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[Fanfic] White Mustang

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 Auteur Message
Minho MessagePosté le: Lun 04 Déc 2017 15:40   Sujet du message: [Fanfic] White Mustang Répondre en citant  
[Blok]


Inscrit le: 29 Jan 2016
Messages: 109
WHITE MUSTANG


PROLOGUE : Déments projets d'un visionnaire expansif


Spoiler


Entrons directement dans le vif du sujet, comme ça tu ne pourras pas prétendre que tu n'avais pas été prévenu visiteur !

Attention donc, âmes sensibles s'abstenir. Les actes atroces décrits dans le coin relèvent de l'insoutenable. Quiconque avec un scintillement de conscience ou un minimum de décence détournerait le regard dès à présent. Nos journaux se taisent, préférant les petits faits divers concernant l'épicier du coin ou le crash routier de la semaine dernière. Que faire ? Mais que faire nom de dieu ?! Le monde est devenu un enfer lubrique, lucratif pour une minorité de démons mégalomanes, où chacun tente de sauver sa peau aux dépens des autres. La bonne conscience est le prétexte idéal pour continuer à se la couler douce, et à continuer la politique de l'autruche (sauf que le sol aujourd'hui a été remplacé par un écran plasma, une radio ou un magazine d'information). À qui profite ces crimes inqualifiables perpétrés sur tous les continents et que nos sous-hommes politiques approuvent en agissant que sur des problèmes secondaires sans importance pour le plus grand profit des industriels et des marchands d'armes, les maîtres à penser des gouvernements sous l'emprise du dollar tout-puissant ? Pleurer toujours ? Crier encore ? Il est grand temps de se rendre compte que la connaissance est une nécessité tandis que la compréhension est la finalité. Et dire que nous continuons à faire de l'Art ou de la Littérature dans un univers fantasmé par une caste régnante dégénérée, comme si les enfants de la terre avaient encore de beaux jours devant eux. Les enfants de qui d'abord ? Les enfants de l'or et du sang versé, des mines de diamants et de l'uranium enrichi ? Réfléchir, c'est avant tout commencer à désobéir...

Mon ami, c'est à toi que je m'adresse en priorité. Je sais qu'en lançant un tel appel à l'aide, tu espérais que quelqu'un te donne LA solution miracle, le remède pour passer outre cette mauvaise passe. Je suis désolé de t'apprendre que tu ne trouveras rien de plus qu'une compassion virtuelle en ces lieux, peu importe la valeur que tu lui accordes. Ça va commencer simplement, comme une fleur qui se fane car c'est l'ordre naturel des choses, tu vas te retrouver peu à peu paralysé par des angoisses et une anxiété que tu n'avais évidemment jamais ressenties auparavant. Au point de limiter tes déplacements, tu finiras par te mouvoir uniquement pour des raisons d'extrême nécessité, comme l'espionnage quotidien de la voisine sous la douche ou la première bière du matin. De sombres pensées vont emplir peu à peu ton être tout entier d'une léthargie poétique, d'une solitude noire qui s'inscrira en toi de manière irréversible comme la nicotine de ta première clope. Es-tu vraiment prêt à dompter le spectre de la dépression post-virtuelle ? De la culpabilité que tu porteras toute ta vie, celle d'avoir ôté définitivement le précieux souffle d'un enfant dans la force de l'âge ? De passer du statut d'un gars sans histoire au criminel dont tout le monde parle ? Pourtant, les criminels sont vraiment des gens normaux après tout. Un meurtrier par exemple a pour seule action de tuer quelqu'un pendant quelques minutes… voire moins. Pour le reste de son temps libre, c'est peut-être carrément le Gandhi de son quartier ! Des cadavres, il y en a juste partout en vrai. Qui se doute, en foulant le tarmac de la cour de récré kadicienne, qu’il longe en réalité des centaines d’anciennes tombes ? Deux cimetières militaires, tombés dans l’oubli depuis des centaines d'années, se tenaient à l'endroit précis où s'est érigé le fameux collège-lycée, bâtiment qui contenait au moins un ado qui avait buté quelqu'un sans que personne ne soit au courant.

Mais bon, qu'est-ce que ça change dans le fond ? Les tueurs sont tout à fait comme toi et moi, pourvus de deux bras et dix doigts de pieds, ceux qui disent le contraire sont des menteurs. De toute façon, tout le monde ment en ce bas-monde. Disney ment aux filles, le porno ment aux garçons et tout le monde est content car une belle illusion vaut toujours mieux qu'une vérité purulente, dégoulinante de ce pus si jaunâtre qu'est le quotidien. Être confronté à la réalité brute, c'est douloureux. Je me suis retrouvé dans le noir total, à douter de tout et de rien, à rester dans mon monde aveuglé par les choses de la vie, et tu es parvenu, en une seule soirée à me rappeler ce que c'est de vivre la vie. En un seul weekend, t'as réussi à me montrer que le contraire de vivre c'est de ne pas se risquer, et que les remords c'est uniquement pour ceux qui veulent vivre dans la peur de réessayer. T'as pas changé depuis le début, tu es resté fidèle à toi-même Jérémie, toujours là pour ceux qui en ont besoin, à faire des plans sur la comète, à rendre certains aspects de la vie beaucoup plus solubles, à faire rire même quand le moment est difficile. Je ne te rédige pas une déclaration d'amour là, je fais juste un hommage à la pureté et l'importance de ton amitié envers moi. Jour après jour les gens changent, des chemins se sont malheureusement séparés, d'autres se sont agréablement retrouvés, mais toi, toi tu es toujours resté sur ce même chemin, un chemin plein de rencontres où tout le monde est accueilli à bras ouvert, avec un amaretto-pomme et plein de bébés chats ! Bref tout ça pour te dire un énorme merci, autant un merci de la part du programmateur en moi qui s'est enrayé dans ses sentiments que du pote qui sera absolument toujours là pour toi quoi qu'il arrive.
Jérémie Belpois t'es juste le meilleur, n'en doute jamais ! Tu sais combien pèse un ours polaire, pas vrai ? Juste assez pour briser la glace entre nous ! Tu dois t'en souvenir, toi qui me l'a répété tant de fois...
Eh bien mon ami, tu as du sang sur les mains, peut-être plus que la moyenne, tu as tué et le plus beau c'est que tu es sans aucun doute prêt à recommencer ! Et tu sais quoi ? C'est pour ça que je te kiffe.

Lyoko avec toi, c'est comme un marathon, compliqué à gérer mais tellement jouissif ! On part tous sur la même ligne de départ : motivés et pensant tous arriver ensemble à la fin... Et puis en cours de route, certains trébuchent, d'autres tombent carrément dans le ravin. Parfois ils se relèvent et continuent, parfois ils déclarent forfait.
Au final, l'équipe n'arrive pas au complet et ceux qui y parviennent ne peuvent pas dignement fêter la victoire avec leurs coéquipiers ! Toi, tu as clairement donné un sens à mon existence. Malheureusement, tu n'entendras jamais tous ces compliments sur ce message préenregistré car il ne t'est pas destiné. Après tout, ceux qui nous sauvent de notre vie ne doivent pas savoir qu'ils nous sauvent. Jamais. Sinon, ce serait trop facile.



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Avoir des selles blanches est un état maladif qui signe un problème hépatique, plus précisément au niveau des sels biliaires puisque ce sont eux qui donnent la couleur normale des excréments humains.

Habillé comme un styliste en dépression, le jeune garçon était en position fœtale dans son lit, torturé par la douleur qui lui bouffait le ventre. Était-il dévoré par de gros vers gluants qui envahissaient peu à peu son estomac ? Était-ce son foie qui lui jouait un mauvais tour de plus ? Accumulait-il un tas compact de merde au niveau du rectum bien trop souvent bouché ? Il ne détenait pas la réponse, personne ne l'avait ici car nul médecin n'existait. Ni hôpital d'ailleurs ! Quand on souffrait, on crevait. C'était aussi simple que cela. Xana voulait explorer cet Eden de la normalité à nouveau, malgré cette putain de douleur qui lui rongeait le bide. Déjà que l'anomalie qui lui brûlait le regard lui avait presque brisé toute chance de réussite sociale, il était maintenant clair que sa santé ne lui permettrait pas d'aller très dans le sprint enivrant de l'ascension professionnelle. Certains le plaignaient. Sans grande conviction. Après tout, l'empathie consistait en un simple voyage dans la souffrance d'autrui. Mais contrairement à la personne enfermée dans le train qui filait droit vers les limbes, les témoins si empathiques de la collision à venir pouvaient s'éloigner du lieu de l'impact à tout instant.

Toujours lové dans sa couette d'un bleu électrique à vous en donner mal aux yeux, le gamin au nom si particulier sortit du dessous d'un coussin canari son journal intime. Là dedans, il y consignait tous ses rêves, fantasmes et surtout machinations fumeuses qui ne verraient probablement jamais le jour, à moins de recevoir justement un peu d'aide extérieure. Il se concentra aussitôt sur la page 10 – d'un naturel méthodique il avait naturellement tout numéroté – et tomba sur sa liste des intervenants principaux. Dans son plan. Ce Grand Dessein auquel il aspirait tant. Pour ça, il devrait beaucoup manipuler, tuer à tour de bras et se débarrasser des gens plus rapidement encore que des préservatifs usagés. Du point A où il se trouvait actuellement, il voyait un point B baignant dans l'horizon flouté du lointain. Et pour arriver à sa destination, il avait un puissant Supercalculateur à sa disposition... et une armée de mammifères à monter les uns contre les autres. Saisissant une galette de riz de la poche de son peignoir, il mordilla la friandise light avant de s'attaquer, une fois de plus, à la lecture de son écriture moins identifiable encore qu'une chiure de puceron perdue sur le capot d'une voiture. Ceux qui s'y attardaient auraient pu penser qu'il s'agissait de pattes de mouche proches du gribouillage le plus infâme. Mais en réalité, c'était une pléthore de signes qu'il avait sciemment inventés pour que son génie ne soit pas démasqué par un éventuel voyeur. Une série de courbes, boucles, cubes et autres formes possibles remplissaient la page et, en français traduit, cela donnait à peu près ceci :

« Michel Belpois (le bras armé du projet ?)
- Date de naissance : 4 novembre 1972.
- Âge : 44 ans.
- Veuf, deux enfants.
- Chevelure châtain formée de boucles revêches qui descendent jusqu'aux épaules.
- Yeux vairons : le droit luisant d'un vert herbeux légèrement malsain et le gauche d’un gris anthracite qui s'accordait parfaitement avec son teint de cire.
- Peau du visage parfaitement lisse à l’exception d'une tache de naissance de la taille d'une pièce de deux euros exposée sur la joue gauche.
- Corps de lâche, façonné par les longues heures passées au bureau à jouer à loups-garous-en-ligne.com, astuce apprise avec le temps pour éviter de rentrer au domicile familial.
- Possède un chien de garde basé, prénommé Ivo, qui aime plus que tout les longues balades automnales dans les recoins embrumés de la forêt Capucin. Beau poil de jais, grandes oreilles, longue queue touffue, il fait partie intégrante de la famille Belpois. Créature de la nuit également, il aime pourchasser de la femelle, quand ce n'est pas des petits ragondins ou autres rongeurs...

- Michel Belpois est reconnu au sein de sa société comme étant une personne très déterminée, peu peureuse et toujours prête à aller de l’avant.
- Fils unique, ses parents sont décédés dans un accident de voiture lorsqu’il avait vingt ans.
- Impulsivité parfois salvatrice parfois agressive.
- Travaille depuis dix ans en tant que programmateur de sites web et tente tant bien que mal de concilier vies familiale et professionnelle, bien que ce ne soit pas très compliqué vu la vitesse à laquelle il accomplissait son travail.
- A du mal à trouver sa place de père, c’était plutôt sa femme (avant sa maladie et la mort qui s’en est suivie) qui tenait les rênes de la demeure familiale.

Jérémie Belpois (l'adversaire principal)
- Né le 12 janvier 2000 (17 ans au moment des faits puisque le conflit se déroulera lors de l’été 2017).
- Petit gringalet (1m67) au teint grisâtre hérité de ses parents.
- Cheveux blonds coiffés en brosse, yeux bleus et lunettes rectangulaires.
- D’ordinaire calme, détendu et patient, il est néanmoins sujet à de nombreuses crises de panique depuis le décès de sa mère.
- Possède l’accent du sud le plus prononcé de la famille, il essaie néanmoins de l’effacer lors des présentations orales auxquelles il est souvent confronté puisqu’il a choisi une cursive hautement littéraire.
- Est devenu une personne assez pessimiste, il vit au jour le jour et commence à avoir de mauvaises fréquentations bien que son cercle d’amis soit en perpétuel changement.
- Pense de plus en plus à la fugue face à un père qui privilégie son travail à son rôle de chef de famille.
- Un peu la pomme pourrie du clan : il veut tout tenter, que ce soit drogues ou expériences de plus en plus extrêmes telles que les expéditions nocturnes sur les voies ferrées fortement fréquentées ou encore l’automutilation.
- Peu sportif, il reste courageux et débrouillard malgré tout, l’un des seuls traits de caractère qu’il a hérité de son père est son côté « tête brûlée ».

Aelita Schaeffer (l'adversaire secondaire)
- Née le 30 mai 2000, étudiante en filière scientifique. 17 ans également.
- Fille de Waldo et Anthéa Schaeffer.
- Petite blonde (1m50), coiffure en frange, élancée et pourvue d’une allure athlétique.
- Peau du visage et de l’arrière des épaules rongée par l’acné depuis ses treize ans.
- Tempérament explosif mais elle reste peu rancunière, a même tendance à pardonner trop vite. Elle reste malgré les conflits le seul symbole de médiation entre le père et le fils cadet quand elle s'immisce chez les voisins.
- Très sportive : joue (en équipe) au basket, hockey et football.
- Seule fille de sa famille, elle n’est néanmoins pas considérée comme une princesse. A un côté « garçon manqué », ses amis sont exclusivement masculins et elle ne perd guère de temps à essayer de les séduire.
- Est partagée entre la complicité qu’elle entretient avec son père et le devoir de protection qu’elle ressent envers sa mère, plus fragile de nature.
- Parfois suiveuse dans ses relations avec les autres, elle n’aime pas forcément se mettre en avant ni maîtriser les échanges, bien qu’elle y soit un peu forcée au sein de sa famille.

Projet de Xana numéro 421b, les attaques terrestres étant désormais terminées.

La Terre, ma Terre, est désormais plus scientifiquement avancée que la précédente, les bâtiments souterrains sont nombreux et des innovations informatiques plus folles les unes que les autres ne cessent de voir le jour… même si elles ne sont pas toujours performantes sur le long terme. Le cadre de ma société parfaite est donc en perpétuel changement, c’est un monde futuriste et rétrograde à la fois puisque le conservatisme est de mise au sein du gouvernement français.

Cadres naturels, conditions atmosphériques, espaces créés par l’homme et technologie + transformation du monde barbare qui était le leur.

Au milieu du vingtième siècle de cet univers, les ressources naturelles tiraient déjà à leur fin. La pollution était à son apogée et il y avait un grave problème de surpopulation. Il était grand temps que les gouvernements commencent à prendre des mesures pour éviter la catastrophe. À partir du moment où j'arriverai au pouvoir, la Terre se mettra à fonctionner comme une planète unie aux objectifs communs et non plus comme un assemblage de pays aux intérêts antagonistes. De galeries souterraines, on sera passé aux cités entièrement forées sous la roche, la plupart des industries s'enterreront au plus près du noyau de la planète qui sera désormais envisagé comme la source d’énergie principale permettant de subvenir aux besoins humains. Toute centrale pourra désormais se vanter de fonctionner uniquement à l’énergie thermique.
Mais les humains, avec mon aide, viseront encore plus haut. Tout commencera via la station spatiale Darwin, qui sera développée je l'espère dès la première moitié du vingt-deuxième siècle. La première que je planifie de rendre totalement habitable… D’autres titanesques plateformes orbitales verront le jour et pourront accueillir jusqu’à deux millions de têtes chacune, mais ça ne suffira évidemment pas à assouvir l’ambition humaine. La prochaine étape, ça sera la Lune ! Plusieurs colonies d’un millier d’habitants chacune vont y être installées, dans des dômes bien fournis en oxygène et nourriture.
Une fois que l’homme aura rendu près de 60% de la surface terrestre à la nature, celle-ci pourra dès lors se réapproprier totalement l’ancien espace de vie urbain. La pollution va diminuer tandis que l’air et l’eau redeviendront purs. Les forêts vont elles aussi regagner du terrain, à commencer par les grandes étendues préalablement rasées d’Amérique du Sud. D’une certaine façon, le monde va aussi faire un grand pas en arrière en revenant à la verdure originelle.
Tous les buildings abandonnés en surface seront eux démantelés peu à peu, à la manière d’un immense recyclage. L’essentiel de ce qui se pouvait se trouver à la surface va être réutilisé pour fabriquer des villes souterraines, ce qui nous laissera des millions de tonnes de matière première à utiliser !
L’idée d’ensemble, c'est surtout de guérir la surface et de préserver un maximum de ressources pour l’avenir, car continuer avec un tel gaspillage des matières premières n'est plus possible. Il restera malgré tout des villes « ordinaires » partout dans le monde, la répartition humaine entre la surface et les souterrains sera de cinquante-cinquante, sans oublier ceux qui seront partis au plus près des étoiles !
Les troglodytes, qui vivront donc dans ce dédale de galeries plus ou moins profondes, passeront aussi du temps à la surface. Ils partiront en vacances à la mer, iront faire du ski en montagne ou s’empresseront d’aller acclamer leurs joueurs favoris dans les stades, à croire que certains loisirs ne disparaitront jamais ! La perfection ne sera pas encore de ce monde évidemment… mais cela vaut toujours mieux que la direction empruntée par l’humanité avant le Grand Changement.

Mais restons réalistes, c'est un projet plutôt utopiste pour le futur de la planète, celui qu'il nous appartient à toutes et tous de préserver... ou de détruire. Sincèrement, je ne suis pas certain de vouloir m'orienter dans cette voie, beaucoup trop joyeuse à mon goût.

Évaluation de cette Réalité Détournée : 4,5/20 »


Le gamin grimaça en prenant une autre bouchée de galette de riz qui fut au moins aussi atroce que la première mais il refusait de s'alimenter autrement, de peur que d'autres ingrédients issus du placard ou du frigo lui chamboulent une nouvelle fois l'entièreté de son transit intestinal. Il inspira, puis soupira allègrement en contemplant le plafond au son du nouveau tube de Moby qu'il appréciait tout particulièrement. Son plan était parfait, trop parfait, enfin... presque parfait surtout. Car il lui manquait THE dénouement, celui qui lui permettrait d'assouvir toutes ces différentes envies qui lui rognaient abruptement les synapses à l'aide de leurs mandibules acérées, celles des fantasmes les plus enfouis. Que voulait-il vraiment au fond ? Le pouvoir ou le respect le plus total ? N'était-ce pas la même chose ? Si TU avances, nous avancerons TOUS. Pour servir la société, pour assurer une terre propice au développement de nos descendants. Son grand-père lui avait dit ça un jour. Un homme sage, porté sur la bouteille et fumant la pipe comme un camion surchauffé, mais ça restait un homme sage. Voulait-il assurer une existence merveilleuse pour ses propres enfants comme ses ancêtres l'avaient fait avant lui ? Le gamin ne savait plus où donner de la tête, entre le bien, le mal, la prétendue définition de ces deux notions... À dire vrai, il n'y comprenait trop rien, il voulait juste s'enfuir de cette enveloppe corporelle marquée par la couleur de l'infamie, ce violet dans le regard, preuve ultime que depuis sa conception le petit être était habité par une entité aussi diabolique qu'ambitieuse. À moins que cela ne soit juste son propre esprit ? Il était perdu, si perdu... Il retourna à la première page de son carnet, là où il écrivait en français clair et qu'il n'avait pas encore inventé son alphabet alambiqué, et retrouva le passage où il s'efforçait de ressentir des sentiments... humains.

Papa, tu trouveras ceci étrange, mais je te rassure, il y a en moi, une envie de te dire ô combien je suis fier d’être ton fils, aîné qui plus est. Il arrive parfois que l’on ressente le besoin de dire les choses, de démontrer ses sentiments, voilà la raison qui me pousse à venir vers toi et révéler mes sentiments à ton égard.
Aujourd'hui est un jour particulier pour Toi, tout comme pour Moi. Il y a treize ans, Maman et toi vous m'avez offert un cadeau si précieux et si fragile à la fois... La vie !

Malgré tout, personne ne choisit sa famille. Les années passent et chacun d’entre nous suit une route différente, les rencontres se font rares, et les mots tendres oubliés, la seule chose qui tient, debout, est l'affection que j’ai pour toi, ton sourire bienveillant ne s’effacera jamais, il est ancré en moi, pour l’éternité. Lorsque je ferme les yeux et repense aux années passées à courir à tes côtés, aux vacances d’été que tous les deux, on attendait avec ferveur, les batailles de coussins le soir avant de dormir, nos prises de têtes, nos petits coups en douce quand maman se montrait trop dure avec nous… Si par le passé, tu as été d’une importance inégale pour moi, je veux que tu saches que cet amour que j’ai pour toi perdure et lorsque mes cheveux vireront au blanc, et lorsque mes pas se feront à l’aide d’une canne, je veux que tu sois encore à mes côtés. Pas physiquement bien sûr, personne ne peut souhaiter l'immortalité à quelqu'un, ce ne serait pas très agréable. Tu seras donc avec moi en pensées, du moins je l'espère. Sache que tu peux compter sur moi, que si l’envie de pleurer surgit, tu peux te reposer sur mes épaules… On a vécu des moments difficiles qui nous ont fait beaucoup grandir, notamment la rencontre avec notre nouveau voisin et sa fille.... Toutes ces mauvaise choses nous ont changés mais on était malgré tout là l'un pour l'autre, à toute heure du jour et de la nuit.

J'espère sincèrement qu'au fil des années nos sentiments prendront encore plus de place et que nous partagerons de beaux moments ensemble. Je pourrais raconter encore beaucoup de choses mais l'émotion se fait ressentir et j'ai de plus en plus de mal à écrire...

Du coup, allons droit au but. J'espère que cette année de plus t'ouvrira de nouvelles portes, que tu trouveras enfin la discipline scientifique qui te convient le mieux, que tu seras comblé de bonheur, que ta santé sera au top du top et que tu rencontreras à nouveau l'amour !

Nous sommes de ceux qui n'expriment que peu, nous sommes de ceux qui ne se touchent pas, nous sommes de ceux qui sont forts pour ceux qui se sentent plus faibles, nous les épaules d'une famille, nous sommes les bras armés de ceux qui font appel à nous. Il est parfois difficile de se regarder sans rien se dire et se comprendre malgré tout. Nous sommes certes différents mais néanmoins complémentaires. Il y a peu de plume qui s'exprime plus doucement que celle qui nous caresse le cœur. Il ne faut pas de mots pour nous, il nous faut juste être ensemble.

Je t'aime depuis mon premier battement de coeur, et cela pour l'éternité, il me semblait vraiment important de te le dire après tout ce qui s'est passé depuis l'arrivée des Schaeffer dans notre vie...



Était-ce convaincant, est-ce que cela pouvait prouver une quelconque présence d'émotions cristallines dans ce corps chétif ? Sans doute pas assez, pas encore assez pour duper l'entièreté de la famille...

« Frérot ? »

Basile venait de pénétrer dans sa chambre, cette chrysalide de pleurs et de cris qui n'appartenait qu'à lui en temps normal. D'ordinaire, le petit garçon aux yeux violets n'aurait pas réagi. Il aurait laissé couler, comme quand, plus jeune, il entendait ses parents faire de drôles de bruits en pleine nuit. Mais avec Basile, c'était différent. Déjà, son petit frère - âgé de presque dix ans quand même ! – était le plus beau programme qui puisse exister sur cette terre et ce génie se concrétisait par ses resplendissants yeux luisants d'un doré éblouissant derrière lesquels une série de codes jouaient à saute-mouton.

Xana, lui, n'avait que ses yeux violets pour se défendre, à défaut de son caleçon qui, lui, était orange après les différents tracas digestifs subis. Les orbites du jeune programme lançaient un message subliminal pourtant si palpable pour qui savait le décrypter mais Basile n'en était pas capable, trop absorbé par sa propre perfection. Devant un petit frère si réussi, un modèle numéro deux si complet en tous points, Xana n'avait d'autre choix que de plier le genou dans un monde de 0 et de 1 scintillés d'un vert chenille sur fond obscur. Il haïssait véritablement Basile, pour tout ce qu'il représentait, son aspect parfaitement humain... à l'exception de ces pupilles si originales qui trahissaient sans vergogne une artificialité qu'il tentait sans cesse de refouler. Pourtant, malgré ce mépris dévorant toute once de raison, Xana bramait de toute son âme préalablement fabriquée cette plainte éternelle.

Si je te dévoile mon côté sombre,
Sommes-nous destinés à rompre ?
Si tu te perds dans les couloirs de ma laideur, seras-tu effrayé par la noirceur ?

Embrasse le neuf mais ne délaisse surtout pas l'ancien, le modèle original qui a permis une telle amélioration du clone humain, de l'immersion dans cette société pourrie de l'intérieur que nous détestons l'un comme l'autre.
Laisse-moi le temps, apprivoise-moi, accepte-moi tel que je suis, ne me crains pas, je t'en supplie...


« Le nouveau Mickey est arrivé, chantonna le blondinet en brandissant son trophée, je le laisse sur la petite table du salon dès que j'aurai fini de le lire ! »

Basile avait osé entrer dans sa chambre pour lui dire... ça ? Xana n'eut pas la force de répliquer, de lui adresser une réplique bien pensée. Car son petit frère avait déjà quitté la pièce. Foutu aryen !

Connaître la vibration, vivre dans l’urgence absolue, s’emplir de vie et de poésie, se gaver de musique, de littérature, de peinture, de sensualité. Être toujours sur le fil de l’émotion, à fleur de peau, sur le qui-vive. Mais il était trop mal désormais, dans cette chair qu'il supportait de moins en moins. Au fond de lui, il pensait connaître la cause de ce mal-être lancinant. Depuis le 23 novembre, ce jour où il avait bu à même la bouche d'un cerf mort de la bière versée directement dans la panse de l'animal, il avait hérité d'intestins en feu. C'est aussi la date où du liquide rachidien avait commencé à s'écouler de son nez et où l'une de ses mains s'était subitement transformée en hachis parmentier. Tant de malheurs en une seule date, le jour de la création de Basile, ça ne pouvait pas être un hasard, pas vrai ?

Tout le monde a une enfance, un passé que l'on préférerait dissimuler... même les plus grands génies de ce monde.


À suivre - Tendresse bestiale

_________________
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Dernière édition par Minho le Lun 04 Mai 2020 00:39; édité 2 fois
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Ikorih MessagePosté le: Lun 04 Déc 2017 17:29   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Messages: 1529
Localisation: Sûrement quelque part.
Pourquoi ça ne m'étonne pas que Minho revienne avec une fic dont le titre prône la suprématie blanche? Surprised

Panthéon des quotes sur lesquelles j'ai quelque chose à dire (de toujours pertinent) :
Spoiler


Bon alors, j'aurais misé sur Odd ou Aelita dans le prologue parce que au regard de la série, ce sont les plus spontanés sur l'expression de leurs sentiments. Et puis au vu du reboot d'univers que nous avons ici (si c'est pas ça tu vas te faire.....et puis par un poney tiens, vu que ça a l'air de te tenir à coeur), c'est pas du tout valable donc je ne ferai pas plus de pronostics sur l'identité du bleu. En revanche, je peux quand même dire que sa remarque sur le fait que Jérémie ait tué et recommence volontiers, ça me fait dire que c'est potentiellement ce qu'on appelle en général "un méchant". o/

J'ai passé tout le texte à changer d'avis sur la nature de Xana, toutes mes félicitation :c. Parce que merde (LOOOL), un programme qui a la chiasse et qui a un grand-père? Que de mindfuck en toi :c
Donc Xana est un programme, qui a un corps, et une famille. Qu'il n'a pas l'air d'avoir choisi, cf ces problèmes de santé manifestement cacastrophiques (mais quel humour). Il aime bien son papa, sa mère m'a l'air d'une grande absente (morte?) et son petit frère est...un petit frère des plus niais. Bon. Ok mais à part le nom j'vois pas de programme, là! Sauf peut-être ses grands projets pour l'avenir du monde. Comment connaît-il Belpois et compagnie? Autant Aelita étant sa voisine (qui sert de médiatrice entre son père et son frère? Smile) ça se comprend, mais on ne sait pas encore vraiment ce qu'il en est du reste.
Xana se voit peut-être comme un programme sans en être réellement un : cf cette volonté de s'arracher à son enveloppe charnelle. C'est une possibilité. Mais du coup comment expliquer qu'il attribue aussi le qualificatif à son frère? Qu'ont-ils en commun qui les différencie du reste du monde? La thèse du corps artificiel se tient au vu de leurs dégaines. Enfin bref, paye ton bordel :c

Au niveau des Belpois, je pose la question : deux enfants? (et les images du texte me font dire que c'est le chien de Michel le perso principal! Connaissant ton intérêt pour les bitches, ça ne me surprendrait même pas qu'il s'agisse en réalité d'une chienne.... Wink)
Dernier point : son évaluation de la réalité détournée, c'est l'évaluation de ce qu'il projette ou de ce qu'il vit actuellement? Si tu pouvais me répondre ce serait très très gentil Mr. Green J'avoue que ça m'a fait marrer de le voir, pendant un paragraphe, envisager d'aider l'humanité...mais visiblement ça ne durera pas au-delà de ce paragraphe, dommage, ç'aurait été original (a)

Bon. La vraie question du récit, ça reste quand même de savoir combien de temps tu tiendras avant de faire une blague sur les étalons sur le sujet de cette fiction.... :/
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Minho MessagePosté le: Mar 19 Déc 2017 16:06   Sujet du message: Répondre en citant  
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Chapitre 1


Tendresse bestiale


Une envie de faire pipi l’avait réveillée. Dehors le vent soufflait en rafales. Il ne faisait pas si froid malgré tout mais Lola n’aimait pas ce vent et elle se disait qu’elle ne l’aimerait jamais. Ça lui rappelait la cave du bâtiment où la chaudière défectueuse était le moindre de tous les dangers. Son père et elle habitaient un appartement exigu au deuxième étage d’un immeuble de banlieue. Lola sortit de sa chambre, voisine de celle de son père, et longea le couloir. Le vent soufflait fort et semblait s’engouffrer de plus en plus à travers tous les interstices possibles. On aurait dit un squelette entrechoquant ses os. Le loquet de la porte de la salle de bains étant cassé, Lola et son père laissaient toujours la porte ouverte quand ni l’un ni l’autre n’utilisait la douche ou les toilettes. Cette nuit-là, Lola trouva la porte fermée. Pourtant son père n’était pas à l’intérieur. Depuis qu’un monstre tout droit issu du passé l’avait blessé au visage, il ronflait, un petit couitch-couitch qu’elle percevait en provenance de sa chambre. Bon, il avait dû fermer la porte sans faire exprès, c’est tout. Mais elle n’était pas dupe, malgré son âge (elle aussi était une fille aux intuitions et aux prémonitions fulgurantes, comme son père) et, parfois, il faut en avoir le cœur net. Parfois, il faut aller voir. Même si ça semble louche…

Lola Della Robbia tendit le bras – un bras qui lui parut trop long, trop élastique, trop désarticulé –, tourna la poignée et ouvrit la porte. Là (elle savait qu’elle y serait), il y avait la femme qui s’insinuait dans ses songes. Elle était assise sur les toilettes, nue, les jambes écartées. Avec ses cuisses livides et boursouflées. Ses seins verdâtres pendouillaient comme des ballons dégonflés. Une touffe de poils gris en bas du ventre. Des yeux gris aussi, pareils à des miroirs métalliques, qui clignotaient sous la forme d'un logo que Della Robbia ne connaissait que trop bien. Lorsque Suzanne l’aperçut, elle retroussa les lèvres pour lui sourire, de ses dents déchaussées et sombres, prêtes à mordre la chair tendre malgré leur mauvais état. Ferme les yeux, lui avait recommandé son père autrefois. Si tu as une vision horrible, ferme les yeux et dis-toi qu’il n’y a rien, et quand tu les rouvriras, la vision aura disparu. Mais ça n’avait pas marché la dernière fois et ça ne marcherait certainement pas aujourd’hui. Elle le savait. Elle la sentait. Elle puait la charogne. La femme – la gamine savait comment elle s’appelait, c’était Mrs. Hertz – se redressa lourdement sur ses pieds violacés par la mort et lui tendit les mains. Elle vit la chair pendouillante, presque dégoulinante, de ses bras. Elle souriait comme à la vue d’un vieil ami. Ou d’une bonne chose à manger. Avec un calme feint, Lola referma doucement la porte et recula d’un pas dans le couloir. Elle vit le bouton de porte tourner vers la droite… vers la gauche… encore vers la droite… et s’immobiliser. Elle avait huit ans à présent et, malgré l’horreur qu’elle éprouvait, elle était capable d’un minimum de pensée rationnelle. Parce que, aussi, quelque part en elle, Lola avait toujours su que ça finirait par arriver. Les visions, les… prémonitions. Sauf qu’elle avait toujours pensé que quand ça arriverait, ça serait le doux visage de celui qui aurait dû être son parrain qui lui apparaîtrait, avec ses cheveux en bataille, son air blasé et ses muscles saillants. Ou alors le barman du Kiwi Bleu, celui que son père appelait Lloyd. Pourtant elle aurait dû savoir, se dit-elle, avant même que ça n’arrive, que ça serait Mrs. Hertz. Parce que de tous les fantômes du passé de son père, c’était elle la pire. La part rationnelle de son esprit lui disait qu’elle n’était qu’un fragment de cauchemar oublié qui l’avait suivi hors du sommeil, dans le couloir, et jusqu’à la salle de bains. Cette part rationnelle lui assurait que si elle rouvrait la porte, il n’y aurait plus rien. C’est sûr qu’il n’y aurait rien, maintenant qu’elle était réveillée. Mais une autre part de son esprit, sa part clairvoyante, savait à quoi s’en tenir. Les profs de Kadic n’en avaient pas encore terminé avec son père, et donc indirectement avec elle. Pas encore. L’un au moins de ses esprits vengeurs l’avait suivi jusqu’ici.
Cette femme, cette Suzanne Hertz, elle l’avait déjà surprise, un jour, gisant dans une baignoire. Elle s’était dressée et avait tenté de l’étrangler de ses doigts froids comme des poissons (mais terriblement forts). Et si elle ouvrait à nouveau la porte de la salle de bains, la vioque finirait le travail. Lola décida plutôt de coller son oreille à la porte. D’abord, elle n’entendit rien. Puis, si… un bruit minuscule. Des ongles morts qui grattaient le bois. La petite blonde marcha jusqu’à la cuisine sur des jambes qu’elle ne sentait plus et, en équilibre plus que précaire, pissa dans l’évier. Puis elle réveilla son père pour lui dire de ne pas entrer dans la salle de bains, qu’il y avait quelque chose de vilain à l’intérieur. Sa mission accomplie, elle retourna se coucher et s’enfouit profondément sous les couvertures. Elle voulait rester là pour l’éternité, ne se lever que pour aller pisser dans l’évier. Maintenant qu’elle avait prévenu son père, elle ne voyait plus l’intérêt de lui parler. Son mutisme ne la surprit guère. Ça lui était déjà arrivé autrefois, après sa toute première vision. De sous son drap, Lola leva les yeux vers le plafond et fit non de la tête. Il était quatre heures du matin, mais elle avait encore de la visite... La petite ferma les yeux. Le lendemain, il ne lui restait plus qu'à enfiler ses vêtements en toute vitesse pour la balade quotidienne malgré ses cernes et ses mains tremblantes. Il fallait bien sortir le père...

La plage se trouvait à un peu plus de trois kilomètres. Le parking était entouré des baraquements de bord de mer classiques – stands de beignets et de hot-dogs, boutiques de souvenirs – mais on était en fin de saison et aucune affaire ne marchait très fort. Odd et Lola avaient quasiment la plage entière pour eux. Pendant tout le trajet depuis l’appartement, Lola avait tenu son cadeau sur ses genoux : un paquet de forme rectangulaire, assez lourd, enveloppé dans du papier argenté. « Tu pourras l’ouvrir après, quand nous aurons un peu parlé », avait proposé Odd en lui offrant pour l’occasion son plus beau sourire. Ils marchaient au bord des vagues, là où le sable se contentait d’être dur et luisant. Lola marchait lentement, parce que Odd était vieux, quand même. Un jour, il allait mourir. Peut-être même dans pas longtemps. « Je suis encore d’attaque pour quelques années, rassura Odd en posant une main bienveillante sur l'épaule de sa progéniture. T’en fais pas pour ça. Maintenant, raconte-moi ce qui s’est passé la nuit dernière. N’oublie aucun détail. » Il ne lui fallut pas longtemps. Le plus dur aurait été de trouver des mots pour expliquer la terreur qu’elle ressentait à présent et comment cette peur était mêlée à un sentiment de certitude suffocant : maintenant que la femme l’avait retrouvée, elle ne la lâcherait plus jamais. Mais c’était Odd, et ils n’avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Lola en trouva quand même quelques-uns.

« Elle reviendra, s’inquiéta Lola en contemplant ses pieds, pointure 33. J’en suis certaine. Elle reviendra cette salope de prof, encore et encore jusqu’à ce qu’elle m’attrape.
— Tu te rappelles la première fois que j’ai parlé dans ta tête ? demanda son père, soucieux d’éloigner le spectre suzannien de la discussion.
— Ah, ça oui, répondit simplement la fillette en sirotant doucement sa brique de jus d’orange.
— Et qu’est-ce que je t’ai dit ?
— Tu m’as demandé si je voulais aller boire un verre avec toi, sans maman.
— Exact. Et ça t’a fait quoi, de savoir que t’étais plus toute seule ? Que t’étais pas la seule ?
— C’était génial. Super génial.
— Ouais, fit Odd. J’te crois, ma fille, je te crois. Moi, j’ai jamais trouvé personne, avant toi du moins… C’est un cadeau Lola, c’est comme ça que je vois les choses. Si je n’avais pas eu d’enfant, ce… don aurait définitivement été perdu.
— Cadeau pff, fais-moi rire ! Cadeau empoisonné plutôt, c’est moi qui te le dis… »

Odd perdit son sourire. Ils marchèrent un moment en silence. Des petits oiseaux – des pioupious comme les appelait sa mère – entraient dans les vagues et en ressortaient en surfant sur l'écume à toute vitesse.
« T’as jamais trouvé ça drôle que je débarque juste quand t’avais besoin de moi ? » Le vieil homme regarda Lola et sourit. « Ben, non, pourquoi j’aurais trouvé ça drôle ? J’ai été papa sur le tard et t’étais qu’un tout p’tit mouflet en arrivant, mais t’es un peu plus grande maintenant. T’es même beaucoup plus grande que les enfants de ton âge par certains côtés. Écoute-moi bien, Lola. Les choses trouvent toujours leur équilibre dans ce monde, c’est ce que je crois. Et je vais te dire un proverbe : quand l’élève est prêt, le maître apparaît. J’étais ton maître. Un jour, Lola, ton tour viendra d’être le maître. Ton élève se présentera, à un moment ou un autre de ton existence, c'est certain. »
Odd n’était habituellement pas adepte des dictons à deux balles mais celui-ci semblait avait fait son petit effet… Même s’il pensait avoir entendu Lola rétorquer : « Si Mrs. Hertz ne m’attrape pas avant… »
Les Della Robbia arrivèrent en vue d’un banc, en haut sur la digue, ils se dirigèrent vers cet objectif jusqu’à ce qu’Odd puisse s’asseoir.

« J’préfère pas pousser plus loin, des fois que j’aie plus la force de revenir. Assieds-toi à côté de moi. Je vais te raconter une histoire.
— J’ai pas envie d’histoires, ronchonna Lola. Elle va revenir ! Tu comprends pas ? Elle va revenir encore et encore et encore.
— Ferme ton bec et écoute-moi. Instruis-toi un peu. »
Et Odd lui décocha un grand sourire, dévoilant son dentier neuf étincelant. « J’pense que tu vas piger mon passé de combattant, ma petite. T’es loin d’être une imbécile, Lola, n’oublie jamais ça. »


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Revenir vers les gens n'est jamais chose aisée. Et cela, Yumi Ishiyama le savait mieux que personne. En se tenant devant cette belle porte vitrée, demeure d'une personne qui comptait tellement pour elle autrefois, le passé la transperça à nouveau, de cette vérité qui blesse, qui corrompt les mœurs sans jamais se prendre un temps de repos. Après l'extinction du Supercalculateur, le groupe s'était dissous bien plus rapidement que prévu. Déjà, Yumi avait gardé un goût amer en bouche de cette dernière journée de leur terrible épopée, celle où la majorité avait d'abord refusé d'éteindre l'infernal objet, responsable de tous leurs tracas. Et puis, le bal de fin d'année... ou plutôt l'anniversaire de Élisabeth Delmas avait tout gâché entre eux. Il fallait s'y attendre, c'était comme... programmé, lèpre destructrice au moins aussi terrible que la Marabounta. Ils avaient tous 17-18 ans à l'époque, l'âge des dérives multiples et potentiellement dangereuses pour toute amitié de longue date. Jean-Pierre Delmas avait organisé pour sa fille chérie le meilleur des bals, en la mettant à nouveau sur un piédestal bien élevé puisque Sissi allait fêter sa majorité à minuit pile, tant pis pour la neutralité traditionnelle du bal. Magnifiquement bien décoré, selon les goûts des Delmas du moins, le vaste hangar désormais recyclé en somptueuse salle des fêtes faisait de l'ombre à toutes les rivales qui avaient pu faire des soirées auparavant, Priscilla Blaise en tête. Tout était prévu de A à Z, le milieu champêtre, le car qui emmènerait-ramènerait les étudiants en toute sécurité. Le cousin de Sissi, un certain Noah, avait été recyclé en barman pour l'occasion et des bières étaient volontiers données à toutes personnes portant un bracelet fluo « Âge Légal », tout ça aux frais de papa chéri bien évidemment. L'après-midi, les jeunes ados avaient côtoyé la famille de la princesse de Kadic le temps d'un repas, avant que les adultes ne migrent vers d'autres lieux pour laisser les jeunes s'amuser en paix le soir. Sur le mur qui faisait face à l'entrée, une pléthore de photos d'Élisabeth mise en scène dans toutes sortes de positions/décors étaient exposées, chacun devant en reprendre une chez lui et découvrir la date soigneusement planquée à l'arrière de chaque cliché. Si un invité recevait par exemple l'inscription Semaine du 22 septembre 2008, il était dans l'obligation (théorique) de se manifester auprès de Sissi à cette période pour exaucer le moindre de ses caprices. Enfin, ce n'était pas exactement formulé comme cela sur le papier d'explication mais c'est cela que ça voulait signifier. Il y avait d'ailleurs tellement de convives présents lors de l'anniversaire que la belle brune se verrait entourée de laquais jusque juin 2010 au moins, ce qui lui convenait parfaitement ! Seule la liste d'invités n'avait pu être discutée, Jean-Pierre Delmas ayant décrété que tout lycéen de Kadic – qu'il soit ancien ou nouveau – était le bienvenu, cela restait le bal après tout.

C'était de toute façon l'Évènement puisqu'elle avait habilement placé sa soirée le dernier jour avant les vacances, en lieu et place du traditionnel bal donc, et après les examens tout le monde était toujours bien content de décompresser. Même Jérémie Belpois était de la partie, entraîné de force par ses amis qui n'en pouvaient plus de le voir ainsi confiné dans sa chambre depuis la fin de l'ère Lyoko. Quant à Yumi, elle était spécialement revenue de sa faculté de droit pour assister à la proclamation de ses anciens compères.

À quel moment tout cela avait dégénéré ? C'est toujours compliqué de déterminer un point précis dans le temps, un petit acte susceptible d'engranger une série d'actions déchirantes poussant un groupe à s'entredéchirer après des années de complicité. Peut-être que cela avait commencé quand Noah avait donné le verre de trop à Ulrich et Yumi ? Peut-être que c'était de la faute de la reine de la soirée, qui avait dragué lourdement son premier amour jusqu'à ce que celui-ci craque au point de l'embrasser ? Selon Belpois, c'était la testostérone de Stern qui avait plongé le groupe dans une guerre sans merci. Selon Aelita, c'était Yumi, avec sa jalousie dévorante, qui était la première responsable de tout ce fiasco. Toujours est-il qu'en moins d'une heure, Delmas et Stern avaient conclu – pour le plus grand bonheur des photographes amateurs présents –, Yumi avait pété sa crise en fracassant son verre de champagne sur le sol et s'était finalement consolée dans les bras d'Odd... qui en avait profité pour l'embrasser. Della Robbia, toujours en chien malgré son avatar de félin virtuel, allait amèrement regretter ce geste. À la sortie du bal, Ulrich, salement éméché et abasourdi devant l'autre couple éphémère du soir, avait immédiatement confronté son meilleur ami. Une bagarre éclata, aussi inattendue que rapide, et Odd, après une énième bousculade d'Ulrich, s'empala littéralement sur un vieux poteau de clôture, le genre d'incident obscur qui ne manquait pas d'arriver en milieu rural. Fin de soirée aux urgences pour le pauvre Della Robbia, poumon droit troué sans oublier d'autres joyeusetés trop intimes pour être mentionnées ici, et retour brut à la réalité pour les autres. C'était le dernier souvenir que Yumi gardait des membres du groupe tous réunis, sans parler de William qui avait carrément changé de bahut peu de temps après son retour sur Terre. Bien sûr, ce n'était pas seulement quelques baisers échangés qui avaient mis le feu aux poudres. Dès son arrivée à la fac, alors que les autres restaient coincés à Kadic, elle avait compris que le temps les séparerait tous. Hormis le secret, ils n'avaient pas grand chose en commun. Aucun d'entre eux n'était compatible avec son prochain, si on prenait vraiment le temps d'y regarder de plus près.

Et voilà qu'aujourd'hui, plus de trente ans après le bal fatidique pour leur amitié, Yumi se retrouvait devant la porte de son ancienne amie, celle qu'elle avait autrefois tant aimée. Son index fut lourd, si lourd au moment de le porter vers la sonnette. Mais il était trop tard pour se rétracter maintenant, la vie de l'un d'eux en dépendait désormais. Une jolie petite musique retentit au moment où la japonaise se décida enfin à presser le bouton, une longue mélodie jouée au piano qui semblait pourtant peu compatible avec le son strident habituellement relié aux sonnettes. Pas de doute, Aelita se trouvait bien dans cette baraque...

Alors qu'elle s'attendait à revoir son amie, enfin, après toutes ces années, ce fut une jeune fille qui lui ouvrit la porte. Dès qu'elle l'aperçut, Yumi remit aussitôt en question le bruit de la douce mélodie qui avait résonné quelques instants plus tôt. Ça ne pouvait pas être la maison d'Aelita. C'était une asiatique, de quinze-seize ans à vue de nez, qui ressemblait comme deux gouttes à Yumi, du moins... à la Yumi d'avant. Des cheveux sombres coupés en carré, des charbons ardents à la place des yeux, des chaussures noires, un legging noir, un chemisier noir,... Le look quasi conforme à une (très) ancienne collégienne de Kadic, ce qui effraya aussitôt la visiteuse. Qui était cette fille qui lui ressemblait tant ? Une fois la stupeur passée, Ishiyama se relaxa quelque peu en constatant qu'elle ne se trouvait pas non plus devant un double parfait. Déjà, l'inconnue était amplement plus maquillée que Yumi à l'époque, lèvres noircies et faux cils au programme. Ensuite, les deux femmes ne partageaient visiblement pas les mêmes origines. Les traits de l'adolescente étaient beaucoup plus proches de ceux des... Vietnamiens, oui c'est cela elle était typée vietnamienne. Et non pas japonaise, ce qui fut un soulagement... Plus Yumi la regardait, plus elle repérait les différences. D'abord, la jeune fille se voulait délibérément gothique, ce que Yumi n'était pas à l'époque. Des petits bracelets en cuir aux pointes acérées et les bagues en crânes ne firent que renforcer cette impression. Ensuite, pour une asiatique, la jeune fille avait des formes assez... voluptueuses. Sans pouvoir être considérée comme grosse non plus, l'ado n'était pas mince mais ça n'avait pas l'air de la complexer, bien au contraire puisqu'elle exhibait son nombril rebondi aussi fièrement que Yumi le faisait à l'époque.

« Kesketuveux » fut à peu près ce que la vietnamienne formula, ce qui décontenança Yumi de prime abord. Que dire ? Elle ne pouvait décemment pas commencer à lui parler de Supercalculateur et autre thème lyokoïque, donc elle commença par le plus simple. Détourner la question pour en poser une autre.

« Je cherche une dénommée Aelita Stones, un vieil ami en commun m'a dit qu'elle habitait ici... Est-ce que vous avez une idée de l'endroit où je pourrais la trouver ? A-t-elle déménagé ?
— Elle n'est pas là, grogna la jeune fille, bien décidée à se débarrasser de l'intruse. Pas la peine de repasser. »

La gothique voulut refermer la porte mais Yumi l'en empêcha, de cette bonne vieille technique de la chaussure calée dans l'ouverture. La jeune fille força, torturant un bref instant les orteils de la japonaise, qui hurla presque pour faire entendre raison à la jeune fille : « C'est important, je dois vraiment la voir, c'est une question de vie ou de mort !! » Elle avait utilisé des termes forts, qui ne firent néanmoins pas plier la vietnamienne. Alors qu'elle forçait toujours et que la japonaise fut sur le point de renoncer, une autre voix se fit entendre. Masculine celle-là.

« Tina, laisse-la entrer... »

Au son du timbre dégagé, la japonaise se figea. Elle savait qu'il devait être là pourtant mais c'était un réflexe, plus fort qu'elle. Elle se remémora en un instant toutes les fois où cette voix s'était avérée être un véritable danger, pour elle, pour Aelita, pour eux tous. Cette fois, c'est elle qui voulait quitter les lieux. Au plus vite. Yumi ne s'était pas assez préparée mentalement à la rencontre, trop tôt pour se revoir, beaucoup trop tôt. Après avoir fait un pas de recul instinctif, la quadragénaire laissa tomber son sac à main, étalant un tas d'affaires personnelles sur le sol. Du rouge à lèvres, un amas de cartes de fidélité, des clés contenues au sein du rond en métal transperçant le ventre d'une figurine Pikachu, une petite boule à neige qui réussit à survivre miraculeusement à la chute... contrairement au thermo à café qui explosa au sol, répendant ainsi un liquide acre sur les dalles bien poncés du parvis de la maison. Ce qui devait arriver arriva, Yumi glissa sur le breuvage qui aurait pourtant dû finir dans sa vessie... et son crâne vint heurter lourdement la marche du perron.


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Il est toujours désagréable d'émerger d'un trou noir. Pendant un divin instant, Yumi avait tout oublié. Sa mission, son ami en péril, cette voix qui l'avait tant surprise,... Mais il était à nouveau temps de faire face à la réalité. À son réveil, elle put constater qu'elle se trouvait dans une pièce savamment éclairée par la lumière du jour et qu'un doux parfum flottait dans l'air, sans doute celui d'un encens quelconque. Le plafond était agréablement ornementé de toutes sortes de symboles plus ou moins sphériques, voire cubiques dans certains cas. Les couleurs des murs étaient vives, il y avait à la fois du rouge, de l'orange et un jaune plus pâle mais une fois ces tons combinés cela donnait un rendu tout à fait correct, même plutôt chaleureux. Le feu de bois ronronnait dans un coin et faisait face à une immense baie vitrée qui donnait vue sur un jardin incroyablement bien aménagé, avec des plantations par niveaux un peu à la façon des rizières balinaises, et une flopée de variétés végétales se côtoyaient sans doute là au gré des saisons. La télévision était encastrée dans le mur, reliée à diverses consoles sur lesquelles étaient posées les CD de très vieux jeux tels que Dark Souls V, Fifa 2028 ou encore l'ancêtre des ancêtres Super Mario Galaxy 4. Seule source de désordre dans cet havre de paix, la large table basse du salon sur laquelle traînait tout un tas de trucs. Yumi voulut tout analyser comme à son habitude et lista à peu près ceci : une paire d'écouteurs usés au possible, un paquet de cookies fourrés à moitié entamé, une bouteille Volvic Juicy fraise encore remplie, un baffle Noonday gris ébréché au niveau du coin supérieur droit, un dictionnaire français-coréen, une horde de plans représentant Dieu sait quoi, un bol de cocopops véritablement noyés dans un liquide blanchâtre, un gobelet réutilisable frappé du logo Greenpeace, des fluos de toutes les couleurs existantes (il y en avait même un mauve !), une série de comics avec des flingues en couverture et une pile de comprimés Xanax contenus en flacon, dernier élément relevé qui ne rassura pas Yumi, bien au contraire. La japonaise tâta du bout des doigts son crâne meurtri, elle sentit une fameuse bosse poindre au milieu du front mais aucune goutte de sang à déplorer. C'était toujours ça de pris, elle allait vite s'en remettre.

« Nous parlâmes longuement , ma voix tremblait, nos regards se croisèrent, il posa sa main sur ma cuisse, un frisson me parcourut l'échine, je sus que c'était lui que j'attendais... C'est de moi que tu parles ainsi ma chère Yumi ? »

Aussitôt, la japonaise se redressa sur son fauteuil, manquant de perdre l'équilibre à nouveau. Le nouvel arrivant contourna la table du salon pour la rejoindre, lui tendant avec un petit sourire le petit carnet noir dans lequel elle consignait toutes ses notes. Il était impossible de ne pas le reconnaître, il avait beau avoir recoupé ses cheveux et pris un peu de poids, son visage de petit voyou éternel était resté identique. Il était vêtu d'un jogging sombre, d'un pull beige taché de sauce bolognaise au niveau de la poche ventrale et d'une casquette noire striée d'une multitude de lignes verdâtres. Aussi agaçant que cela puisse paraître, William venait de refaire surface dans la vie de Yumi... ou peut-être était-ce l'inverse ? L'ex Xana-guerrier se tenait droit comme un i devant son ancien amour, plus en chair et en os que ça tu meurs. Avec certes vingt kilos et une bonne tête en plus qu'auparavant, mais c'était bien Dunbar, aucun doute là-dessus.

« Je vois que tu n'as rien perdu de ton sens de l'humour légendaire, grinça la japonaise en récupérant son carnet. Tu devrais pourtant savoir que ce n'est pas poli de fouiller dans le sac d'une dame.
— D'une dame ? s'amusa-t-il en la scrutant de son regard de braise. L'adjectif vieille devrait être accolé à ce nom...
— Salaud, murmura Yumi qui ne put néanmoins s'empêcher de rire intérieurement face à la plaisanterie.
— Tu n'as pas l'air si surprise de me voir ici... malgré le sacré bout de temps qui a passé depuis notre dernière rencontre.
— Tu oublies que j'étais invitée à votre mariage, répliqua la quadragénaire d'une voix sèche. Je n'ai d'ailleurs jamais su si ta chère et tendre m'avait envoyé le carton par politesse ou simplement pour me surprendre au plus haut point.
— Les deux j'imagine, répondit le ténébreux dont les yeux commençaient quelque peu à se voiler, sans doute plus tournés vers le passé que le présent. C'est quand la dernière fois qu'on s'est vus nous deux ? Kadic ?
— Ça doit être ça... mais bon j'ai fini par m'installer définitivement en Provence, on ne risquait pas de se croiser par hasard au coin d'une rue ou au supermarché... Je suppose que de ça aussi tu es au courant ?
— Je l'ignorais, avoua Dunbar qui commençait à remarquer les petites rides du visage autrefois si lisse de la japonaise. Je pensais que t'étais toujours au Canada mais bon, autant te dire qu'on ne pense pas souvent à toi ici. »

Cette remarque blessa Yumi. Pourtant, elle était légitime. L'époque glorieuse des Lyokoguerriers était bel et bien révolue. Ils avaient tourné la page. Odd aussi. Quant à Ulrich... disons qu'il est sans doute plus facile de tout oublier une fois les six pieds sous terre. Yumi, elle, était parvenue à faire table rase de tout ça il y a un certain temps... mais le passé avait refait surface de la plus sournoise des manières.

« Et la fille qui m'a ouvert la porte, c'est...
— Tina oui. Notre fille adoptive.
— Jérémie m'avait parlé de ça, concéda Yumi, mais j'ignorais qu'elle était... euh asiatique elle aussi.
— Crois-moi qu'Aelita a tout fait pour qu'elle ne te ressemble pas. Mais on ne choisit pas toujours les goûts de ses ados... Elle est encore plus insupportable que toi, je dois bien l'avouer.
— Elle a quel âge ? demanda Yumi qui évita délibérément de relever la remarque désobligeante.
— 17 ans, et sa période de révolte n'est toujours pas passée. Ce n'est pas tous les jours facile ici... »

Yumi avait beau le regarder, essayer de se persuader qu'il avait changé, il ne comprenait toujours pas ce qu'Aelita faisait avec lui... Selon Jérémie, c'était prévisible. Ishiyama, elle, n'avait rien vu venir. De ce qu'elle en savait, les deux jeunes gens s'étaient retrouvés peu après qu'Aelita soit entrée à l'ENSAPB, l'Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris-Belleville. William, dans son très long cursus scolaire post-Kadic, avait lui aussi atterri là. Les deux êtres ayant le plus souffert de la période post-Lyoko n'étaient-ils pas voués à se retrouver ? Le ténébreux avait toujours du mal à se remettre de la période Xana et Aelita ne se pardonnait pas d'avoir indirectement condamné son père. À l'époque, toute la bande avait totalement tourné le dos à William, sauf la fille de Waldo qui continuait encore et toujours de lui demander des nouvelles par textos. Ce n'était donc pas totalement par hasard qu'il s'était inscrit dans la même école qu'Aelita... Ce lourd secret, cette possession par Xana, il avait besoin d'en parler, de crier sa douleur à la terre entière. Mais le problème, c'est qu'il ne pouvait se confier à personne. S'il en parlait à ses parents, ils l'auraient aussitôt interné. Ses quelques "potes" l'auraient pris pour un mytho et les psys n'en parlons même pas, il savait mieux que personne ce que ça valait véritablement ce genre de thérapies...

Même si elle s'était montrée sympa avec lui par écrans interposés, William pensait véritablement qu'Aelita allait copieusement l'éviter en découvrant qu'ils se retrouvaient dans la même école. Mais pas du tout. Ne connaissant personne d'autre et étant très différente des gens de son école qui ne pensaient qu'à réussir leurs études, Aelita s'était naturellement rapprochée de William. Elle n'était plus avec Jérémie depuis la terminale et il fallait bien avouer que le doux confort d'une relation amoureuse lui manquait. Elle s'était alors rendue compte qu'avec son ex rien n'avait été serein. Il l'aimait pour ce qu'elle représentait, une muse idéalisée coincée dans un ordinateur soit le fantasme ultime du geek, et non pas pour ce qu'elle était véritablement. Mais le problème, c'est qu'elle ne connaissait pas sa vraie personnalité. Après tout, on lui avait volé son enfance et elle n'avait pas pu se construire comme n'importe quelle jeune fille. C'est avec William qu'elle réalisa qu'elle aimait plus qu'elle ne voulait se l'avouer l'adrénaline et le danger. Car c'est uniquement cela qu'elle avait connu dans sa vie, que ce soit sur Lyoko ou sur Terre. Le quotidien ne lui convenait pas, il lui fallait plus, beaucoup plus. Et Jérémie fut extrêmement déçu. Il s'attendait à une telle réaction de "manque" chez un épicurien comme Odd, à la rigueur chez ce casse-cou d'Ulrich. Mais il ne pensait certainement pas voir Aelita commettre de tels « dérapages » comme il nommait les différentes expériences de la jeune fille. Pour lui, se détourner de la Science au profit de l'architecture était déjà un crime. Mais alors, quand elle avait commencé à poursuivre sérieusement son passe-temps de DJ, sillonnant les boîtes pour se faire connaître, Jérémie avait carrément cessé de lui adresser la parole... tout en continuant à alimenter son compte bancaire, en espérant sans doute un changement qui n'arriva pas. Jérémie avait perdu l'amitié d'Aelita. Mais pas William, c'était même l'exact inverse qui se produisait. Ça lui plaisait à Dunbar de découvrir cette facette d'Aelita qu'il ne connaissait pas, sa nouvelle façon de vivre à l'improviste, ce « je m'en foutisme » total en classe – jusqu'à rater sa première année – pour laisser place nette à toutes ses envies ! Si elle n'était désormais plus considérée comme une intello dans sa branche et que les ex-Lyokoguerriers la méprisaient pour tout ce temps passé avec l'ennemi, Aelita était au moins remontée dans l'estime de William.

En peu de temps, ils ont tout essayé, les expériences les plus folles et les voyages organisés en dernière minute, comme la fois où le ténébreux avait subitement emmené sa belle à Sidney, rien que pour être parmi les premiers à fêter le nouvel an. Le père de William, qui avait toujours été riche, lui filait un tas d'argent dingue pour toutes ces prétendues thérapies que Dunbar Junior ne suivait plus depuis longtemps. Au fond, ses parents le savaient très bien mais ils considéraient qu'explorer le monde avec une fille aussi rayonnante qu'Aelita restait sans doute le meilleur traitement face à toute éventuelle rechute psychiatrique. De son côté, la jeune fille refusait de se faire entretenir. Dès qu'elle avait un peu de temps, elle bossait comme serveuse, vendeuse, et même boulangère pour ne plus dépendre de l'approvisionnement financier de Jérémie. Elle ne savait d'ailleurs toujours pas d'où celui-ci provenait exactement et elle soupçonnait Belpois de voler d'une manière ou d'une autre les plus riches pour donner aux pauvres, c'est-à-dire à elle. Une fois sa première année ratée – notamment suite à toutes les heures de job accumulées –, Aelita ne fut pas perdante sur tous les points car elle envoya un message très explicite à Jérémie, le prévenant qu'elle refuserait désormais tout versement de sa part. Ce fut leur dernier contact, Belpois ne pris même pas la peine de répondre. Pour le reste, Yumi n'en savait pas beaucoup plus car tout ce qui précédait, c'était ce que Jérémie avait bien voulu lui confier. Et cela faisait bien dix ans qu'elle n'avait plus du tout entendu parler de Aelita et encore moins de William ou de leur fille.

« Pourquoi avez-vous adopté ? »

Cette question résonna dans le salon, laissant William un peu perplexe. Soupirant, il prit place sur le canapé aux côtés de son ancienne alliée. Il ne s'attendait visiblement pas à ce que Yumi entre directement dans le vif du sujet.

« On n'arrivait tout simplement pas à avoir d'enfant. Les médecins n'ont jamais pu déterminer qui était responsable, elle ou moi ? Qui d'entre nous pouvait bien être l'arbre stérile ? Je l'ignore toujours à l'heure actuelle. Mais un point nous a frappés tous les deux alors qu'on se torturait les méninges à essayer de trouver à quel endroit ça pouvait clocher. Aelita était persuadée que son appareil reproducteur ne s'était pas correctement développé puisqu'elle avait passé le temps terrestre de son adolescence sur Lyoko.
— Ouh là, elle a été chercher loin, fit remarquer Yumi. Tu veux dire qu'intérieurement... elle aurait cessé de grandir une fois le Supercalculteur éteint pour la première fois ? Au niveau de ses organes, tout ça ?
— C'est ce qu'elle pense, mais qui sait si cette possession par Xana ne m'a pas rendu moi aussi stérile... Du coup, on s'est résignés à adopter. Jen, la meilleure amie d'Aelita – Yumi frémit à cette mention qui lui revenait de droit autrefois –, était partie pour un séjour humanitaire s'occuper d'enfants orphelins au Vietnam, elle nous envoyait des clichés tous les jours... et quand on a vu Tina, on a fini par craquer. Elle avait déjà cinq ans à l'époque. Elle est arrivée en France, on l'a aussitôt accueillie comme si c'était notre propre enfant. Pas à pas, erreur après erreur, nous nous sommes habitués à notre vie à trois. On pensait que c'était fini, que notre schéma familial était définitivement gravé dans de la roche bien dure pour le restant de nos jours. Et puis, notre petit miracle est arrivé...
— Un miracle ? s'étonna Yumi. De quoi parl... »

La japonaise n'eut pas le temps de finir, la porte d'entrée venait de claquer et un pas rythmé par le bruit des talons claquant sur le carrelage confirma l'arrivée imminente d'un nouvel arrivant. Ou plutôt d'une nouvelle, vu les talons.

« Chéri, je suis rentrée... T'as été acheter les poivrons pour le dîner comme je te l'avais demandé ? »

Yumi resta paralysée quelques secondes, là sur le canapé assise à quelques centimètres de William seulement, elle se sentit soudainement nue comme un ver, comme si elle était en train de commettre un acte répréhensible alors que ce n'était pourtant pas le cas. Dans quelques secondes, son ancienne amie entrerait à son tour dans le salon. La reconnaîtra-t-elle aussi rapidement que William ? Avait-elle changé elle aussi ? Est-ce qu'elle n'allait pas la chasser de la maison après tout ces ressentiments accumulés au fil des ans ?

Le parfum fruité d'Aelita se fit sentir avant même qu'elle ne pénètre dans la pièce, Yumi se souvint avec nostalgie de cette odeur avant d'avoir finalement sa vieille amie en visuel. Et la métamorphose était si énorme que si son odorat n'avait pas confirmé que c'était Aelita, Yumi en aurait douté. La bouille si vive et fraîche de la jeunesse avait laissé place à un visage cerné au possible. La peau n'était plus si parfaite, des petites ridules apparaissaient désormais au coin des yeux, sur son front et une sorte de brûlure avait marqué sa joue gauche à tout jamais. L'empreinte du temps s'était donc fait sentir, sauf sur son allure élancée au possible, Aelita avait réussi à maintenir sa taille de guêpe malgré l'effeuillement des calendriers. Mais ce qui était le plus choquant, c'était sa teinture, qui gommait totalement l'aspect si caractéristique de la Aelita que Yumi connaissait. Elle avait opté pour un ton plutôt blond vénitien – rousse sans vraiment l'être pour le dire autrement – et ses cheveux se concluaient en une longue tresse qu'elle laissait reposer sur son épaule droite. Il y a pas à dire, malgré les traits un peu vieillis sans doute aussi suite à la fatigue du moment, elle restait une très belle femme. Élégamment vêtue et plutôt bien maquillée notamment avec ce rouge à lèvres qui lui dessinait une bouche sensuelle au possible, Aelita faisait indéniablement partie de ces femmes qui présentaient bien, à qui on avait envie de faire confiance, qui savait comment se mettre en valeur. Beaucoup plus que Yumi au même niveau par exemple.

Quand elle aperçut la personne qui se tenait à côté de son mari, Aelita s'immobilisa mais ne sembla pas si surprise. Comme si elle s'attendait à ce qu'un membre de la bande puisse surgir à n'importe quel moment, chez elle, dans ce cocon familial qu'elle s'était battue pour construire tout en maintenant une chaleur ambiante, du moins jusque récemment. En réalité, Aelita se sentait tellement redevable envers Odd (qui était passé à côté de sa jeunesse pour elle), Yumi (qui lui avait appris toutes ces « choses de la vie » à son arrivée à Kadic), Ulrich (qui s'était montré loyal jusqu'au bout, bien qu'il ne soit désormais plus de ce monde), William (qui avait payé un bien lourd tribut pour s'être engagé dans un combat qui n'était pas le sien à la base) et bien entendu Jérémie (à qui elle devait tout) qu'elle leur aurait même confié un double des clés de sa propre maison si elle en avait eu l'occasion... mais l'âge adulte les avait divisés, encore plus sournoisement qu'une équation alambiquée. Malgré les erreurs passées, Aelita s'était efforcée de ne garder aucune rancune (même envers son ex petit-ami) et elle avait fait le serment de laisser une chance à celui, celle, ou ceux qui voudraient reprendre contact avec elle, sans toute fois faire le premier pas. William était dans la même optique, même s'il gardait un peu de rancœur, surtout envers Jérémie qui leur avait mené la vie dure au moment où les sentiments avaient commencé à éclore. Ça ne surprenait donc pas tellement le couple de revoir Yumi, surtout avec ce timing... ils l'espéraient un peu à vrai dire. C'était encore celle avec qui les rapports s'annonçaient les moins compliqués, tandis que Odd et Jérémie s'étaient montrés véritablement odieux par le passé, faisant part d'une hostilité certaine envers cet amour naissant. Une haine bien ancrée chez les deux garçons qui cachait sans nul doute une jalousie maladie mais aussi une profonde affection pour Aelita, pas assez pour faire abstraction de William malheureusement.

« Tu viens nous présenter tes condoléances je suppose ? »

Yumi fut abasourdie. Elle avait imaginé mille et une premières phrases que son ancienne meilleure amie aurait pu prononcer mais certainement pas celle-là.


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Les deux filles s'étaient isolées dans la chambre d'Aelita. Elles avaient beaucoup de choses à se dire, sans doute trop, mais elles manquaient de temps, cette denrée précieuse qui leur filait cruellement entre les doigts plus sournoisement encore que le sable d'un sablier truqué. Yumi avait posé sur ses genoux le cadre photo de la famille Dunbar au grand complet. Quatre membres... Désormais, il en manquait un à l'appel. Le plus jeune. Et le vrai héritier génétique par la même occasion.

« Je ne savais pas que vous aviez eu un enfant, finit par déclarer Yumi, visiblement sous le choc. Enfin, pour Tina je savais, disons plus ou moins... Mais tu n'étais pas stérile ?
— Faut croire que les miracles existent... Je l'ai eu tard, on n'y croyait plus. Il était si beau Yumi, différent mais beau... »

Fauché par une bagnole. Délit de fuite. Conducteur introuvable. Un mois et dix jours plus tôt. Du moins c'est ce qu'avait dit William au moment des explications. Putain, la vie était quand même injuste. Voyant que la japonaise était incapable de partager le deuil d'un jeune garçon qu'elle n'avait même pas connu, Aelita préféra changer de sujet. Ils avaient parlé de mort pendant une heure, il était temps de faire place à d'autres... préoccupations. Car le sujet suivant n'était pas très joyeux lui aussi.

« Tu as eu des nouvelles d'Odd dernièrement ? tenta la fille de Hopper, désireuse de briser le silence gênant qui s'était installé.
— Un peu, c'est le seul de la bande à qui j'ai parlé en deux ans pour être honnête...
— Bah, et Jérémie ? Vous avez coupé les ponts ?
— C'est compliqué Aelita, c'est compliqué...
— Comme toujours, rétorqua l'architecte en fouillant dans le tiroir central de sa table de nuit et, après avoir trouvé ce qu'elle cherchait, tendit à Yumi ce qui semblait être une lettre. Tiens, lis. Odd m'a envoyé ça juste avant que ce chauffard percute notre fils. Je dois t'avouer avec le recul que le timing nous chipote un peu.


Mes chers amis,

Cette année était ma vingt-huitième année de guindaille intempestive et je crois que c'est celle de trop. Avant je me fondais parfaitement dans la masse et dans les délires "plus vraiment étudiant mais encore dans le coup". Je trouvais ça drôle de sortir plus de 4x/semaine, de boire tout le temps, d'avoir des histoires de merde à raconter : "Mec tu sais pas qui je me suis fait" ; "J'étais arraché hier, grosse soirée". Et puis je ne sais pas ce qu'il s'est passé cette année mais j'ai eu un déclic et honnêtement cette vie ne me fait plus rire du tout. C'est tellement stupide comme mentalité et je n'avais pas conscience de mon comportement... si ridicule, indigne de vous. J'ai fait énormément de conneries en me répétant : « On a qu'une vie après tout alors on profite ». Là j'ai bientôt cinquante ans, je réalise que ça fera la dixième année que je chôme l'an prochain et qu'est ce que j'ai accompli ?

Rien.

J'ai fait énormément d'erreurs que je croyais justifiables sur le moment mais maintenant je me rends compte de ma perte. Je me rends compte que boire jusqu'à plus soif avec mes potes camés jusqu'à la moelle, s'emballer le plus de meufs possible en boîte pour recevoir des gommettes dans le but d'aller toujours plus haut dans le classement, aller à toutes les festivités possibles pour connaître un max de monde, tout ça n'en valait pas la peine. Vraiment pas.

Au final les potes que j'ai pu me faire ne sont que des potes, pas des amis. Toutes les filles rencontrées ne valent pas mon premier vrai amour que j'ai quitté comme un gros con. Les heures perdues en gueule de bois me détruisent peu à peu.
Bref, si c'était à recommencer, j'y réfléchirais à deux fois...

Je suis désolé d'avoir été un bien piètre ami. Vraiment. Je suppose que l'on n'échappe pas à sa destinée mais il n'est jamais trop tard pour se racheter. Recommencer sur de nouvelles bases, moins tangibles et érodées par le temps. Je voudrais juste avoir une seconde chance, et j'espère que tu me l'accorderas, même si je ne la mérite sans doute pas... Malgré toutes mes conneries, je n'oublie pas ce que nous avons pu partager ensemble et j'espère que tu t'en souviens toi aussi, assez pour répondre positivement à cette lancinante requête.

Quand est-ce que tu lances un ultime retour vers le passé Aelita ?



« Qu'est-ce que tu lui as répondu ? demanda la dernière des Ishiyama, un brin confuse par tout ce qu'elle venait de lire.
— Rien, j'ai juste totalement esquivé le sujet en lui reparlant le soir même comme si de rien n'était. Peut-être qu'il pense même que la lettre s'est perdue, que je n'ai jamais reçu ces mots de désespoir... À ce temps-là, avant le drame, j'étais heureuse tu sais. William aussi. Nous n'avions aucune raison de vouloir revenir en arrière... mais maintenant, après tout ce qu'il s'est passé... Je commence vraiment à me demander si tout effacer n'est pas ce qu'il y a de mieux pour moi, pour William, pour Odd, pour nous tous en fin de compte.
— Ne parle pas en mon nom, s'insurgea Yumi qui sentait ses joues s'enflammer de colère. Moi j'ai ma vie, mon mari, mon boulot ! Je n'ai jamais été nostalgique, jamais tu m'entends ! Revenir en arrière ne ramènera pas ton fils Aelita ! Pas plus que ça changera quelque chose au destin d'Hiroki ou même d'Ulrich ! On ne joue pas avec la mort Aelita, jamais, car c'est toujours elle qui gagne à la fin.
— Tu n'en sais rien, siffla la mère de famille en attrapant d'un coup sec la lettre d'Odd, manquant de la déchirer. Si j'ai une chance, une seule, de pouvoir revoir mon fils un jour... tu ne peux pas me demander de le laisser tomber. Quel qu'en soit le prix à payer, même l'effacement de ta vie si parfaite, je serai prête à sacrifier n'importe quoi. Si j'ai l'assurance que cela peut me permettre de le revoir, je te jure bien que je signe dès demain sans aucun remord.
— Tu n'as justement l'assurance de rien du tout, protesta la japonaise. Pour ce que j'en sais, tu l'oublieras même et il sera totalement absent de ton passé ! C'est vraiment cela que tu veux ?
— Au moins, la douleur partira... Mais si cela peut te rassurer, ni William ni moi ne sommes prêts mentalement à rallumer le Supercalculateur... Il faudra du temps, du moins encore un peu. Quelques jours, semaines, ... mais cela finira sans doute par arriver Yumi. Autant que tu le saches.
— C'est trop tard Aelita... Bien trop tard. La machine infernale a déjà été remise en action... et nous sommes en train d'en subir les conséquences. Une tour a été activée. »

La nouvelle aurait totalement dû amortir Aelita, pire qu'un boomerang dans la gueule ou qu'un cocktail agrémenté de LSD. Mais la rousse ne réagit pas. Pas la moindre parole, pas le moindre geste, pas même le moindre battement de cil. Yumi crut l'espace d'un instant que son amie s'était mis sur Pause, que la fougue qui l'animait avait soudainement cessé de flamber. Mais ce n'était pas le cas, l'annonce de Yumi était tout simplement... dénuée de surprise. Bien sûr que X.A.N.A était revenu, il n'était évidemment pas mort, jamais, c'était si... prévisible. Depuis la mort de son fils Basile, la chair de sa chair, Aelita sentait tout au fond d'elle-même que quelque chose puait dans cette histoire. Presque comme si la Terre s'était arrêtée de tourner au moment du deuil, à l'instant où ce conducteur fantôme avait percuté le jeune garçon aux yeux si particuliers. Quand on lui avait annoncé, quand ces inconnus étaient venus à sa porte pour détruire sa vie à jamais, Aelita avait immédiatement pensé à ce nom. X.A.N.A. Quatre lettres qu'elle s'était pourtant jurée d'oublier. La mère de famille n'avait pas parlé de ses doutes à William. Elle refusait de le plonger à nouveau dans ces tourmentes, dans les limbes du tourbillon d'hallucinations nocturnes dont il avait été victime pendant bien trop longtemps. Du coup, elle s'était contentée d'espérer. Que l'histoire s'arrête là. Que le programme multi-agent soit bien détruit à tout jamais. Que personne ne se présente à nouveau à sa porte avec une terrible nouvelle aux lèvres. Mais Yumi avait brisé cet aveuglement prémédité, cette "résurrection" qu'elle voyait venir de loin mais qu'elle n'avait pas voulu contrer.

« Pourquoi tu ne l'as pas dit directement ? reprocha Aelita en adressant un regard glacial à son ancienne amie. Tu nous as fait perdre de précieuses minutes... Il est en route, un putain de piège est sans doute posé devant notre porte ou ma fille est... Mon dieu, Tina ! »

Aelita se leva précipitamment, un air soudain affolé sur le visage, mais la japonaise la retint aussitôt par le bras. Elle ne lui avait pas encore tout dit...

« Ce n'est pas X.A.N.A qui est à l'origine de cette attaque Aelita. C'est... Jérémie. »

Là, la quadragénaire devint si pâle que Yumi crut l'espace d'un instant qu'elle allait s'évanouir. Mais non, elle tenait bon. Belpois, son ex, son sauveur et son bourreau à la fois, ça ne pouvait pas être pire que cette ombre noire dévastatrice...

« Il n'est pas au Japon ? Il était pourtant parti avec toi à l'époque et tu étais revenue seule... Le pays de la modernité, propice aux ambitions de Jérémie qu'Odd me disait ! Qu'est-ce que vous me cachez Yumi ? Pourquoi avez-vous rallumé le Supercalculateur ?
— Tu ferais mieux de prévenir Odd, rétorqua la japonaise en croisant les bras, furax d'être accusée de la sorte. Je t'expliquerai tout après mais il faut qu'il soit au courant pour la tour lui aussi. J'ai essayé de le joindre en venant mais pas de réponse et la batterie de mon portable est morte maintenant.
— Tu me promets de tout me dire ? s'enquit Aelita, la lèvre inférieure torturée par ses dents inquiètes.
— Dès qu'il sera à nos côtés, assura Ishiyama. Mais j'ai besoin de lui... on a besoin de lui. On ne sera pas trop de trois pour découvrir ce qu'il se passe, hors de question d'impliquer William je te préviens déjà. Odd, lui, manque d'action dans sa vie, il risque d'être le seul réjoui par cette situation d'ailleurs.
— Je comptais bien ne pas en parler à Willy, confirma la rousse. On va appeler Odd par Skype, il répondra plus vite là que sur son téléphone qu'il perd toutes les semaines. »

Par chance, l'ordinateur portable de l'architecte se trouvait juste en dessous du lit et après avoir tapé à vitesse grand V le mot de passe pour déverrouiller sa session, la page Skype s'afficha par magie, comme si elle attendait déjà ses utilisateurs.

« Tu étais justement sur Skype ? demanda Yumi d'un air légèrement soupçonneux.
— J'ai un contact régulier, assura la rousse sans en dire davantage. »

Elle clique aussitôt sur le profil de Della Robbia (qui avait pour pseudo strembow6) et enclencha l'appel visuel. L'écran adopta cette teinte bleu nuit si particulière tandis que la sonnerie habituelle résonnait dans la pièce. L'image du profil d'Odd s'afficha, Spyro dans toute sa splendeur, tandis que la partie du dessous renvoyait les mouvements de deux visages aux sourcils froncés et à la mine soucieuse. Après cinq sonneries, Odd décrocha... mais n'apparut pas à l'écran.

« Odd, tu m'entends ? rugit Aelita. Tour activée, je répète, tour activée, magne-toi les couilles car on aimerait aller à l'usine au plus vite ! »

Y a pas à dire, Aelita avait bel et bien changé pour employer un langage pareil... Odd ne répondit pas mais une sorte de gargarisme se fit entendre, un peu comme s'il venait tout juste de finir de se brosser les dents.

« Odd ? essaya Yumi. Je sais que Aelita ne te l'a pas annoncé avec beaucoup de tact mais... tu savais que ça pouvait arriver. »

Le noir toujours, et le gargarisme qui perdurait, quoique s'affaiblissant quelque peu.


« Odd, est-ce que tu pourrais te manifester ? s'agaça Aelita. C'est pas drôle du tout, on est pas en visuel débile comme on pouvait le faire autrefois. »

L'écran s'emplit soudainement de lumière, la webcam s'étant finalement enclenchée... ce n'était pas Odd à l'autre bout, mais bien sa fille. Lola, ravissante en temps normal mais répugnante à l'heure actuelle. Du rouge partout, des lambeaux de chair sur les joues et des habits lacérés de toutes parts. Le bébé semblait recouvert de viscères et fixait les deux filles terrorisées avec un semblant de curiosité dans le regard... qu'Aelita crut voir briller d'un symbole bien connu. Yumi ne l'avait pas vu, Aelita si. Soit c'était la terrible vérité, soit c'était l'abus de Xanax et autres comprimés qui lui jouait des tours à nouveau...

« Ma chère Yumi, tu ne sais donc pas qu'il n'est jamais bon de déterrer le passé ? »
_________________
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Dernière édition par Minho le Lun 04 Mai 2020 00:37; édité 2 fois
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Ikorih MessagePosté le: Dim 24 Déc 2017 09:13   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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Citation:
Si vous arrivez à trouver le(s) lien(s) entre le prologue et ce premier chapitre, vous êtes... hum, très doués Mr. Green

J'ai cru voir un défi lancé par ici Surprised

Je me confesse en premier lieu : c'est Noël, c'est les vacances, la section a explosé d'activité dernièrement, alors je me la coule douce :c Je ne me suis donc pas acharnée à relever la moindre de tes merdes fantaisies pour tout disséquer...déjà parce que sinon t'aurais peut-être pas eu de com' xD

Du coup, une fois n'est pas coutume, tu es parti en couille. La fille d'Odd et ce dernier avec leurs espèces de compétences d'extralucides, c'est parti bien loin de la SF. Au vu de tes antécédents Jadawinéens (nouvel adjectif débloqué), je pense que c'est une vraie composante de l'univers et pas une arnaque quelconque genre "Oh alors on croirait qu'ils ont des pouvoirs mais en fait ce n'est que la puissance du LSD qui coule dans leurs veines"...quoique, avec les antécédents de partouze d'Odd... Mais au moins, on peut relier à ses flashs d'anticipation, et comme on se bat pour relier tes textes à l'anime à chaque fois, ne crachons pas dessus (a)
Globalement j'ai bien aimé le personnage d'Odd, sûrement plus que celui de Lola parce que finalement cette dernière ne transparaît qu'à travers la relation qu'elle entretient avec lui (je la cale donc dans la catégorie des personnages-extensions). Décrire les Lyokoguerriers comme des cinquantenaires, ce n'est pas fréquent, mais c'est sûrement à Odd que la qualification va le moins bien : ce côté "jeune" qu'il a dans la série est probablement sa plus grande caractéristique. Je dis "va le moins bien", mais c'est pas dans le sens péjoratif, je dis juste qu'on se figure mal ce que peut donner le personnage dans ces circonstances et je dois dire que j'aime bien ce que t'en as fait. Son côté "petit vieux mélancolique", et son désir de tout reprogrammer marchent bien. C'est peut-être le souhait de chacun de pouvoir revenir en arrière et effacer les erreurs de sa vie...mais la différence, c'est que les Lyokoguerriers peuvent (et vont?) le faire.
Dommage que t'aies pas mis d'engagements sur cette fic, je sens que le RVLP "de fou malade" est une option. Je me permets de relever cette phrase de Yumi :
"Pour ce que j'en sais, tu l'oublieras même et il sera totalement absent de ton passé ! C'est vraiment cela que tu veux ? "
Mais, le RVLP ça garde les souvenirs non? Surprised

Bon sinon je valide le fait qu'Ulrich soit mort.
Je suis moins fan de ton Willy qui respire le laisser-aller (pi sérieusement c'est quoi ces fringues :c), mais je valide le fait que tu l'aies casé avec Aelita. Le passé de cette dernière et notamment en rapport avec Jérémie était pas mal foutu, tu commences à avoir l'habitude de ce genre de merdier de toute façon !
Ici, toutefois, on est dans le post-canon de la série. C'est à peu près clair au vu des personnages qui sont bien ce qu'on a l'habitude de voir, et au niveau des faits évoqués, tout colle. Du coup, le prologue va peut-être coincer un peu, vu que c'était lui qui semblait aller à l'encontre du canon. Mais comme je ne suis pas allée comparer en détail, je ne me prononce pas entre le "wtf t'es dans une autre dimension encore" et le "putain t'as vraiment fait des noeuds avec la backstory".
Il y a cependant un point sur lequel le prologue ne colle pas, et qui pourtant est la seule connexion que j'aie repérée... Basile. Même description, même prénom => même personnage. Pourtant, son histoire est sensiblement différente. Déjà parce que la maman de Basile est confirmée morte (Mr. Green), ensuite parce que Aelita se serait sûrement souvenue avoir accouché de XANA aussi, et ensuite parce que chronologiquement ce serait vraiment une belle merde. Alors quoi putain D8

Bon et du coup pour conclure, on a Lola (décrite comme un bébé....) qui apparaît xanatifiée en Skype après avoir potentiellement bouffé son père alors que pourtant y a une scène plus tard où elle cause avec en étant plus vieille donc non elle l'a pas bouffé mais Odd a pas l'air hyper stressé par la potentialité de XANA dans la première scène alors il sait pas que XANA est revenu mais pourtant ça se passe après et...bref je te hais. Donc on attendra bien gentiment la suite de ce merdier, l'avantage d'une fic courte c'est qu'on se fera minder que peu de temps...
Joyeuses révisions de Noël? (a)
_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

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Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Silius Italicus MessagePosté le: Dim 22 Avr 2018 16:37   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


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Bonsoir très cher Minho,

Ainsi, vous souhaitez brouiller les frontières entre le réel et le virtuel ?

« Tiens donc, ça faisait longtemps… Enfin deux semaines mais pour moi c’est interminable, surtout en cette période. Avant de balancer le contenu d’aujourd’hui, je vais répondre à Ikorih. » Cela fait maintenant 17 semaines. Soit une éternité, presque un trimestre.

Que dire suite à la lecture d’un prologue et d’un chapitre ?

Tout d’abord qu’une question fait immédiatement jour. En effet, c’est votre troisième récit en ces lieux, et il est indéniable que vous avez une plume relativement caractéristique. Au point de se demander à quel point elle serait reconnaissable à l’aveugle.

À défaut, il est possible de se livrer à des comparaisons et de noter des points communs entre vos différents textes. Le point commun semble bien être l’incertitude du scénario, du point de vue du lecteur en tout cas, et le côté toujours un peu dément que prennent vos histoires. Disons que vous lire, c’est sauter à pied joint dans l’inconnu : nul ne sait ce qui va s’y trouver.

En revanche, du côté du style, le jugement est plus simple. En effet ce dernier a évolué. Certes, c’est aussi lié au fait qu’il y a un indéniable lien entre un type de récit et la manière de le raconter — on ne raconte pas White Mustang comme on raconte les Liens du sang — mais cette évolution est aussi et surtout qualitative, du moins entre Bouffon du Roi et White Mustang. Il y a comme un mûrissement. Votre plume est désormais comme un fruit bien mûr, gorgée de suc et de sucre, riche… jusqu’à l’excès peut-être. C’est en tout cas un risque que vous courrez désormais.

Du reste, les thèmes centraux ne s’éloignent guère pour le moment de vos habitudes : mort, vieillesse, décrépitude, trahison de la chair… comme un besoin de faire vivre à plein l’incarnation dans Code Lyokô. Ce qui expliquerait d’ailleurs le peu de séquence virtuelles chez vous. Le traitement du retour vers le passé, cet ultime destructeur et réparateur est dès lors assez logique. N’est-il pas la plus puissante et la plus veine manière de lutter contre le temps et ses ravages ?

De fait, les deux thèmes centraux de ce prologue et de ce chapitre sont bien l’incarnation et le temps. Le problème du temps qui passe, de la mort, et de l’irréversibilité de ce grand fleuve sont en général la question centrale de vos écrits. Aussi n’y a-t-il rien de surprenant à vous voir aborder encore l’idée du retour vers le passé. La différence cette fois-ci, c’est que l’histoire prend comme point de vue l’origine du retour vers le passé, autrement dit le futur, et non l’arrivée, c’est-à-dire le temps de la série.

À ce titre, l’intrigue imaginée concernant la vie à venir des héros est à la fois profondément classique et originale. L’idée de la séparation, d’Odd le perpétuel fêtard… rien de bien neuf. Pour autant, les couples créés sont surprenants, et surtout, il y a ces touches de détails qui rendent l’ensemble si vivant. À titre d’exemple, la soirée qui voit la fin du groupe. Il est à noter que le thème de la soirée adolescente, de ses excès et conséquences a aussi était vu et perçu de manière similaire dans Bouffon du roi.

L’autre grand thème, c’est donc l’incarnation. Ce thème est surtout abordé au travers de cette rareté : Xana a un corps. Plus encore, il a un corps qui souffre, qui chie, qui se corrompt. Certes, le rapport au corps est un point de style récurrent chez vous, mais là, il est emblématique. À la suite d’Ikorih, on ne peut manquer de s’interroger sur ce que cela veut dire : humain, non humain ? Les indices sont ici aussi bien distribués que brouillés.
Ce thème se retrouve aussi au travers du personnage de Lola. La donne est ici un peu différente. Ce qu’elle voit, ce sont des morts. Il est d’ailleurs suggéré qu’Odd est responsable de ces morts, professeurs dans son lycée. Elle voit donc avec un grand luxe de détails physique et corporels des choses qui sont justement fantomatiques, caractérisées donc par l’absence de corps.

Cela étant, il y a un lien entre ces deux chapitres. Le frère cadet de Xana s’appelle Basile, ce qui est incidemment le nom du défunt fils d’Aelita et de William. Il semble que cela soit le lien entre les deux. L’un est mort, l’autre soudainement né. Du fait que l’usage des dimensions multiples est déjà attesté chez vous, il n’y a pas d’impossibilité en tant que telle à ce que cela soit le même personnage, ainsi que l’a remarqué Ikorih.
L’autre lien réside dans l’emploi de la couleur bleu respectivement pour les premiers paragraphes du prologue et pour la dernière phrase du premier chapitre. Ce qui laisserait à penser que l’auteur des passages en question est ou Xana ou Jérémie. À titre personnel, j’inclinerai plus pour ce dernier.

Reste le titre. Tout d’abord, il y a à s’interroger sur le choix de l’anglais. Plusieurs interprétations sont possibles. La mustang est un modèle de voiture. Aussi le titre pourrait-il n’être qu’une référence automobile — un clin d’œil à Retour vers le futur ?
Une autre option est peut-être plus en lien avec l’histoire. Le cheval blanc est la couleur de la Conquête ou de la pestilence (suivant les analystes), l’un des quatre cavaliers de l’Apocalypse, et le cheval pâle est celui de la Mort au sein du même groupe. Sachant que Xana est lui-même malade, et que la mort rôde tout au long de ce récit, il est bien possible que cela soit le sens de ce titre.

À titre anecdotique, la phrase suivante : « Disney ment aux filles, le porno aux garçons », est un étrange écho d’une phrase d’Icejj, dans Une vie plus légère : « En revanche, la société a historiquement comploté pour convaincre les jeunes filles que les garçons les utilisent pour baiser—et les jettent comme des chaussettes après l’acte. Ledit complot sévit aussi chez les jeunes garçons, inséminant l’idée insensée que les filles ne veulent pas baiser—et les jeter comme des chaussettes après l’acte—mais souhaitent les piéger dans une relation à durée indéterminée. ». Phrase moins ramassé, mais dont les idées sous-jacentes sont les mêmes. Serait-ce le début de votre corruption par ce Royaume ?

Félicitation pour l'emploi du jeu de mot facile, mais à ma connaissance non fait jusqu'alors entre Xana et Xanax.

Pour finir, deux erreurs repérées :

« une cursive hautement littéraire ». Le mot à employer était sans doute « un cursus ».

« À qui profite ces crimes », en fait « profitent ».

Au plaisir de vous retrouver dans le passé.
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Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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Minho MessagePosté le: Dim 03 Mai 2020 23:07   Sujet du message: Répondre en citant  
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Chapitre 2


Adorer et adhérer


Les longues journées tièdes et réconfortantes se raccourcissaient déjà. Elles laissaient de plus en plus rapidement place aux petits jours grincheux baignés dans la brise venant de la mer. Le mois de septembre touchait à sa fin mais ils étaient toujours là, comme durant tout l’été. Les jeux de ballons se répétaient sans cesse et ne semblaient pas les lasser. Tantôt utilisés pour dribbler, tantôt lancés bien loin pour amuser leur chien et parfois servant simplement de balle pour jouer au football, leurs ballons les suivaient partout. Ils avaient cependant un endroit fétiche, un petit terrain vague aux herbes hautes situé en bord d’une falaise. Elle offrait un point de vue irréel : l’écume rugissante se heurtait à la côte bretonne et, même si la paroi rocheuse les séparait d’elle, le bruit des vagues frappant les rochers rythmait leurs folles parties. Au loin, craignant les jardins d’écueils, passaient souvent des bateaux de croisière fascinés par les paysages du pays breton. Leur silhouette dont la sombre couleur se découpait dans l’aigue-marine des flots et l’azur du ciel glissait silencieusement vers la terre des Angles. C’est cet endroit qu’ils avaient choisi pour cette froide journée. Deux frères. Unis dans le meilleur comme dans le pire. Après tout, l'amitié n'est réellement possible que pendant la jeunesse alors que les paires d'hommes et de femmes ne sont pas encore formées, attaquant dans ses bases-mêmes cet esprit de société par lequel les rapport amicaux, s'ils sont tout à fait profonds, ne manquent pas d'être dominés.

L’année scolaire avait repris et les journées passées assis sur un banc étaient encore plus harassantes que de courir avec le chien. Les horaires de jeu en plein air le weekend s’étaient étendus : la petite équipe était là dès neuf heures du matin pour se passer la balle. La grand-mère de Basile et Xana, fervente amatrice de l’équipe brésilienne de football, leur avait offert cinq jours avant le ballon officiel de la coupe du monde 2002 remportée par ses idoles. Leur mamy ne venait que rarement jouer avec eux : « C’est dangereux mes amours ! disait-elle en s’adressant aussi au père qui était toujours un grand enfant. Et puis pensez à Georgiu, ajoutait-elle, il sentirait une piste alléchante ou verrait un oiseau planer au dessus de la mer que vous pourriez dire adieu à votre pauvre chien ! N’espérez même pas que je sauterais pour le récupérer. Non vraiment, je ne préfère pas assister à ça ».
Toutes les femmes avaient peur de cet endroit. Leur mère, elle, ne venait que lorsque le soleil brillait si fort que les vagues attrapaient des reflets flamboyants, elle affirmait que rien ne valait un tel spectacle. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils avaient emménagé en Bretagne il y a maintenant dix ans de cela : « Chéri, c’est superbe! La région n’a rien à envier à la côte d’azur, puis toi qui a tout le temps trop chaud ça te changera de Tarbes. » Le jeune couple avait quitté le sud pour se rendre dans la petite ville de Paimpol sur la côte nord de la Bretagne afin de permettre à Christian de changer de métier et d’être engagé comme employé à la commission du patrimoine et comme gardien des clefs de l’abbaye de la ville. Le coup de cœur avait été immédiat lorsqu’ils avaient vu les paysages verdoyants bien que rocheux qui entouraient la ville portuaire. C’est donc en plein pendant la dure grossesse de la future maman qu’ils avaient migré vers cette terre nouvelle où résonnent les chants et les légendes. Ils commencèrent leur journée de loisirs avec le schéma habituel. Pour commencer, tous les trois se plaçaient en ligne. Basile, situé au centre lançait toujours la première balle vers son fidèle compagnon qui la ramenait à son père puis le jeu continuait dans l’ordre logique. Passe, passe, chien, passe, passe, chien et ainsi de suite. En plus de les divertir, cette activité comportait un autre intérêt : elle permettait d’éduquer un tant soit peu l’animal.
Cela représentait un grand avantage, mais la tâche n’était pas aisée. Georgiu avait été adopté dans un centre roumain pour chiens errants car, depuis que Ceausescu avait fait raser les pavillons avec jardin pour entasser la population dans des « cités idéales », les chiens se retrouvaient en meutes dans la rue au bas des tours et devenaient agressifs avec les habitants pour pouvoir trouver quelques morceaux de nourriture. Ainsi, en adoptant l’animal il y a trois mois de cela, ils ont dû accepter deux choses : l’éduquer au plus vite et l’intégrer dans une grande famille qui deviendrait sa nouvelle « meute », ce qui était un problème pour la petite famille qu’ils étaient. Georgiu s’adaptait néanmoins mais avait toujours des comportements étranges comme mordre sans raison apparente... spécialement Xana qu’il ne semblait pas aimer beaucoup.
Toujours est-il que la plupart du temps, il était calme et acceptait joyeusement les jeux de ballons proposés par ses maîtres. La balle attrapée en plein vol par le clebs était le résultat d'une brève complicité entre la prévoyance et le hasard. Ce jour-là, après une bonne heure à se dépenser, Basile dont les boucles d’or collaient au front tant il s’était donné afin de lancer la balle de plus en plus loin, décréta avec son frère qu’une petite pause s’imposait avant de reprendre le même jeu mais dans l’autre ordre de passes. La joyeuse équipe s’assit donc sur de gros cailloux pour grignoter. Le goûter avait été préparé avec soin par la grand-mère : quatre sandwichs au crabe empaquetés dans des petites serviettes blanches à carreaux rouges étaient accompagnés de deux petites bouteilles d’eau et de trois brioches au sucre dont le chien raffolait. Après avoir ingurgité tout ça et partagé un beau moment père-fils, ils se lancèrent à nouveau dans une partie de passe-passe dans laquelle Basile et Xana donnaient toute leur énergie pour envoyer la balle à leur père qui les félicitait de leur entrain habituel. Mais malheureusement le cadet de la famille était bien plus distrait qu’à l’accoutumée, ce qui non seulement ralentissait le jeu mais, en plus, en arrivait même à énerver le père par moments. Après une dizaine de passes ratées, l’enfant décida de se ressaisir et dégagea le nouveau ballon brésilien le plus loin possible. Ils le suivirent des yeux jusqu’à ce qu’il ait disparu : le jouet tomba malheureusement de la falaise … Basile était extrêmement triste, son père essayait de le consoler par tous les moyens et Xana râlait de la perte de ce qui constituait leur seul passe-temps dans ce bled pourri. Il décida de quitter le terrain de jeu familial, mettant fin à cette brusque chute de conscience dans le magique.

L’air était trop humide, les bruits trop sourds et mon mollet bien trop chaud. Cet enculé de Basile avait tout fait foirer. Une fois de plus. Se mouvoir était bien difficile dans mon état qui ne faisait qu’empirer au fur et à mesure des minutes qui passaient. La rage montait, je peinais à me contrôler. Cela me rappelle la fois où je n’ai pas pu m’échapper lorsque la bête a rampé vers moi. Elle allait si vite. De derrière la vitre, cette ombre était bien moins impressionnante.
— C’est une manière efficace de réparer les vivants, sache-le mon petit…
— Ma tête… Elle est si douloureuse.
Je braillais comme un enfant et personne ne m’entendait : « Au secours ! Il y a quelqu’un ? »
Le silence. Écrasé par cette inquiétante tranquillité et par le sinistre environnement dans lequel je me trouvais, je me mis à cogiter : tous ces destins brisés à jamais comme je l’ai été pour une vengeance… Quelle vengeance? J’étais là, à agoniser entre deux buissons sur de la terre humide et puante et j’y pensais encore. Me venger n’avait servi à rien car, mourant, je pensais encore à Waldo dans cet endroit ridicule, lui qui avait abusé de mon innocence.
« Tu m’as volé mon enfance! », criais-je. « Tu m’as tué! »
L’écho de ma voix, pitoyable, me revint et, en entendant mes propres cris de détresse, je ressentis à quel point j’étais peu de chose. Moi qui avais toujours considéré ce labo comme ma maison puis comme mon terrain d’apprentissage, je me sentais trahi par celui-ci. Au final, personne ne sait l'ordre des morts ni celui des vivants, ni à qui reviendra la peine ou la peur. Le lieu m’était hostile et son propriétaire m’enterrerait un jour ou l’autre au beau milieu des fougères si je tardais trop à agir.


Une fois son frère parti, la tristesse de Basile fit place à de la colère. La haine de l'autre et l'amour de soi s'opposaient en son for intérieur. Il voulut récupérer son ballon à tout prix. La petite tête blonde décida alors de tenter la reprise. L’attention de son père détournée par le chien qui, venant d’apercevoir un chat, aboyait et courait dans tous les sens, permit au gamin d’entreprendre doucement la descente de la falaise afin de saisir le ballon avec son pied. Par chance, il n’était qu’à deux mètres en dessous du sol et était tombé dans des branchages sur un petit escarpement rocheux. La mission était donc délicate mais réalisable, le tout était de faire vite avant que le père ne vienne crier à la folie en le voyant descendre ainsi vers les vagues qui se brisaient avec fracas contre les rochers au pied de la falaise. Alors il s’assit au bord du gouffre marin, les jambes balançant dans le vide et le regard à moitié assuré. Puis, prudemment, il descendit sa jambe gauche jusqu’à un petit caillou accroché à la paroi et situé une vingtaine de centimètres plus bas. Soudain le caillou cèda sous le poids - bien qu’il soit plume - de la frêle petite jambe mais il fallait faire vite, son père allait bientôt revenir. Basile trouva un autre caillou qui, lui, tint bon le temps qu’il ait trouvé un appui pour sa jambe droite. Là, la gorge nouée et les larmes au bord des yeux, il se retourna doucement pour faire face à la surface rocheuse : il y était presque ! Sa main droite agrippée à des branchages qui avaient pris racine dans la roche et sa main gauche toujours posée à la surface, il entreprit de descendre encore plus bas ses pieds pour atteindre le ballon. Un petit blondinet dans les rochers. Qu’est-ce qui pouvait mal tourner ?


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Demain je vais passer la nuit chez lui, mon sac est prêt depuis deux jours. J’ai mis exprès mes habits préférés à la lessive en début de semaine pour être certaine de pouvoir les mettre demain. J’ai regardé sur mon portable quel bus je devrai prendre pour y aller, j’ai noté tout sur un petit papier que j’ai rangé dans le livre que j’emporterai avec mes écouteurs pour le trajet. C’est assez loin : 1h40 et deux bus. Sa mère était à côté quand je l’ai eu au téléphone et elle a demandé si j’aimais les lasagnes car bien entendu je souperai avec toute la famille. Pour le moment la vie est spéciale, elle a un goût étrange qui est difficile à définir. Je suis souvent perdue dans mes pensées et mille petits chemins s’offrent à moi comme solutions mais il m’est impossible d’en désigner un bon. Je doute de ma capacité à me réconcilier un jour avec le groupe mais en parler avec lui ne changerait rien, je sais qu’il me faut faire moi-même les bons choix. Peut-être que ce serait plus facile dans une autre école. Je me retrouve actuellement en classe avec cette putain de bande. Heureusement, pour me changer les idées, j’ai une rage de réussir, alors je travaille pour avoir de meilleurs points que Belpois.
J’ai toujours aimé être au premier plan. À mes cours de danse il me faut être en première ligne pour me sentir briller. À mes cours de théâtre j’ai besoin de tenir un rôle des plus importants pour me sentir reconnue. Si j’allais voir un psychologue, un de ces spécialistes pour les jeunes perdus comme moi proposés par les écoles comme une récréation gratuite, il me dirait sans doute qu’avoir perdu ses parents n’aide pas trop.

L’été passé je pense avoir usé mon stock d’excuses « anniversaire » pour les sorties nocturnes à l’internat. Toutes les semaines, j’avais un anniversaire à l’approche du weekend. L’anniversaire c’est l’excuse parfaite quand on a seize ans, les éducateurs savent que si on se rend chez quelqu’un il y aura au moins une personne majeure. En plus, ils lâchent toujours un peu d’argent quand tu stipules une possible commande de pizzas ou un cadeau collectif. Ils trouvent cela normal de passer la nuit étant donné qu’on a davantage l’âge de regarder des films en mangeant des popcorns toute la nuit que de louer un château gonflable et partager un goûter égaillé de quelques bougies. Heureusement, j’ai beaucoup d’amis. Enfin à l’école, ce n’est pas la même chose, je vais aux cours sans trop m’intéresser à ce qui m’entoure, je subis parfois la facilité des cours qu’on nous impose. À côté des quelques amies avec qui je reste pour manger quand la cloche sonne pour nous laisser souffler, on ne peut pas dire que je me sente véritablement intégrée. Ma vie se trouve à l’extérieur, à mes cours d’art. C’est avec Lisa et Marine, des amies de mon cours de danse classique, que je suis sortie pour la toute première fois. Lisa a une grande sœur qui a deux ans de plus alors elle connait toutes les bonnes soirées. Sa maman nous laisse aller avec elle car Cassandre est responsable et elle sait très bien que si un problème arrivait elle en serait immédiatement prévenue. Les parents sont à peu près tous les mêmes, c’est exactement comme avec mes parents alors que Cassandre nous file toujours quelques jetons pour aller chercher des boissons alcoolisées en nous faisant promettre de nous tenir à carreau quand sa mère viendrait nous rechercher dans la nuit.

C’est avec Lisa et Marine que j’ai découvert la puissance de la nuit, le réconfort d’une foule en mouvement constant dans laquelle tu te fonds complètement, la pénombre générale qui fait l’effet d’une carapace protectrice, la musique qui va trop fort pour permettre une conversation normale mais qui t’isole tout en te connectant aux autres, et l’alcool. Quel pouvoir, il en existe de toutes sortes comme de petites potions magiques qui t’apportent le remède à tous les maux. La nuit, on ne dort plus, on rêve éveillé et le retour à la réalité devient d’autant plus brutal. C’est pendant la nuit que j’ai appris à embrasser, à danser, j’ai aussi appris à fumer, j’ai appris à laisser les règles de côté et aller chercher au plus profond de mon âme les folies enfuies bref j’ai appris tout ce qu’il y avait à apprendre pour sortir de la petite routine traditionnelle d’une adolescente de seize ans.
À l’école, j’ai l’impression que ce monde n’existe pour personne alors qu’avec Lisa et Marine, je vis des aventures d’un monde parallèle qui semble appartenir qu’à une série de gens bien définie qu’on appelle couramment « les fêtards ». Je veux faire la fête autant que possible jusqu’à ce ne soit plus possible.
Tous les matins, je me réveille et m’habille devant le miroir qui se trouve juste à côté de mon lit. J’allume la lampe, j’enlève mon pyjama que je fourre en dessous des draps et j’attrape les habits préparés la veille et déposés sur ma chaise de bureau. M’habiller devant le miroir m’oblige à me confronter à moi-même. Tous les jours, je vois ce corps que je trouve souvent trop gras, trop formé. Il y a encore deux ans tout ce que je vois à présent ne s’y trouvait pas. Quand j’étais encore une gamine, quand je pensais naïvement que Jérémie serait le seul et unique. J’ai bien réfléchi et je pense que c’est à cause de mes règles. Elles sont arrivées il y a un an et demi, Marine m’avait dit « Te voilà une femme à présent », une femme ? Étais-je vraiment une femme ? Si j’étais vraiment une femme…

Qu’est-ce que « femme » pouvait bien signifier ? Un corps d’un mètre soixante maigrelet, des pieds légèrement trop grands pour ma taille et mon âge, des longs cheveux de la teinte maternelle et une peau pâle hérité de mon père, quelques goutes de sang imprégnées dans le fond d’une culotte rose bonbon décorée d’un nœud sur l’élastique avant, c’était donc ça être une femme ? Maintenant, ma poitrine m’apparaissait tous les jours comme quelque chose de trop qui n’avait pas sa place mais qu’il fallait pourtant placer dans deux coques rondes que je m’empressais d’enlever une fois revenue à ma chambre vers 17h, mes culottes ne portaient plus de petits nœuds roses mais des élastiques cachés par de la dentelle noire dans une taille beaucoup plus grande afin de contourner mes hanches beaucoup plus larges, tellement larges qu’il m’avait fallu refaire deux fois ma garde-robe.
Moi qui ne connaissait pas encore l’existence des taille 36 et 38, « ce sont les tailles de dame » disait Lisa quand on parcourait les rayons alors que je n’avais jamais vu que des étiquettes portant mon âge en centimètre. Mes pieds sont toujours trop grands mais aujourd’hui un léger talon accompagne mes pas laissant un drôle de bruit de marteau quand j’avance dans un couloir vide. J’aime bien porter des bijoux et parfois je mets un peu de crayon noir en dessous de mes yeux, celui de Yumi m’allait super bien. Tous les jours cette image me semble inappropriée pourtant c’est bien moi, un moi qui apprend à être une femme jour après jour. Ce qui est le plus étrange, c’est qu’après cette expérience des premières règles qui devait me transformer drastiquement en femme, mon rapport au monde n’a pas changé. Je suis toujours la même avec un problème de plus à gérer. Avec le temps, j’ai bien compris que toutes les filles, enfin que toutes les femmes avaient ce problème mais il est quand même de mon devoir de m’en occuper comme une grande. Mis à part cela, je suis toujours moi. C’est avec le temps que j’ai vraiment compris ce changement. Petit à petit mon corps s’est mis en mouvement, silencieusement, sans que je ne lui autorise quoi que soit. C’est ensuite que les premières sorties sont arrivées et c’est là que mon rapport au monde a changé. Les premiers garçons que j’ai embrassés sur la musique impersonnelle, trop commerciale, qui excitait les quelques verres de bières qu’on était parvenu à se procurer nous donnant le sentiment d’être invincible; ces premiers garçons avaient le goût du changement. Encore aujourd’hui, j’aime plus que tout ce sentiment où la peur de l’échec et de passer inaperçue n’a plus aucun sens. Quand j’ai un verre en mains, que mes amies dansent autour de moi, j’ai l’impression qu’on me voit car tout m’apparaît calme, lisse et proche de moi. Les clopes qu’on arrive à mendier aux plus grands nous paraissent de précieux secrets d’adulte révélés et à notre entière disposition, on vit l’instant présent sans redouter le retour proche de la réalité. Avec Lisa et Marine on a même établi un code simple qui nous permet de contrôler les garçons que l’on bécote car si on s’amuse à les embrasser, il n’est pas question d’aller plus loin avec ces inconnus.

Quand un garçon nous propose d’aller faire un tour à l’extérieur de la soirée, on fait tomber notre verre à terre ou, faute de verre, notre sacoche contenant seulement notre portable et quelques sous pour tenir toute la nuit. De suite, une de nous arrive pour prévenir qu’il est l’heure de rentrer. C’est un plan infaillible qui nous amuse beaucoup. Une fois Marine a voulu jouer et elle a changé de plan, elle est arrivée pour ramasser ma sacoche et m’a embrassé en demandant au garçon de partir car on était ensemble. On a tellement rigolé, Lisa, qui avait assisté à toute la scène, était morte de rire et nous a dit qu’au moins on avait un plan B opérationnel maintenant.
Mon rapport au monde a changé au fil de ces soirées. Ce monde parallèle a commencé à toucher de plus en plus de monde autour de moi, les amis que j’ai de toutes parts, ont été de plus en plus présents à ces parties nocturnes. Les mondes se sont dilués et les pans de ma personnalité qui vont avec ont fusionné. J’ai compris que la personne que je suis durant la nuit est la même la journée et mes aspirations nocturnes ont commencé à déteindre sur ma vie de tous les jours. Avec les copines on va boire des verres en terrasse quand il fait beau, les garçons me regardent. L’envie de plaire dépasse le cadre des soirées et je porte des tops au col en V pour aller en cours. Même si Ulrich me dévisage et ose me dire qu’il ne me reconnait pas, que je fréquente les mauvaises personnes.
Le souci, et j’en suis consciente, c’est que je n’ai plus seulement besoin d’être supérieure, j’ai aussi besoin de plaire. Tout cela m’est apparu clairement juste avant l’hiver quand je me suis demandée quel gros pull me mettrait le plus en valeur. Bien que ce reflet dans le miroir ne me convienne pas, j’essaye toujours de trouver ce qui plaira aux autres une fois porté. Surtout qu’il y a un garçon. William Dunbar.

William ce n’est pas une histoire d’amour et ne le sera jamais. Ce n’est pas non plus un des premiers garçons embrassés en soirée sur de la musique commerciale. Ce n’est pas non plus une image erronée du prince charmant dont on nous apprend à faire religion dans les contes.
William avait été dans la même classe que moi, il avait aussi été prisonnier du même monde virtuel que moi quand la question des garçons n’effleurait aucunement mon esprit. Il avait repris contact avec moi malgré son changement d’école grâce à l’incroyable développement des réseaux sociaux dont ma génération bénéficiait pleinement. Il m’avait proposé d’aller faire un tour en ville au printemps, ce que j’avais accepté après une brève hésitation. Mais on avait des ennemis communs… alors pourquoi pas.
Jamais la couleur du t-shirt que j’avais à porter n’avait semblé recouvrir autant de sens alors que précisément rien ne justifiait de retourner à sa penderie. William n’était qu’un ancien camarade. Pourtant cette entrevue fut bouleversante. Une amitié s’installa et on décida de refaire plusieurs fois des tours en ville. Bizarrement, quand je suis avec William je n’ai pas l’impression d’être avec un ami, une connexion particulière circule et j’ai l’impression que de nouveau un petit monde apparait pour nous donner un sens différent. Jérémie savait-il que nous avions parfois discuté à deux sur Lyoko lors de ces moments où son libre arbitre resurgissait succinctement ?
Aujourd’hui, je le revois pour la première fois depuis des semaines.
« T’es dans le bus ? » apparait sur l’écran de mon portable à 14:32.
« Oui et toi ? » 14:33.
« Moi aussi, RDV sur le café de la place comme d’hab ? » 14:35.
« Ok, biz. » 14:35.
Le paysage est identique à celui de tous les jours quand je descends en ville pour aller en cours. Seulement, aujourd’hui, il m’est trop difficile de me concentrer sur mon livre alors j’ai mis mon album préféré des Subdigitals dans les oreilles et je regarde les arbres et les routes défiler avec un léger sourire en respirant des bouffées d’airs qui me semblent beaucoup plus oxygénantes que d’ordinaire. Il n’y avait que cinq minutes à pied entre la gare et le café de la place. En passant devant les vitrines, je réajuste mes cheveux. Je m’inspecte à chaque boutique comme si mon image avait changé d’un mètre à l’autre. J’aperçois « ENTRE POTES » écrit en bleu au dessus d’une porte ouverte où William attend l’épaule posée sur le rebord du cadre juste en dessous du « POTES ». Il me fait un léger signe en levant la main et je souris.

— Pas trop chaud dans le bus ? Ils oublient toujours de mettre la clim en été, le mien était un vrai four !
— Non ça va, j’étais assise près de la porte, ça faisait des courants d’air.
— Bonne idée ça, j’y penserais ! On commande un truc ?

Une bière pour lui et une bière au fruit pour moi, le serveur nous demande notre carte d’identité, on a donc l’air si jeunes que ça… Pourtant, depuis ce matin je me sens plus mature, plus accomplie. Toute la journée jusqu’à maintenant je l’ai passée face à mes pensées, repassant tout en revue en me demandant comment je me sens et la seule réponse satisfaisante est que je me sens grande.
Quand le serveur comprend qu’on a le droit de commander de la bière, il nous laisse à nos activités et pour ne pas avoir à revivre ce moment gênant on reste assis à la même table toute l’après-midi jusqu’à ce que le soleil décide qu’il était temps de gorger nos boissons d’ombre. On a sans doute sous-estimé notre consommation car en se levant on rigole tous les deux comme si l’après-midi avait été une très grosse blague. On marche pour rejoindre l’arrêt de son bus mais il m’arrêta à 200 mètres de celui-ci, dans une petite ruelle qui faisait raccourci. Mon cœur s’enflamme d’un coup, comme la flamme du briquet dans le noir des soirées, mes joues chauffent juste en dessous de mes yeux qui eux s’immobilisent pour regarder William qui avait placé ses mains de chaque côté de mon visage m’emprisonnant ainsi entre le mur et ses lèvres. Ses immenses yeux bleu ciel sont magnifiques mais son haleine sent la bière et les cacahuètes, quant aux manches de sa chemise légèrement retroussées, elles dégagent un léger parfum de lessive et de déodorant pour hommes.
— Je peux ? demanda-t-il avec un regard tout aussi immobile que le mien.
Il n’attend pas ma réponse, ou peut-être qu’il la déduit de mon langage corporel. William est le premier garçon qui m’embrasse en plein jour. Il n’a pas le goût des garçons de soirées, je ne pense pas non plus que ça goûte l’amour. D’ailleurs, il n’embrasse pas très bien mais je sens le désir et le feu qui consumaient mes joues descendre brutalement provoquer mes cuisses en remontant jusqu’à mon abdomen. Tout est exactement comme je l’ai imaginé depuis une semaine.
Quand William me proposa de rester dormir il y a quelques jours, j’ai accepté en comprenant que la connexion que j’avais eu du mal à définir depuis qu’on avait commencé à se voir nous amènerait à découvrir de nouveaux horizons. J’avais fondé mon hypothèse en silence et intérieurement toute la semaine et j’avais enfin la réponse. Ce que j’avais prédit allait se produire. On monte dans le bus ensemble. C’est son père qui vient pour nous récupérer à l’arrivée afin qu’on n’ait pas à marcher dans le noir jusqu’à sa maison. Sa mère, très contente de me rencontrer, nous dit que le dîner sera sur la table dans un quart d’heure.
— Ça marche m’man, on monte choisir un film pour après en attendant.
— Et n’oublie pas de changer les draps de la chambre d’invité pour ta copine.
— Oui m’man, rétorqua-t-il en me gratifiant d’un petit clin d’œil dont lui seul a le secret. A l’étage, sa chambre occupe la partie droite qui se trouve près de la salle de bain. De l’autre côté, une petite pièce réservée aux invités. Des draps propres sont repliés sur le bord du lit et attendent d’être mis en place.
— Viens, on fera ça après, t’aimes quoi comme films ? Pas de SF, je présume ?
— N’importe.
— Films d’horreur ?
— Ok mais pas trop gore…
Je ne sais pas s’il s’agit d’une tactique particulière pour attirer les filles dans ses bras mais le fait est que j’aime relativement peu les films d’horreur. Une fois le souper terminé, les fameuses lasagnes plat fétiche de la mère Dunbar, on monte en silence rejoindre son lit sur lequel son ordinateur portable nous attend. Il s’installe près du mur et moi près de lui. Tous les deux nous sommes très silencieux mais l’air semble malléable tout autour. Je ne sais pas si c’est les quelques bières de l’après-midi qui se dissipent où si mon hypothèse rentre en ébullition. Il place un bras derrière ma tête. Cinq minutes passent. Enfin, il m’embrasse. Je comprends que le film à lui seul est une excuse. Sa mère frappe à la porte et ouvre de suite me laissant une expression béate sur le visage quand lui se présente comme si de rien n’était.
— Bonne nuit les jeunes, dit-elle, sans rien laisser transparaitre.
— Bonne nuit m’man.
— Bonne nuit et merci pour le souper, réussis-je à dire en espérant qu’elle n’ait rien vu de compromettant.
Une fois la porte refermée, il reprit directement possession de ma bouche et commença à me caresser le ventre. Un frisson inconnu me parcoure. Il descend vers mon pantalon, essaye de défaire le bouton, je l’aide ensuite à faire descendre la fermeture éclair. Hier soir sous la douche j’avais rasé mes aisselles et mon pubis comme si cela allait de soi. Je sentis alors ses doigts sur ma chair nue. Mon t-shirt est maintenant par terre, mon soutien-gorge rose fuchsia est au fond du lit.
— J’ai toujours mon t-shirt moi, lâche-t-il entre deux baisers.
— Ben qu’est ce que tu attends ? dis-je en rougissant.
— J’attendais exactement ce genre de remarque, répliqua-t-il avec un petit rictus sournois.
Je m’aperçois alors que je parle que si lui-même s’exprime, je me laisse guider dans cette danse des corps encore inconnue. Il m’appelle « ma belle » comme il doit sans doute toutes les appeler, pour ne pas se tromper à mon avis, cela me ramène vaguement à la réalité. On finit par enlever nos jeans en même temps. Il s’occupe de ma culotte et de son slip. Il me demande si j’ai un préservatif, je lui dis que non. Il cherche quelques secondes dans ta table de nuit, sûrement la même que tous les garçons de son âge. Il me propose de placer la protection mais je lui demande de le faire. Quand je comprends qu’il a fini, je l’arrête.
— Tu sais… j’ai déjà fait quelques trucs mais jamais l’amour.
Il me répond en chuchotant de ne pas me tracasser, que c’est agréable. Il glisse en moi en m’embrassant, ça fait mal. Il me demande si ça va, il y va doucement mais ça continue à tirer. Je lui réponds que ça va aller. J’ai lu des articles sur internet, je savais que ça allait faire mal mais j’ai aussi lu que ça ne faisait pas mal longtemps alors je fais la grimace un moment en silence. Au bout d’un court instant, je sens un plaisir inédit s’immiscer lentement. Je l’embrasse à nouveau pour lui faire comprendre que tout va bien. Je commence à avoir chaud mais lui aussi. Mon chignon se défait complètement mais je n’y apporte aucune importance. Je vois dans ses pupilles satisfaites qu’il a peut-être mis fin à une obsession, à une quête qui le tourmentait depuis un moment… Est-ce que Xana était vraiment totalement sorti de son corps ? Était-ce une manière pour lui de finir la traque qu’il avait commencé sur Lyoko ?
Quand tout s’arrête, mon cerveau n’a plus d’interrogations : on se retrouve nus l’un dans les bras de l’autre, collés par la sueur, offrant ainsi l’effet d’un magnifique tableau ciré. Je sens d’un coup la fatigue m’envahir. Légèrement dans les vapes, les yeux encore fermés, nos corps toujours rapprochés, je suis parcouru d’une frayeur.
— Nous deux, c’était juste comme ça ou tu aimerais plus ?
Question classique, clichée, et je m’en veux même de la poser.
— Je ne sais pas, murmura-t-il, songeur. Et toi ? Tu as aimé ?
— Oui j’ai aimé… Mais je ne sais pas si je suis prête à aimer quelqu’un. Je ne connais pas vraiment toutes ces émotions que Ulrich a essayé de me décrire quand il parlait de Yumi.
William fait la grimace. Ce n’était probablement pas le bon instant pour mentionner ces deux prénoms…
— Tu sais, Aelita, on n’est pas vraiment obligé d’aimer pour faire l’amour, rétorqua-t-il comme pour changer de sujet. Moi je pense que l’amour ça prend plus de temps, le sexe c’est plus intuitif.
— Intuitif…
— C’est comme une pulsion tu vois ?
— Oui, je vois.
En fait, je ne voyais pas. On se rhabille à moitié et il se lève pour ramener la bouteille d’eau de son bureau à son lit. La fatigue s’accentue et il me laisse son lit pour aller dormir dans la chambre d’à-côté. Si ses parents nous trouvent tous les deux ici, demain le ton changera et je ne pourrai plus venir. Je soulève la couette, quitte le matelas chaud qui fut le réceptacle de nos fluides mélangés. En allant à la toilette, je découvre quelques gouttes de sang dans ma culotte... C'est donc ça, devenir une femme ?
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Dernière édition par Minho le Mar 05 Mai 2020 18:54; édité 1 fois
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Ikorih MessagePosté le: Lun 04 Mai 2020 13:31   Sujet du message: Répondre en citant  
M.A.N.T.A (Ikorih)


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J'espère, espèce de petit farceur cubique, que tu apprécieras d'être la première personne que je commente à un moment où je suis officiellement en TP...

Alors Minho tu sais comment on fait un tube RMN?

Oui déso ça va être compliqué de se concentrer.

Déjà bah bon retour sur le forum, le pôle se languissait de sa présence ! On espère que le confinement sera profitable à tes textes, tu as des trucs à finir en ces lieux (a)

Au niveau de la première scène, si tu avais posté plus tôt j'aurais pu combiner au mieux mes théories avec celles sur le précédent chapitres mais eh, l'intervalle étant de DEUX ANS, tu m'excuseras si je me suis contentée de relire mon précédent commentaire. Il risque donc de me manquer quelques subtilités sur Basile et Xana, je laisse mon point d'interrogation concernant leur rapport avec Aelita mais au moins on commence à sentir un périmètre familier. Et c'est toujours bien d'arriver à trouver dans quel cadre tu évolues (jusqu'à ce que tu le pètes) xD
Du coup au niveau de toute cette histoire de Bretagne, j'ai trouvé que c'était un chouia flou la délimitation entre flash-back et réalité, dans le sens où tu expliques dans le même paragraphe comment leurs parents sont venus s'installer là, puis t'enchaînes sur ce passage où ils jouent au foot. C'est peut-être volontaire, auquel cas c'est bien fait, ça donne un aspect nébuleux, mais si c'est pas souhaité tu voudras peut-être couper ça en deux paragraphes.

Alors le premier truc à faire ça va être de trouver la référence du tétraméthylsilane sur le spectre...

En allant à la pêche au prologue j'ai constaté que Basile était bien vivant à ce moment-là, donc son décès (j'extrapole mais tg tu me passeras ce petit écart) est bien neuf. ET NE COLLE PAS A CE QUE DISAIT AELITA DANS LE UN bref passons.
Xana a eu la politesse de nous mentionner un certain Waldo dans un laboratoire. Le contexte était d'ailleurs très flou et glauque sur vingt, te connaissant ça ne me choquerait même pas qu'on tombe dans la sordide pédophilie...

Multiplié par la fréquence magnétique de l'appareil ayant servi à faire le spectre... Sinon vous pouvez aller dans Edit et vous aurez la conversion directe des Hertz au ppm.

Au fil de ma lecture du chapitre d'après, sache que j'ai hésité entre Aelita et Sissi, la balance penchant plus en faveur de la première. Rapide comparatif :
Arguments pro Aelita : le fait qu'elle puisse être meilleure que Jérémie en classe, le rapport à la bande, la mention de "oh la vie c'est trop spécial" sans oublier les activités artistiques.
Arguments pro Sissi : les excuses pour sortir en scrèd, appeler Jérémie "Belpois", vouloir se mettre au premier plan, et ipq c'est Minho qui écrit.
Je me suis d'ailleurs permis de remarquer que la description d'Aelita ne colle pas avec celle dans le prologue donc je vais vraiment finir par tabler sur deux réalités différentes hein. D'un côté tout ce qui concerne Aelita (branchement chapitre 1 avec Yumi qui doit "revenir" vers elle, ça colle avec sa brouille avec la bande), et de l'autre tout ce qui concerne Xana et Basile. Lola et Odd, c'est encore une autre histoire et je vais faire comme toi et les laisser de côté pour l'heure.
Ofc tu sais dans la série que Willy n'est pas dans la classe d'Aelita, mais j'imagine que tu me sortiras le joker de "il a redoublé à cause de sa réplique". Ce serait toléré XD.
Je développerai pas trop sur sa relation avec William mais vu la façon dont c'est décrit c'est bizarre qu'ils finissent par se marier, on est pas partis sur le grand amour, c'est clairement écrit, pourtant leur mariage avait l'air accompagné de la volonté d'avoir des gosses et tout donc que s'est-il passé par là ?

Essayez peut-être de faire l'acétal comme ça vous verrez la différence après la protection de la cétone. Vous avez des questions ?

Maintenant que j'ai fini de me faire chauffer le crâne sur les trucs compliqués, il est temps de dire de la merde parce que avoue c'est aussi ça que tu kiffes quand tu lis un de mes commentaires.
Citation:
contourner mes anches

Sache que, en tant que clarinettiste, je suis très contente de voir ce petit morceau de bois injustement oublié de la littérature se faire une place dans un de tes textes ! En effet, que ferait Aelita, authentique musicienne, sans une boîte d'anches ? Sans anche, pas de son, pas de notes, pas de...
Hein ? Mais quel rapport avec son physique ?

Citation:
Marine

Spoiler

_________________
"Prouve-moi que tu avais raison, Jérémie, dans tout le mal que tu as causé."
Oblitération, chapitre 13

http://i39.servimg.com/u/f39/17/09/92/95/signat10.png
Et je remercie quand même un(e) anonyme qui refusait qu'on associe son nom à ce pack Razz

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Silius Italicus MessagePosté le: Jeu 28 Mai 2020 14:45   Sujet du message: Répondre en citant  
[Krabe]


Inscrit le: 03 Fév 2015
Messages: 252
Localisation: à l'Est d'Eden
Bonjour Très cher Minho,

Eh bien, cela faisait très longtemps qu’on ne vous avait vu en ce royaume.

Au point qu’il a fallu relire le début de ce récit après avoir lu ce nouveau chapitre afin d’essayer de recoller les morceaux.

Peine perdue. Et c’était prévisible pourtant, connaissant l’auteur, non ?

Autant laisser les contorsions pour relier les bouts de scénarios à d’autre. En effet, ce chapitre est assez typique de ce que vous avez publié jusqu’alors dans le sens où l’intrigue est en fait assez secondaire. Cela aurait dû sauter aux yeux dès la lecture des liens du sang. Le fait que ce soit toujours le cas tendrait même à montrer qu’il s’agit d’un trait stylistique assez fortement ancré chez vous.

Allons un peu plus dans le détail. Ce chapitre se divise en deux parties. L’une est centrée sur Xana et Basile, l’autre sur Aelita.

La partie sur Aelita est selon toutes probabilité un flash-back se rapportant à la dernière section du premier chapitre : il s’agit en effet des prémisses du couple entre Aelita et William, mais des prémisses qui sont antérieure à ce que le chapitre premier avait posé dans leur relation. Ce qui est étonnant. Il y a comme une sorte de faux-raccord là-dedans. Du moins si l’on reste dans l’idée qu’il s’agit de la même ligne narrative. Disons qu’il s’agit de la ligne « A ».

La partie sur Xana, enfin sur Xana et sa famille vient, elle, sans doute en prolongmeent de la ligne narrative posée dans le prologue. Disons qu’il s’agit de la ligne « programme », même si ce terme ou d’autres associés ne sont pas revenus dans ce passage.

Pour le moment le lien entre les deux lignes semble être Basile. Basile qui est mort dans la ligne « A », et qui est né dans la ligne « programme ». Cela ouvre la porte à plusieurs pistes, mais de toutes façons, cela repose sur une hypothèse ténue.

Bien entendu ce méli-mélo a été pensé, mais il est aussi assez net, qu’il provient de ce que l’intrigue n’est pas la préoccupation première de l’auteur. Pour être clair, si le développement d’une intrigue avait été ce qui intéressait l’auteur, les différents éléments et scènes de ces chapitres auraient sans doute été disposés différemment. Ici, la comparaison avec le reste des écrits publiés par vos soins dans l’univers de Code Lyokô se montre assez révélateur. Il semble bien que ce qui vous intéresse soit plus les portraits et les scènes que le suivi. Vous êtes un écrivain de tableaux semble-t-il et non de films. De ce point de vue le choix privilégié de récits au long court plutôt que des nouvelles est assez étonnant.

Pour l’instant on a plus une collection de tableaux dans ce récit qu’un récit à proprement parler. Ainsi en va-t-il d’Aelita dans ce premier chapitre, dont le traitement relève d’une analyse à la Dostoïevski. De fait, si l’on admet que ce passage fait partie d’une trame « A », alors il laisse perplexe, puisque l’on sait que d’une part, William et Aelita finiront en couple, et d’autre part que cette mise en couple sera beaucoup plus tardive qu’elle ne peut l’être dans ce passage. Sauf à supposer que plusieurs années se passent au sein du passage et que de l’internat de Kadic on passe à l’internat de l’école d’architecture d’Aelita. Mais cela semble improbable.

Ainsi en va-t-il de Xana dans le premier chapitre. Certes, on pourrait objecter qu’il ne s’agit en tout et pour tout que de poser des fondations afin d’amener une dimension tragique ou un dénouement dramatique. Néanmoins, cette tendance picturale prend largement le pas sur le récit, ainsi que le montre la première section du second chapitre. A sa lecture, on se croirait dans la contemplation d’un tableau intitulé « un dimanche en famille ». Le premier paragraphe de cette section donne d’ailleurs le ton : insistance sur les couleurs, sur les plans et arrières-plan, rapprochement sur le cœur du tableau. De fait, les considérations sur l’amitié sont ici de l’ordre de la digression. On peut même hasarder l’hypothèse qu’elles cherchent à brouiller les pistes, comme c’est souvent le cas chez vous. En effet elle semble annoncer, préfigurer un événement, en somme, l’avancée du récit. Bien sûr cela sert aussi à poser une ambiance à un niveau autre qu’une description de paysage, quelle que réussi que soit cette dernière (et assurément elle l’est). Mais au regard de la toute fin de cette section du texte, il s’agit indéniablement d’une tentative d’égarer l lecteur, afin de mieux le tenir en haleine (puis le surprendre du fait de l’effondrement de ses préconceptions).

En effet, une fois rendu à la fin de cette section, il n’y a pas d’événement, pas d’évolution de la relation entre les deux frères, pas de femmes faisant son apparition. En lieu et place, il y a une destruction du quatrième mur : « Un petit blondinet dans les rochers. Qu’est-ce qui pouvait mal tourner ? ». C’est fait à la manière de la chute d’une nouvelle. De telle sorte que cette section toute entière pourrait fort bien être intégralement détachée du texte et se tenir à elle seule. De la sorte, cette chute vient figer la scène dans le temps, la transformant effectivement en un tableau.

Notez que cette dimension picturale si elle est éminente dans ce chapitre 2 et moins prégnante dans le premier chapitre. Ce dernier semble beaucoup plus porté par l’histoire. En l’absence de chapitre supplémentaire, il est difficile de comprendre s’il y a là mise en place d’une alternance entre des chapitre dynamique et des chapitres statiques, où s’il s’agit d’un effet de respiration et de disposition à l’échelle du récit. Ou même si c’est le rythme du premier chapitre qui relève de l’erreur d’appréciation.

Au niveau plus bassement syntaxique, il y a peut-être quelques constructions en vrac à revoir :

« mais ils étaient toujours là ». ici, le sujet semble se reporter aux jours grincheux précédant et non aux garçons qu’il annonce.

« leur avait offert cinq jours avant le ballon officiel ». La phrase n’est pas si claire. Peut-être que remplacer « avant » par « plus tôt » rendrait mieux.

« Mon cœur s’enflamme d’un coup, comme la flamme du briquet dans le noir des soirées ». Pour autant que je comprenne bien l’image, la flamme du briquet en soirée n’enflamme pas (enfin sauf les cigarettes), en revanche, elle illumine, et se faisant révèle les visages rouges et chauds d’voir dansé. Il faudrait peut-être se repencher sur cette métaphore.

« Je m’aperçois alors que je parle que si lui-même s’exprime ». Il semble qu’il manque une négation. En tout cas, la construction n’est pas si claire.

Au plaisir de vous avoir retrouvé, pour longtemps j’espère.
_________________
AMDG

Prophète repenti de Kane, vassal d'Anomander Rake, je m'en viens émigrer et m'installer en Lyoko.
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