« Peu importe les distances qui nous sépare... tu occupes toutes mes pensées... Et du coup c'est comme si tu étais toujours auprès de moi. »
Oswald Whistler ~ Professeur Layton et la Diva Éternelle.

6)

On retrouve Aelita, Odd et Sissi translatés dans un des nombreux couloirs du temple du Makacq. Tout est sombre et les torches accrochées sur les murs émettent une timide lueur qui accentue l’atmosphère angoissante des lieux. Les lyoko-guerriers découvrent vite fait que le lieu est vraiment désolé, à en juger les toiles d’araignées qui se reflétaient à la lumière comme des lustres macabres et les lianes qui sortaient des différentes fissures. Heureusement, la matière spectrale qui les constituait ne risquait pas de se salir – une véritable chance, surtout, pour Sissi qui ne peut s’empêcher d’exhiber un certain dégoût à tout ce qu’elle voit !

Sissi Beurk ! Mais, c’est dégoûtant ici !

Jérémie, voix off Alors, où est-ce que vous êtes tombés, cette fois-ci ?

Odd Dans un vrai hôtel quatre étoiles pour aventuriers et morts-vivants ! Non, sans blague, on est dans un temple aussi désaffecté que notre usine !

Jérémie, voix off Attendez, je vous situe !…
(Quelques secondes de blanc, puis…)
C’est bon, je vous ai repérés ! Vous êtes sur une petite île au large de l’archipel de Hawaii. Apparemment, cette île est déserte depuis toujours et elle est même la plus sauvage du Pacifique…

Aelita, en marmonnant Autrement dit, c’est la cachette idéale pour les hommes de l’ANAX !

Jérémie, voix off C’est ce que j’allais dire ! D’ailleurs, on dit que cette île est maudite et que personne ne s’y est aventuré jusqu’à présent…

Odd Jusqu’à l’arrivée des Aventuriers de l’île perdue ! Aah ! maintenant, je comprends pourquoi ils ont choisi cette île ! Dis, Jérémie, un autographe n’a jamais fait de mal à personne ! Est-ce que…

Jérémie, voix off et furieuse Non, Odd ! Vous ne devez pas vous faire repérer par ces personnes, qu’elles soient sympas ou non ! Je ne préfère pas imaginer comme elles réagiraient si jamais elles découvrent votre existence !… Non, non, vous cherchez tranquillement le Super-Calculateur, vous le détruisez, et on fiche le camp d’ici le plus vite possible ! D’autres objections !?

Aelita C’est bon, Jérémie. On peut commencer.

Jérémie, voix off Bien. Au point où vous êtes, vous devez trouver un passage secret qui mène au sous-sol du temple et qui se situe pas loin de vous.

Odd, en rétorquant T’es marrant, toi ! Il fait sombre comme dans un tombeau, ici ! On y voit rien !

Pendant quelques instants, les lyoko-guerriers cherchent l’entrée du passage secret en caressant les murs et le sol, mais en vain.
Pourtant, c’est Sissi qui va la trouver assez rapidement. En effet, afin de se reposer un peu pour réfléchir, elle s’adosse contre une représentation d’un Makacq dans une posture atzèque peinte à même le mur… qui bascule sous son poids. Surprise, la majorette virtuelle glisse le long d’un toboggan ténébreux, et ses hurlements pourtant si forts s’estompent rapidement, signe que le toboggan est très raide et très long.
Aelita et Odd se regroupent devant l’entrée maintenant dévoilée et se regardent, hébétés.

Aelita, en soupirant Pourquoi il faut toujours que ça arrive à elle, ces trucs-là !?

Odd, en faisant un signe vers le toboggan J’sais pas mais, en attendant…
(Il se met en position et se jette, tête la première, sur le toboggan, en hurlant…)
J’ARRIVE, PRINCEEESSSSSSSEE !!!

Aelita hausse les épaules, en gloussant un peu, et le suit plus prudemment…
*
Après un bon bout de chemin ensemble dans cette angoissante obscurité, les quatre Aventuriers arrivent à l’endroit où le couloir se divisait en deux comme un Y. Ils sont très vite embarrassés…

John, le sourire aux lèvres Bah, ça devait arriver un moment ou un autre, de toute façon !

Virginie, en promenant son regard entre les deux couloirs, anxieuse Le problème, c’est de savoir qui va aller avec qui ?

Pendant un instant, ils se regardent tout en réfléchissant, puis…

Jennifer, en se jetant contre la poitrine musclée de Christophe Moi, je vais avec Christophe ! Avec lui, au moins, j’ai moins peur !

John, en la regardant avec un air un peu moqueur Dis plutôt que tu seras sûre de gagner avec Super-Chris !

Jennifer, furieuse Non, c’est pas vrai !

Elle rougit devant l’air ironique de John et Virginie, mais Christophe garde la même fermeté et s’empresse de prendre Jennifer dans ses bras. Cette dernière sourit et ferme les yeux, tout en savourant les douces caresses de son aîné.

Christophe, en jetant un regard dur aux deux autres Bon, on va pas perdre de temps à discuter ! Jennifer ira avec moi dans le couloir de droite et, vous-deux, vous prendrez le couloir de gauche ! Bonne chance, et que le meilleur gagne !

John, en le saluant comme un militaire À vos ordres, chef !

Christophe, agacé John, t’es vraiment désesépérant, des fois !

Les quatre Aventuriers suivent les directives de Christophe à la lettre et, quelques instants plus tard, ils disparaissent dans leurs couloirs respectives…
*
Aelita et Odd arrivent, enfin, dans les souterrains du temple, après une descente assez spectaculaire. Et, ces lieux étaient vraiment… surprenants : en tout cas, ils ne correspondaient pas au contexte présent. Les lyoko-guerriers avaient vraiment l’impression d’être tombés dans un des labos sinistres de l’ANAX ; non, ce n’était pas une impression, ils étaient bel et bien arrivés dans un labo. Déjà, il y avait plus de lumière qu’en haut, mais les lianes luxuriantes qui recouvraient presque le sol et les murs en béton laissaient à penser que cette partie du temple devait être abandonnée depuis longtemps. Mais alors, pourquoi les néons fonctionnaient-ils toujours ?
Alors qu’Odd va ramasser Sissi qui était un peu plus loin et un peu sonnée, Aelita considère les lieux de façon panoramique et une lueur de fierté se lit sur son visage…

Aelita C’est bon, Jérémie, on a trouvé le labo de l’ANAX. Le Super-Calculateur ne doit plus être très loin.

Jérémie OK. Aelita, si tu veux, tu peux aller fouiller toutes les pièces pour trouver des archives, et Sissi et Odd s’occuperont du Super-Calculateur.

Odd, en jetant un regard inquiet à sa copine Ça va, princesse ? Pas trop sonnée ?

Sissi, en se relevant et en se frottant douloureusement la tête Un peu, mais ça ira, chaton ! Allons chercher ce Super-Calculateur, qu’on en finisse rapidement !

Jérémie, voix off Je suis prêt à vous guider !

Odd Dans ce cas, allons-y !

Ce dernier et sa copine fonce dans les couloirs sous les indications de Jérémie, tandis qu’Aelita commence à fouiller la première salle qui se trouve sur son chemin…
*
Sur Tropica, tout a l’air bien calme pour le moment. Ulrich et Jim sont tranquillement installés devant la Tour où est amarré le Skid et, de temps en temps, le samouraï fait quelques cent pas en jetant des regards pleins d’envies sur la forêt luxuriante qui s’étendait devant lui…

Ulrich Dites, Jim, ça vous dit de faire un petit tour, histoire de tuer un peu le temps ? C’est que je m’ennuie trop, moi !

Jim Je préfère qu’on reste ici, au cas où. On sait jamais, surtout avec l’ANAX !

Ulrich contemple encore la forêt avec envie mais, au bout d’un moment, il se retourne et adresse à Jim un air un peu triste, comme s’il voulait avouer quelque chose d’assez grave. Le prof de sport se rend compte de ce brusque changement d’humeur, et il en est tout intrigué…

Jim Il y a quelque chose qui ne va pas, Ulrich ?

Ulrich, hésitant Ben, c’est que… pourriez-vous garder un secret ?

Jim, en haussant les épaules Oui, bien sûr !

Il se lève et va se poster devant le jeune homme, toute ouïe. Avec sa grosse main, il relève sa tête abattue afin de le regarder entre quatre yeux…

Jim, d’une voix douce Dis-moi ce qui te tracasse, gamin !

Ulrich Eh ben, euh… c’est à propos du… du bal ! Je…

Mais, soudain…

Jérémie, voix off Jim ! Ulrich ! Finis, les bains de soleil sous les tropiques ! Le Super-Scan vient de détecter une Tour activée vers le centre de Tropica !

À peine les deux guerriers ont saisi le message que, tout à coup, le plateau sous leurs pieds commence à trembler furieusement. Ça s’est passé si brutalemment que les deux hommes, hébétés, se retrouvent vite par terre. Soudain, un deuxième tremblement de terre ébranle le monde virtuel, puis un troisième… et un quatrième…

Jim, terrorisé Hein, mais qu’est-ce que… ?

Ulrich, en marmonnant C’est pas possible ! Je l’ai, pourtant, détruit définitivement sur Volcano ! Ouh là, j’aime pas ça !…

Quelques instants plus tard, les palmiers virtuels de la lisière de la forêt s’écrasent comme des Légos… et les lyoko-guerriers se retrouvent face-à-face, horrifiés, avec un énorme Makacq de plusieurs mètres de haut : il est aussi grand que la Tour où est amarré le Skid. C’est une réplique parfaite des singes virtuels qu’ils ont déjà eu le loisir de combattre, mais en plus grand et, donc, en plus puissant. On peut vraiment le comparer à un gigantesque King-Kong virtuel…
Et, comme un malheur n’arrive jamais seul, voilà qu’il est accompagné d’une dizaine de Makacqs (ayant une taille normale, cette fois-ci) qui, sous la protection de leur titanesque aîné, se montrent plus agressifs que jamais. Les tremblements de terre sont dûs aux énormes poings du Grand Makacq qui frappent lourdement la plage virtuelle, comme pour imposer sa puissance et sa supériorité.
Même s’ils commencent à avoir l’habitude des surprises épouvantables de leur pire ennemi, Ulrich et Jim ne peuvent s’empêcher de contempler ce monstre, pétrifiés par la terreur. Comme s’il sentait que les lyoko-guerriers se rabaissaient devant sa majesté, le Grand Makacq ne peut s’empêcher de rugir aussi fort qu’il le pouvait, ce qui fait trembler dangereusement la Tour et le Skid par la même occasion…

Ulrich, en hurlant dans le vent Jérémie, tu dis aux autres de se remuer ! Ça devient vraiment chaud, ici !

Malgré sa peur, il se relève, dégaine ses deux sabres et se met en garde. Jim l’imite aussitôt… juste à temps, en réalité, car les petits Makacqs commencent déjà à leur tirer dessus tout en en suivant les pas du Grand.
Dans une telle situation, l’avenir semblait très incertain…

7)

On retrouve Christophe et Jennifer dans les sombres couloirs du temple, qui sont lugubrement calmes. L’angoisse se lit sur le visage de la jeune Jennifer, même si elle se sent protégée en restant à côté du dur Christophe.

Jennifer, en chuchotant d’une petite voix C’est lugubre, ici ! Franchement, ça me fout la chair de poule !

Christophe, en acquiesçant Ouais, c’est calme… trop calme !

Jennifer essaye d’être attentive à tout ce qui se passe autour d’elle mais, au bout d’un moment, elle ne peut s’empêcher de fixer ses beaux yeux bruns sur le beau et grand militaire à côté d’elle. Christophe le devine, mais il essaye de ne pas détourner la tête, histoire de rester concentré.

Jennifer, sur un ton timide Au fait, qu’est-ce qu’un beau général comme vous vient faire dans ce trou perdu ? On vous a envoyé en mission !?

Elle s’efforce de rigoler à sa vanne, mais Christophe garde la même fermeté à sa plus grande déception.

Christophe, sans se tourner vers elle En réalité, c’est le goût de l’aventure qui m’a poussé à participer à ce jeu. Contrairement aux deux autres loulous qui sont partis de l’autre côté, l’argent ne m’intéresse pas. Ce qui compte pour moi, c’est le mérite, pas la gloire !

Jennifer, avec de grands yeux émerveillés Waouh, incroyable ! Vous êtes vraiment un homme de rêve, Christophe ! Votre épouse et vos enfants doivent être fiers de vous !

En disant ça, elle remarque que son visage se crispe instantanément, mais pas très longtemps. Elle croit deviner sa pensée…

Jennifer Oh, je vois ! Désolée, je voulais pas vous offenser !
(Comme il ne répond toujours pas…)
Quant à moi… bah, je vais être franche : c’est l’argent qui m’a surtout attirée ici ! Mais, je suis aussi venue ici pour vivre une grande aventure humaine, un truc qu’on pourrait jamais faire deux fois dans sa vie ! Et, franchement, malgré les coups durs, je n’ai pas été déçue !

Christophe reste encore de marbre, ce qui déçoit un peu la jeune femme. De nouveau quelques instants de silence, puis…

Jennifer Au fait, qu’est-ce que vous comptez faire si jamais vous gagn… HÉÉÉÉÉÉÉ ! ARRRRRRGGGGH !!!

Tout à coup, le sol se dérobe sous leurs pieds et les deux Aventuriers disparaissent dans les ténèbres du gouffre, tout en hurlant aux éclats…
*
Aelita a trouvé la salle des archives du labo, une sorte de grand cagibi où sont entreposés de grands cartons contenant un nombre incalculable de feuilles et de CD. Il y a même un ordinateur portable qui est encore branché sur l’unique prise électrique de la pièce et, à en juger la petite lumière rouge, il semble qu’il marche encore.
La jeune fille aux cheveux roses fouille tout ce qui lui tombe sous la main et, au bout de quelques instants, elle tombe sur un DVD assez sale et rayé où il est écrit : « Ront Project ».

Aelita, à part Tiens, tiens ! Peut-être qu’on en apprendra un peu plus sur notre cher ennemi !

Elle s’empare de l’ordinateur portable, y insère le DVD et elle attend. La fenêtre du lecteur apparaît rapidement, et le film commence…
*
Odd et Sissi sont arrivés dans une grande caverne assez sombre, étrangement inondée de moitié. La timide lueur qui éclairait les lieux venait justement de ce grand lac souterrain, qui n’occupait que le centre de la grotte – la périphérie était heureusement émergée.
Les deux lyoko-guerriers sont émerveillés par les roches, comme la jade, qui réfléchissaient timidement la lumière, mais ils se mettent quand même en garde au cas où…

Odd C’est bon, Einstein ! On est arrivé dans la grotte ! Où se trouve le Super-Calculateur ?

Jérémie, voix off À l’opposé de votre position, sur une crique et entre des trésors.

Sissi, en levant le bras Ouais, je le vois !

En effet, le Super-Calculateur se trouvait sur une plage en face d’eux, et il trônait en maître entre de gros coffres riches en trésors : des pièces et des reliques. Les câbles qui étaient branchés devaient être enterrés dans la roche jusqu’au labo, derrière eux.
Soudain, Sissi commence déjà à se précipiter sur les bords escarpés de la caverne, en direction de la petite plage en pierre. Mais, devinant quelles étaient ses vraies intentions, Odd se jette juste à temps sur elle et la retient de toutes ses forces…

Sissi, en se débattant Mais, lâche-moi, chaton ! Je ne veux pas faire du mal, je veux juste…

Odd Oui, je sais ce que tu veux, donc raison de plus pour que tu restes ici ! Il serait plus prudent de dégommer juste le Super-Calculateur, et de laisser ces joyaux tranquilles ! Donc, tu vas rester gentimment ici, le temps que j’accomplisse la mission, histoire d’être bien sûr que tu feras pas de bêtises !

Sissi Mais…

Odd Il n’y a pas de mais qui tienne !

Il finit par la lâcher, et Sissi va aller bouder dans son coin.

Sissi T’es franchement pas sympa !

Odd, le sourire aux lèvres Oui, je sais !

Il commence à longer les bords le plus prudemment possible. Avec ses griffes, il prend soin de bien s’accrocher à la paroi lisse de la caverne pour ne pas tomber dans l’eau.
Mais, tout à coup, alors qu’il est à mi-chemin, il voit Sissi se précipiter comme un avare sur l’autre passage escarpé (à l’opposé de lui). En un rien de temps, elle est sur la petite crique, mais ce n’est pas pour le Super-Calculateur…

Odd SIISSSIIIIIII !!!NOOOOOOOONNNNNNNNNNN !!!

Trop tard : elle s’est emparée de la première relique qui se trouvait sur son chemin.
Soudain, la caverne se met à trembler et le lac souterrain commence à bouillonner furieusement et une lumière rouge-noir s’y dégage. Les deux lyoko-guerriers contemplent ce spectacle, terrifiés.
Après quelques secondes d’angoisses, une trentaine de pirates apparaissent comme s’ils étaient posés sur un monte-charge et, déjà, ils commencent à se diriger vers Sissi en rugissant. Mis à part les algues qui pendouillaient partout sur eux et leur apparence squelettique, ils avaient les yeux… noirs ; ils étaient contrôlés par l’ANAX.
La majorette virtuelle est si terrifiée qu’elle lâche son trésor.

Odd, à toute voix SISSI ! LE SUPER-CALCULATEUR ! VVIIIIIIIIITTTEE !!!

Mais, elle est trop horrifiée pour l’écouter. Comme les pirates continuent toujours de se rapprocher d’elle, elle finit par hurler et elle regagne la même passerelle escarpée par lequel elle était arrivée aussi vite qu’à l’aller.
Odd est complètement désemparé. De Sissi aux pirates qui se rapprochaient aussi de lui, il se tourne vers le Super-Calculateur une dernière fois…

Odd, à lui-même Il y a peut-être une chance !

Il saute du bord escarpé et tire une de ses flèches lasers avant de tomber dans l’eau…
Malheureusement, il rate sa cible de peu.
Peu de temps après, il revient à la surface… accroché fermement à la tête d’un pirate. Ce dernier, n’appréciant pas d’être coiffé ainsi, grogne et essaye de chasser l’homme-chat avec son épée. Odd n’attend pas cette invitation pour se secouer les puces et, tout en hurlant aux éclats comme sa copine, il se met à courir si vite qu’il marche presque sur l’eau.

Odd, en hurlant aux éclats Tu sais quoi, Einstein ? Maintenant, je sais pourquoi les chats détestent tant l’eau !

Quelques instants plus tard, les deux adolescents quittent, main dans la main, la caverne, mais les pirates sont toujours à leurs trousses…
*
Sur l’écran noir, apparaît le titre suivant :
« RONT PROJECT – FINAL PHASE – A. FRANKEN – 13/07/1973»
Puis, le fond noir laisse place à un décor qui faisait rappeler celui dans le labo sur Vulcain : une plate-forme en métal circulaire branchée de toute part à des dizaines d’ordinateurs et couronnée de lampadaires émettant une lumière très éblouissante. Au centre de la plate-forme, il n’y avait encore rien pour l’instant mais, en voyant les scientifiques s’affairer devant leurs postes informatiques, ça ne serait tarder…

A.Franken, voix off Procédures d’initialisation prêtes et vérifiées ! Circuits branchés ! Programmes ouverts ! Lancement de la phase de matérialisation !

Soudain, un grand brouhaha se fait entendre et de la fumée venant de nulle part enveloppe la plate-forme. La lumière des lampadaires se fait plus éblouissante, presque fantomatique, et des champs électriques commencent à apparaître et à danser dans tout cet espace.
Tout à coup, une forme commence à apparaître au centre de tout : autant de la plate-forme que des champs électriques dansant dans les airs. C’était d’abord un squelette d’un personnage virtuel puis, progressivement, d’autres élements font leur apparition comme de l’eau montant dans un récipient : de la peau, un costume… même des gadgets, le tout étant virtuel bien sûr.
Aelita est toute interdite devant l’écran, mais elle reconnaît tout de suite le personnage qui se forme sur cette plate-forme, malgré le brouillard épais qui s’était formé…

Aelita, à voix basse Aah ! Ront !

Quelques instants plus tard, une nouvelle explosion se fait entendre et tous les scientifiques présents sur l’écran sont balayés par son souffle. Dans un concert d’éclairs majestueux, lévitant dans les airs dans une position en croix, Ront commençe à prendre vie…
Tout d’un coup, les éclairs sortant de son corps commencent à se déchaîner dans tous les sens, détruisant les installations et tuant quelques informaticiens au passage. Le chaos est tel que la caméra commence à trembler dangereusement. Les scientifiques qui survivaient à ce massacre en masse se précipitaient vers les ordinateurs et tentaient de faire des manipulations assez rapidement.
Mais, la situation ne s’arrange guère. Un des scientifiques, terrifié, se tourne vers la caméra…

Le scientifique, en hurlant à toute voix Monsieur Franken, vaut mieux tout arrêter ! On a atteint un seuil critique, là !

A.Franken, voix off Non, ne faites rien ! JE VOUS INTERDIS DE FAIRE QUOI QUE CE SOIT !!!

La caméra continue de s’agiter de plus belle, comme pour prouver la colère et la détermination d’Albert Franken. Le scientifique, néamoins, insiste avec des regards suppliants… mais un éclair parvient à le propulser dans le calme éternel.
Aelita est terrifiée par ce sinistre spectacle.
Maintenant, il n’y a plus que des ruines et des cadavres. La caméra fait un gros plan sur Ront, qui n’a pas encore changé de position…

A.Franken, voix off et satisfaite J’ai voulu créer l’être virtuel le plus puissant et le plus parfait de tous les temps et de tous les univers… et j’ai réussi !

Une onde de choc électrique détruit la caméra et met fin au film.
Aelita est encore toute retournée par ce qu’elle vient de voir… mais elle a pas le temps de se poser des questions sur ce qu’elle vient de voir car des hurlements lointains la font brusquement revenir à la réalité…



Sur Tropica, Ulrich a activé son Triplicata et, déjà, lui et ses deux doubles ont détruit quelques Makacqs sous les lasers et les énormes poings du Grand Makacq. Quant à Jim, il se prépare à accueillir celui-ci devant la Tour, avec ses deux poings prêts à dégommer tout ce qui se trouvera sur son chemin.
Mais, la situation ne s’arrange pas. D’autres Makacqs surgissent de la forêt et, au bout d’un moment, Ulrich est obligé de battre en retraite après que ces deux doubles ont été quand même détruits par les lasers argentés.

Ulrich Jérémie, dis-moi qu’ils ont réussi à détruire le Super-Calculateur, parce qu’on ne tiendra plus très longtemps, nous !

Jérémie Je voudrais bien, mais Sissi a commis une grosse bourde et, maintenant, elle et Odd sont poursuivis par des pirates contrôlés par l’ANAX !

Ulrich, en soupirant Ah, la poisse ! Quelle idiote, franchement !

Jérémie Je ne vois plus qu’une solution : aller couper les liens de la Tour, vu que je ne veux pas faire revenir Aelita pour le moment. Au moins, non seulement nos amis seront sauvés, mais aussi les Aventuriers de l’île perdue. Ulrich, tu t’en chargeras ; je crois que Jim pourra défendre le Skid à lui tout-seul ! Je t’envoie l’Overbike !

Ulrich, en se tournant vers Jim Vous êtes sûrs de tenir avec toute la famille Makacq ?

Jim, un peu douteux Je crois… oui. Mais, fais vite ! Je ne tiendrai pas éternellement !

Ulrich, en acquiesçant Entendu !

Quelques instants plus tard, l’Overbike fait son apparition et Ulrich le chevauche immédiatement. Un dernier mot à Jim, puis il fonce à toute allure vers la forêt de Tropica, en plein milieu des Makacqs. Ces derniers lui tirent dessus, mais le samouraï, par miracle, passe de justesse entre tous les lasers argentés.
Une fois qu’il est dans la forêt luxuriante, les Makacqs se dévisagent tous, hochent la tête comme pour se mettre d’accord et se précipitent sur les traces d’Ulrich, tous sans exception. Sur la plage de Tropica, il ne reste plus que Jim et le Grand Makacq…
*
Dans les couloirs de la base, Odd et Sissi courent toujours sans but précis, les pirates sur leurs talons. Au bout d’un moment, alors qu’ils ont une longueur d’avance non négligeable sur leurs poursuivants, ils se cachent dans un placard qui se trouvait sur leur chemin, histoire de semer leurs ennemis…
*
Jennifer et Christophe reprennent difficilement connaissance. Une fois debout, la première chose qu’ils ont dans la tête, c’est de regarder autour d’eux pour savoir où est-ce qu’ils ont atterri. Et, il se trouve que c’est exactement dans le labo où se trouve nos héros, justement…

Jennifer, sur un ton craintif Chris… Christophe, où est-ce que… qu’on est !?

Christophe, d’une voix caverneuse J’en sais rien, mais jamais je n’aurais pensé qu’il y avait tout un labo caché dans les sous-sols d’un temple comme celui-là !

Jennifer, en acquiesçant En effet, c’est très étrange…

Soudain, il entend des pas, puis des grognements qui se rapprochaient dangereusement d’eux. Ils tournent tous les deux la tête, terrifiés…

Jennifer, pétrifiée par la terreur Qu’est-ce que… qui est-ce ?

Elle a très vite la réponse : les pirates font leur apparition au détour d’un couloir. Ils sont moins nombreux – une dizaine – mais ils sont encore plus enragés que jamais…
Jennifer hurle, et Christophe se met en garde…

Jennifer Est-ce que ce sont des comédiens de la production ou… des vrais !?

Christophe Vu leur côté hargneux et très sincère, ce sont des vrais ! Jennie, tire-toi ! Je vais essayer de les retenir !

Jennifer, interdite Mais, Chris…

Christophe Discute pas ! File !

Malgré un petit instant d’hésitation, la jeune Jennifer se décide quand même à prendre les jambes à son cou, mais deux pirates se lancent à sa poursuite tandis que les autres s’en prennent à Christophe comme des zombies, heureusement sans les épées. Le courageux militaire essaye de se défendre comme il le peut, mais rien à faire : il finit par s’écrouler sous les coups des pirates…
*
John et Virginie sont toujours dans les couloirs normaux du temple mais, soudain, eux-aussi entendent des bruits de pas assez menaçants…

Virginie, pas trop rassurée C’est quoi, ça ?

John, en haussant les épaules J’sais pas ! Peut-être que ça veut dire qu’on se rapproche de la salle du trésor !

Quelques instants après, les pirates (une dizaine, à nouveau) font leur apparition et se dirigent dangereusement vers les deux Aventuriers. Ces derniers hurlent aux éclats et font rapidement demi-tour, avec leurs agresseurs sur leurs talons également…
*
Sur Tropica, Ulrich fonce à toute allure sur les différents plateaux du monde virtuel. À la différence du Territoire de la Forêt de Lyoko, les arbres tropicaux poussaient sur les plateaux de façon primaire (c’est-à-dire, partout et sans ordre), et les fissures entre les plateaux n’étaient pas très grandes, mais très longues, et elles étaient comblées par une fine pellicule d’eau qui ne devait pas empêcher la chute dans la Mer Numérique du premier baigneur venu. Pour passer d’un plateau à l’autre, il fallait emprunter des arbres abattus qui servaient de ponts naturels et, contrairement à la plage, il régnait une douce chaleur et une douce lumière verte-feuille dans toute cette forêt tropicale, à cause de la canopée qui était immense.
En se retournant, Ulrich voit tous les Makacqs de la plage qui sont en train de le poursuivre soit en courant sur le plateau, soit en se balançant d’arbre en arbre, et de lui tirer dessus à volonté. Pour éviter de se faire dévirtualiser, le samouraï doit zigzaguer entre les arbres afin de gagner un peu de temps mais, même avec cela, les singes virtuels gagnent de plus en plus de terrain…
Au bout d’un moment, il doit emprunter un arbre abattu pour passer sur l’autre plateau. Le tronc était, heureusement, assez large. Avant de monter sur l’arbre, Ulrich ralentit un peu, histoire de laisser les Makacqs gagner le plus de terrain possible, puis, une fois qu’il est sur ce pont naturel et que les premiers Makacqs qui se balançaient d’arbre en arbre étaient à sa hauteur, il remet à nouveau la gomme et, soudain… il saute aussi haut qu’il le peut.
Dans une scène au ralenti, on le voit dégainer rapidement ses deux sabres, tourner comme une toupie dans les airs et, au final… détruire les quatre Makacqs qui le menaçaient via les arbres.
Avant de retomber sur son Overbike, il range ses deux sabres à la même vitesse et, une fois sur son engin, il s’empresse de regagner de l’avance sur les Makacqs restants : la plupart au sol, un dernier dans les arbres…
*
Pierre Cookiart, toujours avec son sourire charmeur, attend patiemment dans la salle du trésor où se trouve la relique du Makacq : le même singe doré à la posture atzèque que sur l’entrée du passage secret emprunté par les lyoko-guerriers. Alors qu’il commence un peu à s’impatienter, il entend des grésillements sur son oreillette…

Pierre Cookiart, intrigué Ouais, Ralph ?… Hein, qu’est-ce qui se passe !?… Comment ça, un truc pas net !?… Hein, des pirates !?… Et, vous n’avez aucune nouvelle de Christophe et Jennifer ?… Ouais, ça m’aurait étonné !… C’est bon, mon pote, je vais aller voir ce qui se passe mais, d’abord, où sont-ils ?… Dans les sous-sols du temple, d’après la caméra B16 ?… Ah ouais mais, moi, je connais pas ces parties du temple !… Ah non, non, t’en fais pas ! Tu sais que j’ai peur de rien ! Je vais aller les chercher et les remettre sur le bon chemin ! À tout de suite !

Il emprunte rapidement un passage secret, qui se trouvait à côté de l’entrée de la salle du trésor…
*
Sur Tropica, Jim a fort à faire face au Grand Makacq. Ce dernier tente de porter le coup fatal au Skid, mais le puissant Hercule virtuel essaye de le repousser avec ses gros poings bien fermés. Et, pour l’instant, ça a l’air de payer car les poings titanesques du grand singe virtuel n’arrivent toujours pas à s’approcher du Skid.
Conscient que ces simples contre-attaques ne pouvaient durer éternellement, Jim prend son courage à deux mains et, au moment précis où le Grand Makacq allait l’écraser sous son poing, il se dépêche de l’escalader, puis de gravir l’immense bras du singe. Ce dernier, sous les chatouilles du prof de sport, rigole bêtement, mais il essaye de se débarrasser de lui en grattant son bras comme pour se débarrasser d’une puce. Mais, ça ne sert à rien : même s’il est très costaud, Jim parvient à passer entre les gros boudins du singe et il escalade progressivement le bras du Grand Makacq à ses risques et périls.

Jim, en hurlant dans le vent Jérémie, je vais tenter quelque chose, mais je crois que je ne pourrais pas me débarrasser de ce gros tas de poils et de puces tout seul ! Envoie-moi de l’aide ! Vite !

Jérémie, voix off Entendu, je vais voir ce que je peux faire ! Mais, pas d’imprudence : inutile de vous rappeler que pour le moment, vous êtes seuls pour défendre le Skid !

Dans le labo, Jérémie tente de retrouver Ulrich sur ses radars. Il finit par le retrouver assez rapidement…

Jérémie, sur un ton assez pressant Ulrich, tu n’es plus très loin de la Tour, mais va falloir que tu t’actives : Jim ne tiendra pas longtemps contre le Grand Makacq !

Sur Tropica…

Ulrich, sur un ton ironique Ha ! Ben, voilà ce que ça fait lorsqu’on a les yeux plus gros que le ventre !

Soudain, il braque à gauche pour éviter un laser argenté mais, l’instant d’après, il doit vite se remettre dans l’axe pour éviter un arbre qui poussait par là…
En se retournant brièvement, Ulrich s’aperçoit qu’il y a toujours une dizaine de Makacqs qui sont à ses trousses. Tout en se concentrant sur la route, il réfléchit au meilleur moyen de tous les exterminer et, tout en réfléchissant, il traverse d’autres magnifiques payasages de ce monde virtuel comme un grand lac scintillant sous la chaude lumière de la clairière, des petites montagnes d’origines volcaniques… puis, retour dans la forêt luxuriante. Mais, rien à faire : malgré ces obstacles, seuls quelques monstres y s’écrasent presque bêtement, non sans l’aide d’Ulrich quelquefois.
Enfin, alors qu’il apercevait au loin la grosse montagne noire coiffée d’une cascade où se trouvait la Tour (à en juger les gros câbles qui pénétraient dans la caverne au pied de la cascade), il a enfin l’idée miracle. Alors que les Makacqs avaient encore gagné du terrain sur lui, il active à nouveau… son Triplicata et ses deux doubles, tout en conservant la même vitesse que l’Overbike, sortent leurs deux sabres… et coupent tous les arbres qui se trouvent sur leur chemin.
La contre-attaque est un succès : les uns après les autres, les grand arbres tropicaux s’écrasent dans un grand fracas derrière Ulrich et ses deux répliques, et tous les Makacqs, sans exception, se font avoir.
Une fois devant le petit lac qui servait de « paillaisson » à la caverne, Ulrich se refusionne et se retourne à nouveau brièvement : la voie qu’il avait emprunté était maintenant jonché d’immenses troncs, la rendant impraticable. Le samouraï exprime sa satisfaction, puis il entre dans la caverne.
*
Jennifer court dans les couloirs du labo sans but précis. Un moment, elle passe devant le placard où était caché Sissi et Odd…
Ce dernier, par l’interstice des portes entre-ouvertes, l’aperçoit dans le vent et, fasciné, il est sur le point de sortir de sa cachette. Heureusement, Sissi le retient juste à temps.

Sissi, intriguée Hé, qu’est-ce que tu fais, mon chaton !? Tu vas te faire tuer ?

Odd, émerveillé Oui, je sais, mais là, Jennifer vient juste de passer devant le placard, devant moi ! S’il te plaît, princesse, lâche-moi ; il faut absolument que je lui demande un autographe ! Je suis son plus grand fan !

Sissi, en essayant de le faire revenir à l’intérieur Ouais, peut-être, mais si tu sors d’ici, c’est pas un autographe que tu vas avoir, mais un coup d’épée ! Chaton, je t’en prie, reste ici !

Odd, en essayant de se dégager, furieux Mais, tu vas me lâcher, oui !?

Soudain, ils entendent un vacarme assourdissant qui les pétrifie. Des grognements et des hurlements barbares, presque sauvages…. En se tournant tous les deux vers l’interstice, les deux lyoko-guerriers observent, horrifiés, deux pirates passer devant le placard sans y faire attention, suivis de tous leurs copains quelques secondes plus tard.
Une fois qu’ils sont passés devant eux…

Odd, indigné Ah non, là, c’est trop ! Elle va se faire tuer par ses gros bouffons, si je fais rien pour la sauver !

Sissi, qui insiste Non, Odd, tu vas être détranslaté ! Odd, je t’en prie... ! Non, Odd !!!

Trop tard : l’homme-chat surgit du placard et se lance sur les traces des sprinteurs de tout à l’heure, à toute vitesse. Sissi le regarde s’éloigner, les larmes aux yeux.
Pendant ce temps, Jennifer arrive, malheureusement, dans un cul-de-sac. Elle veut faire demi-tour… mais les pirates l’ont déjà coincée dans son piège. Elle les regarde s’approcher, horrifiée et en reculant jusqu’à ce que le mur l’empêche d’aller plus loin.
Les pirates la regardent avec envie et certains d’entre eux ont déjà dégainé leurs épées, prêts à l’embrocher. Il y en d’autres qui se lèchent carrément les babines, en voyant leur proie s’affaisser progressivement contre le mur avec toute l’horreur du monde dans ses petits yeux doux.

Jennifer, à elle-même Et moi, qui voulait vivre l’aventure de ma vie… ! Et, dire que maintenant, je vais finir en dîner pour ces hommes sauvages ! Oh, Seigneur, protégez-moi, je vous en prie… !

Le plus grand et le plus massif des pirates (sans doute le capitaine) dégaine son épée, tout en ricanant comme un diable et en lançant des flammes invisibles à travers ses yeux vides, noirs. À ce moment-là, l’effroi tétanise carrément Jennifer, qui décide de fermer ses doux yeux au dernier moment afin de ne pas voir la mort en face.
Le capitaine est sur le point de planter sa lame dans sa mince poitrine…

Odd, hurlant à toute voix FLÈCHES LASERS !!!

Tous les pirates se retournent… mais ils tombent tous les uns après les autres sous les flèches d’Odd. Alors qu’il était sur le point de tuer cette pauvre jeune fille innocente, le capitaine se retourne et voit l’homme-chat bondir vers lui, avec son bras pointé droit vers sa tête…

Odd Hé toi, Capitaine Crochet ! Personne ne touche à ma Clochette, pigé !? Flèches lasers !!!

Le capitaine s’effondre, mort, bien avant qu’il n’ait eu le temps de répondre.
Odd retombe juste entre son corps inerte et Jennifer, qui avait toujours les yeux fermés et qui claquait même des dents. En la voyant dans un si piteux état, le lyoko-guerrier s’accroupit devant elle et caresse doucement ses douces joues : Dieu qu’elle était si jeune…

Odd, d’une voix douce C’est bon ! Les sbires de l’ANAX ne vous toucheront plus avec un gentil et puissant Catman comme moi !

Jennifer rouvre doucement les yeux et découvre progressivement son sauveur.
De l’épouvante, elle passe à l’étonnement, puis à l’émerveillement. Jamais dans sa vie elle n’avait eu affaire à un personnage pareil, mis à part dans les Comics et dans les Mangas dont elle était fan. Mais, voir une telle crétaure juste couchée sur du papier n’est pas la même chose de la voir en chair et en os, bien réelle devant vous. Et, de toute évidence, il ne devait pas faire partie de la production de TP1, ni d’un quelconque parc d’attractions – simple intuition ! Mais, ce qui était bien, c’est que c’était un homme-chat qui se tenait devant elle, et ça tombait bien : elle aimait bien les chats.
Au lieu de se mettre à nouveau dans tous ses états, elle répond petit à petit au sourire d’Odd et, avec des yeux pétillants, elle ne peut s’empêcher de tendre la main et de le caresser en retour, sur le visage, la crête, le torse de l’adolescent…. Du cauchemar, elle avait l’impression d’avoir bousculé dans un merveilleux rêve…

Jennifer, à part Et moi, qui voulait vivre l’aventure de ma vie… !
(Elle rigole à l’intérieur d’elle-même, avant de s’adresser à Odd…)
Qui êtes-vous ?

Odd, le sourire aux lèvres Ben, je suis votre plus grand fan, quelle question !

Jennifer, en rigolant Oui, je crois l’avoir déjà compris, mais je veux en savoir davantage : comment vous nommez-vous ?

Odd Je suis Odd, pour vous servir ! Le plus puissant lyoko-guerrier de tout le Réseau !

Il ne peut s’empêcher de lui baiser la main, ce qui la fait un peu glousser…

Jennifer, intriguée Lyoko-guerrier !? Vous êtes quoi comme guerrier, exactement ?

Odd, en la regardant de travers Bah, je suis un lyoko-guerrier, comme je viens de vous le dire ! Je suis de Lyoko, si vous préférez !

Jennifer Lyoko !? C’est quoi, Lyoko ?

Odd, en baissant la voix Écoutez, ce serait trop long à vous expliquer. Tout ce que je peux vous dire, c’est que… bon allez, Lyoko est le monde virtuel d’où je viens et, vous et vos copains de la télé, vous ne devez surtout pas rester ici !…

Jennifer Hein !? Mais, pourquoi ?

Odd, qui presse un peu plus le ton Laissez-moi finir ! C’est que vous n’êtes pas dans un temple comme les autres ! Vous êtes dans une ancienne base de l’ANAX, où se trouve un Super-Calculateur que moi et mes amis, nous tentions de détruire ! Et, pour que l’ANAX ne vous fasse plus de mal ni à vous, ni à personne d’autre, je vous conseille de ficher vite le camp d’ici et de ne plus jamais y remettre les pieds ! Je ne plaisante pas, Jennifer ; je sais que ça peut vous paraître complètement fou, mais c’est la réalité ! Il y a une réalité virtuelle qui menace, en ce moment, la Terre et nous, les lyoko-guerriers, nous sommes là pour la contrer ! Je vous demande juste de bien vous mettre à l’abri, une fois que vous serez rentrée chez vous, et d’attendre la fin de notre guerre ! Quelle guerre, me direz-vous ? Je vous l’ai dit : c’est difficile à comprendre, mais ne remettez pas votre vie en danger comme tout à l’heure ; je vous admire trop pour que vous refassiez une chose pareille !

Jennifer le regarde toujours sans comprendre…

Jennifer, en gloussant un peu Peux-tu me ré-expliquer tout ça plus lentement, s’il te plaît… Odd !?

Odd, en rigolant Ça fait rien ! Il vaut mieux qu’il en soit ainsi ; même moi, je comprends pas toujours ce qui nous arrive !

Jennifer Mais, ré-explique-moi tout ça, quand même, histoire que je comprenne mieux ce qui se passe… !

Au lieu de répondre à sa demande, Odd se contente juste de lui sourire et de tendre son bras droit vers elle…

Odd Je peux avoir un autographe !?
*
Quelques instants plus tard, Ulrich se retrouve au centre de la grotte, une immense cavité, où trônait la Tour coiffée d’une aura noire et baignant dans quelque centimètres d’eau. Près d’elle, les gros câbles surgissaient de la terre comme des serpents figés et c’est vers eux que le lyoko-guerrier s’avance, ses deux sabres dégainés.

Jérémie, voix off Allez, Ulrich ! Fais que les pirates retrouvent leur sommeil éternel !

Ulrich, d’une voix caverneuse et un peu arrogante C’est comme si c’était fait !

Il lève ses deux sabres bien à l’horizontale devant les premiers câbles qui se trouvaient sur son chemin, et il est sur le point de les abattre…
Mais, un Makacq apparaît de nulle part et lui tire dessus presque instantanément.
Un seul laser, mais un laser fatal…

« Peu importe les distances qui nous sépare... tu occupes toutes mes pensées... Et du coup c'est comme si tu étais toujours auprès de moi. »
Oswald Whistler ~ Professeur Layton et la Diva Éternelle.

9)

Sur Tropica, Jim est enfin sur l’épaule du Grand Makacq, qui essaye toujours de le chasser en vain, et il est sur le point d’escalader son immense crâne en s’aidant des gigantesques poils métalliques du monstre. Ce dernier le sent passer et, maintenant, il se gratte bêtement le crâne pour chasser le Hercule virtuel, qui parvient quand même au sommet de ce Golgotha infernal.
Jim prend soin de bien s’installer dans la fourrure métallique du crâne du grand singe virtuel et là… il commence à abattre violemment ses énormes poings sur la tête du monstre, comme s’il voulait que ce dernier s’enfonce dans la partie sableuse du monde virtuel. Le Grand Makacq hurle aux éclats et les douleurs au crâne provoquées par Jim redoublent sa rage et son envie de le chasser de son corps. Mais, le prof de gym ne décolère pas pour autant et, avec toute sa détermination, il continue de frapper le crâne du monstre le plus régulièrement possible, histoire que celui-ci ait tellement mal qu’il n’aurait plus la force de le chasser de sa fourrure métallique.
Déjà, alors qu’il grogne et hurle de douleur, le Grand Makacq passe devant la Tour où était amarré le Skid… et commence à aller vers la Mer Numérique, au plus grand plaisir de Jim.

Jérémie, voix off Dites-moi, Jim, à quoi vous jouez, là !? Qu’est-ce que vous voulez lui faire, en lui tapant sur la tête ?

Jim, sur un ton fier et sûr de lui Je veux tellement lui faire de mal qu’il sera déboussolé et qu’il ira se soulager – hé ! hé ! – droit dans la Mer Numérique !

Jérémie, voix off Ah ouais, original ! Il y a juste un problème : Ulrich vient d’être dévirtualisé alors qu’il était si près du but et…

Un moment de silence angoissant. Jim s’arrête un instant, et se montre plus méfiant à ce qui va venir…

Jim, s’impatientant Et quoi, Jérémie !?

Jérémie Le Vasa vient droit sur vous !!!

Jim se retourne et découvre, en effet et médusé, le terrible vaisseau de l’ANAX faire doucement son apparition. Déjà, les canons sont armés et, en un rien de temps, des torpilles dorées viennent s’écraser contre le Skid.
Jim n’a que trop relâché son attention car, soudain, une énorme masse brune tronc le claque avec une violence inouïe et le pauvre Hercule virtuel fait un superbe vol plané, avant de s’écraser contre les premiers gigantesques palmiers qui se trouvaient sur sa route, et qui sont déracinés sous le choc. Alors qu’il reste évanoui, le Grand Makacq se remet de ses prodigieuses douleurs à la tête et il commence à se diriger lentement vers le Skid…
Dans le labo, Jérémie contemple la scène, impuissant, sur ses radars. Il ne peut que s’exciter sur son micro…

Jérémie, terrifié Jim !? Jim, vous m’entendez !? Réveillez-vous ! Le Grand Makacq et le Vasa s’en prennent au Skid !… Jim !? Jim !?… Oh non, c’est pas vrai !
*
Odd et Jennifer ne pouvaient toujours pas se détacher du regard : c’était comme si une foudre inconnue avait lié leurs yeux… et leurs cœurs. Il admirait sa beauté féminine et sa jeunesse (elle devait avoir quoi !? Dix-huit, dix-neuf ans !), elle était en extase face à sa beauté virtuelle et son côté mignon, attachant…
Même si un moment, elle s’était faite une petite frayeur : alors qu’Odd tendait son bras pour avoir son autographe, Jennifer avait accepté sans hésitation, avait sorti un petit stylo qui était au fond d’une de ses poches mais, quand elle avait voulu signer le bras comme promis… le membre en question s’était réduit en liquide violet trouble, où s’est enfoncé le stylo comme s’il s’enfonçait dans de la gelée. Face à ce spectacle quelque peu impressionnant, elle a poussé un petit cri, mais elle s’en est très vite remise avec le sourire et le regard rassurants de l’homme-chat…

Odd, en retirant son bras tout en rigolant Ah ouais, j’avais oublié : je suis un spectre polymorphe lorsque je suis translaté. Ah, qu’est-ce que je peux être crétin, des fois ! C’est dommage ; je croyais avoir, là, l’occasion d’avoir la signature de mon Aventurière préférée ! Bon, ben, j’aurais pas l’occasion de frimer devant les copains, mais ça fait rien : c’est toujours mieux de voir ses stars favorites en chair et en os, et non en spectre comme moi !

Elle rigole à sa vanne et, dans sa tête, il n’y avait plus de doute : cet Odd, en effet, n’était pas un être ordinaire, il était loin d’être un simple comédien payé par la production…

Odd, en se penchant vers elle Pouvez-vous me poser un… petit bisou sur la joue, histoire de l’avoir quand même, mon autographe !? Vous inquiétez pas : la matière spectrale, ça ne doit pas être aussi terrible que de la gelée ou de la liquide !

Elle glousse à nouveau mais, en voyant Odd qui était presque couché sur elle et qui tendait sa joue gauche vers son visage, elle hausse les épaules en souriant, elle humidifie un peu ses lèvres pour lui faire plaisir… et elle l’embrasse doucement sur la joue. Contrairement à ses craintes, la peau du jeune homme ne se brouillait pas comme son bras et elle prenait même, étrangement, du plaisir à l’embrasser. Quant à Odd, ce doux baiser lui fait répandre une délicieuse sensation de chaleur à travers tout son corps, ce qui lui donnait la chair de poule, et, durant un instant, il a vraiment l’impression que de la peau et toute la matière qui allait avec allaient repousser sur sa forme spectrale grâce à ce baiser : qu’elle allait lui redonner son corps rien qu’en l’embrassant, comme dans les contes de fées…. Rien qu’en pensant à ça, il commence à avoir des envies étranges de l’embrasser sur la bouche… mais il préfère s’abstenir.
Tout d’un coup, des bruits de pas arrête Jennifer en pleine action et elle se réfugie comme elle peut derrière Odd, qui s’est retourné et qui s’est déjà mis en garde…
Mais, c’est Aelita qui apparaît devant le cul-de-sac où ils se trouvaient.

Odd, en poussant un soupir de soulagement Ah, Aelita ! Je suis content que tu soies enfin arrivée !

Aelita J’ai entendu des cris, alors que je faisais des recherches. Tout va bien, ici ? Où est Sissi ?

Odd, sur un ton arrogant Et, comment ! J’en ai fait qu’une bouchée de tous ces maudits pirates…
(Il montre les cadavres entre lui et elle…)
… et Sissi, elle est un peu plus loin, cachée dans un placard. Mais, à mon avis, je crois qu’on n’a pas d’inquiétude à se faire : les Aventuriers ont dû nous entendre, ou voir les pirates, et je crois qu’ils se sont tous enfuis du temple avec Cookiart et l’équipe de tournage. Autrement dit, il ne reste plus que nous !

Jennifer, en tirant sur son bras pour attirer son attention Non, Odd. Je suis tombée ici avec Christophe, et nous avons été attaqués par ces pirates…
(Elle commence à avoir les larmes aux yeux…)
Oh non, Christophe… ! J’espère qu’il ne lui est rien arrivé ! Ce serait un peu de ma faute si…

Odd, en la caressant pour la calmer Mais non, Jennifer, il a dû s’en sortir, avec tout le courage et toute la force qu’il a en tant que militaire…

Devant eux, Aelita ne semble pas partager, non plus, cet avis…
Soudain…

Jérémie, voix off Aelita ? Odd ? Sissi ? Vous m’entendez ?

Odd Qu’est-ce qu’il y a, Einstein ?

Jérémie, voix off et horrifiée C’est l’horreur sur Tropica : Ulrich a été dévirtualisé, Jim est tombé dans les pommes, et le Vasa et le Grand Makacq vont s’en prendre au Skid ! Il faut absolument que je vous rapatrie en quatrième vitesse car, si le Skid est détruit, vous risquez d’être virtuels à jamais !

Odd, avec un rire amer Ouais ben, si tu veux savoir, ici non plus c’est pas la joie ! Il faut absolument être sûr que tout le monde soit hors de danger et, avec ce que tu viens d’annoncer, je suis certain que d’autres pirates vont sortir de cette caverne !

Jérémie, voix off Raison de plus pour que je vous ramène ; j’ai pas envie de vous perdre tous les trois sur cette île maudite et, sans vouloir te vexer, Odd, je suis pas sûr que vous serez assez puissants pour vaincre ces pirates ! Allez…

Aelita Attends Jérémie : veux-tu que j’aille chercher le Super-Calculateur toute seule, pendant qu’Odd et Sissi iront défendre le Skid ? T’inquiète pas, en fait je serais pas toute seule…
(Puis, en lançant un clin d’œil complice à Jennifer…)
Je suis sûre que Jennifer des Aventuriers de l’île perdue sera ravie de m’aider !

Jennifer la regarde sans comprendre…

Odd Hé ouais, pourquoi pas ? Je crois que j’ai vu assez de ce temple ; je serai ravi de dire un petit bonjour à mon ami Ront !

Courts instants de réflexion, puis…

Jérémie, voix off Bon, OK. Je détranslaterai Odd et Sissi pour qu’ils aillent défendre le Skid, mais promets-moi de faire vite et de te montrer prudente, Aelita !

Aelita, le sourire aux lèvres C’est promis, Jérémie.

Odd, en levant un poing de victoire Ouais, génial !
(Puis, il se retourne vers Jennifer et lui murmure…)
Bon, Jennifer, j’ai été ravi de vous rencontrer, mais il faut que je parte…

Jennifer, hébétée Hein, mais où ça !? Non, reste avec moi, Odd ! J’ai trop peur, ici… et puis, tu parlais à qui, en fait, tout à l’heure !?

Odd À Jérémie, notre pote qui est sur le Super-Ordinateur. T’en fais pas, Jennifer : avec Aelita ci-présente, tu n’auras rien à craindre. Si tout va bien, tout sera bientôt fini. Ce que je veux, c’est que tu n’en parles à personne de ce qui est arrivé entre nous, d’accord ? À personne !

Jennifer, abasourdie Hein !?

Soudain, il l’embrasse une dernière fois sur la joue et, encore une fois, ils se laissent tous les deux emportés par la douce sensation que dégageait ce baiser.
Manque de bol pour Odd : Aelita ne peut s’empêcher de soupirer en lui jetant un regard furieux et… Sissi vient juste d’apparaître, à quelques pas de la jeune fille aux cheveux roses. En voyant son petit copain en train de commettre pareil acte, une lueur de profonde jalousie brille intensément dans ses yeux, alors qu’elle se sent toute idiote, toute déboussolée face à une pareille situation de tromperie hautement indigeste…

Jérémie, voix off Détranslation, Sissi !

Cette dernière disparaît avec sa jalousie naissante.
Odd se détache vite fait de la joue de Jennifer et il se rapproche, cette fois-ci, d’une de ses oreilles…

Odd, en lui chuchotant Promets-moi que tu ne raconteras à personne ce que tu as vécu dans ce temple, Jennifer.

Jennifer, en lui murmurant Mais, pourquoi ?

Odd, sur un ton de plus en plus pressant C’est une question de vie ou de mort ! Trop difficile à expliquer, encore une fois ! Promets-le moi, Jennifer ! Vite !

Jérémie, voix off Détranslation, Odd !

Odd se détache de Jennifer, et les deux jeunes gens se lancent un dernier regard plein de passion, d’ardeur… mais aussi de tristesse, surtout Jennifer.
Mais, alors qu’Odd est déjà en train de s’effacer progressivement…

Jennifer, en pleurant J’te le promets, Odd ! J’espère qu’on se reverra vite !

Odd, en souriant Moi-aussi, Jennifer… moi-aussi !

Encore quelques secondes de sursis… puis Odd disparaît pour de bon, sous les petites larmes irréductibles de Jennifer…
*
Odd se réveille quelques instants après dans le cockpit du Skid, qui est très secoué par les torpilles dorées du Vasa et les tremblements de terre provoqués par les pas de géant du Grand Makacq. Déjà, les boucliers du vaisseau sont bientôt à zéro, à sa plus grande horreur…

Odd Jérémie, le Skid ne sera bientôt plus qu’une épave si ça continue ! Peux-tu régénérer ses boucliers, histoire de gagner du temps ?

Jérémie, voix off C’est que ça se fait pas comme ça, en claquant des doigts ! Mais, t’inquiète : je vais détourner toute l’énergie du Super-Calculateur qui me sera disponible. Néanmoins, on pourra plus lancer de retour vers le passé, alors j’espère que tu n’as pas fait de bêtises avec cette Jennifer !

Odd T’inquiète pas, Einstein ! Elle m’a fait une promesse, et je suis sûr qu’elle la tiendra ! Allez, fais ce que tu as à faire, moussaillon !

Jérémie, agacé À vos ordres, Long Odd Silver !

Pendant que le petit génie pianote sur le clavier, Odd prie dans sa tête afin que Jennifer tienne effectivement sa promesse… serait-ce le cas ?
Quelques instants plus tard, alors que la situation commençait à devenir critique, les boucliers sont rechargés, mais le Vasa ne met aucun terme à sa rage de vaincre. Cependant, Odd se dépêche de charger rapidement les petits canons placés sur les disques, se trouvant en-dessous du cockpit, et, dès que tout est prêt, il tire à volonté toutes les torpilles qu’il réussit à programmer.
Pour l’instant, ça a l’air de marcher : le Vasa est autant touché que son rival, mais les deux vaisseaux continuent toujours de se tirer dessus.
Pendant ce temps, Sissi a repris connaissance dans son Navskid… mais elle fait tellement la tête qu’elle ne semble pas se rendre compte de ce qui se passe autour d’elle, à savoir la menace du Vasa… et du Grand Makacq qui continue toujours de se rapprocher…
Jim est toujours sans connaissance…
Odd commence un peu à paniquer, en voyant les boucliers être à nouveau endommagés et le Grand Makacq se rapprocher lentement, mais sûrement…

Odd, en hurlant dans le vide Jérémie, tu dis à Aelita de se magner ; je crois que je ne vais pas tenir longtemps à ce train-là !

10)

Aelita et Jennifer sont enfin arrivées dans la caverne où se trouve le Super-Calculateur, mais une mauvaise surprise les attend. Dans le lac souterrain, entre elles et cette machine infernale, une centaine de nouveaux pirates, armés jusqu’aux dents et aussi moches et menaçants que leurs confrères d’avant, les défient de passer sous leurs grognements et leurs airs agressifs.
Face à une telle situation, Jennifer est pétrifiée d’horreur et s’accroche au bras d’Aelita pour se rassurer. Cette dernière, tout en dévisageant les pirates contrôlés par l’ANAX avec un regard noir, réfléchit…

Jennifer Alors, là, c’est sûr ! On arrivera jamais à détruire le Super-Calculateur, avec autant de pirates !

Aelita Si, on pourra ! Mais, il me faudra une quantité phénoménale d’énergie pour y arriver !

Jennifer, en la contemplant, émerveillée Ah ouais ? C’est quoi, ton pouvoir ?

Aelita Je peux lancer des champs de forces, mais ça sera jamais efficace face à toute cette armée. À moins que…

Elle active ses belles ailes roses et, sous les yeux émerveillés de Jennifer, Aelita s’élève un peu dans les airs mais, avant de foncer tête baissée vers le piège qui se tenait devant elle…

Aelita Je vais essayer de passer par les airs. Si tout se passe mal, je compte sur toi pour détruire cette machine infernale, Jennifer !

Jennifer, un peu hésitante Ah, euh… oui, oui, tu pourras compter sur moi !

Elle se gonfle à bloc, mais Aelita se rend bien compte que ce courage n’est pas tellement sincère.
Soudain, une détonation se fait entendre dans toute la caverne… et un filet venu de nulle part s’abat sur Aelita et la saucissonne comme dans une toile d’araignée. Elle tombe lourdement par terre et essaye de se libérer, en poussant des hurlements stridents et plaintifs. Ses belles ailes roses battent encore dans le vide….
À côté d’elle, Jennifer est trop terrifiée pour faire un geste. Elle se retourne et découvre, avec stupéfaction, le mystérieux chasseur : Pierre Cookiart, avec sa mine arrogante et son sourire fier, mais faux.

Jennifer, abasourdie Mr Cookiart !? Mais, qu’est-ce que…

Pierre Cookiart, avec un sourire démoniaque Décidément, je n’aurai rien à regretter de ma carrière à la télé ! Une véritable elfe rose en chair et en os… en voilà, un superbe trophée de choix pour récompenser toute ma carrière d’aventurier !

Il commence déjà à s’avancer vers sa prisonnière, mais Jennifer, complètement indignée et hors d’elle, se jette sur lui sans le déséquilibrer et le crible de maigres coups sur tout ce qu’elle pouvait atteindre.

Jennifer, en hurlant d’une faible voix Vous n’êtes qu’un monstre ! Vous n’avez pas le droit de faire ça, c’est mon amie !

Pierre Cookiart, tout en gardant son air haïssable, pose à terre le fusil qui avait servi à emprisonner Aelita dans ce filet, puis il capte sans problème les petits poings de Jennfier qu’il s’empresse de torturer avec indifférence…

Pierre Cookiart, en ricanant Je crois que vous n’avez pas encore compris ce qu’est un véritable aventurier digne de ce nom, ma jolie Jennifer. C’est bien beau de vivre de magnifiques aventures et de mettre sa vie en danger comme bon nous semble dans des temples issus de civilisations perdues mais, aujourd’hui, la parole ne suffit plus à convaincre les gens ! C’est toujours mieux de rapporter quelques souvenirs de voyages, histoire de se rappeler de ce que l’on a fait… et aussi de mieux convaincre les personnes avec des preuves flagrantes ! Sachez, Jennifer, que j’ai toujours connu la gloire, que je sais ce que vous pensez maintenant de moi et que je m’en fiche éperdumment, et que la production ne me refusera pas cette petite prime aux cheveux et aux ailes roses pour me récompenser de toutes les hontes que j’ai dû supporter, en vous voyant jouer les aventuriers amateurs sur ce bout de terre pourri ! Maintenant, ne vous mettez plus en travers de mon chemin !

Soudain, avec une force incroyable, il flanque un bon coup de poing dans le doux visage de Jennifer, qui s’écrase lourdement par terre, les larmes aux yeux. Tout en la contemplant méchamment, Pierre Cookiart ramasse son fusil à plusieurs options et revient à Aelita, qui continue toujours de se débattre en vain.
Il se penche sur elle et la regarde avec autant de fierté et de supériorité qu’il en avait pour Jennifer, quand il l’a abattue. Quant à Aelita, elle se contente de le fixer avec toute sa haine…

Pierre Cookiart, le sourire aux lèvres Tu peux pas t’imaginer tout le pognon que je vais me ramasser rien qu’en exposant ta tête d’ange sur un blason, ma jolie ! Au moins, je serai reconnu comme l’aventurier que j’étais censé être : le plus grand de tous les temps !

En plus de la répulsion, il y avait une petite lueur de déception et de désillusion dans les yeux d’Aelita : jamais elle ne s’était doutée à quel point les hommes pouvaient être aussi… cruels…
Mais, alors que Cookiart était sur le point de la prendre avidement dans ses bras, un couteau de boucher surgit de nulle part et traverse toute la tête de l’homme… juste en déracinant sa raie du milieu. En relevant la tête, il découvre, horrifié, que les pirates commençaient à sortir du lac pour venir à leur rencontre. Aelita et Jennifer, qui s’était relevée, s’en étaient aussi aperçues.
Pierre Cookiart jette son fusil et préfère prendre ses jambes à son cou, avec Aelita dans ses bras. Cette dernière continue de se débattre pour se libérer, mais le présentateur la tient bon…
*
Sur Tropica, le Grand Makacq n’est plus qu’à quelques mètres du Skid, qui commence à se rapprocher dangereusement de la destruction. Heureusement, Jim reprend connaissance et, après avoir évalué rapidement la situation, une autre idée lui vient en tête : il ramasse le palmier qu’il avait déraciné et, tout en le tenant bon sur son épaule, il se précipite vers le Grand Makacq…
*
Pierre Cookiart est proche de la sortie de la caverne, les pirates à ses trousses, indifférent aux hurlements de Jennifer qui était déjà aux prises avec eux et qui voyait déjà sa mort arriver…
Mais, un poing surgit de derrière la roche et l’assomme, net. L’homme propriétaire de ce poing contemple Pierre Cookiart avec un certain dégoût, puis il court aider Jennifer qui tentait de se défendre comme elle peut avec une épée qu’elle avait trouvé pas très loin de sa position.
Petit à petit, Jennifer et cet homme mystérieux repousse progressivement les pirates et, en se retournant brièvement pour découvrir l’identité de son sauveur, Jennifer ne peut s’empêcher de le regarder avec tout son soulagement et sa béatitude…
C’était Christophe…

Jennifer, le sourire aux lèvres Oh, Christophe, comme je suis heureuse de vous revoir ! Je vous croyais…

Christophe, tout en restant concentré sur ses duels Ouais, moi-aussi, mais je m’en suis bien sorti ! Va aider cette elfe aux cheveux roses, je peux encore m’occuper d’eux sans soucis !

Jennifer s’exécute sans se poser de questions. Quelques instants plus tard, Aelita est libérée.

Aelita, en lui souriant Merci, Jennifer.

Jennifer Il faut vraiment que tu fasses quelque chose, maintenant ! On ne va plus tenir longtemps !

Aelita regarde Christophe en train d’affronter les pirates, puis Jennifer, puis les pirates qui se dirigeaient vers eux et, enfin, le Super-Calculateur qu’elle voyait au loin.

Aelita, en regardant Jennifer droit dans les yeux Je n’ai plus le choix, Jennifer ! Il va falloir tenter le tout pour le tout ; ça risque de faire mal !

Jennifer, le sourire aux lèvres et en lui adressant un clin d’œil Fais ce que t’as envie de faire, Aelita ! Pourvu que ce soit bientôt fini !

Aelita, sans perdre de temps, se met bien dans l’axe de la crique, positionne ses mains bien l’une en face de l’autre, puis elle se concentre au maximum. Sous l’œil émerveillé de Jennifer, un champ de force apparaît entre ses mains mais, contrairement aux autres, celui-ci grandit, grandit, grandit… jusqu’à atteindre la hauteur de la caverne. Une fois certaine qu’il sera suffisamment puissant, elle dégaine son champ de force.
La grande boule rose-électrique balaye tout sur son passage, aussi bien les pirates que Christophe et Jennifer, et parvient jusqu’au Super-Calculateur. On entend un grondement terrifiant, puis une gigantesque explosion se répand dans toute la caverne, renvoyant Aelita dans un des Navskids, inconsciente…
*
Le Grand Makacq est maintenant près du Skid et il est sur le point de lui flanquer le poing fatal…
Mais…

Jim, hurlant à toute voix HÉ, SAC À POUX !!!

Le Grand Makacq se retourne… et Jim en profite pour lui envoyer le palmier dans la poitrine, de toutes ses forces. Une douleur encore plus inouïe qu’avant massacre le grand monstre, qui recule en hurlant de douleur. Et, non seulement il doit subir les coups de palmiers envoyés par Jim, mais en plus il reçoit les torpilles dorées du Vasa en plein dans le dos. Toute l’île tremble sous ses hurlements de douleurs.
Encore quelques coups de palmiers et… ça y est : le Grand Makacq est déséquilibré et plonge droit vers la Mer Numérique, tout en continuant d’hurler aux éclats.
Jim crie victoire… mais une torpille dorée le renvoie dans les scanners.

Jérémie, voix off Odd, Tropica va être détruit dans quelques secondes ! Fiche le camp !

Sous les projectiles du Vasa, le Skid se détache de la Tour et replonge dans la Mer Numérique, alors que le Territoire disparaissait en effet.
Un peu plus tard, on voit le Skid sortir du monde virtuel et s’éloigner dans le Réseau alors que, derrière lui, Tropica explose en des milliards de pixels.
Dans le labo, Jérémie pose son micro sur le clavier et pousse un long soupir de soulagement, sous l’œil satisfait d’Ulrich…

Jérémie Ouf ! Mission accomplie, encore une fois !

Ulrich, d’une voix caverneuse Ouais ! J’espère qu’il ne leur est rien arrivé aux Aventuriers de l’île perdue !

Jérémie Ouais, moi-aussi…

#112 – Zizanie

1)

La scène se passe au réfectoire, où tous nos lyoko-guerriers sont installés à une table pour prendre leur petit-déjeuner, même Jim.

Ulrich, à Odd Rassure-moi, Odd : les Aventuriers de l’île perdue sont toujours vivants, après ce qu’on vient de leur faire subir ?

Odd, en acquiesçant Oh oui, t’en fais pas. Après leur fuite du temple, John et Virginie ont prévenu l’équipe de production qu’il y avait des choses anormales qui s’y passaient, et TP1 a tout de suite fait venir l’armée d’Hawaii. Ils ont liquidé les pirates qui les menaçaient dans un premier temps et, puis après, ils – les soldats – ont accouru dans le temple à la recherche de Cookiart, Jennifer et Christophe. Au final, ils n’ont retrouvé que ces deux-là dans la caverne au milieu des cadavres des pirates : je sais pas comment, mais ils ont survécu à l’explosion du Super-Calculateur…

William, intrigué Et Cookiart, qu’est-ce qui lui est arrivé ?

Odd, en réfléchissant Il est porté disparu : à ce que l’on dit, il a été enlevé par les rares pirates qui ont survécu à l’explosion de la caverne.

Aelita, en grognant Ouais, ben, c’est bien fait pour lui ! Si tu aurais vu ce que cet homme m’a fait subir… il m’a vraiment traitée comme un animal !

Odd, un peu gêné Je suis vraiment désolé, Aelita ; je n’aurais jamais cru qu’il fût capable de faire ça. Peut-être est-ce un trop grand désir de célébrité… !
(Mais, devant le regard noir d’Aelita…)
Mouais, enfin bref ! Si ça peut vous rassurer, Jennifer et Christophe sont tous les deux vivants et en bonne santé, mais assez retournés par ce qu’ils viennent de vivre ! Mais, ils ont quand même eu le courage d’aller sur le prime-time final, hier soir…

Yumi Et, finalement, qui a gagné Les Aventuriers de l’île perdue ?

Odd Ben, normalement, comme c’était convenu ça devait être Christophe. Mais, au final, il a préféré laisser la victoire à Jennifer pour la récompenser de son courage…
(Puis, en rigolant…)
Elle n’y croyait pas, moi non plus ! Faut voir comme elle était en larmes, et Christophe qui l’a pris dans ses bras, puis toute sa famille… ouais, c’était une belle soirée !

Jérémie, sur un ton malin Et, est-ce qu’elle a raconté ce qu’elle a vécu dans ce temple, par hasard, après l’émission ?

Odd, à nouveau embarrassé sous le regard assassin des autres Euh… non, évidemment ! Elle m’a fait une promesse, et je suis sûr qu’elle la tiendra quoi qu’il arrivera !

Jérémie, d’une voix un peu sévère Ouais, ben, je l’espère pour toi ! Je n’ose pas imaginer le chaos médiatique que ça pourrait faire si jamais elle révèle, malgré elle, notre existence… votre existence !

Odd Hé, relax, Einstein ! Elle n’ouvrira pas la bouche – peut-être a t-elle trop peur des représailles ! Et puis, de toute façon, qui la croirait ? Un truc aussi inimaginable que ça…

Jérémie Oui, justement ! On peut s’attendre à tout et n’importe quoi…

Odd, en calmant les ardeurs avec ses mains Vous inquiétez pas, elle ne dira rien sur nous ! J’en suis persuadé !

Ulrich, sur un ton taquin Ah ouais ? Comme tu l’es avant chaque interro ? Parce que, sinon, c’est pas gagné !…

Tous rigolent à sa vanne, sauf Odd. Ce dernier se tourne vers Sissi, qui semble avoir la tête ailleurs…

Odd, d’une voix douce et en lui caressant le dos de sa main Et toi, ma princesse ? Ça ne t’a pas trop fait peur, ce maudit temple ?

Sissi croise son regard, le foudroie d’un regard assassin et, soudain, elle quitte la table avec un air furieux et triste. Odd la regarde s’éloigner sans comprendre…

Odd, abasourdi Ben, qu’est-ce qui lui prend ? Elle n’a pas pu se maquiller, ce matin, ou quoi !?

Soudain, Aelita rigole aux éclats, ce qui renforce encore plus son hébétement. D’ailleurs, tous les autres fixent la jeune fille aux cheveux roses en se demandant ce qui lui prenait…

Aelita, à Odd, avec un regard un peu moqueur Si tu veux mon avis, je crois qu’elle te pardonnera pas de sitôt ce que t’as fait dans le temple : à savoir embrasser goulûment Jennifer en plein sous notre nez ! Je crois que c’est pour ça que t’es tellement sûr qu’elle ne dira rien sur nous, n’est-ce pas ?

D’Aelita, tous les regards de nos héros se tournent vers Odd. Ce dernier foudroie son amie de la même façon que Sissi mais, devant le regard sévère des autres…

Odd, en rougissant de honte Ouais, bon… ! Déjà, on s’est pas embrassé : elle me signait juste un autographe avec autre chose que son stylo ! Et puis…

Ulrich, en rigolant aux éclats également Ça ne m’étonne pas de toi ; tu n’es un grand Dom Juan, on te l’a toujours dit… !

Jérémie, en hochant la tête, déçu Alors là, c’est encore plus grave que je ne le pensais ! Si vous vous êtes vraiment embrassés dans ce temple, il y a encore plus de chances qu’elle parle à la presse car elle va tout faire pour te retrouver et…

Odd Ouais bon, ça va, là ! C’était pas sérieux, ces baisers ! Écoutez : si vous voulez des excuses, les voilà, et je vais aussi aller les faire toute de suite à Sissi…
(Sur ses mots, il se lève avec son plateau et se dirige vers la sortie. Mais, avant d’être trop loin de la table…)
De toute façon, vous pouvez pas comprendre !

William, sur un ton taquin, mais un peu méchant Oh, il n’y aucun risque : chez toi, faut pas chercher de midi à quatorze heures pour comprendre quoi que ce soit !

Il ricane, mais personne ne l’imite. Quant à Odd, il sort du réfectoire, profondément vexé.
Maintenant, c’est sur William que les regards assassins sont braqués froidement…

Ulrich C’était pas sympa de lui dire ça ! Tu connais Odd : il ne sait pas entretenir une relation sérieuse, alors c’est pas la peine de le lui faire encore remarquer !

William retourne dans son assiette, sans répliquer.
Tout à coup, le proviseur Mr Delmas apparaît dans la cantine et s’arrête devant la table des lyoko-guerriers. Ces derniers se tournent tous vers lui…

Jérémie, en chuchotant à Aelita Ça y est : ça veut sûrement dire que cette Jennifer a déjà craché le morceau !

Pourtant…

Mr Delmas, sur un ton ferme Jim, je voudrais vous parler en privé, et tout de suite !

Jim, en le regardant, hébété C’est que… j’ai bientôt un cours à donner, Monsieur le proviseur !

Mr Delmas, sur un ton encore plus sévère et sec Justement, c’est de ça dont je voudrais qu’on en parle ! Allez, suivez-moi tout de suite jusqu’à mon bureau !

Jim se lève, impuissant, fait un petit signe de tête à ses amis et quitte, à son tour, le réfectoire devant Mr Delmas, comme un condamné se rendant à la Cour. Tous les élèves le regardent partir avec des yeux intrigués et ébahis : pourquoi avait-il un visage aussi abattu, et que lui voulait Mr Delmas ?
Une fois que les deux hommes sont sortis, les lyoko-guerriers se dévisagent tous, très inquiets…

Ulrich, d’une voix caverneuse Je sais pas pourquoi, mais je sens que cette journée ne va pas être bonne, mais alors pas bonne du tout !

2)

La scène se passe dans la cour de récréation, où Odd aperçoit Sissi assise sur un banc, sans doute en train de pleurer. Il hésite à aller lui parler mais, au final, il prend quand même son courage à deux mains et s’approche timidement de sa copine…

Odd, hésitant Euh… Sissi !
(Comme elle ne lui répond pas…)
Alors, comme ça… tu m’as v… vu embrass… embrasser Jen… Jennifer !?

Les pleurs de Sissi semblent avoir doublé à l’écoute de ce prénom. Odd est de plus en plus gêné…

Odd, rouge de honte Euh… je voulais que tu saches que, euh… tu vois, euh… !? C’était, euh… pas sérieux ! Je veux dire par là que, euh… j’aime b… beaucoup Jennifer, mais… en tant que, euh… célébrité ! Et t…t… toi, tu es l’am… l’amour de ma vie, tu le s… sais très bien… !

Sissi, en lui hurlant soudainement à la figure Et, est-ce que j’étais toujours l’amour de ta vie lorsque t’as eu ton fichu « autographe » !?

Odd Hé, le prends pas comme ça ! Je te l’ai dit : c’était pas sérieux ! Et puis…
(En s’efforçant de retrouver son sens de l’humour…)
Que veux-tu qu’elle fasse d’un type comme moi !? Je suis beaucoup trop jeune et…

Sissi ET BEAUCOUP TROP COUREUR, AUSSI !!!

Tout à coup, elle donne une violente gifle à Odd qui, sous la violence du choc, s’effondre brusquement par terre. Il est complètement abasourdi par la situation et, à côté de lui, Sissi s’est relevée et le contemple avec toute sa hargne et sa tristesse…

Sissi, d’une voix furieuse et tremblante Franchement, jamais quelqu’un ne m’a autant fait de mal ! Si tu te sens mieux avec cette pimbêche de Jennifer, t’as qu’à me le dire en face et partir la rechercher : ça sera déjà moins lâche que d’embrasser la première venue en plein sous les yeux de ta copine, espèce de… maigrichon abruti !

Sur ses mots, elle court aussi vite qu’elle peut, tout en sanglotant bruyamment. Tous les yeux se tournent vers elle et vers Odd, mais ce dernier est trop retourné pour y faire attention. Il reste là, abattu sur le sol avec une grosse marque rouge sur la joue, à regarder sa petite amie disparaître dans les bâtiments tout en ressentant une profonde mélancolie ; une chose qu’il n’avait jamais éprouvé jusqu’à présent, du moins aussi profondément, et dont la blessure le marque comme un fer rouge…
*
Dans le bureau du proviseur, l’allégresse n’est pas, non plus, au rendez-vous…

Mr Delmas, en frappant son bureau des poings Jim, ceci est vraiment scandaleux !

Devant son regard en furie, Jim ne peut qu’être aussi impuissant qu’un élève : il est droit, mais il n’ose pas regarder le proviseur en face – les yeux fermés et le visage baissé, comme coupable. Bien entendu, Jean-Pierre Delmas ne tarde pas à profiter de cette incompétence à se justifier pour nourrir encore plus son indignation…

Mr Delmas, en fixant froidement Jim et sur un ton sévère D’après beaucoup de témoignages venant de vos élèves et de vos collègues, il semblerait que vous ayez accumulé beaucoup d’absences lors de ces derniers mois. Or, ces absences sont totalement injustifiées !…
(Pas de réponse de Jim. Il continue…)
Allez-y, j’attends vos explications !

Durant quelques secondes, on entend une mouche voler. Entre la colère de Mr Delmas et l’impuissance de Jim, l’atmosphère est très glaciale et tendue. Plus les secondes s’écoulent, plus la maigre résistance du professeur de gym, pourtant costaud et prêt à tout, faiblit, plus cette malheureuse énergie est récupérée par les yeux du proviseur pour nourrir sa fureur…
Au bout de quelques secondes d’impatience, Mr Delmas abat à nouveau son poing sur le bureau et…

Mr Delmas, en se levant furieusement Très bien ! Si vous êtes incapable de me répondre comme un adulte responsable, c’est que j’en conclue que vous avez tout simplement marre d’enseigner ici car les élèves ne sont pas à la hauteur que vous espérez avoir ! Évidemment puisqu’ici, nous sommes un collège public, et non dans une de vos bases secrètes de commando, ou que sais-je ! Puisque vous semblez avoir un peu marre de vos conditions de travail, je ne vois ce qui m’empêche de répondre à vos demandes, comme un homme honnête… en vous mettant à l’écart quelques temps !

Ça a, pour effet, de réveiller l’attention de Jim, qui tourne des yeux surpris et terrorisés vers son supérieur…

Jim Non, vous ne pouvez pas faire ça, Mr Delmas !

Mr Delmas, avec un air de plus en plus supérieur Ah vraiment, et pourquoi pas !? Dois-je vous rappeler, en plus de vos absences injustifiées, que je suis le proviseur de cet établissement, donc votre supérieur ?

Jim C’est que… vous ne pouvez pas comprendre ! Mais, je…

Mr Delmas Oh, mais si ! J’ai très bien compris pourquoi vous vous êtes amusés à sécher vos cours comme un élève, ne me le démentez pas !…
(Après avoir considéré le pauvre professeur de toute sa supériorité, il va ouvrir la porte et fait signe à Jim de sortir de la pièce…)
Par conséquent, puisque vous n’êtes plus fichus de remplir vos devoirs correctement, autant revenir à des punitions primitives, mais efficaces ! Pour votre part, Jim… vous êtes renvoyés temporairement et à durée indéterminée !

Jim est foudroyé sur place par le regard furieux, mais sincère, de Mr Delmas.

Jim, en l’implorant presque Non, vous ne pouvez pas faire ça ! Je vous en prie, écoutez-moi… !

Mr Delmas, en hurlant d’une voix rauque C’est assez ! Je suis maître, je parle ; allez, obéissez !

Au final, Jim sort de la pièce en évitant les yeux assassins du proviseur. Il savait très bien que ce n’était plus la peine d’argumenter.
En le voyant sortir du secrétariat avec une mine vraiment abattue, Nicole, la secrétaire, devine l’effroyable nouvelle qu’elle accepte avec mélancolie…

3)

Nos héros sortent du réfectoire et voient Odd, qui ne s’est toujours pas relevé car il est toujours aussi abasourdi par ce qu’il vient de vivre. Ils accourrent tous vers lui et l’aident à se relever…

Ulrich, en rigolant et en montrant la grosse marque rouge Ben dis donc, elle t’a pas loupé !

William, sur un ton taquin Vu la marque, on devine presque le gros baiser que t’as dû poser à cette Jennifer !

Odd, vexé Oh, ça va ! La ferme, toi, ça me fera des vacances !
(Ses mots refroidissent également William, mais il n’y fait pas attention, trop concentré sur la porte où venait de disparaître Sissi avec toutes les larmes du monde…)
J’y crois pas : c’est la première fois qu’une fille me baffe comme ça – enfin, après Sam, bien entendu !

Yumi, le sourire aux lèvres, mais sans de raillerie derrière Tu vois ce que ça fait que d’être trop dragueur, au bout d’un moment ? Au début, c’est marrant mais, après, les filles ont ras-le-bol et, après, tu ne récoltes que ce que tu mérites !

Odd, en haussant les épaules, l’air presque innocent Qu’est-ce que tu veux que j’te dise ? C’est dans ma nature ; c’est plus fort que moi !

Aelita, en imitant Yumi Tu sais, il n’est jamais trop tard pour changer !

Jérémie En attendant, laisse à Sissi le temps de bien digérer sa colère et, après, t’en profiteras pour réessayer tes excuses ! Mais, débrouille-toi, cette fois-ci, pour qu’elles paraissent vraiment sincères !

Odd, en les dévisageant tous, en souriant Noté ! Merci de vos conseils !

Ils répondent tous à son sourire.
Soudain, Ulrich se retourne et aperçoit Jim en train de se diriger vers l’internat. Mais, c’est un Jim mélancolique, abattu, sans plus aucune force qu’il a l’occasion de voir, et non le professeur robuste et exemplaire qu’il connaissait habituellement. Ulrich est tout intrigué par ce brusque changement de comportement…

Ulrich, en attirant l’attention des autres Hé, les gars, regardez Jim comme il n’est pas bien !

Aelita, en regardant le prof avec des yeux inquiets Peut-être que son entrevue avec le proviseur ne s’est pas très bien passée !

Jérémie Allons voir ça !

Ils appellent tous leur grand ami, mais ce dernier fait comme s’il ne les entendait pas et, peu de temps après, il disparaît par l’une des entrées de l’internat. Intrigués, les lyoko-gueriers se dévisagent tous, acquiescent et se lancent sur ses traces…

4)

Ils le retrouvent quelques instants plus tard dans sa chambre d’internat, qui est maintenant vide de toutes ses choses personnelles. De gros bagages attendaient tranquillement devant le lit, et Jim les remplissait progressivement avec de grosses larmes aux yeux. Les lyoko-guerriers, terrifiés, semblent deviner ce qui est en train de se passer…

Odd Rassurez-nous, Jim : vous partez en vacances, ou quoi !?

Jim, sans se tourner vers les adolescents et d’une voix tremblante Non, Odd : on m’a renvoyé ! Et, pour de bon, cette fois !

Cette déclaration redouble encore plus ses larmes, si bien qu’il pleure comme un chien blessé, et foudroie profondément les adolescents…

Tous, d’une seule voix surprise QUOI !?

Jérémie, indigné Non, il n’a pas osé… ! Il n’a pas pu vous faire ça…

Jim, en déposant ses dernière affaires maintenant mouillées dans la valise Bah, cherche pas à comprendre, gamin ! C’est le proviseur, c’est le plus fort !

Yumi Mais, pourquoi vous avez été renvoyé ? Je comprends pas…

Jim, en fermant sa valise Moi, non plus ! Et, au fond… je préfère ne pas en parler !

Une fois sa dernière valise bouclée, il s’effondre sur son lit de camp maintenant nu de tout drap et regarde le plafond avec désespoir. Les lyoko-guerriers, troublés et le prenant en pitié, viennent s’installer autour de lui, si près qu’ils peuvent voir les larmes qui brillaient comme des perles dans les doux yeux de l’ex-prof de gym.

Jim, sur un ton mélancolique Oh, mais qu’est-ce que je vais devenir ? Déjà que je n’ai jamais été gâté dans la vie et, franchement, autant être franc : je commençais à me plaire à ma vie ici !

Aelita, sur un ton crédule Mais, vous ne voulez pas retenter votre chance dans les services secrets, dans l’armée… ou dans toutes les choses que vous aviez déjà fait ?

Jim, avec un rire amer Si tu savais, Aelita, si tu savais… ! Lorsque j’avais votre âge, je croyais être suffisamment fort pour réaliser tous mes rêves dans la vie. Mais, au final, que ce soit dans l’armée, les services secrets… ou autre chose, on m’a bien fait comprendre que les rêves ne restaient que des rêves dans la vraie vie ! C’est bien de croire très fort en quelque chose, les enfants, mais ne vous faites pas trop d’illusions quant à sa matérialisation ! Si seulement je m’étais dit ça lorsqu’il en était encore temps… ! Comme quoi, c’est pas facile de devenir le héros qu’on voudrait être !

Jérémie, qui tente de réfléchir en vain Mais, attendez, votre estime n’est pas aussi descendue à ce point-là ! Je veux dire qu’il y a bien un prof ou un élève qui va vous défendre en…

Jim Te fatigue pas, Jérémie ! Le chef a parlé, et alea jacta est ! Bah, je savais que ce jour allait arriver un moment ou un autre, mais le fait qu’il arrive maintenant… alors que j’avais à présent une bonne raison de rester ici malgré mes conditions !…
(Il s’efforce de rigoler à sa vanne, mais cette tentative est aussi inutile que celle de la réflexion de Jérémie…
Il se lève et retourne près de ses valises, en soupirant…)
Bon, le proviseur a appelé un taxi qui va bientôt arriver. Aidez-moi à porter mes valises jusqu’au portail : c’est tout ce que vous pouvez faire, pour l’instant !

Ulrich, révolté Et, qu’est-ce qu’on va faire sans vous, sur Lyoko, si vous partez ?

William, en le rejoignant sur le même ton C’est vrai, ça ! Après tout, vous êtes le plus puissant d’entre-nous tous !

Odd, plein d’espoir On pourrait peut-être vous cacher au labo, comme on a déjà fait avec mon chien ! Question nourriture et tout ce qui va avec, on pourrait se débrouiller comme l’autre fois ! Hein, qu’est-ce que t’en dis, Jérémie !?

Jérémie, en réfléchissant Euh… ouais, pas bête !

Odd sourit, fier de lui, et Aelita s’empresse de prendre un des gros bras de Jim, et elle le regarde avec des yeux implorants…

Aelita, en sanglotant presque Je vous en prie, Jim, ne partez pas !

Jim, d’une voix claironnante Écoutez-moi, les enfants ! Je vous suis très reconnaissant de partager ma douleur, mais vous n’êtes que des ados : votre parole ne vaut pas celle du proviseur ! Cherchez pas à comprendre, c’est comme ça ! S’il faut que je parte, je partirai sans me poser de questions, et ce n’est pas la peine de tout faire pour me défendre ! Mon destin n’est pas entièrement lié à celui du collège et, comme j’ai toujours été un homme digne de confiance, il faut que j’obéisse aux ordres qu’on m’a donné ! Maintenant, soyez gentils et ne cherchez plus des solutions pour mon salut !

Ulrich, sans comprendre Et, pour Lyoko… ?

Jim, d’une voix de plus en plus forte, comme pour bien se faire comprendre Oui, je sais pour Lyoko ! J’ai failli à ma mission, et j’en suis désolé ! Mais, ne vous inquiétez pas : jamais je ne trahirai notre secret et, si nécessaire, je suis prêt à continuer ma lutte contre l’ANAX aux quatre coins du monde ! Je vous en fais la promesse solennelle !
(Puis, il se baisse un peu, les lyoko-guerriers se rapprochent pour former un cercle autour de lui et, là, il adopte une voix plus douce…)
Acceptez les choses telles qu’elles sont ! Si vous acceptez ma décision de partir et si vous me promettez de ne pas essayer de me faire revenir ici, alors là, cette fois-ci je vous en serai éternellement reconnaissant ! Je ne m’entendais plus tellement avec Mr Delmas, ces derniers temps, alors raison de plus pour que vous teniez promesse ! Est-ce que vous la tiendrez, quoi qu’il arrivera ?
(Les lyoko-guerriers, mornes, ne veulent pas se décider mais, au bout d’un moment, ils acquiescent tous tristement. Un doux sourire se dessine alors sur les lèvres de Jim : il avait l’air d’un père très compréhensif…)
C’est bien, je suis fier de vous. En échange, je tiendrai ma promesse de ne pas révéler l’existence de Lyoko, et ce quoi qu’il arrivera ! J’ai déjà subi plusieurs tortures d’une atrocité inimaginable, mais personne n’en est venu à bout d’un grand Hercule comme moi, et c’est pas maintenant que je vais changer les règles !

Ils s’efforcent tous de rigoler, mais la mélancolie fausse ce rire trop forcé. Jim leur adresse un nouveau geste et, avec bon cœur, les lyoko-guerriers vont, un par un, le serrer fortement dans les bras, et ensuite tout le groupe. Une quantité non négligeable de larmes mouillent leurs habits, mais l’affliction était trop forte pour qu’ils s’en rendent compte.
Alors qu’ils étaient en train de se faire de gros câlins, Mr Delmas apparaît dans l’encadrement et s’éclaircit la gorge. Les lyoko-guerriers se séparent vite fait, Jim se relève et se met au garde-à-vous devant son ancien supérieur.

Mr Delmas, d’une voix sombre C’est bon, le taxi vient d’arriver. Vous êtes prêts, Jim ?

Jim, en acquiesçant Oui, je suis prêt, Monsieur le Proviseur !

Mr Delmas Dans ce cas…
(Puis, en dévisageant, un à un, les adolescents…)
Vous-six, aidez-le à porter ses valises jusqu’en bas !

En haussant les épaules, les lyoko-guerriers s’exécutent tous sans poser de questions et, quelques instants plus tard, la porte se referme doucement sur cette malheureuse chambre maintenant inoccupée. Auparavant, lorsque Jim est sorti en dernier et est passé devant Mr Delmas, il n’a pas osé croiser le regard froid du proviseur, comme ses amis d’ailleurs.
On retrouve toute la bande de lyoko-guerriers devant la grille du collège où était arrêté, en effet, un taxi – sauf que c’était pas le même chauffeur que la dernière fois. Ce dernier, justement, sort de sa voiture pour aider les adolescents à installer les valises dans le coffre et, alors qu’il remonte à sa place de conducteur, Jim se tourne une dernière fois vers ses petits amis et il les serre une dernière fois contre lui. Les mines redeviennent mornes…

Jim, qui compatit Allez, courage, mes gaillards ! Vous m’avez déjà montré à quel point vous êtes aussi solides que des GI’s, alors essayez de ne pas craquer quand même !
(Il s’efforce de rigoler, mais en vain…)
Allez, je dois y aller.

Aelita, qui le serre très fort dans ses bras, en pleurs Revenez vite, Jim ! On n’arrivera jamais à se battre sans vous contre l’ANAX !

William Vous allez vraiment nous manquer !

Jim Vous-aussi, mes enfants ! Soyez forts, et tout se passera bien ! T’inquiète pas, Aelita, on se reverra très vite à mon avis ! J’te le promets !
(En voyant le chauffeur qui s’impatiente à son volant…)
Bon, il faut vraiment que j’y aille. Allez, à bientôt…

Il se dégage des bras des adolescents, même ceux d’Aelita qui ne voulaient pas se détacher de sa taille, et il grimpe à l’arrière du taxi. Ce dernier finit par partir mais, avant qu’il ne disparaisse au coin de la rue, Jim baisse la vitre automatique et fait de grands gestes à ses petits amis, qui y répondent tristement.

Ulrich, en marmonnant Jim, parti…

William, en chuchotant à son oreille … qu’est-ce qu’on va devenir ?

5)

À présent, les lyoko-guerriers se sont dispersés, partant chacun de son côté. Le départ de Jim a attiré beaucoup de regards indiscrets mais, quand le proviseur est venu pour rétablir l’ordre de la journée, les adolescents intrigués ont dû très vite reprendre leur routine d’élève, si possible en oubliant très vite ce malheureux événement. Heureusement qu’ils n’ont vu que la partie où il traversait la cour en compagnie des lyoko-guerriers, portant ses valises ; la scène du taxi, sans aucun doute la plus pathétique, leur a été épargné par les arbres du parc. Néanmoins, cela a suffi pour éveiller la curiosité de ces petits érudits et, même sans avoir été témoins des derniers adieux très déchirants devant la grille, la plupart ont très vite deviné grâce aux valises la tragique nouvelle.
D’ailleurs, dans les salles de classes, l’ambiance est aussi maussade que dans la scène précédente. Les élèves, quels qu’ils soient, se montrent plus nostalgiques que concentrés sur le cours en cours et, évidemment, leurs professeurs semblent partager leur mélancolie. Tout en se posant toujours des questions sur les mystérieuses causes du départ de Jim, ils se remémorent tous des moments qu’ils ont passé avec le bon professeur de sport – arrivés un moment ou un autre – en faisant tous des têtes d’enterrement. Certains profs pensent même annuler carrément leurs cours, pour ne parler que de Jim avec les ados qui avaient le plus besoin d’en parler.
Le comble de la tristesse est, incontestablement, pour Mme Hertz. La pauvre professeur de physique-chimie a été l’une des rares personnes du collège à assister à la scène de la grille, alors qu’elle se promenait tranquillement dans le parc du collège, et, lorsque le taxi a disparu au coin de la première rue transversale, elle est retournée dans sa salle de cours habituelle pour y pleurer de tout son aise. Elle était tellement abattue que les élèves de secondes, qui devaient avoir maintenant cours avec elle, ont été dispensés exceptionnellement de ses leçons. Certains élèves très studieux, comme Yumi par exemple, ont quand trouvé le courage d’essayer de la consoler durant toute l’heure du cours annulé.
En déambulant dans tout son établissement, Mr Delmas a remarqué l’air mélancolique qui planait sur tout le collège et, comme cela concernait presque tout le monde, il juge préférable de ne pas intervenir pour ordonner aux profs et aux élèves de cesser cette « comédie ». Certes, il commence à se poser des questions quant à sa décision, mais il est tellement furieux contre Jim et ses absences injustifiées que, pour lui, son renvoi reste le meilleur choix. Il retourne à son bureau et reprend ses occupations comme si de rien n’était…
*
Odd est assis sur un banc et le départ impromptu de Jim vient s’ajouter à sa tristesse déjà causée par Sissi. Ça fait tout bizarre de le voir aussi mélancolique, lui qui est tout le temps souriant, joyeux…. Il semblerait que cette joie de vivre ne soit plus que du passé.
Au-dessus de lui, un gros nuage noir vient cacher le soleil et déverse sur presque tout le collège une ombre assez inquiétante.
Aelita apparaît et, en voyant Odd abattu sur son banc, elle vient s’asseoir près de lui et le prend dans ses bras…

Aelita, d’une voix douce Ça va, Odd ? Tu tiens le coup ?

Odd, en sanglotant Entre Sissi qui me claque et Jim qui nous quitte… je crois que c’est la pire journée qui n’ait jamais existé !

Aelita Bah, allez, t’as entendu ce qu’a dit Jim ? Il faut rester fort, quoi qu’il arrivera. Qu’est-ce que tu crois ? Moi-aussi, je suis très triste de le voir partir.

Odd Ouais mais, toi, au moins, t’as pas encore une peine de cœur sur la conscience !

Aelita, un peu gênée Euh… oui, c’est vrai. Mais, je suis sûr que Sissi finira par se calmer et qu’elle te pardonnera tout ça, avec un peu de chance.

Odd, en ironisant Ouais, avec quelle chance !? Déjà qu’on n’en a pas beaucoup pour l’instant… et puis, de toute façon, je ne crois pas à la chance !

Il replonge dans sa tristesse et Aelita tente, au mieux, de le réconforter.
*
Dans la salle de cours de physique-chimie, Yumi fait toujours de même avec Mme Hertz, qui ne s’est toujours pas calmée…

Yumi, d’une voix douce Allez, madame, dites-vous que Mr Delmas va, peut-être, revenir sur sa décision et qu’il va faire revenir notre bon vieux Mr Moralès !

Mme Hertz, en pleurant à chaudes larmes Oh, vous faites pas trop d’illusions, Mlle Ishiyama ! Mais, qu’est-ce qu’il a donc fait comme grosse bêtise, pour mériter ça !? Je me souviens encore de toutes les sorties éducatives qu’on a fait ensemble, comment il m’appelait par mon prénom… je me souviens encore lorsque je l’ai tabassé parce qu’il n’a pas tenu sa parole de m’apprendre comment danser les danses orientales !…

Elle s’efforce de rigoler, mais la tristesse est plus forte que tout…
*
Odd s’est remis de sa crise de larmes, mais il a une mine toujours sombre : l’équilibre entre la joie et la tristesse est encore fragile. Aelita est contente qu’Odd se soit enfin calmé, mais elle est consciente qu’il peut replonger à tout moment.
Pourtant, tout d’un coup une lueur d’espoir, d’envie brille parmi les larmes d’Odd. Cela pétrifie Aelita, qui semble deviner quelles sont les pensées du jeune homme…

Aelita Non, Odd, ne me regarde pas avec ces yeux-là, s’il te plaît !

Odd, sur un ton un peu aliéné Oh, s’il te plaît, Aelita ! Personne n’en saurait rien, pas même Jérémie ! Je suis tellement triste et…

Aelita, qui essaye de le repousser Odd, on est censé être cousin-cousine ! On ne peut pas…

Odd Oh, je t’en prie, on l’a déjà fait, ça ! Allez, un petit baiser, ça pourrait pas faire du mal ! Si tu veux, j’essayerai de t’embrasser à côté ! Je t’aime tellement, Aelita !

Aelita Odd, non !!!

Trop tard : Odd se jette sur Aelita et il est en train de l’embrasser aussi goulûment qu’avec Jennifer. La pauvre fille aux cheveux roses se débat, tente de se libérer, mais Odd tient bon. Encore heureux que la pensée du viol ne lui traverse pas la tête…
Tout aurait pu rester secret… mais Jérémie, qui déambulait sous les arcades à la recherche d’Aelita, assiste tout d’un coup à la scène. L’horreur, la honte, la rage et la stupéfaction le pétrifient…
L’ombre planant sur le collège devient de plus en plus intense, de plus en plus précise…