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[One-shot] Weak

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 Auteur Message
Dede7 MessagePosté le: Jeu 24 Sep 2020 20:25   Sujet du message: [One-shot] Weak Répondre en citant  
[Kongre]


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Silius Italicus MessagePosté le: Jeu 24 Sep 2020 20:26   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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— … Désireux de faire taire les critiques le qualifiant « d’effacé » face à l’occupant de la Place Beauvau, le Premier Ministre aurait déclaré : « J’entends assumer la part qui est la mienne. Le rendez-vous sera avec les français ». Il faut dire que le Ministre de l’Intérieur accumule les annonces-chocs, comme sa promesse de « nettoyer au Kärcher » la cité des 4000 ou ses récents propos contre les magistrats. Le pari du chef du Gouvernement s’annonce difficile... Passons à la page divertissements à présent, alors que le lancement de Paris Plage le 21 juillet prochain se prépare, et devrait être placé sous les couleurs du Brésil…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie éteignit la radio en baillant pesamment. Le silence qui se joignit aussitôt à sa fatigue l’embrassa dans une totale libération. Tout un après-midi à entendre la nation raconter sa vie en boucle sur les ondes avait quelque chose d’usant, malgré l’accoutumance du jeune homme. Il ne se résolut pas immédiatement à regarder l’heure ; il n’était pas encore décidé à quitter son repaire. Encore quelques minutes, juste quelques lignes en plus à son code et, promis, il quitterait la salle des machines de l’Usine et reviendrait à la civilisation et à ses devoirs de collégien.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le temps avait passé bien trop vite, ces derniers mois : le soleil brûlait et venait, rappelant que les jours au sein de l’internat du collège Kadic ne duraient que quelques saisons, et qu’à la fin il faudrait toujours céder aux langueurs estivales. Le jeune homme n’avait qu’à peine assimilé la fin des averses de Printemps que déjà le voilà, à la veille des vacances d’été, à essayer d’ignorer que dans quelques heures, son père viendrait le chercher pour l’emmener au repos forcé, loin de ses amis et de leur secret. Enfin… Cette année, son ennui ne durerait que deux semaines. Entre ses brillants résultats et son comportement exemplaire, il avait gagné le droit de revenir à la ville dès la mi-juillet, où lui et ses camarades seraient hébergés chez Yumi, le temps d’un voyage dans le Japon natal de ses parents. La maison serait tout entière à eux, à condition d’en prendre soin. Pour une occasion pareille, Jérémie était même prêt à assumer toutes les tâches ménagères ! Car cet été, sa lutte contre XANA ne connaîtrait pas de dangereuse pause, enfin ! Oh, bien sûr, quoi qu’il arrivait, il avait son ordinateur portable, mais ce n’était que peu de choses face à la puissance d’un Supercalculateur. En cas de gros soucis, ça ne suffirait pas. En clair, quand l’ennemi est étranger à la notion de congés, les vacances s’apparentent vite à un cauchemar... Sauf pour cette année, donc. Plutôt fier d’avoir pu mener cette mission secondaire à bien, et soulagé à la pensée que la lutte ne s’arrêterait pas, il se laissa aller un instant sur le siège central où il trônait. Les machines devant lui ronronnaient agréablement, affinant la torpeur qui prenait le sanctuaire informatique. Il pouvait s’accorder une pause, tout compte fait…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Quoique. Quatorze heures, déjà ? Certes, le dernier jour de cours était toujours très détendu, et son absence n’avait sans doute pas été plus remarquée que celle qu’il avait cultivée pour les cours de sport, mais il avait promis de rejoindre ses amis au foyer du collège, après leur dernier cours d’anglais… Plus qu’une demi-heure. Bon, tant pis. Il aurait bien cédé au perfectionnisme en consolidant quelques pare-feux qu’il venait d’installer, mais la compagnie de ses camarades était un délice difficile à refuser. Un dernier coup d’œil sur son écran de surveillance, chargé d’articles d’actualité allant d’une montée surprise du CAC40 au Times livrant les sources de ses journalistes aux autorités, confirma qu’aucune urgence n’était sur le feu. Jérémie ferma sa session et, d’un pas tranquille, emprunta l’ascenseur qui le guidait hors de sa salle de contrôle, vers la sortie de l’Usine.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Dans la ville, les rues étaient chargées d’une tension grandissante. Les enfants finissaient plus tôt, les premiers départs en villégiature s’organisaient, les promeneurs s’arrêtaient plus volontiers pour se baigner dans les chauds rayons du soleil... A peine sorti de la torpeur éternellement nocturne de l’Usine que Jérémie se frotta les yeux. Il était resté trop longtemps dans son antre, le monde extérieur lui avait plus échappé que ce qu’il pensait. Et déjà, sur les rives de Boulogne-Billancourt, la nouveauté du Paris-Plage de cette année se préparait : de ce qu’il avait entendu cet après-midi à la radio, des navettes permettraient de rallier la ville au centre de la capitale, droit vers les rives aménagées pour l’été. L’animation était si entraînante que, pour une fois, Jérémie s’autorisa à faire le chemin à pied. En avance sur lui de quelques pas, son esprit vagabonda, l’imaginant traverser les rues aux côtés d’Aelita, le rose de ses cheveux s’accordant avec les mèches solaires du crépuscule, son rire chantant avec la rumeur des boulevards, et sa main s’approchant de la sienne… Tout rêve à part, la seule soirée qu’ils avaient passé ensemble, c’était après la première virtualisation réussie d’Aelita. Ce serait difficile d’avoir une meilleure occasion… Mais là aussi, Jérémie avait réfléchi à la question. Ces derniers temps, la jeune femme affichait une mine légèrement chagrine dès que quelqu’un évoquait ses futures vacances à la plage. Il était vrai que la métropole n’était pas une ville particulièrement côtière, mais peut-être que Paris Plage pourrait donner à la jeune fille un avant-goût, le temps que le génie propose à ses parents une semaine ou deux à la mer, et invite Aelita au passage… Oui, ça lui ferait sans doute plaisir ! Et maintenant que des navettes s’installaient à Boulogne…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Son esprit n’eut le temps de se prélasser dans sa rêverie que, déjà, les hauts toits du collège Kadic apparurent. Il jeta un coup d’œil à sa montre. 14h45. Presque pas en retard. Un rapide SMS d’Ulrich le prévenait que le cours s’était achevé, et que le groupe allait attendre dans le foyer que Jérémie les honore de sa présence. D’un sourire en coin, le jeune homme rangea son cellulaire et traversa les quelques mètres qui le séparaient de sa bande. Il circula entre valises et dernières accolades, salua Jim qui tenait son éternelle place à l’entrée de l’internat, et pénétra dans le sanctuaire de ses nuits blanches. Juste un rapide passage dans sa chambre, le temps de déposer un peu de matériel qu’il avait emmené avec lui à l’Usine, pour l’année. Il n’aura peut-être pas le temps d’y repasser avant de partir pour ses vacances, et ça l’encombrerait de passer l’après-midi avec. Il s’arrêta un instant sur les murs céladons, d’une régularité discutable comme toute infrastructure scolaire, mais c’était là que tout avait commencé. Le lit simple sur sa gauche, où il bavardait avec ses amis le soir, avant qu’ils ne tombent de sommeil, surplombé par la langue malicieusement tirée d’Albert Einstein, comme une idole à la science ; les armoires sur sa droite, remplies de matériel informatique, petite originalité comparativement à celles de ses camarades, occupées par des vêtements. Et enfin, en face de lui, les bureaux surchargés d’ordinateurs allumés en quasi-permanence, largesse que la direction kadicienne lui accordait pour « encourager son excellence ». Tel un ambon où le chef de la bande orchestrait les attaques, les plans de défense, les recherches stratégiques, en somme la vie de ses amis et la sécurité du monde, il y trônait de jour comme de nuit, quand ses cours ne l’accaparaient pas. Jérémie respira à pleins poumons l’air réchauffé par les machines en travail. Ça lui ferait bizarre de mettre l’ensemble en veille, pour l’été...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais il n’y était pas encore. Jérémie vida son sac dans son armoire, ne gardant que son ordinateur portable et un chargeur, puis quitta son office dans un petit soupir. Il passa devant la salle des douches, où quelques étourdis cherchaient des affaires égarées avec l’aide un brin moqueuse de leurs camarades. L’ambiance y était plutôt bon enfant, dans le ton léger d’un dernier jour. L’écho de l’endroit amplifiait les vannes et les répliques, donnant une allure de joyeux bordel à l’ensemble. Jérémie sourit. A n’en pas douter, lui et ses amis y seraient ce soir, quand Odd se rendrait compte que quelque chose manquerait. Il semait toujours ses affaires partout…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Quand il atteignit le rez-de-chaussée, Jérémie eut un petit regard pour la cour. L’agitation n’avait pas changé en quinze minutes, mais le jeune homme se sentit surpris d’y trouver beaucoup de têtes connues. Lui, qui avant Lyoko, ne prêtait pas plus d’attention que les autres ne lui en accordaient, ne pensait pas pouvoir reconnaître et nommer tant d’élèves, y compris hors de sa classe. A force de les protéger, sans doute avait-il fini par développer de l’affection pour cet écosystème fait de rires, de chamailleries, de parties de foot ou de petits drames quotidiens. Il avait eu son lot, lui aussi, dans le fond… Visiblement, Anaïs Fiquet s’était trouvée un nouveau copain. Elle et Christophe Mbala ne décollaient pas. Jérémie se demanda s’ils devaient ça à une attaque de XANA. Après tout, il n’y avait pas de raisons que l’hostilité de l’Intelligence Artificielle n’ait d’effet que sur les Lyoko-Guerriers, non ? En tout cas, Emilie Leduc ne voyait pas ça d’un bon œil… Même Jim, rejoint entre temps par Mme Hertz, l’avait remarqué. Face à l’air désapprobateur de la professeure, il lâcha de sa voix trop enjouée pour ses propos cryptiques :

— Oh vous savez Suzanne, ce genre de chose, j’en ai connu dans le passé, à leur âge. Et puis, ‘faut que tout change pour que rien ne change !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Bon, inutile de chercher à comprendre. Jérémie avait l’habitude, aussi se contenta-t-il d’un sourire amusé. Et en ce qui concernait le drama kadicien qui se profilait… Affaire à suivre en Septembre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ah, Sissi et sa bande marchaient d’un pas décidé vers le foyer. Est-ce que Jérémie avait envie de rater une bonne vieille chamaillerie entre elle et Odd, voire Ulrich s’il était en forme ? Certainement pas. Ça aussi, ça faisait partie de l’écosystème. Il ricana d’avance, puis passa enfin la porte du foyer, d’où les voix de ses amis se distinguaient au milieu d’une affluence record. En effet, à l’intérieur on pariait sur le futur vainqueur d’une partie de babyfoot ou on profitait des premiers programmes d’été à la télévision… Mais aucune conversation n’était aussi animée que celle du canapé central où trônaient gaiement Odd, Yumi, Ulrich et Aelita. A en juger par l’hilarité générale, et l’air vexé de Sissi et ses sbires s’éloignant avec fracas, Jérémie avait dû arriver juste après la joute verbale. Zut, ça s’était fait trop vite… Bah, Odd se ferait sans doute un plaisir de la lui raconter. Le jeune homme fit signe à ses amis tout en se dirigeant vers eux. Odd le repéra et lui répondit d’un large geste de la main.

— Ohé Einstein, bon retour parmi les vivants ! Lança-t-il avec entrain.
— Tu as bien avancé sur tes préparatifs ? Demanda Aelita en lui laissant un peu de place auprès d’elle.
— Oui, je pense qu’on ne risque rien de majeur avant notre retour ici, souffla le génie en se laissant tomber sur le canapé. Et si jamais XANA tente un mauvais coup, mon ordi portable est sur le qui-vive.
— En clair, t’as bien mérité tes vacances, sourit la jeune femme. Ça va me faire bizarre de ne plus vous voir pendant deux semaines !
— A ce propos, tout est prêt à l’Ermitage ?
— Oui, on a réussi à récupérer des fruits à la cantine cette semaine, et avec notre argent de poche on a acheté le reste, répondit Yumi.
— Il y a justement une cave dans la maison, avec plein de rangements, compléta Ulrich. Enfin, si on fait abstraction de l’humidité… On a déjà déblayé une partie, ça devrait le faire pour du stockage.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La conversation continua vers les distractions offertes à Aelita, Odd faisant même don de sa toute nouvelle console, une Nintendo DS que ses parents lui avaient offerte à sa sortie. L’ambiance s’installa dans son confort adolescent, à la fois mêlée à la menace XANA et à la perspective que tout se passerait mieux que redouté. Ce fut à peine si, lové dans les rires de ses amis, Jérémie manqua le signal d’alerte de son ordinateur.

— Jérémie ? Je crois qu’on te sonne… Le secoua Aelita de sa douce voix.
— Hein ? Oh euh… Mince, tu as raison ! Bredouilla le génie en sortant la machine de son sac.
— XANA ? Il veut nous souhaiter bonnes vacances, c’est ça ? Ironisa Ulrich.
— J’en ai bien peur. Tour activée, mais pas d’évènements bizarres annoncés pour le moment. Bon, on y va quand même.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Dans une parfaite chorégraphie, le groupe abandonna à grands regrets le canapé et trottina vers la sortie. Odd et Aelita prirent de l’avance, suivis de près par Yumi. Jérémie voulut les suivre, mais Ulrich lui fit un signe rapide. Ils laissèrent un peu d’avance au groupe, qui déjà glissait vers le gymnase avec enthousiasme. Visiblement, pour leur dernière de l’année, ils voulaient s’amuser un peu et prendre le passage de la chaufferie. Soit, soit… Il y avait trop de monde dans le parc pour être discrets, donc l’idée se défendait, mais surtout c’était rare d’avoir autant d’entrain sur le chemin du champ de bataille. Après tout, c’était… Rafraîchissant.

— J’ai profité de l’aménagement de la cave à l’Ermitage pour préparer « ce que tu sais », lança Ulrich en retrouvant l’attention de son ami. Elle trouvera bien les billets de bateau dans sa chambre, quand vous vous y rendrez. Pour le reste, ce sera à toi de jouer !
— Oh ! Merci Ulrich, tu me rends un fier service, je n’aurais jamais eu le temps avec…
— Ouais ouais, t’inquiète, je sais ce que c’est. Et t’aurais fait pareil pour moi et… Enfin, pour moi, si ça se présentait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie eut un petit sourire. L’approche du mois de Juillet avait remonté Ulrich à bloc concernant son histoire avec Yumi, à tel point qu’il en avait perdu toute discrétion. Naturellement, la jeune femme était la seule à ne pas l’avoir noté, mais les internes du groupe commençaient à remarquer l’impatience de l’adolescent les matins, juste avant 9 heures et l’arrivée des externes au collège. A priori, il n’avait rien de prévu pour lui et l’élue de son cœur, mais Jérémie espérait qu’en prenant son courage à deux mains concernant Aelita, il servirait d’exemple. Et qui sait, il pourrait même lui venir en aide à son tour…

— Allez, t’auras tout l’été avec Yumi, je suis sûr que vous pourrez vous organiser un truc aussi, non ?
— Ha. Ha. Encore faudrait-il que je puisse lui en parler. J’sais même pas si elle accepterait. Je préfère patauger que me prendre un « copain et puis c’est tout » de plus.
— Tu n’es pas obligé de la demander en mariage, mais passe juste du temps avec elle, sans disputes. Ça vous changerait, déjà.
— Ouais, t’as peut-être raison… On verra si je me sens d’attaque ou pas.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une tapote amicale conclut la conversation. Le groupe venait d’entrer dans les égoûts. Ne manquait plus que leurs bécanes terrestres. Odd lançait déjà force provocations à ses camarades, dont l’une semblait avoir pour thème « des jambes aussi rapides que le cerveau de Sissi ». Ulrich, comme toujours, céda à la pique et accéléra le mouvement pour coiffer au poteau son ami et plaquer la paume de sa main sur son skateboard.

— Oh hé, j’étais pas prêt ! Maugréa Odd en giflant sa planche plus vivement, manquant visiblement de peu de se faire mal.
— Mais oui, mais oui… Dis plutôt que t’en as plus dans la bouche que dans les jambes, ricana Ulrich en s’élançant dans les couloirs des égoûts.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le reste du groupe se regarda avec un air gentiment exaspéré, puis suivit leurs camarades. Yumi prit le dernier skateboard, Jérémie et Aelita leurs trottinettes attitrées, et ils filèrent dans le dédale de béton. La route fut rapide, inchangée depuis le premier jour, et ce fut sans encombre que le groupe émergea des sous-sols de la cité pour ressortir sur le grand pont donnant vers l’Usine. La fin du chemin se fit tout aussi normalement, pas d’alerte supplémentaire, juste cette tour qui s’embrasait à l’écran et les appelaient aux armes. Le faible niveau d’urgence de la situation décida rapidement de la répartition : Ulrich, Odd et Aelita seraient envoyés sur Lyoko, Yumi resterait en arrière pour assurer ceux de Jérémie tant que la nature de l’attaque n’était pas identifiée.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sauf si…

— Non, attendez ! Il y a quelque chose…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sous l’œil soudain horrifié de Jérémie, sa confiance en la situation vira au rouge. La tour était bien dans le territoire de la Montagne, mais il y avait autre chose… Une brume pesant soudain sur l’ambiance légère de vacances au sein du groupe…

— Le cœur… XANA a envoyé ses sbires dans le cœur ! Bon, Odd, tu restes avec Aelita, la priorité est encore l’attaque pour le moment. Ulrich, tu changes de mission.
— L’attaque, une priorité face au cœur ? Tiqua Aelita, le ton dubitatif.
— Pour le moment, il y a la cavalerie, mais elle ne fait rien. Et je préfère que tu aies une escorte. Trois monstres, je pense que c’est à la portée d’Ulrich.
— Sinon, je peux m’y rendre aussi… Hasarda Yumi, mais le chef l’interrompit.
— Quand on connaîtra la nature de l’attaque, peut-être. Pas avant.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Les trois guerriers acquiescèrent face au ton confiant de Jérémie, puis se laissèrent emporter par l’ascenseur. Yumi, elle, posa une main sur l’épaule de son ami.

— Tu as sans doute raison. Mais le cœur, ce n’est pas rien. N’hésite pas à m’envoyer, au besoin je me dévirtualiserai.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le génie approuva distraitement, accaparé par le déploiement de ses troupes sur Lyoko. Il se tendit, redoutant un premier signe d’attaque pendant la virtualisation, mais tout se passa correctement. Odd et Aelita atterrirent dans la Montagne, Ulrich dans le 5ème Territoire. A peine se mirent-ils en route que la confiance déjà fragilisée de Jérémie s’effrita encore. Son logiciel espion vint aux nouvelles avec un appel aux polices de la cité : un poteau électrique s’était effondré dans la Seine. En parallèle, un homme avait été emmené aux urgences dans un état grave, après une électrocution survenue alors qu’il remontait le fleuve dans sa péniche...

— … Tu penses que c’est lié ? Se crispa Yumi derrière le siège du chef.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ce dernier se reprit rapidement et alluma toutes les chaînes d’information sur son écran secondaire :

— Peut-être. Mais électrifier l’eau ? Il suffit juste d’éloigner les gens de la Seine, et la menace perd de son poids… A quoi joue-t-il ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Au fond, Jérémie avait bien une idée, mais elle ne présageait pas encore de quoi que ce soit. Il y avait bien Paris Plage en préparation sur les bords de la Seine, mais personne ne s’y baignait encore… Même pour une diversion, le temps d’attaquer le Cœur, ça manquait de subtilité… XANA n’avait clairement pas montré tout son jeu. Il y avait autre chose.

— Les amis ? Lança-t-il dans le micro le diffusant dans tout Lyoko. Il semblerait que notre ennemi ait piégé le fleuve. Je n’ai pas d’infos plus précises pour le moment, mais nous sommes déjà sur place, donc profitons de cette avance.
— Bien reçu Einstein ! Confirma Odd d’un ton enjoué. Aelita et moi on fonce à la Tour, XANA aura même pas le temps de dire « ouf » que Odd le Magnifique…
— Oui oui, allez-y, ne traînez pas !
— Roger, lança sobrement Ulrich en s’engouffrant dans le dédale vers le Cœur virtuel.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Yumi serra le cuir du siège dans son poing. Jérémie sentait son regard transpercer l’air par-dessus son épaule pour n’être dédié qu’aux écrans d’information. Elle était la seule externe du groupe, la seule dont la famille vivait en ville. Quand une attaque éclatait, elle avait un point de pression supplémentaire. Mais rien ne pourrait la rassurer, le chef le savait. Il fallait juste que tout se passe bien, ou qu’au pire il n’y ait aucune conséquence qu’un Retour vers le Passé ne pourrait arranger. Pour le moment, rien ne permettait d’être alarmiste. Mais au fond de lui, Jérémie trouvait ça pire. Avec le peu d’infos dont il disposait, comment pouvait-il s’organiser efficacement…

— J’y suis Jérémie, je suis au Cœur, annonça soudain la voix d’Ulrich. Et je confirme : au moins quatre Rampants sont sur place. En allant vite et par surprise, je peux gérer.
— Fais au mieux. Odd, Aelita, où en êtes-vous ?
— On s’approche. Mais j’ai comme l’impression qu’on a un comité d’accueil… Des Frelions, et peut-être un Mégatank. Tu les vois ?
— Hm… Oui, oui, je les vois. Faites attention, la Tour n’est plus très loin.
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https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png A l’écran de gauche, les informations glissaient, après un retour sur les incendies qui ravageaient le Midi et la Corse, ainsi que l’assassinat de membres de forces spéciales russes au Daghestan, vers l’affaire du poteau électrique dans la Seine. Certains témoins affirmaient avoir vu des sortes d’arcs électriques émerger de la surface du fleuve. Un début de rumeur commençait à grouiller dans les esprits tendus des riverains. Mais même si la situation était inquiétante, il n’y avait toujours rien de…

— Jérémie… Rappela Ulrich, un pic de stress dans sa voix. Y’a pas que des Ramp...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La seconde suivante, le guerrier fut brutalement interrompu. Signe qu’on venait de l’attaquer. Jérémie reporta son attention vers la fenêtre du Cœur. Face à l’icône d’Ulrich, il y avait celle, douloureusement implacable et connue du chef…

— William, grinça Yumi. XANA passe à la vitesse supérieure.
— Ulrich ? Relança Jérémie en observant la valse assassine des deux guerriers. Tu m’entends toujours ?
— Je sais pas si tu as remarqué, mais je suis occupé ! Railla Ulrich.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ce n’était pas bon. Même au pire du pire, le samurai répondait toujours. La vigueur du combat à l’écran ne rassurait pas le chef. Un William qui nargue et déstabilise, c’est un William plus lent et enclin à l’erreur. Mais jamais il n’y allait franchement, sans préavis…

— Ulrich, attention au Cœur !
— Je suis au courant, Jérémie ! Mais… Aouch !
— Bon sang, il vient de te mettre quarante points de vie dans la vue !
— Il m’aura pas, je te dis ! Occupe-toi des autres, je gère !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie partagea son écran entre les deux arènes de combat, la crispation de Yumi irradiant dans son dos. Il revint à la situation dans la Montagne, incertain de ce qu’il devait voir…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Soudain, la voix d’Aelita résonna dans ses écouteurs :

— Jérémie ? On a eu les Frelions, mais le Mégatank nous pose quelques… Ah non !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Pas la peine de chercher plus loin pour deviner la raison du cri de l’Ange : trois Bloks fonçaient droit sur eux, sans laisser le moindre répit à Odd et Aelita. Ce dernier, d’ailleurs, avait déjà perdu trente points de vie… XANA voulait les surcharger. Il était rare qu’il envoie une aussi grande variété de monstres, surtout petit à petit. Mais même là, les craintes de Jérémie étaient contrebalancées par le niveau des sbires envoyés. Des Bloks, vraiment ? Où était la Méduse ? Quitte à occuper le seul Lyoko-Guerrier qui accompagnait Aelita, pourquoi ne pas saisir l’occasion pour s’en prendre à l’Ange de ce monde ? L’Intelligence Artificielle en faisait à la fois trop et pas assez. Et Jérémie avait l’impression d’en faire autant, par ricochet. Trop inquiet face au niveau de menace encore faible, pas assez troublé face au manque d’info…

— Nous sommes en direct du bassin de la Villette, où la situation est aussi incompréhensible qu’incontrôlable, tonna soudain la voix d’une présentatrice télé sur l’écran de gauche. Des arcs électriques parcourent désormais la Seine. Les forces de l’ordre sont sur place et demandent à la population de ne pas s’aventurer au bord de… Attendez, il y a de l’agitation…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie et Yumi se tournèrent d’un coup vers le direct. Alors qu’Ulrich et Odd perdirent ensemble vingt points de vie, le plan de XANA se révéla sous son vrai jour : la Seine était soudainement en crue ! Les arcs, poussés par la surface de l’eau, dépassaient les badauds et les camions de télévision, alors que le fleuve sortait de son lit dans une lenteur menaçante, envahissant lentement le trottoir. La foule commençait à fuir, sous les rappels à l’ordre fébriles des pompiers, alors que la journaliste et son cameraman suivaient le mouvement.

— Il va inonder la ville sous une eau piégée… Souffla Jérémie.
— De… Quoi ? C’est vicieux, ça ! Répliqua Odd en évitant de justesse le tir du Mégatank.
— Jérémie… Murmura Yumi, la voix blanche. L’eau monte trop vite, les pompiers…
— Non, il faut croire en nos amis, ils vont y arriver ! Ils peuvent encore désactiver la Tour !
— Jérémie, on a établi cette règle pour ce genre de situations… Je ne dis pas qu’on doit le faire tout de suite, mais je pense que…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Oh, le génie savait très bien de quoi elle parlait. Il se souvenait encore de la douloureuse conversation qui avait mené à l’établissement de cette règle, un garde-fou contre un espoir trop brûlant. Depuis cette fameuse attaque où XANA avait voulu court-circuiter la centrale nucléaire, le groupe avait toujours redouté la mission où la mort serait au rendez-vous. Afin de la garder éloignée le plus possible, ils avaient établi que, si un tel niveau de danger devait se représenter, la possibilité d’aller prévenir les autorités, quitte à régler la question au Retour Vers le Passé ensuite, devrait être étudiée. Mais non… Pour le moment, ils n’y étaient pas encore. Certes, le niveau de l’eau montait prodigieusement vite, mais… Non, ils avaient encore le temps, ils n’en étaient pas encore au point de non-retour…


— Ulrich, écoute-moi, reprit Jérémie en se redressant sur son trône. La situation devient critique sur Terre. Odd et Aelita s’en sortent, mais il faut à tout prix que tu l’emportes. On ne va peut-être pas virtualiser Yumi, tout compte fait.
— T’inquiète, c’est pas comme si je l’avais pas déjà fait. Je ne laisserai pas William gagner.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sous ses yeux, Jérémie vit le point désignant Ulrich tourner et provoquer William, lui échapper et se glisser derrière lui. Le chef du groupe n’avait jamais vu son ami se battre, mais les fanfaronnades des guerriers après les missions lui donnaient quelques idées. Tous étaient d’accord sur un point : contre le sbire de XANA, il fallait être mobile. Et Ulrich était rapide. S’il lançait son triplicata, il pouvait même devenir excellent. Et pourtant, les Rampants continuaient d’attaquer le Cœur, fragilisant sans pitié ses boucliers, écrivant petit à petit le scénario catastrophe… Jérémie retourna son regard vers Odd et Aelita.

— Et vous deux, où en êtes-vous ?
— Oh, il n’est rien que je ne puisse vaincre ! Chantonna Odd qui venait effectivement d’achever un Blok.
— On avance bien, Jérémie, répondit Aelita d’un ton plus sérieux. On est devant la Tour, on doit juste passer la garde et on y est.
— D’accord. Odd, n’oublie pas de faire attention à Aelita. Ça devient urgent, ici, elle ne doit pas tarder à lancer le Code Lyoko.
— Chef oui-Aïe ! Mais prends ça, espèce de…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Plus que trente points de vie pour Odd… Ça chauffait vraiment, malgré ses vantardises. Et les nouvelles à l’écran de gauche n’étaient pas plus réjouissantes… L’eau électrique envahissait les rues de plus en plus vite, et à ce rythme, elle finirait par s’engouffrer dans les bâtiments… Yumi poussa un juron et se pencha sur le chef, l’air déterminé.

— Jérémie, laisse-moi y aller. Ne serait-ce que pour assurer nos arrières ! De toute façon on va lancer un Retour vers le Passé !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L’idée ne plaisait toujours pas au jeune homme. Au-delà de son principe même — n’était-ce pas admettre qu’au fond, les Lyoko-Guerriers étaient plus irresponsables que ce qu’ils voulaient bien voir ?—, le risque était trop grand. Et si Yumi était contrainte de trop en dire, et que les autorités arrivaient à l’Usine avant même que Jérémie n’ait pu lancer le programme temporel ? Le laisserait-on faire ? Il en doutait. On l’éloignerait du panneau de commandes, on le traiterait comme un gamin dangereux, on les emprisonnerait, on lui enlèverait Aelita, et les victimes seraient toujours des victimes. Il s’était toujours un peu raccroché à l’idée que prévenir les autorités pouvait être un chemin plus direct vers la mort d’innocents que de s’enfoncer dans le secret. Mais ça n’était valable que si Yumi ne parvenait pas à arrêter les adultes… S’il faisait confiance à ses amis partis au front, pourquoi pas à elle ?

— Promets-moi de ne pas trop en dire. Et qu’ils ne viendront jamais ici.
— Je ferai au mieux, Jérémie ! Promis, je te tiens au courant !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sans attendre, la jeune femme fila vers l’ascenseur. Le chef se frotta les yeux alors que la lourde ascension de la cage de fer grondait dans la salle. Il n’était toujours pas sûr de son choix… Mais se serait-il pardonné d’en avoir pris un autre ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie prit une grande inspiration et, du ton le plus stoïque qu’il avait en réserve, héla ses soldats :

— Yumi est allée prévenir les autorités, pour anticiper tout scénario catastrophe. Il faut à tout prix que vous en finissiez rapidement, ou du moins avant qu’elle ne revienne avec des adultes. Ulrich, tu n’as plus que dix points de vie. Tu te refais toucher, et c’est fini. Quand à toi Odd…
— T’inquiète, même à un point de vie, je… Houlà !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png A l’écran, le point d’Odd évita de peu un tir. Aelita essayait de passer les lignes ennemies, parvenant même à éliminer un Blok. Plus que deux, et ce foutu Mégatank qui la forçait à reculer à chaque fois qu’il envoyait son onde… Dans le fond, c’était un miracle qu’ils soient toujours sur Lyoko, alors que la bataille s’éternisait. Pourvu que Dieu, ou Franz Hopper, ou peu importe, en ait encore en réserve…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Soudain, William fonça à toute vitesse sur un Ulrich occupé à parer les assauts d’un Rampant. Jérémie le vit fondre sur le Lyoko-Guerrier, à bout de vie et proche du vide..

— ULRICH !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En un instant, le point de l’ennemi recouvrit celui du soldat, le rouge s’abattant sur l’or. Jérémie retint son souffle, le cœur au bord des lèvres. D’un instant à l’autre, il allait voir la carte d’Ulrich s’effacer, et les rapprocher de la défaite…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png … Mais le point rouge ne s’arrêta qu’une demi-seconde. L’instant d’après, il continua sa course vers le vide. Puis il s’y noya. Ne laissant derrière lui que le point d’Ulrich, encore debout, ses dix points de vie encore affichés.

— OUI ! Bien joué ! S’écria Jérémie de tout son cœur sauvé de justesse.
— Ouais, il était coriace… Mais c’est pas fini, soupira Ulrich en s’avançant vers les Rampants.
— Attention, pas le droit à l’err…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais Jérémie n’eut le temps de finir son avertissement que, déjà, le guerrier s’élançait vers les sbires de XANA, à la vitesse d’un Supersprint. Il zigzaguait avec une vélocité folle, évitant adroitement les tirs que le premier Rampant lui dédiait. Rapidement, il fut sur lui et le faucha. Le coup fut si fort que, aussitôt après, toute attaque contre le Cœur fut redirigée vers le soldat. Ce dernier ne ralentit pas, toujours impitoyablement rapide et précis, transperçant un deuxième monstre…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Soudain, un violent cri perça les tympans de Jérémie sur l’autre canal. Odd. Bon sang, faites qu’il ne soit pas…

— YES ! Je te l’avais bien dit Einstein, rien ne me résiste !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En effet, sur la Montagne, la situation semblait également se débloquer. Il ne restait que le Mégatank, qui continuait à viser Aelita mais toujours sans succès. Elle était si proche de la tour, plus que quelques mètres, mais cette foutue boule d’acier virtuel…

— Bon, à nous deux la grosse baballe ! S’exclama Odd en se faufilant entre le monstre et l’Ange.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors qu’Ulrich venait d’atteindre victorieusement le troisième Rampant et filait vers le quatrième et dernier, Odd évita de justesse un tir du Mégatank et tira en représailles. Malheureusement, la flèche ricocha sur la surface impénétrable, mais cela suffit à distraire le monstre. Aelita sembla comprendre la manœuvre et fonça tout droit vers la Tour. Elle allait la passer dans quelques instants… Et Yumi n’était pas encore arrivée. Ça pouvait le faire…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Dans la ville, le niveau de l’eau montait encore et encore, des riverains paniqués fuyaient ou tentaient tant bien que mal de monter sur le toit de leur voiture alors qu’ils étaient encerclés par la crue et ses arcs électriques… Il ne restait que quelques minutes, pas plus…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le Mégatank chargeait un tir. Odd en ligne de mire… Et Ulrich était presque sur le Rampant…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En une seconde, le tir passa sous le félin, qui riposta. Il poussa un long cri, pris dans son propre élan…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et toucha le Mégatank en plein cœur, alors qu’Ulrich effaça le dernier Rampant d’un coup d’estoc.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie se tendit, retenant de justesse un cri de victoire. Le Cœur était sauvé, oui ! Ulrich et Odd avaient réussi, mais il restait Aelita… Il la vit entrer dans la Tour, enfin, alors que son index chargé d’adrénaline était posé sur la touche entrée, prêt à déclarer le Retour Vers le Passé, prêt à sauver son secret, et le monde avec…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le Code Lyoko apparut. La Tour quitta sa funeste parure de rouge pour préférer le voile immaculé de la paix. Elle était désactivée. Et aucun adulte en vue.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils avaient réussi.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png D’un coup, un pilier de lumière froide illumina la pièce. Il gonfla et devint un dôme qui les engloutit tous dans une grande blancheur...

— Retour vers le passé.



https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png C’était comme si le flash temporel avait englouti le second 1er Juillet 2005 de Jérémie pour le rendre plus brillant. Remettre en place les protections anti-attaques en ayant déjà en tête ce qu’il devait faire avait même eu des allures de tranquille loisir. Il avait pu finir plus vite, rejoindre ses amis plus tôt et, sous les encouragements furtifs d’Ulrich et moins discrets d’Odd, inviter Aelita à une petite balade nocturne. L’internat serait encore ouvert jusqu’au lendemain pour les départs en vacances les plus tardifs, et Jérémie avait réussi à négocier avec son père qu’il vienne plutôt le chercher au matin. L’air ravi et joliment touché de la jeune femme lui donna une dernière poussée de courage, et c’est avant l’aurore, après que leurs amis étaient retournés à leurs familles, qu’ils étaient partis en ville. Il lui avait payé une glace sur les premiers stands qui fleurissaient au bord de la Seine, elle lui avait fait écouter son dernier remix pendant qu’ils étaient assis sur l’herbe rosissante, ils s’étaient arrêtés pour écouter les musiciens de rue et finalement, avaient été surpris par Notre-Dame sonnant la fin du jour. Le temps avait été trop court, Jérémie était persuadé qu’il aurait dû en faire et dire plus, mais pas question de rentrer trop tard à l’internat…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et les voici, face au soleil déclinant qui peignait les couleurs de l’Ange de Lyoko dans le ciel du soir, ajoutant dans un collage surréaliste le squelette métallique du pont de l’Usine. Jérémie planait dans le tableau de l’aurore : Aelita à ses côtés, lui souriant, le faisant rire… Il savait que jamais il ne s’en lasserait. Elle était comme un rêve qui restait encore à approcher et représenter. Un tableau qu’il devait peindre à ses côtés, quitte à créer des nuances de roses qui n’appartiendraient qu’à elle. Aussi familières que la liqueur de cerisier ou le rosé qui trônaient dans le salon parental, subtil et liquide, miroitant des reflets à la surface du verre si délicat. A chaque fois qu’il la revoyait, elle était toujours plus proche de ses fantasmes les plus doux et poétiques…

— Jérémie ? A quoi penses-tu ?
— Que j’ai passé une très bonne soirée, avec toi, répondit le jeune homme automatiquement, sans même penser à son habituelle timidité, comme si la douceur du soir abaissait ses inhibitions et déliait sa langue.
— Oui, moi aussi. Merci beaucoup, Jérémie.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il s’arrêta un instant dans sa rêverie. Le ton d’Aelita était soudain voilé de peine. Oui, la fin de la journée approchait, et demain elle serait seule dans la maison de son passé, en attendant le retour de ses amis. Il fallait relever le jeu, sortir la bouteille des grandes occasions. C’était sans doute le moment de lui remonter le moral en lui parlant de son projet…

— Tu sais Aelita, je sais que tu rêverais de faire comme nous, et de pouvoir partir en vacances. J’y ai beaucoup réfléchi ces dernières semaines, et je me dis que tu mérites d’avoir la même vie que nous, et les mêmes occasions…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La jeune femme n’ajouta rien, se contentant de pencher la tête sur le côté, attentive et curieuse. Jérémie suivit son rêve et posa doucement sa main sur celle d’Aelita, et ajouta dans un sourire :

— Tu vois les préparatifs qu’ils font, au bord du fleuve ? A la fin du mois, des navettes permettront d’aller jusqu’à Paris Plage depuis ici. Tu devrais voir ça ! Par exemple, il y a des bassins où se baigner à la Villette, et plein d’activités et de choses à voir… Ou, si tu préfères, tu peux juste t’installer au bord de la Seine et profiter du soleil. Bien sûr, ce n’est pas une vraie plage, mais en attendant que nous puissions aller au bord de la mer, nous pourrions prendre le bateau, descendre le fleuve, et passer beaucoup d’après-midis comme celui-ci… Qu’en dis-tu ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Aelita serra sa main plus fort. A la lumière mourante du jour, ses yeux semblaient étinceler. Des étoiles incandescentes à faire pâlir de honte le soleil.

— Ce serait avec plaisir, Jérémie ! J’aime beaucoup l’idée. J’ai hâte qu’on y soit !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie rosit de plus belle à l’enthousiasme d’Aelita. Le temps se suspendit entre ses lèvres, le calice de la félicité prêt à être savouré. Il avait réussi, il avait ouvert son cœur, et son rêve se rapprochait de lui, irradiait de chaleur entre ses doigts. Le rose aux joues de l’élue de son cœur l’associa encore au ciel, pour les dernières secondes du soir. Il but l’instant présent, le laissa réchauffer sa gorge et son ventre. Rien que pour que cette vision l’accompagne toujours à partir de maintenant, il se montrerait fort.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Derrière lui, l’Usine brillait, temple de son secret, genèse du chapitre le plus important de sa vie. Ça ne faisait pas si longtemps, mais il avait l’impression que c’était ainsi depuis toujours. Le début de son existence ne serait pas ce qui lui reviendrait en mémoire quand il s’éteindrait. Aelita tenant sa main, ses amis à ses côtés pour affronter leur ennemi, et la certitude qu’il serait, un jour, totalement maître du Temple et du destin du monde, et qu’entre ses mains le danger et la mort céderaient, ça c’était ce qui resterait après lui. Comme pour lui répondre, le ciel fit scintiller ses premières étoiles pour cette nuit, narguant le sombre goudron. Non, Jérémie n’était plus juste un passager de ce monde. Quand Aelita était là, il tutoyait les astres, frôlait les secrets de la vie et de la création. L’amour lui donnait des ailes plus grandes que ce qu’il pensait. Avec elles, il serait fort.


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Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Dede7 MessagePosté le: Jeu 24 Sep 2020 20:27   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Au sol, la radio, au bout de sa vie, crachotait plus d'interférences que de mots sensés. Des sacs plastiques virevoltaient au loin, emportés par un vent certain qui laissait présager des orages à venir. En dessous, le ciel de goudron scintillait, constellé depuis l'aube de l'humanité de minuscules débris de verre qui brillaient sous les lueurs urbaines jaunâtres. Innombrables vestiges d'innombrables beuveries, désespérées tentatives de briser du verre aussi facilement que se brisent les rêves. Et, au milieu de ceux-ci, gisait un jeune garçon, face contre terre, une barre de fer à la main.

— Bordel, Jérémie, qu'est-ce que tu branles ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Odd s'approcha de son jeune ami, et le retourna d'un mouvement du pied, comme on soulève une planche en bois pourrie pour voir si les fourmis bougent toujours en dessous. Mais ce dernier ne réagissait pas. Catatonique, son regard était vaguement perdu au loin.

— Putain, mec, t'es pas sérieux ! On avait dit que c'était fini ces conneries, maintenant !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie ne lui rendit qu'un gémissement plaintif, à peine conscient, mais suffisamment inquiétant pour que son ami se penche plus attentivement sur son état. Suffisamment, même, pour qu'il dégaine son téléphone et appelle à l'aide.

— Allez, courage vieux, tiens bon...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Malgré la douceur sincère de cette tentative de réconfort, le crâne de Jérémie raisonna soudain aussi fort que les cloches battues à l'heure du tocsin. Il ne s'entendait même plus crier de douleur - criait-il seulement ? alors que chaque partie de son corps adressaient ses doléances à un esprit déjà assourdi. Cela dura des heures, jusqu'au petit matin, quand enfin le soleil apparut. La lumière l'éblouissait, et réchauffait déjà son cou tendu.

— Réaction pupillaire... Pouls à 140...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le soleil disparut, et le bras gauche hurla de plus belle, comme si l'astre traître s'était écrasé dessus. Un geste réflexe le renversa à nouveau, et son visage rencontra à nouveau une douce chaleur, chassant toute la douleur.

— Tension à 6-6... Et merde, quel con ! Il s'est éraflé la joue. Allez, on brancarde !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Des bras venues de toute part s'agrippèrent à son corps, et s'employèrent à l'arracher à sa félicité, à le chuter de son ciel cuité, à l'enfermer dans une cage de vividité.

— On l'emmène... préviens Ambroise-Paré, on leur ramène un garçon de 14 ans, en situation critique, atone...
— Tiens bon, Jérémie !
— Depuis combien de temps...
— Il y a dix minutes...
— Juste avant votre appel...
— Oui, je venais d'arriver...
— Ok, on s'en charge...
— Tiens bon !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Les voix s'emmêlaient, leur sens se disloquait, tandis que Jérémie s'éteignit une dernière fois avant de prendre congé de son usine à rêves.



https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Quatre coups. Ainsi s'était annoncé la fin de la tranquillité du petit Jérémie ce matin là. Où était-ce le soir ? Jérémie n'avais pas encore réussi à prendre ses marques. Sa fenêtre sur l'extérieure était bouchée par les bâtiments voisins, tous similaires tant en dimension que en apparence à ceux de Kadic : les mêmes rangés de fenêtres blanches sur fond de briques ocre, empilés sur trois ou quatre étages, recouverts d'une toiture en tuiles, si ce n'est que ces dernières étaient de couleur orange vif plutôt qu'en ardoise grise. Leur disposition étaient néanmoins différente. L'un d'entre eux lui faisait directement face, distant d'à peine quelques mètres, si bien qu'il ne pouvait qu'en apercevoir les extrémités. D'autres se distinguaient derrière celui-ci, tous parallèles, comme autant de remparts le séparant du ciel bleu. Avec un peu d'attention, Jérémie distinguait également sur les carreaux les plus à droite le reflet d'une grande tour zébrée verticalement de noir et blanc : l'élément principal du complexe où il se trouvait, qui échappait toutefois à toute observation directe de sa part.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie entendit la porte s'ouvrir, mais resta concentré sur son étude de la tour. Il savait déjà le couloir plus inintéressant que sa propre chambre. Blanc, aseptisé, aux couleurs froides, et agité de personnes tout à fait insignifiantes, voire peut-être même dangereuses - il n'avait pas encore eu l'énergie d'éprouver la garde. Sa chambre avait le mérite d'être moins impersonnelle. D'ailleurs, elle ne différait pas tant elle non plus de ce qu'il connaissait à Kadic : les murs étaient peints dans le même gris celadon, seulement moins verdi - certainement du à l'absence d'arbres à la fenêtre. La couette de son lit avait aussi conservé sa couleur de housse. Seule différence, le pendentif en plastique rouge à côté de la lampe murale de tête de lit. Mais son lieu de vie était tout de même délestée de toute personnalisation : exit les magazines, les ordinateurs, le radio-réveil, le tableau en liège, le poster. En échange, tout juste avait-il gagné des sanitaires privatives tout ce qu'il y a de plus banal. Aussi préférait-il recompter encore la quinzaine d'étages de cette mystérieuse tour, et contempler son absence de halo.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Aussi ne daigna-t-il pas tenter de saluer l'inconnu, qui s'était de toute façon invité dans sa chambre sans même qu'il n'ait à répondre. Un personnel médical, donc.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Un silence qui s'abat. Probablement un docteur. Les infirmiers ne rendaient pas visite aux patients sans leur chariot de matériel médical pour réaliser soins et diagnostics légers.

— Bonjour, Jérémie.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une voix masculine, calme, à la hauteur légèrement instable. Un bien jeune homme, probablement un étudiant.

— Je peux ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Un manque d'assurance, et une question qui n'était peut-être pas plus adressée au patient qu'au supérieur du praticien, notablement discret et muet jusqu'à présent. Un externe.

— Comment vas-tu ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une question bête. La réponse importait moins que la parole. Il n'était pas venu pour entrer dans sa chambre, mais pour entrer dans sa tête. Soit, pourquoi ne pas jouer le jeu. Mais à question bête, réponse bête. Un haussement d'épaules suffisait.

— Bon. Et si tu me racontais un peu ce qui s'est passé ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Subtil. Une question directe, mais parfaitement vague. Rien de concret. Une ouverture faussement offensive, poussant l'autre à s'exposer davantage. Un leurre pourrait faire l'affaire...

— Je fêtais une victoire, d'une partie plutôt corsée.
— Raconte-moi donc cette victoire.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L'immeuble bicolore qu'il observait toujours lui inspira une métaphore. Les métaphores étaient des demi-vérités peu coûteuses à produire.

— Il s'agissait d'un énième duel, avec un adversaire plutôt coriace. Cette fois-ci, j'ai du faire face à une double ouverture, pas très féroce mais multipliant les risques.
— Les as-tu pris ?

— J'ai accepté de sortir une pièce de l'échiquier pour contrer l'offensive ennemie...
— Regrettait-elle ?

— Mon Fou escortait ma Dame en chassant les pions les uns après les autres...
— A-t-il fui ?

— La pièce maîtresse de mon adversaire était apparue, mais mon cavalier l'avait engagé seul dans mon dédale...
— S'est-il éteint ?

— Et ma Dame, portée par ses ailes, fonçait droit sur la Tour adverse...
— Pleurait-elle ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Lui pleurait. Pourquoi ? Que se passait-il ?

— Tu ne sais pas ? N'étais-tu pas là ? N'y étais-tu pas ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Quel était ce malaise ? Où était-il ?

— Pour moi non plus, tu n'étais pas là !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Si, il était là ! Il était présent ! Conscient ! Témoin !

— Tu pensais vraiment pouvoir obtenir un mat contre un tel adversaire en seulement quatre coups quelconques ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Choqué, Jérémie se retourna enfin et leva les yeux vers son interlocuteur. Il ne portait étonnamment pas une blouse de médecin, mais une veste en cuir recouvrant un t-shirt noir avec imprimé rouge. Redressant un peu plus le regard, il vit aussi un visage plus jeune qu'il ne pensait, encadré de longues et droites mèches noires.

— En quatre coups s'annonce seulement un échec.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie se redressa brutalement. Haletant et en sueur, il lui fallut près d'une minute pour reprendre son souffle. Puis il se leva et fit quelques pas pour se dégourdir un peu les jambes. La porte était fermée, le silence et l'obscurité régnaient. A l'extérieur, les carreaux illuminés étaient de plus en plus rares. La tirette rouge était toujours là, mais l'urgence était finie. Il se coula dans une douche froide, et attendit un temps indéfini que le jour se lève.



— Tu as bien dormi ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie hocha la tête, en se redressant sur son lit. L'infirmière passa la pince à son annulaire droit, le brassard à son bras gauche, et mit en marche l'appareil. Le jeune patient pencha la tête pour observer le contenu de la desserte, essayant comme à chaque fois d'ignorer la pression sur son frêle membre pendant l'examen. Cela faisait plusieurs jours qu'il essayait de découvrir l'utilité des flacons mis en évidence sur le côté du chariot. Ils devaient être régulièrement utiles pour être aussi facilemetn accessibles, et devaient avoir des usages bien définis pour justifier leurs couleurs reconnaissables. Tout juste avait-il appris que le rouge devait servir au nettoyage ou à la désinfection - il avait entendu un infirmier employer le terme "savon" pour y faire référence.

— Tes constantes sont bonnes aujourd'hui ! lui déclara l'infirmière au moment où le moteur du tensiomètre poussait son habituel vombrissement final.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il la vit noter les valeurs - 11-7 de tension, 95 de pouls - sur sa fiche de soin, à la ligne du 6 septembre, dans la première oclonne - celle de 7 heures du matin. Anticipant que son prochain geste sera de sortir sa dose de médicaments du tiroir du haut, il saisit la carafe d'eau qu'il avait laissé sur la table de chevet pour remplir un goblet.

— Et voilà ton cachet.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avala le comprimé, et vida son verre. L'infirmière, une fois assurée que la pilule était bien passée, lui exposa le programme de la journée.

— On commence la journée comme d'habitude avec un bon petit déjeuner au self. Ensuite, à neuf heures, on discutera des actualités en salle commune avec François. Béatrice animera l'activité sportive en salle polyvalente, à partir de dix heures. Puis, le déjeuner, comme toujours à midi. Un groupe de parole se réunit à quinze heures avec Marie. Le docteur Bardin t'attend à son bureau à dix-huit heures. Et enfin le dîner à dix-neuf heures.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie se leva, se dirigeant vers la salle de bain.

— Des questions ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il secoua la tête, avant de faire couler l'eau dans l'évier.

— À tout de suite pour le petit-déj, ne sois pas en retard si tu veux pas manquer les pains au chocolat !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L'infirmière quitta la chambre, et Jérémie poussa un soupir au moment où la porte se referma. "Ne sois pas en retard". Cette dernière injonction tenait de la menace à peine voilée. Il ne s'agissait pas d'une inquiétude vis à vis d'une quantité limité de nourriture, mais du rappel d'un rapport de force assumé à base d'incitations, de privations et de récompenses jamais tout à fait garanties.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ainsi fonctionnait le service pédo-psychiatrique de l'hôpital Bichat. Quoi que tous les centres de séjour psychiatrique devaient fonctionner de façon similaire. D'ailleurs, c'était plutôt l'annexe Claude-Bernard. Bichat, c'était le nom de l'hôpital proprement-dit, la fameuse tour qui trônait au dessus d'eux.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait été transféré ici il y a cinq jours, après son admission aux urgences d'Ambroise-Paré. On avait fait comprendre à ses parents qu'un enfant de quatorze ans ne se murge pas jusqu'au point d'en perdre conscience sans raison, et qu'outre la réanimation, il lui faudrait des soins psychiatriques pour traiter la situation à la racine. Depuis, les jours se ressemblent, dans un simulâcre d'internat, où les pensionnaires sont éduqués à nouveau, quitte à flirter dangereusement avec les notions de consentement, de libre-arbitre et de morale.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais après tout, c'était de bonne guerre dans son cas.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il se sécha le visage, enfila un t-shirt blanc - un de ceux que ses parents lui avaient laissé le premier jour -, et sortit de la chambre. Il y avait du monde dans le couloir - des infirmiers, du personnel de restauration et d'entretien, et bien sûr des pensionnaires. Il rallia le réfectoire, prit un plateau, passa au comptoir pour s'emparer de son pain au chocolat et de son bol de lait frais avant de les avaler assis seul à une table en dévisageant distraitement patients et surveillants.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La lecture des actualités ne fut pas particulièrement intéressante : écouter des gens débattre de la façon d'appréhender les nouvelles sur les ravages dans l'écosystème amazonien ou les rumeurs d'essais militaires russes de robots anthropomorphes n'était pas ce qu'il y avait de plus passionnant. La séance de sport avait quant à elle le mérite d'aider à vider l'esprit. Jérémie se surprit même à apprécier la sensation d'un corps échauffé après un effort mesuré.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Après une brève douche, le reste de la journée passa sans accroche, et il se rendit comme prévu au bureau du professeur Whilem Bardin, son psychiatre. Celui-ci l'invita comme les fois précédentes à s'asseoir en face de son bureau.

— Bonjour, Jérémie. Comment vas-tu ?
— Ça va, répondit-il. Le sport... m'a fait un peu de bien.
— Je suis ravi de l'apprendre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Première réponse, première erreur. Jérémie avait déjà assimilé que le mutisme était dangereux, mais faire preuve de bonne volonté, c'était aussi prendre le risque de trop s'ouvrir. Il essaya de se redonner une contenance, en regardant droit dans les yeux le psy. Il remarqua que son visage s'inscrivait dans une fenêtre dégagée, donnant sur un ciel nuageux.

— J'ai constaté que tu faisais quelques progrès ces derniers jours. C'est bien.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Après trois jours de silence buté, il avait fini par avouer avoir un problème d'alcool. Après tout, difficile de le nier quand on a fait le mur pour finir seul en coma éthylique.

— Mais tu ne participes pas beaucoup aux activités de groupe. On m'a dit que tu ne parlais pas beaucoup.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png À quoi bon parler aux gens ?

— Je ne suis pas encore prêt, je pense.
— Je vois. Et si on continuait là où nous étions rendus ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie avait pourtant déjà tant avoué. Les après-midi qu'il passait avec ses amis pendant l'été dansla maison abandonnée, les packs de bière que Yumi rapportait quelques fois, les troisièmes parties de soirée à cuver les peines de coeur avec Ulrich, le dévissage une fois la cave à vin découverte et entamée...

— Parle moi de la fille aux cheveux roses.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La peine de coeur, donc.

— Aelita. Je l'aimais beaucoup.
— Vous sortiez ensemble ?
— Oui. On s'aimait tous les deux, on était heureux.
— Que s'est-il passé ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le jeune homme respira profondément, ravalant un début de sanglot.

— Elle est partie. Au début de l'été. Elle... elle est rentrée chez elle, au Canada.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le professeur ne releva pas, laissant son patient dérouler son histoire.

— On formait un groupe chouette, tous les cinq. Je me sentais bien. Surtout depuis qu'Aelita nous a rejoint.
— Et c'est donc son départ qui t'a boulversé ?
— Oui. Je ne m'y attendais pas. Je pensais qu'on serait ensemble pour toujours.
— Tu sais, les amours sont parfois éphémères.
— Pas celui-là. Je l'avais sauvée...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le regard intrigué du praticien poussa Jérémie à détailler ce point. Encore un faux pas.

— Un jour, elle avait manqué de se noyer, en s'évanouissant à la piscine. Je l'ai repêchée.
— Je vois. Ce genre d'événements noue effectivement des liens particuliers et forts. Pourquoi ce lien serait-il rompu, aujourd'hui ? Est-ce seulement la distance ?
— Non... C'est que... Je ne la reverrai plus... Elle a disparu...
— Disparu ?
— Oui... Comme...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Bardin laissa passer quelques instants, avant de proposer :

— Comme William Dunbar ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Un long silence. Dehors, le plafond nuageux se teintait d'un rouge crépusculaire.

— Oui.
— Il est porté disparu depuis la fin des cours, c'est cela ?
— Oui. L'alerte a été donnée quand ses parents sont venus le récupérer à la fin de l'année. Il avait disparu.
— Vous étiez proches ?
— Pas vraiment. Mais on se connaissait. William était quelqu'un de bien.
— Sa disparition t'a marqué ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Que dire. Rien ne valait une once de vérité, ici. En son honneur.

— Oui. Je crains qu'il ne revienne jamais.
— je vois. Comment tes amis ont géré ces événements ?
— Yumi s'en détachait beaucoup. Elle nous voyait régulièrement, mais au fond, elle me semblait absente. C'était elle qui connaissait le mieux William. Je pense qu'elle regrettait beaucoup.
— Et les autres ?
— On ne voyait pratiquement plus Odd. Je ne le croisais que seul, de temps en temps. Il a fui.
— Qu'en est-il d'Ulrich ?
— Il a tout abandonné. Ses espoirs avec Yumi, ses révisions scolaires, son entraînement. Il s'est éteint.
— Comment penses-tu qu'Aelita ait réagi ?
— Elle aurait pleuré. Pas beaucoup. Mais elle aurait juste pleuré.
— Et toi ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L'intéressé leva les yeux au plafond. La boucle était bouclée.

— J'en étais revenu des années en arrière. Le coeur brisé, les amitiés fracturées. Après les bières, j'ai vu les bouteilles de vin dans la cave abandonnée. Je les ai prises. J'avais vu les risques. Mais je les ai pris. Je les ai tous pris.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie ferma les yeux, et sentit une larme couler le long de sa joue. L'aveu avait une allure étrange de libération. En avait-il fini ?

— Pourquoi le pont de l'usine ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Non. Non, il ne répondrait pas à cette question aujourd'hui. Trop de choses avaient déjà été dites. Et trop de choses ne devaient pas l'être.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La veille encore, son ange aux cheveux roses était enfermée dans son coeur...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais d'ailleurs... Comment ? Comment était-il au courant pour le rose ? Jamais il en avait parlé ! Et pour William ? S'était-il autant renseigné sur l'enquête ? Ou alors... Alors... Se pouvait-il ? Qu'il en soit nu- venu là ? Ici, à ce niveau de sa- sadisme, de persécution, de haine ? Ce pouvait-il que ce Whilem Din- Bar..., ! Osait-il ! Ce monstre, forcément, cela ne pouvait qu'être de sa faute ! Sa faute !



— Qui est Xana ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Marie se tourna vers la petite qui venait de prendre la parole. Elle devait avoir tout au plus dix ans.

— Voyons Cassandre, essaye d'éviter d'interrompre la prise de parole des autres. Tu peux lever la main si tu as une question.
— Pardon madame ! fit-elle en rougissant et en brandissant son bras en l'air.
— Ce n'est pas grave, madame, reprit Jérémie. Je ne suis de toutes façons pas très doué pour raconter les histoires, du coup je ne dois pas être tout le temps clair.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il respira profondément le temps de remettre un peu d'ordre dans ses idées, puis reprit son récit.

— Xana est une espèce de virus informatique, mais intelligent. Comme un méchant de dessin animé, mais dans un ordinateur. J'appelle ça un programme multi-agent élevé à la conscience.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Quelques uns se retinrent de pouffer. D'autres semblaient véritablement passionnés.

— Avec mes amis, on allait dans l'ordinateur pour combattre Xana, quand il décidait d'attaquer le monde.
— Et dans l'ordinateur, ça se passe comment ? demanda un autre garçon.
— C'est comme dans un jeu vidéo. Mes amis ont un avatar, et se déplacent dans le monde virtuel. Je l'appelle Lyoko, d'ailleurs. Ils doivent y trouver une tour.
— Comme celle de l'hôpital ?
— Pas exactement. Plus haute, et plus fine. Et cylindrique. Il y en a plusieurs. Quand l'une d'elles s'allume en rouge, c'est que Xana a attaqué. Mes amis doivent trouver la tour.
— Et pas toi ?
— Moi, je ne vais jamais dans Lyoko. Je reste dehors, pour regarder la carte, et guider mes amis en leur parlant.
— Et du coup, ils doivent faire quoi ?
— Xana essaie de les ralentir en envoyant des monstres. Il y a des crabes, des blocs, des frelons, qui tirent des lasers. Des méga-tanks, des fois, aussi. Quand mes amis s'en sont débarassés, alors Aelita peut entrer dans la tour.
— Qui est Aelita ?
— Une fille de notre groupe. C'est la seule à pouvoir éteindre les tours.
— Et du coup, c'est ça que tu imaginais tout ce temps ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie marqua une pause.

— Oui.
— Bien. Voilà qui met fin à la réunion d'aujourd'hui. Merci pour votre attention !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie se leva. Cela avait quelque chose d'apaisant, de raconter tout cela. Il se sentait mieux qu'il ne l'aurait cru. Il prit le temps de ranger son siège, un l&ger sourire aux lèvres.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En sortant de la salle commune, il surprit une discussion entre Marie et une de ses collègues :

— j'ai entendu ce que racontait le petit Jérémie... C'est drôlement détaillé, comme histoire.
— Oui. Mais c'est pas si rare, tu sais. Les enfants développement souvent des univers complexes. En plus, dans le cas de Jérémie, il semblerait qu'il étoffait beaucoup son imaginaire avec des éléments entendus aux infos.
— Je vois. Du coup, tu ne pense pas que ça va poser problème, la séance d'actu ?
— je ne sais pas. De toutes façons, François a suspendu cette activité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L'indiscretion cessa soudainement quand Cassandre surprit Jérémie d'une main sur l'épaule.

— Désolé, je ne voulais pas te surprendre...
— Non, non, c'est rien. Qu'est-ce que tu veux ?
— Je voulais juste te dire que ton histoire est chouette, et que ce serait dommage que tu l'oublies, même si tu t'en détaches. Tu pourrais écrire des livres avec, peut-être ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La proposition l'intrigua. Ses chroniques pouvaient-elles vraiment plaire aux gens ? Mais il n'eut le temps d'y réfléchir davantage que la jeune fille avait déjà disparu dans un couloir. Il se décida à en faire autant, son rendez-vous approchait, et n'eut juste l'occasion de capter deux dernières répliques.

— Mais pourquoi ne pas encore l'avoir mis en chambre double ?
— Le doc dit que c'est pour ne pas trop le dépayser du collège...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png C'est vrai que les autres pensionnaires étaient habituellement en chambre double. Qu'avait-il de particulier pour mériter ce traitement ? Pourtant, il n'était un danger ni pour lui ni pour les autres, et on lui avait bien fait comprendre à son arrivée que son cas n'était en soi pas exceptionnel ni critique... Et puis, en treize jours d'enfermement, Jérémie avait fini par assimiler les règles implicites. Avoir un colocataire était aussi "thérapentique" que les horaires non-négociables. Ceux qui dérogeaient à la règle et finissaient en isolement n'étaient pas favorisés, au contraire. Sauf qu'il serait un peu trop gros qu'on fasse subir ce traitement à Jérémie compte tenu de son comportement actuel. Alors, quoi ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le jeune homme vit un petit groupe de pensionnaires passer dans le couloir, pris dans un discussion à propos des dernières nouvelles du monde extérieur. L'un d'eux n'était qu'en hospitalisation de jour, alors il rapportait tout ce qu'il pouvait. Pendant quelques instants, il se sentit à part, comme habité par quelque chose que les autres n'avaient pas. Il n'eut le temps de s'attarder sur ce qu'ils racontaient qu'une réminiscence lui vint. Les élèves de Kadic, emmêlés dans leur quotidien, et lui mis à part de son propre chef... Un des filles du groupe avait les cheveux bleus. Une originalité qu'il n'avait vu que chez...

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Etait-ce une chimère ou un fantôme qui le hantait ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Non, surtout ne pas penser à ça. Pas alors qu'il n'était qu'à quelques pas et secondes du bureau du professeur Bardin... C'était un psychiatre. Le moindre trouble dans le regard finirait griffonné dans son calepin. Et Jérémie préférerait encore être aux portes de l'Enfer que dans les notes du docteur. Il fallait qu'il respire. Qu'il garde en tête les séances de sophrologie auquel il devait assister - deux fois par semaines, comme autant de souffles qu'il devait prendre. Et surtout, surtout, garder en tête qu'il se mentait à lui-même depuis le début. Qu'il avait des raisons d'être là. Et qu'il méritait de passer cette fichue porte, pour en sortir un peu plus lavé de ses troubles.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une, deux. Il posa la main sur la poignée. Une, deux. Il sentait d'ici l'eau de Cologne du docteur. Il était là. Une, deux. Il afficha un sourire mesuré, ni trop forcé ni trop enthousiaste. Juste ce qu'il faut.

— Bonjour docteur Bardin.
— Bonjour Jérémie. Comment vas-tu ?
— Je vais bien, je vais bien !
— Je vois ça ! Tu as l'air plus souriant !
— Merci, répondit Jérémie, quelque peu gêné.
— J'ai entendu dire que ton histoire à propos de Lyoko et Xana remportait un petit succès au près des autres pensionnaires, n'est-ce pas ?
— Heu, oui... on dirait...
— Dis moi, comment te sont venues toutes ces idées ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le doc avait toujours ce don de poser des questions compliquées.

— Ce... ce sont des choses que j'imagine depuis des mois, en fonction des nouvelles, de la vie au collège...
— Et tes amis, ils participaient au récit ? Ou c'était seulement dans ta tête ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une nouvelle question piège. Qui protéger ?

— C'était dans ma tête. J'imaginais tout.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Bardin ne releva pas, se contentant de prendre quelques notes dans son cahier. Jérémie hasarda alors une question.

— Pourquoi ne suis-je pas dans une chambre double comme tout le monde ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le professeur posa son stylo, et regarda son patient droit dans les yeux.

— Parce que je crains que tu ne sois un cas plus atypique qu'il n'y parait. Tu as été admis ici avec un diagnostic d'addiction à l'alcool suite à une crise dépressive, qui a entrainé quelques premiers jours difficiles, avec des crises d'anxiété notables. Et si ce diagnostic est en nette amélioration depuis une semaine, le récit que tu développes depuis me semble quant à lui être un sujet d'inquiétude.
— C'est à dire ? se défendit Jérémie. Je vous ai dit ce que vous vouliez, non ?
— Ce que je veux, Jérémie, c'est la vérité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La vérité. Encore et toujours elle. Qu'avait-elle de si précieux, de si désirable ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait déjà donné. Livrer son histoire, même sous le voile de la fiction, ça ne suffisait pas ? Et qu'est-ce que ce docteur ferait de la vérité ? Si Jérémie persistait à appeler Lyoko et Aelita des "délires", on croirait qu'il cachait quelque chose de plus grave, et il ne sortirait pas d'ici de sitôt. Si, au contraire, il essayait de leur faire comprendre que tout était vrai, la conclusion serait la même. Il était bloqué. Quoi qu'il disait, il serait en tort. C'était pour ça qu'il ne voulait pas parler, au début. Il n'aurait jamais dû céder. Il n'aurait jamais dû aller boire dans sa planque habituelle, ce soir-là.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La vérité, c'était que Jérémie admetterait tous les diagnostics pour se laisser rechuter, juste maintenant. Juste pour que ce foutu psy se mette dans le crâne que la vérité qu'il réclamait de lui était hors de sa portée. Mais ici, on ne le laisserait jamais retourner aux nuits d'ivresse éperdues. Alors, franchement, à quoi bon provoquer le gardien de sa liberté... Il ne l'aurait plus jamais. L'été n'avait pas réchauffé son insouciance, il l'avait brûlée. Jusqu'à ce que même répondre de ses actes ne puisse éteindre l'incendie.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Tout avait échoué. Le docteur était trop fort. Jérémie n'avait plus qu'une seule chose à faire. Il se contenta de regarder dans le vague, fixant plus les nuages blancs dans la fenêtre que l'homme qui se trouvait devant.

— Très bien, trancha le psychiatre. Tu retourneras en salle commune ou en sport quand tu te seras décidé à changer de comportement. Un infirmer va te raccompagner dans ta chambre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie sortit du bureau, et emboita le pas de l'infirmier assigné à la surveillance de son couloir, qui attendait déjà là. Il profita de ses derniers instants de pseudo-liberté pour regarder une dernière fois la fille aux cheveux bleus et écouter les ados en séjour de jour s'étonner du premier million de morts de la veille. Il retrouva vite les murs de sa chambre personelle - au moins avait-il encore cela de personnel, s'allongea sur le lit, et éteignit la lumière. La nuit tombait.



— Bonjour, Jérémie. Comment vas-tu ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Même après une semaine entière de mutisme absolu, Bardin n'en démordait pas. Jérémie se demandait au bout de combien de fois il se lasserait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il attendait. Il tentait toujours d'entrer dans sa tête. Par le regard, à défaut de réussir par la parole. La confrontation sembla durer une éternité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Peut-être au bout de celle-ci, le conte des aventures des Lyokoguerriers serait-t-il devenu vérité, autant pour l'un que pour l'autre. Peut-être l'un finira-t-il par abandonner l'idée de trouver mieux en dessous, peut-être l'autre finirait-t-il par abandonner l'idée de cacher pire en dessous. Mais pas aujourd'hui.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais au grand désarroi du jeune homme, le psychiatre abandonna soudainement, baissant la tête en poussant un long soupir. Derrière lui, un ciel bleu, parfaitement vide.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Bardin ouvrit un tiroir, et en sortit un cahier qu'il déposa sur son bureau, juste devant Jérémie. Celui-ci le reconnut aussitôt. Le journal intime d'Ulrich.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Voilà donc son arme secrète. Son atout caché qui expliquait pourquoi il ne s'était pas couché plus tôt. Jérémie baissa la tête à son tour, abattu. Même ses défaites, ce cher Whilem Bardin avait le talent de les tourner implacables victoires.

— Parle moi de la fille aux cheveux roses, commença-t-il.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png On y était. Les preuves étaient là. Les aveux aussi, d'ailleurs. Il ne manquait plus que la vérité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il lui raconta tout à nouveau. Depuis le début, jusqu'à la fin. La vraie fin.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Comment il avait découvert et allumé le supercalculateur, dans une vieille usine abandonnée. Découvert Aelita, piégée dans un monde virtuel. Constitué un groupe de héros secrets, avec Ulrich, Odd et Yumi. Combattu Xana à maintes reprises. Collaboré avec Franz Hopper, le créateur disparu de ce monde. Libéré Aelita, recruté William, pourchassé Xana et pisté Franz Hopper à travers le monde entier.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et comment ils avaient échoué au détour d'une mission ordinaire durant laquelle Xana avait simplement combiné une attaque banale consistant à électrifier le fleuve et un assaut classique dans le monde virtuel.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Comment Ulrich avait été vaincu par un William possédé. Comment Odd avait perdu Aelita. Comment Yumi avait manqué son intervention. Comment lui-même n'avait pas su prendre les bonnes décisions, et avait échoué définitivement.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Comment Xana avait gagné.

— Je vois, ponctua finalement Bardin avec un regard étonnamment compatissant.
— Chaque jour, je rêvais à nouveau de ce premier juillet fatidique. Chaque jour, j'imaginais un nouveau scénario, avec un déroulement différent. Et je réussissais toujours. Il semblait toujours y avoir de meilleurs options.
— Vous n'en savez rien, hélas. Ces autres choix que vous auriez pu faire, rien ne vous assure qu'ils ne vous auraient pas conduit à cette même funeste conclusion.
— N'empêche que cette fois là, la vraie... Ulrich était trop distrait par William, et en plus d'être finalement vaincu, il n'a pas pu protéger le Coeur. Odd se jouait trop des monstres, et a manqué d'attention. Il n'a pas vu la tarentule embusquée, dans une grotte près de la tour. Aelita non plus, d'ailleurs. En un seul coup, elle a été projetée dans la Mer Numérique, et n'a pas réussi ni à se rattraper, ni à s'envoler. Yumi n'a pas pu empêcher l'attaque ou aider les secours, et quand elle a voulu revenir à l'Usine pour nous aider, c'était déjà trop tard, la tension électrique du fleuve l'empêchait de nous rejoindre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie marqua une longue pause, avant d'achever son récit.

— Et moi, je n'ai pas su arranger la situation. J'ai fait tous les mauvais choix. Je n'ai pu que constater la victoire de Xana. La disparition de Lyoko. La destruction du supercalculateur, par l'eau électrique infiltrée dans l'Usine, et donc la perte du retour vers le passé. Et enfin, la disparition d'Aelita, et de notre dernier espoir.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Whilem Bardin prit quelques secondes pour assimiler l'information, avant de hocher la tête.

— C'est triste, en effet. Mais, si ce retour vers le passé n'est plus réalisable, vous n'y pouvez effectivement plus rien désormais.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il ne restait qu'une seule question.

— Comment avez-vous eu ce journal ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Whilem Bardin leva les yeux au plafond. C'était une première, de sa part.

— Suite à ton internement, il y a eu une enquête et une fouille à l'internat de Kadic... Mais, la vérité, c'est que c'est le journal de mon fils. Enfin, le fils de ma femme, mais qu'importe, aujourd'hui.
— Je vois...
— Je vais donner un avis favorable pour ta sortie à la commission de demain. Rentre chez toi. Repose-toi. Fais ton deuil.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Avant de quitter le bureau, Jérémie accorda un dernier regard à son psychiatre. Il ne l'avait pas repéré plus tôt, emmêlé dans sa toile de silence, mais le docteur avait l'air... Fatigué. Comme dépossédé de tout.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait le même regard qu'Ulrich, la dernière fois qu'il l'avait vu, l'alcool rougissant ses yeux et éteignant ses paroles.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie voulut ajouter quelque chose, n'importe quoi, qu'il était désolé, que son fils avait été brillant, que c'était sa faute à lui, le chef, qu'il avait condamné tout le monde à... Bon sang. Jérémie ne savait même pas ce qu'il avait provoqué.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Parce que l'aboutissement de tout ça, c'était que XANA avait gagné, non ? Qu'il ne devait sa survie qu'à la volonté d'une Intelligence Artificille, vouée à la destruction. Que les millions de morts, glissant entre les rumeurs de couloirs depuis quelques jours, s'ajoutant à une peur grandissante et à des autorisations de sorties en masse, n'étaient que le signe que la dernière attaque commençait. Peu importe comment la fin arriverait. Elle était déjà là. Et il n'y avait plus rien à faire, ou à dire.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le jeune homme se contenta finalement d'un merci, puis prit soin de refermer la porte de son ultime confessional derrière lui.


_________________
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VioletBottle MessagePosté le: Jeu 24 Sep 2020 20:30   Sujet du message: Répondre en citant  
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https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le réveil sonna, Jérémie se leva. Il le coupa avant que le présentateur radio ne puisse commencer à déblatérer.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie ouvrit sa penderie. Il en sortit un slip propre, un T-shirt et une paire de chaussettes bleues. Son pantalon de la veille n’était pas encore sale. Ayant rassemblé toutes ses affaires sous un bras, il se saisit d’une serviette propre à l’aide de sa main libre et se mit en chemin vers la douche. Il avançait d’un pas guilleret. Ces derniers temps son sommeil était calme et reposant. Il faut dire que d’avoir arrêté de se consumer devant un écran avait nettement amélioré tant la qualité que la durée de ses repos quotidiens.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il sortit en sifflotant dans le couloir. Quelques collégiens émergeaient eux aussi des profondeurs de leurs chambres. Ils avaient les yeux rouge et bouffis, tant de fatigue que de chagrin. Jérémie continua son chemin en sifflotant.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il prit un coup de chaud en rentrant dans la salle de bain collective. C’était un point regrettable. Il eût bien aimé une salle de bain privée. C’était toujours plus confortable. Et pratique. Avec un peu de chance, ce matin, l’eau qui coulerait serait claire. Ces derniers temps, elle avait tendance à avoir une couleur rougeâtre, de rouille presque, comme si elle passait à travers un gisement de fer avant d’arriver à Kadic. Il n’y avait pas qu’à Kadic d’ailleurs. Une terrible sécheresse avait frappé, et en nombre d’endroits des rivières parfaitement navigable s’étaient réduite à de maigres filets d’eau. Elles avaient coulé rouges, et des chemins boueux avaient dû être empruntés.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais ainsi en allait-il. Et ce matin il se sentait, eh bien, fort joyeux. Il lança sa serviette sur une barre de maintien, se saisit de savon et de shampoing et, doublant deux collégiens en pleurs, se rendit sous la douche. L’eau chaude avait toujours un effet charmant sur lui. Au début, elle le revigorait. Puis, une fois les raideurs de sa nuit dissipées, il pouvait changer le réglage. Il aimait à le mettre chaud, très chaud, puis à s’asseoir dans la douche pour profiter de ce petit coin de chaleur. Franchement, pourquoi fallait-il des murs peint en blanc ? Bleu n’aurait pas été mieux. Non, pourquoi des couleurs froides ? Il fallait du chaud. Et de la lumière naturelle. De bonnes fenêtres, voilà ce qui aurait été parfait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ce jour-là, il ne resta pas longtemps sous la douche. Il coupa l’eau et se releva. La tête lui tourna, et il se sentit un instant au bord de l’évanouissement. Signe que sa douche avait été à la bonne température. Enfin, d’après lui. Aelita trouvait toujours qu’il les prenait trop chaudes. Il s’étira mollement puis sortit de sa stalle de douche pour se draper dans une serviette. Il perça le nuage de buée qui s’était répandu dans la blanche salle et se rendit au bord du lavabo pour se laver les dents. Sa peau avait rougi sous la chaleur et l’humidité dégoulinait tout le long de son corps, descendant depuis les mèches de ses cheveux jusqu’à ses yeux, sa bouche, son torse…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il se sécha vite fait, puis alla se poser sur un banc. Avant d’enfiler ses vêtements, il voulait être bien sec. Cela allait lui prendre un petit quart d’heure a priori. Tant de temps pour faire le point sur la journée et promener œil et pensée sur les occupants éphémères de ce petit hammam. Pour l’instant, rien qui sortit de l’ordinaire. Quelques pleurs. Un ou deux collégiens blessés. Oh, si. Voilà qui sortait de l’ordinaire. Certains bavardaient. À voix basse bien sûr. Jérémie tendit l’oreille.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Des gens, qui bavardent de si bonne heure ! C’est devenu si rare. Plus encore, ils n’avaient même pas l’air morose. Vraiment, voilà qui était surprenant. Il se demanda combien de temps cela durerait. Jusqu’à la fin, ou non ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Enfin, il finit par être sec. Il entreprit alors de s’habiller, avant de descendre. Il avait une petite faim.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il se rendit donc au rez-de-chaussée, avant de traverser la cour de la cité scolaire afin de joindre le self.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il s’arrêta au milieu de son trajet. Cela lui arrivait de temps en temps. Après les derniers événements, cela n’avait rien de surprenant.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie était de retour à Kadic. « Il faut que tout change pour que rien ne change » avait-il entendu un jour, sans avoir jamais compris. Si tout change, alors rien n’est plus pareil, non ? Pourtant, ce retour à Kadic lui avait fait comprendre un peu mieux. C’était toujours Kadic : ses bâtiments en pierre de taille ou en tôle, sa cantine infecte, les professeurs aigris et les élèves insupportables de turbulences… mais pour autant, tout avait changé.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Comment aurait-il pu en être autrement alors que les rumeurs d’invasions de zombie n’étaient plus ni des rumeurs, ni des opérations marketing du cinéma  ? Comment alors qu’il y avait eu des échanges nucléaires ? Un jour une ville, l’autre une ruine. Sic transit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et il le savait, ce n’était que la face émergée de l’iceberg. Des gens disparaissaient. Quelques jours, puis revenaient… Parfois avec l’air horrifiés de ceux qui ont perdu à jamais quelques jours de vie et de mémoire, parfois avec l’air hanté de ceux qui se souviennent encore. Jamais ils ne racontaient. Jamais. Mais leur regard… leur regard… Dans celui de Mme Hertz, Jérémie avait vu… Il avait vu ce qu’il avait tenté d’épargner à ses camarades, à Yumi, Aelita, Odd, Ulrich,— À William aussi, s’il l’avait pu— cela, il l’avait vu advenir pour les âmes innocentes qu’il avait voulu protéger plus qu’il ne les avait mises en danger. Il avait vu. Même dans leurs yeux vitreux, et zébrés de brisures rougeâtres. Il avait vu la défaite.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Un à un, comme par hasard, les gens s’étaient effondrés. Tantôt un célébrissime présentateur télé, tantôt les éboueurs du quartier de Yumi. Au début certains s’en étaient réjouis. Voir l’homme des nettoyants haute pression tomber dans un silence mutique et une gestuelle apathique… Oui, ils avaient été nombreux à le savourer. Pour un peu, du champagne eût été sabré. Une bête et des guerres semblaient avoir été évitées. Mais la maladie s’était propagée. D’autres avaient été atteints. À défaut d’être morts, ils étaient des zombies. Une chape de plomb tombait sur le monde. Un nuage corrosif atteignait les volontés et sondait cœurs et reins. Nul ne comprenait de quoi il retournait. Enfin mis à part les habituels fous de dieu. Pourtant, comment ne pas douter ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie, lui, ne doutait pas. Il savait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il pouvait même nommer le mal.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais il ne pouvait plus l’exorciser.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et il avait déjà versé toutes les larmes de l’enfer.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Dans son cœur, il ne restait plus rien qu’un espoir froid. Il était déjà mort. Il le savait. Mais il s’accrochait au bord de la falaise. Eh ! Qu’aurait-il pu faire d’autre  !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors il attendait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il attendait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sous le ciel rouge, il attendait. Que tombent rideaux et soleil ! Qu’enfin vienne la clôture. Lui avait déjà rendu ses comptes !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Un rire froid lui échappa.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Cela arrivait. De temps en temps. Enfin, presque tout le temps d’après ses enseignants. Mais qu’en savaient-ils ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Lui vivait ! Il vivait d’attente. Car si le jeu était clos, le dernier tour n’était pas encore advenu.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Peut-être, peut-être, peut-être aurait-il le temps pour un dernier rodéo ? Une ultime joute, barre de fer en main ! Finir dans un éclat de gloire et dans une mort qui ne soit pas petite !! Ô oui ! Il pouvait toujours rêver non ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En attendant, il fallait toujours aller en cours.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png C’était important. La fin du monde n’excusait pas l’effondrement des manières civilisées. C’est pourquoi lui, et ses amis du reste, faisaient ce qu’il fallait pour arriver à l’heure en cours. En fait, on avait même rarement vu Odd plus assidu à rendre ses devoirs. L’opinion publique kadicienne mettait cela sur le compte de la maladie. Au fond, était-ce si faux ? La mort attendrait encore un peu. Jérémie le savait. Son haleine pestilentielle n’empestait pas encore l’atmosphère. Oh non ! La mal était bien plus insidieux. Lent, caché, il rampait dans les ombres, se frayant un chemin au cœur de la conscience des hommes.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Pourquoi n’avait-il pas compris plus tôt ? XANA, oh oui, XANA ! N’était pas une simple machine de destruction. Il ne visait pas à construire quelques armées que ce soient qui viendraient conquérir, broyer et exterminer. Oh non ! C’était un peu différent. Mais Jérémie n’y réfléchissait plus guère. À quoi bon, quand le spectacle se déroulait sous ses yeux et qu’il était aux premières loges ? À quoi bon quand il sentait le souffle du mal sur son cou, comme un amant lui montrant la direction de ses caresses ? « La promesse que je te fais », voilà ce qu’il semblait lui dire. Ulrich, Odd, Yumi et lui n’avaient plus qu’à se laisser bercer par cette douce berceuse, « à écouter le doux son de notre propre extinction. »

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La vie continuait en somme. Il y avait les cours, les devoirs, les examens, l’obligation de faire du sport, les repas infects, le couvre-feu, les camarades de classe à côté de la plaque… l’ordinaire en somme. Quelques éclats de rire en moins, bien sûr. Et cette impression de décomposition.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait fini de manger, mais avait encore un peu de temps devant lui avant d’affronter deux heures de mathématiques. Il décida donc, en souvenir des neiges d’antan, de se rendre à la machine à café. Sortant du réfectoire, il longea le bâtiment de l’internat, enjamba le corps d’un suicidé de la nuit, et traversa la cour. Il fallait reconnaître que c’était mieux qu’avant. En l’absence de joueurs de foot, il n’avait plus de détours à faire. Une fois rendu, il se paya un chocolat chaud et s’assit sur un banc. Il se demandait s’il verrait ses amis avant les cours. Ulrich ? Il y avait de bonnes chances. Yumi  ? Cela dépendait du temps qu’elle passerait au cimetière. Quant à Odd… cela dépendait de s’il prenait une douche chez les filles ou non. Jérémie était content qu’Odd soit encore là. Il mettait un peu de distraction. De variation dans ce quotidien pesant et monocorde. Il était quand même le seul capable de le saluer d’un « Ça boume, Einstein ! » alors qu’une explosion nucléaire avait rayée une ville de la carte la veille. Ils avaient bien ri ce jour-là.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il fallait bien prendre la vie du bon côté. Dans l’ensemble, c’était la leçon que Jérémie avait retenu de son hospitalisation. Mais cela avait peut-être un rapport avec les médications qu’il devait continuer à prendre. Il s’en fichait un peu à dire vrai.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Avec Lyokô, il avait appris la plus importante de toutes les leçons. On meurt tous un jour. Et qu’importent les efforts, les récompenses, les amitiés, les constructions et les destructions, qu’importe, à la fin, c’est à la poussière que tout retourne : les hommes, les femmes, les enfants, leurs œuvres et la création. Se débattre contre l’inéluctable ne servait à rien. Le mal était venu, comme il venait toujours. Parfois, à la longue, quelque bien finissait par l’emporter. Cette fois-ci, Jérémie et ses amis, les Lyokôguerriers avaient perdus. Le mal venait. Lui aussi finirait par revenir à la poussière d’où il était né.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png En attendant, eh bien, c’était juste un mauvais moment à passer. On patiente un peu, il y a une grande conflagration finale, et hop hop hop, on recommence. Mais peut-être sans les hommes cette fois. Jérémie était parfois surpris de voir que cette idée ne le perturbait pas plus que cela. Il s’était battu, d’abord pour Aelita, puis pour protéger l’humanité, mais aujourd’hui les souffrances et la fin prochaine des hommes ne le touchaient plus guère.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il profitait agréablement de ces derniers moments. Un rire par-ci, un sourire par là… quelques souvenirs et restes de la présence d’Aelita… Suffisamment pour occuper ses journées. De toutes façons, celles-ci étaient notablement plus courtes qu’avant. Dormir 10 heures par nuit et non quatre… Cela l’avait requinqué, mais alors ! Il en venait presque à faire de bonnes performances en course à pied. Sans parler de ses recherches en informatiques. Entre autre problème, il avait enfin compris la source théorique de la capacité du supercalculateur à faire les retours vers le passé. C’était évident une fois qu’il avait admis que P était différent de NP d’une part, et d’autre part après que les notes de travail de Hopper lui eurent ouvert la voie de la résolution de l’écart de masse dans les équations de Yang-Mills. Il était assez fier de lui pour le coup. C’était un de ces petits bonheur satisfaisants mais calmes. Assez différents des appétits qu’Odd cherchait tout le temps à combler.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie était un homme apaisé. Il avait mis en ordre ses affaires et sa vie. Mis un point final aux problèmes qui lui restaient, enfin, à la majorité d’entre eux. Et pour les autres… Ma foi, un passage de temps à autre à l’hôpital s’en chargeait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Toujours est-il qu’il attendait ses amis auprès du distributeur à boisson. Heureusement pour lui, il y avait un banc où il pouvait s’asseoir. Il en profitait pour regarder la faune locale. A sa droite et pour l’essentiel, des troisièmes et des quatrièmes occupés à jouer au football ou à regarder mornement dans le vide. Il croisa beaucoup de regards connus et reçu des hochements de tête amènes. Sissi le gratifia d’un grand sourire. Hervé d’un regard haineux. « On ne peut pas plaire à tout le monde », pensa-t-il. Il plaisait à Sissi, Hervé le haïssait, ainsi en allait-il. Mais ce n’était pas préoccupant.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il n’y avait plus grand-chose de préoccupant pour lui. Ni chagrin d’amour ou anxieuse déclaration, ni guerre ou crise, ni notes ou devoir à rendre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il ne restait qu’à observer. Il se sentait comme un touriste dans son kayak. Sous lui, il y avait de moins en moins de fond. Le fleuve de la vie se rétrécissait, s’asséchait et son navire raclait les pierres. Bientôt il n’y aurait plus qu’un filet d’eau, et ce serait la fin.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il débarquerait, puis marcherait. Au début, il serait accompagné. Avec lui, marcheront ceux qui auront survécu à la descente du fleuve et aux premiers chocs avec rapides et haut-fond. Puis, la faim et la soif, le soleil et la maladie produiront leurs effets. Petit-à-petit, par grappes, les rangs se clairsèmeront. Jérémie, lui, continuera de marcher avec ses amis. Ils avaient commencé cela, il leur faudrait aller jusqu’au bout. Voir la mer et mourir. Il sera en bonne compagnie pour cet ultime voyage de l’humanité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Odd.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ulrich.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Yumi.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Aelita.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png William les rejoindrait peut-être en route. Le temps d’un dernier échange de souvenirs.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Oui, Jérémie savait, il savait ce que réservait l’avenir. Mais il ne lui appartenait plus de le partager avec autrui.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Qu’auraient-ils bien pu en faire de toute façon ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il fallait le vivre pour le comprendre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors, il regardait les autres se débattre. C’était étrange, de les voir lutter à la fois contre les soucis les plus ordinaires, les ordures en tout genre, et en même temps tenter de s’élever au-dessus de ce quotidien local et de voir plus loin. Ils voulaient prédire ! Prédire quelle crise viendrait ! Trouver comment l’éviter ! trouver comment faire du monde une meilleure demeure ! Dans les vastes demeures qu’étaient la vie et le monde, ils n’avaient même pas quittés le berceau qu’ils souhaitaient refaire la décoration…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais, c’était distrayant.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Distrayant de voir une énième marche pour la paix, pour la justice…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Distrayant, car cela n’avait plus rien à faire avec lui. Pas plus que le cadavre qu’il enjamba en rentrant dans la salle de classe. « Visiblement, elle a abusé des stupéfiants. Dommage, Virginie était plutôt sympathique ». Depuis ses parents, fauchés sous ses yeux alors qu’il sortait de l’hopital quelque temps plus tôt, il s’était habitué à ce genre de choses. Pensif, il remarqua qu’Odd avait fait le chemin inverse. Il avait vu bien des vies se faire faucher, par la guerre ou la maladie, avant d’affronter le cadavre déchiqueté de Kiwi.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il s’installa à son bureau. Vu le nombre d’élève restants, il n’y avait plus qu’une classe par niveau, aussi les salles de cours étaient bondées. En attendant que le cours démarre, il jeta un coup d’œil dehors. Autour de lui, ses camarades, enfin ceux qui n’étaient pas trop apathiques parlaient des événements de Porcheville.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Depuis son retour de l’hôpital, et son désœuvrement suite à sa cure d’écran, Jérémie se prenait à avoir des envies de… figuration. Il aurait voulu savoir comment retranscrire ce qu’il voyait autour de lui. Comment rendre une image aussi précise que possible. Il comprenait mieux Hopper maintenant. Ce qu’il avait pris pour une inutile folie des grandeurs— Les quatre territoires de Lyokô— n’était qu’une manière d’offrir une vision de l’homme et du monde. Pour Hopper, Lyokô, une fois menée à terme eut sans doute été plus vraie et réelle que le monde physique.

— Salut Einstein ! alors, ça gaze ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie sursauta alors qu’Odd venait de lui mettre une grande claque dans le dos.

— Odd ! C’était une centrale au fioul, pas au gaz !
— Ouais, ouais, mais « Ça fioule ! », cela ne marche pas, tu vois ? répliqua le petit homme en s’asseyant à côté de lui. Enfin, c’est quoi le programme du jour à ton avis ?
— Moi, je dis qu’il va nous faire des accidents de trains, proposa Ulrich, qui venait d’arriver.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Au vu de ses cheveux mouillés, il revenait tout juste de la douche et avait dû courir pour être à l’heure.

— Tu rigoles ! C’est déjà vu et revu, ça, riposta Odd, sa voix montant dans les aigus. Moi je parie sur plus original !
— Une montagne de nourriture ? ironisa Ulrich
— Non, non, un truc plus… enfin, tu sais quoi… classe… Puissant… Je veux dire, on y est presque, non ? Moi je l’ai senti dans ce matin en me levant.
— Moi aussi, intervint Jérémie, je l’ai senti. C’est pour bientôt.
— Eh, Einstein, tu en as fini avec le projet ?
— Presque. Presque.
— Génial ! ça va être l’éclat’.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et Odd d’entamer une sorte de danse de la victoire sous les yeux de ses camarades médusés. Comment osait-il troubler les ternes ténèbres qui pesaient sur eux tous, jeunes garçons et filles ?

— Della Robbia. Les cours de Jim vous manqueraient-ils tant que cela ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mme Hertz venait d’arriver. Elle traîna sa sacoche jusqu’à son bureau, avant de s’effondrer dans sa chaise.

— Mais si vous voulez, je suis sûre que vous pouvez le remplacer ? Vous ne seriez que le septième professeur de sport en autant de semaine. Je ne comprends pas cette manie de mourir assassiné ou de disparaître.
— Madame, je suis désolé, mais je préfère ne pas en parler.
— Eh, bien, mon cher Odd, vous venez de gagner une visite chez le proviseur. Enfin, ou en étions-nous…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sans plus accorder un regard que cela à l’élève qu’elle venait de punir, la professeure de physique commença à ânonner son cours.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ulrich entreprit de dormir. Il profitait de la situation actuelle. Pour quelque raison que ce soit— enfin, il en était une évidente, non ?— il ne ronflait plus. Ce qui minimisait la distraction que son sommeil n’aurait manqué de causer chez ses camarades. Ils avaient bien le droit de profiter de leurs dernières gouttes d’ennui.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie, lui, prenait des notes. Et écrivait des petits mots. Sans doute pour Aelita, mais peut-être pour Sissi.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png La cloche finit par sonner, les rendant libres. De se rendre à quelques autres cages. L’ordinaire, quoi. Jérémie se leva et accompagné d’Ulrich tenta de sortir en évitant la foule qui se traînait hors de la classe. Sissi était en train de discuter avec Émilie. La fille du proviseur fronçait les sourcils, tandis qu’Émilie lui désignait d’autres membres de la classe. Soudain, Nicolas entra dans la conversation. Le visage rouge d’une fureur rentrée. Visiblement, il partageait le point de vue de Sissi, mais n’était pas aussi civil qu’elle. Emilie gardait un visage neutre. Elle finit de ranger ses affaires, se chargea de son sac, toisa d’un regard méprisant Sissi et sa bande et s’en alla.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie avait observé l’altercation avec gourmandise. Les éclats de chaleurs humaines ne courant plus les rues, il essayait de profiter de chacun d’eux le plus possible : quand le vin était tiré, il fallait le boire.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Enfin, en attendant il avait un autre cours. De français cette fois. Pour y aller il fallait monter deux étages puis se rendre dans une salle sous les combles. Pour quelques raisons que ce fut, un ancien proviseur avait décidé de faire de cette salle une espèce d’amphithéâtre. Afin que le dénivelé de la salle accompagnât la pente du toit ? Toujours est-il que Jérémie, grand sportif devant l’Éternel arriva dans les derniers. Il ne lui restait plus guère de place de libre, si ce n’est une, au premier rang.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il entreprit alors de descendre une à une les hautes marches qui le séparait de son siège. Une par rangée d’élève. A mesure qu’il descendait, marche à marche, manquant de perdre l’équilibre à chaque fois— les marches étaient bien trop hautes, étrange défaut de conception— il ressassa les événements qu’il avait manqués durant son séjour récréatif entre quatre murs céladon.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il descendit une marche. La Chine avait fini par envahir la Mongolie, et profitant de ce petit relâchement, l’Inde avait entamé l’annexion du Cachemire. En Afrique, des appétits s’étaient dévoilés. Partout, l’appétit revenait, les conquêtes suivaient. Surtout celle d’Odd. Lui en profitait bien. Il avait largement perfectionné sa technique, allant même jusqu’à débuter l’écriture d’un livre, une espèce d’anthropologie du dragueur selon ses dires. Selon certaines, il valait mieux parler de bestialité quand on parlait des méthodes du félin, mais il était loin d’être le seul à pratiquer de la sorte. Et toutes ne se plaignaient pas de cette bestialité, semblait-il.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il faillit manquer la deuxième marche. Les conquêtes avaient amené la guerre ; et la plus grande conquête des hommes, la terre, avait amené la sécheresse. Des rivières avaient coulé, rouges.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une troisième marche. Il grimaça, sa cheville avait dû légèrement se fouler juste avant. La sécheresse avait amené des difficultés d’approvisionnements, redoublées de tornades dans le sud des États-Unis et d’une recrudescence des typhons en Asie du Sud-Est. Pour la première fois en cinquante ans, le nombre d’affamés dans le monde était reparti à la hausse.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une quatrième marche. Puis Ils étaient apparus. Simple rumeur semble-t-il au début, puis mystérieuse maladie, selon l’opinion… Ces zombies… ces possédés… Parfois, il n’était pas évident de faire la différence. Une chose était sûre. Les morts ne l’étaient peut-être plus tant. A un climat d’hystérie et de terreur fit bientôt place une sorte de morne abnégation ; c’était comme une pâleur répandue sur chaque visage, le sang remplacé par du formol. La mort marchait parmi les hommes. Et toutes les bêtes humaines étaient siennes, elles qui s’étaient déchaînées.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une cinquième marche. Par la fenêtre, il vit un objet tomber, suivi d’un grand cri. Émilie. Non qu’elle appelât à l’aide. Bien au contraire. Il était si loin, semblait-il, le jour où c’est ce qu’aurait été sa chute. Non, elle témoignait. De la puissance du mal, et de cette volonté qu’enfin vienne le jour et la fin. Son cri était un ultime appel à la volonté qui recouvrait Kadic et le monde depuis, depuis que Jérémie avait… Depuis Aelita. Si seulement, il l’avait fait plus tôt. Cette chute, accompagné de son évanescente et mortelle musique n’était autre que la symphonie de ce nouveau monde. Comme des éclairs de l’au-delà : cuivres de domination, vent de pestilence, chœur de mort.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il descendait la sixième marche lorsqu’un grondement retentit. Comme tous les autres il se réfugia sous les tables, tandis que la terre tremblait. Un craquement se fit entendre, un velux tomba. Par l’embrasure ainsi décelée, il vit. Il vit voler les feuilles fauves et mordorés des quelques arbres survivants. Elles resplendissaient sous les lueurs rose et rouge du ciel nuageux. Et le vent emporta le soleil qui dardait des derniers feux mourants.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L’obscurité se répandit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors, Jérémie sut que la fin était proche.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Londres, l’orgueilleuse métropole gisait dans les flammes lui apprit-on. Et Rome, la ville éternelle était devenue une dune balayée par la radioactivité.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Néanmoins, cela n’empêcha pas Mme Truchet de leur faire cours sur l’évolution de la tragédie antique entre Sophocle et Euripide. Pour elle, rien n’était plus important que les tragiques grecs, leur avait-elle déclaré. C’est pourquoi elle ferait cours contre vents et marées.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le cours se finit. Dehors, régnait un silence digne d’un caveau.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie, Odd et Ulrich sortirent prendre l’air dans la cour. S’avisant qu’un ballon de foot traînait, les deux sportifs entreprirent de faire quelques échanges de passe, puis des tirs au but. A cet exercice, Ulrich l’emportait largement. Jérémie avait rouvert son ordinateur, mais il n’arrivait plus à capter le moindre réseau. Un vent violent parcourait la cour. Les manteaux claquaient et les cheveux voletaient. La fraîcheur résultant était très agréable. Elle les soulageait de l’atmosphère moite et pesante qui régnait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils n’étaient pas seuls dans la cour. De petits groupe d’élèves s’étaient rassemblés. Il formait des cercles silencieux et grognons. Tous regardaient le ciel, comme en attente d’un message. Le dernier message.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Soudain, un grand craquement retentit dans les cieux. Levant le regard, élèves et Hommes purent voir que les nuages s’étaient fendus en deux. Et le ciel s’était creusé d’une plaie béante de laquelle suintait… quelque chose. Jérémie n’était même pas sûr que ce soit tangible, matériel. En tout cas, ce qui pleurait le long de cette contusion semblait corrompre le ciel et la terre. Et tous fixèrent, implorèrent le ciel, certains tombèrent à genoux le cœur serré. La poitrine ensanglantée.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie fut de ceux-là. Une tache de sang avait percé son T-shirt et son pull. Pourpre sur Azur. Du coin de l’œil il put voir que d’autres étaient touchés. Sissi. Rosa. Le proviseur. Et même un livreur en tenue rouge ! Et d’autres encore.

— Eh bien, je crois qu’il est l’heure, non ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Yumi venait d’arriver. Elle avait revêtu une jupe noire et un chemisier blanc en sus de ses habituels vêtements. Certaines occasions méritaient un peu de décorum.

— Tout à fait, répondit Jérémie en fermant son ordinateur. Il va falloir que nous y allions, je pense.
— Déjà, Einstein ! Moi qui pensais qu’on avait encore le temps de vous prendre au baby-foot ! Soupira Odd.
— Hin, hin, c’est parce que Yumi et moi vous avons foutu une raclée la dernière fois, répliqua Ulrich ?
— Tu parles, vous avez triché. On avait dit pas de soulevage de table.
— Bon. Il faudrait y aller là. Être en retard à notre propre enterrement, franchement, cela ne se fait pas trop…

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ce fut ainsi que Yumi conclut cette discussion amicale. Sans doute qu’il n’y en aurait plus avant longtemps.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Abandonnant ballons, sacs et ordinateur, le petit groupe entrepris de se rendre vers le gymnase et la chaufferie. Ils ne virent pas qu’Elisabeth les avait suivis. Du moins pas avant de la voir à la porte de la chaufferie alors qu’ils allaient la refermer d’un claquement.

— Eh bien, Odd, tu m’en veux à ce point ? Tu es plus… causant d’habitude.
— Eh bien, Sissi ! Qu’est-ce qui te prend ? Tu as abandonné ton escorte ? Répondit Odd, nonchalamment.
— Vous avez l’air de faire des choses intéressantes, et je me joindrais bien à vous, dit-elle en saisissant le bras d’Odd et en l’attirant à elle.
— Hervé est parti se réfugier dans un coin en essayant de chercher une explication rationnelle au fait que le ciel se soit fendu en deux, ainsi qu’à… tout le reste.
— Eh Sissi, il est chouette ton haut ! Où t’as trouvé ce logo de ouf !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Disant cela, Odd désignait du doigt la gueule sur mûre qui se détachait du sein gauche de Sissi.

— Tu vois, Jérémie et moi faisons la paire ! Je lui ais enfin filé le virus de la mode. Je ne désespère pas de t’améliorer, mon chou ! Répliqua Sissi, mouchant Odd et se jetant dans les bras de Jérémie au passage.
— Pourquoi nous suivre ? Insista Yumi.
— Un peu de compagnie ne fait pas de mal. Et même toi, petit Odd, tu es moins désagréable que les autres en ce moment.
— Bon, d’accord, intervint Ulrich. On a pas que cela à faire, non ?

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sur ces paroles, le groupe se remit en marche. Jérémie fixa un moment Sissi des yeux. Regard qu’elle lui rendit. De cet échange, il retira l’impression qu’elle savait. Nulle hystérie chez elle. Nulle nécessité d’enlever ses vêtements pour voir ce qu’était cette tâche.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Elle savait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Trois ellipses entremêlées.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Comme lui, elle avait été touchée.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils se rendirent dans les égouts. Sans hâte, contrairement aux jours d’avant la Chute.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Yumi, Odd et Ulrich prirent les devants avec leurs skates. Ils rivalisaient d’habileté et d’acrobatie, savourant le frisson de l’air frais, tandis que la vitesse leur arrachait de grands sourires d’euphorie.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sissi et Jérémie prirent les trottinettes et se mirent en chemin.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Bientôt ils arrivèrent. La Seine coulait devant eux. Noire et charriant ordures, corps et immondices.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils montèrent sur le tablier du pont. Il fallait reconnaître que le panorama était joli. Au-dessus de l’Usine, tous les nuages avaient disparu. Ils laissent la place à un ciel vide, uniforme. Y dominait le gris, mais une teinte secondaire était perceptible, quoiqu’oscillant entre l’incarnat et le nacarat. Un ciel écrasant. Limitant… Loin des ouvertures du désert, ou des espaces perçant les vallées.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils traversèrent lentement ce pont et le sombre Léthé qu’il enjambait. Ils entrèrent. Devant eux s’étendait une vision bien connue. La Cathédrale ! Cette immense nef soutenue par une forêt de piliers. Du haut de la tribune, il la voyait se perdre dans l’obscurité. En plissant les yeux, ils voyaient le narthex ouvert à tout vent à leur droite, et à leur gauche les restes des baies vitrées qui autrefois faisaient couler la lumière dans le chœur. Autrefois, un escalier reliait leur tribune à la travée. Mais il était tombé. Aussi, devaient-ils user de câbles pendants du plafond pour enjamber cette dernière marche. Sissi n’ayant pas l’habitude de cette manœuvre, Ulrich la prit délicatement par la taille pour la faire glisser avec lui le long d’un des câbles. Ils atterrirent assez élégamment sur le sol de la nef. Le t-shirt d’Ulrich s’était tâché de sang. Lorsque tous furent descendus, ils se rendirent dans l’ascenseur, composèrent le code et s’enfoncèrent dans le spleen.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Les portes s’ouvrirent.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le laboratoire. Ils s’en étonnèrent. Ils avaient voulu se rendre dans la dernière salle. Voir une dernière fois la ruine par laquelle tout avait commencé. Voir la tour maintenant ruinée d’où tout était sorti s’en retourner et sur elle se refermer le grand œil.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais l’ascenseur les avait menés au laboratoire. Étrangement, les lueurs verdâtres étaient encore là. Et à leur arrivée, la carte du pays perdu se matérialisa devant leurs yeux.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils sortirent de la cage d’ascenseur, avancèrent dans la pièce et se tinrent devant ce mystère. Sous leurs yeux attentifs et recueillis, l’énergie commença à s’accumuler dans le sol et le plafond avant de converger dans l’Holomap.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png D’un coup, un pilier de lumière froide illumina la pièce. Il gonfla et devint un dôme qui les engloutit tous dans une grande blancheur…



https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le réveil sonna, Jérémie se leva. Il le coupa avant que le présentateur radio ne puisse commencer à déblatérer. Un tintement retentit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie ouvrit sa penderie. Il en sortit un slip propre, un t-shirt et une paire de chaussettes bleues. Son pantalon de la veille n’était pas encore sale. Ayant rassemblé toutes ses affaires sous un bras, il se saisit d’une serviette propre à l’aide de sa main libre et se mit en chemin. Il sortit de sa chambre et emprunta le couloir à sa gauche, gravit les escaliers. Une fois rendu à l’étage du dessus, il avança dans le couloir, passa quelques portes puis toqua. Sissi lui ouvrit et l’attira à l’intérieur.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une tache ornait son pyjama et soulignait la courbe de son sein gauche. Un tintement retentit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il entra dans la chambre. Plus tard, ils croisèrent Odd dans les douches de l’étage du dessus.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png C’est ensemble qu’ils se rendirent en cours.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils furent séparés par leurs places respectives dans la salle de classe ainsi que par leur clique. A la fin du cours, Jérémie vit Nicolas et Sissi tenter d’empêcher Émilie de s’en aller faire connaissance avec le sol. Un tintement retentit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Madame Truchet leur fit cours de français jusqu’à ce que la fureur du ciel vienne lui ôter son toit. Un tintement retentit sous la terre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors, Ulrich et Odd descendirent dans la cour pour faire quelques passes. Le ciel se fendit, et un tintement retentit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L’heure s’en vint et faisant leurs adieux à Kadic, ils entreprirent, deux fois perdants, de traverser l’Achéron. Un tintement retentit au plus haut du ciel.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils descendirent la septième marche et s’enfoncèrent dans les ténèbres.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png L’ascenseur descendit doucement. Dedans passaient les anges et régnait la fraîcheur de la tombe.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Les portes adamantines s’ouvrirent.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Devant eux, un pilier de lumière.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png De ce pilier, ils virent émerger une silhouette spectrale.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Une ombre, leur Serpent.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png William.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png De la Lumière sortit le Messager. Et le symbole de son maître était gravé sur son front. Et il était gravé sur ses poignets et ses chevilles. Et cinq piques ornaient son canon.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Cinq symboles, autant que de héros ayant participé au sacrifice profanatoire de son innocence.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sur chacun d’eux il posa son regard. Il passa vite sur Ulrich, qui tenait Yumi par la taille. Comme une tentative de faire vivre un peu de chaleur amoureuse dans la froideur du laboratoire.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ensuite vint le tour de Yumi. Elle soutint son regard, elle. Du moins, elle en eût la velléité. Il ne s’en fallut que de quelques secondes avant qu’elle ne flanche. Alors, sous le sourire goguenard des Ténèbres, elle s’écarta de son Ulrich, et livra leur couple au Prince.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Odd fit retraite de trois pas avant même que le front orné d’un œil ne se tournât vers lui. Sa peau se hérissa. Ses muscles se tendirent, et l’épouvante laissa son âme à nu devant celui qui voyait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors, l’Œil le délaissa et chercha Élisabeth. Du dos de la main, elle caressa une dernière fois Jérémie et lui adressa un sourire triste. Elle fit face au messager et s’empourpra sous son regard funeste. Son corps se raidit, mais elle tint.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le Lieutenant, désormais Seigneur des lieux la regarda faire d’un air amusé, avant de chercher le dernier de ses hôtes.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie attendait son tour. Il ne savait à quelle épreuve il serait sujet.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Mais il était au-delà de cela. Il avait tout laissé derrière lui  : amour, famille, espoir. Ce à quoi il s’était résigné advenait. Enfin ! Enfin ! Tout serait dit, et il pourrait aller !

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Grand fut alors son étonnement lorsque le Messager arrêta son regard sarcastique à mi-chemin entre le pupitre et lui. Sur une barre de fer qui traînait là. Il lui fallut longtemps pour comprendre. C’était là la place… la place d’Aelita. Celle qui l’avait hanté. Celle qui l’avait pris. Elle qu’il n’avait su garder et l’avait possédé. Et sous la cendre des souvenirs, quelques braises d’amour réveillèrent en Jérémie le feu d’une passion qu’il voulait vaine et disparue.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Derrière le Lieutenant terrestre, le pilier de lumière se contracta, avant de se disperser en une multitude de points lumineux. Des arcs coururent entre les points et bien vite, sous les yeux des Guerriers Déchus une carte se dessina. La terre. Leur monde. Le berceau de l’humanité. Et sur cette Terre planait un plafond nuageux. Une multitude immense de points lumineux habitaient le surface, les profondeurs et les hauteurs de cet orbe bleuâtre. Jérémie comprit qu’il s’agissait des Hommes qui vivaient.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et le bleu des cieux laissa la place à une dalle couleur béton. Jérémie vit les montagnes s’affaisser alors qu’approchait le nouveau toit de ce monde.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et les forêts s’embrasèrent, Empestant tout ce qui se tenait entre terre et ciel d’une fumée rougeâtre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors Jérémie sut que son dernier chemin eût été vain. Et il rendit grâce, car les dernières beautés auraient pu avoir été arrachées à son cœur.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et les mers refluèrent. Disparurent les océans, laissant derrière eux des épaves de poissons et cadavres de navires. Violés furent les fonds marins ; profanée la beauté de la mer.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et une dalle recouvrit la terre.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et sous le ciel, un à un, s’éteignaient les points lumineux jusqu’à ce qu’il ne subsiste qu’une poignée de flammèches tremblantes.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors la planète bleue devenue noire, le Messager contempla Jérémie.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Sous cet intense regard, Jérémie se sentit fondre. Une grande chaleur le saisit. Il transpira et ses muscles crièrent grâce. Un frémissement spasmodique le parcourut. Il sentait la chaleur se concentrer en lui et sa poitrine l’élançait. À grand peine il empêcha sa gorge d’émettre quelques bruits, mots ou gémissement.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Le Messager lui fit signe en désignant le fauteuil devant les écrans. Jérémie refusa  : c’est ici qu’il avait chu. Ici que c’était brisé son rêve séraphique.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors il sentit une traction sur sa poitrine.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait été marqué.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et sous les ordres du Prince, son corps ploya. Tiré par la poitrine il fut précipité en avant vers le fauteuil.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait été marqué dans sa peau, car il avait lutté contre Celui qui régnait ici.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il avait été marqué dans sa chair, car son âme avait été touchée.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Jérémie sut. Tout combat était vain, toute résistance inutile.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il s’assit dans le fauteuil. Une à une il ferma les fenêtres.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Devant ces écrans pour la première fois vides, il inspira, puis fit ce que jamais il n’avait fait.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et l’holomap cessa d’être. Pour la septième fois, un tintement retentit.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Dans les ténèbres qui s’abattirent, cinq lueurs sombres leur permettaient encore de voir. Cinq symboles. Cinq chaînes qui attachaient à un autel prométhéen le Messager, Agneau sacrifié à son Prince.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Il frappa du pied sur le sol.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et le métal se fractura pour laisser passer Jérémie et ses amis.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Portés par quelque force invisible, ils descendirent de la sorte au dernier sous-sol. Le Septième d’après l’ascenseur.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Ils virent disparaître la tour ruinée dans sa boîte. Et sur le rêve de Jérémie se referma le Grand Œil.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Alors William, le Messager, se saisit de sa flamberge. Et la tenant des deux mains, il frappa en plein centre le sol de la pièce.

https://i70.servimg.com/u/f70/11/34/80/05/49x710.png Et la lumière ne fut plus, emportant avec elle ses amis et Jérémie.



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Zéphyr MessagePosté le: Jeu 01 Oct 2020 20:22   Sujet du message: Répondre en citant  
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Des One-Shots surprise, c’est toujours plaisant à (re)voir dans le coin et à découvrir. 3 textes, 3 styles, 3 ambiances… 3 mots, 3 cœurs ?

Contrairement à cette phrase d’introduction, ce texte est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Le travail autour est palpable, notamment pour les différents raccords et échos entre chaque partie. J’ai beaucoup aimé les changements d’ambiance qui s’opéraient à chaque phase : la tension d’une attaque de Xana dans un cadre légèrement fantasmé proche d’un épisode du dessin animé, puis l’immobilité clinique d’un hôpital qui donne l’impression constante d’être épié et met mal à l’aise, et enfin la morne résignation d’un monde qui va vers sa fin.
Ce triptyque voyage du plus vers le moins sans faire preuve de brutalité. Les transitions et mises en place des nouvelles ambiances s’opère toujours naturellement, et les trois fonctionnent très bien ensemble, puisque chacune (sauf la première, logiquement), se nourrit un peu de la précédente.

Du point de vue du scénario, il y a deux postulats que j’ai tout particulièrement retenus et adorés, plutôt novateurs dans leur genre :

  • Les Lyokô-guerriers qui échouent face à Xana via la perte d’Aelita et se retrouvent de facto à la retraite, ou mis à la retraite par les autorités, ce n’est pas l’aspect le plus clair au sein du texte (l’idée globale est proche). D’ordinaire, on imagine surtout que la mort accompagnerait la défaite des héros, mais il n’en est rien ici : Xana n’a plus aucun intérêt stratégique à les attaquer et les abandonne donc une fois sa victoire totale décrochée. L’exploration directe de l’après-échec, du point de vue psychologique et moral fonctionne bien et est très intéressant (même si limité à Jérémie ici – avoir les 3 autres également aurait pu être tout aussi instructif !).

  • La mise en place progressive d’un futur qui glisse vers une forme d’ « apocalypse », suite à la victire de Xana sur les Lyokô-guerriers. En général, on imagine comment se déroule « la chute » (ce que vous faites cela dit), pour enchaîner directement sur le futur « post-apo’ ». Ici, avec la section de VioletBottle, c’est toute la phase de transition entre les deux phases qui est dépeinte. Le rendu est très sympathique et, à nouveau, cette ambiance terne et résignée fait merveille.
La mise en œuvre du concept désormais répandu des textes qui se complètent est bien exécutée. Cela étant, je note – et regrette – que la partie de VioletBottle soit aussi détachée et détachables des deux autres. Là où les liens se font facilement entre les deux premiers segments (qui constituent « la chute » évoquée plus haut), le troisième n’est que la conséquence et ne fait pas spécialement écho à ces derniers (du moins, le lecteur que je suis ne les a pas relevés) et fait sa « pré-apocalypse » de son côté.
Après, cela n’en renforce pas moins le sens général de l’ensemble, mais ça les désolidarise un peu à mon sens.

On en vient à mon jeu préféré : chipoter sur les détails. Courage, ça va bien se passer :

Le principe d’alerter les autorités si une attaque de Xana devient trop ingérable pour les Lyokô-guerriers. Pour moi, c’était déjà une connerie dans l’épisode 2, et ça l’est toujours dans le cadre de ce texte (c’est même encore pire car contexte saison 4). Ils se privent d’un Lyokô-guerrier sur le monde virtuel qui aurait fait la différence – surtout qu’il y avait deux fronts à gérer ! – pour privilégier une action (prévenir les autorités) qui ne servirait à rien. Les autorités n’ont pas plus les moyens de gérer l’attaque de Xana que le groupe d’adolescents. La meilleure solution, dans tous les cas, est d’éteindre le supercalculateur, mais pour ça, pas besoin d’alerter les autorités…
Je suis d’autant plus perplexe que je ne saisis pas le fait que Jérémie semble le principal défenseur/appliquant de l’idée (alors qu’il s’en fichait complètement dans le cas de la centrale nucléaire, encore au-dessus de l’attaque dépeinte ici). Narrativement, cela fait sens (Jérémie prend une mauvaise décision qui provoque leur défaite, ce qui aboutit au 2ème One-Shot), mais scénaristiquement…
Après, je reste méfiant vis-à-vis du texte de Silius, pas entièrement fiable vis-à-vis des informations lâchées, étant donné qu’il s’agit d’une version déformée de ce qu’il s’est passé. Néanmoins, je ne pense pas que le décalage soit si prononcé et que ce principe « Alerte autorités » ait été altéré.

Whilem Bardin qui s’avère être le… [beau-]père (pas très limpide sur ce coup) d’Ulrich. Alors pourquoi pas, mais ça paraît extrêmement douteux dans un contexte saison 4, où l’épisode 82 remet en scène le couple Stern. Théorisons qu’il se passe/s’est passé beaucoup de temps depuis les tragiques événements (même si cela m’étonnerait au vu de la façon dont est exposé l’internement de Jérémie).

Quid de Franz Hopper ? Il est mentionné une fois dans le texte, comme ça, mais son devenir n’est pas du tout précisé. Si Aelita est tombée dans la mer numérique, ne l’a-t-il pas sauvée, ou s’est-il fait avoir en essayant, ou plus simplement : il s’est fait avoir en amont de la chute d’Aelita (ce qui me semblerait plus logique vu qu’il est précisé que la concernée était seule). Ça me paraît assez ironique que, dans une histoire qui dépeint une avancée progressive vers la Fin, avec un grand F, vous omettiez d’aborder le cas de la lueur d’espoir, littérale et personnifiée que constitue Hopper vis-à-vis de Xana.
A nouveau, impossible d’être vraiment sûr, car les parties de Silius et Dede7 floutent volontairement la frontière entre faits fantasmés/délirés et la réalité.

La fin du dernier texte, donc de l’histoire, m’a laissé incrédule. J’ai du mal à comprendre ce choix. Jusqu’à ce stade, le récit était plutôt terre-à-terre, surtout les textes de Silius et Dede, puisque celui de VioletBottle lance effectivement par-ci par-là des éléments un peu plus « étranges » et symboliques (au hasard les « suicides de résignation », intégrés au nouveau décor (VERIFIER). L’impression que ça [me] laisse, c’est que vous/VioletBottle n’aviez pas trop d’idée pour conclure, et que l’embûche a été contournée par une envolée textuelle finale. C’est à mon sens le point le plus critiquable de ce triptyque : cette fin en complet décalage avec le reste (un peu paresseuse, de fait). J’aurais été très curieux de voir un résultat dans la droite lignée.

Cela dit, si je devais trouver une justification à cette fin pour le moins… particulière, je le lierais basiquement aux fameuses étapes du deuil. Cette interprétation transparaît le plus facilement de vos textes, au premier degré (surtout le deuxième, celui de Dede, qui dit cash « Tu peux faire ton deuil » juste avant le 3ème et dernier texte).
En dépit de sa surutilisation dans les interprétations d’œuvre de nos jours, il faut lui reconnaître qu’elle colle avec votre création (mais désolé d’avance de ne pas être original côté analyse, je compense avec la longueur de mon commentaire).
La partie de Silius constitue un déni pur et simple, par le prisme de l’idéalisation, le fantasme du « cela aurait dû se passer autrement si… ». Le psychologue et le cadre hospitalier de la partie de Dede sont parfaits pour la phase de marchandage : en refusant de dire la vérité à Wilhem, Jérémie est encore dans le déni, il tente de remodeler la réalité en refusant de mettre en mots la vérité, et refoule ce qu’il s’est vraiment passé. Faille de cette interprétation : la colère n’est pas tellement présente dans le deuxième One-Shot, mais on peut aisément penser que le coma éthylique découle d’une phase de colère de Belpois (c’est surtout que ça arrange mon interprétation, évidemment). La dépression se dégage littéralement de la troisième partie, je ne pense pas avoir besoin d’argumenter. Enfin, la fin du texte est, je pense, un simple reflet de l’acceptation. Les Lyokô-guerriers se rendent à leur dernière demeure, l’usine, où ils rencontrent la figure de Mort qu’est devenue William, et ne cherchent plus à lutter ou réfuter le cours des événements.


Toutefois, une dernière piste me vient vis-à-vis de votre travail : peut-être que chacun des 3 textes est indépendant, en réalité. Les icônes et l’ordre de publication induiraient volontairement en erreur pour faire croire au lecteur que tout ce qu’il lit est lié et se suit. Du coup, chaque shot n’aurait rien à voir avec l’autre, malgré des événements, des échos et des thématiques communes, justifiant le rassemblement en triptyque.
Cela expliquerait ce ressenti que j’ai sur les derniers paragraphes du texte posté par VioletBottle, justifierait totalement les changements successifs d’ambiance, et atténuerait certains de mes chipotages.

Je présume que je vais chercher trop loin et que vous vous êtes juste mis d’accord sur la ligne directrice et l’intrigue globale, avant de vous laisser carte blanche pour chacune de vos parties. La lecture n’en a pas été moins plaisante, malgré cette fin que j’ai trouvée un peu faible.

Bon, les tri-shots c’est très cool et tout, mais quand est-ce qu’on aura la fin de vos fanfictions ? Mr. Green
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http://i.imgur.com/Z94MNN5.png

« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. »
Un jour, peut-être.


Dernière édition par Zéphyr le Dim 11 Oct 2020 13:04; édité 2 fois
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Icer MessagePosté le: Dim 04 Oct 2020 21:31   Sujet du message: Répondre en citant  
Admnistr'Icer


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Bon, on est dimanche soir, alors au risque d'utiliser une stratégie usée jusqu'à la corde, difficile de passer après Zéphyr et son analyse à la limite de la transe métaphysique (il ne voulait pas passer pour un con face aux visions prophétiques de Silius, forcément) ; il n'empêche que je rejoins son avis sur la distinction entre la partie III et le reste ; je suis curieux de voir quelles pourraient être les réponses apportées aux éléments soulignés par mon cher collègue.

Sur le global, je suis toutefois agréablement surpris de voir à quel point chaque auteur a su tirer partie de ses qualités supposées. Chaque personne a fait le travail au bon endroit, ça c'est clair. On est d'autant plus surpris pour Dede7, qui n'avait jusqu'alors pas la même réputation de rock star que les deux autres, et qui se refait ici une virginité avec succès. Sur un plan plus personnel, c'est toujours un plaisir de retrouver le niveau de Silius pour les allusions du monde moderne qui viennent dépoussiérer son image antique. D'autant que la forme, inspirée des meilleurs bien entendu, rend le tout agréable. On est passé à un autre niveau que l'autre canard qui donne au moins le droit de prend l'autobus.

Sinon je ne sais pas si c'est fait exprès, c'est une possibilité (si c'est le cas le message politique est franchement plus glauque que si c'était Dede et Bottle) mais les liens sur le post initial entre VB et Silius ainsi que les icônes sont à première vue inversés.

Bref, sur une tri-coopération, et en partant du principe que c'est VB qui fait Miaouss, c'est loin d'être weak, félicitations !


Spoiler

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« Les incertitudes, je veux en faire des Icertitudes... »

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Dede7 MessagePosté le: Ven 09 Oct 2020 15:18   Sujet du message: Répondre en citant  
[Kongre]


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Messages: 1346
Nous sommes assez Satisfaits de vos retours. Pour reprendre dans l’ordre  :

Zéphyr, votre commentaire nous a beaucoup surpris. Il pointait des éléments et des interprétations que nous n’avions pas vu, anticipé, ou sous-estimé. Mais le plus surprenant restait de vous voir mentionner le mot-clé du texte, en particulier de la troisième partie et de ne pas en tirer la conclusion.

  • En fait, le cœur de Lyokô a été détruit, et Hopper n’a pu le réparer ou n’a pas daigné se manifester : « Ulrich était trop distrait par William, et en plus d'être finalement vaincu, il n'a pas pu protéger le Coeur. ».
  • Le choix d’alerter les autorités n’est pas l’explication de l’absence de virtualisation de Yumi. En fait, elle reste sur terre car l’attaque est alors inconnue et on pourrait avoir besoin de son intervention, par exemple pour protéger Jérémie ou le supercalculateur. De même, ce choix d’alerter les autorités relevait à notre sens essentiellement d’un compromis au sein des héros, compromis avec une barre tellement haute, que basiquement on ne prévenait les autorités que dans des conditions où les prévenir est trop tardif ou inutile : « — Sinon, je peux m’y rendre aussi… Hasarda Yumi, mais le chef l’interrompit. — Quand on connaîtra la nature de l’attaque, peut-être. Pas avant. »
  • Whilem Bardin est effectivement le beau-père d’Ulrich, Stern étant le nom de la mère d’Ulrich : « Mais, la vérité, c'est que c'est le journal de mon fils. Enfin, le fils de ma femme, mais qu'importe, aujourd'hui. ». Nous jouons avec le fait que le père d’Ulrich, bien que vu et présenté dans la série, n’est jamais explicitement nommé, et qu’en plus, Jérémie ne l’a jamais réellement rencontré. A l’exception effectivement de leur entrevue de l’épisode Mémoire Blanche qui, en plus d’être anecdotique, n’a même pas de raison d’avoir déjà eu lieu au moment du récit.
  • Ce placement temporel se recoupe d’ailleurs avec la faible présence de Franz Hopper que vous avez relevé, l’importance de celui-ci ne se révélant qu’à la lumière de ce même épisode. Son absence est par ailleurs lui-même constitutif de l’échec final des héros.

Vous l’avez également remarqué, la première partie du texte n’est en effet pas entièrement fiable. Elle l’est au début, puis il y a un moment où tout bascule dans le déni et la réécriture des événements par Jérémie. C’est à partir de ce moment : « Non, ils avaient encore le temps, ils n’en étaient pas encore au point de non-retour… ».

La seconde partie est entièrement exacte, sans tricherie du narrateur.

Pour ce qui est de la troisième partie, elle peut effectivement être surprenante. Il faut comprendre qu’elle se termine sur l’Apocalypse à proprement parler. La fin ultime et définitive du monde, de l’humanité et de l’univers. L’Armageddon a eu lieu, orchestré par Xana, et William a rompu le Septième Sceau. C’est donc la Fin. Jérémie le savait, dans la mesure où sans Aelita et Lyokô sont finis. Il ne peut plus que contempler la Fin.

La théorie des étapes du deuil est intéressante. Elle n’a jamais été évoquée durant la rédaction du texte, mais il faut reconnaître qu’elle est adaptée et convaincante.

Pour ce qui est de l’indépendance des trois textes, il se trouve en effet que chaque texte a été rédigé séparément. Chacun partait d’une idée de base développé à sa convenance par l’auteur en charge. Mais il y avait bien une progression et un lien entre ces idées. En sorte que Weak est au milieu du gué, et pour partie collection de récits indépendants, et pour partie récit suivi et se tenant d’un bloc. Par la suite, il y a eu des relectures pour terminer d’accorder les violons.

Icer, nous avons beaucoup aimé votre commentaire, même si de fait la quasi-totalité de vos références nous est restée incompréhensible (mais il y a bien des références politiques dans les partie 1 et 3). Ce qui est assez dommage. Et puis, nous sommes surpris de vous voir si près du cochonnet de la vérité et le manquer quand même. En effet, les liens dans les noms, et les liens dans les symboles ne correspondent pas au nom de ceux qui ont posté les parties.
Ce sont les liens qui pointent vers le Vrai.
Il ne fallait pas voir les auteurs, mais bien voir le propos.


PS : La question sur nos fanfictions respectives nous flatte, mais déjà que nous avons du nous mettre à plusieurs pour ne produire qu’un modeste one-shot...

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