Posté le: Jeu 20 Fév 2014 01:16 Sujet du message: [Fanfic] Chair aimée [Terminée]
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Avertissement
Cette fanfiction est d'un caractère mature et se veut réaliste : âmes sensibles, s'abstenir. Sont abordés des thèmes touchant à la sexualité, à la dépression et au rapport avec le corps. Est également présente, quoique la lecture intégrale en soit évitable, une scène de caractère pornographique. Vous êtes prévenus.
ATTENTION : il se peut que votre personnage soit présenté sous un jour peu favorable. Dans ce cas, restez calme, levez-vous lentement de votre siège, allongez-vous sur le dos les bras le long du corps, et respirez profondément dix minutes. Si le besoin s'en fait ressentir, allez vous prendre un verre d'eau pour 1° l'avaler, 2° vous rincer le visage, 3° vous venger sur votre PC. Enfin, rédigez un commentaire argumenté expliquant en des termes courtois en quoi le récit qui suit est un tissu de déjections aviennes.
Genres :
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tranches de vie, adulte, romance, drame.
À partir du moment où on décide de peindre la psychologie de nos personnages dans des situations plus adultes, l'écriture s'éloigne forcément de l'ambiance et des caractères du D.A. Au fond, n'est-ce pas ce que doit faire une bonne fanfiction : trouver de nouvelles manières de trahir l'œuvre originale ?
On pourrait, pour cette même raison, contester le terme de « fanfiction » en argumentant que j'aurais pu développer la même histoire sans reprendre les personnages de CL. C'est en effet bien possible ; il n'en reste pas moins que sans m'appuyer sur ces figures familières, je n'aurais jamais accouché de ce texte (ce qui s'est pourtant fait dans le sang et la douleur). Peut-être me fallait-il une situation aussi haïssable, des personnages à la romance aussi insipide et frustrante pour me montrer aussi cruel⋅le et impitoyable.
Et puis, autant mon histoire déforme les personnages du D.A. (du moins, ceux qui sont vraiment présents dans ma fic'), autant ceux-ci ont fini par déformer mon histoire. Même si les caractères et les situations se trouvent extrapolés et déformés, comment avoir le cœur de torturer davantage les héros qu'on aime ? Et pourtant, ce n'était pas faute d'idées…J'avais une vengeance à prendre, sur ces intrigues sentimentales avortées !
À ceux qui aimeront la lecture de cette fanfiction, et qui ne savent pas quel anime regarder en ce moment, je conseille School Days (12 épisodes qui passent du neu-neu stéréotypé à l’innommable nippon )
L'action principale de ma fic' se situe plusieurs mois après l'extinction du Super Calculateur. Cependant, les relations entre les personnages ne prennent pas en compte les promesses de l'épisode #95, qui, quoiqu'assez flou, était plutôt optimiste. La chronologie, peut-être un peu datée, suppose une extinction du SC le 19 juin 2006.
Le concept était à la base celui d'un OS, qui a enflé très rapidement au-delà des limites acceptables pour un tel texte. En résultent des chapitres parfois très courts (moins de 5 pages en moyenne), essentiellement psychologiques, et progressant souvent grâce au sous-entendu (lequel finit tout de même par être explicité) Il n'y aura pas de résumé. La fiction, écrite d'avance, comporte en tout 6 chapitres diffusés selon un calendrier.
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~ Sommaire ~ ~ Chapitre1 ~ La toux ~ Chapitre 2 ~ Faim ~ Chapitre 3 ~ Fête ~ Chapitre 4 ~ Retour vers le passé ~ Chapitre 5 ~ Beauté et Amitié ~ Chapitre 6 – Happy End
Trêve de blabla, place au texte.
~ Chair aimée ~
1 – La toux
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Le soir du vendredi 10 novembre 2006, plongée dans ses pensées, Yumi Ishiyama foulait d'un pas rapide le trottoir invisible de la rue du Guet. Officiellement, l'hiver n'avait pas encore commencé, mais un vent polaire fouettait la ville par bourrasques saccadées. Le goudron de la route et le béton du trottoir irrégulier étaient durcis par un givre qui blanchissait tout. En réalité, qu'importe le nom de la saison : les épines des pins étaient pâles et dénuées d'odeurs, le ciel noircissait, et les couleurs disparaissaient. Parlons nettement : l'hiver était arrivé tôt cette année.
Les joues de Yumi rosissaient de la morsure glaciale du vent. Les phalanges qui dépassaient de ses mitaines étaient dures et bleues, comme celles d'un cadavre de noyée. Elle cracha quelques toussotements, puis, pour calmer ses chairs meurtries, plaqua ses poings fermés contre ses joues. Mais tout ce qu'elle ressentit, ce fut la douloureuse impression que ses doigts étaient plus froids que ses joues, et que ses joues étaient plus froides que ses doigts. Le tissu rugueux de la mitaine semblait lui griffer la peau plutôt qu'il ne la protégeait. Son souffle, aussi vierge de buée que celui qu'elle expirait jadis sur le territoire de la banquise, se noyait dans l'air froid sans réchauffer ses chairs, en pure perte.
Elle prit distraitement son portable et le consulta. 17h45. Elle était en retard, mais ce n'était encore rien de déraisonnable. Elle pressa le pas, préférant soudain penser à ce qu'elle ferait une fois rentrée qu'à la discussion qui venait d'avoir lieu. Mais alors qu'elle arrivait devant sa maison, elle remarqua une ombre devant le portail. Une ombre qui l'attendait.
Le souffle lui manquait, c'était gênant. Toutefois, il fallait qu'elle parle en premier.
— Qu'est-ce que tu fais ici ? lança-t-elle durement.
— Je veux m'excuser. Juste, ce que je t'ai dit hier, c'était…
Ne pas se laisser avoir. C'était un piège pour la surprendre à un moment où elle serait vulnérable. Il ne fallait pas qu'elle tombe dedans. Elle devait montrer qu'elle contrôlait la situation.
— Décampe, ordonna-t-elle sèchement. Ici, c'est chez moi. C'est pas en me poursuivant dans mon refuge que tu me donneras envie de pardonner.
— Mais je suis vraiment désolé, insista l'ombre. C'est juste que même maintenant…c'est pas facile à oublier, tu sais ? Six mois…
— Dont tu ne te souviens pas, trancha Yumi. Et pour te rafraîchir la mémoire, on en a déjà parlé, à la fin de l'année dernière. Tu te souviens de ça, William ?
L'option la plus intelligente consistait, pour William, à ne pas répondre. À laisser planer un silence coupable. En effet, il était allé trop loin. Il avait fini par reprocher à ses amis d'avoir gardé le secret. De ne pas avoir averti les autorités. Dans sa colère, il avait même parlé de rendre l'affaire publique, d'initier un procès, ou de détruire le Super Calculateur pour se venger.
Bien sûr, c'étaient des menaces en l'air proférées par un garçon qui en avait assez de se voir exclu, non reconnu et trop peu remercié après avoir été mis en danger, après que six mois de sa vie lui aient été volés ; mais ces arguments, il n'avait pas intérêt à les rappeler, et nul doute qu'il en était parfaitement conscient. Parfaitement, et froidement conscient. Il ne répondit pas.
— Tu es un manipulateur, constata-t-elle placidement. Cela fait deux mois que tu n'es plus du tout en colère, et que tu joues de la culpabilité de tout le monde. Jérémie et Aelita se sentent responsables. Moi aussi. Quant à Ulrich, il n'ose rien dire de ce qu'il pense vraiment. Mais je ne suis pas dupe.
Yumi s'interrompit. Elle hésita, puis elle tourna les talons en direction de sa maison ; mais William lui lança, quoiqu'un peu trop tard :
— Allez, dis-le ! Qu'est-ce que tu me reproches vraiment ?
La conversation tournait au vinaigre. La réponse logique était : « D'être amoureux de moi », mais la prononcer aurait été catastrophique. William cherchait à la traîner sur le terrain des sentiments, où il pouvait se faire passer pour un digne de pitié. Mais ce n'était pas la première fois qu'il avait recours à ce genre de coup bas, et Yumi avait appris qu'il ne servait à rien de se montrer conciliante en de telles circonstances.
— De ne pas me laisser tranquille.
La jeune fille disparut à l'intérieur de sa maison. William resta là un moment, le cœur battant et les idées noires, à contempler la signification de cette porte de maison fermée. Puis il sortit un skate de son sac et repartit en direction de l'internat.
Ulrich Stern n'avait rien perdu de la scène.
* * *
Yumi monta directement dans sa chambre, sans dire un mot. Elle avait des devoirs pour la semaine prochaine. Quatre exercices de mathématiques à faire. Elle devait aussi lire un texte de Marx en répondant à des questions. Autant s'y mettre tant que c'était frais.
Une heure plus tard, elle n'avait pas beaucoup avancé. Elle n'avait pas la tête aux mathématiques, et après quelques questions, elle était passée au texte. Mais le salaire de subsistance ou la propriété des moyens de production n'avaient pas l'air beaucoup plus intéressant que les systèmes d'inéquations. Elle était repassée aux mathématiques, encore plus ennuyeuses qu'avant.
Elle laissa ses cahiers ouverts sur son bureau et descendit au salon. La télévision était allumée, et Mr Ishiyama rangeait des courses dans la cuisine. Yumi hésita. L'idée de regarder un film ne l'attirait pas du tout, et le fait que sa mère soit devant la télévision la contrariait visiblement. Elle finit par aller se coucher sans avoir mangé. Devant sa porte fermée, une feuille de papier indiquait qu'elle ne voulait pas être dérangée.
Mme Ishiyama, inquiète pour sa fille, était d'avis d'entrer, quitte à la réveiller. Mais son mari connaissait les adolescents, et il préconisait de respecter ses désirs. Sauter un repas, disait-il, ce n'était pas la fin du monde. La lumière s'éteignit donc dans le couloir, et le silence retomba, pendant les heures immensurables de la nuit solitaire.
* * *
Un vrombissement mécanique réveilla Yumi. Celle-ci, les yeux secs et pochés, remua ses membres ankylosés. Elle avait dormi sur le flanc opposé à celui qu'elle adoptait habituellement, et n'avait aucune sensation dans la jambe gauche.
Le vrombissement mécanique se répéta.
— Ça va, ça va, j'arrive, marmonna-t-elle d'une voix rauque en frottant ses yeux, qui demeuraient toujours aussi secs.
Elle se râcla la gorge tout en cherchant son téléphone portable dans son sac. Sa trachée était glaireuse et encombrée. Enfin, lorsqu'elle l'eût trouvé, il s'arrêta.
Il était plus de dix heures. C'était tard. Elle ignorait combien de temps elle avait sommeillé, mais elle était à peu près sûre d'avoir vu l'aube. Un jour gris entrait par la fenêtre. Elle jeta un œil dehors. Une véritable purée de pois.
L'appel manqué provenait d'Ulrich. Il voulait sûrement reparler de la conversation de la veille. Elle le voyait venir, elle savait exactement ce qu'il allait dire. Ironiquement, les mots exacts qu'avait employés William lui vinrent en tête. « Je veux m'excuser. Ce que je t'ai dit hier, c'était vraiment…Mais je suis vraiment désolé ! C'est juste que, même maintenant… »
Ce brouillard blanc et cotonneux devait geler les os. Rien qu'en se tenant devant cette fenêtre blanche, elle sentait l'air froid de l'extérieur pénétrer à travers la vitre. Elle eut soudain envie d'enterrer sa tête sous les couvertures, de retourner dans la nuit noire, où elle respirait en boucle son propre souffle, emprisonné, là où il faisait chaud.
Paradoxalement réveillée par ce désir inhabituel, elle enfila ses vêtements et descendit déjeuner. Hiroki, surpris de voir sa sœur se lever à une heure aussi tardive, lui demanda si elle avait fait le mur. Elle en répondit pas et avala une tranche de pain grillé, sans confiture dont le goût trop sucré lui aurait agressé les papilles. Comme elle avait encore faim, elle en prit une deuxième, beurrée cette fois. Elle ne la termina pas.
— Où est maman ? demanda-t-elle.
Hiroki ne répondit pas et alluma sa console de jeux. Yumi répéta la question, en l'assortissant d'une épithète qu'elle estimait flatteuse. L'immonde petit cancrelat ne put réprimer un sourire satisfait.
À grandes enjambées rapides, Yumi marcha vers la console et l'éteignit.
— Hééé ! protesta Hiroki.
— T'avais qu'à me dire où était maman ! répondit sa sœur.
— T'avais qu'à me dire si t'avais fait le mur !
Au lieu de rétorquer une réplique de mauvaise foi, Yumi s'adossa à une cloison de marbre, le regard vide, et lentement, se laissa glisser, sans bouger les pieds ni quitter son frère des yeux, jusqu'à être accroupie en position fœtale. Puis son regard tomba vers la surface du sol.
— Je n'ai pas fait le mur, expliqua-t-elle, mais j'ai eu du mal à dormir ; je…
Le silence s'installa.
— Je ne vais pas très bien, avoua Yumi. J'ai des problèmes en ce moment. S'il te plaît, j'ai besoin de parler avec maman.
Hiroki n'avait jamais vu sa sœur comme ça. D'habitude, Yumi, elle n'avait pas de problèmes. Mais là, c'était un silence tellement grave, tellement sérieux, qu'il voulut à tout prix que les problèmes de Yumi s'arrangent. Il demanda :
— C'est à cause d'Ulrich, c'est ça ?
Yumi leva un visage stupéfait. Le ton d'Hiroki était étonnamment sérieux. Il ne l'avait pas raillée, il ne s'était pas moqué d'elle, il n'avait pas mimé le romantisme collant qu'il aimait tant lui représenter, avec cet humour stupide de gamin attardé. Il avait parlé sérieusement. Yumi frissonna.
Puis tout d'un coup, Yumi redevint Yumi. Elle aspira calmement une grande bouffée d'air, puis releva la tête, sûre d'elle-même, souriante, et elle n'avait plus aucun problème.
— Pas vraiment, têtard, déclara-t-elle en se levant. C'est plus compliqué.
Yumi monta dans sa chambre pour faire ses devoirs. Il faudrait aussi que, pendant la journée, elle n'oublie pas de rappeler Ulrich pour lui permettre de s'excuser.
* * *
« Allô, Yumi ? »
— Salut, Ulrich ! Euh…tu as cherché à me joindre ce matin ? Désolée, j'étais en train de me laver. J'avais pas pris mon bain hier soir, alors…
« Ouais, je vois. Ben, en fait…écoute, Yumi, je voulais juste…à propos d'hier. »
— Laisse tomber, je vois déjà ce que tu vas dire, déclara-t-elle d'un ton insouciant et enjoué. Je te connais, Ulrich, tu es comme ça ! Et au fond, ça me fait plaisir.
« Ah oui ? Et qu'est-ce que tu veux dire par là ? »
— Tu es tellement inquiet pour moi que parfois, tu en oublies que William ne m'intéresse pas. Tu t'en fais, c'est normal, avec la façon dont il me tourne autour ; mais je te l'ai dit, tout va bien, je contrôle la situation.
« N'empêche, je tiens à te demander pardon. Parce que, tu sais…j'ai pas le droit de m'incruster dans ta vie comme ça. Pas plus que lui. Je devrais te faire confiance, tu te débrouilles très bien toute seule… »
— Te mets pas sur le même plan que William. Toi, t'es un ami, tu veilles sur moi. Mais lui, il…ben, j'ai des problèmes avec William. Déjà, avant qu'il vienne sur Lyoko, je sentais qu'on peut pas lui faire confiance.
« Ça veut dire que tu me fais confiance ? »
Yumi réfléchit longuement.
« Ouais, je suppo… »
— On a…, le coupa Yumi. On a eu nos problèmes. On a toujours des problèmes, et – euh…tu as des défauts…Mais…mais oui, je te fais confiance. Parce que tu es mon ami, et que tu finiras toujours par prendre la bonne décision pour moi.
Cette fois, ce fut au tour d'Ulrich de rester silencieux. Yumi serrait nerveusement son portable. Non pas qu'elle attendît la réponse, mais parce qu'elle voulait que cette conversation se termine. Enfin, il demanda :
« Dis-moi, Yumi… »
— Oui ?
« Est-ce que tu te ferais confiance à toi-même ? »
Et il raccrocha.
Peut-être Ulrich voulait-il simplement signifier par là qu'il n'était pas digne de confiance. Qu'il était toujours amoureux, et surtout, qu'il était toujours jaloux. Mais il ne s'était pas douté des abysses que cette question creuserait dans l'âme de Yumi. Il n'avait pas imaginé, à sa voix douce et décontractée à quel point elle était fragile et épuisée. Ni que les fondations sur lesquelles elle prenait ses décisions et nommait ses sentiments étaient aussi bancales.
Yumi serrait de plus en plus fort son portable dans sa main. Les mots qui tournaient en boucle dans son esprit, elle se mettait à les siffler, à les cracher, glaireux encore, rauques comme une toux grasse, dans sa gorge serrée, et à les répéter, encore et encore.
« Menteur…menteur…Jaloux et menteur…menteur, égoïste, jaloux, égoïste…justes amis, oui, justes amis ? Menteur, menteur…
Menteur…
……
menteuse. »
* * *
— Faut qu'on parle.
William Dunbar tourna un regard surpris vers Ulrich et sourit d'un air condescendant. Il tenait à indiquer qu'il lui importait peu de se trouver, au beau milieu du couloir de l'internat, vêtu d'une serviette de bain maladroitement nouée autour de sa taille, empêtré d'un savon et d'un tube de shampoing. Au contraire, cette nudité mettait en valeur son haut corps d'adolescent sportif, et la dorure de sa peau brunie par l'été était encore tout à fait respectable. Il savoura ostensiblement l'instant :
— J'vais prendre ma douche, là ; on verra ça demain.
— En privé, insista Ulrich.
Le jeune homme poussa un soupir ennuyé, qui ressemblait presque à un bâillement. « Ouais, je m'en doutais…
— J'irai droit au but, continua son rival ; ça ne prendra qu'un moment.
— Dans ma chambre, alors.
Ni l'un ni l'autre ne virent l'expression consternée qui se peignit sur le visage d’Élisabeth Delmas lorsque le lendemain, Hervé Pichon lui affirma qu'un William Dunbar dénudé avait invité Ulrich Stern à l'intérieur de sa chambre. De toutes les horribles journées de la vie au collège-lycée Kadic que traversa Sissi Delmas, la plus déconcertante restera sans doute celle du 28 septembre 2006.
— Très bien, William, crache le morceau : c'est quoi ton but ? demanda Ulrich aussitôt la porte refermée. Tu étais complètement furax, et là, d'un coup, c'est la rentrée et tu veux devenir notre ami ? Dans quel but ? Foutre la merde ? Te venger ?
— Ou bien… ?
— Ou bien quoi ?
— Allez, Ulrich, dis-moi ce que tu as sur le cœur. On est entre nous, là.
Le jeune première arborait un sourire narquois qu'Ulrich ne lui avait encore jamais vu. Un an plus tôt, déjà rivaux, les deux hommes se respectaient encore à peu près, ils jouaient franc-jeu et se parlaient directement, sans jeux détournés ni moqueries. Ulrich se prit à regretter cette époque-là.
— Tu ne sortiras jamais avec Yumi, tu le sais, ça ? finit-il par répondre. Alors laisse-la tranquille.
— Ah ! ça, Ulrich, je ne suis pas de ton avis. Moi, vois-tu, je suis certain que je finirai par sortir avec Yumi.
Il appuya son coude contre la porte de sa chambre, juste au-dessus de la tête d'Ulrich, et rapprocha sa bouche de son oreille.
— Aucune fille ne peut rester éternellement insensible à l'ardente flamme de mon amour, susurra-t-il.
Ulrich se dégagea du panneau contre lequel William l'avait acculé. Il ouvrit la porte sombrement. Puis, juste avant de partir, il lança, d'un air de défi :
— Mais un couple, si.
Edit 1 : "Le soir du vendredi 10 novembre 2006, près de 5 mois après l'extinction du Super-Calculateur, Mademoiselle Yumi Ishiyama foulait d'un pas rapide le trottoir invisible de la rue du Guet, absorbée dans ses pensées." ==> "Le soir du vendredi 10 novembre 2006, plongée dans ses pensées, Yumi Ishiyama foulait d'un pas rapide le trottoir invisible de la rue du Guet."
Corrections suggérées par Ellana. Correction suggérée par Tyker.
Calendrier.
Edit 2 à 6 : màj sommaire, typo astérisques, ajout des balises couleur blanc
Edit 7 : j'ai oublié la balise -_-' _________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Ven 07 Mar 2014 01:05; édité 7 fois
Inscrit le: 06 Oct 2013 Messages: 251 Localisation: Al-Jeit.
Alors...
Je n'ai pas grand-chose à dire pour l'instant. Une sensation de déjà-vu par rapport à certains épisodes, l'éternelle rivalité du trio amoureux. Quoique... une idée m'est venue à l'esprit et j'en suis déjà quasiment tellement convaincue que je la mets en spoiler au cas où XD.
Spoiler
Je dois t'avouer qu'à un moment, je me suis demandé si ce n'était pas Yumi qui s'en retrouvait exclue à la place de William, ce qui expliquerait ses problèmes et son état dépressif, tout comme le fait que rien n'indique que c'est Yumi et pas William qu'Ulrich suive...
Mais bon après, c'est peut-être de la surinterprétation.
En tout cas, c'est court, tu nous laisses avec un goût d'inachevé et de questions, merci pour le calendrier qui rassure
Petites critiques stylistiques et corrections de coquilles (qui sont évidemment à prendre comme tu veux, que ce soit pour les suivre ou les foutre dans une poubelle )
Belgarel a écrit:
Mademoiselle Yumi Ishiyama
=> Techniquement, on ne dit plus «mademoiselle» (a) Et moins techniquement, je le trouve en trop dans la phrase.
Tu as tendance à mettre des virgules non-justifiées devant certains «et» ou «mais», comme dans cette phrase : Les joues de Yumi rosissaient de la morsure glaciale du vent, et les phalanges qui dépassaient de ses mitaines étaient dures et bleues comme celles d'un cadavre de noyée. (d'ailleurs, couper en deux phrases distinctes serait peut-être préférable ?)
Citation:
Elle était en retard, mais ce n'était encore rien de déraisonnable.
=> Une tournure plus indirecte permettrait une suppression du deuxième « était ». Du genre « Elle était en retard mais rien de déraisonnable » Euh... non c'est bizarre comme phrase... 'Fin bref, essaye de reformuler quand même
Citation:
mais ça, il n'avait pas intérêt à rappeler ces arguments
=> ça fait un peu redondant : soit tu enlèves le « ça », soit tu le gardes mais tu remplaces par « pas intérêt à le rappeler.».
Citation:
Elle devait aussi lire un texte de Marx en répondant à des questions.
=> Maths + Marx... Avoue, tu cherches à impressionner quelqu'un ? (a)
Citation:
sa mère soirt devant la télévision
=> Coquille
Citation:
Ce brouillard blanc et cotonneux devait geler les os. Rien que de se tenir devant cette fenêtre blanche
=> Répétition de blanc / blanche
Citation:
j'ai pas le droit de m'incruster dans ta vie comme ça. Pas plus que lui.
=> Excellent. Le « pas plus que lui » fait bien ressortir l'essence d'Ulrich : « je m'excuse mais j'en profite pour te rappeler que mon rival est comme moi, voire pire »
Citation:
Déjà, avant qu'il vienne sur Lyoko, je sentais qu'on peut pas lui faire confiance.
=> il me semble que c'est « au beau milieu » ou « en plein milieu »
Citation:
celle du 28 septembre 2006
.
=> J'ai loupé un épisode ou au début du récit on était le 10 novembre ? C'est un flash-back ?
Spoiler
ça expliquerait mon hypothèse selon laquelle on se dirige plus vers un William / Ulrich - Yumi qu'un Yumi/Ulrich - William....
_________________ Ma belle, douce lune sous un chant blanc d'étoiles, / Astre fatigué, vagabonde hors-la-loi / Toute pâle dans l'oeil noir de loups qui aboient, / Hisse les rêves, aux nuits où tu es seule voile. ♥
Inscrit le: 23 Juin 2006 Messages: 587 Localisation: Devant mon PC
Aaaaaah Belgarel est de retour, enfin
Alors installons nous et savourons. Tout d'abord, tu annonces une fic mature évoquant les problèmes liés à la sexualité/dépression/corps. Déjà moi ça me plait, plus de maturité, c'est toujours mieux, surtout qu'on a tous prit en maturité également
On va voir ce que tu vas en faire, mais c'est sur que ça promet (de même pour la scène porno, j'en ai encore jamais lue sous CL, je te félicite pour l'initiative).
De même lorsque tu annonces que tu t'éloignes un peu du DA, ça n'est pas forcément une mauvaise chose. On verra également le traite que tu réserves à notre jérémie national derrière.
Ce premier chapitre je vais peu le commenter car je retrouve tout ce que j'avais aimé dans "dix ans après". J'aime ton style d'écriture et on sent déjà du réalisme bien présent. J'ai malheureusement peu de temps pour développer ce message, je le ferai plus tard.
Pour finir, je dirai que c'est également bien que tout soit écrit d'avance, avec un calendrier en plus, et j'espère vraiment que ce mois de publication sera à la hauteur de cette introduction. _________________
Inscrit le: 02 Nov 2013 Messages: 248 Localisation: Arkham Asylum
Yo un petit com´ en attendant mon train.
Alors déjà, je ne vais pas donné la définition de la pornographie ici mais je pense "qu'érotique" conviendrait mieux. Après on a pas encore vu la scène .
Bon bon bon, je n'aime pas la façon "cliché" dont tu te sers de William, j'ai particulièrement trouvé la dernière de ses répliques un peu niais.
Après au niveau du style, rien à dire en particulier, c'est fluide et agréable à lire (mis à part ce qu'Ellana a soulignée). Sauf ça:
Citation:
— Aucune fille ne peut résister éternellement insensible à l'ardente flamme de mon amour, susurra-t-il.
Il faut choisir, c'est soit: "ne peut résister éternellement à l'ardente..." Soit: "rester éternellement insensible à l'ardeur..."
À part ça je n'ai rien relevé d'autre de dérangeant, pour ce qui est du scénario, bah c'est un début assez classique avec un triangle amoureux. La suite permettras sans doute de dire plus de chose.
En conclusion, ce n'est que le début, et ton style nous met bien dans l'ambiance. Je n'aime pas trop ce début de scénario mais ce ne sont que mes goûts après tout, et ça ne m'empêchera pas de lire la suite .
Terminé. _________________
"Introduce a little anarchy. Upset the established order and everything becomes... CHAOS"
Je n'ai plus grand chose à dire vu ce que mes prédécesseurs ont déjà exprimé, toutefois je vais rejoindre l'avis de Tyker en précisant que j'ai reconnu une "version" de William qui se trouve en général chez Léana, mais version "la demande" (ce qui n'est pas un compliment, eh non) ou chez Yumimi. Le "— De ne pas me laisser tranquille." fait un peu genre harceleur, et le passage dans le couloir qui laisse penser qu'il est content de s'exhiber à moitié à poil dans l'internat parce qu'il serait éminemment narcissique, cette idée renforcée par sa dernière phrase (qui est juste exactement ce qu'il aurait dit chez Yumimi. Réfléchis bien à ce que ça implique.)
Fais bien attention à ce que tu fais de William parce que c'est un critère extrêmement sensible pour 75% du Pôle.
Personnellement, je réprouve le fait de traiter Hiroki d'immonde petit cancrelat.
Edit anonyme : Ah ouais et rappelle-moi ton avatar dans les Perles ?
C'est parce que le Kankrelat est mon monstre préféré, mais il y a un K et pas un C, et je suis Ikorih et non pas Hiroki. Aucun lien donc Edit anonyme² : Au lit sans manger -_-
Tu es mon frère, pas mon père, tu n'as pas cette autorité.
Ellana a déjà relevé les quelques coquilles orthographiques. En ce qui concerne le scénario, il part de façon peu originale, mais nous verrons bien. _________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack
Dernière édition par Ikorih le Jeu 20 Fév 2014 20:21; édité 1 fois
Inscrit le: 06 Oct 2011 Messages: 955 Localisation: Dans le monde qui est le notre, c'est à dire, l'enfer
Je n'aurai qu'une chose à dire pour commencer mon propos : Quelle mise en bouche!
Un texte construit, une mise en page qui tient bien la route, des paragraphes pas trop long, une histoire qui laisse tellement de possibilité sur le passé, le présent et le futur. Tant de questions, tant de suspens ! Quelle joie ! Quel bonheur ! C'est rare que je lise une fanfic et encore moins qu'en ce n'est pas un OS mais le titre et la courte description que tu en donnes en est très intéressante et ne m'a plus laissé le choix que de prendre le temps de lire ton texte. Et je dois dire que je n'ai pas été déçu.
Tout le reste a été dis dans les précédents posts (hors trolls, bien sur;) ) Je ne le dirai pas une fois de plus.
Dans l'attente de la suite... _________________
Merci à Kasux pour ce kit
"Mon cher XANA, si vous croyez m'impressionner avec vos [images] a deux octets vous vous fourrez l'doigt dans la webcam."
Face à l'affluence de lecteurs heureux de commenter un texte bref, j'ai décidé de revoir le calendrier, de façon à accélérer la publication de cette très courte fanfiction.
Thran :
Merci du compliment. Bien que je ne sois pas sûre que la fic soit à la hauteur de ces éloges.
Après, si tu préfères le format OS, pas étonnant que ce texte t'ait plu.
Le suspens vient surtout de ce que, pendant ce chapitre, j'ai tenté de supprimer autant que possible le point de vue de Yumi. L'exercice étant affreusement difficile, et le récit s'étoffant peu à peu, j'y ai progressivement renoncé. Le début du second chapitre sera de ce point de vue-là…une grosse claque Mais dans l'ensemble, je donne des indices et garde des surprises jusqu'à la toute fin.
Y'a peu de développements sur le passé en fait.
Ikorih :
Belgarel a écrit:
ATTENTION : il se peut que votre personnage soit présenté sous un jour peu favorable.
Voilà pour ce qui est de William. Merci de ne plus troller là-dessus Edit : Sinon, il y peut rien s'il est en serviette quand Ulrich vient l'emmerder. Honnêtement, je le voyais plus empêtré dans ses affaires que jouant les beaux gosses. Et si j'avoue que la dernière phrase est un peu "over the top", elle ne m'ennuie pas pour les mêmes raisons que toi…(Après tout, un William énervé peut bien avoir envie d'en rajouter pendant une déclaration de guerre hormonale.) Edit 2 : Ah, et aussi…
Spoiler
autant William te donnera pas envie de lire la fic, autant Ulrich, lui…
Et pour ce qui est d'Hiroki, ne pas confondre la voix de l'auteur, celle du narrateur, et les contaminations causées par la polyphonie énonciative (en l'occurrence et en français : les pensées de Yumi).
benjisop :
(Edit : même si je ne me rappelle pas trop t'avoir beaucoup connu, je me souviens bien t'avoir croisé)
Merci. J'ai aussi écrit un OS parlant de hachis parmentier depuis mon retour.
Fait amusant : j'avais initialement prévu une phrase dans mon avertissement, disant que "ce texte n'[avait] pas grand-chose à voir avec Dix ans après, si ce n'est l'auteur." En effet, mon objectif n'est pas du tout le même (y'a qu'à voir les tags).
Après, pour la grande révélation, cette fiction est surtout centrée sur Yumi. Jérémie n'est pas le personnage le plus mis en avant dans cette fiction. Globalement, il tend à plutôt rester fidèle à lui-même. Parce que trahir les personnages, c'était pas non plus un but en soi
En ce qui concerne le porno, Yukyo avait, dans le temps, écrit une fic remplie de ce qu'elle appelait du "soft lemon", que je trouvais un peu gratuit, et pas toujours très soft. J'ai pas réussi à la retrouver pour confirmer le caractère explicite de certaines scènes (elle a dû effacer le topic), mais je me souviens que les Lyoko-Guerriers avaient tous été transformés en chauds lapins
Après, ma scène n'est pas non plus une orgie
Scénario :
Comme l'ont souligné Ellana, Tyker et Ikorih, ça reste pour le moment très classique ; et, par certains aspects, ça le restera en profondeur. Oui, je sais, c'est décevant. Mais ce n'est pas parce que j'ai décidé de ne pas faire de partouze à l'Ermitage que je n'ai pas cherché à être originale ; par ailleurs, l'originalité n'est pas le critère maître en art. Ceci dit, si ça vous gêne, je serai la première personne à reconnaître que cette fic comporte des défauts.
Quant à l'hypothèse d'Ellana, sans trop spoiler et en employant des termes aussi vagues que possible, je dirai :
Spoiler
Étonnamment, Ulrich se "rapproche" peut-être plus de William que de Yumi dans cet fic. D'une certaine façon en tous cas ; et à mon sens, c'est lié à cette scène. Je salue ton intuition.
Ceci dit : "c'est peut-être de la surinterprétation."
La partie qui fait mal (Ellana, avec la participation de Tyker) – Style :
Spoiler
E1 Mademoiselle Yumi shiyama. J'ai honte d'avoir écrit ce mot. Le pire, c'est que j'ai franchement hésité. Non pas qu'il ne soit plus correct : bien qu'il ait perdu sa valeur administrative, il n'est pas prêt de sortir de l'usage. Mais parce que je supporte à 100% l'idée qu'il soit désuet, sexiste/stigmatisant – bref, qu'on doive le supprimer. Cependant, rythmiquement et en raison du ton de la première phrase, je ne veux pas le supprimer tel quel. C'est décidé, je réécris la première phrase (j'ai fait dans le flemmard).
E2 Les virgules superflues devant les conjonctions de coordination sont chez moi un tic d'écriture semblable au "Et" chez Flaubert : je ne saurais ni m'en défaire ni m'en passer. Ceci dit, ta suggestion pour ce passage me paraît bonne ; je l'applique.
E3 Le retard. Tant qu'on abuse pas du verbe "était", et je ne pense pas que ce soit mon cas, il est superficiel de contorsionner ses phrases pour en ôter la répétition. Je pourrais corriger "Il se faisait tard", mais ça ne me convainc pas. Envoie-moi un MP incendiaire si tu n'es vraiment pas d'accord.
E4 "mais ça, il n'avait pas intérêt à rappeler ces arguments". L'interjection "ça" n'est pas bienvenue. Correction : "mais ces arguments, il n'avait pas intérêt à les rappeler"
EX Marx : pas du tout. Yumi est en ES, c'est tout. Ceci dit, tu fais bien de me le rappeler : je lui dois un MP.
E5 Coquille corrigée.
E6 Blanc et blanche. J'ai hésité, mais je pense que je vais garder la répétition. En revanche, je corrige "Rien que de se tenir" > "Rien qu'en se tenant"
E7 "Déjà, avant qu'il vienne sur Lyoko, je sentais qu'on peut pas lui faire confiance." : présent de vérité générale. MP pour râler débattre.
E8 Je choisis le beau milieu pour le beau ténébreux.
T1 "rester éternellement insensible à l'[ardente flamme]..."
Tyker :l'expert pornographe. Lire la première phrase de cet article
Ellana : Oui, la dernière scène du chapitre 1 est un flash-back. Le procédé restera globalement rare.
Merci pour toutes ces remarques. Moi, plutôt que le passage "Menteur…menteuse", j'aime la phrase "Ulrich Stern n'avait rien perdu de la scène."
Pour la phrase "Pas plus que lui", tu es plus fine analyste que moi ; mais tu as parfaitement raison.
Edit : personne ne m'a reproché le fait que Yumi grignotte des toasts (avec parfois beurre ou confiture) au petit-déjeuner. Ce défaut, je l'ai constaté une fois la fic écrite, et je n'ai pas su comment le corriger. Ceci dit, ça n'a dérangé personne… _________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Intéressant, je vais suivre ça de près. Bon courage ! _________________
"La sévérité prévient plus de fautes qu'elle n'en réprime." - Napoléon Bonaparte
"L’élévation d’un homme au-dessus des autres ne se justifie que s’il apporte à la tâche commune l’impulsion et la garantie du caractère." - Charles de Gaulle
Note : les chapitres 2 et 3 sont vraiment très courts ; et tandis que le chapitre 3 fait vraiment avancer l'action (enfin !), le chapitre 2 est plutôt…immobile. J'espère que vous m'en excuserez.
Avertissement (bis)
La première section de cette partie, bien qu'elle ne se résume pas à ça, est constituée essentiellement de lemon, avec du vocabulaire explicite et spécialement cru. Si vous ne savez pas ce que c'est que le lemon, considérez ceci : la curiosité est un vilain défaut, et Dieu a dit qu'on avait le droit de manger de tout, sauf du citron. Vous êtes prévenus.
Certains me reprocheront : "ben quoi, c'est ça ton porno" ? Ben ouais, moi je considère que c'est du porno.
En attendant, je conseille aux prudes, pudibond⋅e⋅s et autres bigots de dérouler le spoiler ci-dessous résumant cette scène, avant de reprendre à partir de « Tout avait commencé à se détériorer (…) »
Spoiler
Tombée par hasard sur un livre pornographique, Yumi se met à se masturber. Progressivement, ses fantasmes, qui représentaient les personnages du roman, dévient vers l'image d'une relation entre elle et Ulrich. À noter qu'elle s'imagine plutôt passive dans la relation en question.
Mais lorsqu'elle se rend compte qu'elle est en train de penser à son samouraï, Yumi sent toute excitation disparaître. En dépit de ses efforts, elle n'atteint pas l'orgasme.
2 – Faim
Spoiler
Allongée sur son matelas, Yumi tournait les pages d'un roman historique avec un étonnement grandissant. Si elle s'était attendue à trouver ce genre de pages dans un roman du CDI ! Elle déglutit. Ce rappel de son corps attira son attention sur ses propres réactions. Sa production de salive avait peut-être augmenté ; il lui semblait qu'elle respirait plus vite, elle avait chaud. Presque par réflexe, elle passa une main sous sa jupe, entre ses cuisses, et la ramena sous son nez. Le résultat n'était pas encore satisfaisant.
Elle replongea aussitôt les yeux sur l'ouvrage interdit. La lente exploration d'un corps féminin brûlant de sensations presque douloureuses laissa place à une majestueuse description du vît masculin. Oh, rien qui permît de se le représenter clairement, juste une série de métaphores géographiques et gustatives, entrecoupées d'adjectifs qui accentuaient le caractère puissant et excitant de l'appendice sexuel. Mais c'était toujours plus appétissant qu'une photographie en gros plan.
Ayla riait en prenant dans sa bouche le sexe de son compagnon. Puis elle se délectait de son contact avec sa langue, son palais, et le fond de sa gorge ; elle trouvait même un plaisir étrange à forcer son corps, si fièrement féminin, à accueillir, le plus longtemps possible, cet élément étrange, ce morceau de chair palpitant, à l'intérieur d'elle-même. En quelques secondes, un torrent de salive lubrifia l'instrument.
Yumi s'imaginait à la place de l'héroïne, léchant et astiquant le membre viril, et en retirant le même plaisir, la même excitation qu'Arya. Avec un sourire, elle glissa son index droit entre ses lèvres, comme pour retrouver les sensations que pouvait ressentir Arya. Une fois disparu le goût familier de son doigt, elle commença à le caresser de sa langue, à le plaquer contre son palais, et à le sucer doucement, avec de lents mouvements de va-et-vient. Malheureusement, la forme du doigt, sa taille, ses articulations, les plis des jointures, tout était imparfait, tout rappelait la supercherie, et la sortait du fantasme. Elle sauta quelques paragraphes.
Jondalar caressait les seins d'Ayla, les malaxait doucement, étirait les tétons sensibles. Inconsciemment, Yumi voulut expérimenter, elle aussi, les mains audacieuses de Jondalar. Il dégrafa son soutien-gorge avec passion, et se mit à presser, malaxer, caresser sa poitrine, en pinçant doucement les extrémités durcies de ses seins, ou en les frottant de la paume de sa main. Mais bientôt, constatant que sa partenaire répondait assez peu à ces stimulations, il la renversa sur le dos, et, d'un geste brusque et impatient, il lui ôta bas et jupe. Se retenant de goûter au plaisir des yeux, il effleura le tissu moite de la culotte, pinçant légèrement les lèvres du sexe humide à travers le vêtement.
Yumi gémit. Elle allait se donner à Jondalar ! Pour sa…première fois. C'était sûrement la première fois de Jondalar, aussi. Il devait être aussi ému qu'elle. Elle se représenta son propre corps à demi nu, allongé sur le futon, devant lui – sous lui – ; ainsi que son propre visage, qui lui envoyait un regard doux, confiant, une expression extatique…Qu'allait-il faire ensuite ? Anxieusement, Yumi reprit le bouquin qu'elle avait délaissé lorsque Jondalar l'avait allongée sur le dos, et rechercha la page.
Quelle andouille ! Il passait dix minutes autour des seins et du nombril, ou quoi ? Vexée, elle survola les paragraphes en diagonale jusqu'à trouver ce qu'elle voulait. Un langoureux, délicat et interminable cunnilingus. Elle finit par ôter sa culotte, trempée de cyprine, pour apprécier directement le contact des muqueuses avec la chair lubrifiée de ses doigts. S'offrant aux yeux marrons de Jondalar, elle écarta les chairs, les tira, les effleura, le contracta et les frotta, imaginant entre ses cuisses le visage de Jondalar qui embrassait amoureusement ses parties intimes…Bientôt, ses doigts mouillés allaient s'aventurer à l'intérieur de son vagin, caressant les parois, pressant vers le bas ou remontant vers le clitoris, qu'elle pourrait stimuler par-dessous, comme le ferait une langue…
Soudain, un doute affreux la saisit. Le Jondalar qu'elle avait sous les yeux avait les yeux marrons et les cheveux bruns. Mais elle se souvenait très bien, pour avoir rectifié son erreur à plusieurs reprises, que Jondalar avait les yeux bleus et qu'il était blond !
« Tant pis, aurait-elle pu se dire. J'invente le personnage qui me plaît, et voilà tout. »
Sauf que chaque fois qu'elle se laissait aller, le beau, le séduisant Jondalar retrouvait sa peau pâle et ses cheveux bruns. Aucun doute n'était possible. Même son corps n'était pas celui du grand et body-builder bronzé aux muscles saillants contre lequel se serrait Ayla ; plus petit, plus pâle, glabre…
Yumi frissonna. De plaisir ou de peur, elle n'aurait su le dire.
La jeune adolescente continuait machinalement de remuer doucement deux doigts à l'entrée de son vagin. Elle ne pensait plus à Jondalar. Non, inutile de lui laisser ce masque-là, désormais.
Elle envisageait de s'arrêter. Pourtant, elle avait passé un moment parfaitement agréable jusque-là, et elle n'avait même pas atteint l'orgasme !…D'un autre côté, usurper ainsi l'image de celui auquel elle interdisait toute tentative de séduction, utiliser son corps, sa personne, comme un fantasme, c'était…
Ses réflexions en étaient là quand soudain, une contraction convulsive des parfois du vagin lui fit comme une espèce de décharge électrique. La sensibilité de ses parties génitales semble d'un coup décuplée, et de nouvelles coulée de cyprine étayent l'appel de ce creux au fond de son ventre…
Et puis merde ! Est-ce qu'elle n'avait pas le droit de faire ce qu'elle voulait dans sa propre tête ? C'était un fantasme, ça n'avait rien à voir avec le monde réel ! Dans le monde réel, la perspective d'une relation avec Ulrich la terrifiait, car la situation était devenue trop malsaine, et leurs humeurs étaient trop instables, trop changeantes : inévitablement, s'ils se rapprochaient, ils finiraient par se blesser l'un l'autre. Mais dans ses fantasmes, quelle importance cela avait ? Ce n'était pas comme si elle allait faire du mal à quelqu'un ! Elle devait arrêter de culpabiliser.
Par habitude inconsciente, elle extirpa les deux doigts de son vagin et les porta à sa bouche pour les goûter. Sans doute avait-elle un jour vu ça dans une vidéo porno sur internet, mais elle ne s'en souvenait plus. Pour l'instant, elle se concentrait sur la réplique qu'elle allait dire. Qu'elle allait oser dire, enfin…
Elle se réajusta sur le matelas dont les draps plissés sentaient la sueur. Elle écarta les jambes. À nouveau, Ulrich se tenait à genoux devant elle, prêt à la couvrir et à la pénétrer. Leurs corps allaient se frotter l'un contre l'autre, leurs mains et leurs bouches s'uniraient. Il se penchait sur elle, et de nouveau les lèvres de Yumi s'écartèrent sous la douce poussée de la chair. Elle l'entendait répéter son nom : « Yumi, Yumi… », tout devenait de plus en plus flou, elle soupirait, grognait, gémissait…
— Ulrich…Oh, Ulrich…
La cadence s'accélérait, ses mouvements se faisaient plus amples, plus violents, plus diversifiés, elle soupirait de plus en plus vite, mais le plaisir ne venait pas. Elle répétait encore et encore son nom, tandis que les échos de son imagination lui renvoyaient la voix entêtante de son amant ; mais c'était comme si le désir retombait. Paniquée, elle prit conscience de cette baisse de libido. Elle voulait son orgasme ! elle voulait pouvoir le dire au moment où son corps, secoué de frissons sauvages, séparerait son esprit dément de tout sens de la réalité – à ce moment où, folle parmi les folles, la grâce la toucherait, et où elle pourrait se délester de ce mensonge qui l'avait rongée ces dernières années. Elle voulait pouvoir déclarer un amour mort à cette parodie d'illusion, afin de retourner purgée, sauvée, dans le quotidien gris des mensonges.
Mais son corps n'était plus excité. Les bords du vagin, quoique lubrifiés, ne procuraient plus aucune sensation agréable et se durcissaient petit à petit. Elle retira ses doigts, car ils commençaient à devenir pénibles. Elle se débattit un moment contre son clitoris insensible et fatigué, mais ça devint un petit peu douloureux ; et dans sa détresse, elle inventait cent autres fantasmes à poursuivre, mais plus aucun n'obtenait de réponse dans son corps, et ceux où n'était pas le tendre Ulrich, elle ne les tentait qu'à contre-cœur. Désespérée, elle tenta même de déterrer des sentiments sympathiques pour William, en espérant de toute son âme que la perversité réussirait à raviver ses sens…Pas le moindre résultat.
Pourquoi s'était-elle acharnée aussi longtemps ? Ça ne servait à rien. La cyprine avait séché sur ses doigts, elle n'était plus du tout excitée. Tout avait commencé à se détériorer au moment où elle s'était rendue compte qu'elle fantasmait sur Ulrich. Parce qu'elle savait très bien qu'elle n'avait pas le droit de le désirer ou de l'aimer. Pas après la décision qu'ils avaient prise.
Elle se sentait sale. Au fond de ses entrailles, elle sentait le poids du cadavre de ce désir passionné qu'elle avait ressenti, sans parvenir à libérer. Son sexe comme sa gorge s'étaient refermés, l'emprisonnant dans sa chair après l'avoir consciemment fait grandir.
Comment penser qu'un tel poids en elle demeurerait invisible ? Terrifiée, elle se figurait le regard des autres découvrant ce secret. Après tout ce qu'elle avait fait souffrir…continuait de faire souffrir à Ulrich ! Elle était sûre qu'une émotion de dégoût les traverserait tous si ce désir devait être révélé. Oh, bien sûr, Aelita le masquerait et se montrerait compatissante ; Odd ferait l'andouille et chercherait à la décomplexer ; quant à Jérémie, il ne pouvait pas comprendre. Mais au fond d'eux-mêmes, ils seraient dégoûtés.
Quant à Ulrich, s'il venait à découvrir ça…ce serait probablement la pire des choses possibles. Il penserait qu'elle était amoureuse de lui. Or, c'était impossible qu'elle le soit, car Ulrich était jaloux, sombre, renfermé, mystérieux…mais surtout, si jamais ils devaient sortir ensemble – son cœur s'accéléra à cette idée – ce serait la relation amoureuse la plus destructrice de tous les temps ! Lui et elle, ils ne pouvaient que se faire souffrir l'un l'autre.
« Ulrich… » Sa phrase restait inachevée. Bien entendu, elle ne pouvait pas crier : « Ulrich, je t'aime ! » comme elle en avait eu l'intention. Elle n'en avait même plus envie. La seule chose qu'elle espérait, c'était…
— Ulrich…Quand est-ce que ce sera fini ?
* * *
Elle n'avait pas faim. Sa gorge serrée ne laissait passer les aliments que lentement, et ils s'entassaient dans son œsophage sans vraiment donner l'impression de descendre. Même le bouillon brûlant du râmen lui semblait si épais et solide qu'il traînait au fond de sa bouche au lieu de couler dans son estomac. Après tout, comment reprocher à ces aliments de ne pas se laisser avaler, si même du liquide n'y arrivait pas ? Sans doute son corps était-il trop plein, tout simplement.
— Tu n'as pas faim, Yumi ? demanda son père. Tu as à peine touché à ton bol.
Ce n'était pas une hyperbole. Et pourtant, Yumi n'avait pas l'impression de pouvoir manger plus que ça.
C'est alors qu'Hiroki, avec un sourire vicieux, lança une vieille blague qu'il n'avait plus faite depuis des mois :
— Ooooh, Ulrich, oui Ulrich, mon amouûûr !
Yumi pâlit violemment, sentant se retourner au fond d'elle-même le cadavre du désir interdit. Elle se leva en chancelant, s'excusa, une main sur la gorge, et prit congé.
Lorsqu'elle revint à table, un peu plus tard, elle semblait aller mieux et souriait un peu. Elle déclara en s'asseyant, évitant de regarder son frère :
— Je crois que je suis un peu malade. Je vais juste boire un peu d'eau.
Yumi remplit à moitié son verre et y trempa les lèvres. Elle grimaça. Elle reprit la carafe et remplit le verre à ras-bord. Elle le vida à grandes gorgées, et s'en servit un deuxième, identique.
— Pas question, dit-elle pour répondre à une demande de sa mère. Il paraît qu'Hiroki n'écoute jamais rien en cours de maths.
Elle plongea la cuiller dans son bol de râmen pour récupérer un peu de bouillon. La saveur du liquide chaud lui permit d'oublier l'acidité des verres d'eau précédents, mais elle n'avait toujours pas faim.
* * *
Une odeur moite et stagnante flottait dans sa chambre. Bien qu'elle eût déjà froid puisqu'elle sortait du bain, la jeune fille ouvrit grand la fenêtre. Un peu de neige rentrerait, mais ce n'était pas grave. Il fallait qu'elle se débarrasse de cette odeur.
Elle tourna son regard vers le lit. Sur les draps plissés et les couvertures en désordre, elle aperçut le livre. Elle le prit et le regarda un moment. Puis elle le mit dans son sac et jura qu'après son retour au CDI, elle s'arrangerait pour qu'il ne revoie plus jamais la lumière du jour.
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Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Lun 24 Fév 2014 00:48; édité 1 fois
Inscrit le: 06 Oct 2011 Messages: 955 Localisation: Dans le monde qui est le notre, c'est à dire, l'enfer
Bon, pour une fois, je suis le premier et donc : A moi la liberté de jouer des rouages de ton texte.
Commençons par le commencement ! Tu prévois deux accès au texte : un pudique pour les personnes sensibles et pudiques et un autre, plus osé pour ceux qui seront plus à même (âge, courage, volonté...) de le lire.
Je ne m'atarderais pas sur le mode 1 qui est bien trop court pour que je fasse un commentaire sur lui seul et commenterai le mode le plus long dans ce spoïler afin de garder la pudeur apparente sur ton sujet :
Spoiler
Citation:
Allongée sur son matelas, Yumi tournait les pages d'un roman historique avec un étonnement grandissant. Si elle s'était attendue à trouver ce genre de pages dans un roman du CDI !
En effet, je me trouve dans la même situation de Yumi et je trouve que c'est une excuse trop bateau pour être accordée. Surtout que l'on ne sait pas si Yumi est majeure (ce que l'on peut supposer). Je pense que l'excuse de la librairie en espace adulte par exemple serait plus viable mais bon... Chacun ses choix pour faire rentrer dans une histoire telle que la tienne (ce qui n'est jamais facile).
Citation:
Sa production de salive avait peut-être augmenté ; il lui semblait qu'elle respirait plus vite, elle avait chaud. Presque par réflexe, elle passa une main sous sa jupe, entre ses cuisses, et la ramena sous son nez. Le résultat n'était pas encore satisfaisant.
Un léger début de porno très pudique, c'est agréable plutôt que d'avoir un texte qui rentre tout de suite dans le vif du sujet. Néanmoins, j'aurai fusionné tes deux premiers chapitres en un seul (avec par exemple, l'usage de ce symbole que je déteste lors du travail de mise en page : * * * bien que tu l'utilise pour séparer les moments de ton texte ou avec le système des parties/paragraphes, bien qu'il soit difficile à mettre en oeuvre)
Je ne vais pas par la suite citer tout le passage sur l'évocation du sexe masculin avec simplicité et sobriété sans non plus donner de détails ce qui laisse un certain respect du lecteur. Je noterai également ici même que les allusions intimes sont sobres et permettent ainsi au lecteur de ne pas trop être dégoutté par sa lecture qui peut vite devenir excessive. Tout le monde peut ainsi si retrouver, fille comme garçon. En effet, les unes peuvent s'imaginer dans la même situation que Yumi (un peu eau de rose) et les autres dans leur côté plus bestial (on se comprendra tous je pense). Je finirai en disant que tu arrives même à dire des choses directement sans que cela soit choquant en utilisant des termes scientifiques comme la "cyprine" au lieu de dire directement de quoi il s'agit Continue Ainsi (CA) !
Citation:
Yumi s'imaginait à la place de l'héroïne[Ayla]
et d'Ulrich dans l'autre personnage est un mécanisme qui fonctionne généralement bien dans les quelques textes que je lis et je vois ici encore que cela fonctionne et que tu as su l'utiliser très progressivement (plus rare : CA) bien que certains indices permettaient de deviner qu'il s'agissait de l'un de deux personnages principaux (Ulrich/William) sans vraiment pouvoir savoir duquel il s'agissait.
Le reste étant hors de la partie interdite, je repasse en mode "tous publics".
On peut en effet se demander pourquoi la relation avec Ulrich serait difficile. Quelle décision a été prise? (peut-être le "on est copains et puis c'est tout" d'apparence car on sait très bien qu'ils sont toujours plus ou moins ensemble sans se le dire). Pourquoi leur amour serait destructeur ?
Autant de questions qui sont en suspens et qui sont pourtant si intéressante. J'espère vraiment que ta fic, tout en continuant avec son petit côté osé et curieux de ce point de vue *passe 30 secondes en mode prévention* où la prévention est vraiment nécessaire chez les plus jeunes (Sortez couverts) *fin du mode prévention*, répondra plus ou moins directement à ses questions.
Bien sur, quelques points noirs sont à signaler bien qu'ils n'aient pas fait saigner mes yeux dès la première lecture.
On notera notamment l'usage de peu de synonymes pour certains éléments/personnage (Ulrich à tout va, ça va 5 minutes, d'autres allusions sont possibles par exemple) ainsi que le léger défaut de présentation que je hais en permanence : pourquoi foutre 5 astérisques pour séparer un paragraphe? C'est lourd, beaucoup trop lourd ! Aussi lourd qu'un éléphant enceinte. Trois bien espacées suffisent. (Par exemple, * * * ).
Avant de conclure, je tenais à te dire que je préfère deux courts chapitres à un très long et illisible à cause du surplus d'information ou de manque de temps pour les gens pressés comme moi
Je conclurais néanmoins dans l'attente de la suite de cette excellente fiction qui a tout pour être un des bijoux de notre communauté.
*repart en vitesse avant d'être en retard à son heure de conduite, ce commentaire que je n'ai pas voulu faire à la va-vite et son repas ne lui permettant pas de perdre une minute de plus* _________________
Merci à Kasux pour ce kit
"Mon cher XANA, si vous croyez m'impressionner avec vos [images] a deux octets vous vous fourrez l'doigt dans la webcam."
Tiens, Kerian a repris son vieux pack ^^ Bah, tant que ça reste un Empereur qui déchire…
Thran :
Spoiler
Crois-le ou non, en ce qui concerne le bouquin, c'est du vécu (même si j'ai lu la saga avant de la trouver dans un CDI). Ceci dit, ce n'était pas un livre porno à proprement parler : seule une vingtaine de page par tomes décrit une action sexuelle (à l'exception du tome 1).
Concernant les points noirs que tu soulèves, je reviens à trois astérisques si ça te gêne (oui, je sais pas pourquoi j'étais passé de trois à cinq…)
En ce qui concerne la répétition des prénoms, c'est un défaut que je ne peux pas éviter dans ce texte. Car Yumi est Yumi, et Ulrich est Ulrich ; j'en ai marre des "samouaïs virtuels" hors de propos, des "beaux bruns" et des "geishas" ou autres "japonaises" acrobatiques. Dans cette fiction, le nombre de périphrases valables est affreusement restreint, et en contexte, souvent nul. Mais je tenterai des corrections, à l'occasion.
Place au chapitre 3 !
_______
3 – Fête
Spoiler
— Oui, mais il m'a offert une écharpe pour se faire pardonner, annonça gaiement Aelita. Alors, je lui pardonne !
— Elle te va vraiment bien, approuva Yumi en admirant le tissu enroulé autour du cou de son amie. On dirait qu'elle a été faite pour toi ; tu devrais porter plus de vert.
— Ah bon, c'est pas une guirlande pour le sapin ? commenta Odd d'un air moqueur.
— Mon très cher Odd, une guirlande verte sur un sapin vert, ça ne se voit pas, fit remarquer Jérémie d'un air vexé.
Un petit rire parcourut l'assistance. Odd s'était récemment piqué d'apprendre à Jérémie tout ce qu'il savait sur la mode ; c'était ce qu'on appelle un renvoi d'ascenseur. Stoïque, le jeune homme haussa les épaules et reprit son activité favorite, c'est-à-dire piquer de la fourchette dans l'assiette de ses voisins.
— Et toi, Odd, avec qui tu y vas ? demanda Aelita, reprenant la discussion.
— Pourquoi tu poses la question ? Avec Sissi, bien sûr.
— On ne sait jamais avec toi, le charria Ulrich.
— Et toi, Ulrich ? demanda William.
Un silence gêné suivit cette question.
— Je pourrais te retour…
Mais Jérémie, ignorant la réplique ironique d'Ulrich, prit soudain les devants :
— C'est quoi ton problème ?
Le jeune homme s'était levé pour plonger un regard froid dans les yeux de l'élément perturbateur du groupe. La bande s'était figée. La fourchette d'Odd restait suspendue dans le vide au-dessus de l'assiette de Yumi.
William soutenait calmement le regard du petit blondinet.
— Jérémie…
— Non, Aelita, ça suffit ! On en a tous marre ! Chacun de nous a fait ce qu'il a pu, chacun de nous a fait des efforts, et chacun de nous lui a laissé plus de chances qu'il n'en mérite. Mais William ne cherche pas à devenir notre ami. Il cherche à foutre le bazar. On ne peut plus tolérer ça.
« C'est lui, ou moi.
Depuis la fin de Lyoko, l'informaticien génial avait beaucoup perdu de son statut de leader du groupe. Néanmoins, en l'entendant parler ainsi, Yumi comprit qu'il n'y avait que lui qui pouvait déclencher ce genre de putsch. La jeune fille laissa s'écouler quelques secondes pour donner plus de poids à la dernière phrase de son ami, puis s'adossa à sa chaise et déclara :
— Au revoir, William.
— Je suis d'accord, renchérit Ulrich.
Autre silence. Aelita gardait les yeux baissés sur son plateau. Odd, mal à l'aise, affectait de vider l'assiette de sa voisine sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui et évitait soigneusement d'exprimer la moindre opinion. Il ne s'agissait pas d'un vote ; mais trois avis catégoriques contre la présence de William, c'était effectif : William ne faisait pas partie du « groupe »
— Je vois, dit William en se levant calmement, son plateau-repas entre les mains.
Et il s'en alla naturellement, comme si de rien n'était, s'asseoir quelques tables plus loin, parmi d'autres élèves de première S.
— T'étais pas obligé d'aller aussi loin, reprocha Aelita à Jérémie une fois qu'il fut hors de portée.
— C'est pas comme s'il avait été tout seul à décider ça, le défendit Ulrich.
— Ce type n'arrêtait pas de leur marcher sur les pieds ! ajouta Jérémie. Et à nous aussi, par la même occasion.
— Il faisait des efforts.
— Il ne faisait aucun effort !
— C'est pas ce que tu m'as dit hier.
— D'accord, quand y'a pas Ulrich, il y a des fois où il est cool, drôle, sympa. Mais il finit toujours par lancer une pique ou créer un malaise. Il veut se venger.
— Je suis sûre qu'il le fait pas exprès…
— Dis, Aelita », intervint Yumi. Elle marqua une pause et planta son regard droit dans celui de son amie, pour articuler impitoyablement : « Je ne sais pas non plus avec qui aller à la soirée de jeudi. Ça te dirait que j'y aille avec toi et Ulrich, entre amis ? »
Derrière elle, Ulrich tressaillit. La question de Yumi, prononcée sur un ton appuyé et d'une voix grave, était toute aussi lourde de sous-entendus que celle de William. Elle venait, avec une froideur métallique, de retourner dans la plaie le couteau que William avait planté. Jérémie lui lança un regard noir, et Odd marqua vivement son incompréhension. Mais elle savait qu'Ulrich comprenait pourquoi elle faisait ça. Il fallait qu'Aelita cesse de s'aveugler sur la méchanceté de William avant que la situation ne s'envenime davantage. Il fallait également soutenir la décision que Jérémie avait prise, car la dernière chose dont le groupe avait besoin maintenant, c'était d'une dispute entre ceux qui s'entendaient le mieux.
Après un moment de silence stupéfait, Aelita accepta la proposition de Yumi. Mais c'en était fait, elle resta pensive et silencieuse jusqu'à la fin du repas.
— Au passage, Odd, merci, c'était sympa, ironisa Ulrich.
— Ben quoi, qu'est-ce que tu voulais que je dise ? se défendit l'interpellé.
— Oh, j'en sais rien, moi, qui est-ce qui disait : « Faudrait que quelqu'un lui donne une bonne leçon » jeudi dernier ?
— Tu sais bien que Sissi s'entend avec William, mec, murmura Odd d'un air penaud.
— Mouais. En attendant, sympa le copain.
— Tout à fait, rétorqua l'autre avec sérieux. Je suis le copain de Sissi.
* * *
Le jeudi 30 novembre, à 19h43, le nouveau domicile familial de Romain Le Goff, élève de seconde, était le champ de bataille de pas moins de cinquante-trois lycéens. Certains luttaient pour coloniser les positions stratégiques de la cuisine ou du buffet, ou gagner le contrôle de la liste de lecture, tandis que d'autres cherchaient à donner le pas sur la piste de danse dans le salon. Monsieur Le Goff lui-même, posté devant sa maison, commençait sa soirée en enchaînant avec ses copains les cigarettes, agrémentées de quelques gorgées de soda. Il en profitait pour accueillir les invités, afin de s'assurer que les vivres ne manqueraient pas ; tous ceux qui faillaient à leurs promesses ou débarquaient à l'improviste les mains vides se voyaient gracieusement octroyer l'occasion de rectifier leurs torts en allant faire une commission dans une supérette avoisinante. Enfin, à 20 minutes de marche.
Lorsque Yumi, Aelita et Ulrich arrivèrent à cette espèce de douane, la fête commençait à prendre. Un relatif consensus s'était établi autour du style de musique, les premiers danseurs tentaient de remuer la foule, et les canettes de bière ouvertes se multipliaient à l'intérieur de la maison. Les invités montrèrent leurs offrandes, parmi lesquelles, denrée rare, une bouteille de vodka ; mais alors qu'ils s'apprêtaient à entrer, un des amis de Romain les arrêta :
— Attendez, vous n'avez pas la participation d'Odd ?
— Comment ça ? s'étonna Aelita.
— Il a dit qu'il vous l'avait confiée, expliqua Romain avec un petit sourire entendu.
— Nous n'avons pas les mêmes informations, déclara Ulrich.
— Alors on fait quoi ? demanda l'ami de Romain. On va chercher Odd ?
— Bah, son histoire de participation, j'y croyais qu'à moitié, confia l'organisateur d'un air amusé. Mais bon, Odd à une soirée, c'est déjà une participation en soi.
— Et un sérieux coût aussi ! renchérit un autre des potes de Romain. On envoie Sissi ?
— Si tu as le courage, rétorqua Romain.
— Si j'ai bien compris, c'est à moi d'y aller, conclut Ulrich.
— Bien sûr que non ! s'indigna Romain. Je ferme les yeux, c'est tout. Rentre et profite, vieux.
— Je pense que je vais quand même y aller…Un peu d'air frais me fera du bien. À toutes, ajouta-t-il pour signifier leur congé aux filles.
À l'occasion de cette fête, Yumi et Aelita s'étaient amusées à un loisir rare : expérimenter des choses nouvelles en matière de vêtements, de coiffure ou de bijoux. Mais la touche finale, le bonus absolu, c'était leur maquillage. Ce n'était pas une tentative grossière et surchargée d'avoir l'air adulte : elles s'étaient entraînées, elles avaient regardé des tutos, et elles avaient même reçu l'aide de la mère de Yumi, si bien qu'elles étaient sûres de leur résultat. Ce soir, elles étaient méconnaissables.
Mais ce qui n'avait été qu'un jeu était devenu un problème lorsqu'Ulrich était arrivé au rendez-vous rue du Guet, pour les accompagner à la soirée. Son humeur s'était imperceptiblement refroidie, et son regard l'avait trahi à plusieurs reprises : Yumi était très séduisante. Quant à cette dernière, elle s'en voulait de ne pas avoir prévu le coup et d'avoir imposé cette épreuve à Ulrich. Sans doute était-ce pour cela qu'il avait décidé de passer trois quarts d'heure à jouer les garçons de courses.
À l'intérieur, l'ambiance était au rendez-vous, ! Elles oublièrent assez vite ce trajet peu joyeux. Elles trouvèrent Odd en train de reconstituer sur une table une scène de comédie musicale avec Sissi. Cette dernière écarquilla des yeux jaloux en découvrant les prouesses cosmétiques de ses deux amies, et prit le parti de demander une invitation à d'autres séances du même type, en insistant exagérément sur le fait qu'elle souhaitait leur donner des conseils, non en recevoir.
Ce soir-là, de hauts faits d'armes furent accomplis et s'enchaînèrent sans trêve ni lien.
– Paul remporta un concours d'expériences culinaires grâce à son œuf au chocolat, que seuls les braves goûtèrent ;
– Sissi, Odd, Priscilla, Kinger, Romain, Paul et Théo présentèrent un spectacle hilarant mettant en scène des profs en situation de survie sur une île déserte ;
– On écrivit une lettre d'insultes au Père Noël et on l'envoya à Jim ;
– Jibé lança un jeu à boire extrêmement efficace ;
– Émilie dut draguer passionnément une plante pour pouvoir se retirer du jeu à boire ;
– Ulrich battit William en finale d'un tournoi de bras de fer ;
– Sissi, Aelita et Christophe lancèrent un karaoké sur le thème : tubes de l'été dans les années 80 ;
– Yumi fit l'admiration de tous en vidant d'une traite un grand verre où on avait mélangé scotch, whisky, vodka, redbull et bière ;
– Romain, en pyjama, mit au point une chorégraphie à base de brossage de dents sur I love Rock'n'Roll.
* * *
À minuit quarante, le gros des troupes était encore là, mais l'ambiance s'était calmée. Quelques camarades s'étaient endormis dans des recoins parfois improbables.
Yumi, chancelante dans un étrange sentiment d'irréalité tête cotonneuse revenait, des toilettes vers la cuisine, semant sur son chemin des à peu près carrés de papier rose parce qu'on lui avait dit que ça fait pousser des arbres et que ça l'avait fait rigoler. Mais elle riait plus…
Arrivée à la cuisine, William était là. Il y avait une musique de guitare parce que quelqu'un jouait de la guitare.
— Salut Yumi…Je te sers quelque chose ?
— Verre d'eau, glaireusa-t-elle. 'ci.
— Y'a pas de quoi.
Au lieu d'avaler la grosse gorgée comme elle avait fait il y a cinq jours plus tôt, elle cracha dans l'évier. Plof ! C'était mieux de cracher l'eau que d'avaler. Mais l'eau, ça suffisait pas, elle savait bien ça…Elle essaya de prendre les canettes de bières, mais elles étaient vides, puis elle en fit tomber.
— Tiens, lui proposa William.
Il lui donnait une canette et elle était fraîche ! Yumi pensa qu'il aurait pu se vexer quand elle avait craché l'eau, mais il s'était pas vexé, mais il était resté gentil…
Elle avala de travers et toussota, aussitôt il vint très vite près d'elle et il donna sur le dos de grandes, grandes tapes jusqu'à ce qu'elle toussote plus.
— Ça va, Yumi ?
William, il était inquiet pour elle. Il lui demandait si elle allait bien et personne lui demandait jamais si elle allait bien. Elle pensa que William était simple et gentil sauf quand il y a Ulrich. Comment ça aurait été si elle avait été amoureuse de William ? Non, c'était pas vrai, il y aurait aussi eu des problèmes parce que William, il était posse…possesseur et pas gentil parfois, quand il était vraiment pas heureux. Mais au moins il était pas Ulrich car lui et elle ils se détruisaient pas, l'un l'autre. Ulrich…
— Ça va, répondit-elle sans y penser. Mais tu sais, dans la vie, quand tu crois que tu as quéqu'chose de bien qui t'arrive, en fait, t'as rien, rien du tout pasque si tu fais tout mal…du coup, tu auras quéqu'chose de mal.
— Mais toi, tu fais jamais rien de mal, Yumi.
— T'as peut-être raison. Alors pourquoi ça va pas bien ?
— Peut-être qu'il t'arrive rien de bien, en fait.
Yumi resta pensive. C'était vraiment gentil ce qu'il disait, William. C'est comme si il la consolait.
— Yumi, tu es très belle ce soir. Super sexy.
Le compliment la fit rougir ; elle laissa échapper un rire nerveux.
— Tu vas pas me draguer, joli gœur ? Toi et moi, on est juste copains, c'est tout. Ouais, juste copains. Pis même, t'es pu avec nous…
— Non. J'ai renoncé, Yumi. J'ai renoncé à toi.
— Oh ? fit-elle, touchée par sa tristesse apparente.
— Alors j'aimerais…pour la fin de notre histoire, j'aimerais que tu me donnes un cadeau d'adieu.
— Un cadeau…Woops ! Haa haa ha…
Yumi venait de trébucher dans les escaliers ; elle avait fait tomber sa canette de bière, que William redressa promptement, avant de l'aider à se relever. Yumi riait de ce qu'elle ne tenait plus debout, qu'elle était pitoyable.
— T'es…t'es gzentil William…Après tout ce que je t'ai fait…pourquoi qu'est-ce qu'on était en colère contre toi, déjà ?
— Ça n'a plus d'importance, Yumi, répondit William d'une voix émue, presque étranglée.
Yumi était assise sur un lit, le regard vide. Elle était sans doute incapable de se rendre compte qu'il était moelleux, mais elle n'avait plus à bouger et elle avait sommeil, alors c'était une bonne chose. William, seul dans la chambre, à côté d'elle, s'assit et la regarda tendrement.
— Donc, comme cadeau d'adieu…
— Un cadeau ? Aah oui m'en souviens c'est vrai…
— J'aimerais que tu me laisses te donner un baiser. Un simple baiser, et puis c'est tout.
— Un baiser ?
Yumi émit un petit gloussement. Ses joues, rosées, devinrent rouge vif. Son front vira au cramoisi.
— Oui, un baiser.
— Mais on est pas…on est pas ensemble, si ?
— Non, c'est juste physique. Pour que l'histoire ait une jolie fin.
— Physique ?
— Oui. Ton problème, Yumi, c'est que tu réfléchis trop. Avec toi, tout devient compliqué. Pour une fois, laisse parler ton corps ! Tu es plus sexy que jamais, et tu m'as déjà dit que j'étais un joli cœur. Qu'est-ce que tu as envie de faire ?
Yumi semblaient perdue. Son regard balaya lentement la pièce, puis revint à William, assis sur le lit à côté d'elle. Il avait passé son bras droit autour de sa taille pour l'empêcher de chanceler, et sa main gauche venait ramasser celle de Yumi. Il avait l'air vraiment inquiet pour elle.
— Je…Je sais pas, dit-elle enfin.
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Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Je ne sais pas trop ce qui s'est passé, mais apparemment, à un moment j'ai édité, et une parfaite copie du chapitre 5 est apparue ici.
Vu la place centrale de ce chapitre dans la fic, c'était clairement un problème mineur…Merci tout de même à Zéphyr de m'avoir signalé ça ^^"
Et je crois me souvenir que c'était Pikamaniaque qui m'avait débloquée, donc merci à lui aussi.
4 – Retour vers le Passé
Spoiler
Elle aurait voulu disparaître. Que personne ne la regarde plus. À chaque instant, elle avait l'impression que quelqu'un risquait de découvrir quelle horrible espèce de monstre elle était. Pourtant, ça crevait les yeux, sa chair en était marquée, ça transpirait sur chaque centimètre carré de sa peau ! C'était comme une odeur qu'aucun parfum ne masquait, une tache qu'aucun vêtement ne masquait…
Elle avait eu beau mentir à tout son entourage, voilà ce qui en avait résulté…Un instant, elle avait relâché le contrôle, un instant la vraie Yumi était apparue, et là, elle avait…
Pourquoi se mentir ? C'était évident. Elle était venue avec une tenue légère, un maquillage soigné, des bijoux et des parures, elle avait bu jusqu'à en être soûle…Ce n'était pas une faiblesse d'un instant, une craquelure dans un masque. Tout ce qui s'était passé, tout le mal qu'elle avait fait, à Ulrich, à William et aux autres, elle l'avait voulu – elle l'avait désiré…
Et c'était une odeur qui ne partait pas. Un autre double jeu, un autre cadavre enfoncé dans son ventre, qui ne manquerait pas de dégoûter à jamais ses amis s'ils venaient à en apprendre l'existence. Si elle devait jamais arrêter de leur mentir…
* * *
Le matin du dernier lundi avant les vacances de Noël, Yumi arriva essoufflée au lycée, avec une heure et demie d'avance. L'air glacé avait pénétré dans sa gorge comme mille couteaux et elle avait involontairement vomi sur le chemin sans avoir rien mangé. Mais elle ne se souciait pas le moins du monde de son état. Ignorant Jim qui risquait de la remarquer, elle se rua vers le réfectoire où elle entra en trombe.
Le self venait seulement d'ouvrir et Jérémie, Aelita, Sissi, Odd et Ulrich n'était pas là. Les quelques élèves attablés levèrent des regards surpris vers elle. Ils étaient encore tellement ensommeillés qu'ils ne se rendirent compte qu'elle était externe que quand la porte se referma en claquant.
Si la bande n'était pas là, c'est qu'ils étaient encore à l'internat. Sans prendre aucune précaution, Yumi traversa la cour à toute vitesse et escalada les marches de l'escalier deux à deux. Soudain, elle tomba nez à nez avec Sissi. Elle étouffa un juron, en se disant néanmoins qu'elle aurait pu croiser quelqu'un de pire. Quelle imprudence elle était en train de faire ! Était-elle folle ?
— Yumi ? s'étonna Élisabeth. Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Désolée, Sissi, pas le temps.
Et elle s'enfonça dans le couloir de l'internat des filles, en espérant que son amie, probablement vexée, ne chercherait pas à la prendre en filature pour avoir le fin mot de l'affaire.
* * *
À la pause de midi, Aelita se tenait devant la porte de la chambre de Jérémie, le poing fermé, levé devant elle. Elle ne frappait pas. Elle était venue jusqu'ici plongée dans ses pensées, hésitant, débattant, pesant le pour et le contre, et depuis quatre heures qu'elle y songeait, elle n'était pas parvenue à une décision. Elle se sentait désemparée…
— Entrez ! dit la voix de Jérémie à l'intérieur.
Aelita se sentit surprise. Est-ce qu'elle avait fini par frapper à la porte sans s'en rendre compte ? De toute façon, il était trop tard pour faire marche arrière.
À l'intérieur, le petit génie était installé devant son ordinateur, occupé à se débattre avec la fenêtre de la mort de son compilateur. La jeune fille sourit. Depuis l'extinction du Super Calculateur, il n'avait pas changé.
— Ben, tu ne manges pas ? lui demanda-t-il sans interrompre son activité.
— C'est à propos de Yumi.
Aussitôt, Jérémie se détourna de son écran d'un air inquiet
— Il ne lui est rien arrivé ?
— Oh ? Non, ce n'est pas ça. Elle est venue me parler.
— À propos de…ce qui ne va pas ?
— Je ne sais pas. Mais ça avait l'air important pour elle. Elle m'a demandé de ne pas en parler.
— Hum…Tu veux dire, comme un secret ?
— Non. Je veux dire : comme un service.
— Tu joues sur les mots, là.
— Elle a dit qu'elle avait hésité à t'en parler, mais qu'elle avait fini par me préférer.
— Bon, visiblement, tu as besoin de partager ça avec moi, à ce que je vois. Alors arrête de tourner autour du pot.
Aelita respira un grand coup pour se calmer.
— Elle m'a demandé de la virtualiser sur Lyoko ce soir.
— Quoi ? s'écria Jérémie, incrédule.
— Ça va plutôt dans ton sens, mais moi, je reste convaincue que son état est dû à quelque chose de récent.
— Peut-être, mais c'est pas ça qui m'étonne ! S'il y a une personne qui n'a aucune envie de retourner sur Lyoko, c'est bien Yumi !
— Tu sais bien qu'elle est parfois introvertie. Si ça se trouve…
— Elle a complètement arrêté de manger ! Elle est malade en permanence ! Elle dort si peu que ça se voit !…
— Tu noircis le tableau.
— À peine ! Et tu voudrais expliquer ça parce que Lyoko ça lui manque ?
— Je n'ai pas dit ça ! s'exclama Aelita. Je te l'ai dit, quelque chose s'est passé, et on ne sait pas quoi. Peut-être que Yumi désire retourner sur Lyoko pour résoudre ce problème.
— Et qu'est-ce qu'elle pourrait y faire, sur Lyoko ? Se jeter dans la mer numérique ? Ça serait plutôt raté, comme tentative de suicide.
— Pas si on considère qu'elle m'a demandé de l'envoyer dans le Territoire de la Banquise.
Jérémie se tut subitement.
— Peut-être que c'est son préféré, tout simplement.
— C'est ce qu'elle a dit. Mais ça ne change pas le problème. Pourquoi veut-elle aller sur Lyoko ?
À présent calmé, Einstein appuya ses coudes sur ses genoux et joignit ses mains devant sa bouche.
— Si l'on admet que ce n'est pas par nostalgie ni par envies de suicide, il faut envisager que Yumi ait besoin d'accéder à une fonctionnalité du Super Calculateur pour faire face à un problème, quel qu'il soit.
« Les fonctionnalités qui me viennent à l'esprit sont : 1° le retour vers le passé, 2° la translation, 3° l'activation d'une tour, avec toutes les possibilités qui en résultent. Or, la translation nécessite le Skid et un Réplika, lesquels ont été détruits, ce qui fait qu'elle est présentement limitée aux alentours immédiats du Super Calculateur. Franchement, je ne vois pas en quoi cela pourrait la servir. Sans compter que ça requiert notre intervention. De plus, Yumi ne dispose probablement pas des connaissances ni des compétences pour mettre à profit l'activation d'une tour.
« Reste donc le retour vers le passé, qui peut être programmé et lancé directement depuis l'intérieur d'une tour. Bien sûr, il la trahirait aux yeux des autres membres du groupe, mais peut-être a-t-elle prévu de nous fournir des explications une fois l'origine de son problème annulée.
— Ça ne nous dit toujours pas quel est le problème.
— Non, mais ça nous indique déjà une chose : si, comme tu le penses, il est arrivé quelque chose de grave à Yumi il y a deux semaines, et si elle a prévu d'annuler cet événement…il faudra à tout prix l'empêcher d'agir.
— Quoi ?
Jérémie soupira.
— En fait, c'est lié à la façon dont fonctionne le programme. Tu es d'accord qu'il différencie les cerveaux des Lyokoguerriers des autres, en conservant de manière permanente un contrôle matériel sur ceux-ci par lecture des ondes alpha. Lors du retour vers le passé, la courbure de l'espace-temps permet grosso modo d'accomplir ce qui se passe dans un scanner, mais dans l'ensemble du système solaire. À l'occasion de cette rematérialisation, le Super Calculateur, quoiqu'à l'intérieur du système détruit, s'arrange pour réécrire sa propre mémoire, en transmettant une, et une seule particule quantique. C'est ainsi qu'est sauvegardée la mémoire des Lyokoguerriers.
— Je sais tout ça, Jérémie.
— Oui. Mais le hic, c'est que le Super Calculateur chargé de réécrire la mémoire des Lyokoguerriers, ce n'est pas le Calculateur originel : c'est, pour ainsi dire, celui du monde d'arrivée, qui était éteint il y a quinze jours. Ainsi, tout comme celles des autres, les mémoires dont nous seront dotés resteront celles d'il y a quinze jours. Et si Yumi lance un retour vers le passé sans que cela modifie la mémoire de personne…
— On obtient une boucle infinie.
— Exactement.
Aelita passa les vingt minutes suivantes à soulever des hypothèses sur une réécriture de la mémoire des Lyokoguerriers lors de la mise sous tension du Super Calculateur, ou de l'existence d'une sécurité quelconque qui pourrait éviter la boucle infinie lorsque Yumi entrerait la commande du retour dans le passé. Mais Jérémie avait examiné les codes sources en détail : Franz Hopper n'avait pas eu le temps d'intégrer ce genre de sécurité.
— Écoute, voilà ce qu'on va faire, proposa Jérémie. Je serai aux alentours de l'usine. Au moindre pépin, tu m'appelles. Mieux vaut être deux qu'être seul, quand il s'agit de faire face à une crise.
* * *
— Tu es sûre ? demanda une dernière fois Aelita.
L'adolescente sentait sa main trembler autour de la poignée qui servait d'interrupteur au Super Calculateur. Elle n'était plus sûre de rien ces temps-ci, tout paraissait flou, comme irréel. Et après tout le mal qu'elle avait fait…à elle, à Ulrich, aux autres, comment être sûre de quoi que ce soit ? Mais dans tous les cas, il fallait qu'elle en ait le cœur net.
— Non, répondit Yumi.
D'un mouvement brusque et énergique, elle abaissa le levier.
Deux minutes plus tard, la porte d'un des trois scanners cylindriques qui permettaient de se rendre sur Lyôko se refermait sous ses yeux. Le vrombissement assourdissant des scanners, la lumière aveuglante, l'impression de tournis…Yumi joignit les mains, priant à mi-voix pour que ça marche, pour qu'elle se retrouve sur Lyoko sans problème.
« Transfert Yumi » annonça la voix d'Aelita à travers des hauts-parleurs.
C'était le comble, tout de même. Qu'elle se retrouve, elle, à désirer d'aller sur Lyoko ! En fait, se dit-elle ce n'était pas vraiment Lyoko qu'elle voulait retrouver. Elle espérait une preuve, un signe qui montrerait qu'elle n'était pas maudite, et que son corps n'était pas souillé.
« Scanner Yumi »
Elle se souvenait de ce qu'était d'avoir un corps sur Lyoko. Enfin, un avatar. Sur Lyoko, l'avatar était combattant, l'avatar était sportif, et, à proprement parler, les sensations étaient si limitées…
— S'il te plaît, souffla-t-elle pour elle-même, rends-moi mon avatar…
Soudain, le scanner s'arrêta de tourner, le bruit entêtant des scanners s'effaça, la lumière disparut. La jeune fille tomba d'un coup, vidée de tout espoir, de toute énergie, recroquevillée sur le sol du scanner. La porte s'ouvrit sur le monde réel.
« Je suis désolée, Yumi, le Super Calculateur me signale une erreur. Je sais essayer de comprendre de quoi il s'agit… »
Yumi, elle, resta seule, sur le sol du scanner. Des larmes se mirent à couler de ses yeux. Son poing serré appuya pesamment sur son ventre, comme s'il cherchait à plonger à l'intérieur, et fouiller dans le sang et les boyaux.
Puis, d'un coup, elle bondit sur ses pieds avec un cri de rage, se frappa sous les côtes violemment, rapidement, et encore et encore, jusqu'à en avoir si mal que le rythme des coups de poings diminua et qu'enfin, elle s'arrêta, pleurant, encore, son hurlement furieux réduit à une espèce de plainte désarticulée.
Elle avait la tête lourde et douloureuse, les entrailles meurtries, et sa main était blanche d'avoir frappé encore, encore et encore. Une quinte de toux sèche secoua son frêle organisme, et elle tomba sur les mains, étourdie, espérant que cette fois l'air râpeux qui sortait de sa gorge jetterait quelques gouttes de son sang sur le métal lisse et glacial.
Ce fut à ce moment que la porte de l'ascenseur s'ouvrit ; Aelita courut vers Yumi pour la serrer dans ses bras.
Il n'y eut pas un mot pendant de longues minutes. Juste des pleurs. Des sanglots. Yumi se reposait sur l'épaule d'Aelita. Son amie, bien qu'elle ne comprît pas tout de l'affaire, souffrait de sentir son aînée aussi désemparée. Elle en savait beaucoup, et en supposait plus encore.
— Allez, viens, finit-elle par dire après vingt minutes sans une parole. On a besoin de te remonter le moral. Allons nous balader en ville, on va se prendre une glace ou un chocolat chaud.
Yumi lui accrocha la manche tandis qu'elle se levait. « Attends ! » implora-t-elle d'une voix étranglée.
Aelita avait tout son temps. Yumi, constatant que sa gorge serrée l'empêchait de parler, se remit à sangloter. Enfin, lorsque sa respiration se fut à peu près calmée, elle reprit :
— Je voudrais…que ça ne soit jamais arrivé…Que le Super Calculateur puisse…
— Malheureusement, annonça Aelita, le retour dans le passé est impossible.
Yumi laissa entendre un silence stupéfait.
— Mais…mais pourquoi ?
— Comme le Super Calculateur était éteint, tu ne retrouverais pas tes souvenirs. Et la même chose se produirait. Jusqu'à aujourd'hui. Où tu remonterais le temps à la même date. Te condamnant à vivre…ça…en boucle.
Le regard de Yumi devint terne, comme si toute vie venait de la quitter.
— Allez, viens prendre une glace, insista Aelita. Ou un chocolat chaud. On va juste discuter.
Devant l'absence totale de réaction de la part de son amie, l'ange Gardienne de Lyoko s'agenouilla, et la regarda droit dans les yeux. Puis, d'un coup, sans prévenir, elle lui flanqua une claque retentissante.
— C'est ça aussi, la vie sans Lyoko ! Alors maintenant, tu te reprends, et tu avances !
Stupéfaite, Yumi obéit, presqu'automatiquement. Lorsque les filles furent revenues à l'étage de l'unité centrale, Aelita guida Yumi jusqu'à la poignée. Après quelques secondes, Yumi la prit entre ses mains, et l'abaissa.
— On n'a plus rien à faire ici, conclut Aelita. Alors, tu connais une adresse ?
* * *
La nuit était déjà tombée quand elles arrivèrent au Champ de Mars, les bras chargés d'une fortune en petits pots remplis de pâtisseries et de parfums variés. C'était un soir d'hiver gris et sec, et peu de passants osaient refroidir leurs bottes dans l'épaisse couche de neige qui recouvrait les rues.
Il ne fut tout d'abord question que de glaces, de parfums, de goûts et de choix de petites gourmandises. La bonne humeur que déployait Aelita semblait toute naturelle, mais Yumi ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle sonnait faux aussi. À certains moments, elle baissa les yeux et tenta d'aborder ce qui s'était passé à l'usine, et ce qu'Aelita avait découvert ; mais à chaque fois, Aelita lui coupa la parole en digressant sur l'originalité d'une pâtisserie, et lui remplit la bouche d'un échantillon dudit hors-d'œuvre.
Tout en se prêtant progressivement au jeu, Yumi sentit grandir en elle une inquiétude. Peut-être Aelita se défilait-elle de cette lourde responsabilité ? et si même Aelita ne la soutenait pas, sur qui pourrait-elle compter ? À qui pourrait-elle en parler ? Pourtant, ces inquiétudes n'étaient pas assez fortes pour l'empêcher de se délecter de l'acidité mordante des sorbets, ni du mélange agressif du caramel brûlé avec la fraise glaciale.
Elle ne s'en rendait pas compte, mais c'était la première fois depuis presqu'un mois que Yumi mangeait quelque chose sans ressentir de dégoût. Mieux encore, elle en éprouvait un plaisir sans tache. Enfin, jusqu'à ce qu'Aelita lui ait reproché d'avoir engouffré le deuxième éclair au chocolat – si l'on pouvait appeler « tache » une petite dispute amusée. Tout en récurant les fonds de peau ou en se léchant les doigts à l'instar de la garidenne de Lyoko, l'adolescente oubliait un moment ce début d'hiver morose, et tout ce qui la faisait déprimer.
— Une chose que je n'arrive pas à comprendre, déclara Aelita, le regard dans le vague, c'est pourquoi tu n'es pas simplement allée à l'infirmerie. Madame Perraudin aurait sûrement pu te fournir des tests.
— Il faudra que j'y aille de toutes façons. Mais je crois que…j'essayais peut-être de retrouver une époque où je n'avais pas ces soucis. Un jardin secret. Alors que d'un autre côté, faire pipi sur un morceau de plastique, ça me tente pas plus que ça.
— Tu sais, si tu veux revoir Lyoko, je peux toujours te virtualiser…
— Non. Il n'y a rien de gagner à faire la nostalgique. Mieux vaut laisser le passé là où il est.
Aelita prit dans sa main celle de Yumi. Elles étaient glacées l'une comme l'autre, mais peu leur importait.
— Tu étais plus heureuse, il y a six mois ?
— En tous cas, je n'étais pas malheureuse.
— Peut-être était-ce parce qu'on partageait nos problèmes…Yumi, comment c'est arrivé ?
La japonaise garda un silence entêté. En temps normal, y repenser l'aurait fait vomir et elle aurait pleuré ; mais là, elle avait déjà pleuré toutes les larmes et craché toute la tristesse de son corps, et une boule de glace et de plaisir irradiait doucement dans son estomac en pierre.
— C'est jamais bon, de garder ça pour soi.
— Je sais. Mais si je te le dis, tu seras dégoûtée.
— Tu as une piètre opinion de moi, se fâcha Aelita.
— J'ai…C'est…William est le père.
« À vrai dire, je ne me souviens pas très bien. C'était à la soirée d'il y a trois semaines, chez Romain. Il était tard, j'étais fatiguée…on est montés dans une chambre, celle des parents de Romain je crois. Il m'a demandé de l'embrasser, comme un cadeau d'adieu ; je l'ai fait, et là, c'est… » Elle enfouit son visage dans ses mains. Sa voix reprit avec des accents brisés. « Je suis vraiment abominable. Après tout ce que j'ai fait à Ulrich…et à William aussi… »
— Attends une seconde, l'interrompit sa confidente. T'avais pas bu à cette soirée ?
— Si.
— Alors qu'est-ce qui te fait culpabiliser ?
— J'étais encore consciente, je me souviens de tout…Comment dire ? Mon corps le voulait, il était…– euh – prêt pour un rapport sexuel, et…
— Yumi, même si tu étais consciente, j'ai vu ce que t'avais bu. Tu tenais à peine debout : vas pas me dire que tu étais en pleine possession de tes moyens !
— Peut-être, mais mon corps, lui, ne mentait pas !
— Peu importe ce que faisait ton corps : ce n'est pas toi. Si ça se trouve, ce n'était qu'une espèce de mécanisme, un réflexe…Honnêtement, tu ne vas pas me dire que tu avais prévu de faire ça !
— Non, absolument pas ! Enfin…
— Quoi, « enfin » ?
— Je sais pas trop, en fait. Y'avait peut-être un désir inconscient…Je veux dire, je m'étais jamais faite belle comme ça pour aller à une soirée, et j'avais jamais bu autant d'alcool que ce soir-là…Peut-être que je l'ai un peu fait exprès ?
— Non mais ça va pas ! s'écria Aelita. Je te signale, au cas où tu l'aurais pas remarqué, que moi non plus, j'ai pas été une petite fille modèle cette nuit-là. Hé bien, je peux te garantir que je n'avais pas la moindre envie d'être violée par qui que ce soit !
— Violée ? se récria la jeune fille. Je n'ai pas été violée !
— Si c'est arrivé sans ton consentement, je pense que si.
— Hé bien, peut-être que…j'étais consentante…mais sans m'en rendre compte…
— Qu'est-ce que tu vas chercher là ?
— Hé bien, imagine que…à cette soirée, il y ait eu des garçons sur lesquels tu ais déjà fantasmé…Enfin, je ne crois pas qu'il y en avait…
Aelita rougit.
— Franchement, qu'est-ce que t'en sais ?
— Quoi ? Mais je croyais que tu étais amou…
— On a tous nos…petits désirs secrets. Mais c'est juste des fantasmes, tu sais ? Ce n'est pas comme…les sentiments plus sérieux…
Maintenant qu'Aelita lui en parlait sous cet angle, ça paraissait évident à Yumi. En outre, elle n'avait même pas fantasmé sur William depuis…Elle doutait que ce fût jamais arrivé, en fait.
Cette réflexion ne la soulagea qu'un bref instant. Car maintenant, elle sentait qu'elle portait en son sein un parasite monstrueux, pire que le fruit de ses propres fautes, et qui la rendrait malade au plus profond de sa chair jusqu'à la fin de ses jours, lui rappelant à tout instant…Elle ne voulait même pas y penser !
— Aha, des « petits désirs secrets » ! releva-t-elle en refoulant ce qui se passait en elle. Dis-moi tout, ma jolie, sur qui…fantasmes-tu?…
* * *
Ce n'était pas la première fois que je mettais les pieds dans la chambre de Sissi, mais ça restait un décor inhabituel. Ce qui attirait immédiatement l'attention, c'était bien sûr l'immense coiffeuse digne d'une loge de star, jouxtée d'une armée de petits flacons en désordre, contenant des boules de cotons, des parfums, des onguents et autres dizaines de produits cosmétiques mystérieux. Ensuite seulement, on remarquait les murs – ou plutôt, ce qui les recouvrait, à savoir un patchwork de posters mélangeant animaux mignons, groupes de musique, et bodybuilders torse nu. Ce dernier détail m'amusait beaucoup.
J'avais fini par ne plus prêter attention à ce décor fascinant ; et aujourd'hui, c'était bien la dernière chose que j'avais à l'esprit. J'étais venu voir Sissi pour qu'elle me conseille. Après tout, en affaires de cœur, elle et moi avions toujours été les confidents l'un de l'autre, et nous étions d'autant plus proches que j'étais amoureux de sa rivale et elle du mien. C'était d'ailleurs elle qui m'avait poussé à renoncer à Yumi, en me prouvant que c'était possible.
J'y avais cru pourtant. Mettre fin à cette histoire, couper les ponts brutalement, avec rancœur et sans rancune. Dire adieu à ma colère et claquer la porte au nez de ces gens qui ne voulaient pas de moi. Mais maintenant, plus rien n'était clair…
Sissi était devant son PC, en train de jouer à Ultimate Blaster 2 en ligne, probablement contre Odd. Comme elle venait de perdre une partie, elle se tourna vers moi et me gratifia d'un sourire compatissant en me demandant d'attendre qu'elle ait quitté le jeu. Je m'assis en tailleur sur sa moquette rose en prenant dans mes bras, pour m'occuper, la petite peluche en forme de cœur qui traînait sur son lit. J'avais l'impression qu'elle avait deviné en un regard le sujet de ma visite ; j'avais donc l'air si désemparé ?
— Salut William, dit-elle après une petite minute. Qu'est-ce qui te pousse à braver Jim et à visiter l'étage du dessus ?
— C'est à propos de Yumi. C'est un peu…compliqué.
— Je croyais que tu t'étais décidé à tourner la page ? s'étonna la jeune fille, haussant les sourcils d'un air inquiet.
Ce n'était pas un reproche qu'elle me faisait, mais en l'entendant poser cette question, je me sentis honteux. Un petit peu comme si j'avais trahi une promesse que je lui aurais faite, ou que je me serais faite à moi-même.
— Disons que je voulais…terminer ce chapitre de ma vie, mais avec une bonne fin. Alors, à la soirée de jeudi dernier, il y a presque une semaine, je lui ai demandé de m'accorder un baiser.
Du coin de l'œil, je vis Sissi rougir. Je crois qu'elle devait bien comprendre ce qui m'avait poussé à agir ainsi. Et jusque-là, tout allait bien. Je continuai :
— Sauf que quand on a commencé à s'embrasser…Je ne sais pas ce qui s'est passé, peut-être était-ce la chaleur du moment, l'alcool, ce qu'on appelle la passion ; mais…on n'a pas pu s'arrêter. Et on est allés jusqu'au bout…
— Tu veux dire…
— Oui.
— Et ça s'est…bien passé ?
Je haussai les épaules. En fait, je n'en savais trop rien.
— Comme une première fois, je suppose. C'était…pas parfait. Et puis on avait bu, alors je ne me souviens pas de tout. Mais je crois qu'on a tous les deux…éprouvé du plaisir. Puis elle s'est endormie dans mes bras. J'étais heureux, complètement dans les vapes. Quand Romain nous a réveillés le lendemain, elle est partie si vite que je n'ai pas eu le temps de la voir. Je suppose qu'elle ne voulait pas arriver en retard en cours.
« Du coup, je croyais qu'on était ensemble. Mais elle a passé la journée à m'éviter. En cours, elle s'est assise à côté de Christophe ; puis à la récréation, elle ne m'a pas adressé un mot et elle a couru rejoindre la bande.
— Ça devait être déroutant pour elle, intervint Sissi. Surtout que c'est une fille qui a du mal à faire la part des choses et à savoir ce qu'elle ressent.
— Je croyais aussi que c'était ça, alors je m'étais dit que j'allais lui laisser du temps. Mais voilà : aujourd'hui, ça fait six jours et on ne s'est toujours pas reparlé…
Je me pris la tête entre les mains. Tout était allé trop vite ; à cause de l'alcool, on avait tous les deux perdu le contrôle et ça avait sans doute effrayé Yumi. À l'instant même où j'avais cru avoir enfin réussi, où j'avais enfin obtenu la preuve que Yumi se mentait à elle-même, tout s'écroulait, et celle que j'aimais s'enfuyait…Juste au moment où l'espoir semblait se raviver, tout était déjà perdu.
— Tu crois qu'elle regrette ce qui s'est passé ?
— J'en ai vraiment peur, avouai-je avec un frisson. Tu l'as pas vue, ces derniers jours ?
— Non. Comme tu le dis, elle s'éclipse tout le temps. Même quand je rejoins la bande, elle n'est pas là. Elle part s'enfermer dans les toilettes.
— Hé bien en classe, c'est vraiment effrayant. Elle est toute pâle, elle ne mange rien, elle se referme sur elle-même, elle a l'air fatiguée en permanence…C'est comme si elle avait perdu le goût de vivre…
Un bref instant, je revis en pensées la Yumi de cette soirée, affalée dans le lit, totalement immobile, le souffle coupé, me regardant tendrement, les larmes aux yeux, accueillant mes baisers enflammés avec une douceur exquise…L'ombre d'Ulrich n'était plus là, dans cette chambre, elle avait été libérée, elle avait laissé parler son cœur en arrêtant de se mentir à elle-même…Comment cet instant si magique pouvait-il être suivi d'une telle perte d'énergie ? Ça n'avait pas de sens !
Est-ce qu'elle regrettait ce qui s'était passé ? Qu'est-ce qui la torturait ? Était-ce à cause d'Ulrich ? Est-ce qu'elle m'aimait, est-ce qu'elle ne m'aimait pas ? À cette dernière pensée, des larmes embuèrent mes yeux, ma poitrine s'alourdit et je sentis mon corps se pétrifier sous l'effet de la terreur. Si elle aimait Ulrich alors…
— Je ne m'en fais pas pour elle, déclara Sissi. Yumi est forte. Elle surmontera ça.
— Moi, peu importe, ça m'inquiète. J'aimerais…lui parler, savoir ce qui ne va pas, veiller sur elle. Je me sens…responsable d'elle…
Oui, si les conséquences de cette soirée étaient si terribles pour Yumi, alors de tout mon cœur, je regrettais ce qui s'était passé. Je regrettais de lui avoir demandé un baiser. Je regrettais de l'avoir emmenée dans cette chambre. Je regrettais de l'avoir jamais rencontrée. Tout, plutôt que de lui avoir fait du mal ; tout, plutôt que d'être un sale type…
— William…
Une main s'était posée sur mon épaule. Assise à côté de moi, mon amie m'adressait un sourire paisible et tranquille. D'un coup, je sentis mon cœur se vider de toutes ses idées noires. Le passé n'avait plus d'importance et le présent était calme, rempli de promesses optimistes. Laisser faire le temps. Avoir confiance. Ne pas se tourmenter.
Le sourire réconfortant de Sissi se fit plus chaleureux. Elle termina sa phrase à mi-voix :
— Tu sais, Yumi a de la chance qu'un type comme toi soit amoureux d'elle.
J'évacuai lentement tous mes troubles en un long soupir. J'étais quelqu'un de bien. C'était tragique, mais je n'y étais pour rien ; je ne pouvais qu'assister, impuissant, aux souffrances que Yumi s'infligeait à elle-même. Dans un sens, je l'avais toujours su. Peut-être valait-il mieux pour elle que je lui simplifie la vie.
Maintenant, grâce à Sissi, je sentais que j'étais prêt, au besoin, à tourner la page. Peut-être qu'en un sens, je l'avais déjà fait.
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Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Ven 07 Mar 2014 18:26; édité 3 fois
Inscrit le: 23 Juin 2006 Messages: 587 Localisation: Devant mon PC
Belgarel, c'est du grand art !
Entre une rédaction à la limite du parfait, une parfaite maîtrise de l'avancée du scénario et une perversité parfaitement visible dans les détails donnés au lecteur (tu as la réponse à une question? BIM en voila deux autres plus complexes), sans compter le niveau de maturité absolument maîtrisé, cette fiction est un pur régal
Tout d'abord, la scène solo de Yumi est clairement excellente. Les descriptions sont bien, l'émotion est parfaitement retransmise au lecteur.
De plus, avec les autres chapitres on voit un William dégagé de la bande sans vraiment en connaître les raisons et une Yumi tiraillée. Dans le dernier chapitre, on peut penser que Yumi regrette la soirée, en sachant que William l'a drague et en plus la fait boire plus que de raison, on peut vraisemblablement penser qu'elle a couché avec lui, quoique, avec toi Belgarel, on sait jamais
Bref, j'adore, et ça va être une torture d'attendre Samedi
Continue _________________
Inscrit le: 23 Oct 2009 Messages: 1044 Localisation: Dans mon lit , en train de manger des kinder Bueno !
Et bien, ça faisait longtemps que je n'avais pas laissé de commentaires de fic.
J'ai lue le prologue par curiosité, je t'avoue que ton annonce m'avait vachement intriguée. Je ne regrette pas franchement, car j'aime beaucoup.
Ta fic se démarque par rapport aux autres, qui s'attardent généralement sur lyoko, Carthage ou même sur la back-story.
Toi, tu te consacres plus sur la psychologie des personnages et pas n'importe lequel : Yumi, qui est la plus mystérieuse et la plus complexe de la bande des 5.
Tu nous dépeint une Yumi perdue dans le tourments de ses sentiments, qui se cherche elle-même, une Yumi torturée. ^^
Tu abordes des sujets vachement délicats aussi. Le faite qu'elle ne mange pas et qu'elle vomisse m'a fait penser à un début d'anorexie, et l'inquiétude de Jérémy à son égard ne fait que confirmer cette pensée. Je me suis également demandée si elle n'avait pas les symptômes d'une dépression. Mais peut être que je vais chercher trop loin ( ou pas assez ? )
J'aime aussi le caractère "mature" de l'univers de la série. On retrouve vraiment Kadic tel qu'on le connaît, mais d'une manière comment dirai-je ...? Réaliste ? On a jamais vue de cigarettes ou de vodka qui tournaient dans l'établissement, alors que c'est devenue une routine dans les écoles ( j'entend collèges et lycées, je pense que tout le monde l'a compris xD)
Je n'ai pas vraiment grand chose à dire sinon, que j'attend la suite impatiemment,
Bonne chance à toi _________________
Merci me98 !!
Texte by me : Disparition (2eme version de préférence )
Voilà, partie 2 du chapitre 4 publiée. Ça commence à "La nuit était déjà tombée quand elles arrivèrent au Champ de Mars, les bras chargés d'une fortune en petits pots remplis de pâtisseries et de parfums variés."
Je sais, c'est court, mais le but, c'était de vous laisser le temps d'interpréter…comme l'a fait par exemple benjisop (attention, ça spoile) :
benjisop a écrit:
en sachant que William l'a drague et en plus la fait boire plus que de raison, on peut vraisemblablement penser qu'elle a couché avec lui, quoique, avec toi Belgarel, on sait jamais
Nan, je suis pas si retors. Voir le reste du chapitre pour plus de précisions.
Je tiens à souligner que même s'il a visiblement moins (bien) bu qu'elle, William avait aussi un coup dans le nez.
DimIIy, ça fait un sacré bail !
J'aime bien ta critique. Notamment ce qui tourne autour de l'anorexie (bravo, surtout, si tu as compris dès le chapitre 2 l'épisode du verre d'eau).
Les sujets difficiles…dans l'ensemble, je ne suis pas sûr⋅e de les avoir bien traités. Après tout, j'ai pas fait une enquête approfondie, et c'est la première fois que je les aborde.
"On a jamais vue de cigarettes ou de vodka qui tournaient dans l'établissement" > Pas dans le D.A., mais j'ai vu ça au début de Bataille pour l'Espoir (Edit : Funeral – fail). Et justement, là on est en-dehors de l'établissement, ça me paraît plus faisable qu'une beuverie à l'internat.
Précisions à lire à la fin du chapitre 4 :N'ayant pas été assez lourdaude là-dessus au sein de mon récit, j'ai décidé d'adjoindre quelques considérations « engagées » et liens sérieux (non moins « militants ») pour les curieux que la question du **** (qui est littéralement au cœur de cette fic) intéresse.
Spoiler
Pour ceux qui contesteraient le mot « viol », essayez de faire un tour sur ce graphique. Pour ma part, j'ai compté deux drapeaux rouges, mais s'il n'y en a pas plus, c'est peut-être faute d'avoir écrit la scène proprement dite !
L'idée la plus importante à retenir est une évidence jamais assez soulignée : la victime n'est jamais, jamais responsable du viol. Et ceci qui qu'elle ait fréquenté, quoi qu'elle ait consommé, où qu'elle soit allée, quoi qu'elle ait promis auparavant, quoi qu'elle porte, quoi qu'elle ait même désiré, et quelle que soit sa sexualité. Pour en savoir plus, lire cet article, ainsi que les parties 1 à 3 de ce dossier. Vous y constaterez au passage que Yumi a beaucoup de chance du point de vue de la réaction de son entourage ; car les vrais gens, c'est-à-dire nous, baignent dans une rape culture constituée de mythes sur le viol.
Yumi, bien évidemment, a intégré lesdits mythes, et comme beaucoup de victimes, tend à s'autoculpabiliser et à éprouver de la culpabilité. Notamment, elle mentionne que son « corps le voulait » Les lecteurs d'une certaine littérature japonaise, notamment, verront de quelle indicateur mesurant le désir féminin il est ici question. Il se trouve qu'en fait, il s'agit, comme le dit Aelita, « d'une espèce de mécanisme » : lors de l'intrusion forcée d'un corps étranger, les muqueuses dommageables se lubrifient non pas par désir, mais pour se protéger.
En ce qui concerne William, je tiens à rappeler une chose : si beaucoup de femmes sont violées, ce n'est pas la faute de quelques détraqués. C'est parce que violer, même des mecs bien sous tous rapports (sauf de saints ascètes) en sont capables – et ce, de façon complètement inconsciente. C'est une pensée qui ne cesse jamais de me terrifier.
Je n'ai pas développé en détail les conséquences psychologiques du traumatisme afin d'éviter de nommer trop tôt la réalité qu'elle se refusait à affronter. Déjà, par manque de compétence ; ensuite, parce que c'est une fanfic, et pas seulement une tribune contre le viol.
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Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Mer 19 Mar 2014 14:48; édité 1 fois
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