6)

De retour dans la rue de tout à l’heure, où il n’y a plus que les lyoko-guerriers ; les deux autres adolescents ont dû prendre la poudre d’escampette. Mis à part quelques coups portés et des déguisements un peu déchirés, il semble qu’il n’y ait pas eu tellement de dégâts.

Yumi, en dévisageant tous ses amis Ça va ? Vous n’avez rien ?

Odd Moi, la pleine forme ! Surtout après la belle raclée qu’on leur a donné, à ces abrutis !

William Ouais mais, maintenant, il faut retrouver Aelita. La laisser toute seule, perdue dans les rues avec tous les cinglés qui traînent, je n’aime pas tellement ça !

Ulrich, en acquiesçant Il a raison ; il faut la retrouver.

Sissi, à Ulrich Est-ce qu’il faut appeler Jérémie, pour lui dire ce qui s’est passé ?

Ulrich, en hochant la tête Non, pas la peine ! On se débrouillera sans lui, viens maintenant !

Rapidement, toute la bande se met à courir sur les traces d’Aelita…
*
Cette dernière, justement, est toujours dans les griffes de ce loup et elle est tellement abasourdie par ce qu’elle vient de voir tout à l’heure qu’elle a du mal à trouver ses mots.

Aelita, en bégayant Mais, c’est… c’est imp… possible ! Comment peux… tu, est-ce po… poss… !?

Le loup, en ricanant Te fatigues pas, mon enfant ! Je sais très bien qu’un loup qui parle, comme dans les contes de fées, ça ne court pas les rues – ou devrais-je plutôt dire, les forêts !

Il se remet à ricaner. Aelita est de plus en plus terrifiée.

Aelita Mais, enfin… qui êtes-vous, pour savoir… mon nom ?

Le loup Eh bien, ma chérie, on a la mémoire courte !? Pourtant, il me semble que t’as déjà eu une intuition, quant à savoir qui je suis réellement !

Sous l’air diabolique de la bête, Aelita se met à réfléchir à nouveau, pendant un tout petit moment… et là, tout lui revient. La mémoire, les flash-back… tout lui revenait…

Aelita, au comble de son effroi Vous êtes le… le loup que j’ai rencontré, le jour où… où…

Le loup …où ta mère s’est fait enlevée, c’est exact !
(Pour ne pas changer, il se remet à hurler de rire, ce qui donne la chair de poule à notre chère princesse…)
Après toutes ces années, c’est fou ce que tu as grandi ; tu ressembles de plus en plus à ta mère, non ?
(Cette fois-ci, il se retient de s’esclaffer…)
Mais, tes pensées te trompent, Aelita ; je t’ai déjà rencontrée plusieurs fois durant ton existence…

Aelita, hébétée Ah bon ? Comment ça ?

Le loup À chaque fois que mes hommes sont venus vous rendre visite, j’étais toujours là moi-aussi, histoire de m’assurer qu’ils ne fassent pas de bavures. Et, encore aujourd’hui, mes hommes sont ici, pas loin de là où on se trouve. Mais, j’avais tellement envie de te parler une bonne fois pour toutes, face-à-face, rien que nous-deux !

Il recommence à se rapprocher dangereusement d’elle et, bien entendu, Aelita recommence à reculer lentement. Et, tout à coup… les flash-back reviennent la hanter : d’abord, ce fameux jour où sa mère a été enlevée, puis un autre jour… elle faisait du vélo sur un petit chemin en forêt – à cette époque, elle et son père s’étaient déjà cachés à l’Ermitage – et puis, soudain, à peine a t-elle tourné la tête qu’elle avait vu… un loup, le même qu’elle avait déjà rencontré le jour de l’enlèvement de sa maman et qui, comme en ce fameux jour, lui lançait des regards assassins et… lui souriait de façon diabolique.
Mais, cette rencontre n’a pas duré longtemps. Le loup a disparu peut de temps après dans les fourrés, Aelita, sur son petit vélo, s’est remise de ses frayeurs du mieux qu’elle pouvait, puis elle a pu enfin rentré chez elle… sauf que, quelques minutes plus tard, les hommes en noirs étaient là.
Pendant un bref instant, Aelita est incapable de faire les liens entre ces flash-back et sa situation présente, mais ce n’est qu’une question de temps…

Aelita, sur un ton vif, comme pour souligner une révélation Vous êtes donc le chef de l’ANAX ?

Le loup, après avoir de nouveau ricané J’ai jamais vu une fille aussi intelligente que toi, ma chère Aelita. Oui, ma chérie, je suis bien le chef de l’ANAX, de ces hommes en noirs qui ont enlevé ta mère alors que tu étais encore petite fille et qui ont voulu faire de même avec toi et ton père, quand vous vous êtes cachés ici.

Aelita Mais, comment ça se fait que vous êtes un… loup, et non un homme ?

Le loup Je suis comme toi, mon ange : moi aussi, j’ai des dons extraordinaires. Mais toi, tu es encore plus fabuleuse que moi, bien que tu es humaine à part entière ; tu possèdes des dons qui m’envient profondément, et c’est pour ça que je m’intéresse beaucoup à toi depuis ta fuite sur Lyoko.

Aelita Comment ça ? Et, comment connaissez-vous Lyoko ?

Le loup Oh, mais je connaissais Lyoko depuis bien plus longtemps que toi, ma chérie. C’est pour ça que j’ai cherché à tuer ton père alors qu’il était encore en travaux mais, grâce à la fantastique propriété de son Super-Calculateur, je n’ai jamais pu parvenir à mes fins. Mais, maintenant… assez de bavardages ! Passons à l’action, mon enfant !

En observant ses pattes qui commencent progressivement à se plier, Aelita devine que ce monstre est sur le point de se jeter sur elle. Elle a beau encore et toujours reculer mais, au bout d’un moment, les fourrés arrêtent sa marche arrière. Et, malheureusement, le loup l’a aussi remarqué et compte bien en profiter.

Le loup, sur un ton plus menaçant Tu as toujours eu de la chance jusqu’à présent mais, cette fois-ci, je vais pas te louper, mon enfant ! En effet, aujourd’hui, il ne faudra pas compter sur ta mère ou ton père pour se faire enlever à ta place !

Aelita, qui commence à perdre patience Mais, qu’est-ce que vous me voulez, à la fin !?

Le loup Ça, ce sont des choses qui ne regardent que moi ! En attendant…

Soudain, sans cris au loup, ce dernier se jette sur l’adolescente avec un bond impressionnant. Aelita, pétrifiée par la terreur, ne peut rien faire et, rapidement, elle se retrouve violemment par terre, la bête sur elle et l’écrasant à moitié sous ses pattes. Avec son mufle se rapprochant du visage d’Aelita et la bave dégoulinante, on aurait dit qu’il était sur le point de la manger.

Aelita, en hurlant Au secours, aidez-moi !

Le loup, en essayant de hurler plus fort qu’elle Il est trop tard, mon enfant ! Ce moment si délicieux, ça faisait si longtemps que je l’attendais et, cette fois, tu ne pourras pas m’échapper !

Heureusement, au dernier moment, Aelita parvient à délivrer un de ses bras, qui était coincé sous l’une des puissantes pattes du loup, et à lui donner un violent coup de poing dans la figure. L’animal hurle à la mort et, dans sa douleur, il recule soudainement, délivrant inconsciemment sa victime. Cette dernière ne perd aucun temps pour se relever et prendre les jambes à son cou vers l’horizon.
Le loup se remet rapidement de son agression et, malgré son œil gauche qui est au beurre noir, il regarde hargneusement Aelita s’enfuir au plus profond de la forêt.

Le loup, en grognant de rage Tu me paieras ça, espèce de petit ange démoniaque !

Avec sa patte gauche avant, il relève les poils de sa patte avant droite, révélant sa fameuse montre d’espion. Il se connecte rapidement et, en peu de temps, il a Franken sur son écran.

Dr Franken Alors, monsieur, ça y est ? Vous l’avez, enfin ?

Le loup, d’une voix tempétueuse Non, crétin, elle m’a échappé ! Vite, activez la Tour et les programmes du plan π !

Dr Franken, qui ne semble pas comprendre Mais enfin, monsieur, est-ce…

Le loup Vous osez discuter les ordres, Franken !?

Dr Franken, hésitant Euh…

Le loup Lancez tout de suite le programme ! Exécution !!!

Pendant un petit moment, Franken semble encore hésitant mais, devant le regard assassin de son maître, il se résigne. En quelques secondes, après quelques manipulations sur l’ordinateur, tous les programmes semblent être activés.

Dr Franken, en revenant à sa montre C’est bon, monsieur, tout est activé !

Le loup Bien, mais nous aurons quand même une discussion après tout ça !

Dr Franken Mais...

Mais, le loup a déjà éteint sa montre et il se met enfin à la poursuite d’Aelita…

7)

Dans sa chambre d’internat, Jérémie était toujours dans ses recherches sur ce mystérieux Réplika de l’ANAX quand, tout d’un coup, les programmes de son Super-Scan apparaissent sur son écran, lui révélant une Tour activée sur Lyoko.

Jérémie, en marmonnant Ouais, évidemment ! Il ne manquait plus que ça !

Vite, il s’empare de son portable…
*
Alors qu’il est près de la forêt où se trouve en ce moment Aelita et son agresseur avec ses autres amis, Ulrich entend son portable sonner. Intrigué, il s’arrête un moment, le sort de sa poche et décroche.

Ulrich Oui, Jérémie ?

Jérémie Alerte, l’ANAX est passée à l’attaque ! Rendez-vous tous à l’usine !

Ulrich Il y a juste un problème : Aelita s’est enfuie, et on est en train de la chercher.

Jérémie, hébété Aelita s’est enfuie !? Comment ça ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ulrich Trop long à raconter ! Mais, t’inquiète ; on la retrouvera vite fait, elle n’a pas pu aller bien loin !

Jérémie, un peu hésitant Euh… ouais, bon ! Faites vite quand même !

Puis, il raccroche son portable, de même qu’Ulrich.
Ses amis le regardent, un peu anxieux.

Odd, un peu agacé Comme si on n’a pas eu assez avec les deux autres abrutis !

Yumi, à Ulrich Qu’est-ce que l’ANAX nous a préparé, cette fois-ci ?

Ulrich est sur le point de répondre, lorsqu’un concert d’hurlements perçants et monstrueux vienne déchirer le silence déjà angoissant de la nuit. Tous se retournent et contemplent, horrifiés et bouche bée… un groupe de citrouilles d’Halloween lumineuses et sautillant comme des balles de basket-ball tout en ricanant, accompagnées par une bande de masques également vivants qui se déplacent, tout en ricanant également, grâce à des corps de mannequins animés par une force mystérieuse.
Tout ce groupe de l’Horreur marchent d’un pas angoissant vers la forêt, sans faire attention à nos héros, et, comme si ça ne suffisait pas, il est agrandi par une autre bande de squelettes humains ambulants, autant en plastique que naturels, marchant en déséquilibre et entourés d’une auréole verte émeraude. En peu de temps, tous ces monstres disparaissent dans la forêt.
Nos héros sont pétrifiés par l’horreur ; ils ne peuvent toujours pas croire ce qu’ils ont vu.

Ulrich, à Yumi Ça te suffit comme réponse !?

Odd, en jetant un coup d’œil à l’endroit où sont disparus les monstres On dirait qu’ils marchent vers l’Ermitage, non ?

Tous Oh non, Aelita !!!

Vite, ils se remettent tous sur ses traces mais, cette fois, vers l’Ermitage.



Aelita, quant à elle, continue toujours de courir sans aucun but précis, en sautant par-dessus les buissons et en repoussant les branches qui se présentent devant elle. Quelquefois, elle prend la peine de regarder derrière elle et, malheureusement, le loup est à nouveau dans son champ de vision, à quelques pas derrière elle. Bien qu’il court plus vite qu’elle, Aelita tente quand même d’accélérer l’allure et, se rendant compte que sa robe de princesse volant au vent l’empêche d’aller plus vite, elle s’empresse de déchirer les bas jusqu’à la hauteur des cuisses à peu près, malgré sa course. Elle y arrive quand même et, une fois ceci fait, elle accélère enfin.
Pourtant, cela ne décourage pas le loup qui, en contemplant les belles jambes nues de l’adolescente en mouvement, a encore plus envie de l’attraper. Sa langue pendante donne même l’impression qu’il a vraiment envie de la manger toute crue.

Le loup, d’une voix essoufflée Pas la peine de… de courir ! Tu ne m’é… échapper… eras pas, Ael… ita !

Mais, la jeune fille fait comme si elle ne l’avait pas entendu.
Au bout d’un moment , elle et le loup arrivent enfin à l’Ermitage. Aelita, en voyant sa chère tendre demeure d’antan, essaye de pousser un soupir de soulagement, bien qu’elle est complètement essoufflée, mais en tournant la tête elle aperçoit… les citrouilles, les masques à corps de mannequins et les squelettes ambulants sortir des fourrés et se diriger droit vers elle. Elle hurle donc, malgré son essoufflement, et essaye d’accélérer encore son allure comme elle peut, bien qu’elle est au maximum de ses capacités. Pourtant, ça ne l’empêche pas d’atteindre rapidement la porte d’entrée de la maison, qu’elle ouvre précipitamment avant de la refermer violemment derrière les monstres qui étaient sur le point de lui bondir dessus.
Cependant, ces derniers n’abandonnent pas la partie et se mettent à nouveau à bondir, mais cette fois contre la porte. Mais, de l’autre côté, Aelita a pu la bloquer, en déplaçant le buffet près de la porte de toutes ses forces. Une fois ceci fait, elle prend quand même quelques minutes pour reprendre son souffle, puis elle recule lentement vers l’escalier du fond, en priant la porte de bien rester coincée…
*
À l’extérieur de la maison, les monstres continuent toujours d’essayer de défoncer la porte et, bien qu’elle est coincée par le buffet, ils se montrent toujours aussi obstinés. Le loup les rejoint rapidement et, après les avoir encouragés à démolir l’encadrement, il les rejoint dans leur fureur, en griffant le bois de la porte qui cède sans difficulté. Il est clair qu’à ce rythme-là, elle n’allait pas tenir longtemps…
Dans leur envie d’entrer dans la maison, les monstres ne se sont même pas aperçus que derrière eux, nos héros venaient de faire leur apparition, essoufflés certes, mais prêts à combattre s’il le faut. Le temps de reprendre leur souffle, ils contemplent, impuissants, les sbires monstrueux de l’ANAX en train de détruire comme ils peuvent leur obstacle.
Puis, après un dernier hochement de tête comme signal, ils reprennent leur course… juste à temps…
*
À l’intérieur de l’Ermitage, Aelita est maintenant près du grand escalier, mais elle entend soudainement d’autres hurlements perçants. Elle se retourne et voit… une armée d’araignées de la taille d’un chat et de chauve-souris de la taille d’un grand oiseau se ruer vers elle par l’escalier.
N’ayant plus tellement de choix, Aelita fait demi-tour et recule lentement vers la porte d’entrée bientôt détruite, les yeux fixés sur les bestioles par la terreur.
CRAC !!!
Elle sursaute et, en se retournant, elle découvre que la porte est complètement pulvérisée et, déjà, le loup chevauche à nouveau d’un bond impressionnant le buffet pour se présenter devant Aelita, accompagné de près par les citrouilles qui s’empressent d’aller bondir autour d’Aelita comme des ballons enragés, en ricanant encore et toujours comme des diablesses. Les masques sur corps de mannequins et les squelettes, quant à eux, sont en train de grimper difficilement le buffet, mais ils arrivent quand même.
Se rendant compte qu’elle est prise au piège, Aelita ne peut que s’arrêter et tourner la tête des deux côtés, afin de regarder avec toute son impuissance les monstres qui se rapprochent de plus en plus d’elle…
Mais, au final, c’est sur le loup que son regard se fixe, et elle ne peut l’empêcher d’avancer doucement, mais dangereusement vers elle.

Le loup, avec un sourire démoniaque Je t’avais prévenu, Aelita ; tu ne peux pas m’échapper, et tu ne le pourras jamais ! Tu m’as bien fait courir mais, maintenant, je te conseille de te rendre…

Aelita, en voulant être menaçante malgré sa peur Ah ouais !? Et, si je veux pas ?

Le loup Aelita… ne me mets pas en colère !

Malgré la menace qui pèse sur elle, Aelita prend quand même le temps de réfléchir un peu. Devant elle, le regard du loup est de plus en plus perçant, comme pour la mettre en défi de refuser son offre.
Mais, en voyant la bête s’approcher de plus en plus d’elle, Aelita a vite trouvé sa décision…

Aelita Jamais je ne me rendrai, au nom de mes parents et des amis ! Vous pouvez m’enlever, si vous voulez, mais vous le paierez chèrement un jour ou l’autre ! Et, je suis très sérieuse !

Le loup Bon, tu l’auras voulu !

Il se prépare à nouveau à sauter et Aelita ferme les yeux, n’attendant plus que les pattes de la bête qui l’écraseraient par terre ou même ses dents au plus profond de sa chair, afin de la traîner…
Mais, au dernier moment, on entend un « BANZAÏ !!! » très assourdissant et, tout à coup, Odd apparaît dans l’encadrement ouvert en balançant des coups de pieds à tous les monstres qui sont sur son chemin. Évidemment, le loup l’a aussi entendu car il se désintéresse soudainement d’Aelita en tournant la tête. Cette dernière, quant à elle, rouvre les yeux et voit, soulagée, tous ses amis debouts sur le buffet, fixant avec hargne le loup qui est en-dessous d’eux.

Odd, en pointant son doigt sur le loup Hé toi, le grand méchant loup, laisse notre petit chaperon rose en paix, sinon c’est toi qu’on va manger, mon enfant !

Le loup, qui ne semble pas être impressionné par la menace Très drôle, le petit comique ! Mais, j’ai bien l’impression que c’est moi qui va avoir droit à un grand buffet !

William, sur un ton menaçant Viens, approche donc ! Comme ça, je pourrai t’empaler et, après, t’empailler avec ma hache !

En effet, depuis le début, il se promenait avec une sorte d’hache très médiévale, mais en plastique. Malheureusement, pour lui, le loup a dû remarquer ce détail car…

Le loup, en ricanant Ha ! ha ! ha ! Tu crois que tu me fais peur avec ton machin en plastoc !? Non, non ! Restons sérieux !

Et, soudain, il bondit sur William. Ce dernier, en hurlant presque à la mort, est déséquilibré par le poids et la puissance de l’animal, tombe lourdement du buffet et se retrouve plaqué par terre, avec le loup bloquant fermement ses quatre membres avec ses puissantes pattes.
Tous les autres ont hurlé et sont restés pétrifiés face à cet affreux spectacle ; seul Ulrich se décide à bouger en sautant du buffet et en se précipitant sur le loup.

Ulrich, hurlant à pleine voix Tiens bon, William !!!

Alors qu’il était sur le point d’égorger le pauvre beau ténébreux avec ses dents tranchantes, le loup se retourne vivement… mais trop tard : Ulrich a eu le temps de sortir sa baguette « magique » et de l’enfoncer profondément dans l’œil gauche du loup. Et, là, il appuie rapidement sur un petit bouton à l’arrière du manche de la baguette, ce qui fait que de petites étincelles sortent soudainement de l’objet et viennent pulvériser tout l’orifice du loup. Ce dernier, en hurlant avec un cri ni humain, ni animal, lâche prise et, dans la douleur, il retourne sur ses pas et disparaît dans la forêt.

Le loup, d’une voix de plus en plus lointaine Sales mômes ! Je me vengerai ! Je vous tuerai tous, vous m’entendez !? Tous !!!

Puis, plus rien.
Après s’être remis de ses émotions, Ulrich tend son bras et parvient à relever William. Ce dernier le regarde fixement et profondément, ne sachant quoi dire.

William, hébété Ulrich, tu… tu m’as sauvé la vie ! Tu… tu as fait ça pour… moi !?

Ulrich, d’une voix caverneuse Oui, mais pas que pour ça…
(Puis à part…)
Et, j’espère que je n’aurai pas à le regretter !

Mais, ça n’empêche pas William de le serrer fort dans ses bras. C’est au tour d’Ulrich d’être abasourdi par la situation, mais il le serre quand même dans ses bras, soulagé.
Sur le buffet, les autres ne perdent rien du spectacle et sont émus par ce qu’ils voient, surtout Yumi…
Mais, malheureusement, ce moment de bonheur est de courte durée car les squelettes et les masques sur leurs corps se sont relevés et se dirigent dangereusement vers Ulrich et William et, de l’autre côté, les araignées et les chauve-souris se sont remises en marche vers Aelita.
William et Ulrich se séparent vite fait et font face rapidement face à la bande de monstres. Par-dessus l’épaule d’un squelette, Ulrich peut encore voir ses amis sur le buffet…

Ulrich, d’une voix claironnante Vous-quatre, filez à l’usine désactiver la Tour. Moi et William, on peut se charger ensemble de ces monstres !

Odd, avec la même tonalité OK ! Faites attention à vous !

Yumi, de même On va faire vite, c’est promis !

Ces deux derniers, ainsi que Sissi, se retournent et sautent du buffet, aux côtés d’Aelita. Là, commence un duel peu commun ; pendant que Sissi se charge de rester aux côtés d’Aelita pour « la protéger » soi-disant, Odd et Yumi essayent de s’emparer des citrouilles bondissantes, malgré que ces dernières essayent de leur infliger de cruelles morsures un peu partout. Puis, une fois les citrouilles attrapées, ils leur envoient un bon coup de pied et, ainsi, les citrouilles vont s’écraser sur les chauve-souris et les araignées dans une explosion de matière orange. Dans des hurlements perçants, les chauve-souris touchées s’écrasent contre les murs, aveuglées par les restes des potirons, et retombent inanimées sur le sol, de même que les araignées.
Dehors, Ulrich et William commencent à se combattre avec leur vis-à-vis, à coups de poings et coups de pieds. Ulrich a même un certain avantage avec sa technique du penchak silat.
Dedans, les autres lyoko-guerriers se sont débarrassés de la plupart des autres monstres, même s’il reste encore quelques araignées encore intactes.

Yumi, à Odd Écoute-moi bien ! File à l’usine avec Aelita et Sissi, pendant que je m’occupe de mettre ces dernière araignées KO !

Odd, hébété Hein !? Mais...

Yumi, sur un ton sec Discute pas Odd ! Fonce, j’te dis !

Finalement, Odd s’exécute et, prenant Sissi par la main, il fonce vers l’escalier qui mène au sous-sol avec elle, de même qu’Aelita. Les araignées l’ont remarqué, mais elles n’ont pas le temps de les attaquer car Yumi leur a déjà sautées dessus pour leur donner des coups.
Odd, Sissi et Aelita atteignent rapidement le sous-sol, puis la petite porte secrète et, bientôt, le passage secret de la maison permettant d’aller dans les égouts.

9)

Quelques instants plus tard, on retrouve nos trois rescapés à l’usine, puis dans la salle du Super-Ordinateur où Jérémie est déjà. Ce dernier, justement, était en train de s’impatienter nerveusement.

Jérémie Ah, tout de même ! Qu’est-ce que vous avez fichu depuis tout ce temps ? Je commençais sérieusement à m’inquiéter !

Odd Bah, ce n’est pas notre faute, Einstein ! Fallait voir tous les monstres qui étaient à notre poursuite, un vrai cauchemar !

Aelita, à Jérémie, intriguée Et toi, t’as aussi été agressé par un de ces monstres ?

Jérémie, en hochant la tête Je n’ai croisé aucun monstre et, par ailleurs, où sont les autres ?

Sissi Ils sont restés à l’Ermitage pour combattre ces affreuses bestioles. Et, d’ailleurs…
(Elle commence un peu à angoisser…)
j’espère qu’il ne va rien arriver à mon Ulrich-chéri !

Odd, en lui tapotant l’épaule T’inquiète, Sissi ; en deux temps, trois mouvements, on l’aura désactivée, cette fichue Tour !

Jérémie En attendant, vous plongez immédiatement ! Je prépare la procédure !

Aelita OK, Jérémie, on est parti !

Le monte-charge se referme et descend à l’étage en-dessous.
Jérémie commence ses manipulations habituelles sur le clavier, attend quelques instants et, une fois qu’il entend Aelita lui assurer qu’ils sont tous les trois dans les scanners…

Jérémie, d’une voix claironnante Bien. La Tour se trouve au Nord-Est du territoire de la Forêt. Faites gaffe à votre arrivée, j’ai remarqué des foxxies pas loin du lieu où vous allez arriver !

Aelita C’est bon, Jérémie, on fera attention.

Jérémie Bien, maintenant…
(Il recommence à jouer sur le clavier et…)
Transfert, Odd… transfert, Aelita... transfert, Sissi… Scanner, Odd… scanner, Aelita… scanner, Sissi… Virtualisation !
*
On retrouve Aelita, Odd et Sissi quelques instants plus tard sur Lyoko, dans le territoire de la Forêt, sous forme virtuelle.
Mais, à peine ont-ils le temps de toucher le sol virtuelle de la Forêt qu’on commence déjà à leur tirer dessus. Ce sont bien des foxxies qui sont à l’origine de ses tirs.
Vite, les trois lyoko-guerriers se mettent à l’abri, derrière un gigantesque arbre, et Odd est le premier à défendre le groupe avec ses flèches lasers.

Sissi, en levant la tête en l’air Jérémie, tu peux nous envoyer des bécanes ? Parce que là, avec ces cinq foxxies, on va jamais tenir !

Dans le labo…

Jérémie Bien sûr, Sissi. Je vous les envoie tout de suite !

Et, rapidement, il les programme en effet…
Pendant ce temps sur Lyoko, Odd continue toujours de balancer des flèches lasers sur les foxxies, mais il est bientôt rejoint par les deux autres : Sissi avec ses bâtons de majorette, et Aelita avec ses champs de force.
Après quelques instants de combat acharné, ils arrivent quand même à détruire tous les foxxies qui étaient sur leur chemin.

Odd Eh ben, alors !? Bientôt, vaincre ses foxxies sera autant de la rigolade que vaincre des kankrelats !

Sissi ne comprend pas ce qu’il a dit mais, derrière son dos, Aelita s’esclaffe discrètement.
Enfin, l’Overboard et l’Overwing font leur apparition à côté des guerriers virtuels, immédiatement chevauchés par Odd sur le skate-board violet et volant, et par Sissi et Aelita sur l’autre engin.

Odd, en faisant signe aux filles Allez, les filles ! Il n’y a plus une minute à perdre !

En quelques secondes, il est déjà à l’horizon.

Aelita, d’une voix inquiète Euh, Sissi… tu sais piloter cet engin, au moins ?

Sissi, un peu gênée Eh bien, euh… ça ne doit pas être aussi difficile que de piloter un scooter des mers !

Le démarrage est un peu brusque, si bien qu’Aelita doit bien s’agripper autour de la taille de Sissi pour ne pas tomber, mais, très vite, cette dernière commence à piger le système et elle rejoint rapidement Odd qui a déjà disparu à l’horizon…
*
À l’Ermitage, Ulrich et William ont fini avec leur bande de monstres, qui sont tous par terre, KO. Grâce notamment à Ulrich et ses talents de combats de style nippon.
Par contre, à l’intérieur, Yumi a plus de difficulté à maîtriser ses propre monstres. Certes, elle s’est débarrassée des araignées géantes grâce aux citrouilles mais, contre tous les murs du couloir, quelques chauve-souris ont étrangement repris connaissance et se sont débarrassées de la matière de potiron qui les aveuglait et, maintenant, elles ne perdent pas de temps pour se ruer sur la Japonaise, qui doit se réfugier dans l’ancien bureau de Franz Hopper, en passant par le salon.
Évidemment, elle a hurlé tout en courant et, heureusement, ses deux amis ont entendu ses signes de détresse.

Ulrich, en faisant un signe de tête à William Allez, on y va !

William acquiesce, et les deux adolescents se précipitent ensemble vers la maison…
*
Sur Lyoko, les trois lyoko-guerriers ont enfin la Tour en visuelle mais, bien sûr…

Odd Tiens, c’était trop beau pour être vrai !

Jérémie, voix off Ouais, comme tu dis, Odd ! Il y a deux gazelles qui montent la garde ! Attention, pas d’imprudence !

Odd T’inquiète, Einstein ! Deux flèches lasers en plein dans le mille, et ce sera réglé !

Il descend soudainement en piqué et commence à tirer sur les monstres. Bien entendu, ces derniers ripostent et, malheureusement, leurs lasers argentés sont beaucoup mieux placés que les flèches d’Odd ; ils dévirtualisent l’Overboard et l’Overwing en un rien de temps.
Les trois adolescents tombent lourdement par terre, sous la pluie de lasers que leur offrent les gazelles qui se précipitent rapidement vers eux. Odd se redresse vite et leur envoie des flèches lasers qui ratent, encore, leurs cibles.

Odd, déçu Hé, mais c’est pas vrai ! Les demoiselles de la savane ont mangé du lion aujourd’hui, ou quoi !?

Sissi essaye d’aider Odd, mais ses bâtons ne trouvent pas non plus la cible souhaitée. En face, les deux gazelles continuent toujours de se précipiter vers eux en leur tirant dessus comme des lapins.
Ne voyant plus d’autre alternative, Sissi et Aelita font un demi-tour sur elles-même et courent aussi vite qu’elles le peuvent, tandis qu’Odd va faire le singe sur les arbres qui sont sur son chemin. Heureusement pour lui, les gazelles ne l’ont pas vu grimper sur les arbres, trop occupées à mitrailler les filles.
Ces dernières, justement, arrivent à trouver refuge dans un gigantesque tronc coupé et percé. Sissi envoie Aelita se dissimuler du mieux qu’elle peut, pendant qu’elle garde l’entrée en jetant ses bâtons qui n’arrivent toujours pas à destination…
*
De leur côté, Ulrich et William sont enfin arrivés dans le salon de l’Ermitage mais, malheureusement, l’entrée du bureau est jalousement gardée par deux chauve-souris.

Ulrich, en murmurant à William Les autres doivent être à l’intérieur, en train de chercher Yumi. À trois, on prend la hache et la baguette et on fonce dans le tas, mais il va falloir faire très attention ; ses sales bêtes adorent les yeux !

William OK, je suis avec toi, mon pote !

Ulrich compte rapidement et, tout à coup, il fonce vers les deux chauve-souris en brandissant sa baguette jetant des étincelles, en compagnie de William qui, lui, brandit sa hache dans tous les sens. Les bestioles ont beau riposter comme elles peuvent, elles sont vite envoyées au tapis…
*
Sur Lyoko, Odd continue toujours ses singeries sur les arbres et, une fois que le bon moment est venu, il saute du tronc et retombe, net, sur le dos de la gazelle. Cette dernière le sent passer et, là, elle commence à se débattre dans tous les sens pour se débarrasser de l’homme-chat. Ce dernier essaye, donc, de s’agripper comme il peut.

Odd, sur un ton malin Alors, ma chérie, comme ça on a mangé du lion au p’tit déj’, mais on a perdu son sens du rodéo !?

Pourtant, il a tort de penser ainsi car la gazelle a vite fait de le faire décoller de son dos et, d’un bon coup de patte arrière, Odd se retrouve propulsé violemment contre un tronc.
De son côté, Sissi arrive enfin à descendre l’autre gazelle, mais c’est maintenant sa comparse qui se dirige dangereusement vers la cachette des deux filles.
Soudain, dans le labo, quelque chose d’étrange et de pas très rassurant apparaît sur les écrans de Jérémie. Ce dernier le remarque immédiatement…

Jérémie, en hurlant dans son micro Faites gaffe ! On dirait que l’ANAX vous envoie un autre truc pour enlever Aelita, et ce n’est pas une chose très rassurante ! Méfiez-vous !

Aelita, en levant la tête, intriguée Hein !? Comment ça ?

Mais, elle n’a pas le temps de se poser d’autres questions car, tout à coup, elle entend un énorme vacarme venant de l’extérieur. Elle jette un coup d’œil vers le lieu d’où venait ce grognement presque irréel et là… le spectacle lui clôt le bec.
D’énormes tentacules de couleur tronc métallique surgissent soudainement de la Mer numérique, des dizaines de tentacules environ. Toutes ont une longueur presque infinies et ne font que se croiser et s’entrecroiser. Mais, elles atteignent rapidement la hauteur du plateau et, après les tentacules, c’est… la tête du monstre qui sort de la Mer : une gigantesque tête de pieuvre de la même couleur que les tentacules, hérissée de pointes aiguisées et on peut même apercevoir son fantastique bec d’oiseau lui servant de bouche.
Aelita en est terrifiée.

Aelita, d’une voix épouvantée Jérémie, c’est… c’est l’horreur ! On dirait une sorte de… pieuvre, de calamar géant !

Dans le labo…

Jérémie Décidément, l’ANAX ne manque pas d’imagination pour t’enlever ! Mais, bon, je te conseille de fuir de ce tronc avant que ce monstre ne t’attrape !

Sur Lyoko…

Aelita, en acquiesçant OK, Jérémie.

Mais, comme si elle n’avait rien perdu de la conversation, voilà que la pieuvre géante envoie soudainement ses tentacules à une incroyable vitesse, attrapant Aelita au vol bien avant que cette dernière n’ait pu faire un geste. Déjà, les tentacules essayent de l’entraîner vers la Mer Numérique, et Aelita a beau se débattre ; elles se resserrent de plus en plus autour d’elle.

Aelita, épouvantée SISSI ! AU SECOURS !

Sissi se retourne, et c’est à son tour d’être horrifiée par la situation…

Sissi Oh non ! Aelita !

Elle est sur le point de jeter ses bâtons sur les tentacules… mais la gazelle la renvoie immédiatement sur Terre, suite à un laser en plein dans la poitrine de la jeune fille.
Dans le labo, comme à son habitude Jérémie commence à s’énerver devant ses écrans.

Jérémie, en tapant les bords du clavier du poing Mais, c’est pas vrai, ça ! Odd, réveille-toi ! Aelita est en danger !

Sur Lyoko, Odd reprend vite ses esprits et se retourne vers l’endroit où tout se passe. Il ne lui faut pas beaucoup avant de se rendre compte de la présence de la pieuvre géante et d’Aelita prise au piège.
Rapidement, Odd se relève, se précipite à quatre pattes vers les bords du territoire et, là, il envoie tous ses flèches lasers restantes dans les tentacules de la pieuvre. Cette dernière, dans la douleur, finit par lâcher prise et, se sentant enfin libérée, Aelita active sur-le-champ ses ailes. La pieuvre a beau vouloir la rattraper, Aelita zigzague entre ses tentacules et file à tire d’aile vers la Tour, pendant qu’Odd continue de tirer, cette fois, sur la tête de la pieuvre.
Finalement, le monstre est contraint d’abandonner la partie et de replonger dans la Mer Numérique.

Odd, soulagé après la disparition du monstre Eh bien, qu’est-ce que l’ANAX va nous envoyer, la prochaine fois ? Nous, qui pensions qu’on avait vu le pire avec la Méduse…

Encore quelques instants, et ça y est : Aelita est dans le Tour…
*
À l’Ermitage, Ulrich et William tente de venir en aide à Yumi, attaquée de partout par les chauve-souris, mais un autre groupe de ces bestioles s’aperçoit de l’arrivée des deux garçons et se met à les attaquer…
*
Dans la Tour, l’écran apparaît. Aelita y pose rapidement sa main. Son nom s’inscrit sur l’écran, suivi de « CODE »…
*
Alors qu’Ulrich et William sont battus par les nombreuses ailes et mordus de partout, les chauve-souris qui attaquent Yumi plongent toutes en piqué, en direction du visage de la Japonaise, ou plutôt… ses yeux…
*
« CODE LYOKO »
*
Alors que Yumi attendait les morsures qui allaient lui défigurer le visage, toutes les chauve-souris perdent soudainement connaissance et s’écrasent par terre… avant de diminuer étrangement de taille.
*
Jérémie, en appuyant sur ENTER Retour vers le passé !…

10)

Dans les couloirs de l’internat, Aelita frappe à la porte de la chambre de Jérémie et attend le signal pour entrer. En ouvrant la porte, elle croit mal voir…
C’était bien Jérémie, mais déguisé en… Einstein, avec une blouse blanche, une perruque et même une petite moustache. Le pire est que ce déguisement lui va encore super bien.
En le voyant habiller ainsi, Aelita glousse un peu.

Aelita Tu sais que ça te va encore bien, ce costume d’Einstein ?

Jérémie Merci, mais c’est toi qui reste la plus belle, princesse !

Aelita, d’une voix inquiète Tu crois qu’on va recroiser ces stupides adolescents ?

Jérémie J’ai entendu, tout à l’heure, cette histoire ; à part ça, t’en fais pas ! On prendra soin de prendre un autre chemin et, au pire… de toute façon, chacun ses goûts !

Aelita, en acquiesçant Ouais, comme tu dis ! Tu viens ?

Jérémie J’arrive.

Ensemble, les deux tourtereaux sortent de la chambre et rejoignent l’entrée, où tous les autres les attendent. En contemplant ce couple un peu hors-pair, surtout Jérémie, les cinq amis sont abasourdis par le déguisement du jeune Einstein.

Odd, hébété Eh ben, jamais je n’aurai cru que le fait que je t’appelle « Einstein » irait aussi… loin !

Jérémie, le sourire aux lèvres Au moins, t’auras maintenant une bonne raison de m’appeler comme ça !

Ils rigolent tous et, ensemble, quittent le bâtiment pour leur petit tour dans les quartiers.
Et, cette fois-ci, personne ne s’est moqué du déguisement de princesse d’Aelita ; au contraire, certaines filles l’ont même envié au plus grand plaisir de la charmante jeune fille aux cheveux roses…

#102 – Le monde mystérieux

1)

La scène se passe au réfectoire, où nos héros sont en train de prendre leur petit déjeuner, sauf Yumi. Tout a l’air bien calme, pour le moment… puis Jérémie lève la tête et dévisage tous ses amis, les uns après les autres…

Jérémie, d’une voix claironnante Bon, je pense qu’il serait bon de faire un point sur ce qui s’est passé, la semaine dernière… Qu’est-ce que vous en dites ?

Les autres le regardent, intrigués.

Odd, en haussant les épaules Ben, faire le point sur quoi ? Sur les bonbec’s qu’on a ramassé !?

Jérémie, agacé Ah, très drôle, Odd ! Je voulais en venir à notre cher ami de la dernière fois : le loup…

Aelita, sur un ton un peu furieux Grr ! Ce monstre !…

Jérémie, en lui tapotant les épaules pour la calmer T’énerve pas, Aelita. Je veux juste savoir ce qu’il t’a dit, peut-être que ça pourrait être intéressant, non ?

Aelita, en réfléchissant Ben… il ne m’a rien dit de spécial, mis à part qu’il était le chef de l’ANAX et que, s’il a la faculté de se changer en loup, c’est parce qu’il possède des dons extraordinaires…

Ulrich, intrigué Quoi d’autre ?

Aelita Je me rappelle qu’il m’a aussi dit qu’il m’a recontrée plusieurs fois durant mon enfance et, qu’à chaque fois qu’il était là, ses hommes en noirs n’étaient jamais loin…

Yumi Et après ?

Aelita Et après, euh… il connaissait très bien Lyoko, et il est ce fameux individu qui a cherché à tuer mon père lorsqu’il était en train de créer Lyoko.

William Et, c’est tout ? Je veux dire, il ne t’a pas dit où était ta mère ou…

Aelita, en hochant la tête Non, William ; à mon avis, il faudra découvrir ce détail nous-même…

Jérémie, allègre Et, ça tombe bien, car le Skid est prêt !

Ulrich, en regardant Jérémie sans comprendre Hein !? Comment ça, le Skid est prêt ?

Aelita, en se tournant aussi vers Jérémie, mais plus joyeuse Alors, ça y est ? T’as fini tes travaux sur ce fameux Réplika ?

Jérémie, en acquiesçant Effectivement. Bon, je n’ai pas tous les détails à cent pour cent comme dans une encyclopédie, mais ce que j’ai découvert n’est tout de même pas mal ; j’ai appris que ce Réplika de l’ANAX n’est pas du tout inspiré d’un territoire de Lyoko : il n’est fait que de… volcans.

Odd, abasourdi Hein !? Quoi, des volcans ? J’y crois pas, comment ça peut être possible ?

Jérémie J’en sais rien, mais c’est ce que m’indique le Super-Scan, en tout cas. Quoi qu’il en soit, il paraît que c’est un territoire extrêmement dangereux, plus dangereux que vous ne pouvez l’imaginer.

William Dangereux, à quel point ? Si c’est juste des simples monstres de l’ANAX que nous connaissons déjà, comme les foxxies, ce…

Jérémie À ce que j’ai vu, il y aura les monstres de l’ANAX que nous connaissons, mais il y aura plus que ça…

Yumi Qu’est-ce qu’il y aura de plus ?

Jérémie, déçu Ça, je ne pourrai pas te le dire.

Aelita Et, concernant les monstres de l’ANAX dans le Réseau, ça y est maintenant ? T’as découvert quelques informations sur ce qu’on va rencontrer ?

Jérémie, en hochant la tête, tout autant déçu Non, Aelita ; ça restera une surprise.

Pendant un moment, tous restent silencieux, à imaginer ce nouveau territoire qui n’était fait que de volcans, soi-disant, puis…

Sissi Hé, dis-moi, Jérémie. Qui va participer à cette mission, juste pour savoir ?

Jérémie, un peu gêné Eh bien, euh… comme c’est le premier Réplika de l’ANAX que nous avons découvert, j’ai pensé que, euh…

Sissi, en rabaissant sa tête vers son plateau, amère Ça va, te fatigues pas ! J’ai compris !

Jérémie, d’une façon brusque Mais, t’inquiète pas, Sissi. Si jamais il se passe quelque chose sur Lyoko – à savoir que l’ANAX voudrait contre-attaquer en nous prenant à revers – je vous appelerai immédiatement, toi et Jim. En plus, pour ne pas faire de jaloux, j’ai fait un planing d’expédition pour savoir qui va aller dans le Réseau ou non ; ainsi, toi et Jim, vous serez prioritaires pour le prochain Réplika. Ça te va comme ça ?

Sissi ne répond pas, toujours aussi consternée. Tout en faisant l’effort de ne pas sombrer dans la panique et pour éviter une bagarre dans le groupe, Jérémie réfléchit quelques instants et se met à déclarer soudainement…

Jérémie En plus, dès ce soir, je me mettrai au boulot pour reprogrammer les éléments facultatifs du Skid, ceux qui ont été détruits par Ront. Ainsi, toi et Jim, vous aurez de nouveau vos Navskids et, comme ça, vous pourrez aller découvrir les Réplikas de l’ANAX en même temps que les autres…
(Il se lève pour se pencher un peu vers Sissi, et lui relève la tête pour la regarder droit dans ses yeux presque moroses…)
On est d’accord, comme ça ?

Sissi, en marmonnant Ouais, bon… si tu le dis. Mais, tu me le promets, alors ?

Jérémie Oui, Sissi ; je te le promets !

Sissi, en retrouvant son sourire Bon, dans ce cas, ça va comme ça !

Ils rigolent tous les deux.
Puis, la cloche sonne. Tous se lèvent et vont rapporter leur plateau vide, avant de sortir dans l’air frais du petit matin de novembre.

Jérémie, à toute la bande Donc, n’oubliez pas ; aujourd’hui, cours puis, ce soir, grande soirée exploration !

Yumi, inquiète Dis, Jérémie, est-ce qu’elle va durer longtemps, cette soirée exploration ?

Jérémie Ah, de nouveau tes problèmes avec tes parents ? T’en fais pas, Yumi, on essaiera d’accomplir la mission le plus vite possible. Si tout va bien, on ne sera pas rentré trop tard.

Yumi Bon, dans ce cas, ça me va aussi.

Jérémie Allez, à tout à l’heure, alors !

Avec Aelita, il part d’un côté et Odd va de l’autre. Ulrich est sur le point de le rejoindre, mais un bras le retient. Il se retourne et découvre, hébété, que c’est Yumi qui retient son bras.

Ulrich, intrigué Il y a un problème, Yumi ?

Yumi, le sourire aux lèvres comme pour le rassurer Non, pas vraiment. Je peux juste te parler une minute ?

Ulrich Bah, vas-y, je t’écoute…

Yumi, en se retournant Toi aussi, je voudrais te parler en tête-à-tête.

William, qui était déjà en train de se diriger vers sa salle de cours, se retourne, intrigué, et rejoint Yumi comme cette dernière lui avait demandé…

2)

Un peu plus loin, Aelita et Jérémie sont en train de marcher l’un à côté de l’autre, en se tenant discrètement la main. Ils ont l’air calme, détendu, heureux ; du moins, pas pour longtemps…

Aelita Qu’est-ce que tu crois qu’on va découvrir sur ce nouveau territoire ?

Jérémie J’en sais rien, comme je l’ai déjà dit ; le Super-Scan n’a pas été assez puissant, la nuit dernière, pour me fournir assez de données sur ce territoire. Je sais juste que, comme il n’est formé que de volcans, on l’a nommé… Volcano.

Aelita Volcano !? Quel nom étrange…

Jérémie, en rigolant un peu Oh, pas si étrange que ça, mais pas tellement courant !

Aelita J’espère qu’on ne va pas rencontrer beaucoup de difficultés dans ce nouveau monde…

Jérémie Bah, il est clair qu’il faudra faire attention et se montrer extrêmement prudent – un conseil que je ne vais pas oublier de rappeler à Odd !

Aelita Et aussi, je… j’espère qu’on retrouvera ma mère, ce soir.
(Elle se tourne vers Jérémie, le regard un peu angoissée…)
Tu crois qu’elle est prisonnière là-bas, dans cette base ou ce labo où se trouve le Super-Calculateur qui génère ce territoire, Volcano ?

Jérémie, en haussant les épaules Ben… p’têt bien qu’oui, p’têt bien que non ! En tout cas, à chaque Réplika découvert, je dirai à ceux qui ont été translatés de trouver des informations sur ta mère et, si possible, d’explorer tous les lieux pour la retrouver.
(Il se rapproche de plus en plus d’Aelita, si bien que leurs visages se touchent presque. Son regard est maintenant assez profond…)
Je t’ai fait une promesse, Aelita, et crois-moi que je la tiendrai jusqu’au bout !

Aelita, en imprimant sur son visage un doux sourire Merci, Jérémie…

Ils sont à deux doigts de s’embrasser, mais…

Mme Meyer, les bras croisés et en s’éclaircissant la gorge Euh, dites-moi, Belpois et Stones, je ne vous dérange pas trop, j’espère ! Je signale que le romantisme se fait dans la cour de récréation ; ici, on fait des mathématiques, rien de plus ! Alors, cessez ça tout de suite, et filez vous asseoir !

Derrière elle, tous les élèves se marrent aux éclats. Aelita et Jérémie entrent dans la salle de cours, un peu honteux, sous le regard toujours assassin de leur prof de maths et sous les ricanements de leurs camarades, mais ils font l’effort de ne pas faire attention…

3)

De retour à l’endroit où se trouvent Ulrich et William, face-à-face, et Yumi entre eux-deux, les tenant par la main.

Yumi Je vous ai appelés, tous les deux, car, suite à ce que vous m’avez montré quand nous nous sommes faits attaquer, j’estime que vous êtes maintenant prêts à faire la paix pour de bon !

Les garçons la regardent, un peu abasoudis.

Ulrich, hébété Hein, quoi !? Que je…

William, stupéfait également …fasse la paix…

Ulrich … avec lui !?

Du coup, le regard de Yumi devient un peu plus furieux et commence à lancer pleins de reproches.

Yumi Oh, s’il vous plaît, les garçons ! Vous l’avez dit, vous-mêmes, quand vous étiez sur Lyoko : ce ne sont plus que des gamineries, tout ça, et vous êtes assez matures pour…

William Mais, enfin, Yumi… ce n’est pas que je ne suis pas d’accord mais…

Ulrich Dès qu’on veut s’entendre, ça ne marche pas !

Yumi Oui, mais pourquoi, d’après vous ?

De toute façon, les deux savent la réponse, mais n’osent pas l’avouer. Ça ne fait qu’augmenter un peu la déception et la fureur naissante de Yumi.

Yumi, sur un ton plus furieux Moi, je vais vous dire pourquoi vous n’êtes pas fichus de vous entendre ; c’est à cause de moi, n’est-ce pas ? Inutile de le démentir, de toute façon je n’aime pas le mensonge !

Ulrich Je suis d’accord avec toi, Yumi, mais… tu sais, il n’y a pas que ça.

Yumi, en se tournant vers Ulrich, de plus en plus nerveuse C’est quoi alors qui cloche ? Vas-y, explique-toi ! Profites-en, maintenant qu’on est tous les trois, réunis !

Ulrich, gêné, hésite. Il veut cracher son morceau mais, devant le regard de William qui se fait méfiant et assassin, il se retient comme il peut d’ouvrir la bouche.
Au bout de quelques instants d’hésitations…

Ulrich, marmonnant Ça va, laisse tomber !

Yumi Mais, enfin, Ulrich…

Ulrich Laisse tomber, j’te dis !…
(Puis, en tournant à moitié le regard vers William…)
Je préfère ne pas en parler !

William, sur un ton un peu menaçant Si ce sont que des bobards en guise d’excuses, alors oui : tu ferais mieux de te taire !

Derrière son dos, le poing d’Ulrich commence à se resserer… mais il se détend tout aussi rapidement.

Yumi, aux deux En tout cas, pour vous mettre d’accord, je vais vous dire quelque chose de clair, net, et qui vous concerne tous les deux : on reste copains, et puis c’est tout ! Pigé ?

Ulrich et William ne semblent pas l’écouter : ils sont trop occupés à se lancer des regards assassins et provocateurs, comme pour se mettre au défi. Évidemment, Yumi l’a remarqué car elle commence à rougir de colère et…

Yumi, en hurlant PIGÉ !?

Les deux garçons sursautent et la regardent, hébétés.

Ulrich, en marmonnant Ouais, ça va, j’ai pigé !

William, de même Moi-aussi !

Yumi, sur un ton autoritaire Serrez-vous la main, pour que je sois sûre du résultat !

Ils doutent un peu mais, face à la colère de Yumi, leurs mains s’approchent doucement… et se serrent quand même, assez fort comme s’ils voulaient se casser les os de leurs mains.
Yumi sent donc sa fureur s’évaporer.

Yumi, le sourire aux lèvres Eh ben, vous voyez quand vous voulez !… Allez, à ce soir !

Elle finit par se diriger vers sa salle de cours, l’esprit tranquille. Ulrich et William font aussi de même, mais que quelques instants plus tard…

4)

On est maintenant au crépuscule, mais plus au collège Kadic. On a le droit à un gros plan de l’usine où se trouve la « porte » menant à Lyoko.
Puis, on se retrouve dans le labo où il n’y a que Jérémie, installé devant le Super-Ordinateur ; les autres doivent être déjà dans la salle des scanners.

Jérémie, d’une voix claironnante Bien. Ce soir, il faudra faire très attention parce que le territoire que nous allons visiter est très, très dangereux. Pour le moment, vous allez rejoindre le Skid et je vous donnerai plus d’informations quand vous serez en vol – si je puis dire…

Dans la salle des scanners…

Odd, en levant la tête T’inquiète, Einstein ! Ça ne sera pas plus dangereux que les Réplikas de XANA !

Jérémie, voix off Ben si, justement, et c’est ça qui m’inquiète ! Alors, jusqu’au bout, restez prudents ! Surtout toi, Odd !

Odd, un peu vexé Oh, ça va ! Je suis prudent, moi !

Ulrich, en se tournant vers lui, l’air moqueur Ah ouais !? Ben, si on était tous aussi prudents que toi, il y a bien longtemps qu’on aurait tous été tués !

Odd Oh, lâche-moi !

Jérémie, voix off Bon, c’est parti !

Aelita et Yumi entrent en première dans les scanners.
En haut, Jérémie commence à jouer rapidement sur son clavier et, pendant que les images défilent devant ses yeux…

Jérémie Transfert, Yumi… transfert, Aelita… Scanner, Yumi… scanner, Aelita… Virtualisation !

Quelques instants plus tard, les filles se retrouvent sur Lyoko, dans l’Arena du Cinquième Territoire. Comme d’habitude, cette dernière semble tourner sur elle-même, à en juger la seule faille qui va et vient dans tous les sens, mais elles ne semblent avoir aucun vertige pour se redresser et contempler le plafond, histoire de voir où la brèche va s’ouvrir.
Odd, Ulrich et William viennent après, alors que la brèche commence à ralentir ; bientôt, elle sera fixée.
Et, en effet, quelques secondes plus tard, la brèche se présente au bout de la grande branche de l’œil de XANA dessiné sur le sol de l’Arena. Les lyoko-guerriers se mettent en route sur-le-champ.
Alors que Jérémie continue toujours de pianoter sur son ordinateur, les héros traversent les différents couloirs mystérieux de Carthage et se retrouvent bientôt à l’ascenseur, qui conduit au Garage Skid. Cet ascenseur, justement, se présente quelques instants après que les cinq amis se sont tous regroupés devant le bout de la passerelle.
Une fois sur l’ascenseur, ce dernier monte rapidement et, une ou deux minutes plus tard, on les retrouve sur les pontons du Garage, puis sur les plots d’embarcations.
Dans le labo…

Jérémie Bien. Pour l’instant, tout est tranquille, mais ça ne va pas durer. Pour l’instant, ces messieurs-dames sont priés d’embarquer !

Il appuie sur la touche ENTER et, sur Lyoko, les cinq amis sont téléportés dans le vaisseau ; Aelita au poste de commande et Odd, Ulrich, William et Yumi dans un Navskid, chacun.
Une fois bien installée, Aelita met toute cette machine en route ; les écrans de contrôle apparaîssent de tous les côtés, tout le poste de commande s’éclaire et, à l’extérieur, les petits propulseurs sur les ailes du Skid se redressent à la verticale et crachent leurs flammes. Puis, le Skid se libère de ses lampadaires, qui s’éteignent automatiquement, et prend doucement de l’altitude.
Il quitte le Garage par l’entrée Nord de la salle et, une fois à l’extérieur, Jérémie, au labo, se dépêche d’ouvrir un des tunnels qui relient Carthage au reste de Lyoko. Une fois fait, Aelita se dirige vers le tunnel ouvert et, une fois à l’extérieur de l’énorme boule grise morcellée de partout qu’est cet étrange territoire de Carthage, le Skid s’immobilise soudainement pendant quelques secondes, avant de plonger à la verticale droit vers la Mer Numérique. Il y disparaît rapidement.
Enfin, après un petit passage dans le tunnel d’entrée, plus vaste que celui de Carthage, une ouverture s’y forme au bout… et le Skid se retrouve enfin dans le Réseau, après tout ce temps. Aelita le met provisoirement en rotation autour de la gigantesque planète qui renferme Lyoko et appuie sur quelque touches à son tour ; ainsi, le corps du vaisseau contenant les Navskids se redresse jusqu’à une parfaite horizontalité et les petits propulseurs s’éteignent en même temps que la grosse hélice, derrière le poste de pilotage, se met en route à plein régime. Après quelques instans d’immobilité, le Skid file enfin dans les profondeurs mystérieuses du Réseau.
Dans le labo, l’image dans l’homolap change, passant de Carthage à une vue d’ensemble du Réseau.
Dans le Réseau, justement, tout semble aller pour le mieux ; le Skid vogue tranquillement entre les différentes banques de données ressemblant, comme dirait Odd, à des buildings à l’envers.
Dans leurs Navskids, les lyoko-guerriers contemplent, émerveillés, ce spectacle qui s’offre à nouveau à eux…

Odd Eh bien, comme au bon vieux temps, hein ?

Ulrich Ouais, c’est si bon de se re-baladader dans le Réseau…

Yumi Qui ne change pas tellement, malheureusement !

William Vous savez quoi ? Je me sens mieux dans ce Navskid que dans le vaisseau que m’avait donné XANA pour vous pourchasser…

Odd, à William, sur un ton taquin Dis, tu pourrais te faire capturer juste pour un jour par l’ANAX, histoire qu’on puisse de nouveau te mitrailler !? Parce que t’étais vachement plus intéressant à descendre que les rekins et les kongres !

Jérémie, voix off Dis donc, qu’est-ce que c’est, que ces manières ?

William, en rigolant Bah, laisse-le dire, Jérémie ! Et, t’inquiète, Odd ; peut-être que tu trouveras ton bonheur avec Ront et son Vasa…

Odd, déçu de façon ironique Ouais, peut-être, mais ça ne vaudrait pas les grands combats d’autrefois.

Jérémie, voix off Bon, vous arrêtez vos nostalgies deux secondes, que je puisse donner des coordonnées à Aelita !?

Aelita Vas-y, Jérémie, je t’écoute.

Jérémie Bien. Les coordonnées sont à 7.5° Ouest, 39° Nord de votre position. Aelita, tu prendras le prochain hub qui est droit devant toi ; il te conduira droit au Réplika.

Aelita Ranger !

En effet, devant le Skid, il y a bel et bien un hub, une sorte de casserole relié par plusieurs tuyaux connectés à l’infini. Le vaisseau se présente lentement au-dessus de cet hub, se remet à la verticale et, sous les annonces d’Aelita, il attend trois secondes avant de plonger dans le contenu liquide bleuâtre du hub.
Après une longue traversée dans la matière orange qui s’y trouve à l’intérieur, le Skid en ressort par un petit point donné, à nouveau à la verticale, et va droit devant lui.

Aelita C’est bon, nous devons plus être très loin du Réplika, à présent. N’est-ce pas, Jérémie ?

Jérémie Affirmatif, Aelita. D’ici quelques minutes, vous serez devant ce nouveau monde mystérieux.

Odd Ah, j’ai hâte d’y être, histoire de faire voir aux habitants de ce monde les talents de leur nouveau Sauveur ; Odd le Magnifique !

Tous les autres, agacé Odd, t’es lourd, là !

Mais, soudain, Aelita arrête brusquement toutes les machines du Skid. Les passagers des Navskids se retrouvent presque projetés contre le pare-brise de leur vaisseau.

Yumi Hé, Aelita, qu’est-ce qui va pas ?

Odd On est en panne d’essence, princesse !?

Aelita, d’une voix terrifiée Non, regardez autour de vous ! Mais, enfin, regardez !

Les lyoko-guerriers, intrigués, regardent bien tout autour d’eux, grâce à leur pare-brise panoramique, et en effet… il y a bien quelque chose qui ne va pas…
Le fond bleu du Réseau est devenu… noir.
Certes, le Skid n’était pas plongé dans la totale obscurité, mais assez pour le faire arrêter par prudence.

Odd Euh… dis, qu’il fasse nuit noire comme ça, c’est normal ?

Aelita, en hochant la tête Oh que non, Odd ! Et… je pressens le pire !

Ulrich, à Aelita Quoi !? l’ANAX ?

William Ça y est !? Ils sont passés à l’attaque ?

Aelita On verra bien…

Dans le labo, c’est au tour de Jérémie d’être terrifié. En effet, sur ses écrans de contrôle, il voit des points rouges se rapprocher rapidement du Skid.

Jérémie, épouvanté Hou là, attention ! Je perçois la présence de monstres qui foncent droit sur vous ! Faites gaffe !

À bord de leur Skid, les lyoko-guerriers ont beau tourner la tête dans tous les sens, ils ne voient rien à cause de l’obscurité non totale – heureusement ! – qui les empêche de voir quoi que ce soit.

Odd Où tu vois des monstres, Einstein ? On voit rien, nous…

Mais, soudain, un laser argenté vient frapper violemment le Skid, projetant tous ses passagers dans tous les sens.
Intriguée, Aelita allume tous les phares du Skid et les pointe droit devant, vers le lieu d’où est venu le tir. Et, en effet, à quelques mètres plus loin, trois étranges monstres ont fait leur apparition et se rapprochent dangereusement du Skid, l’air agressif. C’étaient des sortes de grands serpents, ayant au moins 1m 50 de longueur, des écailles argentées ressemblant plus à celles des poissons, des têtes parfaitement triangulaires, des yeux noirs ténèbres et, dans leur bouche, un petit trou argenté qui devait faire office de canons pour les lasers argentés.

Odd Ah ouais, d’accord ! C’est clair que ça change des kongres, ces machins-là !

Jérémie Il faut à tout prix les empêcher de mitrailler le Skid car leurs lasers argentés sont plus puissants que de simples torpilles… Oh non, déjà un tiers du bouclier a été détruit rien qu’en un seul tir !

Ulrich T’inquiète, Jérémie ; on va les occuper un petit moment, ces p’tites… comment tu les appelerais, Odd ?

Odd, le sourire aux lèvres ces p’tites z’anguilles !?

Ulrich Voilà, c’est ça !

Aelita Bon, dans ce cas, je vais vous libérer, tous les quatre ; mais, faites gaffe, vous avez toujours une autonomie limitée.

William Bah, en deux temps trois mouvements, ce sera réglé ! Allez, largue-nous, princesse !

Alors que les z’anguilles recommencent à mitrailler le Skid – mais cette fois, heureusement, à côté – Aelita appuie rapidement sur les quatre petits leviers commendant les Navskids et, en un rien de temps, les quatre petits vaisseaux sont largués et foncent rapidement vers les monstres.
Pendant qu’Aelita et Jérémie font tout ce qu’ils peuvent pour régénérer le bouclier avec l’énergie qu’ils peuvent trouver dans le Super-Calculateur, les quatre autres se livrent à un combat sans merci face aux z’anguilles. Ces dernières, face à la menace, se sont désintéressées du Skid et, maintenant, ce sont les Navskids qu’elles pourchassent à travers le Réseau. Zigzaguant entre les banques de données, un peu plus loin de leur position d’avant, afin de pouvoir leur échapper, nos héros font tout ce qu’ils peuvent pour les prendre à revers, mais les z’anguilles ne les lâchent pas d’une semelle et les mitraillent sans pitité.
Alors que ses amis esquivent les tirs avec prudence, Odd, de son côté, ne manque pas d’imprudence afin de ne pas se faire toucher. À chaque fois que la z’anguille lui tire dessus, son Navskid fait tout un spectacle d’acrobaties afin d’éviter des tirs, des pirouettes en passant par des vols à la rase-motte des banques de données. Pour lui, tous les coups sont permis.
Évidemment, dans le labo, alors qu’il est occupé à régénérer le bouclier du Skid, Jérémie ne loupe rien des acrobaties de son ami…

Jérémie, sur un ton un peu sévère Odd, tu m’avais promis de rester prudent !

Odd, voix off Je sais, Einstein, je sais ! Mais, ma nouvelle copine n’est pas décidée à me lâcher !

Dans le Réseau, à peine Odd a t-il eu le temps de finir sa vanne que…
VLAM !
Il braque au dernier moment afin d’éviter, une fois de plus, une banque de données. En se retournant, il éspère que la z’anguille allait se faire avoir… eh bien, pas du tout ; cette dernière, grâce à sa puissante queue, a aussi pu braquer à gauche au dernier moment. Odd grogne de déception.
Un peu plus loin, Ulrich et William, côte à côte, doivent aussi faire quelques acrobaties afin d’éviter les tirs… d’une seule z’anguille. Malheureusement, en contemplant son écran de contrôle, Ulrich s’aperçoit avec horreur qu’il n’a presque plus d’autonomie ; donc, ça devait aussi valoir pour les autres…

Ulrich Bon. C’est clair que si on continue comme ça, on va pas y arriver et ces saletés arriveront à nous descendre ! William, à mon signal, tu rétrogardes et t’essaies de passer en arrière ! Quant à moi, j’essayerai de continuer à l’appâter, mais traîne pas trop !

William OK ! Ranger, mon pote !

Les deux garçons attendent encore quelques instants et, au moment où la z’anguille lance son nouveau laser argenté dans le vide, le Navskid de William remonte brusquement en piqué, se retourne complètement à l’envers et freine temporairement, le temps que la z’anguille soit passée. Cette dernière tente de le descendre mais, en face d’elle, les acrobaties d’Ulrich l’attirent trop ; du coup, c’est à peine si elle a vraiment remarqué la manœuvre…
Grave erreur car, au dernier moment, William remet les moteurs en route, se remet dans le bon sens et, une fois dans le bon sens – c’est-à-dire en face de la z’anguille – il tire ses deux torpilles instantanément…
Elles arriveront à bon port.

Ulrich, satisfait Wouah ! Bien joué, William !

William, le sourire aux lèvres Et toi, alors… heureusement qu’elle a continué à te suivre !

Ulrich sourit et, ensemble, ils braquent dans une autre direction, sans doute pour aller aider Yumi…
De son côté, Odd semble enfin avoir une idée, malgré que son esprit est balancé dans tous les sens. Il pousse tous ses moteurs à fond… et fonce droit vers une banque de données. La z’anguille, bien sûr, ne se rend pas compte du piège et le suit.

Jérémie, voix off et terrorisée Eh, Odd, mais t’es malade !? Arrête, tu vas te tuer !

Odd Non, tu crois !?…

En peu de temps, il n’est plus qu’à quelques centimètres de l’énorme bloc… puis, il freine brutalement, redresse son Navskid et remet les turbos à fond ; il longe maintenant toute la banque de données. La z’anguille s’arrête aussi en pleine course et suit le parcours effectué par sa proie, en étant la plus fidèle possible…
Seulement voilà, à nouveau au dernier moment, Odd s’arrête à nouveau brusquement et laisse son Navskid tomber dans le vide, en tourbillonant dans tous les sens afin de ne pas être touché par les lasers argentés. Et, à quelques centimètres de la z’anguille, il arme ses canons, donne un bon coup de « volant » afin de faire face au monstre et là… alors que la z’anguille allait lui donner le coup fatal, il lâche ses deux torpilles… qui tuent le monstre sur-le-champ.
Il hurle de joie et retourne vers le Skid, en faisant quelques acrobaties pour exprimer sa joie.

Odd, sur un ton fier Hé ! hé ! Et, c’est qui, le meilleur !? Hein, c’est qui !? Eh bien, c’est Odd !

Jérémie, voix off et soulagée T’es peut-être le meilleur, Odd, mais t’es quand même un sacré malade ! Ne nous refais plus une peur pareille !

Odd Bah, t’inquiète, Einstein ! J’assure jusqu’au bout, moi !

De retour dans le Réseau mais, cette fois, avec Yumi qui n’a pas encore fait face à sa z’anguille. Elle veut essayer de tenter quelque chose, mais rien à faire : les lasers argentés l’empêchent de manœuvrer.
Pire, le monstre a une nouvelle fois tiré un laser… et, cette fois, il est bien placé. D’une seconde à l’autre, il va toucher, et peut-être même, détruire le Navskid, même si Yumi tente d’esquiver.

Jérémie, voix off et horrifiée ATTENTION, YUMI ! DERRIÈRE TOI !

La Japonaise se retourne et, contemple, horrifiée et impuissante, le laser argenté qui allait la virtualiser à jamais…
Mais, heureusement, deux torpilles venant de nulle part s’interposent et détruisent le laser. Yumi pousse un soupir de soulagement. En plus, elle aperçoit, allègre, les vaisseaux d’Ulrich et de William, côte à côte, qui sont juste derrière la z’anguille et qui lui tirent dessus immédiatement. Le monstre ne peut rien faire pour échapper à sa mort…

Yumi, ayant presque les larmes aux yeux Ouf ! Merci, les amis ! Merci beaucoup !

Ulrich, d’une voix assurée, mais un peu soulagée Bah, Yumi, tu sais que jamais on te laissera tomber !

Jérémie Ouais mais, en attendant, vos Navskids n’ont plus d’autonomie et, si vous ne voulez pas boire la tasse, je vous conseille de rejoindre immédiatement le Skid !

Ulrich Ranger, Jérémie !

Les trois Navskids font demi-tour et se dirigent vers le Skid. Heureusement, à son poste de pilotage, Aelita a pu abaisser les trois autres manettes, ce qui fait que les trois vaisseaux reviennent automatiquement vers leur vaisseau-mère ; et que Jérémie a, encore une fois, paniqué pour rien.
Une fois tous les Navskids de retour à leur poste d’origine, le fond de l’Océan Numérique redevient bleu : la bataille est terminée.

Yumi Hé bien, comme entrée en la matière, on ne fait pas mieux !

Ulrich C’est clair ! Rien que d’avoir assisté à ça, je n’ose même plus imaginer ce que va nous réserver l’ANAX sur ce Réplika !

Odd, sur son ton taquin Oh, regardez-les ! Vous avez eu les boules, hein !? Oh, allez, ces monstres, ils n’étaient pas aussi difficiles à vaincre que des kongres, non ?

William, à Odd Alors, ça veut dire qu’on a pas du tout le même point de vue !

Odd Oh, il s’agit pas d’un problème de point de vue ! C’est clair que, quand on n’est pas aussi meilleur que moi, eh bien…

Tous les autres La ferme, Odd !

Jérémie Bon, si vous avez fini de vous disputer, vous pourriez vous remettre en route, non ?

Aelita Ranger, Jérémie ! Allons explorer cette terre inconnue !

Aussitôt dit, aussitôt fait ; elle remet l’hélice en marche et le Skid se dirige rapidement vers une énorme sphère qui s’était dessinée à l’horizon…

5)

Quelques instants plus tard, le Skid est enfin devant l’entrée du Réplika. Aelita le remet à la verticale et, en tapant un code sur son clavier de bord, un rayon sort de la base du vaisseau pour aller se connecter à la bouche d’entrée de la sphère.
Au labo, Jérémie a maintenant affaire à un écran représentant une sorte de Rubis’cube sauf qu’à la place des couleurs, il y avait d’autres symboles…

Jérémie, marmonnant Évidemment, c’était trop beau pour être vrai !…
(Puis, en reprenant un ton normal…)
Bon, les amis, il va falloir patienter un peu. J’ai un code à déchiffrer pour vous permettre d’entrer.

Yumi OK, Jérémie, prends tout ton temps !

Sans perdre de temps, paradoxalement, Jérémie commence à jouer sur son clavier afin de trouver le code d’accès : un code qu’il trouvera, heureusement, assez rapidement.
Après avoir appuyé sur la touche ENTER, le rayon qui reliait le Skid à l’embouchure du petit passage d’entrée du Réplika se brise et ce passage d’entrée, justement, s’ouvre. Aelita se dépêche de s’y engrouffer et la petite ouverture en forme de bec se referme derrière le Skid.
Après quelques instants passé dans un néant blanc, le Skid surgit enfin de la Mer Numérique du Territoire et monte jusqu’au niveau du sol.
À ce moment-là, les lyoko-guerriers commencent à observer tout ce qui se trouve autour d’eux et, effectivement… ce Territoire n’avait rien à voir avec ceux de Lyoko.
C’était un Territoire assez vaste, composé de plusieurs gigantesques plaques noires ténèbres reliées par des ponts de lave durcie. Il portait vraiment bien son nom de « Volcano » car, ici et là, il y avait un nombre incalculable de montagnes de moyenne taille où s’échappait un flux d’air orange-pâle contenant quelques morceaux de roches basaltiques virtuelles. Sur les plaques, il y avait quelques petits ruisseaux de lave en fusion, cette fois, et rare était la végétation sur ce Territoire : elle ne se limitait qu’à quelques arbres morts et à d’énormes rochers, une nouvelle fois, de nature basaltique. Tout le décor était baigné par un ciel de couleur orange vif, rouge même à l’horizon, de même que la Mer Numérique de ce monde.
Dans leurs Navskids, les héros sont émerveillés par ce que’ils voient, tous sans exception.

Odd Wouah ! Mortel, ce Territoire !

Ulrich Ouais ! C’est clair que ça change des Territoires de Lyoko !

Yumi N’empêche, qu’est-ce que c’est beau !

William Oh oui ! Mortel, mais magnifique !

Aelita, d’une voix claironnante Mes amis, bienvenue sur Volcano !

Pas loin de leur position, Aelita aperçoit une Tour, la même que celles de Lyoko, sur une plate-forme montante. Vite, elle se dirige vers elle et établit la connection : des serpentins lumineux de couleur violet apparaissent et font des allers-retours entre le vaisseau et la Tour. Cette dernière passe d’une lueur bleue à une lueur verte.
Dans le labo, Jérémie continue toujours de pianoter sur son ordinateur.

Jérémie C’est bon, j’ai activé la Tour à notre compte ! On va pouvoir passer à la Translation, en espérant qu’elle fonctionne encore, vu tout le temps qu’on a eu à ne pas l’utiliser, et puis…

Aelita T’en fais pas, Jérémie. Même avec ce nouveau Skid, ça marchera.

Odd Et, qui tu vas translater, aujourd’hui ?

Jérémie Eh bien… je vais translater toi et Aelita, histoire de découvrir les lieux qui abritent le Super-Calculateur générant Volcano. Ulrich, Yumi et William, à vous-trois, vous serez assez fort pour repousser une éventuelle attaque de Ront et, si jamais Odd et Aelita se font vaincre, je vous y enverrai à leur place.

Ulrich, en haussant les épaules OK, c’est toi qui vois, Einstein !

Jérémie, après avoir soufflé un bon coup Bon, c’est parti ; que le voyage commence !
(Il fait encore quelque finitions sur ses programmes et, avec la touche ENTER…)
Translation, Aelita… translation, Odd…

Les deux adolescents disparaissent aussitôt du Skid.

Jérémie Odd, Aelita, où est-ce que vous êtes ?… Odd, Aelita ? Hé, répondez-moi !…

Ulrich Qu’est-ce qui se passe, Jérémie ? Il y a un problème ?

Jérémie, inquiet Ben… ils auraient dû déjà me répondre. Je vais réessayer : Odd, Aelita ?…
(Il commence à angoisser sérieusement…)
Odd, Aelita !?

« Peu importe les distances qui nous sépare... tu occupes toutes mes pensées... Et du coup c'est comme si tu étais toujours auprès de moi. »
Oswald Whistler ~ Professeur Layton et la Diva Éternelle.

6)

Quelques instants plus tard, toujours pas de réponse de la part de ses deux amis. Jérémie commence sérieusement à angoisser.

Jérémie, en se mordillant les doigts Oh, mais c’est pas vrai ! Odd, Aelita, mais enfin, répondez-moi !

Odd, en s’exclamant fortement Wouah, trop cool, Einstein ! C’est trop bien d’être à nouveau translaté !

Jérémie, en poussant un soupir de soulagement Odd, espèce de crétin ! Tu m’as fichu une de ses frousses !
(Il se remet, pendant quelques seondes, de ses émotions, puis…)
Alors, vous êtes où, pour cette première mission ?

Odd, voix off Ben, euh... comment te décrire ça ?

Aelita, voix off également Il fait nuit, Jérémie ; on ne voit presque rien.

Jérémie, hébété Ah bon ? Ah ben alors, s’il fait nuit chez vous, c’est que vous n’êtes pas loin de chez nous, enfin de l’usine en tout cas. Je vais essayer de vous repérer…

Pendant qu’il essaye de déterminer la position de ses deux amis « translatés », on retrouve justement ces deux derniers, plongés quelque part dans un paysage désert et presque désolé où il fait nuit noire, en effet. Évidemment, qu’il s’agisse d’Odd ou d’Aelita, les deux lyoko-guerriers ont gardé le même look que lors de leurs missions de translations sur les Réplikas de XANA, autrement dit leurs tenues virtuelles en 2D.
Aelita perçoit un petit bruit et se retourne, intriguée. Derrière elle, elle découvre, malgré l’obscurité… la mer, un peu agitée et qui vient se fracasser plus ou moins violemment contre d’immenses rochers qui sont à quelques pas d’elle.
Odd, quant à lui, regarde devant ; le paysage qu’il voit, malgré qu’il fasse nuit noire, est presque synonyme d’apocalypse et a détranges ressemblances avec le monde virtuel Volcano : des arbres morts ici et là, des rochers de toutes tailles qui apportent quelques éléments de décors à ce désert noir et un sol extrêmement dur et ténébreux. En se baissant pour sentir et toucher les roches justement, l’homme-chat perçoit d’étranges sensations…

Odd Jérémie, je ne suis peut-être pas tellement doué en sciences, mais le sol sur lequel nous marchons m’a tout l’air d’être du basalte…

Aelita Et, en plus, je crois que nous sommes sur une île, Jérémie, car je vois que de la côte derrière moi.

Dans le labo…

Jérémie, en réfléchissant Île, sol basaltique… ah, c’est au moins plus précis comme renseignements. Je…
(Mais, tout à coup, il est interrompu dans ses pensées par ses recherches qui ont enfin abouti à des résultats. Sur l’écran, il est dessiné un petit globe qui vient de s’arrêter dans la région de l’Europe et un petit point blanc, qui doit sans doute matérialiser la position des spectres polymorphes d’Odd et d’Aelita, est arrêté sur une petite île au large de l’Italie…)
Ça y est, les amis, je vous situe : vous êtes au pied de Vulcano, le volcan qui est situé sur une des Îles Lipari, au large de la Sicile. L’ANAX y a implanté une de ses bases secrètes sur le flanc du volcan, à quelques pas de votre position, mais faites gaffe : elle est très bien gardée et, à ce que je vois… oh non, le volcan va bientôt entrer en éruption.

Odd, voix off Eh ben, tant mieux alors ! Comme ça, il détruira le Super-Calculateur générant Volcano et…

Jérémie, sur un ton plus vif et apeuré Mais, tu comprends pas, Odd ! C’est l’ANAX qui va le faire entrer en éruption et, si j’en crois les données sur ce site que je viens de pirater, ça ne sera pas juste pour donner un super feu d’artifice aux touristes ! Il est dit que les coulées de lave s’écouleront vers le flanc opposé du volcan et que l’explosion sera telle… qu’elle pourrait annihiler une bonne partie des autres Îles de l’archipel, et même la Sicile… et pourtant, cette île, c’est pas la porte à côté !…

Odd, voix off Eh bien, d’entrée de jeu, ils y vont pas de main morte ! Mais, t’inquiète ; on les mettra KO vite fait, bien fait, ces hommes en noirs !

Aelita, voix off T’as les plans des lieux, pour nous guider jusqu’au Super-Calculateur, avant l’éruption ?

Jérémie Oui, bien sûr. Vous trouverez la base à quelques mètres devant vous ; ensuite, je vous guiderai pour la suite…

En prenant bien soin de faire attention où poser les pieds sur cette terre assez hérissée et accidentée, bien qu’ils soient des spectres, Odd et Aelita commencent à gravir plus ou moins difficilement la paroi du volcan.
Après quelques instants de marche, ils se cachent derrière un énorme rocher et observent de près la base, droit devant eux. Ce n’était qu’un bâtiment simple, qui aurait pu passer pour un simple observatoire, qui était presque caché à l’intérieur du volcan. Il était éclairé par quelques lampadaires suspendus, émettant une lueur faible, presque fantomatique, mais il ne semblait y avoir aucun garde pour surveiller les alentours.

Aelita, intriguée par ce détail Hum… bizarre qu’il n’y ait aucun garde !

Odd, sur un ton très sérieux Allons-y, mais restons méfiants ; ils ont pu cacher des pièges tout autour du bloc.

C’est ainsi qu’avec toute la prudence du monde, les deux adolescents quittent leur cachette et s’avancent lentement vers la base, qui n’était même pas protégée par un périmètre de clotûre ou de barbelés, en faisant bien attention où poser les pieds…
Fort heureusement, il n’y a aucun piège pour les ralentir ou les stopper, et ils arrivent rapidement devant la petite porte blindée du bâtiment. Mais, bien sûr, cette dernière est protégée par une serrure magnétique et, à en juger le petit ordinateur ressemblant à un distributeur automatique dans les banques, on devait y insérer un code et y montrer ses empreintes digitales afin de pouvoir y entrer.

Odd, en soupirant de déception Ouais, évidemment ; ça m’aurait étonné qu’ils nous laissent entrer dans leur joli petit bivouac comme dans un moulin !

Aelita, en levant la tête en l’air Jérémie, pourrais-tu essayer de trouver le code d’entrée dans tes données piratées ?

Dans le labo…

Jérémie, gêné Ah, j’avais oublié ce petit détail ! Mais, vous en faites pas, je vais vous arranger ça !

Les deux lyoko-guerriers sont donc contraints d’attendre devant cette porte, le temps que leur Einstein puisse l’ouvrir. Pour passer le temps, ils regardent tout autour d’eux, mais ne voient rien d’autre que la nuit noire, et un paysage rocheux et désert.

Odd, à Aelita Ouh, c’est lugubre, cet endroit, tu trouves pas !?

Aelita, en acquiesçant Ouais, c’est clair, mais ce sont les parfaites conditions pour se cacher afin de mener à bien ses plans diaboliques !

Odd, en levant la tête Tu crois qu’on pourrait essayer d’entrer par l’une de ces fenêtres ? Ça ferait toujours ça en moins, pour Einstein !

Aelita lève également la tête et aperçoit, en effet, toute une lignée de fenêtres rectangulaires, mais aux largeurs assez petites. Elle en est déçue…

Aelita Pff ! Laisse tomber, Odd ! Non seulement elles sont trop hautes et petites en largeurs mais, en plus, elles doivent être blindées, alors…

Odd, comme s’il ne l’avait pas entendue N’empêche, cet endroit ne doit pas être aussi désert que ça ; l’Italie est bien connue pour attirer pleins de touristes, n’est-ce pas ? En plus, je me demande : qu’est-ce qui se passe si jamais des touristes s’aventurent ici et que, par mégarde, ils ont inséré le mauvais code ou bien ils ont posé leur doigt sur l’écran de reconnaissance d’empreintes digitales, juste pour demander de l’aide ou un abri ? Hein, dis !?

Mais, il n’a pas besoin qu’on lui donne la réponse car, soudain… l’alarme se déclenche, faisant sursauter les deux lyoko-guerriers. Ils sont à la fois intrigués et terrorisés par ce qui se passe…

Odd Hé, hé, Jérémie ! Qu’est-ce que tu nous as fait, là !?

Jérémie Oh, je suis un idiot ! J’ai pas fait attention et, dans la précipitation, j’ai inséré un faux numéro dans le code !

Odd, sur un ton ironique Ah ben, bravo ! Alors, tu nous demandes de faire bien attention, ce que l’on fait sans problème, et toi, tu n’es pas fichu de…

Mais, il n’a pas le temps de finir sa réplique car une langue de feu vient soudainement le frapper dans sa jambe, la réduisant en une vague de champs magnétiques durant quelques instants. Odd se retourne, de même qu’Aelita, et ce qu’ils voient les terrifie…
Partout devant eux, des trous pareils à des tombes viennent de se former et, de ces tombes… en surgissent des monstres : c’étaient des rampants, comme ceux de XANA, sauf que ceux-ci étaient plus imposants, avaient une couleur noire ténèbre et, à la place de leurs tatouages habituellement peints en brun foncé, ils étaient maintenant de couleur lave et brillaient dans l’obscurité, comme s’il y avait vraiment de la lave qui circulait sur leur corps.
Les rampants ne perdent pas de temps et, déjà, l’un d’entre eux tire non pas un laser sur Aelita, mais bel et bien… une langue de feu. Cette dernière l’esquive, heureusement, et se réfugie derrière Odd, qui vient d’activer son boulier rouge avec ses gants. Les monstres se rapprochent de plus en plus et, cette fois, c’est toute une pluie de langues de feu qui viennent s’abattre sur la lumière rouge du bouclier.

Odd, en gardant son ton Ah ben, c’est bon, j’ai ma réponse maintenant !
(Puis, en levant la tête en l’air…)
Dis, Jérémie, je ne vais pas tenir longtemps comme ça ! T’as réparé tes bêtises ?

Jérémie, un peu énervé J’essaye, Odd, j’essaye…
(Mais, brusquement, sur ses écrans un gros point d’exclamation rouge apparaît sur ses programmes et Jérémie ne peut rien faire pour enlever, ni pour retourner sur ses données piratées…)
Oh non, c’est pas vrai ! Mes programmes sont maintenant coincés par un bug ! Bon sang, on peut dire qu’on s’est bien fait avoir, là !

Odd C’est bon, Jérémie, c’est fou ce que tu es rassurant !

Aelita, en lui murmurant Attends juste ! Tu peux tenir quelques secondes, encore ? Je vais essayer de nous ouvrir…

Odd, en serrant ses dents Fais ce que tu veux, mais dépêche-toi ; je vais pas tenir longtemps !

Aelita, donc, ne perd pas une seconde pour se détacher d’Odd et se présenter devant le petit ordinateur, tout en prenant soin de bien rester derrière son co-équipier, et donc du bouclier. Là, elle tend ses mains sur la machine, ferme les yeux, et ouvre la bouche ; signe qu’elle est en train d’utiliser son don de création…
Mais, derrière, c’est bientôt la panique ; les rampants noirs, une dizaine maintenant, contiuent toujours de se rapprocher des deux adolescents, presque protégés par la pluie de langues de feu qu’ils jettent, et le bouclier d’Odd commence à s’affaiblir, si l’on en croit sur sa lueur qui est de plus en plus faible…

Odd, sur un ton de panique et de terreur Aelita, vite ! Je ne vais plus tenir, là !

Mais, heureusement, au dernier moment les voyants de l’ordinateur deviennent tous verts et la porte souvre dans un grand bruit. Aelita se précipite à l’intérieur du bâtiment et se retourne vers Odd, le visage également frappé par la panique…

Aelita, en lui hurlant ODD, VIENS VITE !!!

Ce dernier désactive son bouclier et se rue vers son amie, en esquivant les langues de feu. Heureusement, la porte blindée se referme juste au moment où il passe au-dessus du seuil. Il n’y a plus aucun danger maintenant…
Les lyoko-guerriers s’adossent contre les murs blindés du bâtiment et soupirent de soulagement. Ils sont maintenant dans un long couloir partant vers l’Est et l’Ouest de leur position et faiblement éclairé.

Odd, d’une voix essoufflée Eh bien ! Je sais pas si c’est l’effet qu’on a lorsqu’on visite un volcan mais, là, on peut dire qu’on a eu chaud !

Aelita rigole aux éclats, en même temps que son partenaire, et, du coup, toute trace de panique s’efface de son visage…

Jérémie, voix off Ouf ! Bien joué, les amis ! J’ai pu de nouveau avoir mes données piratées et je suis maintenant au plan. Vous allez prendre le couloir à votre gauche et vous continuerez jusqu’à ce que je vous dise de tourner.

Aelita Ranger, Jérémie !

Les deux lyoko-guerriers se mettent donc en marche, en se méfiant quand même de ce qu’il y a autour d’eux…

7)

Sur Volcano, Ulrich, William et Yumi ont quitté leurs Navskids et ont maintenant foulé le sol basaltique et virtuel de ce monde mystérieux. Néanmoins, par mesure de prudence, ils restent tous les trois devant la Tour, pour défendre le Skid si nécessaire…

Yumi, en levant la tête en l’air Alors, Jérémie, ça y est ? Ils sont maintenant dans la base ?

Jérémie, voix off Oui. C’était chaud, mais ils ont réussi ! Maintenant, tu m’excuses, mais il faut que je les guide ; il va falloir que je vous laisse, un moment. De toute façon, sur mes radars, je ne perçois aucun monstre pour l’instant…

Ulrich, en soupirant Oh, dommage ! Mais, bon, on va prendre notre mal en patience, alors !

Et, c’est ce qu’ils font…



Nous sommes maintenant, et étrangement, à la base secrète de l’ANAX en Lostanie, plus précisément dans la salle du Super-Calculateur générant Carthage. Tout semble calme pendant une ou deux secondes, puis ce calme est rompu par la porte blindée de la salle s’ouvrant et le Dr Franken faisant son apparition. Sans hésiter, pour une fois, il se présente sur-le-champ derrière le grand fauteuil de son Maître, mais il garde quand même son inquiétude…

Dr Franken, d’une voix un peu tremblante Vous m’avez réclamé, monsieur ?

L’homme dans le fauteuil, en montrant un des PC de la salle Veuillez regardez à ce poste, Franken ! Il y a des choses récentes, mais surtout très intéressantes à voir !…

Franken s’exécute, sans se poser de questions, et le scientifique qui était en train de travailler sur son poste met en raccourci tous ses programmes et rentre sur un autre programme… vidéo, cette fois. Alors que l’homme dans le fauteuil commence à s’impatienter, l’ingénieur met la vidéo en route et Franken, intrigué, regarde le film.
Il s’agit d’une séquence enregistrée, sans doute, par une caméra de surveillance à l’entrée de l’une des bases secrètes de l’ANAX, et mettant en scène… Odd et Aelita, alors qu’ils étaient en train de se défendre face aux rampants et, en même temps, de tenter d’ouvrir la porte ; une tentative qui réussira à la fin de la séquence.
Après avoir regardé tout le film comme on lui a ordonné de le faire, Franken retourne à sa place derrière le fauteuil et essaye de se mettre au garde-à-vous, bien qu’il est mal à l’aise ; apparemment, il craint quant à la réaction de son Boss.

L’homme dans le fauteuil, sur un ton presque ironique Alors, qu’est-ce que vous en dites, mon cher ami ?

Dr Franken, hésitant Eh bien, euh… c’est…

L’homme dans le fauteuil, en tapant les accoudoirs du poing C’EST SCANDALEUX, VOILÀ CE QUE C’EST ! MAIS, QUI M’A FICHU DES INCAPABLES PAREILS DANS MON PARTI, ON SE LE DEMANDE !?

Il y a quelques instans de silence, un peu bafoués par les claquements de dents de Franken, puis…

L’homme dans le fauteuil En tout cas, faites ce que vous voulez, Franken – recourez même à un massacre de masse, s’il le faut – mais ces gamins ne doivent en aucun cas découvrir notre Super-Calculateur, et ruiner tous nos plans ! Est-ce que j’ai été clair !?

Dr Franken, d’une petite voix Mais, monsieur…

L’homme dans le fauteuil, en recommençant son cirque EST-CE QUE J’AI ÉTÉ CLAIR, FRANKEN !?

Dr Franken, d’une voix caverneuse Oui, monsieur…

L’homme dans le fauteuil, en retrouvant son calme Bien. Allez donc voir notre petit invité, Franken, il va maintenant nous servir à quelque chose !

Dr Franken Bien, monsieur…

Il prend le temps de le saluer une dernière fois, en s’inclinant bien bas, puis il ressort d’un pas tremblant de la salle…
*
On le revoit quelques instants plus tard, entrer dans un cachot assez sombre ; sauf que ce n’est pas celui d’Anthéa, cette fois-ci. En effet, au fond, il y a un autre Super-Calculateur qui est faiblement éclairé par des lumières fantomatiques, et sur cette machine…
Est assis un spectre, un immense spectre installé comme un penseur et ayant une tête sans visage. Il a l’air misérable et faible, et c’est à peine s’il a entendu Franken venir.
Ce dernier est carrément obligé de s’éclaircir la gorge afin que le spectre se tourne vers lui et le fixe de ses yeux invisibles. Franken avance prudemment, craignant les états d’esprits du fantôme qui étaient, soi-disant, aussi vifs et violents que le Boss de l’ANAX, mais il avance sans afficher sa peur ; en se montrant quand même supérieur…

Dr Franken, en se forçant d’afficher un sourire Alors, mon cher, votre séjour parmi nous se déroule bien ?

Malgré qu’il n’a pas de bouche pour s’exprimer, on peut quand même entendre le spectre s’exprimer d’une voix également froide…

Le spectre, sur un ton caverneux Je regrette presque mon Super-Calculateur où j’étais esclave, si ça peut vous suffire comme réponse !

Dr Franken Oh, j’imagine que vous êtes mieux traités ici, parmi nous !

Le spectre Comme quoi, jamais je n’aurais dû m’aventurer auprès de vous !

Dr Franken Ne vous montrez pas si mauvais, je vous en prie ! Au moins, vous nous servez à quelque chose ici et…

Le spectre, en se penchant violemment vers Franken et en lui hurlant Normalement, c’est vous qui aurez dû me servir à quelque chose !…
(Puis, il retrouve sa position initiale et, sur un ton plus calme…)
Comme quoi, même l’intelligence la plus supérieure au monde peut se laisser berner par des choses si… idiotes ; un peu comme vous, les hommes !

Il lui a tellement hurlé dessus que Franken a été soufflé de sa position ; néanmoins, il a pu rester debout et il regagne vite fait sa place d’avant.

Dr Franken Voyons, mon cher, nous sommes faits pour vivre en harmonie, comme il en a toujours été ainsi entre les Créateurs et leurs Créations…

Le spectre, sur un ton à la fois ironique et furieux Oui mais, moi, je déteste partager, si vous voyez ce que je veux dire ! Et, ça, mon Maître ne l’a jamais compris, si candide qu’il fût !…

Dr Franken, en continuant comme si de rien n’était … et, voyez-vous, aujoud’hui nous avons besoin de votre aide.

Le spectre se retourne, apparemment surpris.

Le spectre Vous vous fichez de moi, j’espère !

Dr Franken, en hochant la tête Mais, pas du tout, mon ami ! Voyez-vous, depuis quelques temps, nous avons quelques problèmes avec… des gamins venant d’un autre monde virtuel ; je suis sûr que vous les connaissez !

Tout à coup, l’échine du spectre semble se redresser et ce dernier a le visage qui se fige, comme s’il était frappé par quelque chose comme la stupéfaction ou que sais-je… De toute façon, Franken l’a remarqué car son sourire méchant s’agrandit…

Dr Franken Et, bien entendu, vous vous en doutez que, comme la situation devient critique, nous vous demandons votre aide pour les vaincre, vu que vous semblez bien les connaître…

Le spectre, à lui-même, en grognant Oh oui, je les connais bien ! Je les connais même trop bien !

Dr Franken, allègre Formidable ! Alors ?…

Le spectre, en se tournant vers lui, apparemment pessimiste À quoi bon vouloir mon aide ? De toute façon, ils me connaissent trop bien pour que je puisse espérer les vaincre, alors…

Dr Franken, presque révolté Quoi !? Mais…

Le spectre QUE LES CHOSES SOIENT BIEN CLAIRES, MISÉRABLE ÊTRE ! JE N’AI AUCUNE ENVIE DE PERDRE ENCORE MON ÉNERGIE À ME BATTRE, ET DONC À PERDRE CONTRE EUX ! COMPRIS !?

Dr Franken, vexé et révolté Vous osez refuser d’obéir à un ordre du grand chef !?

Le spectre, qui se retient pour ricaner Qu’est-ce que je risque, de toute façon !? À ce que j’ai entendu, votre chef me ressemble énormément, n’est-ce pas ?

Dr Franken réfléchit un petit moment, toujours aussi vexé par la réponse du fantôme, avant de retrouver son mauvais sourire…

Dr Franken Vous savez que je peux tout faire pour que vous soyez débrancher de ce Super-Calculateur ? Et, à moins que je me trompe, vous savez quelles seraient les conséquences d’un tel acte…

Cette fois-ci, le spectre semble être animé par la peur, en même temps que sa fureur.

Le spectre Vous n’oserez jamais faire une chose pareille !?

Dr Franken Oh, mais bien sûr que si ! Nous avons beau être des êtres inférieurs, comme vous vous tuez à nous le dire, mais n’oubliez pas une chose : vous êtes notre prisonnier et, surtout, vous n’êtes plus rien ! Vous condamner en désactivant votre connexion avec ce Super-Calculateur, qui vous donne l’énergie nécessaire pour que vous soyez toujours parmi nous… oh si, je peux le faire !

Maintenant, c’est au tour du spectre de réfléchir, et de réfléchir bien sérieusement. Il n’a pas du tout envie de prêter assistance à ces misérables : depuis le début, ils le maltraitaient et, en plus, face à ces fameux « gamins » il savait qu’il allait perdre et que ça pourrait l’affaiblir, voire le tuer.
Au final, face à l’air cynique et lâche du Dr Franken, le spectre baisse la tête en signe de sous-mission, à la plus grande joie du Docteur…

Le spectre Bon. Vu que j’ai pas tellement le choix, je vous fournirai le monstre le plus puissant que j’avais, quand j’étais encore au pouvoir. Mais, j’ai besoin de beaucoup d’énergie pour…

Dr Franken, en l’interrompant d’un geste Rien que d’avoir entendu votre accord, ça me suffit largement. Ensuite, si c’est un problème d’énergie, ne vous en faites pas ; on peut s’en occuper. De toute façon, vous vous occuperez que des mômes se trouvant sur Volcano ; on peut très bien se charger de ceux qui sont dans le laboratoire.

Le spectre D’accord.

Dr Franken, son sourire s’élargissant Vous voyez que l’on peut toujours négocier, surtout entre deux êtres complètement différents. Allez, au travail, et n’ayez pas de pitié envers eux ; car eux, ils n’auront pas de pitié envers vous – comme ils n’en n’ont jamais eu d’ailleurs avec vous, si je vous ai bien compris !…

Le spectre se remet dans sa position initiale et, sous lui, son Super-Calculateur se met soudainement à briller fortement. On dirait que cette lumière revitalise autant la machine que l’être qui est installé sur elle.
Quant à Franken, toujours avec son minable sourire aux lèvres, il finit par quitter la geôle, très satisfait de lui-même…

9)

De retour dans la base sur les flancs de Vulcano, où Odd et Aelita sont toujours en train de traîner dans les couloirs. Après quelques minutes de marche, ils arrivent à un croisement en T et s’arrêtent quelques instants.

Odd C’est par où, maintenant ?

Jérémie, voix off Prenez à votre droite !

Odd OK, on est parti !

Mais, soudain, lui et Aelita entendent des grognements et des hurlements fauves. Ils se retournent vivement et s’aperçoivent, terrifiés, que derrière eux… il y a tout un régiment de foxxies qui sont venus brusquement leur tenir compagnie. De même qu’à leur gauche.
Déjà, Odd se met en garde face aux bestioles, alors qu’Aelita se fait toute petite derrière lui.

Odd Qu’est-ce qu’on fait ? On se bat, ou on se barre !?

Aelita, d’une petite voix terrorisée Je crois qu’on va plutôt se bar…

Odd, en se tournant vers elle, hébété Hein !? Tu veux te battre ?

Aelita Non, me barrer !!!

Elle prend son ami par la main, et les deux adolescents filent à tout allure dans le couloir de droite, suivis de près par les foxxies qui les mitraillent sans pitié.
La course ne dure que quelques secondes, puis les lyoko-gueriers aperçoivent, enfin, le bout du couloir…
Mais, à peine ont-ils le temps de pousser un soupir de soulagement qu’une autre troupe de foxxies surgit de nulle part et bloque la sortie du couloir.
Aelita et Odd s’arrêtent brusquement et, pétrifiés par la terreur, ils contemplent, impuissants, les foxxies les cerner des deux côtés du couloir…

10)

Sur Volcano, le calme de ce monde mystérieux est soudain dérangé par un tremblement de terre qui surprend les trois amis.

Yumi, hébétée Wouah ! Qu’est-ce que c’était, ça ?

William, en dégainant son épée J’en sais rien, mais vaut mieux rester sur nos gardes ! Je sais pas si ce sont les volcans de ce Territoire, mais je sens que ça va bientôt chauffer !

À côté de lui, Ulrich dégaine aussi ses deux sabres, tout aussi méfiant.
Rapidement, il y a de nouveaux tremblements de terre et, après quelques instants d’angoisse… une forme se dessine enfin à l’horizon, une chose qui se rapproche dangereusement de leur position.
Les lyoko-guerriers sont complètement abasourdis par ce monstre. Certes, il avait des contours bien étranges, mais pourtant… bien familières.
Au bout d’un moment, alors que le gigantesque monstre a de nouveau fait trembler la terre avec ses immenses pieds, Ulrich comprend tout, de même que ses camarades…

Ulrich, ébahi et terrifié Non, ce n’est pas possible ! Ça ne peut pas être vrai ! Je l’ai… je l’ai pourtant…

Pourtant, même s’il l’avait bel et bien tué jadis, le monstre était bel et bien de retour, apparemment plus puissant que jamais…
Ce Kolosse…

6)

Aelita, justement, est maintenant en train de fouiller dans les casiers qui se trouvent à sa portée. En quelques minutes et avec beaucoup de pochettes numérotées par ordre alphabétique, elle apprend un bon nombre de choses ; l’histoire de l’ANAX (une très vieille histoire…), les différentes expériences qui ont déjà été menées par l’agence, son parcours politique… et même la liste des différents boss…
Mais, malheureusement, cette archive est incomplète car le dernier chef fiché est arrivé en haut de l’ANAX en 1970 jusqu’à sa mort en 1993. C’était un certain Albert… Franken.
Pourtant, Aelita trouve enfin son bonheur dans une pochette noire notée M et contenant les archives des différents membres de l’ANAX…
Dehors, le Foxxie commence à se rapprocher dangereusement du bureau, mais Aelita est trop concentrée sur sa trouvaille pour y faire attention…
Les premières fiches d’identité sont celles de personnes inconnues et, au bout de quelques instants de recherche, elle tombe enfin sur les fiches d’identité de ses parents.
Elle remet la pochette à sa place, s’installe tranquillement au bureau et jette un coup d’œil plus attentif à ce qu’elle vient de trouver…
Tout d’abord la fiche d’identité de son père :

« NOM : Schaeffer
PRÉNOM(S) : Waldo, Franz
NÉ(E) LE : 4/10/1953
PROFESSION : Étudiant en informatique à l’Institut Microsoft de Paris (France)
MEMBRE DE l’ANAX DEPUIS LE : 15/03/1978
BUT : Projet Carthage
OBSERVATION(S) : Responsable des programmes de la Tour principale générant Carthage, marié à Anthéa Pinklhear Hopper le 05/05/1980, s’est échappé de la Base-Noyau le 13/07/1980 pour la Suisse, puis installation dans la Banlieue parisienne après la disparition de sa femme le 24/12/1988, avec sa fille Aelita, née le 9/10/1982. Reconnu comme traître à part entière du Parti par le projet Lyoko. Disparu le 06/06/1994
… »

En haut à droite, il y avait une photo en noir et blanc de son père quand il était plus jeune, à savoir sans ses lunettes et juste avec une petite moustache, et on avait tamponné en lettres rouges sur toute la fiche le mot : « tricheros »
Aelita pousse un soupir de colère face à cette injure à son père si brave, si courageux, puis elle passe à la fiche de sa mère où il y avait exactement la même marque rouge qui avait été tamponnée :

« NOM : Schaeffer (nom de jeune fille : Hopper)
PRÉNOM(S) : Anthéa Pinklhear
NÉ(E) LE : 7/08/1954
PROFESSION : Étudiante en informatique à l’Institut Microsoft de Paris (France)
MEMBRE DE l’ANAX DEPUIS LE : 13/11/1977
BUT : Projet Carthage
OBSERVATION(S) : Responsable des programmes de la Tour principale générant Carthage, marié à Waldo Franz Schaeffer le 05/05/1980, s’est échappée de la Base-Noyau le 13/07/1980 pour la Suisse. A eu un enfant avec cet homme, Aelita, née le 9/10/1982, puis capturée par les membres de l’ANAX le 24/12/1988 et ramenée à la base-noyau du Parti, en…
»

Mais, soudain, la porte s’ouvre et le Foxxie apparaît dans l’encadrement. Il tire immédiatement, Aelita n’a pas le temps de faire un geste…
Mais, heureusement, le laser argenté touche le bureau. Cependant, ce dernier brûle rapidement… les fiches d’identité des parents d’Aelita avec.
Cette dernière, qui a été projetée par le choc du laser sans être touchée, se relève aussitôt et envoie rapidement un champ de force sur le Foxxie, qui le prendra en pleine poire.
Une fois le calme revenu, Aelita contemple tristement ses trouvailles partir en cendres en même temps que le bureau, alors qu’elle était sur le point de savoir où était enfermée sa mère, puis elle prend son courage à deux mains et se précipite hors du bureau en flammes…
*
Quelques kilomètres plus loin, le Skid refait surface dans la Mer Numérique de Lyoko et se dirige rapidement vers Carthage, toujours dirigé par pilote automatique commandé par Jérémie.
Dans le labo, alors que ce dernier est justement en train de manipuler avec soin le vaisseau, le monte-charge s’ouvre et Sissi et Jim font leur apparition dans la salle du Super-Ordinateur.

Jim Alors, on a encore besoin de nous, à ce que j’ai entendu ?

Jérémie, en le regardant, le sourire aux lèvres comme soulagé de sa présence Jamais je n’aurais pensé que cette mission allait prendre une tournure pareille mais, oui, on a encore besoin de vous !

Jim, sur un ton un peu plus menaçant Hé, dis-moi, mon gars ! J’espère que c’est bien la dernière fois qu’on sera juste là pour sauver les meubles, parce que là…

Jérémie, en l’interrompant d’un geste Oui, je sais, Jim ! Je vous comprends, tous les deux ! Mais, cette fois, c’est un inoubliable voyage dans le Réseau et dans un nouveau monde virtuel que je vous propose, cette fois-ci – en espérant que ça suffira, cette fois-ci, à me pardonner !…

Malgré tout, Jim se méfie encore. Mais, devant l’air sincère de Jérémie et l’impatience de Sissi d’aller descendre dans les scanners…

Jim, en soupirant Bon, ben… on est parti, alors !

Jérémie Il faudra quand même faire vite car Aelita est seule dans cette base de l’ANAX, où je l’ai translatée, et elle court un grand danger en ce moment !

Jim, en se retournant, stupéfié Hein !? Comment ça, Aelita court un grand danger ? Qu’est-ce que tu lui as fait ?

Jérémie C’est trop long à expliquer, mais elle court bien un grand danger de mort ! Allez, descendez vite aux scanners ! Le Skid vous attend dans le Garage !

Sissi On y va !

Et, en effet, le monte-charge se referme rapidement derrière les deux lyoko-guerriers, alors que Jérémie commence à mettre en route les programmes de virtualisation sous l’œil toujours attentif de Yumi et de William…
*
Sur Lyoko, le Skid est enfin amarré dans son Garage et, dans leurs Navskids respectifs, Ulrich commence à devenir sérieusement inquiet alors qu’Odd commence à se réveiller, enfin, doucement…

Odd, hébété Hein, qu’est-ce que… !? Où on est, là ? Où est Aelita ?

Ulrich, sur un ton caverneux Aelita est encore sur Volcano et, quant à nous, Einstein a préféré nous renvoyer sur Lyoko.

Odd, abasourdi Hein, quoi !? En laissant Aelita toute seule, là-bas ? Mais, enfin… pourquoi ?

Ulrich Einstein n’a pas voulu qu’elle abandonne si près du but. Et puis, durant la contre-attaque de l’ANAX, Yumi et William ont été dévirtualisés et j’étais seul face au Kolosse, pendant que tu faisais ta sieste…

Odd Le Kolosse !? Comment ça, le Kolosse ? T’es sûr que c’était pas un autre monstre ?

Ulrich Non, Odd ; c’était bien le Kolosse de XANA auquel j’avais affaire…

Odd Mais, comment… comment aurait-il pu ressusciter, puisque tu l’as… tué – enfin, tu l’as vraiment tué, n’est-ce pas ?

Ulrich Bien sûr que oui ! Moi non plus, je n’en ai aucune idée…

Jérémie, voix off Bon, je vous interrompts juste quelques instants, le temps de vous annoncer que Sissi et Jim sont dans les scanners et qu’il seront dans le Garage Skid d’une minute à l’autre.

Ulrich, en levant la tête Reçu, Jérémie !

7)

Dans la fameuse Base-Noyau, on se retrouve à nouveau dans la salle du Super-Calculateur générant Carthage, où Franken (Wilnius) repasse à nouveau la porte blindée et vient, une nouvelle fois, se présenter derrière le fauteuil de son Maître.
Ce dernier a l’air bien calme sur son trône, à en juger ses doigts squelettiques qui sont posés tranquillement sur les accoudoirs, du moins pour le moment…

L’homme dans le fauteuil, sur un ton calme Faites votre rapport, Franken.

Ce dernier déglutit un peu avec difficulté, comme pour prouver son hésitation à faire son rapport, mais il parvient quand même à s’éclaircir la gorge et à se mettre tout à son aise, avant que son Maître ne s’impatiente…

Dr Franken, d’une voix claironnante Le Prisonnier a quand même accepté d’apporter son aide à la bataille sur Volcano mais, en échange de son aide, je lui ai fourni une partie de l’énergie du Super-Calculateur de Carthage afin qu’il puisse faire renaître son monstre le plus puissant…

L’homme dans le fauteuil, en l’interrompant d’un geste Ne craignez rien, Franken ! Ça en valait la peine, puisqu’on m’a informé que ce monstre a pu chasser ces gamins de ce Territoire et, en plus, il semblerait que la petite Schaeffer soit toute seule, dans la base de Vulcano.

Dr Franken Oh... c’est merveilleux, sans aucun doute !

L’homme dans le fauteuil, sur un ton satisfait N’est-ce pas ? Maintenant, c’est à nous d’entrer en jeu, et de faire naître l’un de nos monstres les plus puissants. Veuillez prendre place, Franken, je vais avoir besoin de vos capacités en informatique, cette fois-ci…

Il lui montre un poste inoccupé, derrière l’holomap représentant Carthage, un ordinateur vraiment à part. D’un pas mi-décidé, mi-hésitant, le Dr Franken s’avance timidement vers ce poste en contournant le fauteuil de son Maître… sans le regarder, puis l’holomap en jettant un coup d’œil bref à tous ses camarades, qui continuent toujours de travailler d’arrache-pied, sans faire attention à lui, ni à personne d’autre, sur différents programmes. Il a de la fascination par leur travail si incroyable soit-il, mais un peu de pitié par leur condition qui devait maintenant ressembler à de l’esclavage… un peu comme lui, au fond.
Sentant que le regard perçant et froid de l’homme dans le fauteuil pèse lourdement sur lui, il s’installe sur la chaise de bureau et s’empare de la souris. Là, il ouvre un programme et commence à pianoter sur le clavier…
*
Pendant ce temps, dans la base sur Vulcano, Aelita court toujours dans les couloirs, sans but vraiment précis mis à part, peut-être, trouver enfin le Super-Calculateur générant Volcano.
Au bout d’un moment, elle arrive enfin dans un lieu plus intéressant : une sorte d’immense laboratoire. Cette salle était aussi vaste qu’une caverne, mais c’était bien du béton qui faisait office de mur et de plafond, et non une quelconque roche volcanique. Comme les couloirs, cette pièce était éclairée par une lueur fantomatique, venant des grands, mais discrets néons accrochés au plafond. Mais, le premier détail le plus insolite qui sautait tout de suite aux yeux est que, sur les quatre murs de la salle, il y avait de grandes torches éteintes accrochées à intervalle régulier, à mi-hauteur des murs.
Partout dans le hall, il y avait des sortes d’immenses tuyaux en verre remplis d’un liquide verdâtre et connectés avec de gros câbles à des postes informatiques, le tout un peu éparpillé dans tout l’espace. La plupart de ces tuyaux en verre étaient brisés, plus ou moins, et curieusement vides. Tous… sauf un, dans un fond de la pièce, qu’Aelita va aller voir tout en restant prudente.
Il y avait une sorte de gros tas de basalte mi-solide, mi-liquide qui était en suspension dans le liquide verdâtre et qui était connecté à plusieurs câbles qui partaient de cette chose jusqu’en haut du tube, et où devait probablement circuler de l’électricité… en théorie. Ce gros tas d’apparence visqueuse et grossière, comme les roches basaltiques qui se solidifient au fond des océans dans les fameux « fumeurs », devait certainement être, ou devenir, un être vivant car des petits ruisseaux de lave bien éclatants encore, mais immobiles, donnaient quelques traits à cette espèce de vil excrément tout noir, comme sorti tout droit d’une créature venant de l’élément feu, mais pas de traits physiques vraiment précis. Mais, pour l’instant, cet être était inanimé et, de toute façon, on n’avait pas encore fini de lui donner toutes ses caractéristiques pour qu’il puisse vivre normalement.

Aelita, intriguée Qu’est-ce que l’ANAX cherchait à faire avec ça ? Créer un être, ou simplement étudier les roches basaltiques ?
(Puis, en prenant un air un plus dégoûté, mais assez ironique…)
Beurk ! N’empêche que c’est vraiment quelque chose de vraiment dégoûtant !

Elle se détache de sa trouvaille pour aller s’intéresser aux différents ordinateurs présents dans la salle. Elle espérait découvrir un peu plus sur le projet de l’ANAX, ici, et des informations sur sa mère, si possible…
Mais, rien. Aussi étrange que cela pouvait paraître, tous les postes étaient coupés ; impossible de les allumer.
Néanmoins, Aelita ne perd rien de son opiniâtreté et, en sautant joyeusement au-dessus des gros câbles électriques ici et là, elle va et vient entre tous les postes (une dizaine), en espérant que l’un d’entre eux pourra s’allumer malgré tout…



Pendant ce temps, dans le labo de l’usine, Jérémie est toujours occupé à commander le Skid à partir de son clavier, sans aucun autre souci…

Sissi, voix off Wouah ! Comme c’est magnifique, n’empêche, le Réseau !

Jim, voix off et également émerveillée Jamais je n’aurais cru qu’on avait crée tout un univers pareil avec l’informatique ! C’est si incroyable…

Jérémie, le sourire aux lèvres Et, pourtant, tout est réel, Jim !

Yumi, en posant sa main sur l’épaule de Jérémie, comme pour attirer son attention Euh… Jérémie. Il se fait tard et, comme je crois qu’on a plus besoin de moi, là, je crois que je ferais mieux de… enfin, tu vois ?

Jérémie, en acquiesçant Oui, je comprends. Vas-y, Yumi, tu peux rentrer chez toi pour te reposer. Et puis, j’ai pas envie qu’il y ait de nouveau des problèmes dans ta famille à cause de nous.

William, en se tournant vers Yumi On te racontera tout, demain, dans les moindres détails. Promis !

Yumi OK, alors à demain, les garçons !

Elle se dirige vers le monte-charge mais, avant que ce dernier ne se referme, elle se tourne une dernière fois vers Jérémie…

Yumi, d’une voix un peu inquiète Jérémie… ramène-nous Aelita, je t’en prie !

Jérémie Je ferai tout mon possible, c’est promis ! Allez, rentre chez toi !

Cette dernière se sent plus rassurée, et le monte-charge se ferme enfin devant elle.
Jérémie s’intéresse à nouveau à ses écrans de contrôle, mais il prend quand même la peine de jeter un coup d’œil bref à William, adossé sur le dos de la chaise de bureau…

Jérémie Et toi, alors ? Tu veux pas rentrer à l’internat, te reposer également ?

William, en hochant la tête Non, je préfère rester avec toi jusqu’au bout ! Au cas où…

Jérémie, en haussant les épaules Bon, c’est toi qui vois…
(Puis, de nouveau à son écran…)
Toujours rien en vu, les gars ?

Ulrich, voix off Négatif, Jérémie ! Aucun monstre en vu, pour le moment, et je crois qu’on est plus très loin, maintenant, de Volcano.

Jérémie, d’un air soupçonneux Ouais, étrange en effet… ! Mais, à mon avis, ça ne va pas tarder ! Restons sur nos gardes jusqu’au bout !

William Mais, on pourra bientôt entrer à nouveau en contact avec Aelita ?

Jérémie Oui, dès qu’on sera sur Volcano. D’ici là… j’espère qu’elle n’est pas en train de faire des bêtises, ou qu’elle n’est pas en grand danger !
*
Dans la Base-Noyau de Lostanie, le Dr Franken a enfin fini de jouer sur le clavier et s’est empressé d’appuyer sur la touche ENTER. Une barre de chargement apparaît sur l’écran, une barre qui sera très vite remplie…

Dr Franken, sans se retourner C’est bon, monsieur. Le monstre est fin prêt à attaquer ; d’ici quelques instants, il passera à l’action…

L’homme dans le fauteuil, en ricanant Parfait ! J’adore vous voir ainsi : productif et efficace ! Vous commencez à faire d’énormes progrès, Franken, continuez !

Dr Franken, en rougissant Oh, merci, monsieur…

Mais, soudain, une autre fenêtre apparaît sur l’écran : il s’agit d’un radar se concentrant uniquement sur le Réseau. Et, sur tout ce fond vert non uniforme, Franken aperçoit, hébété, une grosse forme rouge s’y dessiner et se déplacer jusqu’à l’extrémité de la fenêtre, où est dessinée une sorte de grosse planète sans relief, ou presque.
Du coup, de la satisfaction, Franken passe à l’inquiétude, et il a tellement peur des réactions de son Maître qu’il en a des sueurs froides…

Dr Franken, d’une voix tremblante Euh… mons… monsieur ! Ils arr… arrivent ! Et, avec du… renfort, à ce que je… je vois !

Pendant un instant, il ferme les yeux et serre les dents, attendant l’habituelle décharge électrique qui allait l’envoyer dans le décor…
Mais, pour une fois, il n’en est rien. L’homme dans le fauteuil est toujours aussi calme dans son trône ; on voit même sa bouche sans lèvres sourire de satisfaction. Comme guidé par un sixième sens, Franken sent cette étrange allégresse…

Dr Franken, intrigué Pourquoi avez-vous l’air si… heureux, mons… monsieur ? Vous n’êtes point en… colère ? Vous n’allez pas me… me battre à coups d’électricité ?

L’homme dans le fauteuil, en ricanant à nouveau Pourquoi le devrais-je, mon cher ami ? Ne vous en faites pas, je les attendais cette fois-ci ! Vous allez pouvoir mettre le plan Ε à exécution ; plus l’attaque est tôt, mieux la victoire sera !

Dr Franken, hésitant Euh…
(Mais, en entendant les grognements de son Maître derrière lui…)
Bien, monsieur. Ce sera fait.

Et, c’est reparti pour un tour ! Le voilà à nouveau en train de pianoter sur son ordinateur, dans une autre fenêtre, représentant une vue globale de la Sicile et de l’extrême-Sud de la botte italienne, avec toutes les petits îles qui vont avec. Sur cette carte, il y a trois gros triangles bruns : l’un en Sicile, l’autre dans l’archipel des Îles Lipari, et le troisième un peu plus au Nord de cet archipel.
Après quelques manipulations, les trois petits triangles deviennent rouges vifs et un plus grand triangle, également rouge mais plus pâle, se dessine entre les trois sommets…

Dr Franken, sur un ton presque satisfait Le Triangle du Diable va bientôt entrer en éruption ; d’ici quelques instants, la Victoire ne pourra plus nous échapper !…

Derrière lui, l’homme dans le fauteuil ricane pour la troisième fois mais, cette fois-ci, son rire inhumain et glacial s’entend dans toute la pièce, et peut-être même dans toute la base…

9)

Sur Volcano, le Skid surgit enfin de la Mer Numérique et remonte rapidement vers les plateaux.
Une fois à cette hauteur, le Skid s’immobilise un instant dans les airs, histoire de vérifier que la voie est libre et que le Kolosse n’est plus ici. Mais, apparemment, personne n’est en vue, ni embusqué derrière les gros rochers basaltiques.

Odd Bon, Einstein ! À l’ouest, rien de nouveau ! Le Kolosse a dû retourner dormir dans sa grosse tanière basaltique !

Jérémie Bien. Je vais pouvoir vous reconnecter à une Tour, et rétablir le contact avec Aelita !

Ulrich, voix off Ouais, en espérant qu’elle soit… toujours là !

Jérémie, d’une voix furieuse Je t’en prie, Ulrich ! Ne dis pas des horreurs pareilles !

Le Skid se dirige vers la Tour qu’il avait quitté et, rapidement, Jérémie rétablit la connection entre la Tour et le Skid : les traînées violettes réapparaissent aussitôt.
Puis, Jérémie ouvre la fenêtre permettant de contacter Aelita, en étant un peu angoissé quand même…

Jérémie, un peu paniqué Aelita !? Je t’en prie, dis-moi que tu est toujours là ! Aelita !?…

Aelita, voix off C’est bon, Jérémie, je suis toujours vivante si ça peut te rassurer !

Jérémie, en soupirant de soulagement et ayant quelques larmes aux yeux Ouf !… Crois-moi que je ne referai plus jamais ça ! Tu es restée à ta position comme je te l’ai dit ?

Aelita, voix off Non, désolée ! Un Foxxie m’en a chassée, et je suis maintenant dans un gigantesque laboratoire où l’ANAX pratiquait des expériences bien étranges !…

Jérémie OK, je ferai des recherches sur ça. En attendant, tu ne bouges pas de ta position, cette fois-ci, tu m’entends ? Ne bouge pas ! Les autres arrivent à la rescousse et, en attendant, je vais essayer de réétablir le contact entre ton champ polymorphique et le Skid.

Aelita, voix off Fais vite, je t’en supplie ! Cet endroit commence à me faire vraiment peur !

Jérémie Je vais faire de mon mieux…
(Puis, en revenant aux autres dans le Skid…)
Bon, qui veut être volontaire pour cette mission vraiment très dangereuse ?

Dans le Skid, tout le monde répond présent. Face à ce bafouillage, Jérémie leur coupe net la parole…

Jérémie Bon, comme vous n’êtes pas fichus de vous mettre d’accord, je vais décider à votre place : vu le danger de la mission, je propose que Sissi et Odd aille porter secours à Aelita. Quant à Ulrich et Jim, ils garderont un œil sur le Skid, au cas où le Kolosse reviendrait…

Jim, voix off Hé, gamin, t’es sûr de ton choix ? Parce que, si c’est le cas, je veux être prioritaire pour la prochaine translation !

Jérémie, un peu agacé OK, Jim, c’est noté ! Allez, finis de rire, passons à l’action !

En peu de temps, Odd et Sissi disparaissent de leurs Navskids, alors qu’Ulrich et Jim se retrouvent sur le plateau de Volcano…
*
Sous forme de spectre, Odd et Sissi se retrouvent dans le couloir où l’homme-chat s’était fait descendre par le Foxxie. Déjà, les deux lyoko-guerriers se mettent en garde au cas où…

Odd Dis, Einstein, où est-ce qu’elle est, Aelita ?

Jérémie, voix off Elle est dans le labo principal de la base. Pour y accéder, vous faites demi-tour, vous tournez à droite puis, à chaque intersection, vous prendrez à gauche.

Sissi OK, c’est compris !

Et, les deux lyoko-guerriers se mettent rapidement en route…
*
Pendant ce temps, Jérémie rouvre son programme de tout à l’heure, qui avait condamné Aelita, et se remet à pianoter aussi vite que possible pour contrer le programme.
Pendant quelques instants, tout se passe bien… mais, soudain, la fenêtre du Super-Scan s’affiche, révélant une Tour activée sur Volcano.
Les deux adolescents en sont horrifiés…

Jérémie Oh, c’est pas vrai, manquait plus que ça ! Qu’est-ce que l’ANAX va nous préparer, cette fois-ci ?

Il a très vite la réponse : une carte de l’Italie s’affiche tout d’un coup sur son écran, à la place de la fenêtre du Super-Scan : la même que celui qu’avait Franken tout à l’heure. Pendant quelques secondes, Jérémie ne comprend rien à cette attaque et à la présence de cette carte…
Mais, ce n’est que temporaire…

Jérémie, terrifié Oh non, dites-moi que je rêve ! Ils ne peuvent pas faire une chose pareille, c’est… inhumain !

William, intrigué Quoi !? Qu’est-ce qui se passe, Jérémie ?

Mais, il ne fait pas attention à lui et reconnecte son micro…
*
Cette fois, ce sont tous les lyoko-guerriers qui l’entendent, sur Terre comme sur Volcano…

Jérémie, d’une voix claironnante Éoutez-moi tous, c’est de la plus haute importance ! l’ANAX vient d’activer une Tour sur ce Territoire et, avec, il va provoquer l’une des plus grandes catastrophes naturelles de tous les temps !…

Jim, hébété Hein !? Comment ça ?

Jérémie Ils ont pris possession des trois volcans du Sud de l’Italie : le Vulcano bien sûr, mais aussi l’Etna et le Stromboli. Et, là, ils ont activé un programme qui va bientôt faire entrer les trois volcans en éruption, et en même temps en plus !

Tous les autres, horrifiés QUOI !?

Jérémie Vous m’avez bien entendu ! Et, le pire dans tout ça, c’est qu’au moment où les fumées incandescentes et les gaz des trois volcans vont se rejoindre en un point donné, ça va provoquer une gigantesque explosion de l’ordre d’un peu plus de mille bombes atomiques, et ça va entièrement balayer non seulement l’Italie, mais en plus tout le reste de l’Europe et, comme si ça suffisait pas, tout le Nord de l’Afrique !

Pendant un instant, tous les lyoko-guerriers restent pétrifiés de terreur, acceptant cette terrible vérité chacun à sa manière…

Odd Mais, ils sont tous mad, ces types !

Sissi, en acquiesçant Ils ne peuvent pas faire une chose pareille !

Jérémie Et, pourtant, si ! C’est pour ça qu’il faut que vous vous dépêchiez pour trouver ce fichu Super-Calculateur et le détruire, avant qu’une bonne partie de ce monde n’y passe dans cette éruption !

Odd et Sissi se remettent donc vite en route…
*
Sur Volcano, à peine Ulrich et Jim se sont remis de cette vive émotion qu’à nouveau la terre tremble. Jim ne comprend pas ce qui se passe, mais Ulrich si…

Ulrich, en levant la tête en l’air Jérémie, le Kolosse revient ! Sans nos bécanes, on pourra rien faire !

Jérémie Entendu ! Je te les programme tout de suite !

Aussitôt dit, aussitôt fait : le petit génie se dépêche de reprogrammer les deux Overbikes, qui sont immédiatement enfourchés par les deux lyoko-guerriers. Alors que ces derniers se précipitent à nouveau vers le Kolosse, qui a toujours son Mégapiaf perché sur son épaule, Jérémie revient rapidement sur le programme concernant Aelita ; jamais ses doigts n’avaient pianoté aussi vite sur un clavier…
*
Dans le labo de la base sur Volcano, Aelita est brusquement secouée dans tous les sens, de même que tous les objets présents dans la salle – mais seuls les ordinateurs se renversent. Quant à elle, elle tombe lourdement par terre et regarde partout d’elle, intriguée. Mais, rapidement, elle comprend ce qui vient de se passer et ses craintes ne sont que confirmées par l’énorme boucan qui est venu après le tremblement de terre et qui fait autant trembler les murs de la salle que les oreilles de la jeune elfe rose.

Aelita, tellement horrifiée qu’elle en a les larmes aux yeux Jérémie, ça y est ! Les volcans sont entrés en éruption !

Jérémie, voix off également terifiée Oui, j’ai vu ça, princesse ! T’inquiète, je vais bientôt te sortir de cet enfer !

Mais, tout à coup, Aelita entend un autre vacarme assourdissant… mais n’ayant rien à voir avec le volcan ; ça devait être un mélange entre une activité fortement électrique et… le hurlement d’un monstre.
Hébétée, elle se retourne vers le tuyau en verre du fond et découvre, stupéfaite… qu’il est vide. La chose a disparu dans un éclat de lumière éblouissant.
Pendant quelques secondes, il ne se passe rien de spécial…puis, tout se passe très vite : les néons s’éteignent brusquement, toutes les torches accrochées s’allument dans le même temps et en même temps, dans un grand vacarme et se coiffant de flammes éblouissantes, et une énorme bourrasque venant de nulle part balaye la pièce, en soufflant au passage tous les tubes en verre qui se brisent tous dans un énorme blizzard de verre brisé.
Puis, au centre de la pièce, il y avait une sorte de grande arène circulaire et dont les bords étaient hérissés avec des espèces de lampadaires, comme dans le Garage Skid. Ces lampadaires étaient connectés à de gros câbles également électriques, qui allaient… jusqu’aux tubes de verre, ou du moins ce qu’il en restait maintenant…
Quoi qu’il en soit, de gigantesques coiffes électriques apparaissent tout à coup autour de ces gros câbles, les lampadaires de l’arène s’allument aussitôt et, de chacun de ces poteaux électriques, d’imposants éclairs en surgissent et se rejoignent tous au centre de l’arène, et à mi-hauteur de la salle.
Aelita, la main devant ses yeux pour se protéger de toute cette lumière, met un peu de temps pour découvrir, hébétée, qu’à l’intérieur de cette immense boule d’énergie, il y avait… la chose du tube de verre, cette espèce d’excrément noir parcouru de petits ruisseaux de lave immobiles.
Et, c’est encore plus abasourdie et effrayée qu’elle contemple, impuissante, l’évolution de la chose dans sa sphère électrique…
D’abord petite et d’apparence fragile, la chose prend rapidement de l’ampleur. Sa croissance ressemble à celle d’un corps extraterrestre : à savoir que des sortes de bulles de gaz se formaient sur la chose, puis elles se solidifaient et devenaient des parties intégrantes du corps. En quelques instants, cet étrange être a, à peu près, triplé de volume, voire plus…
Ensuite, la sphère électrique disparaît un peu, tandis que l’énorme chose se tasse par terre, comme un gros mont. Partout sur son corps, les petits ruisseaux de lave, qui étaient naguère immobiles, s’étaient remis en mouvement. Puis, dans une seconde partie de l’évolution, une espèce de colonne, qui devait servir de cou, se dresse sur le gros tas, puis une énorme tête se forme au-dessus de ce cou. Sur cette tête, se dessine progressivement deux yeux perçants, deux fentes en guise de nez, puis… une énorme bouche, le tout grâce aux ruisseaux de lave.
Sous les yeux horrifiés d’Aelita, la créature étire sa tête dans tous les sens tout en baîllant grossièrement, avant que ses yeux ne se tournent vers la petite princesse rose pétrifiée…

Aelita JÉRÉMIE, AU SECCOOOOUUUUUUUUURRS !!!

Jérémie, se déchaînant dans son micro TIENS BON, AELITA !!!

Il a presque fini de contrer son programme…
Mais, le nouveau monstre de la pièce commence à préparer quelque chose dans sa bouche, en relevant la tête pour, peut-être, mieux la préparer. Sentant un grand danger planer sur elle, Aelita se décide enfin à bouger et se précipite vers la sortie du labo…
Dans le même temps, Odd et Sissi arrivent enfin devant ce même labo, et ils ont même Aelita en visuelle…
Mais… trop tard : le monstre rebaisse violemment sa tête et un énorme jet de lave sous fusion surgit de sa bouche, détruisant tout son passage…
Aelita avec, alors que cette dernière était sur le point de se jeter pour éviter le tir…
C’est donc avec toute la terreur du monde qu’Odd et Sissi contemplent, impuissants, leur amie se décomposer juste devant eux…

Odd et Sissi, horrifiés NOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNN !!!

Mais, dans le même temps, Jérémie avait appuyé sur la touche ENTER et la fenêtre de son programme s’était fermée. Ce n’est que quelques secondes après qu’il a remarqué qu’Aelita avait disparu des radars de la base.

Jérémie, terrifié Oh non, c’est pas vrai ! J’espère que je n’ai pas lancé le programme trop tard !
(Derrière lui, William est tout pâle. Jérémie reprend son micro et hurle de toutes ses forces…)
Aelita, Aelita, tu es là !? Réponds-moi, je t’en prie ! Aelita !? AELITAAA !!!?
*
À l’extérieur de tout ça, les épaisses panaches de fumées incandescentes, de cendres et de lave des trois volcans italiens ont déjà atteint une hauteur assez importante et, d’ici quelques minutes, elles allaient bientôt se rejoindre… pour la destruction de l’Europe.
Il fallait faire vite, le temps était compté…
*
Sur Volcano, Ulrich et Jim sont maintenant à la hauteur du Kolosse, qui semble être trop occupé à s’avancer vers le Skid pour y faire attention. Par contre, le Mégapiaf sur son épaule s’est aperçu du danger ; vite, il déploie ses grandes ailes et plonge vers les deux lyoko-guerriers en les mitraillant…
Après un bref signe de tête, Ulrich et Jim se séparent et, pendant que le samouraï va s’occuper du géant, le Hercule virtuel fonce droit vers l’oiseau, sous la pluie de lasers argentés…
Pendant quelques instants, il ne se passe rien de spécial… puis, Jim, au dernier moment, saute de l’Overbike et, d’un bond coup de poing, il assome le Mégapiaf qui va aller s’écraser aux pieds du Kolosse. Une fois de retour sur son engin, Jim ne peut s’empêcher de crier victoire…
Trop vite car le bras-épée du monstre, qui se balançait en cadence, le croise par hasard… et la sentence est irrévocable, autant pour le guerrier que pour son engin…
*
Dans la base, Odd et Sissi se remettent rapidement de leurs émotions et, malgré les flux de lave condamnant le couloir, ils parviennent dans le labo après un magnifique saut.
Le monstre s’est aperçu de leur arrivée et se met à leur jeter d’autres jet de laves, moins puissants mais tous aussi redoutables, sans perdre de temps. Tout en esquivant, Odd et Sissi ripostent en envoyant des flèches de lasers et des bâtons de majorette qui ont beau toucher le corps du monstre… sans lui faire de mal…
Au bout d’un moment, alors que rien n’a évolué dans la bataille mis à part que la salle est presque inondée de lave, Odd, presque isolé, se retourne vers Sissi…

Odd, en portant ses mains à sa bouche comme pour faire un haut-parleur Sissi, occupe-toi de ce monstre ! Je vais aller dénicher le Super-Calculateur et le détruire !

Cette dernière acquiesce, signe qu’elle a compris, puis repart à l’attaque.

Odd, en levant la tête en l’air Jérémie, où se trouve ce fichu Super-Calculateur ?

Jérémie, voix off À l’entrée opposée ! Mais, elle est gardée par le monstre, et…

Odd Oh, t’en fais pas pour ça !

Il se précipite dans la petite voie reliant sa position à l’entrée indiquée, qui a été épargnée pour l’instant par la lave… mais, plus pour très longtemps. Non seulement il est obligé de courir le plus vite possible mais, en plus, il doit esquiver au moyen de sauts et de culbutes les différents jets de lave lancés par le monstre, qui a très vite remarqué cette manœuvre.
Heureusement, cela n’arrive pas tellement car ce dernier est trop occupé entre la course d’Odd et les bâtons de majorette de Sissi. L’homme-chat en profite alors de ces occasions en or pour se rapprocher de plus en plus de la salle du Super-Calculateur…
Mais, il faut qu’il se dépêche car, derrière lui, sa petite voie d’accès commence à se reboucher avec de la lave… de plus en plus rapidement ; plus question de reculer.
L’acte final pouvait maintenant commencer…

10)

Sur Volcano, Ulrich profite du champ libre pour commencer, enfin, son attaque finale. Alors que le Kolosse continue toujours de s’avancer vers le Skid, il dégaine un de ses sabres, prend le peu de temps qu’il a pour bien viser… et là, il jette son arme…
Une seconde d’angoisse et… gagné : le premier sabre a atteint la cible dans le bras-épée du Kolosse.
Dans la douleur, ce dernier hurle de douleur et s’immobilise. Mais, pas le temps de crier victoire pour l’instant ; Ulrich braque son Overbike et se précipite vers la tête du monstre. Dans le même temps, il dégaine son deuxième sabre…
Bien sûr, le Kolosse s’est, enfin, aperçu de la menace et, tout à coup, il commence à relever rapidement son poing, comme s’il voulait écraser le lyoko-guerrier contre son visage. Ulrich l’a remarqué, et c’est ainsi qu’il se concentre davantage sur la deuxième cible du monstre, en plein dans le visage…
Alors que le poing remonte de plus en plus vite, Ulrich se concentre, se concentre…
Et, au dernier moment, alors que le poing du géant de lave détruit l’Overbike, Ulrich saute. Et, voyant que le poing est à deux doigts de le dévirtualiser, il finit par jetter son sabre…
Ulrich est, bien sûr, ramené sur Terre, mais quelle importance : son sabre atteint le visage du Kolosse. C’est donc dans un hurlement de douleur que le Kolosse, non seulement se frappe violemment en plein dans la poire, mais en plus il s’effondre lourdement par terre… avant d’exploser pour de bon.
*
Dans la base, Odd a enfin atteint la salle du Super-Calculateur, une sorte de grand cabinet sombre et nu, mis à part bien sûr la grosse machine générant Volcano.
Derrière lui, bien qu’elle s’est bien battue, Sissi se fait quand même avoir par le monstre de lave…
Dans le ciel, les trois épaisses fumées des trois volcans vont se toucher d’ici quelques secondes…
Sentant qu’il n’a plus le choix, Odd prend le temps de viser et, alors qu’il sent que le monstre derrière lui est en train de préparer le jet final, il finit par tirer…
Le jet de lave le dévirtualise…
Mais, heureusement, la fléchette atteint sa cible. Dans un immense court-circuit, le Super-Calculateur se détraque et finit par exploser…
*
Alors que les trois fumées étaient sur le point de se fusionner en une seule, elles s’évaporent au dernier moment…
*
Sur Volcano, tous les volcans du Territoire commencent à cracher une quantité phénoménale de lave virtuelle, qui submerge progressivement tout le plateau en détruisant les rares éléments de décor qui s’y trouvent…
Rapidement, Jérémie déconnecte le Skid et ce dernier, sous pilotage automatique, se dépêche de plonger droit dans la Mer Numérique avant que la lave ne détruise la Tour où elle était liée…
Le vaisseau finit par sortir de la planète protégeant le Territoire. Alors qu’il s’éloigne rapidement de ce lieu, cette planète finit par exploser également…
Dans le labo, Jérémie a assisté à la destruction de ce monde sur les radars et, alors qu’il pilote toujours le Skid, il se détend un peu…

Jérémie, soulagé Ouf !…

William, le sourire aux lèvres C’était dur, mais on a fini par y arriver !

Jérémie, en se tournant vers lui, à nouveau angoissé Maintenant, espérons qu’Aelita soit là, en bas !

Le Skid rejoint rapidement Lyoko et, une fois amarré, il vide la carte de vie d’Aelita, qui était toujours présente sur l’écran bien que cette dernière n’a donné aucun signe de vie. Puis, il se précipite vers la salle des scanners par le petit escalier du fond, William sur ses talons…
Dans la salle des scanners, tous les lyoko-guerriers sont rassemblés, un peu mal en point mais en vie. Après leur avoir jeté un bref coup d’œil, Jérémie remarque qu’un des scanners est fermé et qu’il est en pleine activité.
De même que les autres qui sont autant angoissés que lui, Jérémie croise les doigts pour que son amie revienne ; il prie même dans sa tête…
Enfin, après quelques minutes d’angoisse, le scanner s’ouvre…
Aelita est bel et bien dedans, aussi mal en point que les autres.
Jérémie pousse un énorme soupir de soulagement et se jette dans ses bras, en laissant échapper quelques larmes. Aelita est un peu hébétée sur le coup, mais elle le prend très vite dans ses bras également…

Jérémie, d’une voix tremblante, mais soulagée Alors, toi !… Toi, tu m’as vraiment fait peur, là ! Crois-moi que plus jamais tu revivras ça, parole d’Einstein !

Il rigole à sa vanne, très vite rejoint par tout le reste de ses amis…

#104 – Correspondances oniriques

1)

La scène se passe dans la Base-Noyau, en Lostanie, où tout est étrangement calme – du moins à l’extérieur…
Mais, avec un petit zoom à l’intérieur, on se rend compte que ce silence était trompeur. En effet, près de la porte blindée menant à la salle principale, celle où se trouve le Super-Calculateur générant le monde virtuel Carthage, on entend des hurlements de toutes sortes : des hurlements monstres, de terreur et de souffrance. On peut même voir des éclats de lumière éblouissante combler les rares interstices entre la porte et les murs.
Quelques instants plus tard, cette porte s’ouvre et le Dr Franken apparaît, mal en point et blessé de toute part. En effet, il a des plaies et des marques en forme d’éclair, sa blouse blanche est en lambeaux et ses cheveux gris sont complètement dressés sur sa tête, voire brûlés ici et là ; signe qu’il a été gravement électrocuté. C’est avec une grande faiblesse qu’il sort donc de cette salle cauchemardesque, en marchant presque à quatre pattes tellement qu’il est arrangé.
Les rares savants qui passent devant lui ne font pas du tout attention à son triste état et passent leur chemin comme si de rien n’était. En constatant cette cruelle indifférence, Franken leur jette à tous un regard assassin, encore plus hargneux que celui qui vient de le battre ainsi.
Ce n’est que quelques secondes après qu’un savant un peu plus jeune que lui le remarque dans cet état désolant et se précipite pour aller le relever. Franken, soulagé, se laisse faire sans résistance

Le savant, hébété et terrifié Wilnius, mais qu’est-ce qui s’est passé !? Qui t’a fait une chose pareille ?

Dr Franken À ton avis ?…

Le savant réfléchit un petit moment, puis son état hébété et terrifié s’aggrave…

Le savant, en hochant la tête Non, ce n’est pas possible ! Il n’a quand même pas pu… il est tellement…

Dr Franken Oui, je sais, Geoffroy ! Mais, tu sais ce que l’on dit ?…
(Puis, en se rapprochant de son oreille…)
Personne n’est parfait !

Le savant, en lui chuchotant également Ouais, c’est clair ! Mais, là, ça commence vraiment à bien faire ! C’est peut-être notre Boss à tous, mais il n’a pas à te faire ça – enfin, autant à toi qu’à nous ! C’est quand même ton…

Mais, soudain, Franken plaque sa main devant sa bouche.

Dr Franken, furieux Mais, vas-tu te taire ? Tu veux qu’on se fasse griller une bonne fois pour toutes, ou quoi !?

Le savant, malgré la main devant sa bouche Oups, désolé, mon pote !

Dr Franken, en soupirant De toute façon, que ce soit ça ou pas, je suis quand même obligé de vivre comme esclave ; il ne m’a pas laissé le choix !

Le savant Oui, mais…

Dr Franken N’oublie pas qu’il est beaucoup plus puissant que nous ! Tu as vu ce qu’il est capable de faire ?

Il lui montre toutes ses blessures, comme pour prouver ses dires. Ç’a pour effet de terroriser encore plus le savant…

Le savant Mamma mia ! C’est incroyable, mine de rien, les capacités qu’il a développé en si peu de temps ! Et, pourtant, ce n’est qu’une…

Dr Franken, en grognant Mais, tu veux vraiment que je t’assomme, toi et ta grande bouche !?

Le savant, en haussant les épaules, gêné Désolé, Wilnius, mais c’est plus fort que moi ! C’est quand même pas ma faute si je suis obsédé par la Justice et, par conséquent, que je suis une grande balance !

Dr Franken, sur un ton menaçant Alors, un conseil d’ami : renvoie ta balance chez des personnes vraiment qualifiées pour s’en servir ! T’as pas encore pigé qu’ici, il n’y a aucune Justice ?

Le savant Ben si, mais…

Dr Franken Alors, tais-toi si tu tiens à ta vie, OK !?

Le savant, en acquiesçant timidement D’accord, je me tairais à l’avenir ! J’te le promets, Wilnius !

Dr Franken Bon...

Il se dégage de son bras et s’enfonce, seul, dans les couloirs en claudiquant. Geoffroy, le savant, le regarde s’éloigner avec un peu de pitié et une pointe de curiosité.

Le savant, intrigué Eh, où tu vas comme ça !? Te reposer ?

Dr Franken, en pouffant Tu rigoles !? J’ai des choses à faire, moi ! Et, toi aussi, à mon avis !

Le savant Oui, mais tu t’es vu ? Tu n’es pas en état de…

Dr Franken, sur un ton sec Geoffroy… laisse-moi !

Il finit par disparaître dans un des tournants du couloir, sous le regard inquiet de son ami savant qui semble compatir pour sa douleur.

Le savant, à part Continue comme ça, Wilnius, et tu te feras aussi tuer, un beau jour !

Néanmoins, quelques instants plus tard, il se décide à faire demi-tour et à retourner à ses occupations…

2)

Dans son cachot tout autant piteux que l’état du Dr Franken, Anthéa Hopper dort tranquillement dans son lit de prisonnier, suspendu au mur par de grosse chaînes rouillées et risquant de lâcher à tout moment. Elle est en position fœtale afin de conserver la chaleur de son corps car il fait un froid glacial dans sa prison et elle n’a aucune couverture pour se protéger. Néanmoins, ce qui est vraiment étrange, c’est de remarquer qu’elle a le sourire aux lèvres et les yeux fermés, mais détendus. Apparemment, elle doit faire de très beaux rêves…
Et, pour sûr : en plongeant dans les pensées de la jolie femme, on s’aperçoit qu’elle rêve d’un passé pas aussi lointain que ça. Elle était en pleine montagne enneigée, à la lisère d’une forêt de pins et près d’un immense et beau chalet en bois. Il faisait un temps magnifique, malgré un soleil plutôt timide. Mais, tout est calme, tout est en paix…
Elle était dans les bras de son mari, Waldo Franz Schaffer, et tous les deux étaient en train de contempler tranquillement… leur fille Aelita en train de faire un bonhomme de neige. Elle avait le sourire aux lèvres, lui était fier de voir sa petite famille si heureuse. D’ailleurs… oui, c’était le mot : ils étaient tous les trois heureux.

Aelita Tu as vu, maman ?

Anthéa, en rigolant Oui, j’ai vu. T’éloigne pas trop, ma chérie !

Puis, soudain, la quiétude a soudainement disparu des lieux. Le ciel s’est étrangement assombri et un vent pas tellement fort, mais au souffle fantomatique et vraiment angoissant, s’est levé. Ensuite, elle entend un bruit de moteur se rapprocher dangereusement d’eux…
*
Dans son lit, le sourire a disparu de la douce bouche d’Anthéa et ses yeux commencent à se fermer durement sur eux ; on voit même des larmes qui commencent à couler…
*
Soudain, un 4X4 noir surgit de nulle part et des hommes en noirs en sortent, armés jusqu’aux dents. Alors qu’Aelita était aux prises avec un loup, Franz et Anthéa s’étaient retournés vers ces hommes et juste Franz se préparait pour se défendre.

Franz Oh non, c’est eux !
(Puis, en se tournant vers son épouse…)
Anthéa, va prendre Aelita et aller vous cacher ! Je vais essayer de les retenir !

Anthéa Non, Franz ! Je ne t’abandonnerai pas !

Franz Ne fais pas l’entêtée ! Ils sont beaucoup trop dangereux, on risque d’y passer tous les trois ! Allez, Anthéa, va t-en !

Anthéa hésite un peu mais, face à la détermination de son mari, elle se résigne et se précipite vers sa fille…
Pendant ce temps, Franz se retourne et commence à se battre face aux hommes en noirs. Ils sont, au moins, à trois contre lui. C’est donc en toute logique que, après quelques instants de combat sanglant, ils parviennent à mettre Franz KO en l’assommant avec le chien d’un de leurs flingues.
De l’autre côté, les deux autres hommes en noirs se précipitent vers Anthéa. Cette dernière les aperçoit d’un bref coup d’œil, puis accélère l’allure. En face d’elle, Aelita s’est enfin détaché du regard du loup qui la pétrifiait et court aussi vite qu’elle peut vers sa mère. Celle-ci, avec un timide sourire aux lèvres comme pour la rassurer – ou se rassurer – se prépare à la prendre dans ses bras…
Mais, tout à coup, les deux hommes en noirs sont à sa hauteur et, au dernier moment, ils parviennent à l’assommer à moitié avec les chiens de leurs flingues. Anthéa tombe lourdement par terre, complètement sonnée, puis elle se sent emportée par les bras et traînée loin de sa fille, qui court toujours après elle.
Anthéa reprend très vite ses esprits et, en contemplant sa fille qui court toujours après elle avec les larmes aux yeux, elle tente en vain de tendre un de ses bras vers elle dans l’espoir qu’Aelita allait l’attraper…

Anthéa Aelita !… AELITAAAAA !!!

Aelita, en hurlant également MAMAN !!! MAAMAANNNNN !!!

Après avoir été traînée durant un temps assez court, Anthéa tourne brièvement la tête et constate, terrifiée, que son mari est inanimé dans la neige. Ça ne fait que renforcer son envie de résister à ses ravisseurs.
Mais, ces derniers, avec une force inouïe, parviennent à la jeter à l’arrière de la voiture, et le 4X4 démarre et s’éloigne assez rapidement des lieux, avec tous ses passagers. Anthéa tente de se retourner et constate, les larmes aux yeux, que sa fille lui court toujours après…

Anthéa, en murmurant tristement Oh, Aelita !…

Mais, le 4X4 disparaît rapidement derrière les pins et puis, de toute façon, Aelita avait abandonné la course-poursuite.
C’est la dernière fois qu’Anthéa vît son mari et sa fille.
Un des hommes en noirs, cagoulé, la retourne brusquement pour la boucler sur son siège. Anthéa se débat comme elle peut et, dans ses gestes, elle retire par mégarde la cagoule de l’homme qui l’agressait.
C’était Wilnius Franken.

Anthéa, stupéfaite Toi !

Dr Franken, en lui souriant Ça va comme tu veux, Anthéa ?Désolé d’être venu comme ça, à l’improviste, mais on a de nouveau besoin de toi à la base, vois-tu !?

Anthéa tente de ne pas se laisser faire et continue de se débattre, en injuriant Franken de tous les noms. Face à cette colère non maîtrisable, les deux autres reprennent leurs pistolets par le canon et, avec le chien, ils tapent durement sur le crâne d’Anthéa jusqu’à ce qu’elle soit inconsciente ; ce qui finit par arriver. Pendant ce temps, Franken peut enfin la boucler sur son siège avec la ceinture de sécurité.
Quand Anthéa s’est réveillée pour une première fois, elle était dans un petit avion de l’armée, qu’elle a eu le temps de contempler avant qu’on ne l’assomme de nouveau ; puis, la deuxième fois, elle était dans ce cachot…
*
Le rêve d’Anthéa est maintenant comblé d’un néant blanc qui semblait interminable…

3)

On est toujours dans ce néant blanc, mais on semble être dans un autre esprit, là…
Et, en effet…

Une voix masculine, furieuse Et alors, Mlle Stones !? Vous êtes tellement préoccupée par vos études que vous en faites des nuits blanches, ou quoi !?

Aelita se réveille brusquement et regarde droit devant elle, hébétée. Toute sa classe la regarde, de même que son prof d’histoire-géo.

Le prof Ou bien, est-ce la preuve que vous êtes dans la période… comment j’appellerais ça, moi !? Ah oui : les petites folies adolescentes !? Mamma mia, une fille aussi sérieuse que vous…

Aelita, gênée Euh, je… je m’excuse, monsieur ! Ça ne se reproduira plus !

Le prof, sur un ton menaçant Je l’espère pour vous, ma chère demoiselle ! Croyez-moi que vos bonnes notes ne vous sauveront pas tout le temps !
(Puis, en retournant vers son bureau…)
Bon, maintenant que votre camarade a fini sa sieste, nous allons pouvoir reprendre…

Aelita rougit de honte et essaye de se faire toute petite, face aux quelques regards quelque peu indiscrets de quelques uns de ses camarades. À côté d’elle, Jérémie l’observe, intrigué…
*
Nous sommes quelques heures plus tard dans la cour de récréation, où toute notre bande favorite est rassemblée près du distributeur automatique de boissons. Mais, seul Odd a un gobelet dans ses mains.
Par contre, tous ont un regard inquiet tourné vers Aelita, qui est toujours autant gênée par la situation…

Jérémie C’est vraiment pas normal ce qui t’arrive, Aelita ! Ça fait déjà plusieurs jours que tu t’endors comme ça, pendant les cours, et jamais tu nous as fait un coup comme ça depuis ce qui s’est passé avec Nanquin.

Odd, à Aelita et Jérémie, sur un ton taquin Vous êtes sur un nouveau programme pour attaquer l’ANAX, ou… vous faites des choses plus personnelles !?

Ulrich, agacé La ferme, Odd !

Aelita, en marmonnant J’y peux rien, moi ! C’est plus fort que moi : dès que ça me prend, je m’endors !

Yumi Tu es peut-être sujette à des insomnies. Tu sais, ce genre de truc, ça arrive n’importe où et à n’importe quand !

William, en réfléchissant plus longuement Ou alors, t’as peut-être une maladie du sommeil que tu ignorais, mais que t’avais dans les gênes depuis toute petite. Qu’est-ce que t’en dis, Jérémie ?

Jérémie, en réfléchissant également Hum… ça m’étonnerait qu’Aelita est sujette à une quelconque maladie génétique liée au sommeil. Enfin, je peux toujours faire des tests génétiques dans un des scanners pour vérifier dans son code génétique…

William, en marmonnant Ouais, ça va ! Laisse tomber, alors !

Aelita, à Jérémie, un peu angoissée Tu crois pouvoir faire quelque chose pour vaincre ça ?

Jérémie Peut-être bien ou, au pire des cas, on t’enverra voir un médecin.

Sissi, en passant un bras autour des épaules d’Aelita À mon avis, tu devrais faire des séances de remise en forme, tu vois ? Genre UV, ou concombre… ça te ferait vraiment du bien ! Eh oui, Madame Einstein ; c’est bien beau de travailler, mais pas trop quand même !

Aelita, en se dégageant délicatement de son bras Merci de tes conseils, Sissi. En attendant, je crois que je vais aller me reposer…

Sissi Hé, si tu veux quelques concombres ou…

Aelita Non, merci. C’est gentil de ta part, Sissi, mais je crois que le repos me fera le plus grand bien. À tout à l’heure…

Elle disparaît, quelques instants plus tard, dans les bâtiments de l’internat. Ses amis l’ont regardée s’éloigner, toujours avec cette même inquiétude.

Yumi, à Jérémie Tu crois que l’ANAX vient de passer à l’attaque ?

Jérémie, en hochant la tête Nan ; sinon, j’aurais déjà repéré une Tour activée depuis bien longtemps !

Odd, sur un ton cultivé mais ironique C’est sûrement le stress du travail qu’il y a en 2nde ; on nous donne trop de travail, je l’ai toujours dit !

Jérémie Mais, bien sûr, Odd !

William Tiens, vu qu’on n’a pas cours pendant ces deux heures qui suivent, vous voulez qu’on aille au foyer faire une partie de baby-foot ?

Odd, sur un ton allègre Ouais, allons faire une partie ! Au moins, ça, ça va nous tenir réveillés !

Tous les autres, agacés Odd, t’es lourd, là !

Néanmoins, ils se dirigent tous vers le foyer d’un pas joyeux…

4)

Nous sommes maintenant dans le couloir de l’internat, où Aelita se dirige vers sa chambre. Elle est faible, presque maladive et, malheureusement, elle est encore loin de ses appartements. Tout en marchant, elle repense à l’étrange rêve qu’elle vient de faire en cours d’histoire : c’était à nouveau un des cauchemars de son passé, plus précisément le jour où sa mère a été enlevée par les hommes en noirs. Cette fois-ci, elle sait maintenant que c’étaient des hommes de l’ANAX.
Puis, un moment, il y avait ce néant blanc… et après, un moment, elle avait cru voir…sa mère au fond de ce néant. Mais, peut-être n’était-ce qu’une hallucination, après tout…
Soudain, elle se sent à nouveau emportée par le sommeil… Elle tente de résister, mais rien à faire : elle tombe lourdement par terre, profondément endormie…
*
Elle était de nouveau dans ce néant blanc. Seulement, cette fois-ci, elle ne sentait pas toute seule…

Une voix, féminine et presque fantomatique Aelita… Aelita…

Aelita se tourne dans tous les sens, voulant savoir d’où provenait la voix, mais elle ne voyait personne… pour le moment.

Aelita, un peu terrifiée Qui… qui est là ? Qui me parle ?

La voix Aelita… Aelita…

Puis, soudain, une forme se dessine dans le néant blanc, mais juste une vague silhouette. Aelita a du mal à distinguer qui ça peut bien être…
*
Dans le même temps, Anthéa est toujours en train de dormir. Elle est toujours dans ce néant blanc mais, cette fois-ci, elle voit une silhouette assez petite et frêle se dessiner à l’horizon. Durant un petit moment, elle est curieuse de savoir qui, ou qu’est-ce que ça peut bien être. Puis, au fur et à mesure que le temps passe et que la silhouette se rapproche d’elle, tout se précise : cette mystérieuse ombre avait des cheveux assez épais, un peu en forme d’un chapeau de champignon et une taille très mince.
Tout d’un coup, comme si elle avait eu soudainement une étrange intuition…

Anthéa Aelita ?...
*
Après quelques instants de mystère, Aelita découvre enfin l’identité de l’être sibyllin qui partageait son néant blanc…
Pendant un petit instant, elle ne pouvait pas le croire. Pour elle, c’était presque impossible que cette personne fût là, ou du moins sa présence était vraiment inattendue. Et, pourtant, elle ne rêvait pas – au sens figuré du terme…
C’était bien sa mère qui était devant elle.

Aelita, abasourdie Ma…maman !?

Anthéa, également hébétée, mais allègre Aelita !?

Pendant un bref moment, il ne se passe rien. Puis, en hurlant de joie, les deux femmes se précipitent l’une vers l’autre, en battant le plus fort possible les pieds dans les airs, et Aelita est très vite dans les bras de sa mère.
Les deux femmes ont les larmes aux yeux, mais le sourire aux lèvres.

Aelita Oh, maman ! J’ai cru ne jamais te revoir !

Anthéa Moi aussi, ma chérie ! Tu m’as tellement manqué ! Laisse-moi te regarder…

Elle relève doucement la tête d’Aelita et la contemple dans toute sa splendeur. L’adolescente se laisse faire, en souriant.

Anthéa, émerveillée C’est fou ce que tu es devenue si belle, ma chérie ! Tu as tellement grandi, depuis tout ce temps ! Tu me rattrapes presque !

Les deux femmes rigolent. En effet, Aelita est presque aussi grande que sa mère – cette dernière a juste une tête de plus qu’elle…
Alors qu’Aelita retourne se blottir contre le doux étreinte de sa mère, elle tourne la tête de tous les côtés et se rend compte, un peu agacée, que le néant blanc est toujours là…

Aelita, intriguée Où sommes-nous, maman ?

Anthéa, un peu gênée Je, euh… j’en sais rien. À mon avis, nous sommes dans une sorte d’Entre-Deux-Mondes, entre la vie et les rêves. Je dirai même que nous sommes à un endroit où nos rêves se sont entrés en collision.

Aelita Comment ça ? Explique-moi…

Anthéa Eh bien, les rêves sont des mondes à eux tout-seuls ; ce sont nos propres mondes personnels, d’après Freud. On peut donc imaginer qu’il y a tout un univers comblés par nos rêves et, comme tout objet dans un univers, les corps s’attirent et, des fois, se heurtent.

Aelita Mais, comment cela a pu être possible ? Quelle force a été suffisamment puissante pour faire entrer nos rêves en collision ?

Anthéa, en haussant les épaules Ça, j’en sais rien…

Pendant un petit moment, les deux femmes ne se disent rien, trop occupées à se serrer l’une contre l’autre. Puis…

Aelita Maman, je peux savoir où tu es ? Où est-ce qu’on t’a emprisonnée ?

Anthéa, hésitante À vrai dire… j’en sais trop rien. L’ANAX possède beaucoup de bases secrètes partout dans le monde et, quant à moi, je suis emprisonnée dans la Base-Noyau…

Aelita, intriguée La Base-Noyau ?

Anthéa Elle se trouve en Lostanie, perdue en pleine montagne. Où ça ? je l’ignore. Mais, fais gaffe, ma chérie : c’est une base hyper dangereux. Là-dedans, se trouve pleins d’hommes en noirs et même le Boss de l’ANAX en personne.

Aelita, en devenant plus attentive Ah ouais ? C’est qui ?

Anthéa Je ne connais pas son identité, mais je t’en prie, ma chérie : n’y va pas. C’est un lieu vraiment très dangereux, les hommes de l’ANAX n’ont vraiment aucune pitié…
(Elle le regarde droit dans les yeux, en prenant un air suppliant…)
Aelita, mon ange, ne risque pas ta vie pour moi ! Je t’ai déjà perdu une fois, je n’ai pas envie de te perdre une bonne fois pour toutes !

Aelita Mais, maman, tu… tu ne peux pas continuer de vivre dans ce lieu, loin de tout ! Et puis… papa est mort, et tu es la seule parente qui me reste…

Anthéa, hébétée Comment ça, ton père est mort ? Qu’est-ce qui lui est arrivé ?

Aelita C’est trop long à expliquer, mais ça fait trop longtemps qu’on est séparé et…

Anthéa, en acquiesçant tristement Je sais, ma chérie, je sais ! Mais…
(Elle se rapproche de son oreille et lui murmure…)
Si t’as vraiment besoin de me voir, de me parler, sers-toi de tes rêves ; là au moins, tu seras sûre de me retrouver car, dans les univers oniriques, tout est possible.

Aelita Je peux encore rester un peu avec toi ?

Anthéa, en hochant la tête, le sourire aux lèvres Oui, bien sûr. Profites encore de tout ce temps qu’on nous a cruellement enlevé !

C’est ainsi que les deux femmes, l’une contre l’autre, se laissent tomber dans ce néant blanc, calmement et contemplant le magnifique spectacle qui s’offrait à elles…

5)

Comme à son habitude, Jim traînait dans les couloirs de l’internat afin de s’assurer qu’aucun plaisantin ne s’y trouvait sans bonne raison. Pour l’instant, il n’a trouvé personne, mais il reste toujours aussi attentif au cas où… car, quand on a vingt ans de service dans l’armée, on apprend à se méfier des coups-fourrés mais, évidemment, il ne préfère ne pas en parler !
Il arrive à un tournant et tourne à sa droite. Mais, tout à coup, il s’arrête, pétrifié par la terreur : il découvre Aelita couchée par terre, inanimée, la tête appuyée contre le mur. Sa position presque anormale aurait pu nous laisser penser qu’elle venait d’être abattue.
Vite, Jim se ressaisit et se précipite vers l’adolescente. Là, il se met rapidement à genoux à côté d’elle et prend doucement sa douce tête dans ses grosses mains…

Jim, en lui donnant quelques petites claques sur la figure Hé, Aelita ! Ça va pas, qu’est-ce qu’il y a !? Aelita, réponds-moi !

Mais, il a beau lui donner toutes les petites baffes du monde, la jeune fille ne se réveille toujours pas. Craignant qu’elle ait pu faire une crise cardiaque, il s’empresse de se pencher sur sa poitrine et d’écouter attentivement…
Heureusement, le cœur d’Aelita bat toujours, mais à un rythme faible, très faible…

Jim, d’une voix un peu tremblante Tiens bon, fillette ! Nous fais pas le coup de l’attaque mortelle !

Sans perdre de temps, il la prend délicatement dans ses bras et décide de foncer hors de l’internat, en prenant soin de bien tenir Aelita près de lui…
*
Dans la Base-Noyau, le Dr Franken arrive dans le couloir des cachots. Il ne lui faut beaucoup de temps pour rejoindre celui d’Anthéa Hopper…
Mais, soudain, il s’aperçoit que quelque chose ne va pas : les deux gorilles qui surveillaient la prison avaient leurs têtes plaquées contre les barreaux, comme si quelque chose était en train de se passer dans la geôle. Comme guidé par un mauvais pressentiment, Franken accélère l’allure et se retrouve bientôt entre les deux gardes…

Dr Franken, intrigué Qu’est-ce qui se passe, messieurs ?

L’agent A On sait pas trop, docteur ! Avant, elle dormait tranquillement et puis, tout à coup, elle s’est figée dans son lit et elle n’a plus bougé !

Dr Franken, horrifié Comment ça, elle s’est figée !? Ne me dites pas que…

L’agent B, en hochant la tête Rassurez-vous, docteur, elle n’est pas morte ! Ce qui est bizarre, c’est qu’elle paraisse morte et, pourtant, elle parle dans son sommeil !

Dr Franken Ah, elle parle dans son sommeil, voyez-vous ça ! Et, est-ce intéressant ce qu’elle dit ?

L’agent A, en acquiesçant Et, comment ! Depuis tout à l’heure, elle semble discuter avec une certaine… Aelita.

Franken se tourne soudainement vers lui, stupéfié.

Dr Franken, en s’exclamant de surprise Aelita !? Vous avez bien dit, Aelita !?

L’agent A, un peu gêné C’est ce que j’ai entendu, au moins !

Franken se retourne vers Anthéa, qui est toujours aussi figée dans son lit de prisonnier, et il commence à l’observer très attentivement. Et, en effet, cette femme était bel et bien en train de parler, même si ses murmures étaient à peine audibles. Et, elle répétait bien : « Aelita ! Aelita ! »
Un sourire presque maléfique se dessine progressivement sur la bouche du savant, sous les regards intrigués des deux agents…

Dr Franken, à lui-même Hé ! hé ! Très intéressant !

Il fait un demi-tour et quitte rapidement le couloir des prisons, avec une idée bien précise en tête. Quant aux deux gorilles, ils restent là sans pouvoir encore comprendre ce qui se passe…
*
Quelques instants plus tard, on retrouve tous nos héros au foyer du collège et, apparemment, ils sont bien les seuls occupants. Alors que Sissi est scotchée devant la télé, les garçons jouent au baby-foot sous l’œil attentif de Yumi ; Odd et Ulrich d’un côté, Jérémie et William de l’autre. Pour l’instant, les deux camps ont des forces égales et le score est tout à fait respectable.
Tout à coup, Ulrich parvient à mettre un but à Jérémie. Ce dernier est vraiment gêné devant tous ses camarades, en particulier sous le regard déçu de William.

William Ben, dis donc, t’es vraiment pas un crac en baby-foot, non plus !

Jérémie, qui semble avoir pris la mouche Ben, qu’est-ce que j’y peux, moi !? Moi, j’ai pas l’habitude d’avoir de telles occupations lors de mes temps libres ! Pendant que vous vous amusiez, vous, moi je suis en train de travailler à la recherche de nouveaux mondes virtuels contrôlés par l’ANAX…

Ulrich À ce propos, t’en as trouvé d’autres, ces derniers temps ?

Jérémie, sur un ton déçu Ben non, justement ! Et, c’est pas en restant devant un baby-foot que j’avancerai dans mes recherches !

Odd, sur son ton taquin Allez, Einstein ! Même les grosses tronches ont besoin de se détendre autre part que devant leur ordinateur et puis, de toute façon, l’ANAX est calme en ce moment !

Jérémie, en marmonnant Ouais, mais pour combien de temps ?

Odd, en se tournant Tiens, Yumi, je vois que tu t’ennuies à mourir sur ta chaise ! Qu’est-ce que t’en dis de participer à notre match, par exemple en… déposant un baiser aux vainqueurs de ce match !?

Tout d’un coup, Ulrich et William lui jettent un regard assassin, qui ne semble pas tellement affecter le petit clown de la bande, et Yumi est partagée entre l’envie de rire et l’envie de lui sauter dessus pour l’étrangler…

Yumi, intriguée et un peu furieuse Pourquoi tu demandes ça, Odd ? Si tu veux savoir, je m’ennuie pas du tout et…

Odd, en lui soufflant T’inquiète ! C’était juste pour vous montrer que j’étais en pleine forme, aujourd’hui, et pour embêter Ulrich et William car je les sens un peu pâlos depuis tout à l’heure !…

Il lui adresse un bref coup d’œil, qui fait sourire Yumi.
Tout à coup, la porte s’ouvre à la volée et Jim apparaît dans la pièce, essoufflé. Les six amis se tournent vers lui et le regardent sans comprendre…

Jérémie Jim !? Qu’est-ce que…

Jim, d’une voix horrifiée Venez vite ! C’est Aelita, il lui est arrivé quelque chose !

En un rien de temps, les adolescents quittent leur poste et se précipitent vers la sortie du foyer, sur les talons de leur professeur de sport…
*
Dans la Base-Noyau, Franken revient devant la geôle d’Anthéa, en compagnie du chef de l’ANAX qui est toujours encapuchonné et, donc, impossible à identifier. À l’arrivée de ce dernier, les deux agents se mettent au garde-à-vous, mais c’est à peine s’ils ont été remarqués. Car, pour l’instant, c’est bien Anthéa Hopper qui intéresse les deux arrivants.
Cette dernière est toujours inanimée sur son lit et elle continue toujours de murmurer des choses incompréhensibles. Mais, rien n’échappe à Franken autant qu’à son supérieur…

Dr Franken, sur un ton fier Vous voyez, monsieur, que ça valait le coup de faire le déplacement !? À mon avis, je crois que…

L’homme (dans le fauteuil), en l’interrompant d’un geste Oui, mon cher ami, je pense exactement la même chose !

Il l’observe encore quelques instants, sans aucun autre commentaire, puis…

L’homme (dans le fauteuil) Franken, il me semble qu’elle va maintenant nous servir, depuis tout ce temps ! Oui, mon ami… je crois que nous avons trouvé une nouvelle tactique pour enlever la petite Schaeffer !