La gigantesque flotte de Skidbladnirs continue toujours de voguer tranquillement à travers le Réseau. Mais, comme les banques de données (ces espèces d’immeubles à l’envers) sont trop rapprochées, les vaisseaux n’ont pas d’autre choix que de se suivre en file indienne dans ces passages très étroits, emmenés par celui des lyoko-guerriers – celui qui est coiffé d’une auréole blanche.
Après quelques instants de monotonie, le paysage change soudainement. On passe de la forêt de banques de données numériques à un néant total : plus de banques de données, plus de hubs… plus rien. Ce ne sont que des étranges flots… noirs qui dominent ce paysage tristement vide. Le Skid coiffé d’une auréole blanche est le premier à découvrir ce brusque et mystérieux changement, et le choc du contraste entre espace comblé et espace vide est tel qu’Aelita préfère couper les machines. D’autant plus que ce spectacle est rendu encore plus étrange et choquant que ces flots noirs partagent cet univers avec les flots restés bleus, qui baignent les banques de données, comme un Yaourt aux deux parfums.
Les autres Skids apparaissent les uns après les autres, et se mettent en formation comme si ce néant pressentait le danger : à savoir une longue ligne parallèle à la lisière de la jungle de banques de données.

Odd, en contemplant l’étrange paysage devant lui, anxieux Hé, qu’est-ce qui se passe ? On est arrivé aux confins de l’univers numérique, ou quoi ?

Aelita, en hochant une tête pleine de soupçons Non, il n’existe pas de limites dans l’univers numérique. À mon avis, l’ANAX est déjà passée par ici pour faire le ménage.

Ulrich Tu crois qu’il y avait un monde virtuel ici, et qu’ils l’ont détruit ?

Franz Hopper, voix off Non, c’est impossible, Ulrich. Le monde virtuel le plus proche de votre position est à une centaine de kilomètres. Il n’y avait que des banques de données dans cet espace maintenant vide, rien de plus.

Sissi, abasourdie Hein !? Non, ce n’est pas possible : ils sont si nombreux pour en détruire autant sur leur chemin ?

Nicolas, en haussant les épaules, l’air niais Ben, faut croire que oui !

Odd, en s’exclamant soudainement Hé, attendez ! Regardez un peu ce qui arrive !

Une multitude de formes sinistres se dessinent progressivement à l’horizon des flots ténébreux, en ligne comme la flotte de Skidbladnirs. Les lyoko-guerriers ont des soupçons, bien évidemment, mais cela ne les empêche pas de plisser les yeux pour mieux observer ces nouvelles choses. Il leur faudra quelques instants pour se rendre compte que ce sont des vaisseaux… des centaines de vaisseaux ! Une véritable et redoutable flotte, prête à déferler comme une vague sur un plan d’eau calme, ou un tsunami sur une multitude de petits archipels. En effet, elle est composée, à l’avant, de galions aux mâts nus et de galères fermées avec des toits panoramiques en forme de coquille de moule et, derrière, on note la présence de frégates et de destroyers lourdements armés et, donc, quasiment inabordables. Et, au centre, tel un brave roi monté sur son destroyer et accompagnant ses chevaliers à la bataille, le Vasa fait son apparition dans la ligne des galions et des galères. Il semble plus puissant que jamais….
Face à une telle démonstration de force, nos héros en restent interdits…

Odd, abasourdi à tel point qu’il pourrait s’en arracher la mâchoire Non, ce n’est pas possible ! Ils ne peuvent pas être aussi… nombreux ! Franz, est-ce que le liquide du Réseau a le droit d’être trouble ou quelque chose comme ça, pour expliquer cette hallucination !?

Franz Hopper, voix off Désolé, Odd, ce n’est pas une hallucination. Je confirme leur incroyable nombre sur mes radars.

Aelita, incrédule C’est quand même effarant ! Comment ont-ils pu se constituer une telle flotte en si peu de temps ?

Odd, qui essaye de plaisanter malgré la situation Il faut croire que Ront a réussi à faire preuve de générosité pour une fois ; je me l’imagine déjà déclarer à ses ouvriers qu’il leur a accordé une augmentation pour qu’ils construisent rapidement tous ses navires, tout en serrant les dents comme s’il avait un besoin pressant !

Ulrich, en s’emparant des deux petits joysticks sur ses côtés, prêt à attaquer En tout cas, moi, elle ne me fait pas peur, cette flotte ! Pour ma chère Yumi, je suis prêt à affronter le monde s’il le faut et, si je dois mourir ici en valeureux guerrier, qu’il en soit ainsi !

Hiroki, en faisant de même Je suis prêt à te suivre, Ulrich, mon Maître !

Aelita Doucement, les gars. Il n’y a que notre flotte qui va les affronter ; on profitera de cette diversion pour contourner le champ de bataille et gagner rapidement Carthage.

Jim, un peu mécontent Quoi !? Hé, je ne suis pas tellement d’accord avec ce plan, Aelita ; c’est une attitude un peu lâche, ce que tu nous proposes. Il vaudrait mieux aider notre flotte, au cas où elle aurait du mal à résister face à celle de l’ANAX.

Aelita, qui commence à re-démarrer le vaisseau Nos Skids se feront tous massacrer, de toute façon, vu le nombre d’ennemis devant nous. Et, si on reste avec eux pour se battre, on y passera ici. N’oubliez pas, Jim, que nous sommes les seuls à pouvoir nous mutliplier à l’infini ; nos clones ne peuvent pas le faire.

Jim Mais…

Aelita, sur un ton qui se veut rassurant Ne vous en faites pas, si vous voulez vous battre, on aura l’occasion de se rattraper sur Carthage. Moi et mon père, on a tout prévu ; ayez tous confiance, je sais très bien ce que je fais…
(Puis, en s’emparant d’un micro incorporé récemment sur la table de commandes…)
SKIDBLADNIRS, À L’ATTAQUE !!!

Instantanément, tous les petits Navskids sans pilotes se détachent de leurs vaisseaux-mères respectifs et partent à l’assaut de la flotte ennemie. De son côté, l’ANAX envoie également toute sa flotte de galions et de galères pour la contre-attaque, alors que les frégates et les destroyers viennent encercler le Vasa pour le défendre.
Ce qui suit est digne des meilleurs films de combat spatial, bien que le tout se déroule dans un environnement aquatique. Tout en fonçant à pleine vitesse vers les adversaires, en tirant à volonté leurs projectiles respectifs (torpilles pour les Navskids, lasers dorés pour les galions et les galères de l’ANAX), les vaisseaux d’attaque arrivent rapidement à un combat au corps à corps. Le spectacle est grandiose car les projectiles fendent l’Océan Numérique dans toutes les directions et en hyper-vitesse, comme des feux de joie, et les Navskids – plus petits que leurs ennemis – démontrent toute leur agilité en décrivant des courbes très spectaculaires autour des gros navires de l’ANAX pour mieux les atteindre, ou simplement pour éviter les lasers dorés du mieux qu’ils peuvent. Et, d’un autre côté, tellement invraisemblable car les navires de l’ANAX n’ont aucun mal à se déplacer dans le vide numérique, malgré l’absence de voile pour les galions ou les rames qui pagaient dans le vide pour les galères, et tous les projectiles, quel que soit leur camp d’origine, ont des trajectoires qui semblent anarchiques et aussi curvillignes que les acrobaties des Navskids. D’ailleurs, ceux-ci se font rapidement détruire par dizaine, par les cruels lasers dorés, alors que les torpilles occasionnent des dégâts moins importants en comparaison, mais qui restent très audacieux : par exemple, un Navskid a la folie de raser une galère de près, en passant entre la pluie dense des lasers tirés par cette dernière, mais il réussit quand même à détruire toutes les rames sur son passage. Du coup, la galère dérive vers le côté où les pagaies ont été détruites et elle finit par heurter une de ses consœurs dans un fracas épouvantable, en la coupant quasiment en deux avec sa proue arrondie et en laissant juste le temps aux quelques Navskids qui se trouvaient là d’esquiver de façon très acrobatique. Les deux immenses vaisseaux de guerre font mine de partir à la dérive durant quelques instants, puis ils plongent tous les deux vers les profondeurs du Réseau pour y disparaître totalement. S’il y avait un pilote dans ce Navskid, il aurait sans doute abandonné le cours du combat quelques instants pour savourer sa réussite… mais pas pour longtemps car, très vite, un destroyer de l’ANAX parvient à le détruire.
D’ailleurs, les vaisseaux de défense (Skids pour l’Armée de Lyoko, frégates et destroyers pour l’ANAX) restent auprès de leur vaisseau-général pour le défendre de quelconques projectiles perdus, et leur rôle dans le combat des vaisseaux d’attaque consiste juste à tirer quelques projectiles supplémentaires pour aider au maximum leurs confrères de la flotte à laquelle ils appartiennent. Cependant, malgré leurs ossatures imposantes et très dissuasives, quelques Navskids (ou même des galions, ou des galères) parviennent à quitter le champ de bataille pour se lancer à l’assaut du Vasa (ou le Skid coiffé de son auréole blanche), mais ils sont très vite détruits par les frégates ou les destroyers (ou les répliques des Skids). Un seul Navskid a presque atteint son but : alors que ses camarades métalliques explosaient les uns après les autres autour de lui, il a continué à foncer tête baissée vers le Vasa, en tirant toutes les torpilles qu’il possédait sur le monstrueux vaisseau. Il est arrivé à passer entre tous les lasers dorés des vaisseaux de défense de l’ANAX et, au moment où il n’était plus qu’à un ou deux mètres de sa gigantesque cible…
BOUM !!!
… un laser de Vasa a fini par avoir raison de lui, sous ordre personnel du capitaine Skinner qui a regardé le malheureux petit vaisseau virtuel s’évaporer avec tout le plaisir sadique qu’on puisse avoir.
Étrangement, les Navskids engagés dans la bataille ne semblent pas souffrir du manque d’autonomie tant redoutée par les lyoko-guerriers et qui pourraient les condamner à la destruction, sauf si les engins de l’ANAX ont déjà accompli cette fatalité. En fait, les lyoko-guerriers apprendront plus tard que Franz Hopper, avec l’autorisation de Jérémie, avait amélioré tous les programmes du Skid original et, par conséquent, les Navskids avaient maintenant une autonomie illimitée.
Alors que le combat entre les Navskids sans pilote et les vaisseaux de l’ANAX continue de faire rage – malgré que la victoire semble de plus en plus sourire aux sinistres galions et galères – le Skid coiffé de son auréole blanche profite de cette distraction et de la protection (bien mince, il faut l’avouer) de ses répliques pour faire demi-tour et aller se cacher discrètement dans la forêt de banques de données. Malheureusement, l’œil de rapace du terrifiant Skinner remarque très vite la fuite de son vaisseau-rival, malgré le désordre causé par les vaisseaux d’attaque…

Skinner, d’une voix métallique et rauque, un peu comme celle de Ront, dans un micro invisible Frégates, destroyers, occupez-vous de finir le travail ici et, lorsque ça sera accompli, rassemblez les galions et galères survivants et faites route vers Lyoko sans perdre de temps.
Le Skidbladnir…
(Puis, en grognant comme pour bien se faire comprendre…)
… est pour moi !

Alors que les frégates et les destroyers exécutent les ordres, en annihilant les Navskids restants et s’engageant principalement dans un nouveau corps-à-corps avec les répliques du Skid qui tentent de conserver leur position pour protéger leur modèle et leur monde d’origines le plus longtemps possible, le Vasa contourne toutes ces batailles par le haut et parvient à s’engager entre les banques de données, à la poursuite de son rival – les pilotes automatiques des vaisseaux de Lyoko sont trop occupés à se battre avec leurs antagonistes pour songer à lui tirer dessus.
*
Le Skidbladnir des lyoko-guerriers zigzague à toute vitesse entre les banques de données, en rasant ces dernières de près. Aelita est concentrée au maximum pour que son vaisseau ne s’écrase pas contre les colonnes numériques, tandis que ses camarades ont tellement peur qu’elle fasse à tout moment une fausse manœuvre qu’ils en ont une sorte de mal de mer…

Odd, blanc comme un linge Hé, princesse, à quoi ça sert qu’on se presse, puisque tu nous a assuré que notre flotte si puissante arriverait à retenir l’ANAX au maximum ?

Aelita Mieux vaut prévenir que guérir ; je ne suis pas sûre que Ront va marcher aussi longtemps, surtout à la vitesse où les Navskids se font détruire. Plus vite on aura atteint les hubs, mieux ça vaudra.

Malheureusement, autour du Skid, les flots numériques deviennent progressivement noirs et, tout à coup, des dizaines de lasers dorés tentent de s’abattre sur lui. Les lyoko-guerriers, surpris par cette attaque si soudaine, en poussent des exclamations.

Aelita Aïe ! C’est bien ce que je redoutais, il a compris que c’était une diversion. Accrochez-vous !

Elle pousse les turbos au maximum de leurs capacités, tout en esquivant les lasers de la manière la plus acrobatique. Évidemment, le Skidbladnir tout entier est beaucoup moins agile que les Navskids et, alors que, tout autour d’eux, les banques de données se disloquent en milliers d’énormes pixels à cause des projectiles du Vasa, celui-ci rattrape son rival en un rien de temps. Les tirs sont de plus en plus dangereux, de plus en plus précis…
Au bout d’un moment, les deux gigantesques vaisseaux arrive dans un endroit où les banques de données sont plus espacées, pour laisser place à une sorte de grande avenue où ils s’y engagent sans tarder. Aelita essaye de regagner un peu de terrain, puis…

Aelita, l’air résignée Bon, on n’a pas tellement le choix, sur ce coup-là. Jim, vous étiez tellement impatient de vous battre ; eh bien, ce moment est arrivé. Je vais tous vous larguer, histoire que vous occupiez Ront assez longtemps pour que je puisse me mettre à l’abri. Attention, ne prenez aucun risque : votre mission est juste de détourner son attention sans vous faire tuer, et non d’engager un face-à-face qui, de toute façon, sera fatal pour vous. Est-ce que vous avez tous compris – surtout vous, les garçons ?

Odd, un peu déçu OK, je vais essayer de me retenir, mais ça ne va pas être facile.

Aelita, en abaissant toutes les manettes de largage des Navskids Alors, c’est parti ! Bonne chance à tous !

Une fois libérés, les petits vaisseaux font des loopings vertigineux et foncent tous sur le Vasa. Skinner s’en lèche les babines, comme si les lyoko-guerriers venaient de tomber stupidement dans un piège mortel dont il avait conçu tous les détails, et donne l’ordre au mystérieux équipage du navire de redoubler les tirs et aux Makacqs dans leurs Navasas de se tenir prêts au largage. Ce qu’il fait sans tarder…
Un nouveau corps-à-corps commence entre les miniatures du Vasa et les Navskids mais, cette fois-ci, il y a des pilotes dans chacun des petits vaisseaux. Pendant ce temps, Skinner arrête le Vasa afin de mieux prêter assistance à ses guerriers-monstres, et Aelita en profite pour se dissimuler dans un petit espace entre deux banques de données colossales semblable à une ruelle entre deux gratte-ciels…
*
Au labo, Franz Hopper et son épouse, Sylphia, regardent les radars du Super-Ordinateur avec inquiétude et impuissance. Ici, la situation est déjà désespérée…

Sylphia Ça y est, toute notre flotte vient d’être réduite à néant et les vaisseaux de l’ANAX sont, déjà, en train de faire route vers Lyoko.
(Puis, en caressant son mari comme pour l’amadouer…)
Je t’en prie, mon amour, laisse-moi y aller. Ces adolescents sont braves, mais ils n’arriveront jamais à gagner cette bataille si je ne les aide pas.

Franz Hopper, sur un ton ferme Non, Sylphia. Je t’ai déjà perdue une fois, je n’ai pas envie que ça se reproduise.

Sylphia, en pointant les radars du doigt, un peu remontée Mais, vu comme les choses évoluent en ce moment, c’est toute notre Armée que nous risquons de perdre à tout moment et, surtout…
(Sa voix commence à trembler, et quelques larmes viennent mouiller ses douces joues…)
… notre fille, notre petite Aelita-chérie ! Je ne peux pas m’imaginer un seul instant la voir mou… mourir là-bas, sans qu’on ait pu l’aider un seul instant.

Durant un bref moment, Franz semble douter de ses pensées, pour le plus grand espoir de son épouse. Mais…

Franz Hopper, avec une confiance pas tellement certaine Ne t’en fais pas, ma chérie, ça n’arrivera pas. J’ai tout prévu avec Aelita, j’ai confiance en elle…

Sylphia, en rétorquant, furieuse et vexée Quoi !? Ça veut dire que tu n’as même plus confiance en moi, ta propre femme !?

Franz Hopper préfère ne pas répondre, bien que cette remarque l’ait blessé…
*
Dans le Réseau, les lyoko-guerriers doivent combattre sur tous les fronts et, pour une fois, leur peur de disparaître à jamais dans le néant numérique, à cause de la destruction de leur Navskid, n’a jamais été aussi grande. En effet, ils sont obligés de faire face aux attaques des Navasas, et à celles du Vasa comme si ça ne suffisait pas. Certes, les petits vaisseaux de l’ANAX sont au nombre de quatre, ici – alors qu’il y a six Navskids contre eux – mais les Makacqs, bien qu’ils aient une intelligence généralement assez limitée, font preuve de grandes qualités en ce qui concerne le pilotage de leurs Navasas. Au final, les petits vaisseaux se valent les uns les autres et, par conséquent, ont beaucoup de mal à atteindre leurs adversaires ; mais, bien sûr, c’est sans compter sur le Vasa pour rendre la tâche des lyoko-guerriers encore plus compliquée.
Déjà, certains d’entre eux, comme Odd ou Ulrich, ont failli être atteints par les lasers dorés du satanique vaisseau, et ne doivent leurs saluts qu’à leur grande maîtrise de leurs Navskids respectifs.

Odd, en poussant un énorme soupir de soulagement, tout en redressant son Navskid Ouf ! Ben dis donc, c’est qu’ils ont fait des progrès dans ce domaine-là ! S’ils sont aussi efficaces à Carthage qu’ici, c’est pas gagné !

Ulrich Hé, alors ? Je ne vois pas pourquoi tu te plains, ça rend la bataille plus intéressante.

Au bout d’un moment, tous nos héros décident de mieux s’organiser afin que la situation ne dégénère pas jusqu’à son comble : ils se regroupent et remontent l’avenue en direction d’Aelita mais, au lieu de vraiment revenir vers le Skid, ils font un demi-tour en looping et foncent vers les Navasas avec un positionnement en triangle : Jim est en tête, Ulrich et Odd le suivent de près et Sissi, Hiroki et Nicolas ferment la figure d’attaque. Pour rivaliser avec cette stratégie, les Navasas se regroupent en carré – un pour chaque sommet de la figure – et répondent aux torpilles de leurs ennemis avec leurs lasers dorés.
Mais, cette fois-ci, ça paye… pour les lyoko-guerriers : Jim, Ulrich et Odd détruisent un Navasa, chacun, et les trois derniers pulvérisent ensemble la dernière miniature du Vasa. Malgré qu’il ne faut jamais crier victoire tout de suite en temps de guerre, nos amis ne peuvent s’empêcher de laisser leur joie s’exprimer.
Mais, tout à coup, ils sont obligés de séparer au dernier moment car Skinner, furieux de l’échec des Makacqs – «ces espèces de marins d’eau douce ! » –, ordonne de tirer comme si la folie avait envahi ce vaisseau de la Mort. En essayant de garder leur sang-froid, les lyoko-guerriers essayent de se regrouper à nouveau comme avant et tentent quelques tirs audacieux sur la coque de Vasa, qui ressent peu de dommages. Mais, c’est toujours mieux que rien, se disent-ils…
Il n’y a qu’Odd qui, évidemment, charge le vaisseau de l’ANAX, son Navskid prêt à torpiller. Cela n’échappe pas à la vigilance de tous ses camarades, épouvantés…

Ulrich, en vociférant ODD, NE FAIS PAS ÇAAAA !!!

Odd Désolé, les gars, mais je craque !
(Puis, en empoignant fermement ses joysticks…)
BANZAAAAAAAÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏÏϨ !!!!

Il swingue entre tous les lasers dorés qu’il rencontre sur son chemin, puis il finit par lâcher cinq torpilles sur des endroits précis : quatre sur des canons qui sont irrémédiablement ruinés, et le dernier sur le cockpit du Vasa – qui, malheureusement, subit un dégât pareil à celui d’un coup sur du double-vitrage.
L’homme-chat s’éloigne de l’énorme vaisseau avec un petit air arrogant, comme s’il voulait montrer à ses amis que ce n’était pas aussi difficile que ça…

Odd WHOU-HOU !!! Encore une fois, Odd le Magnifique a réussi là où les autres ont échoué !

Jim, en hurlant d’une voix épouvantée ODD, DERRIÈRE TOI !!!

Trop tard : un laser doré se rapproche dangereusement du Navskid ; l’homme-chat n’a même pas le temps de l’esquiver…
Mais, heureusement, une torpille venant de nulle part réduit le laser en milliers de pixels avant que ce dernier n’ait eu le temps d’en faire de même avec sa cible. Odd rouvre les yeux et découvre devant lui, heureux et soulagé, qu’Aelita s’est quand même décidée à venir les aider – ben ouais, puisque le Vasa se l’avait permis avant, pourquoi ne pas en faire autant maintenant qu’il est seul ?

Franz Hopper, voix off Non, Aelita ! Retourne dans ta cachette, c’est beaucoup trop dangereux !

Aelita Ne t’en fais pas, papa, il est à présent seul contre sept. On peut en finir une bonne fois pour toutes.

Les autres lyoko-guerriers ont aussi remarqué le courageux retour de leur capitaine aux cheveux roses et, comme Odd, ils s’empressent de rejoindre le Skid comme des petits animaux qui en feraient autant avec leur mère. Tous ensemble, les lyoko-guerriers tirent autant de torpilles qu’ils peuvent sur le Vasa, en détruisant une énorme quantité de canons, mais Skinner – qui est tellement enragé que ses dents grincent les uns contre les autres jusqu’à en devenir insupportable – ne compte pas se laisser intimider et profite des canons qu’il lui reste pour, également, en finir rapidement.
Heureusement, contrairement aux craintes de Franz Hopper et de tous les guerriers de l’Armée de Lyoko, le Skidbladnir se fait toucher mais sans être détruit par un ou deux tirs. Certes, son bouclier prend de sérieux coups, mais il reste entier malgré tout. Cela enchante surtout Aelita, qui recommence à croire dur comme fer à la victoire…

Aelita, en se dépensant comme une folle avec ses torpilles Hé ! hé ! Vas-y, défoule-toi comme tu en as envie, mon cher Ront ! Tu t’épuiseras bien avant nous, si tu veux nous détruire !

Mais, comme un moment de bonheur ne dure jamais bien longtemps, dans le labo Franz Hopper voit une énorme forme sombre apparaître dans les profondeurs du Réseau. Rapidement, cette forme se divise en plusieurs longues parties qui se ruent vers le Skid… comme s’il assistait à une croissance de racines accélérée.

Franz Hopper, en vociférant si fort qu’il fait sursauter sa femme AELITA, ATTENTION !!!

Trop tard : Aelita a à peine le temps d’avoir entendu et saisi l’avertissement de son père que, tout à coup, elle se sent secouer dans tous les sens, puis entraîner vers le fond. Sur son cockpit, d’énormes tentacules font pression sur la vitre au risque de la rompre, et également sur le reste de la cabine de pilotage comme si on voulait presser un fruit dans sa main…

Aelita, horrifiée Les amis, au secours ! Le Kraken m’a attrapée !!!

Lorsque les autres lyoko-guerriers se retournent, le Skidbladnir a déjà fait un plongeon vertigineux de plusieurs mètres. En-dessous, la gigantesque forme sombre qui se détache timidement des eaux ténébreuses du Réseau s’excite à l’idée de déguster rapidement sa proie.

Ulrich, sidéré Oh non, c’est pas vrai ! Manquait plus que lui !

Jim, sur un ton ferme Tant pis pour le Vasa ! Allons aider Aelita !

Malheureusement, au moment où ils se mettent en formation pour aider le vaisseau en détresse, des Z’anguilles et des Scolopendres en incroyable nombre déchirent le voile ténébreux des eaux d’Internet juste en face d’eux, et ils ne perdent pas de temps pour agresser nos héros. Ces derniers, bien que leurs sueurs glacées soient de plus en plus prononcées, prennent leur courage à deux mains et s’engagent dans un nouveau corps-à-corps avec les monstres, torpilles d’un côté et lasers argentés de l’autre.
Derrière eux, Skinner a une envie obsédante de mettre un terme à cette bataille qui ne veut, décidément, plus se finir ; son doigt crochu de bête est même suspendu au-dessus du bouton de commande de mis à feu des canons, si nerveux qu’il en tremble…. Mais, au bout de quelques instants de réflexion, il ramène sa main sur les manettes de pilotage et décide de profiter de cette diversion pour mettre les voiles vers Lyoko…

Skinner, à part De toute façon, le temps qu’ils libèrent leur amie du Kraken – si jamais ils la libèrent, hé ! hé ! hé – j’aurais tout le temps nécessaire pour détruire leur fichu monde d’origine ! Ils n’ont aucune chance de s’en sortir !

Puis, en ricanant comme un diable, il vire son vaisseau à tribord et ce dernier disparaît entre les banques de données.
*
Au labo…

Franz Hopper, qui observe ses radars, abasourdi et apeuré Les amis, le Vasa a disparu de mes écrans. J’ai bien peur qu’il soit en train de faire route vers Lyoko.
(Puis, en prenant un ton un peu plus furieux, comme si nos héros commençaient à le décevoir énormément…)
Qu’est-ce que vous attendez pour libérer ma fille des tentacules de cette chose !?

Dans le Réseau…

Odd, entre deux pirouettes Sans vous manquer de respect, Grand Einstein, je voudrais bien vous y voir ! C’est que vous commenciez à devenir autant nerveux que le modèle réduit !

Odd et Franz Hopper ne sont pas les seuls à sentir la nervosité qui commence à atteindre son comble, ou presque – en effet, trop d’irritation ne pourrait que les mener à l’annihilation. Les monstres de l’ANAX se montrent plus redoutables que d’habitude, et les lyoko-guerriers doivent rester concentrés à chaque instant pour ne pas être détruits à tout moment. Évidemment, cette concentration conjuguée à cette interminable bataille commencent à les fatiguer sérieusement, mais il suffit d’une forte pensée au terrible calvaire que doivent subir Yumi ou la Terre à l’heure actuelle pour les maintenir en forme, comme un jeu vidéo qui nous passionne et qu’on veut à tout prix finir malgré l’épuisement. Au final, le combat qui se joue en ce moment ne diffère pas tellement des autres qu’ils ont déjà mené dans ce vaste Réseau, mis à part qu’il est peut-être plus renversant.
De son côté, Aelita tente en vain de se libérer des tentacules du Kraken, mais celui-ci l’attire inexorablement vers les abysses infinies de l’Océan Numérique. Certes, elle essaye tous les moyens pour accomplir son dessein – elle zizgague dans les airs, elle tire des torpilles sur l’immense corps du monstre qui se rapproche de plus en plus d’elle… – mais la bête reste indomptable.

Aelita, de plus en plus angoissée Dépêchez-vous, s’il vous plaît. Je ne vais plus pouvoir tenir très longtemps.

Ulrich, voix off T’en fais pas, princesse. Quelques détails à régler, et on est à toi !

Mais, c’est vite dit : les lyoko-guerriers ont beau détruire des monstres, il en vient toujours de tous les côtés. Plus les secondes défilent telle une éternité, plus nos héros ont des doutes quant à leur victoire. Un œil sur la descente aux enfers du Skid et l’autre sur leurs écrans de visée et les monstres, ils comprennent au bout d’un moment que c’est bientôt la fin de la bataille, enfin… mais pas en leur faveur.
Odd tente quand même de porter secours à l’ange rose, après avoir zigouillé un Z’anguille, mais il est vite rattrapé un Scolopendre qui est bien décidé à ne pas le lâcher. Le malheureux homme-chat n’a pas d’autre choix que de changer de trajectoire pour semer le monstre, alors qu’il était presque arrivé à hauteur de son amie.

Odd, en soupirant, avec une mine attristée Désolé, princesse, mais il n’y a rien à faire. Nous n’allons plus tenir longtemps, non plus.

Ulrich, avec le même air désespéré Dire que je ne connaîtrai jamais le plaisir d’un baiser de Yumi. On était si près du but…

Sissi, en s’affolant soudainement Non, je n’ai pas envie de mourir ! Pas ici !

Elle a le réflexe d’esquiver juste à temps un laser, qui risquait de bafouer ses paroles à tout jamais.

Jim, remonté à l’idée d’entendre des paroles pareilles Hé, dites, qu’est-ce que j’entends comme pareilles sornettes !? Vous êtes des héros épiques, ou des héros romantiques, nom de nom !? Allez, chassez pareilles pensées de vos crânes, et prouvez-leur qu’on a encore de la ressource, qu’on est des guerriers dignes de ce nom !

Odd, en marmonnant Ouais, facile à dire.

Quelques instants plus tard, malgré les exhortations de l’ancien prof de sport, les lyoko-guerriers finissent par s’incliner devant la supériorité des monstres de l’ANAX et ils se rassemblent tous en un point précis, attendant avec angoisse leur destruction certaine. Déjà, une pluie diluvienne de souvenirs personnels traversent leurs esprits et, bien qu’ils ne doutent toujours pas du génie de Franz Hopper même aux portes de la Mort, ils se rendent compte que celui-ci ne pourra rien faire, cette fois-ci, pour les sauver – ou, du moins, il le fera trop tard. Peut-être que Sylphia… ah ben non, elle est aussi au labo ! Ouais ben, du coup, il n’y a plus rien à faire – autour d’eux, les Z’anguilles et les Scolopendres chargent déjà leurs ultimes lasers argentés dans leurs gueules, prêts à en finir…
En-dessous d’eux, Aelita contemple le terrifiant et hideux corps du Kraken à travers la vitre panoramique du cockpit, et ne peut qu’hurler d’épouvante lorsqu’elle voit un bec titanesque s’ouvrir démesurément pour engloutir le vaisseau.
Au labo…

Franz Hopper, horrifié NNOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNN !!!
*
Soudain, alors qu’on pense que tout est définitivement perdu, un vacarme formidable ébranle le Réseau entier, pareil à une gigantesque bourrasque de vent, et l’Océan Numérique devient étrangement… violet. Les lyoko-guerriers ont juste le temps de rouvrir les yeux pour remarquer ce mystérieux changement, et voir au loin des dizaines de sphères blanches pourvues de longues queues blanches, comme de grossiers spermatozoïdes, foncer droit sur eux. Les monstres de l’ANAX, déjà inquiets à cause du changement de couleur du Réseau, se retournent pour les apercevoir également, et cela les affole curieusement.
Ils tentent tous de fuir, mais les boules lumineuses les rattrapent en un rien de temps… et les font exploser en des milliers de pixels. Les Navskids, bien que les sphères les frappent de plein fouet, sont juste méchamment secoués dans tous les sens, mais sans disparaître pour autant. Et, en-dessous, le Kraken est aussi pulvérisé en milliards de pixels, alors qu’il était sur le point de faire disparaître le Skidbladnir à tout jamais. Ce dernier, n’étant plus soumis à aucune force l’attirant vers le bas, bondit soudainement vers le haut comme un bouchon, ce qui secoue violemment Aelita.
Les lyoko-guerriers redressent rapidement leurs vaisseaux respectfis, et se retournent pour mieux observer ces mystérieuses choses qui ont sauvé leurs vies. Mais, celles-ci ont déjà disparu à l’ horizon et, autour de nos héros, le liquide du Réseau retrouve sa couleur bleue d’origine et son calme.

Ulrich, partagé entre l’émerveillement et la surprise Whaou ! Qu’est-ce que c’était, que ces trucs ?

Odd J’en sais rien mais, en tout cas, je suis prêt à remercier à genoux le type qui les a fait apparaître ! J’ai vraiment cru que les monstres allaient nous faire la peau pour de bon !
(Soudain, son visage change d’air, comme s’il était frappé par une incroyable révélation…)
Tiens, c’est drôle, ces bou-boules me rappellent étrangement quelque chose, pas vous ? Est-ce que c’est vous, Franz, qui les avait programmées, comme la dernière fois où on a « détruit » XANA ?

Franz Hopper, voix off Malheureusement non, Odd. Si j’étais en train de programmer quelque chose, il aurait été trop tard pour le lancer afin de vous tirer de là.

Sissi C’est peut-être Sylphia, qu’est-ce que vous en dites ? Cette lumière bizarre dans le Réseau, ces sphères qui ont détruit les monstres et pas nous…

Au moment où tout le monde était prêt à partager son opinion…

Sylphia, voix off Impossible, Sissi. Je peux vous jurer que je n’ai pas bougé du labo.

Tous les autres, sauf Franz Hopper HEIN !?

Jim, en réfléchissant Remarque, ça me paraît logique, puisque la couleur de Sylphia est le rose. Or, cette chose qui s’est manifestée avait une couleur violette.

Odd Vous êtes sûre que vous n’avez pas un frère jumeau, Sylphia, ou quelque chose comme ça ? Qui sait, c’est peut-être lui qui nous a sauvés alors qu’il passait juste comme ça, pour venir vous dire bonjour après de longues années de séparat…

Franz Hopper, voix off et en l’interrompant net Désolé de vous interrompre, mais Skinner et toute sa flotte sont déjà arrivés sur Lyoko. Les batailles sont déjà engagées sur tous les Territoires… donc, vous avez intérêt à vous ramener en quatrième vitesse si vous ne voulez pas que notre paradis virtuel soit condamné !

Aelita C’est comme si on était parti ! Allez, récupération !

Elle abaisse les manettes correspondantes, et tous les Navskids reviennent se fixer sur le tronc du Skidbladnir. Puis, elle attend quelques instants, le temps que le vaisseau récupère assez d’énergie et, le moment venu, elle fonce plein gaz vers Lyoko dans une longue traînée d’écume…