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[Fanfic] Les liens du sang [Terminée]

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 Auteur Message
Minho MessagePosté le: Sam 20 Fév 2016 15:05   Sujet du message: [Fanfic] Les liens du sang [Terminée] Répondre en citant  
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Inscrit le: 29 Jan 2016
Messages: 109
Bonjour tout le monde !

Je me lance pour ma première fanfiction Code Lyoko : « Les liens du sang ». Comme tout auteur, j'ai dû faire des choix scénaristiques. Une des particularités de ma fanfic est que tout sera en focalisation interne. Le lecteur apprendra les différents rebondissements qui rythmeront le récit via un personnage. Un ? Eh bien non. C'est une décision qui risque d'en déconcerter plus d'un mais je l'assume. Pour chaque chapitre, le lecteur se mettra dans la peau de plusieurs héros, généralement trois. Tout le texte va être découpé de cette façon et je me doute que ça ne pourra pas plaîre à tout le monde. Cependant, je suis très ouvert aux critiques constructives donc n'hésitez pas. Après tout, je suis juste un nouveau membre (petit clin d’œil) et je n'ai pas le même palmarès que certains.

Au niveau du style, je le décrirai comme sombre et versatile. Il y aura donc des chapitres plus rythmés que d'autres mais même ceux que l'on pourrait considérer comme plus lents ont une importance.
Grand amateur de suspense et de rebondissements, les différents mystères planant sur mon récit auront une résolution progressive, à moins que les héros ne soient pas capables de percer tous les secrets ? Il y aura un nouveau chapitre toutes les deux semaines, voire trois si j'ai vraiment un contre-temps.

J'ai créé cette histoire sur le principe du « Et si ? ». Par exemple : « Et si Aelita avait refusé de vivre sur Terre après sa matérialisation ? » Les choix que vont prendre les personnages ou les épreuves qu'ils vont devoir affronter ne vont donc pas être les mêmes que ceux présents dans le scénario original. Ce premier chapitre commence à la fin de #59 Le secret. Ma fic Les liens du sang est une sorte d'univers parallèle qui aurait débuté juste après l'attaque de la bombe par le « super plombier ». Au fur et à mesure de l'avancement de l'histoire, ça sera l'effet papillon (ou boule de neige si vous préférez). Toutes les différences au niveau de l'intrigue de base vont aboutir à des bouleversements majeurs. Néanmoins, j'ai fait en sorte que le tout reste crédible (avec la background aussi) même si ça peut parfois être tiré par les cheveux. En bref, ces événements auraient vraiment pu arriver dans le DA si les scénaristes avaient emprunté des chemins différents de ceux que l'on connaît tous. Mais cela n'aurait jamais été le cas vu que le public-cible reste jeune alors que ma fic convient plus à un public mature et averti. D'où cet avertissement :

/!\ Fanfiction à ne pas lire, à moins de posséder un minimum de sadisme pour accepter que votre vision enfantine de la série s'autodétruise au fil des lignes...




Les liens du sang

Chapitre 1 : Nouveau membre



-William-

Le verdict tombe. Unanimement, ils ont décidé de m'intégrer. Je lance un rapide au revoir et je m'éclipse. Je ne veux pas leur montrer mon émotion. Tandis que la porte de l'ascenseur coulisse, tous me fixent. Les yeux d'Odd pétillent, il a l'air assez heureux d'avoir un nouveau membre dans le groupe. Ulrich a un regard neutre, ce qui est assez positif. D'habitude, ses deux rétines tournent vite au noir dès qu'il m'aperçoit. Cette fois, le regard dur et froid ne provient pas de lui mais bien de ma geisha. Elle est encore plus glaciale que d'ordinaire et semble être en proie au doute. La porte est close désormais. Je n'ai pas eu le temps de sonder Jérémie et Aelita. Peu importe, j'estime que je ne joue pas dans la même catégorie qu'eux de toute façon et par conséquent, je me fiche bien de leurs avis. Je sors de l'élévateur et me dirige vers la sortie. Une fois à l'extérieur, je sens un vent froid me caresser les joues. Je jette un dernier coup d’œil aux murs gris de l'usine qui abrite le portail menant à un autre univers, un peu semblable à l'armoire magique conduisant au royaume d'Aslan quand on y pense... Sauf que les scanners sont bien réels eux. Et Lyoko aussi. Bientôt, je vais découvrir un autre monde, une réalité complètement différente. Je suis tout excité. C'est comme si j'avais toujours su que mon existence n'allait pas être banale. Du moins, je l'ai espéré de toutes mes forces depuis que j'ai capté que la vie n'est pas un conte de fée. Ici, pas d'Happy Ending... Personne ne sait ni quand ni comment cette farce absurde va se terminer. La seule certitude est que tout le monde finira par tirer sa révérence. Bien sûr, certains peuvent avoir un destin plus passionnant que d'autres mais au final, qu'est-ce que ça change une fois que nous sommes six pieds sous terre ?

Arrivé au milieu du pont, j'éprouve le besoin de m'asseoir. De nombreuses pensées déambulent dans ma petite tête car je n'arrive toujours pas à réaliser ce qui vient de se passer... Après tout ce temps, je compte enfin pour quelqu'un ou plutôt pour tout un groupe. Mieux : ils ont besoin de moi ! Peut-être que j'ai fini par trouver un but finalement. Jusque-là, tout était éphémère. Je me répétais sans cesse les phrases bateaux que tous les rebelles dans l'âme suivent afin de justifier leurs écarts. « On ne vit qu'une fois ! » est sans doute ma favorite. Tout tenter, vivre absolument chaque expérience à fond même si ça peut en faire souffrir d'autres. Je dois quand même reconnaître que j'évite d'engranger de la tristesse. Au fond, faut se méfier des apparences, je suis un sensible bien planqué derrière ma réputation de gros dur.

Cinq oui... Je ne m'étais pourtant pas fait trop de faux espoirs. Sous mes airs de beau gosse à qui tout réussit, j'ai pas mal de moments de doute que je ne partage avec personne. Mais cette soirée vient juste de relancer le peu d'estime que je me portais ces derniers temps. L'arrogant William Dunbar est de retour ! La cerise sur le gâteau, c'est que je vais avoir tout le temps pour séduire Yumi. Elle ne tardera pas à me tomber dans les bras quand elle verra mes prouesses sur Lyoko ! Je me lève et reprends ma route. Il fait vraiment frais ce soir et quelques gouttes commencent à tomber mais pas assez pour me décourager d'une escapade en skate.

« William, attends ! »

Je m'immobilise. Je reconnaîtrais cette voix entre mille mais je ne sais pas du tout comment va se passer la suite des événements. Normal vu que cette demoiselle est la plus imprévisible personne dans mon entourage. Je me retourne avec un sourire ravageur.


-Yumi-

« Alors, je te manque déjà ? lance-t-il.
— Pas du tout, j'ai besoin de te parler c'est tout. »

Comme toujours, il a l'allure fière et me regarde avec des yeux de biche. Je ne m'étais pas trompée : une mise au point s'impose et je ne vais pas passer par quatre chemins.

« J'allais voter contre.
— Pourquoi aurais-tu fais ça ? »

Je l'ai vu. C'était rapide mais bien réel : le doute dans son regard.

« Je ne te fais pas confiance.
— Fallait pas m'accepter dans le groupe alors.
— Figure-toi que je n'avais pas le choix. Ça me fait mal de l'admettre mais depuis le début, je pense que nous ne sommes pas assez nombreux pour gérer l'immense problème qu'est XANA. Je ne pouvais donc pas écrire non la conscience tranquille en sachant que tôt ou tard, on va finir par échouer devant des attaques de plus en plus compliquées à contrer. On aurait bien besoin d'une paire de bras en plus. Si aujourd'hui tu n'avais pas été là...
— Vous avez pourtant toujours réussi.
— Tu ne connais pas toute l'histoire.
— Je suis sûr que tu n'as pas approuvé cette décision juste pour les muscles que je vais fournir. Avoue que tu es ravie de savoir que tu vas passer plus de temps avec moi. Manque plus que tu m'invites dans ton lit et on sera vraiment ensemble 24 heures sur 24 !
— On se calme Don Juan ! Que ce soit clair : ton entrée dans la bande doit signer définitivement la fin de tes tentatives de drague à deux euros.
— Pourtant, ça ne te déplaît pas de te sentir désirée par deux mecs à la fois ! »

J'avoue que, sur le coup, il m'a déstabilisée. J'ai senti le rouge me monter aux joues. J'ai marqué un temps d'arrêt avant de répliquer :

« Il n'y aura jamais rien entre nous, mets-toi bien ça dans le crâne une bonne fois pour toute ! »

Dès le dernier mot prononcé, je regrette aussitôt ces mots assez aigres en le voyant se décomposer. J'ai donc rajouté :

« Du moins tant que le combat ne se sera pas arrêté.
— Mais pourquoi ? Yumi, c'est complètement ridicule ! Si tu as des sentiments, dis-le maintenant... Finis ce jeu débile une bonne fois pour toute ! »

Prise au piège, je joue la carte de la transparence. Uniquement sur ce que je veux bien révéler évidemment. Très énervée, je balance :

« Écoute William, je n'ai tout simplement pas le temps de penser à tout ça. J'essaye de concilier ma vie scolaire avec la lutte sur Lyoko et j'ai déjà du mal. Surtout que j'ai l'impression d'être un courant d'air à la maison. Depuis que le Supercalculateur est entré dans ma vie, je n'ai plus eu aucun moment de joie avec mes parents ou Hiroki. Je n'ai même plus le temps de communiquer avec ma famille, mon sang William ! Mais je ne m'attends pas à ce que tu me comprennes vu la relation que tu entretiens avec tes proches... »

En plein cœur. Encore une fois, j'ai parlé trop vite. Je vois une ombre passer sur son visage mais il arrive à se contenir. La pluie s’accentue, il ne manquait plus que ça.

« Tu n'as aucune idée de ma situation familiale Yumi.
— En tout cas, tu sais ce que je pense de ton entrée dans la bande maintenant. Je vais t'avoir à l’œil et au moindre pas de travers, je te fais virer du groupe.
— Compris chef ! Je vais te donner tellement de raisons de me faire confiance que tu n'en reviendras pas. »

Craaaac

La foudre vient de s'abattre sur un arbre en bordure du canal. Signe prémonitoire ? Voir cet être vivant calciné n'est pas anodin pour moi. L'éclair est comme l'épée de Damoclès qui pend au-dessus de nos destins depuis que Jérémie a rallumé le Supercalculateur. La mort parfaite quand on y pense : rapide et imprévisible. Si je m'écroulais là maintenant, cela serait une sorte de délivrance. Je n'éprouverais plus de crainte, cette angoisse de perdre un proche qui me ronge au quotidien. J'ai toujours voulu partir la première. Choix très égoïste quand on y pense parce que je sais que certains ne s'en remettraient pas...
Bon, il est temps de conclure avant d'être tous les deux trempés jusqu'aux os.

« Rentre tout de suite, je vais aller rejoindre les autres au labo. »

William me fixe pendant de longues secondes qui me parurent une éternité. Insondable, il tourne les talons et me quitte sans un mot. Je le regarde s'enfoncer dans la nuit en espérant que notre futur ne sera pas aussi sombre que ce nouveau membre...


-Aelita-

Yumi finit par revenir. Enfin ! Elle a l'air sur les nerfs...

« Alors ? »

Ulrich a l'air plus qu'impatient de savoir ce qui s'est dit sous le ciel orageux.

« Comme promis, je lui ai dit que tout n'était pas acquis. Il est en test, conformément à ce que nous avons décidé après son départ, et il a bien reçu le message. Reste à savoir s'il l'appliquera... Bon, je dois vous laisser. J'ai la permission de vingt-deux heures pour mon "travail de groupe d'histoire". Pour une fois que je ne fais pas le mur, je suis en retard. À plus ! »

Elle ne nous a clairement pas tout dit. Son regard est fuyant et elle a volontairement mis fin à la conversation avant que l'on ne lui demande plus de détails. Je me demande si Ulrich l'a remarqué... Enfin, elle s'est déjà éclipsée de toute façon. Le silence règne... Tous plongés dans nos pensées à se demander si on a fait le bon choix.

« No stress les gars ! William est un gars sûr et je suis certain qu'il va déchirer ! »

Décidément, Odd semble être le plus optimiste ! Pour ma part, je suis assez confiante aussi. Après tout, William a déjà su faire ses preuves quand les autres ont eu besoin d'aide sur Terre. Enfin, c'est ce qu'ils m'ont raconté car moi, j'étais toujours affairée sur Lyoko évidemment.

« Allez dormir, il commence à se faire tard !
— Et toi tu viens pas Einstein ?
— Non, je vais continuer à travailler sur un programme, on se voit demain à la première heure. »

Comme toujours, Jérémie bosse trop et va encore être exténué à la fin de la semaine. Il avancerait plus vite si on était deux... Je sais ce qu'il va me dire mais je ne peux m'empêcher de proposer pleine d'espoir :

« Tu veux que je reste avec toi ? »

Il retire ses lunettes et les nettoie. Je le connais par cœur. Il fait ça délibérément pour éviter de me regarder.

« On en a déjà parlé et tu sais que je veux que ce soit une surprise. Je préfère travailler en solo sur ce coup-là Aelita.
— Et c'est quand qu'on saura la surprise ?
— Quand j'aurai fini Odd... Bon. Maintenant, tous au lit et plus vite que ça ! »

Je ne peux m'empêcher de soupirer. Mais c'est imperceptible comme à l'ordinaire. Je n'aime pas quand il se rend compte que je peux parfois souffrir de son comportement indifférent aux sentiments humains. Après, il essaye de se rattraper maladroitement et c'est encore pire. Je me dis souvent qu'il faudrait que je sois constituée d'au moins une carte mère, un processeur et un disque dur pour qu'il puisse s'intéresser à moi avec cette même passion qu'il a pour tout ce qui contient des puces électroniques. Dans ces moments-là, je pense à la relation Ulrich-Yumi et ça me remonte le moral, allez savoir pourquoi...

« Ok, ne travaille pas trop tard surtout.
— Je crois avoir passé l'âge pour avoir une heure de coucher. Je ne suis pas comme Yumi qui doit rentrer à temps comme une gosse de dix ans ayant peur d'être privée de gâteau pour dessert. »

Odd éclate de rire. Il est le seul. Décidément, Jérémie est en forme olympique ce soir. Ce n'est pas dans ses habitudes d'être piquant comme ça. Je pense que c'est parce qu'il a pris l'option William par défaut et que cela ne l'enchante pas vraiment. C'est vrai que ça n'a jamais été la grande entente entre eux... Au final, seuls Odd et moi semblons être contents de l'avoir en renfort !

« Allez les garçons, on y va maintenant.
— Bonne nuit ! »

Le chemin du retour est d'un ennui mortel. Personne ne dit un mot. La tempête s'accentue et des rafales de pluie viennent s'abattre sur nous. J'essaye de protéger mon visage du mieux que je peux. Ulrich grommelle dans ses dents, je jette donc un coup d’œil vers lui. Le bas de son pantalon est trempé, il a visiblement marché dans une flaque d'eau. J'ai toujours détesté l'humidité, au moins j'étais à l'abri sur Lyoko ! Je ne suis pas mécontente d'arriver au collège. Je m'empresse de rejoindre ma chambre pour enfiler mon pyjama et me glisser dans mon lit. Comme chaque soir avant de m'endormir, je prie pour revoir un jour ce sourire qui me rassure depuis l'enfance : celui de mon père. Après cette énième supplique adressée à une éventuelle entité supérieure, je m'endors pour de bon.

Chaos. Désolation. Apocalypse. C'est ce que je ressens intérieurement. Une douleur éternelle que rien ne pourrait faire cesser. Cruels sentiments qui contrastent avec le milieu dans lequel je me trouve. En un coup d’œil circulaire, je me rends compte que le territoire est très vaste. Une végétation luxuriante m'entoure, en particulier des arbres dont les racines semblent prendre naissance dans le ciel. En effet, ils ne ressemblent en rien à ce que j'ai pu voir sur Terre ou Lyoko. L'écorce est de couleur... mauve. Les branches sont toutes à ras du sol, ce qui forme un tapis de feuilles sur lequel je commence à m'avancer. Aucun bruissement, tout reste en place. Endroit féerique avec une odeur très fruitée, curieux mélange de kiwi et de pastèque. Respirer ce parfum m'apaise un peu. Je regarde à mes pieds et constate que le sol est d'apparence volcanique en dessous des feuilles vertes. Un grognement me fait sursauter. À quelques mètres de moi, elle vient d’apparaître. Cette bête magnifiquement maléfique qui hante mes nuits... Le loup retrousse ses babines, laissant apercevoir ses crocs. Il a une tache pourpre sur son flanc gauche s'étendant progressivement le long de son pelage brun. Avec cette plaie, est-il toujours en mesure de me poursuivre ? Le meilleur moyen de le savoir est encore de croiser son regard. Les flammes vacillantes qui s'y trouvent ne semblent pas encore proches de l'extinction malheureusement. Pas le choix : je m'élance !

Je cours de toutes mes forces, cherchant des yeux un providentiel refuge. Il est juste derrière moi, j'entends son pas régulier. Il ne se tue pas à la tâche car il sait qu'il va finir par m'avoir. C'est le jeu du chat et de la souris mais je suis fatiguée d'avoir toujours le même rôle. Je trébuche sur une racine. Juste, c'est une branche, quelle idiote ! Le canidé bondit au moment où, couchée sur le dos, je mets mes pieds en avant. Outch, je réussis à le repousser mais il est lourd l'animal ! Je reprends ma fuite en slalomant entre les nombreux obstacles. Je crois que mon poursuivant n'a pas encore redémarré. Il n'est plus derrière moi en tout cas. Néanmoins, mon rythme est plus lent depuis ma chute. L'oxygène commence à manquer par rapport à l'effort que je fournis. Je titube mais parviens à me retenir à un arbuste. Je sens dans mon œsophage des remontées gastriques, je ne vais pas tarder à vomir. C'est à ce moment précis que je le vois. Il est juste devant moi, dans toute sa splendeur. À mon grand étonnement, il se met en position assise. Il m'examine, me teste. Je suis lassée de me battre. Je me lève et attends l'inéluctable. Je sais que la délivrance viendra. Je n'ai plus aucune raison de vivre désormais. Le destin des Lyoko-guerriers a déjà été bouleversé irrémédiablement alors pourquoi s'accrocher ? Le loup me saute à la gorge et me tranche la jugulaire externe avec ses crocs.


Réveil en sursaut. Une énième nuit de terreur. Cette fois, c'était différent. J'ai plusieurs fois rêvé de loup me pourchassant mais la fin n'était pas aussi brutale. Et surtout, ça se déroulait dans le parc. Ce songe était le paroxysme du réalisme alors que je me trouvais dans un endroit complètement loufoque. Les souvenirs s'estompent déjà. D'habitude, mes aventures nocturnes me hantent pendant toute la journée. Et puis, il y a cette dernière pensée avant le repos éternel auquel j'aspirais. Des vies chamboulées ou quelque chose du genre. Bah, ce n'est qu'une invention de mon subconscient après tout et ça ne peut être un flashback. Je me serais souvenue d'un lieu si sordide... et d'une telle solitude aussi.

Je me prépare en vitesse et rejoint les autres pour le déjeuner. Je rentre dans la cantine et passe au buffet : chocolat chaud et croissants ce matin. Autant dire l'extase. Je ne dis jamais non à un solide apport de kilojoules avant d'aller en cours et je trouve, comme Odd, que la nourriture est un réel plaisir. Tenant mon festin à bout de bras, je me dirige vers notre table habituelle. Je suis la première de la bande cette fois, pas étonnant vu l'heure à laquelle j'étais debout... À peine assise, une voix grave hurle :

« Stones, dans le bureau du proviseur maintenant !
— Mais je n'ai même pas encore mangé... Qu'est-ce que j'ai fait ?
— J'ai dit maintenant ! Pas question de le faire attendre ! »

Les quelques élèves dans le réfectoire ont tous un air mi-inquiet mi-intrigué. C'est vrai que l'heure du repas est sacrée normalement, surtout pour Jim ! La seule à déroger à la règle du visage stupéfait est Sissi qui affiche un sourire satisfait. M'étonne pas, dès que j'ai un problème, elle est la première à s'en réjouir. Depuis quand est-elle matinale cette garce ? Je quitte le réfectoire sans lui prêter plus d'attention. En rejoignant le bureau, je ne peux m'empêcher de me questionner. Je passe en revue toutes les actions récentes qui auraient pu justifier la convocation de bonne heure à laquelle j'ai droit. J'ai beau chercher, je ne trouve rien. Évidemment, j'ai séché quelques cours suite aux différentes attaques mais pas plus que les autres Lyoko-guerriers. Pourtant, je suis bien la seule à avoir droit à un tête-à-tête avec Delmas. Et s'il avait été xanatifié ? Ce ne serait pas la première fois... Mais la théorie la plus effrayante concerne mon identité. S'il a découvert que je ne suis pas vraiment la cousine canadienne d'Odd, tout est foutu... Me voilà pile devant son bureau. J'inspire profondément, expire et frappe à la porte.

« Entrez ! »

Je pose la main sur la poignée et réalise que je tremble légèrement. Mon cœur bat la chamade et j'ai l'impression que le bruit résonne dans ce couloir vide. Je prends une dernière grande bouffée d'air et entre. Le proviseur est assis derrière son bureau sur lequel trône fièrement son ordinateur, écran devant lequel il passe le plus clair de son temps. Il a la mine des mauvais jours et semble contrarié. Une chose est certaine : il ne va pas m'annoncer une bonne nouvelle.

« Asseyez-vous Aelita, j'ai à vous parler d'une affaire sérieuse.
— Ai-je fait quelque chose de mal ? demandai-je, paralysée par le stress.
— Non, rassurez-vous. »

Nouveau soupir... de soulagement cette fois et toujours imperceptible. Jusqu'à ce qu'il m'annonce une nouvelle à me couper définitivement le souffle.

« Il semblerait qu'un membre de votre famille ait besoin d'aide... »


À suivre : Page blanche

_________________
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Silius Italicus MessagePosté le: Sam 20 Fév 2016 16:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonsoir cher Minho,
Vous l'aviez dit, vous le faites, vous écrivez.

Tout d'abord, ne vous posez pas de délais de publication des chapitres mûrement pesés et rédigés, valant mieux qu'une pléthore de chapitres écrit à la va-vite parce qu'il le faut.

Pour l'instant, il s'agit plus d'un prologue reprenant et développant le final de l'épisode 59 que d'un premier chapitre. Il s'agit donc plus des prémisses du récits, la terre où vont prendre ses racines, que d'un arbre en floraison. À ce titre, quelques esquisses d'un thème que l'on peut supposer important sont posées. Ce thème est évidemment la notion de communauté et de l'appartenance à celle-ci. Le titre—Les liens du sang— est suffisamment explicite, et chacun des personnages points de vue y fait référence. William mentionne son désir d'appartenance, Yumi le poids et les devoirs liés à la famille ou au clan. Quant à Ælita, la fin de ce prologue parle d'elle-même. Il sera intéressant de voir comment ce thème sera traité, et quelles réflexions il amènera.

Pour ce qui est du traitement des personnages, certaines idées intéressantes sont utilisées. Ainsi, William dispose d'énormément de recul sur lui-même. Ce qui rend suspect son retour à l'arrogance comme il le qualifie lui-même. Yumi se révèle assez sombre, et presque plus décidé que dans le dessin animé à mettre fin au triangle amoureux. Il n'est guère qu'Ælita qui ne change pas vraiment. Là encore, le texte venant tout juste de démarrer et étant encore fortement ancré dans le dessin animé, il est compliqué de voir quels traits de caractère vont être privilégiés.

Pour ce qui est du style, quelques remarques préliminaire. Tout d'abord, en français un ensemble de réplique commence par un guillemet typographique (suivi d'une espace fine), et se termine par un guillemet typograpgique. Ce sont les signes « et ». Les autres répliques d'un dialogue s'ouvrent avec un tiret sur cadratin, « — », et non un tiret court—utilisé par exemple dans « garde-fou »— ou un tiret de soustraction « 8−5 = 3 ». Ce tiret sur cadratin doit être suivi d'une espace — de préférence fine— ce qui nous donne ceci :
« Alors, je te manque déjà ? lance-t-il.
— Pas du tout, j'ai besoin de te parler c'est tout.»

Et non ceci :
-Alors, je te manque déjà? lance-t-il.
-Pas du tout, j'ai besoin de te parler c'est tout.

Dans le même ordre d'idée, il est préférable d'écrire mon « travail de groupe d'histoire », plutôt que mon "travail de groupe d'histoire". Le guillemet droit n'a en effet cours en typographie française que lorsqu'il y a emploi de paroles rapportées au sein d'un dialogue.
Le point d'exclamation et le point d'interrogation sont précédés d'une espace.
Enfin, Les majuscule gardent leurs accents. Par exemple : « À quelques mètres de moi ».

Votre récit souffre de quelques fautes ou maladresse, mais rien de catastrophique. Vous avez fait le choix d'une narration au présent, ce qui est plutôt rare ici, mais assez cohérent avec le choix de focalisation. Vous trouverez ci-dessous un rapide relevé de quelques erreurs.

Spoiler


La notion de style « versatile » est assez étonnante. Qu'entendez-vous par la ?

Voici un récit qui démarre tranquillement, avec un point de départ assez peu courant. Cela pousse à vouloir en savoir plus.

Au plaisir de découvrir le sang d'Ælita.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Ikorih MessagePosté le: Sam 20 Fév 2016 16:50   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


Inscrit le: 20 Oct 2012
Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Citation:
/!\ Fanfiction à ne pas lire, à moins de posséder un minimum de sadisme pour accepter que votre vision enfantine de la série s'auto-détruise au fil des lignes...

Vigilance renforcée.

Citation:
Grand amateur de suspense et de rebondissements

Citation:
Chapitre 1: Nouveau membre

Waouw, ça c'est du rebondissement, ce chapitre s'annonce plein de surprises!

Maintenant que j'ai fait mon intro au goût douteux, je vais pouvoir me pencher davantage sur ce texte. Après tout, on a William, on a une fiction recommandée pour sadiques...ce qui signifie que je vais sans doute faire chier davantage que d'habitude. (a)

Commençons par un sujet qui fâche : la forme. Je crains que l'orthographe n'ait un petit plomb dans l'aile.
Spoiler

Je poursuivrai en ajoutant que la concordance des temps ne se porte pas beaucoup mieux, j'ai vu beaucoup de phrases au passé composé qui auraient dû être au présent.
Spoiler


Ok ça c'est fait.
Mon point suivant, sûrement plus conséquent, tombera sur les personnages. Déjà notons que Jérémie est devenu un gamin qui balance des méchancetés, soit, on aura tout vu x)
Ah et Aelita dit que Jérémie et William "ne se sont jamais vraiment entendus". C'est pas tout à fait ça, c'est juste qu'ils n'en ont absolument rien à péter l'un de l'autre XD Si tu fais référence à l'épisode 40, l'animosité entre eux n'a rien de personnel, c'est juste une question de points de vue divergents sur la situation...
Enfin, le fait que Jérémie veuille que ses programmes soient une surprise...Si c'est son trip! ça n'a juste jamais été son style de sacrifier de l'efficacité pour "une surprise"....
Poursuivons avec Aelita qui a un humour absolument décapant :
« j'étais toujours affairée sur Lyoko évidemment. » Alors même que durant le 59 qui précède directement, elle était xanatifiée à leur mettre des bâtons dans les roues, et que le reste du temps elle est en mode cruche....on a pas la même notion du terme "s'affairer" je crois!
J'ajoute que le fait qu'elle emploie le mot "casser" est assez bizarre. Les LG ne s'en servent pas, elle n'a donc pas pu l'apprendre auprès d'eux, et elle ne fréquente personne d'autre....Ah mais le texte parlait de mystères je crois (a)
*se barre*

Transition vers Yumi et William : en deux minutes on est passés de quelques gouttes de pluie à la foudre sur un arbre? Rapide ton orage dis-donc...
Commençons avec Yumi qui a complètement sublimé sa personnalité du DA. Ne mâchons pas nos mots : c'est une pute. Voyez plutôt :
« -Du moins tant que le combat ne se sera pas arrêté. » Elle a failli envoyer chier William, ce qu'elle a parfaitement envie de faire depuis le 59 surtout, et pourtant elle se ravise et lui laisse une petite lueur d'espoir.....
« Mais je ne m'attend pas à ce que tu me comprennes vu que la relation que tu entretiens avec tes proches... » Méchanceté gratuite? Mr. Green

Mais le meilleur pour la fin...William!
« Le royaume d’Aslan »
Epic fail. C'est le monde de Narnia. (a)
ENSUITE.
Je sais que c'est super tentant d'appeler Yumi "geisha". Sauf que oui mais non en fait. Déjà en l'ayant vue sur Lyoko ça passe moyen (et ce n'est pas le cas de William), ensuite personne ne l'appelle comme ça dans la série. Donc si William l'appelle comme ça, c'est forcément parce qu'elle est japonaise. De là à dire que c'est une remarque raciste et injustifiée, il n'y a qu'un pas x)
Sinon je propose d'appeler Ulrich "le nazi" parce que son nom de famille est allemand. Non?
Je tombe de Charybde en Scylla....« William Dunbart »
Alors, non, hein....Dunbar suffira.
Ensuite j'ai deux répliques, et je sais pas trop lesquelles me déplaisent le plus. J'ai un cliché et un truc que j'estime hors personnage....
« Au fond, faut se méfier des apparences, je suis un sensible bien planqué derrière ma réputation de gros dur. » (ça c'était le cliché)
« Manque plus que tu m'invites dans ton lit et on sera vraiment ensembles 24 heures sur 24! » Et ça c'est le moment où j'ai fait "QUOIIIIIIIII?!" devant mon écran. William, tout flambeur qu'il soit, ne serait jamais allé jusqu'à dire ça...

Bref c'est pas encore trop la fête. La fin amorce, semblerait-il, une intrigue, mais je garde de grosses réserves parce que la famille d'Aelita est un terrain glissant...
Wait and see.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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*Odd Della Robbia* MessagePosté le: Sam 20 Fév 2016 18:30   Sujet du message: Répondre en citant  
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interessant ce what if.
donc willian a été accepté plut tot.
mise à part cela pas trop de changement sur les attitudes:
jérémy coincé sur son ordi, le trio william/yumi/ulrich, aelita ayant des probleme d'angoisse, etc.

je me demande quel sont les nouvelles du proviseur.
Comme je doute que Delmas ait pu découvrir l'identité d'aelita, je peux deviner que quelque chose de grave concernant Odd soit arrivée (famille morte dans un accident, peut etre causé par XANA)

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Minho MessagePosté le: Dim 28 Fév 2016 12:29   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à Silius Italicus

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Réponse à Ikorih

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Réponse à *Odd Della Robbia*

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Place au deuxième chapitre, sensiblement plus long que le premier qui faisait plus office de prologue comme certains d'entre vous l'ont souligné. Toujours dans le principe du What If en focalisation interne, les comportements des personnages évoluent et les différentes intrigues continuent de se former, ce qui va provoquer de plus en plus d'interrogations à la lecture de la fiction. J'ai essayé d'appliquer les conseils reçus au mieux et je pense que vous verrez la différence. Encore une fois, n'hésitez pas à commenter ici ou en MP, je réponds avec plaisir et accepte les critiques avec le sourire. Petite précision pour les fans d'Odd, personnage moins présent que les autres dans Nouveau membre et Page blanche, ne désespérez-pas : son point de vue arrive bientôt ! Il sera le point de départ du troisième chapitre, qui démarrera sur les chapeaux de roue, vous voilà prévenus ! Pour finir, j'ai fait le choix en écrivant cette fanfic de parler le moins possible de chronologie à l'intérieur même du récit (excepté informations essentielles, ça sera très précis à ce niveau plus tard). J'ai fait le test et je trouvais que ça alourdissait les chapitres, étant donné que je retranscris les réactions des héros en temps réel. Un journal intime aurait été pratique pour toutes les dates mais c'était découvrir les événements après coup, ce qui n'est pas mon but. Cependant, comme c'est toujours mieux d'avoir un cadre temporel clairement défini, voici les dates que j'ai utilisées pour ceux que ça intéresse :


Spoiler


Chapitre 2 : Page blanche


-Jérémie-

« Calme-toi Aelita, c’est juste une coïncidence.
— Je sais ce que j’ai vu Jérémie !
— Justement, tu n’as rien vu du tout...
— Tu n’étais même pas là ! Il semblait si particulier...
— C’est impossible qu’il soit de ta famille et tu le sais. Je sais que les fêtes approchent, tu te sens terriblement seule et...
— Ça n’a absolument rien à voir ! crie-t-elle. Je ne suis pas désespérée, comment oses-tu penser une chose pareille ?
— Et après, je suis censé croire que tu n’as rien fait transparaître devant le proviseur...
— Tu n’étais pas là ! répète-t-elle en hurlant. Tu ne comprends vraiment rien, je n’aurais jamais dû t’en parler.
— Aelita, attends ! »

Elle se lève, me regarde une dernière fois de ses yeux vert émeraude et claque la porte. Je ne l’ai pas souvent vue dans un état pareil mais je me dis que ça lui passera. On a pu avoir des crises mais on les a toujours surmontées alors pourquoi pas celle-ci ? Surtout pour une histoire aussi ridicule. Dire qu’il y a dix minutes, j’étais tranquillement en train de bosser sur mon programme et elle est arrivée en trombe dans ma chambre. Moi qui avais prévu de continuer à plancher dessus avant le début du cours d’histoire-géo. Celui-là, je ne peux pas le sécher. Le prof est à cran ces derniers temps et aujourd’hui, c’est la formation des nouveaux groupes. À un mois de l’examen oral, il est temps... C’est vrai qu’il ne compte que pour un quart de la côte finale mais quand même. Le proviseur a vraiment eu une idée très étrange pour cette année scolaire... Il a pris la décision d’organiser deux sessions d’examens pour tous les élèves : une en décembre et une en juin. En accord avec le gouvernement, notre école sert de « projet pilote » pour lutter contre le redoublement apparemment.

Driiiiiiing

Ah ben voilà ! Je vais devoir partir sans avoir fait ce que j’avais prévu, merci Aelita... Je jette quand même un énième coup d’œil à mon ordinateur, si seulement j’avais eu cinq minutes de plus... Point positif, tout est calme au niveau du Superscan. Pas d’attaque en vue et il faut dire qu’après celle à laquelle on a eu droit hier, le programme multi-agent peut bien nous laisser en paix. Quand je pense que nous aurions pu tout perdre... William a été bien utile avec ses compétences en matière de bombe. Il a incontestablement le profil parfait pour rejoindre le groupe, le maillon manquant en quelque sorte. Je suis convaincu qu’il saura gérer parfaitement les attaques sur Terre mais sera-t-il un bon Lyoko-guerrier ? J’ai répondu positivement lors du vote car les autres ont visiblement besoin de renfort. Si les attaques n’étaient pas devenues de plus en plus virulentes, je n’aurais jamais accepté une pièce rapportée, que ce soit lui ou un autre. À la base, on était seulement quatre élèves à partager le secret. Aelita est venue nous rejoindre le 15 décembre 2005, il y a presque onze mois déjà... En quelque sorte, elle est là depuis le début mais sur Lyoko, elle ne pouvait communiquer avec personne en dehors de nous. Accepter un sixième membre est toujours un risque, peut-on vraiment faire confiance à quelqu’un qui apprend une découverte qui pourrait changer la face du monde ? Et qui sait consciemment que nous jouons avec le feu chaque jour ?

Rien que demander à William de se mettre en danger pour nous me met légèrement mal à l’aise, c’est une vie de plus qui pourrait se finir tragiquement. En même temps, dans la confidence ou pas, il est de toute façon élève à Kadic, la cible favorite des plans tordus de XANA. Et après tout, Dunbar sait les risques qu’il prend et c’est sa décision de vouloir devenir un héros. Comme c’est mon choix de vouloir repousser le plus possible son premier périple sur Lyoko... Je n’en ai pas parlé aux autres mais je compte bien virtualiser ce nouvel arrivant qu’en dernier recours. Comme c’est moi qui gère toutes les opérations, il n’osera pas s’opposer de toute façon. Pour le moment, il va combattre tous les ennemis divers qui nous sont envoyés ici et c’est déjà bien assez. Point positif, je me ferais moins tabasser par les clones polymorphes et autres xanatifiés avec un garde du corps personnel. S’il ne fait pas trop sa vedette, une complicité pourrait peut-être même naitre entre nous, qui sait ? Enfin, ça reste le gars avec qui je n’ai absolument rien en commun à la base... Je souris bêtement en pensant à Yumi, Ulrich et Odd. Je ne leur aurais sans doute jamais adressé la parole si tout ça n’avait pas eu lieu. Et je serais passé à côté d’amis extraordinaires...

Les actions les plus anodines, comme décider de partir dans une vieille usine à la recherche de matériel pour créer des engins robotisés, peuvent changer un destin. Bon ok, ce n’est pas le genre de balade que tout le monde fait étant donné qu’il faut déjà avoir une entreprise délabrée à proximité et être féru d’informatique au point d’y penser jour et nuit. Au final, c’est vraiment grâce à ce hobby que le groupe s’est créé. Je n’ose pas imaginer à quel point mon quotidien aurait été banal sans ce Supercalculateur. Je lui dois tout : ma passion, des relations sociales épanouies et cette fille qui me rend dingue. Je regarde ma montre : huit heures dix ! C’est pas vrai ! Voilà ce qui arrive quand je commence à me perdre en conjonctures. Mon cerveau tourne à plein régime et parfois, je suis juste comme... déconnecté, en décalage par rapport à la réalité. J’attrape mes affaires et quitte rapidement ma tanière pour rejoindre la salle de classe. Le couloir est vide, tout le monde doit déjà être en cours. Je trottine jusqu’au local et entre précipitamment.

« Belpois, vous êtes en retard et vous vous permettez d’entrer sans vous annoncer ! Qu’est-ce qu’il vous arrive ? Ce n’est pas dans vos habitudes de vous montrer aussi impertinent.
— Heu... Désolé Monsieur, j’étais barbouillé ce matin et j’ai hésité à rester au lit... Mais me voilà maintenant !
— Cela n’excuse pas que vous soyez arrivé avec une telle précipitation sans même prendre le temps de frapper à la porte. J’ai toujours détesté les retardataires, prenez l’exemple du général Grouchy. L’Histoire avec un grand H doit nous guider dans nos actions au quotidien afin de ne pas commettre les mêmes erreurs que nos ancêtres. Vous ne voulez pas être le responsable d’une terrible défaite, n’est-ce pas ?
— Non Monsieur.
— Bien, n'oubliez jamais cette leçon : chaque acte entraine des conséquences... et parfois, l'addition peut être très lourde. Allez-vous asseoir maintenant. Au fait, savez-vous où se trouve Aelita Stones ? »

Cette dernière phrase est pour le moins intrigante. S'il y en a bien une qui ne sèche jamais les cours seule, c'est Aelita... Odd et Ulrich sont assis côte à côte au deuxième rang, se pourrait-il qu’elle soit avec Yumi ? Peu probable, elle avait un important contrôle de maths ce matin et elle ne l’aurait manqué qu’en cas d’urgence. Mais si c’en était une ? Ou alors, ma petite-amie m’a désobéi et est partie le rencontrer... Non, elle ne ferait jamais ça. Enfin, j’espère...

« Moi je sais où elle se trouve Monsieur Fumet. Mon père l’a convoquée dans son bureau il y a trois quarts d’heure et elle doit sûrement encore s’y trouver. J’ai toujours su que Miss Einstein est loin d’être la fille parfaite malgré les apparences. Elle doit avoir de sérieux problèmes en ce moment.
— Bien, merci pour cette information Élisabeth. Mettez-vous par groupes maintenant. Je vous laisse cette période de cours pour entamer les préliminaires de votre exposé. Les présentations qui viennent de se terminer étaient en quelque sorte un entrainement. Mais n’oubliez pas que les prochaines compteront pour l’examen ! Rigueur, pertinence et précision sont vos meilleurs outils pour accéder à la réussite.
— Jérémie, tu es avec moi ! »

Ulrich, cool ! Bon, c’est moi qui vais faire tout le boulot mais je préfère me retrouver avec lui plutôt qu’avec...

« Élisabeth, qu’est-ce qu’il y a encore ?
— Monsieur, je veux des nouvelles équipes ! Hors de question que je passe mon oral avec ce crétin d’Odd.
— C’est vrai que tu es teeeeellement intelligente, ce n’est pas moi qui ai demandé à la fin de l’exposé de Paul et Thomas si Napoléon avait lancé sa propre marque de bonbons. Tout le monde éclate de rire.
— Suffit ! Aucun changement ne sera permis et le prochain qui conteste le tirage au sort réalisé en début de période, c’est zéro directement. »

Je vais donc m’asseoir à côté de mon ami tandis qu’Odd ronchonne en se dirigeant vers le banc de Sissi. Ils vont faire des étincelles tous les deux... Je ne peux m’empêcher de remarquer que la fille du proviseur ne prend même plus la peine d’harceler Monsieur Fumet pour qu’il l’appelle par son surnom. Elle a dû comprendre qu’il n’y a pas plus borné que ce prof. Sortant ma trousse et une feuille vierge pour créer l’illusion d’un début de travail, je commence la messe basse qui allait durer jusqu’à la récréation :

« On a quoi comme sujet ?
— Un classique : la guerre froide.
— Facile ! C’est quand même particulier qu'il nous donne des sujets en vrac et que ça peut tomber de l’antiquité à aujourd’hui.
— Oui, ce prof n’a jamais été foutu de respecter le programme.
— Parce que tu sais ce qu’on est censé étudier peut-être ? Mais c’est vrai qu’il est chanceux que Kadic respecte l’adage : "Les inspecteurs, c’est des légendes : on en parle toujours mais on ne les voit jamais !" Au fait, qui est le partenaire d’Aelita pour l’exposé ?
— Claire Girard, elle ne s’était pas trop mal débrouillée avec la crise des années 30. À propos, qu’est-ce que c'est que cette histoire avec le proviseur ?
— Un truc bizarre, tu ne vas pas le croire.
— Ben vas-y, raconte !
— Delmas a reçu un avis de recherche. Il a été envoyé à toutes les écoles de la région.
— Un criminel ?
— Non, un adolescent. Apparemment, la police veut que tous les chefs d’établissements scolaires vérifient si ce gars n’est pas inscrit chez eux.
— Ils ne savent pas de quelle école il vient ?
— À ton avis ? S’ils le savaient, ils ne prendraient pas la peine d’envoyer son signalement à tout le monde.
— Et pourquoi ils le recherchent, il a disparu ?
— Ils l’ont retrouvé justement, c’est vrai que c’est plutôt un appel à témoins maintenant que tu le dis.
— Je ne comprends rien du tout.
— Alors tais-toi et ne me coupe plus à chaque phrase ! Tout ce que je sais, c’est qu’il a été retrouvé inconscient il y a quelques jours. Quand il a repris connaissance à l’hôpital, il ne se souvenait plus de rien apparemment.
— Ils veulent donc trouver son identité... Mais quel rapport avec Aelita ?
— Il s’appelle Max Stones. »

Ulrich a l’air estomaqué. Un silence s’installe et je sais que ce n’est pas moi qui le briserai.

« Ça n’a pas de sens ton histoire. Pourquoi les flics ont-ils envoyé cette photo si ils savent déjà qui il est et où il se trouve ?
— Je ne sais pas. J’avoue qu’il y a quelque chose de louche.
— En bref, le dirlo a fait le lien avec Aelita car ils partagent le même nom de famille... Mais on sait très bien qu’elle est la fille de Franz Hopper et n’a donc aucun lien de parenté avec ce mec. Qu’est-ce qu’elle lui a répondu à Delmas ?
— Qu’elle ne le connaissait pas, ce qui est la vérité d’ailleurs.
— Et comment tu sais tout ça toi ? Elle n’est pas censée être encore dans son bureau ?
— Si tu commences à croire Sissi, on ne va pas s’en sortir. Le proviseur a demandé une entrevue très tôt et ça s’est clôturé rapidement. Elle a donc eu le temps de venir tout me raconter dans ma chambre avant que le cours ne commence.
— Mais pourquoi n’est-elle pas en classe alors ?
— C’est la question la plus pertinente depuis le début de notre conversation... »


-Ulrich-

Le dernier cours de la journée se termine et toujours aucun signe d’Aelita. Juste après histoire-géo, toute la bande – même le nouvel arrivant – avait foncé au labo pour constater qu’elle n’avait pas été virtualisée. Durant le temps de midi, rebelote et toujours chou blanc : rien n’indique que la princesse s’est rendue sur Lyoko. Jérémie avait profité du trajet pour tenir Yumi, William et Odd au courant des événements de ce matin. Au final, on partageait tous l’avis qu’elle s’était isolée volontairement dans un coin, excepté Jérémie, convaincu de l’implication de XANA. Niveau parano, il bat des records car, même après vingt-cinq vérifications du Superscan, aucune alerte n’est à déclarer de ce côté. C’est vrai que cette « disparition » est suspecte mais cela arrive à tout le monde de vouloir prendre de la distance après l’annonce d’une nouvelle inattendue.

Driiiiiiiiing

« Odd, tu restes ici ! Les autres, vous pouvez quitter la classe en silence.
— C’est pas juste, c’est toujours moi ! proteste l’intéressé de sa voix fluette.
— Quand tu feras tes devoirs, tu pourras partir en même temps que tout le monde. En attendant, tu es collé jusqu’à 18 heures. Jim viendra te surveiller car je n’ai pas que ça à faire moi ! »

Décidément, il n’a toujours pas compris que Meyer ne le lâchera pas tant qu'il ne fera pas des efforts. Même moi, le cancre de référence, je me bouge un minimum pour éviter ce genre de punition. Je laisse donc mon meilleur pote pour rejoindre Einstein qui a déjà quitté le local et m’attend dans le couloir.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
— Je n’en sais rien Ulrich. Yumi vient juste de m’envoyer un message : Mes parents m’ont dit de rentrer directement. Chambre Aelita checkée, tenez-moi au courant. Voyons, on a été à l’usine et elle ne se trouve pas non plus sur le monde virtuel à première vue.
— Comment ça "à première vue" ?
— Je n’écarte pas l’hypothèse qu’elle soit virtualisée mais pas localisable.
— C’est n’importe quoi, soupirai-je. Elle a juste voulu prendre de la distance, tu as sûrement dû remarquer qu'elle n'est pas bien dans ses baskets ces derniers temps.
— Qu’est-ce que tu racontes ?
— Aelita avait raison, c’est ça le problème avec toi... Tu nous prends pour des machines mais nous ne sommes pas dénués de sentiments. Des moments de faiblesse, c’est normal pour les humains tu sais.
— Depuis quand avez-vous des discussions secrètes tous les deux ? demande-t-il d'un ton légèrement agressif.
— Du calme, c’est TA copine qui a eu besoin de se confier à quelqu’un et... disons que j’étais là au bon moment. Elle culpabilise un truc de fou parce que deux territoires ont été effacés. Personne à qui se confier, tu es toujours trop occupé sur ton ordi pour lui accorder un peu de temps.
— Elle avait un seul mot à dire pour que je stoppe tout et prête une oreille attentive à ses problèmes.
— Tu sais Jérémie, c’est ça le truc avec les filles. Il faut toujours aller vers elles et s’asseoir sans dire un mot. Les meufs finissent à chaque fois par raconter leurs vies et tu passes pour le mec bien qui est prêt à les écouter. Pratique, non ?
— Et c’est le gars abandonné par sa chérie suite à son comportement immature qui me sort un truc pareil... »


Quel con ! Je sais pas ce qui me retient de... Faut que je dégage avant de lui en coller une. Je me détourne de lui et me dirige vers les escaliers. À mi-chemin, une main vient se poser sur mon épaule.

« Écoute Ulrich, je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a pris. C’était pitoyable.
— Tu l’es ces temps-ci ! Faut pas s’étonner si Aelita s’est barrée, je ferai bien pareil.
— Pardon, je suis juste... à cran. Ne va pas croire qu’elle soit la seule à être affectée par la perte de la forêt et du désert. XANA fait tout pour détruire Lyoko et le monde virtuel est notre seul moyen de le combattre. Sans cette lutte permanente, rien ne peut arrêter l’IA dans ses plans diaboliques pour détruire notre civilisation.
— Parce que tu crois que je ne suis pas au courant...
— Revenons à nos moutons, il faut absolument localiser la seule personne qui soit capable de taper le code qui peut s’avérer autant salvateur que destructeur : Aelita. Elle est la gardienne de Lyoko et, en même temps, celle qui peut y mettre fin... Si une attaque est lancée maintenant pour l’offrir sur un plateau à la Méduse, on est foutus vu qu’elle n’a répondu à aucun de nos appels depuis ce matin. Injoignable et introuvable, c’est le moment le plus propice pour qu’un malheur nous tombe sur la tête. »

Ainsi donc, Einstein considère toujours Aelita comme la gardienne de Lyoko. On dirait qu’il veut la retrouver juste parce que c’est la pièce centrale de l’échiquier... Il a du mal à dissocier les rôles on dirait, elle est aussi sa petite-amie accessoirement. Néanmoins, pas la peine d’ouvrir encore ma gueule, il est déjà bien assez vénèr.

« Mais bien sûr !
— Quoi ? m’écriai-je.
— L’Ermitage, comment a-t-on pu passer à côté de ça ?
— Mais oui ! Elle doit sûrement y être, c’est son refuge numéro un après Lyoko. Bien joué !
— Tu me féliciteras si on la retrouve là-bas. Allons-y ! »

***


Notre amie aux cheveux roses est bien dans sa maison d’enfance. Assise sur le lit, elle est restée imperturbable depuis que nous avons pénétré dans son ancienne chambre. Cela fait cinq minutes et nous sommes toujours plantés là à attendre une réaction de sa part. Elle semble très concentrée et ne cesse de fixer le mur qui lui fait face, comme si elle était en mesure de voir une entité invisible pour Jérémie et moi. Le geek de la bande a l’air complètement dépassé, c’est pourtant lui qui aurait dû prononcer les premières paroles à notre arrivée. « Qu’est-ce que tu foutais ? On t’a cherchée tout la journée ! », ce n’est pas compliqué pourtant. Comme il n’a pas pris les choses en main, je me suis aussi plongé dans un mutisme gênant. Ça va être l’ambiance si tout le monde persiste à fermer sa gueule.

« Je veux aller le voir.
— Qu’est-ce que ça va t’apporter ? questionne le blond.
— Ma décision est prise et tu auras beau dire tout ce que tu veux, tu ne me feras pas changer d’avis... pas cette fois.
— Après tout Jérémie, c’est quoi le problème ? Tu vois bien qu’elle ira de toute façon... Et si on va avec elle, il n’y aucun risque.
— Tu prends parti pour elle maintenant ? De mieux en mieux...
— Je ne suis pas contre toi, qu’est-ce que tu peux être con parfois ! C’est juste que je ne vois aucune raison valable pour ne pas aller rencontrer ce Max.
— Vraiment ? Des policiers sont impliqués et si on se ramène, ils vont sûrement vérifier nos identités. Malgré mon travail d’orfèvre, il y a toujours une possibilité qu’ils découvrent qu’Aelita Stones n’existe pas. Comme toujours, tu veux foncer sans penser aux conséquences...
— Parce que tu crois vraiment qu’ils le surveillent jour et nuit ? répliquai-je. Ça ne coûte rien de se rendre sur place et si on voit qu’il y a des flics, on se barre. Il n’y a rien de compliqué, il faut toujours que tu sois parano.
— Taisez-vous tous les deux. Merci de me défendre Ulrich mais je peux très bien lui répondre toute seule. J’y vais maintenant, le débat est clos.
— Maintenant ? s’étrangle Einstein. Attends au moins demain, on aura toute l’après-midi. Inutile de se précipiter dans la gueule du loup.
— Moi, je vais avec elle en tout cas. Reste ici à râler dans ton coin, c’est sûr que ça assurera sa sécurité...
— Bon ok, vous avez gagné. Mais si les choses tournent mal, ne venez pas dire que vous n’étiez pas prévenus... »

***


Nous voilà tous les trois devant le Royal Hospital. Apparemment, il été nommé comme ça suite à la présence de la reine d’Angleterre lors de l’inauguration. Je me demande bien ce qu’elle est venue foutre là, comme si il n’y avait pas assez d’endroits portant déjà sa marque dans le monde... Nous nous rendons dans l’imposant hall d’entrée et Aelita se dirige vers la réception.

« Bonjour Madame, nous aimerions savoir le numéro de chambre de Max Stones.
— Les heures de visite sont terminées depuis un moment mais vous avez de la chance Mademoiselle. Ce patient est une exception. La police nous a demandé de mettre en vigueur un horaire exceptionnel juste pour lui. De sept heures à vingt-deux heures, toute personne étant potentiellement en mesure de faire avancer l’enquête est autorisée à le voir. Vous pensez le connaitre ?
— Heu... à vrai dire, je ne suis pas sûre.
— Ce n’est pas grave. Il y a quelques personnes qui sont déjà venues pour finalement rebrousser chemin. C’est vrai que la photo n’est pas très nette mais une nouvelle a été prise il y a une heure pour éviter d'autres confusions, elle devrait être disponible bientôt ! Quelle idée aussi de faire circuler un cliché en noir et blanc quand on a un cas comme lui.
— Si vous le dites... Est-ce que l’on peut avoir son numéro de chambre maintenant s’il vous plait ?
— Ah oui, bien sûr ! Je cause, je cause et j’en oublie le principal. Il est dans la chambre 614, dernier étage. Vous devrez passer dans un sas avant de pouvoir lui rendre visite, vous y trouverez des gants que vous devez impérativement porter pour éviter toute contamination. Il y a pas mal de passage donc la direction a préféré prendre des précautions.
— Merci, on le fera !
— De rien Mademoiselle, c’est mon travail d’informer tous ceux qui franchissent les portes de l’établissement. Je ne doute pas que vous trouverez les réponses aux questions que vous vous posez... »

Ayant fini avec son interlocutrice, Aelita revient vers nous avec un regard qui en dit long : on ne peut plus reculer maintenant... Nous entrons dans l’ascenseur situé à côté de l’accueil et Jérémie appuie sur le bouton se situant au sommet, il porte le chiffre six. Je peux voir qu’il n’est pas rassuré car il s’accroche à la pochette de son ordi portable comme à une bouée de sauvetage. Aelita semble déterminée et est d’ailleurs la première à quitter l’élévateur. Elle repère un panneau indiquant Chambres 600 à 614 et qui nous invite à bifurquer à gauche. Nous parcourons le couloir aux murs très blancs, digne d’un asile de film d’horreur. Je suis presque déçu qu’il n’y ait pas de trace sanglante sur l'une des parois car, pour le coup, cela aurait marqué un net contraste avec la pureté du lieu. Nous arrivons à la fin du corridor, coupés dans notre élan par une imposante porte.

« Aelita, tu es sûre ?
— Jérémie, nous ne sommes pas venus jusqu’ici pour repartir la queue entre les jambes à moins d’un mètre du but.
— D’où tu connais cette expression ?
— Odd, qui d’autre ? Il en connait plein mais celle-là, il m’a dit que ça fonctionne mieux quand vous êtes juste entre garçons, va savoir pourquoi...
— Bon, allons-y mais pas plus de cinq minutes. Je n’ai pas envie que des enquêteurs débarquent et se mettent à nous questionner. »

Je prends la tête du groupe et franchis le premier obstacle. Nous voilà dans le sas, coincés entre les deux issues et surveillés par une caméra fixée au plafond. Cette pièce exiguë est illuminée par le sigle verdâtre Exit trônant au-dessus de la porte que nous venons de passer. Une boite de gants à usage unique est posée sur la chaise qui constitue le seul mobilier présent. Nous enfilons tous une paire. En regardant autour de moi une nouvelle fois, j’ai plus l’impression de me trouver dans une salle d’attente que dans un véritable sas. C’est un peu irréaliste comme endroit... Bon, cette fois, on est prêts ! Je frappe à la porte mais pas de réponse... Après un bref coup d’œil à mes amis, je tourne la poignée. Bon sang, on n’y voit rien là-dedans ! Je fais quelques pas et réussit à capter une source de lumière sur ma gauche. Ce que je pense être une lampe de chevet diffuse un faible éclairage mais ce n’est vraiment pas suffisant pour se repérer dans la pièce. Je réussis à peine à entrevoir le lit à droite de la lueur. La pièce semble vide mais impossible d’en être certain car le lit forme une grande masse sombre dont on ne distingue pas les détails. Un bruit familier parvient alors à mes oreilles : une notification provenant de l’ordinateur de Jérémie.

« Les gars, c’est une alerte du Supercalculateur ! Il faut...
Le Supercalculateur ? »

Cette voix rauque m’est inconnue, qui a parlé ? Je fais un pas en arrière. Deux points rouges viennent d’apparaitre et luisent dans l’obscurité. Nous ne sommes pas seuls...


-Yumi-

Je ne sais pas depuis combien de temps dure cette étreinte, trop peu sans doute. Je le serre encore plus fort et passe mes doigts dans ses cheveux. Il est sur moi maintenant, sa tête enfouie dans mon cou. Sa respiration est haletante, il n’est pas prêt de s’arrêter. J’ai l’impression que toutes nos pensées et émotions sont liées. On ne fait plus qu’un et, pour la première fois, je réalise la profondeur de l’amour que je lui porte depuis le début. J’avais pourtant juré qu’aucun garçon ne violerait le semblant d’intimité que cette chambre me procurait. Mais ça n’a plus aucune importance maintenant. Je n’avais jamais ressenti de connexion aussi intense auparavant et je ne comprends pas pourquoi je m’en suis privée toutes ces années. C’est la base des relations humaines après tout. Seulement voilà, je me suis toujours montrée trop distante et froide avec lui. Nous n’avons pas eu la chance d’avoir beaucoup de souvenirs heureux ensemble. Mais je sais que cet instant restera suspendu dans le temps et que c’est le début d’une nouvelle étape pour nous deux. Nous ne pouvons qu’évoluer après une journée comme celle-ci. Reste la grande question : est-ce que ce sera en bien ? Je sais qu’il est inquiet pour le futur, c’est mon devoir de le rassurer. Je lui chuchote à l’oreille : « Je t’aime et je te promets que je serai toujours là pour toi... » Il se contente de me regarder avec un air surpris, il n’est pas habitué à de telles déclarations d’affection. Il vient une nouvelle fois se blottir dans mes bras tandis que mon esprit divague, je ne peux m’empêcher de penser encore et encore à ces moments qui se sont déroulés juste avant le conseil familial.

Elle n’est pas dans sa chambre... Bon, faut pas trainer, ils m’attendent. J’envoie rapidement un texto explicatif à Jérémie et quitte l’école. En direction de la maison, je suis légèrement inquiète pour la suite des événements mais je m’efforce de ne pas y songer. Maman m’a toujours dit : « Profite de l’instant présent Yumi. » Je suis plutôt pessimiste de nature mais, pour une fois, je me dois de voir le bon côté des choses malgré le stress. C’est une très belle journée d’automne. L’orage d’hier soir a fait tomber les dernières feuilles. Les arbres semblent bien nus désormais, ils ont perdu leurs belles parures orangées et semblent morts jusqu’au printemps... Décidemment, même en partant d’une pensée positive, j’arrive à foncer droit dans le mur ! La solution, c’est sans doute d’arrêter de se torturer l’esprit après tout. Comme toujours, plus facile à dire qu’à faire. Une silhouette familière est venue se glisser à côté de moi durant mon monologue intérieur. Évidemment, il fallait que ce soit lui...

« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu me suis même pendant que je rentre chez moi maintenant ! Je n’ai pas été assez compréhensible hier soir ?
— Oh que si, tu l’as été ! rétorque William. Maintenant, c’est à mon tour de faire mon petit discours.
— Tu as trouvé une nouvelle proie à draguer ? ironisai-je.
— Peut-être...
— Sérieusement ?
— On dirait que ça ne t’emballe pas vraiment. C’est bien toi ça : garder tes toutous sans jamais ne leur montrer aucun intérêt et quand ils veulent voler de leurs propres ailes, tu piques une crise, comme avec Ulrich et Emilie...
— Ce ne sont pas tes affaires ! rétorquai-je. Que je sache, je ne t’ai jamais reproché d’aller voir une autre fille.
— Parce que je ne l’ai jamais fait. Je suis sûr que tu serais détruite intérieurement si ça arrivait.
— Tu parles !
— C’est pour ça que je me jette à l'eau aujourd'hui. Ce putain de triangle amoureux que tu nous imposes au quotidien a vraiment trop duré. Il est temps d’y mettre fin.
— Tu racontes n’importe quoi, je vous considère comme des amis et rien de plus !
— La bonne blague ! Tu sais très bien qu’Ulrich et moi voulons plus que le "Copains et c’est tout". Et toi aussi. Tu n’as juste jamais eu les couilles de choisir mais ce moment est arrivé. C’est un ultimatum et il n’y aura pas de concessions. Si tu ne prends pas ta décision, je t’efface de ma vie. Contrairement à toi, j’ai plein de potes en seconde, ça ne va pas être très difficile de me dénicher un nouveau camarade de classe. Tandis que tu vas te retrouver livrée à toi-même, isolée dans tous les cours et activités de notre année vu que tu intimides tous les élèves. Bien sûr, on se verra encore pour tout ce qui concerne Lyoko mais je ne t’accorderai pas la moindre aide, pas une parole et même pas un regard. Je sais très bien que ce n’est pas moi qui craquerait en premier si une telle situation venait à arriver.
— Depuis quand c’est toi qui poses les conditions William ? Tu te prends pour qui ?
— Va falloir t’y habituer ! Il est hors de question que je te laisse dicter ma conduite une seconde de plus... »

Il s’éclipse, me laissant plantée au milieu de la rue avec ma rage pour seule compagnie. Je n’ai rien su répondre vu ses répliques toutes préparées alors que d’habitude, j’ai toujours le dernier mot. Qu'il aille se faire foutre ! Depuis quand se montre-t-il si direct ? C'était bien plus facile avant : je ne savais pas vraiment ce qu'il pensait de la situation et grâce à ça, je n'avais pas à y réfléchir non plus. Et maintenant, il voudrait que je dévoile mes sentiments les plus secrets, ce qui détruirait forcément une des personnes auxquelles je tiens le plus. Le pire, c'est que je suis coincée cette fois. Si je n'agis pas, je vais perdre William... que j'apprécie beaucoup plus que ce que je ne veux bien admettre. Et de l'autre côté de la balance, il y a Ulrich : LE garçon depuis le début mais avec qui tout est parti en vrille... Il y a quelques mois, je l'aurais choisi sans hésitation ! Alors que maintenant... ils ont tous les deux une place tellement importante. C'est dingue : je n'arrive pas à imaginer ma vie sans eux. Je m'en veux de penser comme la fille faible qui a besoin de garçons pour pleinement vivre agréablement... mais c'est la triste réalité et je vais devoir l'affronter. Arrivée devant le domicile familial et prête à affronter mes parents, je dois bien avouer qu'une relation me semble plus épanouissante avec un certain Lyoko-guerrier plutôt que l'autre...


Quelle cruche avec le recul ! Me prendre la tête pour une raison aussi futile. J'aimerais tellement revenir en arrière, quand tout ce que j'avais à considérer était aussi simple que deux gamins en rut. Maintenant, ce qui me restait d'insouciance s'est définitivement envolé avec l'annonce de la terrible nouvelle. Il s'est endormi dans mes bras, ses sanglots se font finalement apaisés. Moi qui pensais que ça ne prendrait jamais fin... Mon frère a presque un côté angélique quand il se repose, ça me fait chaud au cœur de le voir enfin apaisé. Au final, j'avais bien raison... Il y a deux hommes qui sont tout pour moi : Papa et Hiroki. Les histoires de couple ne sont rien à côté des liens du sang... Unis face à l'enfer qui nous attend, ça serait tellement poétique si la réalité n'était pas aussi triste. Mon portable vibre. Le message de Jérémie contient seulement quatre lettres... que je ne connais que trop bien. En prenant l'objet dans ma poche, j'ai malencontreusement réveillé celui avec qui j'ai partagé ce câlin si intense.

« Hiroki, il y une urgence à l'école. Je suis désolée...
— Non Yumi, tu ne peux pas me laisser. S'il te plait... reste avec moi, tu m'as promis ! »

De nouvelles larmes commencent à se former, comme des petites perles s'échappant de ses yeux. Je ne peux pas lui faire ça... J'éteins mon téléphone.

« Je ne vais nulle part, il n'y a plus que toi qui compte désormais. »


À suivre : Amputation

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Dernière édition par Minho le Ven 29 Avr 2016 14:32; édité 7 fois
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Icer MessagePosté le: Mar 01 Mar 2016 21:09   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


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Yo,

Puisque c'est ta première fanfiction, c'est l'occasion pour moi de faire un rappel utile de ce qui peut arriver :

http://i.imgur.com/tk0shRk.png
Il est où le nouveau ? Ils ont mangé le nouveau ?


L'ambiance étant convenablement posée, allons-y Mr. Green


Citation:
J'ai créé cette histoire sur le principe du « Et si ? ».


Pierre Moscovici vient de déclarer qu'il ne fallait jamais être le What if guy, t'écoute jamais ton commissaire européen bâtard ? C'est à cause de toi que le projet continental est en panne, j'en suis certain.

Citation:
Ma fic « Les liens du sang » est une sorte d'univers parallèle qui aurait commencé juste après l'attaque de la bombe par le « super plombier ».


Et si... et si ce plombier s'était habillé en rouge et avait eu un badge flanqué du nom de Mario ? Les Lyoko-guerriers auraient-ils pris la menace au sérieux ? Et si, et si... Oh putain de merde.

Bon le choix du premier What if est l'un des plus logiques de la série, même si ça part vite plus couilles avec la fin du chapitre 1, du moins semble-t-il. Tu as déjà eu d'excellentes remarques sur ce premier chapitre, il me permet en tout cas de constater que ton travail est visiblement bien préparé, une forme agréable, et un fond qui m'a l'air bien sérieux (J'aime bien l'idée du triple point de vue, je suis certain que tu en as parfaitement cerné le potentiel) ce qui donne envie de lire immédiatement la suite. Cela tombe bien, elle est déjà là, et en plus personne n'a encore commenté.


Citation:
Aelita [...] la pièce centrale de l’échiquier...


T'as rien trouvé de plus con ? Sad

Citation:
Elle soit sûrement y être, c’est son refuge numéro un après Lyoko.


Plutôt avant qu'après non ? Mis à part le coup de la fuite du début de la saison 2 où la maison de Franz n'avait pas encore le symbole qu'elle a actuellement, je pense honnêtement - et que les autres le savent - qu'Aelita préfère se réfugier à l'hermitage, d'autant qu'une virtualisation sur Lyoko est facilement repérable par Jérémie - qui va immédiatement flipper sa race, comme tu le montres très bien - et donc n'offre que peu de répit.

Citation:
tu piques une crise, comme avec Ulrich et Émilie...


Est-ce bien judicieux de placer pareil exemple vu que William, même si on a pu lui raconter, n'y était pas ? Je trouve que ça manque totalement de crédibilité dans son argumentaire, de ce fait.

Le bluff de fin était bien habile, cependant sache que l'on flaire possiblement l'arnaque plus vite que tu ne le voudrais vu la façon dont tu as parlé de ton réçit Razz

Plus généralement, je suis presque deçu de cette histoire de Max, à moins bien sûr que cela ne débouche sur rien (Après tout, Stones, lol). En fait je m'attendais à ce qu'on reste dans l'idée d'un gros what if changeant petit à petit les choses, or là il est évident que les évènements nouveaux dépassent ce simple choix. D'ailleurs, même l'attaque frontale de William, même si pour le coup ce personnage était directement concerné par le what if, me semble un peu rapide si l'on reprend les élements de contexte. Mais pourquoi pas. D'un point de vue scénario, c'est encore trop tôt pour réellement juger, si l'on considère en plus effectivement que le chapitre 1 était davantage un prologue.
Mais globalement c'est plutôt prenant, et ça a définitivement l'air correctement travaillé. Réçit à haut potentiel. Continue comme ça.

Bon courage !

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Minho MessagePosté le: Lun 07 Mar 2016 08:05   Sujet du message: Répondre en citant  
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À la lecture de ton avis, j'ai eu des réactions en trois temps, je me suis dis que j'allais te retranscrire ça.

Quand j'ai vu l'identité de l'auteur du commentaire : Non, c'est pas possible... Est-ce vraiment un des commentaires glaçants d'Icer ? Il a pris le temps de lire ma modeste fic, reste à voir ce qu'il a critiqué...

Après avoir lu l'introduction : Outch, je vais me faire démolir, sa réputation de killer est donc véridique. *prépare le nœud coulant*

À la fin du message : Hé ben, il est bien plus indulgent que ce que je pensais. Même un encouragement à la fin ? Il s'est fait hacké en fait.

Toutes mes excuses pour cette intro au goût douteuse, force est de constater à la lecture de tes commentaires sur les divers écrits du sous-forum que le fameux Icer est en réalité loin d'être le grand méchant loup du pôle fanfic. Malgré le côté frigide du personnage, il n'est pas rare de voir des mots stimulants voire réconfortants adressés aux écrivains débutants.

Bon, place à la réponse en elle-même.

Icer a écrit:
Il est où le nouveau ? Ils ont mangé le nouveau ?


Effectivement, juste après avoir posté mon premier chapitre, j'avais l'impression de m'être jeté délibérément dans l’arène afin de me faire déchiqueter par les fauves. Faut croire que les membres du forum sont plus conciliants que je ne le pensais.

Icer a écrit:
Aelita [...] la pièce centrale de l’échiquier... T'as rien trouvé de plus con ?


J'ai trouvé que c'était le comble de l'ironie de faire référence directement à un des mastodontes de la section fanfic via le point de vue d'Ulrich, ton personnage préféré comme tout le monde le sait Razz

Icer a écrit:
Plutôt avant qu'après non ? Mis à part le coup de la fuite du début de la saison 2 où la maison de Franz n'avait pas encore le symbole qu'elle a actuellement, je pense honnêtement - et que les autres le savent - qu'Aelita préfère se réfugier à l'hermitage, d'autant qu'une virtualisation sur Lyoko est facilement repérable par Jérémie - qui va immédiatement flipper sa race, comme tu le montres très bien - et donc n'offre que peu de répit.


En fait, dans ce passage assez particulier, Ulrich se contredit lui-même. Il reproche intérieurement à Jérémie de ne voir qu'en Aelita le rôle de « gardienne de Lyoko » et juste après, il place l'Ermitage en seconde position des potentiels refuges d'Aelita alors que la fameuse propriété devrait bien sûr se trouver en numéro un. Cela peut donc sembler totalement fou que les LG n'ont même pas pensé à ce lieu si particulier avant mais c'est faute à la parano de Jérémie. Il a été chercher compliqué là où c'était pourtant simple et a donc embrouillé les autres.

Icer a écrit:
Est-ce bien judicieux de placer pareil exemple vu que William, même si on a pu lui raconter, n'y était pas ? Je trouve que ça manque totalement de crédibilité dans son argumentaire, de ce fait


Effectivement, point de vue William, cet exemple arrive comme un cheveu dans la soupe au milieu de son « plaidoyer pour la fin du triangle amoureux ». C'était pour suggérer que le beau gosse a eu la maturité suffisante pour avoir une discussion avec son rival à propos de leur situation commune. Cela s'est vraiment passé dans ma fic mais je pense que cela restera en hors-champ même si ça pourrait toujours revenir un jour ou l'autre sous forme de flashback.

Icer a écrit:
Le bluff de fin était bien habile, cependant sache que l'on flaire possiblement l'arnaque plus vite que tu ne le voudrais vu la façon dont tu as parlé de ton réçit


En effet, pour les lecteurs attentifs, il y a moyen de voir la chute arriver. J'ai laissé deux-trois indices traîner dans la scène de la chambre à coucher qui est écrite volontairement de manière assez singulière. Cela aurait vraiment été étonnant que Yumi se retrouve au lit avec un garçon de son âge alors qu'elle est au même moment en rupture avec ses deux amants potentiels. Mais bon, tout est possible en fanfic Mr. Green

Icer a écrit:
Plus généralement, je suis presque deçu de cette histoire de Max, à moins bien sûr que cela ne débouche sur rien (Après tout, Stones, lol). En fait je m'attendais à ce qu'on reste dans l'idée d'un gros what if changeant petit à petit les choses, or là il est évident que les évènements nouveaux dépassent ce simple choix.


La déception est tout à fait légitime. Le lecteur s'attend à autre chose avec la phrase du proviseur : « Il semblerait qu'un membre de votre famille ait besoin d'aide... » Donc pour ce qui est de ce Max Stones, je n'en dirais évidemment pas plus pour le moment. On verra quelle importance aura cet élément au niveau de l'intrigue et si ça plait ou pas du tout. Rolling Eyes Pour en revenir aux What If, il risque d'y en avoir quelques-uns et chacun apportera son lot d'éléments nouveaux. Les changements vont donc parfois se faire de manière brutale même si les plus importants seront en général assez progressifs. Tout ça dans le but de m'éloigner de la dynamique de groupe habituelle afin que les héros aient différentes épreuves à gérer que celles qui nous sont proposées dans le DA.

Merci pour ton commentaire assez positif dans l'ensemble, ça donne envie de continuer ! Le chapitre 3 sera posté fin de semaine et il sera assez... incisif, je pense que c'est l'adjectif parfait !


Dernière édition par Minho le Mer 13 Avr 2016 04:26; édité 1 fois
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JCVgamer MessagePosté le: Lun 07 Mar 2016 10:59   Sujet du message: Commentaire Répondre en citant  
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Bonjour,

Après une hibernation des plus conséquentes, on va essayer de retrouver un semblant d'activité (je dis bien essayer), et donc c'est ainsi que je me suis transporté ici.

Minho a écrit:
/!\ Fanfiction à ne pas lire, à moins de posséder un minimum de sadisme pour accepter que votre vision enfantine de la série s'auto-détruise au fil des lignes...

Bof après avoir lu Bataille pour l'Espoir plus rien ne peut me choquer x)

Bref commençons,

Choisir un point de vue interne est une choix risqué niveau cohérence des personnages mais qui peut s'avérer payant si cela est bien réalisé. Je dirais qu'ici c'est plutôt bon jusqu'à présent, sauf pour William que je trouve...comment dire...*regarde à gauche et à droite s'il n'y a personne qui le menace avec un couteau sous la gorge* sûr de lui ? Non je sais pas, quelque chose me gêne.
Bref en attendant si on regarde le global des personnage et surtout la relation Jerlita, je dirais que pour l'instant c'est trop instable dirons-nous, comparé à la réalité après l'épisode 59 en question. Après bon je me fais pas d'illusions, tout ce qui est couple risque de prendre cher donc x)

Au niveau scénar, le spécialiste est déjà passé ^^ Mais après je sens que le Max va être quelques choses de trop prévisible mais je préfère ne pas m'avancer, le nombre de fois où je me suis planté dans des pronostics x)

J'ai pas grand chose à dire au final car le plus gros a été dit. Ce que je peux dire c'est que pour l'instant cette fic part bien, même très bien. Reste à voir si ton scénario tiendra la route sur le long terme.

Bonne journée
_________________
S'il existe différents maîtres contrôlant chacun un élément, je m'exerce à devenir le maître de la lumière.

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Minho MessagePosté le: Sam 12 Mar 2016 15:57   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à JCVgamer
Spoiler


Chapitre 3 : Amputation



-Odd-

Flèche laser

Le Rampant explose : un de moins ! Je gravis encore quelques marches pour me retrouver face à une autre de ces charmantes bestioles. Il me tire dessus mais j’ai le réflexe d’activer mon bouclier avant de riposter avec une autre de mes munitions. Deux d’éliminés mais il y en a encore au moins cinq, XANA a mis le paquet aujourd’hui ! Plus bas, Ulrich tranche la queue d’un de nos ennemis et le balance dans le vide d’un coup de pied bien placé. Il active son Supersprint et en dégomme un second en le décapitant d’un coup sec. Au final, il y a moyen que l’on règle ça vite ! Aelita vise et atteint d’un de ses champs de force la créature qui se trouvait le plus près du Cœur. « Ulrich, fais gaffe ! » L’avertissement d’Einstein est arrivé trop tard et mon ami s’est fait toucher dans le dos par les tirs consécutifs de trois Mantas fraichement débarquées. La dévirtualisation est immédiate, va falloir faire sans lui... Je sais ce qu’il me reste à faire : je plonge et atterris sur l’un des membres de l’escadrille volante. Je plante mes griffes dans sa chair afin de lui faire prendre de la hauteur et décoche une flèche laser en direction du Rampant se trouvant à ma hauteur. Ma monture essaye de se débattre mais j’accentue mon emprise pour la diriger à ma guise. Dominer l’un des pantins de XANA, c’est fou ce que j’aime ça ! Pourtant, celle-ci est coriace et n’arrête pas de se débattre. La Manta se secoue dans tous les sens pour me faire vaciller mais je suis bien accroché. Aucun risque de chute malgré les loopings ! Tout à coup, elle bifurque et se met à foncer en direction d’une des parois de la salle. Changement de programme : va falloir sauter ! Je fais en sorte de tomber sur le dernier Rampant pour l’éliminer tandis que mon ex-monture s’écrase contre le mur. Première fois qu’il y en a une qui me fait le coup du commando suicide... Soudain, un autre invité fait son apparition. Éberlué, je regarde l’imposante boule d’énergie bleue aux contours roses s’élever vers nous.

« Jérémie, je... je pense que mon père vient d’arriver ! dit Aelita très excitée. Il est là, juste devant moi !
Qu’est-ce qu’il fabrique ici ?
— Il veut me montrer quelque chose, il vient de me parler par télépathie !
Mais ça n’a pas de sens ! Où veut-il t’emmener alors que nous sommes en pleine lutte pour la survie de Lyoko ?
— Justement, il dit avoir des informations vitales à nous communiquer via l’interface.
— Et ça ne peut pas attendre ? demandai-je, juste avant de recevoir un tir en pleine poitrine.
Bon, si Franz Hopper se manifeste maintenant, ça doit quand même être extrêmement important. Odd, occupe-toi des deux derniers assaillants pendant que je programme l’Overwing pour Aelita.
— C’est facile de donner des ordres mais je ne suis pas sûr de savoir défendre le Cœur encore très longtemps ! répliquai-je en esquivant un nouveau laser. C’est pas vraiment une partie de plaisir ici Einstein.
On n’a pas le choix...
— T’as appelé William et Yumi ?
Oui mais ils ne répondent à aucun de mes appels. T’es en solo sur ce coup-là Odd.
— Génial... »

Alors que la princesse s’est déjà éclipsée avec son véhicule, j’essaye de me rapprocher le plus possible du sommet afin de réutiliser ma technique du saut de la mort. Je zigzague pour éviter les salves d’énergie générées par une des Mantas tandis que sa copine se charge de mitrailler la source de vie de Lyoko. La première barrière de protection ayant été détruite avant notre arrivée, il ne doit plus rester beaucoup de temps à la seconde. Et je n’ai plus droit à l’erreur... Si je me fais toucher une nouvelle fois, nous pouvons tous dire adieu au monde virtuel. Arrivé à la dernière marche, je ne peux que constater que mes ennemies sont moins stupides que d’habitude. Elles se sont placées au même niveau que moi mais à l’opposé de ma position, rendant toute incursion sur leurs nageoires pectorales impossible.

« Odd, on a un gros problème ! s’exclame Jérémie d’une voix paniquée. Aelita vient d’être attrapée par la Méduse ! La sphère a implosé et elle se trouvait à l’intérieur ! Tout ça, c’était un leurre... Hopper ne vous a jamais rejoint.
— C’est une blague ?
J’ai l’air de rigoler ? Fonce à l’interface, ton Overboard sera là dans deux secondes.
— Mais le Cœur ? La dernière barrière ne va plus tenir très longtemps et la XANA Air Force est toujours en activité ! C’est la princesse ou la destruction définitive, je ne sais pas être à deux endroits à la fois. Bordel, qu’est-ce que foutent les autres ?
Vas-y je te dis ! Je vais activer mon programme-surprise, hors de question que notre lutte se termine aujourd’hui. »

Une fois ma planche virtuelle sous les pieds, je m’empresse de sortir de la salle pour aller secourir notre demoiselle en détresse. Arrivant près de l’interface, j’envoie une poignée de fléchettes en direction de la briseuse de couilles numéro un. Au moment même où mes projectiles vont atteindre leur cible, la Méduse laisse tomber sa prisonnière. Je suis arrivé trop tard... La gardienne de Lyoko se relève déjà, avec le sigle tristement familier à la place des pupilles. Elle siffle et une large Manta noire, tout juste éclose de la voute numérique, vient rejoindre sa nouvelle maitresse. Aelita, d’un saut vif, se retrouve déjà sur la raie.

« Jérémie, toujours silence radio du côté des autres Lyoko-guerriers ? Ça craint ici !
Quedal, il faut absolument que tu dévirtualises Aelita avant qu’elle ne commette à nouveau l’irréparable. La seule bonne nouvelle, c’est que les monstres qui attaquaient le Cœur sont désormais détruits ! On est saufs de ce côté-là.
— Super, comment t’as fait ?
Je t’expliquerai plus tard, concentre-toi sur ton objectif. C’est vraiment bizarre... Il semblerait qu’un tunnel vient d’être ouvert, reste attentif !
— Je vais tout donner. »

La xanatifiée s’engouffre dans le passage fraîchement formé. Je m’empresse de suivre sa trace pour les rattraper, elle et son animal de compagnie. Le trajet à travers les données de la voûte ne prend que quelques secondes et, à la sortie, nous nous retrouvons étonnement au-dessus de la mer numérique.

« Einstein, où est-ce qu’on est ? Comment ça se fait que nous n’avons pas débarqué dans une tour de passage ?
Je n’en sais rien Odd. XANA a réussi à emmener Aelita à proximité du territoire montagne directement via ce tunnel creusé dans la voûte numérique mais, heureusement pour nous, vous êtes arrivés seulement à l’extrémité de Lyoko donc tu as encore le temps de contrer son plan. »

Effectivement, je peux apercevoir des roches mauves au loin. Il est hors de question que j’échoue à préserver ce territoire car c’est de loin mon préféré. Au moins, j’ai l’avantage sur ce terrain et je suis encore plus une bête que d’habitude ! Bon, faut pas tarder à éliminer le taxi de la princesse car la tour de passage ne doit pas être très loin. J’ai beau canarder la Manta sans arrêt, le monstre ne cesse de changer de direction pour ne pas se faire avoir… XANA a vraiment dû leur greffer un cerveau dernièrement. Néanmoins, ces changements de cap réguliers me permettent de gagner du terrain. Je ne suis plus qu’à quelques mètres de mon objectif maintenant. Mais Aelita l’a remarqué... Elle se retourne brutalement et me balance un champ de force à pleine vitesse au niveau des genoux. Je saute sur place et manque de peu de rater mon skate en retombant. Ouf, j’ai eu chaud ! Le grand plongeon, très peu pour moi ! Nous survolons maintenant la terre ferme, il est temps d’arrêter de jouer. J’accélère et passe en dessous de la créature, lui envoyant une salve de fléchettes au passage. Au même moment, elle lâche une mine sur l’arrière de mon Overboard, ce qui provoque l’explosion de mon véhicule. Nos moyens de transport respectifs détruits, Aelita et moi se retrouvons au sol après une sacrée chute. Que le duel commence...

« Tu ne fais pas le poids pauvre minable !
— C’est ce qu’on va voir, tu vas prendre cher ! »

Cette garce joue la carte de la provoc' en étant possédée maintenant... Et en plus, elle se permet de m’insulter ! Pas question de faire traîner les choses, autant la buter tout de suite. Je tire mais... rien ne sort de ma patte.

« Jérémie, plus de munitions, c’est vraiment pas le moment !
Je te recharge tout de suite, essaye de gagner du temps. À part ça, j’ai des bonnes nouvelles : du renfort arrive et j’ai réussi à altérer les capacités d’attaque d’Aelita !
— Hein ? »

La xanatifiée tend sa main droite devant elle, clairement déterminée à me mettre KO. Je m’agenouille pour éviter un champ de force... qui n’arrive pas. Bon, va falloir finir le travail à mains nues. Je me rue dessus sans crainte de recevoir un projectile et la plaque au sol. Je l’attrape par la gorge et la griffe au visage. Elle me repousse d’un coup de poing violent dans les côtes. Qui a dit que les filles ne savaient pas se battre ? De nouveau libre de ses mouvements, elle se met à courir en direction de la tour qui se situe au bout du sentier sur lequel nous nous trouvons. Je me prépare à m’élancer à sa poursuite. Hélas, je suis immédiatement stoppé dans mon élan. Un amas de glace vient de relier le bout de ma queue au rocher se situant derrière moi. Il n’y a qu’un seul monstre capable de faire un coup pareil... Le Blok, à gauche de ma position, tire mais j’ai le temps d’enclencher mon bouclier une seconde avant l’impact. Ma protection violette ne va pas résister à beaucoup de lasers et je suis coincé ici alors que la destructrice de Lyoko se rapproche dangereusement de son but. Soudain, un éventail siffle dans les airs et coupe mon entrave. Un cercle de feu surgit alors dans ma direction mais je saute sur le côté et réplique avec une fléchette. La créature en forme de cube est touchée en plein œil. Plus de problèmes !

« Hé ben Yumi, je n’ai jamais été si content de te voir ! »

La geisha, chevauchant l’Overbike, se contente de me regarder sans dire un mot. Après tout, on a déjà perdu assez de temps. La priorité reste d’empêcher le CODE XANA. Je grimpe à l’arrière de la moto et la japonaise met les gaz. Alors que la fille d’Hopper n’est plus qu’à quelques pas de sa destination finale, je saute du véhicule en plein vol. Me voilà juste entre l’entrée de la tour et Aelita, trop facile... Jusqu’à ce que je me fasse transpercer par derrière : hors-jeu définitif.

***


« Donc tu veux dire que ce n’était pas la vraie Yumi ? m’écriai-je.
— Oui, c’est ça que j’essaye de t’expliquer depuis dix minutes. L’originale n’a jamais daigné se montrer et j’ai donc dû improviser avec les moyens du bord. Sur Lyoko, c’était juste un avatar que je contrôlais à distance. C’est comme si mon clavier avait fait office de manette pour un de tes jeux vidéo débiles si tu comprends mieux comme ça.
— Il aurait juste fallu que tu désactives le mode multijoueur Einstein...
— Très drôle Ulrich. XANA a effectivement réussi à prendre contrôle de mon prototype via la tour que j’avais activé sur la banquise et en a profité pour dévirtualiser Odd.
— En attendant, ça n’excuse pas le fait que tu ne m’as pas prévenu à temps pour les Mantas ! Je me suis retrouvé dans le scanner beaucoup trop vite. Si tu m’avais averti plus tôt, nous aurions été deux pour stopper Aelita.
— La prochaine fois, tu prendras ma place et tu verras comme c’est facile de guider des crétins qui n’en font qu’à leur tête.
— Je n’ai absolument rien à me reprocher, arrête de reporter la responsabilité de ton échec sur tout le monde ! D’abord, tu blâmes William et Yumi parce qu’ils sont absents. Ensuite, tu viens me faire des reproches infondés ! Et après, tu vas t’en prendre à qui ? Odd ? Aelita ? Non évidemment puisque c’est ta chérie...
— Hé, je suis intouchable ! T’as pas vu tous les monstres que j’ai abattu ? répliquai-je. De toute façon, on ne peut en vouloir à personne si le territoire montagne a été réduit à néant. C’est un échec collectif !
— Tu te trompes Odd. Il n’y a qu’une seule responsable et c’est moi. Dès qu’il s’agit de mon père, je perds les pédales. J’ai vraiment voulu croire qu’il était de retour... et je suis tombée droit dans le piège comme la dernière des idiotes.
— Surtout que si tu ne m’avais pas fait perdre mon temps avec ta stupide histoire de Max Stones, j’aurais largement eu l’occasion d’apporter la touche finale à mon programme : l’antivirus rendant toute xanatification de l’avatar impossible. »

Le coup de grâce. Des larmes commencent à couler sur les joues d’Aelita et elle court se réfugier dans l’élévateur. Elle va encore passer une bonne nuit de sommeil...

« Putain Jérémie, t’es vraiment con ! explose Ulrich. Tu vois qu’elle culpabilise et t’en remets une couche !
— C’est vrai que c’était pas sympa... Qu’est-ce qui t’arrive ces temps-ci Einstein ? T’as encore moins de tact qu’avant.
— Tu sais très bien ce qu’il se passe Odd... Il est grand temps d’arrêter de se voiler la face. Il n’y a plus que la banquise et Carthage sur toute la surface du monde virtuel et je suis censé garder mon calme ! Est-ce que vous imaginez la catastrophe si le programme multi-agent réussit à détruire Lyoko ?
— C’est bien ça le problème ! gueule Ulrich. Tu places XANA avant les humains et si on continue à te suivre, on va droit dans le mur !
— C’est sûr que si on s’était rangés dès le début derrière l’idiot du groupe, tous nos problèmes seraient résolus !
— Un conseil Einstein : ne me sous-estime pas ou tu vas le regretter... »

La tension entre Ulrich et Jérémie n’a jamais été aussi palpable... Ils se regardent en chiens de faïence, il est temps d’agir avant que l’un d’entre eux ne sorte les crocs. J’attrape mon meilleur pote par l’épaule et l’entraine dans un coin du labo. Faut vraiment rentrer avant que la situation ne dégénère...

***


« Super, il est seulement dix-neuf heures trente ! Le self est encore ouvert ! Pour une fois qu’on a le temps de manger après une mission de fin de journée...
— T’es sérieux là ? Comment peux-tu faire ton goinfre dans un moment pareil ?
— Oh ça va Ulrich. C’est qu’une dispute débile, tu ne vas pas en faire tout un plat.
— Non justement, c’est plus qu’une dispute débile cette fois. Ce connard m’a défié et insulté. Monsieur Je-sais-tout a été trop loin cette fois et il est hors de question que je laisse passer ça.
— Tu parles ! Je suis sûr que demain t’auras déjà oublié.
— C’est ce qu’on va voir... »

Mon meilleur ami me laisse en plan dans la cour. Je le connais par cœur : il va aller ruminer toute la soirée dans notre chambre et après, il regrettera d’avoir été si impulsif avec Jérémie. Bon, c’est vrai que le ton n’était jamais monté si haut entre les deux mais je reste persuadé qu’ils vont recoller les morceaux rapidement. Allez, fini de penser à ce stupide conflit, place à la bouffe ! Je rentre dans le réfectoire, attrape un plateau et passe près de Rosa.

« Alors, quoi de bon aujourd’hui ?
— Je pense que tu vas être content : lasagnes !
— Super ! Vous pouvez me donner deux rations de plus, Jérémie et Ulrich n’ont pas très faim aujourd’hui.
— Pas question ! Il est important que tout le monde s’alimente bien et tes amis, surtout Belpois, sautent bien trop souvent les repas. Quand on travaille autant que Jérémie, il est nécessaire d’avoir un apport d’énergie régulier. Tu lui diras qu’il a intérêt à se montrer plus souvent ou je reporterai son comportement irresponsable au proviseur.
— T’y crois pas ! D’habitude, ça ne pose pas de problèmes et pour une fois qu’on a de la lasagne, j’ai pas droit à un peu de rab ?
— Tu en auras quand tout le monde se nourrira de manière responsable ! »

Ben ça alors… Tout le monde semble avoir bouffé du lion aujourd’hui ! Grand temps que je contamine quelqu’un avec ma bonne humeur constante. Une fois cette réflexion faite, je me dirige vers notre table habituelle que je pensais vide... mais un individu y est en fait déjà installé. Faudra repasser pour l’ambiance...

« Putain William, qu’est-ce que tu fous là ? On avait besoin de toi sur Lyoko ! Première mission et tu nous lâches déjà, c’est pas cool mec !
— De quoi tu parles ? demande-t-il avec des yeux de merlan frit. J’en savais rien moi ! »


-Jérémie-

Outch, pas facile d’émerger… Enfin, j’ai quand même eu six heures et vingt minutes de sommeil, c’est pas trop mal ! Après notre débâcle de la veille, j’ai passé une petite partie de la nuit à bouillonner d’idées, une a particulièrement retenu mon attention à vrai dire. Ce nouveau projet pourrait être la fin de tous nos problèmes ! Surtout qu’il faut sans cesse innover vu les nouveautés de XANA sur Lyoko. On dirait qu’il devient de plus en plus puissant et ce n’est pas bon signe… Je m’habille en deux minutes comme à mon habitude : toujours les mêmes vêtements. S’il y a bien quelque chose qui m’échappe, c’est les gens qui passent une heure à se pomponner, du genre Sissi. Se lever chaque jour en se préoccupant de la chose la plus futile au monde : le regard des autres. Évidemment, il y a le minimum syndical, je ne vais pas non plus sortir complètement débraillé. Mais de là à chercher absolument à plaire en usant tous les artifices possibles, il y a une grande marge. De toute façon, je ne cherche à draguer personne et entre montrer une bonne image de moi mentalement ou physiquement, j’ai vite fait mon choix.

« Jérémie, t’es là ?
— Attends une minute, faut que je termine de m’habiller, mentis-je. »

Facile de connaître l’identité de la personne qui vient de frapper à la porte, c’est la fille avec qui je passe le plus clair de mon temps. Je ne pensais d’ailleurs pas entretenir une relation fusionnelle avec quelqu’un à ce point. Enfin, pour le moment, ce n’est pas la joie entre nous... C’est vrai que j’y ai été fort hier soir donc peut-être que le temps des excuses est arrivé. On voudrait toujours reporter ce genre de moment car ce n’est jamais plaisant de faire le premier pas. Mais si le proche en vaut la peine, autant ravaler sa fierté après tout. Je passe vite un coup de déodorant, le fameux minimum syndical après deux jours sans douche.

« Entre, je suis prêt maintenant. »

La porte s’ouvre et à ma grande surprise, elle n’est pas seule… D’abord, William et Ulrich sont là. Bon, ils dorment ici après tout. Le plus inquiétant, c’est que Yumi soit aussi avec eux, ça n’augure rien de bon. Elle n’a aucune raison d’être à l’école si tôt et les larges cernes sous ses yeux ne me rassurent pas. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond et je ne vais pas tarder à découvrir ce qu’il se trame dans mon dos.

« Qu’est-ce qu’il se passe ?
— On vient de finir une discussion assez... animée et on a besoin d'éclaircissements de ta part. J’étais absente la nuit passée donc je veux être sûre de ce que l’on m’a rapportée.
— Tu parles de la destruction du territoire montagne ? C’est sûr que si tu étais venue nous aider, tout ça aurait pu être évité !
— C’est donc vrai… Tu essayes de nous faire porter le chapeau pour ta connerie.
— Ma connerie ? C’est la meilleure… J’étais à mon poste moi ! Quand Lyoko est en danger, j’accours pour sauver la situation, contrairement à toi qui nous as laissé tomber…
— Tu penses vraiment que j’avais la tête à ça juste après avoir appris que mon père est gravement malade ? »

Le choc... Je commence à comprendre pourquoi je suis tombé cinquante fois sur le répondeur : elle devait être en pleine crise familiale. Néanmoins, ça n’excuse pas tout. Nous n’avons eu droit à aucune justification de son absence le soir même et maintenant elle me balance ça à la figure...

« Je suis désolé Yumi, vraiment. Cela doit être difficile à gérer... Mais tu dois comprendre que je comptais sur toi. Enfin, que nous comptions tous sur toi. On s’était pourtant promis dès le début que l’on ne mélangerait jamais la lutte contre XANA et les sentiments personnels.
— Non mais je rêve ? C’est toi qui dis ça ? Tu as fait croire à Odd que tu n’arrivais pas à joindre William...
— Et je n’ai reçu absolument aucun appel de ta part sur mon téléphone, complète l’intéressé.
— Heu... j’ai du mal encoder tes coordonnées... Après tout, je ne pensais pas à avoir te contacter un jour, bredouillai-je.
— Arrête ton cinéma ! crie Ulrich. Tu as volontairement laissé Dunbar de côté et après, tu oses encore nous blâmer pour ta faute. T’as dépassé les limites cette fois ! Il est temps que tu arrêtes de prendre des décisions stupides qui nous foutent dans la merde.
— Jérémie, regarde-moi. Si tu ne reconnais pas la vérité maintenant, je pars et il n’est pas question que je remette un pied dans cette chambre avant d’avoir quitté Kadic. Tu sais à quel point je tiens à toi mais je ne peux pas rester avec un manipulateur.
— Mais tu ne vois pas qu’ils essayent de te monter contre moi ? Tu ne vas pas te laisser avoir comme ça Aelita !
— Ils n’ont aucun intérêt à faire ça. Est-ce que tu as volontairement laissé William de côté pour cette mission ? Je ne répéterai pas ma question...
— Oui, finis-je par avouer à demi-mot.
— Je le savais !
— Ce n’est pas ce que vous croyez ! Je l’ai fait pour nous... et pour lui par la même occasion. Sa première fois sur le monde virtuel ne doit pas se passer dans un moment critique comme celui-là. Il n’a aucune idée de ce qui l’attend une fois qu’il sera virtualisé et il lui faudra un temps d’adaptation conséquent. Mieux vaut ne pas brûler les étapes.
— T’es vraiment con ! Je sais que je suis parfaitement capable de me débrouiller sur Lyoko et tu n’avais aucun droit de me laisser dans l’ignorance comme tu l’as fait. Ce n’est pas parce que tu n’as pas eu les couilles d’entrer directement dans le scanner que tout le monde est comme toi.
— Je te demande pardon William... J’ai préféré jouer la carte de la sécurité plutôt que de t’envoyer en plein milieu du champ de bataille et... peut-être que j’ai eu tort effectivement.
— Parce que tu penses que ton excuse minable va suffire ? Tu as vraiment cru que tu pourrais te servir de moi comme un chien qui se ramène dès que son maître siffle ? Il est grand temps que tu descendes de ton piédestal Belpois !
— Comment oses-tu me parler comme ça, tu te prends pour qui là ? T’es le dernier arrivé et tu voudrais déjà faire ta loi ?
— Exactement ! Et faire tomber le dictateur me semble parfait pour le premier acte.
— Le dictateur ? N’importe quoi !
— Alors comment décris-tu un pauvre type qui se permet de prendre des décisions cruciales sans même consulter ses partenaires ? On est en démocratie au cas où tu l’aurais oublié. Tu t’es permis de placer mon destin entre vos mains lors du vote, j’ai trouvé ça juste de te renvoyer l’ascenseur. Comme tu l’as compris, on a eu un long meeting matinal avant de venir te trouver. J’ai alors eu l’idée de poser une question toute simple : faut-il exclure Jérémie du groupe ? Chacun a exprimé son opinion et à la fin, nous avons tous répondu sur un bout de papier. Trois lettres qui peuvent tout changer... Exactement ce que tu m’as fait subir. Je te laisse dépouiller les bulletins, tu ne peux que constater que j’ai fait ça dans les règles de l’art.
— Sauf que tu as organisé tout ça derrière mon dos alors que je t’ai laissé être présent lorsqu’on a envisagé de te prendre comme Lyoko-guerrier, définitivement une mauvaise idée... De toute façon, j’ai confiance au bon sens de mes amis, ils ne suivraient pas un abruti comme toi. »

Hors de question que je reconnaisse qu’il a bien préparé son coup. Je saisis l’enveloppe qu’il me tend et l’ouvre sans hésiter. Cinq feuilles pliées se trouvent à l’intérieur. Je m’empresse d’en ouvrir deux, une dans chaque main. Le court mot écrit sur chaque papier n’est pas en ma faveur, sûrement William et Ulrich. C’est le comble de l’ironie que les deux rivaux de toujours ont fini par trouver un terrain d’entente : moi... Bon, il en reste trois et, si l’on suit les règles établis pour le scrutin de l’avant-veille, je n’ai besoin que d’un seul non pour clouer le bec à cet enfoiré. Je pioche de nouveaux feuillets et reste pétrifié en découvrant encore deux réponses positives à la proposition de Dunbar. Comment Odd et Yumi peuvent-ils me trahir ? C’est inimaginable, ce sont quand même mes potes de toujours ! Ulrich aussi après tout mais lui, je suis moins étonné vu son animosité à mon égard ces derniers temps. Il affiche d’ailleurs un sourire satisfait et je n’ai qu’une envie : le faire disparaître de son visage. Je saisis donc le dernier bulletin en sachant pertinemment qu’il me sauvera du châtiment ultime. Je pousse un soupir de soulagement en voyant le contenu.

« Voilà, un vote blanc ! Tu ne peux décemment pas me demander de quitter la bande si quelqu’un a eu le courage de ne pas suivre ta recommandation insensée.
— Cela veut juste dire que quelqu’un n’a pas émis d’opinion. Les quatre oui ne vont pas s’effacer par magie et personne ne s’est clairement opposé à ta… démission.
— Bon Aelita, dis-leur maintenant que tu es contre et que ne rien écrire était ta manière à toi de t’opposer à la profonde injustice qu’ils essayent de mettre en place.
— Je suis d’accord avec les autres depuis le début Jérémie, le vote blanc n’est pas de moi… »

Je manque de m’évanouir. Je m’assieds sur le lit et regarde autour de moi. Ils ont tous la même expression neutre sur leurs visages, c’est à ce moment là que je comprends. Je cauchemarde depuis le début : une telle trahison est juste impossible… Je me pince l’avant-bras sans ménagement et ferme les yeux. Je respire profondément et soulève les paupières lentement. Cinq personnages familiers se trouvent dans la même position et le même décor que quelques secondes auparavant, absolument rien n’a changé…

« Tu ne rêves pas Jérémie, c’est bien réel. On n’a pas fait tout ça pour te blesser, il faut juste que tu comprennes…
— Tais-toi ! Vous ne pouvez rien faire si tout le monde n’est pas d’accord, il est hors de question que je me laisse éjecter comme ça si quelqu’un émet des réserves, dis-je, confiant. Odd a voulu me garder, c’est pour ça que vous ne l’avez pas laissé venir ?
— Non, il a voté comme les autres. C’est moi qui n’ait rien mis sur le bulletin. »

Yumi… Elle fait une nouvelle fois preuve de maturité et son respect l’honore. Poignarder un ami dans le dos ne doit pas faire partie des coutumes de son pays natal, contrairement à la France où c’est monnaie courante… Soudain, elle m’arrache la page blanche à laquelle je m'agrippais toujours et se dirige vers mon bureau. Elle s’empare alors d’un marqueur vert qui traînait à coté de mon bloc-notes et griffonne ce qu’ils attendaient tous. Comment ai-je pu oublier le fameux Ijimé japonais ?

« Maintenant, il n’y plus aucune objection, crache-t-elle en montrant bien le OUI inscrit sur le bout de papier. J’ai douté, je ne te pensais pas capable d’un tel mensonge malgré tous les arguments avancés lors du vote mais force est de reconnaître que je me suis trompée vu que tu as avoué. On s’est tous liés pour que tu sois exclu du groupe…
— Temporairement ! s’empresse de rajouter mon (ex ?) petite-amie. Notre décision était, sans conteste, la plus logique à prendre après un tel désastre. On a quand même perdu un territoire juste parce que tu n’as pas voulu donner une chance à William alors qu’on l’avait accepté parmi nous. Tu as vraiment eu un comportement discriminatoire et on ne peut laisser un tel mensonge impuni. Néanmoins, nous sommes tous conscients que tu es la base du groupe, ce n’est pas un adieu Jérémie. Je pense que l’on a tous besoin de se détacher de toi pour mieux évoluer. Tu n’as jamais appris aux autres tous les secrets du fonctionnement du monde virtuel, même pas le plus basique : la virtualisation. Je vais les entraîner et quand ils seront tous prêts, tu pourras revenir parmi nous.
— Tu veux me remplacer ?
— Pas du tout. C’est juste que s’il t’arrive malheur un jour, nous sommes perdus. La seule solution, c’est que tout le monde soit capable de prendre la tête du labo en cas d’urgence. Avec toi dans les parages, tu veux toujours tout faire et la marge de progression est minime. C’est pour le bien commun Jérémie, nous serons tous plus fort après cette étape d’apprentissage indispensable.
— Vous pensez vraiment que mon rôle est si facile… Ne venez pas pleurer près de moi quand vous serez tombés dans l’un des pièges de XANA, je sais très bien que vous ne tiendrez pas trois jours sans moi.
— C’est ce qu’on verra…
— Ta gueule Ulrich ! Sortez tous d’ici maintenant, je ne veux plus vous voir !
— Mais...
— Dégage Aelita, c’est fini. »

Je leur claque la porte au nez. Je ne suis pas un garçon particulièrement sensible mais là, je ne peux retenir mes larmes. J’ai envie d’exploser. J’attrape mon coussin et me déchaîne dessus. J’imagine la tête des traîtres à la place de l’oreiller. Un à un, ils prennent des coups d’une violence que je ne me connaissais pas. Dire que j’ai perdu tout ce temps avec de tels bâtards... Il faut vraiment que j’écrive un roman, le monde doit savoir qu’une simple décision peut souffler l’étincelle d’humanité qui anime nos destinées. Comment tout perdre en une poignée de minutes ? par Jérémie Belpois, ça va faire fureur...


-Aelita-

Driiiiiiing

Une journée de plus qui s’achève... Elle n’a pas été de tout repos, loin de là... et ce n’est pas encore fini ! Je regarde Jérémie se lever et quitter précipitamment le local sans adresser un regard à qui que ce soit pendant que je termine de ranger mes affaires dans mon sac. Ça a vraiment été spécial de ne pas passer chaque cours à ses côtés, je suppose que je vais devoir m’habituer... Mais est-ce que l’on peut vraiment s’y faire à ce genre de relation ? Aimer quelqu’un à la folie et, en quelques heures, devoir prétendre que cette personne n’existe plus. Si ça ne tenait qu’à moi, cette « période d’éloignement » n’aurait pas duré longtemps mais il a encore plus mal pris notre choix que ce que je m’étais imaginée à la base. C’est sûrement le mot exclusion qui n’est pas passé, je leur avais pourtant bien dit de ne pas l’utiliser... Au fond, je suis presque à la limite du regret mais je me convaincs que c’était la seule chose à faire. Fermer les yeux sur un tel acte et laisser William sur le carreau, c’était juste impensable. De toute façon, il est trop tard pour faire machine arrière. Il est évident que cette souffrance ne va pas disparaître mais, comme j’ai toujours vécu sans vraiment être heureuse, je sais pertinemment que je vais finir par m’y accommoder, surtout que cette situation ne sera pas éternelle. Enfin, j’espère...

« Toujours prête à y aller ?
— Oui Odd, j’ai vraiment besoin de le voir.
— Tu sais que je t’ai réservée mon après-midi de toute façon.
— C’est vraiment gentil de m’accompagner, je ne vois pas qui d’autre aurait pu faire ça pour moi.
— Oh t’inquiète, c’est rien ! Tu sais bien que tu peux tout me demander...
— Même faire ma lessive ?
— Non quand même pas, répond-t-il avec un petit sourire en coin. C’est que tu commences à avoir de la répartie dis donc ! Evidemment, tu n’as pas encore atteint le niveau pro mais tu as le mentor parfait devant toi.
— C’est vrai que tu as toujours su me faire rire, même dans les moments les plus difficiles.
— Bah, c’est normal ! C’est toujours quand ça va pas qu’on voit qui sont les vrais potes.
— Tu l’as dit... »

Alors que nous quittons la salle de classe pour rejoindre l’hôpital, je ne peux m’empêcher de penser une nouvelle fois à notre situation actuelle. Sans notre leader de toujours, pourra-t-on rester aussi soudés qu’avant ? Rien n’est moins sûr... Suffit de voir le comportement des autres. D’abord, il y a Ulrich et William qui n’ont jamais été aussi proches. Bon d’accord, c’est un peu exagéré : ils ne sont pas encore potes mais c’est en bonne voie. Même si je ne suis pas sûre qu’une telle amitié soit souhaitable car elle serait basée sur leur haine commune envers Jérémie. Ils sont juste totalement aveuglés par ça et oublient totalement de relativiser. C’est vrai qu’ils ont été extrêmement blessés : William par le manque de considération et Ulrich par les mots blessants qui ont été portés à son égard. Va vraiment falloir qu’ils se calment quand même... Puis, il y a Yumi, complètement dévastée par cette histoire familiale. Elle semble avoir perdu tout intérêt envers ce qui l’entoure. Sur le temps de midi, elle n’a pas ouvert la bouche et son regard était encore plus dénué d’émotions qu’à l’accoutumée. Reste Odd... qui ne montre pas vraiment ce qu’il pense, bien caché derrière son habituel masque de plaisantin. Il est grand temps de déchirer le voile.

« Pourquoi tu n’as pas voulu aller voir Jérémie avec nous après la discussion que l’on a eu dans ta chambre ce matin ?
— J’ai pas trop envie d’en parler.
— Tu gardes toujours tout pour toi. Je vois bien que ça te tracasse autant que nous. Tu peux te confier à moi, tu sais que je ne juge jamais...
— Parce que tu n’as pas jugé le comportement de Jérémie peut-être ?
— C’était différent...
— Si tu le dis... Tu promets que tu n’en parleras pas aux autres ?
— Bien sûr, tu peux compter sur moi.
— C’est juste que... j’ai pas eu le courage de l’affronter. J’ai un peu honte, je me sens responsable... Si je n’avais pas été trouvé William, rien de tout ça ne serait arrivé. Et on serait toujours cinq, enfin six je veux dire.
— Tu n’as pas à culpabiliser pour ça. On aurait découvert la vérité d’une autre manière si ce n’était pas arrivé.
— Mouais. T’es quand même pas si douée pour réconforter les gens, même Sissi aurait fait mieux pour le coup.
— Désolée, reste plus qu’à me faire livrer une tonne de maquillage et je reviens te voir, plaisantai-je. En tout cas, tu es meilleur que moi pour remonter le moral des troupes. Je me suis sentie tellement mieux après que tu sois venu me voir hier soir, et ce, malgré les tristes nouvelles que tu apportais.
— C’est le talent !
— N’empêche, t’es le seul à y avoir pensé.
— Ulrich et William seraient venus aussi s’ils en avaient eu l’occasion. C’est juste qu’ils étaient chez Yumi pour la tenir au courant de tout le bordel avec Jérémie. Ils s’inquiétaient tellement parce qu’elle ne répondait à aucun message qu’ils ont voulu aller la voir directement. Grâce à ça, ils ont aussi pu lui demander de venir plus tôt ce matin malgré les circonstances.
— J’imagine la tête qu’elle a dû faire après avoir constaté qu’ils étaient tous les deux devant sa porte... Tout a quand même été vraiment précipité.
— À fond. Et si je ne m’y étais pas opposé avant d’aller t’expliquer la situation, ils auraient été le confronter hier soir juste après avoir parlé ensemble.
— Je peux les comprendre... C’est juste ahurissant la manière dont a agi Jérémie. Comme quoi, on ne connait jamais vraiment ceux qui nous entourent.
— C’est quand même pas si grave.
— Odd, il t’a menti droit dans les yeux !
— Techniquement, il y avait un écran entre nous.
— Bon, ça ne sert à rien de relancer le débat de ce matin. On est arrivés de toute façon. »

Le Royal Hospital se dresse devant nous, il est temps d’obtenir des réponses. Nous entrons et je prends Odd par le bras pour le diriger directement vers l’ascenseur. Pas besoin de passer une nouvelle fois à l’accueil : Max Stones dans la 614 n’est pas très compliqué à retenir.

« Pourquoi tu veux revenir ici en fait ?
— La dernière fois, notre visite a été écourtée par XANA qui s’en est pris au Cœur. On a juste pu constater qu’il y avait quelqu’un dans la pénombre avant de devoir filer au labo. Je sens qu’il y a quelque chose avec ce gars.
— Parce qu’il s’appelle Stones ? Quelle ironie tout de même...
— Non, c’est plus que ça. Quand je l’ai vu en photo, je l’ai trouvé si... différent. La curiosité est peut-être un vilain défaut mais, sans elle, on n’avance pas beaucoup dans la vie.
— Si tu te mets à philosopher... »

La porte de l’élévateur coulisse et je me retrouve pour la deuxième fois dans le couloir vierge de toute couleur plaisante : juste ce blanc immaculé... Arrivés au bout, j’entre sans hésiter dans le drôle de sas, suivie par Odd.

« Tu peux rester ici ? J’aimerais bien lui parler en tête-à-tête.
— Tu déconnes ? Tu m’as fait venir jusqu’ici et j’peux même pas voir la tête de ce mec ?
— S’il te plait Odd, c’est quelque chose que j’ai besoin de faire seule.
— Pourquoi tu m’as pris avec alors ?
— Pour garder les sacs, dis-je avec un grand sourire en lui tendant le mien.
— T’es vraiment pas drôle.
— Oh ça va, je rigolais. C’est juste que je ne le connais pas donc c’est plus sûr que mon garde du corps préféré m’attende au pas de la porte au cas où j’aurais besoin d’aide. On ne sait jamais, il pourrait se faire xanatifier.
— Ok, c’est bon... Mais traîne pas ! »

Je sens l’adrénaline parcourir mes veines. Je n’en reviens pas que je suis dans un état comme ça pour une bête rencontre. Il faut dire que je ne prends pas souvent des initiatives sans Jérémie et, par le passé, chaque tentative s’est soldée par un cuisant échec. Va falloir que ça change... J’attrape une paire de gants et pénètre dans l’étrange pièce. Il y fait beaucoup moins sombre que la dernière fois et je peux enfin découvrir l’intérieur. Grosse déception : rien de plus qu’une banale chambre d’hôpital. En même temps, à quoi d’autre pouvais-je m’attendre ? Le store tamisant de manière très efficace la lumière extérieure provenant de l’unique fenêtre est baissé à moitié, ce qui me permet de contempler à ma guise le garçon couché dans le lit. Entouré de curieuses machines émettant un ronronnement constant, il dort paisiblement d’un souffle régulier, la couette se soulevant au gré de sa poitrine. Tout son corps est enveloppé dans les draps blancs, tel un ange tombé du ciel. Seul son visage dépasse et il est juste... fascinant. Il a des traits très fins et d’une pâleur inimaginable, je ne peux m’empêcher de faire la comparaison avec Dracula qu’Odd avait absolument voulu me montrer. Mais à la place des cheveux de jais, ils sont blancs comme neige. Assez longs, ils s’étendent en cascade sur l’oreiller. J’ai plus l’impression de me trouver devant une resplendissante femme âgée plutôt qu’un adolescent, à l’exception qu’il n’a pas de rides. D’ailleurs, je ne peux relever aucune imperfection sur sa peau lisse. J’étais tellement absorbée par cette blancheur éclatante que je viens seulement de remarquer ses oreilles pointues, la copie conforme de celles de Mister Pück. Ce Max Stones a une aura tellement particulière... Il semble tout droit sorti d’un livre de contes qui n’aurait pas encore été écrit et qui raconterait l’histoire d’un elfe né de l’union entre Dracula et une vieille femme à la chevelure saisissante. Où est-ce que je vais chercher ça moi ?

« Bonjour Aelita. »

Je reste pétrifiée face au son de sa voix, elle est terrifiante... mais ce n’est rien à côté de son regard. Il a des yeux translucides, d’un bleu éclatant mais injectés de sang. À tel point qu’avec la distance, les pupilles semblent noyées dans un rouge vif, ce qui contraste grandement avec la clarté de son visage : l’ange déchu ayant basculé en enfer... J’ai tellement été saisie par ce qui se cachait derrière ses paupières que j’en oublie l’essentiel, comment connait-il mon nom ?

« Bonjour Max, pas besoin de faire les présentations à ce que je vois...
— Bien sûr que si. Je ne sais rien de mes visiteurs, une introduction de leur part est toujours préférable.
— Tu sais déjà comment je m’appelle...
— Facile, ce n’est pas ta première visite. Après que vous ayez parlé du Supercalculateur, ton pote a clairement dit : Jérémie, c’est une attaque ? Viens Aelita, faut se barrer d’ici, j’aime pas ça du tout. Enfin, c’était quelque chose du genre et comme je doute que tu t’appelles Jérémie, le lien est vite fait.
— Mais comment as-tu pu nous voir ?
— Tu sais, après une journée à méditer dans le noir, tes yeux s’adaptent très vite à l’obscurité. Tu es arrivée ici parce que tu me connais ?
— Non, cela m’aurait marqué sinon.
— Ça valait bien la peine de venir... »

Ça commence bien... Qu’est-ce que je suis venue faire ici ? Il est hyper bizarre. Va falloir conclure rapidement, la curiosité est définitivement un vilain défaut, plus de doutes là-dessus.

« Heu... va falloir que j’y aille.
— Déjà ? Tu ne peux pas me faire ça ! Désolé, j’ai été maladroit. C’est juste que j’espère vraiment... Tu ne peux pas partir maintenant, reste encore un peu s’il te plait. Pour une fois qu’une jolie fille me rend visite...
— Ne va pas me faire croire que je suis la seule ! À l’accueil, ils ont dit que tu avais constamment du monde voulant t’identifier.
— Il y en a bien une autre mais le reste du temps, c’est des vieux fous qui espèrent retrouver leurs fils disparus alors que ces pauvres garçons ont bien souvent rejoint l’au-delà depuis bien longtemps...
— T’as gagné, je vais rester mais une minute alors ! Qui t’a identifié ?
— Personne, du moins, pas encore... Pourtant, j’ai ma tronche dans la presse depuis quelques jours, tu n’as pas pu rater ça.
— En fait, les infos ne m’intéressent pas vraiment.
— Comment as-tu su que je me trouvais ici alors ?
— Heu... longue histoire. Comment les policiers savent que tu t’appelles Max Stones si personne ne t’a reconnu ?
— Lettre anonyme... L’hôpital l’a reçue le trois novembre et, ce qui est interpellant, c’est que mon signalement a seulement été rendu publiquement le lendemain et ils y ont joint ce qu’ils pensaient être mon identité. À l’heure actuelle, les policiers pensent de plus en plus à une fausse piste vu que les recherches ont démontré qu’il n’y a personne répondant à ce nom répertorié en France. L’autre possibilité, c’est que je sois un immigré clandestin ou un truc du genre. J’essaye de me convaincre qu’un proche va se manifester... Il y a bien des gens qui doivent me connaitre, je ne suis pas un putain d’extra-terrestre venu pour envahir la Terre !
— Que t'est-il arrivé en fait ?
— Si seulement je savais... Des passants m’ont trouvé sous un pont le matin du premier novembre, j’étais nu et inconscient... Personne ne sait comment je suis arrivé là et la seule chose que je me souvienne est mon réveil dans cette chambre. Avant ça, le trou noir...
— Tout est vraiment trop troublant : tes souvenirs volés, cette lettre, ce sas pour accéder à ta chambre,...
— Bah, ça ce n’est pas un grand secret. Ils ont la trouille, c’est tout. Ils me font passer une batterie d’examens car je n’ai aucun dossier médical donc je pourrais très bien être atteint d’une saloperie. Et puis, ils sont paranos avec la lumière parce qu’ils n’ont jamais eu de patient albinos.
— Albi-quoi ?
— Albinos, j'ai une sorte de maladie génétique. Tu as bien dû remarquer que j’ai un physique assez... particulier. »

Voilà pourquoi j’ai été si interpellée quand le proviseur m’a montrée cette photo, je n’avais vu jamais vu quelqu’un comme lui... Décidément, il m’en reste des choses à apprendre sur les humains !

« Assez parlé de moi, j’en ai un peu marre de répéter les mêmes informations à tous ceux qui viennent ici. Je suis sûr qu’il y a plein de choses intéressantes à savoir sur toi, n’est-ce pas ? »

***


« ... car peu de gens connaissent le Supercalculateur.
— Oui, je comprends. Je n’en parlerai pas, tu peux me faire confiance.
— Je suis désolée, je dois vraiment y aller maintenant. J’ai un ami qui m’attend depuis plus d’une heure maintenant et il doit vraiment trouver le temps long.
— Aelita, je voulais te dire... c’était vraiment intense cette discussion. C’est la première fois que j’ai l’impression de vivre un moment heureux depuis mon réveil et c’est grâce à toi. Promets-moi que tu reviendras, j’ai envie de te revoir.
— Heu... je ne sais pas. À vrai dire, c’est vrai que c’était sympa mais je n’avais pas envisagé de revenir.
— S’il te plait...
— D’accord... Je repasserai demain après les cours.
— Super, tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir ! Au moins, j’aurai une bonne raison de tenir ce soir quand ils me tortureront avec leurs machines.
— Dis-toi que tu comptes pour quelqu’un désormais... Allez, à demain !
— Tu me manques déjà. »

Je regarde cet étrange garçon une dernière fois, il a l’air tellement triste de me voir partir. Bon, il faut vraiment que j’aille rejoindre Odd maintenant. Je finis par sortir... et reste stupéfaite devant la scène qui s’offre à moi.


À suivre : If you look in the face of Evil...

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Dernière édition par Minho le Mar 17 Mai 2016 14:33; édité 6 fois
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Roi Yann MessagePosté le: Sam 12 Mar 2016 20:49   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Je ne vais pas mentir, j'ai un peu lu la fanfic et comme je m'y attendais... Ce n'est pas du tout mon style.

Faut dire qu'il n'y a rien que je déplaise dans cet fanfic, l'écriture est bien soigné, les paragraphes sont assez lisibles et j'aime bien ce petit concept de se mettre dans la peau d'un personnage, de son point de vue.

Le fait d'utiliser le pronom "je", sachant qu'on est sur un personnage me donne une autre vision de lecture et j'aime beaucoup ça...

Mais encore une fois, je ne retrouve pas les héros que j'aime vu qu'ils prennent des décisions qui semblent insensé, des paroles vulgaires etc...

Après, c'était dans le titre:
Minho a écrit:
Au niveau du style, je le décrirai comme sombre et versatile. [...] /!\ Fanfiction à ne pas lire, à moins de posséder un minimum de sadisme pour accepter que votre vision enfantine de la série s'auto-détruise au fil des lignes...


J'ai cessé d'être cet homme là, je vais donc m'arrêter là pour cette fanfic, mais je te déconseille de faire la même chose Minho. Continue d'écrire, tu as du talent !


PS: C'EST MON 69ème MESSAGE (IFYOUKNOWWHATIMEAN!) Il est donc temps de... rien faire.
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Minho MessagePosté le: Jeu 24 Mar 2016 10:51   Sujet du message: Répondre en citant  
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Réponse à Roi Yann
Spoiler



Chapitre 4 : If you look in the face of Evil...



-Odd-

Déjà trente minutes que je poireaute dans ce sas, elle en prend du temps ! Moi qui pensais qu’elle voulait juste voir la tête du mec et se barrer. Je lui laisse encore cinq minutes et, si elle ne s’est toujours pas ramenée, je repars sans elle. J’étais déjà pas trop chaud pour l’accompagner mais si en plus elle en profite... À un moment, faut pas abuser ! Je l’aime bien mais pas au point de jouer la plante verte pendant que Madame prend tout son temps à discuter. Je dois bien avouer aussi que la patience n’est pas mon point fort, et ce, depuis mon plus jeune âge...

Je tambourine à la porte mais celle-ci reste verrouillée. Toujours pareil : dès que je me décide à prendre une douche, il faut que l’une de mes sœurs soit en pleine séance de maquillage devant le grand miroir. Ça craint trop, j’ai beau crier, rien n’y fait. Et si je retourne dans ma chambre pour attendre, je peux être sûr que quelqu’un d’autre piquera ma place. Quelle idée aussi d’avoir une seule salle de bain en étant huit à la maison, avec six filles en plus... Ça aurait été tellement plus facile s’il n’y avait que des garçons mais il n’y en pas un seul autre ici, sauf Papa qui est souvent parti. Je leur ai pourtant déjà demandé de me faire un petit frère mais Maman dit qu’elle a déjà assez donné. La porte finit par s’ouvrir et Pauline se tient devant moi. Petite robe mauve à bustier sur lequel reposent de splendides boucles blondes, elle est magnifique comme à son habitude.

« T’en mets du temps, c’était encore pire aujourd’hui ! T’as encore un nouveau copain ou quoi ?
— Pour le moment, il y a un seul garçon que je veux avoir et il est devant moi ! dit-elle en m’attrapant pour me couvrir de bisous.
— Berk, c’est même plus drôle. Tu me le fais à chaque fois !
— C’est parce que tu es à croquer mon enfant.
— Arrête de faire la grand-mère du petit chaperon rouge ! Tu sais très bien que j’ai trop peur du loup. Et pourquoi t’as mis une heure à te préparer aujourd’hui ?
— Une vraie dame se doit d’être toujours parfaite, personne ne sait qui elle va rencontrer en sortant. Tu comprendras quand tu seras plus grand, il faudra toi aussi t’apprêter si tu veux charmer la fille qui te rendra heureux.
— Tu parles, je m’en fous de ça moi ! Maintenant, laisse-moi passer.
— Odd, non ! »

Je la pousse et fonce dans la pièce. Sur le sol, une surprise de taille m’attend. Enfin, de taille, façon de parler... Enveloppé dans une serviette, un chiot est endormi. Je reconnais tout de suite la race : un berger allemand ! Il est le modèle réduit de la mascotte de ma série préférée.

« Ooooh, trop mignon ! Tu l’as eu où ? Je peux l’avoir, dis ? Je peux l’avoir ?
— Odd, ce n’est pas un jouet ! J’ai trouvé ce pauvre petit chien dans la rue en allant faire du shopping. Il était dégueulasse mais, après un bon bain, le voilà comme neuf.
— Trop bien ! On va le garder ?
— Hors de question ! On va l’emmener à la SPA.
— Pas cool, tu peux pas lui faire ça. T’aimerais bien qu’on te mette dans une cage toi ?
— Non, c’est non Odd. La tribu Della Robbia est déjà bien assez grande, pas besoin de rajouter un clébard en plus. Allez, viens manger, tu iras te laver après. Maman a fait une tonne de crêpes, je vais encore pouvoir t’éclater au concours de celui qui en dévore le plus. »

Elle attrape le chiot à bout de bras et m’entraine vers la cuisine. Je peux voir mon nouvel ami ouvrir les yeux et bailler en faisant claquer sa langue sur son museau, il est vraiment trop marrant ! Faut absolument qu’il reste avec nous, il est beaucoup trop beau. Son museau noir et ses petites pattes sont juste adorables.

« Donne-le-moi s’il te plait. Je veux bien faire la vaisselle pendant un mois, s’il te plait.
— Tu peux le prendre dans tes bras si tu veux mais ne le fais pas tomber. Après, on va le rendre, il y a sûrement des gens qui cherchent après.
— Deux mois, non : un an ! Je ferais tes devoirs aussi, tout mais pas ça : on ne peut pas l’abandonner. Je lui ai déjà trouvé un nom !
— T’y crois pas ! Tu l’as vu il y a une minute et tu voudrais déjà te l’approprier ? C’est quoi ta grande idée ?
— Chocokiwi, c’est génial hein ? C’est les crêpes qui m’ont donné l’idée. C’est ce que je préfère mettre dessus !
— Odd, il ne peut pas rester avec nous. Il y a peut-être un petit garçon comme toi qui cherche après. Si tu avais perdu ton animal préféré, tu voudrais toi aussi qu’on te le rende. Je l’emmène et tout de suite : il ne faut pas que tu t’attaches à lui une seconde de plus ! »


Je n’ai jamais autant pleuré, j’étais inconsolable... Une semaine plus tard, je recevais pour mes huit ans un bull terrier, enfin un petit chien à pelage clair y ressemblant, de la part de Pauline, ma jumelle de cœur... Bien sûr, nous ne sommes pas nés le même jour mais c’était comme si nous étions la même personne divisée en deux corps distincts. Nous avions une complicité de dingue malgré la différence d’âge conséquente. Mais tout a dégénéré... Partir était la seule chose à faire, ce n’était plus supportable de vivre avec elle après ce qu’il s’est passé durant l’été 2004. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai débarqué à Kadic. Malgré tout, je ne suis pas prêt d’oublier qu’elle était la complice de la période la plus heureuse de ma courte vie. Dommage que le retour vers le passé ne peut pas nous faire revenir des années en arrière...

« Il y a une file d’attente pour Max ? C’est bien la première fois ! »

J’essayais tellement de me souvenir de chaque moment passé avec la seule fille qui a vraiment compté que je n’ai même pas remarqué qu’il y avait une nouvelle arrivante. En relevant la tête, je me dis directement que je ne suis pas venu jusqu’ici pour rien...

« Heu... oui, il est occupé avec une amie. Mais tu peux attendre ici, elle ne devrait plus en avoir pour longtemps. »

Pitié Aelita, prends tout ton temps.

« Je suppose que tu vas me laisser la chaise si tu es un vrai gentleman.
— Oui bien sûr. Assieds-toi je t’en prie. »

Je lui cède ma place et m’appuie contre le mur qui lui fait face, la position parfaite pour mater l’avion de chasse qui vient de me rejoindre. Formes à couper le souffle, visage d’ange et yeux azur qui contrastent avec sa prodigieuse chevelure rousse. Faut pas que je la laisse passer celle-là, elle est juste parfaite. Du moins physiquement, c’est le principal non ? La beauté intérieure, c’est la plus grande connerie de notre époque. Cette pseudo-théorie a sûrement été inventée par des complexés de première.

« Moi c’est Odd ! C’est quoi ton joli petit nom ?
— Charlotte.
— J’adore trop ce prénom, mentis-je.
— J’aime beaucoup Odd aussi, c’est... original. Et ton look déchire grave !
— Merci ! T’es venue ici pour voir Max ?
— Oui, je lui rends visite tous les jours depuis qu’il est ici. Sa situation doit être très difficile à vivre donc je fais tout pour qu’il ne se sente pas trop seul.
— Il en a de la chance ! Heu... je veux dire... c’est vraiment sympa de ta part de faire ça pour lui.
— Tu le connais ?
— Bah oui, c’est un de mes bons potes ! Max et moi, on peut pas nous test ! »

La stratégie de l’ami commun, toujours efficace.

« Bizarre, il m’en aurait parlé si quelqu’un l’avait enfin identifié.
— Heu... c’est parce qu’on s’est connus après ! Un peu comme toi quoi. Disons que comme je suis une âme très charitable, je n’ai pas hésité une seconde à tenir compagnie à un mec qui a tout perdu.
— Et moi qui pensais être la seule visiteuse régulière... C’est fou qu’on ne se soit jamais croisés avant car j’ai l’impression de passer ma vie ici.
— Oui, c’est vraiment dommage que notre rencontre soit si tardive... Mais on va rattraper ça maintenant, j’ai hâte d’apprendre à mieux te connaitre ! »

Et ça, c’est loin d’être un bobard...

***


« Alors comme ça tu es aussi un grand sportif ? C’est vrai que tu es plutôt svelte.
— Et tu n’as encore rien vu ! Mes potes sont trop impressionnés par ma carrure quand on va à la piscine, il faudrait se faire ça un de ces jours.
— C’est que je suis fort occupée... Mais pour avoir encore un bon moment avec toi, je devrais savoir faire de la place dans mon agenda. Tu es tellement marrant !
— C’est de nature, j’ai toujours été irrésistiblement drôle. Je devrais m’en servir pour draguer mais ce sont toujours les filles qui viennent à moi donc même pas le temps d’utiliser mon humour ravageur.
— Un Don Juan ? C’est tellement... sexy.
— Tu trouves ?
— Bien sûr ! C’est de notoriété publique que les bad boys sont les plus attirants, déclare-t-elle en jetant un bref coup d’œil à son portable. Va falloir écourter, je dois vraiment y aller malheureusement,
— Déjà ? T’y crois pas, tu viens seulement d’arriver !
— Mine de rien, ça fait déjà une demi-heure que l’on discute. Le temps passe vite quand on est en bonne compagnie, n’est-ce pas ?
— C'est sûr ! Puisque tu m’as fait un compliment sympa, je vais vite te renvoyer la pareille avant que tu ne partes. Je voulais te dire... tu es vraiment la fille la plus magnifique que j’ai eu l’occasion de rencontrer. Et pourtant, j’en ai déjà vu pas mal des belles nanas.
— Oh, c’est vraiment gentil. On me compliment souvent mais je ne m’en lasse jamais. Surtout que toi tu es vraiment cool, j’espère bien que l’on se reverra... »

Sur ces mots, elle quitte sa chaise et se rapproche doucement de moi. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle a déjà collé ses lèvres aux miennes. Surpris, je me laisse faire. En même temps, il aurait été insensé de repousser une si ravissante créature. Pour une fois que c’est la meuf qui fait le premier pas...

« Ça va, je vous dérange pas trop ? »

Fallait évidemment qu’elle se ramène à ce moment-là... Je rougis instantanément et fais un pas sur le côté pour me placer entre les deux filles.

« Heu... Aelita, voici Charlotte. C’est aussi une amie de Max.
— Salut Aelena ! Faudra que tu viennes une fois faire les magasins avec moi car là, ça ne va pas du tout ! Je suis une pro du style, je vais t’arranger ça car tu n’es pas du tout mise en valeur avec cette tenue ridicule. Après ce relooking, les garçons te regarderont pour ta classe et non pas pour se foutre de ta gueule. On fera plus ample connaissance une autre fois car je suis assez pressée... À bientôt en tout cas ! s’empresse-t-elle de dire en m’adressant un énième clin d’œil avant de quitter la pièce.
— Je nage en plein délire là, c’est qui cette fille Odd ?
— Je viens de te le dire.
— Ne me dis pas que tu viens juste de la rencontrer...
— Ben si.
— À quoi tu joues ? Tu t’es fait toutes les élèves de Kadic donc tu cibles les inconnues maintenant ? Faut arrêter de laisser des gens que tu ne connais même pas rentrer comme ça dans ta vie enfin !
— C’est la meilleure ! Et Max Stones alors ? Tu le connais depuis toujours sans doute ?
— Sauf que je ne me suis pas jetée dessus pour l’embrasser !
— Parce que t’es toujours amoureuse de Jérémie. Moi, je suis célib donc j’vois pas pourquoi je ne pourrais pas faire ce que je veux avec n’importe qui.
— N’importe qui, c’est bien ça le problème. J’essaye de trouver un mot pour décrire cette fille sans être irrespectueuse mais je n’y arrive même pas. T’as pas vu la mini-jupe qu’elle porte alors qu’il fait caillant ? C’est juste une...
— Depuis quand juges-tu les gens aussi rapidement ? Ne me dis pas que t’es en train de faire une crise de jalousie.
— N’importe quoi, ce n’est pas comme si quelque chose était possible entre nous de toute façon.
— Ça s’est sûr, répliquai-je en pensant à Charlotte qui a réussi à m’envoûter en un temps record.
— Si ça tombe, XANA est derrière tout ça ! Ce n’est pas la première fois qu’un clone polymorphe nous fait le coup du baiser...
— N’importe quoi ! Il aurait pris l’apparence de quelqu’un que je connais et puis je ne suis pas du genre à me faire avoir comme un bleu par une gonzesse.
— Tu parles... Enfin bon, chacun fait les conneries qu’il veut après tout. Continue à papillonner, c’est comme ça que tu trouveras l’âme sœur.
— Peut-être que c’est déjà fait.
— Tu dis ça à chaque nouvelle conquête.
— C’était différent avec elle : le courant est tout de suite bien passé entre nous. Elle est la beauté incarnée, sympa, me trouve drôle et craquant,... Que demande le peuple ?
— Sûrement son tarif.
— Tu déconnes là ? m’étranglai-je.
— Oh ça va, je rigolais. Tu es censé être le pro de l’humour mais tu n’es même pas capable de reconnaitre l’ironie quand elle se trouve en face de toi.
— Tu m’as fait peur... Si la sainte de toujours se met à parler de ce genre de sujet, où va le monde ?
— Yumi m’a vraiment expliquée plein de choses tu sais, poursuit-elle sur le ton de la plaisanterie.
— J’ai pas envie de savoir, répondis-je avec un sourire malicieux. Faut vraiment que t’arrêtes de nous fréquenter dis donc, tu étais bien plus innocente avant. Sinon, comment s’est passé ton rencard ?
— Très bien même si c’était assez étrange. C’est un garçon extrêmement attachant, on a beaucoup parlé...
— Tu vas revenir alors ?
— Demain.
— Je t’accompagnerai de nouveau, tu peux compter sur moi ! »

Et avec beaucoup plus d’enthousiasme qu’aujourd’hui...


-William-

Enfin vendredi soir ! Cette semaine a été riche en événements, qui sait ce qui nous attend pour ce week-end ? Le bilan est plutôt positif depuis que j’ai intégré la bande, un objectif que je poursuivais depuis pas mal de temps. Évidemment, je ne pouvais pas me douter qu’ils cachaient un truc aussi énorme. C’est encore mieux que prévu de faire partie du groupe de Belpois. Enfin, comme celui-ci s’est fait éjecter mercredi matin, il n’est clairement plus leader désormais donc faut que je pense à ne plus utiliser ce nom pour désigner le club des cinq. Si jamais il finit par revenir, ce que je doute fortement vu sa rancœur actuelle, tout aura changé et sa position aussi. Si tout le monde est capable d’utiliser ses programmes, à quoi va-t-il servir franchement ? Et je pense qu’il l’a bien compris...

Depuis qu’il est parti (enfin qu’il a été forcé de partir), il n’y a plus vraiment de meneur, du moins officiellement. On peut d’emblée écarter Odd et Yumi, l’un pour son manque d’implication et l’autre pour son mutisme constant. Ce qui m’embête bien car je lui ai avais pourtant fixé un ultimatum... Mais je ne peux décemment pas lui rappeler pour le moment. Bah, la récompense finale viendra à celui qui sait attendre ! Venons-en au véritable trio qui a pris les rênes des Lyoko-guerriers. Qui aurait cru que le nouveau venu aurait déjà bien plus que son simple mot à dire ? Et surtout, qui aurait cru que je collaborerai un jour avec Ulrich et Aelita ? Au final, je commence même à les apprécier, sans doute parce qu'ils m’ont fait confiance pour la plus grande des responsabilités : le Superscan. Odd a réussi, je ne sais comment, à convaincre Jérémie de nous céder son portable. Pour un geek comme lui, c’est comme si on lui avait amputé la main. Ils ont donc décidé à l’unanimité – si on retire Yumi qui avait l’air de s’en foutre royalement – d’accepter ma proposition. Je suis donc celui en charge de prévenir tout le monde en cas d’alerte, on ne pourra plus me laisser sur le carreau comme ça. Avec cet ordinateur, j’ai l’impression de trimballer une bombe pouvant m’exploser à la figure à tout moment. C’est terriblement excitant : j’ai hâte et en même temps je redoute le signal sonore de notification qui va tout faire basculer.

Aelita, elle, est notre coach. Elle organise les sessions d’entrainement pour tout ce qui concerne la virtualisation et autres joyeusetés du Supercalculateur. Nous avons eu deux sessions pour le moment. La première, purement théorique, s’est déroulée mercredi soir. Et nous venons juste de finir la seconde qui s’est avérée beaucoup plus intéressante : la pratique. Je suis le seul à avoir réussi à virtualiser Odd – trop dissipé pour avoir droit à une tentative derrière les commandes – sans l’aide d’Aelita. Stern a vraiment galéré, résultat nul, et Yumi ne s’est pas trop mal débrouillée. J’enrage de ne pas avoir pu avoir le privilège d’aller sur Lyoko mais notre coach m’a bien fait comprendre que ce n’était pas pour tout de suite... Elle donne la priorité à l’entrainement et veut absolument être virtualisée lors de ma première escapade. Mais, comme elle refuse de prendre le risque d’y retourner sauf urgence par peur de la Méduse, ça risque de durer cette situation...

Quant à Ulrich, il supervise. Enfin, c’est un faible mot pour l’effort qu’il fournit. C’est lui qui décide quand les entrainements doivent avoir lieu et il fait en sorte de nous rassembler, sans doute par crainte que l’un d’entre nous laisse Belpois revenir trop tôt. Je suppose que ça l’arrange bien de devoir veiller au moral des troupes car il passe évidemment beaucoup de temps avec Yumi qui est au bord du gouffre. Très stérile car c’est une relation à sens unique, la japonaise n’aligne pas plus de deux mots depuis trois jours. Exception faite de la récré de la veille où elle m’a confié son ressenti sur la période difficile qu’elle traverse actuellement. Pour en revenir à la collaboration avec les deux autres, je dirais que ça se passe plutôt bien même si nous n’avons pas vraiment encore eu l’occasion d’en tester l’efficacité car XANA s’est montré étrangement inactif. Pour me rassurer, ils ont évoqué la période de calme avant la tempête. Apparemment, ils peuvent parfois avoir jusqu’à deux semaines de répit avant de crouler à nouveau sous les différentes menaces. Bon, il y a quand même eu l’attaque du Cœur et la destruction du territoire montagne mardi soir mais cela fait quand même soixante-douze heures, moi qui pensais que tout allait s’enchainer très vite après ça... Faut croire qu’ils avaient raison. Mon portable vibre. En voyant le prénom affiché sur l'écran, j’hésite une seconde avant de décrocher.

« Allo Yumi, tout va bien ?
— Oui, je voulais juste te parler.
— Tu as eu toute la journée.
— Je viens de repenser à tout ce qui s’est passé. Notre relation est assez particulière depuis que tu as rejoint la bande, tu dois bien l’admettre.
— Effectivement. Et je ne pense pas qu’il n’y ait qu’un seul responsable...
— C’est sûr. En fait, je voulais m’excuser. Je n’ai vraiment pas été sympa sur le pont après ton intégration et c’était injuste : ce n’est pas de toi que nous devions nous méfier au final.
— T’inquiète pas pour ça, c’est déjà oublié. J’ai aussi agi comme un con en venant te confronter après les cours comme je l’ai fait. Mais tu dois comprendre que la situation actuelle est intenable. J’ai l’impression que si je tente ma chance avec une autre fille, je vais te perdre pour toujours alors que l’on est peut-être sur le point de construire quelque chose.
— Justement... j’ai bien réfléchi. Je pense que je vais mettre fin à "ce putain de triangle amoureux" comme tu l’as si bien dit.
— Sérieux ? Tu en es sûre ? Car tu es plutôt instable émotionnellement ces derniers temps.
— Merci de me le rappeler...
— Désolé. Alors, verdict ?
— Ce ne sont pas des paroles qui se disent par téléphone. De toute façon, il n’y encore rien de confirmé.
— T’abuses ! Pourquoi abordes-tu le sujet si c’est pour ne rien dire au final ?
— C’est toi qui l’as dit, je ne peux pas prendre de décisions alors que je suis toujours sous le coup de l’émotion. Je n’ai pas vraiment de recul. Tout ce que je sais, c’est que les récents événements m’ont poussée à la réflexion. La vie est bien trop courte pour ne pas vivre au moins une belle histoire, surtout que tout peut s’arrêter d’une manière si abrupte...
— Ouais donc pour le moment t’as décidé quedal. Tu ne te rends pas compte à quel point tes incertitudes me torturent.
— Je suis sur le point de prendre ma décision William, tu devrais être content que ce doute permanent est sur le point de prendre fin. Bref, à la base, je t’ai appelé pour m’excuser et aussi pour te dire merci. Tu as vraiment été d’un grand soutien ces derniers jours et ça, je ne l’oublierai pas.
— Bah, je ne vois pas vraiment en quoi je t’ai aidé.
— Tu m’as écoutée et c’est le principal. Ulrich m’a saoulée avec ses conseils débiles mais toi, tu as su être l’oreille attentive. Je sais que je peux toujours compter sur t...
— Sur lui aussi et c’est bien ça le problème.
— Si tu le dis...
— Rien à ajouter ?
— Non, t’es occupé ?
— Ben, je comptais aller rejoindre les autres au self.
— C’est bon, vas-y. On en reparlera la prochaine fois.
— C’est ça. À plus ! »

Cette fille va me rendre dingue : quelle conversation clichée ! Elle a des sautes d’humeur qui peuvent la faire passer de décontractée à glaciale en un rien de temps : une vraie montagne russe émotionnelle. Cependant, la corrélation avec ses menstruations ne peut être établie, à moins que Yumi Ishiyama ne soit la seule femelle au monde à avoir ses règles quatre fois par mois...

***


« Où est Odd ? demandai-je en m’asseyant à côté de mes potes internes.
— Au cinéma avec sa copine.
— Hé ben, ça doit être sérieux avec Jeanne pour qu’il manque le hachis.
— C’est de l’histoire ancienne, il est déjà passé à autre chose. Elle n’est pas de Kadic cette fois.
— Faut suivre avec lui.
— Surtout que sa nouvelle conquête ne me plait pas du tout.
— T’inquiète pas Aelita. Demain, il en aura déjà marre et ira voir ailleurs.
— Bon, je pense que nous avons des sujets plus intéressants à aborder que les amourettes d’Odd.
— À quoi bon William ? On a déjà répété mille fois la marche à suivre en cas d’attaque et on ne peut pas prévoir à l’avance ce que XANA nous concocte.
— Ulrich a raison, autant passer une soirée agréable pour une fois. Et puis, j’ai besoin de votre avis.
— À propos de quoi ?
— Max.
— C’est ça ta définition de "soirée agréable" ? Ramener le sujet Stones sur la table ? Lâche prise avec cette histoire. Ok, c’est triste qu’il ne se souvienne de rien mais tu ne peux pas porter toute la misère du monde sur tes épaules. Tu te rends compte que tu as été le voir quatre fois en quatre jours si on compte notre escapade de mardi ? Hier, tu as passé tellement de temps avec lui qu’on n’a même pas su aller au labo. Il faut que tu te recentres sur les priorités.
— Et si c’en était une ? Il est temps que je vous parle de ce qu’il m’a confiée.
— Tu nous rabats les oreilles avec ça ! Il ne connait pas ses origines et il t’a avoué qu’il pense que Max Stones n’est pas sa réelle identité. Ça nous avance à quoi ?
— Il sait tout à propos du Supercalculateur.
— Tu lui as raconté ça ? Mais t’es complètement inconsciente ! m’indignai-je.
— Je n’ai rien eu à lui dire. Il avait réagi à ce mot lors de notre première visite donc je l’ai questionné. C’est incroyable : il connait toutes les composantes du Supercalculateur !
— Il n’est pas censé être amnésique ?
— Figure-toi qu’il a conservé toute sa mémoire sémantique.
— Et en français, ça donne quoi ?
— Il a encore toutes les connaissances qu’il a acquises au fil des années. Il a su me réciter le théorème de Pythagore par exemple.
— Donc le mec retient des trucs de maths débiles mais pas sa date de naissance ?
— C’est parce que le cerveau ne stocke pas ce genre de données au même endroit. Il ne se souvient pas des événements vécus mais a encore toute sa tête. Il a même l’air très intelligent.
— On dirait une Aelita numéro deux.
— Tu ne crois pas si bien dire... Je pense qu’il vient d’un monde virtuel.
— Sérieux ? Mais tu aurais senti sa présence s’il avait vécu sur Lyoko.
— Il y a peut-être un autre Supercalculateur générant un autre univers sur le Net... Après toutes ses déclarations, j’ai eu l’impression que j’aurais pu être à sa place un an plus tôt : pas de famille, amnésie, petit génie,... Il a peut-être été matérialisé puis abandonné.
— N’importe quoi ! Il n’y a que ton père capable de créer des scanners et nous avons sous surveillances ses créations.
— Depuis quand t'y connais-tu en informatique Ulrich ? Effectivement, c’était un travail de titan et peu de gens sont capables de faire preuve d’une telle créativité. Mais si quelqu’un avait trouvé ses notes ? Avec un peu de discernement et le matériel adéquat, tout peut arriver...
— Bien vu mais non. Pour moi, ce gars est sur Terre depuis le début. Franz Hopper a virtualisé sa fille et il ne peut y avoir de cas similaire. J’ai une autre théorie : et si ce mec avait pour objectif de mettre la main sur le Supercalculateur ? Il y a sûrement quelqu’un derrière lui. La liste est longue : XANA, un autre scientifique, le gouvernement,...
— Personne ne connait l’existence du labo sinon nous aurions eu de la visite depuis la venue de ces deux agents secrets à Kadic.
— Je pense que vous vous trompez tous les deux, finis-je par déclarer. Ce gars est juste un pauvre type ayant tout perdu. Il n’a rien à voir avec nous.
— Alors comment expliques-tu que personne ne se soit manifesté pour l’identifier ? Aucune commune n’a un tel citoyen dans ses fichiers. En plus, il est facile à reconnaitre vu sa particularité physique...
— Bon, assez parlé de lui pour ce soir ! On arrête de se prendre la tête avec ça. Aelita, je ne veux plus entendre le nom Max Stones jusqu’à la fin du week-end.
— Parfait, merci Ulrich ! J’ai l’impression qu’on ne parle que de Belpois et lui depuis le début de la semaine.
— En parlant de Jérémie, quelqu’un l’a vu aujourd’hui ?
— Tu le fais exprès Stern ?
— Oui Dunbar, juste pour t’énerver tu vois. J’ai vraiment besoin de lui parler mais je me vois mal aller le trouver dans sa chambre.
— Je l’ai aperçu ce matin dès l’ouverture du self. Il était en piteux état : visage blafard, cheveux en bataille, pupilles dilatées,... Ça m’a fait mal de le voir comme ça. Essaye de l’interpeller quand il va au réfectoire sinon il n’y a pas grande chance que tu le croises avant lundi... s’il va en cours cette fois.
— Ok, j’essayerai demain.
— Pourquoi veux-tu absolument aller lui causer ? demandai-je.
— J’ai mes raisons. »

Cette entrevue risque d’être explosive...


-Jérémie-

« Vous vous êtes disputés ? William reste avec les autres parce qu’il sort avec Yumi ?
— Ce ne sont pas vos affaires.
— Nos lecteurs veulent savoir !
— Je ne répondrai à aucune de vos questions les filles.
— Pas cool. Dis-nous juste pourquoi tu n’es plus jamais avec tes amis.
— C’est inutile Milly, tu vois bien qu’il ne nous dira rien... »

Je laisse en plan les deux journalistes de pacotille venues m’accoster à la sortie du cours de Madame Hertz et rejoins ma chambre. Je n’ai rien de mieux à faire de toute façon. À peine entré, j’entends du bruit derrière la porte.

« Laissez-moi tranquille, je n’ai aucune déclaration à faire !
— C’est Odd, est-ce que je peux entrer ?
— Pourquoi ?
— Je pense que l’on devrait avoir une discussion.
— La bonne blague, tu crois vraiment que l’on a encore quelque chose en commun désormais ?
— C’est vraiment important... »

Je finis par lui ouvrir et reste interdit devant son visage sérieux. C’est assez rare que le comique de service n’esquisse pas le moindre sourire.

« Qu’est-ce que tu veux ?
— Je suis venu pour m’excuser. Tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé Jérémie...
— Ça me fait une belle jambe. Ce n’est pas toi qui as été exclu du groupe.
— Je regrette tellement... Si j’avais su toutes les conséquences que ça allait impliquer, je n’aurais rien dis à William.
— C’est trop tard maintenant : ce qui est fait est fait... Malgré tout, je n’arrive pas à t’en vouloir. Je sais que tu n’as pas voulu ce qui est arrivé. Mais je ne comprends pas ton vote, pourquoi as-tu suivi les autres ?
— Tout simplement parce que les arguments d’Aelita m’ont convaincu. Je n’ai pas voté oui pour te punir...
— Tu veux juste être sûr que vous serez toujours capables de continuer la lutte... même sans mon aide.
— On ne sait jamais ce qui peut arriver, c’est plus sûr si on a tous un minimum de compétences.
— Ce n’est pas si facile à acquérir.
— J’ai remarqué, c’est un vrai casse-tête pour moi ! Je vais tout faire pour que tu reviennes le plus vite possible afin de ne pas avoir à endurer ça plus longtemps !
— Tu m’étonnes... En tout cas, c’est sympa de voir qu’il y en a au moins un qui souhaite mon retour.
— On le veut tous au fond tu sais. Ce n’est plus la même atmosphère sans toi.
— Mouais, je ne suis pas sûr que les autres partagent ton avis.
— Je te dis que si, ils sont juste bien trop fiers pour le reconnaitre... et pour te demander un service.
— De quoi tu parles ?
— Ton portable pour le Superscan, lâche-t-il en regardant ses pieds.
— C’est donc pour ça que tu es venu ici...
— Je te jure que je tiens vraiment à me faire pardonner. Mais on ne peut pas continuer si XANA lance une attaque dans notre dos.
— Pourquoi ne viennent-ils pas le réclamer eux-mêmes ?
— Ils ne savent pas que je suis ici : c’est une initiative personnelle.
— Tu as donc vraiment fini par avoir le sens des responsabilités...
— Alors c’est oui ?
— Je comptais vous le donner de toute façon. Je ne vais plus dessus car, à chaque fois que je me connectais, ça me rappelait votre trahison. Et puis, j’ai rompu tout contact avec les autres. S’il y a une attaque alors que j’ai le Superscan et que tu ne réponds pas, je serais bien obligé de les avertir... Je ne veux pas en arriver là. Au moins, vous avez vraiment toutes les cartes en main maintenant.
— Je ne pensais pas que ça allait être si facile !
— Fais juste en sorte qu’ils oublient vite ce qu’il s’est passé, lui glissai-je à l’oreille en lui donnant mon ordi. Je ne sais pas si je pourrais encore supporter ce calvaire bien longtemps.
— Promis. »


C’est le seul contact humain que j’ai eu en trois jours... Depuis cette conversation jeudi soir, je suis resté prostré dans mon lit à souffrir en silence. J’ai même séché toutes mes classes d’hier. Je ne me sentais vraiment pas bien et je ne voulais pas me trouver de nouveau sous le feu des projecteurs. Des dizaines de regards inquisiteurs se sont posés sur moi depuis que je ne traine plus avec les autres. Je sais que s’isoler n’est pas la solution mais je n’ai pas vraiment le choix. Il n’y a vraiment personne qui me correspond. J’ai bien essayé de m’asseoir à la table de Julien Xao, Alexandre Pépin et Matthieu Ducrocq mercredi midi mais ça a été un véritable échec. Ils n’ont pas bronché bien sûr mais ils ont parlé entre eux comme si j’étais invisible. Je dois bien reconnaitre aussi que leur conversation ne m’intéressait pas vraiment. Les filles de la classe : quelle originalité ! Après cette tentative, j’ai passé tous les temps libres en ermite dans ma chambre. Ennui mortel, je me suis refusé tout plaisir sur la toile. Sans doute est-ce une sorte de défi personnel : vivre sans technologies... Juste fermer les yeux et refaire le fil des événements depuis la découverte de l'usine Renault le neuf octobre 2004. Je ne suis sorti que pour des besoins vitaux et, si l’on enlève ces courtes pauses, je n’ai pas quitté mon abri depuis presque quarante-huit heures. Il est grand temps d’agir.

***


« Journal de Jérémie Belpois, élève de troisième. Samedi 11 novembre. C’est la dernière fois que je me tiens devant cet ordinateur qui a été le compagnon de nombreuses aventures. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. J’ai décidé qu’il était temps pour moi de rendre mon tablier une bonne fois pour toute. Même si les autres me demandent de revenir, c’est fini. Ce combat permanent m’a épuisé et aujourd’hui, je suis à bout de souffle. J’ai besoin de me ressourcer, de relâcher la pression. Changer d’établissement semble être la solution la plus cohérente. Après tout, j’étais sur le point de partir lors de l’attaque du faux Franz Hopper. Mais c’est juste impossible pour moi. Je ne peux pas quitter Kadic... pas sans elle. J’ai besoin de la voir au quotidien, juste pour être sûr qu’elle est saine et sauve. Je n’ai pas tout enterré contrairement à ce qu’elle a pu croire avec ma réaction virulente. Je suis même prêt à aller la voir pour sauver notre couple. Est-ce possible de vivre une histoire épanouie si je n’adresse plus la parole à ceux avec qui elle passe tout son temps ? Bonne question... Si je n’arrive pas à recoller les morceaux dans les prochains mois, j’irais passer ma seconde dans ce lycée pour surdoués. Sans son pardon, plus rien ne me retient ici... »

Je coupe la webcam. Il faut que je file en vitesse avant qu’ils ne se ramènent au labo. Mais avant tout, il est temps de mettre mon plan à exécution. Je ne veux pas qu’ils tombent sur ça, c’est trop personnel. Je copie tous les fichiers audio sur le disque dur externe que j’ai pris le soin d’emporter avec moi et les supprime de la mémoire de l’ordinateur. Je m’empresse de sortir de l’usine avant de croiser mes anciens alliés. Une telle rencontre aurait forcément des conséquences et je préfère ne pas imaginer leurs réactions s’ils me trouvaient ici. Une fois arrivé sur le pont, je m’immobilise, l’esprit rongé par l’autre alternative que j’avais envisagé. J’ouvre mon cartable et regarde son contenu. Je fixe intensément l’objet qui contient mon journal intime virtuel. Après tout, qu’est-ce que je vais faire avec ça ? Il est temps de tirer un trait définitif sur le passé. Je m’approche du bord et balance le disque dur externe dans les eaux sombres de la Seine.

***


En posant mon plateau-repas sur la table grossièrement essuyée, je me rends compte que j’ai oublié de prendre une pomme. Futile oubli en temps normal mais là, je suis clairement en manque de vitamines. Je pars chercher le fruit et, à mon retour, j’ai la désagréable surprise de trouver Ulrich assis à ma place.

« Qu’est ce que tu fous ici ?
— Relax, je veux juste te parler.
— Moi pas donc ça va être vite réglé.
— Il faudra pourtant bien briser la glace un jour ou l’autre. Ça va être compliqué de rédiger notre travail sur la guerre froide sans un minimum de communication. Je n’allais pas te contacter par mail après ce qu’il s’est passé donc je viens te trouver personnellement.
— Tu sais quoi ? Hors de question que je te fournisse la moindre information, tu fais ce que tu veux de ton côté. Moi, je sais ce que je vais dire devant le prof et je m’en fous si tu n’as rien à ajouter après l’analyse complète que je prépare. Les notes sont individuelles de toute façon.
— Jérémie, c’est un examen ! J’ai vraiment besoin d’avoir la moyenne, je n’ai plus droit à l’erreur cette fois.
— C’est pas mon problème. Va rejoindre tes potes et n’essaye pas de revenir. »

Il marmonne quelque chose entre ses dents, sûrement une insulte, inaudible pour toute oreille extérieure en tout cas. Je m’attends à ce qu’il lâche une réplique cinglante mais rien ne vient. Il se contente de m’adresser un regard méprisant et va rejoindre les autres. Décidemment, ce n’est pas prêt de s’arranger cette histoire…

***


Après avoir englouti mon repas à une vitesse digne de Della Robbia pour rester le moins de temps possible dans cette pièce remplie de gens groupés, j’avais rejoint ma chambre pour m’atteler à la lecture de La double hélice, un monument de la littérature scientifique. Quel génie ce Watson ! J’en suis déjà à la moitié tellement cet ouvrage est passionnant. Quand je pense que j’ai acheté ce bouquin il y a deux ans et que je n’ai jamais eu le temps de le parcourir faute à ma vie overbookée. Comme quoi, il y a du positif à cet isolement en fin de compte. Même si je n’arrive pas me détendre complètement... Ce texte ardu me donne un mal de crâne pas possible. Je décide finalement d’abandonner temporairement ma lecture assidue pour aller me rafraichir avec de l’eau bien froide afin de mettre fin à ces bouffées de chaleur lancinantes. Je prends une serviette et un gant de toilette dans l’armoire et me dirige vers les sanitaires. Une fois devant l'un des éviers, j’enlève mon T-shirt et tourne la vanne du robinet mais rien ne sort. Étrange... J’entends une goutte s’écraser sur le sol à intervalle régulier, le son provient de l’autre bout de la pièce. Intrigué, je m’avance vers la source du bruit. Je découvre avec horreur un animal familier pendu par les pattes arrières à un pommeau de douche. Du sang dégouline de la gueule de ce pauvre Kiwi. Je pousse un hurlement et détale dans le couloir. Faut que j’aille prévenir Odd, il va être anéanti... J’entre en trombe dans sa chambre mais il n’y a qu’une seule personne dans le dortoir commun... et ce n’est pas le propriétaire du chien. Je reste stupéfait devant la macabre créature qui se trouve entre les deux lits. C’est... le Diable ! Tel que l’on peut s’imaginer : rouge de la tête aux sabots, longue queue fourchue, cornes d’une dimension irréelle... Étonnamment, je ne suis pas effrayé. Il émane de lui quelque chose de rassurant, je me sens inexorablement attiré par ce curieux personnage qui vient poser une de ses mains poilues sur mon épaule.

« Tu es finalement arrivé à la fin du parcours.
— Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites ici ?
Tu détiens toutes les réponses au fond de toi. Je suis ici parce que j’ai entendu ton appel. Il est grand temps de mettre fin à l’existence sans saveur que tu mènes. »

Il m’entraine au fond de la pièce et j’ouvre la fenêtre. Je m’assois machinalement sur le rebord, tout se fait naturellement. J’ai l’impression de recevoir toute une série d’ordres que j’exécute sans réfléchir. Ma tête est sur le point d’exploser et je crois entendre un grognement venant de l’entrée. Je me retourne et vois une sorte de zombie au visage grimaçant s’avancer droit sur moi. Je regarde en contrebas et me prépare mentalement pour le saut de l’ange, seul échappatoire possible. Soudain, je me sens encerclé au niveau de la poitrine par des bras puissants. Je suis entrainé en arrière et retombe lourdement sur le sol jonché de vêtements mauves.

« William ? Qu’est-ce que tu fous là ? Où sont passés les monstres ?
— T’es complètement malade ! réplique l’intéressé en fermant la fenêtre. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ?
— Je n’ai plus aucune raison de vivre et c’est de ta faute ! hurlai-je.
— Jérémie, tu n’es pas toi-même... Je t’emmène à l’infirmerie.
— Qu’est-ce que c’est que ce trafic ? »

Jim, manquait plus que lui...

« C’est Jérémie, Monsieur ! Il a pété un câble et couru dans le couloir en criant à plein poumon. Je l’ai suivi et il a voulu sauter par la fenêtre en me voyant arriver.
— Voyons, Belpois est un élève sérieux. Il ne ferait jamais quelque chose comme ça. Voilà qui tourne de l’œil maintenant ! Vite Dunbar, allez chercher... »

***


Je soulève les paupières très lentement. Ma vision est brouillée, de nombreux frissons parcourent mon corps, mon ventre brûle horriblement et j’ai le cerveau en feu. Qu’est-ce qu’il m’arrive ? Peut-être que je suis vraiment devenu fou après tout. L’environnement qui m’entoure devient progressivement moins confus et je peux distinguer un homme entre deux âges m’observant, appuyé contre le mur beige qui me fait face. Je regarde autour de moi et constate que je suis couché dans un lit qui se trouve au milieu d’une petite pièce surchauffée. Une voix caverneuse vient interrompre le fil de mes pensées.

« Bonjour jeune homme. Je suis le docteur Nillson. Vous êtes bien Jérémie Belpois ?
— Oui, répondis-je d’une voix faible.
— Bien. Au moins, vous êtes relativement conscient et moins dans les vapes que tout à l’heure.
— Tout à l’heure ?
— Vous vous êtes déjà réveillé une fois mais vous étiez incapable de parler. Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé dans le dortoir ?
— Oui, vaguement. Où suis-je ?
— Au Royal Hospital. Vous avez été transféré ici suite à un malaise. La situation ayant été jugée trop critique par l’infirmière, elle a appelé une ambulance... et elle a bien fait.
— Qu’est-ce que vous m’avez fait ? demandai-je après avoir constaté la perfusion implantée dans mon bras droit.
— Une prise de sang et un lavage d’estomac.
— Quoi ?
— Je dois vous poser une question. Avez-vous consommé des substances illicites dernièrement ?
— Non, pas du tout ! Je ne suis pas vraiment ce genre d’adolescent.
— C’est bien ce que je pensais... Les jeunes sont plus portés cannabis et ecstasy que Belladone.
— Belladone ?
— Nous avons retrouvé dans votre sang une importante quantité de cette plante toxique. Quelqu’un a dû vous en faire ingérer à votre insu... Ce poison provoque de fortes hallucinations et, dans le pire des cas, la mort par paralysie des voies respiratoires.
— Vous voulez dire que c’était un empoisonnement ?
— Exactement. Qui dans votre entourage a pu orchestrer une telle descente aux enfers ? J’ai bien peur que vous soyez le seul à être en mesure de répondre à cette question... »


À suivre : Evil's gonna look right back at you

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Dernière édition par Minho le Sam 30 Avr 2016 01:38; édité 4 fois
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Icer MessagePosté le: Ven 25 Mar 2016 22:27   Sujet du message: Répondre en citant  
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J'y retourne. Le quatre ayant été publié pendant ma lecture du trois, j'ai un lot de deux à commenter.

Déjà, excellente chose d'avoir fait un allusion au changement de sortie de Carthage (Tour de passage ==> Vide numérique), ils ne s'en sont pas embarrassé dans Code Lyoko.

Citation:
On est en démocratie au cas où tu l'aurais oublié


C'est marrant parce que cette naïve mention de William - qui vient de débarquer au sein du groupe - m'a amené à réflechir sur le sujet : Le groupe des Lyoko-guerriers est-il vraiment en démocratie ? J'ai un peu envie de dire non. Mais pas suite à une hypothétique dérive de Jérémie. En fait, le blondinet dirigeait un peu solo dès le début, avec éventuellement la caution morale (comme dirait Balladur) Aelita une fois celle-ci sur Terre (Ce qui n'équivaut toujours pas à la majorité). Les éventuelles discussions de groupe ressemblaient davantage à des réunions d'informations en ce sens.
Question subsidiaire : A-t-il raison ? À l'évidence oui. On se souvient de la parodie de vote de l'épisode 2. Quand Ulrich pense avec sa queue et Aelita et Yumi avec leurs hormones, on en arrive à une majorité sur une des idées les plus stupides de la série (Cela étant pour le coup c'est assez représentatif de la façon dont des français usent de leur droit de vote).
Dans le contexte de la fic, c'est un important mensonge qui déclenche tout, ce qui est un peu différent mais Jérémie aurait quand même pu se défendre davantage en arguant que son dirigisme avait jusqu'ici plutôt payé !

Sinon, mention spéciale à la scène du remake du vote, juste magique. Sa conséquence, à savoir l'exclusion (temporaire) de Jérémie, arrive peut-être un peu brutalement mais les motifs sont très judicieux.


Citation:
Comment tout perdre en une poignée de minutes ? par Jérémie Belpois, ça va faire fureur...


Spoiler


Citation:
— Que demande le peuple ?
— Sûrement son tarif.


You made my day.

Citation:
— Yumi m’a vraiment expliqué plein de choses tu sais.


Subtil hommage à Cyclope ? Nous voulons la vérité.

D'une manière générale, cette fic me plait bien. Comme je te l'ai dit dans le commentaire précedent, y a du potentiel, et la multiplication par deux du nombre de chapitres publiés ne fait que confirmer cette impression.

Continue sur ta lancée pour la suite !

_________________
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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Minho MessagePosté le: Mer 30 Mar 2016 12:34   Sujet du message: Répondre en citant  
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Spoiler



Chapitre 5 : Evil’s gonna look right back at you



-Yumi-

En posant le beurre dans le caddie, je ne peux m’empêcher de sourire bêtement. Il y a bien longtemps que je n’avais pas fait les courses et – même si ce n’est pas ma tasse de thé – c’est plaisant de faire une action simple comme le commun des mortels. Évidemment, sauver le monde est plus excitant et je suppose que beaucoup de gens blasés du métro-boulot-dodo aimeraient prendre ma place de guerrière intrépide. C’est parce qu’ils ne savent pas ce que cela représente de vivre une double vie, avec un tel secret au quotidien. Je suis sûre que la majorité de ces volontaires potentiels ne tiendraient pas une semaine. Je suis tellement lassée par tout ce qui touche de près ou de loin l’usine et ses mystères. Même mes compagnons d’armes me fatiguent ces derniers temps. Il n’y a qu’une personne avec qui je savoure chaque moment et c’est celui que j’évitais le plus possible depuis sa naissance. Il aura fallu un fameux électrochoc pour que je réalise l’amour inconditionnel que je lui porte.

« Donc on va devoir aller au centre commercial tous les jours ? me demande-t-il sur un ton faussement épuisé.
— Mais non, seulement les dimanches pour nos besoins essentiels à la semaine suivante. On en a déjà parlé Hiroki. Maman va avoir pas mal de ménages désormais et, la moindre des choses, c’est qu’on l’aide un maximum le week-end.
— Ouais, on n’a pas le choix en fait. Mais tu pourrais le faire toute seule ! Pourquoi je dois venir avec toi ?
— Tu le sais très bien, déclarai-je en attrapant un paquet de pâtes au passage. Papa doit se reposer et tu es plus bruyant qu’un troupeau d’éléphants quand tu joues à Galactic Battle.
— T’exagère.
— À peine... »

En déambulant dans les rayons remplis d’articles aux couleurs plus criardes les unes que les autres afin de pousser le client désabusé à la consommation, j’apprécie observer chaque personne. Mon regard se porte sur un trio pour le moins hétéroclite. Du mec baraqué couvert de tatouages en cascade à sa blonde vêtue d’une douteuse combinaison jogging/nuisette en passant par le bébé babillant dans sa poussette ornée de jouets cliquetants – éphémère occupation pour un enfant de cet âge –, je me mets à imaginer l’existence qu’ils mènent en dehors de ces murs. Quand on commence à faire attention aux différentes démarches que les passants adoptent, aux looks qu’ils exhibent et aux expressions faciales, c’est facile de se faire une idée relativement précise du vécu de chacun... et encore plus facile de se méprendre complètement. En me voyant, qui pourrait deviner que je suis plus qu’une jeune fille en pleine crise identitaire ? Je rigole intérieurement quand j’entends certains adultes me catégoriser de « gothique qui se cherche un style, sûrement en pleine crise d’adolescence et en rébellion vis-à-vis de ses parents ». Après, on se demande pourquoi je ne m’adonne jamais aux commérages malveillants. Pourtant, c’est tout simple : je suis convaincue que la plupart des impressions que l’on se forge sur notre entourage sont complètement fausses. La preuve, c’est que même ma famille n’a jamais décrypté ce qui se cache derrière mon masque. Et ils ont sûrement des secrets que je n’ai pas déchiffrés...

« Dis Yumi, tu crois qu’il y a quelqu’un là-haut qui distribue les maladies au mérite ?
— Qu’est-ce que tu racontes ? Ça n’a rien à voir. La petite fille la plus innocente peut attraper une leucémie foudroyante alors que le meurtrier d’à côté cavale toujours en pleine forme. Ne commence pas à te mettre de telles idées en tête.
— Alors comment expliques-tu que Papa a chopé un cancer du poumon alors qu’il ne fume même pas ? »

Comment répondre à une telle question alors que je ne possède même pas la réponse ? En apercevant une boîte de Kinder Surprise au milieu d’un étalage de gels douche, je me lance dans une explication hasardeuse en attrapant les friandises.

« Chaque jour nous apporte son lot d’imprévus. Regarde ces chocolats, ils ne devraient pas du tout se trouver dans ce rayon. Nous n’avons juste aucune emprise sur les événements que le futur nous réserve, c’est comme ça. Au début, tu trouves cela injuste ou merveilleux selon les cas mais ces sentiments finissent toujours par s’envoler avec le temps. Ce qui est fait ne peut être modifié, nous n’en avons pas le pouvoir. Pour ce qui est de la maladie de Papa, le tabagisme passif et la proximité de nombreuses industries lors de son enfance ont sans doute joué mais la raison principale est peut-être totalement différente. Après tout, il y a tellement de choses qui demeurent inexpliquées dans ce monde... Sans doute qu’à la sortie du ventre maternelle, notre destinée est déjà toute tracée. Déjà, tout dépend du lieu : tu aurais pu naitre en Palestine et grandir dans un milieu hostile où les bombes pleuvent chaque jour. C’est comme avec ces Kinder Surprise, tu profites des premiers instants et puis, tu arrives au centre. Là, tu vas soit recevoir un gadget débile soit un... Non, laisse tomber en fait.
— J’ai compris ! s’écrie-t-il. C’est comme au début de Pokémon : tout dépend de la Pokéball que tu vas prendre.
— Sauf que la vie n’est pas une réalité virtuelle, je pense te l’avoir déjà assez répété. Va remettre ça au rayon des confiseries maintenant.
— Ok mais alors je rapporte en même temps cette boite de céréales, c’est ceux que je déteste !
— Hors de question Hiroki ! Je sais que c’est de la sous-marque mais il est impératif d’économiser sur chaque achat.
— C’est pas cher parce que personne n’en veut ! Yumi, c’est vraiment immangeable. Laisse-moi prendre des Trésor, s’il te plait.
— Tu plaisantes j’espère ! Il n’y a quasi rien dans le paquet et le prix est exorbitant !
— Je commence une grève de la faim alors ! menace-t-il. »

En tant que grande sœur, c’est mon devoir de rester intransigeante et de ne surtout pas montrer mon désarroi, quelles que soient les circonstances. Pourtant, comment rester de marbre face à un petit garçon qui veut juste manger ce qu’il aime ? Je peux déjà prédire que Maman va scruter le ticket de caisse de près mais il y a sans doute une échappatoire...

« C’est d’accord, tu peux aller les chercher. Je les payerai avec le reste de mon argent de poche du mois passé.
— Yes, trop cool ! T’es la meilleure ! s’exclame-t-il en me sautant dans les bras.
— Allez vas-y, ne traine pas. Je suis déjà en retard.
— Pour aller embrasser ton Ulrich chéri ?
— Raté ! Ce ne sont pas tes affaires de toute façon. Ramène ces Trésor avant que je ne change d’avis.
— Chef, oui chef ! »

Première fois que j’entends le rire léger de mon frère depuis le début de cette semaine maudite. Mes lèvres s’étirent et je finis aussi par émettre un gloussement. Après tout, mieux vaut ça que des larmes...

***


Je suis à peine arrivée dans la cour qu’une multitude d’affiches agressent ma vision. Il doit bien y en avoir une cinquantaine, toutes placardées ici et là dans le collège ! Sur chacune d’entre elles, trois mots sont inscrits en orange. Ils contrastent grandement avec le fond noir : Bientôt... la vérité ! Je m’approche d’un de ces surprenants feuillets pour mieux l’analyser. Aucune autre information, bizarre...

« Ma campagne d’affichage gère, tu dois bien l’avouer ! Tant de talent concrétisé, c’est... palpitant ! déclare la diva de Kadic, apparue sur ma droite et arborant un T-shirt similaire aux flyers qu’elle tient précieusement contre sa poitrine.
— Tu viens d’ouvrir un dictionnaire pour sortir un mot pareil ? ironisai-je.
— Pas la peine de la ramener Ishayuami ! Heu... pas la peine de crâner Yumi ! Tu ne trouves pas que ça a un côté excitant ? Ça doit susciter l’envie d’en savoir plus, non ?
— Je te connais par cœur Sissi. C’est encore un stratagème pour te retrouver sous le feu des projecteurs.
— Pas du tout, c’est vous qui allez voir vos secrets révélés au grand jour !
— Si c’est encore une de tes magouilles, je ne tomberai pas dans le panneau cette fois, répliquai-je, les sourcils froncés.
— Tu feras moins la maligne dans les prochaines semaines ! La face cachée de Kadic ne vas pas faire dans la demi-mesure et vous êtes sur ma liste d’imposteurs à démasquer.
— Tu te lances dans la presse à scandales, quelle surprise ! C’était un mystère vraiment compliqué à percer... De toute façon, tout le monde lit les Échos donc personne ne s’attardera sur ta feuille de chou. À part tes larbins évidemment mais ça ne fait que trois personnes dans l’école. Quatre avec ton papa d’amour qui ne manquera pour rien au monde la nouvelle stupidité de sa fille.
— C’est là que tu te trompes ma chère. Il n’y a plus qu’un seul journal officiel et c’est le mien. Exit les Échos ! Mon proviseur de père a décidé que ces gamines n’étaient pas assez matures pour représenter la section littéraire de l’école. Elles ont besoin d’un leader fort pour les encadrer, tu l’as devant toi !
— Section littéraire, laisse-moi rire. Ne te prends pas pour une écrivaine révolutionnaire. Je te laisse avec tes affiches minables, j’ai des gens plus intéressants avec qui discuter, répondis-je d’un ton narquois pour clôturer cette joute verbale.
— Rédactrice en chef révolutionnaire ! reprit-elle. Tu feras moins la maligne quand tu te retrouveras en première page. J’ai hâte de voir ta tête quand je détruirai définitivement ta relation avec Ulrich ! »

Cette menace résonne dans mes tympans mais je n’y prête pas plus attention. Cette peste a déjà usé de nombreuses combines mais n’a jamais réussi à nous séparer. Ce n’est pas parce qu’elle est se proclame soudainement journaliste que tout va subitement changer. En bas des escaliers menant aux dortoirs, je ne trouve personne. Manquait plus que ça, Dunbar n’est même pas fichu d’être présent au rendez-vous qu’il a lui-même fixé. Il doit sûrement être dans sa chambre. Par chance, je sais où elle se trouve même si je n’y suis jamais entrée. Ça doit être une sorte de sanctuaire à ses yeux car, que je sache, il n’y a jamais invité quiconque. Après avoir gravi les marches jusqu’à l’étage des garçons, j’aperçois immédiatement William recroquevillé contre l’une des portes du couloir. Affolée, je me précipite à ses côtés. Il est mal en point : son genou gauche est plié selon un angle anormal, ses yeux sont vitreux et de nombreuses gouttes de sueur perlent sur son visage tailladé.

« Qu’est-ce qu’il s'est passé ? XANA a lancé une attaque ?
— Yolande xanatifiée... piqûre... volé ordi et portable... cours... marmonne-t-il d’une voix faible.
— Pas question, je ne te laisse pas ici !
— Yumi...
— Je ne t’abandonnerai pas William ! On va à l’usine, ça ira mieux une fois dans le scanner ! »

S’il tient jusque-là... Il est assez endommagé et j’ai bien peur que le trajet empire la situation. Mais il n’y a pas d’autre solution, je refuse de le laisser sur le carreau une fois de plus. Par contre, il va me falloir du renfort si je veux le transporter car il n’a pas l’air en état de se déplacer.

« Yumi... elle est là ! »

En effet, je vois la furie claquer la porte de la chambre d’Odd et Ulrich. Elle est encore à une dizaine de mètres mais je n’ai pas beaucoup de temps. Je regarde William une dernière fois en lui caressant la joue et entame un sprint en sachant pertinemment que l’infirmière va me prendre en chasse. Il n’y a que ça à faire pour l’instant. Le plancher tremble et je jette un bref coup d’œil par-dessus mon épaule. William a réussi à faire trébucher la xanatifiée, ce qui me laisse un léger sursis. Je dévale les escaliers et constate qu’elle me poursuit toujours. Rapidement, une idée me vient à l’esprit. J’accélère de toutes mes forces une fois dans la cour. Arrivée à l’angle du préfabriqué, je longe la façade et entre précipitamment dans le réfectoire. Je m’agenouille sous les fenêtres et entends Yolande passer en trombe devant la cantine sans s’arrêter. Logique : elle pense que je suis en route pour l’usine et ne m’a pas vue bifurquer dans le bâtiment. J’attends quelques secondes pour être sûre qu’elle s’éloigne et, après avoir laissé un délai respectable, je m’empresse de prendre mon téléphone pour prévenir les autres. Il me faut absolument quelqu’un pour m’aider à mettre William à l’abri ! J’appelle consécutivement Ulrich et Odd mais sans résultat. Ce n’est pas dans leurs habitudes d’oublier leurs portables quelque part, j’espère vraiment qu’ils ne se sont pas faits avoir. Les doigts croisés, je contacte maintenant Aelita. J’entends sa voix cristalline au bout de la troisième sonnerie.

« Allo Yumi, comment ça...
— Pas le temps ! Je viens de me réfugier au self car Yolande est xanatifiée, où es-tu ?
— Au Royal Hospital.
— Avec Jérémie ?
— Non, je ne pense pas qu’il souhaite me voir après tout ce qu’on a traversé. J’étais en train de...
— Fonce à l’usine, William est hors-jeu et les autres mecs ne répondent pas. Je vais essayer de les trouver et on te rejoint là-bas.
— Ça marche, à tout de suite !
— Sois prudente. »

Alors que je m’apprête à quitter la cantine, un relent pestilentiel parvient à mes narines. Des injonctions contradictoires se bousculent alors dans mon esprit confus. Il y a urgence mais cette odeur... Si ma mémoire olfactive est bonne, ça n’augure rien de bon. Je m’autorise donc un rapide détour par les cuisines avant de reprendre ma course effrénée. Ce mauvais pressentiment se confirme dès mon premier pas dans l’arrière-salle. Trois larges congélateurs sont côte à côte et l’un d’entre eux est grand ouvert, laissant échapper un rayon de lumière frigide. En comprenant ce qui se trouve à l’intérieur, je pousse un cri de terreur... rapidement étouffé par une main ensanglantée venue couvrir ma bouche.


-Aelita-

Le souffle coupé, je m’arrête à la fin de la rue piétonne. J’ai encore un kilomètre avant d’arriver à l’usine, courage ma vieille ! Je m’efforce de trottiner avant de reprendre un rythme plus élevé. Faudra que je m’entraine car l’endurance n’est plus mon point fort dernièrement. Alors que je traverse précipitamment la route longeant le canal, j’entends un concert de klaxons. Le chauffeur a heureusement eu le temps de s’arrêter à une dizaine de centimètres de moi. Je lui adresse un petit signe de remerciement mais il me répond avec un geste injurieux. J’ai traversé sans regarder donc j’ai droit à des obscénités, c’est la triste société dans laquelle on évolue. Sans perdre plus de temps, je continue ma course infernale et finit par débarquer sur le pont, vidée de toute énergie. Je m’empresse néanmoins de rejoindre le labo et, à ma grande surprise, je suis arrivée la première. Pas de trace des autres Lyoko-guerriers. Bizarre étant donné que l’école est bien plus proche d’ici que l’hôpital.

Je sors donc mon téléphone pour vérifier mes dernières notifications mais rien de plus que l’échange avec Yumi ayant duré vingt-neuf secondes. J’appelle un à un mes collègues mais aucun ne décroche ! Un puissant frisson me parcourt l’échine. Et s’il leur était vraiment arrivé malheur cette fois ? Je me remémore les paroles de la japonaise : William est hors-jeu et les autres mecs ne répondent pas. Je vais essayer de les trouver... Il a dû se passer quelque chose lorsqu’elle a leur a mis la main dessus... ou alors elle est toujours à leur recherche. J’envoie rapidement un texto à chacun d’entre eux, même à Yumi, alors que je sais pertinemment que ça va faire redondance. Prise d’une intuition soudaine, j’allume le Superordinateur et vérifie les bandes des différentes caméras de surveillance. Yolande est venue ici quelques minutes avant mon arrivée. Je l’ai échappé belle ! Étonnement, après avoir examiné chaque recoin de l’usine, elle a levé les voiles. Elle s’est sans doute lancée à ma recherche et est tombée sur les autres qui étaient en chemin... Je n’ai pas le choix. N’ayant aucune idée de la position de mes amis, il faut que j’aille désactiver la tour par mes propres moyens, et ce, malgré la Méduse rôdant sur Lyoko...

***


Ayant programmé une virtualisation différée et vu que mes amis ne sont toujours pas arrivés, je descends en salle des scanners. Après avoir vérifié que les divers câbles grouillant sur le sol sont bien en place, je pénètre dans l’un des sarcophages dorés. Tandis que les deux parties s’emboitent, je ne peux m’empêcher d’établir la comparaison avec un piège sournois se refermant sur moi. Alors que la lumière devient de plus en plus intense, je reste pétrifiée d’angoisse. J’espère sincèrement que ce soudain élan de bravoure ne va pas se conclure par la destruction d’un territoire. Une petite voix dans ma tête m’assure que j’ai fait le bon choix et que j’ai toutes les cartes en main. Comme toujours quand on y pense, qu’est-ce qu’ils feraient sans la gardienne de Lyoko ? Mes cheveux gravitent autour de mon visage angélique, suite au souffle puissant provenant du bas du tube, avant que je ne me retrouve plongée dans le noir absolu.

Mon avatar virtuel se dessine progressivement et je retrouve ce paysage familier qui mettrait mal à l’aise n’importe quel touriste inopportun. En retombant gracieusement sur la banquise, je constate que j’ai déjà un comité d’accueil. Heureusement, ma vieille ennemie n’est pas là, du moins pas encore. J’avance vers les deux Krabes sans trembler. Après tout, je sais me battre maintenant. J’envoie un champ de force en direction du crustacé le plus proche et il implose. Trop facile. Sauf que j’avais déjà oublié le second. Je reçois un tir en plein dans l’estomac. Je me relève en le fusillant du regard, comportement inutile vu que ce ne sont que des pixels sans états d’âme. En usant mon pouvoir, j’arrive à remonter légèrement le niveau du plateau sur lequel nous nous trouvons, ce qui ancre les pattes du monstre dans le sol. Je fonce et me réfugie sous sa carapace. Avant qu’il n’ait le temps d’arriver à se déplacer à nouveau, je décoche une boule d’énergie au-dessus de moi et élimine ainsi mon deuxième adversaire. Je me félicite intérieurement pour cette petite victoire et regarde finalement plein sud, en direction de la tour que je dois impérativement désactiver. Un vaste labyrinthe de glace se dresse devant moi. Décidément, XANA sait toujours nous mettre des bâtons dans les roues au pire moment.


-Ulrich-

Tom me fait une passe qui pourrait s’avérer décisive. Je lobe aisément le dernier défenseur et m’élance vers la cage pour un duel final avec Jerry, le gardien de l’équipe adverse. Je tire du pied gauche, ma botte secrète, et la balle finit sa folle envolée au fond des filets. 4-1, on gère ! L’arbitre siffle la mi-temps et je me fais acclamer par mes partenaires. Pour sûr que je vais encore être recruté pour le prochain match entre élèves de terminale ! En même temps, vu mon incroyable talent, c’est une décision logiquement stratégique. Ils vont encore se battre pour savoir quelle équipe va hériter de l’indestructible Stern. En allant dans les gradins chercher ma gourde pour m’hydrater, je vérifie que tout va bien sur mon portable qui se trouve dans la pochette intérieur du sac de sport que j’aime trimballer lors de toute activité nécessitant un minimum de transpiration. Deux appels manqués : un de Yumi et un d’Aelita. Succès avec les filles aujourd’hui ! Je perds rapidement mon sourire en lisant le texto de la princesse : Yolande xanatifiée, rdv à l’usine. Bon, je pense que le 10-1 sera pour une autre fois. Je réunis mes affaires en quelques gestes et m’enfuis du stade, laissant derrière moi des joueurs ébahis.

***


Dans le monte-charge, je me dis que cette histoire de possession sera vite réglée. Après tout, XANA nous a habitués à des attaques plus originales. Je n’ai rien remarqué d’inhabituel jusque là, à part le fait que c’est Dunbar qui aurait dû tous nous prévenir normalement. Curieux. La porte coulisse et je pénètre dans le labo... vide. En m’asseyant sur le siège pivotant, je constate qu’Aelita est virtualisée. C’est pas possible ! À quoi elle joue ? Se rendre sur Lyoko seule, c’est du suicide ! Je saisis le casque-micro pour m’assurer qu’elle va bien.

« Aelita, tu m’entends ? »

Cette question résonne dans la pièce, écho qui n’obtiendra malheureusement pas de réponse... Si elle s’est encore faite capturer, je démissionne ! Quel cas désespérant cette princesse ! Je devrais avoir un costume de plombier et non ma tenue de samouraï, cela serait plus en adéquation avec mon activité principale. Bon, il faut que je la rejoigne absolument pour lui sauver la mise. Hum... plus facile à dire qu’à faire. Je regarde le clavier puis les différents écrans, espérant un flash fulgurant qui viendrait tout éclairer. Faut dire que les sessions d’entrainement n’ont pas encore vraiment porté leurs fruits. Notre coach est bonne pourtant, c’est plutôt les élèves qui sont... peu enclins à une compréhension rapide. Je me ressaisis. Après tout, si Einstein sait le faire, pourquoi pas moi ? Je sais que j’en suis capable. Je commence à pianoter les touches, à la manière Belpois, mais un message vient vite briser mon fantasme.

« System Error, c’est tout ce que t’as dans le ventre ? Bordel ! »

Bon, j’ai tout planté. Et je ne sais vraiment pas comment je vais sortir du pétrin dans lequel je me suis fourré... Sûrement pas tout seul en tout cas. Après tout, c’est comme le foot. Pour que je sois une bête, il me faut une équipe pour valoriser mes performances ! Qui est sur le banc de touche ? Je peux zapper Odd car il est encore plus nul que moi. Reste Yumi et William. De préférence, je préfère demander de l’aide à ce dernier, fierté masculine sans doute. Surtout que cette rivalité débile a enfin cessé entre nous. Je l’appelle mais aucune sonnerie, son portable doit être éteint ou hors-service. Je contacte alors Yumi, ma roue de secours. Pas de nouvelles non plus, ça sonne dans le vide cette fois. Qu’est-ce qu’ils foutent ? Après quelques tentatives infructueuses, une nouvelle alternative s’offre à moi... mais elle ne me plait pas du tout. J’ai bien peur d’être au fond d’une impasse, il est peut-être temps de faire appel au meilleur informaticien que je connaisse. Je compose le numéro que j’ai effacé de ma liste de contacts mais pas de ma mémoire... Beaucoup pensent que mes capacités intellectuelles sont limitées mais je suis quand même capable de retenir une série de neuf chiffres. Comme je m’y attendais, le génie ne répond pas. Obstiné comme je suis, pas question de lâcher l’affaire, quitte à passer pour le plus grand des harceleurs. Au bout du quatrième appel, cet enfoiré se décide enfin à décrocher. Il va falloir la jouer fine.

« Qu’est-ce que tu veux ? lâche-t-il froidement.
— Salut Jérémie ! commençai-je sur une parole se voulant délibérément sympathique. Dis, j’ai besoin d’aide au labo. Aucune commande ne répond et ça m’arrangerait bien que tu viennes me donner un coup de pouce.
— C’est derrière moi tout ça Ulrich, j’ai été obligé de mettre une croix dessus. Je suppose que je n’ai pas besoin de te rappeler qui en est le principal responsable.
— William ? Odd ? Ça tombe bien, ils ne sont pas là !
— Tu sais très bien de qui je parle. Malgré nos caractères opposés, j’ai maintenu l’illusion deux longues années qu’une collaboration serait possible entre nous. Faut croire que la différence de neurones est bien trop importante en fin de compte. »

Et moi qui pensais naïvement qu’il n’allait pas la ramener... Je m’écarte du combiné, jure un grand coup et colle de nouveau l’appareil à mon oreille. Si je commence à m’énerver, tout est foutu. Il est temps de jouer mon joker.

« C’est vrai que j’y ai sans doute été un peu fort. Je... je m’excuse, voilà c’est dit ! J’ai vraiment besoin de ton aide maintenant.
— Tu sais ce qui fait le plus mal ? Je suis en observation depuis hier et aucun d’entre vous n’a daigné me rendre visite, même pas le moindre message ! Alors, tes exc...
— Aelita est en danger, avouai-je en espérant qu’il réagira à cet argument ultime.
— Sérieusement ?!
— Elle est toute seule sur Lyoko et...
— J’arrive tout de suite !
— Surtout pas, donne-moi quelques indications par téléphone, ça suffira ! »

Il a déjà raccroché...

***


L’élévateur s’immobilise et le mécanisme se déverrouille. Il a fait vite... très vite. Je me paralyse au moment du face-à-face. Il me scrute de ses yeux inquisiteurs, bien planqués derrière ses lunettes. Je me retiens de rire quand je m’aperçois qu’il porte la traditionnelle robe de chambre que l’on peut trouver dans tous les hôpitaux de France. Malgré cette touche comique, il n’a rien perdu de sa prestance. Il a retrouvé sa chevelure soigneusement coiffée, un teint de pêche et les cernes ne sont plus qu’un lointain souvenir. Néanmoins, il a l’air différent... comme s’il avait acquis cinq années supplémentaires de maturité. Je suis bien plus impressionné que ce que mon visage figé veut bien faire paraitre. Mais je suis doué pour cacher mes émotions. J’ai juste à me répéter que je suis meilleur que l’ennemi. Et c’est vrai... à presque tous les niveaux. Belpois finit par briser le silence.

« Je ne pensais pas que tu irais jusque-là... »

Ce ne sont pas les paroles que j’attendais. Je suis de plus en plus pétrifié face au regard brûlant qu’il m’accorde. En tendant la main, je devrais être en mesure de palper la haine qui émane de lui vu son intensité...

« Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, me défendis-je.
— Ne te fais pas plus idiot que tu ne l’es déjà. Comme par hasard, tu es venu hier midi à côté de mon plateau-repas et, juste après, j’ai appris que j’avais été drogué jusqu’à la moelle.
— Tu délires complètement ! Comment peux-tu imaginer une seule seconde que je sois capable d’une chose pareille ? Je te jure sur notre amitié que...
— Pour ce qu’elle vaut actuellement, ce n’est pas la peine.
— Sur la vie de Yumi, je n’ai jamais touché à ta bouffe. Tu dois me croire ! »

Il a un mouvement de recul. Je l’ai déstabilisé, le doute s’installe progressivement dans ses pupilles grandissantes.

« Tu as de la chance que notre timing soit si serré... De plus, j’ai besoin de toi. Et inversement. Si c’est la dernière fois qu’on doit s’allier, autant ne pas se planter. Tu plonges directement.
— Mais le bug ? demandai-je, soulagé de le voir capituler.
— Je m’en occupe, c’est sûrement une manipulation basique. Dépêche-toi de rejoindre la salle des scanners.
— Ok. Fais gaffe à toi, notre infirmière préférée est passée du côté obscur. »

Sur cette mise en garde, je rejoins l’élévateur. C’est parti pour de nouvelles aventures avec Belpois sur le dos, génial...

***


Effectivement, Einstein a bien réussi à me virtualiser. Mais il ne répond à aucune de mes interpellations. On dirait que la communication entre le centre de contrôle et Lyoko est définitivement coupée, manquait plus que ça... En jetant un bref coup d’œil circulaire, mon regard s’arrête sur ce qui semble être un énorme tas de glace, à des centaines de mètres de ma position. Je me rapproche à vitesse grand V et réalise que c’est en réalité un large labyrinthe, en espérant qu’il y aura bel et bien une sortie menant à la tour... Je passe sous l’imposant portail immaculé et trois possibilités de parcours s’offrent déjà à moi. Ça commence bien... J’emprunte celui de gauche, tout en marquant la paroi d’une profonde entaille, pas question de repasser deux fois au même endroit ! J’active mon Supersprint et arpente, en une poignée de minutes, une vaste partie du dédale. Tous les murs, d’une blancheur éclatante, doivent avoir une taille trois fois supérieure à la mienne. Au détour d’un chemin, je finis par tomber nez à nez avec celle que tout le monde recherche. Je vérifie immédiatement l’intérieur de ses globes oculaires. RAS, elle est clean cette fois.

« Contente de te voir ! s’exclame-t-elle, soulagée. J’étais si inquiète, où sont les autres ?
— Aucune idée donc il faut faire vite ! Ils sont sûrement en grand danger.
— Je pensais que tu étais avec eux... J’ai eu Yumi au téléphone, elle était au self et voulait vous rejoindre. Ça n’avait pas l’air d’aller pour William... Quant à Odd, je suis tombée à chaque fois sur son répondeur.
— J’espère vraiment qu’il va bien... Il faut impérativement que tu désactives la tour !
— Cela fait déjà un bon moment que j’erre ici et toujours aucune issue. Si seulement je pouvais tout survoler, ça irait plus vite.
— On n’a pas toujours ce que l’on veut dans la vie.
— Et si seulement Odd était là, il aurait pu grimper avec ses griffes et... »

Un bruit sourd vient de retentir. Je ne connais que trop bien ce son, c’est un Mégatank roulant à pleine allure. Je me retourne et constate effectivement qu’une sphère noire fonce droit sur nous... mais ce n’est pas un monstre familier. La créature semble dépourvue d’ouverture et il n’y a pas le moindre œil de XANA sur sa carapace. Une bulle solide remplie de fumée sombre, voilà à quoi ça ressemble. Flairant l’arnaque, je préfère ne pas m’approcher. Exceptionnellement, je privilégie l’attaque à distance. Je balance mon sabre, tel un épieu, droit vers le centre de cette balle. Il ricoche, au lieu de transpercer la boule d’encre comme je l’avais prévu, et mon arme passe au-dessus de la paroi gauche. Fait chier, me voilà sans défense maintenant. J’aurais vraiment dû foncer dans le tas comme à mon habitude. Soudain, une longue et fine langue pourpre happe la princesse qui disparaît à l’intérieur de ce trou noir. Va falloir passer à l’action avant qu’il ne soit trop tard. Je fonce tout droit vers la sphère avec la ferme intention de pénétrer dans le noyau de cet adversaire. Alors que je déferle plus vite que l’éclair sur le monstre, des pics acérés sortent de la surface lisse et je m’empale dessus. Retour à la case départ. Putain d’oursin de merde.

***


« Tu n’arrives pas à la localiser ?
— Non, elle semble avoir disparue du territoire, réplique un Jérémie très inquiet, les yeux rivés sur le radar.
— Ça craint... Personne n’est arrivé ici entretemps ?
— Tu vois bien que non ! réplique-t-il d’un ton glacial. J’ai bloqué l’ascenseur au cas où Yolande déciderait de se joindre à nous.
— Et pourquoi nous ne t’entendions pas lorsque nous étions sur Lyoko ?
— Je n’en sais rien... Sans doute une autre nouveauté de XANA.
— Salut les gars ! lance une voix nasillarde du haut de l’échelle. Content de revoir que tu as déjà repris du service Einstein, je suppose que je plonge immédiatement ?
— Odd, t’étais où ? m’étranglai-je. J’ai flippé ma race, tu vas bien ?
— No stress, déclare-t-il en nous rejoignant. Je n’ai rien perdu de mon corps parfait.
— Tu t’es battu avec Yolande ? s’enquiert notre ancien leader.
— Heu... pas vraiment, répond-t-il en rougissant. J’étais au cinéma avec Charlotte et...
— Encore ? C’est une blague ?
— Ben, disons que la dernière fois, on n’avait pas vraiment regardé le film... Et comme Le Labyrinthe de Pan avait quand même l’air vachement cool, on est retournés le voir.
— Tu déconnes complètement ! explosai-je. Pendant que tu pelotais tranquillement ta meuf, c’était le bordel ici !
— Oh ça va hein. Mon portable était éteint, tu sais bien que les autres spectateurs ne tiennent pas à être dérangés pendant le visionnage et de tout...
— On règlera ça plus tard ! coupe Einstein. Fonce sur Lyoko Odd.
— Il y a une nouvelle saloperie virtuelle, je compte sur toi pour lui trouver un nom.
— Un autre monstre ? Génial, j’adore me faire des potes !
— Va falloir le buter avec précaution car il détient Aelita. En attendant, je vais essayer de retrouver Yumi et William. On se tient au courant. »

***


J’ai eu Yumi au téléphone, elle était au self et voulait vous rejoindre. Mon seul indice... et j’espère du fond du cœur que cette piste vaut la peine d’être exploitée. Je passe la porte de la cantine et réalise tout de suite la gravité de la situation. Des tâches rougeâtres maculent le sol et les tables du réfectoire. Ça a chauffé ici... mais personne en vue. Le stress m’envahit mais il faut absolument que je garde la tête froide. Je me sens nauséeux et mets quelques secondes avant de comprendre ce qui provoque de tels haut-le-cœur. L’air est saturé de pourriture, je ne m’étais jamais senti oppressé à ce point. Une nuée de mouches effectue des va-et-vient constants entre la salle à manger et les cuisines. Prenant mon courage à deux mains, je me dirige vers l’arrière-salle. Les parasites se concentrent sur le congélateur central qui est ouvert, contrairement aux deux autres. Je fais quelques pas et regrette immédiatement ce mouvement. Un amas de chair et de sang, voilà ce que contient ce large frigidaire. Des vers gluants s’entremêlent entre les organes charcutés. Cet affreux spectacle est intenable... et l’odeur aussi. La peur me pousse à agir. Je dois savoir qui est prisonnier de ce cercueil polaire. Dégouté mais résigné, je plonge mes mains dans cette... sauce bolognaise, c’est à ça que je dois penser. En retournant ce tas d’immondices que contient chaque corps humain, je finis par trouver la tête et le choc est brutal. Rosa... Même sans vie, son visage est paisible. J’ai presque l’impression qu’elle va me lancer un de ses sourires bienveillants. Je m’effondre sur le carrelage souillé. Ulrich, relève-toi. Tu es un guerrier, tu es capable d’affronter la mort, ce convoi diabolique qui dépose les êtres chers dans un terminus inconnu. Mon portable me ramène à la réalité.

« Bonne nouvelle : j’ai réussi à rétablir la communication avec Odd, déclare fièrement Einstein. Par contre, il n’a toujours pas retrouvé Aelita et…
— Jérémie…
— Yolande n’a toujours pas débarqué. Ce n’est pourtant pas dans les habitudes du programme multi-agent de nous laisser souffler. Il semblerait que la tour se soit désactivée d'elle-même, il y a vraiment anguille sous roche.
— Jérémie, répétai-je avec plus de conviction. Rosa y est passée… »

Silence pesant au bout du fil. Il doit être en état de choc, ce n’est pourtant pas le moment de baisser les bras.

« Elle a été déchiquetée. Je ne sais vraiment pas quoi faire.
— Ce… ce n’est pas possible, bredouille-t-il. Pourquoi XANA s'en prendrait-il à elle ? Ça n’a pas de sens !
— Je me suis posé la même question, elle n'est clairement pas une cible prioritaire.
— Ce qui m'inquiète surtout, c'est la suite des événements. Le sang n'avait jamais coulé auparavant et cela ne va sûrement pas être une situation facile à gérer. Il faut absolument délivrer Aelita pour que je puisse lancer un retour vers le passé.
— Qu'est-ce qu'il va se passer pour Rosa si on revient en arrière ?
— Je n'en sais rien... On ne peut pas se permettre de penser à ça pour le moment, la priorité c'est Lyoko. La banquise est maintenant infestée de Frelions. Odd a besoin de renfort donc dépêche-toi de ramener William et Yumi. »

Avec cette macabre découverte, j'avais complètement oublié ma mission ! Une horrible intuition surgit alors dans mon cerveau blessé. Et si... ? Je reprends péniblement appui sur mes jambes et ouvre le congélateur de droite, en priant intérieurement pour que le contenu ne soit pas aussi gore que le précédent. Des légumes... Je pousse un profond soupir de soulagement. Je décide alors de vérifier l'ultime boîte surprise, plutôt confiant. Alors que l’intérieur s’illumine, mon cœur loupe un battement. Yumi est couchée, face contre terre, dans ce caisson glacial. Secoué par un sursaut d’adrénaline, je la prends dans mes bras, tachant au passage sa tenue noire déchirée par endroits. Il faut qu’on sorte d’ici... maintenant ! Je me rue vers l’extérieur, des larmes incontrôlables roulant sur mes joues. Je m’assieds en tailleur devant l’entrée du self et la pose délicatement à même le sol en m’assurant que sa nuque soit bien calée entre mes cuisses. Son joli visage est maintenant lacéré de part en part, ça me fend le cœur de la voir dans cet état. Alors que j'observe ses lèvres bleuies par le froid en espérant voir un souffle s'y échapper, je sens un léger tremblement s’élever le long de ma jambe. Reprend-t-elle conscience ? Cruelle déception, mon portable est juste en train de vibrer.

« Odd s'est fait dévirtualiser ! C'est la cata, t'es avec les autres ?
— Yumi est entre la vie et la mort, répondis-je d'une voix cassée, l'angoisse me paralysant la gorge. Je ne suis même pas sûr qu'elle respire...
— Et William ?
— Introuvable. Il faut que tu agisses Einstein... avant qu'il ne soit trop tard.
— Je ne peux pas faire ça... pas sans Aelita.
— Je t'en supplie Jérémie... Tu pourras revenir dans le groupe, tout ce que tu veux... mais il faut que tu lances un retour vers le passé.
— Si tu savais comme tout ça n'a plus d'importance désormais...
— Tu mens. J'ai vu la ferveur avec laquelle tu as repris le combat. On a besoin de toi, je n'aurais jamais dû contester ton rôle. Jérémie, fais ça pour nous. Je ne peux pas supporter cette torture une seconde de plus... Tu es capable d'effacer toute cette douleur juste en pressant un bouton. Si Yumi meurt, je ne te le pardonnerai jamais... »

Il a mis fin à la conversation avant la fin de ma supplique. Tandis que le halo de lumière aveuglante nous enveloppe, je suis soulagé de constater la décision que mon ami a prise... malgré les conséquences inévitables que ce geste va entrainer.


À suivre : Rien n'est éternel

_________________
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Dernière édition par Minho le Sam 30 Avr 2016 02:44; édité 2 fois
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Ikorih MessagePosté le: Jeu 31 Mar 2016 19:58   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Citation:
je pense qu'on a le même genre d'humour douteux !

Alors tu n'auras aucun mal à répondre à la question suivante : Quelle blague Icer peut-il faire avec le titre de ta fic?
Envoie ta réponse au numéro surtaxé de la Team Racket et gagne peut-être un commentaire exclusif de Pikamaniaque! dès qu'on l'aura retrouvé


Tout d'abord, on notera le placement de produit des Trésor, servant probablement à arrondir les fins de mois de l'auteur. Prochainement, les spécial K! (oui ce commentaire arrondit mes fins de mois aussi)

Comme ça fait quelques chapitres que j'ai pas commenté, on va la jouer au global après un petit vrac de remarques sur celui-là.
Citation:
Je fonce et me réfugie sous sa carapace.

On est quand même dans la saison 3, Aelita étant seule, son mode cruche n'est pas actif...alors comment elle fait pour se jeter pile là où le Krabe a son arme la plus dangereuse? (dommages du laser ventral : environ 70 PV de mémoire, si j'invente pas c'est sur le site)

Citation:
Je passe sous l’imposant portail immaculé et trois possibilités de parcours s’offrent déjà à moi.

On applaudit Ulrich qui zappe totalement le Triplicata alors même qu'il s'agit d'une mission où il faut pouvoir couvrir le plus de terrain possible x)

Citation:
Notre coach est bonne pourtant

En informatique c'est bien ça?

Autrement, comment ça se fait que XANA n'ait pas massacré Yumi comme il l'a fait pour Rosa, ou pourquoi n'a-t-il pas tout bêtement attendu les LG à l'usine (quitte à saboter un peu les scanners avant de partir comme Aelita l'a craint)? Manifestement l'idée du xanatifié semble avoir été de faire des victimes civiles avant tout, ce qui est une stratégie illogique au premier abord donc vaut mieux qu'il y ait une justif bien trouvée derrière...
Cependant, les conditions de lancer du RVLP promettent des résultats intéressants : quid des gens sur Lyoko à ce moment (coucou Aelita), ou de la xanatification? Idem, comment la mort de Rosa sera-t-elle prise en compte par l'ordinateur? Bref on s'attaque à un élément plein de potentiel.
Le côté film d'horreur (dans le réfectoire surtout) rend pas trop mal.

Ah et désactiver les communications en plus du labyrinthe c'était pas mal trouvé, puisque du coup ils sont dans la merde pour se repérer. GG XANA. En passant, le titre du film qu'Odd est allé voir est presque trop bien adapté à la situation...


Globalement, donc, je pense comme mon collègue que la fic part bien. On sent que tu as la volonté de creuser tes personnages et tu es assez régulier, preuve de ton implication. C'est cool.
Je garde certaines réserves concernant le scénario, ce qui est normal vu qu'on est au cinquième chapitre. J'attends notamment de voir comment tu comptes gérer Max Stones (personnage qui me laisse sceptique) et quelle est l'arnaque avec la meuf d'Odd. A priori, on est à l'abri des syndromes Gary Stu/Mary Sue au vu de leur faible taux d'apparition mais restons vigilants. Le coup de l'albinisme, par exemple, ne me semble pas apporter grand chose au personnage mais sert souvent à faire "tro difairen"..
Du côté des LG, j'ai trouvé Ulrich prétentieux dans ce chapitre ce qui ne compte pas habituellement parmi ses défauts récurrents, et le lien entre Yumi et Hiroki prend une couleur niaiseuse qui n'est pas exactement dans mes préférences. Mais comme dit, tu as l'air d'apporter un certain soin à la conception des personnages donc ça peut juste être un choix.


Il me faut une conclusion. Malheureusement les coupures de budget en ont eu raison et je crains que le placement de céréales ne suffise pas à arranger la situation. On envisage un partenariat avec Captain Iglo.
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Minho MessagePosté le: Ven 01 Avr 2016 05:09   Sujet du message: Répondre en citant  
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Cependant, la corrélation avec ses menstruations ne peut être établie, à moins que Yumi Ishiyama ne soit la seule femelle au monde – si l'on excepte cette chère Ikorih – à avoir ses règles quatre fois par mois...

I'm just kidding, don't burn me with your fire. Après tout, c'est vraiment le jour pour lâcher des stupidités qui ne vont pas faire rire l'intéressé(e). Et puis, il me fallait une intro si je réponds à celle qui se débrouille parfaitement en matière d'originalité. William qui fait référence à l'une de ses plus grandes fans, c'est pas beau ça ? Même si ça pose une fameuse équation spatio-temporelle : comment a-t-il rencontré la fille du feu ? À venir dans ma fic. (a)

Ikorih a écrit:
Alors tu n'auras aucun mal à répondre à la question suivante : Quelle blague Icer peut-il faire avec le titre de ta fic?
Envoie ta réponse au numéro surtaxé de la Team Racket et gagne peut-être un commentaire exclusif de Pikamaniaque! dès qu'on l'aura retrouvé


Fais-moi signe quand tu l'auras retrouvé, il faut que le jeu en vaille la chandelle !

Ikorih a écrit:
Tout d'abord, on notera le placement de produit des Trésor, servant probablement à arrondir les fins de mois de l'auteur. Prochainement, les spécial K! (oui ce commentaire arrondit mes fins de mois aussi)


Kinder Surprise aussi, je gagne cinquante centimes à chaque mention, ça risque d'être récurrent Cool

Ikorih a écrit:
On est quand même dans la saison 3, Aelita étant seule, son mode cruche n'est pas actif...alors comment elle fait pour se jeter pile là où le Krabe a son arme la plus dangereuse? (dommages du laser ventral : environ 70 PV de mémoire, si j'invente pas c'est sur le site)


No stress, je n'ai pas oublié le laser ventral. C'est juste que XANA n'avait aucun intérêt à la dévirtualiser à ce moment là puisqu'il veut se servir d'elle. On aurait pu penser que ça allait être avec l'habituelle Méduse mais une nouvelle créature a fait son apparition, dans quel but ? Et, si le premier Krabe a tiré, c'était pour l'affaiblir au cas où Aelita se rapprocherait trop dangereusement de la tour activée. Si un tel cas de figure se présentait, elle avait déjà moins de PV et donc c'était plus facile pour le programme multi-agent de l'anéantir à quelques mètres du phare. (Je sais que t'aimes bien cette métaphore même si elle n'est pas de moi donc je ne l'utiliserai que pour ce com.)

Ikorih a écrit:
On applaudit Ulrich qui zappe totalement le Triplicata alors même qu'il s'agit d'une mission où il faut pouvoir couvrir le plus de terrain possible x)


Bien vu, le nombre de sentiers a été choisi délibéremment pour dénoncer le fait qu'Ulrich zappe souvent ce pouvoir (vraiment cool, faut bien l'avouer) dans le DA alors qu'il aurait été utile lors de nombreuses missions.

Citation:
En informatique c'est bien ça?


Je vois que t'as relevé une de mes (nombreuses) phrases tendancieuses. Il y en a une autre qui est assez frappante dans le point de vue de Jérémie (chap.4) : « Ennui mortel, je me suis refusé tout plaisir sur la toile. » Ça peut aussi être mal interprété x)

Ikorih a écrit:
Autrement, comment ça se fait que XANA n'ait pas massacré Yumi comme il l'a fait pour Rosa, ou pourquoi n'a-t-il pas tout bêtement attendu les LG à l'usine (quitte à saboter un peu les scanners avant de partir comme Aelita l'a craint)? Manifestement l'idée du xanatifié semble avoir été de faire des victimes civiles avant tout, ce qui est une stratégie illogique au premier abord donc vaut mieux qu'il y ait une justif bien trouvée derrière...


Dans ce chapitre, XANA a un comportement pour le moins inhabituel. Il y a effectivement une justification mais ne compte pas sur moi pour dire un mot de plus avant Rien n'est éternel qui fournira toutes les explications à cette question. Il y a néanmoins un indice conséquent dans Amputation qui pourrait faire deviner aux plus malins une partie de la suite.

Ikorih a écrit:
Cependant, les conditions de lancer du RVLP promettent des résultats intéressants : quid des gens sur Lyoko à ce moment (coucou Aelita), ou de la xanatification? Idem, comment la mort de Rosa sera-t-elle prise en compte par l'ordinateur? Bref on s'attaque à un élément plein de potentiel.


Comme toujours, tu te poses les bonnes questions ! J'ai la pression pour la suite maintenant ! Rolling Eyes

Ikorih a écrit:
Le côté film d'horreur (dans le réfectoire surtout) rend pas trop mal.
Ah et désactiver les communications en plus du labyrinthe c'était pas mal trouvé, puisque du coup ils sont dans la merde pour se repérer. GG XANA. En passant, le titre du film qu'Odd est allé voir est presque trop bien adapté à la situation...


J'ai essayé d'innover un peu. Pour le self, à la base j'avais prévu une scène de vingt lignes juste pour décrire la boucherie avec un minimum de lyrique (les proses du sang) mais ça faisait un peu too much. Et pour "Le Labyrinthe de Pan" c'est aussi parce qu'il n'y avait pas beaucoup de films au ciné en novembre 2006 qu'Odd aurait été susceptible d'aller voir.

Ikorih a écrit:
Globalement, donc, je pense comme mon collègue que la fic part bien. On sent que tu as la volonté de creuser tes personnages et tu es assez régulier, preuve de ton implication. C'est cool.


Wow, c'est un poisson d'avril en avance ? Blague à part, je suis content que ça t'emballe plus qu'au début. Pour revenir à ce prologue, j'ai un peu posté précipitamment. Je pense que c'était aussi une manière de m'assurer une marge de progression. Ton rappel à l'ordre au niveau de la forme m'a vraiment été utile. Depuis ce premier chapitre, je suis vraiment plus attentif à l'orthographe, quitte à relire cinquante fois avant de publier. Vivant dans un milieu anglophone désormais, j'avais complètement oublié les joies des accords et j'ai donc planché sur ma grammaire. Je pense que tu l'as remarqué, il n'y a d'ailleurs plus eu de listing d'erreurs de ta part et je vais tout faire pour que ça continue dans cette direction, même si personne n'est à l'abri d'une coquille évidemment. En ce qui concerne mon approfondissement des personnages, j'écris vraiment pour ça. Ils me plaisent tous beaucoup et j'aime vraiment imaginer quelles auraient été leurs réactions si les choses s'étaient passés autrement. Pour la régularité, j'essaye de m'en tenir à ce que j'ai dis au début : nouveau chapitre après une quinzaine de jours. Ce dernier épisode a été posté selon un délai plus court (6 jours) mais, pour le prochain, ça sera vraiment dans deux semaines. Quant à mon implication, je pense à la fic tout le temps, un addict de l'écriture en plus sur le forum.

Ikorih a écrit:
J'attends notamment de voir comment tu comptes gérer Max Stones (personnage qui me laisse sceptique) et quelle est l'arnaque avec la meuf d'Odd.


Tout à fait légitime ! À ce stade, on se demande vraiment ce que vient foutre ce gars dans l'intrigue. Et la copine de l'excentrique est plus que rapide en besogne on va dire. Tu te doutes bien qu'ils ne sont pas là par hasard... D'ailleurs, le groupe va prendre une décision radicale pour l'un de ces deux nouveaux protagonistes lors du prochain chapitre.
Édit : In the end, cette "décision radicale" apparaitra seulement dans le septième épisode.

Ikorih a écrit:
Le coup de l'albinisme, par exemple, ne me semble pas apporter grand chose au personnage mais sert souvent à faire "tro difairen"..


Je vais être clair sur ce choix scénaristique : je ne lui ai pas donné cette particularité génétique pour le différencier encore plus. Après tout, un mystérieux amnésique n'avait pas besoin de se taper un physique particulier. C'est juste que c'était essentiel à l'intrigue. S'il avait été parfaitement normal, Aelita n'aurait pas été à l'hôpital juste pour rencontrer un simple homonyme. Il était donc essentiel qu'elle soit intriguée par ce gars juste sur base de la photo. Ça a quand même dû être un choc pour elle, sentiment que les aborigènes, voyant débarquer des blancs sur leur île coupée de tout, ont du avoir aussi. Bien sûr, ma comparaison est un peu forte. Les albinos ne sont pas si différents. Mais, pour en avoir un dans mon entourage, je peux témoigner de la réaction parfois surprenante de certains, particulièrement les enfants qui ne sont pas au courant que cette particularité existe. Pour le bonbon rose, c'est pareil : elle n'a jamais entendu parler de ça auparavant. C'est donc, principalement, pour justifier la rencontre entre les deux personnages que Max Stones est albinos. Sans ce prétexte, elle n'avait absolument aucune raison d'aller trouver ce mec vu que Stones n'est même pas le véritable nom de famille de la princesse.

Ikorih a écrit:
j'ai trouvé Ulrich prétentieux dans ce chapitre


Effectivement, il n'est pas comme ça dans le DA habituellement – du moins de ce que l'on peut observer extérieurement – mais je l'ai rendu imbus de lui-même parce que je pense que c'est l'attitude qu'il aurait adopté si une telle prise de pouvoir lors de l'exclusion de Jérémie avait eu lieu. C'est aussi parce que les qualités/défauts de tous ont déjà été vus et revus donc j'essaye de les pousser dans d'autres directions.

Ikorih a écrit:
On envisage un partenariat avec Captain Iglo


Bonne idée vu l'épisode polaire qui vient de s'achever. Bon, je suis moins doué que toi pour les conclusions donc je vais faire dans le classique. Merci du commentaire et au plaisir de répondre de nouveau à tes remarques pertinentes !


Dernière édition par Minho le Ven 15 Avr 2016 07:35; édité 1 fois
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