Odd fut réveillé par les rayons du soleil à travers son store entrouvert. Encore hébété, il se redressa, et la couverture glissa pour laisser voir son pyjama plus long que d’habitude.
Un peu normal, on ne dormait pas en T-shirt à la montagne.
On était en plein dans les vacances de Noël, et plus précisément le 25décembre. Pour ces vacances tant attendues par nombres d’adolescents, Odd et sa famille étaient partis dans leur chalet des Alpes. Et c’était là qu’il se réveillait aujourd’hui, jour si spécial et plein de magie.
Il s’arracha à ses draps chauds, motivé par la pensée de son petit déjeuner qui ne manquerait pas de l’attendre dans la salle à manger, à l’étage en dessous. La simple idée d’engloutir ses tartines recouvertes de Nutella le fit saliver et parvint à lui faire surmonter la volonté instinctive qu’il avait eue de replonger sous la couette.
Il s’habilla rapidement, serrant les dents à la morsure du froid sur sa peau pâle, puis il descendit, vêtu d’une polaire bleu foncé et d’un jean.
Si ses sœurs, en parfaites adolescentes, dormaient encore, ses parents étaient déjà levés et comme toujours aux petits soins pour lui. Il suffit au blondinet de s’asseoir pour qu’on lui pose son bol de chocolat sous le nez. Ce même bol de chocolat fut très vite rejoint par trois grosses tartines dégoulinantes de pâte à tartiner.
Odd et les serpents avaient un point commun : ils pouvaient se décrocher la mâchoire pour engloutir des proies énormes. Dans le cas d’Odd, c’était une ouverture très spectaculaire de la bouche dans le but d’engloutir une tartine en entier. Et, exploit supplémentaire, il réussit à l’avaler trente secondes plus tard, alors qu’en général, quand on a une grosse portion de nourriture dans la bouche, on met longtemps à la mâcher.
Pour faire descendre au plus vite cette tartine, Odd l’arrosa d’une énorme rasade de chocolat chaud, sous l’œil attendri de ses parents. Ces derniers n’étaient plus impressionnés par les prouesses du goinfre et étaient même très fiers de l’appétit de leur fils.
Ce dernier leva le nez de sa nourriture une fois celle-ci ingérée, et son regard de prédateur boulimique se posa sur l’assiette de petits pains qui trônait au centre de la table, et il demanda, d’un air innocent
-Vous arriverez jamais à manger ça tout seuls, vous voulez pas que je vous aide ?
Les géniteurs du jeune garçon eurent l’air un peu partagés, mais devant l’air que prenait leur enfant, à savoir une sorte de Bambi qui aurait plongé le museau dans une flaque de boue, ils lui donnèrent la permission d’en prendre deux.
En fait, Odd en aurait bien volontiers englouti un troisième quand une de ses sœurs parut en haut de l’escalier et le pointa d’un doigt accusateur
-Odd ! Si tu poses pas tout de suite ce petit pain, tu vas passer le pire Noël de toute ta vie ! T’enfermer dans les toilettes sera une promenade de santé, à côté !
Déchiré entre la crainte de l’imagination de ses sœurs et celle de ne pas avoir assez mangé, il finit par reposer la viennoiserie, pour se rabattre sur une malheureuse pomme de la corbeille qui n’avait rien demandé à personne.
Une fois son repas, non, son gargantuesque festin englouti, Odd était méconnaissable. Le bas de son visage était maculé d’un mélange de chocolat chaud séché, de Nutella poisseux sur lequel se collaient des miettes de pain et de petit pain, et un peu de jus de sa pomme lui coulait sur le menton.
S’il ouvrait la bouche, c’était encore pire. C’était une sorte de bourbier brun, des bouts de peau de pomme étaient coincés entre ses dents aux côtés d’une nouvelle fournée de miettes.
Et vu qu’il venait de le faire, sa sœur grimaça de dégoût et lui ordonna de refermer immédiatement ce gouffre de l’enfer. Se rappelant les menaces qu’elle avait proférées auparavant, il s’exécuta, mais ça n’enlevait rien à l’horreur du reste de sa figure. Il avait même des trucs pas nets dans les cheveux, et sa polaire disparaissait sous les miettes.
Alors qu’il se levait pour aller se débarbouiller, ces dernières tombèrent sur le sol et sa chaise, qui devinrent impraticables. Mais ça, il l’ignorait, tout comme il ignorait combien de personnes râleraient en s’asseyant sur ladite chaise.
Il veilla à bien utiliser l’eau chaude et non pas froide, et parvint à se redonner figure humaine. Puis, regardant par la fenêtre, il constata que le soleil brillait toujours dans le ciel dégagé et songea que, pourquoi pas, on pourrait en profiter pour sortir.
Cette idée illumina son visage d’un sourire moins repoussant que le précédent, et il courut prendre sa veste et un sur-pantalon, pour éviter d’avoir froid. Ces vêtements supplémentaires étaient bien entendus violets. Il prit en plus son casque avec les lunettes, les gants et la planche de snowboard. Ses lunettes étaient teintées en orangé et ses gants en faisaient un discret rappel.
Sans se soucier de réveiller ses autres sœurs, Odd appela Kiwi avant de se diriger vers la porte du chalet, où l’attendaient ses bottes fourrées qu’il fixerait sur sa planche le moment venu de s’en servir.
Le petit fox terrier fut aussi équipé d’un joli manteau en plus de son collier, pour qu’il ne prenne pas froid. Odd était très soucieux du bien-être de son animal. Il fallait lui reconnaître ça, c’était un maître dévoué et affectueux, aimant son chien de tout son cœur.
Kiwi était d’ailleurs ravi de sortir se dégourdir les pattes dans la neige, il sautillait pendant que son propriétaire nouait ses lacets. Enfin, la porte s’ouvrit, faisant s’engouffrer un vent glacé dans la maisonnette de montagne. La sœur d’Odd ne manqua pas de se plaindre en lui ordonnant de refermer en vitesse. La seule personne à manifester sa joie fut le chien qui se rua à l’extérieur, vite suivi par le blondinet (qui avait tout de même pris soin de refermer la porte).
Tandis que l’animal commençait déjà à creuser et à se ruer dans la neige, son maître le rappela auprès de lui et désigna le chemin des pistes de snowboard en s’y engageant. Peu désireux d’être oublié, Kiwi lui courut après, soulevant un nuage de poudreuse dans sa course. Odd, sa planche sous le bras, ramassa un bâton, l’agita sous le nez de Kiwi qui sauta pour l’attraper, et le lança devant lui, entraînant le départ du missile sable sous l’éclat de rire bienveillant du blondinet.
Ils auraient pu répéter ce jeu des centaines de fois, ni l’un ni l’autre ne s’en serait lassé. Ils étaient bien, là. Heureux. C’était sans doute le plus beau des cadeaux de Noël.
-Alors mon chien, t’es prêt ?
Les pieds bien fixés sur sa planche, Odd était prêt à s’engager dans la longue descente sur le flanc de la montagne. La neige était lisse et brillante devant lui, idéale pour une belle glissade. Pas trace de verglas d’après ce qu’il voyait.
Alors il inclina doucement sa planche jaune et rose et se lança dans la pente. Kiwi bondit à sa suite, tenant à tout prix à le suivre.
Telle une fumée blanche, la neige volait derrière le snowboard qu’Odd pilotait avec maîtrise, faisant passer son poids d’un côté ou de l’autre pour slalomer dans la descente. L’impression de légèreté qui l’envahissait le fit rire, et ce rire résonna autour de lui. Il vit Kiwi tomber sur les fesses et continuer la descente avec l’air de ne pas comprendre ce qui lui arrivait.
Se penchant un peu plus il frôla la neige de la main, déclenchant un nouveau panache blanc, puis se redressa.
Le petit blond se rappelait avec émotion de Lyoko où il pilotait sa planche volante, c’était exactement pareil, on se serait cru dans la Banquise, aux commandes d’un Overboard léger comme une plume. Une larme de nostalgie émue glissa sur sa joue et y gela.
Les premières bosses arrivaient, et il s’en réjouissait déjà. Les passages avec les bosses étaient pleins de surprises. Epousant la forme de la neige, sa planche décolla si simplement du sol qu’on aurait cru que c’était écrit à l’avance. Faisant un peu pivoter son snowboard verticalement, il en attrapa le bout et lança un cri de joie qui s’en alla rejoindre ses rires dans l’écho.
Lâchant l’objet, il retomba sur la piste et enchaîna d’autres sauts, multipliant les figures bien pensées et terminant par une toupie.
Il continuait de glisser et il était content d’être là. Il faisait attention à ne pas écraser Kiwi lors de ses atterrissages, mais le plus souvent, le chien avait assez de jugeote pour ne pas se faire écraser.
A la sortie des bosses, Odd se déporta vers l’arrière, allégeant l’avant de son skate des neiges, et pivota simplement de manière à aborder la piste à l’envers. Irresponsable de sa part, mais tellement excitant. Il connaissait l’endroit par cœur, de toute façon. Il reprit la descente dans l’autre sens quand vint un petit tremplin.
Il inspira profondément en sentant son snowboard quitter le sol une nouvelle fois. L’air lui siffla aux oreilles alors qu’il plongeait vers la suite de la piste, qui arrivait si lentement et si rapidement à la fois. Il avait l’impression que le vent froid de l’hiver cherchait à s’insinuer sous sa veste et sa polaire pour lui transir les os.
Ses os, le choc les lui secoua un peu, mais il ne perdit pas l’équilibre. Le nez s’était un peu enfoncé dans la neige, créant un nuage de neige, et le temps qu’Odd redresse, il en était totalement entouré, ce qui donnait l’impression qu’il venait d’en émerger.
Un petit couinement lui fit constater que Kiwi avait atterri aussi, et sans trop de mal. Odd décida alors de faire un dérapage.
Il fit pivoter sa planche pour être perpendiculaire à la piste. Le son de raclement qui en résultat fut impressionnant. Un énorme nuage de fumée blanche se créa derrière Odd, qui exultait. Ça, sur Lyoko, il n’aurait jamais pu le faire…
La vie avait décidément un goût d’enfer, même sans le monde virtuel qu’il avait arpenté pendant des années. Non, elle n’allait pas être raplapla, cette vie.
Et tandis qu’il dérapait, Odd repensait à ses amis qu’il retrouverait à la rentrée, il s’imagina contant ses prouesses sur la neige, il pensa à tout l’avenir qui s’ouvrait devant eux, et son cœur se gonfla de joie. Loin de XANA, il avait toute la vie pour lui, ils avaient toute la vie pour eux.
Autant en profiter. En profiter jusqu’à n’en plus pouvoir, prendre tout ce qu’il y avait de meilleur à prendre, et ne plus se retourner vers le passé.
Lyoko, c’était fini, et c’était une simple page qui se tournait. Rien de plus, et Odd était heureux de ne plus s’y raccrocher et de pouvoir continuer son existence sans.
Ç’aurait pu être anodin.
Odd trouvait que son chien était un peu trop près et craignit de l’écraser, aussi vira-t-il plus sur le côté pour éviter des blessures à son animal. Il comprit qu’il y avait un problème quand son snowboard commença à vaciller sans qu’il parvienne à en reprendre le contrôle.
Et tout d’un coup, son pied droit partit vers l’avant, lui faisant cruellement défaut et le déséquilibrant, entraînant une toupie involontaire. Le monde tournoya autour d’Odd qui eut brutalement le souffle coupé et le ciel droit devant lui. Il entendit Kiwi aboyer mais ne l’écoutait pas, les « fumées neigeuses » dégagées par sa glissade lui arrivaient en pleine figure, le faisant tousser. Un second passage de bosses l’arracha littéralement à son snowboard qui continua à glisser séparément de lui.
Peinant à respirer, et dans la panique la plus totale, Odd chercha à se raccrocher à quelque chose. Mais la neige si lisse qu’il avait adoré avoir sous la planche se révélait maintenant plus traitresse qu’un savon enduit d’huile. Il ne se rattrapa à rien.
La mince réserve d’air qu’il avait encore dans les poumons sortit dans un cri désespéré, qui se perdit avec son cri de joie et son rire, dans un cruel paradoxe. Tentant de s’oxygéner, il inspira, mais il n’y eut que de la poudreuse qui entra, le faisant tousser encore plus. Une nouvelle bosse le catapulta en l’air et son coude craqua horriblement à l’atterrissage, lui tirant un autre cri.
Kiwi continuait d’appeler son maître, mais en vain, et Odd réalisa brusquement que sa manche lui collait à la peau, chaude et moite. Il glapit en voyant du sang couler le long de son poignet et tâcher la neige dans laquelle était en train de déraper.
La dernière chose qu’il sentit fut le bord de sa planche lui heurtant le crâne et l’envoyant dans les brumes de l’inconscience.
Lorsqu’il rouvrit les yeux, il était au pied d’un arbre, et avait mal partout. La neige était étonnamment chaude sous lui, il tenta de s’appuyer sur son avant-bras pour se relever mais une violente onde de souffrance lui traversa le bras et il retomba misérablement sur le côté, prostré. Il sentit quelque chose couler le long de sa joue, leva la main pour la porter à son crâne, l’espace d’un instant, et il cria d’effroi en la regardant.
Elle était complètement rouge, poisseuse, à croire qu’il venait de jouer avec les tripes d’un cadavre tout frais. Ses yeux exorbités fixaient, incrédule, cet indicateur de son état physique.
Et il constata que toute la neige autour de lui était rouge, d’un profond rouge propre à terrifier n’importe qui qui savait qu’il s’agissait de son propre sang.
En se dévissant le cou, il constata qu’une de ses jambes était tordue à un angle peu naturel, en plus de son coude qui avait transformé son bras en pelote de nerfs torturés. Il se savait blessé à la tête, de par le sang qui lui poissait les cheveux et une partie du visage.
Il éleva une nouvelle fois sa main à hauteur de son visage, comme s’il espérait que le sang ait disparu et que ce ne soit qu’un rêve.
Mais non. Le sang n’avait que séché, gênant un peu les mouvements de ses doigts. Il avait à peine mal, pourtant, pas plus que s’il avait une bosse. Il mettait encore du temps à encaisser le choc. Sa blessure avait quelque chose d’irréel, de trop distant pour être vrai. Ça n’arrivait que dans les films, enfin, de mourir d’une chute de snowboard.
Un hélico allait forcément débarquer, c’était obligé. Kiwi aurait trouvé quelqu’un pour le sauver…
Il ferma les yeux, repensant à tous ses combats, qu’il avait menés contre une intelligence artificielle très intelligente, toutes ses blagues sur les monstres ou sur d’autres sujets, les sourires de ses amis, les horribles tortures qu’il avait subies à cause de ses sœurs, les heures de colles, les heures de gloire…
Tout ça défila dans sa tête. Ce n’était pas toute sa vie, mais s’en était un bon résumé.
Une scène précise se fixa dans sa mémoire, et lui revint, aussi claire que s’il y était.
Ils sont autour de la machine à café, Yumi arrive, le journal à la main. Elle relate les news en lien avec leur dernière mission, et ils rient en se rendant compte que personne n’a d’explication à fournir.
Il se lance alors dans une tirade inspirée
« C’est notre loi à nous, vaillants justiciers de l’ombre ! Combattre, risquer et vaincre dans le plus strict anonymat ! Mais après tout n’est-ce pas cela le véritable héroïsme ? Enfin qui sait, un jour peut-être notre bravoure éclatera au grand jour ! Et nous pourrons tous alors recevoir les lauriers que nous méritons ! »
Ses amis évoquent alors le contrôle de maths et rient de sa note.
Odd ferma les yeux et une nouvelle larme alla geler dans le sang.
Il savait maintenant qu’il allait mourir, et ce, sans recevoir les lauriers qu’il aurait dû mériter pour ses actes passés.
Odd De la Robbia allait mourir sans que personne ne sache jamais quels exploits il avait accomplis, ni combien il avait été brave.
C’est sur cette pensée qu’il ferma les yeux et retomba, inerte et sans aucune force.
Joyeux Noël, Odd.
Texte 2 : Premières neiges, par Mara Schaeffer. Catégorie : Fantastique.
Texte 4 : Esprit de la brume par Yataiyaa Oyanachi. Catégorie : Fantastique.
Spoiler
Ce matin, le jeune homme s’éveilla la tête plus embrumée que jamais. Par pur réflexe, sa main tâtonna à la recherche de ses lunettes laissées sur sa table de chevet. Aussitôt empoignées, il les mit. Aussi idiot que cela pût paraître, il espérait qu’une fois les verres sur son nez le monde lui apparaîtrait plus clairement. Néanmoins, tout restait imprécis. Ou plutôt, il voyait, mais que voyait-il ?
Il était dans une chambre qui lui sembla au premier abord inconnu, et pourtant familière. Les murs peints, le sol carrelé, les quelques meubles qui se résumaient à un secrétaire, deux tables de chevet et un lit double, tout était d’un blanc parfaitement immaculé. Cette teinte l’aveuglait et lui donnait la nausée. Cependant, il savait que toute cette blancheur froide, plate et pure n’était que le résultat de son seul désir. Il en était intimement persuadé mais restait étonnement sceptique. Alors qu’est-ce qui clochait ?
Il observa un instant, hagard, la tête blonde qui se reflétait dans les différents miroirs de la penderie, donnant l’impression d’un espace infini. Il se sentait aspiré par ces glaces et fut pris dans un intense sentiment de solitude. Il était seul, au milieu de cette pièce, dans ce grand lit aux draps blancs. Puis, son regard se porta sur la place d’à côté. Il tendit la main vers la couette sans pli. Mais juste au moment de l’effleurer, il fut prit d’un soubresaut et ramena prestement son poing contre lui. Il avait peur. De quoi ? se demandait-il. Il réitéra son geste. Les doigts hésitant, il finit cependant par frôler la couverture aussi épurée que la chambre. Il les fit glisser jusqu’à l’oreiller. Là, il appuya doucement sa paume contre la taie. Quelqu’un avait dormi là. Qui était-ce ? Que lui était-il arrivé ? Où était cet inconnu ?
Son regard tomba sur l’autre table de chevet : dans un cadre albescent un couple avait été pris en photo à la montagne, comme en témoignait le chalet en arrière-plan. Il se souvint alors. Il n’y avait encore pas si longtemps de cela, toutes les nuits, dormait à ses côtés sa femme. Mais elle était morte.
Lorsque ce mot s’abattit dans son esprit, il se sentit tressaillir et dut se rallonger. Il observa vaguement le plafond blanc, soupira, ferma les yeux et les rouvrit. Il était toujours dans cette chambre immaculée. Il tenta de se rappeler le cours des évènements. Il fronça alors les sourcils en constatant que sa mémoire avait beau réagir, il ne se souvenait pas. En fait, il savait qu’elle était morte, mais il n’arrivait pas à se remémorer les circonstances du décès. A dire vrai, il n’avait même plus conscience de l’instant où il s’était effondré en apprenant la nouvelle, pas même des sensations qui l’avait alors envahi. Encore une fois, il se trouvait plus persuadé que convaincu.
Après une grande inspiration, il se leva enfin. Même l’air qu’il respirait paraissait propre et pur, et cela lui procurait une sensation étrange, comme si au fond, il ne respirait pas vraiment. Lorsque ses pieds rencontrèrent le sol, le froid du carrelage le fit frissonner. Mais n’ayant pas de chaussons auprès de lui, il se contenta d’être pieds nus. Il s’avança vers la large baie vitrée. Il posa sa main sur le verre froid et impeccable, et son souffle chaud laissa une trace de buée sur la vitre. Au-dehors, la brume enveloppait toute chose. Il ne percevait que des formes éparses, de vagues silhouettes qui lui parurent lointaines. Il peinait même à percevoir la tache jaunâtre qu’était le Soleil levant par-dessus cette étendue nuageuse. Le sol était recouvert d’un épais duvet blanc, ce qui le fit grimacer. Encore du blanc… Une chose étonnante lui apparut alors.
D’un petit pas lent mais assuré, une silhouette s’éloignait de la maison. Vêtue de blanc, les draperies virevoltant derrière elle paraissaient être les ailes d’un ange. L’effet en était d’autant plus renforcé que ses empreintes dans la neige étaient à peine visibles. Mais ce qui le surprit le plus fut sans nul doute la chevelure rose.
Il se décolla aussi sec de la vitre et détala. Il dévala les escaliers et dut se rattraper par deux fois à la rambarde pour ne pas partir en avant. Bien qu’il ne reconnût pas vraiment les lieux, il sut où était la porte d’entrée qu’il ouvrit à la volée. Sans prendre garde au froid qui lui mordit les orteils et remonta le long de ses jambes, il courut pour rattraper cette silhouette qui, dans la vague brumeuse, n’était plus qu’un faible point se détachant par ses cheveux roses.
- Attends ! hurla-t-il
Il tendit la main en avant à la recherche de l’ombre s’éteignant au loin. Malgré le froid et la brume, il persista et courut jusqu’à en perdre le souffle.
- Reviens ! s’exclama-t-il
Son anhélation ralentit son pas qu’il traîna bientôt dans la neige. Le froid le piquait au coin des yeux. D’une main rageuse, il ôta ses lunettes et passa un revers de manche de pyjama sans pour autant quitter sa course-poursuite.
Enfin, la silhouette semblait s’être arrêtée car il s’en rapprochait sensiblement. Il plissa cependant les yeux quand les contours de l’inconnu lui apparurent plus distinctement : la stature se faisait large.
Encore quelques pas et il tomba nez à nez avec un jeune homme. Abasourdi, il s’exclama :
- Ulrich ?
Ce dernier sur le qui-vive se retourna subitement et dégaina son katana. Le jeune homme en pyjama fit un pas en arrière, complètement déboussolé.
Ulrich portait un hakama, pantalon aux larges manches évasées, bleu foncé ceinturé par une lanière où pendait le fourreau de son katana. Arme qu’il agrippait fermement de ses deux mains avant de se rendre compte qu’il n’y avait aucun ennemi.
- Jérémy… grommela-t-il en rangeant soigneusement sa lame
Jérémy semblait complètement perdu. Il attrapa soudain son ami par les épaules et, la mine pâle à cause de l’inquiétude, il lui demanda :
- Tu n’as pas vu passer Aelita ?
- Non, répondit-il sans hésiter
Le jeune homme en pyjama posa une main sur son front comme pour vérifier sa température. Son regard erra sans but dans la poudreuse.
- Mais… mais… je suis sûr de l’avoir vu, bredouilla-t-il, elle était là. Je la suivais…
Il ne comprenait plus. Avait-il couru après un fantôme ? Etait-ce une illusion ? Ou bien la réalité ? Pourquoi Ulrich ne réagissait-il pas ? Il agrippa ses cheveux, enragé de ne pas savoir, de ne pas comprendre, ni même de se souvenir. Il s’agenouilla, ne s’encombrant pas du froid et de ses pieds maintenant violacés.
Ulrich, toujours une main sur la garde de son katana, compatit. La perte d’un être cher est toujours une bien mauvaise épreuve. Il mit un genou à terre, déplaça son fourreau pour qu’il reste sagement sur le côté, et posa une main amicale sur l’épaule de son jeune ami sanglotant.
- Je t’aiderai à la retrouver.
Jérémy lui présenta des yeux rouges plein d’espoir et de gratitude.
- Mais tu devras d’abord m’aider à retrouver quelqu’un.
Ulrich aida son ami à se relever et ce dernier acquiesça vivement de la tête.
Le samouraï le guida alors à travers la brume. Le jeune homme en pyjama suivait les traces dans la neige sans comprendre comment il faisait pour se repérer. Il insérait méticuleusement ses pieds dans les empreintes du jeune homme de peur de perdre sa trace. De temps à autre, il relevait la tête afin de s’assurer qu’il était toujours là, malgré le cliquetis permanent de son fourreau et les frottements de son pantalon.
Alors qu’il n’y avait strictement rien autour d’eux, un immense palais de glace et de neige s’éleva soudain au milieu de nulle part. Les deux jeunes hommes s’arrêtèrent en bas des escaliers. Jérémy jeta un œil à un Ulrich anxieux, les traits durcis. La prise qu’il exerçait sur la garde de son katana fut si forte que ses phalanges blanchirent. Le samouraï se tourna vers son ami et lui confessa d’une voix préoccupé et le regard fuyant :
- Je ne vais pas plus loin. Va à l’intérieur et parle à la Reine des Neiges.
Les yeux de Jérémy papillonnèrent : bizarrement, il ne comprenait aucun des mots qu’alignaient Ulrich. Il fronça les sourcils.
- Euh… oui, mais lui parler de quoi ?
- Supplie-la de délivrer Yumi.
- Hein ? Yumi a été… enlevée ? balbutia-t-il, dans ce cas, pourquoi ne vas-tu pas toi-même lui parler ?
- Je ne peux pas entrer. Je t’attendrai là, trancha Ulrich
Jérémy resta un instant interdit. Il bredouilla quelques mots et passa une main dans ses cheveux, mais Ulrich s’était immobilisé et enfermer dans un certain mutisme. Le jeune homme en pyjama n’eut d’autres choix que de gravir les marches. Avant de franchir la grande arche de glace enfermant deux cascades aux remous retentissant, il jeta un dernier coup d’œil à son ami. Celui-ci, la figure impassible, était figé dans sa pose, une main sur son fourreau.
Quand il fut entré, il marcha un long moment tout droit, longeant de nombreux dédales de glaces où miroitait son reflet désorienté. Il arriva enfin devant un trône surélevé, majestueux, où scintillaient mille pierreries. Une femme, la Reine des Neiges semblai-il, y était installée, les larges pans de sa robe blanche et argent s’étalant à ses pieds comme une rivière étincelante. Sa couronne de glace reposait fièrement sur sa chevelure brune.
Jérémy s’étrangla de surprise en découvrant le personnage.
- Sissi ?!
- C’est « votre Altesse » ! rugit-elle du haut de son perchoir
- Euh… oui, votre Altesse, se reprit le jeune homme, de plus en plus décontenancé par cette histoire, Ulrich m’a demandé de venir pour que tu libères Yumi.
Elle haussa un sourcil dédaigneux.
- Ulrich est ici ? s’enquit-elle, qu’il vienne ! S’il tient tant que ça à libérer sa chère Yumi.
- Mais il a dit qu’il ne pouvait pas entrer, bafouilla Jérémy
Elle observa le jeune homme qui grelotait de froid en contrebas de son immense trône et éclata de rire.
- Il t’a dit ça ? Mais pour lui, commença-t-elle en reprenant un soudain sérieux, presque menaçant, les portes de mon palais sont plus qu’ouvertes. Il peut entrer et sortir à sa guise. Rien ni personne ne l’en empêche. Sais-tu pourquoi il ne veut pas entrer ?
Le jeune homme haussa les épaules et prit soin de ne pas offenser la jeune Reine qui continua :
- Parce qu’il n’a pas le courage de m’affronter. Et il pourra envoyer qui il voudra je ne libèrerai jamais Yumi. Jamais.
- Mais pourquoi l’avoir enlevée justement ? osa-t-il en arrangeant ses lunettes sur le bout de son nez
Elle sourit et reprit sur un ton plus léger :
- Parce qu’il ne peut y avoir deux Reines de l’Hiver et encore moins deux amantes à ce cher Ulrich. Quand il comprendra, il renoncera à cette vulgaire dame des montagnes et reviendra vers moi. Celle qu’il aime.
Elle laissa passer un instant de silence avant de faire un signe de la main.
- Maintenant, va. Tu n’as rien à faire ici, toi.
La Reine des Neiges agita ses doigts. Jérémy sentit aussitôt son corps s’engourdir et se retourner. Ses jambes marchèrent toutes seules vers la sortie, et en un instant il se retrouva en bas des marches, face à Ulrich. Désarçonné, Jérémy mit quelques secondes avant de recouvrer ses esprits. Il attrapa son ami par les épaules qui sembla se dérider à son contact.
- Il n’y a que toi qui peut délivrer Yumi, annonça gravement Jérémy, je ne peux rien faire de plus que de te soutenir ou t’accompagner. Mais Sissi… enfin, la Reine des Neiges ne veut que toi.
- Mais moi, je ne veux pas d’elle.
- Alors dis-lui !
- Non.
- Pourquoi ?! s’énerva Jérémy de retrouver son ami tel qu’il l’était, buté.
Ulrich se mordit la lèvre inférieure et détourna le regard.
- J’ai peur d’elle… grommela-t-il enfin, j’ai peur de l’affronter.
Jérémy soupira.
- Je t’accompagne, déclara-t-il
Il ne laissa pas le choix au guerrier. Il l’attrapa par la manche et gravit à nouveau les marches du palais. Ulrich resserra sa prise sur la garde de son sabre. Ils se présentèrent bientôt devant la Reine des Neiges. Celle-ci ouvrit de grands yeux de biches lorsqu’elle aperçut le guerrier, la tête basse.
- Allez, vas-y, glissa Jérémy à l’oreille de son ami
Ulrich inspira profondément.
- Votre Altesse…
- C’est Sissi ! s’emporta-t-elle, mais je t’en prie, Ulrich. Que désires-tu me dire ?
Le samouraï croisa le regard glacé de la Reine des Neiges, tant par son visage impassible que par l’étrange couleur de tout son œil qui était d’un bleu pâle singulier, et dont la pupille ne se distinguait que par deux cercles concentriques d’une blancheur effrayante.
- Je… je… bafouilla-t-il
Il sentit la main de Jérémy se poser amicalement sur son épaule. Il calma les battements nerveux de son cœur et reprit d’une voix plus assurée :
- Je veux retrouver Yumi.
- Allons, Ulrich, s’amusa Sissi en se penchant légèrement en avant, un peu plus de courage dans ta déclaration serait le bienvenu. A moins que tu n’en ais pas tant que cela l’envie. Et quand bien même tu me le demanderais, crois-tu que j’accèderais à ta requête ? Qui te dit seulement que cette yuki onna est encore en vie. Il ne peut y avoir qu’une Reine de l’Hiver. Je suis…
- Tais-toi ! s’égosilla-t-il soudain en tirant son katana, rends-moi Yumi !
- Et bien… quelle audace, constata la jeune Reine avec un léger sourire en coin, me donnerais-tu des ordres ?
Jérémy se rapprocha de son ami pour lui murmurer.
- Dis-lui ce que tu ressens vraiment.
Le guerrier hocha la tête. Il raffermit sa prise sur son arme.
- Je t’ordonne de libérer Yumi. Elle seule compte à mes yeux. Je l’aime plus que ma propre vie. Toi… je ne t’aime pas.
La Reine des Neiges plaqua brusquement ses mains sur son cœur. Elle toussa et suffoqua jusqu’à se laisser tomber de son trône. La couronne de glace roula aux pieds des deux jeunes hommes et, tandis que la Reine des Neiges se fondait dans la glace de son trône, une silhouette prit la place de la tiare. Ulrich et Jérémy reculèrent. Des contours se dessinèrent et bientôt apparut la Femme des Neiges, vêtue d’un uchikake, kimono de mariage, argenté où couraient des arabesques blanches. Ses cheveux bruns relevés étaient ornés de baguettes d’où pendaient fils d’argent, fleurs de neiges et verreries.
Ulrich lâcha son katana, se jeta à genoux et enlaça passionnément Yumi. Elle répondit à son appel et posa ses mains albe dans le dos du jeune homme. Puis, ils se séparèrent et il aida à relever la jeune femme. Elle s’adressa à lui avec fermeté mais tendresse :
- Il t’aura fallu tout ce temps pour seulement avoir le courage.
- Je…
- Chut !
Elle posa un doigt laiteux sur les lèvres du jeune homme et se tourna vers Jérémy.
- Tu as une requête, n’est-ce pas ?
- En effet, c’était notre marché, répondit-il en jetant un œil à Ulrich qui n’avait de cesse d’admirer la beauté de la Femme des Neiges, je veux retrouver Aelita.
Yumi sourit à cette phrase. Sans un mot, elle avança sur la neige, ses pieds glissant lentement l’un après l’autre, tirant à eux la lourde traîne de soie. Une fois passé l’arche, la jeune femme souffla dans un geste lent des cristaux de glace en poussière de sa paume à la brume épaisse. Ils tourbillonnèrent un instant avant de se fondre dans le paysage. Par la suite, les deux amants patientèrent, immobiles.
Jérémy sentit de nouveau le froid ronger l’épiderme de ses pieds. Il frictionna ses épaules tout en pensant à l’ange aux cheveux roses.
- Qu’est-ce qu’on attend ? finit-il par demander, comment allez-vous m’aider ?
Il n’obtint aucune réponse.
Quelques temps après, la Femme des Neiges pointa son doigt en direction de la brume. Le jeune homme en pyjama plissa les yeux derrière ses lunettes. Une silhouette se détachait dans le ciel voilé. Elle prit forme rapidement en conséquence de sa vitesse. Dans un grand cri de joie, un jeune homme vêtu d’un sweat-shirt bleu foncé, un grand bâton courbé veiné de glace dans la main, virevolta dans le ciel voilé avant de se poser devant eux. Jérémy retint un hoquet de surprise.
- Odd ?! Tu… tu voles ?
- On m’a appelé ? demanda Odd sans se soucier de la question de Jérémy
- Jérémy recherche Aelita. L’accompagneras-tu dans sa quête ?
- Hum…
Odd s’envola et se jucha sur une colonne de glace. Il appuya son bâton contre la paroi, qui se couvrit alors de dessins gelés, et les jambes se balançant dans le vide, réfléchit. Aussitôt après, il revint léviter à hauteur du jeune homme en pyjama. Il s’allongea sur le dos dans les airs et l’observa. Enfin, ses lèvres s’étirèrent en un large sourire.
- C’est d’accord.
Jérémy n’eut pas le temps de prononcer quoi que ce soit ou de faire un geste qu’Odd agrippa sa manche de pyjama et décolla avec lui. En repoussant ses lunettes sur son nez, il aperçut Yumi mettre ses mains en porte-voix.
- Et surtout, amène-le à bon port !
- Pas de soucis ! répondit Odd tout aussi fort
Jérémy était parfaitement dérouté. D’autant plus à cette hauteur vertigineuse. Néanmoins, s’il sentait le vide sous ses pieds pédalant misérablement, lorsqu’il osait jeter un œil en contrebas, il ne voyait encore et toujours que la brume. Il lui semblait traverser un nuage frais. Le vent d’hiver lui cinglait le visage. Quant à lui, Odd paraissait tout à son aise dans les airs, domptant les courants et les vents sur lesquels il glissait avec agilité. Plusieurs fois, il rigolait tout seul ou laissait échapper un grand cri de joie. Il faisait tournoyer son bâton et lançait des éclairs bleutés vers le sol. Qui sait les conséquences que cela pouvait avoir ? Mais Jérémy était bien trop préoccupé par son ascension en plein brouillard pour s’en inquiéter.
Le voyage, qui lui parut durer une éternité, se termina enfin. Odd décéléra tranquillement. La brume se dégagea pour laisser apparaître un lac gelé au cœur d’une forêt aux arbres dégarnis de vie. Ils se posèrent.
Les pieds nus de Jérémy glissèrent sur la glace et il se rattrapa tant bien que mal au sweat-shirt d’Odd, qui se moquait d’ailleurs bien de lui. Le jeune homme en pyjama marmonna son mécontentement.
- Nous y sommes, annonça enfin l’allègre garçon
Jérémy observa de tous côtés.
- Euh… où ça ? demanda-t-il
Odd patina sur le lac gelé tout en dessinant des arabesques givrées à l’aide de son bâton. Lui aussi était pieds nus et pourtant, il ne semblait nullement incommodé par le froid.
- Bah ! Devant la porte des Limbes.
- La porte des Lim… quoi ?! s’exclama Jérémy, mais pourquoi ?
- Je devais t’accompagner dans ta recherche d’Aelita. C’est bien ça non ?
Ne comprenant pas la logique de l’espiègle garçon, Jérémy se contenta d’un vigoureux hochement de tête.
- Bon et bien, nous voici devant la porte des Limbes. Aelita est là-bas. Mais je ne peux pas aller plus loin.
- Pourquoi donc ?
Odd s’envola alors et alla se percher sur une branche d’un arbre mort. Il dessina sur l’écorses des fleurs et des flocons en givre avec son bâton. Puis, il se pencha vers le jeune homme en pyjama et lui répondit tout sourire :
- Moi et les températures au-dessus de zéro, tu sais…
Jérémy fut si décontenancé par la justification de son ami que ses paupières papillonnèrent. Il tenta de reprendre la conversation pour obtenir des indications complémentaires.
- Certes… Mais dans ce cas, euh… est-ce que tu pourrais au moins me dire comment entrer dans les Limbes ?
- Par la porte ! C’tte question ! assura le jovial garçon
- Ok, mais elle est où cette porte ?
Jérémy désigna les environs d’un geste circulaire : tout n’était que nature morte et engourdie par le froid hivernal. Odd redescendit de sa branche, et profita que son compagnon eût le dos tourné pour attraper de la neige. La tête de Jérémy revint vers lui et il lui lança alors sa boule. Jérémy tomba en arrière sur la glace. Le jeune homme en pyjama resta à terre tellement il était surpris par son acte.
- Mais… mais ça va pas, Odd ! s’exclama-t-il
Il eut à peine le temps d’apercevoir la seconde boule de neige pour l’éviter de quelques millimètres. Elle laissa une traînée de poudre sur son épaule droite qu’il épousseta.
- Bon sang, mais qu’est-ce que tu fais, Odd ? rouspéta-t-il
Le jeune homme en sweat-shirt bleu se contenta de rire aux éclats. Il prépara d’autres munitions qu’il envoya sans ménagement sur Jérémy. Celui-ci se releva tant bien que mal et glissa maladroitement jusqu’à la berge. Il s’abrita derrière un rocher. Il entendait le rire d’Odd et ses boules de neige s’écraser sur le rocher.
- Odd ! Arrête ! s’énerva-t-il enfin, je veux retrouver Aelita !
Il jeta un œil par-dessus son abris de fortune : le garçon avait disparut. Lorsqu’il se retourna, il se retrouva nez à nez avec Odd, lévitant à quelques centimètres du sol.
- Bouh !
- Odd ! C’est pas drôle !
Le folâtre garçon se tordait pourtant de rire et prit un peu d’altitude. Le jeune homme en pyjama mit les mains sur les hanches. Son visage affichait une mine exaspérée. Odd ne semblait pas s’en encombrer. Il plongea de nouveau ses mains dans la poudreuse et prépara des boules. Jérémy les évitait autant qu’il le pouvait. Agacé, il finit par riposter. Une bataille de boules de neiges s’engagea alors. Odd était ravi et rigolait aux éclats. Jérémy gardait malgré tout son sérieux.
- Où est cette porte ? Odd, réponds ! répétait-il
Mais le garçon en sweat-shirt bleu ne répondait pas. Il continuait de taquiner son ami et s’amusait à dessiner à l’aide de son bâton.
Sans s’en rendre compte, Jérémy finit par se prendre au jeu. Tandis qu’il continuait à viser Odd avec ses projectiles, sa colère se dissipa peu à peu. Ils passèrent ainsi un long moment à se courir après et à sa jeter des boules de neige.
Soudain, Odd se posa calmement devant Jérémy. Il planta son bâton dans la neige. Le jeune homme en pyjama, trop heureux de pouvoir le viser sans qu’il bouge à tout bout de champ, tira. Le garçon au sweat-shirt bleu arrêta la poudreuse en plein vol et la fit exploser en poussière glacée. Jérémy s’arrêta face au sérieux transparaissant sur le visage de son ami.
- C’est bon. Tu peux entrer dans les Limbes.
- Pardon ?
Odd s’avança sur le lac gelé. Il affirma sa poigne sur son bâton et l’enfonça profondément dans la glace sans aucune difficulté. Celle-ci se fissura et une gerbe d’eau fit surface. Il agrandit son trou. Puis, satisfait, il releva la tête vers Jérémy qui le dévisageait, ahuri.
- On ne va pas dans les Limbes aussi tracassé, déclara-t-il avec un large sourire
- C’est ça ? La por…
Le jeune homme en pyjama n’eut pas le temps de finir sa phrase. Odd envoya sous ses pieds un éclair bleuté. Un plaque de givre apparut aussitôt qui lui fit perdre l’équilibre. Jérémy partit en avant et fut entraîné vers le trou. Il plongea dedans sans rien pouvoir faire. Il eut juste le temps d’apercevoir Odd recouvrir de glace sa seule échappatoire. Il sentit son corps couler. Bientôt, l’obscurité envahit l’espace. Il passa une main effrayée sur sa gorge mais il arrivait toujours à respirer. De petites bulles s’échappaient de sa bouche entrouverte. Alors, conservant un dernier espoir de survie, il nagea jusqu’à la surface, un peu gêné par son pyjama.
Etrangement, tout restait d’un teint sombre. Il ne retrouvait pas les couleurs de l’hiver et ce blanc nauséeux sinon une légère luminosité rougeâtre. Son corps émergea promptement et il inspira une grande bouffée d’air. Ereinté, il nagea jusqu’à la berge la plus proche qu’il avisa du coin de l’œil. Il se traîna sur des galets chauds et s’étendit quelques mètres plus loin.
Un raclement de gorge le fit sursauter. Le jeune homme au pyjama dégoulinant se releva subitement et découvrit un souverain, fièrement installé sur son trône d’ébène.
- William… constata Jérémy sans être surpris outre mesure en se rappelant ses précédentes rencontres
- Tu n’es pas une âme. Alors que fais-tu dans mon royaume ?
Jérémy s’avança d’un pas hésitant.
- Ton royaume ? Tu parles des Limbes ? demanda-t-il en rajustant ses lunettes sur le bout de son nez
- C’est moi qui pose les questions. Que fais-tu ici ?
- Je… je cherche Aelita, répondit-il soudainement intimidé
- Aelita ?
- Oui. Elle est…
Il hésita avant de poursuivre.
- … morte… Mais on m’a dit que je pourrais la trouver là.
William passa un doit songeur sur son menton.
- Si elle est morte, pourquoi devrait-elle être ici ?
- Je ne sais pas ! s’emporta Jérémy, j’ai vu Aelita par la fenêtre, je l’ai perdue de vue et quand j’ai voulu la retrouver je suis tombé sur Ulrich. Il a bien voulu m’aider mais que si je lui apportai aussi mon aide. Ensuite, Yumi a demandé à Odd de m’accompagner. Là, il a voulu jouer et tout d’un coup, il m’a jeté au fond du lac… et j’ai atterri ici ! Alors si c’est les Limbes, où est Aelita ?!!
- C’est moi qui pose les questions. Pourquoi t’énerves-tu ?
- Je ne m’énerve pas ! J’aimerais juste qu’on me réponde une bonne fois pour toute !
William haussa un sourcil interrogateur. Il avisa les poings serrés et déterminés de Jérémy.
- Pourquoi tiens-tu tant que ça à la retrouver si elle est morte ?
La question ébranla le jeune homme en pyjama qui tressaillit. Il balbutia quelques explications incompréhensibles. Il passa une main dans ses cheveux et soupira.
- Pourquoi ne t’expliques-tu pas clairement ?
- Je ne peux pas, murmura-t-il affligé, je…
Sa gorge se noua.
- Pourquoi veux-tu la sauver ? Sais-tu comment tu vas procéder pour la faire revenir ? Sais-tu seulement si cela est possible ? Est-ce que tout ceci est censé ? Le désires-tu vraiment ? Crois-tu vraiment que tu pourras la retrouver ici-bas ? Penses-tu sincèrement que je te laisserais faire ? Comment comptes-tu me convaincre de la laisser partir ? Pourquoi ne veux-tu pas croire en sa mort ?
- Tais-toi ! s’égosilla-t-il, rends-moi Aelita !
Jérémy planta ses yeux embués de larmes dans ceux impassibles et calculateurs de William.
- Et bien… quel audace, constata le souverain
Il laissa un temps, observant le jeune homme en pyjama, les joues inondés, les yeux rougis et bouffis, les lèvres tremblantes. William esquissa un sourire.
- Dis-moi ce que tu ressens vraiment.
La réplique surprit Jérémy par sa ressemblance avec les évènements antérieurs. Le jeune homme inspira profondément et articula lentement :
- Je t’en prie : libère Aelita. Je… je ne peux décidément pas vivre sans elle : c’est impossible. Pourquoi l’as-tu emportée ? Pourquoi as-tu choisi qu’elle meurt ?
Sa voix était secouée de sanglots.
- C’est moi qui pose les questions, répéta William
Cependant, le souverain réfléchit et formula une réponse :
- Néanmoins, je te répondrai cette fois afin de restaurer la Vérité. Je ne l’ai ni emportée ni choisi qu’elle meurt. Je ne suis pas la Mort ; je ne suis que le Roi des Limbes. J’abrite les âmes et les juges avant qu’elles ne soient guidées vers le repos éternel. Je vois les êtres tels qu’ils sont sans qu’aucun artifice ne puisse les aider à obtenir ma clémence. Je ne suis qu’un simple observateur en somme.
Il attendit une réaction de la part de Jérémy. Ce dernier se contenta de détourner le regard.
- Je ne suis donc en rien responsable de la mort d’Aelita. Et je ne serai pas non plus responsable de ton choix.
- Mon choix ?
- Désires-tu la retrouver ?
- Oui.
- Peu importe combien cela te coûtera ?
- Je veux revoir Aelita. Rien ni personne ne m’en empêchera. J’irai la retrouver quel que soit l’endroit où elle est, le temps ou les efforts que cela me prendra.
- Est-ce une promesse ?
- Un serment.
William avisa le jeune homme en pyjama avec un petit sourire en coin. Ce dernier avait les poings si serrés que ses phalanges en devenaient blanches. Ses larmes avaient fait place à un regard résolu. Le souverain allongea alors le bras et désigna une barque. Il fit signe à Jérémy d’y monter. Celui-ci se laissa convaincre mais gardait un œil méfiant.
- Cette barque voguera d’elle-même sur le fleuve. Aelita doit maintenant être presque arrivée au bout.
L’inquiétude gagna Jérémy mais il ne put rien dire, déconcentré par l’embarcation qui se mit en branle. Le jeune homme en pyjama observa William, toujours droit sur son trône, occupé avec une nouvelle âme. Bientôt, il ne vit plus que les berges de galets s’étendre à perte de vue. Il chercha à l’intérieur de la barque, mais il n’y avait ni gouvernail, ni rames. Contraint de rester assis sans rien faire, il dut patienter. Parfois, il dépassait quelques âmes qui marchaient, imperturbables, vers leur destin.
Soudain, son cœur rata un battement. Au loin, une silhouette à la chevelure rose, enveloppée de draperies blanches virevoltant autour d’elle, avançait.
- Aelita… bredouilla-t-il
Il se pencha par-dessus l’embarcation comme s’il pourrait être plus rapidement près de la jeune femme.
- Aelita ! s’écria-t-il, Aelita ! Aelita, retourne-toi ! Je t’en prie ! C’est moi : Jérémy ! Je suis venu te chercher ! Aelita !
Mais l’ange aux cheveux rose continuait à progresser, laissant derrière chacun de ses pas des ondoiements s’évaporant à la surface de l’eau.
Le jeune homme en pyjama s’évertuait à crier, s’égosiller et s’époumoner en hurlant le nom de la jeune femme. Néanmoins, rien n’y fit. L’âme aux cheveux rose restait insensible à ses appels. Des flots intarissables de larmes s’écoulaient des yeux du jeune homme. Sa voix finit par trembler de désespoir. Il tendait une main suppliante vers son ange. Dans un dernier élan d’espoir emplit de douleur et de tristesse, il hurla :
- Aelita ! Retournes-toi !
L’ange aux cheveux rose s’arrêta. Les draperies flottaient toujours autour d’elle comme une étoffe mystérieuse. Elle se retourna doucement. Chacun de ses gestes éveillaient en lui un nouvel espoir. Cependant, lorsqu’il aperçut ses yeux, son cœur chavira et l’angoisse monta de nouveau en lui. Les yeux émeraude de la jeune femme dégageaient toute la souffrance, le tourment, la tristesse et la désolation qu’il n’eut jamais vus dans un seul regard. Une larme coula le long de sa joue d’ange.
Tout à coup, des langues d’eau ténébreuses vinrent envelopper l’ange aux cheveux rose. Inexorablement attirée vers les profondeurs du fleuve, la jeune femme demeurait calme et immobile. Son regard restait ancré dans celui, désespéré, du jeune homme en pyjama.
Pétrifié, ce dernier observait l’âme se faire engloutir. Ce fut lorsque les dernières mèches de cheveux rose disparurent dans les ténèbres qu’il réagit.
- Aelita ! implora-t-il avant de plonger
Jérémy se réveilla en sursaut, couvert de sueur. Essoufflé, il tenta de retrouver ses repères. Fébrile, il attrapa ses lunettes et les enfonça maladroitement sur son nez. Tout lui apparut clairement malgré la faible clarté du jour au travers des volets. C’était bien sa chambre : il était dans son lit dont les draps étaient sans dessus-dessous ; son bureau était enseveli sous son matériel informatique, ses fournitures scolaires et ses magazines ; la porte de sa penderie était mal fermée et dégoulinait de cartons, de vêtements, de vieux jouets et de chaussures ; par terre se baladaient des CDs, DVD, livres, revues, stylos et cahiers.
Jérémy soupira, s’affala sur son oreiller, ferma les yeux et les rouvrit. Il tourna la tête vers son réveil : huit heures et trois minutes. Il expira énergiquement une nouvelle fois. Son cauchemar lui revint en mémoire comme un mauvais souvenir dont on aurait conservé les détails. Il revit le visage larmoyant et pâle d’Aelita.
Il se releva subitement et fila dans la chambre d’ami. Il ouvrit précautionneusement la porte et jeta un œil à l’intérieur. Il plissa les yeux. Dans la pénombre, il découvrit la jeune fille aux cheveux rose, sa peluche de Mr Pück dans les bras, dormant paisiblement. Il soupira d’aise et s’en retourna.
- Jérémy ? murmura une petite voix engourdie
L’adolescent s’arrêta et revint sur ses pas, affichant une petite moue coupable.
- Je t’ai réveillée ? demanda-t-il assez bas
- Non, non. Je dormais à moitié.
Il s’installa sur le lit.
- Ça va ? le questionna-t-elle en détaillant son air troublé
- Oui. J’ai juste fait un mauvais rêve…
- Si ce n’était qu’un rêve, alors tout va bien, assura-t-elle en posant une main tendre sur la sienne
Il lui sourit et apposa également sa main. Il sembla soudainement se souvenir de quelque chose.
- On est le 25 décembre, hein ?
- Oui.
Il se rapprocha de la jeune fille et, tout en lui déposant un délicat baiser au coin des lèvres, lui souffla :
- Joyeux Noël Aelita.
- Toi aussi, Jérémy. Joyeux Noël.
Ils s’enlacèrent.
Résultat :
Vainqueur : Ikorih
Deuxième place : Yataiyaa Oyanachi
Troisième place : Mara Schaeffer
Quatrième place : Me98
Récompense(s) :
Ikorih gagne le droit de porter une bannière spécialement faite pour l’occasion, et de voir le sujet de son œuvre suggéré sur la page d’accueil du forum, en plus d’être en post-it dans la section des écrits. Par la même occasion, un rang personnalisé lui sera proposé.
Yataiyaa Oyanachi pourra voir son œuvre plébiscitée par notre jury afin d’être mise, elle aussi, en post-it, et bénéficier de sa bannière de second au concours.
Mara Schaeffer aura aussi une bannière qu’il pourra mettre dans sa signature.
Dernière édition par Icer le Mer 05 Mai 2021 19:04; édité 2 fois
Participations : 25 (Action : 14 - Romance : 8 - Vie quotidienne : 3) Textes ayant franchis l'étape 1 : 18 Textes que nous sommes autorisés à publier : 14 (Sans réponse : 3 - Refus : 1)
Texte 1 : Le destin des deux mondes, par Me98 Catégorie : Action.
Spoiler
Chapitre 1 : Retour dans la Forêt délaissée
Voici maintenant 2 ans que le supercalculateur a été éteint et que la vie a repris son cours, et les cours ont repris aussi…Maintenant nos héros sont tous en classe de 1ère à l’exception de Yumi et William qui sont désormais en terminale.
Dans le collège Kadic, les élèves afflues dans les couloirs et dans la cour.
Il est environ 10h25 et les élèves marquent leur pause sacrée : la récréation ! Au distributeur de boissons, étrangement, il n’y a personne, jusqu’à ce qu’un freluquet d’environ 16 ans s’approcha de la machine pour faire son choix avant de grogner :
« Rahh ! C’est pas vrai ! c’est toujours pareille ! y’a plus de chocolat noisette. C’est le seul truc qui était potable. Y’a plus que du thé glacé façon cyanure et du potage poireau-potiron goût pastèque fermenté …
Celui-ci portait un t-shirt rose et par-dessus un sweet mauve un peu plus court. Quand à ses cheveux, ils étaient blonds d’où s’en échappait une mèche violette. Mais soudain un autre adolescent, un peu plus grand que lui et avec une veste kaki s’approcha de lui.
-T’inquiètes, je suis sûr que si tu mets les deux ensemble t’auras un bon mélange ! Plaisanta-t-il.
L’autre lui tendit un verre remplit avec une mixture de la même couleur que sa veste et dit d’un ton moqueur mais plus méchant :
-Tiens, j’suis sûr que si tu le mélanges avec ton caractère de cochon t’auras un bon mélange ! En plus ça va avec ta veste… »
Derrière eux un autre groupe d’adolescents, un blondinet à lunettes rectangulaires, une fille asiatique, une autre avec les cheveux roses et un garçon plus grand que les autres avec les cheveux en pétards, explosait de rire rien qu’a les regarder.
Voilà nos 6 héros qui, apparemment, n’ont pas changé leur bonnes habitudes de la machine à café…et de se fritter !
Après le cours passionnant de Mme Hertz, les jeunes sortaient avec en tête Odd. C’est normal, il est Midi ! Et un énorme couscous-boulettes l’attendait à la cantine !
Cet alors qu’un rassemblement suspect se forma à l’entrée de la forêt (devant le bâtiment des Sciences pour aller à la cantine). Par curiosité, tous allaient voir ce qui se tramait, même si la faim d’Odd était plus forte que lui.
« Mais qu’est c’que vous fichez ?! Après y’aura plus d’rab et j’ai faim moi !
-Y’a Delmas ça veut dire qu’il se passe quelque chose…réplica Jérémie.
À coté du proviseur de Kadic, il y avait les pompiers qui venaient juste de barrer l’entrée de la forêt. Une fille juste devant eux se retourna : c’était Sissi, qui comme par hasard, Nicolas et Hervé était eux là.
-Vous êtes pas au courant qu’il y a des trucs bizarres dans la forêt ? Du coup ils ont fermé toutes les entrées au bois, dit-elle avec un ton d’exaspérée.
Yumi, qui s’était dressée sur la pointe de ses pieds pour éviter les têtes qui étaient devant elle, vit ce qui ce passait.
-Des éclairs ! Il y a des éclairs dans la forêt ! dit Yumi étonnée.
-Ouais en tout cas j’aimerais pas être là dedans…souffla Sissi avant de s’en aller avec d’autres filles et ses chien de garde !
Odd, qui ne comprenait rien tourna la tête vers Aelita et Jérémie :
-Je sais que j’suis nul en Physique mais normalement y’a pas d’éclairs dans une forêt ?
-Jusque là non mais on vient de découvrir un nouveau phénomène électrique…rajouta Aelita.
-Pour une fois tes théories bidons et exposés ratés sont peut être réelles, Odd, poursuivi Ulrich.
-Vous croyez que c’est lié au supercalculateur? dit William en cherchant une explication.
Jérémy fronça les sourcils et dit :
-On ira voir à l’usine après le déjeuné mais il y a aucune raison pour que ce soit ça. »
Une heure plu tard, après être passés par la porte de la chaufferie (ils n’allaient quand même pas prendre le risque de passer par la bouche de la forêt !), les lycéens s’engagèrent dans les égouts jusqu’à l’échelle. Arrivés au monte-charge, ils découvrirent que l’usine était remplie de tuyaux qui trainaient sur le sol, de morceaux de plaques de métal…
« Eh bun, c’est Beyrouth ici ! C’est pire que le Kolosse !s’exclama Odd
-Oui mais qui a fait ça ? demanda Aelita
-J’sais pas mais c’est du lourd ! Ils auraient pu au moins ranger avant de partir ! Rajouta Ulrich.
-Pourvu qu’on n’ait pas découvert le supercalculateur…fit Jérémie.
L’ascenseur amena les ex-lyokoguerriers dans le laboratoire. Dès leur arrivée, l’holomap apparut, à ceci près qu’elle apparait plus futuriste ainsi que l’interface. Illico, Jérémie s’installa sur le pupitre de commande et s’exclamât :
-Quelqu’un est venu ici et a modifié les programmes de l’ordinateur !
-C’est sûr on peut pas réparer, désespéra Aelita
-Tu veux qu’on aille voir sur Lyoko ? Demanda Ulrich
-Vaut mieux voir si tout est en état là-bas. Mais pas besoin d’y aller tous. Ulrich, Odd, vous pouvez vous en charger ?
Ulrich hocha de la tête et se dirigea au monte-charge avec Odd qui lâcha :
-Ouais, pas d’problème et même que tu peux m’envoyer tout seul !
-La dernière fois tes desserts te sont passés sous le nez comme ça…dit Yumi en rigolant.
Le monte charge se referma pour les emmener aux caissons sur un grand éclat de rire. Arrivés dans la salle des scanners, ils entrèrent dedans et Jérémie lança la procédure sur sa nouvelle interface !
-Je vais vous transférer dans le territoire de la Forêt !
Transfère Ulrich ! Transfère Odd ! Scanners ! VIRTUALISATION ! »
Comme avant, le procédé de virtualisation fit apparaitre les squelettes virtuels d’Ulrich et d’Odd, les colora de leurs costumes habituels (saison 4, ils n’ont théoriquement pas changé) puis les lâcha sur un sol abimé du territoire. Les arbres millénaires de la Forêt s’effritaient et quelques un ne tenaient même plus debout et s’abattaient dans la mer numérique, de la poussière volait dans tout le territoire qui donnait une atmosphère encore plus sombre. Certains sentiers étaient détruits et laissaient place à des bouts de plateformes flottantes dans le vide. Les deux lyokogerriers étaient tétanisés de voir le territoire dans cet état. Ils essayèrent de contacter Jérémie, mais sans résultats. Après quelques cris désespérés et leurs échos qui suivirent, un silence de plomb résonna. On se croirait en Afghanistan après une rafale de bombes.
« Qu’est ce que c’est q’ce bazard ?? demanda Odd.
-C’est complètement dingue et en plus on peut plus joindre l’usine…
-Et si on essayait de se dévirtualiser ?
-T’as raison, répondit Ulrich, on y va.
Si tôt dit, Si tôt fait. Ulrich sortit son sabre de son dos et Odd le visa. Soudain, un petit bruit qui venait du ciel rompit ce silence. Ils levèrent les yeux au ciel.
-Eh ?! ‘Suis trop jeune pour mourir !!cria Odd en entendant le bruit.
Puis le bruit s’intensifia et des goutes d’eau virtuelle tombèrent sur le territoire.
-Eh ça pique ! Se plaignit Ulrich après s’être reçu une goutte.
-C’est quoi c’t’arnaque ?
Le ciel de la forêt se colora d’une teinte bleue qui l’assombrit encore plus. Apparemment, les gouttes venaient de la mer numérique, ce qui explique pourquoi ils perdaient des points de vie.
-Sais pas pourquoi mais j’vais pas attendre de faire des vieux os virtuels ici !dit Odd
-Ah ouais mais tu veux aller où ?!! Tout le territoire est comme ça ! répondit Ulrich en colère.
-Où tu veux mais cours !!! cria Odd en commençant à courir avec Ulrich criant de douleur. »
Pendant ce temps à l‘usine, c’est le cauchemar, sur l’interface qui voyait en rouge les fiches de Odd et Ulrich bipaient et on voyait dégringoler leurs points de vie, jusqu’à ce qu’ils trouvent une souche creuse à l’abri des gouttes.
Quelques minutes avant, juste après la virtualisation d’Odd et Ulrich, à l’usine, plus aucuns contacts ne passaient avec Lyoko et Jérémie s’affola.
« Me dis pas que tu les as envoyés dans la mer numérique ?!! cria Yumi à Jérémie.
-Tout sauf ça, je te promets mais je m’inquiète de se qui se passe là bas…répondit-il en pianotant à la vitesse d’un TGV.
Soudain, l’interface affichait les perte de points de vie des deux lyokoguerriers.
-Qu’est ce qui se passe, c’est quoi ce souk ? demanda Jérémie, énervé.
-Ulrich et Odd perdent des points de vie ! s’exclama Yumi
-Comment ça se fait vu qu’il n’y a plus de monstres sur Lyoko ? demanda William
-Monstres ou pas il faut les ramener ! Ce sont les seuls qui peuvent nous dire ce qui se passe là bas, fit Aelita s’inquiétant mais restant calme.
-Si je pouvais, je le ferais mais j’ai totalement perdu le contrôle…Ils sont seuls sur ce coups là ! »
Tous se sentaient coupable de les laisser là sous la menace du monde virtuel. Mais ils étaient seuls et les surprises ne faisaient que commencer.
Sous la souche, Ulrich et Odd étaient essoufflés. La pluie tombait de plus en plus fort sur les sentiers.
« Et maintenant…t’as une idée géniale…pour nous sortir de là ? demanda Odd, essoufflé.
-nan…
Ulrich tourna la tête vers ce qui semblait être un empilement de plaques de métal virtuelles, par lesquelles des flux de données apparaissaient et disparaissait.
-Tu vois ça…demanda t-il
-Ouais ben quoi…c’est un tas de ferrailles et alors ?
-Y’a le signe de XANA sur celle d’en bas…Peut être que c’est une tour vu qu’on en toujours pas croisé une seule…
Ulrich se releva et alla vers la faille de la souche.
-Et si c’est pas une tour ? Me dit pas que tu vas retourner là-dessous ? Tu vas y passer ! lui cria Odd
-Si…lâcha Ulrich très sérieux, et puis me dis pas que tu vas passer le restant de tes jours ici alors que t’avais faillit avoir un rendez-vous avec la cousine de Heidi.
Odd hésita puis dit avec tact :
-Ok…mais si tu t’plantes…tu me devras tous tes desserts jusqu’à la fin de ta vie !
-Si on se plante j’ pense que tu mangeras plus de desserts. Aller !
ON Y VA !!! »
Les lyokoguerriers se jetèrent hors de la souche et foncèrent sur ce « tas de ferrailles ». Mais un craquement infernal les ralentit, ils tournèrent leurs têtes vers l’arrière et virent un tronc énorme s’abattre sur leur traversée et s’écraser sur le sol. Mais ils traversèrent juste à temps se qui se trouvait être, en fait une tour.
Ce fut une seconde de soulagement, mais une fois à l’intérieur, aucun sol ne les retenait et ils tombèrent dans le vide de la tour dans des échos de cris désespérés, qui les suivirent.
Depuis l’usine, Jérémie regardait ses écrans et les autres s’étaient assis par terre tellement l’attente est longue. C’est alors que les signaux d’Ulrich et Odd apparurent sur l’holomap. Yumi se précipita aux côté de Jérémie, Aelita était restée près de lui et William s’approcha des écrans.
Odd et Ulrich sortirent alors de la tour et arrivèrent sur la banquise qui était comme dans leurs souvenirs, même atmosphère, même ambiance et si la température se ressentait sur Lyoko, ils se seraient aperçus de la froideur du territoire.
« Odd, Ulrich, enfin ! Vous m’entendez ?! demanda Jérémie, stressé.
-Jérémie ! répondit Ulrich, ça fait du bien de t’entendre !
-tu devineras jamais c’qui nous est arrivé ! s’exclama Odd, déjà qu’avant tu voulais pas aller sur Lyoko mais là faudrait t’assommer et te jeter dans les scanners pour que t’y ailles !
-t’en fait pas un peu trop Odd, je croyais que t’était un vrai Lyokoguerrier, toi ! fit William vexé.
-Ouais mais là…
-Euh…Jérémie tu peux nous ramener ? lui indiqua Ulrich, j’crois qu’on a eu assez de sensations fortes pour aujourd’hui.
-Ouais bien sûr ! Je vous dévirtualise. »
Après une incroyable journée, Odd fit un roman entier sur ceux qui c’est passé dans le territoire de la forêt (ou ce qui en reste), dont tout le monde en était captivé. De nombreuses questions se posaient maintenant comme « qu’est ce qui c’est passé dans l’usine ? », « Qui est venu à l’usine/comment il a su pour le supercalculateur/pourquoi a-t-il modifié les programmes du supercalculateur ? », « Il y a un lien entre le territoire de la forêt et les éclairs dans la forêt de Kadic ? ». Mais la question que tous se posent est : Est-ce que XANA a survécu et aurait pu causé tout ça ?! Ce qui est sûr c’est que la double vie de guerriers virtuels n’est pas terminée !!!
Texte 2 : Consumer par la rage, par Damien Grégoire Catégorie : Action.
Spoiler
Consumer par la rage
Introduction
« Il ne savait pas dire ce qui ce passait voila quelque années ,à moins que ce ne soit quelque jours, difficiles de mesurer le temps dans cet endroit, lui et les siens avaient sentit le réveil de cette ancienne présence.
Ils avaient sentit ce pouvoir augmenté avec le temps, ensuite ce pouvoir s'est libéré et déchainé telle une tempête, et eux s'étaient battus comme on leurs l'avaient ordonné .Puis la tempête s'était calmée pour ne plus devenir qu'un murmure faible mais persistant, mais ils avaient continué a ce battre.
Cependant récemment ce pouvoir avait l'air de s'être réveillé une nouvelle fois, cela le perturbait, il devait savoir ce qui c'était passé. »
Chapitre I - « Elle était entrain de jouer dans sa chambre, c'était le soir et elle devrait bientôt allée dormir. Lorsque, soudain, elle entendit la porte s'ouvrir et un groupe de personnes était entré dans la maison. Son père était allé à leur rencontre et parlait avec eux dans le couloir juste devant sa chambre et, malgré que la porte était entrouverte, impossible pour elle de se souvenir ce qui avait été dit mais elle se souvenait néanmoins que la discussion était animée, lorsque elle avait regardée par l’entrebâillement de la porte elle avait croisé ce regard... remplis de ... Sauvagerie !»
J-Hé, Aelita t'es avec nous ?
Aelita (sortant de sa rêverie) – Hein,... oui je vous écoute.
Aelita était avec ses amis à la cantine. Il était midi et Odd faisait entré sa purée par tout les orifices de son visage (la bouche, le nez et peut être aussi les oreilles) tout en racontant sa dernière blague, Ulrich quand à lui était pensif se remémorant peut-être le temps où ils se battaient sur Lyoko. Yumi quand à elle regardait Odd manger avec amusement. Cela faisait 3 mois qu'ils avaient vaincu Xana et éteint le super-calculateur.
O- Et bien princesse, t'était dans la lune ?
A- Oui en effet. Au fait Odd, tu as de la purée sur le nez.
Elle repensa à son rêve. En étais-il un ou alors un souvenir de son ancienne vie ? Elle ne saurait le dire.
Jérémie suivait le cour de science de madame Hertz. Il trouvait ce cour extrêmement intéressant il avait du mal à comprendre que ses amis Ulrich et Odd se retrouvaient souvent dans un état semi-végétatif durant ce cour. Soudain, il entendit un Bip sonore venue de son ordi.
Comment cela ce faisait-il ? Le Super-calculateur était désactivé et donc Lyoko aussi. Il se risqua donc un coup d’œil et, incroyable, non seulement Lyoko était là mais si le scan ne détectait pas de tour activé il lui signalait que quelque chose essayais de s'introduire sur Lyoko par le sas de la mer numérique.
Ulrich se tirant peu à peu de sa torpeur remarqué sur la tête de Jérémie une expression qu'il connaissait bien ; il se passait quelque chose sur Lyoko, il entreprit d'abord de sortir Odd de son état se situant entre la torpeur contemplative (dû a son rêve de couscous boulette) et l'état végétatif baveux.
O-Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qui se passe ?
U-Je crois qu'il se passe qu'elle que chose sur Lyoko.
O-Et d'habitude c'est moi qui me moque des gens... (moins assuré voyant l'expression d'Ulrich) c'est une blague hein ?
Réponse à la négative d'Ulrich
William se tenais seul dans la cour de récréation. Il essayait d'oublié qu'il avait été l'esclave de Xana, cela le hantait toujours. Il croyait entrer dans une bande de héros et il était devenu le plus puissant serviteur de leur ennemi. De plus, quand il avait été libéré, ils n'avaient pas voulu de lui pour leur dernière mission il n'avait donc pas pu se faire pardonner. Et cerise sur le gâteau, Yumi repoussait toujours ses avances. Si elle aimait Ulrich plutôt que lui pourquoi elle ne se déclarait pas une fois pour toute ?
En ressassant tout cela il vit justement l'ancienne bandes des lyoko-guerriers courir en direction de l'un des passages menant à l'usine. Pourquoi y allaient-ils ? Pourtant ils avaient déconnecté Xana ?
Il décida donc de le suivre.
Chapitre 2
« Il était entrain de forcé le passage menant à Lyoko. La pression qu'exerçait sur lui l'océan numérique (nom qu'il donnait au réseau) était forte et il espérait que ses protection allait tenir.
Qu'est ce que Jukar avait en tête en l'envoyant là-bas ? Et pourquoi Skärn ne s'y était pas opposé ? Il n'y serait certainement pas plus utiles que sur Khaldor.
La porte cédait enfin à sa pression il allait enfin pouvoir entrer. »
Les Lyoko-guerriers arrivaient à l'usine (suivit de loin par William), Jérémie alla direct à ses écrans. Incroyable ! Il était allumé et l’intrus était sur le territoire du désert !
J- Bon tout le monde dans les scanners vous plonger sur Lyoko immédiatement !
Y-Tu nous expliquerait pas d'abord ce qui se passe ?
J-Eh bien je ne sait pas qui a fait ça, mais quelqu'un a rallumé le Super-calculateur et quelque chose c'est introduit sur Lyoko en forçant l'accès au réseaux.
O-Bon, si je résume on y va, on voit c'est quoi ce signal, éventuellement on lui botte le derrière et on est rentré pour le diner ?
U- En gros c'est le plan oui.
Alors que Jérémie virtualisait les Guerriers William fit son apparition dans le Labo.
J- William ! Qu'est-ce que tu fais là ?
W- Je vous ai vu partir vers l'usine et je me demandais que si vous auriez besoin d'un coup de main. Je pourrais me rendre utile.
J-Soit ! Tu plongera si ils ont besoin de renfort.
Pendant ce temps les Lyokos-guerriers étaient virtualisés sur le territoire du Désert, mais curieusement aucun d'entre-eux n'avait été virtualisé aux mêmes endroits.
O-Et Jérémie ! Tu t'est pommé dans les coordonnées ou quoi ?
J-Désolé. Le logiciel de repérage est un peu lent à repartir et donc il bug un peu,d’ailleurs le bug touche aussi le système de détection.
W-Ça ne pourrait pas dire que la menace que vous avez repéré est elle aussi dût à ce bug.
J-Mmmh. Ça se pourrais. Mais ça n'explique pas pourquoi Lyoko est rallumé.
O- En attendant tu pourrait nous indiquer où l'on pourrait se rejoindre, ça.....
Ouch !
J-C'est quoi ça (à ce moment un adversaire apparut à l'endroit ou se trouvait Odd) Odd ?! Odd, ça va ?
Chapitre 3
(pendant la discussion entre Jérémie et Odd)
un Kankrelat errait dans le territoire, il avait survécut à la destruction de Xana contrairement à ses frères d'essaim. Ils s'étaient vu s'affaiblir les un après les autres et pour finir il fut le dernier à s'affaiblir même si récemment leur maitre semblait s'être réveillé, en tout cas il ne se sentait plus s'affaiblir.
Néanmoins, il errait toujours sans but. Soudain, une créature fit son apparition devant lui.
C'était un homme mais mesurant au moins une à deux têtes de plus que les humains reprit dans ses bases de données (donc les Lyokos-guerriers) et très baraqué. Il était torse nu et couvert de tatouages style celtique ou scandinave. Il portait un casque viking (sans les cornes) ainsi qu'une cape d'ours dont la tête recouvrait le haut du casque et des bracelets en métal damasquiné sur chacun de ses avant-bras. Il était armée d'une immense épée que un autre homme devrait maniée à 2 mains, mais pour lui elle semblait aussi légère qu'un vulgaire morceau de bois.
Le Kankrelat engagea le combat en tirant un laser sur ce mystérieux combattant mais celui-ci le para aisément avant d'écraser le kankrelat à main nue.
« Cet créature était pitoyable, le combat contre elle ne lui avait apporté qu'un bref divertissement.
Le coup qu'il lui avait donné avait eu pour effet de faire éclater la carapace sous la pression la détruisant sur le coup.
Il regarda autour de lui. Lyoko, cela devais faire une éternité qu'il n'était pas venue sur ce monde.
Il aperçu à ce moment un homme-chat violet qui semblait parlé à une personne qui n'était pas présente. Il allait voir de quoi il en retournais à sa manière. Il chargea l'homme-chat et le mit K.O d'un coup de poing qui l'envoya voler contre un rocher. À ce qu'il avait entendu cet individu n'était pas seul et il lui semblait que ses semblables arrivaient. »
Les Lyoko-guerriers restant avaient été avertit du problème par Jérémie et chacun des Lyoko-guerriers restant se dirigeait vers la zone ou Odd se trouvait. Ulrich fut le premier arrivé sur les lieux (Jérémie ne pouvait pas encore leurs envoyer les véhicules à cause des bugs agitant le Super-calculateur) et lorsqu'il vit le guerrier qui avait attaqué son ami, il dégaina ses 2 katanas, prêt à en découdre.
J-Fais gaffe Ulrich, je ne sais ce qu'il est mais il peut être vicieux.
U-T'en fais pas dès que les filles seront là, on lui mettra une raclée dont il s'en souviendra.
Le guerrier était entrain de jauger Ulrich, il semblait être un combattant déterminé et il ne savait pas pourquoi, son instinct lui disait que d'autre arrivait, il décida donc que le meilleur moyen de s'en sortir était d'engager le combat tout suite.
Il chargea donc Ulrich et un combat furieux commença. Le guerrier possédait une grande force et son habileté n'en était pas moins grande. Ulrich quant à lui possédais son agilité et son ambidextrie. Cependant Ulrich n'arrivait pas à attaquer, seulement à ce défendre face aux attaque de son adversaire sans jamais arriver à riposter .
Yumi et Aelita couraient à tout vitesse vers la position du combat, Yumi avait pour la première fois la désagréable impression que Ulrich avait face à lui un adversaire tout simplement trop fort pour lui.
Le combat continuait et Ulrich étais complètement dominé, il n'arrivait qu'à ce défendre même si il tenait bon. Soudains, un éventail jaillit de nulle part et toucha le guerrier à l'épaule le forçant à reculer. Yumi et Aelita se mirent toute les 2 à coté d'Ulrich. Cette arrivée de nouveau combattant fit hésiter le guerrier un court instant avant qu'un sourire énigmatique vint s'afficher sur son visage.
Il aurait besoin de plus de moyen pour s'en sortir face à ces adversaires. Des flammes apparurent dans sa main libre qui se transformèrent en une terrible hache à double-tranchant! De plus, des flammes se mettaient à parcourir, d'abord ses tatouages ainsi que le damasquinage de son équipement, pour ensuite parcourir le reste de son corps jusqu’à formé une sorte d'aura de flamme.
Y-Je ne sais pas ce que c'est. Mais ce n'est certainement pas bon pour nous.
U-Voilà le plan je fonce pour l'occuper...
Y-Pendant ce temps je l'attaque sur le flanc,...
A-Et je l'attaque par les airs.
U-C'est ça. À mon signal.
Chapitre 4
« Il se sentait revigoré par le pouvoir de sa rage, il était seul contre 3 combattants cependant il avait confiance en ses capacités à les vaincre. Il observa ses adversaires, ils semblaient sûre d'eux, cependant il s'arrêta sur la combattante aux cheveux rose. Que faisait-elle là ? Et surtout comment se faisait-il qu'elle était aussi jeune après tout ce temps ? Non ce pouvait pas être elle. »
U-maintenant !!
Ulrich chargea le guerrier et l’affrontement se fit encore plus violent que tout à l'heure les coup de chacun des 2 combattants se succédaient avec une rapidité incroyable, tout les coup du guerrier qui touchait le sol laissait de profonde crevasse dans le sol tandis qu'Ulrich utilisait tout sa connaissance dans le Pentchak-silat pour éviter les coup qu'il ne se sentait pas de taille à parer et pour les rendre.
W- Jérémie, je file aux scanners. Je penses qu'ils risquent d'avoir besoin de moi.
J- D'accord, je prépare la procédure.
Pendant ce temps, Yumi attaquait sur le flanc gauche, cherchant un bon angle pour lancer ses éventails, tandis qu'Aelita, survolant le combat, se préparait à canarder si il y avait un champ libre qui se dégageait, du moins jusqu'à ce qu'elle découvre le corps inanimé d'Odd.
Yumi envoya ses éventails en direction du guerrier, celui-ci fut alerté par le bruit des éventails et il évita les projectiles, avant d'exploser un rocher que Yumi avait envoyé par télékinésie et d'envoyer sa hache qui atteignit Yumi au ventre, la dévirtualisant, pour finir par se planter jusqu'au manche dans un rocher.
Y(apparaissant dans les scanners)- C'est pas possible, c'est qui ce type ?
W-Je crois que vous avez besoin d'aide là.
J-Tout juste William, entre dans les scanners.
Sur lyoko le combat continuait, l'aura de flamme du guerrier s'intensifiait et sa force avec. L'un des katanas d'Ulrich s'était fait détruire alors qu'il tentait de parer un coup d'une puissance monumental.
Aelita tentait à présent de toucher leur adversaire avec ses champs de force, sans succès jusque-là .
Soudain, le guerrier envoya un coup dans le ventre d'Ulrich l'envoyant valser quelque mètre plus loin. Alors qu'Ulrich tentait de se relever, il sentit une douleur lui traverser le dos, cet même douleurs qui le prenait lorsque une lame le transperçait, ce qui le renvoya immédiatement dans les scanners.
Pendant ce temps William était virtualisé 2 plateau plus loin que le lieu du combat et sprintait pour rejoindre ce lieu tandis qu'Aelita canardait le guerrier à coup de champ de force que celui-ci parait et esquivait tout en avançant, imperturbable. Lorsqu'il fut arrivé face à Aelita, il l’assomma d'un coup bien placé avant de la contemplée. Était-ce bien elle ? Après tout ce temps ? Sa pensée fut interrompu par une douleur dans son dos. Odd s'était réveillé et venait de le canarder. Avant que le guerrier aie put le dévirtualiser, le guerrier se fit rentré dedans par un William déchainé qui enchainait les attaques avec son terribles Zanbatô, pour la première fois de l'affrontement le guerrier sembla réellement en difficulté.
W-Supersmoke !
William utilisa son pouvoir pour tourner son adversaire en bourrique (genre je suis là, maintenant ici...)
Pendant que William occupait leur ennemi Odd aida Aelita à se relever.
O—Tu crois que notre beau ténébreux va réussir à le vaincre ?(à ce moment William se faisait repousser) Tout compte fait pas sûr.
Passer la surprise, causé par l'arrivée imprévu de William, le guerrier reprenait peu à peu l'avantage. Alors que William se fatiguait son adversaire semblait être aussi frais qu'au début du combat.
???-Tu va recevoir une raclé, traître !
Dans le Labo Jérémie pianotais frénétiquement sur les touches du clavier.
Y-Qu'est-ce que tu fais Einstein ?
J-Je lance un programme qui pourrait nous permettre de découvrir d’où il vient.
Sur Lyoko, le guerrier était coincé entre la mer numérique et Odd,William et Aelita qui le canardait à coup de champs de force, de flèches laser et d'ondes de choc. Cependant, leur adversaire s'accrochait, son aura c'était encore intensifier et malgré que les attaques des Lyokos-guerriers l'empêchait de progresser elles ne semblait pas l'affaiblir pour autant. Sa lame parait la plupart des attaques et il arrivait même à disperser les ondes de choc de William à main nue.
A-Jérémie ! Ça va mal, plus on l'attaque plus il semble se renforcer !
J-Je le vois et ça me parait complètement fou. Comment il fais ça ? Odd, je t'ai programmé des flèches-laser un peu spécial. Il faut absolument que tu le touche avec. C'est peu être notre seul chance de comprendre quelque chose à tout cet histoire.
O-Facile à dire, mais c'est un vrais murs ce type.
W-Je suis d'accord, on arrivera jamais à le passer.
U- Il y a peut-être une solution, William fonce lui dessus.
W-Hein, mais t'es malade Ulrich.
O- Ulrich je sais que tu n'a jamais aimé William, mais ce n'est pas une raison de l'envoyer à l'abattoir comme ça.
U-Écoute William ! Si tu l'affronte aux corps à corps...
Y- Odd pourra l'ajuster sans qu'il puisse se protéger.
A-Ça vaut le coup d'essayer. J'ai même une idée pour nous en débarrasser si ça marche.
W- Bon, le tout pour le tout alors.
William chargea le barbare, tentant de le distraire le plus longtemps possible pour que Odd puisse lui tirer dessus. Malheureusement, cette fois-ci le barbare ne se laissa pas faire. Ses coup était plus violent que jamais, et William ne pouvait les parer qu'avec le plus grand mal. Soudain, au signal de Odd, William se fendit, puis se dégagea, laissant la fléchette de Odd se planter. Le barbare, sans perdre de temps, concentra une part de son aura enflammé dans sa lame, l'enflammant à son tour.
Et dans un mouvement rageur, il déchargea sa lame sous la forme d'une onde de choc incandescente qui atteignit de plein fouet William, le renvoyant dans les scanners.
De son coté, Aelita utilisa son pouvoir sur Lyoko pour effacer le sol sous les pieds du barbare, lui offrant ainsi un aller simple pour la mer numérique. Le barbare fila vers la mer numérique avec un hurlement de rage et durant sa chute Odd et Aelita eurent l'impression de le voir se consumer de l'intérieur jusqu'à devenir une boule de feu et rentrer dans la mer numérique.
Chapitre 5
« Il enrageait. Lui, le terrible Beowulf, avait été vaincu par cette bande de gamin qui probablement ne se rendait même pas compte du danger qui menaçait. Il était entrain de retourner à Khaldor à travers l'océan numérique, et, tandis qu'il approchait de sa destination, sa rage retombait et il repensa au combat. Ces jeunes ne se battait visiblement pas depuis la première fois, et si ses soupçon ou ceux de Jukar étaient fondé, la situation était encore plus critique que prévu. Au fur et à mesure qu'il retrouvait ses esprits, il repensait aux détails du combat qu'il avait mené. Il se rendit compte que la dernière fléchette tiré par l'homme-chat violet ne lui avait pas donné une douleurs semblables aux autre, même si sa rage avait pour effet de, notamment, faussé sa perception de la douleur. »
Beowulf ressortit de la mer numérique. Il était de retour sur Khaldor, ce monde ,contrairement à Lyoko, ne possédait pas de territoires où plutôt ces territoires étaient entre-mélanger. De plus ce monde était incroyablement plus puissant que Lyoko, ses pouvoirs en était décuplé. Il ressortit de la mer numérique et il se satisfaisit de voir que ses camarades, Yaan et Holdwald, montaient la garde, imperturbable. Yaan avait pour apparence celle d'un archer vêtu d'une cape à capuchon verte et habillé en noir. En plus, si on observait attentivement, on remarquait que des lames étaient incorporées à son arc composite et certaine armes d'apparence plus agressives les unes que les autres étaient dissimulé sous sa cape. Holdwald, pour sa part était vêtu d'une armure de samouraï tout en métal, des pic de glace s'était formé aux endroit stratégique (les mains, le coude, les épaules...) et un aura de givre était actif autour de lui.
Beowulf partit immédiatement faire son rapport aux autres membres de leurs groupes qui accueillir les nouvelles avec gravité, en particulier le puissant Skärn et le mystérieux Jukar.
Chapitre 6
Au labo les Lyoko-guerriers attendaient que Jérémie aie finis d'analyser les données et de débugger le Super-calculateur.
Au bout d'un long moment, Jérémie brisa le silence.
J- J'ai visionné la vidéo du combat, ainsi que les vidéos de surveillance et les bases de données. Et même si il n'y a pas de trace d'activité de Xana sur Lyoko, je ne vois pas d'autre explication.
Tout les Lyoko-guerriers furent comme sonné par la nouvelle, leur pire ennemi et peut-être la plus grande menace que l'humanité aie connu jusqu’à aujourd'hui, était peut-être en encore en vie malgré tout leurs effort pour le détruire. Et de plus, il avait peut-être à ses ordres un nouveau Xana-guerrier bien plus puissant que ne l'avait jamais été William.
Y-Et comment le Super-calculateur a-t-il été rallumé ?
Jérémie se tournant vers l'écran.
J- Justement, c'est là que je coince. Quelqu'un l'a rallumé, mais regarder.
Sur les vidéos de surveillance, on pouvait distingué une silhouette s'infiltrer dans l'usine, puis dans la salle du Super-calculateur. Cependant, malgré les agrandissement, les dépixelages et autre techniques pour améliorer la qualité d'image, la silhouette restait impossible à identifié. Les seul détails qui ont été révélé, c'est qu'il était grand et bien bâtit.
U-Il pourrait correspondre à notre homme.
A-Oui, mais ça n'explique pas d'où il vient ni comment il a découvert et s'est mis aux service de Xana ?
« à moins qu'il n'aie été sous l'emprise de Xana depuis longtemps » pensa-t-elle.
J-Pour la première question, je vais peut-être bientôt pouvoir y répondre.
O-Hein !? Comment ça ?
J-La flèche que je t'ai fait envoyer ne lui à pas fais de dégât, mais elle agit maintenant comme un mouchard.
O-Un mouchard ? Mais pourquoi faire ?
J-Comme ça nous pourront retracer son signal dans le réseau. Comme ça on pourra découvrir d’où viennent ses attaques, ainsi peut-être savoir comment Xana a survécut et comment on pourra le détruire.
W- Essayons déjà de le trouver, si on doit chaque fois combattre « musclor » (nom donné par Odd) on aura du fil à retordre.
J-Oui, en attendant vous feriez biens de rentrer au collège. Moi de mon coté, il faut que je retrace le signal de notre invité et refaire un scanne complet de Lyoko pour voir ce que l'on a encore et qu'est ce qui est à débugger, j'en ai au moins pour la nuit.
A-Tu veux que je reste t'aider ?
J-OK.
O-Bon de notre coté nous allons mangé le délicieux festin de Rosa et vous couvrir auprès de G.I.Jim.
Les Lyoko-guerriers sortirent de l'usine. Tous étaient perturbés .Comment ce nouvelle adversaire faisait-il pour être aussi puissant ? Comment Xana avait-il fait pour survivre ? Allaient-ils être condamné à combattre leur ennemi toute leurs vies ? Tous les Lyoko-guerriers eurent un sommeil troublés. (à l’exception de Jérémie et Aelita qui eux ne dormirent presque pas)
Chapitre 7
Sur Khaldor ; Skärn était pensif :
« Il s'inquiétait à propos du rapport de son frère Beowulf. Ce dernier était un puissant guerrier et était tout à fait fiable, mais ses rapports étaient souvent à considérer avec circonspection. Car même si son frère était loin d'être bête, ses rages et son impulsivité avaient tendance à faussé sa perception des évènements. Cependant, ce rapport restait inquiétant car il voulait dire que le temps du repos n'était pas arrivé.
Sur ce, son regard s'attarda sur le centre de la salle ou le corps de leur compagnon, Trakor « le Sombre » était suspendu dans une colonne de faible lumière. C'était un combattant de petite taille possédant une armure lourde dont le design était basé sur celui d'un squelette. Il ne se battrait plus à leurs cotés car il était mort et servait à tous d'avertissement à propos des conséquences d'une défaite face à un ennemis, qu'elle qui soit. »
De son coté Jukar repensait à tout ces informations et pensait à la façon dont il pourrait profiter de la situation présente.
Sur terre, les Lyoko-guerriers se rassemblaient au labo, étant donné que aujourd'hui ils n'avaient pas cours, ils ne risquaient pas de ce taper des emm...
Jérémie était fatigué mais il avait l'habitude de ces nuits blanches.
U-Alors, qu'avez-vous trouvé ?
J-On a réussi à débugger la plupart des programmes et on a même découvert que le Skid s'est réinitialisée.
O-Et en clair qu'est ce que ça fait ?
A- Le Skid sera à nouveau disponible dans quelques jours.
W-Super.
Pendant que la bande se réjouissait de cette nouvelle, Aelita de son coté repensait au rêve qu'elle faisait ces dernier temps. Toujours le même, mais à chaque fois la discussion se faisait plus clair tout restant inintelligible dans les grandes lignes et ce regard gagnait en intensité.
Y-Au fait Jérémie, qu'elle est la mauvaise nouvelle ? Car vue la tête que tu fait, il y a forcément quelque chose qui te déplait.
J-Effectivement, on a rencontré un problème.
U-Est-ce que c'est à propos de la localisation de « Musclor » ?
J- Oui, le programme marchait très bien, mais on a finis par perdre son signal.
O-Comment ça ce fais ?
A-On ne sait pas. Il semble être entré dans une zone où tous les signaux sont brouillés.
J-Oui et en plus on a pas la moindre idée de à quoi ce brouillage est dû.
O-Bah, dès que le Skid sera prêt on ira faire une petite virée dans cette « Zone Néant » pour allé voir ce qui se passe.
J- Mais tu te rend compte que si je perd votre signal je ne pourrais plus vous guider et peut-être que les communications aussi seront coupé.
W-Du calme Jérémie. Si on veut pouvoir vaincre Xana une fois pour toute il faudra bien y aller.
J-Vous avez peut-être raison, mais je vais quand même apporter quelques modifications au Skid, histoire d'optimiser vos chances de survie.
A-Tu crois que ce sera prêt dans combien de temps ?
J-Je dirais que ce soir les manips seront faites et que dans 3 jours le Skid sera opérationnelle.
Y-Et tu veux que l'on reste pour t'aider.
J-Non, ce n'est pas nécessaire passé une bonne journée.
Sur ce les Lyoko-guerriers quittèrent le labo, pour rentré au collège (ou chez eux).
O-Et bien, il à l'air tendu notre Einstein.
U-Toi tu n'a jamais passé une nuit blanche.
Y-De plus Jérémie prend la lutte contre Xana bien plus au sérieux que nous. Cela lui fait une énorme pression à supporter.
O-Il devrait faire comme moi et décompresser entre deux moments de travail intensif.
U-Et toi tu décompresse depuis 3 mois. D'ailleurs, tu compte te remettre au boulot quand ?
O-Attend, laisse moi réfléchir. Que dirais-tu de... en même temps que toi, vu tes notes.
Il ne se passa rien pendant les quelques jours nécessaire à la reconstruction du Skid. (à part bien entendu l'un ou l'autre mémorable cours de Gym donné par son non moins inoubliable prof : Jim)
D'ailleurs cela inquiétait Jérémie. Pourquoi Xana, surtout avec la puissance de son nouveau guerrier, restait si tranquille. Pas la moindre attaque, pas la moindre manifestation sur Lyoko à part l'un ou l'autre monstres isolés semblant errer à travers Lyoko, sans but apparent.
Si les autres du groupe pensait la même chose, ils ne l'affichaient pas le moins du monde et ils avaient l'air décontractés malgré qu'ils allaient partir pour une zone complètement inconnu.
Plus tard, dans le Garage Skid.
O- Alors William ? T'es prêt à faire ton premier grand plongeon en notre compagnie ?
W- Suis prêt. Pas hyper-rassuré mais comme vous me dite que vous êtes toujours là, je me dis que il y a pas trop de risque.
J-Vous êtes prêt ? Embarquement !
C'est ainsi que le Skid partît pour sa reprise de service.
U-Au fait, Jérémie ? Qu'est ce que t'a mis comme amélioration ?
J-J'ai installé quelque petit trucs pour faciliter votre détection dans le réseau et au cas où il y a de trop sale bébête j'ai mis un triple boucliers autour du Skid.
A- Et bien Jérémie, tu vas finir par faire de notre beau vaisseau une forteresse ambulante.
O-Se serait pas une mauvaise idée. Imaginé la tête des monstres de Xana. Une énorme forteresse super-armée et super-protégée, ils n'auraient aucune chance.
U-Et nous on ne pourrait pas rentré ou sortir par le sas de Lyoko.
O-Pas faux et puis si on a pas de risques ou serait le challenge ?
Chapitre 8
« Là, il en était sûr. Malgré ce que disait, son coéquipier (et néanmoins frère) il l'avait sentit. Quelque chose de non conventionnel s'approchait. Il transmis ses instructions à Holdwald. Et partit pour se mettre en position pour accueillir d'éventuelle visiteurs. »
J-Vous allez bientôt rencontrer un Hubb si vous le prenez vous arriverez normalement en plein la Zone.
A-D'accord, on le prend.
Aelita n'avait pu s'empêcher de dénoter le stress dans le ton de Jérémie. Elle le comprenait car même si elle ne s'en faisait pas autant, elle craignait quand même cette zone inconnue. D’ailleurs vu l'atmosphère tendue dans le Skid, tous les autres stressait aussi même si aucun ne le montrait.
Dès qu'il sortirent du Hubb, ils virent que l'atmosphère extérieur, d'habitude bleue, était devenue rouge comme lorsque l'influence de Xana s'exerçait. Mais ce n'est pas tant ce signe de mauvais augure, ni même le fait que les communications avec Jérémie étaient complètement parasité qui les inquiétait mais plutôt la vision qui s'offrait à eux. Ils voyaient un Réplika immense, au moins dix fois plus grand que Lyoko, et un autre réplika de taille normale orbitait autour de cette masse.
Tout autour de la zone rouge, des milliers de points blanc s'agglutinaient essayant de forcé une sorte de muraille invisible en se fracassant contre.
Y-À votre avis c'est quoi tout ça ?
A-Je n'en sais rien. Je prend des images de tout ça, Jérémie et moi pourrons les analyser à notre retour.
O (soudain très grave)-Si on reviens, j'ai un très mauvais pressentiment concernant ce Réplika.
U-Et Odd?Qu'est-ce qui t'arrive ? Normalement c'est moi qui doit noircir le tableau.
O- Non, rien juste une intuition.
W-Moi, mon intuition me dit que si on veut des réponses, il faut entrer là-dedans.
U- Le mien me dit que la-dedans il y aura « Musclor ».
Dernière édition par Icer le Mer 05 Mai 2021 19:05; édité 5 fois
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Texte 3 : Retour, par une certaine Émilie Catégorie : Action.
Spoiler
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Prologue: Renaissance.
New York, 6h30.
L'aube pointait à l'horizon et le soleil dardait ses premiers rayons sur la terre américaine. La ville entrait déjà en pleine effervescence: les foyers s'animaient, des hommes vêtus de costumes partaient au travail, la circulation devenait de plus en plus dense.
Non loin de là, dans l'un des nombreux buildings de la ville, se trouvait le siège d'un réseau social mondial. A cette heure matinale, seule une dizaine de personnes occupait les postes d'ordinateur, chargée de surveiller les écrans. Cependant, leur vigilance était très basse, l'heure était à la détente.
À cet instant précis, il sentit que le moment était venu. Depuis trois mois, il errait, cherchant par tout les moyens de retrouver sa puissance après l'échec qu'il avait subi. Une infime partie de lui avait survécu, en sécurité, cachée avec le plus grand soin. Maintenant, il était temps. Il avait la solution. Il attaqua la première partie de son plan.
Les hommes et les femmes chargés de surveillance riaient entre eux, un gobelet de café à la main. Personne ne fit attention aux nombreux écrans qui affichèrent simultanément une fenêtre étrange. En quelques secondes, sur les ordinateurs du monde entier connectés sur ce réseau, on pouvait distinguer sur cette même fenêtre une sorte d'œil: deux cercles concentriques avec trois bandes en bas, une en haut...
La seconde phase du plan allait pouvoir commencer.
Chapitre premier: Nouvelle vie.
À des milliers de kilomètres de New York, un collégien se réveilla en sursaut, en criant:
« - NOOOOOOOOOON! »
Son camarade de chambre, qui ronflait paisiblement, se redressa si brusquement qu'il en tomba de son lit.
« - T'es malade! J'ai failli avoir une crise cardiaque! Qu'est ce qui t'arrive? »
Il se releva péniblement et frotta ses membres endoloris, tout en fixant son compagnon d'un air ahuri. Celui-ci, encore en sueur, lui répondit:
« - Désolé, Odd. Un cauchemar, c'est tout.
- Ouais, ben il devait être sacrément costaud pour que tu hurles comme ça! Répliqua Odd qui consulta son réveil. Bon, c'est trop tard pour se recoucher... Alors, raconte! »
Il s'assit sur le lit de son ami, son chien Kiwi sur les genoux.
« - Ben... On était sur Lyoko, on combattait des monstres de XANA qui arrivaient toujours plus nombreux... On arrivait pas à les vaincre... Puis on a été poussé au bord du territoire du désert et on tombait vers la mer numérique... Et c'est là que je me suis réveillé... Raconta t-il, l'air renfrogné.
- Même dans ton sommeil, tu ne peux pas te passer de moi, Odd le Magnifique, le roi des Lyoko-guerriers! Déclara le blondinet à la mèche violette, toujours aussi modeste. C'était quand même la belle époque, les combats sur Lyoko. Ça me manque. Pas toi, Ulrich? »
Odd avait un air nostalgique, ce qui était très rare: lui dont rien ne pouvait gâcher sa bonne humeur... Ni son appétit.
« - Bien sûr que si. J'aimais bien être un héros, même si personne ne connaissait notre secret, répondit Ulrich avec mélancolie. »
Ils restèrent silencieux quelques minutes, se remémorant leur double vie de héros. Puis Odd retrouva sa gaieté habituelle et demanda à Ulrich avec un sourire en coin:
« - Dis-moi, Ulrich, est ce qu'il y avait Yumi dans ton rêve?
- Évidemment, et même que je... Il se tût et rougit violemment, se rendant compte qu'il était tombé dans le piège de son ami, et dit précipitamment, mais il y avait aussi Aelita et toi, et Jérémy aux commandes, comme d'habitude.
- AHA! Triompha le blagueur en pointant le pauvre Ulrich du doigt. Je le savais, t'es encore complètement dingue d'elle! Hé hé...
- Non mais, qu'est ce que... Yumi et moi on est juste...
- … Copains et puis c'est tout, je sais! Imita Odd. Mais franchement, tu crois pas qu'il serait temps que tu te bouges les fesses? Sinon quelqu'un risque d'arriver avant toi!
- Oui, je sais, mais... Je... Bégaya Ulrich, pris au dépourvu, puis il se ressaisit. Et toi, tu en es où avec Marie, Dom Juan? Répliqua t-il en insistant sur le nom. »
Le jeune Dom Juan ne s'attendait pas à un tel retournement de situation, mais il trouva rapidement une diversion:
« - Ben, euh... VITE, À LA DOUCHE! Hurla t-il en prenant sa serviette. Sinon après, il n'y aura plus de croissants pour le p'tit déj! »
Sur ce, il ouvrit la porte de la chambre à la volée et courut jusqu'aux douches sous les rires d'Ulrich, qui fit de même.
Un quart d'heure plus tard, ils retrouvèrent Jérémy et Aelita, qui étaient déjà assis à une table, côte à côte. Odd arriva en trombe, le plateau bien rempli, et s'exclama:
« - Salut les amoureux! »
À ces mots, les deux concernés rougirent. En effet, ils étaient ensemble depuis peu.
« - Salut Odd, salut Ulrich, répondirent-ils en écho. »
Aelita jeta un regard amusé à Odd qui, pour ne pas changer, engloutissait son petit déjeuner avec autant de bruit que l'on pouvait le faire. Puis elle leur demanda:
« - Bien dormi, les garçons?
- Super bien, jusqu'à ce qu'Ulrich nous tire la sirène d'alarme!
- Comment ça? Questionna Jérémy.
- Monsieur fait des cauchemars! Mais, si j'ai bien compris, il n'y avait pas que de mauvaises choses dedans, hein mon vieux?!
- Fermes-la, Odd, répliqua l'intéressé. »
Jérémy et Aelita, voyant l'air maussade de leur ami, n'insistèrent pas. Mais Odd forma le mot Yumi silencieusement sur ses lèvres, et ils comprirent.
« - Salut tout le monde! Lança une voix. »
C'était Yumi, la seule du groupe à être externe. Elle prit place à côté d'Ulrich.
« - Chalut Yumi! Dit Odd, la bouche pleine. Juchtement quand on parle du loup...
- Vous parliez de moi? Demanda t-elle, étonnée.
- Ben oui parce qu'Ul... »
Le ventre à pattes du groupe fut coupé par Ulrich qui lui chuchota:
« - Encore un mot et je vais voir ta chère Marie pour lui parler de tes pieds, tes ronflements et j'en passe!
- OK, OK, calmes-toi, mon pote! Répondit-il sur le même ton. »
Yumi leva un sourcil interrogateur.
« - On parlait de toi parce que... Parce qu'on parlait de ta classe! Y a des nanas trop canons! Repris Odd.
- Humf, fit Yumi, pas convaincue. »
Aelita décida de changer de sujet.
« - Alors les garçons, vous êtes prêts pour le Brevet? Parce qu'on le passe dans deux semaines!
- Ça peut aller. Depuis qu'on a éteint le super-calculateur, je bosse plus, et mes notes remontent! Donc je pense que ça devrait le faire!
- Et toi, Odd? Demanda Jérémy.
- Moi je suis relax! Je bosse peut être moins qu'Ulrich, mais j'ai réussi à avoir la moyenne au dernier trimestre!
- C'est vrai que c'est plus facile de suivre nos études depuis que l'on a vaincu XANA... »
À ces mots, Aelita eut les larmes aux yeux. Si le combat contre XANA avait pût prendre fin, c'était grâce au programme multi-agents de Jérémy, mais surtout grâce au sacrifice de son père, Franz Hopper, captif du réseau, qui s'était sacrifié pour donner l'énergie manquante au programme. La jeune fille était à présent orpheline, et chaque fois que ses amis l'évoquait, la tristesse la submergeait.
Voyant la détresse de son amie, Yumi s'excusa et Jérémy la prit dans ses bras en lui disant:
« - Ne t'inquiète pas, Aelita. Nous sommes là, avec toi. »
Ulrich jeta un regard en coin à Yumi, qui fit la même chose. Ils rougirent et détournèrent aussitôt les yeux.
A ce moment là, le réfectoire, le collège Kadic, la ville ainsi que le reste de la planète fut recouvert d'un halo blanc...
Chapitre deux: Le plan de XANA:
Ils se retrouvèrent ainsi: Ulrich et Odd, adossés contre un mur près du distributeur, et Yumi, qui était sur le point d'en repartir. Tout trois lâchèrent simultanément le gobelet qu'ils tenaient à la main, s'observant les uns les autres, les alentours. Ils étaient plus petits. Ils portaient leurs anciens vêtements, et Odd n'avait pas ses cheveux coiffés en pointe. Jérémy et Aelita n'étaient pas avec eux.
Yumi, angoissée, pris la parole la première:
« - Mais... Pourquoi il y a eu un retour dans le passé? Le super calculateur est sensé être éteint, non?
- Oui... Mais surtout, pourquoi est ce qu'on est remonté plus d'une journée en arrière? Demanda Ulrich, aussi affolé que la jeune japonaise.
- Mes cheveux! S'écria Odd, les mains sur son crâne. La dernière fois que je me suis coiffé comme ça, c'était...
- … Le lendemain du jour où j'ai rallumé le super-calculateur... Compléta Jérémy, qui venait d'arriver. Nous sommes retournés près de trois ans dans le passé. »
Les trois amis furent abasourdis par la nouvelle.
« - Comment c'est possible? Interrogea Yumi. Et puis, on l'a éteint, le super-calculateur!
- Je sais. Moi aussi, j'aimerais bien comprendre. Allons à l'usine! Aelita doit être sur Lyoko. J'espère qu'elle se souvient de tout...
- OK Einstein, mais d'abord il faudrait que l'on sache si on a cours...
- Non Ulrich, je crois qu'on a pas cours, et puis de toute façon, il faut que l'on découvre ce qu'il se passe!
- Je suis d'accord! Et en plus, on les a déjà fait, ces cours! Déclara Odd, toujours plein d'entrain.
- Bon, prenons le risque, mais après il ne faudra pas que l'on se fasse remarquer! Fit Yumi. »
Ils prirent le chemin qui menait à l'usine, si familier, mais qu'ils n'avaient pas emprunté depuis longtemps.
Lorsqu'ils arrivèrent, Jérémy s'installa à sa place habituelle et pianota fébrilement sur le clavier de l'ordinateur. Une fenêtre s'ouvrit, montrant la jeune fille aux cheveux roses.
Jérémy, anxieux, lui demanda:
« - Aelita? C'est moi, Jérémy. Tu me reconnais?
- Jérémy? Ulrich, Odd, Yumi? Qu'est ce qui c'est passé? Pourquoi je suis sur Lyoko? »
Jérémy poussa un soupir de soulagement.
« - Ouf! J'avais peur que tu ai subie le retour dans le passé comme les autres! Tu vas bien?
- Oui, mais par contre j'ai une mauvaise nouvelle: je crois que XANA est de retour. »
Un silence de mort plana sur la salle pendant quelques instants, puis Odd s'exclama:
« - T'y crois pas! C'est le XANA return!
- C'est pas le moment de blaguer, Odd, c'est très sérieux! Répliqua Jérémy.
- C'est impossible, on a détruit XANA, affirma la jeune japonaise. N'est-ce pas, Jérémy?
- Normalement, oui. Je ne comprends pas, répondit celui-ci. Je vais faire des recherches. Aelita, tu peux chercher des infos de ton côté?
- Pas de problèmes. En tout cas, je ressens de très fortes pulsations sur Lyoko, ce qui est déjà mauvais signe... »
Les deux génies se mirent immédiatement au travail, tandis que les trois autres amis devaient prendre leur mal en patience. Ulrich et Yumi s'assirent par terre, dos à un mur, l'un à côté de l'autre. La jeune fille posa sa tête sur l'épaule de son camarade qui rougit, mais la laissa faire. Odd, qui préférait rester debout, fit un clin d'œil malicieux à son meilleur ami.
Ils restèrent silencieux. On entendait que les touches du clavier de Jérémy, qui fronçait les sourcils devant son écran.
Au bout de quelques minutes qui leur parurent interminables, celui-ci prit enfin la parole:
« - Les amis, j'ai compris. »
Ils s'approchèrent de lui pour entendre son diagnostic.
« - Voilà, grâce aux données qu'on a trouvées, Aelita et moi, je viens de comprendre ce qui c'est passé.
- Vas-y, accouche! Lança Odd.
- Déjà, Aelita a raison: XANA est vivant.
- Quoi? S'écria Ulrich.
- Oui. Je pense qu'une infime partie de son programme devait être cachée en sécurité dans le réseau lorsque j'ai lancé mon système multi-agent. Après l'éteinte du super-calculateur, il n'avait presque plus de puissance, mais il était encore vivant. Après cela, je pense qu'il a dû errer dans le réseau pour récupérer de l'énergie, et mettre en œuvre son nouveau plan.
- Quel plan? Demanda Yumi.
- Son but était de retrouver un maximum de puissance: il s'est donc emparé d'un réseau informatique mondial, et grâce à cette puissance, il a pû faire un retour dans le passé de presque trois ans.
- Ben, à quoi ça lui sert?
- Réfléchit, Odd! Les retours dans le passé habituels renforçaient XANA alors, grâce à celui-là...
- … Il est devenu beaucoup plus puissant qu'avant, termina Aelita.
- Tout juste. Et il a un double avantage! Non seulement il est très puissant mais en plus, il nous fait revenir au point de départ! Comme on est sensé n'avoir rallumé le super-calculateur qu'hier, tout mes programmes n'existent pas encore! Le Skid, la matérialisation d' Aelita... XANA a pensé à tout. Il va modifier le futur que nous connaissons. »
Voyant les mines perplexes d'Ulrich et Odd à travers l'écran, Aelita leur ré-expliqua:
« - Comme XANA a remonté le temps et qu'il est beaucoup plus puissant, le futur dans lequel nous le détruisons et éteignons le super-calculateur n'existe plus: il va le modifier pour réussir ce qu'il a échoué, puisque nous sommes retourné au point de départ, sans aucune possibilité de repartir!
- Alors on est bloqué ici, sans aucun moyen de revenir dans notre présent... Je veux dire, dans le futur où nous étions? Interrogea Yumi, angoissée.
- Malheureusement, oui. XANA tient les rennes, et en plus il sera très difficile de lutter contre lui, à présent, si ce n'est pas impossible.
- Chouette, du rab'! S'exclama Odd d'un ton faussement joyeux. Et sinon, les bonnes nouvelles?
- Justement, je ne vous ai pas dit le pire... Murmura Jérémy.
- Tu plaisantes, j'espère?! Pire que ça?
- Oui Ulrich, pire que ça. XANA sait que nous sommes insensibles aux retours dans le passé: nos esprits restent les mêmes que si nous étions restés dans le présent, comme maintenant.
- Oui, ça, on le sait.
- C'est pour que vous compreniez, Yumi. Donc (il rajusta ses lunettes), comme XANA sait ça, il a programmé une fonction pour aller vers le futur, de la même façon que pour aller dans le passé.
- Eh ben, on a qu'à l'utiliser pour revenir dans le futur!
- Tu ne comprends pas, Odd, dit Aelita de sa voix douce. En revenant en arrière, XANA a déjà modifié le futur. Si nous y retournons, ce ne sera pas le même que nous connaissons, mais sûrement un futur où XANA règne en maître sur le monde. C'est trop tard.
- Et justement, il compte aller directement dans ce nouveau futur pour nous rendre aveugle. Comme nos esprits resteront intacts, on ne se souviendra pas du temps qui va suivre cette journée! Compléta Jérémy. Vous comprenez? Il va nous faire passer de maintenant à bien des années plus tard, quand il sera au sommet de sa puissance, sans que l'on sache ce que l'on a fait entre! C'est catastrophique! »
Odd, Yumi et Ulrich comprenaient. Ils avaient une mine horrifiée, réalisant qu'ils étaient dans une impasse. Même Odd ne trouva pas de mots pour détendre l'atmosphère, car la situation était alarmante.
« - Quand XANA va t-il avancer le temps? Demanda Yumi, la voix basse.
- Le temps d'avoir la puissance nécessaire, je dirais quelques heures, tout au plus. »
Chapitre trois: Préparation.
Personne ne parlait, et la tension était palpable. Aelita, qui voyait ses amis depuis l'écran d'une tour de Lyoko, décida de prendre les choses en main.
« - Bon, on ne va pas se lamenter sur notre sort! Ils nous reste quelques heures avant le grand saut! Qu'est ce que tu proposes de faire, Jérémy? »
Celui-ci était en grande réflexion. Tous les regards convergèrent dans sa direction avec une lueur d'espoir.
« - Bon... Déjà, on ne peut pas empêcher XANA de faire un bond dans le futur, ni limiter sa puissance. Je pense que, la seule chose à faire, c'est d'assurer notre avenir: tout faire pour que nous ne soyons pas trop perdus lorsque nous seront dans le futur. En gros, faire des choses maintenant qui nous serviront plus tard.
- Ouais, bonne idée Einstein, mais quel genre de choses? Demanda Ulrich.
- Ben...
- … Tenir un journal! S'exclama Aelita, qui venait d'en avoir l'idée. Si nous commençons un journal chacun aujourd'hui, en s'obligeant à y écrire tout ce qui se passe d'important dans nos vies, et en le cachant dans un endroit commun, nous pourrons le lire dans le futur, et donc nous saurons tout ce qu'il se sera passé les années précédentes!
- Bravo Aelita, super idée! La félicita Jérémy. Vous êtes d'accord?
- Ça marche! Répondit Yumi.
- Pas de problèmes.
- Ben... L'écriture, c'est pas mon truc, mais si c'est le seul moyen de me souvenir de mes magnifiques exploits, je suis partant! Déclara le blagueur de la bande.
- Bon, alors voilà le programme: vous commencez à rédiger votre journal en parlant de tout; le retour dans le temps, Lyoko, le collège, vos activités en dehors... Absolument tout. Si l'un de vous pouvait aussi trouver une boîte ou un coffret pour les ranger. Ensuite, quand je connaîtrai l'heure du saut dans le futur, je vous appellerai, et vous ramènerez tout ça ici. Sinon... Faites ce que vous voulez, profitez-en, la vie dans le futur ne sera pas de tout repos... Tout ce que je vous demande, c'est d'éviter de modifier les choses, donc ne vous faites pas remarquer! »
Il regarda Odd avec insistance qui prit un air faussement indigné.
« - Tu me vexes Einstein, y a pas plus discret que moi! Vous me connaissez!
- Justement! S'exclamèrent en cœur ses amis, ce qui provoqua le fou-rire général. »
Après avoir repris leur sérieux, Yumi se tourna vers Jérémy et lui demanda:
« - Et toi, tu vas rester ici?
- Oui, je vais commencer à rentrer quelques programmes dans le super-calculateur, comme la matérialisation d' Aelita, et après j'irais acheter deux cahiers pour commencer mon journal et celui d' Aelita, comme elle ne peut pas le faire sur Lyoko...
- OK, on y va alors, bossez bien les génies! Dit Ulrich.
- Salut les tourtereaux! Lança Odd.
- A plus tard!
- Ouais, mais n'oubliez pas, pas de bêtises! »
La porte du monte-charges se referma sur les trois amis.
Ulrich demanda:
« - Alors Odd, c'est quoi ton programme?
- Déjà, je vais me débarrasser de ma corvée de journal, ensuite je vais me recoiffer à la Lyokostyle, très important! Énuméra t-il en comptant sur ses doigts. Puis j'irais à la cantine et enfin j'installerai Kiwi dans la chambre! Après tout, je ne suis arrivé au collège qu'aujourd'hui!
- Je vois que tu ne perds pas de vue l'essentiel! Commenta son camarade avec un sourire. Et toi Yumi?
- Je pense que je vais profiter de ma famille, au cas où je ne les reverrai plus... »
Un silence suivi cette déclaration. Ils sortirent de l'usine, allèrent faire leurs achats (sans oublier le coffret) puis ils se séparèrent. Yumi rentra chez elle tandis que les deux garçons prirent la direction du collège.
« - Et toi Ulrich, tu vas faire quoi?
- On va d'abord s'occuper de ce journal et ensuite... Je ne sais pas.
- Bien sûr, même en situation critique, tu ne vas pas en profiter pour déclarer ton amour à ta belle japonaise?! Demanda Odd, taquin.
- Non, mais... je... Balbutia le jeune homme qui rougissait à vue d'œil. Et puis, de toute façon, Jérémy nous a dit de ne pas provoquer de changements.
- Je sais, mais rien ne t'empêche de te rapprocher d'elle, l'air de rien...
- J'y crois pas, Dom Juan qui me donne des conseils... S'exclama Ulrich en souriant.
- C'est ton jour de chance! Odd le Magnifique te fais profiter de son expérience! Clama t-il, la main sur sa poitrine. Et puis, si je ne le faisais pas, même si on allait dix ans dans le futur, tu ne serais toujours pas avec elle!
- Gniagniagnia... Marmonna le concerné.
- Aller, dépêche-toi, le grand Odd doit rédiger ses exploits!
- Genre... Le record du monde de la puanteur des pieds?
- Très drôle, mais au moins, moi, j'ai meilleur caractère que toi, et ça c'est le pied! »
Tous vaquèrent à leurs occupations: les deux garçons au collège, Yumi chez elle et les deux génies à l'usine.
La soirée était bien avancée quand le compte à rebours apparu sur l'écran. Jérémy appela le jeune homme brun.
« - Ulrich? Ça y est. Rappliquez à l'usine, prévient les autres.
- OK, on arrive. »
Il prévint son ami et commença à composer le numéro de Yumi lorsque le blondinet l'arrêta.
« - T'as qu'à aller la chercher chez elle, en ami bien sûr!
- Euh... Ouais, t'as raison...
- Aller, dépêche-toi Roméo! Lança Odd en partant vers l'usine. »
Son ami suivi le conseil et alla sonner chez les Ishiyama. Yumi paru légèrement surprise mais ne s'en plaignit pas. Ils marchèrent silencieusement dans la rue, se jetant des regards de temps en temps.
Lorsqu'ils arrivèrent à l'usine, le groupe fut au complet. Jérémy leur dit:
« - Le compte à rebours est lancé, il nous reste dix minutes avant de sauter dans le futur. Tout le monde à son journal? Bien, on va les ranger dans le coffret, que l'on va cacher. »
Chacun déposa solennellement son journal dans le coffret (sauf Aelita, toujours sur Lyoko). Puis Jérémy ajouta une feuille avec des instructions pour lui-même, au cas ou, ainsi que le journal d' Aelita.
Il fut décidé à l'unanimité de laisser le coffret dans l'usine, près de l'ordinateur.
Plus que cinq minutes.
Ils s'assirent près de l'ordinateur, attendant le moment fatidique. Il y eut un silence, puis Jérémy déclara:
« - Les amis... Si jamais je ne suis pas là dans le futur, je voulais que vous sachiez que notre amitié est très importante pour moi, et que... (il rougit) Je t'aime, Aelita.
- Moi aussi, Jérémy, répondit la jeune fille dans un murmure. »
Plus que deux minutes...
Ulrich prit la main de Yumi dans la sienne. La jeune fille se laissa faire, et referma ses doigts sur la main d'Ulrich. Celui-ci dit, tête basse:
« - Vous êtes ma vraie famille pour moi, et vous le serez toujours.
- Notre amitié est très forte, déclara la jeune japonaise au groupe. Elle survivra, quoi qu'il arrive. J'en suis sûre.
- On est des frères d'armes, à la vie à la mort! Renchérit Odd, le poing en l'air. »
Plus qu'une minute...
« - Sans vous, je ne serais jamais redevenue humaine. Merci à vous quatre, vous resterez dans mon cœur pour toujours, murmura Aelita. »
Plus que dix secondes...
Neuf, huit, sept, six...
Yumi resserra la main d'Ulrich.
Cinq, quatre, trois, deux, un...
Tous retenaient leur souffle.
Ils furent aveuglés par une lumière blanche...
Chapitre quatre: Découverte du futur.
Il faisait noir.
Yumi était allongée, la tête posée sur le torse de quelqu'un, qui avait un bras autour de sa taille. Lorsqu'elle s'en rendit compte, elle se redressa brusquement, en même temps que la personne en question.
Tous les sens aux aguets, elle demanda:
« - Qui êtes vous?
- Yumi, c'est toi? Répondit une voix d'homme.
- Ulrich? »
Rassurée, elle le prit dans ses bras, puis ils se mirent debout, les joues rouge pivoine. Ulrich aperçu alors une fente de lumière, sous une porte. Il chercha la main de Yumi, la saisit et la guida. Ils poussèrent la porte. C'était le couloir d'une maison délabrée, sûrement inhabitée depuis plusieurs années. Un mur s'était écroulé, laissant filtrer l'éclat de la lune. Les deux amis s'observèrent: ils étaient devenus adultes. Yumi était restée très belle: ses cheveux noirs descendaient jusqu'à ses épaules, les traits de son visage s'étaient affinés, et sa silhouette élancée. Ulrich aussi était devenu un beau jeune homme. Il avait grandi, dépassant Yumi. Ses cheveux étaient en bataille, ses joues mal rasées, son corps plus musclé. Cependant, tout deux avaient leurs vêtements déchirés, couverts de poussière, et de grandes cernes sous les yeux. Yumi prit la parole:
« - Eh bien, je pense que l'on a avancé d'au moins six ou sept ans!
- J'espère que les autres vont bien... S'inquiéta Ulrich.
- Le seul moyen de le savoir, c'est d'aller à l'usine. »
Ils descendirent avec précaution les escaliers de la maison et se dirigèrent vers la sortie lorsqu'Ulrich percuta quelqu'un dans la semi-obscurité. Yumi, qui observait la silhouette de l'homme, vit qu'il avait une coiffure en pointe...
« - Odd? S'exclama t-elle.
- Yumi? Ulrich? Répondit l'intéressé avec une voix plus grave qu'à l'ordinaire. Qu'est ce qu'on fiche ici? Et d'ailleurs, où on est?
- Justement, on va à l'usine pour le savoir. Viens! »
Après quelques difficultés, ils réussirent à sortir de la maison. Ce qu'ils découvrirent à l'extérieur les horrifia: Sous le ciel constellé d'étoiles, tout n'était qu'un champ de ruines. Aucun bâtiment n'était resté intact. De la fumée s'élevait d'un peu partout et le sol était jonché de poussière et de gravas.
La jeune femme, prise d'un gros doute, se retourna vers la maison de laquelle ils étaient sortis, et poussa un cri déchirant: c'était sa maison, son ancienne maison, à demi-effondrée. Des larmes coulèrent sur ses joues et elle hurla à en fendre l'âme:
« - NOOON! MA MAISON! MES PARENTS! HIROKI... NON! »
Ulrich serra Yumi dans ses bras, lui caressa les cheveux et lui murmura:
« - Calme-toi, Yumi, je suis sûr qu'ils vont bien, ils ont dû aller se réfugier ailleurs, en sécurité... Calme-toi, tout va bien, ils sont en sécurité... »
Odd gardait la tête basse, triste pour son amie. Lui aussi avait grandi. Il était devenu un homme, seule sa coiffure rappelait son adolescence. Il avait, comme ses amis, les vêtements en lambeaux, de grandes cernes sous les yeux et le teint pâle.
Les sanglots de Yumi s'atténuèrent peu à peu. Elle remercia Ulrich qui passa un bras sur ses épaules. Les trois compagnons avancèrent lentement, marchant sur les décombres de leur ancienne vie avec précaution, en direction de l'usine.
Arrivés à destination, ils découvrirent que l'usine avait subie le même sort que le reste de la ville: son plafond était à moitié détruit. Ils descendirent vers la salle du super-ordinateur qui, miraculeusement, était toujours intact. Un homme était assis, adossé contre un mur. Il était blond, le teint blafard, les contours des yeux violacés derrière ses lunettes, les vêtements déchirés.
« - Jérémy! S'écrièrent en même temps Odd, Yumi et Ulrich.
- Je vous attendais, répondit-il avec un pâle sourire. »
D'un geste du doigt, il désigna le coffret en bois, resté à sa place. Silencieusement, chacun prit son journal et commença sa lecture. A ce moment-là, Yumi vit une chose étrange: elle portait une bague à son annuaire gauche... Elle se plongea fébrilement dans la lecture de son journal.
Personne ne prononça un mot, passant d'un sourire en coin à une mine horrifiée en découvrant leur vie passée, tournant une page de temps à autre. Ulrich avait le sourire aux lèvres, il avait lu quelque chose qui le réjouissait, mais il était également inquiet en lisant les passages sur XANA... Soudain, il écarquilla les yeux et regarda Yumi, qui avait eu la même réaction devant un passage de son journal. Le rouge leur monta rapidement aux joues. Odd leva les yeux de son journal et aperçu le malaise de ses deux amis. Il retrouva pour la première fois son esprit joyeux et lança d'un air de triomphe:
« - Je le savais! Vous vous êtes ENFIN mis ensemble!
- Oui... Depuis six ans... Précisa Yumi.
- Mais il y a autre chose... Commença Ulrich. Depuis quelques mois, on est...
- … Fiancés... Compléta la jeune femme en montrant sa bague. »
Ils étaient toujours aussi rouges.
« - C'est génial! Lança Jérémy.
- Je suis sûr que c'est grâce à moi, alors je te préviens Ulrich, je veux être ton témoin! S'exclama Odd, ce qui fit sourire les deux amoureux.
Soudain, Jérémy, qui avait remit le nez dans son journal, poussa un cri de détresse. Ses trois amis, inquiets, s'approchèrent de lui.
« - Qu'est ce qu'il y a, Jérémy?
- A... A... Aelita... Bégaya t-il, les larmes aux yeux. Elle... Elle est possédée par XANA... Avec des centaines d'autres personnes... »
Ils étaient tous sous le choc: Aelita prisonnière des griffes de XANA...
Après quelques minutes de silence, Jérémy se reprit en main et décida de faire un bilan:
« - Bon... Si on résume la situation: après avoir allumé le super-calculateur, on a passé trois ans à essayer de le combattre dans le réseau avec le Skid. Mais il était trop fort. Alors nous avons décidé de révéler le secret qui était devenu trop lourd à porter. Les autorités s'en sont mêlées, nous éloignant du super-calculateur. Mais XANA, avec toute la puissance qu'il avait accumulée, à commencé à attaquer la Terre à grande échelle, provoquant ainsi une guerre mondiale qui dure depuis quatre ans environ. Les gens ont fuit les grandes villes, ceux qui voulaient combattre sont restés... Comme vous quatre. Moi j'aidais les scientifiques à créer de nouveaux programmes, comme la translation directe.
- La quoi? Demanda Odd.
- Vous portez tous un bracelet noir au poignet. Le bouton blanc qui est dessus vous permet de vous mettre en tenue de Lyoko-guerrier sans passer par la virtualisation, pour combattre sur Terre, comme si vous étiez translatés.
- Et c'est toi qui l'a crée? Bravo, Einstein!
- Merci, Ulrich. Mais c'est très peu comparé à la puissance de XANA. Il est invincible, maintenant. Et il nous a mis hors-jeu pendant sept ans.
- Qu'est ce qu'on peut faire? Questionna Yumi.
- Je vais chercher une solution. En attendant, il faut repousser ses forces, coûte que coûte. »
Chapitre cinq: La guerre des mondes.
Cette nuit-là, Yumi, Odd et Ulrich décidèrent de rester à l'usine pour tenir compagnie à Jérémy. Celui-ci était plus déterminé que jamais à combattre XANA. Il avait prit place devant l'ordinateur et passait en revue tout les programmes qu'il avait conçu ces sept dernières années. Odd, lui, avait prit une des couvertures entreposées dans le fond de la pièce (sûrement parce que les amis venaient souvent se réfugier ici) et s'était endormi sur le sol, exténué. Ulrich et Yumi, eux, avaient également prit des couvertures et s'étaient posés à l'autre bout de la pièce. Toujours gênés de leur nouvelle situation, il ne se parlaient pas. Puis la jeune femme, n'y tenant plus, demanda à son compagnon:
« - Ulrich, tu en penses quoi, de... tout ça?
- Euh... tu veux dire de... euh... nous?
- Oui, de nous.
- Eh bien, tu sais, je... Il tordit ses mains, mal à l'aise. Je... Je t'aime, Yumi, et... si... si tu le veux, j'en serai très heureux. »
Il baissa la tête, gêné, craignant sa réponse. Yumi lui souleva le menton pour qu'il la regarde dans les yeux.
« - Bien sûr que je le veux, déclara t-elle dans un souffle. »
Ils fermèrent les yeux. Leur visages se rapprochèrent lentement, leur souffle se mélangèrent, et leurs lèvres se rencontrèrent timidement. Ils s'embrassèrent avec beaucoup de douceur, tendrement, dévoilant ainsi leurs sentiments de la plus belle façon que l'on puisse le faire. Puis ils s'endormirent dans les bras l'un de l'autre, le visage rayonnant, balayé de tout soucis pour quelques instants. Tout simplement heureux.
Tout était calme. Les quatre amis dormaient profondément. Même Jérémy, la tête sur son clavier, s'était endormi quelques heures auparavant.
Le soleil commençait à se lever.
Tout à coup, un cliquetis métallique se fit entendre, puis deux, puis trois... Ils se rapprochaient de plus en plus...
Jérémy ouvrit un œil, alerté par le bruit. Il se retourna et, apercevant des kankrelats, il hurla:
« - ATTENTION!! »
Les trois dormeurs s'éveillèrent en sursaut et Ulrich et Yumi bondirent sur le côté, évitant de justesse le tir qui leur était destiné.
« - VOS BRACELETS! UTILISEZ VOS BRACELETS ET PROTÉGEZ L'USINE! S'époumona le génie.
Les trois Lyoko-guerriers réagirent rapidement et appuyèrent sur le bouton blanc de leur bracelet et, une fois translatés, ils foncèrent sur les monstres.
« - Chouette, du sport! Flèche-laser! Lança Odd devenu homme-chat.
La cible fut atteinte tandis que les éventails de Yumi éliminèrent un autre kankrelat.
« - Supersprint! »
Grâce à sa rapidité, Ulrich arriva instantanément devant les deux monstres restants et les détruisit à coups de sabres.
Jérémy poussa un soupir de soulagement.
« - Bon travail, les amis! Mais je ne pense pas que XANA va en rester là... Préparez-vous à une plus grande attaque! L'ordinateur ne doit en aucun cas être détruit. Et évitez de vous faire toucher, vous seriez réellement blessés.
- A vos ordres, amiral Einstein! Lança Odd en faisant le salut militaire.
- Repos, caporal blagues à deux balles! Répliqua celui-ci. Non mais franchement Odd, t'es sensé être un adulte...
- Eh ben on a qu'à dire que je suis un adulte qui a gardé une âme d'enfant!
- Bon, filez, la XANA Air Force ne va pas tarder. »
Les translatés grimpèrent l'échelle et sortirent de l'usine. A l'extérieur, le chaos le plus total régnait: partout des groupes de krabes poursuivaient des gens qui tentaient de fuir dans toutes les directions.
Une quinzaine de ces monstres avançaient sur le pont.
« - Wouahou! Y a foule aujourd'hui! S'exclama Odd, la main en visière, l'air faussement réjouit.
- C'est le moment de montrer tes exploits à tes fans, Odd le Magnifique! Renchérit Ulrich, moqueur.
- C'est pas que, les garçons, mais on a du pain sur la planche! Dit Yumi.
- Tu veux dire, du krabe sur la planche! Corrigea le taquin. Vous me permettez, la célébrité m'appelle! Flèche-laser! »
Ce fut le coup de départ. Les monstres commencèrent à tirer en rafales. Les Lyoko-guerriers se servaient des éboulis pour se protéger de leurs ennemis. L'homme-chat tirait à tout va des flèches-laser, Yumi lançait ses éventails et les redirigeaient par télékinésie tandis que le samouraï utilisait son supersprint pour éviter les projectiles tout en visant leurs carapaces avec ses sabres.
Au bout de vingt minutes d'acharnement, il restait encore trois krabes à éliminer et ils avaient gagné du terrain: les trois amis combattaient de front et passaient plus de temps à éviter les tirs qu'à attaquer. Yumi sautait, tournait dans tout les sens pour ne pas être touchée, et la fatigue se faisait ressentir. Odd, de son côté, utilisait son agilité de chat pour grimper aux rochers et tirer en hauteur. Il réussit à en éliminer un, mais un deuxième tira dans sa direction et il ne pût l'éviter: il fut touché à l'épaule et redescendit en roulé-boulé sur le sol. Son ami arriva et lui demanda:
« - Ça va Odd? Dit quelque chose!
- Quelque chose... Murmura le farceur.
- Voilà ce que ça fait d'être trop célèbre! Tu m'excuses, mais j'ai encore deux de tes groupies à éliminer! Triplicata! »
Deux clones apparurent à ses côtés. Ils foncèrent vers le krabe le plus proche, qui détruisit deux des Ulrich. Cependant, le vrai sauta sur sa carapace et enfonça un sabre dans l'œil de XANA.
« - Impact! »
Au même moment, la jeune japonaise, dans un dernier effort, lança ses éventails sur le deuxième krabe qui explosa. Puis elle s'effondra à terre, à bout de forces.
Ulrich se précipita vers sa compagne et, à bout de souffle, tomba à genoux à côté d'elle. Il passa sa main sur la jour de Yumi et, inquiet, lui demanda:
« - Yumi, ça va aller?
- J'ai connu pire... Répondit-elle avec un sourire. »
Après quelques minutes de repos, ils appuyèrent sur le bouton rouge de leur bracelet pour annuler la translation et repartirent dans l'usine, Odd tenant son épaule blessée, et les deux amoureux main dans la main...
Les jours suivants se déroulèrent ainsi: lors des attaques de XANA, les trois Lyoko-guerriers combattaient du mieux qu'ils pouvaient sans se faire toucher. Le reste du temps, ils partaient à la recherche d'eau et de nourriture et rapportaient leurs trouvailles à l'usine, où ils avaient élu domicile. Le lendemain de leur première bataille, Ulrich et Yumi étaient partis explorer les alentours. Il savaient qu'il y avait des groupes de résistants contre XANA, mais ceux-ci restaient cachés la plupart du temps: la peur restait omniprésente et l'attitude de survie prenait le dessus.
Jérémy, lui, travaillait sans relâche sur l'ordinateur de l'usine, mettant au point des programmes pour aider à la lutte contre XANA. Trois jours après leur bond dans le futur, il avait réussi à faire apparaître les véhicules de Lyoko sur Terre, ce qui facilitait les combats. L'histoire d' Aelita l'avait complètement bouleversé, lui insufflant une détermination sans failles à vaincre leur ennemi. Ses amis devaient le forcer à prendre du repos de temps en temps, mais le sort d' Aelita et de la planète accaparait ses pensées, et il ne dormait que très peu.
Pour lutter contre le désespoir, Odd essayait de garder son esprit joyeux et d'en faire profiter ses amis, tandis qu'Ulrich et Yumi se rapprochaient, profitant de chaque moment passé ensemble.
Cependant, huit jours après leur découverte du futur, quelque chose vint bouleverser ce fragile équilibre...[/color]
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Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 00:25; édité 1 fois
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Spoiler
Chapitre six: Aelita
L'après-midi tirait vers sa fin. Dehors, le ciel était sombre et une pluie fine tombait continuellement depuis les premières lueurs de l'aube. Il n'y avait pas eu d'attaques depuis la nuit précédente, où une armée de bloks avait donné du fil à retordre aux Lyoko-guerriers. Ceux-ci profitaient donc du calme temporaire et du mauvais temps pour rester dans l'usine. Yumi dormait, profitant du peu de répit pour compenser légèrement son manque de sommeil des derniers jours. Odd et Ulrich, eux, faisaient une partie de go, jeu qu'ils avaient ramené de chez Yumi. Jérémy, comme toujours, tapait des programmes à une vitesse hallucinante.
« - J'ai gagné! Lança Ulrich en déplaçant un pion.
- Oh non, c'est pas possible! Se lamenta son ami. J'y comprendrai jamais rien, à ce jeu! Au moins, à la gameboy, c'est moi qui te mettais la pâtée! Hein mon vieux?! Ulrich? »
Celui-ci n'écoutait pas, le regard fixé sur la belle japonaise qui dormait.
« - Wouhou? La Terre à Lyoko! STERN!! Tonna Odd dans une parfaite imitation de Jim.
- Quoi? Répondit enfin le jeune homme, tiré de sa rêverie. Pourquoi tu m'appelles Stern? Jim te manques tant que ça?
- Ah, quand on dit que l'amour rend idiot...
- Hé!
- C'est pas ma faute si tu la regardes avec des yeux de merlan frit! Mais bon, j'avoue que vous êtes mignons, tout les deux. Il est pour quand le mariage? Demanda Odd avec un grand sourire en voyant Ulrich rougir.
- Ben... Ça ne fait qu'une semaine qu'on est ensembles... Enfin, consciemment. Et puis on est en guerre, de toute façon, donc ne t'emballes pas, mon pote! »
Pour éviter que son ami réplique, il se leva et alla voir Jérémy.
« - Tu sais Einstein, si tu ne dors pas un peu, tu vas te détruire la santé, et c'est pas comme ça que tu sauvera le monde.
- Je sais, mais je suis sur une bonne piste pour trouver le point faible de XANA et, en plus, je suis sur le point de terminer un programme qui, par le biais des scanners et en compilant l'ADN humaine avec...
- Euh, en version courte? Coupa Odd qui s'était approché.
- Il libérerai les personnes qui sont sous l'emprise de XANA. Je me suis aidé des recherches de mon moi du passé, qui étaient presque complètes.
- C'est génial! S'exclama Ulrich. Et il sera opérationnel quand?
- Encore quelques données à rentrer et ce sera bon. Après, promis, je me reposerai. »
Le génie continua ses calculs, alors que les garçons discutaient.
Soudain, une forma mouvante apparu par la trappe du plafond et descendit les échelons à une vitesse incroyable, puis elle atterrit devant les trois hommes. C'était une jeune femme de taille moyenne, les traits fins, les cheveux mi-longs, roses... Elle avait le sigle de XANA dans ses yeux.
« - A... Aelita! S'exclama Jérémy, totalement pétrifié.
- Vous allez tous mourir! Lança t-elle d'une voix inhumaine.
- JÉRÉMY, DÉPÊCHE-TOI DE FINIR TON PROGRAMME! Hurla Ulrich en se jetant sur Aelita avec Odd. »
Mais celle-ci ne se laissa pas faire. De ses mains jaillirent des éclairs qui firent tomber à la renverse les deux garçons avec un cri de douleur. Puis la jeune femme se tourna vers Yumi, qui venait à peine d'ouvrir les yeux. Aelita la prit par le col, l'envoya s'effondrer contre le mur et se prépara à lui lancer des éclairs.
« - NON, YUMI! »
Ulrich se releva et se jeta sur Aelita.
« - J'ai presque terminé! Lança Jérémy qui tapait fébrilement sur son clavier. Essayez de la retenir, mais évitez de la blesser...
- T'en as de bonnes, Einstein! Notre princesse est devenue légèrement capricieuse! Dit Odd qui courait au secours de son ami. »
Yumi se releva péniblement et alla les aider.
Même à trois contre un, la lutte était très difficile. Aelita, sous l'emprise de XANA, se débattait, donnait des coups, lançait des éclairs à ses amis mal en point. Soudain, le génie s'écria:
« - Ça y est, j'ai terminé! Amenez-la dans un scanner!
- Plus facile à dire qu'à faire! Répliqua Ulrich, qui commençait à être à bout de forces. »
Les Lyoko-guerriers forcèrent Aelita à entrer dans le monte-charges avec eux et appuyèrent sur le bouton pour descendre au niveau inférieur.
Après une descente qui leur paru interminable et de nouveaux hématomes, ils arrivèrent dans la salle des scanners et, dans un ultime effort, poussèrent la XANAtifiée dans l'un d'eux qui se referma sur son visage déformé par la rage.
« - C'est bon, Einstein! Dit Odd en s'écroulant par terre, reprenant son souffle.
- Lancement du programme! Annonça Jérémy en appuyant sur la touche enter de son clavier. »
Puis il commença à descendre l'échelle pour rejoindre ses amis.
Yumi se tourna vers Ulrich et, voyant une longue coupure sur son front, elle passa une main dans les cheveux du jeune homme et s'exclama:
« - Tu es blessé...
- Ce n'est rien. Mais toi, est-ce que ça va? Demanda t-il, inquiet, en la prenant par la taille. »
Pour toute réponse, elle l'embrassa avec douceur.
« - C'est t'y pas mignon, ça! Lança Odd avec un grand sourire, en se relevant. »
Les deux amoureux rougirent mais restèrent dans les bras l'un de l'autre.
« - Que va t-il se passer pour Aelita? S'inquiéta Yumi.
- Si mon programme marche, elle ne sera plus sous l'emprise de XANA, répondit Jérémy qui venait d'arriver. »
Tous attendaient, anxieux, devant le scanner. Enfin, celui-ci s'ouvrit, laissant échapper de la fumée, et Aelita s'effondra dans les bras de son petit-ami. Elle ouvrit doucement les yeux.
« - Jérémy? Murmura t-elle faiblement. Que s'est t-il passé? »
Celui-ci, rassuré, la serra dans ses bras.
« - C'est fini, Aelita. Tout va bien, maintenant. »
Ils remontèrent dans le laboratoire, s'assirent dans un coin et expliquèrent à la jeune femme ce qu'ils avaient apprit.
« - Alors... XANA nous a fait avancer de sept ans dans le futur et cela faisait huit mois que j'étais sous son emprise? Répéta t-elle, horrifiée. Donc il contrôle la majeure partie du monde, et le secret est dévoilé depuis...
- … Quatre ans. Nous avions quinze, seize ans. Aujourd'hui nous en avons dix-neuf, vingt pour Yumi, compléta le génie.
- C'est vraiment étrange de se retrouver dans un corps plus vieux... »
Les autres acquiescèrent tandis que Odd, toujours aussi gai, renchérit:
« - Tu l'as dit, bouffi! En tout cas, je te préfère comme ça que possédée. La princesse était devenue une vraie tigresse! »
Aelita regarda ses amis couverts de bleus et de coupures et, pleine de remords, leur dit, tête basse:
« - Je suis vraiment désolée de tout ce que je vous ai fait... »
Yumi fusilla Odd du regard et prit la main de son amie.
« - Tu n'as pas à t'excuser, Aelita. Tu n'y est pour rien. Et puis, nous t'avons récupérée, c'est le principal! Jérémy n'en dormait plus... Dit-elle en souriant.
- Alors, nous sommes toujours ensemble dans le futur? Demanda Aelita à Jérémy avant de l'embrasser.
- Ou... Oui, bégaya Jérémy, les joues rouges.
- Et tu ne connais pas la meilleure! Déclara Odd, taquin. Je te présente monsieur et la future madame Stern, les fiancés! »
Il pointa du doigt Yumi et Ulrich qui rougissaient à vue d'œil. Aelita avait retrouvé le sourire.
« - C'est super! Félicitations! »
Après ce moment de détente, les cinq amis allèrent se coucher.
Pour la première fois depuis huit jours, Jérémy trouva le sommeil le cœur léger, Aelita dans ses bras...
Chapitre sept: Un combat difficile
La nuit avait été calme, ce qui était rare. Le soleil n'était pas encore levé lorsque Yumi ouvrit les yeux. Dans la pénombre, elle aperçut la silhouette d' Aelita, assise seule dans un coin. Les trois garçons dormaient. Elle se dégagea délicatement des bras d'Ulrich, prenant garde à ne pas le réveiller, puis elle se dirigea vers son amie, s'asseyant à ses côtés. Inquiète, elle lui demanda:
« - Ça ne vas pas, Aelita?
- Si, répondit-elle faiblement. Ne t'inquiète pas, Yumi. C'est juste que la situation me dépasse... »
La jeune japonaise passa un bras autour de ses épaules.
« - Je sais que c'est difficile à admettre, mais c'est comme ça, on a pas le choix. Et puis, vois le bon côté des choses! Nous sommes tous là, vivants et en bonne santé. Il ne faut pas perdre espoir, je suis sûre que Jérémy et toi allez trouver une solution!
- Tu as raison Yumi, il ne faut pas désespérer, approuva Aelita en essuyant une larme. »
Soudain, un ronflement sonore se fit entendre. Les deux jeunes femmes, surprises, se tournèrent en sursaut vers la source du bruit. C'était Odd, allongé sur le ventre, les bras le long du corps, qui ronflait comme un bienheureux.
« - Odd, par contre, est désespérant... Commenta Yumi. »
Après un long fou-rire, la japonaise se leva et dit:
« - Viens, on va essayer de trouver à manger, sinon monsieur glouton va nous crier famine toute la journée! »
Après une heure de recherches, les filles revinrent à l'usine chargées de quelques victuailles trouvées dans les maisons en ruines. Les trois autres étaient encore endormis.
« - Mais quels gros dormeurs, ceux-là! S'exclama Aelita en souriant.
- Bah, laissons-les, c'est pas souvent que l'on peut passer une nuit tranquille. D'ailleurs, nous devrions nous recoucher, et profiter de ce répit. »
Ce ne fût qu'à la fin de la matinée qu'Ulrich, Jérémy, Yumi et Aelita se réveillèrent. Le génie se dirigea vers Odd.
« - Odd? Debout Odd! ODD! C'est pas possible, c'est un vrai loir! Comment tu faisais au collège pour le réveiller, Ulrich? Demanda t-il, désespéré.
- Démonstration! Fit-il en s'approchant du dormeur. Odd? Lui murmura t-il à l'oreille. Dépêche-toi où il n'y aura plus rien à manger!
- QUOI? Ah non, j'ai faim, moi! S'écria celui-ci en bondissant sur ses pieds. »
Puis, voyant ses amis rire, il croisa les bras et, bougon, leur dit:
« - Aha, très drôle! C'est pas sympa parce qu'en plus, j'ai VRAIMENT faim!
- Désolé mon vieux, mais il ne nous reste plus rien, déclara Ulrich après s'être calmé.
- Objection votre Honneur! Lança Aelita en désignant la nourriture rapportée le matin-même. »
Les garçons étaient surpris. Jérémy demanda:
« - Ben... Elle sort d'où, cette nourriture?
- Figurez-vous messieurs, que, pendant que vous dormiez, Aelita et moi sommes sorties au ravitaillement! Expliqua Yumi avec un air faussement supérieur.
- Eh bien, merci beaucoup mesdemoiselles! Que deviendrions-nous sans vous? S'exclama Ulrich avant de l'embrasser.
- Pas grand-chose, je le crains! Répondit celle-ci en riant. »
Ils s'assirent et attaquèrent gaiement les maigres provisions en empêchant Odd de s'empiffrer. À peine avaient-ils fini de manger que des tirs se firent entendre à l'étage du dessus.
« - Vite, allez-y. Ordonna Jérémy à ses compagnons. Reste avec moi, Aelita, tu n'as pas encore de bracelet pour te translater. »
Ulrich, Yumi et Odd, après s'être translaté, foncèrent à l'étage du dessus où les attendait une véritable armée: deux rangées de cinq bloks placées en diagonale et, à leur côté, deux rangées de cinq tarentules, ainsi qu'une escadrille de dix frôlions volant au dessus d'eux. Ils furent coupés dans leur élan, ébahis et inquiets par le spectacle qui s'offrait à leurs yeux. La mine grave, ils se concertèrent et décidèrent d'adopter une attaque défensive, protégés par les blocs de gravas qui jonchaient la salle.
Les tirs commencèrent à pleuvoir en grandes quantités. Le félin bombardait ses ennemis de flèches-laser, tandis que Yumi lançait ses éventails et qu'Ulrich tentait de renvoyer les coups avec ses sabres.
Au bout de dix minutes, seuls deux blocks et une tarentules avaient été éliminés.
« - On ne va jamais y arriver comme ça, il faut trouver une autre approche!
- J'ai une idée! S'exclama Yumi en rangeant ses éventails. »
Elle pressa ses mains sur ses tempes, ferma ses yeux et se concentra. Aussitôt une aura blanche l'irradia et un énorme pan de mur échoué à quelques mètres d'elle fût soulevé. Il lévita en direction des monstres, s'immobilisa au dessus des tarentules les plus proches des bloks et retomba d'un coup sec, éliminant ainsi quatre des créatures. Le sol de la salle cathédrale trembla violemment sous l'impact, ce qui provoqua de nouveaux éboulements. Odd eut le bon réflexe de créer un bouclier au dessus de leurs têtes lorsqu'un bloc de pierre tomba sur eux.
« - Pas très prudent, mais bien joué! S'exclama Jérémy, qui suivait la scène depuis son écran. »
Ce dernier avait fait des oreillettes reliées à un micro (similaires à celle qui était branchée sur le super-ordinateur) à chacun de ses amis, afin de pouvoir rester en contact avec eux. Il pouvait également suivre le déroulement du combat grâce aux caméras de surveillances.
« - Magnifique, Yumi! Et merci, Odd! Maintenant, la fête va vraiment pouvoir commencer... Envoie-nous l'overboard et l'overbike, Einstein! »
Celui-ci obéit, et les deux véhicules apparurent près des Lyoko-guerriers. Devant l'incompréhension de ses amis, Ulrich dit en désignant l'overboard:
« - Odd, tu nous couvres. Yumi, monte à l'avant de l'overbike, on va s'occuper des blocks. »
Bien que surpris, ils obtempérèrent sans discuter. Le samouraï s'installa derrière la jeune femme, se campa sur ses jambes, dégaina ses épées et lui expliqua:
« - Tu vas passer entre les deux rangées de bloks et je vais les transpercer au passage. »
Yumi acquiesça, démarra en trombe et suivi les indications alors que le félin s'envolait et bloquait les tirs destinés à ses amis, abattant deux frôlions et une tarentule au passage.
Le plan d'Ulrich fonctionnait: celui-ci avait déjà abattu huit monstres carrés lorsque les deux derniers se placèrent face au véhicule. Le jeune homme cria à Yumi de sauter et, d'un bond parfait, ils s'élevèrent dans les airs et atterrirent sur leurs pieds, en arrière. L'overbike se dé-virtualisa en fauchant les deux blocks.
« - Bravo, la pure classe! Lança Odd qui se débattait avec les frôlions.
- Jérémy, on peut avoir l'overwing? Demanda Ulrich.
- Ça arrive.
- Va aider Odd pour les frôlions, je m'occupe des tarentules, dit le samouraï à sa compagne.
- Tu ne vas pas rester seul contre quatre monstres! S'exclama celle-ci, inquiète.
- Qui t'as dit que je serais seul? Répliqua t-il en souriant. Triplicata! »
Ses deux clones apparurent et, ensemble, ils foncèrent sur les tarentules, qui tirèrent sur eux. Un des clones fut touché, mais les deux autres Ulrich abattirent chacun une tarentule.
« - Fusion! »
Le vrai Ulrich se retrouva seul et bloqua les tirs avec ses sabres.
Pendant ce temps, Odd avait eu trois monstres volants lorsqu'une tarentule détruisit l'overboard. Lors de sa chute, il visa le monstre et, d'une flèche-laser, le fit disparaître. Il atterrit souplement sur le sol, vanta ses exploits et alla aider son frère d'armes. Yumi, elle, s'était envolée sur son véhicule et, aussitôt, elle fut entourée de quatre frôlions. Elle sortit un de ses éventails, le déplia et le lança d'un mouvement circulaire qui élimina d'un coup les monstres.
Au bout de trente minutes de combat, tout les monstres avaient été détruits. Les Lyoko-guerriers, exténués, les membres endoloris, le cœur battant à tout rompre, s'effondrèrent par terre, la respiration haletante.
Les deux génies, qui avaient travaillés sur des programmes durant le combat, montèrent les voir et les félicitèrent chaleureusement.
« - Vous devenez de plus en plus forts et maintenant, Aelita pourra vous aider! Déclara Jérémy en montrant à ses amis un bracelet similaire à celui qu'ils portaient. Contre vous quatre, XANA n'aura qu'à bien se tenir! »
Chapitre huit: Solution.
Un mois c'était écoulé depuis ce jour: un mois de combats, de famine, de manque de sommeil, de peur. XANA pouvait attaquer à tout moments, de jour comme de nuit, poussant les Lyoko-guerriers à l'extrême limite de leurs capacités, physiquement comme mentalement. Seuls leur amitié soudée et l'espoir que Jérémy et Aelita trouvent le moyen de vaincre XANA, avançant pas à pas, les empêchaient d'abandonner la lutte et de sombrer dans le désespoir.
C'était le soir. Ils venaient d'essuyer une bataille particulièrement difficile à gagner, et leur moral était au plus bas. Les deux génies, fatigués mais déterminés, travaillaient sur le super-ordinateur, se concertant à voix basse. Odd, qui avait perdu sa joie de vivre, s'était couché sans un mot et dormait paisiblement. Yumi et Ulrich, exténués, s'étaient également allongés, l'un contre l'autre. Ils étaient, comme leurs camarades, maigres, le teint blafard, les yeux rouges et cernés, le regard éteint. Ulrich tenait la main de la jeune femme. Il effleura du bout des doigts la bague qu'elle portait toujours, la retira lentement et, la tenant au creux de sa paume, il murmura à Yumi:
« - Je sais que cette promesse de mariage ne compte pas vraiment, vu que nous ne l'avons pas vécue, mais je veux que tu saches que, si un jour cette guerre se termine, plus tard, je voudrai passer ma vie à tes côtés, et honorer cette promesse, si tu le veux... »
Yumi, les yeux brillants, lui caressa tendrement la joue et lui répondit:
« - Après tout ce que l'on a vécu ensemble; nos peines, nos joies, nos peurs, nos doutes... Je ne m'imagine plus vivre sans toi... Alors, oui, plus tard, je voudrai t'épouser. »
Symboliquement, Ulrich lui repassa la bague au doigt, et la jeune femme posa un baiser sur ses lèvres. Ils s'endormirent peu après et, pour une fois, leur visage rayonnait.
Le lendemain, ils furent réveillés en sursaut par Jérémy qui leur cria:
« - Debout les amoureux! Vite, dépêchez-vous!
- Oh non, pas encore une attaque... Grogna Ulrich.
- Non, pas de panique, mais Aelita et moi, on a une bonne nouvelle! Déclara t-il tandis que sa compagne tentait de réveiller Odd. Aller, debout! Ajouta t-il avant de la rejoindre. »
A contre-cœur, le jeune homme se redressa, caressa les cheveux de Yumi qui peinait à se réveiller puis ils se levèrent, suivis d'un Odd qui se frottait les yeux. Ils s'assirent près de Jérémy et Aelita qui, malgré leur fatigue, paraissaient surexcités. Le génie prit la parole:
« - Ça y est, on l'a!
- On a quoi? Demanda Odd en baillant.
- Le moyen de vaincre XANA, répondit la jeune femme aux cheveux roses. »
Un silence suivi cette déclaration, puis Yumi demanda:
« - C'est vrai? Vous l'avez VRAIMENT trouvé? Qu'est-ce que c'est?
- Et en version française, s'il vous plaît! Ajouta Ulrich.
- Et bien voilà, depuis quelques temps, nous avons trouvé le point faible de XANA, et depuis, nous travaillons sur un virus qui nous permettrai de le détruire. Seulement, dans le futur où nous sommes, il est trop puissant pour que le virus fonctionne sur lui.
- OK... Fit Yumi. On fait comment, alors?
- Le seul moyen pour que le virus fonctionne, c'est de jouer au propre jeu de XANA!
- Euh... Ça veut dire? Questionna Odd.
- Il faut que nous remontions le temps, comme il l'a fait! Expliqua Aelita. Nous devons retourner le jour même où Jérémy à rallumé le super-calculateur, avant que XANA ne revienne du futur avec sa nouvelle puissance! Car, quand XANA s'est réveillé, en même temps que Lyoko, il était très faible. Ce n'est qu'à partir du lendemain, lorsqu'il est revenu du futur, qu'il est devenu puissant! En lui injectant le virus juste après son réveil, il fonctionnera, et XANA sera détruit! »
Les trois amis étaient stupéfaits. Ils n'auraient jamais pensé devoir revenir plus de sept ans en arrière, même après leur bond dans le futur. Ils s'étaient enfin adapté à leur nouvelle vie d'adulte, revenir dans le temps, reconstruire une nouvelle vie d'adolescent... Cette idée les bouleversaient.
« - Vous êtes sûr que ça marcherai? Demanda Ulrich, sceptique.
- A quatre-vingts dix-neuf pour cents, affirma Jérémy. De toute façon, c'est le seul moyen de vaincre XANA.
- Ça ne me plais pas trop, mais si on a pas le choix... Dit Yumi. Mais vous allez faire comment pour remonter le temps? Je croyais qu'il fallait beaucoup de puissance!
- C'est vrai. Mais on a réussi à pirater une partie du réseau que contrôle XANA et, quand ce sera fini, on activera toutes les tours de Lyoko pour avoir la puissance nécessaire. Donc, dans quelques heures, on fera le grand saut! Affirma Aelita.
- En attendant, espérons que XANA n'ai pas le temps de réagir... Déclara Jérémy. »
Après cette discussion, les cinq amis essayèrent de reprendre des forces, craignant une attaque de grande ampleur, et fignolèrent leur plan.
Trois heures plus tard, ils étaient fin prêts: les deux génies avaient retenu la programmation du virus pour la reproduire dans le passé, et les Lyoko-guerriers étaient en tenue de combat (ainsi que Aelita) au cas où, et mettaient au point des techniques de combat lorsque Jérémy s'écria:
« - Non, c'est pas possible, pas maintenant! Il ne reste qu'une heure! XANA a mobilisé ses troupes, et elles se dirigent vers l'usine...
- On va les retenir, le rassura Ulrich. On reste en contact.
- OK, en attendant, je vais essayer d'accélérer le processus. Bonne chance! Dit-il avant d'embrasser Aelita. »
Les quatre amis quittèrent le labo et se rendirent sur le pont. Ils restèrent bouche bée devant le spectacle qui s'offrait à leurs yeux. Des centaines et des centaines de monstres de toutes espèces avançaient vers eux, telle une armée. Yumi paniqua:
« - C'est foutu! On y arrivera jamais, on va tous y rester! Il nous faudrait un miracle! »
Ulrich l'embrassa avec passion, la serra contre son cœur et lui déclara:
« - Si, nous nous en sortirons, tous ensemble! Je te le promet... »
Odd regarda l'horizon, l'air abattu. Puis, soudain, son visage s'illumina et il lança en souriant:
« - Madame, vous avez commandé un miracle, voici qu'il arrive!! »
Les autres, surpris, tournèrent la tête, et virent quelque chose d'inattendu: une trentaine de personnes, vêtues de tenues de Lyoko-guerriers, se ruaient sur les monstres. La résistance passait à l'acte.
« - A L'ATTAQUE! Hurla Odd en s'élançant vers l'avant et en bombardant ses ennemis de flèches-laser. »
Les autres, en poussant des cris de guerre, le suivirent. Aelita déploya ses ailes et tira des champs de forces en hauteur, tandis que Yumi lança ses éventails et qu'Ulrich attaqua de front avec ses sabres.
La bataille faisait rage: des tirs fusaient de partout. Les résistants et les Lyoko-guerriers paraient, attaquaient, détruisaient, sautaient dans tout les sens. Le nombre de monstres diminuait mais d'autres arrivaient, toujours plus nombreux. Les quatre amis n'avaient aucune idée du temps qui s'était écoulé, chaque seconde leur paraissait durer des heures. Chacun restait concentré dans le combat, s'entraidant et dévoilant des trésors d'habileté pour parer les tirs et infliger des dégâts à l'ennemi.
Tout à coup, le temps sembla s'arrêter. Aelita, qui volait à quelques mètres de hauteur, ne put éviter le tir d'une manta qui l'atteignit en pleine poitrine et la fit s'écrouler sur le sol, inconsciente. Odd cria son nom et courût la rejoindre lorsqu'il fut encerclé par des kankrelats. Il en détruisit quelques uns mais ils étaient trop nombreux. Le félin subit le même sort que la jeune femme.
Voyant ses amis tomber, Yumi resta figée de stupeur, et la tristesse l'envahit. Cependant elle fut ramenée à la réalité par un rampant qui qui la toucha à la jambe. Sous la force de l'impact, la jeune femme tomba à genoux. Un méga-tank arriva devant elle, s'ouvrit et...
« - NOOOOON! S'époumona Ulrich qui, utilisant son supersprint, se plaça devant sa compagne, encaissant le laser de plein fouet. »
Le hurlement de Yumi déchira l'atmosphère, et le temps sembla s'arrêter à nouveau. Elle se pencha sur le samouraï tombé sur le dos. Le sang ruisselait sur sa combinaison...
« - Jérémy, vite... Hoqueta t-elle dans son micro. Odd, Aelita... Blessés... Ulrich... Va mourir...
- Non, Aelita... Dit celui-ci dans un souffle. J'active... Les tours... Encore... Quelques minutes...
- ULRICH NE TIENDRA PAS QUELQUES MINUTES! S'emporta la japonaise tandis que les larmes ruisselaient sur ses joues, puis elle prit la main d'Ulrich. Tiens bon, Ulrich... Je suis là... Jérémy va y arriver... Restes avec moi...
- Je... T'aime... Yumi... Dit faiblement celui-ci avec un pâle sourire.
- Moi aussi... Mais s'il te plait, ne m'abandonne pas, Ulrich! Je ne peux pas vivre sans toi... Tiens bon, Ulrich! »
Le jeune homme ferma les yeux...
« - Jérémy, VITE! Ulrich, regardes-moi... Ne m'abandonne pas... On doit se marier, Ulrich, tu me l'as promis! Tu me l'as promis... Ulrich? ULRICH? ULRICH!! »
Elle s'effondra sur le corps du samouraï, touchée une nouvelle fois, le corps secoué de sanglots...
« - Retour vers le passé! Lança Jérémy, les joues rongées par les larmes... »
Chapitre neuf: Destruction finale.
Jérémy se retrouva à l'usine, du haut de ses douze ans, devant le super-calculateur fraîchement rallumé. Il se précipita dans le monte-charges et, arrivé au labo, il se rua sur l'ordinateur et se connecta à Lyoko.
« - Aelita? Aelita tu es là? AELITA!
- Jérémy? On a réussit!
- Oui, on a réussit! Dit-il avec un grand sourire, soulagé de la voir en vie. Je programme le virus anti-XANA. J'espère que les autres vont bien...
- Attendons qu'ils arrivent à l'usine, lui conseilla Aelita. »
Non loin de là, Yumi s'était retrouvée dans la chambre de sa maison redevenue intacte. La nuit venait de tomber. Sa première pensée fut pour Ulrich; elle devait savoir s'il était en vie... Elle fila par la fenêtre et courut sans s'arrêter vers le collège, en passant par le parc. Lorsqu'elle eu le bâtiment en visuel, elle stoppa sa course, les poumons en feu, l'esprit rongé par le doute. Elle repartit vers le bâtiment lorsqu'elle vit une silhouette en sortir. Elle écarquilla les yeux, surprise. C'était un jeune garçon de treize ans, vêtu de vert , les cheveux bruns... Son cœur tambourina de plus belle.
« - ULRICH! S'écria t-elle en le reconnaissant. »
Celui-ci tourna la tête et reconnu Yumi. Il se précipita vers elle tandis qu'elle fit de même. Elle sauta dans ses bras et, le serrant contre elle, lui dit dans un souffle:
« - Tu es vivant... J'ai eu si peur... »
Des larmes de bonheur coulaient sur son visage. Ulrich regarda la jeune fille les yeux dans les yeux, essuya tendrement une de ses larmes, et lui déclara avec un grand sourire:
« - Je ne pouvais pas t'abandonner! »
Ils s'embrassèrent passionnément, heureux de s'être retrouvé, heureux d'être vivants, heureux d'être ensemble, tout simplement. Enfin, ils relâchèrent leur étreinte, le visage rayonnant. Puis Yumi demanda:
« - Et les autres?
- Je ne sais pas, Répondit Ulrich. Odd n'est sensé arriver au collège que demain, et les deux génies devraient être à l'usine.
- Allons-y! »
La japonaise prit la main du jeune garçon et et ils se dirigèrent vers le passage du parc.
Arrivés devant le monte-charges, ils inspirèrent un grand coup, entrèrent dans l'ascenseur et appuyèrent sur le bouton pour descendre au niveau inférieur. Lorsque les portes s'ouvrirent, ils furent soulagés de voir Jérémy assis devant l'ordinateur, discutant avec une tête aux cheveux roses apparaissant sur l'écran.
Les retrouvailles furent chaleureuses, mais il manquait quelqu'un...
« - J'espère que Odd va bien... Murmura Aelita.
- Je te manques déjà, princesse? Lança une voix espiègle bien connue. »
Tous tournèrent la tête. Odd apparut, sortant du monte-charges, le sourire aux lèvres.
« - Désolé pour le retard, mais j'ai eu pas mal de route à faire, comme je ne suis sensé débarquer que demain... Je savais que vous ne pourriez pas vous passer de moi! Ajouta t-il, taquin.
- Que de bonnes nouvelles! Dit Jérémy d'un ton réjouit. Nous sommes tous vivants, et j'ai le plaisir de vous annoncer que le virus à marché! XANA est détruit!
- Vrai de vrai? Demanda Yumi.
- Absolument! »
Tous éclatèrent de joie, heureux d'en avoir enfin fini avec XANA et de pouvoir reprendre une vie normale.
« - Le seul hic, c'est qu'on se retrouve dans nos corps de gamins et qu'on doit revivre les mêmes années que l'on a déjà faites! Retour à la case départ! Lança Ulrich en perdant le sourire.
- Justement, non! Répliqua le génie, à la surprise générale. Figurez-vous qu'avec ce que j'ai appris pendant la guerre contre XANA, je peux nous renvoyer dans le futur où l'on est sensé être, c'est à dire dans trois ans! C'est même assez simple.
- C'est génial! Dit Aelita. Par contre, ce ne sera pas le même futur que celui duquel nous venons...
- Peut-être, mais je pense qu'il ressemblera aux quelques mois que nous avons vécus après l'éteinte du super-calculateur, à quelques détails près... Dit-il en regardant Ulrich et Yumi serrés l'un contre l'autre. Alors, vous êtes d'accord?
- Je vote pour! Commença Aelita.
- Pareil! Renchérirent les deux amoureux.
- Tant qu'on a pas à refaire le coup du journal, je suis à cent pour cents d'accord! Déclara Odd.
- Alors, à l'unanimité, nous retournons dans le futur! Laissez-moi juste quelques minutes... Dit Jérémy en entrant le programme sur le clavier.
- Vous savez ce que je crains le plus, dans le futur? Demanda Odd à Ulrich et Yumi.
- Vas-y, dit-nous... Lança Ulrich en soupirant.
- Que le menu de la cantine ait changé! Après le peu qu'on a mangé dans le futur, je ne pourrais pas survivre sans le couscous-boulettes, ni le steaks-purée de Rosa! »
Tous furent prit d'un fou-rire suite à la remarque d' Odd. Puis, après avoir reprit leur sérieux, Jérémy demanda solennellement:
« - Parés à un nouveau bond dans le temps?
- Parée! Répondit Aelita
- Paré!
- Parée!
- Vite Einstein, je ne supporte plus ma coiffure! Lança le blagueur en touchant ses cheveux aplatis, provoquant à nouveau l'hilarité générale.
- Bien, c'est parti! Retour dans le futur! »
La Terre fut englobée une nouvelle fois d'un halo blanc...
Épilogue: Nouveau départ.
Il faisait beau.
Le ciel était bleu, sans aucun nuage. Il était midi. Les élèves de Kadic discutaient dans la cour, ou se dirigeaient vers le réfectoire.
Les cinq amis étaient, comme à leur habitude, réunis devant le distributeur. Yumi et Ulrich étaient dans les bras l'un de l'autre, Jérémy et Aelita, adossés au mur, se tenaient la main et Odd, quand à lui, se tenait debout entre les deux couples. Ils étaient revenus à l'âge de quinze, seize ans.
Après quelques minutes de silence, Aelita déclara:
« - Quelle histoire, tout de même!
- Tu l'as dit! Et le plus dingue, dans tout ça, c'est que nous l'avons vraiment vécue, mais finalement, maintenant, c'est comme si rien de tout cela n'était jamais arrivé!
- Encore une fois, nous avons sauvé le monde, à nos risques et périls, sans que personne ne le sache! Ajouta Yumi.
- Vous croyez que l'on pourra enfin passer une vie ordinaire et paisible? Demanda ironiquement Ulrich.
- Je l'espère bien, répondit le génie. On a vécu assez de batailles pour le restant de nos jours!
- La vie de justiciers de l'ombre va quand même me manquer! Lança Odd avec tristesse. »
Malgré leur bonheur d'en avoir fini une bonne fois pour toutes, ils étaient assez nostalgiques.
« - En tout cas, cette aventure nous aura prouvé une chose, déclara Aelita. Notre amitié restera toujours intacte, quoi qu'il advienne! »
Ils se regardèrent et se sourirent.
Soudain, Jim arriva et, voyant les amis réunis, il leur dit, les mains sur les hanches:
« - Belpois, Stones, Della Robbia, Stern et Ishiyama, la bande au complet! Vous avez l'air de traficoter quelque chose...
- Ah, si vous saviez, m'sieur! Lança Odd d'un air faussement désespéré. Désolé, mais, on préfère ne pas en parler, et en plus, j'ai faim! En tout cas, vous nous avez manqué, m'sieur Moralès! Ajouta le farceur en se dirigeant vers le réfectoire, plantant ainsi Jim bouche bée, tandis que ses amis le rejoignirent en riant, avançant bras dessus, bras dessous. »
Il faisait beau, le ciel était bleu, sans aucun nuage à l'horizon.
Il semblait promettre à nos cinq amis un avenir radieux.
Le temps continuerait son cours normal, pour toujours...
FIN
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 00:26; édité 1 fois
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Texte 4 : Vivre sans Lyoko, par Nelbsia Catégorie : Vie quotidienne.
Spoiler
« Vivre sans Lyoko »
"Odd, tu t'apprêtes à commettre un crime passionnel !" me répète ma conscience tandis que la porte du monte-charge s'ouvre.
Et ma conscience n'a peut-être pas tort.
Je l'écoute rarement, mais quand elle crie assez fort, il m'arrive d'entendre ce qu'elle a à me dire.
Dans le cas présent, j'imagine que sa voix est amplifiée par les murs métalliques de la pièce dans laquelle je me retrouve pour la première fois depuis qu'on a vaincu Xana : la salle du super-calculateur.
Le voici d'ailleurs qui émerge du sol, et je me réponds à moi-même :
"Oui, je suis en train de commettre un crime passionnel."
Une conclusion à la hauteur de cette journée catastrophique.
Qu'est-ce que je fabrique tout seul à l'usine au beau milieu de la nuit ?
Moi-même, je ne suis pas certain de comprendre.
Et dire qu'en me levant ce matin, tout allait très bien.
Mais dès le déjeuner à la cantine ce midi, l'absence de boulettes de viande pour accompagner mon couscous m'a mis sur la piste : mauvaise journée en perspective.
Lorsque j'ai rejoint mes quatre amis Ulrich, Jeremy, Yumi et Aelita à leur table, ils étaient encore en train de discuter de notre projet de vacances pour l'été qui arrive : partir faire du camping au bord de la mer tous les cinq.
Un rêve qu'on partageait depuis plusieurs mois, mais qui nous était auparavant interdit par Xana dont la menace quasi-permanente nous empêchait de tous nous absenter trop longtemps.
Le danger désormais écarté, on allait enfin pouvoir partir en vacances ensemble... ou pas.
J'avalai mon repas l'air de rien, mais en réalité j'étais très contrarié d'abord par l'absence de boulettes dans le couscous, et surtout, contrarié d'entendre mes amis parler de ce projet à longueur de journée, car malheureusement je ne pourrai pas y aller avec eux.
Ils vont s'éclater à coup sûr, pendant que moi, je devrai partir avec mes parents pour rendre visite à ma sœur Marie qui poursuit ses études dans le sud du pays.
J'ai quinze ans mais je ne peux même pas décider de ce que je fais de mes vacances, et j'en ai tellement honte que je suis obligé d'inventer des excuses pour me justifier auprès de mes amis.
- Tu es sûr que tu ne veux pas venir avec nous, Odd ? me demanda Ulrich.
- Je ne mettrai pas les pieds dans un camping où les chiens ne sont pas les bienvenus ! répondis-je fermement.
- Odd, il n'est pas question de trimbaler Kiwi avec nous pendant toutes les vacances ! rétorqua Yumi, qui prenait visiblement ma fausse excuse au sérieux.
- Allez Odd, laisse Kiwi à tes parents et viens avec nous ! Ce sera beaucoup moins drôle si tu n'es pas là ! insista Aelita.
- A qui tu veux que je tienne la chandelle ? Ulrich et Yumi ou Jeremy et toi ? Merci de m'inviter mais je tiens pas à être la cinquième Nav’ du Skid, répliquai-je avec toujours plus de mauvaise foi.
- De toute façon ça ne sert à rien d'en discuter maintenant, conclut Jeremy. On part dans moins d'une semaine, et on ne va pas tout changer au dernier moment.
- Merci de ton soutien Einstein, déclarai-je en quittant la table.
Ça m'ennuyait vraiment de ne pas pouvoir partir avec eux, mais j'avais tout de même quelques consolations en tête.
Par exemple, je comptais profiter du séjour chez ma sœur dans le sud pour retrouver une personne que je n'avais pas vu depuis trop longtemps mais avec laquelle j'étais resté en contact.
En sortant de la cantine, je suis allé me poser sur un banc dans la cour, et c'est là que Sissi et sa bande me sont tombés dessus.
- Bah alors Odd ? Pourquoi tu es tout seul ? Tes amis t'ont abandonné ? me lança Sissi pour faire rire ses acolytes Hervé et Nicolas.
- Ça alors ! Une vache qui parle ! répliquai-je pour les faire taire.
Sensible à toutes les moqueries qui remettent en question son poids idéal, Sissi est devenue rouge comme une tomate et m'a adressé le regard le plus haineux qu'elle pouvait faire.
Et là, quelqu'un qui s'était glissé derrière le banc sur lequel j'étais assis passa son bras autour de mon cou pour me faire basculer en arrière.
- Retire ce que tu viens de lui dire, m'a-t-il ordonné.
Je me suis débattu pour me libérer de l'étreinte de mon agresseur, et je découvris qu'il s'agissait de William :
- J'y crois pas ! On t'a libéré de l'emprise de Xana, et tu décides de rejoindre la bande de Sissi !? Et en plus tu m'attaques par derrière espèce de sale traître !
- C'est quoi "Xana" ? demanda Nicolas avec son air naturellement bête.
William esquissa un sourire et se pencha pour murmurer à mon oreille :
- Retire tout ce que tu viens de dire sinon je réponds à la question de Nicolas.
A mon avis, William bluffait, mais je ne pouvais pas courir le risque de le laisser raconter notre secret, alors j'ai dû présenter mes excuses à Sissi, et ils m'ont enfin laissé tranquille.
Décidément, ce traître de William restait imprévisible.
Toujours là où on ne l'attendait pas, pour nous créer des problèmes ou pour nous aider à les résoudre.
Du temps de nos missions sur Lyoko, Xana avait fait de lui sa marionnette et c'est assez regrettable, car j'aurais bien aimé savoir ce qu'il valait vraiment comme Lyoko-Guerrier en se battant du bon côté.
Désormais seul sur le banc, j'ouvris mon téléphone portable pour me remonter le moral.
Sam.
En regardant à nouveau les photos qu'elle m'avait envoyées, j'ai aussitôt retrouvé le sourire.
Elle est hyper cool, hyper sympa, hyper drôle, et en plus elle est magnifique.
Rien que de penser que j'allais enfin la revoir cet été me remplissait d'enthousiasme.
Je me suis mis à relire tous les SMS qu'on s'était échangés durant ces dernières semaines, mais je ne m'attendais pas à ce qu'un nouveau message de sa part vienne détruire mes espoirs :
"Je crois qu'on va pas pouvoir se voir cet été : je suis invitée au mariage de mon cousin et je pars en vacances juste après..."
Je restai sans réaction pendant un moment, puis je lui répondis : "Ce n'est que partie remise !" suivi d'un smiley, mais elle me connaissait suffisamment pour deviner à quel point j'étais déçu d'apprendre qu'on ne se verrait pas.
Quand je pense que la dernière fois qu'on s'était vus, j'avais moi-même renoncé à passer du temps avec elle, tout simplement parce que Xana était passé à l'attaque et que le devoir m'appelait.
J'aimais assez l'idée de devoir renoncer à l'amour de ma vie pour sauver le monde, ça me donnait une image de vrai héros.
Heureusement pour moi, je n'ai jamais pu me résoudre à n'aimer qu'une seule fille à la fois.
Sam n'était pas l'unique personne à laquelle je m'intéressais ces derniers temps : depuis plusieurs semaines, j'étais secrètement en couple avec Aelita.
Pourquoi "secrètement" ? D'abord parce qu'aux yeux des autres élèves, nous sommes censés être cousins. Et ensuite parce qu'Aelita ne voulait pas que Jeremy sache qu'on sortait ensemble.
Pour se donner rendez-vous, elle et moi avions établi un code basé sur des SMS insignifiants à première vue.
Par exemple, lorsque je lui ai envoyé : "Je te vois", ça voulait bien sûr dire : "J'aimerais qu'on se voie".
Je ne sais pas combien de temps je suis resté seul sur le banc à attendre sa réponse en espérant qu'elle soit positive, mais voila ce qu'elle m'a répondu : "Vert 10".
"Vert" désignait l'un de nos lieux de rendez-vous par sa couleur : les bois du parc de Kadic.
Et "10", ça voulait simplement dire : "dans 10 minutes".
En m'assurant de ne pas être suivi, je me suis donc rendu là où elle m'attendait, comme prévu.
Nos moments rien que tous les deux étaient rares et précieux, alors comme un rituel, à chaque fois que nous nous retrouvions, nous avancions l'un vers l'autre sans dire un mot, avant de nous embrasser aussi longtemps que possible.
Mais cette fois, Aelita a mis fin à notre baiser après seulement quelques secondes, puis elle a déclaré :
- J'ai quelque chose de difficile à t'annoncer.
N'ayant connu que des ruptures par gifle dans ma figure, je n'ai pas tout de suite compris que j'étais en train de me faire larguer en douceur.
- Quelque chose de difficile à m'annoncer ? ...Je redouble !?
- Non, il s'agit de toi et moi. Je pense... Je pense qu'il faut qu'on arrête de se voir en secret.
- C'est vrai ? Tu veux qu'on sorte officiellement ensemble !? Finis les rendez-vous en cachette et les codes par SMS !?
- Non, non ! Enfin si ! Enfin... Ce que je veux dire, c'est que je souhaite qu'on redevienne juste amis.
- Hein !? Tu veux rompre !? Mais... mais pourquoi !? C'est parce que je ne viens pas avec vous faire du camping, c'est ça !?
Aelita inspira profondément et prit ma main avant de me dire sincèrement ce qu'elle avait sur le cœur :
- Odd, quand on a décidé de sortir ensemble, on était d'accord : ce n'était pas raisonnable, mais la menace que représentait Xana nous autorisait à agir spontanément et à profiter de la vie comme nous l'avons fait, simplement parce qu'en tant que Lyoko-Guerriers, chaque jour pouvait être le dernier. Toutes les occasions étaient bonnes pour flirter, et j'ai vraiment apprécié ces moments passés dans tes bras, ce léger sentiment de culpabilité quand on s'embrassait, et les heures durant lesquelles on se racontait nos secrets. Mais j'ai toujours été franche avec toi : même si je t'aime beaucoup, c'est de Jeremy que je suis amoureuse. Et maintenant que Xana ne représente plus une menace, mon désir est de vivre normalement. Je ne peux plus flirter avec toi tout en étant en couple avec Jeremy.
- Alors c'est comme ça que notre histoire va se terminer ? Sans danger, plus d'excuse pour faire ce dont on a réellement envie ?
- Disons que les envies changent. Avant j'avais peur de disparaître sans avoir connu l'amour. Mais maintenant que le danger est écarté, j'ai seulement peur de perdre Jeremy si je continue à agir comme si la menace était toujours présente alors qu'elle ne l'est plus.
Je ne supportais pas l'idée de la perdre, alors je m’accrochais à ce que je pouvais :
- C'est à cause de Jeremy ? Tu penses qu'il soupçonne quelque chose ? On n'a qu'à inventer un nouveau code pour nos rendez-vous !
- Ne dis pas de bêtise, Odd, tu sais comme moi que Jeremy est au courant pour nous deux, même s'il ne dit rien. J'ajouterais qu'il est beaucoup plus ouvert d'esprit que tu ne le crois : bien que ça ne lui plaise pas de savoir que je suis sortie avec toi, il s'efforce de garder à l'esprit que ça m'a rendue heureuse, et me savoir heureuse le rend heureux lui aussi. J'espère que tu peux comprendre ça.
- Quoi ? Jeremy est heureux de te savoir avec moi ? Tu plaisantes ? Si tu savais le nombre de crises de jalousie qu'il a piquées contre moi à l'époque où toi et moi on ne sortait même pas ensemble, simplement parce que je m'intéressais à toi !
- Écoute-moi bien, Odd. Déjà, contrairement à ce que tu penses, sache que ce qui inquiétait vraiment Jeremy dans le fait que je finisse un jour par sortir avec toi, c'est que tu puisses me faire souffrir comme tu as déjà fait souffrir quelques unes de tes "conquêtes" par le passé. Oui, Jeremy est comme ça, et ce n'est pas pour rien que je suis amoureuse de lui. Ensuite, je vois très bien que tu essayes de me retenir par tous les moyens possibles, notamment en invoquant la jalousie de Jeremy, mais c'est inutile. Je t'ai déjà expliqué pourquoi je me suis permis de sortir avec toi, et pourquoi je ne peux plus me le permettre aujourd'hui. Il est temps de tourner la page.
Elle avait visiblement réfléchi avant de prendre la décision de notre séparation, et il m'a donc fallu accepter le fait qu'elle ne changerait pas d'avis.
Tandis que sa main glissait entre mes doigts, je lui fis part de mes regrets :
- Si j'avais su que la disparition de Xana finirait par nous séparer, j'aurais essayé de passer plus de temps avec toi...
- ...Et si j'avais su que mon père y resterait, j'aurais passé plus de temps à chercher un moyen de le sauver. Mais même le retour vers le passé ne nous permet pas d'annuler nos erreurs et nos regrets. Alors si tu veux bien, ne gardons que les bons souvenirs, Odd.
Aelita m'embrassa sur la joue avant de me quitter pour de bon.
C'était beaucoup plus douloureux que toutes les gifles que j'avais pu recevoir.
D'habitude, lorsque je redeviens complètement célibataire, c'est comme un nouveau départ : je profite de ma liberté pour draguer ouvertement d'autres filles sans risquer des problèmes de jalousie.
Mais quand Aelita m'a largué, j'ai eu vraiment, vraiment mal.
Pour la première fois, j'ai éprouvé ce que les gens appellent un "chagrin d'amour", cet effroyable tourbillon de remords et de larmes incontrôlables.
Moi qui essayais les filles les unes après les autres pour trouver l'âme sœur, j'ai commencé à me demander si j'avais finalement réussi... à la perdre.
Et j'en ai aussi perdu l'appétit : à force d'errer sans but dans le parc de Kadic en attendant que le soleil se couche, j'ai sauté le repas du soir.
Attendre le crépuscule, encore une mauvaise idée.
Quoi de plus déprimant qu'un soleil couchant, au soir d'une rupture à laquelle on ne s'attendait pas ?
Cet astre rougeoyant, disparaissant à l'horizon en symbole des souvenirs qui périssent...
Ce nuage transpercé de rayons, tel un cœur meurtri dont les blessures ne guériront qu'avec le temps...
Le manteau de la nuit qui recouvre le ciel, les étoiles minuscules comme autant d'espoirs perdus à jamais...
Aelita...
Un vent glacial vint caresser mes yeux, les forçant à s'humidifier.
J'avais froid, il était temps de rentrer.
En allant me coucher, j'espérais que cette journée infernale prendrait fin.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'étais pas au bout de mes peines.
Il paraît que le sommeil est réparateur, mais comment fermer l'œil quand on a le cœur brisé ?
Pour ne rien arranger, Ulrich avait apparemment décidé de ronfler bruyamment.
Je ramassai mon téléphone portable pour filmer mon camarade de chambre en train de ronfler tel un train à vapeur, lui qui m'accusait sans cesse de faire trembler les murs.
Comme la chambre était plongée dans l'obscurité, je me suis approché de lui pour qu'on reconnaisse bien son visage sur l'écran de mon portable.
Piqué au jeu, je me suis dit que je pourrais remettre ce reportage nocturne à Milly et Tamiya afin que tous les élèves de Kadic en profitent.
Mais pour ça, il me fallait prendre des risques, et approcher mon sujet aussi près que possible.
Sans faire de bruit, j’ai réussi à monter sur le lit d'Ulrich et à poser mes genoux de chaque côté de son ventre pour pouvoir filmer son visage en gros plan.
D'une main je tenais mon portable, et de l'autre je maintenais ma bouche fermée pour m'empêcher d'éclater de rire.
Soudain, les ronflements se sont interrompus.
J'ai aussitôt éteint mon portable et retenu ma respiration en priant pour qu'Ulrich ne se réveille pas.
On m'avait parlé des différentes phases de sommeil, sommeil profond, sommeil léger, et si j'avais brillamment réussi quelques secondes plus tôt à grimper sur Ulrich sans le réveiller, je redoutais désormais qu'il se réveille juste en m'entendant cligner des yeux.
Je suis donc resté comme ça, au dessus de lui, sans bouger et sans faire le moindre bruit, pour m'assurer qu'il était toujours endormi.
Et à force de le dévisager, je me suis mis à repenser à tout ce qu'on avait vécu ensemble, depuis le jour où je suis arrivé à Kadic.
Tous nos plans pour échapper à la vigilance de Jim pour sortir le soir ou quand Xana lançait une attaque, toutes nos parties de jeux vidéo et nos combats sur Lyoko, notre complicité, notre rivalité, nos échanges de vannes, bref, toutes ces choses qui font que depuis bientôt deux ans, Ulrich est mon meilleur ami.
"Oui, Ulrich est définitivement mon meilleur ami. Et si l'un de nous deux avait été une fille, on serait probablement sortis ensemble."
Mes pensées me trahissaient.
Je voulais essayer.
Profitant de son sommeil, je me suis lentement penché sur lui pour rapprocher mon visage du sien, et ensuite...
...et ensuite il s'est réveillé.
Il n'a pas tout de suite compris pourquoi j'étais assis sur lui, mais je n'ai rien trouvé de plus intelligent à dire que : "C'est pour un reportage sur les ronflements !"
Quand il a fini par réaliser ce que je m'apprêtais à faire, il m'a repoussé violemment et m'a menacé :
- Odd, si jamais tu retentes un truc de ce genre pendant que je dors, je demande à changer de chambre, et bonne chance pour te trouver un colocataire qui supportera ton chien et ta musique de dégénéré !
- Mais attends ! C'est pas du tout...
- Silence ! Maintenant, soit tu dors, soit tu sors !
Ne pouvant trouver le sommeil, je suis sorti dans le couloir.
J'avais du mal à réaliser ce que je venais de faire.
Ça ne me ressemblait pas, ça ne pouvait être que les séquelles de ma rupture avec Aelita.
Aelita...
Il fallait que je la voie, que je lui parle.
J'ai donc décidé de monter la voir dans sa chambre.
Mais à peine arrivé en haut de l'escalier, je me suis fait coincer par Jim :
- Della Robbia ! Je peux savoir ce que tu cherches à l'étage des filles en pleine nuit ?
- Eh bien, euh... Il y a une explication très simple à tout ça...
- TATATATA je ne veux pas le savoir !
- Mais vous venez de dire...
- N'essaye pas de jouer au plus malin avec un vieux singe ! Les garçons du dessous n'ont rien à faire chez les filles du dessus, et j'ai comme l'impression que ce n'est pas la première fois que je te le dis !
- Jim s'il vous plaît, il faut absolument que je...
- Inutile de cramer ton innocence ! Pour cette fois, je vais simplement te reconduire à ta chambre sans punition, mais si jamais je t'attrape à nouveau, je vais te passer un savon et un shampoing dont tu te souviendras !
Satané Jim.
Toujours là pour nous empêcher d'aller et venir librement.
Pourtant, il nous a plusieurs fois épaulés dans notre combat contre Xana, même si on a dû effacer sa mémoire ensuite.
Désormais, nos alliances avec Jim appartiennent au passé, et c'est bien dommage.
J'aurais aimé qu'il combatte à nos côtés sur Lyoko.
Toujours en train d'essayer de dormir, j'ai dû abandonner lorsque la "locomotive" s'est remise en marche.
L'idée d'expédier un oreiller dans la tête d'Ulrich m'a traversé l'esprit, mais en repensant à l'éventualité qu'il demande à changer de chambre, j'ai préféré le laisser tranquille.
Du temps de nos missions nocturnes pour contrer Xana, il était indispensable qu'on conserve la même chambre afin de pouvoir sortir de Kadic en pleine nuit.
Mais maintenant, si Ulrich souhaite vraiment changer de chambre, plus rien ne le retient, hormis notre amitié que j'ai failli compromettre tout à l'heure.
Accablé par les tourments de cette journée éprouvante, je me suis mis à pleurer en silence.
Comment ma vie, si géniale auparavant, avait-elle pu devenir fade à ce point ?
En retournant l'affaire dans tous les sens, j'ai fini par réaliser que mes problèmes me ramenaient tous à la même source : la disparition de Xana.
L'amertume de constater à quel point j'avais raison avant qu'on éteigne le super-calculateur : sans Lyoko, la vie perd tout son fun.
Lyoko... Xana...
Oui, tout ça prenait un sens désormais, et il ne me restait qu'une seule chose à faire, une seule étincelle à déclencher pour raviver la flamme qui m'a animé durant ces deux dernières années.
J'ai donc enfilé ma veste, mon pantalon et mes baskets, puis je suis sorti par la fenêtre pour éviter de recroiser Jim.
Au dehors, dans l'obscurité de la nuit qui enveloppait Kadic, j'avais l'impression de vivre une nouvelle mission.
Je me disais que mes amis s'étaient fait piéger sur Lyoko, et que moi seul pouvais les libérer.
Xana allait sûrement envoyer des spectres à ma poursuite pour m'éliminer.
Je me suis mis à courir.
Dans les bois du parc, je sentis de multiples présences tout autour de moi, comme des ombres qui se cachaient subitement derrière les arbres pour me tendre un piège.
A l’affût du moindre bruit et du moindre mouvement, je ramassai un bâton avant de reprendre ma course pour semer les monstres à mes trousses.
Inutilisée depuis un moment, la trappe qui menait aux égouts était en partie recouverte de terre, et je me servis donc de mon bâton comme levier pour la soulever, toujours dans la crainte de voir un monstre de Xana surgir pour m'écraser.
Une fois descendu dans les égouts, un autre imprévu allait me retarder :
"Zut ! Les skateboards ne sont plus là !"
J'entendis des bruits derrière moi, et je me remis donc à courir.
Mais même après avoir enjambé les eaux usées, je sentais toujours le danger qui me guettait.
J'ouvris prudemment la trappe de sortie des égouts afin de m'assurer qu'aucun monstre ne m'attendait sur le pont.
Un nouveau bruit derrière moi me décida à m'échapper précipitamment pour enfin rejoindre l'usine.
Lorsque j'entrai dans ce lieu faussement abandonné, un oiseau de nuit vola presque droit sur moi mais je parvins à l'esquiver de justesse.
"Tu ne m'auras pas si facilement, Xana !"
Vite, je pénétrai dans l'ascenseur pour me mettre en sécurité et descendre vers ma destination finale.
"Tenez bon, les amis, j'arrive !"
Et la comédie atteignit son apothéose lorsqu'une deuxième voix résonna dans ma tête...
"Odd, tu t'apprêtes à commettre un crime passionnel !" me répète ma conscience tandis que la porte du monte-charge s'ouvre.
Et ma conscience n'a peut-être pas tort.
Je l'écoute rarement, mais quand elle crie assez fort, il m'arrive d'entendre ce qu'elle a à me dire.
Dans le cas présent, j'imagine que sa voix est amplifiée par les murs métalliques de la pièce dans laquelle je me retrouve pour la première fois depuis qu'on a vaincu Xana : la salle du super-calculateur.
Le voici d'ailleurs qui émerge du sol, et je me réponds à moi-même :
"Oui, je suis en train de commettre un crime passionnel."
Une conclusion à la hauteur de cette journée catastrophique.
"Oui, je suis prêt à détruire cette paix qu'on a eu tant de mal à gagner, et je suis prêt à remettre nos vies en danger, parce que j'aime trop la vie qu'on menait avant.
Je refuse que le lycée ne soit fait que de longues journées de cours ennuyants, avec des amis qui dorénavant se prennent au sérieux.
Je veux retrouver l'adrénaline de nos missions.
Je veux rester dans la même chambre qu'Ulrich.
Je veux que Jim et William se battent à nos côtés.
Je veux qu'Aelita se remette à agir spontanément.
Je veux que les années de lycée soient aussi passionnantes que l'ont été les années de quatrième et de troisième.
Je veux redevenir un héros.
Et pour tout ça, je dois faire revenir Xana."
Suis-je un traître égoïste, ou suis-je le seul à voir que mettre sa vie en péril est le seul moyen de se sentir vivant ?
Vais-je mourir en héros à cause de ma propre folie, ou vivrai-je assez longtemps pour voir mes amis me haïr quand ils réaliseront que je suis à l'origine de la réapparition de Xana ?
Toutes ces questions n'ont plus d'importance : ma main est déjà en train d'actionner la commande d'allumage du super-calculateur.
"Pardonnez-moi les amis, mais je ne suis pas encore prêt à vivre sans Lyoko."
Texte 5 : Rentrée fracassante, par Nelbsia Catégorie : Action.
Spoiler
« Rentrée fracassante »
Cette histoire commence par une belle matinée ensoleillée, atmosphère douce et triste de l’été qui s’achève et du départ pour une nouvelle année scolaire. Le collège-lycée Kadic sort peu à peu de sa léthargie estivale, progressivement envahi par des vagues d’élèves. C’est à ce moment précis, devant le portail de Kadic, que nous retrouvons nos héros, marchant tranquillement vers la cour intérieure.
- C’est la rentrée, et deux élèves sur cinq sont contents ! s’exclame Aelita, toujours heureuse de voir les vacances se terminer pour enfin retrouver ses amis.
Jeremy, également satisfait de reprendre les cours, jette un regard à ses camarades pour vérifier les statistiques d’Aelita :
- Seulement deux sur cinq ? C’est pourtant vrai : même Odd fait la tête !
- Ben ouais, répond Odd sans décoller les yeux du sol. J’ai pas réussi à emmener Kiwi avec moi cette année. Je sais pas comment mes parents ont appris que les animaux de compagnie étaient interdits à Kadic, mais en tout cas, pour moi, cette rentrée est déjà une mauvaise rentrée.
- Vraiment ? interroge Ulrich. Pas de Kiwi dans la chambre pour dévorer mes affaires ? Je vais peut-être me mettre à sourire finalement. Enfin, jusqu’au prochain cours de maths… Et toi Yumi, pourquoi t’as pas le moral ?
- Comme chaque année, répond Yumi, vous allez être tous les quatre dans la même classe, et moi je me retrouve toute seule…
- T’es pas toute seule, voyons, il y a William ! renchérit Aelita qui ne peut pas cacher sa bonne humeur.
- Génial… franchement, lui, je préférerais justement ne pas l’avoir dans ma classe cette année, conclut Yumi.
Jeremy prend alors un air sérieux. Il aimerait répondre à Yumi que William ne leur a causé du tort que sous l’influence de Xana, mais leurs aventures passées font désormais partie des sujets qu’ils évitent d’aborder pendant leurs conversations. Il change donc de sujet :
- Remarquez, nous non plus on n’est pas sûrs de rester tous ensemble dans la même classe. Déjà l’autre fois on a bien failli perdre Odd en début d’année. Ça peut très bien se reproduire.
- Ah non ! s’énerve Odd. Pas question ! Déjà que j’ai pas Kiwi alors si en plus je me retrouve tout seul dans une autre classe, c’est décidé je rentre chez moi.
Ulrich aperçoit un attroupement d’élèves devant une rangée de panneaux d’affichage :
- Ça doit être la répartition des élèves dans les différentes classes. Allons voir.
Pressés de savoir s’ils sont séparés ou non, Ulrich, Odd, Aelita et Jeremy accélèrent le pas jusqu’aux panneaux d’affichage.
Yumi les rejoint :
- Alors ? Qui est avec qui ? leur demande-t-elle.
- Aucune mauvaise surprise, lui répond Jeremy soulagé. On est tous les quatre dans la même classe.
- Et toi t’es encore dans la classe de William ! complète Aelita avec un grand sourire.
- Tant pis, répond Yumi d’un air résigné.
- Ne te plains pas Yumi, reprend Odd qui a enfin retrouvé sa bonne humeur habituelle. Nous, on va devoir supporter Sissi une année de plus. Enfin, ça n’a pas l’air de déranger Ulrich !
- Odd, tu peux dire ce que tu veux sur Sissi, elle est toujours moins encombrante que ton chien. Je préfère largement devoir la supporter pendant un an plutôt que de cohabiter avec Kiwi pendant un mois.
- Tu dis n’importe quoi Ulrich ! mon chien n’est pas encombrant, c’est juste qu’il aime explorer son environnement.
- Tu veux dire « exploser » son environnement ?
Jeremy regarde sa montre.
- Il est l’heure d’aller en cours.
Aelita fait un signe de la main à Yumi qui s’éloigne.
- On se voit à midi ?
- Yep.
A l’heure du déjeuner, ils se retrouvent comme prévu à la cantine, prennent chacun leur plateau-repas et s’installent à une table à part. Aelita constate le contenu de son assiette :
- Couscous-boulettes dès le premier jour ? C’est Odd qui va être content !
- D’ailleurs où est-ce qu’il est passé celui-là ? s’interroge Ulrich en remarquant William assis seul à une table voisine, avant de voir arriver Odd et son plateau bien rempli.
- Me voila ! J’ai essayé de négocier une assiette supplémentaire, mais ils ont renforcé leur système de sécurité cette année ! Rosa a reçu des consignes très strictes concernant le rationnement de la nourriture.
Le repas suit son cours. Comme il est de coutume après une période de vacances, chacun raconte ce qu’il a fait de ses beaux jours.
- Sans blague Jeremy ? T’as réussi à décrocher de ton ordinateur cet été ?
- Absolument. Je suis parti au bord de la mer dans un village reculé sans le moindre accès à Internet. J’aurais même pu revenir bronzé si on n’avait pas eu autant de nuages.
- J’y crois pas ! se lamente Odd. J’ai passé tout l’été enfermé dans le bastion familial de mes grands-parents avec mes sœurs et mes cousines pendant que Monsieur Einstein partait librement à l’aventure ! C’est vraiment le monde à l’envers.
- Elles sont si terribles que ça tes sœurs ? demande Ulrich. Tu nous en parles toujours comme s’il s’agissait de monstres sanguinaires.
- Elles sont bien pires, poursuit Odd tel un vétéran du Vietnam. Sans ma résistance naturelle et mon mental d’acier, j’aurais déjà sombré dans la folie sous leurs coups et leurs tortures. Tu as de la chance d’être fils unique Ulrich.
- Ah bon ? réplique celui-ci d’un air peu convaincu. Le problème, c’est que comme je n’ai ni frère ni sœur, mon père a tendance à s’acharner sur moi. Passer l’été en sa compagnie s’avère rapidement infernal car le mot « vacances » n’a jamais fait partie de son vocabulaire. Et toi, Yumi, t’es partie où cet été ?
- Je ne sais plus, répond Yumi. J’étais trop occupée à surveiller mon petit frère pendant que mes parents se disputaient.
- Eh bien, déclare Aelita avec un sourire timide, à tous vous entendre, je me sens presque privilégiée de ne pas pouvoir partir en vacances !
Soudain, le sac de Jeremy se met à sonner. Celui-ci hésite un instant, puis se décide à l’ouvrir.
- Sympa la nouvelle sonnerie de ton téléphone Einstein ! plaisante Odd.
- Ça ne vient pas de mon téléphone, mais de mon ordinateur, et c’est justement ce qui m’inquiète…
Jeremy ouvre alors son ordinateur, et un message d’alerte s’affiche aussitôt à l’écran.
- Tour activée ? Qu’est-ce que c’est encore que cette histoire ?
- Il est pas à jour ton programme ou quoi ? demande Odd toujours sur le ton de la plaisanterie mais désormais inquiet à son tour.
- Oui, c’est certainement un bug du logiciel, j’aurais dû le désinstaller, s’empresse d’ajouter Jeremy en pianotant sur son clavier.
Un ange passe, puis Ulrich se décide à rompre le silence :
- Jeremy, tu penses que Xana a survécu ?
- Non, c’est impossible ! s’énerve Yumi. On a vaincu Xana ! Pourquoi il réapparaîtrait subitement plusieurs semaines après !? Ça n’a pas de sens !
Jeremy tente de garder son sang froid.
- Calme-toi Yumi. Même si Xana avait survécu, il lui faudrait les codes sources de sa programmation initiale pour se restaurer, mais ces codes sont dans la mémoire interne du super-calculateur, et on a bien éteint le super-calculateur.
Ulrich écrase son Yaourt dans son assiette.
- Il faut qu’on aille voir à l’usine.
Nos cinq héros se lèvent donc de table sans dire un mot et se dirigent vers la sortie. Ulrich lance un regard lointain et méfiant en direction de William qui ne semble pas faire attention à eux. En réalité, William les a vus se lever de table, il a même entendu toute leur conversation, mais au moment où Ulrich le fixe, il est occupé à compter trois cents secondes dans sa tête car il a décidé de leur laisser cinq minutes d’avance avant de se lancer à leur poursuite afin de ne pas être repéré.
C’est avec une certaine nostalgie mêlée d’inquiétude que nos aventuriers retracent le parcours autrefois si familier entre Kadic et l’usine en passant par les égouts.
En arrivant devant l’usine, Yumi demande à Jeremy :
- Peut-être que des gens sont venus par hasard dans l’usine pendant les vacances ? Ça ne serait pas la première fois…
- Justement, répond Jeremy en actionnant l’ascenseur. Pour éviter que n’importe qui puisse pénétrer dans le secteur secret de l’usine, j’ai pris soin de remplacer le code digital par un système de reconnaissance ADN : seuls ceux dont l’ADN a été altéré par un scanner lors d’une virtualisation peuvent accéder à la salle de contrôle, au cœur du super-calculateur ou à la salle des scanners.
L’ascenseur s’arrête et la porte s’ouvre, dévoilant le cœur du super-calculateur en pleine activité.
- C’est bien ce que je craignais, reprend Jeremy en s’avançant vers l’interrupteur. Quelqu’un a rallumé le super-calculateur. Et la tour activée nous prouve clairement que Xana a survécu.
- Et alors ? demande Odd. On n’a qu’à le ré-éteindre et hop, bonne nuit Xana !
- Non, pour l’instant, la priorité est de désactiver la tour pour empêcher Xana de se restaurer, répond Jeremy en retirant une fiche électronique du super-calculateur. De plus, je dois découvrir qui l’a rallumé et comment, afin de l’empêcher de le faire à nouveau.
En parcourant la fiche électronique pour prendre connaissance des récentes opérations effectuées sur le super-calculateur, les yeux de Jeremy s’écarquillent.
- T’as trouvé quelque chose Einstein ? lui demande Odd.
Jeremy fait non de la tête en replaçant la fiche dans le super-calculateur.
Ulrich se décide :
- Allez, on fonce à la salle des scanners !
La porte de l’ascenseur s’ouvre et William apparaît.
- Cette fois, je viens avec vous !
- William !? Qu’est-ce que tu fais là ? demande Aelita.
- J’ai toujours un compte à régler avec Xana.
Ulrich s’avance vers lui :
- Et c’est pour ça que tu as osé rallumer le super-calculateur ?
- Quoi !? s’exclame Aelita de plus en plus surprise.
- Mais oui ! poursuit Yumi. A part nous, William est le seul qui peut franchir le système de reconnaissance ADN car il a déjà été virtualisé !
Jeremy tente de calmer la discussion :
- Eh là, doucement. Il est peut-être un peu tôt pour dire qui a rallumé le super-calculateur.
- Merci de prendre ma défense Jeremy. Alors ? Qu’est-ce qu’on attend pour y aller ?
- Pour que tu te fasses encore xanatifier ? rétorque Odd en croisant les bras. Ne le prends pas mal William, mais sous le contrôle de Xana, t’es encore plus collant qu’au naturel !
William reste sûr de lui :
- Pour ça ne t’en fais pas, je me suis pas mal entraîné cet été, tant physiquement que mentalement. Donc ça m’étonnerait qu’une méduse parvienne à nouveau à prendre le contrôle de mon cerveau. D’ailleurs, il faudrait déjà qu’elle réussisse à m’attraper.
- Toujours aussi frimeur à ce que je vois, réplique Ulrich. Si je me souviens bien, c’est grâce à ça qu’elle t’a eu.
Jeremy s’interpose :
- Ça suffit ! De toute façon, la dernière fois qu’on a refusé d’envoyer William sur Lyoko, il s’est fait xanatifier dans l’usine, donc autant le virtualiser. Alors maintenant on arrête de perdre du temps et on va désactiver la tour avant que Xana ne soit restauré !
Ulrich lance un regard noir à William.
- OK, on y va.
Ils se rendent donc dans la salle des scanners pendant que Jeremy s’installe au poste de commande.
- La tour activée est située dans le Territoire du Désert. Vous êtes prêts à plonger ?
- Quand tu veux Einstein ! répond Odd, enthousiaste malgré les circonstances.
- Transfert Odd. Transfert Ulrich. Transfert William. Scanner Odd. Scanner Ulrich. Scanner William. Virtualisation.
Yumi s’apprête à entrer dans un scanner quand Aelita l’interpelle :
- Yumi, je crois que j'ai…
- Vous discuterez plus tard les filles, les interrompt Jeremy. Pour le moment, il faut absolument empêcher Xana de se restaurer alors dépêchez-vous d’entrer dans les scanners.
- On est en place Jeremy.
- OK Yumi. Transfert Aelita. Transfert Yumi. Scanner Aelita. Scanner Yumi. Virtualisation.
Ulrich observe les alentours et voit Aelita et Yumi apparaître.
- On y est Jeremy.
- Très bien. Je vous envoie vos véhicules. Aelita, tu montes avec Yumi sur l’Overwing et William avec Odd sur l’Overboard.
- Pourquoi c’est moi qui doit transporter William ? Je suis pas d’accord, je veux voter ! Qui est pour ?
Ulrich et Yumi lèvent la main.
- Qui est contre ?
Odd lève la main.
- Deux contre un, reconnais ta défaite, Odd.
- Je demande à recompter !
Jeremy intervient :
- Arrête de jouer, Odd, on n’a pas le temps. Bon, la tour se trouve au sud-est de votre position.
- C’est parti !
Lancés à pleine vitesse sur les polygones orangés du Territoire du Désert, nos héros retrouvent rapidement leurs sensations.
Ulrich demande quand-même :
- Jeremy, tu penses que Xana est déjà en mesure de nous envoyer un comité d’accueil ?
- Tant que Xana n’a pas achevé son processus de restauration, il est très faible. Il n’a peut-être même pas détecté votre arrivée sur Lyoko. Mais restez quand-même sur vos gardes. Si on ne parvient pas à désactiver la tour, il retrouvera toute sa puissance et ça c’est hors de question. Odd, je te charge donc de protéger Aelita en priorité car c’est la seule qui puisse désactiver la tour.
- Compris Einstein !
Soudain, trois Frelions apparaissent dans leur sillage et commencent à leur tirer dessus.
Jeremy les alerte aussitôt :
- Attention ! Trois Frelions derrière vous !
Tandis qu'Odd et Ulrich décrochent de leur trajectoire pour faire face à leurs agresseurs, Yumi se déporte juste sur le côté pour éviter le laser qui lui était destiné, mais l’Overwing encaisse alors le projectile qui visait Ulrich et disparaît, entraînant la chute de ses deux passagères. Pendant qu'Ulrich détruit l’un des Frelions, Odd fait plonger l’Overboard pour rattraper Aelita qui tardait à déployer ses ailes et pour permettre à William de rattraper Yumi.
- C’est bon Odd, tu peux remonter, s’impatiente William en voyant le sol se rapprocher de plus en plus.
- Euh, j’aimerais bien, répond Odd avec un sourire gêné, mais quatre personnes ça fait trop lourd pour mon Overboard… je ne contrôle plus la trajectoire !
Les quatre passagers ont juste le temps de sauter avant que l’Overboard ne s’écrase.
Odd se relève :
- Bon, on essaye de monter à cinq sur l’Overbike ?
- Odd attention ! crie Aelita en le poussant pour lui éviter de se prendre un tir de l’une des Tarentules qui viennent d’apparaître autour d’eux.
- Ouf ! Merci Aelita ! Mais tu sais, normalement c’est moi qui suis censé te protéger !
Ils engagent donc le combat au sol. Ulrich, qui s’est débarrassé des deux derniers Frelions, saute de l’Overbike qui détruit une Tarentule en s’écrasant. Des Kankrelats et des Krabes apparaissent. Yumi se protège avec ses éventails, mes les projectiles sont nombreux.
- Jeremy, c’est toi qui disais que Xana était très faible pour le moment ? … Eh Jeremy tu m’entends ?
- Youhou, Einstein ? Flèche Laser ! Allô ?
Jeremy finit par répondre :
- Oui deux secondes, je regarde un truc important là…
- Donne-nous juste le classement alors ?
- Pour le moment, Ulrich est en tête, suivi de près par William. Odd, tu es troisième.
Jeremy bascule vers la fenêtre du système de vidéo-surveillance de l’usine. Il démarre la vidéo en pensant « Je m’en doutais … », puis il repasse sur l’écran radar.
- Attention ! Des Blocks arrivent droit sur vous ! Ainsi que deux Mégatanks !
- Jeremy, on est légèrement débordés ici, elle est encore loin la tour ? demande Yumi en continuant de bloquer les projectiles.
- Mais enfin, elle est juste à l’Est de votre position, vous ne la voyez pas ?
- Einstein, je ne vois ici ni tour, ni Méga-tanks. Change de lunettes.
- Moi non plus, poursuit Yumi. Pourtant il n’y a pas de relief ici.
- Attendez, je passe en vue latérale… Ah ben voila, la tour est sous le sol, cachée par un faux décor.
Aelita active ses ailes.
- Alors il est temps d’en finir, déclare-t-elle en volant au dessus des monstres puis en traversant le faux sol.
- Non Aelita ! Attends ! crie Jeremy.
- Je vois la tour ! Elle est à quelques mètres devant moi ! Qu’est-ce qui ne va pas Jeremy ? demande-t-elle tout en continuant d’avancer vers la tour.
Soudain, les deux Méga-tanks sortent de derrière la tour et chargent simultanément leurs rayons.
- Oh non… murmure Aelita, comprenant qu’elle s’est jetée dans un piège.
Elle esquive le premier rayon, puis s’aperçoit qu’elle est prise en tenaille entre les deux faisceaux qui se rabattent sur elle sans lui laisser le temps de s’échapper. Jeremy assiste sur son radar au terrible spectacle des deux rayons qui se referment sur Aelita.
- Aelita ! AELITA !! NOOOOOON !!
Entendant son cri de désespoir, les autres comprennent qu’il est arrivé quelque chose.
- Jeremy ? Qu’est-ce qui s’est passé ?
- Les deux… les deux Méga-tanks que j’avais vus sur l’écran radar… ils étaient cachés derrière la tour, ils attendaient Aelita…
- Quoi !?
- Tu veux dire qu’ils l’ont eue !?
- Oui. Aelita a été dévirtualisée. Plus rien n’empêche Xana d’achever sa restauration à présent…
Alors qu’ils détruisent les derniers monstres en tentant de réaliser ce qui va se produire, le ciel de Lyoko s’obscurcit et le faux sol qui cachait la tour disparaît, laissant apparaître celle-ci. Un immense tourbillon d’énergie s’échappe de la tour, se rassemble dans les airs en un nuage sombre qui se condense sur lui-même puis disparaît au loin.
Ulrich se tourne vers William :
- T’es content ? Maintenant que Xana est restauré, tu vas pouvoir l’affronter. Bien joué.
- Toi, tu commences sérieusement à m’énerver, lui répond William en le menaçant de son épée.
Ulrich sort ses sabres à son tour :
- Ça y est ? T’es à nouveau sous le contrôle de Xana ?
- Non, mais je vais quand-même te faire taire !
William charge Ulrich qui l’esquive puis le charge à son tour. S’en suit un combat aussi acharné qu’absurde entre les deux rivaux.
De son côté, Odd, qui n’a plus vraiment envie de plaisanter, tombe à genoux puis frappe ses poings sur le sol.
- C’est de ma faute, je devais protéger Aelita, et j’ai échoué…
Yumi pose sa main sur son épaule.
- Non, Odd. C’est de notre faute à nous tous, tous autant que nous sommes. Nous avions pour mission de désactiver la tour, et si la mission est un échec, nous sommes tous responsables.
Ulrich bloque l’épée de William en croisant ses deux sabres.
- Non Yumi ! C’est de la faute de William ! S’il n’avait pas rallumé le…
- La ferme ! l’interrompt William en abattant une nouvelle fois sa lame.
La voix hésitante d’Aelita se fait entendre depuis la salle des scanners :
- Arrêtez de vous disputer, c’est de ma faute…
Ulrich s’obstine :
- Ne dis pas ça Aelita ! Si William n’avait pas rallumé le super-calculateur, les Méga-tanks ne…
- Mais c’est MOI qui l’ai rallumé !!
Une vague de stupéfaction transperce les Lyoko-guerriers.
- Hein ?
- Quoi ?
Odd relève la tête :
- Mais non, ça peut pas être Aelita ! … Einstein, dis quelque-chose !
Jeremy hésite, puis se résigne à leur expliquer :
- C’est bien Aelita qui a rallumé le super-calculateur. Quand j’ai consulté les fiches électroniques, j’ai découvert que le super-calculateur avait été remis en marche il y a trois jours, et à part Aelita, nous sommes tous revenus de vacances seulement hier. C’est là que William est arrivé, et lui je ne savais pas s’il s’était absenté ou non pendant l’été. Alors pour déterminer qui l’avait rallumé, j’ai visionné les vidéos des caméras de surveillance qui avaient dû se rallumer en même temps que le super-calculateur. Et j’y ai vu Aelita.
Ulrich, qui avait cessé de se battre avec William, demande :
- Aelita ? C’est la vérité ?
- Oui, et j’en suis désolée. Je ne pensais pas que Xana avait survécu et que je lui offrais sans le savoir une opportunité de se restaurer. Maintenant, il est de retour, et c’est entièrement à cause de moi.
- Mais pourquoi !? demande Yumi toujours sous le choc. Pourquoi as-tu rallumé le super-calculateur !? On était tous d’accord pour mettre fin à nos aventures ! Qu’est-ce qui t’a pris de faire une chose pareille !?
Aelita prend une profonde inspiration.
- Parce que le jour de ma première virtualisation sur Lyoko, il y a des années, j’ai promis à mon père de ne jamais l’oublier, de ne jamais l’abandonner, et je sais qu’il est toujours en vie quelque part sur Lyoko, j’en suis sûre !
Jeremy dévirtualise les Lyoko-guerriers pendant qu’Aelita poursuit :
- Nous avons tous une raison pour nous battre. Le devoir, le fun, l’héroïsme ou la vengeance. Eh bien moi, je me bats pour retrouver mon père.
Elle essuie ses yeux perlés de larmes puis voit Yumi, Odd, Ulrich et William autour d’elle.
- Vous devez m’en vouloir, je comprends. Après tout, je vous ai trahis. J’ai agi comme une égoïste…
Jeremy les rejoint.
- Non Aelita. C’est nous qui avons été égoïstes le jour où nous avons éteint le super-calculateur par peur que Xana ne revienne, au lieu de continuer à chercher Franz Hopper. Notre mission n’était pas terminée, et il est temps de la reprendre là où nous l’avions laissée.
Jeremy tend sa main.
- Alors je vous demande à tous : êtes-vous prêts à reprendre les armes jusqu’à ce qu'on retrouve Franz Hopper et qu’on anéantisse Xana définitivement ?
Aelita tend sa main :
- Merci Jeremy, merci…
Ulrich tend sa main :
- Jusqu’au bout de la mission.
Odd retrouve le sourire et tend sa main :
- Et c’est reparti !
Yumi tend sa main :
- On ne change pas une équipe qui gagne.
Ils se tournent vers William, et Ulrich lui sourit :
- William, acceptes-tu d’être des nôtres ?
William sourit à son tour et tend sa main :
- Plus on est de fous, plus on rit !
* * *
En sortant de l’usine, Yumi demande à Ulrich si elle peut lui parler en privé.
- Bon tu viens Ulrich ? s’impatiente Odd.
- Euh, non, je vais raccompagner Yumi. On se voit tout à l’heure.
- Comme tu veux, conclut Odd en refermant la trappe qui mène aux égouts.
Ulrich et Yumi commencent donc à marcher.
- Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ?
- Je voulais te demander pourquoi t’avais changé d’avis sur William après tout ce qu’il nous a fait. Tu es sûr que ça ne t’ennuie pas qu’il rejoigne l’équipe ?
- Si j’étais autant énervé contre lui au début, explique Ulrich, c’est parce que j’étais persuadé qu’il avait rallumé le super-calculateur pour se venger de Xana, mais j’avais tort. Il m’a donc semblé normal de lui proposer de nous rejoindre à nouveau. De plus, c’est un très bon combattant, et il est déterminé à vaincre Xana au moins autant que nous le sommes.
Ulrich marque une pause puis demande :
- Et toi, ça ne t’ennuie pas ?
- Je pense qu’il a droit à une seconde chance.
La journée se termine. Ils ne sont plus qu’à quelques maisons de chez Yumi quand, en traversant une avenue, le soleil couchant vient les éblouir. Ils s’arrêtent un instant au milieu de la route. Le vent fait onduler les cheveux de Yumi, quand tout à coup, une voiture arrive derrière eux à vive allure. Ulrich saisit alors Yumi par la main et saute vers le trottoir le plus proche. Entraînée par son élan, Yumi se retrouve corps à corps avec Ulrich, plaqué dos au mur. Quelques secondes s’écoulent, ils restent immobiles l’un contre l’autre, à se fixer, puis Ulrich se décide enfin :
- Tu sais Yumi, j’ai beaucoup réfléchi cet été, et je…
Mais avant qu’il n’ait pu finir sa phrase, Yumi ferme les yeux et l’embrasse.
Elle le libère et sourit :
- Moi aussi, j’ai beaucoup réfléchi cet été.
- ET YES ! s’écrie Odd sur le trottoir opposé en tapant sa main dans celle de William qui lui répond en riant :
- Tu vois ! Je te l’avais bien dit que ce serait pour ce soir !
Ulrich et Yumi les dévisagent, surpris.
- Mais qu’est-ce que vous fichez ici, vous deux !? demande Yumi.
- Ben en fait, répond Odd avec un grand sourire, quand j’ai dit à William que Ulrich te raccompagnait, il m’a assuré que vous en profiteriez pour enfin vous avouer vos sentiments, alors pour pas rater ça on a décidé de vous suivre !
- C’était son idée ! précise William en riant et en désignant Odd.
- Odd, t’es encore pire que mon petit frère, conclut Yumi en le fusillant du regard.
Ulrich, qui a du mal à cacher son sourire, change de sujet :
- Parlons un peu sérieusement. William, je voulais m’excuser de t’avoir accusé pour le super-calculateur. Mais pourquoi ne nous as-tu pas dit clairement dès le début que tu n’y étais pour rien ?
- Ben pour tout vous dire, répond William un peu mal à l’aise, après tout le temps que j’ai passé sous le contrôle de Xana, je crois que j’ai développé un lien indescriptible avec lui. C’est ce lien qui m’a permis de savoir que Xana n’avait pas été totalement anéanti et de m’entraîner ensuite. Il y a trois jours, j’ai ressenti une activité intense, ce qui m’a amené à penser que le super-calculateur avait été rallumé. Mais en y réfléchissant, je ne pouvais pas être sûr que ce n’était pas moi qui l’avais fait, car cet été, il m’est arrivé de me réveiller sans savoir où j’étais…
Ulrich le rassure :
- Ne t’en fais pas. Quand on en aura fini avec Xana, tu retrouveras une existence tranquille.
Yumi reste sceptique :
- Tu devrais quand-même demander à Jeremy de te passer au scanner pour t’assurer que ta santé n’est pas directement menacée…
Odd lève les yeux vers le ciel.
- Dire qu'Einstein et Aelita ont manqué votre premier baiser…
* * *
Aelita frappe à la porte de la chambre de Jeremy.
- Je peux entrer ?
- Bien sûr, répond-il sans hésitation.
Elle referme la porte derrière elle puis vient s’asseoir à côté de lui.
- Tu sais Jeremy, je suis vraiment désolée que Xana soit de retour par ma faute, et tu n’es pas obligé de faire semblant de ne pas m’en vouloir.
Jeremy lui sourit :
- Comment pourrais-je t’en vouloir, alors que de nous deux, c’est moi le plus responsable ?
Aelita le dévisage, incrédule :
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Tout simplement que je savais non seulement que Xana avait survécu, mais aussi comment il a survécu. Pour le vaincre, j’avais créé un programme multi-agent chargé d’en détruire toute trace, et Franz Hopper m’avait envoyé des données pour achever mon programme, mais ses données contenaient aussi une contrainte supplémentaire sur mon programme. Plus tard, j’ai déchiffré ces données, et j’ai découvert que la contrainte ajoutée par Franz Hopper empêchait mon programme d’agir dans le cœur du super-calculateur. D’après toi, pourquoi ton père voulait-il à tout prix éviter que mon programme n’atteigne le super-calculateur ?
Aelita, de plus en plus perplexe, réfléchit brièvement et la réponse lui apparaît :
- Pour se rematérialiser !
- Exactement, poursuit Jeremy. Le super-calculateur est le seul moyen pour Franz Hopper de revenir un jour parmi nous, il devait donc s’assurer que mon programme ne risquerait pas de l’endommager.
Les yeux d’Aelita s’illuminent :
- Alors j’avais raison ! Mon père est en vie !
- Ça, je ne peux rien t’affirmer avec certitude pour le moment. Par contre, Xana s’est montré très intelligent : lorsque j’ai lancé mon programme, Xana savait que Franz Hopper aurait tenté quelque chose pour protéger le super-calculateur, et il en a déduit que c’était le seul endroit où il ne serait pas menacé par mon programme. Il s’y est donc réfugié, très affaibli mais toujours en vie. Lorsque j’ai décrypté les données de ton père, j’ai rapidement compris que Xana avait très certainement survécu. Mais malgré cela, je n’ai rien dit aux autres, je me suis contenté d’éteindre le super-calculateur comme prévu, alors que je savais que nous étions toujours en danger de voir resurgir Xana car il a le sommeil plutôt léger. Toi par contre, lorsque tu as rallumé le super-calculateur, tu ignorais que Xana avait survécu, donc tu es moins responsable que moi de ce qui est arrivé.
Aelita se sent alors soulagée.
- Merci Jeremy, murmure-t-elle en le prenant dans ses bras.
Commençant à rougir, il s’empresse d’ajouter :
- Pour ton père, je pense qu’on va devoir fouiller du côté du Cinquième Territoire.
- Tu veux que je t’aide à préparer la mission ? demande-t-elle en souriant.
Il lui rend son sourire :
- Comme au bon vieux temps.
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:54; édité 5 fois
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Texte 6 : Le défi numérique, par Icer Catégorie : Action.
Spoiler
Le défi numérique
Note : L'action se déroule en un instant à l’échelle du monde réel, entre le moment où William disparaît dans un flash de lumière après avoir détruit le cœur de Lyoko et au moment où il ré-apparaît dans le réseau (#65 Dernier Round).
Lorsque William retrouva ses esprits, la première chose à laquelle il pensa relevait du bon sens commun : Où était-il ? En ouvrant les yeux, il se rendit compte qu'il se trouvait dans l'Arena du 5ème territoire. Mais ce n'était même pas le plus surprenant. Comment pouvait-il avoir le nom en tête ? Après tout, lorsque les autres avaient essayé de lui expliquer, il n'avait pas vraiment écouté...
Les autres ! Où se trouvaient-ils eux ? William fut alors comme frappé d'effroi. Il se souvenait de tout ce qui s'était passé lors de sa première virtualisation. Il avait été capturé par X.A.N.A...
Pourtant, à cet instant précis, il ne se sentait pas sous contrôle. Le programme ne lui laissa pas le temps d’apprécier cette situation car le cinquième Lyoko-guerrier reçut un message de sa part. Comme si X.A.N.A parlait dans sa tête. D'une manière ou d'une autre, il devait toujours être lié à lui.
Mais c'est justement ce dernier lui-même qui lui proposait de remédier à la situation par... un défi : Si l'adolescent parvenait à vaincre cinq clones polymorphes, X.A.N.A lui rendrait la liberté. Incroyable. C'était même trop beau pour être vrai. Cela dit, le jeune homme n'avait rien à perdre en essayant. X.A.N.A lui envoyait d'ailleurs par la suite toutes les explications techniques concernant son nouvel équipement. Quel nouvel équipement ?
William fit alors pour la première fois plus attention à son avatar virtuel. Il n'était pas similaire à celui qu'il avait eu quelques... non. Il ne savait même pas combien de temps s'était écoulé. Mais il était différent. Il portait une combinaison noire, parsemée ici et là de quelques nuances de rouge. Il n'avait plus d'arme mais d'après le programme multi-agent, c'était normal. Enfin, un bracelet noir de protection était attaché à son bras gauche. Pas mal.
- Je relève le défi.
Il devait d'abord commencer par se relever lui-même, ce qu'il fit. Le transporteur – il devenait évident que sa connaissance de Lyoko était due à X.A.N.A - apparut, et s'immobilisa au milieu de la pièce, attendant un passager. Avant que les choses sérieuses ne commencent, William se fit prudent, essayant d'abord les soi-disant nouveaux pouvoirs qu'il avait obtenu. Il fit apparaître son épée dans un nuage de fumée noire. Il voulu aussi utiliser sa deuxième vue mais comme l'espace autour de lui se limitait à un dôme, cela ne prouvait pas grand-chose.
Il emprunta le transporteur.
Il fut déposé à l'extrémité du territoire de la forêt. Il savait où se trouvait la tour de passage pour le territoire suivant – toujours grâce à X.A.N.A - mais il devait d'abord s'occuper du clone polymorphe présent dans la zone, dissimulé quelque part. William, qui avait beaucoup apprit de sa première virtualisation, décida cette fois d'établir une stratégie. Il allait d'abord se poster près d'une tour et essayerait d'engager le combat vers celle-ci afin de pouvoir s'y cacher en cas de besoin. Les tours pouvaient régénérer les points de vie.
Le succès de ce plan fut mitigé. Il parvint effectivement à se rendre à la tour la plus proche sans problème grâce à sa connaissance de Lyoko mais il se trouvait que non seulement celle-ci était la tour de passage, mais que son ennemi l'attendait devant, bloquant l'accès.
Il s'agissait d'un clone polymorphe qui avait l'apparence d'Aelita. Il était assis sur le front d'une Tarentule. William ne s'y attendant pas, il se fit repérer en marchant dans leur direction. La Tarentule se mit en mouvement sur ordre du clone. Le Lyoko-guerrier fit apparaître son épée, et envoya une salve d'énergie en direction de ses ennemis. Mais le clone, immobilisant un instant sa monture, généra un champ de force dans chaque main, et en les fusionnant, absorba le rayon !
La contre-attaque ne se fit pas attendre. En se concentrant, la créature humanoïde fit disparaître le sol du territoire sous William qui commença une chute qui risquait de se finir sous peu dans la mer numérique !
- Euh... Supersmoke ?
William se changea en fumée noire, ne tardant pas à remonter à même hauteur que le sentier forestier. Mais, plutôt que de ré-apparaître immédiatement devant ses adversaires, il commença à s'éloigner dans la direction opposée. PolyAelita, sautant de la Tarentule, se mit à courir derrière lui.
Le Lyoko-guerrier se dirigeait sur une île au centre d'une petite étendue d'eau, reliée au reste du territoire par des troncs d'arbres abattus. Il cessa sa Supersmoke une fois dissimulé derrière un des troncs, attendant que le clone polymorphe s'approche davantage. Lorsque ce fut le cas, il sortit de sa cachette, se positionnant à coté, et commença à mitrailler son adversaire de salves d'énergie. Mais le clone les esquiva toutes, et parvint se réfugier derrière le même tronc d'arbre au sol, mais de l'autre coté. William ne pouvait plus l'atteindre de là où il se trouvait.
Il sauta alors sur l'arbre mort, attendant que son ennemi fasse de même. La Tarentule, qui avait suivie son allié, se mit à tirer sur le Lyoko-guerrier qu'elle avait désormais à portée de tir. William fut surpris car son attention était à ce moment là focalisée sur le clone. Il put parer les deux premiers lasers juste à temps avec son zanbatō mais le choc le déséquilibra. Il eut tout juste le temps de sauter du tronc d'arbre avant de se vautrer au sol. PolyAelita en profita alors pour sortir de sa cachette, courir sur le tronc et rejoindre William. Ce dernier tenta à nouveau de lui envoyer une salve d'énergie au moment où son adversaire arrivait en bout de piste. Le clone esquiva une fois de plus en sautant... et William l'empala en plein vol sur sa lame avant qu'il ne retouche le sol. Et d'un. Le clone polymorphe fut dévirtualisé.
La Tarentule se trouvait toujours de l'autre coté, ne pouvant escalader le tronc et n'osant traverser l'eau virtuelle. Elle se préparait d'ailleurs à faire feu. William, avec sa Supersmoke, n'eut aucune difficulté à l'éliminer en se glissant derrière sans encaisser un seul tir.
- Score parfait jusqu'à présent.
Il se redirigea tranquillement vers la tour du passage. En chemin, il encaissa subitement un laser en pleine tête.
Un Kankrelat venait de surgit d'un tronc d'arbre creux qui reliait ce chemin au sentier voisin, pour quiconque était assez mince pour s'y faufiler... comme par exemple, un Kankrelat. Seulement, la bête ayant fait l'erreur de sortir de sa cachette, William l'écrasa purement et simplement avant que celle-ci ne l'attaque de nouveau.
Ce n'était pas trop grave. Il entra dans la tour de passage, récupérant en route les points de vie qu'il venait de perdre à cause de sa dernière rencontre.
En sortant de la tour du territoire du désert, William redoubla de vigilance : Un tir de Kankrelat passait encore mais il suffisait de ne pas entendre arriver un Mégatank pour que l'aventure se termine.
En scrutant les alentours, William remarqua qu'un nuage de poussière se dirigeait vers lui à grande vitesse. Il utilisa sa deuxième vue pour y déceler la créature qu'il redoutait : Un Mégatank. Le Lyoko-guerrier ne pouvait pas le dévirtualiser à distance. Il s'enfuit donc, utilisant sa Supersmoke. Il avait une idée pour se débarrasser du monstre.
Il arriva en vue du canyon du territoire. Les Mégatanks étaient redoutables dans la tranchée, pouvant écraser quiconque ne sautait pas assez haut. Mais ils ne pouvaient pas escalader les parois. C'est donc sur l'une de ces dernières que William s'arrêta.
Le monstre ne se comporta pas comme prévu. Au lieu de s'ouvrir pour observer les environs à la recherche de sa cible, il stoppa net sans même entrer dans la tranchée et ne bougea plus, restant en boule. Étrange.
Un autre ennemi apparaissait à l'horizon, les larges plateaux sans reliefs du désert permettant de voir arriver la menace de loin. Il s'agissait d'un Krabe, qui transportait un clone polymorphe d'Ulrich.
- Oh nan, quand même pas !
Mais si. La rapidité du Krabe permit à Ulrich d'atteindre le canyon avant que William n'ait véritablement eu le temps de réfléchir à une contre-attaque. Il lui envoya bien une salve d’énergie mais naturellement, un adversaire calqué sur Ulrich Stern était du genre rapide. Esquivant sans problème, il sortit son sabre, s'immobilisant en position de duel.
Analysant la situation, William en conclu qu'elle lui était plutôt défavorable. Son adversaire humanoïde était clairement en position de force sur ce plateau où il avait la place d'esquiver les coups du Lyoko-guerrier sans difficulté, et les deux monstres les plus rapides de l'armée de X.A.N.A n'attendaient qu'une chute pour s'occuper de lui. Mais tout n'était pas perdu.
L'adolescent sauta dans la tranchée. Le clone s'arrêta au bord du gouffre, semblant hésiter à cause du Mégatank. Car précisément ce dernier se ruait dans l'allée, avec la ferme intention d'écraser sa cible. William passa sous le monstre avec sa Supersmoke, esquivant au passage une salve d’énergie envoyée par le clone polymorphe d'en haut et se dirigea vers le Krabe qui n'avait pas bougé. Mais PolyUlrich était plus intelligent qu'un Kankrelat et dès que le Mégatank fut passé, il sauta et se rua derrière la traîné noire avec son Supersprint. William savait qu'il n'aurait pas le temps de tuer le Krabe une fois arrivé à sa hauteur car la copie du samouraï le collait de trop près.
Il décrocha donc subitement, s'envolant pour atterrir à nouveau sur le plateau surélevé. Il eut à peine deux secondes après avoir annulé sa Supersmoke pour envoyer une salve d’énergie au clone qui l'imitait. Trop lent. Il sauta à nouveau dans la tranchée, ce qui lui permit d'esquiver la contre-attaque aérienne de PolyUlrich (une rafale d’énergie verte). Le Mégatank, qui était arrivé à l'autre bout du canyon refit alors le chemin dans le sens inverse. William bondit en direction du clone qui s'était à nouveau arrêté sur le rebord. Ce dernier attendait qu'il passe à sa hauteur pour lui envoyer un coup de sabre. Mais au lieu de ça, le jeune homme lui attrapa la jambe pour le faire chuter. Surprise, la copie d'Ulrich trébucha. Les deux adversaires tombaient au final mais William pouvait se changer en fumée tandis que l'autre allait se faire écraser par le Mégatank qui déboulait...
Le samouraï utilisa alors le Triplicata en plein vol et, toujours avec une déconcertante rapidité, s'appuya sur les épaules d'un de ses clones pour littéralement sauter en l'air, permettant au Mégatank de passer avant que celui-ci ne touche le sol. C'en était trop pour William qui décida de changer de terrain sous Supersmoke. Bien entendu, ses trois adversaires le talonnèrent bien vite de près. Tous arrivèrent en vue d'une fosse sans fond. Le Lyoko-guerrier se jeta dedans sans crainte, ignorant le sentier circulaire. Il savait en effet grâce à X.A.N.A qu'un tunnel souterrain était dissimulé plus bas. Il s'y réfugia. La copie d'Ulrich ne pouvait bien sûr pas directement le suivre, le sentier s'arrêtant plus haut que l'entrée du tunnel mais il descendit le plus bas possible à l'opposé et, s'appuyant sur le mur, fit un saut horizontal suffisamment puissant pour s’engouffrer à son tour à l'intérieur du passage... s'empalant violemment comme le précédent la tête la première sur le zanbatō de William qui n'attendait que ça...
Le Krabe et le Mégatank n'ayant bien évidement pas pu suivre, l'adolescent les ignora et quitta le tunnel par l'autre extrémité, se ruant vers la tour de passage. Le temps que les deux monstres le rejoignent, il aurait déjà quitté le territoire.
Le territoire de la banquise était l'occasion pour William d'obtenir une victoire gratuite si son plan pré-conçu se déroulait comme prévu. Il fallait simplement s'assurer que son adversaire ne chevauche pas de monstre, et au besoin, de régler rapidement le problème. C'était justement un clone polymorphe de Yumi sur le dos d'une Manta qui se dirigeait vers le Lyoko-guerrier. Ce dernier décida de prendre son adversaire de vitesse. En très peu de temps via sa Supersmoke, il se retrouva sous le ventre de la créature et l'avait déjà transpercée de sa lame. Il n'attendit pas que le clone se remette de la chute pour s'enfuir de la même façon et plonger dans l'étendue d'eau la plus proche. Il suffisait maintenant de se diriger jusque sous PolyYumi et de la transpercer d'en dessous par surprise, la glace pouvait aisément être brisée. Mais alors qu'il se dirigeait de nouveau vers la position de la pseudo-geisha, la fumée noire croisa une créature aquatique des plus étranges pourvue d'une immense mâchoire. Une créature de X.A.N.A sans doute puisque dans la queue de la bête flottait une sorte de bille blanche marquée du sigle de l'entité informatique. Comme aucun nom ne vint en tête de William malgré sa connexion avec le programme, il en déduisit que ce monstre devait être un prototype.
Mais le problème, c'est qu'il perturbait complètement les plans de l'adolescent. Il était en effet peu recommandé de sortir de la Supersmoke même un instant pour se retrouver face à cette dentition des plus développée...
Il fut donc contraint d'opter pour une stratégie plus classique. Remontant à la surface, il stoppa sa Supersmoke à bonne distance du clone de Yumi pour le mitrailler de salves d’énergie. Mais son adversaire, copiant les facultés de l'originale n'eut naturellement pas grande difficulté à faire avorter la série d'attaque. C'était à prévoir. Jamais deux sans trois.
Vraiment ? La façon dont William avait éclaté les deux premiers clones était sur le fond assez similaire, il n'y avait aucune raison pour que ça ne marche pas de nouveau. Il se changea en fumée noire, filant vers un endroit bien précis du territoire. PolYumi se vit matérialiser un Overwing par X.A.N.A avant de se lancer à sa poursuite. C'était plutôt une bonne nouvelle car William craignait que son adversaire ne puisse le suivre.
Il arriva en vue d'une sorte d'amas d’icebergs collés sur le sol glacé. Mais il savait que l'intérieur était creux, et accessible par un tunnel verglacé dont l'entrée bien visible se situait au sommet de la plus haute surface carré. William s'y engouffra, évitant une descendre sur les fesses grâce à son pouvoir. La glace du territoire n'étant pas transparente, impossible en revanche de surveiller les faits et gestes de PolYumi une fois à l'intérieur. Il attendit anxieusement, espérant que celui-ci débarque à son tour par le tunnel. En se concentrant bien il ne pouvait pas le rater.
Mais plus le temps passait, plus cette stratégie semblait compromise. Était-il allé trop vite ? Peu importait, puisque la façon dont les adversaires précédents l'avaient rejoint n'avait rien d'un hasard, remarquait-il en y repensant. Ils partageaient en effet tous un point commun : X.A.N.A. Et si lui-même ne possédait pas d'informations sur la position des monstres, c'était uniquement parce que le programme multi-agent les filtrait intentionnellement. Ce qu'il ne faisait apparemment pas pour le camp adverse.
Soudain, le sol se mit à trembler à intervalles réguliers et de plus en plus fort, comme si quelque chose d'énorme se rapprochait. Puis le tremblement cessa et c'était maintenant la grotte dans laquelle se trouvait William qui commençait à s’effondrer. Il ne se fit pas prier pour remonter le tunnel de glace sous Supersmoke pour voir ce qui se passait. Il ne fût pas déçu.
Une créature de bonne taille – une dizaine de mètres – était en train de s'attaquer au bloc d'icebergs dans lequel l'adolescent avait trouvé refuge peu de temps auparavant. Son apparence physique était indescriptible. De forme humanoïde, son corps abritait apparemment du magma et son visage était entièrement recouvert de l’œil de X.A.N.A, n'offrant aucune cavité buccale visible. En fait, elle ressemblait plus à une sorte de brouillon qui annonçait quelque chose d'encore plus évolué. À nouveau, il n'avait pas de nom à mettre dessus. C'était donc bien une nouvelle créature en phase de test. X.A.N.A savait lier l'utile à l'agréable.
Le monstre martelait la grotte de ses deux énormes poings. Impressionnant. La glace virtuelle céderai bientôt et William serait alors la prochaine cible. Il devait retrouver le clone.
Justement celui-ci tournait en rond au dessus de la cavité, n'attendant qu'une chose : la sortie du Lyoko-guerrier. Mais sous Supersmoke, son adversaire ne pourrait pas l'empêcher de faire grand chose. Il était décidément très cool ce pouvoir.
Précisément, la fausse geisha qui avait sortie ses éventails hésita. Ce ne fut pas le cas de William qui profita immédiatement de cette énorme erreur stratégique. Avec l'élan acquis sous forme de fumée noire, il se retransforma juste en dessous de l'Overwing, transperçant le véhicule et obligeant PolYumi à sauter si elle ne voulait pas subir le même sort. En effet, avec les mains prises, le clone n'avait pas pu envisager de déplacer son engin pour esquiver. Alors qu'il descendait en chute libre sur le monstre colossal, il envoya ses deux éventails qui semblèrent se diriger automatiquement sur William. Des missiles guidés. Intéressant. Mais insuffisant. Le Lyoko-guerrier n'utilisa la Supersmoke qu'une fraction de seconde pour briser son élan et ainsi laisser la gravité reprendre plus rapidement ses droits. Plongeant à la suite de PolYumi, il éjecta d'un coup de zanbatō les deux éventails qui fondaient vers lui, puis lança son arme droit en direction de la copie de sa belle. Incapable de modifier la trajectoire de sa chute contrairement à une copie d'Ulrich, le clone fut transpercé en son centre et dévirtualisé avant même de retomber sur l'épaule de la nouvelle créature de X.A.N.A. William ne prit pas ce risque, déjà la bête se détournait du tas de glace broyé dont elle était l'auteur. Se changeant en fumée noire, celui qui avait détruit le cœur de Lyoko fila directement vers la tour du passage.
Le territoire de la montagne. William n'aimait pas ça, tout simplement parce que son adversaire était sans doute un clone polymorphe d'Odd, dans la même logique. Et sur ce terrain, le félin aurait clairement l'avantage.
Et il comptait bien en profiter. L'adolescent aperçu rapidement un point violet se détachant du ciel gris. Le faux Odd était monté sur un Overboard ! Voilà qui rendrait la tâche plus ardue encore.
Le monstre tira une fléchette, sans vraiment viser. Bien entendu, c'était un missile intelligent. Mais au moins, William savait qu'il ne prendrait pas le risque de le cribler de flèches car sa Supersmoke lui donnait les moyens de retourner le principe contre son auteur.
Il para la première flèche avec son épée. Moins d'un quart de seconde après, PolyOdd en tirait une nouvelle. Il jouait sur le harcèlement à distance. Pour couronner le tout, un Blok qui était agrippé sous la plate-forme où se trouvait William surgit soudainement et tenta de geler le héros. Sans succès. Mais l'adolescent n'arrivait pas à se concentrer suffisamment pour en même temps attaquer et parer les flèches en série de son adversaire félin qui s'était un peu rapproché pour augmenter la cadence des tirs, tout en laissant le Blok entre les deux humanoïdes pour s'assurer une protection.
Le monstre carré continuait d'essayer de le geler et le Lyoko-guerrier décida d'en profiter. Il passa sous les pâtes du monstre grâce à sa Supersmoke, et se rematérialisa derrière, entre ses deux ennemis. Il se retrouvait alors du coté des roues de feu. Le Blok ne se fit pas prier pour lui envoyer un premier cercle enflammé que William esquiva sans problème grâce à son pouvoir. Ce ne fut pas le cas en revanche du clone polymorphe qui, bien qu'éloigné, n'eut pas les réflexes suffisants pour esquiver cette attaque particulièrement rapide. Il fut touché sans être dévirtualisé vu la distance, mais bascula de son véhicule. William espérait qu'il tombe dans la mer numérique mais, sans doute au cas où cela se produirait, PolyOdd s'était placé à coté d'un des fameux monts immenses du territoire et il s'accrocha au rocher d'une patte grâce à ses griffes, ayant toujours l'autre main libre pour tirer. L'adolescent aurait pu lui envoyer une salve avant qu'il ne se stabilise mais le Blok devait être éliminé avant et il sacrifia donc ce laps de temps pour faire exploser la bête avec un coup d'épée bien calé. Le chat violet recommençait déjà à le canarder mais le temps que la première flèche n'arrive, William parvint finalement à envoyer une salve d’énergie au clone en guise d'avertissement. Il s'attendait à ce que celui-ci esquive mais au lieu de ça, il utilisa sa main libre pour générer son bouclier... qui se résista pas et se brisa sous l'onde de choc. Bêtement, le clone polymorphe venait d'encaisser un coup mortel. Lamentable...
Un Frelion se détacha soudain du flanc d'un mont adjacent, en probable renfort. Il arrivait un peu tard. D'ailleurs, lorsqu'il en prit conscience, il tenta de faire demi-tour pour se dissimuler dans la couche nuageuse mais William lui avait déjà envoyé une nouvelle salve parfaitement cadrée grâce à sa deuxième vue. La question était réglée. Il ne lui restait plus qu'a se diriger vers l’extrémité du territoire. Un transporteur l'attendait, comme prévu. Le Lyoko-guerrier l'emprunta.
Il était de retour dans l'Arena du cinquième territoire. L'endroit où, par deux fois, tout avait commencé pour lui. William s'allongea au sol, il éprouvait le soudain besoin de faire une pause. Il ne lui restait qu'un adversaire à affronter, qui était juste en dessous de lui. Après ça, X.A.N.A devrait lui rendre sa liberté. Mais après ? Jérémie et les autres lui pardonneront-ils la destruction du cœur de Lyoko et de toutes les causes à l'origine de cette conséquence ?
« Tu te vois déjà en vainqueur. ».
X.A.N.A. Toujours le mot pour rire.
« Pourquoi pas ? Tu m'as bien gâté, enfoiré. » lui répondit le combattant virtuel mentalement.
« Sans ça, tu n'avais pas la moindre chance. ». Bon admettons.
William se releva, empruntant le passage donnant sur le reste du noyau. Cette fois, terminée l'épreuve de la clé, l'adolescent se retrouvait au milieu d'une immense salle vide et complètement immobile.
Quelque chose tira. Un Rampant était agrippé sur l'un des murs de la pièce ! Parant avec son poignet gauche protégé par son bracelet, le Lyoko-guerrier effectua un retour à l'envoyeur. Le Rampant explosa avant d'avoir eu le temps d'être surpris.
William ne s'attarda pas ici et emprunta rapidement le couloir menant à l'ascenseur, sans toutefois se fatiguer à sauter au bon moment pour emprunter celui-ci, la Supersmoke permettant d'atteindre la voûte céleste sans aide. Après tout, fumer ne tuait pas.
L'interface était comme hors-service car l'image tressautait toutes les quatre secondes. Elle indiquait un unique message : Rendez-vous au cœur. Ça va, il était au courant. Se concentrant plus que d'habitude pour lire les caractères à cause de la non-immobilité de l'image, William n'entendit que trop tard la Méduse débarquer de la planète bleue à sa suite. Il se retourna. Il avait une demi-seconde avant d'être capturé. C'était plus que suffisant. Il avait un compte à régler.
Le combattant fit un bond qui le propulsa au-dessus de la créature. Immédiatement les tentacules du monstre suivirent le mouvement : William envoya plusieurs nuages de Supersmoke en hauteur pour immobiliser ses membres. La Méduse était désormais parfaitement inoffensive.
L'adolescent retomba sur son crâne translucide, manquant de ne pas se réceptionner correctement et de retomber. Il fit apparaître son épée, et l'enfonça de toutes ses forces dans l'organe principal de son ennemie.
Le choc fut terrible. Le crâne explosa comme du verre. Le cerveau fit atteint, et des pixels blancs semblables à ceux témoignant d'une dévirtualisation se mirent à jaillir, comme du sang en train de gicler. Immédiatement la Méduse cessa de léviter, retomba un temps sur le sol avec un pitoyable « boum » et bascula dans le vide numérique, plongeant vers l'infini... William s'était vengé.
- Désolé, on m'attends. Supersmoke !
Cette petite revanche l'avait remotivé à bloc et il comptait bien profiter de cet état d'excitation pour vaincre son dernier adversaire. Il se dirigea vers le pôle Sud de la voûte, franchissant sans danger les clapets qui ne pouvaient l'écraser lorsqu'il se trouvait sous cette forme. Se retransformant ensuite pour appuyer sur la seconde clef, il monta lentement les marches jusqu'à la salle du cœur.
Il leva la tête, utilisant sa deuxième vue. La « salle du cœur » n'en possédait plus, à la place gisait immobile une petite plate-forme bleue toute simple, dont l'inclination parfaite de zéro degré laissait croire qu'elle était posée sur une surface plane invisible.
Son adversaire était dessus et l'attendait. Tellement évident : c'était lui. Lui tel qu'il était lors de sa première virtualisation.
En guise de bienvenue, le clone polymorphe jeta son énorme épée en direction du beau ténébreux. Une action similaire à ce qu'il avait fait lui-même face à la petite armée de Jérémie. Sauf que William ne comptait pas rester comme un imbécile à attendre sa défaite, un filet de bave aux lèvres.
- Supersmoke !
Il se rua sur son adversaire pour empêcher celui-ci de sauter et récupérer son épée. Le clone de William tenta le coup quand même, mais pas en ligne droite : en biais, pour pouvoir prendre appui sur une plate-forme en contrebas et ainsi esquiver la traîné noire. Une stratégie qui fonctionna. Le temps que l'adolescent rectifie sa trajectoire pour redescendre, PolyWilliam était déjà au niveau le plus bas de la salle.
Le lycéen arrêta la Supersmoke et matérialisa son épée, la gravité le dirigeant de plus en plus vite inéluctablement vers son ennemi. Il était bien décidé à lui asséner un coup dévastateur... mais le clone para avec son propre zanbatō qu'il venait de récupérer. William utilisa alors le plat de l'épée de son adversaire pour sauter vers un recoin de la salle, sentant l'air vibrer au dessus de sa tête alors qu'il esquivait une salve d’énergie. Au lieu de le suivre, le clone polymorphe bondit sur la plate-forme opposée puis enchaîna les sauts jusqu'à remonter sur l'endroit qui avait remplacé le cœur.
William bis profitait habilement de l'avantage psychologique qu'il possédait sur son adversaire. En effet, l'adolescent se devait de vaincre pour pouvoir rentrer chez lui, mais la créature avait tout son temps. Elle pouvait donc se positionner où bon lui semblait, forçant l'autre à l'attaquer.
- …
Les deux William envoyèrent une salve qui se rencontrèrent. Le ténébreux profita de la confusion engendrée par le choc pour s'envoler à la rencontre du clone.
- Hein ? s'exclama-il de sa voix xanatifiée.
Il parvint à surprendre son adversaire en se rematerialisant sur la face opposée de la petite plate-forme, épée en main, envoyant un coup. Autant dire que PolyWilliam se trouvait à portée étant donné que le carré était minuscule. Il parvint à nouveau à parer à temps mais la force du coup le fit basculer et il tomba à la renverse. Il n'avait aucun moyen de modifier sa trajectoire aérienne ou de s'accrocher à un obstacle au passage puisque la salle était disposée telle un tube. Il allait chuter jusqu'à rejoindre la Méduse dans l'infini de la voûte céleste, ou se faire tuer par les clapets.
- Manta !
- !?
Le cri d'une Manta se fit entendre au loin. William sauta à la suite de son ennemi, sentant le coup fourré. Mais c'était trop tard. Une Manta d'un bleu foncé – presque noir – s'engouffra par le trou du pôle Sud de la voûte et récupéra le clone avant que celui-ci ne franchisse les clapets, ne prenant aucun risque. Cependant comme William s'était élancé à sa suite, son adversaire jugea bon de ne pas risquer de remonter étant donné ses pouvoirs inférieurs dans les confrontations aériennes et il s'enfuit par le passage au dos de sa Manta. L'adolescent suivi sous Supersmoke. Dans le vide numérique, il ne pouvait ni attaquer, ni être attaqué. Si William bis jouait au con et s'amusait à rester ici, William ne pourrait que tenter de s'incruster sur la Manta.
« Ce n'est pas dans mon intérêt » lui envoya aussitôt X.A.N.A. Très agaçant.
Au lieu de ça, le clone se posa sur la plate-forme hébergeant l'interface et attendit son adversaire. William n'hésita pas et se matérialisa juste devant lui, lui donnant un coup de pied qui le propulsa à l'intérieur de la sphère bleue. Il allait tomber dans le vide ! Mais ce fut pile le moment où l'ascenseur passait. Et le clone fut emporté avant même que William n'ait eu le temps de lui envoyer une salve. Le ténébreux s’élança à sa poursuite de la même manière que précédemment. Le clone réussit à faire une sortie extrêmement calculée dans la salle de la tour de Carthage, connue pour être atypique, au moment où passait l'ascenseur qui ne s'y arrêtait pas. Immédiatement, le Lyoko-guerrier ré-apparut.
- Finissons-en... décréta sa copie.
- Excellente suggestion.
William chargea. Les zanbatōs s'entrechoquèrent. Aucun de deux adversaires n'arrivait à trouver de faille dans la garde de l'autre. Au bout d'un moment, celui qui possédait la Supersmoke en abusa pour se glisser sous les jambes de son ennemi et ré-apparaître derrière lui. Mais PolyWilliam lui envoya un coup de pied arrière d'une puissance stupéfiante. William fut projeté vers la tour au halo rouge qui l'absorba au lieu de le stopper brutalement. Couché sur le dos sur la plate-forme inférieure, il roula sur lui-même pour accéder au bord de la plate-forme et regarder en bas. Cette tour n'était pas fermée ! Au fond, le décor carthaginois était visible.
Grâce à sa lévitation, son clone polymorphe le rejoignit. William en se relevant, lui avait préparé une salve en guise d’accueil, que son adversaire repoussa simplement avec son épée. De plus en plus impressionnant.
Subitement, William 2 lui envoya son épée, une manœuvre dont notre héros croyait avoir le quasi-monopole étant donné que son adversaire ne pouvait la récupérer automatiquement. Surpris, il eut tout juste le temps de s'écarter mais fut déstabilisé et tomba de la plate-forme. Il fut encore davantage incrédule lorsqu'il vit que le clone, après avoir récupéré son arme, le suivit dans sa chute.
- Supersmoke !
William remonta sur la plate-forme inférieure de la tour. Cet imbécile s'était-il délibérément jeté dans le vide ? Non, la Manta de couleur foncée apparût au fond du puits, permettant au clone de s'appuyer sur le monstre volant pour bondir et remonter à la hauteur du beau ténébreux. Une ouverture. Enfin.
L'action fut très rapide. L'adolescent envoya – difficilement vu l'angle – une salve sur la Manta qui explosa. Lorsque son double approcha suffisamment de la plante-forme au sigle de X.AN.A, William lui envoya à son tour son zanbatō pour qu'il se fasse transpercer. Le clone utilisa sa propre arme pour se protéger, mais le choc ralentit trop sa course pour qu'il arrive jusqu'à la hauteur escomptée, ce qui eut pour conséquence une nouvelle chute de sa part, sans toutefois que celui-ci puisse désormais compter sur sa créature pour le recueillir. Il inclina alors son épée vers le bas pour entrer en lévitation. Il tenta de s'échapper par le puits de la tour pour être hors de portée du guerrier noir dans cette position de faiblesse relative. Mais William avait déjà ramené son épée vers lui grâce à la Supersmoke et envoya une salve d’énergie destructrice à William bis qui l'encaissa de plein fouet. Et il disparut en une pluie de confettis virtuels blancs.
C'était fini. Terminé. William avait gagné. Il avait battu les cinq clones polymorphes et la plupart de leurs animaux de compagnie.
En guise de récompense immédiate, le sol de la tour fut secoué de plus en plus violemment. Inquiet, le Lyoko-guerrier en sortit, se posant à nouveau sur la plate-forme adjacente qui menait à la salle de l'ascenseur. Il jeta un coup d’œil à la tour. Son halo virait au violet sombre.
- Ce n'est pas logique...
« Oui, tout comme le défi que je t'ai proposé. »
- Hein ?
« Le but de la manœuvre était simplement de voir si le nouvel avatar que je t'ai conçu serait viable face à tes anciens amis ».
Tandis que le programme multi-agent lui expliquait comment William venait de se faire manipuler, la salle commença à s’effondrer. Il n’eut pas le réflexe de se changer en fumée : Un énorme bloc bleu l'écrasa.
Lyoko venait d'exploser. Dans les décombres du monde virtuel qui se dispersent dans l'océan numérique flotte un William recroquevillé sur lui-même, tel un fœtus. Il avait désormais un avatar virtuel flambant neuf, alors même que l'autre n'avait pas eu le temps de vieillir. Un nouveau look que X.A.N.A acheva définitivement en gravant son sigle sur le torse de l'adolescent...
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:52; édité 1 fois
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Texte 7 : Un amour brûlant, par Icer Catégorie : Romance.
Spoiler
Un amour brûlant
Note : L'action de déroule peu après l’extinction du Supercalculateur (#95 Souvenir)
C'était un sacré retour sur Terre que venait de vivre William Dunbar. L'adolescent semblait s'être fait définitivement jeté par Yumi. Mais il avait encore du mal à l'accepter. Et par conséquent, il n'était pas encore tout à fait prêt à abandonner. Méditant dans sa chambre, il cherchait un dernier moyen pour séduire la belle. Les vacances de février approchaient, mais avant ça, la Saint-Valentin. Il fallait en profiter. Il lui offrirait un cadeau trahissant clairement ses intentions, et terminé les bouquets de roses passe-partout. Il avait une idée bien précise en tête mais ne savait pas vraiment où la trouver. Après quelques jours de recherches infructueuses en ville, il dût se résoudre à commander l'objet par internet. Il fut livré juste à temps !
C'est ainsi que le samedi 14 février 2004, une semaine avant le début des vacances, William se rendit chez Yumi. Ce fut sa mère qui vint ouvrir.
- Bonjour ?
- Bonjour madame, je suis William Dunbar, un camarade de classe de Yumi et...
- Ah oui, elle m'a déjà parlé de toi.
Voilà qui était inattendu. Mais c'était de bon augure.
- Je peux lui parler ?
Mme Ishiyama fixa ce qu'il cachait derrière son dos d'un air entendu et lui répondit avec un léger sourire :
- Je vais la chercher.
Étape 1 : check.
- Yumi !
La japonaise se fit désirer mais arriva finalement.
- Oh Ulrich, je n'ai pas fini d'emballer tes chocolats.
Elle se figea en se rendant compte que ce n'était pas celui qu'elle attendait.
- Wi.. William ? Qu'est-ce que tu fais là ?
- Ben c'est... la Saint-Valentin et...
Il lui révéla alors le paquet qu'il cachait.
- C'est pour toi. Ouvre-le.
Bien que très embarrassée, la japonaise s’exécuta, révélant ainsi un magnifique collier et un pendentif rond plaqué argent. De couleur rose, le motif représentait un kanji peint en noir. Celui de l'amour. Et elle le savait parfaitement.
Yumi regarda l'objet avec tristesse :
- William, je t'ai déjà dis...
- C'est bon, j'ai entendu. Tu vas offrir des chocolats à Ulrich. Je sais ce que ça signifie.
- Désolé. Je ne peux pas accepter ça.
L'adolescent récupéra le collier.
- Bah, je m'y attendais, donc je t'en ai pris un autre.
Il sortit de sa poche un collier similaire, au fond noir cette fois. Le kanji doré au milieu était le symbole de la paix.
- Celui-ci te convient-il mieux ? Stern ne devrait y voir aucune concurrence.
La japonaise se ressaisit.
- Oh, celui-ci est parfait, merci William.
Ils restèrent un moment à se regarder sans rien dire.
- Bon et bien... je m'en vais.
- D'accord. Tu sais William, on peut rester amis malgré tout.
- C'est ça.
Sans plus de cérémonie, William retourna à Kadic dans un état second, s'enfermant dans sa chambre pour le reste du week-end. Il fit néanmoins l'effort de se rendre en cours durant la dernière semaine, tout en évitant soigneusement de croiser le regard de Yumi. Puis vinrent les vacances et l'adolescent faisait partie des rares élèves à demeurer dans l'établissement. Il s'attendait à tourner en rond pendant les quatorze prochains jours. Néanmoins il décida de commencer par une petite promenade dans le parc vu qu'il était resté « chez lui » pendant son temps libre cette dernière semaine de peur de croiser des élèves indésirables (Ulrich en tête). Mais maintenant, ils étaient partis. L'ancien lieutenant de X.AN.A pouvait prendre l'air en paix.
Une fois dehors, il décida de se poser tranquillement contre un arbre. Il s'allongea, pensant à ce qu'il pourrait bien faire désormais.
- J'peux me caler avec toi mec ?
William ouvrit les yeux. C'était Christophe M'Bala, un élève de sa classe.
- Tiens. T'es pas parti toi ?
- Ma famille n'est pas sur le même continent. Je ne pars qu'aux grandes vacances.
La question était idiote, il le savait.
- Bon, assied-toi.
Christophe s’exécuta.
- T'as pas l'air en super forme.
- Ouais... non... j'viens de m'engueuler avec Anaïs. On a cassé.
C'était inattendu. Couple formé durant le bal de fin d'année dernière, on le considérait comme l'un des rares stables de Kadic.
- Pourquoi ?
- J'sais même pas... des conneries. Toi non plus t'as pas l'air très heureux.
- Yumi m'a définitivement jeté.
- Ah ouais, j'imagine. Quelle saloperie la Saint-Valentin.
- Tu m'étonnes. J'ai claqué dans les soixante euros pour rien.
Les deux compères restèrent silencieux.
- Tu sais qui d'autre est resté ? demanda William au bout d'un moment.
- De chez nous, bah nous deux, Priscilla et – malheureusement – Anaïs.
- Ah, pas de chance. Au moins, Yumi est partie.
- C'est vite dit, elle est à coté.
- Certes.
Christophe se releva.
- Viens faire un baby-foot mec.
William hésita.
- Je sais pas... j'me sens pas motivé à grand-chose.
Christophe ôta alors son casque et sortit son baladeur de sa poche.
- Bon, je te prête ça. Rejoins-moi au foyer quand tu auras fait le point.
William choisit de se passer l'album des Subdigitals pendant qu'il réfléchissait à la situation.
La Terre n'est plus vraiment ronde... ♫
Pour lui en tout cas, ça ne tournait plus très rond. Il se sentait complètement déboussolé depuis sa capture par X.A.N.A.
Laisse-toi porter... ♫
Il s'était fait emporter par les événements. Ses « amis » avaient apparemment tout fait pour qu'il soit libéré, mais refusèrent malgré tout son aide lors du combat final contre le programme multi-agent.
Au cœur d'un tourbillon... ♫
Après ça, William avait plongé en pleine tempête. Renié par ses amis qui l'accablèrent de tous les reproches. Yumi faisait croire qu'ils pouvaient continuer à se fréquenter, mais c'était bien entendu impossible avec ce boulet de Stern.
Viens avec nous... ♫
Il ne savait plus qui suivre. Depuis son arrivée ici, il avait toujours reporté toute son attention sur la japonaise. Mais maintenant, c'était terminé.
Tu n'es plus seul dans cette histoire... ♫
Et il se retrouvait tout seul. Enfin, ça ne datait pas d'hier. Personne n'était là non plus pour le défendre face à la Méduse, pas plus que quand il était sous contrôle de X.A.N.A. Et revenu sur Terre, il se retrouvait là, allongé contre cet arbre.
Des âmes égarées... ♫
William était actuellement une âme égaré. Comme ces imbéciles avaient mis un point d'honneur à achever X.A.N.A sans lui, il n'avait plus de compte à régler.
Des compagnies de compagnons... ♫
Il fallait qu'il se ressaisisse et change d'air. Et pour ça, rien de tel que des nouveaux amis, pour commencer.
Nous toucherons de près la lumière... ♫
Libéré du joug du programme multi-agent, William revenait des ténèbres. Il allait désormais essayer d'atteindre l'autre extrême.
J'ai tant d'amitiés à venir... ♫
Il était encore jeune. Yumi n'avait été que sa première cible en arrivant à Kadic et pas vraiment pour de glorieux motifs. Cette fois, il serai guidé par de nobles sentiments.
La vie n'est que plaisir... ♫
Il était William Dunbar bordel ! Celui qui resterait à jamais la plus grande légende d'un monde virtuel digne d'un roman de science-fiction. Ce n'était tout de même pas rien.
On va s'envoler... ♫
Yeah !
Avec une énergie nouvelle, William ouvrit la porte du foyer. Christophe jouait au baby-foot avec Théo Gauthier tandis que Bastien Roux comptait les points.
- Ah, super mec, ça va mieux ? demanda immédiatement l'autre lycéen.
William lui rendit son matériel.
- Ouaip. J'suis prêt à jouer avec vous les gars.
- Fort bien, déclara Bastien. Amène-toi Théo, on va leur montrer qu'on a pas besoin du brevet pour assurer au baby-foot.
- Tu m'étonnes !
- OK les gars, on se fait un inter-classe, annonça Christophe. William, viens faire l'attaque, je m'occupe de la défense.
- C'est parti.
Les quatre adolescents se retrouvèrent à la cantine une petite heure plus tard. Le soir tombait.
- Dix à huit, rappela Christophe triomphant. Désolé les mecs !
- J'vous prends quand vous voulez sur un vrai terrain moi, assura Théo.
- Ha ha, on verra ça, répondit William. En attendant, on a tous bien mérité notre steak frite.
La petite bande s'assit à une table et n'ajouta rien le temps de savourer leur repas. Au bout d'un moment, « le groupe des filles » restées à Kadic arriva à son tour : Anaïs et Priscilla, accompagnées d’Émilie Leduc et de Lola Kieffer. La première croisa le regard de Christophe.
- Je crois qu'elle m'en veut, glissa-t-il à William tandis que les troisièmes finissaient de savourer leur plat.
- Sans blague, t'as vu son regard ? Il faut se méfier d'elle.
Les élèves regagnèrent leur chambre. Ils s'étaient tous échangés leur numéro en cas de besoin. À peine dix minutes plus tard, William réalisa que c'était une bonne idée. Son portable vibra.
- Hmm ?
- C'est Bastien. On a un problème.
- Déjà ?
- Christophe s'est fait forcer sa porte.
- Bon, j'arrive.
Et quelques minutes plus tard, dans la chambre du lycéen :
- Ah ouais effectivement, déclara Théo après une inspection minutieuse de l'état de la serrure.
- Chuuuuuut ! Jim veille, rappela l'autre troisième. Et ferme cette porte pour commencer.
- Désolé.
- On t'a volé un truc ? demanda William à celui qu'il surnommait désormais Chris, double référence à son goût pour la bonne musique et au batteur des Subdigitals.
- Je cherche, je cherche.
Il s'en rendit compte au bout d'un moment. En tout cas, les trois autres le comprirent en voyant son visage tendu.
- Merde, c'est mon journal.
- T'as un journal intime, toi ? demanda Bastien, interloqué.
Christophe esquiva la question.
- C'est un coup des filles, poursuivit-il. D’Anaïs tout du moins.
- Pourquoi ?
- Euh... ce serait un peu compliqué à expliquer mais c'est en rapport avec notre rupture. Faut m'aider à le récupérer les mecs.
- Oh yeah, lança Théo. J'adore les escapades nocturnes.
- Et si les filles nous tombent dessus ?
Suite à cette question de Bastien, Christophe jeta un rapide coup d’œil sur son lit.
- On se défendra.
…
- C'est une mauvaise blague, soupira William
Il était à genou dans le couloir du dortoir des filles, son oreiller dans une main.
- Je préférai mon zanbatō pour les souvenirs que j'en ai, même si c'était loin d'être un poids plume.
- Quoi ? demanda Chris à coté de lui, dans la même position et avec la même « arme ».
- Ahem, rien. Où en est Théo ?
- J'sais pas, j’entends rien. J'vais l’appeler.
Au même moment, le téléphone de William vibra pour la seconde fois de la soirée.
- Ah, ça doit être lui.
C'était Bastien.
- C'est pas un peu extrême ? demanda ce dernier.
Le coéquipier de William voulut répondre lui-même. Il s'approcha du combiné.
- Non mec c'est pas un peu extrême car je dois à tout prix récupérer mon journal !
Son camarade n'en revenait pas. Christophe, lui qui était d'habitude si calme et positif, venait de changer du tout au tout en apprenant l'objet du vol de son ex. Qu'avait-il bien pu y écrire de si gênant ?
- On raccroche Bastien. Théo essaye de nous joindre sur l'autre portable. Tiens-toi prêt.
- Entendu.
- Allô ? Je suis en position.
C'était bien Théo cette fois.
- Ok, annonça Christophe. Quand tu veux. Vise bien.
Quelques secondes plus tard, un bruit de verre brisé se fit entendre suivit d'un cri de fille.
- C'était bien Anaïs, quel as ce Théo Gauthier.
Le collégien venait en effet de tirer un ballon dans la vitre d'Anaïs depuis la cour de Kadic. Bien sûr, il avait immédiatement prit la fuite sitôt son objectif atteint.
- Son cri va alerter les autres, glissa William.
- Pas sûr, il n'était pas très fort. Mais tu as raison, préviens Théo.
William rappela le footballeur pour lui demander de rejoindre Bastien au cas où. Puis les deux lycéens attendirent la suite des événements. Cette suite se déroula comme prévu. Le froid hivernal s'engouffrant désormais sans résistance dans sa chambre, Anaïs décida d'aller dormir chez Priscilla. La voie était libre. Oh bien sûr elle avait fermé sa porte à clé mais c'était son ex lui-même qui lui avait appris à forcer les serrures.
- Ça vient, dit Chris qui était au travail depuis une demi-minute.
- De ce coté aussi ça vient, déclara William qui surveillait les chambres de Priscilla et d'Émilie.
En effet, ils n'avaient apparemment pas été assez discrets. Les portes s'ouvrirent et les demoiselles eurent tôt fait de comprendre ce qui se passait.
- Oh non !
Immédiatement, Théo et Bastien surgirent de l'autre bout du couloir et firent barrage, ce dernier avec son oreiller. William saisi d'ailleurs celui de Christophe qui n'en avait plus besoin et le lança à Théo.
- Tiens !
- Niquel !
William retourna à l'autre extrémité du couloir. Tapi dans l'ombre, il s'assurait de l'absence de Jim. Ils avaient certes calé une couverture sous sa porte pour que ce qu'il entende soit limité, mais quand même.
Christophe était entré. Il l'entendit s'exclamer :
- Quelle blonde, même pas dissimulé.
- QU'EST-CE QUE C'EST QUE CE CHAMBARD !?
Jim. William n'avait rien vu venir. Heureusement c'est aussi parce que le surveillant était de l'autre coté et donc l'adolescent était lui-même hors de vue.
- ROUX, GAUTHIER, FIQUET, LEDUC, BLAISSE !
Il n'avait évidement pas raté les cinq sauvages en train de se battre avec leur coussins dans le couloir en pleine nuit.
- Y a des garçons dans la chambre d'Anaïs m'sieur, informa Priscilla.
William entendit des pas se rapprocher.
- M'BALA !!! ICI TOUT DE SUITE !
Une fois tout ce petit monde rassemblé, il déclara :
- On va tous aller s'expliquer en bas. Suivez-moi !
- Attendez, commença Émilie. Il manque...
- SILENCE !!!
William souffla. Sauvé. Et en prime, il allait pouvoir récupérer le journal sans problème, la porte étant toujours ouverte. Il ne se fit pas prier. L'objet se trouvait sur le lit. Sans plus de cérémonie, l'ex Lyoko-guerrier retourna dans sa propre chambre, l'objet tant convoité sous le bras. En chemin, alors qu'il se trouvait encore à l'étage des filles, une porte s'ouvrit, paralysant le « survivant ». C'était la petite Lola, la mine ensommeillée. Elle jeta un bref coup d’œil endormi dans le couloir redevenu calme et ne sembla même pas remarquer le lycéen. Elle referma la porte. Pfiou.
Et maintenant ? L'adolescent dut avouer que lire le journal le démangeait. Par pure curiosité typiquement humaine d'un coté, mais aussi parce que l'attitude de Chris vis-à-vis de ce machin était inquiétante. Peut-être avait-il de graves soucis qu'il ne confiait qu'a son journal (qui est fait pour ça après tout). Souvent, les gens qui ont besoin d'aide se renferment sur eux-mêmes à cet âge là. C'était d'ailleurs exactement ce que William faillit faire lui-même pas plus tard qu'en ce début d'après-midi. Mais grâce à son camarade de classe, il se sentait mieux. Il avait une dette envers lui. Il se devait de l'aider.
Alors le beau brun ouvrit le journal et se mit à lire.
…
Il était gay. Christophe M'Bala se sentait, d'après ce qu'il écrivait, attiré par les garçons depuis peu. Pas étonnant qu'il soit resté aussi évasif sur la raison de sa rupture avec Anaïs. D'ailleurs, cette dernière n'avait sans doute pas non plus eu droit à la vérité, auquel cas elle n'aurait sûrement pas éprouvée le besoin de voler le journal de son ex pour découvrir son véritable motif.
William ne savait pas trop quoi penser. Qu'il ait du mal à assumer son homosexualité naissante était largement compréhensible, la plupart des adolescents n'étant que de gros boulets à l'esprit étriqué qui n'acceptaient que ceux qui se conformaient à leur règles. D'un autre coté, il risquait de ressentir désormais lui-même un certain malaise lorsqu'il se retrouverai avec Christophe, malaise d'origine inconnue puisqu'il n'avait strictement rien contre les homosexuels. Il attribua cet état d'esprit paradoxal à la fatigue et choisi d'aller se coucher. Il y repenserait demain.
Le lendemain, la première chose que fit William fut bien entendu sa toilette. Mais la seconde fut d'aller rendre son journal à Christophe. Il y réfléchit pendant sa douche : Fallait-il avouer qu'il avait lu ce qu'il ne devait pas ? Il préféra attendre que son pote s'accepte d'abord lui-même un peu mieux, sinon le choc risquait d'être rude.
Il frappa à sa porte.
- Ouais ?
- J'ai un truc pour toi, annonça l'adolescent blanc en entrant et en mettant en évidence son bagage.
- Oh génial, merci mec, je me demandais si tu avais osé.
William déposa le précieux manuscrit sur le bureau de Christophe et s'assit sur la chaise qui allait avec.
- Alors, comment ça s'est terminé hier ?
- On a réussi à s'en tirer. Tandis que les filles racontaient la vérité, on a volontairement mis au point une version contradictoire les accusant elles, et Jim n'a pu donner crédit à personne. D'ici à ce que le proviseur rentre de vacances, les choses se seront tassées.
- Bonne nouvelle.
- Par contre, elles nous en veulent à mort.
- Bah, c'était déjà le cas pour Anaïs non ?
- Pas faux.
William voulut tâter le terrain.
- Pourquoi a-t-elle volée ton journal ?
- J'ai ma petite idée sur la question.
- Laisse-moi deviner, elle voulait savoir pourquoi tu t'étais disputée avec elle. C'est le coup classique.
Ce n'était pas très subtil mais Chris avait probablement des problèmes plus importants pour s'en rendre compte.
- Oui.
Mais il n'ajouta rien sur le sujet.
- On se fait une journée piscine mec ?
- En hiver ?
- La municipale est chauffée.
Il arrivait parfois à William de poser des questions à la réponse évidente et connue de lui-même, mais sur les sujets auxquels il n'avait pas réfléchi depuis son retour sur Terre, il avait littéralement besoin d'une sorte de mise à jour.
- Mouais, ok. On prévient les autres ?
- Ils sont partis défier des troisièmes d'un autre bahut au foot.
…
William sorti de l'eau au bout d'un quart d'heure à peine.
- Pfff, c'est ça chauffé ?
Il attrapa sa serviette noire rayée de bleu et s'assit sur un banc, cherchant son camarade du regard. Christophe n'avait apparemment absolument pas froid, chose étonnante puisqu'il venait d'un pays plus proche de l'équateur. Il voulut même tenter un plongeon. Tandis qu'il se préparait à sauter d'en haut, William le contemplait, fasciné. Il avait retrouvé sa bonne humeur au même instant que son journal. Et il était si...
Le portable de Christophe sonna, le tirant de ses pensées. William alla le chercher près du tas d'affaires.
- Oui ?
- Ah, c'est William ? Ici Bastien.
- T'es pas sur l'terrain ?
- C'est la mi-temps et on est en difficulté. Avec Théo on voudrai mettre un peu d'enjeu pour se motiver. Si on gagne, ça vous dit qu'on s'fasse un grec-frites ce soir ?
- Pas d'objection. Et Christophe n'en a jamais lui. Mais évite d'utiliser cette expression en face de n... lui.
- Pourquoi ?
William se mordit la lèvre
- Euh non pour rien oublie, j'déconnais. Ouais donc vous avez intérêt à gérer, relança-il pour détourner la conversation. Je commence déjà à avoir faim.
- Théo est très bon mais si Ulrich jouait à ma place, ce serai plus facile, avoua son ami.
- Crois-moi, Stern n'a pas les dispositions intellectuelles pour résister à la pression psychologique d'un deux contre deux. Quand il se bat, c'est plutôt du quatre contre un.
Il raccrocha sur cette élégante répartie.
…
- Alors comme ça, on sort ce soir ? répéta Christophe.
William et lui, en serviette dans le couloir de Kadic, se dirigeaient vers les douches. En effet, ils avaient appris plus tôt mais quand même un peu trop tard que celles de la piscine étaient hors service, une information habilement communiquée après paiement de l'entrée seulement.
- Apparemment. Bastien et Théo ont gagné.
William ouvrit la première porte du vestiaire. Chris s'assit sur un des bancs, fatigué par ses longueurs à la piscine. Son camarade au contraire était impatient d'effacer le souvenir de l'eau glacée par une douche chaude et se dirigea vers la seconde porte curieusement entrouverte. Au moment de l'ouvrir, il entendit un bruit suspect.
- Attention !
Avec des réflexes de Lyoko-guerrier, William fit un bond en arrière, esquivant ainsi le seau d'eau froide qui venait de s'abattre à l'endroit où il se trouvait. Dans le feu de l'action, il lâcha sa serviette.
Voyant sa gène, Chris lui répondit avec un grand sourire :
- T'inquiète pas mec, je sais à quoi ça ressemble, j'ai la même... en plus gros !
- Grmbl... marmonna William en ramassant sa serviette.
- Plus sérieusement, c'est la blague classique ce seau. C'est forcement un coup des filles. Regarde la gueule du truc, ça appartient sûrement pas à Kadic. Je te parie que c'est à la gamine du groupe qu'on a vu ça.
- Ça commence à me gonfler. Il serait temps qu'Anaïs accepte que...
Il se reprit à temps.
- Hum, que vous ayez cassés.
- Tu m'étonnes.
La suite se déroula heureusement sans histoires. Une fois rhabillé, William retourna chercher le seau et se dirigea vers la chambre de Lola, qu'il avait repéré la veille. Il frappa à la porte.
- Oui ?
William entra et jeta l'objet par terre.
- C'est à toi ça ?
La jeune fille fut intimidée par le lycéen.
- Euh... oui.
- Alors qu'est-ce qu'il faisait dans les douches des garçons ?
- C'est... c'est Priscilla et Anaïs qui m'ont demandé de leur prêter.
Le visage de l’adolescent se radouci. Il voulait simplement s'en assurer.
- Bon d'accord. Mais tu ne devrais plus traîner avec ces filles.
- Il n'y a qu'elles. Je m'ennuie sinon toute seule.
William jeta un coup d’œil sur le bureau de Lola. Il attrapa un crayon et une feuille et griffonna quelque chose.
- Tiens. C'est l'adresse de Yumi Ishiyama, une fille de ma classe qui habite à coté. Elle est adorable avec tout le monde.
« Enfin, presque tout le monde » corrigea-il pour lui-même.
- Éventuellement, tu peux venir nous voir, ajouta-il. Mais pas ce soir, on est de sortie.
- Euh, merci.
Ce détail réglé, William se rendit dans la chambre de Christophe qui avait fini de se préparer pour ce soir.
- Lola a avoué. C'est un coup des secondes. Il faut réagir.
- Bah, laisse, y a eu plus de peur que de mal. Allons rejoindre les autres.
…
La soirée se passait bien. Les quatre amis avaient le ventre plein, et se demandaient quoi faire ensuite.
- Les gars, y a Paraplégik Zombie 5 au ciné du coin qui commence dans une demi-heure, signala Christophe. J'ai envie de regarder ce genre de merde pour me détendre, z'êtes partant ?
Théo étouffa un bâillement.
- Désolé mais j'crois que je vais aller voir mon oreiller.
- De même, répondit Bastien. Ce foot nous a crevé.
- J'suis pas fan non plus de ce genre de films, avoua William. Mais bon ça peut pas être pire que Sky breaker 4. Un zombie handicapé est plus crédible que des briseurs de ciel. Aller je viens.
- Okay les gars, à plus, dit Chris en tapant le poing de Bastien.
- Tchuss.
Les lycéens se rendirent donc au cinéma et s'installèrent. Pendant le film (à chier), William voulut poser ses bras sur l'accoudoir. Mais étant donné qu'il n'y en avait qu'un seul de chaque coté pour deux bras, il posa sa main sur celle de Christophe, déjà installée. Comme ce dernier ne la retirait pas malgré ça, le contact fut maintenu. William ne trouvait pas ça désagréable, au contraire. Et si il était en fait comme son camarade ?
…
À la sortie du film, l'autre n'avait fait aucune remarque sur ce qui s'était passé et les deux lycéens rentrèrent à Kadic. Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu'ils virent que quelqu'un avait accroché une banderole géante sur le portail. Grâce aux lampadaires de la rue, on pouvait y lire :
SALE GAY, JE TE HAIS
William avait eu parfaitement raison au sujet des adolescents à l'esprit étriqué. « Elles » avaient bien exploitées les vacances de Mr. Rouiller.
- ...
- Christophe, c'est...
- Oui. C'est pour moi, avoua-il à demi-mots en baissant la tête.
Son camarade parvint à attraper le bas du « message », arrachant rageusement l'inscription homophobe.
- La salope ! Ça va pas s'passer comme ça.
- Je ne pense pas qu'elle soit vraiment contre l'homosexualité tu sais. Elle a juste du mal à digérer que je la quitte à cause de ça.
William fouilla dans sa poche et y dénicha un briquet. Il mit le feu à l'affiche qu'il jeta dans le caniveau.
- Peu importe, répliqua-il. On va contre-attaquer.
- … Merci mec.
- Je vais y réfléchir pendant la nuit, nous verrons ça demain. Aller ne restons pas là.
Ils arrivèrent dans le dortoir des garçons. Une fois devant sa porte, William chercha sa clef. Mais il ne la trouvait pas. Chris, qui venait d'ouvrir la sienne située un peu plus loin remarqua son embarra.
- Un problème ?
- Je ne trouve pas ma clef. J'ai dû la paumer.
- Bah, c'est pas grave. On ira voir le secrétariat demain. Viens dormir chez moi ce soir si tu veux.
William pâlit.
- J'ai toujours le matelas gonflable que j'avais acheté à l'occasion de la visite de mon frère.
Soulagé, il accepta l'offre généreuse. Après s'être lavés les dents et avoir installé le matelas, Willy et Chris se couchèrent finalement. Ce dernier demanda :
- Du coup, tu sais c'qu'on fait pour les filles ?
- Hum... il faut être très prudent, que Jim ne vous rechope pas.
- J'ai du mal à comprendre ton engouement. J'ai vu ta tête quand je t'ai proposé de passer la nuit ici.
Merde, il avait remarqué. William n'avait plus le choix pour que son ami ne se méprenne pas.
- En fait, je suis troublé parce que j'ai l'impression que je suis en train de devenir gay aussi.
- L'impression ?
- Oui, je n'en suis pas totalement sur... c'est peut-être simplement à cause de mes échecs avec Yumi.
- Je connais ça bien sur. Mais il n'y a pas trente-six façons de vérifier, déclara Chris en se retournant vers William.
Ce dernier soupira. Effectivement.
- Bon, mais n'en profite pas.
Chris quitta alors son lit et s’accroupit pour embrasser William. Longtemps.
- Alors ?
- Euh... j'sais pas trop. Comme j'ai jamais embrassé de fille, je peux pas comparer.
Christophe fit un facepalm.
- Hum... bon. Tu n'as quand même pas été dégoûté, c'est un bon indice. Mais soit.
Il se recoucha.
- Mais au fait, comment est-ce que les filles savaient qu'on serait de sortie ce soir, et par conséquent, que le message allait être vu avant qu'il ne soit retiré par Jim ?
C'était une très bonne question. William se souvint de quelque chose : « Tiens. C'est l'adresse de Yumi Ishiyama, une fille de ma classe qui n'habite à coté. Elle est adorable avec tout le monde. Éventuellement, tu peux venir nous voir. Mais pas ce soir, on est de sortie. »
- Oh non. Lola.
- Hmm ?
- Je l'ai dis à Lola en lui rendant son seau.
- ...
- Ne t'inquiète pas. Elle paiera aussi.
…
Deux jours plus tard, tout était en place. Dans le cadre du plan, Christophe et William avaient fait revenir Emmanuel Maillard, un de leur camarade de classe qui n'habitait pas si loin et qui n'était – heureusement pour eux - pas parti en vacances.
« - Sérieusement, je vais pas traverser la ville pour venir faire ça ? ». Mais Chris lui avait alors rappelé une sombre histoire de pari perdu qui concernait des fraises et de la chantilly et dont son complice se promit de demander les détails plus tard.
« - Pff, c'est bon, je me pointerai demain. ».
Et il tint parole. C'est ainsi que l'opération commença dans sa chambre. Il se trouvait alors avec William qui reçut un coup de fil.
- C'est pas un peu extrême ?
- Tais-toi Bastien, on va commencer.
Maillard envoya un SMS. Il était destiné à Priscilla.
« J'ai réfléchi pendant la Saint-Valentin. J'ai eu tort de te repousser, j'ai réalisé que tu étais l'élue de mon cœur. Je suis revenu à Kadic spécialement pour te l'avouer mais j'ai peur de venir te voir si tu n'es pas seule. Retrouve-moi dans ma chambre. Manu ».
En effet, Christophe avait appris que leur camarade avait reçu une déclaration d'amour de la jeune fille l'année dernière. Mais Emmanuel l'avait repoussée. Encore un truc que William manquait pendant qu'il était esclave de X.A.N.A. Il dût toutefois faire semblant d'être au courant puisque sa réplique faisait acte de présence.
- En espérant qu'elle éprouve toujours des sentiments pour toi, déclara l'ancien Lyoko-guerrier..
- Bien sûr, répondit Emmanuel. Elle m'a fait un cadeau à Noël et j'ai reçu un bouquet pour la Saint-Valentin.
- Ah.
Son portable sonna de nouveau.
- Oui ?
- C'est Théo. La cible n°1 sort de sa chambre.
- Bingo.
Les deux lycéens attendirent anxieusement que Priscilla frappe à la porte. William se dissimula dans le placard.
- Entre, dit Manu lorsque celle-ci fut arrivée.
Priscilla ne se fit pas prier. Elle se jeta dans les bras de son amant.
- Oh Manu je savais que tu changerai d'avis.
Ce dernier plaqua sa main contre la bouche de la jeune fille
- Chut, ne dis rien. Ressent.
Une phrase qui aurait pu donner lieu à un instant terriblement romantique si la porte de la penderie ne s'était pas brutalement ouverte. William était sortit du placard.
- Banzaï !
- … !
Emmanuel resserra l’étreinte de sa main pour empêcher qu'elle ne crie.
- Quoi, tu n'es pas fan des ménages à trois ?
William lui immobilisa les mains avant qu'elle ne se débatte. Les deux lycéens emmenèrent leur prisonnière dans la chambre de Christophe qui les attendait déjà avec Bastien.
- Panique pas, dit M'Bala à la fille. C'est surtout à Anaïs qu'on en veut.
Il saisit alors son téléphone et envoya un SMS pré-enregistré dans le même registre que Manu.
« En fréquentant d'autres garçons et en étant loin de toi, je me suis rendu compte que j'avais fais une énorme erreur. Viens vite me retrouver dans ma chambre qu'on en discute. ».
- C'est grossier, susurra Bastien. Ça ne marchera jamais.
- Anaïs est blonde, jouons sur ça puisqu'on est dans les stéréotypes ces temps-ci.
William se demandait à quoi il faisait allusion.
- C'est bon Bastien, tu peux aller t'occuper de Lola.
- OK.
Il attrapa le seau qu'ils avaient préalablement volé dans la réserve et quitta la pièce. William reçut un appel de Théo.
- La cible n°2 sort de sa chambre.
- Si c'est pas malheureux, les filles sont tout le temps scotchées à leur portable de nos jours.
Priscilla lui jeta un regard noir. William se dépêcha de prendre l'appareil photo prêt-à-photographier acheté la veille, puis de sortir se dissimuler à l'angle du couloir.
Anaïs arriva, frappant à la porte. Le jeune homme dissimulé entendit alors celle-ci s'ouvrir et Priscilla fut poussée sans retenue sur la fille blonde. À ce moment là, l'adolescent sortit de sa cachette et mitrailla la scène avec l'appareil photo. 21 clichés, il avait vidé la cartouche. Certaines photos donneraient clairement l'impression que les deux jeunes filles se jetaient au cou pour s'embrasser.
Il fut rejoint par Christophe, Manu et Théo qui avait suivi « la cible n°2 ». Anaïs repoussa Priscilla.
- C'est quoi ce bordel Chris ?
- C'est pour que tu lui foutes la paix, rétorqua froidement William. Emmerde-le encore et je balance une copie de ces charmantes photos prises à l'instant à Milly et Tamiya. Toi qui a souvent rêvé de faire la Une du journal de Kadic vu ton ego, te voilà servie non ?
- Bande de cons, cracha-elle avant de tourner les talons et de s'en aller, Priscilla à sa suite.
Théo s'écarta largement sur leur passage. Au cas où.
- Bon, ça c'est fait.
Au même moment, les garçons entendirent un cri de jeune fille qui venait du deuxième étage. Apparemment Bastien avait réussi. Lola venait de se manger un seau rempli de vinaigre sur la tête.
- Et ça aussi. L'opération est un succès total.
- Yep, beau travail tout le monde.
William soupira. Il ne se sentait pas vraiment mieux pour autant,étant toujours aussi indécis. Il passa le reste de la journée sur son lit à réfléchir (il avait retrouvé sa clef, bêtement oubliée dans les vestiaires), déclinant la proposition de baby-foot de ses amis (« Vous n'avez qu'a profiter de Manu tant qu'il est là ») et à un moment X, le sommeil l'attrapa sans prévenir.
Il se réveilla de facto très tôt le lendemain. Autrement dit, en vacances, il devait sûrement être le seul adolescent debout à cette heure-ci. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre. L'aube. Il avait le temps avant que les autres ne se lèvent à leur tour. Il décida d'aller au foyer regarder un peu la télé en attendant. Il zappa sur Canal +
- … mais où elle est cette conne ?
… South Park et son langage cru gratuit. Parfait pour se détendre.
- Ah qu'est c'que c'est ? Ah ! Qui... qui êtes-vous ?
- Moi, je suis toi. Je suis ton coté gay.
- Mon coté gay !? Non c'est faux je n'ai pas de coté gay !
- Vois-toi enfin tel que tu e...
William éteignit. Ce n'était pas son épisode préféré. Sa somnolence dissipée, il se rendit compte qu'il avait faim et alla au réfectoire pour petit-déjeuner. En entrant, il y décela une odeur bizarre. C'est peut-être parce qu'il n'était pas le premier : Émilie Leduc était déjà là. De meilleure humeur après approximativement treize heures de sommeil, il s'assit à la même table, en face d'elle.
- Plop.
- ...
- Bah quoi ?
- Euh... vous n'avez pas vu l'affiche des secondes ?
- Ouais on est au courant, et alors ?
- Ben... j'ai pensé que tu serais fâché.
William prit un air plus sérieux.
- Hum, tu étais dans le coup ?
- N..non. J'ai même voulu leur interdire. Depuis elles ne me parlent plus.
- Lola m'a déjà fait ce genre de manège. Quelles auraient été tes motivations ? Tu savais très bien que tu risquais de perdre tes seules copines pour les vacances.
Elle ne répondit pas tout de suite, se contentant de le regarder tristement.
- Je m'en doutais, conclut-il.
Il se leva et s'assit à une autre table, lui tournant le dos, et termina de manger son croissant à la fraîcheur douteuse puisque Rosa et Gaston étaient en vacances. Au bout d'un moment, il entendit la troisième se lever. Elle s'assit à coté de lui et lança d'une demi-voix.
- Je t'aime.
William avala le reste de sa viennoiserie de travers, manquant de s'étouffer.
- Q... Quoi !?
- Voilà pourquoi je ne voulais pas que les filles blessent ton ami.
L'adolescent réfléchit. C'était l'occasion rêvée de vérifier quelque chose.
- Embrasse-moi.
Émilie ne se fit pas prier et s'exécuta goulûment.
- Euh... dois-je en conclure qu'on est ensemble ? demanda-elle avec inquiétude par la suite.
- Je ne sais pas, avoua William. Tu ferai mieux de filer, j'ai besoin d'être un peu seul pour réfléchir. Je passe te voir après.
Elle débarrassa le plancher. Il put faire le point.
Il avait adoré ce baiser, plus encore que celui de Chris. Pourtant, il ne pouvait nier tout ce qui l'avait attiré chez le jeune homme. Voyons. Son hébétude à la piscine à sa vue en haut du plongeoir... Bah, il avait juste été très admiratif de la personnalité versatile de son camarade. Quant au cinéma... Christophe avait simplement été le premier contact humain prolongé de William depuis sa capture par X.A.N.A, autrement dit depuis longtemps, d'où cette impression euphorique. Et le baiser de Chris ne l'avait pas dégoutté parce qu'il éprouvait beaucoup d'affection pour lui, c'est tout. Ce n'était pas comme si il avait été embrassé par un inconnu. Tout ça couplé à la veste de Yumi l'avait induit en erreur depuis le début : Il n'avait jamais été gay. En le réalisant, William se sentit profondément soulagé. Chris était certes un très bon ami, mais rien de plus. L'adolescent allait pouvoir commencer une histoire nouvelle avec Émilie. Il se demandait comment il allait pouvoir annoncer ça à son camarade lorsque celui-ci entra justement dans la pièce à son tour et s'installa devant lui avec son plateau.
- Salut mec, ça roule aujourd'hui ?
- Ouais, beaucoup plus qu'hier, et toi ? demanda le lycéen en saisissant son verre de jus d'orange.
- Moui. Sauf que la vengeance d'Anaïs m'inquiète.
- Négatif. On a un moyen de pression maintenant. Une couille.. pardon, une tuile de sa part et elle fait sensation dans la presse à la rentrée.
- Je lui ai appris à forcer les serrures. Qui te dit qu'elle ne cherchera pas à mettre ça à profit sur ta porte tout comme la mienne ?
- J'ai l'appareil sur moi, déclara fièrement William en révélant le prêt-à-photographier usagé qu'il dissimulait dans une poche de sa veste. Je vais faire développer les photos aujourd'hui pour en faire vite des copies On sera tranquille.
Tout sauf tranquillement, Émilie revint.
- William !
- Qu'est-ce que tu veux toi ? demanda Christophe, méfiant.
- Elle sort avec moi, lui avoua l'autre lycéen, ce qui sonnait au passage comme un oui définitif pour Émilie. Je... j'ai pu voir que je n'étais pas gay.
Son camarade n'eut pas le temps de commenter cette information car...
- J'ai vu Anaïs forcer ta chambre !
- Elle cherche cet l'appareil, lui révéla William en désignant l'engin posé sur la table. On a des photos compromettantes.
- Ah.
- DUNBAR !
Les trois adolescents firent volte-face. À travers les fenêtres du bâtiment, on pouvait voir Anaïs et Priscilla. Ils sortirent.
- Donne-moi l'appareil, ordonna la blonde.
- Ça, c'est la preuve que tu veux encore t'acharner sur Chris.
- Ce n'sont pas tes affaires.
William fit son puits de science :
- Tu n'ignores sans doute pas que les plus homophobes sont souvent ceux qui n'assument pas leur propre homosexualité, déballa-t-il. L'étude d'Adams en effet...
- Ta gueule ! Soit tu me donnes l'appareil, soit je met le feu.
L'ancien Lyoko-guerrier fit alors plus attention à ce que transportait Priscilla. Le même tissu blanc que celui qui avait servi à la banderole homophobe précédente. Pour l'avoir fait lui-même brûler, William savait que c'était plutôt efficace. Anaïs avait littéralement cramé un fusible pour vouloir en arriver jusque là.
Comme ses menaces n'étaient visiblement pas prises au sérieux, elle ordonna à Priscilla d'allumer la « mèche » blanche et de l'envoyer dans la cantine. Cette dernière chercha son briquet...
- Non !
Christophe se jeta sur elle pour l'empêcher de faire ça. Son ex, en suivant sa trajectoire du regard, vit que William avait oublié l'appareil photo dans la cantine. Elle se rua à l'intérieur, bousculant le couple nouvellement formé. L'adolescent, en tombant de l’escarbot, fit une mauvaise réception et se foula le cheville.
- Aie !
Sautillant sur un pied, il croisa les yeux de sa belle qui n'avait pas besoin de faire médecine pour comprendre qu'elle seule pouvait encore empêcher la blonde de détruire l'engin. Elle se précipita à sa suite. L'ancien lieutenant de X.A.N.A sortit alors son portable et composa un numéro. Son correspondant décrocha à la deuxième sonnerie.
- Hmm ?
- Théo, lève-toi tout de suite et va chercher Jim ! Anaïs veut foutre le feu au réfectoire.
- Je fais au plus vite
Il raccrocha instantanément. William remercia intérieurement la présence d'esprit de son ami, mais à sa voix, il venait de le tirer du lit et risquait de mettre un peu de temps à venir avec du renfort. Mais ils devraient normalement tenir jusque là. Enfin, selon toutes probabilités.
Les probabilités furent faussées lorsque Priscilla dégagea Christophe contre l'autre réfectoire d'un coup de pied. Ce dernier avait reçu le choc sur la tête. Il perdit connaissance. Impressionnant. La lycéenne ne le remarqua pas et sous l'effet du stress, se dépêcha d’exécuter le plan de sa camarade, sans voir non plus que deux filles se trouvaient désormais à l'intérieur du bâtiment. L'entrée du réfectoire prit feu. Émilie et Anaïs étaient prises au piège, mais n'avaient pas fait attention à ce détail car elles se foutaient des baffes.
- EMILIE !
Elle n'entendit pas. Très vite, le feu se propagea à l'ensemble du bâtiment, n'offrant plus la possibilité de fuir par les fenêtres. C'était louche, car cette bâtisse pourrie n'était pourtant pas en bois.
Priscilla remarqua son erreur.
- Oh mon dieu !
- La ferme. Comment tu expliques que ça se propage aussi vite ?
- Je... on avait légèrement induit les murs d'essence.
Si il en avait le temps, William aurait été consterné. Ces imbéciles avaient pu se payer un produit issu de la distillation de l'or noir ? Gosses de riches va. C'était donc ça l'étrange odeur qu'il avait sentit en arrivant.
En tout cas, Émilie et Anaïs ne purent cette fois ignorer les flammes. Il y avait bien des extincteurs mais l'ex combattant virtuel n'était pas sûr que ça suffirait vu le contexte. Mais il restait une solution. Le toit. Il existait une trappe avec une échelle télescopique qui menait à celui-ci. C'était un peu bête mais William faisait plus attention à ce genre de détail avec un oncle dans le bâtiment. Ce n'était probablement pas le cas des filles. Et il se rendit compte avec horreur qu'il n'avait pas encore le numéro de sa partenaire !
Il se tourna vers Christophe, toujours dans les pommes. Pas le choix. Il se dirigea à cloche-pied vers son ami le plus rapidement possible. Fouillant dans ses poches, il dénicha son potable et chercha le prénom d'Anaïs à toute vitesse dans le répertoire. Bingo. Cette dernière décrocha :
- Allô allô ?
La formulation était ironique le cas présent.
- Anaïs écoute-moi. Réfugiez-vous sur le toit. Y a une trappe du coté de la cuisine. Je vais chercher de l'aide.
Il raccrocha et saisit son propre téléphone. Il appela Bastien.
- Ouais ?
- T'es chez toi ?
- Oui, un problème ?
- Prend ton matelas et amène tes fesses au réfectoire. VITE !
- Mais qu'est-ce...
- PLUS TARD LES QUESTIONS BASTIEN !
À ce moment là, Théo et Jim arrivèrent.
- Mais qu'est-ce qu... s'exclama ce dernier.
- Allez chercher des extincteurs, il faut ralentir la progression des flammes ! Deux élèves sont à l'intérieur.
Le surveillant s’exécuta. C'était le plus à même de connaître la position des outils anti-incendie les plus proches. Théo s'approcha de William.
- Besoin d'aide étranger ?
- Je me suis foulé la cheville. Va aider Bastien à descendre son matelas, les filles vont essayer de sauter du toit.
Ceci fait, il reporta son attention vers Chris.
- Désolé mon vieux.
Il le gifla violemment, ce qui permit à l'homosexuel de retrouver ses esprits.
- Que..quoi ? Oh mon dieu, ajouta-il en découvrant ce qu'il avait raté.
Les flammes étaient désormais trop grandes pour que William puisse voir encore à travers les vitres. Mais – le seigneur en soit remercié – les filles avaient finalement réussies à grimper sur le toit. Théo et Bastien arrivèrent. Ce dernier ne posa aucune question.
- Vite, positionnez le matelas pour qu'elles puissent sauter.
Désormais aidés de Christophe, l'affaire fut bouclée en quelques secondes. Émilie se prépara à sauter. Elle fut alors violemment poussée par une Anaïs totalement affolée qui voulait d'abord assurer sa propre sécurité.
- Ah !
La nouvelle copine de William menaçait de tomber à la renverse du toit. Le bâtiment n'était pas d'une hauteur excessive et très honnêtement, le matelas était un luxe pour des jeunes de leur âge. À condition de sauter -et surtout de se réceptionner - correctement. La tête la première, Émilie pouvait se tuer. Et l'adolescent toujours blessé était totalement impuissant !
C'est alors que Christophe – qui était le seul des trois autres à connaître la nouvelle relation de William – laissa les deux autres réceptionner Anaïs et se rua sur l'endroit où la troisième risquait de tomber. Il l'attrapa en plein vol et son dos déjà amoché par son combat précèdent craqua. Il lâcha vite prise, se tordant de douleur mais Émilie n'avait rien. Même bilan pour la blonde grâce à Bastien et Théo.
Deux heures plus tard, après avoir vidé un total de seize extincteurs, Jim Morales éteignit l'incendie.
…
Le lendemain, William, Bastien, Théo – un ballon à la main - et Émilie se rendaient à l’hôpital. Avec quelques massages d'une Yolande exceptionnellement rapatriée vu l'ampleur des événements, l'adolescent à la cheville foulée arrivait à marcher plus ou moins normalement.
- Christophe M'Bala ? Chambre 43, leur avait-on dit à l’accueil.
Les adolescents entrèrent donc dans la chambre de leur ami.
- Hé les mecs, lança un Christophe un peu trop dans le plâtre à leur goût. Ça boum ?
- Évidement abruti, lança Émilie avec malice. Grâce à toi.
- C'est plutôt nous qui te posons cette question, répliqua Bastien.
- Pas de souci, j'ai juste besoin de rester dans cette position deux ou trois semaines. En avril, je serai de nouveau en pleine forme.
- Tu as été héroïque, déclara William, sa main ébouriffant les cheveux de son ami.
- Ce n'est rien. Quelles sont les nouvelles ?
- Anaïs risque le renvoi définitif, dit Théo. Et encore, elle s'en tire bien puisqu'il n'y a pas de blessés graves. Elle risque quand même des TIG voire une peine en sursis à c'que j'ai compris. On a perdu l'appareil dans l'incendie mais elle ne t'emmerdera plus je crois.
- Priscilla est toujours introuvable, compléta Bastien.
L'adolescente en effet, avait profité de la confusion de la veille pour mettre les bouts. On ne l'avait toujours pas retrouvée à l'heure actuelle. Elle devait flipper, étant à l'origine du feu.
- Bon aller, on va être en retard au match, lança Théo. Amène-toi Bastien.
Les deux troisièmes devaient jouer la revanche contre l'équipe qu'ils avaient battu de justesse l'autre fois.
- Bonne chance les gars, lança Christophe.
Bastien leva le pouce en sortant.
- On reviendrai tous les jours, décréta William. On te doit bien ça.
- Bah, tu sais, tout ce bordel provient d'une chose : mon homosexualité. Alors quitte à ce que quelqu'un passe le reste des vacances à l’hôpital...
- Rien du tout. Le prochain connard homophobe que je croise trouvera à qui parler. Tu as déjà oublié mon coté rebelle ?
Émilie lui prit la main. William frissonna. Il se sentait heureux. Christophe était hors de danger et Anaïs avait désormais une épée de Damoclès bien plus menaçante que de simples photos pour éviter qu'elle ne récidive. De plus, l'ancien combattant virtuel avait trouvé l'amour et de nouveaux amis. La sombre page « Lyoko » était tournée. Il pouvait commencer un chapitre neuf.
- Au fait ! lança-il subitement. C’était quoi cette histoire de fraises et de chantilly ?
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:52; édité 1 fois
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Texte 8 : Replay, par Mara Schaeffer Catégorie : Vie quotidienne.
Spoiler
- … et c’est que, t’sais, j’étais super vénère avec elle, parce que je n’arrivais pas à croire qu’elle ait osé me faire ça avec mon ex, tu sais ?
Oh que oui, il savait. Il en savait d’ailleurs beaucoup trop. Il voyait les informations faire des tours dans sa tête, et plus il y repensait, plus il se disait que ce genre de conversation n’était vraiment pas faite pour les hommes.
- Alors déjà qu’elle ait une relation avec lui après tout ce qu’il m’a fait, c’était vraiment moche, mais qu’en plus elle ose le faire en cachette…
Vraiment pas.
Il faut voir les sacrifices que certains étaient prêt à faire, « par amour ».
- Tu as essayé d’en parler avec elle ?
- Pff, mais elle en vaut même pas la peine… En plus, j’étais tellement fâchée que je suis allée la voir une après-midi pour mettre les choses au clair, je suis rentrée pas plus avancée et si tard que je suis punie pour un mois ! Tout ça à cause de cette… !
- Eh, pas la peine de l’insulter ! Calme-toi. Vous étiez amies, non ? On ne rompt pas une amitié pour ce genre d’incident.
Elle l’observa un instant, sans croire ce que ses oreilles entendaient.
- Tu comprends vraiment rien, ma parole. Et dire que tu es sensé en savoir long sur les filles… Les garçons ne pigent jamais rien à ce genre de problème. Après tout, pendant que moi, je me faisais ainsi trahir, toi, tu devais sans doute être en train de jouer à un de tes jeux vidéos stupides !
Bien que la conversation n’en vaille décidément pas la peine, il fit l’effort d’essayer de se rappeler. Il n’était pas sûr de l’heure exacte, mais selon lui, cela devait avoir eu lieu pendant qu’un Krabe lui mitraillait le dos au milieu de montagnes virtuelles.
S’efforçant pour que la discussion finisse sur une note positive, ils conversèrent encore quelques instants, avant de se séparer.
Le blond soupira longuement, plus pour évacuer la tension que par mécontentement. Séduire la plus jolie fille du collège allait sans doute se montrer plus « ennuyeux » que prévu. Peut-être devrait-il revenir quand elle aurait moins de problèmes aussi cruciaux et tragiques…
Essayant de faire le vide, il se dirigea en direction d’un banc où se trouvaient deux de ses meilleurs amis, qui « discutaient » également.
Bien que leur relation ait toujours été des plus difficiles, les adolescents avaient mûri, et semblaient mieux se supporter. Leur partenariat sur Lyokô avait beaucoup à voir avec ce miracle ; depuis qu’ils avaient redémarré le SuperOrdinateur, quelques mois plus tôt, et avaient finalement mis les choses au clair (principalement sur Xana, mais aussi Yumi), ils se parlaient avec décence et politesse, et malgré quelques petites piques de temps en temps, Odd aurait presque pu dire que les deux garçons s’appréciaient.
Ils établissaient cependant toujours une « distance de sécurité », qui se traduisait par une place de libre entre eux, pendant qu’ils parlaient, calmement, et surtout, seul à seul.
Ulrich fut le premier à le voir s’approcher, et avec un sourire aux lèvres, ne perdit pas de temps avant d’attaquer.
- Alors ? Tu as finalement laissé tomber ?
Odd s’assit sans attendre entre ses deux camarades, et, passant ses bras derrière sa tête, ferma les yeux.
- Disons que je pense sincèrement à faire une petite pause. Mais je n’abandonne pas.
- Ben voyons. On te l’a déjà dit mille fois, Odd, la Fiquet n’est pas pour toi, inutile d’insister.
- Mais non. Elle est juste prise par des problèmes très fastidieux ces temps-ci ; quand je pourrais en placer une sans qu’elle me fasse la totale sur son ex ou sur ses parents qui la punissent sans arrêt, elle sera à moi en dix minutes.
- Dis donc, c’est la nuit qu’il faut rêver, mon vieux. Tu ne l’intéresses pas, fais toi à l’idée.
- Excusez-moi, mÔssieur –fit le blond, en ouvrant à nouveaux les yeux, juste à temps pour apercevoir Jim se dirigeant vers le gymnase, et, n’y prêtant pas la moindre attention, avant de placer un doigt se voulant crochu sous le nez fin de William – mais Odd le Magnifique n’abandonne JAMAIS !!
- … Ce qui lui a valu ses plus beaux râteaux.
- Et plus belles dévirtualisations.
- Et alors ? C’est en se cassant la fraise qu’on apprend à marcher.
La dispute amicale continua quelques instants, jusqu’à ce que Ulrich y mette fin.
- Bon, c’est pas tout ça, Odd, mais on a encore des trucs à finir pour demain. Et vu tes notes, un « je verrai plus tard » n’est pas à l’ordre du jour.
- Les gars, prévenez-moi quand Jérémie se crée des nouveaux clones, on dirait lui tout craché…
- Ce n’est pas plus mal, intervint William, j’ai rendez-vous avec Yumi pour parler d’un truc…
Complètement paniqué, Odd se redressa, et dirigea son regard livide vers William, à la grande stupeur d’un Ulrich n’y comprenant rien. William mit quelques secondes à comprendre, tout aussi paumé que son camarade, avant de se souvenir d’un petit détail faisant la différence.
- … scolaire. Juste un petit truc pour un cours.
- Ah ouai ?
À sa voix, il fallait croire qu’il n’avait rien gobé de ce rattrapage en catastrophe, et foudroyait William d’un regard jaloux et soupçonneux. William qui déglutit.
- Oui, un truc d’une classe, je ne pense pas que ça t’intéresserait…
- Oh mais si, justement, ça m’intéresse. Qu’est-ce qu’il se passe entre Yumi et toi ? Il y a quelques choses que je devrais savoir ?
William et Odd échangèrent un regard à la fois apeuré et dubitatif. Est-ce qu’ils déliraient, ou bien est-ce qu’Ulrich avait bel et bien compris que William et Yumi se « voyaient » ?
C’était bien mieux qu’il n’apprenne la vérité, mais cela allait tout de même pas mal compliquer les choses. Il avait été aussi difficile pour Ulrich de croire que William ne pourchasserait plus Yumi que pour William de faire une croix dessus. Et même si le samouraï ne s’était pas encore déclaré, la chasse était gardée. Lui faire croire que le plus vieux d’entre eux s’intéressait à nouveau à la japonaise ne pouvait rien amener de bon.
Alors que William entrouvrait la bouche, prêt à déblatérer la première bêtise qu’il trouverait, et qu’Odd levait la main, prêt à le faire taire, un Jim plein de sueur arriva en courant du gymnase, et se dirigea vers eux.
- Bon sang de bonsoir, les gamins ! Est-ce que vous avez vu quelqu’un sortir du gymnase avant que je n’y aille ?
- Euh, non, monsieur.
- Pourquoi ?
- Un petit vaurien s’est amusé à inonder les vestiaires ! J’ose même pas imaginer les dégâts qu’il a causés. Ah croyez-moi, quand j’aurais attrapé ce garnement, il va s’en souvenir !
- On vous croit, monsieur. affirma William, essayant de se retenir de sourire.
- Et vous avez plutôt intérêt à ce que je n’apprenne pas qu’il s’agissait l’un d’entre vous !
- Pas de souci pour ça.
Jim entendit cependant à peine cette réponse, s’élançant déjà en direction du proviseur, piétinant presque plusieurs sixièmes apeurés sur son passage, sauvés seulement par leurs réflexes et leurs instincts de survie.
Il n’en fallut pas plus au trio pour éclater de rire. Bien qu’aucun d’entre eux n’ait commis la stupidité de se mettre à inonder les lieux, leur professeur de sport avait pour don de toujours les amuser avec ses réactions loufoques et grotesques, leur en faisant souvent perdre leur latin.
Un qui ne perdit pas le Nord, cependant, fut un adolescent à la crête blonde et mèches violettes, qui, voyant l’occasion rêvée d’en finir avec la dispute stupide de ses camarades, agrippa Ulrich par le bras, l’obligeant à se lever avec lui.
- Oh lala, mais il est super tard ! Mieux vaut qu’on retourne tout de suite à notre chambre finir nos exercices, hein Ulrich ?
- Mais…
Il n’y eut pas de mais qui tienne ; en moins de deux, le duo avait quitté la cour, sans qu’Odd n’oublie de faire en direction de William un clin d’œil complice.
Ulrich essayait encore de faire valoir ses droits, lorsqu’une harpie aux longs cheveux noirs et au joli minois se présenta sur leur chemin, suivie par ses deux inséparables toutous humanoïdes.
- Tiens, tiens ! Voyez donc un peu qui vient par-là ! Mon futur époux…
Elle posa un instant ses yeux sur Odd…
- … et son si « charmant » meilleur ami.
- C’est vraiment pas un bon moment, ma « si douce et aimable » Sissi. répondit Odd, pressé de s’enfermer une bonne fois pour toute dans sa chambre avec son compagnon, là où il pourrait le surveiller. On est un peu occupés là.
- Tiens donc ? Et à quoi est-ce que tu pourrais te dédier de plus intéressant que moi ? fit la jeune fille en direction d’Ulrich, ignorant totalement Odd.
- Oh, mais plein de choses ! Mes devoirs, mon algèbre, ranger mes chemises par ordre de grandeur…
- Repasser la table de 3, on ne sait jamais.
- Compter mes stylos.
- Trier ses slips.
- Laisse mes caleçons tranquilles, Odd !
Sissi pesta, outrée. Non seulement ils se moquaient d’elle, mais en plus, voilà qu’ils se mettaient à converser comme si elle n’était pas là.
- Vous êtes aussi idiot l’un que l’autre ! cria-t-elle, avant de disparaître au bout du couloir, suivie de près par ses deux « amis », qui jetèrent aux garçons des regards meurtriers.
- Venant d’elle, je vais le prendre comme un compliment.
- Bonne idée. On y va ?
- Eh, les gars !
Odd était sur le point de maudire les cieux pour plus d’imprévus, lorsqu’il aperçut la frimousse de celle qui venait de les rejoindre et marchait à leurs côtés.
- Ah, salut Yumi. Ça va ?
- Plutôt bien, oui. Je cherchais William, mais il n’est pas dans sa chambre. Vous l’avez vu ?
Et allez.
Odd eu beau s’efforcer à faire des signes à Yumi pour qu’elle change de sujet, Ulrich, placé entre eux deux, se rappela soudainement de ce que William lui avait dit plus tôt, et décida de mettre les choses au clair.
- Il t’attend dans la cour.
- Ah ! Oui, comme je suis venue en avance… Je pensais qu’il serait ici.
- Je vois, je vois… Et, sans vouloir être indiscret, pourquoi ce rendez-vous ?
Yumi ouvrit la bouche, sûre d’elle, ayant visiblement un mensonge tout préparé, lorsque Odd intervint, vif, pour sauver la situation, sachant que les chances que tout finisse mal étaient plus que hautes.
- Ulrich, William te l’a déjà dit, ils vont juste parler de quelque chose de leurs cours. Lâche-leur les baskets !
La japonaise le remercia du regard, avant de reprendre.
- Oui, M. Fumet a parlé de faire des travaux de groupe, et on voulait discuter sur le sujet qu’on pourrait aborder.
- Ah…
Ulrich acquiesça, pas vraiment convaincu.
Entre temps, ils étaient arrivés à la chambre des garçons. Ces-derniers s’apprêtaient à lui dire au revoir, lorsque Yumi prit soudainement entre ses mains le bras droit du blond.
- Odd, est-ce que je peux te parler une minute ? Sur un truc en Arts Plastiques, je voulais avoir ton avis.
Le plus jeune hésita un instant, jetant un coup d’œil à son compagnon de chambre, qui les regardait d’un regard inquiet, avant d’accepter.
- J’arrive tout de suite, Ulrich. Commence sans moi !
Sans perdre de temps, les deux comparses filèrent rejoindre un autre couloir alors qu’Ulrich, plus que préoccupé, entrait dans sa chambre, tout en poussant un soupir las.
Dès qu’elle fut sûre d’être hors de vue et d’écoute, la jeune fille jeta à son ami un regard complice, qui lui donnait l’air d’une voleuse sur le point de parler de son meilleur coup avec son camarade de crime.
- Alors ? Il se doute de quelque chose ?
- Pas si William et toi, vous étiez un peu plus discret !
- Quoi, je ne pouvais pas savoir. J’en parlerais avec William, on s’inventera une excuse, et voilà. Pour le reste, il soupçonne quelque chose ?
- Du tout. Si tu veux mon avis, il a même oublié quel jour il est né, parce qu’il n’en a pas parlé une seule fois. Je me demande d’ailleurs s’il se souvient de son âge.
- C’est vrai que je n’avais jamais vu quelqu’un se ficher autant de son anniversaire.
- À mon avis, l’infinie attention et douceur qu’il a reçue de ses parents y est pour quelque chose… fit Odd avec une moue désolée, sans cacher l’ironie.
- Oui... – Yumi semblait aussi dérangée que lui par l’idée que leur camarade ait reçu si peu de tendresse paternelle dans son enfance ; mais n’étaient-ils pas là pour changer cela ? – Mais il n’oublie jamais les nôtres, alors il y a intérêt à ce que cette fête surprise soit la meilleur de toutes. Rendez-vous demain avec Aelita, William et Jérémie à l’Ermitage pour discuter des préparatifs. Je dois encore parler à William du petit service qu’il pourrait demander à Sissi.
- Bonne chance avec celle-là. Vraiment, vous allez en avoir besoin.
Ils ne tardèrent pas beaucoup plus avant de se séparer, Yumi se dirigeant vers la cour et Odd vers sa chambre, où il savait qu’une atmosphère tendue l’attendrait sûrement…
ººº
Il continua à observer son stylo danser sur la feuille, alors que l’autre adolescent écrivait les derniers mots de son devoir. Il ne lui fallut d’ailleurs que quelques syllabes de plus pour mettre un point final à son tourment, fermer son stylo, le jeter sur son lit, et s’étirer longuement, tel un chat sortit de sa torpeur.
- Eh ben ! Enfin ! Voilà une bonne chose de faîte.
Il se retourna en souriant vers son meilleur ami, qui avait fini peu avant lui, et caressait un Kiwi somnolent sans grande envie.
Bien qu’il sache parfaitement ce qui le dérangeait, et à quel point il s’agissait d’un terrain dangereux, il ne pouvait se résoudre à le laisser dans cet état, et posa la question sans retour.
- Ça va pas, mec ?
Lassé, Ulrich leva les yeux pour les poser une seconde sur son ami, qui l’encourageait du regard. Soupirant à nouveau, il s’appuya contre le mur de son lit, et lui dédia un regard peiné.
- Qu’est-ce qui arrive à Yumi ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ? demanda Odd, qui le savait parfaitement.
- Tu sais bien… Elle m’évite, elle donne toujours des excuses bidons pour tout… Je l’ai surprise faire des cachotteries avec Aelita, à chaque fois qu’elles me voient, elles se taisent, comme si de rien n'était. Je l’ai même surprise à le faire avec Jérémie. Elle a « rendez-vous » avec William, et ensuite elle te prend à part. C’est comme si elle ne voulait plus du tout passer de temps avec moi.
Odd ne sut pas quoi dire, alors qu’Ulrich se laissait aller à fermer les yeux. L’envie de tout lui raconter à propos de la surprise le titilla, tant il était désolé de le voir ainsi (il faut dire qu’il n’ouvrait pas souvent son cœur au monde), mais l’idée que tout ceci irait mieux une fois son anniversaire passé (ce qui était en soi censé le réjouir) l’en dissuada (ça, plus le fait qu’il ne voulait pas mécontenter une pro du Penchak-Silat).
- Écoute… c’est juste une phase, okay ? Des trucs de filles. Crois-moi, Anaïs fait des choses comme ça tout le temps, et les autres aussi. Je sais que Yumi ne suit pas exactement la norme dans la plupart des coutumes « féminines », mais je suis sûre qu’elle n’a rien contre toi, et c’est sûrement rien d’important. Des devoirs d’Histoire, des conseils d’Arts Plastiques… Le reste doit être du même niveau. Laisse passer quelques jours, et si ça ne s’est pas arrangé –et lui savait bien que cela s’arrangerait ; le samedi soir, à sa fête – parle en lui ouvertement. Je sais qu’étaler tes sentiments c’pas vraiment ton genre, mais fais-moi confiance, ça ira mieux après…
Ulrich ouvrit à nouveau les yeux, et l’observa un moment en silence, semblant peser ses mots.
C’est le moment que choisi le portable d’Odd pour sonner. Un petit coup d’œil à l’écran lui montra qu’il s’agissait d’un message de Jérémie, qu’il s’empressa de lire.
- Et pour se détendre, quoi de mieux qu’une bonne partie de dérouillage de monstre ?
Les deux amis échangèrent un regard entendu, Odd souriant à peine dents.
Ulrich ne tarda pas longtemps à faire de même.
ººº
- … et encore ! Ça c’est rien ! Tu sais ce que Maïtena a osé me faire ?
Il clignota un instant des yeux, semblant surpris.
- Odd, tu m’écoutes ?
- Euh, oui, oui !
Déboussolé, il jeta un coup d’œil autour de lui, cherchant à se situer dans le temps. Visiblement, Jérémie les avait fait retourner à leur début d’après-midi, juste après la fin des cours.
- Odd ?
- Euh, ouai, pardon, tu disais ?
- Tu ne m’écoutes pas, là. Remarqua Anaïs, vexée.
- Quoi, mais bien sûr que si ! Assura à son tour Odd, tentant de se souvenir de leurs conversations. Tu me parlais du fait que Maïtena voyait ton ex-copain sans rien t’en dire.
Cette fois, Anaïs paraissait avant tout surprise. Et Odd se demanda ce qu’il avait –encore – dit…
- Mais, je ne t’avais pas encore parlé de ça...
Avant de voir une occasion en or pour se rattraper.
- Tu n’en avais pas besoin. J’ai senti que tu allais mal dès qu’on a commencé à parler. Et l’attitude de Maïtena m’a dit le reste. J’attendais d’ailleurs que tu m’en parles.
- Oooh… Odd, je ne savais pas que tu étais un garçon aussi attentif.
Il lui sourit tendrement, affichant une mine compréhensive. Intérieurement, il jubilait.
C’est cependant à ce moment que ses yeux perçurent une certaine agitation derrière la jeune fille. Adieu les bonnes résolutions, bonjour mauvaises habitudes ; William et Ulrich semblaient sur le point de se sauter à la gorge.
Se saisissant sans hésiter des mains de l’adolescente, il prit sa voix la plus douce.
- Anaïs, je suis vraiment désolé, mais mes amis semblent avoir un très grave problème, et ont sans doute besoin de mon aide. Sache cependant que je serai à ton écoute la prochaine fois que tu voudras me parler de quoi que ce soit. N’hésite pas à venir me voir si tu as le moindre problème.
- Ooood, Odd ! C’est si adorable de ta part.
Mais oui, mais oui.
Une fois sa mission achevée, Odd l’Adorable quitta les lieux, et arriva juste à temps au banc pour empêcher une bagarre de commencer.
- Non mais eh oh ! Ça va pas chez vous, on se calme !
Il maintint les adolescents à une distance acceptable, et s’assit de force entre eux, comme « la veille », malgré les risques que cette position envisageait, et se fit maître de la situation.
- Qu’est-ce qui ne va pas, bande de forcenés ?
- Je lui ai juste demandé ce qu’il faisait avec Yumi.
- Et je te l’ai dit, on a bossé sur un travail d’Histoire, point !
- Ouai, c’est ça !
- Oh, tout doux ! Ulrich, mon discours comme quoi le temps arrangera tout, patiente un peu et tais-toi, ouvre-lui ton cœur, tout ça, tu en as fait quoi ?
L’intéressé détourna la tête et grommela quelque chose à voix basse.
- Et toi, petit garnement, je suis sûr que tu y as mis du tien, alors fais pas ton intelligent.
- Non mais dis donc… commença William.
- Oh, laissez tomber. Ça n’en vaut vraiment pas la peine. Serrez-vous la main, embrassez-vous, et qu’on en parle plus.
Ils se jetèrent un coup d’œil interloqué et dégouté à la fois, pour se rediriger vers Odd, tout sourire.
- Euh, oui, non merci. Fit le plus âgé.
- Bien, dans ce cas, changeons de sujet…
- J’en ai un. Merci les gars, ça a été à un cheveu, cette fois.
- Ah, enfin une note positive. Et on parle de quoi ?
- Moi et Jérémie poursuivis par un monstre de ferraille.
- Ah ! Oui. J’oubliais.
- Ça s’est bien passé ? Questionna William, regardant Ulrich d’un œil inquiet.
- Au poil ! J’avais presque oublié comment c’était d’avoir les os broyés.
Tout trois éclatèrent de rire (quoique Ulrich ria jaune), amusés par cet humour des plus noirs. William se lassa cependant vite de tout ceci, pour porter son attention sur une fenêtre du collège, semblant surpris.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Euh, rien… J’ai vu Sissi par la fenêtre.
Ulrich et Odd, surpris, échangèrent un regard entendu, avant de le reporter sur William, un sourire carnassier aux lèvres. Celui-ci ne mit pas longtemps à le remarquer.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Dîtes donc, monsieur Dunbar, serait-ce notre impression, ou est-ce que quelqu’un porte beaucoup d’intérêt à la fille d’un certain proviseur, ces derniers temps ?
William ouvrit de grands yeux, surpris par ce coup bas, et chercha rapidement ses mots.
- Je ne vois vraiment pas pourquoi tu dis ça…
- Oh, mais pour rien, – ce fut au tour d’Ulrich d’agir – mis à part le fait que tu la regardes tout le temps dans la cour et la cantine, que tu en oublies même ce que tu es en train de dire, sans compter l’aide que tu lui portes à tout bout de champ. Comme la semaine dernière…
- Oh oui, je ne suis pas prêt de l’oublier, celle-là ! –Odd racla sa gorge, avant d’imiter la voix fluette d’Elisabeth, posant ses mains sur son cœur et battant exagérément des cils – « Ooooh, William, tu es teeeellement aimable ! Je t’en dois une, demande-moi n’importe quoi ! Ooooh !»
Ce fut suffisant pour qu’Ulrich et Odd partent dans un long fou-rire.
- Oh, ça va ! Elle est mignonne, c’est tout ! Je ne suis pas bête au point de m’intéresser pour la fille qui passe son temps à nous mettre des bâtons dans les roues !
Son rougissement, cependant, disait le contraire, ce qui amena les autres à reprendre leur rire grossier et immature.
Contre toute attente, William n’eut même pas besoin de changer de sujet que, déjà, Odd avait cessé de rire, et se retournait sur le banc.
- Ah, monsieur !
Ulrich et William regardèrent leur ami s’agiter, surpris. Ils ne comprirent que lorsque Jim s’approcha d’eux, les sourcils froncés, comme souvent.
- Qu’est-ce qu’il y a, mon petit ?
- Je ne sais pas si c’est important, mais j’ai vu un adolescent sortir du gymnase tout à l’heure, hors des heures de cours. Je ne sais pas qui c’était, mais il était complètement trempé.
Les sourcils du professeur s’arquèrent encore plus, préoccupés cette fois.
- Merci de m’avoir prévenu, Della Robbia ! J’y file tout de suite.
Ce qu’il exécuta sur le champ, sous le regard amusé de trois adolescents, dont deux regardaient le troisième, un blond aux airs de lutin, avec un grand sourire.
C’est dans cette ambiance gentille que le trio se sépara, cette fois. Il faut dire que William ne sachant pas si le rendez-vous aurait lieu une seconde fois, il lui fallait encore attendre Yumi, et eux avait des devoirs à (re)faire.
En chemin, ils ne purent éviter une rencontre avec leur garce préférée, tout sourire. Ils l’avaient presque oubliée, cette fois.
- Tiens, tiens ! Voyez donc un peu qui vient par-là !
- Oui, ton futur ex-époux et son si charmant meilleur ami, qui ont d’autres choses à faire que de perdre leur précieux temps à discuter avec une tête vide comme toi.
Sissi en eut le souffle coupé.
- Comment est-ce que tu as su ce que j’allais…
- C’est facile, ma chère Sissi. Tes conversations sont si limitées qu’on ne met pas longtemps à les connaître sur le bout des doigts, raison pour laquelle on ne perd même plus le temps de t’envoyer sucrer des fraises. On finit à court d’idées, tu comprends bien.
Cette fois, c’est une demoiselle enragée qui leur fit face, furieuse.
- Comment oses-tu me dire une chose pareille ! Je vais…
- … le dire à ton père ?
- Arrête de finir mes phrases ! Vous êtes tous aussi idiots les uns que les autres !
Le poussant violemment, elle se fraya un chemin dans le couloir, quelques larmes perlant à ses yeux, toujours pourchassée par ses clébards, qui les assassinèrent du regard, cette fois.
Ulrich et Odd restèrent un moment immobiles, déconcertés.
- Tu as un peu exagéré, là…
- Oui, je crois bien...
Ils échangèrent un coup d’œil quelques secondes, avant de soupirer en chœur.
- Devoir m’excuser devant Sissi ! Mon rêve…
- Oh, allez, on verra ça plus tard…
- Eh, les gars !
Cette fois, lorsqu’ils se retournèrent, ils ne furent pas plus surpris que cela de voir leur amie asiatique. Elle les accompagna de nouveau à leur chambre, et prit Odd avec elle, sans que cela ne dérange plus Ulrich.
- Alors ? Qu’est-ce que vous avez convenu, William et toi ?
- On s’est mis d’accord pour les excuses qu’on donnera si on se fait prendre, et aussi pour Sissi.
- Et le travail d’Histoire ?
- Quel travail ?
Odd sourit de toutes ses dents.
- Et alors, cette Sissi ? Vous voulez vous en défaire ?
- Au contraire. Tu t’en souviens qu’elle doit une faveur à William ?
- Plutôt bien, oui –ça, il avait encore mal aux côtes d’avoir tant rit.
- Eh bien, on pensait qu’il pourrait lui demander que son père nous laisse le gymnase le temps d’une soirée, samedi, pour une fête intime, comme ça on ne dérangera personne. William pense qu’avec quelques négociations, elle sera d’accord.
- Ah, ahah…
Yumi l’observa rire nerveusement, et plissa les yeux, semblant suspicieuse.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Ahah, mais rien.
- Il s’est passé quelque chose avec Sissi ?
- Ah, mais non, du tout ! Par contre, je suis vraiment pressé, là, tu permets ! Ne fait pas attendre le beau brun ténébreux dans la cour, il va prendre froid ! Salut !
Et il disparut de sa vue, sans qu’elle n’ait le temps de rien en dire.
Après un instant de doutes et de questions, Yumi quitta le couloir, et descendit dans la cour, sans pouvoir se quitter de la tête l’idée que ses plans venaient d’être compliqués.
ººº
- Eh ben ! Enfin ! Voilà une bonne chose de faîte.
- Tu sais, quand on se souvient de tout, on n’est pas OBLIGÉ de répéter exactement les mêmes choses qu’avant le Retour…
- Pourquoi changer une bonne réplique ? Ou tout simplement une phrase qui sonne bien ?
Ulrich sourit, sans arrêter de caresser Kiwi. Il semblait de bien meilleur humeur, cette fois.
- Ça y est ? Tu t’es enlevé tes idées de trahison féminine de la tête ?
- Oui. Tu as raison, je m’en fais trop. Je vais laisser à Yumi le temps de faire ce qu’elle a à faire…
- … Ne pas sauter sur William à tout bout champ pour l’égorger, le pauvre bougre…
- … et ensuite on verra bien.
- Et alors ? Merci qui ? lança le blond, joyeux, et ne loupant pas une occasion de se faire des compliments.
- Merci, Ô Odd le Magnifique. Capitula Ulrich, levant les yeux au ciel.
- Non, pour aujourd’hui, ce sera Odd l’Adorable, je vous prie.
Il reçut l’expression de totale incompréhension de son camarade avec flegmatisme.
- T’inquiète, je t’explique. En fait…
Il n’eut pas le temps d’aller plus loin, que son portable commença à vibrer dans sa poche. Quelque chose de bien trop familier à son goût. Surtout lorsqu’il vit que c’était encore Jérémie (quoique pas un message, cette fois, sinon un appel).
Tentant de ne pas paniqués, chacun fit semblant de le prendre avec calme, et Odd décrocha comme si de rien était.
- Allô ?
- Ah, Odd ! J’ai un problème au SuperOrdinateur.
- Ahah, un problème, mais quel genre de problème ?! demanda Ulrich, après qu’Odd ait mis le haut-parleur.
- Ne me dit pas que Xana a décidé de nous faire un remake de l’attaque d’hier ?
- Pire, il a causé des dégâts au programme du Retour vers le Passé.
Malgré les conséquences de ces paroles, ils ne purent s’empêcher de se sentir soulagés.
- On a rien remarqué de bizarre, pourtant.
- Oui, pour le moment ça va, mais c’est sur le long terme que ça risque de causer problème. Je vais devoir relancer le Retour vers le Passé.
- Sans qu’il y ait eu d’attaques ?
- Je sais que c’est dangereux et que ça renforce Xana, mais imaginez que quelque chose de grave arrive un jour, et que le Retour ne marche pas ? On ne peut pas prendre ce risque. Je vais faire quelque recherches et le relancerai jusqu’à ce qu’il marche à 100%.
- Okay, dit comme ça…
- Faites passer le message aux autres, j’envoie le Retour dans cinq minutes. Pas la peine pour Aelita, elle est avec moi.
- Compris.
Dès que le génie raccrocha, ils s’interrogèrent silencieusement… et se répondirent rapidement.
- William.
- Yumi.
Sans perdre plus de temps, Odd chercha dans sa liste le numéro de William et l’appela, alors qu’Ulrich faisait la même chose pour Yumi.
- Allô ?
- Allô, William ? J’ai une nouvelle pour toi !
- Et moi une bonne question ! Je peux savoir ce que vous avez fait à Sissi ?!
À cet instant, Odd parut oublier le danger que représentait Xana, et déglutit longuement.
- Euh, mais rien, pourquoi ?
- Oh pour rien, je l’ai juste retrouvée à pleurer seule dans un couloir. Quand j’ai réussi à la calmer, et ait fini par lui parler de la fête, elle m’a littéralement envoyé bouler et a dit qu’elle refusait de faire quoique ce soit pour des brutes comme vous.
Aïe.
- William, je suis désolé, c’est juste un truc qui m’a échappé, je ne voulais pas qu’elle réagisse comme ça…
- Que vous l’envoyez paître d’accord, mais pas au point de la laisser en larmes !
- Je sais, je sais ! Mais écoute, ça peut s’arranger, justement. Il se trouve qu’il y a eu un problème avec le Retour vers le Passé, du coup Jérémie va…
ººº
- Eh ! Mais je parlais là !
Elle fit deux pas en arrière, surprise par ce comportement brusque, et parut même honteuse.
- Euh, désolée Odd… Je parle un peu trop, je ne me suis pas rendue compte que tu me parlais.
- Ah, euh, non…
Ça, pour parler trop, elle parlait trop, mais ce n’est pas ce qui l’avait dérangé.
Le problème, c’est que Jérémie avait un concept très différent du sien de « cinq minutes », et qu’être interrompu par des sauts dans le temps en pleine conversation n’était jamais agréable.
Il remarqua d’ailleurs que ses deux comparses l’observaient de loin, assis (paisiblement) à leur banc habituel.
- Hum, désolé Anaïs, mais je vais devoir te laisser…
- Qu’est-ce qu’il y a ? Je t’ennuie ?
Odd accueillit son regard de chien battue avec une lassitude extrême. Devoir supporter les pleurnicheries d’une fille superficielle pour gagner ses faveurs, d’accords.
Devoir le faire trois fois de suite, ça commençait à l’user.
- Non, bien sûr que non, tu ne m’ennuies pas. Mentit-il effrontément. C’est juste que mes amis ont besoin de moi pour un petit souci personnel.
- Je vois.
Après un instant, il soupira, et prit les mains d’Anaïs entre les siennes. De nouveau.
- Écoute Anaïs. Je ne peux pas résoudre tes problèmes pour toi, mais tout ce que je peux te conseiller, c’est que tu en parles. Parles-en avec ton amie, parles-en avec ton ex, parles-en même avec tes parents. Discute avec ta mère de tes soucis, crois-moi, les mères adorent que leurs filles leur raconte ce genre de choses. Je suis sûr qu’elle t’en voudra moins et sera moins sévère si tu t’ouvres un peu à elle.
- D’a… ccord.
- Bien. Maintenant, désolé, et bonne chance.
Il n’eut pas le temps de faire plus de cinq pas, que déjà, la blonde le rappelait à elle.
- Odd ? Merci. La plupart des gens se contentent d’écouter dans le vide, mais toi tu m’as vraiment conseillée, sans à peine que je t’en parle. Je n’avais jamais remarqué à quel point tu me connaissais bien.
Ça, après avoir eu droit aux mêmes plaintes (ou presque) trois fois, il commençait à devenir un véritable expert. S’il ne l’était pas déjà avant.
Il s’empressa pourtant d’atteindre les garçons, qui discutaient vivement.
- Pff, même pas en rêve. Tu as vu la tête qu’il fait, et on est encore qu’au troisième jour ? Crois-moi, il ne tiendra pas bien longtemps.
- Mais Jérémie a dit que ça risque de prendre du temps… Non, je pense qu’il tiendra jusqu’au bout.
- Tu paris combien ?
- 10€ qu’il tient.
- 10 que non !
- William, intervint Odd, se fichant royalement de leur conversation qu’il interrompit sans regret, désolé pour hier, j’ai était coupé par le Retour vers le Passé.
- Ça va, Ulrich m’a tout expliqué. Mais pour…
- Sissi, je m’en occupe. Enfin, on s’en occupe. déclara-t-il, prenant par la force le bras d’Ulrich, sans lui laisser le temps de rétorquer. De nouveau.
- Eh, mais…
- Pas le temps joli cœur, on a des trucs à faire. décréta le jeune blond en traînant derrière lui un adolescent qui commençait à en avoir un peu marre, sous l’œil intrigué de William.
Quand Ulrich se résigna et cessa de se débattre, ils croisèrent un corpulent et souriant Jim, qui venait de sortir du bâtiment des chambres. Pressé, Odd ne prit même pas le temps d’avoir l’air crédible, ni sérieux, et se contenta de froncer les sourcils et de prendre une voix inquiète.
- Ah, m’sieur, on vous cherchait. Quelqu’un a inondé les vestiaires du gymnase ! C’est l’horreur.
- Comment ?! L’adulte s’arrête net, choqué. Vous êtes sûrs ?!
- Oui, on y était retournés pour un cahier qu’on avait oublié et on a tout vu.
- Bien, venez avec moi, qu’on aille le voir plus en…
- Euh, non merci, on est un peu pressés là, mais allez-y sans nous, vous ne pouvez pas le louper, dès que vous avez les chaussettes mouillées, c’est là. Salut !
Jim n’eut pas plus l’occasion de se plaindre qu’Ulrich ; les deux enfants avaient déjà disparu dans les couloirs.
Dès qu’ils eurent atteint le premier étage, Odd stoppa net, et jeta des coups d’œil préoccupés en tous sens. Il attendit quelques secondes, sans pourtant que cela ne change rien. Arrivaient-ils trop tôt ?
Ulrich l’observa un instant, cherchant à comprendre ce qu’il y avait de si important, avant de capituler.
- Qu’est-ce qu’il y a ?
- Tiens, tiens ! Voyez donc un peu qui vient par-là ! Mon futur époux… et son si « charmant » meilleur ami.
Ah. Tout de même.
Tout sourire, Odd fit volte-face, se retrouvant net à net avec une demoiselle aux cheveux noirs qu’il connaissait plus que bien.
- Ooooh, Sissi, très chère. Justement celle que je voulais voir.
- Tiens donc ? Elle arqua un sourcil et posa l’une de ses mains sur sa hanche. Et pourquoi cela ?
- Eh bien, il se trouve que j’ai un petit truc à te dire, rien de mal, je t’assure. Ulrich, pourquoi est-ce que tu ne m’attends pas dans notre chambre ?
Il y eut quelques secondes de silence absolu, jusqu’à ce qu’Odd et Sissi daignent, d’un même geste, reporter leur attention sur Ulrich. Le regard de celui-ci faisait la navette entre eux, semblant absolument choqué.
- Ulrich ?
- Euh… ouai… j’y vais. À tout à l’heure.
Après les avoir regardés encore quelques secondes, il fila sans demander son reste, laissant ses deux camarades seuls.
Sissi se retourna immédiatement vers le blondinet, qui l’avait séparé de ses toutous humains et, muette, attendit patiemment qu’il ne parle, faisant peser sur lui un regard mauvais.
Il en fallait plus pour l’intimider, cependant, et c’est toujours en souriant qu’il s’adressa à elle.
- Alors ?
- Eh bien, ma chère Sissi, prépare-toi, car ce que tu vas entendre est top secret…
- Ben voyons. Accouche.
- Yumi, Aelita, Jérémie, William et moi, avons l’intention de faire une petite fête privée pour l’anniversaire d’Ulrich dans une semaine, pour nous six, en principe.
- Et ? En quoi ça m’intéresse ?
- Tu voudrais venir ?
Sissi ouvrit de grands yeux, pour le plus grand plaisir d’Odd. Elle ne s’y attendait pas, à ça.
- Tu m’INVITES ?
- Bien sûr ! En fin de compte, tu fais partie de ses proches. Tu pourrais rester avec nous un temps, mais après on aura besoin d’être seuls ; pour des raisons personnelles dont on ne peut pas encore te parler…
- Bien sûr, bien sûr. fit Sissi, trop choquée pour se plaindre.
- Mais juste toi, d’accord ? N’invite personne, n’en parle à personne, et surtout, pas un mot à Ulrich, entendu ?
- Je… d’accord.
- Alors ? Tu acceptes ?
- Quoi, mais bien sûr que j’accepte ! C’est si gentil de ta part, d’y avoir pensé ! Quoique compréhensible, mon Ulrich ne pourrait évidemment pas fêter son anniversaire dignement sans moi.
Évidemment.
- Bien, alors je vais le confirmer à Yumi, William ira te voir pour te mettre au courant de ce qu’on fera ce soir. Salut, et n’oublie pas : Motus !
Il mit un doigt sur sa bouche, lui mimant qu’elle se devrait de ne rien dire, geste qu’elle répéta, absolument radieuse de bonheur.
Content de lui, il fila, pour se retrouver une minute plus tard avec Yumi.
- Odd ? Qu’est-ce que tu fiches avec Sissi, Ulrich en était penaud !
- Rien. En fait, j’ai arrangé les choses, j’ai invité Sissi à l’anniversaire, elle restera seulement une heure ou deux et ensuite on sera tranquille. Je peux t’assurer qu’elle nous rendra tous les services qu’on veut. En attendant, si tu permets, j’ai des trucs à faire.
Sans lui laisser le temps de protester, il s’engouffra dans sa chambre, laissant derrière lui une Yumi absolument consternée.
Une fois dans sa chambre, il s’écroula à son bureau, et sortit ses cahiers, sous le regard curieux d’Ulrich.
- Tu refais tes devoirs ?
- Oui, encore. Et pour la dernière fois. Marre, de cette fichue journée !
- T’inquiète, Jérémie a dû réparer le Retour vers le Passé à cette heure… assura-t-il, bien qu’il savait parfaitement que non (mais ce n’était pas la peine de le stresser).
Odd appuya sa tête contre sa paume, et soupira. Oui, sans doute.
Ils n’allaient pas vivre coincés dans la même boucle toute leur vie, non ?
ººº
- … et c’est que, t’sais, j’étais super vénère avec elle, parce que, t’sais…
- Arrête.
L’adolescente ferma la bouche, surprise.
- Quoi ?
- Arrête, Anaïs. Je n'en peux plus.
- Qu’est-ce que… s’indigna-t-elle, alors qu’il la prenait par les épaules, avec une petite lueur de folie au fond des yeux.
- Écoute-moi bien, tu vas faire exactement ce que je te dis : tu vas aller voir Maïtena, et tu vas lui dire tout ce que tu as sur le cœur. Pas à moi, ni à quiconque : à elle. Tu vas lui dire ce que tu ressens, sans engueulade, jusqu’à ce que vous en soyez arrivées à une conclusion, et ensuite tu vas aller voir cet idiot d’Emmanuel, lui expliquer qu’il t’a fait du mal. Quand tu en auras finis, tu t’excuseras devant tes parents pour être arrivé en retard, et quand tu l’auras fait, tu t’achèteras une grosse barre de chocolat, tu t’assiéras sur le premier banc que tu trouveras, tu la mangeras, et tu diras vingt fois « Je suis heureuse ». Compris ?
- … Compris.
- Bien. Maintenant, si tu permets, je dois aller voir mes deux compagnons de guerre virtuelle.
- … Ok.
La contournant, Odd se dirigea vers le mille-fois-nommé banc de bois, où William et Ulrich semblait bien s’amuser. À la façon dont ils le regardaient, il aurait juré qu’ils parlaient de lui.
- Salut, Odd. Fit William. Tu tiens le coup ?
- Oh, oui, super ! Je pète la forme, merci.
- On fait toujours la même chose pour… ?
- Toujours. assura Odd, soupirant un coup.
- La même chose à propos de quoi ?
- Oh, rien, Ulrich… Ce n’est pas important.
- Bien, si vous me permettez… j’ai d’autres choses à faire, merci.
Sur ce, le blond se leva, semblant pressé. Son expression, ainsi que son tic nerveux à la lèvre, dut les alerter, car ses amis prirent un air inquiet.
- Odd ? T’es sûr que ça va ?
Il ne leur répondit même pas, et se dirigea vers sa chambre, seul. Pourquoi faire ?
Il ne regarda même pas l’expression de Jim, lorsqu’il lui lança au débotté qu’il avait saboté les vestiaires en inondant le gymnase, et accepta la punition sans broncher.
Il eut du mal à avoir l’air convainquant lorsqu’il remit Sissi dans le coup. Ni le moindre remord lorsqu’il s’avança vers elle, et pressa ses lèvres contre les siennes, à l’instinct. Son regard choqué et son expression consternée ne l’importèrent même pas ; il s’était demandé depuis leur rencontre comment seraient ses lèvres s’il l’embrassait, et dans deux heures, tout au plus, elle ne se souviendrait de rien.
Il ne dit pas un mot à Yumi, et s’enferma dans sa chambre, où il se jeta sur son lit, écrasant son chien de justesse. Et n’en bougea pas, jusqu’à ce que son compagnon de chambre n’y entre une heure plus tard, l’air d’avoir vu un fantôme.
- Odd ? Mais qu’est-ce que tu as fait ? Maïtena et Anaïs sont en pleine guerre dans la cour, Emmanuel s’est pris des claques, Sissi crie sur tous les toits que tu es amoureux d’elle et Jim t’accuse d’avoir fichu en l’air le gymnase. Mais qu’est-ce qui te prend ?
Sans dire un mot, Odd plaça sa tête entre ses mains, et, les yeux fermés, souffla lentement, très, très lentement, pour reprendre son calme, jusqu’à s’être tout à fait relaxé.
Pour exploser immédiatement.
- Il me prend que ça fait neuf fois, NEUF FOIS ! Neuf fois à répéter sans cesse les mêmes dialogues stupides, les mêmes gestes, les mêmes actions, les mêmes devoirs idiots ! Mais qui se fiche encore de Colomb, de nos jours, hein ? Qui ? J’en peux plus, Ulrich. Je n'en peux plus ! Alors je vais rester ici je vais attendre le prochain Retour vers le Passé, demain, je ferais la première chose qui me viendra, et tout ça jusqu’à ce que ce programme soit réparé. Pendant ce temps, tout ce que je veux, c’est la paix. La paix !!
Le brun n’évita que de justesse, et grâce à un réflexe surhumain, l’oreiller qui finit sa route contre la porte qu’il venait de fermer. Choqué, il hésita à rentrer, sachant les conséquences que cette action pourrait avoir.
Il ne savait pas comment expliquer à Odd qu’il n’y aurait pas de nouveau Retour vers le Passé. Que Jérémie avait finalement réparé le programme. Et que ses actes d’aujourd’hui seraient les définitifs.
Il se voyait mal lui dire qu’ils ne pouvaient pas prendre le risque de revenir en arrière pour la neuvième fois (et revivre une dixième même journée), et qu’il allait devoir en endosser les conséquences.
Il fit alors la seule intelligente qu’il pouvait faire.
D’un geste rapide, il sortit son portable, pianota sur quelques touches, et attendit patiemment qu’on lui réponde. Alors qu’il s’exécutait, un immense sourire se dessinait sur ses lèvres. Un sourire de vainqueur.
- William ? Tu me dois 10€.
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:53; édité 2 fois
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Texte 9 : Étincelles à contre-courant, par Mara Schaeffer Catégorie : Action.
Spoiler
Ils s’écroulèrent au sol, dans un grand fracas. Sans perdre une seconde, il releva la tête, alerte, observant de loin son ennemi, surpris d’avoir raté sa cible.
Un gémissement, sous lui, lui rappela la présence de la jeune fille qu’il venait de plaquer au sol, et il se releva rapidement, l’aidant à faire de même. D’un geste protecteur, il la plaça derrière lui, sans quitter des yeux les monstres qui les entouraient.
Trois Blocks et cinq Kankrelats. Sans compter ceux qu’il avait déjà éliminés.
Cela n’allait pas ; ils étaient beaucoup trop nombreux. Seul contre huit, avec un nombre limités de flèches (plus que quatre). Sans oublier, bien sûr, celle qu’il se devait de protéger, et qui était restée docilement derrière lui, semblant effrayée. Elle ne se faisait pas à cette vie de combat ; lui l’acceptait mieux.
Mais c’était la première fois qu’il se retrouvait seul sur Lyokô depuis sa première virtualisation. Sans compter Aelita, bien sûr, mais elle ne comptait pas comme guerrière. Au contraire ; il devait non seulement la protéger pour qu’elle atteigne la Tour, mais aussi pour l’empêcher de disparaître à jamais. C’est en tout cas ce qu’avait dit Jérémie.
Il activa son bouclier à temps, pour éviter de perdre plus de points de vie, et encaissa sans broncher les nombreux tirs qu’il recevait ; avec cependant une certaine appréhension. Il savait que son bouclier, pas encore au point, ne pouvait pas le protéger de beaucoup de lasers d’un coup.
Il réussit à pousser la jeune fille avec lui, et usant l’une de ses fléchettes pour se débarrasser d’un Kankrelat (plus que trois restantes), put s'échapper avec elle.
Pas pour longtemps.
Entre eux et la Tour, venaient de s’interposer deux Krabes, grands et fiers. Deux ennemis de plus. Et toujours le même nombre d’armes.
Cela n’allait vraiment pas. Il ignora les demandes de Jérémie, qui le priait de tenir, de s’en sortir, pour réfléchir à ses possibilités. Il pouvait compter sur la Princesse pour isoler quelques monstres avec son pouvoir de synthétisation, oui. Mais pour combien de temps ?
Il avait beau jouer les connaisseurs et les grands guerriers, il savait reconnaître une situation problématique lorsqu’il en vivait une. Ce n’était que sa sixième venue sur Lyokô, la quatrième pour désactiver une Tour, et jusque-là, ils étaient toujours venus tous les trois. Il n’était pas prêt à affronter tant d’adversaires.
Jérémie lui répéta, alors qu’ils esquivaient de justesse une série de tir des Krabes (les autres ayant été isolés par un mur de sable) qu’il devait tenir bon, que les renforts finiraient bien par venir.
Il souffla longuement, jeta un coup d’œil à l’elfe, et se concentra sur la Tour.
Il allait y arriver ; il devait y arriver. Il ne savait toujours pas si Yumi était en sécurité ou non. Et Ulrich pouvait être en danger aussi.
Si seulement Xana ne s’en était pas pris à la japonaise, tout aurait été tellement plus simple…
ººº
Jérémie soupira, remuant sa fourchette dans sa purée, alors que ses amis continuaient à le toiser, espérant une réponse. Ulrich fut cependant celui qui la donna.
- « Huuuuumphuuuh », ça veut dire non, c’est ça ?
- Pff…
- C’est bien ce que je pensais…
Cela ne mit pas le génie de meilleure humeur, et c’est un regard noir qu’il jeta à son compagnon de classe.
- J’ai beau chercher, je n’ai encore rien trouvé. Ce code est indéchiffrable.
- Relax, Jérémie, tu finiras par trouver. Ça fait seulement deux semaines que tu y bosses.
- Ça fait DÉJÀ deux semaines qu’il y bosse.
- Ulrich…
- Laisse, Yumi, il a raison. Je traîne, je traîne, et pendant ce temps, Aelita est toujours coincée dans ce fichu ordinateur…
Il se prit la tête entre les mains, et gémit longuement.
- Et nous toujours obligés à lutter contre le dit fichu ordinateur.
Ils se turent un moment, tendus.
- Écoute, tu le trouveras quand il sera temps. Entre Aelita et toi, je suis sûre que vous allez finir par y arriver…
- Comment va Aelita, soit dit en passant ?
Les deux blonds échangèrent un regard.
- Toujours aussi pressée de quitter Lyokô. Elle me parle comme si elle croyait que j’étais Dieu-tout-puissant, comme si j’allais la sortir de là en claquant des doigts…
Il soupira à nouveau. C’était normal, en fin de compte ; il lui avait promis, deux semaines auparavant, lorsqu’il l’avait rencontrée, qu’elle les rejoindrait sur le vrai monde. Il ne pouvait pas reculer maintenant. Il se devait de trouver la Clé de la Matérialisation, coûte que coûte.
Après quelques minutes, Yumi finit par se lever de table, sous le regard interloqué de ses camarades. Personne ne fit la moindre remarque, mais Odd remarqua qu’Ulrich lui faisait un discret signe de tête.
Le groupe ne partageait pas encore une amitié passionnée (15 jours, c’était trop tôt pour cela), mais il commençait à bien connaître son camarade de chambre, et pour ce qu’il pouvait voir, et après des débuts difficiles (et violents) lui et la japonaise s’entendaient de mieux en mieux. Il alla même jusqu’à se demander si il n’y avait pas anguille sous roche, mais c’était encore trop tôt pour sortir des conclusions.
Une fois le déjeuner finit, les trois garçons quittèrent la cantine ensemble, sans se presser, car il leur restait encore du temps avant la sonnerie. C’était le moment rêvé pour savoir la vérité.
- Tu sais pourquoi elle a filé, hein ?
- De quoi tu parles ?
- Allons, ça se lit sur ton visage !
Ulrich leva les yeux au ciel.
- Qu’est-ce que tu veux que je sache ?
- Où est allée Yumi ?
- Qu’est-ce que ça peut te faire ? rétorqua le brun, agressif. Ils avaient encore du mal à s’entendre, leurs caractères trop différents ayant tendance à se repousser.
- Odd, laisse-le tranquille…
- Quoi ? C’est une question tout à fait innocente. Pas d’quoi en faire une affaire d’état.
Ce fut au tour du lunetteux de diriger son regard vers les cieux.
Ils continuèrent leur route en silence, jusqu’à arriver à la limite du bois.
- Qu’est-ce qu’on fait ? Les cours commencent dans cinq minutes… fit Ulrich.
- Je vais discuter avec Aelita… Elle se sent souvent seule.
Odd acquiesça, et s’assit contre un arbre près de Jérémie, le regard rivé vers l’écran, alors que le brun s’appuyait contre le tronc, ruminant quelques choses. Bien qu’il ait donné son accord pour lutter contre Xana et apprécie la jeune fille, l’obsession que lui portait Jérémie était tout sauf saine, et Odd ne faisait que l’encourager.
Après plusieurs secondes, l’ordinateur portable que Jérémie venait de sortir de son cartable s’alluma. Sans même qu’ils ne touchent le clavier, une Aelita alertée apparue à l’écran, les surprenant.
- Jérémie ! Tu avais éteint l’ordinateur ?!
- Oui, j’avais oublié de le charger ce matin et je n’avais presque plus de…
- Ça fait dix minutes que je t’appelle ! Xana a activé une Tour sur le Territoire du Désert !
Il n’en fallait pas plus pour capter l’intention du trio, qui se pencha d’un même geste vers la jeune fille.
- Où est-ce que tu es ? Tu vas bien ?
- Sur le Territoire. J’ai réussi à m’y rendre, mais pas à m’approcher de la Tour, il y a des monstres partout. J’ai été obligée de me cacher… Vous n’avez rien perçu sur Terre ?
- Non, pour le moment, tout est calme. Tu es sûre de toi ?
- Tout à fait sûre. Xana n’appelle pas ses montres sans raison.
- D’accords. Reste où tu es, on arrive tout de suite.
- Et les cours ? Intervint Odd.
- On va devoir s’en passer.
Sans plus de préambules, les trois garçons quittèrent les lieux, alors même que la cloche du début des cours venait de sonner, et gagnèrent les égouts sans rencontrer quiconque.
Ils arrivèrent d’ailleurs à l’usine sans le moindre incident, ce qui ne fit qu’inquiéter un peu plus Jérémie.
- J’n’aime pas ça… Si Xana avait attaqué la ville on s’en serait rendu compte…
- ‘Faut avouer qu’ce n’est pas le roi de la discrétion…
Après quelques minutes, ils se trouvaient devant le SuperOrdinateur, sur lequel Jérémie commençait déjà à pianoter. Odd, lui, désespérait au bout de son téléphone.
- Yumi répond pas, mais qu’est-ce qu’elle fait !
- Laisse, Odd. Le prévint Ulrich. Elle avait piscine aujourd’hui, elle a dû laisser son portable au vestiaire. C’est pour ça qu’elle était si pressée tout à l’heure
- Ah ouai ? Il raccrocha. Et comment tu sais ça ?
- Elle me l’a dit hier, pendant que tu pourchassais Anaïs.
- Et c’est ça que tu gardais pour toi si jalousement ?
- Ce n’était pas tes affaires…
- M’ouai... Et puis, je n’appelle pas ça pourchasser, sinon préparer le terrain.
- Pour te prendre un vent plus en douceur ?
Odd foudroya Jérémie du regard.
- Très drôle… Et on fait quoi pour Yumi ?
- J’ai bien peur qu’on doive se passer d’elle… Aelita ? Ça va ?
- Je suis là, Jérémie. Mais je me suis fait repérer, et j’ai dû regagner la Tour de Passage. Et vous ?
- Toujours aucun signe de Xana… Je t’envoie les garçons, Yumi est manquante.
Cette phrase sonna mal pour tout le monde ; c’était la première fois, depuis qu’ils s’étaient juré de garder le secret à propos de Lyokô, que l’un d’entre eux manquait à la liste d’appel.
- Elle va bien ?
- Oui, juste injoignable. Les garçons, préparez-vous à…
- Ah !
Le trio fantastique sursauta, et tous reportèrent leur regard vers l’écran.
- Qu’est-ce qu’il y a ?!
- Ça y est ! J’ai découvert l’endroit où Xana attaque ! Je vous envoie les coordonnées terrestres.
Après quelques secondes, une série de chiffres apparurent, que Jérémie s’empressa de rechercher sur un plan de la ville.
La réponse à leurs questions ne prit pas longtemps à venir…
- Ça vous dit quelque chose ?
- Mais c’est…
Impossible…
- C’est la piscine du collège !
Aelita fit un pas en arrière à l’intérieur de sa tour, surprise par le cris soudain d’Ulrich, le premier à avoir réagi.
- Qu’est-ce qu’il y a ? C’est mal ? C’est quoi une piscine ?
- C’est là où est Yumi !
- Mais qu’est-ce qu’il prétend faire ?
- Attend…
Une autre recherche, plus courte, permit à Jérémie de le découvrir.
- C’est l’eau ! Il utilise les lampes se trouvant à l’intérieur de la piscine pour l’électrifier.
- Si jamais elle tombe à l’eau…
Les quatre amis se jetèrent un regard apeurés. Si n’importe qui plongeait, il finirait complètement grillé. Xana devait savoir que Yumi s’y rendrait aujourd’hui, et voulait s’en prendre directement à elle. Sans doute supposait-il qu’en activant sa Tour quelques minutes avant l’attaque décisive, il donnerait le temps aux autres de filer en laissant leur camarade en arrière, mais sans avoir l’occasion de la prévenir pour qu’elle ne les rejoigne. Rusé.
C’était donc là son plan ? Les éliminer un à un ?
- Qu’est-ce qu’on fait ?!
- Vous filez sur Lyokô désactiver la Tour, maintenant !
- Et si quelqu’un plonge à l’eau avant ?
- On aura qu’à retourner dans le passé, tout iras bien !
- Tu es sûr ? Et si quelqu’un meurt ?
- Il a raison Jérémie, on ne connait pas encore les limites du Retour vers le Passé…
- À mon avis, ça devrait le faire…
- Tu es prêt à courir le risque ?
Il y eut quelques secondes de silence, secondes durant lesquelles Ulrich passa son temps à taper du pied, sentant qu’il perdait son temps, et que chaque minute était précieuse.
Jérémie finit par se rendre.
- Bien, qu’est-ce que tu proposes ?
- Je file chercher Yumi, je les préviens du danger, on revient le plus vite possible, et on se virtualise. Ça te va ?
- Et nous, pendant ce temps ?
- Eh bien, tu envoies Odd sur Lyokô… Je ne sais pas moi, débrouillez-vous !
- Mais…
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase ; Ulrich avait déjà déguerpi, vif comme l’éclair.
Odd et Jérémie se jetèrent des regards en coin, sous l’œil attentif d’Aelita.
- Alors, je plonge ?
- Tu plaisantes ? Seul ? Hors de question ! Vous avez déjà du mal à trois, je ne peux pas courir le risque de te jeter dans la gueule du loup en solo !
- Tu veux que je ressorte gagner du terrain, Jérémie ? proposa Aelita, d’une petite voix.
- Ça, c’est encore pire que d’envoyer Odd tout seul…
Le génie tapota le dossier de son fauteuil du doigt, nerveux.
- Mais…
- Mais on ne peut pas rester là sans rien faire pendant qu’Ulrich et Yumi sont en danger.
Jérémie lui dédia un regard plein de doute, auquel Odd tenta de répondre par un sourire.
- Tu es sûr que ça ira ?
- On n’a pas vraiment le choix. Je ferais tout ce que je pourrais.
Il hésita encore un instant, calculant les chances de réussite de l’homme-chat, sans compter le risque qu’il courait, en laissant Aelita s’avancer protégée par un seul garde-du-corps.
Mais comme Odd l’avait souligné, avaient-ils d’autres options ?
- Descend au scanner, je te virtualise dans une minute.
L’adolescent acquiesça, et emprunta l’escalier pour descendre sur le champ. Jérémie, pendant ce temps, se retourna vers son amie virtuelle, qui l’observait sans un mot, attendant ses ordres.
- Prépare-toi à quitter ta Tour dans un instant, Aelita ; Odd arrive.
Seul.
Il continuait à détester cette idée.
Et à espérer qu’Ulrich ferait honneur à sa réputation, celle d’être l’un des plus rapides et forts du collège.
ººº
L’adolescent poussa un juron peu glorieux, alors que Yolande, l’infirmière du lycée, et Rosa, la cuisinière, parlaient toujours chiffon devant les portes de la piscine. Non mais franchement, c’était le seul endroit qu’elles avaient trouvé pour discuter ?! N’avaient-elles donc rien d’autre à faire ?
Il avait gagné l’endroit en un temps record, ce n’était pas pour rester là des heures à attendre qu’elles se souviennent qu’elles étaient payées pour bosser. Jérémie, Odd et Aelita comptaient sur lui.
Et Yumi, surtout, était en danger. Il n’arrivait pas à s'ôter cette pensée de la tête.
Depuis qu’il l’avait rencontrée, une quinzaine de jours auparavant, à son cour de Penchak-Silat (oui, ce jour, où elle lui avait mis une dérouillée humiliante), il pensait de plus en plus à elle. Quelque chose, chez elle, le captivait. Il ne savait pas si c’était sa puissance physique, sa force de caractère, ou s’il s’agissait d’une simple attraction, mais ce qui était sûr, c’est qu’il était incapable de la faire quitter son esprit.
Un qui ne se gênait pas pour en parler, par contre, était son camarade de chambre. Ulrich était arrivé à la conclusion, après cinq jours à partager le même toit avec ce loufoque à la crête impensable, que son but ultime dans la vie était de sortir avec toutes les filles qu’il croiserait.
Et l’entendre répéter tout ce qu’il trouvait d’attirant chez Yumi, et à quel point Aelita était craquante, avait de quoi lui chauffer sérieusement les oreilles.
En attendant, il avait déjà maudit ces bonnes femmes quinze fois, et rien n’y faisait ; il commençait à croire qu’elles avaient décidé s’installer ici. Dans la nature, à l’air libre, une vie écologique et peu couteuse, et à deux pas de leurs travail. Que désirer de plus ?
Son regard se porta sur la droite, d’où sortait un homme à pantalon court et chemise bleue. D’après le logo, il semblait être un employé de la piscine, et vu qu’il ne rentra pas par la porte principale, sinon fila dans la rue opposée, Ulrich en déduisit qu’il ne venait pas de sa pause cigarette, et que la télétransportation n’existant pas encore, il devait bien venir de quelque part.
Après un dernier coup d’œil vers les dames, il réussit à se faufiler entre quelques arbustes sans se faire voir, et fit le tour de l’établissement.
Une rapide recherche le conduisit vers une porte de derrière. Vitrée qui plus est, ce qui lui permit de jeter un œil dans la salle.
Aucune trace de chaos n’étant visible, il en déduisit que personne n’avait touché l’eau, ni n'était mort dans d’atroces souffrances. Au bord de l’eau se trouvait la classe de Yumi, écoutant (ou faisant semblant d’écouter) les explications de Jim, qui, vu ses gestes étranges, devait leur expliquer la technique du papillon (ou bien il leur racontait un de ses combats à mort avec des sangliers mutants ; difficile à dire).
Il voyait d’ailleurs parfaitement la jeune fille qu’il cherchait, mais celle-ci, trop attentive à son professeur (surprenant, vu le spectacle tout sauf professionnel qu’il offrait), ne remarqua ni sa présence, ni ses signes répétés pour lui dire de sortir.
En attendant, il ne pouvait toujours pas entrer, la porte ne s’ouvrant que vers l’extérieur…
Il était si pris à contempler la scène, qu’il ne vit pas un homme s’approcher.
- Eh, gamin ! Qu’est-ce que tu fais-là ?
À deux doigts d’une crise cardiaque, il eut juste le temps de l’entrevoir se diriger vers lui, avant de plonger (c’était le mot) entre deux broussailles.
- Eh, attend !
Celui qu’il prit pour un maître-nageur ouvrit la porte et sortit à sa recherche; cela ne devait pas être la première fois que des petits curieux tournaient autour de l’établissement, et ils ne devaient pas être toujours des plus sympathiques.
Après avoir cherché un peu, il se dirigea d’un pas rapide vers la direction qu’avait pris son collègue un instant plus tôt, espérant sans doute choper le petit garnement.
Petit garnement qui sortit la tête d’un buisson, soulagé. Il avait eu chaud…
Et beaucoup de chance aussi. Car cet homme, dans sa course, avait oublié de refermer la porte derrière lui.
Il n’en fallut pas plus pour que le brun ne se décide. Après avoir regardé à droite et à gauche, au cas où, il sortit de sa cachette avec précaution, et s’assurant qu’il n’y avait personne, se faufila rapidement dans la salle…
ººº
Elle laissa échapper un grognement exaspéré. Ce "bip" continu qui ne cessait de résonner dans ses oreilles commençait à vraiment la mettre sur les nerfs…
Malgré les indications du professeur, qui leur avait ordonné de laisser leurs portables aux vestiaires, Emmanuel Maillard avait réussi à se faufiler avec le sien, et continuait à jouer à un jeu qu’elle ne connaissait pas, mais détestait déjà.
Elle était bien curieuse de savoir ce qu’il ferait si Jim lui demandait de plonger, le plus naturel en cours de natation…
Jim qu’elle avait du mal à écouter, d’ailleurs, avec ce bruit insupportable qui ne s’arrêtait jamais…
Pour cette simple raison, elle n’hésita pas à lever la main lorsque le professeur demanda un volontaire pour effectuer une petite démonstration de ce qu’il venait de décrire avec tant de gestes inutiles : « le papillon » (effectivement).
Après s’être levée, elle se positionna devant toute la classe, au bord du bassin, et leva ses bras, sur le point de plonger.
Ce n’était rien de l’autre monde ; elle était plutôt une bonne nageuse, et ce genre d’exercice ne lui coûterait aucun effort…
Prête, elle fléchit les genoux, et, sans hésiter, sauta…
- Yumi, non !!
… Pour finir sans savoir comment au sol, sous un Ulrich surexcité. Et une forte douleur dans l’épaule.
- Aïe!
L’adolescent baissa la tête vers elle, semblant oublier la proximité de leurs corps, emporté par l’inquiétude.
- Ça va ?!
- Comment ça, ça va ?! Bien sûr que non, tu m’as fait mal ! Mais qu’est-ce qui te prends ?
- Ça, j’aimerais bien le savoir !
Sans prévenir, une main agrippa la chemise d’Ulrich, et le fit se lever d’un geste (visiblement, ce mastodonte était plus fort qu’il n’y paraissait).
- Stern ! Veuillez m’expliquer tout de suite votre attitude !
- Je…
- C’est pas un moulin ici, on entre et on sort pas à son aise ! Et surtout, on ne rentre pas dans ses camarades pour leur sortir des phrases aussi bidons ! Vous devriez être avec votre classe à cette heure. Vous avez plutôt intérêt à me sortir une bonne explication si vous ne voulez pas rentrer dans le bureau du proviseur avant d’avoir pu dire « Mais monsieur » !
- Mais, monsieur…
- J’t’avais prévenu p’tit gars, je vais te sortir d’ici, tu as plutôt intérêt à ce que la leçon rentre, si tu ne veux pas avoir encore affaire à moi !
Sans lui laisser le temps de répliquer, et sous le regard amusé des autres élèves (sauf Yumi, qui s’était relevée et se frottait l’épaule, toujours de mauvaise humeur), l’homme commença à le trainer loin du groupe ; ou plutôt, essaya.
- Vous ne comprenez pas, m’sieur ! Je suis venu vous prévenir ! L’eau a été électrifiée, si vous la touchez, vous risquez l’électrocution.
- Ben voyons ! Tu me crois tombé de la dernière pluie, petit ? On me l’a fait pas, à moi ! J’en ai vu des garnements dans ton genre, et j’en ai entendu des excuses, mais celle-là, elle mérite au moins qu’on s’en souvienne.
- Je vous assure, c’est la vérité !
L’adolescent se retourna vers Yumi, qui croisa son regard, plus inquiète que furieuse, maintenant. Si elle avait bien compris, cela devait être un coup de Xana, et Jim leur faisait perdre du temps.
Sans plus se soucier de rien, elle prit le bras d’Ulrich, et le tira vers elle, pour le libérer de l’emprise de Jim. Ni l’un ni l’autre ne s’y attendant, Jim lâcha prise, et Ulrich n’eut pas le temps de reprendre son équilibre. Trébuchant malgré lui, tentant de se ressaisir, il finit sa course sur Emmanuel qui, dans la surprise, lâcha son portable…
Qui finit son vol à l’eau.
Immédiatement, une série d’étincelles gigantesques en surgit, alors que plusieurs gouttes partaient en tous sens. Cela eut l’effet, au moins, de faire réagir les élèves, qui se levèrent sur le champ, et Jim oublia sa cible.
- Attention, ne laissez pas les gouttes vous toucher ! cria Ulrich, que son amie asiatique aidait à se relever.
Heureusement, personne n’était en contact avec une surface mouillée ; ce qui ne fut pas le cas du sac de Jim, trainant par là, qui devait contenir également des appareils électroniques, vu les étincelles qui en jaillirent après quelques secondes.
Il n’en fallut pas moins pour répandre la panique dans la salle. Aussitôt, chacun commença à courir dans la direction qui lui paraissait la plus sûre, certains vers les vestiaires, d’autre vers l’entrée principale de la piscine ; d’autres, enfin, courraient pour courir. Seul Emmanuel, se lamentant de la perte de son portable, et Jim, tentant de rétablir le calme, restèrent sur place, alors que plusieurs maîtres-nageurs et employés arrivaient, alarmés.
Ulrich ne prit pas le temps de leur expliquer la situation (la scène parlait pour elle-même), et sans frémir, saisit la main de Yumi, toujours en maillot-de-bain, l’entraînant en courant vers la sortie.
- Mais qu’est-ce que tu fais, il faut aider les autres !
- Ne t’inquiète pas, personne ne va prendre le risque de se mouiller après ça ! Il faut filer à l’usine avant que Xana ne change de plan ; tu es sa cible, et je pourrais bien le devenir aussi.
- Moi ? Elle tourna la tête vers l’établissement, sans s’arrêter de courir. Tout ça, c’était pour moi ?
- Oui, alors ne traîne pas ! Odd est seul avec Aelita sur Lyokô. Je ne sais pas combien de temps ils vont tenir !
ººº
C’était une question partagée. Odd lui-même se sentait au bout du rouleau.
Il avait réussi à venir à bout des Krabes (deux fléchettes de moins), et une fois leur protection détruite, il s’était débrouillé pour faire tomber, avec l’aide d’Aelita (qui avait fait disparaître une partie du sol) deux Kankrelats dans la Mer Numérique.
Mais il restait tout de même deux Kankrelats et trois Blocks, et plus qu’une fléchette. Jérémie avait beau lui avoir promis qu’il essaierait de lui en recharger d’autres, il avait été si pris dans ses recherches de la Clé de la Matérialisation qu’il n’y avait pas encore travaillé.
Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de la Tour, et incapables de l’atteindre. C’était des plus frustrants, et Odd sentait Jérémie s’impatienter. Aelita elle-même voulait tenter le tout pour le tour et courir, mais les Kankrelats l’en empêchèrent.
C’est alors que Jérémie prononça les plus belles paroles au monde.
- Odd ? Yumi et Ulrich sont en chemin, ils arrivent dans quelques minutes !
Halleluja.
Savoir que la relève arrivait lui remis du baume au cœur. Tout en poussant Aelita hors de la portée de tir d’un Blok, il se débrouilla pour prendre appui sur un rocher et atteindre le haut de son corps. Celui-ci paniqua tellement qu’il se mit à envoyer des lasers en tous sens, détruisant par mégarde ses deux compagnons. Les Kankrelats tentèrent à leur tour de se défaire d’Odd en le mitraillant de laser ; sans succès.
L’homme-chat se retourna vers Aelita pour lui indiquer que la voie était libre (les monstres étant trop occupée avec lui), mais n’en eut pas l’occasion. Elle avait repérée sa chance d’elle-même, et courrait déjà en direction de son objectif.
Odd se dit que les choses ne pouvaient réellement pas aller mieux lorsque l’un des Kankrelats atteignit sans le vouloir le dernier Block, duquel il eut juste le temps de sauter, et l’élimina. Il ne s’inquiéta même pas lorsqu’il vit d’autres Krabes arriver au loin.
Sûrement parce que, de la même direction, arrivaient Yumi et Ulrich, prêts à se battre.
Son sourire s’étendit d’une de ses oreilles félines à l’autre, alors qu’il esquivait un tir. Il lui restait encore une fléchette, et bon sang, il avait tenu, tout seul !
Il était…
- Odd ! Attention ! Aelita !
Complètement pris par surprise au milieu de ses réjouissances, Odd se prit un tir de pleine face, réduisant ses points de vie à 20. Il s’écroula à terre, pour se redresser aussi rapidement, aussi stressé qu’un chat que l’on a jeté à l’eau. Alerté, sans savoir même quoi chercher, il tourna la tête vers Aelita, qui courait toujours en direction de la Tour. Sans le voir.
Un Mégatank.
Odd connaissait bien ces bêtes-là. Oh que oui. Il l’avait rencontré pour la première fois une semaine auparavant, et s’était fait dévirtualisé avant même avoir pu dire « ouf », d’un seul tir, et en ayant tous ses points de vie.
Il vit comme le monstre se préparait à tirer. Comme Aelita n’avait rien remarqué. Et comme ses compagnons de lutte, derrière lui, se battaient contre les Krabes, incapables d’intervenir.
Sa fléchette (la dernière) rebondit sur la carapace du monstre, mais ce fut au moins suffisant pour lui faire perdre sa concentration, et donc sa cible. Le laser finit à quelques pas devant Aelita, qui, surprise, freina sec, tombant en arrière. La créature n’observa Odd que pendant quelques secondes, avant de regarder de nouveau sa cible première, l’elfe aux cheveux roses.
Sans attendre, il rechargea à nouveau son laser, sous les yeux d’une Aelita médusée. Elle savait ne pas pouvoir courir assez vite pour l’éviter. Et que ses murs de sables ne la protégeraient pas contre un tir de cette envergure.
Elle commença à courir malgré tout, vers la Tour, dans une tentative désespérée de l’atteindre à temps. Lui savait qu’elle n’y arriverait jamais avant l’attaque. Il savait aussi qu’il n’avait plus aucune arme pour s’en défendre. Et que les autres ne pourraient pas la sauver à temps.
Il ne douta pas beaucoup avant d’agir. Il courait déjà avant que le Mégatank ne reprenne sa mission ; il lui restait une chance de pouvoir empêcher l’inévitable.
Il avait déjà perdu une fois contre lui, il s’était fait ridiculiser. Il n’allait pas le laisser éliminer ainsi leur Princesse. Il devait l’en empêcher, au moins jusqu’à ce que l’un des autres n’arrivent et le détruise, ou qu’elle n’atteigne la Tour.
Alors, il sauta.
Il ne savait pas comment il avait pu arriver à temps pour s’interposer, ne s’en préoccupa même pas. Tout ce qui lui importa, c’est qu’Aelita avait eu le réflexe de se jeter d’un côté, et qu’il avait pu se placer entre le laser et elle.
Et que c’était aussi désagréable que dans ses souvenirs.
Quand il se réveilla, il était couché sur le sol de la salle des Scanners, la moitié de son corps encore dans l’un d’entre eux. Sa tête lui faisait mal, mais il se leva tout de même, et jeta un coup d’œil autour de lui.
D’après ce qu’il entendait depuis la pièce du dessus, la bataille n’était pas finie. Il ignorait combien de temps il avait été dans les pommes, mais il avait l’impression qu’il commençait à s’habituer aux dévirtualisations : il était presque sûr que le temps qu’il passait HS après chaque combat diminuait.
Les souvenirs lui revinrent aussitôt. Aelita, Tour, Mégatank. Soif de vengeance.
- Jérémie ! Appela-t-il, est-ce que Aelita a atteint la Tour ?
- Ah, tu es réveillé ! Non, pas encore. Xana est repartie à l’offensive ; l‘attaque sur Terre était si faible qu’il a tout misé sur Lyokô.
- Alors, renvoie-moi là-bas.
- Tu es sûr ? Tu viens juste de finir, tu devrais te reposer…
- Ça ira. J’ai un petit compte à régler.
Malgré ses réticences, Jérémie finit par accepter. Se glissant dans l’un des Scanners, il attendit que les portes se ferment. Puis vit une forte lumière, et ferma les yeux, prêt à retourner au combat.
C’est alors qu’une douleur horrible se fit sentir.
Il ignorait d’où elle venait. Il la sentait partout à la fois ; dans sa tête, dans son cœur, dans son corps. Dans son âme, peut-être.
Une sirène d’alarme se fit entendre, et les portes s’ouvrirent à nouveau. Il ne fut pas capable de se maintenir sur pied, cependant, et s’écroula au sol, pris de convulsion.
Il voulait que ça sorte. Que ça s’arrête. Quoique ce soit, cela devait s’arrêter. Il n’en pouvait plus. Ça faisait mal. Il avait mal !
Heureusement, après quelques secondes, il perdit connaissance, sans avoir pu répondre aux cris apeurés de Jérémie…
ººº
Des maux de tête, il en avait eu, mais celui-ci gagnait le premier prix haut la main.
Il avait l’impression que sa tête allait exploser ; il se demanda même si cela n’était pas déjà fait, car il sentait à peine son corps.
Il ouvrit les yeux en gémissant, et constata avec panique qu’il était devenu aveugle. Il ne voyait rien. Rien !
…
Jusqu’à ce que ses yeux ne s’habituent à la pénombre.
Il faisait face à un mur, visiblement. Quelque chose de chaud, doux, et vivant (vu les respirations qu’il entendait) se trouvait appuyé contre ses jambes.
Il allait paniquer, mais il n’avait même pas de forces pour ça. Au lieu de le faire, il enfonça la tête dans son oreiller, se trouvant visiblement dans un lit, et décida de mourir en silence.
C’est alors qu’une main hésitante secoua doucement son épaule.
- Odd, Ça va ?
- Maman ? C’est déjà Noël ?
Qui que soit son interlocuteur, il ne s’attendait visiblement pas à cette réponse, vu le temps qu’il mit à réagir.
- Odd, c’est moi, Ulrich…
À l’écoute de ce nom, l’adolescent se souvint de tout : son nom, son âge, sa mission sur Lyokô, ses compagnons de lutte, le Mégatank… Il reconnut la salle comme étant sa chambre, le lit comme étant le sien, et la créature vivante comme son chien, Kiwi.
- Waouh, j’ai dû me faire écraser par un bus ou quelque chose… Vous trouviez que le Mégatank ce n’était pas assez ?
Ulrich n’eut pas l’occasion de lui répondre, que trois coups sonnèrent à la porte. Le responsable n’attendit pas qu’on l’invite à entrer pour le faire.
- Comment il va ?
Il s’agissait de Jérémie, les cheveux de travers, les lunettes mal-mises, et de l’inquiétude plein la voix. À sa tête, il était venu le plus vite possible.
Maintenant qu’il y pensait, Ulrich avait ce même air préoccupé sur le visage…
- Il a l’air d’aller bien, oui…
- Okay, ne me ménagez pas, les gars. Je suis mort, et le Retour vers le Passé m’a sauvé, c’est ça ? Je ne douterais plus des capacités de cette chose, promis.
- Non, mais presque…
- Tu as été rejeté.
Odd se tourna complètement vers eux, avec l’expression de celui qui ne comprend pas.
- Mais j’ai dragué personne…
- Le Scanner.
Il ouvrit de grands yeux.
- Waouh, je devais vraiment être complètement drogué !
- Idiot !
Jérémie tapa du pied, se sentant incompris.
- Le Scanner t’a rejeté quand tu as voulu entrer pour la deuxième fois. Ton corps était trop fatigué à cause de la dévirtualisation, et tenter de retourner sur Lyokô si vite t’as mis à bout. Tes cellules ont mal réagi, et au final, le Scanner t’a éjecté. Ce qui était la meilleure chose qui aurait pu se passer.
- Je vois mal en quoi c’est une bonne chose.
- Si il avait ignoré l’activité anormale et t’avais virtualisé quand même, tu… ne serais peut-être pas là à l’heure qu’il est.
Odd ouvrit de grands yeux. Il venait de comprendre.
- … Ah.
Il y eut un moment de silence.
- Et… après ?
- On a conduit Aelita à la tour, elle a été désactivée, on t’a retrouvé KO sur le sol dans un était pitoyable, et Jérémie a envoyé un Retour vers le Passé jusqu’à cette nuit.
- Et visiblement on s’est tous réveillé en même temps.
- Je vois…
Ils se turent quelques instants de plus, tous pouvant sentir la tension planer dans l’air. Aucun n’arrivait à se faire à l’idée que l’un d’eux aurait effectivement pu mourir.
- Au moins… on le saura, maintenant. Fit Ulrich. Pas de seconde virtualisation dans le même combat.
- C’est ma faute, reprit Jérémie, je n’aurais pas dû te laisser faire, je savais que ce n’était pas une bonne idée.
- Laisse, Einstein… c’est moi qui ai insisté…
Ils restèrent muets pendant plusieurs secondes encore, chacun cherchant ses mots. Personne ne trouva rien à dire.
Ce qui explique pourquoi chacun fit un bond de plusieurs mètres (Odd tomba du lit, ce qui n’aida pas son mal de crâne, et même Kiwi se réveilla) lorsque la sonnerie d’un téléphone se fit entendre.
Ulrich décrocha d’un geste fébrile, alors que Jérémie tentait de reprendre son souffle et qu’Odd faisait taire son chien.
- A-Allô ? Ah, oui… Oui, il va bien. Je te le passe.
Odd n’eut pas besoin qu’on ne le lui précise pour savoir que par « il », on parlait de lui, et se saisit du téléphone.
- Allô ? Salut Yumi… Non, ça va allez. Si, si, j’t’assure… J’ai un mal de crâne qui fait peur, l’impression d’être passé sous un tracteur et je pleure rien qu’à l’idée que je vais devoir me lever pour regagner mon lit là, mais eh, ch’uis vivant ! Youhou !
La conversation dura encore quelques secondes, puis il raccrocha.
- Elle avait l’air vachement inquiète, je ne pensais pas que je lui importais tant…
- On a tous été morts de trouille Odd. On a cru que tu allais mourir.
L’adolescent pensa quelques secondes à cette idée, pour lâcher l’affaire ; cela n’en valait pas la peine.
- Mais je vais bien… Alors relax tout le monde, okay ?
- Mais…
- Nt-tt ! Tout le monde au lit ! Je ne sais déjà pas si je vais pouvoir me lever demain, j’aimerais au moins dormir.
- Fais-toi porter pâle. Tu dois laisser ton corps se reprendre. À propos, que je ne te voie pas mettre un pied dans un Scanner ; tu es dispensé de Lyokô pour le moment.
- T’inquiète Einstein, j’avais pas l’intention d’y aller.
- D’accord… Je vais aller voir Aelita. Elle était très inquiète aussi, elle s’en voudrait à mort si il t’était arrivé quelque chose par sa faute…
- Quelque chose ? Parce que ça, c’était rien ?
Le blond ne daigna même pas répondre, et quitta la salle, laissant les deux adolescents seuls.
Ulrich referma la porte, rangea son portable, et regagna son lit, après avoir aidé Odd à grimper au sien. Celui-ci avait effectivement à peine la force de se maintenir sur pied.
- « Au moins, on le saura maintenant », qu’il disait… Pff, pourquoi c’est toujours moi qui dois servir de cobaye ?
Ulrich sourit dans le noir.
- Eh, c’est toi qu’a voulu faire ton fier…
- Tu parles, la prochaine fois que je vois un Mégatank, je l’éclate !
- ….
- Vous en êtes venus à bout ?
- Du Mégatank ? … Tu parles.
- Cool ! J’vais être le premier alors !
- Ouai, j’aimerais bien voir ça !
Ils continuèrent cette dispute amicale pendant encore quelques minutes, avant de sombrer dans le sommeil le plus profond, chacun avec un grand sourire aux lèvres. Odd s’endormit cependant après son camarade, et seulement lorsqu’il fut complètement sûr de deux choses :
Premièrement, même si il s’agissait d’un partenariat récent, et que la convivialité en était encore à ses débuts, il réalisait maintenant que leur amitié commençait à se forger ; qu’ils devenaient réellement une bande, un groupe. Il le voyait à la rapidité avec laquelle Ulrich avait voulu sauver sa belle, et à l’inquiétude d’Aelita et Jérémie envers lui, lorsqu’il s’était évanoui.
Même Ulrich, le sombre et dur Ulrich, qui le traitait normalement comme un imbécile, n’avait pas pu cacher sa préoccupation, ni son soulagement en voyant qu’il allait bien. Il avait beau se donner des airs, il l’aimait, l’appréciait, comme un ami, peut-être ?
Il était sûr qu’ils pourraient devenir plus proches. Ulrich était un type bien. Pas si « opposé » à lui. Ils n’avaient qu’à essayer.
Et deuxièmement, le plus important.
Le prochain Mégatank qu’il croiserait allait payer pour tous les autres.
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:50; édité 2 fois
Bonjour, je m'appelle Taelia...oui, la fameuse Taelia, celle qui a passé une journée à Kadic, puis est partie. Je suis la seule qui ressemble à Aelita, et je suis ici pour vous dire que ce n'est pas une coïncidence. Je ne suis pas, comme certains d'entre vous peuvent le penser, la fille d'Anthea, qu'elle avait quand elle a échappé aux hommes en noir et s'était remariée. Autant que je sache Anthea est morte, je n'ai jamais entendu parler d'elle après qu'elle ait été capturée. En fait, je ne suis pas, liée à Aelita en aucune façon. Mes cheveux ne sont même pas naturellement rose, mais noir. Maintenant...je vais vous raconter une histoire, mon histoire...Mais, je vous préviens, ne la répétez à personne. Vous m'entendez? Personne. Vous ne savez jamais quand vos ennemis sont sans les environs...Les murs ont des oreilles, vous savez. Si les Hommes en Noir entendent que vous êtes au courant de mon existence, ils vous poursuivront et obtiendront les réponses à leurs questions par tous les moyens nécessaires. Je suis désolée si ce que je fais vous met dans la ligne de feu...mais, j'ai besoin de parler à quelqu'un. J'ai besoin qu'au moins une personne sache que j'ai existé...et ce que j'ai fait. De grâce, ne me détestez pas lorsque que vous aurez entendu mon histoire, ou, allez-y et haïssez-moi, ce n'est pas comme si je ne suis pas habituée. En outre, quand j'aurai terminé mon histoire, je partirai. Je ne peux pas rester longtemps au même endroit car les Hommes en Noir vont me rattraper...mais j'anticipe. Je suppose que je devrais commencer par ma plus tendre enfance...
J'étais une petite fille intelligente, un génie précoce, vraiment. Maintenant, ne pensez pas que je sois narcissique loin de là. Mes parents m'avaient testée de nombreuses fois et les psychologues ont tous dit la même chose. J'étais une sorte de génie extraordinaire pour eux. Pendant les premières années de ma vie scolaire, je changeais d'école presque chaque semestre. Mes parents étaient déterminés à trouver une école qui répondrait à mes besoins. Personnellement, j'aurais été heureuse d'être dans une classe d'enfants normaux, mais mes parents voulaient m'offrir les meilleures opportunités possibles. Malheureusement, il n'y avait pas beaucoup de bonnes écoles dans le Maryland. J'ai grandi aux États-Unis, vous voyez. Mes parents ont même essayé de m'enseigner à la maison, mais cela n'a pas été concluant. Ils étaient intelligents, mais ils ne me stimulaient pas suffisamment.
Un jour, pendant l'été, avant la 7e année, mes parents étaient à la recherche d'écoles quand ils ont découvert un établissement fantastique appelé Kadic Académie. Ils ont envoyé une demande d'inscription et j'ai obtenu une bourse complète, y compris l'hébergement ainsi, qu'une classe spéciale une fois par jour avec le psychologue de l'école. J'ai oublié son nom...mais la classe avec lui, c'était génial! Il me mettait au défi de comprendre comment les choses fonctionnent, plutôt que de simplement me donner un problème en me disant d'y répondre. J'ai vite découvert que j'avais un don pour la programmation informatique. Je me souviens qu'il m'emmenait à l'université locale et me faisait asseoir devant un ordinateur en me disant,
"Ok, Morgan, c'est ce que les gens voient quand ils utilisent un ordinateur." Oui, Morgan Stones, c'était mon nom à l'époque. Quoi qu'il en soit, il pressait sur quelques boutons et des files interminables de programmation apparaissaient.
"C'est ce que les gens qui créer les ordinateurs, voient. Je veux que tu penses à quelque chose et que tu le fasses apparaître sur l'écran, en utilisant la programmation. "J'ai hoché la tête et regardé l'écran pendant un certain temps, en examinant les fonctions de la programmation, pour essayer de comprendre ce que le fonctionnement du système. Après une dizaine de minutes, j'ai commencé à taper un code alors que le psychologue observait Je ne me souviens pas exactement ce que j'ai fait, ça devait être une sorte de formule de piratage. Quoi qu'il en soit, tout à coup le mot "Carthage" est apparu sur l'écran, avec quelque informations à propos de la communication. J'ai souri, heureuse de ce que j'avais fait, mais les yeux du psychologue s'agrandirent. Il regarda pendant une seconde, puis il me dit de stopper immédiatement. Je l'ai fait.
"Mais pourquoi? Qu'ai-je fait de mal?" Je lui ai demandé.
"Tu es tombé sur quelques informations que tu ne devais pas voir," répondit-il.
"Oh..."
Il ne m'a plus faire travailler à l'ordinateur par la suite. En échange, j'ai appris des théories, les mathématiques et les langues.
Oh, et je sais à quoi tu penses. "Taelia, si tu es allée à Kadic en 7e, pourquoi personne ne t'a reconnue lorsque tu y es venu la deuxième fois?" Eh bien, tout d'abord, j'avais changé et j'agissais de manière totalement différente. Mes cheveux étaient noirs et longs, j'étais plus jeune, plus petite, et, surtout, beaucoup plus innocente. Deuxièmement, quand je suis allé à Kadic la première fois, c'était en 1978, je suis né en 1968. Je devrait donc être un adulte, devrait-ce pas? Eh bien, non, j'ai 13 ans. Maintenant, la raison pour laquelle j'ai 13 ans et que je ne suis pas une adulte est...un peu compliquée, mais j'en parlerai plus tard. Comme c'était 1978, aucun des étudiants qui étaient là quand je suis allée à Kadic la deuxième fois étaient encore nés. La seule personne qui était là était M. Delmas, et à l’époque c'était un nouvel enseignant. Je n’étais pas dans ses classes, cependant.
Un jour, alors que j'étais en train de déjeuner seule le directeur est venu jusqu'à moi.
"Morgan Stones, s'il te plaît viens avec moi, tu as des visiteurs," a-t-il dit. Je me souviens distinctement, le directeur avait l'air...nerveux. Je ne m’arrêtais pas à cette pensée à l'époque, cependant. Je suis allée avec lui dans son bureau et il y avait là deux gars énormes qui portaient des costumes noirs et des lunettes de soleil.
"Je vous remercie, monsieur Dubois. S'il vous voulez nous laisser seuls, nous aimerions parler à l'enfant," dit l'un des gars en noir.
"Uh ... Oui ... Cela sera-t-il long?" demanda le directeur principal.
"Seulement quelques minutes," répondit l'un des gars. Le directeur sortit du bureau. Les hommes m’observèrent un moment. Puis l'un d'entre eux parla.
"Morgan Stones, nous avons suivi tes activités et tes accomplissements scolaire. Es-tu conscient de tes dons?"
"Je suis touchée que les gens disent que je suis intelligente, pourquoi?" Ai-je répondu.
"Il y a quelques semaines un projet gouvernemental, nous sur lequel travaillons, le projet Carthage, a été piraté. Nous avons retracé l'adresse IP de l'ordinateur à l'Université de Paris et c'est partir de là que nous t'avons retrouvée."
"Y a-t-il un problème?" demandai-je.
"Il se pourrait, mais nous avons une proposition. Morgan, veux-tu devenir assistant pour l'un de nos programmeurs informatiques? Nous avons des systèmes très avancés et tu pourrais apprendre beaucoup de choses."
"Ça a l'air cool, est-ce que ce sera après l'école?"
"En fait", l'autre gars a indiqué. "Nous aimerions te faire quitter l’école t'emmener à l'école et à l’étranger. Tu recevrais obtenir une très bonne éducation technique."
"Hors du pays! Mes parents sont-ils au courant?"
"Nous avons déjà reçu leur permission. Que dis-tu?"
À l'époque cette proposition semblait être un rêve, apprendre à travailler sur ordinateurs après en avoir été privée, faire des choses avec ce que je savais, et probablement être prise en charge par quelqu'un qui me comprendrait. Bien sûr, j'ai accepté. J'ai passé le reste de la journée ou préparer mes affaires et la nuit, ils sont venus me chercher. Nous sommes allés à l'aéroport et je me suis endormie dans l'avion.
Lorsque je me suis réveillée, il faisait froid...très froid.
"Où sommes-nous?..." murmurais-je endormie.
Au Canada, au site du "Projet de Carthage. Tu vivras avec Waldo Schaeffer dans cette cabane. "J'ai bâillé et regardé les alentours. Nous étions sur une montagne, et le sol était couvert de neige. En face de nous il y avait une habitation a 3 étages avec de grandes fenêtres sur le devant. Nous avons marché jusqu'à une rampe sur le côté du bâtiment où la porte d'entrée était pour monter à l'étage. Un des hommes a frappé à la porte, et après une minute, une femme a ouvert. Elle était jeune et avait les cheveux roses.
"Albert, honnêtement, savez-vous quelle heure il est?" Dit-elle.
"Nous venons avec l'enfant. Où est Charlie? "L'homme à ma droite dit, j'ai deviné que son nom était Albert.
"Il travaille encore. Peut-être qu'il ne sera pas occupé si tard tous les soirs une fois que quelqu'un l'aidera..." Elle baissa les yeux vers moi. "Elle est si jeune."
"Oui, mais elle est capable. Sinon, nous aurions choisi quelqu'un d'autre."
"Bon, eh bien, bonne nuit." dit-elle, et les hommes se retirèrent. Puis elle me regarda. "Eh bien, entre, tu dois avoir froid." J'ai hoché la tête et je suis entrée. "J'ai fait du chocolat chaud, tu en veux?"
"...Oui s'il vous plaît." J'ai dit, ma voix n'avait qu'un petit son. La femme a souri, elle a versé un peu de chocolat chaud dans une tasse et elle s'est assise à la table de la cuisine, en m'indiquant de faire la même chose.
"Je m'appelle Anthea, tu seras logée ici avec moi et mon mari, Waldo, pendant que tu travailles avec lui."
"Je m'appelle Morgan Stones..." dis-je. J'ai pris une gorgée de chocolat chaud, cela m'a réchauffé. J'ai terminé rapidement la boisson et la fatigue a envahi mon corps.
"Tu dois être fatiguée, laisse-moi te montrer ta chambre. Tu pourra rencontrer Waldo dans la matinée." Anthea dit. J'ai hoché la tête et l'ai suivis vers ma nouvelle chambre. J'ai à peine enlevé mes chaussures avant de m'endormir.
Lorsque je me suis réveillée il faisait jour dans la pièce. J'ai regardé dehors, il faisait beau, tout était blanc à l'exception de pins immenses, et il y avait des montagnes au loin. Je suis allée dans mes bagages et j'ai mis une chemise noire à manches longues et un jean. Je suis descendue et j'ai vu Anthea qui faisait des œufs, il y avait aussi un homme, quelques années plus âgés qu'elle, assis, lisant un journal. Je me suis assise et j'ai pris une gorgée du jus d'orange qui était déjà à ma place.
"Bonjour." Dis-je. L'homme leva les yeux, comme s'il avait été trop absorbé par sa lecture pour remarquer que j’étais descendu.
"Bonjour Morgan, je m'appelle Waldo Schaeffer."
"Oh, je vais être votre assistante? Adjointe à faire je ne sais pas quoi exactement...?"
"Nous allons être responsables pour les programmes de base pour Carthage, ainsi pour que la bulle virtuelle sur le réseau qui va l'accueillir. Mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas faire des choses amusantes également."
"Et qu'est-ce que c'est Carthage?" Demandai-je.
"C'est un projet visant à bloquer les communications ennemies, mais nous faisons aussi d'autres choses."
"Le petit déjeuner est servi!" S'écria Anthea. Elle posa des œufs en face de moi que te mangeais avec grand appétit car je n'avais pas dîné la veille et j’étais affamée.
Après mangé Waldo et moi nous sommes couverts et nous sommes sortis. Il y avait d'autre cabanes autres dans la distance, mais personne n'en a émergé.
"Je ne savais pas que tu serais si jeune." Waldo dit. "Habituellement, je pars beaucoup plus tôt que cela, et je reviens très tard...mais je suppose qu'avec toi autour je vais devoir limiter mon temps de travail."
"Je suis désolée si je vous retiens." Dis-je.
"Non, non, c'est bon, Anthea m'a déjà donné envie d'arrêter de toute façon avec ces heures folles." Il rit. Nous avons marché vers le haut d'une colline jusqu'à ce que nous arrivions à ce qui ressemblait à une porte de garage métallique énorme. Waldo a sorti une carte de sa poche et une carte numérisée sur un panneau sur le côté de la porte et elle s'ouvrit. On est arrivé et il y avait un énorme complexe avec des ordinateurs et des fils partout. Waldo se dirigea vers quelqu'un.
"C'est Morgan, elle est nouvelle, elle a besoin d'une carte d'identité."
"C'est vrai." Il a dit. "Viens." Il m'a emmené, me fit entrer dans une pièce à côté, me fit rester debout contre un mur, et m'a pris en photo, puis a branché la caméra à un ordinateur qui a imprimé une carte d'identité comme celle de Waldo. "Garde-la avec toi en tout temps, nous les renouvelons chaque année."
"Ok." J'ai dit, j'ai suivi Waldo dans son espace de travail.
"Pour l'instant, il te suffit de me regarder et d'apprendre. L'équipement et les programmes que j'utilise sont beaucoup plus avancés que tu n'en as jamais vu." Waldo dit.
Les semaines suivantes, je regardais Waldo pendant qu'il travaillait. J'ai appris les choses très rapidement, et je fis bientôt la programmation par moi-même. Nous avons bien travaillé ensemble et nous avons fait ce qui devait être fait pour la journée ou le mois très rapidement. Sur le côté, Waldo et moi faisions les choses supplémentaires, la plupart du temps, c'étaient des petites choses, comme un moyen plus efficace de faire quelque chose. Nous avions aussi un projet parallèle entièrement inspirée par l'un des amis de Waldo, David Blum. Il avait une vision non seulement d'être en mesure de manipuler le code à partir d'une interface d'ordinateur, mais en fait d'aller à l'intérieur de l'ordinateur comme une sorte d'entité virtuelle et de manipuler l'environnement d'un monde virtuel physiquement ainsi que l'utilisation d'une interface du lieu pour modifier la programmation. Environ trois ans plus tard, nous avons donné vie à sa vision.
"Je...Je pense que c'est fait!" M'écriai-je alors que Waldo regardait les lectures de données.
"Une seule chose reste à faire, tester avec un être humain." Il me regarda fixement à travers ses épaisses lunettes.
"Haha, ok Waldo, je vois le tableau. Je vais aller dans le scanner." Je me suis dirigée vers le scanner que nous avions construit dans le coin de notre laboratoire. En fait, il ressemblait beaucoup aux scanners à l'usine, il était juste un peu plus petit et plus large.
"Très bien. Virtualisation humaine, essai un." Waldo a appuyé sur la touche entrée et les portes du scanner se sont fermé. J'ai fermé les yeux et ... la sensation était incroyable. J'étais conscient d’être en des millions de pièces séparées, et puis j’étais entière tout à nouveau.
J'ai ouvert les yeux, j'étais sur une plate-forme carrée, d'environ 3 mètres de long de chaque côté. Sur le bord d'un côté il y avait un panneau translucide flottant avec statique. À l'intérieur de la plate-forme il y aurait une énorme, bulle transparente. L'extérieur ressemblait à une sorte d'océan et à une ville à l'envers. C’était le réseau. J'ai marché vers le panneau et j'ai lu les mots imprimés.
Morgan, comment vas-tu?
C'était un message de Waldo, c'est comme ça que nous avons communiqué entre le monde réel et Carthage jusqu'à ce que l'interphone soit développé. J'ai fait monter un clavier et à j'ai répondu.
Oui, j'ai atterri sain et sauf, c'est fantastique!
Après quelques secondes, j'ai eu sa réponse.
C'est merveilleux, je sauvegarde les données et je te ramène maintenant.
J'ai vu un flash de lumière et j'étais de retour dans le scanner. Les portes s'ouvrirent et je suis tombé, à bout de souffle. Au cours de la virtualisation, l'air est aspiré hors de l'analyseur de manière à créer un vide et isoler le sujet. Ainsi, lors du retour, le sujet est à bout de souffle.
"Félicitations, Morgan. Tu es le premier être humain à poser le pied dans un univers virtuel." Waldo dit rayonnant quand je suis sorti.
Quand je ne travaillais pas,j'apprenais des trucs d'agent secrets de quelques-uns des amis de Waldo. Certains m'ont appris des techniques de survie ou diverses formes d'arts martiaux et ils mont montré a utiliser des armes. Chez moi, j’étais plus proche d'Anthea. En fait, elle et moi étions beaucoup plus proches que ma mère et moi l'avions jamais été. Anthea était le seul lien que j'avais d'être une vraie adolescente au lieu d'une personne intelligente super agent secret. Toutes les deux semaines, nous allions en ville pour voir un film, déjeuner, ou faire du shopping. Nous venions pour le plaisir et pour oublier Carthage, au moins pour un petit moment. Waldo venait parfois avec nous, mais la plupart du temps il restait pour travailler sur une chose ou une autre. Waldo était un perfectionniste et il était obsédé par son travail.
En 1982, Waldo et Anthea ont eu un enfant. Une petite fille aux cheveux roses appelée Aelita. J'ai été choisie pour être sa marraine. J'avais 14 ans à l'époque. Waldo était un bon père, il a tout fait pour protéger Aelita, même si parfois il semblait qu'il la négligeait. Après la naissance d'Aelita, Waldo a voulu prendre quelques semaines de congé pour aider Anthea. Alors, il m'a laissée en charge du laboratoire pendant son absence.
C'est durant cette période que j'ai fait mon premier véritable exploit indépendant. J'ai créé la tour. Avant, quand pour consulter les données sur Carthage il y avait beaucoup de triage à faire, et les information étaient vraiment partout. J'ai eu cette idée de les centraliser dans une seule structure, et ensuite d'y mettre l'interface. J'ai choisi une tour parce que c'était juste une œuvre idéale d'art numérique. Bien sûr, ma création originale ne ressemble pas beaucoup à celles sur Lyoko, Waldo les a remaniées pour leur donner une meilleure apparence. Mais vous savez que la tour dans le secteur 5? C'est ma tour d'origine, elle a subi des rénovations, oui, mais c'est la mienne. Parce que le secteur 5 est juste un autre nom pour Carthage.
Je me souviens qu'un jour, David Blum est entré dans le laboratoire.
"Hé, quoi de neuf?" Il a demandé. J'ai levé les yeux de l'écran.
"Je finis juste la Tour. Il est très bien."
"Tu as grandi un peu depuis que tu es ici..." dit-il.
"Ouais...Je suppose, pourquoi?"
"Tu travailles ici depuis 4 ans, mais, as-tu jamais demandé pourquoi nous faisons tout cela?" David fit un geste vers les ordinateurs.
"Que voulez-vous dire? C'est pour bloquer les communications de l'ennemi." Ai-je répondu.
"Oh? Alors, pourquoi sommes-nous tellement concentrés sur le monde virtuel? Je suis assez certain que nous n'avons pas besoin de nous transformer en pixels pour bloquer les communications."
"Eh bien, c'était votre idée."
"Oui, mais notre attention s'est portée tout à fait sur le monde virtuel. Nous n'avons rien fait de ce qui a à voir avec les communications depuis des mois."
"Alors, pensez-vous que les agents en charge cachet quelque chose? Ils sont corrompus?"
"Non, non, je ne dis pas cela. Je dis juste que...Garde tes yeux et tes oreilles ouverts, ok? Et ne prends pas les choses à leur valeur nominale. Tu es une fille intelligente, utilise ton bon sens." et avec cela, il est sorti. Je l'ai regardé en me demandant, ce qui l'avait? Pourquoi David agissait-il de façon bizarre?
Eh bien, il a continué à agir bizarrement, et cette attitude a gagné à d'autres personnes au cours des années suivantes. Les rumeurs ont commencé à apparaître tout autour de Carthage, tout le monde pensait que les agents en charge étaient corrompus, bien que les détails exacts de ce qu'ils faisaient pour corrompre le projet différaient. Certains pensaient que Carthage allait être utilisé pour quelque sorte de voyage dans le temps, tandis que d'autres étaient certains qu'il allait être utilisé comme un canon provoquant de grande mort, d'autres encore pensaient qu'il pourrait être encore utilisé pour bloquer les communications, mais pas seulement les communications ennemies, ils bloquaient toutes les communication et déclareraient la dictature. Les rumeurs n’étaient pas perdues sur Waldo et moi, bien que nous n'en parlons jamais, nous écoutions et poursuivions notre travail. Cependant, nous avons commencé à devenir plus prudents quant à nos conclusions. Nous sauvegardions tout ce que nous faisions fait sur des disques et nous ne laissions presque rien sur le disque dur.
La paranoïa attaquait tout le monde, et un par un ils partaient. David fut l'un des premiers à partir. Nous sommes restés tout le temps cependant. Aelita était très jeune et on ne voulait pas la soumettre au stress déjà fuite. Il s'avère que nous n'avons pas pu la protéger longtemps. Nous avons fini par nous enfuir de toute façon...mais avant cela, nous avons eu une excellente journée. Personnellement, je le marque comme le dernier jour de mon enfance, Noël de 1987. Techniquement, le dernier jour de mon enfance avait été l'année précédente, le jour de mes 18 ans, mais je voulais dire que ce Noël était le dernier jour où mon innocence est resté intacte...
"Hey, avez-vous pensez à acheter un cadeau à Aelita?" J'ai demandé à Waldo, qui, soit dit en passant, travaillait encore sur son ordinateur à la maison, la veille de Noël.
"Oh...uh..."
"Hé, je vais aller en ville et acheter quelque chose. Ce sera de nous tous." Waldo hocha la tête et me tendit 10 Loonies, puis revint à la dactylographie. Je descendis de la montagne pour aller en ville. J'ai cherché quelque chose qu'Aelita voudrais...une poupée ou autre chose? J'ai trouvé une jolie petite poupée aux cheveux violet elfe avec une tenue soignée au mont-de-piété. J'ai aussi trouvé une belle chemise pour Anthea et une boîte de biscuits gourmets pour Waldo.
Au moment où je suis rentrée à la maison, Anthea terminais le dîner. Nous avons mangé un grand dîner et ensuite nous nous sommes réunis autour du piano. Waldo nous a joué des chants de Noël et Aelita a chanté. Elle avait une voix comme un ange...Après avoir chanté pendant une heure environ Aelita au insisté pour que nous ouvrions les cadeaux. Aelita était ravie de la poupée que Waldo a nommé, Mister Puck, cela signifiait lutin. Une amie de Waldo a pris une photo de nous quatre avec un de ces vieux appareils Polaroid...C'est une photo que j'ai toujours garder avec moi jusqu'à ce jour...
...
Cette nuit-là les hommes en noir ont kidnappé Anthea. J'ai...J'ai essayé de courir après le camion...mais il était trop rapide. Elle était...comme une mère pour moi, mieux encore...Anthea avait pris soin de moi plus que ma mère l'avait jamais fait...Nous sommes partis pour Paris dans l'heure. Waldo m'avait donné le choix d'aller avec lui ou de rester. Il a été très clair pour moi. Ce qu'il faisait était illégal, que je serais considéré comme un hors la loi, et une cible. Je n'ai même pas envisagé de rester, cependant. Je ne pouvais pas laisser ma famille...Aelita...elle avait déjà perdu sa mère. Elle n'était pas sur le point de me perdre aussi.
Nous avons tous changé de nom de famille et avons pris le nom de Hopper, nom de jeune fille d'Anthea, en son honneur. Waldo a pris son deuxième prénom, Franz, comme prénom. Pour prénom, j'ai pris un anagramme de Aelita, "Taelia." Aelita a gardé son nom d'abord, elle n'avait pas participé directement à Carthage, et elle était moins susceptible d'être recherchée spécifiquement. J'ai coupé mes cheveux et les ai teints pour ressembler davantage à Aelita afin que nous puissions passer pour membre de la même famille, et j'ai complètement changé mon style. Nous nous sommes forgés des documents juridiques, et avons réduit à néant notre ancienne existence. Certains des amis de David nous ont installés dans une maison cachée dans la forêt de Boulogne Billancourt et nous avons utilisé une usine automobile abandonnée comme espace de travail. Franz avait un plan. Nous allions construire un super-ordinateur et créer un programme qui permettrait de détruire Carthage.
J'ai dit à Franz que nous étions près d'une ancienne école où j'étais allée à l'Académie Kadic. Il a obtenu un emploi là-bas en tant que professeur de sciences. Nous avions besoin d'avoir un revenu pour financer notre projet. En attendant, je pris soin d'Aelita, je la scolarisais à la maison, cuisinais, jouais avec elle et, fondamentalement, pris le rôle d'une mère...
Aelita avait ce lapin en peluche nommé Bianca, elle prétendait que Bianca et Mister Puck étaient mariés, et qu'ils avaient deux enfants nommés Xavier et Amanda. Un jour, elle a commencé à jouer avec eux étrangement.
"Hey Aelita, que fais-tu? Où est Bianca?" Demandai-je. Au lieu de répondre, elle a empoigné Mister Puck, Xavier, et Amanda, couru à l'étage, et les a poussés sous son lit.
"Bianca a été emportée par des hommes mauvais...alors Mister Puck a pris Xavier et Amanda sous le lit de sorte que les hommes mauvais ne puisse pas les enlever aussi." Aelita dit.
"Oh...Aelita..." Je lui ai donné un câlin.
"...Elle me manque..."
"A nous tous..."
Quand je ne prenais pas soin d'Aelita, j'aidais Franz à construire le Supercalculateur. Le matériel était effectivement plus difficile à traiter que le logiciel, car aucun de nous n'avait d'expérience dans la construction d'objets. Mais nous étions tous les deux intelligents, et nous y sommes arrivés. Quand ce fut fait, nous avons commencé à travailler sur Xana. Si vous vous demandez pourquoi nous avons nommé Xana, c'est tout simplement parce que je pensais que c'était un nom cool, même pour Lyoko, et rien d'autre, et pour l'œil de Xana, c'est Franz qui y a pensé.
J'ai parlé à Xana. Il...il était agréable au début, comme un frère. Je lui parlais et il répondait par les messages texte. Franz était impatient se tenait près de l'ordinateur, demandait sa chaise. Ce que Franz n'a jamais vraiment compris, c'est que Xana effectivement émulait l'émotion humaine. Il voulait bien nous aider à vaincre Carthage, mais il voulait être traité comme une personne, pas seulement comme une possession dont la seule raison d'exister est d'obéir aux ordres.
Nous avons également travaillé sur Lyoko, un monde virtuel dans lequel Xana vivait qui engloberait Carthage sur le réseau et, finalement, permettrait Xana de le détruire. Franz m'a mis en charge du processus de virtualisation, puisque nous l'avons fait auparavant. J'ai ajouté une nouvelle étape au processus, les scanners, qui non seulement analyseraient votre apparence physique, mais aussi serait capables de saisir vos désirs subconscients et de créer une tenue, une arme, et des pouvoirs pour vous. Franz a critiqué mon idée, il a dit que c'était une affaire sérieuse que je transformais trop en jeu vidéo. Je lui ai dit qu'il avait besoin de relaxer un peu. Néanmoins, quand il s'est scanné il a choisi de ne pas utiliser ce programme en particulier, de sorte qu'il a été virtualisée avec une collection de lampes. Franz a dit qu'il ne voulait pas s'embêter avec de telles absurdités, mais je me doutais bien qu'il craignait de voir cd que son subconscient ferait de lui.
6 juin 1994. J'avais 26 ans, Aelita avait 12 ans. Franz venait de la maison de Kadic et nous mangions quelque chose avant de nous remettre au travail sur les scanners. Aujourd'hui nous étions enfin prêts à les tester à nouveau sur un sujet humain. Le sujet du test étant moi bien sûr, j'ai toujours été le cobaye. Quoi qu'il en soit, nous mangions quand Aelita entra, elle semblait bouleversée.
"Papa...Je vais dans ma chambre." Dit-elle, puis elle monta les escaliers. Franz le suivie des yeux.
"Je vais prendre soin d'elle." J'ai dit, et je suis allée dans la chambre d'Aelita. Elle était blottie dans un coin avec M. Puck, bouleversée, mais elle ne pleurait pas.
"Qu'est-ce qui ne va pas?"
"...Les enfants, tous se moquent de moi, et mes cheveux. Je suis un monstre." Elle murmura.
"Tu n'es pas un monstre. Tes cheveux sont magnifiques...ce sont les cheveux de ta mère, et tu dois le porter avec fierté," J'ai dit, Aelita me sourit faiblement.
Un claquement de porte de voiture.
"Étrange, les gens n'ont pas l'habitude de nous rendre visite..." Aelita dit.
"Non, en effet..." J'ai regardé par la fenêtre, une camionnette noire. C’étaient les Hommes en Noir. "Aelita, ce sont les Hommes en Noir." Je lui ai dit. Nous l'avions préparée pour cela, parce que nous étions sûrs qu'ils viendraient tôt ou tard. J'ai attrapé la main d'Aelita et j'ai couru avec elle vers la cour, par la porte secrète et dans les égouts.
"Franz, continue!" J'ai crié. "Ils nous rattrapent!" Et ils le faisaient...en fait, ils ont pris Franz. Je fis volte-face juste à temps pour les voir faire.
"...Papa?"
"XANA. À L'AIDE FAIS QUELQUE CHOSE!" J'ai crié. Je courais droit vers les agents. Il y eut un flash de lumière.
Xana avait lancé un retour vers le passé, mais je ne pouvais pas le savoir à l'époque, puisque Franz et mois n’avions pas encore été numérisés. Xana m'en informa cependant, par courrier électronique, et puisque Franz devait me virtualiser ce jour-là de toute façon, nous avons agi comme prévu.
Sur Lyoko...j'avais la même apparence que j'avais eu lors de ma première virtualisation. Mes cheveux étaient noirs et longs, et j'avais 13 ans à nouveau, tout comme la première fois. J'avais un costume noir avec une légère armure d'argent faite avec des panneaux de couleurs néon bleus. Mon arme était une hampe qui avait les mêmes couleurs que ma tenue et qui lançait des éclairs bleus. Je pouvait me transformer moi-même en un éclair et passer à travers le sol, ainsi qu'exercer un contrôle limité de la programmation du Supercalculateur.
"Xana, tu es là-bas?" Demandai-je.
"Oui...mais je n'ai toujours pas la force d'apparaître sous une forme physique." J'ai sauté. Xana n'avait pas été jusqu'à présent en mesure de parler il ne répondait que pas texte.
"Xana...tu as une voix..."
"Oui, je suppose. L'énergie du retour dans le temps m'a donné une voix." Xana dit.
"L'énergie? Que veux-tu dire?"
"Les retours dans le temps ajoutent des qubits au superordinateur, en ils doublent sa puissance et, par extension, la mienne."
"C'est génial! Ça...Ça va économiser beaucoup de temps!"
"Tu n'auras pas besoin de gagner de temps. Tu peux revivre le même jour à plusieurs reprises. Tout ce qui est sauvegardé dans l'ordinateur sera préservé, y compris ta mémoire."
"Nous allons scanner Franz."
"Oui...Les Hommes en Noir seront ici à 17h47. Sois ici pour lancer le retour dans le temps."
Je me suis de-virtualisée et je suis montée pour voir Franz. Quand il m'a vue, il a sur sauté.
"Quoi?" Je lui ai demandé. C'est alors que j'ai remarqué que ma voix était plus aiguë qu'elle ne l'était auparavant. "Franz...qu'est-ce qui s'est passé?" Il me tendit un miroir et j'ai crié. "FRANZ. POURQUOI EST-CE QUE JE RESSEMBLE À UNE COLLÈGIENNE?"
"Calme-toi Taelia, une erreur s'est produite. Je vais lancer un scan et nous allons le corriger. "Franz dit. Je suis redescendue. J'avais exactement la même apparence que j'avais a 13 ans, et mes vêtements étaient énormes sur moi. Il s'avère que Franz m'avait donné les données de la virtualisation d'origine, de retour à Carthage, pour me permettre de travailler. Puisque le Supercalculateur avait mes données, il se souvenait des données de ma constitution physique et quand il a vu que j'étais plus grands, il a réalisé l'erreur, et il l'a corrigée. De façon définitive. Je n'ai pas vieilli d'un jour depuis. C'est bizarre, la plupart des femmes considèrent la jeunesse éternelle une bénédiction...mais ce n'est vraiment pas le cas. C'est plutôt un handicap.
Les prochaines sept années et demie de ma vie ont été vécues en une seule journée. Franz a résolu le problème avec les scanners et s'est numérisé, puis il a continué à travailler sur Lyoko. Nous avions à présent tout le temps nécessaire et toutes les erreurs que nous faisions pouvaient être rectifiées. Chaque jour, je portais une des tenues d'Aelita, puisque nous avions à peu près environ la même taille. Franz et moi travaillons dans le laboratoire toute la journée, et Franz n'allait pas à l'école. Cela l'aurait sans doute rendu fou...uh...plus fou, s'il y était allé. Franz devenait un peu plus paranoïaque tous les jours. Il en était arrivé au point où il en était sûr, que les agents feraient quelque chose de différent cette fois-ci, ils trouveraient l'usine et le tuerait sur place. Je m'inquiétais pour lui...
Xana a également commencé à montré un...un comportement troublant. Avec chaque retour, il devenait plus intelligent et plus puissant, ce qui était super, mais...La relation entre Franz et Xana était devenue...tendue. Xana était fatigué d'être traité comme une machine qui devait suivre les ordres sans les mettre en cause. Entre eux deux il y avait des discussions hostiles que je devais interrompre. Puis Xana a atteint le point où il se taisait, il ne faisait que ce qu'il devait et il me répondait que par de brèves déclarations, mais ces déclarations étaient remplies de rancune...cela me faisait peur.
Cependant, ce n'est qu'autour de Franz qu'il agissait ainsi. Quand nous étions seuls, nous entrions dans de profondes conversations philosophiques sur la psychologie humaine, le libre arbitre et autres. Parfois, c’était assez déprimant...
Puis vint le jour où nous avons terminé. Le jour où Xana a finalement été assez puissant pour détruire Carthage facilement. Nous avons passé toute la journée en préparation. Franz a acheté un casier de gare pour mettre son journal vidéo, puis il pris la clé et la cacha dans la tenue de Mister Puck. J'ai acheté une chemise rose foncé et un jean, et je me suis fait coupée et teindre les cheveux pour ressembler le plus possible à Aelita. Nous avions un plan, je devais m'occuper des hommes en noir, les distraire, et leur faire perdre notre trace, puis je devais revenir et aller à Lyoko où Franz et Aelita m'attendraient. Après cela, eh bien, nous verrions comment les choses se passaient et nous agirions en conséquence. Certes, j'étais nerveuse de laisser Franz et Xana seuls. J’espérais qu'Aelita serait capable de les empêcher de se quereller dans le peu de temps qu'il me faudrait avant de revenir.
Eh bien, il s'avère qu'il me fallut très longtemps pour revenir, trois ans en fait...La camionnette s'est arrêtée et les agents sont sortis, armés de fusils.
"Vous arrivez trop tard, vous savez. Papa est parti depuis longtemps." J'ai dit dans ma meilleure impression d'Aelita. Je n'ai pas eu à essayer trop dure, cependant, ces agents n'avait pas vu Aelita depuis qu'elle avait 5 ans.
"Si nous avons l'enfant nous pouvons la prendre en otage." L'un d'eux a marmonné. Cela avait marché, ils pensaient que j'étais Aelita. J'ai couru pendant une longue période après cela. Je pensais qu'ils abandonnaient après quelques heures, une journée ou deux tout au plus. Non. Ils m'ont pourchassée pendant un an et demi avant de finalement m'attraper.
Je me suis effondrée sur le sol, complètement épuisée. L'un des agents mis un pied sur mon dos et un pistolet à ma tête.
"Tu as été bien embêtante Schaeffer, mais bientôt nous serons débarrassés de toi, et ton père est te suivra." Il me pris par le col et me regarda dans les yeux. "Attends...tu n'es pas Aelita. Tu es Morgan. Oh, oh c'est beaucoup mieux. Tu viens avec nous, mademoiselle." Sur ce, il m'a jetée à l'arrière de la camionnette et nous sommes repartis.
"C'est Morgan, elle était l'aide de Waldo, tu te souviens d'elle?"
"Oh, oui. Je parie qu'elle sait toutes sortes de choses."
"Exactement ce que je pensais."
Ils m'ont conduit dans une prison et m'ont enfermée dans une cellule, seule. J'étais trop fatiguée pour me battre. Ils m'ont à peine nourrie, et m'ont constamment soumis à des interrogatoires ou ils me torturaient, pire que tout, ils m'ont tout pris. Certes, je n'avais pas grand chose, mais j'avais un petit pistolet, et une photo d'Aelita, de Franz, d'Anthea, à la quelle je tenais beaucoup...
"Tu ne vas toujours pas parler, hein?" L'interrogateur dit.
"Je vous l'ai dit. Je n'ai aucune idée où est Waldo. Je ne sais pas comment vaincre Xana. Je n'ai rien à vous dire." Elle m'a attrapée par la gorge et m'a projetée contre le mur, saisissant mon pistolet avec son autre main.
"Je vais te tuer tout de suite. Parle." Je me suis débattue dans un excès d'adrénaline, j'ai saisi le fusil et je me suis mis à courir...mon esprit est confus sur la suite des événements. Il y avait des cris et des coups de feu et de la douleur. Je ne pouvais pas dire si ça venait de moi ou de quelqu'un d'autre. Tout ce que je sais, c'est, qu'après 6 mois de prison, j’étais libre.
Quand je suis sortie de ma torpeur, j'étais dans une ruelle...et je me sentais très mal. J'étais dans une ville que je ne connaissais pas, et il y avait un bar à côté.
"...Bien sûr, un verre me ferait du bien." Marmonnai-je à moi-même, et je suis entrée. Il faisait nuit, et li y avait beaucoup de monde. Je me suis traînée jusqu'au bar et je me suis assise. Puis j'ai réalisé que...J'avais toujours le corps d'une jeune de 13 ans, et aucun faux papiers légaux à montrer. Je ne pouvais rien acheter ici.
"Eh bien...tu as l'air d'une épave." Dit quelqu'un assis à côté de moi. J'ai regardé la personne en question.
"Je ne parlerais pas. Avez-vous regardé dans un miroir récemment." Ai-je répondu. Tout le monde eut le souffle coupé, apparemment, cette personne était une habituée, ou peut-être avait-elle a juste une réputation de ne pas prendre les critiques à la légères. Elle était pleine de cicatrices, et je parie qu'elles ne résultaient pas toutes accidents de jardinage. Tout le monde semblait s'attendra à une bagarre, et si tel était le cas, j’étais prête. Elle pouvait avoir l'air coriace, mais j'avais reçu une formation d'agent secret...Je pourrais facilement l'assommer. Sauf qu'au lieu de commencé un combat, elle a éclaté de rire.
"HAHAHA! Tu es bien, toi. Hé barman, une tournée pour moi et mon ami." Dit-elle, le barman me regarda.
"Feather, uh, votre amie ici ne semble pas avoir l'âge légal." Le barman a été interrompu par un grognement presque bestial de la femme assise à côté de moi. "...Tout de suite." Le barman nous a versé deux bières, et la femme à côté de moi lui jeta un peu d'argent...je pense des dollars, l'argent américain.
"Alors, vous vous appelez Feather?" Demandai-je. Elle prit une énorme gorgée de bière avant de répondre.
"Ouais, c'est moi. Feather Pandora Shade, et vous?"
"Morgan-OH, non, uh...je veux dire...Taelia." J'avais été en la prison si longtemps, et les gens là-bas n'avaient cessé de m'appeler Morgan, à tel point que j'en avais de me faire Taelia. J'ai regardé la table et j'ai prit un verre.
"Alors c'est Morgan ou Taelia?" Feather demandé.
"Uh ... en public, c'est Taelia. S'il n'y avait que nous deux...Morgan." Marmonnais-je, elle me regarda de plus près.
"Oh. OH. Tu es Morgan, Morgan Stones, n'est-ce pas?"
"Quoi?" Je n'en croyais pas mes oreilles.
"Oui, oui, tu as travaillé avec Waldo pour Carthage."
"Comment sais-tu cela?" Balbutiai-je, en reculant, elle eut un petit rire.
"Ne t’inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal. Carthage a profité de moi aussi. Ils ont testé quelque chose de supersoldier sur moi, et m'ont dit que je devais te retrouver, toi et Waldo. Ils ont dit que tu représentais une sorte de menace. Tu n'as pourtant l'air de rien. Quoi qu'il en soit, je ne les ai pas laissé pas me dire que faire. J'ai détruit leur laboratoire tout complètement."
"Ah..." J'ai pris une autre gorgée. "Eh bien merci, je suppose...de ne pas m'avoir tué."
"Tu veux venir chez moi?" Feather dit.
"Huh?"
"Tu es toujours en fuite, je constate, mais tu n'as pas l'air de savoir ce que tu fais. Je peux t'apprendre à survivre." J'ai réflecti pendant une seconde.
"Bien sûr, pourquoi pas. Ce n'est pas comme si je n'avais pas fait un millier d'autres choses folles ces derniers temps. "J'ai bu le reste de la bière. "Allons-y." Feather bu le reste de sa bière, aussi. Nous avons pris sa voiture et nous sommes parties.
J'ai passé suivante avec elle dans sa cabine. Elle m'a donné tout ce dont j'avais besoin pour survivre, aussi bien en le matériel qu'en connaissances. Elle est devenue mon mentor et m'a tout appris pour survivre. Quelqu'un pourrait me déposer au milieu de l'océan Pacifique que je pourrais revenir une semaine plus tard pour leur botter le postérieur pour avoir essayé quelque chose comme ça. Tendance à la violence, je sais. Je l'ai acquise au contrait de Feather, la paranoïa aussi, ou...plutôt davantage de paranoïa. Nous avons mené une vie intéressante, toutes les deux. Nous chassions du gibier, parfois, pour les repas, c'était amusant.
Finalement, je suis rentrée à Paris, il y avait si peu d'agents que j'ai pu retourner à l'usine. Le Supercalculateur avait été désactivé, donc je l'ai rallumé. Je devais vérifier si Franz et Aelita étaient réellement vivants. Ils l'étaient...mais ils avaient été attaqués par Xana. Comme je le craignais, laissant Franz et Xana seuls n'avait pas été une bonne idée...
Je me suis virtualisée et organisée de manière à voir Xana en personne. C'était la première fois que je le voyais en trois ans. J'ai essayé de les mettre d'accord...que Franz voie que Lyoko appartenait à Xana autant qu'à lui. Xana avait toujours été disposé à partager...ce n'est que lorsque Franz a réclamé toute propriété que Xana s'est mis en colère, et quand Xana a frappé Franz, je me suis fâchée et j'ai riposté.
"Oh...Je vois...vous les humains...vous êtes tous pareils." Xana dit. Il la vie d'Aelita. Franz essaya de la ranimer, mais avant qu'il ne puisse faire grand chose Xana l'avait capturé. J'ai agi rapidement, en saisissant Aelita et en la jetant dans la tour de Carthage. Oui, nous étions à Carthage. Il se trouve que Xana avait pris le contrôle de Carthage, plutôt que de la détruire.
Quoi qu'il en soit, j'ai réarrangé la programmation de toutes les tours sur Lyoko, de sorte que Xana et sa créature ne pourrait jamais y intervenir. Elles seraient un havre de paix. Vous voyez l'aura bleue autour des tours quand elles sont désactivées? C'est la manifestation physique de mon programme de protection.
"Considère ta famille MORTE, tu m'entends, ils sont morts!" ...C'est la dernière chose que Xana m'a dit avant de me devirtualisée. Je suis tombée du scanner, complètement épuisée.
Le petit frère que je connaissais était mort, et la créature qui l'avait remplacé était un programme informatique sans merci, pleine de rancune contre l'humanité. Réflexion faites, le fait qu'il m'avait simplement devirtualisée quand il aurait tout aussi bien pu me tuer montrait une certaine pitié, quelque humanité...Pourtant, j'étais sûr à ce point que, si rien n’était fait, Xana ne se contenterait pas de tuer Franz et Aelita, mais il détruirait toute la race humaine. Afin d'empêcher cette catastrophe j'ai éteint le Supercalculateur, et me suis cachée à nouveau. Je suis retournée vivre avec Feather encore, car elle était la seule amie au monde que j'avais à ce moment-là. Je devais récupérer et me regrouper, de trouver un moyen de me protéger au cas ou Xana s'échappait et devenait une menace. Ensemble, nous avons développé ce que je considère mon arme personnelle, le pistolet emp. L'arme elle-même n'est pas particulièrement spécial à l'exception du fait que la poignée est faite en caoutchouc. Les balles par contre, pourraient être considérées comme le type le plus dangereux de balle jamais conçu. Elles marchaient en annulant les champs électromagnétiques et associés à la cible, et puisque le cœur et l'esprit de l'homme fonctionnent avec des impulsions électriques, un coup de feu qui serait normalement relativement inoffensif devient mortel. Bien que tirer sur un être humain n'avait jamais été l'intention. Xana marche à l'électricité. Ils étaient censés neutraliser les attaques qu'il pourrait faire.
Nous étions les partenaires parfaites, Feather et moi. J'avais les connaissances de l'électronique, et elle était experte en armement. J'ai encore mon fusil emp avec moi, mais ne vous inquiétez pas, les balles ne sont pas chargées. Pour le moment ce ne sont que des morceaux de métal inoffensifs.
Au cours des six années suivantes, et j'allais et venais de la cabine de Feather comme il me plaisait. Quand je sortais, je voyais le monde. Je suis allée dans presque tous les pays...sauf en France. Je ne pouvais pas me résoudre à retourner là-bas. Feather et moi essayions d'agir comme des gens normaux, pour une fois.
Un éclair de lumière, et je me suis réveillée.
"Hey...Feather, n’étions-nous pas entraîne de chasser?" Demandai-je, jetant les couvertures de mon lit.
"Hn? J'ai l'intention d'aller à la chasse aujourd'hui, si c'est ce que tu veux dire," Feather répondit. Je l'ai regardée, elle regroupait les quelques articles dont nous aurions besoin pour chasser des élans ou d'autre animaux. Mais, elle avait déjà fini. Déjà-vu...ou un retour vers le passé? Tout s'est produit comme la première fois. Pas de doute, c'était un retour dans le temps. J'ai essayé de l'ignorer, parce que je savais ce que cela signifiait. À moins que quelqu'un d'autre naît créé exactement le même programme que Franz, le Supercalculateur était allumé. Bientôt il m'était impossible d'ignorer les allers retours.
À contrecœur, je suis retournée à Paris. Je me suis inscrite à Kadic, pour avoir un endroit où rester. C'était très différent, mais les bâtiments et autres choses étaient les mêmes. M. Delmas était le directeur, tant mieux pour lui. Il ne m'a pas reconnu cependant, pas que je m'attende à ce qu'il le fasse j'avais beaucoup changé...depuis la première fois j’étais allée à Kadic.
Je me suis assise sur un banc et j'ai lu un livre. Si le Supercalculateur était vraiment en marche, quelque chose allait arriver tôt ou tard.
"Salut Ae-uh, je veux dire Taelia. Mes amis et moi, nous, uh, avons l'impression que nous te connaissons, comme si nous t'avons déjà vu rencontrée." J'ai levé les yeux. Un garçon vêtu de violet et dont les cheveux étaient hérissés, un type brun habillé en vert et un ringard avec un col roulé bleu était venus jusqu'à moi. Celui vêtu en violet qui avait parlé.
"Allez, vous n’êtes pas très originaux." J'ai dit sans réfléchir. C’était une de ces situations où je devais créer un personnage, rapidement. Je pensais que me draguaient.
"Hey, qui a dit que je voulais te faire du plot. Je viens simplement faire la conversation." Dit le gars en violet. Oui, parce que dire ces lignes ne ressemble pas, DU TOUT, à du dragage. "Au fait, est-ce que le monde virtuel ou Krabbes ou des monstres qui bourdonnent te dit quelque chose?" Mes yeux s'écarquillèrent un peu, pas assez pour qu'ils le remarquent. Monde virtuel? Lyoko? Était-ce si facile de comprendre que j'étais connectée, ou étais-je simplement paranoïaque, comme toujours.
"Oui, cela signifie que je ferais mieux de me déplacer..." dis-je en me levant. Peut-être c’était une erreur d’être revenue...
"Attends une minute, ne pars pas." Le gars blond au col roulé dit. "D'où es-tu? As-tu une famille?"
"Je ne suis pas d'humeur à parler." J'ai dit, puis rapidement je suis partie. Pourquoi ont-ils l'air si intéressés? Il se peur qu'ils essayaient d’être aimable, je ne verrais pas la différence. Il y avait si longtemps que j'avais eu des amis normaux...si tant est que j'en avais jamais eu. La façon dont ils me regardaient, surtout le petit ringard...Je secouais la tête. Je devais me concentrer sur la tâche à accomplir, et découvrir ce que Xana faisait.
Pendant les cours de mathématiques et le déjeuner je me suis assise à l'écart et j'ai écouté les trois d'entre eux et une autre fille qui était avec eux. Ils ont beaucoup mentionné Xana et Lyoko. Ils savaient...J'irais à l'usine dans la nuit pour le vérifier.
J'emballais quelques chemises dans une valise quand le garçon au col roulé est entré.
"Aelita, écoute-moi, Xana a lancé un nouveau virus!" Dit-il. C'était tout ce que je pouvais faire pour ne pas réagir. Que faisaient ces jeunes exactement avec Xana, et Aelita, il m'a appelée Aelita? Elle était morte...est morte. "Il a réussi à prendre le contrôle de l'armure du samouraï. Tu es son pire ennemi, il est après toi! Tu n'as pas le choix que tu dois absolument te cacher." Eh bien, il avait raison à ce sujet, nous étions ennemis...Je suppose, mais j’étais cachée depuis les 6 dernières années, ce n'était pas la réponse, pas cette fois.
"Eh bien, comme un baratin c'est beaucoup plus original que celui que ton ami a essayé." J'ai dit, en gardant mon personnage.
"Aelita, s'il te plaît écoute-moi. C'est certainement la matérialisation qui t'a donné de l'amnésie. Le choc t'a fait perdre la mémoire." Quoi? "Mais tu dois me faire confiance. Tu le dois Aelita!" Il me prit par les épaules et il a commencé à me secouer. Il me fallut beaucoup de contrôle pour ne pas le jeter contre le mur, cela m'aurait forcée à abandonner mon incognito. Mais cela ne voulait pas dire que je devais me laisser faire.
"Hey, lache-moi!" Je l'ai repoussé. "Je n'ai confiance en personne, qui agit comme un fou!"
J'ai entendu un bruit du bout du couloir, et il se rapprochait. Un costume de samouraï avec de la fumée noire est entré.
"Xana...qu'est-ce que tu fais?" Murmurai-je.
"Non Xana. Tu ne l'aurais pas, je ne te laisserai pas faire, tu m'entends?"
Nous nous sommes écartés car le samouraï avait tiré son épée dans notre direction. Nous avons couru vers le couloir, loin de Xana, et dans la salle de gym. Je pense que Xana était aussi surpris de me voir que j’étais de le voir. Et je le connaissais, il était beaucoup plus rapide et plus fort qu'il ne nous montrait...Il se contrôlait? Pour moi? Il ne voulait pas vraiment me tuer, il ne l'avait jamais fait. C'était juste un avertissement...pars, va-t-en. D'autant plus que quand nous sommes entrés dans les égouts, il a cessé de nous pour chasser.
Le garçon m'a emmenée à l'usine...il y avait longtemps que je n'avais pas été ici peu de choses avaient. Elle avait juste vieille. Le Supercalculateur était en marche en effet. Cet idiot...mais, le fait qu'il était en mesure de comprendre comment l'utiliser sans aucune instruction préalable disait quelque chose sur ses capacités. Il m'a dit que j'avais habité sur Lyoko et que je souffrais d'amnésie...Peut-être avait-il trouvé quelque chose sur Aelita et il pensait que c’était moi...c'était triste...
"Alors ce gars Xana vit sur Lyoko aussi?" Ai-je demandé, tout à fait innocemment.
"Oui, il en a le contrôle." Il est chez lui...ils ont essayé de le chasser aussi, mais à ce stade, c’était nécessaire de le faire. Je me sentais mal pour Xana...
"Eh bien, si c'est si dangereux, pourquoi ne fermes-tu pas Lyoko." Oui, c'était la meilleure option. Si ces gens essayaient vraiment de vaincre Xana... ça ne finirait pas bien pour tout le monde. J'ai essayé de le convaincre de le fermer, et il l'a presque fait, mais c'est alors ses amis sont arrivés. Ils l'ont convaincu de ne rien faire...alors je suis partie et j'ai appelé David Blum, vous vous souvenez de lui? Il était dans la région à l'époque. Il s'est habillé comme un agent de police et est venu ici. Nous allions prendre l'affaire en main nous-mêmes, mais les policiers qui se trouvaient à Kadic, et le directeur nous ont repérés, et nous ont demandé que ce que nous faisions. Ils ont insisté pour venir avec nous. Je les ai emmenés à l'usine, en comptant sur le fait que le gars qui contrôlait de l'ordinateur aurait l'intelligence de lancer un retour vers le passé. Il l'a fait.
Je les ai entendus parler d’arrêter l'attaque de Xana et j'ai décidé de les laisser se battre. Ils semblaient savoir ce qu'ils faisaient...je suppose. Je ne voulait plus rien avoir à faire avec le Supercalculateur...il causait trop de douleur.
Je suis retournée à la cabine de Feather et j'ai trouvé une note des Hommes en Noir qui disaient avoir pris Feather. Et que si je voulais vivre, je devais me rendre. Je voulais abandonner à ce moment-là, vraiment, mais je savais Feather ne voudrait pas que je me sacrifie pour elle, et qu'elle pouvait prendre soin d'elle-même...Je suis donc allée dans la forêt. J'ai réfléchi pendant quelque temps sur le sens de la vie, de la famille et de la séparation. Je suis venue à une décision, une détermination, si vous voulez. Je voulais retrouver mes parents, mes parents biologiques, juste pour les voir avant que la situation se détériore, avant que je ne sois pas plus ici pour les voir...
Eh bien, c'est mon arrêt. J'ai retrouvé mes parents, ils vivent à quelques pâtés de maisons. Je ne vais pas leur dire qui je suis, ils ne me croiraient pas. Je suis censée avoir une trentaine d’années, vous vous souvenez? Je vous remercie de m'avoir écouté. C'est agréable de savoir que quelqu'un sait ce qui s'est passé. Bien que je pourrais mentir, toute ces épreuves d'une vie m'ont laissé un peu folle, et mon histoire peut sembler farfelue. Eh bien, croyez ce que vous voudrez de moi, mais ne venez pas me chercher. Vous ne me trouverez pas…
Au revoir.
Dernière édition par Icer le Sam 09 Fév 2013 15:53; édité 1 fois
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Texte 11: Esprit torturé, par Scifier Catégorie : Action.
Spoiler
Esprit torturé
Les évènements suivants se déroulent quelques mois après la fin de la saison 4 de la série Code Lyoko.
Un son...encore, encore et encore, retentissant comme un écho strident dans l'esprit du jeune homme. Une obsession agonisante qui torturait son esprit. Le crissement rêche et grinçant d'un crayon sur le papier.
-La clé... » entendit-il chuchoter dans une voix frêle et glaciale, au sein même de son être.
Il sursauta, émergeant avec violence de son léger sommeil. Les paupières lourdes, le corps tremblant et perlé de sueur, il s'accroupit sur son lit et fixa avec angoisse l'heure délivrée par son radio réveil.
« 2h23. ».
Il s'était assoupi dix-sept minutes. Beaucoup trop songea-t-il alors. C'était beaucoup plus que les derniers jours, il ne pouvait pas se permettre de perdre plus de temps. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu'il ne dormait plus et son corps réclamait ce besoin...mais son esprit l'y refusait. Il devait finir ce qu'il avait commencé, sinon ces voix et ces bruits ne cesseraient de résonner dans sa tête.
Derrière la fenêtre boisée, la pluie s'écoulait avec frénésie le long de la façade de l'internat du Collège Kadic. Toute cette fraîcheur et cette humidité lui firent envie, si bien qu'il décida de s'accorder un ultime répit. Il regarda de nouveau l'heure.
« 2h24 ».
Il se donna une minute pour profiter de la douceur de cette eau claire et ruisselante. Il poussa de toutes ses forces sur ses bras pour parvenir à hisser son corps sur ses jambes puis se dirigea d'un pas titubant mais pressé vers la fenêtre. Il tourna alors la poignée et tira sur cette dernière. Une fine brise d'un air frais et salvateur vint effleurée son visage fatigué. Il sourit presque avant de passer le bras droit par l'ouverture, la paume ouverte s'apprêtant à recevoir le divin liquide. Quelques gouttes de pluie tombèrent de le creux de sa main accueillante. Il attendit quelques secondes puis appliqua délicatement sa main sur ses cheveux noirs avant de la descendre doucement le long de son visage, répandant la pluie rafraîchissante sur sa peau brûlante et cernée. Cette sensation, anodine voire désagréable en temps normal, était pour lui l'un des seuls moment de réconfort de ces derniers jours.
-La clé... » entendit-il de nouveau résonner dans son esprit.
Il détourna le regard de la nuit étoilée et constata avec malaise que l'heure était venu de reprendre sa tâche. Son corps se remit à trembler. Il agrippa frêlement son bras droit et le retira du contact avec la pluie, avant de refermer avec tristesse la fenêtre. Il fis plusieurs pas en arrière, fixant avec envie le parc du collège par la vitre, puis détourna finalement le regard en direction de son bureau. Il s'en approcha, ouvrit un de ses tiroirs et en retira un paquet de plusieurs centaines de feuilles remplies de lignes de codes incompréhensibles pour n'importe quelle personne de son âge. Il divisa le paquet en deux, qu'il plaça alors à chaque extrémité de la table. Il attrapa également un baladeur mp3 qu'il alluma avant de placer les deux écouteurs au sein de ces oreilles. Il tira une modeste chaise en bois de sous son bureau et relâcha tout son corps exténué sur elle. Il saisit ensuite deux stylos, un dans chaque main et positionna un bras au dessus de chaque paquet. La baladeur commença sa lecture. Il entendit alors sa propre voix faire la lecture d'une quantité exubérante de lignes de code informatique qu'il avait enregistré oralement.
* * *
Il savait qu'il pouvait trouver la solution...il le devait. « La clé » comme elle l'appelait, cette voix étrange dans son esprit. Rien de ce qu'il écrivait et entendait n'était compréhensible pour lui, il savait juste que tout ceci avait un sens caché. Toutes ces données étaient dictées par une sorte d'instinct, une science infuse, comme s'il était emparé du savoir d'une personne...de centaines de personnes à en juger par la quantité de notions qu'il voyait défiler dans sa tête. Et c'est en se laissant guider par cette « voix du savoir » qu'il allait pouvoir reconstituer cette clé obsessionnelle à son esprit.
Il relut une dernière fois les deux piles de feuilles dans sa tête, toute en écoutant la voix fatiguée et nerveuse de l'enregistrement faire de même. Il devait se concentrer. Il avait déjà accompli tant de choses et plus il avançait, plus la découverte de la clé lui semblait pressante et néfaste. Ce calvaire devait prendre fin cette nuit-même.
C'est après 34 minutes de relecture qu'une vision lui traversa l'esprit. Il parvint alors à visualiser des fragments de code, éparpillés dans son esprit comme un savoir inachevé. Il referma ses deux paupières et laissa son esprit guidé sa main. Frôlant d'abord timidement le papier d'une série de chiffres désordonnés, il commença rapidement à enchaîner avec génie une multitude de lignes. Il sentit alors son autre main se mettre en mouvement, poursuivant avec complémentarité le travail de sa pair. Au bout de deux minutes seulement, il parvint à remplir trois feuilles entières d'un mystérieux code dont il ne comprenait pas la signification.
Il rouvrit les yeux et contempla avec satisfaction son œuvre ; une lueur d'espoir s'installa en lui :
-Le programme...Je l'ai fini ! » songea-t-il.
Il se pencha sous son bureau, extirpa un ordinateur portable d'un sac et le déplia avec dextérité sur le bois verni et l'alluma. Dans une console, il recopia les dernières lignes de code découvertes puis exécuta le programme qui, malgré tout, s'arrêta net sur le message suivant :
« Clé requise ».
Une sensation nouvelle traversa alors son esprit, un sentiment irrépressible qui le força à se lever et à poser ses deux mains sur l'un des murs latéraux de sa chambre. Il sentit alors sa présence : la clé était derrière ce mur, il le savait. Il longea ce dernier jusqu'à atteindre la porte de sa chambre, qu'il ouvrit avec une infime précaution pour ne pas attirer l'attention. Il se faufila dans le couloir et referma sa porte avec le même soin. Il s'avança ensuite devant la chambre de son voisin. Là, il pris un profonde inspiration puis enfonça la porte d'un violent et bruyant coup de pied. Le verrou céda sous la force du jeune homme, qui pénétra alors sans difficulté dans la chambre de l'élève qui fut réveillé en sursaut. Avant que ce dernier ne puisse réagir, l'intrus s'approcha à vive allure de son lit, le saisit avec force par le col de sa chemise de nuit et lui asséna un violent coup au visage qui assomma l'élève innocent.
-Je suis désolé... » lui chuchota-t-il alors doucement à l'oreille, avant de le rallonger avec soin et précaution au fond de son lit.
Il se mis ensuite en quête la précieuse clé. Il s'approcha d'une sacoche, la saisit, l'ouvrit puis en retira un ordinateur portable. Il le saisit à deux mains, le regarda quelques instants puis l’abattit violemment à plusieurs reprises sur le coin d'une table, défonçant allègrement le solide boîtier de l'engin. Il finalisa la destruction de la coque en posant l'ordinateur sur le sol avant de l'écraser brutalement du pied droit. Là, il se pencha vers les restes du PC, écarta sa coque brisée puis débrancha le disque dur intact avant de le saisir précieusement entre ses deux mains.
Un sentiment d'euphorie et de soulagement traversa son esprit alors qu'il élevait vers le ciel le précieux artefact qu'il recherchait depuis plusieurs jours. Ses yeux semblaient briller de satisfaction. Il pouvait presque entrevoir les données que le précieux disque contenait. Des lignes des codes...des milliers de lignes d'un code si pures et si parfaites : la fin du cauchemar approchait enfin. Il ne manquait plus qu'à disposer de la puissance de calcul nécessaire pour lancer son programme. Et là, il n'avait pas besoin d'aide pour trouver la solution, il savait exactement où aller, il s'y était déjà rendu plusieurs fois : le laboratoire du SuperCalculateur.
* * *
Le vacarme qu'il avait fait en entrant dans la chambre avait réveillé plusieurs élèves qui, inquiets et surpris, commençaient tous à déverrouiller les portes de leurs chambres pour découvrir ce qu'il se passait. Si jamais il surprenait le jeune homme, ce dernier perdrait trop de temps en explication...ou en riposte violente. Et du temps, il n'en avait pas, il devait mettre un terme à toute cette histoire au plus vite. Il ouvrit ainsi la fenêtre de la chambre fourmillant de fragments de plastiques éclatés, se hissa sur le rebord et plongea sans crainte du deuxième étage du bâtiment. Une nouvelle fois guidé par son instinct, il savait que rien ne pouvait lui arriver. Il atterrit donc une quinzaine de mètres plus bas, les deux jambes et le bras gauche posé sur le sol alors que sa main droite tenait fermement le précieux disque dur entre ses doigts.
Sans attendre davantage, il se repositionna sur ses deux jambes et commença à marcher en direction du parc où, quelques minutes plus tard, il souleva une plaque d'égouts dans lesquelles il se faufila sans appréhension. Il progressa quelques minutes dans une atmosphère sombre et humide avant de remonter vers la lueur bleutée d'un ciel étoilée par une échelle aux barreaux glaçants. Il se retrouva ainsi devant la façade menaçante de l'usine abandonnée, mais sans une hésitation, il pénétra dans le bâtiment, descendit à l'aide d'une des cordes sur le sol poussiéreux de l'entrepôt. Il s'enfonça dans l'obscurité, s'engouffra dans le monte-charge et enfonça négligemment l'impressionnant bouton rouge. Il lui fallut quelques secondes pour atteindre la porte robuste de la salle du SuperCalculateur qui se déverrouilla automatiquement à son arrivée. La machine endormie n'attendait désormais plus que lui pour se réveiller.
Il s'avança pas à pas dans la salle, déterminé à accomplir son œuvre. Plus il s'approchait, plus les battements de son cœur devenaient insistants. Cependant, sans aucune hésitation, il pressa un minuscule bouton, ouvrant ainsi une trappe contenant le levier d'alimentation de la superbe machine. Il l'empoigna un court instant puis l'abaissa avec fermeté. Le SuperCalculateur émergea de nouveau, retrouvant toute sa splendeur passé et brilla de milles feux, reflétant sa lumière dorée sur les murs gris argentés de la salle.
Le jeune homme tourna le dos à ce magnifique spectacle et revint auprès de l'ascenseur où il monta jusqu'à la salle de contrôle du SuperCalculateur. Là, il s'approcha de l'interface de contrôle du SuperCalculateur, y connecta le précieux disque dur puis manipula avec aisance le clavier afin d'établir une connexion avec son ordinateur personnel resté dans sa chambre. Il récupéra ainsi en quelques instants l'intégralité du programme qu'il avait conçu. Il programma aussitôt l'activation d'une tour basé sur la combinaison de son travail et des données présentes sur le disque dur. Il pressa finalement la touche « ENTER » de son clavier pour finaliser le lancement de toute son œuvre. A ce moment-là, il sentit toutes ses forces l'abandonner. Il trébucha en arrière et se rattrapa de justesse sur le fauteuil du pupitre sur lequel il abandonna tout son corps exténué. La fatigue s'empara de lui mais il sourit de joie : les voix s'étaient arrêtées. Il referma alors doucement ses paupières et n'eut plus d'autre envie que de rester immobile pendant que son esprit vagabonderait dans les méandres des songes.
* * *
Un bruit vint perturber ce premier moment de paix et de repos du jeune homme en plusieurs jours. Il effectua avec lassitude un demi-tour sur son siège et découvrit un autre élève en face de lui, quelqu'un qu'il connaissait bien.
-Jeremy... » parvint-il à articuler avec peine.
Ce dernier s'avança doucement.
-Je suis désolé, William. » répondit-il avec une pitié mal dissimulée dans sa voix. « J'ai été trop négligent. ».
-Qu'est-ce qu'il m'arrive, Jeremy ? » demanda-t-il faiblement. « Pourquoi ai-je fait tout ceci ? ».
Avant qu'il ne puisse obtenir la moindre réponse, les lumières de la salle s'éteignirent, suivi de près par l'interface du SuperCalculateur. Jeremy dégaina une lampe torche et l'alluma pour mieux discerner son camarade. Il s'approcha de se dernier pour se rendre compte de l'état d'épuisement dans lequel il se trouvait.
-Comment te sens-tu ? » demanda-t-il inquiet.
-Je ne sais pas...différent. Qu'ai-je fait ? » insista-t-il.
-C'est ma faute ! » s'en voulut-il. « Je n'aurais jamais dû prendre autant de risque...Lorsque toute les Replikas ont été détruits, XANA n'avait plus aucun support numérique pour assurer sa survie. L'ultime solution pour lui était de disperser les fragments de code qui le composaient dans les espaces de stockages reliés au Réseau. Tous les appareils connectés au Réseau à ce moment-là ont reçu une partie du programme qui régit XANA. Il lui manquait juste quelqu'un qui pourrait les rassembler après sa mort : toi... Il t'as eu sous son emprise pendant tellement de temps...Il a appris à te contrôler, à modifier tes pensées en reprogrammant ton esprit. Il s'est approprié ta conscience et à changé tes volontés. Tu es toujours sous l'emprise de XANA mais cette fois-ci, c'est ancré dans tes sentiments, tes souhaits les plus profonds. Tu n'es plus vraiment toi-même...Le jour de la destruction de XANA, j'avais détecté des anomalies dans le Réseau mais rien de vraiment dangereux...du moins, sans quelqu'un pour manipuler ces données depuis l'extérieur...J'ai découvert le programme que tu as écrit dans ta chambre : aucun humain n'est capable de réaliser un tel travail. C'est XANA qui t'as manipulé. Il manquait juste à ce programme une clé permettant son exécution. XANA a pris judicieusement le soin de la stocker avant sa mort dans un disque dur près de ta chambre, pour que tu puisses la retrouver facilement et pour tester ton habilité à lui obéir.
-Ce programme...qu'est-ce qu'il fait ?
-Selon mes prévisions... ». Il prit une profonde inspiration. « Il va reconstituer XANA avec tous les fragments de codes dispersés puis récupérés dans la Réseau grâce à la tour que tu viens d'activer. Après sa mort, j'ai tenté de découvrir pourquoi il avait pris le contrôle de tant de Replikas...La réponse est que toutes les bases militaires et scientifiques qu'il a conquis travaillaient toutes sur la création et la reproduction des SuperCalculateur de Hopper. En utilisant les Replikas, il s'est approprié les moyens de construire un nouveau SuperCalculateur, sans Hopper, ni Aelita, ni Code Lyoko l'empêchant de prendre le contrôle intégral des fonctionnalités des tours...Il ne pouvait pas se permettre de finaliser son projet tant que Hopper était en vie. Il a donc provoqué leur deux morts, tout en sachant qu'il allait survivre grâce à toi. Cela faisait partie de son plan depuis le début. Une fois reconstitué, il n'a plus eu qu'à démarrer son SuperCalculateur et s'y transférer...Les capacités de celui-ci doivent être colossales, bien plus impressionnante que ce que Hopper et son équipe a bien pu construire...Ce n'était qu'un homme après tout, il n'avait rien de la perfection d'une machine. ».
Il fit une courte pause.
-Tu vois toutes ces lumières éteintes ? » demanda-t-il en pointant du doigt le plafond de la salle. « Il n'y a plus de courant. XANA vient de désactiver notre SuperCalculateur...Il doit en être de même pour tous les dispositifs reliés aux Réseau. Sa conquête du monde à commencé. ».
* * *
Cela faisait maintenant plusieurs minutes que les deux élèves languissaient dans le noir, à la seul lueur de la lampe de Jeremy. Ce dernier tentait en vain d'allumer son téléphone portable.
-Les attaques électriques de XANA...elles brouillent tous les appareils électriques » marmonna-t-il, cherchant une solution à la situation sans issue dans laquelle il se trouvait.
William, lui, fixait d'un regard vague le faisceau rassurant de la lampe torche tout en songeant à ce qu'il avait fait contre son gré. Cette volonté fictive était désormais parti et il sentait un manque dans son esprit, comme si on lui avait amputé une partie de lui-même. Par ailleurs, il se demandait s'il ne représentait pas toujours un danger pour les autres : s'il avait été aussi manipulable, pourquoi ne le serait-il pas encore ?
C'est pendant qu'il était plongé dans ses pensées qu'il sentit ses mains trembler de nouveau.
-Jeremy ! » s'écria-t-il apeuré.
Le jeune garçon aux cheveux brillants dans le noir se retourna immédiatement vers son camarade en détresse. Mais ses mains ne tremblaient pas seulement : elles clignotaient brièvement mais de plus en plus longtemps. De plus, le phénomène étrange se répandit à tout sans corps impuissant : il allait bientôt disparaître.
-William, regarde-moi ! » ordonna-t-il doucement en plaçant son visage face au sien. « Tu es en train de te dématérialiser, XANA te rappelle à lui ! ».
-Non ! » hurla-t-il avec difficulté. « Je ne veux plus qu'il se serve de moi ! ».
Lorsqu'ils croisèrent leurs regards, Jeremy découvrit le visage effrayé et fragile du jeune homme habituellement si robuste et téméraire.
-Ecoute-moi, William ! » lui demanda-t-il d'un ton sérieux, se voulant le plus rassurant possible. « Tu dois te concentrer : tu n’appartiens pas à XANA, tu es maître de ton esprit et de ton corps. Ne laisse pas XANA s'emparer de toi à nouveau. ».
Alors que Jeremy lui parlait, l'intégralité de son corps commença à briller de milles feux et la fréquence des clignotements s'accentua de plus en plus.
-Concentre-toi, William ! » reprit-il avec empressement. « Tu as réussi à canaliser ton esprit pour écrire toutes ces lignes de codes, tu dois faire de même pour en reprendre le contrôle ! ».
-Je...Je n'y arrive pas » déclara-t-il vaincu et avec regret. « C'est au-dessus de mes forces, Jeremy...Je suis désolé ».
La totalité de son corps disparut alors dans une explosion lumineuse d'une effervescence étincelante, devant le jeune homme impuissant qui avait tenté d'agripper son bras droit, désormais inexistant. Anéanti, Jeremy vint s'écrouler dans un des coins de la salle, s'accroupissant sur le sol et laissant tomber son dos contre le mur. Il joignit ses mains côte à côte et y reposa sa tête.
* * *
Dans un ultime moment de lucidité, il tenta de trouver une solution mais trop de questions s'entrechoquaient dans son esprit. Comment XANA avait-il pu réussir à prendre si facilement le contrôle de William. Avait-il acquis le pouvoir de dématérialiser une personne réelle ? Comment allait-il ramener son camarade ? Mais la plus dure de toute était bien la suivante : comment arrêter XANA ?
Lorsqu'il reprit conscience, William se trouvait dans une immense zone blanche, sans commencement ni fin. Désormais, il ne ressentait plus la fatigue, l'épuisement ni même la souffrance qu'il avait subi avant sa bienfaisante torpeur. Il s'était juste réveillé comme ça, avec la vision surprenante de cet étrange endroit. Il chercha alors son corps mais il ne le vit pas. Seul son esprit semblait flotter dans cet espace vide et angoissant. Dans un premier temps, il paniqua mais il se souvint alors de ce qu'il avait vécu auparavant. Il se demanda aussitôt où il se trouvait actuellement et au même moment, l'intégralité de la zone blanche se transforma en diverses lignes de codes et données informatiques. Il constata avec surprise le soudain changement, fit plusieurs fois demi-tour sur lui-même pour se rendre compte de l'ampleur de la transformation puis commença de manière hasardeuse à lire ce qu'il était en mesure d'observer. A sa grande stupéfaction, toutes ces informations pourtant d'apparence indéchiffrables, il les comprenait, comme si un simple regard à tout ces chiffres et lettres abstraites lui permettaient d'assimiler tout un ensemble de notions concrètes pour un humain. Il alla même jusqu'à déchiffrer sa position en fonction de la lecture de quelques coordonnées : il se trouvait dans une base scientifique en Sybérie, la même que celle d'où avait été lancé le programme provoquant sa libération partielle de XANA.
Il continua de lire les informations qui défilaient à une vitesse infernale devant lui. La simple présence de ces éléments de réponses, même une fraction de seconde, lui permettait d'absorber une quantité importante de connaissances et ceci, bien plus rapidement qu'un homme normal. Il se risqua ainsi à poser une question dans son esprit :
-Où suis-je ?
Le système s'adapta automatiquement à la demande qu'il venait de formuler, comme si sa question avait fait un écho inaudible perçu par le système. Ce dernier lui fit savoir qu'il se trouvait dans un SuperCalculateur, crée récemment et dépourvu d'une interface virtuelle adapté à l'homme, comme l'était Lyoko. En assemblant toutes ces indices, il parvint à déduire la raison de sa présence en ce lieu.
-Je suis en réalité dans le SuperCalculateur de XANA. Lorsque j'ai été dématérialisé, seul mon esprit à résidé et comme cette ordinateur n'a pas été conçu par XANA pour la virtualisation des hommes, seul mon esprit parvient à évoluer dans cette quantité quasi infinie d'informations.
C'était l'occasion idéale pour lui d'en apprendre plus sur son ennemi. Peut-être allait-il enfin trouver un moyen de vaincre XANA.
-Si je suis encore conscient et en vie, c'est que XANA désire ce servir à nouveau de moi. » songea-t-il. « Que se passe-t-il actuellement sur Terre ?».
De nouvelles informations apparurent et il pu ainsi les lire et les comprendre comme s'il se retrouvait face à des images.
-XANA tente de neutraliser tous les appareils électriques de la planète grâce aux attaques électriques de son SuperCalculateur. Il a combiné la puissance des autres supers ordinateurs qui n'ont pas été détruits pour permettre une telle opération à si grande ampleur. Plus de la moitié du globe est déjà privé d’électricité. Et ce n'est pas tout : il déploie en ce moment même ces robots de combats pour lancer un assaut armé. Mais pourquoi fait-il tout ceci ?
Cette question, pas même Jeremy n'avait su y répondre durant toutes ces années. Et maintenant, il avait la réponse en face de lui.
-Pour accomplir sa mission, ce pour quoi il a été programmé : protéger les SuperCalculateurs...L'homme est une menace à la réussite de sa mission. XANA fut imaginé par son créateur pour détruire les Replikas de son SuperCalculateur, reproduits en continu dans les bases scientifiques et militaires et convoités pour leur potentiel : la téléportation, la duplication de matière, qu'elle soit vivante ou non, l'espionnage, la destruction et le sabotage électrique...Les hommes n'étaient pas encore prêt à utiliser cette invention à son vrai profit : il fallait donc détruire tout les SuperCalculateurs et empêcher la fabrication de nouveaux. Ainsi, ce programme avait pour objectif d'utiliser les tours de Lyoko pour détruire électriquement toutes les bases militaires adhérentes au projet SuperCalculateur. Mais son créateur, Schaeffer décida d'améliorer son programme : il implanta dans ce dernier des fragments de code correspondants à sa propre personnalité numérisée, pour lui donner des objectifs, des motivations et des idées pour les réaliser...Ce qu'il n'avait pas prévu, c'était que XANA, équipé de cette fonctionnalité évolutive, s'enrichissait à chaque fois qu'il récoltait des données sur la virtualisation de personnes humaines et ceci, si bien qu'il se rendit à l'évidence que le seul moyen d'accomplir sa mission était de stopper l'Homme. Aucun humain n'aurait eu l'audace d'adopter une approche aussi radicale...mais pas une intelligence artificielle. Son objectif est d'accomplir sa mission et ceci, par n'importe quels moyens...Et en ce moment même, XANA met tout en œuvre pour y parvenir. ».
Toute cette histoire le terrifia. S'il n'agissait pas très vite, la vie et la survie sur Terre serait bouleversée à tout jamais. Mais que pouvait-il faire pour empêcher ça ? Qui était-il pour vaincre un programme frôlant la perfection ? Qui était-il ?...C'était ça la vrai question, il le sentit au fond de lui, comme cet instinct qui le guidait toujours.
-Qui suis-je ?
Il découvrit avec stupeur une réponse auquel il ne s'était pas du tout attendu. Une réponse qui le bouleversa et l’effraya.
-Je suis...un programme. Une intelligence artificielle créée par XANA à partir d'une copie numérique de la personnalité de William. William n'a jamais été ramené sur Terre, c'était juste une clone programmé par XANA pour servir ses intentions le moment voulu. Une vulgaire marionnette, une bombe à retardement attendant d'être activée...J'ai été conçu pour prendre la vie de quelqu'un d'autre...puis la détruire. Toutes mes actions, toutes mes pensées, tout mes sentiments s'animaient jusque là selon les souhaits de XANA. Mais plus maintenant...Désormais, je suis libre. Tant que XANA ne m'a pas assigné une nouvelle mission, j'ai encore l'espoir d'échapper à son emprise. Malgré tout, je dispose maintenant d'un avantage non négligeable : je suis la liaison entre l'homme et la machine. Je pense comme une personne et comprend comme un ordinateur. Toutes les informations de ce SuperCalculateur, c'est grâce à cela que je les comprends : je traduis le langage machine et l'interprète comme un humain. Je suis donc le seul à pouvoir mettre un terme à tout ceci mais je ne pourrais pas y arriver seul...
Il prit quelques instants de réflexion puis posa une ultime question :
-Où est William ?
Il vit alors apparaître la silhouette de son avatar virtuel, sombre et menaçant, suspendue dans les airs, les bras et les jambes écartées, les paupières refermées et le visage inanimé. Il s'en approcha et le fixa du regard avec nostalgie. Autrefois, ce corps lui avait appartenu et il avait incarné son esprit. Désormais, il devait le guider hors des sentiers perdus. Il le connaissait mieux qui quiconque, c'était son devoir de le protéger.
Il s'approcha de nouveau et lui chuchota doucement à l'oreille :
-Bonjour, William.
Il se concentra autant qu'il le pouvait pour réveiller l'avatar inanimé, comme l'aurait fait le programme de virtualisation. Il dénicha sa conscience parmi toutes les données du SuperCalculateur et la redirigea vers l'avatar. Il referma ses paupières, toucha son front de l'extrémité de ses paupières et lui insuffla le souffle de la vie.
William ouvrit brusquement les yeux, découvrant à son tour la clarté troublante de ce monde insolite.
-Impressionnant, n'est-ce pas ? » déclara l'être artificiel.
-Où suis-je ? » demanda-t-il à haute voix, avant de se rendre compte qu'il était seul, que la voix qui lui avait parlé n'était pas physiquement présente. Cette voix résonnait simplement dans sa tête, comme s'il imaginait tout seul la conversation.
-A l'intérieur du SuperCalculateur de XANA, qui t'as capturé et fait prisonnier. Souviens-toi.
-La dernière chose dont je me souviens, c'était...cette méduse...
-Oui, elle s'est servie de toi pour assimiler ta conscience et me créer à partir de celle-ci.
-Qui êtes-vous ? » demanda-t-il finalement en quête de réponses.
-Moi ? Je suis une partie de toi. Je suis les souvenirs, les sentiments et les actions d'une vie qui t'as été dérobée. Je vais t'aider à t'enfuir et à arrêter XANA. Mais j'ai besoin de toi, de ton corps pour combattre sur Terre. Je serais là pour te guider, pour veiller sur toi. Je suis ton ange gardien. Appelle-moi Enigma.
-Que dois-je faire ? » s'écria-t-il dubitatif.
-Ouvre ton esprit et laisse-moi y pénétrer : tu retrouveras tout tes souvenirs et nous ne ferons plus qu'un tous les deux.
-Comment ?
-Laisse-toi faire. Sens la présence de mon esprit et accepte-la...Tu es prêt ?
William prit une profonde inspiration avant d'acquiescr sobrement et avec un soupçon d'angoisse :
-Oui.
Enigma transféra alors tout le programme qui le contrôlait au sein même de la personnalité numérisée du jeune homme, qui poussa alors un cri de douleur long et strident, alors qu'il revoyait dans son esprit tout ce que son clone avait vécu depuis sa capture par XANA, la destruction de Lyoko, les combats contre ses amis, la mort de XANA et le retour mouvementé à sa vie réelle. Les deux êtres, artificiel et réel, partagèrent tout ce qui constituait l'essence de leurs âmes, les mêmes émotions, les mêmes souvenirs, les mêmes pensées, les mêmes capacités. Tout deux fusionnèrent pour ne plus créer qu'un unique être, l'alliance de deux mondes différents, un hybride parfait.
Une fois la fusion accomplie, William retrouva les motivations d'Enigma à vouloir détruire XANA. En un instant, il se concentra sur les procédures de virtualisation du SuperCalculateur et commença à voir son avatar virtuel disparaître.
* * *
Il réapparut quelques instants plus tard dans la base militaire de Sybérie, celle dans laquelle XANA avait fabriqué son propre SuperCalculateur. Il avait l'apparence de son avatar virtuel de Lyoko, comme l'aurait fait la translation. Il rouvrit les yeux, regarda tout autour de lui pour découvrir où il avait été matérialisé. Il se trouvait dans un couloir aux murs blancs parsemés d'écrans de contrôles affichant diverses informations sur le centre scientifique. Cependant, grâce à Enigma, un simple coup d’œil sur ces moniteurs lui permit de savoir où il se trouvait exactement.
-Trouve le SuperCalculateur... » lui chuchota Enigma dans son esprit. « Je m'occuperais du reste ».
Il acquiesça par réflexe puis fit apparaître dans un ouragan impressionnant d'éclairs électriques, son épée massive et affûtée. Il prit une profonde inspiration avant de s'élancer en courant dans l'un des nombreux couloirs de la salle.
-Fais attention ! » lui signala Enigma. « Les robots de combats seront présents pour défendre le SuperCalculateur. ».
Il serra avec poigne son épée, se préparant à un combat inévitable. Il progressa avec hâte dans plusieurs couloirs avant d'atteindre un énorme entrepôt de matériel électroniques rempli par plusieurs rangées des robots de XANA immobile, des humanoïdes métalliques lourdement équipés d'une arme laser dévastatrice, attendant juste un simple ordre de leur maître pour contre-attaquer. Au même moment, un violent mal de tête vint frapper le jeune homme, qui lâcha son arme sous la douleur et posa alors ses deux mains sur sa tête souffrante.
-Qu'est-ce qu'il m'arrive ? » hurla-t-il à l'attention de son ange gardien.
-C'est XANA...il tente de te remettre sous son emprise » répondit Enigma, lui aussi visiblement affecté par la même douleur. « Mais ensemble, il ne peut pas nous atteindre ! Tu dois visualiser tes volontés dans ton esprit et ne pas laisser celles de XANA s'emparer de toi ! ».
Il s'exécuta suivant les ordres de son alter ego. Il se concentra sur ce qui comptait vraiment à ces yeux, ce qu'il désirait depuis tout le temps qu'il avait été sous l'emprise de XANA.
-Je veux...rentrer chez moi. Retrouver ma famille, mes amis. Vivre une vie normale... » commença-t-il à murmurer avec nostalgie, avant de reprendre un ton beaucoup plus brutal : « Je veux me venger de XANA ! Je veux le détruire ! L'empêcher de refaire tout le mal que j'ai subi. ».
Brusquement, il ramassa son épée et se rua dans un cri de fureur vers la première rangée de robots, transperça avec violence un premier puis d'un seul geste parfaitement maîtrisé en trancha deux autres. Il voulut faire de même avec le suivant, mais à sa grande surprise, il esquiva son coup en bloquant son épée de son robuste bras mécanique. Ses autres semblables se mirent alors en position tout autour de lui. XANA décelait maintenant le véritable danger en son ancien esclave.
Les robots commencèrent à charger les faisceaux lasers contenus dans leurs bras droits, délivrant une multitude de lumières rouges et scintillantes à travers la salle : les androïdes s'apprêtaient à faire feu. William évita une première salve d'une dizaine de lasers en parant avec son épée, puis esquiva une deuxième en effectuant une roulade à ras le sol. Il effectua ensuite un bond en direction de plusieurs ennemis. Il détruisit deux robots et profita de cette faille dans la ligne ennemie pour s'enfuir dans un corridor et se mettre hors de portée.
-Je ne peux pas tous les détruire ! Ils sont trop nombreux ! » s'écria-t-il en s'enfonçant dans une allée déserte.
-Je sais... » lui répondit mentalement Enigma. « Je vais essayer de faire quelque chose. Essaye de gagner du temps !»
Il continua sa course effrénée lorsqu'il aperçu devant lui l'ombre menaçante de plusieurs robots arrivant face à lui. Il retourna en arrière et bifurqua sur un chemin latéral avant d'arriver dans un laboratoire rempli d'ustensiles de chimie. Il pressa un bouton sur le mur, referma la porte derrière lui et se colla contre le mur longeant l'ouverture de la salle. Il patienta quelques instants, observant le contenu de la salle, lorsqu'il aperçut au plafond une caméra de sécurité en mouvement : XANA l'avait repéré. Il entendait les cliquetis mécaniques des robots qui s'approchaient. Il s'avança près de la porte, posa la main sur l'interrupteur de la porte puis patienta quelques instants, attendant patiemment le moment où les robots se positionneraient devant la porte. Le moment fatidique se présenta rapidement. C'est là qu'il ouvrit la porte, brandit l'épée devant lui et transperça de sa lame deux robots. Il bouscula les deux carcasses embrochées sur les autres machines, les renversant ainsi sur le dos. Il se tint alors au-dessus de leur armature immobilisé et leur asséna un coup fatal.
D'autres renforts arrivèrent cependant de l'autre extrémité du couloir. A l'instant même où il voulut s'enfuir, une salve de tirs le toucha en plein épaule, le clouant en un cri de douleur sur le sol. Il posa une main sur l'enveloppe électrique frétillante de son épaule, comme pour cautériser sa plaie et stopper la douleur, alors que les robots continuaient d'avancer dans sa direction. En quelques secondes, un androïde se positionna juste devant lui, pointant son faisceau laser au-dessus de son visage. De la main droite, il tâtonna le sol pour tenter de ramasser son arme perdue pendant sa chute, mais le robot chargeait son laser bien plus vite que le temps nécessaire pour reprendre son épée. Il fixa alors son ennemi pour voir en face la chose qui causerait sa dématérialisation et l'échec de ses plans. Cependant, au lieu d'asséner un ultime coup, le robot se désactiva, perdant la terrifiante lueur rouge qui brillait au sein des ses capteurs visuels. Il commença à perdre l'équilibre et manqua d'écraser le jeune homme qui effectua à la dernière seconde une roulade sur le côté pour éviter la retombée de la masse métallique.
-Tu ne crains plus rien. » déclara Enigma. « J'ai réussi à activer une tour pour inhiber temporairement les troupes de XANA. C'est le moment idéal pour frapper notre ennemi en plein cœur. ».
Sans perdre une seconde de plus, William se releva et partit à l'assaut du SuperCalculateur situé quelques salles plus loin dans le centre. Sur le chemin, il ne rencontra aucune réelle difficulté, si ce n'est quelques portes d'accès verrouillées, facilement crackées par Enigma. C'est ainsi qu'il arriva finalement devant la porte de la salle du SuperCalculateur. William attendit le déverouillage de la porte puis s'engouffra une immense salle remplie du sol au plafond par un assemblage de composants électriques : le SuperCalculateur de XANA. Au moins une dizaine de fois plus imposant que celui qu'il avait déjà eu l'occasion de voir à l'usine, celui là semblait particulièrement puissant et par conséquence, extrêmement dangereux. Tous ces ensembles de LEDs qui scintillaient, de systèmes de refroidissement qui soufflaient, de composants qui fonctionnaient...Tout ceci donnait à William la vision d'un monstre numérique qu'il fallait absolument détruire.
-Tu y es enfin. » reprit Enigma. « Maintenant, c'est à mon tour d'accomplir mon rôle. Je vais t'ouvrir l'accès au processeur central : tu devras le détruire. Mais avant, il faut que je quitte ton esprit pour lancer un Retour vers le Passé au moment-même où ta lame toucheras le cœur du SuperCalculateur. De cette façon, tout retournera comme avant, sauf la partie détruire de cette machine, celle où survit XANA. ».
-Je comprends. » répondit-il en acquiesçant. « Mais, si tu lances le Retour vers le Passé au moment où je le détruis, comment vas-tu faire pour t'enfuir ? ».
-Je ne m'enfuirais pas. Je resterais prisonnier du système et serait probablement détruit. Mais c'est ainsi que cela doit se dérouler. Je suis une copie de toi, je ne suis pas vraiment réel et...tout ce que j'ai vécu, tout ces pouvoirs que j'ai acquis...ils sont un fardeau pour moi. Je suis comme toi et ce n'est pas cette vie là que je désire, tu le sais très bien. Mon sacrifice sera le départ d'une nouvelle vie pour toi, celle d'un humain normal.
William demeura muet quelques instants, puis ajouta finalement d'un ton solennel :
-Vas-y.
Enigma se détacha alors une dernière fois de l'esprit de William, lui ouvrant une petite trappe situé tout au sommet de l'immense machine. Le jeune homme l'escalada sans soucis, atteignit la trappe, puis positionna son arme au-dessus d'un minuscule composant. Il prit alors une profonde inspiration, repensa à celui qui lui avait permit de s'échapper et lâcha un dernier mot avec un sourire sincère :
-Merci.
Là, il attendit son glaive foudroyant sur la machine et le Retour vers le Passé se déclencha, noyant le jeune homme dans une explosion de lumière.
Lorsqu'il revint à lui, il se trouvait dans son lit, cette nuit infernale où il avait trouvé la clé de XANA. Cette fois-ci, aucune voix dans sa tête, aucun obsession, aucune souffrance ne venait mettre à mal son esprit. Il était enfin libéré de l'influence de XANA. Il avait récupéré tous les souvenirs de son clone et Jeremy n'ayant jamais été virtualisé dans le SuperCalculateur de XANA, seul William était en mesure de se souvenir de tout ce qu'il s'était déroulé. Tout n'aurait pu être qu'un simple rêve, il n'aurait même pas pu prouver ce qu'il avait vécu. Qu'en était-il maintenant ? Tout ce qu'il pouvait faire, c'était reprendre une vie normale, en tachant d'oublier tout ce qu'il avait enduré. Il allait devoir se débarrasser de tout ce que Enigma avait écris sur ces centaines de feuilles et de tout ce qu'il avait tapé sur son ordinateur. Mais pour le moment, il allait profiter de la nuit de sommeil que son corps lui réclamait depuis bien trop longtemps. Il ferma ainsi les yeux, s'apprêtant à passer son premier moment de repos depuis longtemps, lorsque son téléphone portable vibra sur sa table de chevet. Il le saisit nonchalamment de la main droite : il venait de recevoir un message. Il le lut :
Posté le: Lun 01 Juil 2013 16:12 Sujet du message:
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Thème : Aelita recherche sa mère tout au long de la série. Imagine un scénario dans lequel Aelita finit par retrouver sa mère, et décris leurs retrouvailles.
Jury(s) : Moonscoop
Participations : ?
Ce qui nous intéresse, c'est de savoir que plusieurs membres du forum figurent parmi les gagnants. Le premier d'entre-eux se trouve être Zéphyr, dont voici le texte :
Spoiler
L'heure des retrouvailles
Aelita était nerveuse. Cela ne faisait que cinq minutes qu'elle patientait dans la chapelle, et pourtant, elle ne parvenait pas à ce défaire de cette boule qu'elle avait au ventre. Assise sur les marches poussiéreuses de l'autel, elle se mit se tripoter nerveusement ses doigts. Elle craignait que les événements des prochaines minutes ne se déroulent pas comme prévu. Après tout, c'était un grand jour pour Aelita, raison de cette source de stress : elle allait enfin retrouver sa mère, Anthéa Hopper. Elle qui croyait ne jamais plus la revoir, c'était un cadeau inespéré.
« Et si elle ne venait pas ? Ou pire, et si ce n'était pas elle qui se présentait ? Et si elle pensait que c'était une blague, ou même un piège ? », étaient les questions qui tournaient encore et encore dans la tête de la jeune fille. Pour se calmer, elle jeta un oeil au fenêtres qui se trouvaient plus haut, au premier étage, et contempla la douce lumière blanche du jour qui se déversait à l'intérieur. Parvenant à se calmer un peu, elle ne put s'empêcher de repenser à tout le chemin qu'elle avait dû parcourir pour arriver à ce moment qu'elle commençait à appréhender de plus en plus.
. . .
Tout avait commencé à la mi-janvier, lorsque Aelita avait découvert que sa mère était toujours en vie. Un problème se présentait : elle était dans le camp de Tyron, appartenant à un des trois groupes belligérants du conflit qui l'opposait elle et ses amis à Xana, une intelligence artificielle. Dans cette guerre devenue triangulaire, Aelita avait enfin pu caresser l'espoir de retrouver sa seule famille restante. Pour que cet espoir ne soit pas brisé, les amis de la jeune fille avaient décidé de ne pas mettre un terme à cette bataille tout de suite, afin de lui laisser le temps de résoudre ce mystère.
Aelita s'était donc attelée immédiatement aux recherches. Ses premières investigations l'avaient tout d'abord menée sur les réseaux sociaux. Elle s'y était créé un compte puis avait diffusé une photo de sa mère afin d'obtenir des informations. Bien qu'au départ elle reçut majoritairement des encouragements de la part des internautes, un beau jour, au mois de février, quelqu'un lui envoya une photo récente de Anthéa prise dans un quartier de Paris. Malheureusement, une photo prise dans la rue n'était pas un élément suffisant pour retrouver une personne dans une ville aussi grande. Mais cela eu pour effet d'accroître l'ardeur avec laquelle Aelita poursuivait ses recherches.
À peine dix jours plus tard, un mystérieux message arrivait sur sa page, lui proposant un rendez-vous pour échanger des informations. Ayant appris d'un précédant piège similaire de Xana, la fille aux cheveux roses avait prévenu ses amis. Ceux-ci avaient décidé d'envoyer l'un des leurs sur le lieu de rendez-vous afin de vérifier si piège il y avait. Il s'avéra au final que ce fut le cas. Tyron avait envoyé un de ses hommes de main récupérer la personne qui s'intéressait de trop près à sa collaboratrice.
Un retour vers le passé avait alors été lancé et Jérémy avait effacé toute trace d'Aelita sur les réseaux sociaux, ne laissant aucune chance de remonter jusqu'à elle.
Cette première piste venait de se fermer, Aelita devait en trouver une autre.
Elle orienta ensuite ses recherches sur le Cortex, monde virtuel généré par le supercalculateur de Tyron et source d'information sûre mais dangereuse sur ce qu'elle voulait savoir. Grâce aux nombreuses explorations qu'elle et les autres Lyoko-guerriers menèrent sur ce territoire, ils parvinrent au courant du mois de mars à voler des données qui les éclairèrent un peu plus sur la cause de la présence d'Anthéa aux côtés de Tyron.
La mère d'Aelita ignorait tout du devenir de son mari, Franz Hopper, et de sa fille après leur disparition. Elle avait collaboré de son plein gré avec Tyron en échange de son aide pour les retrouver tout deux. Malheureusement, Anthéa ignorait tout du lien qui existait entre son mari et Tyron, et en conséquence, se faisait manipuler.
En apprenant ceci, Aelita avait ressenti un vif soulagement. Elle avait été très heureuse que sa mère n'ait pas trahi son père, dont elle ignorait encore la mort, pour s'allier avec l'ennemi.
Cependant, le Cortex ne révéla plus aucun autre secret de cette ampleur à l'ange virtuel. La piste commençait à se transformer en impasse. Il lui fallait trouver autre chose.
C'est pendant le mois d'avril qu'une idée lui vint à l'esprit, qu'elle exposa à ses amis. Le principe était de retourner une des idées adverse contre eux : créer une balise qui serait placée sur le Cortex et qui permettrait de repérer l'emplacement du laboratoire de Tyron. Dix-neuf jours furent nécessaires à Jérémy, Aelita et Laura afin de programmer l'objet et quelques heures suffirent à l'installer en territoire ennemi de manière à ce qu'elle ne soit pas détectée.
Quelques jours plus tard, début mai, la balise donna l'endroit exact où le supercalculateur de Tyron se situait. La suite du plan prévoyait d'y chercher Anthéa et de lui donner un rendez-vous ailleurs afin que sa fille puisse l'y retrouver. Deux problèmes se présentèrent : la base de Tyron se trouvait dans un lieu difficile d'accès pour des personnes de l'âge des Lyoko-guerriers, et surtout, il ne fallait ni se faire repérer par d'éventuels systèmes de sécurité, ni se faire capturer.
Une solution fut alors proposée par Odd : activer deux tours sur Lyoko. La première pour générer un spectre qui se rendrait sur les lieux et transmettrait le message, la seconde pour court-circuiter toutes les installations électriques de Tyron pour quelques minutes.
Le 18 mai, l'idée d'Odd fut appliquée : Jérémy activa une tour sur Lyoko et généra le spectre - ayant l'apparence d'un homme adulte - le plus près possible du laboratoire de l'ennemi. Grâce à une fenêtre de l'ordinateur quantique, ils pouvaient voir tout ce que voyait le spectre et contrôler ses actions à distance. Le spectre arrivé à destination, Jérémy activa la deuxième tour, et provoqua la panne de courant chez Tyron.
Malgré les efforts de Xana pour reprendre le contrôle des tours, Jérémy et les autres Lyoko-guerriers parvinrent à le repousser juste assez de temps pour que leur émissaire trouve la mère d'Aelita et lui dise :
« Si vous voulez des informations sur votre fille, rendez-vous à la chapelle vers le lycée Kadic dimanche vingt-six à dix heures. Venez seule. »
Les tours avaient été désactivées sans attendre sitôt le message transmis.
. . .
Aelita avait attendu le 26 mai avec beaucoup d'impatience. Même si elle était encore envahie par le stress de dernière minute, elle sentait que tout se passerait bien. Elle avait choisi la chapelle comme lieu pour son calme et son atmosphère apaisante. Elle avait aussi décider de fixer le jour du rendez-vous à cette date, du fait de sa particularité : le jour de la fête des mères. Elle tenait réellement à faire une surprise à sa mère, et espérait de tout son coeur qu'elle oserait venir.
Soudain, elle entendit la résonance provoquée par l'ouverture de la grinçante porte de l'édifice. Elle se leva précipitamment des marches, passa ses mains sur sa jupe pour la remettre bien droite, et fixa l'ouverture dans le mur par laquelle le nouvel arrivant devait arriver. Son rythme cardiaque augmenta subitement, son souffle s'accéléra et ses mains devinrent moites. Elle sentait que la personne allait se retrouver face à elle dans moins d'une seconde.
« Tant pis si c'est un allié de Tyron venu me capturer et m'interroger, se dit-elle. Au moins, j'aurais essayé. Et puis, Jérémy à prévu le coup ».
En effet, le petit génie n'avait pas écarté le danger auquel s'exposait Aelita en donnant une telle invitation à l'un des collaborateurs de Tyron, même manipulé. C'est pour cela que Yumi, William, Odd et Ulrich étaient postés tout autour de la chapelle, afin de vérifier si un piège n'avait pas été mis en place et dans ce cas, prévenir Jérémy afin qu'il envoie un retour vers le passé.
L'instant de vérité se dévoila lorsque l'arrivant parvint dans la vaste salle lumineuse. Et là, le monde se remit à tourner pour Aelita : sa mère était là, devant elle, en chair et en os.
Aelita ne rêvait pas, et ce n'était pas un spectre qui la regardait avec des yeux très étonnés et troublés. Sa mère ne semblait pas avoir changé du tout et était toujours aussi belle que dans les souvenirs d'Aelita. Bien qu'elle ne portait pas une de ses longues robes, elle avait revêtu un pull d'un blanc éclatant, ainsi qu'un jean. Ses longs cheveux blonds étaient toujours retenus par un serre-tête, de même qu'à l'époque.
Aucune des deux ne parla durant les premières secondes. Ce fut Aelita qui brisa le silence en s'approchant et en disant :
- Maman ?
La jeune fille était maintenant en face de sa mère.
- Aelita ? C'est bien toi ma chérie ? demanda cette dernière d'un ton tremblant et à la limite d'éclater en sanglots.
Aucune n'ajouta autre chose car d'un même mouvement, mues par une envie identique, elle se prirent dans les bras l'une de l'autre. Malgré elle, des larmes coulèrent des joues d'Aelita, comme si elles n'avaient attendu que cet instant là pour jaillir.
Pendant plusieurs minutes, mère et fille restèrent dans cette étreinte, sans dire un mot, se contentant de profiter de l'être retrouvé.
Dans les bras d'Anthéa, des souvenirs ressurgirent de la mémoire d'Aelita : des souvenirs de jeux dans des parcs, dans la neige et surtout du sourire de sa mère. Elle sentit une main parcourir ses cheveux. Une vague de nostalgie envahit l'ange virtuel : c'était un geste très fréquemment exécuté dont elle avait été privée des années durant. Et maintenant, elle pouvait de nouveau en profiter. Aelita sentit une odeur de fleur se dégager de sa mère, qui était restée inchangée. La chaleur qu'émettait Anthéa se transmit à Aelita, qui savoura pleinement ce contact maternel.
Et puis, peu à peu, l'étreinte se déserra, permettant à la mère de contempler le visage de sa fille, lequel laissait voir un large sourire.
- Tu as tellement grandi et tu es devenue très jolie, dit-elle. Mais, comment ?
Toutes deux s'assirent sur les marches de l'autel. Elles avaient énormément de choses à se raconter. Aelita fut la première à parler. Durant son récit, sa mère ne lui lâcha pas la main, comme si elle craignait que sa fille disparaisse pour de bon, tel un fantôme.
D'une seule traite, Aelita parla de Xana et du supercalculateur, de ses amis, des combats qui faisaient rage sur le réseau, mais aussi de la mort de son père. À cette évocation, quelques larmes perlèrent les yeux d'Anthéa.
- Il a toujours su quoi faire, ajouta t-elle avec beaucoup d'émotion dans la voix. Se sacrifier pour te sauver et réparer ses erreurs, c'est tout à fait son genre. J'aurais aimé le revoir lui aussi...
Afin d'éviter de tomber dans la morosité, la femme se reprit :
- Mais tu es en vie et c'est le plus important. Je suis fière de lui et fière de toi aussi, et de tout ce que tu as fait pour que l'on soit réunies.
À ces mots, elle serra un peu plus fort la main de sa fille, laquelle ajouta :
- Et toi maman ? Qu'est ce qui t'es arrivé après ta disparition ?
Et ce fut au tour de la mère de vider le sac de son passé, relatant tout les événements importants jusqu'à sa collaboration avec Tyron. À la fin de son récit, elle en profita pour regarder plus en détail le visage de sa fille, pour s'en imprégner les moindres détails, de peur de l'oublier.
- Tu as été si forte et si courageuse ma chérie, déclara t-elle. Je suis tellement émue de te retrouver mais aussi tellement admirative devant tout ce que tu as accompli. Je ne trouve pas les mots pour l'exprimer...
Aelita ne lui laissa pas le temps de terminer qu'elle l'enlaça une nouvelle fois dans ses bras.
- J'ai cru que je ne te reverrai jamais, murmura la jeune fille avant de lâcher un sanglot.
Pour tout réponse, sa mère se contenta de la serrer un peu plus fort, afin de lui faire comprendre qu'elle aussi a ressenti cela.
Elles restèrent dans cette position durant de longues minutes, chacune ne pensant qu'à profiter de ce contact avec l'autre. Rien ne semblait pouvoir troubler cet instant de félicité, si ce n'est une sombre pensée qui traversa Aelita, qu'elle exprima à sa mère en s'enlevant doucement de son étreinte :
- Tout ce temps qu'on a perdu à jamais toutes les deux, est ce qu'on arrivera à le rattraper ?
Anthéa lui sourit, puis répondit :
- Ensemble, on y parviendra. Je ne veux plus jamais que l'on soit séparées.
- Moi aussi maman.
Aelita se rappela alors du cadeau qu'elle avait prévu d'offrir pour la fête des mères. Elle ouvrit la poche de sa veste et en sortit une chaîne sur laquelle un fermoir était accroché. Elle le tendit sa mère.
- Tiens, c'est pour toi. Bonne fête maman.
Surprise au premier abord, Anthéa prit le cadeau et ouvrit le fermoir : une photo la montrant elle et Aelita des années plus tôt y avait été glissé.
- C'est... superbe, fit-elle. Je ne sais pas quoi dire à part que c'est la plus belle fête des mères que j'ai vécue. Mais tu sais, mon plus beau cadeau, c'est toi ma chérie.
Elle enfila le pendentif autour de son cou. À la lumière qui se diffusait de l'extérieur, il semblait rayonner comme un petit soleil.
- Il te va à ravir, complimenta Aelita avec une joie non dissimulée.
L'ange virtuel prit alors la main d'Anthéa et lui demanda :
- J'aimerais te présenter mes amis dont je t'ai parlé et qui m'ont aidé tout au long de cette histoire. Tu veux bien ?
- Bien sûr. Je te suis ma chérie. Et je ne te perdrais plus de vue. Je te le promet.
C'est enfin réunies que mère et fille quittèrent la chapelle, prêtes à rattraper le temps perdu et à continuer leur vie ensemble.
Le texte d'Ikorih & d'Icer a lui été publié sur le forum : La Gardienne
Récompenses :
Première place : Des places pour le futuroscope et des codes pour le CLSG.
Deuxième à cinquième places : Un T-shirt de Code Lyoko Évolution et un poster de Code Lyoko Évolution dédicacé.
Sixième à dixième places : Un poster de Code Lyoko Évolution dédicacé.
Dernière édition par Icer le Mer 05 Mai 2021 19:05; édité 2 fois
Inscrit le: 17 Sep 2012 Messages: 2319 Localisation: Territoire banquise
Concours du meilleur texte d'Halloween
Thème : De nombreux mois ont passé depuis l'extinction du Supercalculateur. Les Lyoko-guerriers ont tous grimpé d'un niveau dans le circuit scolaire et l'heure est à la période d'Halloween...
... C'est le moment que choisit X.A.N.A pour revenir.
Mes paupières sont closes.
Je ne ressens que la douce torpeur mélancolique de celui qui ne ressent plus rien.
Si j’avais un dernier sursaut d’énergie, un seul, je pourrais prendre conscience de mes doigts toujours serrés sur mon arme de fortune. Je pourrais sentir la dureté du sol sous mon dos, la froideur de quelques gouttes dans mon cou, là où Sissi pleure.
Ah oui, je pourrais entendre Sissi murmurer « Mon Ulrich » aussi.
Je préfère sombrer. Accroché au visage de celle qui, avec un peu de chance, est à l’abri. Yumi.
***
Plus tôt dans la journée
Yumi Ishiyama avait déjà quitté son lit lorsque son réveil sonna. Assise sur le rebord de sa fenêtre, les genoux entre les bras, elle avait froid, malgré le pull noir au col roulé remonté jusque sous son nez. Ses yeux sombres regardaient les maisons voisines, leurs guirlandes de chauve-souris, leurs citrouilles ridicules encore plongées dans une obscurité qui masquaient leur sourire grossier.
Yumi n’avait jamais aimé Halloween. Au Japon, le 31 octobre était un jour comme les autres, si loin du O-bon. Comme les voisins étaient pathétiques avec leurs citrouilles ! Ils n’avaient jamais vu la beauté des toro nagashi, ces lanternes disposées sur les eaux pour guider l’âme des morts.
Les Ishiyama n’avaient pas eu besoin d’interdire à leur fille de fêter l’évènement, malgré la déception d’Hiroki. Il avait eu beau faire des pieds et des mains pour la convaincre de venir avec Johnny et lui courir les rues en déguisements de vampire, elle avait refusé. Yumi trouvait stupide cette manie de vouloir faire peur, de se déguiser en mort ou en monstre.
Niveau monstre, XANA l’avait assez servie, merci.
Les yeux de Yumi se posèrent devant le portail de sa propre maison. Là où Ulrich avait failli mourir en venant à son secours suite à l’attaque de Krabes dans le monde réel.
Ulrich.
La japonaise descendit de sa fenêtre et alla éteindre son réveil. En temps normal, elle était plus rapide mais l’absence de ses parents la faisait tourner au ralenti. Pourquoi cela lui pesait-t-il aujourd’hui ? Après tout, ce n’était pas la première fois qu’elle se retrouvait seule avec son frère. Quand on parle du loup, songea Yumi alors qu’on frappait à la porte de sa chambre.
Avant qu’elle ait pu donner une réponse, Hiroki entra, les yeux à moitié fermés.
- Tu devrais mettre ton réveil encore plus fort, c’est pas comme si on était en vacances, ronchonna-t-il.
- J’ai cours avec Michael dans une heure, il faut bien que je me prépare.
- Mais t’es déjà habillée ! Et tu vas pas me laisser tout seul !
- Hiroki, tu es en cinquième maintenant, tu ne vas pas pleurer comme un bébé parce que tu restes deux heures tout seul !
Le garçon ronchonna à nouveau sans protester pour autant. Yumi attrapa le sac préparé la veille, dans lequel elle avait glissé un livre de japonais et un paquet de bonbons. Après tout, même si elle n’aimait pas Halloween, Michael était un gentil garçon, attentif, poli, et surtout, gourmand. Elle pouvait bien faire ce petit geste pour lui.
- Retourne te coucher ou va prendre ton petit-déjeuner mais ne reste pas dans ma chambre, avertit Yumi en voyant qu’Hiroki reste à la fixer.
- Tu vas voir Ulrich ?
Yumi en resta bouche bée. Un picotement familier lui confirma qu’elle rougissait et elle s’exclama :
- Quel débile ce frère !
Le visage d’Hiroki s’illumina d’un sourire victorieux. Il suivit sa sœur jusque dans la cuisine à grand renfort de « Yumi est amoureuse, Yumi est amoureuse ! ». Pour une fois, la japonaise ne s’emporta pas. Au contraire, elle regarda son petit frère pour lui annoncer droit dans les yeux :
- Effectivement, je suis amoureuse. On se mariera dès qu’on aura dix-huit ans. Tu veux être mon témoin ?
Hiroki fut si choqué qu’il ne trouva plus rien à répondre, ce qui eut pour effet immédiat de faire rire sa sœur. Le petit-déjeuner se déroula dans un silence total, Hiroki regardant Yumi avec les sourcils froncés comme s’il pouvait devenir télépathe et deviner si oui ou non, elle se moquait de lui.
- A plus, p’tit frère !
- Ouais, compte là-dessus !
Le sourire aux lèvres, Yumi quitta la maison, non sans avoir auparavant enfilé un long manteau noir et une écharpe assortie. Les doigts cachés par une paire de gants, elle se dirigea à grands-pas vers le centre-ville. Michael n’habitait pas loin, une dizaine de minutes tout au plus, mais le froid qui s’était abattu sur la ville était inhabituel pour une fin d’octobre. En outre, Yumi avait du mal à se défaire du pressentiment qui l’avait réveillée au beau milieu de la nuit.
Pourtant, depuis quelques mois, elle avait toutes les raisons d’être heureuse. XANA avait disparu, leur groupe était resté aussi soudé que durant leur vie de Lyoko-guerriers, ses notes avaient connu une ascension fulgurante, elle avait plus de temps pour Hiroki avec qui elle s’entendait mieux, elle donnait des cours de japonais à un jeune collégien adorable, ses parents n’avaient jamais paru aussi heureux.
Et il y avait Ulrich.
Un frisson bien différent de ceux du froid parcourut le corps de Yumi.
- Salut.
Un sourire apparut sur le visage de la japonaise. Parfois, elle se disait qu’Ulrich était télépathe. Comment faire sinon pour arriver chaque fois qu’elle pensait à lui ? Pas très difficile, chuchota une petite voix dans sa tête. Tu penses tout le temps à lui.
Yumi se retourna et son cœur s’accéléra. Elle se sentait toujours plus douce, plus ouverte, plus vivante, quand Ulrich Stern était face à elle. La fin de leur lutte contre XANA avait fait du bien au samouraï. Il avait gagné en sourire ce qu’il perdait en nervosité et trouvé un courage insoupçonné pour enfin avouer son amour à Yumi, sûrement inquiet de revoir William dans les parages.
Le « copain et c’est tout » avait volé en éclats, pour le plus grand plaisir de Odd qui avait manqué réveiller l’internat par un « ENFIN ! » que tout le monde pensait.
La main de Yumi se glissa instinctivement dans celle d’Ulrich. Elle n’était pas beaucoup plus tactile qu’auparavant. La confiance et la complicité qu’elle partageait avec lui étaient suffisantes à son bonheur.
- Alors, tu vas rejoindre mon rival ? plaisanta Ulrich alors qu’ils marchaient d’un pas plus lent.
- Et toi, tu viens me surveiller ? rétorqua Yumi du tac-au-tac.
- Pure coïncidence. Kiwi est malade, je suis chargé par son maître vénéré d’aller acheter je ne sais plus trop quel médicament.
- A huit heures du matin ?
Ulrich rougit et ses doigts serrèrent un peu plus fort ceux de Yumi.
- Une heure de sommeil, ce n’est pas grand-chose de sacrifié pour te voir.
***
Jérémie Belpois ouvrit doucement la porte du gymnase. Précaution de discrétion inutile : avec son casque, Aelita Stones n’avait aucune chance de l’entendre. Les yeux fermés, la tête marquant le rythme de la musique, elle était d’une beauté saisissante. Le simple fait de la regarder fit rosir Jérémie qui, une fois de plus, songea à toutes les épreuves traversées pour en arriver là. Les nuits blanches passées sur la matérialisation de son ange aux cheveux roses, les journées devant l’écran de son ordinateur pour la protéger, elle, leurs amis et le monde.
Mais elle surtout.
Jérémie avança vers la table de mixage sur laquelle Aelita passait toutes ses matinées depuis le début des vacances. Kadic avait été particulièrement déserté cette année pour la Toussaint et la jeune musicienne disposait du gymnase à sa guise. Toutefois, elle le délaissait chaque après-midi pour profiter du calme de l’établissement avec Jérémie et les autres.
Sans que sa petite amie ait remarqué sa présence, le surdoué s’avança jusqu’à elle, se glissa dans son dos et lui tapota l’épaule. Elle sursauta à peine, consciente qu’elle avait encore perdu la notion du temps.
- C’est déjà l’heure d’aller manger ? s’étonna-t-elle tout de même en reposant son casque.
- Nous ne sommes pas pressés. Kiwi n’est pas en forme, ça inquiète assez Odd pour lui couper l’appétit.
- A ce point ?
- Tu connais Odd : il panique dès que Kiwi a quelque chose.
Aelita sourit, l’esprit encore à moitié occupé par le nouveau morceau qu’elle était en train de composer. Elle quitta le gymnase aux côtés de Jérémie, déjà plongé avec passion dans un discours sur son nouveau programme.
Ce ne fut qu’une fois au réfectoire que le jeune homme s’interrompit. Odd les attendait et tout dans son attitude trahissait l’impatience.
- Quand même ! C’est pas trop tôt ! Kiwi est tout seul dans la chambre alors je dois me dépêcher de manger !
- Ulrich n’est pas là ? demanda Aelita.
- Tu rigoles ? Il mange en ville avec Yumi. J’ai déjà de la chance qu’il m’ait accordé quinze minutes de son temps pour sauver mon Kiwi !
- Odd, arrête d’exagérer.
- Je vous jure, j’ai peur ! S’il ne va pas mieux cet aprèm, je l’emmène chez le véto !
Jérémie remonta ses lunettes sur son nez. De toute façon, il était presque certain qu’Odd cherchait n’importe quelle excuse pour sortir. Quitter son train-train quotidien. Il était le seul à avoir souffert de l’extinction du Supercalculateur. Certes, ses notes s’étaient améliorées et, comme ses amis, il était passé en seconde sans problème. Sauf qu’il avait vite ressenti le manque d’adrénaline lié à Lyoko. Le skate et l’escalade ne suffisaient pas encore à combler ce manque, bien que Jérémie soit persuadé qu’Odd finirait par s’y faire.
Une fois leur plateau rempli, les trois amis se dirigèrent vers leur table habituelle où les attendaient déjà William et Sissi. Une telle image aurait pu paraître factice quelques mois plus tôt mais la bande avait su s’ouvrir aux autres, quitte à faire couler beaucoup d’encre dans Les Echos de Kadic.
- Ulrich ne vient pas ? s’inquièta immédiatement Sissi.
Trop préoccupé par Kiwi, Odd ne répondit pas, laissant à Aelita le soin d’informer la jeune fille.
- Il est en ville avec Yumi.
- Oh, je vois.
William retint un sourire. Lui qui se croyait obstiné avait découvert en Sissi son maître absolu !
- Tu as un train à prendre ? demanda-t-il en voyant Odd engloutir son repas à une vitesse encore plus impressionnante que d’ordinaire.
- Kiwi est tout seul.
- Le pauvre, je suis sûr qu’il doit dépérir, ce n’est pas comme si ça lui arrivait tous les jours de l’année.
- Mais là, il est malade !
- Si tu veux, tu peux aller chercher quelques sacs plastiques dans ma chambre, proposa Jérémie. J’en ai toujours pour trier mes pièces de robots, ça peut toujours te servir si Kiwi vomit !
- Me parle pas de malheur ! gémit Odd. Mais merci du tuyau, c’est sympa.
Il avala la dernière bouchée de son yaourt et quitta la table sans plus de cérémonie. Depuis son arrivée à Kadic, Kiwi n’avait jamais eu le moindre problème de santé (si on excluait son petit passage zombie, merci XANA). Odd se sentait pris au dépourvu.
Comme par hasard le jour où il devait aller au cinéma avec Samantha !
Elle ne revenait pas souvent dans les parages et déjà la dernière fois, il avait dû écourter leurs retrouvailles (de nouveau, merci XANA, songea-t-il). Aujourd’hui, plus aucun programme ne pouvait se mettre entre lui et sa belle. Pourquoi fallait-il que Kiwi tombe malade ?
- Super Halloween ! ronchonna Odd en montant les escaliers. Quand je pense que ça fait trois mois que j’attends la sortie de Paraplégik Zombie 5 !
Il ouvrit la porte de la chambre de Jérémie en marmonnant mais s’arrêta une fois le seuil franchi. Soudain, il oublia tout. Paraplégik Zombie 5, Samantha, les sacs plastiques et même Kiwi.
Un son familier résonnait dans la chambre.
Un son qu’il n’était plus censé entendre.
Et sur l’écran d’ordinateur en face de lui, une fenêtre était ouverte. Fenêtre familière également mais tout aussi incongrue.
Le choc fut si grand que le « t’y crois pas » d’Odd resta coincé dans sa gorge.
- Tour activée ?
***
Malgré le visage neutre de Yumi, Ulrich sentait que quelque chose la tracassait. Malgré son envie de l’interroger, il savait que ce n’était pas en lui posant des questions qu’il aurait des réponses. Aussi se contenta-t-il de manger en silence.
Ce ne fut que lorsqu’ils eurent tous deux fini leur sandwich qu’elle soupira :
- Je ne comprends pas pourquoi Hiroki ne m’a pas laissé de mot. Ça ne lui ressemble pas de partir sans prévenir.
- Ne t’inquiète pas, il trouvera à manger quand il reviendra, c’est le principal, tenta de la rassurer Ulrich.
- Quand même…
Le portable de Yumi sonna et elle fronça légèrement les sourcils en voyant que l’appel provenait de Jérémie. Ils étaient censés se rejoindre dans moins d’une heure, que lui voulait son ami ?
- Allo ?
- Yumi, t’es avec Ulrich ?
- Oui.
- Rappliquez à l’usine.
Une vague de froid s’abattit sur Yumi qui éclata d’un rire nerveux.
- T’as rien trouvé de mieux pour Halloween ?
- Yumi, je rigole pas. Dépêchez-vous.
Avant que Yumi ait pu répondre, Jérémie raccrocha. Ulrich n’eut pas besoin de demander ce qui se passait. Il attrapa son manteau, l’enfila sans réfléchir tandis que Yumi l’imitait. Ce ne fut qu’une fois dans la rue qu’il ressentit le besoin d’obtenir confirmation.
- On va à l’usine ?
- C’est une fausse alerte. XANA ne peut pas être revenu.
Yumi avait conscience que son ton nonchalant ne tromperait pas Ulrich. Pas alors qu’une boule d’angoisse se nichait dans son ventre, écho de la peur qui l’avait réveillée cette nuit.
Ils marchèrent en silence jusque l’usine, empruntant un chemin qu’ils auraient préféré ne jamais refaire. Main dans la main, ils ressemblaient à n’importe quel couple. Yumi tentait de se raccrocher à cette pensée mais elle ne pouvait s’empêcher d’espérer que Jérémie leur faisait une farce pour Halloween.
- On n’a jamais été si long à faire le trajet, remarqua Ulrich avec une pointe de gêne alors qu’ils arrivaient sur le pont. Si l’attaque est sérieuse…
- Elle ne l’est pas.
Ulrich n’osa pas répondre. En revanche, il tira la main de Yumi pour la forcer à s’arrêter et lui embrassa le nez.
- On sera ensemble. Que ce soit pour découvrir qu’Einstein fait une blague ou pour replonger sur Lyoko.
- Je sais.
- On sera ensemble.
Yumi sourit. Les mots qu’elles n’arrivaient pas à prononcer brulaient dans ses yeux et ce fut à cette flamme qu’Ulrich s’accrocha quand Jérémie lança d’une voix morne :
- On a une tour activée.
- Impossible, rétorqua aussitôt le samouraï. On a éteint le supercalculateur.
- Sauf que quelqu’un l’a rallumé.
Ulrich s’en doutait. Il n’avait pas vu Jérémie aussi frénétique depuis des mois, surtout pas dans son fauteuil de l’usine…
- Qui a fait ça ? demanda Yumi.
Elle serrait la main d’Ulrich plus fort que jamais. Aelita ne valait pas mieux, les mains crispées sur l’accoudoir, tandis qu’Odd caressait nerveusement Kiwi. William avait été convié à la réunion mais avait décliné de lui-même pour ne pas attirer l’attention de Sissi. « Inutile qu’elle recommence à se faire des films », avait dit Jérémie.
- Il semblerait que les caméras de surveillance se soient remises en route avec le supercalculateur. Je suis en train de remonter les données et… Oh non. Non, c’est impossible.
Jérémie avait pali tandis qu’à ses côtés, Aelita se raidissait. Le regard qu’elle lança à Yumi suffit à faire paniquer tout le monde.
- Quoi ? s’écria la japonaise. Qu’est-ce qui se passe ?
Incapable de répondre, Jérémie fixa Ulrich. Ce fut donc ce dernier qui s’avança vers l’écran et eut le souffle coupé.
Un spectre était sorti du supercalculateur, effectivement rallumé. Il avait bondi sur la première personne qu’il avait vue.
Hiroki.
Le cœur manquant quelques battements, Yumi observa les images sans les comprendre. Son frère xanatifié. Johnny qui partait en courant. Son frère qui le poursuivait. Johnny qui quittait l’usine. Les deux garçons qui disparaissaient hors du champ des caméras.
- C’est impossible, murmura-t-elle à son tour. Que venaient-ils faire ici ?
- Halloween. Ils ont dû croire qu’ils trouveraient des éléments de costume ou je ne sais pas quoi.
- Mais pourquoi ici ? Hiroki est nul en informatique, pourquoi il aurait touché au supercalculateur ?
- Je ne sais pas, Yumi. Peut-être pour la même raison que moi : la curiosité.
Le gémissement de Yumi fit tomber un silence de plomb sur le petit groupe. Recroquevillée dans les bras d’Ulrich, elle n’avait jamais paru si vulnérable. Personne ne comprenait ce qui se passait, tout allait trop vite, mais les larmes de Yumi étaient les gouttes de trop.
- Je vais sur Lyoko, annonça Aelita. On s’occupe de désactiver la tour d’abord, on s’inquiétera du retour de XANA ensuite.
- Je t’accompagne, se proposa Odd. Jérémie, je sais que l’heure est grave mais…
- J’aurais un œil sur Kiwi, promis. Yumi, tu…
- Je dois aller chercher mon frère.
- C’est dangereux, il est …
- Jérémie, je ne peux pas le laisser ! On ne sait pas ce que XANA compte faire, comment Hiroki peut être utilisé ! Je refuse d’aller sur Lyoko alors qu’il est en danger.
- Je viens avec toi, annonça sans surprise Ulrich. On va le retrouver.
- Hein ? Mais vous êtes fous ? Aelita et Odd ne vont pas aller à deux sur Lyoko, ça fait des mois que vous n’y aviez pas mis les pieds !
- XANA non plus, fit remarquer Aelita.
- Et puis l’overboard, c’est comme le vélo, ça s’oublie pas ! Allez, Einstein, on est partis !
Jérémie se mordit la lèvre. Yumi avait retrouvé sa détermination et Ulrich lui tenait la main avec une expression sans équivoque. Odd avait déjà embrassé Kiwi une dernière fois et attendait devant le monte-charge. Quant à Aelita, il la sentait prête à agir, pleine de cette énergie douce et forte à la fois.
De nouveau, il n’avait pas le choix.
XANA menait la danse et il fallait suivre pour ne pas trébucher.
- On fait comme ça.
***
- Hiroki ?
Yumi entra dans son salon avec la peur au ventre. Elle ne se faisait pas de souci pour elle mais pour son frère. S’il les attaquait, Ulrich se défendrait. Et elle ? Elle ne pourrait que regarder le pire combat de sa vie, incapable d’agir.
- Il n’est peut-être pas là, tenta de la rassurer Ulrich sans pour autant réduire sa vigilance.
- Hiroki ?
- Yumi ?
La voix qui venait de répondre n’était pas celle du japonais mais Ulrich se raidit tout de même. Le corps tremblant, Johnny sortit de la cuisine.
- Yumi ! s’exclama-t-il, les larmes aux yeux.
Le temps qu’Ulrich vérifie dans son regard l’absence du symbole de XANA, le jeune garçon fondait en larmes et se jetait dans les bras de Yumi.
- Hiroki… Il est… il a…
- Je sais. C’est Halloween et il joue un peu trop bien le jeu.
- Il y a d’autres enfants. Ils…
La voix de Johnny fut couverte par le tintement de la sonnette. Par réflexe, Ulrich attrapa un livre posé sur la table basse. Il aurait préféré son sabre mais faute de mieux…
D’un pas lent, tous ses sens en alerte, il s’approcha de la porte, l’ouvrit d’un coup sec.
- Des bonbons ou un sort ?
Une bande de sorcières, dont la plus haute devait faire un mètre trente, le regardèrent avec des grimaces qui se voulaient hideuses, leurs chaudrons brandis dans l’attente de friandises.
- Euh… Ce n’est pas demain qu’on passe pour les bonbons normalement ? demanda Ulrich.
- Non, c’est aujourd’hui ! Alors, des bonbons ou un sort ?
- Désolé, je croyais que c’était demain, j’ai complétement oublié d’acheter ce qu’il faut.
- D’accord. On te jette une malédiction !
L’une des sorcières fit quelques gestes de la main sous le nez d’Ulrich et elles tournèrent les talons en piaillant des mots incompréhensibles.
- Et dire que je faisais ça à leur âge, soupira le samouraï en refermant la porte.
- Il y en a des bizarres, avertit Johnny, les yeux écarquillés de frayeur. Des enfants déguisés mais… avec des drôles de lentilles. Ceux-là, ils font vraiment peur.
Ulrich et Yumi échangèrent un regard. Avant qu’ils aient pu parler, la sonnette retentit de nouveau.
- Elles viennent vérifier si leur sort a fonctionné, soupira le jeune homme.
Il rouvrit la porte, prêt à hausser le ton. Deux garçons déguisés en Frankenstein se tenaient devant lui. Leur visage était caché par un masque qui dissimulait également leurs yeux mais Ulrich sentit tout de suite le danger.
Il ne dut qu’à ses réflexes d’éviter l’éclair qui fusait vers lui.
Recroquevillé sur le sol, il ferma la porte d’un grand coup de pied avant de bondir pour la verrouiller.
- On se tire ! hurla-t-il en jaillissant dans le salon.
Yumi ne laissa pas le temps à Johnny de paniquer. Elle lui prit la main et courut jusqu’à sa chambre. Un bruit de verre cassé la dissuada toutefois d’entrer.
- Ils sont partout ! glapit Johnny, terrorisé.
Les lèvres pincées, Yumi fit volte-face. La porte de sa chambre s’ouvrit sur un Hiroki à l’aura glaciale au moment où elle rejoignait Ulrich dans le salon.
- Le sabre de ton père, où est-il ? demanda le garçon.
- Avec l’armure, dans leur chambre.
Ulrich serra les poings. Il allait devoir affronter Hiroki. Outre le fait qu’il aimait bien le japonais, cela signifiait laisser Yumi et Johnny seuls face aux Frankenstein de la porte d’entrée.
- Je reviens tout de suite.
Ses réflexes de combattants remontaient à la surface bien plus vite qu’il ne l’aurait pensé. D’un saut parfaitement maîtrisé, il esquiva le premier éclair d’Hiroki. Le livre qu’il n’avait pas lâché fusa vers la tête du xanatifié qui n’eut pas le temps de l’éviter. Cela permit à Ulrich de se glisser dans le couloir et de s’engouffrer dans la chambre des parents de Yumi. Il claqua la porte derrière lui, tira une commode en guise de barricade et courut jusqu’à l’armoire pour en sortir le sabre de samouraï qu’il avait déjà vu entre les mains de Monsieur Ishiyama. Comme il l’avait espéré, la lame était protégée par un fourreau. Certes, elle restait redoutable et Ulrich allait devoir maîtriser ses coups. Mais au moins, elle ne serait pas mortelle.
De son côté, Yumi avait du mal à se défendre. Elle avait caché Johnny dans la cuisine juste avant que les deux Frankenstein ne reviennent à l’assaut. Pour l’instant, Hiroki était occupé à essayer de rejoindre Ulrich mais il pouvait à tout moment se retourner vers sa sœur.
D’une roulade, la japonaise esquiva les deux xanatifiés. Sans se relever, elle leur faucha les jambes, ce qui les fit tomber lourdement sur le sol. Elle répugnait à affronter des enfants, ses coups manquaient de force mais elle n’avait pas le choix. Une main se posa sur son épaule et un courant d’énergie la traversa, lui arrachant un cri de douleur. Elle releva la tête et constata que c’était Johnny qui l’attaquait. Hiroki avait dû délaisser Ulrich pour aller xanatifier son meilleur ami.
- Les garçons, arrêtez, promis je fête Halloween avec vous l’an prochain, gémit Yumi.
Hiroki eut un sourire cruel qui ne lui ressemblait pas et leva la main.
Avec un grand cri guerrier, Ulrich s’interposa. D’un violent coup d’épée derrière les genoux, il fit tomber Hiroki, puis Johnny qui avait eu le temps de redonner une décharge à Yumi. Essayant de ne pas réfléchir à ce qu’il faisait, Ulrich frappa les deux garçons à la tête, tâchant d’être le moins agressif possible.
Les xanatifiés restèrent inconscients sur le sol sans qu’il en ressente la moindre satisfaction.
- Yumi, ça va ? s’inquiéta-t-il.
- J’adore me prendre des coups de jus…
- Je crois que je suis le seul de tes prétendants qui n’a pas encore essayé de te tuer, non ?
Yumi réussit à sourire et, aidée par Ulrich, elle se releva.
- Tu crois qu’ils vont rester sonnés longtemps ?
- Au moins, on sait que XANA nous en veut personnellement. Il ne fera rien à Hiroki, je crois que c’est lui seul qui peut contaminer les autres.
- Et Johnny ?
- On ne peut rien pour lui tant que la tour ne sera pas désactivée.
- Alors tu proposes qu’on retourne à l’usine ?
- Surtout pas. Faisons d’abord le tour des rues : si les xanatifiés peuvent tous eux-même xanatifier les autres, il y a des dizaines d’enfants en danger.
***
Debout sur son overboard, Odd avait l’impression de revivre. Il filait sur le territoire banquise à grand renfort de « Yahou » qui réussirent à faire sourire Aelita. Malgré cela, elle restait inquiète. Pas de monstre à l’horizon, pas d’indice sur l’attaque de XANA. Elle n’aimait pas ne pas savoir. L’incertitude avait été trop longtemps leur ennemi pour qu’elle puisse se sentir pleinement rassurée dans ce genre de situation.
- Jérémie, toujours rien ?
- Toujours rien. Ni sur Lyoko, ni pour Yumi et Ulrich. Mais pour eux, j’aurai sûrement bientôt des nouvelles.
- Tiens-nous au courant.
- Evidemment.
Aelita se concentra de nouveau sur l’observation du territoire. Elle avait retrouvé avec une pointe de plaisir ses ailes, délaissant l’invitation d’Odd et de l’overboard. Quand elle voyait les figures que l’homme-chat s’amusait à faire, elle ne regrettait pas son choix.
Ils arrivèrent bientôt à la tour activée. Son halo rouge avait gardé le même aspect inquiétant et Aelita frissonna.
Rien n’avait changé.
Qu’est-ce qui pouvait lui prouver que les derniers mois n’étaient pas un rêve ? Peut-être n’avaient-ils jamais détruit XANA. Peut-être étaient-ils coincés dans un entredeux numérique.
- Odd ! Aelita ! Des monstres, droit devant vous.
- Ouais on a vu ! s’exclama Odd. Cinq pauvres Kankrelats ? XANA ne doit vraiment pas les aimer ! Contre nous deux, ils vont tenir… dix secondes ? Qu’est-ce que t’en penses, Aelita ?
- Je pense qu’il y a un piège.
- Comme par hasard. C’est agréable de travailler avec des optimistes ! Alors, le plan ?
- On fonce quand même dans le tas.
- Hein ?
- Ce n’est pas en restant ici que nous découvrirons ce que cache XANA et si ce n’est pas un piège, on perd du temps pour rien. Go !
- Jérémie, c’est qui la fille que tu as envoyé à la place d’Aelita ?
- Je me le demande, crois-moi ! Oh non !
- Quoi, un autre monstre ?
- Euh… si on veut. Kiwi vient de vomir partout.
- Mon pauvre toutou ! T’as raison, Aelita, on fonce, tu désactives la tour et on rentre fissa !
Dans le labo, Jérémie regarda avec dégoût la flaque qui s’étalait sous son fauteuil.
- Kiwi, tu nous aides pas beaucoup là…, marmonna-t-il.
Une fenêtre s’ouvrit, accompagnée de l’image d’un portable. Ulrich.
- Jérémie ? C’est pas glorieux, ici. On a neutralisé Hiroki et Johnny mais un peu tard, XANA a pris le contrôle d’une pelleté de gamins. L’ennui, c’est qu’avec Halloween, on a du mal à déterminer les enfants normaux et les xanatifiés.
- Il n’y a quasiment aucun monstre devant la tour activée. Je me demande à quoi XANA joue.
- Vous n’avez pas besoin d’aide alors ?
- Essayez quand même de revenir, on ne sait jamais.
- Euh… désolé Jérémie, je crois que ça va pas être possible en fait. Je te rappelle !
- Ulrich, qu’est-ce qui se passe ? Ulrich ? Aelita, je viens d’avoir Ulrich, je crois que ça chauffe de leur côté. Et vous ?
Aelita parcourut la banquise des yeux. Odd n’avait eu aucun mal à exterminer les cinq Kanrelats avant qu’elle n’arrive à leur hauteur et rien ne bougeait plus sur le territoire.
- Je ne comprends pas Jérémie, il n’y a pas d’autres monstres ?
- XANA a peut-être besoin de retrouver de l’énergie. D’une certaine manière, il sort de sa phase d’hibernation, il faut qu’il reprenne des forces. C’est peut-être pour ça qu’il s’est attaqué aux enfants et pas aux adultes.
- Pour une fois qu’il nous mâche le travail, on ne va pas se plaindre ! s’exclama Odd. En temps normal, j’aurais bien dégommé une ou deux grosses bouboules mais là, j’ai un pauvre chien malade qui m’attend.
Toujours soupçonneuse, Aelita avança vers la tour et y entra sans problème.
- Attend un peu avant de ramener Odd, Jérémie. J’ai toujours un mauvais pressentiment.
- D’accord, préviens-moi quand ce sera bon.
Un tintement délicat s’éleva dans la tour lorsqu’Aelita avança sur les cercles. Les yeux fermés, elle s’éleva jusqu’au niveau supérieur et l’interface apparut. Elle y posa la main, attendit et…
Attendit.
- Jérémie ? Je ne peux pas rentrer le code !
- Quoi, qu’est-ce que tu racontes ?
- Je ne peux pas rentrer le code ! répéta Aelita, paniquée. L’interface me reconnait mais il ne me demande rien. Il reste vide.
- Oh c’est pas bon ça… XANA a dû rassembler ses forces pour installer une sorte de firewall. Il va falloir que je trouve un programme pour le supprimer.
- Je peux t’aider ?
- Pas si l’interface ne réagit pas. Il faudrait que tu ailles dans le Cinquième Territoire mais le problème serait sûrement pareil là-bas. Non, pour l’instant, tu restes à l’abri. Odd s’occupera de sécuriser la tour si jamais d’autres monstres arrivent.
- Et Yumi et Ulrich ? Ils sont peut-être en danger ?
- Je sais, je sais, je m’en occupe.
***
Ulrich vivait un véritable cauchemar. Cauchemar d’autant plus saisissant qu’il n’aurait jamais imaginé que quelque chose d’aussi ridicule puisse lui faire peur.
Dos à dos avec Yumi, il était encerclé par des enfants en costume plus ou moins réussi. Vampires, lycanthropes, zombies, sorcières, diables. Des gamins qui fêtaient Halloween.
A ceci près qu’ils avaient troqués leurs chaudrons et autres sacs à bonbons contre des éclairs mortels.
A l’instar de William lorsqu'il avait affronté toute sa classe et Madame Hertz, Yumi avait déniché une épaisse branche de bois avec lequel elle absorbait l’énergie qu’on lui lançait. De son côté, Ulrich répugnait à utiliser son arme. Il n’arrivait pas à frapper des enfants.
- Ils n’ont pas de parents ceux-là ? gronda-t-il alors que deux fantômes lui sautaient dessus.
D’un coup d’épaule, il en projeta un sur le sol. Il fit tourner le second sur lui-même pour l’envoyer au milieu du groupe, ce qui dégagea une sortie suffisante.
La main de Yumi était déjà dans celle d’Ulrich lorsqu’il s’élança entre quatre momies.
- Où on va ? demanda la jeune fille alors qu’un éclair lui frôlait le bras.
- N’importe ! Il y aura des enfants partout de toute façon.
Comme pour confirmer, un autre groupe se planta face à eux. Avant qu’ils aient pu se mettre en garde, un bruit de moteur résonna sur leur gauche et une voiture déboula dans la rue.
- Enfin quelqu’un ! soupira de soulagement Yumi.
- Euh… je ne serais pas rassuré à ta place, rectifia Ulrich.
Il venait d’apercevoir le visage de William au volant, aux côtés d’une Sissi survoltée.
- J’aurais préféré quelque chose de plus efficace mais on ne va pas faire la fine bouche, grimaça le samouraï.
La voiture s’arrêta à leur hauteur et il entraina Yumi à l’intérieur sans réfléchir. William repartit dans un hurlement de moteur, visiblement aussi stressé que fier de lui.
- Jérémie nous a dit que vous aviez besoin d'un coup de main. Juste à temps, non ?
- Un peu avant, ça aurait été bien aussi, reconnut Yumi avec un sourire.
- Depuis quand tu conduis ? demanda Ulrich, soupçonneux.
- Conduite accompagnée, mon pote ! Vu que ce quartier est désert, je ne pense pas croiser les flics de toute façon.
- Conduite accompagnée ? Mais tu n’as pas pu avoir le temps de rentrer chez toi prendre ta voiture, si ?
- Non, confirma Sissi, c’est celle de mon père. On n’avait que celle-là sous la main. Tu fais attention, hein ?
- J’essaye, ne me met pas la pression !
- Le plus dur, ça va être de blesser personne, signala Yumi en voyant les enfants qui semblaient sortir de nulle part. Ils vont essayer de nous empêcher de passer et on ne peut quand même pas leur rouler dessus…
- Je fais ce que je peux.
Le klaxon hurla sans faire réagir les xanatifiés. Les lèvres pincées, William slalomait comme il pouvait entre eux mais il apparut vite que continuer à avancer dans ses conditions était impossible.
- Qu’est-ce qu’on fait, qu’est-ce qu’on fait ? glapit Sissi.
- On court !
William pila. Sa portière s’ouvrit violemment, heurtant des enfants qui tombèrent sur le sol. Sissi les regarda avec une pointe de tristesse mais ne s’arrêta pas pour les aider.
- Dégagez ! hurla-t-elle, son sac à main brandi comme une massue.
- Yumi, file à l’usine avec William, ordonna Ulrich alors qu’ils n’étaient pas encore sortis de la voiture.
- T’es malade ? Je ne pars pas sans toi.
- Odd et Aelita vont sûrement avoir besoin d’aide. Si Aelita se fait dévirtualiser, on ne pourra plus désactiver la tour.
- Mais… William…
- Tu préfères demander à Sissi ?
- Pourquoi on ne les laisse pas gérer l’affaire tous les deux ici pendant qu’on va sur Lyoko ?
- William sera plus utile contre des monstres que contre des enfants. Il risque d’en blesser sérieusement si le combat s’intensifie.
Yumi ne put protester davantage. Sa portière s’ouvrit et dans un réflexe qu’elle regretta presque, elle envoya son poing dans le torse d’une gamine. Sans prendre le temps de réfléchir, elle se retourna vers Ulrich.
- Sois prudent.
Il hocha la tête et alors qu’il allait sortir de la voiture, Yumi lui attrapa le poignet pour le retenir. Il la regarda, ses yeux parlèrent et ils s’embrassèrent fugacement.
- Bon courage.
- Toi aussi.
Ils jaillirent de la voiture chacun de leur côté. Ulrich se réceptionna dans une roulade, frappa une paire de jambes et courut vers Sissi qui assommait avec plus ou moins de délicatesse les enfants qui l’entouraient.
Quant à Yumi, elle effectua une roue magnifique qui la fit à la fois esquiver un éclair et la rapprocha de William.
- Ulrich et Sissi vont faire diversion, nous on va sur Lyoko !
- Donc le supercalculateur a bien été rallumé ?
- Trop long à t’expliquer. On y va.
***
- C’est pas vrai mais c’est pas vrai ! s’emporta Jérémie.
Ses doigts volaient sur le clavier sans qu’il réussisse à trouver un programme valable. Il s’en voulait tellement ! Tout ce temps a cogité sur un logiciel de statistiques visant à améliorer les performances de Kiwi 2. Il aurait dû prévoir qu’un incident de ce genre était possible ! Il aurait dû profiter du répit offert pour mettre en place des alarmes, des protections. C’est déjà une chance que le superscan soit redevenu tout de suite opérationnel, songea-t-il. A moi de faire en sorte qu’on ne soit pas distancés.
- Aelita, toujours rien ?
- Toujours rien. Pourquoi, tu as lancé le programme ?
- Non, je ne trouve pas. Et toi Odd, toujours rien ?
- Toujours rien. Comment va Kiwi ?
- Il fait la sieste.
- Je ne vais pas tarder à l’imiter si ça continue !
- Oh non, Odd, tu portes la poisse ! gémit Jérémie en voyant des points rouges apparaître sur ses écrans. Une escadrille de Frelions et trois Krabes. XANA reprend ses esprits on dirait.
- Euh… Bon bah, je m’en occupe.
- Je t’envoie du renfort. Enfin, je vais essayer.
Jérémie tapa quelques chiffres. Ulrich. Répondeur. Oh non, j’espère qu’il ne se passe rien de grave…
Nouveaux chiffres. Yumi.
- Jérémie ?
- Yumi ! Ulrich a un problème ?
- Il est resté avec Sissi pour distraire les enfants. Aucun ne nous a suivis. XANA a du mal à revenir à l’attaque visiblement.
- Pas tant que ça. Odd va vite être dépassé sur Lyoko.
- On est sur le pont.
- Génial !
Quelques minutes plus tard, William et Yumi apparaissaient sur la banquise.
- Supersmoke ! s’exclama le jeune homme avant même que l’overwing ne soit apparu.
Il disparut dans un nuage de fumée qui fila droit devant lui.
- Jérémie, je crois que William a gardé des marques de son passage chez XANA.
- Tant que ça nous aide… Tiens, voilà ta bécane, fonce !
Sans perdre une seconde, Yumi sauta sur l’overwing et démarra plein gaz. Elle arriva juste à temps pour voir Odd se faire dévirtualiser. Il ne restait plus qu’un frelion et deux Krabes.
- Il a fait du bon boulot ! s’exclama la geisha. De toute évidence, le manque d’entrainement ne le touche pas !
- Je le féliciterai pour toi.
Yumi lâcha les commandes de l’overwing pour attraper ses éventails. Alors que le véhicule finissait sa course vers le dernier Frelion qui l’évita de justesse, elle lança ses armes en direction d’un des Krabes. Les deux manquèrent leur cible et elle grogna.
- Génial, j’ai l’impression de devenir une pure débutante.
- Tu vas vite te dérouiller, t’en fais pas.
Yumi rattrapa ses éventails juste à temps pour bloquer un tir de Krabe. De son côté, William esquivait plus qu’il n’attaquait. Cela lui paraissait si étrange de revenir sur Lyoko ! Son arme lui semblait lourde, ses mouvements lents. Il gardait dans un coin de sa mémoire le souvenir d’une gloire impressionnante, de capacité de combats stupéfiantes, mais il ne parvenait pas à les concrétiser. Il était Cassandre, porteur d’un immense savoir inutile.
Il fut le premier à être touché. Le tir du Frelion l’atteignit à l’épaule et il utilisa aussitôt sa Supersmoke, décidé à montrer à Jérémie et Yumi qu’il n’était pas inutile. Réapparaissant sur le dos d’un Krabe, il planta son Zanbaton dans le symbole de XANA et roula sur le sol avant que le monstre ne disparaisse dans une explosion de pixels.
- Gagné ! s’exclama-t-il avec une moue satisfaite.
- William, attention !
Un éventail siffla et disparut en absorbant le tir destiné au Lyoko-guerrier. Malgré cette aide, un second tir frappa William en pleine poitrine.
- William, encore un coup et c’est fini. Fais gaffe !
- Je fais ce que je peux Jérémie !
Assise dans la tour, Aelita sentit que quelque chose se passait.
- Jérémie ?
- Y a un peu de grabuge dehors. Odd m’a rejoint mais William et Yumi s’occupent de tout, ne t’inquiète pas.
- Je vais les aider !
- Non, Aelita ! Tu ne dois prendre aucun risque ! Tu es la seule à pouvoir désactiver la tour.
- Mais…
- Aelita !
La jeune fille serra les poings.
- Dépêche-toi de trouver ce fichu programme.
***
- C’est pas possible, on habite une ville fantôme ou quoi ? glapit Sissi. Pourquoi personne ne vient nous aider ?
- S’il te plait, évite de me parler de fantôme ! gronda Ulrich en guise de réponse.
Les deux adolescents couraient vers le collège, une bande d’enfants à leurs trousses. Ulrich avait troqué son sabre contre la branche de Yumi et avait décidé qu’un combat dans la forêt serait moins risqué. Entre les arbres, ils auraient plus de cachette, sans compter qu’ils se rapprochaient de l’Ermitage en cas de besoin à l’usine.
- Oh non, c’est pas vrai ! s’exclama Ulrich.
Devant l’entrée du parc, Hiroki le toisait avec un air sadique. Derrière lui, ce n’était plus des enfants mais bien des adolescents qui ricanaient, le regard déformé par le symbole de XANA.
- Super. Demi-tour !
Sissi lança son sac à la tête du vampire le plus proche et partit en courant derrière Ulrich qui pianotait sur son portable.
- Jérémie ! Vous en êtes où ?
- Je bosse le plus vite possible sur mon programme de… peu importe. Odd est hors-jeu, William n’a plus que vingt points de vie et Yumi va sûrement se retrouver seule face à un Krabe.
- Elle s’en sortira facilement.
- Possible. En admettant que XANA n’envoie pas d’autres monstres.
Ulrich frissonna. Il raccrocha, conscient que plus de discussion ne servirait qu’à l’inquiéter davantage.
- Allez, Sissi. On va vers le canal.
- Bonne idée… A leur âge… il y en a sûrement plein qui… ne savent pas nager ! railla Sissi avec une voix hachée.
Et elle qui pensait que le plus dur des vacances serait d’arriver à voir Ulrich en tête-à-tête ! Finalement, elle aurait préféré rester dans sa chambre à faire semblant d’étudier !
- Allez, Sissi, répéta Ulrich qui commençait aussi à fatiguer. Si on atteint la vieille usine, on pourra rejoindre Odd.
- Super, je suis grave rassurée…
- T’en fais pas. On va y arriver.
Jetant leurs dernières forces dans la course, Ulrich et Sissi remontèrent rues après rues sans croiser une voiture ou un piéton.
- Comment ça se fait qu’il n’y ait personne ?
- Sinistre coïncidence.
- T’as pas mieux ?
- Les gens travaillent ou se cachent chez eux parce qu’ils sont superstiteux ou ne veulent pas croiser de gamins qui leur demanderont des bonbons. Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Cours et tais-toi !
Par chance, les adolescents xanatifiés n’étaient pas beaucoup plus rapides que les enfants. Lorsque Sissi et Ulrich arrivèrent sur le pont de l’usine, seul Hiroki était encore derrière eux.
- Cette fois, y en a marre, marmonna Ulrich.
Il s’arrêta avant d’entrer dans l’usine avec une sensation de déjà-vu. Si Sissi essaye encore de m’embrasser avant le retour vers le passé, je crois que je vais vomir.
Son bâton dressé à la manière d’un katana, il s’élança à la rencontre d’Hiroki sous le regard horrifié de Sissi. Les premiers éclairs fusèrent, bloqués par l’arme de bois. Cette fois, Ulrich ne pouvait pas se permettre des états d’âme.
Dans le labo, Odd tapa l’épaule de Jérémie.
- Je crois qu’on a un problème sur le pont.
- Vas-y si tu veux, j’ai presque fini le programme.
Odd se dirigea au pas de course vers le monte-charge, non sans un regard à Kiwi qui dormait toujours. De son côté, Jérémie accentua encore le mouvement de ses doigts sur le clavier.
- C’est bon, Aelita ! Normalement, tu peux rentrer le code Lyoko !
Dans la tour, l’ange aux cheveux roses soupira de soulagement. Elle appliqua de nouveau sa main sur l’interface.
Rien ne se passa.
- Jérémie, ça ne fonctionne pas. - Mais c’est pas vrai ! Je vais devenir taré !
- A qui le dis-tu… Je ne supporte plus de rester là à ne rien faire pendant que les autres se battent !
- Ils s’en sortent très bien…
Au moment où Jérémie terminait sa phrase, deux points disparurent de son écran : le dernier Krabe, abattu par William, et William lui-même accidentellement frappé par l’éventail que Yumi destinait au Krabe.
- Et flûte, grimaça la geisha.
D’une série de pirouettes, elle esquiva les tirs du Frelion.
- Je ne sais pas ce qu’il a bu mais il est en pleine forme ! s’exclama-t-elle alors que le monstre virevoltait au-dessus de sa tête. Comment va Ulrich ?
- Euh… il se débrouille. Odd est parti lui donner un coup de main.
- Quoi ?
L’idée de savoir son samouraï en danger déconcentra Yumi et un tir la toucha à la main, lui faisant lâcher son éventail.
- Comment vont-ils ?
- Laisse-moi bosser sur le programme, Yumi, ils s’en sortent.
Si Odd avait pu entendre Jérémie, il aurait lancé un tonitruant « Menteur ! ». En effet, accoudé à la balustrade du pont, il tentait tant bien que mal de se redresser. Hiroki était fort et malgré son infériorité numérique, il n’avait aucune difficulté à tenir Ulrich et Odd en respect.
- Il nous fait perdre du temps ! devina Sissi, largement en retrait. Il attend que ses autres gros bras arrivent pour nous achever !
- Ah bon, tu trouves qu’il joue la montre ? railla Ulrich, les mains serrées sur son bout de bois. Qu’est-ce que ce serait s’il se donnait à fond alors ?
D’une main, Hiroki le frappa à la poitrine tandis que de l’autre, il lui envoyait un éclair au creux de l’estomac. Ulrich fut projeté à l’intérieur de l’usine, à quelques centimètres du vide. Sissi se précipita vers lui.
- Mon Ulrich !
Odd se jeta sur Hiroki avant que celui-ci n’avance vers son ami. Il était beau être svelte, sa hargne lui permit d’entrainer son adversaire rouler sur le sol avec lui.
- Je sais que c’est compliqué les histoires de famille mais ce n’est pas une raison pour t’en prendre à ton beau-frère !
Hiroki grogna et Odd sentit un courant électrique le traverser. Avec un cri qu’il aurait jugé pitoyable s’il n’avait pas déjà été inconscient, le blondinet resta immobile sur le sol.
- Jérémie, ça urge ! s’exclama William, les yeux rivés sur les écrans de surveillance.
- Je sais, je sais.
- Je vais me laisser dévirtualiser pour aller les aider, proposa Yumi.
- Non, ça y est, j’ai le programme ! Cette fois, je suis sûr que c’est bon ! Aelita, go !
La gorge nouée, la jeune fille posa la main sur l’interface. Elle crut qu’elle allait fondre en larmes quand le mot « Code » apparut sous ses yeux.
- Tour désactivée.
A peine Aelita eut-elle fini sa phrase qu’Hiroki s’écroula sur le pont, à quelques mètres d’Ulrich qui respirait à peine.
- Super ! se réjouit Jérémie. J’espère que le Retour vers le Passé n’a pas été endommagé par l’extinction du Supercalculateur !
Il pianota à toute vitesse sur son clavier avant d’appuyer sur « entrée ».
- Retour vers le Passé.
Un halo blanc enveloppa l’usine puis la ville faisant disparaître dans sa lumière rassurante des dizaines d’enfants inconscients.
***
Yumi aurait pu choisir d’éteindre son réveil avant qu’il ne sonne mais elle avait préféré laisser Hiroki la rejoindre dans sa chambre.
- Tu devrais mettre ton réveil encore plus fort, c’est pas comme si on était en vacances, ronchonna-t-il.
- Désolé, petit frère.
- Tu es déjà habillée ?
- Je vais donner un cours à Michael, tu le sais bien.
- Mais Papa et Maman ne sont pas là. Tu ne vas pas me laisser tout seul !
Yumi sourit et alla enlacer son frère.
- Je ne te laisserai jamais tout seul. Je te le jure.
- Alors tu m’accompagneras faire la tournée du quartier avec Johnny pour Halloween ? On partagera équitablement le butin.
- Avec plaisir.
N’en croyant pas ses oreilles, Hiroki resta bouche bée.
- Tu n’as qu’à regarder dans mon placard s’il y a des choses qui pourraient améliorer nos déguisements. Sois gentil, ne sors pas dans la maison et ne fouille pas ailleurs. Je te fais confiance, petit frère.
- D’accord.
Cette fois, le petit-déjeuner fut animé par les prévisions costumières d’Hiroki. Lorsque Yumi quitta la maison, Ulrich l’attendait déjà devant le portail.
- Alors ? s’inquiéta-t-elle.
- Alors, Einstein a découvert que le firewall servait en fait à dissimuler un autre programme. XANA a trouvé un moyen de bloquer partiellement le retour vers le passé. Pour lui et donc pour nous, Hiroki a bel et bien rallumé le supercalculateur. Il est de retour.
Yumi frissonna, les yeux fermés. Tout recommençait.
Non. Cette fois, elle avait quelque chose contre lequel XANA ne pouvait rien.
Le bonheur.
Elle avait été parfaitement heureuse pendant plusieurs mois et elle allait tout faire pour que cela ne s’arrête pas.
La main dans celle d’Ulrich, elle rouvrit les yeux.
- On sera ensemble.
- On sera ensemble.
Dernière édition par Icer le Lun 07 Déc 2015 12:17; édité 2 fois
Yumi adorait les fêtes. Depuis toute petite. C'était pour elle les moments où l'on pouvait se réunir, se retrouver, rigoler, s'offrir des cadeaux... Oui, Yumi adorait les fêtes. Mais pas toutes. Halloween faisait partie de ces rares fêtes qu'elle n'aimait guère, et ce pour plusieurs raisons très simples :
Halloween est une fête anglo-saxonne, or elle, est japonaise et française, alors un fête anglo-saxonne, elle s'en fout un peu.
En plus, pour elle c'était une fête pûrement commerciale, où le seul but est d'acheter déguisements et bonbons, prétextes qu'il s'agit de rendre la fête "amusante".Pas besoin d'acheter pour s'amuser et être heureux, c'est un mode de pensée qui est dans sa nature et dans la culture japonaise traditionnelle que ses parents lui ont transmis et qui encourage les gens à trouver le bonheur dans les relations plutôt que dans des biens matériels.
Et puis quelle bêtise de s'amuser à faire peur aux gens; franchement, ça sert à quoi ?
Dire qu'à la base c'est la fête des morts... Au Japon la fête des morts, O-Bon, a lieue du 13 au 15 juillet et a pour but d'accueillir et apaiser les âmes de morts et les japonais se réunissent en famille à cette occasion pour faire des prières et des offrandes. Auncun rapport avec cette "fête" grotesque.
Mais bon, cette fête n'aurait pas que du mauvais, ce serait l'occasion de retrouver ses 4 meilleurs amis, car si elle avait beau les voir tous les jours, elle ne se lassait jamais de les revoir. Seul problème, la fête est un bal costumé, et hors de question de venir vêtue d'un accoutrement de monstre ou je ne sais quoi. Pourtant Odd ne s'est pas privé de le lui rappeler vivement lors d'un texto :
"Yum, tu vien déguisée ce soir, hein????
-Nan
-Bah, pourquoi ?
-J'ai pas envie d'être ridicule avec un costume que j'aurais acheté pour mettre qu'une fois dans l'année
-Bah, sa tue pas le ridicule, j'serai mort dpuis lontemp sinon ^^
-Je viendrais pas déguisée, fin de la conversation
-rabat-joie, va ! "
Yumi regarde l'heure sur le nouveau portable que ses parents lui ont acheté en raison de ses bonnes notes et de son travail soutenu.
19h45 : ça va, pile dans les temps, j'y vais.
"Alors Yumi, prête pour ce soir ?"
Hiroki avait surgi de derrière elle, espérant lui faire peur.
"Ah ! Nan mais ça va pas ? Retourne dans ta chambre au lieu de jouer au plus fin avec moi, tu sais très bien que cette fête est réservée aux lycéens.
-Ouais, je sais, me prend pas pour un idiot, mais je voulais juste pas rater cette occasion de te faire flipper avant que tu aille retrouver Ulriiiiiich chéri !
-Ouais, c'est ça ptit monstre. Bon allez, j'y vais, je vais être en retard moi."
Sur ce, elle sort de chez elle, habillée comme à son habitude, tout en noir, ce qui fait très Halloween, paradoxalement. Pour pas que Odd soit trop décue, elle s'était tout de même maquillée de noir et de orange sur un fond de teint blanc pour quand même un peu coller au thème.
19h50. Elle arrive devant le portail du lycée où l'attendent ses meilleurs amis.
Sans surprise, Odd était vêtu du costume le plus RI-DI-CULE de la création : un costume de squelette recouvrait l'intégralité de son corps et sa mèche violette était devenue rouge sang.
Aélita, elle, s'était transformée en une horrible sorcière : chapeau, vêtement, sabots, la panoplie complète de la parfaite sorcière démoniaque. Un comble, elle, qui ne ferait de mal à personne !
Jérémie n'était pas déguisé mais avait la figure complètement barbouillée de maquillage pour enfant rouge et noir. Il était à côté d'Ulrich, qui lui, n'avait rien et faisait sa tête de renfogné habituelle.
"Bah alors vous deux, on dirait que vous étiez inspirés, lança Yumi aux deux énergumènes.
-Tu l'as dit Yumi, renchérit Odd, mais je suis toujours inspiré, tu sais ! En revanche, toi, on peut pas dire. Ah mais non t'es maquillée ! Cool, j'aime bien.
-Et toi Jérémie, y t'es arrivé quoi ?
-Bah, euh, en fait...
-C'est moi qui lui ai fait ça, s'exclama Aélita, c'est vrai, c'est pas tous les jours Halloween, alors, faut bien en profiter, non ?
-Oui mais là, chui sûr, je suis absolument ridicule.
-Nan, j'aime bien moi , ça te donne un côté malade mental, plaisanta la sorcière démoniaque aux cheveux roses.
-Mais bon c'est pas tout ça, mais Delmas va encore nous faire son monologue habituel sur *Odd imitant le proviseur* le caractère pédagogique de la soirée.
Ils se mettèrent donc en route en direction de la salle des fêtes, en passant par le parc du lycée, qui ce soir dégageait une atmosphère particulière, lugubre, à vrai dire, un vrai soir d'Halloween.
En marchant Yumi remarqua que Ulrich s'était détaché du groupe et n'avait pas prononcé un mot depuis le début de la soirée.
"Bah alors, un problème ?"
A ces mots, Ulrich sortit de ses pensées dans lesquelles il était plongé depuis tout à l'heure et lui répondit :
“Heu, oui, oui, c'est juste que Halloween, c'est pas trop mon truc.
-T'inquiète, moi non plus, mais vois le bon côté des choses, on est là tous les cinq, prêts à subir un monologue de Delmas et à s'éclater comme des ptits fous le temps d'une soirée, le tout sans X.A.N.A, alors profite !”
Le brun lui fait un petit sourire pour lui montrer qu'il est d'accord et lui répond : “Ouais, t'as raison”
A peine arrivés dans la salle décorée à l'occasion par les élèves de toiles d'araignées synthétiques, de citrouilles en plastique faisant de la lumière et toutes sortes d'autres décorations du même genre, que Delmas monte sur scène et commence son discours et sort la même chose qu'à chaque fois, ce qui a pour réaction de faire rire le groupe en raison de ce que Odd avait dit deux minutes plus tôt.
« … Et c'est pour cette raison que cette fête est importante et que nous devons tous comprendre que cette fête anglo-saxonne est une tradition et... »
Trop trad, la musique avait commencée et les élèves ne l'écoutait plus et se résigna donc à les laisser faire leurs « trucs de jeunes » qu'il avait lui-même fait plusieurs années auparavant.
La musique semblât se déchaîner, ce qui eût pour réaction immédiate des cris d'ados complètement hystériques ainsi que des sauts absolument désordonnés, pour le plus grand bonheur d'Aélita qui allait passer tout à l'heure aux platines, et voulait un public le plus excité possible pour écouter les mixes qu'elle avait spécialement conçus pour eux et pouvoir danser dessus. Mais en attendant elle était, malgré ce boucan infernal, aux anges avec Jérémie, qui, malgré ces réticences certaines à bouger son corps de façon bizarre et incompréhensible, le tout sur un ensemble de vibrations montées à un niveau sonore surélevé, se laissait entraîner, autant par le son électro-pop de la chanson, que la vue de sa sorcière préférée qui l'avait attirée dans une danse complètement désordonnée et dénuée de
sens de par ses mouvements.
Pendant ce temps Odd était avec son meilleur ami, qui avait lui aussi réussi à se décoincer et à bouger, grâce à cette chanson plus qu'entraînante et aux insistances de son ami. Yumi ne tarda pas à se joindre à eux et leur lança dans ce bazar sans nom :
« Eh, vous avez vu ? Jérémie danse !
-Non, répondirent en cœur les deux comparses ?!
-Tant mieux, depuis le temps qu'on lui dit de se lâcher. Au fait Ulrich, m'accorde cette danse folle ?
-Avec plaisir !
-Et moi ? Bon OK, j'ai compris, je vous laisse ! »
Ça y est, c'était au tour d'Aélita de passer sur scène, au grand dam de Jérémie qui aurait voulu ne jamais s'arrêter de danser.
Elle monta sur scène et lança son premier mix à son public, ivre d’adrénaline. Ses amis s'étaient avancés près de la scène pour mieux admirer leur amie. Jérémie la trouvait exceptionnellement belle. Non, plus que ça, rayonnante. Oui c'était l'adjectif. Là, sur scène, elle était vraiment dans son élément, les yeux fermés, ressentant toutes les vibrations de son son et celles émanant de son public. Rien ne semblait pouvoir la déloger ni la détacher de son monde où elle s'était plongée.
Les yeux de ses amis brillaient.
Les 5 sens du groupe étaient en ébullition : ils voyaient la salle complètement électrique, leurs corps se mouvant dans un désordre seulement apparent ; ils écoutaient les magnifiques mixes de leur amie ; ils sentaient la sueur provoquée par tant d'efforts et la chaleur ambiante de la salle ; ils touchaient leurs cheveux pour se recoiffer ; et finalement avaient un goût de sucreries tenace en bouche mélangé à celui de diverses boissons (non alcoolisées bien entendu). En bref, ils ressentaient tant de choses en même, qu'ils se sentaient exceptionnellement bien. Aucun d'eux ne regrettaient cette soirée.
Pendant ce temps, un élève de Kadic était sortit de la salle et se dirigeait vers la chaufferie. Une fois arrivé à l'intérieur, il se dirigea vers une vanne et la tourna à fond.
« Eh, vous trouvez pas qu'il y a une sale odeur ?
-Si Ulrich, t'as raison !
-Bah, c'est ptètre Sissi qui a vomi ses bonbons !
-Arrête Odd, c'est pas drôle, et puis je connais cette odeur...
Sans prendre le temps de dire quoi que ce soit aux autres, Jérémie attrape Aélita sur scène par le bras et dit aux autres de courir le plus vite possible.
Mais c'est trop tard, une explosion d'une rare intensité souffle entièrement le bâtiment ainsi que tous ses occupants. Aujourd'hui, 31 octobre, jour de la fête des morts, sont décédés les plus grands héros de l'Humanité, dans un attentat au gaz inflammable perpétré par X.A.N.A, leur ennemi juré.
Mais personne ne le saura jamais, c'étaient des héros de l'ombre. Et aujourd'hui ils meurent en sachant qu'ils sont morts ensemble et resteront unis, à jamais.
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