Posté le: Dim 30 Mar 2014 04:31 Sujet du message: [Fanfic] Code Univers [Terminée]
Inscrit le: 20 Aoû 2010 Messages: 534
Mind = blown.
Mind. Esprit. Mais vous vous demandez sans doute : quel esprit va donc exploser ?
Pauvre fou ! Est-ce que vous croyez que votre esprit résistera à ce texte sous prétexte que son titre est d'un innommable cliché ? Non seulement votre cervelle explosera, mais elle explosera parce qu'elle sera violemment envahie par une espèce de mélasse contenant les propres restes du cerveau de l'auteur, mais aussi ceux du cerveau le plus génial de ceux des cinq personnages de Code Lyoko : celui de Jérémie Belpois ! Autant vous dire que cette fic sera assez…cérébrale.
Préparez donc les aspirines pour traverser des pages de techno-babillage vital, car je n'ai jamais rien écrit d'aussi barré. Ça doit être l'influence de Lain. À ce titre, on peut qualifier ce texte de Délire (vous êtes prévenus, c'est assez spécial. Surtout le dernier chapitre).
Oh, et…il vous faudra oublier tout ce que dit le site sur le fonctionnement du SC et de Lyokô. Ouais, je sais
La première partie de cette fiction est dédiée à **vous le reconnaîtrez**, pour m'excuser des tonalités mystiques et religieuses que prendront parfois les parties suivantes et qui ne seront pas forcément pour lui plaire (quand je vous disais que c'était du Délire…).
Oh, et bien sûr, on reconnaîtra encore une fois une certaine source d'influence.
Spoiler
Pas la peine de te cacher, on t'a vu !
D'autres sources ?
Spoiler
Les OS du 6 juin, toujours (même si je leur trouve des défauts), ainsi qu'αΩ.
Cette fiction est, encore une fois, courte. Et complètement WTF, surtout à la fin. Je diffuserai ses cinq (brefs) chapitres de manière hebdomadaire. Plus ou moins. Sans doute. En tous cas, le chapitre 2 viendra plus rapidement que ça car pour le moment, le chapitre 1 pourrait vous laisser sur votre faim.
Et après, c'est promis, j'arrête d'écrire ici pour me consacrer à d'autres projets. Comme trouver des titres inspirés, par exemple !
Jérémie se réveille en sursaut. Une idée étrange lui est soudain venue dans son sommeil. Et si l'univers n'était pas ce qu'on croyait ? Pas constitué de matière, d'énergie, de ces choses qu'étudie habituellement la science physique : si ce n'était que la surface des choses ?
Déboussolé, il erre jusqu'à reprendre sa vieille place devant le Supercalculateur abandonné, depuis longtemps éteint. Il faudra des mois pour vérifier cette hypothèse…ou peut-être que cela tiendra en une journée – celle du 6 juin 2019…
La Nature de l'Univers est informatique. C'est-à-dire que l'Univers est constitué d'informations. Dont le support serait…probablement un Supercalculateur. Extérieur au monde, ou bien contenu à l'intérieur de celui-ci ? Dans les deux cas, Jérémie est bien résolu à en savoir plus…persuadé que ce n'est pas un hasard s'il découvre ces terribles vérités…
Tandis qu'il progresse dans ses recherches, il s'efforce de ne pas négliger ses relations sociales avec ses proches. Histoire de rester humain…et il n'y a pas à dire, même si le 6 juin 2019 était parti pour être une journée pourrie, l'explorer sous tous ses angles lui apporte un peu d'air frais et de soulagement…un fil ténu d'humanité qui l'empêche de basculer dans la folie…
Mais d'un coup, tout bascule. Jérémie découvre que l'Univers ne tient pas debout…
Jérémie a beau chercher le Code Source de l'Univers pour le réparer, il ne fait qu'enchaîner les échecs. Heureusement, les vacances arrivent et lui permettent de se détendre lors d'une soirée purement magique avec ses vieux amis. Une façon pour lui-même de fêter son premier anniversaire dans une journée hors du temps, dans un temps hors de la réalité…
Mais au retour, les échecs reprennent. Malgré des plongées sur Lyokô, les progrès ne viennent pas. Jérémie tourne en rond, change de stratégie, et se butte contre des murs. Il a de plus en plus de mal à agir normalement envers Aelita ; c'est étrange, dans un monde sans conséquences, où chaque jour devrait être un nouveau départ, il n'y a qu'une chose qui puisse expliquer ce changement d'attitude de la part de la jeune fille : c'est que Jérémie est peut-être en train de dérailler plus vite qu'il ne le pensait…
Il a besoin d'aide.
Laura est une Mary Sue. Elle débloque la situation brillamment et se fait jeter comme un kleenex.
Enfin…Ses bonnes idées aboutissent également à des impasses, après tout. Jérémie touche le fond. Sa solitude le mine et il commence à se demander s'il ne devrait pas s'en aller vaincu, retourner à sa vie, aimer et être aimé d'Aelita…Mais soudain, une idée lui vient. L'idée la plus folle qui soit.
Voler le feu des dieux.
« Il n'y a d'autre livre infaillible
que la nature, où toute la philosophie
est écrite en langage mathématique. »
–—- Galilée -—–
Spoiler
Je sursautai dans le noir, aveugle, haletant, trempé de sueur et totalement désorienté. Je n'arrivais pas à bouger, j'avais la tête en bas, je crois ; il faisait chaud, l'air était étouffant, j'étais enchevêtré dans un épais micmac de draps et couvertures, la gorge me brûlait, cheveux collants sur mon front humide.
Mon Dieu !
Je remuai comme une larve dans mon cocon, complètement paniqué : il fallait que je…que j'appelle Aelita, tout de suite ! Le cœur net, oui…Aïe ! putain, je venais bel et bien de me casser la gueule. Toujours pas dépêtré de ma prison, je tremblais de tous mes membres, brûlant, plié sur le sol dur. Dur ! Ha ! Jamais le sol n'avait été aussi irréel pensai-je…
Quand j'eus dégagé mes bras et que je les tordis en direction de la table de nuit pour prendre mes lunettes, je compris à quel point mes mouvements échappaient à mon contrôle. Désordonné, vibrant, renversant tout à terre…enfin, mon poing se resserra grossièrement sur le petit objet, plaquant une paume moite sur les verres glacés. Je dépliai les branches nerveusement, à la hâte et avec difficulté, puis fourrai à la hâte le machin sur mon nez glissant.
Allez, ras-le-bol de ces conneries ! S'extirper des couettes, se redresser…Je chancelai à plusieurs reprises, totalement tétanisé. Enfin, je parvins à allumer la lumière pour éclairer le petit studio désordonné dans lequel je pieutais. Rien d'intéressant à regarder, juste une piaule d'étudiant. Après avoir essuyé mes lunettes, je retrouvai mon portable sur le bureau. 4 heures 30. Merde. Tant pis.
— Allô, Aelita ? dis-je, un instant plus tard.
Un grondement ensommeillé me répondit en me demandant l'heure. Qu'est-ce qu'on en avait à faire ? Fébrile, je coupai :
— Il faut que je te voie. Maintenant.
— Jérémie, je présente ma thèse tout à l'heure ! protesta-t-elle de dessous son oreiller. Laisse-moi dormir !
— Aelita, j'ai compris ! j'ai tout compris, absolument tout ! Tout ! tout est…tout est lié au Supercalculateur, Aelita ! Ton père, il a tout inventé ! Je…mais comment j'ai pas pu le voir, c'est si clair ! Tu comprends, hein ?
Une brève seconde, j'eus conscience que je parlais comme un fou. J'étais tellement excité que j'arrivais pas à aligner deux mots sans bafouiller. Mais après tout, c'était pas important. Si seulement je parvenais à lui faire concevoir la valeur de ce qui venait de me frapper l'esprit…
— Présentation de thèse, Jérémie, souffla froidement ma petite amie à l'autre bout du fil, détachant chaque syllabe avec une dureté glaciale. Une thè-è-se, répéta-t-elle très lentement, comme on parlerait à un gamin qui s'obstine à faire une bêtise.
— L'e…l'explication de l'Univers, balbutiai-je sur le même ton. De l'U-ni-vers.
J'entendis un soupir, suivi du silence sec d'une fin de communication. Je bouillonnais intérieurement. J'avais l'ultime vérité de l'univers sur le bout de la langue et ma copine venait de me mettre un vent à cause de son foutu devoir de fin d'études !
Bon, je n'avais pas le choix. Sans même prendre la peine d'enlever mon pyjama, présentement composé à 50 % de textile et à 50 % de sueur en décomposition, je ramassai tout ce qui pouvait couvrir, doudounes, écharpes, moufles ou bottes, et m'en affublai en quatrième vitesse. Portable, clés, cartes, fric et PC, j'avais tout, je partis.
C'était peut-être stupide, dans la mesure où il n'y avait pas de RER à cette heure-ci, mais qu'à cela ne tienne, j'avais besoin d'air frais, il fallait que je marche. Et il n'y a pas de meilleur endroit que la rue nocturne pour élucider des intuitions géniales. Tout en cheminant, plongé dans mes pensées, je me mis à marmonner à toute vitesse des phrases incomplètes, juste pour donner un semblant de support extérieur à ce qui se cognait dans ma tête et tenter d'y mettre un peu d'ordre.
Bon, en somme, ce qu'il fallait, c'était expliquer le Retour vers le Passé. Ça prouverait sûrement mon hypothèse, ça ne pouvait que la confirmer, car sans elle rien ne tenait…enfin, si je considérais les précédentes explications que j'avais pu apporter au fonctionnement de ce phénomène, elles étaient toutes brouillonnes, totalement incohérentes et stupides !
La théorie des cordes ? bien joli tout ça, mais elle n'expliquait rien.
La génération d'un nouvel univers conditionné se superposant à l'ancien par utilisation des scanners ? Rien de tel dans le code source, d'autant que le Retour vers le Passé pouvait fonctionner sans les scanners.
La courbure de l'espace-temps avec transmission d'informations au nouveau Supercalculateur via des particules intriquées ? Impossible de réaliser une restauration seulement partielle de l'espace-temps en raison de l'expansion universelle.
Non, non, non et encore non ! Chaque hypothèse qui avait jamais traversé mon esprit trouvait aussitôt un contre-argument décisif. Un raisonnement tranchant, une théorie consensuelle, un contre-exemple suffisait à tout renverser. Dans toutes la foule des explications que j'envisageai ou que j'avais jamais envisagées, il n'y en avait qu'une qui, seule, résistait à un examen superficiel.
Et cette idée était complètement folle…
Pris de vertiges, je trébuchai sur le quai d'arrivée et m'étalai de tout mon long. Ma respiration était à nouveau précipitée ; avait-elle seulement ralenti une seconde ? Mon cœur battait la chamade et j'avais vidé mon estomac deux fois en attendant le train. L'aube blanchissait l'horizon et les premières silhouettes de voyageurs apparaissaient, floues, au coin de mon œil. Je ne pouvais pas supporter la pensée que quelqu'un me voyait, qu'on me regardait, qu'on me jugeait alors même que je transportais en moi cette…cette chose si immense, si démesurée, si incroyable. Ce secret horrible. Laissez-moi, laissez-moi…ne posez pas les yeux sur moi, disparaissez, ne m'observez pas ! Je veux juste…juste aller à l'usine. Il faut que je vérifie, il faut que…
Je pensais ça de toutes mes forces, et pourtant, j'étais pétrifié sur le sol. Comme si je n'avais pas envie de confirmer cela. Pas envie d'avoir découvert la vérité. Pas envie que ce soit vrai. Parce que si ça l'était, alors le monde entier…Aelita, moi, les autres, tout, rien n'avait plus de sens, plus aucune espèce de réalité…
Est-ce que je tremblais de froid sous la bise fraîche de l'aurore ? Ou est-ce que j'avais…peur ?
Calme-toi, Jérémie, me répétai-je. Ce n'est que de la physique. De la science, c'est tout. Ça ne change rien aux gens. À qui ils sont vraiment. Aux émotions, aux sentiments, aux amitiés. Tout est pareil, le reste n'est que…Calme-toi, bon sang…
Des voyageurs avaient fini par s'amasser autour de moi. J'ouvris un œil vitreux sur leurs ombres qui m'entouraient comme des arbres entourent une clairière. Leurs visages semblaient inquiets et hésitants, partagés entre commisération et désapprobation indécise. Ils échangeaient des petits propos mesquins, parlant d'ambulance, de médecin et d'alcool. Un profond désespoir me glaça les os. Un désir narcissique de jouer au bon samaritain, un mépris petit-bourgeois, une profonde indifférence : était-ce là toute la valeur de ces sentiments humains ? Peut-être était-ce pour ça que j'avais peur de retourner à l'usine. Découvrir qu'il n'y avait en fait rien d'autre à espérer.
Soudain, des bras me soulevèrent. Un corps se serra derrière moi et me soutint pendant que mes deux jambes reprenaient d'elles-mêmes leur position habituelle, flageolantes. Lorsque je fus à peu près sur pieds, mon bienfaiteur me lança d'une voix raide, tout sauf aimable :
— Vous allez bien ?
Je tournai mon regard vers lui. Ou plutôt, elle. Une parfaite inconnue en tailleur, de petite stature, avec des lunettes carrées et un chignon serré. La dernière personne dont j'aurais attendu qu'elle vienne en aide à un inconnu si je l'avais croisée dans la rue.
— Ça va aller, bégayai-je.
J'étais complètement désorienté, appuyé contre un mur et tenant à peine debout, mon regard errait en tous sens, angoissé, je crois que ma figure était mouillée de larmes ou de salive, mais je n'y songeais même pas. Toues mes pensées étaient centrées sur le Supercalculateur. Je me rendis compte après un moment que la femme qui m'avait redressé avait disparu sans un mot pour monter dans un train. Ça n'avait pas plus d'importance pour moi que pour elle.
L'indicent avait dû durer une dizaine de minutes et la foule des curieux et des indécis s'était dissipée. Je repris mon chemin, pressé de rattraper le temps perdu.
En arrivant sur le pont, je sentis une étrange atmosphère de nostalgie planer dans l'air. Le ciel était couvert et un peu brumeux, à l'exception d'un rayon estival qui perçait le monde gris, comme le doigt de Dieu, pour m'indiquer l'entrée de l'usine. Lorsque je passai devant la bouche d'égout rouillée, je ne pus me retenir de remarquer à quel point elle était minuscule. Est-ce que je serais encore capable de me faufiler à travers cette ouverture dans le sol ?
La nef de l'usine semblait également avoir terriblement rétréci. En face de moi, quelques cordes usées et poussiéreuses pendaient du plafond. Je me demandai un instant si elles n'avaient pas vieilli plus vite que moi en repensant à l'époque où il semblait raisonnable de descendre en sautant dans le vide, les mains serrées autour de ces espèces de ficelles râpeuses, plutôt que d'utiliser les escaliers.
Et puis il fallut attendre. Simplement attendre. Que la porte du monte-charge s'ouvre, qu'elle se referme, qu'il redescende…c'était insupportable. J'essuyai d'un revers de manche les gouttes de sueur froide qui perlaient sur mon front. Râh, c'était pas vrai ! mes mains tremblaient encore ! À croire que mon corps ne pouvait pas contenir la terrifiante vérité qui m'était apparue pendant mon sommeil. Mon esprit non plus, à la réflexion : je craignais à tout instant de l'oublier, j'évitais d'y penser, et j'espérais vaguement me tromper.
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, deux heures quarante-trois du matin.
Suite à une intuition soudaine, j'ai décidé de rallumer le Supercalculateur afin de confirmer une hypothèse scientifique absolument…époustouflante. Je touche ici à quelque chose qui s'étend au-delà des frontières connues de la physique ; en fait, je crois même pouvoir parler sans honte de…métaphysique.
J'ai passé la journée à vérifier le code source du Retour vers le Passé et, pour l'instant, il est cohérent avec mon idée, bien qu'il me reste beaucoup à voir. Je n'ai pas encore de preuve établissant, au sein du Supercalculateur, la véritable nature de l'univers ; mais je ne m'attendais pas à en trouver dans ce programme qui ne fait jamais qu'utiliser les propriétés de base de Lyokô. En revanche, je compte bien la démontrer en étudiant le code source des Tours, qui sont une interface entre le monde numérique et le monde ré…enfin, notre monde. »
« Journal de Jérémie Belpois, 6 juin 2019, dix-sept heures cinquante, jour 2.
La décision d'effectuer un Retour vers le Passé s'est imposée quand j'ai compris que le fonctionnement des Tours reposait lui-même, d'après mon hypothèse, sur la manière dont sont gérés les quantas. Même avec mes connaissances universitaires, il me faudra sans doute des mois pour comprendre et vérifier intégralement les bases du fonctionnement du calculateur quantique, peut-être des années.
Cette procédure comporte des risques que je ne dois négliger à aucun prix. La fatigue psychique sera heureusement facile à contrer de manière raisonnable car j'ai mal dormi la nuit du cinq au six juin. En outre, il faudra que je prenne régulièrement des jours de congé, voire des vacances prolongées, en ne négligeant pas l'interaction sociale avec mes amis, mais aussi, au besoin, avec des gens que je ne connais pas, afin d'éviter une répétition qui pourrait vite me rendre fou.
Pour ce qui est de mes progrès, j'ai fini de vérifier le fonctionnement global du Retour vers le Passé, et une bonne partie des détails. Toujours rien. »
Je me suis levé d'un bond. Encore une fois. Je crois que je n'étais même pas réveillé. Je tremblais de tous mes membres. Sonnerie des Subdigitals. Chambre d'hôtel. J'étais trempé de sueur tiède. Pourquoi fallait-il précisément que je sois malade aujourd'hui ? Aujourd'hui, entre tous les jours ? Ceci dit, je savais parfaitement que ma maladie n'avait rien de physique ; quelque chose brûlait en moi, une espèce d'explosion constante qui soufflait tout en permanence…
Mon portable indiquait 19:43. On était le troisième jour, j'avais dormi une dizaine d'heures. Mal dormi, mais c'était toujours mieux que rien.
Aelita allait m'appeler dans quelques minutes. Je n'avais vraiment pas envie de lui parler, mais il ne fallait pas que je me laisse aller aussi vite. Garder le contact avec ceux qu'on aime aussi longtemps que possible. Y prendre plaisir. Ne rien faire d'extravagant.
J'avais fini de m'habiller quand le téléphone sonna. Je décrochai sans vraiment me presser.
— Allô Aelita ?
Perdre du temps à entendre ces répliques, chaque jour…tout en ramassant mes affaires, je dénombrai mentalement le nombre d'heures qu'il me restait avant le prochain retour dans le temps.
— Jérémie, pourquoi m'as-tu appelée ce matin ? Tu savais très bien que c'était important aujourd'hui ; résultat, j'ai pas pu me rendormir, j'ai stressé, j'ai…
Je laissai se dérouler le ruban de reproches et d'invectives sans vraiment écouter, tandis que j'ouvrais la porte de la chambre et descendais le couloir vers l'ascenseur. Je savais parfaitement qu'en fin de compte, Aelita elle-même reconnaîtrait que sa soutenance de thèse s'était plutôt bien passée. En réalité, ce qu'elle voulait, c'était que je lui prouve que mon appel n'était pas superflu. Après tout, me dis-je avec un sourire, qui pourrait résister à « l'explication de l'Univers » ?
— Franchement, Aelita, je suis désolé, mais…tu verras, c'est la découverte du siècle ! non, du millénaire ! Je viens de lancer les calculs et demain, tout sera prouvé…tu peux passer à la première heure ?
Il fallait s'efforcer d'avoir l'air toujours aussi fébrile. Au fond, même au pied du lit, ce n'était pas difficile. Cette sorte de désordre intérieur ne me quittait pas un seul instant. En ce moment même, n'étais-je pas en train de réfléchir au fonctionnement des routines qui régulaient l'énergie virtuelle et reliaient l'usage de cette dernière aux Tours ?
Mais c'est là que quelque chose d'imprévu se produisit. Aelita fondit en larmes.
— Je te dis que j'ai raté mon exposé ! J'ai pas arrêter de bafouiller, j'ai complètement hésité, je me suis rétamée tout du long, et toi, tout ce que tu trouves à me dire, c'est que tu as trouvé l'explication de l'univers grâce à ton super-cerveau ?
Je me mordis les lèvres. J'avais peut-être grillé des étapes en cherchant à terminer la conversation avant de l'avoir consolée. D'ailleurs, ça me poussait à me demander : comment s'était passée sa soutenance de thèse, en fait ? Les autres fois, elle avait fini par admettre que sans être parfait, c'était pas si mal ; mais là, à l'entendre, ça paraissait catastrophique. À ce moment, je sus quel serait le programme de mes premiers jours de congé : espionner la séance afin de savoir comment elle se déroulerait, et trouver les mots justes pour éviter de la blesser.
En attendant, je lançai quelques excuses et, une minute plus tard, elle raccrocha sans s'être tout à fait calmée. Troisième jour, troisième engueulade. Je m'en étais moins bien sorti cette fois-ci. Je rangeai le téléphone dans ma poche en soupirant : pour l'importance que ça pouvait avoir, de toute façon…
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, neuf heures cinquante-six, jour 87.
C'est désormais établi.
La nature de l'Univers est informatique. »
_________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Ven 18 Avr 2014 19:15; édité 1 fois
Je dois avouer quelque chose : je ne prends que très rarement le temps de lire des fanfictions. Aussi, c'est là le premier texte que tu signes que je lis. Avant de commencer à lire le texte lui-même, ta présentation me laissait perplexe. Et puis comme j'ai enfin du temps libre (ou presque) et que tu as précisé que l'ensemble ne sera pas très long, je me suis décidé à voir qu'est-ce tu as bien pu écrire pour pouvoir dynamiter un cerveau...
Et je ne suis pas déçu ! Tout est là ! J'apprécie déjà les descriptions saisissantes, la coïncidence de la date et la psychologie du personnage de Jérémie parfaitement respectée - à savoir l'illumination qui se transforme en idée fixe ou presque et les relations sociales qui sont calculées et modélisées et non pas vécues comme vous le faites vous autres humains.
Ensuite vient le fond avec la Théorie. Je vois déjà trois axes pour la suite, et tous les trois me semblent prometteurs (mais tu peux jours me surprendre, je n'y ai pas réfléchi très longuement : j'attends de voir ce cinquième chapitre). Et tu sais quoi ? Non, l'idée de base n'est pas un pur délire, loin de là. Non, ajouter une dimension mystique voire divine à cette idée ne sera pas malvenu. Et non, mon cerveau n'en explosera pas. C'est le genre de théorie que j'imagine dans le bus ou sous la douche, et que je laisse de côté car inexploitable et donc inutile sans les technologies appropriés, mais intégrés à l'univers de Code Lyoko...
Bref, j'ai hâte de lire la suite ! _________________
Inscrit le: 14 Sep 2008 Messages: 1330 Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Une fic pour les geeks
"Aelita, j'ai fais une découverte: on est dans la matrice"
Dis moi, odd, ulrich, yumi et aelita se fichent d'avoir a vivre 87 fois la même journée? _________________
Inscrit le: 27 Jan 2013 Messages: 432 Localisation: Dans un paquet Haribo nancéen.
Ponchoir.
Belgarel a écrit:
La première partie de cette fiction est dédiée à **vous le reconnaîtrez**
Je crois que c'est moi. xD
En effet, chers lecteurs avides d'avoir mon avis sur cette fiction, je dois tout d'abord vous signaler qu'il est fort possible - j'ose à peine dire "parfaitement vrai" de peur que la longueur de l'expression ne reflète pas assez son ampleur - que nombre d'idées qu'elle exploite proviennent d'un autre esprit que celui de l'auteur qui les présente. En guise d'introduction, Belgarel se plaît à nous expliquer que les OS du 6 juin, que j'ai éminemment camouflés par des procédés aussi fallacieux qu'imaginatifs dans les entrailles du forum, ont été une source d'inspiration qui, bien qu'imparfaite et joliment accompagnée d'autres idées, s'est révélée non négligeable.
En tant qu'auteur de ces derniers, j'aimerais signaler que le concept n'est pas de moi et que d'après la loi, je ne puis porter plainte pour droits d'auteur étant donné que Waldo Schaeffer n'est pas un blondinet prépubère à l'intelligence aussi limitée que Jérémie qui, incohérente chose, est capable de toute la physique du monde sans s'investir dans la moindre autre discipline, là où le vieux Franz est pianiste, très attaché à sa fille et plutôt cultivée ; en deux mots un humaniste moderne (avec la philosophie du 19ème par contre xD). Bon, je valide donc cette source d'inspiration. Il me semble d'ailleurs que quelques tournures tendent à se rapprocher discrètement de celles que j'ai employées dans ces derniers, mais il est vrai que les différences sont très nombreuses d'autre part.
Cependant, je crains fort qu'elle ne soit pas la seule. En effet, non content de découvrir quelques idées fort ingénieuses au cours de ma lecture, je suis tombé sur ce passage qui m'a semblé fort intéressant :
Belgarel a écrit:
La théorie des cordes ? bien joli tout ça, mais elle n'expliquait rien.
La génération d'un nouvel univers conditionné se superposant à l'ancien par utilisation des scanners ? Rien de tel dans le code source, d'autant que le Retour vers le Passé pouvait fonctionner sans les scanners.
La courbure de l'espace-temps avec transmission d'informations au nouveau Supercalculateur via des particules intriquées ? Impossible de réaliser une restauration seulement partielle de l'espace-temps en raison de l'expansion universelle.
Non, non, non et encore non ! Chaque hypothèse qui avait jamais traversé mon esprit trouvait aussitôt un contre-argument décisif. Un raisonnement tranchant, une théorie consensuelle, un contre-exemple suffisait à tout renverser. Dans toutes la foule des explications que j'envisageai ou que j'avais jamais envisagées, il n'y en avait qu'une qui, seule, résistait à un examen superficiel.
Et cette idée était complètement folle…
Un vieux souvenir a alors surgi en moi à la page 40 (et trois pages plus loin pour la théorie finale si vous avez pas pigé la dernière citation). xD
Ainsi, le concept sur lequel cette fiction est basée m'appartient tout autant que la façon de l'exploiter et dans ces conditions-là, je peux porter plainte car Aelita, qui donne le fil rouge de ton oeuvre dans mon article, est présente dans ta fiction également. En gros, j'ai les copyrights et tu vas morfler ...
Bref, toussa pour dire que les fondations de la fiction sont bonnes et que je valide tous ses concepts pour l'instant. Ensuite, je peux y aller rapidement, parce que c'est plutôt prévisible : Jérémie en train de devenir fou qui se demande comment ne pas être fou tout en voulant rentrer dans la tête d'un fou, c'est bien mon grand ; gâteau, tu l'as mérité ! Aelita qui est chiante et qui sert à rien (on est d'accord, hein ? )
C'est tout pour les personnages, je crois, je ne saurais décrire mieux l'attitude de Jérémie, il va vraiment devenir timbré, c'est pratiquement déjà écrit ou alors il va claquer entre temps. J'avoue ignorer quels sont ses projets maintenant qu'il a compris la vérité sur l'univers dans lequel il vit. Mais bon, au niveau de sa personnalité, je pense qu'il ne se définira que par son intelligence, son ambition démesurée et sa folie en cours de bourgeonnement.
T'écris vraiment bien. Franchement, je te respecte sur ce point. C'est très bien foutu, les descriptions physiques sont appétissantes, y a rien de superflu ce qui est une qualité profondément rare et vertueuse dans les bons textes. Les états physiques de Jérémie, ses absences, les verbes de paroles dans les dialogues, tout m'a paru bon et j'ai même fait des petits "hmmmmm !" d'exclamation à certains passages intéressants.
Pour les descriptions sentimentales, ou juste mentales plutôt, c'est très bien fait aussi. Y a un suspense de malade, on est très mal dans la tête de Jérémie, au moins aussi mal que lui xD, et on le suit dans son doute de savant tout le long sans broncher. Malgré quelques difficultés non rédhibitoires pour les moins initiés à la physique et l'informatique, je pense que tout est accessible, alors encore chapeau bas.
En remarque, j'aimerais quand même dire à nouveau que le narcissique que je suis a vu quelques tournures qu'il a trouvé proches de son propre langage et qu'il n'en a que plus fortement apprécié le texte. Le côté un peu poétique des descriptions, notamment, pour décrire l'absence de sommeil et dans une moindre mesure la folie, c'est pas mal du tout. =)
Quant au scénario, c'est un peu le brouillard, d'autant que le chapitre était court. xD Enfin, on verra. Du coup, je te ferai un autre commentaire prochainement. ^^
En conclusion, ça roule. Des concepts originaux et inspirés par l'élite \o/, exploités avec brio par un auteur de grand talent au style très prenant et parfaitement affuté pour le genre, le tout dans une atmosphère plutôt sombre et aussi bourrée de suspense que Marx de talent et les goulags de Poutine de ricains. A suivre. =) _________________
"L'amour ne veut pas la durée, il veut l'instant et l'éternité."
Nietzsche
Bon, ze vais pas attendre jusqu'à la diffusion du chapitre 2 pour répondre aux commentaires.
Malheureusement, en dépit de l'enthousiasme et de l'impatience qu'a suscité cette première partie, vous apprendrez que je suis une autrice sadique : je délivre les informations au compte-goutte
Je vous dois également de signaler qu'en dépit de mes sympathies pour le mouvement, je n'ai pas les moyens d'écrire de la SF hard-science. De plus, l'univers de base du fandom, plutôt flou, ne s'y prête pas nécessairement
En outre, les idées les plus folles de ma fic sont, quoique construites par indices ici et là, condensées dans les dernières lignes de ma fiction. Au regard de la fin, chaque chapitre avance pas à pas, puis soudain, au chapitre 5, on change de style, ça court, ça fait boum : et je vous le garantis, vous n'aurez pas tout prévu.
@ *ODR*
Comme dit pour haut, c'est moins une fiction pour les geeks (adeptes d'informatique ou de science pure) que pour les intellos (Jérémie n'a pas honte de parler de métaphysique).
*ODR* a écrit:
Dis moi, odd, ulrich, yumi et aelita se fichent d'avoir a vivre 87 fois la même journée?
Question pertinente et je n'ai pas jugé nécessaire d'alourdir le récit avec des explications là-dessus, mais pour moi il va de soi que si un programme enregistre un être humain comme non-RVLPfiable, les données relatives à cet être humain peuvent être supprimées ou déplacées : autrement dit, Jérémie peut manipuler le programme pour "décocher la case RVLPfiable"
Je ne parle pas, bien entendu, d'une arnaque comme CLÉ#22, où Laura était censée avoir contourné magiquement les procédures habituelles de façon à bluffer Jérémie, et où elle oublie plusieurs semaines de sa vie, ou du moins les parties de ces semaines relatives à ce qui gêne les scénaristes. Tu veux l'explication ?
Spoiler
"Oubliettes !"
"Incroyable ! On dirait de la Magie !"
Autrement dit : les autres LG gardent tous leurs souvenirs, mais ils ne sont plus affectés. Jérémie est seul.
@ Dede7
Oh, un Jérémie.
Je t'avouerai que la présentation ne me satisfait pas non plus. J'aurais pu bidouiller un truc avec des couleurs. Mais bon, je suis un séminaire de littérature du Moyen-Âge où on explique que la polychromie, c'est le mal. Et comme le mal c'est pas bien, j'ai préféré m'en passer.
Dede7 a écrit:
Ensuite vient le fond avec la Théorie. Je vois déjà trois axes pour la suite, et tous les trois me semblent prometteurs (mais tu peux jours me surprendre, je n'y ai pas réfléchi très longuement : j'attends de voir ce cinquième chapitre). Et tu sais quoi ? Non, l'idée de base n'est pas un pur délire, loin de là. Non, ajouter une dimension mystique voire divine à cette idée ne sera pas malvenu. Et non, mon cerveau n'en explosera pas. C'est le genre de théorie que j'imagine dans le bus ou sous la douche
Je ne vois pas quels sont les trois "axes" que tu vois, car comme tu verras dans le chapitre 2, je n'en envisage pas autant.
Mais pour ce qui est de la dimension mystique…Si tu penses à ce que je penses que tu penses, alors on l'a déjà tous pensé au moins une fois. Mais heureusement, la fin est un condensé d'idées tout aussi stupides imbriquées les unes dans les autres (et encore, je me suis arrêtée à un moment…) Donc même si les chapitres 2, 3 et 4 ne te surprennent pas énormément, reste pour le cinquième, qui n'est plus tant un développement d'intrigue qu'un pur WTF. Même si tu devines et intègres un élément du nœud, il restera des surprises en-dessous qui te feront quand même penser que c'est du délire.
@ Gummy
En fait, je n'avais pas pensé à toi mais à un certain Maître du vent, dont la lecture avait fini par contaminer ma plume (sans toutefois tomber dans l'excès). En outre, il m'avait fait part de son amour pour la Bible (je pourrais en dire plus, mais c'est pas l'heure).
Ceci dit, il est vrai que j'avais survolé () cet article p.40 sans approfondir. Il avait un peu décanté, et c'est sans doute une source inconsciente de mon texte. Cependant, tu verras qu'en dépit de ses atomes crochus avec les suppositions d'Aelita, ma solution se veut bien plus…prise de tête
Et si tu veux m'attaquer sur le Copyright, je préviens les fr…Wachowski (au passage, bon anniversaire Matrix) Et eux-mêmes, je les menace en disant que s'ils t'attaquent pas à tort, je demande à Raptor-Jésus de ressusciter Platon.
GummyBear a écrit:
je ne puis porter plainte pour droits d'auteur étant donné que Waldo Schaeffer n'est pas un blondinet prépubère à l'intelligence aussi limitée que Jérémie
Je pourrais argumenter que Jérémie n'est plus prépubère. Mais à la place, je vais juste rigoler.
GummyBear a écrit:
Aelita qui est chiante et qui sert à rien (on est d'accord, hein ? )
Oui et ça me gêne. Je te remercie, car comme tu m'as rappelé le problème, j'ai trouvé une solution détournée et je vais faire quelques ajouts au chapitre 4.
J'ai vraiment survolé tes O-S, en réalité. Je compte bien leur donner un commentaire un de ces jours, mais c'est plus sur le principe que j'ai accroché. Notamment, avant de relire ça en détail, j'aimerais que tu m'expliques par MP ta manière de voir l'alternance entre première et troisième personne, car c'est un point sensible du style. Mais le plus difficile, en fait, dans la lecture de ces textes (ce qui me rebute moi aussi, il faut l'admettre), c'est qu'ils sont prétextes à réflexions. Soit en gros développements de pâtés conceptuels (et sache-le, les meilleurs philosophes sont ceux dont la rigueur et le système imposent le respect, ou ceux dont le style léger élève la raison dans le plaisir), soit en envolées lyriques symboliques.
Je serais mal placée de t'envoyer qu'il est mal de prendre un texte comme "prétexte" pour exciter les neurones. Ou de te dire qu'il faut y mettre les formes (après tout, tu verras que la fin de la fiction adopte une forme assez épurée pour faire passer mes considérations, quoique réfléchie). Ou encore qu'il faut éviter de les asséner lourdement (puisque Jérémie, au début des chapitres 2 et 3 notamment, ne se privera pas de faire le point sur sa manière de penser). Je te rappellerai juste qu'il s'agit de pas foutre des majuscules partout à des grands mots comme la Vérité _________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Inscrit le: 27 Aoû 2008 Messages: 135 Localisation: Sur une hyper-surface que l'on appelle présent.
Belgarel a écrit:
Ça doit être l'influence de Lain.
Et oui, même le plus cliché des titres ne peut me cacher une référence à SEL. Me voilà donc.
Et oh, que vois-je. On tente de faire dans le mindfuck, n’en dite pas plus j’en suis !
Par contre : blow my mind ? Mwahaha you fool !
Spoiler
J’ai théorisé serial experiments lain de façon logique et satisfaisante. Rien ne peut plus m’atteindre ! Et il en faut beaucoup pour me surprendre.
*Se prend une tomate surprise sur le pif de la part de l’assemblé qui l’atteint manifestement*
Ou presque…
Bon comme l’on vient de me le faire gentiment comprendre, assez flatter mon égo démesuré, place à la fanfic.
Alors, voyons voir ça... De la psychologie intimiste ? Le fan de Lain que je suis aime ça.
Sinon pour le style, l’orthographe et la qualité du texte dans son ensemble je n’ai pas grand-chose à redire. Je ne suis pas vraiment le mieux placé pour ça et en plus l’on est passé avant moi.
Permet moi donc de me concentrer plus sur les aspects scénaristiques et techniques (avec le peu que tu nous en dévoiles ce sera relativement court…).
Belgarel a écrit:
Je vous dois également de signaler qu'en dépit de mes sympathies pour le mouvement, je n'ai pas les moyens d'écrire de la SF hard-science. De plus, l'univers de base du fandom, plutôt flou, ne s'y prête pas nécessairement
Ayant une certaine expérience dans le domaine, je ne peux absolument pas te le reprocher. On est dans code lyoko, un merveilleu univers ou les lasers de destructions descendent gentiment en dessous de la vitesse du son pour te permettre de les voir et de les entendre avant l’impact. Où retour vers le passé = nouveaux qbits parce que ta gueule c’est magique. Et où un phénomène physique arrive à faire la distinction entre les morts naturelles et les morts en rapports avec l’intrigue. La science dans code lyoko n’est qu’un camouflage à plot devices. Alors personne ne t’en voudras si tu es flou dans tes explications ou si tu sors la carte « MAGIC ! ». Au pire tu me demandes, je me suis spécialisé dans le baragouinage scientifique pour ma fanfic.*fuit*
Ensuite pour ce qui est de l’intrigue en elle-même il est vrai que je sens un certain vent planer dessus. Mais pas celui de l’ouest que tu as déjà cité.
Non, celui-ci me semble plus de nature… spatio-temporelle.
Et j’ai comme l’impression qu’il donne le cap pour le chapitre 5. Il est probable que je sois aveuglé par mon fanatisme mais c’est le sentiment que j’en ai.
La suite me dira si j’ai raison ou non.
Dans tous les cas ça promet. _________________ "In memory of those fallen in the defense of Earth and her colonies. March 3, 2553"
Inscrit le: 14 Sep 2008 Messages: 1330 Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
Tout est possible dans la matrice
Sa expliquerai justement pourquoi les lasers se déplacent à la vitesse d'une voiture. C'est Dieu utilisant le Bullet time. _________________
** Belgarel inspire un grand coup… ** "Lain !" ** Robin2553 surgit de nulle part **
"Oui ?
— Non, rien, c'était pour voir."
J'reviendrai sur ta fic un de ces jours. Même si en survolant, ça m'avait pas trop accrochée…si j'me trompe pas, on part dans un trip futuriste complètement délirant, où en gros la lutte contre XANA c'était des bagarres de bac à sable sous l'œil bienveillant des adultes ?
Robin2553 a écrit:
J’ai théorisé serial experiments lain de façon logique et satisfaisante. Rien ne peut plus m’atteindre !
En effet, je ne prétends pas véritablement vous exploser l'esprit. Vous faire dire Whaaaaaaat à la fin de la fic serait un objectif plus vraisemblable.
Mais c'est si dur que ça à théoriser, Lain ? J'veux dire : un type crée un protocole IP qui fait d'Internet un trip télépathique, il fabrique Lain et lui donne un corps artificiel avec une fausse famille, ça part dans le trip habituel des types qui veulent devenir Kami, et à la fin Lain survit dans l'inconscient collectif en restaurant la vérité telle que la percevaient les humains…j'ai peut-être pas été super attentive, mais j'ai pas vu tant de choses si déroutantes que ça…
Sauf le pyjama-nounours.
Ceci dit, mille mercis de m'avoir fait découvrir J'ai beaucoup aimé.
Et sinon, *ODR*, tu floodes
(Heavenly Bullet time XD)
Alors certes, tout est possible dans la Matrice…mais on n'est pas exactement dans la Matrice. Voici :
Partie 2
Spoiler
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, neuf heures cinquante-six, jour 87.
C'est désormais établi. La nature de l'Univers est informatique.
J'entends par là qu'il n'est constitué ni de matière, ni de particules, ni d'ondes, ni d'énergie. Le monde est, en tout et pour tout, constitué d'informations.
Il ne faut pas confondre l'Univers Réel, dans lequel je me trouve présentement, avec Lyokô. Non seulement parce qu'ils ne sont pas régis par les mêmes règles, mais aussi parce qu'ils sont ontologiquement différents : Lyokô dépend de l'Univers Réel, en cela qu'il n'est qu'une traduction du Réseau informatique. En outre, l'information n'est pas organisée selon les mêmes modalités (énergie, matière) sur Lyokô.
Quant à l'Univers Réel lui-même, il apparaît qu'il est contenu à l'intérieur du Supercalculateur. J'ai deux hypothèses permettant d'expliquer cet état de fait absolument ahurissant.
La première possibilité, la plus intuitive, est que l'Univers Réel est généré par un autre Supercalculateur, se trouvant lui-même à l'intérieur d'un autre Univers, et ainsi de suite. C'est l'hypothèse récursive. Le Retour vers le Passé équivaudrait alors à la génération d'un sous-univers illusoire où les événements se seraient déroulés différemment, et la réalité véritable se situerait dans un Monde Originel existant avant la première tentative réussie de Retour vers le Passé, effectuée par Franz Hopper. Mon objectif serait alors de remonter la chaîne de la récursivité afin de découvrir le véritable univers.
Bien qu'intuitive, cette explication ne permet pas de comprendre l'augmentation de puissance du Supercalculateur à chaque retour vers le passé, que j'ai confirmée au cours de mes recherches.
La deuxième possibilité, c'est l'hypothèse immanente, selon laquelle le contenant informatique de l'Univers n'est pas extérieur à ce dernier. Autrement dit, le même Supercalculateur que j'utilise pour enregistrer ce journal serait le support de l'Univers. Bien entendu, je ne parle pas d'un support matériel temporellement situé. Et c'est là que ça devient compliqué… »
Un peu plus de cent dix jours. Autrement dit, bientôt quatre mois.
Sans l'enregistrement quotidien du journal, j'aurais sans doute perdu le compte. Il aurait fallu que je vérifie l'historique du Retour vers le Passé pour savoir où j'en étais. Mais c'était une règle que j'avais bien pris soin de me fixer : garder les pieds sur terre. C'était une question de santé psychologique : ça ne se néglige pas.
Ces derniers temps, je passais souvent plusieurs heures par « jour » à contempler le Supercalculateur. Je ne restais jamais plus de quelques minutes d'affilée dans la pièce, qui après tout était glacée à cause de la présence d'azote liquide, mais je ne pouvais détourner ma pensée de cette gigantesque masse noir et or. De plus en plus d'éléments me conduisaient à réfuter l'hypothèse récursive, même si une preuve manquait encore ; du coup, la nature exacte de la chose qui se trouvait devant moi devenait mystérieuse, absolument unique. Ce n'était plus simplement une machine qui calculait et qui enregistrait : ce que je voyais, c'était le pilier même de l'existence. L'avatar de Dieu ?
Enfin, ces pensées étaient inexactes. Si le Supercalculateur devait cesser d'exister, le monde ne disparaîtrait pas avec lui. Par exemple, lorsque nous l'avions éteint, ou que Lyokô avait été détruit, ça n'avait rien changé au monde extérieur ; de même, si un des plans de XANA avait réussi à physiquement endommager le calculateur quantique, l'Univers n'aurait pas été affecté. Puisque l'intégralité de l'espace et du temps étaient en ce moment même, et à chaque seconde, générés par ce gros cylindre de métal qui se dressait devant moi, il pouvait exister des moments où, physiquement, le Supercalculateur n'existait pas encore, ou n'existait plus. Pour ainsi dire, le monde était en permanence créé et géré par un Supercalculateur dont celui que j'avais devant moi n'était que l'incarnation provisoire.
Le plus troublant avait été de découvrir que contrairement au Réseau et aux Réplikas, Lyokô ne dépendait pas du monde réel comme je le croyais, mais du seul Supercalculateur. Les Tours, quand elles n'étaient pas activées, travaillaient à rendre possible la simple réalité. Et pourtant, Lyokô n'était pas géré par le Supercalculateur immatériel et transcendant, mais bien par ce Supercalculateur provisoire qui se tenait face à moi ! C'était à s'arracher les cheveux.
Un calme léthargique s'était emparé de moi pendant ma contemplation. Je ne sentais plus les aiguilles qui s'enfonçaient dans mes doigts noirs de froid. De toute façon il ne servait à rien de bouger : dans quelques secondes, il serait sept heures quarante-trois du matin, le 6 juin, et je me remettrais à travailler un peu avant d'aller dormir.
Je me suis encore réveillé sur la chaise aujourd'hui. Je déteste ça. Le passage d'une position allongée à une position assise n'est pas des plus confortables pour un corps inconscient, et il en résulte souvent un coude ankylosé, ou un mal de dos quelconque. En même temps, cela me prouve que je devrais dormir plus souvent. Sinon, je me réveillerais à chaque fois que sonne mon portable, ce qui n'est pas le cas. Ou alors, c'est que je manque d'un certain goût de vivre.
Quoi qu'il en soit, on arrive à mon premier jour des vacances. J'ai vérifié sur le calendrier : nous y voici enfin, le 6 juin 2019 ! Yaaay !
Plus sérieusement, j'ai plusieurs fois repoussé cette date. Soit parce que je venais de découvrir quelque chose d'important, soit parce que j'avais pas envie de voir des gens que je connaissais, ou alors parce que je me persuadais que regarder le Supercalculateur était un moyen sain de s'aérer l'esprit. Je sais, c'est stupide. En conséquence, il est devenu urgent que je passe du temps avec mes amis. Au moins quinze jours, sans compter le sommeil. Sans penser une seconde à ce qui se passe au labo. Je n'en ai pas la moindre envie, mais c'est une obligation à laquelle je ne peux plus déroger.
Pour la première fois depuis que je m'étais réveillé en sursaut dans ma chambre, j'ai pris la décision d'appeler Aelita, au lieu de simplement subir sa beuglante du soir. Bien sûr, pour elle il ne s'est écoulé qu'une poignée d'heures, sans doute passées à dormir ; elle ne devait pas être très disposée à me parler. Il me faudrait sans doute quelques essais avant de pouvoir profiter d'une conversation qui nous ferait plaisir à tous les deux. Peut-être aurait-il mieux valu que je tente une voyage en RER pour trouver une boutique où claquer toutes mes économies avant de la revoir ? Un cadeau, ça fait toujours plaisir…
Mais j'ai toujours des scrupules à penser comme ça. Si je devais finir par utiliser le retour dans le temps pour optimiser nos rencontres, pourrait-on vraiment considérer que j'interagirais avec un autre être humain ? Ne deviendrais-je pas le manipulateur égoïste et insensible d'une espèce de programme conditionné ? Quoi qu'il en soit, il était encore trop tôt pour me poser ces questions-là. Pour le moment, je devais de l'instant présent, éternellement présent.
— Allô, Aelita ?
— Décidément, tu tiens à me parler aujourd'hui, m'a répondu une voix claire et chantante. Quoi de neuf ?
Ben déjà rien que ça, c'était sacrément neuf : apprendre qu'Aelita était mieux disposée à huit heures trente que douze heures plus tard, c'était la dernière chose à laquelle je me serais attendu ! D'un coup, la perspective de passer une journée à en apprendre plus sur elle m'a paru plus gaie. Je crois que j'ai vu la vie en rose.
— Oh, euh…désolé pour ça. J'espère que tu as pu te rendormir…ai-je marmonné, affectant la gêne.
— T'en fais pas pour ça, m'a-t-elle rassuré d'un ton badin. Je me souviens vaguement que j'ai un peu émergé, puis pouf ! plus rien…J'ai dû me rendormir aussitôt.
Deux versions radicalement différentes d'un même fait. Dans laquelle Aelita déformait-elle moins la vérité ? Mais au fond, c'était absurde de chercher à savoir quelle version était un mensonge : peut-être était-elle de bonne foi dans les deux cas, modelant le souvenir du réveil selon un angle différent en fonction de son humeur. Or, si le monde n'était qu'information, alors l'événement que me racontait Aelita ne pouvait qu'être vrai, pour peu qu'elle en fût convaincue.
En parlant de son humeur, se pouvait-il qu'elle rate vraiment sa présentation de thèse ? Ma foi, j'aurais toutes les vacances pour éclaircir l'affaire, mais aujourd'hui au moins serait différent : elle allait faire un exposé brillant, après avoir affronté le jury accompagnée de son copain qui se serait spécialement libéré de toutes ses obligations, ce 6 juin 2019. Jour 114.
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, minuit quarante-trois, jour 123.
J'ai enfin mis au point un protocole me permettant, en un appel, d'améliorer considérablement la prestation d'Aelita lors de sa soutenance de thèse. Conséquemment, elle ne m'a pas appelé à 19:51 ; par contre, elle m'a envoyé un texto, plus tôt dans la soirée, m'invitant à célébrer la fin de ses études dans une pizzeria. Nous avons passé un moment très agréable. J'espère que chaque jour de vacances m'offrira l'occasion de vivre de nouvelles expériences avec elle de cette manière-là.
Mais j'hésite encore à appliquer ce protocole quotidiennement. D'une part, parce que faire plaisir à Aelita doit me faire plaisir à moi aussi : si cela devient une routine, peut-être deviendrai-je plus monstrueux encore que si je la laisse sortir de son entretien avec le cafard et que j'en assume la culpabilité. D'autre part, il faut encore que j'évalue sur son moral les conséquences d'un refus de dîner avec elle. En effet, même si je renouvellerais volontiers cette soirée pour l'intégrer à mon quotidien, je sais très bien qu'une fois plongé dans le travail, je finirai par trouver cette perte de temps ennuyeuse et à ne plus m'y tenir.
Devant, pour l'expérience, limiter mes contacts avec Aelita, j'ai passé la journée à droite et à gauche. Rencontré quelques inconnus dans la rue, discuté avec Odd à la boutique, téléphoné à mon père…ah, oui, j'ai aussi envoyé un mail à Yumi. J'ignore si elle a pris le temps de le consulter, en tous cas je n'ai pas encore eu de réponse. Peut-être profitera-t-elle de sa matinée pour me l'envoyer avant la fin du cycle temporel : je pourrai alors savoir ce qu'elle pense de cette aventure.
Si un jour je devais me lasser d'Aelita, il faudra que je me souvienne d'aller voir d'autres personnes. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, vingt heures dix-neuf, jour 127.
J'ai décidé d'écourter mes vacances. Je n'arrive plus à dormir. Même si c'est sans conséquences sur ma santé, je tiens à conserver ce cycle de repos : c'est une priorité.
J'ai l'impression qu'une tempête bouillonne en permanence sous mon crâne. Un éclair, une explosion, du tonnerre et des ravages. Pas une seconde sans une idée que j'ai déjà formulée cent fois, sans une nouvelle obsession qui submerge mon esprit. Comme si j'avais inconsciemment continué de travailler ces deux dernières semaines, et que mes trouvailles se bousculaient dans mon cerveau.
Mon état psychosomatique s'est dégradé en conséquence. Actuellement, vous pouvez le constater, je suis pâle, je transpire et je tremble en permanence. J'ai des bouffées de chaleur et du mal à respirer ; mon rythme cardiaque s'emballe pour un rien, aussi, et on me fait parfois remarquer en fin de journée que des plaques rouges apparaissent sur mon visage et mes mains.
Je n'ai pas le choix : il faut que je travaille. »
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, quatre heures trente-sept, jour 143.
Ça y est ! J'ai…j'ai trouvé…la preuve ! LA preuve ultime…
C'est bel et bien l'hypothèse immanente…l'emporte, oui…(marmonnements inaudibles)…Autrement dit…
Et Lyokô ! Oh, Lyokô ! (Jérémie Belpois se lève et disparaît de l'écran.) Et dire que je croyais…oui, au fond, c'est un peu comme le Yin et le Yang, vous voyez ? (Il réapparaît un bref instant, déambulant dans la salle.) L'un n'existe pas sans l'autre, ils sont la condition réciproque l'un de l'autre ! (Il rit.) On pourrait presque dire…mais oui, c'est ça : les Tours sont les piliers, l'interface, mais dans les deux sens en fait ! Accessibles depuis Lyoko, mais pas seulement…
Mais attendez, attendez ! (Il se rassied dans le fauteuil, l'air exalté.) Voilà le plus incroyable ! C'est moi qui ai créé le programme qui permet aux Tours d'accéder au Réseau, à l'époque où Aelita voulait en apprendre plus sur la Terre ; celui-là même qui a permis à XANA de s'échapper du Supercalculateur, quelques mois plus tard…Moi, et moi seul !…Mais ! là où ça devient carrément dingue…c'est que sans ce programme, les Tours ne remplissent pas parfaitement leur fonction de lien entre Lyokô et l'Univers Réel – de générateur de l'Univers Réel ! La situation dans laquelle était le Supercalculateur quand je l'ai trouvé ne lui permettait pas de supporter ces deux mondes parallèles que sont l'Univers et Lyokô ! Tout était déjà prêt, tout était en place, tout fonctionnait, même, parce que j'allais bientôt rendre tout cela possible…Moi ! (Il rit. Une lumière blanche apparaît juste avant la fin de l'enregistrement.) »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, onze heures cinquante-deux, jour 145.
C'est dingue. De pire en pire.
Après tout, Aelita m'avait bien dit que Franz Hopper comptait encore régler des détails une fois virtualisé sur Lyokô…mais là, ça dépasse l'imagination…
J'ai vu ça dans le cœur de Lyokô. C'est là qu'est définie la notion d'énergie virtuelle et que sont mises en place les règles la concernant. Les points de vie, les barrières du Skid, la puissance des Tours…Sauf qu'en réalité, contrairement à ce que je pensais, ces choses-là ne correspondent pas à la puissance de calcul des machines. Non, ce sont des forces bien plus grandes qui sont à l'œuvre.
L'énergie virtuelle telle qu'elle existe au sein de Lyokô et telle qu'elle est, par extension, définie au sein du Réseau que génère le Cœur, dépend de champs magnétiques stellaires qui, en l'état, n'existent pas dans l'Univers. Sans ces champs magnétiques, pas d'énergie virtuelle ; sans énergie virtuelle, pas de Tours ; sans Tours, pas de Lyokô ni de Monde Réel. Autrement dit : en l'état actuel des choses, l'existence n'a toujours pas été rendue possible. Exactement comme c'était le cas avant que j'écrive le programme permettant aux Tours de parcourir le réseau.
Je crois que ce n'est pas un hasard si je me suis réveillé cette nuit-là avec la tête prête à exploser. Peut-être n'était-ce pas un hasard non plus si j'ai découvert l'usine quand j'étais gamin. Quelqu'un a rendu ça possible parce que c'était nécessaire. Pour ce que j'en sais, c'était peut-être Franz Hopper. Ou, pire…ce sera peut-être moi.
En effet, une tâche m'attend. Maintenant que j'ai découvert la nature du monde, il faut que j'achève les plans de Franz Hopper afin de rendre son œuvre possible. Son œuvre…c'est tout de même incroyable de songer qu'il y a un homme qui a créé l'Existence. D'ailleurs, par ce que j'ai accompli, même si ce n'étaient que quelques lignes de code qu'il n'aurait pas pu imaginer à une époque où le Supercalculateur n'était pas relié au Réseau, je me situe déjà aux côtés de cet homme, en tant que créateur de l'Existence…Sauf que cette fois, le code source que je vais devoir modifier n'est pas celui de Lyokô.
Il faut que je trouve et que je modifie le code source de l'Univers. »
Edit : En postant sur FF.net, je viens de me rendre compte que la partie 2 était non pas "un peu plus courte" que la première, mais qu'elle contenait deux fois moins de mots !
C'est ce qu'on peut appeler une surprise… _________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Inscrit le: 29 Mar 2014 Messages: 3 Localisation: France
J'ai vraiment adoré! C'est sympa! J'ai relu deux fois pour tout comprendre, c'est trop excellent! C'est même flippant, il recommence éternellement le même jour! Les fics avec Jeremy devenant totalement bizarre, c'est amusant! Je me suis éclatée à te lire! Super fanfic! _________________ "Il n'existe que deux choses infinies, l'univers et la bêtise humaine... mais pour l'univers, je n'ai pas de certitude absolue."
Albert Einstein
(J'ai trouvé ma photo de profil sur internet, si c'est déjà celle de quelqu'un, prévenez moi et je changerais!)
Inscrit le: 27 Aoû 2008 Messages: 135 Localisation: Sur une hyper-surface que l'on appelle présent.
Belgarel a écrit:
Mais c'est si dur que ça à théoriser, Lain ? J'veux dire : un type crée un protocole IP qui fait d'Internet un trip télépathique, il fabrique Lain et lui donne un corps artificiel avec une fausse famille, ça part dans le trip habituel des types qui veulent devenir Kami, et à la fin Lain survit dans l'inconscient collectif en restaurant la vérité telle que la percevaient les humains…j'ai peut-être pas été super attentive, mais j'ai pas vu tant de choses si déroutantes que ça…
*SEL utilise niveaux multiples de compréhension. C’est super efficace : Belgarel est envoyée sur de fausses pistes.* Edit anonyme : je réclame des droits d'auteurs.
C’est là toute la beauté de Lain. Le scénario est tellement profond et cohérent que l’on peut penser le comprendre sans même l’avoir compris. Moi aussi il m’a eu la première fois…
Quoique c'est assez décevant en définitif. Entre dauphin, vous auriez pu vous reconnaitre.*fuit*
Belgarel a écrit:
si j'me trompe pas, on part dans un trip futuriste complètement délirant, où en gros la lutte contre XANA c'était des bagarres de bac à sable sous l'œil bienveillant des adultes ?
Quoi ça se ressent même là ? (faut vraiment que j’arrête le LSD moi…) Délirant ? Pas vraiment non, c’est plus dans le domaine du réalisme (En tout cas autant que faire se peut avec l’élément de base.). Où je donne à l’univers code lyoko, une histoire mature prenant en compte la complexité de la réalité plutôt que de la tordre en espérant que le publique n’aura pas le recul ou les connaissances pour le voir (une habitude que je vois malheureusement trop souvent en fiction.)
Mais passons au chapitre en lui-même :
Alors, un Jérémie qui part complètement en free-ride. Mais alors à un niveau jamais atteint au par avant. J’ai pas le souvenir qu’il soit jamais allé aussi loin dans le désordre psychologique. Même dans les moments les plus stressant du DA (le casque neurologique étant une exception). C’en serait presque un peu trop. Mais après tout découvrir l’ultime secret de l’univers n’est pas rien.
On sent notamment qu’ils commencent déjà à se prendre pour dieu à jouer presque casuellement avec le vécut d’Aelita. Et qu’ils se posent des questions sur l’éthique de cette pratique. (Une piste à suivre pour la suite ?)
Tiens, j’ai une autre possibilité pour le chapitre 5. *La note dans un coin*. Mais elle est un peu simpliste à mon goût alors je pense que je fais fausse route.
Et c’est subtil, mais je remarque qu’il semble y avoir des différences entre les différentes versions de la journée du 6 juin qui ne semble pas avoir été directement causé par Jérémie. Ça ressemble fort à une indication scénaristique.
Aussi :
Jérémie a écrit:
Voilà le plus incroyable ! C'est moi qui ai créé le programme qui permet aux Tours d'accéder au Réseau, à l'époque où Aelita voulait en apprendre plus sur la Terre
Ce qui signifierait que la faculté du supercalculateur à retourner dans le passé ne serait pas inhérente au fait qu’il a virtuellement le contrôle de la réalité en la générant ? Des retours dans le passé ayant été faits avant la complétion du programme. Cela voudrait dire que même sans sa connexion totale à l’univers, le supercalculateur peut en modifier les données de façons fondamentales. Incohérences ou subtilité du scénario ? Je me le demande…
Et enfin :
Jérémie a écrit:
Il faut que je trouve et que je modifie le code source de l'Univers.
Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que ça va mal se finir ? _________________ "In memory of those fallen in the defense of Earth and her colonies. March 3, 2553"
Salut Claire08, et bienvenue autant sur ce forum que sur cette fiction
Merci de ton commentaire, ça fait toujours plaisir. Par contre, n'hésite pas à encore développer tes impressions de lecture, rapport aux modos
Une perturbation à prévoir a écrit:
Edit anonyme : je réclame des droits d'auteurs.
Présomptueux. En dépit d'une formulation un peu enthousiaste, je ne prétendais pas lire au travers d'engrenages invisibles : je ne faisais qu'exprimer mes attentes et mes désirs de lecteur⋅rice.
Le chapitre 12 m'avait assez montré qu'il y avait de l'imprévisible en rajoutant une hypothèse à mes possibles explications du black-out de Chris. Edit : Zéphyr m'a dit qu'il s'adressait à Robin2553, faisant allusion à cette critique. Les fans de Pokémon étant nombreux, je n'avais pas compris qu'il interprétait l'utilisation de formules de ce style comme un plagiat Edit de Zéphyr : Ne cherche pas trop loin, c'était juste une boutade...
Robin, donc, pour la réponse que je t'ai promise par MP…donc je reprécise, je n'avais pas envisagé le RVLP, mais j'avais expliqué un phénomène analogue développé au début du chapitre 3, qui fait un peu le point. Bon, le raisonnement est un peu cheaté et pourrait être utilisé pour tout et n'importe quoi, mais quand on fait pas de hard science, tout est permis tant qu'on abuse pas trop…
Explications à la fin de la lecture…
Robin2553 a écrit:
Et c’est subtil, mais je remarque qu’il semble y avoir des différences entre les différentes versions de la journée du 6 juin qui ne semble pas avoir été directement causé par Jérémie. Ça ressemble fort à une indication scénaristique.
Quelles différences ?
Est-ce que tu parles de la réaction d'Aelita ? Moi, je considère comme étonnant mais possible qu'elle se réveille relativement en forme, puis qu'elle se sente tellement mal/stressée après sa soutenance qu'elle en blâme Jérémie pour, une ou deux heures après, lui gueuler dessus (d'autant qu'il ne l'a même pas rappelée pour lui parler de l'Univers).
Partie 3
« Ceterum censeo… »
Spoiler
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, quatorze heures trente-trois, jour 236.
En sciences ou en mathématiques, plus on s'avance dans l'abstrait, plus on oublie de quoi on parle. Il m'est arrivé plus d'une fois de trouver comme une évidence la solution d'un problème monstrueusement complexe rien qu'en le reformulant en termes simples et concevables. Je crois que j'aurais d'ailleurs plus rapidement compris pourquoi le terminal de la salle de contrôle du Supercalculateur ne me permettrait jamais d'accéder au Code Source de la réalité si j'avais un peu réfléchi à la nature exacte de ce dernier.
Ce qu'il faut tout d'abord comprendre…nous nous trouvons dans une situation qui n'est pas soumise de manière normale au temps, à la causalité ou à l'espace, parce que c'est précisément cette situation qui génère toutes ces règles et les conditions dans lesquelles elles se déroulent. Le problème de la poule et de l'œuf, en somme : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Je sais que je finirai par trouver la réponse, que ce soit dans une semaine ou dans vingt ans ; mais pour le moment, je ne cherche pas à l'expliquer.
Donc…partons de notre monde réel. L'Univers, où il y a l'espace-temps et la matière et tout ce qu'on connaît. À un moment, dans l'histoire de l'univers, ou sur une certaine période de temps, sont réunies les conditions selon lesquelles existe un Supercalculateur que j'appelle Supercalculateur cosmique. En fait, le Supercalculateur qui se trouve sous mes pieds est probablement le Supercalculateur cosmique, du moins en grande partie ; mais il se peut pas exemple qu'il ne réunisse jamais toutes les conditions en une fois. Qu'il n'accomplisse le travail que par parties, à des moments différents du temps, ou qu'une machine apparue dans mille ans termine ce qu'il aura commencé sans pour autant générer Lyokô directement, mais en le complétant par un travail sur le Réseau par exemple.
Bref, le Supercalculateur cosmique existe. C'est un fait dont je dois, dans la mesure de mes moyens, m'assurer qu'il advienne. C'est une mission qui m'a été confiée. Comment dire…je ne peux pas arrêter mes recherches. C'est comme si je n'avais pas de libre arbitre, d'un coup. Parce que si je n'accomplis pas ces recherches, c'est que je ne devais pas le faire ; mais si je dois les accomplir, alors, nécessairement, je les ai déjà accomplies et je ne peux pas changer ce fait…
Le Supercalculateur cosmique génère deux mondes. Deux mondes constitués d'informations. Lyokô et l'Univers. Ces deux mondes sont interdépendants. L'Univers permet la simulation de Lyokô, qui n'est jamais qu'une traduction de l'état actuel du Supercalculateur matériel. Lyokô permet l'existence de l'énergie et de la matière au moyen de processus de routine qui ne cessent jamais de fonctionner au sein des Tours – entre autres choses qu'elles accomplissent.
Il peut paraître étrange que le Supercalculateur cosmique, qui est après tout incarné au sein de l'Univers et de l'espace-temps, puisse générer ce même Univers. C'est la question de la poule et de l'œuf que j'exposais au début de ce journal, et je ne parviens pas à l'expliquer. Cependant, le code des Tours ne ment pas : il en est bel et bien ainsi.
Ma mission actuelle est de trouver et compléter de Code Source de l'Univers. La réalité telle qu'elle est m'indique que l'Univers dans lequel j'existe n'est pas moins incomplet que Lyôko. Par conséquent, il s'agit d'un Univers provisoire, dont l'existence indéniable n'est rendue possible qu'en ce qu'il est une partie, une cause de l'Univers définitif qui contient le Supercalculateur cosmique – ou, plus précisément, du Multivers définitif, si l'on accepte Lyôko comme monde parallèle.
Pour l'heure, j'ai découvert trois inconsistances entre Lyokô et l'Univers provisoire, dont deux ne peuvent être résolues en modifiant le seul code source de Lyokô. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, dix-huit heures douze, jour 289.
Pas une trace du Code Univers. Début des troisièmes vacances, pour une durée initialement prévue de sept jours. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, onze heures onze, jour 321.
J'ai éteint mon portable. Les appels hystériques d'Aelita me détournent de mon travail.
J'ai démontré qu'il y a une quatrième inconsistance entre Lyokô et l'Univers. J'ignore encore si on leur la corriger en modifiant Lyokô sans avoir à redouter la création de nouvelles inconsistances insolubles. Pour l'instant, mieux vaut ne pas s'écarter du plan de Hopper avant d'être en mesure de le comprendre : contentons-nous d'en diagnostiquer les manques apparents. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, quinze heures pile, jour 323.
J'ai monté le disque dur sur une vieille machine ce matin même et je viens juste de le remettre en place. Il n'y a pas de partition cachée sur le disque dur du Supercalculateur. Sachant que le système de fichiers est clean aussi, je peux l'affirmer : soit le Code est dissimulé sur Lyokô, à un endroit auquel je n'ai pas encore pensé, soit il est dans le Réseau.
Je me suis remis à téléphoner à Aelita. Mais pas aux heures habituelles, je procède un peu au hasard. Je viens de l'appeler pendant sa soutenance, rien que pour qu'elle m'appelle furieuse après. C'est tout de même grave. Je crois que j'en ai assez des mêmes réactions d'agacement ou de reconnaissance : c'est comme si je parlais à une machine.
Aelita me manque. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, onze heures quarante-cinq, jour 327.
À compter de cette heure-ci et pour le mois qui vient, je suis en vacances. Je compte bien préparer une fête avec mes amis pour me remettre de cette longue période coincé dans une boucle temporelle. Il me faut du neuf, du changement. »
On y était. Le 6 juin 2019, bien entendu, vers dix-neuf heures quinze. Jour trois cent soixante-quatre.
J'avais déjà profité d'un jour de repos isolé pour aller voir Star Wars VII avec Aelita, mais je n'avais rien contre l'idée de retenter l'expérience en groupe. Sans être époustouflant, il n'avait rien de franchement décevant ; il n'y avait plus guère que les fans exclusifs de la première trilogie pour trouver matière à lui faire des reproches.
William fut le premier à arriver. N'ayant rien d'autre à faire, il n'avait pas refusé de renouer un peu le contact. C'était d'autant plus sympa de sa part qu'il était moins proche de nous que de Yumi, qui ne pouvait pas venir.
Ulrich avait été plus difficile à convaincre ; ce n'était que l'avant-veille que j'avais fini par trouver un moyen de le convaincre de renoncer à une réunion barbante où son patron devait parler stratégies, com, et autres trucs passionnants. Et encore, je n'étais pas sûr qu'il ne fasse pas la gueule à un moment, au cours de la soirée. Cependant, en arrivant, il n'avait pas l'air boudeur. Enfin, c'était peut-être parce qu'il se l'était jouée ninja et avait directement fait une prise de Pencak-Silat dans le dos à son ancien rival. Même si William avait finalement fini par se dégager en râlant, il n'y avait rien que ces deux-là aimaient autant faire que se dérouiller mutuellement au corps-à-corps.
Odd s'était déguisé pour l'occasion. Pas en Jedi, en Padawan, en Darth Vader, Darth Maul ou en autre truc cool, non. Pas en insecte bizarre avec des tentacules, en limace géante ni même en Ewok. En fait, tout aurait mieux valu que ce qu'il avait choisi à mon avis, mais bon, c'était Odd quoi.
— Missa pas en retard, missa espère ?
Le pire, c'est que même en Jar-Jar Binks, il avait la classe. Faudrait quand même que je lui demande, un de ces jours, s'il avait choisi ce personnage par esprit de provocation ou parce qu'il savait qu'il était le seul à pouvoir le rendre cool.
Aelita arriva en même temps qu'Odd. En effet, lorsque je m'étais rendu compte qu'Odd ne viendrait qu'à condition d'avoir enfilé un cosplay de Jar-Jar Binks (déjà tout prêt dans son armoire, c'est vous dire si ce type est taré), j'avais essayé, cinq jours plus tôt, de voir si Aelita pourrait le raisonner. Inutile de vous dire que ça s'était soldé par un échec. Toutefois, j'avais décidé de conserver ce scénario parce qu'en une heure, Odd avait réussi à la transformer en un cosplay assez convainquant de la reine Amidala. Bon, ça sentait le bricolage à plein nez, et pourtant, elle était si adorable avec ce maquillage et cette coiffe que…je ne sais pas, je n'avais pas pu résister. Et je ne pouvais toujours pas.
Je constatai avec surprise que j'éprouvais un pincement au cœur en pensant à l'autre. Certes, on avait plus ou moins coupé les ponts après le lycée, mais le fait de ne pas l'avoir revue une seule fois, de toute cette année du 6 juin 2019…c'était…comment dire ? Douloureux.
J'avais déjà vécu cette soirée douze fois. Chaque fois, après le cinéma, j'avais tenté de proposer quelque chose de nouveau (un restaurant, une ballade, soirée-crêpes dans mon appart…) pour trouver la meilleure option. Mais finalement, en sortant de la salle, la solution au problème apparut d'elle-même. Dans tous les cas de figure, le plus satisfaisant, ce serait l'inconnu. Le nouveau. L'imprévu.
Croyez-moi ou pas, on est allés au bord de la mer. Même Ulrich a tout balancé pour venir avec nous. On a marché dans le sable mouillé de la Manche, on a fait un feu de camp, on s'est enfuis quand les flics sont venus, on s'est pris une contravention et on s'est baignés nus dans la mer.
À un moment, Aelita et moi, seuls, avons fait l'amour dans l'eau calme. J'avais froid, son maquillage avait coulé, le sel nous irritait et nous n'avions pas pieds, alors on pourrait croire que c'était voué à l'échec. En fait, ce fut…pas vraiment agréable, mais assez sauvage, pour tout dire.
Quand on est revenus, Odd disposait de gros galets en cercle pour faire un nouveau feu de camp. William et Ulrich, toujours nus, luttaient un peu plus loin en attendant d'être secs. À mon avis, ils se couvraient plus de sable qu'autre chose.
— Alors, Einstein ? lança le blondinet d'un ton détaché. Vous êtes allés regarder les étoiles ?
Je levai les yeux. Le ciel était d'un noir d'encre. Pas un astre visible. Même le mince trait de la lune disparaissait derrière les nuages. Je rougis dans l'obscurité en comprenant ce qu'il sous-entendait. À mes côtés, Aelita s'entourait d'une serviette pour se réchauffer. Le délire de minuit était un peu retombé pour laisser place à une ivresse diffuse ; sans doute se sentait-elle d'humeur plus pudique. Je me penchai également pour ramasser une serviette.
— Oui, répondit-elle. On en a vu beaucoup.
Au fond, elle avait raison.
Je ne sais pas quand je mettrai fin aux cycles temporels. Peut-être dépasserai-je la barre des mille jours, comme Franz Hopper. Peut-être que je travaillerai plus d'une décennie à réparer l'Univers. Mais je sais déjà comment se passera le dernier jour. Parce que le souvenir de cette soirée – cette soirée hors du temps, pour la première fois depuis un an – ce souvenir est tellement beau que je n'en priverais les autres pour rien au monde. Et surtout pas Aelita.
Je levai les yeux avec appréhension. Cela faisait bien deux semaines que je savais que j'en arriverais là. Non, au fond je commençais déjà à m'en douter avant mes grandes vacances, il y a trois mois.
Devant moi se tenait, ouvert, un haut cylindre de métal aux parois intérieures lumineuses. Quand une procédure de virtualisation était lancée, les portes se refermaient et le corps était lentement soulevé pour être, au fond, converti en un ensemble d'informations pesant entre 109 et 202 exaoctets selon la taille du corps et le nombre de connexions neuronales à simuler. Enfin, « converti » était en réalité un terrible euphémisme. Le procédé impliquait après tout un démantèlement de la matière au niveau sub-atomique, soigneusement étalonné et délimité pendant la phase de scanners.
C'était étrange. Même si la matière était périssable, l'information, elle ne l'était pas. Venais-je de percer le mystère de l'âme immortelle ? Ou fallait-il tenir ces fariboles pour ce qu'elles étaient : le mensonge terrifié des hommes qui craignaient la mort ?
Je soupirai. Allez, savoir, peut-être que sans Mégatanks, Lyokô n'était pas un endroit si terrible après tout…
À peine eus-je mis les pieds dans le scanner que les battants de métal claquèrent dans mon dos. J'avais donc hésité aussi longtemps ?
Je fermai les yeux en retenant mon souffle. C'était parfaitement inutile, je sais, mais je ne pouvais pas m'en empêcher. Cela m'aidait à rester immobile sur la plate-forme tournante, ce qui facilitait le scan et épargnait une quantité faramineuse de calculs inutiles au Supercalculateur, accélérant ainsi la procédure. Puis d'un coup, je disparus.
C'était comme de perdre conscience avant de se réveiller. Les premiers instants – une fraction de seconde, à peine, on ne pouvait ni réfléchir, ni comprendre le monde autour de soi. On était un esprit vierge de tout, une conscience n'ayant jamais vécu. Puis très rapidement, pendant que le corps était reconstitué, on retrouvait ses facultés et son esprit. Ensuite, il y avait la chute. Une sensation de douleur au postérieur. Bienvenue sur Lyokô.
Enfin, « douleur » n'est pas le mot exact. Aucun mot n'est exact sur Lyokô parce que toutes les sensations y sont différentes – quand elles existent. Et là, justement, je ne ressentis pas de douleur, contrairement à la dernière fois où j'avais mis les pieds sur Lyokô. Étrange.
La première chose que je fis, en attendant que le Cinquième Territoire m'ouvre ses portes, fut de regarder mes mains pour savoir si j'étais toujours une espèce d'icône d'Albert Einstein vieillissant, ou si mon subconscient avait assez grandi pour me permettre une deuxième chance. Et là, je ne saurais pas trop vous dire si je me sentis soulagé ou angoissé. En tous cas, je n'avais pas de mains. Pas de pieds non plus, au passage. Mais la surface polie de l'Arena me permit de découvrir un pâle reflet de moi-même.
J'étais devenu une espèce de boule d'énergie vert pomme qui lévitait vaguement dans les airs. Hopper-style. Super.
Lorsque le passage fut ouvert, je me rendis compte qu'il était très difficile de bouger. Vachement galère, même. Il fallait beaucoup se concentrer, et j'accélérais tellement lentement, de façon si irrégulière et hésitante que je me demandai si c'était bien là la méthode qu'il fallait que j'emploie. Heureusement, quoique faible, l'accélération était constante, et je finis par atteindre une vitesse respectable au bout de longs et patients efforts. Grisé par ce succès, je tentai de voir si ma vélocité avait une limite. Je fus surpris de la voir croître sans discontinuer.
Sauf que bien sûr, après quelques secondes, j'arrivai au niveau de l'ascenseur. Et, juste derrière l'ascenseur, il y avait un mur.
Et, il se trouve que j'étais tout aussi lent à ralentir ou à tourner qu'à accélérer.
Putain de merde.
Je tentai de fermer les yeux en me préparant au choc mais je découvris que j'en étais incapable. Il ne me restait donc qu'à me regarder en train de foncer droit dans le mur. Au moins, pensai-je amèrement, je profiterais pleinement de mon record de vitesse.
Lorsque j'atteignis le mur, je m'attendais à rebondir dessus avec le plus gracieux ridicule. Ou, au pire, à être dévirtualisé dans d'atroces souffrances. Mais je ne m'attendais absolument pas à ce que tout devienne noir, sans que je sente ma vélocité diminuer.
— What the… ?
À peine avais-je posé ma question que la réponse se présenta à moi. J'émergeai à l'extérieur du cinquième territoire, sous la voûte céleste, fonçant toujours à une vitesse ahurissante comme un boulet de canon. Visiblement, j'étais passé à travers la matière. Le soulagement fut de courte durée, car je me dirigeais vers un mur de widgets où défilaient des séries de bits. Les registres des processeurs annexes du Supercalculateur, en fait. Et ça, je doutais de pouvoir les traverser, car ils représentaient la frontière de Carthage ; et changer de territoire, ça ne se fait pas en sautant d'une plate-forme Désert à une plate-forme Banquise.
Il me fallut toute ma concentration pour ralentir et dévier ma trajectoire à temps. Je crois même avoir frôlé une surface brûlante, mais l'impression fut si fugace que je me demandai si je ne l'avais pas rêvée. En tous cas, il n'était plus temps de batifoler. Je filai dare-dare vers ce pour quoi j'étais venu : l'interface du Cinquième Territoire. Et au besoin, je pourrais accéder à la salle du Cœur sans avoir à pré-programmer de véhicule (ni même, en fait, à passer par le pôle inférieur de Carthage). Ce n'était pas une mauvaise journée après tout.
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, midi trente-quatre, jour 543.
Aucune trace non plus dans les hubs majeurs ! Si le Code Univers se trouve quelque part dans le monde informatique, il est bien caché. Trop bien pour que mes investigations m'apprennent quoi que ce soit, en fait. Il est temps que je change de stratégie. C'est dommage, je venais tout juste de découvrir comment me passer du Skid en utilisant directement l'énergie d'une Tour pour voyager dans le Réseau.
Première règle en informatique : si tu perds du temps dans une tâche répétitive, automatise ce travail et confie-le à un programme.
Deuxième règle en informatique : si tu cherches quelque chose désespérément, renseigne-toi au lieu de foncer tête baissée. Rien n'est facile comme de passer à côté d'un arbre dans une forêt.
Il en découle que je ne peux pas chercher le Code Univers avant d'en avoir appris autant que possible sur ses caractéristiques et sur les conditions de sa conception. Une fois ces informations récupérées, il faudra programmer un moyen de localiser ces informations. Je crois que je vais avoir besoin d'aide. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, huit heures une, jour 597.
Cette fois-ci, j'ai vraiment eu chaud. Pour un peu, Aelita empêchait le retour vers le passé.
J'ai encore dû l'assommer, la ligoter et l'enfermer dans un scanner. C'est la neuvième fois, je crois. Il semble que je ne puisse jamais être sûr, à partir du moment où je l'informe de ma situation, même partiellement, même en mentant sur le nombre de retours dans le passé que j'ai effectués, qu'elle ne tentera pas de saboter le projet : dans tous les cas, elle représente un risque.
En outre, mes actes de violence ne m'ont pas le moins du monde troublé. J'étais surtout gêné à l'idée que je venais de perdre trois heures de collaboration sur les huit heures qu'elle peut m'offrir, après un investissement en temps qui pour moi monte à environ trois heures et demie d'appels et d'explications. À la réflexion, j'ai trouvé ma réaction très inquiétante, bien plus que le risque qu'Aelita représente.
Sans doute Aelita agit-elle ainsi parce qu'elle voit la seule chose que je ne peux pas voir : moi-même. Elle voit que je suis en train de devenir un monstre mégalomaniaque et dépressif. Il faut dire que faire chou blanc pendant plus d'un an, ça mine ; mais en même temps, je suis le Maître absolu de mon univers. L'univers du 6 juin 2019. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, vingt-deux heures vingt-neuf, jour 597. Deuxième entrée.
Pas beaucoup travaillé aujourd'hui. J'en ai sué et tremblé à en crever, mais je préfère me sentir malade que de devenir fou.
J'ai envisagé de me jeter dans la Seine. Juste comme ça, une manière d'exprimer ma fatigue et mon ras-le-bol. J'avais complètement oublié que le Retour dans le Passé ne me ramènerait pas d'entre les morts, je crois. Je tenterai peut-être l'expérience à quatre heures et demie du matin.
En tout, j'ai passé plus de deux heures en tout dans la salle du Supercalculateur. Ça faisait longtemps que je n'y avais pas remis les pieds.
Aelita…je suis allé la voir à la sortie de sa soutenance de thèse. J'avais oublié de l'appeler ce matin, alors elle venait de rater. Moi qui voulais un baiser de réconfort…Elle ne l'aurait peut-être pas donné de toute façon. Mais enfin, on s'est engueulés en plein devant son jury. (Il rit jaune.) Enfin, on a rompu ! Elle ma jeté. Jeté comme une loque, comme une merde moins qu'humaine…
(Sa voix s'étrangle. Il garde longtemps le silence, immobile. À un moment, il pleure.)
Aelita ne m'a jamais jeté. Aelita et moi, on n'a jamais rompu. Jamais. Même à l'époque de l'autre, en Terminale…elle a réussi à me pardonner jusqu'à ça. Alors, bien sûr, tout sera terminé demain…mais en attendant, pourquoi a-t-elle fait ça ? Qu'est-ce qui l'a poussée à me rejeter ? Est-ce que je suis en train de changer ? est-ce que ça se voit sur mon visage ? ou dans mon comportement ?
J'étais déjà allé la voir à la sortie de sa thèse. Même les jours où ça se passait mal. Ça s'est parfois terminé par des disputes, des cris, des pleurs ; mais jamais, pas une fois, on ne s'était approchés de la rupture.
Aujourd'hui comme jamais, j'ai envie de retourner sur la plage. De faire l'amour avec elle dans l'eau salée. Mais je n'ai pas le droit, pas avant d'avoir fini. Je ne peux pas profiter de ce moment, je ne peux pas risquer d'en affadir la saveur. Il ne s'est déroulé qu'une seule fois, et j'essaierai de le recréer pour le partager avec Aelita ; c'est tout.
La question que je me pose, c'est…J'ai peur. Peur de la poser. Peur de la réponse. Mais elle ne quitte pas mon esprit. Enfin, voilà : quand le dernier jour viendra…quand je retournerai sur le plage…est-ce que je serai encore capable de créer ce moment ? Est-ce que je serai encore un homme qu'elle pourra aimer…qui pourra lui faire voir des étoiles dans un ciel de ténèbres ? »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, seize heures onze, jour 604.
Entre le journal de Franz Hopper et les archives indiscrètement glanées à droite et surtout à gauche, l'histoire de la genèse de Lyokô m'apparaît maintenant assez clairement. Malheureusement, je ne crois pas que ça m'ait mis sur la piste du Code Univers.
Résumons… »
« …Jour 43. Bien que le Projet Carthage ait été lancé au début de l'année 83, ce n'est qu'en avril 85 que j'ai rejoint le programme. L'objectif était de créer une nouvelle interface spatiale avec l'univers virtuel. Non pas une simple sur-couche graphique comme ce qui se fait avec les gestionnaires de bureau en ce moment, mais plutôt quelque chose que l'on pourrait considérer comme un nouveau périphérique et une nouvelle manière d'interagir avec les données. Maintenant, passons aux progrès de mes travaux… »
« …Jour 60. La manière dont fonctionnait ce nouvel univers que nous étions en train de créer, et dont les travaux étaient dirigés dans telle direction plutôt qu'une autre, finit par me mettre la puce à l'oreille. Je me suis rendu compte que la nouvelle interface pouvait être utilisée pour prendre de court les systèmes de sécurité conventionnel, régis par des protocoles définis, des droits d'utilisateurs et des méthodes de cryptage binaire uniquement. »
« …Jour 67. J’ai compris que le Projet Carthage est un projet militaire destiné à bloquer les communications ennemies. Flatté de lutter pour l'écroulement du bloc soviétique et pour la paix dans le monde, je fis part de ce que je savais à mon directeur, qui me révéla l'origine de nos financements et nos agendas cachés. En 87, j'étais à la tête du programme. »
« …Jour 75. Je n'avais pas prévu l'irruption du KGB dans ma vie, en 1989. Ils ont pris en otage ma femme, Anthéa Aèl Hope. Acculé par le chantage, j'ai saboté ce projet que je croyais trop coûteux pour être relancé, puis je me suis caché sous une nouvelle identité. »
« …Jour 86. Avant que j'aie eu confirmation de la libération d'Anthéa, j'ai appris que contre toute attente, Carthage n'avait pas été annulé après ce coup dur. Heureusement, j'avais volé les bases qui me permettraient, avec un peu de chance, de prendre de vitesse mon ancienne équipe et de les arrêter. Alors j’ai construit ce Supercalculateur puis, j’ai créé Lyoko et enfin, j’ai programmé XANA pour qu’il détruise Carthage. »
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, trois heures pile, jour 604. Deuxième entrée.
Chou blanc. Rien dans le journal de Hopper ne laisse entendre qu'il avait la moindre idée de ce qu'il était en train de construire ici. Peut-être n'avait-il pas encore envisagé d'écrire le Code Univers. Ou bien…il ne faut pas oublier que j'ai vécu cent fois la même journée avant d'arriver à cette conclusion. Même en dormant régulièrement, j'ai peut-être laissé mon esprit dériver vers la folie…Il faut que je m'assure de ne pas avoir fait fausse route.
Logiquement, je dois me fier au regard d'une…autre personne. Vérifier point par point mon raisonnement. Il me faut…quelqu'un d'intelligent, au moins autant que moi. Et de compétent. Et que je puisse recruter rapidement. Or Aelita…(Il s'essuie le front, mal à l'aise, le regard fuyant.) Aelita est difficile à recruter…elle n'est pas fiable. Trop peu pour que je prenne le risque de l'amener régulièrement ici. Ça ne me laisse…qu'une seule option à tenter…L'autre option…(Il inspire un grand coup.)
Laura Gauthier. »
OK, donc, commençons par les explications que j'avais rédigées à chaud pour Robin il y a quelques jours :
Spoiler
– le Supercalculateur qui génère le monde n'est peut-être pas matériellement incarné en une fois. (c'est-à-dire qu'il n'existe peut-être pas en un bloc dans le futur, mais qu'il est éparpillé à travers le temps. Un peu comme un réseau d'ordinateurs basé non pas sur l'espace, mais sur le temps. Et dans ce cas, le programme de retours vers le passé peut être compris comme l'envoi d'instructions à un calculateur futur qui trouve le moyen de les récupérer et de les exécuter correctement. Par exemple, en se basant sur l'historique du programme de retour dans le temps)
– À la fin de la partie 2, on apprend que l'univers dans lequel on vit est imparfait. Autrement dit, c'est un univers provisoire. Il ne peut exister par lui-même : s'il existe, c'est parce qu'il est la cause de l'univers définitif. Autrement dit, on a une chaîne d'univers dont chacun code l'autre : et seul le bout de la chaîne permet l'existence de ses causes. À la réflexion, ça s'applique aussi aux univers précédant le RVLP.
Quand je disais que je faisais pas de la hard science Ça manque tout de même cruellement d'élégance.
Ensuite…J'aimerais juste préciser une autre petite chose sur les deux derniers mots du texte.
Spoiler
Hé oui, vous l'avez remarqué, contrairement à mon habitude, j'ai eu envie d'importer une OC d'une aurtre fanfiction
Alors je le précise tout de suite : je n'ai pas pensé ma fic comme CLÉ-compatible. Une phrase du chapitre 4 dément d'ailleurs toute possibilité qu'elle le soit. Pour moi, il n'y a pas eu de retour de XANA, mais Laura est bien entrée en seconde dans la classe de Jérémie et des autres.
Vous vous en doutez, le chapitre 4 lui sera en grande partie consacré. Ça sera un peu comme une parenthèse, mais voilà : Jérémie, on l'a vu, patauge et n'arrive plus à avancer. Dans ce cas, qui c'est qu'on appelle ?…
Edit 1/ "Aelita…je suis allée la voir à la sortie de sa soutenance de thèse." > "Aelita…je suis allé la voir à la sortie de sa soutenance de thèse." _________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Lun 07 Avr 2014 21:07; édité 1 fois
Inscrit le: 14 Sep 2008 Messages: 1330 Localisation: Sur le territoire Banquise entrain de faire de l'overboard
J'ai mal au crane
bien la petite pause entre amis, surtout le cosplay.
Notre Einstein devient vraiment un sociopathe avec son expérience (assomé aelita et la ligoter dans un scanner, tu as fait fort)
Jérémy, la réponse est pourtant évidente:
Le code source de l'univers se tient dans le chaos même, ta réponse à la question de l'univers n'est pas 42 ou une tour, mais le dernier endroit ou tu chercherais. C'est à dire Odd, oui l'univers est régit inconsciemment (ou pas) par ton pote le plus imprévisible de l'univers. _________________
*ODR*, tu restes un lecteur mystérieux pour moi.
Tantôt tes commentaires sont plats et montrent juste que tu es à fond dans tout ce que tu lis, tantôt tu fais preuve d'une finesse d'intuition qui serait vraiment exceptionnelle si tu n'étais pas aussi obsédé par Odd
Bref, prévisible et étonnant.
Quoiqu'il en soit, j'ai bien rigolé. Et en effet, la Réponse n'est pas 42 (devinez donc quel nombre est la Réponse !)
J'ai pas mal regretté qu'Ikorih ne soit pas venue réagir à l'unique apparition de William (et d'Ulrich, au passage) dans cette fic. J'ai eu une pensée spéciale pour elle quand j'ai fait lutter ces deux jeunes hommes musclés sur la plage, dans le plus simple appareil
Sinon, le voilà, le chapitre 4. (Je suis vraiment pas capable d'attendre une semaine !) Donc un chapitre qui termine cette espèce de développement d'intrigue lent avec une petite pause Laura. Voir commentaires de fin de chapitre.
Et après tout s'accélère…
Partie 4
Spoiler
Le jeudi 6 juin 2019, Laura s'était réveillée à cinq heures quarante-trois du matin. En plein milieu de la chanson I want to kill you now qui passait à la radio. Elle avait aussitôt pensé à ses élèves.
Âgée de vingt-six ans à peine, elle était déjà prête à obtenir l'habilitation et en dépit d'une légère inquiétude dont elle connaissait parfaitement le caractère irrationnel, elle n'en doutait pas. En attendant, elle terminait tranquillement son année en tant qu'ATDR enseignant la physique quantique aux bizuts. J'avais pris le temps de moucharder un de ses cours une fois. Clair, net, précis, adapté. Tout le vernis de la perfection appliqué sur une griffe prétentieuse.
Lui faire renoncer à son cours de la matinée serait pour cette raison impossible, mais j'avais pris le temps de minuter un exposé que je pourrais lui faire dans le métro qu'elle prenait pour se rendre au travail et pour en revenir. Le tout, avec Laura, c'est de trouver son point faible. Elle le cache bien, elle fait comme s'il n'existait pas, mais il est bien là ; et une fois qu'on l'a trouvé, on la tient par les tripes.
Il était huit heures vingt-six. Elle monterait dans la voiture de devant ; j'y étais déjà. On se rendait au même endroit ; je ne devais pas avoir l'air gêné de la revoir après ce qui s'était passé au lycée, comme ça avait été le cas les autres fois où c'était arrivé, il fallait lui laisser des sentiments rancuniers…Puis là, je lui glissais un mot sur mes recherches, sur la théorie que je développais, sur la nature informatique – oh, pas au sens littéral, pas tout de suite – du monde au niveau quantique.
On arrivait à la station. Aelita me tuerait si elle savait…
La légère secousse de l'arrêt. Les portes s'ouvraient. L'homme au chapeau gris et la dame au foulard sortaient ; ça faisait tout drôle, de les voir en chair et en os. Et puis là…
Toujours aussi belle. Tirée à quatre épingles, les cheveux impeccablement brossés, le costume parfaitement coupé, la démarche digne et professionnelle dont elle ne se départait jamais, fût-ce pour aller faire des courses…Si possible, elle était d'une perfection plus achevée encore qu'elle ne l'avait été à l'époque. Enfin, du moins en avait-elle l'aspect. Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
— Laura ?
Voix ferme, souriante, décontractée. Le bon vieux temps était un lointain souvenir, beaucoup d'eau avait coulé sous les ponts, j'étais grand et frêle et je me frayais un chemin dans la foule avec l'air légèrement ahuri d'un idiot qui vient d'avoir une bonne surprise…
Elle planta son regard d'acier en moi et je tremblai de tous mes membres. C'était comme si elle venait de déchirer mon costume aussi facilement que s'il avait été en papier et de comprendre ma situation et mes intentions aussi clairement que si je les lui avais exposées moi-même. J'avais oublié qu'elle donnait cette impression-là. Bien sûr, c'était tout à fait irrationnel : toute intelligente qu'elle était, Laura ignorait beaucoup de choses et n'était pas dotée de la science infuse. Par exemple, elle n'avait jamais deviné l'existence de notre Supercalculateur ou du Secret qui nous avait unis pendant nos années de collège.
Je crois que je ne laissai pas le masque de bonne humeur et d'étonnement se fissurer.
— Quelle bonne surprise ! Comment ça va, depuis tout ce temps ?
Ça allait froidement, visiblement. Elle me toisa d'un air chaleureusement glacial, puis sa bouche s'étira d'un sourire qui montrait toutes ses dents. Est-ce quelle retroussait les babines ?
— Jérémie ! Ça alors ! Tu parles d'une coïncidence…Alors, qu'est-ce que tu deviens ?
Je me mis à rire franchement. Jaune, mais franchement. Bien sûr, les choses n'allaient pas mal, j'avais ma thèse, je faisais mon petit bonhomme de chemin pour devenir enseignant-chercheur ; mais je savais parfaitement qu'à côté de la carrière inédite de Laura Gauthier, je faisais forcément pâle figure. En fait, personne ne l'ignorait. Était-ce une manière de se venger du bon vieux temps ?
— Bah, rien d'aussi brillant que toi. L'HDR à vingt-cinq ou vingt-six ans ? mon Dieu, je n'entends parler que de toi à longueur de journée…En fait, ça tombe bien que je te croise ! Je viens d'obtenir le droit d'exploiter un Supercalculateur pour vérifier une hypothèse absolument révolutionnaire. Un truc de Prix Nobel ! Mais là, ça fait quelques jours que je patauge et…tu voudrais pas venir voir ça avec moi ?
— Le Prix Nobel, déjà ? ironisa la jeune femme, sceptique derrière son sourire figé. Tu crois m'appâter avec ça ? Tu n'es pas le premier, tu sais ?
Aïe. J'avais été un peu grossier là. Ne jamais agir grossièrement avec Laura. Elle ne pouvait pas deviner ce qu'elle ne voyait pas, mais elle avait un talent terrible pour déchiffrer les intentions des gens. Il fallait jouer carte sur table et montrer de l'assurance.
Il était encore possible de rectifier le tir. Ne pas se défaire de son enthousiasme, laisser entrevoir du concret.
— Je l'aurai dans dix ans. À l'occasion du centenaire, pour marquer la fin d'une ère et le début d'une autre. Celle de la physique informatique.
Un éclair passa sur son visage, une fraction de seconde pendant laquelle elle fut translucide. Je la tiens, me dis-je. Puis d'un coup, tout aussi subitement, elle redevint opaque.
— Oui, moi aussi je sais ce que ça fait d'avoir des idées.
Sans blague ! Ça, Laura est très douée pour émettre des paroles voilées. Difficiles à interpréter si on les sort de leur contexte. Mais d'avoir cru qu'elle pouvait me mystifier, moi ! Ça faisait peut-être dix ans, mais je la connaissais assez bien pour être sûr de moi. Elle aurait tout aussi bien pu se mettre à genoux et crier de toutes ses forces : « Dis-m'en plus par pitié ! »
— Oui, j'ai lu. On appelle ça : faire ses devoirs. Maintenant, ça te dirait de pousser plus loin après les cours ?
Encore une fois, le masque inébranlable de Laura fondit et le rouge lui monta aux joues. J'avais utilisé l'expression « pousser plus loin » en rappelant son contexte ; c'était osé. Intérieurement, j'avais l'impression de tromper Aelita une deuxième fois : ces séances de travail après les cours avaient sans doute eu une conclusion plus pénible pour moi que pour Laura. Mais il ne fallait pas le laisser paraître, quitte à avoir l'air d'un salaud.
— Aelita sera là ? lança-t-elle vivement. À ce propos, comment elle va ?
Elle venait d'accepter l'invitation. J'étais en train de gagner. Je m'enhardis.
— J'en sais rien, mentis-je. Elle et moi, on a rompu un peu avant Noël.
Bon sang, mais qu'est-ce que j'étais en train de faire ?
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, sept heures quarante-trois, jour 643.
Laura vient de découvrir une nouvelle inconsistance entre Lyokô et l'Univers. Ça sautait aux yeux, mais je crois qu'il fallait avoir la bonne tournure d'esprit pour s'en rendre compte.
C'est tout de même déprimant. J'ignore tout du Code Univers, mais je vois mal comment ce problème-là pourrait avoir une solution. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, sept heures quarante-trois, jour 702.
J'en ai fini avec la vérification de mes conclusions précédentes. Laura a tout vérifié point par point. Aujourd'hui, je lui présente nos conclusions comme acquises et je la lance dans la poursuite du Code à travers Lyokô et le Réseau. Elle trouvera bien quelque chose. Forcément. C'est Laura, après tout. »
Document vidéo. Extrait du fichier ~/records/vid/auto/control/15F43C.
« —Mais au fait, Jérémie, ce fameux Code Univers dont tu parles, comment sais-tu qu'il existe ?
— C'est simple. L'Univers est un programme, à l'instar de Lyokô avec lequel il interagit. Il y a donc un exécutable, quelque part, à un moment, qui a été programmé. S'il a été programmé, il doit y avoir un Code Source.
— Comment sais-tu que l'Univers est un exécutable ?
— Crois-moi, j'ai bien retourné la question et j'ai vérifié plusieurs fois. Lyokô est capable d'interagir avec le monde de manière fantastique. Tiens, tu vois, ce chat sur tes genoux ? Entre la commande : « killall towAC »…
— Ah ! (Le Professeur Gauthier bondit de surprise.) Qu'est-ce que c'est que ça ?
— C'était un spectre polymorphe engendré par une Tour que j'ai activée sur Lyokô. Les spectres sont de simples champs électromagnétiques créés à partir de fluctuations de courant dans un câble, et on leur donne des instructions par voie informatique, en utilisant des ondes hertiennes : rien de bien méchant, même un ordinateur normal peut le faire. Mais certaines actions que permettent les Tours de Lyokô ne s'expliquent pas par la génération de spectres, par les ondes, ou par aucun moyen connu. Elles requièrent une modification profonde de la structure de l'univers pour pouvoir s'appliquer provisoirement. Notamment, certains effets influençant les êtres vivants en se répandant comme une pandémie, la création d'un microclimat d'ère glacière, la création de faux souvenirs…
— Tu crois que je vais gober ça ?
— Faut me faire confiance. Si tu veux, je t'en montrerai plus demain. Mais pour le moment, j'ai besoin de ton aide, de façon urgente.
— Tu n'as toujours pas répondu à ma question, Jérémie.
— Ah bon ? (Le Docteur Belpois a l'air surpris.)
— Comment sais-tu que le Code Univers existe déjà ? Que ce n'est pas à nous de l'écrire ?
— Nous sommes en réalité dans un univers provisoire, un univers de transition. Un univers qui ne peut exister que parce qu'un autre Univers, définitif, que nous aurons créé, sera advenu.
— J'ai très bien entendu. Mais ça n'empêche pas que ce soient nous, les êtres de l'Univers provisoire, qui ayons écrit le Code Source de ce même Univers provisoire, puis de l'Univers définitif par la suite. En fait, je vois mal qui d'autre aurait pu créer notre Univers. Quelqu'un d'un autre univers provisoire ? Dans ce cas, pourquoi avoir laissé des erreurs ?
— Tu veux dire que c'est à nous d'écrire – ou de réécrire – le Code Source ? En partant de zéro ?
— C'est exactement ce que j'ai dit. Mais tu vois, il y a deux autres possibilités.
— DEUX !
— Oui. La première, c'est que le Code Univers ne soit pas contenu dans le Supercalculateur. Ni sur le réseau. Dans aucun équipement informatique, en fait. Mais qu'il soit directement encodé dans un autre support d'informations.
— Autrement dit, on serait bon pour du retro-engineering…
— C'est ce qu'on fait depuis des siècles. Ou alors, on revient au point de départ. Mais il y a une dernière alternative, qui elle est vraiment différente des autres.
« Vois-tu, les problèmes que tu as relevés sont liés au fait que Lyokô ne peut pas soutenir à lui seul l'Univers. Dans ce cas, pourquoi ne pas créer un deuxième monde virtuel, qui vivrait en symbiose avec les deux autres en réglant leurs problèmes de compatibilité ? Ça serait comme de réparer un tuyau cassé avec un bout de chewing-gum.
« Je te l'accorde, ce n'est pas très élégant. Mais quand l'avenir de l'existence est en jeu, on n'est pas forcés d'être élégants. Et en plus…personne ne regarde.
— Laura ! Ah, Laura ! (Le Docteur Belpois tire Laura de son siège et la soulève par la taille en tournoyant. Elle rit.) Tu es vraiment merveilleuse ! la femme parfaite ! Tu débloques toutes les situations grâce à ton esprit unique ! Merci, Laura ! (Il l'embrasse. Elle se dégage.)
— Bas les pattes, Jérémie !
— …Pardonne-moi.
— Tu me connais. Jamais le premier soir.
— Oui. Moi non plus.
— Jérémie !… »
Extrait sous-titré du journal de Jérémie Belpois. Date non précisée. Probablement le jour 781. Le Docteur Belpois n'est lui-même visible qu'une petite partie du temps.
« …[v]eux dire…Tant que ce n'est pas du sexe, je ne l'ai pas trompée, hein ? Enfin, pas du sexe…je veux dire…C'est pas comme si c'était vraiment arrivé, si ? Je ne l'ai même pas revue depuis des années, à l'heure qu'il est ! alors Aelita ne pourrait pas m'en vouloir, si ? C'est pas comme si j'entamais une relation ou une liaison en fait…
…[ap]pelle un coup d'un soir ? – Oh, je devrais me mettre au travail ! avec tout ce qu'elle a découvert, proposé comme nouveaux champs de recherche…Si seulement je pouvais avoir Aelita pour travailler avec moi, si je pouvais la convaincre !…Au moins, avec Laura, c'est simple et on av…
…que je dise ça ! Non, il faut pas ! …que j'aime ! Au bord de la mer, on – Oh, la mer, ça fait plus de deux ans déjà. Depuis quand n'ai-je pas revu Aelita ? …ne faut pas que je me laisse affecter par cette rupture. Ça n'a jamais eu lieu, c'est du passé ! Demain, j'aurai le courage d'aller passer la journée avec elle, de la supporter, de l'aimer, de renouer avec elle. C'est elle le droit chemin, je dois pouvoir reprendre où elle est ma relation avec elle quand tout ça sera fini. Je ne dois pas oublier Aelita.
…office de sérieux avertissement ! Plus de Laura. Je vais dormir aujourd'hui, demain : Aelita, et après, travaille seul. »
« 6 juin 1994. Jour 686.
Aujourd'hui, j'ai repensé à Anthéa pour la première fois depuis plusieurs semaines. D'une certaine façon, son souvenir me supporte dans mes travaux. Me donne envie de continuer. L'espoir de la revoir. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, sept heures cinquante-deux, jour…791, je crois. Oui, c'est ça, jour 791.
Je me suis offert trois jours de repos en fin de compte. Et après ça, six jours pour recoller les morceaux avec Aelita. Ça n'a pas été de tout repos. J'ai encore des réactions imprévisibles, et je me suis pris deux ruptures en plein visage. Il faut que je retourne travailler, mon corps me le dit, mais dès que possible je reviendrai auprès d'Aelita. Je la connais par cœur, mais je crois que mon cœur…je ne le connais plus… »
« 6 juin 1994. Jour 743.
Anthéa me manque. Je veux la revoir. Aelita…est tout ce qui me reste d'elle, mais ce n'est peut-être pas tout à fait pareil. Anthéa et moi avons une histoire commune. Nous nous sommes construits ensemble, nous avons développé nos esprits ensemble. Elle est ma véritable âme sœur, et parfois Aelita ne m'est plus précieuse que parce qu'elle descend d'elle et qu'un jour, elle deviendra à son image…aux yeux d'un autre.
Aelita n'est qu'un embryon d'Anthéa…comme si elle n'avait jamais quitté son ventre… »
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, une heure trente-cinq, jour 802.
J'avance à grands pas. J'ai déjà retranscrit quatre des cinq inconsistances connues sous forme d'équation mathématique pour déterminer l'architecture basique de Laurel. »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, dix heures vingt, jour 805.
Je me sens seul…Complètement seul… »
« 6 juin 1994. Jour 789.
Je me sens seul, Anthéa. J'aimerais que tu sois avec moi. J'aimerais être capable de savoir où tu es. Te faire évader de ta prison, m'évader de la mienne avec toi. Partir loin, dans un désert de glace, dans une forêt ombragée ou au sommet d'une montagne. Ou au fond de l'Océan, mort au monde…mais avec toi.
Alors je travaille. Dans l'espoir d'arriver un jour à te retrouver. »
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, minuit, jour 834.
Merde ! Merde, merde, merde et encore merde !
J'ai vérifié cent fois, ces deux derniers jours, j'ai fait refaire des tests, j'ai regardé mes raisonnements, j'ai vérifié l'existence des inconsistances : c'est formel ! même en modifiant Lyokô, même en ajoutant un nouvel univers virtuel, ou deux ou trois, ou mille, ou tout entier naturel, réel ou imaginaire à ceux qui existent déjà, il est impossible de régler ces problèmes ! Impossible ! Putain, pourquoi est-ce que tu m'infliges ça, hein ? Tu peux pas régler tes merdouilles tout seul ? »
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019…jour 843.
…
Et dire que j'ai cru que je pouvais…Comment que j'ai pu être aussi bête ?!
Oui, Moi, que j'pouvais faire ça ! Et tout ça pourquoi ? parce que JE suis le génie qui a découvert la Vraie Nature de l'Univers, par la seule Puissance de mon Intuition ? Mon cul ouais, j'parie qu'on me l'a soufflée, la « Vraie Nature de l'Univers »…
Naaaan c'est pas ça…Si j'ai cru que je pouvais, en fait, c'est parce que ça a nécezairement été fait. Mais je l'sais depuis l'début : n'importe qui d'autre, dans touuut l'espace-temps, peut l'avoir fait. Alors pourquoi qu'ça serait moi, hein ? J'ai essayé, j'ai raté, ça s'arrête là et pis c'est tout !…
J'ai trouvé les problèmes. Laura elle a trouvé des solutions. P't-êt' que j'devrais lui céder ma place, et retourner vivre tranquille avec Aelita. J'en ai rien à faire moi, la compétition c'était son truc à la Laura, pas l'mien…Aelita et moi, on écrit des p'tites thèses de gratte-papier on est heureux ensemble ; honnêtement, c'est pas tout ce qu'y faut ? Qu'est-ce que j'essaye de faire des conneries comme réparer l'Univers et tout çaa-ha ! Et d'âbord, l'Univers, moi, l'emmerde !
Pasque j'y capt'rrrai jamais que dalle à l'Univers. C'te blague ! même si que j'pass'rais des dizaines et des dizaines d'années à essayer d'piger tous ces bouquins, 'tenter d'résoudre leurs problèmes à la con, j'aurais jamais toutes les clés en main pour savoir l'programmer. Chuis pas prêt à dire « jour trente-six mille neuf cent quarante-trois » ! Ch'peux pas ! Et en plus, vaudrait mieux voir la science du futur pour savoir c'que c'est, c'est impossible. Impossible ! Pis je s'rais pas assez intelligent pour assimiler toutes ces merdes…j'en ai marre, j'ai p'us faim, j'ai p'us soif, j'veux p'us bosser ! Je veux p'us passer ma vie à bosser dans un endroit qui existe même pas ! Je suis trop con…Trop con, trop con, trop con… »
« Journal de Jérémie Belpois. 7 juin 2019, trois heures quarante-et-une du matin, jour 843. Deuxième entrée.
J-J'ai…B-bon sang, j'en suis t-tout pâle, je bégaye…Bon, voilà, j'ai eu u-une nouvelle idée…une idée de casque…pour devenir plus intelligent…Oui, je sais, c'est complètement fou, c'est dangereux, mais écoutez-moi ! écoutez-moi !…Je veux dire, a-attendez, car je sais qu'il n'y a personne pour m'écouter…Il faudrait voir ce qui va pas dans le casque neuronal…pour t-t-tout rép-parer…et là, je serais c-capable de coder…coder l'Univers… »
Et donc, commentaires de fin de chapitre :
Spoiler
Alors, dans ce chapitre j'ai développé la thèse d'une relation Laura-Jérémie. Et j'en vois déjà venir…
Spoiler
Je tiens à préciser que dans CLÉ, je ne crois pas à cette hypothèse.
En fait, je me suis fait un malin plaisir de me venger de la stupidité d'un certain personnage que je ne nommerai pas en me disant : "Et s'il n'était pas dans un délire paranoïaque parfaitement ridicule et OOC par rapport à CL ?"
Maintenant, comme je me situe dans une perspective A.U. par rapport à CLÉ, je soutiens qu'un tel développement pouvait être possible : en effet, Jérémie a tapé dans l'œil en tant qu'intellectuel, et si elle souhaite faire sa connaissance (de manière plutôt amicale d'ailleurs ) afin de saluer la concurrence et de montrer qu'elle est la meilleure, Laura n'en est pas moins un être humain pour lequel l'affectif joue un rôle dominant.
J'aime bien l'idée qu'il y ait pu y avoir, à un moment, une tension érotique dans cette rivalité. Une sorte de chaleur humaine qui surgit au cœur de la Fraîcheur. La brûlure du froid. Au fond, le feu et la glace ne sont-ils pas frère et sœur ?
(OK, j'arrête )
N'empêche, je suppose que ça n'aura échappé à personne. La discussion dans le métro…elle pue le sexe !
Bon, je SPOILE un peu, mais Laura ne réapparaîtra pas dans le cinquième et dernier chapitre. En quelque sorte, son rôle est un peu le grain de sable dans l'engrenage de ma fic. L'élément qui ne trouve pas sa place, l'espèce de c…kleenex qui résout la situation et ne se voit pas récompensé (bon, allez, j'exagère : elle a eu un "merci" gentiment octroyé à contrecœur).
Bref, Laura gêne. Alors, certes, dans le scénario de CLÉ, elle est un élément moteur, même après l'épisode maudit – mais au prix de combien d'incohérences, plus gênantes encore !
Les Pro-Laura m'en voudront peut-être d'avoir retranscrit cet aspect du personnage. De ne pas lui avoir octroyé un trône pour une fois. Mais je ne comprends pas seulement un personnage comme un caractère : je le comprends aussi comme un plot device. En ça, le traitement absolument nul et injuste que je lui réserve dans ce chapitre 4 est fidèle à Laura. À ce qu'elle est, à ce qu'elle représente.
Du reste, ce que j'espère surtout, c'est que j'ai bien retranscrit son caractère.
_________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Dernière édition par Belgarel le Mar 15 Avr 2014 16:22; édité 1 fois
Inscrit le: 16 Mar 2013 Messages: 1110 Localisation: Au beau milieu d'une tempête.
Belgarel a écrit:
J'ai pas mal regretté qu'Ikorih ne soit pas venue réagir à l'unique apparition de William (et d'Ulrich, au passage) dans cette fic. J'ai eu une pensée spéciale pour elle quand j'ai fait lutter ces deux jeunes hommes musclés sur la plage, dans le plus simple appareil
Si elle avait réagi à cela, je pense que le pôle aurait été obligé de censurer son post, et ce, afin de ne pas choquer les plus jeunes .
Bref, je commente surtout pour réagir à l'apparition de Laura. C'est tellement rare o/.
Avant cela, pour ce qui est de l'ordre du général, j'ai rien à dire sur l'écriture. Comme d'hab' quoi (ou plutôt, ce que j'ai dit pour Code, je le maintiens).
Scénario maintenant. Au premier abord (traduction : au premier chapitre), j'ai pensé que cette fanfiction serait 100% centrée sur l'informatique et les recherches de Jérémie, mais en fait c'est assez secondaire dans l'histoire je trouve. La psychologie et les interactions sociales du blondinet sont bien mises en avant. Je trouve ça assez sympa dans le concept. De même, je trouve son obsession et son début de folie à la FH bien exploités.
Sinon, pour ce qui est du cœur de l'histoire, la recherche de l'ultime secret de l'univers, je ne vais rien dire, vu que c'est juste pas mon truc (et puis, la légère dimension religieuse aussi, mais ça, t'es déjà au courant puisque le premier post m'est kassdédié ).
Autrement :
Belgarel a écrit:
Préparez donc les aspirines pour traverser des pages de techno-babillage vital, car je n'ai jamais rien écrit d'aussi barré. Ça doit être l'influence de Lain.
Personnellement, je n'ai pas eu besoin de prendre d'aspirine au bout de ces quatre chapitres (on peut pas en dire autant pour Lain, que j'ai commencé à visionner). Enfin, sans avoir l'outrecuidance de dire que je comprends l'ensemble, je ne me sens pas perdu. Soit c'est un effet que tu cherches à produire, soit c'est ma flemme qui parle.
Mais bon, tu nous as promis dès le début que le chapitre 5 serait le plus spécial de tous, j'attends donc (et en français s'il-vous-plaît !).
Laura maintenant <3. En fait, je vais être plutôt bref sur elle. Je n'ai relevé aucun élément qui m'ait indigné, du moins pour ce qui est du caractère. De toutes manières, même s'il avait subi une modification par rapport à ce que l'on connaît, on aurait pu mettre ça sur le compte du bond temporel. Mention spéciale pour le fait que sa situation professionnelle soit au top (a). Après, on ne peut pas dire que j'approuve la méthode kleenex, mais au final, ça ne rend Jérémie que plus humain, et par extension, moins bisounours.
Après, le Jérémie X Laura n'est pas un couple que j'approuve. Mais ici, leur « histoire » semble avoir été plus éphémère qu'autre chose. Bref, même si ça me plaît pas trop, heureusement qu'ils n'ont pas remis plus franchement le couvert.
Autrement, j'ai bien aimé le petit parallèle fait entre Franz et Jérémie dans le dernier chapitre, notamment le passage sur la solitude. Après, on devinait déjà qu'ils se ressemblaient pas mal, même si comme Gummy l'a si bien dit, Hopper jouait du piano lui .
Trois remarques et c'est tout pour ce commentaire :
Chapitre 4 a écrit:
même en modifiant Lykô
Oh !
Jérémie a écrit:
Tant que ce n'est pas du sexe, je ne l'ai pas trompée, hein ?
*Facepalm*
Belgarel a écrit:
ce chapitre 4 est fidèle à Laura. À ce qu'elle est, à ce qu'elle représente.
Rajoute « pour les scénaristes » à la fin de la dernière phrase et nous pourrons nous faire une (handshake) .
Finalement, je ne peux pas dire que j'ai adoré ton texte jusque-là. L'informatique et la physique, c'est pas vraiment ma tasse de café. Ce type de sujet est un des rares que je n'arrive pas à apprécier pleinement.
Bref, je souhaite tout de même lire l'ultime chapitre pour me faire une opinion finale.
(J'ai jamais fait un commentaire aussi... indescriptible. Je faiblis .) _________________
« Jérémie avait fait un superbe travail. Ce dernier voyage sur Lyokô promettait d'être inoubliable. » Un jour, peut-être.
Dernière édition par Zéphyr le Sam 02 Juil 2016 21:12; édité 1 fois
Comment ? Belgarel s'est tenue à sa parole et n'a pas posté de chapitre pendant une semaine ?
Ce jour est à marquer d'une pierre blanche.
Réponse à Zéphyr avant tout, car sans lui j'aurais été forcée d'envoyer un mail au Pôle pour me faire débloquer le sujet.
Le vent d'Ouest a écrit:
Au premier abord (traduction : au premier chapitre), j'ai pensé que cette fanfiction serait 100% centrée sur l'informatique et les recherches de Jérémie, mais en fait c'est assez secondaire dans l'histoire je trouve. La psychologie et les interactions sociales du blondinet sont bien mises en avant. Je trouve ça assez sympa dans le concept. De même, je trouve son obsession et son début de folie à la FH bien exploités.
Ah, ce texte a un côté balade qui fait que le lecteur ne se doute pas d'où on l'emmène. Vous pensiez que c'était de l'informatique ? Paf ! On vous lance vers du psychologique ? (C'est pas l'heure…).
Et en effet, je voulais pas que vous soyez perdus. Je voulais que vous soyez surpris.
J'ai commencé à publier un peu après avoir mis le point final. Ce qui explique pourquoi j'ai présenté ce texte comme barré.
Zéphyr a écrit:
Autrement, j'ai bien aimé le petit parallèle fait entre Franz et Jérémie dans le dernier chapitre
Justement, c'est à Gummy qu'on les doit (cf. ma réponse à son commentaire). Je craignais que ça fasse un peu imbriqué entre deux considérations, mais si ça passe…
Zéphyr a écrit:
Chapitre 4 a écrit:
même en modifiant Lykô
Oh !
Spoiler
Et sinon, pour laura, handshake
Bon, géronimo !
Partie 5
« Car JE est un autre.
Si le cuivre s'éveille clairon, il n'y a rien de sa faute. J'assiste
à l'éclosion de ma pensée : je la regarde, je l'écoute :
je lance un coup d'archet : la symphonie fait son remuement »
–—- Arthur Rimbaud -—–
Spoiler
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, vingt heures dix-sept, jour 1091.
Demain, ça fera trois ans. Et ce sera le début de la fin.
Tout est fin prêt. Sauf moi, peut-être. Comment pourrais-je l'être ?
En fin de compte, j'ai assez peu eu à modifier le programme du casque, par rapport à ce que j'avais fait quand j'étais môme. Je me suis simplement montré plus prudent, examinant bien ce que j'avais sous les yeux, de sorte que cette fois-ci, je ne serai pas surpris de ce qui arrivera.
Je deviendrai fou. Oui. Monomaniaque jusqu'à l'obsession, sujet à des sautes d'humeur. Asocial, paranoïaque, même. En dépit de mes prudents réglages et calibrations sur mes ondes alpha, des maux de tête et des évanouissements sont à prévoir.
D'abord, la synthèse entre mon cerveau humain et mes nouvelles capacités décuplées sera assez maladroite et dégradera mes facultés cognitives de manière de plus en plus significative. Puis il y aura une période de…coma. De l'ordre de cinquante retours dans le temps. Pendant cette période, le spectre polymorphe s'occupera de la construction et de l'application matérielle du casque de manière autonome. Il devra aussi artificiellement assurer ma survie en cas d'arrêt cardio-respiratoire, en me possédant directement.
Ensuite, je m'éveillerai. Et je ne serai plus moi. Je serai capable de comprendre et de programmer l'Univers ou j'échouerai en en connaissant la raison.
Peu à peu, mes capacités s'évanouiront et ma conscience émergera de nouveau. J'ai prévu un graphique pour m'indiquer la dissipation des effets du casque au fil du temps ; il me faudra entre quatre et six semaines pour retrouver un cerveau à peu près humain, plus longtemps pour redevenir normal. Mais je crois que je ne serai plus jamais la même personne. Après tout…c'est peut-être stupide à dire, mais j'aurai porté Dieu.
C'est pour ça qu'il faut que je profite pleinement de ce dernier anniversaire, demain. La fin des vacances, la fin de ma vie aussi. Quelque chose d'imprévu, d'imprévisible, encore une fois. Et puis…je garde la soirée en mer pour le dernier retour vers le passé. Pour la donner à Aelita. Peut-être que ça n'arrivera jamais, que je ne serai plus moi-même ; mais c'est ce rêve qui m'a fait tenir tout ce temps-là, pas question que j'y renonce…
Adieu. »
Je me rappelai quelque chose. Il fallait…que je laisse une trace. Que je garde le compte du temps écoulé sur terre.
Ha. Ha. Ha. Ha. Pour l'importance que ça avait. Quelle importance ?
J'avais tort d'en rire. La chair. C'était d'une importance capitale. C'était parce que j'étais un homme que toute cette histoire était belle.
Je tapai donc une ligne de commande pour lancer un script de mon cru. Ah, la ligne de commande : quelle merveille ! la simplicité de la puissance et de l'information…
Code:
root@SC:/# ./root/rvlpCount
[07/06/19 4:43:43 – 06/06/19 7:43:12] Executed 4376 times.
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Neuf ans. Et les effets du casque ne s'étaient toujours pas dissipés, étant donné mon faible degré d'humanité. Je pense qu'en tant qu'humain, je n'avais pas imaginé que ma tâche pourrait me prendre tout ce temps.
Enfin, ma tâche…ça non plus, ce n'était plus moi. Je n'étais qu'un entre-deux, une espèce de monstre hybride, une transition. J'arborais le visage insensible de Dieu sur un cœur palpitant d'être humain.
Une autre ligne de commande, la touche entrée, et c'était parti. Je me mis à parler, d'une voix neutre, égale, détachée. Presque mécanique.
« Journal de Jérémie Belpois. 6 juin 2019, vingt heures quarante. Jour 4376.
L'opération a été, semble-t-il, un succès. Toutefois, je sais qu'elle n'est pas terminée. Il reste quelque chose à faire, quelque chose que je n'apprendrai qu'une fois que les effets sur mon cerveau se seront suffisamment dissipés. Je sais que je l'ai programmé et j'ignore la manière dont je l'ai mis en place.
Pour l'heure, je n'en suis qu'au début de la transition, probablement entre le jour 30 et le jour 36. J'estime la fin de cette période entre le jour 4700 et le jour 5450, la probabilité croissant avec la date étant donné le caractère logarithmique de la courbe de dissipation des effets. L'événement programmé sera le signe que je suis redevenu humain. Ma dernière tâche viendra alors à moi. »
J'arrêtai l'enregistrement en appuyant sur une touche et je posai mon bras sur l'accoudoir. Puis j'attendis.
J'attendis.
Le Retour vers le Passé eut lieu.
Et j'attendis.
« Journal de Jérémie Belpois, 6 juin 2019, vingt-et-une heure cinq, jour 5432.
Un joli chiffre, tiens. Oui, je commente le chiffre. Parce que je me fais chier comme un rat mort.
Y'aurait pas cette histoire de chiffres, je me serait déjà barré depuis bien longtemps ! Sérieux, j'étais sous LSD quand j'ai balancé ce délire mystique à propos d'un « signe » ? Ça fait deux ans que je ne compte plus les cure-dents qui se renversent d'une boîte en un seul coup d'œil, je connais tous les voyageurs de Paris-Marseille qui ont envie de papoter, et j'ai passé tellement de temps à apprendre le piano que je pourrais passer professionnel. Et maintenant, j'en suis sûr : c'est pas la force de mon super-cerveau qui me permet d'enchaîner les gammes sur le clavier plus vite que Paganini sur son violon, avec mes maigres doigts d'informaticien, mais la pure habitude de l'ennui.
Dans un mois, probabilités ou pas, totalement guéri ou pas, je m'en fous : je file à la mer ! »
« Journal de Jérémie Belpois, 6 juin 2019, treize heures quarante-trois, jour 5443.
J'y pensais, tout à l'heure…y'a quelque chose de bizarre. Qui n'est pas tout à fait logique. Du moins, pour ce que j'en sais.
Je devrais pas être ici. Enfin, « je »…Si l'Univers a été codé, en théorie, il a été compilé deux fois : une première fois pour créer l'Univers provisoire dans lequel subsistaient les incohérences, et une deuxième fois pour le réinitialiser. Or, à partir du moment où l'Univers définitif a été conçu et réinitialisé, quel besoin de conserver l'Univers provisoire, ou plutôt, de définir le continuum temporel au-delà du point où cette espèce de…monstre du casque neuronal créerait l'Univers définitif ?
Ces questions pourraient paraître bizarres, et pourtant, j'ai été vérifier : en fait nous nous situons actuellement dans l'Univers définitif, où les incohérences ne sont plus valides. Autrement dit, l'Univers a été réinitialisé de manière à ce que je ne doive plus le réparer. Dans ce cas, pourquoi ai-je conservé ma mémoire de l'Univers antérieur ? Comment puis-je me souvenir des incohérences entre Lyokô et un autre Univers, et des événements qui en ont résulté ? Qu'est-ce que je fais dans ce labo ?
De deux choses l'une : ou bien, comme je le pensais, ma tâche n'est pas terminée et il me reste quelque chose à accomplir, quelque chose qui nécessite que je garde quelque part en mémoire, quelque part en moi, cette espèce de monstre surhumain ; ou bien…j'ignore tout du monde réel et je suis dans un profond délire hallucinatoire.
Est-ce seulement vrai que je vis en-dehors du temps ?…Aelita…Est-ce que Aelita existe ? Ou est-ce que je l'ai inventée…
Il faut que je sorte cet après-midi ! Vérifier…
Que tout brûle s'il n'y a pas d'Aelita. »
Ça me frappa au retour vers le passé. Je sursautai dans ma chaise et je me mis à suer abondamment en haletant. Bien sûr, c'était tellement évident, comment n'avais-je pas pu le comprendre plus tôt ? Bordel, même sans un coup de pouce de la part d'une intelligence supérieure, j'aurais dû m'en douter !
C'était Lui qui avait tout planifié. Lui, là, l'autre ! Il avait prévu jusqu'aux moindres détails. Alors logiquement, il ne pouvait pas avoir laissé se produire quelque chose d'aussi dangereux pour ses plans que sa propre mort sans avoir prévu une sorte de truc pour vaincre la mort…Il y en avait tellement ! Matérialiser un cheveu, récupérer un programme dans la mémoire tampon, se réfugier dans le Réseau, on n'avait jamais tout vu. En fait, Lyokô n'avait-il pas été conçu, à la base, comme un lieu où la mort ne pouvait pas exister ?
Ces logs système avaient plus de vingt années d'existence virtuelle, et ils étaient restés aussi clairs qu'ils l'étaient à l'époque. Si seulement j'avais pris la peine, si j'avais eu la simple idée de les regarder, j'aurais compris ! J'aurais reconnu la signature de Hopper quand il rentrait et sortait de Lyokô, et j'aurais su qu'en explosant, il n'était pas mort ! Non !
Il s'était dévirtualisé.
Il me suffisait de remonter le signal…comme un fil…Putain, c'était ardu ! en douze ans, Internet changeait beaucoup de gueule, et il avait la sale habitude d'emprunter des sentiers tortueux, le type. Un vrai palimpseste dans les souterrains. Mais je finis par y arriver. Au Supercalculateur qu'exploitait Hopper, celui d'où il avait tiré l'énergie nécessaire à la destruction de XANA, celui où il était retourné pour être dévirtualisé.
En arrivant à cet endroit, je m'attendais à trouver des scanners. Naïf !
Je venais de remonter une piste vieille de plus de dix à travers tout le Réseau, pour retourner par la porte de derrière dans le Supercalculateur d'où j'étais parti. Putain.
* * *
FRANZ HOPPER
Ainsi donc, tu m'as trouvé.
JÉRÉMIE
Se cacher dans sa propre maison…
Est-ce une blague ?
FRANZ HOPPER
Je n'étais pas caché. Ce sont tes yeux qui refusaient de me voir.
N'as-tu pas regardé ton reflet lorsque tu es revenu chez moi ? Si, au lieu de t'admirer, tu avais réfléchi, tu aurais compris que j'étais là en toi.
JÉRÉMIE
Pourquoi ne pas vous être manifesté ? Vous auriez pu le faire !
Nous aurions tous été soulagés. Savez-vous le mal que vous avez fait à Aelita ?
FRANZ HOPPER
J'en ai ressenti chaque seconde. Mais c'était nécessaire et pour le mieux. Aucun autre plan n'était possible, et tu le sais, car ce plan, tu l'as toi-même entériné.
JÉRÉMIE
Vous voulez dire, quand votre casque et les idées que vous avez plantées dans ma cervelle m'ont transformé en une espèce de fou ?
FRANZ HOPPER
Pas seulement.
L'Œuvre n'est pas achevée.
Il reste une question.
JÉRÉMIE
Je ne veux pas y répondre.
FRANZ HOPPER
Tu le voudras et tu le feras.
Tu sais que cette histoire ne tient pas debout. Qu'elle n'a rien de logique. Que c'est un serpent qui se mord la queue.
Pose la question.
JÉRÉMIE
J'ai le choix ?
FRANZ HOPPER
Non.
JÉRÉMIE
Et le libre arbitre ?
FRANZ HOPPER
Tous les hommes l'ont. En dépit de la prédétermination de l'Univers, ils sont les acteurs de leurs décisions. Tu ne comprends plus pourquoi, mais le fait n'en est pas moins là : tous les hommes sont libres de faire leur choix.
JÉRÉMIE
Je ne le suis pas.
FRANZ HOPPER
Non, en effet.
Pose la question.
JÉRÉMIE
Comment le Supercalculateur cosmique existe-t-il ?
FRANZ HOPPER
Nous y sommes.
Le Supercalculateur est la cause du Multivers. Le Multivers est la cause du Supercalculateur. Le problème de la poule et de l'œuf : le contenant est contenu par son propre contenu. Quelle est la cause première, le contenant du tout ?
JÉRÉMIE
La cause première, c'est Dieu ?
FRANZ HOPPER
Oui. Si l'on veut.
Comment définit-on Dieu ?
JÉRÉMIE
L'Éternel ?
FRANZ HOPPER
Non. Dieu n'est pas Éternel.
Dieu n'est pas Infini.
Dieu n'est pas Bon.
JÉRÉMIE
Dieu est le Créateur ?
FRANZ HOPPER
À la fois vrai et faux.
Dieu n'est pas le créateur par essence, mais seulement parce qu'il le veut.
Reviens à cette affaire de cause première et dis-moi qui est Dieu.
JÉRÉMIE
Dieu, c'est Celui qui Est.
FRANZ HOPPER
Correct. Maintenant, complète : Cogito…
JÉRÉMIE
…ergo sum.
FRANZ HOPPER
Tu l'as dit le premier !
JÉRÉMIE
C'est une blague ?
FRANZ HOPPER
Non, je suis très sérieux. De l'esprit surgit l'univers. Seul le sujet avéré peut assumer l'essence de Dieu.
JÉRÉMIE
Vous aussi, vous êtes Créateur. Vous avez fabriqué Lyokô et rendu possible l'existence de l'Univers : vous portez plus de la moitié du Multivers sur vos épaules !
FRANZ HOPPER
Ta conception de mon rôle dans cette affaire n'est pas exacte ; mais même si ce n'était pas le cas, cela ne changerait rien.
Tu ne peux me faire répondre « Oui. » à la question « Est-ce que tu existes ? » et y apporter foi.
Pour ce que tu en sais, je ne suis pas plus conscient qu'une pierre. Enfin, les formes de conscience non vivantes étant un vieux rêve, je dirai : pas plus conscient que le produit d'un rêve.
JÉRÉMIE
Et pourtant, l'intersubjectivité…
FRANZ HOPPER
Est un mensonge.
JÉRÉMIE
Est nécessaire à l'information, qui est l'essence de l'Univers. Des deux Univers.
FRANZ HOPPER
Tiens donc ?
JÉRÉMIE
L'observation induit le fait. Mais l'information, elle, n'existe que parce qu'elle est communiquée.
Il n'y a pas d'Univers s'il n'y a que Dieu.
Donc, un Autre peut être Dieu.
FRANZ HOPPER
Dis-moi, comment définis-tu l'eau ?
JÉRÉMIE
Il y a beaucoup de manières de définir l'eau.
L'eau est un liquide que je vois tous les jours. Elle est parfois invisible en moi et sur moi, autour de moi sous forme gazeuse. L'eau est aussi une molécule de matière formée de deux atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène. La matière est elle-même une forme d'énergie.
FRANZ HOPPER
Tu ne m'as donné que des définitions statiques. Un fait, pour ainsi dire. Or, tu as récemment appris que l'Univers était constitué d'informations. Définis l'eau comme une information.
JÉRÉMIE
L'eau est un espèce de matière ; à ce titre, elle existe quand elle est communiquée à une conscience ; les effets de sa présence et de son absence ne sont également actualisés que lorsqu'une conscience les observe, et hérite de propriétés telles que l'étendue, la masse ou la transparence.
À l'échelle terrestre, l'eau reproduit le cycle de l'information par l'évaporation et les précipitations. Les routes, appelées cours d'eau, sont des lieux très propices au surgissement de l'information de toute nature et à son transport.
FRANZ HOPPER
C'était un peu maladroit.
JÉRÉMIE
Je suis assez rouillé.
FRANZ HOPPER
La définition mouvante de l'eau n'est ni plus ni moins intelligible, ni plus ni moins valable, que la définition de l'eau comme un phénomène. Tu es d'accord avec moi ?
JÉRÉMIE
Oui.
FRANZ HOPPER
Les deux définitions doivent donc pouvoir coexister.
JÉRÉMIE
Oui.
FRANZ HOPPER
Il en va donc de même pour l'information. Elle doit pouvoir être définie comme un phénomène, mais aussi de manière statique.
JÉRÉMIE
L'information ? Un flux ? De manière statique ?
FRANZ HOPPER
Ne sois pas de mauvaise foi, tu sais que j'ai raison. L'information statique existe, on l'appelle pensée.
JÉRÉMIE
Pourquoi faut-il préserver ces deux définitions ?
FRANZ HOPPER
Parce qu'elles se conçoivent toutes les deux.
JÉRÉMIE
On ne peut donc pas trancher ?
FRANZ HOPPER
Il n'y a pas à trancher s'il existe un cas où elles sont compatibles.
Et ce cas existe.
JÉRÉMIE
Un seul esprit existe, et pourtant il pratique l'intersubjectivité ?
FRANZ HOPPER
Je détiens l'information qui le prouve. Lorsque tu recevras cette information, tu deviendras Dieu.
JÉRÉMIE
Parle.
FRANZ HOPPER
Tu sais maintenant que le temps est une illusion…
JÉRÉMIE
Je suis au milieu de la machine qui fabrique le temps ! Quel meilleur endroit pour l'apprendre ?
FRANZ HOPPER
Je vais donc te dire ton avenir.
Un jour, tes cheveux deviendront gris et tes souvenirs disparaîtront. Ton enfance et ta jeunesse seront engloutis dans l'oubli. Après tout, le casque neuronal n'est pas sans effets secondaires.
Ta vue va baisser et tes lunettes s'épaissiront.
JÉRÉMIE
Non ! Attendez, je vous en supplie !
FRANZ HOPPER
Avant même de vraiment devenir vieux, tu te réveilleras chaque jour en te rendant compte que l'être qui parlait la veille est mort. Pour chaque nouvelle personne que tu rencontreras, tu seras un être différent, un masque, un caractère, un souvenir, et tu te trouveras bientôt dissipé parmi tes propres fragments, au milieu desquels tu seras perdu.
JÉRÉMIE
Non ! Pitié, Franz…Pensez à…la plage !
FRANZ HOPPER
Tu ne t'en rendras pas compte au début. Ce sera comme un surnom, Monsieur « Binoclard »… « Einstein »… « Frank-einstein »… Mais tu multiplieras les noms – oh oui, Dieu a tant de noms ! – comme les costumes.
Tu adhéreras à des idées que d'autres auront conçues pour toi. Ton esprit sera étranger à lui-même…
JÉRÉMIE
Vous hurlez, taisez-vous ! Ne m'enlevez pas ça…
FRANZ HOPPER
…et ton propre visage disparaîtra à tes yeux ! Une barbe l'envahira. Une barbe grise –
JÉRÉMIE
Non ! non…
FRANZ HOPPER
Et avant de t'être rendu compte de ce qui s'était produit, tu te retrouveras ici, vieux, épuisé, avec l'Univers dans l'esprit, à converser avec toi-même.
JÉRÉMIE
Aelita…Aelita…Non, Aelita…pardonne-moi…
FRANZ HOPPER
Aelita ?
AELITA
Je suis là papa !
FRANZ HOPPER
Ma chérie !…Viens, viens dans mes bras une seconde.
AELITA
Papa ! Je n'y croyais pas, quand Jérémie m'a appelée ; quelle folle ! Oh papa, tu m'as tellement manqué ! Que tout reste à jamais ainsi…que nous soyons réunis, tous les trois…
FRANZ HOPPER
Cela s'accomplira, mon Ange…très bientôt. Mais pour toi, le chemin est encore long. Tant d'épreuves encore…avant de me revoir…
AELITA
Papa, que se passe-t-il ? Que fait Jérémie dans un des scanners ?
Jérémie !
FRANZ HOPPER
Malheureusement, mon ange, le temps des retrouvailles finales n'est pas encore venu pour toi.
Mon cœur, tu suivras bientôt Jérémie pour le retrouver. Et en un sens, tu me retrouveras aussi, avec lui. Car s'il deviendra Waldo Schaeffer, puis Franz Hopper, toi tu deviendras Anthea Aèl Hope.
AELITA
Quoi ?
FRANZ HOPPER
Oui. Jérémie est parti pour devenir Franz Hopper, car Jérémie et moi sommes une seule et même essence : nous sommes l'Esprit de Dieu, la conscience existante qui s'est chargée de porter le poids du monde. Nous sommes le Créateur, et nous portons en notre esprit et en notre vie la connaissance statique et le principe du mouvement. Nous sommes un et nous sommes cycle. Nous sommes Je en chacun.
Mais la caractéristique essentielle de Dieu est, et a toujours été, que Dieu, forcé d'être seul, refuse sa solitude.
AELITA
C'est pourquoi il a créé l'homme a son image ?
FRANZ HOPPER
Si l'on veut. Mais l'homme n'est pas Dieu. Alors que toi…
AELITA
Quel Dieu suis-je, si je ne suis pas l'Esprit de Dieu, qui porte l'existence, l'Univers et la réalité ?
FRANZ HOPPER
Tu es Dieu qui s'engendre lui-même. Le corps qui crée sa propre existence. Tu es la Déesse-Mère.
Jérémie a un père et une mère, et une longue lignée d'ancêtres dans la matière. Toi, bien que fécondée par l'Esprit de Dieu, tu n'engendres que toi.
Tu es la Cause Première, tu es la compagne et la solitude de Dieu, tu es son Corps fertile et son cycle stérile. Tu es Dieu qui s'incarne, Dieu d'amour et Narcisse, et avec moi, tu es Dieu qui s'est sacrifié pour libérer le monde du Mal.
AELITA
Tu parles par symboles ! Tout ça ne me dit pas quelle est la réalité, comment fonctionnent ces choses, les causes et les effets. Tous tes Dieux se superposent en tous sens, je ne vois pas là l'ombre d'une logique, pas l'ombre d'une vérité !
FRANZ HOPPER
Aelita, la vérité est dans le Monde et Dieu n'est pas affaire de vérité. Dieu est symbole, langage, rêve et poésie. La seule chose ici-bas qui ne soit pas une simple information. Car Dieu est la signification que l'on place en toute chose. Dieu, c'est la beauté du Verbe. Hors cela, pas de Dieu.
AELITA
Papa…
FRANZ HOPPER
Allons ! ne sois pas si tendre…il serait peut-être étrange que je sois ton père avant d'être ton amant ; attends donc nos retrouvailles…comme moi j'attends les miennes…
AELITA
Que veux-tu dire ?
FRANZ HOPPER
Tu le découvriras dans une trentaine d'années, quand, ayant survécu à la peur, tu recevras en cadeau le plus beau des souvenirs qu'il y ait dans l'Univers…
Et ensuite…ensuite, je renaîtrai parmi les hommes, je terminerai mon Grand Projet, et Lyokô deviendra le Paradis que ce monde attend. La Terre Promise, le Jardin originel, où tu t'es éveillée et d'où j'ai puisé toute mon inspiration, t'en souviens-tu mon amour ? À l'époque, je rêvais de te voir, de te toucher…Et nous y reviendrons ensemble, enfin lavés de toutes les vicissitudes de la guerre, de la folie, du mensonges et de l'adultère, connaissant notre nature et vivant en complétion l'un de l'autre, sans nous torturer mutuellement du désir inutile et de l'insatisfaction illusoire…N'est-ce pas, Aelita ? Aelita ? – oh, elle est déjà partie…
Sans me tromper, maintenant, en ce monde que je t'offre, je viens t'aimer, ô Anthéa, ô mon âme, ma sœur…
J’entre dans mon jardin, ma sœur, ma fiancée ;
je cueille ma myrrhe avec mes aromates,
je mange mon rayon de miel avec mon miel,
je bois mon vin avec mon lait...
Mangez, amis, buvez, enivrez-vous d’amour !
_________________
Premier commandement :Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune. Troisième commandement :Tout individu a droit à la vie Quatrième commandement :Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
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