les jours se changeant en semaines, puis en mois, et rien n’avait changé. A chaque fois, au moment de l’acte en lui-même, son petit-ami bloquait ! Et cette situation commençait singulièrement à lui taper sur les nerfs ! Plus cela allait, et plus elle avait du mal à retrouver ce plaisir qu’elle éprouvait à passer du temps avec lui, cette étincelle qui conférait à leur couple tout ce qu’il avait…

Le contact chaud d’une main sur la sienne la fit sursauter. Elle rouvrit les yeux. Odd était sorti de sa torpeur et la contemplait désormais de ses immenses yeux gris plaintifs. Gênée, l’Américaine détourna le regard, incapable de soutenir celui de son petit-ami.

- Eva… murmura-t-il en la secouant légèrement, je t’en prie dit quelque chose… Je me sens ridicule là…

- Ridicule, répéta-t-elle mécaniquement, son visage à moitié masqué derrière ses superbes cheveux blonds sur lesquels se reflétait la lumière de la lampe, comment tu crois que je me sens moi ?

Odd se rapprocha brusquement d’elle, faisant mine de la prendre dans ses bras, mais elle le repoussa, se levant tout à coup en laissant retomber le drap sur le lit. Silencieuse, elle se baissa pour ramasser ses vêtements éparpillés au sol, sous le regard de son petit-ami. En cet instant précis, Odd avait tout sauf envie d’admirer son corps de rêve et sa silhouette digne d’un mannequin.

- Tu sais, Honey, lâcha-t-elle soudain tout en continuant à lui tourner le dos, entreprenant de renfiler sa culotte avec sa grâce sensuelle habituelle, je t’aime vraiment. Vraiment. Mais ça ne peut plus continuer comme ça…

Odd sentit brusquement son cœur se serrer et un étau se former autours de son estomac. Eva n’avait fait aucun effort sur son accent, preuve qu’elle n’était vraiment pas d’humeur à subir ses sempiternelles excuses. La situation était en train d’échapper à son contrôle.

- Cela fait des mois qu’on couche ensemble ! poursuivit Eva tout en remettant en place les agrafes de son soutien-gorge, et ça ne s’améliore toujours pas. A chaque fois, au dernier moment, tu bloques ! Au mieux je peux espérer des préliminaires torrides avec toi, mais ça ne va jamais au-delà !

Le jeune homme resta silencieux, baissant la tête. Que pouvait-il bien répondre ? Il ne servait à rien de nier l’évidence : ils avaient des problèmes à ce niveau, et il en était entièrement responsable.

Plus frustré que jamais, il observa du coin de l’œil sa tendre Américaine enfiler un T-shirt sombre lui tombant jusqu’aux cuisses avant de le parfaire de son habituelle jupe plissée. D’un geste de princesse, elle rejeta ses cheveux en arrière, légèrement décoiffés, remettant sa frange en place par la même occasion. Elle était superbe. Terrifiante de beauté froide et implacable, surprenante de douceur et de grâce. Un véritable ange tombé du ciel…

Dans ce cas-là, pourquoi ne parvenait-il pas à la satisfaire ?

- Tu ferais mieux de retourner dans ta chambre, lança la jeune fille sans se retourner, jetant un coup d’œil au réveil à chiffres digitaux posé sur son bureau, calé dans un coin de la pièce, on ne va pas tarder à devoir descendre prendre le petit déjeuner et je ne tiens pas à ce que autres internes nous surprennent ensembles !

Odd obéit sans un mot, se levant du lit sans prendre garde aux draps froissés qui glissèrent de ses genoux. Il enfila son débardeur violet rapidement –qui avait atterri sur l’ordinateur de sa petite amie sans trop qu’il sache comment- avant de quitter précipitamment la pièce, fermant délicatement la porte derrière lui. Eva ne prit même pas la peine de se retourner pour le voir partir.

Dépité, le jeune homme traversa le couloir en trainant des pieds, les néons s’allumant en grésillant sur son passage en raison des capteurs de mouvement disséminés un peu partout sur le plafond. Lui qui était revenu à l’internat un jour avant la reprise officielle des cours pour passer un peu de temps avec son Américaine…

Il descendit l’escalier du bâtiment sans s’en rendre compte, le moral au plus bas. Eva était tout pour lui. Elle était la première fille à qui il s’était véritablement attaché, et aussi la première à l’avoir accepté comme il était, avec son humour douteux, son style extravagant, et sa flamboyante personnalité.

Il aurait fait n’importe quoi pour la garder dans ses bras le plus longtemps possible. Pour profiter jusqu’à la dernière seconde de leurs étreintes et de leurs caresses, lui procurant des sensations à mille lieux de celles qu’il avait éprouvé avec ses anciennes conquêtes à l’époque du collège. Pourtant peu importait les efforts qu’il déployait, les baisers qu’il lui donnait : il était en train de la perdre. Lentement et progressivement, elle se lassait, se détachait de lui, lui arrachant un morceau de son âme au passage. Jamais le jeune homme au regard gris perlé n’avait senti son cœur aussi meurtri.

Il passa le pallier de la chambre 35 sans y prendre garde. Ce ne fut qu’une fois la porte refermée qu’il se laissa glisser contre le battant, laissant sa détresse le submerger. Pendant de longues minutes il resta là, assis par terre, la mine défaite, les bras croisés sur ses genoux et la tête enfouie entre ses coudes.

Il ne fit pas attention au jour naissant à travers les volets de sa fenêtre, nimbant les murs délavés de la chambre d’une douce lueur apaisante. Il se sentait fatigué. Fatigué de cette frustration constante, de cette ambiance étouffante qui l’écrasait au lycée. Il ne reconnaissait plus ses amis, il était incapable de garder auprès de lui la seule fille qui avait jamais compté pour lui, le monde était en train de devenir fou.

Odd laissa lentement sa fureur et son angoisse se déverser, recroquevillé contre la porte, incapable d’esquisser le moindre mouvement.

Ce ne fut que lorsque celle-ci s’ouvrit à la volée manquant de le renverser au passage qu’il se força à se lever, honteux d’être surpris dans une telle position de faiblesse. Ulrich venait d’entrer dans la chambre, un lourd sac rempli à ras bord à la main, ses épais sourcils arqués en une expression surprise. Odd retint un gémissement : il n’avait pas vu l’heure passer : les internes devaient déjà être en train de regagner leur chambre délaissée depuis deux semaines un peu partout dans l’établissement.

- Sa… Salut, marmonna le jeune homme aux cheveux blonds en se retournant vivement, masquant son visage ravagé par la tristesse à son compagnon de chambre, t’as passé de bonnes vacances ?

Le beau brun ne répondit pas, se contentant de laisser tomber son chargement sur son lit, fixant de son regard chocolat le dos tourné de l’adolescent en sous-vêtements. Était-ce lui où avait-il bel et bien surpris une larme au coin de l’œil de son vis-à-vis ?

Odd ouvrit un peu trop violemment son armoire et commença à sélectionner ses vêtements dans sa garde-robe presque exclusivement violette, renonçant à amorcer un début de dialogue avec son ancien ami. Il y avait bien longtemps qu’ils ne partageaient plus leurs problèmes respectifs, comme à l’époque du collège… D’ailleurs tout ce dont il avait besoin actuellement c’était d’une bonne douche chaude –du moins, aussi chaude que possible dans les vieilles salles de bain de Kadic ! Et non pas d’une discussion avec qui que ce fut… Il n’était plus un enfant, il savait gérer ses problèmes seul désormais.

Ulrich le suivit des yeux se diriger hors de la chambre, son sac de toilette sous un bras et une pile de vêtement sous l’autre, avant de se re-concentrer sur le déballage de ses affaires. Après tout, il se moquait bien des ennuis de son ancien ami, il avait bien assez à faire avec les siens !

* * *


Le soleil éclairait la cour immense du lycée Kadic, désormais pleine à craquer d’élèves aussi survoltés par la reprise des cours que lorsqu'ils avaient quitté l'établissement au début des vacances, deux semaines plus tôt. Les amis se retrouvaient et bavardaient tranquillement autours de la machine à café et des différents bancs, les plus âgés riaient à pleines dents en se racontant les dernier potins tandis que les collégiens se faisaient le plus discret possible pour passer inaperçus au milieu de la cohue des élèves. Il régnait sur l’établissement une ambiance joyeuse et enthousiaste, probablement stimulée par le ciel clair et vide de tous nuages que la rentrée leur accordait.

Élisabeth Delmas, dite Sissi, était une des rares personnes à ne pas sourire en ce début de journée ensoleillé. Circulant tant bien que mal à travers la foule compacte qui se massait devant le portail, toussant à cause de la fumée des cigarettes, elle tentait de se frayer un chemin vers la cour. Il y avait bien longtemps qu’elle avait renoncé à faire jouer de son titre de « fille du proviseur », un statut qui n’avait plus aucun effet sur ses camarades depuis belle lurette !

Cette époque où, au collège, tout le monde la respectait et aurait payé cher pour faire partie de son cercle d’amis était révolue. Bien sûr, elle était toujours aussi jolie et sa popularité était à son paroxysme, mais elle n’inspirait plus cette crainte naïve qui la caractérisait autrefois, et cela lui manquait parfois...

Parvenant enfin à se dégager de la foule, trébuchant à moitié à cause de ses talons hauts en jurant copieusement, elle se dirigea avec superbe vers les bâtiments, ignorant le regard courroucé de ceux qu’elle avait bousculés sur son passage. Elle se moquait bien de ces abrutis qui la traitaient de pimbêche égocentrique dans son dos, pensant qu’elle n’en savait rien. Elle était suffisamment respectée dans son cercle privé pour en faire abstraction…

L'adolescente balaya la cour de ses yeux d’un noir d’encre obscurcis encore par son maquillage très marqué avant d’enfin repérer son groupe d’amies prêt d’une des colonnes du préau. Anaïs Fiquet, une blonde sulfureuse de Terminale, riait de bon cœur avec Heïdi Klinger et Noémie N’Guyen, deux filles de sa classe à la silhouette fine et harmonieuse.

Sissi s’apprêtait à les rejoindre lorsqu’elle s’arrêta à mi-chemin, soudain très lasse. Tout cela lui semblait tellement superficiel... Quel intérêt y avait-il à rejoindre un groupe d’adolescentes en furie qui ne partageaient en tout et pour tout que leur passion pour la mode et leur réputation de croqueuses d’hommes ? Pouvait-elle réellement parler d’amitié alors qu’elle savait très bien que chacune de ces filles guettait avec avidité le moindre faux pas de sa part pour la rayer définitivement de leur vie ? Elle aimait discuter fringues avec elles, cependant il lui arrivait parfois de souhaiter avoir autre chose à partager que ses dernières acquisitions vestimentaires, ou le dernier post d’untel sur Facebook…

Au moins ne fréquentait-elle plus Hervé et Nicolas, ses deux seuls amis à l’époque du collège qui tenaient plus lieu d’admirateurs transits et de larbins qu’autre chose. Le premier avait changé d’établissement dés son entrée au lycée tandis que le second n’avait pas passé son année de Seconde, trop obnubilé par ses hormones et par le sport pour se concentrer sur ses études. Ce n’était pas une lourde perte, et pourtant…

Renonçant à afficher son habituel masque de supériorité qu’elle se forçait à arborer avec ses amies, elle fit volte-face et pénétra à l’intérieur du bâtiment réservé aux cours, fermant les yeux quelques instants afin de profiter du calme tout relatif des couloirs vides.

Silencieuse, elle se dirigea tranquillement vers la salle de philosophie attitrée aux Premières Littéraire, le fracas de ses bottes sur le carrelage se répercutant sur les murs décrépis. Cependant, à quelques pas seulement de la porte, la vision d’une silhouette musclée aux mèches chocolat fit bondir son cœur de joie, chassant les mauvaises pensées de son esprit.

Ulrich leva la tête et un mince sourire étira ses lèvres parfaites. Il fit mine de s’approcher de sa bien-aimée mais celle-ci fut plus rapide, se précipitant littéralement vers lui et lui sautant au cou, manquant de l’étouffer sous son étreinte. Le jeune homme resta un moment immobile à cligner des yeux, surpris, avant de lui rendre son embrassade, tout aussi heureux qu’elle de la revoir.

S’il y avait bien une chose que Sissi jugeait sincère dans sa vie, c’était sa relation avec Ulrich. Elle avait tant bataillé pour gagner son amour... Elle avait toujours du mal à croire que tous deux formaient aujourd’hui le couple le plus glamour de tout Kadic !

- Tu m’as manqué, murmura-t-elle en l’embrassant passionnément, profitant de l’absence des autres élèves pour se lâcher, passer les vacances en tête à tête avec mon père c’était tout simplement l'horreur… !

Ulrich sourit : il voulait bien la croire ! Jean-Pierre Delmas avait beau être un père particulièrement attaché à sa fille, il n’en demeurait pas moins proviseur et faisait de son mieux pour ne pas faire de distinction entre Sissi et les autres élèves. La jeune fille lui avait d’ailleurs souvent confié son sentiment de solitude lorsque, tard le soir, seule dans a chambre, elle attendait vainement que son père en finisse avec l’administration du collège-lycée pour venir s’occuper d’elle.

Bien sûr, ce sentiment d’abandon datait de plusieurs années et elle avait, avec l’âge, appris à faire avec, devenant une jeune fille forte et indépendante, au caractère bien trempé. C’était toute seule qu’elle s’était forgée un nom à Kadic, s’imposant comme une des filles les plus populaires du lycée, ce qu’un certain nombre de monde ne voyait pas d’un très bon œil.

Ulrich avait été le premier à se moquer d’elle, la rembarrant sans cesse à l’époque du collège, lui riant au nez à chaque nouvelle maladroite déclaration d’amour de sa part et s’attirant les foudres de la jeune fille.

Mais, les années passant, les sentiments avaient changés et ils avaient finir par s’ouvrir l’un à l’autre pour la première fois, se découvrant des points communs insoupçonnés et parvenant même à rire des mêmes choses. Un exploit qu’Ulrich n’aurait jamais cru possible auparavant !

Il s’était adapté à son train de vie, passant son temps avec son groupe d’amies superficielles au possible et écumant les boutiques de la ville dans le seul but d’être à ses côtés. A défaut d’amour, il ressentait désormais une affection profonde pour la jeune fille au carré plongeant et regrettait de ne pas avoir tenté de la comprendre plus tôt, en courant après un amour impossible avec la belle Yumi Ishiyama. Un sentiment qui s’était accru lorsqu’elle lui avait avoué son plus terrible secret quelques mois auparavant…

La sonnerie annonçant le début des cours retentit subitement et les deux adolescents se séparèrent l’un de l’autre, gardant néanmoins leur main liée, un sourire paisible collé aux lèvres.

Le flot des élèves se précipitant vers leur salle respective les submergea rapidement et ils se retrouvèrent dans la salle de philo’ sans comprendre ce qui leur arrivait. Ils s’assirent à leur place habituelle, au centre de la classe, comme pour mieux étaler leur bonheur aux yeux de tous. Sissi avait perdu son regard d’ébène dans la contemplation du visage parfait aux traits marqués de son petit-ami, posant le gigantesque sac-à-main fuchsia qui lui servait de cartable au pied de sa chaise.

Cela l’empêcha d’entendre la porte claquer et les rumeurs des autres élèves diminuer peu à peu jusqu’à disparaitre tandis qu’un bruit de talon raisonnait à travers la salle, se dirigeant vers l’estrade réservée au professeur.

Ce ne fut que lorsqu’une voix claire et ferme raisonna à travers la pièce aux murs d’un bleu délavé, réclamant le calme, que Sissi tourna la tête vers le tableau noir, sentant son sang se glacer dans ses veines en reconnaissant l’intonation familière. Non, c’était impossible… Que faisait-elle ici !?

Une femme à l’allure autoritaire s’appuyait sur le bureau, son chemisier étroitement boutonné jusqu’au col. Elle portait un tailleur bleu marine d’un très mauvais goût et les talons-aiguilles qu’elle arborait ne suffisaient pas à masquer sa petite taille. Ses cheveux bruns aux tempes grisonnantes étaient coupés très courts et ses yeux d’un vert perçant rappelant ceux d’un rapace balayaient la salle d’un air calculateur. C’était le genre de professeur à inspirer le respect d’un simple regard.

- Bonjour à tous, clama-t-elle d’un ton haut et fort, pétrifiant l’assistance, comme vous le savez tous, votre professeure de philosophie a quitté l’équipe enseignante à la fin du trimestre précédent prenant une retraite bien méritée et vous dispensant de cours pour plusieurs semaines. Cette période est désormais achevée puisque votre proviseur vient de me nommer pour la remplacer à ce poste. Je serais donc votre professeure de philosophie à compter de ce jour et mon nom est Hyacinthe Soprano ! Appelez-moi "Mademoiselle Soprano", pas "Madame" ou encore moins "Hyacinthe... J’attends de vous un comportement sérieux et exemplaire tout au long de mes cours…

Ulrich retint un soupir. L’époque où ils pouvaient se la couler douce entre deux cours était désormais terminée, d’autant plus que cette Mademoiselle Soprano avait l’air bien plus aigri que sa prédécesseur : Madame Mirabelle. Il n’avait pas oublié cette histoire de remplaçante, sensée venir après les vacances de février, mais avait espéré tomber sur un enseignant plus sympathique.

- Eh ben, on est servi avec celle-là… marmonna-t-il en se tournant vers sa petite amie, lui lançant un regard complice.

Mais il s’interrompit bien vite, choqué par l’expression qu’elle arborait. Celle-ci contemplait fixement la nouvelle enseignante, le teint blême, les poings serrés sur la table à tel point que ses jointures blanchissaient. Elle avait l’air de contenir tant bien que mal une rage immense, tremblant presque sous l’effort.

Ulrich fronça les sourcils, jamais Sissi n’avait fait preuve d’une telle attitude, même à l’époque où Odd et lui s’amusaient à la taquiner constamment. Pourquoi cette femme lui faisait-elle un pareil effet ?

- Bien, reprit Mademoiselle Soprano en se levant de sa chaise, saisissant la boîte de craies reposant sur la table, sortez vos classeurs, inutile d’attendre plus longtemps pour commencer la leçon ! Nous allons étudier l'éthique…

Tout en parlant, elle avait tracé sur le tableau noir le titre du sujet d’une écriture nette et droite, témoignant de sa froide personnalité.

- Qu’est-ce que l’éthique, et de quelle façon est-elle définie ? L’éthique a-t-elle une signification différente selon la personne ? C’est ce que nous allons entre autre étudier au cours de ce chapitre, ponctua-t-elle tandis que l’ensemble de la salle sortait fébrilement un feuille et commençait à griffonner des notes.

- Visiblement, nous n’avons pas la même conception de l’éthique vous et moi…

Un silence de mort tomba sur la classe. Mlle. Soprano s’était figée, la craie en l’air, comme foudroyée sur place. Lentement, avec beaucoup de calme, elle se retourna et fixa son regard perçant vers Sissi qui le soutint avec arrogance. Ulrich la contemplait avec des yeux ronds. Qu’est-ce qui lui prenait soudain de s’en prendre ainsi à une prof ?

De son petit pas sec, la vieille femme quitta l’estrade pour se diriger lentement vers l’adolescente qui la suivit des yeux, loin d’être intimidée pour autant. La tension était palpable, on sentait que l’ensemble des Première L retenaient leur souffle, en attente de voir la suite des événements.

- Très bien Mademoiselle Delmas, lança la professeure en se penchant sur la jeune fille qui soutint son regard, menaçante, puisque vous tenez temps à débuter ce débat allez-y, faites-nous partager le fond de vôtre pensée… En quoi vôtre conception de l’éthique diffère-t-elle de la mienne ?

Ulrich tiqua, Mademoiselle Soprano n’avait même pas encore pris la peine de jeter un œil à la liste de classe, comment connaissait-elle le nom de Sissi ? Peut-être son lien avec le proviseur y était-il pour quelque chose ?

Sans se démonter, l’adolescente au carré plongeant se redressa sur sa chaise, campant son regard d’encre dans l’émeraude de son adversaire. C’était un véritable duel qui s’apprêtait à commencer.

- En ce qui me concerne, siffla-t-elle d’une voix aussi froide que le givre, je trouve que vôtre conception de l’éthique doit être bien particulière pour oser vous montrer dans cette classe ! Je suppose que vous avez profité de la vulnérabilité de mon père pour obtenir votre poste… C’est un peu facile vous ne trouvez pas !?

Mlle. Soprano était écarlate, ce qui jurait affreusement avec le vert de ses yeux et le bleu de son tailleur.

- Silence jeune fille ! tonna-t-elle provoquant un mouvement de recul de la part de tous les élèves de la salle –exceptée Élisabeth-, un seul mot de plus et je vous envoie directement dans le bureau de monsieur votre père avec deux heures de retenues, est-ce clair !?

- Oh mais très clair… Espèce de petite salope hypocrite !

Un silence de mort s’abattit sur la classe, à peine rompu par le cri horrifié de Noémie N’Guyen dans le fond de la salle. Ulrich n’en croyait pas ses oreilles, fixant sa petite amie avec effarement. Elle avait les oreilles en feu et était le centre d’attention de l’ensemble des Première L désormais, mais se tenait très droite et digne, regardant sans ciller la professeure qu’elle venait d’insulter.

Il ne comprenait pas… Sissi avait toujours été d’une nature un peu pompeuse, même avec les professeurs qu’elle s’arrangeait pour rembarrer un maximum, faisant bien valoir ses droits de fille du proviseur. Cependant, jamais elle n’était allé aussi loin !

Et puis cette fois-ci les choses étaient différentes… A aucun moment Hyacinthe Soprano ne l’avait provoquée, bien au contraire ! C’était la jeune fille qui avait volontairement défié l’autorité la première, sans raison apparente !

Ulrich se renfrogna. Jamais il n’avait vu sa bien-aimée faire preuve d'une telle fureur, à peine contenue. Mlle. Soprano était devenu livide, ses yeux exorbités injectés de sang foudroyant Élisabeth du regard.

- Prenez-la-porte-Mademoiselle-Delmas, persifla-t-elle subitement en détachant bien chaque syllabe, produisant des efforts surnaturels pour se contrôler, tout de suite !

Sissi ne se le fit pas dire deux fois. En moins d’une seconde, elle était debout, son sac sous le bras et, après un dernier regard à glacer le sang envers l'enseignante, elle se dirigea vers la sortie d’un pas vif, ses talons martelant le carrelage, ses cheveux virevoltant autours d’elle lui donnant des airs de Gorgone enragée.

Toute la classe la suivit des yeux, rouge de colère et de honte, jusqu’à ce qu’enfin elle atteigne la sortie et se jette dans le couloir comme une furie, claquant la porte au passage.

- Excusez-moi Mademoiselle !

Ulrich s’était à son tour levé de sa chaise sans réfléchir. D’un bond, et avant même que la professeure ait pu protester, il était dehors, insensible aux murmures choqués des élèves.

Une fois seul à l’extérieur de la salle, il balaya le couloir du regard. Sissi disparaissait déjà à l’extrémité, courant comme si sa vie en dépendait. La tête vrombissante de questions, le beau brun se jeta à sa poursuite, traversant le lycée en courant, la respiration haletante.

Depuis qu’il avait appris la séparation de ses parents, Sissi avait toujours été là pour lui, laissant de côté son comportement de chipie pour le soutenir. Restant à ses côté même lorsque, de colère, il l’avait plusieurs fois rembarrée. Elle avait tenu le coup malgré son sale caractère et tous les sales coups qu’il lui avait fait autrefois, une affection qu’il estimait ne pas mériter mais pour laquelle il lui serait éternellement reconnaissant.

C’était d’ailleurs là toute sa différence avec Yumi, son premier grand amour… La japonaise finissait toujours par se lasser. Au début elle faisait des efforts, tentait de l’aider, mais finissait toujours par abandonner après une bonne engueulade. Sissi n’était pas comme cela. Elle revenait toujours, même après une dispute, et s’accrochait, inlassablement, sans se poser de questions. Elle l’acceptait avec ses défauts, au lieu de chercher à le changer en vain… Ce qui paradoxalement lui avait donné envie de changer pour elle !

C’était ainsi qu’il avait finalement réussi à atteindre cette image de beau gosse populaire –quoiqu’un peu superficiel- au fil des semaines. Il n’avait même plus besoin de pratiquer le Penchak Silat, son ancien art martial favori qui lui avait autrefois servit plus d’une fois à juguler sa colère. Désormais, la seule présence de Sissi suffisait.

Et la voir dans un tel état lui fendait littéralement le cœur. Il ne pouvait pas supporter cette image de jeune fille démunie et bouleversée qu'elle lui renvoyait soudain et qu’il ne lui connaissait pas, elle qui avait su se montrer si forte pour lui !

Alors même s’il ne comprenait pas cette soudaine attitude agressive, même s’il allait probablement se prendre une journée entière d’heures de colle pour s’être ainsi échapper du cours de Mademoiselle Soprano sans autorisation, il s’en fichait. Il n’avait plus qu’une chose en tête : aider sa petite amie ! La soutenir comme elle l’avait soutenu à l’époque, la pousser à lui parler et à se décharger s’il le fallait…

A compter de ce jour, il serait toujours là pour elle, et peu importait les conséquences. Car il en était convaincu désormais : il l’aimait. Oui, il était définitivement et complètement amoureux de Sissi !

* * *


Yumi Ishiyama rêvassait, son regard d’ébène plongé dans l’immensité du ciel clair visible à travers la fenêtre de sa salle de cours, contre laquelle elle s'appuyait nonchalamment. Son professeur d’Histoire était en retard et les Terminales L commençaient à trépigner d’impatience dans la salle surchauffée. Elle-même s’en moquait pertinemment, occupée à mâchonner un crayon nerveusement, perdue dans ses pensées.

La place à côté d’elle était vide, comme la plupart du temps ces dernières semaines. William n’avait même pas prit la peine de venir en cours pour la reprise. Il était en train de se laisser complètement aller, désorienté par ses cauchemars, et la jeune fille enrageait de ne pas pouvoir lui venir en aide dans ces moments-là.

Mais ce n’était pas ce qui lui occupait l’esprit en cet instant précis. Non, sa dispute avec Ulrich, deux semaines auparavant, était encore fraiche dans sa mémoire. Involontairement, il avait rouvert une plaie béante dans son cœur, une plaie qu’elle savait particulièrement dure à cicatrisée…

Brusquement, le silence se fit dans la salle et Yumi tourna la tête vers l’estrade, le regard vide. Monsieur Fumet, le professeur d’Histoire, venait de pénétrer dans la classe, son habituel cache-nez orange vif d’un très mauvais goût remonté au maximum afin de le protéger du froid mordant de cette fin de février.

- Bonjour à tous, grelotta-t-il en se frottant les mains, tentant de reprendre contenance sous le regard amusé des élèves, pardonnez mon retard…

Un peu réchauffé, il retira sa veste verte jurant atrocement avec son écharpe qu’il déposa sur le dossier de la chaise réservée au professeur avant de se re-concentrer sur ses élèves, se raclant la gorge au passage. Yumi se redressa légèrement, intriguée. Monsieur Fumet avait pris l’habitude de se dégager la trachée de cette manière à chaque fois qu’il avait une annonce importante à faire. En effet, celle-ci ne tarda pas à suivre :

- Hum hum… Nous accueillons aujourd’hui une nouvelle élève, lança-t-il d’une voix forte tout en redressant ses lunettes aux montures épaisses sur son nez, elle devrait rester ici jusqu’à la fin de l’année alors je vous prierais de lui réserver un accueil chaleureux… Tu peux entrer Stéphanie !

La porte de la salle, restée entrouverte jusqu’à présent, s’ouvrit en grand et Yumi put détailler la nouvelle arrivante qui s’avança timidement dans la salle, sous le regard désintéressé des élèves. Elle avait un style bien à elle, constitué d’un enchevêtrement de différentes pièces de tissus rouge et noir, et une certaine malice pouvait se lire dans son regard, d’un étrange brun si profond qu’il en paraissait presque violet.

- Salut, lança-t-elle d’un timbre claironnant, un immense sourire sur le visage, je m’appelle Stéphanie Minerve… J’espère que nous pourrons passer une bonne année ensemble !

Intérieurement, la nouvelle kadicienne jubilait. Le plan de Mathieu était en marche désormais…


---------------------------------------------------------------------------------

Et voilà pour le chapitre 9 Very Happy (encore désolé pour le Lemon foireux, j'avais besoin d'un passage dans ce genre entre Odd et Eva T___T) !

Bon ben comme vous avez pu le constater, Mathieu est absent de ce chapitre... A la base il devait apparaitre dans une courte scène mais le chapitre était déjà suffisamment long comme ça alors j'ai préféré la réserver pour la suite !

Bref, à bientôt pour le chapitre 10 (OMG, déjà O_o !?), et merci d'avance pour vos commentaires Razz (ou TON commentaire DimIIy Rolling Eyes) !

...

Comment ça, le dessin du jour ? Ah ben à vrai dire y aaaa... Pas de dessin du jour aujourd'hui parce que tout simplement je n'ai eu le temps de terminer aucun des autres croquis des personnages de la série que j'ai dessiné Crying or Very sad... Gomenasaïïï !!!

A ce sujet, je ne sais pas encore quel personnage achever pour la prochaine fois donc si vous aviez une idée entre Yumi, Ulrich, William, Eva ou Sissi (bah oui, Mathieu et Stéphanie sont pas encore prêt XD)...
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mini Yu MessagePosté le: Jeu 14 Juil 2011 17:55   Sujet du message: Répondre en citant  
[Frelion]


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Localisation: Hum ? Très loin, perdue sans doute...
Coucou, j'ai lu ta fic, elle est génial bien que les couples...*sanglos* Shocked

Ulrich/sissi : *frole la crise cardiaque* haaa...arg... c'est bon demasqué ! retirez les caméra caché j'y est cru... s'était pas une blague?

Odd/Eva : c'est ça life, s'il est heureux...tant mieux ^^

Yumi/Super glu (Willy) : ... *pleure*

Jéremie/Aelita : Jéremie pete les plomg...

Spoiler

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A part ça, l'histoire de l'enlevement nous met tous impatient et l'intrigue est là !

Bon, je pete un cable à cause des couples, Twisted Evil mais ta fic est absolument génial !
- bien présenter
- lisible et agréable à lire
- interressante

DONC VOILA et maintenant :
LA SUITE !!!!!!!!



Juste quelques remarques :
Spoiler

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"Rien ne porte plus à confusion que l'évidence" Ciel.

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Mejiro-kun MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 17:56   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Et me revoici enfin pour le Chapitre 10. Un chapitre qui m'aura pris un peu plus de temps que d'habitude mais entre mon déménagement qui se prépare, mon copain qui décide de me larguer à cause de ça et tout le reste, je n'avais vraiment pas la tête à écrire en ce moment...

Bref, je suis de retour néanmoins et j'espère que ce chapitre vous conviendra, j'ai essayé de faire de mon mieux en tout cas ^^.

mini Yu --> Merci pour ton commentaire *o* et oui je sais que mes couples sont affreux parce que j'aime bien tourmenter les lecteurs Razz (et puis aussi parce que j'ai une fâcheuse tendance à préféré des couples fantaisistes aux plus communément acceptés et que je voulais exploiter d'autres pistes que le traditionnel Yumi X Ulrich Rolling Eyes).

Bref, sans plus m'étendre, voilà le chapitre, bonne lecture Wink !

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Chapitre 10 :
Episode 109 : Point de Rupture_


- Salut, je m’appelle Stéphanie Minerve… J’espère que nous pourrons passer une bonne année ensemble !

Quelques vagues « bonjour » fusèrent à travers la classe : la jeune fille ne suscitait pas beaucoup d’intérêt parmi les élèves de Terminale L. Celle-ci haussa les épaules, résignée. Elle ne s’attendait pas non plus à des effusions de joie…

Convaincre ses parents de la transférer à Kadic s’était avéré bien plus facile que ce qu’elle et Mathieu auraient pu penser. En effet, Stéphanie était plutôt mal vue à Ste. Bénédicte depuis le départ du jeune homme, et ce sentiment de rejet s’était accentué après l’enlèvement d’Angel. Effectivement, il n’était un secret pour personne que l’adolescente aux yeux violets ne portait pas le sportif homophobe dans son cœur, et bon nombre d’élèves s’étaient montrés soupçonneux après sa disparition. Après tout, elle et Angel s’étaient savamment engueulés après que la jeune fille ait convaincu la petit-amie de ce dernier de le quitter, pile la veille de son enlèvement. Il y avait de quoi alimenter l’imagination de n’importe qui !

Aussi il avait suffit que Stéphanie avance à ses parents sur-protecteurs l’argument du harcèlement au lycée avant de placer au détour d’une conversation l’internat Kadic où avait élu domicile son ancien meilleur ami pour que ceux-ci l’y transfère illico presto, sans se poser plus de questions. A ce moment-précis, elle avait béni la naïveté de ses parents qui la voyaient encore comme une fragile petite fille sans défense.

Il avait donc été rapidement convenu que l’adolescente aux yeux violets passerait la fin de son année scolaire à la Ville de la Tour de Fer, chez son oncle, les coûts de l’internat étant hors de portée de sa famille.

Arborant toujours le même sourire avenant, Stéphanie descendit de l’estrade sous l’injonction du professeur et fouilla des yeux la salle à la recherche d’une place vide. Elle en repéra une prêt de la fenêtre, à côté d’une jeune fille aux traits asiatiques et au grain de peau sans défaut lui donnant des airs de poupée de porcelaine chinoise. Intérieurement, Stéphanie ne put s’empêcher d’admirer la beauté froide et implacable de l’adolescente. Elle s’avança timidement vers elle, son sac en bandoulière sur l’épaule.

Yumi releva la tête, ses cheveux fins d’un noir d’ébène encadrant son visage de quelques mèches s’échappant de son chignon. Elle planta ses yeux d’onyx dans ceux, d’améthyste, de Stéphanie et la jeune fille ne put s’empêcher de déglutir face à la froideur de la japonaise.

Cette dernière s’administra presque aussitôt une gifle mentale, en colère contre elle-même. Sa nature distante reprenait le dessus. Elle détestait cette facette de sa personnalité qui l’avait tenue à l’écart des autres élèves de son âge pendant une bonne partie de sa scolarité au collège… Du moins, jusqu’à ce fameux 10 octobre, en classe de Quatrième où sa route avait croisé celle d’Ulrich…

- Excuse-moi, fit la jeune fille aux ongles bariolés en la tirant de ses rêveries, la place est libre ? Je peux m’assoir ?

Yumi s’apprêtait à répliquer que non lorsqu’elle se ravisa. Après tout, cela servirait de leçon à William et agirait peut-être comme un électrochoc sur lui afin de le remotiver pour les cours… Se forçant à afficher un sourire qui se voulait chaleureux, elle retira son sac de la chaise permettant ainsi à la nouvelle arrivante de s’installer.

- Merci, murmura-t-elle avec son entrain habituel tandis que Monsieur Fumet débutait son cours sans plus de cérémonie, sous l’œil morne des élèves, c’est quoi ton nom ?

Surprise par autant de familiarité, Yumi faillit bien se renfermer sur elle-même. Cependant, un seul regard au sourire pétillant de Stéphanie suffit à fissurer sa coquille et elle surprit ses lèvres à bouger d’elle-même, répondant contre sa volonté. C’était un des dons de la jeune fille aux mystérieux yeux violets : se frayer un chemin jusqu’au cœur des personnes afin de l’ouvrir d’un de ses sourires. Elle avait le pouvoir de dévoiler la véritable nature des gens, de lire en eux comme dans un livre. C’était cette faculté qui l’avait amenée à se rapprocher de Mathieu autrefois, apercevant en lui cet éclat invisible aux autres.

- Yumi, chuchota la japonaise sans trop savoir pourquoi, un peu confuse, Yumi Ishiyama…

- Mmh, répondit son interlocutrice en se grattant le menton dans une attitude songeuse, complètement hermétique au cours d’Histoire en bruit de fond, Yumi… Ça veut dire « arc » en japonais, et y a « montagne » dans ton nom de famille, je me trompe ? Tu es d’origine japonaise ?

La jeune fille haussa ses fins sourcils, surprise.

- Oui… Mais mes parents ont déménagés en France peu de temps après ma naissance, donc je ne me souviens pas trop du Japon… Tu sais parler le japonais ?

- Pas vraiment, répondit l’adolescente qui la fixait désormais avec une once d’admiration, disons seulement que je me passionne pour la culture japonaise… Mais tu pourrais peut-être m’apprendre ? J’adore vraiment tout ce qui touche au Japon, et tu dois en connaitre pas mal à ce sujet, non ?

Le regard d’ébène de la japonaise s’attarda sur le sac de sa nouvelle voisine de classe, recouvert d’impressions de pages de manga en négatif. Une Otaku hein… ? Pour sa part, la bande dessinée japonaise était sans nul doute un des rares éléments de sa terre natale qu’elle ne pouvait pas supporter, au contraire de son petit frère Iroki et de son ami Johnny qui ne cessaient de la harceler avec leurs séries à longueur de journée ! Rien d’étonnant pour des gamins de Quatrième cela dit…

Cela la navrait de constater l’impact qu’une simple bande dessinée pouvait avoir sur un pays tel que la France, d’autant plus que c’était à peu prêt le seul élément d’origine japonaise que les gens retenaient en général, au détriment des valeurs traditionnelles que ses parents et elle-même continuaient à affectionner, sans tomber dans l’excès bien entendu.

- Onegaï Ishiyama-senseïïï !!! insista brusquement Stéphanie en joignant les deux mains discrètement dans une posture suppliante, surprenant la jeune japonaise.

Celle-ci se tourna avec angoisse vers le professeur, mais celui-ci était plongé dans une douce litanie monocorde au sujet de la Seconde Guerre Mondiale, assommante à souhait, le nez plongé dans le livre de cours. A moitié soulagée, elle reporta son attention sur la jeune fille qui n’avait pas bougé d’un poil, la suppliant du regard. Elle avait vraiment une personnalité bien à elle, un peu déstabilisante mais indéniablement chaleureuse. Un simple coup d’œil à son visage rayonnant, un peu enfantin, suffisait à lui donner envie de s’ouvrir à elle.

- Je verrais ce que je peux faire, marmonna-t-elle arrachant un petit cri de satisfaction à la jeune fille.

Monsieur Fumet releva la tête à cet instant, tiré de son discours presque mécanique par le manque de discrétion de Stéphanie. Il foudroya la table du regard et Yumi fit mine de se re-concentrer sur ses notes, rosissant légèrement.

- Arigato, siffla une dernière fois Stéphanie avant de commencer à gratter le papier, rougissante comme une gamine prise en flagrant délit.
La jeune japonaise aux yeux d’onyx ne put retenir un sourire. Cette nouvelle arrivante avait vraiment quelque chose d’attendrissant.

- Doo itashimashite, répondit-elle simplement tout en griffonnant une date que dictait le prof dans la marge, et je t’en pris ne m’appelle plus jamais « Ishiyama-senseï »… Yumi c’est très bien !

- D’accord… Yumi !

L’adolescente lui lança un clin d’œil complice avant de définitivement fixer son attention sur le professeur, un voile d’ennui couvrant soudainement ses grands yeux couleur lavande. Oui, définitivement, cette nouvelle cohabitation promettait d’être intéressante !

* * *


Le moral d’Aelita était au plus bas. La jeune fille aux cheveux roses avait croisé ses bras sur son cahier à la couverture fuchsia et y avait plongé sa tête, semblant vouloir vaincre le record mondial d’apnée. Seul quelques étincelants regards émeraudes émergeaient par moment de sa masse de cheveux roses, fixant toujours le même bureau, à quelques mètres à peine du sien.

A côté d’elle, Mathieu ne put s’empêcher de lever les yeux au plafond. L’attitude de la jeune fille avait quelque chose de puéril… Blasé, il dévia son regard pour suivre celui d’Aelita et se poser sur le dos voûté de Jérémie, apparemment trop plonger dans le cours de Madame Collins pour prêter garde à l’attention qu’il suscitait.

Les vacances ne leur avaient de toute évidence pas fait du bien, et ils étaient plus en froid que jamais. Depuis qu’ils étaient rentrés dans la salle de SVT, les deux amoureux n’avaient pas échangé un mot. Pire encore, Aelita avait préféré s’assoir à côté de lui pour une fois plutôt que de passer le cours aux côtés de son petit ami !

Mathieu se passa la main dans ses cheveux châtains, excédé. Il avait du mal à saisir toutes les nuances du couple que formaient son amie et son compagnon de chambre. S’ils s’aimaient, alors pourquoi se disputer de cette façon ? Lui qui aurait tout fait pour plaire à Angel, il ne comprenait pas pourquoi deux personnes se plaisant l’une l’autre pouvaient en arriver à ne plus s’adresser la parole pour des broutilles –la broutille s’avérant être lui-même en l’occurrence. Une vision un peu naïve d’amoureux transis dans une situation impossible, il en était conscient.

Cette réflexion l’amena à repenser à l’enlèvement de son beau sportif de Ste. Bénédicte, son regard d’or fondu s’imposant à son esprit, effaçant tout le reste. Il grimaça en sentant son cœur s’accélérer légèrement dans sa poitrine. Décidément, même le temps, la distance et la situation n’avaient pu changer quoi que ce fût à ses sentiments !

Mathieu se remémora ses deux semaines de vacances : les plus étranges qu’il avait jamais passées. Lui et Stéphanie avaient consacré tous les premiers jours à fouiller de fond en comble la chambre qu’il partageait avec Jérémie, allant même jusqu’à tenter de craquer sa session sur leur ordinateur, en vain ! Ils n’en étaient ressortis que bredouille, sans plus d’explications sur la « Green Phoenix », et encore plus frustrés !

Il avait bien cru désespérer. La découverte du mystérieux symbole dans le livre de son compagnon de chambre avait ravivé sa volonté, mais celle-ci s’était bien vite envolée, d'autant plus que toutes recherches sur internet contenant les mots clefs "Green Phoenix" s'étaient révélées infructueuses...

C’était à ce moment-là que Stéphanie était intervenue. C’était elle qui avait suggéré l’idée d’intégrer Kadic afin de lui apporter son soutient, autant moralement que dans son enquête. Elle n’avait pas tenté de l’arrêter dans son projet fou de retrouver Angel seul, bien au contraire. Elle s’était contentée de lui balancer un sympathique « si tu crois pouvoir me laisser sur la touche encore une fois, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu’au c*l ! » avant d’appeler ses parents et de tout organiser devant lui sans même qu’il ne puisse protester. Elle était ainsi, impulsive, solidaire, peut-être un peu naïve sur les bords également ? Mais au moins, elle avait compris ses sentiments et Mathieu éprouvait désormais pour elle une intense gratitude.

Avec elle à ses côtés, il se sentait plus fort désormais. Prêt à affronter tous les obstacles se dressant sur sa route jusqu’à Angel. Savoir qu’il n’était pas seul dans cette aventure insensée lui conférait un sentiment de sécurité, peut-être un peu trompeur ?

Il inspira profondément, suivant des yeux le ballet de Mme. Collins entre les tables, occupée à énumérer les différentes phases constituant la mitose cellulaire. Il fallait qu’il se lance. Lui et Stéphanie en avaient discuté peu après avoir saccagé la chambre de Jérémie et il ne s’était finalement imposée à eux qu’une seule chose à faire pour en apprendre plus…

- Aelita, chuchota-t-il une fois sûr que la professeure ne pouvait pas l’entendre, je peux te demander quelques choses ?

La jeune fille manqua de glisser de sa chaise, brusquement ramenée à la réalité. Elle était tellement focalisée sur son petit ami depuis le début du cours, perdue entre ses pensées tantôt hargneuses et tantôt tristes, qu’elle avait fini par se rendre hermétique à tout ce qui se passait autours d’elle dans la classe. Elle ne s’attendait pas, de fait, à ce que son réservé de voisin de classe l’interpelle de cette manière !

A contrecœur, elle s’arracha à la contemplation de Jérémie et tourna son regard d’un vert translucide vers Mathieu. Celui-ci hésita une fraction de seconde en lisant le sourd désespoir dans ses yeux magnifiques. Elle avait l’air si malheureuse… Cette dispute avec Jérémie avait vraiment du l’affecter bien plus que ce qu’il avait pensé de prime abord. Avec ce qu’il s’apprêtait à déclencher, il avait peur d’asséner un coup fatal à son moral : elle qui avait toujours été là pour lui depuis le début, qui l’avait soutenu, s’était acharnée à lui rendre le sourire lorsqu’il était au plus mal… De quel droit pouvait-il lui infliger un tel poids supplémentaire ? Était-il réellement devenu ingrat à ce point avec le temps ?

Cependant son côté calculateur reprit bien vite le dessus et Aelita aperçut ses yeux bleus se durcire. Cette situation de faiblesse inespérée représentait une occasion en or, bien au contraire ! Il devait saisir sa chance pour lui poser cette question fatidique, fragiliser ses défenses et enfin la pousser à lui avouer toute la vérité ! Il n’avait pas droit à l’erreur…

Impatiente, la jeune fille aux cheveux roses l’interrogea du regard. Ce fut le dernier déclic nécessaire pour enfin le pousser à se lancer. S’approchant d’elle un maximum afin que personne d’autre ne puisse l’entendre, une expression déterminée et implacable sur le visage, il entrouvrit à peine les lèvres, susurrant presque sa question, glaçant littéralement Aelita sur place :

- Qu’est-ce que tu sais de la Green Phoenix… ?

* * *


Ulrich s’arrêta de courir, à bout de souffle. Clignant des yeux face au soleil hivernal, il releva la tête et balaya la cour de Kadic du regard, vide à perte de vue. Il avait perdu la trace de sa petite amie en sortant des bâtiments. Il n’y avait pas à dire, elle était bien plus rapide que ce qu’il avait escompté !

-S issi !! appela-t-il, sa voix raisonnant à travers les quelques platanes et les arcades de la cour, sans succès.

Aucune réponse ne lui parvenant, il fit quelques pas, continuant à scruter le décor tel une âme en peine. Tout ce qu’il espérait, c’était qu’elle n’ait pas quitté l’enceinte de l’établissement. Son cœur rata un battement à cette simple pensée. Non, Sissi n’était pas du genre à faire une fugue, il ne la connaissait que trop bien depuis le collège : elle avait sa fierté ! Jamais elle ne se serait abaissée à se montrer aussi démunie… Cela dit son comportement un peu plus tôt envers leur nouvelle professeure de philosophie n’avait rien d’habituel non plus…

Fou d’inquiétude, le beau brun s’apprêtait à dégainer son téléphone portable pour tenter de la joindre lorsqu’il se souvient l’avoir réduit en miette deux semaines plus tôt, suite à une énième dispute avec son père. Un regard d’ébène en amande s’imposa alors à son esprit et il préféra continuer à faire le tour de la cour, rageur.

Il s’était vraiment énervé au-delà de toutes raisons ce jour-là… A bien y réfléchir, il s’était même montré particulièrement injuste envers Yumi. Il s’était tellement renfermé sur lui-même à l’époque, submergé par ses sentiments, comment aurait-elle pu l’aider avec son caractère irritable et colérique ?

Agacé, Ulrich lâcha un juron en retournant sur ses pas. Pourquoi pensait-il à Yumi à un moment pareil ? Sa petite amie, Sissi, venait de s’enfuir de cours, littéralement bouleversée, et lui n’avait que son ex en tête !

Soudain, il se figea, l’oreille aux aguets. Un bruit de pleurs venait de lui parvenir, diffus et lointain, mais bien présent ! Yumi totalement effacée de ses pensées, le jeune homme se précipita dans la direction des sanglots étouffés. Aucun doute possible : il s’agissait bien de la voix de Sissi.

Le beau brun ne s’arrêta de courir qu’à quelques pas de la minuscule bâtisse abritant le distributeur de boisson du lycée, d’où provenaient les pleurs de sa bien-aimée. Elle était-là, assise dans un coin sombre, recroquevillée sur-elle-même, son visage plongée entre ses bras et des sanglots à peine contenus s’échappant de ses lèvres. Le cœur d’Ulrich se serra à cette vision.

Lentement, comme terrifié à l’idée de la brusquer, il franchit les quelques mètres les séparant, s’arrêtant à une longueur de jambe d’elle seulement.

- Salut… murmura-t-il maladroitement, son regard chocolat empli de tristesse fixé sur elle.

- Salut… répondit-elle pitoyablement entre deux sanglots, tentant à tout prix de reprendre contenance sans oser relever la tête vers lui.

Ils restèrent là l’un en face de l’autre quelques minutes, incapables de réagir l’un l’autre. Les rayons du soleil rebondissaient sur la vitre sale du distributeur à côté duquel Sissi était accroupie, tandis que quelques gouttes de café s’en échappaient, s’écrasant au sol dans un petit battement régulier.

Ploc ploc ploc…

Brusquement, le jeune homme aux mèches brunes se décida. Sans un mot, il s’assit à côté de sa bien-aimée et, avant même qu’elle ait pu lui demander ce qu’il faisait, il la força à relever la tête d’une main, plongeant son regard chocolat dans l’onyx de ses yeux embués de larmes, bordés de longs cils auxquels quelques gouttelettes salées s’étaient capricieusement accrochées.

Elle entrouvrit la bouche, prête à protester, mais il se pencha lentement vers elle, l’envoutant de son regard parfait, et l’embrassa doucement. Surprise par le contact chaud de ses lèvres sur les siennes, la jeune fille resta un instant immobile, incapable de réagir, avant de finalement lui rendre son baiser.

Leurs lèvres se mêlèrent en un ballet sensuel et silencieux pendant de longues minutes. Sissi savourait le contact chaleureux de celles d’Ulrich sur les siennes, puisant en lui tout le réconfort dont elle avait besoin, une dernière larme salée coulant le long de sa joue pâle. Ce simple contact amoureux valait bien tous les mots du monde…

Ils se séparèrent finalement et Sissi rouvrit les yeux, plongeant à nouveau dans le chocolat de ceux de son petit ami. La tête lui tournait légèrement.

- Alors, questionna-t-il enfin, rompant le silence de leur antre tout en l’enlaçant délicatement, je vais avoir droit à une explication ? C’était quoi cet emportement soudain contre Mademoiselle Soprano tout à l’heure ?

Restant muette, l’adolescente se blottit contre le torse,qu’on devinait parfaitement musclé sous son T-shirt, de son petit ami. Elle se sentait en sécurité dans ses bras, prête à ouvrir son cœur. C’était ainsi qu’elle avait toujours voulu fonctionner avec lui : ne rien lui cacher, n’avoir aucun secret pour lui. Elle aimait vraiment cette complicité qui s’était forgée entre eux au fur et à mesure des années, presque sans qu’ils s’en rendent compte, jusqu’à ce fameux jour où ils avaient fini par sortir ensemble tous les deux.

- C’est cette femme, soupira-t-elle enfin renonçant à garder ce qu’elle avait sur le cœur pour elle plus longtemps, elle m’insupporte je n’y peux rien… J’ai un peu pété les plombs…

- Tu la connaissais déjà ? devina Ulrich en accentuant son étreinte autours de ses fines épaules, mais d’où ?

Elisabeth soupira. Elle allait devoir évoquer un souvenir douloureux si elle tenait vraiment à tout raconter à son petit ami. Cependant il avait toujours été là pour elle, et elle se devait de lui en parler. Elle n’avait que lui après tout…

- Tu te souviens quand on a commencé à sortir ensemble, évoqua-t-elle finalement, résignée, quand je t’ai avouée, après que tu m’ais parlé du divorce en cours de tes parents, que ma mère était morte d’une leucémie en début d'année scolaire ?

Ulrich hocha la tête, dans un silence religieux. Il ne se souvenait que trop bien de ce triste jour sous la pluie où, seuls tous les deux dans le parc, fouettés par le vent et les gouttes d’eau, elle lui avait avoué son plus lourd secret, sa seule faiblesse, en pleurs. Elle n’en pouvait plus de garder un tel poids sur elle à l’époque, elle était littéralement à bout mais lui avait fini par trouver les mots justes, par la faire surmonter cette épreuve, du moins l’espérait-il.

Ce jour-ci elle s'était véritablement ouverte à lui pour la première fois. Il avait découvert qu’elle portait le poids de la maladie de sa mère sur son cœur pour elle seule depuis le collège et l’avait subitement vue sous un autre angle. D’un seul coup, la Sissi superficielle et manipulatrice avait fait place à Elisabeth, une jeune fille ravagée par le chagrin et la douleur, se dissimulant constamment derrière son masque d’hypocrisie, et surtout seule, désespérément seule…

Sissi se sépara délicatement de son étreinte, à regret, et le fixa dans les yeux, une de ses mèches colorées tombant devant son front.

- Je ne me suis jamais remise du choc, expliqua-t-elle lentement en tentant de retenir ses larmes qui menaçaient à chaque instant de l’assaillir de nouveau, la douleur s’est atténuée grâce à toi et j’ai réussi à recommencer à sourire mais le vide dans mon cœur laissé par ma mère est resté… Je pensais que mon père et moi, sur ce point-là, on partageait la même chose. Je pensais qu’on se soutiendrait mutuellement dans cette épreuve, qu’il serait là pour moi comme j’ai été là pour lui après la mort de maman (Ulrich remarqua qu’elle avait butté sur le mot « mort »)… Il faut croire que j’avais tord…

Elle marqua une pause, la respiration saccadée. Le visage de sa mère, une femme au regard doux et souriante, flottait devant ses yeux tel un fantôme. Elle aurait voulu se laisser aller de nouveau, pleurer jusqu’à ne plus avoir de larmes à verser. Mais elle était plus forte que cela : elle ne devait en aucun cas se laisser submerger par ses émotions ! Elle n’en avait pas le droit.

- Bref, reprit-elle en s’essuyant ses yeux du revers de sa veste hors de prix, mon père… Il me l’a présentée pendant ces vacances. Hyacinthe Soprano alias Mademoiselle Soprano, la nouvelle prof de philo’, alias la greluche qui a remplacée ma mère…

- Tu veux dire que… l’interrompit Ulrich, qui tentait tant bien que mal d’assimiler le flot d’informations qu’elle lui envoyait au compte-goutte, elle et ton père… ?

- Exact, fit-elle froidement en jetant un regard dépité à son maquillage qui s’était étalé sur sa manche d’un blanc immaculé, ils sont amants. En clair c’est la nouvelle maîtresse de mon père ! Et comme par hasard, elle se retrouve avec un poste à Kadic ! Mon père est littéralement aux petits soins avec elle…

Le beau brun resta bouche bée, fixant sa petite amie avec incrédulité. Imaginer Jean-Pierre Delmas, leur revêche de proviseur, avec une maîtresse était déjà suffisamment difficile sans qu’en plus il s’agisse de leur nouvelle professeure de philosophie !

Il se reprit bien vite cependant, chassant toutes pensées horribles de son esprit et se re-concentra sur Sissi, qui semblait lutter contre le souvenir de sa mère de toutes ses forces.

Elle avait l’air si malheureuse… Sa mère n’était décédée des suites de sa maladie que depuis à peine plus de quatre mois désormais, pas étonnant que voir son père avec une autre femme la mette dans un état pareil. Lui-même aurait probablement été hors de lui dans une situation semblable.

- Je comprends, murmura-t-il en lui prenant la main avec douceur, la caressant délicatement avec son pouce dans une attitude protectrice, ça fait tellement peu de temps… Tu dois en vouloir à mort à ton père pour ça, non ?

- Je le déteste tellement en ce moment, admit-elle en resserrant ses longs doigts fins autours de la large paume d’Ulrich, comment peut-il bafouer ainsi le souvenir de maman en si peu de temps…? Je n’ai rien contre le fait qu’il trouve quelqu’un d’autre, crois-moi c’est tout ce que je lui souhaite ! Mais pas maintenant… C’est tellement soudain, je ne suis pas prête à lui dire au revoir, tu comprends ?

Pour toute réponse, le jeune homme lui caressa la joue de sa main libre, remettant en place sa mèche de cheveux rebelle. Elle était si belle… Il ne supportait pas de la voir dans un état pareil ! Une aversion profonde envers leur nouvelle prof de philo’ commençait lentement à poindre en lui.

- Et puis il n’y a pas que ça ! poursuivit-elle en se relevant brusquement, emportée par la colère, je ne supporte pas cette femme… C’est un véritable rapace ! Tu aurais vu comment elle tournait autours de mon père pendant les vacances… !

- Attend un peu, réfléchis Ulrich tout haut, resté assis sur les dalles de pierres froides, tu penses qu’elle profite de la vulnérabilité de ton père ?

- A ton avis ? ironisa la jeune fille en s’adossant contre l’un des murets encadrant le distributeur, comme par hasard elle est prof, en recherche d’emplois et à peine quelques semaines après avoir rencontré mon père elle se trouve un poste ici ! Tu ne trouves pas ça un peu trop parfait pour être sincère… ? Mais je ne la laisserais pas faire, ça tu peux me croire !

Le jeune homme ne savait pas trop quoi en penser. Ce que racontait Sissi était peut-être plausible, mais cela pouvait tout aussi bien être une vision déformée de la réalité due à la perte de sa mère. Elle avait tellement envie de croire qu’elle n’était pas la seule à souffrir, que son père et elle étaient unis dans cette douleur. Seulement la réalité était probablement beaucoup moins idéaliste que celle-ci… Son père avait probablement refait sa vie, et il était normal qu’elle ait du mal à l’accepter.

Pensif, Ulrich détailla la jeune fille qui lui faisait face. L’espace d’un instant, il reconnut en elle la perfide Sissi du collège, celle prête à tout pour arriver à ses fins, quitte à rendre la vie impossible à un professeur. Celle dont il s’était moqué pendant des années.

Et puis ses sentiments reprirent le dessus et cette image s’effaça, laissant de nouveau place à l’adolescente désespérée s’inquiétant pour son père et dévastée par la mort de sa mère. Elle avait besoin de lui, de son amour comme de son soutient ! Sissi s’était retournée vers la cour, pensive, fixant un point imaginaire au fond du lycée.

Calmement, le jeune homme se leva à son tour et enlaça sa petite amie qui tressauta avant de se blottir contre sa large silhouette. Ulrich blottit sa tête dans le creux du cou de sa belle, ses mèches chocolats lui chatouillant le visage. Il était plus grand qu’elle désormais, le temps où elle le dépassait d’une bonne tête au collège était bien loin derrière eux à présent…

- Je te crois Sissi, murmura-t-il avant de déposer un léger baiser sur son cou la faisant frissonner de plaisir, je te crois et je t’aiderais à démasquer cette femme, tu peux compter sur moi.

- Merci, murmura-t-elle simplement en fixant ses yeux d’onyx sur lui, merci de me faire confiance…

Ils restèrent enlacés, plus unis que jamais, jusqu’à ce que la sonnerie fasse raisonner les bâtiments mettant fin aux premiers cours de la matinée. Restait désormais à expliquer leur comportement au père de Sissi… Cela promettait d’être intéressant !

* * *


- Aelita, attends un peu !

Sans se retourner, la jeune fille bouscula un ou deux élèves et se précipita vers la sortie de la classe, ses cheveux roses virevoltant derrière elle. Mathieu ne se laissa pas démonter pour autant et, jouant des coudes et des mains, il se fraya à son tour un chemin jusqu’au couloir du bâtiment des sciences. Aelita descendait déjà les escaliers menant à l’extérieur.

- Reviens ici, jura le jeune homme en se ruant à sa poursuite, tu espères quoi, m’éviter toute l’année !?

Il atteignit la porte vitrée du bâtiment une fraction de seconde après la jeune fille, sous le regard curieux de ses camarades de classe.

- Aelita !

Mathieu venait de lui agripper le bras à la dernière minute, manquant de tomber des petites marches séparant le bâtiment de la cour. La jeune fille finit par céder, se retournant brutalement, un éclair de colère illuminant ses yeux verts. Apparemment l’adolescent l’avait sous-estimé : elle était bien plus déterminée que ce qu’il aurait pu croire.

- Arrêtes ça ! siffla-t-elle en se dégageant de son étreinte, se campant avec fermeté devant lui, et puis d’abord, comment est-ce que tu as su pour la Green Phoenix !? Tu comptes en parler à la police ?

A cette dernière phrase, l’adolescente ne put retenir un frisson, comme terrifiée par cette simple idée. Prudent, Mathieu décida de jouer la carte de l’honnêteté : inutile d’envenimer encore les choses.

- Non je n’en parlerais pas à la police, avoua-t-il en baissant la tête vers la terre brunie de la cour de Kadic, Stéphanie pourrait avoir des ennuis sinon… Et j’ai découvert ça écrit sur un des bouquins de Jérémie, à côté du même symbole que celui sur la lettre des ravisseurs d’Angel… S’il-te-plait Aelita, j’ai besoin de savoir…

Mais la jeune fille s’était figée, une expression incrédule sur son visage en forme de cœur.

- Attend une seconde, l’interrompit-elle en fronçant ses sourcils d’un rose très pâle, de quel livre est-ce que tu parles ?!

Ce fut au tour de Mathieu de se renfrogner. Apparemment Aelita n’était pas au courant des manigances –quelles qu’elles furent- de son petit ami.

- Celui qui est sur sa table de chevet, expliqua-t-il néanmoins en allumant son portable, montrant la photo qu’il avait prise de la page à son interlocutrice, pile à la page où il cache votre photo à tous les deux. Celle qui vient d’un photomaton.

Il s’interrompit soudain en croisant le regard d’Aelita. Cette dernière était blême, les yeux rivés sur le coin de l’écran où on apercevait, en bordure de cadre, un coin à peine visible de la photo en question.

- J’y crois pas, le petit salopard… murmura-t-elle avant de brusquement tourner les talons et de se diriger d’une démarche plus menaçante que jamais vers la cohue des élèves de leur classe, qui les avait dépassés entre-temps.

Incrédule, Mathieu lui emboita le pas : il lui en fallait plus que cela pour capituler ! Courant à moitié, il dépassa la jeune fille à son tour et se campa devant elle, l’empêchant d’aller plus loin, la défiant de son regard bleu électrique.

- Laisse-moi passer, lâcha-t-elle d’un ton sans réplique.

En cet instant précis, toute la sympathie dans le regard d’Aelita s’était envolée pour laisser place à la colère la plus froide que Mathieu ait jamais vue. Il était loin de se douter que, poussée à bout, la jeune fille puisse se montrer aussi féroce. L’adolescent ne se laissa pas démonter pour autant.

- Je t’en prie, fit-il mi-implorant mi-menaçant, j’ai besoin d’en savoir plus sur la Green Phoenix… Tu sais quelque chose à leur sujet, tu sais qu’ils sont liés à l’enlèvement d’Angel, alors pourquoi est-ce que tu refuses de m’en parler ? Je…

Mais il fut incapable d’ajouter un mot de plus. Aelita, de colère, venait de lui agripper le bras et de l’écarter violemment de sa route. Surpris, le jeune homme s’écrasa au sol dans un nuage de poussière. Jamais il n’aurait pu soupçonner qu’une jeune fille aussi candide et fragile en apparence puisse renfermer une telle force en elle ! Celle-ci le toisa du regard, sous les exclamations surprises et les murmures interrogateurs des autres élèves circulant dans la cour.

- Écoute-moi bien Mathieu, lança-t-elle sous l’air déconcerté de son interlocuteur, trop choqué pour oser se relever, tu ne dois plus poser aucune question au sujet de la Green Phoenix ! Crois-moi il y a certains fantômes qu’il ne vaut mieux pas déterrer… Fait-toi une raison, Angel a été enlevé et ce n’est certainement pas un adolescent de dix-sept ans qui va le ramener, tu m’entends ? A partir de maintenant oublie ce symbole, oublie ce mec, et oublie tout ce que tu as pu voir et entendre sur la Green Phoenix !

Et sans ajouter un mot de plus, elle fit volte-face et s’élança vers le groupe d’élèves de Première S, laissant un Mathieu décontenancé derrière elle. Celui-ci se releva lentement, époussetant sa chemise violette couverte de poussière brune, le regard dans le vague. Il ne comprenait pas. Pendant un bref instant, il avait cru lire dans les yeux d’un vert translucide de la jeune fille aux cheveux roses emplis de colère une once de…Peur ? La Green Phoenix était-elle à ce point effrayante pour la pousser à l’envoyer balader et à tenter de le persuader d’arrêter de fouiner ?

Brusquement, ses paroles remontèrent jusqu’à son cerveau et il s’immobilisa. Avait-elle raison ? Était-il trop naïf de penser pouvoir changer quelque chose à l’enlèvement d’Angel ? Après tout qu’était-il ? Rien de plus qu’un adolescent gay en pleine crise d’hormones et d’identité, incapable de donner un sens à sa vie…

Démoralisé, il ramassa son sac -tombé au sol lui aussi- et suivit à bonne distance le groupe d’élèves de sa classe, ignorant les regards pesants des spectateurs de son altercation avec Aelita.

* * *


Jérémie se dirigeait vers les arcades du lycée, une lueur froide au fond de ses yeux d’océan. Il n’avait toujours pas digéré le comportement d’Aelita envers lui avant les vacances. Pourquoi fallait-il qu’elle ressasse encore et toujours leur ancienne vie ? Ne pouvait-elle pas suivre ses pas et tourner la page ? Tous les autres y étaient bien parvenus, alors pourquoi était-ce si difficile pour elle ? Pourquoi faire revenir sur le tapis la Green Phoenix et tout le reste ?

Son regard s’adoucit soudain, lorsqu’il atteignit le préau de Kadic. Après tout, cette histoire avait eu un impact bien plus important sur sa petite amie que sur chacun d’entre eux. Elle avait tout de même perdu son père, ainsi que dix années de sa vie dans cette terrifiante aventure. Rien d’étonnant à ce que son passé la rattrape de temps à autre. Mais cela faisait des années désormais qu’ils avaient mis fin à ce jeu mortel. Il fallait à tout prix qu’elle parvienne à faire une croix sur son passé et à se tourner vers l’avenir, et il était prêt à tout pour l’y aider, quitte à se montrer plus ferme que nécessaire.

Il secoua la tête, agacé. Cela faisait des jours qu’il suivait le même cheminement de pensées : allant de la rancœur à l’attendrissement pour revenir sur la colère dans un cercle vicieux. Il fallait qu’il trouve quelque chose pour regagner la confiance d’Aelita. Elle comptait tellement à ses yeux, la perdre à cause de son attitude lui aurait causer un coup fatal…

- Jérémie !

La voix cristalline retentissant dans son dos agit sur son cœur comme un électrochoc, le faisant battre à tout rompre. Tentant de cacher son demi-sourire, il se retourna vers la jeune fille aux cheveux roses qui se dirigeait vers lui à grands pas. S’était-elle enfin décidée à lui pardonner et à faire la paix ?

Son début d’euphorie naissante mourut bien vite lorsque qu’il croisa le regard d’un vert de jade étincelant de sa dulcinée : elle semblait littéralement hors d’elle ! Sans même lui laisser une chance de protester elle lui agrippant violemment le bras et, après avoir jeter un coup d’œil rapide autours d’eux, le força à la suivre dans la première salle de classe vide qu’elle dénicha.

- Aelita, qu’est-ce qui te prend !? protesta le jeune homme en remettant ses lunettes en place, sa petite-amie claquant la porte à la peinture bleue écaillée derrière eux.

Les rumeurs de la cours s’évanouirent presque aussitôt, les plongeant tous deux dans un silence pesant. Ce fut la jeune fille qui le rompit la première, produisant des efforts considérables pour maîtriser le ton de sa voix, qui en demeurait malgré tout un peu tremblotant.

- Mathieu est au courant pour la Green Phoenix.

Son annonce eu l’effet d’une bombe dans l’esprit de Jérémie. Celui-ci se laissa tomber sur le premier bureau à porter de main, sonné.

- Il sait… Quoi… !? questionna-t-il faiblement en se passant la main dans ses cheveux blonds, désorienté.

Une lueur de colère alluma subitement son regard et il se releva aussi vite qu’il s’était assis, fusillant sa petite amie du regard.

- Aelita, ne me dit pas que c’est TOI qui lui en a parlé !?

Sur le coup, la jeune fille faillit bien se jeter sur lui et le gifler de toutes ses forces. Elle avait su conserver le secret pendant presque quatre an, comment osait-il ainsi la remettre en cause !?

- Si tu veux tout savoir, répliqua-t-elle froidement, adossée à la porte métallique, s’il a pu en apprendre plus sur la Green Phoenix c’est grâce à toi, figures-toi ! Il a trouvé une de tes stupides notes dans un de tes bouquins… Jérémie, je croyais que tu avais supprimé toutes les preuves de nos liens avec Lyokô !

- Mais je l’ai fait ! le jeune homme semblait désormais littéralement consterné. On pouvait presque entendre le cliquetis des rouages de son cerveau tourner à plein régime, je te jure que j’ai tout effacé de mon ordinateur et que je me suis débarrassé de toutes les preuves ! S’il a vu quelque chose, ça devait être un des trucs que j’ai griffonné à la hâte pendant une de mes insomnies à l’époque, en tentant de stimuler ma réflexion… Il n’a pas pu en apprendre autant que ça de toute façon !

- Effectivement, lança Aelita d’un ton sans réplique, pour l’instant il connait simplement le nom de l’organisation et son logo… Mais il sait qu’on a un lien avec eux maintenant et crois-moi il ne va pas lâcher l’affaire de si tôt ! A cause de ta négligence on est fourré dans la m**** jusqu’au cou ! Quand je pense que tu me faisais toute une scène parce que j’osais ramener le sujet sur le tapis alors que toi tu conserves des preuves bien en évidence dans tes bouquins…

Le jeune homme aux lunettes s’apprêtait à répliquer quelque chose mais aucun son ne sortit de sa bouche et il se contenta de baisser la tête, vaincu. Sa petite-amie avait raison, il s’était montré négligeant et en payait le prix désormais.

Aelita soupira, tentant tant bien que mal d’évacuer la colère, la nuque collée contre le battant froid de la porte, les yeux fermés dans une attitude méditative. A l’extérieur, la sonnerie marquant la fin de l’intercours retentit mais aucun des deux adolescents ne bougea.

- Il y a autre chose, reprit la jeune fille en rouvrant ses yeux d’émeraude qu’elle fixa sur son petit ami, il y avait une photo entre les pages de ce même livre. Une vieille photo de nous prise dans un photomaton… Jérémie est-ce que c’est vraiment celle à laquelle je pense ?

Le sang de son vis-à-vis se glaça subitement et son cœur rata un battement. La menace de la découverte de la Green Phoenix par son compagnon de chambre disparut bien vite de son esprit, éclipsée par une seule et unique pensée : elle était au courant ! Lui qui déployait des trésors d’imagination depuis des années pour lui cacher l’existence de ce cliché, elle avait fini par le découvrir ! Et tout cela à cause de ce petit fouineur à la chemise violette qui s’interposait entre eux...

La jeune fille comprit au silence de son petit ami qu’elle avait vu juste et son regard se fit glacé, transperçant de part et d’autre le cœur de Jérémie. Elle avait l’air si en colère subitement ! Il ne l’avait jamais vue dans un tel état d’amertume et de rancœur ! Et encore moins envers lui-même…

- Aelita, lança-t-il très vite, renonçant à mentir, ce n’est pas ce que tu crois ! Je l’ai simplement scannée en rentrant à l’internat ce soir là, avant de l'envoyer dans la base de données du Supercalculateur… Tu sais très bien que le Retour Vers le Passé n’a aucun effet sur les fichiers stockés dans sa mémoire… Il m’a suffit de la réimprimer sur du papier photo ensuite et…

- Je m’en contrefous de tes explications, trancha-t-elle d’un ton plus coupant qu’une lame d’acier, tu te rends compte des risques que tu as pris à cause de ton simple égoïsme !? Je te signale que dans cette espace-temps-ci cette photo n’est pas sensée avoir été prise ! Tu réalises qu’elle ne devrait même pas exister ! Imagine si quelqu’un s’en était rendu compte !? Et les conséquences qu’un tel paradoxe aurait pu entrainer, tu y as penser au moins !?

- J’avais treize ans, tenta vainement de se défendre Jérémie, submergé par la honte et la colère de la fille aux cheveux roses, je n’ai pas réfléchi… C’était notre premier souvenir à tous les deux, celui de notre première rencontre en chair et en os ! Je ne voulais pas que tout cela soit effacé en un claquement de doigt, c’était impensable… Et il n’y avait aucun risque, personne ne se serait posé de question en voyant ce cliché de toutes manières !

Aelita fulminait littéralement désormais, à tel point que même Jérémie esquissa un mouvement de retraite. Elle n’en revenait pas de voir son petit ami faire preuve d’autant de mauvaise foi !

- Quand je pense que tu disais avoir tourné la page, répéta-t-elle en se massant les temps, incapable de juguler sa colère, ne plus vouloir entendre parler de toute cette histoire… Et derrière tes beaux discours, tu caches des preuves compromettantes dans tes bouquins et tu conserve des photos qui ne sont même pas supposées avoir été prises un jour ! Heureusement pour toi que Mathieu ne se doute de rien à ce niveau… Maintenant il va falloir que je rattrape ta bourde ! Toi qui me reprochais de remettre ça sur le tapis…

Furibonde, elle fit volte-face, ses cheveux d’un rose flamboyant virevoltant dans son dos, et posa sa main fine et pâle sur la poignée de la porte. Elle se ravisa subitement et tourna de nouveau ses yeux d’un vert translucide vers ceux de Jérémie, couleur océan, qui semblait totalement désemparé.

- Une dernière chose, siffla-t-elle, toute l’amertume du monde dans sa voix, à partir de maintenant considère qu’on n’est plus ensemble… C’est fini entre nous Jérémie, tu es allé trop loin cette fois !

Et, sans rien ajouter de plus, elle poussa la porte qui s’ouvrit dans un grincement de fin du monde, avant de la claquer violemment, faisant raisonner avec violence le battant de fer dans le cœur du jeune homme aux cheveux blonds, le laissant seul et éperdu assis sur son bureau au milieu de la pièce. Ils n’avaient plus rien à se dire désormais : tout était terminé.

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Tatsaaaaaaaaaaaa \o/ *se fait taper dessus par tous les fans du couple Aelita X Jérémie* nooooon pas taper, la violence ne résout rien T____T !!!

Plus sérieusement je dois avouer que j'adore les gros cliffhangers dans ce style Razz, ne m'en tenez pas rigueur !

Je ne sais pas quand arrivera le prochain chapitre mais il devrait (enfin) marquer un tournant décisif dans ma fic du point de vue de l'intrigue.

Toujours pas de dessins pour aujourd'hui, j'ai accumulé pas mal de retard à ce niveau, désolé Crying or Very sad, en espérant que ce chapitre vous aura plus ! N'hésitez pas à me laisser des com's surtout *s'agenouille en implorant les lecteurs* !
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Yukyo MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 18:03   Sujet du message: Répondre en citant  
Fanfictrice pro'


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Messages: 598
Bon, je poste pas pour faire un com' constructif, comme dit sur l'O.S de Lorilis, j'aime pas "critiquer" (parce que je me trouve, justement, pas irréprochable dans mes récits) lorsque la personne fréquente le même domaine que moi (à savoir celui de l'écriture).

Je prendrai le temps (prions pour que je l'ai) pour lire ta Fic' (dès le début quoi, donc dix longs chapitres, je suis pas dans la mouise moi ! xO).

Donc, tkt, je passerai un de ces quatre, une fois que j'aurai tout lu (et pigé). J'ai pas mal de projets en cours (O.S, Fic' Lyoko, Fic' ailleurs (qui rend Abby gogole)...Donc c'est la misère) !

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Little Star MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 18:06   Sujet du message: Répondre en citant  
Little Star


Inscrit le: 09 Juin 2011
Messages: 263
Localisation: Dans cette petite lumière qui illumine mon coeur...
Salut! ^^
Je n'ai jamais commenté ta fanfiction...Et j'ai eu tord.
Elle est vraiment bien écrite bravo!!
Je te commenterais pas tout les détails, désolée... J'ai la flemme U.U""

Sauf que... Aelita et Jeremy c'est fini *rire hystérique* MOUAHAHAHAHAHAHAHAHAHA 8D

Bisou et bonne continuation =)

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Twinkle, twinkle little star...

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Odd is mine...;D
Avant, j'étais Selma Fan d'Odd <3
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Mejiro-kun MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 18:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Messages: 200
Han, des commentaires O_o mon dieu, je suis aux anges Very Happy ! Merciiiiii !!!

Yukyo --> J'y crois pas, ma fanfictrice (pro) préférée qui me laisse un commentaire Embarassed je suis honoré ! Oula, par contre ben je te souhaite bien du courage pour lire tout ça avec tout ce que t'as à faire, surtout que j'ai tendance à pondre de looooongs chapitres indigestes (je suppose que je devrais pas dire ça) ! Trouve quand même le temps de dormir dans tout ça Wink !

Little Star --> Pas grave, ton commentaire me fait déjà super plaisir à lui tout seul, merci infiniment !

Et vuiiii Jérémie et Aelita ont rompuuuuuu, MOAHAHAHAHA Twisted Evil hum...
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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 19:09   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


Inscrit le: 14 Sep 2008
Messages: 1329
Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Sa chauffe entre mathieu et aelita.
Et les secrets ressurgissent.

Par contre depuis le début de la fic, j'ai l'impression qu'Odd est complétement mis en arrière plan.
Même Sissi et Stéphanie on un rôle plus important.

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Little Star MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 19:14   Sujet du message: Répondre en citant  
Little Star


Inscrit le: 09 Juin 2011
Messages: 263
Localisation: Dans cette petite lumière qui illumine mon coeur...
*Odd Della Robbia* a écrit:

Par contre depuis le début de la fic, j'ai l'impression qu'Odd est complétement mis en arrière plan.
Même Sissi et Stéphanie on un rôle plus important.

Là, je suis d'accord =/

Je veux Odd mwa!! *____________*

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Odd is mine...;D
Avant, j'étais Selma Fan d'Odd <3
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Mejiro-kun MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 19:40   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
*Se creuse les méninges* mais c'est vrai O_O ! Maintenant que vous le dites... Haaaan j'ai mis mon personnage préféré de côté tout seul T___T Bah en fait je lui ai surtout prévu un rôle important à partir du moment où l'action reprend, c'est à diiire... Dés le chapitre suivant Very Happy, donc un peu de patience pour les fans d'Odd, il va avoir son rôle Wink ! Et puis bon, j'avoue que j'ai du mal à jongler d'un personnages à l'autre parfois avec mes histoires imbriquées comme ça... Je vais essayer d'arranger ça à l'avenir ^^ ! Encore merci pour vos commentaires, je promets de faire de mon mieux pour la suite !
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Little Star MessagePosté le: Ven 22 Juil 2011 19:56   Sujet du message: Répondre en citant  
Little Star


Inscrit le: 09 Juin 2011
Messages: 263
Localisation: Dans cette petite lumière qui illumine mon coeur...
Et bien merciii è.é
A cause de toi j'ai encore plus envie de lire la suite!!
Viitte =D

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Ann-Li MessagePosté le: Mer 27 Juil 2011 22:40   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kankrelat]


Inscrit le: 18 Juil 2011
Messages: 39
Localisation: Je suis ici
Bon ta fan fiction, je voulais la lire depuis des années lumières (Ouais j’exagère peut-être mais bon ça fait un bout de temps) seulement comme tes chapitres sont assez « épais » cela me décourageait mais bon je me suis finalement lancée et bon alors venons s’en à tes chapitres ^^

Chapitre 1 : Bon le petit nouveau Mathieu, il me semble être comment dire légèrement complexe. Puis Jeremy à drôlement changé, froids et méfiant, ses caractéristiques ne lui vont pas je dois dire. Aelita vit chez sa mère, Anthéa de retour c’est super (La soudaine assurance d’Aelita viendrait-il de se fait ?).

Chapitre 2 : Mathieu aurait-il flashé sur notre Odd, le pauvre il ne sait pas ce qui l’attends avec ce coureur de jupons. Sinon Odd est adorable avec ces inquiétudes envers les cauchemars de sa chère et tendre Eva. Maintenant, un point qui m’a permis de beuguer pendant au moins un quart d’heure Ulrich, Sissi euh … ensemble euh ouais si tu veux ^^ Celle-ci plus belle ? Bien sûr mais est-elle moins superficielle et plus intelligente ? Et où es dont Yumi dans toute cette histoire ? Sinon bah tu t’acharne à faire de Jeremy le pire des connards.

Bon écoute dans mon commentaire, je vais te passer les chapitres 3, 4, 5, 6, 7,8 et 9 même si ceux-ci sont toujours aussi bien écrit ^^ malgré les quelques fautes que j’ai pu apercevoir (Juge pas quand toi-même tu ne sais pas écrite sans faute) mais bon ces chapitres sont tout de même intéressants fessant avancer ta fan fic doucement mais surement …

Alors venons-en au Chapitre 10 :

- Odd légèrement en retraits depuis le début a tu vas lui donner un rôle plus important … Super ^^.
- Jeremy et Aelita, c’est fini pour de bon ? Ah bah non alors déjà qui y a plus l’autre couple de vivant voilà que celui-là meurt, tu veux construire un cimetière ?
- Ulrich et Sissi bon cette idée ne me plaisait pas c’est vrai et le fait qu’Ulrich soit devenu le pire des mecs populaire encore moins mais le fait de découvrir Sissi si « fragile » me fait tout de même changée légèrement mes positions envers ce « couple ».
- Par contre me demande pas pourquoi mais le couple William x Yumi, j'arrive pas à l'apprécier Neutral

Sinon le mot de la fin, bonne fan fic dans l’ensemble, belle écriture, etc. J’attends impatiemment la suite.

Et voilà mon commentaire est aussi long que tes chapitres (Ouais bon exagérons rien) Very Happy
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Il ne faut pas prendre la vie au sérieux car quoi qu'il arrive ont n'en sortira pas vivant.
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Mejiro-kun MessagePosté le: Sam 30 Juil 2011 18:19   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 31 Jan 2011
Messages: 200
Coucou à touuus o/ Désolé pour le retard ! Déjà merci infiniment pour tous vos commentaires et en particulier Ann-Li, il a du t'en falloir du courage pour lire les pavés indigestes que je nomme "chapitres" jusqu'au bout !

Et oui je sais que mes couples sont affreux, c'est voulu Razz ! J'aime faire tourner mes lecteurs en bourriques Twisted Evil !

Hum, bref, et pour Jérémie et Aelita ne jurons de rien hein, ma fic commence à peine, vous verrez bien ce que je réserve aux différents couples et personnages de toutes façons ^^ !

Bref, venons-en à l'essentiel : le chapitre 11 ! Alors pour info celui-ci devait s'arrêter bieeeeeeeen après le passage où je l'ai stoppé mais finalement il s'est avéré que le petit passage du début a pris beaucoup plus de place que prévu donc j'ai du réduire... Bref vous comprendrez en lisant ! Bonne lecture Wink !

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Chapitre 11 :
Épisode 110 : Un pas de plus vers un ange_


La salle gigantesque à l’architecture hexagonale était plongée dans le noir. Partout, l’obscurité régnait, se faufilant entre les murs et les bureaux tel un serpent sinueux, englobant l’ensemble de l’espace, le confinant dans une atmosphère étouffante. Seuls les quelques vingtaines d’écrans d’ordinateur allumés tranchaient dans la pénombre, éclairant de leur lueur bleutée le visage blafard des informaticiens, tous rivés sur les colonnes de chiffres sans queue ni tête qui défilaient devant leurs yeux, pareils à des zombies hypnotisés par les machines high-tech.

Quelques néons crasseux situés à la jonction entre les murs et le plafond, particulièrement haut, venaient compléter la lueur inquiétante des PC, baignant l’extrémité des six cloisons de la pièce d’un éclat blanc aux allures de mort.

Le cliquetis incessant des claviers raisonnait dans un terrible ballet angoissant qui aurait suffi à donner la nausée à n’importe qui. Pas un souffle, pas un murmure ne s’élevaient des bureaux : les employés, tout de noir vêtu comme pour mieux se fondre dans les ténèbres de la pièce, semblables à des robots programmés pour accomplir leur tâche en silence.

Seule une gigantesque vitre au verre teinté venait briser la monotonie de la pièce aux dimensions titanesques, casée au beau milieu d’un des six murs, aussi froids et lisses que du métal.

La jeune femme, à l’abri derrière sa vitre, observait sans grand intérêt les dizaines d’informaticiens s’acharner sur les programmes et la gestion de l’empire qu’elle était parvenu à construire. Sa silhouette fine et glaciale, campée avec fermeté devant son bureau d’ébène vernis, semblait juger d’un seul regard l’ensemble de la salle derrière la vitre.

Contrastant avec ladite pièce, son bureau était savamment éclairé, baignant dans une lumière blafarde semblant provenir des murs eux-mêmes. Seuls les quelques meubles noirs, aussi lisses que du verre, venaient ponctuer cet amoncellement de blanc. Un énorme écran était accroché contre le mur faisant face à la vitre gigantesque contre laquelle s’appuyait la femme, retransmettant en direct les images des centaines de caméra de surveillance qui couvraient tout le bâtiment, projetant ouvriers, gardes et informaticiens travaillant d'arrache pied sous leur œil mécanique et vigilant.

Le bureau qui trônait au centre de la pièce était entièrement vide, si on exceptait l’unique ordinateur ultraplat, positionné d’une façon si méticuleuse à sa surface qu’elle en paraissait presque compulsive. Comme l’ensemble de l’ameublement de la pièce par ailleurs.

La jeune femme claqua la langue contre son palais, excédée, jetant un œil à la gigantesque horloge murale dans son dos. Son rendez-vous était en retard et elle ne supportait pas qu’il y ait la moindre anicroche dans ses plans ! Une aura de colère commençait lentement à poindre autours d’elle. Excédée, elle se mit à tapoter ses doigts contre ses bras croisés au rythme de l’aiguille des secondes. Ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre une minute de plus ! Le projet ENDO était en stand-by depuis trop longtemps désormais, il était plus que temps de le lancer !

Comme pour répondre à son impatience dévorante, une sonnerie retentit dans toute la pièce la tirant brusquement de ses sombres pensées. Il était enfin arrivé ! Sans montrer le moindre signe de nervosité, elle se dirigea vers la porte mécanisée de métal blanc au fond de son bureau, se confondant presque avec la cloison, et tapa le code d’ouverture sur le petit panneau de commande incrusté à sa surface.

Dans un cliquetis, la porte coulissa et un homme en blouse blanche entra, un sourire cruel étirant ses lèvres fines.

- Patronne, la salua-t-il en esquissant une courbette ridicule, navré pour le retard, le sujet s’est montré plus résistant que prévu…

- Je n’ai que faire de vos excuses, Professeur Wander, coupa-t-elle d’une voix cassante, est-il prêt ?

L’homme ne put s’empêcher de déglutir, caressant son crâne chauve dans une attitude mal à l’aise. C’était plus fort que lui, cette femme lui faisait peur ! Elle dégageait quelque chose de tout bonnement inhumain, on la sentait prête à tuer d’un claquement de doigt à la moindre contrariété et il avait été lui-même témoin de sa cruauté au cours des nombreux mois qu’il avait passé sous son commandement.

Une nouvelle fois, comme il avait pris l’habitude de le faire au cours de leurs rares face-à-faces, il se laissa aller à la détailler de son regard porcin et calculateur. Malgré ses talons aiguilles et sa tenue de femme d’affaire très stricte, elle était indéniablement très jeune. Quel âge avait-elle par ailleurs ? Elle ne faisait guère plus de vingt ans, peut-être moins ? Personne au sein de l’organisation ne le savait réellement, pas plus qu’ils ne connaissaient son nom. Tout le monde l’appelait avec crainte par son nom de code : Scarlet. De toute manière personne n'était assez fou pour tenter d’en savoir plus sur leur mystérieuse dirigeante, tant elle inspirait la crainte, et rares étaient ceux qui avaient déjà réellement eu affaire à elle.

En effet, la jeune femme se montrait rarement hors de son bureau, extrêmement sécurisé et dont l’accès n’était réservé qu’à quelques rares élus –dont il s’estimait heureux de faire parti-, préférant surveiller de son regard pénétrant et sans pitié l’activité de ses employés, coordonnant les opérations à partir de son ordinateur personnel.

Constatant qu’elle s’impatientait, Wander claqua des doigts non sans réprimer un frisson et deux gardes, en combinaison noire de la tête au pied, pénétrèrent dans les appartements privés de la jeune femme, un blason luisant sur leur poitrine représentant un oiseau stylisé dans un cercle d’émeraude. Sans ménagement, ils jetèrent une silhouette inanimée à ses pieds, sous les ordres muets du professeur.

C’était un jeune homme d’environ seize ans, bien bâtit, les cheveux sombres, et au visage d’ange. Une paire de menottes lui enserrait les poignets, précaution nécessaire dans le cas où le sédatif qu’on lui avait administré cesserait de faire effet plus tôt que prévu, et on l’avait entièrement dénudé.

Du coin de l’œil, le professeur observa la réaction de la jeune femme mais elle se contenta de fixer le prisonnier de son regard glacial et hautain, sans que son visage ne traduise la moindre forme d’expression. Une sueur froide coula le long de l’échine de Wander, c’était ce qu’il y avait de plus terrifiant chez sa patronne : cette absence totale de sentiments dans son regard. La pitié, la culpabilité ou même la gène d’avoir en face d’elle un aussi bel adolescent entièrement nu n’étaient en aucune façon lisible sur son visage de marbre.

- Vous pouvez disposer messieurs, se reprit-il en tournant son visage émacié vers les deux gardes qui le saluèrent brièvement avant de prendre congé, la porte se refermant dans un claquement sec derrière eux.

- Bien, ne trainons pas ! lança Scarlet de sa voix tranchante.

D’un pas vif, elle se dirigea vers une autre porte semblable à la précédente, noire cette fois-ci, à l’autre extrémité de son bureau qu’elle entreprit de déverrouiller en entrant un code complexe dans l’interface tactile du panneau. Après une brève pression de sa main sur l’écran, dernière procédure de sécurité visant à analyser ses empreintes digitales, la porte noire coulissa libérant le passage vers un sombre couloir, à peine éclairé par quelques néons à même le plafond.

Sans un mot de plus, elle s’y engagea et Wander lui emboita le pas, trainant tant bien que mal le jeune homme inconscient et entravé derrière lui.

Rapidement, ils débouchèrent dans une immense salle et le professeur ne put s’empêcher de siffler d’admiration. Jamais il n’avait eu la chance de pénétrer dans cette fameuse pièce où tout se jouait depuis des mois et il la découvrait avec l’excitation d’un enfant dans un magasin de jouet.

Des câbles électriques étaient enracinés dans les murs, sinuant jusqu’à un gigantesque panneau de contrôle, relié lui-même à de nombreux écrans tactiles auxiliaires autours desquels s’affairaient quelques rares scientifiques et informaticiens –les plus talentueux de toute l’organisation, il le savait.

Une ouverture menant à une salle jumelle duquel s’échappait un doux ronronnement laissait entrevoir des centaines de sortes de gigantesques caissons d’un noir rutilant. Des Supercalculateurs : les ordinateurs à la puissance de calcul la plus impressionnante du marché !

Frissonnant, Wander, resserra les pans de sa blouse autours de lui : la température de la salle était glaciale ! Un mal nécessaire afin de parvenir à refroidir un minimum les dizaines d’ordinateurs tournant à plein régime.

Laissant les scientifiques se charger du jeune homme, il enjamba quelques fils afin de rejoindre sa patronne devant le panneau de commande, en pleine discussion avec le chef des opérations. Celui-ci, un jeune homme à peine plus âgé qu’elle et aux épaisses lunettes, faisait défiler les fenêtres sur l’écran, entrant de nouvelles données dans l’une, corrigeant une ligne de code dans l’autre. Wander haussa les sourcils. Il ne parvenait à comprendre que quelques bribes du programme et cela semblait dépasser de loin ses propres compétences !

- Tout est en place, expliquait le jeune homme sans même tourner la tête vers Scarlet, trop concentré par son travail, encore quelques retouches et le programme de virtualisation sera opérationnel…

- Parfait, approuva sèchement la jeune femme, qu’en est-il des scanners ? Avez-vous corrigé le problème de la dernière fois ?

Pour toute réponse, le jeune homme désigna d’une main deux formes sombres dans le fond de la pièce, noyées entre les câbles, et illuminées d’un léger halo bleu. Wander s’avança pour mieux voir.

Il s’agissait de deux énormes caissons d’une taille humaine, aux formes arrondies, incrustés à même le mur tels d’horribles excroissances. La partie supérieure était constituée d’une coque d’un matériau transparent et on apercevait à l’intérieur un liquide clapoter, illuminé d’azur par les quelques lampes disséminées à la surface de l’armature des engins. Les scanners… Ces portes entre la réalité et le monde intangible des ordinateurs… Ils n’étaient plus un vieux rêve de savant fou désormais !

- Nous avons été obligés d’ajouter ce liquide de confinement, expliqua l’informaticien d’une voix monocorde en se détachant pour une fois de son écran, ses lunettes luisant dans la pénombre, la fission nucléaire nécessitant la virtualisation ne pouvait être endiguée par les matériaux constituant les scanners en eux-mêmes : seul ce liquide de notre invention en est capable. Une bombe atomique pourrait exploser dedans sans causer le moindre dommage ! La technologie du professeur Schaeffer nous dépasse encore malheureusement…

- Ils fonctionnent ?

La dirigeante l’avait interrompu d’une voix plus sèche qu’à l’ordinaire, comme si la mention du professeur ravivait en elle des souvenirs douloureux. Ou peut-être était-ce simplement la rage d’être incapable de rivaliser avec ce génie du vingtième siècle dont les travaux avaient en grande partie permis à l’aboutissement du projet ENDO ?

La jeune homme aux lunettes opaques tiqua, fâché d’être coupé dans son élan, mais répondit avec la même neutralité, après un dernier regard au panneau de contrôle :

- Oui, ils fonctionnent. Nous sommes prêts Mademoiselle Scarlet, nous attendons vos ordres !

Celle-ci promena son regard sur l’ensemble de l’installation. Les quelques scientifiques présents avaient les yeux rivés sur elle, même le professeur Wander se surprit à retenir sa respiration.

- Bien, obtempéra-t-elle enfin rompant l’atmosphère pesante qui s’était installée, lancement de la procédure « Ange Déchu », ne me décevez pas !

A ces mots, la pièce tout entière s’anima. Les informaticiens pianotèrent à toute allure sur la surface tactile des écrans, coordonnés d’une main de fer par le jeune homme aux lunettes opaques devant son écran.

En silence, Scarlet se glissa jusqu’aux scanners, où deux scientifiques s’affairaient à hisser le jeune homme menotté, toujours aussi inconscient, au sommet de l’un d’entre eux. Une trappe coulissante s’était ouverte à même la coque transparente et on entendait le clapotis du liquide de confinement à l’intérieur.

Avec précaution, les deux hommes firent glisser le prisonnier à l’intérieur de l’habitacle, le débarrassant au passage de ses entraves, plongeant son corps dans la solution bleuté aussi fluide que de l’eau jusqu’à ce que seule sa tête émerge.

- Nom : Mower, énuméra une femme en blouse blanche campée à côté du caisson, griffonnant à toute allure sur une fiche, prénom : Angel, âge : seize ans, originaire de…

Le professeur Wander avait rejoint sa patronne et contemplait le va-et-vient des membres de l’organisation, véritable travail de fourmis méticuleux ou chacun avait son rôle et sa tâche à effectuer sans la moindre marge d’erreur possible !

- Puis-je me permettre une question Mademoiselle ? osa-t-il demander s’attirant un regard noir de la part de la jeune femme.

- Allez-y, capitula-t-elle sans pour autant se tourner vers lui, scrutant de son regard d’acier le jeune homme flottant à l’intérieur du liquide, à travers le caisson transparent.

- Pourquoi l’avoir choisi lui ? se lança-t-il avec ardeur tout en suivant le regard de la jeune femme vers le visage semblant paisiblement endormi de l'adolescent, qu’avait-il de plus que les autres ? Pourquoi pas un de nos scientifiques ?

- Comme vous le savez, le processus de virtualisation laissé par le professeur Schaeffer est encore incomplet. Il est très instable pour les adultes et ne fonctionne que lorsque le cerveau n’est pas encore totalement formé et laisse suffisamment de place à l’imagination pour permettre la formation de l’avatar virtuel, énonça-t-elle comme si elle récitait une leçon, d’un ton égal, ce cher professeur en a lui-même payé le prix… Seize ans constituait l’âge idéal : assez mature pour comprendre ce que l’on attend de lui mais assez jeune pour être virtualisé. De plus, il nous fallait un esprit malléable mais également un esprit de meneur, capable de prendre des décisions de lui-même et possédant des capacités physiques suffisantes pour lui permettre de résister au transfert et d’obtenir un avatar de qualité optimale. Les relevés de notes de son lycée et de son club de sport ont suffis à le faire sortir du lot à ce niveau. Pour le reste, il nous fallait un adolescent vivant dans un coin assez reculé et ayant une situation familiale suffisamment complexe pour ne pas alerter les autorités ou les médias. Ce jeune homme, Angel, vivait seul avec sa tante qui s’occupait à peine de lui : il était le sujet idéal.

- Nous sommes prêts mademoiselle ! lança une femme attablée devant un des écrans, bien vite suivie par un des scientifiques se chargeant des scanners, c’est quand vous voulez !

- Lancez l’opération ! éructa-t-elle sans plus de cérémonie.

Aussitôt, les scientifiques en charge du jeune homme refermèrent le caisson, immergeant entièrement Angel dans le liquide tandis que les informaticiens pianotaient furieusement sur leur écran.

La jeune femme qui avait énuméré les caractéristiques du prisonnier s’avança vers son scanner et abaissa un levier enfouit sous les câbles. Aussitôt, un anneau de lumière bleu illumina le liquide à la base du caisson dans un crissement déchirant.

- Lancement de la procédure ! s’époumona le jeune homme en charge des opérations, tandis qu’une série de nombres défilait sur le panneau de contrôle derrière lui, transfert du sujet !

Le liquide dans lequel il flottait sembla s’illuminer un instant et le jeune homme se cambra à l’intérieur, flottant à travers les particules de lumière qui s'échappaient de l’anneau bleuté. Un moniteur relié au caisson lâcha un bip strident et aussitôt un nouveau groupe d’informaticiens, tous vêtus de la même tenue noire arborant l’emblème du phénix sur leur poitrine, s’affairèrent fébrilement autours du scanner, tripotant boutons, leviers et câbles avec dextérité.

- Nous risquons de le perdre mademoiselle, lança la femme en charge de l’appareil en se tournant vers Scarlet.

- Il est trop tard pour faire machine arrière… Continuez la procédure !

- A vos ordres !

L’homme aux lunettes fit glisser de côté la fenêtre du programme sur l’écran et ouvrit une nouvelle application montrant une silhouette en trois dimensions tournant sur elle-même.

- Scanner du sujet ! fit-il en déglutissant.

Wander avait crispé tous les muscles de son corps, les yeux rivés sur le jeune homme. Lentement, le disque de lumière remonta le long du caisson tandis que les contours de la silhouette sur le panneau de contrôle viraient peu à peu au bleu.

Un éclair s’échappa brusquement du disque alors qu’il passait au niveau de la tête d’Angel et le moniteur bipa de plus belle mais le jeune homme semblait tenir bon. Enfin, le cercle s’éteignit à l’autre bout du scanner, tandis qu’un symbole s’affichait par-dessus la silhouette numérique sur l’écran.

Wander ne put retenir un soupir soulagé : tout semblait en ordre. Il ne restait plus qu’à lancer l’étape finale. Scarlet restait totalement impassible, concentrée sur les chiffres défilant sur le panneau de contrôle. Tout allait se jouer maintenant, le projet ENDO, tout ce sur quoi la Green Phoenix avait travaillé depuis des mois… Ils n’avaient pas le droit à l’erreur !

- Parfait, fit le jeune homme aux lunettes, une sueur froide coulant le long de son front. Il est temps de voir si ce sur quoi nous travaillons depuis tout ce temps a porté ses fruits… Virtualisation !

Comme un seul homme, les informaticiens appuyèrent sur la touche ENTER de leur écran. Une lumière d’un bleu aveuglant jaillit brusquement du caisson, aveuglant l’ensemble des personnes présentes dans la pièce. Pendant un moment, Wander eu peur que la paroi du scanner cède sous la puissance de la fission nucléaire. Cependant le liquide de confinement joua son rôle et, au bout d’une longue minute qui leur paru des heures, la lumière diminua jusqu’à disparaitre complètement.

Hébétés, les scientifiques clignèrent des yeux quelques instants avant de se tourner avec anxiété vers le scanner. Wander fit de même, le cœur battant à tout rompre. C’est alors que son regard s’accrocha à quelque chose d’impensable sur le visage de mademoiselle Scarlet. Quelque chose qu’il n’aurait jamais cru pouvoir observer un jour, même dans ses rêves les plus fous !

La jeune femme souriait. Ses lèvres étaient étirées en un mince sourire triomphant à glacer le sang. Brusquement, un tonnerre d’applaudissement et de cris de victoire retentit dans la salle, auxquels Wander se joignit bien vite après avoir jeté un coup d’œil au caisson.

A travers la surface transparente du scanner, on ne voyait plus que le liquide bleuté onduler doucement. Angel avait disparu…


* * *


La pluie tombait à verse sur Kadic, noyant l’établissement sous un fin crachin, retentissant avec fracas sur les dalles de pierre de la cour et la tôle des toits. L’après-midi s’achevait à peine et pourtant on aurait dit que la nuit était déjà tombée sur le lycée tant les lourds nuages noirs chargés de gouttelettes obscurcissaient le ciel. Le mois de mars commençait fort, et personne ne se risquait à l’extérieur ce jour-ci, s’entassant dans leur dortoir, à la bibliothèque, ou dans le foyer des élèves réservé aux internes.

Un éclair zébra le ciel et Odd Della Robbia ne put retenir un sursaut, appuyé contre la vitre d’une des fenêtres dudit foyer. La salle était tellement surchargée qu’il fallait se battre pour trouver une place sur un des canapés rouges vif qui la parsemaient, et hurler afin de couvrir le brouhaha incessant des collégiens, surexcités par le mauvais temps, qui n’arrangeait rien à la télévision tournant à plein volume et aux lycéens affairés autours de la table de ping-pong et des babyfoot.

Un peu honteux de s’être laissé surprendre, Odd rangea son téléphone portable dans sa poche. Eva venait juste de l’informer que oui, elle avait trouvé refuge dans le self et que non, elle ne braverait pas les intempéries pour venir le rejoindre au foyer. Il était donc bien parti pour passer la soirée tout seul, les tympans explosés par le vacarme des autres élèves.

Se laissant glisser du rebord de la fenêtre, il atterrit sur le sol dallé du foyer, vissant son béret sur ses mèches blondes, et promena son regard d’un gris perlé sur l’ensemble de la pièce, à la recherche d’un visage familier. Aelita était assise à l’extrémité d’un des sofa, à moitié bousculée par les collégiennes en furie qui le partageaient avec elle, en grande conversation avec une jeune fille de sa classe, adossée contre un des piliers de la pièce.

Avec une grimace, Odd reconnu Tania Grandjean : une de ses ancienne conquête à l’époque de la Troisième qui lui avait fait vivre un véritable enfer durant les quelques jours où ils étaient sortis ensemble. Il n’avait en aucun cas envie d’avoir de nouveau affaire à elle !

Renonçant à s’interposer entre les deux adolescentes, il se tourna vers Jérémie, assis un peu plus loin sur le dossier du même canapé, foudroyant la jeune fille de son regard bleu incendiaire. Odd ne put s’empêcher de déglutir, submerger par la rage de son vieil ami.

A ce qu’il avait cru comprendre, Aelita et lui avaient rompus il y avait à peine quelques jours et la guerre froide régnait entre eux désormais, l’un comme l’autre refusant de s’adresser mutuellement la parole.

Intérieurement, le jeune homme tout de violet vêtu ne pouvait s’empêcher de se dire qu’une rupture aussi brutale, dans un couple aussi désespérément soudé qui plus était, ne pouvait rien présager de bon… Après tout, il connaissait les deux adolescents depuis le collège, il avait suivi pas à pas leur amourette, la façon dont ils se regardaient, rougissant à chaque compliment de l’autre, finissant par s’avouer leurs sentiments… Il n’avait jamais été capable d’envisager les deux amoureux autrement qu’ensembles ! Pour lui, Aelita et Jérémie étaient, depuis toujours, l’incarnation même du principe des « âmes sœurs ».

Il fallait croire qu’il s’était trompé… En tout cas, si une personne devait ne pas sortir indemne de cette histoire, ce serait sans nul doute Jérémie. Le jeune homme aux lunettes était beaucoup trop possessif, beaucoup trop amoureux de sa déesse aux cheveux roses pour laisser tomber aussi facilement !

Préférant éviter d’alimenter sa colère, Odd préféra l’ignorer lui aussi et baissa les bras, s’éloignant dans le coin le moins surchargé du foyer, prêt du minibar que Sissi, qui disposait des clefs de l’appareil selon son rôle de présidente du lieu, n’avait pas jugé bon de remplir depuis une éternité.

C’est alors qu’il le vit, assis seul dans un coin sombre, la nuque appuyée contre la surface froide du congélateur, fermant les yeux comme s’il méditait. Mathieu.

En l’apercevant, Odd ne put s’empêcher de ressentir comme un pincement au cœur. Jérémie n’était pas le seul à s’être disputé avec Aelita, avait-il pu constater : le jeune homme aux Converses violettes avait depuis peu recommencé à s’isoler. Trainant seulement de temps à autre avec une jeune fille de Terminale qu’il n’avait jamais vue auparavant, il restait seul dans le self la plupart du temps et se retrouvait sans partenaire durant leur option commune d’Art Plastique. Il avait beau être interne à Kadic depuis plus de deux mois désormais, le jeune homme n’en restait pas moins très solitaire, allant jusqu’à éviter les autres élèves de sa classe.

Et lui-même ne faisait rien pour l’aider, le rejetant comme un paria depuis qu’Eva avait semé le doute dans son esprit concernant son orientation sexuelle. Il s’en voulait désormais de s’être montré aussi peu ouvert d’esprit. Après tout, gay ou pas, Mathieu était quelqu’un de très sympathique avec qui il avait passé de bons moments au début du mois de janvier ! C’était le moment ou jamais de rattraper ses erreurs !

Contournant un groupe d’élèves de Seconde, il se fraya un passage jusqu’au jeune homme qui n’ouvrit ses yeux bleus qu’au dernier moment en le sentant approcher, le fixant d’un regard triste qui poignarda littéralement l’adolescent au béret.

- Hum, fit-il en rajustant sa veste, ne pouvant s’empêcher de cacher à son vis-à-vis son torse un peu trop découvert par son col en V, salut ! Je…Je peux m’assoir ?

Mathieu ne répondit pas, se contentant d’opiner du chef, et l’adolescent s’exécuta, s’installant à côté de lui contre le minibar. Personne ne prêtait attention à eux, trop plongés dans la partie de babyfoot du moment ou dans l’émission que diffusait la télévision dans le fond. A l’extérieur, la pluie continuait de taper fort contre les carreaux.

Ils restèrent tous les deux là un moment, assis l’un à côté de l’autre, immobiles et aussi muets que des pierres tombales. L'ambiance entre eux pouvait au mieux être qualifiée de "glaciale" !

- Je peux te poser une question indiscrète ? se risqua enfin à lancer Odd rompant le silence pesant qui commençait à s’installer, c’est un peu ridicule mais ça me tracasse depuis un moment alors il faut que je sache…

Mathieu déglutit et son cœur s’accéléra de façon imperceptible mais il acquiesça néanmoins, anxieux. Odd inspira un grand coup tout en jetant un coup d’œil rapide à travers la salle, prenant garde aux éventuelles oreilles indiscrètes, avant de se rapprocher légèrement de son interlocuteur sans se rendre compte du trouble qu’il inspirait au jeune homme, qui avait désormais une vue plongeant sur son col en V, malgré ses précautions.

-Est-ce que…Tu es gay ?

Il avait murmuré si bas que personne à part eux deux n’avait pu les entendre, pourtant Mathieu ne put s’empêcher de se figer, complètement paniqué. Constatant finalement qu’aucun élève ne prêtait attention à eux, il se calma légèrement, son rythme cardiaque redescendant à une allure acceptable.

- Oui, admit-il finalement, las de constamment nier sa nature, c’est Aelita qui t’en as parlé ?

- A vrai dire, c’est Eva qui l’a deviné, avoua Odd avec un sourire nerveux, se reculant le plus discrètement possible du jeune homme, désormais réellement mal à l’aise.

Il tiqua soudain sur ce que Mathieu venait de lui dire : alors comme cela Aelita était au courant ? Voilà qui expliquait bien des choses et réduisait en miettes les raisons qui avaient poussé Jérémie à se montrer aussi jaloux ces dernières semaines !

Un silence de plomb retomba sur les deux adolescents, séparés d’un bon mètre désormais. Mathieu était littéralement cramoisi, cachant sa tête entre ses mains, trop honteux d’avoir dévoilé son plus lourd secret aussi facilement dans un moment de faiblesse ! Il était en train de penser à Angel lorsqu’Odd était venu l’aborder et, tout occupé à ressasser les paroles d’Aelita lui demandant de laisser tomber l’élu de son cœur, il s’était retrouvé totalement pris de cour par la question du jeune homme au béret.

Odd, quant à lui, n’osait plus ajouter quoi que ce fut, de peur de donner de fausses idées au jeune homme ou, pire encore, de se laisser aller à lui demander des détails ! Intérieurement, il avait espéré que l'adolescent nierait son accusation ce qui l’aurait aidé à tirer un trait sur tous ses doutes et à reprendre une amitié des plus banales où elle s’était arrêtée.

Cependant, Mathieu s’était montré direct et lui avait balancé à la figure ce qu’il redoutait le plus, à savoir, la confirmation des soupçons de sa petite amie ! En cet instant précis, Odd ne se sentait pas du tout en sécurité, il aurait même donné cher pour pouvoir s’enfuir en courant ! Seulement il restait là, assis le plus loin possible de son vis-à-vis, tentant tant bien que mal de gérer le flot d’émotions qui le parcourait à cet instant.

Soudain, le visage de Mathieu s’éclaira et celui-ci se redressa légèrement : une once d’espoir venait de renaitre dans le creux de son ventre. Espoir qu’il ne pouvait s’empêcher de tenter d’étouffer, de peur d’être de nouveau déçu et d’être, cette fois-ci, incapable de se relever. Cependant il devait tenter le tout pour le tout : Odd était sa dernière chance !

- Euh, entama-t-il d’une voix mal assurée, je peux te poser une question assez indiscrète moi aussi ?

Le jeune homme retint de justesse un soupir désespéré. C’était trop tard ! Le jeune homme allait probablement lui avouer ses sentiments et il n’avait aucun moyen de l’arrêter, ni aucune idée de comment se sortir de cette situation cauchemardesque. Et puis qu’allait-il bien pouvoir répondre ? Il y avait de quoi s’arracher les cheveux, son cœur battait tellement fort qu’il menaçait de s’échapper de sa poitrine…

- Est-ce que tu sais quelque chose concernant la Green Phoenix ? chuchota-t-il si bas qu’Odd dut tendre l’oreille pour l’entendre.

Celui-ci ressentit soudain comme une profonde déception au fond de lui-même, incapable d’expliquer pourquoi. Il s’attendait tellement à une déclaration… Brusquement, la question de Mathieu remonta jusqu’à son cerveau et ce fut à son tour de paniquer, écarquillant les yeux et manquant de se prendre la porte du congélateur en esquissant un mouvement de surprise.

Oubliant momentanément sa gêne, il se rapprocha de son interlocuteur le plus discrètement possible. Autours d’eux, les élèves continuaient à rire et à défiler, insensibles à la tension qui venait subitement de naitre à quelques mètres d’eux à peine.

- Où est-ce que tu as entendu parler de ça !? siffla-t-il entre ses dents, affolé, ne me dis pas qu’Aelita… ?

- Aelita n’a rien dit, l’interrompit Mathieu avec un soupir résigné, disons juste qu’il semblerait que la Green Phoenix trempe dans une affaire qui me touche de… Plus ou moins prêt !

Odd se contenta de hausser les sourcils sans comprendre et le jeune homme se prit la tête entre les mains, désespéré. Il était face à un dilemme cornélien : parler d’Angel et ainsi aborder de nouveau ses insupportables souvenirs afin d’avoir une chance d’en apprendre plus sur cette mystérieuse Green Phoenix, ou bien se taire au contraire et laisser tomber à jamais l’idée de retrouver l’élu de son cœur. Cette simple idée le rendait malade.

Brusquement nauséeux, il laissa retomber ses bras le long de son corps, inspirant profondément comme pour mettre de l’ordre dans sa tête. Ce n’était pas qu’une question de retrouver Angel, il avait également besoin de se confier. Pire que cela, cette envie de raconter ses problèmes à quelqu’un était en train de le dévorer de l’intérieur, il avait besoin de se décharger encore et encore jusqu’à ce qu’enfin la douleur s’atténue ! Depuis qu’il s’était laissé aller face à Aelita, cette irrépressible envie ne cessait de le tarauder. Laisser sa peine sortir lui avait procuré un tel bien… Il avait besoin de revivre cette enivrante sensation de libération !

- D’accord, finit-il par capituler pour la seconde fois en moins d’un mois, je vais te raconter toute l’histoire… Mais promet-moi de garder le secret, d’accord ?

- Ne t’inquiètes pas, lança Odd dans un demi-sourire, crois-moi pour ce qui est de garder un secret je sais faire…

Et puis comment aurait-il put résister face à ces yeux bleus implorants et désespérés qui transperçaient jusqu’à sa dernière parcelle de résolution ?

Alors Mathieu commença à raconter, relâchant la pression pour la seconde fois. Il parla de son ancien lycée dans un petit village perdu : Ste. Bénédicte, aborda le sujet du bal et de la déception qu’il avait ressenti une fois là-bas. Il parla du verre du trop qu’il avait bu, du désespoir qu’il éprouvait à l’époque face à ses attirances sur lesquelles il n’avait aucun contrôle. Enfin il parla d’Angel : de ses yeux de soleil liquide envoutants, de la blonde sulfureuse qui lui collait au train, de cette soudaine immense sensation de vide qu’il avait éprouvé en le voyant. De leur baiser...

Odd était littéralement pendu à ses lèvres, écarquillant un peu plus ses yeux gris au fur et à mesure que Mathieu se confiait. A l’instar d’Aelita avant lui, il l’écoutait dans un silence religieux. Il se sentait également curieusement mal, une pointe de culpabilité lui tailladant le cœur. Comment avait-il pu l’éviter pendant tout ce temps après tout ce qu’il avait vécu, avec la solitude qu’il ressentait ? Il n’avait jamais tenté de se mettre à la place de Mathieu, de comprendre sa façon de penser, préférant s’enfermer dans ses préjugés stupides… Il se rendait désormais compte d’à quel point il avait eu tord !

Mathieu en était arrivé à son passage à tabac par la bande d’Angel. Son regard était empli de douleur rien qu’à cette simple évocation, les stigmates du passé encore présent jusque dans sa chair. Il parla enfin de la raison de sa venue à Kadic, puis du retour de Stéphanie et de la stupéfiante nouvelle qu’elle lui avait annoncée : l’enlèvement d’Angel. Pour finir, il lui dévoila les quelques indices qu’ils avaient tous deux pus récolter et menant à la Green Phoenix, s’appuyant sur les photos prises sur son portable.

Une fois qu’il eu fini, le soulagement de courte durée qu’éprouvait Mathieu fit rapidement place à une brusque crise d’angoisse. Il venait de se confier entièrement à un mec hétéro' qui l’évitait depuis des jours parce qu’il soupçonnait son homosexualité ! Et si le scénario se répétait ? Et s’il se retrouvait de nouveau contraint de quitter son lycée face à la haine des autres ?

Odd restait sans voix, interdit, ajoutant au trouble du jeune homme. Il semblait plongé dans ses pensés, ses yeux d’un gris perlé fixant un point invisible sur le sol.

- Pourquoi est-ce que tu t’accroches autant à ce type ? lâcha-t-il soudain faisant sursauter son interlocuteur, il t’a fait tellement souffrir… Qu’est-ce que ça t’apporterait de le retrouver ?

Il avait tourné la tête vers lui, ses mèches blondes couvertes de gel encadrant son visage. Mathieu croisa son regard : aucune haine, aucun dégout n’y était lisible, simplement de la curiosité.

- Je ne sais pas, avoua l’adolescent en laissant son esprit dériver vers les magnifiques yeux d’or d’Angel, ce n’est pas quelque chose que j’ai choisi je crois… C’est comme le fait que je sois gay : j’en souffre tous les jours, je me sens différent, j’ai peur d’assumer ce que je suis et d’être rejeté à cause de ça… Ça ne m’apporte rien de bien au final mais je ne peux rien y faire, parce que c’est ce que je suis. C’est inscrit dans ma chair, dans mon esprit, dans mon âme. Je n’ai pas choisis d’aimer les hommes, je suis simplement né comme ça et je fais avec. Pour Angel c’est pareil : je l’aime. Je sais que ce n’est pas réciproque, que ça ne le sera jamais et pourtant ça ne change rien à mes sentiments. C’est peut-être bête mais même après tout ce qu’il m’a fait subir je ne peux pas m’empêcher de…

- Est-ce que tu l’aimes vraiment ? l’interrompit brusquement Odd, planta les perles de ses yeux dans le bleu de ceux de Mathieu, est-ce qu’il représente tout pour toi ?

Surpris, le jeune homme resta silencieux un moment, comme pour assimiler les paroles de son interlocuteur, cependant sa réponse était déjà toute prête :

- Oui, lâcha-t-il enfin sans parvenir à ôter un petit sourire niais qui venait de se coller sur ses lèvres, oui, je suis fou de lui. Je suis prêt à faire n’importe quoi pour lui. N’importe quoi…

Odd n’avait pas eu besoin d’entendre ce qu’il avait à dire pour connaitre sa réponse : tout l’amour qu’il portait à cet Angel était clairement lisible dans ses yeux. Lui-même n’était pas sûr d’avoir jamais éprouvé quelque chose d’aussi puissant…

- Écoute, lança-t-il brusquement, je ne peux rien te dire moi-même, j’ai juré de garder le secret… Cependant si tu tiens vraiment à ce type… Si tu l’aimes autant que tu le dis, alors je veux t’aider !

Il s’interrompit un instant, balayant le foyer des yeux, s’arrêtant momentanément sur Aelita et Jérémie, qui continuaient à s’ignorer superbement. Il s’apprêtait à agir sur le coup de tête le plus impulsif qu’il ait jamais connu et cela ne serait pas sans conséquence, autant pour lui que pour ses anciens amis du collège… Cependant, une petite voix au fond de son cœur lui disait de venir en aide à Mathieu, une voix qui faisait voler en éclats jusqu’à ses convictions les plus profondes. Il ne comprenait pas la nature ce cette voix lui-même, mais il se sentait prêt à l’écouter quel qu’en soit le prix à payer… Quitte à trahir un secret qu’il avait su conserver pour lui pendant des années !

- Tu vois où es la chaufferie ? reprit-il sous le regard incrédule de Mathieu qui acquiesça néanmoins, sans rien dire, bon… ‘Y a une porte rouge dans le fond, fermée à clef… Passe par là, au bout du chemin tu devrais trouver un début de réponse à tes questions. C’est tout ce que je peux te dire et il n’y a aucune certitude que tu puisses trouver là-bas quelque chose qui te mènera à Angel mais… Bref, bonne chance !

Mathieu resta immobile pendant une fraction de seconde, éberlué, dévisageant Odd comme si celui-ci venait de le demander en mariage. Puis, brusquement, son regard s’éclaira d’un espoir nouveau, ravivé alors qu’il était sur le point de s’éteindre par les confessions du jeune homme !

D’un bond, il fut sur pieds, traversant le foyer en jouant des coudes pour écarter les élèves massés devant eux. Odd le regarda s’éloigner, la tête vide, ses yeux gris fixés sur son dos. Mathieu ouvrit la porte, laissant le fracas de la tempête à l’extérieur pénétrer dans la salle.

Il hésita une ultime seconde, se retournant vers l’adolescent au béret une dernière fois. Toujours adossé contre le minibar, Odd contempla le jeune homme articuler un « merci » inaudible dans sa direction avant d’enfin se jeter dehors et de disparaitre sous le pluie, claquant la porte derrière lui au passage.

L’adolescent aux cheveux blonds soupira, se prenant la tête entre les mains. Il venait de larguer une véritable bombe dans la nature, et il n’avait aucune idée de ce que son explosion risquait d’engendrer !

A l’extérieur, Mathieu s’éloignait en courant des lumières du foyer. Déjà trempé jusqu’aux os, grelottant, ses pas retentissant avec fracas sur les dalles de la cour de Kadic et éclaboussant les alentours de myriades de petites gouttelettes. Il se moquait de la pluie, de l’orage, du vent et de la fatigue… Une seule pensée habitait désormais son esprit : il avait une piste. Il allait enfin en apprendre plus sur la Green Phoenix et ce qui était arrivé à Angel !

Il n’avait aucune idée de ce dans quoi il se lançait en cet instant précis, bravant les intempéries vers un inconnu qui le remplissait de peur et d’une sourde excitation. Tremblant de froid et submergé par l’émotion, il sortit tant bien que mal son téléphone de sa poche et fit glisser son répertoire jusqu’à atteindre le numéro de Stéphanie.

Celle-ci répondit presque immédiatement et, comme à son habitude, il ne lui laissa pas le temps de parler.

- J’ai une piste pour Angel ! lâcha-t-il en continuant sa course vers la chaufferie de l’internat, rejoint-moi au lycée le plus vite possible je vais avoir besoin de toi, merci !

Sans attendre la réponse de son amie, le jeune homme raccrocha, l’écran de son téléphone flouté par les gouttelettes glissant à sa surface. Au loin, la silhouette sombre du gymnase, à peine visible sous le rideau de la pluie, se détachait progressivement. La chaufferie était juste à côté, à quelques pas seulement.

Un nouvel éclair zébra le ciel, éblouissant Mathieu de sa lumière blanche, mais celui-ci ne ralentit pas sa course pour autant, focalisé sur son objectif. En cet instant précis, le jeune homme avait l’impression qu’Angel était à portée de doigts…


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Voilààà, chapitre bouclé ! Vous devinez sans peine le contenu du suivant je suppose Razz ! Bon par contre je ne suis pas en super-forme en ce moment et j'ai même du me forcer pour finir ce chapitre -d'ailleurs ça se ressent dans l'écriture je trouve !

Bref, j'essaierais de me montrer plus rigoureux à l'avenir et à bientôt (?) pour la suite ^^ !
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Lorilis MessagePosté le: Mar 02 Aoû 2011 12:46   Sujet du message: Répondre en citant  
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Ouf! Ca y est ! Je suis arrivée au bout des 11 chapitres ! Je suis fière de moi ! Mr. Green

Bref, alors, je ne sais pas comment j'ai pu rater une fic comme ça... Peut-être ai-je été rebuter par la longueur incroyable des chapitres... C'est possible, en tant que flemmarde professionnelle ! Mr. Green

Je suis parfaitement d'accord avec toi : Rares sont les écrivains en herbe à toucher aux deux couples sacrés de CL, surtout en ce qui concerne Ulrich/Yumi d'ailleurs ! Moi, j'aime particulièrement cette idée de tout chambouler. Après tout, on fait ce qu'on veut dans une fanfic !
Donc, pour les couples, j'aime beaucoup ! Surtout depuis que Aelita/Jeremy ne fonctionne pas trop... J'aime surtout le fait que William et Sissi n'aient plus rien à voir avec ce qu'ils étaient dans la série. Ils sont devenus beaucoup plus attachants, j'aime qu'ils ne soient pas à côté de la plaque sans arrêt.

Ton style est trèèèès différent de ce qu'on connaît dans CL, mais c'est plutôt bien réussi. C'est judicieux de ta part de les avoir fait viellir, comme ça, leur évolution est... logique, je dirais.
Pour ta façon d'écrire, je trouve ça pas mal du tout. Il y a quelques fautes d'orthographe qui reviennent souvent, mais je ne suis pas capable de faire comme Kinshii, et de toutes les relever... Mr. Green
Simplement, je dirais qu'à l'impératif, pour le premier groupe, on met pas de s pour le singulier, et ça tu le fais à chaque fois. J'ai pas d'exemple, c'était dans le premiers chapitres, mais bon.
Et pis, aussi, tu écris toujours "tord", pour "il avait eu tort", par exemple, il faut un t à la place du d.
Voilà, en dehors de l'orthographe qui nous chatouille les yeux, je trouve que tu as un style très affirmé, qui est agréable à lire. Par contre, tu fais parfois des phrases de trois kilomètres de long Mr. Green, je crois que c'est parce que tu veux qu'on s'imagine tellement bien la scène que tu utilises tout un tas de détails. Je ne dis pas que c'est mal, c'est ton style, c'est assez "carré", une écriture de scientifique, en fait ! Mr. Green
Comme j'en parlais à l'instant, l'avantage de ce style, c'est qu'on imagine parfaitement tout ce qui se passe. Ca m'a frappée particulièrement avec la géographie du collège. Tu décris vachement bien les différents endroits et tout. Bon, on s'y perd un peu, mais ça permet d'avoir l'impression de regarder un film ! Mr. Green Un truc que j'aime bien, c'est ta façon de raccrocher les persos de ta fic aux vrais persos de CL. Attends, je m'explique, très souvent, tu fais référence à des événements qui se sont passés dans la série, pas seulement la grande histoire avec XANA et tout, mais des petits détails, comme Yumi qui, depuis une certaine "aventure" avec la neige, supporte plus d'en voir. C'est joliment amené.

Voilà, alors sinon, en ce qui concerne l'histoire en elle-même, je vais pas commenter chaque chapitre... J'en ai pour dix siècles, sinon ( moi, exagérer ? Non, jamais Mr. Green ). Alors, je vais parler des grands trucs.
Je n'ai pas lu la quadrilogie de CL... ( Honte à moi ! Ouais je sais...) Aleurs, je ne sais absolument pas ce qu'est la Green Phoenix... Mais tu as dis que pour les trucs qui sont dans les livres, tu expliqueras, alors je suis rassurée ! Mr. Green
Bref, je dois dire que le perso de Mathieu ( nom que je n'apprécie pas, mais on s'en fiche ! ) est très attachant. On a vachement pitié de lui, le pauvre... Je comprends pas qu'il y ait encore des gens sur Terre qui puissent être à ce point-là crétins, franchement (Encore que d'après moi, 80% de la population mondiale est abrutie, mais bon Mr. Green). Je comprends pas qu'on puisse réagir comme ça, face à un gay. Hé ho, c'est un être humain, les mecs ! Enfin, tu l'as très bien retranscrit en tout cas !
En fait, moi, quand on a commencé à avoir des doutes sur "l'orientation sexuelle" de Mathieu, je me suis dit : Mince ! Il va pas pouvoir piquer Aelita à Jeremy ! Mr. Green ( Moi, obnubilée ? Mais non, voyons ! ) Mais en dehors de ça, je trouverais assez original qu'il finisse avec Odd ! Mr. Green
D'ailleurs, je n'aime pas Eva. Je ne la connait pas du livre, alors je ne peux pas te dire si tu as bien respecté son caractère, mais ton Eva à toi, je ne l'aime pas du tout. Je sais pas vraiment pourquoi... Bon déjà, elle est avec Odd Mr. Green, et pis c'est une Américaine, elle est sublime, machin truc. Ouais, génial, mais j'aime pas !

Pour l'enlèvement d'Angel ( Ouh ! Il porte trop bien son nom, celui-là ! Mr. Green Serait-ce de l'ironie ? Je sais pas, faudrait chercher dans ma tête ! ), bin, en fait, personnellement, je m'en fiche, parce que c'est tout sauf une perte. Mais, il a quand même été virtualisé !! C'est pas rien... Ce début du chapitre 11, d'ailleurs, me conforte dans l'idée que tu as une nature scientifique ! Mr. Green *prend un air triomphant* En tout cas, ça fait peur, tout ça...
J'aime bien l'idée que même après tout ça, Mathieu arrive encore à aimer cette pauv' tache d'Angel... [mode=romantique]Comme quoi, l'amour est plus fort que tout ![/mode=romantique]

Bon, et bin, je crois que je suis à peu près arrivée au bout de mon commentaire. Il manque sûrement des trucs à dire, mais je les garde pour le chapitre d'après !

Bonne continuation en tout cas, n'oublie pas de nous poster la suite un de ces jours, parce que moi, je l'attends !!

PS : euh...J'ai quand même une question... En réalité, ça vaut aussi pour Yukyo, et peut-être bien d'autres écrivains aussi. Comment sait-on que Jeremy a les yeux bleus, que ceux d'Odd sont gris, et ceux d'Urich marrons ? Mr. Green C'est marrant que tout le monde prenne les mêmes couleurs, sans même se concerter ! Je me demande d'où c'est parti...
Bon d'accord, je sors !!

Allez, bonne chance !!

_________________

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